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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL AFFAIRE N° IT-95-14-T
2 POUR L'EX-YOUGOSLAVIE
3 Jeudi 11 mars 1999
4 L'audience est ouverte à 10 heures 05.
5 M. le Président. - Veuillez vous asseoir.
6 Monsieur le Greffier, pouvez-vous faire entrer notre témoin ?
7 (Le témoin est introduit dans le prétoire.)
8 Je voudrais d'abord saluer nos amies interprètes, les personnes
9 qui s'occupent du transcript, les Conseils de l'accusation, les Conseils
10 de la défense. Je salue notre témoin, l'accusé.
11 Nous sommes prêts à reprendre. Je sais qu'il y a beaucoup
12 d'étudiants dans le public. Vous savez que ce Tribunal Pénal International
13 est un tribunal qui a aussi une valeur exemplaire et pédagogique. Je
14 signale donc que nous entendons comme témoin, dans la séquence du procès
15 Blaskic, l'accusé lui-même, qui est un témoin sous serment.
16 Général, comment allez-vous ? Vous êtes reposé ? Oui ?
17 M. Blaskic (interprétation). - Je vous remercie de votre
18 question, Monsieur le Président. Je me sens bien, je me suis reposé.
19 M. le Président. - Dans ces conditions, Maître Nobilo, nous
20 continuons à entendre le développement chronologique de ces journées
21 cruciales, qui ont été celles du déclenchement du conflit, dans la période
22 du 16 avril et celles qui ont suivi.
23 Nous ferons une pause dans trois-quarts d'heure à une heure
24 selon les séquences ou lorsque vous trouverez que la rupture vous paraît
25 la plus efficiente. Maître Nobilo, c'est à vous.
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1 M. Nobilo (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.
2 Comme vous vous le
3 rappelez, nous avons parlé hier du problème du départ des civils, et
4 lorsque je dis "civils", je pense aux Musulmans partis de Vitez et aux
5 Croates partis de Zenica. Nous étions à la fin de notre journée de
6 travail. Nous n'avions pas terminé le débat sur ce point, qui est un point
7 très important.
8 J'aimerais prier M. Blaskic de revenir, de façon globale, sur ce
9 problème auquel il a fait référence, problème qui s'est posé après le
10 début du conflit entre les Croates et les Musulmans dans la vallée de la
11 Lasva en avril 1993.
12 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, Messieurs
13 les Juges, j'ai présenté le problème en parlant de l'existence de doubles
14 critères appliqués par les organisations internationales, à savoir
15 notamment le HCR qui m'a appris que chaque déplacement et chaque départ de
16 civils représentaient pour le HCR un signe de nettoyage ethnique, et que
17 j'étais tenu, que j'avais pour devoir, de garantir la pleine sécurité de
18 la population dans les localités où résidait cette population.
19 Quant à la position de la Croix-Rouge internationale, elle
20 consistait à penser qu'il me fallait assurer la pleine sécurité de
21 circulation pour la population civile. Ces deux positions créaient pour
22 moi un problème tant du point de vue de l'action que du point de vue des
23 contacts à nouer avec les représentants du HCR ou de la Croix-Rouge
24 internationale.
25 Connaissant donc cette position du HCR, j'ai discuté avec les
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1 responsables du HCR d'un autre critère, critère qui s'appliquait sur le
2 territoire contrôlé par l'armée de la Republika Srpska.
3 Sur ce territoire placé sous le contrôle de l'armée de la
4 Republika Srpska, des civils Musulmans, Bosniens et des Croates arrivaient
5 avec l'aide de la Forpronu et sous l'égide du HCR dans les localités
6 suivantes : Banja Luka, Kotor Varos, Prijedor, Jajce et d'autres localités
7 situées au nord-ouest de la Bosnie.
8 Donc ces civils arrivaient à Travnik, à Zenica et dans toutes
9 les localités de la vallée de la Lasva en provenance des localités que je
10 viens de citer.
11 M. Nobilo (interprétation). - Il y un problème avec
12 l'interprétation. Vous avez utilisé un terme qui signifie que cette
13 population provenait de quelque part, mais que vouliez-vous dire ? D'où
14 provenait cette population ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Selon les données à ma
16 disposition, j'ai été informé que le HCR participait au transfert des
17 Croates et des Musulmans en provenance des territoires placés sous le
18 contrôle de l'armée de la Republika Srpska et à destination de localités
19 situées dans la vallée de la Lasva, ou en tout cas de localités placées
20 sous mon contrôle et sous le contrôle du 3ème Corps de l'armée de Bosnie-
21 Herzégovine. Je parle de Travnik, Novi Travnik, Zenica, Kakanj, notamment.
22 M. le Président. - La population était-elle déjà arrivée, ou
23 vous parlez de quelle date exactement ? Lorsque vous vous adressez au HCR,
24 vous dites : "Ces populations arrivent encore maintenant" ou est-ce
25 qu'elles étaient arrivées aux premières attaques sur Travnik ?
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1 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, cela s'est
2 passé y compris avant le conflit d'avril, avant le 16 donc, et ces
3 personnes arrivaient en grand nombre. Mais le phénomène s'est déroulé
4 également dans le courant de l'année 1993. Si vous le souhaitez, je peux
5 regarder plus tard dans mes notes pour vérifier la chute de Kotor Varos,
6 si vous avez besoin de la date exacte, mais le phénomène avait commencé
7 avant.
8 M. le Président. - Je voulais simplement savoir si lorsque vous
9 vous adressiez au HCR, vous lui disiez : "Vous n'appliquiez pas vous-même
10 votre critère, alors qu'en ce moment même, des populations musulmanes et
11 bosniaques et croates nous arrivent de Travnik", ou bien si vous disiez
12 simplement au HCR : "Souvenez-vous, ces populations sont arrivées avant le
13 16 avril". Je voulais simplement savoir cela.
14 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Président, j'ai dit
15 au HCR, : "Messieurs,
16 vous avez vous-mêmes des critères différents pour les uns et pour les
17 autres. Vous avez des critères que vous appliquez au HVO pour les
18 territoires placés sous le contrôle du HVO et vous appliquez un autre
19 critère pour les territoires placés sous le contrôle de l'armée de la
20 Republika Srpska".
21 J'ai dit également à tous les représentants des organisations
22 dont j'ai parlé, à savoir donc aux représentants du HCR et de la
23 Croix-Rouge internationale, que je l'ai prié de bien vouloir homogénéiser
24 leurs positions, leurs critères et que je ferai tout ce qui était en mon
25 pouvoir pour agir, conformément à une position qui leur serait commune,
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1 quelle qu'elle soit, que cette position corresponde à la première ou à la
2 deuxième des deux positions que je viens de décrire.
3 M. Nobilo (interprétation). - Ces organisations ont-elles
4 homogénéisé leurs positions, en tous cas en 1993 ?
5 M. Blaskic (interprétation). - Je n'en ai jamais été informé. Je
6 reviendrais sur un certain nombre de réunions plus tard ; je les citerai
7 chronologiquement, réunions qui ont été tenues conjointement. Mais j'ai
8 demandé au représentant du HCR de bien vouloir me faire connaître la
9 teneur du mandat de cette organisation, et pour ce qui me concerne, j'ai
10 tenté, dans les mesures de mes possibilités, de m'en tenir des positions
11 du HCR.
12 M. Nobilo (interprétation). – Veuillez dire aux Juges quelles
13 étaient vos réflexions personnelles ? Que pensiez-vous personnellement ?
14 Quelle était la solution que vous considériez la meilleure et estimiez-
15 vous qu'il y avait une bonne solution.
16 M. Blaskic (interprétation). – Personnellement, j'étais pris
17 entre deux solutions qui, à mon avis, étaient mauvaises toutes les deux.
18 Autrement dit, à mon avis, il n'y avait pas de bonne solution. Peut-être
19 la solution la meilleure aurait-elle consisté à déplacer momentanément la
20 population civile pour la placer hors des zones de combat.
21 Mais j'ai appuyé et soutenu la solution du HCR et j'ai tenté de
22 mettre en oeuvre
23 cette position du HCR chaque fois qu'il était question de
24 solutions relatives à la population civile.
25 Cependant, il importe ici de parler également des critères
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1 appliqués à la libération des prisonniers qui ont largement contribué à
2 l'échec de l'application des critères du HCR.
3 M. Nobilo (interprétation). - Quelle était l'organisation
4 responsable de la libération des prisonniers et quels étaient les critères
5 appliqués à cet égard ?
6 M. Blaskic (interprétation). - En ce qui nous concerne, c'était
7 la Croix-Rouge internationale qui était l'organisation chargée au premier
8 chef d'appliquer ses propres critères pour obtenir la libération des
9 prisonniers. Et ce qui posait problème, c'était que, selon les critères de
10 la Croix-Rouge internationale, tout prisonnier était en droit de choisir
11 l'endroit où il souhaitait se rendre après sa libération.
12 Et, dans la grande majorité des cas, les Musulmans, c'est-à-dire
13 les membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine, se prononçaient en faveur
14 d'un départ de Zenica pour Travnik, alors que les Croates, membres du HVO
15 se prononçaient en faveur d'un départ de Zenica vers Busovaca et Vitez.
16 M. Nobilo (interprétation). - Selon les critères de la
17 Croix-Rouge internationale, aussi bien que dans les faits, existait-il la
18 possibilité, pour un Musulman, de se prononcer en faveur d'une absence de
19 départ ? C'est-à-dire, est-ce que les Musulmans pouvaient décider de
20 rester à Vitez ?
21 M. Blaskic (interprétation). - Oui, il était possible, dans les
22 faits, pour un Musulman, de décider de rester à Vitez aussi bien qu'à
23 Travnik ou dans un autre territoire contrôlé par l'armée de Bosnie-
24 Herzégovine.
25 M. Nobilo (interprétation). - A part la Croix-Rouge
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1 internationale, existait-il d'autres organisations qui intervenaient dans
2 la libération des prisonniers et dans le choix des nouveaux lieux de
3 résidence pour ces personnes libérées ?
4 M. Blaskic (interprétation). - Le choix du lieu de résidence
5 était le choix du prisonnier lui-même qui inscrivait la localité où il
6 souhaitait se rendre sur les documents présentés par la Croix-Rouge
7 internationale. Il y avait aussi une commission à Zenica qui participait
8 avec la Croix-Rouge internationale à la libération des prisonniers et aux
9 choix de ces localités.
10 M. Nobilo (interprétation). - Que se passait-il si un Musulman
11 libéré à Vitez -je parle donc d'un homme en âge de porter les armes-
12 partait à Zenica pour rejoindre l'armée de Bosnie-Herzégovine dans le
13 cadre des dispositions prévues par la Croix-Rouge internationale ? Que se
14 passait-il dans ce cas-là pour les membres de sa famille ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Prenons un exemple, la famille
16 reste à Vitez et le soldat de l'armée de Bosnie-Herzégovine va à Zenica.
17 Dans ces conditions, bien entendu, le soldat en question recourait à
18 toutes les disponibilités disponibles pour que sa famille le rejoigne,
19 pour qu'elle puisse vivre à nouveau avec lui. Ce qui signifiait que la
20 famille quittait Vitez pour arriver sur le territoire de Zenica et
21 reprendre la vie quotidienne à Zenica. D'ailleurs, si un Croate libéré
22 arrivait à Vitez, il avait le même problème, mais il lui fallait
23 transférer sa famille de Zenica à Vitez.
24 M. Nobilo (interprétation). - Comment étaient organisés ces
25 déménagements ? Que faisait le soldat en question pour assurer ce
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1 transfert ?
2 M. Blaskic (interprétation). - Eh bien, cela a largement
3 contribué à supprimer, à nuire à la sécurité publique.
4 La Croix-Rouge nationale a transféré un jour une famille
5 composée d'une femme et d'un enfant à destination de Zenica parce que le
6 mari, membre de l'armée de Bosnie-Herzégovine, avait été libéré et avait
7 décidé de poursuivre sa vie à Zenica. Donc il arrivait que soit demandée
8 l'intervention de la Croix-Rouge internationale dans ces transferts.
9 S'il s'agissait de membres de la famille qui étaient malades, si
10 les membres de cette
11 famille répondaient aux critères défendus par la Croix-Rouge
12 internationale, celle-ci dans des cas particuliers intervenait dans les
13 transferts des familles, mais dans des cas particuliers, je le répète.
14 Et puis, il arrivait de façon fréquente que des Musulmans
15 bosniens soient expulsés de leur appartement, que cet appartement soit
16 pris par une tierce personne, que l'expulsion de cet appartement soit
17 rendue publique auprès des institutions de Zenica et que donc des
18 dispositions, des arrangements soient mis au point : "Vous prenez cet
19 appartement, et moi j'en prends un autre à Zenica".
20 Il arrivait aussi que des groupes participent à ce genre
21 d'action dans le but de gagner de l'argent, et les sommes étaient assez
22 importantes. J'ai appris qu'à un certain moment une agence civile a été
23 créée, y compris sur le territoire de Vitez, agence qui contribuait à
24 échanger les données et les renseignements nécessaires avec une agence ou
25 une autre entité située à Zenica, une autre institution donc, ces deux
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1 entités participant à l'échange d'appartements. Ce genre de chose est
2 arrivée assez souvent.
3 Mais si le soldat arrivait avec ses armes, il arrivait
4 malheureusement que soit utilisée la violence, c'est-à-dire qu'il dise :
5 "Moi, j'ai été chassé de Zenica, vous, je vous en prie, allez à Zenica et
6 continuez à vivre à Zenica !".
7 M. Nobilo (interprétation). - Mais lorsque vous étiez informé de
8 cas de ce genre, preniez-vous des mesures destinées à protéger et à
9 défendre les Musulmans et à leur permettre de retourner dans leur
10 appartement personnel ?
11 M. Blaskic (interprétation). - Oui, et cela apparaîtra dans la
12 suite de mon récit chronologique.
13 M. Nobilo (interprétation). - Veuillez dire aux Juges, dans la
14 vallée de la Lasva, est-il jamais arrivé au cours du conflit qu'une unité
15 militaire organisée vienne expulser par la force la population musulmane
16 d'une ville ou d'un village, et expulse donc cette population
17 musulmane de la vallée de la Lasva ?
18 M. Blaskic (interprétation). - Je n'ai jamais commandé un tel
19 acte et je n'ai jamais été informé du fait qu'une unité du HVO ait attaqué
20 des civils ou expulsé des civils de ce territoire.
21 M. Nobilo (interprétation). - Nous allons poursuivre. Le
22 22 avril, avec les membres de la commission conjointe, vous avez discuté
23 du sujet dont nous venons de débattre ici, à savoir la protection des
24 civils. Veuillez en parler aux Juges.
25 M. Blaskic (interprétation). - J'ai eu une réunion avec les
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1 représentants de la commission conjointe, M. Nakic, M. Belisic, et j'ai
2 demandé à ce qu'ils commencent une action et à ce que la commission
3 conjointe, déjà à partir du 22 avril, s'oriente vers la prévention des
4 violences.
5 J'ai demandé également que l'on fasse des tournées dans les
6 territoires critiques afin de voir quel était l'état des maisons, des
7 appartements, des immeubles et de voir également quelles étaient les
8 possibilités de retour là où les circonstances le permettaient, là où les
9 immeubles le permettaient et où la situation en ce qui concerne la
10 sécurité également le permettait. Je parle ici des territoires où vivait
11 la population civile.
12 M. Nobilo (interprétation). - Le 22 avril 1993, vous avez reçu
13 une lettre du colonel Stewart, le commandant du bataillon britannique qui
14 attirait votre attention pour la première fois sur la question d'Ahmici.
15 Je voudrais maintenant présenter la pièce à conviction de
16 l'accusation n° 456/56.
17 M. le Président. - Il s'agit d'une pièce de l'accusation,
18 Maître Nobilo ?
19 M. Nobilo (interprétation). - Oui, il s'agit de la pièce de
20 l'accusation. Il s'agit en fait d'une lettre que le colonel Stewart a
21 adressée à M. Blaskic. La lettre est datée du 22 avril 1993.
22 C'est une lettre très courte? mais très importante. Je vais donc
23 la lire.
24 Le colonel Stewart, le 22 avril 1993, vous adresse cette lettre
25 à vous,
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1 colonel Blaskic, étant donné que vous étiez le commandant de la zone
2 opérationnelle de la Bosnie centrale.
3 Le titre, c'est : "Une enquête sur les crimes commis".
4 "Point n° 1 : à 14 heures, aujourd'hui, nous sommes le
5 22 avril 1993, j'ai visité le village d'Ahmici.
6 Point n° 2 : à l'entrée d'une maison, j'ai découvert les corps
7 d'un homme et d'un garçon. Les deux corps étaient tellement brûlés qu'on
8 ne pouvait pas les reconnaître.
9 Au sous-sol, j'ai trouvé les corps qui pourraient correspondre
10 au corps de la mère et d'au moins cinq enfants. Ces corps étaient
11 également complètement calcinés. Et il est évident, en voyant l'angle des
12 têtes, qu'au moins deux de ces personnes étaient mortes dans un état
13 d'agonie.
14 Point n° 3 : quiconque est responsable de ces exactions doit
15 être puni. Toute exaction, où qu'elle soit commise, est inacceptable.
16 Point n° 4 : je demande, d'une manière urgente, votre assistance
17 afin de mener une enquête à propos du pillage de ce village.
18 Signé : Colonel Robert Stewart".
19 Avez-vous reçu cette lettre le 22 avril 1993 ?
20 M. Blaskic (interprétation). - Oui, je l'ai reçue le
21 22 avril 1993 dans l'après-midi.
22 M. Nobilo (interprétation). - S'agit-il de la première mention
23 concrète et claire du crime commis à Ahmici pour vous ?
24 M. Blaskic (interprétation). - Oui, c'est la première lettre qui
25 mentionnait explicitement le village d'Ahmici et le crime commis dans le
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1 village d'Ahmici.
2 Après avoir reçu cette lettre, j'ai convoqué mes collaborateurs
3 M. Slavko Marin et M. Saric. Je leur ai lu la lettre à haute voix. Je leur
4 ai dit qu'on allait demander une enquête complète, qui devrait être menée
5 par la commission conjointe. J'ai vérifié encore une fois
6 auprès du chef de l'unité opérationnelle et de la personne qui travaillait
7 au service d'informations si on avait reçu d'autres informations
8 concernant les crimes commis dans le village d'Ahmici.
9 A part cette lettre, tous les deux m'ont confirmé que l'on
10 n'avait pas reçu d'autres informations. Par conséquent, j'ai donné un
11 ordre au chef de l'unité opérationnelle de me préparer tous les documents
12 à partir du 15 avril jusqu'au 22 avril, de les mettre dans un dossier à
13 part afin de pouvoir les donner à la commission conjointe, ainsi qu'à moi-
14 même, de cette manière nous aurions pu être en mesure de vérifier les
15 informations concernant le crime commis dans le village d'Ahmici.
16 M. Nobilo (interprétation). - A cette époque-là, aviez-vous à
17 votre disposition d'autres renseignements à part ceux concernant huit
18 personnes qui auraient été tuées ? Avez-vous discuté de cela ?
19 M. Blaskic (interprétation). - Oui, nous en avons discuté. Un de
20 mes collaborateurs m'a dit : "Ici nous parlons de huit personnes tuées
21 dans le village d'Ahmici". A ce moment-là, je lui ai répondu : "Si même un
22 seul civil avait été tué, il s'agit d'un crime" et si son soldat avait été
23 tué dans un combat, il ne s'agit pas d'un crime.
24 M. Nobilo (interprétation). - Le lendemain, le 23 avril 1993,
25 pourriez-vous nous décrire cette journée ? Que s'est-il passé dans la
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1 matinée ?
2 M. Blaskic (interprétation). - J'ai eu une réunion avec le chef
3 de l'état-major qui était aussi représentant dans la commission conjointe
4 et avec lui, j'ai relu la lettre que j'avais reçue auparavant de la part
5 du colonel Stewart. Ensuite, j'ai feuilleté et j'ai regardé de plus près
6 la documentation.
7 M. Nobilo (interprétation). - Qu'est-ce que vous vouliez faire
8 avec cette documentation ? Pourquoi l'aviez-vous prise ?
9 M. Blaskic (interprétation). - J'ai mis cette documentation dans
10 un autre dossier à part, afin de pouvoir la donner à M. Nakic et au
11 représentant de la commission qui allait être chargée de mener l'enquête
12 sur ce crime.
13 M. Nobilo (interprétation). - Vous parlez de la commission qui a
14 été formée entre l'armée de la Bosnie-Herzégovine et le HVO ? La
15 commission dont nous avons parlé hier, n'est-ce pas ?
16 M. Blaskic (interprétation). - Non seulement de cette commission
17 formée entre l'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO, mais des membres de
18 cette commission qui étaient également les membres de la commission
19 européenne d'observateurs.
20 M. Nobilo (interprétation). - Qu'est-ce que vous avez mis dans
21 cette documentation ? Qu'estimiez-vous comme importance pour constituer ce
22 dossier ?
23 M. Blaskic (interprétation). - Tous les ordres, à partir du
24 15 avril 1993 jusqu'au 22 avril 1993, étant donné que j'estimais que
25 c'étaient des ordres importants. J'y ai mis également tous les rapports et
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1 toutes les autres informations. J'ai mis tout cela dans un dossier à part,
2 j'ai regardé de près tous les documents avec le chef de l'état-major.
3 Lorsque je passais en revue ces documents, j'ai constaté que l'ordre
4 datant du 15 avril 1993, émis à 10 heures du matin, était rédigé par moi-
5 même et donc je l'ai donné à notre dactylographe afin de le recopier à la
6 machine. Plus tard, j'ai signé cet ordre qui était écrit à la machine.
7 M. Nobilo (interprétation). - Pourquoi avez-vous donné cet ordre
8 de recopier à la machine cet ordre du 15 avril ?
9 M. Blaskic (interprétation). - Je l'ai fait pour que ce document
10 puisse être lu par tous ceux qui voulaient le lire. En général, nous
11 recopions à la machine tous les ordres.
12 M. Nobilo (interprétation). - Lorsque vous avez donné le
13 manuscrit de votre ordre du 15 avril afin que cet ordre soit recopié,
14 quelles étaient les références mises par la personne qui l'avait
15 dactylographié ?
16 M. Blaskic (interprétation). - Notre dactylographe a recopié cet
17 ordre et a mis la date du 23 avril et elle a mis également une cote.
18 M. Nobilo (interprétation). - Laquelle ?
19 M. Blaskic (interprétation). - Je présume que la référence
20 portait la date du 23 avril.
21 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce qu'elle l'a mis dans le
22 registre ?
23 M. Blaskic (interprétation). - Oui, elle l'a mis dans le
24 registre sous la date du 23 avril.
25 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que vous êtes intervenu à
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1 propos de cet ordre ?
2 M. Blaskic (interprétation). - Oui, j'ai changé la date de cet
3 ordre. J'ai mis la date du 15 avril, j'ai signé cet ordre et donc, j'ai
4 mis cet ordre avec l'ordre original, manuscrit. J'ai mis tout cela dans
5 une chemise à part.
6 M. Shahabuddeen (interprétation). - S'agissait-il d'une machine
7 à écrire ordinaire où s'agissait-il d'un ordinateur qui avait été utilisé
8 pour copier cet ordre ?
9 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Juge, il s'agissait
10 d'une machine à écrire ordinaire. Je ne connais pas la marque, mais en
11 tout cas, il ne s'agit pas d'un ordinateur.
12 M. Shahabuddeen (interprétation). – Je vous remercie. La marque
13 n'est pas du tout importante.
14 M. Nobilo (interprétation). - Monsieur le Président, nous avons
15 ces ordres ici, nous avons aussi quelques documents scellés. Peut-être
16 pourrions-nous revenir ici après la pause. Maintenant, je préfère
17 continuer avec l'ordre chronologique.
18 Avez-vous réagi à cette lettre rédigée par M. Stewart ?
19 M. le Président. - Il a été dit beaucoup de choses depuis
20 quelques jours. Je voudrais que le général Blaskic le précise bien : c'est
21 la première fois, au moment où vous recevez la lettre du colonel Stewart,
22 c'est la première fois que vous entendez parler d'Ahmici,
23 c'est ce que vous nous dites ?
24 M. Blaskic (interprétation). - Oui, Monsieur le Président et
25 c'était la première fois que j'ai dû faire face d'une manière concrète au
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1 nom du village et avec ces huit victimes. C'était
2 la première information reçue de la part du colonel Stewart.
3 M. le Président. - Je le comprends bien, général Blaskic, je
4 vous demande de bien nous préciser, c'est donc la première fois que vous
5 entendez parler d'Ahmici et de ce qui s'y est passé le 22 avril ?
6 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, il y a
7 deux questions pour moi ici. La première fois que j'ai entendu parler
8 d'Ahmici, c'est en lisant la lettre. J'ai entendu parler pour la première
9 fois des victimes civiles le 20 avril à Zenica lors d'une réunion, lorsque
10 Dzemo Merdan, lors d'un débat assez houleux, s'est levé et a dit : "Vous,
11 vous avez tué les gens, parmi ces gens il y a également des civils dont
12 les corps gisent maintenant dans les fossés à côté de la route.". Je crois
13 qu'il a dit qu'il y avait 100 ou 500 personnes qui auraient été tuées. A
14 ce moment-là, je lui ai dit : "Dzemo, si tu penses que les choses se sont
15 passées de cette manière-là, je propose que la commission conjointe mène
16 une enquête et nous fasse part des résultats de cette enquête". Par la
17 suite et je l'ai mentionné hier, M. Ejup Ganic a pris la parole et a
18 dit, :"Laissons de côté les morts, laissons la parole aux commandants, ils
19 doivent se mettre d'accord sur un cessez-le-feu".
20 M. Nobilo (interprétation). - Une chose est très importante, le
21 villages d'Ahmici et les victimes d'Ahmici. Est-ce que la lettre du
22 colonel Stewart du 22 avril représente la première information pour vous
23 sur les victimes d'Ahmici ?
24 M. Blaskic (interprétation). - Oui. Si vous me permettez de
25 répondre. Lorsque j'ai reçu la lettre, lorsque je l'ai lue, j'ai convoqué
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1 deux de mes collaborateurs qui étaient là, les chefs de l'unité
2 opérationnelle responsables de toutes les informations, de tous les ordres
3 de combats et d'autres combats, ainsi que le chef-adjoint du bureau des
4 informations. Je leur ai
5 demandé de me dire si nous avions des informations quelconques sur les
6 victimes d'Ahmici. Leur réponse était négative. Il m'ont dit n'avoir reçu
7 aucun renseignement sur les victimes d'Ahmici. C'est la première fois que
8 j'ai entendu parler de ce village et de ce qui s'est passé dans ce
9 village.
10 M. Nobilo (interprétation). – Je vous prie de bien vouloir
11 donner au témoin…
12 M. Shahabuddeen (interprétation). – Permettez-moi une question.
13 Après avoir reçu cette lettre, donc le 22 avril, vous avez demandé à vos
14 officiers de vous fournir des informations sur ce qui aurait pu se passer
15 à Ahmici ? Ai-je raison ?
16 M. Blaskic (interprétation). - Ma première réaction était de
17 voir si nous disposions des informations qui iraient dans le sens de ce
18 qui était dit dans cette lettre.
19 M. Shahabuddeen (interprétation). - Ce que je voudrais vous
20 demander est de voir si, lors de votre réunion avec Dzemo à Zenica, vous
21 avez reçu des renseignements là-dessus.
22 Est-ce que, entre le 20 et 22 avril, vous avez demandé à vos
23 officiers s'ils avaient des informations sur ce qui aurait pu se passer à
24 Ahmici ?
25 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Juge, lorsque le
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1 20 avril je suis rentré très tard dans la soirée, c'était après 11 heures
2 du soir, je suis donc rentré dans le commandement et j'ai fait part du
3 contenu de la réunion à mes collaborateurs. Je leur ai fait part notamment
4 de ce qui a été dit par Dzemo Merdan et ils m'ont tous donné la même
5 réponse. J'ai donc vérifié déjà le 20 avril après 23 heures ces propos.
6 M. Nobilo (interprétation). - Je vous prie de montrer au témoin
7 la pièce à conviction de l'accusation n° 456/57. Il s'agit de la réponse
8 du témoin à la lettre qui lui avait été adressée par M. Bob Stewart, le
9 22 avril. Je répète la cote : 456/57
10 Nous allons lire cette lettre, je prie Me Hayman de lire cette
11 lettre.
12 M. Hayman (interprétation). - Il y a un numéro de référence :
13 "Vitez, le 23 avril 1993. La Forpronu, lieutenant-colonel Rober Stewart,
14 commandant du Bataillon
15 britannique.
16 Point 1 Je suis prêt à envoyer immédiatement une commission
17 d'enquête dans le village d'Ahmici ainsi que dans d'autres localités
18 qui..." -ensuite, il y a un "T" dans l'original anglais, je n'arrive pas à
19 lire la suite-, peut-être il faudrait lire "...où cela est nécessaire de
20 mener une enquête sur les victimes innocentes de ce conflit."
21 Nouveau paragraphe : "Je vous prie de nous aider d'arrêter ces
22 souffrances..." -il y a un mot qui manque- "...et de nous aider à assurer
23 les conditions adéquates pour le travail de la commission.
24 Comme a été déclaré par l'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO,
25 tout le monde croit avoir raison. Des combats mineurs ont toujours place
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1 et ils menacent de devenir une grande catastrophe..." -un mot manque-,
2 "...et de devenir un désastre pour la population de cette région.
3 Point 2 Je suggère qu'une nouvelle réunion soit de façon urgente
4 convoquée entre le chef de l'état-major -un mot manque- et le chef de
5 l'état-major du HVO, ainsi qu'avec les commandants de la zone
6 opérationnelle de la Bosnie centrale, du HVO et le commandant du 3ème Corps
7 d'armée du Bosnie-Herzégovine afin de prévenir des désastres encore pires
8 qui pourraient échapper au contrôle de tout le monde.
9 Point 3 Je vous considère être un soldat professionnel et
10 d'honneur, ce qui me donne le droit de vous prier d'homme à homme
11 d'intervenir..." -il y a quelques caractères qui manquent dans l'original-
12 "...d'intervenir dans les conversations à venir avec M. Thebault. Je vous
13 remercie à l'avance. Respectueusement". Et il paraît que quelqu'un a
14 signé : "Au nom du colonel Blaskic" et il y a également le sceau de la
15 zone opérationnelle.
16 M. Nobilo (interprétation). - Pourriez-vous nous dire,
17 Général Blaskic, à l'époque où vous étiez encore colonel, nous avons lu
18 cette lettre signée par vous. Ai-je raison de dire que cette lettre
19 comporte beaucoup d'émotion ? Est-ce que vous pouvez vous rappeler comment
20 vous vous sentiez à moment-là ?
21 Vous dites au colonel Stewart : "Dites-moi, d'homme à homme, je
22 vous supplie", etc. Quelles étaient vos réflexions, votre état d'âme à
23 cette époque-là ?
24 M. Blaskic (interprétation). - Ceci est ma première lettre
25 adressée au colonel
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1 Stewart, malheureusement, je n'ai pas la copie de la deuxième lettre
2 adressée par la suite au colonel Stewart. Bien sûr, j'étais très
3 bouleversé par la lettre que j'ai reçue de la part du colonel Stewart.
4 C'était la première fois que j'ai dû faire face à un crime, à des
5 souffrances et j'ai rédigé, le 23 dans l'après-midi, je crois, une lettre.
6 J'ai demandé tout de suite la traduction de cette lettre et je comptais
7 sur une assistance en matière d'application de l'accord et également en
8 matière de l'enquête qui devait être menée.
9 M. Nobilo (interprétation). - Vous dites dans la lettre que vous
10 êtes prêt à envoyer sur place immédiatement une commission d'enquête dans
11 le village d'Ahmici.
12 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
13 M. Nobilo (interprétation). - Et vous demandez également que
14 M. Bob Stewart fasse part de cette commission. Pourquoi avez-vous demandé
15 une commission internationale ? Pourquoi n'avez-vous pas demandé une
16 commission interne ?
17 M. Blaskic (interprétation). - Par la suite, j'ai expliqué ma
18 position et au colonel Stewart et à M. Thebault.
19 Je leur ai dit que c'était dans un souci d'objectivité et dans
20 un souci de faciliter la recherche de la vérité afin d'assurer une
21 expertise totale de cette enquête. Je voulais que d'autres institutions
22 fassent partie de cette commission, notamment les représentants de l'armée
23 de Bosnie-Herzégovine et d'autres institutions comme, par exemple, la
24 mission d'observation européenne et les représentants du CICR.
25 M. Nobilo (interprétation). - Pourquoi, dans le point n °2, vous
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1 avez proposé une nouvelle réunion et pourquoi avez-vous demandé que
2 M. Sefer Alilovic, le chef d'état-major de l'armée de Bosnie-Herzégovine
3 et M. Petkovic du HVO fassent partie avec vous de cette commission, ainsi
4 que le commandant du 3ème Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine ?
5 M. Blaskic (interprétation). - Il s'agissait d'un crime qui
6 méritait sans aucun doute une réunion au plus haut niveau militaire afin
7 d'organiser et mener une enquête.
8 En tout cas, ceci ne pouvait que garantir une enquête complète
9 et ceci ne pouvait donner que plus de force à cette enquête.
10 M. Nobilo (interprétation). - Si votre avis était pris en
11 compte, si Bob Stewart était pris en considération, Hadzihasanovic,
12 Petkovic, vous-même, si toutes ces personnes étaient incluses dans le
13 travail de cette commission, pensez-vous que vous auriez découvert les
14 coupables et que vous auriez eu des résultats beaucoup plus tôt ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Je suis sûr que nous aurions
16 découvert la vérité, les coupables et ceux qui avaient donné l'ordre
17 d'exécuter les civils beaucoup plus tôt.
18 M. Nobilo (interprétation). - Avez-vous eu le sentiment, à ce
19 moment-là, que vous ne pourriez pas être efficace ? Avez-vous eu des
20 soucis relatifs à l'efficacité connaissant tous les problèmes que vous
21 aviez dans l'organisation ?
22 M. Blaskic (interprétation). - Oui, je pressentais ce genre de
23 problème quant à l'efficacité. Je dois dire que j'étais surpris. Tous ceux
24 qui étaient à la réunion du 21 avril 1993, s'ils étaient au courant de ce
25 qui s'était passé à Ahmici, je ne vois pas pourquoi les deux des plus
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1 hauts représentants de l'armée ne s'étaient pas rendus à Ahmici au lieu de
2 passer à côté d'Ahmici et d'aller à Kula et à Busovaca. Aujourd'hui, je
3 suis d'avis qu'il aurait été plus utile pour eux de se rendre à Ahmici et
4 non sur une des lignes de front.
5 M. Shahabuddeen (interprétation). - Monsieur le Général, si je
6 ne me trompe pas, à un moment donné vous vous êtes rendu personnellement à
7 Ahmici, n'est-ce pas ?
8 M. Blaskic (interprétation). - Jusqu'à ce moment-là, je ne me
9 suis pas rendu à Ahmici.
10 Messieurs les Juges, je vais vous l'expliquer plus tard, mais il
11 était impossible de rentrer dans le village d'Ahmici, car Ahmici
12 représentait la ligne de front. Dans un des points de l'accord conclu le
13 21 avril, nous avons négocié et signé la séparation de nos forces afin que
14 cet espace soit un no man's land sans les unités de combat.
15 M. Shahabuddeen (interprétation). - Quand était-ce pour la
16 première fois que vous vous êtes rendu dans le village d'Ahmici ?
17 M. Blaskic (interprétation). - Je crois que c'était le 26 ou le
18 27 avril, un ou deux jours après ce qui s'était passé.
19 M. Shahabuddeen (interprétation). - A quelle distance est le
20 village d'Ahmici de l'hôtel Vitez ?
21 M. Blaskic (interprétation). - Trois kilomètres, mais, à cette
22 époque-là, c'était comme si c'était une distance de 303 kilomètres, car à
23 cette époque-là, on ne pouvait pas accéder à Ahmici d'une autre manière
24 qu'en s'y rendant à pied. Les distances, vous voyez, ne sont pas les mêmes
25 en période de paix qu'en période de guerre.
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1 Effectivement, la route n'a que trois kilomètres, mais il était
2 presque impossible de s'y rendre.
3 M. Shahabuddeen (interprétation). - En tant que soldat
4 professionnel, étiez-vous en mesure de voir quels types d'explosifs
5 auraient été utilisés à Ahmici ?
6 M. Blaskic (interprétation). - Plus tard, oui. Plus tard,
7 lorsque j'ai vu... C'était peut-être un peu avant le 27 avril, ou le
8 27 avril, j'ai rencontré et j'ai vu de mes propres yeux, pour la première
9 fois, de très grandes souffrances et destructions.
10 M. Shahabuddeen (interprétation). - Le genre d'explosifs
11 utilisés à Ahmici auraient pu l'entendre à Vitez ?
12 M. Blaskic (interprétation). - Si ce genre d'explosifs étaient
13 utilisés uniquement à Ahmici, je crois que l'on aurait pu l'entendre à
14 Vitez. Mais quand les explosifs sont utilisés
15 partout, il est difficile de dire de quelle direction provient le bruit
16 que l'on entend, le vacarme.
17 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que le village d'Ahmici
18 était sous les tirs de l'armée de Bosnie-Herzégovine à partir
19 du 16, 17, 18 jusqu'au 22 avril ?
20 M. Blaskic (interprétation). - Les positions de l'armée de
21 Bosnie-Herzégovine étaient à 50 mètres de la route principale de Vitez,
22 Busovaca, dans le village Dzidica Kuce. C'était jusqu'à l'accord de
23 Washington.
24 Avec M. Nakic et M. Merdan, il y avait Zoran Mravak qui était
25 dans cette commission. A 50 mètres de la dernière maison, il y a eu
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1 également des positions de tirs.
2 Les collines au-dessus du village étaient contrôlées par l'armée
3 de Bosnie-Herzégovine. Le village était plus en bas.
4 M. le Président. - Je voudrais une précision, puisque nous
5 sommes au cœur des questions les plus fondamentales de cette instance,
6 Ahmici est donc la ligne de front, pour vous, Général Blaskic ? Ahmici est
7 une ligne de front, c'est un point stratégique important ?
8 M. Blaskic (interprétation). - Si nous parlons du village
9 d'Ahmici, c'était un village vide, désert. Mais juste à côté du village,
10 il y avait la ligne de front. Le village se trouve dans un creux, et juste
11 au-dessus du village il y a la ligne de front. Le village est dans une
12 vallée.
13 M. le Président. - "Désert", mais il y avait quelques personnes
14 puisque des personnes ont été tuées à Ahmici. Pas totalement désert, je
15 suppose ?
16 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, je ne
17 sais pas de quelle date nous parlons ici ?
18 M. le Président. - Ma question est autre. Lorsque le 22 avril
19 vous vous réunissez pour parler de la lettre du colonel Stewart, vous vous
20 réunissez avec Slavko Marin, qui est votre chef d'état-major opérationnel.
21 Il est donc celui qui commande en votre nom toutes les opérations. Il ne
22 sait rien sur Ahmici ?
23 M. Blaskic (interprétation). - Il ne sait rien du crime commis à
24 Ahmici, il ne sait
25 rien des maisons brûlées, il n'est pas au courant de huit corps de civils.
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1 M. le Président. – Vous, en tant que chef d'état-major, est-ce
2 que des unités du HVO étaient engagées sur ce point précis de la ligne de
3 front ?
4 M. Blaskic (interprétation). - Sur une partie de la ligne de
5 front, j'ai eu des unités et je savais quelles unités étaient situées sur
6 cette ligne de front.
7 M. le Président. - Donc Slavko Marin et vous saviez,
8 premièrement, que vous aviez des unités sur cette ligne de front et que
9 ces unités étaient à Ahmici dont vous dites que c'était un village
10 important ?
11 M. Blaskic (interprétation). - Je savais où étaient les unités,
12 et les unités se trouvaient également dans la région d'Ahmici.
13 M. le Président. - Quand le colonel Stewart vous écrit, vous
14 êtes étonné, mais vous pouvez estimer qu'effectivement certaines de vos
15 unités ont pu commettre ces exactions ?
16 M. Blaskic (interprétation). - J'en étais conscient, je savais
17 que certains individus de cette unité auraient pu commettre ces exactions.
18 Mais je savais en même temps que je n'avais pas reçu de rapport du
19 commandant de cette unité, ni verbalement, ni par écrit.
20 M. le Président. - Est-ce que vous avez imaginé que Slavko Marin
21 pouvait avoir dissimulé ?
22 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, je doutais
23 rarement de mes collaborateurs principaux. Mais c'est justement pour cette
24 raison que j'ai demandé de me présenter toutes les informations que nous
25 avions reçues entre le 15 et le 22 avril. J'ai demandé que l'on me fasse
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1 un dossier complet afin qu'il puisse être donné à M. Nakic -qui était le
2 représentant dans la commission conjointe- ainsi qu'à tous les membres de
3 la commission conjointe.
4 M. Rodrigues. - Nous savons déjà que vous ne saviez pas avant
5 que ce crime avait été commis à Ahmici. Mais vous saviez qu'il y avait des
6 soldats du HVO dans ce front. Est-ce
7 que vous avez su au moins qu'il y a eu des combats ?
8 M. Blaskic (interprétation). - Oui, oui, je savais qu'il y avait
9 eu des combats entre l'armée de Bosnie-Herzégovine, des unités de l'armée
10 de Bosnie-Herzégovine et le HVO sur
11 cette partie de la ligne de front. J'étais au courant de ces combats.
12 M. Rodrigues. - Quand vous avez reçu cette lettre de Stewart,
13 quelle a été votre pensée ? Vous saviez qu'il y avait eu des combats. Est-
14 ce que vous avez eu quelque idée à propos de qui a commis ces crimes ?
15 Quelle a été votre première réaction de ce point de vue ?
16 M. Blaskic (interprétation). - Ma première réaction, j'étais
17 terrifié par ce qui s'était passé. Ce n'était pas seulement ma première
18 réaction, en fait je suis resté dans cet état dans une période un peu plus
19 longue. Mes collaborateurs ont pu le remarquer. Ni dans le passé et
20 heureusement ni plus tard, je n'ai jamais dû faire face à ce genre de
21 crime. Je savais quelle unité était sur cette ligne de front, oui, j'étais
22 au courant de cela. Mais, il ne s'agit pas d'un territoire très petit.
23 Est-ce que ce crime aurait été commis par les membres de cette
24 unité ou par quelqu'un d'autre ? Je ne pouvais pas le dire, mais je savais
25 quelles unités étaient sur cette partie de la ligne de front. Oui, j'étais
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1 au courant de cela.
2 M. Shahabuddeen (interprétation). - Encore une petite question,
3 Monsieur le Général. Le 20 avril 1993, Dzemo et vous avez eu une
4 conversation à Zenica et pendant cette conversation, Dzemo, si je ne me
5 trompe pas, a dit d'une manière assez en colère que plusieurs centaines de
6 civils ont été tués à Ahmici. Vous avez dit qu'il a peut-être mentionné le
7 chiffre de 500 personnes ?
8 M. Blaskic (interprétation). - Je ne me souviens pas que Dzemo
9 ait mentionné le nom du village, un village précis. Comme je l'ai déjà
10 dit, Dzemo est quelqu'un de très calme, il s'est levé, il a pris la
11 parole. C'était probablement la première fois que je le voyais dans un
12 état pareil et il a dit en colère : "Vous avez tué des centaines de
13 personnes là-bas, il y a des civils parmi ces personnes qui se trouvent
14 dans le fossé, dans le côté de la route. Il y a environ 500 personnes qui
15 auraient été tuées". Ensuite, il s'est rassis.
16 M. Shahabuddeen (interprétation). - Avez-vous compris où se
17 trouvait exactement le fossé dont il parlait ?
18 M. Blaskic (interprétation). - J'avais une idée de l'endroit où
19 se trouvait ce fossé. Je pensais que cela se trouvait sur le territoire
20 d'Ahmici et je crois que quand il a dit : "Oui, c'était en bas sur la
21 route", cela m'a donné l'idée sur l'endroit. Ce chiffre de 500 personnes,
22 Monsieur le Juge, me semblait exagéré à ce moment-là. J'étais donc
23 surpris. Vous savez, je ne suis pas resté à la réunion jusqu'à 8 heures et
24 quart, mais beaucoup plus tard, jusqu'à 20 heures ou 19 heures 30.
25 Par la suite, nous n'avons plus discuté de cette question. Aucun
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1 des participants n'a discuté de cela.
2 M. Shahabuddeen (interprétation). - Vous connaissiez Dzemo
3 depuis longtemps, n'est-ce pas ?
4 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
5 M. Shahabuddeen (interprétation). - Les allégations dont il
6 parlait, est-ce que vous pensiez qu'il s'agissait des allégations
7 sérieuses, qu'il avait raison ?
8 M. Blaskic (interprétation). - Oui, et j'ai même proposé qu'une
9 commission conjointe mène une enquête à propos de ces accusations très
10 sérieuses. Je l'ai dit à mon collaborateur qui était assis juste à côté de
11 moi. Je l'ai dit également à tous ceux qui étaient présents à cette
12 réunion.
13 M. Shahabuddeen (interprétation). - Avez-vous pensé que ces
14 allégations étaient fondées ?
15 (L'interprète se corrige)
16 Avez-vous pensé que ces enquêtes devaient être organisées par
17 vous-même et tout
18 de suite ?
19 M. Blaskic (interprétation). – Quand Dzemo en parlait, je
20 pensais que quelque chose était arrivé et j'essayais qu'il y ait un
21 cessez-le-feu. A mon avis, cela méritait une enquête
22 unilatérale. Dans ma lettre, j'ai indiqué que les résultats d'une enquête
23 unilatérale ne serait sans doute pas acceptable pour toutes les parties,
24 comme pourraient l'être les résultats de la commission conjointe. Nous
25 avons eu une commission conjointe à propos du conflit du mois de janvier.
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1 Je pensais donc que les résultats d'une enquête conjointe allaient être
2 acceptables.
3 M. Nobilo (interprétation). - Monsieur le Président, si vous
4 estimez que nous pouvons nous arrêter ici, je crois que nous pourrions
5 faire une pause.
6 M. le Président. – L'audience est suspendue.
7 (L'audience, suspendue à 11 heures 15, est reprise à
8 11 heures 40.)
9 M. le Président. - L'audience est reprise, veuillez vous
10 asseoir.
11 Nous reprenons, Maître Nobilo. -
12 M. Nobilo (interprétation). - Merci. Nous avons déjà parlé de
13 cette réunion à Zenica, de votre retour le 20 avril 1993, à 23 heures.
14 Est-ce que vous avez eu la possibilité et les conditions pour ouvrir
15 l'enquête le 21, l'enquête sur Ahmici ?
16 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, je n'avais
17 pas cette possibilité car les combats n'ont pas cessé, le cessez-le-feu
18 n'a pas été mis à exécution et c'était une des premières questions dont on
19 a parlé le 21 avril 1993 à Nova Bila.
20 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez dit qu'au moment où
21 Merdan vous avait dit qu'à côté de la route, des personne avaient été
22 tuées, qu'il y en avait 500, que c'est le HVO qui les a tuées, que vous
23 l'avez compris sérieusement. Pouvez-vous expliquer aux Juges quelles
24 étaient les autres informations que vous avez reçues, et quelles étaient
25 vos propres réflexions le
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1 21 avril concernant l'enquête au sujet de ce que Merdan vous a dit ?
2 M. Blaskic (interprétation). - J'ai compris très sérieusement
3 l'affirmation de Merdan. Mais plus tard, au cours de la réunion à laquelle
4 j'avais assisté, j'étais surpris de voir
5 que personne n'avait soulevé cette question, personne n'a discuté de ce
6 que j'ai proposé ni de ce que Merdan a affirmé. Il était le commandant du
7 3ème Corps, Hadzihasanovic ainsi que d'autres participants et j'étais
8 surpris de voir que personne d'autre n'a soulevé cette question.
9 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que cette affirmation de la
10 part de Merdan était le sujet dont vous avez parlé ? C'était un sujet dont
11 on a parlé officiellement ou bien il a parlé à propos ?
12 M. Blaskic (interprétation). - Non, ce n'était pas un thème
13 officiel de cette réunion, le sujet principal dont on a parlé a été
14 annoncé par le général Morillon. C'était la mise en application de
15 l'accord sur le cessez-le-feu qui a été signé, donc le cessez-le-feu.
16 C'était le thème principal.
17 M. Nobilo (interprétation). - Qu'est-ce que vous pensez d'après
18 l'expérience que vous avez, quand il s'agit des pourparlers entre l'armée
19 de Bosnie-Herzégovine et les représentants du HVO et en présence du
20 général Morillon, est-ce que vous pensez qu'on pourrait ne pas mentionner
21 une telle affirmation et ne pas poser au cours de la réunion un tel
22 sujet ? Si l'affirmation était véridique, est-ce que vous pensez que dans
23 ce cas-là, on aurait plutôt parlé de ce thème que d'autres ? Comment la
24 réunion se serait-elle orientée d'après vous ?
25 M. Blaskic (interprétation). - Pour moi, c'était inconcevable et
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1 incompréhensible que dans le 3ème Corps, ils disposaient d'une information
2 aussi sérieuse et que la réunion n'avait pas mis à l'ordre du jour ce
3 sujet comme sujet principal pour les débats, parce que les résultats dans
4 ce cas-là auraient été différents si c'était le sujet principal de la
5 réunion.
6 M. Nobilo (interprétation). - Quelles étaient les informations
7 dont vous avez
8 disposé et qui vous sont parvenues de votre état-major au sujet des
9 événements qui on eu lieu à Ahmici ? Etaient-ce des informations qui
10 confirmaient ce que vous avez entendu ou au contraire ?
11 M. Blaskic (interprétation). – J'avais des informations et il y
12 avait des confirmations des opérations de combats, cela m'a été confirmé,
13 mais pour ce qui concerne les renseignements par Merdan et mes propres
14 informations, cela ne coïncidait pas, notamment au sujet du nombre de
15 personnes tuées, car il avait parlé de 500 personnes tuées ou des
16 centaines qui ont été tuées, c'était quand même un doute qui existait là-
17 dessus.
18 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que vous pouvez dire aux
19 Juges au sujet de la lettre que vous avez adressé à Stewart ?
20 M. Blaskic (interprétation). – C'est le 23.
21 M. Nobilo (interprétation). - C'était le 22 que vous avez envoyé
22 cette lettre. Qu'est-ce que vous aviez comme autre problème ? Pourquoi
23 n'avez-vous pu commander à l'organe de police, d'enquêter le crime commis
24 à Ahmici ? Quelles étaient les difficultés que vous avez rencontrées ?
25 M. Blaskic (interprétation). - Il y avait d'abord le manque de
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1 coordination entre moi-même et la police militaire ensuite, les opérations
2 de combats n'ont pas cessé. Il n'était pas possible de se rendre dans un
3 secteur où les combats étaient en cours et je ne pouvais pas demander
4 l'enquête de la police militaire dans ce secteur si elle-même se trouvait
5 dans ce secteur, parce que, dans ce cas-là, les résultats de l'enquête
6 n'auraient pas été fiables et crédibles.
7 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que vous voulez dire que
8 c'est sur la police militaire que tomberait le doute ?
9 Je retire ma question.
10 M. Kehoe (interprétation). - Merci.
11 Je voulais faire une objection, Monsieur le Président, compte
12 tenu du terme que Me Nobilo a utilisé.
13 M. le Président. - (Inaudible).
14 M. Kehoe (interprétation). - En général, j'aime ces résultats,
15 Monsieur le Président. J'apprécie beaucoup. Néanmoins, afin d'empêcher des
16 questions de ce type, puisque nous entrons dans une zone particulière de
17 la déposition, je suis opposé à des questions qui commencent par : "Ne
18 pensez-vous pas que...". Nous perdons le réalisme de l'interrogatoire.
19 M. Nobilo (interprétation). - J'ai retiré ma question. Je vois
20 que ce n'est pas bien traduit. Je vais reposer ma question d'une autre
21 manière. La traduction était erronée.
22 Qui, d'après vous, qui étaient les membres qui étaient
23 potentiellement mis en cause quand il s'agit des crimes qui ont été des
24 atrocités commises à Ahmici ?
25 D'après vous, sur qui pouvait tomber le doute ?
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1 M. Blaskic (interprétation). - Je suppose que c'étaient les
2 membres de la police militaire, car ce sont eux qui se trouvaient dans ce
3 secteur.
4 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que vous pouvez rappeler
5 aux Juges quand les membres de la police militaire vous ont envoyé le
6 premier rapport le 16 avril ?
7 M. Blaskic (interprétation). - C'était à 11 heures 42.
8 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que vous avez pu conclure
9 du rapport envoyé qu'il y avait des civils qui avaient été tués ?
10 M. Blaskic (interprétation). - Non.
11 M. le Président. - J'aimerais bien le document, Maître Nobilo.
12 Je crois que vous l'avez montré. Ne perdons pas trop de temps. Simplement,
13 vous pouvez donner la cote. J'aimerais bien l'avoir.
14 M. Nobilo (interprétation). - Oui.
15 M. Hayman (interprétation). - C'est le document D280.
16 11 heures 42, c'était un coup de téléphone. Mais la réponse
17 n'est pas consignée au compte rendu, il faut donc revenir sur cette
18 question pour entendre la réponse qui est : "Non".
19 M. Nobilo (interprétation). - Je vais donc reprendre la
20 question. La question était la suivante : sur la base de ce rapport
21 oral...
22 M. Kehoe (interprétation). - Si je peux me permettre
23 d'interrompre un moment.
24 Monsieur le Président, j'aimerais faire connaître une préoccupation de la
25 sténotypiste. Elle a regardé dans notre direction et a demandé de ralentir
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1 le débit. C'est la raison pour laquelle je prends la parole au nom de la
2 sténotypiste, car je sais que vous soutiendrez sa demande également.
3 M. Nobilo (interprétation). - Nous acceptons.
4 M. le Président. - Vous êtes un excellent lawer pour les
5 sténotypistes. Les Juges sont tout à fait d'accord.
6 Pendant que le greffier nous trouve la pièce 280, reformulez
7 votre question et écoutons bien la réponse.
8 M. Nobilo (interprétation). - Je vais répéter la question que
9 j'avais posée, étant donné qu'il n'y a pas de réponse dans le transcript.
10 En ce qui concerne le rapport que vous avez reçu verbalement le
11 16 avril, à 11 heures 42, y compris le rapport écrit qui représente la
12 pièce à conviction D280, est-ce que, sur la base de ces rapports portant
13 sur les opérations militaires, vous avez pu conclure qu'il y avait des
14 victimes à Ahmici ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Non.
16 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que vous avez eu un
17 fondement de soupçonner qu'il y avait des victimes parmi les civils ?
18 M. Blaskic (interprétation). - Avant que je reçoive cette
19 information de Merdan, et également la lettre du colonel Stewart, non.
20 M. Shahabuddeen (interprétation). - Par conséquent,
21 Monsieur Blaskic, vous connaissiez M. Dzemo Merdan pendant un certain
22 temps. Combien de temps ?
23 M. Blaskic (interprétation). - C'est en août 1992 que je l'ai
24 rencontré la première fois. Depuis août 1992, je le connaissais et
25 jusqu'aux Accords de Washington. Je le connais maintenant également.
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1 M. Shahabuddeen (interprétation). - Par conséquent, maintenant,
2 vous étiez chacun de l'autre côté ?
3 M. Blaskic (interprétation). - Oui, effectivement.
4 M. Shahabuddeen (interprétation). - Est-ce que j'ai raison de
5 dire, si je vous comprends bien, que ce n'était pas quelque chose qui
6 caractérisait M. Dzemo de se lever et de donner une affirmation, une
7 déclaration avec la colère ?
8 M. Blaskic (interprétation). - Cette déclaration avait
9 effectivement provoqué une certaine réaction chez moi. Ce n'était pas
10 caractéristique. Je voudrais rajouter, Monsieur le Juge, que j'étais un
11 peu étonné que la réunion ait pris une autre direction et plus personne, y
12 compris le commandant du 3ème Corps avec lequel j'ai passé un peu de temps,
13 n'avait soulevé cette question, n'avait plus reparlé de cela.
14 M. Shahabuddeen (interprétation). - Si je vous demande d'axer
15 votre attention sur les entretiens à Zenica, le 20 avril, est-ce que vous
16 avez eu l'impression, le sentiment que Dzemo croyait ou ne croyait pas en
17 l'affirmation qui a été présentée ?
18 M. Blaskic (interprétation). - A ma connaissance, si mon
19 souvenir est bon, il y avait d'abord eu la réunion qui avait commencé en
20 essayant de définir qui est coupable, pourquoi ? Les représentants de
21 l'armée de Bosnie-Herzégovine disaient : "Vous, vous êtes coupables pour
22 cela". Les représentants du HVO disaient : "Vous, vous êtes responsables
23 pour cela". C'est dans ce cadre-là également que Dzemo s'est levé et qu'il
24 a déclaré ce qu'il a déclaré.
25 En ce qui me concerne, je pensais que par la suite d'autres
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1 allaient prendre la parole
2 au sujet de ce que Dzemo avait soulevé, mais plus personne n'en a parlé.
3 M. Shahabuddeen (interprétation). - Je pense que vous avez dit
4 que vous aviez quelques informations de la part de vos propres
5 collaborateurs et officiers ?
6 M. Blaskic (interprétation). - J'ai demandé... J'ai dit à mes
7 collaborateurs ce que Dzemo avait déclaré et j'ai reçu une information
8 totalement contraire. Ils m'ont dit qu'ils n'étaient pas au courant de
9 telles informations, qu'ils ne disposaient pas de renseignements qui
10 pourraient confirmer ce que Dzemo avait dit.
11 M. Shahabuddeen (interprétation). - Est-ce que j'ai raison de
12 dire qu'à un moment donné vous avez reçu quelques informations, mais que
13 l'envergure des événements et des massacres à Ahmici n'était pas telle
14 comme Dzemo vous en a dit ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Juge, d'après mes
16 souvenirs, Dzemo avait dit : "Vous autres, en bas" -quand on parle de
17 Zenica et du secteur de Vitez. Donc il n'a pas parlé d'Ahmici et du
18 village d'Ahmici de manière très concrète. Dzemo n'a pas parlé de manière
19 très concrète. La premier lettre que j'ai reçue a contenu cette donnée
20 très concrète du village d'Ahmici.
21 M. Shahabuddeen (interprétation). - Encore une question, si vous
22 voulez bien me permettre. Du point de vue de l'obligation que vous aviez
23 d'entreprendre l'enquête, était-il important d'apprendre que 500 personnes
24 ou 100 personne avait été tuées ?
25 M. Blaskic (interprétation). - Bien sûr que j'étais intéressé et
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1 que c'était fort important d'apprendre, même s'il y avait eu qu'un seul
2 civil tué. Quand j'ai reçu l'information que huit civils avaient été tués,
3 pour moi c'était important. Ce n'est pas important que ce soit un ou huit,
4 de toute façon j'avais l'obligation d'entreprendre l'enquête.
5 M. Shahabuddeen (interprétation). - Je vous comprends, merci.
6 M. Rodrigues. - Général Blaskic, j'aimerais savoir si j'ai bien
7 compris cette idée. Je crois que le général a toujours été préoccupé d'une
8 défense conjointe avec la Bosnie-
9 Herzégovine. Est-ce bien vrai ?
10 Vous étiez toujours préoccupé à avoir une coordination de
11 défense devant les Serbes, une coordination entre le HVO et l'armée de
12 Bosnie-Herzégovine ? Est-ce bien vrai ?
13 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Juge, si je vous ai
14 bien compris, je ne sais pas de quelle période vous parlez. mais nous
15 avons eu une coordination. Nous avons entrepris un certain nombre
16 d'actions communes. Je n'ai pas bien compris de quelle période vous
17 parlez ?
18 M. Rodrigues. - Au début de votre arrivée en Bosnie, pour
19 organiser la défense, à Kiseljak, etc., vous étiez toujours préoccupé à
20 penser un symbole avec l'armée de Bosnie-Herzégovine. C'était votre
21 première idée, oui ou non ?
22 M. Blaskic (interprétation). - Oui, j'ai non seulement entrepris
23 un certain nombre d'actions, mais j'ai également visité ces unités, à
24 Maglaj, un secteur musulman.
25 M. Rodrigues. - J'ai compris qu'à un moment, à un instant
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1 quelconque, vous avez commencé à vous méfier un peu de certaines actions
2 de l'armée de Bosnie-Herzégovine. C'était dans mon idée, le deuxième pas,
3 n'est-ce pas ?
4 M. Blaskic (interprétation). - Oui, c'était la deuxième période.
5 M. Rodrigues - Ma question est celle-ci : est-ce qu'il est
6 possible de nous dire quand vous vous êtes convaincu que, vraiment, il y
7 avait une guerre entre le HVO et l'armée de Bosnie-Herzégovine ? Est-il
8 possible de dire à quel moment vous êtes convaincu de cela ?
9 M. Blaskic (interprétation). - Oui, volontiers Monsieur le Juge.
10 A partir du moment où l'accord n'a pas été mis en application, celui de
11 Zenica et celui de Nova Bila, je regrette de ne pas vous l'avoir montré
12 hier, sur la maquette, ce que nous avions envisagé quand il s'agissait de
13 l'accord de Nova Bila. Moi, j'étais sûr que nous avions mis en application
14 cet accord et si nous avions mis en application cet accord, à ce moment-
15 là, on n'aurait même pas eu cette affaire, tout au moins pas ici. Si on
16 avait mis à exécution cet accord.
17 Si je peux ajouter, au mois de mars 1993, c'est sur mon ordre
18 que les munitions et tout ce qui était à notre disposition au niveau des
19 moyens, nous avons envoyé cela en aide à l'armée de Bosnie-Herzégovine.
20 Marko Prskalo qui a été blessé, il m'avait dit : "C'est maintenant, ils
21 nous rendent les munitions, mais en passant par les tirs".
22 M. Rodrigues - L'autre question est celle-ci : je comprends très
23 bien que vous proposiez des commissions conjointes pour enquêter dans la
24 première période. Mais, dans la situation, au moment où vous étiez déjà
25 convaincu qu'il y avait déjà une guerre, est-ce que cela a un sens de
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1 proposer une commission conjointe pour enquêter ?
2 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Juge, je suis membre
3 du commandement conjoint, et commandant du 3ème Corps et au niveau des
4 forces armées de l'armée de Bosnie-Herzégovine, le responsable, le chef de
5 l'état-major, le mien, et le chef de l'état-major de Bosnie-Herzégovine
6 ont le siège à Zenica, donc le commandement conjoint, et à Mostar
7 également. Je parlais des forces armées de Bosnie-Herzégovine.
8 Tous les incidents du premier mois et du quatrième mois ont été
9 résolus par la commission conjointe où se trouvaient les représentants de
10 l'armée de Bosnie-Herzégovine, du HVO et de la missions d'observation
11 européenne.
12 Moi-même, je croyais que la commission conjointe allait
13 poursuivre avec les enquêtes. Ducina, Lasva, Sljivcica ont été visitées à
14 un moment donné par les membres de la commission conjointe. Il s'agit donc
15 des secteurs où les opérations ont été menées au mois de janvier.
16 M. le Président. - Vous recevez la lettre du colonel Stewart le
17 22 avril, c'est le 22 avril, je crois ?
18 M. Blaskic (interprétation). - Le 22 avril.
19 M. le Président. - Quand vous vous réunissez avec Slavko Marin,
20 si j'ai bien compris ce que vous venez de dire, vous savez que la police
21 militaire est la formation qui est
22 sur le secteur.
23 Deuxièmement, ce secteur est un secteur opérationnel.
24 Troisièmement, Slavko Marin est le chef des opérations.
25 Est-ce que vous envoyez un ordre aux commandants des brigades ou
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1 des unités qui sont sur le secteur pour dire : "J'apprends qu'il y a eu
2 des incidents sur Ahmici. Je veux dans une heure un rapport". Même si vous
3 êtes partisan d'une commission conjointe, pour les raisons que vous venez
4 d'expliquer à chacun de mes collègues, vous n'ignorez pas que la
5 commission conjointe, à un moment donné, vous demandera un rapport.
6 Est-ce que vous envoyez un ordre aux commandants des unités qui
7 sont sur le front, vous et Slavko Marin, pour dire : "Je viens d'apprendre
8 qu'il y a, vraisemblablement, des atrocités qui ont été commises. Je veux
9 dans l'heure ou dans les deux heures, un rapport sur ces événements.".
10 Est-ce que vous le faites, cela ?
11 M. Blaskic (interprétation). - J'ai émis l'ordre pour l'enquête.
12 C'est l'ordre que j'ai émis le 24 avril à l'adjoint à la sécurité. Il y
13 avait un briefing que j'avais organisé. C'est à ce moment-là que j'ai émis
14 l'ordre, alors que l'ordre en ce qui concerne les victimes parmi les
15 civils datait du 18 avril 1993.
16 Par conséquent, j'ai demandé qu'on m'informe sur toutes les
17 victimes. J'ai demandé également à Slavko Marin qu'il insiste sur les
18 rapports. Et cela en se référant à cet ordre.
19 Il s'agit par conséquent de cet ordre du 18 avril, et il y a un
20 point où j'ai stipulé que tous les subordonnés devaient le faire.
21 M. le Président. - Vous faites cela le 24 avril ?
22 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
23 M. le Président. - Pourquoi le 24 avril ?
24 M. Blaskic (interprétation). - Le 21, j'ai assisté à la réunion.
25 M. le Président. - Après votre réunion avec Slavko Marin ?
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1 Depuis plusieurs jours, vous nous démontrez que vous envoyez des ordres
2 presque minute par minute. Pourquoi attendez-vous le 24 ?
3 M. Blaskic (interprétation). - Je n'ai pas attendu. Le 23, j'ai
4 rédigé la lettre, j'ai arrangé la documentation.
5 Le 23, j'ai vérifié tous les documents depuis le 15 jusqu'au 22,
6 tous les rapports que j'avais reçus. Quand j'ai vu qu'il n'y avait rien
7 dans ces rapports, le 24, j'ai délivré l'ordre au chef
8 de la sécurité pour mettre en route l'enquête.
9 M. Nobilo (interprétation). - Dites-nous pourquoi vous n'avez
10 pas fait ce que le Juge vous a demandé ? Vous avez reçu la lettre le 23 et
11 vous n'avez pas demandé au commandant de la police le rapport. Quelle
12 était votre raison ?
13 M. Blaskic (interprétation). - Je n'ai pas reçu
14 jusqu'au 23 avril le rapport de lui. Et je suppose que le rapport aurait
15 été exactement le même le 24, si je l'avais reçu.
16 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que vous avez déjà vérifié
17 le rapport qu'il vous a envoyé le 16 avril ?
18 M. Blaskic (interprétation). - J'aurais pu le vérifier et le
19 comparer avec les informations que j'avais reçues. J'avais des doutes sur
20 les rapports qu'il m'envoyait. Je le savais.
21 M. Nobilo (interprétation). - Dans la situation où le commandant
22 vous ment, vous envoie des rapports qui sont faux, qu'est-ce que vous
23 faites ?
24 M. Blaskic (interprétation). - C'est pourquoi j'ai donné
25 l'instruction à l'adjoint de la sécurité. Je trouvais qu'il pouvait
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1 surveiller la police militaire d'entreprendre, de procéder à l'enquête.
2 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous expliquer aux Juges
3 quelles sont les prérogatives, la compétence du service de sécurité par
4 rapport à la police militaire qui vous a déjà envoyé un rapport qui était
5 un faux rapport ? Quels sont les rapports entre les deux ?
6 M. Blaskic (interprétation). - C'est le seul service qui dispose
7 d'une autorisation, de la compétence au-dessus de la police militaire, par
8 conséquent garantit la sécurité dans le secteur du HVO. C'est en quelque
9 sorte le parapluie.
10 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que au niveau de la
11 hiérarchie militaire, qui que ce soit dans la zone opérationnelle pourrait
12 enquêter dans les rangs de la police militaire ?
13 M. Blaskic (interprétation). - Non, outre la police militaire
14 évidemment dans ses rangs et le service de sécurité qui est
15 hiérarchiquement au-dessus.
16 M. Nobilo (interprétation). - Dites-nous, parlons du 20, du
17 22 avril, il y avait déjà cet accord sur la base de la commission
18 conjointe que vous avez fondé ?
19 M. Blaskic (interprétation). - Oui, c'est le 21 avril 1993 que
20 nous avons mis en place la commission conjointe à Nova Bila.
21 M. Nobilo (interprétation). - Pour que ce soit clair sur le
22 transcript, vous êtes parvenu à l'accord de mettre en place la commission
23 conjointe, n'est-ce pas ?
24 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
25 M. Nobilo (interprétation). - Au moment où vous demandez la
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1 création de la commission conjointe ou par une nouvelle réponse : "Je
2 demande que la commission conjointe qui existait déjà, qui a déjà été
3 créée, qu'elle procède à l'enquête."
4 En votre qualité de militaire, au moment où vous avez compris
5 que le commandant de la police militaire vous avait envoyé un rapport
6 inexact, trouvez-vous qu'il est justifié de demander au commandant de
7 donner une déclaration, de procéder à une enquête ?
8 M. Blaskic (interprétation). - A partir du moment où j'ai
9 compris que j'avais reçu un faux rapport et que je n'avais pas la
10 compétence de remplacer ce commandant, au moment où je suis devenu
11 conscient de toutes mes limites, à ce moment il n'y avait aucun sens de
12 poursuivre la coopération et de demander des rapports à ce commandant.
13 M. Nobilo (interprétation). - Qu'est-ce que vous avez fait
14 alors ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Dans ce cas-là, j'ai chargé le
16 chef de sécurité de procéder à l'enquête.
17 M. Nobilo (interprétation). - Nous allons passer à un autre
18 sujet. Nous allons y revenir chronologiquement par la suite.
19 Nous allons maintenant parler de la lettre du colonel Stewart et
20 de votre réponse au colonel Stewart, et nous avons également omis de
21 parler de votre ordre très important du 20 avril 1993. C'est la pièce à
22 conviction de la défense D359. Je vais demander l'aide de l'huissier pour
23 vous la donner.
24 Ce document est votre ordre du 22 avril 1993, à 13 heures. Le
25 titre en est : "Rapport par rapport au bien de la population". J'en donne
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1 lecture :
2 "Dans le but de mettre un terme à l'incendie des habitations et
3 autres lieux commerciaux, et de mettre un terme au pillage des biens de la
4 propriété individuelle, j'ordonne :
5 1. Sur le territoire correspondant à la zone de responsabilité
6 du commandement de la zone opérationnelle de Bosnie centrale sous le
7 contrôle du HVO -et là nous voyons des majuscules imprimées, et nous
8 lisons-, je prohibe de la façon la plus stricte tout incendie de maisons
9 ou autres locaux commerciaux ainsi que le pillage des biens individuels.
10 2. Les commandants des brigades et des unités indépendantes ont
11 pour devoir d'ordonner ceci à leurs subordonnés et de les responsabiliser
12 eu égard à l'arrêt de tels abus.
13 3. Ceux qui agiront en violation du présent ordre doivent être
14 soumis aux mesures les plus sévères, conformément aux disciplines
15 militaires applicables aux unités du HVO.
16 4. Tous les membres des unités du HVO doivent être informés du
17 présent ordre et les moyens d'informations publiques doivent être utilisés
18 à cette fin également.
19 5. Le présent ordre prend effet immédiatement et les commandants
20 des brigades des unités indépendantes de la zone de Bosnie centrale sont
21 responsables de son exécutionColonel Blaskic et signature".
22 Général, dites-nous, dans une armée organisée, est-il
23 nécessaire, est-il même concevable, qu'un ordre doit être émis pour
24 prohiber l'incendie d'habitations et de maisons appartenant à des
25 particuliers ?
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1 M. Blaskic (interprétation). - Non. Il est sous-entendu que cela
2 est interdit, prohibé.
3 M. Nobilo (interprétation). - Alors expliquez-nous qu'est-ce qui
4 vous a poussé à émettre un ordre de ce type pour ordonner quelque chose
5 qui, en tout état de cause, est interdit par la loi ?
6 M. Blaskic (interprétation). - Ceci était, bien entendu, une
7 tentative de rétablir l'ordre, d'assurer la sécurité. C'était mon
8 objectif, mais mon objectif était également de faire savoir à mes
9 subordonnés que des actes de ce genre devaient cesser et que tout devait
10 être fait pour les faire cesser.
11 M. Nobilo (interprétation). - Le 22 avril, ou aux environs de
12 cette date, quels étaient les bâtiments le plus souvent incendiés ?
13 M. Blaskic (interprétation). - C'était le bâtiment des Musulmans
14 bosniens qui était le plus souvent incendié.
15 M. Nobilo (interprétation). – Merci. Monsieur le Président, je
16 voudrais que nous débattions maintenant d'un document qui est sous scellé.
17 Donc je vous demande un huis clos partiel pour quelques instants.
18 M. le Président. - Je le dis à l'attention du public, nous
19 allons être en huis clos partiel pour permettre de débattre d'un document
20 qui est toujours sous scellé.
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22 (Audience à huis clos partiel)
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6 (expurgée)
7 (expurgée)
8 (expurgée)
9 (expurgée)
10 (expurgée)
11 (expurgée)
12 (expurgée)
13 (Audience publique)
14 M. le Président. - Nous reprenons, Maître Nobilo pour une
15 dizaine de minutes, environ.
16 M. Nobilo (interprétation). - Je pense que nous pourrions
17 maintenant passer à la journée du 24 avril 1993.
18 Pourriez-vous décrire le déroulement de la matinée jusqu'à votre
19 rencontre avec M. Stewart ?
20 M. Blaskic (interprétation). - Ce matin-là, le matin du
21 24 avril, j'ai reçu une information selon laquelle la route Busovaca-Vitez
22 était sous le feu de tireurs isolés, de l'armée de Bosnie-Herzégovine à
23 partir de Sljivcica et de Barin Gaj, en amont d'Ahmici, en tout cas au
24 nord de la route ainsi qu'à partir de Grbavica. Aux alentours de
25 13 heures, le colonel Stewart est entré dans mon bureau et j'ai eu avec
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1 lui une réunion qui a duré jusqu'à 14 heures à peu près.
2 M. Nobilo (interprétation). - Cette réunion étant très
3 importante, du point de vue de la défense, nous n'allons pas entrer dans
4 les détails maintenant, mais je demanderai les documents D360, votre ordre
5 du 23 avril 1993 à 20 heures et cet après-midi, nous parlerons plus en
6 détail de votre rencontre avec le colonel Stewart.
7 Donc c'est un ordre émanant de vous pour toutes les unités
8 subordonnées, daté du 23 avril 1993, pièce à conviction de la défense 360
9 et le titre en est : "Comportement des
10 membres du HVO et niveau de discipline militaire". Je lis le contenu de
11 cet ordre :
12 "En raison d'une condamnation très ferme de la part de la
13 communauté internationale, en raison également de la campagne médiatique
14 menée contre le HVO et le peuple croate, qui ont des conséquences
15 extrêmement négatives sur la réputation générale du HVO et les
16 réalisations du peuple croate de façon générale et afin d'empêcher de
17 nouvelles actions destructives en garantissant l'application pleine et
18 entière des ordres du chef du quartier général principal du HVO, j'ordonne
19 ce qui suit :
20 1. Mettre en exécution l'ordre n °01-4-470/93 du 21 avril 1993,
21 dans tous ses détails. Sont responsables les commandants directement
22 subordonnés et le délai inscrit et immédiatement.
23 2.°Garantir la liberté complète de circulation aux véhicules des
24 Nations Unies et de l'ECMM et leur adresser le salut militaire du HVO
25 approprié. Sont responsables les commandants directement subordonnés.
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1 Délai : immédiatement.
2 3. Je vous incite instamment une nouvelle fois à vous comporter
3 de la façon appropriée pour un militaire, dans le respect de la discipline
4 militaire ; des mesures légales seront prises contre toute personne
5 violant cet ordre.
6 4. J'interdis à toutes les unité du HVO de mener des actions
7 offensives ou d'accomplir des actes de provocation. (L'interprète se
8 reprend : )Et les provocations isolées de l'armée de Bosnie-Herzégovine ne
9 doivent donner lieu à aucune réponse.
10 5. Ouvrir le feu dans le cas d'une attaque directe des forces
11 musulmanes, mais seulement après en avoir reçu l'ordre de la part d'un
12 commandant hiérarchiquement supérieur et les commandants de brigade
13 doivent m'en informer immédiatement.
14 6. Cet ordre prend effet immédiatement et les commandants de
15 toutes les unités de la zone opérationnelle de Bosnie centrale sont
16 responsables devant moi de son exécution.
17 Signé, Commandant colonel Tihomir Blaskic.
18 Si nous analysons le contenu de cet ordre, et notamment le
19 préambule où vous faites référence, d'une part, à la communauté
20 internationale et à la réputation du HVO et, d'autre part, à l'ordre de
21 l'état-major principal, pour quelle raison faites-vous allusion à ces deux
22 éléments dans le préambule de votre ordre ?
23 Dans quel but avez-vous fait référence à la communauté
24 internationale et à l'état-major principal ?
25 M. Blaskic (interprétation). - Afin de donner plus de poids à
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1 mon ordre, d'en garantir davantage l'exécution et d'exercer pleinement mes
2 droits de commandement.
3 M. Nobilo (interprétation). - Pourquoi est-ce que vous pensiez
4 que votre ordre aurait un poids plus important de cette façon ?
5 M. Blaskic (interprétation). - Je le pensais parce que je donne
6 un ordre ici qui fait suite à un ordre, comme on le constate à la lecture
7 du texte. Je pensais que les commandants recevant cet ordre seraient
8 incités à le mettre en application et que donc tous les détails de cet
9 ordre seraient appliqués.
10 M. Nobilo (interprétation). - Sur le plan militaire, est-il
11 courant de dire ce que vous dites au point 1 de cet ordre ? Je le cite une
12 nouvelle fois : "Exécuter tous les détails de l'ordre émanant de moi".
13 Est-ce que c'est courant dans une armée ?
14 M. Blaskic (interprétation). - En général, je demandais que mes
15 ordres soient appliqués. Ici, je demandais qu'ils soient appliqués dans
16 tous ses détails. Il est normal qu'un ordre soit appliqué dans tous ses
17 détails et que, suite à l'exécution de l'ordre, des renseignements soient
18 transmis en retour pour faire rapport sur l'exécution. Cela existe dans
19 toutes les armées.
20 J'ai déjà dit que j'en étais toujours à la date du 17 avril, à
21 l'organisation de l'armée dans les villages.
22 La filière de commandement ne fonctionnait pas et je n'avais pas
23 pour devoir...
24 C'est donc l'une des tentatives que j'ai faites pour créer cette filière
25 de commandement.
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1 M. le Président. - Nous allons faire la pause du déjeuner. Nous
2 reprendrons aujourd'hui à 14 heures 45.
3 (L'audience, suspendue à 12 heures 45, est reprise à
4 14 heures 50.)
5 M. le Président. - L'audience est reprise, veuillez vous
6 asseoir.
7 Maître Nobilo, c'est à vous.
8 M. Nobilo (interprétation). - Je vous remercie, Monsieur le
9 Président. Donc, avant la pause pour le déjeuner, nous nous sommes arrêtés
10 à la pièce de la défense n° D360. C'est l'ordre qui a été donné par le
11 témoin le 23 avril 1993. Il a donné cet ordre dans sa capacité de
12 commandant. Nous nous sommes arrêtés au point n° 2. Vous avez dit que vous
13 aviez dû ordonner la mise en oeuvre, l'application de votre ordre.
14 Quel était le problème, selon vous, avec les représentants de
15 l'ECMM et pourquoi étiez-vous obligé de rédiger ce paragraphe n° 2 afin,
16 je cite, "d'assurer le passage libre des véhicules d'ECMM en assurant que
17 les soldats du HVO les saluent d'une manière militaire appropriée" ?
18 Quelle était la raison derrière ce point n° 2 ?
19 M. Blaskic (interprétation). - Je voulais souligner ma position
20 auprès de mes subordonnés. Je voulais souligner leurs responsabilités afin
21 qu'ils assurent les meilleures conditions pour les représentants officiels
22 de l'ECMM. On devait garantir, en fait, la mise en oeuvre de leur mandat.
23 Nous étions obligés de fournir l'assistance à toutes les parties en
24 Bosnie-Herzégovine.
25 Il y a eu des cas où on arrêtait les véhicules, on faisait la
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1 perquisition des véhicules, et très souvent j'étais obligé de me répéter
2 dans ce genre d'ordre. Je faisais tout ce qui était dans mon pouvoir pour
3 garantir les meilleures conditions possibles pour le travail du HCR, de
4 l'ONU, de l'ECMM et d'autres organisations internationales humanitaires.
5 M. Nobilo (interprétation). - Revenons un peu sur le point n° 3
6 où vous dites, je cite : "Je vous avertis encore une fois que vous devez
7 vous comporter d'une manière militaire professionnelle et ceux qui
8 violeraient les normes devraient être punis."
9 Je vous prie de me dire si ce genre d'ordre est indispensable ou
10 non, parce que normalement un militaire doit respecter les ordres et les
11 règlements ? Est-ce nécessaire de souligner cela à plusieurs reprises dans
12 un ordre ?
13 M. Blaskic (interprétation). - Le problème résidait dans le fait
14 que ceux qui étaient en âge de porter les armes étaient en fait des
15 paysans. La seule ressemblance qu'ils avaient avec des soldats, des
16 militaires, était qu'ils portaient des uniformes et des armes. En
17 revanche, dans leur comportement, il était impossible d'envisager quel
18 genre de réaction ils auraient, notamment lors des combats.
19 Il s'agissait en fait de gens qui portaient des armes et qui
20 n'avaient pas le degré d'obéissance qu'ont les militaires et qu'on
21 s'attend à avoir auprès des militaires.
22 M. Nobilo (interprétation). - Le jour du 24 avril, tôt dans la
23 matinée, vous avez émis trois ordres. Il s'agit donc de la pièce D361. Il
24 s'agit de l'ordre qui a été donné à 9 heures 20 du matin.
25 Il s'agit donc du document D361. Il a été donné le 24 avril 1993
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1 à 9 heures 20. Il s'agit de votre ordre.
2 Il paraît qu'il n'y a pas de traduction.
3 Donc, vous avez signé cet ordre le 24 avril 1993, à 9 heures 20.
4 Vous l'avez adressé à toutes les unités. Et le titre de cet ordre est :
5 "Prévention des actes arbitraires qui pourraient être commis par les
6 commandants et les individus.
7 Après une évaluation de la situation sur le terrain, il est
8 évident que les commandants d'un rang inférieur, ainsi que leurs unités,
9 agissent de leur propre gré. Ils ne
10 mettent pas en oeuvre les ordres de leurs supérieurs. Ils font eux-mêmes
11 les décisions qui sont contraires aux ordres reçus. Il font des projets,
12 des plans et ils appliquent leur propre programme d'action militaire.
13 Ils font une pression sur la population civile. Ils empêchent le
14 travail de la Forpronu, du CICR et ECMM, ce qui a des conséquences
15 négatives sur le HVO et sur les soldats qui exécutent les tâches qui leur
16 sont imparties d'une manière consistante".
17 Après avoir fait l'état des lieux sur le terrain, de quelle
18 manière avez-vous procédé
19 pour recueillir les informations ?
20 Cet ordre correspond-il à la situation sur le terrain dans la
21 vallée de la Lasva où se trouvait le HVO ?
22 M. Blaskic (interprétation). - Ce sont les rapports que nous
23 recevions de nos subordonnés hiérarchiques qui travaillaient sur le
24 terrain. Il s'agit également des plaintes que nous avons reçues des
25 observateurs internationaux et du CICR.
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1 Comme vous le savez, lors des réunions, les représentants
2 officiels de ces organisations nous faisaient part des problèmes qu'ils
3 rencontraient sur le terrain.
4 Ensuite, j'essayais d'éliminer ces difficultés par le biais des
5 ordres. Ce que l'on recevait, c'étaient soit des rapports verbaux soit des
6 rapports écrits.
7 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que vous pensez que ces
8 rapports, ces descriptions, illustrent effectivement la situation sur le
9 terrain telle qu'elle était au mois d'avril 1993 ?
10 Je continue avec la lecture de l'ordre : "Afin d'éliminer toutes
11 ces actions négatives et de mettre en oeuvre l'ordre du commandant, le
12 chef du quartier général du HVO, dans un document du 22 avril 1993
13 ordonne :
14 1. J'avertis tous ceux qui ont le rang de commandant de l'impact
15 négatif de ce genre de comportements qui seraient faits par leurs
16 subordonnés.
17 3. Les individus et les groupes qui sont complètement en-dehors
18 du contrôle devraient être immédiatement arrêtés et les mandats d'arrêt
19 doivent être donnés au commandant des unités de la police militaire.
20 4. Vous êtes responsables de prévenir, ayant à votre disposition
21 tous les moyens et toute la force qui vous semblent nécessaire d'utiliser,
22 les individus et les groupes extrémistes qui sont en-dehors du contrôle et
23 qui ne protègent pas la population civile. Vous devez les prévenir de
24 démolir ou de brûler, de mettre à feu, les objets appartenant à la
25 population civile,
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1 car leurs activités représentent des actes de terrorisme.
2 5.°Je vous incite instamment à prendre des mesures nécessaires à
3 l'encontre de tous ceux qui entravent la mise en oeuvre du mandat de la
4 Forpronu, du HCR, de l'ECMM, et du CICR, car ceci est un combat pour la
5 réputation et la dignité du HVO et du peuple croate au sein de la
6 communauté Croate d'Herceg Bosna. Toutes ces organisation ont une liberté
7 entière de circulation et vous devez les aider dans leurs activités.
8 6.°Afin de mettre en oeuvre ces tâches, les commandants
9 subordonnés me sont directement responsables à tous les niveaux.
10 Signé : "Le colonel Tihomir Blaskic".
11 Monsieur le Général, pourriez-vous nous donner un commentaire de
12 la situation telle que vous l'avez trouvée ? Qu'est-ce que vous avez voulu
13 faire ? Quelles étaient vos motivations afin de rédiger un ordre de ce
14 genre qui est plutôt sévère à l'encontre du HVO ?
15 M. Blaskic (interprétation). - De cet ordre, il est évident que
16 sur le terrain, il y a eu des unités et des groupes organisés qui
17 n'étaient pas sous des ordres complets du commandement. Il y a eu aussi
18 des extrémistes, des individus ou des groupes qui détruisaient ou
19 mettaient à feu, qui incendiaient des immeubles. J'ai dit clairement dans
20 cet ordre, qu'il s'agissait d'actes de terrorisme, par conséquent, j'ai
21 dit qu'il fallait prévenir ces actes avec tous les moyens que l'on avait à
22 notre disposition. En même temps, vous pouvez dire que par le biais
23 de cet ordre, je voulais donner un soutien aux organisations
24 internationales humanitaires afin qu'elles puissent accomplir leur
25 mission. Il y a eu aussi d'autres formes d'activité où je voulais en fait,
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1 faire connaître à la population, le travail et le mandat du HCR et
2 d'autres organisations internationales. Donc, dans le dernier point, le
3 point n° 6, je voulais responsabiliser tous les militaires, c'est-à-dire
4 tant les commandants des petites unités, ou les commandants des brigades
5 militaires que des détachement de dix hommes. Enfin, je voulais
6 responsabiliser tout un chacun. Cependant, cet ordre n'est qu'une
7 tentative pour stabiliser la situation et pour mettre un peu d'ordre dans
8 ce qui se passait sur le terrain. Ce qui était très difficile de faire.
9 M. Nobilo (interprétation). - Le 24 avril, Monsieur le Général,
10 on a entendu dire qu'Ahmici était déjà quelque chose qui vous faisait des
11 soucis. Etait-ce le seul point de souci que vous aviez à ce moment-là à
12 Ahmici ?
13 M. Blaskic (interprétation). - Malheureusement, Ahmici n'était
14 pas le seul problème que je devais confronter, il y a eu beaucoup d'autres
15 points à l'ordre du jour, beaucoup de soucis, mais, bien sûr, Ahmici était
16 un de mes soucis les plus importants.
17 M. Nobilo (interprétation). - Si on pouvait se permettre,
18 j'utilise ici, le conditionnel, si on pouvait se permettre d'établir une
19 liste de priorité, quelle aurait été votre liste de priorité ? Prévenir ce
20 qui s'était passé à Ahmici, que cela ne se reproduise pas dans un autre
21 village ou mener une enquête sur ce qui s'est passé dans le village
22 d'Ahmici ?
23 M. Blaskic (interprétation). - Pendant la réunion avec mes
24 collaborateurs, j'ai souligné que la priorité absolue était de prévenir
25 une répétition d'Ahmici.
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1 M. Nobilo (interprétation). - Vous voulez le dire d'une manière
2 figurative ?
3 M. Blaskic (interprétation). - Oui, je voulais qu'on évite le
4 meurtre de la population civile et l'incendie des maisons.
5 M. Nobilo (interprétation). - Y avait-il un danger réel que cela
6 se reproduise dans un autre endroit ?
7 M. Blaskic (interprétation). - A deux reprises, nous avons signé
8 les documents sur le cessez-le-feu et la séparation des forces. Cependant,
9 il n'y a pas eu de cessez-le-feu, il n'y a pas eu de trêve. Les forces du
10 HVO et de l'armée de Bosnie-Herzégovine n'ont pas été séparées à la suite
11 à ces accords. Donc la situation était toujours très complexe et difficile
12 et, par conséquent, cette difficulté existait bel et bien.
13 M. Nobilo (interprétation). - Passons maintenant à l'autre
14 document rédigé ce même jour, le 24 avril 1993, mais à 10 heures. Vous
15 avez ordonné quelque chose à toutes vos
16 unités.
17 Je vous prie de mettre sur le rétroprojecteur le document
18 portant la cote D362.
19 M. Nobilo (interprétation). - Il s'agit donc du document D362.
20 Il s'agit d'un ordre signé par vous le 24 avril à 10 heures. Le titre
21 est : "Le traitement des blessés.
22 Conformément à l'ordre du chef du département de la Défense et
23 du chef de l'état-major du HVO n° 02-1/1-54/93 du 23 avril 1993 et afin
24 d'assurer sa mise en oeuvre entière, il faut
25 1. Assurer un accès libre et une assistance à tous ceux qui sont
Page 18115
1 blessés, qu'ils soient des civils, des soldats ou des soldats ennemis.
2 2. Il faut traiter les civils et les prisonniers conformément
3 aux conventions et aux règlements internationaux. Il faut également
4 dresser tout de suite une liste des prisonniers et la donner à la zone
5 opérationnelle de la Bosnie centrale.
6 3. Les commandants subordonnés sont responsables envers moi en
7 ce qui concerne la mise en oeuvre de cet ordre."
8 Pouvez-vous nous commenter cet ordre ?
9 M. Blaskic (interprétation). - Nous n'avions pas l'accès à
10 l'hôpital, mais je sais qu'à l'hôpital à Nova Bila, il y a eu des soldats
11 ainsi que des civils. Il y a eu aussi des soldats de l'armée de Bosnie-
12 Herzégovine qui étaient traités dans cet hôpital. J'ai toujours essayé de
13 souligner auprès de mes commandants que chaque blessé devait être traité.
14 En ce qui concerne le point n° 2, je crois qu'hier nous avons
15 discuté des documents qui ont démontré qu'il y avait des arrestations
16 privées et d'autres genres de comportements illégaux.
17 Je voulais que les militaires se comportent conformément aux
18 conventions internationales. Je parle ici des soldats du HVO, je l'ai
19 souligné dans le point n° 2, et je leur ai demandé dans ce même ordre de
20 nous fournir immédiatement une liste des prisonniers.
21 M. Shahabuddeen (interprétation). - Monsieur le Général, dans le
22 paragraphe n° 3, vous vous référez aux commandants immédiatement
23 subordonnés ?
24 M. Blaskic (interprétation). - Oui, pour la mise en oeuvre de
25 cet ordre, tous les commandants qui me sont immédiatement subordonnés.
Page 18116
1 Donc les commandants des brigades et d'autres commandants me sont
2 responsables. Je crois que nous avons parlé de cela à propos d'un autre
3 ordre que j'ai donné le 17 avril à 22 heures.
4 M. Shahabuddeen (interprétation). - Ceci inclut le 4ème Bataillon
5 et la police militaire ?
6 M. Blaskic (interprétation). - Oui, ils m'étaient subordonnés.
7 M. Nobilo (interprétation). - Monsieur le Général, lorsque vous
8 dites qu'il faut traiter les civils et les prisonniers de guerre
9 conformément aux conventions internationales, à votre avis, est-ce que les
10 conventions internationales permettent que ces gens creusent des tranchées
11 sur les premières lignes de front ?
12 M. Blaskic (interprétation). - Il est certain que ceci n'est pas
13 permis par les textes des conventions internationales. Par conséquent,
14 j'ai insisté à ce qu'on se comporte conformément aux règlements et aux
15 conventions internationales.
16 M. Nobilo (interprétation). - Lorsque vous demandez au HVO
17 d'agir conformément aux conventions internationales et aux règlements
18 internationaux, cela signifie-t-il que lorsqu'il n'y a pas nécessité de
19 participer à des combats, il est impossible de retenir des civils ?
20 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
21 M. Nobilo (interprétation). - Je demande la pièce à
22 conviction D363. La pièce D363 est un des ordres que vous avez émis le
23 24 avril 1993 à 11 heures. Cet ordre traite de la façon de traiter les
24 bâtiments et propriétés immobilières. Vous énumérez les unités auxquelles
25 vous adressez cet ordre.
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1 Elles sont nombreuses. Le texte de l'ordre se lit comme suit, je
2 cite : "En raison du grand nombre d'appartements qui sont temporairement
3 vacants et dans lesquels pénètrent par la force des personnes portant des
4 armes, soldats du HVO et autres, dans le but de raffermir l'ordre public
5 et de renforcer la paix dans la ville de Vitez..." et là, quelque chose
6 est écrit de votre main. Vous pouvez le lire ?
7 M. Blaskic (interprétation). - Il est écrit : "... et dans
8 d'autres villes".
9 M. Nobilo (interprétation). - "... et dans d'autres villes pour
10 prévenir des évolutions de ce type, j'ordonne :
11 Premièrement : utilisez tous les moyens et en dernier recours y
12 compris la force pour empêcher la saisie d'appartements ou le vol d'objets
13 contenus dans ces appartements et appartenant à des citoyens qui, pour
14 diverses raisons, sont temporairement absents.
15 Deuxièmement : sont responsables devant moi le commandant du
16 4ème Bataillon de la police militaire du HVO et les commandants des postes
17 de police de la communauté croate de Herceg-Bosna dans les villes dans
18 lesquelles un conflit a éclaté.
19 Troisièmement : le présent ordre entre en vigueur immédiatement.
20 Les membres du HVO portant l'uniforme seront soumis aux mesures
21 applicables par la police militaire du HVO, alors que les civils seront
22 soumis aux mesures prévues par la police civile de la communauté croate
23 d'Herceg-Bosna. Ces deux polices agissant en coordination".
24 Pouvez-vous nous dire comment il est advenu que des biens
25 immobiliers soient indûment occupés ? Pouvez-vous nous donner des détails
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1 à ce sujet ?
2 M. Blaskic (interprétation). - Au cours du conflit, certains
3 édifices, bâtiments ont été temporairement abandonnés.
4 Dans le cas dont j'ai déjà parlé, où des familles voulaient se
5 regrouper ou bien quand il arrivait des groupes armés qui trouvaient un
6 appartement pour satisfaire aux besoins de telle ou telle famille, en tout
7 cas, ce qui arrivait, c'est que des appartements étaient saisis,
8 appartements ayant appartenus à des Musulmans bosnien dans des zones sous
9 le contrôle du HVO et dans les zones sous le contrôle de l'armée de
10 Bosnie-Herzégovine, des appartements ont également été saisis, qui
11 appartenaient à des Croates.
12 Dans le but d'empêcher cette évolution négative, j'ai émis
13 l'ordre dont nous venons de parler en tentant de limiter un phénomène qui
14 ne cessait de croître et j'ai tenté de responsabiliser, eu égard à
15 l'accomplissement de cette action, la police militaire, mais également la
16 police civile, même si je me rendais bien compte que j'excédais peut-être
17 les limites de ma compétence. Car il arrivait qu'un soldat, alors qu'il
18 était en train de pénétrer par effraction dans un appartement, retirait
19 son uniforme et pouvait dire à ce moment-là : "Je ne suis pas soldat, je
20 suis civil. Je ne suis pas en opération. Je ne sais pas quelle est votre
21 compétence à mon égard", de sorte qu'il était parfois très difficile de
22 savoir, en dernière analyse, qui était responsable de l'acte, un civil ou
23 un militaire.
24 M. Rodrigues. - Excusez-moi de vous interrompre,
25 Général Blaskic, j'ai deux questions : est-ce que les entités que vous
Page 18119
1 indiquez ici, dans ce document 363, ces entités à qui vous adressez cet
2 ordre sont les mêmes à qui vous avez adressé l'ordre antérieur, qui est le
3 document 362. C'est-à-dire, quand vous dites, au document 362 : "A tous
4 les subordonnés". Nous pouvons dire que tous les subordonnés à qui vous
5 adressez l'ordre antérieur sont ceux que vous indiquez dans ce document ?
6 M. Blaskic (interprétation). - Dans l'ordre précédent, il était
7 écrit : "Tous les subordonnés", mais je ne crois pas que le nom de chef de
8 la police civile de Travnik ait figuré dans l'ordre précédent. La police
9 civile de Travnik était une instance civile qui ne m'a jamais été
10 subordonnée et son nom figure dans le présent document, alors que je crois
11 que dans l'ordre précédent il n'était pas question du poste de police de
12 Vitez, car le terme utilisé était :"Tous les subordonnés", mais les autres
13 étaient compris effectivement.
14 M. Rodrigues. – Si j'ai bien compris, nous pourrions dire que
15 toutes les entités qui sont dans l'ordre antérieur sont celles-ci, à
16 l'exception du chef du département de la police de Travnik. C'est cela ?
17 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Juge, sauf le chef
18 du département de la police de Travnik et le chef du poste de police de
19 Vitez c'est à dire la police civile.
20 M. Rodrigues. – Merci beaucoup. Ma deuxième question est celle-
21 là : souvent, vous… Je vais poser la question d'une autre façon.
22 Est-ce que pour vous, il y a une différence entre les mots
23 "instantanément" et "immédiatement" ? Est-ce que ce sont des choses
24 différentes pour vous ou ce sont des choses égales ? "Instantanément" et
25 "immédiatement" ?
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1 M. Blaskic (interprétation). - J'ai l'impression que
2 l'interprétation que j'ai entendue n'est pas complète, Monsieur le Juge.
3 M. Rodrigues. – C'est sûrement ma faute, je vais répéter. Je
4 veux savoir si pour vous, "immédiatement" et "instantanément" ont la même
5 signification ou s'ils ont des significations différentes ?
6 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Juge, on me demande
7 s'il y a une différence entre "tout de suite" et "à l'instant" et j'essaie
8 de répondre, mais j'ai du mal.
9 M. Rodrigues. – Mais peut-être je vais poser la question en
10 utilisant l'anglais. La différence entre instantly and immediately ?
11 M. Blaskic (interprétation). - Si les deux mots signifient
12 "immédiatement", il n'y a pas de différence. Si l'un des deux signifie
13 "vite", il y a une différence. Il y a une différence entre "vite" et
14 "immédiatement".
15 M. Rodrigues. – C'est pourquoi je pose la question, parce que
16 dans l'ordre antérieur, vous utilisez le mot "immédiatement". Dans cet
17 ordre, vous utilisez le mot "instantanément". Donc, Général Blaskic, vous
18 avez utilisé les deux mots et je voudrais savoir
19 s'il s'agissait de la même chose ou de choses différentes.
20 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Juge, pour moi, "à
21 l'instant" et "tout de suite" signifient la même chose. "A l'instant" et
22 "tout de suite", si j'ai reçu la bonne interprétation. Je ne sais pas.
23 M. Rodrigues. – Si j'ai bien compris et pour conclure cette
24 question, "instantanément" et "immédiatement" sont des mots utilisés dans
25 les deux ordres et signifient la même chose ?
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1 M. Nobilo (interprétation). - Monsieur le Juge, je peux peut-
2 être vous apporter une aide. Dans le texte original en croate des deux
3 ordres, c'est le même mot utilisé qui signifie littéralement "tout de
4 suite", mais en interprétation vous avez entendu deux mots différents ou
5 lu deux mots différents en traduction.
6 M. Rodrigues. - Dans le document 362, le document est traduit en
7 anglais "immediately" et l'autre document "instantly".
8 C'est vrai, je suis correct ?
9 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez raison, Monsieur le
10 Juge, mais la source croate utilise le même mot, un seul et même mot.
11 M. Rodrigues. - Merci de m'avoir éclairé.
12 M. Nobilo (interprétation). - Nous pouvons vous montrer ces deux
13 mots, ces deux textes sur le rétroprojecteur, si vous le souhaitez.
14 M. le Président. - Dans la version française du D362 -vous savez
15 que le français c'est toujours compliqué, je suis désolé-, il n'y a ni
16 "instantanément" ni "immédiatement". Il y a "les commandants directement
17 sous mes ordres seront responsables devant moi". Je n'arrive pas à trouver
18 le mot "instantanément" ou "immédiatement". Donc il y a une différence
19 avec la version anglaise.
20 M. Nobilo (interprétation). - Nous pouvons placer les deux
21 textes sur le rétroprojecteur.
22 M. le Président. - Bien.
23 M. Nobilo (interprétation). - Dans les deux textes croates, nous
24 avons surligné en jaune le mot en question qui est identique dans les deux
25 cas.
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1 A gauche, il s'agit de la pièce D362 et à droite de la
2 pièce D363.
3 M. Shahabuddeen (interprétation). - Ce que vous dites, Maître
4 Nobilo, c'est que la légère différence n'existe qu'en traduction anglaise
5 et peut-être également en traduction française, mais que dans le texte
6 original c'est le même terme utilisé ?
7 M. Nobilo (interprétation). - C'est exact, absolument.
8 M. le Président. - Bien. Monsieur le Juge Rodrigues, vous êtes
9 satisfait de la réponse ? J'en déduis que dans la version serbo-croate qui
10 est celle qui pour l'accusé fait foi, dans votre esprit, Général Blaskic,
11 cela voulait dire la même chose ?
12 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, Messieurs
13 les Juges, dans les deux documents c'est le même mot qui est utilisé.
14 M. le Président. - Ecoutez, je vérifierai dans un dictionnaire
15 de français. Je crois qu'en français il y a une très légère différence
16 entre "instantanément" et "immédiatement", mais je crois qu'elle est
17 vraiment très, très légère en français... en anglais aussi certainement.
18 Merci, Monsieur le Juge Rodrigues, ce qui prouve que, à part le
19 serbo-croate, vous maniez parfaitement et la langue anglaise et la langue
20 française.
21 Vous pouvez poursuivre, Maître Nobilo.
22 M. Nobilo (interprétation). - Je vous remercie. J'aimerais
23 revenir sur cet ordre de 11 heures, la pièce à conviction D363 pour poser
24 une première question. Vous demandez à la police civile et à la police
25 militaire d'empêcher les installations dans les appartements et de
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1 respecter la loi.
2 Etait-ce votre travail ? Ou bien est-ce que la police militaire
3 et la police civile avaient pour devoir de faire respecter la loi
4 automatiquement, même sans votre intervention ?
5 M. Blaskic (interprétation). - Il est certain que la police
6 militaire et la police civile avaient pour devoir de faire leur travail, y
7 compris en dehors du présent ordre. Mais la situation étant ce qu'elle
8 était, j'ai estimé qu'il était de ma responsabilité, de mon devoir de
9 faire ce que je pouvais pour essayer de réduire cet problème
10 d'installation illégale dans des appartements et dans d'autres édifices.
11 M. Nobilo (interprétation). - Dans une armée ordonnée comme elle
12 l'était quand vous faisiez partie de la JNA, est-ce que vous avez jamais
13 vu un ordre qui exigeait d'appliquer la loi ?
14 M. Blaskic (interprétation). - Je n'ai jamais vu ni signé un
15 ordre de cette nature pendant que j'étais membre de l'ex-armée populaire
16 yougoslave.
17 M. Nobilo (interprétation). - Merci. Nous allons maintenant
18 laisser de côté ces trois ordre émanant de votre main. Mais, entre 13 et
19 14 heures ce même jour, le 24 avril 1993, vous avez ce que j'appellerai
20 une rencontre houleuse avec le colonel Stewart, commandant du bataillon
21 britannique.
22 Pouvez-vous décrire aux Juges, comment s'est déroulée cette
23 rencontre ?
24 M. Blaskic (interprétation). - Il s'est agi d'une rencontre
25 parmi d'autres, mais c'est la première fois que j'ai vu le colonel Stewart
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1 dans un état de choc, très ému, très bouleversé. Je crois qu'on peut dire
2 que nous étions tous les deux dans une espèce d'état de choc.
3 La réunion a commencé à 13 heures. Le colonel Stewart a proposé
4 comme principaux thèmes à l'ordre du jour : Ahmici. Il a déclaré : "Ahmici
5 se trouve dans votre zone de responsabilité, dans la zone de
6 responsabilité du HVO. La responsabilité n'est toujours pas assumée,
7 aucune commission n'ayant encore été créée. C'est une catastrophe
8 politique pour le HVO. Or, du côté du HVO, on souhaite anéantir les
9 Musulmans. La zone a été attaquée aux alentours de 5 heures 30 par le
10 HVO". Je suppose qu'il pensait au secteur d'Ahmici.
11 "Un grand nombre de victimes ont été retirées de cette zone,
12 d'autres y compris sont calcinées. Parmi ces corps calcinés, se trouvent
13 même des enfants. Pour la Forpronu, c'est une grande affaire qui a des
14 conséquences impossibles à déterminer actuellement.
15 Pour le HVO, c'est une catastrophe politique.
16 Je considère..." -c'est toujours le colonel Stewart qui parle-
17 "... que M. Mate Boban devrait venir aujourd'hui à Vitez pour s'adresser à
18 la population de Vitez. Il devrait dire également devant les journalistes
19 que les coupables seront découverts et qu'ils seront jugés. La
20 responsabilité de ce qui est arrivé doit être assumée par le HVO".
21 Le colonel Stewart a ensuite ajouté qu'il exigeait que
22 M. Mate Boban garantisse en personne que les personnes responsables de ces
23 actes en assument la responsabilité, ce qui put atténuer un peu la gravité
24 de la situation. Il importe de garder présent à l'esprit les implications
25 de ce qui a pu se passer.
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1 Après cette intervention, j'ai dit au colonel Stewart ce qui
2 suit : "Je vous ai déjà fait connaître ma position dans ma lettre que je
3 vous ai envoyée, le 23 avril 1993. Je n'ai émis aucun ordre à l'intention
4 de quelque unité que ce soit lui ordonnant d'agir à Ahmici". Je pensais
5 aux unités du HVO.
6 Je lui ai dit qu'Ahmici était effectivement dans la zone de
7 responsabilité du HVO et j'ai ajouté que, pour le moment, ce secteur était
8 toujours sous le feu, sous l'attaque de l'armée de Bosnie-Herzégovine et
9 qu'il était impossible de pénétrer dans ce secteur, à moins d'être protégé
10 par des blindés pour aller enquêter sur place.
11 J'ai encore dit au colonel Stewart qu'il importait d'effectuer
12 la séparation des deux forces. Je pensais aux forces de l'armée de
13 Bosnie-Herzégovine d'une part, aux forces du HVO de l'autre, de façon à
14 mener une enquête complète et d'un niveau suffisant.
15 J'ai dit également que le 16 ou pour être précis, dans la nuit
16 du 15 au 16, le HVO avait été attaqué dans la vallée de la Lasva. J'ai dit
17 pour être tout à fait précis : "Nous avons été
18 attaqué". Après cela, le colonel Stewart m'a répondu : "Ce que font mes
19 commandants, sous mes ordres, j'en suis responsable. Mais cela ne signifie
20 pas que j'en sois personnellement coupable".
21 J'ai rétorqué au colonel Stewart que c'étaient mes soldats qui
22 avaient fait cela, des soldats sous mon commandement et que si c'étaient
23 mes soldats qui avaient fait cela, si c'étaient des soldats placés sous
24 mon commandement qui avaient fait cela, j'en serais responsable, mais que
25 je n'avais pas émis d'ordre dans ce sens.
Page 18126
1 A l'issue de cette première rencontre, j'ai consigné dans mon
2 journal de guerre que la conversation s'est poursuivie sur le thème du
3 pilonnage de Zenica.
4 Mais, Monsieur le Président, Messieurs les Juges, je ne suis pas
5 sûr que cette discussion se soit poursuivie sur ce thème ce jour-là ou le
6 lendemain. En tout cas, je sais que le thème en a été le pilonnage de
7 Zenica.
8 M. Nobilo (interprétation). - Parlez-nous du contenu de cette
9 discussion indépendamment du fait qu'elle se soit déroulée le 24 ou
10 le 25 ?
11 M. Blaskic (interprétation). - Le colonel Stewart m'a répondu
12 que Zenica avait été pilonnée le 19 avril 1993. J'ai répondu : "Ce n'est
13 pas le HVO qui a fait cela. Je n'ai émis aucun ordre pour demander le
14 pilonnage de Zenica et je sais que le chef de bataillon d'artillerie n'a
15 pas donné cet ordre non plus".
16 C'est à la radio de Zenica que j'ai entendu des accusations
17 portées eu égard au
18 pilonnage de Zenica.
19 Après cela, le colonel Stewart a continué la discussion. A un
20 moment déterminé, il m'a dit : "Mais Zenica a été pilonnée avec un
21 howitzea de 155 mm". J'ai entendu l'interprète, Jezo, qui a cité le
22 calibre. Je lui ai demandé de me répéter le calibre. Le colonel Stewart a
23 répété. Il s'agissait d'une arme de 155 mm.
24 J'ai dit au colonel Stewart : "Si je vous ai bien compris, vous
25 parlez d'un projectile
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1 de 155 mm" " et il m'a répondu : "Oui".
2 Après cela, j'ai dit au colonel Stewart : "Je propose que le
3 commandant de mon bataillon d'artillerie et le commandant des unités
4 d'artillerie fassent partie d'une commission conjointe qui se rendra à
5 Zenica sur les lieux et qui mènera une enquête conjointe avec l'armée de
6 Bosnie-Herzégovine au sujet du pilonnage de Zenica".
7 Le colonel Stewart m'a posé la question de savoir qui allait
8 garantir leur sécurité. Il pensait aux deux officiers dont j'avais proposé
9 les noms, deux représentants du HVO qui auraient pu se rendre à Zenica.
10 J'ai dit au colonel Stewart: "Vous seul...", car je ne voyais
11 pas qui d'autre pouvait garantir la sécurité des officiers du HVO à
12 Zenica.
13 Le colonel Stewart m'a dit que ce n'était pas possible, qu'il ne
14 pouvait pas garantir la sécurité des officiers.
15 Après quoi, il a ajouté : "Ils disent..." -il pensait aux
16 membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine- "... que ce pilonnage a été
17 effectué dans la direction de Busovaca vers Zenica".
18 Il m'a dit savoir -il s'agit donc du colonel Stewart- qu'en fait
19 ce pilonnage provenait de Zenica.
20 J'ai encore rajouté : "Il est possible de se mettre d'accord
21 pour inspecter les positions de tirs de l'artillerie et vérifier que ce
22 n'est pas exact, que le tir provenait de la
23 direction de Vitez".
24 M. Nobilo (interprétation). - Mais le 24, dans la vallée de la
25 Lasva, est-ce que vous possédiez un howitzea ou un obusier de 255 mm ?
Page 18128
1 (L'interprète se reprend)
2 Le 19 avril, possédiez-vous un obusier ?
3 M. Blaskic (interprétation). - Non, mais nous en possédions un
4 dans le cadre de la défense conjointe de Travnik, lorsque je dis
5 "conjointe", je pense à la défense de l'armée de
6 Bosnie-Herzégovine et au HVO.
7 Nous l'avons eu en notre possession jusqu'en janvier 1993, date
8 à laquelle j'ai rendu à l'état-major principal du HVO un obusier de 155 mm
9 et un lance-roquettes multiple.
10 M. Nobilo (interprétation). - Avez-vous dit au colonel Stewart
11 que vous ne possédiez pas un obusier de 155 mm ?
12 M. Blaskic (interprétation). - Je ne me souviens pas lui avoir
13 dit que nous ne possédions pas d'obusier de 155 mm.
14 M. Nobilo (interprétation). - Avez-vous vérifié auprès de votre
15 commandant du bataillon d'artillerie ?
16 M. Blaskic (interprétation). - Oui, à l'instant même où la
17 réunion s'est terminée, j'ai appelé le commandant bataillon d'artillerie
18 pour effectuer une vérification supplémentaire. Je savais que cet obusier
19 de 155 mm avait été expédié, mais je voulais vérifier s'il était arrivé à
20 l'état-major principal. La réponse que j'ai reçue à ma question a été, de
21 la part du commandant du bataillon d'artillerie, "Oui, selon vos ordres,
22 cette pièce d'artillerie a été envoyée le 8 janvier 1993".
23 M. Nobilo (interprétation). - Quand avez-vous entendu que le HVO
24 était accusé d'avoir pilonné Zenica, non pas avec un obusier de 155 mm,
25 mais bien avec un obusier de 122 mm ?
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1 M. Blaskic (interprétation). – Eh bien, la première fois que je
2 l'ai entendu, c'est devant ce Tribunal.
3 M. le Président. - Nous allons faire une pause. Il y a
4 maintenant une heure que l'accusé parle, nous reprendrons à 16 heures.
5 (L'audience, suspendue à 15 heures 46, est reprise à
6 16 heures 05.)
7 M. le Président. - L'audience est reprise , asseyez vous.
8 Maître Nobilo, allez-y.
9 M. Nobilo (interprétation). - Merci. Notre dernière question
10 était de savoir quand la dernière fois Zenica a été pilonnée avec un
11 obusier de 155 mm. Maintenant, je vous demande si vous avez demandé au
12 chef du bataillon d'artillerie s'ils ont pilonné Zenica ?
13 M. Blaskic (interprétation). - Oui, c'était le 19 avril la
14 première fois, car c'est l'adjoint du service d'informations qui m'avait
15 appelé et qui m'a dit que Zenica avait été pilonnée par l'armée de
16 Republika Srpska. Ensuite, une autre information disant que c'était
17 l'armée de HVO qui avait pilonné Zenica. J'ai donc vérifié cette
18 information le 19 avril, auprès du commandant du bataillon d'artillerie et
19 j'ai vérifié également cette information au moment où je lui ai demandé ce
20 qui s'est passé avec l'obusier de 155 mm.
21 M. Nobilo (interprétation). - Un terme en anglais a été utilisé,
22 il était impropre. Est-ce que vous pouvez répéter, s'il vous plaît. Vous
23 avez dit que vous avez eu l'information selon laquelle l'adjoint du
24 service d'informations vous a informé de quelque chose. De quoi vous a-t-
25 il informé ?
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1 M. Blaskic (interprétation). - Il m'a dit qu'à la radio, il
2 avait entendu l'information que Zenica avait été pilonnée et une fois
3 qu'il m'a informé, c'est l'adjoint qui m'a informé. La première
4 information qu'il avait entendue, c'était à la radio. Selon cette première
5 information,
6 c'est que les Serbes avaient pilonné Zenica et ensuite il y a eu une
7 deuxième information que c'était le HVO qui avait pilonné Zenica. J'ai
8 appelé le commandant du bataillon d'artillerie pour vérifier ce qui
9 s'était passé, s'ils avaient ouvert le feu dans la direction de Zenica ou
10 sur Zenica, et lui m'a informé qu'ils n'ont pas pilonné Zenica.
11 Une fois que le colonel Stewart m'a informé que c'était
12 l'obusier de 155 mm, en parlant avec le commandant du bataillon
13 d'artillerie, j'ai vérifié s'il s'agissait de l'obusier de 155 mm, s'il
14 avait été restitué, il m'avait dit oui. Je lui ai reposé la question pour
15 savoir s'ils avaient ouvert le feu en utilisant d'autres pièces
16 d'artillerie en direction de Zenica et sa réponse était non.
17 M. Nobilo (interprétation). - On laisse Zenica maintenant et on
18 revient au début de notre conversation. Vous avez dit aux Juges que vous
19 avez, une fois de plus, attiré l'attention du colonel Stewart sur la
20 lettre que vous lui avez envoyée, la veille, le 24 avril 1993 ?
21 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
22 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous dire aux Juges ce qui
23 était d'une importance particulière pour vous, pour essayer de mettre en
24 exécution cette lettre. En quoi consistait votre demande dans cette
25 lettre ?
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1 M. Blaskic (interprétation). - Il s'agissait de deux questions,
2 la première était évidemment très importante : c'est l'appui qu'il fallait
3 fournir et puis également me rendre possible de procéder à une enquête.
4 J'ai déjà précisé, j'ai dit que je demande d'organiser une réunion
5 spéciale, particulière et que la question d'enquête fasse l'objet de cette
6 réunion qui rassemblera aussi bien les commandants du HVO que de l'armée
7 de Bosnie-Herzégovine. Car, même pour des problèmes de moindre importance,
8 j'ai été obligé de répéter les choses, de réécrire les ordres ou plutôt de
9 donner des ordres d'exécution.
10 Compte tenu du fait que j'avais émis beaucoup d'ordres, j'étais
11 pratiquement impuissant sur le plan exécution, j'avais besoin d'un appui,
12 d'une assistance pour faciliter ma
13 tâche de la mise en exécution de ce que j'avais ordonné.
14 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que vous étiez conscient, à
15 ce moment-là, vu la position que vous occupiez, le poste, et compte tenu
16 également du fait que l'on soupçonnait la police militaire qui était
17 auteur de telles atrocités, que vous-même vous allez pouvoir procéder
18 difficilement à cette enquête ?
19 M. Blaskic (interprétation). - Oui, c'est pourquoi j'avais
20 demandé aussi bien l'assistance de mes supérieurs que des organisations
21 internationales car c'est de cette manière-là
22 que les ordres que j'avais émis auraient été mis en exécution d'une
23 manière plus efficace.
24 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que quelqu'un vous a aidé ?
25 Est-ce que vous avez obtenu ce que vous avez cherché de l'organisation
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1 internationale ou des organes internationaux concrets ?
2 M. Blaskic (interprétation). - Même si je l'avais répété à
3 plusieurs reprises, on le verra lors de la chronologie que je vais
4 exposer, non seulement à travers cette lettre, à d'autres reprises
5 personne ne m'a secouru, ne m'a aidé.
6 M. Nobilo (interprétation). - Quelle était l'autre raison pour
7 laquelle vous vous attendiez que surtout les autres allaient vous aider ?
8 M. Blaskic (interprétation). - Une deuxième raison touche à
9 l'état de sécurité. Au moment où il y a eu cette réunion, j'ai dit au
10 colonel Stewart qu'il était impossible de se rendre dans ce secteur sans
11 véhicule blindé. Lui est un soldat tout aussi bien que moi. Il a
12 d'ailleurs eu beaucoup plus d'expériences que moi, et moi je sais que le
13 HVO n'avait pas de véhicules blindés et que tout ce qu'il pouvait faire,
14 c'était de mettre à ma disposition les véhicules blindés pour que moi-même
15 j'y aille, ou Nakic, ou quelqu'un d'autre pour procéder à cette enquête.
16 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que le colonel Stewart,
17 le 23, vingt-quatre heures après que vous avez eu l'information que
18 quelque chose s'est passé à Ahmici, a mis à votre disposition le véhicule
19 blindé ? Est-ce que vous étiez prêt à y aller, à commencer tout de
20 suite l'enquête ?
21 M. Blaskic (interprétation). - Oui, si j'avais eu des véhicules
22 blindés, je n'aurais même pas réfléchi, je me serais rendu moi-même sur
23 place pour enquêter sur ce qui s'était passé.
24 M. Nobilo (interprétation). - Après cet entretien que vous avez
25 eu avec le colonel Stewart…, un petit moment, s'il vous plaît. Je
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1 reprends.
2 Après cette conversation que vous avez eue avec le colonel
3 Stewart, vous avez entrepris une action unilatérale, sans aide de la
4 communauté internationale. Qu'est-ce que vous
5 avez fait ? Pouvez-vous le dire aux Juges et à qui vous êtes-vous
6 adressé ?
7 M. Blaskic (interprétation). - J'ai organisé une réunion à
8 l'intention des membres du commandement, l'après-midi, à 15 heures. J'ai
9 informé tous mes collaborateurs du contenu de mon entretien avec le
10 colonel Stewart. J'ai dit que nous devions procéder à l'enquête d'Ahmici
11 tout seuls, et j'ai donné des instructions au chef de sécurité, c'était
12 une instruction verbale. Je lui ai demandé d'entreprendre cette action
13 indépendamment de l'aide qui viendrait ou pas de la part des organisations
14 internationales. Par conséquent, je lui ai donné l'ordre verbal de
15 commencer tout de suite l'enquête.
16 J'ai également insisté lors de cette réunion sur le fait que je
17 condamnais vigoureusement ces crimes. J'ai dit que, pour nous autres,
18 membres du HVO, ceci était un événement tragique et que si de tels crimes
19 se répétaient, ceci serait une destruction de nous-mêmes. C'est la raison
20 pour laquelle j'ai demandé que de tels types de crimes ne se répètent pas.
21 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous dire aux Juges
22 maintenant pourquoi, à partir du moment où vous avez compris que personne
23 ne vous aidait, pourquoi vous avez demandé au service de sécurité, de
24 renseignements d'entreprendre les enquêtes ?
25 M. Blaskic (interprétation). - Mais c'était la seule autorité,
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1 l'unique autorité.
2 M. le Président. - Poursuivez, reprenez juste un peu avant,
3 Maître Nobilo, s'il vous
4 plaît. Vous reprenez juste un peu avant.
5 M. Nobilo (interprétation). - La question que j'avais posée
6 était la suivante. Pourquoi avez-vous attendu 48 heures pour vous adresser
7 au service de sécurité et leur demander d'entreprendre l'enquête sur les
8 crimes commis à Ahmici ?
9 M. Blaskic (interprétation). - Moi, je n'avais aucune autorité
10 ou organe ou organisation à ma disposition, sauf le service de sécurité.
11 Moi, je me disais que cette enquête qu'ils entreprendraient donnerait des
12 résultats meilleurs que de donner de telles instructions à la police
13 militaire. Parce que la police militaire devait faire une enquête sûre
14 soi-même et sur ce
15 qu'ils étaient supposés avoir fait.
16 M. Nobilo (interprétation). - Pourquoi donnez-vous cet ordre,
17 cette instruction 48 heures plus tard, le 24 avril, et pas avant, donc les
18 premières heures qui ont suivi l'information que vous avez reçue ?
19 Pourquoi avez-vous attendu 48 heures ?
20 M. Blaskic (interprétation). - Moi, j'ai écrit une lettre et
21 j'ai attendu la réaction et l'aide : l'aide au niveau de la protection et
22 également, l'aide au niveau de la création d'une commission conjointe.
23 M. Nobilo (interprétation). - Quand vous dites "l'aide, la
24 protection", c'est de qui ?
25 M. Blaskic (interprétation). - L'aide et la protection dans le
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1 sens de mettre également à ma disposition des véhicules blindés. En
2 d'autres termes, la Forpronu aurait pu mettre à ma disposition des
3 véhicules blindés. C'est une première chose.
4 Deuxièmement, de m'autoriser pour que l'on crée une commission
5 conjointe. Dans ce cas-là, les organisations internationales auraient
6 fourni cette aide que j'ai demandée.
7 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez réagi par conséquent
8 48 heures plus tard pour enquêter sur ce qui s'était passé à Ahmici. Est-
9 ce que vous avez compris que c'était une solution qui n'était pas aussi
10 bonne que si la communauté internationale vous avait soutenu, aidé, dans
11 la création de cette commission, dans l'enquête à entreprendre ?
12 M. Blaskic (interprétation). - J'étais conscient que ce n'était
13 pas la meilleure solution, mais pour moi, c'était une seule solution. Je
14 n'en voyais pas une autre.
15 M. le Président. - Excusez-moi, vous aviez des forces sur le
16 front à Ahmici quand même ?
17 Vous aviez des forces à vous quand même sur la ligne de front ?
18 Sur Ahmici, vous aviez bien des forces ? Vous les avez décrites ce matin.
19 M. Blaskic (interprétation). - Sur la ligne d'Ahmici, il y avait
20 une unité de la police militaire et des villageois étaient armés.
21 M. le Président. - Quand vous faites une réunion avec les
22 membres du commandement 48 heures après, toujours personne dans votre
23 état-major ou dans votre commandement d'unité qui vous dit ce qui s'est
24 passé à Ahmici toujours ?
25 M. Blaskic (interprétation). - En ce qui concerne l'information
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1 complète, ce qui passait à Ahmici, à mon plus grand regret, je ne l'ai
2 toujours pas maintenant. J'ai eu une information écrite, mais tout ce qui
3 s'est passé, je n'en ai jamais disposé.
4 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez dit que vous n'aviez pas
5 l'information complète jusqu'à nos jours, n'est-ce pas ?
6 M. Blaskic (interprétation). - Oui, effectivement, je n'ai
7 jamais reçu une information complète sur ce qui se passait à Ahmici le
8 16 avril 1993 et qui portait sur le crime qui a été commis.
9 M. Nobilo (interprétation). - Le 24, quand vous avez émis
10 l'ordre, avez-vous pu savoir ce qui c'était passé à Ahmici ?
11 Est-ce que vous pouvez nous donner un résumé ?
12 M. Blaskic (interprétation). - J'ai reçu la lettre du
13 colonel Stewart. J'ai également eu des allégations de M. Dzemo Merdan.
14 J'ai eu également un certain nombre d'informations qui me sont parvenues
15 par l'intermédiaire du colonel Stewart verbalement. Il m'a dit qu'il y
16 avait des victimes civiles. En dehors de cela, je n'avais aucun autre
17 renseignement, aucune autre donnée.
18 M. le Président. - Vous n'avez pas l'idée de convoquer... Ahmici
19 est à 3 km de Vitez. Vous n'avez pas l'idée de convoquer le commandant de
20 la brigade la plus proche d'Ahmici, ne serait-ce que le convoquer, ne
21 serait-ce que pour dire à M. Stewart que vous faites quelque chose ?
22 On a l'impression que vous continuez à dire : "Il me faut des
23 chars, il me faut des blindés pour y aller. Je ne peux rien faire sans".
24 Puisque vous faites souvent des réunions avec des commandants de brigade,
25 vous êtes sensibilisé à ce problème, à ces crimes. Monsieur Stewart vous
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1 en a parlé. Il y a 3 km entre Vitez et Ahmici et vous ne faites pas venir
2 le commandant le plus proche du terrain pour lui demander ce qui s'est
3 passé, même si vous vous méfiez de ce qu'il va vous dire. J'avoue que je
4 ne comprends pas. Vous ne dites pas à ce commandant : "Venez me voir, que
5 s'est-il passé ?", même si vous savez qu'il va vous mentir. Vous ne le
6 faites pas ?
7 M. Blaskic (interprétation). - Le commandant qui aurait dû
8 m'envoyer les informations me les a envoyées régulièrement, y compris
9 le 16, le 17 et le 18 et tous les autres jours.
10 Monsieur le Président, il est vrai que nous étions à
11 3 kilomètres, mais en temps de guerre, vu les opérations de combats, ce
12 n'est pas la même chose qu'en temps de paix.
13 M. le Président. - Poursuivez.
14 Oui, Monsieur le Juge Rodrigues ?
15 M. Rodrigues. - Monsieur Blaskic, vous avez dit que vous ne
16 pouviez pas aller à Ahmici parce qu'il faudrait avoir un char blindé. Mais
17 le responsable de vos forces pouvait venir chez vous ou non ?
18 M. Blaskic (interprétation). - Vous pensez pour se rendre depuis
19 Ahmici ? Mais c'est lui qui m'a donné des informations, celui qui était
20 responsable, c'est de lui que j'ai eu des informations. Mais ces
21 informations ne correspondaient pas à ce qui s'était passé réellement.
22 M. Rodrigues. - Il vous a donné ces informations
23 personnellement ?
24 M. Blaskic (interprétation). - Il m'a donné des informations sur
25 la situation au front, par téléphone, et il m'a envoyé le rapport par
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1 écrit. Un des rapports a été présenté ici.
2 M. Rodrigues. - Est-ce qu'il pouvait venir chez vous et vous
3 donner l'information personnellement, ou non ? C'est-à-dire, la situation
4 militaire permettait que le responsable de vos forces venait vous donner
5 l'information personnellement, oui ou non ?
6 M. Blaskic (interprétation). - Oui, il est venu et il m'a donné
7 des informations le
8 16 avril 1993. Mais le problème est dans l'information elle-même, ce
9 qu'elle avait contenu.
10 M. Rodrigues. - Donc nous savons déjà que souvent les
11 commandants, les responsables ne vous donnaient pas toute l'information,
12 et je vous pose une autre question : vous avez dit à un moment que le
13 responsable de Busovaca vous a informé qu'il n'a pas ouvert le feu. Vous
14 avez fait confiance à cette information, ou non ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Je ne me souviens pas. De quelle
16 information s'agit-il ?
17 M. Rodrigues. - Sur le pilonnage de Zenica. Vous avez dit qu'à
18 la suite de la réunion de discussions, vous avez demandé au responsable de
19 Zenica s'il avait ouvert le feu ou non. Il y avait la célèbre question de
20 l'obusier de 155 mm, vous vous rappelez. Vous avez dit que le responsable
21 a dit :"Non, nous n'avons pas ouvert le feu". C'est vrai ?
22 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
23 M. Rodrigues. - Vous avez fait confiance à cette information, ou
24 non ?
25 M. Blaskic (interprétation). - Au moment où il m'a dit qu'il
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1 n'avait pas ouvert le feu avec un obusier de 155 mm, j'avais des raisons
2 de le croire parce que je savais que de tels
3
4 obusiers n'existaient pas. Je lui ai demandé : "Est-ce que l'obusier a été
5 restitué ?".
6 J'ai vérifié une fois de plus et on a rappelé l'ordre également.
7 Ensuite, il m'a dit qu'il n'avait pas ouvert le feu et moi je croyais à
8 cette information et je n'avais pas d'autre choix, car il ne pouvait pas
9 se rendre chez moi, ni moi chez lui.
10 M. Rodrigues. - Pour une fois que nous sommes ici, j'en profite
11 pour poser une autre question à M. Blaskic. Quand vous avez parlé avec le
12 colonel Robert Stewart, il a mentionné l'hypothèse du HVO d'avoir fait feu
13 sur Zenica, à ce moment est-ce que vous saviez déjà, vous étiez sûr
14 d'avoir ou de ne pas avoir l'obusier de 155 mm ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Au cours de notre entretien, j'ai
16 demandé au colonel Stewart, pour savoir s'il était au courant du calibre.
17 Il m'a dit qu'il était au courant. Je savais que
18 cette arme aurait dû être restituée en fonction de mon ordre, restituée au
19 quartier général. Je savais que j'avais émis un tel ordre, mais je voulais
20 vérifier quand même, une fois de plus, et c'est la raison pour laquelle
21 j'ai appelé le commandant.
22 M. Rodrigues. - A ce moment-là, vous étiez convaincu que vous
23 n'aviez pas l'obusier avec ce calibre ?
24 M. Blaskic (interprétation). - Oui, je le croyais et puis j'ai
25 vérifié.
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1 M. Rodrigues. - L'important était votre état d'esprit à
2 l'instant. Quand vous avez parlé avec le colonel Robert Stewart, vous
3 étiez presque sûr. Donc il était raisonnable de supposer que vous aviez
4 déjà l'obusier, parce que vous aviez ordonné la dévolution. C'est cela ?
5 M. Blaskic (interprétation). - Oui, c'est comme cela, mais avec
6 une réserve, car j'ai émis beaucoup d'ordres qui n'ont pas été mis à
7 exécution.
8 M. Rodrigues. - Merci.
9 M. Nobilo (interprétation). – Merci. Dites Colonel, le
10 commandant de la brigade qui se trouvait à Vitez pouvait-il enquêter sur
11 les actes commis par la police militaire, celle qui vous a été
12 subordonnée ?
13 M. Blaskic (interprétation). - Tout d'abord, je vais répondre à
14 la première partie de la question. Il ne pouvait pas faire l'enquête. Moi-
15 même, je n'avais pas la liste des membres du commandement de la brigade.
16 C'est une brigade qui était en train d'être créée. Elle n'a pas été créée,
17 elle était en train de se créer.
18 M. Nobilo (interprétation). - Maintenant, en ce qui concerne la
19 position par rapport à Ahmici, est-ce que vous pouvez vous lever et nous
20 montrer où se trouvait la ligne de défense par rapport à Ahmici et d'où
21 les membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine tiraient et vous rendaient
22 impossible de vous rendre à Ahmici ?
23 Est-ce que vous pouvez donc montrer les positions de l'armée ?
24 M. Blaskic (interprétation). - Je montre d'abord la route
25 principale, Vitez-Busovaca. Sur la route principale, deuxième village,
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1 Ahmici se trouve à cet endroit-là.
2 Sur la route principale à la sortie de Vitez, en se dirigeant
3 vers Busovaca, nous avons appelé cette position les maisons de Dzidica.
4 50 mètres par rapport à la route principale se trouvaient les forces de
5 Bosnie-Herzégovine qui contrôlaient la route.
6 Dans l'ensemble, derrière, c'est Sljivcica et Sivrino Selo
7 également contrôlés par l'armée de Bosnie-Herzégovine. Ensuite, quelque
8 part à l'est, par rapport aux maisons de Vidovici, Barin Gaj, le contrôle
9 du village, le contrôle complet.
10 Ensuite, la position suivante, il faudrait que je voie sur la
11 carte, car sur la maquette il n'y a pas de désignation des installations.
12 Il y a un village qui, en prolongement de Barin Gaj, est à côté de
13 Hadrovci.
14 Il faudrait que je voie maintenant sur la carte pour préciser.
15 M. Nobilo (interprétation). - Les gens qui se trouvaient sur la
16 ligne du front, pouvaient-ils circuler librement ou étaient-ils dans les
17 tranchées ?
18 M. Blaskic (interprétation). - Il y a un certain nombre de
19 maisons qui sont restées, dont on a profité, des abris également. Il
20 n'était pas possible de circuler, je le sais car le
21 colonel Stewart est venu le 3 mai 1993 et il m'a informé, il m'a dit que
22 sous sa protection, haute protection, les représentants de l'organisation
23 des Droits de l'Homme sont entrés à Ahmici et l'un de ses soldats a été
24 blessé grièvement, même si toutes les mesures de protection étaient
25 entreprises. Il n'était pas possible de circuler, de se déplacer car les
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1 positions et la route principale étaient sous le contrôle de l'armée de
2 Bosnie-Herzégovine de manière continue.
3 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que le village d'Ahmici…
4 Est-ce qu'on pouvait tirer sur Ahmici de Barin Gaj, du sommet ? Ou
5 éventuellement on pouvait se positionner en contrebas et tirer sur Ahmici
6 ?
7 M. Blaskic (interprétation). - Oui, il a été possible de tirer
8 sur Ahmici de Barin Gaj, également de la position au-dessus de Kratine et
9 également de Vranska et de Kruscica en
10 utilisant les mortiers.
11 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce qu'on pouvait également
12 utiliser des tirs d'infanterie sur Sljivcica ?
13 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
14 En provenance de Barin Gaj, les snippers pouvaient agir et j'ai
15 montré tout à l'heure, il y a la maison de Dzidica. Zoran Mravak a été tué
16 et lui il se déplaçait de Busovaca. Il allait à Nova Bila pour se joindre
17 à nous où a eu lieu la réunion de la commission conjointe. Ensuite, il y
18 avait Safer Kokanja également qui a été tué à cet endroit-là.
19 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez dit que vous faisiez
20 confiance au commandant du bataillon d'artillerie. Est-ce que le
21 commandant du bataillon d'artillerie vous a été subordonné ? Est-ce que
22 c'était l'officier que vous aviez désigné, que vous avez pu remplacer ?
23 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
24 M. Nobilo (interprétation). - Et le commandant de la police
25 militaire qui vous envoyait de faux rapports, est-ce qu'il était votre
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1 officier ? Vous avez pu le remplacer ou
2 entreprendre des mesures disciplinaires contre lui ?
3 M. Blaskic (interprétation). - Non.
4 M. Shahabuddeen (interprétation). - Au moment où vous avez parlé
5 avec votre commandant du bataillon d'artillerie pour déterminer si un
6 obusier de 155 mm avait été utilisé contre Zenica, la situation était-elle
7 telle que les médias parlaient de ce qui s'était passé à Zenica ?
8 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, Messieurs
9 les Juges, si j'ai bien suivi la traduction, est-ce que les médias
10 parlaient de ce qui se passait à Zenica ?
11 Je dois répondre que l'adjoint du service d'informations m'a
12 transmis l'information. Personnellement, je n'écoutais pas la radio à ce
13 moment-là. Je n'avais pas beaucoup de temps
14 pour écouter la radio.
15 M. Shahabuddeen (interprétation). - A ce moment-là, vous ne
16 saviez donc pas si les médias avaient parlé de cela, s'ils avaient parlé
17 de ce qui s'était passé à Zenica au moment où vous avez discuté avec votre
18 commandant d'artillerie ?
19 M. Blaskic (interprétation). - Le 19 avril, au cours de la
20 matinée, l'adjoint du centre d'informations m'avait dit que les masses
21 media avaient diffusé la nouvelle sur le pilonnage de Zenica.
22 M. Shahabuddeen (interprétation). - Si votre commandant de
23 l'artillerie n'avait pas restitué l'obusier de 155 mm et s'il l'avait
24 utilisé pour pilonner Zenica, vous seriez-vous attendu à ce qu'il vous
25 dise qu'il l'avait utilisé ?
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1 M. Blaskic (interprétation). - Il aurait été normal qu'il me le
2 dise, mais il m'est très difficile de vous répondre à cette question. De
3 toute façon, j'aurais pu vérifier cela d'une manière très simple.
4 M. Shahabuddeen (interprétation). - Je vous remercie, Général.
5 M. Nobilo (interprétation). - Général, dites maintenant si on
6 savait de manière exacte quelles étaient les positions des pièces
7 d'artillerie, est-ce que c'était facile également de vérifier s'il y avait
8 des pièces d'artillerie de 155 mm ?
9 M. Blaskic (interprétation). - Oui, c'était simple de vérifier,
10 même si le commandant du bataillon d'artillerie m'avait trompé, s'il ne me
11 le disait pas, j'aurais pu vérifier.
12 M. le Président. - Je voudrais vous demander une précision.
13 Lorsque vous discutez avec le colonel Stewart, j'ai pris en notes, vous
14 dites : "Si ce sont mes soldats qui ont fait cela à Ahmici, j'en serai
15 responsable". Par ailleurs vous nous dites que la police militaire...
16 Enfin, on finit par admettre comme évident que la police militaire vous
17 envoyait toujours de faux rapports.
18 Alors, puisque vous ne pouvez rien obtenir de la communauté, des
19 forces de la Forpronu -vous n'avez pas les chars, les blindés qui vous
20 permettraient de faire diligenter
21 l'enquête-, le Juge Rodrigues vous a demandé si vous pouviez au moins
22 faire venir le commandant jusqu'à vous, vous dites que ce n'est pas
23 possible, alors j'essaie de trouver une autre solution.
24 Finalement, est-ce que vous dites au général Petkovic :
25 "Général, j'ai eu une conversation avec le colonel Stewart qui a été très
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1 sévère avec le HVO. Moi-même, je suis persuadé que c'est le HVO qui a
2 commis les atrocités à Ahmici. Aidez-moi, trouvez-moi une solution.
3 Renvoyez le commandant de la police militaire" puisque, me semble-t-il, il
4 dépend de Mostar. Est-ce que vous faites quelque chose de cette nature-
5 là ?
6 M. Blaskic (interprétation). - Oui, Monsieur le Président, je
7 vais d'abord répondre par l'affirmative à votre question. J'ai dit au
8 colonel Stewart : "Si mes soldats avaient fait quelque chose qui n'aurait
9 pas été correct selon mes ordres, à ce moment-là c'est moi qui en serais
10 responsable." Quand je disais "mes soldats", je pensais toujours aux
11 soldats qui m'ont été subordonnés directement, hiérarchiquement.
12 J'ai informé par écrit et verbalement, et même pour que ce
13 rapport soit en vigueur et qu'il soit interprété de manière plus ferme,
14 j'ai donné du poids à chaque mot.
15 M. le Président. - Elle est à vous, la police militaire, depuis
16 le 16 avril, 11 heures 42. Elle est à vous. Donc, vous dites bien : "Si ce
17 sont mes soldats", y inclue la police militaire, y inclues les forces
18 spéciales. Mais ma question, c'est vers le général Petkovic : puisque les
19 blindés, vous ne les avez pas, le commandant ne peut pas venir, ne peut
20 pas faire les 3 kilomètres pour venir à votre réunion répondre devant vous
21 de ce qui s'est passé ; vous êtes conscient que c'est tragique pour le
22 HVO, Stewart vous l'a dit, c'est une catastrophe politique pour le HVO.
23 Vous en êtes conscient, vous émettez les ordres D363, D362, D361. Vous
24 vous occupez des immeubles, des propriétés, des cambriolages, vous nous le
25 dites ce matin. Il ne vous reste plus qu'à vous tourner vers votre
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1 hiérarchie supérieure.
2 Est-ce que vous faites quelque chose avec le général Petkovic ?
3 M. Blaskic (interprétation). - Je l'ai fait, pas seulement vis-
4 à-vis du général Petkovic, mais vis-à-vis de tout homme qui était
5 supérieur à moi, y compris vis-à-vis du commandant des forces armées du
6 HVO, le commandant suprême.
7 M. le Président. - Alors, vous faites quelque chose ? Vous
8 téléphonez ? Vous écrivez ? Vous faxez ? Vous allez à Mostar ? ... puisque
9 vous êtes capable de minuter toutes vos journées ? Vous vous souvenez,
10 vous faites beaucoup de choses dans la journée.
11 C'est un événement majeur : le colonel Stewart vous a dit deux
12 jours avant : "C'est une catastrophe !", et il vous dit : "Ce sont vos
13 soldats !", et vous répondez : "Si ce sont mes soldats, j'en serai
14 responsable."
15 Qu'est-ce que vous faites vis-à-vis du général Petkovic ? Vous
16 faites quelque chose de concret ?
17 M. Blaskic (interprétation). - J'envoie un rapport, relatif à
18 tout ce que dit un rapport écrit, que j'envoie au général Petkovic. Je
19 crois que ce rapport est dans les pièces à
20 conviction. Je ne sais pas exactement...
21 M. Nobilo (interprétation). - Nous y viendrons plus tard.
22 M. le Président. - Maintenant nous allons faire la pause puisque
23 nous en sommes à trois-quarts d'heures. Donc, nous faisons un quart
24 d'heure de pause.
25 (L'audience, suspendue à 16 heures 45, est reprise à
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1 17 heures 10.)
2 M. le Président. – L'audience est reprise.
3 Je crois que c'est le souhait de la défense d'arrêter un peu
4 plus tôt. Vous préférez que l'on fasse une séquence plus courte, c'est
5 cela Maître Hayman ?
6 M. Hayman (interprétation). - Nous savons que le général Blaskic
7 est arrivé ici à 8 heures 30 ce matin, la journée est un peu longue pour
8 lui.
9 M. le Président. - Nous n'attendrons pas 17 heures 45, vers
10 17 heures 30, 35, nous arrêterons.
11 M. Nobilo (interprétation). - D'accord.
12 Je vous remercie.
13 Général, au moment où nous avons suspendu momentanément
14 l'audience, vous aviez encore une réponse à fournir au Président.
15 Avez-vous demandé le remplacement de la police militaire et
16 avez-vous informé vos supérieurs ?
17 Pourriez-vous rapidement, dans le cadre de la chronologie,
18 expliquer ce que vous avez fait, eu égard à cette question ?
19 M. Blaskic (interprétation). - Oui, j'ai demandé le
20 remplacement. Nous verrons dans la chronologie que ce remplacement a eu
21 lieu à ma demande avec l'appui du chef d'état-major principal du HVO.
22 M. Nobilo (interprétation). - Sommes-nous en droit de dire qu'à
23 l'issue d'une soixantaine de jours, ce remplacement a pu être effectué ?
24 M. Blaskic (interprétation). - Oui, et cela apparaîtra lorsque
25 nous reprendrons la chronologie dans la partie suivante de ma déposition
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1 M. Nobilo (interprétation). – Ce jour-là, nous parlons de la
2 journée du 24 avril, vous avez eu une réunion à 16 heures avec
3 M. de la Motta du CICR. Vous rappelez-vous le sujet de cette réunion ? De
4 quoi a-t-il été question ?
5 M. Blaskic (interprétation). - Ce jour-là, juste avant la
6 réunion, j'ai reçu des informations selon lesquelles les villages croates,
7 de la municipalité de Travnik, Grahovcici et Brajkovici étaient bloqués.
8 J'ai également été informé du fait qu'à Novi Seher, des réfugiés de Zenica
9 arrivaient et dans l'après-midi, j'ai eu une réunion avec M. de la Motta
10 du CICR qui a lui-même abordé le sujet du rôle joué par les médias.
11 Il a parlé des médias qui étaient sous le contrôle de la partie
12 croate et de la partie musulmane bosnienne, en signalant que ces médias
13 étaient en train d'aggraver les tensions, et notamment les tensions
14 opposant l'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO.
15 Après cela, M. de la Motta a parlé du déplacement d'une certaine
16 catégorie de personnes ; il s'agissait des malades, des personnes âgées,
17 des femmes enceintes, des enfants. Je l'ai informé une nouvelle fois du
18 fait que j'avais reçu l'opinion du HCR qui n'autorisait pas de tels
19 déplacements, mais que si le CICR et lui-même le décidaient, je me suis
20 déclaré prêt à lui fournir le soutien le plus entier pour l'exécution de
21 ces tâches.
22 Nous avons ensuite parlé de la liberté de circulation. J'ai dit
23 à M. de la Motta que, malheureusement, en raison de la situation en
24 vigueur à ce moment-là, la liberté de circulation se résumait à une
25 liberté de départ, c'est-à-dire à une liberté de déménager, car
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1 pratiquement tous les Croates s'efforçaient de partir vers les territoires
2 sous contrôle du HVO et pratiquement tous les Musulmans bosniens, pour
3 d'autres raisons, s'efforçaient de se rendre sur le territoire
4 placé sous le contrôle de l'armée de Bosnie-Herzégovine. J'ai dit que cela
5 me créait de grandes difficultés dans ma tâche à garantir la sécurité des
6 immeubles et de la propriété des personnes qui quittaient ce territoire.
7 Après cela, il m'a demandé quelle était ma position et je lui ai
8 répondu que, d'après moi, il ne fallait pas effectuer ces déplacements de
9 personnes, mais, dans les limites de la sécurité, s'efforcer que chacun
10 continue à vivre là où il est né et où il se trouve à ce moment-là.
11 Ensuite, je l'ai prié de tenter d'intervenir auprès du Président
12 de l'armée de Bosnie-Herzégovine, en raison de l'action des tireurs isolés
13 à partir de Grbavica sur des cibles déterminées.
14 Je lui ai déclaré que nous avions déjà l'accord du 20 avril 1993
15 selon lequel ce territoire devait être démilitarisé, mais que se
16 trouvaient toujours à cet endroit des positions de tireurs embusqués qui
17 mettaient des vies en danger.
18 Ensuite, nous avons encore parlé des relations de la Croix-Rouge
19 internationale. Monsieur de la Motta m'a dit que, ce que jour-là, donc le
20 24 avril, il souhaitait se rendre à Kruscica, qui était sous le contrôle
21 de l'armée de Bosnie-Herzégovine.
22 Je l'ai appuyé dans son intention et je lui ai déclaré que
23 j'allais m'efforcer de faire en sorte que cette visite se déroule sans
24 encombre.
25 Monsieur de la Motta m'a dit qu'il constatait l'existence d'une
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1 volonté favorable au cessez-le-feu. Il pensait aux accords conclus, d'un
2 arrêt des combats. Je lui ai répondu : "Vous la constatez peut-être au
3 sein du HVO, mais, malheureusement, je ne vois pas la même bonne volonté
4 au sein de l'armée de Bosnie-Herzégovine s'agissant de la signature d'un
5 accord de cessez-le-feu".
6 Monsieur de la Motta a déclaré que, y compris au cours de cette
7 journée du 24, Zenica avait été pilonnée aux alentours de
8 14 heures 5 minutes. Il l'a dit lors de la réunion que nous avions
9 ensemble. Je l'ai informé une nouvelle fois du fait que cet acte était
10 sans doute dû aux Serbes à partir de leur position en vue d'augmenter les
11 tensions et les difficultés entre le HVO et l'armée de Bosnie-Herzégovine.
12 Ce pilonnage visait parfois des territoires sous le contrôle du
13 HVO et parfois des territoires sous le contrôle de l'armée de
14 Bosnie-Herzégovine.
15 Ce même jour, j'ai également noté qu'il aurait dû y avoir une
16 tournée de toutes les positions de tirs du HVO de la part de patrouille
17 des Nations Unies.
18 Dans l'après-midi, j'ai reçu des informations relatives au
19 comportement des membres du 91ème Département de sabotage de l'armée de
20 Bosnie-Herzégovine, un comportement inacceptable. Et on m'a informé que
21 les membres du commandement conjoint, M. Dzemo Merdan et M. Franjo Nakic
22 étaient allés inspecter les positions dans la région de Kiseljak. Cela m'a
23 surpris également, car je me serais attendu à ce que cette commission
24 conjointe se rende en priorité dans le secteur d'Ahmici.
25 M. Nobilo (interprétation). - A-t-il été question d'Ahmici dans
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1 votre conversation avec M. de la Motta ?
2 M. Blaskic (interprétation). - Oui, j'ai parlé d'Ahmici aussi
3 avec lui. Je lui ai fourni des informations quant au fait que deux
4 problèmes se posaient à moi ; un problème de sécurité et un problème lié à
5 la réalisation d'une enquête.
6 Je lui ai dit que j'avais émis un ordre favorable au démarrage
7 d'une enquête. C'est tout ce que nous nous sommes dits sur ce sujet lors
8 de notre réunion à 16 heures.
9 M. Nobilo (interprétation). - Pourriez-vous dire aux Juges, au
10 cours de toutes ces rencontres et réunions, quelle était la situation sur
11 le terrain ? La situation était-elle calme, tranquille ou était-elle
12 caractérisée par les conflits dont nous avons déjà parlé qui duraient
13 depuis le 16 avril 1993 ?
14 M. Blaskic (interprétation). - Malheureusement, nous le
15 constaterons davantage par la suite, le commandement agissait dans un
16 certain sens, mais les conflits se poursuivaient
17 sur le terrain.
18 Les opérations de combats étaient toujours en cours. Nous
19 n'étions pas séparés, même par un mètre. Nous nous trouvions dans cette
20 situation un peu étonnante où nous avions signé un cessez-le-feu, mais les
21 combats se poursuivaient alors que la commission conjointe travaillait à
22 Travnik. Les combats avaient peut-être une intensité un peu amoindrie,
23 mais, malheureusement, ils se poursuivaient. Nous le constaterons dans la
24 suite de la déposition.
25 M. Nobilo (interprétation). - Général, l'ordre du 18 et cet
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1 accord de cessez-le-feu exigeaient un retrait des troupes et une
2 séparation, une cessation du contact. L'armée de Bosnie-Herzégovine, je
3 crois, si elle s'était retirée de 500 mètres comme cela avait été conclu,
4 décidé, est-ce que cela aurait signifié que vous auriez eu à votre
5 disposition un espace libre que vous auriez pu traverser tranquillement
6 pour aller voir à Ahmici pour voir ce qui s'était passé ?
7 M. Blaskic (interprétation). - Eh bien, je voudrais m'approcher
8 de la maquette, si
9 c'est possible, pour vous montrer de la façon la plus claire ce qu'il en
10 était.
11 Monsieur le Président, Messieurs les Juges, selon l'accord du
12 22 avril, le territoire de Ponjavor, Vrhovine, dans la direction de
13 Jelinak et Putis, y compris la route principale, devait être un territoire
14 sur lequel étaient censées patrouiller les forces de Nations Unies. Toutes
15 les forces de Bosnie-Herzégovine étaient censées se retirer à partir de la
16 position que je montre ici, dans la direction de Zenica.
17 Quant à l'ensemble des forces du HVO, elles étaient censées se
18 retirer en aval de la route principale Vitez-Busovaca. C'est donc ce
19 territoire dont je suis en train de parler qui aurait dû être démilitarisé
20 et laissé à la simple disposition de la Forpronu qui aurait pu y
21 patrouiller.
22 Donc, je montre Vitez, la route principale en direction de
23 Zenica, et ensuite à partir de Zenica, on continue vers Vjetrenica. C'est
24 tout ce territoire sur lequel il n'y aurait eu aucune force autre que
25 celle des Nations Unies. Il aurait été possible de travailler de façon
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1 très
2 avantageuse sur ce territoire.
3 Ce territoire nous aurait permis de nous transférer vers Vlasic.
4 D'ailleurs, le commandement conjoint travaillait à cela, il travaillait
5 notamment au déblocage de la ville de Travnik, tâche à laquelle nous
6 aurions pu nous consacrer. Nous le verrons de plus près lorsque nous
7 reprendrons la chronologie plus tard.
8 M. Nobilo (interprétation). - Etes-vous en train de dire que si
9 l'armée de Bosnie-Herzégovine avait respecté cet accord, vous auriez eu un
10 espace disponible, libre, pour mener une enquête sur Ahmici ?
11 M. Blaskic (interprétation). - Oui, je n'aurais pas eu besoin
12 d'aide pour accéder à cette zone, mais j'aurais eu besoin d'appui, bien
13 entendu, cela ne fait aucun doute.
14 M. Nobilo (interprétation). - Merci. Je demande que l'on remette
15 au témoin le document, pièce à conviction de la défense D364, qui a été
16 rédigé également le 24 avril 1993.
17 Donc vous avez rédigé cet ordre à 14 heures 20 minutes, et vous
18 dites à tous les commandants de la zone opérationnelle de Bosnie centrale,
19 vous l'adressez aussi aux brigadiers. Le titre de l'ordre est : "Le
20 traitement des civils et des prisonniers : demande ou requête.
21 En se basant sur une demande du chef du quartier général du HVO
22 n° 02-2/I-01673/93, du 22 avril 1993, et eu égard de l'application des
23 principes de base du droit international humanitaire, je demande à tous
24 les membres et à toutes les unités du HVO :
25 1. Respect et la protection de la population civile qui a été
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1 touchée par les combats. Les civils par la définition n'ont pas un rôle
2 actif dans ces conflits et ne peuvent pas être la cible des attaques.
3 2. Traiter des combattants et des civils capturés d'une manière
4 humaine et leur fournir une protection adéquate.
5 3. Rapporter au CICR l'identité de tous les prisonniers et de
6 tous les détenus et permettre aux représentants du CICR de leur rendre
7 visite conformément aux standards du CICR.
8 4. Recueillir, s'occuper de (fournir des soins chirurgicaux) et
9 protéger tous ceux qui ont été blessés quelle que soit leur appartenance.
10 5. Assurer un accès sans entrave aux convois humanitaires afin
11 d'assurer un traitement sans délai aux victimes du conflit.
12 Signé Colonel Tihomir Blaskic".
13 C'est le quatrième ordre du 24, relatif à la protection des
14 civils, ou des blessés ou des prisonniers de guerre. Qu'est-ce que vous
15 avez voulu, en fait, faire avec autant d'ordres qui ont été émis ?
16 M. Blaskic (interprétation). - Comme je l'ai déjà dit, une de
17 nos tâches principales était de mener une enquête. Pour moi, ce qui était
18 encore plus important était d'empêcher une répétition de ce qui s'était
19 passé à Ahmici. Par conséquent, j'ai fait de mon mieux pour que ce crime
20 ne soit pas répéter. Ici, on parle de l'application des principes de base.
21 On parle également du traitement des civils et des prisonniers.
22 M. Nobilo (interprétation). - Principe de base de quoi ?
23 M. Blaskic (interprétation). – L'application des principes de
24 base du droit humanitaire international. J'ai demandé le respect de tous
25 ces principes de la part de tous les membres du HVO.
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1 M. Nobilo (interprétation). - Je vous remercie. Je crois que cet
2 ordre est très clair. On n'a pas besoin de l'expliquer en détail.
3 Si cela est possible, nous pourrions passer à la journée du
4 25 avril ou, si peut-être M. le Président l'estime, nous pourrions nous
5 arrêter. Nous avons terminé la journée du 24 avril.
6 M. le Président. – Il s'agit de vous, là, Maître Nobilo.
7 M. Nobilo (interprétation). - Je peux continuer, bien sûr.
8 M. le Président. - J'avais cru comprendre que la demande de la
9 défense était d'arrêter, compte tenu de la fatigue de votre client, était
10 d'arrêter. Je tiens à ce qu'il soit bien dit que ce n'est pas nous qui
11 arrêtons. Nous, nous avons commencé à 14 heures 45, il est tout à fait
12 normal de continuer jusqu'à 17 heures 45. Cela étant, compte tenu des
13 accords que nous avons pris pour une déposition un peu exceptionnelle
14 comme celle de l'accusé, qui est quand même longue et difficile pour lui,
15 nous agréons tout à fait à votre demande d'arrêter. Qu'il soit très clair,
16 il s'agit de votre demande. Il ne s'agit pas de la fatigue des Juges. Les
17 Juges ne sont jamais fatigués.
18 M. Nobilo (interprétation). - La défense non plus. C'est notre
19 client. C'est dans l'intérêt de notre client que je propose que nous nous
20 arrêtions ici pour aujourd'hui.
21 M. le Président. - Nous suspendons. Et demain, nous reprendrons
22 à 9 heures. Il me semblait que nous avions avancé. C'est le cadeau que
23 nous a fait le Juge Rodrigues en arrivant dans notre Chambre. Il nous a
24 mis le vendredi à 9 heures. Nous le remercions. L'audience est levée, à
25 demain.
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1 L'audience est levée à 17 heures 30.
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