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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL Affaire IT-95-14-T
2 POUR LEX-YOUGOSLAVIE
3
4 LE PROCUREUR
5 c/
6 Tihomir BLASKIC
7 Jeudi 25 février 1999
8
9 Laudience est ouverte à 10 heures 25.
10 M. le Président. - Veuillez-vous asseoir.
11 Bien, je voudrais que l'on introduise le général Blaskic, cela
12 ne vous dérange pas ?
13 Et, puis, on peut peut-être demandé à un de nos fidèles
14 assistants... Nul n'étant mieux servi que par soi-même car, quand je
15 m'amène mon dossier, au moins, je suis sûr de l'avoir. J'avais confié à
16 quelqu'un de m'amener mon dossier et, finalement, je ne l'ai pas. Si l'on
17 peut le chercher, cela serait très gentil, merci beaucoup.
18 Je salue les interprètes.
19 L'interprète. - Bonjour, Monsieur le Président.
20 M. le Président. - Je salue les conseils de la défense, de
21 l'accusation. Je salue bien sûr l'accusé qui, je l'espère, s'est reposé.
22 M. Blaskic (interprétation). Bonjour, Monsieur le Président.
23 Oui, je me suis
24 reposé. Je me porte bien.
25 M. le Président. - Greffier, ces problèmes de sortie un peu
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1 aérée en fin de journée seront-ils résolus ?
2 M. Dubuisson. Ils le sont déjà.
3 M. le Président. - Dans ces conditions, je vous en remercie.
4 Cela permettra au témoin, puisqu'il s'agit donc d'un témoin, de pouvoir
5 témoigner dans les meilleures conditions.
6 Nous sommes toujours -je le dis à l'intention du public- dans
7 l'interrogatoire principal de l'accusé qui est ici considéré comme un
8 témoin et qui, je le rappelle, est sous serment.
9 Même si je n'ai pas encore mes notes, je crois que nous pouvons
10 quand même commencer.
11 M. Nobilo (interprétation). Bonjour, Monsieur le Président.
12 Vos notes arrivent.
13 M. le Président. - J'ai tout dans ma tête depuis 22 mois, mais
14 je préfère quand même avoir quelques notes. Je vous remercie. Nous pouvons
15 donc commencer.
16 M. Nobilo (interprétation). Hier, vers la fin de l'audience,
17 vers la fin de votre déposition hier, nous nous sommes arrêtés à une
18 réunion que vous avez considérée comme très importante réunissant les
19 représentants de la zone opérationnelle et du 3ème Corps. Elle s'est tenue
20 à Zenica le 26 mars 1993 à 11 heures. Pouvez-vous nous dire comment s'est
21 déroulée cette réunion, qui était présent et quelles ont été les
22 conclusions de cette réunion, s'il y en a eu ?
23 M. Blaskic (interprétation). Cette réunion a été présidée par
24 le général Tia, l'adjoint au commandant de l'ECMM pour les Etats de
25 l'ex-Yougoslavie. Cette réunion a été coprésidée par le chef de l'ECMM,
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1 M. Thébault.
2 Devant l'armée de Bosnie-Herzégovine y étaient présents
3 M. Vehbija Karic, membre du commandement, de l'état-major suprême de
4 l'armée de Bosnie-Herzégovine, et également le commandant du 1er Corps,
5 dont le surnom était italien. Il était commandant du
6 1er Corps.
7 M. Nobilo (interprétation). - S'agit-il du défunt
8 Mustafa Hajrulanovic ?
9 M. Blaskic (interprétation). - Oui, le commandant du 2ème Corps
10 d'armée de Bosnie-Herzégovine, M. Sadic. L'adjoint du commandant du
11 3ème Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine, Dzemal Merdan, aurait dû
12 participer à cette réunion, également le commandant du 3ème Corps, mais il
13 était en retard.
14 Ensuite, le président du Comité exécutif du SDA pour la
15 Bosnie-Herzégovine, du parti d'action démocratique, M. Mirsad Ceman -il
16 était plutôt secrétaire exécutif de ce parti-, le président du Comité
17 régional du SDA pour la région de Zenica, M. Hodzic ou Hadzic, le
18 Président du SDA pour la municipalité de Zenica et, du côté de la police,
19 de la police civile musulmane bosnienne, le chef Asim Fazlic.
20 Devant le peuple croate était présent le membre de la Présidence
21 de guerre de la République de Bosnie-Herzégovine qui était en même temps
22 membre du commandement suprême des forces armées de Bosnie-Herzégovine,
23 M. Franjo Boras, également M. Franjo Nakic, le chef de l'état-major de la
24 zone opérationnelle de Bosnie-Herzégovine. Etait présent également le chef
25 de la police civile du département de la police de Travnik.
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1 M. le Président. - Vous pouvez dire les noms, puisque vous avez
2 commencé à dire les noms, notamment le chef d'état-major de la Bosnie
3 centrale, M. Boras, M. Nakic, c'est votre adjoint, nous sommes d'accord?
4 M. Blaskic (interprétation). Oui, Monsieur le Président.
5 M. Nakic était le chef de l'état-major au sein du commandement dont
6 j'étais le commandant.
7 M. le Président. - Vous avez dit le chef d'état-major, c'est
8 cela?
9 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
10 M. le Président. - D'accord, allez-y.
11 M. Blaskic (interprétation). Le chef de la police civile du
12 département de la
13 police de Travnik, M. Ivo Rezo ; le président du HDZ de la communauté
14 démocratique croate, M. Josip Pojavnik, il s'agit du HDZ pour Zenica et je
15 pense qu'était également présent M. Dominik Sakic, l'adjoint du Président
16 de l'assemblée municipale de Zenica.
17 A l'ordre du jour de la réunion étaient inscrits l'examen et
18 l'adoption d'un communiqué commun, d'un rapport commun de la Commission
19 conjointe qui était constituée de M. Nakic et M. Merdan. Mais cette
20 réunion a démarré d'une manière légèrement différente.
21 Dès le début, le général Dure, en s'adressant à tous les
22 participants, a insisté sur l'importance de la réunion en disant que les
23 conclusions de celle-ci allaient être adressées dans dix-sept pays de
24 l'Union européenne. Il a assuré de son plein soutien la Commission
25 conjointe. En prenant la parole lors de cette réunion, moi-même, j'ai dit
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1 que le problème principal était celui de la route Kiseljak-Busovaca,
2 fermée depuis 61 jours, en dépit de tous les accords passés.
3 Par la suite, j'ai dit qu'un poste de douane a été ouvert pour
4 les Croates de Zepce et d'Usora et que 30 % étaient prélevés, 30 % sur les
5 recettes étaient prélevés pour le 3ème Corps.
6 J'ai dit également, lors de cette réunion, que l'on a bloqué la
7 ville de Vares à Kakanj et que ceci a été fait par le commandement de la
8 309ème Brigade de l'armée de Bosnie-Herzégovine. J'ai ajouté que les
9 membres de la 7ème Brigade musulmane à Zenica défile tous les matins dans
10 les rues et provoque ainsi la peur auprès de la population croate de la
11 ville de Zenica.
12 J'ai insisté aussi sur le fait qu'il y a eu des cambriolages
13 d'appartements : des gens sont rentrés de force dans les appartements
14 croates et les ont chassés de là. Mais le problème principal était que ce
15 fait de déloger les Croates se faisait avec l'appui des décisions
16 temporaires qui étaient délivrées par les autorités municipales de Zenica.
17 Et j'ai dit que trois soldats ont été tués par des membres de la
18 7ème Brigade musulmane et ces soldats étaient des soldats du HVO.
19 La question suivante que j'ai ouverte était la question du
20 blocus de Kiseljak. L'ensemble des Croates de la municipalité de Kiseljak
21 n'avait aucune liberté de mouvement, ne pouvait pas sortir hors de la
22 municipalité de Kiseljak s'ils ne parvenaient pas à se munir d'un permis
23 de circulation, et ce permis était délivré par la municipalité musulmane
24 bosnienne de Bilalovac. Or, l'accès à Bilalovac, à partir de Kiseljak,
25 était rendu impossible. Mais cela posait un grand problème à Kiseljak.
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1 Monsieur Thébault a souligné que les unités extérieures
2 n'avaient pas été retirées des municipalités de Kiseljak et Busovaca et
3 que donc cette obligation n'a pas été honorée.
4 M. Nobilo (interprétation). - Quand vous parlez d'unités
5 extérieures, à quoi pensait M. Thébault quand il en a parlé ?
6 M. Blaskic (interprétation). - Il entendait les unités qui
7 étaient déployées sur le territoire des municipalités de Kacuni,
8 Bilalovac, et qui avaient été amenées de Zenica et de Visoko.
9 M. Nobilo (interprétation). - Et qui appartenait à laquelle des
10 parties ?
11 M. Blaskic (interprétation). - C'étaient des unités de l'armée
12 de Bosnie-Herzégovine.
13 M. Nobilo (interprétation). - A cette occasion, a-t-il également
14 fait par des conclusions de l'équipe conjointe concernant Busovaca ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Oui, ce rapport de l'équipe
16 conjointe chargée de Busovaca était exposé et on a notamment souligné dans
17 ce rapport qu'il y avait des marques d'indiscipline du côté des
18 commandants.
19 M. Nobilo (interprétation). - De quel côté ?
20 M. Blaskic (interprétation). - Des deux côtés, c'était cela, la
21 conclusion de la Commission conjointe.
22 Monsieur Thébault a notamment rendu hommage à Dzemo et à
23 M. Nakic pour les
24 efforts qu'ils avaient déployés en essayant de mettre en place les ordres
25 conjoints sur le terrain.
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1 M. Nobilo (interprétation). Et M. Thébault, qu'a-t-il proposé
2 comme tâches à accomplir ultérieurement par cette Commission conjointe ?
3 M. Blaskic (interprétation). Monsieur Thébault a proposé, a
4 demandé que l'on exécute tous les ordres conjoints et ceci dans leur
5 totalité, en respectant les délais qui avaient été précisés, qui étaient
6 précisés dans les ordres conjoints. Il a également proposé que nous
7 échangions réciproquement nos officiers de liaison.
8 M. Nobilo (interprétation). - A un moment, Hadzihasanovic qui
9 est en retard se joint à vous. Pouvez-vous nous dire pour quelle raison il
10 est arrivé en retard ? Que lui est-il arrivé ?
11 M. Blaskic (interprétation). - Pendant la première moitié à peu
12 près de la réunion, le commandant du 3ème Corps est arrivé. Il nous a
13 présenté ses excuses et il nous a dit qu'il avait assisté à la réunion de
14 la Présidence de guerre de Bosnie-Herzégovine à Sarajevo. Il nous a dit
15 qu'en revenant de Sarajevo, en passant par Krescevo et Kiseljak, à
16 Kiseljak même, il avait été retenu. Il a dit qu'il avait été amené par le
17 commandant de Kiseljak, qu'il était amené dans la caserne et il m'a
18 remercié d'être intervenu parce que, dès qu'il a été amené avec une
19 escorte, il a pu poursuivre son chemin en direction de Zenica.
20 M. Nobilo (interprétation). - Comment peut-il savoir que c'est
21 vous qui avez aidé ?
22 M. Blaskic (interprétation). - Lorsque le commandant du
23 3ème Corps a été interpellé par le commandement du HVO de Kiseljak, il a
24 dit au commandant du HVO de Kiseljak qu'il était pressé et qu'il devait se
25 rendre à une réunion à Zenica avec M. Blaskic. Il m'a appelé, moi
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1 personnellement, à l'Hôtel international -je pense que c'était l'Hôtel
2 international à Zenica- et je suis donc intervenu pour qu'une escorte lui
3 soit donnée, que sa sécurité soit assurée et qu'il puisse poursuivre son
4 voyage vers Visoko, Kakanj et Zenica.
5 M. Nobilo (interprétation). - Merdan affirme que les Musulmans
6 continuent à
7 quitter Busovaca, est-ce exact ?
8 M. Blaskic (interprétation). - Oui. Merdan a dit que les
9 tensions étaient très fortes à Busovaca et que les Musulmans quittaient
10 Busovaca en direction de Zenica, ou bien en direction de Fojnica.
11 M. Nobilo (interprétation). - Essayons de résumer : des
12 représentants de la police civile, Ivo Rezo et Fazlic prennent part à la
13 discussion. Ce sont des représentants de la police civile du côté croate
14 et du côté musulman. De quoi ont-ils parlé ?
15 M. Blaskic (interprétation). - L'une des conclusions exposées
16 par M. Thébault était qu'il fallait régler la question des postes de
17 contrôle, et M. Fazlic, le chef de la police civile, donc du côté musulman
18 bosnien, a dit qu'il fallait reconnaître la situation réelle, que deux
19 ministères des Affaires intérieures étaient en place, l'un le MUP de la
20 République de la Bosnie-Herzégovine et l'autre celui de la communauté
21 croate d'Herceg-Bosna.
22 Mais ce que lui cherchait à obtenir était une attitude
23 professionnelle eu égard aux tâches à accomplir du côté de la police
24 civile et une coordination, une coopération maximale entre la police
25 civile du côté musulman bosnien et du côté du peuple croate.
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1 C'est le chef de l'administration de la police, Ivo Rezo, qui
2 lui a répondu. C'était le chef de la police civile du côté croate. Ce
3 qu'il lui a dit, c'était qu'un seul MUP existait au niveau de l'Etat de la
4 Bosnie-Herzégovine et que la communauté croate d'Herceg-Bosna ne disposait
5 que d'un département, un département du ministère de l'Intérieur.
6 Rezo a souligné que depuis de longues années, il connaissait
7 M. Fazlic. Il a dit qu'ils avaient coopéré au sein de la police civile
8 avant que le conflit n'éclate et qu'il espérait pouvoir établir une bonne
9 coopération et une relation très professionnelle et une attitude très
10 professionnelle concernant les tâches de la police civile.
11 Rezo a insisté sur le fait que sur le territoire de onze
12 municipalités couvertes par le département de l'administration de la
13 police de Travnik agissait la police civile de la communauté croate
14 d'Herceg-Bosna et que, malheureusement, dans ces onze municipalités, la
15 police civile du ministère de l'Intérieur de l'Etat de Bosnie-Herzégovine
16 ne fonctionnait pas.
17 A l'issue de cette discussion, le membre du commandement suprême
18 des forces armées de Bosnie-Herzégovine, M. Vehbija Karic, nous a informés
19 du fait que sa tâche essentielle était d'organiser et de structurer les
20 forces armées de Bosnie-Herzégovine sur les territoires libres. Il a
21 proposé également les conclusions qui devaient être adoptées à cette
22 réunion. Avant tout, il fallait constituer des postes de contrôle qui
23 allaient être entre les mains de la police civile de la communauté croate
24 d'Herceg-Bosna et du MUP de Bosnie-Herzégovine.
25 Ensuite, il a demandé de prendre toutes les mesures pour
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1 empêcher des actes d'indiscipline de la part des individus et de la part
2 des chefs locaux. Il évoquait notamment le problème de la perception des
3 taxes aux postes de contrôle. Il a également dit que les médias devaient
4 être utilisés pour calmer les tensions et pour stabiliser la situation
5 générale. Il a souligné que l'accord signé entre M. Izetbegovic et
6 M. Boban représentait une bonne base pour continuer une coopération.
7 M. Nobilo (interprétation). - Merci. Nous pourrions peut-être
8 maintenant passer à autre chose. C'était une réunion très importante, il y
9 avait beaucoup de participants, mais je vous invite maintenant à passer à
10 la journée du 29 mars 1993. Au cours de cette journée, vous avez manifesté
11 votre mécontentement. Je demanderai donc que le document D261 soit remis
12 au témoin, s'il vous plaît.
13 M. Nobilo (interprétation). - Nous n'allons pas lire le
14 document, nous allons simplement rappeler que le 29 mars 1993, comme on
15 peut le voir à partir de ce document, vous avez envoyé à M. Enver
16 Hadzihasanovic, une lettre de protestation portant sur l'assassinat de
17 deux membres de la police militaire du HVO à Cajdras, le 28 mars 1993 et,
18 manifestement, les responsables de cet acte étaient des membres de la
19 7ème Brigade musulmane. A la fin de cette lettre de plainte, vous demandez
20 que le 3ème Corps établisse une commission chargée d'enquêter sur les
21 circonstances de ces assassinats.
22 Confirmez-vous que vous êtes l'auteur de ce document ?
23 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
24 M. Nobilo (interprétation). - Et que l'événement s'est produit
25 tel qu'il est décrit dans le document ?
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1 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
2 M. Nobilo (interprétation). - C'était tout à fait bref.
3 Passons maintenant à la date du 30 mars 1993, lorsque vous êtes
4 allé en Bosnie-Herzégovine pour participer à une réunion à laquelle
5 participait le responsable du département de la Défense, Bruno Stojic.
6 Vous y êtes resté jusqu'au 2 avril ?
7 M. le Président. - J'ai le document sous les yeux. Je ne sais
8 pas si vous y reviendrez. Il est bien dit dans ce document signé de
9 l'accusé que la 7ème brigade musulmane doit être démantelée. Je voudrais
10 montrer ce document à mes collègues. Nous sommes d'accord, général
11 Blaskic.
12 Vous avez demandé le démantèlement complet de cette brigade
13 musulmane à l'occasion de cet incident ?
14 M. Nobilo (interprétation). Oui, les motifs de cette demande ?
15 M. Blaskic (interprétation). Oui, Monsieur le Président,
16 Messieurs les Juges, effectivement j'ai demandé que la 7ème Brigade
17 musulmane soit démantelée dans les meilleurs délais, c'était une des
18 principales causes de désaccord entre les populations croates et
19 musulmanes dans la région de Bosnie centrale qui rendait parfois la
20 coopération... le comportement de cette 7ème Brigade rendait parfois la
21 coopération impossible entre la zone opérationnelle et l'armée de Bosnie-
22 Herzégovine.
23 M. Nobilo (interprétation). - Le commandant du 3ème Corps,
24 M. Hadzihasanovic,
25 que vous a-t-il dit sur cette 7ème Brigade musulmane?
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1 M. Blaskic (interprétation). Lors d'une réunion dont je
2 parlerai plus tard, il a déclaré que la 7ème Brigade musulmane avait été
3 créée sur la base de la religion.
4 M. Nobilo (interprétation). - Un instant, s'il vous plaît.
5 M. le Président. - Vous pouvez reprendre. J'échangeais avec mon
6 collègue.
7 M. Nobilo (interprétation). Ma question était donc la
8 suivante : que vous a dit le commandant du 3ème Corps d'armée de Bosnie-
9 Herzégovine, Enver Hadzihasanovic, lors d'une réunion que vous avez eue
10 avec lui sur la 7ème Brigade musulmane?
11 M. Blaskic (interprétation). - Il m'a dit que la 7ème Brigade
12 musulmane avait été constituée sur une base religieuse et qu'en fait, elle
13 avait été constituée de personnes venant de tous les pays du monde ou des
14 quatre coins du monde. Et les membres de la 7ème Brigade musulmane étaient
15 frères de par leur religion, quel que soit leur pays d'origine.
16 Il a également confirmé que lui-même avait établi une certaine
17 distance entre lui et l'attitude et la conduite de la 7ème Brigade
18 musulmane.
19 M. Nobilo (interprétation). Eu égard à cette brigade et à
20 d'autres unités, celle des Moudjahidin, l'unité Latif, etc., avez-vous eu
21 l'impression qu'il y avait eu un système parallèle de commandement et
22 qu'il n'y avait pas une unité de commandement d'après les propos tenus par
23 M. Hadzihasanovic.
24 M. Blaskic (interprétation). - D'après ce qu'il m'a dit, le
25 7 avril 1993, lors d'une réunion organisée à Kakanj, j'ai compris qu'il y
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1 avait un système double, parallèle de commandement, du côté de l'armée de
2 Bosnie-Herzégovine.
3 M. Nobilo (interprétation). - Mais de quoi s'agissait il ?
4 M. Blaskic (interprétation). - Eh bien, il parlait de l'unité
5 des Moudjahidin de la 7ème Brigade musulmane, plus précisément de l'unité
6 El Moudjahid, l'unité des Cygnes noirs également, l'unité Abdul Latif et
7 d'autres unités spéciales encore, et la 4ème Brigade musulmane.
8 M. Rodrigues. - Est-ce que vous vous souvenez du nom du
9 commandant de cette 7ème Brigade ?
10 M. Blaskic (interprétation). - Messieurs les Juges, je ne crains
11 de ne pouvoir me souvenir maintenant.
12 M. Nobilo (interprétation). - Peut-être, puis-je aider ?
13 A une certaine époque, Serif Patkovic était-il commandant de la
14 7ème Brigade ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Oui, effectivement. Il est devenu
16 commandant de la 7ème Brigade à un moment donné. Mais lorsque la
17 7ème Brigade musulmane a été constituée, c'était une autre personne qui
18 était à sa tête, je crois me souvenir de son surnom... mais j'ai dû mal,
19 en fait, à m'en souvenir.
20 M. Nobilo (interprétation). - Par conséquent, le 30 mars 1993,
21 vous êtes allé en Herzégovine pour assister à une réunion avec le
22 responsable du département de la Défense, Bruno Stojic, il y avait
23 également Petkovic entre autres, et vous êtes revenu vers le 2 avril 1993
24 à Vitez. Pouvez-vous nous expliquer brièvement pourquoi vous êtes allé en
25 Herzégovine et pourquoi vous êtes revenu le 2 avril particulièrement ?
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1 M. Blaskic (interprétation). - Je suis allé à cette réunion
2 parce que j'avais deux problèmes à résoudre. Il fallait d'abord parler de
3 la réunion qui s'était tenue à Zenica, et communiquer les conclusions de
4 cette réunion au chef d'état-major et puis également au département de la
5 Défense et à son responsable. Pendant toute la période que nous avons
6 passée à discuter, il y avait des combats assez intenses, sur la ligne de
7 front de Travnik, D'Usora, de Maglaj et d'Olovo.
8 M. Nobilo (interprétation). - Qui était l'agresseur ?
9 M. Blaskic (interprétation). - Des attaques étaient lancées par
10 les Serbes sur ces lignes de front. J'ai demandé des renforts et de l'aide
11 du chef du grand état-major et du responsable de la section logistique.
12 Lors d'une réunion précédente, le 18 mars, j'avais été informé
13 par les commandants de brigade qu'il y avait environ deux cents balles par
14 fusil, ce qui n'était pas suffisant pour participer à des opérations de
15 combat.
16 M. Nobilo (interprétation). - Dans l'ordre chronologique des
17 événements, nous ne nous sommes pas concentrés sur vos activités sur la
18 ligne de front face à l'armée serbe. Quels fronts étaient actifs à
19 l'époque et dans quelle mesure étiez-vous responsable des fronts actifs
20 contre les Serbes ?
21 M. Blaskic (interprétation). - Le front de Travnik était actif à
22 l'époque. C'était un front qui faisait environ 80 kilomètres. Il y avait
23 également le front d'Usora au nord de Tesanj, la ligne de front, en tout
24 cas, était au nord de Tesanj. Il y avait également le front de Maglaj,
25 d'Olovo, et la situation était critique. D'après les informations que je
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1 recevais, parce que la ville d'Olovo risquait de chuter. Il y avait
2 également la ligne de front de Gorazde ou des actes de provocation étaient
3 perpétrés, mais il n'y avait pas de mouvement de soldats à Busovaca entre
4 l'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO à l'époque.
5 M. Nobilo (interprétation). - Donc vous parlez d'Olovo et de
6 Gorazde. Vous avez assisté les soldats qui se trouvaient sur ce front en
7 leur apportant équipement et assistance logistique. Avez-vous participé à
8 d'autres combats sur d'autres fronts ?
9 M. Blaskic (interprétation). Effectivement, dans la mesure du
10 possible, j'ai participé aux combats sur la ligne de front de Travnik,
11 d'Usora et, en face de Zepce, sur la ligne de front de Maglaj.
12 M. Nobilo (interprétation). - Le 2 avril, vous êtes revenu en
13 Bosnie centrale. Pourquoi y être revenu ce jour-là précisément ?
14 M. Blaskic (interprétation). - Ce jour-là, j'avais une réunion
15 avec le responsable du département de la défense. Il m'a averti en me
16 disant que je devrais repartir d'où j'étais venu, immédiatement, parce que
17 l'armée de Bosnie-Herzégovine risquait de couper toutes les routes à
18 nouveau entre Mostar et Vitez.
19 M. Nobilo (interprétation). - En Bosnie centrale, dans votre
20 quartier général, vous êtes là-bas sur place le 3 avril. Vous receviez des
21 informations, à 8 heures 30 du matin, portant sur les affrontements avec
22 l'armée de Bosnie-Herzégovine ?
23 M. Blaskic (interprétation). Oui. Ce matin-là, on m'a informé
24 que la 333ème Brigade de l'armée de Bosnie-Herzégovine avait augmenté sa
25 préparation aux combats et qu'un certain nombre de ces soldats avait lancé
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1 une attaque à partir de Kacuni vers Prosje contre les défenseurs du HVO.
2 M. Nobilo (interprétation). Deux membres de la police
3 militaire ont était tués ce jour-là, du HVO n'est-ce pas ?
4 M. Blaskic (interprétation). - Oui c'est vrai. Effectivement,
5 ils ont été tués par des membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine.
6 M. Nobilo (interprétation). - Ce jour-là, vous avez reçu des
7 informations sur les affrontements à Konjic qui était limitrophe de votre
8 zone opérationnelle. Qui étaient les protagonistes de cet affrontement ?
9 M. Blaskic (interprétation). - Des unités du 4ème Corps de
10 l'armée de Bosnie-Herzégovine qui combattaient des membres du HVO de
11 Konjic.
12 M. Nobilo (interprétation). - Les affrontements qui avaient
13 commencé au mois de janvier se répétaient donc à ce moment-là ?
14 M. Blaskic (interprétation). Oui, effectivement les conflits
15 avaient éclaté en janvier, vers le 19 janvier, le 12 janvier, et ils
16 reprenaient au mois d'avril les lignes de front de Konjic redevenaient
17 actives à ce moment-là ?
18 M. Nobilo (interprétation). - Et ce jour-là, vous avez eu une
19 réunion avec les membres de Zenica n'est-ce pas ? M. Holman, M. Baresic et
20 M. Totic. Pouvez-vous nous en parler brièvement, quelles informations
21 avez-vous reçues de Baresic ?
22 M. Blaskic (interprétation). - L'une des questions que j'ai
23 soulevée au cours de cette réunion devant le responsable de la défense de
24 Mostar était la suivante : je souhaitais que le HOS ait la possibilité
25 d'être intégré au HVO mais sur une base individuelle.
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1 J'ai déclaré à Holman que les personnes dont le casier
2 judiciaire n'était vierge ne pourraient pas être versées dans les rangs du
3 HVO de Zenica, mais qu'une période transitoire pouvait être aménagée,
4 seulement s'ils recevaient un accord écrit du commandant de la
5 314ème Brigade du 3ème Corps de l'armée de Bosnie-Herzégovine.
6 Je lui ai également dit que je devais faire face à de nombreux
7 problèmes, que moi aussi, dans mes propres rangs, j'avais des criminels.
8 Je parlais alors de personnes qui étaient membres des forces du HVO et qui
9 s'adonnaient à certaines attitudes criminelles ou à certains actes
10 criminels.
11 M. Nobilo (interprétation). Et Baresic, quelles informations
12 vous a-t-il communiquées de Zenica ?
13 M. Blaskic (interprétation). Baresic était assez inquiet à
14 cause de la naissance de la 7ème Brigade musulmane et de l'aggravation des
15 tensions, et il a déclaré qu'en l'espace de 48 heures, l'armée de Bosnie-
16 Herzégovine, à son avis, allait de Zenica lancer une attaque contre le
17 HVO.
18 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez reçu des informations ce
19 jour-là portant sur la demande formulée par des civils de Busovaca et
20 demandant de pouvoir être autorisé à quitter la ville de Busovaca. Seuls
21 les Musulmans voulaient partir ou certains Croates voulaient également
22 s'en aller ? Qu'en savez-vous ?
23 M. Blaskic (interprétation). - C'était la première information
24 que j'ai reçue de Busovaca. La demande disait que 73 Croates et
25 69 Musulmans bosniens souhaitaient quitter Busovaca et se rendre à
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1 l'étranger. Les Musulmans bosniens étaient d'accord pour se rendre sur des
2 territoires contrôlés par l'armée de Bosnie-Herzégovine.
3 M. Nobilo (interprétation). - Ce jour-là, vous avez pris
4 certaines sanctions disciplinaires notamment vis-à-vis des unités de
5 reconnaissance qui créaient un certain nombre de problèmes dans la région
6 de Kaonik. Selon le rapport, combien de soldats ont été soumis à des
7 sanctions disciplinaires dans cette unité de reconnaissance ?
8 M. Blaskic (interprétation). - En une seule semaine, quatorze
9 sanctions ont dû être imposées et l'unité de reconnaissance de la brigade
10 Nikola Subic-Zrinjski a fait l'objet de onze sanctions contre onze soldats
11 donc de cette unité.
12 M. Nobilo (interprétation). - Et combien de soldats y avait-il
13 dans ce groupe ?
14 M. Blaskic (interprétation). Il y en avait vingt. Un certain
15 nombre d'entre eux avait déjà été sanctionnés par le passé.
16 M. Nobilo (interprétation). - A Kiseljak, des réfugiés croates
17 ont commencé à arriver, d'où venaient-ils ?
18 M. Blaskic (interprétation). - Au début du mois d'avril, des
19 Croates ont commencé à arriver de Konjic, de la municipalité de Konjic, à
20 Kiseljak.
21 M. Nobilo (interprétation). Pourquoi ? Que s'est-il passé sur
22 place ?
23 M. Blaskic (interprétation). - En fait, il y a eu une attaque
24 lancée par l'armée de Bosnie-Herzégovine et ces personnes ont été
25 expulsées des villages de Pozetva, Jasenik et d'autres villages croates
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1 encore qui se trouvaient sur la municipalité de Konjic. Cette municipalité
2 et la municipalité de Fojnica sont limitrophes.
3 M. Nobilo (interprétation). - Le début du mois d'avril a
4 également marqué le début de la formation de la brigade de Vitez. Vous
5 avez reçu des rapports vous informant de la progression de la brigade de
6 Vitez. Pouvez-vous nous dire qui vous a envoyé ce rapport entre autres ?
7 M. Blaskic (interprétation). J'ai eu une réunion, et le chef
8 d'état-major, Franjo Nakic, m'a informé que la situation s'était aggravée
9 pour ce qui est de la formation de la
10 brigade de Vitez. Dans ce domaine là, pratiquement rien n'avait été fait,
11 même pas en théorie.
12 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez vu M. Schmidt ce
13 jour-là, qui voulait se rendre à la prison de Kaonik. Comment avez-vous
14 résolu ce problème ?
15 M. Blaskic (interprétation). Monsieur Schmidt est venu me
16 rendre visite et m'a demandé de rédiger un permis écrit lui permettant de
17 visiter la prison militaire de district de Kaonik. Je lui ai répondu que
18 je ne pouvais pas délivrer des permis de visite dans la prison militaire
19 de district de Kaonik et que cela ne relevait pas de mes compétences, mais
20 qu'il devait plutôt essayer de contacter le Président du Tribunal
21 militaire de district, M. Zeljko Percinlic, qui pouvait, lui, délivrer ce
22 genre de permis.
23 M. Nobilo (interprétation). - A qui appartenait M. Schmidt, à
24 quelle organisation ? Vous en souvenez-vous ?
25 M. Blaskic (interprétation). - Je pense, mais je n'en suis pas
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1 tout à fait certain, qu'il était membre de la Croix-Rouge internationale
2 ou bien de la Mission de contrôle de la communauté européenne. L'un ou
3 l'autre.
4 M. Nobilo (interprétation). - Le 5 avril, vous supervisiez
5 l'occupation des tranchées. (L'interprète se corrige.) Vous avez ordonné
6 de faire combler les tranchées, pourquoi l'avez-vous fait ?
7 M. Blaskic (interprétation). - Je m'entretenais quotidiennement
8 avec M. Nakic et j'ai délivré un ordre au commandement de la brigade
9 Nikola Subic-Zrinjski demandant que les tranchées soient comblées,
10 l'objectif étant de stabiliser de normaliser les rapports entre la
11 333ème Brigade de l'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO de Busovaca afin
12 que les rapports entre ces deux entités puissent s'améliorer.
13 M. Nobilo (interprétation). Ces tranchées ont été creusées
14 dans la région de Busovaca, n'est-ce pas ? Elles constituaient une sorte
15 de ligne de front entre l'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO, n'est-ce
16 pas ?
17 M. Blaskic (interprétation). Oui.
18 M. Nobilo (interprétation). - Ce jour-là, vous avez eu une
19 réunion avec M. Thébault. Que vous a-t-il dit ? Quelle était son opinion,
20 l'opinion qu'il a formulée ce jour-là ?
21 M. Blaskic (interprétation). - Cette réunion a été très brève.
22 Il a souligné particulièrement que les tensions étaient assez fortes dans
23 la région et que la raison de cette instabilité était les commandants
24 locaux et que les commandants locaux représentaient une grande menace pour
25 les deux côtés. Il parlait sans doute des membres de l'armée de Bosnie-
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1 Herzégovine et des membres du HVO.
2 M. Nobilo (interprétation). - Le lendemain, le 6 avril, et
3 pendant plusieurs semaines -mais nous n'en avons pas parlé-, des étrangers
4 ont commencé à poser problèmes, des étrangers qui avaient été arrêtés et
5 emprisonnés par la police. Ce jour-là, vous avez eu une discussion sur ce
6 problème et la façon dont il pouvait être réglé. Pourriez-vous nous en
7 dire plus, nous ébaucher la situation ?
8 M. Blaskic (interprétation). - Le problème résidait dans le fait
9 que dans la région de Bosnie centrale, il arrivait fréquemment que des
10 étrangers viennent, des étrangers qui étaient équipés d'un matériel de
11 terroristes, c'est-à-dire d'explosifs, de détonateurs, de couteaux,
12 d'armes blanches, etc.
13 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous définir davantage
14 cette situation ? D'où venaient le plus fréquemment ces étrangers ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Le plus fréquemment, ils venaient
16 de pays arabes, et la police militaire ainsi que la police civile avaient
17 reçu l'ordre de leur commandement supérieur de priver ces étrangers de
18 liberté, de leur confisquer leur équipement et de les déporter hors du
19 territoire de la Bosnie-Herzégovine.
20 En Bosnie centrale, nous avons eu des problèmes, car il était
21 impossible de réaliser
22 ces déportations.
23 M. Nobilo (interprétation). - En raison de quoi ?
24 M. Blaskic (interprétation). - Les routes étaient bloquées par
25 l'armée de Bosnie-Herzégovine et il était donc impossible de faire le
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1 trajet jusqu'à Mostar pour réaliser ces déportations.
2 M. Nobilo (interprétation). Est-il exact qu'à ce moment-là se
3 trouvaient dans les prisons un certain nombre d'arabes qui avaient été
4 arrêtés.
5 M. le Président. Une petite seconde, nous avons un petit
6 changement chez nos amis qui font la transcription. Ils ont un petit
7 problème. Voulez-vous assurer le changement maintenant ? Oui ? D'accord ?
8 Allez, allez vous soigner, vous rétablir. Ne pleurez pas.
9 Voilà, on peut reprendre. Y a-t-il eu un blanc ? Allez vous
10 soigner maintenant.
11 On continue merci.
12 M. Nobilo (interprétation). Y avait-il à Kaonik un certain
13 nombre de citoyens arabes, étrangers placés en détention ?
14 M. Blaskic (interprétation). - Oui, il y en avait qui étaient
15 arrêtés. Mais le dirigeant de la police militaire m'a informé ce jour-là
16 qu'il avait conclu un accord avec les représentants de la Croix-Rouge
17 quant au fait que les citoyens étrangers seraient déportés en
18 collaboration avec la Croix-Rouge.
19 M. Nobilo (interprétation). - Ce n'est peut-être pas le plus
20 important mais, ce jour-là, vous émettez un ordre relatif à une lettre de
21 félicitations. A qui s'adressait-elle ?
22 M. Blaskic (interprétation). - C'était une lettre de
23 félicitations adressées à tous les membres de l'armée de Bosnie-
24 Herzégovine à l'occasion de leur fête la plus importante, leur fête
25 religieuse, le Bayram, compte tenu du fait qu'ils étaient de confession
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1 musulmane.
2 M. Nobilo (interprétation). - A Vares -nous n'en avons pas
3 parlé pour aller plus
4 vite-..., vous êtes informé de la situation vécue par les Musulmans de
5 Vares, n'est-ce pas ?
6 M. Blaskic (interprétation). - C'est une information qui, si je
7 ne me trompe, a même été diffusée par les moyens d'information locaux. Une
8 information quant au fait que les Musulmans bosniens se distinguaient de
9 l'action des extrémistes qui se trouvaient dans leurs rangs.
10 M. Nobilo (interprétation). - Ce jour-là, le 6 avril 1993, vous
11 établissez un plan de travail pour la totalité du mois. Pourriez-vous dire
12 quels étaient les éléments principaux de ce plan ?
13 M. Blaskic (interprétation). - Dans un plan antérieur, il était
14 prévu que je m'absente à la fin du mois d'avril, c'est la raison pour
15 laquelle j'ai prévu les tâches fondamentales suivantes : d'abord le
16 contrôle des lignes de front, ensuite la définition d'un certain nombre
17 d'ordres détaillés relatifs à la période de Pâques.
18 Troisièmement, la consolidation des cadres, c'est-à-dire le
19 renforcement des mesures disciplinaires internes et l'analyse des causes
20 d'insoumission dans les différents commandements.
21 Autre ligne directrice : renforcer la participation de la police
22 militaire en interne, essayer d'empêcher les différents groupes de
23 criminels de communiquer les uns avec les autres. Ensuite, évaluation du
24 travail réalisé par les membres du commandement de la zone opérationnelle,
25 entraînement au maniement des armes pour les jeunes gens qui n'avaient
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1 jamais accompli leur service militaire, information quant au contenu des
2 documents relatifs au combat et à la façon dont il convenait d'utiliser
3 ces documents ; ces manuels, informations qui devraient être dispensées
4 aux soldats dans les niveaux hiérarchiques inférieurs, ensuite,
5 vérification de l'aptitude au combat et augmentation de cette aptitude et
6 information, instruction au sujet du commandement.
7 Nous avons prévu d'organiser des séminaires destinés aux soldats
8 de niveau
9 hiérarchique inférieur et j'avais prévu de vérifier le travail de la base
10 logistique, notamment des services techniques de cette base. Nous avions
11 également prévu de réaliser un inventaire annuel des moyens matériels et
12 techniques mis à notre disposition.
13 Nous avions également prévu de mettre en place un service chargé
14 du transport qui n'existait pas encore dans la zone opérationnelle de
15 Bosnie centrale.
16 M. Nobilo (interprétation). - Le lendemain, le 7 avril 1993,
17 vous avez une réunion toute spéciale à Kakanj avec les représentants du
18 3ème Corps d'armée. Quand je dis particulière, je veux dire que c'est la
19 dernière réunion de ce genre avant l'éclatement du conflit du 16 avril.
20 Pourriez-vous nous dire brièvement qui a participé à cette réunion ?
21 M. Blaskic (interprétation). - La réunion a été assez longue,
22 elle a été présidée par M. Thébault. Elle s'est tenue à Kakanj. Y ont
23 assisté le commandant du 3ème Corps d'armée, Enver. Il y avait également
24 Dzemo, il y avait le chef de la police civile, Asim Fazlic, et
25 représentant le HVO, il y avait Franjo Nakic ; il y avait également le
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1 commandant de la police civile de Travnik, Ivo Rezo et cette réunion s'est
2 tenue sur l'ordre du jour suivant :
3 * Suppression de tous les barrages routiers sur les routes,
4 * Séparation des forces qui s'affrontaient, c'est-à-dire les
5 forces de l'armée de * Bosnie-Herzégovine et le HVO,
6 * Retrait des forces amenées sur les lieux de l'extérieur,
7 * Comblement des tranchées,
8 * Retour des réfugiés, des personnes expulsées.
9 A cette réunion de Kakanj, M. Thébault a mis l'accent sur deux
10 problèmes particuliers, premièrement le problème des barrages routiers et
11 deuxièmement le problème du comblement des tranchées.
12 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que le commandement du
13 3ème Corps d'armée, Enver Hadzihasanovic, a parlé de la 7ème Brigade
14 musulmane au moment de cette réunion,
15 intervention dont vous avez parlée, il y a quelques instants.
16 M. Blaskic (interprétation). - Oui, c'est lors de cette réunion,
17 à la fin de la réunion, qu'Enver Hadzihasanovic a déclaré qu'il craignait
18 que la 7ème Brigade musulmane n'ait la possibilité d'entreprendre des
19 actions qu'il ne souhaitait pas appuyer, entériner.
20 Après cela, M. Dzemo Merdan a déclaré que ces actions, actions
21 indésirables de la part de la 7ème Brigade musulmane, risquaient d'être des
22 à l'arrestation d'Arabes, c'est-à-dire de frères de religion, de frères en
23 religion, qui étaient membres de cette 7ème brigade musulmane. Ivo Rezo a
24 également participé à ce moment de la discussion en soutenant que la
25 police agissait selon les lois de la République de Bosnie-Herzégovine et
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1 effectuait la déportation de toute personne chez qui elle découvrait des
2 moyens, des objets interdits par la loi. Suite à quoi la police décidait
3 qu'il convenait de déporter ces personnes.
4 Enver a déclaré, ensuite, qu'à son avis, la 7ème brigade
5 musulmane risquait d'entreprendre un certain nombre d'actions dont il
6 disait à l'avance qu'il ne les entérinait pas. J'ai pris la parole pour
7 dire que la 7ème Brigade musulmane faisait partie du 3ème Corps d'armée et
8 Enver a rétorqué que c'était exact, mais que cette brigade était composée
9 de citoyens étrangers, qu'ils avaient tous la même religion et qu'ils
10 étaient tous frères en religion et que, lui, Enver, ne pouvait pas
11 garantir leur action, leur attitude.
12 M. Nobilo (interprétation). - Le lendemain, vous vous êtes
13 trouvé à Travnik, il s'agit donc du 8 mars 93, vous étiez à Travnik à une
14 réunion avec des représentants civils. Cette réunion étant assez
15 importante et risquant de donner lieu à un exposé assez long, je pense que
16 la pause serait appropriée.
17 M. le Président. Nous allons faire 20 minutes de pause. Je
18 vous rappelle qu'aujourd'hui, nous avons commencé à 10 heures 15, nous
19 irons donc j'espère que les interprètes n'y verront pas d'inconvénient
20 mais je vais leur faire des propositions honnêtes- nous irons donc jusqu'à
21 13 heures 15 pour respecter nos trois heures, et par contre, nous
22 recommencerons à 14 heures 45 jusqu'à 17 heures 45. Tout le monde est
23 d'accord ?
24 L'audience, suspendue 11 heures 25, est reprise à 12 heures.
25 M. le Président. - L'audience est reprise. Veuillez vous
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1 asseoir.
2 Alors, Maître Nobilo, nous abordons le 8 avril, c'est cela ?
3 M. Nobilo (interprétation). - C'est exact, Monsieur le
4 Président, le 8 avril, date qui a souvent été évoquée au cours de nos
5 débats. En avril a eu lieu une réunion régulière des organes civils du
6 pouvoir et vous avez participé à cette réunion. Pouvez-vous expliquer la
7 nature de cette réunion, à quelle fréquence vous participiez aux réunions
8 des instances du pouvoir civil et décrire le déroulement de cette
9 réunion ?
10 M. Blaskic (interprétation). - A cette réunion ont participé des
11 représentants du peuple croate au Parlement de la République de
12 Bosnie-Herzégovine, des députés et des représentants du HDZ de la Bosnie
13 centrale ainsi que des représentants du conseil croate de défense pour les
14 municipalités de Bosnie centrale.
15 M. Nobilo (interprétation). - Lorsque vous dites "des
16 représentants du conseil croate de défense", s'agit-il d'une instance
17 civile ou militaire ?
18 M. Blaskic (interprétation). - Il s'agissait exclusivement de
19 représentants du pouvoir civil, de civils. Ces personnes, ces
20 représentants du pouvoir civil tenaient des réunions de coordination à peu
21 près une fois par mois, quelquefois deux.
22 Et ce jour-là, j'ai été invité à la réunion pour informer les
23 participants de la situation militaire courante en Bosnie centrale.
24 M. Nobilo (interprétation). - Avant cela, est-ce qu'il vous
25 arrivait fréquemment de participer à ces réunions et à quel moment vous
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1 avez participé à une réunion avec les représentants du pouvoir civil pour
2 la dernière fois ?
3 M. Blaskic (interprétation). - La dernière fois que j'assistais
4 à une réunion de ce type, c'était le 22 septembre 1992. Le
5 22 septembre 1992, cette réunion s'était tenue à Busovaca. Je n'assistais
6 pas à ces réunions hormis quand j'y étais invité et, si je recevais une
7 invitation, je m'y rendais. Dans le cas contraire, je m'occupais de mes
8 tâches militaires et n'assistais pas à leur réunion.
9 M. Nobilo (interprétation). - Nous n'allons pas nous appesantir
10 sur cette réunion mais, en tout cas, vous avez reçu, autour de 15 heures,
11 des informations particulières au sujet de la situation à Konjic. Quelles
12 étaient ces informations ? Vous ont-elles inquiété ?
13 M. Blaskic (interprétation). - Elles m'ont inquiété
14 effectivement, car le service de renseignements militaires avait reçu un
15 message selon lequel des attaques se poursuivaient à Konjic émanant de
16 l'armée de Bosnie-Herzégovine, selon lequel les villages croates étaient
17 en train de tomber et les personnes expulsées. Les réfugiés se dirigeaient
18 vers Kiseljak et Fojnica et, pour partie, vers le sud.
19 M. Nobilo (interprétation). Aux alentours de 18 heures, vous
20 receviez plusieurs informations au sujet de la situation de Travnik qui
21 devenait inquiétante. Que s'est-il passé à Travnik ?
22 M. Blaskic (interprétation). - Cet après-midi-là, une unité
23 complète de l'armée de Bosnie-Herzégovine qui comportait entre trois cents
24 et cinq cents soldats a été amenée à la caserne de Travnik. C'était le
25 premier événement marquant. Après cela, l'armée de Bosnie-Herzégovine a
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1 ouvert le feu sur des civils croates qui traversaient la ville de Travnik,
2 qui décoraient les rues de la ville à l'occasion de la fête de Pâques
3 M. Nobilo (interprétation). Avec quoi décoraient-ils les
4 rues ?
5 M. Blaskic (interprétation). - Dans les rues les plus
6 importantes, aux carrefours, ils mettaient des petits drapeaux croates aux
7 côtés des drapeaux du peuple musulman bosnien qui avaient déjà été placés
8 à ces endroits pour célébrer la fête du Bayram.
9 Après tout cela, des coups de feu ont été tirés par une
10 patrouille de l'armée de Bosnie-Herzégovine dans la ville de Travnik, au
11 niveau du Tribunal militaire de district.
12 M. Nobilo (interprétation). - Le même jour, mais un peu plus
13 tard, des forces pénètrent dans l'hôpital de Travnik, des forces de
14 l'armée de Bosnie-Herzégovine. Pouvez-vous dire où se trouve cet hôpital
15 et ce que représente cette entrée pour l'armée de Bosnie-Herzégovine ?
16 M. Blaskic (interprétation). - Pour l'armée de Bosnie-
17 Herzégovine, il s'agissait de contrôler la ville de Travnik au sens
18 militaire du terme. Cela signifiait également que l'armée de Bosnie-
19 Herzégovine pouvait stationner ses propres forces à l'arrière des forces
20 du HVO qui défendaient le secteur N° 2 de la ville de Travnik. Il
21 s'agissait de Mescema Kraljevice.
22 Je peux vous montrer ces endroits sur la maquette, si c'est
23 nécessaire.
24 M. Nobilo (interprétation). - Ce n'est peut-être pas absolument
25 indispensable pour le moment, nous y reviendrons éventuellement.
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1 Passons à la date du 9 avril 1993, date à laquelle vous envoyez
2 une lettre de protestation à Enver Hadzihasanovic.
3 M. Blaskic (interprétation). - J'ai envoyé une lettre de
4 protestation dans laquelle j'estimais ma surprise de constater que les
5 drapeaux représentant le peuple croate étaient incendiés dans la ville de
6 Travnik même si, avant cela, très peu de temps avant, il y n'y avait qu'un
7 seul drapeau sur ces supports, à savoir le drapeau du peuple bosnien
8 musulman en l'honneur de la fête du Bayram même, et je disais m'attendre à
9 ce que le commandant du 3ème Corps d'armée, Enver, réagisse positivement,
10 c'est-à-dire fasse ce qu'il convenait de faire pour réduire les tensions
11 et empêcher la multiplication de ces incidents dans la ville de Travnik.
12 M. Nobilo (interprétation). - Mais aux alentours de 12 heures,
13 M. Nakic a des problèmes aux abords de la mosquée, ce même jour. Malgré
14 tout cela, que vous a dit Ilija Nakic et qui était-il ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Ilija Nakic était un commandant
16 de la brigade Franko Pan qui était en cours de création et, aux alentours
17 de 12 heures, Ilija Nakic m'informe que pendant la nuit du 8 au 9 avril,
18 aux alentours de 22 heures, l'armée de Bosnie-Herzégovine avait, à
19 l'entrée de la ville de Travnik, près de la mosquée appelée Sarena Djamja,
20 arrêté quatre hommes, quatre officiers de la région de Travnik qui avaient
21 été interrogés, soumis à divers sévices et que c'est seulement sur
22 intervention de la brigade de Travnik que ces officiers ont pu être remis
23 en liberté, intervention à l'égard de l'armée de Bosnie-Herzégovine.
24 M. Nobilo (interprétation). - A peu près au même moment, vous
25 recevez des informations inquiétantes de Busovaca en ce qui concerne les
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1 positions de l'armée de Bosnie-Herzégovine et les projets de cette armée.
2 M. Blaskic (interprétation). - Oui, nous avons reçu ces
3 informations qui portaient à la fois sur Busovaca et Kiseljak. Dans ces
4 informations, il était stipulé ce qui suit, je cite :
5 "Quand nous en aurons fini avec Konjic et Gornji Vakuf, il ne
6 restera pas une pierre à Busovaca ou à Kiseljak".
7 M. Nobilo (interprétation). - A l'évidence, il s'agissait d'une
8 menace. Qui, selon vos informations, était l'auteur de cette menace ? Et à
9 l'encontre de qui était dirigée cette menace de façon à ce que les choses
10 soient tout à fait claires?
11 M. Blaskic (interprétation). Cette menace émanait de membres
12 de l'armée de Bosnie-Herzégovine et elle était dirigée contre les membres
13 du HVO et contre les peuples croates des municipalités de Busovaca et
14 Kiseljak.
15 M. Nobilo (interprétation). - A 12 heures 45, au sujet d'un
16 nouveau incident et cette fois-ci, M. Thébault était partie prenante à
17 l'incident.
18 M. Blaskic (interprétation). - Ce jour-là, M. Thébault se
19 déplaçait sur une route qui arrivait de Travnik. Il ne m'a pas dit s'il
20 sortait de Travnik ou s'il se dirigeait vers Travnik. En tout cas,
21 l'incident s'est passé à Puticevo où M. Thébault effectuait un contrôle au
22 niveau d'un
23 barrage routier. Un soldat ivre, appartenant au HVO, a dirigé son arme
24 personnelle sur M. Thébault en lui adressant des paroles menaçantes, très
25 grossières, pour lui demander pour quelles raisons M. Thébault effectuait
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1 ce contrôle, pourquoi il espionnait, etc. J'ai demandé des
2 éclaircissements au sujet de cet incident. J'ai reçu des informations
3 suite à ma requête et j'ai pris des mesures.
4 M. Nobilo (interprétation). - Le même jour, à 13 heures, à
5 Travnik ?
6 M. le Président. - Ce soldat était de quel groupe, s'il vous
7 plaît ? Je n'ai pas fait attention.
8 M. Blaskic (interprétation). Monsieur le Président, ce soldat
9 était membre du HVO.
10 M. le Président. Continuez.
11 M. Nobilo (interprétation). - Nouvelle question au sujet d'un
12 nouvel incident qui est survenu à Travnik à 13 heures : il s'agit d'une
13 tentative de meurtre contre un officier.
14 M. Blaskic (interprétation). - Ce jour-là, un officier
15 appartenant à la brigade de Travnik circulait dans un véhicule de fonction
16 et a été arrêté au barrage routier érigé tout près de la
17 mosquée Sarena Djamja. Après vérification de son identité, de ces papiers
18 d'identité, après avoir fouillé son véhicule, cet officier continue son
19 trajet dans la direction de Vitez. Mais des coups de feu tirés par un
20 fusil automatique Kalachnikov sont tirés par un membre de l'armée de
21 Bosnie-Herzégovine contre cet officier et contre son véhicule.
22 M. Nobilo (interprétation). - Le jour en question un accord a-t-
23 il été passé pour que l'armée de Bosnie-Herzégovine quitte le bâtiment du
24 sanatorium qui surplombe la ville de Travnik ?
25 M. Blaskic (interprétation). Oui. En fait l'armée s'était
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1 installée dans l'unique hôpital de la zone. C'était l'eau l'unique hôpital
2 de Travnik.
3 M. Nobilo (interprétation). - Ce jour-là, c'était la veille du
4 week-end de Pâques, vous vous rendez chez vous à Brestovsko, dans la
5 municipalité de Kiseljak. Comment effectuez-vous ce trajet ?
6 M. Blaskic (interprétation). - Je suis rentré chez moi en
7 quittant les lieux, devant l'hôtel Vitez, par deux véhicules blindés du
8 bataillon britannique de l'ONU. Ils m'ont transporté chez moi à Kiseljak.
9 M. Nobilo (interprétation). Pendant les fêtes de Pâques, vous
10 avez rendu visite à un des commandants de l'armée de Bosnie-Herzégovine,
11 pouvez-vous nous dire brièvement de qui il s'agit ?
12 M. Blaskic (interprétation). - J'ai rendu visite à la famille
13 Drinjak, c'était un de nos amis.
14 M. Nobilo (interprétation). - Il était de quelle religion ?
15 M. Blaskic (interprétation). - C'étaient des Musulmans bosniens.
16 Mais à chaque fois, qu'il y avait des fêtes, nous nous rendions visite
17 mutuellement parce qu'il s'agit d'une famille que je connais depuis mon
18 service militaire à la JNA. Nous sommes restés amis.
19 M. Nobilo (interprétation). Monsieur Drinjak, il occupait quel
20 poste à l'époque, il avait quelle fonction ?
21 M. Blaskic (interprétation). - Pour autant que je sache, il
22 était commandant d'une brigade de l'armée de Bosnie-Herzégovine qui était
23 incorporée au 1er Corps de l'armée de Bosnie-Herzégovine.
24 M. Nobilo (interprétation). Connaissez-vous exactement le nom
25 de cette brigade ou savez-vous uniquement qu'il était son commandant ?
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1 M. Blaskic (interprétation). - Cette brigade a été à un moment
2 au sein du 3ème Corps, puis elle a été intégré au sein du 1er Corps.
3 M. Nobilo (interprétation). Toujours au sein de l'armée de
4 Bosnie-Herzégovine ?
5 M. Blaskic (interprétation). Oui, tout à fait. Je ne connais
6 pas exactement le numéro que portait cette brigade.
7 M. Nobilo (interprétation). - Donc après ces fêtes, le
8 12 avril... C'était un lundi, c'est la dernière semaine avant que n'éclate
9 la guerre entre Croates et Musulmans, guerre qui éclate dès le jeudi et
10 qui s'étend dans les jours qui suivent.
11 Pouvez-vous nous dire où vous êtes ce lundi, le 12 avril ?
12 M. Blaskic (interprétation). - Jusqu'à midi ou à peu près
13 jusqu'à midi, je suis à Kiseljak. Après, en empruntant donc les véhicules
14 de la Forpronu, je fais le trajet de Kiseljak à Vitez. A partir de
15 13 heures et durant cet après-midi, je me trouve à l'hôtel Vitez. C'est la
16 fête de Pâques, on fait une réception qui est donnée à l'occasion de
17 Pâques à l'hôtel Vitez.
18 M. Nobilo (interprétation). - Quant à Bayram qui a eu lieu
19 quelques jours plutôt et qui est la plus grande fête musulmane, vos
20 représentants étaient présents à cette fête et vous avez même fait cadeau
21 d'une jeep.
22 Pouvez-vous nous dire pour Pâques, donc une fête catholique,
23 est-ce qu'il y a eu un représentant quelconque de l'armée de Bosnie-
24 Herzégovine qui se soit rendu à votre fête ?
25 M. Blaskic (interprétation). Non mais, quant aux fêtes de Noël
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1 de 1992 à 1993, l'ensemble du Corps commandant de l'armée de Bosnie-
2 Herzégovine se sont rendus à notre fête du Noël.
3 M. Nobilo (interprétation). - Donc, du fait que cette visite ou
4 participation de courtoisie ne se produise pas était-ce un signe important
5 pour vous ?
6 M. le Président. Finalement, la fête que vous organisez à
7 l'occasion de Pâques... Qui de l'armée de Bosnie vient ou ne vient pas ?
8 Je n'ai pas très bien compris. Il semble que le témoin a dit d'abord qu'il
9 était venu puis, ensuite, j'ai compris qu'il... Pouvez-vous préciser ?
10 M. Nobilo (interprétation). A Pâques, le 12 avril 1993,
11 personne, aucun représentant de l'armée de Bosnie-Herzégovine ne vient
12 assister à cette fête catholique.
13 Pouvez-vous dire, Général, si les représentants de l'armée de
14 Bosnie-Herzégovine avaient été invités à votre fête ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
16 M. Nobilo (interprétation). - Vous les avez invités à fêter
17 Pâques avec vous ?
18 M. Blaskic (interprétation). Oui.
19 M. Nobilo (interprétation). - Le même jour, un conflit éclate à
20 Travnik entre l'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO, est-ce exact ? Si
21 c'est exact, pouvez-vous nous dire de quoi vous vous souvenez à cette
22 occasion ?
23 M. Blaskic (interprétation). - Il y a eu un affrontement entre
24 un groupe de membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine appartenant à la
25 police militaire, tard dans la nuit. Ces gens-là ont ouvert le feu contre
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1 le bâtiment où était située la police militaire du HVO. Des coups de feu
2 ont été tirés de lance-roquettes légers ainsi que d'armes automatiques. Je
3 pense qu'un policier a été grièvement blessé et que deux femmes ont été
4 blessées, deux femmes qui passaient par là, dans cette rue-là à ces heures
5 tardives de la nuit.
6 M. Nobilo (interprétation). - En même temps, il y a eu des
7 arrestations massives d'intellectuels croates, est-ce exact ? Qui les a
8 arrêtés et où étaient-ils mis ?
9 M. Blaskic (interprétation). - D'après les informations que j'ai
10 reçues, tous les intellectuels croates ont été arrêtés et ils ont été
11 emmenés dans un bâtiment qui s'appelle la forteresse.
12 M. Nobilo (interprétation). - Dans quelle ville ?
13 M. Blaskic (interprétation). - A Travnik.
14 M. Nobilo (interprétation). - Qui a réussi à les libérer et de
15 quelle manière ?
16 M. Blaskic (interprétation). Monsieur Filipovic est parvenu à
17 les libérer. Il était à l'époque commandant de la brigade de Travnik, il a
18 eu des négociations avec M. Alagic et, dès le lendemain, tous ces gens ont
19 été libérés.
20 M. Nobilo (interprétation). - Le 12 avril, vous recevez une
21 information disant que la veille au soir, vers 23 heures, des positions du
22 HVO ont été attaquées par l'armée de Bosnie-Herzégovine. Pouvez-vous nous
23 dire de quelles positions il s'agit et quelle a été l'issue de cette
24 opération ?
25 M. Blaskic (interprétation). - Ce sont les positions de la
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1 Brigade Nikola Subic-Zrinjski de Busovaca qui ont été attaquées au niveau
2 de Donje Polje et cette attaque a été menée par l'armée de Bosnie-
3 Herzégovine de Kacuni, également au niveau du village de Bare, une attaque
4 a été menée par les forces de Rovna, de Besici et de Vranjska. Cette
5 attaque a été repoussée.
6 M. Nobilo (interprétation). - Ce jour-là, vous receviez une
7 information disant que la veille, à Stari Vitez, un incident s'était
8 produit ?
9 M. Blaskic (interprétation). - Puisque c'était un dimanche, les
10 Croates de Vitez sont allés assister à la messe, à l'église et deux
11 officiers du commandement de la brigade de Vitez étaient partis par la rue
12 principale en sortant de l'église, en allant chez eux, en rentrant chez
13 eux et en traversant Stari Vitez.
14 L'armée de Bosnie-Herzégovine de Stari Vitez les a faits
15 prisonniers, les a amenés pour un interrogatoire. Et il y a eu également
16 quelques actes d'abus physiques. Mais, suite à des interventions venant du
17 commandement de la brigade de Vitez, ces officiers ont été libérés.
18 M. Nobilo (interprétation). - Ce jour-là, le 12 avril,
19 Anto Valenta est évacué de Travnik. Il arrive à Vitez. Pouvez-vous dire à
20 la Chambre, quel était le poste d'Anto Valenta et où est-ce qu'il vient
21 s'installer
22 M. Blaskic (interprétation). - Anto Valenta était le
23 coordinateur au sein du gouvernement de la communauté croate d'Herceg-
24 Bosna. Pendant une certaine période, je ne suis pas tout à fait sûr, je
25 pense qu'il était Vice-Président du gouvernement de la communauté croate
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1 d'Herceg-Bosna chargé de la zone de Bosnie centrale. Vu que la situation
2 était très instable à Travnik, sur le plan de la sécurité, il a quitté les
3 locaux du bureau de Travnik et il est venu à Vitez.
4 Temporairement, il vient s'installer dans le bureau du chef
5 d'état-major situé à l'hôtel Vitez, du chef d'état-major, M. Franjo Nakic.
6 M. Nobilo (interprétation). - Anto Valenta a-t-il effectué
7 pendant une période quelconque le rôle de votre conseiller politique ?.
8 M. Blaskic (interprétation). Non.
9 M. Nobilo (interprétation). - Vous aviez ce poste au sein de la
10 zone opérationnelle de Bosnie centrale ?
11 M. Blaskic (interprétation). - Non, jamais.
12 M. Nobilo (interprétation). - Le même jour, un convoi
13 transportant une grande quantité de munitions arrive, encore une fois,
14 dans la zone de la Bosnie centrale. A qui est destiné ce convoi ? D'où
15 arrive-t-il ? De quoi s'agissait-il ?
16 M. Blaskic (interprétation). - C'était un convoi destiné à
17 l'armée de Bosnie-Herzégovine. D'après les informations que nous avons
18 reçues, il était destiné à Srebrenica. Il a été déchargé dans la base
19 logistique principale de l'état-major du commandement suprême de l'armée
20 de Bosnie-Herzégovine à Visoko.
21 M. Nobilo (interprétation). - Comment saviez-vous que ce convoi
22 était destiné à Visoko ? Comment avez-vous pu l'apprendre ? Est-ce que
23 cette situation vous rappelle une situation antérieure éventuellement ?
24 M. Blaskic (interprétation). - J'ai été informé par un officier
25 de Kiseljak. Quant à Visoko, pendant le déchargement de cette cargaison,
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1 il y avait des ouvriers de Visoko mais qui étaient des Croates qui étaient
2 employés à le faire. Et ce convoi était en partie escorté par la police
3 militaire du HVO. Il m'incombait d'informer le chef d'état-major suprême à
4 partir du moment où le convoi aurait traversé le territoire qui était sous
5 le contrôle de ces unités.
6 M. Nobilo (interprétation). - Etiez-vous d'accord pour que ce
7 convoi traverse votre territoire ? Est-ce qu'il a pu le traverser sans
8 problème ?
9 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
10 M. Nobilo (interprétation). Le jour en question, un contrôle
11 supplémentaire a été effectué dans la brigade de Vitez. Qu'a-t-on pu
12 établir lors de ce contrôle ?
13 M. Blaskic (interprétation). - Il s'agissait d'un nouveau
14 contrôle ainsi que d'une aide à la brigade de Vitez, sur la structuration
15 de cette brigade. Les rapports établis lors de ce contrôle étaient
16 pratiquement identiques aux précédents. En fait, il fallait repartir à
17 zéro pour restructurer cette brigade.
18 M. Nobilo (interprétation). - Avez-vous fourni une aide pour que
19 cette brigade soit structurée, organisée ?
20 M. Blaskic (interprétation). Oui, j'ai envoyé un officier qui
21 était chargé des tâches de structuration au sein du commandement de la
22 zone opérationnelle, il devait donc quitter le commandement et devait se
23 rendre à la brigade de Vitez où il devait former les officiers de la
24 brigade de Vitez pour qu'ils puissent structurer et bien organiser cette
25 brigade.
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1 M. Nobilo (interprétation). C'était quel officier ?
2 M. Blaskic (interprétation). - C'était M. Vjeko Buzuk. Il était
3 chargé de structuration.
4 M. Nobilo (interprétation). - Nous allons passer au
5 13 avril 1993.
6 Un nouvel incident se produit à Zenica. Pouvez-vous nous en
7 parler plus en détail ? Un membre du HOS de Zenica a lancé une grenade à
8 main dans la rue et, à cette occasion, six enfants ont été grièvement
9 blessés.
10 M. Nobilo (interprétation). - Ce jour-là, à 13 heure 15, des
11 renforts arrivent pour l'armée de Bosnie-Herzégovine. Où et de quelle
12 manière ? Quelles sont les informations que vous recevez à ce sujet ?
13 M. Blaskic (interprétation). - Ce jour-là, à Vitez, à
14 Stari Vitez, arrive un groupe assez important de membres de l'armée de
15 Bosnie-Herzégovine en véhicule, ils descendent à proximité de la caserne
16 des pompiers de Stari Vitez.
17 M. Nobilo (interprétation). - A Kakanj, il y a des problèmes, ce
18 jour-là. Vous apprenez que le commandement est vide, désert, que s'est-il
19 passé ?
20 M. Blaskic (interprétation). - J'ai déjà dit que la police
21 militaire de Kakanj avait été éloignée de la ville et ce par l'armée de
22 Bosnie-Herzégovine et, ce jour-là, ce commandement était entièrement
23 désert.
24 M. Nobilo (interprétation). - Quelle information avez-vous reçue
25 ultérieurement ? Quelles étaient les raisons de ce départ ?
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1 M. Blaskic (interprétation). - Tous les membres du commandement
2 avaient présenté une lettre de démission collective à leur poste de membre
3 de commandement à Kakanj en invoquant comme raison leur peur devant les
4 pressions exercées par l'armée de Bosnie-Herzégovine. D'ailleurs, à
5 Ravno Rostovo des membres de Kakanj avaient été tués. Il s'agit d'une
6 partie de la municipalité de Novi Travnik. Ils ont été tués par des
7 Moudjahidin.
8 M. Nobilo (interprétation). - A Zukica Most, un incident se
9 produit. De quel genre d'incident s'agit-il ?
10 M. Blaskic (interprétation). - A Zukica Most, qui est dans la
11 zone de responsabilité de la 306ème Brigade de montagne de Bosnie-
12 Herzégovine, l'ensemble d'une équipe de soldats s'est fait prisonnier,
13 soldats qui allaient se rendre sur la ligne de front face à l'armée de la
14 République serbe.
15 M. Nobilo (interprétation). Ces soldats étaient membres de
16 quelle unité ?
17 M. Blaskic (interprétation). Ils étaient membres du HVO.
18 M. Nobilo (interprétation). A Vitez, un incident s'est produit
19 qui impliquait des drapeaux un peu comme à Travnik. De quoi s'agit-il ?
20 M. Blaskic (interprétation). - Les drapeaux n'ont pas été
21 incendiés par les membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine, mais des
22 rafales ont été tirées d'armes automatiques et ce par des membres de
23 l'armée de Bosnie-Herzégovine sur des drapeaux croates qui ont été hissés
24 à l'occasion des fêtes de Pâques.
25 M. Nobilo (interprétation). - Vous apprenez de la part de votre
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1 service de sécurité qu'il y a des opérations de sabotage, est-ce exact ?
2 De quoi s'agit-il ?
3 M. Blaskic (interprétation). - C'est exact. J'ai reçu une
4 information disant que dans la zone de Vitez, des unités de sabotage
5 étaient formées et qu'à la tête d'une de ces unités se trouvait
6 Ferid Kalco
7 M. Nobilo (interprétation). - Qui forme ces unités de sabotage ?
8 M. Blaskic (interprétation). - L'armée de Bosnie-Herzégovine de
9 Vitez.
10 M. Nobilo (interprétation). - Ce jour-là, en plus d'autres
11 incidents, il y a un grand pillage qui s'est produit d'un envoi
12 humanitaire. Qui perpétue cet acte ?
13 M. Blaskic (interprétation). - Il s'agissait en fait d'une
14 activité incessante des groupes criminels sur le chemin allant de Puticevo
15 à Nova Bila. Ce jour-là, un convoi a disparu, un convoi constitué de
16 quinze camions et d'une trentaine de véhicules particuliers. Ce convoi a
17 été enlevé ainsi que l'ensemble de sa cargaison.
18 M. Nobilo (interprétation). - Ce jour-là, vers 18 heures, vous
19 êtes encore obligé de vous occuper des criminels en Bosnie centrale ?
20 M. Blaskic (interprétation). - J'ai demandé que l'on me présente
21 les résultats d'un ordre que j'avais donné le 18 mars, ordre qui demandait
22 que soient écartés les criminels des unités du HVO.
23 J'en avais déjà parlé des problèmes de criminalité et je savais
24 qu'à peu près jusqu'au début du mois d'avril, seules 32 plaintes pour
25 actes criminels étaient parvenues.
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1 M. le Président. - J'ai un problème avec les mois. L'ordre était
2 du 18 mars. Je n'ai
3 pas bien compris, en tout cas par rapport à la traduction, et le
4 transcript ne marque rien.
5 M. Nobilo (interprétation). - Oui.
6 Qu'est-ce que cela veut dire que 32 plaintes pour actes
7 criminels avaient été répertoriées ? Qui avait porté ces plaintes?
8 M. Blaskic (interprétation). Ces plaintes émanaient de la
9 police civile et militaire et étaient déposées auprès du procureur
10 militaire du district dans la zone de Bosnie centrale.
11 M. Nobilo (interprétation). - Ce jour-là, vous vous consacrez
12 également à la question de l'emménagement dans les appartements musulmans
13 dans la municipalité de Vitez ?
14 M. Blaskic (interprétation). Oui, j'ai demandé que les
15 autorités civiles m'informent de ces actes illégaux d'emménagement le plus
16 souvent par la force, donc dans la municipalité de Vitez dans des
17 appartements appartenant aux Musulmans bosniens. J'ai cherché un moyen de
18 mettre un terme à ces actes.
19 M. Nobilo (interprétation). - Vers 20 heures, M. Nakic vous
20 informe d'une réunion tenue par les représentants des pouvoirs civils. Qui
21 rencontre qui et de quoi parle-t-on ?
22 M. Blaskic (interprétation). - Ce sont les représentants des
23 autorités civiles de Vitez qui se réunissent, les Croates et les Musulmans
24 bosniens. Ils parviennent à un accord au sujet de l'attitude à avoir
25 concernant les drapeaux à Vitez et ils cherchent à calmer cette situation
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1 qui est troublée. Monsieur Nakic m'a informé qu'ils ont réussi à se mettre
2 d'accord.
3 M. Nobilo (interprétation). - Qui a assisté à cette réunion ?
4 Les représentants de quelle autorité ?
5 M. Blaskic (interprétation). - Les représentants du HVO et les
6 représentants du côté musulman bosnien des autorités civiles.
7 M. Nobilo (interprétation). - Quand vous parlez des
8 représentants du HVO, des autorités du HVO... ?
9 M. Blaskic (interprétation). - Je pense au maire, aux autorités
10 civiles, au maire de
11 Vitez et au président du HDZ de la municipalité de Vitez.
12 M. Nobilo (interprétation). - Vers 11 heures 15, un pont saute.
13 M. Blaskic (interprétation). - C'est le pont Sarica qui a été
14 miné et qui explose et cela rend difficile la circulation sur une portion
15 de la municipalité de Travnik et ce contrôle était exercé par la 306ème de
16 montagne de Bosnie-Herzégovine.
17 M. Nobilo (interprétation). - A 19 heures 10, un obus est tiré,
18 un obus de mortier. Pouvez-vous nous dire où et ce que vous avez pu
19 comprendre ultérieurement comme ayant été l'importance de cet unique obus
20 qui a été tiré ?
21 M. Blaskic (interprétation). - Cet obus a été tiré sur Puticevo,
22 à proximité immédiate d'un poste de contrôle tenu, à l'époque, par la
23 police civile de la communauté croate d'Herzeg-Bosna. A ce moment-là, cela
24 a été un incident pour nous, mais il s'est avéré plus tard que c'étaient
25 des débuts de préparation pour un pilonnage par mortier.
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1 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous nous l'expliquer ?
2 M. Blaskic (interprétation). - D'après les informations que j'ai
3 reçues, cet obus a été tiré de la direction de Han Bila, autrement dit,
4 après une reconnaissance, après avoir identifié le lieu d'impact, les
5 coordonnées allaient être relevées et on allait noter les premiers
6 éléments qui allaient permettre de corriger le tir et de diriger, de bien
7 orienter les tirs de mortier. C'est la méthode la plus courte, la plus
8 simple pour préparer un pilonnage.
9 M. Nobilo (interprétation). - Le 14 avril, l'armée de Bosnie-
10 Herzégovine organise une fête à Stari Vitez ?
11 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
12 M. Nobilo (interprétation). - Vous envoyez un représentant à
13 cette célébration ?
14 M. Blaskic (interprétation). - Le 14 avril, lors de la fête à
15 Stari Vitez, nous avons envoyé le commandant de la brigade de Vitez qui
16 était en train de se constituer, c'était Mario Cerkez et puis, à Zenica,
17 le 14 avril, c'était M. Zivko Totic et M. Vinko Baresic qui
18 s'étaient rendus à la fête de l'armée.
19 Mes vux ont été transmis par M. Totic personnellement au
20 commandant du 3ème Corps. Le 14 avril, à Kiseljak même, le jour de la fête
21 de l'armée des membres de la Brigade Josip Jelacic ont assisté à la fête.
22 M. Nobilo (interprétation). - Un cadeau a été remis ?
23 M. Blaskic (interprétation). Oui, nous souhaitions établir une
24 bonne coopération. C'est pourquoi nous leur avons remis un véhicule tout
25 terrain et ce, au commandement, je pense que c'était remis au commandement
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1 de l'état-major municipal de l'armée de Bosnie-Herzégovine. Je pense que
2 c'était comme cela qu'il s'appelait, de Kiseljak.
3 M. Nobilo (interprétation). - Le 14 avril, vous deviez encore
4 régler le problème du convoi détourné qui transportait de l'aide
5 humanitaire. Quelle information avez-vous reçue à ce moment-là ? Quel
6 rapport ?
7 M. Blaskic (interprétation). - Effectivement, c'était l'une de
8 mes préoccupations. J'avais reçu certains rapports selon lesquels la
9 plupart des véhicules détournés se trouvaient à Nova Bila, mais que les
10 biens transportés par ce convoi et détournés avaient déjà été distribués,
11 en tout cas, la majeure partie de ces marchandises.
12 M. Nobilo (interprétation). - Le même jour, le 14 avril, un
13 incident de même type s'est produit n'est-ce pas ? Que s'est-il passé ?
14 Quelle a été la répercussion de cet incident sur la situation ?
15 M. Blaskic (interprétation). - J'étais informé de cet incident,
16 le 14 avril, il s'agissait d'un enlèvement. J'en étais informé le 14, dans
17 l'après-midi, peut-être même le soir, le 13 avril. Ceci s'est passé à
18 Travnik, quatre officiers ont été enlevés, officiers membres du
19 commandement de la brigade de Novi Travnik, la brigade Stjepan Tomacevic
20 de Novi Travnik lorsqu'ils revenaient de la ligne de front.
21 M. Nobilo (interprétation). Quelle ligne de front ? Et contre
22 qui ?
23 M. Blaskic (interprétation). La ligne de front face à l'armée
24 de la Republika Srpska dans la zone de responsabilité de cette brigade.
25 M. Nobilo (interprétation). S'agissait-il de soldats du HVO
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1 qui contrôlaient le front ?
2 M. Blaskic (interprétation). Oui, c'étaient des membres de la
3 brigade de Stjepan Tomacevic. C'étaient eux qui tenaient la ligne de front
4 à Kamenjas Mravinac et dans cette région-là.
5 M. Nobilo (interprétation). - Pourriez-vous nous le montrer sur
6 la maquette ?
7 M. Blaskic (interprétation). - C'est ici.
8 M. Nobilo (interprétation). - Avez-vous reçu des informations
9 vous permettant de déterminer où ces hommes avaient été emmenés et quel
10 sort leur ont été réservé ?
11 M. Blaskic (interprétation). - Nous avons reçu des informations
12 selon lesquelles les personnes responsables de l'enlèvement étaient peut-
13 être des Moudjahidin, ces Moudjahidin avaient un camp à Ravno Rostovo. Par
14 le biais des membres de la Commission conjointe, M. Nakic et Dzemo, nous
15 avons demandé que dès le 14, une Commission conjointe soit envoyée sur le
16 terrain pour mener son enquête et notamment au camp des Moudjahidin, afin
17 d'avoir des informations complémentaires et de savoir ce qui était arrivé
18 aux officiers enlevés.
19 Après l'enlèvement, tout ce qui restait était un véhicule
20 ravagé. Nous ne savons pas si les quatre personnes enlevées étaient encore
21 en vie ou pas.
22 M. Nobilo (interprétation). - Des informations vous sont
23 parvenues de Konjic, le même jour. De quoi s'agissait il ?
24 M. Blaskic (interprétation). - Des informations très
25 préoccupantes dans la région parce que la ville de Konjic était sur le
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1 point d'être conquise. Elle était totalement encerclée. Le HVO n'avait
2 plus de pouvoir sur le terrain. Par conséquent, l'armée de Bosnie-
3 Herzégovine était sur le point de prendre le contrôle de la municipalité.
4 M. Nobilo (interprétation). - Qui était responsable de cet
5 encerclement de la ville de Konjic ?
6 M. Blaskic (interprétation). - Les membres de l'armée de
7 Bosnie-Herzégovine bloquaient la ville et les personnes encerclées étaient
8 des Croates.
9 M. Nobilo (interprétation). - Ce même jour, outre les
10 difficultés que vous posez, les communications en général, vous avez reçu
11 des informations préoccupantes, relatives au système de transmission par
12 paquet et le fait que ce que système ne fonctionnait plus. Pourquoi ?
13 M. Blaskic (interprétation). - D'après les informations que j'ai
14 reçues, les lignes de communication qui permettaient de communiquer avec
15 le grand quartier général avaient cessé de fonctionner.
16 (Les juges se consultent sur le siège.)
17 M. le Président. - Veuillez m'excuser. Vous pouvez reprendre
18 juste un peu avant, Maître Nobilo.
19 M. Nobilo (interprétation). - Oui, donc le mauvais
20 fonctionnement des communications avec le commandement principal était-ce
21 un hasard ou bien y a-t-il eu une intervention de qui que ce soit ? Quels
22 sont vos souvenirs sur ce point ?
23 M. Blaskic (interprétation). - A partir du mois d'avril, il
24 était très fréquent qu'il y ait des interférences dans le système de
25 communication, interférences provoquées par l'armée de Bosnie-Herzégovine.
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1 Mais il est difficile de dire si ceci avait une importance particulière à
2 ce moment-là, parce que je dois préciser que ce type d'interférences
3 étaient assez fréquentes et ce type d'interférences étaient arrivées à
4 plusieurs reprises.
5 M. Nobilo (interprétation). - Les tireurs isolés ont commencé à
6 agir au mois d'avril, n'est-ce pas ?
7 M. Blaskic (interprétation). Oui, effectivement, les tireurs
8 isolés de l'armée de
9 Bosnie-Herzégovine dans la zone de Travnik que l'on appelle Kalibunar et
10 la cible était les fenêtres d'appartements croates. Les victimes étaient
11 pour la plupart des civils croates vivant à Kalibunar, à Travnik donc.
12 M. Nobilo (interprétation). - Que s'est-il passé à Busovaca ?
13 M. Blaskic (interprétation). - A Busovaca, il y a eu un autre
14 incident qui a impliqué une ambulance. A l'époque, nous avons été obligés
15 d'emmener des personnes gravement blessées de Busovaca à Fojnica. Pour ce
16 faire, nous utilisions des ambulances. Un accord avait été conclu entre
17 l'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO. Lorsque ces patients revenaient
18 des soins de Fojnica, l'armée de Bosnie-Herzégovine qui se trouvait à
19 Kacuni a détourné une ambulance, a emprisonné les blessés et le personnel
20 médical et les a interrogés pendant plusieurs heures. Les membres de
21 l'équipe médicale étaient des Croates ainsi que les personnes blessées
22 transportées dans l'ambulance.
23 M. Nobilo (interprétation). - Le même jour, donc le 14 avril, il
24 y a eu une tentative d'assassinat contre le commandant des Vitezovi,
25 Darko Kraljevic. Qui a tenté de l'assassiner et de quelle façon ?
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1 M. Blaskic (interprétation). - Ceci s'est produit, d'après les
2 informations que j'ai reçues, sur la route entre Kruscica et Zabrde ou,
3 disons, entre Vitez et Zabrde en passant par Kruscica. Il était dans son
4 véhicule tout terrain, il a été arrêté à un barrage, ils ont ouvert le feu
5 sur lui et ses gardes du corps. Je parle là des membres de l'armée de
6 Bosnie-Herzégovine qui ont ouvert le feu. Il a réussi à s'extorquer du
7 véhicule et il s'est retrouvé totalement encerclé par des membres de
8 l'armée de Bosnie-Herzégovine.
9 Après avoir obtenu des informations sur cet incident, j'ai
10 appelé le commandant de la Forpronu à Vitez, mais l'officier de garde de
11 la Forpronu à Vitez... Donc je l'ai appelé et j'ai demandé l'assistance
12 des forces de la Forpronu afin de résoudre cet incident grave.
13 J'ai demandé aux soldats des Nations Unies de se rendre sur
14 place avec leurs
15 véhicules blindés et d'assister le commandant Kraljevic dont la vie était
16 en danger.
17 M. Nobilo (interprétation). - Pendant la nuit, Darko Kraljevic
18 est-il parvenu à s'enfuir ?
19 M. Blaskic (interprétation). - Oui. Parce que les membres de la
20 Forpronu avec deux chars légers sont arrivés sur le lieu où il avait été
21 encerclé, et j'ai insisté pour que le commandant des soldats des Nations
22 Unies assiste Darko Kraljevic parce que s'il était éliminé la situation à
23 Vitez deviendrait totalement incontrôlable pour qui que ce soit.
24 M. Nobilo (interprétation). - Le même jour, vous avez obtenu des
25 informations sur les Moudjahidin de Stari Vitez, n'est-ce pas ?
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1 M. Blaskic (interprétation). - Oui. J'ai reçu des informations
2 selon lesquelles à Stari Vitez, on faisait venir des Moudjahidin que l'on
3 installait dans des locaux de Stari Vitez qui étaient la propriété de
4 Musulmans bosniens.
5 M. Nobilo (interprétation). - Le responsable de la police
6 militaire, Stipo Babrka, a fait arrêter Merdan et Nakic. Baggesen se
7 trouvait également sur les lieux. Pouvez-vous nous en dire plus sur cet
8 événement et quelle a été la conclusion de cet événement ? Où cela s'est
9 il passé ?
10 M. Blaskic (interprétation). - J'ai été informé que tout ceci
11 s'est passé dans l'hôtel, ce que nous appelions le nouvel hôtel de Novi
12 Travnik. C'est là que se trouvait le quartier général de la brigade de
13 Stjepan Tomacevic de Novi Travnik.
14 Vers 11 heures du soir, Franjo Nakic m'a appelé et il m'a
15 informé que tous les hommes avaient été arrêtés par le chef de la police
16 militaire. Lorsque j'ai demandé qui a été arrêté, Franjo m'a répondu que
17 lui-même avait été arrêté ainsi que Dzemo Merdan et M. Bagassen également,
18 le responsable de la Mission de contrôle de la Communauté européenne.
19 M. Nobilo (interprétation). - Pourquoi des personnalités aussi
20 importantes ont-elles
21 été arrêtées ?
22 M. Blaskic (interprétation). - Le responsable de la police
23 militaire n'était pas satisfait de l'enquête menée par ces trois hommes au
24 cours de la journée du 14 avril, afin d'essayer de déterminer ce qui était
25 arrivé aux officiers enlevés, les officiers enlevés du commandement de la
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1 brigade Stjepan Tomacevic. Stjepo, le responsable de la police, leur a dit
2 qu'il supposait que les Moudjahidin allaient éliminer les officiers
3 enlevés.
4 M. Nobilo (interprétation). - Quelle a été votre réaction ?
5 Etait-ce pour vous une situation normale ?
6 M. Blaskic (interprétation). - C'était une situation très grave.
7 Tout d'abord, il fallait calmer le responsable de la police militaire qui,
8 à l'époque, était sorti de ses gonds totalement. Je pense que les
9 personnes qui se trouvaient dans la salle pouvaient entendre très
10 facilement les insultes proférées par le responsable de la police
11 militaire et qu'elles pouvaient d'ailleurs entendre tout ce qu'il me
12 disait. J'ai donc demandé au commandant d'entrer dans une autre pièce
13 parce que j'avais peur qu'il soit responsable d'actes irrationnels dans un
14 mouvement de colère extrême et qu'éventuellement, il pouvait nuire aux
15 officiers arrêtés.
16 M. Nobilo (interprétation). - Pourquoi n'avez vous pas dit : "Je
17 suis le colonel Blaskic, commandant de la zone opérationnelle de Bosnie
18 centrale. Vous avez quelques minutes pour libérer ces hommes." Vous
19 l'auriez fait dans la JNA. Pourquoi ne pas l'avoir fait dans le HVO ?
20 M. Blaskic (interprétation). - Ce n'était pas possible d'agir
21 ainsi parce que je savais qu'au moins Dzemo Merdan aurait été exécuté
22 immédiatement sur place et peut-être les deux autres également.
23 Dans toute ma carrière dans la JNA, je n'avais jamais entendu un
24 si grand nombre d'injures proférées à mon encontre par M. Babrka en la
25 présence de personnes qui venaient d'être arrêtées. Je ne pouvais pas lui
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1 ordonner cela, car il savait que je n'avais pas l'autorité me
2 permettant de délivrer ce type d'ordres à son égard.
3 M. Nobilo (interprétation). - Comment avez-vous alors géré la
4 situation ?
5 M. Blaskic (interprétation). - J'ai d'abord fait passer Stipo
6 dans une autre pièce. Je lui ai parlé pendant plus d'une heure.
7 Finalement, j'ai réussi à le convaincre de libérer les personnes arrêtées,
8 ceci vers une heure du matin le 15 avril 1993 à Novi Travnik. Nos
9 discussions ont duré presque deux heures.
10 M. Nobilo (interprétation). Peut-on montrer au témoin la pièce
11 de la défense D263, s'il vous plaît ?
12 Nous parlons du 14 avril 1993. Vous avez donné un ordre au 4ème
13 Bataillon de la police militaire de la ville de Vitez afin qu'une
14 recherche soit organisée afin de retrouver les officiers enlevés. Cette
15 recherche devait être réalisée au quartier général de la brigade Stepan
16 Tomacevic. C'est bien l'ordre que vous avez délivré, n'est-ce pas ?
17 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
18 M. Nobilo (interprétation). - Cet ordre est adressé au
19 commandant du 4ème Bataillon de la police militaire à Vitez. Pourquoi ?
20 Avez-vous pu donner cet ordre au commandant de la police militaire, le 14
21 avril 1993 ?
22 M. Blaskic (interprétation). - A cette époque, la police
23 militaire avait déjà été réorganisée et je pouvais donner des ordres à
24 cette police militaire, disons que je pouvais donner des tâches
25 quotidiennes à exécuter à la police militaire. Mais il s'agissait
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1 simplement de tâches quotidiennes, habituelles. Je ne pouvais pas leur en
2 demander plus.
3 M. Nobilo (interprétation). - Le fait d'assurer la sécurité de
4 certains officiers du HVO ou de rechercher ces officiers, cela
5 correspondait-il aux tâches quotidiennes de la police militaire ?
6 M. Blaskic (interprétation). - Oui, cela pouvait en faire
7 partie.
8 M. Nobilo (interprétation). Monsieur le Président, j'aimerais
9 maintenant passer
10 au 15 avril 1993. C'est une date très importante parce que c'est ce jour-
11 là que les ordres ont été donnés et qui figurent dans l'acte d'accusation.
12 Par conséquent, il serait peut-être bon de faire cela de façon regroupée.
13 M. le Président. - On arrête maintenant, c'est cela ?
14 M. Nobilo (interprétation). Oui, parce qu'il s'agit d'une
15 unité, d'un tout et avec les événements du 16 avril 1993. Par conséquent,
16 je souhaiterais faire cela en une seule audience, si c'est possible.
17 M. le Président. - Je vous rappelle que nous reprenons à
18 14 heures 45.
19 L'audience est suspendue à 13 heures 05.
20 L'audience est reprise à 14 heures 55.
21 M. le Président. - L'audience est reprise. Veuillez vous
22 asseoir.
23 Alors, je voudrais faire une communication aux parties : tous
24 les vendredis désormais, compte tenu des modifications apportées à la
25 composition de la Chambre et dans le but, qui nous préoccupe, d'accélérer
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1 le procès, si vous le voulez bien, nous commencerons à 9 heures le matin.
2 Nous commencerons donc à 9 heures tous les vendredis matin, avec deux
3 pauses. Cela nous permet de gagner trois quarts d'heure. Ce sera le
4 bienvenu par rapport à notre calendrier. Je rappelle à la défense que
5 demain en fin de matinée, si cela lui était possible, avant que nous nous
6 séparions pour une semaine, de bien vouloir nous donner une évaluation de
7 la déposition en cours de l'accusé pour savoir à peu près ce que nous
8 avons et pour réfléchir à la manière de nous organiser. Je vous remercie.
9 A présent, Maître Nobilo, vous pouvez poursuivre.
10 M. Nobilo (interprétation). Merci, Monsieur le Président.
11 Comme nous l'avons dit avant la pause du déjeuner, nous allons passer à la
12 journée du 15 avril 1993.
13 Général, essayons de reconstituer cette journée. Comment démarre
14 la matinée, qui rencontrez-vous en premier ? Et que se passe-t-il
15 ensuite ?
16 M. Blaskic (interprétation). - Il était habituel pour moi, aux
17 environs de 8 heures du matin, de rencontrer le chef d'état-major. Ce
18 matin-là, j'ai rencontré Franjo Nakic, le chef d'état-major, qui m'a
19 informé des résultats de sa rencontre avec Dzemo Merdan et des activités
20 de la Commission conjointe au cours de la nuit et de la journée
21 précédentes.
22 Il m'a également mis au courant de l'heure à laquelle, le
23 15 avril 1993, les commandants de la police militaire qui avaient été
24 arrêtés, commandants militaire de Novi Travnik, et de l'heure à laquelle
25 avait eu lieu leur remise en liberté, vers 1 heure du matin, ce
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1 15 avril 1993.
2 Il m'a dit, ce matin-là, qu'il ne se sentait pas bien, il était
3 diabétique. La concentration de sucre qu'il avait dans le sang n'était pas
4 ce qu'elle aurait dû être. Il m'a dit qu'il ne se sentait pas bien et m'a
5 informé qu'il allait rentrer chez lui pour se reposer. Je lui ai dit que
6 j'étais d'accord pour qu'il rentre chez lui et, très rapidement, aux
7 environs de 9 heures du matin, M. Nakic est rentré chez lui. A
8 8 heures 30, d'ailleurs, il est sorti de mon bureau et a pris le chemin de
9 son domicile.
10 M. Nobilo (interprétation). - Dans la matinée, vous êtes informé
11 d'un enlèvement et d'un meurtre produits à Zenica ?
12 M. Blaskic (interprétation). - Aux alentours de 8 heures 30,
13 j'ai eu une réunion avec mes assistants, qui étaient tous des hommes qui
14 travaillaient sous mes ordres, à part M. Nakic. Il était sans doute
15 8 heures 40 quand la réunion a commencé. Dans mon bureau est entré à ce
16 moment-là, un homme qui m'a dit : "Zevko Totic a été enlevé ce matin alors
17 qu'il se rendait à son travail et les hommes qui l'escortaient ont été
18 tués." J'ai demandé à cet officier de service s'il avait d'autres
19 informations.
20 M. le Président. - La fonction de Totic, s'il vous plaît ?
21 M. Blaskic (interprétation). Monsieur le Président, il était
22 le commandant de la brigade du HVO de Zenica.
23 M. le Président. - Merci. Poursuivez.
24 M. Blaskic (interprétation). - Après cela, j'ai demandé à
25 l'officier de service qu'il reste en contact avec le commandement de la
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1 brigade de Zenica et qu'il tente de se procurer des informations
2 complémentaires au sujet de l'enlèvement de Zivko Totic.
3 Puisque nous étions dans cette réunion d'information du matin,
4 j'ai demandé immédiatement au commandant de la police militaire et à
5 l'adjoint chargé de la sécurité, qu'il nomme un certain nombre de
6 professionnels dans leurs rangs et que ces professionnels, ces experts
7 soient chargés d'enquêter au sujet de l'événement qui s'était produit à
8 Zenica.
9 M. le Président. Essayez d'aller à l'essentiel pour votre
10 défense, si vous le voulez bien, sauf si cela vous parait essentiel. Je me
11 doute que vous avez fait beaucoup de choses le 15 avril, mais concentrez-
12 vous sur ce qui est essentiel. D'accord ?
13 M. Blaskic (interprétation). - Très bien, Monsieur le Président.
14 M. le Président. - Si c'est essentiel, dites-le. C'est vrai que
15 dans une journée, il se passe beaucoup de choses, de 8 heures du matin
16 jusqu'à minuit, surtout en temps pratiquement de guerre. Essayez d'aller à
17 ce qui est essentiel, cela faciliterait la tâche des juges. Je vous en
18 remercie.
19 M. Nobilo (interprétation). - C'est exact, Monsieur le
20 Président. C'est très important. D'ailleurs, je passe à ma question
21 suivante.
22 Sur la base de ce qui s'est passé ce matin-là, compte tenu de
23 l'enlèvement qui a eu lieu, l'enlèvement subi par la brigade Stjepan
24 Tomacevic et des autres événements que vous avez vécus en cours de
25 matinée, vous décidez d'émettre un ordre.
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1 M. Blaskic (interprétation). - Je ne l'ai pas fait en tenant
2 simplement compte de tous les événements dont il vient d'être question, il
3 y a quelques instants. Mais également de l'information que j'ai reçue du
4 service de renseignement militaire. En tenant compte de l'ensemble des
5 événements, j'ai décidé d'émettre un ordre et je me suis mis à rédiger cet
6 ordre entre 9 et 10 heures du matin, en me concentrant avant tout sur la
7 partie la plus importante de l'ordre portant sur son exécution.
8 M. Nobilo (interprétation). - Je demanderai que l'on remette au
9 témoin la pièce à conviction D267. C'est un ordre émis par le colonel
10 Blaskic qui entraînera des conséquences importantes pour la suite. Le
11 pièce D267.
12 M. Kehoe (interprétation). - Un élément simplement pendant que
13 ce document est remis au témoin. Le conseil a parlé de la brigade
14 Tomacevic, il y a quelques instants, je pense que Me Nobilo parlait de la
15 brigade Juri Francetic de Zenica pour que le compte rendu soit tout
16 à fait clair.
17 M. Nobilo (interprétation). - C'est exact. Apparemment, il y a
18 eu erreur. J'ai parlé de l'enlèvement de quatre officiers de la brigade
19 Stjepan Tomacevic, et de l'enlèvement du commandant de la brigade Juri
20 Francetic de Zenica.
21 M. Kehoe (interprétation). - Je comprends, je n'essaie pas
22 d'imputer la faute à qui que ce soit. Je voulais simplement rappeler que
23 la brigade de Zenica s'appelait la brigade Francetic.
24 M. le Président. - Peut-être, vais-je me tourner avec l'accusé,
25 au risque de paraître contradictoire avec moi-même puisque je vous demande
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1 d'aller à l'essentiel, quand vous avez parlé de la rencontre avec Franjo
2 Nakic, le matin, c'est bien lui qui avait été enlevé la veille, c'est bien
3 cela ou je me suis trompé. N'avait-il pas été arrêté avec Merdan, la
4 veille, le 14 avril ? Je ne me suis pas trompé.
5 (Me Nobilo fait un signe affirmatif de la tête)
6 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, il n'a pas
7 été enlevé le 15 avril, il a été enlevé le 14 avril. C'est bien ce que je
8 dis.
9 M. le Président. - C'est bien ce que je dis. Je vous ai un peu
10 repris pour ne pas entrer dans le détail ; vous avez parlé de son
11 diabète, etc. Je suis un peu étonné, il ne vous a pas parlé de son
12 enlèvement, ce n'est quand même pas un événement... Cela me parait...
13 Si je suis enlevé aujourd'hui, il me semble que demain, si je
14 suis libéré, j'aurai tendance à parler de mon enlèvement. Non, il ne vous
15 en a pas parlé ?
16 M. Blaskic (interprétation). - Bien sûr.
17 M. Hayman (interprétation). - Monsieur le Président, il doit y
18 avoir un problème dans ce que vous entendez car, il y a quelques instants,
19 le témoin a dit qu'il avait rencontré Nakic le matin du 15 et qu'ils ont
20 parlé des événements survenus la veille au soir et, là, il y avait une
21 référence à l'enlèvement et que c'est en raison de tout cela qu'il a
22 demandé à rentrer
23 chez lui. C'était clair en interprétation anglaise.
24 M. le Président. - C'est la liaison qui ne s'est pas bien faite
25 en traduction française et je n'en donne pas du tout la responsabilité à
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1 la cabine parce que c'est bien compliqué tout cela.
2 Vous me rassurez quand même parce que, quand on est enlevé le
3 14 avril, il me semble qu'on doit en parler le 15, quand on est libéré.
4 Bien, excusez-moi cette interruption, mais je garde mon
5 observation essentielle : voyez-vous, essayez de vous concentrer sur ce
6 qui est essentiel. Sinon, au bout d'un moment, on est un peu perdu. Vous
7 faites tellement de choses : vous êtes un capitaine de guerre, vous
8 commandez, vous faites de l'administration, de la restructuration de la
9 hiérarchie, de la discipline, vous conduisez la guerre... Cela fait
10 beaucoup de choses pour un jeune colonel, en plus.
11 Essayez vraiment de vous concentrer sur ce qui est essentiel,
12 d'accord ?
13 M. Blaskic (interprétation). D'accord, Monsieur le Président,
14 mais je voudrais simplement ajouter que dans ma réponse, j'ai dit sans
15 aucun doute que j'avais eu une discussion avec Franjo Nakic au sujet de
16 cet enlèvement. Je ne sais pas ce que vous avez entendu.
17 M. le Président. D'accord. Excusez-moi de vous avoir
18 interrompu. C'est moi qui vous ai fait perdre un peu de temps. Donc on va
19 essayer de le rattraper. Maître Nobilo, je compte sur vous pour rattraper
20 ce petit temps de perdu. Allez-y.
21 M. Nobilo (interprétation). - Très bien, Monsieur le Président,
22 mais permettez-moi la liberté de démontrer peut-être combien tout est
23 important dans ce procès. L'un des témoins importants de l'accusation a
24 accusé notre client d'avoir isolé intentionnellement pendant la guerre
25 M. Nakic parce qu'il était favorable à un compromis avec les Musulmans de
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1 façon à pouvoir s'engager dans la guerre. Nous, nous démontrons donc ce
2 qui s'est passé. Ce diabète, cet enlèvement ont, eux aussi, a un sens dans
3 tout cela.
4 M. le Président. - Bien, écoutez, allons-y alors. Si le diabète
5 a un sens, Maître Nobilo, continuons, allons-y, poursuivez.
6 M. Nobilo (interprétation). A 10 heures ou un peu avant
7 10 heures en fait, entre 9 heures et 10 heures du matin, vous commencez à
8 rédiger cet ordre que nous avons tous entre les mains en ce moment. Cet
9 ordre est assez long. Je n'ai donc pas l'intention de le lire
10 intégralement, même s'il est absolument important. Je n'en lirai que
11 quelques passages.
12 Dans la première partie de ce texte, vous décrivez la situation
13 qui prévaut sur le terrain, situation que vous avez déjà décrite
14 aujourd'hui. Je m'abstiendrai donc de donner lecture de ce passage.
15 Par la suite -un peu plus loin-, vous prévoyez dans quel sens
16 l'armée de Bosnie-Herzégovine va frapper. Je vais citer le quatrième
17 paragraphe de cet ordre qui se lit comme suit. Donc sur la première page
18 de ce texte, quatrième paragraphe, je cite :
19 "L'une des premières tâches consiste assurément à liquider le
20 commandement de la zone opérationnelle et, en vue de mener une action de
21 diversion, d'obtenir son élimination complète.".
22 M. Hayman (interprétation). - "L'une des tâches principales",
23 c'est le début du paragraphe.
24 M. Nobilo (interprétation). - Je répète donc : "L'une des taches
25 principales consiste assurément à liquider le commandement de la zone
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1 opérationnelle et, compte tenu des actions de sabotage, d'obtenir sa
2 destruction complète, ce pourquoi au cours de la nuit du 14 au
3 15 avril 1993, ils ont amené des forces dans les locaux de la caserne des
4 pompiers de Vitez, dans l'école de Kruscica et dans les villages de
5 Nadioci, de Ahmici afin de bloquer Gornja Rovna et Pecici pour empêcher
6 l'arrivée de renforts.
7 Et le 8 avril 1993, ils ont emmené des membres de la brigade de
8 Krajina à Travnik pour des actions d'intervention. Ensuite, nous avons un
9 titre : "Assignation de nos forces". Les
10 forces du HVO.
11 "Les tâches de nos forces : empêcher la réalisation des actions,
12 des extrémistes musulmans, des forces politiques extrémistes musulmanes et
13 être en état de préparation pour des actions d'intervention avec des
14 affectations précises."
15 Ensuite, nous avons un titre : "4ème Bataillon de la police
16 militaire". "Le commandant du 4ème Bataillon de la police militaire est
17 directement responsable de la sécurité du poste de commandement avancé de
18 Vitez. Il doit évaluer les conditions et renforcer la sécurité afin
19 d'empêcher toutes surprises. La route Busovaca-Vitez-Travnik doit être
20 disponible pour permettre la circulation sans problème de toutes les
21 personnes et de toutes les formations militaires. Et chaque fois que le
22 MOS érigera un barrage, il convient de l'en empêcher, conformément au
23 règlement en vigueur de la police militaire. Au cas où se produirait une
24 attaque particulièrement violente, des forces extrémistes musulmanes en
25 provenance des villages de Nadioci, Ahmici, Sivrino Selo, Pirici, je tiens
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1 à en être informé. Si le feu est ouvert directement contre vous, il vous
2 faut riposter et neutraliser l'agresseur.
3 Ensuite, prêtez une attention particulière à la sécurité du
4 poste de commandement et à son commandant. Le bataillon spécial des
5 Vitezovi agira selon les affectations particulières en cas d'une percée
6 des lignes de défense. Sa tâche consistera à empêcher toute action de
7 l'ennemi, notamment en provenance de Stari Vitez."
8 Le texte est difficile à lire.
9 "En tout cas en provenance de Stari Vitez, où la police
10 militaire de l'armée de Bosnie-Herzégovine, la police civile musulmane et
11 le peloton anti-chars de l'armée de Bosnie-Herzégovine, sont stationnés et
12 l'affectation consistera à agir contre le Haut commandement de la zone
13 opérationnelle sans doute.
14 Une tâche essentielle consiste à bloquer les forces
15 susmentionnées pour les empêcher d'attacher le Haut commandement. Il
16 importe d'être en état de préparation pour
17 intervenir conformément aux affectations ci-dessus.
18 Paragraphe 2.3 : Affectation des brigades du HVO, exécuter les
19 tâches de défense dans votre zone de responsabilité et empêcher les forces
20 extrémistes musulmanes d'effectuer un nettoyage du territoire, le génocide
21 du peuple croate et la réalisation de ces objectifs. Etre en état de
22 préparation pour réaliser une défense décisive du territoire du peuple
23 croate et ne retirer les forces qu'après avoir évacué la population et sur
24 mon accord.
25 Signature, commandant colonel Tihomir Blaskic."
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1 Général, j'aimerais que nous revenions à cette matinée, à la
2 période située entre 9 heures et 10 heures. Pendant que vous rédigiez cet
3 ordre, est-ce que vous avez des contacts, est-ce que vous avez rédigé la
4 totalité de cet ordre ? Comment les choses se sont elles passées ?
5 M. Blaskic (interprétation). Monsieur le Président,
6 Messieurs les Juges, aux alentours de 9 heures du matin, après la réunion
7 d'information, je me suis mis à rédiger l'ordre dont il vient d'être donné
8 lecture. Mais je savais qu'à 10 heures du matin, ce jour-là, j'avais un
9 rendez-vous avec le chef de la Croix Rouge international, M. Gian Luca.
10 J'ai donc terminé la rédaction de cet ordre rapidement, ordre
11 dans lequel je définissais dans la première partie les tâches assignées à
12 nos forces. Il s'agit du paragraphe 2 dans le texte dont il vient d'être
13 donné lecture. Le texte intitulé : "Affectation de nos forces". Pendant
14 que j'étais au travail M. Darko Krajevic est arrivé et m'a raconté tout ce
15 qui c'était passé la nuit précédente, la nuit du 14 avril 1993 au moment
16 où avait eu lieu cet attentat, pour être plus précis cette tentative de
17 liquidation de la part de l'armée de Bosnie-Herzégovine, de Vitez.
18 Lui était déjà au courant de l'incident survenu à Zenica. Il a
19 d'ailleurs dit : "Est-ce une chasse qui a été engagée contre nous" et ce
20 qu'il avait à l'esprit, c'étaient les commandants du HVO.
21 A la fin de cette conversation, je lui ai redit que
22 manifestement l'armée de Bosnie-
23 Herzégovine avait engagé une action contre les commandants du HVO de
24 Travnik, de Novi Travnik, de Vitez et Zenica. Puis, j'ai continué la
25 rédaction de l'ordre dont il vient d'être donné lecture.
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1 A 10 heures du matin, je n'avais pas terminé cette rédaction
2 parce que Gian Luca était déjà arrivé et j'avais un rendez-vous fixé avec
3 lui.
4 M. Nobilo (interprétation). - Avez-vous informé Darko Kraljevic
5 au sujet de cet ordre que vous étiez en train de rédiger ?
6 M. Blaskic (interprétation). L'ordre était sur mon bureau, on
7 y voyait mon écriture. Il a vu cet ordre et je lui ai dit que j'étais en
8 train de rédiger un ordre de préparation au combat car il était clair que
9 l'attaque et les agressions qui prenaient pour cible les membres du HVO se
10 poursuivaient.
11 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce qu'il y avait une mention
12 des Vitezovi dans cet ordre que vous prépariez ?
13 M. Blaskic (interprétation). - Il m'a d'abord remercié pour
14 l'engagement qui avait été le mien la veille et s'est mis à ma
15 disposition, de lui-même, en me disant qu'il était prêt à uvrer en
16 fonction des tâches que je lui assignerai en tant que commandant de la
17 zone. Après l'arrivée de M. Gian Luca, ou au moment où M. Gian Luca est
18 arrivé, j'ai appelé le chef d'état-major adjoint, M. Slavko Marin à qui
19 j'ai remis cet ordre.
20 Cet ordre qui n'était encore qu'une esquisse, car je pensais que
21 lui allait terminer la rédaction de cet ordre, notamment de son
22 introduction et ensuite le communiquer aux unités.
23 M. Nobilo (interprétation). Examinons cet ordre. Vous avez dit
24 que c'était un ordre de préparation. Quelle est la différence entre un
25 ordre de préparation et un ordre d'exécution.
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1 M. Blaskic (interprétation). - Le mot parle de lui-même. Cela
2 signifie qu'aucune des tâches mentionnées dans cet ordre n'est à exécuter,
3 mais que toutes les mesures doivent être prises parmi les formations du
4 HVO pour être prêt au moment où l'ordre d'exécution des opérations de
5 combat sera reçu.
6 En d'autres termes, cela signifie, en langage courant : "Soyez
7 prêts, mais n'entreprenez rien tant que vous n'aurez pas reçu un ordre
8 d'exécution des opérations de combat."
9 M. Nobilo (interprétation). - Revenons sur le point 2.2.1, vous
10 donnez un ordre au 4ème Bataillon de la police militaire. Les tâches que
11 vous ordonnez à la police militaire dans ce paragraphe, comment les
12 caractériseriez-vous ? Est-ce qu'elles signifient qu'il convient
13 d'employer la police militaire à des fins de combat, ou est-ce que cela
14 signifie autre chose ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Il est stipulé précisément dans
16 ce paragraphe que la police militaire est chargée d'assurer la sécurité du
17 poste de commandement, autrement dit de l'hôtel Vitez et que le commandant
18 du 4ème Bataillon de la police militaire est responsable du choix des
19 hommes à qui sera confiée la sécurité du poste de commandement. Il est
20 stipulé également qu'il convient d'évaluer l'état des forces et de
21 consolider la sécurité dans le but d'empêcher toute surprise.
22 M. Nobilo (interprétation). - Je ne vous demande pas de nous
23 dire ce qui est écrit mais de quel type sont ces ordres?
24 M. Blaskic (interprétation). - Il s'agit d'actions policières
25 régulières qui font partie du quotidien.
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1 M. Nobilo (interprétation). - - La sécurité du commandement et
2 la sécurité des routes entrent-elles dans les activités quotidiennes de la
3 police ?
4 M. Blaskic (interprétation). Oui. Il s'agit de tâches
5 policières régulières, quotidiennes.
6 M. Nobilo (interprétation). - Par rapport aux Vitezovi, quelle
7 était votre idée, que pensiez-vous que les Vitezovi devraient faire, de
8 quelle façon pensez-vous qu'ils devraient
9 s'intégrer au combat ?
10 M. Blaskic (interprétation). Eh bien, les Vitezovi devaient
11 réaliser le blocage de la partie attaquante de l'armée de Bosnie-
12 Herzégovine à partir de Stari Vitez et ce, dans la direction de l'hôtel
13 Vitez, donc du commandement de la zone opérationnelle de Bosnie centrale.
14 M. Nobilo (interprétation). - Le terme "blocage", que signifie-
15 t-il sur un plan militaire ?
16 M. Blaskic (interprétation). - Il s'agit d'une action tactique,
17 de combat qui implique que l'on utilise un déploiement des unités de
18 combat pour empêcher le mouvement ou, plus précisément, toute action de la
19 part des forces ennemies. En général, cela signifie que l'on crée des
20 postes de garde ou des patrouilles ou, en tout cas, des formations de
21 défense qui permettent d'empêcher l'action de l'ennemi ou son passage.
22 M. Nobilo (interprétation). - Mais si l'on cherche à définir le
23 blocage du point de vue des deux aspects principaux d'opérations de
24 combat, à savoir la défense ou d'attaque, dans quelle catégorie entrerait
25 le blocage ?
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1 M. Blaskic (interprétation). - Cette action de blocage est une
2 opération de défense, c'est une opération de combat défensif.
3 M. Nobilo (interprétation). Laissons cela de côté, mais
4 dites-nous quel était le thème, l'objet de la visite du représentant de la
5 Croix Rouge internationale à votre commandement, ce matin-là ?
6 M. Blaskic (interprétation). - Les questions les plus
7 importantes qui ont été abordées ont été le problème des convois, le
8 problème de la saisie des convois, de l'interdiction de passage des
9 convois. Une autre question importante était celle des prisonniers.
10 Le représentant de la Croix Rouge a évoqué le problème de
11 l'interdiction de passage des convois et de la saisie des cargaisons, il a
12 dit que ce n'était pas la première fois que cela
13 arrivait, mais que c'était devenu quelque chose d'assez régulier.
14 M. Nobilo (interprétation). - Vous a-t-il demandé d'intervenir,
15 d'agir de quelque façon que ce soit ?
16 M. Blaskic (interprétation). - Oui, il m'a demandé expressément
17 de faire en sorte que la cargaison et les véhicules soient restitués et,
18 pour ce qui me concerne, j'ai tenté de l'informer de tous les événements
19 survenus depuis le 8 avril jusqu'au 15 avril à peu près. Autrement dit, je
20 lui ai parlé des événements survenus à Travnik, à Novi Travnik, à Vitez, à
21 Zenica, en lui disant que la situation avait atteint un point critique
22 qu'il était difficile de contrôler.
23 M. Nobilo (interprétation). - Après cette rencontre, avez-vous
24 pris des mesures concrètes pour découvrir où se trouvaient la cargaison,
25 les véhicules et en assurer la restitution.
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1 M. Blaskic (interprétation). - J'ai demandé à la police
2 militaire de faire ce qu'il convenait de faire pour retrouver les
3 véhicules manquants du convoi et j'ai demandé que ces véhicules soient
4 garés devant le commandement de la zone opérationnelle de Bosnie centrale
5 à Vitez.
6 M. Nobilo (interprétation). - Revenons quelques instants sur
7 cette rencontre avec le représentant de la Croix Rouge internationale.
8 Vous avez parlé des prisonniers lorsque vous avez évoqué les thèmes de
9 votre conversation.. De quels prisonniers s'agissait-il ?
10 M. Blaskic (interprétation). - Il était question des
11 opérations..., il s'agissait d'une vingtaine de prisonniers, si je ne
12 m'abuse, qui se trouvaient dans la zone opérationnelle au nord-ouest de
13 l'Herzégovine, prisonniers pour lesquels la Croix Rouge me demandait de
14 prendre des mesures avec le commandant Schillier*.
15 M. Nobilo (interprétation). Mais il s'agissait d'une zone qui
16 était en dehors de votre zone de responsabilité.
17 M. Blaskic (interprétation). - Oui, j'ai répondu que ces
18 prisonniers ne relevaient pas de ma zone de responsabilité, mais que
19 j'allais faire ce que je pouvais pour avoir des informations à leur sujet.
20 M. Nobilo (interprétation). - Aux alentours de 11 heures ou peu
21 après 11 heures, vous avez eu un contact avec Holman à Zenica. Quelles
22 étaient les nouvelles qu'il vous a communiquées ?
23 M. Blaskic (interprétation). Holman m'a appelé pour m'informer
24 de l'enlèvement de Totic. Il a confirmé qu'il se trouvait sur les lieux et
25 il m'a dit ensuite que la panique régnait, que la population de Zenica
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1 était en état de choc, terrorisée et que la ville de Zenica était bloquée,
2 que les soldats étaient dans les rues et que la police de Zenica était
3 également dans la rue.
4 M. Nobilo (interprétation). - Après cela, vous avez également eu
5 un contact avec le service des enquête criminelles de la police et avec le
6 service de la sécurité. De quoi a-t-il été question au cours de ces
7 contacts ?
8 M. Blaskic (interprétation). J'ai parlé à l'adjoint chargé de
9 la sécurité ainsi que j'ai pu parler au chef de la police et j'ai demandé
10 que toutes les mesures nécessaires soient entreprises afin que le matériel
11 qui avait été confisqué de ce convoi soit restitué. Je voulais que l'on
12 honore cette demande qui a été formulée par Gian Luca.
13 M. Nobilo (interprétation). - Vous-même saviez-vous que ce
14 convoi allait être détourné avant d'apprendre que cet événement s'est
15 produit ?
16 M. Blaskic (interprétation). - Non, je ne savais même pas que ce
17 convoi était acheminé le long de ce trajet. Je ne savais absolument pas
18 qu'il allait être pillé.
19 M. Nobilo (interprétation). - A midi, vous rencontrez l'officier
20 chargé des activités d'information. Pouvez-vous nous relater cet
21 entretien ?
22 M. Blaskic (interprétation). C'était M. Marko Prskalo*. Il est
23 venu me voir et m'a
24 informé que les tensions étaient exacerbées et que la situation était
25 extrêmement tendue. Il m'a dit qu'une grande inquiétude régnait notamment
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1 auprès de la population croate de Zenica et il m'a dit, il m'a proposé de
2 tenir une conférence de presse extraordinaire afin de s'adresser à
3 l'opinion. Il a pensé qu'il fallait envoyer des informations et qu'il
4 fallait communiquer les positions du commandement concernant les
5 événements qui s'étaient produits dans la matinée à Zenica.
6 M. Nobilo (interprétation). - Avez-vous accepté cette
7 proposition ? Avez-vous organisé cette conférence de presse ?
8 M. Blaskic (interprétation). - Oui, j'ai organisé cette
9 conférence de presse à Busovaca vers 13 heures.
10 M. Nobilo (interprétation). - Au retour de cette conférence de
11 presse à Busovaca, vous rédigez un nouvel ordre. Qu'est-ce qui vous a
12 incité à rédiger précisément cet ordre-là, qu'est-ce qui vous a poussé à
13 faire cet ordre-là ?
14 M. Blaskic (interprétation). - C'est la première fois, lors de
15 cette conférence de presse à Busovaca, que je me suis aperçu de ce qui
16 s'était réellement passé à Zenica. J'ai compris que cette forme d'action,
17 que cette attitude des membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine était en
18 fait un scénario qui visait à éliminer les commandants et qu'il s'agissait
19 en fait d'une forme de terrorisme caractérisé. C'est pourquoi je me suis
20 demandé s'il fallait entreprendre des mesures, s'il ne serait pas bon de
21 donner un ordre demandant l'arrêt de tout mouvement des membres du HVO, ou
22 bien s'il fallait leur assigner des tâches limitant leur mouvement
23 uniquement pendant la journée en renforçant la sécurité.
24 M. Nobilo (interprétation). Peut-on présenter au témoin le
25 document de la défense D268, s'il vous plaît ? Il s'agit d'un ordre que
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1 vous avez émis et signé le 15 avril 1993 à 15 heures 45.
2 (L'huissier s'exécute.)
3 Il s'agit donc d'un ordre en date du 15 avril 1993 à
4 15 heures 45 intitulé "Ordre d'action". Il est adressé à un grand nombre
5 de brigades ainsi qu'au 4ème Bataillon de la police militaire.
6 Général, dites-moi s'il s'agit d'un ordre de combat, s'il s'agit
7 d'un ordre d'exécution ?
8 M. Blaskic (interprétation). - Il s'agit encore d'un ordre
9 cherchant à augmenter la préparation au combat. Il ne s'agit toujours pas
10 d'un ordre d'exécution des opérations de combat.
11 M. Nobilo (interprétation). - Mais compte tenu du titre où l'on
12 voit indiquer "Ordre d'action", est-ce que l'on peut agir en vertu de cet
13 ordre, par exemple pour combattre des opérations terroristes ?
14 M. Blaskic (interprétation). Oui, on peut agir d'après cet
15 ordre.
16 M. Nobilo (interprétation). - Je ne donnerai pas lecture de
17 l'ensemble du texte puisque nous l'avons tous. Vous décrivez la
18 7ème Brigade musulmane, ses méthodes d'action également et vous donnez
19 l'ordre aux brigades de constituer des groupes consistant de 15 hommes
20 dont la mission sera de liquider les groupes de sabotage de cet
21 7ème Brigade musulmane, etc., etc.
22 Est-ce que cet ordre peut être considéré comme un ordre
23 antiterroriste. Etait-ce le sens qui présidait à sa rédaction, le combat
24 contre le terrorisme ?
25 M. Blaskic (interprétation). - Cet ordre a été rédigé à l'issue
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1 de cette conférence de presse.
2 Une fois que j'ai pu m'apercevoir personnellement que des
3 activités qui avaient été entreprises par les membres de la 7ème Brigade
4 musulmane, d'après les informations dont je disposais, étaient des actions
5 terroristes au sens classique du terme, et cet ordre était encore un ordre
6 qui demandait la lutte contre ces formes terroristes d'action.
7 M. Nobilo (interprétation). Pouvez-vous, s'il vous plaît,
8 examiner cet ordre. Qui
9 a esquissé l'ordre, qui l'a écrit et signé ? Pour que ce soit clair...
10 M. Blaskic (interprétation). - Cet ordre a été esquissé de la
11 manière suivante : moi, je l'ai dicté à Slavko Marin, qui l'a écrit, et je
12 l'ai signé de ma main.
13 M. Nobilo (interprétation). - Cet ordre a-t-il été tapé, signé
14 et envoyé à l'heure et à la date qui figure dessus ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
16 M. Nobilo (interprétation). - Une fois cet ordre donné, vous
17 apprenez qu'il y a eu un pilonnage de Putici.
18 M. Blaskic (interprétation). Oui, j'ai été informé que des
19 obus de mortiers tombés à proximité immédiate du site de Puticevo et que
20 ces obus venaient en direction de la forteresse de Tvrdava en, provenance
21 de la forteresse, donc de Travnik.
22 M. Nobilo (interprétation). - Par la suite, vous avez un autre
23 entretien où il est question du détournement d'un grand convoi de
24 15 camions et de 30 véhicules particuliers transportant de l'aide
25 humanitaire. Quelles ont été les conclusions de cet entretien ?
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1 M. Blaskic (interprétation). J'ai eu un entretien avec
2 l'assistant chargé de la sécurité parce que je voulais savoir si quelque
3 chose avait été fait pour restituer ce matériel et cette cargaison. J'ai
4 appris que la police militaire n'était pas en mesure de restituer les
5 matériels détournés. Il faut savoir qu'à l'époque, on savait que ces
6 véhicules étaient garés sur la route principale Han Bila. En dépit de
7 cela, ce n'était pas possible.
8 M. Nobilo (interprétation). - Pour quelle raison la police
9 militaire n'était pas en mesure de restituer ce matériel ?
10 M. Blaskic (interprétation). - L'une des choses dites était que
11 ce groupe armé était largement supérieur en force aux membres de la police
12 militaire. La police militaire, pour pouvoir mener à bien son action,
13 devait recourir à la force. Ces membres des unités armées étaient bien
14 plus forts, cela n'était donc pas possible.
15 Monsieur vivait à proximité de Nova Bila. Il m'a téléphoné et
16 m'a confirmé que ces véhicules appartenant à ce convoi enlevé se
17 trouvaient toujours à Nova Bila. Mais il a ajouté : "J'ai peur que la
18 force n'y soit pour rien, qu'elle ne signifie rien aux membres de ces
19 unités armées".
20 M. Nobilo (interprétation). - Finalement, comment avez-vous
21 décidé de régler ce problème ?
22 M. Blaskic (interprétation). - L'adjoint à la sécurité m'a
23 suggéré d'inviter à une réunion les membres de la police militaire, ou
24 plutôt le commandant de la police militaire ainsi que le commandant des
25 Vitezovi, un représentant de ce groupe Guti et un membre de l'unité
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1 Tvrtkovci et d'essayer de leur présenter la situation générale qui régnait
2 et les problèmes qui se posaient concernant la cargaison enlevée. Il a
3 suggéré qu'on leur demande à eux de nous aider à restituer ce matériel.
4 M. Nobilo (interprétation). - Cette réunion a-t-elle été tenue ?
5 Ont-ils répondu à l'appel ?
6 M. Blaskic (interprétation). La réunion s'est tenue vers
7 17 heures. Ils sont venus effectivement.
8 M. Nobilo (interprétation). - Pendant la réunion -laissons de
9 côté le sujet principal de la réunion, autrement dit, le convoi, enfin, sa
10 cargaison qu'il fallait restituer-, quelle est l'information qui est
11 parvenue pendant cette réunion et comment s'est déroulée la suite de la
12 réunion ?
13 M. Blaskic (interprétation). - Le convoi faisait l'objet de
14 cette réunion, mais pendant la réunion, l'officier de service est entré et
15 nous a informés que l'on venait d'apprendre que de Zenica, l'armée de
16 Bosnie-Herzégovine effectuait un mouvement en direction de Kuber.
17 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous montrer, s'il vous
18 plaît, où se trouve Kuber et nous dire brièvement quelle est l'importance
19 de Kuber par rapport à l'importance de la
20 Lasva.
21 M. le Président. - Cela ne vous dérange pas, général Blaskic ?
22 Montrez-nous d'abord sur la carte, puis sur la maquette car, sur la carte,
23 nous avons une vue mieux placée et, ensuite, précisez-le sur la maquette.
24 M. Blaskic (interprétation). Oui, tout à fait, Monsieur le
25 Président.
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1 Je montre Zenica. Ici, on voit Kuber. Pendant la réunion où
2 j'étais présent, une information m'a été envoyée disant que l'armée de
3 Bosnie-Herzégovine effectuait un mouvement de l'usine Tvrdjava, de la
4 scierie, qu'elle passait par la route sous le commandement du HVO situé à
5 Potbrezje et qu'elle allait en direction de Kuber. C'était l'estimation
6 que nous avons reçue cette fois-là.
7 M. le Président. Sur la maquette, Zenica, Kuber... Référez-
8 vous toujours à une ville qui nous est familière, n'est-ce pas ?
9 M. Blaskic (interprétation). - Oui, Monsieur le Président. Ici,
10 je montre Zenica et ici Kuber.
11 M. Nobilo (interprétation). - Kuber, c'est un site stratégique
12 pour défendre la vallée de la Lasva, peut-on le formuler ainsi ?
13 M. Blaskic (interprétation). Oui, c'est le principal point
14 stratégique pour défendre la vallée de la Lasva, c'est une base des
15 opérations. Celui qui tient Kuber peut contrôler l'ensemble de la vallée
16 de la Lasva. Il peut agir selon son choix, soit en direction de Vitez ou
17 ailleurs. C'est le point le plus important de la vallée de la Lasva par
18 rapport à Zenica.
19 M. Nobilo (interprétation). - Merci vous pouvez regagner votre
20 place.
21 M. Nobilo (interprétation). - Par conséquent, vous avez reçu des
22 informations selon lesquelles les membres de l'armée de Bosnie-
23 Herzégovine, à Zenica, étaient en mouvement sur ce point tout à fait
24 crucial de la vallée de la Lasva. Ceci était-il l'objet d'une certaine
25 préoccupation pour vous ?
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1 M. Blaskic (interprétation). Oui, surtout parce que l'officier
2 de garde est arrivé vers moi et qu'il était tout à fait paniqué. Il a
3 communiqué cette information devant tout le monde. Par conséquent, la
4 question a été de savoir quoi faire et quelle position adopter vis-à-vis
5 de cette opération de l'armée de Bosnie-Herzégovine.
6 M. Nobilo (interprétation). - Quelle a été votre réaction ? Qui
7 avez-vous chargé de suivre le déroulement des événements ?
8 M. Blaskic (interprétation). - J'ai dit, à ce moment-là, aux
9 participants de la réunion que j'avais donné deux ordres : un le matin
10 même et, un autre, l'après-midi. Et j'espérais que ces ordres allaient
11 être exécutés.
12 J'ai donc demandé à Slavko Marin de m'apporter ces ordres et
13 j'ai vu alors que l'ordre préparatoire que j'avais donné à 10 heures,
14 n'avait pas encore été envoyé aux unités subordonnées.
15 M. le Président. - Une précision, Maître Nobilo, Slavko Marin
16 est avec notre témoin d'aujourd'hui depuis quelques jours. C'est la
17 première fois que l'accusé nous mentionne le nom de Slavko Marin. Il a
18 rejoint votre état-major début avril ? Je ne me souviens plus exactement.
19 Pouvez-vous nous le rappeler ?
20 M. Blaskic (interprétation). M. Marin arrivait le
21 1er novembre 1992, dans la zone opérationnelle de Bosnie centrale et au
22 commandement.
23 M. le Président. - Vous avez parlé de Franjo Nakic, mais
24 rarement de cette personne qui est venue témoigner ici et qui semblait
25 pourtant jouer un grand rôle. Voilà pourquoi je me posais la question de
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1 n'en entendre parler que pour la première fois, ayant rédigé ces deux
2 ordres... Vous préférez intervenir, Maître Nobilo, c'est comme vous le
3 voulez ? Rapidement, bien sûr.
4 M. Nobilo (interprétation). Non. Il l'a mentionné une fois,
5 mais pourquoi Slavko Marin prend-il une certaine importance ce jour-là, ou
6 à partir de ce jour-là ? Pourquoi
7 représente-t-il tout d'un coup ou remplit-il un rôle important à partir du
8 15 avril ?
9 M. Blaskic (interprétation). M. Slavko Marin n'était pas mon
10 subordonné direct. Je n'étais pas son supérieur hiérarchique direct. Son
11 supérieur direct était Franjo Nakic et lorsque le chef d'état-major était
12 absent, c'était Slavko Marin ou plutôt Slavko Marin m'était directement
13 subordonné parce qu'il était chef des opérations au commandement de la
14 zone opérationnelle de Bosnie centrale.
15 M. Nobilo (interprétation). - Une autre question, Général. Les
16 16, 17, 18 avril, M. Nakic a-t-il réussi à revenir ou bien ses tâches ont-
17 elles été exécutées par M. Marin au cours des premières journées du
18 conflit ?
19 M. Blaskic (interprétation). Monsieur Nakic a passé toute la
20 période chez lui.
21 M. Nobilo (interprétation). - Je parle des premiers jours du
22 conflit.
23 M. Blaskic (interprétation). - Je parle des premières journées
24 du conflit. Il était bloqué chez lui. Il n'a jamais réussi à parvenir au
25 poste du commandement. C'est Slavko Marin qui exécutait ces propres
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1 tâches en tant qu'assistant de Nakic et les tâches relevant de l'état-
2 major, donc de Nakic.
3 M. Nobilo (interprétation). - Par conséquent, le 15, il était
4 votre plus proche assistant au quartier général ?
5 M. Blaskic (interprétation). - Oui, puisque M. Nakic était
6 absent.
7 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez dit que l'ordre de 10
8 heures du 15 avril 1993 est resté sous sa forme manuscrite mais n'a jamais
9 été envoyé. Pour le compte rendu il s'agit du document D267.
10 Qu'est-il advenu de l'ordre correspondant à la cote D268, rédigé
11 le 15 avril 1993 à 15 heures 45 ?
12 M. Blaskic (interprétation). - Cet ordre n'a pas non plus été
13 envoyé.
14 M. Nobilo (interprétation). - Ensuite, que s'est-il passé ?
15 M. Blaskic (interprétation). - J'ai pris ces deux ordres, je
16 les ai lus à haute voix au commandant présent à la réunion. Après avoir
17 donné lecture des dispositions des ordres, nous avons conclu la réunion.
18 Après cela, j'ai décidé d'appeler le commandant de la brigade de
19 Vitez qui était, à l'époque, chez lui, dans sa famille.
20 M. Nobilo (interprétation). - Avant de parler de la réunion avec
21 le commandant de la brigade de Vitez, M. Cerkes, qui n'était pas présent
22 lors de la première réunion, dites-nous ce qu'il est advenu de ces deux
23 ordres, l'ordre de 10 heures et l'ordre de 15 heures 45. Les ordres ont-
24 ils été envoyés, rédigés à nouveau, dactylographiés. Que s'est-il passé ?
25 M. Blaskic (interprétation). - A ce moment-là, je n'ai pas pu
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1 envoyer l'ordre de 10 heures pour qu'il soit dactylographié. La personne
2 n'était pas dans son bureau. En effet, elle travaillait jusqu'à 15 heures.
3 Par conséquent, l'ordre qui est arrivé plus tard, celui du 15 heures 45 a
4 été envoyé parce que dactylographié, alors que l'ordre de 10 heures a été
5 renvoyé au bureau afin qu'il soit dactylographié. J'ai donc lu à haute
6 voix les dispositions des deux ordres aux personnes présentes à la
7 réunion.
8 M. Nobilo (interprétation). - Après cette réunion, vous avez
9 essayé de rentrer en contact avec le chef qui était en formation à ce
10 moment-là ? Que s'est-il passé ensuite ?
11 M. Blaskic (interprétation). - J'ai appelé le commandant Cerkez,
12 il m'a parlé au téléphone et je l'ai informé des tâches à exécuter. Je lui
13 ai parlé des tâches, des mouvements de l'armée de Bosnie-Herzégovine de
14 Zenica vers Kuber et, oralement, j'ai lu les dispositions et les tâches
15 incluses dans l'ordre de 10 heures. Une fois de plus, je lui ai donné
16 l'ordre d'exécuter les tâches en question.
17 M. Nobilo (interprétation). Quel était cet ordre que vous avez
18 donné à la brigade de Vitez le soir du 15 avril 1993 ? En quoi consistait
19 cet ordre ?
20 M. Blaskic (interprétation). - J'ai ordonné aux unités de combat
21 d'améliorer la préparation au combat afin d'établir un barrage routier
22 dans la zone de Kruscica, également à partir de la région de la Vransjka
23 et Donja Veceriska.
24 M. Nobilo (interprétation). - Pourquoi avez-vous choisi cette
25 région, pourquoi avez-vous demandé à la brigade de Vitez de bloquer cette
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1 région ? Qu'est-ce qui vous a incité à choisir cette position en
2 particulier ?
3 M. Blaskic (interprétation). - C'est le fait que l'évaluation
4 des rapports précédents que j'avais reçus des renseignements militaires
5 indiquant que les forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine allaient sans
6 doute lancer une attaque de la direction de Kruscica et Vranjska, en
7 partie par Gradina, vers l'usine d'explosifs et également vers le village
8 de Rijeka, Santici, leur intention étant de rejoindre les forces de Kuber.
9 A partir de là, une attaque serait probablement lancée sur la route
10 principale.
11 M. Nobilo (interprétation). Quelle a été la réponse de Cerkez
12 et que s'est-il passé ensuite ?
13 M. Blaskic (interprétation). - Cerkez m'a dit tout d'abord qu'il
14 voulait un ordre écrit afin de pouvoir informer les représentants civils
15 de la municipalité de Vitez de l'existence de cet ordre. D'autre part, il
16 m'a dit que le quartier général était en cours de création et que
17 l'existence d'un ordre écrit lui faciliterait la tâche dans ce domaine.
18 Il m'a demandé si, lorsqu'il devait venir à la réunion, il
19 devait porter un uniforme ou des vêtements civils parce qu'à ce jour-là, à
20 18 heures 30, il devait se rendre à un mariage. Par conséquent, il devait
21 se rendre donc à son mariage à Vitez avec son épouse.
22 M. Nobilo (interprétation). C'était donc bien son propre
23 mariage ?
24 M. Blaskic (interprétation). Oui, il s'agissait de son propre
25 mariage. Son mariage avait été prévu pour ce jour-là.
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1 Cerkez m'a également dit qu'il avait engagé un groupe de soldats
2 sur la ligne de
3 front face aux Serbes à la position de Strikanjci. Ce groupe était composé
4 de soldats, de Vitezovi. C'est un endroit qui se trouve près de Novi
5 Travnik. Il a également dit qu'un nouveau groupe de soldats devait être
6 préparé afin de relever l'équipe précédente le lendemain.
7 M. Nobilo (interprétation). - Tard ce soir là, des représentants
8 des autorités civiles sont venus vous rendre visite, pourquoi ?
9 M. Blaskic (interprétation). - Vers 22 heures 30, des
10 représentants civils de Vitez sont arrivés : M. Santic était là,
11 M. Nikola Krisanovic et M. Skopljak également, je crois. Ils m'ont informé
12 de leur opinion, à savoir qu'aucune activité de combat ne devait être
13 lancée dans la municipalité de Vitez, d'autant plus que l'usine
14 d'explosifs n'était pas prête à faire face à ce type de situation et qu'il
15 y avait environ 500 tonnes d'explosifs dans l'usine ainsi que des machines
16 participant à la production de ces explosifs et des composantes d'engins
17 explosifs. Il y avait notamment quelque 100 tonnes d'acide et il risquait
18 d'y avoir de nombreuses destructions sur un rayon de 5 à 15 kilomètres si
19 jamais le réservoir contenant l'acide était touché.
20 Je lui ai dit que nous ne souhaitions pas que des combats aient
21 lieu, que nous n'en avions pas prévu non plus, mais qu'il était manifeste
22 que l'armée de Bosnie-Herzégovine était en train de se déplacer et qu'on
23 ne pouvait pas permettre de se laisser dépasser par les événements et la
24 situation et nous trouver dans une situation où nous ne serions pas prêts
25 à faire face, dans nos lits en attendant que les choses se passent.
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1 J'ai également parlé du fait que je m'attendais à ce que des
2 opérations de combat aient lieu au retour de Kuber, qui se trouve à une
3 distance assez importante de l'usine d'explosifs, en tout cas, aux
4 alentours de Kuber.
5 M. Nobilo (interprétation). - Lorsque vous étiez en conversation
6 avec Cerkez, vous lui avez demandé, n'est-ce pas, de prendre des mesures
7 pour renforcer les positions autour de Kuber ?
8 M. Blaskic (interprétation). - Je lui ai dit d'aviser les
9 personnes qui défendaient
10 Kuber de ce qui allait probablement se passer, de leur donner toutes les
11 informations dont nous disposions, mais nous n'étions pas encore à même de
12 renforcer cette position grâce à la brigade de Vitez. Nous ne l'avons pas
13 fait d'ailleurs. Nous n'avons fait qu'avertir par téléphone les soldats
14 qui se trouvaient sur place qu'il y avait eu des mouvements de troupe.
15 M. Nobilo (interprétation). - Cela veut-il dire que le HVO
16 occupait certaines positions à Kuber ?
17 M. Blaskic (interprétation). - Effectivement, le HVO occupait
18 certaines positions à Kuber, mais la situation était la même que celle qui
19 régnait les 11 et 13 avril et d'autres jours auparavant.
20 M. Nobilo (interprétation). - Qui occupait les positions de
21 Kuber ? De quelle brigade s'agissait-il ?
22 M. Blaskic (interprétation). - Il y avait les membres de la
23 brigade de Nikola Subic-Zrinjski, des membres de la brigade de Vitez et de
24 la brigade de Zenica.
25 M. Nobilo (interprétation). - A partir de quel mois ces
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1 positions ont-elles été occupées de façon permanente par le HVO ?
2 M. Blaskic (interprétation). Dès le début. Mais les forces de
3 combat n'étaient pas présentes, il s'agissait de positions qui se
4 trouvaient, là, contre les forces aériennes et qui étaient conjointement
5 occupées mais, à partir du mois de janvier, lorsque le premier conflit a
6 eu lieu avec l'armée de Bosnie-Herzégovine, ces positions ont été occupées
7 par des unités de combat.
8 M. Nobilo (interprétation). Peut-on faire une pause
9 maintenant ?
10 M. le Président. Oui, excellente question, nous faisons une
11 pause de 20 minutes.
12 L'audience, suspendue à 16 heures, est reprise à 16 heures 30.
13 M. le Président. - L'audience est reprise. Veuillez vous
14 asseoir.
15 Maître Nobilo, allez-y.
16 M. Nobilo (interprétation). - Merci. Nous en sommes arrivés à la
17 soirée après le départ des autorités civiles, après que vous leur ayez
18 expliqué quelles étaient les mesures urgentes que vous aviez prises, le
19 15 avril 1993. Quelles sont les informations que vous recevez à 23,
20 24 heures, ce soir-là ?
21 M. Blaskic (interprétation). Aux alentours de 23 heures, je
22 suis informé du début des opérations de combat à Kuber, et on m'informe
23 également qu'un pilonnage a eu lieu à partir du site de Preocica contre
24 Poculica.
25 Je suis informé également que sur le site de Kuber, à l'issue
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1 des opérations de combat, il y a eu également des blessés dans les rangs
2 des soldats du conseil croate de défense.
3 M. Nobilo (interprétation). - Une fois que vous recevez
4 l'information vous annonçant le début des opérations de combat à Kuber,
5 dès le 15 avril 1993, vous rédigez un nouvel ordre, la pièce à conviction
6 de la défense D269 rédigée le 16 avril 1993 à 1 heure 30 du matin.
7 J'aimerais que l'on soumette cette pièce.
8 C'est en fait la nuit du 15 au 16 avril, 1 heure 30, après
9 minuit. Donc le 16, oui. Je vais en donner lecture. Cet ordre est destiné
10 à la brigade de Vitez, ou plutôt au commandant Cerkez, en main propre,
11 ainsi qu'à l'unité spéciale Zvodko.
12 Le titre de l'ordre est : "Ordre de combat, ordre d'empêcher les
13 attaques dues à l'ennemi (forces musulmanes extrémistes) et blocage du
14 territoire de Kruscica, Vranjska et Donja Veceriska."
15 Je ne donnerai pas lecture de l'ordre puisque nous pouvons tous
16 le lire. Pouvez-vous nous dire, sur un plan militaire, pour quelles
17 raisons vous avez émis précisément une ordre de cette nature. Si cela est
18 nécessaire, vous pouvez vous aider de la maquette pour démontrer pour
19 quelles raisons il était nécessaire de bloquer ces villages.
20 M. Blaskic (interprétation). Outre les informations reçues au
21 sujet des opérations
22 de combat qui se déroulaient sur le territoire de Kuber et de Poculica,
23 j'ai reçu également une information du service de renseignement militaire,
24 au sujet du regroupement des forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine, ou
25 plus précisément au sujet de mouvements de l'armée de Bosnie-Herzégovine,
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1 et de la création de communication par la radio.
2 L'importance des forces qui étaient déjà stationnées
3 précédemment, à savoir les forces de la 325ème Brigade sur le territoire
4 de Kruscica, ces forces étaient déjà présentes, mais d'autres forces de
5 l'armée de Bosnie-Herzégovine ont été amenées sur le territoire de
6 Kruscica et Vranjska.
7 Il était nécessaire de bloquer Donja Veceriska parce que ce
8 village était situé aux abords immédiats de l'usine d'explosifs.
9 M. Nobilo (interprétation). - Pourriez-vous nous montrer cela
10 sur la maquette et aussi nous montrer ce que vous avez réussi à empêcher.
11 Peut-être pouvez-vous vous rapprocher de la maquette. Un instant,
12 attendons que le collègue de l'accusation arrive près de la maquette.
13 M. Blaskic (interprétation). - Comme je viens de le dire, le
14 village de Donja Veceriska se trouve aux abords immédiats de l'usine
15 d'explosifs, et une des limites du village est à côté de l'usine. Ensuite,
16 on poursuit son chemin pour arriver au village de Divjak, de Grbavica et
17 de Han Bila par une voie de communication qui était déjà contrôlée par la
18 306ème Brigade de montagne de l'armée de Bosnie-Herzégovine, suite au
19 déploiement de cette armée antérieurement. Il était donc nécessaire
20 simplement d'effectuer la jonction entre Grbavica et Divjak pour couper la
21 vallée de la Lasva à cet endroit.
22 M. Nobilo (interprétation). Laissez votre pointeur à cet
23 endroit pour que nous voyons l'axe que constituait la vallée de la Lasva.
24 M. Blaskic (interprétation). - Ensuite, Kruscica, Vranjska et
25 Rovna, et ici nous avons le mont qui s'appelle Zovno Droze, le Mont rouge,
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1 et l'axe de communication entre Vitez et Busovaca aurait été contrôlé si
2 les troupes de Kruscica prenaient ce site. Si elles réussissaient à
3 rejoindre les forces déjà stationnées à Slevcizi, dans la direction que je
4 montre ici, qui aurait permis aussi de couper la vallée de la Lasva.
5 M. Nobilo (interprétation). - C'était une autre direction dans
6 laquelle la vallée aurait pu être coupée ?
7 M. Blaskic (interprétation). - Oui, et d'ailleurs, c'était le
8 moyen le plus facile de couper la vallée, c'est la direction sur laquelle
9 se concentreront les forces pendant toute la guerre qui va suivre.
10 Les forces de Rovna et de Vranjska pouvaient également agir dans
11 la direction de Cafradinovik Kuce auquel cas elle aurait pris le seul pont
12 sur la rivière Lasva qui s'appelle pont de Radakov. Le long de cette
13 deuxième direction dans laquelle la vallée aurait pu être coupée dans le
14 sens de Kaonik.
15 M. Nobilo (interprétation). - En fait, la troisième direction ?
16 M. Blaskic (interprétation). Oui, la troisième direction dans
17 laquelle la vallée aurait pu être coupée qui s'ajoute aux deux précédentes
18 évoquées.
19 M. Nobilo (interprétation). Peut-on dire que c'est à partir de
20 Zenica que devait venir la principale attaque ? Pour le reste, les forces
21 provenant de Zenica souhaitaient effectuer leur jonction avec les forces
22 venant du sud de la route principale. A votre avis est-ce que c'était
23 l'intention de l'armée de Bosnie-Herzégovine ?
24 M. Blaskic (interprétation). Le 3ème Corps d'armée a un
25 quartier général à Zenica et des positions importantes à Kuber. Les
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1 activités ultérieures ont montré que c'était bien leur intention et que
2 l'armée de Bosnie-Herzégovine n'a jamais abandonné cette intention,
3 autrement dit faire la jonction entre les forces provenant du nord et
4 celles provenant du sud afin de couper cette vallée de la Lasva en deux ou
5 trois segments distincts.
6 M. Nobilo (interprétation). - Si telle était l'intention
7 fondamentale de l'armée de Bosnie-Herzégovine, quelles sont les mesures
8 que vous avez prises pour empêcher la
9 réalisation de cette intention ?
10 M. Blaskic (interprétation). - Grâce à l'ordre dont je suis en
11 train de parler à 1 heure 30 du matin, j'ai ordonné que soit réalisé le
12 blocage des forces présentes à Kruscica, Vranjsko et Donja Veceriska et
13 que soient empêchées toutes opérations d'attaque de l'armée de Bosnie-
14 Herzégovine.
15 M. Nobilo (interprétation). - Les villages que vous venez de
16 mentionner se trouvent-ils tous au sud de la route principale ?
17 M. Blaskic (interprétation). Oui, tous ces villages sont au
18 sud de la route principale.
19 M. Nobilo (interprétation). - Eh bien, nous allons lire le
20 point 3 de cet ordre et je vous demanderai ensuite de nous interpréter ces
21 dispositions en vous appuyant sur la maquette. Monsieur, vous écrivez à
22 Cerkes et à l'unité spéciale Tvrtkovci, je cite :
23 "En face de vous se trouvent les forces du 4ème Bataillon de la
24 police militaire. Derrière vous se trouvent vos forces. A votre droite se
25 trouvent les forces de l'unité Nikola Subic-Zrinjski et, à votre gauche,
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1 les forces des unités de la police civile."
2 Pourriez-vous nous situer ces différentes forces sur la
3 maquette. En face de vous, les forces du 4ème Bataillon de la police
4 militaire où se trouvent-elles ?
5 M. Blaskic (interprétation). - Les forces du 4ème Bataillon de
6 la police militaire tenaient la route principale Travnik, Vitez, Busovaca
7 grâce à des patrouilles policières, et elles se trouvaient devant les
8 forces de la brigade de Vitez. Ces forces de la brigade de Vitez, Viteska,
9 bloquaient ...
10 M. Nobilo (interprétation). - Un instant, je vous prie, Général,
11 pour que chacun comprenne, parce que derrière et devant ce sont des
12 notions relatives. Si je regarde dans la direction des juges, les juges
13 sont devant moi. Si je me tourne du côté du public, les juges sont
14 derrière moi.
15 M. le Président. - Peut-être que le général pourrait le montrer
16 sur la carte. Je crois qu'on se repère bien. Les deux se complètent très
17 bien. La maquette permet de visualiser de façon plus microscopique mais on
18 a une vision macroscopique sur la carte avec le sud, le nord. En ce qui me
19 concerne, cela m'aide davantage, bien souvent, je me reporte à d'autres
20 documents. Le témoin peut-il montrer sa carte. C'est effectivement au sud
21 de la vallée, tout ceci, n'est-ce pas ?
22 M. Nobilo (interprétation). - Et dites-nous de quelle façon
23 vous établissez l'orientation ?
24 M. Blaskic (interprétation). - Oui, je peux agir de la sorte,
25 Monsieur le Président, pour que les choses soient plus claires, mais selon
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1 la doctrine que j'ai apprise à l'école militaire, ce que nous appelons
2 devant c'est toujours la direction principale d'où nous nous attendons à
3 être attaqués par l'ennemi. Si vous voulez, je vais vous le montrer sur la
4 carte pour que les choses soient plus claires.
5 M. Nobilo (interprétation). - Prenons les choses point par
6 point. Au paragraphe 3, devant vous se trouvent les forces du
7 4ème Bataillon de la police militaire. Comment déterminez-vous
8 l'orientation de votre position lorsque vous émettez cet ordre ? Qu'est-ce
9 que qui se trouve devant vous, pour vous, l'auteur de l'ordre.
10 M. Blaskic (interprétation). - Pour moi, ce qui est devant
11 c'est le nord dans ce cas particulier.
12 M. Nobilo (interprétation). - Pourquoi le nord, dans ce cas
13 particulier ?
14 M. Blaskic (interprétation). - Parce que je m'attends à ce que
15 l'attaque principale provienne de Zenica dans ce cas précis. Je parle du
16 cas précis qui nous préoccupe en ce moment.
17 M. Nobilo (interprétation). - Donc lorsque vous rédigez l'ordre,
18 vous regardez vers le sens principal de l'attaque de l'ennemi, n'est-ce
19 pas ? C'est ce qui correspond au terme
20 "devant" pour vous ?
21 M. Blaskic (interprétation). - Oui, à ce moment précis, Zenica
22 et Kuber sont devant moi. Donc pour répondre à votre question, Maître, je
23 réponds : oui.
24 M. Nobilo (interprétation). - Pourquoi est-ce que pour Cerkez,
25 la police militaire qui se trouve sur la route principale, pourquoi est-ce
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1 que cela est devant lui ? Montrez la route principale sur la carte et où
2 se trouve la brigade de Vitez si l'on dit que la route est devant.
3 M. Blaskic (interprétation). - La brigade de Vitez se trouve le
4 long de la rivière Lasva dans la direction de Gradina, c'est-à-dire sur le
5 territoire que je suis en train de montrer à l'instant.
6 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce en aval de la route, au sud
7 de la route ?
8 M. Blaskic (interprétation). - Au sud de la route. La route est
9 complètement libre. Donc la brigade de Vitez est au sud de la route.
10 M. Nobilo (interprétation). - Sommes-nous en droit de dire que
11 du point de vue de la position de la brigade de Vitez, à qui vous écrivez,
12 se trouve devant cette brigade de Vitez la police militaire et les forces
13 principales de l'armée de Bosnie-Herzégovine en provenance de Zenica,
14 est-ce bien cela ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
16 M. Nobilo (interprétation). - Vous écrivez à la brigade de Vitez
17 et vous lui dites : "A votre droite est la brigade Nikola Subic-Zrinjski".
18 Pouvez-vous l'indiquer sur la carte ?
19 M. Blaskic (interprétation). - Eh bien, ce que j'écris signifie
20 que c'est à l'est. Ce serait peut-être plus simple...
21 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous montrer ?
22 M. Blaskic (interprétation). - Autrement dit, ce territoire
23 recouvre la zone de la brigade Nikola Subic-Zrinjski. Sur la maquette, on
24 voit ce territoire, c'est cette espace située ici, à l'est du déploiement
25 du combat de la brigade de Vitez.
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1 M. Nobilo (interprétation). - A l'est et à droite, dans ce cas
2 précis, est-ce que c'est la même chose ?
3 M. Blaskic (interprétation). - Dans ce cas précis, oui.
4 M. Nobilo (interprétation). - Donc, si l'on regarde vers la
5 route principale et vers Zenica, on a sur sa droite les positions de la
6 municipalité de Busovaca et de la brigade Nikola Subic-Zrinjski, n'est-ce
7 pas ?
8 M. Blaskic (interprétation). - C'est exact, et ces positions
9 sont connues depuis le conflit précédent. C'est là que se trouvait la
10 ligne de démarcation entre les forces.
11 M. Nobilo (interprétation). - Il n'y a pas un seul ordre où vous
12 donnez des ordres à la police militaire, mais vous dites : "Sur votre
13 gauche se trouvent les forces de la police civile." Quelles sont ces
14 forces et que signifie "à gauche" dans le cas précis du combat qui nous
15 intéresse ?
16 M. Blaskic (interprétation). - Dans la situation dont nous
17 parlons, Kruscica et Vranjska ont à leur ouest les forces du poste police
18 de Vitez. A gauche.
19 M. Nobilo (interprétation). - Mais géographiquement, que
20 signifie "à gauche" et "à l'ouest" ?
21 M. Blaskic (interprétation). - Ce sont les positions du poste de
22 police de Vitez, du bâtiment dans lequel sont stationnés les policiers de
23 Vitez.
24 M. Nobilo (interprétation). - Donc c'est la ville de Vitez ?
25 M. Blaskic (interprétation). - Oui, c'est la ville de Vitez par
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1 rapport à la position tenue par la brigade de Vitez.
2 M. Nobilo (interprétation). - Donc à gauche et à l'ouest, ce
3 sont deux orientations identiques dans la situation de combat dont nous
4 parlons ?
5 M. Blaskic (interprétation). - Oui, dans la situation de combat
6 dont nous parlons.
7 M. Nobilo (interprétation). - C'est clair, Monsieur le
8 Président ? Dans ce cas, nous pouvons passer à autre chose.
9 M. le Président. - Tout à fait, les explications sont claires.
10 Monsieur le Juge Rodrigues ?
11 M. Rodrigues. - Général Blaskic, j'aimerais bien vous poser une
12 petite question : pour avoir maintenant dans ces conditions une relation
13 ou même une relation de sur-proposition entre la maquette et la carte, on
14 devait tourner la maquette 180 degrés, c'est cela ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Oui, c'est cela, Monsieur le
16 Juge.
17 M. Rodrigues. - Merci bien.
18 M. le Président. - Elle a déjà été tournée une ou deux fois,
19 monsieur le Juge. On ne sait plus comment la tourner, cette maquette.
20 C'est pour cela que les deux nous servent, la carte et la maquette. Merci,
21 Monsieur le Juge Rodrigues, et encore une fois, tous mes compliments parce
22 que vous vous mettez dans cette affaire avec une dextérité, une agilité
23 extraordinaire.
24 M. Nobilo (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.
25 Général, cet ordre, pièce à conviction de la défense D269, dont nous
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1 venons de donner lecture et qui a été émis à 1 heures 30 est-il identique
2 à l'ordre que vous avez communiqué oralement à Cerkez ?
3 M. Blaskic (interprétation). - Oui, son contenu est absolument
4 identique à celui de l'ordre que j'ai donné oralement à Cerkez, ordre de
5 combat que je lui ai communiqué oralement lors de la rencontre que j'ai
6 eue avec lui aux alentours de 18 heures 30.
7 M. Nobilo (interprétation). - D'après ce que nous avons vu, ce
8 que nous venons de voir, le 15 avril, vous avez, soit par écrit, soit
9 oralement, vous avez donc délivré en fait trois ordres : l'un à 10 heures
10 du matin, l'autre à 15 heures 45 et le troisième à 1 heures 30 du matin,
11 donc le 16 déjà.
12 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
13 M. Nobilo (interprétation). - Outre ces trois ordres, avant la
14 guerre avec les
15 Musulmans, dans la municipalité de Vitez, avez-vous donné d'autres
16 ordres ?
17 M. Blaskic (interprétation). - Non.
18 M. Nobilo (interprétation). - Auparavant, ou le 16 avril ou par
19 la suite, avez-vous jamais délivré un ordre destiné à vos subordonnés et
20 leur demandant de tuer des civils, des prisonniers de guerre, de détruire
21 des biens appartenant à des civils et des lieux de culte ?
22 M. Blaskic (interprétation). - Non, je n'ai jamais donné un
23 ordre de ce type.
24 M. Nobilo (interprétation). - A votre avis, de toutes les
25 manières possibles, mais logiques, si l'on devait interpréter ces trois
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1 ordres écrits ou oraux, pourrait-on déduire donc de ces trois ordres les
2 événements qui se sont produits à Ahmici le 16 avril 1993 ?
3 M. Blaskic (interprétation). - Non.
4 M. Nobilo (interprétation). - Nous passons maintenant au
5 16 avril 1993 au soir. Pourriez-vous décrire aux Juges quel est votre
6 premier souvenir du début de cette journée, une des journées les plus
7 cruciales de l'acte d'accusation et de cette affaire ?
8 M. Blaskic (interprétation). - Messieurs les Juges, tôt le
9 matin, vers 5 heures ou 5 heures 05 du matin, vers 5 heures, disons, j'ai
10 été réveillé par un bruit de détonation dont j'ai entendu l'écho tout près
11 de l'hôtel Vitez et dans l'hôtel même. Je me suis donc levé et j'ai
12 entendu qu'on frappait à ma porte. Slavko Marin frappait à ma porte et me
13 dit : "Il me semble que nous soyons l'objet d'une attaque."
14 J'ai demandé à l'officier de garde de me communiquer des
15 informations et il m'a dit qu'il n'avait pas d'informations complètes à me
16 donner, mais qu'il avait pris des mesures supplémentaires pour assurer la
17 sécurité et qu'il s'était adressé aux unités qui se trouvaient proches de
18 nous.
19 Juste après, Slavko Marin a demandé s'il serait approprié qu'il
20 se rende dans le sous-sol de l'hôtel afin de préparer le sous-sol pour
21 qu'il nous serve d'abri.
22 M. Nobilo (interprétation). - Qu'y avait-il dans le sous-sol de
23 l'hôtel ?
24 M. Blaskic (interprétation). - Il y avait une discothèque dans
25 le sous-sol. Cela s'appelait la discothèque "55", "le 55" et cette
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1 discothèque avait été ouverte et elle était restée ouverte jusqu'aux
2 premières heures du matin.
3 J'ai dit à Slavko Marin que j'étais d'accord avec sa
4 proposition. Il a donc recruté toutes les personnes disponibles dans
5 l'hôtel afin d'arranger le sous-sol, afin que nous puissions y être
6 transférés.
7 M. Nobilo (interprétation). - Pourquoi êtes-vous allé dans le
8 sous-sol ? Pourquoi le quartier général devait-il être transféré et placé
9 dans le sous-sol ?
10 M. Blaskic (interprétation). - Les détonations m'ont réveillé à
11 l'hôtel et, au cours de la période qui a suivi, donc après 5 heures et ce
12 jusqu'à 6 heures 30, 7 heures du matin, d'autres détonations très fortes
13 se sont produites. On entendait des bruits de verre brisé dans l'hôtel et
14 des dégâts ont été provoqués. Par conséquent, la proposition n'a été
15 formulée par Slavko Marin qu'à cause de préoccupations de sécurité.
16 M. Nobilo (interprétation). - Veuillez poursuivre.
17 M. Blaskic (interprétation). - Eh bien, un certain temps s'est
18 écoulé et, après cela, Slavko Marin m'a fait savoir que le sous-sol était
19 prêt. Je suis arrivé entre 6 heures 30 et 7 heures. Avant mon arrivée,
20 j'ai réussi à informer l'état-major principal que nous avions été attaqués
21 ou bien, disons, que j'avais entendu des détonations venant de toute part
22 et que les détonations étaient plus fortes vers l'hôtel.
23 Lorsque je suis arrivé dans le sous-sol, il n'y avait que
24 quelques bougies allumées et trois tables que l'on avait installées de
25 façon à pouvoir travailler dans le sous-sol et j'ai dit à l'un des hommes
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1 qui avait participé à l'organisation de prendre un carnet et de noter tout
2 ce que l'on entendait et voyait. C'est ce que j'ai demandé à lui : "Il
3 faut que tu notes tout ce que tu entends et tout ce que tu vois à partir
4 d'ici."
5 M. Nobilo (interprétation). - Pourquoi avez-vous fait cela ?
6 Quelle était votre
7 motivation ?
8 M. Blaskic (interprétation). - Je voulais qu'il tienne une liste
9 en quelque sorte de tous les événements qui allaient se produire parce que
10 nous étions peu nombreux et, à ce moment-là, nous ne disposions pas d'une
11 équipe bien formée capable de tenir un registre militaire faisant état de
12 tous les événements, de tous les ordres donnés, de toutes les activités du
13 quartier général à ce moment-là.
14 Je voulais également garder une trace écrite reprenant tous les
15 événements se produisant au cours de cette période chaotique.
16 M. Nobilo (interprétation). Poursuivez. Quelle autre mesure
17 avez-vous prise au cours de la matinée afin d'assurer la sécurité de la
18 population ?
19 M. Blaskic (interprétation). - Avant de descendre dans le sous-
20 sol, donc vers 6 heures 10, 6 heures 20, l'alerte générale a été donnée
21 dans toute la zone de Vitez. Il y avait des sirènes d'alerte. La sirène de
22 l'usine d'explosifs s'est mise en marche et toutes les autres sirènes qui
23 étaient en état de fonctionner. J'ai demandé que la sirène soit mise en
24 marche par le centre de communication.
25 J'ai ensuite étudié les possibilités qui me permettraient
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1 d'entrer en contact avec le quartier général des Nations Unies. On m'a
2 informé que les lignes de téléphone ne fonctionnaient plus. J'ai dit à
3 Slavko Marin d'appeler quartier général du 3ème Corps à Zenica afin qu'ils
4 fassent ce qu'il était dans leur pouvoir pour rétablir les lignes de
5 téléphone entre moi et le commandant du 3ème Corps d'armée et ces lignes
6 ont été rétablies à partir de 8 heures.
7 M. Nobilo (interprétation). - Qui était au quartier général ce
8 matin-là, lorsque le conflit a commencé ? Peut-on avoir le nom et le
9 prénom de ces personnes ?
10 M. Blaskic (interprétation). Il y avait Slavko Marin, Vidjas
11 Vinski*, Zvonko Vukovic, Zoran Pilicic, Marko Prskalo et Ljubomir
12 Ljubicic. Il y avait donc environ sept personnes de l'état-major ce matin-
13 là. Les autres étaient bloquées et ne pouvaient pas se rendre
14 à leur travail.
15 M. Nobilo (interprétation). - Veuillez poursuivre. Au cours de
16 la matinée, avez-vous réussi à obtenir des informations du terrain pour
17 savoir où se trouvait très exactement le conflit ?
18 M. Blaskic (interprétation). J'ai reçu des rapports selon
19 lesquels un conflit avait éclaté à la position de Kuber et à Poculica.
20 M. Nobilo (interprétation). Peut-être pourriez-vous vous
21 rapprocher de la maquette et nous l'indiquer, nous indiquer les endroits
22 sur la maquette. Attendez que toutes les personnes concernées se
23 rapprochent de la maquette.
24 M. le Président. C'est le corps d'armée de Bosnie-Herzégovine
25 qui rétablit la ligne téléphonique ?
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1 Vous essayez de téléphoner au quartier général de l'ONU, vous ne
2 pouvez pas parce que vous n'avez plus de ligne téléphonique, d'après ce
3 que j'ai entendu. Vous essayez d'entrer au contact avec le 3ème Corps
4 d'armée. De quelle armée ?
5 M. Blaskic (interprétation). - Au cours de la matinée, avec le
6 3ème Corps de l'armée de Bosnie-Herzégovine, nous avons essayé de les
7 contacter, ce 3ème Corps d'armée, mais les lignes n'étaient pas coupées
8 avec eux, les lignes fonctionnaient encore. Cependant, les lignes entre
9 l'hôtel Vitez -qui avaient fonctionné jusqu'au 15- et le commandement des
10 Nations-Unies à Nova Bila, ces lignes-là étaient coupées. C'est
11 l'information que j'ai reçue des personnes qui travaillaient au service de
12 transmission.
13 M. Nobilo (interprétation). - Quelles étaient vos intentions ?
14 Pourquoi avez-vous ordonné à Marin d'entrer en contact avec le 3ème Corps
15 d'armée ? Quel était votre objectif ?
16 M. Blaskic (interprétation). - Je voulais que les activités de
17 combat cessent. Je voulais parvenir à un cessez-le-feu. Je lui ai demandé
18 d'appeler le commandant du 3ème Corps d'armée afin qu'il puisse lui parler
19 personnellement et qu'ils puissent débattre de cette question.
20 M. Nobilo (interprétation). - Oublions la chronologie pour un
21 instant. Au cours de la matinée et ce jusqu'à midi, les informations que
22 vous avez reçues vous ont amené à penser quoi ? En quoi consistaient-
23 elles ? Où se trouvaient les unités de l'armée de Bosnie-Herzégovine et où
24 se trouvaient les unités du HVO ? Où était la zone de conflit, la zone de
25 confrontation ? Pourriez-vous expliquer également à l'aide du modèle à
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1 quoi correspondent ces espèces de piliers rouges ?
2 M. Blaskic (interprétation). - Ce sont les positions
3 approximatives des opérations de combat ce matin-là, donc le 16 avril, à
4 Kuber.
5 Ici, il s'agit des positions de Vrana Stijena, mais également du
6 mont Kuber. Ici, nous avons Poculica, Grbavica. Ici, Jardol, ici,
7 Krcevine, Nadioci et Ahmici, le village de Bare, ensuite Kruscica,
8 Vranjska, Donja Veceriska, la zone de Gacice.
9 M. Nobilo (interprétation). Stari Vitez est-il inclus ?
10 M. Blaskic (interprétation). - Oui, j'indique maintenant Stari
11 Vitez, ici. Puis la zone de Busovaca, Prosje, Donje Polje, et la position
12 de Kuber où se trouvait la brigade Nikola Subic-Zrinjski. Ici: dans ces
13 maisons, il y avait Kamjenace, il n'est pas présenté sur la carte. En
14 fait, généralement, c'est ce qu'on appelait Mlakica Kuce.
15 M. Nobilo (interprétation). - Vous dites qu'il s'agit là
16 d'approximations afin que nous reconnaissions la zone dans laquelle les
17 combats se sont produits. Ce n'est pas très exactement les endroits
18 reproduits très précisément.
19 En combien d'endroits, les conflits ont-ils éclaté au cours de
20 la matinée du 16 avril 1993 dans la municipalité de Busovaca ?
21 M. Blaskic (interprétation). - Il y avait environ 14 positions.
22 J'ai donné leur nom, mais elles ne sont pas bien placées sur la maquette
23 parce que les villages sont souvent très proches, donc il est difficile de
24 les montrer très précisément sur la maquette. Mais les noms que j'ai
25 donnés sont tout à fait précis. Ce sont les informations que nous avons
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1 reçues le
2 16 avril 1993.
3 M. Nobilo (interprétation). - Ceci ne se passait pas dans la
4 municipalité de Busovaca, mais dans la municipalité de Vitez ? Il semble y
5 avoir une erreur.
6 M. Blaskic (interprétation). - Dans la municipalité de Vitez, il
7 y avait toutes les positions, sauf la position qui se trouvait dans le
8 village de Bare et, ici, cette partie-là, de Kuber, Vrana Stijena et Donje
9 Polje, et Proce. Ces positions-là se trouvaient sur la municipalité de
10 Busovaca tandis que les autres se trouvaient sur la municipalité de Vitez.
11 M. Nobilo (interprétation). Très bien. J'aimerais demander aux
12 techniciens de prendre une photographie de ces positions qui sera versée
13 au dossier demain. Vous pouvez vous rasseoir maintenant, général.
14 M. Shahabuddeen (interprétation). - Général, diriez-vous qu'une
15 ligne nord-sud, traversant la position de Kuber, séparait plus ou moins la
16 municipalité de Vitez d'une part, et la municipalité de Vitez, d'autre
17 part ?
18 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
19 M. Shahabuddeen (interprétation). - Merci.
20 M. Nobilo (interprétation). Peut-on dire qu'une moitié de
21 Kuber était couverte par la brigade de Busovaca et l'autre moitié par la
22 brigade de Vitez et qu'en fait, plus tard, dans l'évolution des combats,
23 ces deux brigades se rencontraient au sommet ?
24 M. Blaskic (interprétation). - Oui. Le sommet lui-même de Kuber
25 était tenu par l'armée de Bosnie-Herzégovine et, nous, nous étions sur les
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1 versants du mont Kuber.
2 M. Nobilo (interprétation). - Poursuivons avec l'évolution des
3 événements au cours de cette première journée de combat.
4 M. Blaskic (interprétation). - Jusqu'a à peu près 9 heures du
5 matin, nous recevions pratiquement sans interruption des appels
6 téléphoniques, et ce de la part de la population de Vitez. Il y a eu un
7 nombre considérable de plaintes concernant l'activité des tireurs isolés.
8 Les
9 gens voulaient savoir ce qui passait et se plaignaient d'un chaos
10 généralisé.
11 J'ai demandé à Marin d'intervenir par l'intermédiaire de la
12 police civile de Vitez, d'établir un contact et je voulais que la police
13 civile fournisse davantage d'informations et contrôle davantage la
14 sécurité dans la ville, dans le centre urbain de Vitez.
15 M. Nobilo (interprétation). - Vers 8 heures 30, vous recevez un
16 appel de la part de Franjo Boras, membre du commandement suprême de
17 Bosnie-Herzégovine et qui se trouvait, à ce moment, à Zenica ?
18 M. Blaskic (interprétation). Oui, il se trouvait à Zenica. Il
19 m'a appelé et il voulait savoir ce qui se produisait. Zenica avait été
20 bloquée déjà auparavant mais, à ce moment-là, lui-même entendait
21 probablement des explosions provenant de Kuber et de la grande périphérie
22 de Zenica. Je lui ai dit que nous avions été attaqués tôt le matin et que
23 nous entendions des explosions et que la situation n'était toujours pas
24 sous contrôle ; autrement dit que nous ne maîtrisions toujours pas
25 entièrement la situation sur le terrain.
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1 M. Nobilo (interprétation). - Avez-vous demandé qu'il
2 intervienne peut-être ?
3 M. Blaskic (interprétation). - Il était membre du commandement
4 suprême des forces armées de Bosnie-Herzégovine, et je lui ai demandé
5 d'intervenir, soit auprès du 3ème Corps, soit à Sarajevo afin que les
6 opérations de combat soit interrompues.
7 M. Nobilo (interprétation). - La brigade de Vitez a demandé un
8 soutien d'artillerie vers 8 heures 55 ?
9 M. Blaskic (interprétation). Oui, la brigade de Vitez a
10 demandé un soutien d'artillerie à 8 heures 55. Cependant, nous n'étions
11 pas en mesure de fournir ce soutien d'artillerie à ce moment-là.
12 M. Nobilo (interprétation). - La pièce de la défense D 299, s'il
13 vous plaît ?
14 Excusez-moi, la date est le 17 avril, excusez-moi. Nous y
15 arriverons demain. Vers 9 heures, vous êtes entré en contact par téléphone
16 avec Cerkez et cela concerne la situation de
17 la caserne des pompiers ?
18 M. Blaskic (interprétation). Oui, c'était à Stari Vitez.
19 Cerkez m'a appelé et m'a dit qu'en provenance de Stari Vitez, il y avait
20 une activité en direction de Kamenjace ou de Mlakic's Houses.
21 J'ai ordonné à Cerkez de bloquer les voies d'accès et en cas
22 d'attaque directe, en provenance de Stari Vitez contre que l'acquis chat
23 de riposter par le feu.
24 M. Nobilo (interprétation). - A 9 heures, des représentants
25 d'ONU viennent vous voir. Que veulent-ils ? Quelle décision est prise à ce
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1 moment-là ?
2 M. Blaskic (interprétation). - Ils ont pris l'initiative de cet
3 entretien qui allait se tenir le 16 avril et ils m'ont demandé de nommer
4 des hommes qui allaient participer aux négociations sur un cessez-le-feu,
5 donc des gens qui allaient représenter le commandement de la zone
6 opérationnel de Bosnie centrale. Leur objectif était de jouer le rôle de
7 médiateurs, afin de réunir les représentants de la zone opérationnelle et
8 les représentants du 3ème Corps.
9 M. Nobilo (interprétation). - Qui avez-vous nommé comme votre
10 représentant dans ces négociations ?
11 M. Blaskic (interprétation). - J'ai choisi l'adjoint du
12 président de la Commission conjointe, puisque je ne pouvais pas nommer
13 M. Nakic, j'ai donc nommé M. Marko Prskalo. Il était l'adjoint de
14 M. Franjo Nakic au sein de la Commission conjointe réunissant la zone
15 opérationnelle et le 3ème Corps. J'ai nommé également M. Zoran Pilicic.
16 M. Nobilo (interprétation). - Vers ce moment, le VOS, votre
17 service de renseignement, vous informe d'interceptions importantes. De
18 quoi s'agit-il ?
19 M. Blaskic (interprétation). - Nous avons été informés par le
20 VOS du fait qu'étaient mises sur écoute et brouillées les communications
21 entre le commandement de la zone opérationnelle et les commandants des
22 brigades, parce que le matin en question, nous communiquions par des
23 téléphones civils, ordinaires, des moyens civils que nous avions à notre
24 disposition.
25 M. Nobilo (interprétation). - S'agissant des communications et
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1 des téléphones, pouvez-vous dire à la Chambre, s'il vous plaît, dans cette
2 discothèque, de quels moyens de communication disposiez-vous ? Vous êtes
3 cinq, puisque deux sont partis aux négociations.
4 M. Blaskic (interprétation). Monsieur le Président, Messieurs
5 les Juges, dans cette discothèque, nous n'avions que deux simples
6 téléphones.
7 M. Nobilo (interprétation). - C'était tout pour ce qui est des
8 moyens de communication ?
9 M. Blaskic (interprétation). - Pour ce qui est des
10 communications, c'est la seule chose dont nous disposions le 15 et le 17.
11 Quant à la période ultérieure, à la place d'un des appareils téléphone,
12 nous avons eu un téléphone fax. Mais j'en parlerai plus tard. Un téléphone
13 a donc été remplacé par un appareil qui servait de téléphone et de
14 télécopie à la fois.
15 M. Nobilo (interprétation). - A 9 heures, l'artillerie ouvre un
16 feu directement sur La Poste. Pouvez-vous nous dire où se trouvaient les
17 positions de l'artillerie de l'armée de Bosnie-Herzégovine ?
18 M. Blaskic (interprétation). Oui, je peux définir ces
19 positions, c'est le plateau de Kuber, dans le sens large du terme, la zone
20 de Preocica où se trouvait un char. Il y avait d'autres positions avec des
21 mortiers. Ce qui a été touché, c'était la zone où se trouvait l'hôtel.
22 Durant cette journée-là, La Poste, elle aussi, a été touchée, le
23 bâtiment de la mairie, des maisons civiles, des familles Mlakic's. Nous
24 supposions que c'était le feu ouvert de Stari Vitez et cette maison a été
25 touchée par des obus. Les maisons se trouvant à proximité de l'église ont
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1 été touchées également à Vitez. Nous supposions également que ces obus
2 provenaient de Stari Vitez. A 9 heures 05, Kordic vous appelle. Où se
3 trouve Kordic ? Quel contact avez-vous pu établir avec lui ?
4 M. Blaskic (interprétation). - Il a téléphoné de Busovaca. Je ne
5 sais pas exactement
6 à quel endroit il se trouvait à ce moment-là. Je suppose qu'il m'appelait
7 de sa maison familiale ou de l'hôtel Vila Tisovac. Je pense qu'il
8 s'appelait comme ça. C'est ainsi que s'appelle ce bâtiment.
9 M. Nobilo (interprétation). - De quoi avez-vous parlé pendant
10 cette conversation ?
11 M. Blaskic (interprétation). - Il voulait savoir ce qui se
12 passait. Je lui ai dit qu'il y avait une activité intense d'artillerie. Je
13 lui ai cité les sites et les édifices qui avaient été touchés jusqu'alors,
14 d'après les informations dont je disposais. Je lui ai dit que je recevais
15 toujours des informations, mais que je ne savais pas précisément quelle
16 était l'évolution des événements.
17 M. Nobilo (interprétation). - A 9 heures 10, vous recevez un
18 appel de Filipovic ?
19 M. Blaskic (interprétation). Le colonel Filipovic a appelé de
20 Travnik, il voulait connaître la situation. Je lui ai demandé de prendre
21 contact avec le général Alagic. Je lui ai demandé de tenter d'obtenir une
22 coopération pour le gros des forces ne partent pas de Travnik contre nous.
23 M. Nobilo (interprétation). - A 9 heures 15, vous êtes appelé
24 par le prêtre catholique ?
25 M. Blaskic (interprétation). - Il avait déjà téléphoné
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1 auparavant, il m'avait demandé d'intervenir auprès du commandement d'ONU,
2 parce qu'un char de la Forpronu était entré dans la cour de Vitez.
3 Il avait dirigé son canon contre la porte de l'église. J'avais
4 rédigé une lettre de protestations adressée au commandant de l'ONU au
5 sujet de cet incident. Mais, par la suite, j'avais appris que le
6 commandant d'ONU avait réagi suite à cette plainte, que les Musulmans
7 bosniens étaient retenus dans cette église en tant qu'otages, ce qui
8 n'était pas exact.
9 M. Nobilo (interprétation). Mais vous n'avez reçu cette
10 information que plus tard, nous ne le saviez pas au moment où vous avez
11 réagi ?
12 M. Blaskic (interprétation). Oui, bien plus tard, dix jours
13 plus tard peut-être.
14 M. Nobilo (interprétation). - A 9 heures 25, le commandant de
15 l'artillerie vous informe enfin qu'il est prêt à agir ?
16 M. Blaskic (interprétation). Oui. Il a envoyé une information
17 disant qu'il était à agir d'après nos ordres.
18 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous nous dire ce que cela
19 signifie quand quelqu'un se tient prêt à agir en fonction des nécessités,
20 ou des événements ?
21 M. Blaskic (interprétation). - Si un commandant avait besoin
22 d'artillerie, il téléphonait au commandement ou il me téléphonait à moi, à
23 l'hôtel, au sous-sol et il me disait qu'il avait besoin d'un soutien
24 d'artillerie sur une position donnée.
25 Nous analysions cette position, la position demandée par le
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1 commandement en question et, par la suite, je transmettais personnellement
2 cette demande au commandant du bataillon d'artillerie.
3 Cette personne qui commandait le bataillon d'artillerie, après
4 avoir vérifié la possibilité de réaliser ce feu qui était demandé, me
5 répondait en me disant s'il était possible ou non de satisfaire à notre
6 demande. Par la suite, nous émettions l'ordre d'exécution pour que ce feu
7 soit ouvert. Militairement parlant, nous agissions sans plan concernant
8 l'activité d'artillerie, ce qui ralentissait la procédure.
9 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous nous dire pourquoi
10 vous n'avions pas de plan d'action d'artillerie, et pouvez-vous nous dire
11 en quoi il accélère l'activité de l'artillerie.
12 M. Blaskic (interprétation). - Nous n'avions pas ce plan parce
13 que nous n'avions pas prévu un conflit, nous nous attendions un conflit de
14 cette portée.
15 M. Nobilo (interprétation). - Vous n'avez pas prévu de conflit
16 contre qui ?
17 M. Blaskic (interprétation). - Contre le 3ème Corps. Bien
18 entendu, ce genre de plan n'existait dans aucune des brigades du HVO. Bien
19 entendu, ce genre de plan accélère l'action. Puisque si ce plan avait
20 existé, le commandant n'aurait eu qu'à demander : objectif 1.
21 Moi, je n'aurais eu qu'à répondre : accorder soutien d'après ou vers
22 l'objectif 1.
23 M. Nobilo (interprétation). - Si l'on traduit cela dans un
24 langage non militaire, est-ce à dire que les objectifs militaires
25 obtiennent des numéros ?
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1 M. Kehoe (interprétation). Monsieur le Président, ne serait-ce
2 pas mieux que le témoin réponde de ses propres mots, qu'il dise ce qu'il
3 pense et ce qu'il ne pense pas.
4 M. le Président. Oui, je pense que à, Maître Nobilo, pouvait
5 légitimement poser la question comme il l'entend. Je pense que Me Nobilo
6 voulait nous traduire, en langage non militaire. Je pense qu'il voulait
7 aider les juges. Maître Nobilo, n'est-ce pas ?
8 M. Nobilo (interprétation). Oui.
9 M. le Président. Maître Nobilo est devenu un stratège
10 militaire. Il a beaucoup de chance. Il sait que les Juges ne sont pas des
11 stratèges militaires, donc il retraduisait la réponse du témoin.
12 Poursuivez votre question, Maître Nobilo.
13 M. Nobilo (interprétation). - Pourriez-vous expliquer, par vos
14 propres mots, à nous qui ne sommes pas des spécialistes, ce que cela
15 signifie de déterminer par avance les objectifs ?
16 M. Blaskic (interprétation). - Cela signifie qu'il existe une
17 carte avec des positions clairement marquées sur cette carte.
18 M. Nobilo (interprétation). - Les positions de qui ?
19 M. Blaskic (interprétation). - Les positions ennemies. Cette
20 carte porte les cotes pour chaque objectif et porte les corrections
21 nécessaires au feu d'artillerie pour chaque objectif. Autrement dit, cela
22 permet de réagir plusieurs fois plus rapidement le feu que lorsque ce plan
23 d'action de l'artillerie n'existe pas.
24 M. Nobilo (interprétation). Lorsque ce plan n'existe pas, est-
25 ce que celui qui agit avec ses pièces d'artillerie doit d'abord calculer
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1 et ensuite tirer ?
2 M. Blaskic (interprétation). Oui, mais non seulement cela,
3 mais le supérieur qui
4 demande ce soutien et le commandant d'artillerie doit nommer des personnes
5 qui vont faire de la reconnaissance, en fait qui vont observer et voir où
6 l'impact a eu lieu. C'est donc considérablement plus lent.
7 M. Nobilo (interprétation). - C'est donc exactement cela qui se
8 produit. Vous tirez une première fois et que se passe-t-il par la suite ?
9 M. Blaskic (interprétation). - Dès que cela a été fait et dès
10 que j'ai été informé par le commandant de l'unité d'artillerie que le feu
11 avait été effectué, j'ai téléphoné au commandant Cerkez, commandant de la
12 brigade Viteska. Je lui ai demandé d'observer le lieu de l'impact. Par la
13 suite, j'ai transmis son rapport au commandant de l'artillerie pour que
14 cette correction puisse être effectuée. Nous faisions toujours des
15 observations à deux reprises : une première fois de l'unité qui accorde le
16 soutien et, une deuxième fois, de l'unité d'artillerie qui fournit ce
17 soutien. Des unités qui demandent et des unités qui fournit le soutien.
18 M. Nobilo (interprétation). - A 9 heures 50, Prskalo revient
19 d'une réunion à la Forpronu. Quelles sont les informations qu'il vous
20 apporte ?
21 M. Blaskic (interprétation). Marko Prskalo est arrivé et m'a
22 informé que la réunion se tiendrait vers 12 heures. Mais il m'a dit que
23 les représentants d'ONU lui avaient demander de leur préciser comment ce
24 conflit avait commencé. Ils souhaitaient obtenir les informations
25 complètes sur les positions d'où l'action était menée. Marko m'a dit qu'il
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1 n'a pu leur raconter que ce qu'il avait vécu lui-même le matin en
2 question, à savoir qu'il avait été attaqué par l'armée de Bosnie-
3 Herzégovine.
4 M. Nobilo (interprétation). - A 9 heures 55, l'armée de. Bosnie-
5 Herzégovine amène des forces fraîches en direction de Vitez. D'où
6 viennent-elles ?
7 M. Blaskic (interprétation). Ces forces arrivent en provenance
8 de Zenica et vont vers Kuber et Vjetrenize.
9 M. Nobilo (interprétation). - A 10 heures, vous parlez au
10 téléphone à Mijo Bozic
11 qui est le commandant de la brigade Josic Bjelacic de Kiseljak.
12 M. Blaskic (interprétation). Oui, j'ai parlé à Mijo Bozic. Je
13 lui ai demandé la prudence compte tenu des activités de combat, et compte
14 tenu des événements dans la municipalité de Busovaca. Il m'a informé que
15 les positions de Kalica Brdo, de Lisova Brdo, de Svinja Revo et de
16 Gomionica étaient déjà entre les mains des forces de l'armée de Bosnie-
17 Herzégovine.
18 M. Nobilo (interprétation). A 10 heures 05, vous donnez
19 l'ordre à l'artillerie de se mettre à créer ce plan d'action de
20 l'artillerie que vous n'aviez pas concernant l'action contre l'armée de
21 Bosnie-Herzégovine ?
22 M. Blaskic (interprétation). Oui, je leur ai demandé non
23 seulement de faire ce plan, mais aussi je leur ai dit que personne ne
24 pouvait donner l'ordre d'ouvrir ce feu, le feu d'artillerie, sauf moi.
25 J'ai dit que le commandant du bataillon d'artillerie ne pouvait
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1 qu'exécuter les ordres que j'allais donner. J'ai demandé de tenir compte
2 des zones de sécurité.
3 Il faut savoir que la ligne de front n'était toujours pas
4 clairement tracée, que ces opérations ...
5 M. Nobilo (interprétation). - Quand vous avez demandé que l'on
6 tienne compte des zones de sécurité, que signifient ces zones de sécurité
7 dans un contexte militaire quand il s'agit de l'utilisation de
8 l'artillerie ?
9 M. Blaskic (interprétation). - Cela veut dire que seuls les
10 objectifs pour lesquels on est sûr, même avec une certaine marge d'erreur,
11 qu'il ne peut pas y avoir d'erreur majeure. On ne vise que ces objectifs-
12 là.
13 M. Nobilo (interprétation). - Que seules les cibles pour
14 lesquelles on est sûr que des dégâts majeurs ne peuvent pas se produire
15 doivent être visées, mais c'est plutôt le contraire, non ?
16 M. Blaskic (interprétation). Non, c'est que si on n'est pas
17 sûr de pouvoir
18 s'acquitter de sa mission correctement et si l'on suppose que l'on peut
19 manquer la cible, que dans ce cas-là, on n'agisse pas. Il était libre de
20 me dire : nous ne pouvons pas exécuter cet ordre, ou répondre à cette
21 demande parce que des erreurs peuvent se produire.
22 M. Nobilo (interprétation). - Mais qui protégeait-on de cette
23 manière-là, lorsqu'on manquait une cible par exemple? Qui cherchait-on à
24 protéger ?
25 M. Blaskic (interprétation). - Avant tout, on protège les forces
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1 déjà entrées en contact parce qu'il s'agit de pièces d'artillerie d'assez
2 grand calibre et on protège également certains villages, des civils.
3 M. Nobilo (interprétation). - Le moment est peut-être venu de
4 définir le type d'artillerie que possédait le bataillon d'artillerie, que
5 vous commandiez directement et nous voulons savoir s'il y avait aussi des
6 pièces d'artillerie sous le commandement des unités inférieures, des
7 brigades ou des unités spéciales ?
8 M. Blaskic (interprétation). - Sous mon commandement direct,
9 nous avions des obusiers, à l'époque sans munitions, obusier de
10 233 millimètres et deux obusiers de 152 millimètres et un obusier de
11 122 millimètres. Nous avions deux mortiers de 120 millimètres et un lance-
12 roquettes multiple de 128 millimètres avec 32 canons mais sans projectile.
13 Au niveau des brigades, pour ce qui est des pièces d'artillerie, nous
14 avions des mortiers de 120 millimètres.
15 Il y en avait aussi de 82 millimètres à certains endroits, mais
16 ils étaient classés comme pièces d'infanterie et non pas d'artillerie. Et
17 il y avait des mortiers de 60 millimètres également. Il s'agit là d'armes
18 d'infanterie. Pour ce qui est des pièces servant à la lutte antichars,
19 nous avions un canon de 76 millimètres. On l'appelait ZIS.
20 M. Nobilo (interprétation). - Lorsque vous parlez de vos ordres
21 concernant l'action de l'artillerie, cela concerne quelles pièces, les
22 obusiers et les mortiers, les deux pièces de 120 millimètres, mais cela ne
23 concerne pas les autres pièces de moindres calibres, n'est-ce pas, les
24 autres mortiers ?
25 M. Nobilo (interprétation). Non. Quant au mortier de 120
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1 millimètres, cela ne les concerne pas non plus, ceux qui sont dans les
2 brigades.
3 Parce que certaines brigades avaient des mortiers de
4 120 millimètres. Moi, je ne commandais que le bataillon d'artillerie
5 mixte.
6 M. Nobilo (interprétation). - A 10 heures 05, vous recevez un
7 nouveau coup de fil de Filipovic de Travnik. Est-ce qu'il est parvenu à un
8 nouvel accord là-bas ?
9 M. Blaskic (interprétation). - Il m'a dit qu'il n'a pas pu
10 parler au commandant Alagic, mais qu'il s'employait toujours à établir ce
11 contact. J'ai appris que, de Travnik, les membres de la 17ème Brigade de
12 Krajina étaient en train d'être regroupés.
13 M. Nobilo (interprétation). - A 10 heures 12, vous avez un
14 entretien avec Baresic de la brigade du HVO de Zenica. Quelles sont les
15 informations qu'il vous apporte ? Il s'agit d'une conversation par
16 téléphone, si je ne me trompe pas ?
17 M. Blaskic (interprétation). Oui, c'est une conversation par
18 téléphone. Il m'a dit qu'il y avait des regroupements de force à Zenica et
19 qu'il y avait des mouvements de force de l'armée de Bosnie-Herzégovine.
20 M. Nobilo (interprétation). Quel est l'ordre que vous lui
21 donnez ?
22 M. Blaskic (interprétation). A ce moment-là, je lui ai donné
23 l'ordre de suivre ces mouvements et de nous informer de leur destination.
24 Je lui ai également dit de prendre certaines mesures d'alerte et vérifier
25 toutes les informations pouvant lui parvenir de la zone de Zenica.
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1 M. Nobilo (interprétation). - A 10 heures 15, il y a un appel de
2 Darko Kraljevic. De quoi vous informe-t-il ?
3 M. Blaskic (interprétation). - Il m'a dit qu'il avait trois
4 soldats morts et j'ai également appris, de la brigade Nikola Subic-
5 Zrinjski, qu'il avait sept soldats tués.
6 M. Nobilo (interprétation). - A 10 heures 15, quand Darko
7 Kraljevic vous dit que trois de ses soldats sont tués, ce sont des membres
8 des Vitezovi? Est-ce exact ?
9 M. Blaskic (interprétation). Oui.
10 M. Nobilo (interprétation). - A 10 heures 17, vous établissez le
11 contact avec Petkovic, le grand état-major en Bosnie-Herzégovine ?
12 M. Blaskic (interprétation). Oui, j'entre en contact avec le
13 chef du grand état-major et je lui apprends que les lignes de front ne
14 sont toujours pas stabilisées. Je lui dis que nous essayons d'arrêter
15 l'avancée de l'armée de Bosnie-Herzégovine.
16 M. Nobilo (interprétation). Par quels moyens avez-vous
17 communiqué avec le grand état-major ?
18 M. Blaskic (interprétation). - Avec le téléphone ordinaire.
19 M. Nobilo (interprétation). - A 10 heures 30, vous parlez encore
20 une fois à Dario Kordic ?
21 M. Blaskic (interprétation). Oui, c'est une nouvelle
22 conversation que nous avons. Nous échangeons nos informations sur la
23 situation et sur les événements survenus dans notre zone.
24 M. Nobilo (interprétation). - A 10 heures 45, vous essayez
25 d'obtenir des informations de la brigade Viteska, n'est-ce pas. Que leur
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1 demandez-vous ?
2 M. Blaskic (interprétation). - En fait, ce sont eux qui
3 demandent des pièces, des armes antichars. Alors, j'ai vérifié si nous
4 disposions de ce genre d'armes dans notre base logistique. J'ai appris que
5 nous n'en avions pas pour le moment dans notre base logistique de
6 Stojkovic.
7 M. Nobilo (interprétation). - Pourrait-on interrompre
8 maintenant ?
9 M. le Président. C'est la césure qui vous apparaît la plus
10 utile, maître Nobilo ? Si vous pensez que vous avez besoin de quelques
11 minutes. Comme vous préférez.
12 M. Nobilo (interprétation). - Si vous êtes d'accord, Monsieur le
13 président, nous pourrions-nous en tenir là. Mon témoin est assez fatigué,
14 il a du mal à parler.
15 M. le Président. - C'est vrai que cela doit être un exercice
16 bien fatigant. Nous allons nous retrouver. D'autant que demain matin et
17 tous les vendredi, avec la nouvelle formation collégiale que nous avons,
18 nous commencerons demain matin à 9 heures pour une longue matinée. Je
19 rassure les interprètes nous ferons deux pauses. L'audience est levée.
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21 L'audience est levée à 17 heures 45.
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