Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL   Affaire IT-95-14-T

  2   POUR L’EX-YOUGOSLAVIE

  3  

  4   Mardi 28 avril 1998

  5  

  6   LE PROCUREUR

  7   c/

  8   TIHOMIR BLASKIC

  9  

 10   L'audience est ouverte à 14 heures 35.

 11  

 12   M. le Président. - Monsieur le Greffier, vous introduisez

 13   l'accusé.

 14   Monsieur Kehoe, nous reprenons. Nous saluons les interprètes.

 15   Tout le monde m'entend ? Mais je suppose que les instruments techniques

 16   sont rodés depuis ce matin.

 17   M. Kehoe (interprétation). - Nous reprenons avec le témoin KK.

 18   M. Kehoe (interprétation). - Excusez-moi, Monsieur le Président,

 19   mais j'avais un problème avec mon équipement technique. Nous allons

 20   effectivement poursuivre l'audition du témoin KK et je prie l'huissier

 21   d'aller le chercher.

 22  (Audience à huis clos)

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 25  (expurgé)


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 11  Pages 8047-8132 expurgées. Audience à huis clos.

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  1  (expurgé)

  2  (expurgé)

  3  (Audience publique)

  4   M. le Président. - Vous m'entendez ?

  5   Témoin LL (interprétation). - Oui.

  6   M. le Président. - C'est moi qui vous parle. Vous m'entendez ?

  7   Témoin LL (interprétation). - Oui.

  8   M. le Président. - Vous allez identifier votre nom sans le

  9   prononcer sur un document que va vous tendre le greffier. Vous regardez

 10   votre nom et vous ne le prononcez pas.

 11   Témoin LL (interprétation). - Oui.

 12   M. le Président. - Et vous restez debout encore quelques

 13   instants pour lire la déclaration solennelle.

 14   Témoin LL (interprétation). - Je déclare solennellement que je

 15   dirai la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 16   M. le Président. - Asseyez-vous. Nous allons vous appeler

 17   témoin LL, puisque cela correspond à des mesures de protection que le

 18   Procureur a sollicitées à votre bénéfice et que le Tribunal a prises en

 19   accord avec la défense.

 20   M. le Président. - Vous témoignez dans le procès intenté contre

 21   le général Blaskic, ici présent. Le Tribunal vous en sait gré. Parlez sans

 22   crainte, vous êtes sous la protection du Tribunal pénal international.

 23   Après quelques questions que vous posera le Bureau du Procureur et en

 24   fonction de ce que vous avez préparé avec lui, vous ferez librement votre

 25   déposition sur les grands axes de ce que vous avez vu dans votre village


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  1   et sur trois ou quatre points. Vous aurez éventuellement des questions

  2   complémentaires des Juges. Bien entendu, vous recevez aussi les questions

  3   des avocats de l'accusé au cours du contre-interrogatoire. Nous allons

  4   siéger avec vous pendant trente minutes environ. Vraisemblablement, nous

  5   n'aurons pas terminé, mais c'est aussi bien, vous pourrez ainsi vous

  6   reposer ce soir. Nous reprendrons et nous terminerons vraisemblablement

  7   demain après-midi.

  8   Maître Cayley, c'est à vous.

  9   M. Cayley (interprétation). - Témoin, bonjour. Je voudrais vous

 10   poser quelques questions en guise d'introduction.

 11   Avez-vous vécu dans le village de Gromiljak en Bosnie

 12   Herzégovine jusqu'au 17 juillet 1993 ?

 13   Témoin LL (interprétation). - J'y suis restée jusqu'au

 14   5 octobre 1993, jusqu'à l'échange dont j'ai fait l'objet. Mais le

 15   17 juillet 1993 est le moment où j'ai été expulsée de chez moi.

 16   M. Cayley (interprétation). - Etes-vous de religion musulmane ?

 17   Témoin LL (interprétation). - Oui.

 18   M. Cayley (interprétation). - Pourriez-vous, en bref, expliquer

 19   aux Juges les événements qui se sont produits dans la ville de Kiseljak

 20   après les élections multipartites de novembre 1991 ?

 21   Témoin LL (interprétation). - Oui.

 22   M. le Président. - Témoin, si vous le voulez bien, quand vous

 23   répondez aux questions, adressez-vous aux Juges, et puis vous vous

 24   rapprochez du micro pour que les interprètes puissent mieux traduire vos

 25   propos. Merci. Maintenant vous pouvez répondre à la question que vous a


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  1   posée le Procureur.

  2   Témoin LL (interprétation). - Après les élections multipartites

  3   qui ont été tenues en 1991 à Kiseljak, le HDZ a gagné les élections. Il a

  4   recueilli le plus grand nombre de votes. Immédiatement, les Croates ont

  5   commencé à imposer leur domination. Tout d'abord, ils ont hissé des

  6   drapeaux croates sur tous les bâtiments publics et ils ont imposé le

  7   croate à l'école. Ils ont également obligé les instituteurs et les enfants

  8   à parler le dialecte croate. Ils ont commencé à obliger la population

  9   croate à limiter ses contacts avec les Musulmans et de nombreux enfants,

 10   qui avaient sympathisé avec nous, qui s'entendaient bien avec nous, nous

 11   ont avoué qu'ils étaient obligés de le faire. C'est pourquoi les relations

 12   étaient très tendues et nous devions nous limiter à des relations

 13   d'affaires.

 14   D'autre part, nos lignes de téléphone étaient coupées alors que

 15   les résidents croates n'avaient aucun problème ce côté-là. Nous avons

 16   vérifié cela avec nos voisins croates. Nous allions chez eux, nous leur

 17   demandions si leur ligne était coupée ou non, alors que nous, nous ne

 18   parvenions pas à téléphoner ou à recevoir des appels. La monnaie croate a

 19   également été introduite. C'était la seule monnaie officielle à partir de

 20   cette date, outre la monnaie allemande qui avait également cours.

 21   Les gens qui avaient reçu une certaine éducation ont commencé à

 22   dire que les Croates et les Musulmans ne pouvaient pas cohabiter, que

 23   Kiseljak historiquement était un territoire croate et, par conséquent,

 24   qu’il devait être pur d'un point de vue ethnique, que les Musulmans

 25   devraient se rendre dans les villes où ils vivaient déjà en majorité, à


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  1   savoir Visoko ou Zenica. Ils parlaient d'un climat de “musulmanie” qui

  2   régnait dans ces deux villes. Un docteur, qui se trouvait dans la ville à

  3   ce moment-là, a dit à plusieurs reprises que tous les

  4  

  5   enfants issus de mariages mixtes devraient être tués afin que Kiseljak

  6   soit une ville pure. Ils ont également établi la station radio “Kiseljak”.

  7   Seuls des Croates y travaillaient. Aucun Musulman n’avait le droit d'y

  8   travailler. Et une certaine propagande anti-musulmane a été diffusée grâce

  9   à cette radio et aux émissions qu'elle diffusait. Parfois, ils passaient

 10   des chants, qu'ils disaient être des chants révolutionnaires mais qui, en

 11   fait, étaient des chants nationalistes.

 12   M. Cayley (interprétation). - Je ne veux pas que vous révéliez

 13   votre profession aux Juges parce que je ne veux pas que vous vous

 14   identifiiez, mais est-il exact de dire que vous avez fait des études à

 15   l'université ?

 16   Témoin LL (interprétation). - Oui, j'ai effectivement suivi des

 17   études supérieures. A l'époque, la profession que j'ai pratiquée n'était

 18   pas enseignée à l'université.

 19   M. Cayley (interprétation). - Mais est-il exact de dire que vous

 20   avez été en contact avec des personnes qui étaient également issues de ces

 21   milieux universitaires, avec des Croates de Bosnie qui vivaient à

 22   Kiseljak ?

 23   Témoin LL (interprétation). - Oui, j'ai travaillé dans une

 24   institution au sein de laquelle tous le monde avait reçu un niveau élevé

 25   d'éducation. Nous étions une centaine de personnes et tout le monde avait


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  1   un niveau d'éducation élevé.

  2   M. Cayley (interprétation). - Lorsque vous avez parlé des faits

  3   que vous venez de mentionner, et que vous disiez notamment que les Croates

  4   déclaraient que les Musulmans devaient se rendre à Visoko ou à Zenica et

  5   qu'ils devraient quitter Kiseljak, étaient-ce là des opinions exprimées

  6   par des gens qui avaient un certain niveau d'éducation ? C’étaient des

  7   Croates, bien sûr ?

  8   Témoin LL (interprétation). - Oui, bien sûr.

  9   M. Cayley (interprétation). - Autre point : avez-vous eu

 10   connaissance de destructions ou d'actes de vandalisme commis à l'encontre

 11   de biens musulmans ou d'entreprises musulmanes à Kiseljak ?

 12  

 13   Témoin LL (interprétation). - Oui. J'ai même vu certaines

 14   entreprises qui avaient été détruites. Cela a été notamment le cas lorsque

 15   la guerre a débuté en Bosnie-Herzégovine. L'armée du HVO a tiré grâce à

 16   ses armes et a visé les vitrines des magasins musulmans. Ils ont même

 17   pillé une boutique de chaussures. Ils ont arraché la grille de protection

 18   devant le magasin. Je sais qu'ils ont également pillé une boucherie et une

 19   autre boutique encore. J'ai entendu parler d'autres incidents de ce type

 20   ailleurs.

 21   M. Cayley (interprétation). - S'agissait-il à chaque fois de

 22   magasins de Musulmans à Kiseljak ?

 23   Témoin LL (interprétation). - Oui.

 24   M. Cayley (interprétation). - Avez-vous vous-même assisté à la

 25   destruction de ces magasins par le HVO ou n'avez-vous pu que constater le


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  1   résultat de ces destructions ?

  2   Témoin LL (interprétation). - J'ai vu ce qui restait de ce

  3   vandalisme. Je l'ai vu le jour même des destructions.

  4   M. Cayley (interprétation). - Vous souvenez-vous de ce qui est

  5   arrivé à l'organisation humanitaire musulmane Merhamet à Kiseljak ?

  6   Témoin LL (interprétation). - Oui. Cette organisation caritative

  7   Merhamet a été incendiée et toutes les marchandises qui étaient stockées

  8   ont été brûlées. Ensuite, le bâtiment entier a subi une explosion. Les

  9   Musulmans ne pouvaient donc plus obtenir d'aide, ni d'ailleurs

 10   l'organisation Caritas qui était également à Kiseljak, mais ces deux

 11   organisations fonctionnaient de façon totalement indépendante.

 12   M. Cayley (interprétation). - Savez-vous qui est à l'origine de

 13   la destruction de cette organisation caritative musulmane ?

 14   Témoin LL (interprétation). - J'ai entendu dire que c'étaient

 15   les soldats du HVO qui en étaient les responsables.

 16   M. Cayley (interprétation). - Tous ces événements dont vous

 17   venez de parler se

 18  

 19   sont-ils produits avant le 18 avril 1993 ?

 20   Témoin LL (interprétation). - Non, Merhamet a été détruite en

 21   juin 1993.

 22   M. Cayley (interprétation). - Faisons un saut dans le temps.

 23   Passons à l'attaque qu'a subie votre village le 18 avril 1993. Veuillez

 24   expliquer aux Juges quel est le souvenir de ce qui s'est passé ce jour là.

 25   Je vous demanderai de parcourir cette période jusqu'au moment où vous avez


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  1   pu retourner chez vous grâce à l'autorisation du HVO.

  2   Témoin LL (interprétation). - Le 18 avril au matin, à

  3   7 heures 30 -c'était un dimanche, c'était la Pâque catholique-, nous avons

  4   entendu des coups de feu. Ma famille se trouvait dans notre maison. Nous

  5   avons entendu le bruit de coups de feu provenant d'une arme automatique.

  6   Il était courant pour les Catholiques de tirer en l'air lorsqu'il y avait

  7   des jours fériés, lorsqu'ils quittaient l'église. C'est pourquoi nous

  8   avons pensé que c'était cela. Mais nous avons ensuite entendu des

  9   détonations plus importantes. Nous avons donc compris qu'il s'agissait de

 10   tout autre chose, que ce n'était pas une fête religieuse.

 11   Nous n'avions pas de cave dans notre maison. Par conséquent, ma

 12   famille, accompagnée de certains de nos voisins, est allée dans une maison

 13   où nous avons trouvé une cave. Nous étions en fait huit en tout. Nous

 14   n'étions que des civils. Peu de temps après, une voiture est arrivée et

 15   deux soldats du HVO en sont sortis rapidement. Cela se passait juste

 16   devant chez nous. Ils nous ont demandé de les laisser rentrer et ils

 17   pointaient leurs armes vers nous. Nous nous sommes exécutés et ils ont dit

 18   qu'ils venaient chercher les armes. Ils nous ont dit de leur donner nos

 19   armes et nous avons répondu que nous n'en avions pas. Alors ils nous ont

 20   dit qu'ils allaient fouiller la maison et que, s'ils en trouvaient, ils

 21   allaient nous tuer et que notre maison serait incendiée.

 22   Ils ont donc fouillé la maison de haut en bas et de bas en haut.

 23   Comme ils n'ont rien trouvé, ils sont partis. Peu de temps après, quatre

 24   autres soldats du HVO sont venus. Ils ont fait exactement la même chose.

 25   Ils ont fouillé toutes les maisons du voisinage, et ceci s'est produit à


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  1  

  2   plusieurs reprises au cours des jours qui ont suivi. Ils ont fouillé

  3   toutes les maisons du voisinage. Nous avons entendu à nouveau des

  4   détonations. Nous avons regardé par la fenêtre et nous avons aperçu à

  5   proximité des maisons en feu. C'était le village de Visnjica.

  6   A 13 heures, un vieux couple se trouvait dans sa maison. Ils

  7   étaient à la retraite. Ils n'avaient pas d'enfants. Il n'y avait pas de

  8   soldats non plus. Leur maison a été incendiée tout d'abord puis d'autres

  9   maisons ont suivi. Elles ont également été mises à feu.

 10   Vers 16 heures, un voisin est venu du village et il nous a

 11   raconté qu'il ne faisait qu'obéir à des ordres émanant du chef de police.

 12   Il venait nous dire que nous devions signaler notre présence dans la cave

 13   d'une maison à 6 heures et que si nous ne nous exécutions pas, il

 14   viendrait nous arrêter. Nous nous sommes donc rendus dans cette cave à

 15   18 heures et là nous avons trouvé un grand nombre de civils qui se

 16   trouvaient déjà là et qui étaient des civils musulmans.

 17   Puis un groupe de policiers du HVO est arrivé. Il a séparé les

 18   hommes et les femmes, et il a emmené les hommes dans une cave d'une autre

 19   maison. Nous avions avec nous une femme enceinte qui était sur le point

 20   d'accoucher. J'ai donc demandé que les femmes soient libérées afin que

 21   nous puissions rentrer chez nous. Cependant, ils nous l’ont refusé.

 22   Néanmoins, ce soir-là, ils nous ont installés dans la maison

 23   d'un Croate où nous devions passer la nuit. Le lendemain, ils nous ont

 24   libérés et nous ont permis de rentrer chez nous. Je ne parle là que des

 25   femmes.


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  1   Dans la cave où se trouvaient les hommes, il y avait

  2   63 personnes, 63 Musulmans. Les conditions qui régnaient étaient telles

  3   qu'il n'y avait pas de sol, il n'y avait que des débris, des bouts de bois

  4   et des cailloux. Parmi eux, se trouvaient des petits enfants et même des

  5   bébés. Il n'y avait pas de nourriture, pas d'eau et, devant la cave, se

  6   trouvaient des soldats du HVO armés qui les surveillaient afin que

  7   personne ne s'enfuie.

  8   Après sept jours, les femmes et les enfants ont été libérés

  9   alors que les hommes ont

 10  

 11   été maintenus prisonniers pendant quinze jours.

 12   Chaque jour, les hommes étaient emmenés pour creuser des

 13   tranchées. Après cela, ils ont fini par les libérer. Ils ont pu rentrer

 14   chez eux, mais ils devaient signaler leur présence à la police tous les

 15   matins et tous les soirs.

 16   Après ces quinze jours, lorsque la situation semblait s'apaiser

 17   quelque peu, je suis repartie sur mon lieu de travail pour savoir si je

 18   pouvais reprendre mes activités. On m'a permis de reprendre le travail

 19   comme les autres. Mais, avant cela, nous avons dû obtenir une autorisation

 20   des autorités du HVO. J'ai dû parcourir à pied 6 km pour me rendre au

 21   travail et, cela, tous les jours parce qu'aucun bus ni aucun taxi

 22   n’acceptait de s'arrêter pour m'emmener jusqu'au travail.

 23   Le soir du 24 mai, étant donné qu'un couvre-feu avait été imposé

 24   aux Musulmans entre 21 heures et 5 heures du matin, trois soldats du HVO

 25   sont arrivés et ils ont frappé à la porte. Au départ, je ne voulais pas


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  1   ouvrir parce que j'étais seule chez moi. Des membres de ma famille ont

  2   réussi à se rendre en territoire libre à cette date, à savoir le 20 mai.

  3   A la date du 24 mai, date à laquelle les soldats du HVO sont

  4   arrivés, j'étais donc seule dans la maison parce qu'il fallait bien la

  5   surveiller et il fallait bien que je me rende au travail. J'ai réussi à me

  6   cacher derrière les plantes qui se trouvaient sur le balcon et j'y ai

  7   passé toute la nuit. J'ai vu et entendu ce qui se passait devant chez moi

  8   cette nuit-là. Ils parlaient du fait qu'ils avaient besoin d'utiliser et

  9   de prendre la voiture de mon fils, ainsi que la voiture de mon voisin, et

 10   ils disaient qu'ils allaient tuer mon voisin le lendemain lorsqu'ils

 11   allaient l'attraper. Puis, ils ont tué mon chien.

 12   Si j'ai besoin de donner des noms, je les connais tous, je

 13   pourrai nommer toutes les personnes qui ont participé à cela.

 14   Le matin suivant -puisque le couvre-feu n'était pas levé avant

 15   5 heures-, après le départ des soldats du HVO qui se trouvaient devant

 16   chez moi, j'ai averti mon voisin que les

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 18   soldats du HVO avaient décidé de le tuer. Étant donné qu'il y avait la

 19   brume du matin, il a réussi à s'enfuir dans les collines et à se rendre en

 20   territoire libre.

 21   Ce jour-là, je me suis rendue au travail ainsi qu'au quartier

 22   général de la police afin de rencontrer le chef de la police. Je lui ai

 23   raconté ce que j'avais entendu la nuit précédente, mais il n'a rien fait.

 24   Lorsque je suis rentrée...

 25   L’Interprète. - Monsieur le Président, je vous signale que


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  1   l’image du témoin apparaît dans la galerie du public.

  2   M. le Président. - Monsieur Dubuisson. Voilà, tout est rétabli.

  3   Vous pouvez continuer pour deux ou trois minutes. Le Procureur verra à

  4   quel moment on peut interrompre. Allez-y.

  5   Témoin LL (interprétation). - J'ai demandé que le verrou de ma

  6   maison soit changé afin que je puisse rester chez moi en toute sécurité.

  7   Le 27 mai, alors que je revenais de mon travail avec un de mes collègues,

  8   j'ai vu un homme que je connaissais dans la voiture de mon fils, dans le

  9   centre de Kiseljak. Il était en train de garer la voiture en face de la

 10   station de police de Kiseljak. Je me suis donc approchée de la voiture de

 11   cet homme. Je lui ai demandé de me rendre le véhicule. A ce moment-là, il

 12   a ouvert la porte, il m'a poussée sur le côté et a commencé à me frapper

 13   très violemment. Environ dix policiers du HVO se trouvaient autour de

 14   nous. Ils regardaient la scène à quelque un ou deux mètres de nous et ils

 15   riaient ouvertement. Il m'a frappée, m'a insultée et m'a que craché

 16   dessus.

 17   Après cela, je me suis rendue à la base de la Forpronu où se

 18   trouvait le contingent du bataillon canadien. Et puisque je peux parler

 19   anglais, je lui ai raconté mon histoire et ce qui m'était arrivée. Un

 20   soldat a appelé son supérieur à Visoko. Il lui a raconté cette histoire.

 21   Le lendemain, un officier est arrivé de Visoko. Il a recueilli ma

 22   déclaration et quelques autres voisins ont également profité de cette

 23   possibilité. Ces voisins avaient également été maltraités par des soldats

 24   du HVO. Ils ont donc profité de l'occasion pour déposer plainte.

 25   L'officier


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  1  

  2   canadien a promis de revenir et il est parti.

  3   M. Cayley (interprétation). - Monsieur le Président, je pense

  4   qu'il serait bon de s'arrêter maintenant jusqu'à demain matin.

  5   M. le Président. - Eh bien, il en sera fait ainsi. Cela

  6   permettra en même temps au témoin de se détendre et de se reposer. Nous

  7   allons suspendre l'audience et elle reprendra demain à 14 heures 30. C'est

  8   la dernière après-midi de la semaine. L'audience est levée.

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 10   L'audience est levée à 18 heures 35.

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