Page 7053
1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL AFFAIRE N° IT-95-14-T
2 POUR L'EX-YOUGOSLAVIE
3
4 Jeudi 26 février 1998
5
6 L'audience est ouverte à 15 heures 35.
7
8
9
10
11
12
13
14
15 Pages 7053 – 7091 expurgées en audience à huis clos
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
Page 7092
1 (expurgée)
2 (expurgée)
3 (expurgée)
4 (expurgée)
5 (expurgée)
6 (expurgée)
7 (expurgée)
8 (expurgée)
9 (expurgée)
10 (expurgée)
11
12
13
14
15 L'audience, suspendue à 16 heures 50, est reprise à 17 heures 20.
16
17 M. le Président - Introduisez l'accusé. Nous reprenons nos
18 travaux.
19 (L'accusé est introduit.)
20 M. le Président - Monsieur Mark Harmon ?
21 M. Harmon (interprétation). - Oui, merci Monsieur le Président.
22 Bonsoir messieurs les Juges, bonsoir au conseil de la défense.
23 Monsieur le Président, messieurs les Juges. Le témoin suivant
24 est un témoin protégé. Il y aura déformation des traits du visage et
25 l'utilisation d'un pseudonyme. Ce sera le témoin DD. Il s'agira donc du
Page 7093
1 témoin DD.
2 Pour résumer, Monsieur le Président, le témoin DD a 44 ans,
3 c'est un Musulman de Bosnie-Herzégovine. En 1993, il habitait vers la
4 municipalité de Kiseljak, dans le village de Hercezi. Si nous pouvions
5 allumer le rétroprojecteur et y placer la carte qui vous permettrait de
6 visualiser l'endroit où se trouve ce village. Ce village n'est pas marqué
7 en orange, mais vous voyez qu'au bout du pointeur, il y a le village en
8 question.
9 Monsieur le Président, messieurs les Juges, le témoignage du
10 témoin DD décrira la prise du village d'Hercezi par le HVO. Il dira que,
11 dans les mois qui ont suivi, les Musulmans de Bosnie qui ont eu la
12 possibilité de rester dans le village ont donc eu cette possibilité, mais
13 qu'ils étaient surveillés de près. Ils devaient donner leur nom tous les
14 jours, par exemple, au HVO.
15 Au cours de la période qu'il a passé dans le village, au cours
16 de la prise du village, c'est-à-dire en avril 1993, lui et d'autres ont
17 été forcés de travailler pour le HVO, notamment de creuser des tranchées
18 sur la ligne de front.
19 Enfin, le 6 septembre environ, le HVO est venu dans son village
20 et a informé le témoin DD et d'autres Musulmans qui étaient dans le
21 village qu'ils allaient faire l'objet d'un
22
23 échange. On les a donc emmenés hors du village jusqu'à Rotilj.
24 Le témoin DD y est resté jusqu'au 20 septembre 1993. Il parlera
25 notamment de ce qui est arrivé à lui et à d'autres dans le village de
Page 7094
1 Rotilj. Il dira notamment qu'à Rotilj, lui, ainsi que d'autres civils
2 musulmans, ont été emmenés sur des positions au front où ils ont dû
3 creuser des tranchées.
4 Il dira également que peu de temps après son arrivée à Rotilj,
5 on la emmené près de son village pour y creuser des tranchées. La mosquée
6 qui était encore intacte lorsqu'il avait quitté le village avait été
7 incendiée. Il montrera sur une des pièces la mosquée et certains des
8 bâtiments qui se trouvaient aux alentours et il parlera de la destruction
9 de cette mosquée.
10 Le 20 septembre, il a été emmené aux casernes de Kiseljak où il
11 est resté pendant environ dix jours. Au cours de la période qu'il a passée
12 là-bas, on l'a frappé, on l'a dépouillé de ses biens et il a été emmené à
13 nouveau pour creuser des tranchées. Il dira également que d'autres
14 Musulmans ont subi le même sort à la caserne de Kiseljak.
15 Il dira également, Monsieur le Président, qu'autour du
16 20 septembre 1993, lui et d'autres civils musulmans qui se trouvaient dans
17 la caserne de l'armée de Kiseljak ont été emmenés à Kresevo où ils sont
18 restés pendant un mois environ. Ils étaient obligés d'exécuter des travaux
19 forcés.
20 Il décrira ce qui lui est arrivé, ce qui est arrivé aux autres
21 civils musulmans. Il dira que chaque jour il devait creuser des tranchées,
22 c'était un travail très difficile. Et qu'il y est resté jusqu'au
23 30 octobre 1993 à peu près. Il dira qu'il y a vu à ce moment-là un groupe
24 de soldats qui se trouvaient sur le front, des soldats du HVO qu'il
25 décrira comme étant les Matorica.
Page 7095
1 Puis, il dira également qu'on l'a ramené avec d'autres à la
2 caserne de Kiseljak où il a été à nouveau emprisonné. Il décrira à nouveau
3 les conditions qui régnaient dans cette caserne. Il était obligé
4 d'exécuter des taches de travaux forcés, de creuser des tranchées et puis,
5 finalement, il a été blessé sur la ligne de front le 18 novembre 1993
6 alors qu'il creusait des
7
8 tranchées.
9 Il déclarera également, étant donné ses graves blessures au dos,
10 qu'il a été transféré de l'endroit où il creusait des tranchées, jusqu'à
11 la caserne de Kiseljak et que ce même jour on l'a emmené à Rotilj où il
12 est demeuré jusqu'au 14 janvier 1994.
13 Il décrira les conditions qui prévalaient là-bas la deuxième
14 fois qu'il s'est rendu à Rotilj, donc entre le 18 novembre 93 et le
15 14 janvier 1994. Il parlera notamment de soldats du HVO qui se rendaient
16 au village, qui regroupaient des Musulmans, des civils et qui les
17 forçaient à exécuter des travaux forcés.
18 Son témoignage à trait au chef d'accusation 1, persécutions,
19 paragraphe 6-3 à 7. Ensuite, chef d'accusation 14 de l'acte d'accusation
20 paragraphe 11 et enfin chef d'accusation 15 à 20, paragraphe 12 à 16.
21 J'en ai fini de mes commentaires d'introduction, Monsieur le
22 Président.
23 M. le Président. - Pour résumer, pour aider à synthétiser et ne
24 pas trop nous perdre dans tous les détails, il y a quatre points
25 importants :
Page 7096
1 La prise du village d'Hercezi, la période du 6 novembre 1993 au
2 20 septembre 1993, notamment tout l'épisode de l'échange.
3 Il y a la période du 20 septembre 1993 au 30 octobre 93, la
4 caserne de Kiseljak.
5 Ensuite, la période des travaux forcés à Kresevo, si j'ai bien
6 compris.
7 Enfin, une quatrième séquence entre sa blessure du
8 18 novembre 93 et le 14 janvier 94.
9 Essayons de synthétiser les points qui vous sont importants,
10 Monsieur le Procureur.
11 Bien, introduisons le témoin DD.
12 (Les rideaux sont baissés.
13 Le témoin est introduit.
14 Les rideaux sont relevés.)
15
16 M. le Président - Est-ce que vous m'entendez ?
17 Témoin DD (interprétation). - Oui.
18 M. le Président. - Nous allons vous appeler témoin DD puisque
19 vous faites l'objet de mesures de protection.
20 Le Greffier va vous tendre un papier sur lequel il y a votre nom
21 et votre prénom que vous ne prononcerez pas. Cela nous permettra de savoir
22 qu'il s'agit bien de vous.
23 Témoin DD. (interprétation). - Oui.
24 M. le Président. - Le Greffier va vous tendre votre serment,
25 votre déclaration solennelle. Vous allez rester assis, vous allez la lire.
Page 7097
1 Témoin DD. (interprétation). - Est-ce que je peux commencer ?
2 M. le Président. – Oui, allez-y.
3 Témoin DD. (interprétation). - Je déclare solennellement dire la
4 vérité toute la vérité, rien que la vérité.
5 M. le Président. - Vous allez déposer à la demande du procureur
6 dans le procès qui est intenté contre le Général Blaskic ici présent.
7 Le procureur nous a exposé sommairement les points essentiels de
8 votre déposition. Vous déposerez librement sur les points que vous a
9 signalés comme étant les plus importants, le procureur.
10 Après quelques questions préliminaires, et par bloc de faits et
11 d'événements, vous déposerez librement.
12 Monsieur le procureur vous pouvez commencer. Nous allons siéger
13 pendant une heure, une heure et quart environ.
14 M. Harmon (interprétation). - Merci M. le Président. Témoin DD,
15 je voudrais vous poser des questions : êtes-vous un citoyen musulman ?
16 Témoin DD. (interprétation). - Oui.
17
18 M. Harmon (interprétation). - En avril 1993, vous viviez dans la
19 municipalité de Kiseljak, dans le village d'Hercezi ?
20 Témoin DD. (interprétation). - Oui.
21 M. Harmon (interprétation). - En avril 1993, étiez-vous civil ?
22 Témoin DD. (interprétation). - Oui.
23 M. Harmon (interprétation). – Le 18 avril 1993, le HVO a-t-il
24 occupé le village d'Hercezi ?
25 Témoin DD. (interprétation). - Oui.
Page 7098
1 M. Harmon (interprétation). - Je voudrais maintenant que vous
2 nous parliez de certains événements en différents blocs.
3 Le premier bloc couvrira la période partant de la prise du
4 village le 18 avril 1993 jusqu'à votre transfert hors du village en
5 septembre 93, le 6. Pouvez-vous d'écrire aux Juges les événements de la
6 prise du village et ce qui a suivi ?
7 Témoin DD. (interprétation). - Tôt le matin le 18 avril 1993, a
8 eu lieu l'attaque sur les villages de l'Obcina, de Kiseljak. Attaque due
9 aux troupes du HVO.
10 J'ai été pris par surprise ce matin-là, car je ne savais rien de
11 ce qui se passait. J'ai pensé qu'il y avait une fête. J'ai posé des
12 questions à mes voisins qui m'ont répondu sans précision alors qu'ils
13 savaient sans doute ce qui se passait et j'ai pensé que quelque chose
14 n'allait pas.
15 J'ai constaté que des combats avaient lieu dans les villages et
16 plus tard des maisons ont été détruites. Mais dans mon village il n'y
17 avait pas eu ce genre de chose, parce que nous avions rendu les armes que
18 nous avions en notre possession, des armes de chasse, de sorte que mon
19 village n'avait pas été incendié et qu'il n'y avait eu aucun affrontement
20 dans mon village jusqu'à ce moment-là.
21 Le 20 avril, au cours de la journée, toutes les armes ont été
22 restituées et nous, les
23
24 hommes, nous trouvions ce soir-là dans la maison d'un voisin. Dans cette
25 maison se trouvaient des voisins croates accompagnés de Pero Vucic,
Page 7099
1 surnommé le Madzar, un commandant.
2 Nous avons passé la soirée dans cette maison, il n'y a pas eu de
3 problème, même si nous nous sentions un peu mal à l'aise de tout ce qui
4 s'était passé et que nous nous sentions humiliés.
5 Mais, à partir du 20 avril, nous avons été forcés de nous rendre
6 chez Radovan Tolo où sa soeur Ana tenait un registre. C'était une
7 obligation parce que personne ne devrait s'enfuir, il fallait que nous
8 soyons sous constante surveillance.
9 Un peu plus tard, nous avons reçu l'autorisation de travailler
10 dans les champs à condition de ne pas nous éloigner et de ne pas quitter
11 le village. Cette situation a duré deux mois et demi, trois mois, et au
12 mois d'août, un jour est arrivé où on nous a contraints d'aller creuser
13 des tranchées.
14 Notre commandant Pero, surnommé Madzar, nous a dit de nettoyer
15 la route, au moins, et d'avoir l'air occupé, sinon il était dans
16 l'obligation de nous emmener travailler ailleurs. Ce jour-là, nous avons
17 donc commencé à nettoyer une route, mais ensuite, nous avons été obligés
18 d'aller creuser des tranchées au-delà du village de Mrakovi, dans une
19 localité appelée Hurije. Au moment où nous creusions ces tranchées, nous
20 voyons des Croates, des voisins sur les lignes de front qui se sont
21 comportés de façon tout à fait correcte. Ils nous ont aidés à creuser ces
22 tranchées. Nous recevions à manger et après le déjeuner nous étions
23 toujours avec ces soldats croates. Nous avions à manger chaque fois qu'il
24 y avait suffisamment de nourriture.
25 Ensuite, la situation n'a cessé de se dégrader. En août, les
Page 7100
1 policiers croates membres de la police civile et de la police militaire
2 ont commencé à arrêter les hommes qu'ils emmenaient dans la caserne de
3 Kiseljak et, pour certains, à la mairie.
4 A ce moment-là, je me suis abrité quelque part. Je me suis caché
5 de sorte qu'ils ont emmené des voisins à moi, mais ils n'ont pas réussi à
6 se saisir de ma personne. Tout cela a duré
7
8 jusqu'au 6 avril où le nettoyage ethnique a commencé à Rotilj.
9 M. Harmon (interprétation). - Excusez-moi, vous avez parler du
10 6 avril ?
11 Témoin DD. (interprétation). - Excusez-moi, je voulais parler du
12 6 septembre. Oui. Tout cela a duré jusqu'au 6 septembre. Un jour, je ne
13 suis pas allé creuser les tranchées parce que ma fille allait faire
14 l'objet d'un échange. J'ai donc accompagnée celle-ci.
15 J'ai vu arriver une voiture de police bleue dans laquelle se
16 trouvaient des membres de la police militaire et ils nous ont dit que nous
17 allions tous être échangés. Nous sommes donc allés à la maison, escortés
18 par ces policiers militaires et ils nous ont donné cinq minutes pour nous
19 préparer. Nous avons préparé quelques objets personnels, les autobus sont
20 arrivés nous sommes montés à bord et on nous a dit qu'on allait nous
21 échanger.
22 En fait, nous n'avons pas été emmenés pour un échange, mais on
23 nous a demandé de descendre de l'autobus devant le café Konak à Rotilj,
24 aussi bien ceux qui venaient de mon village que ceux d'autres villages.
25 Nous étions escortés par ces policiers militaires qui, eux, sont partis,
Page 7101
1 je ne sais où.
2 Nous sommes restés à attendre : des hommes des femmes, des
3 enfants et des personnes âgées. Ensuite, on nous a emmenés dans le haut du
4 village de Rotilj. C'est Salko Hodzic et Topalovic qui nous ont aidés à
5 nous installer dans les lieux disponibles à cet endroit. Moi, je suis allé
6 chez des parents. Il est bien connu que cette partie de Rotilj est habitée
7 par des Musulmans et c'est donc dans la partie haute du village que nous
8 avons trouvé à nous loger. Mais, les maisons étaient surpeuplées…
9 M. Harmon (interprétation). – Témoin DD, je voudrais vous
10 interrompre à ce point, et vous poser certaines questions sur ce que vous
11 venez de dire. Vous avez dit qu'une personne du nom de Pero, avait reçu
12 des ordres selon lesquels les Musulmans devaient exécuter des travaux
13 forcés. Pero était-il un Croate de Bosnie-Herzégovine ? Était-il membre du
14 HVO ?
15 Témoin DD. (interprétation). – Pero était un Croate de Bosnie-
16 Herzégovine, il
17
18 commandait une unité du HVO.
19 M. Harmon (interprétation). – Les autres et vous, Musulmans
20 d'Hercezi, étiez-vous volontaires pour faire ces travaux ou bien avez-vous
21 été obligés de les faire ?
22 Témoin DD. (interprétation). – Il est tout à logique étant donné
23 les circonstances qu'il s 'agissait de travaux forcés.
24 M. Harmon (interprétation). – Je souhaiterais maintenant, avec
25 l'aide de l'huissier, vous montrer la pièce 273, et vous demander de
Page 7102
1 l'identifier. Messieurs les juges, cette pièce est une carte présentant
2 certains lieux. En annexe, nous trouvons la légende, à savoir les noms qui
3 correspondent aux numéros figurants sur la carte.
4 Témoin DD, avez-vous eu la possibilité d'inscrire sur la pièce
5 de l'accusation 273 certaines indications en vert et qui désignent
6 certains lieux où vous avez été emmené creuser des tranchées ?
7 Témoin DD (interprétation). - Oui.
8 M. Harmon (interprétation). - Dans la légende qui est annexée à
9 cette carte, avez-vous inscrit tous les noms qui correspondent aux
10 chiffres de cette carte ?
11 Témoin DD (interprétation). - Oui.
12 M. Harmon (interprétation). - Au cours de votre témoignage
13 aujourd'hui, vous avez parlé de certains lieux où vous avez dû creuser des
14 tranchées. Tous ces lieux figurent-ils dans la pièce 273 ?
15 Témoin DD (interprétation). - Oui.
16 M. Harmon (interprétation). - Le premier endroit dont vous avez
17 parlé est la zone de Mrakovi.
18 Ce n'est pas la peine de le mettre sur le rétroprojecteur. Vous
19 pouvez simplement nous en parler.
20 Premier endroit où l'on vous a emmené creuser des tranchées à
21 Markovi, s'agit-il du
22
23 n° 1 ou du n° 2 ?
24 Témoin DD (interprétation). - La localité correspondant au n° 1
25 est la localité appelée plus précisément Hurije.
Page 7103
1 M. Harmon (interprétation). - Je voudrais vous poser certaines
2 questions ayant traits à votre transfert du village de Hercezi le
3 6 septembre 1993. Tous les villageois musulmans qui sont restés dans le
4 village ont-ils été transférés par le HVO ce jour-là ?
5 Témoin DD (interprétation). - Tous les Musulmans d'Hercezi ont
6 été emmenés ce jour-là, à l'exception d'un homme paralysé et de sa femme.
7 Cet homme et cette femme ont été transférés, deux jours plus tard.
8 M. Harmon (interprétation). - Lorsque vous avez quitté le
9 village de Hercezi le 6 septembre 93, dans quel état était la mosquée ?
10 Témoin DD (interprétation). - Quand on nous a emmené, nous
11 sommes passés devant la mosquée et nous avons pu constater que les objets
12 qui se trouvaient à l'intérieur, les micros et d'autres objets avaient été
13 pillés, avaient été enlevés, mais la mosquée était intacte.
14 M. Harmon (interprétation). - Il semble qu'il y a un problème de
15 traduction dans le compte rendu en anglais sur l'une des réponses.
16 Non, apparemment c'est effectivement ce que le témoin a dit.
17 Je vais donc vous reposer la question témoin DD. Je vous ai
18 demandé si le 6 septembre 93, tous les villageois d'Hercezi avaient été
19 emmenés par le HVO ? Vous avez répondu, en tout cas, c'est ce qui apparaît
20 sur l'écran, que tous les Musulmans d'Herceg. Parliez-vous des Hercezis ?
21 Témoin DD (interprétation). - Oui. Du village Hercezi, oui. A
22 part un homme et deux femmes qui ont été transférés, deux jours plus tard.
23 M. Harmon (interprétation). - Très bien. En ce qui concerne les
24 maisons que vous et les autres Musulmans qui résidaient à Hercezi, avez
25 quittées le 6 septembre 93, que s’est-i
Page 7104
1
2 passé ?
3 Témoin DD (interprétation). - Les maisons sont toutes restées
4 intactes, hormis la maison de Hazim Tortinovic qui a été incendiée avant
5 notre départ pour Rotilj.
6 M. Harmon (interprétation). - Quelqu'un s'est-il installé dans
7 les maisons abandonnées, dans votre maison, peut-être ?
8 Témoin DD (interprétation). - Des habitants croates de Fojnica
9 se sont installés dans nos maisons immédiatement. Ivica Stavic et un autre
10 homme ont été les organisateurs de ces emménagements.
11 M. Harmon (interprétation). - A votre connaissance, les Croates
12 qui ont emménagé chez vous, y habitent toujours ?
13 Témoin DD (interprétation). - Ils y habitent toujours, même s'il
14 y a eu quelques allées et venues. Certains d'entre eux sont rentrés à
15 Fojnica. Puis, par la suite, il y a également des maisons qui ont été
16 incendiées. La mosquée a été aussi incendiée après notre transfert à
17 Rotilj. Il y a même certains bâtiments qui ont été minés.
18 M. Harmon (interprétation). - Parlons maintenant de la période
19 que vous avez passée à Rotilj entre le 6 septembre et le
20 20 septembre 1993.
21 Pouvez-vous décrire aux Juges les conditions qui prévalaient
22 dans le village de Rotilj, lorsque vous et les autres civils s y êtes
23 arrivés le 6 septembre 1993 ?
24 Témoin DD (interprétation). - Les gens qui se sont trouvés dans
25 le haut du village de Rotilj, bien entendu, ont trouvé à s'installer, mais
Page 7105
1 dans des conditions très pénibles et très difficiles. Il y en a certains
2 qui trouvaient à peine suffisamment de place. Certains se sont installés
3 dans la Metreb et aussi dans des maisons qui avaient déjà été abandonnées
4 par des Musulmans partis avant cette date de Rotilj.
5 Bien entendu nous étions encerclés dans ce village et il y avait
6 des soldats du HVO qui étaient venus de Kanak et qui se trouvaient aux
7 périphéries du village. Ils s'enivraient de
8
9 temps en temps et tiraient avec leurs armes. Dans le bas du village, il y
10 avait un poste de contrôle avec deux soldats qui s'y tenaient en
11 permanence pour surveiller les habitants musulmans. Des soldats, Jurotuka
12 en particulier, faisait des rondes dans le village alors qu'il avait plus
13 de 60 ans et qu'il ne pouvait pas être véritablement un soldat. Il y avait
14 pénurie alimentaire dans le village. Il était difficile d'aller voir un
15 médecin en cas de nécessité. Les conditions étaient donc difficiles. Le
16 conflit avait déjà commencé, les gens étaient terrorisés et tout le monde
17 commençait à comprendre très bien de quoi il retournait.
18 M. Harmon (interprétation). - Au cours de votre séjour à Rotilj
19 vous et d'autres hommes civils musulmans avez-vous dû aller creuser des
20 tranchées parce que le HVO vous y a forcé et vous a emmené sur les lieux ?
21 Témoin DD (interprétation). - Pendant six à sept jours nous ne
22 sommes pas allés creuser des tranchées à Rotilj. Nous n'y sommes pas allés
23 avant que des registres aient été dressés. Certains étaient emmenés
24 creuser en d'autres endroits, mais nous, on nous a envoyé de nouveau à
25 Mrakovi, c'est-à-dire dans la zone qui correspond au n° 2 sur la carte.
Page 7106
1 Là, sur les lignes de front, il y avait des soldats de Fojnica et de
2 Visnjica, des soldats du HVO.
3 M. Harmon (interprétation). - Lorsque vous êtes allé à Mrakovi,
4 avez-vous eu la possibilité de passer à côté de la mosquée de votre
5 village et pouvez-vous nous décrire ce que vous avez vu à ce moment-là ?
6 Dans quel état était la mosquée ?
7 Témoin DD (interprétation). - Quand nous sommes passés près de
8 la mosquée, nous étions dans un petit véhicule TAM et nous avons vu que la
9 mosquée était incendiée. Nous n'avons rien pu voir d'autre. C'est tout ce
10 que nous avons vu. Le minaret était encore debout, il n'était pas encore
11 miné.
12 M. Harmon (interprétation). - Avec l'aide de l'Huissier, je
13 souhaiterais que la pièce 268 soit placée sur l'écran, et notamment une
14 photo en particulier, à savoir la pièce 6-89
15 Monsieur l’Huissier, pourriez-vous la mettre sur le
16 rétroprojecteur, s’il vous plaît ?
17
18 (L'huissier s'exécute.)
19 Pourriez-vous centrer l'image, s'il vous plaît ? Merci.
20 Témoin DD, il semble qu'il y ait deux bâtiments principaux sur
21 cette photo. Reconnaissez-vous tout d'abord ce que représente cette
22 photographie et pouvez-vous le dire aux Juges ?
23 Témoin DD (interprétation). - Ce bâtiment, c'est la mosquée. A
24 l'ouest, il y avait l'entrée. Là, nous voyons l'est, la façade est et,
25 en bas, il y avait les salles pour la préparation des cadavres et la pièce
Page 7107
1 où se faisait la prière. De l’autre côté, se trouvait le minaret.
2 Et ce bâtiment était la résidence du Hodja. En bas, se trouvait
3 la salle de classe pour les enfants. Ici, il y avait une petite salle où
4 l’on conservait les instruments utilisés pour enterrer les morts. Au fond,
5 mais on ne le voit pas, il y avait un garage.
6 Ici, se trouvait un petit bâtiment accessoire avec un entrepôt
7 de bois. Là, une barrière en fil de fer, ici une autre... Là, se trouvait
8 une réserve d'eau et, ici, plus tard, trois tombes ont été creusées dans
9 lesquelles ont été enterrés des Musulmans ou des soldats, comme vous
10 voulez, après un échange avec des soldats du conseil croate de la défense.
11 M. Harmon (interprétation). - Je vous remercie.
12 Monsieur l'Huissier, j'en ai terminé.
13 Témoin DD, je voudrais maintenant que vous nous parliez de la
14 période que vous avez passée dans la caserne militaire de Kiseljak, entre
15 le 20 septembre 1993 et le 30 septembre 1993 environ.
16 J'aimerais vous montrer la pièce suivante, à savoir la pièce 274
17 de l'accusation. Je voudrais qu'elle soit également placée sur le
18 rétroprojecteur.
19 Monsieur le Président, Messieurs les Juges, la pièce 274 est un
20 agrandissement de la pièce 75. Trois lieux y sont indiqués et la légende
21 identifie plus particulièrement et plus précisément ces trois lieux.
22
23 Témoin DD (interprétation). - Aux alentours du 20 avril, des
24 policiers militaires sont venus me chercher, moi et un de mes cousins. Ils
25 nous ont emmenés jusqu'à la caserne de Kiseljak où ils nous ont installés
Page 7108
1 dans une salle sans lumière...
2 M. Harmon (interprétation). - Excusez-moi, je me permets de vous
3 interrompre à nouveau. Je voudrais vous demander si vous voyez la pièce
4 qui vient d'être mise sur le rétroprojecteur. Il y a trois cercles
5 accompagnés de trois chiffres sur cette pièce.
6 M'avez-vous indiqué ces différents lieux et les ai-je fait
7 apposer sur la pièce ?
8 Témoin DD (interprétation). - Oui.
9 M. Harmon (interprétation). - Pouvez-vous dire aux Juges ce que
10 sont les chiffres 1, 2 et 3, sur cette pièce ?
11 Témoin DD (interprétation). - Le n° 1 correspond au portail
12 d'entrée et à l'endroit où se trouvait l'ancienne caserne. Nous voyons
13 donc le portail d'entrée. Il y avait un poste de garde et, ici, la guérite
14 destinée au gardien. Puis la rue, suivie du parking et, ici, le bâtiment
15 dans lequel ont été enfermés les prisonniers. Ici, le bâtiment
16 administratif.
17 Dans le bâtiment réservé aux prisonniers, nous voyons ici
18 l'entrée, puis un petit bureau où se tenaient le commandant et les autres
19 hommes qui surveillaient les prisonniers. Ensuite, sur la gauche, la salle
20 où travaillait Goran Liseljic. Sur le côté droit se trouvait une pièce de
21 taille plus importante, sans lumière, où je me suis trouvé dès mon arrivée
22 et où j’ai retrouvé les autres prisonniers. A côté de cette pièce, se
23 trouvait une pièce de plus petite taille.
24 Ensuite, nous avons été transférés ici, sur le côté gauche, où
25 se trouvait d'abord une pièce réservée au nettoyage des armes, puis une
Page 7109
1 salle comportant 20 lits.
2 M. Harmon (interprétation). - Témoin DD, le n° 3 désigne
3 l’endroit où vous étiez emprisonné, n'est-ce pas ? Le bâtiment ?
4 Témoin DD (interprétation). - Oui.
5 M. Harmon (interprétation). - Que représente le n° 2 sur cette
6 pièce ?
7
8 Témoin DD (interprétation). - Le numéro correspond aux bâtiments
9 administratifs de commandement. C'est sans doute là qu'étaient logés les
10 commandants du conseil croate de la défense de Kiseljak.
11 M. Harmon (interprétation). - Pourriez-vous dire aux Juges, en
12 utilisant vos propres mots, quelles étaient les conditions qui régnaient
13 dans la caserne de l’armée, à Kiseljak, lorsque vous et les autres
14 Musulmans y ont été détenus ?
15 Témoin DD (interprétation). - Dès que nous sortions de la pièce,
16 il fallait que nous avancions avec les bras dans le dos, la tête baissée
17 et le dos courbé. Même chose pour aller travailler, même chose pour
18 rentrer dans le bâtiment, lorsque nous étions alignés dans le couloir.
19 Il y avait, dans ce bâtiment, environ 55 prisonniers dans une
20 pièce. Nous avions, dans cette pièce, des bouteilles et un baril en
21 plastique pour uriner. C'est seulement pour déféquer que l'on nous
22 autorisait à sortir. C'est à ce moment-là, en ces occasions, que certains
23 prisonniers subissaient des sévices. Nous avions une minute dans ces cas-
24 là. Le policier qui infligeait les sévices venait de la région de Travnik.
25 Nous dormions à même le sol, sur des couvertures. Nous avions
Page 7110
1 reçu une couverture pour deux ou trois hommes. La pièce était surpeuplée,
2 puisqu'elle ne faisait que 4 mètres sur 5, environ.
3 Bien entendu, nous aussi, nous avons été frappés. Je ne dirai
4 pas que tous les détenus l'ont été, mais une majorité d'entre eux l'ont
5 été, puisque, moi-même, j'ai reçu des coups.
6 Après quelques jours, Miro Biletic, le commandant de la prison,
7 né en 1958 et fils de Ivo, m'a fait sortir avec deux autres policiers,
8 mais je n'ai pas été frappé. Le soir, le policier du conseil croate de la
9 défense qui était de permanence a appelé mon nom. Il m'a fait sortir.
10 Un policier du HVO, Spreco Isbekava, qui venait de Travnik, m'a
11 frappé. Mais avant de me frapper, il m’a ordonné de sortir tout ce que
12 j'avais dans mes poches, ma montre, j'avais 820 Deutsche Marks que j'ai
13 été obligé de lui donner. Il m'a frappé pendant une quinzaine
14
15 de minutes. Après quoi, il a essayé de me provoquer pour que nous nous
16 boxions l'un contre l'autre. Bien entendu, j’ai refusé de le faire. Après
17 cela, il m’a dit : "Où est ton revolver ?" Il m'a frappé encore.
18 A la suite de ce passage à tabac, un autre policier m'a emmené
19 avec lui. Il m'a demandé d’enlever ma veste de cuir. Il a dit qu'ils
20 allaient s’en servir, puis qu'ils allaient ensuite me la rendre. Mais elle
21 ne m'a jamais été rendue. J'ai continué avec, sur le corps, uniquement un
22 tee-shirt.
23 Quelques jours plus tard, le 29 septembre, j'ai été frappé par
24 cinq policiers militaires du conseil croate de la défense et Miro Biletic
25 était à la porte. Il m'a frappé avec une marquette, les autres avec le
Page 7111
1 bout de leurs chaussures et la semelle de leurs chaussures. Ce qui est
2 intéressant, c'est qu'ils ne m'ont jamais frappé au niveau des jambes ou
3 de la tête, mais seulement au niveau des côtes, de l'estomac, des reins et
4 dans la partie du dos situé au-dessus des reins.
5 Après vingt à trente minutes de passage à tabac, Miro Biletic a
6 fini par dire : "laissez-le, cela suffit." Mais avant de recevoir ces
7 coups, j'ai été obligé d’enlever la veste de jogging que j’avais trouvé
8 après avoir perdu ma veste de cuir. Pendant que les coups m’étaient
9 assénés, dans le couloir se trouvait un soldat qui me visait dans les yeux
10 avec une lampe de poche.
11 Je me suis couché après avoir été frappé. Personne n'a dit un
12 mot. Au bout de quelques instants, les soldats sont entrés dans la pièce
13 et ont dit : "Tous debout, les mains en l’air, contre le mur !". Nous
14 sommes restés une quinzaine de minutes avec les bras en l'air. Plus tard,
15 sans que personne ne nous dise rien, nous avons pu baisser les bras. A
16 côté de Miro Biletic, pendant ce passage à tabac, se trouvait Ivo Medic,
17 Lejestic Marinko, né en 1962, surnommé Zuba, Zeljo Frankovic également.
18 Le 29 ou le 30 septembre, aux alentours de 4 heures, nous avons
19 été transférés dans une automobile de marque Zastava, dans la direction de
20 Kresevo, pour creuser des tranchées
21
22 dans le rayon de Cimburova, Brijeg, Kota.
23 M. Harmon (interprétation). - Témoin DD, je voudrais vous
24 interrompre avant de passer à la période que vous avez passé à Kresevo.
25 Lorsque vous étiez à la caserne de Kiseljak, entre le 20 et le
Page 7112
1 30 septembre 1993, avez-vous été forcé de creuser des tranchées ?
2 Et, si c’est bien le cas, dites aux Juges où vous êtes allé
3 creuser des tranchées, combien de personnes étaient forcées de le faire,
4 était-ce des civils, des Musulmans. ?
5 Témoin DD (interprétation). - Dans la prison de Kiseljak, il n’y
6 avait que des civils. Mais; apparemment, il y avait une autre pièce dans
7 laquelle se trouvaient des soldats de l’armée de Bosnie-Herzégovine qui
8 avaient été arrêtés. Moi, je ne les ai pas vus du tout.
9 Évidemment, nous creusions les tranchées sous l'effet de la
10 contrainte. Toutes les tranchées se trouvaient en première ligne.
11 En général, un commandant arrivait, de tel ou tel endroit, il
12 demandait un nombre déterminé de soldats pour aller creuser des tranchées,
13 les noms étaient appelés, l'appel était fait, on nous faisait monter à
14 bord d'une camionnette de marque TAM, un chauffeur nous enfermait dans le
15 véhicule, à moins que ce ne soit le soldat qui nous escortait et en
16 général nous étions accompagnés par un véhicule de plus petite taille qui
17 roulait derrière nous pour empêcher toute évasion. La même chose se
18 passait au retour.
19 S'agissant de l'alimentation que nous recevions à Kiseljak il y
20 avait une règle selon laquelle les hommes qui allaient creuser des
21 tranchées pouvaient recevoir quelque chose à manger avant d'aller sur les
22 lignes de front. Quant aux personnes âgées et aux malades, ils ne
23 recevaient pas ces rations. Je dois dire que Slavko Biletic, un policier
24 de Kakanj et Miro Colic nous trouvaient tout de même un morceau de pain ou
25 une conserve italienne qu'ils nous donnaient. Dans ces conserves, il y
Page 7113
1 avait aussi des haricots blancs australiens. Je les remercie d'avoir agi
2 de la sorte.
3 M. Harmon (interprétation). - Témoin DD, alliez-vous tous les
4 jours creuser des
5
6 tranchées et vous reveniez le soir ?
7 Témoin DD (interprétation). - Nous sommes allés tous les jours
8 pour creuser les tranchées, chaque fois qu'il y avait les affrontements,
9 il y avait d'autres travaux également que nous avons fait. Nous sommes
10 restés plusieurs jours sur un certain nombre de terrains Brestovska,
11 Rejoluga ou Tipocje également Laceluga, Kreco dans le rayon c'était une
12 usine. On restait sur le terrain plusieurs jours.
13 M. Harmon (interprétation). - Quand on vous a fait sortir du
14 bâtiment n° 3 et qu'on vous a fait monter à bord de ce petit véhicule, où
15 le véhicule était-il garé ? Entre le bâtiment de commandement qui est le
16 n° 2 et la caserne qui correspond au n° 3 ?
17 Témoin DD (interprétation). - N° 3 et n° 2 également. C'est
18 l'immeuble de commandement. Cela dépend également, cela variait d'un jour
19 à l'autre.
20 M. Harmon (interprétation). - Vous et les autres Musulmans, que
21 l'on emmenait creuser des tranchées, étiez embarqués dans la camionnette
22 sur le terrain qui se trouve entre le bâtiment n° 2 et le bâtiment n° 3,
23 c'est bien cela ?
24 Témoin DD (interprétation). - Oui. Entre 30 et 50 mètres à peu
25 près de distance. Le véhicule se trouvait pratiquement à côté de la
Page 7114
1 direction.
2 M. Harmon (interprétation). - Est-ce que les gens qui vous
3 emmenaient creuser des tranchées ont fait la moindre tentative pour vous
4 cacher vous et les autres Musulmans, pour vous cacher de la vue des
5 personnes qui se trouvaient à l'intérieur du bâtiment de commandement,
6 c'est-à-dire le bâtiment n° 2 ?
7 Témoin DD (interprétation). - Je n'ai pas compris la question.
8 Pouvez-vous répéter s'il vous plaît ?
9 M. le Président - Oui. Pouvez-vous répéter ?
10 M. Harmon (interprétation). - Est-ce que la moindre tentative
11 était faite par les hommes qui vous emmenaient vous et les autres
12 Musulmans creuser des tranchées, est-ce qu’ils
13
14 ont fait la moindre tentative pour vous cacher à la vue des hommes ou des
15 personnes qui se trouvaient à l'intérieur du bâtiment de commandement ?
16 Témoin DD (interprétation). - Je ne sais pas comment comprendre
17 votre question. Je suis désolé, mais je n'arrive pas... Je n'ai jamais dit
18 des choses de ce genre-là.
19 M. Harmon (interprétation). - Je vais essayer d'aborder la
20 question sous un angle différent. Quand on vous faisait monter à bord des
21 camionnettes, est-ce que les personnes éventuellement présentes dans le
22 bâtiment n° 2 pouvaient vous voir en train de monter dans la camionnette ?
23 Témoin DD (interprétation). - Oui, là j'ai compris. Bien
24 évidemment ils pouvaient voir parce que ce n'était pas une très grande
25 distance. C'était à proximité. On pouvait voir, ils l'ont vu.
Page 7115
1 M. Harmon (interprétation). - La même chose est vraie au retour
2 puisqu'on vous faisait descendre des camionnettes au même endroit, n'est-
3 ce pas ?
4 Témoin DD (interprétation). - Oui c'est vrai. En général on
5 allait le matin et on rentrait le soir. Même la nuit tombée, c'était à peu
6 près à ce moment-là qu'on rentrait.
7 M. Harmon (interprétation). - Témoin DD, pourriez-vous, je vous
8 prie sur la pièce à conviction de l'accusation 273 nous montrer avec le
9 pointeur les endroits où vous-mêmes et les autres Musulmans ont été
10 emmenés creuser des tranchées pendant la période dont nous sommes en train
11 de parler. Dans combien de lieux différents est-ce qu'on vous a emmené
12 creuser des tranchées ? Je parle des endroits inscrits sur la pièce à
13 conviction 273.
14 Témoin DD (interprétation). - Il y avait plusieurs endroits.
15 Personnellement, j'ai été dans la zone n° 3 vers Palesko Brdo et également
16 de l'autre côté en direction de Visoko. On m'avait emmené dans la zone
17 n° 8, Brezova Kosa, ensuite n° 4, juste Brestovska, au-dessus de l'église
18 vers Gunjaca.
19 M. Harmon (interprétation). - Très bien. Maintenant témoin DD,
20 je vais vous
21
22 poser encore quelques questions. Vous avez déclaré que votre montre avait
23 été volée, ainsi qu'un peu plus de 800 Deutsche Marks qui vous ont été
24 dérobés, est-ce que cette montre et cet argent vous ont jamais été
25 restitués ?
Page 7116
1 Témoin DD (interprétation). - Non.
2 M. Harmon (interprétation). - Est-ce que des objets de valeurs
3 ont été pris également à d'autres Musulmans qui se trouvaient dans la
4 caserne de Kiseljak ?
5 Témoin DD (interprétation). - J'ai entendu dire, on m'en a
6 beaucoup parlé. Personnellement je n'ai pas vu de mes propres yeux. Je ne
7 veux pas en parler.
8 M. Harmon (interprétation). - Très bien. Parlons maintenant de
9 ce que vous avez vécu à Kresevo, est-ce que c'est aux alentours du
10 13 septembre 1993 qu'on vous a emmené à Kresevo ?
11 Témoin DD (interprétation).- Nous avons été emmenés à Kresevo,
12 le matin, devant la piscine, devant l'hôtel à Kresevo. Nous sommes donc
13 sortis et à pied nous sommes allés vers la direction de Svinjarevo.
14 M. Harmon (interprétation).- Qui vous a emmenés à Kresevo ?
15 Témoin DD (interprétation).- Ce sont les soldats du HVO qui nous
16 ont emmenés à Kresevo. Nous avons été escortés, mais il y avait un
17 ingénieur également de mines qui était constructeur principal pour la
18 fabrication des mines et qui a travaillé à l'usine à Kresevo.
19 M. Harmon (interprétation). - Pouvez-vous décrire aux Juges
20 l'expérience que vous avez vécue, pendant les mois que vous avez passé à
21 Kresevo ? Dans votre description, je vous prierais de parler des
22 conditions d'existence, de la nourriture qui vous était donnée, de ce que
23 vous étiez forcés de faire. Je vous en prie.
24 Témoin DD (interprétation). - Nous avons dormi dans la baraque
25 de Kiseljak. Nous étions à peu près une trentaine, 34 pour parler plus
Page 7117
1 précisément. Nous avons trouvé encore d'autres prisonniers de la région de
2 Kresevo, une partie qui était venue de Sarajevo, une autre de
3
4 Zenica. Il y avait un appel de Jajce Pare et de Zenica. Il y avait donc
5 deux tiers de pain qu'on nous donnait, un demi-kilo d'autres vivres qui
6 ont été partagés entre 80 personnes. Nous avons été emmenés par les
7 camionnettes jusqu'à la zone de Tolo et c'est par la suite que nous avons
8 marché. Nous avons donc fait une marche à pied par les chemins, escortés
9 par les soldats. Il y avait d'autres soldats du HVO qui également
10 battaient la route pour former d'autres équipes.
11 M. Harmon (interprétation). - Témoin DD, vous avez dit qu'à
12 Kresevo, vous avez trouvé d'autres Musulmans, au lieu où l'on vous a
13 amené. Combien y avait-il environ de Musulmans à cet endroit et
14 s'agissait-il de civils ou de soldats ?
15 Témoin DD (interprétation).- Dans le hall de Kresevo avec ceux
16 de Kiseljak, il y avait dans les 80 personnes, 60 personnes ont creusé les
17 tranchées, quelques uns étaient malades, d'autres encore qui étaient âgés
18 allaient travailler dans les champs, notamment pour la récolte du blé,
19 mais c'était les personnes âgées. Il y avait des mineurs également qui
20 étaient avec nous. Au total nous étions 80 hommes. C'était un camp,
21 c'était une prison. On appelait cela le camp. Sur le terrain, on recevait
22 un petit peu de marmelade, de la margarine, du pain et c'est sur le cheval
23 que les vivres ont été transportés et une personne âgée nous a offert de
24 la pâte feuilletée au fromage et autre chose. De toute façon, cela
25 dépendait de la personne qui distribuait les vivres. En ce qui me
Page 7118
1 concerne, je dois également dire que nous avons creusé les tranchées avec
2 des outils qui étaient véritablement en très bon état. C'était donc
3 beaucoup plus facile pour nous.
4 M. Harmon (interprétation). - Témoin DD, combien de jours
5 environ avez-vous passé à creuser des tranchées à Kresevo ?
6 Témoin DD (interprétation). - Nous avons creusé des tranchées
7 pendant un mois. Une partie des prisonniers, des civils, qui étaient
8 d'origine de Kresevo est partie un peu plutôt. Ils sont restés une
9 quinzaine de jours. Nous, nous sommes restés un mois. Le 30 octobre, nous
10 avons été ramenés à la caserne à Kiseljak. Je dois vous rappeler également
11 que le 25 octobre
12
13 nous avons été identifiés pour la première fois à Kresevo par le HCR.
14 M. Harmon (interprétation). - Bien. Revenons sur la question de
15 l'alimentation. Vous-mêmes et les autres Musulmans forcés de creuser des
16 tranchées, receviez-vous suffisamment de nourriture ?
17 Témoin DD (interprétation). - Nous n'avons pas eu véritablement
18 suffisamment de vivres et on n'a pas mangé suffisamment, pas à notre faim.
19 Jusqu'au moment où j'ai été blessé, j'ai perdu 28 kilos au total. Au
20 moment où je me suis rendu à Kiseljak, je pesais 112 kilos et j'en suis
21 ressorti avec 84.
22 M. Harmon (interprétation). - Est-ce que les autres Musulmans
23 forcés de creuser des tranchées ont subi des pertes de poids aussi
24 extrêmes que la votre ?
25 Témoin DD (interprétation). - C’est normal étant donné que nous
Page 7119
1 avons effectué des travaux très lourds. Nous n'avons pas été nourris
2 correctement. A Kresevo, on a marché à pied comme je l'ai dit. On avait un
3 peu de nourriture cuite, etc., mais, elle n'a pas été salée, ni rien, ce
4 n'était pas une bonne nourriture.
5 M. Harmon (interprétation). - Bien. Témoin DD, nous sommes
6 passés assez rapidement sur une partie de votre déposition. Pendant que
7 vous étiez sur les lignes de front à Kresevo, est-ce que vous avez vu des
8 soldats habillés de noirs. Est-ce que vous pouvez identifier ces soldats ?
9 Témoin DD (interprétation). - Au moment où nous avons arrangé la
10 première ligne de front, la première ligne du HVO, ils ont senti
11 qu'éventuellement, on pouvait s'attendre à une contre-attaque. Ils ont été
12 secourus, à cette époque-là, par les soldats de Meurisce, habillés en
13 uniforme noir avec les armes et les emblèmes, les insignes qui sont
14 connus.
15 Ce soir-là, ils sont venus se joindre à nous. En ce qui nous
16 concerne, il y avait un commandant de la région de Kresevo. Je ne connais
17 pas le nom et le prénom. Il nous a emmenés dans une maison qui a été
18 incendiée auparavant, un certain Stanic et c'est là que nous avons
19
20 passé la nuit. On a allumé du feu pour se chauffer. Je connaissais bien la
21 personne en question et puis c'est grâce à elle que nous avons pu passer
22 la nuit correctement.
23 M. Harmon (interprétation). - Témoin DD, en vous servant de la
24 pièce à conviction de l'accusation 273, est-ce que vous pouvez nous dire
25 où, aux alentours de Kresevo, vous avez été forcé d'aller creuser les
Page 7120
1 tranchées ? A quel numéro correspond l'endroit en question ?
2 Témoin DD (interprétation).- Numéro 5, Meurisce, ensuite
3 Cimburov Brijeg, ensuite Pirin. Je ne peux plus me souvenir exactement du
4 nom, mais c'est au-dessus de Pirin.
5 M. Harmon (interprétation). - Très bien. Merci beaucoup.
6 M. le Président - Quel numéro, Monsieur Harmon ?
7 M. Harmon (interprétation). - Numéro°5, Monsieur le Président.
8 M. le Président - Merci.
9 M. Harmon (interprétation).- Témoin DD, j'aimerais maintenant
10 que vous disiez aux Juges, quelle est l'expérience que vous avez vécue
11 après votre retour de Kresevo dans la caserne de Kiseljak, vous y êtes
12 rentré aux alentours du 13 octobre et resté à peu près jusqu'au
13 19 octobre, n'est-ce pas ? C'est bien cela ?
14 Témoin DD (interprétation). - C'est vrai.
15 M. Harmon (interprétation). - Pouvez-vous parler de l'expérience
16 que vous avez vécue dans la caserne de Kiseljak à ce moment-là, dans cette
17 période ?
18 Témoin DD (interprétation).- Au moment où nous sommes retournés
19 à Kiseljak, à la caserne, dans la chambre nous avons pu trouver une
20 cinquantaine de prisonniers. Cinq ont été libérés. Je ne sais pas quand et
21 où ils sont partis. Nous, nous avons été emmenés de nouveau pour creuser
22 les tranchées. Cette fois-ci dans la zone de Brezova Cosa. Nous avons
23 passé également deux jours dans la zone n° 6. Nous n'avons pas creusé les
24 tranchées parce qu'il y avait des conflits, dès affrontement. Nous avons
25 passé deux jours et une nuit, ensuite on nous a
Page 7121
1
2 ramenés à Kiseljak. Nous y avons passé quelques jours. Il y avait des
3 affrontements armés et dans la région de Crvena Stijena et Palesko Brdo.
4 C'est le 15 novembre que nous avons été transférés avec d'autres personnes
5 qui se trouvaient dans la commune, dans la région de Mehuce et Barit. Là,
6 je suis resté trois jours et ce n'est que le 18 novembre, qu'une attaque
7 de l'armée du HVO avait eu lieu, lors de laquelle, j'ai été blessé
8 d'ailleurs. Avec quelques autres personnes qui étaient avec moi, nous
9 avons été transférés, notamment avec un soldat du HVO. On m'avait
10 transféré jusqu'à un endroit ou ensemble avec l'ingénieur dont j'ai parlé
11 tout à l'heure je suis allé à Otigovce, on m'a fait passer un examen
12 médical et on a constaté que j'avais une cartouche dans ma jambe. J'ai été
13 transféré dans en hôpital, ex-hôpital de guerre où j'ai été correctement
14 examiné.
15 On m'a orienté vers un contrôle. Tout a été correct de ce côté,
16 là j'ai demandé M. Markovic Vlada, qui n'est plus en vie, avec son fils je
17 lui ai demandé de m'emmener jusqu'à l'ambulance. Ils l'ont fait. J'ai
18 rencontré un médecin, mais on n'a pas permis que je le voie. Il y a un
19 autre médecin à Vujica que j'ai rencontré. Il a donc téléphoné aux
20 policiers. Ce soldat dont j'ai parlé tout à l'heure, nous a placés dans un
21 local, nous avons attendu et avec un autre policier qui nous a escortés
22 par la suite, nous sommes allés à Rotilj. C'est un village où je suis
23 resté jusqu'au 14 janvier 94.
24 M. Harmon (interprétation). – J'aimerais vous poser brièvement
25 quelques questions au sujet de votre séjour dans la caserne de Kiseljak
Page 7122
1 jusqu'au 18 novembre 93. Vous nous avez indiqué que vous-mêmes et d'autres
2 musulmans ont été forcés d'aller. Et sur la pièce à conviction de
3 l'accusation n° 273, je vous prierai de pointer les différents lieux
4 identifiés par des numéros, lieus où vous-mêmes et les autres musulmans
5 ont été forcés d'aller creuser des tranchées. Voulez-vous bien les
6 identifier par leur numéro, je vous prie, simplement ?
7 Témoin DD. (interprétation). - Nous sommes allés d'abord vers le
8 n° 8, Brezova Cosa, le 6 là nous n'avons pas creuser de tranchées, et
9 ensuite Palesko Brdo.
10
11 M. Harmon (interprétation). - Combien de fois êtes-vous allez au
12 niveau de la zone n° 8, Brezova Cosa ?
13 Témoin DD - Nous y sommes allés une fois, mais nous sommes
14 restés 4, 5, 6 jours, un groupe est retourné, un autre est resté. On a
15 passé quelques nuits dans une maison d'un certain Zlatko qui était de
16 Kakanj, qui était le commandant à l'époque de la zone Brezova Cosa. Nous
17 étions dans une cave..
18 M. Harmon (interprétation).- A votre retour dans à caserne de
19 Kiseljak, après votre séjour à Krecevo, vous avez dit avoir trouvé
20 50 hommes sur place, était-ce des Musulmans et des civils ?
21 Témoin DD. (interprétation). - C'était des Musulmans. Des
22 civils. Il y avait un jeune homme musulman Jasmin, qu'on avait incité à
23 provoquer nos prisonniers, car il n'était pas tout à fait équilibré et son
24 surnom était "Janko".
25 Ensuite, je peux vous rappeler également qu'avant de nous rendre
Page 7123
1 à Krecevo et avant de nous rendre par la suite à Kiseljak. A Kiseljac,
2 également il y avait deux Français mais musulmans. On les a échangés par
3 la suite, je ne sais pas à quel moment, je ne les ai pas retrouvés par la
4 suite, probablement qu'ils ont été échangés par la suite, contre je ne
5 sais qui. Ils ont été passés à tabac, également.
6 M. Harmon (interprétation).- Lorsque vous avez été blessé le
7 18 novembre 1993, ce même jour on vous a emmené Rotilj, n'est-ce pas ?
8 Témoin DD. (interprétation). - Le même jour, exactement.
9 M. Harmon (interprétation). - La balle a-t-elle été retirée de
10 votre corps ?
11 Témoin DD. (interprétation). – La cartouche se trouvait toujours
12 dans mon corps. Il y a d'ailleurs encore les restes et on avait constaté
13 cela lors d'un examen à Kiseljak.
14 M. Harmon (interprétation). - Après votre arrivée à Rotilj le
15 18 novembre, vous y êtes resté comme vous l'avez dit dans votre déposition
16 jusqu'au 14 janvier 1994. Pouvez-vous,
17
18 je vous prie décrire à l'attention des Juges les conditions de vie à
19 Rotilj le 18 novembre et les conditions d'existence que vous avez vécues
20 jusqu'au 14 janvier 1994 ?
21 Témoin DD. (interprétation). - Rotilj était un camp également.
22 Mais en ce qui me concerne, j'étais dans des conditions qui étaient
23 nettement supérieures, à la caserne. On m'avait traité quand même, j'ai
24 suivi un traitement. Ensuite, j'avais davantage à manger, je ne pouvais
25 bien évidemment pas bouger, ni discuter en privé. Pendant, quarante jours
Page 7124
1 par exemple, j'ai attendu avant d'échanger avec quelqu'un. J'ai attendu 40
2 jours comme je l'ai dit. Par la suite, beaucoup ont été échangés à cette
3 époque-là, pas autant que la première fois, mais de toute façon, chaque
4 nuit on était de garde pour que l'on puisse trouver quelqu'un pour
5 procéder à cet échange. J'y suis resté jusqu'au 14 janvier 94. On avait
6 peur d'être pillés et dépouillés. Les hommes avaient peur d'être de
7 nouveau dirigés vers les tranchées. On avait également peur que l'on nous
8 ordonne d'autres activités. Un policier militaire est venu me voir, un
9 jour, et s'adressant à moi à dit qu'ils avaient besoin des tranchées, et
10 de ceux qui les creusent. J'ai montré que j'étais blessé. Il a été
11 correct. J'ai bien dit qu'il y avait deux autres personnes âgées, elles
12 n'ont pas été prises non plus.
13 Ce n'était pas facile, c'était plutôt dur. J'ai reçu l'aide
14 humanitaire, là-bas. De temps à autre, le docteur Pero se rendait à
15 Rotilj. Ceux qui étaient malades avaient le droit à un certain nombre
16 d'objets, de vivres, etc. Mais, en comparaison avec l'autre camp, je dois
17 dire que c'était plutôt correct. On ne pouvait pas sortir, bien
18 évidemment. On ne pouvait pas passer par la porte principale, sortir...
19 Mais c'était tout simplement une angoisse. On avait peur qu'on nous prenne
20 de nouveau pour creuser les tranchées.
21 M. Harmon (interprétation). - Pendant la dernière partie de
22 votre captivité, jusqu'au 14 janvier 1994, était-il tout à fait normal de
23 voir arriver des soldats du HVO qui choisissaient des hommes pour les
24 emmener creuser des tranchées ou accomplir d'autres travaux forcés ?
25
Page 7125
1 Témoin DD (interprétation). - Oui. C'était normal, dans la
2 journée, par moment même la nuit. Ils venaient, effectivement.
3 M. Harmon (interprétation). - Merci beaucoup, Témoin DD.
4 Monsieur le Président, Messieurs les Juges, je demande le
5 versement au dossier des pièces à conviction de l'accusation n° 273 et
6 274. J'en suis arrivé au terme de mon interrogatoire principal.
7 M. le Président. - Merci. Je constate que vous avez parfaitement
8 respecté le plan du sommaire que vous aviez annoncé aux Juges. Je vous en
9 félicite.
10 Maître Nobilo, dans le cadre de l'interrogatoire, bien entendu,
11 vous avez certainement des questions.
12 Maître Nobilo est le défenseur du Général Blaskic, avec
13 Maître Hayman. C'est maintenant lui qui va vous poser des questions,
14 Témoin DD.
15 M. Nobilo (interprétation). - Bonsoir. Vous avez déclaré que le
16 18 avril 1993, le HVO a pris le contrôle du village. Qu'entendez-vous par
17 là ? Ont-ils attaqué et tiré ou sont-ils simplement arrivés chez vous ?
18 Témoin DD (interprétation). - Il n'y avait pas de conflit armé.
19 Ils ont repris le contrôle du village. Nous avons restitué les armes que
20 nous avions. Il n'y avait pas véritablement de conflit, comme c’était le
21 cas de Svinjare ou autres.
22 M. Nobilo (interprétation). - Dans les villages comme Visnjica,
23 où les armes n'ont pas été remises, combien de fois avez-vous entendu des
24 coups de feu ?
25 Témoin DD (interprétation). - Quelques jours au début et,
Page 7126
1 ensuite, même un mois aux abords de Gorni Vasko Brdo. C'était à quelques
2 kilomètres par rapport à l’endroit où nous nous trouvions. On ne peut pas
3 l'apprécier.
4 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez dit que vous aviez
5 l’obligation d'aller à un endroit déterminé tous les jours. Est-ce que
6 c'était une obligation qui incombait uniquement aux
7
8 hommes, ou à tout le monde ?
9 Témoin DD (interprétation). - Aux hommes.
10 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que, plus tard, cette règle
11 a été modifiée ?
12 Témoin DD (interprétation). - Ultérieurement, deux fois, car
13 certains s'enfuyaient, allaient sur le territoire du HVO, etc. De toute
14 façon, c'était souvent le cas.
15 M. Nobilo (interprétation). - Hurije, Mrakovi, ces deux endroits
16 où vous êtes allés creuser des tranchées, à quelle distance se trouvent-
17 ils de votre village, en kilomètres ?
18 Témoin DD (interprétation). - Par rapport à mon village, il y
19 avait 2 kilomètres, 2 kilomètres et demi.
20 M. Nobilo (interprétation). - Cela veut dire que c'est là que se
21 trouvait la ligne de front ?
22 Témoin DD (interprétation). - Oui. Mais c'est également vers
23 Plocari que cette ligne de front s’éloignait par la suite.
24 M. Nobilo (interprétation). - Qu'est-ce que cela veut dire ?
25 Qu’elle s’est rapprochée de votre village ou qu’elle s’en est éloignée ?
Page 7127
1 Témoin DD (interprétation). - Elle s’éloignait, au contraire,
2 parce que le HVO prenait le contrôle ces villages.
3 M. Nobilo (interprétation). - Ce que vous creusiez, était-ce des
4 abris souterrains, des tranchées... De quoi s'agissait il ?
5 Témoin DD (interprétation). - Nous avons creusé des tranchées,
6 des trous... Tout cela était lié à des affrontements et des conflits
7 armés. On avait donc du matériel léger.
8 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce vous qui avez demandé que
9 votre fille subisse un échange ?
10 Témoin DD (interprétation). - Non, ce n'était pas moi. Quelques-
11 uns de mes cousins ont demandé l'échange de ma fille. Je ne savais même
12 pas ce qu’il se passait.
13
14 M. Nobilo (interprétation). - C'était donc à l’initiative de vos
15 cousins ?
16 Témoin DD (interprétation). - Effectivement, c’était à
17 l’initiative de mes cousins.
18 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce vous qui avez demandé un
19 échange à la FORPRONU ?
20 Témoin DD (interprétation). – (expurgée)
21 (expurgée)
22 (expurgée)
23 M. Nobilo (interprétation). - Les noms ne sont pas
24 indispensables, ils risquent de vous identifier. Est-il permis de dire que
25 votre désir consistait à sortir, mais que le gouvernement, les autorités
Page 7128
1 du HVO ne vous l’ont pas autorisé ?
2 Témoin DD (interprétation). - Oui, c'est vrai, Maître.
3 M. Nobilo (interprétation). - Quand avez-vous vu la mosquée
4 détruite, c'était en quel mois ?
5 Témoin DD (interprétation). - Au mois de septembre. Six à sept
6 jours après être parti à Rotilj, vers le 13 ou le 14 septembre.
7 M. Nobilo (interprétation). - Vous n'étiez pas présent à ce
8 moment-là ? Vous ne savez pas qui a détruit la mosquée ?
9 Témoin DD (interprétation). - Non, je ne sais pas. Je suis
10 passé.
11 M. Nobilo (interprétation). - Ces personnes qui ont emménagé
12 dans votre village, pourquoi ont-elles quitté leur lieu de résidence, dans
13 quelles circonstances ?
14 Témoin DD (interprétation). - Une fois que j'étais à Rotilj, je
15 l’ai su. Ils étaient dans la même situation que moi-même, que nous autres
16 d’ailleurs.
17 M. Nobilo (interprétation). - Une armée les a donc chassés ?
18 Témoin DD (interprétation). - Oui, c'est cela.
19 M. Nobilo (interprétation). - Combien de gens de Fojnica sont
20 arrivés à Kiseljak ? Le savez-vous ?
21
22 Témoin DD (interprétation). - Non, je ne le sais pas, je n'avais
23 pas cette possibilité.
24 M. Nobilo (interprétation). - Vous rappelez-vous qu'en janvier
25 ou février 1993, pas mal de réfugiés croates sont arrivés de la région de
Page 7129
1 Bilalovac, Kacuna et des villages environnants ?
2 Témoin DD (interprétation). - Quelle zone ?
3 M. Nobilo (interprétation). - Dans la municipalité de Kiseljak.
4 Témoin DD (interprétation). - Je ne sais pas.
5 M. Nobilo (interprétation). - Quand vous êtes arrivé à Rotilj, y
6 avait-il, à cet endroit, des fils barbelés comme il y en a dans tous les
7 camps ?
8 Témoin DD (interprétation). - Il n'y avait pas de fils barbelés.
9 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce qu’il y avait des soldats
10 qui se promenaient aux alentours ?
11 Témoin DD (interprétation). - Il y avait des soldats de Kakanj
12 qui y habitaient. Quelquefois, ils buvaient, ils tiraient avec un fusil.
13 C'était des soldats qui y habitaient, à l’entrée. Mais c'était une
14 population qui était à l’intérieur. On ne pouvait pas passer par l’entrée.
15 Je n’ai pas vu, je ne sais pas, mais c’était entouré par un fil.
16 M. Nobilo (interprétation). - Mais en dehors de ces soldats que
17 vous voyiez « à l'entrée » comme vous dites, c'est-à-dire au poste de
18 contrôle, combien y en avait-il ailleurs ?
19 Témoin DD (interprétation). - Il y avait deux personnes à peu
20 près, une seule personne, cela dépend. Chaque fois quand je passais pour
21 aller creuser les tranchées, je les ai vu.
22 M. Nobilo (interprétation). - En dehors de ce soldat ou de ces
23 deux soldats, qui étaient au poste de contrôle et de ce vieux soldat âgé
24 de 60 ans qui vous gardait, est-ce qu’il y avait d'autres soldats
25 présents ? Je ne parle pas des soldats qui habitaient dans la région, mais
Page 7130
1 de ceux qui auraient été affectés à votre sécurité.
2 Témoin DD (interprétation). - Il y en avait peut-être, mais je
3 ne sais pas.
4
5 M. Nobilo (interprétation). - Et ceux qui étaient à l'entrée au
6 poste de contrôle, les considériez-vous comme des personnes assurant votre
7 sécurité personnelle ?
8 Témoin DD (interprétation). - Peut-être était-ce pour notre
9 propre sécurité, mais je ne sais pas. Je ne peux pas l'affirmer.
10 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que CARITAS arrivait pour
11 des distributions alimentaires à Rotijl avec ses camions ?
12 Témoin DD (interprétation). - HCR et CARITAS également nous
13 amenaient les vivres. Ils nous envoyaient également même les paquets et
14 les colis.
15 M. Nobilo (interprétation). - Cela se passait-il régulièrement ?
16 Témoin DD (interprétation). - Ce n'était pas régulièrement, mais
17 de toute façon, il y avait des cas où nous avons reçu ces vivres.
18 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que CARITAS envoyait des
19 paquets régulièrement, tous les mois ?
20 Témoin DD (interprétation). - A vrai dire je n'y étais pas tout
21 le temps et je ne sais pas, mais je sais que CARITAS effectivement nous en
22 envoyait.
23 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que nous pouvons dire que
24 pendant la guerre, il y avait plus de nourriture à Rotilj qu'en d'autres
25 endroits ?
Page 7131
1 Témoin DD (interprétation). - Il y avait un petit peu la famine.
2 Tout ce que l'on trouvait à Rotilj comme vivres et en petite quantité,
3 c'était des pommes de terre, etc. Mais, on avait de la nourriture.
4 M. Nobilo (interprétation). - Il y avait donc plus de nourriture
5 à Rotilj qu'ailleurs.
6 Témoin DD (interprétation). - Il y avait peut-être un petit peu
7 plus à Rotilj. Je ne sais pas ailleurs.
8 M. Nobilo (interprétation). - Mais vous avez dit qu'ailleurs la
9 famine sévissait. Est-ce que la famine sévissait à Rotilj ?
10
11 Témoin DD (interprétation). - Non. A Rotilj on n'a pas eu faim.
12 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que le commandant de Rotilj
13 vous a protégé ?
14 Témoin DD (interprétation). - A vrai dire je ne sais même pas
15 qui était le commandant à Rotilj. J'ai été réhabilité, j'étais blessé, je
16 ne sortais pas, je ne marchais pas, j'étais couché. Je ne peux rien vous
17 dire.
18 M. Nobilo (interprétation). - Pourquoi vous a-t-on enfermé ?
19 Est-ce que vous aviez fait quelque chose ?
20 Témoin DD (interprétation). - Non. Je n'ai rien fait. On m'avait
21 interrogé. J'avais le fusil que j'ai restitué. C'était un fusil qui m'a
22 été autorisé de garder. D'abord, on m'avait interrogé à Kiseljak pour me
23 demander comment j'étais, si j'étais en bons termes avec des voisins. Moi,
24 j'avais dit que oui. Ensuite, on m'avait demandé si j'avais des fusils,
25 j'ai dit que je n'en avais pas. Ensuite, on m'avait demandé si j'avais
Page 7132
1 participé à un certain nombre de campagnes, j'ai dit que je n'avais
2 absolument rien à faire avec les campagnes.
3 M. Nobilo (interprétation). - C'était la nature des accusations
4 portées contre vous. J'aimerais vous rappeler simplement le contenu de
5 votre déclaration préalable en page 5, deuxième paragraphe à partir du
6 haut. Vous avez déclaré que le directeur du camp s'est efforcé d'empêcher
7 que des crimes soient commis contre vous et qu'on vous vole ?
8 Témoin DD (interprétation). - Vous parlez de cette personne
9 âgée, donc à Rotilj, de Tuka ? Ou, il avait ce rôle effectivement, pour
10 nous protéger, pour nous protéger des attaques, des mauvais traitements,
11 des tortures et du pillage. Il descendait vers le poste d'entrée, il a
12 essayé de faire quelque chose. C'est un fait.
13 M. Nobilo (interprétation). - Je crois qu'il y a une erreur qui
14 a été introduite dans le compte rendu. Je vous demanderais donc de la
15 corriger éventuellement.
16 Le 18 novembre 1993, vous avez été blessé au cours d'une attaque
17 de l'armée de Bosnie-Herzégovine, n'est-ce pas, et non du HVO ?
18
19 Témoin DD (interprétation). - Oui, c'est vrai. C'était l'armée
20 de Bosnie-Herzégovine parce que le HVO avait déplacé sa ligne de front.
21 Nous avons creusé les tranchées dans ces directions et c'est à cette
22 époque-là qu'il y avait cette attaque de l'armée de Bosnie-Herzégovine qui
23 a été commencée, effectivement.
24 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez déclaré que vous avez
25 fait l'objet d'un échange : échange privé. Cela signifie-t-il que cet
Page 7133
1 échange s'est produit en dehors de toute participation du HVO ?
2 Témoin DD (interprétation). - C'était en dehors de tout ce que
3 connaissait le pouvoir, parce qu'il y avait un homme qui s'est rendu à
4 Rotilj. C'est pour cela que j'ai dit que c'était à titre privé. Il nous a
5 dit : "Préparez-vous vite, vite parce que nous allons vous échanger." Nous
6 sommes allés jusqu'à Tusnjic et c'est à cette époque-là que nous avons été
7 échangés. Au moment donc où nous avons dû procéder à cet échange, il y
8 avait quatre Croates, femmes et hommes, il y avait des enfants également.
9 Avant, il y avait un homme qui a été envoyé à Kiseljac pour porter une
10 liste. On lui a permis de chercher ces hommes-là. Il s'agissait donc
11 véritablement d'un échange privé sans que les commissions soient au
12 courant à Serak à Mira, Yorovic, etc. C'est pour cela que nous avons été
13 échangés par le HCR.
14 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que c'était pour de
15 l'argent ?
16 Témoin DD (interprétation). - Pour de l'argent, quelquefois. Par
17 exemple, ma fille cadette pour l'argent.
18 M. Nobilo (interprétation). - Les autorités n'en étaient pas
19 informées ?
20 Témoin DD (interprétation). - Non.
21 M. Nobilo (interprétation). - Vous étiez à Hercezi, vous avez
22 creusé des tranchées en plusieurs endroits, vous avez séjourné dans la
23 caserne de Kiseljak, vous êtes allé à Fojnica à Rotilj. Dans tous ces
24 endroits, avez-vous jamais vu celui qui, à l'époque, était le
25 Colonel Tihomir Blaskic ?
Page 7134
1
2 Témoin DD (interprétation). - Je ne l'ai jamais vu, même si
3 c'était mon voisin. Je l'ai vu à la télévision avec un Général Hazilovic
4 et les autres.
5 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que quelqu'un a fait
6 référence à lui ?
7 Témoin DD (interprétation). - Je ne sais pas.
8 M. Harmon (interprétation). - Pas de question, Monsieur le
9 Président.
10 M. Riad (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Témoin DD.
11 J'aimerais vous demander un éclaircissement, simplement, lorsque vous avez
12 parlé de la mosquée, vous avez dit qu'à votre retour, vous avez vu la
13 mosquée détruite, est-ce que vous avez la moindre connaissance des
14 circonstances qui ont provoqué la destruction de la mosquée ?
15 Témoin DD (interprétation). - La mosquée a été incendiée. C'est
16 le toit qui a été incendié. Il s'est rabaissé un petit peu, et c'est tout.
17 M. Riad (interprétation). - Personne ne vous a dit qui a mis le
18 feu à la mosquée ?
19 Témoin DD (interprétation). - Non. Personne ne le savait,
20 personne ne pouvait le savoir parce que c'est du passé, mais je pense
21 qu'il y aura un temps où nous le saurons.
22 M. Riad (interprétation). - Est-ce que d'autres bâtiments
23 publics, des écoles par exemple, ou des institutions ont également été
24 endommagés ou incendiés ?
25 Témoin DD (interprétation). - Non. On n'avait pas de structures
Page 7135
1 spéciales. C'est un petit village dans les conflits armés. Personne n'a
2 été victime. Après, il y avait les maisons, quelques maisons qui ont été
3 détruites de Sahet, Meho, Ahmed Turcinovic, Misad Zulko. Il y avait
4 quelques maisons qui ont été détruites ou incendiées à cette époque-là.
5 M. Riad (interprétation). - Qu'est-ce que ces maisons avaient de
6 particulier ? Est-ce qu'elles appartenaient à des personnalités connues ?
7 Est-ce qu'elles appartenaient à des dirigeants de la région ?
8 Témoin DD (interprétation). - Non. Il s'agissait des maisons qui
9 étaient dans la haute ville. Les maisons n'étaient pas occupées, elles ont
10 été pillées, probablement ensuite
11
12 incendiées.
13 M. Riad (interprétation). - Pillées par qui ? Le savez-vous ?
14 Témoin DD (interprétation). - Par les Croates du village Mrakovi
15 et Hurije.
16 M. Riad (interprétation). - Vous voulez dire par des voisins ou
17 par des soldats du HVO ?
18 Témoin DD (interprétation). - Les voisins croates, les civils...
19 M. Riad (interprétation). - Des civils. Merci beaucoup.
20 M. le Président - Juge Shahabuddeen ?
21 M. Shahabuddeen (interprétation). - Une question, simplement.
22 Toujours au sujet de ces maisons incendiées. Vous venez de citer le nom
23 d'un certain nombre de propriétaires de ces maisons : qui étaient ces
24 propriétaires, des Croates ou des Musulmans ?
25 Témoin DD. (interprétation). - C’est normal, c'était des
Page 7136
1 Musulmans, j'ai prononcé leurs noms.
2 M. Shahabuddeen (interprétation). - Merci.
3 M. le Président. – Témoin DD, vous avez été soigné par les
4 Croates, en tout cas par la partie bosno-croate, lorsque vous étiez à
5 Rotilj. Comment expliquez-vous cela ? Vous avez été maltraité pendant des
6 semaines, voir des mois, vous êtes blessé soi-disant et en principe par
7 les troupes de l'armée de Bosnie et puis finalement, vous êtes quand même
8 bien soigné. Comment expliquez-vous cela, au milieu de Temps d'atrocités
9 qui ont été commises ou peut-être parfois, on ne prenait pas autant de
10 précautions ?
11 Témoin D D. (interprétation). - Ceux qui m'avaient secouru, ceux
12 qui m'ont accordé ce traitement me connaissaient en personne. Ils étaient
13 vraiment corrects, c'est pour cela que je dois le dire devant ce Tribunal.
14 C'était vrai. Ils n'ont pas fait vraiment la différence entre les soldats
15 du HVO et moi-même. Je ne peux pas dire le contraire.
16 M. le Président. - Bien. Écoutez, nous en avons terminé avec
17 votre témoignage. Le
18
19 Tribunal pénal international vous remercie d'être venu jusqu'à la Haye.
20 A présent, vous n'allez pas bouger pour l'instant. Nous allons
21 ajourner nos travaux, il est 18 heures 45, vous savez que nous allons les
22 reprendre le 16 mars sous le contrôle de M. le Greffier. Je voudrais vous
23 communiquer que nous avons entendu 5 témoins en 6 jours calendaires, et
24 d'après M. le Greffier toujours, il nous resterait pour l'accusation une
25 trentaine de journées calendaires. C'est bien cela ?
Page 7137
1 M. le Greffier. - Des journées complètes, c'est-à-dire de cinq
2 heures vingt d'interrogatoire et contre-interrogatoire.
3 M. le Président. - Cela veut dire que nous avons beaucoup de
4 travail encore à accomplir. Non seulement sur le plan de l'audition des
5 témoins, mais également sur le plan de la concision de ces témoignages.
6 Merci, encore au Témoin DD, nous allons nous ajourner et nous nous
7 retrouverons le 16 mars.
8
9 L'audience est levée à 18 heures 45
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25