Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

Page 14364

  1   TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL  Affaire IT-95-14-T

  2   POUR L’EX-YOUGOSLAVIE

  3  

  4   LE PROCUREUR

  5   c/

  6   Tihomir BLASKIC

  7          Mardi 17 novembre 1998

  8  

  9   L’audience est ouverte à 10 heures 10.

 10   M. le Président. - Veuillez vous asseoir. Faites introduire

 11   l'accusé, s'il vous plaît.

 12   (L'accusé est introduit dans le prétoire.)

 13   Je salue les interprètes pour m'assurer qu'ils m'entendent.

 14   Je salue les conseils de l'accusation, le conseil de la défense,

 15   nous avons perdu Me Hayman ? Je salue l'accusé.

 16   Nous allons introduire le témoin.

 17   M. Nobilo (interprétation). – Me Hayman viendra nous rejoindre

 18   tout de suite.

 19   M. le Président. - J'ai cru qu'il était découragé par la

 20   longueur des débats. Vous nous rassurez.

 21   Nous allons introduire M. Mladen Holman pour la fin de votre

 22   interrogatoire principal. Ensuite, nous passerons au contre-

 23   interrogatoire.

 24   M. Nobilo (interprétation). - Avant que M. Holman soit avec

 25   nous, nous pourrions passer à huis clos pour la sécurité du témoin. Je


Page 14365

  1   vais donner des explications tout à l'heure.

  2   M. le Président. - La position de l'accusation ?

  3   M. Cayley (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président.

  4   Nous ne savons pas de quoi il s'agit réellement, nous ne pouvons donc

  5   faire aucun commentaire. Il faudrait que Me Nobilo nous explique les

  6   raisons de cette demande.

  7   M. le Président. - Ce serait plus convenable, je sais que c'est

  8   très difficile. Pouvez-vous donner globalement une raison pour savoir si

  9   l'accusation s'oppose ou pas ?

 10   M. Nobilo (interprétation). - Le témoin va parler maintenant

 11   d’une unité et d'un groupe de personnes que vous connaissez bien dont les

 12   membres habitent encore en Bosnie centrale. Par conséquent, il a peur de

 13   ne pas être en sécurité. Il y a des journalistes quand il y a séance

 14   publique. Par conséquent, il a peur pour sa sécurité et pour les membres

 15   de cette unité.

 16   M. Cayley (interprétation). - Nous n'avons aucune objection.

 17   M. le Président. - Nous passons donc à huis clos et nous

 18   introduisons le témoin.

 19   (Le témoin est introduit dans le prétoire).

 20   M. le Président. - Vous m'entendez Monsieur Holman ?

 21   M. Holman (interprétation). - Je vous entends, merci,

 22   Monsieur le Président.

 23   M. le Président. - Nous sommes à huis clos Monsieur Dubuisson ?

 24   M. Dubuisson. - Nous sommes en huis clos partiel.

 25  


Page 14366

  1   (Audience à huis clos partiel)

  2  

  3  

  4  

  5  

  6  

  7  

  8  

  9  

 10  

 11  

 12   Pages 14366 – 14375 expurgées en audience à huis clos partiel

 13  

 14  

 15  

 16  

 17  

 18  

 19  

 20  

 21  

 22  

 23  

 24  

 25


Page 14376

  1   (expurgée)

  2   (expurgée)

  3   (expurgée)

  4   (expurgée)

  5   (expurgée)

  6   (Audience publique)

  7   M. Cayley (interprétation). – Merci, Monsieur le Président.

  8   Bonjour, monsieur Holman. Je m'appelle Cayley et je représente le Bureau

  9   du Procureur.

 10   M. Holman (interprétation). – Bonjour.

 11   M. Cayley (interprétation). – Avant tout, je voudrais que l'on

 12   se focalise sur la période où vous avez été relâché de la prison de Zenica

 13   en 1994. Vous rappelez-vous le mois où cela s'est produit ?

 14   M. Holman (interprétation). - Quand j'ai été libéré de la

 15   prison, c'était en 1994, au mois d'avril.

 16   M. Cayley (interprétation). - Où êtes-vous allé lorsque vous

 17   avez été libéré ?

 18   M. Nobilo (interprétation). - Monsieur le Président ?

 19   M. le Président. - Maître Nobilo, oui ?

 20   M. Nobilo (interprétation). - La période qui concerne les mois

 21   qui ont suivi la sortie du témoin de cette prison en 1994, cette période

 22   n'a pas été couverte par l'interrogatoire principal.

 23   M. le Président. - Il me semble que l'on n'a pas parlé très

 24   exactement de cette période, mais le témoin a tenu à présenter cette

 25   période, dans la mesure où il voulait démontrer un certain nombre de


Page 14377

  1   choses, notamment de ce qui s'était passé au cours de sa captivité. Je

  2   pense que vu d'une façon un peu large, Me Cayley peut quand même poser ces

  3   questions. Allez-y, Maître Cayley.

  4   M. Cayley (interprétation). – Merci, Monsieur le Président. Où

  5   êtes-vous allé à partir du moment où vous avez été libéré de la prison de

  6   Zenica ?

  7   M. Holman (interprétation). - Si vous permettez, j'aimerais

  8   expliquer ceci. Un échange a été convenu avec les observateurs de l'ONU.

  9   Les autorités de cette prison...

 10   M. le Président. - Monsieur Holman, parlez plus doucement.

 11   M. Holman (interprétation). - Oui. Alors là, il y a eu des

 12   complications. J'aurais dû être échangé avec les observateurs des Nations

 13   Unies dans leur véhicule, mais les autorités de cette prison ont créé une

 14   complication. Alors ce qui s'est passé, c'est que ces gens de la Croix-

 15   Rouge, qui eux aussi auraient dû être présents, ont dit que nous avions

 16   fait un pas en avant et que maintenant nous avions fait deux pas en

 17   arrière pour ce qui concernait l'échange. Alors de cette manière, ils ont

 18   essayé de me convaincre, non seulement moi, mais d'autres aussi, d'être

 19   libérés de cette prison vers Zenica.

 20   Et grâce à des expériences très négatives dans cette prison, je

 21   ne voulais absolument pas me laisser tromper. Je demandais à tout prix de

 22   regagner des territoires libres croates. Alors, j'ai demandé qu'un Croate

 23   de Zenica soit présent sur place. Ils ont également demandé que je signe

 24   un papier disant que je voulais être échangé sans la présence des

 25   personnels de la Croix Rouge et des observateurs de l'ONU.


Page 14378

  1   Je redoutais que sur cette portion de l'autoroute, Zenica en

  2   direction de Busovaca, on soit arrêté par certaines unités, que je sois

  3   kidnappé. Même pendant le procès, des unités extrémistes musulmanes ont

  4   tenté de m'enlever du Tribunal.

  5   Ces autorités ont constitué une espèce de Commission, mais je

  6   n'ai jamais voulu signer. J'ai dit que j'allais signer qu'à partir du

  7   moment où j'allais me retrouver sur cette ligne où

  8   l'échange allait se produire. C'est ce qui s'est produit ; j'ai été

  9   échangé à Gravine Kuce, l'endroit où l'échange devrait se produire. C'est

 10   sur la municipalité de Busovaca. J'ai quitté la prison avec un petit

 11   sachet où j'avais une tenue de jogging et un gilet.

 12   C'est une fois arrivé sur cette ligne où l'échange allait se

 13   produire que j'ai signé. C'est là que les Croates sont arrivés, les

 14   Croates chargés de me reprendre.

 15   Je suis allé dans ma famille à Busovaca. Il faut savoir que

 16   pendant mon emprisonnement, ma famille était partie à Busovaca. D'abord,

 17   elle était partie à Vitez et après la chute de Krizancevo Selo, ils se

 18   sont exilés à Busovaca. C'est là que j'ai retrouvé ma famille.

 19   M. Cayley (interprétation). - Par la suite, vous êtes entré dans

 20   les unités du HVO, dans le quartier général à Mostar ?

 21   M. Holman (interprétation). - Oui.

 22   M. Cayley (interprétation). - Par la suite, vous avez reçu le

 23   rang de commandant au sein du HVO ?

 24   M. Holman (interprétation). - Oui, j'ai eu le rang de

 25   commandant, j'ai été conseiller pour l'entraînement psycho-physique, pour


Page 14379

  1   être plus clair, j'ai été conseiller pour des activités sportives au sein

  2   du HVO.

  3   M. Cayley (interprétation). - Oui, c'est plus simple. Avez-vous

  4   été décoré par Tudjman en 1996 ?

  5   M. Holman (interprétation). - Oui, j'ai été décoré pour ce que

  6   j'ai fait dans la guerre.

  7   M. Cayley (interprétation). - Peut-on montrer ce document au

  8   témoin ? Monsieur le Greffier, quelle serait la cote du document suivant ?

  9   M. Dubuisson. - Il s'agira du document 547.

 10   M. Cayley (interprétation). - Monsieur Holman, il s'agit d'une

 11   annonce publique où l'on parle de cette décoration qui vous a été remise.

 12   Si vous cherchez le n° 143, vous verrez que c'est votre nom qui y figure

 13   ici. Quelle était exactement la dénomination de cette médaille que vous

 14   avez reçue ?

 15   M. Holman (interprétation). - Je pense que ça s'appelle l'ordre

 16   du Trèfle croate.

 17   M. Cayley (interprétation). - Si vous allez à la dernière page,

 18   vous verrez que le docteur Tudjman signe ce document en tant que Président

 19   de la République et le commandant suprême des forces croates ? Vous voyez

 20   cela ?

 21   M. Holman (interprétation). - Oui, à la fin, oui, en bas, je le

 22   vois.

 23   M. Cayley (interprétation). - En fait, il est exact, n'est-ce

 24   pas, que le docteur Tudjman était commandant du HV et du HVO ?

 25   M. Holman (interprétation). - Pour ce qui est de l'armée croate,


Page 14380

  1   oui, je peux dire que M. le Président était son commandant mais, pour ce

  2   qui est du HVO, je ne peux pas le dire puisque je ne le sais pas. A ce

  3   moment, je sais que c'est M. Zeljko Glasnovic et avant, M. Zeljko Budimir

  4   qui étaient mes commandants. Pour ce qui est de la hiérarchie supérieure,

  5   je ne le sais pas, je ne le savais pas et je ne devais pas le savoir, non

  6   plus.

  7   M. Cayley (interprétation). - Pouvez-vous expliquer à la Chambre

  8   comment le Président de la République de Croatie était en mesure de

  9   décorer les membres de la HVO puisque, ici, nous avons un certain nombre

 10   de personnes sur cette liste qui étaient dans le HVO ?

 11   M. Holman (interprétation). - La raison en est que nous étions

 12   des volontaires, des vétérans qui, par l'effondrement de l'ex-Yougoslavie,

 13   au début de la guerre en Croatie -cette guerre qui s'est étendue par la

 14   suite à la Bosnie-Herzégovine- donc, nous-mêmes, avant que cette guerre

 15   n'éclate en Bosnie-Herzégovine, nous avons pris part à la défense et à

 16   l'organisation des territoires croates.

 17   Alors, par un certain nombre de contacts avec la Croatie, j'ai

 18   pu apprendre que cette guerre allait s'étendre. Et, dans certaines

 19   structures, j'ai organisé par l'intermédiaire de la Croatie

 20   le peuple croate de Bosnie-Herzégovine. Un nombre considérable de ces gens

 21   habitaient en Croatie : ils avaient leur maison, leur famille, leurs

 22   parents en Bosnie-Herzégovine. Je pense qu'on pouvait être décoré pour ces

 23   raisons-là.

 24   M. Cayley (interprétation). - Donc, au fond, pour la protection

 25   et pour la défense du peuple croate, que ce soit en Croatie ou en Bosnie-


Page 14381

  1   Herzégovine, c'était pour cela que ces médailles étaient remises ?

  2   M. Holman (interprétation). - Oui, pour la protection, la

  3   défense et l'organisation du peuple croate.

  4   M. Cayley (interprétation). - Avez-vous jamais servi au sein du

  5   HVO ?

  6   (L'interprète se corrige.)

  7   Avez-vous servi dans le HV ou uniquement dans le HVO ?

  8   M. Holman (interprétation). - Dès le début, j'étais dans le HOS,

  9   et le HOS était impliqué aussi bien en Croatie qu'en Bosnie-Herzégovine.

 10   M. Cayley (interprétation). - Mais pendant que vous avez servi à

 11   Mostar, vous étiez dans le HOS ou dans le HVO ?

 12   M. Holman (interprétation). - Il n'y avait plus de HOS, il n'y

 13   avait que le HVO. Mais je parle de la période précédente.

 14   M. Cayley (interprétation). - Pendant que vous étiez dans le QG

 15   à Mostar, vous étiez dans le HVO, comme vous l'avez dit avant ?

 16   M. Holman (interprétation). - Oui, oui.

 17   M. Cayley (interprétation). - Vous est-il arrivé de combattre en

 18   Croatie ?

 19   M. Holman (interprétation). - Mes unités sont allées également

 20   en Croatie pour défendre certains territoires, notamment quand la

 21   situation était difficile, essentiellement pour la Pocevina.

 22   M. Cayley (interprétation). - C'était en quelle année ?

 23   M. Holman (interprétation). - C'était avant le conflit avec les

 24   Musulmans. Etait fin 1992 ou début 1993, je ne peux pas m'en rappeler très

 25   précisément, mais ils y sont allés. Donc, c'était la deuxième moitié


Page 14382

  1   de 92. A ce moment-là, j'étais commandant.

  2   M. Cayley (interprétation). - Merci, Monsieur Holman. J'aimerais

  3   passer maintenant à une autre portion de votre déposition. S'il est

  4   nécessaire de passer à huis clos, je demanderai aux conseils de la défense

  5   de me l'indiquer.

  6   Alors, Blaz Kraljevic était commandant du HOS en Bosnie.

  7   M. Nobilo (interprétation). - Je propose qu'on passe à huis

  8   clos.

  9   (Audience à huis clos partiel)

 10   (expurgée)

 11   (expurgée)

 12   (expurgée)

 13   (expurgée)

 14   (expurgée)

 15   (expurgée)

 16   (expurgée)

 17   (expurgée)

 18   (expurgée)

 19   (expurgée)

 20   (expurgée)

 21   (expurgée)

 22   (expurgée)

 23   (expurgée)

 24   (expurgée)

 25   (expurgée)


Page 14383

  1   (expurgée)

  2   (expurgée)

  3   (expurgée)

  4   (expurgée)

  5   (expurgée)

  6   (expurgée)

  7   (expurgée)

  8   (expurgée)

  9   (expurgée)

 10   (expurgée)

 11   (expurgée)

 12   (expurgée)

 13   (expurgée)

 14   (expurgée)

 15   (expurgée)

 16   (expurgée)

 17   (expurgée)

 18   (expurgée)

 19   (expurgée)

 20   (expurgée)

 21   (expurgée)

 22   (expurgée)

 23   (expurgée)

 24   (expurgée)

 25   (expurgée)


Page 14384

  1   (expurgée)

  2   (expurgée)

  3   (expurgée)

  4   (expurgée)

  5   (expurgée)

  6   (expurgée)

  7   (expurgée)

  8   (expurgée)

  9   (expurgée)

 10   (expurgée)

 11   (expurgée)

 12   (expurgée)

 13   (expurgée)

 14   (expurgée)

 15   (expurgée)

 16   (expurgée)

 17   (expurgée)

 18   (expurgée)

 19   (expurgée)

 20   (expurgée)

 21   (expurgée)

 22   (expurgée)

 23   (expurgée)

 24   (expurgée)

 25   (expurgée)


Page 14385

  1   (expurgée)

  2   (expurgée)

  3   (expurgée)

  4   (expurgée)

  5   (expurgée)

  6   (expurgée)

  7   (expurgée)

  8   (expurgée)

  9   (expurgée)

 10   (expurgée)

 11   (expurgée)

 12   (expurgée)

 13   (expurgée)

 14   (expurgée)

 15   (expurgée)

 16   (expurgée)

 17   (expurgée)

 18   (expurgée)

 19   (expurgée)

 20   (expurgée)

 21   (expurgée)

 22   (expurgée)

 23   (expurgée)

 24   (expurgée)

 25   (expurgée)


Page 14386

  1   (expurgée)

  2   (expurgée)

  3   (expurgée)

  4   (expurgée)

  5   (expurgée)

  6   (expurgée)

  7   (expurgée)

  8   (expurgée)

  9   (expurgée)

 10   (expurgée)

 11   (expurgée)

 12   (expurgée)

 13   (expurgée)

 14   (expurgée)

 15   (expurgée)

 16   (expurgée)

 17   (expurgée)

 18   (expurgée)

 19   (expurgée)

 20   (expurgée)

 21   (expurgée)

 22   (expurgée)

 23   (expurgée)

 24   (expurgée)

 25   (expurgée)


Page 14387

  1   (expurgée)

  2   (expurgée)

  3   (expurgée)

  4   (expurgée)

  5   (expurgée)

  6   (expurgée)

  7   (expurgée)

  8   (expurgée)

  9   (expurgée)

 10   (expurgée)

 11   (expurgée)

 12   (expurgée)

 13   (expurgée)

 14   (expurgée)

 15   (expurgée)

 16   (expurgée)

 17   (expurgée)

 18   (expurgée)

 19   (expurgée)

 20   (expurgée)

 21   (expurgée)

 22   (expurgée)

 23   (expurgée)

 24   (expurgée)

 25   (expurgée)


Page 14388

  1   (expurgée)

  2   (expurgée)

  3   (expurgée)

  4   (expurgée)

  5   (expurgée)

  6   (expurgée)

  7   (expurgée)

  8   (expurgée)

  9   (expurgée)

 10   (expurgée)

 11   (expurgée)

 12   (expurgée)

 13   (expurgée)

 14   (expurgée)

 15   (expurgée)

 16   (expurgée)

 17   (expurgée)

 18   (expurgée)

 19   (expurgée)

 20   (expurgée)

 21   (expurgée)

 22   (expurgée)

 23   (expurgée)

 24   (expurgée)

 25   (expurgée)


Page 14389

  1   (expurgée)

  2   (expurgée)

  3   (expurgée)

  4   (expurgée)

  5   (expurgée)

  6   (expurgée)

  7   (expurgée)

  8   (expurgée)

  9   (expurgée)

 10   (expurgée)

 11   (expurgée)

 12   (expurgée)

 13   (Audience publique)

 14   M. le Président. - Nous reprenons en audience publique.

 15   M. Cayley (interprétation). - Monsieur Holman, au cours de votre

 16   interrogatoire principal, vous avez déclaré qu'en janvier 1993, vous avez

 17   pensé pour la première fois à passer dans les rangs du HVO. Vous rappelez-

 18   vous cela ?

 19   M. Holman (interprétation). - Je me rappelle. Cela s'est passé à

 20   la fin de janvier 1993, après l'action des unités de l'armée de Bosnie-

 21   Herzégovine qui ont massacré des Croates à Ducina.

 22   M. Cayley (interprétation). - Je crois que vous avez dit que

 23   cela était dû également aux renseignements que vous avez reçus des

 24   services secrets selon lesquels les Musulmans avaient l'intention de

 25   s'emparer de la route du salut. Vous rappelez-vous cela ?


Page 14390

  1   M. Holman (interprétation). - Oui, en effet, ils ont tenté de le

  2   faire. En tout cas les informations que nous recevions signalaient qu'ils

  3   souhaitaient s'emparer des voies de communication allant vers Mostar et

  4   Tomislavgrad.

  5   M. Holman (interprétation). - Je crois que la route dont vous

  6   parlez traverse

  7   Gornje Vakuf, Prozor et Tomislavgrad, n'est-ce pas ?

  8   M. Holman (interprétation). - Il existe plusieurs routes à ce

  9   niveau-là mais, la route la plus sûre, celle que j'utilisais, passait par

 10   la montagne pour aller vers Tomislavgrad, par Vran Planina. Moi,

 11   j'utilisais différentes routes. Je ne me souviens pas exactement

 12   desquelles aujourd'hui. Mais, en tout cas, je sais que, lorsque j'allais à

 13   Ljubiski, un jour, dans la direction de Mostar, il y avait des positions

 14   qui étaient moins sûres, où leurs obus pouvaient nous atteindre plus

 15   facilement.

 16   Il m'est arrivé de me trouver sur ces routes. Un jour, j'étais

 17   en voiture et, tout d'un coup, des obus sont tombés en grand nombre sur

 18   nous. Donc, la route dont vous venez de parler passait par Mostar, mais

 19   elle était un tout petit peu moins sûre.

 20   M. Cayley (interprétation). - Vous êtes allé voir M. Paraga à

 21   Zagreb et vous lui avez fait part de vos inquiétudes ?

 22   M. Holman (interprétation). - C'est exact.

 23   M. Cayley (interprétation). - Les Juges de cette Chambre de

 24   première instance ont entendu des dépositions d'un certain nombre de

 25   témoins selon lesquels la ville de Prozor avait été "nettoyée" de sa


Page 14391

  1   population musulmane à la fin du mois d'octobre 1992. Etes-vous au courant

  2   de cet événement ?

  3   M. Nobilo (interprétation). - Monsieur le Président, objection.

  4   Nous entrons maintenant dans une déposition qui est de très grande portée

  5   et qui n'a rien à voir avec ce que M. Holman a dit au cours des réponses

  6   aux questions de l'interrogatoire principal. Nous n'avons rien dit au

  7   sujet de Prozor.

  8   M. Cayley (interprétation). - Monsieur le Président, puis-je

  9   répondre ? La défense présente des arguments à cette Chambre grâce au

 10   témoin qui est ici, selon lesquels la base des provocations entre

 11   Musulmans et Croates était le massacre des Croates à Dusina. Cette Chambre

 12   a entendu de nombreux témoignages au sujet des dates précédant la date en

 13   question.

 14   Monsieur Downless Watley, par exemple, a signalé que tous ces événements

 15   avaient accru les tensions dans la région et j'aimerais confirmer si le

 16   témoin que nous entendons aujourd'hui est au courant de ces événements, et

 17   s'il a signalé les événements qui avaient cours à M. Paraga.

 18   M. le Président. - Les Juges sont intéressés à connaître la

 19   réaction du témoin à la question sur Prozor. Poursuivez, Maître Cayley. Je

 20   fais d'ailleurs chronométrer le temps de l'interrogatoire principal pour

 21   ensuite vous limiter dans votre temps de contre-interrogatoire. Dans cinq

 22   minutes nous ferons une pause. Poursuivez.

 23   M. Cayley (interprétation). - Je répète ma question, Monsieur

 24   Holman. Des témoins cités par la défense ont dit il y a deux semaines que

 25   les Musulmans avaient été "nettoyés" de la ville de Prozor en


Page 14392

  1   octobre 1992. Avez-vous été informé de cet événement ? Le connaissiez-

  2   vous ?

  3   M. Holman (interprétation). - Je ne suis pas au courant qu'il y

  4   ait eu "nettoyage" des Musulmans. Je sais qu'il y a eu des problèmes. Un

  5   jour, alors que je me trouvais sur l'une de ces routes qui passent en deçà

  6   de Prozor, je peux vous dire qu'il y avait un dirigeant musulman avec moi

  7   à ce moment-là, et nous en avons entendu parler par différents moyens

  8   d'information.

  9   M. le Président. - Parlez plus calmement, et vous vous tournez

 10   vers les Juges, s'il vous plaît. C'est difficile, je sais, pour vous, mais

 11   essayez. Poursuivez.

 12   M. Holman (interprétation). - Monsieur le Président, Messieurs

 13   les Juges, je circulais donc dans différentes parties de la Bosnie-

 14   Herzégovine. J'ai circulé pendant la guerre, y compris en passant par

 15   Prozor. Ce jour-là, j'étais avec un officier supérieur musulman. Nous

 16   sommes passés à cet endroit, tout près de Prozor. Nous y avons entendu

 17   dire que, là-bas, tout était détruit, tout était incendié alors, qu'en

 18   fait, il n'y avait qu'une seule maison, qui n'était pas incendiée, mais

 19   qui avait subi l'effet du feu. Il y avait eu probablement une petite

 20   escarmouche.

 21   J'ai dit à ceux qui m'accompagnaient : "Regardez la mégalomanie,

 22   regardez l'effet de la mégalomanie qui permet de transformer un tout petit

 23   événement en quelque chose de très important. Regardez comment on gonfle

 24   les choses, ce qui ne peut que nous amener à une situation plus

 25   difficile."


Page 14393

  1   Maintenant, le fait de savoir que des Musulmans ont peut-être

  2   été chassés de cet endroit, ça, vraiment, je ne suis pas au courant.

  3   M. Cayley (interprétation). - Est-ce que vous avez appris

  4   qu'en 1992, à Busovaca, Vitez et Kiseljak, le HVO avait pris le contrôle

  5   de ces villes, en excluant les Musulmans des postes importants au sein du

  6   pouvoir civil ? Est-ce que vous avez été informé de cela ?

  7   M. Holman (interprétation). - Je ne suis pas au courant et,

  8   excusez-moi de vous contredire, mais je ne crois pas qu'ils aient été

  9   expulsés de la vie civile à Busovaca et à Vitez. Ce que je sais, c'est

 10   qu'à Vitez également il y avait des unités de l'armée de Bosnie-

 11   Herzégovine qui, fin 1992, ou début 1993, sont allées seules à Turbe.

 12   Je ne me rappelle pas la date exacte mais, ce que je sais, c'est

 13   que ces unités musulmanes dirigées par un Fadil sont allées avec nous, à

 14   Turbe, là-haut, pour participer à l'opération qui était lancée dans la

 15   direction de Vocnjak. Donc, c'étaient des unités qui provenaient y compris

 16   de Vitez ; ça, je le sais.

 17   M. Cayley (interprétation). - Est-ce que vous savez qu'à la mi-

 18   janvier 1993 des combats ont opposé l'armée de Bosnie-Herzégovine et le

 19   HVO à Gornji Vakuf et qu'un certain nombre de civils musulmans ont été

 20   chassés de la ville suite à ces combats ?

 21   M. Holman (interprétation). - Je sais que ces conflits ont eu

 22   lieu. Monsieur le Président, Messieurs les Juges, je suis donc au courant

 23   de l'existence de ces heurts, de ces conflits à Vakuf. Je me rappelle cela

 24   parce que, à ce moment-là, les routes étaient fermées, notamment la route

 25   du Salut, elle était fermée, coupée. Et la population avait les plus


Page 14394

  1   grandes difficultés à s'approvisionner en vivres à Zenica. Maintenant, que

  2   des Musulmans aient été chassés de là-haut, je ne suis pas au courant.

  3   M. le Président. - Je vais vous proposer, ainsi qu'à mes

  4   collègues, de faire une pause. D'après M. le Greffier, l'interrogatoire

  5   principal a duré environ deux heures. N'est-ce pas, Monsieur Marc

  6   Dubuisson ?

  7   M. Dubuisson. - Oui, c'est bien cela, Monsieur le Juge.

  8   M. le Président. - Le contre-interrogatoire a duré dix heures

  9   trente. Il conviendrait que vous ne dépassiez pas... que le délai maximum

 10   de votre contre-interrogatoire ne dépasse pas la durée de l'interrogatoire

 11   principal.

 12   Nous reprendrons dans vingt minutes.

 13   L'audience, suspendue à 11 heures 10, est reprise à 11 heures 40.

 14   M. le Président. - L'audience est reprise. Veuillez introduire

 15   l'accusé et le témoin. Le témoin est là. Nous reprenons.

 16   Maître Cayley, vous avez jusqu'à 13 heures, jusqu'à la fin de la

 17   matinée. Maximum ! Si vous terminez avant, c'est aussi bien. Maximum

 18   jusqu'à 13 heures.

 19   M. Cayley (interprétation). - Il me semble que cela me donne

 20   15 minutes de moins que la défense.

 21   M. le Président. - Maître Cayley, vous êtes un redoutable

 22   calculateur. Je me fie aux calculs de M. Dubuisson. C'était aux environs

 23   de 2 heures. Vous avez fait à peu près trois quarts d'heure.

 24   Monsieur Dubuisson, il vaut mieux que vous traitiez cela. Vous allez nous

 25   arbitrer.


Page 14395

  1   M. Dubuisson. - Pour avoir vérifié exactement l'heure dans le

  2   transcript du vendredi, ce n'était pas 40 minutes vendredi mais 30 minutes

  3   vendredi. Donc, la défense a utilisé 1 heure 50 exactement.

  4   M. Cayley (interprétation). - Et moi, j'en ai utilisé combien ?

  5   M. Dubuisson. - De 10 heures 30 jusqu'à la pause 11 heures  15.

  6   M. le Président. - 11 heures 10, Monsieur Dubuisson. Qu'il n'y

  7   ait pas d'incident protocolaire. 11 heures 10 !

  8   Nous allons..

  9   M. Cayley (interprétation). - Je suis en train de perdre mon

 10   temps, Monsieur le Président.

 11   M. le Président. - Tout à fait et pour vous le faire regagner au

 12   plus vite, nous disons qu'il faut que vous terminiez à 13 heures. Je suis

 13   sûr que vous y arriverez très bien.

 14   M. Cayley (interprétation). - Je ferai de mon mieux.

 15   Monsieur Holman, avant de rejoindre les rangs du HVO en 1993,

 16   avez-vous eu un certain nombre de rencontres avec celui qui, à l'époque,

 17   était le colonel Blaskic et Dario Kordic ?

 18   M. Holman (interprétation). - Je n'ai pas eu une série de

 19   rencontres avec celui qui, à l'époque était le colonel Blaskic, mais

 20   pendant la guerre, je n'ai vu M. Blaskic que deux ou trois fois. Je l'ai

 21   rencontré un jour par hasard. Je l'ai rencontré ensuite au moment de son

 22   transfert ici. Et puis au moment où la crise sévissait à Jajce, M. Blaskic

 23   a demandé une assistance en terme d'hommes. Il n'a rien exigé. C'était une

 24   requête, une demande. Il m'a demandé de lui envoyer des hommes pour

 25   l'aider parce que Jajce était dans une situation très difficile, juste


Page 14396

  1   avant la chute de la ville.

  2   M. le Président. - Excusez-moi. Nous sommes à huis clos. Qu'est-

  3   ce qui se passe ? Nous sommes en audience publique, je le rappelle. Nous

  4   sommes en audience publique. Monsieur Holman, vous regardez les juges

  5   quand vous répondez et vous essayez d'adopter un débit plus lent.

  6   M. Cayley (interprétation). - Monsieur Holman, puisque nous

  7   manquons de temps, nous allons essayer d'avancer le plus rapidement

  8   possible. Passons aux événements qui se sont déroulés entre le 15 et le

  9   18 avril.

 10   En réponse aux questions de l'interrogatoire principal, vous

 11   avez dit être arrivé sur le site de l'enlèvement de Zivko Totic le

 12   15 avril au matin. Vous rappelez-vous avoir dit cela ?

 13   M. Holman (interprétation). - Oui, je me rappelle.

 14   M. Cayley (interprétation). - Savez-vous qu'entre le 16 février

 15   1993 et le 11 avril 1993, le HVO a maintenu en détention 11 Musulmans

 16   étrangers dans la prison de Kaonik et ce, illégalement.

 17   M. Holman (interprétation). - Je ne suis pas au courant.

 18   M. Hayman (interprétation). - Ce sont des faits supputés qui ne

 19   font pas partie du dossier. Si des étrangers portant des armes se

 20   trouvaient dans le pays, il n'y a pas eu de preuve que c'était illégal en

 21   Bosnie-Herzégovine. Donc, vous ne devriez pas poser une question au témoin

 22   sous cette forme.

 23   M. le Président. - Maître Hayman, la question a été posée au

 24   témoin de savoir s'il le savait. On peut quand même poser au témoin une

 25   information pour savoir s'il savait quelque chose. En tout cas, dans cette


Page 14397

  1   chambre, on les posera ces questions ! Sinon, on ne s'en sort pas !

  2   Je vous en prie, posez votre question. Le témoin répondra oui ou

  3   non. Ce ne sont pas des suggestions. C'est ce que pense l'accusation. Vous

  4   faites exactement pareil quand vous êtes dans le rôle du contre-

  5   interrogatoire. Je me permets de vous le rappeler !

  6   Allez-y ! Je vous donne encore la parole pour ne pas que vous

  7   puissiez dire que je vous brime, Maître Hayman.

  8   M. Hayman (interprétation). - Peut-être est-ce un problème de

  9   traduction, Monsieur le Président. Mais la forme correcte aurait été  :

 10   "Est-ce qu'ils ont fait telle ou telle chose ?" Alors que le Procureur a

 11   dit  : "Etes-vous au courant que..?". Ce qui part du principe que le fait

 12   a existé. Mon objection porte sur la forme. C'est une subtilité.

 13   M. le Président. - C'est tout à fait une subtilité. Je suis

 14   sensible à vos subtilités, Maître Hayman. Mais je pense qu'on peut estimer

 15   aussi que le témoin est subtil. Votre témoin

 16   est subtil également. Il sait très bien que ce que demande l'accusation,

 17   c'est une thèse de l'accusation et il va essayer de répondre en disant

 18   qu'il n'est peut-être pas au courant, qu'il n'a été au courant

 19   qu'accessoirement. Laissez se dérouler le débat !

 20   Vous reprenez votre question telle que vous l'avez posée,

 21   Maître Cayley.

 22   M. Cayley (interprétation). - Je n'ai pas répondu au point

 23   évoqué par M. Holman mais je ne vais pas le faire car nous manquons de

 24   temps. Tout est inscrit au compte rendu et au cours de la pose, je pourrai

 25   peut-être converser avec mon collègue. Monsieur Holman, êtes-vous au


Page 14398

  1   courant du fait que 13 Musulmans étrangers ont été mis en détention dans

  2   la prison de Kaonik ?

  3   M. le Président. - Auraient été mis en détention.

  4   M. Cayley (interprétation). - Monsieur le Président, le témoin a

  5   parlé de cela dans sa déposition. Monsieur Hayman peut laisser entendre

  6   que le témoin ment mais, en tout cas, il l'a dit dans sa déposition.

  7   M. Hayman (interprétation). - Le problème pour moi était le

  8   terme "illégal". Maintenant, je n'ai plus d'objection. Est-ce que vous

  9   avez appris que 13 Musulmans étaient détenus à Kaonik. D'accord.

 10   M. le Président. - Monsieur Holman, vous répondez en regardant

 11   les juges.

 12   M. Holman (interprétation). - Je ne suis absolument pas au

 13   courant du fait qu'ils ont été mis en détention. Je sais qu'il existait

 14   des soldats musulmans étrangers en Bosnie mais qu'ils aient été arrêtés,

 15   cela, je ne suis absolument pas au courant.

 16   M. Cayley (interprétation). - Etes-vous au courant que les

 17   autorités musulmanes ont protesté auprès du HVO au sujet de la détention

 18   de ces Musulmans à Kaonik ?

 19   M. Holman (interprétation). - Non.

 20   M. Cayley (interprétation). - Donc, vous ne savez pas non plus

 21   la raison pour laquelle Zivko Totic a été enlevé, kidnappé, consistait à

 22   faire de lui une monnaie d'échange de façon à ce que les Musulmans

 23   enfermés à Kaonik soient libérés par le HVO ?

 24   M. Holman (interprétation). - Je sais que Zivko Totic a été

 25   enlevé, mais pour ces motifs, je ne suis pas au courant.


Page 14399

  1   M. Cayley (interprétation). - En mai 1993, avez-vous eu

  2   connaissance d'un échange qui s'est déroulé à Zenica au cours duquel Zivko

  3   Totic a été échangé par des Moudjahidin en échange de ces 13 Musulmans qui

  4   étaient enfermés dans la prison de Kaonik ?

  5   M. Holman (interprétation). - Je ne suis pas au courant. En

  6   mai 1993, je crois que j'étais moi-même déjà dans un camp.

  7   M. Cayley (interprétation). - Donc vous ne connaissez pas les

  8   raisons pour lesquelles Zivko Totic a été enlevé, n'est-ce pas ?

  9   M. Holman (interprétation). - Non, je ne les connais pas.

 10   M. Cayley (interprétation). - Merci. Vous avez dit que sur les

 11   lieux du crime, à Zenica, à l'endroit où ces personnes qui escortaient

 12   M. Totic ont été tuées, vous avez dit que c'était un spectacle très

 13   déplaisant. C'est ce que vous avez dit lors de l'interrogatoire

 14   principal ?

 15   M. Holman (interprétation). - Oui, c'est ce que j'ai dit.

 16   M. Cayley (interprétation). - Lorsque vous êtes arrivé sur les

 17   lieux, vous avez trouvé deux juges d'instruction qui représentaient les

 18   autorités bosniaques et qui avaient pour tâche de mener une enquête sur

 19   l'incident. Vous vous rappelez cela ?

 20   M. Holman (interprétation). - Oui.

 21   M. Cayley (interprétation). - Vous rappelez-vous les noms de

 22   l'un ou l'autre de ces juges ?

 23   M. Holman (interprétation). - Je me rappelle le nom de

 24   Vlado Adamovic, l'un des deux juges que je connaissais d'ailleurs. Quant à

 25   l'autre juge, c'était un Musulman.


Page 14400

  1   Je le sais pour la raison suivante : parce que lorsque moi j'ai

  2   été jugé, Monsieur le Président, Messieurs les Juges, au cours du procès

  3   que je subissais, je juge m'a dit : "Vous avez appris ce qui s'est passé

  4   là-haut, un crime infâme", et j'ai répondu : "Est-il possible que vous

  5   continuiez à justifier cela ?".

  6   M. Cayley (interprétation). - Mais vous conviendrez avec moi que

  7   les autorités bosniaques ont réagi très rapidement puisqu'elles ont entamé

  8   une enquête au sujet des circonstances qui ont entouré l'enlèvement de

  9   Zivko Totic.

 10   M. Holman (interprétation). - Je ne sais pas comment s'est

 11   déroulée l'enquête. La seule chose que je sais, c'est que j'ai trouvé ces

 12   deux juges sur les lieux de l'incident.

 13   M. Cayley (interprétation). - Combien de temps après

 14   l'enlèvement, ces deux juges sont-ils arrivés sur les lieux ?

 15   M. Holman (interprétation). - Depuis le Tribunal jusqu'à

 16   l'endroit, il faut sans doute 10 minutes pour s'y rendre.

 17   M. Cayley (interprétation). - A quelle heure êtes-vous arrivé

 18   sur les lieux de l'enlèvement ?

 19   M. Holman (interprétation). - Moi aussi, il m'a fallu à peu près

 20   5 à 10 minutes.

 21   M. Cayley (interprétation). - Vous ne m'avez pas très bien

 22   compris. A quelle heure êtes-vous arrivé le matin sur les lieux de

 23   l'enlèvement ?

 24   M. Holman (interprétation). - Cinq ans après l'incident, il est

 25   difficile de se rappeler l'heure exacte. Mais il était sans doute aux


Page 14401

  1   alentours de 8 heures à ce moment-là, Zivko prenait son service et moi le

  2   mien. C'était à 8 heures que nous commencions notre travail.

  3   M. Cayley (interprétation). - Vous dites aujourd'hui que vous

  4   n'êtes pas vraiment sûr de l'heure à laquelle vous êtes arrivé sur les

  5   lieux de l'enlèvement ?

  6   M. Holman (interprétation). - Aux alentours de 8 heures.

  7   M. Cayley (interprétation). - Vous avez déclaré en réponse aux

  8   questions de l'interrogatoire principal que le colonel Blaskic vous a

  9   appelé le 15 avril à midi, que vous lui avez fait rapport sur la situation

 10   à Zenica. Vous rappelez-vous avoir dit cela ?

 11   M. Holman (interprétation). - Oui, je me rappelle.

 12   M. Cayley (interprétation). - Il vous a dit d'envoyer des

 13   troupes à Kuber, vous rappelez-vous cela ?

 14   M. Holman (interprétation). - Oui.

 15   M. Cayley (interprétation). - Je crois vous avoir entendu dire

 16   que Kuber était une position dominante, qu'il fallait tenir si on voulait

 17   contrôler Vitez ou Busovaca ?

 18   M. Holman (interprétation). - Oui, c'était une position

 19   dominante. Ceux qui tenaient cette position avaient plus de facilité à

 20   réaliser leurs opérations de combat.

 21   M. Cayley (interprétation). - Ce fait était vrai que vous

 22   souhaitiez attaquer ou défendre, n'est-ce pas Monsieur Holman ?

 23   M. Holman (interprétation). - Oui, aussi bien si l'on souhaitait

 24   attaquer que défendre. Mais les unités qui tenaient cette position avaient

 25   déjà une facilité plus grande vis-à-vis de Vitez et Busovaca.


Page 14402

  1   M. Cayley (interprétation). - Avez-vous reçu d'autres ordres du

  2   colonel Blaskic le 15 avril ?

  3   M. Holman (interprétation). - Je n'ai rien reçu d'autre en

  4   dehors de ce dont j'ai déjà parlé dans ma déposition.

  5   M. Cayley (interprétation). - J'aimerais que l'on montre au

  6   témoin la pièce à conviction 267.

  7   M. le Président. - Pièce de la défense ou de l'accusation ?

  8   M. Cayley (interprétation). - C'est une pièce à conviction de la

  9   défense, Monsieur le Président.

 10   Pendant que vous attendez que l'on vous remette cette pièce à

 11   conviction, je vous demanderai avec quelle brigade du HVO vous coopériez

 12   le 15 avril 1993 ?

 13   M. Holman (interprétation). - Comme je vous l'ai dit, c'était

 14   avec la brigade Francetic.

 15   M. Cayley (interprétation). - Merci.

 16   Cette pièce que l'on vous présente est un ordre qui a été

 17   adressé à toutes les brigades, brigades 1 à 12. Cet ordre a été envoyé à

 18   10 heures du matin par le colonel Blaskic. Vous n'avez jamais vu cet ordre

 19   jusqu'à présent ?

 20   M. Holman (interprétation). - Non.

 21   M. Cayley (interprétation). - Et si vous prenez la dernière

 22   page, vous verrez au paragraphe 3 que des instructions sont données aux

 23   brigades du HVO. Vinko Barisic ne vous a pas montré cet ordre le

 24   15 avril ?

 25   M. Holman (interprétation). - Il ne me l'a pas montré et il ne


Page 14403

  1   pouvait pas le faire, car c'est seulement le 18 avril que j'ai réussi à me

  2   rendre au commandement de la brigade Francetic.

  3   M. Cayley (interprétation). - J'aimerais que l'on montre au

  4   témoin la pièce à conviction de la défense 268.

  5   (L'interprète signale encore une fois la très mauvaise

  6   traduction de la pièce 267 en français).

  7   M. Cayley (interprétation). - Vous constaterez que cet ordre,

  8   pièce à conviction 268, a été émis le même jour, le 15 avril, mais à une

  9   autre heure, à 15 heures 45. L'une des brigades qui devait recevoir cet

 10   ordre est la brigade Jure Francetic de Zenica, avez-vous déjà vu cet

 11   ordre ?

 12   M. Holman (interprétation). - Non.

 13   M. Cayley (interprétation). - Eh bien, je vous inviterai à

 14   regarder le dernier paragraphe de cet ordre où vous lirez que "des

 15   rapports réguliers doivent être envoyés à 18 heures et 6 heures du matin,

 16   des rapports spéciaux quand les événements le justifient." Est-ce que vous

 17   voyez ce passage ?

 18   C'est le dernier paragraphe qui précède la signature.

 19   M. Holman (interprétation). - Ah oui, "soumettre des rapports

 20   réguliers à 18 heures et 6 heures du matin, rapport spéciaux quand les

 21   événements le justifient". Oui, effectivement, je vois ce que vous venez

 22   de signaler.

 23   M. Cayley (interprétation). - Vous avez déclaré en réponse aux

 24   questions de l'interrogatoire principal que, la nuit du 15 avril, il avait

 25   été convenu par l'armée de Bosnie-Herzégovine et par le HVO que les


Page 14404

  1   barrages routiers de Zenica devaient être démantelés. Vous rappelez-vous

  2   cela ?

  3   M. Holman (interprétation). - Oui, c'est ce que j'ai dit. C'est

  4   ce que Vinko Barisic m'a annoncé par téléphone, aux alentours de

  5   20 heures. Je crois qu'il était sans doute 20 heures, il m'a dit à ce

  6   moment-là qu'il fallait retirer les barrages, que c'était le résultat d'un

  7   accord entre les observateurs des Nations Unies, la partie musulmane et la

  8   partie croate.

  9   M. Cayley (interprétation). - Est-ce que le HVO a réellement

 10   démantelé les barrages routiers entourant Zenica ?

 11   M. Holman (interprétation). - Nous avons démantelé les barrages.

 12   En fait, moi, je ne surveillais... Le barrage de Cajdras a toujours

 13   existé, mais il était loin, je ne pouvais pas le voir, il était à

 14   3 kilomètres ; c'est dans la rue du 12-Avril que je devais démanteler le

 15   barrage qui existait à cet endroit-là. Je ne pouvais pas voir ce qui se

 16   passait plus loin.

 17   M. Cayley (interprétation). - J'aimerais que l'on montre au

 18   témoin la pièce à conviction 521 de l'accusation, pièce 521 de

 19   l'accusation.

 20   Est-ce que vous pouvez donc lire ce document ? Il ne s'agit pas

 21   de la meilleure

 22   copie, c'est vrai.

 23   M. Holman (interprétation). - Oui, je peux lire.

 24   M. Cayley (interprétation). - Eh bien, il s'agit là d'un rapport

 25   qui a été envoyé par la brigade Jure Francetic à 6 heures du matin. Vous


Page 14405

  1   serez d'accord avec moi que c'était en accord avec l'ordre du

  2   colonel Blaskic en date du 15 avril que vous avez vu tout à l'heure. Est-

  3   ce que c'est vrai ?

  4   M. Holman (interprétation). - Oui.

  5   M. Nobilo (interprétation). - Le témoin avait dit que, l'ordre

  6   du 15 avril, il ne l'a jamais vu. Et d'ailleurs il n'a pas non plus vu cet

  7   ordre. Par conséquent...

  8   M. le Président. - Maître Cayley a montré tout à l'heure l'ordre

  9   du 15 avril qui se termine en disant que des rapports devront être faits.

 10   Maître Cayley lui demande s'il est d'accord que c'est un rapport qui a été

 11   fait en fonction de cet ordre. Poursuivez, Maître Cayley.

 12   M. Cayley (interprétation). - On a parlé de cet ordre. Je vais

 13   vous donner lecture de ce qui est devant moi. Il s'agit de la brigade Jure

 14   Francetic : "La nuit s'est passée calmement dans la zone qui est couverte

 15   par la brigade. Toutes les unités se trouvent dans les positions où elles

 16   se trouvaient. La ville est sous le contrôle et nos formations laissent

 17   les civils qui ne sont pas sous les armes et qui sont sur le poste de

 18   travail."

 19   Monsieur Holman, vous êtes d'accord qu'il s'agit d'un rapport de

 20   la brigade de Jure Francetic qui démontre qu'il s'agit d'une brigade qui

 21   avait maintenu les positions qui étaient les siennes à Zenica, et prouve

 22   que la ville de Zenica est sous leur contrôle, par conséquent que le

 23   colonel Blaskic était au courant.

 24   M. Holman (interprétation). - Monsieur le Président, selon le

 25   rapport en question, je me dois de l'appeler un rapport idiot, imbécile.


Page 14406

  1   Celui qui avait rédigé ce rapport ne pouvait strictement rien voir, il ne

  2   pouvait pas obtenir les informations du terrain. Moi-même, je ne les ai

  3   pas envoyées et tous ceux qui habitaient la ville de Zenica savaient que

  4   les établissements publics était sous le contrôle de l'armée de Bosnie-

  5   Herzégovine : la caserne, la municipalité, le Tribunal, les bureaux du

  6   Procureur, etc. Je ne vais pas citer tout cela.

  7   Nous avons tout simplement été dans la Faculté des Sciences

  8   mécaniques où se trouvait mon commandement et, à trois kilomètres par

  9   rapport à cette Faculté, il y avait également l'entreprise Vatrostalna qui

 10   était sous notre contrôle. J'avais déjà dit que, dans ces écoles, nous ne

 11   nous sommes pas trouvés dans la maternité non plus.

 12   Par conséquent, il y avait quatre établissements dans la

 13   périphérie de Zenica qui étaient sous notre contrôle. Toute la ville,

 14   depuis toujours, tous les établissements publics, les établissements

 15   d'Etat se trouvaient sous le contrôle de l'armée de Bosnie-Herzégovine, et

 16   ceci depuis toujours.

 17   Par conséquent, je ne peux pas comprendre quelqu'un qui aurait

 18   pu rédiger un rapport aussi irresponsable. C'est la raison pour laquelle

 19   nous avons perdu la guerre à Zenica parce qu'il y avait des gens comme

 20   ceux-ci dans nos rangs.

 21   M. Cayley (interprétation). - Est-ce que vous seriez surpris

 22   d'apprendre, Monsieur Holman, que ce rapport a été reconnu par l'officier

 23   opérationnel du colonel Blaskic pour la zone opérationnelle de Bosnie

 24   centrale ?

 25   M. le Président. - (hors micro) Maître Nobilo, mais rapidement


Page 14407

  1   s'il vous plaît parce que la question a été posée au témoin qui doit y

  2   répondre.

  3   M. Nobilo (interprétation). - Oui, je vais être bref,

  4   certainement, Monsieur le Président. Mais je pense qu'il ne faut pas

  5   interpréter de manière erronée les faits. Le témoin de la défense avait

  6   confirmé qu'il s'agissait d'un rapport qui était arrivé dans la zone

  7   d'opérations. Il n'a pas parlé donc du contenu et de la véracité du

  8   contenu. Il a tout simplement dit que le rapport était venu au

  9   commandement.

 10   M. le Président. - Maître Cayley ?

 11   M. Cayley (interprétation). - Monsieur le Président, j'ai

 12   vérifié le transcript. Il a

 13   reconnu, il n'y a aucun doute, ce document. Monsieur Nobilo peut le

 14   vérifier pour lui-même.

 15   M. Hayman (interprétation). - Oui, il a confirmé qu'il l'a vu.

 16   Mais Me Nobilo vient de dire qu'il n'a rien été dit sur le contenu.

 17   M. Cayley (interprétation). - Il y a eu toute une série

 18   d'objections. Je vous demanderai maintenant un peu plus de temps, un temps

 19   supplémentaire au-delà d'une heure.

 20   M. Hayman (interprétation). - Monsieur le Président, nous posons

 21   des objections tout à fait légitimes concernant la forme des questions qui

 22   sont posées par le conseil. Il faut clarifier le point factuel de cette

 23   question.

 24   M. le Président. - Moi, j'aimerais bien clarifier déjà la

 25   réponse du témoin. Le témoin a dit que c'était un rapport imbécile, si


Page 14408

  1   j'ai bien compris la traduction. Et c'est d'ailleurs la première fois

  2   qu'une pièce à conviction est caractérisée. Nous avions eu beaucoup de

  3   qualificatifs pour les pièces à conviction, mais jamais de cette façon-là.

  4   Le témoin a donc dit son point de vue sur la pièce à conviction.

  5   C'est son droit. Il dit ce qu'il a envie de dire. Maintenant, il me paraît

  6   légitime que l'accusation lui fasse observer que ce rapport a une certaine

  7   crédibilité par rapport à un autre témoin qui a entendu.

  8   Poursuivez, Maître Cayley.

  9   M. Cayley (interprétation). - Seriez-vous surpris, Monsieur

 10   Holman, d'apprendre que ce document particulier a été reconnu par

 11   l'officier opération du colonel Blaskic. Il a déposé ici il y a quelques

 12   semaines.

 13   M. Shahabuddeen (interprétation). – (hors micro)

 14   M. Cayley (interprétation). – Oui, vous avez raison. Là, je

 15   pense qu'il y a le mot "clarifié" qui signifie la fin de l'intervention de

 16   mon collègue Me Hayman. C'est là que commence l'intervention du Président.

 17   Il est très difficile, Monsieur le Juge, de distinguer entre ces deux

 18   interventions. Je pense que vous avez raison.

 19   M. le Président. - Les questions-réponses doivent être mieux

 20   séparées. Nous

 21   reprenons la question, Maître Cayley. Monsieur Holman, avez-vous compris

 22   la question ? Vous avez caractérisé le document comme vous l'entendiez, en

 23   disant qu'il ne correspondait pas à le réalité stratégique du moment au

 24   sein de la Brigade Francetic. Maître Cayley, vous dit simplement : est-ce

 25   que vous êtes étonné que ce document ait été reconnu par un autre témoin


Page 14409

  1   qui occupait une fonction de responsabilité au sein de cette Brigade, à

  2   l'époque.

  3   Monsieur Holman, pouvez-vous répondre en vous tournant vers les

  4   Juges, s'il vous plaît, et en parlant lentement pour permettre aux

  5   interprètes de faire leur travail.

  6   M. Holman (interprétation). – Monsieur le Président, Messieurs

  7   les Juges, je ne suis absolument pas au courant si le supérieur avait

  8   accepté le rapport en question. Je vais vous rappeler ce que j'ai dit.

  9   A 20 heures, il a été convenu que nous étions en cessez-le-feu

 10   jusqu'au lendemain matin. J'ai dit que je me suis rendu au poste de

 11   travail, qu'il y avait un certain nombre de barrages que j'ai pu voir.

 12   Cela ne correspond pas au rapport et que, par conséquent, il fallait

 13   prendre les ruelles et qu'à 6 heures du matin on tirait sur moi, etc.

 14   Par conséquent, cela pouvait être le cas entre 20 heures le soir

 15   et 6 heures du matin. Nous n'avons donc certainement pas tenu la ville

 16   sous le contrôle. Je ne peux certainement pas approuver une telle chose.

 17   Nous étions en périphérie, dans la banlieue de la ville. J'ai dit que nous

 18   avions quelques objets que nous avions contrôlés.

 19   M. le Président. – Nous avons compris l'opposition. Ce n'est pas

 20   la peine de poursuivre davantage.

 21   M. Cayley (interprétation). - Vous seriez d'accord pour dire que

 22   ce rapport indique, sans aucun doute, que la Brigade Jure Francetic ne

 23   croyait pas qu'un rapport quelconque était obtenu entre le HVO et l'armée

 24   de Bosnie-Herzégovine.

 25   M. Holman (interprétation). - Ils ont cru qu'il y avait un


Page 14410

  1   accord auquel ils étaient parvenus. Mais les Musulmans n'ont pas respecté

  2   l'accord. Nous nous sommes mis d'accord de

  3   démanteler les barrages, alors qu'ils ont dressé les barrages. Ils se sont

  4   mis d'accord sur le fait qu'il ne fallait pas tirer. Mais ils ont tiré

  5   parce que moi aussi, j'ai fait l'objet de tels tirs. Par conséquent, ils

  6   n'ont pas respecté l'accord. Ils nous ont trahis, tout simplement, avec

  7   les barrages pour commencer. Donc tout ce qui a été convenu, tout ce qu'on

  8   m'avait dit et tout ce dont j'ai entendu par Vinko Barisic, cela n'a pas

  9   été respecté. Ils se sont mis d'accord de respecter un certain nombre de

 10   points, ils n'ont pas respecté cela, mais ils ont fait l'inverse.

 11   M. Cayley (interprétation). – Le HVO n'a pas non plus respecté

 12   le feu à Zenica, n'est-ce pas ?

 13   M. le Président. – C'est une appréciation, cela. Pouvez-vous

 14   poser votre question de façon plus précise ?

 15   M. Cayley (interprétation). – Ce document montre que le HVO n'a

 16   pas respecté cet accord passé dans la soirée du 18 avril ?

 17   M. Holman (interprétation). - Je pense qu'il a respecté le

 18   cessez-le-feu de l'accord du 15.

 19   M. Cayley (interprétation). - Passons à la date du 18 avril.

 20   C'est la période où vous êtes déjà sorti de Zenica. Quand êtes-vous arrivé

 21   à Cajdras ? A quelle date ?

 22   M. Holman (interprétation). - Le 18 avril. Je suis arrivé le

 23   18 avril. J'étais à Podbrjezje, c'est par Zmajevac, c'est l'ordre de

 24   Barisic que j'ai exécuté et je suis arrivé à Cajdras.

 25   M. Cayley (interprétation). – Et cela, c'était à la date du 18


Page 14411

  1   avril ?

  2   M. Holman (interprétation). – Oui, le 18 avril.

  3   M. Cayley (interprétation). - Vous avez déposé qu'il y avait

  4   5 000 réfugiés avec vous à ce moment-là. Vous vous rappelez cela ?

  5   M. Holman (interprétation). – Au moment où je suis descendu

  6   à Cajdras, j'ai également dit qu'il y avait des réfugiés. Il y en avait

  7   5 000 à peu près parce qu'ils venaient de provenances différentes.

  8   M. Cayley (interprétation). - Savez-vous où sont arrivés, à la

  9   fin, ces réfugiés ?

 10   M. Holman (interprétation). - Ces réfugiés sont arrivés à

 11   Cajdras. Ils ne pouvaient pas aller plus loin. C'est là où se trouvait ma

 12   famille également. Comme la situation était très mauvaise, nous nous

 13   sommes rendus compte que les formations du HVO se trouvaient un peu

 14   partout. Vinko Barisic avait dit qu'il n'y avait pas de soldats sur place.

 15   Je ne me souviens plus avec qui il a parlé. Je suis entré dans cette pièce

 16   et c'est lui-même qui m'avait demandé de voir quelle était la situation à

 17   l'extérieur du siège du commandement.

 18   Quand j'ai appris que Vinko avait dit qu'il n'y avait pas de

 19   soldats, qu'il n'y avait pas d'armée, que tout était éparpillé, j'ai dit à

 20   un accompagnateur également de trouver mon épouse avec mon enfant. Je lui

 21   ai demandé de se diriger vers Zenica, d'emprunter la route et surtout de

 22   ne pas aller en dehors de la route, sinon elle allait être tuée par les

 23   extrémistes, par les formations des extrémistes.

 24   Nous avons eu des rapports indiquant qu'on détruisait les

 25   maisons, qu'on incendiait les maisons, qu'on tirait d'un côté et de


Page 14412

  1   l'autre. Elle portait son extrait de naissance qui était à son nom de

  2   jeune fille. Je lui ai donc demandé d'aller à Zenica parce que d'après les

  3   rapports et d'après les informations des soldats dans les villages, il y

  4   avait des choses terribles, des atrocités terribles qui arrivaient.

  5   M. le Président. - Si vous le pouvez, essayez de répondre de

  6   façon plus contractée sur les questions qui vous sont posées.

  7   M. Holman (interprétation). - Excusez-moi, j'essaie de démontrer

  8   la situation dans laquelle on se trouvait.

  9   M. le Président. – Je le sais, monsieur Holman, mais nous sommes

 10   là également pour faire que le débat soit le plus équitable entre

 11   l'accusation et la défense. Je regarde aussi le temps. Quand on vous pose

 12   une question très précise, essayez d'y répondre de façon relativement

 13   précise. Ne faites pas trop de digressions autour.  Maître Cayley,

 14   poursuivez.

 15   M. Cayley (interprétation). - Savez-vous que plusieurs milliers

 16   de ces réfugiés se sont retrouvés enfin dans une zone qui s'appelle

 17   Grahovcici ?

 18   M. Holman (interprétation). - Je ne suis pas au courant que

 19   quelque 1 000 réfugiés s'y trouvaient. Je sais que Stranjan était en

 20   mesure de se déplacer. En ce qui concerne nous autres, on devait rester

 21   sur place.

 22   M. Cayley (interprétation). - En direction du territoire qui

 23   était sous le contrôle du HVO, c'est ce que vous êtes en train de dire ?

 24   M. Holman (interprétation). - Nous qui étions à Cajdras, à

 25   Zmajevac, à Broda, nous ne pouvions pas aller nulle part. Nous étions


Page 14413

  1   encerclés.

  2   M. Cayley (interprétation). - Cette Chambre a entendu des

  3   dépositions disant que les observateurs ECMM ont essayé de faire revenir

  4   ces milliers de réfugiés à Zenica, et qu'ils ont été empêchés de le faire

  5   par les unités du HVO. Vous en avez entendu parler ?

  6   M. Holman (interprétation). - En ce qui concerne les moyens de

  7   transport des Nations Unies, je peux dire qu'il y avait beaucoup de

  8   réfugiés. Je ne suis pas resté beaucoup à cet endroit-là. Je sais que

  9   certains voulaient faire marche arrière, d'autres voulaient aller à Vitez.

 10   De toute façon, ils ne pouvaient pas se mettre d'accord où devait se

 11   rendre...

 12   M. Cayley (interprétation). - Savez-vous que le ECMM a été

 13   empêché par le HVO de ramener ces réfugiés à Zenica ?

 14   M. Holman (interprétation). - Je ne suis pas au courant.

 15   M. Cayley (interprétation). - Merci. Monsieur le Président, je

 16   pense que nous aurons terminé au moment de la pause déjeuner.

 17   Monsieur Holman, à quel moment êtes-vous devenu commandant du

 18   HOS ? Vous vous rappelez la date ?

 19   M. Holman (interprétation). - C'était le 9 octobre 1992.

 20   M. Cayley (interprétation). - A quel moment s'est tenu votre

 21   entretien avec Darko Kraljevic, l'entretien dont vous avez parlé ?

 22   M. Holman (interprétation). - Darko et moi-même nous nous sommes

 23   rencontrés à plusieurs reprises. Nous nous sommes rencontrés plusieurs

 24   fois. Chaque fois, c'était un peu tendu. La réunion principale dont j'ai

 25   parlé devait avoir lieu après la mort de M. Blaz Kraljevic. Par


Page 14414

  1   conséquent, cela devait être fin du mois d'août ou novembre 1992.

  2   M. Cayley (interprétation). - A quel moment avez-vous pu parler

  3   pour la dernière fois à Darko Kraljevic ?

  4   Vous vous rappelez cela ?

  5   M. Holman (interprétation). - Je pense que c'était le mois de

  6   septembre, ou d'octobre 1992. Je m'excuse. C'était la dernière fois où

  7   nous nous sommes rencontrés.

  8   M. Cayley (interprétation). - En fait, c'est là qu'il vous a

  9   menacé ?

 10   M. Holman (interprétation). - Oui, il m'avait menacé une fois

 11   auparavant. Cette fois-ci, il m'avait menacé. J'ai dit que j'allais rompre

 12   toutes les discussions et les relations avec lui.

 13   M. Cayley (interprétation). - Savez-vous qu'à l'époque où vous

 14   l'avez vu, Darko Kraljevic était déjà placé sous le commandement du HVO ?

 15   M. Holman (interprétation). - Il ne me l'a pas dit.

 16   M. Cayley (interprétation). - Je souhaite vous remettre un

 17   document qui a été versé par la défense, il s'agit de la pièce n° 250.

 18   Pièce de la défense 250.

 19   Il s'agit d'un rapport daté du 18 février 1994. Il est adressé

 20   au quartier général du HVO de Herceg Bosnie. Vous le voyez ?

 21   M. Holman (interprétation). - Oui, je vois.

 22   M. Cayley (interprétation). - Vous voyez dans le premier

 23   paragraphe qu'il est dit que l'unité PPN Vitezovi a été fondée à la date

 24   du 10 septembre 1992 suite à un décret des forces armées du HZHP Mostar.

 25   Vous le voyez ?


Page 14415

  1   Il s'agit du premier paragraphe, du tout début.

  2   M. le Président. - Vous le voyez Monsieur Holman ?

  3   M. Holman (interprétation). - Oui, je vois bien. C'est donc la

  4   formation de PPN Vitezovi a été formée le 10 septembre 1992 sur la base de

  5   l'ordonnance de Mostar. C'est à cela que vous pensez ?

  6   M. Cayley (interprétation). - C'est exact.

  7   A l'époque où vous étiez commandant du HOS en Bosnie, et à

  8   l'époque où vous avez rencontré pour la dernière fois Darko Kraljevic, les

  9   Vitezovi étaient déjà sous le commandement du HVO, n'est-ce pas exact ?

 10   M. Holman (interprétation). - Personnellement, je n'étais pas au

 11   courant de ceci. Je voudrais tout simplement vous rappeler un détail qui

 12   est intéressant, si vous voulez bien m'écouter. Quand Blaz Kraljevic a été

 13   tué, je suis parti en voiture à l'enterrement. Arko Kraljevic, à moment-

 14   là, avait pris le bus.

 15   M. le Président. - Vous évitez les phrases du style : "Si vous

 16   voulez bien m'écouter" et vous vous tournez vers les Juges. Ce sont les

 17   Juges qui décident en fin de compte. Vous parlez lentement, sans vous

 18   énerver, sinon c'est le Juge qui va s'énerver, ce qui n'est pas bon.

 19   Allez-y calmement.

 20   M. Holman (interprétation). - Je ne sais pas si je peux parler

 21   lentement. C'est pour cela que j'ai demandé si vous vouliez bien

 22   m'écouter, sinon je n'aurais pas dit cela.

 23   Je suis parti à l'enterrement de Blaz Kraljevic, alors que Darko

 24   était parti avec deux bus. Il y avait des soldats armés avec lui. A un

 25   point de contrôle, à un barrage du HVO, il a été arrêté. Il ne s'est même


Page 14416

  1   pas rendu à l'enterrement. Il y avait des problèmes à ce point de

  2   contrôle. Je ne sais pas où il a été arrêté. Je l'ai vu une seule fois. Il

  3   ne m'avait pas dit qu'il était parti rejoindre le HVO. Il ne m'avait pas

  4   parlé de cette formation. Je n'étais pas au courant, je n'aimais pas aller

  5   dans la vallée de la Lasva parce qu'il m'avait menacé, il m'avait dit

  6   qu'il allait me tuer. J'avais des renseignements de ce genre-là. Je ne

  7   suis pas au courant, je ne sais pas pourquoi il voulait me tuer. Il

  8   m'avait fait savoir qu'il allait me tuer. C'est tout ce que je peux vous

  9   dire Monsieur le Juge.

 10   M. Cayley (interprétation). - Peut-on montrer l'organigramme du

 11   commandement s'il vous plaît ?

 12   Je ne me souviens plus exactement de la cote de cette pièce.

 13   M. Cayley (interprétation). - D 437, s'il vous plaît.

 14   Monsieur Holman, si les Vitezovi ont été placés sous le commandement du

 15   HVO à la date du 10 septembre 1992, et vous-même, vous n'avez pas pris le

 16   commandement du HOS en Bosnie avant le mois d'octobre 1992, alors

 17   visiblement cet organigramme n'est pas correct vous seriez d'accord avec

 18   moi puisque Darko Kraljevic ne s'est jamais trouvé sous votre commandement

 19   pour ce qui est de ce document.

 20   M. Holman (interprétation). - Selon l'ordre du commandant

 21   suprême, Dobroslav Paraga, j'ai soumis les rapports et les informations au

 22   sujet des problèmes que j'avais avec Darko Kraljevic. Lui, en revanche,

 23   voulait communiquer avec lui. Par conséquent, cet organigramme était

 24   existant et je n'avais pas encore reçu l'ordre que je pouvais l'écarter.

 25   Mais que j'avais des problèmes avec lui, cela, je vous l'ai dit. Je ne me


Page 14417

  1   sentais même pas en sécurité pour aller discuter avec lui. J'attendais

  2   tout simplement un ordre qui me parviendrait de la part du commandant

  3   suprême. Je n'avais pas le droit de l'écarter. De toute façon, il n'était

  4   pas intégré dans ce schéma.

  5   J'ai dit également tout à l'heure qu'on avait même l'idée de lui

  6   donner un peu plus d'autonomie, qu'il commande dans la vallée de la Lasva.

  7   Mais on ne pouvait pas faire autrement.

  8   M. Cayley (interprétation). - Ce n'est pas ce que vous avez

  9   déposé pendant l'interrogatoire principal. Etes-vous en train de dire que

 10   M. Paraga lui-même n'était pas au courant du fait que Darko Kraljevic

 11   avait été intégré au sein du HVO ?

 12   M. Holman (interprétation). - Non, il ne le savait pas. Au cours

 13   d'un entretien, il avait dit  : "Où est Darko ? Là-bas ou ici ?" J'ai

 14   répondu : "Je ne sais pas. Essayez de voir avec Darko ce que vous pouvez

 15   faire. Moi, personnellement, je ne peux plus lui en parler". C'est le

 16   Président qui avait demandé s'il se trouvait et où il se trouvait. Moi,

 17   personnellement, j'avais rétorqué que je ne pouvais plus discuter avec lui

 18   et que je ne pouvais pas lui donner une réponse précise.

 19   M. Cayley (interprétation). - Vous êtes d'accord avec moi qu'il

 20   y a une contradiction entre cette structure du HOS et le commandement en

 21   Bosnie en 1992 et cet ordre où il est dit que les Vitezovi ont été créés

 22   le 10 septembre, qu'ils ont été intégrés au HVO à la date du 10 septembre.

 23   Vous êtes d'accord avec moi qu'il y a une contradiction ?

 24   M. Holman (interprétation). - Je ne peux pas abonder dans votre

 25   sens parce qu'il y avait des lacunes, un espace de temps pendant lequel on


Page 14418

  1   ne savait pas où il se trouvait. Je vous dis que Paraga ne m'avait pas dit

  2   de l'écarter de la formation du HOS. Lui non plus, il n'était pas au

  3   courant. Je vous dis que nous avons eu l'intention de lui donner un peu

  4   plus d'autonomie, qu'il soit le commandant de la vallée de la Lasva pour

  5   qu'il reste avec nous. C'est la raison pour laquelle vous avez cet

  6   organigramme devant vous.

  7   M. Cayley (interprétation). - Vous déposez maintenant devant

  8   cette Chambre que, lorsque vous avez rencontré Darko Kraljevic, il ne vous

  9   a pas dit qu'il faisait partie intégrante du HVO ?

 10   M. Holman (interprétation). - Non, il n'a pas donné

 11   d'explication. Je vous ai dit que c'était une ambiance qui était très

 12   tendue. Il m'a tout simplement dit qu'il était le chef de la rivière de la

 13   Lasva, là où passe la rivière de la Lasva. "C'est moi qui suis

 14   commandant." Il n'a

 15   pas dit qu'il n'était pas avec nous.

 16   M. Cayley (interprétation). - Merci, Monsieur Holman.

 17   Disons maintenant quelques mots au sujet des activités du HOS à

 18   Zenica pendant que vous assuriez le commandement. Connaissez-vous Nusret

 19   Dedic ? Le cas de ce Musulman qui aurait été assassiné par les membres du

 20   HOS au sein du complexe de l'Ecole de médecine.

 21   M. Holman (interprétation). - Oui, je me souviens de cet

 22   événement. A ce moment-là, je dormais dans un hôtel et on m'avait informé

 23   là-dessus. Dedic n'était pas civil. Nusret Dedic était membre du HOS à ma

 24   connaissance et comme on m'avait informé de la part des soldats de la

 25   caserne, M. Musa Tadelic aurait dû se rendre à son poste où il faisait de


Page 14419

  1   la patrouille. Il y avait des tirs qui avaient été échangés entre les

  2   forces musulmanes qui étaient dans l'Ecole de médecine. Je ne sais pas

  3   plus que cela car il y avait M. Brahinovic le coordinateur qui est allé

  4   sur place. C'est lui qui avait enquêté un peu plus que moi. Moi, je suis

  5   arrivé un peu plus tard mais il était membre du HOS. C'est comme cela

  6   qu'il a été tué. C'était la nuit. C'est ce qu'on m'avait dit. Il y avait

  7   des échanges de tirs.

  8   Et comment Nusret a-t-il été tué ? Qui l'avait tué ? Comment la

  9   mort s'est-elle produite ? Cela, je ne peux pas vous le dire parce que je

 10   sais que c'est le MUP et ses services qui devaient s'occuper de l'enquête.

 11   Ce sont eux qui étaient chargés de l'enquête et qui étaient compétents.

 12   Nous n'avons pas reçu le rapport officiel. Si le MUP en dispose, je ne

 13   peux pas vous le dire.

 14   M. Cayley (interprétation). - Etes-vous au courant d'un magasin

 15   à Zenica qui s'appelle Mobilia ?

 16   M. Holman (interprétation). - Oui.

 17   M. Cayley (interprétation). - En 1992, qui était le propriétaire

 18   de ce magasin ?

 19   M. Holman (interprétation). - En 1992, lors d'une réunion à

 20   Ljubuski, il y avait un monsieur qui est apparu. Il était directeur

 21   général, PDG de Mobilja Osijek. Il m'avait donné les

 22   documents pour le prouver. Il m'avait également mis des documents à

 23   disposition pour maintenir ces locaux, qu'ils ne soient pas dévastés,

 24   détruits par les forces différentes. C'est la raison pour laquelle j'ai

 25   pris ce local.


Page 14420

  1   Il faisait partie intégrante d'une boutique. C'était la

  2   logistique pour le HOS et, tout qui était obtenu allait dans la caisse du

  3   HOS. Nous avons par la suite mis à la disposition cet argent.

  4   M. Cayley (interprétation). - Savez-vous qu'un membre de votre

  5   unité du HOS, à Zenica, se rendait dans des maisons serbes et pillait

  6   leurs biens et les revendait par l'intermédiaire de ce magasin ?

  7   M. Holman (interprétation). - Je ne peux pas vous dire que de

  8   tels genres de marchandises ont été vendues dans cette boutique.

  9   M. Cayley (interprétation). - Monsieur Mekic, qui était le chef

 10   de l'état-major du 3e Corps de l'armée de Bosnie-Herzégovine, vous a-t-il

 11   demandé de vous débarrasser des éléments criminels qui étaient membres du

 12   HOS ? Vous a-t-il donné une liste d'individus qu'il fallait jeter hors des

 13   unités du HOS qui étaient sous votre commandement ?

 14   M. Holman (interprétation). - Non, il ne m'a pas donné une liste

 15   de ce genre-là. Il l'a peut-être envoyée mais je ne l'ai jamais reçue. En

 16   ce qui concerne les criminels ou des groupes de criminels, des bandes,

 17   nous avons effectivement rédigé des listes que nous avons envoyées aux

 18   autorités militaires et civiles. On les arrêtait, on les gardait dans les

 19   établissements pénitentiaires et l'on n'avait pas essayé de protéger les

 20   bandes ou les groupes criminels. On mettait à la disposition des autorités

 21   publiques et des autorités militaires des listes avec les noms de ce

 22   genre-là.

 23   Je me souviens qu'on avait des réserves sur ce plan-là et même

 24   vis-à-vis des médias également. On en a parlé devant les médias. Par

 25   conséquent, même en passant par les mass média, on faisait des réserves


Page 14421

  1   vis-à-vis de tels genres de groupes et de bandes. On se mettait à la

  2   disposition de la police, on demandait qu'on les sanctionne, qu'on les

  3   arrête, qu'on les juge en fonction des actes criminels qu'ils auraient

  4   commis.

  5   M. Cayley (interprétation). - Une digression, si vous permettez,

  6   Monsieur Holman. Pouvez-vous consulter le document que vous avez devant

  7   vous ? Vous souvenez-vous d'avoir dit pendant l'interrogatoire principal

  8   qu'il y avait entre 300 et  400 membres dans l'unité Vitezovi ? Ou plutôt

  9   de membres du HOS de Darko Kraljevic au sein du HVO, pour être plus

 10   précis ?

 11   M. Holman (interprétation). - Le commandant Darko Kraljevic

 12   avait dans sa région... Il avait des formations de Novi Travnik, également

 13   300 à 400 personnes, pas uniquement les Vitezovi. C'était un bataillon de

 14   300 à 400 personnes.

 15   M. Cayley (interprétation). - Et cela faisait combien d'hommes ?

 16   M. Holman (interprétation). - Il devait avoir dans les

 17   400 soldats selon l'organigramme : Travnik, Novi Travnik et Bucici.

 18   M. Cayley (interprétation). - Pouvez-vous consulter le deuxième

 19   paragraphe de ce rapport, s'il vous plaît, qui est daté du

 20   18 février 1994 ? Je vous le lirai. Il est dit que les Vitezovi étaient

 21   créés pour être une unité à destination spéciale, qu'ils étaient situés à

 22   l'école élémentaire de Dubravica, Krizancevo Selo, qu'il y avait

 23   120 hommes dans cette unité, que plus tard il y en avait 140 à 180, que

 24   ces hommes étaient originaires des municipalités de Vitez, Zenica et

 25   Travnik.


Page 14422

  1   Je ne poursuis pas ma lecture. Alors, il est dit dans ce rapport

  2   qu'il y avait 120 hommes dans cette unité des Vitezovi, puis 140 à 180.

  3   M. le Président. - J'ai déjà dit que chaque fois qu'il y a un

  4   document, qu'il figure sur les moniteurs. Merci.

  5   M. Cayley (interprétation). - Monsieur Holman, vous êtes

  6   d'accord avec moi pour dire que vous n'avez pas donné le chiffre exact

  7   quand vous avez parlé de 300 à 400 hommes ?

  8   M. Holman (interprétation). - Je ne sais pas si on s'est bien

  9   compris. Darko pouvait avoir 150 personnes à peu près mais, avec les

 10   formations de Novi Travnik, Travnik et Bucici, il en avait 400 au total.

 11   Vous parlez uniquement de Vitez alors que je rajoute Novi Travnik,

 12   Travnik, etc. Les Vitezovi, dans les 150 personnes au total et deux ou

 13   trois compagnies faisaient un bataillon, par conséquent, au total, 400.

 14   Sinon, il avait à disposition 150 personnes à Vitez.

 15   M. Cayley (interprétation). - Il est dit dans ce rapport,

 16   Monsieur Holman, que ces soldats, ces 140 à 180 soldats étaient

 17   originaires des municipalités de Vitez, Zenica et Travnik.

 18   M. Holman (interprétation). - Non, personne ne pouvait tenir de

 19   Zenica. Zenica était sous mon contrôle et nous ne pouvions même pas sortir

 20   de Zenica. Par conséquent, personne ne pouvait y être ; Travnik ou Novi

 21   Travnik, éventuellement mais je ne peux pas vous dire quoi que ce soit

 22   d'autre, je ne suis pas au courant.

 23   M. Cayley (interprétation). - Eh bien, Monsieur Holman, il

 24   s'agit d'un rapport qui a été versé comme pièce à conviction de la

 25   défense. C'est un document qui a été signé par l'adjoint du commandant de


Page 14423

  1   la PPN Vitezovi, M. Dragan Vinjac.

  2   Vous voulez dire, donc, qu'il ne connaissait pas combien

  3   d'hommes il avait dans sa propre unité ?

  4   M. Holman (interprétation). - Non, je ne peux pas dire qu'il ne

  5   soit pas au courant de combien de personnes il a à sa disposition dans son

  6   unité, dans sa formation. Je ne peux pas le savoir, je ne sais pas combien

  7   Darko en avait. Je vous ai dit que j'avais coopéré avec Darko mais que

  8   c'était très difficile. Darko ne m'avait jamais parlé de quoi que ce soit.

  9   C'est selon les renseignement que j'ai eus d'ailleurs que je vous parle du

 10   nombre des effectifs, mais Darko ne m'en a jamais parlé. Je pense que nous

 11   nous comprenons maintenant.

 12   M. Cayley (interprétation). - Le fait est que vous ne savez pas

 13   combien il y avait d'hommes placés sous le commandement de Darko

 14   Kraljevic ?

 15   M. Holman (interprétation). - Non.

 16   M. Cayley (interprétation). - Merci. Revenons maintenant aux

 17   activités du HOS à Zenica...

 18   M. Holman (interprétation). - Excusez-moi, on parle du

 19   18 février. A cette époque-là, les formations à Zenica, HOS et du HVO ont

 20   été détruites, démantelées. Je ne peux pas en parler parce que je ne suis

 21   pas au courant. C'est le 18 février 1994. Moi, j'ai été arrêté et je suis

 22   sorti au mois d'avril seulement de la prison. Par conséquent, je n'avais

 23   plus rien, je n'avais pas de formation, je n'avais rien, j'étais un

 24   prisonnier de guerre.

 25   M. le Président. - Vous n'êtes accusé de rien du tout. Je vous


Page 14424

  1   le rappelle, vous vous contentez de répondre aux questions.

  2   M. Holman (interprétation). - Excusez-moi, je voulais simplement

  3   dire que je n'étais pas au courant.

  4   M. le Président. – Cela a été consigné. Avançons, s'il vous

  5   plaît. Il est une heure moins 20.

  6   M. Cayley (interprétation). - Bien que vous ayez raison, il

  7   s'agit d'un rapport du 18 février 1994, mais il parle des événements

  8   commencent en septembre 1992. Il s'étend jusqu'en 1994. Il couvre donc

  9   également des périodes où vous n'étiez pas en prison.

 10   Souvenez-vous d'un juriste serbe à Zenica qui a été battu si

 11   sévèrement par vos hommes qu'il n'était plus reconnaissable après ce

 12   passage à tabac. Vous vous souvenez ?

 13   M. Holman (interprétation). – Oui, je me souviens de cet

 14   événement. S'il vous plaît.

 15   M. Cayley (interprétation). – Allez-y.

 16   M. Holman (interprétation). -  Monsieur le Président, Messieurs

 17   les Juges, à cette époque-là, j'étais en voyage. Je suis arrivé ce jour-

 18   ci, à la veille de cet événement, je ne me souviens pas exactement de la

 19   date. Je me souviens que, le matin, je suis arrivé pour la réunion du

 20   matin. Un Musulman, c'était un officier de renseignement, il est venu et

 21   m'avait dit ; "J'ai quelque chose d'urgent à te dire". Il est venu et m'a

 22   dit qu'il y avait des problèmes. J'ai rétorqué en disant : "Quel genre de

 23   problèmes ?". Il m'a dit : "Je vais donc t'en parler". Je lui avais

 24   demandé de m'en parler 10 minutes plus tard parce que j'étais en réunion.

 25   Je lui ai demandé de revenir 10 minutes plus tard.


Page 14425

  1   Lui est donc revenu. Il m'a dit : "Nous avons quelqu'un qui a

  2   été passé à tabac". Je lui ai demandé qui l'avait passé au tabac. J'avais

  3   bien précisé qu'il ne fallait battre qui que ce soit. Ma formation étaient

  4   connue car nous avions traité les prisonniers très correctement. Je me

  5   suis rendu en bas. J'ai vu effectivement la personne en question. Il a été

  6   passé au tabac. J'ai vu un homme qui avait un bleu sur l'œil.

  7   Là-dessus, j'ai perdu un peu la maîtrise de moi-même. J'ai

  8   demandé que le peloton soit rangé devant moi, qu'il se tienne debout

  9   devant moi. Et j'ai demandé qui l'avait fait. Ensuite, il m'avait dit que

 10   l'officier qui était passé au tabac l'autre, était quelqu'un qui leur

 11   était supérieur. Ce qui était vrai.

 12   Ensuite, j'avais ordonné que cet homme soit envoyé chez le

 13   médecin, qu'il fallait qu'il soit donc emmené à l'hôpital pour l'examen.

 14   Notre secrétaire, qui était musulmane, l'avait emmené et avait procédé

 15   comme je lui avais demandé. Elle m'avait informé par la suite que le

 16   médecin avait constater qu'il n'y avait pas de lésions très graves.

 17   A partir de ce moment-là, l'officier a été mis à l'écart. J'en

 18   ai parlé d'ailleurs à la télévision de Zeta. J'ai dit qu'il n'appartient

 19   plus à notre formation et que, de toute façon, il a été écarté de notre

 20   unité. Il s'agissait de quelqu'un qui s'était saoulé. Il y avait également

 21   la Légion verte qui l'avaient passé à tabac. Il y avait également cet

 22   officier dont j'ai parlé qui a été écarté de notre unité par la suite.

 23   Effectivement, cet homme a été battu par tout le monde.

 24   Une fois ceci confirmé qu'il n'y avait pas véritablement de

 25   conséquences pour sa santé, j'ai demandé qu'on le laisse partir. J'ai même


Page 14426

  1   parlé avec les membres de sa famille, quand ils voulaient se rendre pour

  2   le voir. J'ai dit que je regrettais.

  3   M. le Président. – J'ai cru comprendre que Me Cayley allait vous

  4   poser d'autres questions à partir de cet incident. On ne va pas faire

  5   toute une enquête. Ce n'est pas l'objet du procès. Le témoin vous a

  6   répondu abondamment.

  7   M. Cayley (interprétation). – Peut-on remettre à ce témoin la

  8   pièce de l'accusation 519.

  9   Monsieur Holman, si vos soldats ne se comportaient pas

 10   correctement, vous est-il arrivé de les faire battre ?

 11   M. Holman (interprétation). -  Il est arrivé que j'avais giflé

 12   cet officier parce qu'il avait effectivement fait une chose qu'il n'aurait

 13   pas dû. Il est un fait que j'ai giflé deux soldats qui s'étaient saoulés.

 14   Vous devez bien me comprendre. Il y avait deux personnes qui rampaient.

 15   Moi, j'ai eu peur et je me suis dit qu'il y avait quelqu'un qui voulait me

 16   tuer alors qu'ils étaient simplement saouls et je les ai giflés. C'est un

 17   fait.

 18   M. Cayley (interprétation). - Pouvez-vous examiner le document

 19   qui vous a été remis. Reconnaissez-vous ce document ? Je pense que c'est

 20   un document que vous avez signé lorsque votre unité a été placée sous le

 21   commandement du HVO à la date du 5 avril 1993 ?

 22   M. Holman (interprétation). -  Le 5 avril 1993 ?

 23   M. Cayley (interprétation). - C'est exact.

 24   Pouvez-vous examiner le paragraphe n° 7 de ce document ?

 25   Je le lirai pour le Tribunal : "Le HVO ne sera pas tenu


Page 14427

  1   responsable pour tout acte criminel ou comportement destructeurs de la

  2   part des unités du HOS pendant que le HOS est placé sous le commandement

  3   de l'armée de Bosnie-Herzégovine". De quels actes criminels ou de

  4   comportements destructeurs est-il question ici ?

  5   M. Holman (interprétation). - Je ne vais pas le cacher. Il y

  6   avait des membres du HOS pour lesquels on avait demandé qu'ils soient

  7   jugés à Zenica. Ils appartenait au troisième Corps. Il y avait des actes

  8   et des comportements criminels, par conséquent nous avons émis des

  9   réserves vis-à-vis de ces soldats. Nous avons demandé aux autorités

 10   légales. C'est pourquoi nous avions rédigé cet article n° 7.

 11   M. Cayley (interprétation). - Toutes les personnes présentes à

 12   cette réunion, au moment de la signature de ce document à la date du

 13   5 avril, étaient au courant du fait qu'il y avait qu'il y avait un certain

 14   nombre d'éléments criminels au sein du HVO qui seraient intégrés au sein

 15   du HVO ?

 16   M. Holman (interprétation). -  J'ai dit qu'il y avait de tels

 17   éléments et que nous sommes toujours mis à la disposition des autorités

 18   légales de tel genre de personnes. Ce n'était pas uniquement chez nous. Il

 19   y avait partout des personnes irresponsables ou des groupes qui étaient

 20   irresponsables. Il y avait des gens qui sont arrivés pour défendent la

 21   patrie, d'autres pour la gloire, d'autres pour d'autres raisons. Mais il y

 22   avait des personnes qui sont arrivées pour leurs propres intérêts au nom

 23   du profit. Cela existait. Nous n'avons pas pu reconnaître toutes ces

 24   personnes-là. C'est pourquoi il y avait les services de sécurité. C'est la

 25   raison pour laquelle, également, dès que nous le savions, on les mettait à


Page 14428

  1   la disposition des autorités légales pour les poursuivre.

  2   M. Cayley (interprétation). - Vous avez dit qu'après les

  3   événements du 18 avril, vous avez été accusé d'avoir attaqué un officier,

  4   que vous avez été par la suite condamné à un an et 4 mois de prison ?

  5   M. Holman (interprétation). -  Oui.

  6   M. Cayley (interprétation). - Auparavant, aviez-vous déjà été

  7   poursuivi, jugé ou condamné pour d'autres actes criminels ou délits ?

  8   M. Holman (interprétation). - Pendant la guerre, non, je n'ai

  9   jamais été condamné criminel.

 10   M. Cayley (interprétation). - Avant la guerre, disons quand vous

 11   étiez jeune, disons entre 1976 et 199 ?

 12   M. Holman (interprétation). - Avant la guerre, j'ai été condamné

 13   à deux reprises, une fois pour des raisons politique parce que j'avais

 14   appelé le président de la municipalité un "sale communiste", et une

 15   deuxième fois en rentrant de l'entraînement, il y avait un ami avec qui

 16   j'étais sur la terrasse d'un café. Il y avait un certain nombre de

 17   personnes qui se sont battues et, moi, de manière tout à fait injustifiée,

 18   j'ai été accusé d'avoir donné un coup de poing à une personne. Par

 19   conséquent, je n'ai pas commis d'acte criminel. Il y avait cette bagarre

 20   dans le café, on avait dit que c'était moi qui l'avait provoquée. Ensuite,

 21   comme je l'ai dit, trois ans avant la guerre, quand j'ai appelé ce

 22   président, le "sale communiste".

 23   M. Cayley (interprétation). – Peut-on remettre au témoin le

 24   dernier document de l'accusation ?

 25   M. le Président. – Monsieur le Greffier, quel est le dernier


Page 14429

  1   document de l'accusation ? C'est le 547, c'est ça ?

  2   M. Cayley (interprétation). - Il s'agit de la pièce 548.

  3   A l'endroit; au coeur de l'affaire, il s'agit donc de votre

  4   casier judiciaire de Zenica. Je pense que j'ai raison de dire que votre

  5   père s'appelle Karlo, et que vous êtes né en 1956 ?

  6   M. Holman (interprétation). - Vous n'avez pas raison si vous

  7   dites que je suis né en 1956.

  8   M. Cayley (interprétation). - Nous n'allons pas passer en détail

  9   tous ces délits qui figurent dans ce document. Il y a toute une série

 10   d'accusations et de peines de prison qui ont été prononcées et qui

 11   commencent donc en 1976. Il y a des parties qui ne sont pas tout à fait

 12   lisibles. Il y a toute une série de délits. Vous êtes d'accord avec moi ?

 13   M. Holman (interprétation). - Il s'agit des infractions. On a

 14   parlé des actes pénaux. Ici, ce sont les infractions. Les contraventions

 15   que j'ai subies.

 16   M. Cayley (interprétation). - Je pense qu'il y en a 40 qui

 17   figurent dans ce document, est-ce exact ?

 18   M. Holman (interprétation). - Je ne vois pas de combien

 19   d'infractions il s'agit mais il s'agit des infractions, par conséquent pas

 20   d'actes criminels comme on en a parlé tout à l'heure.

 21   M. le Président. – De quelles infractions il s'agit où ?

 22   Monsieur Holman qui doit être mieux informé. Vous pouvez nous dire, Maître

 23   Cayley ?

 24   M. Cayley (interprétation). – Monsieur Holman, pouvez-vous

 25   préciser à la Chambre de quel type d'infractions il s'agit ?


Page 14430

  1   M. Holman (interprétation). - Comme j'étais sportif, et dans le

  2   karaté, j'étais à un niveau très élevé, j'avais souvent des problèmes avec

  3   les bandes de Zenica. J'étais dans l'obligation de me défendre car les

  4   gens voulaient se défouler sur moi en utilisant la force. Par conséquent,

  5   j'étais obligé de me défendre car souvent, comme j'ai eu un prix très

  6   élevé d'ailleurs au niveau du karaté, je ne voulais pas les blesser en

  7   leur donnant des coups de poing. Mais souvent, j'ai été sujet à des

  8   infractions. J'avais donc une force physique. Les gens voulaient se

  9   mesurer avec moi.

 10   M. Cayley (interprétation). - Il s'agit toujours de bagarres.

 11   M. Holman (interprétation). - Je ne me souviens pas qu'il y

 12   avait d'autres cas ; c'était des bagarres, jamais des actes criminels.

 13   M. Cayley (interprétation). - Merci, Monsieur le Président, j'en

 14   ai terminé avec mon contre-interrogatoire. Nous avons deux pièces, 547 et

 15   548, que nous souhaitons verser.

 16   M. le Président. - Pas d'objection ?

 17   (La défense ne semble pas avoir d'objection.)

 18   M. le Président. - Nous allons interrompre nos travaux. Nous les

 19   reprendrons à 14 heures 30. Reposez-vous, calmez-vous. Vous faites

 20   toujours du karaté, Monsieur Holman ?

 21   M. Holman (interprétation). – Non, plus maintenant. Je courre,

 22   maintenant. Je suis à la retraite. Je ne suis plus conseiller en sport.

 23   Maintenant, c'est du jogging que je fais. C'est pour maintenir ma

 24   condition physique. J'ai donc la marche rapide et puis en même temps du

 25   jogging. J'ai l'âge également et je n'ai plus la capacité.


Page 14431

  1   M. le Président. – Monsieur Holman, détendez-vous. Nous

  2   reprenons à 14 heures 30 pour que la défense exerce son droit de réplique

  3   et que les Juges puissent vous poser quelques questions.

  4  

  5   L'audience est suspendue à 12 heures 55.

  6   L'audience est reprise à 14 heures 40.

  7   M. le Président. - Nous reprenons l'audience. Vous introduisez

  8   l'accusé, Monsieur le greffier.

  9   (L'accusé est introduit dans la salle d'audience).

 10   M. le Président. - Nous introduisons le témoin s'il vous plaît.

 11   (Le témoin est introduit dans le prétoire).

 12   M. le Président. - Vous vous asseyez s'il vous plaît.

 13   Bien, Monsieur Holman, la défense va exercer son droit de

 14   réplique.

 15   Maître Nobilo, vous avez la parole.

 16   M. Nobilo (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

 17   Monsieur Holman, avant la guerre en Bosnie-Herzégovine, avez-

 18   vous organisé le départ de Croates de Croatie, plus précisément de la

 19   caserne de la JNA de Zenica et leur transport jusqu'en Croatie donc ?

 20   M. Holman (interprétation). - Oui, j'ai organisé cela. Je n'ai

 21   pas organisé uniquement le départ de Zenica. Il y avait un certain nombre

 22   de soldats qui sont restés dans les casernes de la JNA après les conflits

 23   en ex-Yougoslavie, y compris Jahorina et des environs de Sarajevo. Il

 24   m'est arrivé de faire sortir des soldats pour les transférer par Slavonski

 25   Brod jusqu'à l'endroit où se trouvait leur famille en Croatie.


Page 14432

  1   M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que vous avez envoyé vos

  2   soldats, c'est-à-dire les membres du HOS de Zenica vers la Croatie, pour

  3   qu'ils participent à la guerre en Croatie ?

  4   M. Holman (interprétation). - Oui, j'ai fait cela d'ailleurs

  5   avec une unité commandée par Ante Prkacin. J'ai envoyé cette unité dans la

  6   région de Lasva où se déroulaient des conflits importants.

  7   M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que, dans ces conditions,

  8   vous partez de l'hypothèse que le Président Tudjman s'est appuyé sur ces

  9   faits pour vous accorder la décoration qu'il vous a accordée ?

 10   M. Holman (interprétation). - Oui, je pense que c'est pour cette

 11   raison que j'ai reçu la décoration du Trèfle qui, à mon avis, si je me

 12   souviens bien, est une décoration destinée à me féliciter pour mon

 13   courage.

 14   M. Nobilo (interprétation). - Le HOS et vous-même faisiez partie

 15   de l'armée de Bosnie-Herzégovine en 1992, et jusqu'au mois d'avril 1993.

 16   Depuis votre départ de la Bosnie-Herzégovine et jusqu'au 15 avril 1993, je

 17   vous demande si vous avez fait partie de la brigade Jure Francetic de

 18   Zenica ? Est-ce que vous en faisiez structurellement partie ?

 19   M. Holman (interprétation). - Non, cela n'a pas été possible,

 20   car nous avons manqué de temps. Nous n'avons pas pu prendre les mesures

 21   nécessaires dans le cadre de la réorganisation de ces unités. Les choses

 22   ne sont pas allées suffisamment vite. Nous n'avons donc pas pu entrer,

 23   nous incorporer à la brigade Jure Francetic.

 24   M. Nobilo (interprétation). - Au cours de ces 5 ou 10 jours,

 25   avez-vous vu le moindre ordre du HVO ?


Page 14433

  1   M. Holman (interprétation). - Non, je n'ai jamais obtenu le

  2   moindre ordre par écrit, rien de ce genre.

  3   M. Nobilo (interprétation). - Votre unité du HOS ou Zenica,

  4   quelle était sa composition sur le plan national ?

  5   M. Holman (interprétation). - Elle se composait de 50 % de

  6   Croates et 50 % de Musulmans.

  7   M. Nobilo (interprétation). - Dans ces journées du 15, 16 avril

  8   jusqu'au 18 avril 1993, le HVO de Zenica a-t-il offert une résistance

  9   armée de quelque signification que ce soit à l'armée de Bosnie-

 10   Herzégovine ?

 11   M. Holman (interprétation). - Non, elle n'a offert aucune

 12   résistance.

 13   Je l'ai déjà dit dans ma déposition. J'ai parlé du fait que les

 14   groupes qui se trouvaient sur lieux étaient des groupes désorganisés, mal

 15   armés. Il n'y avait aucun plan de défense, aucun plan organisé de ce point

 16   de vue.

 17   M. Nobilo (interprétation). - Veuillez dire aux Juges -et je

 18   vous parle à la lumière de la déclaration que vous avez faite quant au

 19   fait que le HVO et la brigade Jure Francetic a envoyé des hommes à Zenica

 20   pour contrôler la ville-, selon votre estimation, combien y avait-il de

 21   Musulmans, combien de Croates dans cette initiative ?

 22   M. Holman (interprétation). - D'après mes estimations, l'armée

 23   de Bosnie-Herzégovine comptait sans doute 50 000 hommes ; le 3e Corps

 24   d'armée comptait environ 50 000 hommes, d'après moi. Quant au HVO, il est

 25   possible qu'elle ait disposé de 700 ou 1 000 hommes, mais ces hommes


Page 14434

  1   n'étaient pas organisés. Je répète encore une fois à l'intention des Juges

  2   que je n'ai pas réussi à rassembler plus de 30 soldats et même, plus

  3   précisément, plus de 27 soldats en un seul et même lieu.

  4   M. Nobilo (interprétation). - Mais, d'après vous, le

  5   16 avril 1993, à l'aube, donc très tôt le matin, et par la suite au cours

  6   de cette même journée, qui est-ce qui contrôlait Zenica ?

  7   M. Holman (interprétation). - Les 15, 16, 17 et 18 avril,

  8   l'armée de Bosnie-Herzégovine, c'est-à-dire les forces musulmanes

  9   contrôlaient Zenica et les environs de Zenica qui sont composés de

 10   collines et de montagnes. Nous, nous n'étions que dans une zone

 11   périphérique, dans deux rues, rien de plus. Ce sont les membres de l'armée

 12   de Bosnie-Herzégovine qui contrôlaient la majeure de la ville. C'est

 13   l'armée de Bosnie-Herzégovine qui contrôlait tout.

 14   M. Nobilo (interprétation). - J'aimerais maintenant que nous

 15   nous penchions sur la pièce à conviction de la défense D 250 que mon

 16   collègue de l'accusation vous a montrée. C'est

 17   un document qui concerne les Vitezovi. J'aimerais en lire un passage. Au

 18   deuxième paragraphe, nous lisons : "L'unité, à partir du 19 septembre

 19   1992, est cantonnée dans l'école élémentaires de Dubravica, à Krizancevo

 20   Selo".

 21   La question que je vous pose est la suivante : est-ce que vous

 22   avez parlé de cette unité à Krizancevo Selo avec Darko Kraljevic ?

 23   M. Holman (interprétation). - Non, j'ai parlé avec Darko à

 24   l'hôtel de Kruscica. Je ne me suis jamais rendu à l'école élémentaire de

 25   Dubravica.


Page 14435

  1   Monsieur le Président, Messieurs les Juges, encore aujourd'hui

  2   je ne sais pas où se trouve cette école. Quant à l'endroit où j'ai discuté

  3   avec Darko Kraljevic, je le connais bien, c'est l'hôtel Kruscica.

  4   M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que vous tirez la

  5   conclusion, par conséquent, que cet entretien a eu lieu avant qu'il ne

  6   soit transféré à l'école de Dubravica ?

  7   M. Holman (interprétation). - Monsieur le Président, Messieurs

  8   les Juges, il ne fait aucun doute que cet entretien ait eu lieu avant

  9   cette date. C'est le seul endroit, d'ailleurs, où cet entretien pouvait se

 10   dérouler. Encore aujourd'hui, je ne sais pas où se trouve l'école

 11   élémentaire de Dubravica. Donc il est certain que cet entretien a eu lieu

 12   à l'hôtel Kruscica.

 13   M. Nobilo (interprétation). - Veuillez dire aux Juges si vous

 14   avez repris les fonctions du commandant d'état-major pour la Bosnie au nom

 15   du HVO, avant d'avoir reçu l'information écrite concernant votre

 16   nomination ?

 17   M. Holman (interprétation). - Oui, c'est à la fin d'août que

 18   j'ai repris ces fonctions. C'est Dobroslav Paradzik qui m'a fait savoir

 19   par l'intermédiaire d'un certain Nedeljko que les choses iraient bien, que

 20   les choses se passeraient donc de cette façon, que je prendrais le

 21   commandement pour la Bosnie-Herzégovine après mon départ à Zagreb.

 22   M. Nobilo (interprétation). - Mais avant cela, est-ce que

 23   Jadranko Jandric a quitté ses fonctions ? Est-ce que vous avez donc repris

 24   les fonctions de cet homme en qualité

 25   d'exécutant de ces responsabilités ?


Page 14436

  1   M. Holman (interprétation). - Oui, j'ai exécuté, j'ai rempli ces

  2   responsabilités à sa place à ce moment-là.

  3   M. Nobilo (interprétation). - Mais, d'après ce que vous pensez

  4   aujourd'hui, à quel moment est-ce que cet entretien entre vous-même et

  5   Darko Kraljevic, au cours duquel vous lui avez demandé de se mettre sous

  6   les ordres du commandement de Zenica, à quel moment cet entretien a pu

  7   avoir lieu ?

  8   M. Holman (interprétation). - Je pense que cet entretien a pu

  9   avoir lieu après la mort de M. Blaz Kraljevic. D'après mon souvenir, cela

 10   a pu se dérouler à la fin du mois d'août ou au début du mois de septembre.

 11   Il est possible que c'est d'ailleurs pour cette raison que Darko était un

 12   peu nerveux parce qu'il avait pensé que ce serait lui qui deviendrait le

 13   responsable de l'état-major pour la Bosnie-Herzégovine. Or, après les

 14   informations fournies par M. Nedeljko qui, lui aussi, était au courant de

 15   cela, Darko en a été informé et c'est peut-être pour cela qu'il a été

 16   aussi arrogant avec moi.

 17   M. Nobilo (interprétation). - Nous avons parlé du nombre de

 18   membres des Vitezovi, je parle donc des soldats membres de cette unité

 19   spéciale du HVO qui portait le nom de Vitezovi. Savez-vous quoi que ce

 20   soit au sujet des Vitezovi ? Quel était le nombre de Vitezovi ? Quelle

 21   était la nature de cette unité ?

 22   M. Holman (interprétation). - D'après des informations

 23   recueillies dans le cadre des renseignements, j'ai appris que cette unité

 24   avait sans doute la taille d'une compagnie. Le nombre exact de ces

 25   membres, je ne le connais pas, mais je pense qu'il était impossible que


Page 14437

  1   cette unité compte un nombre d'hommes supérieur à celui d'une compagnie.

  2   M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que vous savez si tous les

  3   membres du HOS de Travnik, Novi Travnik et Vitez sont entrés dans les

  4   unités des Vitezovi ou est-ce seulement un certain nombre d'entre eux qui

  5   l'a fait ?

  6   M. Holman (interprétation). - Je ne suis pas en mesure de le

  7   dire avec une certitude. Je sais seulement que l'unité de Darko était

  8   appelée Unité spéciale des Vitezovi.

  9   M. Nobilo (interprétation). - Veuillez dire aux Juges, quelle

 10   était la situation des effectifs ? Par exemple le HOS, dans sa meilleure

 11   période à Zenica, combien comptait-elle de soldats ? Et combien en

 12   comptait-elle pendant la guerre en 1993 ?

 13   M. Holman (interprétation). - Dans sa meilleure période, le HOS

 14   a compté environ 10.000 membres mais ensuite, lorsque les tensions ont

 15   grandi entre Croates et Musulmans, nous ne sommes plus parvenus à

 16   constituer ne serait-ce qu'une brigade sur tout le territoire de la

 17   Bosnie.

 18   M. Nobilo (interprétation). - Mon collègue de l’accusation vous

 19   a soumis une hypothèse que vous avez confirmée, à savoir qu'un Serbe

 20   s'était fait passer à tabac. Vous avez dit que c'était Ismet Besirevic,

 21   officier du HOS qui a participé entre autres à ce passage à tabac. Pouvez-

 22   vous nous dire quelle était la nationalité d'Ismet Besirevic ?

 23   M. Holman (interprétation). - Ismet Besirevic était de

 24   nationalité musulmane.

 25   M. Nobilo (interprétation). - Vous avez confirmé à mon collègue


Page 14438

  1   de l'accusation qu'il y avait un certain nombre de délinquants, de

  2   criminels au sein du HOS que vous tentiez de contenir. Est-ce que ce fait

  3   était une caractéristique propre au HOS ou est-ce qu'elle était

  4   caractéristique à l'ensemble des forces engagées dans les combats à Zenica

  5   et ailleurs ?

  6   M. Holman (interprétation). - Toutes les unités qui se

  7   trouvaient sur le territoire de l'ex-Yougoslavie et notamment en Bosnie,

  8   avaient des problèmes dus à des individus irresponsables de ce genre ou à

  9   des groupes composés de tels individus.

 10   M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que la criminalité a crû de

 11   façon significative à Zenica en 1992-1993 par rapport à la période

 12   antérieure à la guerre ?

 13   M. Holman (interprétation). - Elle a crû de façon considérable

 14   sur ces territoires, notamment dans la municipalité de Zenica, parce

 15   qu'après le démantèlement de l'ex-Yougoslavie qui avait une poigne de fer,

 16   les gens sont devenus -excusez-moi d'utiliser cette expression-, les gens

 17   sont devenus sauvages. Ils ont fait absolument n'importe quoi.

 18   M. Nobilo (interprétation). - Veuillez dire aux Juges si, pour

 19   l'homme du commun à Zenica, il y avait des risques à vivre dans cette

 20   ville ?

 21   M. Holman (interprétation). - A ce moment-là, personne ne vivait

 22   en sécurité dans la ville.

 23   M. Nobilo (interprétation). - Enfin, je vous pose la question

 24   suivante : est-ce que ce criminel avait des opinions influencées par la

 25   nationalité ou est-ce que le problème de nationalité n'avait aucune


Page 14439

  1   importance pour lui ?

  2   M. Holman (interprétation). - Indépendamment de la nationalité,

  3   indépendamment de l'unité à laquelle ces délinquants appartenaient, il y

  4   avait des délinquants, il y avait des criminels. Les criminels et les

  5   voleurs ont toujours existé.

  6   M. Nobilo (interprétation). - Le Procureur a montré la preuve

  7   des 40 rixes auxquelles vous avez participé en contradiction avec le

  8   maintien du droit et de l'ordre. Après le temps qui s'est écoulé depuis,

  9   je suppose que cela vous est moins difficile de le dire mais est-ce qu'il

 10   y en a eu davantage des rixes de ce genre ?

 11   M. Holman (interprétation). - Oui, il y en a eu davantage parce

 12   qu'il y avait des gens qui me provoquaient pour que je me batte.

 13   Notamment, c'est arrivé dans une prairie proche du stade où j'ai accepté

 14   de me battre. Avant la guerre, j'étais un homme assez connu. Donc, il y

 15   avait pas mal d'aventuriers qui me provoquaient parfois pour que je me

 16   batte. Et j'acceptais parfois de rentrer dans ces rixes. Il y avait même

 17   parfois des membres du MUP, de la police qui me félicitaient pour avoir

 18   réglé le problème que posaient certains de ces criminels. Mais il est

 19   arrivé aussi qu'en raison de l'infraction que constituait la rixe à

 20   laquelle j'avais participé, je me retrouve devant les tribunaux. C'est

 21   arrivé.

 22   M. Nobilo (interprétation). - Est il exact que ces jeunes gens

 23   qui se battaient dans la rue, vous avez fini par les rassembler, créer une

 24   unité à laquelle ils appartenaient et les envoyer à la guerre ?

 25   M. Holman (interprétation). - Oui, d'une certaine manière, je


Page 14440

  1   représentais une institution qu'ils respectaient. Donc, ils ont accepté de

  2   me suivre pour aller se battre. C'était d'ailleurs au départ, le seul

  3   moyen pour les inciter à aller se battre. Il y en avait d'autres qui ne

  4   cessaient d'hésiter. Est-ce que nous allions réussir à gagner le combat ou

  5   est-ce que la Yougoslavie allait rester au pouvoir ? Dans ces cas-là, ils

  6   avaient tendance à rester sur le côté.

  7   Donc au départ, lorsqu'il a fallu organiser le début de la

  8   défense de la Croatie et de la Bosnie-Herzégovine, cela a été le seul

  9   moyen pour moi de m'adresser à des jeunes gens de ce genre.

 10   M. Nobilo (interprétation). - Vous dites que vous représentiez

 11   une institution et que cela faisait plusieurs années que vous étiez connu

 12   à Zenica. Mais comment se fait-il que vous n'ayez jamais réussi à mettre

 13   au pas M. Darko Kraljevic ? Est-ce qu'il était plus dur que lui ?

 14   M. Holman (interprétation). – Monsieur le Président, Messieurs

 15   les Juges, s'il avait été à Zenica, j'aurais pu prendre le dessus sur lui.

 16   Mais Darko Kraljevic était une autorité à Vitez et non à Zenica, donc je

 17   n'ai pas réussi à éliminer son autorité.

 18   M. Nobilo (interprétation). - Le Procureur vous a soumis un fait

 19   que vous confirmez, à savoir que vous frappiez vos soldats et des

 20   officiers. D'après vous, le temps a passé, maintenant tout cela est

 21   terminé, d'après vous, en 1992 et 1993, en Bosnie, est-ce que c'était

 22   indispensable pour commander à une unité ?

 23   M. Holman (interprétation). - Sans aucun doute, Monsieur le

 24   Président, Messieurs les Juges. Sans aucun doute c'était indispensable, il

 25   fallait être fort, efficace. Il fallait avoir de l'autorité pour réussir à


Page 14441

  1   commander des hommes de ce genre. Les commandants qui étaient trop

  2   souples ne réussissaient pas à maintenir leur position très longtemps.

  3   M. Nobilo (interprétation). - Vous nous avez dit que l'Etat

  4   s'était démantelé, que vous aviez créé des unités militaires, d'ailleurs

  5   pas seulement vous, mais d'autres aussi, en vous appuyant sur des jeunes

  6   gens qui sortaient de la rue. Est-ce que les fonctions vous occupiez vous

  7   donnaient une autorité suffisante pour exercer un commandement ? Ou était-

  8   il nécessaire d'avoir d'autres compétences encore pour réussir à

  9   commander ?

 10   M. Holman (interprétation). - Ceux qui s’exprimaient le plus,

 11   c'étaient les autorités locales. Les autorités qui commandaient sur le

 12   plan structurel n'étaient pas toujours capables de s'exprimer. Autrement

 13   dit, il fallait s'adresser aux commandants locaux, c'était la seule façon

 14   pour réussir à faire passer un ordre. Si les commandants locaux le

 15   refusaient, s'ils ne voulaient pas obéir, le commandant en question et son

 16   unité n'obéissaient à personne.

 17   M. Nobilo (interprétation). - Vous étiez membre du 3ème Corps

 18   d'armée de l'armée de Bosnie-Herzégovine et vous avez connu Mrdan, une

 19   personnalité très connue, qui était l'adjoint du commandant du 3ème Corps

 20   d'armée.

 21   Est-ce que vous pouvez parler des rapports de Mrdan avec vos

 22   hommes ?

 23   M. Harmon (interprétation). – Eh bien dans un village, le

 24   village de Cerici que nous tenions en coordination avec l'armée de Bosnie-

 25   Herzégovine…


Page 14442

  1   M. Cayley (interprétation). – Monsieur le Président, excusez-

  2   moi, mais là nous sortons du champ du contre-interrogatoire. Nous n'avons

  3   jamais parlé de Dzemo Mrdan.

  4   M. Nobilo (interprétation). – Monsieur le Président, il a été

  5   question du fait que Darko Kraljevic avait une responsabilité de

  6   commandement au sein du HOS. Or ici, nous parlons d'éléments qui prouvent

  7   que les commandants locaux avaient davantage d'autorité que ceux qui

  8   étaient plus loin sur le plan géographique. Je parlais de cela pour

  9   montrer comment fonctionnait la structure de commandement. Mais nous avons

 10   bien sûr déjà parlé de la structure de commandement à l'intérieur du HOS.

 11   M. Holman (interprétation). – Donc lorsqu'ils sont arrivés à

 12   Brdo, où les Serbes tenaient les lignes, ils ont reculé pour que la

 13   première ligne se retrouve au niveau des réservistes. Les jeunes gens,

 14   dont j'ai parlé, se trouvaient là. Il y avait aussi ce commandant, Dzemo

 15   Mrdan. Les jeunes gens ont, à un certain moment, trouvé des moutons. Il y

 16   en a un qui a demandé à un soldat du HOS s'il pouvait faire cadeau d'une

 17   brebis. La réponse a été de dire : "Va te promener là-haut dans la

 18   montagne et attrape cette brebis."

 19   Mais la question était posée de savoir qui avait donné à cet

 20   homme le droit, l'autorisation d'aller chercher la brebis. La réponse a

 21   été : "Moi, ça m'est égal, j'avance de toute façon, j'y vais. Je n'en ai

 22   rien à faire de ce que tu représentes ou de qui tu es." C'est ce qui m'a

 23   été dit à moi.

 24   M. Nobilo (interprétation). – Mais est-ce que Dzemo Mrdan savait

 25   qui vous étiez ?


Page 14443

  1   M. Holman (interprétation). – Oui, oui. Il a dit : "Est-ce que

  2   tu sais qui je suis ? Je suis commandant adjoint du 3ème Corps d'armée, et

  3   si Holman me dit d'avancer, j'avancerai, mais vous ne pouvez pas me donner

  4   d'ordres."

  5   M. Nobilo (interprétation). – J'en arrive à ma dernière

  6   question. Vous connaissiez donc Darko Kraljevic, vous connaissiez la

  7   situation qui prévalait à Vitez. A votre avis, le colonel Blaskic, comme

  8   vous le saviez le colonel Blaskic avait appris à travailler comme on le

  9   lui avait appris à l'académie militaire. Il n'avait pas appris à se battre

 10   contre quelqu'un comme Darko Kraljevic. Cela, vous le savez n'est-ce pas ?

 11   Il était, par le passé, capitaine au sein de la JNA. Est-ce qu’il pouvait

 12   donner des ordres à Darko Kraljevic ?

 13   M. Holman (interprétation). - Un homme comme Blaskic ne pouvait

 14   donner aucun ordre à Darko Kraljevic, les autorités locales étaient trop

 15   puissantes. Darko tenait la Ville de Vitez sous son contrôle. Les hommes

 16   qui se trouvaient sur place étaient tous du côté de Darko Kraljevic était

 17   l'homme le plus puissant à Vitez et personne ne pouvait être plus puissant

 18   que lui.

 19   M. Nobilo (interprétation). – Je vous remercie. Monsieur le

 20   Président, nous en

 21   avons fini avec nos questions supplémentaires.

 22   M. le Président. – Monsieur le Juge Riad, avez-vous des

 23   questions ?

 24   M. Riad (interprétation). – Bonjour, monsieur Holman.

 25   M. Holman (interprétation). – Bonjour, monsieur le Juge.


Page 14444

  1   M. Riad (interprétation). – Il y a un certain nombre de points

  2   que j'aimerais comprendre de façon plus approfondie et j'espère que vous

  3   pourrez m'y aider.

  4   Commençons, si vous le voulez bien, par la décoration du Trèfle

  5   croate que vous avez reçue du Président Tudjman. Etait-il courant, pour le

  6   Président Tudjman, de décorer des officiers du HVO en signe de

  7   gratification, pourrait-on dire ?

  8   M. Holman (interprétation). - Je ne peux pas dire ce qui était

  9   courant ou pas. Mais, compte tenu de ce que j'ai fait pour la Croatie et

 10   la Bosnie-Herzégovine, je considère que j'ai mérité une telle décoration.

 11   M. Riad (interprétation). – Mais ce genre d'ordre du mérite

 12   était donc décerné par le Président de Croatie à des membres du HVO ?

 13   M. Holman (interprétation). – Oui, oui, je pense que j'ai reçu

 14   cette décoration parce que j'ai sauvé ces jeunes gens de l'ex-JNA qui,

 15   après le début de la guerre, sont restés dans la caserne de l'ancienne

 16   armée populaire yougoslave. Je pense que j'ai fait quelque chose de bien

 17   en envoyant ces unités se battre sur le front, en Croatie. Je pense donc

 18   que j'ai mérité cette décoration, qu'il est normal que j'ai été décoré.

 19   M. Riad (interprétation). – Mais le Président Tudjman était-il

 20   également l'homme qui donnait les promotions aux militaires ? Par exemple

 21   pour le colonel Blaskic, est-ce lui qui l'a promu au rang de général ou

 22   est-ce lui qui vous a promu, vous aussi ?

 23   M. Holman (interprétation). - Le Président Tudjman ne m'a pas

 24   promu. J'ai reçu mon grade du HVO. J'ai rempli un questionnaire qui

 25   provenait de l'état-major et lorsqu'ils ont reçu cela au ministère de la


Page 14445

  1   Défense, je me suis vu octroyer ce grade d'après les fonctions que j'avais

  2   remplies. Ce n'est pas le Président Tudjman qui m'a accordé ce grade.

  3   M. Riad (interprétation). - Vous avez dit à deux reprises que le

  4   HOS avait été absorbé par le HVO, en tout cas c'est l'interprétation que

  5   j'ai entendue. C'est ce que vous avez dit la première fois que vous en

  6   avez parlé et vous avez dit que cela s'était produit le 23 août 1992.

  7   Ensuite, vous avez dit que le 5 avril 1993, il y avait eu fusion

  8   entre le HOS et le HVO. A quelle date exacte le HOS a-t-il commencé à

  9   faire partie du HVO ?

 10   M. Holman (interprétation). - Il y a des documents qui prouvent

 11   que cela s'est passé le 5 avril 93.

 12   M. Riad (interprétation). - C'est à ce moment-là qu'a eu lieu la

 13   fusion entre les deux instances qui ne sont plus devenues qu'une seule

 14   instance ?

 15   M. Holman (interprétation). - Nous avons été transférés dans une

 16   autre composante des forces armées, c'est-à-dire au sein du Conseil croate

 17   de défense. En dehors des problèmes dont j'ai parlé, les problèmes, les

 18   tensions qui nous ont opposé aux Musulmans, il y a un autre élément

 19   intéressant. Etant donné la mauvaise coordination entre ces deux

 20   composantes des forces armées, je parle de l'armée de Bosnie-Herzégovine

 21   et du HVO, nous avons perdu Komusina et Jajce. Je pense, en tout cas c'est

 22   mon point de vue, que c'est l'une des raisons pour lesquelles ces deux

 23   villes sont tombées, en raison d'une mauvaise coordination. C'est pourquoi

 24   nous avons été versé dans le HVO de façon à éviter que les unités croates

 25   continuent à perdre des territoires croates dans leur combat contre


Page 14446

  1   l'agression due à l'armée serbe.

  2   M. Riad (interprétation). - Vous venez de parler de la nécessité

  3   de ne plus perdre de territoires croates. Vous avez dit au moment où vous

  4   parliez de cela que le HOS estimait que la Croatie devait s'étendre

  5   jusqu'à la Drina. C'est ce que vous avez dit ?

  6   Mais quelles sont les régions qui sont concernées dans ce cas ?

  7   Est-ce que cela

  8   inclurait l'ensemble de la vallée de la Lasva ?

  9   M. Holman (interprétation). - Cette propagande venait du

 10   commandant suprême, du Président du parti croate des droits à Zagreb. Dans

 11   ce cas-là, la région concernée comprenait aussi la vallée de la Lasva.

 12   Mais très rapidement, après cela, le parti croate des droits a reconnu la

 13   Bosnie-Herzégovine. Nous avons défendu à égalité les territoires

 14   bosniaques et les territoires croates. Lorsque c'était stratégiquement

 15   intéressant, nous défendions l'ensemble des territoires. Lorsque sur un

 16   plan opérationnel, nous devions nous concentrer sur un certain territoire,

 17   nous le faisions. Mais l'ex-JNA, l'ancienne armée populaire yougoslave,

 18   était plus puissante, elle était organisée, elle avait un bon équipement.

 19   Cela faisait 50 ans qu'on nous refusait de nous équiper à hauteur de

 20   l'équipement de la JNA. Nous avons fait ce que nous avons pu.

 21   Je me rappelle le jour où les unités serbes sont entrées dans le

 22   village de Ravno. Ce jour-là, les forces musulmanes à Sarajevo et à la

 23   présidence disaient encore : "Ce n'est pas notre guerre". Or, c'était

 24   notre guerre. Ils ont attaqué le village de Ravno. Ils l'ont nettoyé.

 25   C'était un village où vivaient des Croates. Nous vivions tous en Bosnie-


Page 14447

  1   Herzégovine. Il est impossible que ce ne soit pas leur guerre lorsque nous

  2   mourrons et que ce soit notre guerre lorsque eux meurent.

  3   Nous avons défendu, pour résumer, nous avons défendu ce que nous

  4   pouvions du mieux que nous pouvions.

  5   M. Riad (interprétation). - Revenons à la fusion entre le HOS et

  6   le HVO.

  7   Vous avez dit qu'elle avait eu lieu le 5 avril 1993. Avant cela,

  8   vous avez dit qu'il y avait déjà eu une certaine forme d'absorption le

  9   23 août 1992.

 10   Quelle que soit la date, lorsque le HOS a été versé au sein du

 11   HVO, est-ce qu'il l'a été en conservant son autonomie d'action ou est-ce

 12   qu'il a été placé totalement sous le contrôle du colonel Blaskic ?

 13   M. Holman (interprétation). - Il n'a pas été totalement sous le

 14   contrôle du

 15   colonel Blaskic. Certaines unités, comme celle de Kalejija, il est logique

 16   que l'unité de Kalejija été sous le commandement de l'armée de

 17   Bosnie-Herzégovine puisque la majorité de la population est musulmane sur

 18   ce territoire.

 19   Tout cela s'appuyait davantage sur l'armée de Bosnie-Herzégovine

 20   car ils étaient puissants à cet endroit-là. Ils avaient le deuxième corps

 21   d'armée. Donc tout le monde ne s'est pas retrouvé sous les ordres du

 22   général Blaskic.

 23   Lorsque nous étions géographiquement plus proches du HVO, nous

 24   mettions les unités sous le commandement du HVO, mais lorsque les

 25   territoires où des combats avaient lieu contre les Serbes étaient plus


Page 14448

  1   proches de l'armée de Bosnie-Herzégovine, les unités étaient sous le

  2   commandement de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

  3   Pour répondre plus précisément à votre question, je dirais non,

  4   toutes les unités n'étaient pas placées sous les ordres du

  5   colonel Blaskic.

  6   M. Riad (interprétation). - Les territoires où le

  7   général Blaskic avait le commandement, est-ce que sur ces territoires le

  8   HOS était placé sous son autorité à lui ? Est-ce que les unités sur ces

  9   territoires-là lui obéissaient à lui ?

 10   M. Holman (interprétation). - Il n'y avait pas suffisamment de

 11   temps pour régler les problèmes d'organisation. Moi j'ai compris comment

 12   étaient composées les unités et j'ai obéi. Mais à Maglaj par exemple, je

 13   crois qu'il n'y avait pas suffisamment de temps pour que le

 14   général Blaskic organise les soldats dans une hiérarchie militaire

 15   appropriée.

 16   Les unités qui se battaient contre les Serbes n'ont pas pu être

 17   placées sous le commandement du conseil des Croates de défense. Certaines

 18   unités l'ont été, d'autres pas. Tout le monde n'a pas été placé sous le

 19   commandement du HVO.

 20   Moi, je me suis placé moi-même sous le commandement du HVO.

 21   M. Riad (interprétation). - Les gens avaient la liberté de se

 22   placer sous le commandement du HVO ou pas ? Ou s'agissait-il d'une armée

 23   disciplinée ?

 24   M. Holman (interprétation). - Non, ce n'était pas une armée

 25   disciplinée. Les commandants locaux, je le répète, avaient tous les moyens


Page 14449

  1   d'expression nécessaires. Ils couvraient le territoire. Ils avaient le

  2   sentiment que leur rôle était très important. Nous étions très ennuyés de

  3   ce défaut d'organisation. Cela nous a gêné, mais malheureusement, nous

  4   étions mal organisés.

  5   M. Riad (interprétation). - Mais vous receviez tout de même des

  6   ordres, les unités recevaient des ordres du général Blaskic ? Peut-être

  7   obéissaient-elles ou n'obéissaient-elles pas, mais c'est bien de lui que

  8   venaient les ordres, ou est-ce qu'il y avait parallélisme ? Est-ce qu'il y

  9   avait des mouvements des unités qui étaient complètement parallèles ?

 10   M. Holman (interprétation). - Je vous répète, Monsieur le Juge,

 11   que M. Blaskic ne pouvait pas commander à ces unités, notamment celle de

 12   Kalejija, par exemple. Quand j'ai dit que je passais dans le HVO, il ne

 13   pouvait pas commander les unités de Kalejija, par exemple, ou de Tuzla.

 14   C'est l'armée de Bosnie-Herzégovine qui commandait ces unités. Tout le

 15   monde n'a pas eu la possibilité de se placer sous les ordres du

 16   général Blaskic.

 17   M. Riad (interprétation). - D'accord. Merci de votre réponse.

 18   Maintenant, j'aimerais vous poser quelques question au sujet des écarts de

 19   conduite dont vous avez été responsable, qui vous ont conduit en prison.

 20   L'un de ces écarts de conduite a consisté à agresser un responsable de la

 21   sécurité publique. C'est quelque chose de très grave. Pourquoi avez-vous

 22   fait cela ? Ce n'était pas une rixe, dans ce cas précis. Ce n'était pas un

 23   combat de boxe.

 24   M. Holman (interprétation). - Je vous ai déjà dit qu'il

 25   s'agissait de forces avec lesquelles nous tenions les lignes de front, à


Page 14450

  1   Serici en particulier. Quand j'ai parlé de ces jeunes gens, des brebis,

  2   etc. C'étaient des forces de sécurité militaire avec lesquelles il nous

  3   arrivait de tenir, y compris le front contre les Serbes. Alors, pourquoi

  4   est-ce que j'ai agi ainsi ?

  5   Je l'ai dit. Ce que je voulais, c'est sauver mes hommes qui

  6   couraient un danger de la part des unités extrémistes. Je m'attendais à ce

  7   que ces hommes se conduisent de façon correcte. Ils connaissaient les

  8   lois, ils connaissaient sans doute les Conventions de Genève, ils

  9   connaissaient sans doute les droits de la guerre. Donc c'est pour cela que

 10   j'ai agi de la sorte.

 11   Un autre élément était intéressant. Cette patrouille est passée

 12   dans un espace vide où nous ne comptions pas suffisamment d'hommes. Donc

 13   nous ne pouvions pas avoir accès aux renseignements. Nous ne savions pas

 14   que nous étions trop faibles, que nous n'avions pas notre unité sur place.

 15   Cela a joué aussi au nombre des motifs.

 16   M. Riad (interprétation). - Je suis heureux de vous entendre

 17   évoquer les Conventions de Genève et le fait que vous les connaissiez.

 18   Apparemment, certains de vos soldats commettaient parfois des infractions

 19   contre les Conventions de Genève. Dans ce cas-là, est-ce que vous les

 20   frappiez, est-ce que vous les punissiez pour avoir commis une infraction

 21   ou un type quelconque de crime contre l'humanité ?

 22   M. Holman (interprétation). - Lorsqu'ils ont passé à tabac cet

 23   homme, lorsque j'ai frappé l'homme dont il a été question, j'ai dit que,

 24   pour réduire le nombre de tels incidents, pour que ces événements

 25   deviennent de plus en plus rares, pour qu'il n'y ait plus de soldats qui


Page 14451

  1   frappent des hommes, qui emmènent des gens avec eux, pour que chacun

  2   respecte le code de conduite comme je l'appelle, c'est pour cela que j'ai

  3   agi parce que tout le monde n'était pas suffisamment éduqué, tout le monde

  4   n'était pas suffisamment cultivé. Il y en avait qui ne savaient même pas

  5   ce que cela signifiait. Il y en avait qui ne savaient même pas où se

  6   trouvait Genève, qu'est-ce que c'était que Genève, qu'est-ce que c'est que

  7   la Suisse, vous comprenez ? Il y avait des ouvriers, des paysans, toutes

  8   sortes de types de personnes.

  9   Alors, je répète, les unités du MUP de la police étaient sans

 10   doute composées de gens un peu plus formés, mais il y avait aussi des

 11   sauvages parmi eux qui ne savaient pas où était la Suisse, qui ne savaient

 12   pas où était Genève et qui ne connaissaient pas le B.A.-BA des Conventions

 13   de Genève ou des droits qui composent un code de conduite.

 14   M. Riad (interprétation). - Cette forme d'incident dont vous

 15   avez parlé s'est

 16   reproduite fréquemment, Y a-t-il eu de nombreux autres incidents où des

 17   gens ont commis des actes tels que ceux que vous venez de décrire, sans

 18   savoir, bien sûr, qu'ils étaient interdits ou proscrits ?

 19   M. Holman (interprétation). - J'ai déjà dit qu'il y avait de

 20   tels incidents qui se produisaient dans toutes les formations, dans

 21   l'armée de Bosnie-Herzégovine, le HOS, la Ligue patriotique, partout. Par

 22   conséquent, il y en avait qui ne savaient pas se comporter. Il y avait des

 23   gens également qui essayaient de profiter, c'étaient les profiteurs. Il y

 24   avait des raisons différentes pour lesquelles les gens se sont retrouvés

 25   dans ces unités.


Page 14452

  1   En ce qui concerne, j'ai respecté bien évidemment les

  2   combattants qui avaient des idéaux, qui voulaient défendre leur famille,

  3   leur espace, leur patrie.

  4   M. Riad (interprétation). - En dehors de vous-même, Monsieur

  5   Holman, est-ce que vous avez essayé de former ces gens-là ? Est-ce que

  6   d'autres personnes autour de vous ont essayé d'empêcher de tels genres

  7   d'actions, de tels genres d'incidents et ceci dans toutes les formations

  8   du HVO ?

  9   M. Holman (interprétation). - Personnellement, je ne peux pas

 10   vous donner une réponse précise.

 11   Ce que je peux dire, c'est que le HOS avait organisé un certain

 12   nombre de cours, pour former les gens, pour les informer de la manière

 13   dont il fallait se conduire. Nous avons demandé à ce que nos soldats

 14   soient corrects et se comportent de manière correcte. De l'autre côté, ils

 15   auraient dû agir de la même manière. Il y avait des gens qui ne savaient

 16   pas ce que voulait dire Genève ni Convention de Genève. Il y en avait

 17   beaucoup qui ne se sont pas rendus à ces cours, beaucoup qui étaient sur

 18   des champs de bataille. Beaucoup ne pouvaient pas suivre cet enseignement.

 19   Dans cette formation, tout a été très confus ; tout a été organisé en

 20   vitesse. Par conséquent, on ne pouvait pas véritablement apprendre

 21   beaucoup de choses à tout le monde.

 22   M. Riad (interprétation). - En dehors des sanctions dont vous

 23   avez parlé, vous-même, vous avez passé à tabac un certain nombre de

 24   personnes. C'était probablement assez dur étant donné que vous avez une

 25   force physique. Est-ce qu’il y avait d'autres sanctions qui avaient été


Page 14453

  1   envisagées ? Est-ce qu'il y avait des institutions légales qui

  2   s'occupaient de ces gens-là ?

  3   M. Holman (interprétation). - Est-ce que vous pouvez me préciser

  4   de quel passage à tabac parlez-vous, s'il vous plaît ? Je n'ai pas très

  5   bien suivi votre question.

  6   M. Riad (interprétation). - Vous avez dit à plusieurs reprises

  7   que vous avez frappé les soldats., que vous avez tout simplement passé à

  8   tabac le soldat. Le soldat qui avait fait une infraction ou bien qui avait

  9   commis quelque chose contre le code de conduite. Vous, vous étiez au

 10   courant des Conventions de Genève. Eux n'étaient pas au courant de ces

 11   Conventions. Outre ces sanctions personnelles, outre le fait que vous les

 12   avez passés à tabac vous-même, est-ce qu'il y avait des poursuites pénales

 13   et au sein des autorités légales ? Est-ce que quelqu'un aurait pu, par

 14   conséquent, imposer une sanction à quelqu'un, en dehors de ce que vous

 15   avez fait personnellement ?

 16   M. Holman (interprétation). - En ce qui me concerne, je ne les

 17   ai pas passés à tabac. Il m'est arrivé de leur donner un coup de poing. Ce

 18   n'est pas que je les passais vraiment à tabac. Je pensais qu'il était

 19   mieux de gifler une fois, de donner un coup de poing, que de le voir faire

 20   des choses qui auraient eu des conséquences beaucoup plus graves, des

 21   lésions corporelles. Par conséquent, j'étais obligé de prendre de telles

 22   méthodes. Je n'avais pas un autre moyen. J'ai dit que le HOS a été une

 23   institution. J'étais à la tête de cette formation. Par conséquent, je

 24   n'avais pas un choix.

 25   La justice ne pouvait pas tout couvrir et je n'avais pas le


Page 14454

  1   choix. La criminalité s'est accrue ; les incidents sont devenus de plus en

  2   plus nombreux. La justice ne pouvait pas suivre. Il y avait un certain

  3   nombre d'incidents et d'actes criminels pour lesquels nous avons coopéré

  4   avec les autorités juridiques et légales. Mais nous n'avons pas pu couvrir

  5   véritablement tous les cas.

  6   On ne pouvait pas tout savoir. Il y avait un chaos, une confusion totale.

  7   M. Riad (interprétation). - Mais je pense que vous avez bien

  8   compris ma question car vous venez de dire que la justice ne pouvait pas

  9   couvrir tout. Cependant, j'aimerais savoir s'il y avait une procédure

 10   légale qui a été engagée. Est-ce que vous connaissez de tels genres de

 11   cas, pour poursuivre les personnes qui ont commis des actes contraires aux

 12   Conventions de Genève, etc. ? Y avait-il de tels genres de procédures

 13   militaires ou pénales ?

 14   M. Holman (interprétation). - En ce qui concerne un certain

 15   nombres de cas qui étaient graves, des gens qui ont commis des actes

 16   criminels très graves, personnellement, je les ai adressés vers le

 17   3ème Corps d'armée, vers les autorités légales de Zenica. Si jamais ils ne

 18   pouvaient pas véritablement couvrir ces cas, dans ce cas-là j'avais

 19   demandé qu'ils puissent être adressés au Tribunal de Zenica. A chaque

 20   fois, quand je l'ai pu, j'ai essayé de coopérer. J'ai coopéré avec le

 21   centre de sécurité. J'ai envoyé les gens que je pouvais contrôler et je

 22   les ai même envoyés devant le Tribunal militaire.

 23   M. Riad (interprétation). - Est-ce que vous êtes au courant que,

 24   de cette façon-là, il y avait un certain nombre de personnes qui ont été

 25   sanctionnées ? Vous êtes conscient de ce qui s'est passé autour de vous ?


Page 14455

  1   M. Holman (interprétation). - Il y avait un certain nombre de

  2   personnes qui ont été condamnées pour une raison ou une autre. De toute

  3   façon, ils venaient de formations différentes, d'unités différentes. Il y

  4   avait des sanctions temporaires. A ma connaissance, il y avait des gens

  5   qui ont été sanctionnés et qui le méritaient. D'autres qui auraient dû

  6   avoir des sanctions beaucoup plus longues mais ils ont été laissés en

  7   liberté.

  8   Ce que j'ai remarqué au Bureau du Procureur, c'est qu'ils

  9   avaient souvent prononcé des sanctions en dessous de 5 ans. Qu'est-ce que

 10   cela voulait dire ? Cela voulait dire que celui qui a été condamné à une

 11   peine de moins de 5 ans, il pouvait se défendre de liberté. Par

 12   conséquent, il y avait un certain nombre de lacunes et ceci pour avoir un

 13   plus grand nombre de soldats sur le terrain. Une fois que la personne en

 14   question était en liberté, il ne purgeait pas véritablement sa peine. Il

 15   pouvait retourner dans sa formation.

 16   Il s'agit par conséquent du Tribunal de district qui prononçait

 17   de tels genres de sanctions. Ensuite, cette peine a été réalisée ou pas,

 18   ultérieurement, dans une période ultérieure

 19   Je ne peux pas vous le dire exactement. Mais souvent, les

 20   sanctions n'allaient pas plus loin de cinq ans parce que s'ils purgeaient

 21   la peine au-delà de cinq ans, ils ne pouvaient alors pas rejoindre la

 22   formation. C'est à peu près tout ce que je sais. Je ne peux pas vous en

 23   dire plus.

 24   M. Riad (interprétation). – Merci. Je ne vais pas insister là-

 25   dessus. Je vais vous poser encore une seule question. J'aimerais que vous


Page 14456

  1   puissiez m'apporter un peu plus de précisions sur le point de savoir

  2   quelles étaient les relations entre le HOS et le général M. Blaskic ?

  3   Y avait-il des conflits entre les personnes du HOS et le

  4   général Blaskic ? Pas vous, personnellement, mais y avait-il par exemple

  5   des refus ouverts de mettre en exécution son ordre et ceci après la fusion

  6   du HOS et du HVO ?

  7   M. Holman (interprétation). – Monsieur Blaskic n'a jamais pu

  8   contrôler toutes les formations du HOS. Il a pu contrôler mes propres

  9   unités parce que j'avais une autorité locale. Je comprenais également

 10   l'organigramme et la subordination, etc. Je sais qu'il ne pouvait

 11   contrôler, par exemple, Darko. Darko faisait ce qu'il voulait. Il y a des

 12   choses intéressantes et plaisantes que je pourrais vous raconter.

 13   J'ai appris, par exemple, que souvent Darko faisait tout et si

 14   jamais il voulait s'approprier une arme, il prenait cette arme sans avoir

 15   l'autorisation du commandant. C'est pourquoi d'ailleurs il était bien

 16   armé. Il était capable également d'arrêter un camion, de prendre

 17   l'uniforme ou l'équipement ou tout ce dont on avait besoin. Il ne

 18   demandait pas l'autorisation. J'ai entendu plein d'histoires, comiques et

 19   autres. Je ne sais pas si c'est vrai ou non, mais de toute

 20   façon on m'a informé comme ça qu'à un moment donné Darko avait au général

 21   Blaskic, qui était colonel à cette époque-là : "Colonel, vous avez une

 22   Jeep qui est bien, mettez la à ma disposition. Au lieu d'utiliser une Jeep

 23   d'une telle qualité, il vaut mieux que vous me la mettiez à ma

 24   disposition."

 25   Par conséquent, Darko voulait avoir de l'autorité.


Page 14457

  1   M. Riad (interprétation). – D'accord, vous avez un peu le

  2   caractère de Darko. C'est un enfant terrible, en quelque sorte. Mais outre

  3   Darko, d'autres personnes étaient-elles sous le commandement du général

  4   Blaskic ? Sinon vous ne pouvez pas dire que le HOS s'est fusionné avec le

  5   HVO. C'étaient les deux groupes séparés ou bien était-ce un seul groupe ?

  6   En d'autres termes, le général Blaskic était-il un commandant à qui on

  7   obéissait ?

  8   M. Holman (interprétation). – Le général Blaskic ne pouvait pas

  9   être un commandant auquel on obéissait sans dire quoi que ce soit, parce

 10   qu'il y avait d'autres formations qui voulaient passer en dehors du

 11   contrôle, il y avait des unités, des formations qui refusaient de se

 12   rendre sur le terrain. Je ne peux pas ou je ne veux pas maintenant parler

 13   de ces choses-là, mais M. Blaskic, moi-même et beaucoup d'autres

 14   commandants ne pouvions pas véritablement placer toutes les formations

 15   sous leur commandement, comme il se devait.

 16   M. le Président. – Juge Shahabuddeen ?

 17   M. Shahabuddeen (interprétation). – Monsieur Holman, j'ai

 18   l'impression que la situation que vous venez de décrire est à peu près la

 19   suivante : au cours d'une période qui avait précédé cette situation, le

 20   HOS faisait partie intégrante de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

 21   Par la suite, il y avait un certain nombre d'événements qui se

 22   sont produits, entre autres à Dusina, et, par conséquent, vous avez

 23   compris que la situation a changé quelque peu. C'est la raison pour

 24   laquelle, vous-même, avec les unités du HOS, vous avez rejoint le HVO ?

 25   Est-ce que je vous ai bien compris ? Est-ce que j'ai bien compris ce que


Page 14458

  1   vous avez dit ? HOS et HVO ?

  2   M. Holman (interprétation). – Oui, effectivement, c'était le

  3   5 avril 1993 que je me suis placé avec mon unité, sous le commandement du

  4   général Blaskic.

  5   M. Shahabuddeen (interprétation). – Il y avait les membres du

  6   HOS qui étaient des Croates, et il y avait des membres du HOS qui étaient

  7   des Musulmans. Est-ce vrai ?

  8   M. Holman (interprétation). – Oui.

  9   M. Shahabuddeen (interprétation). - Eh bien, vous avez eu

 10   l'impression que les Croates étaient devenus en quelque sorte des

 11   victimes, des victimes des Musulmans.

 12   C'est la raison pour laquelle vous avez pris la décision de

 13   rejoindre l'autre parti, de rejoindre le HVO, n'est-ce pas ?

 14   M. Holman (interprétation). - Oui, c'était ma raison principale.

 15   M. Shahabuddeen (interprétation). - Au moment où vous avez

 16   rejoint le HVO avec les unités que vous avez prises avec vous-même, est-ce

 17   qu’il y avait des Musulmans qui faisaient partie de ces unités, les unités

 18   que vous avez emmenées avec vous-même ? Donc que vous avez emmenées du

 19   côté du HVO ?

 20   M. Holman (interprétation). - Les Musulmans qui étaient dans le

 21   cadre du HOS sont restés dans notre formation. Ils ne sont pas partis. Ils

 22   sont restés jusqu'à la fin avec nous. J'ai déjà parlé de cela. J'ai dit

 23   qu'il y avait également une formation avant cette décision que j'avais

 24   prise, il y avait un certain nombre de Musulmans qui étaient partis.

 25   Chaque incident qui se produisait provoquait des départs d'un certain


Page 14459

  1   nombre de gens, que ce soit des Musulmans ou des Croates.

  2   Mais, en ce qui concerne le 5 avril 1993, les Musulmans sont

  3   restés avec nous, ceux qui étaient avec nous. Monsieur Blaskic et

  4   M. Kordic n'ont jamais dit qu'il fallait écarter ces Musulmans de l'unité

  5   du HOS. Ils n'ont jamais dit quelque chose de ce genre-là.

  6   Quand j'ai parlé avec M. Blaskic, il m'avait dit d'envoyer les

  7   gens à Kuber, il n'a jamais dit d'envoyer les Croates et pas les

  8   Musulmans. Il a toujours parlé des soldats, il n'a

  9   jamais parlé des Musulmans ou des Croates, ni M. Kordic ni M. Blaskic

 10   n'ont jamais fait la dissociation entre les deux, moi-même, non plus. Il

 11   s'agissait de soldats courageux qui défendaient le territoire sur lequel

 12   nous sommes restés jusqu'au dernier moment.

 13   Je suis désolé, si je vois qu'aujourd'hui ils ne sont pas dans

 14   une bonne situation parce qu'ils étaient du côté des Croates mais, de

 15   toute façon, il s'agissait de soldats qui étaient de bons soldats, qui

 16   n'ont pas été des criminels, qui combattaient, qui étaient des soldats

 17   honnêtes, audacieux, courageux, c'est comme cela qu'ils ont pu rester avec

 18   nous, dans le cadre de nos unités.

 19   M. Shahabuddeen (interprétation). - Monsieur Holman, je voulais

 20   vous interrompre, mais je ne l'ai pas fait tout à l'heure quand vous avez

 21   donné la réponse.

 22   J'aimerais vous demander de bien vouloir écouter de très près la

 23   question que je vais vous poser parce c'est dans cette situation-là que

 24   vous pourrez me répondre de manière beaucoup plus brève.

 25   Au moment où vous avez rejoint le HVO, est-ce que vous avez


Page 14460

  1   constaté que vous-même et vos unités participiez dans des combats contre

  2   les Musulmans, contre l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

  3   M. Holman (interprétation). - Nous n'étions pas conscients que

  4   le conflit était de grande envergure. Nous avons pu constater qu'il y

  5   avait la guerre entre les Croates et les Musulmans dans certains endroits.

  6   Nous n'avions pas compris véritablement que la guerre avait pris un

  7   territoire plus étendu. Je l'ai compris quand j'étais dans la prison.

  8   M. Shahabuddeen (interprétation). - Ce n'est pas la situation

  9   globale qui m'intéresse véritablement, ce qui m'intéresse ce sont les

 10   activités très concrètes dont vos unités se sont occupées, qu'elles ont

 11   développées.

 12   Est-ce que vos unités ont lutté contre l'armée de Bosnie-

 13   Herzégovine, contre les Musulmans ?

 14   M. Holman (interprétation). - Les unités du HOS qui étaient sous

 15   mon contrôle, placées sous mon autorité, n'ont pas combattu contre les

 16   Musulmans. Mais quand on m'avait poursuivi par les rues, par les

 17   montagnes, etc., on avait tiré sur moi. Il est vrai que mes

 18   accompagnateurs et moi-même nous avons été obligés de répondre par les

 19   coups de tirs pour rester vivants. De toute façon, nous n'avons pas lutté,

 20   combattu contre les Musulmans.

 21   M. Shahabuddeen (interprétation). - Pourriez-vous me dire contre

 22   qui vous-même et vos unités du HOS vous avez lutté ?

 23   M. Holman (interprétation). - Nous avons combattu, nous avons

 24   été engagés à Maglaj, à Seher, Serici, j'en ai parlé déjà. Nous avons

 25   défendu cet espace contre les Serbes qui, pour ne pas s'emparer de ce


Page 14461

  1   territoire. J'ai dit que nous avons combattu avec les Musulmans. J'ai dit

  2   que je suis allé à Jajce. Avec mes unités, dans d'autres endroits, nous

  3   avons été véritablement orientés à nous défendre contre l'agression serbe.

  4   Là, nous étions véritablement engagés en grande partie. C'est vers les

  5   Serbes, vers Maglaj, vers Teslic, etc., que nous avons envoyé nos unités.

  6   Dans la prison, on m'a également interrogé où se trouvaient mes

  7   armes d'artillerie.

  8   J'avais tout simplement rétorqué que je ne savais pas pourquoi

  9   on me posait des questions d'un tel genre car j'ai envoyé à Robert Bresic

 10   l'artillerie. Les Serbes attaquaient Maglaj à cette époque-là. Je n'en

 11   avais pas besoin à Zenica, par conséquent, je ne voulais pas du tout

 12   combattre contre les Musulmans.

 13   M. Shahabuddeen (interprétation). - Vous voulez dire que, vous-

 14   même et vos unités du HOS, vous avez pratiquement mené la guerre

 15   uniquement contre les Serbes ?

 16   M. Holman (interprétation). - Nous avons combattu contre les

 17   Serbes. Nous n'avons pas eu le temps et puis, on ne souhaitait pas non

 18   plus lutter, faire la guerre avec ceux qui étaient nos alliés jusqu'à

 19   hier.

 20   M. Shahabuddeen (interprétation). - Mais, au moment où vous-même

 21   et vos

 22   unités vous avez rejoint le HVO, est-ce que, à ce moment-là, les membres

 23   de vos unités du HOS, qui étaient des Musulmans, savaient que vous aviez

 24   rejoint l'autre côté et, notamment parce que vous avez compris et que vous

 25   étiez sûr que les Musulmans commençaient à terroriser les Croates ?


Page 14462

  1   M. Holman (interprétation). - Il y avait même eu une conférence

  2   de presse où on avait parlé de ce transfert des unités du HOS. Nous avons

  3   considéré que, avec ce fait, nous allions également faire une bonne

  4   démarche et que les Musulmans qui étaient quand même puissants -ils avait

  5   le 3e Corps d'armée-, qu'ils n'allaient pas faire la guerre avec les

  6   Croates, et que les Croates non plus n'allaient pas faire la guerre avec

  7   les Musulmans.

  8   Nous avons essayé, nous avons souhaité de sauver la situation à

  9   ce moment-là et de nous retourner contre l'agresseur, contre le véritable

 10   agresseur.

 11   M. Shahabuddeen (interprétation). - Monsieur le Témoin, vous ne

 12   direz pas qu'à partir du moment où vous avez rejoint le HVO, que vous avez

 13   quitté l'armée de Bosnie-Herzégovine, que vous, vous avez pris la décision

 14   que vous-même et vos unités allaient donc défendre les Croates contre les

 15   Musulmans ?

 16   M. Holman (interprétation). - Nous avons -je répète une fois de

 17   plus- réconcilié quelque peu les deux. Lors de cette conférence de presse,

 18   on avait expliqué de manière très précise qu'il ne s'agissait pas d'une

 19   guerre contre les Musulmans, qu'il y avait une coordination qui n'était

 20   pas bonne, qu'il y avait la chute de Komusina -Jajce a chuté également-,

 21   que c'est pour la sécurité de la Bosnie centrale qu'il était indispensable

 22   d'agir ainsi et que, par conséquent, le fait de se joindre au HVO,

 23   personne ne voulait porter préjudice à l'autre partie. On avait expliqué

 24   de manière très claire lors de cette conférence de presse ce que nous

 25   avons voulu obtenir donc, réconcilier en quelque sorte et apaiser la


Page 14463

  1   situation en Bosnie centrale.

  2   M. Shahabuddeen (interprétation). - Encore une question, nous

  3   n'avons pas beaucoup de temps. Cette question porte, est liée aux

  4   infractions que vous avez faites. J'ai un document sous les yeux. Je pense

  5   que le document est en BCS, pas en anglais, je ne sais pas si vous l'avez

  6   vu.

  7   Mais ce que j'aimerais vous demander, c'est -si vous voulez bien

  8   expliquer aux Juges : il y avait 45 infractions et sur les 45 infractions

  9   vous avez été sanctionné. Quelle était la sanction la plus élevée, la plus

 10   longue ?

 11   M. Holman (interprétation). - La sanction de six mois était la

 12   plus longue. C'était l'infraction qui était liée à ce fait : quand j'étais

 13   de retour de mon entraînement, il y avait quelqu'un qui m'avait demandé de

 14   rester sur la terrasse du café. On a pris un verre...

 15   M. Shahabuddeen (interprétation). - Est-ce que très brièvement

 16   vous pouvez me dire, s'il vous plaît, ce que vous avez à nous dire ?

 17   M. Holman (interprétation). - C'était une bagarre. Il y en avait

 18   plusieurs qui ont participé dans cette bagarre.

 19   M. Shahabuddeen (interprétation). - C'était donc une bagarre de

 20   masse ?

 21   M. Holman (interprétation). - Oui, effectivement, il y avait

 22   plusieurs participants qui ont participé à la bagarre. Il y en avait un

 23   qui avait, qui portait une lésion assez grave. Je pense qu'il y avait une

 24   fracture au niveau du nez. C'est la raison pour laquelle, par conséquent,

 25   j'ai été sanctionné et c'était une sanction qui était d'une durée de six


Page 14464

  1   mois.

  2   M. Shahabuddeen (interprétation). - Est-ce que j'ai bien compris

  3   ce que vous venez de nous dire ? Il ne s'agit pas véritablement du fait

  4   que vous êtes violent, vous-même, mais que, tout simplement, vous avez une

  5   capacité physique telle que vous êtes un athlète et que c'est la raison

  6   pour laquelle vous avez pensé qu'il était indispensable d'être ferme, et

  7   de cette manière-là, de prendre de l'autorité dans une situation qui était

  8   assez grave et complexe.

  9   M. Holman (interprétation). - Si je vous ai bien compris,

 10   Monsieur le Juge, ce n'est pas que je voulais m'imposer comme quelqu'un

 11   qui était le plus fort physiquement.

 12   Moi, je voulais me défendre contre l'agression, c'est dans ma

 13   nature de me défendre

 14   contre l'agression. En ce qui concerne les bagarres dont il est question,

 15   ce n'est pas moi qui les ai provoquées. Malheureusement, je ne pouvais pas

 16   me maîtriser tout le temps. J'ai peut-être donné des coups de point à la

 17   personne en question. Il avait des lésions comme suite, par conséquent, il

 18   y avait également des infractions qui en résultaient. Je n'ai jamais

 19   véritablement agressé qui que ce soit qui ne pouvait pas se défendre.

 20   C'est le fair-play pour moi. C'est toujours d'une manière sportive que je

 21   me suis comporté. Tant que la personne en me face de moi était capable de

 22   se défendre, sinon, je la laissais tranquille.

 23   M. Shahabudden (interprétation). – Je vous remercie, Monsieur le

 24   Témoin.

 25   M. le Président. – J'ai une question à vous poser. L'accusé, il


Page 14465

  1   s'imposait comment, lui ? Il s'imposait par la force, par l'autorité

  2   morale ? D'abord, est-ce qu'il s'imposait, est-ce qu'il avait de

  3   l'autorité ? Est-ce que vous le reconnaissiez comme votre chef ? Je

  4   suppose que l'accusé n'avait pas besoin de faire le coup de point pour

  5   s'imposer. Il s'imposait comment, l'accusé ?

  6   M. Holman (interprétation). - Nous n'étions pas tous de la même

  7   manière conscients de ce qu'il fallait faire. Moi, j'étais sûr qu'il

  8   fallait bien s'organiser, il fallait suivre les ordres, obéir. Je l'ai

  9   compris. Si je ne l'avais pas compris, je n'aurais peut-être pas obéi à

 10   tous les ordres. Il y a eu une certaine maturité à laquelle j'ai acquis.

 11   J'ai été le commandant d'un peloton. Je suis devenu le commandant d'un

 12   bataillon. Par conséquent, j'étais parfaitement conscient qu'il fallait

 13   que quelqu'un soit capable, s'il se trouve à un certain poste. Pour nous

 14   défendre, c'était indispensable. Moi je l'ai compris. Tout le monde ne l'a

 15   pas compris. C'est pourquoi j'ai obéi aux général Blaskic. Et j'ai

 16   toujours essayé en peu de temps de lui obéir. Tout le monde n'avait pas

 17   compris. Beaucoup comptaient sur la force et l'autorité par le recours à

 18   la force.

 19   M. le Président. – Voilà, c'est terminé. Non, ce n'est pas tout

 20   à fait terminé. Le Juge Riad veut poser une question.

 21   M. Riad (interprétation). - Vous avez dit à mon collègue, au

 22   Juge Shahabuddeen, qu'il n'y avait pas une question de mener la guerre

 23   contre les Musulmans, je ne sais pas comment

 24   réconcilier tout cela.

 25   Il y a un certain nombre de faits, dont on a parlé aujourd'hui,


Page 14466

  1   et vous en avez parlé également. Vous avez dit que la partie croate

  2   souhaitait s'étendre jusqu'à la rivière de la Drina, ce qui voulait

  3   également dire englober la vallée de la Lasva. Par conséquent, c'est par

  4   la guerre qu'on aurait pu arriver à cet objectif. Vous avez dit également

  5   que, à Prozor, il y avait des Musulmans qui avaient été chassés, nettoyés.

  6   Comment peut-on s'imaginer que de telles choses se passent sans qu'il n'y

  7   ait pas de guerre ? Cela ne me paraît pas logique.

  8   Est-ce que c'est logique, d'après vous, parce que vous dites que

  9   vous n'aviez pas à l'esprit la guerre contre les Musulmans ?

 10   M. Holman (interprétation). – Si vous pouviez avoir le statut du

 11   parti croate, des droits et de leur objectif, à ce moment-là, vous

 12   pourriez certainement constater qu'ils avaient propagé de tels objectifs

 13   ensemble avec des Musulmans, y compris les Musulmans, les Croates et les

 14   Musulmans jusqu'à donc la Drina. Je vous dirai, bien évidemment, que je

 15   suis pas un homme politique. Cela m'est difficile de vous le dire, mais je

 16   suis bien obligé de vous le dire. Il y avait un petit peu, un aspect de

 17   l'aventurier, de Dobroslav Paraga. Il n'était pas toujours clair, ce qu'il

 18   pensait également avec les Serbes de Bosnie. C'était leur propre patrie

 19   également.

 20   Au moment où j'étais devant le Tribunal quand on m'avait jugé,

 21   on m'a demandé pourquoi je suis allé rejoindre le HVO, pourquoi je ne suis

 22   pas resté à l'armée de Bosnie-Herzégovine. Alors que j'ai rétorqué ni

 23   Paraga, ni l'armée n'ont jamais dit ce qu'il fallait faire avec les Serbes

 24   en Bosnie-Herzégovine. Ils étaient un million, les Serbes. Personne de

 25   raisonnable n'aurait pu s'imaginer de chasser un million de personnes ou


Page 14467

  1   de menacer leur vie. Alors que Dobroslav Paraga et sa politique n'étaient

  2   pas clairs. Il avait parlé de la politique avec des Musulmans.

  3   Pour moi, c'était de la politique. C'était un peu de l'utopie.

  4   Au moment où j'avais d'ailleurs demandé à Jadranko Jandric pourquoi il

  5   démissionnait, il m'avait dit que cette politique

  6   était de l'utopie et que cela ne pouvait pas être de la réalité.

  7   Moi-même, j'ai réfléchi de la même manière. Personnellement, je

  8   voulais que les trois peuples soient et restent les peuples constitutifs

  9   en Bosnie-Herzégovine, qu'il n'y ait pas de souveraineté et de pouvoir

 10   absolu car, en ancienne Yougoslavie, nous avions ce pouvoir absolu. Par

 11   conséquent, nous voulions qu'on respecte cet aspect constitutif des trois

 12   peuples. Personnellement, je ne suis pas un homme politique mais j'ai pu

 13   comprendre qu'il y avait un certain nombre de choses qui étaient de

 14   l'utopie pure et simple.

 15   M. Riad (interprétation). - J'espère que vos souhaits vont se

 16   réaliser.

 17   M. Holman (interprétation). – Moi également, je l'espère. Je

 18   pense que tout un chacun a droit à la vie et que ceux qui ont commis des

 19   atrocités soient sanctionnés.

 20   M. le Président. – Plus de questions. Je crois que nous pouvons

 21   lever l'audience. Nous allons prendre une pause de 20 minutes. Merci

 22   Monsieur Holman.

 23   L'audience, suspendue à 15 heures 45, est reprise à 16 heures 30.

 24   M. le Président. - Nous reprenons, veuillez introduire l'accusé.

 25   (L'accusé est introduit dans le prétoire.)


Page 14468

  1   M. le Président. - Bien, on introduit le témoin suivant.

  2   J'ai le résumé, je crois. Ce n'est pas la peine que vous le

  3   repreniez. Qui est-ce ? Vous me dites simplement le nom de votre témoin.

  4   M. Nobilo (interprétation). - Monsieur le Président, ce sera

  5   Madame Zelijka Rajic.

  6   M. le Président. - Nous l'introduisons puisque vous avez fait un

  7   résumé et écrit.

  8   (Le témoin est introduit dans la salle d'audience.)

  9   M. le Président. - Est-ce que vous m'entendez ?

 10   Mme Rajic (interprétation). - Oui.

 11   M. le Président. - Dites votre nom et prénom, votre profession,

 12   votre adresse actuelle. Ensuite, vous prêterez serment.

 13   Mme Rajic (interprétation). - Je m'appelle Zelijka Rajic, je

 14   suis née à Zenica, j'ai vécu à Zenica jusqu'en 1975. Je suis mariée, j'ai

 15   épousé un homme à Lasva. C'est là que j'ai vécu jusqu'au début de la

 16   guerre. Je suis femme au foyer.

 17   M. le Président. - Votre résidence actuelle, c'est possible de

 18   le savoir ?

 19   Mme Rajic (interprétation). - Actuellement, je réside à

 20   Busovaca.

 21   M. le Président. - Vous restez encore debout une seconde, le

 22   temps de lire votre serment que va vous tendre l'huissier dans votre

 23   langue.

 24   Mme Rajic (interprétation). - Je déclare solennellement que je

 25   dirai la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.


Page 14469

  1   M. le Président. - Vous pouvez vous asseoir.

  2   Madame, vous avez accepté de venir témoigner dans le cadre du

  3   procès intenté par le Bureau du Procureur contre le général Blaskic,

  4   colonel à l'époque des faits, accusé ici présent.

  5   Vous êtes un témoin de la défense. C'est donc d'abord la défense

  6   qui va vous poser les questions qu'elle juge utile de vous poser. Ce sera

  7   ensuite l'accusation et ensuite les Juges.

  8   M. Nobilo (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

  9   Madame Rajic, bonjour.

 10   Mme Rajic (interprétation). - Bonjour.

 11   M. Nobilo (interprétation). - Pour commencer, pouvez-vous donner

 12   quelques informations vous concernant à la Chambre ?

 13   Vous avez déjà dit que vous êtes née à Zenica, que vous avez

 14   vécu à Zenica jusqu'en 1975. C'est à ce moment-là que vous vous êtes

 15   mariée avec M. Rajic, qui n'est plus en vie, et vous êtes venue vous

 16   installer dans son village, à Lasva.

 17   Pouvez-vous nous décrire où est situé ce village de Lasva ? A

 18   quelle distance de Zenica, à quelle distance de Busovaca ?

 19   Mme Rajic (interprétation). - Lasva se trouve à 20 kilomètres de

 20   Zenica et également de Busovaca. C'est à peu près au centre, entre les

 21   deux.

 22   M. Nobilo (interprétation). - A mi-chemin entre Busovaca et

 23   Zenica ?

 24   Mme Rajic (interprétation). - Oui.

 25   M. Nobilo (interprétation). - Lasva, en tant qu'agglomération,


Page 14470

  1   pouvez-vous nous dire combien d'habitants musulmans et croates il y avait

  2   avant la guerre ?

  3   Mme Rajic (interprétation). - Il y avait environ 500 Musulmans

  4   et environ 60 Croates avant la guerre.

  5   M. Nobilo (interprétation). - Et votre famille, à cette époque,

  6   qui constituait votre famille ?

  7   Mme Rajic (interprétation). - Oui. Ma famille ?

  8   M. Nobilo (interprétation). - Oui, votre famille, vous, votre

  9   époux qui n'est plus en vie...

 10   Mme Rajic (interprétation). - Oui, avec trois enfants.

 11   M. Nobilo (interprétation). - Quel âge avaient les enfants

 12   lorsque leur père est mort ?

 13   Mme Rajic (interprétation). - Anita est née en 1977.

 14   M. Nobilo (interprétation). - Quel âge avait-elle ?

 15   Mme Rajic (interprétation). - Elle avait 15 ans. Ankica avait

 16   16 ans, et Anto, le petit, avait 8 ans.

 17   M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous expliquer à la

 18   Chambre, jusqu'au moment où un crime a été commis à Lasva, quel était le

 19   niveau de vie de votre famille ? Que faisait votre époux ? Quels biens

 20   aviez-vous ?

 21   Mme Rajic (interprétation). - Mon mari avait un bus, un car. Je

 22   peux dire que nous étions aisés.

 23   M. Nobilo (interprétation). - C'était un des hommes les plus

 24   aisés de Lasva ?

 25   Mme Rajic (interprétation). - Oui.


Page 14471

  1   M. Nobilo (interprétation). - Pour autant que vous le sachiez,

  2   -vous êtes femme au foyer ; vous n'êtes pas un soldat- peut-on dire que

  3   votre mari était à la tête de l'unité locale du HVO ? Le commandant de

  4   cette unité locale.

  5   Mme Rajic (interprétation). - Oui, à Lasva ?

  6   M. Nobilo (interprétation). – Oui, à Lasva. Dans votre village,

  7   combien de soldats étaient placés sous le commandement de votre mari ?

  8   Mme Rajic (interprétation). - 30 environ.

  9   M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous nous dire comment et

 10   pour quelles raisons il a été nommé à ce poste de commandant ?

 11   Mme Rajic (interprétation). - Il a été choisi par son peuple.

 12   Les habitants de ce village l'ont nommé commandant.

 13   M. Nobilo (interprétation). - Pendant cet interrogatoire, on

 14   évoquera deux villages, Lasva et Dusina. Vous-même, vous avez vécu à Lasva

 15   alors que le crime s'est produit à Dusina. Quelle est la distance entre

 16   ces deux villages ?

 17   Mme Rajic (interprétation). - Trois kilomètres.

 18   M. Nobilo (interprétation). - Comment appelait-on cette

 19   communauté locale ?

 20   Mme Rajic (interprétation). - Lasva.

 21   M. Nobilo (interprétation). - Cette communauté locale de Lasva

 22   comprenait les deux villages, Lasva et Dusina ?

 23   Mme Rajic (interprétation). -  Oui.

 24   M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous dire à la Chambre,

 25   dans ce village qui était petit, pouvez-vous nous dire à quel moment vous


Page 14472

  1   avez commencé à avoir à vous poser des questions sur vos voisins, ne plus

  2   leur faire complètement confiance ?

  3   Mme Rajic (interprétation). - Un incident s'est produit

  4   concernant les Serbes, contre les Serbes.

  5   M. Nobilo (interprétation). - Quand ?

  6   Mme Rajic (interprétation). - C'était au mois de novembre.

  7   M. Nobilo (interprétation). - Quelle année ?

  8   Mme Rajic (interprétation). - En 1992. Leur village a été

  9   encerclé.

 10   M. Nobilo (interprétation). - Qui a encerclé quel village ?

 11   Mme Rajic (interprétation). - Les Musulmans ont encerclé un

 12   village serbe. Mon mari s'y est opposé. Il s'est rendu dans ce village

 13   serbe. Il a demandé pourquoi cette chose s'était produite ? Il a voulu

 14   voir l'ordre le demandant. Ces Serbes se sont rendus. Ils avaient des

 15   armes et ils pensaient qu'ils allaient déménager. Il paraît qu'ils avaient

 16   le numéro de téléphone de Zvonko. Ils l'ont appelé et lui ont demandé de

 17   venir.

 18   M. Nobilo (interprétation). - Qui est Zvonko ?

 19   Mme Rajic (interprétation). - C'est mon mari. Ils l'ont invité à

 20   venir là-haut, de s'y rendre avec un voisin peut-on dire, un Musulman, et

 21   de venir chercher les armes pour que ces armes soient transportées dans

 22   cette communauté locale. Alors mon mari est parti avec cet homme. Ils sont

 23   partis en voiture. Ils ont chargé les armes. Ils ont emmené les armes à

 24   l'école de Lasva et ils ont distribué ces armes entre eux.

 25   M. Nobilo (interprétation). - Entre qui ?


Page 14473

  1   Mme Rajic (interprétation). - Entre les Musulmans et les

  2   Croates. Les armes qu'ils avaient.

  3   M. Nobilo (interprétation). - Les Serbes ayant rendu ces armes

  4   sans s'y opposer, ces armes ayant été distribuées entre les Croates et les

  5   Musulmans, qu'ont fait les Serbes ?

  6   Mme Rajic (interprétation). - Une fois qu'ils ont reçu ces

  7   armes, quelques jours se sont passés.

  8   M. Nobilo (interprétation). - Quel village a été encerclé ?

  9   Mme Rajic (interprétation). - Un village a été encerclé par les

 10   Musulmans. Ce village serbe s'appelle Bozici ? Il a été encerclé. Ils ont

 11   tué une femme enceinte, son mari. Un homme a été battu au point d'en

 12   mourir parce qu'il a été passé à tabac avec des espèces de bâtons. Nous

 13   avons vu ces jours-là qu'on ne pouvait pas leur faire confiance. Lorsque

 14   mon mari est descendu de là-bas, quand il est venu intervenir en demandant

 15    : "Mais enfin, que faites-vous ?", ce Musulman lui a répondu -je ne sais

 16   pas exactement comment il s'appelait- que la même chose allait lui arriver

 17   à lui.

 18   M. Nobilo (interprétation). - Qu'ont fait les Serbes  ?

 19   Mme Rajic (interprétation). - Rien. Un ou deux jours plus tard,

 20   ils sont tous partis. Ils ne vivent plus dans ce village.

 21   M. Nobilo (interprétation). - Nous allons maintenant aborder les

 22   événements tragiques qui se sont produits à Lasva et à Dusina le 25 et le

 23   26 janvier 1993.

 24   Saviez-vous qu'il y avait une probabilité que vos voisins

 25   musulmans vous attaquent ?


Page 14474

  1   Mme Rajic (interprétation). - Oui, nous avons été informés de

  2   cela, qu'ils allaient nous attaquer. Mon mari n'y croyait pas. Et ce jour-

  3   là, le 25, je lui ai demandé d'aller avec les enfants, de partir, parce

  4   qu'on nous disait, dans ces informations, qu'on allait nous encercler,

  5   nous tuer. Et lui, il ne voulait pas. Un ami est venu et il lui a demandé

  6   de me laisser partir, moi et les enfants.

  7   C'est comme ça que je suis partie vers 2 heures, 2 heures de

  8   l'après-midi, le 25 janvier. Nous ne pouvions pas passer parce que c'était

  9   un orage, la pluie, la neige. Donc nous sommes restés passer la nuit.

 10   M. Nobilo (interprétation). - Où ?

 11   Mme Rajic (interprétation). - A Dusina.

 12   M. Nobilo (interprétation). - Donc, de Lasva, vous avez atteint

 13   Dusina et c'est dans ce village voisin que vous avez passé la nuit ?

 14   Mme Rajic (interprétation). - Oui.

 15   M. Nobilo (interprétation). - Que s'est-il passé le lendemain,

 16   le 25 janvier 1993 ?

 17   Mme Rajic (interprétation). - Vous voulez dire le 26 ?

 18   M. Nobilo (interprétation). - Oui, le 26.

 19   Mme Rajic (interprétation). - Eh bien, le matin, à 5 heures

 20   du 26, une attaque s'est produite, une attaque menée par les Musulmans.

 21   Nous étions choqués que cela se produise. Le matin, nous avons entendu des

 22   cris, "Alahu Ekber". Nous ne pouvions pas concevoir que c'était ça qui se

 23   produisait. Nous attendions que cela se rapproche. Nous sommes descendus

 24   en bas, à la cave, tous ensemble pour voir quels étaient ces soldats, si

 25   ce n'était pas une escarmouche entre eux.


Page 14475

  1   M. Nobilo (interprétation). - Dites-nous...

  2   Mme Rajic (interprétation). - Oui.

  3   M. Nobilo (interprétation). - Ce village de Dusina... Est-ce que

  4   ce village a été défendu par un quelconque membre du HVO ?

  5   Mme Rajic (interprétation). - Non.

  6   M. Nobilo (interprétation). - Il y avait une défense organisée ?

  7   Mme Rajic (interprétation). - Non.

  8   M. Nobilo (interprétation). - Et qu'avez-vous vu dans les

  9   moments qui ont suivi ? Pouvez-vous le décrire à la Chambre ?

 10   Mme Rajic (interprétation). - Dans les moments qui ont suivi, je

 11   suis allé appeler mon mari. Dans une chambre, je l'ai appelé...

 12   M. Nobilo (interprétation). - Vous l'avez appelé comment ?

 13   Mme Rajic (interprétation). - Par téléphone. Il se trouvait à la

 14   maison. Il a été surpris. Je lui ai dit : "Svanko, Dusina est encerclée,

 15   sous attaque. Un homme est mort." Lui ne me croyait pas.

 16   Alors, nous sommes partis. Juste le temps de quitter cette

 17   chambre, un missile est tombé sur cette maison. Alors, je me suis rendue

 18   dans la cave rejoindre les autres.

 19   M. Nobilo (interprétation). - Dans cette maison, il y avait des

 20   soldats qui auraient pu riposter ou c'étaient uniquement des civils qui

 21   s'y trouvaient ?

 22   Mme Rajic (interprétation). - Il n'y avait pas de soldats,

 23   c'étaient uniquement des vieillards, des femmes, des enfants.

 24   M. Nobilo (interprétation). - Que s'est-il passé par la suite ?

 25   Pouvez-vous le dire à la Chambre ?


Page 14476

  1   Mme Rajic (interprétation). - Plus tard, nous avons pu voir

  2   depuis la cave qu'ils étaient tous vêtus de blanc, qu'ils avaient un

  3   bandeau vert autour du front et qu'ils n'arrêtaient pas de crier "Alahu

  4   Ekber !".

  5   Alors nous sommes sortis de la cave en levant les mains. Ils

  6   sont venus plus près. Ils nous ont attrapés par la poitrine et ils nous

  7   ont repoussés contre le mur. Ils voulaient nous fusiller. Ils nous

  8   faisaient peur. Nous avions des petites croix autour du cou.

  9   M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous expliquer à la Chambre

 10   ce que vous aviez autour du cou ?

 11   Mme Rajic (interprétation). - On avait des petites croix, des

 12   crucifix qui permettent de prier Dieu. C'est ce qu'ils nous ont arraché.

 13   Puis, ils nous ont emmenés sur un pré, ils nous ont séparés en plusieurs

 14   groupes : les vieillards d'un côté et les plus jeunes de l'autre.

 15   M. Nobilo (interprétation). - Pendant les événements qui ont

 16   suivi, qu'avez-vous pu en déduire ? Pourquoi vous ont-ils séparés en deux

 17   groupes, entre les plus âgés et les plus jeunes ? Quelle était l'intention

 18   de cette séparation ?

 19   Mme Rajic (interprétation). - Dans quel but ils l'ont fait ? Mon

 20   mari s'était déjà rendu sur cette côte et, en fait, ce qu'ils voulaient,

 21   c'était se servir de nous comme de boucliers humains.

 22   M. Nobilo (interprétation). - Boucliers humains ?

 23   Mme Rajic (interprétation). - Oui, parce que, eux, ils tiraient

 24   et ils ne nous permettaient pas de nous allonger. Ils voulait nous tuer.

 25   Pour les autres qui étaient dans la maison, du moins c'est ce


Page 14477

  1   qui a été dit, ils voulaient les brûler.

  2   Plus tard, un voisin est venu et lui, il a pris le haut-parleur.

  3   Et il a dit que mon mari, Zvonko, devait descendre en bas pour les

  4   négociations.

  5   M. Nobilo (interprétation). - Un instant, s'il vous plaît.

  6   Pouvez-vous clarifier cela à la Chambre ?

  7   Votre mari se trouvait sur la colline voisine, en face ?

  8   Mme Rajic (interprétation). - Oui.

  9   M. Nobilo (interprétation). - A quelle distance se trouvait-il

 10   de vous qui constituiez ce bouclier humain ?

 11   Mme Rajic (interprétation). - Il y avait peut-être 50 mètres de

 12   distance de la ligne aérienne. Les Musulmans qui étaient derrière nous

 13   étaient peut-être à 20 mètres, à peu près 20 mètres.

 14   Il y avait ces Moudjahidins qui avaient des barbes. Ils se

 15   tenaient plus loin que ces civils, ces habitants du village.

 16   M. Nobilo (interprétation). - Avant d'aborder la question des

 17   négociations entre ce Musulman qui avait un haut-parleur et votre mari,

 18   pouvez-vous nous dire quel soldat avez-vous reconnu ici ? Est-ce qu'il y

 19   avait de vos voisins qui étaient en uniformes et portaient des armes, des

 20   gens qui vivaient à côté de vous ?

 21   Mme Rajic (interprétation). - Oui, il y en avait, mais il y

 22   avait aussi des gens qui venaient d'ailleurs.

 23   M. Nobilo (interprétation). - Quand vous dites "des gens qui

 24   venaient d'ailleurs" ?

 25   Mme Rajic (interprétation). - Des gens que je ne connaissais


Page 14478

  1   pas, qui m'étaient totalement inconnus puisqu'ils criaient "Alahu Ekber",

  2   cela devait être des Moudjahidins. Je ne sais pas comment ils s'appellent.

  3   Ils ne savaient pas parler comme nous. Nos voisins leur ont montré une

  4   croix avec leurs doigts et comme cela ils savaient qui nous étions.

  5   M. Nobilo (interprétation). - Quand vous dites qu'ils ne

  6   savaient pas parler ?

  7   Mme Rajic (interprétation). - Mais ils ne savaient parler ni

  8   croate ni bosniaque. C'étaient des étrangers. Celui qui savait parler a

  9   communiqué avec haut-parleur avec mon mari. Il avait déjà pu lui parler.

 10   M. Nobilo (interprétation). - Alors, qu'est-ce qu'il a dit à

 11   votre mari, M. Rajic ?

 12   Mme Rajic (interprétation). - Ce qu'il voulait, c'est que tous

 13   ceux qui y étaient...

 14   M. Nobilo (interprétation). - Qui ?

 15   Mme Rajic (interprétation). - Ces soldats croates parmi lesquels

 16   étaient mon mari également, qu'ils descendent et qu'ils se rendent en

 17   négociation à Zenica. Mon mari est descendu deux ou trois fois, en

 18   descendant les pentes de cette colline. Et leurs soldats qui ont parlé à

 19   mon mari se sont à plusieurs reprises rencontrés dans cette vallée. Ils se

 20   sont parlé, puis mon mari remontait là-haut.

 21   Puis la dernière fois où il est descendu, il portait un drapeau

 22   blanc. En fait, il avait attaché quelque chose de blanc sur un bâton. Ils

 23   sont descendus pour se rendre à ces négociations à Zenica.

 24   M. Nobilo (interprétation). - Quand vous dites "quelque chose de

 25   blanc sur un bâton", quelque chose qui évoque un drapeau blanc qui serait


Page 14479

  1   porté par les négociateurs ?

  2   Mme Rajic (interprétation). - Oui, oui.

  3   M. Nobilo (interprétation). - Il y avait combien de soldats

  4   croates qui se sont dirigés vers Zenica et combien de soldats musulmans ?

  5   Mme Rajic (interprétation). - Environ 10 soldats croates et

  6   environ 20 musulmans.

  7   M. Nobilo (interprétation). - Vous avez vu votre mari quand il

  8   est parti vers Zenica ?

  9   Mme Rajic (interprétation). - Oui, je l'ai vu.

 10   M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous nous dire ce qui s'est

 11   passé par la suite ?

 12   Mme Rajic (interprétation). - Nous sommes revenus. Nous étions

 13   dans ce village. Nous marchions dans le village pour que les villageois

 14   nous voient, pour qu'ils voient que nous étions faits prisonniers.

 15   Il y avait des gens blessés, ils riaient. Ils disaient qu'il

 16   fallait tous nous tuer, que nous étions des Oustachis.

 17   M. Nobilo (interprétation). - Qui disait cela ? Vos voisins, les

 18   Musulmans ?

 19   Mme Rajic (interprétation). - Oui, nos voisins, les Musulmans.

 20   Ils disaient que ceci allait se produire. Ils nous ont remis dans une

 21   maison.

 22   M. Nobilo (interprétation). - Dans cette maison ?

 23   Mme Rajic (interprétation). - Oui.

 24   M. Nobilo (interprétation). - Un instant. Il y avait combien de

 25   Croates avec vous dans cette maison, combien de Croates enfermés ? Quelle


Page 14480

  1   était la constitution de ce groupe ?

  2   Mme Rajic (interprétation). - Il y avait une trentaine de

  3   Croates.

  4   De quel âge, que voulez-vous dire par là ?

  5   M. Nobilo (interprétation). - Qui était le plus jeune, qui était

  6   le plus âgé ?

  7   Mme Rajic (interprétation). - C'était à partir de 18 ans jusqu'à

  8   68 ans de soldats.

  9   M. Nobilo (interprétation). - Votre fille âgée de 15 ans était

 10   avec vous ?

 11   Mme Rajic (interprétation). - Oui, c'est ce que j'ai dit, mais

 12   je vous parlais des hommes. Pour ce qui est des femmes et des filles,

 13   elles étaient âgées de 3 à 15 ans.

 14   M. Nobilo (interprétation). - Alors, en tout, vous étiez

 15   13 enfermés dans une maison de Dusina ?

 16   Mme Rajic (interprétation). - Oui.

 17   M. Nobilo (interprétation). - Que se passe-t-il à partir de ce

 18   moment-là ? Qui vient dans cette maison ?

 19   Mme Rajic (interprétation). - Dans cette maison arrive

 20   Serif Patkovic, qu'on appelait Geler, ce qui veut dire "éclat d'obus" en

 21   croate.

 22   M. Nobilo (interprétation). - Il appartenait à quelle armée ?

 23   Mme Rajic (interprétation). - Il était dans la 7ème Musulmane.

 24   M. Nobilo (interprétation). - Que fait-il ? Que dit-il ?

 25   Mme Rajic (interprétation). – Patkovic, il avait un cahier,


Page 14481

  1   toutes les listes de toutes les personnes qu'il devait tuer. Il sortait

  2   les personnes une à une.

  3   M. Nobilo (interprétation). – Quelle a été la personne qui a été

  4   appelée la première ? Pouvez-vous nous expliquer comment cela s'est

  5   passé ? Qui a été le premier à être appelé ?

  6   Mme Rajic (interprétation). - Il a d'abord tué mon mari.

  7   M. Nobilo (interprétation). - Comment l'avez-vous appris, dites-

  8   nous ?

  9   Mme Rajic (interprétation). - Je l'ai appris de lui.

 10   M. Nobilo (interprétation). – Comment vous l'a-t-il dit ?

 11   Mme Rajic (interprétation). – Patkovic, quand il est arrivé,

 12   j'étais assise et il a dit : "Voyez, Zvonko a installé sa famille et il

 13   vous a laissé pour qu'on vous tue." Une amie à moi lui a dit : "Mais ce

 14   n'est pas vrai. Zvonko n'a pas mis à l'abri sa famille, mais il se trouve

 15   ici, c'est sa femme et son enfant qui se trouvent ici."

 16   Il m'a regardé. Il s'est assis sur une table. Il se trouvait

 17   peut-être à 50 centimètres de moi et il m'a dit : "Madame Rajic, je peux

 18   décrire là, devant vous, votre mari, ce qu'il porte sur lui." Je le

 19   regardais, j'étais complètement perdue. Je me demandais pourquoi il me

 20   disait cela. Il m'a décrit mon mari. Il a dit qu'il avait un casque sur sa

 21   tête, qu'il avait un scorpion, un uniforme de camouflage comme tous les

 22   soldats. Il m'a dit qu'il avait vidé tout un chargeur dans sa tête et que

 23   par la suite, ils ont fait un massacre.

 24   M. Nobilo (interprétation). - Sur le corps de votre mari ?

 25   Mme Rajic (interprétation). – Oui, sur le corps de mon mari.


Page 14482

  1   M. Nobilo (interprétation). – Et vous l'avez cru, dès le

  2   départ ?

  3   Mme Rajic (interprétation). – Non. De prime abord, je ne l'ai

  4   pas cru parce que je savais qu'ils étaient parti en direction de Zenica

  5   pour négocier. Par la suite, quand je l'ai vu appeler Augustin Radoc,

  6   l'appeler pour qu'il sorte avec lui, on a entendu un tir, puis deux ou

  7   trois. Alors, il revenait dans la maison…

  8   M. Nobilo (interprétation). – Un instant, s'il vous plaît. Après

  9   avoir appelé à sortir Raduc Augustin, vous avez entendu des tirs, est-ce

 10   qu'il est revenu seul ou en compagnie de Radoc Augustin ?

 11   Mme Rajic (interprétation). – C'est Patkovic qui est revenu

 12   seul. Nous n'avons plus revu Augustin.

 13   M. Nobilo (interprétation). – Qu'en avez-vous déduit ? Que lui

 14   est-il arrivé ?

 15   Mme Rajic (interprétation). – Nous avons conclu qu'il l'avait

 16   tué puisque nous avons entendu un tir.

 17   M. Nobilo (interprétation). – Patkovic revient après avoir tué

 18   Augustin, est-ce qu'il appelle tout de suite la victime suivante ?

 19   Mme Rajic (interprétation). – Non.

 20   M. Nobilo (interprétation). – Décrivez à la Chambre ce qui se

 21   passe ?

 22   Mme Rajic (interprétation). – Patkovic s'installe sur une

 23   chaise, il se met à parler, il prend un verre de raki, il mange un peu. Il

 24   fait du meze.

 25   M. Nobilo (interprétation). – Qu'est-ce que cela veut dire


Page 14483

  1   "meze" ?

  2   Mme Rajic (interprétation). – Il se met à manger et à boire un

  3   peu.

  4   M. Nobilo (interprétation). - Donc il s'entretient avec vous

  5   amicalement ?

  6   Mme Rajic (interprétation). – Oui, amicalement.

  7   M. Nobilo (interprétation). - Cet échange verbal, amical dure

  8   combien de temps ?

  9   Mme Rajic (interprétation). - Une quinzaine de minutes.

 10   M. Nobilo (interprétation). - Que se passe-t-il par la suite ?

 11   Mme Rajic (interprétation). – Il reprend son cahier, il appelle

 12   une personne. Patkovic ressort, on entend un tir ou d'eux. Puis, Patkovic

 13   revient, il revient tout seul et donc la situation est la même. Cela

 14   recommence : il s'installe, il parle, il nous provoque.

 15   M. Nobilo (interprétation). – Pendant qu'il est assis avec vous,

 16   qu'il mange, qu'il boit, vous vous demandez qui sera la personne qu'il

 17   appellera par la suite ?

 18   Mme Rajic (interprétation). – Oui.

 19   M. Nobilo (interprétation). - Pour ne pas nous étendre sur ces

 20   événements dramatiques, pouvez-vous nous dire en tout combien de fois

 21   Patkovic est-il entré dans la maison, a-t-il sortir des gens, les a-t-il

 22   tués pour se remettre à discuter avec vous ?

 23   Mme Rajic (interprétation). – Huit fois.

 24   Il a tué mon mari, c'était la neuvième personne. Puis la dixième

 25   a été tuée tout de suite, cela fait huit fois qu'il est entré et sorti ;


Page 14484

  1   entré pour appeler quelqu'un et ressorti.

  2   M. Nobilo (interprétation). – Chaque fois, est-ce qu'il a

  3   reproduit ces mêmes pauses où vous vous demandiez qui serait le suivant ?

  4   Mme Rajic (interprétation). - La dernière personne qui a été

  5   appelée c'était Stipo Kegelj. Cet homme a eu très peur, il s'est caché. Et

  6   il disait : "Stipo Kegelj doit sortir." Cet homme n'est pas sorti. Il l'a

  7   répété deux fois. Il a dit : "S'il ne sort pas, tous les autres seront

  8   tués".

  9   Cet homme s'était caché pratiquement dans la farine. Quand on a

 10   vu où il s'était caché, celui-là l'a tourné en dérision. Il a un petit peu

 11   parlé avec lui en disant : "Mais enfin, pourquoi as-tu peur ? Sors avec

 12   moi". Et l'homme est sorti pour ne plus jamais revenir.

 13   M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous dire à la Chambre :

 14   ces hommes qui ont été tués, avaient-ils des armes ?

 15   Mme Rajic (interprétation). - Non, ils n'avaient pas d'armes.

 16   M. Nobilo (interprétation). - Qu'est il arrivé à Kegelj Mladen ?

 17   Qu'avez-vous vu, dans son cas à lui ?

 18   Mme Rajic (interprétation). - Kegelj Mladen, il pouvait avoir

 19   19 ans. Ils lui ont enlevé ses vêtements, il était tout nu, complètement

 20   nu, nu-pieds.

 21   M. Nobilo (interprétation). - Il y avait de la neige, n'est-ce

 22   pas, à ce moment ?

 23   Mme Rajic (interprétation). - Oui, il y avait de la neige. Ils

 24   lui ont attaché les mains derrière son dos, ils lui ont attaché les mains

 25   avec un fil de fer. Ils l'ont battu, torturé et ils lui ont coupé les


Page 14485

  1   oreilles.

  2   M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous nous dire : que s'est-

  3   il passé dans le village pour ce qui est des biens, du bétail, de tout

  4   l'électroménager, des voitures, etc. ?

  5   Mme Rajic (interprétation). - Pendant que les uns tuaient et

  6   torturaient, les autres avaient tué toutes les bêtes, tous les animaux.

  7   Tout ce qui avait de la valeur, que ce soit des appareils de télé, des

  8   cuisinières, ils le sortaient des maisons.

  9   M. Nobilo (interprétation). - Ces soldats, vous avez dit que

 10   Serif Patkovic était de la 7e Musulmane. Vous avez vu des insignes ou

 11   quelqu'un vous l'a dit ?

 12   Mme Rajic (interprétation). - Non, j'ai vu des insignes, je les

 13   ai vus très précisément. Monsieur Patkovic les avait : armée de Bosnie-

 14   Herzégovine.

 15   M. Nobilo (interprétation). - Alors, à quel moment et pour

 16   quelles raisons ces tueries ont-elles pris fin ?

 17   Mme Rajic (interprétation). - Cela s'est arrêté puisque, de

 18   Zenica, il est arrivé une information disant qu'il ne fallait pas faire du

 19   mal aux gens. Mais ils ne le respectaient pas, cela les a enragés. Ils

 20   disaient : "Mais alors pourquoi sommes-nous venus ici ?"

 21   Donc ils nous ont tous enfermé de nouveau dans une pièce. Puis,

 22   autour de la maison, ils ont versé du pétrole ou un autre carburant, puis

 23   M. Patkovic est revenu et il m'a dit qu'il allait en profiter avec moi,

 24   que j'allais être la cerise sur le gâteau.

 25   Il a donné l'ordre à un autre soldat de m'emmener à l'étage. Ce


Page 14486

  1   soldat est arrivé. Moi, je n'osais même plus regarder ce qui se passait

  2   devant moi. C'était une horreur, ces hommes. Je suis montée, je me suis

  3   engagée dans l'escalier et je les ai entendu dire : "Qu'est-ce qu'on va

  4   faire avec elle ?"

  5   Il y en a un qui a dit : "Est-ce qu'il y a des chambres par

  6   ici ?" Et, l'autre, soi-disant un ami de mon défunt mari, quelqu'un qui

  7   avait été un de ses amis, a dit : "Elle a de l'argent. On aura encore

  8   besoin d'elle."

  9   J'ai sorti mon argent.

 10   M. Nobilo (interprétation). - Combien aviez-vous d'argent sur

 11   vous ?

 12   Mme Rajic (interprétation). - J'avais 100 000 marks. Il m'a

 13   demandé combien j'avais d'argent, j'ai dit : "100 000 marks." Je les ai

 14   donnés et il m'a rendu 270 marks. Il m'a dit qu'il fallait que je garde

 15   cette somme précieusement parce que d'autres pouvaient venir comme eux

 16   étaient venus chez moi et que, finalement, j'allais me faire tuer.

 17   M. Nobilo (interprétation). - Après cela, en soirée, vers

 18   20 heures, ils vous ont emmenés à l'école élémentaire de Lasva ?

 19   Mme Rajic (interprétation). - Oui.

 20   M. Nobilo (interprétation). - Mais avant de passer à un autre

 21   sujet éventuellement, j'aimerais que vous nous disiez ce qui s'est passé

 22   avec vos biens, votre voiture, l'autobus de votre mari et tous les objets

 23   que vous possédiez ?

 24   Mme Rajic (interprétation). - Quand nous étions en train de

 25   revenir vers Lasva, j'ai rencontré un voisin, un Musulman, qui conduisait


Page 14487

  1   l'autocar appartenant à mon mari.

  2   L'autocar était un Sierra, il a été emporté tout de suite.

  3   Ensuite, ils ont pris tout ce qu'ils pouvaient emporter, le réfrigérateur,

  4   la machine à laver, le téléviseur, tout ce qu'ils pouvaient emporter. Ils

  5   ont pris aussi 40 000 marks allemands qu'ils ont trouvés parce que je les

  6   avais cachés. Ils les ont trouvés dans la cheminée et les ont emportés.

  7   M. Nobilo (interprétation). - Ils vous ont emmenés à l'école

  8   élémentaire de Lasva et vous y ont gardés jusqu'à tôt le matin. Ensuite,

  9   où vous ont-ils emmenés ?

 10   Mme Rajic (interprétation). - Nous sommes entrés dans les

 11   bâtiments de l'école, un homme qui était là a demandé si nous pouvions

 12   recevoir un jus de fruit, ou une cigarette, avoir un peu de répit. Ils ont

 13   répondu que les Oustachas ne recevraient rien et qu'ils allaient tous nous

 14   tuer. Ils ont dit cela aussi aux femmes.

 15   Un homme m'a demandé où était mon mari. A ce moment-là, je

 16   n'étais pas encore consciente de ce que M. Patkovic avait fait. Et un

 17   soldat est arrivé et s'est dirigé dans ma direction, il m'a dit :

 18   "Pourquoi tu me regardes puisque ce n'est pas moi qui ai tué votre

 19   mari ?". C'est à ce moment-là que je me suis vraiment rendu compte que

 20   toutes ces personnes avaient été tuées. Lui me l'avait dit et j'ai bien vu

 21   que ce soldat avait peur d'être accusé de cet

 22   acte.

 23   M. Nobilo (interprétation). - Et après être passés par l'école,

 24   ou êtes-vous allés ?

 25   Mme Rajic (interprétation). - A la maison.


Page 14488

  1   M. Nobilo (interprétation). - Mais dans quelle maison ?

  2   Mme Rajic (interprétation). - Dans une maison qui nous

  3   appartient, c'est la maison d'un oncle. Nous sommes entrés dans cette

  4   maison. Ils nous ont laissé soi-disant une garde, des soldats censés être

  5   là pour notre protection. Ils nous ont dit que rien ne pouvait nous

  6   arriver avec ces soldats. Le matin, à 8 heures, j'ai pris le chemin de

  7   Zenica.

  8   M. Nobilo (interprétation). - Madame, nous allons maintenant

  9   vous remettre un transcript d'une cassette vidéo. Pendant que ce document

 10   est distribué, je reviens sur un point.

 11   Je vous ai demandé, avant votre déposition, si vous supporteriez

 12   de voir des images de votre mari et de ses amis.

 13   Mme Rajic (interprétation). - Oui.

 14   M. Nobilo (interprétation). - Vous m'avez dit que vous pourriez

 15   les supporter. Est-ce que vous vous en tenez toujours à ce que vous avez

 16   dit ? Est-ce que vous continuez à affirmer que vous pourrez supporter de

 17   voir des images de votre mari et de ses amis, et de commenter ces images ?

 18   Nous pouvons montrer cette cassette vidéo aux Juges ?

 19   Mme Rajic (interprétation). - Oui, nous le pouvons.

 20   M. Nobilo (interprétation). - La première partie de cette

 21   cassette, ce sont des images tout à fait horribles. Vous êtes des

 22   professionnels Messieurs les Juges, mais je fais l'observation que je fais

 23   au profit des personnes qui sont dans la galerie du public. Si quelqu'un a

 24   du mal à supporter ce genre d'images, il serait sans doute préférable

 25   qu'il ou elle quitte la galerie du public. Cela ne durera que quelques


Page 14489

  1   minutes. Je demande maintenant que l'on baisse un peu les lumières.

  2   (Projection de la vidéo).

  3   "Chers téléspectateurs, nous sommes en train de regarder des

  4   images des nôtres qui ont été massacrés à Lasva".

  5   M. Nobilo (interprétation). - J'aimerais entendre

  6   l'interprétation en BCS si c'est possible.

  7   Nous avons le texte traduit dans les documents que j'ai

  8   distribués, donc j'aimerais que l'on entende l'interprétation en même

  9   temps que parle le présentateur de l'émission.

 10   L'interprète. - S'agissant de la cabine française, ce sera une

 11   traduction à vue. Le texte reçu étant en anglais.

 12   M. le Président. - Merci.

 13   Les noms des victimes sont les suivants : "Zvonko Rajic, Stipo

 14   Kegelj, Niko Kegelj, Vinko Kegelj, Dragan Kegelj, Pero Jubicic, Vojo

 15   Stanicic, Mladen Kegelj et Augustin Rados".

 16   Au cours d'une attaque des forces de l'agresseur musulman, ces

 17   hommes ont perdu la vie dans la vallée de la Lasva.

 18   M. le Président. - Si vous voulez qu'on arrête, Madame Rajic ?

 19   Vous voulez vous reposer un peu, Madame ?

 20   Mme Rajic (interprétation). - Ce n'est pas la peine. Il faut, il

 21   faut ; je pourrai le supporter.

 22   M. Nobilo (interprétation). - C'est l'homme que l'on va voir

 23   maintenant sur les images qui est le mari du témoin.

 24   Je vous en prie : arrêtez la diffusion. Peut-on retourner une

 25   image en arrière ?


Page 14490

  1   Madame Rajic, est-ce l'image de votre mari ? Quel est ce trou

  2   important que l'on voit au centre de son corps ? Qu'est-ce qu'on vous a

  3   dit à ce sujet ?

  4   Mme Rajic (interprétation). - Son coeur a été arraché.

  5   M. Nobilo (interprétation). - Continuez, je vous prie.

  6   (Projection de la cassette vidéo.)

  7   "Tous ces crimes ont été commis. Vous voyez ce coeur arraché.

  8   Ici, c'est le corps du commandant Zvonko Rajic. D'après les déclarations

  9   qui ont été entendues, il a d'abord reçu une balle tirée dans la tête par

 10   un Scorpion, après quoi ont été faits tous ces actes atroces. Vous voyez

 11   ici le coeur enlevé de son corps, les mains coupées et toutes les autres

 12   choses qu'on voit sur ces images.

 13   Et après les images que vous voyez ici, vous verrez des hommes.

 14   L'événement se situe juste avant celui dont nous vous montrons des images

 15   en ce moment. Vous verrez des hommes, membres des forces musulmanes qui

 16   avaient érigé le barrage de Lasva. Vous constaterez ce que disent ces

 17   hommes.

 18   M. Nobilo (interprétation). - Poursuivez la diffusion des

 19   images, je vous prie.

 20   Voici les barrages qui ont été placés, il y a deux jours, à

 21   l'entrée de Lasva. Des unités de l'armée de Bosnie-Herzégovine ont

 22   implanté ces barrages sans aucune raison ou explication spéciale. Cela a

 23   été la principale raison pour laquelle la télévision de Herceg-Bosna s'est

 24   rendue à Lasva pour y rechercher les raisons de l'édification de ce

 25   barrage."


Page 14491

  1   M. Nobilo (interprétation). – Cet homme que l'on voit, ici, les

  2   mains dans les poches, qui a commencé à parler, qui est-ce ?

  3   Mme Rajic (interprétation). - C'est mon mari, Zvonko Rajic ?

  4   M. Nobilo (interprétation). - Au milieu, au centre ?

  5   Mme Rajic (interprétation). - Oui.

  6   M. Nobilo (interprétation). - Et la femme qui se trouve derrière

  7   lui, est-ce vous ?

  8   Mme Rajic (interprétation). - C'est sans doute moi, j'avais les

  9   cheveux blonds, à l'époque.

 10   (Poursuite de la diffusion de la vidéo.)

 11   "Zvonko Rajic déclare : "Nous connaissons un fait, c'est le

 12   conflit de Gornji Vakuf

 13   qui s'est étendu jusqu'au territoire de la Bosnie centrale jusqu'à la

 14   municipalité de Travnik. Nous représentons le HVO de Busovaca et ce

 15   territoire appartenait à la municipalité de Zenica, cette frontière. En ce

 16   moment, selon les négociations qui se déroulent à Genève, la municipalité

 17   de Travnik revient à la rivière Bosna. Ils ont probablement estimé que la

 18   frontière était la rivière Bosna et ont renforcé l'entrée de Lasva et ils

 19   affirment que c'est la municipalité de Zenica et que cela restera comme

 20   cela est aujourd'hui.

 21   Comme je l'ai déjà dis auparavant, nous, les Croates nous sommes

 22   d'accord avec toutes les cartes qui seront décidées au niveau le plus

 23   élevé en provenance de Genève, que le village appartienne à la

 24   municipalité de Zenica ou de Travnik, nous serons d'accord avec la

 25   décision prise. Nous ne pouvons pas changer une carte ou une frontière, si


Page 14492

  1   elle est faite par eux. Nous voulons la paix et nous attendrons que la

  2   partie soit terminée ; après la fin de la partie, pour en connaître le

  3   résultat définitif. Voilà ce que nous attendons."

  4   M. Nobilo (interprétation). - Merci. Nous pouvons interrompre la

  5   diffusion un instant ?

  6   Madame Rajic, votre mari a utilisé des termes sportifs. Il a dit

  7   qu'il attendait la fin du match, or nous constatons qu'il n'a pas pu le

  8   faire. Pourriez-vous encore vous exprimer devant les Juges de ce Tribunal

  9   pendant une dizaine de minutes, après quoi nous poursuivrons demain ?

 10   Vous avez dit que Serif Patkovic avait tué votre mari, vous avez

 11   déclaré qu'il avait tué tous ces autres hommes de façon sadique en se

 12   défoulant, en faisant semblant d'avoir un entretien agréable avec vous, en

 13   buvant un verre et en mangeant ?

 14   Mme Rajic (interprétation). – Oui.

 15   M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que je vous ai montré ce

 16   magazine Slobodna Bosna, de cette semaine lorsque je vous ai parlé hier ?

 17   Mme Rajic (interprétation). - Oui.

 18   M. Nobilo (interprétation). - Qui avez-vous vu représenté sur

 19   une photo dans ce

 20   magazine ?

 21   Mme Rajic (interprétation). – Eh bien, Patkovic en personne.

 22   M. Nobilo (interprétation). - J'aimerais que l'on distribue les

 23   documents que j'ai entre les mains. Nous avons réussi à faire traduire,

 24   hier, dans la plus grande urgence, des passages d'un article de ce

 25   magasine et j'aimerais que ce document soit donc distribué. Je demanderai


Page 14493

  1   également que la transcription des images vidéo et sa traduction se voit

  2   affecter une cote en tant que pièce à conviction de la défense.

  3   M. Dubuisson. - Pour ce qui est de la cassette vidéo, il s'agit

  4   de la pièce D438 et pour les comptes rendus D438a. Le document, qui nous

  5   est maintenant présenté, porte la cote D439.

  6   M. Nobilo (interprétation). - Pendant que nous attendons. Au

  7   cours de la diffusion des images, vous m'avez fait un signe pour me dire

  8   que ce n'était tout de même pas vous qui étiez représentée derrière votre

  9   mari sur les images, mais que c'était une autre femme. N'est-ce pas ?

 10   Mme Rajic (interprétation). – Oui, en effet.

 11   M. Nobilo (interprétation). - Madame, je vous prierai de rester

 12   sur la page que vous avez sous les yeux actuellement. Je demanderai que la

 13   photo de Serif Patkovic soit mise sur le rétroprojecteur afin que le

 14   public puisse la voir également.

 15   (La photo est mise sur le rétroprojecteur.)

 16   Madame Rajic, est-ce que l'on voit sur cette photo, le visage de

 17   l'homme qui a tué votre mari et tous les autres hommes de Lasva ?

 18   Mme Rajic (interprétation). – Oui, c'est Patkovic.

 19   M. Nobilo (interprétation). - Vous le reconnaissez ?

 20   Mme Rajic (interprétation). – Oui, oui, oui.

 21   M. Nobilo (interprétation). - C'est un colonel de l'armée de

 22   Bosnie-Herzégovine.

 23   Avez-vous jamais entendu dire qu'il avait été puni pour ce

 24   crime ?

 25   Mme Rajic (interprétation). – Non, malheureusement jamais.


Page 14494

  1   M. Nobilo (interprétation). - Je vais donc lire simplement

  2   quelques passages qui sont traduits. Il s'agit donc du journal Slobodna

  3   Bosna, en date du 7 novembre 1998. Il y a donc très peu de temps. Et le

  4   colonel Patkovic donne une interview. Il écrit dans le texte : "Le colonel

  5   Serif Patkovic, 30 ans, qui a obtenu le Lys d'or, ancien commandant de la

  6   7ème Brigade musulmane, décoré en 1994, qui a été fait commandant d'honneur

  7   par décret et est aujourd'hui l'un des mille invalides de guerre que

  8   compte le pays. Après un long silence, il a décidé de révéler un certain

  9   nombre d'éléments, notamment liés à ces tentatives sans succès pour

 10   démanteler le siège de Sarajevo.

 11   Après ce titre, qui se trouve au paragraphe 3, nous lisons ce

 12   qui suit : "La 7ème Brigade musulmane a été créée vers la fin de l'année

 13   1992, par Halil Brzina, Mahmut effendi Karalic et les effendi Adilolic et

 14   Celikovic de Travnik de Kakanj."

 15   Je lirai maintenant un autre passage qui se trouve un peu plus

 16   loin.

 17   "L'ancien commandant de la 7ème Brigade musulmane, sous le

 18   commandement de qui cette Brigade s'est vu décerner les titres de

 19   glorieuse et héroïque, le colonel Serif Patkovic a garde le silence depuis

 20   des années.

 21   Il déclare qu'il rassemble les mosaïques de la guerre qui s'est

 22   déroulée comme un film. Le cri de bataille Tekbir Alahu Ekber (Allah est

 23   grand) avec lequel les membres de cette Brigade paradait dans Zenica,

 24   avant de se lancer dans le combat en hordes bosniaques commence et finit

 25   la revue des troupes. Ce cri est synonyme de 7ème Brigade musulmane. Il a


Page 14495

  1   été dit que ce cri de bataille faisait geler le sang de l'ennemi dans ses

  2   veines et qu'avant d'engager les troupes dans un combat, celles-ci

  3   devaient prononcer un autre mot."

  4   A la page suivante, nous voyons une autre photo dont la légende

  5   est la suivante :

  6   "Colonel Serif Patkovic, Mahmut Karalic, Alija Izetbegovic et

  7   Sakim Mahmulin."

  8   Ce sont les noms des différentes personnes que l'on voit réunies

  9   sur cette photographie.

 10   Monsieur le Président, je ne sais pas si le moment est venu

 11   d'interrompre nos débats pour aujourd'hui ?

 12   M. le Président. – Je pense. Cette vision a été très pénible

 13   pour le témoin, comme pour tout le monde ici. Je propose donc que nous

 14   nous interrompions.

 15   Je vous rappelle que demain matin, la Chambre, dans une autre

 16   composition, a un autre type d'occupation. Nous reprenons demain à

 17   14 heures.

 18   Madame, essayez de vous reposer, de vous remettre si c'est

 19   possible. Nous reprenons demain à 14 heures. L'audience est levée.

 20  

 21   L'audience est levée à 17 heures 25.

 22  

 23  

 24  

 25