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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL AFFAIRE N° IT-95-14-T
2 POUR L'EX-YOUGOSLAVIE
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4 Jeudi 25 septembre 1997
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6 L'audience est ouverte à 10 heures 10.
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8 M. le Président. - Nous poursuivons l'audition du témoin à la
9 demande de l'accusation.
10 Pourrai-je demander à M. le Greffier de faire introduire le
11 témoin, avec les précautions qui s'imposent, notamment concernant le
12 rideau.
13 (Le témoin est introduit dans la salle d'audience.)
14 Tout le monde m'entend ? Monsieur le témoin D, m'entendez-vous ?
15 Témoin D (interprétation). - Oui, je vous entends.
16 M. le Président. - Vous vous êtes reposé ? Vous êtes bien ?
17 Témoin D (interprétation). - Oui, merci, M. le Président.
18 M. le Président. - Détendez-vous. Vous êtes devant des juges et
19 vous êtes en sécurité. Monsieur le Procureur, vous allez poursuivre votre
20 interrogatoire en faisant bien attention, comme nous tous d'ailleurs,
21 comme la défense et comme les Juges, de ne faire glisser aucun élément
22 d'identification. J'ai une touche ici pour arrêter et faire les
23 corrections qui s'imposeraient, si c'était nécessaire. Et je demande à mes
24 collègues de prendre les mêmes précautions à mon égard si je commettais
25 une erreur.
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1 Monsieur le Procureur, vous avez la parole.
2 M. Kehoe (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.
3 Bonjour, Messieurs les Juges. Bonjour, Monsieur le témoin.
4 Témoin D (interprétation). - Bonjour.
5 M. Kehoe (interprétation). - Hier, nous avons terminé de parler
6 du fait de creuser des tranchées à Pirici. Puis, vous avez été ramené au
7 cinéma. Est-ce que vous vous en souvenez ?
8 Témoin D (interprétation). - Oui.
9 M. Kehoe (interprétation). - Pouvez-vous raconter au Tribunal ce
10 qui s'est passé à partir du moment où vous êtes rentré de Pirici, où vous
11 avez creusé des tranchées et où vous étiez au cinéma.
12 Témoin D (interprétation). - Oui. On nous a amenés au cinéma de
13 Vitez. Je suis entré à l'intérieur et j'ai vu la salle pleine. Il n'y
14 avait pas de place pour s'installer. Alors, on nous a dit qu'il y avait de
15 la place dans la cave, où l'on avait des chaudrons pour chauffer la salle.
16 Je suis descendu et, en bas, j'ai vu également que tout était plein. On ne
17 pouvait pas trouver de place et les conditions n'étaient pas bonnes :
18 c'était sale et poussiéreux. Mais il y avait quelques chaises, vieilles ;
19 des gens y étaient installés. On nous a dit qu'on pouvait également aller
20 dans les bureaux de l'ancienne Ligue des communistes, des bureaux qui se
21 trouvaient à l'étage, au-dessus des bureaux appartenant au cinéma. On est
22 allés à l'étage, il y avait trois ou quatre bureaux qui étaient déjà
23 pleins de monde. Dans un bureau, j'ai vu l'un de mes proches. C'est là que
24 je me suis mis, avec lui, et c'est là que je suis resté. Dans ce bureau,
25 qui était le dernier bureau au bout du couloir, nous étions environ une
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1 trentaine. C'est dans ce bureau que nous avons dormi et qu'on
2 s'allongeait. Dans le couloir, on pouvait se tenir debout et discuter ;
3 mais, la plupart du temps, on était allongés dans le bureau. C'est là que
4 j'ai passé la première nuit.
5 Le lendemain, la police militaire du HVO est arrivée ; ils ont
6 commencé à désigner des personnes qui devaient les suivre. Ils m'ont dit à
7 moi également de venir avec eux et d'aller creuser des tranchées.
8 M. Kehoe (interprétation). - Excusez-moi, pouvez-vous vous
9 arrêter un instant ?.
10 M. le Président. - Excusez-moi. Vous pouvez reprendre.
11 M. Kehoe (interprétation). - Vous disiez que des membres de la
12 police militaire sont venus et qu'ils vous ont désigné entre autres
13 personnes. Pouvez-vous continuer à partir de cet endroit ?
14 Témoin D (interprétation). - Ils m'ont dit que je devais aller
15 creuser des tranchées. Je suis descendu devant le cinéma et la même
16 camionnette fermée qui m'a amené de Pirici était là. On nous a embarqués,
17 à une vingtaine, dans cette camionnette et on nous a emmenés en direction
18 de Rijeka. Au croisement, à côté de l'endroit où se trouve Impregnacija.
19 On connaissait bien cet endroit. On a vu qu'on a tourné à gauche en
20 direction du village de Krcevine. On nous a emmenés dans le village de
21 Krcevine et, à peu près au milieu du village, on s'est arrêtés devant une
22 maison ; c'est là que nous avons dû attendre 10 à 15 minutes. Un homme un
23 peu âgé est arrivé, un Croate, qui portait un fusil slovaque.
24 Il nous a emmenés vers le haut du village, en direction du
25 village de Ljubici Prevosica. On nous a emmenés jusqu'à une maison qui se
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1 trouvait en bordure de la forêt, et c'est là que se trouvait une sorte de
2 quartier général.
3 Moi et un autre prisonnier avons été désignés pour nous rendre
4 en haut de cette maison, à même la ligne de front, pour creuser, et c'est
5 là que nous avons vu trois trous creusés dans la terre, trois abris qui
6 étaient déjà construits, mais nous devions les aménager, les élargir un
7 peu et creuser des tranchées pour les relier. C'est là qu'on a creusé
8 toute la journée en question jusqu'au soir à peu près.
9 Quand nous avions terminé, on nous a ramenés dans ce genre de
10 quartier général qui se trouvait à environ cent mètres au-dessous par
11 rapport à ces tranchées. Moi et cet homme qui était avec moi devions aller
12 creuser dans la forêt qui était à gauche par rapport à la maison et c'est
13 là que se trouvaient les autres prisonniers qui étaient avec nous, et
14 c'est là qu'ils ont creusé eux aussi.
15 Nous étions donc plusieurs. Ceux qui avaient commencé avant nous
16 avaient déjà creusé cinq abris dans la terre. Moi et mon collègue avons
17 été désignés pour en creuser un nouveau au bord de la forêt, au bord du
18 chemin, et c'est là qu'on s'est mis à creuser d'après les indications que
19 nous donnaient les soldats du HVO. Nous avons creusé tout l'après-midi et
20 toute la nuit. On a continué à travailler pendant toute la nuit.
21 Le lendemain matin, alors que nous n'avions pas dormi de toute
22 la nuit, on nous a dit qu'on devait aller porter des planches de bois de
23 six centimètres d'épaisseur et de quatre à cinq mètres de long qui
24 venaient d'être coupées et qui étaient très lourdes. C'était en bas du
25 village. Nous étions une vingtaine en tout. Les planches étaient très
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1 lourdes et on les portait à deux. Il fallait deux hommes pour porter une
2 planche et, toute la journée, on a porté ces planches pour couvrir ces
3 abris qu'on venait de creuser.
4 Dans l'après-midi, vers le déjeuner, on a porté ces planches
5 devant ce commandement, devant cette maison, et on nous a dit de nous
6 arrêter. On nous a donné à manger, le déjeuner. C'était la première fois
7 depuis que j'étais fait prisonnier qu'on m'a donné de la nourriture
8 cuisinée. Jusqu'à ce moment, tout ce qu'on nous avait donné, c'était du
9 pain et du poisson en conserves. On nous a donné du boeuf cuit et des
10 pommes de terre. La nourriture était bonne. Elle avait beaucoup de goût.
11 Quand j'ai terminé de manger, j'ai pris une planche que j'avais
12 portée avant avec un collègue un peu plus âgé que moi, qui avait une
13 quarantaine ou une cinquantaine d'années, et j'ai demandé qu'on travaille
14 ensemble puisque j'étais plus fort que lui et je pensais que j'allais
15 pouvoir l'aider pour que cela ne soit pas trop lourd pour lui, trop
16 difficile. Lui, il a continué de manger et, moi, j'ai pris la planche pour
17 aller la porter seul vers l'abri et, après avoir fait deux ou trois pas,
18 on m'a dit de m'arrêter et j'ai vu passer à côté de moi deux prisonniers.
19 Le premier portait une planche, Gadzin Almir, et l'autre s'appelait
20 Suljevic. Je ne me souviens pas de son prénom. Ils avaient 17 ou 18 ans,
21 pas plus.
22 Quand Almir est passé à côté de moi -il était à cinq mètres de
23 moi-, j'ai entendu un coup de feu. J'ai jeté la planche et je me suis
24 allongé par terre et, quand j'ai regardé, j'ai vu Suljevic allongé à côté
25 de moi. Lui aussi avait jeté sa planche et, en regardant devant nous, on a
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1 vu Almir allongé sur le dos et on a vu qu'il venait d'être touché.
2 On est arrivé jusqu'à lui en rampant, moi et Suljevic. Moi, je
3 l'ai approché à droite et Suljevic était à gauche. On l'a pris par les
4 épaules et on l'a tiré pour le mettre à l'abri. En le tirant, on a vu une
5 trace sanglante derrière sur cinq ou six mètres. Il était encore en vie.
6 La dernière chose que j'ai entendu de sa bouche, c'était : "Donnez mes
7 adieux à ma mère". On a vu sur son dos une blessure immense, et un des
8 soldats du HVO nous a donné des pansements.
9 On avait un pansement de huit centimètres de large et, dans sa
10 totalité, on pouvait le mettre dans la blessure. On a donc improvisé un
11 pansement, on l'a mis sur un brancard, mais il ne donnait plus aucun signe
12 de vie. On l'a donc porté sur ce brancard jusqu'à la maison à Krcevine où
13 nous avions été emmenés en premier lieu. On l'a mis dans une voiture
14 particulière de marque Yugo. On a ouvert la cinquième porte et on l'a
15 installé à l'intérieur sur le brancard.
16 Ensuite, on est revenu à l'endroit où cela s'était produit et on
17 nous a dit qu'il fallait continuer de travailler. On a repris les planches
18 et on s'est remis à couvrir ces abris sous terre.
19 Peu après, on a entendu de la part de ces soldats que le petit
20 venait de mourir avant d'avoir atteint le dispensaire. Il était déjà mort
21 à l'arrivée au dispensaire.
22 Puis, ils avaient l'impression qu'on ne portait pas assez
23 rapidement ces planches et que cela durait trop longtemps. On nous a donc
24 dit que chaque homme devait porter à lui seul une planche. Chacun devait
25 donc en porter une, mais comme elles étaient très lourdes... Jusqu'à la
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1 fin de l'après-midi, on a réussi quand même à terminer de couvrir ces
2 abris.
3 Le deuxième soir, on m'a désigné pour aller creuser des
4 tranchées dans la forêt. On m'a emmené. C'était la nuit. Je ne voyais pas
5 qui étaient ces soldats croates, mais j'ai vu un garçon de ma connaissance
6 qui m'a reconnu et il m'a demandé s'il pouvait m'aider. Je lui ai demandé
7 s'il pouvait au moins m'autoriser à dormir une heure ou deux. Alors, il
8 nous a autorisés, moi et un garçon qui était avec nous, à dormir trois
9 heures. Puisqu'il était de garde jusqu'à minuit, on a pu dormir pendant
10 trois heures à côté de la tranchée et il nous a réveillés à minuit.
11 D'autres soldats sont arrivés. Ils nous ont emmenés au-dessus du
12 cimetière à Krcevine, à côté de la route. Il y avait déjà des abris
13 souterrains qui avaient été créés à partir d’éléments de rails. C'est là
14 qu'on a dû creuser un nouvel abri souterrain avec des éléments de chemin
15 de fer. J'ai terminé cet abri et j'ai installé à l'intérieur un fusil
16 mitrailleur. C’était assez lourd ; nous étions obligés de porter ensemble
17 ces rails parce qu'ils faisaient plus de 1,80 mètre de long.
18 Mais il y en a un qui est arrivé et qui m'a dit que je devais
19 les porter seul. C'est ainsi que j’ai porté tout seul une dizaine de ces
20 traverses. Cet abri une fois terminé pour le fusil mitrailleur, on nous a
21 dit qu'il fallait porter l'arme à l'intérieur et la monter.
22 Un peu plus tard, c'était l'aube. Il y avait un bosquet en
23 contrebas, on nous a permis d'aller tous nous y reposer un peu. Nous
24 étions une vingtaine. En fait, nous n'étions plus que dix-neuf parce qu'il
25 y en avait un qui avait été tué. C'est là qu'on a pu se reposer. On était
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1 assis par terre, on est resté une heure.
2 Nous avions couvert ces abris souterrains. Par la suite, il a
3 fallu les terminer complètement. Nous n'avions pas eu le temps de les
4 terminer, il faisait trop sombre. On nous a donc emmenés de nouveau sur
5 place, mais de jour, pour pouvoir achever le travail. C'est ce que nous
6 avons fait.
7 Une fois tous ces travaux terminés, on nous a ramenés dans la
8 même camionnette -avec laquelle nous avions été emmenés là-bas- au cinéma
9 de Vitez.
10 M. Kehoe (interprétation). - Avant de parler de l’instant où
11 vous êtes retournés au cinéma de Vitez, permettez-moi de vous poser
12 quelques questions, témoin D, sur le moment où vous avez creusé des
13 tranchées à Krcevine.
14 Vous avez été sélectionné par la police militaire au cinéma. Ce
15 sont ces soldats qui vous ont emmené à Krcevine pour creuser ces
16 tranchées, est-ce exact ?
17 Témoin D (interprétation). - Oui, c'est exact.
18 M. Kehoe (interprétation). - Quand vous êtes arrivé à Krcevine,
19 il y avait un centre de commandement du HVO ?
20 Témoin D (interprétation). - Oui, il y avait cette maison avec
21 leur commandement.
22 M. Kehoe (interprétation). - Y avait-il des soldats du HVO dans
23 ce centre de commandement ?
24 Témoin D (interprétation). - Oui.
25 M. Kehoe (interprétation). - D’où venaient ces soldats du HVO ?
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1 Témoin D (interprétation). - Les soldats qu'on a vu à cet
2 endroit, ces jours-là, venaient de Novi Travnik. Leur commandant venait
3 lui aussi de Novi Travnik.
4 M. Kehoe (interprétation). - Donc ces soldats-là étaient de la
5 Brigade de Novi Travnik et non de Vitez, est-ce exact ?
6 Témoin D (interprétation). - Oui, ils étaient de Novi Travnik.
7 M. Kehoe (interprétation). - Ils appartenaient à la police
8 militaire ou aux unités régulières du HVO ?
9 Témoin D (interprétation). - C'était des soldats réguliers.
10 M. Kehoe (interprétation). - Quand vous êtes arrivés pour
11 creuser des tranchées, vous avez dit qu'il y avait déjà des tranchées qui
12 avaient été creusées précédemment.
13 Témoin D (interprétation). - Oui. Il y avait déjà des tranchées
14 qui étaient terminées, juste au-dessus de leur commandement. Des abris
15 souterrains étaient terminés à 90 %.
16 M. Kehoe (interprétation). - Aviez-vous l'impression qu'il y
17 avait un projet pour construire ces abris et ces tranchées ?
18 Témoin D (interprétation). - Oui.
19 M. Kehoe (interprétation). - Le fait d'installer ce fusil
20 mitrailleur en faisait partie, donc ce que vous avez dû installé, vous et
21 d'autres Musulmans dans une tranchée ?
22 Témoin D (interprétation). - Oui. De l'endroit où on l'a
23 installé, ils étaient en mesure de contrôler tout, à gauche vers le
24 village Ljubici, à droite vers le village de Torlovici. Ils étaient
25 installés de telle sorte qu'ils pouvaient contrôler complètement le chemin
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1 en direction de ces deux villages.
2 M. Kehoe (interprétation). - Témoin D, pendant que vous étiez
3 là-bas en train de creuser des tranchées, y avait-il des combats entre
4 l’Armija et le HVO ?
5 Témoin D (interprétation). - Il n'y avait pas du tout de combat.
6 M. Kehoe (interprétation). - Maintenant, quelques mots au sujet
7 de l'assassinat de Almir Gadzin. Etait-ce un coup de feu qui est arrivé de
8 loin ou de près ?
9 Témoin D (interprétation). - C'est un coup de feu qui est venu,
10 d’après la détonation, de très près ; c’est ce qu'on a pu comprendre.
11 M. Kehoe (interprétation). - Vous vous êtes familiarisé avec le
12 terrain pendant que vous creusiez des tranchées ?
13 Témoin D (interprétation). - Oui. Tout de suite après être sorti
14 de Vitez et après avoir rejoint les rangs de l’Armija, je suis venu sur le
15 front à Krcevine, près de l'endroit où Almir à été blessé.
16 M. Kehoe (interprétation). - D’après votre connaissance de ce
17 terrain, est-ce que le coup de feu est venu des lignes de l’Armija ou
18 d'ailleurs ?
19 Témoin D (interprétation). - Ce coup de feu n'aurait
20 certainement pas pu venir des lignes de l’Armija, de B-H, parce qu'il
21 était de face par rapport à ces lignes. Le coup de feu l’a atteint dans le
22 dos. La configuration du terrain est telle que la balle, en aucun cas,
23 n’aurait pu être une balle perdue, qui l’aurait atteint à l’endroit où il
24 se trouvait.
25 M. Kehoe (interprétation). - Donc, d'après vos conclusions, qui
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1 a tué Almir Gadzin ?
2 Témoin D (interprétation). - Je pense que c'était un des soldats
3 du HVO. Très semblablement, cela devrait être celui qui se trouvait
4 derrière la maison. D’après sa blessure, que nous avons vue, il a été
5 touché par une balle à fragmentation. La blessure était énorme !
6 M. Kehoe (interprétation). - Pendant que vous creusiez des
7 tranchées à Krcevine, saviez-vous qu'on creusait aussi des tranchées à
8 Kube ?
9 Témoin D (interprétation). - Pendant qu'on creusait ces
10 tranchées, les soldats qui venaient de Novi Travnik nous ont dit que des
11 soldats du HVO -qui étaient originaires de cet endroit- avaient maltraité,
12 torturé, des gens. Leur commandant avait envoyé deux hommes à Kube pour
13 les punir. Ils nous ont dit que Kube c'était le pire des endroits pour eux
14 et que tous ceux qui étaient punis était envoyés à Kube. Ils nous ont dit
15 que deux de ces soldats avaient été envoyés en punition à Kube.
16 M. Kehoe (interprétation). - Donc, afin de discipliner ses
17 membres des unités du HVO, le commandant les envoyait à Kube, est-ce
18 exact ?
19 Témoin D (interprétation). - Oui. Et puis, un peu avant
20 l'assassinat d’Almir, on a appris que ces deux hommes étaient de retour à
21 Krcevine, sur le front.
22 M. Kehoe (interprétation). - Après avoir terminé de creuser des
23 tranchées à Krcevine, vous avez été ramenés au cinéma, c'est bien exact ?
24 Témoin D (interprétation). - Oui.
25 M. Kehoe (interprétation). - Témoin D, pouvez-vous dire au juge
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1 ce qui s'est passé lorsque vous avez été ramené au cinéma ?
2 M. Kehoe (interprétation). - Une fois ramené au cinéma, je suis
3 retourné dans cette même pièce, ce même bureau où je m'étais trouvé avec
4 mes proches et d'autres personnes aussi. Je n'ai plus dû aller creuser des
5 tranchées.
6 Ils sont revenus une seule fois, ils ont emmené un autre groupe
7 de personnes, des personnes qui sont rentrées. Peu de temps après, la
8 Croix-Rouge est venue. Nous avons fourni nos coordonnées, nos
9 renseignements et nous avons été inscrits dans les registres de la Croix-
10 Rouge comme étant des prisonniers.
11 Les gens de la Croix-Rouge nous ont dit que nous n'aurions plus
12 à aller creuser des tranchées. Nous nous étions plaints du fait que nous
13 étions forcés à le faire et la Croix-Rouge nous a promis que ceci ne se
14 reproduirait plus.
15 M. Kehoe (interprétation). - La Croix-Rouge savait donc que vous
16 et d'autres Musulmans avaient été emmenés à certains endroits pour y
17 creuser des tranchées ?
18 Témoin D (interprétation). - Oui. En effet, chacun d'entre nous
19 qui avons fait des déclarations a dit qu'il avait été envoyé creuser des
20 tranchées, certains pour une seule fois et d'autres à plusieurs reprises.
21 Donc tout le monde l'a dit.
22 M. Kehoe (interprétation). - Après avoir eu cette conversation
23 avec la Croix-Rouge, qui vous a dit qu'il ne serait plus nécessaire pour
24 vous d'aller creuser des tranchées, que s'est-il passé ?
25 Témoin D (interprétation). - Jusqu'à ce moment-là, on nous avait
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1 toujours donné comme nourriture du poisson en conserve. Au cinéma aussi,
2 on recevait du poisson en conserve et un peu de pain. Par la suite, nos
3 épouses, qui étaient restées dans les foyers -et quand je parle des
4 épouses, je parle de celles de tous les Musulmans capturés-, ces épouses
5 ont eu l'autorisation de nous apporter de la nourriture. Nous étions mieux
6 nourris et nous avons tous partagé la nourriture reçue. Peu importait qui
7 apportait la nourriture, nous la partagions.
8 Ma femme avait passé tout ce temps à Kolonija, dans ce quartier
9 de Vitez, avec une tante. La veille du 1er mai, le soir, un policier du
10 HVO est venu et il a appelé certains de mes parents par leur nom. Mon
11 parent est sorti avec ce policier, il est revenu quelques minutes plus
12 tard et je lui ai demandé ce qui s'était passé. Il m'a dit qu'on lui avait
13 donné l'autorisation de rentrer chez lui.
14 M. Kehoe (interprétation). - Poursuivez, témoin D.
15 Témoin D (interprétation). - Ce parent est donc rentré et je lui
16 ai demandé ce qui s'était passé. Il m'a dit qu'on allait le libérer et
17 qu'il pouvait rentrer chez lui. Je lui ai demandé comment cela se faisait.
18 Ce sur quoi il a dit qu'on avait cité son nom, qu'on lui avait demandé
19 s'il voulait rentrer chez lui et qu'il avait dit oui et donc il rentrait à
20 la maison.
21 Je lui ai donc dit de dire à ce soldat du HVO d'appeler aussi
22 mon nom, si c'était possible. Un peu plus tard, ce soldat du HVO est venu
23 et a cité mon nom. Je suis descendu au rez-de-chaussée et j'ai été emmené
24 à un ancien café qui se trouvait dans les locaux du cinéma. Il y avait là
25 un soldat du HVO assis à une table qui m'a dit que je pouvais m'asseoir,
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1 ce que j'ai fait. Le soldat m'a demandé pourquoi je voulais partir, si je
2 ne voulais pas aller à Travnik, à Zenica, à Stari Vitez ou si je voulais
3 rentrer chez moi.
4 J'ai dit que me je voulais rentrer à la maison. Ce soldat m'a
5 donné un bout de papier que j'ai signé sans même prendre la peine de le
6 lire. Il m'a dit simplement que j'étais libre et que je pouvais rentrer à
7 la maison.
8 Je suis sorti te ce qui était cet ancien café. Ce proche de ma
9 famille était debout devant le cinéma. J'étais là aussi pendant quelques
10 instants avec lui, il était déjà 10 heures du soir. La nuit était tombée
11 et il y avait aucun éclairage public. Nous avions peur de rentrer chez
12 nous seuls.
13 Un policier du HVO est sorti et nous a demandé quel était le
14 problème. Nous lui avons dit que nous avions peur de rentrer à la maison
15 seuls, sans escorte. Il nous a dit de marcher au milieu de la route vers
16 chez nous et qu'il n'y aurait pas de problème.
17 Nous avons commencé à emprunter cette route, bien au milieu.
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3 M. Kehoe (interprétation). - Je vous interromps un instant.
4 Monsieur le Président, Messieurs les juges, nous allons commencer à parler
5 de certains événements qui concernent le domicile du témoin D, ce qui va
6 peut-être entraîner une identification. Pourrions-nous passer en séance à
7 huis clos ?
8 M. le Président. - Les juges sont de cet avis. Déjà le témoin,
9 je le signale, a donné un certain nombre d'éléments d'identification. Je
10 me propose de demander à M. le greffier de vérifier dans le transcript que
11 ces éléments soient effacés.
12 Nous prononçons donc la private session. Vous préférez le huis
13 clos complet, Monsieur le Procureur ?
14 M. Kehoe (interprétation). - Il serait bien d'avoir un huis clos
15 complet, Monsieur le Président, parce que nous allons parler de certaines
16 pièces à conviction. Le témoin va devoir se lever pour donner son avis sur
17 ces pièces. Il serait plus opportun d'avoir vraiment le huis clos.
18 M. le Président. - Y a-t-il une opposition de la part de la
19 défense en ce qui concerne le huis clos complet ?
20 M. Hayman (interprétation). - Non, Monsieur le Président.
21 M. le Président. - Alors, Monsieur le greffier, nous prononçons
22 le huis clos complet et nous le mettons en pratique.
23 (Intervention technique.)
24 (Audience à huis clos)
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8 Audience publique
9 M. Nobilo (interprétation). - Témoin D, nous sommes à nouveau en
10 séance publique, mais avec toutes les mesures de protection qui
11 s'imposent.
12 Le 16 avril 1993, à six heures du matin, avez-vous entendu des
13 sirènes d'alarme ?
14 Témoin D (interprétation). - Non.
15 M. Nobilo (interprétation). - Le 16, 17 et 18 avril, Vitez a-t-
16 il été bombardé ?
17 Témoin D (interprétation). - Je ne me rappelle pas.
18 M. Nobilo (interprétation). - Vous ne vous rappelez pas.
19 Lorsque votre camarade a été blessé -je parle de la blessure
20 grave dont vous avez parlé-, est-ce qu’il avait été menacé par quelqu'un ?
21 Témoin D (interprétation). - Non.
22 M. Nobilo (interprétation). - Avez-vous vu qui aurait pu le
23 blesser ?
24 Témoin D (interprétation). - Non.
25 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez dit qu’à Krcevine, le
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1 commandement provenait de Novi Travnik. Connaissiez-vous la Brigade à
2 laquelle ils appartenaient ?
3 Témoin D (interprétation). - Non, je ne sais pas exactement.
4 Mais je sais qu'ils étaient tous de Novi Travnik.
5 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez dit que vous aviez peur
6 de repartir chez vous lorsque vous avez été libéré du cinéma ?
7 Témoin D (interprétation). - Oui.
8 M. Nobilo (interprétation). - Vous sentiez-vous plus en sécurité
9 à la maison, donc chez vous, ou bien au cinéma ?
10 Témoin D (interprétation). - Je me sentais plus en sécurité au
11 cinéma que lorsque je suis rentré chez moi.
12 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez dit que vos voisins ne
13 vivaient plus dans leur maison. Vous avez montré les maisons vides ? Vous
14 les avez marquées sur la carte. Où vivaient-il ? Vivaient-ils à Vitez ?
15 Témoin D (interprétation). - Au départ, nous ne savions pas où
16 ils vivaient. Puis, petit à petit, nous nous sommes rendus compte qu'ils
17 vivaient chez certains de leurs amis.
18 M. Nobilo (interprétation). - L'endroit où ils vivaient était-il
19 sous le contrôle du HVO ?
20 Témoin D (interprétation). - Oui.
21 M. Nobilo (interprétation). - Donc vous avez longé la ligne de
22 front, puis vous l'avez traversée avec votre femme et vos enfants. Selon
23 vous, y avait-il une ligne de démarcation très nette entre l'armée de
24 Bosnie-Herzégovine et le HVO ?
25 Témoin D (interprétation). - Oui.
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1 M. Nobilo (interprétation). - Donc la ligne était bien nette ?
2 Témoin D (interprétation). - Oui.
3 M. Nobilo (interprétation). - Lorsque la Croix-Rouge est venue
4 au cinéma de Vitez, vous a-t-on demandé si vous étiez un soldat ou un
5 civil ?
6 Témoin D (interprétation). - Oui.
7 M. Nobilo (interprétation). - Qu'avez-vous dit ?
8 Témoin D (interprétation). - J'ai dit que j'étais un civil.
9 M. Nobilo (interprétation). - Pourquoi ?
10 Témoin D (interprétation). - Parce que j'étais un civil, je
11 n'étais pas un soldat. Je n'avais pas été capturé en uniforme ou portant
12 une arme.
13 M. Nobilo (interprétation). - Pendant que vous étiez prisonnier
14 à Vitez, dans le cinéma et dans le cabinet vétérinaire, où étaient votre
15 femme, vos enfants et votre mère ?
16 Témoin D (interprétation). - Ils étaient d'abord chez nos
17 voisins, nos amis. Après cela, ils sont partis chez ma tante, dans son
18 appartement.
19 M. Nobilo (interprétation). - C’était à Vitez ?
20 Témoin D (interprétation). - Oui.
21 M. Nobilo (interprétation). - Dans une zone de contrôle du HVO ?
22 Témoin D (interprétation). - Oui.
23 M. Nobilo (interprétation). - Monsieur le Président, je n'ai
24 plus qu'une proposition à faire. Je voudrais que le témoin indique sur la
25 carte l'endroit où il a creusé des tranchées. Je demande s’il est
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1 suffisamment protégé pour faire cela ? Y a-t-il suffisamment de mesures de
2 protection ? Puis-je demander au témoin D de le faire ?
3 M. Dubuisson. - S'il faut noter quoi que ce soit sur la carte,
4 il faut absolument que nous retournions à huis clos.
5 M. le Président. - D'accord. Est-ce votre dernière question,
6 Maître Nobilo ?
7 M. Nobilo (interprétation). - Oui, c'est ma dernière question.
8 Il pourrait, par exemple, marquer ces différents endroits sur la table au
9 lieu de les indiquer sur la carte ; ensuite nous pourrons les inscrire sur
10 le rétroprojecteur.
11 M. le Président. - Ce serait la solution la plus efficace.
12 M. Kehoe (interprétation). - Si je peux intervenir, Monsieur le
13 Président, il serait plus simple de passer en audience à huis clos. J’ai
14 une ou deux questions à poser à nouveau au témoin, je demande donc qu'on
15 repasse en audience à huis clos.
16 M. le Président. - Alors repassons en audience à huis clos. Ce
17 sera encore plus simple.
18 Monsieur le Greffier, nous passons en audience à huis clos,
19 excusez-nous, mais ce sera effectivement encore plus sécurisant. Cela
20 permettra au témoin de se lever, à la défense et à l'accusation de
21 s'approcher du chevalet. En fin de compte, c’est la meilleure solution.
22 Nous essayons d’économiser du temps, mais ce n'est pas la peine.
23 Témoin D, sentez-vous à nouveau très protégé. Dès que les
24 rideaux seront fermés, vous allez vous lever et comme tout à l'heure vous
25 allez inscrire sur la carte les positions selon les questions qui vous
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1 seront posées par la défense.
2 Audience à huis clos
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9
10 Pages 2732 –2739 expurgées en audience à huis clos
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1 (expurgée)
2 (expurgée)
3 (expurgée)
4 (expurgée)
5 (expurgée)
6 (expurgée)
7 (expurgée)
8 (expurgée)
9 (expurgée)
10 (expurgée)
11 (expurgée)
12 Audience publique
13 M. le Président. - La séance se poursuit en audience publique.
14 Monsieur Harmon, c'est vous qui allez prendre la suite, si je
15 comprends bien. Il n'y a pas de mesures de protection particulières ?
16 M. Harmon (interprétation). - C'est exact, Monsieur le
17 Président.
18 M. le Président. - Tout le monde est-il prêt ? Bien. Monsieur
19 Harmon, c'est à vous, pour environ 30 minutes, puisque je rappelle que
20 nous ne siégeons pas cet après-midi pour des raisons techniques.
21 M. Harmon (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.
22 J'appelle à la barre le docteur Fuad Zeco, qui sera mon témoin.
23 (Le témoin est introduit dans la salle d'audience.)
24 M. le Président. - Est-ce que vous m'entendez, Monsieur ?
25 M. Zeco (interprétation). - Oui, je vous entends bien.
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1 M. le Président. - Est-ce que vous pouvez nous dire tout d'abord
2 qui vous êtes ? Je vous demande simplement votre nom.
3 M. Zeco (interprétation). - Je m'appelle Zeco Fuad, et...
4 M. le Président. - Cela suffit pour l'instant. C'est uniquement
5 pour savoir qui vous êtes. Le Procureur va vous poser des questions
6 complémentaires au sujet de votre identité. Maintenant que nous savons qui
7 vous êtes, on va vous tendre une déclaration écrite et vous allez la lire.
8 M. Zeco (interprétation). - "Je déclare solennellement que je
9 dirai la vérité, toute la vérité et rien que la vérité".
10 M. le Président. - Merci. Asseyez vous et prenez votre temps
11 pour bien fixer votre casque, car vous allez en avoir besoin pour un petit
12 moment.
13 M. Zeco (interprétation). - Tout va bien, maintenant.
14 M. le Président. - Comme vous le savez, vous êtes cité comme
15 témoin par l'accusation...
16 M. Zeco (interprétation). - Oui, tout à fait.
17 M. le Président. - ...dans le cadre du procès qui est intenté
18 par l'accusation à l'encontre du général Blaskic, ici présent. Vous êtes
19 donc un témoin de l'accusation. Vous répondrez d'abord aux questions de
20 l'accusation et, ensuite -vous le savez-, comme dans tous les procès, vous
21 répondrez aux questions de la défense et également aux questions que
22 voudront bien vous poser les juges ou moi-même. Monsieur Harmon, c'est à
23 vous.
24 M. Harmon (interprétation). - Docteur Zeco, pouvez-vous, s'il
25 vous plaît, épeler votre nom de famille pour le procès-verbal ?
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1 M. Zeco (interprétation). - Z, E, C, O.
2 M. Harmon (interprétation). - Docteur Zeco, quel âge avez-vous ?
3 M. Zeco (interprétation). - J'ai 65 ans.
4 M. Harmon (interprétation). - Quelle est votre date de
5 naissance, s'il vous plaît ?
6 M. Zeco (interprétation). - Le 6 juillet 1932.
7 M. Harmon (interprétation). - Quel est votre lieu de naissance ?
8 Où avez-vous vécu ?
9 M. Zeco (interprétation). - Je suis né à Breza. Je suis allé à
10 l'école à Sarajevo, à l'école secondaire, en partie, à Visoko, et j'ai
11 fait mes études supérieures à Sarajevo, à la faculté des études
12 vétérinaires.
13 M. Harmon (interprétation). - Docteur Zeco, êtes-vous marié et
14 avez-vous des enfants ?
15 M. Zeco (interprétation). - Oui, je suis marié et j'ai deux
16 filles et cinq petits-enfants.
17 M. Harmon (interprétation). - Quelle est votre profession,
18 Monsieur ?
19 M. Zeco (interprétation). - Je suis vétérinaire.
20 M. Harmon (interprétation). - Pendant combien de temps avez-vous
21 exercé la fonction de vétérinaire ?
22 M. Zeco (interprétation). - J'ai eu mon diplôme en 1959 et j'ai
23 travaillé comme vétérinaire jusqu'au 16 avril 1993. Donc, pendant toute
24 cette période, j'ai exercé ma profession.
25 M. Harmon (interprétation). - Docteur Zeco, à quel moment êtes-
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1 vous venu vous installer sur le territoire de la municipalité de Vitez et
2 pouvez-vous nous expliquer les raisons de cette installation ?
3 M. Zeco (interprétation). - J'étais boursier de la municipalité
4 de Breza pendant mes études et, en 1959, j'ai trouvé un travail au poste
5 vétérinaire de la municipalité de Breza. J'étais en fait le premier
6 vétérinaire dans cette municipalité. J'ai fondé ce poste vétérinaire et je
7 l'ai géré jusqu'au 1er août 1969. A ce moment-là, on m'a demandé de venir
8 travailler sur le territoire de la municipalité de Vitez pour diriger ce
9 service, le même service dans cette municipalité. Je l'ai accepté et, à
10 partir du 1er août 1969, j'ai commencé à travailler là-bas.
11 M. Harmon (interprétation). - Qui vous a demandé de venir
12 travailler dans la municipalité de Vitez en tant que vétérinaire ?
13 M. Zeco (interprétation). - J'ai reçu une invitation de la part
14 du président de cette municipalité. C'était Ivo Taraba qui exerçait cette
15 fonction à l'époque. Je suis donc venu pour avoir entretien avec lui et,
16 après cet entretien, j'ai accepté son invitation à travailler comme
17 vétérinaire sur le territoire de cette municipalité de Vitez.
18 M. Harmon (interprétation). - Cet homme était-il musulman ou
19 croate ?
20 M. Zeco (interprétation). - C'était un Croate, M. Ivo Taraba.
21 M. Harmon (interprétation). - Docteur Zeco, pouvez-vous nous
22 donner le détail de vos responsabilités et de votre travail en tant que
23 vétérinaire dans la municipalité de Vitez ?
24 M. Zeco (interprétation). - Le travail de contrôle de la qualité
25 des produits alimentaires, de la santé du bétail, sur l'ensemble du
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1 territoire. C'est cela qui relevait du poste vétérinaire dont j'étais le
2 chef. J'étais chargé de la protection médicale du bétail, du développement
3 de l'élevage et du contrôle des produits d'origine animale. Telles étaient
4 les principales tâches que j'avais sur tout le territoire de cette
5 municipalité.
6 M. Harmon (interprétation). - Vos tâches, vos responsabilités
7 faisaient-elles que vous deviez vous déplacer sur l'ensemble du territoire
8 de la municipalité ?
9 M. Zeco (interprétation). - Mon activité concernait l'ensemble
10 du territoire de la municipalité de Vitez. Toutefois, à l'époque, on avait
11 un certain nombre de contacts, on avait une communication avec les
12 municipalités de Travnik et de Busovaca. Quand le besoin se présentait,
13 j'exerçais donc ma profession également sur le territoire de ces
14 municipalités-là. Mais j'étais essentiellement tenu et responsable de
15 l'ensemble du territoire de la municipalité de Vitez.
16 M. Harmon (interprétation). - Aviez-vous des employés à l'époque
17 où vous étiez le chef de ce poste vétérinaire ?
18 M. Zeco (interprétation). - Oui. J'avais un technicien
19 vétérinaire. Occasionnellement, j'employais également un collègue
20 vétérinaire mais, comme je viens de le dire, nous nous entraidions entre
21 communes avoisinantes. Donc, le cas échéant, on faisait travailler
22 également des vétérinaires venant d'autres municipalités. Essentiellement,
23 c'est moi qui prenais en charge tout ce qui concernait le territoire de ma
24 municipalité.
25 M. Harmon (interprétation). - Docteur Zeco, où se trouvait le
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1 poste vétérinaire ? Etait-ce à Vitez ?
2 M. Zeco (interprétation). - Mon poste vétérinaire était situé
3 dans la ville de Vitez même. C'était un peu écarté par rapport au centre
4 de la ville. C'était un quartier qu'on appelait Rjeka*.
5 M. Harmon (interprétation). - Monsieur le Président, est-ce
6 qu'on pourrait retirer la pièce à conviction 33/9 et 10 ? Ce sont deux
7 photos que je voudrais présenter au témoin et placer sur le
8 rétroprojecteur.
9 Docteur Zeco, pouvez-vous voir maintenant la photo qui porte le
10 numéro PH 225 ? Pouvez-vous nous dire ce qu'elle représente ?
11 M. Zeco (interprétation). - C'est le poste vétérinaire de la
12 municipalité de Vitez. Moi, j'habitais à l'étage et, au rez-de-chaussée,
13 on avait le cabinet du poste vétérinaire.
14 M. Harmon (interprétation). - Quand vous dites que vous viviez à
15 l'étage, est-ce que cela veut dire que vous y avez habité jusqu'à un
16 certain moment et qu'à partir de ce moment-là, vous avez déménagé ?
17 M. Zeco (interprétation). - Oui, tout à fait. Quand je suis
18 arrivé sur le territoire de la municipalité de Vitez, j'ai emménagé à
19 l'étage de ce bâtiment parce que c'est un logement de fonction. C'est là
20 que j'ai habité. Mais au bout de dix ans environ, j'ai fait construire une
21 maison particulière, et c'est là que j'ai déménagé.
22 M. Harmon (interprétation). - Pouvez-vous maintenant regarder
23 l'autre photo, la photo 226 ?
24 M. Zeco (interprétation). - Oui, est-ce que je peux répondre ?
25 M. Harmon (interprétation). - Docteur Zeco, pouvez-vous nous
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1 dire ce que représente cette photo ? Est-ce une autre vue du poste
2 vétérinaire ?
3 M. Zeco (interprétation). - C'est le même bâtiment vu d'un autre
4 côté. On voit l'entrée dans le logement de fonction et le cabinet où on
5 examinait les animaux.
6 M. Harmon (interprétation). - Docteur Zeco, vous avez dit qu'à
7 un moment donné, vous aviez déménagé de ce logement parce que vous avez
8 construit une maison pour vous.
9 M. Zeco (interprétation). - Oui, c'est exact. La municipalité
10 m'a donné un terrain très près du poste vétérinaire, et c'est là que j'ai
11 pu faire construire une maison de famille qui était une maison privée. A
12 partir du moment où la maison était construite, j'ai quitté le logement de
13 fonction pour m'installer chez moi.
14 M. Harmon (interprétation). - C'est dans cette maison que vous
15 avez vécu avec votre famille, que vous avez élevé vos enfants ?
16 M. Zeco (interprétation). - Oui, c'est cela.
17 M. Harmon (interprétation). - Puis-je voir la pièce pré-
18 numérotée 104 ? Pourrait-elle être placée sur le rétroprojecteur ?
19 (L'huissier place la pièce sur le rétroprojecteur.)
20 Docteur Zeco, pouvez-vous identifier la photo que vous voyez
21 maintenant ? C'est la pièce à conviction 104.
22 M. Zeco (interprétation). - C'est ma maison qui se trouve à à
23 peine cent mètres du poste vétérinaire.
24 M. Harmon (interprétation). - C'est donc la maison que vous avez
25 fait construire en 1969 ?
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1 M. Zeco (interprétation). - En 1979.
2 M. Harmon (interprétation). - Bien. Monsieur le Président, je
3 voudrais que la pièce 104 soit versée au dossier.
4 M. le Président. - Pas de problème.
5 M. Harmon (interprétation). - Monsieur le Président, maintenant,
6 je voudrais qu'on se réfère à la grande photo aérienne qui se trouve
7 derrière le témoin. Cette photographie aérienne, comme d'autres photos, a
8 été fournie selon l'article 70 par le Royaume-Uni. On voit là un
9 territoire un peu plus grand que celui qu'on voyait sur la pièce 55. On
10 voit ici le quartier de Rjeka* et je demanderai au témoin d'identifier
11 cette partie de la pièce à conviction.
12 M. Harmon (interprétation). - Docteur Zeco, pourriez-vous vous
13 tourner vers la photographie aérienne qui se trouve sur votre gauche ?
14 Pourriez-vous vous mettre debout et indiquer... ?
15 M. le Président. - Il a quelques difficultés ; pourrait-on... ?
16 Voilà.
17 Monsieur Dubuisson, a-t-on une copie pour la Chambre ?
18 M. Dubuisson. - Oui.
19 M. Harmon (interprétation). - Docteur Zeco, en regardant cette
20 pièce à conviction, pourriez-vous indiquer l'emplacement du poste
21 vétérinaire où vous travailliez comme directeur ?
22 M. Zeco (interprétation). - Le poste vétérinaire se trouve ici
23 précisément.
24 M. Harmon (interprétation). - Et votre pointeur est à côté de la
25 flèche avec le chiffre 1. Est-ce exact ?
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1 M. Zeco (interprétation). - Oui, c'est le chiffre 1 qui figure
2 avec la flèche. C'est là que se trouve le poste vétérinaire.
3 M. Harmon (interprétation). - Pouvez-vous montrer sur cette
4 pièce à conviction où se trouve la maison que vous avez fait construire
5 pour vous ?
6 M. Zeco (interprétation). - Je peux. La flèche n° 2 indique
7 précisément ma maison.
8 M. Harmon (interprétation). - Vous parlez du n° 2 dont le bout
9 de la flèche indique votre maison ?
10 M. Zeco (interprétation). - Oui.
11 M. Harmon (interprétation). - Je vous remercie, docteur Zeco.
12 Vous pouvez vous rasseoir.
13 M. Zeco (interprétation). - Merci.
14 M. Harmon (interprétation). - Docteur Zeco, l'endroit où est
15 située votre maison et où est situé le poste vétérinaire est un quartier
16 qu'on appelle Rjeka*. Est-ce exact ?
17 M. Zeco (interprétation). - Oui, tout à fait. Cela s'appelle
18 Rjeka*.
19 M. Harmon (interprétation). - Rjeka* était-elle une partie de
20 Vitez qui était exclusivement musulmane, croate ou mixte ?
21 M. Zeco (interprétation). - Dans ce quartier de Rjeka*, les
22 trois groupes ethniques étaient présents, aussi bien les Serbes que les
23 Croates et les Musulmans. Pour la majorité, c'étaient des Croates. On peut
24 dire qu'il y en avait un peu plus de la moitié. Pour le reste il y avait
25 des Musulmans et des Serbes.
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1 M. Harmon (interprétation). - Pouvez-vous dire à peu près quels
2 pourcentages de Musulmans, de Serbes ou de Croates vivaient à Rjeka* ?
3 M. Zeco (interprétation). - On peut dire qu'il y avait un peu
4 plus de 30 % de Musulmans, à Rjeka*, à peu près 10 % de Serbes et le
5 reste, c'étaient des Croates, donc environ 60 % de Croates dans ce
6 quartier qu'on appelait Rjeka*.
7 M. Harmon (interprétation). - Monsieur le Président, il est
8 13 heures. La Chambre souhaite-t-elle qu'on continue au-delà ou qu'on
9 s'interrompe maintenant ?
10 M. le Président. - Cela dépend un peu de vous. Il faut penser
11 aux interprètes. Il faut savoir que nous ne siégions pas cet après-midi.
12 Mais cela dépend un peu de vous. Pour l'instant, vous êtes en train de
13 poser des questions qui sont, en quelque sorte, le cadre général avant
14 d'en arriver aux questions un peu plus pertinentes par rapport à ce que
15 vous voulez démontrer. Est-ce que vous avez encore quelques questions sur
16 ce cadre général ou est-ce terminé ?
17 M. Harmon (interprétation). - C'était tout,
18 Monsieur le Président. J'ai terminé avec cette catégorie de questions sur
19 le voisinage et l'endroit où vivait le docteur Zeco.
20 M. le Président. - Nous allons donc nous interrompre. Une
21 question que me suggère mon collègue, le Juge Riad : pour combien de temps
22 avez-vous prévu l'interrogatoire du docteur Zeco ?
23 M. Harmon (interprétation). - Je pense qu'on ne doit pas
24 dépasser deux heures. C'est l'estimation que nous avons fournie à la
25 Chambre.
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1 M. le Président. - Eh bien, sur ces questions,
2 Monsieur Dubuisson, avez-vous une question à ajouter ?
3 M. Dubuisson. - J'aimerais savoir si la pièce qui est
4 actuellement sur le chevalet sera enregistrée aujourd'hui ou non.
5 M. le Président. - Ou préférez-vous attendre ?
6 M. Harmon (interprétation). - Tout à fait,
7 Monsieur le Président.
8 M. le Président. - Pour l'instant, elle a été identifiée par le
9 témoin, mais elle n'est pas classée comme pièce à conviction.
10 Nous reprenons l'audience demain matin, à 10 heures.
11 L'audience est levée à 13 heures.
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