Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL Affaire IT-95-14/1-T

2 POUR L’EX-YOUGOSLAVIE

3 Lundi 15 juin 1998

4 LE PROCUREUR

5 c/

6 ZLATKO ALEKSOVSKI

7 L'audience est ouverte à 9 heures 30.

8 M. le Président. - Bonjour, Mesdames et Messieurs. Les

9 interprètes et la cabine technique, êtes-vous prêts ?

10 L'interprète. - Bonjour, Monsieur le Président. Oui, merci.

11 M. Dubuisson. - C'est l'affaire IT-95-14/1, le Procureur contre

12 Zlatko Aleksovski.

13 M. le Président. - Merci, Monsieur Dubuisson.

14 Nous avons aujourd'hui, pour le ministère public, Me Niemann.

15 Pouvez-vous vous présenter ?

16 M. Niemann (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président.

17 Je m'appelle Grant Niemann. Je comparais avec Me Meddegoda et Mlle Erasmus

18 au nom de l'accusation.

19 M. le Président. - Pour la défense, Maître Mikulicic ?

20 M. Mikulicic (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président,

21 Bonjour, Messieurs les Juges. Je m'appelle Me Mikulicic et je vais

22 défendre M. Aleksovski avec Me Joka.

23 M. le Président. - Nous avons aujourd'hui des témoins de la

24 défense, n'est-ce pas, Maître Mikulicic ?

25 M. Mikulicic (interprétation). - Messieurs les Juges, nous

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1 allons faire comparaître nos témoins. Le premier témoin sera le

2 Dr Vesna Bilic.

3 (Le témoin est introduit dans la salle.)

4 M. le Président. - Bonjour, Madame Vesna Bilic. Vous m'entendez

5 bien ?

6 Mme Bilic (interprétation). - Oui.

7 M. le Président. - Vous allez lire la déclaration solennelle que

8 M. l'huissier va vous tendre, s'il vous plaît.

9 Mme Bilic (interprétation). - Je déclare solennellement que je

10 dirai la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

11 M. le Président. - Madame, vous pouvez vous asseoir. Vous allez

12 répondre aux questions que Me Mikulicic va vous poser, s'il vous plaît.

13 M. Mikulicic (interprétation). - Bonjour, Docteur Bilic.

14 Mme Bilic (interprétation). - Bonjour.

15 M. Mikulicic (interprétation). - Avec mon confrère, Me Joka, je

16 représente l'accusé Zlatko Aleksovski. Vous allez témoigner devant les

17 Juges. Nous allons vous poser quelques questions et nous vous demanderons

18 de répondre à ces questions du mieux que vous pouvez.

19 Pourriez-vous dire à l'intention des Juges quelle est votre date

20 de naissance ?

21 Mme Bilic (interprétation). - Je suis né le 24 novembre 1950 à

22 Busovaca.

23 M. Mikulicic (interprétation). - Quelle est votre appartenance

24 ethnique ?

25 Mme Bilic (interprétation). - Je suis Croate.

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1 M. Mikulicic (interprétation). - Etes-vous pratiquante ?

2 Mme Bilic (interprétation). - Oui.

3 M. Mikulicic (interprétation). - De quelle confession êtes-

4 vous ?

5 Mme Bilic (interprétation). - Je suis Catholique.

6 M. Mikulicic (interprétation). - Pourriez-vous nous dire quelle

7 a été votre formation ?

8 Mme Bilic (interprétation). - Je suis diplômée de la faculté de

9 pharmacie.

10 M. Mikulicic (interprétation). - Où ?

11 Mme Bilic (interprétation). - A Sarajevo.

12 M. Mikulicic (interprétation). - Quand avez-vous terminé vos

13 études ?

14 Mme Bilic (interprétation). - En 1982.

15 M. Mikulicic (interprétation). - Après avoir terminé vos études,

16 vous avez commencé à travailler ?

17 Mme Bilic (interprétation). - J'ai commencé tout de suite à

18 travailler au centre médical de Busovaca en tant que biochimiste.

19 M. Mikulicic (interprétation). - Et vous êtes toujours employée

20 au centre médical de Busovaca ?

21 Mme Bilic (interprétation). - Oui.

22 M. Mikulicic (interprétation). - Docteur Bilic, en quelle

23 qualité étiez-vous ou êtes-vous employée au centre médical ? Pourriez-vous

24 nous parler de votre carrière professionnelle ?

25 Mme Bilic (interprétation). - Au début, j'ai travaillé comme

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1 biochimiste au laboratoire de diagnostic de Busovaca et, à partir de 1991,

2 je suis devenue directrice du centre médical de Busovaca.

3 M. Mikulicic (interprétation). - Il faut ménager des petites

4 pauses entre nos réponses pour que tout le monde puisse suivre nos

5 échanges.

6 M. Mikulicic (interprétation). - A partir de 1991, Vous êtes

7 devenue directrice du centre médical de Busovaca. Pourriez-vous nous dire

8 rapidement quelles étaient les fonctions, les responsabilités d'un tel

9 poste ?

10 Mme Bilic (interprétation). - Le directeur du centre médical a

11 pour responsabilité tout le fonctionnement du centre médical.

12 M. Mikulicic (interprétation). - Vous souvenez-vous de

13 l'importance des effectifs de ce centre médical vers 1993 ?

14 Mme Bilic (interprétation). - Quand vous parlez de 1993, vous

15 parlez du conflit, je suppose, qui se déroulait à ce moment-là ? Il y

16 avait environ trente personnes qui travaillaient au centre médical.

17 M. Mikulicic (interprétation). - Dites-nous qui composait le

18 personnel du centre médical ?

19 Mme Bilic (interprétation). - Il y avait six médecins, dont deux

20 spécialistes, un stomatologue, un biochimiste. J’occupais cette fonction.

21 J'étais également directrice. Quinze personnes étaient des assistants

22 médicaux dans diverses spécialités. Il y avait des infirmières parmi ces

23 quinze personnes, et aussi des sages-femmes, des spécialistes en

24 radiographie, du personnel auxiliaire, un chauffeur d'ambulance.

25 M. Mikulicic (interprétation). - Ce centre médical était-il la

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1 seule institution de ce genre à Busovaca ?

2 Mme Bilic (interprétation). - Oui.

3 M. Mikulicic (interprétation). - Pourriez-vous nous dire combien

4 de personnes utilisaient les services du centre médical ?

5 Mme Bilic (interprétation). - Avant la guerre, dix huit mille

6 personnes bénéficiaient des services du centre médical. Après, je ne sais

7 pas, je ne peux pas vous donner de chiffre exact.

8 M. Mikulicic (interprétation). - Pourriez-vous nous dire quels

9 étaient les services fournis par ce centre médical ?

10 Mme Bilic (interprétation). - On fournissait des soins

11 élémentaires.

12 M. Mikulicic (interprétation). - Pourriez-vous nous préciser ce

13 que cela signifie ?

14 Mme Bilic (interprétation). - Quand je parle de premiers soins,

15 il s’agit de soins apportés à la population sans occupation de lits

16 d'hôpitaux. Nous nous occupions surtout et uniquement de médecine

17 ambulatoire. Nous n'avions pas de résidents au centre médical. Il y avait

18 un service de gynécologie ou d'obstétrique, un service de pédiatrie, un

19 service de soins généraux et puis, bien sûr, les services d'urgence, et

20 tous les services annexes, service de diagnostic, de laboratoire, de

21 radiologie, ainsi qu'un service dentaire.

22 M. Mikulicic (interprétation). - Vous avez dit qu'il n'y avait

23 pas de lits d'hôpital, qu’il n'était pas possible d'hospitaliser des

24 personnes au centre médical. Si un cas nécessitait une hospitalisation,

25 que faisiez-vous ?

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1 Mme Bilic (interprétation). - Nous avons toujours fait ce que

2 nous pouvions étant donné les conditions qui prévalaient mais, si nous ne

3 pouvions pas traiter un cas, nous l'adressions à d'autres hôpitaux.

4 M. Mikulicic (interprétation). - A quels hôpitaux adressiez-vous

5 vos patients ? Avec quels hôpitaux coopériez-vous ?

6 Mme Bilic (interprétation). - A l'époque, nous parlons du début

7 de l'année 1993, nous travaillions uniquement avec l'hôpital de Nova Bila.

8 M. Mikulicic (interprétation). - Aviez-vous des contacts avec

9 l'hôpital de Zenica avant la guerre et au début de 1993 ?

10 Mme Bilic (interprétation). - Avant la guerre, ce centre médical

11 relevait du centre médical régional de Zenica. Toutefois, début janvier,

12 au moment où le conflit a éclaté, il n'était plus possible de parvenir à

13 Zenica puisque la ligne ferroviaire était interrompue.

14 M. Mikulicic (interprétation). - Quel équipement aviez-vous à

15 votre disposition pour fournir ces soins ? A votre avis, en tant

16 qu'expert, était-ce un équipement adéquat ou y en avait-il trop peu ?

17 Aviez-vous tout l’équipement dont vous aviez besoin ?

18 Mme Bilic (interprétation). - Avant la guerre, nous n'avions pas

19 grand-chose, ni en 1992, ni au début du conflit en 1993. Le centre a été

20 pilonné dès le début du conflit, toute une aile de ce centre médical a été

21 détruite. Nous n'avions plus d'électricité, nous n'avions plus d'eau. Ce

22 qui veut dire que les conditions de travail étaient très difficiles.

23 M. Mikulicic (interprétation). - Vous avez dit qu'en 1992 ce

24 centre médical a été pilonné. Pourriez-vous nous expliquer, et l'expliquer

25 à l'intention des Juges, ce qui s'est passé ?

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1 Mme Bilic (interprétation). - Il y a eu un pilonnage à Busovaca.

2 Deux obus sont tombés sur le centre médical. Ils ont été tirés par la JNA.

3 M. Mikulicic (interprétation). - Est-ce que le bâtiment a été

4 pilonné par les forces de l'ex-JNA ?

5 Mme Bilic (interprétation). - Oui.

6 M. Mikulicic (interprétation). - Quand ceci s’est-il produit ?

7 Mme Bilic (interprétation). - En avril 1992.

8 M. Mikulicic (interprétation). - Vous dites qu'une partie du

9 centre médical a été pratiquement détruite à ce moment-là ?

10 Mme Bilic (interprétation). - Oui.

11 M. Mikulicic (interprétation). - Avez-vous perdu du matériel ?

12 Mme Bilic (interprétation). - Oui, nous avons perdu le matériel

13 de gynécologie, ainsi que celui de dentisterie. Nous avions des problèmes

14 car l'eau n'était plus fournie. Un obus étant tombé juste devant le

15 bâtiment du centre médical, il a détruit toutes les canalisations. Nous

16 n'avons donc pas eu d'eau pendant très longtemps.

17 M. Mikulicic (interprétation). - Mais hormis cela, pourriez-vous

18 nous dire combien il y avait d'ambulances au centre médical ?

19 Mme Bilic (interprétation). - A l'époque nous n'en avions que

20 deux.

21 M. Mikulicic (interprétation). - Est-ce que ces ambulances

22 étaient bien aménagées ? N'y avait-il pas de problèmes de carburant ?

23 Mme Bilic (interprétation). - Il s'agissait de très vieux

24 véhicules. On les utilisait depuis au moins 10 ans. Nous avions des

25 difficultés à obtenir du carburant pour ces véhicules.

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1 M. Mikulicic (interprétation). - Pourriez-vous nous décrire la

2 situation en matière de carburant ? Etait-il facile d'obtenir du

3 carburant ? Pouvait-on utiliser ces véhicules aisément ?

4 Mme Bilic (interprétation). - Non, c'était très difficile. Nous

5 n'avons utilisé ces véhicules que dans des cas d'urgence pour acheminer

6 des patients vers Nova Bila.

7 M. Mikulicic (interprétation). - Est-il exact de dire qu'au

8 cours des six premiers mois de 1993 le conflit a éclaté et que sur le

9 territoire de la municipalité de Busovaca, sans risque de se tromper, il

10 n'était plus possible d'utiliser les ambulances pour aller sur le

11 terrain ?

12 Mme Bilic (interprétation). - De temps en temps c'était

13 possible, mais sinon c'était très difficile.

14 M. Mikulicic (interprétation). - Docteur Bilic, toujours au

15 cours des six premiers mois de 1993, quelle était la situation en matière

16 d'approvisionnements de produits pharmaceutiques, mais aussi de

17 nourriture, d'électricité, d'eau ?

18 Mme Bilic (interprétation). - A cette époque, la situation était

19 pitoyable à tous les niveaux en matière d'approvisionnement. Pour ce qui

20 est des produits pharmaceutiques, ils provenaient de nos stocks d'avant

21 guerre. Nous avions effectué quelques réserves. De plus, nous avons reçu

22 quelques dons qui provenaient de personnes travaillant à l'étranger. Mais

23 on peut dire que la situation était particulièrement difficile puisque les

24 livraisons ne se faisaient pas facilement. Nous étions effectivement

25 encerclés. Il y avait aussi peu d'aliments et ce qu'il y avait en matière

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1 d'aliments était partagé entre les habitants de la municipalité de

2 Busovaca.

3 M. Mikulicic (interprétation). - Vous nous dites qu'il était

4 difficile d'obtenir les produits de première nécessité et que vous étiez

5 pratiquement encerclés. Pourriez-vous nous dire ce que ceci veut dire ?

6 Mme Bilic (interprétation). - Ceci signifie qu'il était

7 impossible de sortir du territoire de la municipalité de Busovaca.

8 M. Mikulicic (interprétation). - Pourquoi ?

9 Mme Bilic (interprétation). - Si on essayait, on nous tirait

10 dessus.

11 M. Mikulicic (interprétation). - Docteur Bilic, vous dites qu'en

12 matière de ravitaillement vous mangiez tous la même chose à Busovaca. Où

13 la nourriture était-elle préparée ?

14 Mme Bilic (interprétation). - Elle était préparée à la caserne

15 où se trouvaient toutes les personnes qui avaient une obligation de

16 travail.

17 M. Mikulicic (interprétation). - Que voulez-vous dire par là :

18 "toutes les personnes qui étaient dans une obligation de travail" ? Vous

19 parlez du centre de santé ? Qui avaient-ils d'autres ? Qu'est-ce qu'il y

20 avait comme services ?

21 Mme Bilic (interprétation). - Il y avait des services occupés

22 par les personnes qui devaient travailler, je pense à la protection

23 civile, à la prison, aux services municipaux.

24 M. Mikulicic (interprétation). - Donc cette nourriture était

25 préparée à la caserne ?

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1 Mme Bilic (interprétation). - Oui et de là on l'a distribuée

2 dans divers endroits.

3 M. Mikulicic (interprétation). - Du fait du pilonnage par la JNA

4 en 1992? vous avez eu des difficultés en matière d'approvisionnement en

5 eau. Pourriez-vous nous dire ce qu'il en était en matière d'électricité ?

6 Mme Bilic (interprétation). - C'était pareil. La même situation

7 prévalait. Mais nous avons eu de la chance au centre médical. En effet, à

8 proximité de ce centre, il y avait les quartiers du Bataillon néerlandais.

9 Nous avons pu bénéficier de l'électricité fournie par leur générateur.

10 Nous avons eu, par la suite, tout le temps de l'électricité au centre

11 médical.

12 M. Mikulicic (interprétation). - Vous parlez du Bataillon

13 néerlandais. Vous voulez dire les forces de la Forpronu ?

14 Mme Bilic (interprétation). - Oui.

15 M. Mikulicic (interprétation). - Avez-vous coopéré avec les

16 unités de ce Bataillon, en plus de l'approvisionnement en électricité ?

17 Mme Bilic (interprétation). - Effectivement, si nous avions

18 besoin de médicaments en urgence ou s’il y avait un médecin ou une

19 infirmière travaillant au sein de ce Bataillon, nous pouvions toujours

20 bénéficier de leur aide.

21 M. Mikulicic (interprétation). - Ce Bataillon néerlandais

22 disposait donc de ses propres service médicaux ?

23 Mme Bilic (interprétation). - Oui.

24 M. Mikulicic (interprétation). - Quand a commencé exactement le

25 conflit armé en 1993 ?

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1 Mme Bilic (interprétation). - Il a commencé le 25 janvier 1993

2 au matin.

3 M. Mikulicic (interprétation). - Pourquoi vous souvenez-vous si

4 bien de cette date ?

5 Mme Bilic (interprétation). - C'était un conflit qui opposait

6 deux côtés.

7 M. Mikulicic (interprétation). - De quelle nature était ce

8 conflit ?

9 Mme Bilic (interprétation). - C'était un conflit entre les

10 Musulmans et les Croates, qui a commencé à 6 heures du matin, le

11 25 janvier. Je n'étais pas du tout au courant, je me trouvais à mon

12 domicile. C'est seulement vers 8 heures du matin que j'ai pu me rendre à

13 mon travail, au centre médical.

14 Des coups de feu étaient tirés de partout. Seuls les services

15 d'urgence fonctionnaient au centre médical. Les effectifs ont travaillé

16 pendant quarante-huit heures. Il fallait les relever, or il était très

17 difficile de parvenir au bâtiment du centre médical à cause des coups de

18 feu, mais nous y sommes quand même parvenus.

19 M. Mikulicic (interprétation). - Dites-nous d’où venaient ces

20 coups de feu ? D’où provenaient-ils ?

21 Mme Bilic (interprétation). - Nous avons été la cible d'un point

22 qui se trouvait en surplomb du centre médical. Cela venait de Busovaca.

23 M. Mikulicic (interprétation). - Comment s’appelle ce village

24 particulier ?

25 Mme Bilic (interprétation). - Hodzici.

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1 M. Mikulicic (interprétation). - Savez-vous qui habitait dans ce

2 village, quelle était la composition ethnique des habitants ?

3 Mme Bilic (interprétation). - Il y avait des Musulmans et des

4 Croates.

5 M. Mikulicic (interprétation). - Quelle était la composition

6 ethnique du personnel du centre médical avant le conflit, ou à la veille

7 du conflit ?

8 Mme Bilic (interprétation). - La composition ethnique pouvait

9 varier. Il y avait à peu près 45 % de Musulmans, 45 % de Croates et les

10 autres étaient Serbes.

11 M. Mikulicic (interprétation). - En ce qui concerne la

12 composition du personnel, vous souvenez-vous avoir remarqué qu'il y avait

13 des phénomènes un peu bizarres, une situation un peu anormale, avant le

14 conflit ?

15 Mme Bilic (interprétation). - C'est seulement après que le

16 conflit a éclaté que je me suis rendu compte de cela. En effet, la plupart

17 des effectifs du centre étaient Musulmans et ils sont partis en congés.

18 C'est moi qui ai signé les autorisations. Après que le conflit a éclaté,

19 je me suis rendu compte que la majorité des employés d'origine musulmane

20 étaient en congés ou avaient demandé des jours de congés. En tout état de

21 cause, ils ne se trouvaient pas au centre médical au moment où le conflit

22 a éclaté.

23 M. Mikulicic (interprétation). - Comment avez-vous interprété ce

24 fait ?

25 Mme Bilic (interprétation). - C'est seulement par la suite que

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1 je l'ai fait.

2 M. Mikulicic (interprétation). - Comment avez-vous interprété

3 ces événements ?

4 Mme Bilic (interprétation). - Manifestement, je n'avais pas

5 réalisé quoi que ce soit.

6 M. Mikulicic (interprétation). - Pensez-vous que le personnel

7 s'était rendu compte de la situation ?

8 Mme Bilic (interprétation). - J'ai eu l'impression que oui.

9 M. Mikulicic (interprétation). - Au cours des combats, au cours

10 du conflit, comment les services étaient-ils organisés ? Comment

11 fonctionnait ce centre ?

12 Mme Bilic (interprétation). - La situation était loin d'être

13 facile. En effet, il y avait très peu de médecins. Nous ne pouvions faire

14 fonctionner que les services d'urgences puisque nous avions deux médecins

15 qui travaillaient vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Nous nous sommes

16 relayés, nous travaillions un jour sur deux.

17 M. Mikulicic (interprétation). - Qu’en était-il des

18 infirmières ?

19 Mme Bilic (interprétation). - Il y en avait un peu plus. Elles

20 travaillaient en équipe de trois, voire quatre. Elles travaillaient aussi

21 par poste.

22 M. Mikulicic (interprétation). - A cette époque-là, quels

23 services médicaux pouviez-vous offrir aux patients et quels étaient les

24 patients qui venaient au centre médical ?

25 Mme Bilic (interprétation). - Les patients qui venaient au

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1 centre venaient du territoire de Busovaca. Ils avaient besoin d'une aide

2 médicale et c'est la raison pour laquelle ils venaient nous voir.

3 M. Mikulicic (interprétation). - Opériez-vous une distinction en

4 fonction du degré d'urgence ou d'autres critères entre ces patients ?

5 Mme Bilic (interprétation). - Le seul critère que l'on peut

6 appeler appliquer c'est le degré d'urgence.

7 M. Mikulicic (interprétation). - Etant donné que le centre

8 médical de Busovaca était le seul établissement médical dans la région à

9 cette époque-là, quelles étaient les obligations qui étaient les vôtres en

10 matière de protection épidémiologique ? Quel était le rôle joué par ce

11 centre médical dans ce sens là ?

12 Mme Bilic (interprétation). - Il faut qu'il y ait un service de

13 prévention épidémiologique dans chaque centre médical. C'est ce service

14 qui s'occupe de toutes les choses importantes qui se passent sur le

15 territoire. Si, par exemple, une maladie se propage on en informe aussitôt

16 le centre médical qui dépêche une équipe sur le terrain pour voir quelle

17 est la situation.

18 M. Mikulicic (interprétation). - Vous aviez ces services qui

19 étaient organisés au centre médical même avant que le conflit éclate,

20 n'est-ce pas ? Vous souvenez-vous si dans votre service, dans votre

21 secteur de responsabilité, on a pu constater l'émergence de phénomènes

22 particuliers, de cas particuliers qui ont pu nécessiter votre

23 intervention ?

24 Mme Bilic (interprétation). - Avant le conflit, on n'avait pas

25 d'épidémies. Nous avons connu des cas de jaunisse, d'hépatite, mais ceci

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1 se passait rarement. C'était tout à fait occasionnel, rien qui devait

2 susciter de grandes inquiétudes. Dans la région, entre Busovaca et Vitez

3 il y a un village où, pratiquement tout les quatre ou cinq ans, des cas

4 qui se déclaraient de fièvre typhoïde.

5 M. Mikulicic (interprétation). - Pourriez-vous nous dire si au

6 moment des faits, dans les six premiers mois de 1993, la situation était

7 d'une quelconque façon différente ? Avez-vous connu des cas de maladies

8 infectieuses, où il faut effectivement une prévention épidémiologique ?

9 Mme Bilic (interprétation). - Non, avant le conflit ce n'était

10 pas le cas, ni au début du conflit, la situation n'a pas empiré. En effet,

11 le centre médical de Busovaca était dans ce domaine très actif. Nous avons

12 eu de nombreuses missions qui ont été accomplis dans le sens d'une

13 protection épidémiologique.

14 M. Mikulicic (interprétation). - Vous nous avez dit Docteur

15 Bilic qu'il était difficile d'avoir des liaisons, des communications, avec

16 l'extérieur à l'époque. L'approvisionnement était assez mauvais. Est-ce

17 que c'était vrai aussi pour les chaussures, pour les vêtements ? Comment

18 la population a-t-elle gérée cette situation ?

19 Mme Bilic (interprétation). - Ils se sont débrouillés mais,

20 parfois, les civils devaient aussi porter des vêtements militaires, des

21 bottines ou des uniformes.

22 M. Mikulicic (interprétation). - Est-ce que cela signifie qu'il

23 était normal que des civils portent des parties ou des morceaux

24 d'uniforme ?

25 Mme Bilic (interprétation). - Oui, à l'époque c'était tout à

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1 fait courant.

2 M. Mikulicic (interprétation). - D'après vous qu'elle était

3 l'origine de ces vêtements, de ces chemises ou de ces pantalons ?

4 Mme Bilic (interprétation). - Croyez-moi, je ne saurais vous le

5 dire.

6 M. Mikulicic (interprétation). - Docteur Bilic, avez-vous su

7 quoi que ce soit au sujet de services médicaux dispensés à des personnes

8 internées à cette époque-là dans l'établissement de Kaonik ?

9 Mme Bilic (interprétation). - Oui.

10 M. Mikulicic (interprétation). - Quelles étaient vos

11 connaissances sur Kaonik ? Sur ce que Kaonik représentait ?

12 Mme Bilic (interprétation). - L'établissement de Kaonik était

13 une prison.

14 M. Mikulicic (interprétation). - Qu'est-ce que c'était avant la

15 guerre ?

16 Mme Bilic (interprétation). - C'était un bâtiment appartenant à

17 la JNA, à l'armée yougoslave.

18 M. Mikulicic (interprétation). - A quelle occasion avez-vous,

19 pour la première fois, pu vous-même et le dispensaire de Busovaca

20 rencontrer les patients qui demandaient de l'aide médicale et qui venaient

21 de Kaonik ? Vous en souvenez-vous ?

22 Mme Bilic (interprétation). - Je pense que c'était durant la

23 seconde moitié de 1992.

24 M. Mikulicic (interprétation). - Vous dites deuxième moitié

25 de 1992. Qui étaient ces gens-là ? Les connaissiez-vous ?

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1 Mme Bilic (interprétation). - Pour la majeure partie d'entre

2 eux, ils étaient Croates et Serbes.

3 M. Mikulicic (interprétation). - En posant cette question pour

4 me faire mieux comprendre, je rajouterai : quel était leur statut à

5 Kaonik ? Qui étaient ces gens-là ?

6 Mme Bilic (interprétation). - Je ne sais pas.

7 M. Mikulicic (interprétation). - S'agissait-il de gardes, de

8 détenus ou des civils qui habitaient, qui étaient abrités ou pas ? Le

9 saviez-vous ou pas ?

10 Mme Bilic (interprétation). - Non.

11 M. Mikulicic (interprétation). - Docteur Bilic, vous dites bien

12 qu'il s'agit du 25 janvier 1993, après l'éclatement des conflits à quel

13 moment avez-vous pu prendre contact avec ces gens-là qui venaient demander

14 de l'aide médicale ou une protection sanitaire et qui étaient de Kaonik ?

15 Mme Bilic (interprétation). - C'était vers la fin janvier 1993

16 et début février 1993.

17 M. Mikulicic (interprétation). - Qui étaient ces gens-là ?

18 Pouvez-vous nous le préciser un peu ?

19 Mme Bilic (interprétation). - Que voulez-vous dire par là ?

20 Précisez ?

21 M. Mikulicic (interprétation). - Je vais essayer de reformuler

22 ma question. Je retire la question précédente. Qui emmenait depuis Kaonik

23 les personnes qui demandaient de l'aide médicale ?

24 Mme Bilic (interprétation). - Ce sont les gardes qui les

25 amenaient et le directeur de la prison lui-même.

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1 M. Mikulicic (interprétation). - Quand vous faites mention au

2 directeur de la prison, le connaissiez-vous vous-même ? Quel est son nom ?

3 Mme Bilic (interprétation). - Oui, je le connais. Il s'appelle

4 Zlatko Aleksovski.

5 M. Mikulicic (interprétation). - Vous le connaissez

6 personnellement ?

7 Mme Bilic (interprétation). - Oui.

8 M. Mikulicic (interprétation). - Pouvez-vous reconnaître cette

9 personne dans cette pièce ?

10 Mme Bilic (interprétation). - Oui.

11 M. Mikulicic (interprétation). - Voulez-vous montrer de votre

12 main au Greffe, s'il vous plaît, qui est la personne que vous nommez

13 Zlatko Aleksovski.

14 (Le témoin montre l'accusé du doigt.)

15 M. Mikulicic (interprétation). - Pour le Greffe, le témoin vient

16 de montrer l'accusé.

17 Docteur Bilic, quand l'avez-vous connu pour la première fois ?

18 L'avez-vous connu avant ces événements, ces conflits de 1993 ?

19 Mme Bilic (interprétation). - Non. Je ne sais pas vous dire très

20 exactement la date. Il s'agit de fin janvier et début février 1993.

21 M. Mikulicic (interprétation). - Pouvez-vous vous rappeler des

22 circonstances dans lesquelles vous avez fait sa connaissance ?

23 Mme Bilic (interprétation). - Monsieur Aleksovski, en qualité de

24 directeur de la prison, était venu pour négocier avec nous au sujet de la

25 protection à offrir aux personnes qui se trouvaient dans la prison, pour

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1 savoir quels étaient les moments où le dispensaire pouvait les accueillir,

2 ou bien uniquement dans le cadre de la médecine d'urgence, et suivant

3 quelles modalités, etc.

4 M. Mikulicic (interprétation). - Vous dites bien que vous ne

5 pouvez pas très bien vous rappeler les dates. Vous dites "fin janvier"

6 mais, par rapport au conflit, était-ce avant ou après le conflit ?

7 Mme Bilic (interprétation). - Tout de suite après que le conflit

8 ait éclaté.

9 M. Mikulicic (interprétation). - Vous rappelez-vous,

10 Docteur Bilic, quels étaient les vêtements de M. Aleksovski ?

11 Mme Bilic (interprétation). - Je ne peux pas me rappeler avec

12 exactitude de ses vêtements. Une fois, il avait une chemise ou un pantalon

13 militaire. Une autre fois, il était en chemise ou en vêtements civils.

14 M. Mikulicic (interprétation). - Vous rappelez-vous s'il y avait

15 des grades ou des insignes lorsqu'il portait soit une chemise soit une

16 partie d'uniforme militaire ?

17 Mme Bilic (interprétation). - Autant que je sache, non. Il n'y

18 avait pas d'insigne ou de grade.

19 M. Mikulicic (interprétation). - Vous disiez qu'il venait

20 négocier au sujet de services médicaux dispensés par vous. Pouvez-vous

21 vous rappeler ce qui était entendu ?

22 Mme Bilic (interprétation). - Je ne sais pas ce qui était

23 entendu mais, étant donné les circonstances dans lesquelles nous étions,

24 il était dit tout simplement que toutes les personnes de la prison

25 pouvaient venir en tant que patient au dispensaire, à n'importe quel

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1 moment de la journée et de la nuit, 24 heures sur 24.

2 M. Mikulicic (interprétation). - Donc 24 heures sur 24 ?

3 Mme Bilic (interprétation). - Oui, selon l'organisation du

4 dispensaire.

5 M. Mikulicic (interprétation). - Et ces personnes-là, par qui

6 étaient-elles emmenées au dispensaire ?

7 Mme Bilic (interprétation). - Etant donné que je n'étais pas en

8 contact direct avec les patients, j'ai pu voir au passage qu'une fois

9 c'étaient des gardes de la prison. Mais, à d'autres reprises, j'ai vu

10 M. Aleksovski en personne qui emmenait les personnes malades au

11 dispensaire.

12 M. Mikulicic (interprétation). - Etiez-vous là au moment où le

13 véhicule parvenait au dispensaire ou lorsque ces gens étaient en train

14 d'entrer au dispensaire ?

15 Mme Bilic (interprétation). - Oui.

16 M. Mikulicic (interprétation). - Dites-nous de quel véhicule il

17 s'agissait ? Vous rappelez-vous le véhicule ?

18 Mme Bilic (interprétation). - Je me souviens que c'était

19 toujours une voiture mille fois meilleure que la nôtre, que les véhicules

20 de notre ambulance mais, pour ce qui est de la marque, je ne saurais vous

21 le dire.

22 M. Mikulicic (interprétation). - Etait-ce une voiture, un bus ou

23 un camion ?

24 Mme Bilic (interprétation). - Quelquefois c'était une voiture,

25 d'autres fois un autre type de véhicule.

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1 M. Mikulicic (interprétation). - Quand ces gens-là sont venus au

2 dispensaire, avez-vous remarqué s'ils avaient les mains liées ou s'ils

3 avaient des menottes ? Leurs mouvements étaient-ils rendus un peu

4 difficiles ?

5 Mme Bilic (interprétation). - Comme je vous l'ai dit, je n'étais

6 pas en contact direct avec les patients. Je ne peux pas vous en parler

7 maintenant. Mais, au passage, autant que j'ai pu le voir, je n'ai jamais

8 remarqué quelque chose de ce genre.

9 M. Mikulicic (interprétation). - Avez-vous été présente ou

10 avez-vous vu qu'il y avait une procédure spéciale à l'entrée du

11 dispensaire ? Est-ce que ces gens-là devaient attendre un peu plus

12 longtemps pour se faire consulter par un médecin ? Et comment ?

13 Mme Bilic (interprétation). - Je n'ai aucune connaissance sur le

14 sujet. S'il n'y avait pas de patient au cabinet du médecin, la personne

15 ainsi emmenée pouvait tout de suite entrer dans le cabinet du médecin.

16 Mais, évidemment, si le médecin était occupé, le cabinet occupé, il

17 fallait tout simplement attendre la sortie du patient pour venir à son

18 tour.

19 M. Mikulicic (interprétation). - Il s'agit donc de gens qui

20 devaient tout simplement attendre dans le couloir devant le cabinet.

21 Mme Bilic (interprétation). - Oui.

22 M. Mikulicic (interprétation). - Docteur Bilic, quel était le

23 tableau général que vous pouvez nous faire de ces gens qui venaient depuis

24 Kaonik au dispensaire, cette fois-ci en tant que patient ? D'après leur

25 comportement extérieur, étaient-ils quelque peu différents des autres ? Je

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1 pense à leur signalement, je pense à leur situation hygiénique, je pense à

2 l'état définitivement physique et nutritionnel qu'ils pouvaient présenter.

3 Mme Bilic (interprétation). - Je n'ai pas vraiment pu remarquer

4 quelque chose de spécial concernant ces gens-là. Ils étaient vêtus

5 normalement, comme nous. Ils avaient un aspect physique extérieur normal.

6 Par conséquent, je n'ai pas pu vraiment observer d’écart sensible.

7 M. Mikulicic (interprétation). - Avez vous eu connaissance de

8 maux dont souffraient ces gens-là, de quoi ils se plaignaient et des

9 services médicaux qui leur ont été apportés ?

10 Mme Bilic (interprétation). - Etant donné que je ne suis pas

11 médecin pratiquant, je ne peux pas vous le dire très exactement, mais il

12 me semble que c'était plutôt des maux de digestion ou d’hypertension ; il

13 y a eu un cas d’ulcère. Il s’agissait plutôt de maladies chroniques.

14 M. Mikulicic (interprétation). - Parmi ces gens-là, avez-vous pu

15 reconnaître des patients à qui votre centre dispensait des services

16 médicaux, même avant l'éclatement du conflit armé ?

17 Mme Bilic (interprétation). - Oui, j'en connaissais pas mal.

18 M. Mikulicic (interprétation). - Pouvons-nous en conclure que

19 ces gens-là étaient vos patients réguliers, parce que vous parlez de

20 maladies chroniques ?

21 Mme Bilic (interprétation). - Oui, d’une façon générale

22 c’étaient des malades chroniques, par conséquent des patients réguliers

23 parmi lesquels j'en reconnaissais pas mal.

24 M. Mikulicic (interprétation). - Vous venez de mentionner que

25 votre dispensaire étant le seul point de santé de cette région. Il était

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1 responsable de la prévention épidémiologique et sanitaire. Avez-vous pu

2 remarquer quelques interventions faites par votre dispensaire à Kaonik ?

3 Mme Bilic (interprétation). - Oui, M. Aleksovski était venu pour

4 solliciter auprès du dispensaire l'envoi d'un service épidémiologique et

5 hygiénique pour procéder à la désinfection et à la dératisation des pièces

6 de la prison.

7 M. Mikulicic (interprétation). - A votre connaissance, l'avez-

8 vous fait ?

9 Mme Bilic (interprétation). - Oui, à deux reprises, pour autant

10 que je m'en souvienne. Une fois je m'y suis rendue moi-même.

11 M. Mikulicic (interprétation). - Vous dites à deux reprises ; à

12 quelle époque cela se passait-il ?

13 Mme Bilic (interprétation). - Je crois que c'était en février et

14 deux ou trois mois plus tard.

15 M. Mikulicic (interprétation). - En quelle année ?

16 Mme Bilic (interprétation). - 1993.

17 M. Mikulicic (interprétation). - Nous parlons donc toujours de

18 l'année 1993 ?

19 Mme Bilic (interprétation). - Oui.

20 M. Mikulicic (interprétation). - En tant que directrice du

21 dispensaire, chargée personnellement de la situation épidémiologique et de

22 la prévention sanitaire sur le terrain, avez-vous appris également que

23 dans les établissements de Kaonik il y a eu propagation d’une maladie

24 contagieuse, d’une maladie cutanée qui aurait demandée votre

25 intervention ?

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1 Mme Bilic (interprétation). - Je n'en ai pas eu connaissance,

2 mais si à cette époque il y avait eu éclatement d'épidémie ou de maladie

3 cutanée, ils auraient dû porter cela à notre connaissance. Etant donné que

4 tel n’a pas été le cas, il n'y a pas eu de problème.

5 M. Mikulicic (interprétation). - Vous dites bien : « On n'a pas

6 porté à votre connaissance ». Qui est ce : « on » ?

7 Mme Bilic (interprétation). - Je pense aux personnes des

8 services de prévention hygiénique de notre dispensaire qui s’y sont

9 rendues. Il n'y a jamais rien eu d'irrégulier qui aurait pu être observé

10 par ces spécialistes.

11 M. Mikulicic (interprétation). - Vous dites que vous vous êtes

12 rendue vous-même à Kaonik ?

13 Mme Bilic (interprétation). - Oui.

14 M. Mikulicic (interprétation). - Pouvez-vous vous rappeler à

15 quelle date ?

16 Mme Bilic (interprétation). - Je ne saurais vous dire la date,

17 mais je crois que c'était pour une première campagne de désinfection et de

18 dératisation.

19 M. Mikulicic (interprétation). - Vous avez mentionné tout à

20 l'heure le mois de février 1993 ?

21 Mme Bilic (interprétation). - Oui, c'est bien cela.

22 M. Mikulicic (interprétation). - Pouvez-vous nous faire la

23 description de votre première visite à Kaonik. Vous y étiez-vous déjà

24 rendue avant ou était-ce la première fois ?

25 Mme Bilic (interprétation). - C'était la première fois. Je ne

Page 2281

1 saurais pas en faire la description, étant donné la situation de la

2 municipalité de Busovaca. J’ai trouvé la situation tout à fait normale.

3 M. Mikulicic (interprétation). - Racontez-nous pour quelle

4 raison vous vous êtes rendue à Kaonik, par qui vous avez été invitée, quel

5 était le véhicule qui vous a transportée, qui vous avez trouvé dans

6 l'établissement même et quelle était la situation ?

7 Mme Bilic (interprétation). - Quand M. Aleksovski était venu

8 solliciter auprès du dispensaire la possibilité de procéder à une campagne

9 de désinfection, c'est-à-dire de constater par nous-mêmes la situation

10 épidémiologique et hygiénique de la prison, un service de notre

11 dispensaire s’y était rendu, y compris moi-même.

12 Le véhicule appartenait au dispensaire. Nous avons fait le tour

13 de l'ensemble des pièces de la prison, nous nous sommes rendus compte de

14 la situation qui régnait dans toutes ces pièces avant de procéder à la

15 désinfection.

16 M. Mikulicic (interprétation). - Vous rappelez-vous quels

17 bâtiments vous avez pu visiter lors de cette campagne ?

18 Mme Bilic (interprétation). - Nous nous sommes rendus dans tous

19 les bâtiments, y compris les pièces dans lesquelles furent détenus ces

20 gens-là dans la prison.

21 M. Mikulicic (interprétation). - D'après vous, en tant

22 qu'expert, quelle était la situation sanitaire de ces pièces ?

23 Mme Bilic (interprétation). - A mon sens, à en juger d'après les

24 circonstances, tout correspondait à la situation de la région. Il n'y a eu

25 pratiquement aucun écart, aucune différence à signaler en faisant la

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1 comparaison.

2 M. Mikulicic (interprétation). - Avez-vous pu observer quelques

3 phénomènes qui auraient suggéré la présence de poux ou d'autres

4 prédateurs ?

5 Mme Bilic (interprétation). - Non.

6 M. Mikulicic (interprétation). - Serait-il exact d'en conclure

7 que c'était une action épidémiologique et sanitaire préventive ?

8 Mme Bilic (interprétation). - Oui, c'est tout à fait exact, vous

9 pouvez le dire ainsi.

10 M. Mikulicic (interprétation). - Avez-vous pu remarquer des

11 points sanitaires sur place ? Si oui, faites-en la description.

12 Mme Bilic (interprétation). - Normalement, comme existent les

13 points sanitaires dans toutes les prisons.

14 M. Mikulicic (interprétation). - Que voulez-vous dire par là ?

15 Pouvez-vous nous citer quelques détails ?

16 Mme Bilic (interprétation). - Je veux dire par là que tout

17 semblait normal, aucune saleté n'a été observée, aucun manque d'hygiène.

18 Comment vous expliquer ?

19 M. Mikulicic (interprétation). - Avez-vous pu constater quelques

20 phénomènes qui auraient été de nature à vous alarmer, vous qui êtes

21 spécialiste en épidémiologie, pour réagir en vue d'une action plus

22 radicale ?

23 Mme Bilic (interprétation). - Non, je ne l'ai pas constaté. Par

24 conséquent, il n'y avait pas besoin d'une action radicale mais, tout

25 simplement, d'une désinfection pour ne pas qu'il y ait de maladies de la

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1 peau, enfin pour liquider tout ce qui aurait pu exister comme poux et

2 prédateurs.

3 M. Mikulicic (interprétation). - Est-ce normal de procéder à des

4 campagnes de ce genre dans tous les lieux où il y a un rassemblement de

5 beaucoup de gens ?

6 Mme Bilic (interprétation). - Oui.

7 M. Mikulicic (interprétation). - Pouvez-vous nous dire dans quel

8 autre établissement de votre municipalité vous avez procédé à de telles

9 actions de prévention épidémiologique ?

10 Mme Bilic (interprétation). - Dans toutes les pièces ou salles

11 réservées à des rassemblements de gens, où il y a eu un accueil ou un

12 hébergement de gens, ensuite dans les cuisines dans lesquelles on

13 préparait des plats à l'intention des gens qui travaillaient, etc.

14 M. Mikulicic (interprétation). - Docteur Bilic, quand vous vous

15 êtes rendue à Kaonik, avez-vous eu la possibilité de voir vous-même, de

16 rencontrer, les personnes détenues, internées ? Les avez-vous rencontrées

17 ou vues vous-même ?

18 Mme Bilic (interprétation). - Oui.

19 M. Mikulicic (interprétation). - Leur avez-vous parlées ?

20 Mme Bilic (interprétation). - Non.

21 M. Mikulicic (interprétation). - Vous dites que vous les avez

22 rencontrées. Pouvez-vous nous dire quel était leur aspect général, étant

23 donné évidemment que le temps passe d'après vos souvenirs ?

24 Mme Bilic (interprétation). - C'était une situation tout à fait

25 normale étant donné le lieu où ils se trouvaient.

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1 M. Mikulicic (interprétation). - Avez-vous pu remarquer qu'ils

2 étaient sous-alimentés ?

3 Mme Bilic (interprétation). - Non.

4 M. Mikulicic (interprétation). - Avez-vous pu remarquer qu'ils

5 manquaient d'hygiène, qu'ils étaient délaissés du point de vue

6 hygiénique ?

7 Mme Bilic (interprétation). - Non.

8 M. Mikulicic (interprétation). - Avez-vous pu remarquer que

9 leurs chaussures, leurs vêtements étaient vraiment en très mauvais état,

10 étant donné la situation de la municipalité ?

11 Mme Bilic (interprétation). - Non.

12 M. Mikulicic (interprétation). - Puis-je conclure que ces

13 gens-là, ne serait-ce que par leur aspect, présentaient la situation

14 d'hommes et de femmes tout à fait normaux comme tous les autres individus

15 de la municipalité ?

16 Mme Bilic (interprétation). - Oui.

17 M. Mikulicic (interprétation). - Avez-vous pu remarquer des

18 lésions chez des gens ou si quelqu'un avait été blessé ?

19 Mme Bilic (interprétation). - Personnellement, je ne l'ai pas

20 remarqué.

21 M. Mikulicic (interprétation). - Docteur Bilic, vous avez parlé

22 de février 1993. Est-ce que plus tard, après février, que vous avez pu

23 vous rendre dans la prison de Kaonik ?

24 Mme Bilic (interprétation). - Non.

25 M. Mikulicic (interprétation). - Pour ce qui est de vos

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1 collaborateurs du dispensaire, l'ont-ils fait ?

2 Mme Bilic (interprétation). - Oui, ils l'ont fait pour faire la

3 désinfection. Bien souvent, des équipes de gens sont allées en visite à la

4 prison même. Par conséquent, allaient donc en visite un médecin suivi

5 d'une infirmière.

6 M. Mikulicic (interprétation). - Dans quelles circonstances se

7 faisaient ces visites médicales, régulièrement ou en urgence ?

8 Mme Bilic (interprétation). - Normalement, surtout si le médecin

9 était disponible.

10 M. Mikulicic (interprétation). - Au début de votre exposé ici,

11 vous disiez que votre dispensaire pratiquait des services de soins

12 primaires, élémentaires. Lorsque vous avez dû, par exemple, constater la

13 nécessité d'une approche d'un spécialiste, peut-être d'un chirurgien, etc,

14 qu'avez-vous fait ? Les avez-vous orientés vers les hôpitaux de Zenica ou

15 lorsque les routes étaient bloquées de Nova Bila ? Vous souvenez-vous d'un

16 événement à cette époque-là où vous avez dû envoyer à bord de votre

17 ambulance des gens en direction de Zenica ?

18 Mme Bilic (interprétation). - Je me souviens justement de la

19 journée de l'éclatement du conflit le 25 janvier 1993. Le chauffeur du

20 dispensaire devait transporter des malades en direction de l'hôpital de

21 Zenica et, après les avoir déposés à l'hôpital, il était donc seul,

22 l'ambulance a été arrêtée sur la route, le chauffeur a été maltraité et la

23 voiture a été réquisitionnée.

24 M. Mikulicic (interprétation). - Vous dites qu'il a été arrêté,

25 l'ambulance a été réquisitionnée. Par qui ?

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1 Mme Bilic (interprétation). - Un point de contrôle a été

2 organisé par les Musulmans.

3 M. Mikulicic (interprétation). - Que s’est-il passé avec le

4 chauffeur ?

5 Mme Bilic (interprétation). - Il y est resté pendant deux ou

6 trois heures. Il a été maltraité par ces gens-là. Ensuite il a pris la

7 route, à pied d'abord, il s'est fait transporter par quelqu'un.

8 M. Mikulicic (interprétation). - Que s’est-il passé avec votre

9 ambulance ?

10 Mme Bilic (interprétation). - L'ambulance a tout simplement été

11 réquisitionnée par ces gens-là et depuis on n'en a jamais eu aucune

12 nouvelle.

13 M. Mikulicic (interprétation). - Y a-t-il eu des possibilités de

14 transporter, plus tard, des gens vers Zenica ?

15 Mme Bilic (interprétation). - Plus tard non, il n'y avait plus

16 de possibilité du tout, car il ne restait qu'une seule ambulance. A en

17 juger d'après ces points de contrôle où les voitures risquaient d'être

18 réquisitionnées, on aurait pu rester sans ambulance du tout, c'est ainsi

19 qu'on les envoyait vers l'hôpital de Nova Bila.

20 M. Mikulicic (interprétation). - Pouvez-vous nous dire qui

21 étaient ces patients que vous deviez transporter vers Zenica ou vers les

22 hôpitaux ? De quoi se plaignaient-ils ? Quels étaient les maux dont ils

23 souffraient ?

24 Mme Bilic (interprétation). - Je ne m'en souviens pas très bien

25 maintenant, mais une fois il me semble que c'était un infarctus et une

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1 autre fois une crise d'hypertension ou quelque chose comme cela.

2 M. Mikulicic (interprétation). - Docteur Bilic, vous rappelez-

3 vous qu'à cette époque-là vous avez dispensé également des services

4 médicaux à l'attention de militaires du HVO ?

5 Mme Bilic (interprétation). - Oui, parce que c'était

6 pratiquement le seul point de santé qui était capable dans faire autant.

7 M. Mikulicic (interprétation). - Avez-vous pu remarquer des

8 blessures qu'il fallait traiter ?

9 Mme Bilic (interprétation). - Oui.

10 M. Mikulicic (interprétation). - Qu'avez vous fait pour les

11 traiter ?

12 Mme Bilic (interprétation). - Nous avons fait ce que nous avons

13 pu évidemment. Etant donné la situation ici, nous n'aurions pas pu en

14 venir à bout, donc nous les avons transportés vers Nova Bila ?

15 M. Mikulicic (interprétation). - Concernant les militaires du

16 HVO, y a-t-il eu des situations où vous avez pu remarquer un militaire

17 portant uniquement l'insigne HV et pas HVO ?

18 Mme Bilic (interprétation). - Non.

19 M. Mikulicic (interprétation). - D'une manière générale, avez-

20 vous pu remarquer les insignes HV parmi les militaires ?

21 Mme Bilic (interprétation). - Pas personnellement, non, je ne

22 l'ai pas remarqué.

23 M. Mikulicic (interprétation). - Docteur Bilic, au cours de

24 toute la période dont nous parlons, à savoir de la première moitié

25 de 1993, êtes-vous entrée en contact avec Zlatko Aleksovski ?

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1 Mme Bilic (interprétation). - Oui, assez fréquemment. Lorsque

2 M. Aleksovski venait au dispensaire, nous nous saluions.

3 M. Mikulicic (interprétation). - Mais à part cela, avez-vous eu

4 d'autres types de contacts ?

5 Mme Bilic (interprétation). - Oui, mais je ne me souviens plus

6 exactement. En tout cas, chaque fois qu'il venait nous rendre visite,

7 j'avais un contact avec lui.

8 M. Mikulicic (interprétation). - Pourriez-vous nous dire à

9 quelle fréquence il vous rendait visite ?

10 Mme Bilic (interprétation). - Une fois par semaine, une fois

11 tous les dix ou quinze jours, je ne sais plus exactement.

12 M. Mikulicic (interprétation). - A part ces contacts personnels,

13 parliez-vous au téléphone ?

14 Mme Bilic (interprétation). - Oui, c'était possible.

15 M. Mikulicic (interprétation). - Avez-vous établi le contact

16 avec lui par téléphone ?

17 Mme Bilic (interprétation). - Oui, chaque fois que c'était

18 nécessaire.

19 M. Mikulicic (interprétation). - Docteur Bilic, les services

20 médicaux prodigués par votre dispensaire, pouvaient-ils l'être à la fois à

21 des personnes civiles et aux personnes qui venaient de Kaonik ? Et,

22 surtout, les standards, les critères de traitements étaient-ils

23 différents ?

24 Mme Bilic (interprétation). - Non, nous ne faisions aucune

25 différence, c'est tout à fait impossible dans le cadre de notre métier de

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1 faire une différence entre des patients.

2 M. Mikulicic (interprétation). - Docteur Bilic, ces patients qui

3 venaient de Kaonik, avaient-ils parfois (selon vous) certaines maladies

4 chroniques ? Je suppose que vous avez prescrit un certain nombre de

5 traitements et de médicaments. Comment avez-vous fait cela ?

6 Mme Bilic (interprétation). - Si un patient venait nous voir et

7 s'il se plaignait d'une maladie chronique, les médecins prescrivaient un

8 certain traitement et nous fournissions immédiatement les médicaments à ce

9 patient, s'il y avait des piqûres à faire ou ce genre de chose. Et si ce

10 n'était pas le cas, il y avait également une pharmacie qui se trouvait au

11 dispensaire. Nous pouvions fournir par exemples des pilules aux patients

12 ou aux personnes qui venaient de Kaonik. Nous donnions ces médicaments au

13 garde qui était chargé de leur donner leurs médicaments aux heures

14 prescrites.

15 M. Mikulicic (interprétation). - Docteur Bilic, combien avez-

16 vous dit qu'il y avait de médecins à ce moment-là ?

17 Mme Bilic (interprétation). - A ce moment-là, il y en avait six.

18 M. Mikulicic (interprétation). - Qui étaient ces médecins ?

19 Mme Bilic (interprétation). - Bernardica Mioc et

20 Zvonimir Stipac.

21 M. Mikulicic (interprétation). - Ces personnes travaillent-elles

22 encore au dispensaire ?

23 Mme Bilic (interprétation). - Le Dr Petrovic est encore là, elle

24 est gynécologue, le Dr Akrap-Raos également ainsi que le Dr Stipac.

25 Bernardica Mioc et M. Markovic n'y sont plus.

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1 M. Mikulicic (interprétation). - Savez-vous si les médecins

2 constituaient certains dossiers, s'il y avait des traces de prescriptions

3 médicales, s'il y avait certains documents où étaient consignées les

4 informations liées aux diagnostics par exemple ?

5 Mme Bilic (interprétation). - Oui, nous avions beaucoup de

6 problèmes. Nous n’avions pas les formulaires adéquats mais nous avons

7 réussi à prendre le temps d'apposer sur le papier toutes les informations

8 que nous avions recueillies à propos des patients.

9 Puisque nous avions notre propre pharmacie, il fallait que nous

10 justifiions les sorties des médicaments. Les médecins devaient rédiger des

11 ordonnances pour que les patients puissent se rendre à la pharmacie. Ces

12 ordonnances représentaient en fait une sorte de certificat émis par les

13 médecins.

14 M. Mikulicic (interprétation). - Je voudrais maintenant vous

15 montrer un certain nombre de documents émanant de médecins et que vous

16 fassiez quelques remarques sur ces documents. Je voudrais que vous nous

17 disiez par exemple si ces documents émanent bien de personnes qui

18 travaillaient au dispensaire à ce moment-là et quels types de maux sont

19 mentionnés dans ces documents.

20 Il y a un exemplaire de ces documents pour les Juges et un autre

21 pour l'accusation.

22 Je vous demande de lire ces documents manuscrits. Ils portent

23 l'écriture de médecins très célèbres, mais ils sont complètement

24 illisibles, sauf pour les médecins.

25 Mme Bilic (interprétation). - On voit la date de 1942. Je pense

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1 que c’est la date de naissance du patient, Ilijaz Krivosija ; diagnostic

2 d'hernie discale.

3 M. Mikulicic (interprétation). - De qui provient ce document ?

4 Mme Bilic (interprétation). - Du Dr Mioc.

5 M. Mikulicic (interprétation). - Il travaillait au dispensaire ?

6 Mme Bilic (interprétation). - Oui.

7 M. Mikulicic (interprétation). - Passons à l’autre document.

8 M. Dubuisson - C'est le document D18.

9 M. Niemann (interprétation). - C'est la première fois que nous

10 voyons ces documents. Nous ne savons pas à quelle période ces documents se

11 réfèrent. En tout cas, nous ne le voyons pas sur les documents. Nous ne

12 savons pas non plus quelle est la pertinence de ces documents. Ceci n'a

13 pas trait à une personne de Kaonik, apparemment.

14 M. Mikulicic (interprétation). - Je vais demander au témoin de

15 nous dire, si elle le peut, à quelle période appartiennent ces documents.

16 D'après ce premier document, pouvez-vous identifier ce patient ?

17 Mme Bilic (interprétation). - Oui, je connais ce patient

18 personnellement et ceci entre dans le cadre du conflit. Cela s'est produit

19 le deuxième jour du conflit, peut-être le 25 ou le 26 janvier 1993 parce

20 que Bernardica Mioc était de garde à ce moment-là.

21 M. Mikulicic (interprétation). - Je vois. Pourriez-vous faire de

22 même avec tous les autres documents s'il vous plaît ?

23 M. le Président. - Excusez-moi de vous interrompre.

24 Maître Niemann, êtes-vous satisfait des réponses ?

25 M. Niemann (interprétation). - Non, parce que je ne comprends

Page 2293

1 pas quel est le lien entre ces documents et Kaonik. Peut-être y a-t-il une

2 raison qui justifie la présentation de ces documents.

3 Maître Mikulicic pourrait peut-être nous expliquer cette

4 relation et je pourrais retirer mon objection, mais à l'heure actuelle il

5 me semble qu'il s'agit simplement d'un document médical qui porte sur une

6 personne.

7 M. le Président. - Il est temps de faire une pause. Avant de

8 présenter le document, comme l'accusation voit ce document pour la

9 première fois, il serait bien que Maître Mikulicic nous dise ce qu’il

10 souhaite prouver avec ce document. Je demande que le document soit placé

11 sur le rétroprojecteur pour que nous puissions tous suivre la lecture du

12 Dr Bilic.

13 Nous pouvons faire une pause de 20 minutes. Après, on pourra

14 reprendre avec cette proposition, si vous en êtes d'accord.

15 L'audience, suspendue à 10 heures 40, est reprise à

16 11 heures 10.

17 M. le Président. - On peut recommencer mais, avant de le faire,

18 j'aimerais bien vous annoncer que mercredi prochain, le Tribunal siégera

19 l'après-midi, de 13 heures 30 à 17 heures 30. Maître Mikulicic et

20 Maître Niemann, est-ce que cela vous convient ?

21 (Réponse affirmative de Me Mikulicic et Me Niemann.)

22 Maître Mikulicic, est-il possible de recommencer nos travaux ?

23 De cette façon, je crois que Me Niemann enlève son objection.

24 M. Mikulicic (interprétation). - Monsieur le Président, je

25 voudrais tout d'abord vous remercier de votre suggestion pour ce qui est

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1 des documents que nous avons présentés au témoin, et j'accepte bien sûr

2 votre suggestion.

3 Cependant, je voudrais vous dire les raisons pour lesquelles

4 nous voulons présenter ces documents et demander leur versement par la

5 suite.

6 D'une part, nous voulons que le témoin, d'après ses souvenirs et

7 ses connaissances de certains patients -je souligne que c'était une petite

8 ville et que les gens se connaissaient bien- confirme si, oui ou non, ces

9 personnes étaient bien des patients qui avaient été emmenés à Kaonik et

10 s'ils avaient reçu un traitement médical ou non.

11 D'autre part, la défense veut montrer à l'aide de ces documents

12 que des soins médicaux ont été également prodigués à des Musulmans, parce

13 que toutes ces personnes sont d'origine ethnique musulmane. Nous voulons

14 souligner qu'aucun critère extérieur n'a été appliqué et nous voulons

15 également montrer, d'après les souvenirs du témoin toujours, que ces

16 documents ont été délivrés à la période qui nous intéresse.

17 Lorsque les documents ne portent pas de date, si le témoin peut

18 s'en souvenir, nous lui demanderons cette information. Si ce n'est pas le

19 cas, nous ne pouvons le faire.

20 M. le Président. - Avez-vous quelque chose pour la question

21 générale ?

22 M. Niemann (interprétation). - Etant donné que l'objectif est de

23 montrer qu'il s'agissait de Musulmans et qu'ils ont reçu des traitements

24 médicaux, nous n'avons rien à ajouter.

25 M. le Président. - Je vous remercie de votre compréhension et de

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1 votre coopération. Vous pouvez continuer, Maître Mikulicic.

2 M. Mikulicic (interprétation). - Merci beaucoup, Monsieur

3 le Président. Je demanderai l'aide de l'huissier. Pour suivre la

4 suggestion de la Chambre, je demanderai que le document 18/A soit placé

5 sur le rétroprojecteur, s'il vous plaît.

6 (L'huissier s'exécute.)

7 Nous voyons le document dont je parlais à l'instant.

8 Docteur Bilic, peut-on revenir sur ce document et pouvez-vous nous dire si

9 vous connaissiez personnellement ce patient, Ilijas Krivosija ?

10 Mme Bilic (interprétation). - Oui, c'était mon voisin, je le

11 connaissais effectivement.

12 M. Mikulicic (interprétation). - D'après ce document, savez-vous

13 quand ce document a été délivré ou rédigé ? Et savez-vous où se trouvait

14 M. Krivosija au moment de la rédaction de ce document ?

15 Mme Bilic (interprétation). - Je sais que ce document était

16 délivré au dispensaire de Busovaca. Il ne porte aucune date, mais je pense

17 qu'il a été rédigé le 25 ou le 26 janvier 1993, lorsque le Dr Bernardica

18 Mioc était de garde, avec un autre médecin, Nada Petrovic.

19 M. Mikulicic (interprétation). - Savez-vous si ce patient a été

20 amené au dispensaire de Kaonik ?

21 Mme Bilic (interprétation). - Je crois qu'effectivement il a été

22 transféré au dispensaire et qu'il venait de la prison de Kaonik ?

23 M. Mikulicic (interprétation). - Le traitement qui a été

24 prescrit à ce patient vous rappelle-t-il quoi que ce soit ? Que pouvez-

25 vous en déduire ?

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1 Mme Bilic (interprétation). - Ce patient devait être ramené par

2 les gens qui l'avaient amené au dispensaire. Ce traitement devait lui être

3 administré à la prison, car étant donné le diagnostic il fallait que le

4 traitement lui soit administré.

5 M. Mikulicic (interprétation). - Quel était ce diagnostic ?

6 Mme Bilic (interprétation). - Hernie discale.

7 M. Mikulicic (interprétation). - Pouvez-vous nous expliquer si

8 c'est une maladie chronique ou non ?

9 Mme Bilic (interprétation). - Excusez-moi, je ne suis pas

10 médecin, mais je crois que chez une maladie chronique.

11 M. Mikulicic (interprétation). - Merci. Peut-on passer au

12 document suivant, s'il vous plaît.

13 M. Mikulicic (interprétation). - Docteur Bilic, pouvez-vous nous

14 donner quelques informations relatives à ce document ? Que pouvez-vous

15 nous en dire ?

16 Mme Bilic (interprétation). - Je ne connais pas ce patient. Mais

17 étant donné le traitement qui est prescrit, à savoir qu'il devait rester

18 chez lui ou que le traitement devait lui être administré à l'endroit où il

19 se trouvait, je pense qu'il était en prison parce qu'autrement comment

20 aurait-on pu lui prescrire un traitement à domicile ?

21 M. Mikulicic (interprétation). - Merci. Peut-on passer au

22 document suivant, s'il vous plaît.

23 M. Dubuisson. - Il s'agissait du document D18/B.

24 M. le Président. - Il s'agit du document 18 ou 19 ?

25 M. Dubuisson. - Concernant tous ces certificats, c'est la

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1 cote 18/A, B, C et ainsi de suite.

2 M. Mikulicic (interprétation). - Docteur Bilic, ce document a

3 été délivré pour Smet Medjuseljac. Vous le connaissez ?

4 Mme Bilic (interprétation). - Oui, pas personnellement, mais je

5 le connaissais néanmoins. Il enseignait au lycée à Busovaca avant la

6 guerre.

7 M. Mikulicic (interprétation). - De quels troubles souffrait-

8 il ?

9 Mme Bilic (interprétation). - Je ne suis pas médecin, je le

10 répète, mais d'après le diagnostic, que je vois sur ce document, je pense

11 qu'il avait un ulcère du duodénum. Le traitement est indiqué en bas là

12 encore, le patient devait rester assis ou couché sur une surface plane. Je

13 crois que ce patient faisait partie des détenus de Kaonik.

14 M. Mikulicic (interprétation). - Qui a délivré ce document ?

15 Mme Bilic (interprétation). - Le Dr Nada Petrovic qui était de

16 garde avec le Dr Mioc à ce moment-là.

17 M. Mikulicic (interprétation). - De quelle période parlons-

18 nous ?

19 Mme Bilic (interprétation). - Je pense que c'était le 25 ou

20 26 janvier 1993.

21 M. Mikulicic (interprétation). - Merci. Passons au document

22 suivant, s'il vous plaît.

23 M. Mikulicic (interprétation). - Je vous poserai la même

24 question pour ce document.

25 C'est Buljina. Et nous voyons le chiffre 454, c'est le

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1 diagnostic je crois ?

2 Mme Bilic (interprétation). - C'est une classification

3 internationale, je ne sais pas exactement ce que c'est, mais il est

4 indiqué effectivement que le patient doit recevoir un traitement à

5 domicile pendant une période de cinq jours minimum. Cela veut dire que le

6 médecin a recommandé que le patient reste chez lui, qu'il y passe cinq

7 jours afin de recevoir son traitement. Par conséquent, ce patient devait

8 être libéré de prison pendant une période de cinq jours.

9 M. Mikulicic (interprétation). - Quand ce document a-t-il été

10 délivré et par qui ? Vous en souvenez-vous ?

11 Mme Bilic (interprétation). - C'était par le Dr Srdjana

12 Markovic, mais je ne me rappelle plus de la date exacte. Je crois que

13 c'était le 27 ou le 28 ; ce médecin était de garde à ce moment-là.

14 M. Mikulicic (interprétation). - Merci, document suivant s'il

15 vous plaît.

16 M. Dubuisson. - Diagnostic 454 ; il s'agit du document D18/D.

17 M. Mikulicic (interprétation). - Pourriez-vous nous faire

18 certaines remarques sur ce document ? Y a-t-il une date ?

19 Mme Bilic (interprétation). - Je crois qu'il s'agit du

20 25 janvier 1993.

21 M. Mikulicic (interprétation). - Connaissez-vous le patient ?

22 Mme Bilic (interprétation). - Il s’agit de Suad Halilovic. Je le

23 connais de vue simplement. Le diagnostic, d'après ce que j'arrive à lire,

24 est « Contusions thoracique » ou quelque chose comme cela, et « Coups au

25 niveau de la poitrine sans traces de fracture ». Si le docteur a écrit

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1 qu'il n'y avait pas de fracture cela veut dire qu'il y avait eu une radio

2 de la poitrine du patient. Il est écrit : « Sans fracture », il a donc dû

3 pouvoir se rendre compte qu’il n'y en avait pas. Il est également prescrit

4 un traitement à domicile. J'en conclus que cette personne était

5 emprisonnée et qu'elle a été renvoyée chez elle pour y recevoir son

6 traitement.

7 M. Mikulicic (interprétation). - Merci beaucoup. Document

8 suivant s'il vous plaît.

9 M. Dubuisson. - Concernant Suad Halilovic, il s’agit du

10 document 18/E.

11 M. Mikulicic (interprétation). - Connaissiez-vous Pezic Hasab ?

12 Mme Bilic (interprétation). - Non.

13 M. Mikulicic (interprétation). - Pourriez-vous nous dire quelque

14 chose sur ce document et sa période de délivrance ?

15 Mme Bilic (interprétation). - Diagnostic 454, encore la vieille

16 classification utilisée pour désigner différentes maladies, mais je ne

17 sais pas à quoi fait référence ce chiffre.

18 Le traitement prescrit est : « Compresses froides et traitement

19 à domicile ». Je suppose que nous pouvons conclure une fois de plus que ce

20 patient a été renvoyé chez lui pour un traitement à domicile et qu'il

21 était auparavant à Kaonik. Le docteur qui a écrit ce rapport l’a fait, je

22 pense, le 25 ou 26 janvier puisque la personne qui a écrit ce document

23 était de garde à ce moment-là.

24 M. Dubuisson. - C'est le document 18/F.

25 M. Mikulicic (interprétation). - Connaissiez-vous

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1 Nasib Silajdzic ?

2 Mme Bilic (interprétation). - Non.

3 M. Mikulicic (interprétation). - Pouvez-vous nous dire quelque

4 chose sur le traitement médical dont il est question sur ce document, la

5 période de rédaction de ce document ? Où se trouvait la personne

6 lorsqu'elle a demandé un traitement ?

7 Mme Bilic (interprétation). - Nous avons un hématome au niveau

8 de l'oreille gauche. Des gouttes sont prescrites et il est dit également

9 que le patient devrait éviter les courants d'air, et être envoyé chez lui

10 pour y recevoir son traitement. J'en conclus donc que le patient se

11 trouvait à Kaonik et qu'il a été renvoyé chez lui pour recevoir son

12 traitement à domicile par le Dr Bernardica Mioc qui a signé ce document et

13 qui était de garde le 25 ou le 26 janvier 1993.

14 M. Mikulicic (interprétation). - Passons au document suivant

15 s'il vous plaît.

16 M. Dubuisson. - Document 18/G.

17 M. Mikulicic (interprétation). - Nous avons maintenant un

18 document en date du 26 janvier 1993, signé par le Dr Bernardica Mioc. Il

19 s'agit du patient dénommé Senad Dervic ; connaissez-vous cet homme ?

20 Mme Bilic (interprétation). - Oui, je le connais

21 personnellement. Nous étions des collègues. Il travaillait dans

22 l'administration des soins de santé. Nous étions proches collaborateurs.

23 M. Mikulicic (interprétation). - Il travaillait à Busovaca ?

24 Mme Bilic (interprétation). - Oui. Je le connaissais

25 personnellement et d'après le diagnostic établi -5-3-2... je ne sais pas

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1 exactement ce que cela recouvre je ne suis pas médecin- il souffre

2 manifestement d'un ulcère du duodénum et on lui prescrit de l’eglonyl en

3 plus, traitement qui pouvait être administré au dispensaire, et des

4 pilules de lasix. Il fallait aussi qu'il y ait un traitement à domicile.

5 Le Dr Mioc a délivré cette ordonnance. Elle était de garde le

6 26 janvier 1993. Je me souviens très bien de ce patient. Je le connaissais

7 très bien. Nous étions collaborateurs et je sais qu'il était né à Kaonik.

8 C'est moi qui l'ai fait entrer dans mon bureau et je lui ai donné un

9 paquet de cigarettes et, puis, il a été envoyé chez lui pour y être

10 soigné.

11 M. Mikulicic (interprétation). - Merci. Le document suivant,

12 s'il vous plaît.

13 M. Dubuisson. - Il porte la cote D18/H.

14 M. Mikulicic (interprétation). - Il s'agit maintenant d'Edhem

15 Lusija. Connaissez-vous cette personne ?

16 Mme Bilic (interprétation). - Oui, de vue.

17 M. Mikulicic (interprétation). - D'où est-il ?

18 Mme Bilic (interprétation). - De Busovaca.

19 M. Mikulicic (interprétation). - Avez-vous des remarques à faire

20 concernant ce document ?

21 Mme Bilic (interprétation). - Eh bien, les mêmes que

22 précédemment. Il est signé par Mme Petrovic.

23 M. Mikulicic (interprétation). - Pourriez-vous nous dire si

24 cette personne était à Kaonik ?

25 Mme Bilic (interprétation). - Je crois que ce jour-là le

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1 Dr Petrovic était de garde avec le Dr Mioc. Il se peut que ce document ait

2 été délivré le 25 ou le 26 janvier 1993.

3 Le médecin a pris sa tension artérielle à deux reprises, et on

4 voit ce que donnent les systoles et diasytoles. Je pense que c'est un

5 problème cardiaque dont souffre ce patient. A l'évidence, le médecin a

6 fait un électrocardiogramme pour voir comment fonctionnait le coeur. Le

7 médecin a en effet constaté qu'il y avait une accélération du rythme

8 cardiaque, mais qu'il n'y avait pas de pression extrasystole anormale. Ces

9 constatations n'auraient pu être établies qu'après qu'un

10 électrocardiogramme ait été réalisé. Elle a prescrit ce traitement : du

11 Lasix et un sédatif Aldomet. C'est aussi un médicament sous forme de

12 comprimés. Et vous le voyez, du Lasix deux fois sur la semaine. Au moment

13 de l'arrivée de ce patient, le médecin lui a calculé la pression

14 artérielle. Il y a eu un électrocardiogramme. La pression a été revérifiée

15 et a donné 200°/125°, ce sur quoi le médecin a prescrit ces comprimés.

16 Elle a dû demander aux personnes qui avaient amené ce patient de lui

17 permettre d'être soigné à domicile.

18 M. Mikulicic (interprétation). - Vous en concluez donc que cette

19 personne était amenée depuis Kaonik ?

20 Mme Bilic (interprétation). - Oui.

21 M. Mikulicic (interprétation). - Document suivant...

22 M. Niemann (interprétation). - Messieurs les Juges, s'agissant

23 de l'objection que j'avais soulevée, il me semble que sur ces documents

24 apparaît la date de 1991. J'aimerais avoir la confirmation de ce fait.

25 M. le Président. - Maître Mikulicic, est-ce vrai que ce document

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1 porte la date du 27 janvier 1991 ? C'est donc en dehors de l'acte

2 d'accusation.

3 M. Mikulicic (interprétation). - Messieurs les Juges, il s'agit

4 ici d'un document qui, dans la traduction, présente la date du

5 27 janvier 1991. Veuillez examiner l'original de la prescription rédigée à

6 la main et vous constaterez qu'on pourrait lire la date comme étant 1991,

7 mais aussi 1993.

8 Je demanderai au témoin d'utiliser la même méthode que celle

9 utilisée précédemment pour nous donner sa version de ce document, pour

10 voir si ce document a effectivement été émis en 1991 comme semblent

11 l'indiquer la traduction en français et la traduction en anglais, ou s'il

12 s'agit d'une date différente. Est-ce que le témoin pourrait nous apporter

13 ses commentaires ? S'il s'agit bien du document en date de 1991, je le

14 retirerai.

15 M. le Président. - C'est raisonnable.

16 M. Niemann (interprétation). - Pas d'objection à ce que l'on

17 pose la question au témoin.

18 M. le Président. - Merci beaucoup, Maître Niemann. Vous pouvez

19 continuer.

20 M. Mikulicic (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

21 Docteur Bilic, nous avons devant nous un document.

22 Pourriez-vous, à l'intention des Juges, nous dire quelle est la nature de

23 ce document ?

24 Mme Bilic (interprétation). - Il s'agit ici de la prescription,

25 dans sa forme originelle, rédigée par le médecin à l'intention du

Page 2305

1 pharmacien de telle sorte que le patient pourra recevoir le médicament

2 prescrit. A la différence près que s'il s'agissait effectivement d'une

3 prescription en date de 1991, il aurait fallu remplir toutes les cases, ce

4 qui ne semble pas être le cas ici.

5 Nous avons le nom du patient Hasan Pezic, son adresse Busovaca,

6 mais si ce document avait été délivré en 1991 il aurait fallu ajouter la

7 référence personnelle concernant ce patient. En effet, en 1991, tous les

8 patients ont dû venir au dispensaire et ils devaient apporter leur

9 certificat de santé dans lequel on inscrit toutes les données (le chiffre

10 de référence, le numéro d'enregistrement ou d'inscription du patient, qui

11 est un numéro personnel affecté à un seul patient). En 1991, une telle

12 prescription n'aurait pas été agréée par quelque pharmacie que ce soit,

13 parce qu'elle n'aurait pas été remplie en bonne et due forme. Il se peut

14 que ce document ait été manifestement rédigé à la main et qu'une erreur

15 ait été commise, qu'on était le 27 janvier 1991 par erreur. Je pense que

16 le Dr Markovic travaillait déjà au dispensaire à cette époque-là et,

17 manifestement, le patient n'avait pas son certificat de santé.

18 M. le Président. - Excusez-moi, il y a un élément. Dans le

19 numéro de ce document, il y a une numérotation des documents et la

20 numérotation est pareille. Mon collègue Vohrah a attiré mon attention sur

21 ce fait. Donc nous avons un document, avec comme date 1991. Le suivant a

22 une numérotation identique Est-ce que je me fais comprendre, donc la

23 question des dates est parfaitement dépassée ?

24 Mme Bilic (interprétation). - Oui, je comprends.

25 M. le Président (interprétation). - Docteur Bilic ?

Page 2306

1 Mme Bilic (interprétation). - Oui.

2 M. Niemann (interprétation). - J'en prends acte, mais je

3 constate également (pour la signature qui figure au dessus de la date)

4 dans les deux documents dont vous parlez Monsieur le Président, sont

5 signés par la même personne, alors que pour le dernier document, que nous

6 n'avons pas encore examiné, manifestement cette même personne n'a aucune

7 difficulté à écrire 1993. Et le 3 est tout à fait différent du 1 qui

8 apparaît sur ce document-ci. Il se peut que ce soit une erreur, mais à ce

9 moment-là on devrait avoir la même erreur sur les deux documents, si l'on

10 suppose que la signature est la même.

11 Je ne suis pas un expert en graphologie, mais je vois qu'il y a

12 aussi ce tampon apposé et je ne pense pas qu'il y ait possibilité de

13 confusion entre 1991 et 1993.

14 M. le Président. - J'aimerais bien que le Dr Bilic intervienne à

15 propos de la séquence de la numérotation des documents. Le document qui

16 est sur le rétroprojecteur est le document suivant. On peut peut-être

17 mieux le voir si on voit le document suivant. Mais, après le document

18 suivant, si on suit les numéros qui sont en haut de la page, on remarque

19 qu'il y a une séquence d'énumération. Il y a seulement une différence de

20 21, Docteur Bilic. Mais on pourra se prononcer après la présentation du

21 document suivant.

22 Maître Mikulicic et Maître Niemann, êtes-vous d'accord pour

23 prendre cette question après la présentation du document suivant ?

24 M. Niemann (interprétation). - Pas d'objection, Monsieur le

25 Président.

Page 2307

1 M. Mikulicic (interprétation). - Oui, je suis d'accord.

2 Docteur Bilic, nous examinons en ce moment le document suivant.

3 Il concerne Salih Hodzic. Nous comparons le numéro de série de chacun de

4 ces documents. Le Président a fait remarquer qu'il pourrait s'agir de

5 documents provenant de la même série. Quel est votre commentaire à ce

6 propos ? Serait-il possible que si ces documents proviennent de la même

7 série, l'un soit de 1991 et l'autre de 1993 ?

8 Mme Bilic (interprétation). - Non, effectivement ce numéro suit

9 et dans la séquence de 1993. Par conséquent, ce document, concernant Salih

10 Hodzic qui a le numéro de série16199404, précède le document délivré à

11 Hasan Pezic avec le numéro de série 16199425. En d'autres termes, ce

12 Dr Markovic a d'abord vu M. Salih Hodzic, puis le 21ème patient après

13 M. Hodzic était M. Pezic. Il n'y a aucun doute quant à l'année. Il est

14 manifeste qu'il y s'agit de l'année 1993, il suffit de vérifier le numéro

15 de série.

16 M. Mikulicic (interprétation). - Autre question. Vous souvenez-

17 vous si le Dr Markovic faisait partie du personnel du dispensaire

18 en 1991 ?

19 Mme Bilic (interprétation). - Oui.

20 M. Mikulicic (interprétation). - J'aimerais demander à Maître

21 Niemann s'il est satisfait de la réponse fournie par le témoin ou s'il

22 insiste pour dire que ces documents n'ont aucune pertinence, notamment en

23 ce qui concerne le document de M. Hasan Pezic.

24 M. Niemann (interprétation). - Pas d'objection.

25 M. Mikulicic (interprétation). - Merci, Maître Niemann. Si vous

Page 2308

1 me permettez, je poursuivrai. Docteur Bilic, nous parlons maintenant de ce

2 document concernant M. Hasan Pezic. Connaissez-vous cet homme ?

3 Mme Bilic (interprétation). - Non.

4 M. Mikulicic (interprétation). - A l'examen de cette

5 prescription qui n'est pas très lisible malheureusement, mais auriez-vous

6 un commentaire quelconque ?

7 Mme Bilic (interprétation). - D'après ce que je peux déchiffrer,

8 c'est une prescription d'aminophylline. Je lis : 025000, et puis je ne

9 vois plus rien. Je crois qu'il a des problèmes respiratoires. Et je vois

10 aussi le diagnostic 454. Mais je ne sais pas exactement.

11 M. Mikulicic (interprétation). - Fort bien. Examinons le

12 document suivant qui sera le dernier et qui concerne M. Salih Hodzic.

13 M. Dubuisson. - Numéro de série de la prescription 425. Ce

14 document porte le numéro D18/J.

15 M. Mikulicic (interprétation). - Docteur Bilic, je vais bientôt

16 vous demander vos remarques à l'encontre de ce document. Mais auparavant

17 vous avez fourni une réponse qui me pousse à vous demander une explication

18 à l'attention des Juges. Lorsque vous avez examiné le document précédent,

19 vous avez dit que toutes les coordonnées n'avaient pas été fournies et que

20 ceci vous avait fait penser à 1993, au moment du conflit, où des services

21 étaient prodigués à des patients qui ne devaient pas apporter de preuve de

22 ce qu'ils cotisaient à la caisse de maladie. Pourriez-vous nous fournir

23 d'autres explications ?

24 Mme Bilic (interprétation). - En temps normal, lorsque tout

25 fonctionne normalement, pour ce qui nous concerne, tout du moins au

Page 2309

1 dispensaire de Busovaca, nous devions, pour admettre un patient, voir sa

2 carte de cotisation, sa carte de membre. Il la fallait pour qu'il puisse

3 voir un médecin. On a besoin des coordonnées relatives à ce patient. Nous

4 avons un fichier au dispensaire qui est tenu à jour. Lorsque vous avez

5 pour une première fois un patient, on indique toutes ses coordonnées

6 particulières (nom, date de naissance, diagnostics précédemment établis,

7 ce genre de choses. Il y a aussi cet espèce de certificat de santé qui

8 doit indiquer son numéro d'inscription au système de maladie. Sans ce

9 numéro, on ne peut pas recevoir de prescription.

10 Etant donné la situation qui prévalait à Busovaca à l'époque,

11 normalement on aurait demandé cette carte de cotisation, mais à ce moment-

12 là on devait aider tout le monde. On ne se forçait pas à demander les

13 documents ou le numéro de série à quelqu'un s'il devait être soigné.

14 C'était absurde étant donné les conditions qui régnaient.

15 M. Mikulicic (interprétation). - Si quelqu'un présentait sa

16 carte d'assurance maladie, il prouvait qu'il était couvert, qu'il était

17 protégé et inscrit au système ?

18 Mme Bilic (interprétation). - Tout à fait.

19 M. Mikulicic (interprétation). - Cela veut-il dire qu'au cours

20 des six premiers mois de 1993 il importait peu aux médecins de voir si ces

21 patients étaient couverts ou pas ?

22 Mme Bilic (interprétation). - Effectivement, cela aurait été

23 absurde, étant donné les circonstances. Il aurait été extraordinaire de

24 demander la carte de quelqu'un avant de le soigner.

25 M. Mikulicic (interprétation). - Merci. Pouvons-nous examiner le

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1 document concernant M. Salih Hodzic ? Connaissez-vous cette personne ?

2 Mme Bilic (interprétation). - Oui.

3 M. Mikulicic (interprétation). - D'où vient-il ?

4 Mme Bilic (interprétation). - De Busovaca.

5 M. Mikulicic (interprétation). - Quels sont vos commentaires ?

6 Mme Bilic (interprétation). - Il a été émis le 25 janvier 1993.

7 C'est le Dr Markovic qui a délivré ce document.

8 M. Mikulicic (interprétation). - Que signifie-t-il ?

9 Mme Bilic (interprétation). - « Diagnostic 425 », je ne connais

10 pas le code international de classification des maladies. Je ne suis pas

11 médecin. Je vois qu'on prescrit des comprimé d'Isoptin, deux fois un, des

12 comprimés d'Andol, et je vois aussi de l'Apaurin. Le docteur déclare

13 également que le patient a besoin d'être soigné à son domicile car il

14 souffre d'un problème cardiaque. Il aurait pu être amené de Kaonik.

15 M. Mikulicic (interprétation). - Merci. Est-ce que vos

16 connaissances personnelles vous permettent de dire si ces recommandations

17 ou ces prescriptions délivrées par le médecin ont été respectées ? Les

18 patients ont-ils été effectivement libérés et renvoyés chez eux pour y

19 être soignés ?

20 Mme Bilic (interprétation). - A ma connaissance, oui, je crois

21 que les prescriptions ont été appliquées.

22 M. Mikulicic (interprétation). - Comment le savez-vous ?

23 Mme Bilic (interprétation). - Grâce à mes confrères et

24 consoeurs. Nous avons parlé de Senad Dervic et je sais qu'il a été renvoyé

25 chez lui pour y être soigné.

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1 M. Mikulicic (interprétation). - Je comprends.

2 Je n'ai plus de question à vous poser. Je vous remercie d'avoir

3 répondu.

4 Mme Bilic (interprétation). - Merci.

5 M. le Président. - Maître Niemann, avez-vous des questions ?

6 M. Niemann (interprétation). - Oui, merci Monsieur le Président.

7 Bonjour Madame.

8 Vous étiez au dispensaire mais vous n'exerciez pas la médecine.

9 Vous ai je bien compris ?

10 Mme Bilic (interprétation). - Effectivement, je n'exerçais pas

11 la médecine. Je travaillais à ce centre médical, mais je suis

12 pharmacienne. J'ai travaillé comme biochimiste et je travaillais dans les

13 services de diagnostic du dispensaire à Busovaca.

14 M. Niemann (interprétation). - Vous occupiez-vous surtout de

15 questions administratives où avez-vous travaillé aussi à la pharmacie qui

16 faisait partie du dispensaire ?

17 Mme Bilic (interprétation). - Je travaillais à ce dispensaire de

18 Busovaca en tant que biochimiste. En d'autres termes, je travaillais à

19 l'établissement de diagnostics, aux analyses, au laboratoire qui faisait

20 partie du dispensaire de Busovaca.

21 M. Niemann (interprétation). - En plus de vos fonctions

22 administratives ?

23 Mme Bilic (interprétation). - Oui.

24 M. Niemann (interprétation). - Vos responsabilités d'ordre

25 administratif ou médical au dispensaire exigeaient-elles que vous soyez au

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1 dispensaire pendant la nuit, ou est-ce que vous travailliez surtout

2 pendant la journée ?

3 Mme Bilic (interprétation). - La plupart du temps, je

4 travaillais pendant la journée, mais il m'arrivait de travailler aussi la

5 nuit.

6 M. Niemann (interprétation). - Quand des patients étaient amenés

7 au dispensaire, vous avez dit avoir vu certains de ces patients, était-ce

8 toujours vous qui les voyiez ou est-ce plutôt le hasard qui a fait que

9 vous avez eu des contacts avec des patients qui étaient amenés de Kaonik ?

10 Mme Bilic (interprétation). - Je ne voyais pas tous les

11 patients, mais il m'arrivait de passer d'une pièce à l'autre et je voyais

12 à ce moment-là un patient qui venait d'être amené.

13 M. Niemann (interprétation). - Vous avez déclaré qu'on préparait

14 la nourriture et qu'on la distribuait depuis la caserne, mais de quelles

15 caserne parliez-vous ?

16 Mme Bilic (interprétation). - Je parlais de la caserne de

17 Lezlinja à Busovaca, un endroit qui s'appelle Dragac.

18 M. Niemann (interprétation). - Cette caserne était-elle occupée

19 par le Bataillon néerlandais ou était-il cantonné ailleurs ?

20 Mme Bilic (interprétation). - Non, le Bataillon néerlandais

21 était logé à l'hôtel de Busovaca, du moins une partie du bataillon. Pour

22 le reste du Bataillon, il avait ses quartiers dans un bâtiment du lycée à

23 Busovaca.

24 M. Niemann (interprétation). - A un moment quelconque, avez-vous

25 pu demander l'assistance médicale de ce Bataillon néerlandais ?

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1 Mme Bilic (interprétation). - Oui, je crois d'ailleurs l'avoir

2 déjà dit. S'il nous arrivait d'avoir besoin de tel ou tel médicament que

3 nous n'avions pas au dispensaire de Busovaca, je demandais l'aide du

4 Bataillon néerlandais. S'ils avaient ce médicament, ils n'hésitaient pas à

5 nous le remettre.

6 M. Niemann (interprétation). - Vous avez dit qu'il y avait un

7 établissement médical auquel vous pouviez adresser des patients, à

8 Nova Bila. Mais qu’y avait-il comme installation, comme équipement à

9 Nova Bila ?

10 Mme Bilic (interprétation). - C'était simplement une partie de

11 l'hôpital, de l'établissement qu'on avait créé à Nova Bila. Ce n'était pas

12 vraiment un hôpital c'était plutôt une église. On ne peut pas qualifier

13 cela d'hôpital. Il n'y avait pas tous les services caractéristiques d'un

14 hôpital. C'était un hôpital de guerre, un Nazareth, si vous voulez, où des

15 patients venant de cette région pouvaient éventuellement être

16 hospitalisés.

17 M. Niemann (interprétation). - Vous trouviez-vous à Busovaca

18 avant le début des hostilités en janvier 1993 ? Viviez-vous toujours à

19 Busovaca ?

20 Mme Bilic (interprétation). - Oui.

21 M. Niemann (interprétation). - Il y a eu une augmentation de la

22 tension. Avez-vous vu des soldats arriver dans la ville de Busovaca ?

23 Mme Bilic (interprétation). - Non.

24 M. Niemann (interprétation). - Y a il eu un renforcement des

25 troupes à Busovaca ?

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1 Mme Bilic (interprétation). - Je n'ai rien remarqué de la sorte.

2 M. Niemann (interprétation). - Vous avez dit vous être rendu aux

3 installations de Kaonik. Y avait-il des dispositifs, des arrangements, par

4 lesquels des visites régulières pouvaient être effectuées au camp ?

5 Mme Bilic (interprétation). - Non, de tels dispositifs

6 n'existaient pas. Nous allions à cette installation de Kaonik sur demande

7 du directeur lorsque le besoin s'en faisait sentir, s'il fallait examiner

8 tel ou tel patient. C'est à ce moment-là que le médecin se rendait sur

9 place.

10 Je vous ai parlé de deux occasions ou ce fut le cas. Nous

11 voulions simplement nous rendre compte de la situation qui prévalait en

12 matière d'épidémiologie, nous voulions vérifier cette partie-là, bien sûr

13 mais aussi tout le territoire de la municipalité.

14 M. Niemann (interprétation). - Si je vous ai bien compris, vous

15 avez dit qu'en 1992, plutôt qu'en 1993, des patients serbes vous étaient

16 amenés du camp de Kaonik. Vous ai-je bien compris ou mal compris ?

17 Mme Bilic (interprétation). - Je ne pense pas qu'il s'agissait

18 d'un camp. Pour moi, Kaonik n'était pas un camp, pour autant que je puisse

19 en juger. Quant aux personnes qui étaient amenées de cet endroit, elles

20 venaient des installations de Kaonik, elles étaient coupables d'une

21 infraction pénale, puisque nous avons eu autant de Serbes que de Croates.

22 M. Niemann (interprétation). – En 1992, si vous ne voulez pas

23 qu'on appelle les installations un camp, nous ne les appellerons pas de la

24 sorte, mais cet endroit était utilisé comme prison et les personnes qui

25 vous était amenées étaient surtout des Serbes. Est-ce bien ce que vous

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1 avez dit dans votre déposition ?

2 Mme Bilic (interprétation). – Non, pas surtout des Serbes, il y

3 avait aussi des Croates parmi eux. Il y avait et des Serbes et des

4 Croates.

5 M. Niemann (interprétation). - D'après vous, ces personnes en

6 1992 étaient des prisonniers ?

7 Mme Bilic (interprétation). - Oui.

8 M. Niemann (interprétation). - Sauriez vous nous dire pourquoi

9 les Serbes était emprisonnés à Kaonik -ce sont surtout les Serbes qui

10 m'intéressent pour le moment- en 1992 ?

11 Mme Bilic (interprétation). – Non, je ne sais pas.

12 M. Niemann (interprétation). - Vous avez dit que des civils

13 portaient des uniformes militaires pendant la guerre. Est-ce que ce fut

14 votre cas aussi ?

15 Mme Bilic (interprétation). - Non.

16 M. Niemann (interprétation). – Qu'en était-il des membres de

17 votre personnel ? Est-ce que des médecins ou des infirmières étaient

18 revêtus d'un uniforme militaire ?

19 Mme Bilic (interprétation). – Non, pas au dispensaire de

20 Busovaca. Nous avions nos blouses blanches, c'étaient nos uniformes.

21 M. Niemann (interprétation). – Quand, à votre avis, les

22 installations de Kaonik, pour la première fois, ont-elles été utilisées

23 pour accueillir des prisonniers ? Quand avez-vous compris cela ?

24 Mme Bilic (interprétation). – Fin 1992, au moment où ils ont

25 commencé à nous amener des gens venant de Kaonik.

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1 M. Niemann (interprétation). – Fin 1992, le conflit opposait

2 surtout les Croates et les Musulmans d'un côté et les Musulmans de

3 l'autre, n'est-ce pas ?

4 Mme Bilic (interprétation). – Non, fin 1992, il n'y avait pas de

5 conflit entre les Croates et les Musulmans. Nous n'avions pas un tel

6 conflit dans notre région.

7 M. Niemann (interprétation). - Je crois que vous n'avez pas bien

8 compris ma question, c'est précisément ce que je voulais dire. A l'époque,

9 fin 1992, le conflit opposait surtout d'un côté les Croates avec les

10 Musulmans contre de l'autre côté les Serbes, n'est-ce pas ?

11 Mme Bilic (interprétation). - Chez nous, à Busovaca, il n'y a

12 pas eu de conflit entre d'un côté les Croates, et de l'autre les Serbes,

13 ni d'un côté, les Musulmans et de l'autre côté les Serbes, tout au plus y

14 a-t-il eu un incident de pilonnage où Busovaca a été pilonnée en

15 avril 1992, moment où le dispensaire a été touché.

16 M. Niemann (interprétation). - Vous vous êtes rendue aux

17 installations de Kaonik. Avez-vous vu les prisonniers qui y étaient

18 détenus ?

19 Mme Bilic (interprétation). - Oui.

20 M. Niemann (interprétation). – Connaissiez-vous certains de ces

21 détenus ?

22 Mme Bilic (interprétation). - De vue, certains.

23 M. Niemann (interprétation). - A ce moment-là, en 1992, ces gens

24 que vous avez vus étaient-ils des Musulmans ?

25 Mme Bilic (interprétation). - Oui.

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1 M. Niemann (interprétation). - Y avait-il des femmes, des

2 enfants, des hommes ? Ou uniquement des hommes d'après vos souvenirs ?

3 Mme Bilic (interprétation). - Uniquement des hommes, il n'y

4 avait pas de femmes ni d'enfants.

5 M. Niemann (interprétation). - Savez vous pourquoi -il se peut

6 que vous ne le sachiez pas- il n'y avait que des hommes ?

7 Mme Bilic (interprétation). - Je ne le sais pas.

8 M. Niemann (interprétation). - Ces hommes étaient-ils tous dans

9 la même tranche d'âge ou bien est-ce que cela se répartissait entre les

10 différents âges ?

11 Mme Bilic (interprétation). - Je crois que tous les âges étaient

12 représentés, mais ce n'était que des hommes.

13 M. Niemann (interprétation). - Savez-vous pourquoi ces hommes se

14 trouvaient à Kaonik ?

15 Mme Bilic (interprétation). - Je ne sais pas.

16 M. Niemann (interprétation). – Avez-vous vu une infirmerie, un

17 petit dispensaire quel que soit le nom que vous donnez à cela ? Auriez-

18 vous vu un endroit où des soins étaient prodigués à Kaonik ?

19 Mme Bilic (interprétation). – Non.

20 M. Niemann (interprétation). - Y avait-il une ou des pièces

21 réservées à cette seule fin qui était de prodiguer des soins ?

22 Mme Bilic (interprétation). – Non, je n'ai rien vu de la sorte.

23 M. Niemann (interprétation). - C'est manifeste. Vous avez dit

24 quelles étaient vos responsabilités, mais aux seules fins du procès-

25 verbal, je rappelle que vous dites n'avoir jamais examiné personnellement

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1 une quelconque des personnes provenant de Kaonik ?

2 Mme Bilic (interprétation). - Non, puisque je ne suis pas

3 médecin.

4 M. Niemann (interprétation). - Pouvez-vous aussi attester du

5 fait que les prisonniers de Kaonik amenés au dispensaire ne semblaient pas

6 être limités dans leurs mouvements d'une quelconque façon, par exemple ne

7 portaient pas de menottes ?

8 Mme Bilic (interprétation). – Oui, effectivement.

9 M. Niemann (interprétation). - Et lorsque vous êtes allée à

10 Kaonik et que vous avez vu les gardes ou M. Aleksovski, est-ce que ces

11 personnes paraissaient armées ?

12 Mme Bilic (interprétation). – Non, elles n'étaient pas armées.

13 M. Niemann (interprétation). - J'en conclus que toutes ces

14 personnes n'étaient pas considérées comme étant des criminels

15 particulièrement dangereux ?

16 Mme Bilic (interprétation). - Je suppose que non. Mais, je

17 n'avais pas pour devoir de juger le degré de gravité des crimes qu'ils

18 auraient commis.

19 M. Niemann (interprétation). - Mais je suppose que si on vous

20 amenait au dispensaire des criminels vraiment très dangereux, vous vous

21 seriez inquiétée de la sécurité de vos autres patients se trouvant au

22 dispensaire ?

23 Mme Bilic (interprétation). - Il est certain que je me serais

24 inquiétée si un patient qui était amené à mon dispensaire, était un

25 criminel très dangereux, et s'il n'était menotté. J'aurais été préoccupée

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1 de la sécurité tant du personnel que des autres patients.

2 M. Niemann (interprétation). - Vous nous avez dit connaître

3 certains des patients musulmans de Kaonik ? C'est exact, n'est-ce pas ?

4 Mme Bilic (interprétation). - Oui.

5 M. Niemann (interprétation). - Hormis leur participation

6 malencontreuse au conflit, il n'y avait rien dans leur comportement qui

7 vous ait fait craindre qu'ils soient dangereux.

8 Mme Bilic (interprétation). - Non.

9 M. Niemann (interprétation). - Vous nous dites que si des

10 personnes avaient eu des problèmes de peau, des problèmes dermatologiques

11 au camp, vous en auriez été informée. Vous souvenez-vous avoir dit cela

12 dans votre interrogatoire principal ?

13 Mme Bilic (interprétation). – Oui, j'aurais dû être informée si

14 cela avait été le cas.

15 M. Niemann (interprétation). - Qui vous aurait informée d'un tel

16 état des choses ?

17 Mme Bilic (interprétation). - Le médecin ayant diagnostiqué la

18 présence d'un tel problème dermatologique me l'aurait dit.

19 M. Niemann (interprétation). - Mais si quelqu'un arrivait malade

20 dans ce camp, comment auriez-vous appris que cette personne n'était pas en

21 bon état de santé ? Y avait-il un point de liaison entre vous et Kaonik ?

22 Mme Bilic (interprétation). - Là aussi, je rappelle que ce

23 n'était pas un camp, mais il suffisait que quelqu'un de Kaonik vienne nous

24 voir et nous dise qu'un médecin devait se rendre à l'installation de

25 Kaonik ou bien on pouvait aussi nous prévenir par téléphone.

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1 M. Niemann (interprétation). - Cette filière d'information était

2 tout à fait tributaire des personnes qui avaient la responsabilité du

3 camp, je pense ici à M. Aleksovski ou aux gardes de ce camp.

4 Mme Bilic (interprétation). - Sans doute, très probablement,

5 puisque nous étions au dispensaire et qu'il nous était impossible d'être

6 au courant de ce qui se passait dans l'installation. Il fallait que nous

7 soyons informés, qu'on nous dise que quelqu'un avait besoin de soins. Ou

8 encore le patient pouvait venir au dispensaire lui-même.

9 M. Niemann (interprétation). – Avez-vous reçu la visite de

10 membres de la Croix-Rouge internationale qui se soient préoccupés de la

11 situation à Kaonik ?

12 Mme Bilic (interprétation). - Pas à cette époque-là.

13 M. Niemann (interprétation). - Dans le cadre de votre

14 interrogatoire principal, vous avez décrit la situation qui prévalait à

15 Kaonik, du moins sous votre angle. Vous avez dit que la situation était

16 normale pour ce type d'installation. Vous m'avez corrigé quand j'ai

17 utilisé le terme de camp. Mais quand vous dites que c'était une situation

18 normale pour ce type d'installation, pourriez-vous préciser votre pensée ?

19 Mme Bilic (interprétation). - J'entendais par là qu'il

20 s'agissait d'une installation où se trouvait un nombre important de

21 personnes.

22 Quant aux conditions qui prévalaient pendant le conflit à cet

23 endroit, la situation n'était pas bonne. La situation générale ne pouvait

24 pas être bonne où que l'on se trouve.

25 M. Niemann (interprétation). - Vous avez dit qu'il serait

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1 contraire à l'éthique médicale que des médecins ou du personnel soignant

2 au centre, notamment au dispensaire de Busovaca, fassent une

3 discrimination en fonction de la nationalité ou de l'appartenance

4 ethnique. Je suppose que vous ne pouvez pas catégoriquement exclure que

5 certains membres de votre personnel aient fait preuve de discrimination à

6 partir de l'appartenance ethnique, mais que c'est là une réalité dont vous

7 n'étiez pas au courant à l'époque.

8 Mme Bilic (interprétation). - Je n'ai pas eu vent de tels cas,

9 mais je crois qu'il n'y a pas eu de discrimination à l'égard des patients.

10 Tout patient qui venait chez nous était un patient ni plus ni moins pour

11 chacun d'entre nous, peu nous importait son appartenance ethnique et

12 comment il s'appelait.

13 M. Niemann (interprétation). - Je suis sûr que ce fut votre cas

14 personnel. Je voulais dire que vous avez plusieurs membres au sein de

15 votre personnel et, si tel ou tel membre avait ce genre de comportement,

16 vous ne le saviez pas ?

17 Mme Bilic (interprétation). - Il se peut que cela ait été le

18 cas. Mais je suis assez sûre que de tels cas quand même ne se sont jamais

19 présentés et que personne n'a fait preuve de discrimination dans ce sens-

20 là au dispensaire de Busovaca.

21 M. Niemann (interprétation). - Vous parliez tout à l'heure des

22 conditions durant la guerre. Je suis certain que ces conditions étaient

23 difficiles pour tous, mais, vous-même, pendant la guerre, pouvez-vous dire

24 que vos besoins fondamentaux étaient satisfaits ? Avez-vous eu

25 suffisamment de nourriture, tout ce qu’il faut pour vous occuper de votre

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1 hygiène, etc ?

2 Mme Bilic (interprétation). - J’ai fait comme tous les autres.

3 J’avais autant nourriture que les autres. Pour ce qui est du savon et de

4 l'hygiène, je crois qu'il en était de même.

5 M. Niemann (interprétation). - Et le chauffage ?

6 Mme Bilic (interprétation). - Au dispensaire de Busovaca, nous

7 avions le chauffage central, installé avant la guerre. Nous avions nos

8 propres chaudières et du charbon en stock. Pendant une certaine période,

9 nous avons pu nous débrouiller pour nous chauffer.

10 M. Niemann (interprétation). - Lorsque vous vous êtes rendue à

11 Kaonik, quelle était la situation du chauffage ? Avez-vous observé quelque

12 chose dans ce domaine ?

13 Mme Bilic (interprétation). - Non.

14 M. Niemann (interprétation). - En ce qui concerne les

15 couvertures ou la literie par exemple, est-ce que les gens en avaient

16 suffisamment, pour autant que vous ayez pu le voir ?

17 Mme Bilic (interprétation). - Je ne m'en souviens pas. Je n'ai

18 pas vraiment examiné la situation.

19 M. Niemann (interprétation). - C'était il y a longtemps. Mais

20 avez-vous pu jeter un coup d'oeil sur les lits ? Dans quel état étaient-

21 ils ?

22 Mme Bilic (interprétation). - Je ne m'en souviens pas. Il y a

23 bien longtemps.

24 M. Niemann (interprétation). - Si j'ai bien compris, vous avez

25 pu inspecter tous les coins de la prison. Avez-vous pu vous rendre dans

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1 une grande pièce où il y avait beaucoup de gens, quelque chose qui

2 ressemblait à un hangar ?

3 Mme Bilic (interprétation). - Je ne m'en souviens pas.

4 M. Niemann (interprétation). - De quoi vous souvenez-vous ? Je

5 parle évidemment de ces installations.

6 Mme Bilic (interprétation). - J'ai vu un grand bâtiment, avec

7 une grande entrée. Il y avait pas mal de locaux, pas mal de pièces, assez

8 spacieuses, plusieurs chambres, des toilettes. Voilà ce dont je me

9 rappelle.

10 M. Niemann (interprétation). - Ces pièces semblaient-elles être

11 compartimentées en cellules ?

12 Mme Bilic (interprétation). - Oui, elles en avait l'air, mais ce

13 n'était pas vraiment des cellules. Tel était mon propre sentiment.

14 M. Niemann (interprétation). - Vous êtes-vous vous-même rendue

15 dans une de ces pièces ou les avez-vous observées de l'extérieur ?

16 Mme Bilic (interprétation). - Je les ai regardées seulement de

17 l'extérieur.

18 M. Niemann (interprétation). - Vous ne vous souvenez pas de ce

19 hangar où étaient détenue une multitude de gens ?

20 Mme Bilic (interprétation). - Non, je ne m'en souviens pas.

21 M. Niemann (interprétation). - Avez-vous vu une pièce, une

22 espèce de buanderie, où les gens pouvaient laver leurs vêtements et les

23 faire sécher ?

24 Mme Bilic (interprétation). - Non.

25 M. Niemann (interprétation). - Vous avez mentionné également un

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1 point sanitaire. Sur la base de quoi avez-vous pu conclure que c'étaient

2 des locaux réservés aux gardes, au personnel, alors que d'autres auraient

3 été réservés aux détenus ? Avez-vous pu faire cette différence ?

4 Mme Bilic (interprétation). - Non, les installations étaient les

5 mêmes.

6 M. Niemann (interprétation). - On ne pouvait donc pas déduire

7 que c’était des toilettes réservées aux détenus et que d'autres étaient

8 réservées aux gardes ? Elles étaient semblables ?

9 Mme Bilic (interprétation). - Je n'ai pas observé de différence.

10 M. Niemann (interprétation). - Avez-vous pu parler aux détenus ?

11 Avez-vous pu connaître leur situation ?

12 Mme Bilic (interprétation). - Non.

13 M. Niemann (interprétation). - Au cours de cette période, avez-

14 vous connu le Dr Mujezinovic ?

15 Mme Bilic (interprétation). - Non.

16 M. Niemann (interprétation). - Je parle du

17 Dr Mohamed Mujezinovic.

18 Mme Bilic (interprétation). - Non, j'ai entendu dire que c'était

19 un médecin qui pratiquait à Vitez.

20 M. Niemann (interprétation). - Avez-vous appris qu'il avait été

21 emmené à votre dispensaire en avril et en mai 1993 ?

22 Mme Bilic (interprétation). - En tant que médecin ou en tant que

23 patient ?

24 M. Niemann (interprétation). - En qualité de médecin.

25 Mme Bilic (interprétation). - Je ne m'en souviens pas.

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1 M. Niemann (interprétation). - Vous ne vous souvenez pas qu'il a

2 été amené presque quotidiennement de Vitez, pendant une quinzaine de

3 jours ?

4 Mme Bilic (interprétation). - Non, il n'a certainement pas été

5 amené à Busovaca. Le Dr Mujezinovic serait venu au dispensaire de Busovaca

6 pour y travailler ? Certainement pas.

7 M. Niemann (interprétation). - Donc vous ne vous en souvenez

8 pas ?

9 Mme Bilic (interprétation). - Non, il n'est pas venu pour

10 travailler. A cette époque-là j’y étais moi-même et il n'y avait pas de

11 Dr Mujezinovic venu de Vitez pour travailler au dispensaire de Busovaca,

12 certainement pas.

13 M. Niemann (interprétation). - Il est de religion musulmane ?

14 Mme Bilic (interprétation). - A en juger par son nom et son

15 prénom, oui.

16 M. Niemann (interprétation). - Vous avez fait mention du

17 dispensaire de Busovaca comme étant le seul centre médical de Busovaca.

18 Pourtant, n'y a-t-il pas eu également un centre médical à la crèche ?

19 Mme Bilic (interprétation). - Oui. Une unité détachée de

20 l'hôpital de Nova Bila possédait des lits réservés à des patients qui

21 auraient pu être emmenés de l'hôpital de Nova Bila, mais il n'y avait pas

22 de médecin.

23 M. Niemann (interprétation). - A la crèche, cette unité

24 sanitaire était réservée aux militaires du HVO ?

25 Mme Bilic (interprétation). - Je le pense, mais je n'en suis pas

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1 certaine. J'étais au dispensaire, c'était une unité tout à fait à part, et

2 je n'étais pas reliée à l'hôpital de Nova Bila.

3 M. Niemann (interprétation). - Vous êtes toujours directrice du

4 dispensaire de Busovaca. Par conséquent, vous avez accès à l'ensemble des

5 fichiers ?

6 Mme Bilic (interprétation). - Oui.

7 M. Niemann (interprétation). - Si les représentants du Bureau du

8 Procureur venaient vous voir, vous seriez prête à leur soumettre cette

9 documentation pour examen, concernant la période dont on parle ?

10 Mme Bilic (interprétation). - Oui.

11 M. Niemann (interprétation). - Pour les dossiers qui ont été

12 soumis au Tribunal, avez-vous obtenu le consentement des patients pour

13 pouvoir les transporter et les soumettre au Tribunal ?

14 Mme Bilic (interprétation). - Voulez-vous répéter votre question

15 s'il vous plaît ; je crains de n'avoir pas très bien compris.

16 M. Niemann (interprétation). - Pour les dossiers cotés que nous

17 avons montrés ici devant le prétoire, avez-vous eu le consentement des

18 patients pour les soumettre au Tribunal ?

19 Mme Bilic (interprétation). - Je n'ai pas eu à demander

20 l’autorisation. Ces documents demeuraient au dispensaire de Busovaca. Ce

21 ne sont pas les documents qui se trouvaient entre les mains des clients.

22 Par conséquent, je n'avais guère besoin de leur demander l'autorisation.

23 Si, par exemple, tel ou tel médecin a administré tel ou tel

24 médicament, on remet les remèdes aux malades et les prescriptions restent

25 chez nous.

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1 M. Niemann (interprétation). - Vous ne pensez pas que le dossier

2 que nous avons ici soit un dossier confidentiel ?

3 Mme Bilic (interprétation). - Non, je ne le pense pas.

4 M. Niemann (interprétation). Je crois qu'il est bon de passer au

5 rétroprojecteur tous ces documents, tous ces dossiers, pour que tout le

6 monde puisse les voir.

7 M. le Président. - On pourrait diviser le temps et faire une

8 pause maintenant, à moins que vous ayez peu de questions, mais je crois

9 qu'il faudrait du temps pour continuer, n'est-ce pas ? Donc on va donc

10 faire une pause de 15 minutes.

11 L'audience, suspendue à 12 heures 25, est reprise à

12 12 heures 42.

13 M. le Président. - Maître Niemann, vous pouvez continuer, s'il

14 vous plaît.

15 (L'accusé est introduit dans la salle.)

16 M. Niemann (interprétation). - Docteur Bilic, j'étais sur le

17 point de vous poser quelques questions liées aux documents offerts en

18 qualité de preuve.

19 Je voulais savoir comment se présente le document 18/A. Je

20 voudrais bien le faire passer sur le rétroprojecteur.

21 Docteur, avez-vous connu la personne nommée Ilijas Krivosija ?

22 Mme Bilic (interprétation). - Oui, je l'ai connue, c'était mon

23 voisin.

24 M. Niemann (interprétation). - Où était-il employé ? Quelles

25 étaient ses occupations ?

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1 Mme Bilic (interprétation). - Je ne m'en souviens pas, je crois

2 qu'il était employé aux aciéries de Juljezera, je le pense.

3 M. Niemann (interprétation). - Je suppose que vous n'avez

4 aucunement pu penser que cette personne avait pu être liée à l'armée ou à

5 la Défense territoriale ?

6 Mme Bilic (interprétation). - Non.

7 M. Niemann (interprétation). - Avez-vous pu savoir comment il a

8 fini par être détenu dans le camp de Kaonik ?

9 Mme Bilic (interprétation). - Ce n'est pas un camp, c'est mon

10 opinion. Disons que c'est la prison, mais, en tout cas, je ne sais pas

11 dans quelles conditions il a pu être détenu.

12 M. Niemann (interprétation). - Si vous jetez un coup d'oeil sur

13 le document D18/A -je crois que vous pouvez le voir maintenant sur

14 l'écran, je voudrais demander à l'huissier de passer la version anglaise,

15 s'il vous plaît-, on lit sur ce document qu'il devrait être exempt de

16 travail. Cela concerne la prison ? C'est dans la prison qu'il devait

17 travailler.

18 Mme Bilic (interprétation). - Je ne saurais vous le dire. Ce

19 n'est pas moi qui ai émis cette prescription. C'est la doctoresse qui l'a

20 faite.

21 M. Niemann (interprétation). - Je suppose que vous n'êtes pas

22 sans savoir que les prisonniers ont été utilisés pour creuser des

23 tranchées au cours de la période de 1993. Par conséquent, ce sont ces

24 gens-là qui ont été détenus dans la prison de Kaonik.

25 Mme Bilic (interprétation). - Je l'ignore.

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1 M. Niemann (interprétation). – Savez-vous quel type de travaux

2 ces gens-là ont dû exécuter ?

3 Mme Bilic (interprétation). - Je ne sais pas. Je ne suis pas un

4 médecin pratiquant. Par conséquent, je n'ai pas pu voir un patient qui

5 serait venu de la prison pour se faire examiner par moi.

6 M. Niemann (interprétation). - Mais vous serez d'accord pour

7 dire que creuser des tranchées n'est pas une activité ou un emploi propre

8 à quelqu'un qui souffrirait d'une hernie discale ?

9 Mme Bilic (interprétation). - J'en conviens volontiers.

10 M. Niemann (interprétation). - Où se trouve le Dr Mioc

11 maintenant ?

12 Mme Bilic (interprétation). - Je ne sais pas. On entend dire

13 qu'elle serait en Australie. En tout cas, elle était en dehors de Zenica.

14 M. Niemann (interprétation). - Vous verrez qu'il était

15 recommandé par la doctoresse que le patient se couche sur une surface

16 plane et dure. Est-ce que de telles situations pouvaient être agencées

17 dans la prison de Kaonik ?

18 Mme Bilic (interprétation). - Je ne saurais vous le dire, mais

19 probablement que oui.

20 M. Niemann (interprétation). - Se coucher sur les palettes

21 voudrait dire que cela aurait pu correspondre à ce que le docteur voulait

22 administrer ou y aurait-il eu une meilleure situation ?

23 Mme Bilic (interprétation). - Je ne sais pas ce que le docteur

24 pouvait penser par là, mais je crois qu'une simple planche aurait pu

25 suffire.

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1 M. Niemann (interprétation). - Jetons un coup d'oeil sur le

2 second document D18/B. Vous verrez que ce document contient également la

3 thérapie, le traitement prévu à domicile. Quel serait ce traitement à

4 domicile qui serait considéré comme meilleur pour ce patient que le

5 traitement qui aurait pu lui être administré à la prison ?

6 Mme Bilic (interprétation). - Croyez-moi, je ne saurais vous le

7 dire.

8 M. Niemann (interprétation). - Connaissez-vous cette personne

9 nommée Abdo Juzbasic ?

10 Mme Bilic (interprétation). - Non.

11 M. Niemann (interprétation). - Vous voyez que là le docteur a

12 prescrit des dragées, tablettes.

13 Mme Bilic (interprétation). - Aminophylline deux fois par jour.

14 Pour le reste, je ne sais pas comment cela se présente en traduction.

15 C'est plutôt de l'aranital avec une posologie de deux comprimés par jour.

16 M. Niemann (interprétation). - L'aranital est prescrit à quelle

17 fin d'ordinaire ?

18 Mme Bilic (interprétation). - Pour autant que je sache, il

19 s'agit du traitement d'un ulcère du duodénum ou de l'estomac.

20 M. Niemann (interprétation). - Je vois que le Dr Petrovic est

21 gynécologue de formation. Je suppose qu'il n'y avait pas suffisamment de

22 médecins à cette époque-là. Par conséquent, tous les médecins devaient

23 travailler pendant ce temps-là. Où se trouve le Dr Petrovic en ce moment-

24 ci ?

25 Mme Bilic (interprétation). - Actuellement, elle travaille au

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1 dispensaire de Busovaca.

2 M. Niemann (interprétation). - Maintenant, je vous prie de bien

3 vouloir regarder le prochain document qui est coté D18/C.

4 Avez-vous connu cette personne nommée Ismet Medjuseljac ?

5 Mme Bilic (interprétation). - Oui, de vue.

6 M. Niemann (interprétation). - Connaissez-vous son origine ?

7 D'où était-il ?

8 Mme Bilic (interprétation). - Non.

9 M. Niemann (interprétation). - Vous souvenez-vous de lui comme

10 ayant été votre patient au dispensaire avant la guerre ?

11 Mme Bilic (interprétation). - Oui, je m'en souviens.

12 M. Niemann (interprétation). - Avez-vous su que préalablement il

13 a eu des maux de ce genre-là ?

14 Mme Bilic (interprétation). - Non, je ne l'ai pas su, je ne suis

15 pas médecin. Je n'ai pas eu la nécessité de m'occuper de son fichier.

16 M. Niemann (interprétation). - Je vous prie d'observer le

17 document coté D18/D.

18 Encore une fois, nous lisons cette recommandation portant

19 traitement à domicile. Avez-vous connu Ejub Buljina ?

20 Mme Bilic (interprétation). - Oui.

21 M. Niemann (interprétation). - Je pense qu'en témoignant, tout à

22 l'heure, vous avez dit que les responsables de la prison de Kaonik ont

23 accepté ces recommandations et qu'elles ont pu être respectées.

24 Mme Bilic (interprétation). - Oui, je l'ai dit pour ce patient-

25 là. Pour les autres, je ne l'ai pas fait. Je ne m'en suis pas informée.

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1 M. Niemann (interprétation). - De toute évidence, il a été

2 recommandé à cette personne le traitement à domicile pendant cinq jours,

3 lequel traitement aurait suffi pour qu'il se remette.

4 Mme Bilic (interprétation). - Le médecin pensait probablement

5 que le traitement allait être suffisant.

6 M. Niemann (interprétation). - Après cinq jours, on devait le

7 ramener à la prison de Kaonik ?

8 Mme Bilic (interprétation). - Je ne peux pas le savoir.

9 M. Niemann (interprétation). - Une fois de retour, je suppose

10 que vous n'avez jamais su que ces gens-là évidemment devaient observer la

11 prescription, mais ne pas pour autant quitter la région. Quant au

12 Dr Markovic, je ne sais pas s'il s'agit d'un homme ou d'une femme, où est-

13 il ?

14 Mme Bilic (interprétation). - Le Dr Markovic est aux Pays-Bas

15 actuellement.

16 M. Niemann (interprétation). - Je vous prie d'observer le

17 document D18/E.

18 Connaissez-vous Suad Halilovic ?

19 Mme Bilic (interprétation). - Oui, de vue.

20 M. Niemann (interprétation). - Savez-vous où il habitait avant

21 la guerre ?

22 Mme Bilic (interprétation). - A Busovaca.

23 M. Niemann (interprétation). - Savez-vous exactement où il

24 habitait ? Dans une maison d'habitation ? Avait-il une résidence privée,

25 une maison à lui ?

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1 Mme Bilic (interprétation). - Il avait une maison à lui, je

2 pense.

3 M. Niemann (interprétation). - Savez-vous ce qui lui est arrivé

4 au cours de la guerre ?

5 Mme Bilic (interprétation). - Je ne sais pas ce qu'il est

6 devenu.

7 M. Niemann (interprétation). - Dans le diagnostic ici, il est

8 dit qu'il s'agit de coups portés sur le thorax, mais sans fracture. Est-ce

9 bien ainsi que vous l'avez dit ?

10 Mme Bilic (interprétation). - Oui.

11 M. Niemann (interprétation). - Je crois que vous avez déjà

12 répété à plusieurs reprises que vous n'êtes pas médecin de formation, mais

13 pourrait-on dire que cela peut avoir trait à un passage à tabac ?

14 Mme Bilic (interprétation). - Non, enfin oui, peut-être, c'est

15 possible, mais je ne le sais pas.

16 M. Niemann (interprétation). - Maintenant, je vous invite à

17 regarder le document D18/F.

18 Connaissez-vous les dragées Andol ? A quelles fins les

19 administre-t-on ?

20 Mme Bilic (interprétation). - C’est un analgésique

21 antipyréthique, utilisé pour soulager les maux des personnes qui souffrent

22 de maladie cardiaque, pour améliorer la circulation, pour faire tomber la

23 fièvre.

24 M. Niemann (interprétation). - Peut-être savez vous à quelles

25 fins on administre les compresses froides d'ordinaire ?

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1 Mme Bilic (interprétation). - Pour des inflammations ou des

2 douleurs qui surviennent après des distorsions.

3 M. Niemann (interprétation). - Ou peut-être pour des lésions sur

4 le corps ?

5 Mme Bilic (interprétation). - Peut-être, oui.

6 M. Niemann (interprétation). - Je vous prie de regarder

7 maintenant le document coté D18/G.

8 On dit qu’il y a une enflure, un hématome près de l'oreille

9 gauche. Le patient se plaignait d’avoir mal à l'oreille, la thérapie avait

10 été administrée. Pourrait-on dire qu’il s’agissait d’une infection ?

11 Mme Bilic (interprétation). - Je ne saurais le dire, je ne suis

12 pas médecin, mais il me semble qu'on a diagnostiqué plutôt une

13 inflammation de l'oreille médiane.

14 M. Niemann (interprétation). - De toute évidence, la doctoresse

15 pensait qu'un détenu de Kaonik devait éviter tout courant d'air froid et

16 tout contact avec de l'eau. C'est ainsi qu'on a administré la thérapie.

17 Mme Bilic (interprétation). - C’était probablement l’avis du

18 médecin.

19 M. Niemann (interprétation). - Si vous ne savez pas répondre,

20 dites tout simplement que vous ne pouvez pas répondre à la question. Vous

21 avez dit à plusieurs reprises que vous n'étiez pas médecin pratiquant,

22 mais un hématome au-dessus de l'oreille gauche peut faire penser à un coup

23 asséné par quelqu'un. Ce n'est pas seulement une inflammation.

24 Mme Bilic (interprétation). - Oui et non, parce qu'on doit

25 pouvoir également parler d'inflammation.

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1 M. Niemann (interprétation). - Mais cela aurait-il pu être le

2 résultat d'un coup porté à la tête ?

3 Mme Bilic (interprétation). - Oui, mais peut-être pas.

4 M. Niemann (interprétation). - Je vous prie maintenant de

5 montrer au témoin le document D18/H.

6 M. Niemann (interprétation). - Connaissez-vous cette personne ?

7 Mme Bilic (interprétation). - Oui.

8 M. Niemann (interprétation). - Vous la connaissez bien ?

9 Mme Bilic (interprétation). - Autant qu'on puisse connaître les

10 gens avec qui on collabore.

11 M. Niemann (interprétation). - Saviez-vous si, avant la guerre,

12 cette personne était en mauvaise ou en bonne santé ?

13 Mme Bilic (interprétation). - Il a toujours eu des problèmes

14 d'ulcère.

15 M. Niemann (interprétation). - Je suppose que quelqu'un qui

16 souffre gravement d'un ulcère ne devrait pas être détenu dans une prison

17 parce qu'une prison ne peut qu'aggraver son état de santé.

18 Mme Bilic (interprétation). - Oui, une aggravation est possible

19 puisque la maladie existe déjà.

20 M. Niemann (interprétation). - Maintenant, voyons le

21 document D18/I : connaissez-vous la signature de ce docteur, vous est-elle

22 connue ?

23 Mme Bilic (interprétation). - Oui.

24 M. Niemann (interprétation). - Qui est-ce ? Dites-nous le nom de

25 cette personne ?

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1 Mme Bilic (interprétation). - C'est le Dr Nada Petrovic.

2 M. Niemann (interprétation). - Je crois que je vous ai déjà posé

3 une question au sujet de la situation actuelle du Dr Petrovic.

4 Mme Bilic (interprétation). - Oui, vous l'avez fait, et j'ai

5 répondu qu'elle travaillait encore au dispensaire.

6 M. Niemann (interprétation). - Nous allons maintenant passer au

7 dernier document D18/K. Encore une fois, je suis censé savoir que vous ne

8 pouvez pas répondre amplement aux questions étant donné que vous n'êtes

9 pas médecin, mais il est dit ici qu'un traitement à domicile était

10 absolument nécessaire étant donné qu'il s'agissait d'une maladie

11 cardiaque. Je crois que vous serez d'accord avec moi lorsque je dis que le

12 médecin qui l'a administré ainsi l'a fait parce que les conditions de la

13 prison ne correspondaient évidemment pas à ce traitement.

14 Mme Bilic (interprétation). - Oui, probablement.

15 M. Niemann (interprétation). - Cela, entre autres, inclut

16 évidemment la nécessité d'être exonéré de tout travail physique difficile

17 tel que, par exemple, creuser une tranchée.

18 Mme Bilic (interprétation). - Probablement, oui.

19 M. Niemann (interprétation). - Oui, la doctoresse dit ici qu'il

20 ne s'agit pas d'un choix à faire, mais qu'il est absolument nécessaire que

21 le patient reste à son domicile pour y être traité.

22 Mme Bilic (interprétation). - Oui, la doctoresse a dit notamment

23 que le patient devait être traité à domicile.

24 M. Niemann (interprétation). - Connaissez-vous Salih Hodzic ?

25 Mme Bilic (interprétation). - Je le connais de vue.

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1 M. Niemann (interprétation). - Saviez-vous que cette personne

2 avait des problèmes d'ordre cardiaque avant ?

3 Mme Bilic (interprétation). - Oui.

4 M. Niemann (interprétation). - Il était presque notoire pour les

5 gens de Busovaca que cet homme avait des problèmes cardiaques ?

6 Mme Bilic (interprétation). - Non, bien entendu, cela ne peut

7 jamais être un fait notoire ce dont on souffre tout un chacun, mais qui

8 dit Busovaca dit une petite bourgade et on se connaît bien. Les gens se

9 rencontrent et, finalement, on se parle entre autres choses de problèmes

10 de diagnostic, etc. Je dirai donc qu'il ne s'agit pas de prononcer le

11 terme de notoire.

12 M. Niemann (interprétation). - Quel âge avait Salih Hodzic

13 approximativement ? Je suppose que vous ne sauriez dire la date de sa

14 naissance ?

15 Mme Bilic (interprétation). - Bien entendu que je l'ignore, mais

16 je dirai qu'il avait la cinquantaine. Il pouvait avoir 55 ans.

17 M. Niemann (interprétation). - Vous ne pensiez pas que lui

18 pouvait appartenir à des unités militaires de Busovaca étant donné ses

19 problèmes cardiaques ?

20 Mme Bilic (interprétation). - Non.

21 M. Niemann (interprétation). - Je n'ai plus de questions,

22 Monsieur le Président, merci.

23 M. le Président. - Merci, Maître Niemann. Maître Mikulicic,

24 avez-vous des questions supplémentaires ?

25 M. Mikulicic (interprétation). - Merci, Monsieur le Président,

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1 nous n'avons plus de questions.

2 M. Novia (interprétation). - Docteur, pour ce qui est des

3 ambulances de votre dispensaire, portaient-elles des plaques

4 d'immatriculation ou bien des signes sur les véhicules qui les

5 identifiaient comme étant des véhicules médicaux. Je parle notamment d'une

6 croix rouge ou quelque chose comme cela.

7 Mme Bilic (interprétation). - Oui, effectivement. Il y avait des

8 signes, des croix rouges et, sur chacune des ambulances, il était écrit :

9 "Dispensaire de Busovaca".

10 M. Novia (interprétation). - Merci.

11 M. le Président. - Excusez-moi, Doctoresse Bilic, vous avez fini

12 votre témoignage ici au Tribunal Pénal international. La Chambre n'a pas

13 d'autres questions à vous poser. Nous vous remercions donc d'être venue

14 ici et nous vous souhaitons un bon retour dans votre pays. Merci beaucoup.

15 Mme Bilic (interprétation). - Merci.

16 (Le témoin est reconduit hors de la salle d'audience)

17 M. Vohrah (interprétation). - Pour le compte rendu, la question

18 qui vient d'être posée par un des Juges n'était pas une question du

19 Juge Vohrah, mais du Juge Novia.

20 M. le Président. - Il est 13 heures 15, est-ce que cela vaut la

21 peine de commencer un nouveau témoignage ou peut-on le laisser pour

22 demain ? On a seulement un quart d'heure.

23 M. Novia (interprétation). - Pour le compte rendu, la précision

24 qui vient d'être apportée a été apportée par le Juge Vohrah et non par le

25 Juge Novia.

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1 M. le Président. - On essaie toujours d'arriver à la vérité.

2 M. Mikulicic (interprétation). - Monsieur le Président,

3 Messieurs les Juges, la défense pense également que le témoignage du

4 témoin suivant ne devra pas être interrompu. Nous demandons donc à ce que

5 ce témoignage soit reporté à demain matin. Par conséquent, à mon avis,

6 nous pourrions conclure les débats pour aujourd'hui et laisser le témoin

7 s'exprimer demain matin mais, avant de lever l'audience, nous aimerions

8 verser les documents identifiés de 18/A à 18/K au dossier des pièces à

9 conviction.

10 M. le Président. - Ils vont être versés. En suivant la

11 suggestion, nous sommes d'accord qu'on peut terminer aujourd'hui et on se

12 verra demain à 9 heures. Bonne soirée à vous tous.

13 L'audience est levée à 13 heures 10.

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