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1 Le mercredi 25 février 2015
2 [Audience publique]
3 [L'accusé est absent]
4 --- L'audience est ouverte à 10 heures 00.
5 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Bonjour à tous et à toutes dans le
6 prétoire et hors du prétoire.
7 Madame la Greffière, le numéro de l'affaire, je vous prie.
8 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président,
9 Messieurs les Juges. Il s'agit de l'affaire IT-04-75-T, le Procureur contre
10 Goran Hadzic.
11 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.
12 Les présentations, en commençant par l'Accusation.
13 M. STRINGER : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Messieurs
14 les Juges. Pour l'Accusation, mon nom est Douglas Stringer. Je suis
15 accompagné de Elizabeth Spelman, Stravroula Papadopoulos, et de l'assistant
16 d'audience, Thomas Laugel.
17 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je vous remercie.
18 Maître Zivanovic, pour la Défense.
19 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Messieurs
20 les Juges. Du côté de la Défense de Goran Hadzic, Zoran Zivanovic et
21 Christopher Gosnell, accompagnés du stagiaire Alessio Gracis. Je vous
22 remercie.
23 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je vous remercie.
24 Nous avons pris note du fait que M. Hadzic est absent. Il a renoncé à son
25 droit d'être présent dans le prétoire, donc nous pourrons poursuivre.
26 L'audience d'aujourd'hui a été convoquée par une demande de l'Accusation
27 répondant à la demande de libération provisoire présentée par la Défense.
28 L'objet de la présente audience consiste à entendre l'expert indépendant,
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1 le Dr Cras, ainsi qu'un autre expert médical qui répondront aux questions
2 de l'Accusation et de la Défense, ainsi qu'éventuellement des Juges, ceci
3 dans le but d'expliquer davantage et de clarifier le contenu de leur
4 rapport d'expert du 13 février 2015. Nous allons donc entendre le Dr Cras
5 aujourd'hui, et le Dr Seute, demain.
6 L'audience d'aujourd'hui commencera par 30 minutes de questions
7 provenant de l'Accusation, suivi de 30 minutes de questions provenant de la
8 Défense, et elle se conclura par des questions des Juges, s'il y en a.
9 Je demanderais maintenant à entendre l'opinion des parties quant au
10 fait de savoir si l'audience devrait se dérouler en public ou à huis clos
11 partiel. Nous savons tous que la publicité des débats est la règle, et que
12 les audiences à huis clos partiel sont l'exception, mais le fait que nous
13 nous apprêtons à discuter de questions de santé est une bonne raison pour
14 justifier un huis clos partiel. Toutefois, la demande de la Défense visant
15 à un reclassement des dossiers relatifs à l'état de santé de M. Hadzic en
16 qualité de dossier public ainsi que la réponse expurgée publique qui
17 concerne la demande urgente de libération provisoire permet de penser qu'il
18 peut être envisagé de s'exprimer en public.
19 Alors, je voudrais l'avis des parties sur la question, et pour
20 entendre les parties, nous serons à huis clos.
21 Huis clos, je vous prie.
22 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos, Monsieur
23 le Président.
24 [Audience à huis clos] [Confidentialité partiellement levée par ordonnance de la Chambre]
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21 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
22 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je pense que le Dr Cras est en
23 possession de son rapport, mais nous allons lui poser la question. La
24 Chambre, bien sûr, en a reçu des exemplaires, et je suppose que c'est le
25 cas de chacun ici.
26 Bonjour, Docteur. Dans l'intérêt du compte rendu d'audience, j'aimerais
27 vous demander de bien vouloir décliner votre nom et votre date de
28 naissance.
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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Je m'appelle Patrick Cras. Je suis né le 19
2 juin 1958.
3 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.
4 Et quelle est votre profession ?
5 LE TÉMOIN : [interprétation] Docteur en médecine.
6 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci. Vous êtes sur le point de
7 prononcer la déclaration solennelle qu'il est demandé à chaque témoin de
8 bien vouloir prononcer, ce qui vous permet de déclarer votre volonté de
9 dire la vérité et rien que la vérité, bien entendu. De sorte que si vous
10 deviez fournir de fausses déclarations ou informer de façon erronée les
11 Juges de la Chambre, vous pourriez être -- être --
12 LE TÉMOIN : [interprétation] Accusé ?
13 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Oui, accusé, c'est bien le mot,
14 d'outrage au tribunal.
15 Veuillez prononcer la déclaration solennelle.
16 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la
17 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
18 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je vous remercie. Veuillez vous
19 asseoir.
20 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie.
21 LE TÉMOIN : PATRICK CRAS [Assermenté]
22 [Le témoin répond par l'interprète]
23 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Stringer.
24 M. STRINGER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
25 Interrogatoire principal par M. Stringer :
26 Q. [interprétation] Bonjour, Docteur Cras. Je m'appelle Douglas Stringer
27 et je suis substitut du Procureur, représentant l'Accusation. J'ai
28 simplement quelques questions à vous poser au sujet de votre rapport et des
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1 circonstances que vous avez pris en compte en vue de sa rédaction en
2 l'espèce. Si je vous pose une question que vous ayez du mal à comprendre,
3 n'hésitez pas à me le faire savoir, je reformulerai.
4 Vous avez procédé à votre propre examen de M. Hadzic en date du 5 février,
5 si j'ai bien compris, de cette année, n'est-ce pas ?
6 R. C'est exact.
7 Q. Combien de temps a duré cet examen ?
8 R. Environ une heure.
9 Q. D'accord. Et si j'ai bien compris, cet examen a eu lieu huit jours, si
10 je ne me trompe, après l'interruption de la première procédure de
11 chimiothérapie qui n'avait pas atteint son terme, n'est-ce pas ?
12 R. C'est exact.
13 Q. A ce moment-là, nous lisons dans votre rapport que vous avez estimé que
14 M. Hadzic fonctionnait à un niveau cognitif normal, selon les critères du
15 test cognitif de Montréal que vous lui avez fait subir, n'est-ce pas ?
16 R. C'est exact, même s'il se plaignait de certains problèmes subjectifs.
17 Q. Et pendant cet examen, avez-vous pu conclure qu'il comprenait les
18 questions que vous lui posiez et était capable de s'exprimer suffisamment
19 bien ?
20 R. C'est exact. J'ai même demandé à l'interprète s'il estimait que M.
21 Hadzic avait des difficultés à trouver ses mots et ce n'était pas le cas.
22 Q. Dans votre rapport, vous avez indiqué avoir le sentiment qu'il pouvait
23 comprendre le plus gros de ce que vous disiez, y compris en langue anglaise
24 ?
25 R. C'était très difficile à déterminer, à juger, parce que je n'avais pas
26 de retour, en fait, sur cette question.
27 Q. D'accord. Et avant d'examiner M. Hadzic le 5 février, est-ce que vous
28 aviez passé en revue tous les dossiers médicaux qui s'étaient accumulés
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1 pendant la phase de recherche de diagnostic, je suppose que vous l'avez
2 fait, n'est-ce pas ?
3 R. Exact.
4 Q. Après quoi, vous avez consulté ou plutôt parler avec son neuro-
5 oncologue, le Dr Taphoorn, n'est-ce pas ?
6 R. J'ai parlé avec le Dr Taphoorn pendant environ cinq minutes au
7 téléphone.
8 Q. Connaissez-vous le Dr Taphoorn ou savez-vous qui il est ?
9 R. Je ne le connais pas personnellement, mais il a une renommée
10 internationale en tant que spécialiste en neuro-oncologie.
11 Q. D'accord. Nous reviendrons sur cette question un peu plus tard, mais
12 j'ai vu à la lecture de votre rapport qu'il semble être effectivement l'un
13 des auteurs, dont un article a été à la base des critères de traitement de
14 cette forme de glioblastome, c'est-à-dire qu'il est l'auteur du plan Stup;
15 c'est bien cela ?
16 R. C'est exact.
17 Q. Vous avez examiné également les différents rapports rédigés par les
18 responsables médicaux du quartier pénitentiaire des Nations Unies. Nous
19 trouvons dans votre rapport un certain nombre de noms propres, le Dr
20 Tenhaeff, si je me souviens bien. Et vous avez également parlé avec le Dr
21 Falke, qui est le chef médical du quartier pénitentiaire, n'est-ce pas ?
22 R. C'est exact.
23 Q. Alors, si j'ai bien compris, le personnel médical du quartier
24 pénitentiaire est celui qui communique au sujet des traitements subis par
25 le patient et qui fournit des informations provenant du médecin traitant,
26 le Dr Taphoorn et des personnes qui l'entourent. Est-ce que c'est bien ce
27 que vous comprenez également comme étant la source des retours
28 d'information provenant du quartier pénitentiaire ?
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1 R. C'est exact. De mon point de vue, les informations que je reçois
2 proviennent aussi bien des responsables médicaux du quartier pénitentiaire
3 des Nations Unies, mais également, et ce, sous forme d'informations
4 directes, de tous les résultats d'analyses et d'examens d'imagerie, ainsi
5 que des copies de lettres écrites par son médecin traitant.
6 Q. D'accord. Je crois que je devrais poser ma question plus clairement. Je
7 crois savoir que les informations fournies par les responsables médicaux du
8 quartier pénitentiaire des Nations Unies constituent un lien entre les
9 Juges de la Chambre et le Dr Taphoorn; est-ce que je peux m'exprimer ainsi
10 ?
11 R. Exact.
12 Q. Parce que nous ne les rencontrons pas directement, nous ne recevons pas
13 de rapports du Dr Taphoorn, qui ne sont donc pas fournis directement à la
14 Chambre ou aux parties, si je suis au courant correctement.
15 R. C'est exact.
16 Q. D'accord. Vous avez également consulté l'autre expert, qui a été nommé
17 en qualité d'expert en l'espèce ?
18 R. C'est exact, j'ai discuté avec lui au téléphone.
19 Q. Alors, du point de vue des dossiers disponibles, il y a un point que
20 j'aimerais préciser avec votre aide, qui concerne un rapport déposé par
21 l'adjoint du Greffier de ce Tribunal en date du 29 janvier et qui concerne
22 certaines des préoccupations ou des plaintes exprimées par M. Hadzic au
23 sujet de sa capacité à se reposer et également de l'alimentation, de
24 l'aspect nutritionnel des conditions de détention au quartier
25 pénitentiaire. Ce rapport est très précis et n'est pas mentionné dans votre
26 rapport. Je me demandais si vous l'avez eu sous les yeux ?
27 R. J'ai pris connaissance, j'ai lu ce rapport.
28 Q. D'accord. Après le 5 février, est-ce que vous avez eu d'autres
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1 contacts, soit avec M. Hadzic soit avec ses avocats ?
2 R. Non.
3 Q. Est-ce qu'il y a quelqu'un d'autre avec qui vous auriez discuté de ces
4 questions en dehors de ce que je viens d'évoquer ?
5 R. Non, j'ai appelé l'infirmière une fois pour discuter du traitement
6 thérapeutique, des médicaments, géré par le patient.
7 L'INTERPRÈTE : Note de la cabine anglais : Veuillez faire des pauses entre
8 les questions et les réponses pour faciliter l'interprétation.
9 M. STRINGER : [interprétation] C'est ma faute. Je devrais le savoir.
10 Q. On me demande de faire une pause entre les questions et les réponses en
11 raison de certains termes utilisés en l'espèce, je pense que l'audience
12 d'aujourd'hui est particulièrement exigeante pour les interprètes, en tout
13 cas.
14 Dr Cras, avant d'être contacté en votre qualité d'expert ici même, est-ce
15 que vous avez reçu des informations ou est-ce que vous aviez des
16 connaissances particulières au sujet de la présente affaire ?
17 R. Absolument pas.
18 Q. Et dans l'ordonnance portant calendrier que les parties ont reçue de la
19 Chambre, la Chambre vous demandait, ainsi qu'au Dr Seute, de vous voir
20 fournir les documents soumis par les parties, à savoir la demande de
21 libération provisoire, la réponse de l'Accusation et la réplique de la
22 Défense. Est-ce que vous avez eu la possibilité de lire ces documents ?
23 R. Je ne suis pas sûr de savoir de quels documents vous parlez.
24 Q. Il s'agit des documents juridiques liés à la demande de la Défense
25 portant sur une libération de M. Hadzic afin de lui permettre de retourner
26 en Serbie jusqu'à l'IRM qu'il doit subir au début du mois de mai ?
27 R. Je suis au courant de cette demande de libération provisoire, oui.
28 Q. D'accord. Est-ce que vous avez lu d'autres documents rédigés et déposés
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1 par les parties officiellement sur cette question ?
2 R. Est-ce que vous parlez des documents ultérieurs que j'ai reçus, je
3 crois, il y a un jour ?
4 Q. C'est possible. Je parle de la requête de la Défense en vue d'une
5 libération provisoire, et puis ensuite il y a la réponse de l'Accusation à
6 cette requête et la réplique de la Défense.
7 R. S'agissant de certaines analogies à d'autres affaires --
8 Q. Oui.
9 R. -- qui présentaient un schéma similaire par le passé ?
10 Q. Oui.
11 R. J'ai lu ces documents, oui.
12 Q. Donc vous êtes informé du fait qu'au moins une question soumise à la
13 Chambre en ce moment concerne le fait de savoir si M. Hadzic devrait être
14 libéré du quartier pénitentiaire pour pouvoir rentrer à Novi Sad en Serbie
15 et y rester pendant ces séances de chimiothérapie jusqu'à son retour ici au
16 début du mois de mai. Vous êtes au courant de cela, n'est-ce pas ?
17 R. C'est exact.
18 Q. Très bien. Quand vous avez rencontré M. Hadzic, avez-vous discuté avec
19 lui de la situation, à savoir de sa proposition de retour en Serbie ?
20 R. Non.
21 Q. Vous auriez pu être informé à partir de la lecture des documents
22 officiels, de ce que nous appelons la liberté provisoire, que M. Hadzic a
23 été un fugitif pendant sept ans avant d'être arrêté et emmené devant ce
24 Tribunal. Vous êtes au courant de cela ?
25 R. Oui, je suis au courant.
26 Q. Très bien. Donc vous saviez que l'endroit où il se propose d'aller est
27 un endroit où il n'est pas allé depuis dix ans ?
28 R. Je suppose. Je n'ai pas d'information précise à ce sujet.
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1 Q. D'accord. Parce que dans votre rapport, votre deuxième rapport en
2 particulier, vous décrivez les conditions optimales pour M. Hadzic qui
3 pourraient lui permettre de tirer le meilleur profit de son traitement
4 comme résident particulier dans la présence d'un environnement familier, de
5 sa famille.
6 R. Hm-hm.
7 Q. Donc ma question est dans quelle mesure est-ce que vous avez des
8 renseignements précis au sujet des conditions spécifiques et des
9 environnements particuliers dans lesquels il propose de se rendre en Serbie
10 ?
11 R. Je présume simplement que ce serait un environnement familial où il
12 pourrait bénéficier du soutien de sa famille et que cet environnement
13 regrouperait toutes les conditions d'un traitement optimal.
14 Q. Très bien. Donc je pense que le sens commun impose de penser que des
15 patients, de façon générale -- enfin, que les conditions optimales pour les
16 patients en général impliquent de se trouver dans un environnement
17 domestique ou familier.
18 R. C'est ce que je suppose.
19 Q. D'accord. Vous ne pouvez pas nous dire, toutefois, dans quelle mesure
20 ces conditions optimales existent réellement pour M. Hadzic à Novi Sad sur
21 la base d'une connaissance de ce qu'il l'attend là-bas ?
22 R. C'est exact.
23 Q. Très bien. Vous pratiquez depuis pas mal de temps, Docteur Cras. Est-ce
24 que vous avez eu affaire à des cas où, pour quelle que raison que ce soit,
25 les conditions optimales ne pouvaient pas être réunies ?
26 R. C'est une question intéressante. Par exemple, si les gens n'obtiennent
27 pas les soins médicaux nécessaires pour leur état spécifique, en général
28 c'est un problème d'accès aux soins qui est en cause, ou s'ils se trouvent
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1 dans une situation financière qui ne leur permet pas de bénéficier des
2 meilleurs soins, ou s'ils sont traités dans ce que nous appelons un hôpital
3 périphérique, et pas dans un hôpital spécialisé, un centre de référence,
4 dans lesquels les conditions de soin optimal peuvent être présentes, oui,
5 je suppose que je peux dire que cela peut arriver.
6 Q. Donc, en tant que personne qui n'est absolument pas spécialiste de la
7 question, il me semble qu'on peut considérer comme optimale la qualité des
8 soins médicaux et des traitements dispensés à M. Hadzic ici à La Haye. Est-
9 ce que vous partageriez mon avis sur ce point ?
10 R. Je pense que cette question peut être abordée sous deux angles
11 différents. Le traitement médical formel est probablement optimal, car M.
12 Hadzic est traité par un spécialiste neuro-oncologue très connu. Il reçoit
13 le traitement standard, qui n'est pas disponible partout dans le monde et
14 il est suivi de très près. Je pense que c'est probablement optimal.
15 S'agissant des conditions au sein du quartier pénitentiaire, dont
16 vous avez déjà parlé, il est possible que ces conditions ne soient pas
17 optimales pour un patient souffrant de glioblastome multiforme.
18 Q. Nous pourrons avoir une situation ici qui, d'un point de vue
19 strictement médical et du point de vue des conditions médicales optimales,
20 qu'il s'agisse du lieu ou du point de vue du lieu ou du point de vue des
21 conditions de logement ne serait pas considérée comme optimale. Vous
22 admettez cela ?
23 R. C'est une hypothèse correcte, je dirais. Oui.
24 Q. S'agissant des conditions au quartier pénitentiaire des Nations Unies,
25 parce que, encore une fois, je parle principalement de votre deuxième
26 rapport sur ce point, vous avez indiqué que les conditions nécessaires
27 pouvaient être réunies ici. Je pense que vous avez dit "avec difficulté".
28 Est-ce que vous vous rappelez de cela ?
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1 R. Je me rappelle cela.
2 Q. D'accord. Selon vous, selon ce que vous savez des conditions au
3 quartier pénitentiaire, voilà, j'aimerais vous poser la question suivante :
4 que savez-vous des conditions au quartier pénitentiaire des Nations Unies ?
5 R. C'est une question importante, parce que je n'ai pas visité le quartier
6 où vivent les détenus. Je ne sais pas quel est leur aspect physique et quel
7 est le genre d'environnement de ce quartier pénitentiaire. Je sais que j'ai
8 quelques informations succinctes à partir de mes visites à la détention,
9 mais la plupart de mes visites se sont limitées au centre médical du
10 quartier pénitentiaire.
11 Q. D'accord. Donc pouvons-nous dire de même s'agissant de la situation en
12 Serbie, et en nous exprimant de façon générale - et je ne crois pas que ce
13 soit une surprise - donc de façon générale, les conditions de vie dans un
14 lieu de détention, prison, quartier pénitentiaire ou autres, tout
15 environnement impliquant la détention d'un accusé, ne sont pas les
16 conditions optimales pour permettre à une personne de subir un traitement
17 tel que celui que M. Hadzic est en train de subir ?
18 R. Je pense qu'il serait très difficile d'en juger pour moi, car je ne
19 suis pas visiteur régulier des centres de détention. Je ne connais pas les
20 conditions de vie exactes des détenus dans ces lieux.
21 Q. Du point de vue des installations médicales disponibles pour M. Hadzic
22 en Serbie, s'il devait y aller, est-ce que vous connaissez ces
23 installations en Serbie, à Novi Sad, la qualité des soins auxquels il
24 pourrait s'attendre une fois qu'il arriverait là-bas ?
25 R. Eh bien, de ma part, ce ne serait que des conjectures. J'ai jeté un
26 coup d'œil à l'hôpital mentionné dans les documents, l'hôpital de Novi Sad,
27 et il me semble qu'ils ont les installations nécessaires pour traiter une
28 personne comme M. Hadzic.
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1 Q. Si l'on aborde les choses d'un point de vue strictement médical en
2 rapport avec les soins médicaux et les équipements disponibles, cependant,
3 si je devais dire que l'examen fait des conditions hospitalières là-bas ne
4 changent rien à la proposition émise par vous au sujet de La Haye comme
5 étant le lieu où la situation est optimale, est-ce que vous seriez d'accord
6 avec moi ? Tout en reconnaissant encore une fois que le lieu a son
7 importance.
8 R. Eh bien, la suite de son traitement est très simple. Il s'agit pour lui
9 de recevoir des doses de chimiothérapie pendant six mois environ, avec un
10 suivi très strict de son état de santé sur le plan médical, et une
11 évaluation éventuelle de la dégradation de son état si la tumeur devrait
12 progresser.
13 Q. Hm-hm.
14 R. Donc c'est, en fait, très simple.
15 Q. Aussi longtemps qu'il n'y a pas de complications significatives ?
16 R. Exactement.
17 Q. Mon impression c'est que pendant le cours de son traitement, cependant,
18 et encore une fois je me base sur votre deuxième rapport pour dire cela, il
19 y a toutes sortes d'effets secondaires variés qui peuvent créer une
20 situation assez fragile sur le plan de l'évolution du traitement ?
21 R. C'est exact. D'ailleurs, c'est la raison pour laquelle le traitement
22 était interrompu, en raison d'une progression de la tumeur ou, plus
23 précisément, des effets secondaires liés au traitement.
24 Q. Dans votre premier rapport, vous indiquez que, et cela figure en page 8
25 et 9 de votre rapport du 12 février, il peut arriver que pendant quelques
26 jours M. Hadzic soit en bonne forme pendant la durée de son traitement,
27 mais que cette situation est difficile à prévoir, en tout cas, dans la
28 période actuelle. Dans ces conditions, je suppose que vous ne pouvez pas
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1 exclure la possibilité pour M. Hadzic que certains jours, ici ou là, il
2 puisse être suffisamment en forme pour assister aux audiences ?
3 R. Absolument. Cela ne peut pas être exclu.
4 Q. L'une des raisons pour lesquelles nous avons demandé à vous parler
5 directement, c'était notre volonté de préciser grâce à vous et également au
6 Dr Seute ce que nous entendons lorsque nous parlons de présence et ou de
7 possibilité d'assister à une audience. Pourriez-vous décrire brièvement ce
8 qui vous vient à l'esprit lorsque vous entendez ces termes dans une
9 question, à savoir est-ce que M. Hadzic peut assister aux audiences ?
10 R. C'est une question très importante, je pense, parce que les questions
11 concernent aussi bien sa présence physique que sa capacité à participer au
12 procès, et je n'ai pas d'expérience de première main sur la signification
13 de l'expression "participer à un procès". Donc, qu'il soit physiquement
14 présent, oui, ça, il peut le faire probablement, étant entendu qu'il
15 obtiendra l'appui nécessaire et que peut-être, il y aura des pauses qui se
16 feront lorsqu'il ne se sentira pas bien. Maintenant, est-ce qu'il peut
17 participer au procès, ça, c'est une autre question. Il faudrait en juger au
18 jour le jour, je suppose, et c'est le responsable médical du quartier
19 pénitentiaire qui devrait en juger.
20 Q. Si tout ce qui était nécessaire pour que M. Hadzic puisse être présent,
21 écouter et regarder ce qu'on lui présente pendant que les participants
22 parlent, à votre avis, est-ce que quelque chose pourrait améliorer sa
23 capacité pendant la phase actuelle de son traitement ?
24 R. Je pense que c'est une question un peu compliquée. Certains de mes
25 patients peuvent écouter dans une chaise roulante motorisée et se rendre
26 compte de ce qui se passe autour d'eux.
27 Q. Je vais reformuler parce que je vous ai posé une question,
28 effectivement, un peu complexe.
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1 R. Oui.
2 Q. Est-ce qu'il pourrait suivre et comprendre la plupart du temps ce qui
3 se passe dans le prétoire et le plus gros de la présente conversation que
4 j'ai avec vous, par exemple ?
5 R. Oui, il pourrait probablement le faire.
6 Q. Je vous remercie, Dr Cras. Merci d'être venu.
7 M. STRINGER : [interprétation] Monsieur le Président, s'il me reste
8 quelques minutes sur les 30 minutes qui m'étaient imparties, je demande
9 respectueusement la possibilité de garder un peu de temps pour les
10 questions supplémentaires.
11 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci, Monsieur Stringer.
12 Monsieur Gosnell, vous pouvez interroger le Dr Cras ?
13 M. GOSNELL : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Bonjour.
14 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Bonjour.
15 Interrogatoire principal par M. Gosnell :
16 Q. [interprétation] Bonjour, Docteur Cras.
17 R. Bonjour.
18 Q. Je m'appelle Christopher Gosnell. Je représente M. Hadzic. J'ai
19 quelques questions à peine à vous poser aujourd'hui, et si l'une de mes
20 questions n'est pas suffisamment claire, faites-le-moi savoir, je vous
21 prie.
22 En page 9 de votre rapport, vous dites :
23 "Assister et participer au procès serait dangereux pour l'état de santé de
24 M. Hadzic et compromettrait le programme thérapeutique. La chimiothérapie,
25 même si elle est relativement bien tolérée, s'accompagne de fatigue, de
26 nausées et de paramètres fonctionnels réduits."
27 Pouvez-vous en dire un peu plus sur le sens que vous donnez à l'expression
28 "situation fonctionnelle réduite" ?
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1 R. Si vous parlez des dangers, c'est sans doute un mot un peu exagéré,
2 manifestement.
3 Q. Excusez-moi, Docteur Cras, je vous demande simplement de nous dire ce
4 que vous entendez par "diminution de l'état fonctionnel".
5 R. Je vous remercie.
6 Q. C'est l'expression dont j'aimerais mieux comprendre le sens, puisque je
7 ne suis pas spécialiste.
8 R. Avec une diminution de l'état fonctionnel, ce que j'entends en termes
9 médicaux, c'est d'abord l'énergie; et en deuxième lieu, la fonction
10 cognitive au sens de mémoire à court terme, temps de réaction, et peut-être
11 aussi des difficultés à s'exprimer, à parler ou à pratiquer un raisonnement
12 abstrait. Des choses de ce genre.
13 Q. Et la capacité à synthétiser l'information ?
14 R. Absolument. C'est inclut aussi.
15 Q. Est-ce que vous fournissez ces informations sur la base de votre
16 expérience, de vos observations, des traitements de vos patients présentant
17 la même pathologie et recevant le même traitement ?
18 R. De façon générale, oui. Je vois chez mes patients un état fonctionnel
19 diminué en raison des tumeurs cérébrales, ainsi que d'autres pathologies.
20 Q. Combien de temps avez-vous traité et observé des patients dans cet état
21 de santé qui recevaient cette forme de traitement ? Et combien de patients
22 diriez-vous que vous avez pu observer en quelle période, pendant quelle
23 durée ?
24 R. Eh bien, je pense qu'à la lecture de mon curriculum vitae, ceci
25 apparaît clairement. Je ne suis pas neuro-oncologue. Le Dr Seute, qui
26 comparaîtra demain, l'est. Il s'agit de traitements au jour le jour. Je
27 suis davantage impliqué dans le diagnostic des glioblastomes, car les
28 patients atteints de cette pathologie présentent des symptômes
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1 neurologiques, et je suis davantage impliqué dans les soins apportés à ces
2 patients dans la vie quotidienne. Je ne les traite pas pendant la
3 chimiothérapie, ni pendant la radiothérapie.
4 Q. Du point de vue des diminutions, des déficits de mémoire à court terme
5 que vous venez d'évoquer, et des difficultés à s'exprimer oralement, ou à
6 raisonner abstraitement ou à synthétiser des informations, est-ce que ceci
7 se manifeste dans des tâches simples ou est-ce que cela se manifeste
8 surtout dans des tâches intellectuelles soutenues qui exigent, dirais-je,
9 une concentration intense pendant pas mal de temps ?
10 R. Je dirais dans les deux cas. Ces problèmes peuvent affecter
11 intellectuellement le travail intellectuel, le fonctionnement intellectuel,
12 aussi bien dans des tâches complexes que dans des tâches quotidiennes
13 simples.
14 Q. Mais, par exemple, s'il était possible à quelqu'un qui n'est pas
15 présent, il ne présente pas de symptômes importants après examen physique
16 ou après application de tests simples de sa capacité cognitive et qui,
17 toutefois, présente des dysfonctionnements pour des tâches plus complexes,
18 est-ce que les deux seraient possibles en même temps ?
19 R. Absolument. Je m'apprêtais à faire un commentaire au sujet du test
20 d'évaluation cognitive de Montréal, mentionné par le Procureur, car il ne
21 s'agit pas simplement d'un test de détection. Si les gens ratent ce test de
22 Montréal, ou s'ils le réussissent, cela ne signifie pas qu'ils seront
23 capables ou pas d'enseigner, par exemple, ou d'exercer une profession
24 particulière assez exigeante sur le plan cognitif.
25 Q. Donc, le test cognitif de Montréal n'est pas un indicateur
26 nécessairement très efficace, comme vous le dites dans votre rapport ?
27 R. Non, il s'agit d'une combinaison d'analyses d'aptitudes physiques et
28 cognitives -- physiques et intellectuelles.
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1 Q. Et ce test prend environ dix minutes à administrer, n'est-ce pas ?
2 R. Le test d'évaluation cognitive de Montréal prend environ dix minutes,
3 effectivement.
4 Q. Vous dites dans votre rapport à la page 8, en vous référant à l'étude
5 de Gazelle, qu'environ 28 % seulement de jeunes patients peuvent reprendre
6 le travail après ce traitement. Je voudrais vous demander si des patients
7 qui ont des glioblastomes multiformes, qui suivent le traitement de M.
8 Hadzic ou qu'il va recevoir, est-ce qu'ils travaillent ?
9 R. C'est une question importante parce que -- si -- la meilleure analogie
10 ou la meilleure étude que j'ai pu trouvée qui puisse aborder la question de
11 savoir si une personne peut subir un procès, assister à un procès ou même
12 exercer une profession après ce diagnostic, après avoir été traité pour le
13 glioblastome. Environ les deux tiers des personnes qui ont été examinées
14 dans cette étude avaient une profession, et environ un tiers de ces deux
15 tiers ont repris le travail après avoir reçu ce traitement même si, à mon
16 avis, ceci a trait à une population plutôt jeune du même type de la
17 population qui a été étudiée dans le rapport Stup. Il s'agit de personnes
18 qui sont dans les 50 ans comme M. Hadzic, même si cette population plus
19 jeune considère comme important de reprendre leur travail, elles sont
20 motivées pour reprendre le travail. Environ un tiers reprend le travail.
21 Q. Docteur, je voudrais que vous vous concentrez sur la question et
22 clarifier les choses : Le rapport, vous me corrigerez, le rapport Gazelle,
23 corrigez-moi si je me trompe, vous dites qu'il s'agit d'un retour au
24 travail six mois après la fin d'une radiothérapie. Si j'ai bien compris la
25 nature du traitement, on veut dire à la fin de la chimiothérapie, n'est-ce
26 pas ?
27 R. C'est exact.
28 Q. Maintenant la question est pendant la période de cette chimiothérapie,
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1 dans votre expérience par rapport au rapport de cette chimiothérapie
2 adjuvante, est-ce que vous diriez qu'il y a une moins grande probabilité ou
3 une plus grande probabilité de leur possibilité de reprendre le travail ?
4 R. Ce sera environ un tiers, c'est à peu près les mêmes choses des
5 personnes qui pourraient reprendre malgré le traitement.
6 Q. Et au milieu du traitement, est-ce que les personnes --
7 R. C'est probablement le cas.
8 Q. Vous pensez que les chiffres seraient les mêmes du point de vue des
9 chiffres, du nombre des personnes ?
10 R. C'est probablement la même chose.
11 Q. Et ce rapport Gazelle comprenait tout un groupe de personnes qui
12 avaient moins de 40 ans, n'est-ce pas ?
13 R. Oui.
14 Q. Vous diriez-vous qu'il est plus probable il s'agit de personnes qui
15 seraient capables de subir ce type de traitement ?
16 R. Le facteur essentiel qui conduit ces gens à retourner au travail est de
17 savoir s'ils ont un déficit neurologique ou non. Un déficit qui pourra être
18 une forme de paralysie, par exemple, paralysie d'un membre.
19 Q. Excusez-moi, paralysie d'un membre ?
20 R. Je veux dire d'un bras ou d'une jambe, ou d'un autre membre qui
21 limiterait la possibilité de cette personne de reprendre le travail, même
22 si dans cette étude particulière, la plupart du travail est du travail
23 intellectuel qu'on a à l'esprit. Il ne s'agit pas de travail manuel.
24 Q. Et ces travailleurs intellectuels ne sont pas compris dans cette étude,
25 il y aurait un déficit intellectuel par rapport à des tâches plus complexes
26 ?
27 R. Ça veut dire reprendre le travail, on n'examine pas le résultat de ce
28 travail. Dans ma carrière, j'ai vu de nombreuses personnes qui ont repris
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1 le travail, mais certainement pas avec la productivité qu'ils avaient
2 avant.
3 Q. En ce qui concerne les déficits dont nous avons parlé, la mémoire à
4 court terme, par exemple, la mémoire proche, est-ce que ceci affecte la
5 mémoire, l'attention ?
6 R. Certainement. La possibilité de prendre l'initiative, certainement.
7 Q. Mais vous dites maintenant dans votre rapport à la page 7, qu'on peut
8 estimer que l'espérance de survie de M. Hadzic serait de 12 à 24 mois,
9 c'est-à-dire dépendant du succès de la radiothérapie et la chimiothérapie.
10 Maintenant, je note dans votre rapport que vous n'utilisez pas le terme
11 "survie médiane" dans votre rapport. Pourriez-vous nous parler de la
12 distinction que vous faites dans ce que vous estimez être la durée de vie
13 possible pour M. Hadzic par rapport à la survie médiane, quelle est la
14 différence ?
15 R. Pour commencer, la survie médiane est le temps dans lequel 50 % des
16 patients sont encore en vie. Ceci est différent de la survie qui n'est pas
17 une bonne indication, parce que si vous avez des survivants à long terme,
18 la moyenne est beaucoup trop longue. Donc la survie médiane est une
19 meilleure estimation de la façon dont les gens survivent. Là encore, il est
20 très difficile, c'est une question très importante de savoir quelles sont
21 ses chances de survie, et je dirais que la bonne nouvelle c'est qu'il est
22 relativement jeune, pour le moment, il n'a pas un déficit important. Il est
23 dans un état général assez bon, et il ne prend pas de stéroïdes.
24 Les mauvaises nouvelles sont qu'il y a eu une biopsie indiquant une tumeur,
25 il n'y a pas eu de tentative pour faire l'ablation de la tumeur, parce
26 qu'elle est trop grosse, et donc la réponse à la radiothérapie, à la
27 chimiothérapie qu'il reçoit, ses réactions, il n'y a pas de tentative
28 chirurgicale d'ablation de la tumeur.
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1 Q. Et vous --
2 R. -- et aussi, excusez-moi, je veux parler du caractère multiple ou
3 multifocal de l'étendue de la tumeur qui est un indicateur, et qui n'est
4 pas très fiable.
5 Q. Vous diriez dans votre rapport que la thérapie adjuvante est suivie
6 selon un certain emploi du temps, est-ce qu'il s'agit d'un progrès négatif,
7 est-ce que vous voulez ajouter quelque chose comme ça ?
8 R. Ce serait le cas même par rapport au test Stup, environ la moitié des
9 patients font l'ensemble de la chimiothérapie, et on peut voir s'il y a une
10 tolérance ou non à une nouvelle chimiothérapie.
11 Q. Et ceci est le deuxième volet d'une chimiothérapie, quelle est
12 actuellement la moyenne par rapport au test Stup. Je vois la note de bas de
13 page 1 de votre rapport, qui concerne plus de 500 patients, le taux de
14 survie médiane de ce groupe, c'était d'environ 14 mois, n'est-ce pas ?
15 R. C'est exact.
16 Q. Et l'âge moyen de cette cohorte était 56 ?
17 R. Oui, c'est environ cet âge, son âge effectivement.
18 Q. Maintenant, vous dites à la page 8 de votre rapport, "la survie sans
19 progression de la tumeur est notamment plus courte que chez des patients
20 qui ont cette caractéristique. Dans l'étude de Park et autres, les patients
21 qui n'ont pas de [inaudible] méthylation ont montré une progression moyenne
22 même si la survie moyenne était de 17 mois. Ceci veut dire que M. Hadzic
23 vraisemblablement présentera une progression précoce, et si cette
24 progression précoce se produit, il est très probable que M. Hadzic ne sera
25 plus en mesure d'assister ou de participer à ce procès."
26 Maintenant, si vous pourriez définir pour nous le terme de "progression"
27 tel que vous l'avez utilisé ?
28 R. La progression veut dire que même s'il ne présente pas de déficits
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1 immédiats, maintenant, ceci va se produire. Pour commencer, il pourrait
2 montrer ce qu'on appelle une hémiparalysie, ce qui veut dire qu'il pourrait
3 être paralysé, une hémiplégie par rapport au côté gauche de son corps. Et
4 il y a également d'autres facteurs de déficit par rapport aux médicaments
5 qu'il prend.
6 Il y a deux questions qui se posent et qui sont préoccupantes du point de
7 vue de la progression précoce, à savoir : premièrement, le marqueur, le
8 biomarqueur que vous avez mentionné, l'absence d'un état de méthylation,
9 veut dire que c'est moins probable, il y a moins de probabilité; et
10 deuxièmement, le fait que cette tumeur soit multiple dans le cortex, il
11 s'agit donc de la matière grise de l'hémisphère droit, et c'est situé assez
12 profondément.
13 Q. Et ceux qui présentent une méthylation du point de vue de la
14 progression, est-ce qu'elle est moindre ?
15 R. C'est exact.
16 Q. Maintenant, j'ai mentionné dans votre rapport le fait que vous donnez
17 une estimation du temps de vie possible pour M. Hadzic, qui est différente
18 de celle de la durée médiane. Est-ce que vous pourriez, si possible, nous
19 donner une estimation du temps de la progression pour M. Hadzic, étant
20 donné tous les facteurs sur lesquels vous vous êtes fondé pour parvenir à
21 cette estimation de la durée de vie probable.
22 R. Toute estimation serait vraiment très hypothétique, très spéculative,
23 mais ça peut aller de quelques semaines à plusieurs mois, peut-être.
24 Q. Maintenant, je voudrais vous poser quelques questions concernant la
25 nature du traitement que reçoit M. Hadzic. Ai-je raison de penser qu'il
26 prend, entre autres, un médicament Temozolomide par la bouche ?
27 R. C'est exact, c'est un traitement oral.
28 Q. Et serait-il possible que pour le Dr Taphoorn, par exemple, d'examiner
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1 les résultats des tests sanguins qui lui ont été envoyés de Novi Sad ?
2 R. Sans aucun doute.
3 Q. Est-ce que ceci nous donnerait les renseignements dont il aurait
4 besoin, de façon à pouvoir donner un avis autorisé au moins sur le temps
5 qui reste par rapport à l'IRM, l'imagerie résonance magnétique, qui doit
6 avoir lieu au début de mai ?
7 R. Pas seulement les résultats sanguins, mais également sa condition
8 physique et la question de savoir si des déficits peuvent se produire.
9 Q. Et à condition qu'on lui donne ces renseignements, est-ce qu'à votre
10 avis ceci lui donnerait une base pour fournir des renseignements ou une
11 bonne habilité sur ce qui serait nécessaire en ce qui concerne le
12 traitement, non seulement pour la période jusqu'au moment de l'IRM ?
13 R. Pourvu que le neuro-oncologiste ou le neurologiste ait cet appui du Dr
14 Taphoorn, je pense, ce serait possible.
15 Q. Dr Cras, je vous remercie beaucoup de votre déposition.
16 M. GOSNELL : [interprétation] Ce sont mes questions, Monsieur le Président,
17 j'en ai fini.
18 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.
19 [La Chambre de première instance se concerte]
20 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Dr Cras, nous avons quelques
21 questions à vous poser nous aussi.
22 Questions de la Cour :
23 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] On ira une par une.
24 Lorsque vous avez examiné M. Hadzic, était-ce seulement un examen physique,
25 clinique, ou est-ce que vous avez posé des questions et est-ce que vous
26 avez donné des renseignements en ce qui est des renseignements qui étaient
27 donnés ?
28 R. D'habitude, nous, médecins, nous commençons par poser des questions au
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1 patient sur comment il se sent. Et comme ça déjà été dit, j'ai également
2 fait une évaluation du test cognitif de Montréal et j'ai posé des questions
3 à l'interprète pour savoir s'il avait remarqué des difficultés du patient à
4 trouver ses mots.
5 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je vous remercie. Je voudrais passer
6 aux symptômes de la chimiothérapie, déterminés par la chimiothérapie. Y a-
7 t-il des périodes dans la journée ou ces symptômes sont plus aigus, par
8 exemple, le matin ou au contraire, dans l'après-midi ?
9 R. Je pense que ce serait une question qu'il vaudrait mieux poser au Dr
10 Seute qui vient demain. En général, les effets secondaires ont trait au
11 moment où le médicament a été administré ou peu après qu'il soit
12 administré. Ça durera probablement toute la journée, mais je suppose qu'au
13 moment où il reçoit une chimiothérapie, il ne serait pas capable d'être
14 présent ou d'intervenir au procès.
15 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Vous dites, si j'ai bien compris,
16 pendant la journée où il a pris médicaments ?
17 R. C'est exact.
18 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Donc, est-ce que ceci veut dire
19 pendant les cinq jours du cycle, suivis par trois semaines de période de
20 repos ? Donc, c'est pendant ces cinq jours ?
21 R. C'est pendant ces cinq jours qu'il ne serait pas en mesure, il ne
22 serait pas en état de le faire. Il ne serait pas en état, Monsieur le
23 Président.
24 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je vous remercie. Dans votre rapport,
25 vous avez indiqué que le fait d'assister, de participer au procès serait
26 dommageable ou dangereux pour la santé de M. Hadzic et qu'il serait très
27 probable que cela compromettrait le plan de traitement. Pourriez-vous
28 donner des exemples concrets à la Chambre sur la façon dont la
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1 participation au procès pourrait être dangereuse pour la santé de M. Hadzic
2 ? Je ne me réfère pas aux médicaments qu'il est en train de prendre pour le
3 moment.
4 R. Je pense que cette affirmation mérite d'être clarifiée. Je dirais que
5 s'il y avait participation au procès, si ça intervenait d'une façon
6 quelconque dans sa thérapie, ceci, évidemment, serait dangereux.
7 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je vous remercie. Vous nous avez dit
8 que vous avez examiné M. Hadzic le 5 février, c'est-à-dire plus ou moins
9 une semaine après qu'on ait cessé d'administrer la chimiothérapie le 28
10 janvier en raison des effets négatifs du médicament sur la production des
11 cellules sanguines. Dans votre rapport, à la page 5, vous avez noté à cet
12 égard que :
13 "Les derniers résultats de laboratoire que j'ai pu examinés," dites-vous,
14 "étaient du 27 janvier et montraient encore une réduction modérée des
15 plaquettes et des cellules du sang, des leucocytes."
16 Ma première question a trait à l'emploi du mot "encore". Vous écrivez le 27
17 janvier que les résultats de laboratoire montrent encore des numérations
18 modérément réduites. Pourriez-vous, s'il vous plaît, expliquer ce mot
19 "encore" à la lumière du fait que cet examen de laboratoire est un jour
20 avant la décision d'arrêter le médicament en raison de ses problèmes
21 sanguins ?
22 R. "Encore" veut dire que l'influence de la chimiothérapie sur la
23 production de moelle osseuse sont telles que les cellules sanguines, les
24 plaquettes, les leucocytes, les effets peuvent être assez long, et j'ai
25 reçu les résultats le 5 février. Je ne peux pas me rappeler des chiffres
26 exacts, mais il y avait encore une réduction des plaquettes dans ce
27 résultat de laboratoire.
28 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Mais dans votre rapport, vous dites,
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1 voyons voir où c'est : "Le dernier résultat de laboratoire que j'ai pu
2 examiner était le 27 janvier."
3 R. C'est exact. Il se peut que je l'aie reçu après avoir soumis mon
4 rapport. Je ne suis pas sûr de cela.
5 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je vous remercie.
6 M. GOSNELL : [interprétation] Monsieur le Président ?
7 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Oui, Monsieur Gosnell.
8 M. GOSNELL : [interprétation] Excusez-moi d'interrompre, mais je pense si
9 je pourrais intervenir juste ici par rapport à la question que vous venez
10 de poser.
11 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Et pourquoi donc, Monsieur Gosnell ?
12 M. GOSNELL : [interprétation] Ça a à voir avec la date de l'arrêt de la
13 chimiothérapie.
14 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Est-ce que ce que j'ai dit n'était
15 pas exact ?
16 M. GOSNELL : [interprétation] Je pense que vous avez parlé du 28.
17 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Oui.
18 M. GOSNELL : [interprétation] Et le rapport médical du 21 indique que la
19 chimiothérapie a dû être arrêtée. Et c'était donc le 21 janvier. J'ai pensé
20 que je devais porter cela à votre attention, Monsieur le Président.
21 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Bien.
22 M. GOSNELL : [interprétation] Bien. Je ne sais pas si cela fait une
23 différence dans un sens ou dans l'autre.
24 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Bon, je tire cette information d'un
25 rapport, je crois, du Dr Tenhaeff, mais bon. C'est au compte rendu
26 maintenant.
27 Ma deuxième question, Docteur Cras, c'est de savoir si le 5 février,
28 lorsque vous avez examiné M. Hadzic, vous avez pu voir des symptômes de ce
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1 problème qui a amené à cesser les médicaments, ou si vous avez pu détecter
2 des symptômes dans les réponses que M. Hadzic vous a données aux questions
3 que vous avez posées concernant sa santé ?
4 R. Non, les résultats de laboratoire n'ont pas d'influence sur sa
5 condition physique. La réduction des leucocytes et des plaquettes,
6 respectivement, conduit à une tendance accrue d'hémorragie et une tendance
7 accrue à une infection.
8 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je vous remercie. Je vois dans votre
9 rapport comme disant en bref que, pour le moment, vous avez examiné M.
10 Hadzic et à ce moment-là son état de santé n'était pas vraiment mauvais,
11 pour dire les choses simplement, mais que vous êtes assez pessimiste quant
12 à l'avenir. L'évolution de son état de santé étant, au minimum, très
13 incertaine. Pour la première partie de mon résumé, je me réfère à des
14 citations de votre rapport :
15 "M. Hadzic est bien orienté, il s'exprime clairement. Il n'a pas de
16 difficultés à trouver ses mots. Au cours des dernières journées, il a
17 souffert de céphalées, légères ou modérées. Son équilibre semble être
18 normal. Il n'y a pas de troubles de mouvements. Et l'examen cognitif de
19 Montréal lui donne une note de 27 sur 30, ce qui est une note normale. Pour
20 le moment, M. Hadzic a une condition de santé modérée. Il ne présente pas
21 de déficits neurologiques importants."
22 Seriez-vous d'accord avec mon interprétation de votre rapport
23 concernant l'état de santé de M. Hadzic au moment où vous l'avez examiné ?
24 R. C'est un résumé exact et correct de mon rapport. Pour le moment, M.
25 Hadzic est dans un état de santé assez bon, modérément, mais le pronostic
26 est mauvais.
27 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je vous remercie. Donc, si je
28 comprends, que vous seriez d'accord que mon interprétation de votre
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1 rapport, en ce qui concerne l'avenir, il serait exact de dire que pour
2 l'avenir immédiat, tout dépend des réactions physiques et mentales de M.
3 Hadzic à la chimiothérapie, qui est préconisée et planifiée, et de la
4 quantité d'effets secondaires que cette thérapie pourrait déterminer d'une
5 part, et d'autre part, que le résultat sera obtenu à la fin du cycle de
6 thérapie; tout ceci étant très incertain ?
7 R. C'est exact. Bien que la détérioration de son état dépendra davantage
8 de l'évolution de la tumeur que de la chimiothérapie proprement dite.
9 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je vous remercie beaucoup, Docteur
10 Cras.
11 Le Juge Mindua a une question à vous poser, Docteur Cras.
12 M. LE JUGE MINDUA : Oui, bonjour, Docteur. J'ai une petite question à vous
13 poser au sujet du test ou de l'évaluation de Montréal. Vous avez dit que
14 vous avez soumis le patient à cette évaluation de Montréal et que, selon
15 vous, il avait un niveau cognitif normal au moment de l'évaluation.
16 Première sous-question : pouvez-vous brièvement expliquer en quoi consiste
17 exactement cette évaluation de Montréal ? Et deuxième sous-question, je la
18 pose immédiatement : voulez-vous dire que sur le plan mental ou
19 psychologique, pour le moment, que le patient est capable de comprendre le
20 déroulement du procès ?
21 R. Est-ce que je vous réponds en anglais ou en français ?
22 M. LE JUGE DELVOIE : [hors micro]
23 R. [aucune interprétation]
24 M. STRINGER : [interprétation] Je crois que nous avons de l'anglais dans le
25 canal français, excusez-moi.
26 M. LE JUGE MINDUA : [interprétation] Mais je peux suivre en anglais.
27 LE TÉMOIN : [interprétation] Excusez-moi.
28 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Veuillez continuer.
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1 R. Donc il s'agit bien d'un test qui convient à des fonctions normales.
2 Par exemple, dans certaines maladies, où nous utiliserions un autre test de
3 détection, comme Alzheimer. Bien, c'est un test qui convient bien à des
4 fonctions normales. Par exemple, si nous utilisions un autre test de
5 détection.
6 La deuxième partie de votre question est de savoir si c'est un bon
7 indicateur pour savoir si une personne est capable, et donc c'est validé à
8 cette fin. Je le sais parce que j'ai une certaine expérience à ce sujet,
9 mais dans un autre contexte, il y a un test qui est plus développé, un peu
10 plus subjectif aussi, test qui est appelé la compétence MacArthur pour, par
11 exemple, plaider dans un prétoire. Et nous avons une certaine expérience de
12 ce test, mais comme je l'ai dit, il est plus développé, plus compliqué et
13 je n'ai pas d'expérience de ce test pour les questions judiciaires, mais
14 j'ai l'expérience du test MacArthur avec des patients qui ont une capacité
15 de connaissance réduite. Il y a donc un test pour voir si une personne peut
16 ou non plaider dans un prétoire.
17 M. LE JUGE MINDUA : Merci beaucoup. Merci.
18 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Stringer.
19 M. STRINGER : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai essayé de
20 réduire le temps que je demande au minimum, et avec la permission de la
21 Chambre, je demanderais simplement de pouvoir poser quelques questions
22 supplémentaires.
23 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je vous en prie.
24 M. STRINGER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
25 Nouvel interrogatoire par M. Stringer :
26 Q. [interprétation] Docteur Cras, je voudrais revenir quelques instants
27 sur ce que M. le Juge Delvoie, le Président de la Chambre, vous a demandé
28 au sujet de l'endroit dans votre rapport où vous parlez de danger ou de
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1 situation dommageable pour le patient. Si j'ai bien compris votre réponse,
2 elle consiste à dire qu'il serait dommageable pour lui de venir dans le
3 prétoire si cela devait l'empêcher d'ingérer ses médicaments de
4 chimiothérapie pendant les cinq jours sur le cycle total de 28 jours,
5 n'est-ce pas ?
6 R. Ce n'est pas simplement le fait de ne pas prendre les médicaments, mais
7 aussi ma réponse portait également sur sa capacité de récupération grâce au
8 traitement.
9 Q. Très bien. Mais pendant les autres 23 jours d'un cycle, pour l'appeler
10 ainsi, est-ce que vous excluez ou n'excluez pas la possibilité qu'il puisse
11 assister aux audiences en fonction, bien sûr, de la présence ou absence
12 d'autres symptômes et de la façon dont il se sent ?
13 R. Ceci devrait être jugé au temps t.
14 Q. Ensuite, une deuxième question de ma part qui porte sur une question
15 qui vous a été posée par mon confrère, Me Gosnell. S'agissant de
16 l'aggravation de la maladie ou de la progression de la tumeur, et en tant
17 que non-spécialiste, pour moi, "progression" signifie le contraire de
18 rémission, peut-être, n'est-ce pas, une bonne façon de comprendre la chose.
19 La rémission peut être une situation dans laquelle l'état de santé s'est
20 stabilisé, le cancer n'avance plus, la tumeur ne se développe plus, ne
21 grandit plus. Est-ce que c'est une façon de voir les choses à peu près
22 correctes ?
23 R. C'est correct. On parle de progression de la tumeur, de survie sans
24 progression de la tumeur, par exemple. "Progression", dans ce cas,
25 signifiant que lorsqu'il n'y a pas de progression, que la tumeur ne grandit
26 pas ou ne provoque aucun déficit supplémentaire.
27 Q. Et ceci est le résultat de l'absence de méthylation, la méthylation
28 étant un biomarqueur, n'est-ce pas, qui indique donc l'absence de
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1 progression de la tumeur ?
2 R. C'est exact.
3 Q. Comme nous le savons, encore une fois, sans pouvoir faire de prévisions
4 très précises, nous savons que le pronostic de M. Hadzic n'est pas bon. Ma
5 question repose, par conséquent, et je voudrais revenir un pas en arrière,
6 pour m'écarter un peu de la question actuelle, et revenir sur ce qui se
7 passerait s'il devait se rendre en Serbie ou pas entre aujourd'hui et le
8 mois de mai. Donc, ma question concerne ce projet d'arriver au terme de son
9 procès.
10 Toutes choses étant égales, il me semble qu'au fil du temps, la perspective
11 de terminer le procès se réduit aussi longtemps que la présence de M.
12 Hadzic est exigée dans le prétoire, et que les chances d'arriver au bout du
13 procès seraient meilleures dans le court terme que dans le long terme. Est-
14 ce que vous pourriez commenter cette réflexion ?
15 R. Je ne suis pas informé de la situation présente du procès ni de sa
16 progression. Mais nous pouvons partir du principe qu'avec le temps qui
17 passe, il sera plus en plus difficile pour lui de comparaître dans le
18 prétoire et d'intervenir, en effet.
19 Q. Je vous remercie, Docteur Cras.
20 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maître Gosnell.
21 M. GOSNELL : [interprétation] Monsieur le Président, quelque deux questions
22 de suivi, je vous prie, par rapport aux questions déjà posées ?
23 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je vous en prie.
24 M. GOSNELL : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.
25 Nouvel interrogatoire par M. Gosnell :
26 Q. [interprétation] Docteur, ma première question concerne le terme
27 "dangereux" ou "dommageable" que vous avez utilisé, associé à un risque,
28 une possibilité. Est-ce qu'il serait également dommageable que M. Hadzic se
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1 voit demander de s'engager dans certaines activités pendant les journées où
2 il ne reçoit pas de chimiothérapie si cela l'empêche de récupérer de cette
3 chimiothérapie ?
4 R. C'est ce que j'ai mentionné lorsque j'ai répondu à la question du
5 Procureur. Si on limite ses capacités de récupérer à sa récupération par
6 rapport au traitement, eh bien, oui, cela réduirait sa capacité de
7 récupérer après le traitement.
8 Q. Si le stress est un facteur important qui pourrait l'empêcher de
9 récupérer des effets de la chimiothérapie, que dites-vous de cela, est-ce
10 que c'est le cas ?
11 R. L'emploi du mot stress est une façon de s'exprimer très général. Cela
12 dépendrait de la nature du stress en question. Est-ce qu'il s'agirait de
13 difficultés d'ensommeillement, difficultés à dormir, de fatigue,
14 d'épuisement ou d'autres types de stress. Le mot stress est trop général.
15 Q. Et la fatigue, l'épuisement, peuvent être provoqués par des efforts
16 mentaux dans ces circonstances, n'est-ce pas ?
17 R. C'est possible.
18 Q. Ma deuxième question concerne la méthylation dont vous avez parlé. Je
19 voudrais que les choses soient claires sur ce point. La méthylation n'est
20 pas quelque chose de négatif, puisque c'est une -- ou bien, est-ce que
21 c'est simplement un indicateur de progression de la tumeur ? Il y a une
22 série de facteurs qui peuvent conduire à cette progression, n'est-ce pas ?
23 R. Comme je l'ai évoqué déjà, les mauvais pronostics résultent d'une
24 absence de tentative de résection de la tumeur, parce que celle-ci est trop
25 large et trop diffuse. Et en deuxième lieu, de cette méthylation dont vous
26 venez de parler, qui est un facteur très important.
27 Q. Mais même en partant du principe que M. Hadzic présenterait une
28 méthylation, l'appréciation importante de l'éventualité d'une progression
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1 de la tumeur s'applique, n'est-ce pas, plus large ?
2 R. Oui, il n'en demeure pas moins que la tumeur est diffuse et qu'il n'y a
3 pas eu de tentative de résection.
4 Q. Je vous remercie, Docteur Cras.
5 M. GOSNELL : [interprétation] Merci beaucoup, Monsieur le Président.
6 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je vous remercie.
7 Docteur Cras, nous vous remercions d'être venu devant ce Tribunal pour nous
8 aider grâce à votre témoignage. Nous vous remercions de votre rapport. Vous
9 pouvez maintenant sortir de la pièce. M. l'Huissier va vous escorter.
10 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie.
11 [Le témoin se retire]
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25 [Audience publique]
26 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Bien. Maître Gosnell, vous pouvez
27 procéder à présent.
28 M. GOSNELL : [interprétation] Monsieur le Président, la deuxième requête
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1 urgente en vue de mesure intermédiaire a été déposée le 20 février, je suis
2 sûr que je n'ai pas besoin de vous le rappeler, et cette requête n'a
3 toujours pas fait l'objet d'une décision. Bien entendu, nous comprenons que
4 ces audiences se portent principalement sur la première requête de
5 libération provisoire.
6 Nous aimerions demander qu'une décision orale soit rendue au sujet de la
7 deuxième requête intermédiaire, pour laquelle je crois qu'il y ait eu
8 réponse par courriel hier de la part de l'Accusation, ou décision
9 intermédiaire ou dans un cadre à court terme, encore une fois. Je sais que
10 les Juges de la Chambre ont pu agir ainsi dans le but d'agir le plus
11 rapidement possible. Donc voilà quelle est notre requête, Monsieur le
12 Président, qu'il y ait décision orale ou décision à très court terme.
13 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci, Maître Gosnell.
14 Monsieur Stringer, vous souhaitez intervenir ?
15 [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]
16 M. STRINGER : [interprétation] Le représentant de la Défense a raison,
17 Monsieur le Président. Nous avons envoyé un courriel aux Juges de la
18 Chambre hier dans lequel l'Accusation a indiqué qu'elle n'avait pas
19 l'intention de déposer une réponse écrite à la deuxième requête urgente.
20 Nous aimerions intégrer ce qui a été dit dans notre réponse du 16 février à
21 la première requête de libération provisoire comme en tant que réponse à la
22 deuxième requête urgente provenant de nous.
23 J'ajouterais, si vous me le permettez, que d'après ce que nous avons
24 compris, les choses n'ont pas encore commencé. M. Hadzic devrait entamer sa
25 deuxième procédure de chimiothérapie demain ou après-demain, donc il n'est
26 pas encore tout à fait aisé de dire si la Défense propose qu'il voyage ou
27 que soit repoussé le premier jour de sa prochaine procédure de
28 chimiothérapie.
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1 Nous allons entendre l'expert suivant demain. En ce moment, je pense
2 que la Chambre dispose de tout ce dont elle a besoin pour rendre une
3 décision au sujet de la première requête en vue de libération provisoire,
4 ainsi qu'au sujet de la requête urgente qui lui a fait suite. Et nous
5 demandons instamment à la Chambre de simplement rendre une décision qui
6 recouvre non seulement les questions liées à l'état de santé de M. Hadzic,
7 mais également la question importante à nos yeux, du risque de fuite qui
8 fait partie de l'équation également. Je vous remercie.
9 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.
10 Maître Gosnell.
11 M. GOSNELL : [interprétation] Bref, une intervention de suivi, Monsieur le
12 Président.
13 Le rapport médical du 18 février 2015 est pertinent en l'espèce,
14 parce qu'il compote une nouvelle indication selon laquelle la
15 chimiothérapie ne pourrait pas commencer le jour auquel nous pensions
16 jusqu'à présent, et qui avait été prévu par les médecins, de sorte qu'un
17 retard éventuel de la reprise de la chimiothérapie est mentionné dans ce
18 rapport. Et puis, Monsieur le Président, Messieurs les Juges, c'est en
19 raison de l'hypothèse concernant un scénario optimal que cette date avait
20 été fixée, nous demandons une décision ou une ordonnance immédiate au sujet
21 de cette décision, car il faudrait que la chimiothérapie puisse commencer
22 après qu'il a accompli son voyage, par conséquent c'est un point
23 significatif.
24 J'aimerais que soit consigné au compte rendu d'audience, et je sais
25 Monsieur le Président, Messieurs les Juges, mais il y a toujours une
26 différence quand on parle des avantages consentis, que la deuxième requête
27 intermédiaire demande également un délai de trois semaines qui, je crois,
28 est couvert par le responsable médical du TPIY qui a parlé de l'état de
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1 santé de M. Hadzic récemment. Donc, il y a une différence entre les deux
2 requêtes.
3 M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci, Maître Gosnell. Les Juges vont
4 travailler sur une décision dans les plus brefs délais.
5 Suspension de l'audience.
6 --- L'audience est levée à 11 heures 18 et reprendra le jeudi, 26 février
7 2015, à 14 heures 30.
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