Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL AFFAIRE N° IT-95-14-T

2 POUR L'EX-YOUGOSLAVIE

3 Mardi 11 mai 1999

4 L'audience est ouverte à 10 heures 15.

5 M. le Président. – Monsieur le Greffier, vous introduisez notre

6 témoin.

7 Bonjour aux interprètes. Ils sont prêts ? Tout le monde est

8 prêt ? La cabine ? Merci. Bonjour aux conseils de l'accusation ;

9 Maître Harmon, Maître Kehoe, l'assistant. Bonjour aux conseils de la

10 défense.

11 Je salue le général Blaskic et, à l'intention du public, je dis

12 qu'il témoigne pour son contre-interrogatoire par le Bureau du Procureur

13 qui est donc en qualité de témoin sous serment devant les Juges de cette

14 première Chambre.

15 Monsieur le Procureur, c'est à vous.

16 M. Kehoe (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président,

17 bonjour, Messieurs les Juges, bonjour, conseils de la défense, bonjour,

18 Général.

19 M. Blaskic (interprétation). - Bonjour.

20 M. Kehoe (interprétation). - Général, hier soir, nous en sommes

21 arrivés à l'ordre que vous avez rédigé le 21 octobre 1992, pièce à

22 conviction de l'accusation 647, où vous faites remarquer que vous-même et

23 Dario Kordic menaient des opérations militaires à Novi Travnik.

24 Alors, Général, ces mêmes jours, le 21 et le 22 octobre, le HVO

25 était également en train d'affermir, d'asseoir totalement son pouvoir dans

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1 diverses municipalités et donc également à Novi Travnik, n'est-ce pas ?

2 M. Blaskic (interprétation). - Le document dont nous parlons,

3 Monsieur le

4 Président et Messieurs les Juges, n'est pas un ordre, si je ne m'abuse. Il

5 s'agit plutôt d'une information adressée à tous les quartiers généraux

6 municipaux de Bosnie centrale, et il y a une grande différence entre un

7 ordre, une instruction et une information, une mise au courant destinée à

8 calmer la situation sur le territoire des municipalités et à stabiliser la

9 situation.

10 M. Kehoe (interprétation). - Général, je vais vous reposer ma

11 question qui est la suivante : les 20, 21 et 22 octobre, le HVO était en

12 train, dans la municipalité de Vitez, de s'emparer du pouvoir, n'est-ce

13 pas ?

14 M. Blaskic (interprétation). - Dans cette période, il y avait un

15 conflit dans la municipalité de Vitez et, pour être précis, ces

16 affrontements se déroulaient au niveau d'un barrage routier à Ahmici.

17 Quant aux autres parties de ce territoire, la stabilisation s'est faite

18 rapidement et des accords ont été conclus destinés à régler tous les

19 problèmes de façon pacifique, notamment au niveau de tous les barrages

20 routiers de la municipalité de Vitez.

21 M. Kehoe (interprétation). - Général, le 20 octobre 1992, le HVO

22 a expulsé la Défense territoriale de son quartier général à Vitez pour la

23 forcer à déménager à Stari Vitez, n'est-ce pas ?

24 M. Blaskic (interprétation). - Je suis incapable de me rappeler

25 tous les détails aujourd'hui. Je sais qu'au barrage routier, il y a eu des

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1 affrontements, des accrochages entre le HVO et la Défense territoriale.

2 Peut-être que ces heurts se sont transmis au niveau des commandements ?

3 Mais je sais que dans les jours qui ont suivi dans la municipalité de

4 Vitez, ces affrontements se sont calmés, la situation s'est stabilisée.

5 M. Kehoe (interprétation). - Est-ce que la Défense territoriale

6 n'est jamais retournée dans son quartier général dans la ville de Vitez

7 après en avoir été chassée le 20 octobre ?

8 M. Blaskic (interprétation). - Le commandement du quartier

9 général de la Défense territoriale se trouvait dans deux bâtiments au

10 niveau de la municipalité. Il y avait l'école de

11 Vitez et, plus tard, un bâtiment dans Stari Vitez. Je ne sais pas, je ne

12 pourrais pas dire avec certitude si, plus tard, le commandement est revenu

13 dans l'école de Vitez. Je crois que ce n'est pas le cas, mais je n'en suis

14 pas sûr.

15 M. Kehoe (interprétation). - Général, à quelle distance se

16 trouve cette école secondaire de votre quartier général à l'hôtel Vitez ?

17 M. Blaskic (interprétation). - Je n'avais pas de commandement à

18 l'hôtel Vitez à la période dont nous sommes en train de parler, je veux

19 parler du 20 octobre 1992. A cette date, mon commandement...

20 M. Kehoe (interprétation). - Excusez-moi, Général, ce n'est pas

21 l'objet de ma question.

22 M. Hayman (interprétation). – Monsieur le Président, objection.

23 D'abord, M. Kehoe, depuis trois ou quatre semaines, ne parle

24 pas, mais crie plutôt. Est-ce que c'est approprié ? Est-ce convenable ?

25 Nous pensons que ce n'est pas le cas dans un Tribunal de ce genre.

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1 Deuxièmement, depuis quelques jours, M. Kehoe a pris l'habitude

2 d'interrompre notre client de façon répétée. Je vous demanderai, Maître,

3 de bien vouloir vous contrôler je vous prie. Il y a des moments où, à

4 cause d'erreurs d'interprétation ou d'autres facteurs, notre collègue peut

5 se poser des questions et le témoin peut-être s'écarte de la question,

6 mais il y a d'autres moments où il ne le fait pas. Or, notre collègue

7 interrompt immédiatement. Nous demandons aux Juges de bien vouloir

8 intervenir, car il n'est pas convenable qu'un avocat interrompe à ce point

9 notre client.

10 M. le Président. - Maître Hayman, d'abord contrôlez vous vous-

11 même puisque tout le monde doit se contrôler. Je crois qu'il faut que tout

12 le monde se contrôle et je vais essayer moi-même de me contrôler.

13 S'agissant de la manière et de la voix de chacun des défenseurs, chacun a

14 son tempérament. C'est vrai que Me Kehoe qui a un tempérament peut-être

15 fougueux,

16 a tendance peut-être à élever la voix car il est pris par son dossier,

17 comme peut-être vous l'êtes. Me Nobilo est d'un calme absolu, c'est tout

18 juste si on l'entend dans le micro, donc chacun à son tempérament.

19 Par contre, c'est vrai que je demanderai à Me Kehoe de mettre un

20 peu moins de passion dans les questions qui peuvent donner l'impression au

21 témoin d'être pressé d'une façon qui est un peu anormale. Donc cela, je le

22 demande à Me Kehoe.

23 S'agissant des interruptions, il faut bien reconnaître que nous

24 sommes sur le temps de l'accusation. Nous en avons déjà parlé hier et de

25 ce point de vue-là, c'est vrai que le témoin qui est témoin et accusé, il

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1 a les droits de l'accusé, mais il est témoin en ce moment. Il a donc les

2 droits d'un témoin, mais il a aussi les obligations d'un témoin.

3 D'un autre côté, les Juges ont également des obligations que

4 leur donne le Statut. Vous le savez très bien, je ne vais pas rappeler les

5 textes en la matière et il est exact que le témoin, sur chaque question,

6 répond de façon très longue. Alors, souvent, je dois dire que moi-même

7 j'ai tendance à ramener le témoin à des réponses plus concises. Sinon

8 évidemment, on aurait du mal à faire en sorte que le procès se déroule

9 dans des conditions où le temps ne soit pas trop perdu. Je ramène toujours

10 au texte qui nous permette à nous, les Juges, de conduire un procès juste

11 et équitable permettant à chacune des parties de pouvoir faire valoir son

12 point de vue. Voilà.

13 Moi-même, maintenant, je me tourne vers le témoin. Il est exact

14 que si à chaque question -et là je parle au témoin et pas à l'accusé- si à

15 chaque question, général Blaskic, vous rentrez dans des considérations

16 très longues, c'est vrai que je n'hésiterai pas moi-même à vous

17 interrompre. Vous devez essayer de répondre de la façon la plus concise,

18 la plus complète aux questions qui vous sont posées.

19 Voilà c'est dans ces conditions, avec un Maître Kehoe à qui je

20 donne la parole, un Maître Kehoe qui va modérer son tempo vocal.

21 M. Kehoe (interprétation). - Je vais vous montrer mon côté

22 serein, Monsieur le Président.

23 M. le Président. – Merci, continuons.

24 M. Kehoe (interprétation). - Général, à quelle distance se

25 trouve l'hôtel Vitez de l'école secondaire de Vitez ?

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1 M. Blaskic (interprétation). - Il est possible qu'il y ait 500 à

2 800 m entre les deux bâtiments, peut-être un peu plus.

3 Je n'en suis pas sûr, je ne pourrais pas le dire avec une

4 précision absolue, mais je dirai 500 à 800 m.

5 M. Kehoe (interprétation). – Dîtes-vous, dans votre déposition

6 devant les Juges, que vous ne savez pas si la Défense territoriale est

7 jamais revenue dans les locaux de l'école secondaire ?

8 M. Blaskic (interprétation). - Non, ce que j'ai dit, c'est qu'il

9 était possible que la Défense territoriale ait placé une partie de ses

10 forces ou qu'elle ait eu un siège partiel dans les locaux de l'école

11 secondaire, ou que cela n'ait pas eu lieu. Mais je ne peux pas dire à quel

12 moment exactement le quartier général se trouvait dans l'école secondaire

13 et à quel moment il s'est trouvé dans les locaux de Stari Vitez, parce que

14 c'est un niveau très inférieur à celui dont je m'occupais. Moi je sais

15 quel était le siège du quartier général du 3ème Corps d'armée.

16 M. Kehoe (interprétation). - Général, avez-vous ordonné

17 l'attaque contre le quartier général de la Défense territoriale dans les

18 locaux de l'école secondaire ?

19 M. Nobilo (interprétation). – Monsieur le Président, j'ai

20 attendu quelques instants avant d'intervenir, mais maintenant je dois

21 vraiment le faire. Pourquoi ? Parce que nous voulons vous montrer, sur la

22 base d'un exemple, ce que signifie l'interruption d'un témoin et la

23 manipulation des questions, à savoir notre collègue demande quelle est la

24 distance qui sépare l'hôtel Vitez de l'école secondaire. Or, nous savons

25 tous que le commandement de Blaskic se

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1 trouvait dans les locaux de l'hôtel Vitez.

2 Donc, c'est une façon de suggérer qu'il devait savoir que

3 l'école secondaire était le quartier général de la Défense territoriale et

4 qu'il devait savoir ce qui se passait et à quel moment cela avait lieu.

5 Mais il a interrompu le témoin ou plutôt la manipulation du témoin (se

6 reprend l'interprète) intervient car le commandement, à ce moment-là,

7 était à Kruscica, le commandement de Blaskic, et pas à l'hôtel Vitez. Donc

8 c'est une manipulation.

9 M. le Président. – Objection rejetée, l'accusation pose les

10 questions comme elle l'entend.

11 Monsieur Kehoe, pouvez-vous poursuivre et j'espère qu'il n'y

12 aura pas d'autres interruptions.

13 M. Kehoe (interprétation). – Général, avez-vous ordonné

14 l'attaque contre l'école secondaire le 20 octobre 1992 ?

15 M. Blaskic (interprétation). – Je n'ai pas ordonné le 20 octobre

16 et je ne me rappelle pas avoir émis un tel ordre à Vitez.

17 M. Kehoe (interprétation). - Qui l'a fait ? Qui a émis cet

18 ordre ?

19 M. Blaskic (interprétation). - Je ne sais pas qui a émis cet

20 ordre. Le 20, j'étais absent. Je ne pouvais pas atteindre mon commandement

21 de Vitez. Ce jour-là, j'étais à Busovaca et je communiquais avec

22 l'officier de transmission de la Forpronu à Kiseljak. Mais j'ai passé la

23 plus grande partie de mon temps à Busovaca et je ne sais pas s'il existe

24 un ordre de cette nature, un ordre commandant l'attaque contre l'école

25 secondaire de Vitez ; je ne me rappelle pas cela aujourd'hui.

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1 M. Kehoe (interprétation). – Mais quand vous avez découvert

2 cette attaque contre l'école secondaire et la Défense territoriale, vous

3 êtes-vous enquis de savoir qui avait rédigé cet ordre ?

4 M. Blaskic (interprétation). - Je n'ai pas reçu, je ne me

5 rappelle pas avoir reçu

6 d'informations à ce sujet. Je sais qu'il y avait un conflit important au

7 niveau des barrages routiers. Est-ce qu'il y avait d'autres

8 affrontements ? Je ne sais pas, je n'ai pas reçu d'informations de ce

9 genre.

10 Je répète que dans la municipalité de Vitez, tous les problèmes

11 se sont résolus au niveau local entre les autorités civiles et militaires

12 de la municipalité de Vitez. Dans cette période, au mois d'octobre 1992,

13 il n'y a pas eu d'incidents qui auraient exigé que je m'engage moi-même ou

14 que Dzemo Merdan s'engage. Tous les incidents étaient réglés au niveau

15 local.

16 M. Kehoe (interprétation). – Général, vous conviendrez, n'est-ce

17 pas, que l'expulsion de la Défense territoriale de son quartier général

18 dans l'école secondaire a constitué un événement important à Vitez, n'est-

19 ce pas ?

20 M. Blaskic (interprétation). - Bien entendu. Cela a constitué un

21 événement important, les affrontements et l'expulsion. Mais je répète

22 qu'un événement encore plus important a été constitué par le fait que dans

23 l'ensemble, dans la totalité de cette zone, tous les problèmes se sont

24 stabilisés.

25 Il y avait dans les personnes qui circulaient dans la région les

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1 autorités civiles, les autorités du clergé, et la situation a fini par

2 revenir à la tranquillité et au calme.

3 M. Kehoe (interprétation). - J'aimerais vous montrer une

4 photographie. Monsieur le Greffier, je demanderai qu'elle soit placée sur

5 le rétroprojecteur. Nous l'avons déjà vue avant, il s'agit de la pièce à

6 conviction 80/7.

7 80/8, Monsieur le Président, je me corrige moi-même et je vous

8 prie de m'excuser. La pièce à conviction est donc la pièce 80/8 et

9 pas 80/7.

10 Général, je vous prierai de regarder cette photographie et de

11 bien vouloir nous montrer où se trouve Pero Skopljak sur cette

12 photographie.

13 M. Blaskic (interprétation). – Oui, je peux vous montrer où il

14 se trouve. Je ne trouve pas le pointeur en revanche, mais je vais utiliser

15 mon stylo. Voilà, M. Pero Skopljak ici.

16 M. Kehoe (interprétation). - C'est bien l'homme qui porte sa

17 veste sur l'épaule, n'est-ce pas ?

18 M. Blaskic (interprétation). - Oui, il a la veste jetée sur

19 l'épaule et, à la main, droite il a une mallette.

20 M. Kehoe (interprétation). - Merci. Général, en octobre 1992,

21 quel était le poste occupé par Pero Skopljak dans la municipalité de

22 Vitez ?

23 M. Blaskic (interprétation). - Pour autant que je le sache, il

24 était responsable du HDZ, mais je n'ai aucune certitude quant à la

25 fonction politique qu'il remplissait dans le cadre du HDZ. Peut-être

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1 faisait-il partie de la présidence du HDZ de Vitez au niveau municipal ?

2 M. Kehoe (interprétation). - J'aimerais vous donner lecture

3 d'une citation de ce que M. Pero Skopljak a dit le 22 octobre à la presse.

4 Le témoin qui a parlé de cela, Monsieur le Président, est M. Vulliamy, un

5 journaliste. Cette citation se trouve à la page 7 761 du compte rendu

6 d'audience. A la ligne 12 commence la citation :

7 "Un homme répondant au nom de Pero Skopljak représentait le HVO.

8 Je me le rappelle bien et j'ai pris note des propos qu'il a tenus -je

9 cite- : "Le HVO était la seule autorité légale dans une région où par le

10 passé cette autorité avait été partagée."

11 Donc, Général, selon M. Skopljak, en tout cas à la date du

12 22 octobre 1992, il apparaît donc que le HVO avait pris le contrôle de la

13 municipalité de Vitez. Est-ce exact, Monsieur ?

14 M. Blaskic (interprétation). - La citation dont vous venez de

15 donner lecture est sans doute exacte, mais elle concerne les autorités

16 civiles. Il est évident que les autorités civiles du HVO ont saisi le

17 pouvoir en totalité dans ce territoire comme les représentants du peuple

18 musulman bosnien l'ont fait dans les leurs. Mais il convient de distinguer

19 entre les autorités civiles et les autorités militaires, et le HVO civil

20 et le HVO militaire.

21 Le HVO, sur le plan militaire, a maintenu une coopération

22 parfaite jusqu'à la date

23 du conflit et même après le début du conflit, y compris plusieurs jours

24 après le début du conflit. Au mois d'octobre, comme l'a dit M. Dzidic, les

25 forces de la Défense territoriale et du HVO s'entendaient parfaitement

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1 bien et partaient combattre ensemble les Serbes sur le front.

2 M. Kehoe (interprétation). - Général, dans l'esprit de

3 coopération vis-à-vis des forces de la Défense territoriale qui vous

4 animait, le général Petkovic vous a autorisé à présenter les exigences qui

5 vous convenaient et, si vos exigences n'étaient pas satisfaites, vous

6 étiez également autorisé à en obtenir la satisfaction par la force, n'est-

7 ce pas ?

8 M. Blaskic (interprétation). - Je ne sais pas à quelle période

9 vous pensez.

10 M. Kehoe (interprétation). - Ce sera plus facile sur la base

11 d'un document, Général. Je voudrais donc vous soumettre un document.

12 M. Dubuisson. - Document 648 et 648a pour la version anglaise.

13 M. Kehoe (interprétation). - Général, ce document est un

14 document d'information qui vous provient, qui vous est envoyé par

15 M. Luka Sekerija. Il vous est envoyé à vous et également à Kordic. Il est

16 très court, la date est celle du 23 octobre 1992. Je lis le texte :

17 "En réponse à votre télégramme d'hier, je vous informe de ce qui

18 suit : la situation sur le territoire de Gornji Vakuf est tendue, mais

19 sous contrôle. Tous les transports d'équipement de matériel et de soldats

20 de la Défense territoriale se dirigeant vers Novi Travnik sont bloqués.

21 Attention, colonel Tihomir Blaskic, dans un télégramme top

22 secret numéro 22-10/92 daté du 22 octobre 1992 et provenant du colonel

23 Petkovic, vous recevez l'ordre de ce qui suit :

24 Vous avez l'autorité complète pour mener les négociations.

25 N'abandonnez aucune de vos exigences. Lorsque vous en avez la possibilité,

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1 résolvez la situation par la force. Cessez-le-feu total lorsque vous en

2 décidez.

3 J'ai été très satisfait des nouvelles m'informant que votre

4 arrestation et celle de

5 Dario était une nouvelle erronée.

6 Au revoir et prenez soin de vous."

7 Donc, Général, vous recevez carte blanche de Mostar. Je répète

8 la partie du texte : "Veiller à ce que vos exigences soient satisfaites",

9 n'est-ce pas ?

10 M. Blaskic (interprétation). - Ce document, comme je tiens à le

11 souligner, m'a été envoyé par Luka Sekerija qui était mon numéro deux au

12 sein du commandement. Il était à Gornji Vakuf à ce moment-là, il était

13 donc coupé de la zone opérationnelle de Bosnie centrale, comme je l'étais

14 moi-même.

15 Il est mentionné dans ce texte qu'une autorité est donnée afin

16 de mener des négociations puisque le conflit se déroulait à l'époque. La

17 possibilité a été évoquée d'utiliser la force pour résoudre les problèmes.

18 Il est donc fait référence à la force, mais cette référence concerne aussi

19 bien le HVO que l'armée de Bosnie-Herzégovine parce qu'il faut replacer

20 dans le contexte du 23 octobre 1992.

21 A cette date, M. Petkovic était à Sarajevo. En raison des

22 événements qui se précipitaient, moi, je n'étais pas en possibilité

23 d'aller exactement là où je voulais, et les conflits finalement ont abouti

24 à la création d'une commission conjointe.

25 S'agissant maintenant des transports dont il est fait état dans

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1 ce texte, transports d'équipement, de matériel et de soldats, il y avait

2 des barrages routiers qui se succédaient, qui étaient très proches les uns

3 des autres.

4 M. Kehoe (interprétation). - Eh bien, par cet ordre de Petkovic,

5 il apparaît manifestement, Général, que vous obtenez le pouvoir de veiller

6 à ce que le HVO soit dominant dans la municipalité et que si tel n'est pas

7 le cas, vous recourriez à la force pour faire en sorte que le HVO domine,

8 n'est-ce pas ?

9 M. Blaskic (interprétation). - Ce dont il est question dans ce

10 texte, c'est du fait que j'avais demandé pouvoir, pour mener des

11 négociations avec le commandant du 3ème Corps

12 d'armée ou plutôt du commandement de l'armée de Bosnie-Herzégovine au

13 niveau de la région. C'est ce qui est dit dans ce texte, pour mener des

14 pourparlers et des négociations. Parce que le conflit dure encore. En

15 effet, nous ne sommes pas encore à la fin des affrontements. Donc en

16 raison de cela, il est évoqué la possibilité de résoudre la situation par

17 la force et je pense que ce que l'auteur avait en tête, c'était le conflit

18 de Novi Travnik entre le HVO et la Défense territoriale, qui n'était pas

19 encore réglé à ce moment-là.

20 M. Kehoe (interprétation). - Mais vous nous avez fait remarquer

21 que vous avez rencontré Milivoj Petkovic à Sarajevo le 23 octobre,

22 Général, n'est-ce pas ?

23 M. Blaskic (interprétation). - Non, c'est la veille que je l'ai

24 rencontré. Mais, le 23 octobre, j'étais avec lui à Sarajevo au sein d'une

25 délégation du HVO. Nous avons rencontré les dirigeants du quartier général

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1 suprême de l'armée de Bosnie-Herzégovine ainsi que les dirigeants de la

2 présidence de guerre de Bosnie-Herzégovine à Sarajevo. Nous avons

3 également rencontré des représentants de l'armée de la Republika Srpska à

4 l'aérodrome de Sarajevo, sous l'égide du général Morillon.

5 M. Kehoe (interprétation). - Quand vous avez rencontré Petkovic

6 et que vous lui avez parlé, il vous a dit, n'est-ce pas, que pendant que

7 vous, le HVO, vous consolidiez votre pouvoir en Bosnie centrale, à Mostar,

8 dans le même temps, le HVO consolidait également son pouvoir ?

9 M. Blaskic (interprétation). - Lorsque je l'ai rencontré,

10 lorsque je me suis réuni avec lui le 22, je lui ai décrit la situation et

11 je lui ai donné mon avis sur la situation, sur les affrontements de

12 Novi Travnik. J'ai exprimé l'inquiétude qui était la mienne, en disant

13 qu'à mon avis, si ces conflits ne s'arrêtaient pas rapidement, ils

14 déboucheraient sur la perte de nos positions de Jajce, et c'est dans ce

15 sens qu'a parlé Petkovic à Sarajevo, en présence de M. Stjepan Siber, si

16 je ne m'abuse, qui était le commandant adjoint du grand quartier général.

17 Ils ont parlé ensemble sur ce même sujet, à savoir la nécessité de mettre

18 un terme au conflit.

19 M. Kehoe (interprétation). - J'aimerais que nous reprenions le

20 témoignage de M. Vulliamy parlant des événements de Mostar. M. Vulliamy se

21 rend à Mostar le 24 octobre, et nous commencerons par le bas de la

22 page 7765 du compte rendu d'audience, ligne 24-je cite- :

23 "Nous retournons à Split pour découvrir, en attendant nos

24 collègues, qu'il faut que nous reprenions rapidement la route, car un

25 ultimatum a été lancé à Mostar, capitale de l'Herceg-Bosna ou ville qui

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1 souhaitait le devenir. Cet ultimatum est adressé par le HVO à l'armée de

2 Bosnie-Herzégovine et lui donne l'ordre de désarmer immédiatement, puis,

3 soit de se démanteler, soit de se placer sous le contrôle du HVO." (Fin de

4 citation.)

5 Cette exigence ressemble beaucoup à celle que vous avez faite

6 vous-même au cours de vos négociations avec les Musulmans de Vitez, n'est-

7 ce pas ?

8 M. Blaskic (interprétation). – Non, c'est inexact, d'ailleurs

9 j'ai démenti cela au moment même, lors de la réunion dont je viens de

10 parler. En présence du général Dzemo Merdan et du colonel Stewart ainsi

11 que du général Cumming, j'ai dit que nous n'avions pas besoin des armes de

12 la Défense territoriale, que nous ne demandions pas le désarmement, que

13 nous avions besoin d'aide pour nous battre sur le front contre les Serbes.

14 Mais Dzemo lorsque j'ai parlé avec lui et que je lui ai demandé : "Mais

15 qui t'a lancé un ultimatum ?" m'a dit à cette réunion dont je suis en

16 train de parler : "C'est ce qui se raconte".

17 Je ne sais pas quels ont été les événements de Mostar, je

18 n'étais pas présent sur les lieux à ce moment-là et, bien entendu, je ne

19 peux pas parler de cette situation.

20 Ce dont a parlé M. Edward Vulliamy, j'en ai entendu parler, mais

21 je n'étais pas présent à Mostar, donc je ne peux pas m'exprimer sur les

22 événements de Mostar.

23 M. Kehoe (interprétation). - Poursuivons la citation de

24 M. Vulliamy, sa déposition page 7766 du compte rendu d'audience, à partir

25 de la ligne 6 -je cite- : "Nous ne savions pas à quoi nous attendre, nous

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1 sommes partis pour Mostar tôt le lendemain matin et, à Mostar, la

2 situation avait totalement changé, il n'était plus question de l'alliance

3 de l'été. Le HVO s'était

4 emparé des bâtiments de la justice, de la poste, des télécommunications,

5 de la mairie, il avait un garde devant le quartier général de l'armée

6 bosniaque qui se trouvait tout à côté, dans l'ouest de la ville, la partie

7 la moins exposée, c'est-à-dire exposée aux Serbes.

8 Nous sommes allés interroger le commandant, un homme qui

9 s'appelait Arif Pasalic, et il nous a dit..."

10 A ce moment-là, il y a une interruption par une question. La

11 question est : "Le commandant de quel parti ?

12 Réponse : D'une bande armée. Nous avons traversé la partie

13 croate de la ville pour nous rendre au quartier général bosniaque et

14 interroger le commandant… Enfin, excusez-moi, Pasalic est son nom. On nous

15 a dit que l'ordre avait été donné de désarmer.

16 Le commandant a dit : "Nous refusons de désarmer. Comment est-ce

17 que je peux désarmer au cours d'une guerre ?" Voilà ce qu'il a dit. Il a

18 dit que ce n'était pas un petit affrontement local, que c'était la mise en

19 oeuvre d'un plan, d'une politique provenant de Grude et de Mate Boban qui

20 était donc mise en pratique par le biais de ces affrontements de Mostar.

21 Lorsque je dis "affrontement" et "guerre", je ne parle pas de la

22 guerre que j'avais connue quand je me rendais à Mostar dans la dernière

23 période, mais d'une guerre tout à fait nouvelle qui se menait à Mostar

24 même entre les anciens alliés."

25 Passons au bas de la page où nous parlons de l'entretien de

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1 M. Vulliamy avec le commandant Lasic. Vous connaissez le commandant Lasic,

2 n'est-ce pas ?

3 M. Blaskic (interprétation). - Je l'ai rencontré en 1994, mais

4 je ne le connaissais pas jusqu'à cette date. Je sais qu'il avait un poste

5 au quartier général régional de Mostar.

6 M. Kehoe (interprétation). - Je commence une citation

7 page 7 767, ligne 21 du compte rendu, je cite : "Nous nous sommes assis

8 avec le commandant Lasic qui nous a versé un bon scotch, si je me souviens

9 bien, et qui nous a expliqué que, désormais, le HVO était la seule

10 autorité civile dans la ville, dans la ville de Vitez. Cela m'a intéressé,

11 j'en ai pris note parce

12 que cela m'intéressait sur le plan du partage du pouvoir civil et

13 militaire. Cette remarque faisait écho à ce que Skopljak avait dit à Vitez

14 à une distance assez grande de cet endroit.

15 Le commandant Lasic a ensuite déclaré qu'il n'y aurait plus de

16 représentants musulmans légaux à Mostar à partir de cette date. Nous lui

17 avons demandé ce qu'il en était de l'armée de Bosnie-Herzégovine. Il a

18 dit : "L'armée devrait désarmer et je l'invite à se retirer de la ligne de

19 front.""

20 Alors, Général, sur la base de ce que vous savez, il apparaît

21 très clairement, n'est-ce pas, que dans cette période le HVO s'emparait du

22 contrôle des zones de Bosnie centrale dont nous parlons depuis quelques

23 temps, Mostar et Vitez en Bosnie centrale pour être plus précis ?

24 M. Blaskic (interprétation). - Il est absolument impossible de

25 mettre sur le pied d'égalité la situation à Mostar et la situation en

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1 Bosnie centrale. A Mostar, les Croates représentaient la majorité et peut-

2 être les événements ressemblaient à cela. Mais en Bosnie centrale, les

3 Croates constituaient une minorité.

4 Moi, je sais que pendant toute l'année 1992, je disposais d'une

5 unité croato-musulmane, Croates de Kotor Vares qui participaient à des

6 combats autour de Jajce. Je n'ai pas donné l'ordre que la Défense

7 territoriale dépose les armes et ce n'était pas mon but. Mon but était

8 qu'on soit ensemble avec eux sur les lignes de front contre les Serbes.

9 Les unités du HVO, je les ai envoyées avec le général Prkacin du

10 commandement conjoint pour renforcer les Musulmans bosniaques. Il

11 s'agissait là d'une époque où le commandement conjoint a été constitué

12 pour la Bosnie centrale, le commandement conjoint du HVO et du 3ème Corps

13 d'armée.

14 En ce qui concerne la situation de Mostar, je ne la connais pas.

15 Je connais Lasic mais, à l'époque, je ne me rendais pas à Mostar et, au

16 mois de septembre, l'état-major principal n'était pas à Mostar, le

17 quartier général n'y était pas.

18 M. Kehoe (interprétation). - Mais votre commandant en chef,

19 Mate Boban, se trouvait à Grude à cette époque, n'est-ce pas ?

20 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

21 M. Kehoe (interprétation). - Et la politique qu'il a défendue au

22 cours de la seconde moitié d'octobre 1992 établissait une supériorité du

23 HVO par rapport aux Musulmans et prévoyait la prise de territoires du HVO

24 en Herceg-Bosna, c'est bien exact ?

25 M. Blaskic (interprétation). - Je sais ce que j'ai entendu de la

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1 part de Mate Boban sur la base des documents officiels ; il m'a demandé de

2 créer, d'établir une coopération avec la Défense territoriale. Il a dit

3 souvent, il a souvent répété les noms : "Nous n'avons pas besoin d'autres

4 ennemis, nous avons un ennemi commun."

5 Quant à savoir ce à quoi ressemblait la politique vis-à-vis des

6 responsables politiques et ces activités allant dans ce sens, cela je ne

7 le sais pas étant donné que je ne participais pas a des réunions

8 politiques avec des leaders politiques. Tout ce que je sais se base sur

9 les documents officiels et rendus publics.

10 M. Kehoe (interprétation). - Je souhaiterais vous soumettre un

11 article de journal rédigé par M. Vulliamy ; il fait à nouveau référence à

12 cette réunion. Il en parle à la page 7 769 du compte rendu et ce, jusqu'à

13 la page 7 773. J'ai certains exemplaires de ce document pour les cabines,

14 Monsieur le Président.

15 C'est un article qui a été publié par le Guardian en octobre, le

16 26 octobre 1992. Monsieur Vulliamy précise qu'il s'agit là d'une

17 conversation qu'il a eue avec Mate Boban, également M. Pasalic le

18 24 octobre de la même année.

19 M. Dubuisson. – Pièce 649.

20 M. Kehoe (interprétation). - C'est un document en anglais. Je

21 viens de donner ce document aux différentes cabines d'interprétation et je

22 le lirai afin que ce document soit interprété. Pour les interprètes, je

23 promets de le lire le plus lentement possible.

24 C'est donc un document du Guardian en date du 26 octobre 1992.

25 L'auteur de cet article est M. Ed Vulliamy et le titre est le suivant :

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1 "Les Croates prennent la capitale de l'Herzégovine dans un nouveau partage

2 ethnique.

3 Un putsch et un ultimatum adressés aux forces de Bosnie

4 principalement musulmanes dressent le décor d'une guerre civile entre les

5 anciens alliés contre les Serbes. Les forces croates ou les forces

6 principalement croates en Bosnie-Herzégovine, le HVO donc, ont imposé.".

7 M. Dubuisson. - Uniquement pour les sténotypistes, je demanderai

8 de lire légèrement plus doucement.

9 M. Kehoe (interprétation). - Nous pourrons fournir un exemplaire

10 de ce document aux sténotypistes ultérieurement bien sûr, ou nous

11 pourrions le placer sur le rétroprojecteur ; c'est aussi possible.

12 Excusez-moi.

13 Très bien, nous allons commencer avec le corps du texte à

14 nouveau :

15 "Les forces croates principales de Bosnie-Herzégovine, le HVO,

16 ont imposé une emprise armée sur la capitale de l'Herzégovine, Mostar, au

17 cours du week-end, adressant à leurs supposés alliés de l'armée de Bosnie

18 un ultimatum demandant soit qu'elles se placent directement sous le

19 contrôle croate et qu'elles rendent et déposent leurs armes et en envoyant

20 des unités armées afin de saisir les installations militaires et civiles

21 principales.

22 Ce putsch mène la ville principale de la région qui abrite

23 majoritairement des Musulman au bord d'une guerre civile au moment où des

24 combats entre l'armée territoriale de Bosnie et le HVO mieux équipé et

25 d'autres milices croates se poursuivent dans les villages de Bosnie

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1 centrale.

2 Les dirigeants militaires et politiques croates ont déclaré

3 Mostar capitale de leur mini-Etat croate Herceg-Bosna autoproclamé et ont

4 déclaré que le HVO était l'autorité unique dans la ville.

5 L'armée de Bosnie principalement musulmane a juré de résister à

6 refuser de livrer ses armes et a insisté sur son intégrité et son autorité

7 en tant qu'armée d'une République reconnue internationalement.

8 Mate Boban, président extrémiste de l'Herceg-Bosna, a pris le

9 contrôle du parti au pouvoir croate, le HDZ, dans la République où des

10 combats ont lieu samedi en se débarrassant des dirigeants plus modérés.

11 Lui ou un allié est, par conséquent, à même de prendre la présidence de

12 Bosnie-Herzégovine le mois prochain selon un accord selon lequel un Croate

13 doit succéder au Musulman, Alija Izetbegovic en tant que dirigeant de

14 l'Etat."

15 Passons maintenant à la page suivante en haut de la page.

16 Excusez-moi, je souhaiterais en fait lire le dernier paragraphe

17 de la première page également.

18 "Cependant, les dirigeants militaires et politiques musulmans à

19 Mostar ont accusé hier M. Boban de provocation permanente, ils craignent

20 que ses manoeuvres ne mènent "à la création d'un Etat dans l'Etat" et à la

21 division ou au partage de la Bosnie entre Croates et Serbes -je cite

22 "avec les Musulmans déjà victimes d'atrocités terribles de la part des

23 Serbes, les Musulmans donc privés d'Etat."

24 Le départ de la faction modérée du HDZ menée par Stjepan Klujic

25 qui devait devenir le prochain Président de la Bosnie-Herzégovine a

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1 débarrassé M. Boban des Croates favorisant l'idée d'une Bosnie unifiée et

2 opposée au partage ethnique.

3 Monsieur Boban a déclaré au cours d'un entretien accordé de façon

4 exclusive au Gardian et à l'Agence Reuters qu'une fois que les Croates

5 auront assumé la présidence de Bosnie, plus aucun Croate ne participera

6 aux négociations de Genève à l'exception de ceux que vous voyez en ma

7 compagnie ou qui auront reçu mon autorisation officielle."

8 La citation se poursuit : "Mon parti décidera certainement de

9 l'identité du prochain Président de Bosnie et nous nous assurerons que les

10 décisions de la présidence sont compatibles avec l'Herceg-Bosna croate.

11 Nous avons notre programme politique et toute personne en

12 désaccord avec ce programme soit se retirera, soit partira d'une

13 quelconque manière.

14 Si M. Boban applique sa politique qui, semble-t-il, a le soutien

15 de Zagreb et est bien accueillie par Belgrade, le démantèlement de la

16 Bosnie selon des lignes ethniques et la reconnaissance des gains

17 territoriaux serbes et croates, gains militaires à l'intérieure même de

18 ces frontières reconnues, feront partie de la politique officielle de la

19 présidence.

20 Monsieur Boban déclare : "Je ne reconnais pas l'armée de la

21 République de Bosnie-Herzégovine et je n'accepte pas qu'elle représente

22 les peuples de ce pays. C'est une milice purement musulmane. Nous, le HVO,

23 sommes la seule armée existant effectivement sur le territoire libéré.

24 S'ils veulent s'appeler l'armée de Bosnie-Herzégovine, c'est leur

25 problème."

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1 Pour ce qui est de la police militaire de Bosnie et de ces

2 formations à Mostar, il ajoute : "Ils ne peuvent pas avoir de police

3 militaire. Seul le HVO peut avoir une police armée à Mostar."

4 A la lumière de ces différents articles et de ces différents

5 paragraphes, vous conviendrez que Mate Boban, votre commandant suprême,

6 n'était pas en faveur d'une conciliation et d'une coopération avec les

7 Musulmans de Bosnie, n'est-ce pas ?

8 M. Blaskic (interprétation). - Mate Boban était effectivement le

9 commandant suprême au sein du HVO et, comme je l'ai déjà dit, lorsque je

10 parle de lui, je fais part des attitudes officielles que j'ai entendues de

11 sa part concernant la coopération avec la Défense territoriale ; c'est-à-

12 dire, il m'a dit qu'il fallait que j'établisse une coopération avec la

13 Défense territoriale et qu'il ne fallait que je fasse rien du tout qui

14 provoquerait des doutes et qui ébranlerait cette coopération avec la

15 Défense territoriale.

16 Cela dit, j'ai déjà dit que je n'étais pas membre du parti du

17 HDZ et je ne sais pas comment se développaient les événements sur le plan

18 politique. Je n'ai pas eu suffisamment de sources d'information, sauf ce

19 genre de source, ou bien des rapports officiels que je lisais.

20 Comme je l'ai déjà dit, le 23 octobre, j'ai été à une réunion

21 dans l'immeuble de la présidence de Bosnie-Herzégovine. Je crois que

22 Mate Boban a assisté à la même réunion et Stjepan Kljujic assistait à la

23 même réunion dans l'immeuble de la présidence.

24 Ce jour-là, en ce qui concerne le 26 octobre et les événements

25 de Mostar, je ne sais pas, étant donné que j'étais préoccupé par la chute

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1 de la ville de Jajce, la chute de la ville de Jajce avait commencé à

2 partir du 26 octobre. Moi j'étais préoccupé surtout par les

3 20 000 réfugiés qu'il y a eu du jour au lendemain.

4 M. Kehoe (interprétation). – Général, vous saviez que la

5 politique officielle du HVO était de s'assurer que le HVO était

6 effectivement l'autorité unique dans toutes les municipalités de la Bosnie

7 centrale, n'est-ce pas ?

8 M. Blaskic (interprétation). - Je vous prie de bien vouloir

9 faire la distinction. De quel pouvoir vous parlez ? Les autorités civiles

10 ou les autorités militaires ? Etant donné qu'à aucun moment… vous savez,

11 même aujourd'hui, en ce qui concerne la coopération sur le plan militaire

12 et sur le plan civil, elle n'est pas la même.

13 Si vous parlez de la coopération militaire, je ne peux pas être

14 d'accord avec vous, étant donné qu'il y avait une coopération, étant donné

15 que le volet militaire de l'accord de Washington à été mis en œuvre le

16 plus rapidement ; c'est vrai aussi en ce qui concerne les accords de

17 Dayton. Parlant des autorités civiles, il y a eu un certain parallélisme

18 et c'est sûr que chacune des parties essayait d'aboutir à une situation où

19 elle contrôlerait la région de manière exclusive.

20 M. Kehoe (interprétation). – Laissez-moi préciser ma question :

21 vous saviez que la politique de votre commandant en chef, Mate Boban,

22 consistait à s'assurer que le HVO soit l'autorité suprême dans les

23 municipalités de Herceg-Bosna, n'est-ce pas ?

24 M. Blaskic (interprétation). - Je vous parle de la situation de

25 fait. Je dis que le HVO, dans sa partie militaire, ne représentait pas les

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1 autorités suprêmes. Ceci ne constituait pas non plus son but, au moins

2 pendant que moi j'étais le responsable.

3 M. le Président. - En tant que chef militaire, vous vous

4 autorisiez à pratiquer une politique différente de celle de Mate Boban ?

5 Il faudrait éclaircir cette question. Vous aviez une telle autonomie ?

6 Vous aviez l'autonomie totale, vous faisiez la politique que vous vouliez

7 si je comprends bien ?

8 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Président, je n'ai

9 jamais reçu d'ordre de la part de Mate Boban de créer un régime

10 exclusivement militaire, de désarmer la Défense territoriale, ce genre de

11 choses.

12 Moi, j'agissais conformément aux ordres qui étaient

13 contraignants pour moi : des ordres donnés par le chef d'état-major ou

14 bien par Mate Boban, mais je n'ai jamais reçu un tel ordre.

15 M. le Président. - Quand on vous parle, Général Blaskic, vous

16 dites c'est Mate Boban civil, c'est un peu compliqué. J'en arrivais à

17 l'idée que peut-être cette distinction subtile -il faut reconnaître- entre

18 Mate Boban civil et Mate Boban militaire, j'en arrivais à penser que vous

19 étiez totalement comme un électron libre et que vous pouviez faire

20 uniquement votre politique militaire à l'égale des Serbes, mais que vous

21 ne vous occupiez de rien d'autre. Il faudrait quand même éclaircir ce

22 point. Si vous pouvez aider les Juges là-dessus ?

23 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Président, j'agissais

24 conformément aux ordres que je recevais de mes supérieurs

25 M. le Président. - Dans vos supérieurs, il y avait Mate Boban ?

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1 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

2 M. le Président. - Quand Mate Boban dit cela, est-ce que vous

3 étiez au courant ? Oui ou non ?

4 M. Blaskic (interprétation). - Je n'avais pas d'information

5 directe, de connaissance directe. En ce qui concerne la Bosnie centrale,

6 il ne demandait pas cela.

7 M. le Président. - Vous êtes le plus haut chef militaire dans

8 cette région ; vous n'avez pas de connaissance mais vous connaissez la

9 politique de Mate Boban. Ou alors passons à une autre question et on

10 enregistre votre réponse.

11 Est-ce que vous connaissiez la politique de Mate Boban ? Là,

12 cette politique-là ?

13 M. Blaskic (interprétation). - J'ai vu l'interview pour la

14 première fois, ici, dans la salle d'audience, je ne l'ai jamais lue avant

15 M. le Président. - Excusez-moi de vous interrompre. Je le dis à

16 Me Hayman, il faut aller droit aux questions, je ne vous parle pas que de

17 cette interview. Vous êtes quand même dans une situation d'un haut

18 dignitaire militaire. Je me doute bien -on n'est pas naïf quand même- je

19 me doute bien que vous n'attendez pas le Guardian pour connaître la

20 position de Mate Boban. J'espère que vous nous prêtez quand même un niveau

21 de professionnalisme supérieur à celui-là. Mais là c'est une autre

22 question que je vous pose.

23 Est-ce qu'au niveau où vous êtes, vous connaissez la politique

24 de Mate Boban à l'exemple de celle qui est dépeinte ici, en exemple

25 évidemment ?

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1 Oui ou non ?

2 M. Blaskic (interprétation). - En ce qui concerne les

3 connaissances spécifiques concrètes, je n'en avais pas. Et je ne voulais

4 pas avoir toutes les nuances de ce genre d'informations. Je m'intéressais

5 seulement à la partie militaire concernant mes propres obligations quant

6 aux politiciens.

7 M. le Président. - On a compris que vous ne vous occupiez que du

8 conflit serbe, mais il faut bien reconnaître que cela devait être très

9 difficile pour vous. Alors je pose ma dernière question, après je

10 renoncerai : cela devait être difficile pour vous, chaque fois que

11 Mate Boban ou d'autres militaires vous demandaient quelque chose, vous

12 répondiez : "Laissez-moi tranquille, je ne m'occupe que des Serbes".

13 Vous répondiez cela : Blaskic égal les Serbes. C'est cela que

14 vous répondiez chaque fois, si je comprends bien ? Après, je ne poserai

15 pas d'autres questions.

16 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Président, en ce qui

17 concerne mes contacts avec Boban en 1992, il n'y en a eu que deux, la

18 première fois, quand je l'ai rencontré pour la première fois et la

19 deuxième fois, concernant la situation dans la ville de Jajce. Je n'étais

20 pas en contact avec lui, il s'occupait de la politique, des négociations

21 internationales, etc., et moi j'étais surtout au contact avec le chef

22 d'état major principal. Je ne l'ai jamais dit comme cela à lui, mais il ne

23 m'a jamais exprimé, exposé ses attitudes politiques, il me traitait comme

24 un commandant militaire, peut-être avec quelqu'un d'autre il avait un

25 contact plus large et différent.

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1 M. le Président. - Très bien.

2 Monsieur le Procureur, vous pouvez poursuivre sauf, si mes

3 collègues ont des questions.

4 M. Kehoe (interprétation). - Général après cet entretien du

5 24 octobre, entre Boban et Vulliamy, le HVO a commencé à mettre en œuvre

6 ses plans militaires n'est-ce pas, en commençant par l'attaque contre

7 Prozor vers le 26 et le 27 octobre 1992, n'est-ce pas exact ?

8 M. Blaskic (interprétation). – Je sais que le conflit a éclaté à

9 Prozor à cette époque, le conflit entre le HVO et la Défense territoriale.

10 Je ne connais pas les détails étant donné que c'est une partie en dehors

11 de ma zone de responsabilité, il s'agit de l'Herzégovine occidentale.

12 M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, pourrait-on

13 passer très brièvement à une cassette. Il s'agit d'un extrait du dernier

14 testament de Bosnie. J'ai des exemplaires de ce document pour les cabines,

15 bien que ce compte rendu ait déjà été déposé et versé au dossier. Les

16 interprètes avec ces exemplaires pourront ainsi traduire au fur et à

17 mesure que la cassette est diffusée et j'ai d'autres exemplaires

18 également, Claudius, pour toute personne qui souhaiterait l'avoir, pour

19 les cabines et pour les autres également.

20 Comme je l'ai dit, Monsieur le Président, il s'agit déjà d'une

21 pièce, la pièce 504, de l'accusation.

22 Avant de diffuser cette cassette, Général, d'après votre

23 expérience en tant qu'officier dans l'armée, Général, l'armée exécute la

24 politique du gouvernement définie par le gouvernement, c'est bien exact ?

25 M. Blaskic (interprétation). – Dans la plupart des cas, oui,

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1 c'est ce qu'il faudrait être le cas.

2 M. Kehoe (interprétation). - Et comme vous l'avez fait

3 remarquer, votre commandant en chef en octobre 1992, et ce, jusqu'au début

4 de 1994 était le Président Mate Boban, n'est-ce pas ?

5 M. Blaskic (interprétation). – Il était Président jusqu'à son

6 remplacement et ceci s'est produit en 1994 lorsqu'il a été remplacé par

7 M. Krecimir Zubak en tant que Président du conseil présidentiel.

8 M. Kehoe (interprétation). - Passons donc à cette cassette qui

9 est la pièce de l'accusation 504. Un instant, s'il vous plaît, l'huissier

10 est en train d'amener la cassette aux techniciens.

11 "Voici Prozor, au sud de Travnik, une nuit du mois d'octobre, je

12 me suis arrêté pour boire un café dans la rue principale bien occupée.

13 Quelques jours plus tard quand j'y suis revenu, j'y ai trouvé des bandes

14 croates errant dans la ville et 5 000 Musulmans chassés dans les montagnes

15 à la recherche de grottes pour s'y abriter.

16 Le pillage et les meurtres qui ont eu lieu à Prozor ont marqué

17 le début d'une nouvelle guerre en Bosnie et une trahison bien amère pour

18 les Musulmans. Il s'agit là du renforcement d'un mini-Etat croate

19 extrémiste au sein de la Bosnie qui s'est appelé Herceg-Bosna. Ce

20 territoire arbore un drapeau croate, est dirigé par un gouvernement

21 fantoche croate, utilise la monnaie croate et a même certaines plaques

22 d'immatriculation spéciales croates et, selon ses dirigeants, il doit être

23 dirigé ou plutôt il doit avoir une armée croate. Les Bosniens qui refusent

24 son autorité se voient traiter de la façon appropriée selon les Croates."

25 Afin de préciser certains points, vous avez vu la date et

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1 l'heure de ce document en haut, eh bien il s'agit de la date de diffusion

2 de ce document à la télévision britannique. Je crois que c'était le

3 11 avril 1993.

4 C'est au moment où donc ce reportage, le dernier testament de la

5 Bosnie a été diffusé. Je crois qu'il était important que je le précise.

6 Bien entendu, ce reportage n'a pas été filmé à cette date.

7 Général, à Prozor, au cours de la seconde moitié d'octobre 1992,

8 la ville a été nettoyée ethniquement d'environ 5 000 Musulmans qui ont été

9 chassés dans les montagnes, n'est-ce pas ?

10 M. Blaskic (interprétation). – J'ai entendu la même chose, en

11 regardant cet enregistrement, mais comme je l'ai déjà dit, Prozor se

12 trouvait dans la zone de responsabilité, la quatrième zone de

13 responsabilité du quatrième Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine et dans la

14 zone opérationnelle de l'Herzégovine du nord-ouest. Il ne s'agissait pas

15 de ma zone opérationnelle, mais en ce qui concerne ces activités,

16 probablement elles se sont déroulées et probablement il y a eu un conflit

17 entre les deux unités et, comme c'est souvent le cas, après le conflit,

18 une partie des unités se retirait et la population liée à cette armée-là

19 se retirait également.

20 Malheureusement, ceci s'est passé non pas seulement à Prozor

21 mais ailleurs aussi.

22 M. Kehoe (interprétation). – Général, pensez-vous que c'était

23 une coïncidence ? 5 000 Musulmans sont victimes d'un nettoyage ethnique à

24 Prozor quelques jours seulement après que monsieur Mate Boban ait dit à

25 M. Vulliamy : "Je ne reconnais pas l'armée de Bosnie-Herzégovine et je

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1 n'accepte pas qu'elle représente le peuple de ce pays et toute personne en

2 désaccord avec le programme politique de l'Herceg-Bosna pourra se retirer,

3 devra se retirer ou partir d'une quelconque autre manière."

4 Pensez-vous qu'il s'agisse là d'une coïncidence ?

5 M. Blaskic (interprétation). - Sur la base de cette interview,

6 je n'ai pas eu de discussion avec qui que ce soit. Je ne peux pas savoir

7 s'il s'agissait d'une coïncidence ou pas étant donné qu'il s'agissait des

8 événements qui se produisaient dans une autre région qui était trop loin

9 pour moi, et je n'étais pas focalisé...

10 M. le Président. – Vous l'avez dit et précisé. Je crois qu'il

11 vous a répondu, Monsieur le Procureur. Si vous n'avez rien d'autre à dire

12 sur cette question-là nous passons et nous accélérons. Le témoin a répondu

13 tout simplement. Ce n'était pas sa zone, il n'était pas au courant.

14 M. Kehoe (interprétation). - Général, je vais vous lire une

15 partie de la description donnée par M. Vulliamy, description de Prozor.

16 Je voudrais vous poser certaines questions portant sur des

17 événements qui ont eu lieu en Bosnie centrale en avril 1993, il s'agit de

18 la page 7 777 du compte rendu. Monsieur Vulliamy s'exprime sur la

19 situation à Prozor à la fin du mois d'octobre 1992, il dit la chose

20 suivante :

21 "La rue principale de Prozor qui était souvent remplie de

22 personnes buvant un café le dimanche, un bâtiment sur deux -disons un

23 bâtiment sur trois au minimum- avait été incendié ou détruit d'une

24 quelconque manière. Il y avait des indications montrant qu'il y avait eu

25 un pilonnage. Il y avait également des traces de tirs nourris provenant

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1 d'armes à feu de petit calibre. Le pillage avait eu lieu partout, il y

2 avait des bandes de soldats errant dans les rues et se servant dans les

3 magasins, prenant des meubles.

4 Je n'avais jamais vu cela auparavant mais tous les soldats, ou

5 plutôt certains d'entre eux, portaient des insignes du HVO ; d'autres non.

6 Mais chacun d'entre eux avait un ruban rouge qui était attaché au niveau

7 de l'épaule. Je n'avais jamais vu cela auparavant et je ne savais pas ce

8 que cela voulait dire."(Fin de citation.)

9 Par conséquent, au cours des combats à Vitez en avril 1993, les

10 soldats portaient

11 -également des rubans rouges sur leurs épaulettes, je crois.

12 M. Blaskic (interprétation). - Les soldats les portent toujours

13 ce genre de ruban lorsqu'ils sont sur les lignes de front. Il ne

14 s'agissait pas seulement des soldats du HVO mais aussi de la Défense

15 territoriale. Tous les soldats le font, appartenant à toutes les armées.

16 C'est porté normalement sur les manches ou bien sur les

17 épaulettes, conformément au règlement, et au moment de danger imminent,

18 pendant le conflit. Au moment où le niveau d'alerte augmente, on introduit

19 cette mesure pour pouvoir faire la distinction entre les soldats, étant

20 donné que les uniformes comportaient des éléments très variés ; parfois

21 les soldats avaient des pièces appartenant à des uniformes différents.

22 M. Kehoe (interprétation). - Cela permet à des soldats d'une

23 même unité de se reconnaître les uns les autres, n'est-ce pas ?

24 M. Blaskic (interprétation). - Cela permettait aux soldats de se

25 reconnaître, de se protéger face aux groupes de sabotage et terroristes

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1 alors que c'est souvent le cas. Dès le début de la guerre, en Bosnie-

2 Herzégovine, on appliquait ce genre de protection. Par exemple, lorsque

3 les soldats se déplaçaient pendant la nuit près des lignes de front, ils

4 portaient ce genre de ruban. On utilise également différents signes de

5 reconnaissance.

6 M. Kehoe (interprétation). - Général, cet événement spécifique

7 de Prozor a eu une influence assez grande sur les événements qui avaient

8 lieu sur la ligne de front de Jajce, n'est-ce pas ?

9 M. Blaskic (interprétation). - En ce qui concerne ce qui se

10 produisait à Jajce, une influence importante sur cela était ce qui se

11 passait à Novi Travnik aussi, et le blocus des routes à l'envers Jajce

12 étant donné qu'il n'était pas possible de remplacer, de relever les

13 soldats sur les lignes de front de Jajce ni de leur acheminer des

14 munitions à cause de tous ces problèmes en Bosnie centrale. En ce qui

15 concerne les événements de Prozor, même mis à part le fait que cela a

16 rendu plus difficile d'utiliser les routes, je ne vois pas une grande

17 influence sur les événements de Jajce, les combats à Jajce ; mais le

18 commandant de la région doit connaître mieux cela.

19 M. Kehoe (interprétation). - Mais le HVO avait passé un accord

20 avec les Serbes à Jajce, non ?

21 M. Blaskic (interprétation). - Je n'ai pas lu le document

22 jusqu'à la fin, hier. Le document que vous m'avez soumis concernant cet

23 accord. Mais je crois que j'ai dit que, normalement, c'étaient surtout les

24 autorités civiles qui négociaient pour le bien des deux côtés, étant donné

25 que les Serbes contrôlaient l'armée et la Défense territoriale ; le HVO

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1 contrôlait la centrale électrique. Les Serbes avaient besoin de

2 l'électricité alors que les Croates et les Musulmans avaient besoin de

3 l'eau à Jajce.

4 M. Kehoe (interprétation). – Monsieur le Président, nous

5 pourrons poursuivre sur ce sujet après la pause.

6 M. le Président. – Le témoin devra prendre connaissance de cet

7 accord puisqu'il ne l'avait pas lu jusqu'au bout.

8 Nous faisons une pause de 20 minutes.

9 (L'audience, suspendue à 11 heures 25, est reprise à

10 11 heures 50.)

11 M. le Président. – Monsieur le Procureur vous poursuivez.

12 M. Kehoe (interprétation). - Merci Monsieur le Président.

13 Général, nous parlions de Jajce avant la pause. Avant d'aborder

14 plus précisément la chute de Jajce, voici ma question : les combats à

15 Jajce se sont-ils poursuivis sans interruption pendant tout le mois

16 d'octobre 1992 ?

17 M. Blaskic (interprétation). - Dans la plupart des cas oui, mais

18 les combats se sont intensifiés surtout dans la deuxième moitié du mois

19 d'octobre. A partir du 26, les combats et les opérations de combat se sont

20 intensifiés avec l'utilisation de chars, d'avions. La situation était

21 beaucoup plus favorable pour les Serbes, étant donné que Jajce était à

22 moitié encerclée.

23 M. Kehoe (interprétation). - Mais avez-vous subi des pertes

24 importantes au cours des combats qui ont eu lieu dans la seconde moitié

25 d'octobre 1992 ?

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1 M. Blaskic (interprétation). - Pour autant que je sache, les

2 pertes ont été assez importantes. En ce qui concerne les pertes

3 journalières, je ne peux pas vous dire beaucoup de détails, mais nous

4 avons subi des pertes justement au mois d'octobre 1992.

5 M. Kehoe (interprétation). - Et dans quelle partie du HVO plus

6 précisément ? Dans quelles brigades ? Dans quelles municipalités par

7 exemple ?

8 M. Blaskic (interprétation). - Le plus grand nombre de pertes a

9 été subi par la municipalité de Jajce. En ce qui concerne les brigades,

10 elles étaient en cours de constitution, elles n'étaient pas encore

11 constituées. En ce qui concerne la défense de Jajce, elle était organisée

12 selon des secteurs.

13 Ensuite, le HVO de Zenica a subi des pertes, le HVO de Fojnica,

14 le HVO de Busovaca, le HVO de Vares, ils ont tous subi des pertes. Ce

15 dernier a eu des officiers tués à Jajce, ensuite le HVO municipal de

16 Kiseljak aussi. Ensuite, je ne suis pas sûr si le HVO de Novi Travnik et

17 de Vitez ont subi des pertes, mais je sais qu'il y a eu des blessés étant

18 donné que moi, quand je parle des pertes, je parle aussi des blessés et

19 pas seulement des morts.

20 M. Kehoe (interprétation). - Général, Monsieur le Greffier je

21 voudrais avoir la pièce 642, pièce de l'accusation 642, afin qu'elle soit

22 soumise au témoin.

23 Général, il s'agit du document dont nous avons parlé hier.

24 Au cours de votre témoignage, vous avez fait remarquer qu'il y

25 avait des cessez-le-feu locaux, entre les Croates et les Serbes. Si vous

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1 vous concentrez sur le préambule de cet ordre, il est dit n'est-ce pas,

2 que cet ordre est donné sur la base d'un ordre provenant du grand quartier

3 général de la Republika Srpska. C'est bien exact ?

4 M. Blaskic (interprétation). - Oui, c'est ce qui est écrit.

5 Comme je l'ai dit hier, cela veut dire que les dirigeants locaux menaient

6 des négociations. C'est vrai que cet ordre a été donné sur la base de

7 l'ordre donné par le commandement principal de l'armée de

8 Republika Srpska.

9 M. Kehoe (interprétation). - Vous conviendrez avec moi, n'est-ce

10 pas, que le grand quartier général de l'armée de la Republika Srpska n'est

11 pas un groupe local ?

12 M. Blaskic (interprétation). - Bien sûr que ce n'est pas un

13 groupe local. Je n'ai pas dit que l'état-major principal de la

14 Republika Srpska était un groupe local. Lorsque vous m'avez posé la

15 question concernant l'arrêt des hostilités à Jajce, j'ai dit qu'il y en a

16 eu sur le plan local et que d'habitude, ce genre de cessez-le-feu était

17 mis en œuvre après de grands combats. C'était des moments où l'on

18 recueillait les morts et où l'on échangeait les cadavres.

19 M. Kehoe (interprétation). – Général, y avait-il des soldats de

20 la HV, de l'armée croate sur la ligne de front de Jajce ?

21 M. Blaskic (interprétation). - En ce qui concerne les soldats de

22 l'armée croate, moi je n'en ai pas eu. Peut-être il y a eu quelques

23 individus qui se présentaient en tant que tels, mais moi, j'étais sur

24 place et je n'ai jamais eu de soldats de l'armée croate. Je ne sais pas,

25 pour autant que je sache, il n'y en a pas eu. Peut-être il y en a eu qui

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1 portaient ce genre d'insigne ou bien qui se présentaient en tant que tels,

2 mais moi je n'en ai pas vu et je n'ai pas ce genre de connaissance.

3 M. Kehoe (interprétation). - Au cours du mois d'octobre 1992,

4 avez-vous demandé le départ de certaines unités qui se trouvaient

5 auparavant sur la ligne de front de Jajce ?

6 M. Blaskic (interprétation). - Je ne sais pas de quelle partie

7 du mois d'octobre vous parlez. Vous parlez de la période avant ou après la

8 chute de Jajce ?

9 M. Kehoe (interprétation). - Parlons d'un document daté du

10 20 octobre 1992.

11 M. Dubuisson - Document 650 et 650a pour la version anglaise.

12 M. Kehoe (interprétation). - Général, veuillez consulter ce

13 document. Il s'agit d'un rapport relatif à la situation émanant du

14 1er Corps d'armée de la Krajina, de l'armée serbe de Bosnie. La date de ce

15 document et celle du 20 octobre 1992. Je vous invite à y jeter un coup

16 d'œil. J'aimerais me concentrer sur certaines parties de ce document sans

17 donner la lecture de l'intégralité de ce texte.

18 J'aimerais tout d'abord attirer votre attention sur le premier

19 paragraphe : "L'ennemi…

20 M. Blaskic (interprétation). - Excusez-moi, ce document contient

21 trois pages, c'est la première fois que je le vois. Il s'agit là d'un

22 document très important du 1er Corps d'armée. Je souhaite l'examiner.

23 M. le Président. - Tout à fait Général Blaskic, examinez-le.

24 Vous avez lu ce premier paragraphe Général Blaskic ?

25 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Président, j'ai lu

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1 toute la première page.

2 M. le Président. – Ecoutez, peut-être qu'on va quand même…peut-

3 être Monsieur le Procureur, passez au premier paragraphe pour l'instant,

4 puisque c'était celui sur lequel vous vouliez…

5 M. Kehoe (interprétation). - En fait, il y a plusieurs

6 paragraphes, quatre à peu près qui m'intéressent. Mais nous pouvons

7 effectivement commencer par ce paragraphe.

8 Dans ce premier paragraphe, je m'intéresse particulièrement aux

9 deux dernières phrases : "A l'exception de tirs sporadiques il n'y a pas

10 eu d'opérations de combats sur la ligne Jajce-Lasic et sur ce front-là.

11 Des unités du premier Corps de Krajina maintiennent sous leur

12 contrôle les zones de responsabilité et les positions du premier Corps

13 d'armée de Krajina. Des conflits intenses entre les forces musulmanes et

14 croates se poursuivent à Novi Travnik, Vitez et dans les villages

15 environnants." Fin de citation.

16 Donc Général, d'après ce paragraphe, le 20 on note que des

17 combats ont lieu vers Novi Travnik, dans Ses environs et dans la vallée de

18 la Lasva et que cette situation, ce rapport ne reflète aucun combat sur le

19 front Jajce-Lasic ou presque aucun combat, n'est-ce pas ?

20 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Président, on voit

21 d'après le titre, qu'il s'agit d'un rapport émanant du commandement du

22 1er Corps d'armée. Il s'agit du niveau stratégique opérationnel de l'armée

23 de Bosnie-Herzégovine et il est envoyé à l'état-major principal de l'armée

24 de Republika Srpska. Alors que Jajce se trouve à un niveau de commandement

25 bien inférieur.

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1 Moi je pense que cela aurait été mieux si nous avions le

2 document émanant de l'unité qui se trouvait sur le terrain à Jajce, alors

3 qu'ici tout simplement, ils décrivent les événements qui sont importants

4 pour l'état-major de l'armée de Republika Srpska. On mentionne très peu

5 les mouvements tactiques. On mentionne tout simplement le conflit entre le

6 HVO et la Défense territoriale à Busovaca, alors que ce conflit n'a jamais

7 eu lieu le 20. Je pense que ceci est un rapport opérationnel qui ne parle

8 pas précisément de la situation tactique.

9 M. Kehoe (interprétation). - Je soulignerai, Général, que ce

10 document est intitulé : "Un rapport portant sur des combats réguliers".

11 Passons au paragraphe suivant, n° 2, deuxième paragraphe. Il est

12 question du village de Gostovice, il est dit : "La situation près du

13 village de Gostovice (Krivaja) reste tendu. Alors que la situation dans

14 d'autres parties du front contrôlé par le 1er Corps de Krajina est stable.

15 Depuis que les unités de la HV ont quitté Jajce, et étant donné les

16 combats entre les Oustachis et les Musulmans dans la région de Travnik,

17 Vitez et Busovaca, des conditions favorables ont été créées pour le

18 30ème KRD qui peut ainsi libérer Jajce."

19 Alors aviez-vous des soldats du HVO sur ce front ? Et leur avez-

20 vous demandé de partir ou ont-elles quitté le front ?

21 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Président, la

22 question que j'ai reçue tout à l'heure portait sur les soldats du HVO,

23 c'est-à-dire du HV. J'ai dit que je n'en ai pas vu, mais en ce qui

24 concerne les unités de l'armée croate, là c'est quelque chose de

25 complètement différent. Il n'y a pas eu d'unités de la HV qui agissaient

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1 dans la région de Jajce.

2 Dans la deuxième page, dans le premier paragraphe, on dit :

3 "Après le départ d'une partie des forces de la HV de Jajce", c'est

4 M. Karadzic qui a pris le contrôle de Jajce. Moi je connais M. Karadzic,

5 j'ai eu des contacts avec lui. Il appartient au peuple musulman bosnien et

6 je dois dire que j'ai eu une très bonne collaboration avec lui pendant que

7 j'étais à Jajce, avec lui et avec la Défense territoriale. Cette partie

8 n'est pas correcte à mon avis.

9 M. Kehoe (interprétation). - Passons à la conclusion de ce

10 document, au paragraphe 8.

11 "Les forces musulmanes continueront leur offensive intensive

12 dans les régions de Orasje et Gradacac, Maglaj et Tesanj afin d'améliorer

13 leurs positions et de menacer le plus possible le corridor.

14 L'exécutions de cet objectif leur permettra de retrouver confiance en

15 leurs propres forces après les conflits avec les forces de la HV en

16 Bosnie-Herzégovine. Dans la région de Jajce, étant donné la situation

17 défavorable, une tentative d'amener de nouvelles forces par le biais de

18 négociations est ouverte. Selon ces estimations, au cours de la journée de

19 demain, des préparations seront faites et des mesures seront prises afin

20 d'exécuter les tâches qui ont déjà été assignées aux unités."

21 Ce document est signé par le responsable du groupe D chargé du

22 commandement et du contrôle et des activités de combat : le colonel

23 Vukelic. Connaissez-vous cet homme, Général ?

24 M. Blaskic (interprétation). – Non, je ne le connais pas, je

25 n'ai jamais rencontré cet homme. Mais permettez-moi de faire un

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1 commentaire, s'il vous plaît.

2 Ici, on parle de la situation à Posavina. On parle de la

3 situation en Bosnie orientale et de la situation à Jajce. C'est pour cela

4 que je dis que le 1er Corps d'armée contrôlait une région extrêmement

5 vaste. Puis, on parle du fait que les unités de la HV se retiraient ; or

6 il n'y a pas eu d'unités de la HV à Jajce, elles n'ont pas été retirées de

7 Jajce le 20 octobre 1992. Il y a eu des unités du HVO de Bosnie centrale,

8 nous les appelions les "relèves", les "équipes de relève", mais il

9 s'agissait des unités du HVO.

10 M. Kehoe (interprétation). - Général, ce document montre qu'il

11 n'y avait pas d'opérations de combats le long de la ligne de Jajce vers le

12 20 octobre 1992. Et il n'y a pas eu d'offensive de la part des forces du

13 HVO dans la région de Novi Travnik et de la vallée de la Lasva, alors que

14 le HVO luttait, à cette époque, avec les forces musulmanes. C'est bien

15 exact ?

16 M. Blaskic (interprétation). - Excusez-moi, la deuxième partie

17 de votre question : il n'y a pas eu d'attaque du HVO contre la vallée de

18 la Lasva, c'était cela ? Je n'ai pas compris la question, veuillez la

19 répéter.

20 M. Kehoe (interprétation). - Le HVO combattait contre les

21 Musulmans à Novi Travnik et dans la vallée de la Lasva. Et les Serbes de

22 Bosnie étaient très calmes, n'est-ce pas, sur le front de Jajce ?

23 M. Blaskic (interprétation). – A Novi Travnik, le HVO était dans

24 un conflit avec la Défense territoriale de Novi Travnik. En même temps,

25 le HVO de Novi Travnik tenait la ligne de front face aux Serbes tout comme

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1 c'était le cas avant. Comme je l'ai déjà dit, il s'agit ici d'un rapport

2 opérationnel qui mentionne aussi la situation tactique à Jajce, mais le

3 HVO de Novi Travnik, le 20 octobre, avait une équipe de relève sur la

4 ligne de front de Jajce. Donc, les soldats de Novi Travnik étaient aussi

5 sur les lignes de front de Jajce.

6 Et puis, il faudrait que le temps soit indiqué plus

7 précisément : est-ce que l'on parle de la matinée ou de l'après-midi du

8 20 octobre ? Pour pouvoir dire avec exactitude, s'il y a eu des opérations

9 de combat à ce moment-là ou pas.

10 M. Kehoe (interprétation). - Général, avez-vous retiré vos

11 soldats qui se trouvaient sur la ligne de front de Jajce dans le cadre

12 d'un accord conclu avec l'armée serbe de Bosnie ?

13 M. Blaskic (interprétation). - Je n'ai jamais donné l'ordre de

14 retirer l'armée. Au contraire, je faisais tout pour envoyer l'armée à

15 Jajce pour permettre la survie de Jajce, pour défendre cette ville et,

16 personnellement, j'ai essayé de faire venir une équipe de relève à Jajce

17 avec le général Prkacin. J'ai essayé de le faire, donc ce n'est pas moi

18 qui ai retiré l'armée de Jajce.

19 M. Kehoe (interprétation). - Je souhaiterais vous lire une

20 partie d'un entretien qui est extrait du livre de M. Vulliamy : "Saison en

21 enfer". J'ai des exemplaires de cet extrait pour tout le monde, pour les

22 interprètes également. C'est un entretien avec un soldat qui avait été

23 retiré de Jajce.

24 M. Dubuisson. - Document 651.

25 M. Kehoe (interprétation). - Général, il s'agit d'un texte en

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1 anglais, mais j'aimerais vous en donner lecture. Je pense qu'il a été

2 placé sur le rétroprojecteur. Claudius, c'est le second paragraphe.

3 Peut-on remonter le document, s'il vous plaît ? Merci bien.

4 Il s'agit d'une discussion relative à une réunion avec Vulliamy

5 et des soldats après la chute de Jajce : "Les soldats vaincus se sont

6 rassemblés à l'extérieur du quartier général de leurs armées respectives,

7 croate et musulmane et, chez tous les soldats, on sentait un sentiment de

8 trahison après un accord quelconque sur Jajce entre Radovan Karadzic et

9 son homologue Mate Boban.

10 Pejo Juric, un Croate de Skender Vakuf, s'étant battu jusqu'au

11 cœur serbe était plutôt explicite : "Il y a eu des rumeurs pendant de

12 nombreuses semaines selon lesquelles nous allions être vendus, bradés.

13 Nous n'avions même pas besoin de nous rendre.

14 C'est Boban et Karadzic qui se sont partagé la Bosnie. Eh bien,

15 je ne vais plus combattre pour la Bosnie, je ne vais plus me battre pour

16 Mate Boban et son Herceg-Bosna non plus.

17 Nous nous sentons misérables. Nous avons marché pendant 30 km

18 derrière les civils et nous avons le sentiment d'être des traîtres et des

19 lâches."

20 Quel est donc cet accord, Général ? Il y en avait bien un,

21 n'est-ce pas ?

22 M. Blaskic (interprétation). - Le plus souvent, au moment où il

23 y a une chute d'une quelconque position, les soldats faisaient des

24 commentaires disant qu'il s'agissait d'une trahison soit du commandant ou

25 du commandement supérieur. Je n'ai jamais entendu un soldat dire : "Nous

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1 avons perdu cette position étant donné que nous étions plus faibles", ou

2 bien : "Nous avons subi une défaite ."

3 Lorsque vous m'avez posé la question de savoir si j'ai retiré

4 l'armée, je souhaite dire la chose suivante aussi : au moment de la chute

5 de Jajce, il y a eu environ 200 soldats de la Bosnie centrale sur place.

6 Moi, j'ai envoyé des soldats pour qu'ils empêchent la chute de Jajce et

7 ils sont arrivés jusqu'à peu près Karaula. J'ai également envoyé un convoi

8 pour acheminer les munitions, un véhicule a été touché sur le chemin et a

9 bloqué la route.

10 Moi, je faisais tout pour les aider et lorsque j'ai entendu des

11 commentaires à Travnik, j'ai entendu les commentaires semblables : "Nous

12 avons été trahis, nous n'avons pas voulu nous rendre."

13 M. Kehoe (interprétation). – Monsieur le Président, je fais

14 remarquer pour le compte rendu que dans la pièce de la défense D345, le

15 9 octobre 1992, on note la mort d'un soldat à Jajce, dans tout le

16 document.

17 Général, avant de passer à une autre période, je voudrais passer

18 à la pièce de la défense 347.

19 Général, vous avez déjà parlé de cette pièce auparavant au cours

20 de votre interrogatoire principal en réponse à des questions posées par

21 Me Nobilo. C'est un document qui porte la date du 5 novembre 1992 ; vous

22 délivrez un ordre selon lequel au point 1, toutes les mesures doivent être

23 prises afin que les incendies de citoyens importants de nationalité

24 musulmane dans votre zone de responsabilité soient empêchés. Au

25 paragraphe 2, il est dit la chose suivante : "Toutes les forces, les

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1 moyens disponibles doivent être employés afin d'exécuter cette tâche et

2 les mesures les plus strictes doivent être prises contre des personnes qui

3 éventuellement ne respecteraient pas cet ordre, mesures conformes au

4 règlement relatif à la discipline militaire."

5 Par conséquent, Général, vous nous parlez de la destruction de

6 maisons de personnalités musulmanes importantes à Novi Travnik n'est-ce

7 pas ?

8 M. Blaskic (interprétation). - Avant ce document, il y a eu une

9 réunion que j'ai eue avec M. Dzemo Merdan, qui a eu lieu la veille, je

10 crois que c'était donc le 4 novembre 1992 et au cours de cette réunion,

11 nous avons examiné ensemble la situation de Travnik, de Novi Travnik et

12 Dzemo Merdan a parlé de cette difficulté et du problème posé par le fait

13 que des maisons des Musulmans distingués étaient incendiées, il m'a

14 demandé que j'émette un tel ordre afin de mettre un terme à ce genre

15 d'activités et à ce genre d'incendies.

16 En ce qui concerne ces incendies, c'est surtout pendant le mois

17 d'octobre qu'il y en a eu, pendant le conflit donc. Parfois c'était la

18 conséquence du conflit et parfois c'était la conséquence des activités des

19 bandes actives sur le terrain, étant donné que j'ai déjà dit que

20 20 000 réfugiés sont arrivés de Jajce, et c'est à ce moment-là, qu'il y a

21 eu beaucoup d'activités criminelles, que le marché noir florissait et nous

22 avons eu ce genre de problèmes dans la région de Novi Travnik. Donc, c'est

23 sur la demande de Dzemo Merdan que j'ai donné cet ordre afin de mettre un

24 terme à ce genre d'activités et à ce genre d'incendies.

25 Un même ordre a été donné également au quartier général de

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1 l'armée à Zenica, afin de leur permettre de connaître mes positions, et au

2 moment où la ligne de front s'est déplacée jusqu'à Travnik, le front avec

3 les Serbes, c'était encore plus important.

4 M. le Président. - Avez vous une question ?

5 M. Kehoe (interprétation). - Oui j'attendais la fin de

6 l'interprétation.

7 Général, combien de maisons de personnalités musulmanes ont-

8 elles été incendiées ?

9 M. Blaskic (interprétation). - Je ne connais pas le nombre

10 exact, étant donné que c'est une commission créée pour la région de

11 Novi Travnik qui a dressé la liste et qui a mené l'enquête sur les causes

12 et les conséquences du conflit entre le HVO et la Défense territoriale

13 dans toute la région et surtout à Novi Travnik.

14 M. Kehoe (interprétation). – Général, il y a eu de nombreuses

15 maisons incendiées en Bosnie centrale au cours de 1993, à partir du mois

16 d'avril n'est-ce pas ?

17 M. Blaskic (interprétation). - Il y a eu beaucoup de maisons

18 incendiées et de très nombreux réfugiés qui sont arrivés en Bosnie

19 centrale depuis le début de la guerre, et plus particulièrement depuis le

20 mois d'avril. Le rapport entre les habitants locaux et les réfugiés était

21 de 1 à 1,5 ou de 1 à 2 en faveur des habitants locaux.

22 C'était des milliers de personnes qui arrivaient avec simplement

23 un petit sac à la main, mais s'agissant du nombre de maisons incendiées,

24 les chiffres officiels doivent exister car la commission conjointe de

25 Novi Travnik existait et elle a fait des constatations au sujet de la

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1 situation. Quant à la municipalité de Vitez, elle a réparé les bâtiments

2 incendiés.

3 M. Kehoe (interprétation). - Suite à cet ordre, Général, en

4 novembre ou par la suite, combien de soldats du HVO ont été punis pour

5 avoir mis le feu à des maisons musulmanes bosniennes à Novi Travnik ?

6 M. Blaskic (interprétation). - Suite à cet ordre… je ne vois pas

7 très bien à quelle période vous faite référence, la totalité de la

8 période ?

9 M. Kehoe (interprétation). - Je vais modifier ma question

10 Général. Vous avez fait remarquer que des maisons ont été incendiées à

11 Novi Travnik en octobre 1992, donc la question que je vous posais était la

12 suivante : combien de soldats du HVO ont été punis pour avoir mis le feu a

13 des maisons de Musulmans bosniens en octobre 1992 ?

14 M. Blaskic (interprétation). - Précisément au mois

15 d'octobre 1992, chaque fois que nous apprenions qu'un soldat avait

16 participé à l'incendie d'une maison, des mesures disciplinaires ont été

17 prises. Je n'en connais pas le nombre exact, mais je sais que des mesures

18 disciplinaires ont été prises, lorsque des bâtiments avaient été incendiés

19 intentionnellement. Mais, si vous parlez aussi des bâtiments qui ont pris

20 feu en raison des combats, j'ai reçu des informations provenant du

21 quartier général municipal et je sais qu'il y a eu des cas où ces erreurs

22 disciplinaires ont été sanctionnées.

23 M. Kehoe (interprétation). - Général, j'aimerais que vous

24 donniez aux Juges de la Chambre de première instance, le nom ne serait-ce

25 que d'un seul soldat qui aurait été soumis à des mesures disciplinaires

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1 pour avoir mis le feu à une maison en octobre 1992 ? Ne serait-ce qu'un

2 nom et dites-nous quelle est la sanction qui lui a été appliquée ?

3 M. Blaskic (interprétation). - J'ai ici les noms correspondant

4 au mois de janvier 1993. J'ai 13 noms, et il est signalé que des mesures

5 de détention ont été prises, mais il ne s'agit pas de la même région. J'ai

6 déjà dit que j'ai reçu des informations de mes subordonnés directs : si un

7 soldat avait participé à de telles actions, des mesures disciplinaires ont

8 été prises contre ces soldats et par la suite, cette pratique a d'ailleurs

9 cessé à Novi Travnik, après l'émission de cet ordre.

10 M. Kehoe (interprétation). - Général, l'incendie de la maison

11 d'un musulman bosnien, par un soldat du HVO est un crime de guerre n'est-

12 ce pas ?

13 M. Blaskic (interprétation). - S'il s'agit d'incendie

14 volontaire, bien entendu, c'est le cas, il s'agit d'un acte criminel

15 grave. Et ces cas faisaient l'objet de poursuites de notre part, comme je

16 l'ai dit, dans le cas où l'incendie était volontaire et où nous disposions

17 des informations nécessaires. J'ai les informations relatives au mois de

18 janvier 1993, à cet égard pour la municipalité de Kiseljak.

19 M. Kehoe (interprétation). - Général, dites-nous le nom d'un

20 seul soldat du HVO que vous auriez renvoyé au Procureur du Tribunal

21 militaire de district pour un acte de ce genre. Je ne vous demande qu'un

22 seul nom.

23 M. Blaskic (interprétation). - Ce n'est pas….

24 M. Nobilo (interprétation). - Monsieur le Président, le témoin a

25 répondu qu'il a reçu des informations, il a donc répondu à la question.

Page 20283

1 M. le Président. - Non, pas tout à fait. Que répondez-vous là,

2 Général Blaskic ? Est-ce que vous pouvez ou est-ce que vous voulez faire

3 une recherche ? Quelle est votre réponse là ?

4 M. Blaskic (interprétation). - Si un soldat mettait le feu

5 volontairement, intentionnellement à une maison et s'il était défini si

6 l'identité de l'auteur de cet acte criminel était défini…

7 M. le Président. – Ce n'est pas la question qui vous a été

8 posée. La question était de savoir si vous pouviez donner un nom d'un

9 soldat qui aurait été poursuivi. Oui, non ? Ou vous avez peut-être besoin

10 d'un moment pour chercher ? Je ne sais pas, c'est votre réponse. En tout

11 cas vous ne répondez pas à la question, excusez-moi de le dire.

12 Reformulez votre question. Vous avez entendu la question du

13 Procureur, voulez-vous qu'il vous la répète ?

14 M. Blaskic (interprétation). - Je vous prie de m'excuser,

15 Monsieur le Président, mais j'ai entendu la question du Procureur comme

16 étant : est-ce que le Tribunal militaire de district a poursuivi les

17 auteurs d'incendies de maisons de Musulmans bosniens ? Peut-être ai-je mal

18 compris ?

19 M. le Président. – C'est moi-même qui ai mal compris. Je n'ai

20 pas compris cette question comme cela. J'avais cru comprendre que vous

21 demandiez le nom d'une seule personne qui aurait été condamnée ou

22 poursuivie ? C'était cela, Monsieur le Procureur ?

23 M. Kehoe (interprétation). - C'est tout à fait cela.

24 Je demande qui aurait été poursuivi en justice, qui aurait été

25 soumis à des mesures disciplinaires pour un crime que le témoin décrit

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1 lui-même comme un crime grave.

2 (L'interprète se reprend) Par opposition à ceux qui ont subi des

3 mesures disciplinaires, je demande qui a été poursuivi devant les

4 tribunaux.

5 M. Blaskic (interprétation). - Si un crime était commis, il

6 était poursuivi et traité par les tribunaux militaires de districts.

7 Monsieur le Président, Messieurs les Juges, j'ai examiné

8 92 actes criminels graves dont 31 ont été jugés par le Tribunal et

9 3 condamnations ont été prononcées au cours des trois premiers mois de

10 l'année 1993.

11 J'ai les données, les renseignements relatifs à ces faits. Je

12 n'ai pas de renseignements ou de chiffres pour les autres périodes. Mais

13 au mois d'avril 1993, lorsque j'ai été convoqué par les… lorsque j'ai tenu

14 des réunions avec les responsables judiciaires, j'ai commencé à recueillir

15 ces informations ; donc j'ai les informations pour les trois premiers mois

16 de 1993.

17 M. Kehoe (interprétation). – Si vous êtes sûr, Général, que des

18 soldats du HVO ont été poursuivis en justice ou soumis à des mesures

19 disciplinaires pour ces crimes graves en octobre 1992, cela aurait pu

20 empêcher ces crimes d'être commis au printemps 1993, n'est-ce pas ?

21 M. Blaskic (interprétation). - Bien entendu. Je me suis

22 préoccupé de cela. L'ordre que je tiens entre les mains et que j'ai écrit,

23 je l'ai écrit le 5 novembre et j'ai eu ma rencontre avec Dzemo le

24 14 novembre.

25 Le 4 novembre, quand j'ai rencontré Dzemo, je tenais beaucoup à

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1 lui faire savoir que m'a volonté était de prendre des mesures pour

2 empêcher les aspects négatifs des choses sur lesquelles il avait attiré

3 mon attention. A Novi Travnik, cette pratique, en 1992, avait en très

4 grande partie disparu.

5 S'agissant maintenant de la discipline militaire, je me suis

6 efforcé d'engager des juristes -même s'ils n'étaient pas totalement

7 formés- pour mettre en place toutes les mesures nécessaires pour rétablir

8 la situation, même si sur le front, les problèmes étaient très nombreux à

9 cette époque-là.

10 M. Rodrigues. - Général Blaskic, dans cet ordre -donc c'est le

11 document 347- vous vous référez ici aux citoyens plus éminents de

12 nationalité musulmane. Et qu'est-ce que vous avez fait des autres ?

13 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Juge, je me rappelle

14 la conversation que j'ai eue avec Dzemo. Si l'on parlait de propriétaires

15 de restaurants très aisés sur le plan économique, très connus parmi les

16 Musulmans bosniens, ils avaient de l'argent, ils étaient donc très souvent

17 la cible des cambrioleurs, des criminels, des bandes de délinquants. Très

18 souvent, s'il y avait cambriolage chez eux cela se terminait par un

19 incendie.

20 A l'époque dont nous parlons, les autres maisons n'étaient pas

21 la cible de tels hommes, au mois de novembre. C'est donc de tout cela que

22 j'ai parlé avec Dzemo. Je lui ai envoyé cet ordre à lui aussi pour qu'il

23 sache ce que j'avais fait. Dans toute la région, les maisons privées, les

24 maisons d'habitation n'étaient pas intéressantes pour les criminels ; ce

25 qui était intéressant pour eux, c'était un bon restaurant où ils allaient

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1 ramasser de l'argent, où ils allaient ramasser l'essentiel de l'équipement

2 pour le revendre.

3 M. Rodrigues. - Donc l'éminence que vous référez ici était une

4 éminence économique.

5 M. Blaskic (interprétation). – Des hommes d'affaires, des

6 propriétaires de magasins, de boutiques, des gens aisés sur le plan

7 économique, qui avaient de l'argent.

8 M. le Président. – Poursuivez Monsieur le Procureur.

9 M. Kehoe (interprétation). – Oui, Monsieur le Président.

10 Général, pour en conclure sur ce sujet, ce que nous pouvons dire

11 en bref c'est que vous ne disposez pas du nom d'un seul soldat du HVO qui

12 aurait été soumis à des mesures disciplinaires, ou puni pénalement pour

13 avoir mis le feu a des maisons de Musulmans bosniens à Novi Travnik.

14 N'est-ce pas ?

15 M. Blaskic (interprétation). - Je ne dispose pas des chiffres de

16 ces données. Pour les trois premiers mois de l'année suivante, dans le

17 cadre du travail du Tribunal militaire de district, j'ai ces éléments.

18 M. le Président. – Excusez-moi de vous interrompre à nouveau.

19 Soyons très précis dans les questions et dans les réponses.

20 On parlait d'octobre 1992 et non pas des trois premiers

21 mois 1993. Par contre, les Juges ont bien entendu que pour les trois

22 premiers mois de 1993, vous aviez des données, pour essayer de faire

23 avancer le débat sur les questions et les réponses qui doivent être

24 coordonnées et adaptées.

25 Poursuivez Monsieur le Procureur.

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1 M. Kehoe (interprétation). - Oui Monsieur le Président.

2 Général, nous allons changer de sujet maintenant. Nous allons

3 parler du début du mois de janvier 1993.

4 Nous parlerons des événements qui se sont déroulés au début du

5 mois de janvier en Bosnie centrale à Gornji Vakuf, à Vitez et à Busovaca .

6 J'aimerais que nous examinions la pièce à conviction de

7 l'accusation qui est une carte reprenant le plan Vance-Owen.

8 La carte du haut sur cette pièce.

9 Général, c'est la carte du plan de paix Vance-Owen qui montre

10 les trois cantons (3, 8 et 10) qui étaient censés revenir aux Croates de

11 Bosnie.

12 Vous constaterez que le 2 janvier 1993 est la date de la

13 première description de cette situation et, le 6 janvier, vous étiez à

14 Mostar avec Bruno Stojic, ministre de la Défense, où vous avez discuté

15 cette carte représentant le plan Vance-Owen, n'est-ce pas ?

16 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

17 M. Kehoe (interprétation). - Est-ce que le colonel Siljeg de

18 Gornji Vakuf était également à Mostar pour discuter de cette question avec

19 le ministre de la Défense Bruno Stojic ?

20 M. Blaskic (interprétation). - Au moment où je m'y suis trouvé

21 moi-même, il n'était pas là. Est-ce qu'il a été à cet endroit avant moi ou

22 après moi, je ne sais pas.

23 M. Kehoe (interprétation). - L'avez vous vu à Mostar au cours de

24 votre visite du 6 janvier à Mostar ?

25 M. Blaskic (interprétation). - Non, le colonel Siljeg, je ne

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1 l'ai pas vu.

2 M. Kehoe (interprétation). - Au cours de cette réunion du

3 6 janvier, selon ce que vous avez dit dans votre déposition, vous avez

4 appris que les Croates de Bosnie, par l'intermédiaire de Mate Boban,

5 avaient signé le plan de paix Vance-Owen alors que les Musulmans et les

6 Serbes ne l'avaient pas signé. Est-ce exact ?

7 M. Blaskic (interprétation). - Oui, qu'ils n'avaient pas signé,

8 que le plan serait applicable quand tout le monde l'aurait signé.

9 M. Kehoe (interprétation). - Et des discussions ont eu lieu en

10 Bosnie centrale. Après votre retour en Bosnie centrale, il était dit que

11 le HVO, les Croates de Bosnie allaient s'efforcer d'appliquer

12 unilatéralement le plan de paix Vance-Owen indépendamment de la signature

13 de ce plan par les Musulmans ou par les Serbes, n'est-ce pas ?

14 M. Blaskic (interprétation). - Les discussions au sujet du plan

15 Vance-Owen se sont déroulées parmi les civils et parmi les militaires.

16 Maintenant, quand je dis "civils", je parle des hommes politiques.

17 A qui pensez-vous en cet instant ?

18 M. Kehoe (interprétation). - Je pense à tout le monde, je pense

19 aux gens avec qui vous aviez des rapports à Vitez au jour le jour.

20 Parmi les gens avec lesquels vous aviez des rapports, cette

21 question a-t-elle été discutée, à savoir que si les Serbes et les

22 Musulmans ne signaient pas le plan de paix Vance-Owen, les Croates

23 allaient s'efforcer de le mettre en vigueur ce plan ?

24 M. Blaskic (interprétation). - Il y a eu des discussions très

25 variées à ce moment-là parce qu'il y avait une grande incertitude par

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1 rapport à l'avenir, comme c'était toujours le cas lorsqu'un plan de paix

2 était proposé à signature et ce plan était l'un des plus importants. Je ne

3 me rappelle donc pas si j'ai eu des contacts avec des personnes qui

4 exprimaient des points de vue déterminés au sujet des modalités

5 d'application du plan Vance-Owen, mais c'est possible. En tout cas pour

6 moi, la priorité, c'étaient les ordres que je recevais de mes supérieurs,

7 s'agissant de la façon dont ce plan devrait être appliqué.

8 M. Kehoe (interprétation). - J'aimerais vous montrer un

9 document, Général, c'est un résumé d'informations militaires de bataillons

10 britanniques daté de janvier 1993, le 8 janvier.

11 M. Dubuisson. - Document 652.

12 M. Kehoe (interprétation). - Claudius, je me réfère au

13 paragraphe 4 de ce document, le titre étant "Novi Travnik", le paragraphe

14 du haut.

15 Général, j'aimerais vous donner lecture de ce texte qui,

16 malheureusement, est en anglais, ce n'est pas votre langue maternelle. Je

17 vais donc m'efforcer de le lire aussi lentement que possible. Il est

18 question de Novi Travnik. Nous lisons ce qui suit -je cite- :

19 "Une équipe d'officiers de liaison a fait savoir que les

20 tensions sont encore importantes à Novi Travnik. Une source locale croate

21 a déclaré estimer que les Croates de Novi Travnik allaient essayer de

22 créer des troubles parmi les Croates et les Musulmans."

23 Maintenant vient un commentaire : "Si les pourparlers de Genève

24 échouent, ils peuvent utiliser cela comme motif pour créer des troubles

25 parmi les Croates et les Musulmans." (Fin de commentaire.)"

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1 Général, la question que je vous pose est la suivante : est-il

2 exact que les Croates pensaient à ce moment-là que s'ils échouaient à

3 Genève, ils allaient se servir de cet échec pour créer des troubles avec

4 les Musulmans ?

5 M. Blaskic (interprétation). - Pouvez-vous me dire quelle est la

6 date à laquelle se rapporte ce commentaire ?

7 M. Kehoe (interprétation). - Excusez-moi, Général, la date est

8 celle du 8 janvier 1993. Je vous prie de m'excuser.

9 M. Blaskic (interprétation). - Je sais que les tensions étaient

10 très importantes à ce moment-là à Novi Travnik, notamment entre les

11 membres de différentes structures militaires. Nous nous sommes engagés à

12 ce moment-là dans une action déterminée avec une aide maximale de la part

13 de la Forpronu pour régler les problèmes et réduire les tensions.

14 Une partie de mon commandement s'est installée à Novi Travnik

15 pour régler tous les incidents et mettre un terme à tous ces

16 affrontements, mais je ne sais pas... Je ne suis pas au courant du fait

17 qu'il y ait eu instigation volontaire de quelque réaction négative que ce

18 soit, car nous tenions encore le front ensemble à ce moment-là.

19 M. Kehoe (interprétation). - Général, au cours de vos

20 discussions avec Bruno Stojic, a-t-il parlé avec vous du fait que le HVO

21 allait mettre en vigueur ce plan sur le plan militaire indépendamment de

22 la signature des Serbes et des Musulmans ?

23 M. Blaskic (interprétation). - Non, il n'a pas parlé de cela

24 avec moi. Ce dont il a

25 parlé avec moi, c'était de la mise en application du plan quand tout le

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1 monde l'aurait signé et que cela posait la question de ma démobilisation

2 et de la création d'un commandement conjoint.

3 M. Kehoe (interprétation). - Général, vous avez dit dans votre

4 déposition que le 9 janvier, la brigade Bruno Busic est arrivée à

5 Novi Travnik et que la brigade Ludvig Pavlovic est arrivée à Vitez, est-ce

6 exact ?

7 M. Blaskic (interprétation). - C'est exact, mais il ne

8 s'agissait pas de brigades parce que ce n'étaient que des bataillons. Il y

9 avait une cinquantaine d'hommes dans le groupe Bruno Busic et une centaine

10 d'hommes dans le groupe Ludvig Pavlovic. Ce n'étaient donc pas des

11 brigades, c'étaient des bataillons, et l'objet de leur arrivée était

12 d'agir en commun pour stabiliser le front de la région de Travnik parce

13 qu'il y avait à ce moment-là un commandement conjoint.

14 Chaque fois qu'il y avait perspective de pourparlers, de

15 négociations et d'accords de paix, la situation se déstabilisait en

16 général partout.

17 M. Kehoe (interprétation). - Qui les a envoyés dans ces villes,

18 Général ?

19 M. Blaskic (interprétation). - Bruno Stojic, à moins que lui-

20 même ait donné compétence au chef d'état-major pour ce faire.

21 M. Kehoe (interprétation). - Mais saviez-vous que ces groupes

22 armés allaient arriver ?

23 M. Blaskic (interprétation). - Je l'ai appris au moment de leur

24 arrivée.

25 M. Kehoe (interprétation). - Vous a-t-on dit quand vous étiez à

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1 Mostar le 6 janvier que trois jours plus tard, deux unités allaient

2 arriver à Novi Travnik et Vitez respectivement ?

3 M. Blaskic (interprétation). - La demande adressée à ces unités

4 date de bien avant. Alors peut-être en a-t-il été question dans la

5 discussion, mais je ne me rappelle pas, je pourrais vérifier, je sais en

6 tout cas que c'est le commandement conjoint qui avait demandé l'arrivée de

7 ces unités plus tôt, mais je peux jeter un coup d'oeil, si vous voulez, à

8 mes notes.

9 Non, dans ma chronologie, je n'ai rien qui indique que j'ai

10 parlé de cela, de cette question précise avec Bruno Stojic.

11 M. Kehoe (interprétation). - Vous rappelez-vous avant l'arrivée

12 de ces unités avoir été informé de leur arrivée, si l'on tient compte du

13 fait que vous étiez commandant de la zone opérationnelle de Bosnie

14 centrale ?

15 M. Blaskic (interprétation). - J'ai déjà dit que j'avais été

16 informé du fait que leur venue avait été demandée. Peut-être ai-je été

17 informé de leur arrivée aussi mais, en tout cas, la demande adressée au

18 sujet de ces unités a eu lieu au moment de la rencontre entre le général

19 Pasalic, Prkalic, le général Merdan et moi-même. Nous avons dit que nous

20 aurions besoin de forces pour intervenir ensemble pour stabiliser le

21 front. Il est possible que j'ai été informé de leur arrivée, mais je n'en

22 suis pas sûr.

23 M. Kehoe (interprétation). - Général, pour que tout soit tout à

24 fait clair, serait-il permis de dire que toutes vos discussions avec

25 Bruno Stojic sont absentes de la technologie que vous avez utilisée dans

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1 votre déposition au cours de l'interrogatoire principal ?

2 M. Blaskic (interprétation). - Toutes les questions les plus

3 importantes qui se sont posées à moi et dont j'ai discuté avec

4 Bruno Stojic, j'en ai parlé lors de cette réunion du 6 janvier 1993.

5 M. Kehoe (interprétation). - Général, au moment où les brigades

6 Bruno Busic et Ludvig Pavlovic arrivent à Novi Travnik et à Vitez

7 respectivement, Prkacin n'avait plus aucune activité en Bosnie centrale,

8 n'est-ce pas ?

9 M. Blaskic (interprétation). - Je ne sais pas quand son activité

10 a cessé exactement. Ce que je sais, c'est qu'il s'est trouvé de temps en

11 temps à Zenica en tant que membre du commandement conjoint, il venait

12 aussi à Vitez, à Travnik, quelquefois aussi à Mostar, mais je ne dispose

13 pas véritablement de la date exacte à laquelle cette activité a cessé pour

14 lui.

15 M. Kehoe (interprétation). - Général, au début janvier 1993,

16 très manifestement, Prkacin ne faisait plus partie d'aucun commandement

17 conjoint, n'est-ce pas ?

18 M. Blaskic (interprétation). – J'ai déjà dit que je n'étais pas

19 au courant de cela, parce qu'au moment où il a été nommé au poste de

20 membre du commandement conjoint, il a été mis à ce poste par une décision

21 publique d'un ministère du Gouvernement de la République de Bosnie-

22 Herzégovine. Cela a été annoncé à Busovaca au cours d'une conférence de

23 presse. Mais cette décision publique, je ne sais pas quand elle faisait

24 cesser son activité. I

25 Il était pour moi un supérieur, donc je n'avais aucun droit de

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1 m'informer à son sujet, de demander quand ses fonctions prenaient fin,

2 quand elles commençaient, s'il était compétent ou pas pour exercer telle

3 ou telle fonction.

4 M. Kehoe (interprétation). – Général, quand a-t-il cessé d'être

5 votre supérieur ?

6 M. Blaskic (interprétation). – Au moment même où il a reçu

7 l'ordre de mettre un terme à ses fonctions au sein du commandement

8 conjoint, mais je suis incapable de me rappeler quand cela s'est passé.

9 M. le Président. - Essayez de faire un effort. Là, nous sommes

10 dans les questions militaires, nous ne sommes plus du tout dans des

11 questions civiles. Vous devez bien savoir quand un de vos supérieurs cesse

12 ses fonctions.

13 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Président, il était

14 mon supérieur, mais ce sont d'autres hommes qui l'ont nommé à son poste

15 indépendamment de moi. Il a sans doute reçu un ordre, mais je ne sais

16 vraiment pas quand.

17 M. le Président. - Vous êtes Général, vous devez bien vous

18 préoccuper de savoir qui est votre supérieur. Voulez-vous consulter vos

19 notes, s'il vous plaît ?

20 M. Blaskic (interprétation). – Je sais qui est mon supérieur

21 Monsieur le Président, mais la date exacte à laquelle cessent les

22 fonctions du général Prkacin et du général Pasalic, je ne les connais pas.

23 Ils étaient membres du commandement conjoint.

24 M. le Président. - On enregistre votre réponse.

25 Monsieur le Procureur, poursuivez.

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1 M. Kehoe (interprétation). – Général, la première unité que nous

2 venons d'évoquer, l'unité Bruno Busic, était-ce une unité composée de

3 soldats croates de la HV ?

4 M. Blaskic (interprétation). – Ce n'était pas une brigade, il y

5 a une grande différence entre une brigade et un bataillon, une grande

6 différence. Ce n'était pas une brigade. Il y a même une de ces deux unités

7 qui était une compagnie. C'étaient des unités du HVO qui ont été formées,

8 organisées par le département de la défense.

9 M. Kehoe (interprétation). – Eu égard à ces bataillons, étaient-

10 ils composés de soldats de la HV, de l'armée croate et je parle du

11 bataillon Bruno Busic ?

12 M. Blaskic (interprétation). – Pour autant que je le sache -car

13 il s'agit d'unités qui ne dépendaient pas de la structure de la zone

14 opérationnelle de Bosnie centrale- mais pour autant que je le sache, les

15 soldats de ces unités étaient des membres du HVO ; je dis ce que je sais.

16 M. Kehoe (interprétation). - D'où venaient ces hommes, Général ?

17 M. Blaskic (interprétation). – Ils venaient de Mostar. Dans

18 l'une des unités, il y avait une centaine de soldats et dans l'autre une

19 cinquantaine de soldats. Donc, au total, ces soldats étaient à peu

20 près 150.

21 M. Kehoe (interprétation). - Général, ces soldats, ces

22 150 soldats quand ils sont arrivés à Novi Travnik et à Vitez, c'est-à-dire

23 en Bosnie centrale, ils ont tout de suite commencé à commettre de très

24 nombreux crimes, n'est-ce pas ?

25 M. Blaskic (interprétation). – Ceux qui sont arrivés à

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1 Novi Travnik ont commis des erreurs disciplinaires parce qu'ils ont tout

2 de suite mis la main sur une partie de l'hôtel ; ils se sont installés

3 dans l'hôtel et l'autre unité aussi s'est emparée d'une partie de l'école.

4 Elle s'est installée dans l'école sans attendre l'application d'une

5 procédure régulière, sans attendre que quelqu'un leur dise d'agir ainsi.

6 C'étaient des soldats destinés à des interventions et, pour l'essentiel,

7 nous pouvons dire que leur comportement a posé pas mal de problèmes.

8 M. Kehoe (interprétation). - Pouvez-vous nous parler des crimes

9 précis qu'ils ont commis à Novi Travnik ? Ont-ils été accusés d'avoir

10 participé à des viols, à des tirs, à des passages à tabac de personnes

11 habitant dans le village ? Pouvez-vous nous en dire plus ?

12 M. Blaskic (interprétation). – Eh bien, je sais qu'il y a eu un

13 incident au cours duquel des tirs ont été tirés dans le bureau de l'un des

14 commandants du côté de l'armée de Bosnie-Herzégovine et, par la suite, je

15 crois qu'il y a eu certains actes qui ont été commis contre la Défense

16 territoriale. Il y a eu également des arrestations, arrestations des deux

17 côtés : les soldats ont arrêté des soldats de la Défense territoriale et

18 dans l'autre sens également. Il y a eu également un viol qui a été signalé

19 et je crois qu'il y a eu d'autres incidents de ce type.

20 Par conséquent, j'ai demandé que l'assistant chargé de la

21 sécurité pour la zone opérationnelle soit transféré avec son bureau et les

22 membres de son bureau à Novi Travnik. Lorsqu'il est arrivé à Novi Travnik,

23 il a déployé certains efforts afin de calmer la situation et de mener des

24 enquêtes sur ces différents incidents.

25 M. Kehoe (interprétation). – Général, pour être plus précis, il

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1 s'agissait d'un viol commis par un membre du bataillon Bruno Busic, viol

2 perpétré sur une femme musulmane à Novi Travnik, c'est bien exact ?

3 M. Blaskic (interprétation). – Oui, effectivement. Il y a eu cet

4 incident, oui ce viol. Et comme je l'ai dit, il y a eu poursuite et

5 l'assistant chargé de la sécurité a mené sa propre enquête et a rédigé son

6 rapport.

7 M. Kehoe (interprétation). - Vous dites donc que ce soldat en

8 particulier qui était membre du bataillon Bruno Busic a fait l'objet de

9 sanctions disciplinaires et de poursuites devant la justice ?

10 M. Blaskic (interprétation). – J'affirme que cette affaire de

11 viol a fait l'objet d'une enquête au cours de laquelle des informations

12 ont été communiquées. Les conclusions de l'enquête ont été communiqués à

13 Mostar au bureau chargé de la sécurité à Mostar. Mais ceci n'a pas été

14 réalisé dans le cadre de la zone opérationnelle de Bosnie centrale. Donc,

15 je ne sais pas comment les poursuites ont été engagées par la suite. Je ne

16 sais pas quelle a été la démarche du Tribunal militaire de district de

17 Mostar eu égard à ce soldat.

18 M. Kehoe (interprétation). – Reprenons ce que vous venez de

19 dire. Vous avez dit que l'enquête et que les résultats de l'enquête ont

20 été envoyés à Mostar. Qui, à Mostar, était responsable ? Qui devait

21 s'assurer qu'effectivement des poursuites étaient engagées contre ce

22 soldat ? Qui était chargé de cela ? Donnez-nous un nom.

23 M. Blaskic (interprétation). – Eh bien, quoiqu'il en soit,

24 c'était un officier chargé de la sécurité qui a prévenu le Procureur de

25 Mostar de ce crime et qui a également déposé un rapport. C'est le

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1 Procureur de district de Mostar qui devait prendre les mesures qui

2 s'imposent.

3 M. Kehoe (interprétation). - Qui est la personne à Mostar qui

4 s'est chargée des poursuites pour le Procureur ? Le savez-vous ?

5 M. Blaskic (interprétation). – Je n'étais pas responsable du

6 Tribunal militaire de district. Il y avait des personnes qui travaillaient

7 pour ce Tribunal militaire dans le cadre du ministère de la Défense. Je ne

8 connais pas les noms des personnes qui travaillaient pour les tribunaux.

9 M. Kehoe (interprétation). - Très bien. Passons aux mesures

10 disciplinaires. Savez-vous si ce soldat a fait l'objet de mesures

11 disciplinaires pour le viol de cette femme musulmane ?

12 M. Blaskic (interprétation). – En principe les choses se

13 déroulaient ainsi : si un crime était commis, dans ce cas-là,

14 effectivement des poursuites étaient engagées devant le Tribunal militaire

15 de district. Et si c'était une infraction de nature disciplinaire, dans ce

16 cas, c'était les commandants au niveau approprié qui devaient se charger

17 d'éventuelles sanctions.

18 M. Kehoe (interprétation). - Vous nous avez dit précédemment que

19 vous souhaitiez entamer des négociations pacifiques avec les Musulmans.

20 Pensez-vous qu'il était important que les Musulmans sachent si tel ou tel

21 soldat avait été l'objet de mesures disciplinaires ou de poursuites

22 judiciaires pour tel ou tel crime ? Pensez-vous que ceci aurait pu influer

23 sur les relations entre Musulmans et Croates ?

24 M. Blaskic (interprétation). – Oui, c'était sans doute très

25 important.

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1 Et j'ai personnellement appelé M. Malbasic, le commandant à

2 Novi Travnik. Je lui ai demandé qu'une réunion soit organisée avec les

3 représentants des Musulmans de Bosnie, donc de l'armée de Bosnie-

4 Herzégovine.

5 J'ai demandé également qu'au cours de cette réunion on les

6 informe de toutes les difficultés liées à des problèmes de structure,

7 notamment structures de commandement, supervisions, voies hiérarchiques

8 vis-à-vis de telle ou telle unité.

9 Cette réunion a effectivement eu lieu entre les deux

10 commandants. Le colonel Stewart nous a beaucoup aidés dans cette tentative

11 visant à calmer la situation et éviter un conflit après tous les incidents

12 de Novi Travnik.

13 M. Kehoe (interprétation). - Par conséquent, je suis sûr que

14 vous avez rassemblé toutes les informations relatives au sort réservé à ce

15 violeur, et que vous avez transmis ces informations aux autorités

16 musulmanes à Novi Travnik, afin d'aider à ramener le calme ?

17 Avez-vous effectivement fait cela ?

18 Et que leur avez-vous dit quant à la sanction à imposer à ce

19 soldat ?

20 M. Blaskic (interprétation). - J'ai dit que la réunion avait eu

21 lieu au niveau des commandants de brigade. Je pense que Borislav Malbasic,

22 le commandant de la brigade, présent a partagé, a fait par de toutes les

23 informations dont il disposait.

24 Je lui ai demandé d'informer les participants à la réunion qu'il

25 y aurait une enquête afin de déterminer qui était le coupable et que des

Page 20300

1 mesures seraient prises dans ce sens.

2 M. Kehoe (interprétation). - Par conséquent, Général, vous ne

3 savez pas si, effectivement, ce violeur a été sanctionné ou pas ?

4 M. Blaskic (interprétation). - Je pense que le Tribunal

5 militaire de district a gardé le dossier pertinent.

6 J'ai déjà dit que de février à mars… de janvier à mars 1993, il

7 y a eu 92 crimes commis par des personnes portant l'uniforme. Trente et un

8 rapports ont été déposés, trois décisions ou trois jugements ont été

9 rendus par le Tribunal militaire de district.

10 M. Kehoe (interprétation). - Mais Général, vous ne savez pas,

11 vous n'avez pas entendu parler d'une quelconque sanction qui aurait été

12 imposée à ce violeur pour le crime qu'il a commis eu égard à cette femme

13 musulmane, n'est-ce pas ?

14 M. Blaskic (interprétation). - Je crois que c'est le Tribunal

15 qui s'est chargé de cela. Je ne sais pas quelle a été la sanction imposée,

16 quelle a été la peine éventuelle, mais je suis tout à fait convaincu que

17 le Tribunal s'est chargé de cette affaire.

18 M. Kehoe (interprétation). - Outre ce crime, il y en a eu

19 d'autres commis par des membres de la brigade Ludvig Pavlovic située à

20 Vitez, n'est-ce pas ?

21 M. Blaskic (interprétation). – Il y a eu certains incidents,

22 certains délits ou crimes commis par ces soldats, mais il y a eu ce genre

23 de choses des deux côtés. Il y a eu des unités du HVO qui sont arrivées

24 d'ailleurs et puis il y a eu des unités spéciales. De l'autre côté, il y a

25 eu la même chose avec des unités du côté de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

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1 M. Kehoe (interprétation). - Je vous posais une question sur la

2 brigade Ludvig Pavlovic et je vous demanderai de limiter vos remarques aux

3 actes commis par cette brigade.

4 Je vous ai proposé la chose suivante : après leur arrivée à

5 Vitez après le 8 janvier, ils ont commis de nombreux crimes dans la région

6 de Vitez, n'est-ce pas ?

7 M. Blaskic (interprétation). - Je sais qu'effectivement ils ont

8 troublé l'ordre public avec d'autres groupes sur le territoire de Vitez.

9 Je voulais simplement mentionner qu'il y avait différents groupes qui

10 avaient provoqué ce type de trouble et qui avait troublé l'ordre public.

11 Effectivement, sans doute, des crimes ont été commis également.

12 Les chiffres que je vous ai donnés le montrent : 92 pour le

13 début te l'année.

14 M. Kehoe (interprétation). - Parlons tout d'abord de la brigade

15 Ludvig Pavlovic : de combien de membres… ou plutôt combien de membres de

16 cette brigade ont été l'objet de sanctions disciplinaires, ou bien de

17 poursuites judiciaires, pour des crimes qu'ils auraient commis dans la

18 région de Vitez, en janvier 1993 ? Combien ?

19 M. Blaskic (interprétation). - Je ne peux pas donner de chiffre

20 exact. Parce que cette brigade, ou plutôt cette unité, avait sa propre

21 voie hiérarchique. Il est bien connu que c'était le commandant qui était

22 chargé de sanctions disciplinaires en cas de crimes commis, ou plutôt s'il

23 s'agissait d'une erreur disciplinaire. Mais si des crimes étaient commis,

24 eh bien, dans ce cas-là, des rapports étaient envoyés à ceux qui étaient

25 chargés de poursuivre de tels crimes au sein du Tribunal militaire de

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1 district.

2 M. Kehoe (interprétation). - Par conséquent, Général, vous nous

3 dites que vous n'avez pas d'informations relatives à des membres de la

4 brigade Ludvig Pavlovic qui auraient été soit l'objet de sanctions

5 disciplinaires, soit de poursuites pénales pour des crimes commis à Vitez

6 ou dans la région de Vitez en janvier 93 ? C'est bien ce que vous dites ?

7 M. Blaskic (interprétation). - Je n'ai pas, personnellement,

8 d'informations, ici, avec moi. Ces unités ne m'étaient pas directement

9 subordonné ; ce ne sont pas des unités qui faisaient partie de la voie

10 hiérarchique de la zone opérationnelle de Bosnie centrale. Il s'agissait

11 d'unités dépendantes du ministère de la Défense qui peuvent être

12 subordonnées au grand état-major à certains stades.

13 M. Kehoe (interprétation). – Monsieur le Président, je vais

14 passer à autre chose. Il est presque 13 h 00. Que faisons-nous ?

15 M. le Président. – Nous interrompons et nous reprendrons à

16 14 h 30.

17 (L'audience, suspendue à 13 heures 00, est reprise à 14

18 heures 35.)

19 M. le Président. – Monsieur le Procureur, c'est à vous.

20 M. Kehoe (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

21 Général, avant la pause, nous disions que la brigade

22 Ludvig Pavlovic se trouvait à Vitez -excusez-moi-, le bataillon

23 Ludvig Pavlovic ainsi que le bataillon Bruno Busic qui se trouvait à

24 Novi Travnik alors que -je le répète- le bataillon de Ludvig Pavlovic se

25 trouvait à Vitez.

Page 20303

1 Et nous avons parlé du bataillon Ludvig Pavlovic, nous disions

2 qu'ils étaient stationnés à l'école de Dubravica, n'est-ce pas, avec les

3 Vitezovi ?

4 M. Blaskic (interprétation). - Je sais qu'ils étaient stationnés

5 à Dubravica, mais je ne sais pas si, à l'époque, ils étaient avec les

6 Vitezovi, étant donné que les Vitezovi utilisaient également un hôtel

7 appelé Ribnjak à Kruscica. Je ne suis pas sûr si, à ce moment-là, ils

8 étaient ensemble ou pas.

9 M. Kehoe (interprétation). - Mais en janvier 1993, certains des

10 membres des Vitezovi se trouvaient-ils à l'école de Dubravica ?

11 M. Blaskic (interprétation). - Je ne suis pas sûr. Peut-être

12 c'est bien le cas. Etant donné qu'ils avaient leur propre système de

13 commandement, ils étaient vraiment indépendants vis-à-vis de mon

14 commandement. Je ne suis pas sûr si les Vitezovi étaient à l'école. Peut-

15 être une partie des Vitezovi y était effectivement, mais vraiment je ne

16 suis pas sûr.

17 M. Kehoe (interprétation). - Le conflit entre le HVO et l'armée

18 de Bosnie-Herzégovine a éclaté à Gornji Vakuf le 11 janvier 1993, n'est-ce

19 pas ?

20 M. Blaskic (interprétation). – Le conflit à Gornji Vakuf entre

21 l'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO a éclaté au mois de janvier, dans

22 la première moitié du mois de janvier 1993. Je ne connais pas la date

23 exacte mais c'est possible que cela soit la date que vous venez de citer.

24 M. Kehoe (interprétation). - Afin de jeter une certaine lumière

25 sur la date de ce conflit, nous allons examiner un nouveau bulletin

Page 20304

1 d'information militaire.

2 Monsieur le Greffier, je crois que l'Huissier n'est pas là ? Ah,

3 le voici ! Merci, Claudius

4 C'est le document suivant, merci, Claudius.

5 M. Abtahi. – Il s'agit de la pièce de l'accusation 653.

6 Afin d'identifier la date, je vais vous lire une partie de ce

7 bulletin d'information militaire du bataillon du Cheshire du

8 11 janvier 1993.

9 Claudius, j'aimerais que nous passions à la page 3 de ce

10 document au paragraphe qui commence à : "17 h 05".

11 Je le lirai lentement, Général, pour vous puisque je me rends

12 compte que c'est un document en anglais.

13 "A 17 h 05…" ou plutôt je vais commencer ainsi : il s'agit d'un

14 bulletin d'information militaire du 11 janvier 1993, Général.

15 Je commence la citation :

16 "A 17 h 05, la salle des opérations de Gornji Vakuf a signalé

17 que des affrontements entre les Croates et les Musulmans avaient commencé

18 et que le bruit de tirs provenant d'armes de petit calibre ainsi que de

19 tirs de mortiers ont été entendus provenant de la ville. Le commandant de

20 l'armée de Bosnie-Herzégovine a déclaré que les attaques avaient été

21 lancées par le HVO et que l'armée de Bosnie-Herzégovine maintenait ses

22 positions. Il a été signalé que quatre civils ont été blessés jusqu'ici.

23 A 20 h 50, la salle des opérations de Gornji Vakuf a signalé

24 qu'il y avait des tirs sporadiques fréquents provenant d'armes de petit

25 calibre. Les Musulmans auraient encerclé la ville et fortifié, renforcé

Page 20305

1 leurs postes de contrôle. Un groupe d'environ 30 soldats du HOS a été

2 signalé sur la route principale allant à Bugojno.

3 Commentaire : ils sont peut-être à même d'empêcher tout

4 renforcement possible qui viendrait aider l'armée de Bosnie-Herzégovine de

5 Bugojno. (Fin de commentaire)."

6 Général, ceci vous rafraîchit-il la mémoire quant à la date

7 approximative du conflit à Gornji Vakuf ?

8 M. Blaskic (interprétation). – Oui, cela peut me rafraîchir la

9 mémoire. Le conflit à Gornji Vakuf, comme je l'ai dit, a éclaté dans la

10 première moitié du mois de janvier 1993 entre les unités du HVO et les

11 unités du 3ème Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine.

12 M. Kehoe (interprétation). – Général, afin de préciser les

13 choses, peut-on placer ce document sur le chevalet, s'il vous plaît ?

14 Afin de nous replacer dans le contexte géographique de la

15 région, la ville de Prozor dont nous avons parlé se trouve sur un axe de

16 communication très important qui mène vers la Bosnie centrale, n'est-ce

17 pas ?

18 M. Blaskic (interprétation). – Oui. Si on utilise la route

19 partant de Tomislavgrad, dans ce cas-là, Prozor est sur la route

20 principale. En partant de Jablanica, la route de Jablanica et Konjic, dans

21 ce cas-là, on passe à côté de Prozor. Ensuite, il y a une autre route vers

22 la Bosnie centrale de Jablanica vers Kresevo et Konjic. Dans ce cas-là, la

23 route ne passe pas près de la ville de Prozor. Il est possible d'arriver

24 dans la Bosnie centrale sans passer par la ville de Prozor.

25 M. Hayman (interprétation). - Monsieur le Président, il nous

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1 faut protéger notre client.

2 M. le Président. – Je comprends très bien, je constate que le

3 conflit risque de s'étendre.

4 Faites attention, Monsieur l'Huissier. Ca y est, cela tient

5 bien ?

6 M. Kehoe (interprétation). - Monsieur l'Huissier, pouvez-vous

7 rester à côté de la carte, car je crois que le témoin doit montrer

8 certains endroits qui se trouvent un peu à l'extérieur de la carte.

9 Général, pouvez-vous utiliser votre crayon et nous montrer...

10 M. le Président. – Si les conseils de la défense veulent

11 s'approcher, bien entendu c'est tout à fait loisible.

12 M. Kehoe (interprétation). - Le conseil de l'accusation peut-il

13 se rapprocher d'un micro, s'il vous plaît ? Il peut utiliser le micro qui

14 se trouve sur la table, merci.

15 Ce matin, nous avons parlé du HVO et de la prise du contrôle par

16 le HVO de la ville de Prozor. Pourriez-vous utiliser ce marqueur et

17 entourer d'un cercle la ville de Prozor.

18 M. Blaskic (interprétation). - Autour d'un cercle ?

19 M. Kehoe (interprétation). – Oui, voilà. Vous avez fait

20 remarquer que le conflit avait éclaté dans la ville de Gornji Vakuf le

21 11 janvier. Pourriez-vous entourer d'un cercle la ville de Gornji Vakuf ?

22 M. Blaskic (interprétation). - Excusez-moi j'ai reçu

23 l'interprétation selon laquelle il fallait encercler Donja Vakuf, alors

24 que je suppose que vous voulez que j'encercle Gornji Vakuf.

25 M. Kehoe (interprétation). - Oui Gornji Vakuf. Nous avons

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1 également dit que le bataillon Bruno Busic se trouvait à Novi Travnik.

2 Pourriez-vous entourer d'un cercle la ville de Novi Travnik sur la carte ?

3 (Le témoin s'exécute.)

4 Bien entendu, nous avons parlé de la brigade Ludvig Pavlovic qui

5 se trouvait dans la ville de Vitez. Pourriez-vous entourer la ville de

6 Vitez, s'il vous plaît ?

7 (Le témoin s'exécute.)

8 Général, entre Prozor et Vitez se trouve un axe de communication

9 principal. Cet axe de communication liait tous ces cercles entre eux,

10 n'est-ce pas ? Prozor jusqu'à Gornji Vakuf, jusqu'à Novi Travnik et

11 ensuite vers Vitez vers le sud ?

12 M. Blaskic (interprétation). – Oui, il y a plusieurs routes. Les

13 routes ont été construites pendant la guerre, c'est-à-dire après le début

14 de l'agression serbe et ce sont des routes de montagne. Mais je sais qu'il

15 y a des routes autour de Prozor allant à Vitez.

16 M. Kehoe (interprétation). - Et l'axe principal, n'est-ce pas,

17 de Prozor vers Vitez ?

18 M. Blaskic (interprétation). - Il existe plusieurs routes menant

19 de Gornji Vakuf à Vitez. C'est possible de passer par Novi Travnik ou bien

20 par Sebecic ou bien par Fojnica, mais toutes ces routes mènent en Bosnie

21 centrale ; il s'agit là de routes de montagne, de routes rudimentaires.

22 M. Kehoe (interprétation). - J'aimerais que vous indiquiez sur

23 la carte la route que vous emprunteriez de Prozor vers Gornji Vakuf, vers

24 Novi Travnik pour finir à Vitez. Pourriez-vous le faire s'il vous plaît ?

25 (Le témoin s'exécute.)

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1 M. Kehoe (interprétation). - Insistez bien sur le trait pour que

2 tout le monde puisse voir ce que vous avez tracé.

3 Général, pour aller de Prozor à Mostar, je vois que Mostar n'est

4 pas sur la carte. En partant de Prozor, quel itinéraire devrait-on

5 suivre ?

6 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Président,

7 Messieurs les Juges, encore une fois, il y a deux possibilités : d'un côté

8 il y a une route de montagne qui mène à Tomislavgrad par le biais de

9 Vrasko et puis ensuite plus loin jusqu'à Mostar ; puis il y a une autre

10 route de Mostar qui mène jusqu'à Jablanica et qui longe la rivière de

11 Neredva par la suite. Il y a au moins deux routes.

12 Cela dit, pendant la guerre, il y a eu d'autres routes moins

13 importantes qui ont été construites pendant la guerre. S'il le faut, je

14 peux les marquer.

15 M. Kehoe (interprétation). - Eh bien, allons-y. Pouvez-vous

16 indiquer les deux routes dont vous venez de parler ?

17 (Le témoin trace l'itinéraire.)

18 Merci Général, vous pouvez vous asseoir.

19 M. Kehoe (interprétation). - Général, au moment du début des

20 hostilités à Gornji Vakuf en janvier, le HVO contrôlait Prozor et avait

21 posté certaines unités spéciales à Novi Travnik et à Vitez. Ai-je dépeint

22 la situation de façon précise ? Situation à partir du 11 janvier.

23 M. Blaskic (interprétation). - Je voulais clarifier un point

24 parlant de Prozor, vous parlez de la ville de Prozor ou de la municipalité

25 de Prozor ?

Page 20309

1 M. Kehoe (interprétation). - La ville simplement.

2 M. Blaskic (interprétation). - C'est possible que le HVO... Je

3 suppose d'ailleurs que le HVO contrôlait la ville elle-même et, le

4 11 janvier 1993, les unités spéciales se trouvaient toujours à

5 Novi Travnik et à Vitez.

6 M. Kehoe (interprétation). - Général, vous étiez en contact avec

7 vos collègues qui se trouvaient à Gornji Vakuf à cette période afin

8 d'évaluer de façon permanente la situation, n'est-ce pas ?

9 M. Blaskic (interprétation). - J'étais de temps en temps au

10 contact avec le commandant de la zone opérationnelle de l'Herzégovine du

11 nord-ouest. J'étais préoccupé à cause de la situation à Gornji Vakuf étant

12 donné que le 3ème Corps de l'armée de Bosnie-Herzégovine participait à ce

13 conflit qui était de Zenica. Ce Corps d'armée avait donc ses unités aussi

14 dans la région de Vitez, de Novi Travnik, de Busovaca et d'autres

15 municipalités.

16 M. Kehoe (interprétation). - Mais au cours des combats à

17 Gornji Vakuf, vous vous prépariez afin de lancer des opérations en Bosnie

18 centrale, n'est-ce pas ?

19 M. Blaskic (interprétation). - Les unités qui étaient sous mes

20 ordres n'ont pas participé aux conflits qui se sont déroulés à

21 Gornji Vakuf. Mais les unités du 3ème Corps d'armée qui se trouvaient dans

22 la même région ont, elles, participé au combat à Gornji Vakuf. Bien sûr,

23 ces situations m'inquiétaient étant donné que tous ces mouvements d'hommes

24 et des armes et des équipements militaires se passaient en passant par la

25 région dans laquelle se trouvait le HVO. C'est pour cela que je

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1 surveillais de plus près ces mouvements-là mais, nous n'avons pas commencé

2 à nous préparer avec plus de détails pour un conflit éventuel avec l'armée

3 de Bosnie-Herzégovine.

4 Bien sûr, nous surveillions toutes ces activités de plus près,

5 étant donné qu'il y a eu beaucoup d'unités de combat du 3ème Corps de

6 l'armée de Bosnie-Herzégovine.

7 M. Kehoe (interprétation). - Général, avant de rentrer dans les

8 détails des événements du 12 janvier, je vous renvoie à un document qui

9 est en fait un extrait du journal du lieutenant-colonel Stewart. Nous

10 allons parler de ce qui est écrit dans ce journal à propos du mardi

11 12 janvier 1993.

12 M. Abtahi. - Il s'agit de la pièce de l'accusation 654.

13 M. Kehoe (interprétation). - Général, c'est à nouveau un texte

14 en anglais dont je vais donner lecture. C'est en bas de la page, Claudius.

15 "Mardi 12 janvier.

16 Novi Travnik a été plus que calme cette nuit, ce qui est très

17 surprenant. J'ai ordonné que le peloton de réserve y aille à partir de

18 9 h 00 et qu'Andrew McDonald prenne la responsabilité pour la zone et, si

19 cela était nécessaire, qu'il obtienne le soutien d'un autre peloton.

20 En ce qui me concerne, je voulais voir Blaskic puisque le HVO

21 nous avait dit qu'il était l'autorité pour tout ce qui se passait eu égard

22 au HVO. Cela avait été la même histoire avec Vares il y a quelques

23 semaines. Blaskic semble effectivement être le pouvoir ou détenir le

24 pouvoir dans le territoire du HVO"

25 Général, en ce qui concerne cette remarque formulée par le

Page 20311

1 lieutenant-colonel Stewart, j'aimerais vous soumettre un autre bulletin

2 d'informations militaires du 12 janvier 1993 ; j'aimerais que nous

3 discutions de ces deux textes simultanément.

4 M. Abtahi. - Il s'agit de la pièce de l'accusation 655.

5 M. Kehoe (interprétation). - Le premier paragraphe qui

6 m'intéresse se trouve à la page 2 de ce bulletin d'informations militaires

7 en date du 12 janvier 1993, alors qu'il est écrit 1992 en haut... Non,

8 pardon, excusez-moi, il est bien écrit 1993.

9 Je regarde le paragraphe qui porte sur Novi Travnik et qui

10 commence par : "la situation est". Je vais donner lecture de ce document

11 lentement, Général.

12 "La situation est toujours extrêmement tendue les deux parties

13 semblant être incapables de s'adresser la parole et le HVO invoquant

14 toutes sortes de prétextes pour aggraver la situation.

15 Suite à un échange de prisonniers le 10 janvier, le commandant

16 Malbasic a déclaré qu'il avait reçu une lettre du colonel Blaskic, le

17 commandant de district du HVO, remettant en cause sa décision d'autoriser

18 l'échange de prisonniers et d'adresser la parole à la Forpronu.

19 Commentaire : le colonel Blaskic semble souhaiter rendre la

20 situation plus difficile encore entre Croates et Musulman à Novi Travnik.

21 Fin de commentaire."

22 Général, vous nous avez dit qu'à cette période, vous tentiez de

23 résoudre les problèmes avec les Musulmans dans la conciliation. Or, il

24 semble que vous vous plaignez ici d'un échange de prisonniers qui a eu

25 lieu le 12 janvier. Est-ce bien exact ?

Page 20312

1 M. Blaskic (interprétation). - Non, permettez-moi de faire un

2 commentaire là-dessus. Le 12 janvier 1993, j'ai eu une réunion avec le

3 colonel Stewart concernant la situation à Novi Travnik. Cela dit, il

4 s'agit là d'une situation complètement différente par rapport à la réunion

5 qui a été tenue concernant les événements de Vares.

6 Après la réunion concernant Novi Travnik, j'ai appelé

7 personnellement le commandant de Novi Travnik, M. Malbasic, et je lui ai

8 donné des instructions concrètes pour qu'il calme la situation, pour qu'il

9 établisse un contact avec le commandant de la 308ème Brigade de l'armée de

10 Bosnie-Herzégovine de Novi Travnik.

11 Puis, j'ai souligné l'interdiction de faire irruption dans les

12 appartements de civils quelle que soit la raison. C'était l'ordre donné à

13 Malbasic ; je lui ai donné des instructions concernant la réunion avec la

14 308ème Brigade avec trois points :

15 1- calmer la situation,

16 2- entamer une enquête concernant tous les

17 incidents,

18 3- restituer les armements et les

19 équipements quiavaient été saisis auparavant.

20 En principe, je maintenais que tous les échanges devaient avoir lieu en

21 présence des représentants de la Croix-Rouge internationale, étant donné

22 que nous étions tous tenus de respecter le protocole de la Croix-Rouge

23 internationale.

24 Quant à l'ONU, l'ONU n'avait pas de mandat de participer à des

25 échanges des libérations de prisonniers. C'était le mandat de la Croix-

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1 Rouge internationale.

2 M. Kehoe (interprétation). - Mais ce même jour, le

3 12 janvier 1993, vous saisissez un camion transportant des munitions,

4 camion de l'armée de Bosnie-Herzégovine, parce que vous dites que ce

5 camion se dirigeait vers Gornji Vakuf. C'est bien exact ?

6 M. Blaskic (interprétation). - Je ne dispose pas de cette

7 information.

8 En ce qui concerne les équipements, je sais que les équipements

9 étaient saisis. La raison de cette saisie était qu'il n'y avait aucun

10 document qui accompagnait ce convoi. Les équipements faisaient partie d'un

11 convoi humanitaire. Il s'agissait d'une dizaine d'uniformes.

12 Mais si vous avez une information plus précise, je peux faire un

13 commentaire. Cela dit, c'est la police militaire qui se trouvait sur les

14 points de contrôle qui était compétente pour cela. Mais dans leurs tâches

15 de tous les jours, ils étaient sous mes ordres.

16 M. Kehoe (interprétation). - Général, consultons la page

17 suivante de ce bulletin d'information militaire, la page 3, avant-dernier

18 paragraphe qui dit la chose suivante :

19 "L'officier commandant -il est question donc du colonel Stewart-

20 a parlé avec le colonel Blaskic en fin d'après-midi. Le colonel Blaskic a

21 déclaré qu'il détenait le camion de l'armée de Bosnie-Herzégovine

22 transportant des munitions et il a déclaré l'avoir intercepté parce que sa

23 destination était Gornji Vakuf. Il ne voulait pas que des munitions

24 parviennent jusqu'à Gornji Vakuf étant donné ses préoccupations. En effet,

25 il pensait que ceci risquerait d'envenimer la situation."

Page 20314

1 Or, lorsque vous avez répondu à ma question, Général, vous avez

2 répondu que cela n'était pas le cas. Voulez-vous changer votre réponse ?

3 M. Blaskic (interprétation). – Non, j'ai dit que je ne me

4 rappelais pas de cette partie-là, mais que je me rappelais de la partie

5 concernant les équipements militaires. C'est peut-être en fonction de la

6 zone de responsabilité.

7 Il faut clarifier quelque chose : il s'agit là de la zone de

8 responsabilité de Novi Travnik. Or, c'est au moins un niveau inférieur par

9 rapport au mien. J'ai donné l'ordre à Malbasic, le 12, d'échanger, de

10 restituer les équipements saisis. Je ne sais pas quels avaient été les

11 équipements que l'armée de Bosnie-Herzégovine avait saisis du HVO. C'est

12 cela que j'ai oublié.

13 M. Kehoe (interprétation). - Général, au cours de cette période,

14 vous et le HVO à Gornji Vakuf étiez partis au projet visant à saisir les

15 cantons 8 et 10 afin qu'ils soient placés sous le contrôle du HVO, n'est-

16 ce pas ?

17 M. Blaskic (interprétation). – Je n'ai connaissance d'aucun plan

18 global ou généralisé. Vraiment, je ne sais pas qu'un tel plan ait jamais

19 existé.

20 Cela dit, c'est une région complètement différente

21 géographiquement. Gornji Vakuf se trouve près de la rivière de Vrbas, il y

22 a une montagne qui nous sépare. Gornji Vakuf appartient à la zone de

23 responsabilité de l'Herzégovine du nord-ouest.

24 Cela dit, quelque chose qui a rendu la situation encore plus

25 difficile pour nous -et j'en ai parlé avec le général Merdan- c'était que

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1 l'armée de Bosnie-Herzégovine traversait cette région, l'armée qui partait

2 de Gornji Vakuf, c'est-à-dire le 3ème Corps d'armée.

3 M. Kehoe (interprétation). - Je vais vous montrer un autre

4 document, Général.

5 M. Shahabuddeen (interprétation). - J'aurais une question : dans

6 ce document, il est question de la situation prévalant à la date du

7 12 janvier 1993, je crois, Maître Kehoe, pas 1992 ?

8 M. Kehoe (interprétation). – Oui, effectivement, c'est la date

9 de 1993 qui apparaît en haut du document.

10 M. Shahabuddeen (interprétation). - Donc il s'agit bien de la

11 situation en 1993 ?

12 M. Blaskic (interprétation). - Oui, Monsieur le Juge, 1993.

13 M. Shahabuddeen (interprétation). - Je vous invite à consulter

14 la page 2 de ce document. Au milieu de la page à peu près et plus

15 particulièrement la dernière phrase de ce paragraphe que Me Kehoe vous a

16 lu, l'auteur de ce bulletin fait un commentaire :

17 "Le colonel Blaskic semble souhaiter envenimer la situation

18 entre Croates et Musulmans. (Fin de commentaire.)"

19 Le plus brièvement possible, pourriez-vous nous dire si ce

20 commentaire est exact ou non ?

21 M. Blaskic (interprétation). - C'est un commentaire inexact.

22 M. Shahabuddeen (interprétation). - Très bien.

23 Voici ma deuxième question : pouvez-vous expliquer pourquoi

24 l'auteur de ce document a fait figurer dans son rapport une inexactitude

25 de ce type ?

Page 20316

1 M. Blaskic (interprétation). - Il est possible qu'il ne

2 disposait pas de toutes les informations concernant les problèmes liés aux

3 difficultés de fonctionnement au sein du HVO. Je crois encore plus que

4 cette personne a été prise de court, tout comme c'était mon cas, devant

5 les troubles de l'ordre public à Novi Travnik. Il faudrait peut-être que

6 je m'étende, que je m'étale un peu là-dessus. A Novi Travnik, nous avions

7 également des conflits internes croates entre le HVO et le HVO. C'était au

8 mois de novembre où le HVO de Novi Travnik s'opposait au HVO de Jajce.

9 Ensuite il y a eu le conflit entre le HVO et la Défense territoriale,

10 ensuite nous avions le conflit entre le HVO de Novi Travnik et le HOS de

11 Novi Travnik. C'est seulement après avoir activé à la fois la Défense

12 territoriale et le HVO et le colonel Stewart au mois de janvier, que nous

13 avons réussi à stabiliser la situation et à empêcher qu'un nouveau conflit

14 éclate.

15 Tout était normal là-bas, tous les phénomènes qui ne sont pas

16 normaux ailleurs. Je parle des prises d'otages ou de prisonniers des deux

17 côtés et beaucoup de mes soldats étaient… beaucoup de mes collaborateurs

18 étaient à Novi Travnik pendant assez longtemps ; j'étais en contact avec

19 Malbasic à ce propos.

20 M. Shahabuddeen (interprétation). - Par conséquent, peut-être

21 que le colonel Stewart n'a pas bien compris la situation ?

22 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Juge, si j'ai bien

23 compris, tout à l'heure, étant donné que je ne connais pas la langue de

24 l'original de ce document, mais le colonel Stewart dit que cette situation

25 ressemblait à celle de Vares. Si c'est exact, il faut savoir que le

Page 20317

1 problème qui existait à Vares était un problème entre les soldats du HVO

2 et les soldats de la Forpronu. Moi je ne considérais pas du tout que cela

3 constituait un vrai problème.

4 Un autre problème considérait la réparation du pont de Vares,

5 c'est ce dont le colonel Stewart me parlait au cours d'une rencontre. Moi

6 je trouvais cela étonnant qu'il me demande la permission afin de réparer

7 le pont, étant donné que nous considérions que toute aide de ce genre

8 était la bienvenue, mais lui a dit : "Moi j'insiste pour avoir votre

9 autorisation", alors je la lui ai donnée. Encore aujourd'hui je ne

10 comprends pas pourquoi il avait besoin de ce genre d'autorisation.

11 M. Shahabuddeen (interprétation). - Merci Général.

12 M. le Président. - Poursuivez Monsieur le Procureur.

13 M. Kehoe (interprétation). – Passons au document suivant.

14 M. le Président. - Il y a une question du Juge Rodrigues.

15 M. Rodrigues. - Général, nous avons ici dans ce document une

16 référence à un conflit à Novi Travnik entre Croates et Musulmans. Je ne

17 sais pas si vous avez le document 650.

18 M. Blaskic (interprétation). - Je ne l'ai pas sur moi.

19 M. Rodrigues. - Je peux aller avec une question : quand nous

20 avons ici un conflit entre les Croates et les Musulmans, il s'agit de

21 Croates de Croatie ou de Croates de Bosnie ?

22 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Juge, en ce qui

23 concerne le document 650, la date mentionnée est celle du 20 octobre 1992

24 et il s'agit là du conflit entre le HVO, le conseil croate de la défense

25 et la Défense territoriale. Cela veut dire les Croates de Bosnie d'un côté

Page 20318

1 et les Musulmans bosniens de la municipalité de Novi Travnik de l'autre

2 côté.

3 M. Rodrigues. - Je reviens à ma question : est-ce que le chef

4 d'état-major de l'armée de la Republika Srpska peut distinguer le HV du

5 HVO ou non ?

6 M. Blaskic (interprétation). - A cette époque, c'était une

7 période du début de constitution du HVO, tout le monde ne portait pas

8 d'insigne, mais une partie des soldats en portaient quand même. Cela dit,

9 cette personne ne pouvait pas surveiller ce conflit, étant donné que les

10 lignes de front avec l'armée serbe étaient relativement loin de

11 Novi Travnik. Cette personne aurait pu voir qu'il y avait un conflit et je

12 suppose que la personne aurait pu distinguer l'armée, aurait pu voir

13 effectivement.

14 M. Rodrigues. - Si nous sommes au document 650, vous avez

15 répondu à une question de Me. Kehoe, que la référence faite dans le

16 numéro 2, le paragraphe 2, la référence faite à HV, vous avez corrigé pour

17 HVO. Je crois que j'ai compris cela. Est-ce vrai ?

18 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Juge, le HVO n'a pas

19 quitté les lignes de front à Jajce, il ne les a pas quittées alors qu'ici,

20 on parle...

21 M. Rodrigues. - Excusez-moi, je crois que vous avez répondu à

22 une question de Me Kehoe qu'ici il s'agissait où on lit HV, on devait lire

23 HVO.

24 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

25 M. Rodrigues. - Si vous regardez le document 650, vous verrez à

Page 20319

1 la fin du paragraphe 1 une référence à des conflits entre les Musulmans et

2 les forces croates à Novi Travnik. Vous voyez, comme nous avons vu à la

3 fin du paragraphe 2, vous voyez une référence à HV.

4 Dans le paragraphe 3 : vous voyez encore une référence à HV.

5 Dans le paragraphe 8 , "conclusion", nous avons analysé ce

6 numéro..., ce paragraphe, vous voyez encore une autre référence au HV.

7 Si nous faisons la liaison entre ce document 650 et le

8 document 655, nous voyons qu'il y a toujours une référence aux forces

9 croates.

10 Dans le document 650, nous avons au moins quatre références à HV

11 et pas à HVO.

12 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Juge, voilà où se

13 trouve le problème, je l'ai déjà dit. Nous faisons des commentaires

14 concernant une situation tactique alors que le document 660 porte sur le

15 niveau stratégique. Le 1er Corps de l'armée de la Republika Srpska avait

16 son siège à Banja Luka et défendait les parties les plus importantes pour

17 les intérêts serbes. Il s'agissait du plus grand potentiel serbe. C'était

18 le corps d'armée serbe le plus puissant.

19 Voici l'exemple d'Orasje qui est cité. Orasje se trouve près de

20 la rivière de Sava. C'est complètement au nord de la Bosnie-Herzégovine

21 avec aucun lien avec la Bosnie centrale.

22 M. Rodrigues. - Excusez-moi. Ma question est celle-ci : nous

23 avons dans le document 650 quatre références à HV. Si nous avions trois

24 références à HVO et une seule à HV, peut-être on pourrait comprendre qu'il

25 y avait une erreur. Mais nous avons toutes les quatre HV.

Page 20320

1 S'agit-il d'une erreur ou bien s'agit-il de HV au lieu de HVO ?

2 Quelle est votre opinion ?

3 M. Blaskic (interprétation). - Ce que je sais avec certitude,

4 c'est que les unités de l'armée croate n'étaient pas à Jajce. Les unités

5 de l'armée croate n'étaient pas à Jajce, mais je ne vois pas ici que l'on

6 mentionne le HVO, même si je n'ai pas lu attentivement. Il n'est presque

7 jamais écrit le HVO.

8 M. Rodrigues. - Je crois que j'ai compris quand même. Merci de

9 toute façon, Général.

10 M. le Président. - Merci, Monsieur le Juge Rodrigues. C'est un

11 point effectivement important, cette question du HVO.

12 Monsieur le Procureur, vous pouvez continuer, s'il vous plaît.

13 M. Kehoe (interprétation). - Merci, Monsieur le Président,

14 passons au document suivant. Monsieur le Greffier, s'il vous plaît.

15 M. Abtahi. - Il s'agit de la pièce 656 et 656a pour la version

16 anglaise.

17 M. Kehoe (interprétation). - Général, ce document date du

18 15 janvier 1993 et, dans le texte de ce document, vous demandez des

19 informations de la zone opérationnelle Tomislavgrad, de la brigade

20 Ante Starcevic à Gornji Vakuf et de la brigade qui se trouve à Bugojno.

21 Vous demandez la chose suivante : "Veuillez nous envoyer des

22 informations sur la situation dans votre zone de responsabilité, la zone

23 de responsabilité de votre brigade en mettant l'accent sur la situation

24 actuelle à Gornji Vakuf."

25 Nous passons donc à cette date de la mi-janvier 1993. Il

Page 20321

1 semblait important pour vous de savoir ce qui se passait très exactement à

2 Gornji Vakuf, n'est-ce pas ?

3 M. Blaskic (interprétation). - Ceci montre justement que nous

4 n'avions pas suffisamment d'informations concernant tous ces événements.

5 Nous étions obligés d'intervenir et de demander que l'on nous soumette des

6 informations concernant la situation dans la zone de responsabilité. Nous

7 avons mis l'accent sur la situation à Gornji Vakuf. Comme je l'ai déjà

8 indiqué, le 3ème Corps d'armée qui se trouvait dans la même zone que la

9 zone opérationnelle...

10 M. le Président. - Je pense que nous avons compris la réponse,

11 Général Blaskic.

12 M. Kehoe (interprétation). - Passons à un autre type de document

13 rédigé le 15 janvier au moment même où vous avez demandé ces informations.

14 M. Abtahi. - Il s'agit de la pièce de l'accusation 657, 657a

15 pour la version française et 657b pour la version anglaise.

16 M. Kehoe (interprétation). - Général, c'est un document rédigé

17 par Jadranko Prlic qui était à l'époque le Président du HVO pour la

18 communauté croate de Herceg-Bosna.

19 Il dit la chose suivante : "A la date du 15 janvier 1993,

20 conformément aux accords conclus et signés au cours de la conférence

21 internationale sur l'ex-Yougoslavie et l'accord de paix en Bosnie-

22 Herzégovine, accords de Genève, le HVO de la communauté croate de Herceg-

23 Bosna est parvenu à une décision lors d'une réunion spéciale convoquée à

24 Mostar le 15 janvier 1993.

25 1. Toutes les unités de l'armée de Bosnie-Herzégovine se

Page 20322

1 trouvant actuellement dans les régions 3, 8 et 10 qui ont été proclamées

2 croates dans le cadre des accords de Genève, sont placées sous le

3 commandement du grand quartier général des forces armées du HVO.

4 Toutes les unités des forces armées du HVO se trouvant

5 actuellement dans les régions 1, 5 et 9 qui ont été proclamées musulmanes

6 dans le cadre des accords de Genève sont placées sous le commandement de

7 l'état-major général du commandement de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

8 Les unités du HVO de Kiseljak et de Kresevo qui se trouvent dans

9 la région 7 restent sous le commandement du quartier général principal du

10 commandement du HVO jusqu'à conclusion d'un accord final sous le statut de

11 la région 7.

12 Cette décision est vue comme une décision temporelle et restera

13 en vigueur jusqu'à la signature finale de l'accord de Genève sur

14 l'organisation de la Bosnie-Herzégovine et de la paix en Bosnie-

15 Herzégovine.

16 La décision sera mise en oeuvre dans un délai de cinq jours à

17 partir d'aujourd'hui, le 15 janvier 1993. La décision sera mise en oeuvre

18 par le responsable du ministère du département de la Défense du HVO de la

19 communauté croate de Herceg-Bosna."

20 Général, passons au document suivant, nous en parlerons de façon

21 chronologique. Il s'agit là d'un document de Bruno Stojic.

22 M. Abtahi. – Il s'agit de la pièce 658a pour la version

23 française et 658b pour la version anglaise. D'ailleurs la 657, le petit a

24 était la version française, et le petit b était la version anglaise,

25 contrairement à ce qui était indiqué sur le compte rendu en anglais.

Page 20323

1 M. le Président. – Vous êtes tellement surpris quand il y a une

2 numérotation française que vous vous trompez dans la numérotation.

3 Interprète. – Les interprètes peuvent-elles avoir la version

4 française, s'il vous plaît ?

5 M. Kehoe (interprétation). – Le 15 janvier, Général, le ministre

6 de la Défense ou le responsable du ministre de la Défense est Bruno Stojic

7 et il exécute cet ordre le même jour que Jadranko Prlic rédige le sien.

8 Au premier paragraphe de cet ordre, on voit : "Le grand quartier

9 général des forces armées du HVO doit immédiatement contacter toutes les

10 zones opérationnelles et les états-majors de l'armée de Bosnie-Herzégovine

11 dans les régions 3, 8 et 10 et 1, 5 et 9 afin de mettre en oeuvre la

12 décision du HVO de la communauté croate de Herceg-Bosna numéros..., etc.,

13 du 15 janvier 1993.

14 Toutes les unités des forces armées du HVO et de l'armée de

15 Bosnie-Herzégovine qui refusent d'obéir aux instructions des points 1 et 2

16 de la décision du HVO susmentionnée de la communauté croate de Herceg-

17 Bosna doivent quitter la région à laquelle elles n'appartiennent pas."

18 Passons maintenant au paragraphe 5 : "Les officiers de l'armée

19 de Bosnie-Herzégovine doivent également rejoindre le commandement des

20 forces armées HVO au niveau des zones opérationnelles et des brigades et

21 ce, dans des proportions similaires au nombre de soldats au front.

22 6- J'interdis l'engagement de tous les officiers de l'armée de

23 Bosnie-Herzégovine qui auraient jusqu'à présent encouragé la rupture des

24 relations entre les peuples croates et musulmans et provoqué des

25 confrontations aux conséquences tragiques.

Page 20324

1 7- Le délai d'exécution de cet ordre est fixé à 19 heures 00 le

2 20 janvier 1993."

3 Avant de parler de ce document, passons au document suivant, il

4 s'agit de l'ordre de Milivoj Petkovic, rédigé également le 15 janvier.

5 M. Abtahi. – Il s'agit de la pièce de l'accusation 659 et 659a

6 pour la version anglaise.

7 M. Kehoe (interprétation). - Général, nous voyons là un ordre de

8 Milivoj Petkovic en date du même jour. Nous n'allons pas lire toutes les

9 dispositions de cet ordre, mais c'est un ordre qui subordonne l'armée de

10 Bosnie-Herzégovine au HVO dans les provinces 3, 8 et 10.

11 J'aimerais que nous lisions le point 1 de cet ordre, je cite :

12 "Toutes les unités du HVO et des forces armées de l'armée de Bosnie-

13 Herzégovine dans les provinces 3, 8 et 10 (provinces croates) seront

14 placées sous le commandement du grand quartier général du HVO, c'est-à-

15 dire sous le commandement de la zone opérationnelle de Bosnie centrale, de

16 la zone opérationnelle du nord-ouest de l'Herzégovine et de la zone

17 opérationnelle du sud-est de l'Herzégovine."

18 Je passe maintenant au point 4 de cet ordre, je cite : "Les

19 membres et les unités du HVO et des forces armées de l'armée de Bosnie-

20 Herzégovine qui ne se soumettront pas au commandement mentionné aux

21 points 1 et 2 du présent ordre doivent quitter le territoire des provinces

22 auxquelles ils n'appartiennent pas, à moins d'être considérés comme forces

23 paramilitaires et d'être désarmés."

24 Si nous prenons la page suivante, nous voyons que la limite pour

25 l'exécution de cet ordre est le 20 janvier 1993.

Page 20325

1 Alors, Général, nous avons ici plusieurs ordres qui émanent du

2 Président du HVO Jadranko Prlic et qui vont jusqu'au ministre de la

3 Défense Bruno Stojic et puis jusqu'au chef d'état-major Milivoj Petkovic

4 et tous ces ordres sont en date du 15 janvier 1993.

5 Ces ordres qui débouchent, qui aboutissent avec l'ordre de

6 Milivoj Petkovic, sont des ordres destinés à subordonner l'armée de

7 Bosnie-Herzégovine au HVO, si tel n'était pas le cas jusque là et, si cela

8 n'est pas fait, l'armée de Bosnie-Herzégovine doit être désarmée et

9 considérée comme illégale. N'est-ce pas une bonne description du contenu

10 de ces ordres, Général ?

11 M. Blaskic (interprétation). - Non, ce n'est pas une description

12 fidèle du contenu de cet ordre car, dans tout cet ordre, il est exigé que

13 les unités de l'armée de Bosnie-Herzégovine soient subordonnées au HVO,

14 mais également que le HVO soit subordonné à l'armée de Bosnie-Herzégovine.

15 Donc la subordination se fait dans les deux sens, le HVO doit

16 être subordonné à l'armée de Bosnie-Herzégovine dans certaines provinces

17 alors que l'armée de Bosnie-Herzégovine, selon ces ordres, doit être

18 subordonnée au HVO. Et puis j'ai une autre chose à dire au sujet de ces

19 documents puisque vous venez de me montrer trois ordres simultanément et

20 je n'ai pas pu m'exprimer au sujet de ces ordres jusqu'à présent.

21 Ces ordres ne constituent pas la totalité des ordres qui ont été

22 émis, il en manque un et je crois que ce n'est pas un hasard, je veux

23 parler de l'ordre du ministre de la Défense de la République de Bosnie-

24 Herzégovine. Le ministre de la Défense de la République de Bosnie-

25 Herzégovine a émis un ordre identique le 15 janvier, et cet ordre a été

Page 20326

1 repris à de nombreuses reprises à la télévision, à la radio, par divers

2 moyens d'information, et c'est à partir de cet ordre initial que les

3 autres instances ont émis les leurs.

4 Le document qui porte la signature de Jadranko Prlic est une

5 décision prise par les autorités civiles, donc le pouvoir civil émet un

6 ordre signé par Jadranko Prlic avec lequel je n'ai jamais parlé de ce

7 document, et je n'ai jamais vu ce document jusqu'à la date d'aujourd'hui.

8 Le document 658 que vous venez de me soumettre et qui est signé

9 par le représentant du ministère de la Défense, plus tard ministre de la

10 Défense Bruno Stojic, a été envoyé pour information au quartier général

11 principal de l'armée de Bosnie-Herzégovine, donc ce n'était pas un secret.

12 Il est envoyé pour information également à la police militaire et au

13 ministère de la Défense de la République de Bosnie-Herzégovine et, dans ce

14 même document 658, un point n'a pas été lu, dans lequel le représentant du

15 département de la Défense dit aux membres de la police militaire qu'il

16 faut qu'ils créent des barrages routiers dans les provinces.

17 Un ordre direct est donc donné à la police militaire, qui doit

18 créer des barrages routiers indépendamment de tous les autres commandants,

19 et ce point a été sauté ainsi que d'autres.

20 Dans le document 658 au point 8, on voit que le chef de la

21 police militaire et le chef du grand quartier général du HVO ont le même

22 niveau de commandement, sont sur un pied d'égalité sur le plan du

23 commandement.

24 Et puis autre chose : ce document a provoqué de grandes

25 préoccupations dans la zone opérationnelle. Cela a été le sujet d'une

Page 20327

1 réunion particulière que j'ai convoquée avec tous mes commandants, car il

2 était impossible de le mettre en œuvre dans ma zone opérationnelle. Il y

3 avait le 1er Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine, le 3ème Corps d'armée de

4 Bosnie-Herzégovine, le 2ème Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine et une

5 partie du 4ème Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine qui devaient être

6 subordonnés à moi. Mais même si j'avais été un commandant de niveau très

7 élevé, je n'aurais pas pu avoir sous mes ordres tous ces corps d'armée.

8 Et puis il était dit que dans l'enclave de la Lasva, l'armée de

9 Bosnie-Herzégovine devait être subordonnée au HVO mais, à Zepce, c'est le

10 HVO qui devait très subordonné à l'armée de Bosnie-Herzégovine, mais qu'en

11 était-il à Kakanj et à Vares ? Que devait-il se passer dans ces deux

12 endroits, etc. ?

13 Cet ordre, après l'avoir lu, je l'ai remis… Sur la base de cet

14 ordre, j'ai donné des instructions à mes subordonnés en leur disant

15 d'attendre les moyens de mettre en œuvre le contenu de cet ordre et cela

16 devait dépendre des ordres que nous devions recevoir de M. Petkovic et de

17 M. Sefer Halilovic, nos supérieurs.

18 Mais l'ordre du ministre de la Défense de la République de

19 Bosnie-Herzégovine a été reçu également par le quartier général de l'armée

20 de Bosnie-Herzégovine. Il y avait un seul ministre de la Défense dans la

21 République.

22 M. Kehoe (interprétation). - Qui était le ministre de la Défense

23 de la République de Bosnie-Herzégovine ?

24 M. Blaskic (interprétation). - C'était M. Bozo Rajic à ce

25 moment-là et avant lui M. Jerko Doko.

Page 20328

1 M. Kehoe (interprétation). - Parlons de Bozo Rajic. Bozo Rajic a

2 émis un ordre de subordination dont vous avez dit qu'il a immédiatement

3 été contré par le Président Izetbegovic, n'est-ce pas, immédiatement ?

4 M. Blaskic (interprétation). - Je ne sais pas, il a été émis à

5 la télévision, si vous dites que c'est le cas, c'est peut-être le cas, je

6 ne le sais pas, je n'ai pas discuté avec le Président Izetbegovic au sujet

7 de cet ordre à ce moment-là.

8 M. Kehoe (interprétation). - Je vous demanderai de regarder la

9 pièce 657, le préambule, Général, c'est un ordre de Jadranko Prlic. Il

10 faudrait que le témoin garde l'ensemble de ces documents. Mais aucune

11 référence n'est faite dans ce préambule ou à quelque endroit que ce soit

12 du document, n'est-ce pas, Général, à un ordre de Bozo Rajic ?

13 M. Blaskic (interprétation). - La teneur de cet ordre est

14 absolument identique à celle de l'ordre de M. Bozo Rajic. Dans le

15 préambule, le Président du gouvernement, c'est-à-dire le Président des

16 autorités civiles, fait référence aux accords conclus et il est sans doute

17 mieux informé au sujet de ces accords que moi parce que je n'ai pas

18 participé aux pourparlers de Genève ni à la conclusion des accords de

19 Genève.

20 M. Kehoe (interprétation). - Donc il n'y a aucune référence à

21 l'ordre de Bozo Rajic dans ce préambule ?

22 M. Blaskic (interprétation). - Dans le préambule, non, mais la

23 teneur de l'ordre de M. Bozo Rajic et la teneur de l'ordre que j'ai entre

24 les mains sont identiques, en tout cas sur le fond.

25 M. le Président. – Et cet ordre de Bozo Rajic -excusez-moi, je

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1 suis un peu perdu-, nous l'avons ou nous ne l'avons pas ?

2 M. Kehoe (interprétation). - Cet ordre n'est pas versé au

3 dossier, Monsieur le Président. M. Bozo Rajic a émis un ordre qui a

4 immédiatement été contré par le président Izetbegovic. Ce que nous avons,

5 c'est le document qui vient du conseil de défense croate, la décision

6 prise à Mostar le 15 janvier 1993. Mais le document de Bozo Rajic…

7 M. le Président. – Permettez-moi d'insister, c'est un point

8 important. Le témoin nous dit qu'effectivement, cet ordre se comprend à la

9 lumière d'un ordre identique qui aurait été émis par les autorités

10 officielles de Bosnie-Herzégovine.

11 A ce moment-là, évidemment, on comprend mieux ce que dit le

12 général Blaskic, à savoir qu'il y a une sorte de mutatis mutandis. Les

13 unités du HVO passent sous le contrôle de l'armée de Bosnie et,

14 inversement, selon les accords de Genève. Je crois que nous savons par

15 ailleurs que ces accords de Genève n'ont pas été signés.

16 Là, la question est un peu différente, Général Blaskic. Est-ce

17 que –et c'est ma seule question d'ailleurs, je n'en ai pas d'autres- ces

18 différentes décisions qui tracent une chaîne de commandement sont-elles

19 des décisions unilatérales du HVO ? Ou sont-elles la traduction d'une

20 sorte d'accord dans lequel toutes les parties acceptent les accords de

21 Genève ? C'est cela la question.

22 Si c'est unilatéral, évidemment, cela prend une autre tournure.

23 Cela ne sert à rien de dire que les unités du HVO vont passer sous

24 contrôle des armées de la Bosnie-Herzégovine dans les régions 1, 5 et 9.

25 Cela ne sert à rien. On se fait plaisir pour rien.

Page 20330

1 Par contre, si vraiment il ne s'agit pas d'une décision

2 unilatérale du HVO, évidemment, cela prend une autre tournure et je

3 comprends mieux que vous ayez dit cela.

4 Voilà pourquoi je souligne ce point, je n'ai pas la réponse en

5 ce qui me concerne, à l'heure actuelle. Je pense que d'ici la fin des

6 débats nous l'aurons.

7 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Président, c'est

8 aujourd'hui que j'apprends que le président Izetbegovic a contré la

9 décision de son ministre. Je n'étais pas au courant de cela. Je

10 connaissais la décision du ministre de la Défense de la République de

11 Bosnie-Herzégovine, Bozo Rajic, qui sur le fond était semblable à la

12 teneur de cet ordre. Moi, j'avais le document 659 entre les mains. Entre

13 le 15 janvier et le 20 janvier, il a été dit à plusieurs reprises par les

14 moyens d'information ce que contenait l'ordre de Bozo Rajic.

15 M. le Président. – Très bien.

16 M. Kehoe (interprétation). – Général, Bozo Rajic était un

17 Croate, n'est-ce pas ?

18 M. Blaskic (interprétation). – Bozo Rajic était Croate au poste

19 de ministre de la Défense. Jerko Doko était également un Croate parce que

20 selon l'accord conclu avec les Musulmans, le poste de ministre de la

21 Défense revenait aux Croates, les Musulmans ayant le ministère de

22 l'Intérieur.

23 M. Kehoe (interprétation). - Passons au document suivant,

24 Général, la pièce à conviction de l'accusation 456/6.

25 Général, ce texte est votre ordre du 16 janvier 1993, à savoir

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1 un ordre émis le lendemain de la réception de l'ordre de Milivoj Petkovic

2 qui subordonne les unités de l'armée de Bosnie-Herzégovine au HVO et qui

3 comporte la menace adressée à ces unités en cas de refus d'être désarmées

4 et déclarées illégales.

5 Vous émettez un ordre de combat à toutes les formations du HVO

6 de la zone opérationnelle de Bosnie centrale, y compris à l'unité

7 Bruno Busic, à l'unité Pavlovic, au 4ème Bataillon de la police militaire,

8 aux Vitezovi et à la police de Travnik.

9 Je lis le texte -je cite- : "Conformément à l'ordre du quartier

10 général du HVO de Mostar, numéro de référence 01-66/93; en date du

11 15 janvier 1993 et compte tenu de l'agression ouverte et traître des

12 forces musulmanes sur l'ensemble du territoire de la communauté croate de

13 Herceg-Bosna qui a provoqué un grand nombre de morts et de blessés parmi

14 les membres du HVO, qui a provoqué également l'incendie de nombreuses

15 maisons croates et l'expulsion de Croates hors de chez eux, dans le cadre

16 de la légitime défense du peuple et du territoire de la communauté croate

17 de Herceg-Bosna, j'ordonne ce qui suit :alerte maximale pour aptitude au

18 combat de toutes les formations,

19 1- toutes les formations du HVO doivent

20 être en état d'alerte maximale."

21 Si nous descendons un peu plus bas, nous voyons que toutes les

22 formations musulmanes et du HVO qui désobéissent à cet ordre doivent être

23 désarmées et isolées.

24 En page suivante, au point 5, vous dites au 4ème Bataillon de la

25 police militaire qu'il doit contrôler la circulation et confisquer les

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1 équipements et les armes à tous les transports musulmans pour les mettre à

2 la disposition des forces du HVO.

3 Donc un jour après cet ordre de subordination, vous mettez tous

4 les soldats en état d'alerte maximale pour préparation au combat et vous

5 dites au 4ème Bataillon de la police militaire qu'il doit confisquer les

6 armes dans les transports musulmans. Cela ressemble beaucoup à la

7 préparation d'activités de combat, n'est-ce pas, Général ?

8 M. Blaskic (interprétation). - J'aimerais recevoir l'ordre

9 précédent, celui du 15 janvier, je vous prie. Je parle de l'ordre de

10 subordination mutuelle.

11 Monsieur le Président, Messieurs les Juges, cet ordre portant

12 sur la préparation à l'aptitude au combat maximal n'est pas l'ordre que

13 j'ai émis suite à l'ordre du chef du grand quartier général, le général

14 Petkovic, parce que cet ordre, la pièce 659, porte le numéro de

15 référence 01-70/93. Je parle de la pièce à conviction 659 de l'accusation.

16 Alors que dans la pièce 456/6, je m'appuie sur un ordre que j'ai reçu du

17 chef du grand quartier général qui porte le numéro de référence 01-66/93

18 et qui date du 15 janvier. Donc, je m'appuie sur un autre document et je

19 crois que l'intitulé vient précisément de l'ordre auquel il est fait

20 référence dans le texte.

21 Dans cet ordre, ce qui est demandé c'est d'augmenter le niveau

22 d'aptitude au combat au niveau maximum et dans les autres points, je crois

23 que ce qui est écrit dans ces points est une reprise des différents points

24 du document 01-66/93.

25 S'agissant du désarmement des membres musulmans bosniens au sein

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1 du HVO, je sais qu'il n'y a pas eu désarmement. Je sais qu'en particulier

2 un soldat musulman bosnien faisait partie du HVO à ce moment-là ; c'était

3 le chef des opérations à Novi Travnik, il est resté membre du HVO,

4 personne ne l'a désarmé.

5 En ce qui concerne les tâches assignées à la police militaire,

6 nous venons de voir que le ministre de la Défense émet des ordres destinés

7 à la police militaire et portant sur les barrages routiers. Et je sais que

8 les points qui figurent dans cet ordre ont été repris du document 01-

9 66/93. Je sais qu'il n'y avait pas de problème important puisque la

10 plupart des convois traversaient Gornji Vakuf à ce moment-là, et puis il y

11 a d'autres choses dans ce document.

12 M. Kehoe (interprétation). - Mais la première chose, il s'agit d'un

13 événement tout à fait important n'est-ce pas ? Le fait de placer toute la

14 région en état d'alerte maximal ?.

15 M. Blaskic (interprétation). – Ecoutez, l'alerte maximale veut

16 dire demander aux soldats d'être plus vigilants, d'être plus attentifs et

17 nous voyons que le 4ème Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine agit à

18 Gornji Vakuf. Nous voyons que le ministre de la Défense émet un ordre

19 comme celui-ci qui est rendu public n'est-ce pas ? C'est un nouvel ordre

20 pour nous, la situation était assez tendue, et il n'était pas possible de

21 dormir tranquillement dans son lit et de continuer à se comporter comme si

22 rien ne se passait aux environs. Mais sur le plan militaire c'est quelque

23 chose de tout à fait normal ; toute autre unité lorsqu'il y a des combats

24 dans les environs va agir de la même façon et élever le niveau d'alerte.

25 M. Kehoe (interprétation). – Donc, lorsque vous avez émis cet

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1 ordre, vous saviez qu'il allait y avoir une réaction négative de la part

2 des Musulmans, en raison de cet ordre de subordination qui vient de Prlic,

3 Stojic et Petkovic, n'est-ce pas ?

4 M. Blaskic (interprétation). – Je vous prie de m'excuser, mais

5 tous les soldats musulmans bosniens ont reçu cet ordre de leur ministre de

6 la Défense de la République de Bosnie-Herzégovine. A moins que certains

7 n'aient pas été connus, nous avons tous reçu cet ordre par les moyens

8 d'information publique. Je crois qu'ils ont reçu cet ordre du ministre de

9 la Défense de la République de Bosnie-Herzégovine. Maintenant qu'une

10 certaine confusion ait été créée, d'un côté comme de l'autre, cela c'est

11 certain.

12 M. Kehoe (interprétation). - Vous avez transmis cet ordre aux

13 brigades qui vous étaient subordonnées, n'est-ce pas ?

14 M. Blaskic (interprétation). – Quand je reçois un ordre qui

15 vient du chef du grand quartier général, la première la plus élémentaire

16 de mes responsabilités consiste à transmettre cet ordre à mes brigades.

17 Dans l'ordre il y a aussi des mises en garde quant à la façon d'appliquer

18 l'ordre en question.

19 J'ai transmis cet ordre et j'ai dit au chef de brigade lors de

20 la réunion qui a été convoquée précisément en raison de cet ordre, car le

21 14 janvier, j'ai eu une réunion régulière avec les chefs de brigade. Le

22 16 janvier j'ai tenu une réunion extraordinaire avec les commandants de

23 brigade précisément à cause de toutes ces questions.

24 M. Kehoe (interprétation). - Général, l'ordre de mise en état

25 d'alerte maximum est un niveau en dessous d'un ordre de préparation au

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1 combat qui, ensuite, conduit à un ordre d'exécution des combats, n'est-ce

2 pas ?

3 M. Blaskic (interprétation). – Non ,non, non, ce n'est le cas

4 dans aucune doctrine militaire. On peut déclarer une alerte de niveau 1,

5 de niveau 2, de niveau 3, on peut le faire au moment de manoeuvres

6 particulières, au moment où des événements particuliers se passent dans

7 des états tiers ; c'est un ordre de préparation au combat qui est un ordre

8 de niveau inférieur à un ordre de combat mais un ordre d'alerte maximale

9 non, pas du tout, dans aucune doctrine militaire que ce soit.

10 M. le Président. - Peut-être, Monsieur le Procureur, nous

11 pourrions faire une pause. Il y a une heure vingt que nous siégeons.Nous

12 allons faire une pause de 20 minutes.

13 (L'audience, suspendue à 15 heures 50, est reprise à

14 16 heures 15.)

15 M. le Président. – Reprenons l'audience, veuillez vous asseoir

16 s'il vous plaît. Monsieur le Procureur, c'est à vous.

17 M. Kehoe (interprétation). – Oui, Monsieur le Président, je vous

18 remercie. J'aimerais que nous passions au document suivant.

19 M. Abtahi (interprétation). - Il s'agit de la pièce 660 et 660a

20 pour la version en anglais et la carte annotée par le témoin portera la

21 cote 661 de l'accusation.

22 M. Kehoe (interprétation). - Général, j'aimerais que vous

23 examiniez la pièce 660.

24 C'est un document qui émane de la brigade Jure Francetic ; il

25 est signé par Zivko Totic. Ce document s'appuie sur un ordre du grand

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1 quartier général et j'aimerais que vous regardiez également votre ordre

2 émis à la même date, portant le numéro de référence 01-184/ 93. Cet ordre,

3 Général, est émis suite au vôtre et je vous demande de vous concentrer sur

4 le point 4 de l'ordre de Zivko Totic. Au point 4 de son ordre, Totic

5 ordonne à ses troupes de mettre un terme à tous mouvements organisés des

6 forces musulmanes par tous les moyens disponibles. Je cite : "J'interdis

7 par la présente, le mouvement des forces musulmanes par tous les moyens.

8 J'interdis ces mouvements aux individus et aux groupes portant des

9 uniformes de combat. Ils doivent être interceptés et désarmés s'ils

10 contreviennent au présent ordre". Fin de citation.

11 Il s'agit donc, Général, d'un événement tout à fait significatif

12 sur le plan militaire, un ordre de cette nature adressé aux soldats

13 agissant dans la région n'est-ce pas ?

14 M. Blaskic (interprétation). - J'aimerais voir si vous me le

15 permettez, l'ordre que vous m'avez fait remettre.

16 M. Kehoe (interprétation). - Certainement.

17 M. Blaskic (interprétation). - La pièce 660.

18 Cet ordre, le document 660, est la transcription du

19 document 456/6 et s'appuie sur l'ordre du grand quartier général

20 01-66 /93. Totic ordonne l'interdiction de circulation aux forces dont il

21 précise qu'elles se composent d'individus et de groupes. Mais le

22 19 janvier, j'ai parlé avec Dzemo Merdan et je sais qu'à ce moment-là, une

23 dizaine de véhicules, 8 voitures et 2 camions sont passés vers

24 Gornji Vakuf en provenance de Zenica. Donc des véhicules passaient.

25 M. Kehoe (interprétation). – Excusez-moi, Général, je me vois

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1 dans l'obligation de vous interrompre. Ma question était la suivante : le

2 fait de faire passer l'état d'alerte pour vos troupes au niveau maximal,

3 était un événement significatif oui ou non ?

4 M. Blaskic (interprétation). - C'était la fin de votre question,

5 j'ai bien écouté et bien inscrit votre question, il y avait d'abord un

6 commentaire au sujet du point 4 de l'ordre de M. Totic dans votre

7 question, et c'est à cette partie de votre question que je m'efforçais de

8 répondre.

9 Toute élévation de l'état d'alerte constitue bien entendu un

10 événement significatif. Mais, personne n'a eu la volonté de désarmer et

11 lors des réunions que j'ai eues avec mes commandants, je n'ai jamais donné

12 l'ordre de désarmer les membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine. Je

13 parlais tout à l'heure des différents Corps d'armée de l'armée de Bosnie-

14 Herzégovine, je tiens à souligner qu'à cette période, l'armée de Bosnie-

15 Herzégovine avait 261 500 soldats. Il y avait 30 000 soldats dans le

16 3ème Corps d'armée.

17 M. Kehoe (interprétation). – Excusez-moi Général, je vous

18 prierai de bien vouloir vous limiter à la question que je vous ai posée si

19 vous le pouvez.

20 M. Blaskic (interprétation). - Je vous prie de m'excuser,

21 Monsieur le Président, j'aimerais pouvoir terminer ma réponse.

22 M. le Président. - Terminez votre réponse.

23 M. Blaskic (interprétation). - Merci. J'ajouterai que cet ordre

24 était impossible à exécuter en raison précisément du rapport de force

25 numérique. Cet ordre aurait peut-être pu être exécuté dans la zone

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1 opérationnelle du nord-ouest ou du sud-est de l'Herzégovine où le rapport

2 de force était différent, mais dans ma zone opérationnelle, cet ordre

3 était impossible à exécuter, à appliquer dans la pratique.

4 M. le Président. – Simplement, reste la question de savoir… je

5 comprends votre réponse mais la question peut-être se pose de savoir

6 comment peut-on délivrer des ordres que l'on sait inapplicables ?

7 Bien, Monsieur le Procureur.

8 M. Kehoe (interprétation). - Oui, Monsieur le Président.

9 Général, j'aimerais que nous parlions de ce qui s'est passé à Gornji Vakuf

10 le jour où vous avez délivré cet ordre. Je vous fais remettre un autre

11 document, c'est-à-dire un extrait du journal du colonel Stewart le

12 16 janvier.

13 M. Abtahi. - Il s'agit de la pièce de l'accusation 662.

14 M. Kehoe (interprétation). - Général, j'aimerais que nous voyons

15 le deuxième paragraphe entier correspondant aux notes prises le

16 16 janvier 1992, le paragraphe qui mentionne les barrages routiers, qui

17 commence par les mots "le barrage routier".

18 Le colonel Stewart fait référence à un passage par Gornji Vakuf

19 et dit ce qui suit -je cite- : "Le barrage routier situé au bout de la

20 route de montagne était déserté. Nous avons avancé avec précaution mais

21 rapidement vers la base de la compagnie B. J'ai été informé au sujet de la

22 situation. De l'avis de la personne qui me parlait, les combats pouvaient

23 facilement s'aggraver et se poursuivaient. Le HVO avait menacé de réduire

24 à néant Gornji Vakuf si les Musulmans ne reconnaissaient pas que

25 Gornji Vakuf faisait partie de l'Herceg-Bosna. Je crois que le HVO est à

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1 la base de ces problèmes."

2 Alors, en rapport avec ces notes du 16 janvier, j'aimerais

3 appeler votre attention sur le bulletin d'informations militaires du

4 bataillon britannique pour la même journée du 16.

5 M. Abtahi. - Il s'agit de la pièce de l'accusation 663.

6 M. Kehoe (interprétation). - Nous prendrons la deuxième partie

7 du document qui correspond au titre "Gornji Vakuf" et la date du

8 16 janvier 1993, en page 3 du document qui se lit comme suit :

9 "Le colonel Andrejevic(?), commandant de la zone opérationnelle

10 du HVO, a lu le message suivant émanant de son commandant, un général de

11 Mostar :

12 A la conférence de Genève, il a été convenu que toutes les

13 provinces seraient administrées par les groupes ethniques les plus

14 importants dans ces régions.

15 Dans cette région, les Croates...

16 Le HVO et les Croates sont d'accord pour appliquer cet accord.

17 Le HVO demande formellement que toutes les unités de l'armée de Bosnie-

18 Herzégovine retournent aux lieux qui sont les leurs et que toutes les

19 unités de l'armée de Bosnie-Herzégovine de Jajce se retirent de la région.

20 En contrepartie, les Croates et le HVO garantissent que rien

21 n'arrivera à la population musulmane, à l'exception des personnes

22 soupçonnées ou accusées de crimes de guerre. La population musulmane

23 obtiendra l'égalité complète, mais l'armée de Bosnie-Herzégovine doit être

24 subordonnée au HVO.

25 Tous les soldats doivent se retirer et combler leurs tranchées

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1 et tous les barrages doivent être démantelés.

2 Agic, commandant de Brigade, Topcic, commandant de zone, et

3 Pri(?), commandant de la police, doivent être démis de leur commandement.

4 Leur remplacement peut être effectué par le 3ème Corps d'armée de Bosnie-

5 Herzégovine de Zenica.

6 Tous les postes de commandement doivent...

7 Tous les barrages routiers doivent être mixtes comme doivent

8 l'être les patrouilles de police.

9 Gornji Vakuf doit être démilitarisée et personne ne doit porter

10 des armes dans la ville.

11 Les médias bosniaques doivent rendre compte de ce qui précède

12 dans leurs informations.

13 Une liste des commandants doit être remise et il est interdit de

14 mettre le feu à des maisons musulmanes.

15 La frontière avec la Croatie est fermée.

16 Il y a deux brigades du HVO à Prozor qui sont soutenues par des

17 chars et de l'artillerie prêts à avancer sur Gornji Vakuf.

18 Vous avez jusqu'à demain pour accepter tous ces ordres et les

19 exécuter ou vous ferez face aux conséquences. Vous devez envoyer votre

20 réponse par le biais de la Forpronu.

21 Commentaire : l'armée de Bosnie-Herzégovine a déclaré ne pas

22 pouvoir donner son accord à l'ensemble de ces exigences. Le HVO ne semble

23 pas prêt à négocier ces exigences. En conséquence, une escalade du conflit

24 semble inévitable. Fin de commentaire."

25 Alors, Général, ce commentaire précis du colonel Andrejevic de

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1 Gornji Vakuf aux autorités de l'armée de Bosnie-Herzégovine se situe

2 le 16, le jour où vous avez élevé l'état d'alerte dans toutes vos brigades

3 et dans toutes les unités indépendantes de Bosnie centrale.

4 La question que je vous adresse, Général, est la suivante : cet

5 événement, le fait d'élever l'état d'alerte et cet ultimatum du HVO à

6 Gornji Vakuf sont deux événements qui se produisent le même jour. Est-ce

7 une coïncidence ou étiez-vous en communication avec les autorités de

8 Gornji Vakuf ? Et saviez-vous ce que vous faisiez ?

9 M. Blaskic (interprétation). - Mon ordre -comme on le voit très

10 clairement à la lecture du document 456- s'appuyait sur l'ordre délivré

11 par le chef du grand quartier général. J'ai reçu un ordre et voilà l'ordre

12 que j'ai émis suite à la réception de l'ordre reçu.

13 Cependant, selon mon ordre, pas un seul des commandants de

14 brigade placés sous mon commandement n'a désarmé les membres de l'armée de

15 Bosnie-Herzégovine parce que c'était impossible à réaliser. Les événements

16 dont il est question ici se sont... C'est le 3ème Corps d'armée de Bosnie-

17 Herzégovine et les forces du HVO relevant de la zone opérationnelle du

18 nord-ouest de l'Herzégovine qui y participaient.

19 Dans le nord-ouest de l'Herzégovine et dans le sud de

20 l'Herzégovine, le rapport de force entre le HVO et l'armée de Bosnie-

21 Herzégovine était favorable au HVO.

22 La 305ème brigade de montagne de Jajce qui se battait à

23 Gornji Vakuf est une brigade qui est arrivée de Zenica et de Travnik pour

24 arriver à Gornji Vakuf ; ce qui montre bien que nous n'avons pas empêché

25 les mouvements organisés des forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine, à

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1 savoir les forces du 3ème Corps d'armée qui participait au combat à

2 Gornji Vakuf. Cette 350ème brigade est arrivée de Zenica et de Travnik.

3 Dans le bulletin d'information que vous m'avez lu cette brigade

4 se bat à Gornji Vakuf, et le 14 février nous nous sommes mis d'accord pour

5 que cette brigade retourne à Zenica. Nous l'avons fait au cours d'une

6 réunion en présence des Nations Unies et d'ECMM.

7 Je ne comprends toujours pas lorsque vous parlez de barrage

8 routier. Quel est le barrage routier qui a disparu ? Est-ce le barrage

9 routier du HVO ou le barrage routier de l'armée de Bosnie-Herzégovine ? Je

10 parle du passage que vous avez lu en introduction. Parce que à l'entrée de

11 Gornji Vakuf c'est un barrage routier de l'armée de Bosnie-Herzégovine qui

12 existait à Bistrica.

13 M. Kehoe (interprétation). - Parlons de vos contacts avec

14 Gornji Vakuf à l'aide d'un ensemble de rapports de situations qui vous ont

15 été communiqués.

16 M. Abtahi. – Il s'agit de la pièce de l'accusation 664 et 664a

17 pour la version anglaise.

18 M. Kehoe (interprétation). - Général, ce document 664 est un

19 rapport de situation venant de la brigade Ante Starcevic de Gornji Vakuf

20 qui vous est envoyé entre autres, et qui signale la chose suivante : "Ce

21 matin l'ennemi a tenté de mener une attaque d'infanterie de la direction

22 de Voljica vers Galecnica -excusez ma prononciation- vers Podgrade

23 également, attaques qui ont été refoulées.

24 En même temps, l'ennemi "balja" –terme utilisé dans le document-

25 a lancé une attaque d'artillerie vers Tornvaza, Podgrade et dans la zone

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1 également de Ponir Zvizda."

2 Ce terme "balja", bien entendu, est un terme péjoratif désignant

3 les Musulmans, n'est-ce pas Général ?

4 M. Blaskic (interprétation). - Oui, c'est un terme péjoratif

5 pour les Musulmans. J'ai attentivement écouté les dépositions des témoins

6 ici et je sais qu'il disait la même chose, eux. Je sais aussi qu'ils ne

7 disaient pas que c'était moi qui employait ce genre de terme, étant donné

8 que ni oralement, ni par écrit je ne l'ai dit.

9 M. Kehoe (interprétation). - Ce rapport de situation est l'un

10 des rapports parmi tant d'autres que vous avez reçus de Gornji Vakuf au

11 cour du conflit qui se déroulait à Gornji Vakuf. N'est-ce pas exact ?

12 M. Blaskic (interprétation). - J'essayais de me tenir au

13 courant, de rester informé. Je ne sais pas ce que vous voulez dire quand

14 vous dites de "nombreux de document".

15 Ce document a été envoyé le 18 janvier 1993, il a été reçu à

16 23 h 00, alors que le document par le biais duquel j'ai élevé l'état

17 d'alerte, le document 456/6 a été émis le 16 janvier sur la base de

18 l'ordre donné par le chef d'état-major ; c'est l'ordre que j'ai reçu moi-

19 même. Je recevais des rapports mais on ne pourrait pas dire qu'il y en a

20 eu beaucoup. Lorsque vous dites "beaucoup", il peut s'agir de 50 ou

21 de 500.

22 M. Kehoe (interprétation). – Obteniez-vous ces rapports

23 quotidiennement de Gornji Vakuf ? Oui ou non ?

24 M. Blaskic (interprétation). - J'essayais de me tenir informé,

25 mais je ne crois pas que j'ai reçu des informations chaque jour.

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1 Effectivement, je souhaitais connaître les informations. Je souligne,

2 encore une fois, les brigades du 3ème Corps d'armée étaient...

3 M. Kehoe (interprétation). – Général, Général, je dois vous

4 interrompre. Je n'ai plus beaucoup de temps, nous allons passer à un autre

5 de document.

6 M. le Président. – Puis-je vous demander, Général Blaskic,

7 d'essayer si possible d'être plus concis dans vos réponses. N'est-ce pas ?

8 M. Blaskic (interprétation). – Je l'essaie moi-même, Monsieur le

9 Président. Vous savez, j'ai été isolé pendant deux ans, je n'ai

10 pratiquement pas eu de communication avec qui que ce soit. Aussi, il y a

11 beaucoup d'informations et nous passons d'un document à l'autre

12 rapidement.

13 M. le Président. – On comprend très bien, Général Blaskic.

14 Parfois, il y a une surabondance d'explicitations qui, effectivement, font

15 un peu perdre de vue l'essentiel, ce qui est vraiment la question qui est

16 posée, si vous voulez. C'est surtout ça. Il faut toujours vous référer à

17 la question qui vous est posée.

18 Il va de soi que chaque fois que vous avez besoin de faire un

19 commentaire explicatif, les Juges, évidemment vous en donnent la

20 possibilité. Il ne faut pas que cela soit trop au détriment de ce que doit

21 faire l'autre partie, car les Juges ont l'obligation –c'est un devoir pour

22 eux- de faire qu'il y ait une égalité de traitement entre les deux

23 parties, tout en sauvegardant les droits de l'accusé, mais également en

24 vous traitant comme témoin, vous avez aussi des obligations comme témoin.

25 Poursuivons s'il vous plaît.

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1 M. Abtahi. – Il s'agit de la pièce de l'accusation 665 et 665a

2 pour la version anglaise.

3 M. Kehoe (interprétation). - Général, c'est un autre rapport de

4 situation provenant de la brigade Ante Starcevic. Là encore, un exemplaire

5 vous est adressé, il est en date du… ou plutôt, il est envoyé le lendemain

6 du rapport que nous venons juste d'examiner, de la pièce 664.

7 Il est donc exact de dire que les informations que vous recevez

8 de Gornji Vakuf vous sont envoyées de façon plutôt régulière n'est-ce

9 pas ? Oui ou non ?

10 M. Blaskic (interprétation). - Sur la base de cette information,

11 il est clair que ceci se réfère au rapport journalier que j'ai reçu à

12 22 heures 30. Je recevais ce genre d'informations journalières m'informant

13 des événements qui s'étaient déjà produits. Le commandant n'avait pas

14 l'obligation : cela dépendait de sa bonne volonté, s'il m'envoyait ce

15 genre d'information ou pas et cette information couvrait la région de

16 Vitez aussi.

17 M. Kehoe (interprétation). - Général, penchons-nous à nouveau

18 sur la pièce 456 /6, une pièce de l'accusation.

19 Il s'agit de l'ordre demandant l'alerte maximale, ordre du

20 16 janvier 1993.

21 Général, cet ordre comme nous l'avons vu auparavant, place

22 l'information Bruno Busic, l'information Ludvig Pavlovic et l'unité des

23 Vitezovi en état d'alerte maximale. Ma question est donc la suivante :

24 aviez-vous reçu l'ordre de subordination du ministère de la Défense et du

25 chef d'état-major principal, cet ordre visant à placer ces différentes

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1 unités en état d'alerte maximale ?

2 M. Blaskic (interprétation). - Je fais référence à l'ordre donné

3 par l'état-major principal du HVO en date du 15 janvier 1993. Je crois que

4 dans cet ordre, on a traité également le sujet de la subordination de ces

5 unités de Ludvig Pavlovic, Bruno Busic et les Vitezovi. Je ne me souviens

6 pas s'il y a eu un ordre séparé à ce sujet, mais cela faisait certainement

7 partie des ordres donnés par le chef d'état-major principal.

8 M. Kehoe (interprétation). - Quel était l'objectif de l'ordre de

9 subordination que vous avez reçu ?

10 M. Blaskic (interprétation). - C'était l'ordre demandant

11 d'élever le niveau d'alerte et j'ai déjà dit que ceci se référait à toutes

12 les unités, y compris celles qui étaient sous mes ordres. Après avoir

13 effectué le rattachement d'autres unités, vous me demandez ce que cela

14 veut dire. Cela veut dire que j'ai le droit de donner l'ordre à ce genre

15 d'unités et de donner l'ordre concernant les tâches, les devoirs qui sont

16 indiqués clairement dans l'ordre que j'ai reçu. Cela veut dire également

17 que je n'ai aucune compétence en ce qui concerne des mesures

18 disciplinaires et des sanctions.

19 M. Kehoe (interprétation). – Permettez-moi de vous soumettre la

20 pièce 250 de la défense. Je vous renverrai à un point particulier de cette

21 pièce.

22 Avant de parler de la pièce 250, lorsque les brigades des

23 Vitezovi et Ludvig Pavlovic sont allés à Busovaca, dans la seconde moitié

24 de janvier 1993, est-ce que des membres de ces deux formations ont commis

25 des crimes à Busovaca ?

Page 20347

1 M. Blaskic (interprétation). - S'ils ont commis des crimes à

2 Busovaca ?

3 M. Kehoe (interprétation). - Oui. Bien, écoutez, voyons cette

4 pièce 250. Après l'année 1993, descendez jusqu'à la référence qui est

5 faite à l'ordre 2-014 / 93 du 26 janvier 1993. Il est dit qu'une équipe de

6 15 soldats sous le commandement du commandant Berislav Sapina et

7 Dragan Vinac a été envoyée dans la zone de Busovaca. Vous voyez ce

8 passage ?

9 M. Blaskic (interprétation). - Un moment s'il vous plaît. Quelle

10 page ?

11 M. Kehoe (interprétation). - Cherchez le titre qui présente

12 l'année 1993 et je vous renvoie à partir de ce titre au troisième

13 paragraphe qui suit ce titre.

14 M. Blaskic (interprétation). - J'ai trouvé le troisième

15 paragraphe.

16 M. Kehoe (interprétation). – Claudius, dans la version anglaise

17 cet extrait se trouve à la page 4. Merci.

18 Il est dit dans cet extrait que 15 soldats des Vitezovi ont été

19 envoyés dans la région de Busovaca le 26 janvier 1993. Ma question est

20 donc la suivante : lorsque ces soldats se trouvaient à Busovaca, ont-ils

21 commis des crimes ?

22 M. Blaskic (interprétation). - Je n'ai pas ce genre de

23 connaissance, étant donné que le 26 janvier j'ai été coupé à Kiseljak,

24 plus précisément à partir du 25. Je n'étais pas dans la région de Busovaca

25 et je n'ai pas d'information directe quant à la question de savoir s'ils

Page 20348

1 ont commis un crime ou pas.

2 Quant à cette unité spéciale, dans le premier paragraphe, on

3 fait référence à l'ordre donné par l'état-major et ceci indique une chaîne

4 de commandement qui était pour le moins parallèle, si je puis citer ce

5 premier paragraphe. Ce n'est pas moi qui ai donné l'ordre d'envoyer ce

6 groupe de combat à Busovaca.

7 M. Kehoe (interprétation). - Mais avez-vous vous appris, par la

8 suite, que les soldats des Vitezovi qui se trouvaient à Busovaca avaient

9 commis certains crimes tels que le pillage, par exemple, de maisons

10 civiles, de maisons musulmanes, qu'ils y avaient mis le feu également ?

11 M. Blaskic (interprétation). - En ce qui concerne leurs

12 activités, ils ne m'informaient pas directement, étant donné que ce

13 document non plus ne m'a pas été envoyé directement. Et c'est tout

14 simplement au cours d'une réunion à Busovaca, présidée par un observateur

15 européen, que j'ai entendu de la part de Merdan que les membres de

16 Vitezovi résolvaient les problèmes par le biais d'ultimatums. Il n'a pas

17 dit précisément où, ni d'autres détails. A partir du 25 janvier, j'étais à

18 Kiseljak, je parle de l'année 1993.

19 M. Kehoe (interprétation). - Général, lorsque ces soldats se

20 trouvaient à Busovaca et qu'ils commettaient des crimes ou donnaient des

21 ultimatums, ils étaient rattachés à vous n'est-ce pas ?

22 M. Blaskic (interprétation). - Ce n'est pas suite à mon ordre

23 qu'ils ont été envoyés à Busovaca et ceci n'est pas la manière dont nous

24 envoyions les documents à partir du 26 janvier 1993 et ce n'est pas

25 M. Merdan qui a dit directement que ce que sont les Vitezovi qui

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1 résolvaient les problèmes par le biais d'ultimatums à Busovaca. Il parlait

2 en termes généraux. Il s'agit là de deux régions avoisinantes : la région

3 de Vitez et la région de Busovaca, lui parlait de Vitez.

4 M. Kehoe (interprétation). - Général, en fait, vous avez placé

5 les Vitezovi en état d'alerte maximum si l'on regarde la pièce 456/6 de

6 l'accusation. Lorsque ces hommes sont allés à Busovaca à la fin du mois de

7 janvier 1993, ils vous étaient rattachés à ce moment-là, n'est-ce pas ?

8 M. Blaskic (interprétation). - Vous voyez, il y a eu deux

9 activités de combat là. D'un côté, il y a eu le fait de placer les

10 Vitezovi au niveau d'alerte maximale et cela figure dans le

11 document 456/6 ; effectivement je l'ai effectué, moi.

12 Deuxièmement, il y a l'activité de l'envoi des Vitezovi à

13 Busovaca pour mener une opération de combat. Il s'agit de l'exécution de

14 l'ordre de combat ici. Là, c'est une affaire complètement différente. Ici,

15 il est écrit : "Le commandant dit que c'est conformément à l'ordre

16 numéro 2-14/93 en date du 26 janvier 1993".

17 Ce groupe de combat y a été envoyé pour exécuter cet ordre de

18 combat. Ce n'est pas moi qui ai donné l'ordre de combat et ils n'ont pas

19 fait ceci suite à mon ordre, j'ai fait autre chose. J'ai augmenté le

20 niveau d'alerte mais il s'agit là d'une activité différente, de l'activité

21 de combat.

22 Ici, il est mentionné également que le commandant a lui-même

23 reçu l'ordre du chef d'état-major principal. Ceci est clairement indiqué

24 dans le premier paragraphe du document.

25 Si vous me permettez, je vais lire cette partie. On voit que le

Page 20350

1 commandant a reçu deux ordres afin d'élever le niveau d'alerte : d'un

2 côté, l'ordre du chef d'état-major principal et cela s'est produit à mon

3 insu ; et un autre ordre qu'il a reçu de moi. Est-ce que je peux lire ça ?

4 C'est sur la page 3.

5 M. Kehoe (interprétation). - Général, ma question est très

6 simple : vous nous avez expliqué très longuement ce que signifiait le

7 concept du détachement.

8 Alors, ma question est la suivante : les Vitezovi avaient-ils

9 été détachés, placés sous votre commandement. Si c'est le cas, quand et

10 pourquoi ?

11 M. Blaskic (interprétation). - En ce qui concerne l'utilisation

12 de cette unité dans les opérations de combat, tel que l'envoi à Busovaca,

13 il ne m'étaient pas subordonnés, ce n'est pas ce que j'ai demandé.

14 Quant à la question de l'élévation du niveau d'alerte, on voit

15 qu'ils ont dû le faire suite à mon ordre et suite à un autre ordre qu'ils

16 ont reçu. Il faut faire la distinction entre l'ordre demandant l'alerte

17 maximale et l'ordre de combat. Je n'ai pas donné un tel ordre, je n'ai pas

18 donné l'ordre de combat.

19 M. Kehoe (interprétation). - Ma question -je vais la répéter

20 d'ailleurs- ma question est donc la suivante, je vais la lire : les

21 Vitezovi vous étaient-ils rattachés ? Et si c'est le cas, quand ? Et

22 pourquoi ?

23 Nous parlons de janvier 1993 pour que les choses soient tout à

24 fait claires.

25 M. Blaskic (interprétation). - Au mois de janvier 1993, comme je

Page 20351

1 l'ai déjà dit, sur la base des ordres que je recevais du chef d'état-major

2 principal, si dans l'ordre on disait "toutes les unités", ou bien parfois

3 on précisait spécifiquement "y compris les unités spéciales", dans ce cas-

4 là, je donnais des ordres de ce genre, également aux unités spéciales.

5 Cela dit, les Vitezovi avaient leur propre chaîne de

6 commandement, y compris dans le mois de janvier. C'était lié à la fois au

7 département de la Défense et à l'état-major principal.

8 M. Kehoe (interprétation). - Général, excusez-moi, peut-être

9 qu'il y a un malentendu : vous ne comprenez pas bien ma question. Je vais

10 la répéter une fois de plus, c'est la troisième fois cependant.

11 Les Vitezovi vous étaient-ils rattachés ? Et si c'est le cas,

12 quand et pourquoi ? Nous parlons de janvier 1993 afin que tout soit bien

13 clair.

14 M. Nobilo (interprétation). – Monsieur le Président, mon éminent

15 collègue a posé la question trois fois, le témoin a déjà répondu deux

16 fois.

17 Il a répondu très clairement dans quel contexte, dans quelles

18 activités ils étaient subordonnés, dans quelles activités ils n'étaient

19 pas subordonnés.

20 M. le Président. – Il faut bien reconnaître que j'admire le

21 témoin de pouvoir lui-même s'y reconnaître. En plein état de guerre,

22 d'avoir une unité qui lui est rattachée pour lui donner l'état… pour lui

23 ordonner de se préparer de façon maximale au combat et quand elle va au

24 combat, elle ne lui est pas rattachée.

25 Il faut bien reconnaître que vous avez dû avoir de grosses

Page 20352

1 difficultés pour arriver à vous y retrouver. Donc je voudrais peut-être

2 que le Procureur, sans répéter la question de la même façon, essaye de

3 nous aider à y voir clair.

4 Moi, en l'état actuel, le 16 janvier, sur la base d'un ordre du

5 quartier général HVO qui n'est pas tout à fait le même, effectivement que

6 celui qui faisait suite aux conséquences interprétées par le HVO des

7 accords Vance-Owen, je constate que vous avez le droit de donner des

8 ordres de préparation maximale au combat pour toutes les formations, y

9 compris les Vitezovi.

10 Et quand ces formations partent au combat, ce n'est plus vous

11 qui leur donnez des ordres. Je dois reconnaître que cela pose une

12 question. Alors Monsieur le Procureur, essayez peut-être de nous aider à y

13 voir clair en posant une question concrète, ou en vous aidant d'un autre

14 de document. Si vous avez un document qui montre les difficultés de ce

15 commandement, car cela devait être très difficile, peut-être que cela

16 pourrait nous aider. En même temps, cela me permet de prendre en compte

17 l'objection de Me Nobilo ; effectivement la question a été posée trois

18 fois et le témoin y a répondu à peu près de la même façon. Monsieur le

19 Procureur ?

20 M. Kehoe (interprétation). - Oui, Monsieur le Président,

21 consultons le document suivant.

22 M. Abtahi. - Greffier, il s'agit de la pièce de l'accusation 666

23 et 666a pour la version anglaise.

24 M. Kehoe (interprétation). - Général, c'est un ordre très bref

25 de Milivoj Petkovic en date du 19 janvier 1993 adressé à l'unité spéciale

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1 des Vitezovi et à la zone opérationnelle de Bosnie centrale, plus

2 précisément à son commandement.

3 "Ordre : L'unité spéciale des Vitezovi sera rattachée à tous les

4 égards au colonel Tihomir Blaskic. J'interdis tout acte indépendant. Cet

5 ordre restera en vigueur jusqu'à ce qu'il soit modifié par moi.

6 Signé : colonel Milivoj Petkovic."

7 M. le Président. - Il ne suffisait pas de poser trois fois la

8 même question. C'est maintenant qu'on a effectivement peut-être ce qu'on

9 va essayer de savoir. Quelle est votre question, Monsieur le Procureur ?

10 M. Kehoe (interprétation). - La question est la suivante :

11 Général, lorsque vous avez dit aux Juges que les Vitezovi, lorsqu'ils

12 étaient impliqués dans des opérations de combat à Busovaca en

13 janvier 1993, n'étaient pas rattachés à vous, en fait ce n'était pas vrai

14 puisqu'ils étaient bien rattachés à vous. N'est-ce pas exact ?

15 M. Blaskic (interprétation). - En ce qui concerne le

16 rattachement, ceci se fait dans le cadre de chaque opération de combat ou

17 chaque activité séparément. Je suppose qu'en ce qui concerne le

18 rattachement, dans le cadre de ce document, l'ordre est donné pour les

19 empêcher d'agir de leur propre chef. C'est la conséquence du fait qu'ils

20 avaient agi de leur propre chef.

21 Ensuite, il est dit que cet ordre restera en vigueur jusqu'à ce

22 que le chef d'état-major ne change d'avis personnellement.

23 Je répète encore une fois que ce n'était pas moi-même qui était

24 responsable pour leurs actions à Busovaca le 26 janvier 1993, que je

25 n'étais même pas à Busovaca ce jour-là.

Page 20354

1 M. Kehoe (interprétation). - Cet ordre, Général, subordonne les

2 Vitezovi à vous-même à tous les égards. Vous le voyez ? C'est la première

3 ligne.

4 M. Blaskic (interprétation). - Oui mais, ici, on ne parle pas de

5 la période ; on voit que cela commence le 15 janvier, mais on ne voit pas

6 le délai, on ne voit pas la fin.

7 M. le Président. - Je crois que ce n'est peut-être pas la peine

8 de s'attarder. Je crois qu'il faut peut-être passer à un autre document.

9 Je pense que cet ordre... Vous estimez que cela ne concerne pas quoi...

10 Vous pouvez dire ce que cela exclut plutôt. Prenons l'inverse, si vous

11 voulez.

12 Je vous rappelle que cet ordre qui nous est montré vous concerne

13 directement. Vous êtes cité dans cet ordre et, comme le fait observer un

14 de mes collègues, la dernière phrase est très nette. Cet ordre va garder

15 toute sa force jusqu'à ce que le général Petkovic le change.

16 Je veux bien que les mots aient une signification très

17 différente ; les Juges ne sont peut-être pas des experts militaires, mais

18 alors à ce moment-là, je retourne la question : qu'est-ce qui ferait que

19 les Vitezovi ne vous soient pas rattachés, si vous voulez ?

20 Je préférerais retourner la question à ce moment-là : qu'est-ce

21 qui fait que les Vitezovi ne vous soient pas rattachés par M. Petkovic ?

22 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, il

23 pourrait y avoir deux solutions : d'un côté, que cet ordre concernant le

24 rattachement était lié à une certaine tâche spécifique et, après avoir

25 accompli la tâche, le rattachement s'arrête et les Vitezovi se séparent.

Page 20355

1 Deuxième explication : par la suite, l'ordre a été donné par

2 M. Petkovic abolissant le rattachement.

3 Il y a donc deux solutions possibles. Si le rattachement portait

4 sur une activité précise, tout de suite après l'activité, l'unité spéciale

5 regagnerait son statut normal.

6 Si l'on examine le document 250 plus en détail, je pense qu'il

7 est possible de voir là également qu'il y a des périodes très courtes dans

8 lesquelles une unité est rattachée, et ensuite elle perd ce rattachement.

9 M. le Président. - Nous ne sommes pas ici à l'école de guerre.

10 On ne fait pas des hypothèses. Je vous rappelle que les Juges, eux,

11 n'étaient pas là au moment des événements.

12 Vous me dites : "Il pourrait y avoir des solutions." Je ne peux

13 pas trop rentrer dans ce raisonnement. On n'est pas en train de parler

14 d'un jeu spéculatif pour savoir quelle est la signification qu'on peut

15 donner. C'est vous qui êtes concerné directement. Si vous n'avez pas

16 d'autres réponse et c'est votre réponse, je propose qu'on passe à un autre

17 document à moins que le Procureur ait une autre question.

18 Monsieur le Juge Shahabuddeen a une question.

19 M. Shahabuddeen (interprétation). - Avant de passer à un autre

20 document, Général, permettez-moi de vous poser la question suivante : les

21 Vitezovi se trouvaient à Busovaca et ils étaient engagés dans certaines

22 opérations à la date du 26 janvier. C'est bien exact ?

23 M. Blaskic (interprétation). - Sur la base de ce document, je

24 vois que tel a été le cas, Monsieur le Juge.

25 M. Shahabuddeen (interprétation). - Alors, si le 27 janvier, le

Page 20356

1 Général Petkovic vous avait demandé un rapport portant sur les actes, les

2 activités des Vitezovi, lui auriez-vous répondu : désolé, ils ne sont pas

3 placés sous mon commandement ?

4 M. Blaskic (interprétation). - Si le général Petkovic m'a donné

5 des instructions pour une action concrète dans le cadre de laquelle les

6 Vitezovi m'étaient rattachés, dans ce cas-là, je lui aurais envoyé un

7 rapport opérationnel concernant cette action, y compris concernant les

8 activités de l'unité de Vitezovi.

9 Cela dit, si l'unité ne m'était pas rattachée, je l'aurais

10 informé seulement sur la base des informations que je recevais dans le

11 cadre du rapport opérationnel ; j'aurais ajouté que cette unité agit de

12 manière indépendante ou de son propre chef ou conformément à une autre

13 tâche reçue, étant donné que c'est indiqué dans ce document que l'unité

14 devait aller à Stolac en octobre 1992 suite à l'ordre reçu du ministre de

15 la Défense, M. Bruno Stojic, alors que Stolac se trouve au sud de

16 l'Herzégovine.

17 A l'époque, je ne savais même pas que l'unité y allait. J'avais

18 besoin de soldats pour Jajce. Cette unité y est allée non pas suite à mes

19 ordres.

20 M. Shahabuddeen (interprétation). – Général, dois-je vous

21 comprendre ainsi : outre l'ordre du général Petkovic du 19 janvier, il

22 aurait dû vous faire parvenir un autre document qui aurait été alors un

23 ordre de détachement portant sur l'opération spécifique de Busovaca, avant

24 que vous puissiez considérer détenir une certaine autorité sur les

25 Vitezovi, dans le cadre de cette opération.

Page 20357

1 Est-ce bien ce que vous dites ? que vous aviez besoin d'un autre

2 document ?

3 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Juge, lorsqu'on

4 demande le détachement d'une unité, normalement il s'agit d'une action,

5 d'une activité précise, donc d'une mission militaire. On précise

6 clairement le début et la fin de ce détachement. Le début commence avec la

7 réception de l'ordre, alors que la fin -et après la fin de la mission ou

8 après la fin de l'opération s'il s'agit d'une opération de grande

9 envergure- et après cela, le détachement s'arrête et l'unité regagne son

10 statut normal.

11 Ceci est semblable dans chaque armée du monde. Pendant la

12 période du détachement, l'unité ne perd pas toute son indépendance. Celui

13 sous les ordres de qui l'unité est placée, a des compétences limitées. Il

14 a le droit d'utiliser cette unité dans le cadre des opérations de combat.

15 Si, par exemple, j'avais planifié une opération de combat le 26 janvier,

16 je me serais adressé au général de brigade Petkovic pour lui demander de

17 me détacher l'unité de Vitezovi afin de s'acquitter de cette tâche

18 particulière. Cela dit, je ne l'ai pas demandé le 26 janvier.

19 M. Shahabuddeen (interprétation). – Je fais de mon mieux pour

20 vous suivre dans votre raisonnement. Dois-je comprendre la chose

21 suivante : le 26 janvier, les Vitezovi étaient libres d'agir en toute

22 indépendance par rapport à vous dans le cadre de toute activité exécutée

23 par eux à Busovaca ?

24 M. Blaskic (interprétation). – Je sais que personnellement,

25 étant donné que je passais mon temps à Kiseljak, je n'ai pas donné l'ordre

Page 20358

1 à Vitezovi d'agir dans la région de Busovaca.

2 Cela dit, je n'affirme pas avec certitude que les Vitezovi n'ont

3 pas reçu un ordre d'une autre instance, étant donné que dans le

4 rapport 250, nous voyons des références à plusieurs ordres : des ordres

5 émis par l'état-major, par le ministère de la Défense, par les zones

6 opérationnelles de la Bosnie centrale, etc.

7 M. Shahabuddeen (interprétation). - Je vais vous dire ce qui me

8 pose problème, à ce stade : je lis la première ligne de cet ordre du

9 19 janvier 1993. Je vois que les Vitezovi vous sont rattachés ou

10 réaffectés à tous les égards, dans tous les domaines.

11 A la deuxième ligne, je lis que le général Petkovic interdit

12 tout acte indépendant. Sans doute tout acte indépendant de la part des

13 Vitezovi.

14 Ceci montre qu'ils ne devaient, maintenant, agir que vis-à-vis

15 de vous et qu'ils étaient dépendants de vous.

16 M. Blaskic (interprétation). - Ce que j'ai dit, c'est que durant

17 cette période, on aurait dû avoir au moins 300 policiers bien formés afin

18 d'empêcher ce genre d'unité d'agir sur leur propre initiative.

19 Effectivement c'est ce qui figure dans cet ordre, mais la situation sur le

20 terrain était tout à fait différente. Encore une fois, je le dis, je ne me

21 souviens plus quelle était la raison pour laquelle ils m'étaient détachés,

22 est-ce que c'était le fait effectivement qu'ils agissaient de leur propre

23 chef, étant donné qu'il y a eu le plus d'incidents à Vitez et à

24 Novi Travnik où les unités spéciales étaient extrêmement fortes. D'après

25 nos rapports, c'étaient eux les auteurs de plusieurs de ces incidents, et

Page 20359

1 que c'est eux qui ont provoqué la plupart de ces incidents. Je suppose que

2 c'est afin d'améliorer la situation de sécurité et l'ordre public dans

3 cette région que cet ordre a été donné, mais je crois aussi qu'il a été

4 très difficile de mettre en œuvre cet ordre. Mais de toute façon, je n'ai

5 jamais demandé qu'on me donne l'ordre, le 26 janvier, que les Vitezovi me

6 soient détachés afin de mener une opération de combat avec eux.

7 M. le Président. - S'il n'y a pas d'autres questions Monsieur le

8 Procureur, poursuivez.

9 M. Kehoe (interprétation). - Général ce même jour, le jour

10 pendant lequel vous avez reçu cet ordre de subordination du

11 Général Petkovic, je vous renvoie notamment à la pièce 250 et je vous

12 invite à consulter ce qui est dit, eu égard à la date du 19 janvier 1993.

13 Il est dit la chose suivante : "Le 19 janvier 1993, l'unité spéciale des

14 Vitezovi et l'unité Ludvig Pavlovic sont engagées dans une activité de

15 reconnaissance et de collecte d'informations sur le mouvement des forces

16 musulmanes."

17 Etait-ce là votre ordre ? Est-ce votre ordre que les unités

18 suivaient et si ce n'est pas le cas, qui leur a ordonné de participer à

19 des opérations de reconnaissance et de collecte d'informations sur le

20 mouvement de soldats musulmans ?

21 M. Blaskic (interprétation). - Je ne me souviens pas qui a émis

22 cela, mais, le document 250 ne m'a pas été adressé à moi, mais à l'état-

23 major principal du HVO, mais dans l'ordre donné le 16 janvier 1993, l'état

24 d'alerte a été élevé et dans ces paragraphes, il est fait référence dans

25 le point 8, qu'il faut empêcher l'entrée de toute personne etc., donc

Page 20360

1 peut-être le niveau de surveillance et d'attention a été élevé. Je ne me

2 souviens plus si c'est moi qui ai donné cet ordre là ou pas.

3 M. Kehoe (interprétation). - Général, je vous demande de revenir

4 à la pièce de l'accusation 558 s'il vous plaît.

5 Il s'agit de l'ordre de Bruno Stojic du 15 janvier 1993.

6 Au point 3 de cet ordre de Bruno Stojic, il est dit la chose

7 suivante : "Les membres des unités du HVO et de ses forces armées et de

8 l'armée de Bosnie-Herzégovine auquel il est fait référence au point 2 de

9 cet ordre qui refuseront de quitter la région et de reconnaître le

10 commandement supérieur, seront considérés comme étant membres d'unités

11 paramilitaires et seront désarmés et arrêtés".

12 Au nombre 7, on voit que le délai à respecter pour l'exécution

13 de cet ordre est 19 heures le 20 janvier 1993.

14 Ce délai de 19 heures le 20 janvier 1993 est fixé, et la menace

15 est proférée d'arrêter les soldats musulmans qui ne se soumettraient pas

16 au commandement du HVO.

17 Avec ce délai et cette menace donc, vous vous préparez, par le

18 biais de l'ordre ordonnant certaines activités de reconnaissance, au

19 combat n'est-ce pas ?

20 M. Blaskic (interprétation). - Je l'ai déjà dit, cet ordre a été

21 reçu aussi par l'armée de Bosnie-Herzégovine et il est certain que cet

22 ordre a provoqué de grandes tensions.

23 Deuxièmement, j'ai déjà dit que je n'ai pas donné l'ordre de

24 désarmer les membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine et que personne n'a

25 procédé à ce désarmement suite à mes ordres, suite aux ordres que j'ai

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1 donnés à mes commandants de brigade, étant donné que je n'ai pas donné ce

2 genre d'ordre.

3 En ce qui concerne le rapport entre l'armée de Bosnie-

4 Herzégovine et le HVO, les membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine

5 étaient beaucoup plus nombreux, donc ce n'était pas possible pour moi de

6 désarmer une force de 200 000 soldats et est-ce que je peux examiner cet

7 ordre qui figure dans le document 658, l'ordre du 15 janvier ?

8 M. Kehoe (interprétation). - Tout à fait.

9 M. Blaskic (interprétation). - S'il vous plaît, est-ce que je

10 peux avoir l'ordre du chef d'état-major principal en date du 15 janvier ?

11 M. Kehoe (interprétation). - C'est le document 659. Monsieur le

12 greffier, peut-on donner le document 659 au témoin. Merci.

13 M. le Président. – 659, c'est bien l'ordre du Général Petkovic,

14 Monsieur le Procureur ?

15 M. Kehoe (interprétation). - Oui effectivement, Monsieur le

16 Président, 558 étant l'ordre du ministre Bruno Stojic.

17 M. Blaskic (interprétation). - Dans le point 7 du document 659,

18 l'on parle également du fait qu'il est nécessaire d'entamer des

19 discussions avec le commandement de l'armée de Bosnie-Herzégovine et de

20 trouver les meilleures solutions afin de créer des commandements

21 conjoints.

22 En ce qui concerne le délai, il y est mentionné, mais pour

23 autant que je sache, cela était reporté de quelques jours, donc ceci ne

24 s'est pas produit vraiment le 21 mais un peu plus tard.

25 Cela dit, malgré tout cela, ce n'est pas moi qui ai donné

Page 20362

1 l'ordre à mes commandants de commencer à désarmer les membres de l'armée

2 de Bosnie-Herzégovine, étant donné qu'en Bosnie centrale, nous étions

3 David face à eux. Ils étaient beaucoup plus importants, beaucoup plus

4 nombreux pour que l'on puisse procéder à ce genre d'action de manière

5 responsable, alors que ce rapport n'était pas le même en Herzégovine du

6 nord-ouest et sud-est.

7 M. Rodrigues. - Est-ce que vous avez informé le Général Petkovic

8 de ce que vous venez de dire, donc des difficultés ou de l'impossibilité

9 d'exécuter cet ordre dans votre zone opérationnelle ?

10 M. Blaskic (interprétation). - En ce qui concerne le rapport des

11 forces, en général et en ce qui concerne de nombreux détails….

12 M. Rodrigues. - Est-ce que vous avez informé le général Petkovic

13 de vos difficultés, de l'impossibilité d'exécuter cet ordre selon les

14 raisons que vous venez de dire ?

15 . Blaskic (interprétation). – Je l'ai informé, lui disant que

16 j'allais convoquer une réunion et que j'attendais de recevoir un nouvel

17 ordre m'expliquant comment exécuter son ordre et selon l'automatisme, je

18 n'ai pas pu exécuter son ordre.

19 M. le Président. – Poursuivez.

20 M. Kehoe (interprétation). – Général, continuons notre

21 chronologie. Le 16 janvier, vous placez toutes ces unités en état d'alerte

22 maximale, le 19 janvier, les Vitezovi vous sont subordonnés à tous les

23 égards. Le 19 janvier, les Vitezovi se lancent dans des activités de

24 reconnaissance et le 20 janvier, c'est le délai qui est fixé pour le

25 désarmement des Musulmans de l'armée de Bosnie-Herzégovine dans votre

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1 région. Il est plutôt clair, Général, et il est assez clair, que dès

2 le 19, vous vous préparez à des opérations de combats qui doivent

3 commencer le 20, n'est-ce pas ?

4 M. Blaskic (interprétation). – Ici, on ne parle pas du tout des

5 opérations de combat. Il est dit qu'avant le 20, il faut procéder au

6 détachement des deux côtés, donc du côté de l'armée et du HVO. Et le

7 troisième Corps d'armée était déjà engagé dans les combats. Notre problème

8 c'était qu'avec cet ordre, on jetait de l'huile sur le feu. Cela faisait

9 monter des questions et cela créait de nouvelles difficultés dans la zone

10 opérationnelle. Or, il n'y a pas eu de préparation pour les combats, pour

11 les participations au combat.

12 M. Kehoe (interprétation). - Mais pour poursuivre la question

13 posée par le Juge Rodrigues, avez-vous dit à votre commandant,

14 Milivoj Petkovic que vous n'alliez pas désarmer les soldats de l'armée de

15 Bosnie-Herzégovine dans votre région et que vous n'alliez pas non plus les

16 arrêter s'ils refusaient de déposer les armes ? Lui avez-vous dit cela ?

17 M. Blaskic (interprétation). – J'ai dit tout à l'heure que suite

18 à cet ordre, j'ai convoqué une réunion et que j'ai informé aussi le

19 général du fait que j'allais convoquer une réunion et que j'attendais

20 l'accord entre les deux chefs d'état-major, donc que j'attendais que le

21 général Petkovic et que le général Halilovic se mettent d'accord en ce qui

22 concerne la manière dont cet ordre devait être exécuté.

23 Pour moi, du point de vue du rapport des forces, il n'était pas

24 possible d'exécuter cet ordre.

25 M. Kehoe (interprétation). – Mais, Général, avez-vous des

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1 documents venant étayer la thèse selon laquelle vous avez effectivement

2 informé le général Petkovic que vous ne pouviez pas exécuter son ordre du

3 15 janvier ? Avez-vous un quelconque de document venant étayer cette

4 hypothèse ?

5 M. Blaskic (interprétation). – Je n'ai pas de documents ici,

6 mais cela a dû être envoyé dans le cadre du rapport opérationnel pour ce

7 jour et puis j'espère que le général Petkovic témoignera ici et j'espère

8 qu'il pourra dire plus de choses à ce sujet.

9 Mais je sais qu'il y a eu un compte rendu concernant ce document

10 et concernant la réunion que j'ai eue avec tous les commandants. Je peux

11 aussi citer l'heure et la date de cette réunion pendant laquelle nous

12 avons discuté de ce document pour savoir comment attendre, comment ne pas

13 exécuter tout de suite cet ordre, étant donné que dans la situation dans

14 laquelle nous étions, il n'était pas possible d'exécuter l'ordre.

15 M. Kehoe (interprétation). - Voyons s'il vous plaît une autre

16 référence faite aux événements du 19 janvier. Là encore, c'est un extrait

17 du journal du lieutenant-colonel Stewart.

18 M. Blaskic (interprétation). – La réunion avec mes commandants

19 de brigade concernant cet ordre a eu lieu le 16 janvier 1993 à 12 h.

20 M. Abtahi. – Il s'agit de la pièce de l'accusation 667.

21 M. Kehoe (interprétation). - Général, il s'agit à nouveau d'un

22 document en anglais, je vais vous le lire et plus particulièrement le

23 premier paragraphe où il est fait référence au mardi 19 janvier, merci.

24 "Mardi 19 janvier, la situation devient plutôt complexe en ce

25 moment. Le HVO

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1 semble menacer de lancer une attaque totale à Gornji Vakuf et d'étendre le

2 conflit jusqu'ici. Enver Hadzihasanovic, commandant du 3ème Corps de

3 l'armée de Bosnie-Herzégovine m'a demandé instamment d'aller chercher

4 Merdan à Gornji Vakuf et j'ai accepté de le faire. Il a été ramené grâce à

5 une escorte et un Warrior ce matin et signale que le HVO a miné la route

6 pendant la nuit, ce qui est faux entre parenthèses.

7 Les gens disent maintenant qu'il y a un délai et que la violence

8 doit commencer dans la région de Vitez également, ce délai étant minuit ce

9 soir." (Fin de citation).

10 Mais en fait, ce délai était fixé au 20, n'est-ce pas, Général ?

11 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Président, Messieurs

12 les Juges, depuis assez longtemps, j'entends ces rapports concernant la

13 situation à Gornji Vakuf, mais je ne peux dire que la chose suivante : je

14 n'ai pas d'informations plus directes que celles qui sont basées sur les

15 rapports opérationnels journaliers, mais je peux dire tout simplement que

16 la situation de Gornji Vakuf et la situation à la fin du HVO et de l'armée

17 de Bosnie-Herzégovine à Gornji Vakuf étaient bien différentes par rapport

18 à la situation des deux camps en Bosnie centrale, étant donné que le HVO

19 représentait la majorité à Gornji Vakuf alors qu'il se trouvait dans une

20 situation inférieure en Bosnie centrale.

21 Si vous parlez de la violence, elle existait des deux côtés.

22 L'armée de Bosnie-Herzégovine ne nous a pas permis d'envoyer nos équipes

23 de relève sur les lignes de front face aux Serbes, par exemple, c'est un

24 moment où de nombreux barrages routiers sont érigés. Je croyais

25 personnellement que nous aurions le plus de problèmes à Novi Travnik et à

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1 Vitez, mais nous avons réussi à stabiliser la situation à Novi Travnik et

2 à Vitez.

3 M. Kehoe (interprétation). – Dois-je poursuivre, Monsieur le

4 Président ?

5 M. le Président. - Vous avez encore cet aspect-là ou vous avez

6 encore beaucoup de documents, Monsieur le Procureur ?

7 M. Kehoe (interprétation). – Non, pas sur ce document. J'allais

8 passer à un autre

9 document, Monsieur le Président, je n'avais plus de questions sur celui-

10 là.

11 M. le Président. - Dans ces conditions, nous allons lever nos

12 travaux et je vous propose de les reprendre demain matin à 10 heures.

13 (L'audience est levée à 17 heures 30.)

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