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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL AFFAIRE N° IT-95-14-T
2 POUR L'EX-YOUGOSLAVIE
3 Lundi 8 mars 1999
4 L'audience est ouverte à 14 heures 10.
5 M. le Président. - Veuillez vous asseoir. Monsieur le Greffier,
6 veuillez vous assurer de la présence de l'accusé qui est toujours notre
7 témoin.
8 (Le témoin est introduit dans le prétoire.)
9 Je salue les interprètes de cabine, les conseils de
10 l'accusation, les conseils de la défense. J'attends que le témoin soit en
11 place pour le saluer. Bonjour. Nous pouvons reprendre le cours.
12 M. Blaskic (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président.
13 M. le Président. - Bien. Ecoutez, sans plus attendre,
14 maître Hayman ?
15 M. Hayman (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président,
16 Messieurs les Juges. J'ai un problème juridique à évoquer devant cette
17 Chambre. Lors de notre dernière audience, il y a une semaine, le témoin
18 était totalement épuisé après une semaine de témoignage.
19 En fait il était déjà épuisé vendredi, au milieu de l'après-
20 midi, cela nous poussera donc à revenir sur certains points de sa
21 déposition du vendredi qui n'était peut-être pas suffisamment claire. Nous
22 voudrions que les Juges puissent envisager la possibilité de pauses plus
23 brèves mais plus fréquentes, autrement dit, 25 % de dépositions puis une
24 brève pose de 15 minutes, si possible, qui permettra au général Blaskic de
25 boire une boisson chaude, de se détendre un peu puis, ensuite, 45 minutes,
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1 15 minutes de pause etc..
2 Si c'était possible, nous ne perdrions pas de temps sur le plan
3 net, mais au cours de la déposition qui devrait durer, je pense, trois
4 semaines, si l'on tient compte de l'interrogatoire principal et du contre-
5 interrogatoire, nous pourrions éviter une situation dans laquelle le
6 témoin est totalement épuisé et n'est plus en mesure de déposer au mieux
7 de ses capacités devant ce tribunal.
8 Nous vous demandons, si vous le voulez bien, de prendre en
9 compte cette demande de séances de 45 minutes.
10 M. le Président. - Je vais consulter le bureau du Procureur et
11 mes collègues bien sûr comme toujours. Se pose un problème contradictoire
12 et d'équité.
13 Concrètement, il faut distinguer les journées où nous sommes en
14 audience pendant 4 heures, où déjà nous faisions deux poses. Il faut
15 distinguer avec les séquences, les demi-journées de trois heures. Dans les
16 demi-journées de trois heures, vous savez que nous faisons une pause de
17 20 minutes qui, parfois, est un peu plus longue parce que les Juges
18 peuvent être requis par d'autres tâches lorsqu'ils regagnent leur bureau.
19 Est-ce que vous faites cette distinction, maître Hayman ?
20 Comment verriez-vous la question et, ensuite, je demanderai ses
21 observations au bureau du Procureur et puis je terminerai par la
22 consultation de mes collègues.
23 M. Hayman (interprétation). - Je pense que le problème vient
24 d'une accumulation de la fatigue qui affecte la concentration et, bien
25 entendu, la tension et le stress. Il ne fait aucun doute que subir un
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1 procès pendant deux ans, cause un certain stress, qu'être en détention
2 pendant deux ans cause un certain stress et que témoigner, jour après
3 jour, cause un certain stress. Donc je pense que la fatigue, l'épuisement
4 se cumulent jour après jour, et semaines après semaines, il ne fait donc
5 aucun doute, à la fin d'une journée, il est vraisemblable que la fatigue
6 est supérieure à ce qu'elle était le matin et à la fin de la semaine, elle
7 est supérieure à ce qu'elle était au début de la semaine. Je ne crois pas
8 que l'on puisse simplement parler de la durée des
9 journées qui n'est pas le seul problème.
10 Lorsque j'ai discuté avec mon client, le général Blaskic,
11 Monsieur le Président, et je ne crois pas que j'utilise un privilège ici,
12 mais, nous lui avons demandé précisément ce qu'il pensait être la cause de
13 cet épuisement, de cette fatigue et il m'a répondu que, pendant trois ans,
14 il a eu très peu de contacts personnels avec d'autres êtres humains, il
15 n'a pas beaucoup parlé. Il était assis dans cette salle d'audience, il a
16 écouté, mais il n'a pas beaucoup parlé. Il n'a pas beaucoup verbalisé ses
17 pensées pendant trois ans.
18 Bien entendu, il a eu des visites mais, à présent, on lui
19 demande de verbaliser ses pensées jour après jour, pendant des semaines,
20 et la durée devrait atteindre six semaines. Je pense donc que c'est une
21 des raisons de cette fatigue, il utilise désormais une partie de son
22 cerveau qui, dans une certaine mesure, avait été mise au repos au cours de
23 son incarcération, étant donné les contacts réduits et les possibilités
24 réduites de conversation qu'il a eues depuis sa détention. Il est
25 difficile pour nous de déterminer l'étendue du problème, je ne suis pas
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1 médecin. Bien sûr, je ne suis pas non plus scientifique. C'est la raison
2 sérieuse pour laquelle nous présentons cette requête.
3 M. le Président. - Nous allons lui demander ensuite. Voyons,
4 Maître Kehoe, est-ce votre sentiment ?
5 M. Kehoe (interprétation). - Je vous prie de m'excuser, mais,
6 Monsieur le Président, Me Harmon me pose une question.
7 Monsieur le Président, Messieurs les Juges, le Bureau du
8 Procureur s'en remet à vous. Vous êtes des Juges professionnels, nous nous
9 en remettons à votre décision sur cette question.
10 S'agissant du témoin, comme nous l'avons fait avec les témoins
11 que nous avons présentés, nous pensons que si le témoin est fatigué à un
12 moment déterminé, il peut demander une pause. Nous nous en remettons à
13 votre jugement professionnel.
14 M. le Président. - Vous reprenez l'intégralité de ce qui est
15 demandé par votre client. Monsieur Blaskic, les Juges aiment bien vous
16 entendre, quel est votre sentiment ? Vous êtes… Les journées vous
17 fatiguent beaucoup et, au fil de la semaine, vous êtes de plus en plus
18 fatigué. Expliquez-nous cela rapidement.
19 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, j'appuie
20 tout ce qu'ont dit mes conseils. Je voudrais simplement ajouter ce qui
21 suit.
22 J'ai passé deux ans dans l'isolement le plus complet : sans
23 avoir de contacts avec qui que ce soit, hormis les membres de ma famille
24 lorsqu'ils venaient me rendre visite. Ces visites sont possibles sept
25 jours par mois. Depuis le 27 décembre 1998, et jusqu'à votre décision qui
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1 m'a permis de prendre l'air, je n'ai pas eu une journée de sortie à l'air
2 libre. Au fur et à mesure que nous arrivons vers la fin d'une semaine, ma
3 déposition me fatigue beaucoup. Dans le trajet entre la prison et ici, il
4 m'arrive très souvent de m'endormir dans le véhicule qui m'amène au
5 Tribunal même si le trajet ne dure que 15 à 20 minutes. Je vous demande si
6 c'était possible que les séquences de ma déposition durent 45 minutes par
7 séquence et qu'ensuite il y ait une pause courte.
8 M. le Président. - Je consulte mes collègues.
9 (Les Juges se consultent sur le Siège.)
10 Avant de décider, les Juges se préoccupaient de savoir, Général
11 Blaskic, si nous faisons une pause de 10 minutes, est-ce que vous pouvez
12 sortir du prétoire, de la salle ? Est-ce que vous pouvez aller dans un
13 endroit qui est le vôtre. Si on accorde 10 minutes, est-ce que le service
14 "Sécurité" vous l'autorise. Allez-y, Monsieur le Greffier.
15 Juge Rodrigues, vous connaissez bien ces questions.
16 M. Rodrigues - C'est la question de savoir... Nous pouvons faire
17 une pause, mais si la pause est très petite, je crois que vous,
18 Général Blaskic ne pourrez pas sortir du prétoire. Du point de vue du
19 report, il faut sortir de la salle. J'étais en train de demander à
20 M. Dubuisson, si, avec une pause de 10 minutes, le général Blaskic peut
21 sortir de la salle ou non ?
22 M. Dubuisson. - Oui, il pourra certainement quitter la salle,
23 mais comme il faut trois minutes pour la quitter et de nouveau trois
24 minutes pour y rentrer, si l'on accorde dix minutes, il n'aura pas cinq
25 minutes en dehors de la salle.
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1 M. Rodrigues. - Ce serait mieux d'avoir 15 minutes ?
2 M. Dubuisson. - Effectivement, 15 Minutes, ce serait mieux.
3 M. Rodrigues. - Merci.
4 M. le Président. - Je voudrais consulter mes collègues à
5 nouveau.
6 (Les Juges se consultent sur le Siège.)
7 M. le Président. - Les Juges souhaitent prendre en considération
8 un certain nombre de paramètres pour assurer un procès parfaitement
9 contradictoire et équitable.
10 Dans ces conditions, nous allons, pour l'instant, écouter le
11 témoin pendant une heure, jusqu'à 15 heures 30. Nous rendrons notre
12 décision après la pause de 15 heures 30.
13 Maître Nobilo, c'est à vous.
14 M. Nobilo (interprétation). - Merci, Monsieur le Président. Nous
15 allons essayer de faire la soudure avec le moment où nous nous en sommes
16 arrêtés dans cette déposition avant la suspension d'une semaine.
17 Je prierai M. l'huissier de bien vouloir remettre au témoin les
18 pièces à conviction, d'abord la pièce à conviction de la défense D 280,
19 ensuite, les trois ordres datant du 16 avril 1993.
20 Monsieur le Témoin, vous avez donc sous les yeux la pièce à
21 conviction D 280 qui porte sur Ahmici. Lors de notre dernière audience
22 vous avez dit que le contenu de ce texte n'était pas exact si on le
23 compare à ce que vous savez aujourd'hui des événements d'Ahmici. Sur
24 quelle base vous fondez ce jugement ?
25 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, Messieurs
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1 les Juges, ce rapport n'est pas exact, car dans la première partie du
2 texte il est stipulé que les forces armées musulmanes, dans les premières
3 heures de la matinée, ont tenté une attaque contre les unités de la police
4 militaire stationnées dans le Bungalow.
5 Selon ce que je sais aujourd'hui, après avoir passé un certain
6 temps dans cette salle d'audience, je considère que cette affirmation est
7 inexacte, car il est manifeste que le début de ce texte figurant dans le
8 rapport est utilisé pour justifier les activités futures qui ont été
9 menées à bien sur le territoire du Bungalow de Nadioci et d'Ahmici.
10 M. Nobilo (interprétation). - Qu'en pensez-vous ? Pourquoi est-
11 il dit à tort que les unités de la police militaire ont été attaquées ?
12 D'où vient la nécessité de vous le dire ?
13 M. Blaskic (interprétation). - J'ai émis deux ordres le
14 15 avril 1993 et dans ces deux ordres j'ai demandé que les hommes soient
15 prêts au combat. Et selon l'ordre émis à 10 heures du matin le
16 15 avril 1993, j'ai accepté que les membres du HVO retournent les tirs
17 uniquement si les tirs de l'armée de Bosnie-Herzégovine les visaient eux,
18 précisément.
19 M. Nobilo (interprétation). - Pourrions-nous recevoir le texte
20 de l'ordre que vous avez émis le 15 avril à 10 heures du matin, ce qui
21 vous permettra de le lire précisément ? Il s'agit de la pièce à
22 conviction D267.
23 Si vous avez trouvé le passage pertinent, je vous prierai d'en
24 donner lecture.
25 M. Blaskic (interprétation). - Je lis le paragraphe 2-1,
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1 deuxième partie de ce paragraphe : "En cas d'attaque intense de la part
2 des forces extrémistes musulmanes en provenance des villages de Nadioci,
3 Ahmici, Sivrino et Pirici, m'en informer. Et si l'on ouvre le feu
4 directement sur vous, ripostez en neutralisant l'agresseur".
5 M. Nobilo (interprétation). - Hormis cette affirmation selon
6 laquelle la police militaire a été attaquée, y a-t-il autre chose dans ce
7 rapport qui ne figure pas et dont vous avez appris que cela s'est
8 effectivement produit ?
9 M. Blaskic (interprétation). - Oui, dans ce rapport il n'est pas
10 question de l'attaque subie par les civils, du fait que des civils ont été
11 tués. Il n'est pas non plus mentionné que des bâtiments, des maisons et
12 d'autres installations ont été incendiés dans le village d'Ahmici.
13 M. Nobilo (interprétation). - Il est toujours question de la
14 pièce à conviction D280. Qu'en est-il du reste du texte figurant dans
15 cette pièce à conviction ? Je répète donc, il s'agit de la pièce à
16 conviction D280.
17 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
18 M. Nobilo (interprétation). - Et le reste du texte de ce rapport
19 qui décrit les combats aux alentours de l'école ? Selon ce que vous savez
20 aujourd'hui, selon ce que vous avez appris au cours de ce procès, le reste
21 du texte est-il exact ?
22 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
23 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez déclaré devant cette
24 Chambre de première instance que le 16 avril 1993 vous commandiez la
25 police militaire, mais qu'en dehors de cette date vous ne commandiez pas
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1 les unités de la police militaire et vous ne lui donniez pas d'ordres,
2 n'est-ce pas ?
3 M. Blaskic (interprétation). - Oui, c'est exact. La police
4 militaire m'a été détachée.
5 M. Nobilo (interprétation). - Pourriez-vous expliquer aux Juges
6 comment il se fait que le 16 avril 1993 s'est effectué ce détachement de
7 la police militaire qui était donc sous vos ordres désormais ?
8 M. Blaskic (interprétation). - Au retour de la conférence de
9 presse le 15 avril, aux alentours de 15 heures, j'ai discuté avec le chef
10 de l'état-major principal du HVO que j'ai informé de la situation et des
11 impressions que j'ai acquises après avoir visionné la cassette vidéo qui
12 montrait les images de l'enlèvement de Zivko Totic à Zenica. J'ai dit au
13 chef d'état-major principal que, manifestement, cette action était due à
14 des terroristes, qu'il s'agissait d'une action des forces extrémistes de
15 l'armée de Bosnie-Herzégovine dirigée contre un cadre du HVO. Le chef
16 d'état-major principal s'est dit d'accord avec moi, et a déclaré qu'il
17 était clair que l'armée de Bosnie-Herzégovine allait recourir au
18 terrorisme pour combattre le HVO et l'emporter sur le HVO. Et que, par la
19 suite, une attaque généralisée allait se produire comme cela avait été le
20 cas à Zenica.
21 Je lui ai dit également, qu'en cas d'attaque généralisée, nous
22 ne disposions pas des forces nécessaires pour assurer une défense de
23 qualité car la brigade de Vitez n'en était encore qu'à un stade de
24 création. Après cela, le chef d'état-major principal m'a dit : "Eh bien,
25 au cas où devrait se produire une attaque généralisée, toutes les forces
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1 de la police militaire et des unités spéciales te seront détachées". Je
2 lui ai demandé si ce qu'il venait de dire était un ordre, si, en cas
3 d'attaque généralisée, j'aurais à commander aux unités de la police
4 militaire et aux unités spéciales. Le chef d'état-major principal m'a
5 répondu : "Oui, c'est un ordre en cas d'attaque généralisée, tu
6 commanderas aussi bien à la police militaire qu'aux unités spéciales,
7 PPM".
8 M. Nobilo (interprétation). - Lorsque vous dites "PPM", de quoi
9 parlez-vous ?
10 M. Blaskic (interprétation). - Je parle des unités spéciales. Il
11 m'a dit qu'il allait s'entendre avec Bruno pour assurer les détachements
12 nécessaires.
13 M. Nobilo (interprétation). - Qui était Bruno ?
14 M. Blaskic (interprétation). - C'était le chef du département de
15 la défense, c'est-à-dire le Ministre de la Défense du gouvernement croate
16 d'Herceg-Bosna qui, plus tard, devait devenir le gouvernement de la
17 République croate d'Herceg-Bosna.
18 M. Nobilo (interprétation). - En cas d'attaque, qui donnait
19 l'ordre de réalisation de ce détachement qui devait vous permettre de
20 commander à des unités non placées sous vos ordres dans des circonstances
21 différentes ?
22 M. Blaskic (interprétation). - En général, nous fonctionnions
23 sur la base de deux ordres, un ordre que je devais recevoir du chef
24 d'état-major principal du HVO et un deuxième ordre que je devais recevoir
25 du commandant de toutes unités détachées à mon bénéfice. Ce deuxième ordre
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1 était l'ordre reçu par ce commandant de son supérieur immédiat ou d'une
2 personne placée à un niveau hiérarchique supérieur. Dans le cas dont nous
3 parlions, le commandant de la police militaire devait recevoir un ordre du
4 ministère de la Défense ou du chef du département de la police militaire.
5 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous dire aux Juges, à
6 partir de quel moment, il est permis d'estimer que commence ce
7 détachement ?
8 M. Blaskic (interprétation). - Le détachement commence, entre en
9 vigueur au moment où le commandant de l'unité détachée prend contact avec
10 le commandant au bénéfice duquel il est détaché. Ce moment commence
11 lorsque le commandant en question se met sous les ordres du commandant au
12 bénéfice duquel il est détaché. Donc ce moment commence lorsque le
13 commandant en question se met sous les ordres du commandant au bénéfice
14 duquel il est détaché avec son unité.
15 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous dire aux Juges comment
16 les choses se passent ? Dans quel contexte, dans quelle situation ce
17 détachement se produit ?
18 M. Blaskic (interprétation). - Il peut s'agir de manoeuvres, il
19 peut s'agir également d'opérations de combats au cours desquelles le
20 commandant d'une unité de niveau supérieur est détaché pour venir
21 renforcer une unité participant au combat. Je vais vous donner un
22 exemple : si l'on parle d'un bataillon d'infanterie, on peut détacher à
23 son attention une compagnie de chars pour la réalisation d'une tâche
24 déterminée. Le commandant de la compagnie de chars, lorsqu'il prend
25 contact avec le commandant du bataillon, avec les hommes de son unité,
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1 lorsqu'il se met à la disposition du bataillon avec ses hommes, eh bien
2 c'est à ce moment-là que commencent la validité du détachement et
3 l'utilisation des forces concernées par le commandant du bataillon
4 d'infanterie.
5 Quant à l'ordre qui lui commande, de se faire connaître auprès
6 du commandant du bataillon qui donne cet ordre au commandant de la
7 compagnie de chars, le commandant de la compagnie de chars le reçoit de
8 son officier directement supérieur ou d'un officier de grade encore
9 supérieur.
10 M. Nobilo (interprétation). - Parlons d'Ahmici. Dans le cas
11 précis dont nous sommes en train de débattre, que vous a-t-on dit ? A quel
12 moment pouviez-vous utiliser la police militaire ?
13 M. Blaskic (interprétation). - Le chef d'état-major principal du
14 HVO m'a déclaré que je pouvais considérer que la police militaire était
15 placée sous mes ordres, était détachée à mon intention, dans le cas où se
16 produirait une attaque généralisée de la part des forces de l'armée de
17 Bosnie-Herzégovine.
18 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez dit aux Juges que le
19 détachement commençait à partir du moment où cette unité de la police
20 militaire est mise à votre disposition. Est-ce exact ?
21 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
22 M. Nobilo (interprétation). - Veuillez dire aux Juges, le
23 16 avril 1993, à quel moment l'unité de la police militaire s'est-elle
24 mise à votre disposition ?
25 M. Blaskic (interprétation). - Selon mes notes, cela s'est passé
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1 à 11 heures 42.
2 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que vous avez consigné ce
3 qui vous a été dit pour que nous puissions nous le rappeler ?
4 M. Blaskic (interprétation). - Oui. Le commandant de la police
5 militaire a pris contact avec moi et m'a dit, je cite :"Nous menons un
6 combat très violent. Ils insistent et utilisent contre nous tous les
7 moyens disponibles, y compris les femmes. Et ils sont particulièrement
8 violents dans les maisons situées autour de l'école et dans la mosquée".
9 Fin de citation.
10 M. Nobilo (interprétation). – Pouvons-nous considérer que
11 l'unité de la police militaire a été détachée à votre intention à
12 11 heures 42, est-ce exact ?
13 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
14 M. Nobilo (interprétation). – Savez-vous à quel moment le combat
15 a commencé ?
16 M. Rodrigues. - Je crois que je vois sur le transcript :
17 11 heures 45. Le général Blaskic a dit 11 heures 42.
18 M. Nobilo (interprétation). - Ce qui est exact, c'est
19 11 heures 42. Il y a sans doute une petite erreur, l'heure exacte est
20 11 heures 42. A ce moment-là, ou plus précisément avant 11 heures 42,
21 saviez-vous qu'il y avait des combats dans le village d'Ahmici ?
22 M. Blaskic (interprétation). - Non.
23 M. Nobilo (interprétation). - Saviez-vous que, dans ce secteur,
24 dans ces quartiers, il y avait des combats ?
25 M. Blaskic (interprétation). - Oui, je savais que dans le
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1 secteur situé au nord de la route, il y avait des combats. Mais que des
2 combats aient eu lieu précisément dans le village d'Ahmici, je ne le
3 savais pas jusqu'à 11 heures 42. Je n'en étais pas informé.
4 M. Nobilo (interprétation). - En écoutant les témoins de
5 l'accusation dans ce procès, est-ce que vous avez reçu l'information qui
6 vous a permis de savoir à quel moment ont eu lieu les combats d'Ahmici ?
7 M. Blaskic (interprétation). - Oui, j'ai été informé de ce fait
8 lorsque j'ai écouté les témoins de l'accusation au cours de ce procès. Je
9 pense, sur la base de mes souvenirs, que l'heure citée a été celle de
10 5 heures 25, 5 heures 20, le 16 avril 1993.
11 M. Nobilo (interprétation). - Cela signifie-t-il qu'entre
12 5 heures 20 et 11 heures 42, le 16 avril 1993, vous ne saviez rien de ce
13 qui passait à Ahmici ? Est-ce exact ?
14 M. Blaskic (interprétation). - Effectivement, je n'ai eu aucune
15 information quant à ce qui se passait dans le village d'Ahmici dans cette
16 tranche horaire.
17 M. Nobilo (interprétation). - Veuillez dire aux Juges, sur la
18 base de ce que vous avez entendu de la bouche des témoins de l'accusation,
19 c'est-à-dire des victimes des événements d'Ahmici, à quel moment, dans
20 quelle tranche horaire, cette population a-t-elle été frappée ?
21 M. Blaskic (interprétation). - Pour autant que je m'en souvienne
22 entre 5 heures 30 et 7 heures et peut-être 7 heures 30.
23 M. Nobilo (interprétation). - Je vous demande à présent, au
24 moment où les civils d'Ahmici ont été tués, c'est-à-dire entre 5 heures 30
25 et 7 heures 30, cette unité était-elle détachée à votre bénéfice ?
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1 M. Blaskic (interprétation). - Non.
2 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez sous vos yeux le rapport
3 D 280, et le 15 avril. Vous avez délivré les trois ordres, deux ordres qui
4 se sont rapportés à la police militaire.
5 Est-ce que vous pourriez, par conséquent, faire la comparaison
6 entre ce que vous avez vous-même ordonné, ce que vous avez reçu comme
7 information et ce qui s'est passé à Ahmici ? Et ce que, bien évidemment,
8 vous avez appris lors de citations de témoins ici devant les Juges.
9 Est-ce que vous voulez bien, s'il vous plaît, parcourir les
10 trois ordres, les deux notamment, les deux ordres s'il vous plaît,
11 10 heures, et l'autre c'est à 15 heures 45.
12 Est-ce que vous pouvez tout simplement nous dire ce que vous
13 pensez au sujet de la police militaire, le secteur d'Ahmici, Behrici, ce
14 qui nous intéresse en ce moment ?
15 Pouvez-vous faire la comparaison par rapport à cette unité et à
16 ce secteur très précis ?
17 M. Blaskic (interprétation). - En ce qui concerne l'ordre de
18 10 heures, le point 2.1, j'avais ordonné que, au cas où il y ait une
19 attaque plus violente de la part des forces musulmanes extrémistes en
20 provenance du village Nadioci, Behrici, Sivrino Selo, on m'informe si le
21 feu est ouvert directement et uniquement si le feu est ouvert directement,
22 de riposter et de neutraliser ceux qui attaquent. Ici, dans cet ordre, je
23 n'avais pas demandé de détruire l'agresseur ou de faire une contre-
24 attaque, de persécuter ou d'entreprendre d'autres opérations tactiques ou
25 de combats contre l'agresseur.
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1 M. Nobilo (interprétation). - Neutraliser l'agresseur, quel est
2 le degré et qu'est-ce que cela veut dire, quelle est cette notion ?
3 Qu'est-ce que cela couvre exactement ?
4 M. Blaskic (interprétation). - Dans tous les cas, il s'agit
5 d'une forme la plus atténuée de riposte, et ceci en vue de surmonter un
6 danger qui est imminent, et ceci sous-entend l'autodéfense. Chaque
7 autodéfense neutralisée peut avoir plusieurs degrés : 25 %, 50 %. Mais si
8 nous comparons cet ordre et le rapport que nous avons vu tout à l'heure...
9 M. Nobilo (interprétation). - D280 ?
10 M. Blaskic (interprétation). - Oui, il en ressort clairement que
11 mon ordre a été dépassé car non seulement on avait riposté -ce que l'on
12 voit et ce que l'on peut conclure du rapport-, mais en même temps
13 certaines opérations de combats ont été entreprises et un certain nombre
14 de démarches également dans le but de persécuter, d'expulser l'agresseur,
15 de poursuivre l'agresseur.
16 Dans l'ordre que j'ai délivré, celui de 10 heures, j'avais
17 ordonné que l'agresseur soit neutralisé. Il n'y a pas de contre-attaque et
18 il n'y a pas de poursuite.
19 M. Nobilo (interprétation). - Cette analyse, par conséquent, a
20 été faite grâce à la comparaison de votre ordre du mois d'avril délivré à
21 10 heures et le rapport d'Ahmici D280. Est-ce que je vous ai bien
22 compris ?
23 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
24 M. Nobilo (interprétation). - D267, excusez-moi, l'ordre porte
25 la cote 267 et le rapport porte la cote D280. Si vous faites maintenant la
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1 comparaison de l'ordre que vous avez délivré et ce qui s'est passé sur
2 place, ce que vous avez appris ici, dans ce prétoire, y a-t-il un lien
3 entre votre ordre et les conséquences qui ont été constatées, qui sont
4 survenues à Ahmici ?
5 M. Blaskic (interprétation). - Non, je n'ai jamais ordonné que
6 les civils soient massacrés, tués, que les maisons soient détruites dans
7 le village.
8 M. le Président. - Quelle est la cote, le numéro de la cote,
9 maître Nobilo ou Monsieur le Greffier, la cote du 15 avril, 15 heures 45 ?
10 Excusez-moi, j'ai un problème.
11 M. Dubuisson. -Ce serait le D268 pour le 15 heures 45.
12 M. le Président. - Le D268, c'est bien cela ? Celui-là s'adresse
13 également au bataillon de la police militaire, Maître Nobilo ?
14 M. Nobilo (interprétation). - Oui, nous parlons du bataillon de
15 police militaire à Ahmici. Le général est en train d'analyser son ordre
16 avec le rapport qu'il a reçu et ce qui s'est passé sur place réellement.
17 C'était la signification de ma question. Nous avons parlé du
18 document D267, mais il y a effectivement un ordre D268, et c'est là où le
19 général va répondre à cette question...
20 M. le Président. - Excusez-nous, vous pouvez continuer
21 maître Nobilo.
22 M. Nobilo (interprétation). - Merci, Monsieur le Président. Il y
23 a quelques minutes, le général Blaskic a fait la comparaison entre l'ordre
24 qu'il avait délivré, D 267, et le rapport d'Ahmici, D 280. Bien
25 évidemment, certaines informations qu'il avait eues ici-même dans le
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1 prétoire. Maintenant, je vais vous demander, quand il s'agit de la police
2 militaire, d'analyser votre ordre D 268 que vous avez déclaré à
3 15 heures 45 et de dire aux Juges ce que vous avez fait à ce moment-là, à
4 cette époque-là. Il s'agit du 15 avril 1993.
5 M. Blaskic (interprétation). - Pour l'ordre D 268...
6 M. Kehoe (interprétation). - Excusez-moi, une petite correction,
7 c'est le 15 avril 1993, D 268, il s'agit du 15.
8 M. Nobilo (interprétation). - Oui, c'est le 15 avril 1993,
9 15 heures 45, la cote est 268. Je vous en prie, Général.
10 M. Blaskic (interprétation). - Dans cet ordre, le point n° 1,
11 sous-entend qu'il est indispensable de mettre en état d'alerte toutes les
12 formations, toutes les unités, y compris la police militaire. Ensuite, les
13 points n °2 et 3, dans la zone de responsabilité du 4ème Bataillon de la
14 police militaire engageaient le peloton anti-terroriste dans le combat
15 contre les groupes terroristes de sabotage de la 7ème Brigade musulmane
16 dans les zones d'action et l'installation des unités du point n °1 de cet
17 ordre.
18 Dans le point n° 1 du même ordre, il est question de savoir où
19 se trouve la 7ème Brigade musulmane. C'est la raison pour laquelle on
20 précise les noms, : Zenica, Han Bila, Kakanj. Ensuite, dans les
21 points n° 2 et 3, j'ai ordonné d'entreprendre des actions efficaces et
22 rapides, d'emprisonner et de détruire les groupes de sabotage et les
23 groupes terroristes de la 7ème Brigade musulmane, de détruire les
24 installations où ils sont installés et de se retirer, sans accepter les
25 combats, dans les bases et surtout de mettre l'axe d'activité dans les
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1 secteurs de municipalités couvrant les municipalités de Busovaca, Zenica,
2 Travnik, Novi Travnik et Vitez.
3 Le délai et le temps, selon l'estimation du commandant du
4 4ème Bataillon de la police militaire, dans le point n 6, j'ai ordonné de
5 m'envoyer des rapports le soir jusqu'à 18 heures, et le matin jusqu'à
6 6 heures et de m'envoyer les rapports exceptionnels en cas de besoin.
7 En d'autres termes, cet ordre se rapporte à l'engagement contre
8 les groupes de sabotage et de terrorisme de la 7ème Brigade musulmane. Moi,
9 je n'ai pas précisé le temps, j'ai tout simplement laissé au commandant du
10 4ème Bataillon le soin d'en prendre la décision.
11 M. Nobilo (interprétation). - Dites-moi, s'il vous plaît, si
12 vous avez signalé quelque part Ahmici comme base du groupe de terroriste
13 de la 7ème Brigade musulmane ?
14 M. Blaskic (interprétation). - Non.
15 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que cet ordre est orienté
16 exclusivement sur les groupes de terrorisme de la 7ème Brigade musulmane ou
17 bien éventuellement on pourrait interpréter ceci comme un ordre pour
18 l'attaque ?
19 M. Blaskic (interprétation). - Il s'agit d'un ordre qui était
20 exclusivement orienté vers les groupes de sabotage, de terrorisme qui
21 faisaient partie intégrante de la 7ème Brigade musulmane qui avait organisé
22 un certain nombre d'actions contre les supérieurs du HVO et les cadres du
23 commandement du HVO.
24 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que vous pouvez nous dire à
25 peu près combien de personnes ces groupes pouvaient avoir ?
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1 M. Blaskic (interprétation). - Entre trois et cinq et, en
2 général, on appelait ces groupes les troïkas.
3 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que vous voyez un lien
4 entre l'ordre que vous avez délivré et ce qui s'est passé à Ahmici ?
5 M. Blaskic (interprétation). - Non.
6 M. Nobilo (interprétation). - Outre ces ordres, est-ce que vous
7 avez ordonné à la police militaire, le 15 avril 1993, un autre ordre ?
8 M. Blaskic (interprétation). - Non.
9 M. Nobilo (interprétation). - Je vais demander au greffier de
10 bien vouloir mettre à la disposition du témoin les pièces à conviction
11 D 271, D 272, D 273, D 275 et D 277.
12 Je vais vous demander, s'il vous plaît, de parcourir tous ces
13 rapports. Ce sont les rapports qui ont été dirigés au commandement de la
14 zone opérationnelle pour le 15 avril 1993. Nous n'allons pas donner
15 lecture de tous ces rapports, nous les avons vus.
16 J'aimerais vous demander de les parcourir et dire aux Juges si
17 ce jour-là vous avez eu de tels rapports et de faire un commentaire.
18 M. Blaskic (interprétation). – Oui.
19 M. Nobilo (interprétation). - Outre ces rapports écrits, outre
20 des rapports dont vous avez parlé la dernière fois, qui étaient de
21 caractère verbal, est-ce que vous avez eu connaissance d'autres faits qui
22 auraient pu être de signification, outre les rapports dont vous avez
23 parlé ?
24 M. Blaskic (interprétation). - Non.
25 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que, éventuellement, il y
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1 avait un indice quelconque le 16 avril 1993 qui aurait pu vous faire dire,
2 vous faire penser, qu'il faudrait faire une attention toute particulière à
3 Ahmici parce que quelque chose se passait là, qui était différent des
4 autres actions qui se passaient ailleurs ?
5 M. Blaskic (interprétation). - Non.
6 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce qu'il y avait un indice ou
7 quelque élément qui aurait pu vous conduire à conclure qu'un tel crime
8 aurait pu se passer ?
9 M. Blaskic (interprétation). - Non, car jamais auparavant rien
10 de semblable ne s'est passé pendant que moi j'étais commandant en Bosnie
11 centrale.
12 M. Nobilo (interprétation). - Pourriez-vous maintenant dire aux
13 Juges ce que vous-même, si le 16 avril vous avez perdu, ce que vous avez
14 perdu et quel était le bilan ce jour-là pour vous lors des combats qui ont
15 eu lieu avec l'armée de Bosnie-Herzégovine ?
16 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, Messieurs
17 les Juges, à la fin de la journée du 16 avril, les unités du HVO de
18 Zenica, au niveau de Kuber ont été détruites.
19 Zenica a été bloquée complètement pour tout déplacement, tout
20 mouvement. Dans la municipalité de Busovaca, nous avons eu des pertes
21 également. Nous avons perdu le site de Kuber. Nous avons perdu le village
22 Putic, une partie du village de Jelinac et une partie de Projce. Dans la
23 municipalité de Vitez, nous avons perdu également des positions au niveau
24 du site de Kuber, ensuite Putulica dans son ensemble, ensuite Grabak, au
25 nord de Krcevine, également la cote 692, ensuite Barin Gaj, ensuite
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1 Stozerak, la cote numéro 797, ensuite Sucici, c'est un village dans la
2 vieille ville de Vitez, les maisons de Krizanac, de Mlakic, de Pavlovic,
3 de Miskovic, de Mioc, de Simic, Prkacin et Stojak. Ce sont les maisons.
4 Ensuite, pour ce qui concerne Grbavica, les Croates ont été
5 expulsés. Ensuite, au sud, à Kruscica, l'armée de Bosnie-Herzégovine s'est
6 emparée de Pintra, la cote 603. Ils ont encerclé les civils, les Croates
7 dans des motels à Lovac et Ribnjak, alors que les autres ont été
8 emprisonnés dans l'école élémentaire.
9 Dans le secteur de Vranjska, les Croates ont été expulsés de
10 Zepackic, de Barisin, et nous avons perdu une position 502 ; c'est la
11 frontière triangulaire.
12 Ensuite, ce qui est également l'essentiel, c'est que nous avons
13 perdu toutes les positions à Kuber, et la ville de Vitez a été
14 complètement isolée, mon commandant également. Nous n'avions aucune route
15 qui conduisait de Vitez vers l'hôpital et vers la base logistique
16 Stojkovici. Nous n'avions eu aucune route ce jour-là pour circuler en
17 direction de Busovaca.
18 La route a été coupée à plusieurs endroits, ou éventuellement
19 contrôlée par les forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine.
20 M. Nobilo (interprétation). - Général, du point de vue
21 militaire, strictement militaire, vous faites la comparaison à la fin de
22 la journée qui avait contrôlé les installations clefs dans la vallée de la
23 Lasva. D'après vous, qui avait cette primauté militaire le 16 avril 1993,
24 qu'elle était l'armée ?
25 M. Blaskic (interprétation). - C'est l'armée de Bosnie-
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1 Herzégovine qui avait eu un certain nombre de succès opérationnels. S'il
2 est indispensable, je peux le montrer sur la carte.
3 M. Nobilo (interprétation). - Je vais vous demander de nous dire
4 brièvement quels étaient les secteurs et les sites importants pour la
5 vallée de la Lasva qui étaient contrôlés par qui ?
6 (Le témoin s'exécute.)
7 Après, nous passerons peut-être sur le relief pour voir
8 comment...
9 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, Messieurs
10 les Juges, je montre Vitez et la route qui mène de Vitez vers Travnik ;
11 ensuite, l'autre qui mène vers Busovaca, ici c'est Busovaca. L'armée de
12 Bosnie-Herzégovine, à la fin de la journée du 16 avril, avait contrôlé
13 Kuber et tous les sommets qui mènent par Kuber : Vran Stijena, Kratine,
14 Barin Gaj, Sljivcica, Tolovici, Grabak, la côte 629.
15 Et ensuite, plus loin, le site 797 : ils ont contrôlé la route
16 du côté nord vers le sud. En d'autres termes, Vitez, Busovaca et cette
17 route principale n'ont pas été libres pour la circulation, étant donné que
18 les forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine se sont stationnées à
19 Sljivcica et à Barin Gaj également, alors que la route qui menait de Vitez
20 vers l'hôpital Nova Bila et vers Travnik a été coupée, dans le sens
21 physique de ce mot, par les forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine qui
22 était stationnée à Grbavica et à Divjak. Ces forces pouvaient pratiquement
23 se joindre à Donja Veceriska.
24 Le HVO à Vitez a été isolé et il lui a été rendu impossible de
25 passer du côté ouest et vers Travnik.
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1 Pour ce qui concerne Kruscica, les Croates étaient expulsés du
2 motel Lovac et Ribnjak. Mais pour ce qui concerne la côte de Pintra, c'est
3 l'armée de Bosnie-Herzégovine qui s'en est emparée et l'avait contrôlée :
4 toutes les sorties et toutes les entrées de Vitez en direction de Kruscica
5 si on emprunte la route principale.
6 Enfin, en ce qui concerne Vranjska, la côte 502 a été prise et
7 il y avait Crveno Brce qui est resté pour qu'ils se joignent avec les
8 forces qui se trouvaient à Nadioci, à Vidovici et à Sljivcica.
9 C'est ainsi que, dès la fin de la journée du 16 avril, les
10 forces du HVO dans la vallée de la Lasva ont été encerclées complètement
11 et séparées physiquement, de bénéficier d'aide d'où qu'elle vienne et
12 également pour ce qui concerne le HVO à Zenica. Kuber a été pris et c'est
13 une position opérationnelle pour toute action vers Busovaca, vers Vitez ou
14 vers d'autres sites importants dans la vallée de la Lasva.
15 M. Nobilo (interprétation). - Nous allons simplifier quelque peu
16 les choses. On va parler de manière un peu plus laïque. Qui contrôlait les
17 vallées et qui contrôlait les monts et les montagnes ? Quelle est la
18 meilleure position ?
19 M. Blaskic (interprétation). - C'est l'armée de Bosnie-
20 Herzégovine qui contrôlait les montagnes. Dans les vallées étaient
21 encerclées les forces du HVO. Il est évidemment mieux de se trouver dans
22 les collines, dans les montagnes, c'est une position nettement supérieure
23 et c'est là où il était plus facile de mener les combats.
24 M. Nobilo (interprétation). - Uniquement une autre question,
25 s'il vous plaît. Vous avez décrit cet encerclement, mais est-ce que vous
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1 saviez déjà tout cela le 16 avril ou ce sont les informations que vous
2 avez apprises par la suite, au mois d'avril ?
3 M. Blaskic (interprétation). - Je n'ai pas su tout cela le
4 16 avril. En fait, la pratique typique était que les commandants de
5 village ou de secteur n'envoyaient presque jamais d'informations
6 concernant la perte de positions, mais uniquement lorsqu'ils reprenaient
7 ces positions. La situation que nous avions très souvent était que je
8 recevais une information selon laquelle nous avions réussi à reprendre le
9 contrôle dans certaines positions, alors que je n'avais jamais été informé
10 auparavant de la perte de ces positions.
11 M. Nobilo (interprétation). - Je propose que pendant la pause
12 suivante le témoin utilise les drapeaux pour indiquer l'encerclement de
13 Vitez. Ceci pourra nous être utile, et ce sera la position qui sera
14 valable jusqu'à l'accord de Lasva.
15 M. le Président. – Indépendamment de la décision que nous
16 prendrons sur les pauses en général, pendant la déposition de l'accusé, si
17 vous voulez bien nous allons arrêter là et ensuite nous reprendrons sur la
18 maquette. Nous allons prendre une pause d'un quart d'heure.
19 (L'audience levée à 15 heures 20 est reprise à 15 heures 40.)
20 M. le Président. - L'audience est reprise. Bien, les Juges ont
21 délibéré. ils ont décidé d'accéder à la demande de l'accusé. Toutes les
22 45 minutes, nous prendrons une pause d'un quart d'heure. Par contre, les
23 Juges sont convenus que ce ne sera pas comme un couperet, ces 45 minutes.
24 Il faudra le faire... s'il y a une explication importante, nous la
25 terminerons ; de même, s'il faut arrêter avant 45 minutes, nous ferons
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1 cela de façon intelligente, comme nous avons l'habitude de faire tous nos
2 travaux ici, n'est-ce pas ?
3 Voilà, Général Blaskic, comme cela vous serez assuré de pouvoir
4 déposer dans les meilleures conditions possibles. Donc, il faut que je me
5 fasse à ce nouveau…écoutez jusqu'à 16 heures 30. Je pense que les
6 interprètes ne sont pas contre ?
7 Dans ces conditions, nous pouvons poursuivre. Allez-y,
8 Maître Nobilo.
9 M. Nobilo (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.
10 Général, nous avons terminé le 16, mais nous avons promis aux
11 Juges que vous alliez montrer qui a pris le contrôle de quoi le jour du
12 16 avril. Expliquez cela sur la maquette et expliquez-nous ce que
13 représentent les drapeaux verts.
14 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, Messieurs
15 les Juges, à la fin de la journée du 16 avril, toute la montagne de Kuber
16 a été placée sous le contrôle de l'armée de Bosnie-Herzégovine, et puis je
17 continue à montrer la ligne de front de Vran Stijena, ensuite les sommets
18 au-dessus de Kratine, ensuite, au nord du village de Vidovici, Sljivcica,
19 Tolovici, Grabak, Stozerak, Grbavica, Ribnjak, Donja Veceriska, Gacice,
20 Stari Vitez, Pintra, Kruscica, côte 502, Vrenska Rovna, donc ça c'est la
21 ligne de front. Et maintenant, c'est la région de Busovaca.
22 M. Nobilo (interprétation). - Du point de vue militaire, et
23 opérationnel, qui a gagné et perdu la guerre le 16 avril 1993 ?
24 M. Blaskic (interprétation). - En voyant la maquette, c'est
25 clair. Le site le plus important, Kuber, se trouve dans les mains de
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1 l'armée de Bosnie-Herzégovine et comme je l'ai déjà dit, ce site permet de
2 continuer vers de nouvelles opérations, vers Nadioci, Sljibcica et c'est
3 logique d'ailleurs, jusqu'à ce qu'ils puissent prendre totalement le
4 contrôle de toute la route entre Busovaca et Vitez ou bien essayer
5 d'obtenir le contrôle afin de relier Vitez et Divjak, c'est-à-dire afin de
6 renouer les liens avec les forces de Donja Veceriska,
7 De cette manière, la ville de Vitez serait complètement
8 encerclée. Le 16 avril au soir, la ville est complètement encerclée sans
9 possibilité de se mettre en contact avec la base logistique de Stojkoici
10 ni avec l'hôpital de Nova Bila, autrement dit avec les bases de Stojkovici
11 et Novi Stojkovici.
12 M. Nobilo (interprétation). - Très bien, merci.
13 Je demanderai au greffier de nous remettre la pièce à conviction
14 de la défense n° D 284.
15 La pièce à conviction D 284, dans la nuit entre le 16 et le
16 17 avril 1993, vous avez écrit cela à 4 heures du matin ?
17 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
18 M. Nobilo (interprétation). - Le titre du document est "La
19 défense des positions consolidées". Je souhaite lire maintenant deux
20 passages. Je vous demanderai de nous faire un commentaire là-dessus.
21 Nous allons commencer par la lecture du troisième passage de la
22 fin, où vous donnez l'ordre suivant à la brigade de Vitez :
23 "Premièrement : défendre l'entrée de la ville avec les forces principales,
24 surtout depuis la direction de Poculica et de Preocica et dans la
25 direction de Vranjska. Et dans ce but, il faut renouer un lien avec les
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1 forces de la police et ensemble, avec les forces d'appui, tenir les forces
2 dans la région de Vranjska bloquées et, si possible, prendre le contrôle
3 de Vranjska, de la caserne des pompiers de Kruscica et Vranjska, la
4 priorité étant le blocus".
5 Dites aux Juges, en ce qui concerne les tâches que vous avez
6 données à la brigade de Vitez, qu'est-ce que l'on peut conclure ? Quelle
7 est la position stratégique de cette brigade dans la nuit entre le 16 et
8 17 avril ?
9 M. Blaskic (interprétation). - L'opposition était très
10 désagréable. J'ai demandé qu'ils utilisent les forces principales afin de
11 défendre l'entrée de la ville même de Vitez. Etant donné que, d'après nos
12 informations, il était clair qu'une attaque se préparait visant à prendre
13 le contrôle de la ville de Vitez. Ce serait une attaque lancée par les
14 forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine.
15 M. Nobilo (interprétation). - Cet ordre constitue-t-il une
16 continuité par rapport à l'ordre donné à la brigade de Vitez le 16 avril à
17 1 heure 30 du matin ?
18 M. Blaskic (interprétation). - Oui, puisque je souligne que la
19 priorité est le blocus et que ce qui est crucial est de nous défendre.
20 M. Nobilo (interprétation). - Je vais vous lire maintenant la
21 dernière partie de votre ordre donné dans la nuit du 16 au 17 avril :
22 "Nous avons accompli 80 % de nos tâches aujourd'hui. J'avertis tout
23 particulièrement les soldats de faire attention à leurs rapports envers
24 les civils (les personnes âgées, les femmes et les enfants), qu'ils ne
25 doivent pas tuer, étant donné que ceci constitue..." -c'est écrit en
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1 lettre capitale- "... UN CRIME", signé commandant, colonel
2 Tihomir Blaskic, le 17 avril à 4 heures du matin.
3 Pourquoi est-ce que vous avez écrit cela ?
4 M. Blaskic (interprétation). - Il était clair que la brigade
5 n'était pas encore créée et qu'il n'y a pas eu suffisamment
6 d'organisation. Ils étaient complètement désorganisés et j'ai essayé de
7 les encourager afin de réussir dans la défense des villages et des régions
8 encore contrôlés par le HVO.
9 Même si la situation n'était pas favorable pour nous, mise à
10 part toute la région de Potulica dont environ 460 civils ont été chassés à
11 cette époque, les civils de Kruscica, Vrenska et Grbavica ont subit le
12 même sort. Nous avons réussi à garder nos forces organisées de cette
13 manière-là, dans ces régions-là. C'est pourquoi je les ai encouragés à
14 accomplir ce genre de tâche.
15 M. Nobilo (interprétation). - Lorsque vous dites que vous avez
16 accompli 80 % de vos tâches, de quoi parlez-vous ? Quelle était la mission
17 de la Brigade de Vitez, le 17 avril ?
18 M. Blaskic (interprétation). - C'était de défendre les voies
19 d'accès à la ville et de bloquer les régions de Vrenska, Kruscica et
20 d'autres régions. Ceci est clair si l'on examine le paragraphe 3 d'en bas,
21 depuis la fin du document.
22 M. Nobilo (interprétation). - Ici, vous parlez des tâches pour
23 le 17 avril, mais lorsque vous dites que 80 % des tâches ont été
24 accomplis, cela veut dire que vous parlez de ce qui a été accompli le 16.
25 Quelle était la tâche de la Brigade de Vitez, le 16 ?
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1 M. Blaskic (interprétation). - C'était de bloquer Kruscica,
2 Vrenska et Donja Veceriska.
3 M. Nobilo (interprétation). - Ceci est-il conforme aux ordres
4 que vous avez donnés D 267 ?
5 M. Blaskic (interprétation). - Si c'est l'ordre donné à 1 heure
6 et demie du matin -je ne sais pas exactement la cote de cet ordre- mais si
7 vous parlez de cet ordre-là, la réponse est oui.
8 M. Nobilo (interprétation). - La réponse donnée à 1 heure 30 est
9 D 269.
10 Est-ce que, lorsque vous dites que 80 % des tâches ont été
11 accomplis, ceci se réfère à votre ordre donné à 1 heure et demie, le
12 16 avril ?
13 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
14 M. Nobilo (interprétation). - Parlons de la deuxième partie de
15 la phrase. Ici, vous avertissez les soldats en ce qui concerne le rapport
16 envers les civils et vous dites qu'ils ne doivent pas les tuer étant donné
17 que ceci constitue un crime. Qu'est-ce qui vous a motivé pour inclure ceci
18 dans votre premier ordre après la première journée de combat dans la
19 vallée de la Lasva.
20 M. Blaskic (interprétation). - Le premier jour, une réunion a eu
21 lieu, avec la médiation de la Forpronu, entre les représentants de la zone
22 opérationnelle et l'armée de Bosnie-Herzégovine à Nova Bila, à Vitez.
23 Après cette réunion, Marko Prskalo m'a informé que, pendant qu'il passait
24 en voiture, il a vu directement près de la route des civils tués. Ceci
25 s'est passé sur la route entre la base de l'ONU et Vitez.
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1 Moi, tout d'abord, j'ai voulu faire comprendre à tous les
2 militaires que la violence contre les civils constituait un crime. Je
3 voulais les avertir, de manière préventive, qu'il fallait faire tout
4 particulièrement attention à la protection des civils.
5 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez dit que vous leur aviez
6 donné un avertissement de manière préventive, mais est-ce que vous saviez
7 déjà qu'un crime avait été commis ?
8 M. Blaskic (interprétation). - Non.
9 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous nous dire, selon les
10 rapports ce que vous avez reçus s'il y a eu des combats à la fois à Vitez
11 et dans d'autres villages en amont. Est-ce que ce genre de combat
12 implique, dans la doctrine militaire, quelque chose en ce qui concerne les
13 difficultés des civils ?
14 M. Blaskic (interprétation). - Bien sûr que les combats dans les
15 villes et villages, sous-entendent la possibilité de grandes difficultés
16 pour les civils. Ce genre de combat sous-entend également qu'il est très
17 difficile de prévoir les conséquences, les conséquences des combats
18 concernant les destructions des bâtiments et même les victimes civiles.
19 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez dit que vous êtes allé
20 dormir, après avoir émis cet ordre à 4 heures du matin. Comment la journée
21 suivante s'est déroulée ? Dites-le librement, je ne vais pas vous
22 interrompre avec mes questions ?
23 M. Blaskic (interprétation). - Le 17 avril 1993, à 6 heures 15
24 du matin, j'ai reçu un appel de la brigade de Vitez et on me demandait de
25 leur envoyer des munitions de 20 mm et de 40 mm. Nous avons vérifié si
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1 nous disposions de ce genre de munitions ou pas...
2 M. Nobilo (interprétation). - Je vais quand même être obligé
3 d'intervenir. En parlant de cet ordre dont nous avons parlé, si vous
4 l'avez rédigé à 4 heures du matin et à 6 heures 15, vous étiez déjà en
5 contact avec la brigade de Vitez. Ai-je raison si je dis que vous avez
6 dormi uniquement deux heures, peut-être ?
7 M. Blaskic (interprétation). - Pendant cette nuit-là je n'ai pas
8 du tout dormi. J'étais dans la cave de l'hôtel. Si j'ai réussi à dormir,
9 cela a été dans la position assise à l'une des trois tables dont nous
10 disposions à l'époque.
11 M. Nobilo (interprétation). - Continuez, s'il vous plaît.
12 M. Blaskic (interprétation). - A 6 heures 35, nous avons envoyé
13 des rapports à la brigade de Vitez, aux divisions d'artillerie mixte, et
14 le numéro est 01-4-295/93. Et puis nous avons également envoyé une
15 information à la brigade Nikola Subic Zrinski dont le numéro est 01-4-
16 296/93, en date du 17 avril 1993. La teneur de cette information, je ne
17 peux pas m'en souvenir en ce moment, mais à 6 heures 40, j'ai appelé le
18 commandant de la 111e brigade à Zepce, M. Ivo Lozancic, mais c'est un
19 autre employé de garde qui m'a répondu. Et je lui ai dit, à lui, qu'il
20 allait recevoir pendant la journée un document et qu'il fallait que le
21 commandant Lozancic examine ce document et qu'il m'appelle personnellement
22 par téléphone par la suite.
23 M. Nobilo (interprétation). - Dites aux Juges, s'il vous plaît,
24 quel était votre projet en ce qui concerne Zepce.
25 M. Blaskic (interprétation). - Dans cette position défavorable
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1 pour Vitez où notre survie était remise en question, j'ai voulu lancer un
2 signal d'alarme à Zepce, Usora et Novi Seher pour que des activités soient
3 entamées pour lancer ce genre d'opération par téléphone afin de faire
4 diminuer la pression sur Vitez depuis Zenica.
5 M. Nobilo (interprétation). - Quand vous parlez des activités de
6 démonstration, vous parlez de fausses attaques ?
7 M. Blaskic (interprétation). - Oui, il s'agit de fausses
8 attaques qui sont mises en place par le biais du téléphone. Nous avions
9 l'espoir que le 3e Corps d'armée allait intercepter nos discussions et
10 réagir.
11 M. Nobilo (interprétation). - Dans le compte rendu en anglais,
12 il est écrit simplement "attaque", mais de quelle sorte d'attaque avez-
13 vous parlé ?
14 M. Blaskic (interprétation). - De fausse attaque.
15 M. Nobilo (interprétation). - Continuez, que se passe-t-il
16 ensuite ?
17 M. Blaskic (interprétation). - Vers 6 heures 40, nous avons reçu
18 un rapport de la brigade de Vitez, dont le numéro est 02-125-16/93, en
19 date du 17 avril 1993, à 6 heures du matin. A 6 heures 50, j'ai parlé avec
20 le quartier général, avec l'état-major du HVO à Mostar. Je leur ai donné
21 l'information concernant le déplacement de forces importantes depuis la
22 direction de Zenica vers Vitez et Busovaca et du fait qu'il y a eu un
23 regroupement des troupes dans la région de Kuber et de Saracevica.
24 A 6 heures 53, je me suis entretenu avec le commandant de
25 l'artillerie, et j'ai demandé que l'on m'envoie un rapport sommaire
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1 concernant les tâches accomplies et concernant les demandes faites le jour
2 précédent.
3 A 6 heures 55, j'ai reçu un appel de Fojnica. Nous avons échangé
4 des informations au sujet des événements et de la situation.
5 A 7 heures 6 minutes, j'ai parlé avec des représentants de la
6 brigade de Travnik, nous avons également échangé des informations au sujet
7 de la situation.
8 Mais avant cela, j'avais envoyé une mise en garde à la brigade
9 Stepan Tomasevic où je demandais à cette brigade de ne pas utiliser les
10 lignes téléphoniques publiques pour émettre des ordres.
11 A 7 heures 16, le commandant Lozancic m'a appelé de Zepce et je
12 lui ai demandé une nouvelle fois que lorsqu'il recevait un ordre de
13 l'examiner de près et de m'informer de ce qu'il avait compris que
14 contenait cet ordre. Il s'agissait d'ordres pour des attaques simulées.
15 A 7 heures 18, un tel ordre d'attaque simulée a été issu, dont
16 le numéro de référence était 01-4-298/93 et qui était daté du
17 17 avril 1993.
18 Il avait été émis à 6 heures 45 et cet ordre était adressé à
19 Zepce, son contenu étant un ordre d'attaque simulée ou de fausse attaque
20 de Zenica.
21 A 7 heures 20, le commandant adjoint de la police civile de
22 Vitez m'a appelé pour m'informer du fait que des tireurs embusqués de
23 l'armée de Bosnie-Herzégovine opéraient à partir de Stari Vitez en
24 direction de Kamenjnace, village croate. J'ai également été informé du
25 fait que les positions de tirs avaient été identifiées comme se trouvant
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1 sur le territoire d'une maison à trois niveaux et que c'était du deuxième
2 niveau, c'est-à-dire du niveau intermédiaire que provenaient les tirs.
3 A 7 heures 35, j'ai parlé avec le maire de la ville, M. Santic,
4 qui m'a demandé qui était l'organisateur de la réunion prévue à 9 heures
5 le 17 avril 1993 entre les représentants du HVO et l'armée de
6 Bosnie-Herzégovine à Vitez.
7 Nous l'avons informé que cette réunion avait été organisée par
8 le Bataillon britannique des Nations Unies et qu'elle allait se tenir dans
9 la base des Nations Unies. Le maire, M. Santic, a également demandé à
10 Franjo Nakic, chef d'état-major, a demandé à parler à Franjo Nakic, le
11 chef d'état-major, mais nous lui avons répondu que Franjo Nakic était
12 absent, qu'il se trouvait chez lui, à son domicile.
13 M. Nobilo (interprétation). - Pourquoi M. Nakic était-il à son
14 domicile ?
15 Pouvez-vous l'expliquer aux Juges ou rappeler ce fait aux
16 Juges ?
17 M. Blaskic (interprétation). - Le chef d'état-major, M. Nakic,
18 était bloqué dans son village de Zabijle. Il était bloqué par les forces
19 de l'armée de Bosnie-Herzégovine et ne pouvait
20 pas arriver jusqu'à l'hôtel Vitez. Mais il a appelé par téléphone.
21 Et le 15, c'est à sa demande personnelle, pour des raisons
22 personnelles, qu'il avait demandé l'autorisation de rentrer chez lui, pour
23 des raisons de santé.
24 M. Nobilo (interprétation). - Veuillez poursuivre, je vous prie.
25 M. Blaskic (interprétation). - A 7 heures 38, j'ai demandé au
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1 commandant du bataillon de Fojnica du HVO, un rapport suite à l'ordre qui
2 correspondait au numéro de référence 01-4-297/93, daté du 17 avril 1993,
3 émis à 7 heures 30.
4 A 7 heures 50, j'ai reçu ce rapport du commandant de la brigade
5 de Vitez, à qui j'ai donné des instructions pour les actions à venir.
6 A 7 heures 55, le commandant Dragan Kopcalija, de la zone
7 opérationnelle a appelé pour nous informer qu'il ne pouvait pas prendre
8 son service à l'hôtel Vitez parce qu'il était bloqué par l'armée de
9 Bosnie-Herzégovine.
10 A 8 heures, zéro minute, j'ai effectué un réglage de tir avec le
11 commandant responsable de l'artillerie. A 8 heures 08, j'ai parlé avec le
12 commandant du 1er Bataillon de Zenica qui s'intéressait à la situation et
13 qui m'a informé qu'il se trouvait sur les positions de Gudelji.
14 A 8 heures 06, une protestation a été émise en raison d'une
15 offensive de l'armée de Bosnie-Herzégovine, à la mission de contrôle
16 européenne auprès des Nations Unies et le numéro de référence était
17 le 80-4-299/93 daté du 17 avril 1993 émis à 7 heures 45.
18 A 8 heures 15, une annonce a été faite au public sous le numéro
19 de référence 08-4-300/93 du 17 avril 1993 émise à 8 heures zéro minute.
20 A 8 heures 17, j'ai eu une conversation avec M. Dario Kordic,
21 que j'ai informé du fait que les attaques de l'armée de Bosnie-Herzégovine
22 avaient commencé à 5 heures 25 dans le secteur de Grablje et de Dvor et
23 que, dans la direction de Gravine Kuce de Jelinka, ces deux localités
24 étaient visées.
25 Je l'ai informé ensuite du nombre de pertes et de blessés et je
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1 lui ai dit que le lendemain une réunion allait avoir lieu entre le
2 représentant de la zone opérationnelle du HVO et des représentants de
3 l'armée de Bosnie-Herzégovine à 1 heure du matin dans la base de la
4 Forpronu. Cette réunion se déroulerait sur le thème du cessez-le-feu.
5 M. Nobilo (interprétation). - Vous informez M. Kordic qu'il y a
6 eu des morts, 15 morts, mais qui étaient ces morts ? De quel côté étaient-
7 ils ?
8 M. Blaskic (interprétation). - Du HVO et selon les données dont
9 je disposais grâce au rapport que j'avais reçu au moment où je parlais...
10 M. Nobilo (interprétation). - Veuillez poursuivre.
11 M. Blaskic (interprétation). - La dactylographe du commandement
12 de la zone opérationnelle a appelé à 8 heures 30. Elle non plus n'avait
13 pas pu prendre son service en raison des opérations en cours, elle était
14 bloquée. A 8 heures 40, nous avons reçu, émanant du service de
15 renseignements militaires, une information qui nous mettait en garde
16 contre le fait de parler sur les lignes de téléphone public entre les
17 brigades de Vitez et de Travnik.
18 A 8 heures 50, j'ai adressé un rapport écrit au chef d'état-
19 major du HVO, sous le numéro des références 01-4-302/93 en date du
20 17 avril 1993, émis à 8 heures zéro minute.
21 A 9 heures zéro minute, M. Marko Prskalo et M. Zoran Pericic,
22 officiers du commandement de la zone opérationnelle et les personnes qui
23 travaillaient avec moi sont allés à la base des Nations Unies. Ils ont été
24 transportés par des responsables de la Forpronu jusqu'à la base de
25 Nova Bila. Cette réunion a eu lieu avec des représentants de l'armée de
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1 Bosnie-Herzégovine.
2 M. Nobilo (interprétation). - Quel était l'objet de cette
3 réunion ?
4 M. Blaskic (interprétation). - Cette réunion avait été décidée
5 le 16 avril 1993 dans le but de faire cesser les opérations de combat et
6 de nettoyer les champs de bataille en obtenant un arrêt des tirs.
7 M. Nobilo (interprétation). - Veuillez poursuivre.
8 M. Blaskic (interprétation). - A 9 heures 10, j'ai reçu un appel
9 du commandant Cerkez qui demandait un appui de l'artillerie et de l'aide
10 contre les cibles situées aux cotes 836 et 894.
11 A 9 heures 17, j'ai parlé avec le commandant adjoint, Barisic et
12 j'ai demandé quelle était la situation à Kuber. Je lui ai demandé de
13 rétablir la liaison entre les membres du HVO de Zenica et les membres de
14 la brigade Nikola Subic Zrinjski
15 M. Nobilo (interprétation). - Revenons un instant à ces
16 positions, aux cotes 836 et 897. Connaissiez-vous ces positions ?
17 M. Blaskic (interprétation). - A moment là, je ne connaissais
18 pas ces positions. Je ne savais pas ce qu'elles étaient exactement. Mais
19 elles figuraient sans doute déjà sur le plan de tirs de l'artillerie.
20 M. Nobilo (interprétation). - Merci. Veuillez poursuivre.
21 M. Blaskic (interprétation). - En parlant au commandant de la
22 brigade du HVO de Zenica, j'ai tiré la conclusion, que le site de Kuber,
23 le mont Kuber, était d'une importance extrême et qu'il importait au plus
24 haut point de se maintenir ne serait-ce que sur les versants de ce mont
25 Kuber, car ce qui était en cause, c'était notre survie si le mont Kuber
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1 devait être perdu définitivement. A 9 heures 21, j'ai parlé avec le
2 commandant de Lozancic de Zepce à qui j'ai demandé d'agir conformément à
3 l'ordre qu'il avait reçu pour contrer les forces à l'endroit correspondant
4 au contenu de l'ordre et maintenir ses forces en mouvement.
5 M. Nobilo (interprétation). – Est-il question de cet ordre de
6 fausse attaque concernant Zenica ?
7 M. Blaskic (interprétation). - Oui, j'ai parlé avec Ivo Lovancic
8 au téléphone et c'est par téléphone que je lui ai transmis cette
9 instruction. A 9 heures 22, j'ai envoyé une mise en garde au commandant de
10 la brigade Nikola Subic Zrijnski à qui je demandais d'appliquer
11 précisément et exactement les ordres reçus par lui et de me rendre compte
12 de façon précise et exacte du résultat de ses actions.
13 M. Nobilo (interprétation). - Dites nous, s'il vous plaît, s'il
14 est exact, s'il est normal qu'un commandant doive demander à son
15 subordonné d'obéir de façon précise à ses ordres et de lui rendre compte
16 précisément du résultat de ses actions. Pourquoi vous avez consigné ces
17 mots dans vos notes ?
18 M. Blaskic (interprétation). - Ce n'est peut-être pas courant,
19 mais chez nous, c'était assez typique. J'ai déjà dit qu'en règle générale,
20 les commandants n'envoyaient pas des rapports très précis, ce qui
21 entravait notre action au sein du commandement. Quant à moi, j'ai fait ce
22 que j'ai pu pour faire parvenir une note tout à fait exacte au sujet de ce
23 qui se passait.
24 M. Nobilo (interprétation). - Je vous en prie, veuillez
25 poursuivre..
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1 M. Blaskic (interprétation). - A 9 heures 25, j'ai parlé avec le
2 représentant de l'état-major principal du HVO, que j'ai informé du fait
3 que les attaques des forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine, en
4 provenance de Zenica, étaient en train de s'intensifier, que sur tous les
5 fronts, on assistait à des regroupements de forces, et que la totalité de
6 la ligne de front était active. J'ai fait savoir à l'état-major principal
7 que j'avais envoyé un ordre au commandant de Zepce, conformément à
8 l'autorisation que j'avais reçue du général de brigade Petkovic. Il
9 s'agissait donc d'une fausse attaque et j'ai demandé au représentant de
10 l'état-major principal, de m'informer quant à la situation prévalant à
11 Jablanica et à Konjic. J'ai effectué des vérifications pour tenter de
12 savoir s'il était exact que Konjic était tombée et que les Croates avaient
13 été expulsés de Konjic, ou plutôt que le HVO avait été expulsé de Konjic.
14 En réponse à mes questions, il m'a été dit que ce n'était pas exact. J'ai
15 donc dit aussi que l'état-major principal devrait informer le public du
16 fait que nous avions été attaqués par environ 1500 Mudjahiddin, plus
17 précisément 1500 membres de la 7e brigade musulmane.
18 A 9 heures 30, Pero Skopljak a appelé. Il souhaitait être
19 informé au sujet des échanges de prisonniers.
20 M. Nobilo (interprétation). - Pero Skopljak était un
21 fonctionnaire civil à l'époque, n'est-ce pas ?
22 M. Blaskic (interprétation). - Oui, il était à l'époque
23 fonctionnaire civil.
24 A 9 heures 40, j'ai donné des instructions pour que l'ordre
25 correspondant au numéro de référence 01-4-303/93 daté du 17 avril 1993 et
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1 portant l'heure de 9 heures 10 soit rédigé. Il s'agissait d'un ordre
2 portant sur la préparation des forces en vue d'une jonction de ces mêmes
3 forces qui attaquaient le HVO. Ces forces attaquant le HVO agissaient de
4 la sorte dans le but de diminuer la tension sur les fronts de Vitez et de
5 Busovaca.
6 A 9 heures 45, j'ai demandé à entrer en contact avec le
7 commandant de la police militaire, Pasko ou Vlado ; on m'a répondu qu'ils
8 étaient absents. J'ai laissé un message demandant à l'un ou l'autre de
9 m'appeler par téléphone à leur retour.
10 A 9 heures 50, le commandant de la brigade de Vitez a demandé
11 une aide en hommes pour assurer la défense contre l'attaque à laquelle
12 avait procédé l'armée de Bosnie-Herzégovine à Sljibcica.
13 A 9 heures 52, j'ai appelé le commandant de l'unité d'artillerie
14 à qui j'ai donné comme objectif la côte 592. Je lui ai ordonné de prendre
15 le contrôle de cette côte.
16 A 10 heures 02, le commandant Vlado Juric a appelé pour nous
17 informer que les tirs d'artillerie allaient commencer dans dix ou quinze
18 minutes contre cette côte 592. Mais il demandait des détails pour
19 effectuer le réglage de tirs.
20 M. Nobilo (interprétation). - Vous rappelez-vous si cette
21 côte 592 correspondaient à Sljibcica ?
22 M. Blaskic (interprétation). - Oui, elle correspondait à
23 Sljibcica, c'était une côte en altitude qui dominait la route principale
24 reliant Vitez à Busovaca.
25 M. Nobilo (interprétation). - Bien, veuillez poursuivre.
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1 M. Blaskic (interprétation). - A 10 heures 05, M. Zlavko Marin a
2 parlé avec le commandant de l'unité d'artillerie pour lui rappeler que
3 nous avions demandé la prise de la côte 592, mais que nous insistions pour
4 que seul le commandant de l'unité d'artillerie nous appelle par téléphone
5 afin d'être sûrs de disposer de rapports et d'ordres de tirs tout à fait
6 exacts.
7 A 10 heures 25, nous avons une nouvelle fois parlé au commandant
8 Cerkez, c'est Zlavko Marko qui lui a parlé. Il lui a demandé de nous
9 rendre compte très précisément des positions à partir desquelles l'armée
10 de Bosnie-Herzégovine opérait contre le HVO de Vitez. Cerkez a rendu
11 compte en disant que c'était soit à partir de Preocica soit à partir de
12 Bukve.
13 A 10 heures 30, le responsable du service de renseignements m'a
14 demandé l'autorisation de se rendre à Mahala pour vérifier les opérations
15 de combats entre le HVO et l'armée de Bosnie-Herzégovine à Mahala.
16 M. Nobilo (interprétation). - Lorsque vous parlez de Mahala,
17 vous pensez à Stari Vitez n'est-ce pas, qui était sous le contrôle de
18 l'armée de Bosnie-Herzégovine ?
19 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
20 A 10 heures 32, j'ai été appelé par le commandant de l'unité
21 d'artillerie qui m'a informé du fait qu'il avait agi dans la direction de
22 Sbcici et qu'il serait bientôt prêt pour agir dans la direction de Kuber.
23 A 10 heures 45, j'ai demandé au commandant de l'unité
24 d'artillerie d'opérer contre les cibles situées dans la direction des
25 villages de Merdani et de Gumanci, c'est-à-dire 500 mètres plus au sud.
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1 A 10 heures 46, j'ai reçu un appel du commandant de la brigade
2 de Travnik, à qui nous avons transmis un message consistant à lui annoncer
3 que Zdravko Lovrinovic était toujours le commandant de la brigade de
4 Travnik. Le commandant de la brigade de Travnik a accusé réception de ce
5 message.
6 A 11 heures, j'ai parlé au commandant de l'artillerie pour lui
7 demander s'il était prêt à tirer et lui dire de se préparer à l'action
8 rapidement.
9 M. Nobilo (interprétation). - Monsieur le Président, pourrions-
10 nous faire une pause ?
11 M. le Président. - Peut-être pourrions-nous faire une pause de
12 20 minutes ?
13 Nous reprendrons à 16 heures 50 et nous irons en revanche
14 jusqu'à 18 heures. Etes-vous d'accord Général Blaskic ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Oui, merci, Monsieur le
16 Président.
17 (L'audience, levée à 16 heures 30 est reprise à 16 heures 55.)
18 M. le Président. - Nous reprenons, asseyez vous.
19 M. Nobilo (interprétation). - Je vous en prie, vous pouvez
20 continuer.
21 M. Blaskic (interprétation). - A 11 heures 02, nous avons appelé
22 le commandant de la brigade de Vitez et nous nous sommes informés pour
23 savoir qui est celui qui ouvrait le feu. La réponse était le HVO. Le feu a
24 été déclenché juste à côté de l'hôtel. On ne savait pas d'où venaient les
25 feux, c'est la raison pour laquelle nous voulions nous informer.
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1 A 11 heures 10, très précisément, le commandant de la brigade de
2 Vitez a appelé Zlavko Marin et a donné les coordonnées pour Samar et pour
3 le site de Kuber, les deux sites se trouvant au nord de Vitez.
4 M. Nobilo (interprétation). - En ce qui concerne les cibles
5 Samar et Kuber, qui se trouvait à cet endroit-là ?
6 M. Blaskic (interprétation). - A Samar, se trouvait l'artillerie
7 de l'armée de Bosnie-Herzégovine, à Kuber également se trouvaient des
8 formations d'artillerie de l'armée de Bosnie-Herzégovine, y compris une
9 partie qui s'étendait vers l'ouest. Il y avait des positions de chars de
10 l'armée de Bosnie-Herzégovine.
11 M. Nobilo (interprétation). – Pouvez-vous nous dire si, à cette
12 évoque-là, vous aviez des chars ?
13 M. Blaskic (interprétation). – Non, jusqu'aux accords de
14 Washington, nous n'avons jamais disposé d'un char dans la vallée de La
15 Lasva.
16 M. Nobilo (interprétation). - Je vous en prie vous pouvez
17 poursuivre.
18 M. Blaskic (interprétation). - A 11 heures précisément, j'ai
19 appelé le commandant d'artillerie pour savoir s'il était en train de se
20 préparer pour ouvrir le feu sur les cibles. J'ai demandé également qu'il
21 ouvre le feu sur la cible 915.
22 M. Nobilo (interprétation). - A plusieurs reprises, vous avez
23 parlé des cibles qui sont marquées sous la cote 915 ou les chiffres.
24 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
25 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez dit que le 16 avril, la
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1 première journée de combat, nous vous n'aviez pas eu de plan de feu ouvert
2 d'artillerie ?
3 A quel moment vous avez élaboré ce plan et comment avez-vous
4 signalé par ces chiffres, les cibles ?
5 M. Blaskic (interprétation). - Le plan d'artillerie, je ne me
6 souviens pas à quel moment nous l'avons rédigé, mais c'était le 17 avril,
7 au cours de la matinée, que nous avons déjà élaboré ce plan. Les chiffres
8 dont j'ai parlé sont des positions militaires de l'armée de Bosnie-
9 Herzégovine qui étaient déjà signalées, marquées au cours des opérations
10 militaires.
11 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce qu'aujourd'hui, vous vous
12 souvenez de ces chiffres et à quelles cibles correspondaient ces
13 chiffres ?
14 M. Blaskic (interprétation). – Non.
15 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que vous vous souvenez d'un
16 principe qui vous a conduit au moment où vous avez élaboré le plan de
17 feu ?
18 M. Nobilo (interprétation). – Oui, je m'en souviens. Il
19 s'agissait exclusivement des positions militaires et des cibles militaires
20 de l'armée de Bosnie-Herzégovine.
21 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que dans votre carrière
22 militaire, vous avez, à un moment donné, déterminé comme cible civile,
23 comme cible pour ouvrir les feux, des tirs d'artillerie ?
24 M. Blaskic (interprétation). - Non.
25 M. Blaskic (interprétation). - Est-ce que vous pouvez continuer,
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1 s'il vous plaît, et nous dire comment cela s'est déroulé ?
2 M. Blaskic (interprétation). - A 11 heures 12, nous avons reçu
3 l'information selon laquelle les chars blindés de la Forpronu étaient dans
4 le village de Procica. A 11 heures 14, il y avait l'adjoint de IPD qui est
5 rentré. Il n'a pas réussi à se rendre à Mahala, car il y avait énormément
6 de tireurs embusqués en provenance de Mahala.
7 M. Nobilo (interprétation). - Quand vous dites IPD, quel est ce
8 service ?
9 M. Blaskic (interprétation). - C'est un service d'information.
10 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que c'est quelque chose de
11 différent par rapport aux services de renseignements ?
12 M. Blaskic (interprétation). – Oui, c'est totalement différent.
13 Cela n'a rien à voir avec les services de renseignements généraux.
14 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que cet officier vous a
15 informé d'où provenaient les tirs, en direction de Vitez, de l'hôtel ? Et
16 il ne pouvait pas sortir ?
17 M. Blaskic (interprétation). - Oui, il m'a dit qu'il ne pouvait
18 pas sortir parce que des feux étaient ouverts par les tireurs embusqués de
19 l'armée de Bosnie-Herzégovine. Il y avait un groupe de maisons qui se
20 trouvait au-dessus de la gare de bus à Stari Vitez.
21 M. Nobilo (interprétation). - Vous pouvez poursuivre avec
22 l'ordre chronologique des événements.
23 M. Blaskic (interprétation). - A 11 heures 18, une fois de plus,
24 j'ai parlé avec le commandant du bataillon d'artillerie. Je lui ai demandé
25 d'accélérer les préparatifs. Il m'avait informé qu'il avait rencontré des
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1 difficultés et qu'il allait m'en informer une fois qu'il serait prêt.
2 Par la suite, nous avons envoyé une circulaire, vu les tireurs
3 embusqués qui ont réagi, c'était donc le chiffre 08-4-304/93, daté du
4 17 avril 1993, sur les adresses de la Mission européenne d'observation et
5 de la Croix-Rouge internationale. C'est une lettre de protestation.
6 A 11 heures 20, j'ai reçu l'information du service de
7 renseignements militaires. Selon cette information, les soldats blessés de
8 l'armée de Bosnie-Herzégovine mettaient sur eux les vêtements civils et
9 ils profitaient des véhicules des Nations Unies pour être évacués jusqu'à
10 l'hôpital.
11 Par la suite, j'ai eu une autre information également, selon
12 laquelle, si on était obligé d'évacuer les soldats du HVO en provenance de
13 Kuber, ils devaient également détruire les installations qui servaient
14 d'abri.
15 M. Nobilo (interprétation). - Quel est le type d'installations
16 dont vous parlez ?
17 M. Blaskic (interprétation). - Ce sont les cabanes, les
18 tranchées, les bunkers, les abris, tout ce qui a été construit pour
19 abriter les effectifs, qui pouvaient être transformés très facilement et
20 utilisés très facilement de la part de ceux qui contrôlaient ce secteur.
21 Dans ce cas-là, l'armée de Bosnie-Herzégovine aurait pu transformer ces
22 bunkers, ces abris pour leurs propres positions.
23 M. Nobilo (interprétation). - Vous pouvez poursuivre.
24 M. Blaskic (interprétation). - A 11 heures 22, j'ai délivré un
25 ordre sous le numéro 10-4-305/93 du 17 avril 1993 à 11 heures 10 au
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1 commandant de la brigade de Zenica, brigade du HVO.
2 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que vous vous souvenez
3 maintenant de la teneur de cet ordre-là ?
4 M. Blaskic (interprétation). - Je ne peux pas m'en souvenir,
5 mais dans mes notes, j'ai le numéro de cet ordre.
6 M. Nobilo (interprétation). - Poursuivez.
7 M. le Président. - J'ai un petit problème, je m'adresse à
8 Me Nobilo et au témoin. Quand vous dites : "Ce sont mes notes", vous
9 dites : "Je ne me souviens pas de la teneur de l'ordre", mais vous avez
10 noté 01-4-305/93. Cet ordre n'a pas fait l'objet d'une communication de
11 pièce, maître Nobilo, je ne crois pas ? Je parle de celui-là, mais je
12 pourrais parler d'autres ordres de cette nature. C'est le témoin qui nous
13 dit : "J'ai donné tel ordre".
14 Maintenant, je m'adresse au témoin. Vous avez une mémoire bien
15 reconstituée puisque vous dites 11 heures 20, 11 heures 22, etc. Vous avez
16 pris comme cela 01-4-305/93, vous avez le temps de faire cela ? C'est une
17 question de méthode ?
18 Combien de lignes téléphoniques aviez-vous à ce moment-là ? Cela
19 fait un moment que je voulais vous le demander. On a l'impression que vous
20 passiez votre temps à téléphoner, retéléphoner. Je me doute que nous
21 sommes en pleine guerre, mais ce sont vos collaborateurs, vous-même ? Je
22 voudrais savoir.
23 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, il y avait
24 deux téléphones au total. Vous avez parfaitement raison, c'est sans
25 interruption que quelqu'un téléphonait. Il y avait beaucoup d'ordres qui
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1 se suivaient. J'ai pris note les numéros des ordres, mais je ne peux pas
2 me souvenir de la teneur de chaque ordre. Si je voyais l'ordre, je
3 pourrais me rafraîchir la mémoire, mais sans voir cet ordre...
4 M. le Président. - Pour nous, aujourd'hui, ce qui est important
5 c'est, bien sûr, le numéro de l'ordre. Mais, comme nous ne verrons pas
6 l'ordre, nous ne pourrons pas savoir. Donc, il faut bien que vous vous
7 souveniez de la teneur de cet ordre pour que le Procureur puisse faire son
8 travail ensuite. Vous avez le temps de prendre 01-4-305/93, c'est un grand
9 mérite de votre part de faire cela. En pleine bataille, comme cela, vous
10 prenez... Je vais poser la question à Me Nobilo, parce que je ne veux pas
11 du tout vous inquiéter alors que vous êtes dans votre déposition. Mais
12 comme cela se fait-il ?
13 Maître Nobilo, vous qui avez réponse à tout en général, vous
14 pouvez m'expliquer ?
15 M. Nobilo (interprétation). - Certes, je n'étais pas sur place
16 en 1993. Mais j'ai appris par témoin, je peux brièvement vous le dire.
17 Mais je pense qu'il est préférable que ce soit le témoin qui vous le dise.
18 Général, est-ce que vous pouvez tout d'abord dire comment, en
19 plein milieu de la guerre -comme le Président vous le demande-, quelqu'un
20 a eu le temps de marquer tout ce qui se passait ? Qui l'a fait, qui a
21 marqué tous ces événements ?
22 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, Messieurs
23 les Juges, le 16 avril, le matin, une fois que je suis descendu dans la
24 cave de l'hôtel, j'ai dit à un de mes collaborateurs -il s'appelait
25 Ljubo Jurcic : "Prends un crayon et tu n'as qu'à écrire tout ce que tu
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1 entends et tout ce qui se passe ici, dans cette pièce. Tu prends note de
2 chacun de mes mots et de tout ce que nous échangeons comme conversation,
3 Zlavko Marin et moi-même au téléphone. Tu marques le temps et tu marques
4 la teneur de ma conversation."
5 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que Jurcic a fait autre
6 chose pendant ces quelques jours d'opérations militaires, à part tenir ce
7 registre, ce journal ?
8 M. Blaskic (interprétation). - Il n'a rien fait. D'ailleurs, il
9 n'était pas militaire, il n'était pas technicien. On ne pouvait absolument
10 pas l'engager pour autre chose. Il a tenu le journal.
11 M. Rodrigues. - Général Blaskic, vous avez donné cet ordre à
12 Semciesi (?). Pourquoi ? Quel était le but ? Quel était l'objectif ?
13 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Juge, je voulais
14 qu'il y ait des traces de témoignage de tout ce qui se passait, de tout ce
15 que moi-même j'avais entrepris, de ce que mes collaborateurs avaient
16 entrepris le 16 avril et les autres jours qui ont suivi, enfin, qu'il
17 laisse des traces pour savoir de manière précise le temps des événements.
18 M. Rodrigues. - Mais vous n'aviez pas un enregistreur ou quelque
19 chose comme cela ? Peut-être que vous auriez besoin de cette personne pour
20 la guerre ?
21 M. Blaskic (interprétation). - Je ne sais pas si j'ai bien
22 compris votre question.
23 M. Rodrigues. - Ma question est de savoir s'il n'était pas plus
24 facile d'avoir un enregistreur.
25 M. Blaskic (interprétation). - Maintenant, oui, je comprends
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1 votre question. Merci, Monsieur le Juge, de la reposer.
2 Le 16 avril, le matin, nous sommes descendus dans la
3 discothèque. Dans cet hôtel dont nous avons parlé, il y avait une
4 discothèque qui avait travaillé entre le 15 et le 16, très tard après
5 minuit. On avait trois tables, trois bureaux. Nous étions sept et il y
6 avait les trois cierges au total, au début. Sur les sept personnes,
7 d'après mes souvenirs, j'ai essayé d'engager chacun sur une tâche très
8 concrète.
9 Ljubo Jurcic a fait une école d'administration et il n'a pas
10 poursuivi des études de manière régulière. Il n'avait aucune connaissance
11 militaire, sauf qu'il avait servi probablement à l'armée. Et comme moi, je
12 souhaitais qu'il y ait un journal -évidemment, nous aurions préféré avoir
13 un magnétoscope ou je ne sais quoi pour enregistrer tout cela-, mais nous
14 n'avions, comme je l'ai dit, que les trois cierges, donc on ne pouvait
15 qu'utiliser les hommes.
16 M. Shahabuddeen (interprétation). - Permettez-moi, s'il vous
17 plaît, de poser une autre question qui concerne la question précédente
18 posée par mon collègue. Ma question est la suivante : à ce moment-là, vous
19 n'aviez donc aucun doute et vous étiez convaincu du fait qu'un jour vous
20 auriez besoin d'utiliser ces données dont vous avez demandé d'être
21 enregistrées.
22 A ce moment-là, au moment des faits, quelle était l'utilisation
23 que vous avez envisagée ?
24 M. Blaskic (interprétation). - Selon la formation que j'ai
25 obtenue dans l'ex-armée yougoslave, chaque fois qu'il y avait des
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1 manoeuvres, des entraînements ou des opérations militaires, il était
2 indispensable qu'un journal soit tenu par une personne dans la guerre. On
3 appelle cela, un "Journal de guerre" en temps de guerre. Et souvent, c'est
4 très succinct, c'est justement pour prendre les notes sur les activités
5 très précises, notamment on marque le temps. C'est la raison pour
6 laquelle, je souhaitais qu'un tel journal existe et qu'il reste en tant
7 que document. Il était mieux d'avoir un document plutôt qu'aucun.
8 M. Shahabuddeen (interprétation). - Permettez-moi de vous poser
9 la question suivante : mis à part les événements qui se sont produits, le
10 16 avril ou autour du 16 avril, il y a eu d'autres événements qui ont
11 impliqué des conflits militaires. Est-ce que vous avez eu un journal
12 semblable décrivant toutes les activités dont vous étiez conscient en ce
13 qui concerne ces autres conflits ?
14 M. Blaskic (interprétation). - Depuis le mois d'avril, jusqu'aux
15 Accords de Washington, il existait, à ma connaissance, un journal
16 opérationnel, qui a été tenu. Je ne sais pas si on l'a appelé "Journal
17 opérationnel" ou "Journal de guerre", mais de toute façon il y avait un
18 document qui a été tenu pendant toute la guerre.
19 M. Shahabuddeen (interprétation). - Merci.
20 M. le Président. - Ce document de ce M. Ljubo Jurcic, il vous
21 l'a remis, à un moment donné, ou à vos défenseurs ? Vous n'êtes pas obligé
22 de répondre si vous ne voulez pas répondre. Vous êtes tellement précis :
23 "Je téléphone". On se pose la question de savoir si vous avez eu le temps
24 d'avoir la réponse au téléphone. Vous dites : "Je téléphone à
25 11 heures 20", puis : "Je retéléphone à 11 heures 21". Lorsque je
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1 téléphone, même à ma secrétaire, je ne serais pas capable de lui passer
2 trois coups de fil en une minute. Je le dis en plaisantant, mais là, vous
3 nous donnez votre version des faits. Vous dites : "J'ai donné
4 l'ordre n °01/4/305/93". Il n'y a que vous qui pouvez dire que vous avez
5 donné l'ordre. Ce registre militaire, on vous l'a remis à un moment donné,
6 on l'a remis à la défense. Si vous ne voulez pas répondre, vous ne
7 répondez pas, cela m'est égal. Si vous voulez répondre, cela apporterait
8 une lumière. Est-ce votre mémoire qui vous dit qu'à 11 heures 21, vous
9 avez appelé ?
10 Si votre défenseur préfère répondre, cela ne pose pas de
11 problème.
12 M. Hayman (interprétation). - Il a déjà expliqué, c'était avant
13 la pause, la semaine dernière. Nous n'avons aucune observation à faire, il
14 peut réexpliquer.
15 M. le Président. - Oui, mais sur le journal militaire de
16 M. Ljubo Jurcic, je ne crois pas que l'on ait répondu à une question car
17 je n'ai jamais posé une question sur ce qu'est devenu M. Ljubo Jurcic,
18 existe-t-il toujours ? A-t-il son registre militaire, vous l'a-t-il
19 fourni, comment l'exploitez-vous. Je ne sais pas cela !
20 M. Nobilo (interprétation). - Je pense que le témoin voudra bien
21 vous répondre, Monsieur le Président. Il vous dira où se trouve le
22 document, quand il l'a vu pour la dernière fois et comment il peut être
23 aussi précis. Il va certainement vous dire comment il y arrive car ce
24 n'est certainement pas la mémoire.
25 M. le Président. - Vous n'êtes pas obligé.
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1 M. Nobilo (interprétation). - Il va répondre tout de suite.
2 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, Messieurs
3 les Juges, au moment où j'ai appris que l'acte d'accusation a été dressé
4 contre moi, j'étais encore le chef d'état-major du HVO. Au cours du mois
5 de novembre et décembre, c'est plutôt fin novembre, début décembre 1995,
6 moi, j'ai essayé de recueillir tous les documents et regrouper tout ces
7 documents qui me paraissaient importants. J'ai copié un certain nombre de
8 documents en prenant et en me préparant pour ma déposition ici. C'est
9 comme cela.
10 Bien évidemment, il ne s'agissait pas véritablement d'un
11 registre militaire tenu par Ljubo Jurcic. Mais Ljubo Jurcic, si vous me
12 permettez d'expliquer, était un officier du commandement de la zone
13 opérationnelle, et ce que je dépose fait partie intégrante de ce registre
14 militaire que M. Jurcic avait écrit en d'autres termes. Il s'agit de
15 quelque chose que j'ai copié de ce registre militaire qui concerne la
16 période pendant laquelle j'étais commandant en Bosnie centrale.
17 M. Nobilo (interprétation). - Mon collègue me demande que vous
18 répétiez une fois de plus, parce qu'en langue anglaise, cela ne sort pas
19 très clairement.
20 Est-ce Ljubo Jurcic qui a pris les notes dans les deux registres
21 dont vous parlez ? Pouvez-vous apporter des précisions ?
22 M. Blaskic (interprétation). - Il n'y a qu'un seul journal tenu
23 par Ljubo Jurcic. C'est un journal pour le commandement de la zone
24 opérationnelle.
25 M. Nobilo (interprétation). - Vous vous référez à un certain
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1 nombre de notes, c'est le registre militaire, un journal, ou vos propres
2 notes que vous avez faites pendant que vous étiez encore en Bosnie
3 centrale et pendant que vous prépariez pour venir devant ce Tribunal ?
4 M. Blaskic (interprétation). - Ce sont mes propres notes. J'ai
5 dit que j'avais copié un certain nombre de données sur ce registre
6 militaire, sur ce journal. A l'époque, j'étais encore le chef de l'état-
7 major et j'avais accès à ce journal.
8 M. Rodrigues (interprétation). - J'aimerais, pour bien
9 comprendre, vous poser une autre question.
10 Je me souviens que lorsque vous avez pris vos fonctions, je
11 crois à Gornji Vakuf, vous avez reçu un journal.
12 J'ai l'idée que ce journal était vide, que le nom des
13 commandants était sur ce journal. Par contre, ce journal dont vous parlez
14 maintenant est très détaillé. Vous avez quand même, comme vous l'avez dit,
15 choisi quelque chose d'important de votre point de vue.
16 Est-ce qu'il s'agit du même journal, le journal que vous avez
17 reçu à Gornji Vakuf lorsque vous avez pris vos fonctions en tant que
18 commandant ou s'agit-il de quelque chose de différent ?
19 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Juge, vous avez
20 parfaitement raison de dire que j'ai reçu à Gornji Vakuf un journal de
21 guerre. C'est un journal qui diffère du journal opérationnel. Il diffère
22 d'après la formation que j'ai, d'après ce que nous avons fait.
23 Dans le journal opérationnel, on marque de manière très précise
24 les temps, l'heure où un ordre a été donné, alors que le journal de
25 guerre, comme nous l'avons tenu à Gornji Vakuf et à Vitez, avait contenu
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1 des informations comme par exemple que telle réunion était organisée. On
2 citait également les participants de la réunion, les conclusions de la
3 réunion, quelquefois les débats qui ont été menés étaient des informations
4 qui portaient sur les événements d'une journée, mais il n'a pas été précis
5 sur les événement et la suite des événements et de chaque événement qui
6 s'est produit.
7 M. le Président. - Merci. Vous pouvez continuer.
8 M. Nobilo (interprétation). - J'aimerais également me référer à
9 ce genre de questions qui ont été posées. Le journal opérationnel était-il
10 une routine de tous les officiers qui ont passé une formation ?
11 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
12 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que d'après la doctrine de
13 la JNA, selon laquelle vous avez été formé, chaque unité devait avoir un
14 journal de tel type ou quelque chose d'analogue en temps de paix ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Depuis déjà le bataillon, il y a
16 un journal opérationnel qui est tenu par l'officier du bataillon qui est
17 de service de permanence. En revanche, quand il s'agit de conditions de
18 guerre, c'est à partir du commandant du bataillon dans l'ex-JNA, c'était
19 le cas, on tient un registre militaire et c'est un document militaire et,
20 en plus, on a un journal opérationnel. C'était le cas de l'ex JNA.
21 M. le Président. - Ces documents sont dans des archives, puisque
22 vous étiez encore en fonction officielle ? Ceux qui les tiennent ne les
23 gardent pas quand même ?
24 M. Nobilo (interprétation). - Quand avez-vous vu pour la
25 dernière fois ce type de document ?
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1 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Président, au moment
2 où j'étais le chef d'état-major principal, ce registre militaire et ce
3 journal se trouvaient dans les archives, c'était en novembre 1995.
4 M. Nobilo (interprétation). - Nous allons apporter quelques
5 éclaircissements encore. Est-ce que ces documents sont des documents
6 officiels que les commandants doivent avoir et tenir ?
7 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
8 Il y a également toutes explications de la manière dont il faut
9 les tenir, les préserver. C'est 10 ans par exemple qu'ils doivent être
10 gardés. On précise également le lieu des archives centrales ou bien auprès
11 de l'état-major. Tout est précisé.
12 M. Nobilo (interprétation). – Vous voulez dire que ce n'était
13 pas votre décision privée mais, tout simplement, selon une pratique qui
14 était une pratique de tout le monde, de tous les commandants ?
15 M. Blaskic (interprétation). – Oui, tous les commandants avaient
16 cette obligation à partir du bataillon, jusqu'aux unités les plus élevées,
17 c'était l'obligation du commandant.
18 M. Nobilo (interprétation). - Merci. Comme vous avez respecté
19 ces obligations militaires, nous avons l'occasion et cette chance
20 d'entendre de manière précise ce que vous avez fait ce jour-là. Nous
21 sommes arrivés à 11 heures 20.
22 M. Blaskic (interprétation). – Oui, j'ai parlé de cet ordre qui
23 a été délivré. Je l'ai délivré et dirigé vers Zenica à 11 heures 26. J'ai
24 parlé avec M. Dario Kordic, c'est lui qui voulait savoir quelle était la
25 situation dans la vallée de La Lasva. A 11 heures 29, c'est le commandant
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1 de la 312ème brigade alpine de l'armée de Bosnie-Herzégovine de Travnik,
2 M. Ahmed Kulenovic, qui m'a appelé. Il m'avait demandé d'aider et de
3 protéger sa famille qui habitait à Divjak.
4 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que vous l'avez fait ?
5 M. Blaskic (interprétation). - Oui. J'avais chargé…
6 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que vous voulez nous
7 préciser où se trouve Divjak ?
8 M. Blaskic (interprétation). - C'est dans la municipalité de
9 Vitez. J'ai chargé l'officier Vukovic de se charger de la protection de
10 cette famille. C'était à 11 heures 35.
11 M. Nobilo (interprétation). - Encore une question. En ce qui
12 concerne, Ahmed Kulenovic, c'est un Musulman ?
13 M. Blaskic (interprétation). - Oui, c'est un Musulman bosnien,
14 il était commandant de la 312e Brigade alpine à cette époque-là.
15 M. Nobilo (interprétation). - Je vous en prie.
16 M. Blaskic (interprétation). - A 11 heures 35, c'est le
17 commandant du bataillon d'artillerie qui m'a appelé, il m'a informé qu'il
18 a tiré un projectile. Je lui ai demandé de se préparer pour tirer sur une
19 autre cible. J'ai demandé également que l'on observe les tirs, et ceci je
20 l'ai demandé au commandant de la brigade de Nikola Subic Zrinski.
21 A midi, j'ai une fois de plus eu une conversation avec le
22 commandant du bataillon d'artillerie. Il m'a informé qu'il n'avait pas
23 encore tiré, mais que de toute façon il était pratiquement prêt pour le
24 faire. A midi 02, nous avons reçu l'information du chef du service
25 d'information que les forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine se joignent
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1 à un certain endroit.
2 M. Nobilo (interprétation). - Comment peut-on en arriver à
3 savoir que l'armée est entrée en contact avec d'autres unités, etc. ?
4 M. Blaskic (interprétation). - En général, c'est à l'écoute
5 qu'on le savait parce qu'il y avait les commandants des unités subalternes
6 du 3e Corps de l'armée de Bosnie-Herzégovine qui parlaient ouvertement. On
7 pouvait donc l'apprendre.
8 M. Nobilo (interprétation). - Mais pouvez-vous nous dire
9 également par quels moyens vous y êtes arrivé ?
10 M. Blaskic (interprétation). - Il avait des radios, des
11 émetteurs radio. Il y avait également un certain nombre d'informations que
12 nous avons reçues par d'autres moyens. En général, on passait par l'écoute
13 parce qu'il y avait ce service d'information qui était chargé de cela.
14 M. Nobilo (interprétation). - Continuez, s'il vous plaît.
15 M. Blaskic (interprétation). - A midi 05, j'ai envoyé une
16 réponse à la demande n° 014-308/93, en date du 17 avril 1993, à
17 11 heures 35 pour la brigade du HVO de Zenica.
18 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que vous vous souvenez de
19 la teneur de cette réponse et quelle était la question ?
20 M. Blaskic (interprétation). - Non, je ne m'en souviens pas.
21 M. Nobilo (interprétation). - Continuez, s'il vous plaît.
22 M. Blaskic (interprétation). - A midi 05, nous avons également
23 reçu l'information selon laquelle Marko Prskalo a été blessé, de même que
24 M. Zoran Pilicic. Ils étaient tous les deux officiers du commandement de
25 la zone opérationnelle, et ceci s'est produit devant l'entrée principale
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1 de l'hôtel Vitez. Nous avons appris qu'ils recevaient la première aide
2 dans l'hôtel.
3 M. Nobilo (interprétation). - Dites aux Juges, ces officiers qui
4 ont été blessés devant l'entrée de l'hôtel Vitez, qui les a blessés, quel
5 était le contexte, d'où revenaient-ils, dans le véhicule de qui ? Donnez-
6 nous un contexte plus général.
7 M. Blaskic (interprétation). - Ces officiers revenaient de la
8 réunion qui était organisée par l'ONU entre le HVO et l'armée de Bosnie-
9 Herzégovine. Dans la base de l'ONU, à Nova Bila, ils sont sortis près de
10 la pompe à essence, devant l'entrée de l'hôtel Vitez. Jusque-là ils ont
11 été transportés dans le véhicule blindé de la Forpronu. Au moment où ils
12 ont essayé de traverser l'espace dégagé qui se trouvait devant l'entrée de
13 l'hôtel Vitez, ils étaient en compagnie de l'officier de liaison du
14 commandement de la Forpronu et aussi d'un interprète, on a ouvert le feu
15 de la part des tireurs embusqués de l'armée de Bosnie-Herzégovine.
16 M. Nobilo (interprétation). - A un moment, s'il vous plaît, il y
17 a eu un problème de traduction dans le transcript anglais. Lorsque vous
18 avez dit "officier de liaison", la traduction était "communications
19 officer".
20 M. Blaskic (interprétation). - Oui, j'ai dit qu'il s'agissait de
21 l'officier de liaison de l'ONU qui accompagnait les deux officiers
22 Marko Prskalo et Zoran Piricic. Et les tireurs embusqués de l'armée de
23 Bosnie-Herzégovine ont tiré depuis Stari Vitez et ont blessé les deux
24 officiers.
25 M. Nobilo (interprétation). - C'étaient vos représentants aux
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1 négociations, n'est-ce pas, que vous avez envoyés à cette réunion avec
2 l'armée de Bosnie-Herzégovine ?
3 M. Blaskic (interprétation). - Oui, ils étaient en train de
4 revenir de la réunion. La réunion venait de se terminer dix ou quinze
5 minutes plus tôt. C'étaient des négociateurs qui négociaient au nom du
6 commandement de la zone opérationnelle avec les représentants de l'armée
7 de Bosnie-Herzégovine...
8 M. Nobilo (interprétation). - Continuez. Que s'est-il passé
9 ensuite ?
10 M. Blaskic (interprétation). - A 12 heures 07, j'ai encore une
11 fois parlé avec le commandant du bataillon d'artillerie et je lui ai
12 demandé de relancer les opérations. Un peu plus tard, vers 12 heures 10,
13 j'ai parlé avec Zoran Pilicic, qui a été plutôt légèrement blessé, et qui
14 est venu dans la cave et qui m'a informé de ce qui s'est passé lors des
15 négociations et de l'accord qui a été passé entre les représentants de
16 l'armée de Bosnie-Herzégovine et les représentants du HVO lors de cette
17 réunion.
18 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous nous dire, brièvement,
19 quel a été l'accord passé avec l'armée de Bosnie-Herzégovine. Qu'est-ce
20 qu'a dit votre négociateur à ce sujet ?
21 M. Blaskic (interprétation). - Zoran était assez stressé à ce
22 moment-là, mais il a néanmoins écrit les points principaux de l'accord. Je
23 peux relater ces points tels qu'il me les a relatés à ce moment-là, à
24 12 heures 10.
25 Ce qui a été convenu était la cessation des hostilités, ensuite,
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1 l'échange de tous les prisonniers, ensuite, de retirer les forces, puis de
2 positionner les véhicules blindés de la Forpronu dans la ville à des
3 endroits d'affrontements et de former une commission conjointe pour mener
4 des enquêtes de manière conjointe.
5 M. Nobilo (interprétation). - Dites-nous, dans cet accord, est-
6 ce que les forces de l'ONU, la Forpronu a participé elle aussi ?
7 M. Blaskic (interprétation). - Zoran m'a informé que celui qui a
8 présidé la première partie de la réunion était le major Waters et, plus
9 tard, le colonel Stewart qui ont participé à la création de cet accord.
10 M. Nobilo (interprétation). - Comment avez-vous compris la
11 situation à l'époque ? Quel était le lien entre le cessez-le-feu et la
12 libération des prisonniers ?
13 M. Blaskic (interprétation). - Moi, j'ai fondé ma compréhension
14 d'après les éléments que j'ai reçus également de la part de la Croix-Rouge
15 internationale. Je savais que leur position était la suivante : à chaque
16 fois, avant de relâcher les prisonniers, il fallait établir, atteindre un
17 cessez-le-feu et stabiliser la situation, tout cela avant de relâcher les
18 prisonniers. A chaque fois, lorsqu'il y avait un accord, il y avait un
19 ordre d'activité : cessez-le-feu et règlement des conséquences du conflit.
20 M. Nobilo (interprétation). - Votre opinion est-elle la
21 suivante : que le cessez-le-feu doit précéder la libération ou bien, cela
22 peut-il se produire de manière simultanée ?
23 M. Blaskic (interprétation). - C'est effectivement très
24 important. Le cessez-le-feu précède la libération des prisonniers.
25 M. Nobilo (interprétation). - Le 16 avril, avez-vous donné
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1 l'ordre d'arrêter qui que ce soit ?
2 M. Blaskic (interprétation). - Non.
3 M. Nobilo (interprétation). - De fait, qu'est-ce que cela
4 voudrait dire si vous aviez unilatéralement relâché tous les prisonniers
5 au moment où vous avez entendu parler de cet accord, sans avoir d'abord
6 atteint le cessez-le-feu. Qu'est-ce que cela aurait signifié à Vitez ?
7 M. Blaskic (interprétation). - Ils seraient dans une situation
8 de danger à Vitez, alors que moi j'aurais violé les règles internationales
9 de la Croix-Rouge internationale étant donné qu'ils insistaient toujours
10 pour créer des conditions de sécurité avant procéder à la libération des
11 prisonniers.
12 Sans avoir créé ce genre de conditions, cela voudrait dire de
13 pousser ces gens-là à mourir en plein milieu d'opérations de combat.
14 M. Nobilo (interprétation). - En ce qui concerne les blessures,
15 vous avez entrepris des actions : une protestation, vous avez appelé les
16 Nations Unies, etc. Lorsque je parle de blessures, je parle du fait que
17 vos représentants ont été blessés ?
18 M. Blaskic (interprétation). - Oui, dès 12 heures 15, nous avons
19 lancé un appel à la Forpronu pour qu'ils viennent transporter les deux
20 officiers blessés jusqu'à l'hôpital. Pour nous, il était impossible de
21 passer tout seul par quelque route que ce soit.
22 M. Nobilo (interprétation). - Vous dites, pour être tout à fait
23 clair, vous voulez dire que vous avez appelé vous-même ou l'un de vos
24 officiers, est-ce que c'est lui qui l'a fait ?
25 M. Blaskic (interprétation). - Je ne m'en souviens pas très
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1 bien. Tout ce que je vois dans mes notes, c'est "Appel à l'ONU".
2 M. Nobilo (interprétation). - Continuez.
3 M. Blaskic (interprétation). - A 12 heures 17, nous avons écrit
4 la protestation dans le numéro 08-4-307/93, en date du 17 avril 1993, qui
5 était envoyée à la mission d'observateur européen à l'ONU, et au
6 commandement du 3ème Corps d'armée.
7 A 12 heures 23, on a écrit un avertissement, dont le numéro est
8 08-4-309/93, en date du 17 avril 1993, qui était envoyé à tous les
9 adjoints chargés des activités d'information, donc le IPD. J'ai
10 personnellement parlé avec le commandant du bataillon d'artillerie dans la
11 tentative de vérifier quelle était la raison pour laquelle il ne répondait
12 pas, depuis une heure déjà, et pourquoi ils n'ont pas encore ouvert le feu
13 comme cela avait été demandé.
14 A 12 heures 28, j'ai parlé avec le commandant du poste de la
15 police locale civile de Vitez, M. Samija . Je me suis renseigné en ce qui
16 concerne la situation de sécurité dans la ville de Vitez.
17 De même, à 12 heures 28, le commandant du HOS a envoyé
18 l'information.
19 M. Nobilo (interprétation). - Excusez-nous, il y a eu une erreur
20 d'interprétation ; il ne s'agissait pas du HOS, mais du DOS.
21 Qu'est-ce que cela veut dire ?
22 M. Blaskic (interprétation). - Service de renseignements
23 militaires.
24 M. Nobilo (interprétation). - Qui était le chef de ce service ?
25 M. Blaskic (interprétation). - A l'époque, c'était Ivica Zejko.
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1 M. Nobilo (interprétation). - C'était le même Ivica Zejko qui a
2 témoigné ici devant ce Tribunal ?
3 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
4 M. Nobilo (interprétation). - Et que vous a-t-il dit ?
5 M. Blaskic (interprétation). - Il a dit qu'il était clair que
6 l'intention des forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine de Donja Vecereska
7 était de se rattacher avec les forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine à
8 Grbavica par le biais de Divjak.
9 Cependant, pour le moment, les forces de l'armée de Bosnie-
10 Herzégovine à Donja Vecereska manquaient de munitions. Ils ont demandé de
11 l'aide de l'ONU pour recevoir ces munitions.
12 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que la Forpronu avait
13 promis de fournir les munitions ?
14 M. Blaskic (interprétation). - Oui, l'ONU l'a promis.
15 M. Nobilo (interprétation). - Dites-nous de quelle manière,
16 selon vous, Zejko a appris ces informations ?
17 M. Blaskic (interprétation). - Je suppose qu'il s'agissait d'une
18 conversation enregistrée entre le commandement à Donja Veceriska et le
19 commandement à Grbavica.
20 M. Nobilo (interprétation). - Il s'agissait d'une conversation
21 par le biais de la radio ?
22 M. Blaskic (interprétation). - Oui, tout à fait.
23 M. Nobilo (interprétation). - Continuez.
24 M. Blaskic (interprétation). - A midi 32, le commandant du
25 bataillon d'artillerie m'a informé qu'ils ont effectivement ouvert le feu
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1 et il m'a demandé de pouvoir surveiller l'opération afin d'éventuelles
2 corrections. J'ai demandé encore une fois à la Forpronu de venir chercher
3 les officiers blessés. Je leur ai dit également qu'ils pouvaient envoyer
4 un véhicule blindé, étant donné que nous avons eu besoin de cette aide
5 puisque la personne était grièvement blessée.
6 A midi 35, Zlavko Marin a parlé avec un officier de l'ONU à
7 propos du même sujet, c'est-à-dire le transport des officiers blessés. A
8 midi 37, j'ai parlé avec le commandant du bataillon d'artillerie qui m'a
9 informé qu'il allait être prêt à ouvrir le feu prochainement.
10 A midi 38, Zlavko Marin a demandé au commandement de la défense
11 antiaérienne de lui envoyer un rapport concernant le déploiement des
12 pièces d'artillerie et leur état de fonctionnement.
13 A midi 39, le commandant du bataillon d'artillerie m'a informé
14 qu'il avait ouvert le feu sur les cibles, conformément à ma demande.
15 A midi 50, j'ai demandé qu'on m'envoie un rapport, un rapport du
16 commandant de la police militaire, et les commandants de brigade du HVO,
17 de Zenica, de Vitez et de Travnik.
18 A midi 57, je me suis entretenu encore une fois avec le
19 commandant du bataillon d'artillerie et on a demandé qu'il ouvre le feu en
20 procédant à la correction.
21 A midi 59, une demande par écrit a été envoyée dont le numéro
22 est 01-4-311/93, en date du 17 avril 1993.
23 Il s'agissait de la demande de recevoir les informations
24 concernant la situation actuelle et la demande a été envoyée aux brigades
25 de Vitez, de Novi Travni, de Kiseljak, de Busovaca, de Travnik, de
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1 Francopan, ensuite, au commandement de l'artillerie de la défense
2 antiaérienne et du 4ème Bataillon de la police militaire.
3 A 13 heures 01, je me suis entretenu avec le commandant du
4 bataillon d'artillerie en ce qui concerne la correction de l'opération.
5 J'ai demandé qu'il procède à cette correction en ne tirant qu'une seule
6 fois. A 13 heures 04, nous avons envoyé, c'est-à-dire Zlatko Marin a
7 envoyé une autre demande pour que l'on se prépare à lancer l'opération
8 contre le but de Samar.
9 A 13 heures 07, nous avons vérifié avec le bataillon
10 d'artillerie si la demande avait été exécutée.
11 A 13 heures 10, la réponse a été envoyée à la brigade de Travnik
12 dont le numéro est 01-4-312/93 en date du 17 avril 1993. La teneur du
13 document était la demande d'obtenir des munitions.
14 A 13 heures 13, je me suis entretenu personnellement, encore une
15 fois, avec le commandant du bataillon d'artillerie, afin de vérifier s'il
16 a exécuté la demande d'ouvrir le feu des armes d'artillerie. Sa réponse
17 était :"Non, pas encore".
18 A 13 heures 14, M. Dario Kordic m'a téléphoné ; il souhaitait
19 savoir qui agissait contre Busovaca.
20 Je lui ai répondu que selon les informations que nous avions à
21 notre disposition, c'était l'armée de Bosnie-Herzégovine qui ouvrait le
22 feu.
23 A 13 heures 17, Mario Cerkez a appelé Zlavko Marin, mon
24 collaborateur, et lui a demandé de l'aide pour Novak qui est un village
25 sur la route principale entre Vitez et Travnik. Comme nous l'avons appris
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1 plus tard, la ligne de front avait été percée.
2 A 13 heures 20, une protestation a été envoyée à la Forpronu,
3 dont le numéro est 01-4-310/93, en date du 17 avril 1993. Moi-même, j'ai
4 reçu l'information du bataillon d'artillerie selon laquelle ils ont
5 exécuté l'ordre concernant le fait d'ouvrir le feu et ils ont demandé
6 d'autres instructions en ce qui concerne la correction.
7 M. Nobilo (interprétation). - Et cette protestation, est-ce que
8 vous vous souvenez quelle était sa teneur ?
9 M. Blaskic (interprétation). - Je ne suis pas sûr. Je sais que
10 nous avons envoyé une protestation concernant le fait que les deux
11 officiers, Prskalo et Pilicic, avaient été blessés. Je ne sais pas si
12 c'était cette protestation-là qui avait cette teneur.
13 M. Nobilo (interprétation). - Poursuivez.
14 M. Blaskic (interprétation). - A 13 heures 24, encore une fois,
15 j'ai appelé le commandant du bataillon d'artillerie et je lui ai demandé
16 de se préparer pour la cible suivante.
17 La cote de la cible était "1". Le commandant du bataillon
18 d'artillerie m'a demandé d'avoir un peu de temps pour se préparer à cette
19 opération.
20 A 13 heures 30, Mario Cerkez m'a téléphoné et m'a informé sur la
21 situation à Novaci. Je lui ai dit qu'il ne fallait pas se tourner contre
22 les civils. Je voulais dire qu'il devait les protéger.
23 M. Rodrigues (interprétation). - Général Blaskic, excusez-moi de
24 vous interrompre. J'ai quelques doutes. Est-ce que vous pouvez
25 m'éclaircir ? Quel était le procès de numéroter vos ordres ? Le procès
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1 était croissant, diminuant ? Je ne sais pas si j'ai bien compris.
2 Votre ordre 312, c'est avant votre ordre 310, et normalement le
3 310 venait avant le 312. De toute façon, j'aimerais savoir comment était
4 la numérotation des ordres.
5 M. Blaskic (interprétation). - Le premier numéro, 01, cela
6 signifiait que c'était moi qui délivrait l'ordre. Numéro 4, signifiait le
7 mois, et le numéro 312, c'est le numéro de registre à partir du moment où
8 la dactylographe, qui prenait les notes pour le registre, recevait
9 l'ordre. C'est elle qui inscrivait le premier numéro libre dans le
10 registre.
11 Mais, à cette époque-là, c'était l'un des cinq, six ou sept
12 officiers qui était dans le commandement qui s'acquittait de cette
13 tâche-là. Personnellement, je ne travaillais pas sur le registre alors que
14 la dactylographe, qui travaillait normalement dessus, n'était pas encore
15 arrivée. La situation était assez confuse. Il est possible que pendant une
16 ou deux minutes, il y ait eu un problème, une sorte de confusion qui s'est
17 créée. Normalement, à chaque fois, on donnait le premier numéro libre.
18 M. Nobilo (interprétation). - Général, est-ce qu'on inscrivait,
19 dans le journal de guerre, le temps où le document était envoyé à
20 quelqu'un ou bien le moment où on inscrivait le numéro de registre ?
21 M. Blaskic (interprétation). - Le plus souvent, c'était au
22 moment de la création du document que l'on enregistrait dans ce journal
23 opérationnel. Mais quant à la question de savoir quand le document allait
24 être envoyé, cela se décidait par la suite.
25 M. Nobilo (interprétation). - Permettez-moi d'attirer votre
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1 attention : à 13 heures 20, il s'agit de la protestation envoyée au
2 bataillon britannique dont le numéro est 01-4-312/93, etc. Est-ce que cela
3 veut dire qu'à 13 heures 20, ce document a été écrit et ensuite envoyé
4 dans ce cas précis ?
5 M. Blaskic (interprétation). - Je suppose que le document a été
6 envoyé, effectivement.
7 M. Nobilo (interprétation). - Mais est-ce que cela veut dire
8 qu'il est possible que ce document, qui a été envoyé au bataillon
9 britannique à 13 heures 20, aurait pu être rédigé avant le document à
10 13 heures 10, c'est-à-dire le document 01-4-310 ?
11 M. Blaskic (interprétation). - Oui, cela aurait pu être rédigé
12 avant.
13 M. Nobilo (interprétation). - Continuez, s'il vous plaît. Nous
14 avons encore trois minutes. Si je me souviens bien, nous sommes arrivés
15 jusqu'à 13 heures 30, votre avertissement à Cerkez où vous avez dit que
16 dans le village de Novaci où la ligne de front a été percée, il fallait
17 faire attention aux civils ?
18 M. Blaskic (interprétation). - A 13 heures 31, le commandant du
19 bataillon d'artillerie nous a informés que le feu avait été ouvert sur la
20 cible. A 13 heures 37, nous avons reçu un rapport de la part du service de
21 renseignements selon lequel un groupe de forces armées de Bosnie-
22 Herzégovine avait encerclé la ville sans munitions et qu'on demandait de
23 l'aide de l'ONU pour le retrait.
24 M. Nobilo (interprétation). - Quand vous dites "dans la ville",
25 qu'est-ce que vous voulez dire ?
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1 M. Blaskic (interprétation). - Je parle du territoire de la
2 municipalité de Vitez. A 13 heures 38, j'ai envoyé un autre document au
3 commandant du bataillon d'artillerie pour qu'il ouvre le feu sur la cible
4 n° 1.
5 A 13 heures 40, j'ai reçu l'information selon laquelle la
6 situation à Kuber était mauvaise et que des forces armées musulmanes
7 étaient sur place, qui effectuaient des massacres à Kuber.
8 M. Nobilo (interprétation). - Monsieur le Président, nous
9 pouvons peut-être nous arrêter là, si vous êtes d'accord ?
10 M. le Président. - Tout à fait. Simplement, pour éviter de trop
11 vous interrompre, Général Blaskic, quand vous reprenez toute cette
12 chronologie, minute par minute -bien sûr c'est votre façon de faire-, mais
13 essayez de penser de ne pas laisser les Juges en manque d'une information
14 ou du contenu d'une information.
15 Ce qui m'a frappé, c'est que souvent votre défenseur dit : "Vous
16 ne connaissez pas la teneur de ce document ?". Vous dites : "Non". Si
17 personne n'en connaît la teneur, si vous ne la connaissez pas, la défense
18 ne la connaît pas -je ne sais pas ce que fera l'accusation-, cela nous
19 pose un petit problème.
20 Mais deuxièmement, c'est pour la méthode, pour que cela nous
21 aide un peu. Parfois, il vous arrive de dire : "J'ai demandé cette
22 information-là" et on ne sait pas du tout s'il y a eu une réponse, si quoi
23 que ce soit a été suivi. Voilà. Quand cela vous apparaît important, bien
24 entendu. Encore une fois, tout n'était peut-être pas toujours important,
25 il n'y a que vous qui pouvez le savoir et nous, par la suite, nous le
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1 déterminerons. Mais essayez quand même de ne pas nous laisser "en rade"
2 comme on dit en français.
3 Parfois vous dites : "A 13 heures 03, j'ai demandé ceci avec tel
4 délai." Mais je ne suis pas sûr qu'ensuite la réponse arrivera, et
5 également la teneur d'un document. Si un document est définitivement
6 perdu, je crois que cela ne servira pas à grand-chose de savoir que vous
7 l'avez numéroté. Voilà ces quelques observations uniquement pour faciliter
8 le bon déroulement du débat.
9 Sur ce, je crois que nous allons nous arrêter, il est 18 heures,
10 reposez-vous bien, nous aussi ceci d'ailleurs. Monsieur le Greffier, nous
11 reprenons demain à 10 heures, c'est bien cela ?
12 M. Dubuisson. - C'est bien cela, Monsieur le Juge, 10 heures
13 demain.
14 M. le Président. - La séance est levée.
15 La séance est levée à 18 heures.
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