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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL AFFAIRE N° IT-95-14-T
2 POUR L'EX-YOUGOSLAVIE
3 Mardi 04 mai 1999
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5 Le Procureur c/ Tihomir Blaskic
6 L'audience est ouverte à 10 h 10.
7 M. le Président. - Monsieur le Greffier, pouvez-vous introduire
8 le témoin ?
9 Je salue les interprètes.
10 Les interprètes. - Bonjour monsieur le Président.
11 M. le Président. - Je salue les conseils de l'accusation et de
12 la défense. Je rappelle au public, qui a l'air d'être nombreux
13 aujourd'hui, que nous continuons. Il s'agit de la phase du contre-
14 interrogatoire de l'accusé, mais qui est en position de témoin. Il est
15 donc sous serment.
16 Je donne la parole au Procureur dès que le Général Blaskic sera
17 installé, Général Blaskic que je salue.
18 (Le général salue le Président.)
19 M. le Président. Monsieur le Procureur ?
20 M. Kehoe (interprétation). Bonjour monsieur le Président,
21 bonjour messieurs les conseils de la défense, bonjour Général.
22 Suite aux instructions que j'ai reçues de votre part,
23 monsieur le Président, ou plutôt de la part de M. le Greffier, puis-je
24 revenir sur les documents que nous avons examinés hier ?
25 J'ai divisé le temps comme cela m'a été demandé.
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1 M. le Président. - Nous pouvons affecter des cotes séparées à
2 chacune de ces séquences de document, n'est-ce pas ?
3 M. Abtahi (interprétation). Oui, monsieur le Président.
4 (Les Juges se consultent sur le Siège.)
5 M. Abtahi (interprétation). Il s'agira de la pièce de
6 l'accusation 609, 609 a) pour la version en français et 609 b) pour la
7 version anglaise.
8 M. Kehoe (interprétation). Nous aurons davantage de documents,
9 monsieur le Greffier. Puis-je maintenant demander l'assistance de
10 l'huissier s'il vous plaît ?
11 M. le Président. - Les Juges vous donnent la décision concernant
12 les demandes de huis clos qui avait été présentées par la défense au vu
13 des circonstances.
14 M. Kehoe (interprétation). Excusez-moi, monsieur le Président.
15 Je pense que Me Harmon voudrait vous apporter des éléments
16 supplémentaires.
17 M. Hayman (interprétation). Peut-on passer en audience à huis
18 clos partiel s'il vous plaît ? Plus tôt.
19 M. le Président. - Je vous rappelle que normalement, c'était
20 maintenant aux Juges de rendre leur décision. Le débat était en principe
21 clos, mais il est d'usage dans cette enceinte que tant que les parties ont
22 des observations à formuler, elles les formulent.
23 M. Hayman (interprétation). Oui, tout à fait. Nous pensons
24 simplement que le sujet de notre objection est tel que ce serait mieux de
25 le discuter à huis clos partiel plutôt qu'autrement.
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1 Bien entendu, la Chambre peut prononcer sa décision sans
2 identifier les personnes concernées, mais sinon ce serait peut-être mieux
3 de passer à huis clos partiel.
4 M. le Président. - Voulez-vous, monsieur le Procureur, qu'on
5 passe à huis clos partiel pour recueillir vos dernières observations ?
6 Sinon, la Chambre était sur le point de rendre sa décision. Nous avions en
7 principe terminé le débat hier.
8 M. Harmon (interprétation). Je voudrais simplement ajouter
9 quelques informations, monsieur le Président, deux informations à
10 destination des Juges.
11 M. le Président. - Si vous voulez ajouter des informations,
12 d'abord il y a le préalable demandé par la défense, à savoir si vous
13 voulez présenter ces observations.
14 M. Harmon (interprétation). Je suis d'accord avec cette
15 demande.
16 M. le Président. - Alors une session courte de huis clos.
17 Il s'agit d'un incident qui a été provoqué sur une requête de la
18 défense concernant un point qui doit être traité à huis clos partiel et
19 temporaire. Les Juges doivent rendre leur décision, mais il semble qu'il y
20 ait quelques observations supplémentaires. Nous rouvrons le débat
21 exceptionnellement. Les Juges n'aiment pas beaucoup cela, mais ils vont le
22 faire exceptionnellement.
23 Audience à huis clos partiel
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15 Audience publique
16 Monsieur le Président, pendant que la Chambre s'était retirée,
17 M. le Greffier et moi-même avons pré-numéroté un certain nombre de
18 documents ; cela va de 609 jusqu'à 614, pièces de l'accusation.
19 Tous ces documents, monsieur le Président, messieurs les Juges,
20 devraient figurer dans les trois versions BCS, français et anglais.
21 M. Abtahi. - Il s'agira des pièces de l'accusation portant les
22 cotes 609, 610, 611, 612, 613 et 614 avec, à chaque fois, une version en
23 français, une version en anglais. La version française portant la cote
24 avec a) et la version en anglais portera toujours la cote b).
25 M. Kehoe (interprétation). Monsieur le Président, le Procureur
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1 n'a pas l'intention de passer en détail tous ces documents qui parlent
2 d'eux-mêmes, mais nous allons voir brièvement chacun de ces documents.
3 Le premier de ces documents a à voir avec l'assassinat d'un
4 individu qui s'appellera Drazen Gvozden qui était membre de l'armée de la
5 République de Croatie. Il a été tué le 03 octobre 1993, dans la région de
6 Siroki Brijeg en Herzégovine. Quand il a été tué, il était membre de
7 l'armée de Croatie.
8 M. le Président. Document 610 ou 609 ? Il me semblait que
9 le 609 faisait allusion à Marinko Musa.
10 M. Kehoe (interprétation). - Je vais les prendre dans l'ordre
11 chronologique.
12 Donc la pièce 609 : il s'agit d'un jugement de Marinko Musa qui
13 a été accusé d'avoir tué un homme. Puis nous avons l'assassinat de Drazen.
14 (L'interprète ne peut pas comprendre le nom.)
15 Nous avons également le jugement du Tribunal militaire de
16 Mostar. M. Musa a été acquitté. Le jugement dans la pièce 609 montre que
17 M. Musa a tiré et a tué M. Gvozden, mais il a été acquitté pour des
18 raisons de circonstances atténuantes.
19 Puis nous avons le document 610, un certificat du HVO où il est
20 dit que M. Gvozden a été tué dans un combat contre les forces armées
21 musulmanes sur la montagne Hum près de Mostar, le 03 octobre 1993. Ce qui
22 s'oppose au document précédent où M. Musa a effectivement tiré sur
23 M. Gvozden et l'a tué.
24 Nous avons un document suivant, monsieur le Président, un
25 article de journal qui montre que la famille Gvozden a porté plainte
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1 contre la République de Croatie et la République de Herceg-Bosna au sujet
2 de l'assassinat de M. Gvozden. Et dès l'entrée de ce texte, j'appelle
3 votre attention sur la première ligne de la pièce 611, il est dit :
4 " Drazen Gvozden, membre de l'armée de Croatie de Sesvete a été tué sur le
5 mont Hum, près de Mostar en octobre 1993."
6 Cette plainte a été déposée à Zagreb et le document passe par
7 l'avocat Ranko Radovic qui représente la famille Gvozden et cela revient à
8 Mostar, à la République croate d'Herceg-Bosnie. Dans le deuxième
9 paragraphe de cet article, il est dit que la famille Gvozden estime que
10 Drazen est mort en tant que membre de l'armée croate -145ème brigade- après
11 avoir été tué par Marinko, membre du HVO.
12 Dans le troisième paragraphe il est dit que M. Gvozden au moment
13 de sa mort, était commandant adjoint de la 145ème brigade de l'armée
14 croate. Puis, excusez-moi, au quatrième paragraphe, l'avant-dernier
15 paragraphe, il est dit que les dommages et intérêts qui sont demandés par
16 la mère et le père s'élèvent à 60 millions de dinars croates, alors que
17 40 millions de dinars sont demandés par la soeur du défunt.
18 Puis, c'est dans le dernier paragraphe, la première phrase est :
19 " Que s'est-il passé près de Mostar, comment Gvozden est-il mort ? " Et
20 d'après l'avocat, il est parti pour le front du sud, en tant que membre de
21 l'armée croate et il portait l'insigne du HVO au moment de sa mort.
22 C'est donc l'avocat Ranko Radovic qui défend ici un des co-
23 accusés dans l'affaire Kupreskic. Le certificat suivant, la pièce 612, est
24 une décision qui émane du Président de la République de Croatie, docteur
25 Frandjo Tudjman, qui, à titre posthume, accorde le grade d'officier de
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1 réserve à Drazen Gvozden de l'armée de République de Croatie.
2 Il est dit que M. Gvozden était membre de la 145ème brigade de
3 Zagreb de Dubrava.
4 La pièce 613, monsieur le Président, messieurs les Juges est un
5 document qui vient de l'Association des familles des morts et des blessés
6 de République de Croatie. Ce document est un document qui porte la
7 photographie de M. Gvozden. Il en ressort que Drazen Gvozden était membre
8 de la 145ème brigade de l'armée croate, qu'il est mort dimanche, le
9 03 octobre 1993, sur le front sud.
10 Le dernier document est le certificat de décès, excusez-moi, ce
11 serait la pièce 614 de l'accusation. Ce document également montre que
12 Gvozden était membre de la
13 145ème brigade et qu'au moment où il est mort, il était déployé sur le
14 front sud.
15 Général, nous avons donc un officier, excusez-moi un soldat de
16 l'armée croate qui a été tué dans la zone de Mostar le 03 octobre 1993.
17 Nous avons une décision qui fait porter la responsabilité de cet
18 assassinat à Marinko Musa et cela, à la date du 09 septembre 1994. Je
19 parle de la pièce 609.
20 Monsieur, le 09 septembre 1994 vous étiez chef d'état-major du
21 HVO à Mostar. En cette qualité, avez-vous étudié ce cas-là où d'autres cas
22 de cette nature où des soldats de la HV ou de la République de Croatie ont
23 été morts ou blessés dans la région de Mostar ?
24 M. Blaskic (interprétation). Monsieur le Président,
25 messieurs les Juges, avant tout, je dois dire que cet événement s'est
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1 produit le 03 octobre 1993. Je ne suis pas un juriste. Il y a ici beaucoup
2 de documents et je ne peux que les commenter. Le 03 octobre 1993, je me
3 trouvais dans l'enclave de la Lasva, je devais lutter pour la survie de
4 mes hommes et j'avais 35 000 réfugiés dans l'enclave de la Lasva.
5 Puis, je dois dire également qu'en tant que chef d'état-major,
6 en ce qui concerne le 09 septembre -la date où le Tribunal militaire se
7 prononce-, je dois dire que ce n'était pas dans mes compétences de
8 surveiller le travail du Tribunal militaire. Et je n'ai jamais pris
9 connaissance de cette affaire, même pas auparavant. Ce n'est
10 qu'aujourd'hui que je l'apprends, parce que ce Tribunal militaire était
11 sous les compétences du ministère de la Justice et de l'administration de
12 la République croate d'Herceg-Bosnie et du ministère de la Défense de la
13 République croate d'Herceg-Bosna.
14 Donc, concernant ces événements, je ne peux en savoir que ce que
15 je viens d'apprendre en prenant connaissance de ces documents. C'est la
16 première fois que je l'apprends.
17 Ce que je peux dire, c'est qu'il y a eu effectivement, à un
18 certain nombre d'occasions, ce genre de situation où, suite à la trêve,
19 les officiers ou les soldats de l'armée croate gelaient leur service en
20 Croatie. Ceux qui étaient nés en Bosnie-Herzégovine, souvent,
21 reprenaient service au sein du HVO. Mais concernant ce cas particulier, je
22 viens de l'apprendre à l'instant.
23 M. Kehoe (interprétation). - C'est une décision du Tribunal
24 militaire régional, le 09 septembre. Et l'article du journal, la
25 pièce 611, date du 28 octobre 1994. Vous dites que, suite à cette décision
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1 et suite à la plainte qui a été portée contre la République croate
2 d'Herceg-Bosnie, vous ne saviez rien de cette affaire touchant
3 Drazen Gvozden et sa mort en tant que soldat de l'armée croate qui était
4 déployée sur le front sud ?
5 M. Blaskic (interprétation). Ce que je peux affirmer, c'est
6 que je n'ai jamais pris connaissance officiellement de cet événement. Je
7 ne m'en souviens pas. Quant à cet événement du 03 octobre, monsieur le
8 Président, messieurs les Juges, j'étais commandant dans l'enclave de la
9 Lasva. J'étais totalement encerclé ; c'était cette région-là. Quant à ce
10 Tribunal militaire de district, je n'ai jamais eu ce Tribunal sous mes
11 compétences. Je n'ai eu aucune autorité sur ce Tribunal et ce n'était
12 pas...
13 M. le Président. (inaudible) répéter le témoin. Il vous a
14 donné deux arguments en réponse. Soit c'est le 03 octobre, il était dans
15 son enclave, soit c'est septembre 1994 et ce n'était pas dans ses
16 compétences. Donc, essayons d'avancer s'il vous plaît.
17 M. Kehoe (interprétation). Oui, je comprends, monsieur le
18 Président. Une dernière question : cet individu est né à Zagreb d'après
19 son certificat de décès. Vous venez de dire, Général, que vous n'aviez pas
20 d'informations officielles.
21 Pendant que vous étiez chef d'état-major ou chef d'état-major
22 adjoint ou à un moment quelconque de votre carrière, avez-vous entendu
23 parler de cette affaire concernant Drazen Gvozden ?
24 M. Blaskic (interprétation). - A un moment quelconque, j'en ai
25 entendu parler. Aujourd'hui, quant au passé, je ne peux pas le dire avec
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1 une certitude absolue. J'ai essayé de vous répondre dans la mesure du
2 possible concernant ce cas et d'autres. Mais d'ailleurs, cette
3 décision du Tribunal militaire ne m'a pas été communiquée. Peut-être,
4 ultérieurement dans une correspondance, quelqu'un aurait demandé des
5 documents concernant ce soldat. C'est possible. Je ne l'exclus pas. Mais
6 moi personnellement, je n'ai pas connaissance, je n'avais pas connaissance
7 de ce cas. Je vous dis : je ne savais pas pendant combien d'heures
8 j'allais rester à Vitez. Ce qui m'intéressait avant tout, c'était de
9 survivre ; j'avais 35, 40 000 réfugiés dans cette enclave en octobre 1993.
10 M. Kehoe (interprétation). - Bien entendu, les documents que
11 vous avez vus, le jugement du Tribunal militaire de Mostar et l'article de
12 presse, cela date de la période où vous étiez à Mostar et où vous étiez
13 chef d'état-major. N'est-ce pas exact ?
14 M. Blaskic (interprétation). - Je n'étais pas à Mostar chef
15 d'état-major. Il faut être précis, monsieur le Président, messieurs les
16 Juges. Le quartier général, au moment où moi j'étais chef d'état-major, se
17 trouvait à Posusje. Or, la date du 28 octobre 1994, c'est le moment qui
18 précède l'opération de libération de Kupres et de tout le plateau de
19 Kupres. Il s'agit de 600 km2 d'une immense opération. Moi j'étais une des
20 personnes qui ont participé à la préparation de cette opération, ensemble
21 avec le commandant du 7ème corps d'armée de Bosnie-Herzégovine. Je l'ai
22 déjà dit, je m'intéressais avant tout à des opérations de combat ; j'étais
23 commandant pendant la guerre.
24 M. le Président. Désormais, je voudrais qu'on avance de façon
25 efficace. Quand une question a été posée, il y a apporté une réponse ;
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1 elle vous convient, elle ne vous convient pas, c'est le problème de
2 chacune des parties. Nous n'allons pas revenir éternellement à cette
3 question. Le témoin a répondu. Monsieur le Procureur, essayez de passer à
4 un autre sujet ou si vous voulez rester à ce sujet, posez une question de
5 nature différente. Nous n'allons pas répéter toujours la même chose. Sinon
6 nous ne nous en sortirons jamais.
7 M. Kehoe (interprétation). Oui, tout à fait monsieur le
8 Président. Une dernière question, si vous me le permettez, puis je vais
9 changer de sujet.
10 Nous allons passer à la situation en Bosnie-Herzégovine au
11 moment où vous y êtes arrivé en avril 1992. Et le premier document que je
12 souhaite vous montrer, c'est la pièce de l'accusation 406/2.
13 Une question, Général ! Vous avez déjà vu ce document. Nous
14 allons focaliser notre attention Avant de parler de ce document, il porte
15 la date du 12 novembre 1991. Les noms qu'il porte sont ceux du Président
16 du centre de crise régionale, Mate Boban et du Président de la communauté
17 régionale de Travnik, Dario Kordic. Nous allons lire le paragraphe n° 1 de
18 ce document. La date est le 12 novembre 1991.
19 " La communauté régionale croate et la communauté régionale de Travnik
20 considèrent toujours que sont valables les conclusions adoptées lors des
21 réunions précédentes, à savoir que le peuple croate de cette région ainsi
22 que de l'ensemble de la Bosnie-Herzégovine soutient à l'unanimité
23 l'orientation qui a été acceptée ainsi que les conclusions qui ont été
24 adoptées en accord avec le Président, le docteur Franjo Tudjman les 13 et
25 20 juin 1991 à Zagreb.
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1 Sur la base des conclusions de ces réunions ci-dessus
2 mentionnées ainsi que de l'accord de Zagreb, ainsi des conclusions
3 séparées du 15 octobre 1991 de Grude et du 22 octobre 1991 de Busovaca, et
4 à cette occasion, le 12 novembre 1991, ces deux communautés régionales ont
5 décidé à l'unanimité que le peuple croate de Bosnie-Herzégovine doit enfin
6 adopter une politique déterminée et active qui lui permettra de réaliser
7 son rêve de toujours, à savoir un Etat croate commun. "
8 Général, ce rêve éternel de se doter d'un Etat croate commun est
9 le fait de réunifier... vise à réunifier le peuple croate de Bosnie-
10 Herzégovine avec celui de la République de Croatie, n'est-ce pas ?
11 M. Blaskic (interprétation). Monsieur le Président,
12 messieurs les Juges, le 12 novembre 1991 je me trouvais en Autriche. Quant
13 à ces événements, je n'en avais pas connaissance hormis ce que je viens
14 d'en apprendre. Je n'ai pas participé à ces réunions, à
15 aucune d'elles. Je ne me suis pas entretenu avec le Président du centre de
16 crises régionales pour la Herzégovine ni avec le Président de la
17 communauté de Travnik au sujet de ce document. Ce que je sais, cest que
18 les Croates dHerzégovine, lors du référendum au sujet de la Bosnie-
19 Herzégovine, se sont prononcés pour une Bosnie-Herzégovine unitaire et
20 souveraine. Ce qui ressort de ce document, là, je n'en ai aucune
21 connaissance de première main. Est-ce que je peux le consulter encore un
22 petit peu, l'ensemble du document ?
23 M. Kehoe (interprétation). Bien entendu, Général.
24 M. le Président. - Je voudrais recentrer un peu le débat. Le
25 problème n'est pas tellement de savoir s'il faut lire tout ce document. De
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1 toutes façons, le témoin n'était pas là le 12 novembre 1991. Peut-être la
2 question est-elle de savoir si le témoin adhérait à cette thèse de l'Etat
3 croate. C'est cela la question. Il faut aller droit au but. Ne perdons pas
4 de temps s'il vous plaît.
5 La phrase est très claire : " ont décidé à l'unanimité que le
6 peuple croate de Bosnie-Herzégovine devait enfin opter pour une politique
7 active et déterminée en vue de réaliser notre rêve éternel, un Etat croate
8 commun. " Le problème est de savoir ce que le témoin en pense. Adhérait-il
9 ou pas ? Cela lui était-il indifférent ? Voilà les questions ! On ne va
10 pas faire relire tout le document.
11 M. Blaskic (interprétation). Si vous me le permettez, je
12 souhaite répondre, monsieur le Président. Au point 2 de ce document, il
13 est dit que même dans une partie des dirigeants du HDZ, il y a en fait je
14 ne veux pas lire le reste. Je dois dire que j'étais prêt à venir en
15 Bosnie-Herzégovine pour apporter mon aide professionnelle pour la défense
16 contre l'agression. Telle était ma position depuis le début. Je n'ai
17 jamais pris part à l'élaboration d'un projet politique quelconque. Je n'ai
18 jamais mis en application un projet politique quelconque. Celui-ci non
19 plus par conséquent. Je peux vous parler des positions, des tranchées, des
20 fronts où jai moi-même combattu en tant que soldat dans la défense.
21 M. le Président. - Je vous remercie. Je remercie monsieur le
22 Témoin. C'est le type de question qu'on doit attendre dans un débat comme
23 celui-ci.
24 M. Kehoe (interprétation). Général, ces deux auteurs des
25 documents, Mate Boban était Président de la communauté croate de Herceg-
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1 Bosna et Dario Kordic était le vice-Président. Ils se trouvaient tous les
2 deux dans la région de Bosnie centrale au moment où vous étiez commandant
3 de la zone opérationnelle de Bosnie centrale, n'est-ce pas ?
4 M. Blaskic (interprétation). C'est exact, mais lors de la
5 première rencontre que j'ai eue avec Mate Boban, il m'a été dit
6 précisément que ce qu'il demandait aux officiers du HVO, c'était d'être
7 apolitique et que toutes les actions politiques, il souhaitait que les
8 officiers les laissent entre les mains des représentants politiques des
9 Croates de Bosnie-Herzégovine. Et le règlement du HVO prévoit également le
10 caractère apolitique du HVO. Lors de mes rencontres avec mes
11 collaborateurs, j'ai toujours insisté sur le fait que la politique n'était
12 pas notre préoccupation à nous, soldats.
13 M. Kehoe (interprétation). Général, restons sur ce même
14 document. Je vous prierai de bien vouloir lire le paragraphe suivant de ce
15 document où il est question de la Banovina croate.
16 " De façon à ce que cet objectif devienne bientôt une réalité,
17 ces deux communautés régionales demandent que des documents légaux et
18 politiques soient préparés et rédigés, qui prévoient la création d'une
19 Banovina croate en Herceg-Bosna et l'organisation d'un référendum au sujet
20 de l'adhésion à la République de Croatie, ce qui constituera la première
21 étape sur la voie du règlement définitif de la question croate vers la
22 création de " et là, il y a quelques mots illisibles.
23 Phrase suivante du paragraphe 2, ensuite, je cite : " Il y a des
24 forces au sein de la direction politique du HDZ qui s'opposent à la
25 réalisation de l'objectif du peuple. Il existe encore des forces au sein
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1 du HDZ et de sa direction en Bosnie-Herzégovine qui s'opposent aux
2 intérêts historiques du peuple croate de Bosnie-Herzégovine. Ces forces
3 sont favorables à la non-existence de la souveraineté de la Bosnie-
4 Herzégovine dans laquelle le peuple croate serait condamné au génocide et
5 disparaîtrait de l'histoire. " Fin de citation.
6 Alors Général, avez-vous jamais fait des commentaires dans des
7 documents au sujet des intérêts historiques et de la responsabilité
8 historique ? Quel est le fond de l'intérêt historique ou de la
9 responsabilité historique du peuple croate ? Que pensez-vous de cela ?
10 M. Blaskic (interprétation). En tant que soldat, lorsque je
11 parlais à mes soldats, j'insistais sur la nécessité que mes soldats soient
12 à la hauteur de la responsabilité historique. Je dis bien responsabilité
13 historique, et en disant cela je pensais au fait que l'Histoire
14 déterminerait le rôle de chaque soldat et de chaque officier, y compris
15 s'agissant de la nature des ordres et de la qualité de l'exécution des
16 activités de combat.
17 C'est dans ce sens que je parlais dans le but d'élever le moral
18 des troupes qui étaient placées sous mes ordres. D'ailleurs, c'est ce qui
19 émane de ce que l'on m'a appris dans l'ancienne JNA, s'agissant du contenu
20 des ordres qui avaient en général pour but d'élever le moral des troupes.
21 Je crois que c'est le devoir de tout commandant militaire.
22 M. Kehoe (interprétation). - Général, l'importance de cette
23 Banovina a continué à exister, a continué à faire l'objet de débats au
24 sein des dirigeants de la communauté croate de Herceg-Bosna, même après
25 votre arrivée en Bosnie centrale, le 14 avril 1992. N'est-ce pas ?
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1 M. Blaskic (interprétation). - Dans ce document, nous lisons que
2 des documents seront publiés, qu'un référendum sera organisé. Moi, je n'ai
3 pas connaissance qu'un tel référendum ait eu lieu. Peut-être a-t-il eu
4 lieu ? Je ne sais pas. Ce que je dis encore, c'est que je n'ai participé
5 qu'à deux réunions de représentants politiques en Bosnie centrale.
6 Car, une fois que j'ai été nommé commandant de la zone
7 opérationnelle de Bosnie centrale, j'ai passé la majeure partie de mon
8 temps sur les champs de bataille de Jajce. En tout cas, une grande partie
9 du mois d'août et le mois de septembre !
10 Je sais que par la suite, le peuple croate a opté pour
11 l'indépendance, la souveraineté de l'Etat de Bosnie-Herzégovine, avec
12 trois constituantes, trois composantes ; c'est ce qui est dit ici. Mais je
13 ne me rappelle pas qu'il y ait eu un référendum tel que celui mentionné
14 dans le texte.
15 M. Kehoe (interprétation). - Général, je vous demande si la
16 discussion au sujet de la Banovina s'est poursuivie après, dans la période
17 ultérieure à votre arrivée en Bosnie centrale le 14 avril 1992. Oui ou
18 non ?
19 M. Blaskic (interprétation). Si vous m'interrogez sur le plan
20 militaire, si vous m'interrogez au sujet de mes collaborateurs, je n'ai
21 aucune connaissance de cela. Ce débat s'est-il poursuivi ou pas ? Je ne me
22 considère pas compétent pour répondre à cela parce que je ne sais pas.
23 Peut-être s'est-il poursuivi ? Peut-être pas ? Mais je crois que les
24 représentants politiques sont mieux à même de répondre à cette question.
25 M. Kehoe (interprétation). Eh bien, parlons encore de quelques
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1 autres documents.
2 M. le Président. Attendez, je voudrais poser au témoin une
3 question : dans ce document, Général Blaskic, je suis intéressé par la fin
4 de ce document. Vous avez la fin ?
5 On dit : " Afin de mettre en uvre les conclusions énoncées aux
6 deux premiers points, nous devons -c'est Mate Boban, Dario Kordic qui dit
7 ça.
8 M. Blaskic (interprétation). Oui, oui, monsieur le Président.
9 M. le Président. Les conclusions énoncées, c'est-à-dire le
10 rêve éternel, l'Etat croate commun, nous devons et j'appelle votre
11 attention sur le petit c) et le petit d).
12 " Mieux se préparer militairement à la lutte contre toutes ces
13 forces qui tendent d'entraver l'inévitable processus de création d'un Etat
14 croate libre ", souligné à la main.
15 Et petit d) : " Prévoir et empêcher catégoriquement toute
16 activité publique ou secrète au sein de la direction qui viserait de
17 quelque manière que ce soit à s'opposer à ces
18 décisions. "
19 Alors moi, la question qui m'intéresse est celle-ci : vous
20 n'êtes pas là ; vous êtes encore en Autriche, mais quand vous êtes nommé
21 pour exercer des fonctions de responsabilité militaire de haut niveau,
22 est-ce que Mate Boban ou Dario Kordic vous entretiennent de ce projet
23 d'Etat croate libre ? Ou bien est-ce qu'ils vous disent : tu n'es qu'un
24 militaire ; tu ne t'occupes que de troupes ?
25 M. Blaskic (interprétation). Monsieur le Président, j'ai parlé
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1 de ma nomination. Je suppose que vous parlez de la date à laquelle j'ai
2 été nommé au poste de commandant de la zone opérationnelle de Bosnie
3 centrale ?
4 M. le Président (interprétation). Oui.
5 M. Blaskic (interprétation). En un mois, j'ai été le cinquième
6 commandant nommé à ce poste. Donc, au moment de ma nomination et également
7 par la suite, il ne m'a jamais été demandé d'exécuter un programme
8 politique. La situation était telle qu'il importait de se concentrer avant
9 tout sur la défense, sur les nécessités de la défense car c'était une
10 époque où plus de 70 % de la Bosnie-Herzégovine était occupée par les
11 forces de l'armée serbe en 1992.
12 M. le Président. J'y vois plutôt, au contraire, un argument
13 pour dire qu'au cinquième commandant, justement, les politiques ont
14 tendance à choisir quelqu'un qui va dans leur sens politique. Quand même,
15 vous voyez un Mate Boban, un Dario Kordic choisir un opposant aux thèses
16 politiques pour occuper une telle responsabilité militaire ?
17 M. Blaskic (interprétation). Monsieur le Président,
18 messieurs les Juges, personne ne m'a confronté à des objectifs politiques.
19 Il m'a été dit précisément que le HVO, c'est-à-dire la composante
20 militaire, était apolitique et que j'avais pour tâche, exclusivement, une
21 mission militaire. C'est-à-dire préparer la défense et organiser le peuple
22 armé. C'est de cette façon que j'ai compris ces instructions.
23 Le règlement du HVO prévoit également le caractère apolitique du
24 HVO. Je n'ai jamais été responsabilisé pour la réalisation d'un programme
25 politique et je n'étais pas membre du Parti.
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1 M. le Président. Vous êtes libre de ne pas répondre, si vous
2 le voulez. Mais, finalement, avec le recul du temps, vous étiez pour un
3 Etat croate libre ? Ou vous étiez plutôt un souverainiste ? C'est-à-dire
4 quelqu'un plutôt estimant que le seul Etat véritablement valable était la
5 Bosnie.
6 Si vous estimez que cette question peut vous porter préjudice,
7 vous n'y répondez pas, je vous mets très à l'aise. Mais quand même, on
8 peut se poser la question de savoir : qu'est-ce que c'est ces chaires
9 politiques qui ont un grand rêve d'Etat croate et puis qui, tout d'un
10 coup, choisiraient un militaire qui leur dirait : oh ! Moi, vous savez je
11 suis complètement apolitique et même je vais vous dire tout de suite que
12 je suis pour la souveraineté de Sarajevo parce que c'est cela qui me plaît
13 davantage sur le plan institutionnel ?
14 Quand même, Général Blaskic, il y a quand même quelque chose qui
15 ne colle pas quand on voit la fin de ce document. Vous pouvez nous
16 expliquer un peu ?
17 M. Blaskic (interprétation). Monsieur le Président,
18 messieurs les Juges, je crois qu'au mois de mars 1993, si je ne me trompe
19 pas de mois, lors d'une réunion d'une conférence de presse publique dont
20 j'ai parlé ici, la conférence de presse qui s'est tenue à Busovaca, la
21 même question a été abordée par moi. J'ai dit que le HVO se battait pour
22 notre patrie, la Bosnie-Herzégovine, que notre objectif était de combattre
23 l'agresseur de notre patrie qui était également notre patrie. Donc,
24 j'avais en tête le principe de l'égalité avec les autres composantes. Je
25 l'ai dit publiquement en 1993.
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1 M. le Président. Alors je vous pose ma dernière question :
2 est-ce que dans cette clause de conscience que vous faites jouer, est-ce
3 qu'un jour, vous dites à Mate Boban ou à Dario Kordic, vous leur dites :
4 " Vous savez, moi, je viens parce que je suis un brillant officier ; moi,
5 je sais faire des tranchées ; moi, je sais placer des mitrailleuses ; moi,
6 je sais entraîner des troupes ; mais par contre, votre histoire de l'Etat
7 croate ne m'intéresse pas ? "
8 Est-ce que vous avez fait cela une fois avec Mate Boban et
9 Dario Kordic ?
10 M. Blaskic (interprétation). - J'ai eu de très rares rencontres
11 avec M. Mate Boban. Le document que j'ai sous les yeux, je ne l'ai pas vu
12 avant de le voir ici au Tribunal. Je n'avais pas la possibilité
13 M. le Président. Ne me répondez pas en disant que vous n'étiez
14 pas là. Je sais très bien que vous étiez en Autriche. Ce qui m'intéresse,
15 c'est de savoir si vous avez un degré de conviction politique tel que
16 quand vous mettez votre savoir-faire militaire à la disposition de ces
17 dirigeants politiques enflammés, est-ce que vous savez ce que vous
18 faites ? Voilà, c'est cela ma question.
19 Vous luttez pour un Etat croate un jour futur ? Ou est-ce que
20 vous luttez pour un Etat institutionnel à Sarajevo ? Vous luttez pour
21 quoi ? Vous ne luttez pas pour rien quand même ? Vous rentrez d'Autriche,
22 vous prenez un commandant très périlleux, très risqué, vous luttez bien
23 pour quelque chose, Général Blaskic ?
24 M. Blaskic (interprétation). Monsieur le Président, le
25 gouvernement de Sarajevo avait cessé de fonctionner et l'Etat de Bosnie-
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1 Herzégovine pour partie était démantelé. Moi, je me battais pour la
2 défense, pour la création d'un commandement conjoint et j'y ai mis tous
3 mes efforts pour la défense de Maglaj, d'Olovo et de Gorazde qui étaient
4 des villes majoritairement musulmanes, dans la limite des possibilités.
5 M. le Président. - Je n'insiste pas davantage. Je voudrais que
6 mes collègues puissent poser leurs questions. Je pense que peut-être
7 M. Shahabuddeen a des questions.
8 M. Shahabuddeen (interprétation). Général Blaskic, pourriez-
9 vous m'aider à comprendre ce que vous avez dit, à savoir que l'armée elle-
10 même n'était pas politisée. Vous avez fait référence au décret par lequel
11 l'armée a été créée et qui en a défini le cadre, l'organisation. Quand
12 vous dites la chose suivante : " L'armée était une armée simplement
13 professionnelle ", vous ai-je bien compris ?
14 M. Blaskic (interprétation). Monsieur le Juge, c'est tout à
15 fait exact. Je pensais que nous devions mettre sur pieds une armée
16 professionnelle, qu'il était nécessaire de la créer. Il y avait
17 effectivement des personnes qui étaient armées, mais il fallait former ces
18 personnes afin qu'elles puissent exécuter certaines tâches de défense.
19 M. Shahabuddeen (interprétation). Mais je crois que le
20 Président de cette Chambre vous a posé une question disant la chose
21 suivante : " Bien entendu, vous vous battiez pour quelque chose. Sans
22 doute ! " Vous souvenez-vous de cette question posée en ces termes par le
23 Président ?
24 M. Blaskic (interprétation). Oui, effectivement. Oui.
25 M. Shahabuddeen (interprétation). Pourriez-vous clarifier ce
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1 point pour moi ? Reconnaissez-vous la situation que je m'apprête à vous
2 décrire : une armée pourrait être dépolitisée de telle sorte que les
3 personnes qui dirigent l'armée de l'intérieur, telles que vous, ne sont
4 pas des personnes politisées et que la politique n'a rien à voir, n'entre
5 pas dans le fonctionnement de l'armée, mais que cependant, l'armée est
6 disposée à poursuivre certains objectifs et à accomplir certaines tâches
7 déterminées par les dirigeants politiques. Ainsi, si ces dirigeants
8 politiques devaient par exemple déterminer la nécessité de mener à bien un
9 nettoyage ethnique, cette armée apolitique, en quelque sorte, exécuterait
10 cette tâche politique. Pouvez-vous envisager une telle situation ?
11 M. Blaskic (interprétation). Monsieur le Juge, je crois que
12 votre question est composée de 4 ou 5 sous-questions. Je reconnais, oui,
13 la situation que vous venez de décrire, mais tout soldat doit adopter une
14 position raisonnable, une attitude raisonnable et il doit pouvoir
15 reconnaître ou envisager de tels ordres. Le décret relatif aux forces
16 armées envisageait ceci. C'était également ma position parce que dès 1989,
17 j'ai cessé d'être membre du parti
18 communiste ou plutôt de la Ligue des communistes de Yougoslavie. Et je
19 crois que la majorité des jeunes gens qui se trouvaient dans l'armée, dans
20 la JNA, étaient satisfaits lorsqu'ils ont appris qu'ils devaient être
21 apolitiques et qu'ils devaient se concentrer sur leur travail au sein de
22 l'armée.
23 Moi je suis arrivé en Bosnie-Herzégovine ; je me suis battu pour
24 quelque chose. Je voulais contribuer à la défense contre l'agression serbe
25 et organiser la population armée. Je voulais appliquer mon idée au
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1 territoire de la Bosnie centrale. Mes postes de commandement étaient
2 principalement sur les lignes de front, à partir du front qui se trouvait
3 à Sarajevo jusquà Jajce, Maglaj, Olovo et dans des endroits où la
4 situation était extrêmement critique. A Gorazde également. Par conséquent,
5 j'ai tenté de mettre sur pieds et de maintenir la défense contre une
6 agression. Etant données les circonstances, un conflit a éclaté entre deux
7 composantes de ces forces de Bosnie-Herzégovine : l'armée de Bosnie-
8 Herzégovine et le HVO.
9 D'autre part, pour ce qui est de votre question relative aux
10 dirigeants politiques imposant certaines tâches telles que le nettoyage
11 ethnique, je n'ai jamais été à même d'accepter le nettoyage ethnique. Je
12 ne l'aurais pas accepté car un soldat obéissant doit rester raisonnable et
13 doué de raison.
14 M. Shahabuddeen (interprétation). Général, oui, je ne sais pas
15 si c'était la quatrième ou la cinquième question que je vous ai posée en
16 même temps, mais poursuivons quelque peu dans ce domaine. Poussons
17 l'hypothèse un peu plus loin.
18 Supposons que les dirigeants politiques fixent comme l'un de
19 leurs objectifs la mise en place, la création d'une grande Croatie.
20 L'armée placée sous votre commandement aurait-elle pu contribuer à la
21 réalisation de cet objectif ?
22 M. Blaskic (interprétation). - Sur le territoire de la Bosnie-
23 Herzégovine, à ce moment-là, à la période dont je veux parler ou dont je
24 peux parler, nous n'occupions pas cette position-là et je ne pense pas que
25 c'est ainsi que les choses se seraient passées. Peut-être qu'une
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1 partie de cette armée aurait pu effectivement contribuer à la réalisation
2 de cet objectif, mais comme je l'ai dit, la tendance était de rendre
3 l'armée totalement apolitique. Mais il est vrai, comme vous l'avez dit
4 dans votre question, qu'il y avait un certain degré de politisation et
5 c'est le cas dans toutes les armées, quels que soient les efforts de cette
6 armée visant à rester apolitique.
7 Ce n'est pas là l'objectif qui m'a incité à venir en Bosnie-
8 Herzégovine et on ne m'a pas d'ailleurs invité à remplir ce type
9 d'objectif. J'étais là pour contribuer et participer à la défense de la
10 Bosnie-Herzégovine. Je l'ai dit très clairement au cours de conférences de
11 presse en 1993, parce que la Bosnie-Herzégovine, c'est également l'Etat
12 des Croates de Bosnie-Herzégovine, sur un pied d'égalité avec les deux
13 autres nationalités qui se trouvent également en Bosnie-Herzégovine.
14 M. Shahabuddeen (interprétation). - Général, vous admettrez, je pense, que
15 parfois, il peut y avoir une certaine dynamique dans la détermination de
16 certains objectifs. Il peut y avoir certains objectifs qui sont fixés au
17 départ et qui sont amenés à être modifiés, de façon progressive ou de
18 façon immédiate, au cours de la situation qui suit et suite à des
19 événements ultérieurs.
20 Alors, dites-vous la chose suivante : si à une certaine période
21 les dirigeants politiques avaient décidé que l'un de leurs objectifs était
22 de créer une grande Croatie, êtes-vous en train de dire que vous n'auriez
23 pas accepté d'instructions visant à vous faire contribuer à la réalisation
24 de cet objectif ?
25 M. Blaskic (interprétation). - Eu égard à cette dynamique de la
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1 détermination d'objectifs dont vous avez parlé, j'ai peut-être, je n'ai
2 peut-être pas très bien compris comment ceci se passait, parce que je
3 n'avais peut-être pas suffisamment d'expérience dans ce domaine et je n'en
4 ai peut-être toujours pas suffisamment. Je ne me considère pas comme étant
5 très compétent pour parler de ce type d'objectif politique.
6 Mais je pense, qu'effectivement, il y avait un processus
7 dynamique qui était en présence. Je crois que j'ai pu le voir à partir des
8 négociations menées en Bosnie centrale, sous l'égide de la Communauté
9 internationale. Mais ce que j'ai compris à ce moment-là, c'est que la
10 tâche des représentants politiques du peuple croate et des Musulmans de
11 Bosnie-Herzégovine était de participer à ce processus dynamique et de
12 parvenir à un accord sous l'égide de la Communauté internationale, de
13 parvenir à un accord sur l'avenir, la composition de la Bosnie-Herzégovine
14 et sa configuration.
15 Par conséquent, mon rôle, en tout cas c'est ainsi que je
16 l'envisageais, était de défendre la Bosnie-Herzégovine contre l'agression
17 dont elle était victime.
18 Et lorsque je dis nous, je parle de l'armée de Bosnie-
19 Herzégovine et du HVO. Nous avions un ennemi commun, à savoir l'armée de
20 la République Srpska qui contrôlait une grande partie, 30 % de la Bosnie-
21 Herzégovine.
22 Je n'ai jamais véritablement, je ne me suis jamais véritablement penché
23 sur les décisions et sur les actes des hommes politiques parce que ce
24 n'était pas mon travail. Personne ne m'a jamais demandé de participer à la
25 mise en place d'un programme politique. Je n'étais pas présent au cours de
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1 cette réunion et je n'avais pas d'informations de première main me
2 permettant de savoir qu'il y avait une discussion sur la création et la
3 mise en place d'un tel projet politique.
4 M. Shahabuddeen (interprétation). - Général, pourriez-vous
5 résumer quelle aurait été votre réaction à une éventuelle demande formulée
6 par les dirigeants politiques, afin que vous participiez à cet objectif de
7 la création d'une grande Croatie ? Auriez-vous obtempéré ou bien auriez-
8 vous refusé d'obéir à ces instructions, si toutefois elles avaient été
9 formulées ?
10 M. Blaskic (interprétation). - Aucune demande de ce type ne m'a
11 été adressé. Et je n'ai jamais participé à l'élaboration d'un tel
12 programme personnellement, et je ne l'aurais pas mis en oeuvre en Bosnie-
13 Herzégovine. Nous parlons des événements qui ont eu lieu en Bosnie-
14 Herzégovine.
15 M. Shahabuddeen (interprétation). - Donc, vers la fin de votre
16 réponse, vous avez dit que jamais vous n'auriez accepté ce type
17 d'instruction. Je vous remercie de la clarté de votre réponse.
18 M. Rodrigues (interprétation). Monsieur Blaskic, j'ai aussi
19 quelques questions et je vais vous poser, dans la mesure du possible, des
20 questions directes.
21 A votre avis, quelle est la meilleure situation, d'un point de
22 vue exécutif ? Donc vous pouvez penser à une organisation quelconque. Du
23 point de vue exécutif, quelle est la meilleure situation ? C'est dire à
24 quelqu'un qui doit faire quelque chose afin d'obtenir cela, vous allez
25 faire cela ou seulement dire : vous allez faire cela.
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1 M. Blaskic (interprétation). - A mon avis, il est plus approprié
2 de parler en toute franchise et de tenter de donner une certaine
3 explication, de définir la tâche en question et de donner l'objectif de
4 cette tâche. Pour moi, c'est la meilleure démarche, c'est-à-dire de
5 communiquer le plus d'informations possible et notamment l'objectif d'une
6 tâche ; pourquoi demander qu'une telle tâche soit exécutée.
7 M. Rodrigues (interprétation). Ma deuxième question est
8 celle-ci : dans quelle mesure peut-il aider un soldat à savoir bien les
9 raisons pour lesquelles il lutte ?
10 M. Blaskic (interprétation). Eh bien, ceci peut aider dans une
11 large mesure le soldat, et il est tout à fait souhaitable que le soldat
12 soit au courant de l'objectif de sa lutte et de son combat.
13 M. Rodrigues (interprétation). Dans une perspective des idées
14 que nous avons déjà abordées, ici, dans cette salle de stratégie et de
15 tactique, est-ce que pour un officier, -je ne parle pas d'un soldat, mais
16 d'un officier- il est important de savoir quelque chose sur la stratégie,
17 c'est-à-dire sur les objectifs de la tactique ?
18 M. Blaskic (interprétation). Pour un officier, oui, c'est
19 important. Et d'ailleurs, on peut s'attendre à ce qu'il fasse tout ce qui
20 est en son pouvoir pour déterminer quels sont les
21 objectifs d'une tactique particulière.
22 M. Rodrigues. - Donc est-il possible de dire qu'à certains
23 niveaux d'un commandement, il faut avoir une certaine jonction entre la
24 stratégie et la tactique ?
25 M. Blaskic (interprétation). Oui, à un certain niveau
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1 effectivement, c'est nécessaire. Dans la plupart des cas effectivement,
2 c'est la tâche du commandement opérationnel, stratégique.
3 M. Rodrigues. - Vous nous avez dit que vous êtes venu d'Autriche
4 pour Kiseljak seulement pour deux mois Quel était à ce moment-là votre
5 rêve ? Pourquoi êtes-vous venu ?
6 M. Blaskic (interprétation). Je suis venu afin de contribuer à
7 la préparation et à l'organisation de la municipalité de Kiseljak dans le
8 domaine de la défense. Mes parents vivaient là-bas, mes beaux-parents,
9 également certains autres membres de ma famille. Donc, je suis venu après
10 y avoir été invité par les autorités officielles de la municipalité de
11 Kiseljak. Et puis également sur la demande de mon père décédé depuis, de
12 mon oncle décédé également et d'autres personnes encore. Mon objectif
13 était, à l'époque, d'organiser une structure de défense, d'organiser la
14 population armée sur le territoire de la municipalité de Kiseljak afin
15 qu'elles se défendent contre la JNA et l'armée de la Republika Srpska.
16 M. Rodrigues. - Mais pouvons-nous dire que vous étiez là dans un
17 plan tactique ?
18 M. Blaskic (interprétation). Oui.
19 M. Rodrigues. - Quelle était la stratégie ?
20 M. Blaskic (interprétation). Au niveau de la municipalité de
21 Kiseljak, la stratégie était de survivre et de se préparer à l'attaque
22 imminente et tout semblait indiquer qu'elle allait avoir lieu, puisque la
23 municipalité toute proche de Rakovica avait été nettoyée du point de vue
24 ethnique.
25 M. Rodrigues. - Général, je pose la même question : quand vous
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1 avez été nommé commandant dans la zone opérationnelle de Bosnie centrale,
2 quelle était la stratégie ?
3 M. Blaskic (interprétation). La stratégie ? Eh bien en deux
4 mots, parce que je souhaiterais être le plus bref possible, la stratégie
5 était de joindre toutes les forces, tous les potentiels de la Bosnie
6 centrale afin de lutter contre la conquête serbe afin de ralentir cette
7 avancée et afin de l'interrompre.
8 J'ai communiqué mon opinion quant à la situation militaire en
9 Bosnie centrale au Président Mate Boban.
10 M. Rodrigues. Peut-on dire que la stratégie était d'avoir un
11 Etat indépendant, la Bosnie-Herzégovine ?
12 M. Blaskic (interprétation). La stratégie au niveau politique,
13 à ma connaissance, était de parvenir à un accord politique sur
14 l'établissement de la Bosnie-Herzégovine avec des représentants des
15 Musulmans de Bosnie, des Serbes, grâce à la médiation de la Communauté
16 internationale. Ma stratégie militaire était de défendre le plus possible
17 du territoire restant de Bosnie-Herzégovine -peut-être 40 %- qui n'était
18 pas encore occupé par les Serbes.
19 M. Rodrigues. - Une autre question pour terminer. Excusez-moi,
20 comme vous savez, je suis arrivé en retard ici. Il y a une question pour
21 moi : quelle est votre nationalité ?
22 M. Blaskic (interprétation). Je suis croate.
23 M. Rodrigues. - Merci Général.
24 M. le Président. - Juste un point avant de faire la pause,
25 Général Blaskic, est-ce que l'on peut s'accorder sur le fait que
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1 Mate Boban et Dario Kordic avaient, eux, un projet politique de grande
2 Croatie ?
3 M. Blaskic (interprétation). Quel projet, quel programme
4 avaient-ils ? Je ne pourrais le dire parce que je n'ai eu que deux
5 réunions avec M. Mate Boban.
6 M. le Président. - Général, écoutez, je vous demande si vous
7 estimez que Mate Boban et Dario Kordic, qui étaient les chefs politiques,
8 avaient-ils, eux, un projet d'un Etat croate et d'une communauté croate ?
9 M. Blaskic (interprétation). Le projet d'une communauté croate
10 de Herceg-Bosna au sein de la Bosnie-Herzégovine était effectivement un
11 projet qui était le leur et quelque chose qu'ils partageaient, mais non
12 pas aux dépens de la Bosnie-Herzégovine. C'était plutôt un moyen d'obtenir
13 une certaine égalité des droits entre les Croates de Bosnie-Herzégovine et
14 les autres nationalités de Bosnie-Herzégovine.
15 M. le Président. - Je sais que vous êtes un militaire qui ne
16 vous occupez que de choses militaires, mais vous venez de dire au
17 Juge Rodrigues qu'à partir d'un certain niveau on n'a pas des lunettes
18 noires et on n'a pas les oreilles bouchées. Ma question est très simple :
19 est-ce qu'il y avait quand même chez les dirigeants politiques des Croates
20 de Bosnie un projet politique soit de grande Croatie, soit de communauté
21 croate structurée ? Est-ce que cela existait chez Mate Boban et chez
22 Dario Kordic ?
23 M. Blaskic (interprétation). Monsieur le Président, dans le
24 document 406/2, dans les points 1 et 2, on voit qu'il n'y a pas de
25 démarche commune au sein des dirigeants vis-à-vis de la Bosnie-Herzégovine
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1 -je parle des dirigeants du HDZ. Je sais que les Croates ont participé au
2 référendum sur la souveraineté de la Bosnie-Herzégovine, et la question
3 qui m'a été posée par le Juge Shahabuddeen le montre. Peut-être qu'à une
4 certaine époque il y avait certains objectifs politiques, mais la
5 politique, le programme politique a évolué et les accords de Washington
6 ont montré -accords acceptés par les Croates et j'y ai participé
7 d'ailleurs.
8 M. le Président. - Est-ce qu'à vos yeux -je ne vous parle pas de
9 ce document- vous étiez en Autriche ? Est-ce qu'à vos yeux Mate Boban et
10 Dario Kordic avaient un projet politique ? Oui ou non ?
11 M. Blaskic (interprétation). - Je pense qu'effectivement, oui,
12 ils avaient un projet politique.
13 M. le Président. Quel était ce projet politique, d'après
14 vous ?
15 M. Blaskic (interprétation). A mon avis, ce programme
16 politique était d'assurer
17 l'égalité des droits entre les Croates de Bosnie-Herzégovine et les autres
18 nationalités par le biais de la médiation de la Communauté internationale,
19 et par le biais d'un accord avec les autres éléments constitutifs de la
20 Bosnie-Herzégovine.
21 M. le Président. - Est-ce que, d'après ce que vous savez, est-ce
22 ce qu'ils ont essayé de réaliser ou est-ce qu'ils ont essayé de réaliser
23 autres choses ? Dans les faits ? D'après ce que vous savez ?
24 M. Blaskic (interprétation). - D'après ce que je sais (et mes
25 seules sources sont les négociations qui ont eu lieu grâce à la médiation
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1 de la Communauté internationale), à ma connaissance, la partie croate a
2 fait preuve de coopération dans le cadre de ces négociations.
3 M. le Président. - Vous ne répondez pas à ma question. Je vous
4 pose la question de savoir si, dans la mesure ou Mate Boban et
5 Dario Kordic avaient des projets politiques, est-ce qu'ils ont essayé de
6 le réaliser à travers cette communauté croate de défense ?
7 M. Blaskic (interprétation). Ils avaient un programme. Une
8 fois de plus, j'exprime mon opinion. Il est possible qu'ils aient tenté de
9 mettre en oeuvre ce programme, par le biais de leurs activités mais moi,
10 j'utilise les informations dont je dispose sur les négociations
11 internationales qui ont eu lieu.
12 M. le Président. - Enfin au-delà des informations dont vous
13 disposez, Général Blaskic, vous êtes commandant opérationnel de la zone de
14 Bosnie centrale, vous n'êtes pas aveugle sur les journaux que vous lisez,
15 aveugle sur les télévisions que vous voyez, sourd sur les radios que vous
16 entendez.
17 Quand même, je crois que vous ne pouvez pas dire : je suis un
18 simple soldat. Vous n'êtes pas un simple soldat. Alors ma question est
19 celle-ci : est-ce qu'à un moment donné, après la période de deux mois que
20 vous vous étiez fixée pour la défense de Kiseljak, est-ce que vous vous
21 êtes dit, à un moment donné, que vous aviez été manipulé par M. Mate Boban
22 et par Dario Kordic ? C'est-à-dire qu'eux poursuivaient un but politique
23 alors que vous, vous
24 comptiez simplement défendre votre territoire bosno-croate contre les
25 Serbes ?
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1 Est-ce que vous avez eu le sentiment d'avoir été manipulé par
2 eux ?
3 M. Blaskic (interprétation). Monsieur le Président, permettez-
4 moi de dire la chose suivante : sur le territoire où je me trouvais nous
5 étions isolés. Il n'y avait ni eau ni électricité, pas de presse non plus.
6 Je n'avais pas la possibilité de lire un quotidien, nous nous trouvions
7 dans une situation complexe. J'avais 35 000 réfugiés dans la région. Mais
8 c'est un fait qu'il y a eu un virage politique, en quelque sorte, dans le
9 programme de la direction politique croate de Bosnie-Herzégovine puisque
10 M. Boban a donné sa démission et M. Krijimir Jubac a pris la tête de la
11 Fédération.
12 Par conséquent, je ne connais pas très bien les circonstances dans
13 lesquelles M. Boban a donné sa démission. Je n'étais pas là, donc je n'ai
14 pas de connaissance directe de ce qui s'est passé. Sans doute
15 qu'effectivement ce virage a eu lieu et que de nouvelles personnes sont
16 arrivées.
17 M. le Président. Monsieur Rodrigues a une question.
18 M. Rodrigues (interprétation). Pour finir cette partie, il y a
19 une chose que j'aimerais bien comprendre. Votre projet de vie était de
20 laisser la carrière militaire.
21 Vous aviez demandé d'abandonner la JNA. Vous aviez un projet de
22 vie de rêve en Autriche avec votre femme, etc.
23 Vous aviez accepté de venir à Kiseljak pour deux mois, pour
24 organiser la défense. Là, je comprends parce qu'il y a quand même des
25 raisons émotionnelles.
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1 Et à la fin, sans soldats, sans structure, sans organisation,
2 etc., vous décidez de rester en Bosnie-Herzégovine. Je crois qu'il y a là
3 des raisons très fortes. Votre projet n'était pas quand même être ou
4 devenir général ; la carrière militaire était un projet, pour vous ;
5 abandonné.
6 Avec toutes ces circonstances, comment dire adverses, vous êtes
7 resté et donc, je crois qu'il y a là des raisons très fortes. Mais
8 j'aimerais bien comprendre quelles sont vraiment
9 les raisons, si vous aviez abandonné tout votre projet de carrière
10 militaire.
11 M. Blaskic (interprétation). Monsieur le Juge, vous l'avez dit
12 vous-même. Il y avait certaines raisons émotionnelles, entre autre, qui
13 ont motivé mon retour. Il y avait une guerre qui a été accompagnée de
14 certaines circonstances tout à fait imprévisibles. Notamment le fait que
15 je sois resté sur le territoire. Ce territoire de la Bosnie centrale que
16 nous sommes parvenus à défendre m'a coûté en tant que commandant. Je suis
17 désolé d'ajouter ceci : plus de 2 000 tués, plus de 5 000 personnes
18 blessées et 22 membres de ma famille -je parle de l'ensemble de ma
19 famille, et notamment mon père.
20 Je suis resté jusqu'à la signature de l'accord Washington,
21 pensant que nous pourrions mettre sur pied l'armée de la Fédération. J'ai
22 pris part à la dernière opération avec l'armée de Bosnie-Herzégovine
23 malgré cette guerre tragique qui a duré un an.
24 Mon projet de vie, effectivement, n'avait rien à voir avec une éventuelle
25 carrière militaire parce que j'ai également étudié d'autres choses ayant
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1 l'espoir d'abandonner ma carrière militaire. Je pensais que je pourrais le
2 faire après la mise en oeuvre de l'accord de Washington et de Dayton,
3 éventuellement. Mais j'ai également parlé à M. Krejimir Zubac en tant que
4 Président de la Fédération et il a exprimé le souhait de me voir adopter
5 la position de chef d'état-major adjoint et ensuite, de chef d'état-major
6 au sein du HVO, me concentrant sur les gens de l'armée qui auraient pu
7 contribuer à la construction de l'armée de la Fédération par la suite.
8 M. le Président. - Nous allons faire la pause. Les interprètes
9 ont beaucoup prolongé. Nous reprendrons à 12 h 30.
10 (La séance suspendue à 12 h 05 est reprise à 12 h 30.)
11 M. le Président. - Monsieur Kehoe.
12 M. Kehoe (interprétation). Merci, monsieur le Président,
13 messieurs les Juges.
14 Général, quelques questions seulement qui sont fondées sur des
15 réponses que vous avez données à la Chambre, en répondant aux questions du
16 Président et du Juge Rodrigues. Par
17 rapport au paragraphe 3c) où il est dit que des préparatifs militaires
18 meilleurs doivent être faits pour combattre ces forces qui tenteront de
19 mettre une fin à ce processus inévitable de la création d'un Etat croate
20 libre, vous avez dit dans votre réponse -et je pense que c'était en
21 réponse à la question du Juge Rodrigues- que la stratégie, en substance,
22 était dopérer une jonction entre toutes les forces qui devaient arrêter
23 l'agression serbe. C'est cela que vous avez dit au Juge Rodrigues ?
24 M. Blaskic (interprétation). Oui. Je pense, monsieur le
25 Président, messieurs les Juges, qu'il s'agissait de la période où j'étais
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1 à Kiseljak commandant de la zone opérationnelle de Bosnie centrale. Je
2 pense qu'il en était ainsi.
3 M. Kehoe (interprétation). Général, je souhaite vous montrer
4 la pièce de l'accusation 502.
5 A partir de votre arrivée à Kiseljak, un mois plus tard, vous
6 avez émis un ordre, la pièce de l'accusation 502. Il s'agit d'un ordre qui
7 émane de Mate Boban qui descend vers le général Roso et que vous émettez
8 vous-même en déclarant que la Défense territoriale est illégale. N'est-ce
9 pas un fait ?
10 M. Blaskic (interprétation). Oui. Cest ce qui figure au
11 point 5. Mais ce document date du 11 mai 1992. A cette date, la Défense
12 territoriale et la JNA constituaient les forces armées de la République
13 socialiste fédérative de Yougoslavie. A cette époque, l'armée populaire
14 yougoslave était encore une force armée légale censée défendre la Bosnie-
15 Herzégovine.
16 M. Kehoe (interprétation). Eh bien, Général, cet ordre est
17 daté du 11 mai 1992, n'est-ce pas ?
18 M. Blaskic (interprétation). Oui, du 11 mai 1992. Et à cette
19 date, la JNA se trouvait en Bosnie-Herzégovine.
20 M. Kehoe (interprétation). Et c'est le même jour où vous avez
21 dit à l'agence France-Presse, à un journaliste de l'AFP, que concernant le
22 Gouvernement de Bosnie-Herzégovine à Sarajevo, vous avez dit et je cite :
23 " Il n'a aucune légitimité ici ". Fin de citation.
24 Le même jour, vous dites que vous avez voulu motiver et
25 organiser les forces pour qu'elles se défendent contre l'agression serbe ?
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1 M. Hayman (interprétation). Il y a plusieurs questions ici.
2 M. Kehoe a posé plusieurs questions en une seule.
3 M. le Président. - Je comprends bien votre question, mais je
4 comprends aussi l'objection de Me Hayman. Vous avez posé plusieurs
5 questions.
6 M. Kehoe (interprétation). Oui, je vois, monsieur le
7 Président. Veuillez m'en excuser. Je vais séparer cette question en
8 plusieurs.
9 Le même jour, le jour où vous ordonnez que les forces de la
10 Défense territoriale soient rendues illégitimes, il y a un article de
11 l'agence France-Presse où vous dites vous-même que le Gouvernement de
12 Bosnie-Herzégovine, de Sarajevo, n'a pas de légitimité ici, ici signifiant
13 à Kiseljak. C'est le même jour.
14 M. Blaskic (interprétation). J'aimerais voir quelle est la
15 question qui m'a été posée au sujet de cette légitimité, mais je suis prêt
16 à préciser les circonstances qui prévalaient.
17 Kiseljak, c'est une zone frontalière avec la zone qui est
18 contrôlée par les Serbes, ensemble avec l'armée de la Republica Srpska.
19 Or, le Gouvernement de Bosnie qui se trouve à Sarajevo, y compris le
20 ministère de la Défense, envoie des ordres non codés demandant qu'on lève
21 le siège de la ville de Sarajevo. Il y a une distance de trente kilomètres
22 entre Kiseljak et Sarajevo et ces ordres, vu que ces ordres tombaient
23 entre les mains de l'armée de la Republica Srpska, pouvaient provoquer une
24 activité de l'artillerie, des pilonnages et pouvaient détruire ce
25 territoire, à l'époque où nous n'avions que quelques centaines de
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1 personnes armées à Kiseljak.
2 Donc, j'ai mis en garde à plusieurs reprises en disant qu'il ne
3 fallait pas réagir de telle sorte en direction de Kiseljak, puisque peut-
4 être que certaines instances cherchaient à impliquer Kiseljak dans la
5 guerre.
6 M. le Président. - Vous pouvez essayer d'aider les Juges en
7 essayant de répondre à la question. Je crois que vous ny répondez pas,
8 là. Vous avez dit tout à l'heure au Juge Shahabuddeen, ou au
9 Juge Rodrigues, que vous ne faisiez pas de politique, que vous ne
10 formuliez jamais aucun jugement politique. Il y a donc une déclaration qui
11 semble en contradiction avec l'ordre, le même jour. C'est cela. Essayez de
12 nous aider, car la question nous était apparue claire, en tout cas en ce
13 qui me concerne.
14 M. Kehoe (interprétation). Avez-vous compris ma question,
15 Général ?
16 M. Hayman (interprétation). Le témoin a demandé de voir le
17 texte de l'AFP. C'est en anglais et ce n'est pas en BCS. On lui demande
18 d'interpréter un texte qu'il n'a pas vu.
19 M. le Président. - Tout à fait. Vous avez tout à fait raison,
20 maître Hayman. Mais je pense que Me Kehoe pensait que le général se
21 souvenait de cette interview, de cette intervention. Je crois que ce
22 serait mieux, effectivement, que le témoin ait le texte. Tout à fait
23 d'accord, maître Hayman.
24 M. Kehoe (interprétation). Monsieur le Président, je voudrais
25 qu'il soit consigné au procès-verbal que ce témoin a vu pendant la
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1 dernière semaine du contre-interrogatoire ce texte et qu'il a admis qu'il
2 a fait cette déclaration. Nous pouvons aller chercher ce texte. Je le
3 trouverai pendant la pause déjeuner.
4 M. le Président. - Je suis comme vous. Je trouve qu'on perd
5 beaucoup de temps en circonvolutions. Mais là, il s'agit d'un droit
6 fondamental que tout témoin -et surtout quand il s'agit d'un accusé- a de
7 lire les documents quand on lui donne deux documents à comparer. Je pense
8 que c'est tout à fait normal en espérant aller assez vite quand même.
9 Peut-on retrouver ce document assez rapidement, monsieur le Greffier ?
10 M. Kehoe (interprétation). - Excusez-moi, monsieur le Greffier,
11 il s'agit de la pièce de l'accusation 545.
12 M. le Président. - Ce texte est en français puisqu'il s'agit de
13 l'agence France-Presse. Et vous l'avez traduit en anglais ?
14 M. Abtahi. Oui, je dispose également de la traduction en
15 anglais.
16 M. le Président. - Ce que va faire le Procureur, c'est lire le
17 passage et je pense que les traducteurs je pense que notre témoin doit
18 s'en souvenir.
19 Allez-y, maître Kehoe, c'est un passage qui est important pour
20 vous.
21 M. Kehoe (interprétation). Oui, monsieur le Président, cela
22 commence excusez-moi...
23 Je pense que c'est le cinquième paragraphe, là où apparaît le
24 nom de M. Blaskic : " Tiho Blaskic qui, à la tête des forces de la CVO de
25 Kiseljak, a expliqué que la région a été en paix puisque les Serbes ne
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1 constituaient que 3 % de la population de la ville, il n'avait aucune
2 visée sur ces terres ". Fin de citation.
3 " Concernant le gouvernement de Bosnie-Herzégovine de Sarajevo,
4 il n'a aucune légitimité ici ". Fin de citation.
5 Et à la page suivante, les derniers paragraphes de la deuxième
6 page, il est dit : " Kiseljak serait donc une partie du canton croate ou
7 de la région administrative et serait orientée plutôt vers l'ouest que
8 vers l'est " a dit Tiho Blaskic.
9 Et à la fin, une citation : " La proximité de Sarajevo n'a
10 jamais contribué à cette ville de toute façon ", a-t-il dit.
11 Général, vous avez donc pu entendre la traduction de cet
12 article. Vous nous avez déjà dit que cet article a été publié le même jour
13 où vous avez donné l'ordre rendant illégitime la Défense territoriale,
14 n'est-ce pas exact ?
15 M. Blaskic (interprétation). La date de l'ordre correspond à
16 la date de l'interview.
17 Mais permettez-moi de préciser que cet ordre a été émis suite à un ordre
18 émanant du grand quartier général. Comme je l'ai déjà dit, à l'époque, les
19 conscrits, y compris de Kiseljak -je le sais concrètement puisque mon père
20 par exemple devait se rendre à Breza ou à Ilijas- pouvaient être mobilisés
21 de la part de cette même JNA, ou de la part de la Défense territoriale,
22 pour être mobilisés à Ilijas dans la zone qui était déjà sous le contrôle
23 des Serbes ou de l'armée de la Republika Srpska ou de la JNA.
24 Pour ce qui est des Serbes de Kiseljak, disons ici qu'il n'y en
25 a que 3 %, -je fais référence à la municipalité de Kiseljak et aux
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1 quelques villages en direction d'Ilijas. Il n'y avait aucun danger qui
2 menaçait ces villages, et ils n'ont jamais été attaqués par le HVO. Plus
3 tard, ils l'ont été, certes, par la Défense territoriale.
4 Ici, il est dit : " Le Gouvernement de Bosnie-Herzégovine n'a
5 pas de légitimité " ; peut-être voulais-je dire n'avait pas d'influence
6 sur cette zone. Mais cette Chambre sait que j'ai envoyé personnellement
7 des rapports au ministre de la Défense de Sarajevo en août 1992 au moment
8 où il me l'a demandé. Je recevais des ordres également, tout un lot, toute
9 une série d'ordres émanant de l'état-major suprême de la défense de
10 Bosnie-Herzégovine concernant la levée du siège de Sarajevo et notre
11 participation à cette opération. Et j'en ai informé mes supérieurs.
12 Quant à la position de Kiseljak et son orientation, je ne sais
13 pas dans quel contexte cela a été dit. Par rapport aux négociations, peut-
14 être, qui ont eu lieu à l'époque avec la médiation des représentants de la
15 Communauté internationale. J'ai déjà dit que nous étions plutôt orientés
16 vers l'Ouest, vers l'Occident et non pas vers l'Est. Cela figure déjà dans
17 le procès-verbal. Tous mes commentaires au sujet de ces déclarations font
18 savoir que les aspirations de toute la population de la région étaient
19 l'Occident et la démocratie occidentale, et non pas l'Est, en faisant
20 référence à la JNA et à tous ceux dont cette population devait se
21 défendre.
22 M. Kehoe (interprétation). Général, votre commentaire disant
23 que le Gouvernement de Sarajevo n'a pas de légitimité ici, je l'ai encore
24 à l'esprit parce que je voudrais vous demander de comparer cela à la
25 déclaration de Mate Boban à Ed Vulliamy.
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1 Monsieur le Président, messieursles Juges, c'est une interview
2 du 13 août 1992, à la page 7754. Il s'agit, monsieur le Juge Rodrigues,
3 d'un journaliste de Guardian : Ed Vulliamy qui a déposé ici.
4 Boban aurait dit à Vulliamy qu'il ne pouvait pas accepter la
5 constitution de la Bosnie-Herzégovine ni sa capitale Sarajevo. Et cette
6 citation, cette déclaration donnée à M. Vulliamy ressemble étrangement à
7 votre citation où vous dites que le Gouvernement de Bosnie-Herzégovine à
8 Sarajevo n'a pas de légitimité à Kiseljak. N'est-ce pas exact ?
9 M. Blaskic (interprétation). J'ai déjà commenté cela, j'ai dit que je
10 n'avais pas vu au préalable cette interview. Je pensais dire " n'avait pas
11 d'influence ici ". Comment cela a-t-il été traduit, traduit par le mot
12 légitimité ? Alors cela je ne sais pas si Boras, si Doko m'ont demandé des
13 rapports et si je les ai envoyés au ministre de la Défense. Alors il faut
14 voir, je ne sais pas dans quel contexte ces traductions étaient faites.
15 M. le Président. - Le problème n'est pas tout à fait ici.
16 D'abord, je dirai au Procureur qu'il ne s'agit pas de vous opposer une
17 déclaration de Mate Boban. Ce qui m'intéresse ce n'est pas le mot
18 légitimité. Vous pouvez dire que ce n'était pas tout à fait ce que vous
19 vouliez dire. Mais l'ensemble de cette interview, de cette déclaration est
20 plutôt politique.
21 Ma question est celle-ci : vous nous avez dit tout à l'heure que
22 vous étiez un général, un militaire qui ne s'occupait pas de politique. Il
23 me semble quand même qu'il y a au moins trois phrases où quand même vous
24 vous occupez un petit peu de politique.
25 Donc, un général s'occupe un peu de politique. Je ne vous le
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1 reproche pas. Je constate par rapport à vos déclarations que vous êtes
2 quand même un général qui s'occupe un peu de politique.
3 M. Blaskic (interprétation). Monsieur le Président, c'est tout
4 à fait possible que dans cette question il y ait eu des connotations
5 politiques. A l'époque, j'étais capitaine de l'ex-JNA. Je venais d'arriver
6 à peine 15 jours, ou peut-être un peu plus 20 jours, auparavant à Kiseljak
7 suite à plusieurs années d'absence depuis 1975 à peu près. Je ne sais pas
8 dans quel contexte ces questions m'ont été posé. Je ne me souviens plus
9 pourquoi ai-je donné ce genre de réponse. Mais ce qui m'a toujours
10 intéressé c'était l'armée et les questions militaires.
11 M. le Président. Poursuivez monsieur Kehoe.
12 M. Kehoe (interprétation). - Cependant Général, quatre mois plus
13 tard, à partir de cette interview, vous avez un entretien, une réunion
14 avec les autres dirigeants de la communauté croate de Herceg-Bosna. Et
15 vous vous préparez, vous recevez des instructions de vous préparer pour
16 des combats contre les Musulmans, quatre mois plus tard, en
17 septembre 1992.
18 M. Blaskic (interprétation). Eh bien, cette question-là n'est
19 pas exacte. Vous me suggérez la réponse. Je ne me prépare pas à combattre
20 les Musulmans en septembre 1992.
21 Je suis arrivé à cette réunion après une convocation qui m'a été
22 envoyée et j'y suis venu pour être présenté aux représentants politiques
23 et tous les autres qui participaient à cette réunion. Quant aux
24 circonstances générales, elles étaient les suivantes : c'était le moment
25 où les opérations les plus violentes étaient celles de Jajce, Maglaj,
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1 Olovo et Travnik et ainsi de suite. Il ressort de toute une série de
2 documents que nous essayons d'agir conjointement avec l'armée de Bosnie-
3 Herzégovine, donc le HVO et l'armée, pour défendre conjointement Jajce
4 Maglaj, Usora, Olovo et d'autres endroits.
5 Lors de cette réunion, je n'ai reçu aucune mission et je
6 n'aurais pas pu en recevoir. Mon supérieur était le chef du grand état-
7 major du HVO, c'est lui qui aurait pu m'en donner. Quand aux représentants
8 politiques de la Bosnie centrale, ils ne m'ont donné aucune mission.
9 M. Kehoe (interprétation). - Général, pouvez-vous consulter la
10 pièce 546//95, pièce de l'accusation. Je voudrais que vous portiez votre
11 attention à l'avant-dernier paragraphe. L'avant-dernier paragraphe de la
12 dernière page, s'il vous plaît.
13 C'est un extrait du compte-rendu d'une réunion qui s'est tenue
14 le 22 septembre 1992, du conseil croate de défense dans les municipalités
15 de la Bosnie centrale.
16 Alors étiez-vous un des membres de la présidence de travail avec
17 Dario Kordic, Anto Valenta et Ignac Kostroman ? Il est dit dans ce
18 paragraphe : " Les organes militaires HVO, chargés de la Bosnie centrale
19 se prépareront, établiront des plans de défense contre une attaque
20 possible menée par des forces fondamentalistes de Moudjahidin islamiques
21 et introduisant une discipline militaire et l'ordre dans les formations
22 militaires. "
23 M. Nobilo (interprétation). - La traduction est totalement
24 erronée, monsieur le Président, messieurs les Juges.
25 La traduction du texte anglais que nous voyons ici, deux paragraphes sont
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1 condensés en un seul paragraphe, ce qui a complètement effacé le sens du
2 texte original. Je propose que l'on place sur le rétroprojecteur
3 l'original croate et que les interprètes qui sont présents ici nous le
4 traduisent. Vous verrez que la traduction anglaise est erronée.
5 M. le Président. - Alors on va mettre sur le rétroprojecteur la
6 version en croate. Quel est le paragraphe ? Avant de passer le paragraphe
7 à mes collègues, je voudrais l'identifier.
8 M. Kehoe (interprétation). - C'est la dernière page, l'avant-
9 dernier paragraphe de la dernière page, monsieur le Président.
10 M. le Président. - Je ne sais pas si on peut faire Comment
11 comptez-vous procéder ? Ce qui est certain, maintenant, c'est que les
12 Juges ont bien la version en serbo-croate sous les yeux. Moi, j'ai une
13 version française que je vais communiquer à mes collègues. Mais j'aimerais
14 bien avoir la traduction par les interprètes.
15 M. Nobilo (interprétation). Monsieur le Président, ce que je
16 propose est de lire
17 moi-même ce texte en croate et les interprètes peuvent vous le traduire;
18 si vous êtes d'accord.
19 M. Kehoe (interprétation). - Je propose que les interprètes
20 lisent la traduction qui est déjà faite. Nous avons ici une traduction qui
21 émane de nos services linguistiques. Ni moi ni M. Harmon ne pouvons lire
22 le BCS. Donc c'est-ce que nous avons reçu du service linguistique de ce
23 Tribunal.
24 M. le Président. - Comme il y a une contestation sur ce point-
25 là, je propose tout simplement qu'il y ait soit Me Nobilo, soit un
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1 interprète serbo-croate qui lise la version serbo-croate, et que les
2 interprètes la traduisent tout simplement. C'est très simple.
3 Comment voulez-vous procéder ?
4 Maître Nobilo, vous n'avez qu'à le lire, si vous voulez. Lisez
5 le paragraphe. D'abord le premier paragraphe et allez doucement. Lisez le
6 paragraphe qui commence à " vogni organisagion ".
7 M. Nobilo (interprétation). Oui, et je pense que c'est
8 important. Il est important qu'il soit consigné en procès-verbal, ce texte
9 tel qu'il est dans l'original. S'il s'avère qu'il est différent, comme je
10 le considère, il faudra modifier, corriger la traduction dont dispose le
11 Bureau du Procureur.
12 M. le Président. - On n'en est pas là, maître Nobilo. Pour
13 l'instant, ce qui est important, c'est que vous lisiez tout simplement.
14 M. Nobilo (interprétation). - Je lis le texte donc.
15 " Les organes militaires du HVO de Bosnie centrale sont tenus
16 d'établir des plans de défense face à une éventuelle attaque menée par des
17 forces islamiques fondamentalistes moudjahidin qui ont infiltré, y compris
18 les organes de l'armée de Bosnie-Herzégovine. "
19 Le paragraphe suivant
20 M. le Président. - Je voudrais écouter la dernière C'est très
21 différent. Je demande aux interprètes Excusez-moi, maître Nobilo.
22 Effectivement, la version française que j'ai sous les yeux
23 c'est : " que les organes militaires introduiront l'ordre et la discipline
24 militaire dans les formations militaires ", et c'est très différent. Vous
25 pouvez répéter la dernière après les forces moudjahidin. Je voudrais que
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1 mes collègues s'ils le peuvent
2 (Cabine française : Monsieur le Président, c'est le paragraphe
3 suivant.)
4 M. Nobilo (interprétation). " Il s'agit donc de forces
5 islamiques, fondamentalistes, moudjahidin qui ont infiltré y compris les
6 organes de l'armée de Bosnie-Herzégovine. "
7 M. le Président. C'est tellement éloigné de ma traduction,
8 effectivement.
9 (Cabine française : c'est le paragraphe suivant, Monsieur le
10 Président, celui auquel vous faites référence.)
11 M. le Président. Je regrette, dans ma traduction c'est : " Le
12 ministère de la Défense assurera la logistique militaire pour la Bosnie
13 centrale conjointement avec le commandement militaire. "
14 Cela ne va pas du tout cela.
15 M. Nobilo (interprétation). - Non, je vais vous lire le
16 paragraphe suivant.
17 " Les organes militaires de Bosnie centrale sont tenus
18 d'accélérer le processus de professionnalisation des unités militaires et
19 de mettre en place une discipline militaire entière ainsi que l'ordre dans
20 les unités militaires. "
21 M. le Président. Oui, on retrouve là quelque chose... Bon, en
22 tout cas, cela ne va pas. Monsieur le Greffier, c'est une traduction
23 officielle de notre service de traduction ? Je parle de la version
24 française qui est la seule que je peux contrôler.
25 M. Abtahi. Oui, monsieur le Président. Je vous demande juste
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1 un instant pour une vérification.
2 M. le Président. Bien, alors écoutez. En accord avec les
3 Juges, Maître Nobilo,
4 vous allez relire ces deux paragraphes comme vous l'avez fait lentement.
5 La cabine va traduire comme elle entend le traduire. Ceci sera dans le
6 transcript et, par ailleurs, je demande officiellement, au nom de mes
7 collègues et moi-même, au Greffe d'assurer une nouvelle traduction de ces
8 deux paragraphes.
9 Maître Nobilo, lisez lentement.
10 M. Nobilo (interprétation). - Je lis le texte : " Les organes
11 militaires du HVO de Bosnie centrale sont tenus d'établir des plans de
12 défense face à une éventuelle attaque menée par des forces islamiques
13 fondamentalistes moudjahidin qui ont infiltré y compris les organes de
14 l'armée de Bosnie-Herzégovine. "
15 Le paragraphe suivant :.
16 " Les organes militaires de Bosnie centrale sont tenus
17 d'accélérer le processus de professionnalisation des unités militaires et
18 d'établir une discipline militaire entière ainsi que l'ordre dans les
19 unités militaires. " Fin de citation.
20 M. le Président. Oui, il y a deux points qui sont très
21 différents. Le dernier paragraphe parle de professionnalisation plutôt que
22 de logistique et le premier paragraphe -c'est peut-être celui-là qui est
23 le plus controversé-, on parle là, dans la nouvelle traduction, de ces
24 forces moudjahidin qui auraient introduit, qui ont infiltré les forces de
25 l'armée de Bosnie. Donc, c'est très différent. Donc, je maintiens la
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1 demande d'une nouvelle traduction officielle.
2 Voulez-vous poursuivre
3 Non, il est 13h05, nous allons nous arrêter. Peut-être que nous
4 pourrons revenir lorsque nous aurons la traduction, monsieur le
5 Procureur ? Ce serait peut-être plus simple ? Il faut que le témoin puisse
6 répondre sur des choses sur lesquelles tout le monde s'accorde pour la
7 traduction. Je crois que c'est le mieux. D'accord ?
8 M. Kehoe (interprétation). - Bien entendu, monsieur le
9 Président. Je suis tout à fait d'accord.
10 M. le Président. Nous reprendrons à 14 h 30. Je redonne le
11 document au Greffier. L'audience est suspendue.
12 (L'audience suspendue à 13 h 05 est reprise à 14 h 40)
13 M. le Président. Monsieur le Greffier ainsi que messieurs les
14 défenseurs et conseils de l'accusation, veuillez noter : demain mercredi,
15 je vous rappelle que nous commencerons à 10 h 00. Nous ferons une journée
16 comme le mardi et comme le jeudi.
17 Toutefois, pour cette semaine-ci, il y a un changement pour
18 jeudi et un changement pour vendredi. Jeudi matin, nous ne siégerons pas
19 et nous reprendrons jeudi après-midi à 15 h 30.
20 Vendredi matin, nous ne siégerons qu'à 10 h 00 et non pas à
21 9 h 00. Monsieur le Greffier, vous avez noté ?
22 M. Abtahi (interprétation). Oui, monsieur le Président.
23 M. le Président. - Pour le service sécurité et surtout pour les
24 unités spéciales qui assurent le déplacement de l'accusé.
25 Monsieur Kehoe ?
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1 M. Kehoe (interprétation). Puis-je procéder, monsieur le
2 Président ?
3 Général, le document dont nous étions en train de parler, la
4 pièce 456/95 datée du 22 septembre 1992, est un document qui présente des
5 aspects politiques, n'est-ce pas ?
6 M. Blaskic (interprétation). Oui, c'est un document qui est
7 issu des rencontres régulières des responsables officiels de la Bosnie
8 centrale, donc il présente tous les aspects. Mais je tiens à signaler que
9 c'est ici, dans ce prétoire, que j'ai vu ce document pour la première
10 fois. Même s'il y est dit que j'étais membre de la présidence de travail,
11 il est évident que tous les membres de la présidence de travail ont signé
12 ce document alors que je ne l'ai pas signé. Je ne l'ai pas reçu entre les
13 mains avant de venir ici dans ce prétoire. Je ne l'avais d'ailleurs jamais
14 vu. J'étais informé du contenu des débats dans la mesure où à l'époque,
15 j'ai pu en être informé, au moment où s'est tenue la réunion. Cela, c'est
16 exact, mais j'étais invité à cette réunion.
17 M. Kehoe (interprétation). Général, vous nous avez dit ce
18 matin que vous n'aviez participé qu'à deux réunions auxquelles avaient
19 participé des représentants politiques de Bosnie centrale. Ce n'est pas
20 cela que vous avez dit aux Juges ce matin ?
21 M. Blaskic (interprétation). Il y a eu très peu de réunions.
22 Il est possible qu'il n'y en ait eu que deux. La réunion dont nous sommes
23 en train de parler était une réunion destinée à me présenter aux
24 responsables officiels du Gouvernement en septembre 1992. Et une réunion
25 s'est tenue en avril 1993 qui était de nature similaire, une réunion de
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1 coordination à laquelle j'ai assisté. Sinon ces rencontres se tenaient
2 tous les 15 jours en Bosnie centrale, mais il s'agissait de rencontres de
3 représentants civils. Je n'assistais pas aux réunions de ces organes.
4 M. Kehoe (interprétation). Monsieur le Greffier, je demanderai
5 la pièce à conviction de l'accusation 572/1. J'aimerais qu'on la place sur
6 le rétroprojecteur, je vous prie.
7 Pouvez-vous remonter un peu en arrière ? Très bien.
8 Général, je propose que nous voyions de quels hommes il s'agit.
9 Sur cette photo à gauche, c'est Ignac Kostroman, secrétaire du HVO, n'est-
10 ce pas ?
11 M. Blaskic (interprétation). Oui, il s'agit bien d'Ignac
12 Kostroman. Je crois qu'il était secrétaire général du HDZ pour la Bosnie-
13 Herzégovine. Peut-être était-il aussi membre du HVO, mais en tout cas, il
14 était secrétaire.
15 M. Kehoe (interprétation). Et c'était un représentant
16 politique, n'est-ce pas ?
17 M. Blaskic (interprétation). Oui. C'était une personnalité
18 politique.
19 M. Kehoe (interprétation). L'homme à côté de lui est Anto
20 Valenta, vice-Président du HVO, n'est-ce pas ?
21 M. Blaskic (interprétation). Oui Anto Valenta était vice-
22 Président du Gouvernement, enfin du HVO, en tout cas coordinateur pour la
23 Bosnie centrale.
24 M. Kehoe (interprétation). A partir du 8 avril, c'est bien cet
25 homme qui avait un bureau au fond du couloir où se trouvait votre bureau à
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1 l'hôtel Vitez, n'est-ce pas ?
2 M. Blaskic (interprétation). Non, c'est l'homme qui a été
3 expulsé de son bureau à Travnik en raison des événements. Il a donc été
4 expulsé et il a utilisé le bureau du chef d'état-major de M. Franjo Nakic
5 pendant une certaine période à partir du 8 avril, pendant très peu de
6 temps à lhôtel Vitez. Après quoi, il a eu un bureau dans un bâtiment
7 voisin à Vitez. Je ne sais pas comment s'appelait ce bâtiment, mais en
8 tout cas, il se trouvait en face de l'hôtel à une centaine de mètres. Il
9 ne pouvait pas retourner à Travnik puisque l'armée de Bosnie-Herzégovine
10 s'était emparée de Travnik.
11 M. Kehoe (interprétation). Valenta était également une
12 personnalité politique, n'est-ce pas ?
13 M. Blaskic (interprétation). Oui. Valenta, j'ai déjà donné ses
14 fonctions.
15 M. Kehoe (interprétation). A côté de Valenta et à côté de
16 vous, entre Valenta et vous même, se trouve Dario Kordic, vice-Président
17 du HVO. Est-ce exact ?
18 M. Blaskic (interprétation). Oui.
19 M. Kehoe (interprétation). C'était également une personnalité
20 politique ?
21 M. Blaskic (interprétation). Oui, lui aussi était une
22 personnalité politique.
23 M. Kehoe (interprétation). Vous avez rencontré ces hommes à
24 ces conférences de presse dont vous avez parlé, au moins une fois par
25 semaine à Busovaca ?
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1 M. Blaskic (interprétation). Non, je ne rencontrais pas ces
2 hommes. Je participais aux conférences de presse. On le voit clairement.
3 La conférence de presse se tenait en général toutes les semaines et
4 c'était une conférence publique à laquelle assistaient des représentants
5 des Nations unies et des journalistes.
6 Donc, je répondais aux questions posées par les journalistes,
7 mais chacun répondait aux questions relevant de lui. Moi, je répondais aux
8 questions de nature militaire donc, des
9 questions militaires. Il n'a jamais été question de rencontres ou de
10 réunions avec des représentants politiques, contrairement à ce qu'y est
11 dit dans ce document du 22 septembre 1992 dont nous avons parlé il y a
12 quelques instants, ou dans le document du mois d'avril 1993.
13 M. Kehoe (interprétation). - Général, à ces conférences de
14 presse auxquelles vous assistiez toutes les semaines, la politique
15 concernant la communauté croate de Herceg-Bosna était discutée par
16 Kostroman, Valenta et Kordic en votre présence, n'est-ce pas ?
17 M. Blaskic (interprétation). Aux questions posées par les
18 journalistes, ils répondaient en ma présence. Mais ce n'est pas moi qui
19 leur posais ces questions et je ne participais pas avec eux à quelque
20 débat que ce que soit dans le cadre de ces conférences.
21 Comme je l'ai déjà dit, il s'agissait de conférences auxquelles
22 assistaient tous les journalistes de la communauté croate et tout
23 dépendait des questions. Si les questions étaient politiques ou
24 concernaient des questions civiles, d'autres représentants que moi
25 répondaient. Mais s'il s'agissait de questions militaires, puisqu'il y
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1 avait des combats très violents contre l'armée de la Republica Srpska et
2 plus tard contre l'armée de Bosnie-Herzégovine, dans ces cas-là, c'est moi
3 qui répondais aux questions.
4 M. Kehoe (interprétation). Mais, sur la base de ces questions,
5 Général, vous connaissiez bien les positions politiques de ces trois
6 hommes, n'est-ce pas ?
7 M. Blaskic (interprétation). - J'étais dans la capacité
8 d'entendre -comme pouvaient le faire toutes les personnes présentes-, les
9 positions exprimées par ces représentants. Mais je souligne que ces
10 réunions n'étaient pas des réunions avec des représentants civils. Je m'en
11 tiens à mon affirmation selon laquelle je n'ai participé qu'à deux
12 réunions ; une réunion et une conférence de presse sont deux choses
13 différentes.
14 M. Kehoe (interprétation). - Général, mais à ces conférences de
15 presse où étaient discutés des programmes politiques, ou des commentaires
16 politiques, étaient exprimés par ces trois hommes, avez-vous vous jamais
17 exprimé publiquement votre désaccord avec ces positions ?
18 M. Blaskic (interprétation). Ces hommes faisaient connaître
19 leurs commentaires sans m'en informer. Ils formulaient des commentaires
20 effectivement avec lesquels parfois je n'étais pas d'accord. J''ai eu
21 l'occasion de le dire à certains d'entre eux, mais leurs commentaires ne
22 me liaient en aucune façon car moi, j'avais un grand quartier général. En
23 tant que militaire, je recevais des ordres du chef d'état-major principal.
24 Quant au plan politique, il y avait des représentants locaux ou
25 régionaux, des représentants politiques qui s'exprimaient, mais cela ne me
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1 liait en aucune façon.
2 M. Kehoe (interprétation). - Ces déclarations politiques avec
3 lesquelles vous n'étiez pas d'accord, pouvez-vous les faire connaître aux
4 Juges ? Et pouvez-vous dire aux Juges à l'encontre de qui vous dirigiez
5 vos critiques et à quel moment vous avez formulé ces critiques ?
6 M. Blaskic (interprétation). Il m'est difficile de dire à quel
7 moment je les ai formulées. Je sais que lors d'une de ces conférences de
8 presse, à l'époque où nous n'avions ni eau ni électricité... C'était une
9 période où le conflit avec l'armée de Bosnie-Herzégovine durait déjà
10 depuis quelques temps. Je pense que c'était peut-être la fin du mois de
11 mars 1993. Je me rappelle que M. Valenta, à cette occasion, a dit
12 condamner l'attitude de l'armée de Bosnie-Herzégovine qui avait causé la
13 suppression de l'eau et de l'électricité dans l'enclave de la Lasva, et
14 que si la situation durait, le HVO prendrait les mesures nécessaires pour
15 que l'eau et l'électricité soient coupées là où le HVO pouvait couper
16 l'eau et l'électricité à l'armée de Bosnie-Herzégovine, et donc sur les
17 territoires ou vivaient des Musulmans bosniens.
18 Je lui ai dit, après l'avoir entendu, que je ne soutenais pas
19 cette position et que je ne souhaitais plus participer à des conférences
20 de presse où seraient faites de telle déclaration. J'ai dit que je n'étais
21 pas d'accord avec ce qu'il a dit aux journalistes, au moment de cette
22 conférence
23 de presse. Je crois, qu'à partir de ce moment-là, il n'a plus participé
24 aux conférences de presse, mais les conférences de presse tenues par lui
25 en tant que représentant du gouvernement civil. Et les conférences de
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1 presse tenues par les membres du commandement de la zone opérationnelle de
2 Bosnie centrale se sont tenues séparément. Dans les deuxièmes conférences
3 de presse on discutait de questions militaires.
4 M. Kehoe (interprétation). - Général, est-ce la seule
5 déclaration avec laquelle vous vous souvenez avoir été en désaccord ?
6 M. Blaskic (interprétation). - Vous m'avez demandé quand et où,
7 peut-être y a-t-il eu d'autres occasions. Mais je tiens à dire,
8 monsieur le Président, messieurs les Juges, qu'il y a eu pas mal de
9 déclarations faites par des représentants politiques y compris locaux. On
10 voit, à la lecture de ce document, qu'au niveau de la municipalité on
11 décidait finalement de ce que feraient le ministère et l'armée, etc. Et
12 moi, je considérais que de telles déclarations ne me liaient en aucune
13 façon, pas plus que ne le faisaient de telles conceptions.
14 Je considérais que je dépendais uniquement du grand quartier
15 général et des ordres officiels qui m'étaient destiné. Quant aux positions
16 des responsables politiques locaux, il y en a eu pas mal qui ont été
17 exprimées. Il ne s'agissait pas de positions officielles ou de documents
18 officiels.
19 M. Kehoe (interprétation). - Mais Général, n'est-il pas vrai que
20 vous avez eu une participation politique, comme nous l'avons vu, dans les
21 dépêches de l'AFP, lors de cette rencontre du 22 septembre et au moment ou
22 vous avez fait des commentaires publics au sujet du plan Vance-Owen ?
23 M. Blaskic (interprétation). Non, ce n'est pas un fait, ce
24 n'est pas une réalité. J'étais préoccupé constamment que par la nécessité
25 de tenir. Il faut se rendre compte, ici, qu'au mois d'août, j'étais sur le
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1 front à Jajce. Au mois de septembre, j'ai passé une grande partie du mois
2 sur le front de Jajce. Au mois d'octobre, j'étais sur le front à Travnik.
3 Je peux vous indiquer ici où se trouvaient les lignes de front et mes
4 postes de commandement avancé. J'affirme qu'à Jajce et à Travnik j'avais
5 mon poste de commandement en août et en septembre.
6 Et j'ai consacré la majeure partie de mon temps à me concentrer
7 sur des questions militaires, le quartier général étant basé à Vitez. Donc
8 ce que vous êtes en train de montrer n'indique rien au sujet de ma
9 position politique. D'autant plus que, lors de la première rencontre dont
10 nous parlons, j'ai été présenté en tant qu'invité à la réunion et pas en
11 tant que participant.
12 M. Kehoe (interprétation). - Général, vous avez formulé des
13 commentaires au sujet du plan Vance-Owen, n'est-ce pas ?
14 M. Blaskic (interprétation). J'ai formulé des commentaires au
15 sujet du plan Vance-Owen qui concernaient la structuration interne de la
16 Bosnie-Herzégovine. Je l'ai fait eu égard aux aspects militaires et eu
17 égard aux aspects du plan que je connaissais qui portait donc sur des
18 questions militaires, pour autant que j'ai été informé complètement de ce
19 plan, parce que le plan Vance-Owen n'est pas uniquement un plan politique.
20 C'est un plan qui prévoit la structuration complète de la Bosnie-
21 Herzégovine. C'est un plan qui s'occupe des aspects politiques mais
22 également des aspects militaires. Peut-être n'étais-je pas très expert en
23 matière politique, mais pour l'essentiel, les commentaires que j'ai
24 formulés portaient sur l'aspect militaire du plan de paix Vance-Owen, pour
25 autant que je le sache.
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1 M. Kehoe (interprétation). - J'aimerais que l'on vous montre la
2 pièce à conviction de l'accusation 456/12.
3 M. le Président. - Le Juge Rodrigues voudrait vous poser une
4 question.
5 M. Kehoe (interprétation). Excusez-moi.
6 M. Rodrigues. Merci, monsieur le Président.
7 Général Blaskic, combien de fois, plus ou moins, avez-vous été
8 assis dans ces conditions que vous voyez sur la photo ?
9 M. Blaskic (interprétation). Il m'est difficile de dire
10 combien de fois cela s'est
11 produit, monsieur le Juge. Parfois, cela arrivait une fois par semaine,
12 quelquefois, une fois tous les 15 jours. Cela dépendait des conditions,
13 des opérations de combat, des besoins. Il fallait que nous ayons quelque
14 chose à dire à de telles conférences de presse.
15 M. Rodrigues. Autre question : pourquoi avez-vous dit que
16 Kostroman, Kordic et Valenta dans cette photo sont des politiciens, des
17 hommes politiques ? Pourquoi ?
18 M. Blaskic (interprétation). Eh bien, parce qu'ils occupaient
19 des fonctions politiques déterminées au sein de la communauté croate de
20 Herceg-Bosna et plus tard, au sein de la République croate de Herceg-
21 Bosna. Avant, ils avaient occupé au sein du parti HDZ des fonctions
22 également car ils en étaient membres.
23 M. Rodrigues. Si vous regardez la photo ou les photos, je
24 crois qu'on peut voir Kordic et Kostroman avec des vêtements militaires,
25 non ?
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1 M. Blaskic (interprétation). Monsieur le Juge, pratiquement
2 tous les représentants civils à une certaine période -maintenant je ne
3 peux pas dire que cela s'est produit pendant toute la période- mais
4 pendant une période prolongée au cours de la guerre en Bosnie-Herzégovine,
5 ces hommes portaient des uniformes militaires, y compris M. Valenta. Cela
6 me surprend ici de voir M. Valenta en civil sur cette photo. Je l'ai vu en
7 uniforme militaire à de nombreuses reprises.
8 M. Rodrigues. - On dit qu'une figure parle plus haut que les
9 mots. Si une personne regarde cette photo, sans voir ce que les personnes
10 ont à l'intérieur de leur tête, qui sont les civils ? Qui sont les
11 militaires ?
12 M. Blaskic (interprétation). Eh bien, monsieur le Juge, vous
13 posez une très bonne question. Les photos parlent très clairement et il
14 est possible de déterminer, à la vue de cette photo, que tous les hommes
15 présentés ici sont des militaires, à l'exception d'un seul. Mais en
16 Bosnie-Herzégovine à ce moment-là, même les enfants de cinq ans portaient
17 les uniformes et notamment les uniformes de camouflage. Même les enfants
18 les portaient s'ils pouvaient en obtenir car l'uniforme de camouflage
19 était l'élément le plus recherché, le vêtement le plus recherché à
20 l'époque.
21 M. Rodrigues. Un voyant, en regardant cette photo, dirait : il
22 y a un civil et trois militaires. A la fin, il y a trois politiques et un
23 seul militaire. Pourquoi ? Parce que vous avez dit que cette photo, cette
24 réunion où vous avez été assis plusieurs fois. Mais vous, vous étiez bien
25 conscient que la photo parle plus haut que les mots. Vous avez accepté de
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1 vous asseoir dans ces conditions ou non ?
2 M. Blaskic (interprétation). Oui, j'ai accepté. Et comme je
3 lai dit, il s'agissait de conférences de presse. C'était donc le seul
4 moyen pour fournir à la population de l'enclave des positions qu'elles
5 soient civiles, militaires ou politiques. A ces conférences de presse, je
6 m'exprimais principalement sur les questions militaires.
7 M. Rodrigues. Imaginez, Général, qu'il s'agisse d'une
8 conférence de presse et il y a peut-être des journalistes de BBC, de la
9 CNN ou des journalistes étrangers. Ils ont une question militaire. Si j'ai
10 bien compris, vous avez dit que vous étiez là pour répondre aux questions
11 de nature militaire. Si je suis un journaliste étranger dans la salle,
12 dans une conférence de presse, j'ai une question militaire. Peut-être, je
13 pourrais adresser la question soit à Kostroman, soit à Kordic. Peut-être,
14 je l'adresserais à vous parce que vous me semblez un peu plus sympathique.
15 Mais vous pouvez. Si j'ai une question de nature militaire, je peux
16 adresser à la personne, mais jamais, je n'adresserais la question à Anto
17 Valenta qui est avec une cravate, mais à quelque autre. Trouvez-vous que
18 je serais raisonnable ?
19 M. Blaskic (interprétation). Absolument, monsieur le Juge,
20 puisque ces trois hommes portent un uniforme. Mais, il y a deux autres
21 détails à prendre en compte, sans doute. Il y avait des conférences qui
22 traitaient de questions particulières. Si la question était d'ordre
23 militaire, l'interprète me ladressait directement à moi. Et ici, vous
24 voyez ce badge. Il était écrit : commandant militaire de la zone
25 opérationnelle de Bosnie centrale sur ce badge. C'était
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1 principalement destiné aux journalistes étrangers alors que les autres
2 hommes ne portaient pas ce badge. Donc, s'ils posaient une question, ils
3 déterminaient eux-mêmes le thème de leur question et ils l'adressaient à
4 telle ou telle personne.
5 M. Rodrigues. Une autre question, Général Blaskic. Dans ces
6 conditions, dans la photo, qui présidait la réunion ? Qui présidait à
7 cette table ?
8 M. Blaskic (interprétation). Personne ne présidait. Il y avait
9 un présentateur. On ne le voit pas ici. Je crois qu'il est assis après la
10 personne qui est à ma gauche. C'est lui qui dirigeait la réunion. En
11 général, monsieur le Juge, il disait : " J'ouvre la conférence de presse
12 en Bosnie centrale, les hôtes de la conférence aujourd'hui sont tels et
13 tels. "
14 Permettez-moi de dire encore la chose qui suit : à ces
15 conférences ne participaient pas uniquement des représentants du HVO. Par
16 exemple, le 16 novembre 1992, lors d'une conférence de la même nature, le
17 Président de la Présidence de guerre de la municipalité de Gorajde,
18 M. Hadzo Efendic était assis à côté de moi. Il est venu me remercier
19 publiquement pour la défense de Gorajde et remercier les autres
20 responsables de cette défense.
21 Dautres fois, il y avait des représentants de la Défense
22 territoriale, d'autres invités qui participaient à ces réunions. Mais
23 personne ne présidait en tant que Président. Tout dépendait du sujet. Si
24 la conférence de presse était convoquée pour traiter de certaines
25 questions relatives à l'organisation interne de la Bosnie centrale, bien
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1 entendu, ny participaient que des représentants politiques. C'était notre
2 seul moyen de communiquer pour transmettre les informations officielles
3 que nous recevions éventuellement à ce moment-là.
4 M. Rodrigues. Merci, Général.
5 M. Kehoe (interprétation). Pour poursuivre, après la question
6 posée par le Juge Rodrigues, outre ces réunions hebdomadaires, combien de
7 fois par semaine parliez-vous avec Dario Kordic ou le rencontriez-vous ?
8 M. Blaskic (interprétation). Monsieur le Président,
9 messieurs les Juges, je le répète, il ne s'agissait pas là de réunions
10 hebdomadaires. Peut-être qu'on m'a mal interprété. Pour moi, une réunion,
11 c'était une réunion de travail en quelque sorte.
12 Or là, il s'agissait d'une conférence organisée chaque semaine
13 pour le public. Pour ce qui est des réunions avec Dario Kordic, parfois il
14 n'y en avait pas pendant toute la semaine. Et s'il y avait soudain des
15 informations liées à des questions militaires, dans ce cas, nous nous
16 rencontrions à l'église, par exemple, si moi j'étais à l'église de
17 Busovaca.
18 Mais il n'y avait pas de contacts réguliers, parce que ce
19 n'était pas mon supérieur. Mon supérieur était le chef d'état-major
20 principal.
21 M. Kehoe (interprétation). - Mais outre ces conférences de
22 presse hebdomadaires, à quelle fréquence à peu près rencontriez-vous
23 M. Kordic ?
24 M. Blaskic (interprétation). J'ai déjà dit qu'il n'y avait pas
25 de chiffre déterminé. Parfois, je le rencontrais pendant la messe, à
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1 l'église de Busovaca, parfois je le rencontrais ailleurs.
2 M. Kehoe (interprétation). - Eh bien, Kostroman s'est rendu à de
3 nombreuses réunions avec des organisations internationales, réunions
4 auxquelles vous avez participé également.
5 M. Blaskic (interprétation). - Non, cela n'est pas vrai.
6 Ignac Kostroman a assisté à des réunions -je pourrais même tenter d'en
7 faire la liste-, réunions qui ont eu lieu à partir du 23 octobre.
8 A ce moment-là il y a eu une délégation plus importante du HVO
9 au court d'une réunion de la présidence de la République de Bosnie-
10 Herzégovine, à l'aéroport militaire. Cette réunion était convoquée par le
11 Général Morillon et la réunion suivante s'est tenue le 30 octobre, je
12 crois, et la suivante a eu lieu en novembre, le 5 peut-être.
13 Et puis, il y a eu également, au mois de mars, une réunion à
14 Zenica. En fait, il y a eu très peu de réunions auxquelles il a assisté,
15 entre cinq, six, sept peut-être. Cela dit, il a peut-être assisté à
16 certaines réunions dont je n'ai pas eu vent.
17 M. Kehoe (interprétation). - Mais outre ces conférences de
18 presse, à peu près à quelle fréquence avez-vous pu vous entretenir ou
19 rencontrer M. Kostroman ?
20 M. Blaskic (interprétation). Il s'occupait d'un secteur tout à
21 fait différent. Il était secrétaire, même chose pour Kordic. Et moi,
22 j'avais mon commandement à Vitez et je passais la plupart de mon temps à
23 la ligne de front. Par conséquent, pendant toute la période d'août à
24 Jajce, octobre/novembre à Travnik, Jebse, Mucora, donc je ne le
25 rencontrais que très rarement.
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1 M. Kehoe (interprétation). - Et Valenta, qu'en est-il ? Outre
2 ces conférences de presse auxquelles vous participiez, à quelle fréquence
3 le rencontriez-vous ?
4 M. Blaskic (interprétation). Eh bien, j'étais invité par le
5 Président Thebault, à une reprise, afin de participer à une réunion deux
6 ou trois fois peut-être.
7 Je l'ai vu à l'hôtel, lorsqu'il y résidait de façon temporaire.
8 Mais à l'exception des réunions auxquelles on m'a invité, par l'ECMM et
9 par le colonel Stewart, je n'ai pas assisté à d'autres réunions avec
10 M. Valenta. Je ne me considérais pas comme étant obligé de le rencontrer,
11 parce qu'il n'était pas nécessaire pour moi de le faire, à moins qu'il y
12 ait des ordres officiels émanant du chef d'état-major principal du HVO. Je
13 n'avais pas de comptes à rendre à ces trois hommes.
14 M. Kehoe (interprétation). - Mais Général, M. Valenta n'était-il
15 pas présent, lorsqu'au cours d'une réunion vous avez abordé des questions
16 relatives à Ahmici avec le colonel Stewart ?
17 M. Blaskic (interprétation). Non, il n'était pas là. La
18 réunion s'est tenue dans son bureau au mois de mai 1993. Je ne sais pas ce
19 qui était à l'ordre du jour. Je sais qu'il y avait toute une délégation
20 d'ECMM qui était là, dirigée par le représentant M. Thebault. Le colonel
21 Stewart était également présent et ils m'ont invité à participer, à
22 assister à cette réunion, pour une partie de cette réunion lorsqu'il a été
23 question d'Ahmici et de l'enquête relative à Ahmici et lorsque différents
24 sujets ont également fait l'objet d'une discussion. Si vous voulez, je
25 pourrais regarder ma chronologie.
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1 M. Kehoe (interprétation). - Nous y reviendrons en temps
2 opportun. Je voudrais maintenant revenir sur les commentaires politiques
3 formulés à l'égard du plan de paix Vance-Owen et je vous invite à
4 consulter la pièce de l'accusation 456/12, dans ce domaine-là.
5 Général, il s'agit d'un document dont vous avez parlé au cours
6 de votre interrogatoire principal. Me Nobilo a dit, à la page 20110 du
7 compte-rendu, qu'il s'agissait d'un document quelque peu délicat. Et
8 Me Nobilo, en faisant référence à ce document, a dit qu'il faisait mention
9 de certaines questions de nature politique.
10 Je crois que c'est un document daté du 26 mai 1993 envoyé à la
11 mission de l'Union européenne et à son représentant principal M. Thebault,
12 n'est-ce pas ? Je vous repose la question : est-ce là un document qui
13 aborde de façon très claire des questions politiques ?
14 M. Blaskic (interprétation). Monsieur le Président,
15 messieurs les Juges, je voudrais tout d'abord dire quelque chose sur le
16 document lui-même. A en juger par les initiales qui figurent sur ce
17 document, il a été rédigé par M. Drago Dujmovic. Je ne sais pas s'il l'a
18 écrit mais il l'a signé et il n'avait pas l'autorisation de le faire.
19 En fait, il ne faisait pas partie de mon groupe d'assistants,
20 donc il ne pouvait pas signer ce type de document. Si j'avais su qu'il
21 l'avait signé, ce document n'aurait jamais quitté mon commandement et
22 n'aurait jamais été envoyé à M. Thebault.
23 J'ai eu l'occasion de rencontrer M. Thebault à plusieurs
24 reprises. Je ne suis jamais rentré dans des questions politiques avec lui,
25 il le sait très bien.
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1 En ce qui concerne le plan Vance-Owen, et l'argument de
2 l'accusation selon lequel
3 ce document ne traite que de questions politiques, eh bien peut-être que
4 je ne comprends pas suffisamment bien le plan Vance-Owen, mais je crois
5 qu'il est question d'organisation interne de la Bosnie-Herzégovine et de
6 ses structures. Effectivement il est question de politique, mais il est
7 également question d'autres sujets, notamment militaires, et puis de la
8 création de l'état de Bosnie-Herzégovine en tant qu'Etat abritant trois
9 nationalités différentes.
10 C'est un plan qui a été élaboré sous l'égide de la Communauté
11 internationale ; c'est ainsi que j'ai compris les choses. Mais comme je
12 l'ai déjà souligné, je n'ai pas autorisé l'envoi de ce document et je n'ai
13 pas signé ce document, bien que le dernier passage de ce document demande
14 une réunion conjointe afin d'éclaircir certains points qui n'étaient pas
15 clairs.
16 Je n'ai jamais demandé ou parlé de questions politiques avec le
17 responsable du troisième corps d'armée.
18 M. Kehoe (interprétation). - Eh bien, soyons bien clairs. En ce
19 qui concerne la référence qui est faite à des questions politiques, je
20 vous renvoie la question de Me Nobilo et à votre réponse. Cette référence
21 figure à la page 20174, ligne 22 du compte rendu anglais ; c'est la
22 question de Me Nobilo qui porte sur le document, la pièce de
23 l'accusation 456/112.
24 Il est dit -c'est donc une lettre qui est envoyée à l'ECMM sur
25 laquelle votre nom figure, a été dactylographiée et dans laquelle on fait
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1 référence à des questions politiques telles que l'application du plan
2 Vance-Owen- la question est donc : " Avez-vous rédigé cette lettre ?
3 L'avez-vous signée ? L'auriez-vous signée ? Auriez-vous envoyé un tel
4 document ?"
5 Votre réponse est -elle commence à la ligne 3 de la page
6 suivante, la page 20175 : " Je n'approuve pas ce document, je ne l'ai pas
7 rédigé et je ne l'ai pas signé. Ce document était signé par
8 M. Drago Dujmovic. Il était l'assistant chargé des affaires de sécurité et
9 de propagande et il n'a jamais occupé une fonction qui lui aurait permis
10 de signer un quelconque document en mon nom ".
11 Est-ce bien exact, monsieur ?
12 M. Hayman (interprétation). - Je crois que vous avez mal cité le
13 compte rendu à la ligne 5. Lorsque vous dites " signée par
14 M. Drago Dujmovic ", le transcript dit " rédigée par.. "
15 M. Kehoe (interprétation). - Excusez-moi, je me corrige si j'ai
16 fait une erreur. Effectivement, dans le transcript, il est dit : " Ce
17 document a été rédigé par M. Drago Dujmovic ", mais je crois que ce que
18 j'ai cité par la suite était exact. N'est-ce pas maître Hayman ?
19 (Me Hayman acquiesce.)
20 M. Kehoe (interprétation). " Il n'a jamais occupé une fonction
21 qui lui aurait permis de signer un quelconque document en mon nom " ; est-
22 ce bien exact Général ?
23 M. Blaskic (interprétation). Oui.
24 M. Kehoe (interprétation). - M. Dujmovic n'a jamais occupé une
25 fonction lui permettant de signer un quelconque document en votre nom ;
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1 c'est bien ce que vous dites ?
2 M. Blaskic (interprétation). M. Dujmovic, effectivement,
3 n'occupait pas de fonction lui permettant de signer des documents en mon
4 nom. Il n'était pas assistant en tant que tel. Seuls mes assistants
5 étaient autorisés à signer ces documents en mon nom, et, à ma
6 connaissance, il n'occupait pas la fonction d'assistant chargé des
7 questions politiques sauf si Marko Prskalo avait été blessé. Mais je crois
8 que c'est Dragan Ramljak qui, alors, occupait ce poste d'assistant chargé
9 des questions politiques à Vitez, au district militaire de Vitez.
10 Cela dit, si j'avais su que ce document existait, je ne l'aurais
11 pas envoyé à M. Thebault et je n'aurais pas non plus parlé de problèmes
12 politiques avec lui.
13 M. Kehoe (interprétation). - Je vous montrerai le document
14 suivant.
15 M. Abtahi. - Il s'agit de la pièce 615 et 615 a) pour la version
16 en anglais.
17 M. Kehoe (interprétation). - Général, il s'agit-là d'un ordre du
18 30 avril 1993. Là encore, vous conviendrez avec moi qu'il a été rédigé par
19 Drago Dujmovic qui a signé ce document ?
20 M. Hayman (interprétation). Monsieur le Président, le conseil
21 dit qu'il s'agit d'un ordre.
22 M. Kehoe (interprétation). - C'est une demande d'intervention,
23 vous avez tout à fait raison, excusez-moi, une demande d'intervention.
24 Général, qui a signé ce document ?
25 M. Blaskic (interprétation). C'est également Drago Dujmovic
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1 qui a signé ce document.
2 M. Kehoe (interprétation). Avez-vous autorisé l'envoi de ce
3 document ?
4 M. Blaskic (interprétation). Il faudrait que je lise ce
5 document afin d'en comprendre la teneur. Puis-je le lire afin de me
6 rafraîchir la mémoire ?
7 M. le Président. Excusez-moi, Général, c'est une question de
8 forme. Je m'adresse au témoin : c'est un peu gênant lorsqu'on a des
9 ordres, des requêtes -peu importe- qui sont signés de votre sceau, qui
10 sont approuvés de votre sceau et rédigés par quelqu'un d'autre. De temps
11 en temps, vous dites : je n'approuve pas. C'est un peu gênant quand même.
12 Vous imaginez, demain je rends une décision et il y a mon sceau et je
13 dis : écoutez, c'est l'assistant qui l'a rédigé, je ne reconnais pas du
14 tout, cela ne va pas du tout.
15 C'est une question, Général, qui dépasse ce problème-là. A
16 plusieurs reprises, depuis le début, on a : il y a le sceau, le cachet
17 Tihomir Blaskic et vous dites : untel a rédigé cela, il n'était pas
18 mandaté pour, pas compétent pour, etc. Reconnaissez que c'est un peu
19 compliqué. En plus, quand on a uniquement la traduction anglaise,
20 monsieur le Procureur, ou française, on a également Tihomir Blaskic. C'est
21 exceptionnel que j'ai la version serbo-croate.
22 Là on voit bien qu'il y a on met votre nom Tihomir Blaskic. Il
23 faut bien reconnaître que c'est un peu gênant. Vous êtes d'accord que
24 c'est gênant ?
25 M. Blaskic (interprétation). Monsieur le Président, oui
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1 effectivement, c'est un peu embarrassant. Parce que selon le règlement en
2 vigueur qui régissait le travail du
3 commandement de la zone opérationnelle, théoriquement, c'était moi qui
4 devais signer les documents. Si ce n'était pas moi, c'était Franjo Nakic,
5 le chef de l'état-major principal, mais il a été absent pendant un certain
6 temps. Le chef d'état-major Franjo Nakic, donc. Mais il a été absent
7 pendant un certain temps. Nous le savons déjà, je ne vais pas me répéter.
8 Par conséquent si je n'étais pas là, c'étaient mes assistants
9 qui signaient les documents, notamment Marko Prskalo. Mais il avait été
10 blessé et se trouvait à l'hôpital. Alors, je ne sais pas à quel moment son
11 adjoint a assumé ses propres fonctions afin qu'il puisse signer. Mais je
12 sais que les autres personnes, généralement, ne pouvaient pas, n'étaient
13 pas autorisées à
14 signer les documents à part mes assistants.
15 M. le Président. - Général Blaskic est-ce que, de façon
16 générale, vous vous estimez responsable de tous les documents qui sont
17 frappés du sceau Blaskic ?
18 En plus vous ne faîtes pas que le sceau, il y a quelque chose
19 qui dans un mode organisationnel classique paraît assez paradoxal. Non
20 seulement, il y a le sceau du commandement de la zone opérationnelle, mais
21 en même temps, il y a votre nom tapé à la machine.
22 Et puis c'est vrai que parfois c'est votre signature, parfois ce
23 n'est pas la vôtre. Mais ma question est très simple : est-ce que, de
24 façon générale, vous vous reconnaissez responsable de tout ce qui est
25 marqué de votre sceau avec votre identité ?
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1 M. Blaskic (interprétation). Je me sens responsable,
2 monsieur le Président, messieurs les Juges. Mais tous les documents
3 provenant du commandent de la zone opérationnelle portent mon nom et mon
4 sceau. Et il s'agissait de notre règlement interne. Il y avait le
5 commandant, quelque soit la personne qui signe le document. Ce que je
6 disais, c'est que le droit de signer était quelque chose qui revenait à
7 mes assistants.
8 M. le Président. Vous donnez à vos assistants le droit de
9 signer. Quand on donne à un assistants le droit de signer, on se reconnaît
10 responsable de l'assistant. Ou alors on ne donne pas la signature. Est-ce
11 que vous êtes d'accord sur ce principe général d'organisation
12 administrative d'ailleurs ?
13 Ou vous donnez votre signature ou vous ne la donnez pas. Si vous
14 la donnez, vous êtes responsable ? Je parle en général. Je parle de façon
15 générale. On oublie Blaskic. Ou l'on donne sa signature ou on ne la donne
16 pas.
17 M. Blaskic (interprétation). Je ne suis pas sûr de vous avoir
18 bien compris, mais je me considère responsable des documents qui portent
19 mon nom et mon prénom. Mais tous les documents de la zone opérationnelle
20 portent mon nom et mon prénom.
21 M. le Président. - Je vous remercie. C'est clair. Il y a deux
22 catégories de documents : des documents d'ordre interne sur lesquels vous
23 devez vous sentir responsable, mais là, particulièrement, il me semble que
24 les documents qui sortent de la zone opérationnelle et qui s'adressent à
25 des institutions extérieures comme le bataillon comme le Britbat, comme la
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1 mission de contrôle, comme la Croix-Rouge, ceux-là je pense que vous devez
2 vous en sentir particulièrement responsable. Vous devez vous sentir
3 responsable de tous, mais particulièrement de ceux là, car comment voulez-
4 vous que la Croix-Rouge puisse savoir qui est l'interlocuteur de la zone
5 opérationnelle, si vous vous dites : ah, mais là, l'assistant a mis des
6 choses qui ne me conviennent pas.
7 Ce sont des documents qui vous engagent particulièrement me
8 semble-t-il, la Croix-Rouge, le bataillon britannique. Je pense à ce
9 document, celui-là. Vous êtes d'accord avec cela, avec ce que je vous
10 dis ?
11 M. Blaskic (interprétation). Monsieur le Président, je suis
12 d'accord. Mais là, à propos de ce document, une fois de plus, il s'agit
13 d'un document du 30 avril 1993 ; je pense que vous voyez la confusion qui
14 pouvait régner. Nous n'étions plus que sept à travailler. Il y avait des
15 blessés.
16 M. le Président. - C'est une autre forme de réponse que je peux
17 comprendre aussi.
18 Mais je parlais de façon générale. Qu'après, selon tel ou tel document,
19 vous fassiez un commentaire en disant : oui cela a pu m'échapper, j'étais
20 sur un front avancé, cela je peux le comprendre. Mais je voulais que nous
21 soyons très clairs et que cela soit bien marqué dans le transcript ; que
22 le Général Blaskic se reconnaît, de manière générale, comme responsable de
23 tout ce qui sort de la zone opérationnelle, qui est frappé de son sceau et
24 qui est marqué Tihomir Blaskic.
25 Je vous remercie d'avoir bien éclairé les Juges sur ce point-là.
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1 Maintenant, excusez-moi, je rends la parole au Procureur.
2 M. Kehoe (interprétation). - Merci, monsieur le Président.
3 Monsieur le Greffier, peut-on consulter cette série de documents, s'il
4 vous plaît, rapidement ? Il y a cinq documents.
5 Peut-on les prendre dans leur ordre chronologique s'il vous
6 plaît ?
7 Monsieur le Président, peut-être peut-on traiter tous ces
8 documents en même temps, je crois que cela serait plus simple et plus
9 rapide.
10 M. le Président. - Chaque fois que vous prononcez le mot " plus
11 rapide ", c'est très bien. Allons-y ! !
12 M. Kehoe (interprétation). - Tant que je ne vous verrai pas vous
13 endormir en ce milieu d'après-midi, je penserai avoir réussi dans mon
14 entreprise.
15 M. le Président. Allons-y !
16 M. Abtahi. Il s'agit des documents 616, 616 a), 617, 617 a),
17 618, 618 a), 619, 619 a) et 620, 620 a). Les a) correspondent aux versions
18 anglaises à chaque fois.
19 M. Kehoe (interprétation). - Général, veuillez consulter tous
20 ces documents, s'il vous plaît.
21 Comme pour le document précédent, il s'agit de différentes
22 réponses ou requêtes, demandes d'assistance, un commentaire envoyé à un
23 commandant, etc. Tous ces documents sont rédigés par M. Dujmovic. Il a
24 également signé ces documents en votre nom, n'est-ce pas ?
25 Tous ces documents ?
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1 M. Blaskic (interprétation). - Oui, et tous les documents ont
2 été créés après la mort de mon assistant, M. Marko Prskalo, après le
3 17 avril 1994. Lorsque M. Prskalo Non, excusez-moi, il n'a pas été tué,
4 il a été blessé. Il a été blessé par un tireur isolé de l'armée de Bosnie-
5 Herzégovine à Stari Vitez.
6 M. Kehoe (interprétation). - Alors voyons la première pièce en
7 date du 3 mai 1993, la pièce 616.
8 Ces documents, Général -je parle de la pièce 615-, vont de la
9 date du 30 avril jusqu'à la date, jusqu'à la mi-mai 1993.
10 Alors pendant cette période M. Dujmovic avait, en effet, la
11 compétence de signer en votre nom. Est-ce exact ?
12 M. Blaskic (interprétation). - Pendant toute cette période,
13 Dujmovic était un employé au sein du département de l'IPD. Il n'était pas
14 assistant. Ce qui est possible, c'est que cette situation s'est créée à
15 partir du moment où l'assistant chargé de l'IPD a été blessé ;
16 M. Marko Prskalo j'entends.
17 Mais la situation réelle, quelle était-elle ? Elle était que les
18 assistants et le chef d'état-major pouvaient signer en mon nom, alors que
19 les officiers inférieurs ne pouvaient pas le faire ; ils n'avaient pas ce
20 droit. Mais la situation de fait était un peu différente car nous n'étions
21 que sept au sein du commandement à partir du 17 avril. Prskalo était
22 blessé, hospitalisé à Nova Bila, l'hôpital église. Il est possible que,
23 pendant cette période assez brève, il soit arrivé que Dujmovic signe aussi
24 quelques documents, textes de protestation , enfin, le reste de la
25 correspondance.
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1 M. Kehoe (interprétation). - Général, consultons la pièce 620.
2 Il s'agit d'une demande qui s'adresse au commandement de l'ONU à la date
3 du 18 mai 1993.
4 Dujmovic a-t-il signé ce document en votre nom ?
5 M. Blaskic (interprétation). - Oui, c'est Dujmovic qui l'a
6 signé.
7 M. Kehoe (interprétation). A t-il signé tous ces documents
8 avec votre approbation et en votre nom ?
9 M. Blaskic (interprétation). Il a signé tous les documents que
10 vous me montrez là. Mais, comme je l'ai déjà dit, cela s'est produit dans
11 une situation spécifique où mon assistant était blessé et où il n'était
12 pas en mesure de s'acquitter de ses fonctions. J'étais au courant d'un
13 certain nombre de ces événements, j'étais au courant de ces activités.
14 M. Kehoe (interprétation). - Passons maintenant à la
15 pièce 456/112, le document dont nous avons parlé au début. Il s'agit d'un
16 document qui s'adresse à M. Thebault et qui a été signé par M. Dujmovic en
17 votre nom.
18 Quand vous avez dit à la Chambre, Général, le 12 avril 1999, par
19 rapport à ce sujet, que M. Dujmovic n'a jamais occupé une position lui
20 permettant de signer un document quelconque en mon nom, cela n'était pas
21 vrai n'est-ce pas ? Puisqu'il avait bel et bien l'autorisation, il était
22 habilité à signer les documents en votre nom.
23 M. Blaskic (interprétation). - Quand je parle de fonction, je
24 fais référence à sa fonction officielle. Or, officiellement, il n'était
25 qu'un employé chargé de l'IPD. Il n'a jamais été mon assistant direct.
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1 D'après le règlement interne concernant les activités du
2 commandement de la zone opérationnelle de Bosnie centrale, il n'a jamais
3 eu, au sein de la structure du commandement, une position qui lui aurait
4 permis d'utiliser ma signature. Je parle donc de son affectation au sein
5 de la structure militaire. Il n'a jamais occupé cette fonction.
6 M. le Président. Vous l'avez, monsieur le Procureur, ce
7 règlement interne ?
8 M. Kehoe (interprétation). - Je ne l'ai jamais vu, monsieur le
9 Président.
10 M. le Président. Il faudrait au moins que les Juges disposent
11 de ce règlement interne qui fixe la limite de votre responsabilité.
12 Poursuivez Maître Kehoe, mais c'est une
13 question que les Juges poseront.
14 M. Kehoe (interprétation). Général, en dépit des réponses que
15 vous avez données à Me Nobilo, il y a eu des moments où M. Dujmovic,
16 Drago Dujmovic était habilité à signer en votre nom. N'est-ce pas exact ?
17 M. Blaskic (interprétation). Il l'a fait, mais il n'occupait
18 pas un poste officiel l'autorisant à le faire, donc si M. Dujmovic avait
19 fait son travail avec toute sa responsabilité, il m'aurait remis tous ces
20 documents pour que je les signe. Parce que j'insiste, il n'était qu'un
21 employé simple et il ne pouvait pas faire cela. Si j'étais présent, je
22 devais le signer ; si je n'étais pas présent, c'était mon chef d'état-
23 major ou bien la personne à qui cela incombait.
24 M. le Président. - Le 18 mai, pour ces six ordres, vous n'étiez
25 pas là ? Vous étiez absent ?
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1 M. Blaskic (interprétation). Monsieur le Président, je devrais
2 consulter ma chronologie. Je suppose que non, que je n'étais pas là, que
3 j'étais absent, que j'étais dans le commandement.
4 M. le Président. - Quand vous n'étiez pas là, vous aviez
5 quelqu'un qui n'occupait pas une position officielle, d'après ce que vous
6 dites. D'après votre règlement intérieur -que nous n'avons jamais vu-, il
7 n'a pas le droit de signer. Vous venez de nous dire quand même, que, de
8 façon générale, vous vous reconnaissiez responsable de tout ce qui porte
9 votre sceau. Alors, je suppose que vous ne devez pas être content quand
10 vous avez dû prendre connaissance de tout cela. Voilà quelquun, un
11 monsieur qui écrit à la Croix-Rouge, qui écrit au Britbat, qui écrit au
12 3ème corps d'armée, qui envoie des copies au British bataillon, au HCR de
13 Zenica, au haut-commandement de la Forpronu à Kiseljak. Vous ne deviez pas
14 être content, je suppose. Cela ne marche pas votre zone. Vous êtes
15 furieux ; je suppose que vous le mettez aux arrêts. Vous le mettez
16 dehors ? Vous prenez des sanctions ? On veut des réponses, là, quand
17 même ! 616 à 620 !
18 Vous dites vous-même que tout ce qui est marqué de votre sceau,
19 vous en êtes responsable. Et là, maintenant, vous nous dites : mais il
20 n'avait pas le droit. Il n'avait pas le droit. Moi, si quelqu'un, demain,
21 signe en mon nom des décisions de la Chambre, je ne serais peut-être pas
22 content. Il y a quelque chose qui ne va pas. Il faut que vous nous
23 expliquiez. Il faut que vous répondiez précisément aux questions du
24 Procureur. Les Juges en ont besoin, de cette précision ! Vous vous sentez
25 responsable de tout ce qui est marqué de votre sceau.
Page 19847
1 Je vais trop vite, excusez-moi.
2 Vous vous sentez responsable de ce qui est marqué de votre
3 sceau. Vous avez des documents qui, sur une période de 15 jours, numérotés
4 616 à 620, M. Dujmovic. Alors vous vous sentez responsable, oui ou non, de
5 ces documents signés Dujmovic ? C'est une question précise, cela !
6 M. Blaskic (interprétation). Monsieur le Président, c'était
7 une pratique que je n'approuvais pas de la part de mes collaborateurs. Je
8 ne peux pas vous dire concrètement quelles sont les mesures que j'ai
9 prises. Mais je demandais, jexigeais de la part de mes collaborateurs de
10 tenir compte du fait de qui est en droit et qui n'est pas en droit de
11 signer les documents. Si j'étais présent au sein du commandement, si un
12 document n'était pas urgent, ils devaient attendre mon retour pour que je
13 le signe. Mais les circonstances dans lesquelles nous travaillions étaient
14 telles qu'il y a eu des erreurs, des omissions et je considère que cela
15 est une erreur qui a été faite par M. Dujmovic. Il aurait dû me soumettre
16 ce document pour que je le signe si j'étais présent.
17 M. le Président. - Quand vous êtes présent auprès de M. Valenta
18 ou de M. Kostroman, est-ce que vous vous sentez responsable de ce qui se
19 dit ? Là, moi, je ne sais plus quand est-ce que votre présence vous engage
20 et qu'en est-ce Oui, je change de sujet, mais je suis ma logique, Maître
21 Hayman. C'est le problème de la présence. C'est le problème de la
22 présence, de la représentation. Quand on a ces documents-là, votre client
23 nous dit : « Oui, si
24 j'étais présent ».
25 Donc il pose beaucoup de conditions. Il dit : « Je me sens
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1 responsable si j'étais présent. Si je vois l'assistant rédiger un
2 courrier, il le signe en mon nom. Et à ce moment-là, je suis
3 responsable ».
4 Ou alors, c'est la traduction qui ne va pas !
5 M. Nobilo (interprétation). Monsieur le Président, c'est
6 possible que cela soit un problème d'interprétation. Notre client a
7 répondu très clairement que Dujmovic n'occupait pas un poste lui
8 permettant de signer et que c'était une erreur. Mais notre client a dit
9 qu'il acceptait
10 tous les documents qui émanent du commandement.
11 M. le Président. - Poursuivez Maître Kehoe ! Merci
12 Maître Nobilo. Cela, cest clair !
13 M. Kehoe (interprétation). Alors Général, saviez-vous que
14 Dujmovic signait tous ces documents en votre nom ?
15 M. Blaskic (interprétation). J'ai appris ultérieurement que
16 Dujmovic avait fait cette erreur et je m'en suis entretenu aussi bien avec
17 Dujmovic qu'avec son supérieur ultérieur, M. Ramljak. Je pense que nous
18 avons pris un certain nombre de mesures dans ce sens. Etait-ce une mesure
19 disciplinaire ? Une réprimande orale ? Je ne sais pas exactement. Mais je
20 dis que Dujmovic n'était pas en position de signer des documents en mon
21 nom. Ce que je tiens à préciser est qu'il s'agit dévènements qui sont
22 liés au conflit de Travno et que j'avais peu de personnes en poste alors
23 que les opérations de combat étaient très intenses.
24 M. Kehoe (interprétation). Donc au fond, Général, ces
25 documents ont été signés par Dujmovic en votre nom et vous approuvez la
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1 teneur de ces documents. Est-ce cela votre déposition ?
2 M. Hayman (interprétation). Peut-on préciser de quels
3 documents on parle ?
4 M. Kehoe (interprétation). On parle des documents allant de la
5 pièce 615 à la
6 pièce 620.
7 M. le Président. - Vous avez tout à fait le droit dy jeter un
8 coup dil à nouveau, Général Blaskic, parce que cela fait beaucoup de
9 documents.
10 M. Kehoe (interprétation). Monsieur le Président, je vais
11 changer de sujet. Peut-être que le général pourrait consulter ces
12 documents pendant la pause. Nous pourrions revenir et lui poser des
13 questions là-dessus. Comme cela, nous n'allons pas gaspiller de temps.
14 M. le Président. - Je vous propose peut-être de faire, puisque
15 vous le suggérez, monsieur le Procureur, une pause de 20 mn.
16 (L'audience suspendue à 15 h 40 est reprise à 16 h 05.)
17 M. le Président. L'audience est reprise. Monsieur le Procureur
18 c'est à vous.
19 M. Kehoe (interprétation). - Merci, monsieur le Président,
20 messieurs les Juges.
21 Général, nous avons parlé des documents allant de 615 au
22 document 620. Il s'agit bien de documents qui ont été signés par
23 Drago Dujmovic. Vous déposez, ici, en disant que vous avez approuvé ces
24 documents et leur contenu.
25 M. Blaskic (interprétation). - S'agissant de ces documents,
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1 j'affirme qu'ils portent tous le numéro de référence 01 et que, d'après le
2 règlement, j'étais tenu de les signer personnellement. Quant à
3 Drago Dujmovic, il a agi correctement en composant la teneur de ces
4 documents. Son erreur consiste à les avoir signés. Le règlement voulait
5 que ce soit moi qui signe tous les documents. C'est uniquement à titre
6 exceptionnel, lorsque moi je n'étais pas capable de le faire -et il
7 s'agissait de documents urgents- que mes assistants les signent ; donc les
8 adjoints, les chefs d'état-major, etc.
9 Drago Dujmovic n'était pas habilité à le faire. J'ai pu
10 consulter ces documents, j'approuve le contenu des pièces allant de 615
11 à 620. Je dis que je les aurais certainement signés et mes assistants
12 étaient habilités à le faire en mon absence.
13 M. le Président. Nous pouvons avancer monsieur le Procureur.
14 Merci
15 général Blaskic, c'est clair.
16 M. Kehoe (interprétation). - J'appelle votre attention, une fois
17 de plus, sur la pièce 456/112. La date de ce document est le 26 mai 1993.
18 Il s'agit d'une lettre qui est adressée à M. Thebault.
19 Général, il s'agit d'un document dont nous avons déjà discuté,
20 un document qui a été signé par M. Drago Dujmovic. Est-ce que vous
21 approuvez la teneur de ce document ? Et sinon, pourquoi ?
22 M. Blaskic (interprétation). - J'ai déjà dit qu'il s'agissait,
23 une fois de plus, d'un document portant référence 01-5-689. Donc d'un
24 document que j'étais le seul habilité à signer. Drago Dujmovic n'était pas
25 habilité à le faire en mon nom.
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1 Un document de ce contenu ne pouvait pas être approuvé par moi-
2 même. Parce que je considérais qu'il y avait dans ce document des détails
3 qui relevaient des compétences des représentants du peuple croate et
4 bosniaque musulman qui s'occupaient de la politique, et qui représentait
5 les pouvoirs civils.
6 M. Kehoe (interprétation). - Vous avez dit pendant
7 l'interrogatoire principal, Général, à la page 20175 : " J'ai eu toute une
8 série de réunions avec M. Thebault, mais je n'ai jamais abordé avec lui
9 des questions politiques puisque ce n'était pas dans mes tâches et je
10 n'étais pas habilité à le faire. "
11 Alors si nous revenons maintenant à la pièce 456/112 : " Si
12 j'avais été au courant de ce document, je ne l'aurais pas approuvé, je
13 n'aurais pas approuvé que ce document soit envoyé à cette adresse. " Vous
14 maintenez ces dépositions ?
15 M. Blaskic (interprétation). Oui, je maintiens ce que j'ai
16 dit. J'ai parlé à M. Thebault, nous avons abordé le plus souvent des
17 questions militaires. Tels étaient les sujets de nos conversations. Et je
18 lui ai toujours laissé entendre que s'il souhaitait aborder des questions
19 politiques avec moi, ou bien des questions touchant les pouvoirs civils,
20 que cela n'était pas dans mes compétences et qu'il fallait qu'il contacte
21 les représentants des autorités civiles de la région.
22 M. Kehoe (interprétation). - J'appelle votre attention sur un
23 autre document, général. C'est la pièce, dans cette séquence, la pièce
24 suivante :
25 M. Abtahi. Il s'agit de la pièce 621 et 621 a) pour la version
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1 anglaise.
2 M. Kehoe (interprétation). - Je vous demande de consulter encore
3 une fois ce document. Il s'agit d'un document de plus rédigé, ou signé,
4 par Drago Dujmovic en votre nom. N'est-ce pas exact ?
5 M. Blaskic (interprétation). - Oui, c'est un document qui a été
6 rédigé et signé en mon nom. Permettez-moi de le lire.
7 M. Kehoe (interprétation). - Il n'y a pas de version française,
8 donc je le lirai. Il s'agit d'un document très bref qui est daté du
9 26 mai 1993 à 18 h 10, adressé au CICR de Zenica :
10 " Demande pour un engagement supplémentaire.
11 Puisque les représentants à la fois des directions militaires et
12 politiques des peuples croates et musulmans se sont officiellement mis
13 d'accord sur l'organisation des provinces n°8, 9 et 10 conformément au
14 plan Vance-Owen, et puisque cela anticipe sur l'organisation et le
15 fonctionnement de la vie normale, nous vous demandons d'agir en tant que
16 médiateur avec les représentants du commandement du troisième corps pour
17 qu'ils remplissent leurs obligations et relâchent les Croates qui se
18 trouvent dans les prisons de Zenica.
19 Nous insistons sur les points suivants : la maison de détention
20 de Zenica, l'école secondaire de Bilmiste, l'école secondaire de musique,
21 le dortoir, le foyer des étudiants, la maison du troisième âge ainsi que
22 le jardin d'enfants de la rue Travnika où un grand nombre de Croates sont
23 détenus. Nous avons relâché tous les détenus qui se trouvaient sur les
24 territoires contrôlés par le HVO. La réalisation de ce propos permettrait
25 de reconstruire la
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1 confiance dans la population et faciliterait la mise en oeuvre des
2 accords. "
3 Général, comme vous pouvez le voir, il s'agit d'un document qui
4 suit la pièce 456/112. Là, je suis en train de lire votre numéro de
5 référence : 01-5-689/93.
6 Concernant la pièce 621, il s'agit d'un nouveau document qui
7 portent sur la mise en oeuvre du plan Vance-Owen. Avez-vous ou auriez vous
8 approuvé le contenu de ce document ?
9 M. Blaskic (interprétation). Monsieur le Président, messieurs
10 les Juges, si nous examinons le document 456/112, il s'agit d'un document
11 qui a été rédigé à 18 heures alors que celui-ci a été rédigé à 18 h 10. Le
12 document 621 date donc du même jour à 18 h 10. Ce document est intitulé
13 "demande requête adressée au CICR". Si j'avais été en position d'étudier
14 ce document avant la signature et de le signer, il est certain que cette
15 introduction n'y aurait pas figuré, eu égard au plan Vance-Owen. Mais la
16 demande concernant la mise en liberté des détenus aurait été gardée dans
17 le document. Je souligne que M. Dujmovic, visiblement, a abusé donc de ses
18 droits. Il a signé alors qu'il n'avait pas le droit. C'est une erreur
19 administrative.
20 Concernant donc les paragraphes 2 et 3, je les aurais autorisés
21 à les envoyer à la Croix-Rouge internationale, alors que je n'aurais pas
22 fait cela pour le paragraphe 1 parce que cela ne concerne pas directement
23 la Croix-Rouge internationale.
24 M. Kehoe (interprétation). - Général, qui a signé ce document ?
25 Nous parlons de la pièce à conviction 621.
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1 M. Blaskic (interprétation). - Le document 621 a été signé sans
2 agrément, sans habilitation par M. Drago Dujmovic.
3 M. Kehoe (interprétation). - Vous dites dans votre déposition
4 que vous n'auriez jamais approuvé la lettre destinée à M. Thebault, pièce
5 à conviction 456/112 et que vous n'auriez jamais inclus le paragraphe 1
6 dans la pièce à conviction 621. C'est bien cela ?
7 M. Blaskic (interprétation). - Je n'aurais pas approuvé le
8 document adressé à M. Thebault, dans la rédaction que j'ai sous les yeux.
9 Donc, dans cette rédaction je ne l'aurais
10 pas approuvée, telle est ma position.
11 M. Kehoe (interprétation). - J'aimerais vous montrer un
12 document, général, mais avant de le faire, j'aimerais vous poser une
13 question.
14 Vous avez fait remarquer au cours de l'interrogatoire principal
15 et du contre-interrogatoire et je vous demanderai d'abord de regarder la
16 pièce à conviction 456/112.
17 Vous avez fait remarquer donc, en réponse aux questions, qui
18 vous étaient posées par Me Nobilo, ainsi que cet après-midi, que vous
19 n'aviez jamais parlé politique avec M. Thebault. Et si j'avais eu
20 connaissance de l'existence de ce document, pièce à conviction 456/112, je
21 ne l'aurais jamais approuvé, je n'aurais jamais approuvé son envoi à
22 M. Thebault. C'est-ce que vous avez dit.
23 La question que je vous pose, général, est la suivante : cette
24 déposition que vous avez faite est-elle aussi vraie que les autres
25 dépositions que vous avez faites devant les Juges ?
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1 M. Hayman (interprétation). - Objection sur la forme, Monsieur
2 le Président.
3 M. Kehoe (interprétation). - La question est très simple.
4 M. le Président. - Changez la forme de la question. Elle n'est
5 pas correcte.
6 M. Kehoe (interprétation). - La déposition que vous avez faite
7 devant les Juges de cette Chambre, quant au fait que vous n'auriez pas
8 approuvé ce document, pièce à conviction 456/112, était-ce une déposition,
9 un témoignage véridique, général ?
10 M. Blaskic (interprétation). Oui.
11 M. Kehoe (interprétation). - J'aimerais vous montrer un autre
12 document.
13 M. le Président. - Je vous rappelle que le témoin est sous
14 serment, Monsieur le Procureur.
15 M. Kehoe (interprétation). Oui, je le comprends bien.
16 M. le Président. - Toutes ces déclarations sont véridiques, sauf
17 à faire la preuve de faux témoignage.
18 M. Abtahi. Il s'agit de la pièce de l'accusation 622.
19 M. Kehoe (interprétation). - J'en ai un exemplaire
20 supplémentaire pour le témoin, si c'est nécessaire.
21 Général, est-ce votre signature que nous voyons au bas du
22 document ?
23 M. Hayman (interprétation). Pourrait-on donne lecture du
24 document au témoin ?
25 M. Kehoe (interprétation). - Je vais passer en revue le contenu
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1 du document, mais la question que je pose actuellement au témoin consiste
2 à lui demander s'il s'agit bien de sa signature.
3 M. Blaskic (interprétation). Oui, c'est ma signature mais j'ai
4 le document en anglais entre les mains. Donc, ne comprenant pas la langue
5 anglaise, je ne comprends pas la teneur de ce document.
6 M. le Président. - Vous l'avez signé en anglais, je crois, si
7 j'ai bien compris. Vous aviez une équipe de traducteurs aussi compétents
8 que les nôtres, Général Blaskic ?
9 M. Blaskic (interprétation). Je n'avais pas d'interprètes
10 aussi compétents. Je n'avais qu'un seul interprète qui, outre ses
11 responsabilités d'interprète, en exerçait bien d'autres. J'aurais beaucoup
12 aimé avoir des interprètes comme ceux que nous avons ici.
13 M. le Président. - Merci pour eux.
14 Allez-y !
15 Il faut donc le relire. Le témoin a signé mais ne s'en souvient
16 plus, ce qui peut se concevoir.
17 M. Kehoe (interprétation). Général, avant de commencer la
18 lecture de ce texte, je vous demanderais de comparer les numéros de
19 références qui figurent sur la pièce 456/112, dont vous maintenez que vous
20 n'avez pas approuvé l'envoi, avec le numéro de référence de la pièce 622.
21 Et je pense que vous serez d'accord avec moi pour dire que les numéros
22 sont les mêmes à savoir 01-5-6,8,9/93, sur ces deux documents n'est-ce
23 pas ?
24 M. Blaskic (interprétation). - Oui, les numéros de référence que
25 je vois ici sont les mêmes. Celui-ci est écrit au crayon mais les numéros
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1 sont les mêmes.
2 M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, messieurs
3 les Juges, le présent document est adressé à la Mission de contrôle de la
4 Communauté européenne et j'ajouterai, Monsieur le Président, que le
5 document que je suis en train de lire, à savoir la pièce à conviction de
6 l'accusation 622 a été fourni au Bureau du Procureur par la partie croate
7 du ministère de la Défense de la Fédération.
8 Mission de contrôle européenne délivrée personnellement à
9 M. Jean-Pierre Thebault.
10 "Monsieur, je vous prie de bien vouloir déployer des efforts
11 supplémentaires et d'user de votre influence pour persuader le commandant
12 du troisième corps d'armée de Bosnie-Herzégovine de bien vouloir exécuter
13 les accords conclus. Il est bien connu, aujourd'hui, que des représentants
14 de haut niveau du peuple croate et musulman ont convenu militairement et
15 politiquement d'appliquer le plan Vance-Owen qui crée les provinces
16 numéro 8, 9 et 10.
17 Le retard dans l'exécution de ces actions a pour conséquence des
18 souffrances parmi la population, des destructions de biens et de
19 propriétés ainsi qu'un accroissement des problèmes dans la vie normale et
20 son organisation.
21 Je vous prie de faire savoir au commandant du troisième corps
22 d'armée de Bosnie-Herzégovine les conséquences et les responsabilités qui
23 seront les leurs s'ils font obstruction à la réalisation de ce qui a été
24 convenu de ce que nous sommes convenus de faire (se reprend l'interprète).
25 Je vous propose de convoquer une réunion conjointe qui pourrait nous aider
Page 19858
1 à définir les problèmes qui se posent éventuellement " Fin de citation.
2 Général, ce texte est le même que celui de la version en BCS qui
3 a été signée par Drago Dujmovic et dont vous dites que vous ne l'avait pas
4 approuvé et que vous ne l'auriez pas envoyé. N'est-ce pas ?
5 M. Blaskic (interprétation). - Oui, et je suppose et je crois
6 que Drago Dujmovic, après avoir rédigé et signé ce document l'a donné pour
7 traduction à la traductrice et que ce texte m'est parvenu en version
8 anglaise.
9 C'est pourquoi malheureusement je n'ai pas été capable de le
10 lire. Car je paraphais toujours un document au bas du texte ou en haut du
11 texte, si je l'avais lu et si je l'approuvais, car l'original en BCS a été
12 écrit et signé par Drago Dujmovic.
13 M. Kehoe (interprétation). - Passons au document suivant,
14 Général.
15 Pendant que nous consultons ce document, Général, je vous
16 demanderai également d'examiner la pièce à conviction 621.
17 M. le Président. - Il n'était pas plus simple, Général Blaskic,
18 -votre dernière observation en appelle une de ma part- que vous écriviez
19 dans votre langue et que cela soit M. Thébault qui fasse traduire votre
20 courrier ? Je suppose que chez M. Thébault -on lui demandera au besoin-,
21 je suppose qu'il avait des interprètes. Vous vous trouvez dans une
22 situation tout à fait paradoxale.
23 Vous êtes en train le 26 mai 1993 de signer un document dans une
24 langue que vous ne comprenez pas, qui a été rédigé par un collaborateur
25 dont vous ne reconnaissez pas les fonctions officielles et dont vous nous
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1 dites vous-même que cela fait un mois qu'il prend, qu'il fait des
2 correspondances en votre nom qu'il n'aurait pas dû faire.
3 Vous reconnaîtrez que c'est un peu compliqué comme système. Il
4 valait peut-être mieux que vous écriviez en serbo-croate et M. Thébault
5 aurait traduit tout simplement. Qu'en pensez vous ?
6 M. Blaskic (interprétation). Bien entendu, il aurait été
7 préférable que je sois en
8 mesure de lire la version de ce document en croate avant d'adresser ce
9 document, d'envoyer ce document à M. Thébault. Mais monsieur le Président,
10 M. Dujmovic était habilité à rédiger ces documents, à en tracer les
11 grandes lignes, mais il avait pour devoir de me soumettre ces documents.
12 Il n'a jamais été habilité à les signer. Il a enfreint le règlement en
13 signant des documents pour ensuite les transmettre.
14 M. le Président. - Le 26 mai, quand on vous fait signer ce
15 document, sachant ce que M. Dujmovic est capable de faire, il me semble
16 que s'il y avait un document que je n'aurais pas signé en anglais, c'est
17 bien celui-là puisque vous dites que vous ne comprenez pas l'anglais. S'il
18 y en a un que vous n'auriez pas dû signer, c'est celui-là. Or, vous le
19 signez.
20 M. Blaskic (interprétation). Je sais, mais, eh bien, les
21 circonstances étaient telles, la situation était telle, que j'ai fait ce
22 qu'il fallait pour que M. Thébault reçoive les nouveaux documents le plus
23 rapidement possible. Il avait un ou deux interprètes ; c'est tout, mais en
24 tout état de cause, dans ce cas précis, je crois que Drago Dujmovic a
25 transmis directement le document pour traduction et que j'ai reçu ce
Page 19860
1 document pour le signer. Parce que le document 456/112, je l'aurais sans
2 doute vérifié et je ne l'aurais pas approuvé.
3 M. Kehoe (interprétation). Puis-je vous comprendre, Général ?
4 Ce document 456/112, vous l'aviez sous les yeux en BCS. Il était signé par
5 Drago Dujmovic et vous aviez aussi sous les yeux la pièce à conviction 622
6 en anglais que vous avez signée.
7 M. Blaskic (interprétation). Ce n'est pas ce que j'ai dit et
8 ce n'est pas exact. Ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai dit, Monsieur le
9 Président, messieurs les Juges, que Drago Dujmovic a rédigé le document
10 pièce à conviction 456/112 et il a commis une erreur administrative en
11 signant également ce document. Il n'avait pas la capacité de signer ce
12 document. Il n'avait pas le poste pour le faire et je crois qu'il a
13 ensuite remis ce document à un assistant pour traduction. Moi, j'ai reçu
14 ce document en version anglaise pour signature et j'ai signé ce document
15 sans connaître la teneur du document qui a été rédigé et signé par
16 Drago Dujmovic qui constitue la pièce à conviction 456/112.
17 M. Kehoe (interprétation). Général, êtes-vous en train de dire
18 dans votre déposition que la pièce à conviction 622, ce document que vous
19 avez signé en anglais et qui était adressé à M. l'ambassadeur Thébault,
20 vous l'avez signé sans en connaître la teneur ? C'est bien ce que vous
21 dites dans votre déposition ?
22 M. le Président. - Réfléchissez à cette question. Vous avez
23 signé sans en prendre connaissance ?
24 M. Blaskic (interprétation). Je ne connaissais pas
25 certainement tous les détails. Je ne connaissais pas complètement la
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1 teneur du document qui constitue la pièce à conviction 456/112. Peut-être
2 n'avais-je que des idées générales quant à sa teneur, une ou deux phrases.
3 Parce que je n'avais pas un seul document à signer, j'en avais une
4 vingtaine parfois.
5 M. le Président. - On parlait de 622 s'il vous plaît.
6 M. Kehoe (interprétation). Oui, en effet, monsieur le
7 Président.
8 M. le Président. - Vous avez signé le document en anglais sans
9 en comprendre le sens ? C'est possible, mais il faudrait que vous nous le
10 disiez.
11 M. Blaskic (interprétation). Monsieur le Président, je crois
12 que j'ai reçu des informations générales quant à ce dont traitait le
13 document, mais que je n'ai pas été informé de la teneur détaillée du
14 document comme si j'avais eu la possibilité de le lire complètement. C'est
15 cela que je disais.
16 M. le Président. - Vous en connaissiez la teneur générale.
17 M. Blaskic (interprétation). Globalement, peut-être
18 connaissais-je la teneur de ce document. Globalement, je dis bien.
19 M. le Président. Globalement, vous savez que vous vous
20 adressez à M. Jean-Pierre Thébault au sujet de l'application du plan
21 Vance-Owen. C'est bien cela ?
22 M. Blaskic (interprétation). Il est possible que cela m'ait
23 été dit, je suppose ; il
24 est possible qu'il m'ait été dit qu'il s'agissait des aspects militaires
25 du plan Vance-Owen et de l'organisation impliquant également le 3ème corps
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1 d'armée de Bosnie-Herzégovine, mais la totalité du contenu du
2 document 456/112, je ne la connaissais pas. Je n'ai pas eu la possibilité
3 de lire ce document.
4 M. le Président. Pardon. Excusez-moi. Monsieur le Juge
5 Rodrigues.
6 C'est un point important : on ne sait plus très bien ce que
7 vous signez, ce que vous ne signez pas, ce que vous comprenez, ce que vous
8 ne comprenez pas. C'est un peu compliqué pour les Juges. Il faut que vous
9 nous aidiez. On ne sait plus quand est-ce que vous avez l'autorité, quand
10 est-ce que vous reconnaissez ce qui a été signé, lu, pas lu, traduit, pas
11 traduit. Donc, moi, je veux y voir clair. Monsieur le Juge Rodrigues !
12 Aidez-nous, monsieur le Juge.
13 M. Rodrigues. - Si je pouvais, monsieur le Président !
14 Général Blaskic, si on voit ce document rédigé en anglais, même
15 si je ne comprends pas le Croate, si je lis un document en Croate et je
16 vois les mots Vance-Owen, provinces 8, 9 et 10 et si j'ai une phobie
17 -excusez-moi d'utiliser le terme, si j'ai une phobie politique, je
18 comprends tout de suite que les mots Vance-Owen et provinces 8, 9 et 10
19 devaient être enlevés. Est-ce que je suis correct à penser comme cela ?
20 Parce que vous ne comprenez pas l'anglais, mais je crois que les mots, les
21 noms sont les mêmes en croate ?
22 M. Blaskic (interprétation). Oui, monsieur le Juge, je
23 comprends ce que vous voulez dire. Je savais qu'en rapport avec le plan
24 Vance-Owen, s'agissant des aspects militaires, il fallait qu'il y ait
25 démobilisation et une série de vérifications réalisées si ce plan en
Page 19863
1 arrivait à être appliqué par les représentants musulmans bosniens. Donc,
2 si le plan devait être appliqué, je n'aurais pas eu de phobie et je
3 n'aurais pas fui.
4 M. Rodrigues. Maintenant, si vous regardez le document écrit
5 en anglais, maintenant, si vous regardez le document, vous pouvez lire
6 Vance-Owen plan et provinces n° 8, 9 et 10.
7 Je crois que c'est la même chose si vous lisez un texte en
8 anglais ou si vous lisez un texte en croate.
9 Peut-être est il possible de reconnaître ces mots Vance-Owen
10 plan et provinces n° 8, 9 et 10.
11 M. Blaskic (interprétation). - Oui, il est possible de
12 reconnaître ces mots : plan Vance-Owen et provinces 8, 9 et 10.
13 M. Rodrigues. - Merci Général.
14 M. le Président. Juge Shahabuddeen ?
15 M. Shahabuddeen (interprétation). - Général, je souhaiterais que
16 nous lisions le premier paragraphe de cette lettre. J'aimerais vous
17 demander si les mots que nous lirons auraient pu être prononcés par vous.
18 Au premier paragraphe, nous lisons ce qui suis, je cite : " Je
19 vous prie de bien vouloir déployer des efforts supplémentaires et d'user
20 de votre influence pour persuader le commandant du troisième corps d'armée
21 de Bosnie-Herzégovine de réaliser les accords conclus. " Fin de citation.
22 Ces mots sont-ils des mots que vous auriez pu dire ?
23 M. Blaskic (interprétation). - Ce sont des mots que j'aurais pu
24 dire, car il existait cet accord relatif à un commandement conjoint des
25 forces armées de Bosnie-Herzégovine et donc, ces mots sont très
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1 certainement des mots que j'aurais pu dire, eu égard à l'accord militaire
2 qui avait été conclu.
3 M. Shahabuddeen (interprétation). - Maintenant, je prends le
4 deuxième paragraphe qui se lit comme suit, je cite :
5 " C'est un fait bien connu aujourd'hui que des représentants de
6 haut niveau des peuples croates et musulmans sont conclus militairement et
7 politiquement d'appliquer le plan Vance-Owen dans les provinces 8,
8 9 et 10. " Fin de citation.
9 Ces mots sont-ils des mots que vous auriez pu dire ?
10 M. Blaskic (interprétation). Non.
11 M. Shahabuddeen (interprétation). - Vous ne connaissiez pas le
12 plan Vance-Owen ?
13 M. Blaskic (interprétation). - Je connaissais le plan Vance-Owen
14 mais je savais aussi que c'étaient les dirigeants musulmans qui avaient
15 signé ce plan en imposant des conditions afférant aux cartes, si je ne
16 m'abuse. En tout cas, il y avait des conditions. De sorte que l'accord
17 relatif à l'application du plan Vance-Owen n'était pas totalement décidé.
18 Et si j'avais du écrire provinces 8, 9 et 10, je crois que j'aurais
19 également ajouté les provinces 1, 3 et 5, à savoir les autres provinces
20 qui, selon le plan Vance-Owen, auraient été celles où les unités
21 militaires du HVO étaient subordonnées aux unités militaires de Bosnie-
22 Herzégovine.
23 Donc, de ce point de vue, s'agissant de l'aspect militaire du
24 plan Vance-Owen, je n'aurais pas été d'accord. Voilà ce que j'aurais pu
25 dire au sujet de l'aspect militaire. Je n'aurais certainement pas pris de
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1 position au sujet des aspects politiques de ce plan Vance-Owen.
2 M. Shahabuddeen (interprétation). Donc l'erreur, dont vous
3 dites qu'elle existe dans ce paragraphe, résidait dans la référence qui
4 est faite à un accord politique. Je m'efforce de comprendre exactement ce
5 que vous considérez être la nature de l'erreur commise dans ce paragraphe.
6 M. Blaskic (interprétation). Monsieur le Juge, ce que je
7 considère être une erreur, c'est le fait que dans ce document on renvoie à
8 un commandement militaire, à un accord politique conclu entre les
9 représentants des peuples musulmans et croates. Et la même chose pour
10 l'aspect militaire, parce que je ne suis pas au courant qu'un tel accord
11 ait été conclu. Je ne suis pas au courant qu'un accord correspondant
12 exactement à ce qui est dit dans ce document ait été conclu.
13 Dans le document, il est dit qu'un accord a été conclu
14 uniquement sur les
15 provinces 8, 9, 10. Qu'en est-il des provinces 1,3, 5 ? Et par ailleurs,
16 je considère que le contenu d'accord politique n'a pas nécessité de
17 figurer dans un tel document. Dans un document de ce genre, j'aurais parlé
18 de l'accord conclu entre le grand quartier général du HVO et le commandant
19 de l'état-major de l'armée de Bosnie-Herzégovine. Le chef d'état-major de
20 l'armée de Bosnie-
21 Herzégovine.
22 M. Shahabuddeen (interprétation). Donc, ce paragraphe vous
23 posait deux problèmes :
24 1) le fait qu'il y soit fait référence à
25 un accord politique,
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1 2) le fait qu'il n'y ait pas de
2 références faites à d'autres provinces.
3 M. Blaskic (interprétation). - Oui, bien que si l'on considère
4 le texte de façon générale, il n'y est fait mention que des provinces 8,
5 9 et 10.
6 M. Shahabuddeen (interprétation). - Oui, donc si vous aviez
7 rédigé ce document en langue croate, vous auriez mentionné précisément
8 d'autres provinces outre celles qui sont mentionnées ?
9 M. Blaskic (interprétation). - Si c'est moi qui avais rédigé ce
10 document, j'aurais fait référence à l'accord militaire conclu entre le
11 chef du grand quartier général du grand état-major du HVO et le commandant
12 de l'état-major de l'armée de Bosnie-Herzégovine. En rapport avec la
13 structuration, l'organisation des forces armées.
14 M. Shahabuddeen (interprétation). Avez-vous des objections par
15 rapport au reste du texte ?
16 M. Blaskic (interprétation). - J'en ai par rapport au paragraphe
17 où il est indiqué (le paragraphe suivant) que les conséquences de
18 l'application de ce plan -je suppose que mon
19 collaborateur pensait au plan Vance-Owen-, que ces conséquences sont des
20 souffrances pour la population, etc. Encore une fois, j'aurais fait
21 référence aux deux accords conclus le 20 avril et 28 avril sur le plan
22 militaire entre les commandants des deux armées, le général Petkovic et le
23 général Halilovic. J'aurais demandé que soient strictement appliqués ces
24 accords qui portaient sur l'interruption des opérations militaires, la
25 création d'un commandement conjoint et l'organisation de forces armées
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1 conjointes.
2 M. Shahabuddeen (interprétation). - Donc, ce que vous êtes en
3 train de dire, c'est que la référence qui est faite aux souffrances de la
4 population, aurait dû être liée, mise en parallèle à la non application de
5 certains accords militaires également. C'est bien cela, je vous suis
6 bien ?
7 M. Blaskic (interprétation). Oui, oui.
8 M. Shahabuddeen (interprétation). - Très bien. Maintenant,
9 admettez-vous que le plan Vance-Owen était un plan politique de par sa
10 nature même ?
11 M. Blaskic (interprétation). - J'ai personnellement des
12 difficultés à tracer la frontière très nette entre ces aspects politiques
13 et ces aspects militaires. Il prévoyait également des dispositions
14 relatives à l'organisation interne de la Bosnie-Herzégovine en provinces,
15 si j'ai bien compris. Ce plan sous-entendait également la démilitarisation
16 de ces provinces, et sous-entendait l'application de certains principes
17 tels que la liberté de circulation et d'autres principes.
18 Mais de façon générale, je crois qu'il s'agissait d'un plan qui
19 était assez global, qui comportait des aspects politiques, des aspects
20 d'organisation interne et des aspects militaires. Mais je n'en connais pas
21 suffisamment les détails. Ce que je connais ce sont les aspects militaires
22 dont on m'a parlé.
23 M. Shahabuddeen (interprétation). - Au poste qui était le vôtre,
24 estimiez-vous qu'il était possible de distinguer entre les aspects
25 militaires du plan Vance-Owen et ces aspects politiques ? Ou bien auriez-
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1 vous dit que les aspects politiques et les aspects militaires de ce plan
2 constituait un tout intégré et indivisible ?
3 M. Blaskic (interprétation). - Je pense que les aspects
4 politiques ont sans doute priorité sur tous les autres aspects, sur tous
5 les autres accords de façon à ce que ce plan puisse être appliqué.
6 D'autant plus que des plans de ce genre il y en a vraiment eu un certain
7 nombre qui ont été conclus, signés. Au moment de l'accord de Washington,
8 nous avons constaté qu'au moment où les politiques se sont entendus -et la
9 même chose est arrivée au moment de l'accord de Dayton- eh bien, la part
10 de responsabilité militaire a très vite été exécutée suite à l'accord des
11 politiques.
12 M. Shahabuddeen (interprétation). - Je vous suis, Général.
13 Merci.
14 M. Kehoe (interprétation). Général, conviendriez-vous avec moi
15 que cette lettre envoyée à l'ambassadeur Thebault est -comme l'a dit le
16 Président, M. Jorda- une lettre extrêmement importante envoyée au haut
17 représentant de la mission de contrôle de la Communauté européenne ? Vous
18 en convenez, n'est-ce pas ?
19 M. Blaskic (interprétation). - Cette pièce 622 a été envoyée à
20 M. Thebault. Je pense oui, qu'effectivement, elle a été donnée à
21 l'ambassadeur.
22 M. Kehoe (interprétation). - Ce n'est pas ma question. Je vous
23 demandais si vous ne considériez pas que cette lettre à l'ambassadeur
24 Thebault était une lettre d'une importance particulière ?
25 M. Blaskic (interprétation). Eh bien, nous pourrions la
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1 qualifier de lettre importante, mais comme je l'ai déjà dit, si j'avais
2 connu le contenu et si j'avais pu le faire, j'aurais modifié certaines
3 parties de cette lettre. J'ai demandé qu'une réunion soit organisée avec
4 le commandant du troisième corps d'armée, non seulement par
5 l'intermédiaire de l'ambassadeur Thebault mais également par le colonel
6 Stewart (Duncan se corrige l'interprète) et toute personne avec qui j'ai
7 pu entrer en contact à ce moment-là. Je voulais absolument avoir une
8 réunion avec le commandant du troisième corps d'armée, afin de nous
9 décider sur la mise en place du cessez-le-feu.
10 Malheureusement, mes demandes n'ont pas porté leurs fruits et je
11 n'ai pas eu la possibilité de le rencontrer pendant une très longue
12 période.
13 M. Kehoe (interprétation). L'ambassadeur Thebault était le
14 haut représentant de la mission de contrôle de la Communauté européenne en
15 Bosnie centrale, n'est-ce pas ?
16 M. Blaskic (interprétation). - L'ambassadeur Thebault était le
17 responsable de la mission de contrôle de la Communauté européenne. Nous
18 avons eu de nombreuses réunions ensemble en tant que responsable des
19 observateurs européens pour la région de Zenica. Je ne sais pas très
20 exactement quelle région il couvrait, mais je sais qu'il était basé à
21 Zenica.
22 M. Kehoe (interprétation). Dites-vous que vous avez signé une
23 lettre adressée à une personnalité relativement puissante sans en
24 connaître totalement la teneur ? Est-ce bien ce que vous êtes en train
25 d'affirmer ?
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1 M. Blaskic (interprétation). - Je crois que j'ai déjà répondu en
2 disant que j'avais signé ce document et j'ai dit dans quelles
3 circonstances je l'avais fait. Malheureusement, je n'ai pas lu en détails
4 ce document. Mais je pensais connaître le contenu général de ce document
5 mais pas les détails.
6 M. Kehoe (interprétation). - Par conséquent, lorsque vous avez
7 dit à M. Nobilo et à ces Juges, le 12 avril, que si vous aviez connu
8 l'existence de ce document, vous ne l'auriez jamais approuvé, ou vous
9 n'auriez jamais approuvé l'envoi de ce document à l'adresse spécifiée, le
10 12 avril donc. Eh bien, ce n'était pas exact n'est-ce pas ? Ce n'était pas
11 vrai ?
12 M. Blaskic (interprétation). - C'est vrai. Parce que même
13 maintenant, j'exclurai ce paragraphe dont j'ai déjà parlé. Lorsque j'ai
14 répondu à une question posée par le Juge Shahabuddeen, j'ai dit que
15 j'exclurais ce paragraphe et que j'aurais modifié le contenu de cette
16 lettre si j'avais été à même de l'autoriser.
17 M. Kehoe (interprétation). Général, n'est-il pas exact que la
18 seule raison pour laquelle vous reconnaissez votre participation à
19 l'élaboration de ce document, c'est parce que nous vous avons montré votre
20 signature sur la version en anglais de ce document ? N'est-ce pas exact ?
21 M. Blaskic (interprétation). Non, non, ce n'est pas la seule
22 raison. J'ai déjà dit qu'il y avait un certain nombre d'initiatives de ma
23 part et que j'avais demandé qu'une réunion soit organisée avec M. Thebault
24 afin qu'il puisse agir en tant que médiateur, et qu'une autre réunion avec
25 le commandant du troisième corps d'armée soit organisée. Mais je souligne,
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1 une fois de plus, que mon associé en l'occurrence n'était pas habilité à
2 signer cette lettre. Si j'avais lu ce document en détails, je ne l'aurais
3 pas approuvé, j'en aurais changé la teneur. C'est certain.
4 M. Shahabuddeen (interprétation). - Je voudrais poser une
5 question, s'il vous plaît.
6 Avez-vous demandé à votre collaborateur de rédiger une lettre en
7 votre nom ? Ou lui avez-vous donné des instructions à cet effet ou bien a-
8 t-il pris l'initiative de rédiger cette lettre et vous l'a-t-il ensuite
9 soumise ?
10 M. Blaskic (interprétation). - Je ne sais plus très bien
11 monsieur le Juge.
12 Je ne sais plus très bien ce qui a amené à la rédaction de cette
13 lettre. Mais il est possible que je lui aie demandé de la rédiger. Cela
14 dit, ce qui est certain : je n'ai jamais approuvé le fait qu'il signe
15 cette lettre parce que, comme je l'ai dit, sa fonction ne l'habilitait pas
16 à le faire.
17 Mais, pour ce qui est des circonstances dans lesquelles ce
18 document a été rédigé, je n'en suis plus certain.
19 M. Shahabuddeen (interprétation). - Vous ne pensiez pas que
20 c'était à lui de signer ce document. Vous pensiez que vous deviez le
21 faire. Pourquoi ? Etait-ce à cause de l'importance que vous attachiez à
22 cette lettre ?
23 M. Blaskic (interprétation). - Eh bien, en général, il y avait
24 certains règlements, certaines règles qui régissaient la correspondance
25 officielle, au sein de la zone opérationnelle et de son commandement.
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1 Et toutes les lettres qui portaient le code 01 devaient être
2 signées par moi, et ce n'est que lors de mon absence, que mon adjoint
3 pouvait prendre cette responsabilité. Je parle de M. Franjo Nakic.
4 Mais, là encore, le document attendait mon retour et mon examen
5 afin de voir quels documents il avait signé en mon nom. Il y avait, par
6 conséquent, certains principes internes qui régissaient, au sein du
7 commandement de la zone opérationnelle, ce type de correspondance. Puisque
8 sur le document, on voit ce code 01, il s'agit de mon code personnel.
9 M. Shahabuddeen (interprétation). - Pourquoi a-t-on décidé que
10 les documents portant le chiffre 01 devaient être signés par vous ? Etait-
11 ce à cause de l'importance de ce type de document ?
12 M. Blaskic (interprétation). Monsieur le Juge, l'une des
13 raisons ayant motivé l'adoption de cette règle était effectivement celle-
14 ci.
15 Cependant, nous avons utilisé le règlement intérieur précédent
16 qui provenait de la JNA, et notamment la section intitulée "Correspondance
17 officielle et procédure officielle".
18 Nous avons donc dit que tous les documents portant le code 01
19 seraient les miens et que je serais seul à avoir l'autorisation de les
20 signer, et que ce n'est que dans des circonstances exceptionnelles, en mon
21 absence, lorsque le document était urgent, qu'une autre personne pourrait
22 le faire en mon nom.
23 M. Shahabuddeen (interprétation). - Qui décidait du chiffre
24 qu'allait porter tel ou tel document et qui déterminait que certains
25 documents allaient porter le numéro 01 ?
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1 M. Blaskic (interprétation). La plupart des documents qui
2 allaient être adressés à l'extérieur, qui reflétaient la position du
3 commandement, portaient cette cote.
4 Et dans la section des affaires courantes, il y avait une liste
5 de différentes instructions, et un officier, au sein de cette section,
6 marquait, apposait un numéro sur les documents qui se trouvaient dans ma
7 sphère de responsabilité.
8 Ainsi, les documents étaient classés en différentes catégories.
9 Il y avait certains documents qui me concernaient. Certains concernaient
10 le chef d'état-major, le département logistique, etc.
11 M. le Président. Monsieur Rodrigues, voulez vous intervenir ?
12 M. Rodrigues (interprétation). Général, je crois que je vous
13 ai entendu dire que vous ne signiez pas le document parce que vous n'étiez
14 pas disponible. Donc il y avait une raison pour que l'autre personne signe
15 un document à votre place. Ai-je bien compris ?
16 M. Blaskic (interprétation). - Oui, Monsieur le Juge. Parfois,
17 les documents étaient extrêmement urgents, et parfois, une personne
18 autorisée à le faire signait ce document à ma place. Mais il s'agissait là
19 de cas exceptionnels.
20 M. Rodrigues (interprétation). Général Blaskic, comme vous
21 pouvez voir, le document 456 et le document 622 ont la même date et la
22 même heure. Pourquoi étiez-vous là pour signer le document 622 et pourquoi
23 n'étiez-vous pas là pour signer le document 456 ?
24 Parce qu'ils ont la même date : le 26 mai 1993 à 18 h 00
25 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Juge, je pense, et je
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1 pourrais le vérifier, au cours de la pause, que j'étais au commandement le
2 26 mai. Je peux le vérifier dans ma chronologie. A ce moment-là,
3 précisément, par conséquent, j'aurais pu signer ce document également.
4 Mais malheureusement, mon assistant, mon employé, M. Drago Dujmovic
5 n'occupait pas un poste de commandement lui permettant de signer ce
6 document à ma place. M. Drago Dujmovic a commis cette erreur en signant ce
7 document sans me le montrer, sans me donner la possibilité de le lire ou
8 de le signer.
9 Et je suppose, qu'ensuite, il a donné ce document afin que ce
10 document soit traduit. E ensuite toute une série de documents m'est
11 parvenue, celui-ci y compris. Et c'est un document que j'ai signé sans le
12 consulter en détail.
13 M. Rodrigues (interprétation). Vous avez dit à M. le
14 Juge Shahabuddeen que vous aviez au moins deux problèmes avec le
15 document 622. Mais peut-être que vous allez avoir un troisième problème.
16 Comment signez-vous un document si vous n'étiez pas au commandement ? Mais
17 je crois qu'il faut faire la pause.
18 M. le Président. Ecoutez, je pense que vous avez vu quand même
19 la perplexité des Juges sur ce problème de signatures qui engage votre
20 autorité. Je crois que les interprètes comprendront tout à fait que l'on
21 va leur donner une pause d'un quart d'heure, quitte à reprendre pour un
22 quart d'heure, 20 mn ensuite. Nous suspendons.
23 (La séance suspendue à 17 h 00 est reprise à 17 h 15.)
24 M. Kehoe (interprétation). Puis-je recommencer monsieur le
25 Président ?
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1 M. le Président. - Oui.
2 M. Kehoe (interprétation). Général, monsieur le Greffier,
3 consultons le document 623 s'il vous plaît. Je ne sais pas si le témoin
4 dispose déjà d'un exemplaire. Le voilà, merci.
5 Peut-on également soumettre au témoin la pièce de
6 l'accusation 621 ?
7 Tout comme nous l'avons fait avec les documents précédents, nous
8 voyons que les documents 622 et 623 sont des documents qui ont été
9 communiqués au Bureau du Procureur par le ministère de la Défense de la
10 Fédération. Je parle de la partie croate de la Fédération.
11 Avez-vous le document 623 sous les yeux ? Je me rends compte que
12 c'est un document en anglais, l'avez vous sous les yeux ?
13 M. Blaskic (interprétation). Oui, j'ai le document 623 en
14 anglais sous les yeux, effectivement.
15 M. Kehoe (interprétation). - Je voudrais que vous compariez les
16 numéros de référence apposés sur les documents 621 et 623. Je pense que
17 vous conviendrez avec moi qu'il s'agit des mêmes numéros 01-5-690-93. Est-
18 ce bien exact ?
19 M. Blaskic (interprétation). Ces numéros sont les mêmes et
20 vraisemblablement le document 621 était en fait une traduction ou plutôt
21 le document 623 était une traduction du document 621.
22 M. Kehoe (interprétation). - La signature au bas du document 623
23 est bien la vôtre, n'est-ce pas ?
24 M. Blaskic (interprétation). Oui, effectivement, c'est ma
25 signature qui figure sur la version en anglais de ce document.
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1 M. Kehoe (interprétation). - Là encore, il s'agit d'un document
2 qui a été signé. En tout cas, la version BCS a été signée par M. Dujmovic,
3 c'est bien exact ?
4 M. Blaskic (interprétation). C'est exact. J'ai vérifié dans ma
5 chronologie et je pourrai répondre à la question qui m'a été posée par
6 l'un des Juges, il y a un instant : M. Dujmovic a effectivement signé le
7 document, bien que, comme je l'ai déjà dit, il n'était pas habilité à le
8 faire. Mais moi, j'étais au commandement à ce moment-là, j'étais en
9 réunion avec le colonel Duncan. Et j'ai demandé au colonel Duncan qu'il
10 intervienne afin de convoquer une réunion avec le commandant du troisième
11 corps de l'armée de Bosnie-Herzégovine afin de débattre de la mise en
12 oeuvre du plan militaire et de l'accord militaire qui avait été conclu.
13 Par conséquent, j'ai demandé au colonel Duncan, à M. Thébault et
14 autres représentants officiels d'agir en tant qu'intermédiaires afin de
15 m'aider à mettre sur pieds une réunion avec le commandant du troisième
16 corps d'armée afin d'éviter de nouveaux conflits, et de mettre en oeuvre
17 l'accord militaire conclu et signé par nos supérieurs.
18 M. Kehoe (interprétation). - Ce document 623 est un document
19 envoyé à une autre organisation internationale importante. N'est-ce pas le
20 CICR, comité international de la Croix-
21 Rouge ? C'est bien exact ?
22 M. Blaskic (interprétation). Oui.
23 M. Kehoe (interprétation). - Et vous avez fait remarquer, au
24 cours de votre témoignage et eu égard à la pièce 621, que vous n'auriez
25 pas approuvé le premier paragraphe de ce document, n'est-ce pas ?
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1 M. Blaskic (interprétation). Oui, le style dans lequel ce
2 premier paragraphe a été rédigé ne me convient pas et je l'aurais modifié.
3 J'aurais fait référence à l'accord militaire conclu entre le chef d'état-
4 major principal de mon côté et le chef d'état-major de l'armée de Bosnie-
5 Herzégovine. Par conséquent, cette section-là, cette partie du document,
6 je l'aurais modifiée, si on m'avait soumis le document et si je l'avais
7 signé.
8 M. Kehoe (interprétation). - Mais vous avez eu la possibilité de
9 consulter ce document n'est-ce pas ? A la fois en BCS avant de le signer
10 en anglais en tout cas, ou bien quelqu'un vous a-t-il forcé à signer ce
11 document en anglais, avant même que vous ayez eu la chance de lire sa
12 version BCS ?
13 M. Blaskic (interprétation). Mais personne ne m'a forcé à
14 signer quoique ce soit et on m'a dit en gros ce que contenait ce document.
15 Et je pensais que le responsable de la section des opérations m'avait dit
16 en gros ce qu'était ce détail : s'il s'agissait d'une demande
17 d'organisation d'une réunion, une demande de libération de prisonniers ou
18 ce genre de choses. Mais je le répète, si M. Drago Dujmovic avait agi de
19 façon appropriée, une fois le document rédigé, il me l'aurait soumis afin
20 que je l'examine et que je le signe ensuite. Et enfin, j'y aurais apposé
21 certaines corrections, notamment au premier paragraphe, et j'aurais signé
22 le reste.
23 Et le document aurait été beaucoup plus clair pour moi.
24 M. Kehoe (interprétation). - Mais comme vous l'a demandé le
25 Juge Rodrigues au sujet du document précédent, il est question du plan de
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1 paix Vance-Owen et des provinces 8, 9 et 10 dans ce document également,
2 bien entendu. Et cela aussi vous auriez pu le voir dans la
3 version en anglais n'est-ce pas ?
4 M. Blaskic (interprétation). Oui. Effectivement, on peut
5 identifier ces différents éléments dans la version en anglais.
6 M. Kehoe (interprétation). - Et ce plan de paix Vance-Owen ? Et
7 ces provinces mentionnées dans le plan Vance-Owen, ce sont des questions
8 extrêmement politiques n'est-ce pas ?
9 M. Blaskic (interprétation). C'est une question politique,
10 militaire et une question d'Etat également. Parce que dans chacune de ces
11 provinces, il y avait un certain nombre de problèmes qui devaient être
12 résolus grâce aux structures d'Etat de la Bosnie-Herzégovine, notamment
13 par le biais de l'armée.
14 M. Kehoe (interprétation). - Mais les problèmes politiques se
15 présentant dans ces différentes provinces étaient extrêmement importants
16 pour vous, n'est-ce pas ?
17 M. Blaskic (interprétation). Effectivement, ces problèmes
18 politiques étaient importants, mais je ne m'y suis pas véritablement
19 penché et je ne me considérais pas comme étant un responsable dans la
20 sphère de ces problèmes politiques. Moi, c'étaient les aspects militaires
21 du plan Vance-Owen qui m'intéressaient. Et si le plan était signé par
22 toutes les parties, quelles étaient mes responsabilités en tant que
23 commandant militaire ? Quel était mon rôle ?
24 C'est ainsi que j'abordais le plan par le biais militaire. Les
25 aspects politiques du plan Vance-Owen étaient des aspects dont devaient
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1 s'occuper les représentants politiques, les représentants des communautés
2 croates et musulmanes, comme dans le cadre de toute application de tout
3 plan de paix.
4 M. Kehoe (interprétation). - Mais il est clair, Général, qu'au
5 cours de cette période les Croates de Bosnie voulaient que soit appliqué
6 le plan de paix Vance-Owen. Ils le voulaient n'est-ce pas ?
7 M. Blaskic (interprétation). Les représentants politiques du
8 peuple croate en Bosnie-Herzégovine ont signé, je crois, tous les plans
9 proposés par les médiateurs internationaux. J'ai peut-être tort, je ne
10 sais pas si le premier était le plan de Lisbonne ou un autre. Bref, ils
11 ont tout signé jusqu'aux accords de Dayton. Les représentants ont signé
12 tous les plans proposés par la Communauté internationale, à ma
13 connaissance, d'après les informations officielles que j'ai reçues.
14 M. Kehoe (interprétation). - Regardons ce plan dont il est fait
15 mention dans ces différents documents. Monsieur le Greffier, peut-on avoir
16 la pièce de l'accusation numéro 20 ,c'est la première carte de toute la
17 série de cartes dont vous disposez.
18 Regardons les provinces 8, 9 et 10, pièces de l'accusation 20,
19 monsieur le Greffier. C'est une petite carte que nous pourrons placer sur
20 le rétroprojecteur.
21 Nous voudrions avoir la carte du haut. Il s'agit du plan de paix
22 Vance-Owen tel qu'il existait le 2 janvier 1993. Peut-on agrandir l'image
23 s'il vous plaît, afin que nous puissions apercevoir les chiffres. Très
24 bien. Merci beaucoup. Général, d'après ce document, nous voyons que les
25 zones qui vous intéressaient, les provinces 8, 9 et 10 étaient des zones
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1 qui en fait, constituaient ou étaient limitrophes de la zone
2 opérationnelle de Bosnie centrale.
3 M. Blaskic (interprétation). Je ne vois pas très bien encore.
4 Laissez-moi consulter cette carte s'il vous plaît. Voilà ! C'est mieux là.
5 Pourriez-vous répéter la question s'il vous plaît ?
6 M. Kehoe (interprétation). Les zones dont vous parlez dans
7 cette lettre envoyée à l'ambassadeur Thébault et au CICR sont les
8 provinces déterminées par le plan Vance-Owen 8, 9 et 10. Et les provinces
9 qui vous intéressent particulièrement sont ces dernières car elles ont une
10 influence ou un impact certain sur la zone opérationnelle de Bosnie
11 centrale. C'est bien exact ?
12 M. Blaskic (interprétation). Bien, pas seulement ces
13 provinces-là. J'ai dit que le
14 problème principal que me posait le plan Vance-Owen, c'était la
15 démobilisation et le désarmement d'une armée qui n'avait pas une structure
16 bien définie et qui n'avait pas été armée de façon organisée. Cependant,
17 le plan Vance-Owen, comme on le voit sur cette carte, inclut la
18 province 7, la province de Sarajevo et Krecevo également, d'autres
19 régions, Kiseljak. Toutes ces provinces, toutes ces municipalités devaient
20 entrer dans la composition de cette zone de Sarajevo ainsi qu'une grande
21 partie de la zone opérationnelle du 3ème corps ou de la 3ème zone
22 opérationnelle de Bosnie centrale, cest à dire Zepce, Maglaj, Usora qui
23 auraient été placées sous le commandement du 3ème corps d'armée. Par
24 conséquent d'un point de vue territoriale, ce plan Vance-Owen n'inclut pas
25 seulement la zone de la Bosnie centrale, mais également la zone couverte
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1 par le 3ème corps d'armée de la Bosnie-Herzégovine ainsi que des zones
2 couvertes par le 4ème corps d'armée de la Bosnie-Herzégovine, le 2ème corps
3 d'armée également, c'est-à-dire finalement, un territoire regroupant un
4 très grand nombre d'unités en 1993, environ 200 000 soldats.
5 M. Kehoe (interprétation). Monsieur le Président, ces zones
6 coloriées en bleu étaient les zones qui étaient contrôlées par les Croates
7 et M. Donja déclarait également au cours de son témoignage que la
8 province 9 devait aller aux Musulmans. Par conséquent, 3, 8 et 10 devaient
9 aller aux Croates et 9, pour clarifier les choses, devait aller aux
10 Musulmans.
11 M. Blaskic (interprétation). Il y avait également la
12 province 7, Sarajevo, incluant Kiseljak et Krecevo, dans le district de
13 Sarajevo, en tout cas à ma connaissance. Par conséquent, nous parlons
14 également de la province 7.
15 M. Kehoe (interprétation). Regardons la lettre 623 que vous
16 avez signée et qui devait être envoyée au CICR. Voyons le paragraphe que
17 vous n'approuvez pas. A nouveau, il s'agit d'une demande d'intervention ou
18 d'engagement supplémentaire. Il est dit dans ce document : les
19 représentants au sommet des peuples croates et musulmans se sont mis
20 d'accord officiellement, du point de vue militaire et du point de vue
21 politique, pour mettre en uvre le plan Vance-Owen dans les provinces 8,
22 9 et 10, ce qui est tout à fait nécessaire et indispensable pour assurer
23 une plus grande sécurité et un retour à la vie normale.
24 Et ensuite, il est question de la libération de certains Croates
25 de différents établissements pénitentiaires à Zenica. Général, vous dites
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1 donc que cette lettre devait être envoyée au comité international de la
2 Croix-Rouge à Zenica, qu'elle a été signée par vous, mais que, néanmoins,
3 vous ne connaissiez pas la teneur exacte de ce document.
4 M. Blaskic (interprétation). Je dis que je n'ai pas été
5 informé du contenu du document original 621, que je n'ai pas eu l'occasion
6 de le lire et que ce document a été signé par mon auxiliaire M. Dujmovic.
7 Et que la demande envoyée à la Croix-Rouge, je l'ai soutenue, si ce n'est
8 le style qui a été adopté et la démarche qui a été adoptée ainsi que la
9 description de l'accord du plan Vance-Owen et d'autres questions.
10 M. le Président. - Général Blaskic, je ne comprends pas très
11 bien. Vous dites : "Je l'ai soutenu à l'exception du style". Comment
12 pouvez-vous juger du style puisque vous ne comprenez pas la lettre ? C'est
13 subtil pour moi, je dois dire.
14 Avant de juger d'un style, il faut encore lire la lettre !
15 Voyons !
16 M. Blaskic (interprétation). Oui. Ce que je dis, cest que je
17 n'ai pas eu la possibilité de lire la lettre et que je ne suis pas
18 d'accord avec les détails de la première partie de la lettre. Et de façon
19 générale, j'approuve les parties concernant la demande formulée à la
20 Croix-Rouge afin qu'elle agisse en tant que médiateur. Et j'ai déclaré
21 également que si mon auxiliaire M. Dujmovic avait travaillé de façon
22 appropriée, il m'aurait amené l'ensemble de la lettre afin que je puisse
23 l'examiner et que je puisse la signer en connaissance de cause. Je ne sais
24 pas pourquoi il ne l'a pas fait car j'étais sur place à l'époque.
25 M. le Président. - Cette distinction très subtile que vous
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1 faites entre le militaire et le politique, distinction subtile -il faut
2 reconnaître ce qui est- mais enfin admettons que ce soit votre
3 distinction, est-ce que pour vos interlocuteurs, c'était également la même
4 distinction ?
5 Est-ce que, par exemple, quand vous écrivez une lettre comme celle-là à
6 M. Thébault, est-ce qu'il vous répond : "Ah ! Colonel Blaskic ! Nous vous
7 considérons, vous, comme le militaire de l'équipe et pas comme le
8 politique. Alors, occupez-vous des choses militaires et pas des choses
9 politiques !" Moi, j'avais l'impression qu'on vous considérait quand même
10 comme capable de rédiger une lettre comme celle-là. On ne vous a jamais
11 dit -autrement dit je reformule ma question- : est-ce que un jour un de
12 vos interlocuteurs vous a dit : "Pour nous, vous êtes le militaire et pas
13 le politique. Ne vous occupez pas de cela ! De quoi, vous vous occupez ?"
14 Est-ce que lon vous a répondu cela ?
15 M. Blaskic (interprétation). Monsieur le Président,
16 M. Thebault a tenté au cours de nos réunions et de nos conversations, de
17 recueillir certains commentaires, et a tenté d'obtenir de moi certains
18 commentaires de nature politique et sur des questions civiles. Et parfois,
19 lui-même m'exprimait ses opinions. Il ne m'a jamais dit directement : " Je
20 ne vous ai pas demandé de vous exprimer sur des questions politiques ou
21 sur des problèmes politiques. "
22 Mais je lui ai dit lors de certaines réunions, lorsque ce type
23 de questions apparaissait dans la conversation qu'il devait se tourner
24 vers les autorités compétentes, vers les représentants politiques
25 lorsqu'il avait de telles questions, parce que je ne me considérais pas
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1 comme étant compétent pour y répondre.
2 Si on me demandait mes opinions personnelles -peut-être que cela
3 est arrivé une ou deux fois- je l'ai fait, mais je lui ai dit que je ne me
4 sentais pas compétent pour parler de ce type de questions.
5 M. le Président. Alors, nous avons vu les relations Blaskic
6 votre assistant, nous avons vu les relations avec les destinataires, et
7 maintenant les relations avec vos supérieurs. Est-ce qu'un jour vos
8 supérieurs vous ont dit : "N'écrivez plus cela, car cela ne vous regarde
9 pas". Je ne pense pas. Est-ce que l'on vous a dit cela une fois ? Est-ce
10 que le général Petkovic vous a dit un jour : "Ce paragraphe (il devait
11 comprendre l'anglais, lui) est inadmissible" ?
12 Est-ce que l'on vous a dit cela une fois ?
13 M. Blaskic (interprétation). Lorsque j'étais nommé commandant
14 de la zone opérationnelle, on m'a dit que je ne devais pas m'occuper de
15 politique, qu'il fallait que je laisse la politique aux hommes politiques,
16 que, moi, j'étais chargé de questions et de problèmes militaires. C'est
17 ainsi que j'ai compris mon rôle et mes tâches et c'est ce que le général
18 Petkovic m'a fait comprendre par le biais de ses ordres.
19 M. le Président. Cette distinction peut être subtile ! Mes
20 collègues veulent-ils poser une question ?
21 Vous n'avez pas de questions.
22 Est-ce que, sur ce document, vous avez terminé ? Nous allons
23 terminer ce document, monsieur le Procureur.
24 M. Kehoe (interprétation). Une dernière question sur ce
25 document, Général. Au fond, vous avez signé deux lettres adressées à deux
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1 organisations internationales dans lesquelles il était question d'un sujet
2 très politique, le plan Vance-Owen, n'est-ce pas exact ?
3 M. Blaskic (interprétation). C'est vrai que j'ai signé les
4 deux traductions, enfin les deux versions anglaises et que je n'ai pas
5 signé les deux versions croates de ces documents, parce que mon auxiliaire
6 n'a pas soumis ces documents à mon examen. Et il est exact que j'aurais
7 modifié certaines choses dans ces deux lettres si j'avais pu le faire ?.
8 Je crois qu'il y a eu là une erreur administrative de la part de la
9 personne qui a signé ce document en mon nom.
10 M. Kehoe (interprétation). Je n'ai plus de question sur ce
11 document, monsieur le Président, messieurs les Juges. Merci, Général.
12 M. le Président. Nous remercions les interprètes qui ont fait
13 une lourde journée et les sténotypistes aussi.
14 Nous reprenons demain matin à 10 h 00.
15 L'audience est levée à 17 heures 35.
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