Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL Affaire IT-95-14-T

2 POUR L’EX-YOUGOSLAVIE

3

4 LE PROCUREUR

5 c/

6 Tihomir BLASKIC

7 Jeudi 25 février 1999

8

9 L’audience est ouverte à 10 heures 25.

10 M. le Président. - Veuillez-vous asseoir.

11 Bien, je voudrais que l'on introduise le général Blaskic, cela

12 ne vous dérange pas ?

13 Et, puis, on peut peut-être demandé à un de nos fidèles

14 assistants... Nul n'étant mieux servi que par soi-même car, quand je

15 m'amène mon dossier, au moins, je suis sûr de l'avoir. J'avais confié à

16 quelqu'un de m'amener mon dossier et, finalement, je ne l'ai pas. Si l'on

17 peut le chercher, cela serait très gentil, merci beaucoup.

18 Je salue les interprètes.

19 L'interprète. - Bonjour, Monsieur le Président.

20 M. le Président. - Je salue les conseils de la défense, de

21 l'accusation. Je salue bien sûr l'accusé qui, je l'espère, s'est reposé.

22 M. Blaskic (interprétation). – Bonjour, Monsieur le Président.

23 Oui, je me suis

24 reposé. Je me porte bien.

25 M. le Président. - Greffier, ces problèmes de sortie un peu

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1 aérée en fin de journée seront-ils résolus ?

2 M. Dubuisson. – Ils le sont déjà.

3 M. le Président. - Dans ces conditions, je vous en remercie.

4 Cela permettra au témoin, puisqu'il s'agit donc d'un témoin, de pouvoir

5 témoigner dans les meilleures conditions.

6 Nous sommes toujours -je le dis à l'intention du public- dans

7 l'interrogatoire principal de l'accusé qui est ici considéré comme un

8 témoin et qui, je le rappelle, est sous serment.

9 Même si je n'ai pas encore mes notes, je crois que nous pouvons

10 quand même commencer.

11 M. Nobilo (interprétation). – Bonjour, Monsieur le Président.

12 Vos notes arrivent.

13 M. le Président. - J'ai tout dans ma tête depuis 22 mois, mais

14 je préfère quand même avoir quelques notes. Je vous remercie. Nous pouvons

15 donc commencer.

16 M. Nobilo (interprétation). – Hier, vers la fin de l'audience,

17 vers la fin de votre déposition hier, nous nous sommes arrêtés à une

18 réunion que vous avez considérée comme très importante réunissant les

19 représentants de la zone opérationnelle et du 3ème Corps. Elle s'est tenue

20 à Zenica le 26 mars 1993 à 11 heures. Pouvez-vous nous dire comment s'est

21 déroulée cette réunion, qui était présent et quelles ont été les

22 conclusions de cette réunion, s'il y en a eu ?

23 M. Blaskic (interprétation). – Cette réunion a été présidée par

24 le général Tia, l'adjoint au commandant de l'ECMM pour les Etats de

25 l'ex-Yougoslavie. Cette réunion a été coprésidée par le chef de l'ECMM,

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1 M. Thébault.

2 Devant l'armée de Bosnie-Herzégovine y étaient présents

3 M. Vehbija Karic, membre du commandement, de l'état-major suprême de

4 l'armée de Bosnie-Herzégovine, et également le commandant du 1er Corps,

5 dont le surnom était italien. Il était commandant du

6 1er Corps.

7 M. Nobilo (interprétation). - S'agit-il du défunt

8 Mustafa Hajrulanovic ?

9 M. Blaskic (interprétation). - Oui, le commandant du 2ème Corps

10 d'armée de Bosnie-Herzégovine, M. Sadic. L'adjoint du commandant du

11 3ème Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine, Dzemal Merdan, aurait dû

12 participer à cette réunion, également le commandant du 3ème Corps, mais il

13 était en retard.

14 Ensuite, le président du Comité exécutif du SDA pour la

15 Bosnie-Herzégovine, du parti d'action démocratique, M. Mirsad Ceman -il

16 était plutôt secrétaire exécutif de ce parti-, le président du Comité

17 régional du SDA pour la région de Zenica, M. Hodzic ou Hadzic, le

18 Président du SDA pour la municipalité de Zenica et, du côté de la police,

19 de la police civile musulmane bosnienne, le chef Asim Fazlic.

20 Devant le peuple croate était présent le membre de la Présidence

21 de guerre de la République de Bosnie-Herzégovine qui était en même temps

22 membre du commandement suprême des forces armées de Bosnie-Herzégovine,

23 M. Franjo Boras, également M. Franjo Nakic, le chef de l'état-major de la

24 zone opérationnelle de Bosnie-Herzégovine. Etait présent également le chef

25 de la police civile du département de la police de Travnik.

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1 M. le Président. - Vous pouvez dire les noms, puisque vous avez

2 commencé à dire les noms, notamment le chef d'état-major de la Bosnie

3 centrale, M. Boras, M. Nakic, c'est votre adjoint, nous sommes d'accord?

4 M. Blaskic (interprétation). – Oui, Monsieur le Président.

5 M. Nakic était le chef de l'état-major au sein du commandement dont

6 j'étais le commandant.

7 M. le Président. - Vous avez dit le chef d'état-major, c'est

8 cela?

9 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

10 M. le Président. - D'accord, allez-y.

11 M. Blaskic (interprétation). – Le chef de la police civile du

12 département de la

13 police de Travnik, M. Ivo Rezo ; le président du HDZ de la communauté

14 démocratique croate, M. Josip Pojavnik, il s'agit du HDZ pour Zenica et je

15 pense qu'était également présent M. Dominik Sakic, l'adjoint du Président

16 de l'assemblée municipale de Zenica.

17 A l'ordre du jour de la réunion étaient inscrits l'examen et

18 l'adoption d'un communiqué commun, d'un rapport commun de la Commission

19 conjointe qui était constituée de M. Nakic et M. Merdan. Mais cette

20 réunion a démarré d'une manière légèrement différente.

21 Dès le début, le général Dure, en s'adressant à tous les

22 participants, a insisté sur l'importance de la réunion en disant que les

23 conclusions de celle-ci allaient être adressées dans dix-sept pays de

24 l'Union européenne. Il a assuré de son plein soutien la Commission

25 conjointe. En prenant la parole lors de cette réunion, moi-même, j'ai dit

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1 que le problème principal était celui de la route Kiseljak-Busovaca,

2 fermée depuis 61 jours, en dépit de tous les accords passés.

3 Par la suite, j'ai dit qu'un poste de douane a été ouvert pour

4 les Croates de Zepce et d'Usora et que 30 % étaient prélevés, 30 % sur les

5 recettes étaient prélevés pour le 3ème Corps.

6 J'ai dit également, lors de cette réunion, que l'on a bloqué la

7 ville de Vares à Kakanj et que ceci a été fait par le commandement de la

8 309ème Brigade de l'armée de Bosnie-Herzégovine. J'ai ajouté que les

9 membres de la 7ème Brigade musulmane à Zenica défile tous les matins dans

10 les rues et provoque ainsi la peur auprès de la population croate de la

11 ville de Zenica.

12 J'ai insisté aussi sur le fait qu'il y a eu des cambriolages

13 d'appartements : des gens sont rentrés de force dans les appartements

14 croates et les ont chassés de là. Mais le problème principal était que ce

15 fait de déloger les Croates se faisait avec l'appui des décisions

16 temporaires qui étaient délivrées par les autorités municipales de Zenica.

17 Et j'ai dit que trois soldats ont été tués par des membres de la

18 7ème Brigade musulmane et ces soldats étaient des soldats du HVO.

19 La question suivante que j'ai ouverte était la question du

20 blocus de Kiseljak. L'ensemble des Croates de la municipalité de Kiseljak

21 n'avait aucune liberté de mouvement, ne pouvait pas sortir hors de la

22 municipalité de Kiseljak s'ils ne parvenaient pas à se munir d'un permis

23 de circulation, et ce permis était délivré par la municipalité musulmane

24 bosnienne de Bilalovac. Or, l'accès à Bilalovac, à partir de Kiseljak,

25 était rendu impossible. Mais cela posait un grand problème à Kiseljak.

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1 Monsieur Thébault a souligné que les unités extérieures

2 n'avaient pas été retirées des municipalités de Kiseljak et Busovaca et

3 que donc cette obligation n'a pas été honorée.

4 M. Nobilo (interprétation). - Quand vous parlez d'unités

5 extérieures, à quoi pensait M. Thébault quand il en a parlé ?

6 M. Blaskic (interprétation). - Il entendait les unités qui

7 étaient déployées sur le territoire des municipalités de Kacuni,

8 Bilalovac, et qui avaient été amenées de Zenica et de Visoko.

9 M. Nobilo (interprétation). - Et qui appartenait à laquelle des

10 parties ?

11 M. Blaskic (interprétation). - C'étaient des unités de l'armée

12 de Bosnie-Herzégovine.

13 M. Nobilo (interprétation). - A cette occasion, a-t-il également

14 fait par des conclusions de l'équipe conjointe concernant Busovaca ?

15 M. Blaskic (interprétation). - Oui, ce rapport de l'équipe

16 conjointe chargée de Busovaca était exposé et on a notamment souligné dans

17 ce rapport qu'il y avait des marques d'indiscipline du côté des

18 commandants.

19 M. Nobilo (interprétation). - De quel côté ?

20 M. Blaskic (interprétation). - Des deux côtés, c'était cela, la

21 conclusion de la Commission conjointe.

22 Monsieur Thébault a notamment rendu hommage à Dzemo et à

23 M. Nakic pour les

24 efforts qu'ils avaient déployés en essayant de mettre en place les ordres

25 conjoints sur le terrain.

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1 M. Nobilo (interprétation). – Et M. Thébault, qu'a-t-il proposé

2 comme tâches à accomplir ultérieurement par cette Commission conjointe ?

3 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur Thébault a proposé, a

4 demandé que l'on exécute tous les ordres conjoints et ceci dans leur

5 totalité, en respectant les délais qui avaient été précisés, qui étaient

6 précisés dans les ordres conjoints. Il a également proposé que nous

7 échangions réciproquement nos officiers de liaison.

8 M. Nobilo (interprétation). - A un moment, Hadzihasanovic qui

9 est en retard se joint à vous. Pouvez-vous nous dire pour quelle raison il

10 est arrivé en retard ? Que lui est-il arrivé ?

11 M. Blaskic (interprétation). - Pendant la première moitié à peu

12 près de la réunion, le commandant du 3ème Corps est arrivé. Il nous a

13 présenté ses excuses et il nous a dit qu'il avait assisté à la réunion de

14 la Présidence de guerre de Bosnie-Herzégovine à Sarajevo. Il nous a dit

15 qu'en revenant de Sarajevo, en passant par Krescevo et Kiseljak, à

16 Kiseljak même, il avait été retenu. Il a dit qu'il avait été amené par le

17 commandant de Kiseljak, qu'il était amené dans la caserne et il m'a

18 remercié d'être intervenu parce que, dès qu'il a été amené avec une

19 escorte, il a pu poursuivre son chemin en direction de Zenica.

20 M. Nobilo (interprétation). - Comment peut-il savoir que c'est

21 vous qui avez aidé ?

22 M. Blaskic (interprétation). - Lorsque le commandant du

23 3ème Corps a été interpellé par le commandement du HVO de Kiseljak, il a

24 dit au commandant du HVO de Kiseljak qu'il était pressé et qu'il devait se

25 rendre à une réunion à Zenica avec M. Blaskic. Il m'a appelé, moi

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1 personnellement, à l'Hôtel international -je pense que c'était l'Hôtel

2 international à Zenica- et je suis donc intervenu pour qu'une escorte lui

3 soit donnée, que sa sécurité soit assurée et qu'il puisse poursuivre son

4 voyage vers Visoko, Kakanj et Zenica.

5 M. Nobilo (interprétation). - Merdan affirme que les Musulmans

6 continuent à

7 quitter Busovaca, est-ce exact ?

8 M. Blaskic (interprétation). - Oui. Merdan a dit que les

9 tensions étaient très fortes à Busovaca et que les Musulmans quittaient

10 Busovaca en direction de Zenica, ou bien en direction de Fojnica.

11 M. Nobilo (interprétation). - Essayons de résumer : des

12 représentants de la police civile, Ivo Rezo et Fazlic prennent part à la

13 discussion. Ce sont des représentants de la police civile du côté croate

14 et du côté musulman. De quoi ont-ils parlé ?

15 M. Blaskic (interprétation). - L'une des conclusions exposées

16 par M. Thébault était qu'il fallait régler la question des postes de

17 contrôle, et M. Fazlic, le chef de la police civile, donc du côté musulman

18 bosnien, a dit qu'il fallait reconnaître la situation réelle, que deux

19 ministères des Affaires intérieures étaient en place, l'un le MUP de la

20 République de la Bosnie-Herzégovine et l'autre celui de la communauté

21 croate d'Herceg-Bosna.

22 Mais ce que lui cherchait à obtenir était une attitude

23 professionnelle eu égard aux tâches à accomplir du côté de la police

24 civile et une coordination, une coopération maximale entre la police

25 civile du côté musulman bosnien et du côté du peuple croate.

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1 C'est le chef de l'administration de la police, Ivo Rezo, qui

2 lui a répondu. C'était le chef de la police civile du côté croate. Ce

3 qu'il lui a dit, c'était qu'un seul MUP existait au niveau de l'Etat de la

4 Bosnie-Herzégovine et que la communauté croate d'Herceg-Bosna ne disposait

5 que d'un département, un département du ministère de l'Intérieur.

6 Rezo a souligné que depuis de longues années, il connaissait

7 M. Fazlic. Il a dit qu'ils avaient coopéré au sein de la police civile

8 avant que le conflit n'éclate et qu'il espérait pouvoir établir une bonne

9 coopération et une relation très professionnelle et une attitude très

10 professionnelle concernant les tâches de la police civile.

11 Rezo a insisté sur le fait que sur le territoire de onze

12 municipalités couvertes par le département de l'administration de la

13 police de Travnik agissait la police civile de la communauté croate

14 d'Herceg-Bosna et que, malheureusement, dans ces onze municipalités, la

15 police civile du ministère de l'Intérieur de l'Etat de Bosnie-Herzégovine

16 ne fonctionnait pas.

17 A l'issue de cette discussion, le membre du commandement suprême

18 des forces armées de Bosnie-Herzégovine, M. Vehbija Karic, nous a informés

19 du fait que sa tâche essentielle était d'organiser et de structurer les

20 forces armées de Bosnie-Herzégovine sur les territoires libres. Il a

21 proposé également les conclusions qui devaient être adoptées à cette

22 réunion. Avant tout, il fallait constituer des postes de contrôle qui

23 allaient être entre les mains de la police civile de la communauté croate

24 d'Herceg-Bosna et du MUP de Bosnie-Herzégovine.

25 Ensuite, il a demandé de prendre toutes les mesures pour

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1 empêcher des actes d'indiscipline de la part des individus et de la part

2 des chefs locaux. Il évoquait notamment le problème de la perception des

3 taxes aux postes de contrôle. Il a également dit que les médias devaient

4 être utilisés pour calmer les tensions et pour stabiliser la situation

5 générale. Il a souligné que l'accord signé entre M. Izetbegovic et

6 M. Boban représentait une bonne base pour continuer une coopération.

7 M. Nobilo (interprétation). - Merci. Nous pourrions peut-être

8 maintenant passer à autre chose. C'était une réunion très importante, il y

9 avait beaucoup de participants, mais je vous invite maintenant à passer à

10 la journée du 29 mars 1993. Au cours de cette journée, vous avez manifesté

11 votre mécontentement. Je demanderai donc que le document D261 soit remis

12 au témoin, s'il vous plaît.

13 M. Nobilo (interprétation). - Nous n'allons pas lire le

14 document, nous allons simplement rappeler que le 29 mars 1993, comme on

15 peut le voir à partir de ce document, vous avez envoyé à M. Enver

16 Hadzihasanovic, une lettre de protestation portant sur l'assassinat de

17 deux membres de la police militaire du HVO à Cajdras, le 28 mars 1993 et,

18 manifestement, les responsables de cet acte étaient des membres de la

19 7ème Brigade musulmane. A la fin de cette lettre de plainte, vous demandez

20 que le 3ème Corps établisse une commission chargée d'enquêter sur les

21 circonstances de ces assassinats.

22 Confirmez-vous que vous êtes l'auteur de ce document ?

23 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

24 M. Nobilo (interprétation). - Et que l'événement s'est produit

25 tel qu'il est décrit dans le document ?

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1 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

2 M. Nobilo (interprétation). - C'était tout à fait bref.

3 Passons maintenant à la date du 30 mars 1993, lorsque vous êtes

4 allé en Bosnie-Herzégovine pour participer à une réunion à laquelle

5 participait le responsable du département de la Défense, Bruno Stojic.

6 Vous y êtes resté jusqu'au 2 avril ?

7 M. le Président. - J'ai le document sous les yeux. Je ne sais

8 pas si vous y reviendrez. Il est bien dit dans ce document signé de

9 l'accusé que la 7ème brigade musulmane doit être démantelée. Je voudrais

10 montrer ce document à mes collègues. Nous sommes d'accord, général

11 Blaskic.

12 Vous avez demandé le démantèlement complet de cette brigade

13 musulmane à l'occasion de cet incident ?

14 M. Nobilo (interprétation). – Oui, les motifs de cette demande ?

15 M. Blaskic (interprétation). – Oui, Monsieur le Président,

16 Messieurs les Juges, effectivement j'ai demandé que la 7ème Brigade

17 musulmane soit démantelée dans les meilleurs délais, c'était une des

18 principales causes de désaccord entre les populations croates et

19 musulmanes dans la région de Bosnie centrale qui rendait parfois la

20 coopération... le comportement de cette 7ème Brigade rendait parfois la

21 coopération impossible entre la zone opérationnelle et l'armée de Bosnie-

22 Herzégovine.

23 M. Nobilo (interprétation). - Le commandant du 3ème Corps,

24 M. Hadzihasanovic,

25 que vous a-t-il dit sur cette 7ème Brigade musulmane?

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1 M. Blaskic (interprétation). – Lors d'une réunion dont je

2 parlerai plus tard, il a déclaré que la 7ème Brigade musulmane avait été

3 créée sur la base de la religion.

4 M. Nobilo (interprétation). - Un instant, s'il vous plaît.

5 M. le Président. - Vous pouvez reprendre. J'échangeais avec mon

6 collègue.

7 M. Nobilo (interprétation). – Ma question était donc la

8 suivante : que vous a dit le commandant du 3ème Corps d'armée de Bosnie-

9 Herzégovine, Enver Hadzihasanovic, lors d'une réunion que vous avez eue

10 avec lui sur la 7ème Brigade musulmane?

11 M. Blaskic (interprétation). - Il m'a dit que la 7ème Brigade

12 musulmane avait été constituée sur une base religieuse et qu'en fait, elle

13 avait été constituée de personnes venant de tous les pays du monde ou des

14 quatre coins du monde. Et les membres de la 7ème Brigade musulmane étaient

15 frères de par leur religion, quel que soit leur pays d'origine.

16 Il a également confirmé que lui-même avait établi une certaine

17 distance entre lui et l'attitude et la conduite de la 7ème Brigade

18 musulmane.

19 M. Nobilo (interprétation). – Eu égard à cette brigade et à

20 d'autres unités, celle des Moudjahidin, l'unité Latif, etc., avez-vous eu

21 l'impression qu'il y avait eu un système parallèle de commandement et

22 qu'il n'y avait pas une unité de commandement d'après les propos tenus par

23 M. Hadzihasanovic.

24 M. Blaskic (interprétation). - D'après ce qu'il m'a dit, le

25 7 avril 1993, lors d'une réunion organisée à Kakanj, j'ai compris qu'il y

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1 avait un système double, parallèle de commandement, du côté de l'armée de

2 Bosnie-Herzégovine.

3 M. Nobilo (interprétation). - Mais de quoi s'agissait il ?

4 M. Blaskic (interprétation). - Eh bien, il parlait de l'unité

5 des Moudjahidin de la 7ème Brigade musulmane, plus précisément de l'unité

6 El Moudjahid, l'unité des Cygnes noirs également, l'unité Abdul Latif et

7 d'autres unités spéciales encore, et la 4ème Brigade musulmane.

8 M. Rodrigues. - Est-ce que vous vous souvenez du nom du

9 commandant de cette 7ème Brigade ?

10 M. Blaskic (interprétation). - Messieurs les Juges, je ne crains

11 de ne pouvoir me souvenir maintenant.

12 M. Nobilo (interprétation). - Peut-être, puis-je aider ?

13 A une certaine époque, Serif Patkovic était-il commandant de la

14 7ème Brigade ?

15 M. Blaskic (interprétation). - Oui, effectivement. Il est devenu

16 commandant de la 7ème Brigade à un moment donné. Mais lorsque la

17 7ème Brigade musulmane a été constituée, c'était une autre personne qui

18 était à sa tête, je crois me souvenir de son surnom... mais j'ai dû mal,

19 en fait, à m'en souvenir.

20 M. Nobilo (interprétation). - Par conséquent, le 30 mars 1993,

21 vous êtes allé en Herzégovine pour assister à une réunion avec le

22 responsable du département de la Défense, Bruno Stojic, il y avait

23 également Petkovic entre autres, et vous êtes revenu vers le 2 avril 1993

24 à Vitez. Pouvez-vous nous expliquer brièvement pourquoi vous êtes allé en

25 Herzégovine et pourquoi vous êtes revenu le 2 avril particulièrement ?

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1 M. Blaskic (interprétation). - Je suis allé à cette réunion

2 parce que j'avais deux problèmes à résoudre. Il fallait d'abord parler de

3 la réunion qui s'était tenue à Zenica, et communiquer les conclusions de

4 cette réunion au chef d'état-major et puis également au département de la

5 Défense et à son responsable. Pendant toute la période que nous avons

6 passée à discuter, il y avait des combats assez intenses, sur la ligne de

7 front de Travnik, D'Usora, de Maglaj et d'Olovo.

8 M. Nobilo (interprétation). - Qui était l'agresseur ?

9 M. Blaskic (interprétation). - Des attaques étaient lancées par

10 les Serbes sur ces lignes de front. J'ai demandé des renforts et de l'aide

11 du chef du grand état-major et du responsable de la section logistique.

12 Lors d'une réunion précédente, le 18 mars, j'avais été informé

13 par les commandants de brigade qu'il y avait environ deux cents balles par

14 fusil, ce qui n'était pas suffisant pour participer à des opérations de

15 combat.

16 M. Nobilo (interprétation). - Dans l'ordre chronologique des

17 événements, nous ne nous sommes pas concentrés sur vos activités sur la

18 ligne de front face à l'armée serbe. Quels fronts étaient actifs à

19 l'époque et dans quelle mesure étiez-vous responsable des fronts actifs

20 contre les Serbes ?

21 M. Blaskic (interprétation). - Le front de Travnik était actif à

22 l'époque. C'était un front qui faisait environ 80 kilomètres. Il y avait

23 également le front d'Usora au nord de Tesanj, la ligne de front, en tout

24 cas, était au nord de Tesanj. Il y avait également le front de Maglaj,

25 d'Olovo, et la situation était critique. D'après les informations que je

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1 recevais, parce que la ville d'Olovo risquait de chuter. Il y avait

2 également la ligne de front de Gorazde ou des actes de provocation étaient

3 perpétrés, mais il n'y avait pas de mouvement de soldats à Busovaca entre

4 l'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO à l'époque.

5 M. Nobilo (interprétation). - Donc vous parlez d'Olovo et de

6 Gorazde. Vous avez assisté les soldats qui se trouvaient sur ce front en

7 leur apportant équipement et assistance logistique. Avez-vous participé à

8 d'autres combats sur d'autres fronts ?

9 M. Blaskic (interprétation). – Effectivement, dans la mesure du

10 possible, j'ai participé aux combats sur la ligne de front de Travnik,

11 d'Usora et, en face de Zepce, sur la ligne de front de Maglaj.

12 M. Nobilo (interprétation). - Le 2 avril, vous êtes revenu en

13 Bosnie centrale. Pourquoi y être revenu ce jour-là précisément ?

14 M. Blaskic (interprétation). - Ce jour-là, j'avais une réunion

15 avec le responsable du département de la défense. Il m'a averti en me

16 disant que je devrais repartir d'où j'étais venu, immédiatement, parce que

17 l'armée de Bosnie-Herzégovine risquait de couper toutes les routes à

18 nouveau entre Mostar et Vitez.

19 M. Nobilo (interprétation). - En Bosnie centrale, dans votre

20 quartier général, vous êtes là-bas sur place le 3 avril. Vous receviez des

21 informations, à 8 heures 30 du matin, portant sur les affrontements avec

22 l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

23 M. Blaskic (interprétation). – Oui. Ce matin-là, on m'a informé

24 que la 333ème Brigade de l'armée de Bosnie-Herzégovine avait augmenté sa

25 préparation aux combats et qu'un certain nombre de ces soldats avait lancé

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1 une attaque à partir de Kacuni vers Prosje contre les défenseurs du HVO.

2 M. Nobilo (interprétation). – Deux membres de la police

3 militaire ont était tués ce jour-là, du HVO n'est-ce pas ?

4 M. Blaskic (interprétation). - Oui c'est vrai. Effectivement,

5 ils ont été tués par des membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

6 M. Nobilo (interprétation). - Ce jour-là, vous avez reçu des

7 informations sur les affrontements à Konjic qui était limitrophe de votre

8 zone opérationnelle. Qui étaient les protagonistes de cet affrontement ?

9 M. Blaskic (interprétation). - Des unités du 4ème Corps de

10 l'armée de Bosnie-Herzégovine qui combattaient des membres du HVO de

11 Konjic.

12 M. Nobilo (interprétation). - Les affrontements qui avaient

13 commencé au mois de janvier se répétaient donc à ce moment-là ?

14 M. Blaskic (interprétation). – Oui, effectivement les conflits

15 avaient éclaté en janvier, vers le 19 janvier, le 12 janvier, et ils

16 reprenaient au mois d'avril les lignes de front de Konjic redevenaient

17 actives à ce moment-là ?

18 M. Nobilo (interprétation). - Et ce jour-là, vous avez eu une

19 réunion avec les membres de Zenica n'est-ce pas ? M. Holman, M. Baresic et

20 M. Totic. Pouvez-vous nous en parler brièvement, quelles informations

21 avez-vous reçues de Baresic ?

22 M. Blaskic (interprétation). - L'une des questions que j'ai

23 soulevée au cours de cette réunion devant le responsable de la défense de

24 Mostar était la suivante : je souhaitais que le HOS ait la possibilité

25 d'être intégré au HVO mais sur une base individuelle.

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1 J'ai déclaré à Holman que les personnes dont le casier

2 judiciaire n'était vierge ne pourraient pas être versées dans les rangs du

3 HVO de Zenica, mais qu'une période transitoire pouvait être aménagée,

4 seulement s'ils recevaient un accord écrit du commandant de la

5 314ème Brigade du 3ème Corps de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

6 Je lui ai également dit que je devais faire face à de nombreux

7 problèmes, que moi aussi, dans mes propres rangs, j'avais des criminels.

8 Je parlais alors de personnes qui étaient membres des forces du HVO et qui

9 s'adonnaient à certaines attitudes criminelles ou à certains actes

10 criminels.

11 M. Nobilo (interprétation). – Et Baresic, quelles informations

12 vous a-t-il communiquées de Zenica ?

13 M. Blaskic (interprétation). – Baresic était assez inquiet à

14 cause de la naissance de la 7ème Brigade musulmane et de l'aggravation des

15 tensions, et il a déclaré qu'en l'espace de 48 heures, l'armée de Bosnie-

16 Herzégovine, à son avis, allait de Zenica lancer une attaque contre le

17 HVO.

18 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez reçu des informations ce

19 jour-là portant sur la demande formulée par des civils de Busovaca et

20 demandant de pouvoir être autorisé à quitter la ville de Busovaca. Seuls

21 les Musulmans voulaient partir ou certains Croates voulaient également

22 s'en aller ? Qu'en savez-vous ?

23 M. Blaskic (interprétation). - C'était la première information

24 que j'ai reçue de Busovaca. La demande disait que 73 Croates et

25 69 Musulmans bosniens souhaitaient quitter Busovaca et se rendre à

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1 l'étranger. Les Musulmans bosniens étaient d'accord pour se rendre sur des

2 territoires contrôlés par l'armée de Bosnie-Herzégovine.

3 M. Nobilo (interprétation). - Ce jour-là, vous avez pris

4 certaines sanctions disciplinaires notamment vis-à-vis des unités de

5 reconnaissance qui créaient un certain nombre de problèmes dans la région

6 de Kaonik. Selon le rapport, combien de soldats ont été soumis à des

7 sanctions disciplinaires dans cette unité de reconnaissance ?

8 M. Blaskic (interprétation). - En une seule semaine, quatorze

9 sanctions ont dû être imposées et l'unité de reconnaissance de la brigade

10 Nikola Subic-Zrinjski a fait l'objet de onze sanctions contre onze soldats

11 donc de cette unité.

12 M. Nobilo (interprétation). - Et combien de soldats y avait-il

13 dans ce groupe ?

14 M. Blaskic (interprétation). – Il y en avait vingt. Un certain

15 nombre d'entre eux avait déjà été sanctionnés par le passé.

16 M. Nobilo (interprétation). - A Kiseljak, des réfugiés croates

17 ont commencé à arriver, d'où venaient-ils ?

18 M. Blaskic (interprétation). - Au début du mois d'avril, des

19 Croates ont commencé à arriver de Konjic, de la municipalité de Konjic, à

20 Kiseljak.

21 M. Nobilo (interprétation). – Pourquoi ? Que s'est-il passé sur

22 place ?

23 M. Blaskic (interprétation). - En fait, il y a eu une attaque

24 lancée par l'armée de Bosnie-Herzégovine et ces personnes ont été

25 expulsées des villages de Pozetva, Jasenik et d'autres villages croates

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1 encore qui se trouvaient sur la municipalité de Konjic. Cette municipalité

2 et la municipalité de Fojnica sont limitrophes.

3 M. Nobilo (interprétation). - Le début du mois d'avril a

4 également marqué le début de la formation de la brigade de Vitez. Vous

5 avez reçu des rapports vous informant de la progression de la brigade de

6 Vitez. Pouvez-vous nous dire qui vous a envoyé ce rapport entre autres ?

7 M. Blaskic (interprétation). – J'ai eu une réunion, et le chef

8 d'état-major, Franjo Nakic, m'a informé que la situation s'était aggravée

9 pour ce qui est de la formation de la

10 brigade de Vitez. Dans ce domaine là, pratiquement rien n'avait été fait,

11 même pas en théorie.

12 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez vu M. Schmidt ce

13 jour-là, qui voulait se rendre à la prison de Kaonik. Comment avez-vous

14 résolu ce problème ?

15 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur Schmidt est venu me

16 rendre visite et m'a demandé de rédiger un permis écrit lui permettant de

17 visiter la prison militaire de district de Kaonik. Je lui ai répondu que

18 je ne pouvais pas délivrer des permis de visite dans la prison militaire

19 de district de Kaonik et que cela ne relevait pas de mes compétences, mais

20 qu'il devait plutôt essayer de contacter le Président du Tribunal

21 militaire de district, M. Zeljko Percinlic, qui pouvait, lui, délivrer ce

22 genre de permis.

23 M. Nobilo (interprétation). - A qui appartenait M. Schmidt, à

24 quelle organisation ? Vous en souvenez-vous ?

25 M. Blaskic (interprétation). - Je pense, mais je n'en suis pas

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1 tout à fait certain, qu'il était membre de la Croix-Rouge internationale

2 ou bien de la Mission de contrôle de la communauté européenne. L'un ou

3 l'autre.

4 M. Nobilo (interprétation). - Le 5 avril, vous supervisiez

5 l'occupation des tranchées. (L'interprète se corrige.) Vous avez ordonné

6 de faire combler les tranchées, pourquoi l'avez-vous fait ?

7 M. Blaskic (interprétation). - Je m'entretenais quotidiennement

8 avec M. Nakic et j'ai délivré un ordre au commandement de la brigade

9 Nikola Subic-Zrinjski demandant que les tranchées soient comblées,

10 l'objectif étant de stabiliser de normaliser les rapports entre la

11 333ème Brigade de l'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO de Busovaca afin

12 que les rapports entre ces deux entités puissent s'améliorer.

13 M. Nobilo (interprétation). – Ces tranchées ont été creusées

14 dans la région de Busovaca, n'est-ce pas ? Elles constituaient une sorte

15 de ligne de front entre l'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO, n'est-ce

16 pas ?

17 M. Blaskic (interprétation). – Oui.

18 M. Nobilo (interprétation). - Ce jour-là, vous avez eu une

19 réunion avec M. Thébault. Que vous a-t-il dit ? Quelle était son opinion,

20 l'opinion qu'il a formulée ce jour-là ?

21 M. Blaskic (interprétation). - Cette réunion a été très brève.

22 Il a souligné particulièrement que les tensions étaient assez fortes dans

23 la région et que la raison de cette instabilité était les commandants

24 locaux et que les commandants locaux représentaient une grande menace pour

25 les deux côtés. Il parlait sans doute des membres de l'armée de Bosnie-

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1 Herzégovine et des membres du HVO.

2 M. Nobilo (interprétation). - Le lendemain, le 6 avril, et

3 pendant plusieurs semaines -mais nous n'en avons pas parlé-, des étrangers

4 ont commencé à poser problèmes, des étrangers qui avaient été arrêtés et

5 emprisonnés par la police. Ce jour-là, vous avez eu une discussion sur ce

6 problème et la façon dont il pouvait être réglé. Pourriez-vous nous en

7 dire plus, nous ébaucher la situation ?

8 M. Blaskic (interprétation). - Le problème résidait dans le fait

9 que dans la région de Bosnie centrale, il arrivait fréquemment que des

10 étrangers viennent, des étrangers qui étaient équipés d'un matériel de

11 terroristes, c'est-à-dire d'explosifs, de détonateurs, de couteaux,

12 d'armes blanches, etc.

13 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous définir davantage

14 cette situation ? D'où venaient le plus fréquemment ces étrangers ?

15 M. Blaskic (interprétation). - Le plus fréquemment, ils venaient

16 de pays arabes, et la police militaire ainsi que la police civile avaient

17 reçu l'ordre de leur commandement supérieur de priver ces étrangers de

18 liberté, de leur confisquer leur équipement et de les déporter hors du

19 territoire de la Bosnie-Herzégovine.

20 En Bosnie centrale, nous avons eu des problèmes, car il était

21 impossible de réaliser

22 ces déportations.

23 M. Nobilo (interprétation). - En raison de quoi ?

24 M. Blaskic (interprétation). - Les routes étaient bloquées par

25 l'armée de Bosnie-Herzégovine et il était donc impossible de faire le

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1 trajet jusqu'à Mostar pour réaliser ces déportations.

2 M. Nobilo (interprétation). – Est-il exact qu'à ce moment-là se

3 trouvaient dans les prisons un certain nombre d'arabes qui avaient été

4 arrêtés.

5 M. le Président. – Une petite seconde, nous avons un petit

6 changement chez nos amis qui font la transcription. Ils ont un petit

7 problème. Voulez-vous assurer le changement maintenant ? Oui ? D'accord ?

8 Allez, allez vous soigner, vous rétablir. Ne pleurez pas.

9 Voilà, on peut reprendre. Y a-t-il eu un blanc ? Allez vous

10 soigner maintenant.

11 On continue merci.

12 M. Nobilo (interprétation). – Y avait-il à Kaonik un certain

13 nombre de citoyens arabes, étrangers placés en détention ?

14 M. Blaskic (interprétation). - Oui, il y en avait qui étaient

15 arrêtés. Mais le dirigeant de la police militaire m'a informé ce jour-là

16 qu'il avait conclu un accord avec les représentants de la Croix-Rouge

17 quant au fait que les citoyens étrangers seraient déportés en

18 collaboration avec la Croix-Rouge.

19 M. Nobilo (interprétation). - Ce n'est peut-être pas le plus

20 important mais, ce jour-là, vous émettez un ordre relatif à une lettre de

21 félicitations. A qui s'adressait-elle ?

22 M. Blaskic (interprétation). - C'était une lettre de

23 félicitations adressées à tous les membres de l'armée de Bosnie-

24 Herzégovine à l'occasion de leur fête la plus importante, leur fête

25 religieuse, le Bayram, compte tenu du fait qu'ils étaient de confession

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1 musulmane.

2 M. Nobilo (interprétation). - A Vares -nous n'en avons pas

3 parlé pour aller plus

4 vite-..., vous êtes informé de la situation vécue par les Musulmans de

5 Vares, n'est-ce pas ?

6 M. Blaskic (interprétation). - C'est une information qui, si je

7 ne me trompe, a même été diffusée par les moyens d'information locaux. Une

8 information quant au fait que les Musulmans bosniens se distinguaient de

9 l'action des extrémistes qui se trouvaient dans leurs rangs.

10 M. Nobilo (interprétation). - Ce jour-là, le 6 avril 1993, vous

11 établissez un plan de travail pour la totalité du mois. Pourriez-vous dire

12 quels étaient les éléments principaux de ce plan ?

13 M. Blaskic (interprétation). - Dans un plan antérieur, il était

14 prévu que je m'absente à la fin du mois d'avril, c'est la raison pour

15 laquelle j'ai prévu les tâches fondamentales suivantes : d'abord le

16 contrôle des lignes de front, ensuite la définition d'un certain nombre

17 d'ordres détaillés relatifs à la période de Pâques.

18 Troisièmement, la consolidation des cadres, c'est-à-dire le

19 renforcement des mesures disciplinaires internes et l'analyse des causes

20 d'insoumission dans les différents commandements.

21 Autre ligne directrice : renforcer la participation de la police

22 militaire en interne, essayer d'empêcher les différents groupes de

23 criminels de communiquer les uns avec les autres. Ensuite, évaluation du

24 travail réalisé par les membres du commandement de la zone opérationnelle,

25 entraînement au maniement des armes pour les jeunes gens qui n'avaient

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1 jamais accompli leur service militaire, information quant au contenu des

2 documents relatifs au combat et à la façon dont il convenait d'utiliser

3 ces documents ; ces manuels, informations qui devraient être dispensées

4 aux soldats dans les niveaux hiérarchiques inférieurs, ensuite,

5 vérification de l'aptitude au combat et augmentation de cette aptitude et

6 information, instruction au sujet du commandement.

7 Nous avons prévu d'organiser des séminaires destinés aux soldats

8 de niveau

9 hiérarchique inférieur et j'avais prévu de vérifier le travail de la base

10 logistique, notamment des services techniques de cette base. Nous avions

11 également prévu de réaliser un inventaire annuel des moyens matériels et

12 techniques mis à notre disposition.

13 Nous avions également prévu de mettre en place un service chargé

14 du transport qui n'existait pas encore dans la zone opérationnelle de

15 Bosnie centrale.

16 M. Nobilo (interprétation). - Le lendemain, le 7 avril 1993,

17 vous avez une réunion toute spéciale à Kakanj avec les représentants du

18 3ème Corps d'armée. Quand je dis particulière, je veux dire que c'est la

19 dernière réunion de ce genre avant l'éclatement du conflit du 16 avril.

20 Pourriez-vous nous dire brièvement qui a participé à cette réunion ?

21 M. Blaskic (interprétation). - La réunion a été assez longue,

22 elle a été présidée par M. Thébault. Elle s'est tenue à Kakanj. Y ont

23 assisté le commandant du 3ème Corps d'armée, Enver. Il y avait également

24 Dzemo, il y avait le chef de la police civile, Asim Fazlic, et

25 représentant le HVO, il y avait Franjo Nakic ; il y avait également le

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1 commandant de la police civile de Travnik, Ivo Rezo et cette réunion s'est

2 tenue sur l'ordre du jour suivant :

3 * Suppression de tous les barrages routiers sur les routes,

4 * Séparation des forces qui s'affrontaient, c'est-à-dire les

5 forces de l'armée de * Bosnie-Herzégovine et le HVO,

6 * Retrait des forces amenées sur les lieux de l'extérieur,

7 * Comblement des tranchées,

8 * Retour des réfugiés, des personnes expulsées.

9 A cette réunion de Kakanj, M. Thébault a mis l'accent sur deux

10 problèmes particuliers, premièrement le problème des barrages routiers et

11 deuxièmement le problème du comblement des tranchées.

12 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que le commandement du

13 3ème Corps d'armée, Enver Hadzihasanovic, a parlé de la 7ème Brigade

14 musulmane au moment de cette réunion,

15 intervention dont vous avez parlée, il y a quelques instants.

16 M. Blaskic (interprétation). - Oui, c'est lors de cette réunion,

17 à la fin de la réunion, qu'Enver Hadzihasanovic a déclaré qu'il craignait

18 que la 7ème Brigade musulmane n'ait la possibilité d'entreprendre des

19 actions qu'il ne souhaitait pas appuyer, entériner.

20 Après cela, M. Dzemo Merdan a déclaré que ces actions, actions

21 indésirables de la part de la 7ème Brigade musulmane, risquaient d'être des

22 à l'arrestation d'Arabes, c'est-à-dire de frères de religion, de frères en

23 religion, qui étaient membres de cette 7ème brigade musulmane. Ivo Rezo a

24 également participé à ce moment de la discussion en soutenant que la

25 police agissait selon les lois de la République de Bosnie-Herzégovine et

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1 effectuait la déportation de toute personne chez qui elle découvrait des

2 moyens, des objets interdits par la loi. Suite à quoi la police décidait

3 qu'il convenait de déporter ces personnes.

4 Enver a déclaré, ensuite, qu'à son avis, la 7ème brigade

5 musulmane risquait d'entreprendre un certain nombre d'actions dont il

6 disait à l'avance qu'il ne les entérinait pas. J'ai pris la parole pour

7 dire que la 7ème Brigade musulmane faisait partie du 3ème Corps d'armée et

8 Enver a rétorqué que c'était exact, mais que cette brigade était composée

9 de citoyens étrangers, qu'ils avaient tous la même religion et qu'ils

10 étaient tous frères en religion et que, lui, Enver, ne pouvait pas

11 garantir leur action, leur attitude.

12 M. Nobilo (interprétation). - Le lendemain, vous vous êtes

13 trouvé à Travnik, il s'agit donc du 8 mars 93, vous étiez à Travnik à une

14 réunion avec des représentants civils. Cette réunion étant assez

15 importante et risquant de donner lieu à un exposé assez long, je pense que

16 la pause serait appropriée.

17 M. le Président. – Nous allons faire 20 minutes de pause. Je

18 vous rappelle qu'aujourd'hui, nous avons commencé à 10 heures 15, nous

19 irons donc –j'espère que les interprètes n'y verront pas d'inconvénient

20 mais je vais leur faire des propositions honnêtes- nous irons donc jusqu'à

21 13 heures 15 pour respecter nos trois heures, et par contre, nous

22 recommencerons à 14 heures 45 jusqu'à 17 heures 45. Tout le monde est

23 d'accord ?

24 L'audience, suspendue 11 heures 25, est reprise à 12 heures.

25 M. le Président. - L'audience est reprise. Veuillez vous

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1 asseoir.

2 Alors, Maître Nobilo, nous abordons le 8 avril, c'est cela ?

3 M. Nobilo (interprétation). - C'est exact, Monsieur le

4 Président, le 8 avril, date qui a souvent été évoquée au cours de nos

5 débats. En avril a eu lieu une réunion régulière des organes civils du

6 pouvoir et vous avez participé à cette réunion. Pouvez-vous expliquer la

7 nature de cette réunion, à quelle fréquence vous participiez aux réunions

8 des instances du pouvoir civil et décrire le déroulement de cette

9 réunion ?

10 M. Blaskic (interprétation). - A cette réunion ont participé des

11 représentants du peuple croate au Parlement de la République de

12 Bosnie-Herzégovine, des députés et des représentants du HDZ de la Bosnie

13 centrale ainsi que des représentants du conseil croate de défense pour les

14 municipalités de Bosnie centrale.

15 M. Nobilo (interprétation). - Lorsque vous dites "des

16 représentants du conseil croate de défense", s'agit-il d'une instance

17 civile ou militaire ?

18 M. Blaskic (interprétation). - Il s'agissait exclusivement de

19 représentants du pouvoir civil, de civils. Ces personnes, ces

20 représentants du pouvoir civil tenaient des réunions de coordination à peu

21 près une fois par mois, quelquefois deux.

22 Et ce jour-là, j'ai été invité à la réunion pour informer les

23 participants de la situation militaire courante en Bosnie centrale.

24 M. Nobilo (interprétation). - Avant cela, est-ce qu'il vous

25 arrivait fréquemment de participer à ces réunions et à quel moment vous

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1 avez participé à une réunion avec les représentants du pouvoir civil pour

2 la dernière fois ?

3 M. Blaskic (interprétation). - La dernière fois que j'assistais

4 à une réunion de ce type, c'était le 22 septembre 1992. Le

5 22 septembre 1992, cette réunion s'était tenue à Busovaca. Je n'assistais

6 pas à ces réunions hormis quand j'y étais invité et, si je recevais une

7 invitation, je m'y rendais. Dans le cas contraire, je m'occupais de mes

8 tâches militaires et n'assistais pas à leur réunion.

9 M. Nobilo (interprétation). - Nous n'allons pas nous appesantir

10 sur cette réunion mais, en tout cas, vous avez reçu, autour de 15 heures,

11 des informations particulières au sujet de la situation à Konjic. Quelles

12 étaient ces informations ? Vous ont-elles inquiété ?

13 M. Blaskic (interprétation). - Elles m'ont inquiété

14 effectivement, car le service de renseignements militaires avait reçu un

15 message selon lequel des attaques se poursuivaient à Konjic émanant de

16 l'armée de Bosnie-Herzégovine, selon lequel les villages croates étaient

17 en train de tomber et les personnes expulsées. Les réfugiés se dirigeaient

18 vers Kiseljak et Fojnica et, pour partie, vers le sud.

19 M. Nobilo (interprétation). – Aux alentours de 18 heures, vous

20 receviez plusieurs informations au sujet de la situation de Travnik qui

21 devenait inquiétante. Que s'est-il passé à Travnik ?

22 M. Blaskic (interprétation). - Cet après-midi-là, une unité

23 complète de l'armée de Bosnie-Herzégovine qui comportait entre trois cents

24 et cinq cents soldats a été amenée à la caserne de Travnik. C'était le

25 premier événement marquant. Après cela, l'armée de Bosnie-Herzégovine a

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1 ouvert le feu sur des civils croates qui traversaient la ville de Travnik,

2 qui décoraient les rues de la ville à l'occasion de la fête de Pâques

3 M. Nobilo (interprétation). – Avec quoi décoraient-ils les

4 rues ?

5 M. Blaskic (interprétation). - Dans les rues les plus

6 importantes, aux carrefours, ils mettaient des petits drapeaux croates aux

7 côtés des drapeaux du peuple musulman bosnien qui avaient déjà été placés

8 à ces endroits pour célébrer la fête du Bayram.

9 Après tout cela, des coups de feu ont été tirés par une

10 patrouille de l'armée de Bosnie-Herzégovine dans la ville de Travnik, au

11 niveau du Tribunal militaire de district.

12 M. Nobilo (interprétation). - Le même jour, mais un peu plus

13 tard, des forces pénètrent dans l'hôpital de Travnik, des forces de

14 l'armée de Bosnie-Herzégovine. Pouvez-vous dire où se trouve cet hôpital

15 et ce que représente cette entrée pour l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

16 M. Blaskic (interprétation). - Pour l'armée de Bosnie-

17 Herzégovine, il s'agissait de contrôler la ville de Travnik au sens

18 militaire du terme. Cela signifiait également que l'armée de Bosnie-

19 Herzégovine pouvait stationner ses propres forces à l'arrière des forces

20 du HVO qui défendaient le secteur N° 2 de la ville de Travnik. Il

21 s'agissait de Mescema Kraljevice.

22 Je peux vous montrer ces endroits sur la maquette, si c'est

23 nécessaire.

24 M. Nobilo (interprétation). - Ce n'est peut-être pas absolument

25 indispensable pour le moment, nous y reviendrons éventuellement.

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1 Passons à la date du 9 avril 1993, date à laquelle vous envoyez

2 une lettre de protestation à Enver Hadzihasanovic.

3 M. Blaskic (interprétation). - J'ai envoyé une lettre de

4 protestation dans laquelle j'estimais ma surprise de constater que les

5 drapeaux représentant le peuple croate étaient incendiés dans la ville de

6 Travnik même si, avant cela, très peu de temps avant, il y n'y avait qu'un

7 seul drapeau sur ces supports, à savoir le drapeau du peuple bosnien

8 musulman en l'honneur de la fête du Bayram même, et je disais m'attendre à

9 ce que le commandant du 3ème Corps d'armée, Enver, réagisse positivement,

10 c'est-à-dire fasse ce qu'il convenait de faire pour réduire les tensions

11 et empêcher la multiplication de ces incidents dans la ville de Travnik.

12 M. Nobilo (interprétation). - Mais aux alentours de 12 heures,

13 M. Nakic a des problèmes aux abords de la mosquée, ce même jour. Malgré

14 tout cela, que vous a dit Ilija Nakic et qui était-il ?

15 M. Blaskic (interprétation). - Ilija Nakic était un commandant

16 de la brigade Franko Pan qui était en cours de création et, aux alentours

17 de 12 heures, Ilija Nakic m'informe que pendant la nuit du 8 au 9 avril,

18 aux alentours de 22 heures, l'armée de Bosnie-Herzégovine avait, à

19 l'entrée de la ville de Travnik, près de la mosquée appelée Sarena Djamja,

20 arrêté quatre hommes, quatre officiers de la région de Travnik qui avaient

21 été interrogés, soumis à divers sévices et que c'est seulement sur

22 intervention de la brigade de Travnik que ces officiers ont pu être remis

23 en liberté, intervention à l'égard de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

24 M. Nobilo (interprétation). - A peu près au même moment, vous

25 recevez des informations inquiétantes de Busovaca en ce qui concerne les

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1 positions de l'armée de Bosnie-Herzégovine et les projets de cette armée.

2 M. Blaskic (interprétation). - Oui, nous avons reçu ces

3 informations qui portaient à la fois sur Busovaca et Kiseljak. Dans ces

4 informations, il était stipulé ce qui suit, je cite :

5 "Quand nous en aurons fini avec Konjic et Gornji Vakuf, il ne

6 restera pas une pierre à Busovaca ou à Kiseljak".

7 M. Nobilo (interprétation). - A l'évidence, il s'agissait d'une

8 menace. Qui, selon vos informations, était l'auteur de cette menace ? Et à

9 l'encontre de qui était dirigée cette menace de façon à ce que les choses

10 soient tout à fait claires?

11 M. Blaskic (interprétation). – Cette menace émanait de membres

12 de l'armée de Bosnie-Herzégovine et elle était dirigée contre les membres

13 du HVO et contre les peuples croates des municipalités de Busovaca et

14 Kiseljak.

15 M. Nobilo (interprétation). - A 12 heures 45, au sujet d'un

16 nouveau incident et cette fois-ci, M. Thébault était partie prenante à

17 l'incident.

18 M. Blaskic (interprétation). - Ce jour-là, M. Thébault se

19 déplaçait sur une route qui arrivait de Travnik. Il ne m'a pas dit s'il

20 sortait de Travnik ou s'il se dirigeait vers Travnik. En tout cas,

21 l'incident s'est passé à Puticevo où M. Thébault effectuait un contrôle au

22 niveau d'un

23 barrage routier. Un soldat ivre, appartenant au HVO, a dirigé son arme

24 personnelle sur M. Thébault en lui adressant des paroles menaçantes, très

25 grossières, pour lui demander pour quelles raisons M. Thébault effectuait

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1 ce contrôle, pourquoi il espionnait, etc. J'ai demandé des

2 éclaircissements au sujet de cet incident. J'ai reçu des informations

3 suite à ma requête et j'ai pris des mesures.

4 M. Nobilo (interprétation). - Le même jour, à 13 heures, à

5 Travnik ?

6 M. le Président. - Ce soldat était de quel groupe, s'il vous

7 plaît ? Je n'ai pas fait attention.

8 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Président, ce soldat

9 était membre du HVO.

10 M. le Président. – Continuez.

11 M. Nobilo (interprétation). - Nouvelle question au sujet d'un

12 nouvel incident qui est survenu à Travnik à 13 heures : il s'agit d'une

13 tentative de meurtre contre un officier.

14 M. Blaskic (interprétation). - Ce jour-là, un officier

15 appartenant à la brigade de Travnik circulait dans un véhicule de fonction

16 et a été arrêté au barrage routier érigé tout près de la

17 mosquée Sarena Djamja. Après vérification de son identité, de ces papiers

18 d'identité, après avoir fouillé son véhicule, cet officier continue son

19 trajet dans la direction de Vitez. Mais des coups de feu tirés par un

20 fusil automatique Kalachnikov sont tirés par un membre de l'armée de

21 Bosnie-Herzégovine contre cet officier et contre son véhicule.

22 M. Nobilo (interprétation). - Le jour en question un accord a-t-

23 il été passé pour que l'armée de Bosnie-Herzégovine quitte le bâtiment du

24 sanatorium qui surplombe la ville de Travnik ?

25 M. Blaskic (interprétation). – Oui. En fait l'armée s'était

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1 installée dans l'unique hôpital de la zone. C'était l'eau l'unique hôpital

2 de Travnik.

3 M. Nobilo (interprétation). - Ce jour-là, c'était la veille du

4 week-end de Pâques, vous vous rendez chez vous à Brestovsko, dans la

5 municipalité de Kiseljak. Comment effectuez-vous ce trajet ?

6 M. Blaskic (interprétation). - Je suis rentré chez moi en

7 quittant les lieux, devant l'hôtel Vitez, par deux véhicules blindés du

8 bataillon britannique de l'ONU. Ils m'ont transporté chez moi à Kiseljak.

9 M. Nobilo (interprétation). – Pendant les fêtes de Pâques, vous

10 avez rendu visite à un des commandants de l'armée de Bosnie-Herzégovine,

11 pouvez-vous nous dire brièvement de qui il s'agit ?

12 M. Blaskic (interprétation). - J'ai rendu visite à la famille

13 Drinjak, c'était un de nos amis.

14 M. Nobilo (interprétation). - Il était de quelle religion ?

15 M. Blaskic (interprétation). - C'étaient des Musulmans bosniens.

16 Mais à chaque fois, qu'il y avait des fêtes, nous nous rendions visite

17 mutuellement parce qu'il s'agit d'une famille que je connais depuis mon

18 service militaire à la JNA. Nous sommes restés amis.

19 M. Nobilo (interprétation). – Monsieur Drinjak, il occupait quel

20 poste à l'époque, il avait quelle fonction ?

21 M. Blaskic (interprétation). - Pour autant que je sache, il

22 était commandant d'une brigade de l'armée de Bosnie-Herzégovine qui était

23 incorporée au 1er Corps de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

24 M. Nobilo (interprétation). – Connaissez-vous exactement le nom

25 de cette brigade ou savez-vous uniquement qu'il était son commandant ?

Page 17631

1 M. Blaskic (interprétation). - Cette brigade a été à un moment

2 au sein du 3ème Corps, puis elle a été intégré au sein du 1er Corps.

3 M. Nobilo (interprétation). – Toujours au sein de l'armée de

4 Bosnie-Herzégovine ?

5 M. Blaskic (interprétation). – Oui, tout à fait. Je ne connais

6 pas exactement le numéro que portait cette brigade.

7 M. Nobilo (interprétation). - Donc après ces fêtes, le

8 12 avril... C'était un lundi, c'est la dernière semaine avant que n'éclate

9 la guerre entre Croates et Musulmans, guerre qui éclate dès le jeudi et

10 qui s'étend dans les jours qui suivent.

11 Pouvez-vous nous dire où vous êtes ce lundi, le 12 avril ?

12 M. Blaskic (interprétation). - Jusqu'à midi ou à peu près

13 jusqu'à midi, je suis à Kiseljak. Après, en empruntant donc les véhicules

14 de la Forpronu, je fais le trajet de Kiseljak à Vitez. A partir de

15 13 heures et durant cet après-midi, je me trouve à l'hôtel Vitez. C'est la

16 fête de Pâques, on fait une réception qui est donnée à l'occasion de

17 Pâques à l'hôtel Vitez.

18 M. Nobilo (interprétation). - Quant à Bayram qui a eu lieu

19 quelques jours plutôt et qui est la plus grande fête musulmane, vos

20 représentants étaient présents à cette fête et vous avez même fait cadeau

21 d'une jeep.

22 Pouvez-vous nous dire pour Pâques, donc une fête catholique,

23 est-ce qu'il y a eu un représentant quelconque de l'armée de Bosnie-

24 Herzégovine qui se soit rendu à votre fête ?

25 M. Blaskic (interprétation). – Non mais, quant aux fêtes de Noël

Page 17632

1 de 1992 à 1993, l'ensemble du Corps commandant de l'armée de Bosnie-

2 Herzégovine se sont rendus à notre fête du Noël.

3 M. Nobilo (interprétation). - Donc, du fait que cette visite ou

4 participation de courtoisie ne se produise pas était-ce un signe important

5 pour vous ?

6 M. le Président. – Finalement, la fête que vous organisez à

7 l'occasion de Pâques... Qui de l'armée de Bosnie vient ou ne vient pas ?

8 Je n'ai pas très bien compris. Il semble que le témoin a dit d'abord qu'il

9 était venu puis, ensuite, j'ai compris qu'il... Pouvez-vous préciser ?

10 M. Nobilo (interprétation). – A Pâques, le 12 avril 1993,

11 personne, aucun représentant de l'armée de Bosnie-Herzégovine ne vient

12 assister à cette fête catholique.

13 Pouvez-vous dire, Général, si les représentants de l'armée de

14 Bosnie-Herzégovine avaient été invités à votre fête ?

15 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

16 M. Nobilo (interprétation). - Vous les avez invités à fêter

17 Pâques avec vous ?

18 M. Blaskic (interprétation). – Oui.

19 M. Nobilo (interprétation). - Le même jour, un conflit éclate à

20 Travnik entre l'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO, est-ce exact ? Si

21 c'est exact, pouvez-vous nous dire de quoi vous vous souvenez à cette

22 occasion ?

23 M. Blaskic (interprétation). - Il y a eu un affrontement entre

24 un groupe de membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine appartenant à la

25 police militaire, tard dans la nuit. Ces gens-là ont ouvert le feu contre

Page 17633

1 le bâtiment où était située la police militaire du HVO. Des coups de feu

2 ont été tirés de lance-roquettes légers ainsi que d'armes automatiques. Je

3 pense qu'un policier a été grièvement blessé et que deux femmes ont été

4 blessées, deux femmes qui passaient par là, dans cette rue-là à ces heures

5 tardives de la nuit.

6 M. Nobilo (interprétation). - En même temps, il y a eu des

7 arrestations massives d'intellectuels croates, est-ce exact ? Qui les a

8 arrêtés et où étaient-ils mis ?

9 M. Blaskic (interprétation). - D'après les informations que j'ai

10 reçues, tous les intellectuels croates ont été arrêtés et ils ont été

11 emmenés dans un bâtiment qui s'appelle la forteresse.

12 M. Nobilo (interprétation). - Dans quelle ville ?

13 M. Blaskic (interprétation). - A Travnik.

14 M. Nobilo (interprétation). - Qui a réussi à les libérer et de

15 quelle manière ?

16 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur Filipovic est parvenu à

17 les libérer. Il était à l'époque commandant de la brigade de Travnik, il a

18 eu des négociations avec M. Alagic et, dès le lendemain, tous ces gens ont

19 été libérés.

20 M. Nobilo (interprétation). - Le 12 avril, vous recevez une

21 information disant que la veille au soir, vers 23 heures, des positions du

22 HVO ont été attaquées par l'armée de Bosnie-Herzégovine. Pouvez-vous nous

23 dire de quelles positions il s'agit et quelle a été l'issue de cette

24 opération ?

25 M. Blaskic (interprétation). - Ce sont les positions de la

Page 17634

1 Brigade Nikola Subic-Zrinjski de Busovaca qui ont été attaquées au niveau

2 de Donje Polje et cette attaque a été menée par l'armée de Bosnie-

3 Herzégovine de Kacuni, également au niveau du village de Bare, une attaque

4 a été menée par les forces de Rovna, de Besici et de Vranjska. Cette

5 attaque a été repoussée.

6 M. Nobilo (interprétation). - Ce jour-là, vous receviez une

7 information disant que la veille, à Stari Vitez, un incident s'était

8 produit ?

9 M. Blaskic (interprétation). - Puisque c'était un dimanche, les

10 Croates de Vitez sont allés assister à la messe, à l'église et deux

11 officiers du commandement de la brigade de Vitez étaient partis par la rue

12 principale en sortant de l'église, en allant chez eux, en rentrant chez

13 eux et en traversant Stari Vitez.

14 L'armée de Bosnie-Herzégovine de Stari Vitez les a faits

15 prisonniers, les a amenés pour un interrogatoire. Et il y a eu également

16 quelques actes d'abus physiques. Mais, suite à des interventions venant du

17 commandement de la brigade de Vitez, ces officiers ont été libérés.

18 M. Nobilo (interprétation). - Ce jour-là, le 12 avril,

19 Anto Valenta est évacué de Travnik. Il arrive à Vitez. Pouvez-vous dire à

20 la Chambre, quel était le poste d'Anto Valenta et où est-ce qu'il vient

21 s'installer

22 M. Blaskic (interprétation). - Anto Valenta était le

23 coordinateur au sein du gouvernement de la communauté croate d'Herceg-

24 Bosna. Pendant une certaine période, je ne suis pas tout à fait sûr, je

25 pense qu'il était Vice-Président du gouvernement de la communauté croate

Page 17635

1 d'Herceg-Bosna chargé de la zone de Bosnie centrale. Vu que la situation

2 était très instable à Travnik, sur le plan de la sécurité, il a quitté les

3 locaux du bureau de Travnik et il est venu à Vitez.

4 Temporairement, il vient s'installer dans le bureau du chef

5 d'état-major situé à l'hôtel Vitez, du chef d'état-major, M. Franjo Nakic.

6 M. Nobilo (interprétation). - Anto Valenta a-t-il effectué

7 pendant une période quelconque le rôle de votre conseiller politique ?.

8 M. Blaskic (interprétation). – Non.

9 M. Nobilo (interprétation). - Vous aviez ce poste au sein de la

10 zone opérationnelle de Bosnie centrale ?

11 M. Blaskic (interprétation). - Non, jamais.

12 M. Nobilo (interprétation). - Le même jour, un convoi

13 transportant une grande quantité de munitions arrive, encore une fois,

14 dans la zone de la Bosnie centrale. A qui est destiné ce convoi ? D'où

15 arrive-t-il ? De quoi s'agissait-il ?

16 M. Blaskic (interprétation). - C'était un convoi destiné à

17 l'armée de Bosnie-Herzégovine. D'après les informations que nous avons

18 reçues, il était destiné à Srebrenica. Il a été déchargé dans la base

19 logistique principale de l'état-major du commandement suprême de l'armée

20 de Bosnie-Herzégovine à Visoko.

21 M. Nobilo (interprétation). - Comment saviez-vous que ce convoi

22 était destiné à Visoko ? Comment avez-vous pu l'apprendre ? Est-ce que

23 cette situation vous rappelle une situation antérieure éventuellement ?

24 M. Blaskic (interprétation). - J'ai été informé par un officier

25 de Kiseljak. Quant à Visoko, pendant le déchargement de cette cargaison,

Page 17636

1 il y avait des ouvriers de Visoko mais qui étaient des Croates qui étaient

2 employés à le faire. Et ce convoi était en partie escorté par la police

3 militaire du HVO. Il m'incombait d'informer le chef d'état-major suprême à

4 partir du moment où le convoi aurait traversé le territoire qui était sous

5 le contrôle de ces unités.

6 M. Nobilo (interprétation). - Etiez-vous d'accord pour que ce

7 convoi traverse votre territoire ? Est-ce qu'il a pu le traverser sans

8 problème ?

9 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

10 M. Nobilo (interprétation). – Le jour en question, un contrôle

11 supplémentaire a été effectué dans la brigade de Vitez. Qu'a-t-on pu

12 établir lors de ce contrôle ?

13 M. Blaskic (interprétation). - Il s'agissait d'un nouveau

14 contrôle ainsi que d'une aide à la brigade de Vitez, sur la structuration

15 de cette brigade. Les rapports établis lors de ce contrôle étaient

16 pratiquement identiques aux précédents. En fait, il fallait repartir à

17 zéro pour restructurer cette brigade.

18 M. Nobilo (interprétation). - Avez-vous fourni une aide pour que

19 cette brigade soit structurée, organisée ?

20 M. Blaskic (interprétation). – Oui, j'ai envoyé un officier qui

21 était chargé des tâches de structuration au sein du commandement de la

22 zone opérationnelle, il devait donc quitter le commandement et devait se

23 rendre à la brigade de Vitez où il devait former les officiers de la

24 brigade de Vitez pour qu'ils puissent structurer et bien organiser cette

25 brigade.

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1 M. Nobilo (interprétation). – C'était quel officier ?

2 M. Blaskic (interprétation). - C'était M. Vjeko Buzuk. Il était

3 chargé de structuration.

4 M. Nobilo (interprétation). - Nous allons passer au

5 13 avril 1993.

6 Un nouvel incident se produit à Zenica. Pouvez-vous nous en

7 parler plus en détail ? Un membre du HOS de Zenica a lancé une grenade à

8 main dans la rue et, à cette occasion, six enfants ont été grièvement

9 blessés.

10 M. Nobilo (interprétation). - Ce jour-là, à 13 heure 15, des

11 renforts arrivent pour l'armée de Bosnie-Herzégovine. Où et de quelle

12 manière ? Quelles sont les informations que vous recevez à ce sujet ?

13 M. Blaskic (interprétation). - Ce jour-là, à Vitez, à

14 Stari Vitez, arrive un groupe assez important de membres de l'armée de

15 Bosnie-Herzégovine en véhicule, ils descendent à proximité de la caserne

16 des pompiers de Stari Vitez.

17 M. Nobilo (interprétation). - A Kakanj, il y a des problèmes, ce

18 jour-là. Vous apprenez que le commandement est vide, désert, que s'est-il

19 passé ?

20 M. Blaskic (interprétation). - J'ai déjà dit que la police

21 militaire de Kakanj avait été éloignée de la ville et ce par l'armée de

22 Bosnie-Herzégovine et, ce jour-là, ce commandement était entièrement

23 désert.

24 M. Nobilo (interprétation). - Quelle information avez-vous reçue

25 ultérieurement ? Quelles étaient les raisons de ce départ ?

Page 17638

1 M. Blaskic (interprétation). - Tous les membres du commandement

2 avaient présenté une lettre de démission collective à leur poste de membre

3 de commandement à Kakanj en invoquant comme raison leur peur devant les

4 pressions exercées par l'armée de Bosnie-Herzégovine. D'ailleurs, à

5 Ravno Rostovo des membres de Kakanj avaient été tués. Il s'agit d'une

6 partie de la municipalité de Novi Travnik. Ils ont été tués par des

7 Moudjahidin.

8 M. Nobilo (interprétation). - A Zukica Most, un incident se

9 produit. De quel genre d'incident s'agit-il ?

10 M. Blaskic (interprétation). - A Zukica Most, qui est dans la

11 zone de responsabilité de la 306ème Brigade de montagne de Bosnie-

12 Herzégovine, l'ensemble d'une équipe de soldats s'est fait prisonnier,

13 soldats qui allaient se rendre sur la ligne de front face à l'armée de la

14 République serbe.

15 M. Nobilo (interprétation). – Ces soldats étaient membres de

16 quelle unité ?

17 M. Blaskic (interprétation). – Ils étaient membres du HVO.

18 M. Nobilo (interprétation). – A Vitez, un incident s'est produit

19 qui impliquait des drapeaux un peu comme à Travnik. De quoi s'agit-il ?

20 M. Blaskic (interprétation). - Les drapeaux n'ont pas été

21 incendiés par les membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine, mais des

22 rafales ont été tirées d'armes automatiques et ce par des membres de

23 l'armée de Bosnie-Herzégovine sur des drapeaux croates qui ont été hissés

24 à l'occasion des fêtes de Pâques.

25 M. Nobilo (interprétation). - Vous apprenez de la part de votre

Page 17639

1 service de sécurité qu'il y a des opérations de sabotage, est-ce exact ?

2 De quoi s'agit-il ?

3 M. Blaskic (interprétation). - C'est exact. J'ai reçu une

4 information disant que dans la zone de Vitez, des unités de sabotage

5 étaient formées et qu'à la tête d'une de ces unités se trouvait

6 Ferid Kalco

7 M. Nobilo (interprétation). - Qui forme ces unités de sabotage ?

8 M. Blaskic (interprétation). - L'armée de Bosnie-Herzégovine de

9 Vitez.

10 M. Nobilo (interprétation). - Ce jour-là, en plus d'autres

11 incidents, il y a un grand pillage qui s'est produit d'un envoi

12 humanitaire. Qui perpétue cet acte ?

13 M. Blaskic (interprétation). - Il s'agissait en fait d'une

14 activité incessante des groupes criminels sur le chemin allant de Puticevo

15 à Nova Bila. Ce jour-là, un convoi a disparu, un convoi constitué de

16 quinze camions et d'une trentaine de véhicules particuliers. Ce convoi a

17 été enlevé ainsi que l'ensemble de sa cargaison.

18 M. Nobilo (interprétation). - Ce jour-là, vers 18 heures, vous

19 êtes encore obligé de vous occuper des criminels en Bosnie centrale ?

20 M. Blaskic (interprétation). - J'ai demandé que l'on me présente

21 les résultats d'un ordre que j'avais donné le 18 mars, ordre qui demandait

22 que soient écartés les criminels des unités du HVO.

23 J'en avais déjà parlé des problèmes de criminalité et je savais

24 qu'à peu près jusqu'au début du mois d'avril, seules 32 plaintes pour

25 actes criminels étaient parvenues.

Page 17640

1 M. le Président. - J'ai un problème avec les mois. L'ordre était

2 du 18 mars. Je n'ai

3 pas bien compris, en tout cas par rapport à la traduction, et le

4 transcript ne marque rien.

5 M. Nobilo (interprétation). - Oui.

6 Qu'est-ce que cela veut dire que 32 plaintes pour actes

7 criminels avaient été répertoriées ? Qui avait porté ces plaintes?

8 M. Blaskic (interprétation). – Ces plaintes émanaient de la

9 police civile et militaire et étaient déposées auprès du procureur

10 militaire du district dans la zone de Bosnie centrale.

11 M. Nobilo (interprétation). - Ce jour-là, vous vous consacrez

12 également à la question de l'emménagement dans les appartements musulmans

13 dans la municipalité de Vitez ?

14 M. Blaskic (interprétation). – Oui, j'ai demandé que les

15 autorités civiles m'informent de ces actes illégaux d'emménagement le plus

16 souvent par la force, donc dans la municipalité de Vitez dans des

17 appartements appartenant aux Musulmans bosniens. J'ai cherché un moyen de

18 mettre un terme à ces actes.

19 M. Nobilo (interprétation). - Vers 20 heures, M. Nakic vous

20 informe d'une réunion tenue par les représentants des pouvoirs civils. Qui

21 rencontre qui et de quoi parle-t-on ?

22 M. Blaskic (interprétation). - Ce sont les représentants des

23 autorités civiles de Vitez qui se réunissent, les Croates et les Musulmans

24 bosniens. Ils parviennent à un accord au sujet de l'attitude à avoir

25 concernant les drapeaux à Vitez et ils cherchent à calmer cette situation

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1 qui est troublée. Monsieur Nakic m'a informé qu'ils ont réussi à se mettre

2 d'accord.

3 M. Nobilo (interprétation). - Qui a assisté à cette réunion ?

4 Les représentants de quelle autorité ?

5 M. Blaskic (interprétation). - Les représentants du HVO et les

6 représentants du côté musulman bosnien des autorités civiles.

7 M. Nobilo (interprétation). - Quand vous parlez des

8 représentants du HVO, des autorités du HVO... ?

9 M. Blaskic (interprétation). - Je pense au maire, aux autorités

10 civiles, au maire de

11 Vitez et au président du HDZ de la municipalité de Vitez.

12 M. Nobilo (interprétation). - Vers 11 heures 15, un pont saute.

13 M. Blaskic (interprétation). - C'est le pont Sarica qui a été

14 miné et qui explose et cela rend difficile la circulation sur une portion

15 de la municipalité de Travnik et ce contrôle était exercé par la 306ème de

16 montagne de Bosnie-Herzégovine.

17 M. Nobilo (interprétation). - A 19 heures 10, un obus est tiré,

18 un obus de mortier. Pouvez-vous nous dire où et ce que vous avez pu

19 comprendre ultérieurement comme ayant été l'importance de cet unique obus

20 qui a été tiré ?

21 M. Blaskic (interprétation). - Cet obus a été tiré sur Puticevo,

22 à proximité immédiate d'un poste de contrôle tenu, à l'époque, par la

23 police civile de la communauté croate d'Herzeg-Bosna. A ce moment-là, cela

24 a été un incident pour nous, mais il s'est avéré plus tard que c'étaient

25 des débuts de préparation pour un pilonnage par mortier.

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1 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous nous l'expliquer ?

2 M. Blaskic (interprétation). - D'après les informations que j'ai

3 reçues, cet obus a été tiré de la direction de Han Bila, autrement dit,

4 après une reconnaissance, après avoir identifié le lieu d'impact, les

5 coordonnées allaient être relevées et on allait noter les premiers

6 éléments qui allaient permettre de corriger le tir et de diriger, de bien

7 orienter les tirs de mortier. C'est la méthode la plus courte, la plus

8 simple pour préparer un pilonnage.

9 M. Nobilo (interprétation). - Le 14 avril, l'armée de Bosnie-

10 Herzégovine organise une fête à Stari Vitez ?

11 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

12 M. Nobilo (interprétation). - Vous envoyez un représentant à

13 cette célébration ?

14 M. Blaskic (interprétation). - Le 14 avril, lors de la fête à

15 Stari Vitez, nous avons envoyé le commandant de la brigade de Vitez qui

16 était en train de se constituer, c'était Mario Cerkez et puis, à Zenica,

17 le 14 avril, c'était M. Zivko Totic et M. Vinko Baresic qui

18 s'étaient rendus à la fête de l'armée.

19 Mes vœux ont été transmis par M. Totic personnellement au

20 commandant du 3ème Corps. Le 14 avril, à Kiseljak même, le jour de la fête

21 de l'armée des membres de la Brigade Josip Jelacic ont assisté à la fête.

22 M. Nobilo (interprétation). - Un cadeau a été remis ?

23 M. Blaskic (interprétation). – Oui, nous souhaitions établir une

24 bonne coopération. C'est pourquoi nous leur avons remis un véhicule tout

25 terrain et ce, au commandement, je pense que c'était remis au commandement

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1 de l'état-major municipal de l'armée de Bosnie-Herzégovine. Je pense que

2 c'était comme cela qu'il s'appelait, de Kiseljak.

3 M. Nobilo (interprétation). - Le 14 avril, vous deviez encore

4 régler le problème du convoi détourné qui transportait de l'aide

5 humanitaire. Quelle information avez-vous reçue à ce moment-là ? Quel

6 rapport ?

7 M. Blaskic (interprétation). - Effectivement, c'était l'une de

8 mes préoccupations. J'avais reçu certains rapports selon lesquels la

9 plupart des véhicules détournés se trouvaient à Nova Bila, mais que les

10 biens transportés par ce convoi et détournés avaient déjà été distribués,

11 en tout cas, la majeure partie de ces marchandises.

12 M. Nobilo (interprétation). - Le même jour, le 14 avril, un

13 incident de même type s'est produit n'est-ce pas ? Que s'est-il passé ?

14 Quelle a été la répercussion de cet incident sur la situation ?

15 M. Blaskic (interprétation). - J'étais informé de cet incident,

16 le 14 avril, il s'agissait d'un enlèvement. J'en étais informé le 14, dans

17 l'après-midi, peut-être même le soir, le 13 avril. Ceci s'est passé à

18 Travnik, quatre officiers ont été enlevés, officiers membres du

19 commandement de la brigade de Novi Travnik, la brigade Stjepan Tomacevic

20 de Novi Travnik lorsqu'ils revenaient de la ligne de front.

21 M. Nobilo (interprétation). – Quelle ligne de front ? Et contre

22 qui ?

23 M. Blaskic (interprétation). – La ligne de front face à l'armée

24 de la Republika Srpska dans la zone de responsabilité de cette brigade.

25 M. Nobilo (interprétation). – S'agissait-il de soldats du HVO

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1 qui contrôlaient le front ?

2 M. Blaskic (interprétation). – Oui, c'étaient des membres de la

3 brigade de Stjepan Tomacevic. C'étaient eux qui tenaient la ligne de front

4 à Kamenjas Mravinac et dans cette région-là.

5 M. Nobilo (interprétation). - Pourriez-vous nous le montrer sur

6 la maquette ?

7 M. Blaskic (interprétation). - C'est ici.

8 M. Nobilo (interprétation). - Avez-vous reçu des informations

9 vous permettant de déterminer où ces hommes avaient été emmenés et quel

10 sort leur ont été réservé ?

11 M. Blaskic (interprétation). - Nous avons reçu des informations

12 selon lesquelles les personnes responsables de l'enlèvement étaient peut-

13 être des Moudjahidin, ces Moudjahidin avaient un camp à Ravno Rostovo. Par

14 le biais des membres de la Commission conjointe, M. Nakic et Dzemo, nous

15 avons demandé que dès le 14, une Commission conjointe soit envoyée sur le

16 terrain pour mener son enquête et notamment au camp des Moudjahidin, afin

17 d'avoir des informations complémentaires et de savoir ce qui était arrivé

18 aux officiers enlevés.

19 Après l'enlèvement, tout ce qui restait était un véhicule

20 ravagé. Nous ne savons pas si les quatre personnes enlevées étaient encore

21 en vie ou pas.

22 M. Nobilo (interprétation). - Des informations vous sont

23 parvenues de Konjic, le même jour. De quoi s'agissait il ?

24 M. Blaskic (interprétation). - Des informations très

25 préoccupantes dans la région parce que la ville de Konjic était sur le

Page 17645

1 point d'être conquise. Elle était totalement encerclée. Le HVO n'avait

2 plus de pouvoir sur le terrain. Par conséquent, l'armée de Bosnie-

3 Herzégovine était sur le point de prendre le contrôle de la municipalité.

4 M. Nobilo (interprétation). - Qui était responsable de cet

5 encerclement de la ville de Konjic ?

6 M. Blaskic (interprétation). - Les membres de l'armée de

7 Bosnie-Herzégovine bloquaient la ville et les personnes encerclées étaient

8 des Croates.

9 M. Nobilo (interprétation). - Ce même jour, outre les

10 difficultés que vous posez, les communications en général, vous avez reçu

11 des informations préoccupantes, relatives au système de transmission par

12 paquet et le fait que ce que système ne fonctionnait plus. Pourquoi ?

13 M. Blaskic (interprétation). - D'après les informations que j'ai

14 reçues, les lignes de communication qui permettaient de communiquer avec

15 le grand quartier général avaient cessé de fonctionner.

16 (Les juges se consultent sur le siège.)

17 M. le Président. - Veuillez m'excuser. Vous pouvez reprendre

18 juste un peu avant, Maître Nobilo.

19 M. Nobilo (interprétation). - Oui, donc le mauvais

20 fonctionnement des communications avec le commandement principal était-ce

21 un hasard ou bien y a-t-il eu une intervention de qui que ce soit ? Quels

22 sont vos souvenirs sur ce point ?

23 M. Blaskic (interprétation). - A partir du mois d'avril, il

24 était très fréquent qu'il y ait des interférences dans le système de

25 communication, interférences provoquées par l'armée de Bosnie-Herzégovine.

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1 Mais il est difficile de dire si ceci avait une importance particulière à

2 ce moment-là, parce que je dois préciser que ce type d'interférences

3 étaient assez fréquentes et ce type d'interférences étaient arrivées à

4 plusieurs reprises.

5 M. Nobilo (interprétation). - Les tireurs isolés ont commencé à

6 agir au mois d'avril, n'est-ce pas ?

7 M. Blaskic (interprétation). – Oui, effectivement, les tireurs

8 isolés de l'armée de

9 Bosnie-Herzégovine dans la zone de Travnik que l'on appelle Kalibunar et

10 la cible était les fenêtres d'appartements croates. Les victimes étaient

11 pour la plupart des civils croates vivant à Kalibunar, à Travnik donc.

12 M. Nobilo (interprétation). - Que s'est-il passé à Busovaca ?

13 M. Blaskic (interprétation). - A Busovaca, il y a eu un autre

14 incident qui a impliqué une ambulance. A l'époque, nous avons été obligés

15 d'emmener des personnes gravement blessées de Busovaca à Fojnica. Pour ce

16 faire, nous utilisions des ambulances. Un accord avait été conclu entre

17 l'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO. Lorsque ces patients revenaient

18 des soins de Fojnica, l'armée de Bosnie-Herzégovine qui se trouvait à

19 Kacuni a détourné une ambulance, a emprisonné les blessés et le personnel

20 médical et les a interrogés pendant plusieurs heures. Les membres de

21 l'équipe médicale étaient des Croates ainsi que les personnes blessées

22 transportées dans l'ambulance.

23 M. Nobilo (interprétation). - Le même jour, donc le 14 avril, il

24 y a eu une tentative d'assassinat contre le commandant des Vitezovi,

25 Darko Kraljevic. Qui a tenté de l'assassiner et de quelle façon ?

Page 17647

1 M. Blaskic (interprétation). - Ceci s'est produit, d'après les

2 informations que j'ai reçues, sur la route entre Kruscica et Zabrde ou,

3 disons, entre Vitez et Zabrde en passant par Kruscica. Il était dans son

4 véhicule tout terrain, il a été arrêté à un barrage, ils ont ouvert le feu

5 sur lui et ses gardes du corps. Je parle là des membres de l'armée de

6 Bosnie-Herzégovine qui ont ouvert le feu. Il a réussi à s'extorquer du

7 véhicule et il s'est retrouvé totalement encerclé par des membres de

8 l'armée de Bosnie-Herzégovine.

9 Après avoir obtenu des informations sur cet incident, j'ai

10 appelé le commandant de la Forpronu à Vitez, mais l'officier de garde de

11 la Forpronu à Vitez... Donc je l'ai appelé et j'ai demandé l'assistance

12 des forces de la Forpronu afin de résoudre cet incident grave.

13 J'ai demandé aux soldats des Nations Unies de se rendre sur

14 place avec leurs

15 véhicules blindés et d'assister le commandant Kraljevic dont la vie était

16 en danger.

17 M. Nobilo (interprétation). - Pendant la nuit, Darko Kraljevic

18 est-il parvenu à s'enfuir ?

19 M. Blaskic (interprétation). - Oui. Parce que les membres de la

20 Forpronu avec deux chars légers sont arrivés sur le lieu où il avait été

21 encerclé, et j'ai insisté pour que le commandant des soldats des Nations

22 Unies assiste Darko Kraljevic parce que s'il était éliminé la situation à

23 Vitez deviendrait totalement incontrôlable pour qui que ce soit.

24 M. Nobilo (interprétation). - Le même jour, vous avez obtenu des

25 informations sur les Moudjahidin de Stari Vitez, n'est-ce pas ?

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1 M. Blaskic (interprétation). - Oui. J'ai reçu des informations

2 selon lesquelles à Stari Vitez, on faisait venir des Moudjahidin que l'on

3 installait dans des locaux de Stari Vitez qui étaient la propriété de

4 Musulmans bosniens.

5 M. Nobilo (interprétation). - Le responsable de la police

6 militaire, Stipo Babrka, a fait arrêter Merdan et Nakic. Baggesen se

7 trouvait également sur les lieux. Pouvez-vous nous en dire plus sur cet

8 événement et quelle a été la conclusion de cet événement ? Où cela s'est

9 il passé ?

10 M. Blaskic (interprétation). - J'ai été informé que tout ceci

11 s'est passé dans l'hôtel, ce que nous appelions le nouvel hôtel de Novi

12 Travnik. C'est là que se trouvait le quartier général de la brigade de

13 Stjepan Tomacevic de Novi Travnik.

14 Vers 11 heures du soir, Franjo Nakic m'a appelé et il m'a

15 informé que tous les hommes avaient été arrêtés par le chef de la police

16 militaire. Lorsque j'ai demandé qui a été arrêté, Franjo m'a répondu que

17 lui-même avait été arrêté ainsi que Dzemo Merdan et M. Bagassen également,

18 le responsable de la Mission de contrôle de la Communauté européenne.

19 M. Nobilo (interprétation). - Pourquoi des personnalités aussi

20 importantes ont-elles

21 été arrêtées ?

22 M. Blaskic (interprétation). - Le responsable de la police

23 militaire n'était pas satisfait de l'enquête menée par ces trois hommes au

24 cours de la journée du 14 avril, afin d'essayer de déterminer ce qui était

25 arrivé aux officiers enlevés, les officiers enlevés du commandement de la

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1 brigade Stjepan Tomacevic. Stjepo, le responsable de la police, leur a dit

2 qu'il supposait que les Moudjahidin allaient éliminer les officiers

3 enlevés.

4 M. Nobilo (interprétation). - Quelle a été votre réaction ?

5 Etait-ce pour vous une situation normale ?

6 M. Blaskic (interprétation). - C'était une situation très grave.

7 Tout d'abord, il fallait calmer le responsable de la police militaire qui,

8 à l'époque, était sorti de ses gonds totalement. Je pense que les

9 personnes qui se trouvaient dans la salle pouvaient entendre très

10 facilement les insultes proférées par le responsable de la police

11 militaire et qu'elles pouvaient d'ailleurs entendre tout ce qu'il me

12 disait. J'ai donc demandé au commandant d'entrer dans une autre pièce

13 parce que j'avais peur qu'il soit responsable d'actes irrationnels dans un

14 mouvement de colère extrême et qu'éventuellement, il pouvait nuire aux

15 officiers arrêtés.

16 M. Nobilo (interprétation). - Pourquoi n'avez vous pas dit : "Je

17 suis le colonel Blaskic, commandant de la zone opérationnelle de Bosnie

18 centrale. Vous avez quelques minutes pour libérer ces hommes." Vous

19 l'auriez fait dans la JNA. Pourquoi ne pas l'avoir fait dans le HVO ?

20 M. Blaskic (interprétation). - Ce n'était pas possible d'agir

21 ainsi parce que je savais qu'au moins Dzemo Merdan aurait été exécuté

22 immédiatement sur place et peut-être les deux autres également.

23 Dans toute ma carrière dans la JNA, je n'avais jamais entendu un

24 si grand nombre d'injures proférées à mon encontre par M. Babrka en la

25 présence de personnes qui venaient d'être arrêtées. Je ne pouvais pas lui

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1 ordonner cela, car il savait que je n'avais pas l'autorité me

2 permettant de délivrer ce type d'ordres à son égard.

3 M. Nobilo (interprétation). - Comment avez-vous alors géré la

4 situation ?

5 M. Blaskic (interprétation). - J'ai d'abord fait passer Stipo

6 dans une autre pièce. Je lui ai parlé pendant plus d'une heure.

7 Finalement, j'ai réussi à le convaincre de libérer les personnes arrêtées,

8 ceci vers une heure du matin le 15 avril 1993 à Novi Travnik. Nos

9 discussions ont duré presque deux heures.

10 M. Nobilo (interprétation). – Peut-on montrer au témoin la pièce

11 de la défense D263, s'il vous plaît ?

12 Nous parlons du 14 avril 1993. Vous avez donné un ordre au 4ème

13 Bataillon de la police militaire de la ville de Vitez afin qu'une

14 recherche soit organisée afin de retrouver les officiers enlevés. Cette

15 recherche devait être réalisée au quartier général de la brigade Stepan

16 Tomacevic. C'est bien l'ordre que vous avez délivré, n'est-ce pas ?

17 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

18 M. Nobilo (interprétation). - Cet ordre est adressé au

19 commandant du 4ème Bataillon de la police militaire à Vitez. Pourquoi ?

20 Avez-vous pu donner cet ordre au commandant de la police militaire, le 14

21 avril 1993 ?

22 M. Blaskic (interprétation). - A cette époque, la police

23 militaire avait déjà été réorganisée et je pouvais donner des ordres à

24 cette police militaire, disons que je pouvais donner des tâches

25 quotidiennes à exécuter à la police militaire. Mais il s'agissait

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1 simplement de tâches quotidiennes, habituelles. Je ne pouvais pas leur en

2 demander plus.

3 M. Nobilo (interprétation). - Le fait d'assurer la sécurité de

4 certains officiers du HVO ou de rechercher ces officiers, cela

5 correspondait-il aux tâches quotidiennes de la police militaire ?

6 M. Blaskic (interprétation). - Oui, cela pouvait en faire

7 partie.

8 M. Nobilo (interprétation). – Monsieur le Président, j'aimerais

9 maintenant passer

10 au 15 avril 1993. C'est une date très importante parce que c'est ce jour-

11 là que les ordres ont été donnés et qui figurent dans l'acte d'accusation.

12 Par conséquent, il serait peut-être bon de faire cela de façon regroupée.

13 M. le Président. - On arrête maintenant, c'est cela ?

14 M. Nobilo (interprétation). – Oui, parce qu'il s'agit d'une

15 unité, d'un tout et avec les événements du 16 avril 1993. Par conséquent,

16 je souhaiterais faire cela en une seule audience, si c'est possible.

17 M. le Président. - Je vous rappelle que nous reprenons à

18 14 heures 45.

19 L'audience est suspendue à 13 heures 05.

20 L'audience est reprise à 14 heures 55.

21 M. le Président. - L'audience est reprise. Veuillez vous

22 asseoir.

23 Alors, je voudrais faire une communication aux parties : tous

24 les vendredis désormais, compte tenu des modifications apportées à la

25 composition de la Chambre et dans le but, qui nous préoccupe, d'accélérer

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1 le procès, si vous le voulez bien, nous commencerons à 9 heures le matin.

2 Nous commencerons donc à 9 heures tous les vendredis matin, avec deux

3 pauses. Cela nous permet de gagner trois quarts d'heure. Ce sera le

4 bienvenu par rapport à notre calendrier. Je rappelle à la défense que

5 demain en fin de matinée, si cela lui était possible, avant que nous nous

6 séparions pour une semaine, de bien vouloir nous donner une évaluation de

7 la déposition en cours de l'accusé pour savoir à peu près ce que nous

8 avons et pour réfléchir à la manière de nous organiser. Je vous remercie.

9 A présent, Maître Nobilo, vous pouvez poursuivre.

10 M. Nobilo (interprétation). – Merci, Monsieur le Président.

11 Comme nous l'avons dit avant la pause du déjeuner, nous allons passer à la

12 journée du 15 avril 1993.

13 Général, essayons de reconstituer cette journée. Comment démarre

14 la matinée, qui rencontrez-vous en premier ? Et que se passe-t-il

15 ensuite ?

16 M. Blaskic (interprétation). - Il était habituel pour moi, aux

17 environs de 8 heures du matin, de rencontrer le chef d'état-major. Ce

18 matin-là, j'ai rencontré Franjo Nakic, le chef d'état-major, qui m'a

19 informé des résultats de sa rencontre avec Dzemo Merdan et des activités

20 de la Commission conjointe au cours de la nuit et de la journée

21 précédentes.

22 Il m'a également mis au courant de l'heure à laquelle, le

23 15 avril 1993, les commandants de la police militaire qui avaient été

24 arrêtés, commandants militaire de Novi Travnik, et de l'heure à laquelle

25 avait eu lieu leur remise en liberté, vers 1 heure du matin, ce

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1 15 avril 1993.

2 Il m'a dit, ce matin-là, qu'il ne se sentait pas bien, il était

3 diabétique. La concentration de sucre qu'il avait dans le sang n'était pas

4 ce qu'elle aurait dû être. Il m'a dit qu'il ne se sentait pas bien et m'a

5 informé qu'il allait rentrer chez lui pour se reposer. Je lui ai dit que

6 j'étais d'accord pour qu'il rentre chez lui et, très rapidement, aux

7 environs de 9 heures du matin, M. Nakic est rentré chez lui. A

8 8 heures 30, d'ailleurs, il est sorti de mon bureau et a pris le chemin de

9 son domicile.

10 M. Nobilo (interprétation). - Dans la matinée, vous êtes informé

11 d'un enlèvement et d'un meurtre produits à Zenica ?

12 M. Blaskic (interprétation). - Aux alentours de 8 heures 30,

13 j'ai eu une réunion avec mes assistants, qui étaient tous des hommes qui

14 travaillaient sous mes ordres, à part M. Nakic. Il était sans doute

15 8 heures 40 quand la réunion a commencé. Dans mon bureau est entré à ce

16 moment-là, un homme qui m'a dit : "Zevko Totic a été enlevé ce matin alors

17 qu'il se rendait à son travail et les hommes qui l'escortaient ont été

18 tués." J'ai demandé à cet officier de service s'il avait d'autres

19 informations.

20 M. le Président. - La fonction de Totic, s'il vous plaît ?

21 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Président, il était

22 le commandant de la brigade du HVO de Zenica.

23 M. le Président. - Merci. Poursuivez.

24 M. Blaskic (interprétation). - Après cela, j'ai demandé à

25 l'officier de service qu'il reste en contact avec le commandement de la

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1 brigade de Zenica et qu'il tente de se procurer des informations

2 complémentaires au sujet de l'enlèvement de Zivko Totic.

3 Puisque nous étions dans cette réunion d'information du matin,

4 j'ai demandé immédiatement au commandant de la police militaire et à

5 l'adjoint chargé de la sécurité, qu'il nomme un certain nombre de

6 professionnels dans leurs rangs et que ces professionnels, ces experts

7 soient chargés d'enquêter au sujet de l'événement qui s'était produit à

8 Zenica.

9 M. le Président. – Essayez d'aller à l'essentiel pour votre

10 défense, si vous le voulez bien, sauf si cela vous parait essentiel. Je me

11 doute que vous avez fait beaucoup de choses le 15 avril, mais concentrez-

12 vous sur ce qui est essentiel. D'accord ?

13 M. Blaskic (interprétation). - Très bien, Monsieur le Président.

14 M. le Président. - Si c'est essentiel, dites-le. C'est vrai que

15 dans une journée, il se passe beaucoup de choses, de 8 heures du matin

16 jusqu'à minuit, surtout en temps pratiquement de guerre. Essayez d'aller à

17 ce qui est essentiel, cela faciliterait la tâche des juges. Je vous en

18 remercie.

19 M. Nobilo (interprétation). - C'est exact, Monsieur le

20 Président. C'est très important. D'ailleurs, je passe à ma question

21 suivante.

22 Sur la base de ce qui s'est passé ce matin-là, compte tenu de

23 l'enlèvement qui a eu lieu, l'enlèvement subi par la brigade Stjepan

24 Tomacevic et des autres événements que vous avez vécus en cours de

25 matinée, vous décidez d'émettre un ordre.

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1 M. Blaskic (interprétation). - Je ne l'ai pas fait en tenant

2 simplement compte de tous les événements dont il vient d'être question, il

3 y a quelques instants. Mais également de l'information que j'ai reçue du

4 service de renseignement militaire. En tenant compte de l'ensemble des

5 événements, j'ai décidé d'émettre un ordre et je me suis mis à rédiger cet

6 ordre entre 9 et 10 heures du matin, en me concentrant avant tout sur la

7 partie la plus importante de l'ordre portant sur son exécution.

8 M. Nobilo (interprétation). - Je demanderai que l'on remette au

9 témoin la pièce à conviction D267. C'est un ordre émis par le colonel

10 Blaskic qui entraînera des conséquences importantes pour la suite. Le

11 pièce D267.

12 M. Kehoe (interprétation). - Un élément simplement pendant que

13 ce document est remis au témoin. Le conseil a parlé de la brigade

14 Tomacevic, il y a quelques instants, je pense que Me Nobilo parlait de la

15 brigade Juri Francetic de Zenica pour que le compte rendu soit tout

16 à fait clair.

17 M. Nobilo (interprétation). - C'est exact. Apparemment, il y a

18 eu erreur. J'ai parlé de l'enlèvement de quatre officiers de la brigade

19 Stjepan Tomacevic, et de l'enlèvement du commandant de la brigade Juri

20 Francetic de Zenica.

21 M. Kehoe (interprétation). - Je comprends, je n'essaie pas

22 d'imputer la faute à qui que ce soit. Je voulais simplement rappeler que

23 la brigade de Zenica s'appelait la brigade Francetic.

24 M. le Président. - Peut-être, vais-je me tourner avec l'accusé,

25 au risque de paraître contradictoire avec moi-même puisque je vous demande

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1 d'aller à l'essentiel, quand vous avez parlé de la rencontre avec Franjo

2 Nakic, le matin, c'est bien lui qui avait été enlevé la veille, c'est bien

3 cela ou je me suis trompé. N'avait-il pas été arrêté avec Merdan, la

4 veille, le 14 avril ? Je ne me suis pas trompé.

5 (Me Nobilo fait un signe affirmatif de la tête)

6 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, il n'a pas

7 été enlevé le 15 avril, il a été enlevé le 14 avril. C'est bien ce que je

8 dis.

9 M. le Président. - C'est bien ce que je dis. Je vous ai un peu

10 repris pour ne pas entrer dans le détail ; vous avez parlé de son

11 diabète, etc. Je suis un peu étonné, il ne vous a pas parlé de son

12 enlèvement, ce n'est quand même pas un événement... Cela me parait...

13 Si je suis enlevé aujourd'hui, il me semble que demain, si je

14 suis libéré, j'aurai tendance à parler de mon enlèvement. Non, il ne vous

15 en a pas parlé ?

16 M. Blaskic (interprétation). - Bien sûr.

17 M. Hayman (interprétation). - Monsieur le Président, il doit y

18 avoir un problème dans ce que vous entendez car, il y a quelques instants,

19 le témoin a dit qu'il avait rencontré Nakic le matin du 15 et qu'ils ont

20 parlé des événements survenus la veille au soir et, là, il y avait une

21 référence à l'enlèvement et que c'est en raison de tout cela qu'il a

22 demandé à rentrer

23 chez lui. C'était clair en interprétation anglaise.

24 M. le Président. - C'est la liaison qui ne s'est pas bien faite

25 en traduction française et je n'en donne pas du tout la responsabilité à

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1 la cabine parce que c'est bien compliqué tout cela.

2 Vous me rassurez quand même parce que, quand on est enlevé le

3 14 avril, il me semble qu'on doit en parler le 15, quand on est libéré.

4 Bien, excusez-moi cette interruption, mais je garde mon

5 observation essentielle : voyez-vous, essayez de vous concentrer sur ce

6 qui est essentiel. Sinon, au bout d'un moment, on est un peu perdu. Vous

7 faites tellement de choses : vous êtes un capitaine de guerre, vous

8 commandez, vous faites de l'administration, de la restructuration de la

9 hiérarchie, de la discipline, vous conduisez la guerre... Cela fait

10 beaucoup de choses pour un jeune colonel, en plus.

11 Essayez vraiment de vous concentrer sur ce qui est essentiel,

12 d'accord ?

13 M. Blaskic (interprétation). – D'accord, Monsieur le Président,

14 mais je voudrais simplement ajouter que dans ma réponse, j'ai dit sans

15 aucun doute que j'avais eu une discussion avec Franjo Nakic au sujet de

16 cet enlèvement. Je ne sais pas ce que vous avez entendu.

17 M. le Président. – D'accord. Excusez-moi de vous avoir

18 interrompu. C'est moi qui vous ai fait perdre un peu de temps. Donc on va

19 essayer de le rattraper. Maître Nobilo, je compte sur vous pour rattraper

20 ce petit temps de perdu. Allez-y.

21 M. Nobilo (interprétation). - Très bien, Monsieur le Président,

22 mais permettez-moi la liberté de démontrer peut-être combien tout est

23 important dans ce procès. L'un des témoins importants de l'accusation a

24 accusé notre client d'avoir isolé intentionnellement pendant la guerre

25 M. Nakic parce qu'il était favorable à un compromis avec les Musulmans de

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1 façon à pouvoir s'engager dans la guerre. Nous, nous démontrons donc ce

2 qui s'est passé. Ce diabète, cet enlèvement ont, eux aussi, a un sens dans

3 tout cela.

4 M. le Président. - Bien, écoutez, allons-y alors. Si le diabète

5 a un sens, Maître Nobilo, continuons, allons-y, poursuivez.

6 M. Nobilo (interprétation). – A 10 heures ou un peu avant

7 10 heures en fait, entre 9 heures et 10 heures du matin, vous commencez à

8 rédiger cet ordre que nous avons tous entre les mains en ce moment. Cet

9 ordre est assez long. Je n'ai donc pas l'intention de le lire

10 intégralement, même s'il est absolument important. Je n'en lirai que

11 quelques passages.

12 Dans la première partie de ce texte, vous décrivez la situation

13 qui prévaut sur le terrain, situation que vous avez déjà décrite

14 aujourd'hui. Je m'abstiendrai donc de donner lecture de ce passage.

15 Par la suite -un peu plus loin-, vous prévoyez dans quel sens

16 l'armée de Bosnie-Herzégovine va frapper. Je vais citer le quatrième

17 paragraphe de cet ordre qui se lit comme suit. Donc sur la première page

18 de ce texte, quatrième paragraphe, je cite :

19 "L'une des premières tâches consiste assurément à liquider le

20 commandement de la zone opérationnelle et, en vue de mener une action de

21 diversion, d'obtenir son élimination complète.".

22 M. Hayman (interprétation). - "L'une des tâches principales",

23 c'est le début du paragraphe.

24 M. Nobilo (interprétation). - Je répète donc : "L'une des taches

25 principales consiste assurément à liquider le commandement de la zone

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1 opérationnelle et, compte tenu des actions de sabotage, d'obtenir sa

2 destruction complète, ce pourquoi au cours de la nuit du 14 au

3 15 avril 1993, ils ont amené des forces dans les locaux de la caserne des

4 pompiers de Vitez, dans l'école de Kruscica et dans les villages de

5 Nadioci, de Ahmici afin de bloquer Gornja Rovna et Pecici pour empêcher

6 l'arrivée de renforts.

7 Et le 8 avril 1993, ils ont emmené des membres de la brigade de

8 Krajina à Travnik pour des actions d'intervention. Ensuite, nous avons un

9 titre : "Assignation de nos forces". Les

10 forces du HVO.

11 "Les tâches de nos forces : empêcher la réalisation des actions,

12 des extrémistes musulmans, des forces politiques extrémistes musulmanes et

13 être en état de préparation pour des actions d'intervention avec des

14 affectations précises."

15 Ensuite, nous avons un titre : "4ème Bataillon de la police

16 militaire". "Le commandant du 4ème Bataillon de la police militaire est

17 directement responsable de la sécurité du poste de commandement avancé de

18 Vitez. Il doit évaluer les conditions et renforcer la sécurité afin

19 d'empêcher toutes surprises. La route Busovaca-Vitez-Travnik doit être

20 disponible pour permettre la circulation sans problème de toutes les

21 personnes et de toutes les formations militaires. Et chaque fois que le

22 MOS érigera un barrage, il convient de l'en empêcher, conformément au

23 règlement en vigueur de la police militaire. Au cas où se produirait une

24 attaque particulièrement violente, des forces extrémistes musulmanes en

25 provenance des villages de Nadioci, Ahmici, Sivrino Selo, Pirici, je tiens

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1 à en être informé. Si le feu est ouvert directement contre vous, il vous

2 faut riposter et neutraliser l'agresseur.

3 Ensuite, prêtez une attention particulière à la sécurité du

4 poste de commandement et à son commandant. Le bataillon spécial des

5 Vitezovi agira selon les affectations particulières en cas d'une percée

6 des lignes de défense. Sa tâche consistera à empêcher toute action de

7 l'ennemi, notamment en provenance de Stari Vitez."

8 Le texte est difficile à lire.

9 "En tout cas en provenance de Stari Vitez, où la police

10 militaire de l'armée de Bosnie-Herzégovine, la police civile musulmane et

11 le peloton anti-chars de l'armée de Bosnie-Herzégovine, sont stationnés et

12 l'affectation consistera à agir contre le Haut commandement de la zone

13 opérationnelle sans doute.

14 Une tâche essentielle consiste à bloquer les forces

15 susmentionnées pour les empêcher d'attacher le Haut commandement. Il

16 importe d'être en état de préparation pour

17 intervenir conformément aux affectations ci-dessus.

18 Paragraphe 2.3 : Affectation des brigades du HVO, exécuter les

19 tâches de défense dans votre zone de responsabilité et empêcher les forces

20 extrémistes musulmanes d'effectuer un nettoyage du territoire, le génocide

21 du peuple croate et la réalisation de ces objectifs. Etre en état de

22 préparation pour réaliser une défense décisive du territoire du peuple

23 croate et ne retirer les forces qu'après avoir évacué la population et sur

24 mon accord.

25 Signature, commandant colonel Tihomir Blaskic."

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1 Général, j'aimerais que nous revenions à cette matinée, à la

2 période située entre 9 heures et 10 heures. Pendant que vous rédigiez cet

3 ordre, est-ce que vous avez des contacts, est-ce que vous avez rédigé la

4 totalité de cet ordre ? Comment les choses se sont elles passées ?

5 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Président,

6 Messieurs les Juges, aux alentours de 9 heures du matin, après la réunion

7 d'information, je me suis mis à rédiger l'ordre dont il vient d'être donné

8 lecture. Mais je savais qu'à 10 heures du matin, ce jour-là, j'avais un

9 rendez-vous avec le chef de la Croix Rouge international, M. Gian Luca.

10 J'ai donc terminé la rédaction de cet ordre rapidement, ordre

11 dans lequel je définissais dans la première partie les tâches assignées à

12 nos forces. Il s'agit du paragraphe 2 dans le texte dont il vient d'être

13 donné lecture. Le texte intitulé : "Affectation de nos forces". Pendant

14 que j'étais au travail M. Darko Krajevic est arrivé et m'a raconté tout ce

15 qui c'était passé la nuit précédente, la nuit du 14 avril 1993 au moment

16 où avait eu lieu cet attentat, pour être plus précis cette tentative de

17 liquidation de la part de l'armée de Bosnie-Herzégovine, de Vitez.

18 Lui était déjà au courant de l'incident survenu à Zenica. Il a

19 d'ailleurs dit : "Est-ce une chasse qui a été engagée contre nous" et ce

20 qu'il avait à l'esprit, c'étaient les commandants du HVO.

21 A la fin de cette conversation, je lui ai redit que

22 manifestement l'armée de Bosnie-

23 Herzégovine avait engagé une action contre les commandants du HVO de

24 Travnik, de Novi Travnik, de Vitez et Zenica. Puis, j'ai continué la

25 rédaction de l'ordre dont il vient d'être donné lecture.

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1 A 10 heures du matin, je n'avais pas terminé cette rédaction

2 parce que Gian Luca était déjà arrivé et j'avais un rendez-vous fixé avec

3 lui.

4 M. Nobilo (interprétation). - Avez-vous informé Darko Kraljevic

5 au sujet de cet ordre que vous étiez en train de rédiger ?

6 M. Blaskic (interprétation). – L'ordre était sur mon bureau, on

7 y voyait mon écriture. Il a vu cet ordre et je lui ai dit que j'étais en

8 train de rédiger un ordre de préparation au combat car il était clair que

9 l'attaque et les agressions qui prenaient pour cible les membres du HVO se

10 poursuivaient.

11 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce qu'il y avait une mention

12 des Vitezovi dans cet ordre que vous prépariez ?

13 M. Blaskic (interprétation). - Il m'a d'abord remercié pour

14 l'engagement qui avait été le mien la veille et s'est mis à ma

15 disposition, de lui-même, en me disant qu'il était prêt à œuvrer en

16 fonction des tâches que je lui assignerai en tant que commandant de la

17 zone. Après l'arrivée de M. Gian Luca, ou au moment où M. Gian Luca est

18 arrivé, j'ai appelé le chef d'état-major adjoint, M. Slavko Marin à qui

19 j'ai remis cet ordre.

20 Cet ordre qui n'était encore qu'une esquisse, car je pensais que

21 lui allait terminer la rédaction de cet ordre, notamment de son

22 introduction et ensuite le communiquer aux unités.

23 M. Nobilo (interprétation). – Examinons cet ordre. Vous avez dit

24 que c'était un ordre de préparation. Quelle est la différence entre un

25 ordre de préparation et un ordre d'exécution.

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1 M. Blaskic (interprétation). - Le mot parle de lui-même. Cela

2 signifie qu'aucune des tâches mentionnées dans cet ordre n'est à exécuter,

3 mais que toutes les mesures doivent être prises parmi les formations du

4 HVO pour être prêt au moment où l'ordre d'exécution des opérations de

5 combat sera reçu.

6 En d'autres termes, cela signifie, en langage courant : "Soyez

7 prêts, mais n'entreprenez rien tant que vous n'aurez pas reçu un ordre

8 d'exécution des opérations de combat."

9 M. Nobilo (interprétation). - Revenons sur le point 2.2.1, vous

10 donnez un ordre au 4ème Bataillon de la police militaire. Les tâches que

11 vous ordonnez à la police militaire dans ce paragraphe, comment les

12 caractériseriez-vous ? Est-ce qu'elles signifient qu'il convient

13 d'employer la police militaire à des fins de combat, ou est-ce que cela

14 signifie autre chose ?

15 M. Blaskic (interprétation). - Il est stipulé précisément dans

16 ce paragraphe que la police militaire est chargée d'assurer la sécurité du

17 poste de commandement, autrement dit de l'hôtel Vitez et que le commandant

18 du 4ème Bataillon de la police militaire est responsable du choix des

19 hommes à qui sera confiée la sécurité du poste de commandement. Il est

20 stipulé également qu'il convient d'évaluer l'état des forces et de

21 consolider la sécurité dans le but d'empêcher toute surprise.

22 M. Nobilo (interprétation). - Je ne vous demande pas de nous

23 dire ce qui est écrit mais de quel type sont ces ordres?

24 M. Blaskic (interprétation). - Il s'agit d'actions policières

25 régulières qui font partie du quotidien.

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1 M. Nobilo (interprétation). - - La sécurité du commandement et

2 la sécurité des routes entrent-elles dans les activités quotidiennes de la

3 police ?

4 M. Blaskic (interprétation). – Oui. Il s'agit de tâches

5 policières régulières, quotidiennes.

6 M. Nobilo (interprétation). - Par rapport aux Vitezovi, quelle

7 était votre idée, que pensiez-vous que les Vitezovi devraient faire, de

8 quelle façon pensez-vous qu'ils devraient

9 s'intégrer au combat ?

10 M. Blaskic (interprétation). – Eh bien, les Vitezovi devaient

11 réaliser le blocage de la partie attaquante de l'armée de Bosnie-

12 Herzégovine à partir de Stari Vitez et ce, dans la direction de l'hôtel

13 Vitez, donc du commandement de la zone opérationnelle de Bosnie centrale.

14 M. Nobilo (interprétation). - Le terme "blocage", que signifie-

15 t-il sur un plan militaire ?

16 M. Blaskic (interprétation). - Il s'agit d'une action tactique,

17 de combat qui implique que l'on utilise un déploiement des unités de

18 combat pour empêcher le mouvement ou, plus précisément, toute action de la

19 part des forces ennemies. En général, cela signifie que l'on crée des

20 postes de garde ou des patrouilles ou, en tout cas, des formations de

21 défense qui permettent d'empêcher l'action de l'ennemi ou son passage.

22 M. Nobilo (interprétation). - Mais si l'on cherche à définir le

23 blocage du point de vue des deux aspects principaux d'opérations de

24 combat, à savoir la défense ou d'attaque, dans quelle catégorie entrerait

25 le blocage ?

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1 M. Blaskic (interprétation). - Cette action de blocage est une

2 opération de défense, c'est une opération de combat défensif.

3 M. Nobilo (interprétation). – Laissons cela de côté, mais

4 dites-nous quel était le thème, l'objet de la visite du représentant de la

5 Croix Rouge internationale à votre commandement, ce matin-là ?

6 M. Blaskic (interprétation). - Les questions les plus

7 importantes qui ont été abordées ont été le problème des convois, le

8 problème de la saisie des convois, de l'interdiction de passage des

9 convois. Une autre question importante était celle des prisonniers.

10 Le représentant de la Croix Rouge a évoqué le problème de

11 l'interdiction de passage des convois et de la saisie des cargaisons, il a

12 dit que ce n'était pas la première fois que cela

13 arrivait, mais que c'était devenu quelque chose d'assez régulier.

14 M. Nobilo (interprétation). - Vous a-t-il demandé d'intervenir,

15 d'agir de quelque façon que ce soit ?

16 M. Blaskic (interprétation). - Oui, il m'a demandé expressément

17 de faire en sorte que la cargaison et les véhicules soient restitués et,

18 pour ce qui me concerne, j'ai tenté de l'informer de tous les événements

19 survenus depuis le 8 avril jusqu'au 15 avril à peu près. Autrement dit, je

20 lui ai parlé des événements survenus à Travnik, à Novi Travnik, à Vitez, à

21 Zenica, en lui disant que la situation avait atteint un point critique

22 qu'il était difficile de contrôler.

23 M. Nobilo (interprétation). - Après cette rencontre, avez-vous

24 pris des mesures concrètes pour découvrir où se trouvaient la cargaison,

25 les véhicules et en assurer la restitution.

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1 M. Blaskic (interprétation). - J'ai demandé à la police

2 militaire de faire ce qu'il convenait de faire pour retrouver les

3 véhicules manquants du convoi et j'ai demandé que ces véhicules soient

4 garés devant le commandement de la zone opérationnelle de Bosnie centrale

5 à Vitez.

6 M. Nobilo (interprétation). - Revenons quelques instants sur

7 cette rencontre avec le représentant de la Croix Rouge internationale.

8 Vous avez parlé des prisonniers lorsque vous avez évoqué les thèmes de

9 votre conversation.. De quels prisonniers s'agissait-il ?

10 M. Blaskic (interprétation). - Il était question des

11 opérations..., il s'agissait d'une vingtaine de prisonniers, si je ne

12 m'abuse, qui se trouvaient dans la zone opérationnelle au nord-ouest de

13 l'Herzégovine, prisonniers pour lesquels la Croix Rouge me demandait de

14 prendre des mesures avec le commandant Schillier*.

15 M. Nobilo (interprétation). – Mais il s'agissait d'une zone qui

16 était en dehors de votre zone de responsabilité.

17 M. Blaskic (interprétation). - Oui, j'ai répondu que ces

18 prisonniers ne relevaient pas de ma zone de responsabilité, mais que

19 j'allais faire ce que je pouvais pour avoir des informations à leur sujet.

20 M. Nobilo (interprétation). - Aux alentours de 11 heures ou peu

21 après 11 heures, vous avez eu un contact avec Holman à Zenica. Quelles

22 étaient les nouvelles qu'il vous a communiquées ?

23 M. Blaskic (interprétation). – Holman m'a appelé pour m'informer

24 de l'enlèvement de Totic. Il a confirmé qu'il se trouvait sur les lieux et

25 il m'a dit ensuite que la panique régnait, que la population de Zenica

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1 était en état de choc, terrorisée et que la ville de Zenica était bloquée,

2 que les soldats étaient dans les rues et que la police de Zenica était

3 également dans la rue.

4 M. Nobilo (interprétation). - Après cela, vous avez également eu

5 un contact avec le service des enquête criminelles de la police et avec le

6 service de la sécurité. De quoi a-t-il été question au cours de ces

7 contacts ?

8 M. Blaskic (interprétation). – J'ai parlé à l'adjoint chargé de

9 la sécurité ainsi que j'ai pu parler au chef de la police et j'ai demandé

10 que toutes les mesures nécessaires soient entreprises afin que le matériel

11 qui avait été confisqué de ce convoi soit restitué. Je voulais que l'on

12 honore cette demande qui a été formulée par Gian Luca.

13 M. Nobilo (interprétation). - Vous-même saviez-vous que ce

14 convoi allait être détourné avant d'apprendre que cet événement s'est

15 produit ?

16 M. Blaskic (interprétation). - Non, je ne savais même pas que ce

17 convoi était acheminé le long de ce trajet. Je ne savais absolument pas

18 qu'il allait être pillé.

19 M. Nobilo (interprétation). - A midi, vous rencontrez l'officier

20 chargé des activités d'information. Pouvez-vous nous relater cet

21 entretien ?

22 M. Blaskic (interprétation). – C'était M. Marko Prskalo*. Il est

23 venu me voir et m'a

24 informé que les tensions étaient exacerbées et que la situation était

25 extrêmement tendue. Il m'a dit qu'une grande inquiétude régnait notamment

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1 auprès de la population croate de Zenica et il m'a dit, il m'a proposé de

2 tenir une conférence de presse extraordinaire afin de s'adresser à

3 l'opinion. Il a pensé qu'il fallait envoyer des informations et qu'il

4 fallait communiquer les positions du commandement concernant les

5 événements qui s'étaient produits dans la matinée à Zenica.

6 M. Nobilo (interprétation). - Avez-vous accepté cette

7 proposition ? Avez-vous organisé cette conférence de presse ?

8 M. Blaskic (interprétation). - Oui, j'ai organisé cette

9 conférence de presse à Busovaca vers 13 heures.

10 M. Nobilo (interprétation). - Au retour de cette conférence de

11 presse à Busovaca, vous rédigez un nouvel ordre. Qu'est-ce qui vous a

12 incité à rédiger précisément cet ordre-là, qu'est-ce qui vous a poussé à

13 faire cet ordre-là ?

14 M. Blaskic (interprétation). - C'est la première fois, lors de

15 cette conférence de presse à Busovaca, que je me suis aperçu de ce qui

16 s'était réellement passé à Zenica. J'ai compris que cette forme d'action,

17 que cette attitude des membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine était en

18 fait un scénario qui visait à éliminer les commandants et qu'il s'agissait

19 en fait d'une forme de terrorisme caractérisé. C'est pourquoi je me suis

20 demandé s'il fallait entreprendre des mesures, s'il ne serait pas bon de

21 donner un ordre demandant l'arrêt de tout mouvement des membres du HVO, ou

22 bien s'il fallait leur assigner des tâches limitant leur mouvement

23 uniquement pendant la journée en renforçant la sécurité.

24 M. Nobilo (interprétation). – Peut-on présenter au témoin le

25 document de la défense D268, s'il vous plaît ? Il s'agit d'un ordre que

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1 vous avez émis et signé le 15 avril 1993 à 15 heures 45.

2 (L'huissier s'exécute.)

3 Il s'agit donc d'un ordre en date du 15 avril 1993 à

4 15 heures 45 intitulé "Ordre d'action". Il est adressé à un grand nombre

5 de brigades ainsi qu'au 4ème Bataillon de la police militaire.

6 Général, dites-moi s'il s'agit d'un ordre de combat, s'il s'agit

7 d'un ordre d'exécution ?

8 M. Blaskic (interprétation). - Il s'agit encore d'un ordre

9 cherchant à augmenter la préparation au combat. Il ne s'agit toujours pas

10 d'un ordre d'exécution des opérations de combat.

11 M. Nobilo (interprétation). - Mais compte tenu du titre où l'on

12 voit indiquer "Ordre d'action", est-ce que l'on peut agir en vertu de cet

13 ordre, par exemple pour combattre des opérations terroristes ?

14 M. Blaskic (interprétation). – Oui, on peut agir d'après cet

15 ordre.

16 M. Nobilo (interprétation). - Je ne donnerai pas lecture de

17 l'ensemble du texte puisque nous l'avons tous. Vous décrivez la

18 7ème Brigade musulmane, ses méthodes d'action également et vous donnez

19 l'ordre aux brigades de constituer des groupes consistant de 15 hommes

20 dont la mission sera de liquider les groupes de sabotage de cet

21 7ème Brigade musulmane, etc., etc.

22 Est-ce que cet ordre peut être considéré comme un ordre

23 antiterroriste. Etait-ce le sens qui présidait à sa rédaction, le combat

24 contre le terrorisme ?

25 M. Blaskic (interprétation). - Cet ordre a été rédigé à l'issue

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1 de cette conférence de presse.

2 Une fois que j'ai pu m'apercevoir personnellement que des

3 activités qui avaient été entreprises par les membres de la 7ème Brigade

4 musulmane, d'après les informations dont je disposais, étaient des actions

5 terroristes au sens classique du terme, et cet ordre était encore un ordre

6 qui demandait la lutte contre ces formes terroristes d'action.

7 M. Nobilo (interprétation). – Pouvez-vous, s'il vous plaît,

8 examiner cet ordre. Qui

9 a esquissé l'ordre, qui l'a écrit et signé ? Pour que ce soit clair...

10 M. Blaskic (interprétation). - Cet ordre a été esquissé de la

11 manière suivante : moi, je l'ai dicté à Slavko Marin, qui l'a écrit, et je

12 l'ai signé de ma main.

13 M. Nobilo (interprétation). - Cet ordre a-t-il été tapé, signé

14 et envoyé à l'heure et à la date qui figure dessus ?

15 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

16 M. Nobilo (interprétation). - Une fois cet ordre donné, vous

17 apprenez qu'il y a eu un pilonnage de Putici.

18 M. Blaskic (interprétation). – Oui, j'ai été informé que des

19 obus de mortiers tombés à proximité immédiate du site de Puticevo et que

20 ces obus venaient en direction de la forteresse de Tvrdava en, provenance

21 de la forteresse, donc de Travnik.

22 M. Nobilo (interprétation). - Par la suite, vous avez un autre

23 entretien où il est question du détournement d'un grand convoi de

24 15 camions et de 30 véhicules particuliers transportant de l'aide

25 humanitaire. Quelles ont été les conclusions de cet entretien ?

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1 M. Blaskic (interprétation). – J'ai eu un entretien avec

2 l'assistant chargé de la sécurité parce que je voulais savoir si quelque

3 chose avait été fait pour restituer ce matériel et cette cargaison. J'ai

4 appris que la police militaire n'était pas en mesure de restituer les

5 matériels détournés. Il faut savoir qu'à l'époque, on savait que ces

6 véhicules étaient garés sur la route principale Han Bila. En dépit de

7 cela, ce n'était pas possible.

8 M. Nobilo (interprétation). - Pour quelle raison la police

9 militaire n'était pas en mesure de restituer ce matériel ?

10 M. Blaskic (interprétation). - L'une des choses dites était que

11 ce groupe armé était largement supérieur en force aux membres de la police

12 militaire. La police militaire, pour pouvoir mener à bien son action,

13 devait recourir à la force. Ces membres des unités armées étaient bien

14 plus forts, cela n'était donc pas possible.

15 Monsieur vivait à proximité de Nova Bila. Il m'a téléphoné et

16 m'a confirmé que ces véhicules appartenant à ce convoi enlevé se

17 trouvaient toujours à Nova Bila. Mais il a ajouté : "J'ai peur que la

18 force n'y soit pour rien, qu'elle ne signifie rien aux membres de ces

19 unités armées".

20 M. Nobilo (interprétation). - Finalement, comment avez-vous

21 décidé de régler ce problème ?

22 M. Blaskic (interprétation). - L'adjoint à la sécurité m'a

23 suggéré d'inviter à une réunion les membres de la police militaire, ou

24 plutôt le commandant de la police militaire ainsi que le commandant des

25 Vitezovi, un représentant de ce groupe Guti et un membre de l'unité

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1 Tvrtkovci et d'essayer de leur présenter la situation générale qui régnait

2 et les problèmes qui se posaient concernant la cargaison enlevée. Il a

3 suggéré qu'on leur demande à eux de nous aider à restituer ce matériel.

4 M. Nobilo (interprétation). - Cette réunion a-t-elle été tenue ?

5 Ont-ils répondu à l'appel ?

6 M. Blaskic (interprétation). – La réunion s'est tenue vers

7 17 heures. Ils sont venus effectivement.

8 M. Nobilo (interprétation). - Pendant la réunion -laissons de

9 côté le sujet principal de la réunion, autrement dit, le convoi, enfin, sa

10 cargaison qu'il fallait restituer-, quelle est l'information qui est

11 parvenue pendant cette réunion et comment s'est déroulée la suite de la

12 réunion ?

13 M. Blaskic (interprétation). - Le convoi faisait l'objet de

14 cette réunion, mais pendant la réunion, l'officier de service est entré et

15 nous a informés que l'on venait d'apprendre que de Zenica, l'armée de

16 Bosnie-Herzégovine effectuait un mouvement en direction de Kuber.

17 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous montrer, s'il vous

18 plaît, où se trouve Kuber et nous dire brièvement quelle est l'importance

19 de Kuber par rapport à l'importance de la

20 Lasva.

21 M. le Président. - Cela ne vous dérange pas, général Blaskic ?

22 Montrez-nous d'abord sur la carte, puis sur la maquette car, sur la carte,

23 nous avons une vue mieux placée et, ensuite, précisez-le sur la maquette.

24 M. Blaskic (interprétation). – Oui, tout à fait, Monsieur le

25 Président.

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1 Je montre Zenica. Ici, on voit Kuber. Pendant la réunion où

2 j'étais présent, une information m'a été envoyée disant que l'armée de

3 Bosnie-Herzégovine effectuait un mouvement de l'usine Tvrdjava, de la

4 scierie, qu'elle passait par la route sous le commandement du HVO situé à

5 Potbrezje et qu'elle allait en direction de Kuber. C'était l'estimation

6 que nous avons reçue cette fois-là.

7 M. le Président. – Sur la maquette, Zenica, Kuber... Référez-

8 vous toujours à une ville qui nous est familière, n'est-ce pas ?

9 M. Blaskic (interprétation). - Oui, Monsieur le Président. Ici,

10 je montre Zenica et ici Kuber.

11 M. Nobilo (interprétation). - Kuber, c'est un site stratégique

12 pour défendre la vallée de la Lasva, peut-on le formuler ainsi ?

13 M. Blaskic (interprétation). – Oui, c'est le principal point

14 stratégique pour défendre la vallée de la Lasva, c'est une base des

15 opérations. Celui qui tient Kuber peut contrôler l'ensemble de la vallée

16 de la Lasva. Il peut agir selon son choix, soit en direction de Vitez ou

17 ailleurs. C'est le point le plus important de la vallée de la Lasva par

18 rapport à Zenica.

19 M. Nobilo (interprétation). - Merci vous pouvez regagner votre

20 place.

21 M. Nobilo (interprétation). - Par conséquent, vous avez reçu des

22 informations selon lesquelles les membres de l'armée de Bosnie-

23 Herzégovine, à Zenica, étaient en mouvement sur ce point tout à fait

24 crucial de la vallée de la Lasva. Ceci était-il l'objet d'une certaine

25 préoccupation pour vous ?

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1 M. Blaskic (interprétation). – Oui, surtout parce que l'officier

2 de garde est arrivé vers moi et qu'il était tout à fait paniqué. Il a

3 communiqué cette information devant tout le monde. Par conséquent, la

4 question a été de savoir quoi faire et quelle position adopter vis-à-vis

5 de cette opération de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

6 M. Nobilo (interprétation). - Quelle a été votre réaction ? Qui

7 avez-vous chargé de suivre le déroulement des événements ?

8 M. Blaskic (interprétation). - J'ai dit, à ce moment-là, aux

9 participants de la réunion que j'avais donné deux ordres : un le matin

10 même et, un autre, l'après-midi. Et j'espérais que ces ordres allaient

11 être exécutés.

12 J'ai donc demandé à Slavko Marin de m'apporter ces ordres et

13 j'ai vu alors que l'ordre préparatoire que j'avais donné à 10 heures,

14 n'avait pas encore été envoyé aux unités subordonnées.

15 M. le Président. - Une précision, Maître Nobilo, Slavko Marin

16 est avec notre témoin d'aujourd'hui depuis quelques jours. C'est la

17 première fois que l'accusé nous mentionne le nom de Slavko Marin. Il a

18 rejoint votre état-major début avril ? Je ne me souviens plus exactement.

19 Pouvez-vous nous le rappeler ?

20 M. Blaskic (interprétation). – M. Marin arrivait le

21 1er novembre 1992, dans la zone opérationnelle de Bosnie centrale et au

22 commandement.

23 M. le Président. - Vous avez parlé de Franjo Nakic, mais

24 rarement de cette personne qui est venue témoigner ici et qui semblait

25 pourtant jouer un grand rôle. Voilà pourquoi je me posais la question de

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1 n'en entendre parler que pour la première fois, ayant rédigé ces deux

2 ordres... Vous préférez intervenir, Maître Nobilo, c'est comme vous le

3 voulez ? Rapidement, bien sûr.

4 M. Nobilo (interprétation). – Non. Il l'a mentionné une fois,

5 mais pourquoi Slavko Marin prend-il une certaine importance ce jour-là, ou

6 à partir de ce jour-là ? Pourquoi

7 représente-t-il tout d'un coup ou remplit-il un rôle important à partir du

8 15 avril ?

9 M. Blaskic (interprétation). – M. Slavko Marin n'était pas mon

10 subordonné direct. Je n'étais pas son supérieur hiérarchique direct. Son

11 supérieur direct était Franjo Nakic et lorsque le chef d'état-major était

12 absent, c'était Slavko Marin ou plutôt Slavko Marin m'était directement

13 subordonné parce qu'il était chef des opérations au commandement de la

14 zone opérationnelle de Bosnie centrale.

15 M. Nobilo (interprétation). - Une autre question, Général. Les

16 16, 17, 18 avril, M. Nakic a-t-il réussi à revenir ou bien ses tâches ont-

17 elles été exécutées par M. Marin au cours des premières journées du

18 conflit ?

19 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur Nakic a passé toute la

20 période chez lui.

21 M. Nobilo (interprétation). - Je parle des premiers jours du

22 conflit.

23 M. Blaskic (interprétation). - Je parle des premières journées

24 du conflit. Il était bloqué chez lui. Il n'a jamais réussi à parvenir au

25 poste du commandement. C'est Slavko Marin qui exécutait ces propres

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1 tâches en tant qu'assistant de Nakic et les tâches relevant de l'état-

2 major, donc de Nakic.

3 M. Nobilo (interprétation). - Par conséquent, le 15, il était

4 votre plus proche assistant au quartier général ?

5 M. Blaskic (interprétation). - Oui, puisque M. Nakic était

6 absent.

7 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez dit que l'ordre de 10

8 heures du 15 avril 1993 est resté sous sa forme manuscrite mais n'a jamais

9 été envoyé. Pour le compte rendu il s'agit du document D267.

10 Qu'est-il advenu de l'ordre correspondant à la cote D268, rédigé

11 le 15 avril 1993 à 15 heures 45 ?

12 M. Blaskic (interprétation). - Cet ordre n'a pas non plus été

13 envoyé.

14 M. Nobilo (interprétation). - Ensuite, que s'est-il passé ?

15 M. Blaskic (interprétation). - J'ai pris ces deux ordres, je

16 les ai lus à haute voix au commandant présent à la réunion. Après avoir

17 donné lecture des dispositions des ordres, nous avons conclu la réunion.

18 Après cela, j'ai décidé d'appeler le commandant de la brigade de

19 Vitez qui était, à l'époque, chez lui, dans sa famille.

20 M. Nobilo (interprétation). - Avant de parler de la réunion avec

21 le commandant de la brigade de Vitez, M. Cerkes, qui n'était pas présent

22 lors de la première réunion, dites-nous ce qu'il est advenu de ces deux

23 ordres, l'ordre de 10 heures et l'ordre de 15 heures 45. Les ordres ont-

24 ils été envoyés, rédigés à nouveau, dactylographiés. Que s'est-il passé ?

25 M. Blaskic (interprétation). - A ce moment-là, je n'ai pas pu

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1 envoyer l'ordre de 10 heures pour qu'il soit dactylographié. La personne

2 n'était pas dans son bureau. En effet, elle travaillait jusqu'à 15 heures.

3 Par conséquent, l'ordre qui est arrivé plus tard, celui du 15 heures 45 a

4 été envoyé parce que dactylographié, alors que l'ordre de 10 heures a été

5 renvoyé au bureau afin qu'il soit dactylographié. J'ai donc lu à haute

6 voix les dispositions des deux ordres aux personnes présentes à la

7 réunion.

8 M. Nobilo (interprétation). - Après cette réunion, vous avez

9 essayé de rentrer en contact avec le chef qui était en formation à ce

10 moment-là ? Que s'est-il passé ensuite ?

11 M. Blaskic (interprétation). - J'ai appelé le commandant Cerkez,

12 il m'a parlé au téléphone et je l'ai informé des tâches à exécuter. Je lui

13 ai parlé des tâches, des mouvements de l'armée de Bosnie-Herzégovine de

14 Zenica vers Kuber et, oralement, j'ai lu les dispositions et les tâches

15 incluses dans l'ordre de 10 heures. Une fois de plus, je lui ai donné

16 l'ordre d'exécuter les tâches en question.

17 M. Nobilo (interprétation). – Quel était cet ordre que vous avez

18 donné à la brigade de Vitez le soir du 15 avril 1993 ? En quoi consistait

19 cet ordre ?

20 M. Blaskic (interprétation). - J'ai ordonné aux unités de combat

21 d'améliorer la préparation au combat afin d'établir un barrage routier

22 dans la zone de Kruscica, également à partir de la région de la Vransjka

23 et Donja Veceriska.

24 M. Nobilo (interprétation). - Pourquoi avez-vous choisi cette

25 région, pourquoi avez-vous demandé à la brigade de Vitez de bloquer cette

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1 région ? Qu'est-ce qui vous a incité à choisir cette position en

2 particulier ?

3 M. Blaskic (interprétation). - C'est le fait que l'évaluation

4 des rapports précédents que j'avais reçus des renseignements militaires

5 indiquant que les forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine allaient sans

6 doute lancer une attaque de la direction de Kruscica et Vranjska, en

7 partie par Gradina, vers l'usine d'explosifs et également vers le village

8 de Rijeka, Santici, leur intention étant de rejoindre les forces de Kuber.

9 A partir de là, une attaque serait probablement lancée sur la route

10 principale.

11 M. Nobilo (interprétation). – Quelle a été la réponse de Cerkez

12 et que s'est-il passé ensuite ?

13 M. Blaskic (interprétation). - Cerkez m'a dit tout d'abord qu'il

14 voulait un ordre écrit afin de pouvoir informer les représentants civils

15 de la municipalité de Vitez de l'existence de cet ordre. D'autre part, il

16 m'a dit que le quartier général était en cours de création et que

17 l'existence d'un ordre écrit lui faciliterait la tâche dans ce domaine.

18 Il m'a demandé si, lorsqu'il devait venir à la réunion, il

19 devait porter un uniforme ou des vêtements civils parce qu'à ce jour-là, à

20 18 heures 30, il devait se rendre à un mariage. Par conséquent, il devait

21 se rendre donc à son mariage à Vitez avec son épouse.

22 M. Nobilo (interprétation). – C'était donc bien son propre

23 mariage ?

24 M. Blaskic (interprétation). – Oui, il s'agissait de son propre

25 mariage. Son mariage avait été prévu pour ce jour-là.

Page 17679

1 Cerkez m'a également dit qu'il avait engagé un groupe de soldats

2 sur la ligne de

3 front face aux Serbes à la position de Strikanjci. Ce groupe était composé

4 de soldats, de Vitezovi. C'est un endroit qui se trouve près de Novi

5 Travnik. Il a également dit qu'un nouveau groupe de soldats devait être

6 préparé afin de relever l'équipe précédente le lendemain.

7 M. Nobilo (interprétation). - Tard ce soir là, des représentants

8 des autorités civiles sont venus vous rendre visite, pourquoi ?

9 M. Blaskic (interprétation). - Vers 22 heures 30, des

10 représentants civils de Vitez sont arrivés : M. Santic était là,

11 M. Nikola Krisanovic et M. Skopljak également, je crois. Ils m'ont informé

12 de leur opinion, à savoir qu'aucune activité de combat ne devait être

13 lancée dans la municipalité de Vitez, d'autant plus que l'usine

14 d'explosifs n'était pas prête à faire face à ce type de situation et qu'il

15 y avait environ 500 tonnes d'explosifs dans l'usine ainsi que des machines

16 participant à la production de ces explosifs et des composantes d'engins

17 explosifs. Il y avait notamment quelque 100 tonnes d'acide et il risquait

18 d'y avoir de nombreuses destructions sur un rayon de 5 à 15 kilomètres si

19 jamais le réservoir contenant l'acide était touché.

20 Je lui ai dit que nous ne souhaitions pas que des combats aient

21 lieu, que nous n'en avions pas prévu non plus, mais qu'il était manifeste

22 que l'armée de Bosnie-Herzégovine était en train de se déplacer et qu'on

23 ne pouvait pas permettre de se laisser dépasser par les événements et la

24 situation et nous trouver dans une situation où nous ne serions pas prêts

25 à faire face, dans nos lits en attendant que les choses se passent.

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1 J'ai également parlé du fait que je m'attendais à ce que des

2 opérations de combat aient lieu au retour de Kuber, qui se trouve à une

3 distance assez importante de l'usine d'explosifs, en tout cas, aux

4 alentours de Kuber.

5 M. Nobilo (interprétation). - Lorsque vous étiez en conversation

6 avec Cerkez, vous lui avez demandé, n'est-ce pas, de prendre des mesures

7 pour renforcer les positions autour de Kuber ?

8 M. Blaskic (interprétation). - Je lui ai dit d'aviser les

9 personnes qui défendaient

10 Kuber de ce qui allait probablement se passer, de leur donner toutes les

11 informations dont nous disposions, mais nous n'étions pas encore à même de

12 renforcer cette position grâce à la brigade de Vitez. Nous ne l'avons pas

13 fait d'ailleurs. Nous n'avons fait qu'avertir par téléphone les soldats

14 qui se trouvaient sur place qu'il y avait eu des mouvements de troupe.

15 M. Nobilo (interprétation). - Cela veut-il dire que le HVO

16 occupait certaines positions à Kuber ?

17 M. Blaskic (interprétation). - Effectivement, le HVO occupait

18 certaines positions à Kuber, mais la situation était la même que celle qui

19 régnait les 11 et 13 avril et d'autres jours auparavant.

20 M. Nobilo (interprétation). - Qui occupait les positions de

21 Kuber ? De quelle brigade s'agissait-il ?

22 M. Blaskic (interprétation). - Il y avait les membres de la

23 brigade de Nikola Subic-Zrinjski, des membres de la brigade de Vitez et de

24 la brigade de Zenica.

25 M. Nobilo (interprétation). - A partir de quel mois ces

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1 positions ont-elles été occupées de façon permanente par le HVO ?

2 M. Blaskic (interprétation). – Dès le début. Mais les forces de

3 combat n'étaient pas présentes, il s'agissait de positions qui se

4 trouvaient, là, contre les forces aériennes et qui étaient conjointement

5 occupées mais, à partir du mois de janvier, lorsque le premier conflit a

6 eu lieu avec l'armée de Bosnie-Herzégovine, ces positions ont été occupées

7 par des unités de combat.

8 M. Nobilo (interprétation). – Peut-on faire une pause

9 maintenant ?

10 M. le Président. – Oui, excellente question, nous faisons une

11 pause de 20 minutes.

12 L'audience, suspendue à 16 heures, est reprise à 16 heures 30.

13 M. le Président. - L'audience est reprise. Veuillez vous

14 asseoir.

15 Maître Nobilo, allez-y.

16 M. Nobilo (interprétation). - Merci. Nous en sommes arrivés à la

17 soirée après le départ des autorités civiles, après que vous leur ayez

18 expliqué quelles étaient les mesures urgentes que vous aviez prises, le

19 15 avril 1993. Quelles sont les informations que vous recevez à 23,

20 24 heures, ce soir-là ?

21 M. Blaskic (interprétation). – Aux alentours de 23 heures, je

22 suis informé du début des opérations de combat à Kuber, et on m'informe

23 également qu'un pilonnage a eu lieu à partir du site de Preocica contre

24 Poculica.

25 Je suis informé également que sur le site de Kuber, à l'issue

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1 des opérations de combat, il y a eu également des blessés dans les rangs

2 des soldats du conseil croate de défense.

3 M. Nobilo (interprétation). - Une fois que vous recevez

4 l'information vous annonçant le début des opérations de combat à Kuber,

5 dès le 15 avril 1993, vous rédigez un nouvel ordre, la pièce à conviction

6 de la défense D269 rédigée le 16 avril 1993 à 1 heure 30 du matin.

7 J'aimerais que l'on soumette cette pièce.

8 C'est en fait la nuit du 15 au 16 avril, 1 heure 30, après

9 minuit. Donc le 16, oui. Je vais en donner lecture. Cet ordre est destiné

10 à la brigade de Vitez, ou plutôt au commandant Cerkez, en main propre,

11 ainsi qu'à l'unité spéciale Zvodko.

12 Le titre de l'ordre est : "Ordre de combat, ordre d'empêcher les

13 attaques dues à l'ennemi (forces musulmanes extrémistes) et blocage du

14 territoire de Kruscica, Vranjska et Donja Veceriska."

15 Je ne donnerai pas lecture de l'ordre puisque nous pouvons tous

16 le lire. Pouvez-vous nous dire, sur un plan militaire, pour quelles

17 raisons vous avez émis précisément une ordre de cette nature. Si cela est

18 nécessaire, vous pouvez vous aider de la maquette pour démontrer pour

19 quelles raisons il était nécessaire de bloquer ces villages.

20 M. Blaskic (interprétation). – Outre les informations reçues au

21 sujet des opérations

22 de combat qui se déroulaient sur le territoire de Kuber et de Poculica,

23 j'ai reçu également une information du service de renseignement militaire,

24 au sujet du regroupement des forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine, ou

25 plus précisément au sujet de mouvements de l'armée de Bosnie-Herzégovine,

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1 et de la création de communication par la radio.

2 L'importance des forces qui étaient déjà stationnées

3 précédemment, à savoir les forces de la 325ème Brigade sur le territoire

4 de Kruscica, ces forces étaient déjà présentes, mais d'autres forces de

5 l'armée de Bosnie-Herzégovine ont été amenées sur le territoire de

6 Kruscica et Vranjska.

7 Il était nécessaire de bloquer Donja Veceriska parce que ce

8 village était situé aux abords immédiats de l'usine d'explosifs.

9 M. Nobilo (interprétation). - Pourriez-vous nous montrer cela

10 sur la maquette et aussi nous montrer ce que vous avez réussi à empêcher.

11 Peut-être pouvez-vous vous rapprocher de la maquette. Un instant,

12 attendons que le collègue de l'accusation arrive près de la maquette.

13 M. Blaskic (interprétation). - Comme je viens de le dire, le

14 village de Donja Veceriska se trouve aux abords immédiats de l'usine

15 d'explosifs, et une des limites du village est à côté de l'usine. Ensuite,

16 on poursuit son chemin pour arriver au village de Divjak, de Grbavica et

17 de Han Bila par une voie de communication qui était déjà contrôlée par la

18 306ème Brigade de montagne de l'armée de Bosnie-Herzégovine, suite au

19 déploiement de cette armée antérieurement. Il était donc nécessaire

20 simplement d'effectuer la jonction entre Grbavica et Divjak pour couper la

21 vallée de la Lasva à cet endroit.

22 M. Nobilo (interprétation). – Laissez votre pointeur à cet

23 endroit pour que nous voyons l'axe que constituait la vallée de la Lasva.

24 M. Blaskic (interprétation). - Ensuite, Kruscica, Vranjska et

25 Rovna, et ici nous avons le mont qui s'appelle Zovno Droze, le Mont rouge,

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1 et l'axe de communication entre Vitez et Busovaca aurait été contrôlé si

2 les troupes de Kruscica prenaient ce site. Si elles réussissaient à

3 rejoindre les forces déjà stationnées à Slevcizi, dans la direction que je

4 montre ici, qui aurait permis aussi de couper la vallée de la Lasva.

5 M. Nobilo (interprétation). - C'était une autre direction dans

6 laquelle la vallée aurait pu être coupée ?

7 M. Blaskic (interprétation). - Oui, et d'ailleurs, c'était le

8 moyen le plus facile de couper la vallée, c'est la direction sur laquelle

9 se concentreront les forces pendant toute la guerre qui va suivre.

10 Les forces de Rovna et de Vranjska pouvaient également agir dans

11 la direction de Cafradinovik Kuce auquel cas elle aurait pris le seul pont

12 sur la rivière Lasva qui s'appelle pont de Radakov. Le long de cette

13 deuxième direction dans laquelle la vallée aurait pu être coupée dans le

14 sens de Kaonik.

15 M. Nobilo (interprétation). - En fait, la troisième direction ?

16 M. Blaskic (interprétation). – Oui, la troisième direction dans

17 laquelle la vallée aurait pu être coupée qui s'ajoute aux deux précédentes

18 évoquées.

19 M. Nobilo (interprétation). – Peut-on dire que c'est à partir de

20 Zenica que devait venir la principale attaque ? Pour le reste, les forces

21 provenant de Zenica souhaitaient effectuer leur jonction avec les forces

22 venant du sud de la route principale. A votre avis est-ce que c'était

23 l'intention de l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

24 M. Blaskic (interprétation). – Le 3ème Corps d'armée a un

25 quartier général à Zenica et des positions importantes à Kuber. Les

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1 activités ultérieures ont montré que c'était bien leur intention et que

2 l'armée de Bosnie-Herzégovine n'a jamais abandonné cette intention,

3 autrement dit faire la jonction entre les forces provenant du nord et

4 celles provenant du sud afin de couper cette vallée de la Lasva en deux ou

5 trois segments distincts.

6 M. Nobilo (interprétation). - Si telle était l'intention

7 fondamentale de l'armée de Bosnie-Herzégovine, quelles sont les mesures

8 que vous avez prises pour empêcher la

9 réalisation de cette intention ?

10 M. Blaskic (interprétation). - Grâce à l'ordre dont je suis en

11 train de parler à 1 heure 30 du matin, j'ai ordonné que soit réalisé le

12 blocage des forces présentes à Kruscica, Vranjsko et Donja Veceriska et

13 que soient empêchées toutes opérations d'attaque de l'armée de Bosnie-

14 Herzégovine.

15 M. Nobilo (interprétation). - Les villages que vous venez de

16 mentionner se trouvent-ils tous au sud de la route principale ?

17 M. Blaskic (interprétation). – Oui, tous ces villages sont au

18 sud de la route principale.

19 M. Nobilo (interprétation). - Eh bien, nous allons lire le

20 point 3 de cet ordre et je vous demanderai ensuite de nous interpréter ces

21 dispositions en vous appuyant sur la maquette. Monsieur, vous écrivez à

22 Cerkes et à l'unité spéciale Tvrtkovci, je cite :

23 "En face de vous se trouvent les forces du 4ème Bataillon de la

24 police militaire. Derrière vous se trouvent vos forces. A votre droite se

25 trouvent les forces de l'unité Nikola Subic-Zrinjski et, à votre gauche,

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1 les forces des unités de la police civile."

2 Pourriez-vous nous situer ces différentes forces sur la

3 maquette. En face de vous, les forces du 4ème Bataillon de la police

4 militaire où se trouvent-elles ?

5 M. Blaskic (interprétation). - Les forces du 4ème Bataillon de

6 la police militaire tenaient la route principale Travnik, Vitez, Busovaca

7 grâce à des patrouilles policières, et elles se trouvaient devant les

8 forces de la brigade de Vitez. Ces forces de la brigade de Vitez, Viteska,

9 bloquaient ...

10 M. Nobilo (interprétation). - Un instant, je vous prie, Général,

11 pour que chacun comprenne, parce que derrière et devant ce sont des

12 notions relatives. Si je regarde dans la direction des juges, les juges

13 sont devant moi. Si je me tourne du côté du public, les juges sont

14 derrière moi.

15 M. le Président. - Peut-être que le général pourrait le montrer

16 sur la carte. Je crois qu'on se repère bien. Les deux se complètent très

17 bien. La maquette permet de visualiser de façon plus microscopique mais on

18 a une vision macroscopique sur la carte avec le sud, le nord. En ce qui me

19 concerne, cela m'aide davantage, bien souvent, je me reporte à d'autres

20 documents. Le témoin peut-il montrer sa carte. C'est effectivement au sud

21 de la vallée, tout ceci, n'est-ce pas ?

22 M. Nobilo (interprétation). - Et dites-nous de quelle façon

23 vous établissez l'orientation ?

24 M. Blaskic (interprétation). - Oui, je peux agir de la sorte,

25 Monsieur le Président, pour que les choses soient plus claires, mais selon

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1 la doctrine que j'ai apprise à l'école militaire, ce que nous appelons

2 devant c'est toujours la direction principale d'où nous nous attendons à

3 être attaqués par l'ennemi. Si vous voulez, je vais vous le montrer sur la

4 carte pour que les choses soient plus claires.

5 M. Nobilo (interprétation). - Prenons les choses point par

6 point. Au paragraphe 3, devant vous se trouvent les forces du

7 4ème Bataillon de la police militaire. Comment déterminez-vous

8 l'orientation de votre position lorsque vous émettez cet ordre ? Qu'est-ce

9 que qui se trouve devant vous, pour vous, l'auteur de l'ordre.

10 M. Blaskic (interprétation). - Pour moi, ce qui est devant

11 c'est le nord dans ce cas particulier.

12 M. Nobilo (interprétation). - Pourquoi le nord, dans ce cas

13 particulier ?

14 M. Blaskic (interprétation). - Parce que je m'attends à ce que

15 l'attaque principale provienne de Zenica dans ce cas précis. Je parle du

16 cas précis qui nous préoccupe en ce moment.

17 M. Nobilo (interprétation). - Donc lorsque vous rédigez l'ordre,

18 vous regardez vers le sens principal de l'attaque de l'ennemi, n'est-ce

19 pas ? C'est ce qui correspond au terme

20 "devant" pour vous ?

21 M. Blaskic (interprétation). - Oui, à ce moment précis, Zenica

22 et Kuber sont devant moi. Donc pour répondre à votre question, Maître, je

23 réponds : oui.

24 M. Nobilo (interprétation). - Pourquoi est-ce que pour Cerkez,

25 la police militaire qui se trouve sur la route principale, pourquoi est-ce

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1 que cela est devant lui ? Montrez la route principale sur la carte et où

2 se trouve la brigade de Vitez si l'on dit que la route est devant.

3 M. Blaskic (interprétation). - La brigade de Vitez se trouve le

4 long de la rivière Lasva dans la direction de Gradina, c'est-à-dire sur le

5 territoire que je suis en train de montrer à l'instant.

6 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce en aval de la route, au sud

7 de la route ?

8 M. Blaskic (interprétation). - Au sud de la route. La route est

9 complètement libre. Donc la brigade de Vitez est au sud de la route.

10 M. Nobilo (interprétation). - Sommes-nous en droit de dire que

11 du point de vue de la position de la brigade de Vitez, à qui vous écrivez,

12 se trouve devant cette brigade de Vitez la police militaire et les forces

13 principales de l'armée de Bosnie-Herzégovine en provenance de Zenica,

14 est-ce bien cela ?

15 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

16 M. Nobilo (interprétation). - Vous écrivez à la brigade de Vitez

17 et vous lui dites : "A votre droite est la brigade Nikola Subic-Zrinjski".

18 Pouvez-vous l'indiquer sur la carte ?

19 M. Blaskic (interprétation). - Eh bien, ce que j'écris signifie

20 que c'est à l'est. Ce serait peut-être plus simple...

21 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous montrer ?

22 M. Blaskic (interprétation). - Autrement dit, ce territoire

23 recouvre la zone de la brigade Nikola Subic-Zrinjski. Sur la maquette, on

24 voit ce territoire, c'est cette espace située ici, à l'est du déploiement

25 du combat de la brigade de Vitez.

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1 M. Nobilo (interprétation). - A l'est et à droite, dans ce cas

2 précis, est-ce que c'est la même chose ?

3 M. Blaskic (interprétation). - Dans ce cas précis, oui.

4 M. Nobilo (interprétation). - Donc, si l'on regarde vers la

5 route principale et vers Zenica, on a sur sa droite les positions de la

6 municipalité de Busovaca et de la brigade Nikola Subic-Zrinjski, n'est-ce

7 pas ?

8 M. Blaskic (interprétation). - C'est exact, et ces positions

9 sont connues depuis le conflit précédent. C'est là que se trouvait la

10 ligne de démarcation entre les forces.

11 M. Nobilo (interprétation). - Il n'y a pas un seul ordre où vous

12 donnez des ordres à la police militaire, mais vous dites : "Sur votre

13 gauche se trouvent les forces de la police civile." Quelles sont ces

14 forces et que signifie "à gauche" dans le cas précis du combat qui nous

15 intéresse ?

16 M. Blaskic (interprétation). - Dans la situation dont nous

17 parlons, Kruscica et Vranjska ont à leur ouest les forces du poste police

18 de Vitez. A gauche.

19 M. Nobilo (interprétation). - Mais géographiquement, que

20 signifie "à gauche" et "à l'ouest" ?

21 M. Blaskic (interprétation). - Ce sont les positions du poste de

22 police de Vitez, du bâtiment dans lequel sont stationnés les policiers de

23 Vitez.

24 M. Nobilo (interprétation). - Donc c'est la ville de Vitez ?

25 M. Blaskic (interprétation). - Oui, c'est la ville de Vitez par

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1 rapport à la position tenue par la brigade de Vitez.

2 M. Nobilo (interprétation). - Donc à gauche et à l'ouest, ce

3 sont deux orientations identiques dans la situation de combat dont nous

4 parlons ?

5 M. Blaskic (interprétation). - Oui, dans la situation de combat

6 dont nous parlons.

7 M. Nobilo (interprétation). - C'est clair, Monsieur le

8 Président ? Dans ce cas, nous pouvons passer à autre chose.

9 M. le Président. - Tout à fait, les explications sont claires.

10 Monsieur le Juge Rodrigues ?

11 M. Rodrigues. - Général Blaskic, j'aimerais bien vous poser une

12 petite question : pour avoir maintenant dans ces conditions une relation

13 ou même une relation de sur-proposition entre la maquette et la carte, on

14 devait tourner la maquette 180 degrés, c'est cela ?

15 M. Blaskic (interprétation). - Oui, c'est cela, Monsieur le

16 Juge.

17 M. Rodrigues. - Merci bien.

18 M. le Président. - Elle a déjà été tournée une ou deux fois,

19 monsieur le Juge. On ne sait plus comment la tourner, cette maquette.

20 C'est pour cela que les deux nous servent, la carte et la maquette. Merci,

21 Monsieur le Juge Rodrigues, et encore une fois, tous mes compliments parce

22 que vous vous mettez dans cette affaire avec une dextérité, une agilité

23 extraordinaire.

24 M. Nobilo (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

25 Général, cet ordre, pièce à conviction de la défense D269, dont nous

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1 venons de donner lecture et qui a été émis à 1 heures 30 est-il identique

2 à l'ordre que vous avez communiqué oralement à Cerkez ?

3 M. Blaskic (interprétation). - Oui, son contenu est absolument

4 identique à celui de l'ordre que j'ai donné oralement à Cerkez, ordre de

5 combat que je lui ai communiqué oralement lors de la rencontre que j'ai

6 eue avec lui aux alentours de 18 heures 30.

7 M. Nobilo (interprétation). - D'après ce que nous avons vu, ce

8 que nous venons de voir, le 15 avril, vous avez, soit par écrit, soit

9 oralement, vous avez donc délivré en fait trois ordres : l'un à 10 heures

10 du matin, l'autre à 15 heures 45 et le troisième à 1 heures 30 du matin,

11 donc le 16 déjà.

12 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

13 M. Nobilo (interprétation). - Outre ces trois ordres, avant la

14 guerre avec les

15 Musulmans, dans la municipalité de Vitez, avez-vous donné d'autres

16 ordres ?

17 M. Blaskic (interprétation). - Non.

18 M. Nobilo (interprétation). - Auparavant, ou le 16 avril ou par

19 la suite, avez-vous jamais délivré un ordre destiné à vos subordonnés et

20 leur demandant de tuer des civils, des prisonniers de guerre, de détruire

21 des biens appartenant à des civils et des lieux de culte ?

22 M. Blaskic (interprétation). - Non, je n'ai jamais donné un

23 ordre de ce type.

24 M. Nobilo (interprétation). - A votre avis, de toutes les

25 manières possibles, mais logiques, si l'on devait interpréter ces trois

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1 ordres écrits ou oraux, pourrait-on déduire donc de ces trois ordres les

2 événements qui se sont produits à Ahmici le 16 avril 1993 ?

3 M. Blaskic (interprétation). - Non.

4 M. Nobilo (interprétation). - Nous passons maintenant au

5 16 avril 1993 au soir. Pourriez-vous décrire aux Juges quel est votre

6 premier souvenir du début de cette journée, une des journées les plus

7 cruciales de l'acte d'accusation et de cette affaire ?

8 M. Blaskic (interprétation). - Messieurs les Juges, tôt le

9 matin, vers 5 heures ou 5 heures 05 du matin, vers 5 heures, disons, j'ai

10 été réveillé par un bruit de détonation dont j'ai entendu l'écho tout près

11 de l'hôtel Vitez et dans l'hôtel même. Je me suis donc levé et j'ai

12 entendu qu'on frappait à ma porte. Slavko Marin frappait à ma porte et me

13 dit : "Il me semble que nous soyons l'objet d'une attaque."

14 J'ai demandé à l'officier de garde de me communiquer des

15 informations et il m'a dit qu'il n'avait pas d'informations complètes à me

16 donner, mais qu'il avait pris des mesures supplémentaires pour assurer la

17 sécurité et qu'il s'était adressé aux unités qui se trouvaient proches de

18 nous.

19 Juste après, Slavko Marin a demandé s'il serait approprié qu'il

20 se rende dans le sous-sol de l'hôtel afin de préparer le sous-sol pour

21 qu'il nous serve d'abri.

22 M. Nobilo (interprétation). - Qu'y avait-il dans le sous-sol de

23 l'hôtel ?

24 M. Blaskic (interprétation). - Il y avait une discothèque dans

25 le sous-sol. Cela s'appelait la discothèque "55", "le 55" et cette

Page 17693

1 discothèque avait été ouverte et elle était restée ouverte jusqu'aux

2 premières heures du matin.

3 J'ai dit à Slavko Marin que j'étais d'accord avec sa

4 proposition. Il a donc recruté toutes les personnes disponibles dans

5 l'hôtel afin d'arranger le sous-sol, afin que nous puissions y être

6 transférés.

7 M. Nobilo (interprétation). - Pourquoi êtes-vous allé dans le

8 sous-sol ? Pourquoi le quartier général devait-il être transféré et placé

9 dans le sous-sol ?

10 M. Blaskic (interprétation). - Les détonations m'ont réveillé à

11 l'hôtel et, au cours de la période qui a suivi, donc après 5 heures et ce

12 jusqu'à 6 heures 30, 7 heures du matin, d'autres détonations très fortes

13 se sont produites. On entendait des bruits de verre brisé dans l'hôtel et

14 des dégâts ont été provoqués. Par conséquent, la proposition n'a été

15 formulée par Slavko Marin qu'à cause de préoccupations de sécurité.

16 M. Nobilo (interprétation). - Veuillez poursuivre.

17 M. Blaskic (interprétation). - Eh bien, un certain temps s'est

18 écoulé et, après cela, Slavko Marin m'a fait savoir que le sous-sol était

19 prêt. Je suis arrivé entre 6 heures 30 et 7 heures. Avant mon arrivée,

20 j'ai réussi à informer l'état-major principal que nous avions été attaqués

21 ou bien, disons, que j'avais entendu des détonations venant de toute part

22 et que les détonations étaient plus fortes vers l'hôtel.

23 Lorsque je suis arrivé dans le sous-sol, il n'y avait que

24 quelques bougies allumées et trois tables que l'on avait installées de

25 façon à pouvoir travailler dans le sous-sol et j'ai dit à l'un des hommes

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1 qui avait participé à l'organisation de prendre un carnet et de noter tout

2 ce que l'on entendait et voyait. C'est ce que j'ai demandé à lui : "Il

3 faut que tu notes tout ce que tu entends et tout ce que tu vois à partir

4 d'ici."

5 M. Nobilo (interprétation). - Pourquoi avez-vous fait cela ?

6 Quelle était votre

7 motivation ?

8 M. Blaskic (interprétation). - Je voulais qu'il tienne une liste

9 en quelque sorte de tous les événements qui allaient se produire parce que

10 nous étions peu nombreux et, à ce moment-là, nous ne disposions pas d'une

11 équipe bien formée capable de tenir un registre militaire faisant état de

12 tous les événements, de tous les ordres donnés, de toutes les activités du

13 quartier général à ce moment-là.

14 Je voulais également garder une trace écrite reprenant tous les

15 événements se produisant au cours de cette période chaotique.

16 M. Nobilo (interprétation). – Poursuivez. Quelle autre mesure

17 avez-vous prise au cours de la matinée afin d'assurer la sécurité de la

18 population ?

19 M. Blaskic (interprétation). - Avant de descendre dans le sous-

20 sol, donc vers 6 heures 10, 6 heures 20, l'alerte générale a été donnée

21 dans toute la zone de Vitez. Il y avait des sirènes d'alerte. La sirène de

22 l'usine d'explosifs s'est mise en marche et toutes les autres sirènes qui

23 étaient en état de fonctionner. J'ai demandé que la sirène soit mise en

24 marche par le centre de communication.

25 J'ai ensuite étudié les possibilités qui me permettraient

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1 d'entrer en contact avec le quartier général des Nations Unies. On m'a

2 informé que les lignes de téléphone ne fonctionnaient plus. J'ai dit à

3 Slavko Marin d'appeler quartier général du 3ème Corps à Zenica afin qu'ils

4 fassent ce qu'il était dans leur pouvoir pour rétablir les lignes de

5 téléphone entre moi et le commandant du 3ème Corps d'armée et ces lignes

6 ont été rétablies à partir de 8 heures.

7 M. Nobilo (interprétation). - Qui était au quartier général ce

8 matin-là, lorsque le conflit a commencé ? Peut-on avoir le nom et le

9 prénom de ces personnes ?

10 M. Blaskic (interprétation). – Il y avait Slavko Marin, Vidjas

11 Vinski*, Zvonko Vukovic, Zoran Pilicic, Marko Prskalo et Ljubomir

12 Ljubicic. Il y avait donc environ sept personnes de l'état-major ce matin-

13 là. Les autres étaient bloquées et ne pouvaient pas se rendre

14 à leur travail.

15 M. Nobilo (interprétation). - Veuillez poursuivre. Au cours de

16 la matinée, avez-vous réussi à obtenir des informations du terrain pour

17 savoir où se trouvait très exactement le conflit ?

18 M. Blaskic (interprétation). – J'ai reçu des rapports selon

19 lesquels un conflit avait éclaté à la position de Kuber et à Poculica.

20 M. Nobilo (interprétation). – Peut-être pourriez-vous vous

21 rapprocher de la maquette et nous l'indiquer, nous indiquer les endroits

22 sur la maquette. Attendez que toutes les personnes concernées se

23 rapprochent de la maquette.

24 M. le Président. – C'est le corps d'armée de Bosnie-Herzégovine

25 qui rétablit la ligne téléphonique ?

Page 17696

1 Vous essayez de téléphoner au quartier général de l'ONU, vous ne

2 pouvez pas parce que vous n'avez plus de ligne téléphonique, d'après ce

3 que j'ai entendu. Vous essayez d'entrer au contact avec le 3ème Corps

4 d'armée. De quelle armée ?

5 M. Blaskic (interprétation). - Au cours de la matinée, avec le

6 3ème Corps de l'armée de Bosnie-Herzégovine, nous avons essayé de les

7 contacter, ce 3ème Corps d'armée, mais les lignes n'étaient pas coupées

8 avec eux, les lignes fonctionnaient encore. Cependant, les lignes entre

9 l'hôtel Vitez -qui avaient fonctionné jusqu'au 15- et le commandement des

10 Nations-Unies à Nova Bila, ces lignes-là étaient coupées. C'est

11 l'information que j'ai reçue des personnes qui travaillaient au service de

12 transmission.

13 M. Nobilo (interprétation). - Quelles étaient vos intentions ?

14 Pourquoi avez-vous ordonné à Marin d'entrer en contact avec le 3ème Corps

15 d'armée ? Quel était votre objectif ?

16 M. Blaskic (interprétation). - Je voulais que les activités de

17 combat cessent. Je voulais parvenir à un cessez-le-feu. Je lui ai demandé

18 d'appeler le commandant du 3ème Corps d'armée afin qu'il puisse lui parler

19 personnellement et qu'ils puissent débattre de cette question.

20 M. Nobilo (interprétation). - Oublions la chronologie pour un

21 instant. Au cours de la matinée et ce jusqu'à midi, les informations que

22 vous avez reçues vous ont amené à penser quoi ? En quoi consistaient-

23 elles ? Où se trouvaient les unités de l'armée de Bosnie-Herzégovine et où

24 se trouvaient les unités du HVO ? Où était la zone de conflit, la zone de

25 confrontation ? Pourriez-vous expliquer également à l'aide du modèle à

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1 quoi correspondent ces espèces de piliers rouges ?

2 M. Blaskic (interprétation). - Ce sont les positions

3 approximatives des opérations de combat ce matin-là, donc le 16 avril, à

4 Kuber.

5 Ici, il s'agit des positions de Vrana Stijena, mais également du

6 mont Kuber. Ici, nous avons Poculica, Grbavica. Ici, Jardol, ici,

7 Krcevine, Nadioci et Ahmici, le village de Bare, ensuite Kruscica,

8 Vranjska, Donja Veceriska, la zone de Gacice.

9 M. Nobilo (interprétation). – Stari Vitez est-il inclus ?

10 M. Blaskic (interprétation). - Oui, j'indique maintenant Stari

11 Vitez, ici. Puis la zone de Busovaca, Prosje, Donje Polje, et la position

12 de Kuber où se trouvait la brigade Nikola Subic-Zrinjski. Ici: dans ces

13 maisons, il y avait Kamjenace, il n'est pas présenté sur la carte. En

14 fait, généralement, c'est ce qu'on appelait Mlakica Kuce.

15 M. Nobilo (interprétation). - Vous dites qu'il s'agit là

16 d'approximations afin que nous reconnaissions la zone dans laquelle les

17 combats se sont produits. Ce n'est pas très exactement les endroits

18 reproduits très précisément.

19 En combien d'endroits, les conflits ont-ils éclaté au cours de

20 la matinée du 16 avril 1993 dans la municipalité de Busovaca ?

21 M. Blaskic (interprétation). - Il y avait environ 14 positions.

22 J'ai donné leur nom, mais elles ne sont pas bien placées sur la maquette

23 parce que les villages sont souvent très proches, donc il est difficile de

24 les montrer très précisément sur la maquette. Mais les noms que j'ai

25 donnés sont tout à fait précis. Ce sont les informations que nous avons

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1 reçues le

2 16 avril 1993.

3 M. Nobilo (interprétation). - Ceci ne se passait pas dans la

4 municipalité de Busovaca, mais dans la municipalité de Vitez ? Il semble y

5 avoir une erreur.

6 M. Blaskic (interprétation). - Dans la municipalité de Vitez, il

7 y avait toutes les positions, sauf la position qui se trouvait dans le

8 village de Bare et, ici, cette partie-là, de Kuber, Vrana Stijena et Donje

9 Polje, et Proce. Ces positions-là se trouvaient sur la municipalité de

10 Busovaca tandis que les autres se trouvaient sur la municipalité de Vitez.

11 M. Nobilo (interprétation). – Très bien. J'aimerais demander aux

12 techniciens de prendre une photographie de ces positions qui sera versée

13 au dossier demain. Vous pouvez vous rasseoir maintenant, général.

14 M. Shahabuddeen (interprétation). - Général, diriez-vous qu'une

15 ligne nord-sud, traversant la position de Kuber, séparait plus ou moins la

16 municipalité de Vitez d'une part, et la municipalité de Vitez, d'autre

17 part ?

18 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

19 M. Shahabuddeen (interprétation). - Merci.

20 M. Nobilo (interprétation). – Peut-on dire qu'une moitié de

21 Kuber était couverte par la brigade de Busovaca et l'autre moitié par la

22 brigade de Vitez et qu'en fait, plus tard, dans l'évolution des combats,

23 ces deux brigades se rencontraient au sommet ?

24 M. Blaskic (interprétation). - Oui. Le sommet lui-même de Kuber

25 était tenu par l'armée de Bosnie-Herzégovine et, nous, nous étions sur les

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1 versants du mont Kuber.

2 M. Nobilo (interprétation). - Poursuivons avec l'évolution des

3 événements au cours de cette première journée de combat.

4 M. Blaskic (interprétation). - Jusqu'a à peu près 9 heures du

5 matin, nous recevions pratiquement sans interruption des appels

6 téléphoniques, et ce de la part de la population de Vitez. Il y a eu un

7 nombre considérable de plaintes concernant l'activité des tireurs isolés.

8 Les

9 gens voulaient savoir ce qui passait et se plaignaient d'un chaos

10 généralisé.

11 J'ai demandé à Marin d'intervenir par l'intermédiaire de la

12 police civile de Vitez, d'établir un contact et je voulais que la police

13 civile fournisse davantage d'informations et contrôle davantage la

14 sécurité dans la ville, dans le centre urbain de Vitez.

15 M. Nobilo (interprétation). - Vers 8 heures 30, vous recevez un

16 appel de la part de Franjo Boras, membre du commandement suprême de

17 Bosnie-Herzégovine et qui se trouvait, à ce moment, à Zenica ?

18 M. Blaskic (interprétation). – Oui, il se trouvait à Zenica. Il

19 m'a appelé et il voulait savoir ce qui se produisait. Zenica avait été

20 bloquée déjà auparavant mais, à ce moment-là, lui-même entendait

21 probablement des explosions provenant de Kuber et de la grande périphérie

22 de Zenica. Je lui ai dit que nous avions été attaqués tôt le matin et que

23 nous entendions des explosions et que la situation n'était toujours pas

24 sous contrôle ; autrement dit que nous ne maîtrisions toujours pas

25 entièrement la situation sur le terrain.

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1 M. Nobilo (interprétation). - Avez-vous demandé qu'il

2 intervienne peut-être ?

3 M. Blaskic (interprétation). - Il était membre du commandement

4 suprême des forces armées de Bosnie-Herzégovine, et je lui ai demandé

5 d'intervenir, soit auprès du 3ème Corps, soit à Sarajevo afin que les

6 opérations de combat soit interrompues.

7 M. Nobilo (interprétation). - La brigade de Vitez a demandé un

8 soutien d'artillerie vers 8 heures 55 ?

9 M. Blaskic (interprétation). – Oui, la brigade de Vitez a

10 demandé un soutien d'artillerie à 8 heures 55. Cependant, nous n'étions

11 pas en mesure de fournir ce soutien d'artillerie à ce moment-là.

12 M. Nobilo (interprétation). - La pièce de la défense D 299, s'il

13 vous plaît ?

14 Excusez-moi, la date est le 17 avril, excusez-moi. Nous y

15 arriverons demain. Vers 9 heures, vous êtes entré en contact par téléphone

16 avec Cerkez et cela concerne la situation de

17 la caserne des pompiers ?

18 M. Blaskic (interprétation). – Oui, c'était à Stari Vitez.

19 Cerkez m'a appelé et m'a dit qu'en provenance de Stari Vitez, il y avait

20 une activité en direction de Kamenjace ou de Mlakic's Houses.

21 J'ai ordonné à Cerkez de bloquer les voies d'accès et en cas

22 d'attaque directe, en provenance de Stari Vitez contre que l'acquis chat

23 de riposter par le feu.

24 M. Nobilo (interprétation). - A 9 heures, des représentants

25 d'ONU viennent vous voir. Que veulent-ils ? Quelle décision est prise à ce

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1 moment-là ?

2 M. Blaskic (interprétation). - Ils ont pris l'initiative de cet

3 entretien qui allait se tenir le 16 avril et ils m'ont demandé de nommer

4 des hommes qui allaient participer aux négociations sur un cessez-le-feu,

5 donc des gens qui allaient représenter le commandement de la zone

6 opérationnel de Bosnie centrale. Leur objectif était de jouer le rôle de

7 médiateurs, afin de réunir les représentants de la zone opérationnelle et

8 les représentants du 3ème Corps.

9 M. Nobilo (interprétation). - Qui avez-vous nommé comme votre

10 représentant dans ces négociations ?

11 M. Blaskic (interprétation). - J'ai choisi l'adjoint du

12 président de la Commission conjointe, puisque je ne pouvais pas nommer

13 M. Nakic, j'ai donc nommé M. Marko Prskalo. Il était l'adjoint de

14 M. Franjo Nakic au sein de la Commission conjointe réunissant la zone

15 opérationnelle et le 3ème Corps. J'ai nommé également M. Zoran Pilicic.

16 M. Nobilo (interprétation). - Vers ce moment, le VOS, votre

17 service de renseignement, vous informe d'interceptions importantes. De

18 quoi s'agit-il ?

19 M. Blaskic (interprétation). - Nous avons été informés par le

20 VOS du fait qu'étaient mises sur écoute et brouillées les communications

21 entre le commandement de la zone opérationnelle et les commandants des

22 brigades, parce que le matin en question, nous communiquions par des

23 téléphones civils, ordinaires, des moyens civils que nous avions à notre

24 disposition.

25 M. Nobilo (interprétation). - S'agissant des communications et

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1 des téléphones, pouvez-vous dire à la Chambre, s'il vous plaît, dans cette

2 discothèque, de quels moyens de communication disposiez-vous ? Vous êtes

3 cinq, puisque deux sont partis aux négociations.

4 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Président, Messieurs

5 les Juges, dans cette discothèque, nous n'avions que deux simples

6 téléphones.

7 M. Nobilo (interprétation). - C'était tout pour ce qui est des

8 moyens de communication ?

9 M. Blaskic (interprétation). - Pour ce qui est des

10 communications, c'est la seule chose dont nous disposions le 15 et le 17.

11 Quant à la période ultérieure, à la place d'un des appareils téléphone,

12 nous avons eu un téléphone fax. Mais j'en parlerai plus tard. Un téléphone

13 a donc été remplacé par un appareil qui servait de téléphone et de

14 télécopie à la fois.

15 M. Nobilo (interprétation). - A 9 heures, l'artillerie ouvre un

16 feu directement sur La Poste. Pouvez-vous nous dire où se trouvaient les

17 positions de l'artillerie de l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

18 M. Blaskic (interprétation). – Oui, je peux définir ces

19 positions, c'est le plateau de Kuber, dans le sens large du terme, la zone

20 de Preocica où se trouvait un char. Il y avait d'autres positions avec des

21 mortiers. Ce qui a été touché, c'était la zone où se trouvait l'hôtel.

22 Durant cette journée-là, La Poste, elle aussi, a été touchée, le

23 bâtiment de la mairie, des maisons civiles, des familles Mlakic's. Nous

24 supposions que c'était le feu ouvert de Stari Vitez et cette maison a été

25 touchée par des obus. Les maisons se trouvant à proximité de l'église ont

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1 été touchées également à Vitez. Nous supposions également que ces obus

2 provenaient de Stari Vitez. A 9 heures 05, Kordic vous appelle. Où se

3 trouve Kordic ? Quel contact avez-vous pu établir avec lui ?

4 M. Blaskic (interprétation). - Il a téléphoné de Busovaca. Je ne

5 sais pas exactement

6 à quel endroit il se trouvait à ce moment-là. Je suppose qu'il m'appelait

7 de sa maison familiale ou de l'hôtel Vila Tisovac. Je pense qu'il

8 s'appelait comme ça. C'est ainsi que s'appelle ce bâtiment.

9 M. Nobilo (interprétation). - De quoi avez-vous parlé pendant

10 cette conversation ?

11 M. Blaskic (interprétation). - Il voulait savoir ce qui se

12 passait. Je lui ai dit qu'il y avait une activité intense d'artillerie. Je

13 lui ai cité les sites et les édifices qui avaient été touchés jusqu'alors,

14 d'après les informations dont je disposais. Je lui ai dit que je recevais

15 toujours des informations, mais que je ne savais pas précisément quelle

16 était l'évolution des événements.

17 M. Nobilo (interprétation). - A 9 heures 10, vous recevez un

18 appel de Filipovic ?

19 M. Blaskic (interprétation). – Le colonel Filipovic a appelé de

20 Travnik, il voulait connaître la situation. Je lui ai demandé de prendre

21 contact avec le général Alagic. Je lui ai demandé de tenter d'obtenir une

22 coopération pour le gros des forces ne partent pas de Travnik contre nous.

23 M. Nobilo (interprétation). - A 9 heures 15, vous êtes appelé

24 par le prêtre catholique ?

25 M. Blaskic (interprétation). - Il avait déjà téléphoné

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1 auparavant, il m'avait demandé d'intervenir auprès du commandement d'ONU,

2 parce qu'un char de la Forpronu était entré dans la cour de Vitez.

3 Il avait dirigé son canon contre la porte de l'église. J'avais

4 rédigé une lettre de protestations adressée au commandant de l'ONU au

5 sujet de cet incident. Mais, par la suite, j'avais appris que le

6 commandant d'ONU avait réagi suite à cette plainte, que les Musulmans

7 bosniens étaient retenus dans cette église en tant qu'otages, ce qui

8 n'était pas exact.

9 M. Nobilo (interprétation). – Mais vous n'avez reçu cette

10 information que plus tard, nous ne le saviez pas au moment où vous avez

11 réagi ?

12 M. Blaskic (interprétation). – Oui, bien plus tard, dix jours

13 plus tard peut-être.

14 M. Nobilo (interprétation). - A 9 heures 25, le commandant de

15 l'artillerie vous informe enfin qu'il est prêt à agir ?

16 M. Blaskic (interprétation). – Oui. Il a envoyé une information

17 disant qu'il était à agir d'après nos ordres.

18 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous nous dire ce que cela

19 signifie quand quelqu'un se tient prêt à agir en fonction des nécessités,

20 ou des événements ?

21 M. Blaskic (interprétation). - Si un commandant avait besoin

22 d'artillerie, il téléphonait au commandement ou il me téléphonait à moi, à

23 l'hôtel, au sous-sol et il me disait qu'il avait besoin d'un soutien

24 d'artillerie sur une position donnée.

25 Nous analysions cette position, la position demandée par le

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1 commandement en question et, par la suite, je transmettais personnellement

2 cette demande au commandant du bataillon d'artillerie.

3 Cette personne qui commandait le bataillon d'artillerie, après

4 avoir vérifié la possibilité de réaliser ce feu qui était demandé, me

5 répondait en me disant s'il était possible ou non de satisfaire à notre

6 demande. Par la suite, nous émettions l'ordre d'exécution pour que ce feu

7 soit ouvert. Militairement parlant, nous agissions sans plan concernant

8 l'activité d'artillerie, ce qui ralentissait la procédure.

9 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous nous dire pourquoi

10 vous n'avions pas de plan d'action d'artillerie, et pouvez-vous nous dire

11 en quoi il accélère l'activité de l'artillerie.

12 M. Blaskic (interprétation). - Nous n'avions pas ce plan parce

13 que nous n'avions pas prévu un conflit, nous nous attendions un conflit de

14 cette portée.

15 M. Nobilo (interprétation). - Vous n'avez pas prévu de conflit

16 contre qui ?

17 M. Blaskic (interprétation). - Contre le 3ème Corps. Bien

18 entendu, ce genre de plan n'existait dans aucune des brigades du HVO. Bien

19 entendu, ce genre de plan accélère l'action. Puisque si ce plan avait

20 existé, le commandant n'aurait eu qu'à demander : objectif 1.

21 Moi, je n'aurais eu qu'à répondre : accorder soutien d'après ou vers

22 l'objectif 1.

23 M. Nobilo (interprétation). - Si l'on traduit cela dans un

24 langage non militaire, est-ce à dire que les objectifs militaires

25 obtiennent des numéros ?

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1 M. Kehoe (interprétation). – Monsieur le Président, ne serait-ce

2 pas mieux que le témoin réponde de ses propres mots, qu'il dise ce qu'il

3 pense et ce qu'il ne pense pas.

4 M. le Président. – Oui, je pense que à, Maître Nobilo, pouvait

5 légitimement poser la question comme il l'entend. Je pense que Me Nobilo

6 voulait nous traduire, en langage non militaire. Je pense qu'il voulait

7 aider les juges. Maître Nobilo, n'est-ce pas ?

8 M. Nobilo (interprétation). – Oui.

9 M. le Président. – Maître Nobilo est devenu un stratège

10 militaire. Il a beaucoup de chance. Il sait que les Juges ne sont pas des

11 stratèges militaires, donc il retraduisait la réponse du témoin.

12 Poursuivez votre question, Maître Nobilo.

13 M. Nobilo (interprétation). - Pourriez-vous expliquer, par vos

14 propres mots, à nous qui ne sommes pas des spécialistes, ce que cela

15 signifie de déterminer par avance les objectifs ?

16 M. Blaskic (interprétation). - Cela signifie qu'il existe une

17 carte avec des positions clairement marquées sur cette carte.

18 M. Nobilo (interprétation). - Les positions de qui ?

19 M. Blaskic (interprétation). - Les positions ennemies. Cette

20 carte porte les cotes pour chaque objectif et porte les corrections

21 nécessaires au feu d'artillerie pour chaque objectif. Autrement dit, cela

22 permet de réagir plusieurs fois plus rapidement le feu que lorsque ce plan

23 d'action de l'artillerie n'existe pas.

24 M. Nobilo (interprétation). – Lorsque ce plan n'existe pas, est-

25 ce que celui qui agit avec ses pièces d'artillerie doit d'abord calculer

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1 et ensuite tirer ?

2 M. Blaskic (interprétation). – Oui, mais non seulement cela,

3 mais le supérieur qui

4 demande ce soutien et le commandant d'artillerie doit nommer des personnes

5 qui vont faire de la reconnaissance, en fait qui vont observer et voir où

6 l'impact a eu lieu. C'est donc considérablement plus lent.

7 M. Nobilo (interprétation). - C'est donc exactement cela qui se

8 produit. Vous tirez une première fois et que se passe-t-il par la suite ?

9 M. Blaskic (interprétation). - Dès que cela a été fait et dès

10 que j'ai été informé par le commandant de l'unité d'artillerie que le feu

11 avait été effectué, j'ai téléphoné au commandant Cerkez, commandant de la

12 brigade Viteska. Je lui ai demandé d'observer le lieu de l'impact. Par la

13 suite, j'ai transmis son rapport au commandant de l'artillerie pour que

14 cette correction puisse être effectuée. Nous faisions toujours des

15 observations à deux reprises : une première fois de l'unité qui accorde le

16 soutien et, une deuxième fois, de l'unité d'artillerie qui fournit ce

17 soutien. Des unités qui demandent et des unités qui fournit le soutien.

18 M. Nobilo (interprétation). - A 9 heures 50, Prskalo revient

19 d'une réunion à la Forpronu. Quelles sont les informations qu'il vous

20 apporte ?

21 M. Blaskic (interprétation). – Marko Prskalo est arrivé et m'a

22 informé que la réunion se tiendrait vers 12 heures. Mais il m'a dit que

23 les représentants d'ONU lui avaient demander de leur préciser comment ce

24 conflit avait commencé. Ils souhaitaient obtenir les informations

25 complètes sur les positions d'où l'action était menée. Marko m'a dit qu'il

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1 n'a pu leur raconter que ce qu'il avait vécu lui-même le matin en

2 question, à savoir qu'il avait été attaqué par l'armée de Bosnie-

3 Herzégovine.

4 M. Nobilo (interprétation). - A 9 heures 55, l'armée de. Bosnie-

5 Herzégovine amène des forces fraîches en direction de Vitez. D'où

6 viennent-elles ?

7 M. Blaskic (interprétation). – Ces forces arrivent en provenance

8 de Zenica et vont vers Kuber et Vjetrenize.

9 M. Nobilo (interprétation). - A 10 heures, vous parlez au

10 téléphone à Mijo Bozic

11 qui est le commandant de la brigade Josic Bjelacic de Kiseljak.

12 M. Blaskic (interprétation). – Oui, j'ai parlé à Mijo Bozic. Je

13 lui ai demandé la prudence compte tenu des activités de combat, et compte

14 tenu des événements dans la municipalité de Busovaca. Il m'a informé que

15 les positions de Kalica Brdo, de Lisova Brdo, de Svinja Revo et de

16 Gomionica étaient déjà entre les mains des forces de l'armée de Bosnie-

17 Herzégovine.

18 M. Nobilo (interprétation). – A 10 heures 05, vous donnez

19 l'ordre à l'artillerie de se mettre à créer ce plan d'action de

20 l'artillerie que vous n'aviez pas concernant l'action contre l'armée de

21 Bosnie-Herzégovine ?

22 M. Blaskic (interprétation). – Oui, je leur ai demandé non

23 seulement de faire ce plan, mais aussi je leur ai dit que personne ne

24 pouvait donner l'ordre d'ouvrir ce feu, le feu d'artillerie, sauf moi.

25 J'ai dit que le commandant du bataillon d'artillerie ne pouvait

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1 qu'exécuter les ordres que j'allais donner. J'ai demandé de tenir compte

2 des zones de sécurité.

3 Il faut savoir que la ligne de front n'était toujours pas

4 clairement tracée, que ces opérations ...

5 M. Nobilo (interprétation). - Quand vous avez demandé que l'on

6 tienne compte des zones de sécurité, que signifient ces zones de sécurité

7 dans un contexte militaire quand il s'agit de l'utilisation de

8 l'artillerie ?

9 M. Blaskic (interprétation). - Cela veut dire que seuls les

10 objectifs pour lesquels on est sûr, même avec une certaine marge d'erreur,

11 qu'il ne peut pas y avoir d'erreur majeure. On ne vise que ces objectifs-

12 là.

13 M. Nobilo (interprétation). - Que seules les cibles pour

14 lesquelles on est sûr que des dégâts majeurs ne peuvent pas se produire

15 doivent être visées, mais c'est plutôt le contraire, non ?

16 M. Blaskic (interprétation). – Non, c'est que si on n'est pas

17 sûr de pouvoir

18 s'acquitter de sa mission correctement et si l'on suppose que l'on peut

19 manquer la cible, que dans ce cas-là, on n'agisse pas. Il était libre de

20 me dire : nous ne pouvons pas exécuter cet ordre, ou répondre à cette

21 demande parce que des erreurs peuvent se produire.

22 M. Nobilo (interprétation). - Mais qui protégeait-on de cette

23 manière-là, lorsqu'on manquait une cible par exemple? Qui cherchait-on à

24 protéger ?

25 M. Blaskic (interprétation). - Avant tout, on protège les forces

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1 déjà entrées en contact parce qu'il s'agit de pièces d'artillerie d'assez

2 grand calibre et on protège également certains villages, des civils.

3 M. Nobilo (interprétation). - Le moment est peut-être venu de

4 définir le type d'artillerie que possédait le bataillon d'artillerie, que

5 vous commandiez directement et nous voulons savoir s'il y avait aussi des

6 pièces d'artillerie sous le commandement des unités inférieures, des

7 brigades ou des unités spéciales ?

8 M. Blaskic (interprétation). - Sous mon commandement direct,

9 nous avions des obusiers, à l'époque sans munitions, obusier de

10 233 millimètres et deux obusiers de 152 millimètres et un obusier de

11 122 millimètres. Nous avions deux mortiers de 120 millimètres et un lance-

12 roquettes multiple de 128 millimètres avec 32 canons mais sans projectile.

13 Au niveau des brigades, pour ce qui est des pièces d'artillerie, nous

14 avions des mortiers de 120 millimètres.

15 Il y en avait aussi de 82 millimètres à certains endroits, mais

16 ils étaient classés comme pièces d'infanterie et non pas d'artillerie. Et

17 il y avait des mortiers de 60 millimètres également. Il s'agit là d'armes

18 d'infanterie. Pour ce qui est des pièces servant à la lutte antichars,

19 nous avions un canon de 76 millimètres. On l'appelait ZIS.

20 M. Nobilo (interprétation). - Lorsque vous parlez de vos ordres

21 concernant l'action de l'artillerie, cela concerne quelles pièces, les

22 obusiers et les mortiers, les deux pièces de 120 millimètres, mais cela ne

23 concerne pas les autres pièces de moindres calibres, n'est-ce pas, les

24 autres mortiers ?

25 M. Nobilo (interprétation). – Non. Quant au mortier de 120

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1 millimètres, cela ne les concerne pas non plus, ceux qui sont dans les

2 brigades.

3 Parce que certaines brigades avaient des mortiers de

4 120 millimètres. Moi, je ne commandais que le bataillon d'artillerie

5 mixte.

6 M. Nobilo (interprétation). - A 10 heures 05, vous recevez un

7 nouveau coup de fil de Filipovic de Travnik. Est-ce qu'il est parvenu à un

8 nouvel accord là-bas ?

9 M. Blaskic (interprétation). - Il m'a dit qu'il n'a pas pu

10 parler au commandant Alagic, mais qu'il s'employait toujours à établir ce

11 contact. J'ai appris que, de Travnik, les membres de la 17ème Brigade de

12 Krajina étaient en train d'être regroupés.

13 M. Nobilo (interprétation). - A 10 heures 12, vous avez un

14 entretien avec Baresic de la brigade du HVO de Zenica. Quelles sont les

15 informations qu'il vous apporte ? Il s'agit d'une conversation par

16 téléphone, si je ne me trompe pas ?

17 M. Blaskic (interprétation). – Oui, c'est une conversation par

18 téléphone. Il m'a dit qu'il y avait des regroupements de force à Zenica et

19 qu'il y avait des mouvements de force de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

20 M. Nobilo (interprétation). – Quel est l'ordre que vous lui

21 donnez ?

22 M. Blaskic (interprétation). – A ce moment-là, je lui ai donné

23 l'ordre de suivre ces mouvements et de nous informer de leur destination.

24 Je lui ai également dit de prendre certaines mesures d'alerte et vérifier

25 toutes les informations pouvant lui parvenir de la zone de Zenica.

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1 M. Nobilo (interprétation). - A 10 heures 15, il y a un appel de

2 Darko Kraljevic. De quoi vous informe-t-il ?

3 M. Blaskic (interprétation). - Il m'a dit qu'il avait trois

4 soldats morts et j'ai également appris, de la brigade Nikola Subic-

5 Zrinjski, qu'il avait sept soldats tués.

6 M. Nobilo (interprétation). - A 10 heures 15, quand Darko

7 Kraljevic vous dit que trois de ses soldats sont tués, ce sont des membres

8 des Vitezovi? Est-ce exact ?

9 M. Blaskic (interprétation). – Oui.

10 M. Nobilo (interprétation). - A 10 heures 17, vous établissez le

11 contact avec Petkovic, le grand état-major en Bosnie-Herzégovine ?

12 M. Blaskic (interprétation). – Oui, j'entre en contact avec le

13 chef du grand état-major et je lui apprends que les lignes de front ne

14 sont toujours pas stabilisées. Je lui dis que nous essayons d'arrêter

15 l'avancée de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

16 M. Nobilo (interprétation). – Par quels moyens avez-vous

17 communiqué avec le grand état-major ?

18 M. Blaskic (interprétation). - Avec le téléphone ordinaire.

19 M. Nobilo (interprétation). - A 10 heures 30, vous parlez encore

20 une fois à Dario Kordic ?

21 M. Blaskic (interprétation). – Oui, c'est une nouvelle

22 conversation que nous avons. Nous échangeons nos informations sur la

23 situation et sur les événements survenus dans notre zone.

24 M. Nobilo (interprétation). - A 10 heures 45, vous essayez

25 d'obtenir des informations de la brigade Viteska, n'est-ce pas. Que leur

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1 demandez-vous ?

2 M. Blaskic (interprétation). - En fait, ce sont eux qui

3 demandent des pièces, des armes antichars. Alors, j'ai vérifié si nous

4 disposions de ce genre d'armes dans notre base logistique. J'ai appris que

5 nous n'en avions pas pour le moment dans notre base logistique de

6 Stojkovic.

7 M. Nobilo (interprétation). - Pourrait-on interrompre

8 maintenant ?

9 M. le Président. – C'est la césure qui vous apparaît la plus

10 utile, maître Nobilo ? Si vous pensez que vous avez besoin de quelques

11 minutes. Comme vous préférez.

12 M. Nobilo (interprétation). - Si vous êtes d'accord, Monsieur le

13 président, nous pourrions-nous en tenir là. Mon témoin est assez fatigué,

14 il a du mal à parler.

15 M. le Président. - C'est vrai que cela doit être un exercice

16 bien fatigant. Nous allons nous retrouver. D'autant que demain matin et

17 tous les vendredi, avec la nouvelle formation collégiale que nous avons,

18 nous commencerons demain matin à 9 heures pour une longue matinée. Je

19 rassure les interprètes nous ferons deux pauses. L'audience est levée.

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21 L'audience est levée à 17 heures 45.

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