Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL                          AFFAIRE N° IT-95-14-T

  2   POUR L'EX-YOUGOSLAVIE  

  3   Mercredi 12 mai 1999

  4  

  5   L'audience est ouverte à 10 heures 05.

  6   M. le Président. - Monsieur le greffier, veuillez faire entrer

  7   le témoin.

  8   Le témoin est introduit dans la salle d'audience.

  9   M. le Président. - Je salue les Interprètes.

 10   Les interprètes. -  Bonjour, Monsieur le Président.

 11   M. le Président. - Je tiens à vous dire que ce n'est pas dû à

 12   une fébrilité des Juges ce claquement sur la porte de trois coups

 13   impératifs, c'est notre huissier qui n'était pas habitué à frapper les

 14   trois coups comme au théâtre.

 15   Je salue les conseils de l'accusation et je salue les conseils

 16   de la défense. Je salue également notre témoin qui est le Général Blaskic

 17   qui comparait toujours  comme témoin.

 18   M. Nobilo (interprétation). - Monsieur le Président, si je puis

 19   me permettre, hier nous avons reçu les documents 666 et 666a puis après un

 20   débat général, nous les avons examinés de plus près, et nous nous sommes

 21   rendu compte qu'il y avait une erreur de fond dans la traduction. Je vous

 22   en donne un exemple : dans le titre, nous lisons : "la subordination de

 23   l'unité spéciale des Vitezovi". Or, dans l'original Croate, c'est le mot

 24   "rattachement" ou "détachement" qui est utilisé, ce qui correspond en

 25   anglais…


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  1   J'entends que l'interprétation est erronée, donc je répète: la

  2   traduction en anglais utilise le terme "subordination" qui veut dire en

  3   français "subordination", or, le mot qui

  4   traduirait le mot utilisé en Croate doit être en anglais le mot

  5   "attachement", qui veut dire "rattachement". Je pense qu'il s'agit d'une

  6   différence tout à fait significative. D'ailleurs nous pouvons poser la

  7   question au Général Blaskic pour lui demander à quoi tient cette

  8   différence.

  9   D'autre part, dans le corps du texte, on trouve le mot croate

 10   "prête peau ce qui n'y a vannier" qui devrait être traduit en anglais par

 11   "attachment", or c'est le mot "reassigned" qui est utilisé

 12   "réaffectation", "réaffecté". Je considère que le mot "reassigned" ne rend

 13   pas compte du concept exprimé par le terme croate "pretpotcinjanavanje"

 14   qui signifie en français "détachement" ou "rattachement".

 15   Puisqu'il s'agit d'un aspect tout à fait majeur du texte, je

 16   propose que ce texte soit donné à traduire une nouvelle fois et s'il est

 17   nécessaire d'éclaircir cette différence entre les termes "attached",

 18   "reassigned" et "subordination" en anglais, peut-être peut-on poser des

 19   questions au Général Blaskic pour lui permettre de confirmer, mais les

 20   différences sur le plan militaire entre ces termes.

 21   Les interprètes qui traduisent ici connaissent très bien la

 22   différence entre ces termes, mais je pense qu'ils sont plus au courant des

 23   faits que les traducteurs qui traduisent par écrit.

 24   M. le Président. - Avant de demander au Général Blaskic, parce

 25   que des explications sur "l'attachement" et le "rattachement", vous savez


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  1   que le Général Blaskic a eu l'occasion de s'expliquer très longuement sur

  2   le "rattachement" et "détachement".

  3    Je vais donner la parole au bureau du Procureur, je me permets

  4   de signaler simplement que ce texte a été lu par votre client hier, et

  5   qu'il n'y avait…il l'a lu en serbo-croate lui, donc il a interprété comme

  6   étant que les Vitezovi lui étaient rattachés, si j'ai bien compris,

  7   Maître Nobilo ?

  8   M. Nobilo (interprétation). - C'est exact oui. Je me rappelle

  9   les débats qui se sont déroulés dans ce prétoire et d'ailleurs

 10   l'interprétation était bonne dans le prétoire, c'est pourquoi

 11   nous n'avons pas eu de remarques, mais c'est une pièce à conviction et

 12   dans un mois ou deux,

 13   nous ne nous rappellerons pas ce que le témoin a dit par oral, nous nous

 14   rappellerons ce qui est écrit dans le texte. Donc je propose que l'on

 15   redonne le texte à traduire pour que ce qui est écrit soit exact.

 16   M. le Président. - Je voudrais simplement faire observer qu'hier

 17   à la suite d'une question posée par le Juge Shahabuddeen, le Général à

 18   confirmé que de toute façon il fallait toujours un ordre de rattachement

 19   pour qu'il est la pleine autorité hiérarchique. Donc, je suppose que là,

 20   il avait non  seulement… je dirai même que le rattachement est encore plus

 21   formel. Cela est tant je voudrais entendre les explications de M. Kehoe et

 22   puis si c'est nécessaire nous redonnerons à la traduction bien entendu le

 23   document, mais je retiens que pour l'instant, la défense souhaite que le

 24   mot serbo-croate soit bien le mot "rattachement". Alors, Monsieur Kehoe,

 25   quel est votre point de vue sur la question, s'il vous plaît ?


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  1   M. Nobilo (interprétation). - Oui, Monsieur le Président, mais

  2   la différence est tout à fait fondamentale entre le concept de

  3   rattachement et de subordination. C'est une différence de fond, une

  4   différence tout à fait fondamentale. Les compétences du colonel Blaskic

  5   étaient différentes lorsque l'unité lui était rattachée que lorsqu'elle

  6   lui était subordonnée. C'est une différence de fond.

  7   M. le Président. - Je suis tout à fait d'accord que c'est une

  8   différence de fond. Je vous rappelle que pendant très longtemps, le

  9   général Blaskic nous a dit que s'agissant d'Ahmici, cela lui avait été

 10   rattaché juste le 16 avril à 11 heures 42 et que donc parce que cela lui

 11   avait été rattaché, les Vitezovi n'étaient rattachés qu'à 11 heures 42 le

 12   16 avril, ils ne s'estimaient pas responsables de ce qui s'était passé le

 13   16 avril entre 5 heures 30 du matin et 11 heures 42.

 14   Je voudrais que le Procureur donne son avis, s'il vous plaît.

 15   M. Kehoe (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président,

 16   bonjour, Messieurs les Juges. Bien entendu, je suis dans la même situation

 17   que vous, Monsieur le Président,

 18   Messieurs les Juges, je ne parle pas la langue de l'original. Ce texte a

 19   été traduit par la section officielle de traduction du Tribunal pénal

 20   international pour l'ex-Yougoslavie, pas par une section de traduction de

 21   la défense ou du Procureur. C'est une section de traduction du Tribunal.

 22   S'il y a donc une différence dans la traduction, puisque nous sommes tous

 23   en quête de la vérité, je prierai simplement M. le Greffier de retourner

 24   le document à la section de traduction pour que les traducteurs puissent

 25   revoir ce document et, si quelque chose ne va pas avec ce document, je


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  1   suppose que tout ce que nous désirons tous ici, c'est un document aussi

  2   précis et fidèle que possible.

  3   M. le Président. - Je crois qu'il n'y a aucun problème, nous

  4   redonnerons le problème à la traduction, Maître Nobilo.

  5   M. Hayman (interprétation). - Nous pensons que vous, Monsieur le

  6   Président, Messieurs les Juges, avez besoin de savoir ce qui est écrit

  7   dans ce document et vous avez besoin de le savoir aujourd'hui avant que

  8   les questions ne continuent à être posées au témoin. Nous avons des

  9   interprètes experts ici dans les cabines, nous pouvons lire les mots et

 10   demander aux interprètes de les traduire, de les interpréter.

 11   Si ces mots disent "subordination", qu'ils disent

 12   "subordination", s'ils signifient "rattachement" ou "détachement", nous

 13   les entendrons nous dire ce que signifient ces termes. Je pense que les

 14   Juges ont besoin de le savoir aujourd'hui, pendant les débats

 15   d'aujourd'hui.

 16   (Les juges se consultent sur le siège.)

 17   M. le Président. – Les Juges ont décidé que le document va être

 18   lu lentement par Me Nobilo. La traduction va nous être assurée

 19   immédiatement ce qui nous permettra de continuer le contre-interrogatoire.

 20   Merci.

 21   Alors Me Nobilo, vous reprenez le document dans son intégralité

 22   et je demande, bien entendu, au service d'interprétation d'être tout

 23   particulièrement vigilant ; mais ils le sont toujours au demeurant. Merci.

 24   M. Nobilo (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

 25   Eh bien je vais le lire. Le titre se lit comme suit, en en tête


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  1   nous avons : "République de Bosnie-Herzégovine".

  2   Donc, en en-tête nous lisons : "République de Bosnie-

  3   Herzégovine, communauté croate de Herceg-Bosna, conseil de défense

  4   croate."

  5   Ensuite, en haut, à gauche : "Grand quartier général", ligne en

  6   dessous numéro de référence : 01-93/93, ligne en dessous : "Mostar,

  7   19 janvier 1993".

  8   En haut, à droite, nous lisons les mots : "Défense, lignes

  9   inférieures, secret militaire, lignes inférieures strictement

 10   confidentielles."

 11   L'objet du document est : "Rattachement de l'unité spéciale des

 12   Vitezovi à l'attention -nous voyons à droite à qui ce document est

 13   adressé- à la zone opérationnelle de Bosnie centrale et à l'unité spéciale

 14   des Vitezovi."

 15   Ensuite nous avons le titre, ordre et nous lisons le corps du

 16   texte comme suit, je cite : "L'unité spéciale des Vitezovi est rattachée

 17   en tous points au colonel Tihomir Blaskic. J'interdis quelque action

 18   individuelle. Le présent ordre reste en vigueur jusqu'à sa modification

 19   par moi.

 20   Chef du grand quartier général du HVO de la communauté croate de

 21   Herceg-Bosna, Brigadir -en croate- Milivoj Petkovic, signature."

 22   M. le Président. – Bien, Monsieur Kehoe, avez-vous des questions

 23   à reprendre à l'intention du témoin à partir du changement de

 24   terminologie, rattachement ?

 25   M. Kehoe (interprétation). - En temps utile, Monsieur le


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  1   Président, pas maintenant. Je vais interroger le témoin au sujet de ce

  2   document en temps utile, je reviendrai sur ce sujet à ce moment-là.

  3   M. le Président. – Très bien. Alors veuillez poursuivre sur les

  4   autres thèmes que vous vous étiez proposé de traiter ce matin.

  5   M. Kehoe (interprétation). - Merci, Monsieur le Président. Je

  6   vous redis bonjour Monsieur le Président, Messieurs les Juges.

  7   M. le Président. – Pardon, Monsieur le Juge Rodrigues veut poser

  8   une question.

  9   M. Rodrigues. - Excusez-moi Maître Nobilo, mais je crois que le

 10   terme que nous avons dans le document subordination, je crois qu'il n'a

 11   pas été traduit. Si je regarde le transcript, nous avons passé Vitezovi

 12   PPN through orders et je crois que le terme qui était en cause

 13   subordination, je crois que ce mot n'a pas été traduit. Je ne sais pas.

 14   M. Hayman (interprétation). – Monsieur le Juge, si je puis me

 15   permettre d'interrompre, j'écoutais les interprètes qui parlaient anglais,

 16   et mon confrère n'a rien entendu du tout puisqu'il lisait le serbo-croate.

 17   M. Nobilo a lu les mots : "unités spéciales Vitezovi", ensuite

 18   il a lu le mot dans l'original serbo-croate qui se trouve en dessous, qui

 19   a été traduit en anglais par attachment. Maintenant, je ne sais pas quelle

 20   était l'interprétation française, je ne l'écoutais pas et je ne peux pas

 21   avoir la présomption de traduire moi-même. Peut-être est-ce attachement,

 22   je ne sais pas.

 23   M. Rodrigues. – Merci, excusez-moi.

 24   M. le Président. – En français c'était traduit attachement.

 25   Monsieur le Juge Shahabuddeen ?


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  1   M. Shahabuddeen (interprétation). - Général, j'ai entendu

  2   l'interprète qui parlait anglais et qui a utilisé le terme, l'expression :

  3   "J'interdis toute action à leur initiative".

  4   Alors, le général Petkovic écrit cela dans un ordre. Cela ne

  5   signifie-t-il pas à vos yeux, vous qui êtes officier et commandant, que

  6   les Vitezovi n'avaient pas le droit d'utiliser la force armée quelles que

  7   soient les circonstances, à leur propre initiative. C'est-à-dire avant que

  8   vous n'ayez approuvé cette action au préalable.

  9   M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Juge, dans l'ordre

 10   relatif au rattachement, la chaîne de commandement direct est préservée eu

 11   égard aux Vitezovi. Elle part du grand qu0artier général ou du ministère

 12   de la Défense.

 13   Pour ce qui me concerne, le droit qui m'est accordé ne consiste

 14   qu'à utiliser cette unité dans des opérations de combat. Mais je ne me

 15   vois pas accorder quelque autre compétence, c'est-à-dire que je ne peux

 16   pas remplacer ces hommes, je ne peux pas les punir. Mais, les Vitezovi me

 17   sont rattachés. Cela étant, ils peuvent encore recevoir des ordres de leur

 18   commandant direct, c'est-à-dire du grand quartier général ou du ministère

 19   de la Défense. C'est-à-dire que la structure à laquelle ils appartiennent

 20   n'est pas modifiée.

 21   M. Shahabuddeen (interprétation). - J'essaie de vous suivre

 22   parfaitement bien. C'est pourquoi je vous demande si, suite à ce que vous

 23   venez de dire, je suis autorisé à penser qu'en raison de l'ordre du

 24   général Petkovic, les Vitezovi pouvaient agir en application de vos

 25   instructions et qu'ils pouvaient aussi agir en application des


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  1   instructions du ministère dont ils dépendaient. Mais, suis-je autorisé à

  2   penser que ce qu'il n'avait pas le droit de faire, c'était d'agir de façon

  3   totalement indépendante, sur leur propre initiative. Est-ce une bonne

  4   interprétation ?

  5   M. Blaskic (interprétation). - Oui, Monsieur le Juge, si on lit

  6   bien cet ordre et qu'on agit en rapport avec cet ordre, les Vitezovi ne

  7   pouvaient pas agir de façon indépendante mais, dans le document 250, nous

  8   voyons les Vitezovi envoyer des informations au sujet de leurs, actions

  9   notamment en page 4, ils envoient ces informations au chef du grand

 10   quartier général et à leur supérieur au sein du ministère de la Défense.

 11   C'est un rapport en date du 15 mars qui porte le numéro de

 12   référence 2-109/93.

 13   Je ne sais pas si le commandant des Vitezovi a reçu ces

 14   instructions pour agir dans le cadre de la défense du ministère de la

 15   Défense ou du grand quartier général mais, normalement, il aurait du

 16   recevoir ces instructions de ces deux instances.

 17   Enfin, ce qui est important, c'est que la structure, la chaîne

 18   hiérarchique qui existait

 19   par le passé n'est pas modifiée par cet ordre de rattachement.

 20   M. Shahabuddeen (interprétation). - Permettez-moi de vous poser

 21   encore une question : avant donc de vous voir octroyer une certaine

 22   autorité par l'ordre du général Petkovic, les Vitezovi étaient

 23   exclusivement sous le commandement du ministère, n'est-ce pas ?

 24   M. Blaskic (interprétation). - Sous le commandement du ministère

 25   ou du grand quartier général, je ne sais pas exactement quels étaient les


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  1   rapports entre le ministère et le grand quartier général mais, quoi qu'il

  2   en soit, c'est de ces instances que relève leur chaîne de commandement

  3   direct.

  4   M. Shahabuddeen (interprétation). - Pendant la période qui a

  5   précédé votre arrivée sur les lieux, y a-t-il eu une situation dans

  6   laquelle les Vitezovi étaient habilités à agir en toute indépendance,

  7   c'est-à-dire sur leur initiative individuelle, sans obtenir l'agrément

  8   préalable d'un organe supérieur ?

  9   M. Blaskic (interprétation). - Si nous lisons le document 250,

 10   nous voyons que les Vitezovi se réfèrent à de très nombreux ordres. Il

 11   s'agit parfois d'ordres émanant des commandants des Vitezovi et, en

 12   d'autres circonstances, d'ordres émanant du grand quartier général ou du

 13   ministère de la Défense. Je ne sais pas si, dans tous les cas, le

 14   commandant des Vitezovi informait ses supérieurs directs de ses intentions

 15   ou s'il ne le faisait pas. Moi, il ne m'en informait pas. Il est arrivé

 16   par exemple que l'unité aille à Stolac et j'apprenais ce fait quelques

 17   jours plus tard au retour de cette unité.

 18   Maintenant, est-ce qu'il y avait ou pas commandement de telle ou

 19   telle instance, je ne sais pas, car je ne faisais pas partie de cette

 20   chaîne de commandement.

 21   M. Shahabuddeen (interprétation). - Mais alors, quelle doit être

 22   la conclusion que je dois tirer ? Dois-je conclure qu'avant votre arrivée

 23   sur la scène des événements, les Vitezovi avaient le droit ou n'avaient

 24   pas le droit d'agir sur leur propre initiative, c'est-à-dire sans

 25   l'accord, l'agrément d'une instance ou d'un organe supérieur ?


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  1   M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Juge, j'ai déjà dit

  2   que je ne faisais pas partie de cette chaîne de commandement. Je n'ai donc

  3   aucune précision au sujet de ce que vous me demandez. J'ai appris parfois

  4   après des activités de leur part qu'ils avaient agi, mais est-ce qu'ils

  5   agissaient de façon indépendante ou pas ? Je ne le sais pas parce qu'y

  6   compris l'ordre que j'ai entre les mains à présent, je ne l'ai pas reçu

  7   d'eux. Ils l'ont envoyé à leur supérieur. Maintenant, les conséquences de

  8   leurs ordres étaient-elles des conséquences d'agissements indépendants ou

  9   les conséquences d'ordres qu'ils avaient reçus, je n'ai pas d'informations

 10   à ce sujet, car ils avaient leur propre chaîne hiérarchique, filière

 11   hiérarchique.

 12   M. Shahabuddeen (interprétation). - Je vous pose cette question

 13   en raison des mots utilisés par le général Petkovic qui dit : "J'interdis

 14   toute espèce d'action indépendante", ce qui à mon avis implique qu'avant

 15   cette date, les Vitezovi avaient la possibilité d'agir sur leur propre

 16   initiative.

 17   M. Blaskic (interprétation). - Je sais que nous avons eu des

 18   problèmes sur le front de Travnik face à l'armée de la Republika Srpska,

 19   des problèmes liés à certaines de leurs observations qui se terminaient

 20   souvent par des coups de feu et des actions intempestives.

 21   Mes hommes se plaignaient à moi de cela, mais le commandant des

 22   Vitezovi me répondait toujours, lorsque je lui en parlais, qu'il agissait

 23   sur ordre de ses supérieurs. Le 6 juin, je crois même qu'il a envoyé un

 24   rapport écrit au commandement de la zone opérationnelle en déclarant qu'il

 25   était autonome, indépendant et qu'il avait compétence pour agir sur


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  1   l'ensemble du territoire de la Bosnie centrale mais, moi, je n'étais pas

  2   en capacité de vérifier si telles étaient bien ses compétences, si ces

  3   activités étaient le fruit d'ordres reçus par le commandant de l'unité ou

  4   pas, mais j'ai eu souvent à me heurter à ce genre d'agissements.

  5   M. Shahabuddeen (interprétation). - Merci, Monsieur le Général.

  6   M. le Président. - Merci, le Juge Shahabuddeen.

  7   Général Blaskic, les questions du Juge Shahabuddeen m'en ont

  8   évoqué quelques-unes puisque ce document est un document majeur.

  9   Ma première question est très courte et vous allez m'y répondre

 10   de façon très brève, j'espère. Est-ce que vous considérez cet ordre comme

 11   clair ou est-il ambigu pour vous, quand vous l'avez reçu, bien sûr ?

 12   M. Blaskic (interprétation). - Vraiment, j'ai du mal à me

 13   rappeler le moment exact où je l'ai reçu mais, à mes yeux, cet ordre est

 14   clair, si l'on comprend bien le sens accordé au terme attachment.

 15   M. le Président. – Donc pour vous, c'est clair. Si c'est clair,

 16   vous le considérez dans sa totalité très clair. Lorsqu'on vous dit que les

 17   Vitezovi sont rattachés dans toutes les matières et que, par ailleurs, on

 18   interdit toutes autre actions aux Vitezovi, on doit en conclure y compris

 19   les actions de combat ?

 20   M. Blaskic (interprétation). - Président, si le chef du grand

 21   quartier général avait l'intention de mettre à ma disposition, de façon

 22   tout à fait stricte, les Vitezovi, il aurait écrit qu'il me subordonnait

 23   cet homme ; ce qui aurait pour conséquence que j'aurais toutes compétences

 24   sur les Vitezovi, mais avec un ordre de rattachement je n'avais pas toutes

 25   les compétences.


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  1   M. le Président. – Vous vous souvenez que pour Ahmici vous avez

  2   dit que les Vitezovi vous avaient été rattachés vous le 16 avril à

  3   11 heures 42.

  4   Pardon ?

  5   Ah, c'est la police militaire, il me semblait que c'étaient les

  6   Vitezovi. C'était la police militaire, peut-être ?

  7   M. Blaskic (interprétation). - Il s'agissait de la police

  8   militaire.

  9   M. le Président. – Il me semble que mesure le plan de la

 10   subordination hiérarchique cela revenait au même, puisque la police

 11   militaire restait pour vous subordonnée au ministère de la Défense, il me

 12   semble. C'est à cette occasion-là, en tout cas, je m'en souviens, que vous

 13   nous avez parlé beaucoup de la notion de rattachement.

 14   M. Blaskic (interprétation). - Oui, j'en ai parlé, j'ai dit que

 15   la ligne de commandement et de contrôle n'était pas modifiée ; c'est-à-

 16   dire que la structure interne de hiérarchie directe reste la même. Moi je

 17   ne reçois une unité que pour me rendre certains services.

 18   M. le Président. – Nous y reviendrons, je suppose, lorsque nous

 19   parlerons d'Ahmici et de la police militaire.

 20   Mais je vous pose la question : quand vous avez reçu cet ordre,

 21   est-ce que pour vous, vous avez eu besoin, vous avez éprouvé le besoin de

 22   demander des commentaires au général Petkovic ?

 23   M. Blaskic (interprétation). - Je suis vraiment incapable de me

 24   rappeler exactement les circonstances ainsi que mes réactions à cet ordre.

 25   Je ne me rappelle pas si j'en ai parlé avec le général Petkovic ou pas.


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  1   M. le Président. – Ma dernière question c'est : lorsque le

  2   général Petkovic vous envoie cet ordre tel qu'il est rédigé, est-ce qu'il

  3   ne vous met pas, en quelque sorte, en situation, ne vous met-il pas en

  4   situation de surveiller ou d'exercer un certain contrôle sur les

  5   Vitezovi ?

  6   M. Blaskic (interprétation). - Je ne reçois pas toutes les

  7   compétences du point de vue du commandement grâce à cet ordre. Je pouvais

  8   affecter les Vitezovi à des activités de combats, mais ces soldats de

  9   l'unité des Vitezovi, même après l'obtention de cet ordre, je ne pouvais

 10   pas les remplacer au les punir.

 11   M. le Président. – Avez-vous transmis cet ordre au commandant

 12   des Vitezovi ?

 13   M. Blaskic (interprétation). - Non, je ne le lui ait pas envoyé

 14   car lui aussi, Monsieur le Président, je crois qu'il avait reçu cet ordre

 15   puisqu'il devait l'appliquer.

 16   M. le Président. – Vous concevez peut-être, quand même, que dans

 17   la mesure où le généra Petkovic vous rattache les Vitezovi, il n'eut pas

 18   été complètement absurde de faire un ordre de deux lignes pour rappeler

 19   aux Vitezovi qu'ils vous étaient désormais rattachés ?

 20   Et vous n'avez pas pensé que c'était nécessaire ?

 21   M. Blaskic (interprétation). - Dans ma  chronologie, j'ai la

 22   description de toutes les actions que j'ai entreprises pour entrer en

 23   contact avec le commandement des Vitezovi. Dans ma chronologie, j'ai des

 24   notes à cet égard pour le jour d'avant : j'ai eu une rencontre le

 25   21 janvier au cours de laquelle j'ai demandé à contacter le commandant des


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  1   Vitezovi ; c'est écrit dans mes notes. Mais souvent, il ne me répondait

  2   pas.

  3   M. le Président. – L'expression : "j'interdis quelque action

  4   individuelle" comprend les actions de combat ? Vous en êtes d'accord ?

  5   M. Blaskic (interprétation). - Je suis d'accord avec le fait que

  6   c'est bien ce qui est écrit dans ce texte et que les actions de combat

  7   sont comprises.

  8   M. le Président. – Si vous estimez qu'ils ne vous sont pas

  9   subordonnés… si vous estimez que les Vitezovi ne vous sont pas

 10   subordonnés, et si vous estimez en même temps que les Vitezovi ne peuvent

 11   pas accomplir une action de combat, je vous pose la question : pourquoi

 12   M. Petkovic vous a envoyé cet ordre qui finalement ne sert à rien ?

 13   Pourquoi on vous rattache les Vitezovi en fin de compte ?

 14   M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Président, j'ai

 15   entendu une interprétation différente dans les deux cas. J'ai déjà dit que

 16   j'étais incapable de me rappeler exactement dans quelles circonstances ce

 17   document m'est parvenu, mais je suppose que c'était au moment ou l'état

 18   d'alerte était intensifié. Cela dit, je vois que les Vitezovi ont reçu un

 19   ordre direct du Général Petkovic leur demandant d'intensifier l'état

 20   d'alerte. C'est ce que l'on voit très clairement à la lecture du

 21   document 250.

 22   Les Vitezovi ne m'ont jamais été subordonnés mais ils m'ont été

 23   rattachés.

 24   M. le Président. - Quand vous avez reçu cet ordre, est-ce que

 25   vous vous êtes posé la question de savoir à quoi cela allait vous servir.


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  1   Si vous êtes logique avec vous mêmes cela ne vous servait à

  2   rien, quel était l'intérêt qu'on vous rattache les Vitezovi ?

  3   Dans votre conception, cela ne sert à rien ?

  4   M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Président, Messieurs

  5   les Juges, cela me donnait de toute façon l'ordre de régler les abus des

  6   Vitezovi sur le front de Travnik qui se produisaient assez souvent. Je

  7   pense que c'était cela le motif, parce que mes soldats, mes hommes se

  8   plaignaient souvent de ce qui se passait sur ce front fasse aux Serbes.

  9   M. le Président. - Nous sommes 6 ans après, moi je pose la

 10   question au moment où vous avez reçu cet ordre, si vous êtes logique avec

 11   vous même. La logique du colonel Blaskic qui reçoit cet ordre, votre

 12   logique, M. Petkovic me rattache les Vitezovi, il interdit toute action de

 13   combat, cet ordre reste valable. Votre logique c'est de dire  : mais ils

 14   peuvent quand même continuer à recevoir des actions de combat sans m'en

 15   parler. Et toujours dans votre logique, vous n'éprouvez pas le besoin de

 16   demander au général Petkovic des commentaires, parce que vous êtes sûr de

 17   votre interprétation. Ma question je la répète  : à quoi sert un ordre

 18   comme celui-là, à quoi vous servent les Vitezovi ?

 19   M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Président je vais

 20   m'efforcer de répondre à votre question. D'abord j'ai dit que je

 21   supposais, autrement dit que je n'étais pas certain sur ce plan, parce que

 22   pas mal de temps s'est écoulé et il y a eu de grandes différences qui ont

 23   surgi. Donc, je pense, je suis même profondément convaincu suite à la

 24   lecture des notes que j'ai prises et des nombreuses plaintes que j'ai

 25   reçues quand au comportement de ces soldats.


Page 20383

  1   S'agissant maintenant des actions de combat si nous lisons le

  2   document 250, nous voyons bien que les Vitezovi étaient affectés à des

  3   actions de combat et qu'ils avaient conservé leur structure hiérarchique

  4   générale dépendant du ministère de la Défense et du grand quartier général

  5   tout le temps, mais si c'était moi qui les avais affectés à des actions de

  6   combat, je suppose qu'ils m'en auraient informé, or ils en informaient le

  7   grand quartier général et le ministère de la Défense.

  8   Ensuite si j'avais eu un pouvoir de commandement, eh bien, ces

  9   hommes ne faisaient que créer des problèmes et moi ce que j'ai demandé

 10   c'est qu'ils soient démantelés à Mostar et qu'ils rendent des services à

 11   ceux qui les avaient formés.

 12   Donc je me suis posé de nombreuses questions. J'ai passé un an a

 13   tenter de modifier cette structure de commandement et les Vitezovi sur mon

 14   initiative sont devenus la troisième brigade des gardes.

 15   M. le Président. – Général Blaskic, vous dites vous mêmes que

 16   vous vous êtes posée des questions, vous ne saviez finalement pas à quoi

 17   servait ce rattachement.

 18   M. Blaskic (interprétation). – J'ai dit de façon très précise

 19   mais peut-être n'avez vous pas entendu une bonne interprétation Monsieur

 20   le Président, j'ai dit que je ne savais pas à quoi servaient les Vitezovi

 21   et que c'était une façon de détruire la structure des forces armées.

 22   M. le Président. - Si le 19 janvier, vous ne savez pas vous,

 23   colonel Blaskic à quoi sert une unité de combat qui vous est rattachée et

 24   que quand même vous ne posez aucune question au général Petkovic,

 25   éclairez-moi, il y a quelque chose qui m'arrête quand même.


Page 20384

  1   M. Blaskic (interprétation). – Oui, je le ferai très volontiers,

  2   je l'expliquerai très volontiers Monsieur le Président. Dans le document

  3   que j'ai rédigé en septembre 1992, je demande que cette unité particulière

  4   soit définie du point de vue de sa composition et de sa structure. Donc je

  5   l'ai déjà fait en septembre 1992, pourquoi ? Parce que c'était une unité

  6   qui a été créée sur la base d'une unité du HOS de la région de Zenica,

  7   Travnik et Novi Travnik et cette unité à conservé son indépendance, son

  8   autonomie elle était totalement indépendante de moi en tant que

  9   commandant.

 10   Au lieu que mon initiative soit acceptée, et que soit créée une

 11   unité sur le front, ils ont simplement reçu d'autres insignes et un

 12   pouvoir encore plus grand que ce qu'ils avaient lorsqu'ils étaient

 13   simplement une unité spéciale. Donc leur compétences ont été accrues et

 14   mon initiative n'a pas été satisfaite. Je crois qu'à la lecture de mon

 15   document de septembre 1992, on voit que leur statut et leur structure, je

 16   demande qu'elle soit clarifiée.

 17   M. le Président. - Vous m'inquiétez davantage Général Blaskic.

 18   Vous dites vous-même qu'en septembre 1992, vous vous posez des questions

 19   sur les Vitezovi. Le 19 janvier 1993, vous recevez un ordre vous les

 20   rattachant.

 21   Je vous prends un exemple pédagogique si vous voulez. Il y a,

 22   mettons, un mauvais juriste au Tribunal pénal international, un juriste

 23   qui n'est pas très bon, qui fait ce qu'il veut. Bien. On me le rattache en

 24   janvier 1999 et, en même temps, on me dit, le greffe me dit : "Je lui

 25   interdis de faire tout travail juridique." C'est l'équivalent juridique du


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  1   combat. Un juriste est fait pour faire du droit et une unité Vitezovi est

  2   faite pour faire du combat. Il me semble que si dès septembre 1992, je

  3   m'étais posé des questions sur ce juriste, quand on me l'aurait rattaché,

  4   quand le greffier m'aurait dit : "Monsieur Jorda, ce juriste est à vous,

  5   mais je lui interdis de faire tout travail juridique", il me semble quand

  6   même que j'aurais dit à Mme le Greffier : "Quand même je suis un peu

  7   inquiet, que voulez-vous que j'en fasse de ce juriste ? A quoi va-t-il me

  8   servir ? Il est fait pour faire du droit, vous lui interdisez de faire du

  9   droit, vous me le rattachez.", et votre réponse qu'en septembre 1992, vous

 10   vous posez des questions sur les Vitezovi m'amène à vous demander comment

 11   vous n'avez pas posé des questions plus clarificatrices au

 12   général Petkovic à ce moment-là. Or vous me dites que cet ordre pour, vous

 13   éclair. Il est clair, il n'est pas ambigu.

 14   M. Blaskic (interprétation). – Je ne peux que souhaiter d'avoir eu des

 15   compétences et des pouvoirs mêmes approximativement semblables aux

 16   possibilités qu'offre ce Tribunal international. Je ne me suis pas posé la

 17   question en septembre 1992, j'ai envoyé cette question à mes supérieurs,

 18   mais il y a eu un autre problème. Le problème était lié à la question de

 19   savoir qui a créé un tel système, une telle structure des forces armées.

 20   Nous avons vu que le ministère de la Défense donnait les ordres à chaque

 21   policier sur le point de contrôle. Nous avons vu cela dans le document

 22   hier, dans le document N° 8. Il s'agit donc du problème de la structure et

 23   de la question de savoir qui a créé une telle structure, et la conséquence

 24   de mon initiative qui a eu lieu un peu plus tard était le démantèlement de

 25   cette unité.


Page 20386

  1   M. le Président. - Je vous remercie. Je passe la parole au

  2   Juge Rodrigues.

  3   M. Rodrigues. - Général, j'ai aussi une question : pour vous, il

  4   y a quelque différence entre  -je travaille avec le texte anglais, je ne

  5   sais pas si je vais compliquer la vie aux interprètes-... Y a-t-il une

  6   différence entre "shall be reassigned in all matters" et seulement "shall

  7   be reassigned".

  8   M. Blaskic (interprétation). - Mes compétences de commandement

  9   sont les mêmes si on utilise le terme "rattachement". Donc si on indique

 10   le terme "rattachement", c'est comme cela que j'agis. Cela veut dire que

 11   je peux donner des tâches de mener des opérations de combat à cette unité.

 12   Je peux l'utiliser, mais je ne peux pas procéder à d'autres mesures, par

 13   exemple, remplacer le commandant, sanctionner les membres, des choses

 14   semblables alors que si ces unités m'avaient été directement subordonnées,

 15   dans ce cas là j'aurais pu le faire.

 16   M. Rodrigues. - Ma question suivante est la même : pourquoi le

 17   brigadier Petkovic a dit "rattachement pour toutes les matières" ?

 18   Pourquoi "pour toutes les matières" ?

 19   M. Blaskic (interprétation). - J'ai dit que je ne pouvais pas

 20   vraiment me souvenir de toutes les circonstances et je ne peux pas savoir

 21   en ce moment à quoi il pensait au moment où il rédigeait cet ordre. Je

 22   peux faire un commentaire personnel, mais peut-être ceci ne correspondra

 23   pas entièrement à ce que le général Petkovic avait dans la tête.

 24   M. Rodrigues. - Je crois que je peux conclure que pour vous,

 25   c'est la même chose de dire "rattachement" seulement ou "rattachement pour


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  1   toutes les matières". Pour vous, c'est la même chose ?

  2   M. Blaskic (interprétation). - Si l'on émet un ordre de

  3   rattachement, j'ai le même niveau de compétence de commandement. Je n'ai

  4   pas plus de compétence si l'on écrit simplement "rattachement" ou

  5   "rattachement dans toutes les matières".

  6   M. Rodrigues. - Une autre question : est-ce que vous avez reçu à

  7   d'autres occasions d'autres ordres de rattachement ?

  8   M. Blaskic (interprétation). - Oui, je recevais des ordres de

  9   rattachement, il y a eu de telles situations où j'ai reçu des ordres de

 10   rattachement. J'ai également reçu des ordres de subordination directe, il

 11   y a eu également ce genre d'activités. Donc tout cela dépendait de la

 12   situation pendant ma période.

 13   M. Rodrigues. - Dans les autres ordres que vous avez reçus,

 14   quels ont été les termes utilisés ? Vous vous souvenez de cela ?

 15   M. Blaskic (interprétation). - La plupart, il s'agissait

 16   d'expressions. C'est ainsi que nous communiquions dans le cadre des

 17   ordres. Il y a eu deux termes qu'on utilisait : soit le terme de

 18   "rattachement" -telle ou telle unité était rattachée-, ce genre

 19   d'expressions.

 20   M. Rodrigues. - L'expression plus fréquente était donc

 21   "rattachement" seulement.

 22   M. Blaskic (interprétation). - Si l'on parle de l'activité de

 23   rattachement -par exemple, telle ou telle unité va vous être rattachée

 24   pour une telle mission ou pour une telle opération- alors que si l'on

 25   parlait de la subordination, dans ce cas-là, l'ordre serait envoyé


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  1   indiquant qu'une telle unité allait être subordonnée à un tel commandant,

  2   par exemple, le commandant de la zone opérationnelle.

  3   M. Rodrigues. - Pour terminer, Général Blaskic, était-il

  4   possible que le brigadier Petkovic pourrait dire ici dans cet ordre que

  5   les Vitezovi vous étaient rattachés pour une action précise et

  6   déterminée ?

  7   M. Blaskic (interprétation). - C'est possible. C'était le cas

  8   concernant une activité précise. Je n'ai pas le document sous mes yeux,

  9   donc je ne peux pas le lire en ce moment, mais ceci se fait par exemple

 10   pour une activité ou pour une action ou pour une opération. Par exemple,

 11   s'il est nécessaire de déplacer les unités d'un endroit à l'autre, ou bien

 12   il faut tendre un piège ou s'occuper des activités de reconnaissance,

 13   n'importe quelle activité. Si l'on parle donc d'une seule action, on

 14   utilisera le terme rattachement étant donné que le rattachement se termine

 15   avec la fin de l'action et l'unité retrouve sa situation préalable en ce

 16   qui concerne le commandement et le contrôle.

 17   M. Rodrigues. - Donc on peut dire qu'il y avait un rattachement

 18   général pour toutes les actions, c'est pour cela que le brigadier Petkovic

 19   a dit que cet ordre se maintenait en vigueur jusqu'au moment où lui,

 20   personnellement, disait le contraire. C'est pour cela donc ?

 21   M. Blaskic (interprétation). - Oui, c'est ce qu'il à écrit dans

 22   son ordre, que l'ordre allait rester en vigueur jusqu'au moment où il

 23   m'informerait, soit moi ou le commandant des Vitezovi, du changement de la

 24   situation.

 25   En principe, il devait informer tous les deux étant donné qu'il


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  1   est obligé.

  2   M. Rodrigues. – Merci pour cet éclaircissement.

  3   M. le Président. – Pardon, juste une seconde. Je voudrais que

  4   les interprètes prennent la pièce 657.

  5   Est-ce que les interprètes l'auraient encore cette pièce 657 en

  6   serbo-croate ?

  7   Interprète (interprétation). – Non, Monsieur le Président.

  8   M. le Président. – Peut-être que Me Nobilo va m'aider, avant de

  9   redonner la parole au Procureur.

 10   C'est un ordre signé… non ce n'est pas un ordre, c'est une

 11   décision signée "Prlic", je crois, Monsieur le Procureur.

 12   M. Kehoe (interprétation). – Oui, effectivement, Jadranko Prlic

 13   qui était président du HVO.

 14   M. le Président. – Là, j'ai besoin des interprètes pour le

 15   serbo-croate.

 16   Interprète (interprétation). – Nous avons besoin du texte,

 17   Monsieur le Président.

 18   M. le Président. – On va vous donner le texte, sinon Me Nobilo

 19   va vous le traduire. Je voudrais savoir si nous ne nous trompons pas

 20   également sur un autre texte, et ceci dans l'intérêt de la vérité.

 21   Dans la pièce de l'accusation 657… y êtes-vous Maître Nobilo ?

 22   M. Nobilo (interprétation). – Oui, Monsieur le Président. Je

 23   vois de quoi vous parlez. Ici, la traduction est bonne. Dans le point 2,

 24   ils ont utilisé le mot subordinated.

 25   M. le Président. – Vous allez plus vite que ma question. Mais


Page 20390

  1   mon observation est une observation sur le serbo-croate, donc c'est avec

  2   beaucoup de modestie et d'humilité, évidemment, que je me tourne vers

  3   Me Nobilo et vers les interprètes.

  4   J'ai observé que dans la traduction du point 2, il y a un terme

  5   qui semble avoir la même racine : potcinavajou, comment… excusez-moi.

  6   Interprète (interprétation). – Potcinjavanje.

  7   M. le Président. – Est-ce la même racine que le terme que nous

  8   retrouvons dans l'ordre du général Petkovic ?

  9   Interprète (interprétation). – Absolument, la racine est la même

 10   mais la traduction est différente en anglais et en français.

 11   M. Nobilo (interprétation). – Monsieur le Président, peut-être

 12   je peux expliquer le mot subordinated correspond au mot croate :

 13   potcinjavanje, donc subordination et le mot pret correspond au mot croate

 14   pretpotcinjavanje. Il s'agit d'une combinaison de deux mots : pret et

 15   pocinjavanje.

 16   M. le Président. – Et ceci me paraît très intéressant vis-à-vis

 17   du témoin, évidemment. Donc, le préfixe pot introduit la notion de

 18   subordination alors que le préfixe pret dans l'ordre introduit plutôt la

 19   notion de rattachement. Est-ce que c'est cela ? Les interprètes peuvent-

 20   elles me confirmer ?

 21   Interprète (interprétation). – Il y a le préfixe pret en plus de

 22   pot. Donc pret-pot-cinjavanje.

 23   M. Nobilo (interprétation). - On peut expliquer comme cela : le

 24   nom de base est potcinjavanje, et avec le préfixe pret, nous arrivons au

 25   mot pretpotcinjavanje qui a un autre sens, celui du rattachement.


Page 20391

  1   M. le Président. – Alors nous sommes bien d'accord que

  2   pretpotcinjavanje -excusez-moi- veut bien dire rattachement. C'est la

  3   traduction française qui disait dans le document 657 que les unités

  4   passées sous le contrôle correspond bien à ce terme ?

  5   Interprète (interprétation). – Oui.

  6   M. le Président. – Je demanderai que le service de traduction,

  7   Monsieur le Greffier, apporte au Tribunal comme pièce supplémentaire toute

  8   une traduction de tous ces termes autour des notions de rattachement du

  9   contrôle de la subordination.

 10   Monsieur le Greffier vous voyez ce que je veux dire ? Et vous le

 11   demanderez officiellement au service de traduction pour les Juges.

 12   M. Abtahi. – Oui Monsieur le Président.

 13   M. le Président. – Bien, merci. J'ai fini mon cours de serbo-

 14   croate ; je remercie beaucoup les interprètes.

 15   Interprète (interprétation). – Je vous en prie.

 16   M. le Président. – Monsieur le Juge Shahabuddeen, avez-vous une

 17   autre question à poser ?

 18   M. Shahabuddeen (interprétation). – Oui. Général Blaskic, c'est

 19   une demi question que je souhaiterais vous poser, sur un document très

 20   bref. Je ne pense pas que je vais aborder un quelconque problème de

 21   traduction, problème que pose ce document.

 22   Ma question est autre : ce document a été signé par le général

 23   Petkovic. Il se décrit comme étant chef du HVO, conseil croate de défense

 24   grand état-major. Pourriez-vous nous dire quel pouvoir détenait le général

 25   Petkovic pour délivrer un tel document ? Ou pour être plus précis, avez-


Page 20392

  1   vous compris son ordre de la façon suivante, à savoir que les Vitezovi

  2   étaient déjà une partie intégrante du HVO s'intégrant dans la structure de

  3   commandement du HVO dont il était chef d'état-major ?

  4   M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Juge, je sais que

  5   cette structure a été modifiée plusieurs fois, donc il s'agissait d'une

  6   structure assez dynamique, cependant, je crois que le général Petkovic

  7   avait des compétences reçues soit du ministère de la Défense ou bien du

  8   commandant suprême de commander ou bien de commander pendant une certaine

  9   période ces unités. Mais je sais que les membres de ces unités ont conclu

 10   des accords avec le ministère de la Défense. Ils recevaient leurs

 11   équipements et tout le reste, directement du ministère de la Défense, y

 12   compris leur paie, leur salaire.

 13   En ce qui concerne les compétences du général Petkovic d'être au

 14   commandement de ces unités, et en ce qui concerne les périodes où le

 15   ministre de la Défense avait ce genre de compétence, je ne peux pas vous

 16   dire plus de détails : lequel était compétent à quel moment. Mais je peux

 17   voir que sur la base du document 250 -et cela me surprend un peu- je vois

 18   que le général Petkovic donne l'ordre, le 14 octobre, pour que les unités

 19   aillent sur la ligne de front. Alors que le ministère de la Défense donne

 20   un ordre disant que les unités doivent retourner plus tard de la ligne du

 21   front.

 22   Pour moi, il aurait été plus logique que la même personne donne

 23   les deux ordres concernant l'envoi et le retour des unités de la ligne du

 24   front. Mais probablement cela veut dire qu'il y a eu deux autorités

 25   enchevêtrées.


Page 20393

  1   M. Shahabuddeen (interprétation). - Merci.

  2   M. le Président. – Sur ce document qui est effectivement

  3   important, Monsieur Kehoe, je vous demande de reprendre le cours soit sur

  4   ce document selon votre bon vouloir, selon ce que vous voulez faire.

  5   M. Kehoe (interprétation). – Oui, Monsieur le Président. A la

  6   lumière des questions posées par les Juges, j'aimerais moi-même poser

  7   certaines questions liées à certains points abordés par MM les Juges.

  8   M. le Président. – Vous êtes libre de votre contre-

  9   interrogatoire, mais je pense que cela serait plus logique que vous

 10   poursuiviez à partir notamment des questions posées par mes collègues et

 11   moi-même. Donc nous vous écoutons.

 12   M. Kehoe (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

 13   Général, le Juge Rodrigues vous a posé une question portant sur

 14   les raisons qui ont motivé le rattachement des Vitezovi à vous. Vous vous

 15   en souviendrez sans doute, hier, nous avons dit que l'ordre prévoyant que

 16   des soldats musulmans se subordonnent au HVO devait être respecté au plus

 17   tard à 19 heures, le 20 janvier 1993. Je vous renvoie au document 658 dont

 18   a parlé le Juge Jorda.

 19   M. Blaskic (interprétation). - Si je puis, étant donné que

 20   j'avais tout à l'heure entre les mains la décision de M. Jadranko Prlic,

 21   le Président du Gouvernement, est-ce que je peux réexaminer ce document ?

 22   M. Kehoe (interprétation). - Bien sûr, Général.

 23   Monsieur le Greffier, il s'agit de la pièce 658 s'il vous plaît.

 24   M. le Président. – J'avais cité 657, Monsieur le Procureur et

 25   pas 658.


Page 20394

  1   M. Kehoe (interprétation). – Oui, effectivement. Je me suis

  2   trompé, Monsieur le Président, excusez-moi.

  3   Au paragraphe 3 de la pièce 658, Général, il est demandé une

  4   nouvelle subordination et des sanctions en cas de refus face à cette

  5   nouvelle subordination. Il est dit que les unités qui se refuseront à

  6   exécuter cet ordre seront considérées comme des unités paramilitaires et

  7   seront désarmées et arrêtées ; le délai de respect de cet ordre est fixé

  8   au paragraphe 7, dans cet ordre de M. Stojic, ce délai étant 19 heures le

  9   20 janvier 1993.

 10   Général, avec ces informations, vous pensiez que

 11   Milivoj Petkovic avait connaissance de l'ordre de son supérieur,

 12   Bruno Stojic, lorsqu'il a donné l'ordre de subordination des Vitezovi qui

 13   devait vous être donné ; la pièce 666.

 14   M. le Président. – "Rattachement" Monsieur Kehoe.

 15   M. Kehoe (interprétation). - Excusez-moi, effectivement

 16   rattachement, excusez-moi.

 17   La pièce 666. Je ne suis pas très rapide, je dois dire.

 18   Vous avez compris ma question, Général ?

 19   M. le Président. – Prenez votre temps Général.

 20   M. Blaskic (interprétation). - Je n'ai pas compris quelle est

 21   votre question. Je n'ai pas entendu la question, j'étais entrain de lire

 22   le document 658, excusez-moi.

 23   M. Kehoe (interprétation). - Ma question est la suivante :

 24   pensez-vous que lorsque Milivoj Petkovic vous a rattaché les Vitezovi, le

 25   19 janvier, il connaissait l'existence de l'ordre de Bruno Stojic


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  1   stipulant que les soldats ne se plaçant pas sous votre commandement

  2   seraient désarmés et arrêtés à 19 heures, au plus tard le

  3   20 janvier 1993 ?

  4   Pensez-vous que Petkovic savait que cet ordre existait ?

  5   M. Blaskic (interprétation). -  En ce qui concerne cet ordre-là

  6   dont la référence est faite dans le document 658, c'est sûr que le

  7   général Petkovic le savait tout comme le ministre de la Défense de la

  8   Bosnie-Herzégovine, et aussi l'armée de Bosnie-Herzégovine. D'ailleurs,

  9   c'est clair, étant donné qu'au point 8 de ce document Bruno Stojic

 10   indique, je cite: "en ce qui concerne l'exécution de cet ordre, c'est le

 11   chef d'état-major du HVO et de l'administration de la direction de la

 12   police militaire du HVO qui sera responsable devant moi".

 13   Mais, Monsieur le Président, en ce qui concerne le désarmement

 14   conformément au document 658, je n'ai pas donné un tel ordre à mes

 15   subordonnés et je vous prie de bien vouloir tenir compte du document 405

 16   ou 404. C'est une pièce à conviction de la défense. Il s'agit là d'un

 17   ordre donné parmi Milivoj Petkovic, c'est-à-dire l'ordre numéro 01-1-1-

 18   1/93 en date du 20 janvier 1993 où il est dit : "en ce qui concerne la

 19   baisse des tensions je donne l'ordre…

 20   M. le Président. – Pour le bon lancement des débats, il me

 21   semble que c'était une question préalable que vous posait le Procureur.

 22   N'est-ce pas Monsieur le Procureur ?

 23   Je crois que la question était de savoir si, a votre avis,

 24   Milivoj Petkovic connaissait bien l'ordre de Bruno Stojic. C'était cela

 25   Monsieur le Procureur ?


Page 20396

  1   M. Kehoe (interprétation). – Oui, effectivement.

  2   M. le Président. – Il faut laisser le Procureur poser ses

  3   questions. Vous ferez le commentaire ensuite. Poursuivez, Monsieur le

  4   Procureur.

  5   M. Blaskic (interprétation). - Excusez-moi, Monsieur le

  6   Président.

  7   M. Kehoe (interprétation). - Général, cela étant dit, pour quel

  8   type d'opération les Vitezovi vous ont été rattachés le 19 ?

  9   M. Blaskic (interprétation). - J'ai dit que je ne me souvenais

 10   d'aucune action concrète sauf les événements provoqués par les Vitezovi

 11   sur la ligne de front face à l'armée de la Republika Srpska. Vraiment je

 12   ne peux pas me rappeler de quelle situation il s'agissait, mais je peux

 13   dire qu'en ce qui concerne le désarmement de l'armée de Bosnie-

 14   Herzégovine, nous n'avons pas fait ce genre de projets au sein du

 15   commandement de la zone opérationnelle de la Bosnie centrale.

 16   M. Kehoe (interprétation). - Mais, Général, avant cette période,

 17   pendant l'année 1992, les Vitezovi ont été déployés sur la ligne de front

 18   à Jajce, par exemple, et ce, en de nombreuses occasions et vous n'aviez

 19   pas besoin de cet ordre du 19 pour déployer les Vitezovi sur la ligne de

 20   front, n'est-ce pas ?

 21   M. Blaskic (interprétation). - Je n'ai pas vu le document mais,

 22   pour autant que je m'en souvienne, je n'ai pas envoyé les Vitezovi à

 23   Jajce, ils étaient à Stolac au moment justement où l'on avait le plus

 24   besoin d'eux à Jajce, mais ils l'ont fait suite conformément aux ordres

 25   qu'ils ont reçus de leurs supérieurs. Pour autant que je m'en souvienne,


Page 20397

  1   je ne leur ai pas donné d'ordre d'aller sur la ligne de front de Jajce.

  2   M. Kehoe (interprétation). - Général, pendant combien de temps

  3   ces Vitezovi ont-ils été rattachés à vous ? Reprenons la phrase du général

  4   "Cet ordre restera en vigueur jusqu'à sa modification par moi." Combien de

  5   temps ce rattachement a-t-il duré ?

  6   M. Blaskic (interprétation). - Vraiment je ne peux pas me

  7   souvenir de quelle période il s'agissait. Beaucoup de temps s'est écoulé

  8   depuis, mais je sais avec certitude que ce système a certainement été

  9   modifié et que les Vitezovi ont retenu leur indépendance. Cela est clair

 10   sur la base de leur rapport "général Petkovic" et du document 250.

 11   M. Kehoe (interprétation). - Vous ne répondez pas à ma question.

 12   Ma question est simplement de savoir combien de temps ce rattachement a

 13   duré. Vous venez de dire que vous ne vous en souveniez pas. Nous avons

 14   différents faits dans votre chronologie, Général, et y a-t-il un endroit

 15   dans votre chronologie où l'on indique la durée de ce rattachement ?

 16   M. Blaskic (interprétation). - Comme je l'ai dit, je ne m'en

 17   souviens pas. Il faudrait que j'examine ma chronologie pour voir si j'ai

 18   noté quelque part à quel moment les Vitezovi ont repris leur autonomie,

 19   leur indépendance mais, par exemple...

 20   M. Kehoe (interprétation). - Mais, Général, peut-être

 21   pourriez-vous le faire pendant la pause ? Peut-être pourriez-vous

 22   consulter votre chronologie, la parcourir afin de voir si vous avez

 23   l'information nous permettant de déterminer la date à laquelle cet ordre

 24   n'a plus été valable ?

 25   Général, ma prochaine question porte sur une remarque que vous


Page 20398

  1   avez faite sur ce rattachement. Corrigez-moi si j'ai tort, je pense que

  2   cette remarque, vous l'avez formulée en réponse à une question du

  3   Juge Rodrigues. Vous avez dit avoir reçu ce rattachement parce que vous

  4   auriez reçu des plaintes sur les Vitezovi et ses membres. Ma question est

  5   donc : de quelle nature étaient ces plaintes ?

  6   M. Blaskic (interprétation). - Je me souviens très bien. Par

  7   exemple, une fois, une arme a disparu. Ceci s'est produit dans la zone de

  8   responsabilité de la brigade Stjepan Tomasevic et on pensait que c'étaient

  9   des membres de cette unité qui sont tout simplement venus sur la ligne de

 10   front et qui ont pris cette arme.

 11   La situation était semblable dans la brigade de Travnik dans le

 12   secteur 1 : un canon a disparu, et le soupçon était tourné vers les

 13   membres de Vitezovi. C'est le commandant de la brigade de Travnik qui me

 14   l'a dit. Ils ont également créé des troubles sur les lignes de front et

 15   ceci me préoccupait étant donné que parfois, ils ne contactaient pas

 16   préalablement le commandant responsable. Parfois, ils effectuaient des

 17   opérations de reconnaissance de leur propre chef. Ils avaient plusieurs

 18   activités de ce genre sur les lignes de front de Travnik et de

 19   Novi Travnik.

 20   Il y a eu d'autres incidents. En ce moment, je ne peux pas me

 21   souvenir de tous ces incidents-là étant donné que je n'étais pas penché

 22   sur le détail, mais j'ai essayé de résoudre ce problème de manière

 23   générale.

 24   M. Kehoe (interprétation). - Par conséquent, le système a résolu le

 25   problème par le biais d'un rattachement des Vitezovi à vous sur ordre de


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  1   Milivoj Petkovic jusqu'à nouvel ordre, c'est bien cela ?

  2   M. Blaskic (interprétation). - Je crois qu'il s'agissait là

  3   d'une des tentatives, mais ceci n'a pas résolu le problème étant donné

  4   qu'ils ont gardé la ligne directe du commandement et du contrôle, ce qui

  5   est reflété par le document 250. Si l'on examine ce document

  6   attentivement, on peut voir que même dans ce document-là, dans le rapport,

  7   les Vitezovi ne s'adressent pas à moi, mais ils écrivent un rapport

  8   collectif à Milivoj Petkovic et à Bruno Stojic.

  9   M. Kehoe (interprétation). - Général, éclaircissons un point

 10   relatif à la pièce 250 et parlons de vos commentaires relatifs à cette

 11   même pièce. Consultez ce document et j'aurai quelques questions à vous

 12   poser puisque vous en avez parlé pendant un certain temps. Je vous invite

 13   à passer à la section "remarques" de ce document.

 14   M. le Président. - Je pense que nous pourrions mettre cela sur

 15   le rétroprojecteur, car nous n'avons pas ce document sous les yeux.

 16   M. Kehoe (interprétation). - Lisons ce premier paragraphe dans

 17   le chapitre "remarques". Vous voyez ce passage, Claudius ? Je crois que

 18   c'est l'avant-dernière page dans la version en anglais. Vous voyez, il est

 19   écrit "remarques" ou "commentaires" en bas. Oui, c'est cela.

 20   "Remarques : la base de l'armée Dubravica-Krisancevo Selo était

 21   située sur la ligne de front, la ligne de défense, la première. Au cours

 22   d'une attaque violente lancée par les MOS, donc les forces musulmanes, un

 23   incendie s'est déclaré dans la pièce de stockage et dans une partie des

 24   archives. C'est la raison pour laquelle certains de mes rapports ou

 25   parties de mes rapports ne sont pas étayés par d'autres documents, mais il


Page 20400

  1   y a pire : lorsque je suis revenu d'Herzégovine, l'ordinateur avait

  2   disparu et la plupart des archives se trouvaient sur son disque dur."

  3   Passons à la page suivante, Claudius. A peu près à la moitié,

  4   vous verrez une ligne qui commence part "tout ceci". Voilà au milieu.

  5   "Tout ceci n'est que le résumé principal des choses parce qu'il

  6   serait impossible d'écrire toute l'histoire des Vitezovi en quelques

  7   pages."

  8   Par conséquent, l'auteur admet, Général, dans ce rapport, au

  9   moment où les Vitezovi étaient démantelés, l'auteur admet donc qu'il n'y a

 10   pas là toutes les informations relatives aux Vitezovi et à toutes les

 11   activités dans lesquelles ils ont été engagés au cours de leur existence.

 12   M. Blaskic (interprétation). – Je n'ai pas affirmé qu'il

 13   s'agissait d'un rapport complet, je n'ai pas pu voir tous les rapports de

 14   Vitezovi, mais j'ai dit qu'ils ont essayé d'informer le chef d'état-major

 15   et le ministre de la Défense de leur propre activité.

 16   Ici, on mentionne la date du 15 mars 1993 et puis, on mentionne

 17   également le numéro de référence du rapport et tous les autres détails. Au

 18   moment où ce rapport a été rédigé, le commandant des Vitezovi était en

 19   même temps le chef du SIS. Je crois qu'il avait accès par exemple à des

 20   ordinateurs, à des postes de haute responsabilité.

 21   M. Kehoe (interprétation). - Général, poursuivons sur les

 22   plaintes que vous avez reçues, eu égard aux Vitezovi.

 23   Avant cet ordre de rattachement du 19, avez-vous reçu des

 24   informations selon lesquelles les Vitezovi auraient commis des crimes de

 25   guerre avant ce rattachement ?


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  1   M. Blaskic (interprétation). – Pour autant que je m'en

  2   souvienne, parce que vous me demandez une question concernant quelque

  3   chose qui s'est produit il y a 6 ans ou 7 ans, je ne me souviens pas avoir

  4   reçu ce genre de plainte.

  5   M. Kehoe (interprétation). - Vous avez reçu des plaintes portant

  6   sur des crimes commis par les Vitezovi contre des Musulmans n'est-ce pas ?

  7   M. Blaskic (interprétation). – Je ne sais pas de quelle période

  8   vous parlez.

  9   M. Kehoe (interprétation). – Général, consultez votre

 10   chronologie. Vous nous avez lu les informations relatives à des problèmes

 11   posés par les Vitezovi au début du mois de janvier. Revenons à votre

 12   chronologie et parlons de ce que vous y avez écrit.

 13   M. Blaskic (interprétation). – Ce n'était pas comme cela au

 14   début de janvier 1993. C'est de cela dont vous parlez ?

 15   M. Kehoe (interprétation). - Général, nous parlons de l'ordre du

 16   19 janvier, c'est notre point de référence. Avant cela, avez-vous reçu des

 17   informations faisant état de crimes commis par les Vitezovi à l'encontre

 18   de Musulmans ? Je ne veux pas vous limiter d'une quelconque manière.

 19   M. le Président. - Peut-être nous pourrions faire la pause, ce

 20   qui permettrait au témoin de consulter ses notes, mais je n'oublie pas non

 21   plus que la pause est faite pour se reposer.

 22   Si vous voulez, on va peut-être prendre 30 minutes et on fait

 23   une pause de 20 minutes ; je veux bien donner 8 ou 10 minutes de plus pour

 24   que, quand même, le témoin puisse se reposer ce qui est tout à fait

 25   normal.


Page 20402

  1   D'accord ? Je crois que c'est un point très important. Je

  2   préfère effectivement, Monsieur le Procureur, que vous le traitiez à fond

  3   maintenant, pour éviter d'avoir à y revenir à plusieurs reprises.

  4   Je propose que nous reprenions un peu quelques minutes avant

  5   midi. Ce qui permettra d'abord au témoin de se reposer et ensuite de

  6   consulter ses notes. Dans ces conditions, nous suspendons l'audience.

  7   M. Kehoe (interprétation). - Oui Monsieur le Président, je

  8   voudrais que le témoin cherche deux points en fait.

  9   M. le Président. – Précisez-lui bien ce que vous voulez.

 10   M. Kehoe (interprétation). - La première question a trait à la

 11   question que j'ai posée sur la durée du rattachement. Pendant combien de

 12   temps Petkovic a-t-il maintenu ce rattachement, le rattachement des

 13   Vitezovi à Blaskic ? C'est une question que j'ai posée il y a un quart

 14   d'heure à peu près.

 15   Ma seconde question est relative aux informations faisant état

 16   des crimes commis par les Vitezovi avant le 19 janvier, informations dont

 17   il a fait état au cours de son interrogatoire principal.

 18   M. le Président. – C'est clair pour la défense ? C'est clair

 19   pour le témoin en même temps ?

 20   Donc nous suspendons un peu jusque avant midi. On va vous

 21   laisser le temps.

 22   (L'audience, suspendue à 11 heures 25, est reprise à 12 heures.)

 23   M. le Président. – Monsieur le Procureur, c'est à vous.

 24   M. Kehoe (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

 25   Général, au cours de la pause avez-vous eu la possibilité de


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  1   parcourir votre chronologie ?

  2   M. Blaskic (interprétation). - Excusez-moi, je n'ai pas entendu

  3   la traduction. Maintenant c'est bon, je l'entends.

  4   M. Kehoe (interprétation). - Au cours de la pause, avez-vous eu

  5   la possibilité de consulter votre chronologie ?

  6   M. Blaskic (interprétation). – Malheureusement, je n'ai pas pu

  7   tout parcourir, j'ai pu voir une partie, mais il y a beaucoup de choses.

  8   M. Kehoe (interprétation). – Bien, voyons si nous pouvons

  9   obtenir une réponse à cette question.

 10   D'après vos lectures, votre chronologie vous a-t-elle permis de

 11   déterminer quand le rattachement des Vitezovi à vous-même par

 12   Milivoj Petkovic a pris fin ?

 13   M. Blaskic (interprétation). - Ceci n'est pas enregistré dans ma

 14   chronologie, tout comme je n'ai pas noté le début de ces deux documents.

 15   Mais je sais qu'au moment où je suis rentré au poste de commandement

 16   -c'était le 4 mars 1993-, les circonstances dans lesquelles nous avons

 17   fonctionné étaient les mêmes qu'avant le 19 janvier, c'est-à-dire les

 18   Vitezovi agissaient en tant qu'unité indépendante.

 19   Donc je suppose que c'était cela, la période à partir du

 20   19 janvier jusqu'au mois de février 1993. D'autant plus que dans le

 21   document, j'ai lu que le commandant des Vitezovi s'adressait au chef

 22   d'état-major et au ministre de la Défense et lui envoie le rapport

 23   concernant les opérations de janvier et ne s'adressait pas à moi en tant

 24   que commandant de la zone opérationnelle.

 25   Cela dit, je n'ai pas trouvé les notes précises à ce sujet


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  1   indiquant le début et la fin de cette situation dans ma chronologie. Peut-

  2   être l'explication est à cause du fait que j'étais bloqué à Kiseljak.

  3   M. Kehoe (interprétation). - Mais, Général, à la vue de la

  4   pièce 250, lorsque les Vitezovi sont allés à Busovaca afin de participer à

  5   des opérations de combat, il semble, n'est-ce pas, qu'ils vous étaient

  6   rattachés à ce moment-là ?

  7   M. Blaskic (interprétation). – A ce moment-là, il est possible

  8   qu'ils m'aient été rattachés. Probablement oui, mais ils n'y sont pas

  9   allés suite à mon ordre, ce n'est pas moi qui ai donné l'ordre aux

 10   Vitezovi d'aller à Busovaca et d'agir là-bas.

 11   M. Kehoe (interprétation). - Au cours d'une réunion avec

 12   M. Flemming et M. Merdan, qui s'est tenue le 5 février 1993 -et pour le

 13   compte rendu, ceci se trouve à la page 18 267- vous notez la chose

 14   suivante : au cours de cette réunion, donc du 5 février 1993... Je me

 15   contente de reprendre votre témoignage. Je cite, voici la question :

 16   "Après cela, Merdan a dit que les civils étaient emmenés afin de

 17   creuser des tranchées. -Cétait donc votre réponse-.

 18   Question : Où, à quel endroit ?

 19   Réponse : A Busovaca, et c'est à ce moment-là où j'ai dû faire

 20   face à ce type de déclarations parce qu'il y a eu plusieurs réunions entre

 21   Dzemo et moi avant cela et également avec le commandant du 3ème Corps

 22   d'armée. Il a également déclaré que les Vitezovi faisaient face à certains

 23   problèmes dans différents villages et qu'ils donnaient des ultimatums. Ils

 24   pensaient aux villages musulmans de Bosnie." (Fin de citation.)

 25   C'est une réunion qui s'est tenue le 5 février 1993. Alors, ma


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  1   question, Général, est la suivante : lorsque les Vitezovi lançaient ces

  2   ultimatums dans les différents villages musulmans de Bosnie, étaient-ils

  3   rattachés à vous sur ordre de Milivoj Petkovic ?

  4   M. Blaskic (interprétation). - J'ai déjà dit que je n'étais pas

  5   sûr du moment auquel cet ordre était retiré par Milivoj Petkovic. Peut-

  6   être, qu'effectivement, ils m'étaient rattachés à ce moment-là, mais au

  7   mois de février, ils n'effectuaient pas ce genre d'activités conformément

  8   à mon ordre. Ce n'est pas moi qui ai donné l'ordre de résoudre les

  9   problèmes par le biais d'ultimatum dans les villages musulmans bosniens,

 10   comme l'a dit M. Merdan.

 11   Permettez-moi juste de consulter ma chronologie.

 12   J'ai demandé à M. Merdan de me donner un exemple de ces

 13   situations où il résolvait les problèmes par le biais d'ultimatum mais, au

 14   cours de cette réunion, Merdan n'a rien dit. Moi, j'ai donc demandé qu'il

 15   me donne plus de détails concrets concernant l'endroit où il était en

 16   train de résoudre ce genre de problèmes par le biais d'ultimatums.

 17   Il m'a dit : "la municipalité de Vitez" alors que dans la

 18   municipalité de Vitez, il y a plusieurs villages musulmans, et puis j'ai

 19   voulu avoir l'exemple d'ultimatums alors qu'il ne m'a pas répondu à cette

 20   question, mais j'ai tout simplement reçu cette information de sa part.

 21   En ce qui concerne le creusement des tranchées, c'est vrai, c'était la

 22   première fois et M. Dzemo Merdan a répété plusieurs fois cette

 23   affirmation. Mais pendant que j'étais à Kiseljak...

 24   M. Kehoe (interprétation). - Excusez-moi, Général, attendez.

 25   M. Blaskic (interprétation). - Si j'ai bien compris, vous avez


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  1   posé la question concernant le creusement des tranchées ?

  2   M. Kehoe (interprétation). - Un instant, Général, s'il vous

  3   plaît.

  4   Au cours de cette période, vous avez obtenu des informations de

  5   Merdan selon lesquelles les Vitezovi lançaient des ultimatums à des

  6   villages musulmans de Bosnie.

  7   Qu'avez-vous fait de cette information, Général ?

  8   Personnellement qu'en avez-vous fait ?

  9   M. Blaskic (interprétation). - Le rapport complet de cette

 10   réunion, tout comme de chaque autre réunion, je l'ai envoyé au chef

 11   d'état-major principal y indiquant également les propos de

 12   M. Dzemo Merdan, de M. Flemming et de moi-même.

 13   M. Kehoe (interprétation). - Disposez-vous de ce rapport,

 14   Général ?

 15   M. Blaskic (interprétation). - Malheureusement, je n'ai presque

 16   aucun rapport sauf les rapports que vous avez réussi à recueillir

 17   vous-même.

 18   M. Kehoe (interprétation). - Et avez-vous demandé des

 19   explications à Darko Kraljevic sur ce point ?

 20   M. Blaskic (interprétation). - Pendant presque deux mois, je

 21   n'ai pas pu me rendre au commandement et je n'ai pas pu y être mais, avant

 22   cela, j'ai déjà pris certaines mesures. Je crois qu'il s'agit du document

 23   du 18 janvier -je ne sais pas si sa cote est 204, 208 ou 206- et ce

 24   document montre toutes les mesures que j'ai prises afin de contrer la

 25   violence et le manque de discipline parmi les soldats. L'un de ces


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  1   documents montre certainement toutes mes tentatives de mettre un terme à

  2   ce genre de comportements.

  3   M. Kehoe (interprétation). - Général, soyons le plus précis

  4   possible : vous avez reçu ces informations du général Merdan le

  5   5 février 1993 et vous êtes retourné au quartier général à Vitez le

  6   3 mars 1993, moins d'un mois plus tard.

  7   Ma question est donc la suivante : lorsque vous êtes revenu à

  8   votre quartier général après le 3 mars, à un quelconque moment avez-vous

  9   appelé Darko Kraljevic et avez-vous exigé d'obtenir une explication sur

 10   les actes de lui-même et de ses soldats et concernant ces différents

 11   ultimatums ?

 12   M. Blaskic (interprétation). - Ces ultimatums qui ont été lancés

 13   avant le 5 ne se sont pas répétés. Monsieur Dzemo Merdan n'en a plus parlé

 14   après la réunion du 5 février alors que de nombreuses autres réunions ont

 15   été organisées avec Dzemo Merdan alors qu'il ne répétait plus la même

 16   position concernant le comportement des Vitezovi.

 17   Moi, dès le 15, j'ai organisé... dès le 4 mars, j'ai organisé

 18   une rencontre avec les collaborateurs, mais il faudrait que je vois dans

 19   ma chronologie pour savoir si M. Kraljevic a répondu à la convocation et

 20   s'il a assisté à cette réunion.

 21   M. Blaskic (interprétation). – Dans ma chronologie ce n'est pas

 22   indiqué que M. Kraljevic ait assisté à cette rencontre. Je suppose qu'il a

 23   retrouvé son statut autonome, conformément à ce que je disais tout à

 24   l'heure.

 25   M. Kehoe (interprétation). – Général, le fait est que vous


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  1   n'avez jamais demandé d'explications à Darko Kraljevic sur ces ultimatums

  2   lancés aux villages musulmans de Bosnie n'est-ce pas ?

  3   M. Blaskic (interprétation). – J'ai déjà dit que l'ordre de

  4   rattachement ne me donne pas la compétence de prendre des mesures

  5   disciplinaires et deuxièmement, durant la période durant laquelle j'étais

  6   à Kiseljak, je ne pouvais pas parler avec lui de cela. Et je souhaite

  7   ajouter également que j'ai informé le chef d'état-major principal de cela,

  8   dans le cadre du compte rendu concernant la réunion, étant donné que

  9   j'envoyais un rapport sur chaque réunion que j'ai tenue.

 10   M. Kehoe (interprétation). - Avant le rattachement, le 19, quels

 11   crimes avaient été commis par les Vitezovi dont vous aviez connaissance ?

 12   Je me réfère à la période précédant dans la date du 19 janvier 1993,

 13   lorsque Petkovic a délivré cet ordre de rattachement, la pièce 666 ?

 14   M. Blaskic (interprétation). – Pour autant que je sache, il y a

 15   eu des actes de violence au mois de janvier, les unités qui ont été

 16   amenées de l'Herzégovine y ont participé, les Vitezovi y ont pris part

 17   également et j'ai pris des mesures afin que le service de sécurité

 18   m'informe sur chacune de ces activités et que ce service informe ses

 19   propres supérieurs. Je crois que les pièces à conviction 204, 206

 20   reflètent tous les efforts qui ont été faits afin d'empêcher ce genre

 21   d'activités exercées par les Vitezovi et il y a eu des exemples de délits

 22   tels que le pillage sur la ligne de front, mais il y a eu également des

 23   actes de violence des deux côtés, du côté des membres du HVO et du côté de

 24   l'armée de Bosnie-Herzégovine aussi. Mais, c'était surtout inspiré par des

 25   buts lucratifs et non pas nationaux, c'est c'est-à-dire les gens faisaient


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  1   cela afin de s'enrichir, à la fois les Croates et les Musulmans.

  2   M. Kehoe (interprétation). - Donc vous saviez qu'avant le

  3   19 janvier 1993, se trouvaient des éléments criminels dans les rangs des

  4   Vitezovi n'est-ce pas ?

  5   M. Blaskic (interprétation). – En ce qui concerne les individus

  6   qui auraient fait ce genre de choses, effectivement je le savais grâce au

  7   rapport du service de renseignements et je prenais certaines mesures et je

  8   donnais des ordres pour que des rapports à ce sujet soient envoyés au

  9   service compétent.

 10   M. Kehoe (interprétation). - Général, je voudrais revenir sur

 11   les remarques que vous avez faites aux Juges quant à votre demande de

 12   départ des Vitezovi de Bosnie centrale.

 13   Avez-vous des documents dans tous les dossiers que vous avez,

 14   venant étayer votre argument, à savoir que vous avez demandé le départ des

 15   Vitezovi de Bosnie centrale ?

 16   M. Blaskic (interprétation). – Je l'ai dans ma chronologie.

 17   C'était pendant la rencontre du commandement conjoint. Ensuite, j'ai noté

 18   le fait qu'il y a eu une rencontre, une discussion avec M. Prskalo qui

 19   était le chef du commandement conjoint et puis, dans mon journal de

 20   guerre, j'ai mentionné cette discussion. Je n'ai pas ce journal de guerre

 21   sur moi, mais c'est écrit dans ma chronologie que cette demande a été

 22   envoyée. Je peux vérifier la date.

 23   M. Kehoe (interprétation). - Par conséquent vous n'avez aucun

 24   document à montrer aux Juges qui pourrait étayer votre affirmation selon

 25   laquelle vous avez demandé le départ des Vitezovi n'est-ce pas ?


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  1   M. Nobilo (interprétation). - Monsieur le Président, je souhaite

  2   faire une objection vie à vis de ce genre de questionnement. Il ne revient

  3   pas à l'accusé de prouver dans le sens que c'est lui le coupable de ne pas

  4   avoir pu trouver les documents. Si le Procureur affirme quelque chose,

  5   c'est à lui de prouver. Je pense que l'on pose un fondement juridique

  6   erroné en posant la question à l'accusé de savoir pourquoi il n'a pas de

  7   documents étayant cette thèse.

  8   M. le Président. - Il appartient peut-être Me Nobilo, aussi à

  9   l'accusé qui est témoin ici, je vous le rappelle, il y a une confusion

 10   dans les genres. Je vous rappelle que le Général Blaskic est un témoin à

 11   l'heure actuelle, il a donc les obligations d'un témoin, il a les droits

 12   d'un témoin mais aussi les obligations d'un témoin. Il a aussi les droits

 13   d'un accusé. Je rappelle néanmoins que quand sur une question d'une des

 14   parties, d'ailleurs que cela soit le Procureur ou la défense, y compris de

 15   vos propres questions, le Général Blaskic qui est ici en position de

 16   témoin, doit justifier ce qu'il dit. C'est très souvent que tout à l'heure

 17   encore, le témoin a dit : "J'ai pris des mesures " c'est vrai que bien

 18   entendu, nous l'entendons, il a pris des mesures mais les Juges peuvent

 19   être à mêmes de demander quelle mesure a t il prises.

 20   Donc, je comprends votre objection mais je crois qu'il faut la

 21   nuancer. Bien sûr que de façon générale, c'est au Procureur de faire la

 22   preuve des crimes qui sont supposés avoir été commis par l'accusé, mais

 23   ici il est en position de témoin et donc quand le témoin dit quelque

 24   chose, évidemment, il peut n'apporter aucun document, il peut tout

 25   simplement… a ce moment-là les Juges prennent acte qu'il n'apporte aucun


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  1   document. Je crois simplement que le Procureur lui, disait : "Donc, vous

  2   n'avez pas de documents." Je comprends votre objection mais je crois qu'il

  3   faut la nuancer compte tenu de la situation de témoin du général Blaskic.

  4   M. Nobilo (interprétation). - Je suis d'accord avec vous pour

  5   dire que le Procureur peut poser une question et que le témoin peut

  6   répondre :"Je n'ai pas de documents", mais le Procureur pose cette

  7   question en accusant dans son intonation, parce que nous ne pouvons pas

  8   être coupables de ne pas avoir ce document, parce que le côté croate n'a

  9   pas voulu.

 10   M. le Président. - Les parties se doivent d'éclairer les Juges

 11   de la manière la plus totale, les Juges ayant eux la mission de trouver la

 12   vérité. Donc je crois que le Procureur pose ses questions et puis à un

 13   moment donné dit :"Donc, vous n'avez pas le document." Maintenant le

 14   témoin répond ce qu'il veut. Il peut dire : "Je n'ai pas le temps de le

 15   trouver". Tout à l'heure d'ailleurs la Chambre, je vous signale à dit :

 16   "Oui, il faut qu'il puisse chercher dans sa chronologie s'il a ce

 17   document", et n'oubliez pas Maître Nobilo que vous avez votre droit de

 18   réplique où il vous appartiendra d'apporter d'autres documents ou d'autres

 19   éléments.

 20   Bien, donc nous poursuivons s'il vous plaît. Général Blaskic,

 21   vous avez eu le temps pendant cet échange avec vos avocats, de trouver

 22   quelques sources ; vous pouvez aussi vous réservez le droit, cela fait

 23   partie des droits de l'accusé,- vous voyez nous passons des obligations du

 24   témoin aux droits de l'accusé- vous pouvez aussi dire : "Je ne l'ai pas en

 25   ce moment, je ne veux pas faire perdre de temps au Tribunal, mais je suis


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  1   bien persuadé que j'ai tel document ou tel éléments de preuve". Vous

  2   pouvez aussi faire cela si vous le souhaitez.

  3   M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, je n'ai

  4   pas réussi à parcourir toute la chronologie, mais j'ai trouvé un événement

  5   qui a eu lieu le 15 novembre 1992 où le commandant des Vitezovi a privé de

  6   liberté M. Dzemo Merdan.

  7   A ce moment-là, M. Prkacin était avec moi, il était membre du

  8   commandement conjoint et j'ai demandé du commandant des Vitezovi de

  9   libérer Dzemo Merdan. Après cela, j'ai eu des discussions avec Prkacin et

 10   je lui ai demandé de faire en sorte que les Vitezovi soient retirés à

 11   Mostar.

 12   Mais j'ai d'autres demandes de ce genre. Il faudrait que je

 13   parcours plus en détail cette chronologie.

 14   M. Kehoe (interprétation). - Un instant, Monsieur le Président,

 15   je voudrais juste poser une question à Me Harmon.

 16   Passons à autre chose, Général.

 17   A nouveau, je reviens sur une déclaration que vous avez faite

 18   aux Juges ce matin. Je voudrais attirer votre attention, Général, sur une

 19   question qui a trait à la différence que vous avez établie entre des

 20   ordres de subordination directe et un rattachement.

 21   Ma première question est donc la suivante : quand avez-vous reçu

 22   des ordres de subordination directe ? Et dans le cadre de cette réponse,

 23   pourriez-vous nous dire pour quelle unité vous avez reçu ce type

 24   d'ordres ?

 25   M. Blaskic (interprétation). - Un instant, s'il vous plaît, je


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  1   souhaite voir quelle est la date.

  2   Le 20..., c'est-à-dire le 23 juillet 1993, l'unité était une

  3   unité de la police militaire pendant que moi, j'ai été encerclé.

  4   M. Kehoe (interprétation). - C'est là le seul ordre de

  5   subordination que vous avez reçu ?

  6   M. Blaskic (interprétation). - Pouvez-vous répéter la question ?

  7   Je n'ai pas entendu la traduction.

  8   M. Kehoe (interprétation). - Lorsque vous étiez commandant de la

  9   zone opérationnelle de Bosnie centrale, est-ce là le seul ordre de

 10   subordination que vous avez reçu ?

 11   M. Blaskic (interprétation). - Un instant, s'il vous plaît.

 12   Je crois que ce n'était pas la seule fois -je ne me souviens pas

 13   de la date exacte en ce moment-, mais j'ai reçu un ordre concernant le

 14   démantèlement de toutes les unités et la création de la 3ème Brigade des

 15   gardes. Je crois que ceci s'est produit au mois de janvier 1994.

 16   M. Kehoe (interprétation). - Général, en ce qui concerne cet

 17   ordre de subordination, est-il resté en vigueur jusqu'à votre départ du

 18   poste de commandant de la zone opérationnelle de Bosnie centrale ?

 19   M. Blaskic (interprétation). - Lequel ? Maintenant nous sommes

 20   en train de parler de deux ordres. Le premier ?

 21   M. Kehoe (interprétation). - J'ai peut-être mal compris ce que

 22   vous avez dit. Je crois avoir entendu qu'il y avait deux ordres de

 23   subordination. Alors, parlons de ces deux ordres l'un après l'autre.

 24   M. Blaskic (interprétation). - Après que les accords de

 25   Washington ont été signés et après que l'encerclement s'est terminé, la


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  1   police militaire a retrouvé son vieux système, c'est-à-dire le système

  2   dans lequel la direction de la police militaire commandait directement la

  3   police militaire.

  4   En ce qui concerne la 3ème Brigade des gardes, même après mon

  5   départ, elle est restée subordonnée au commandant du commandement de la

  6   zone opérationnelle de la Bosnie centrale, mais les unités ont arrêté

  7   d'exister. Par exemple, les unités telles que les unités de Vitezovi, la

  8   brigade d'assaut léger et d'autres qui ont créé la 3ème Brigade des gardes.

  9   M. Kehoe (interprétation). - Général, outre la police militaire,

 10   avez-vous reçu d'autres ordres de subordination pour d'autres unités

 11   telles que l'unité de Zuti, de Tvrtvo, etc. ?

 12   M. Blaskic (interprétation). - Je l'ai reçu aussi concernant

 13   l'unité Tvrtvo, mais elle ne se trouvait pas au même niveau que ces autres

 14   unités. L'ordre était donné que cette unité soit démantelée. Il faudrait

 15   que je vérifie quand, étant donné que Tvrtvo constituait une unité

 16   spéciale de type B alors que les Vitezovi étaient une unité spéciale de

 17   type A.

 18   M. Kehoe (interprétation). - Qu'en est-il de l'unité Zuti ?

 19   Avez-vous reçu un ordre de subordination concernant l'unité spéciale

 20   Zuti ?

 21   M. Blaskic (interprétation). - C'est possible que ceci se soit

 22   produit au même moment, mais je ne suis pas sûr. Il faudrait que je

 23   vérifie cela dans la chronologie concernant Tvrtvo, et puis il faudrait

 24   que je vérifie si le niveau des deux unités était le même.

 25   M. Kehoe (interprétation). - Mais, Général, pourquoi ces unités


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  1   vous ont-elles été subordonnées et non pas rattachées ? Quelle était la

  2   raison de cette subordination ?

  3   M. Blaskic (interprétation). - Moi, j'ai toujours demandé dans

  4   le cadre de mes tentatives de subordonner toutes les unités au commandant

  5   et, à partir du mois de septembre 1992, dans mes documents, j'exprimais

  6   l'opinion que ce serait un système normal et la raison est que la

  7   situation objective était telle que le commandement se passait par

  8   plusieurs lignes, alors que la responsabilité avait une seule ligne. Il

  9   existait une seule ligne de responsabilité, à savoir moi j'étais tenu pour

 10   responsable vis-à-vis de certaines unités pour lesquelles je n'avais

 11   aucune compétence de commandement et de contrôle dans la Bosnie centrale.

 12   Même avant la subordination, ils étaient dans une situation telle que leur

 13   supérieur direct leur donnait des ordres ; ils exécutaient ces ordres

 14   alors qu'ils ne m'en informaient même pas.

 15   M. Kehoe (interprétation). - Ma question est la suivante : eu

 16   égard à ces unités particulières, je vous demande pourquoi certaines vous

 17   sont rattachées et d'autres vous sont subordonnées ? Vous me répondez que

 18   des ordres de rattachement sont émis pour qu'ils puissent prendre leurs

 19   ordres d'autres entités. C'est bien cela que vous dites ? Et si c'est

 20   autre chose que vous dites, je vous en prie n'hésitez pas à clarifier.

 21   M. Blaskic (interprétation). - J'ai dit déjà que j'avais demandé

 22   que leur structure soit définie, éclaircie ; c'était ce que je demandais.

 23   Mais, il est tout à fait clair qu'au sein du commandement, les compétences

 24   étaient limitées, et qu'à moi, on a affecté que des unités qui m'étaient

 25   rattachées, seulement rattachées.


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  1   Pourquoi est-ce que mes supérieurs ont conservé cette

  2   structure ? D'ailleurs, pourquoi cette structure a-t-elle été créée ?

  3   Structure qui leur permettait de donner des ordres sans se référer à moi ?

  4   Je ne sais pas exactement ce que pensait mes supérieurs à ce moment-là,

  5   mais par écrit, par oral et lors des réunions, chaque fois que j'en avais

  6   l'occasion, j'ai insisté pour dire que c'était une erreur de structure,

  7   d'organisation. Que par une telle modalité d'action on nuisait aux forces

  8   armées où on disait que le commandement était unique, alors que dans la

  9   pratique des textes étaient rédigés qui prouvaient qu'il y avait double

 10   commandement.

 11   Et pourquoi on passait uniquement à la mesure consistant à

 12   rattacher une unité plutôt qu'à la subordonner entièrement ? Cela je ne

 13   sais pas. Il y a peut-être d'autres raisons qui sont entrées en jeu et que

 14   je ne connais pas.

 15   M. Kehoe (interprétation). – Général, pourrions-nous revenir sur

 16   un moment de la journée d'hier où nous avions parlé des événements de

 17   Gornji Vakuf, de Vitez, Busovaca en Bosnie centrale, aux alentours du

 18   19 janvier, à savoir le jour précis où vous avez reçu cet ordre de

 19   rattachement en provenance du général Petkovic ?

 20   Vous avez rencontré le Général de brigade Cordy-Simpson, n'est-

 21   ce pas ?

 22   M. Blaskic (interprétation). – Oui, à plusieurs reprises :

 23   en 1992 et en 1993. Mais je ne sais pas à quelle rencontre précise vous

 24   fait référence.

 25   M. Kehoe (interprétation). – Général, je vous demande si vous


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  1   considérez que le général Cordy-Simpson est un officier compétent et une

  2   personne sensée, douée de raison ?

  3   M. Blaskic (interprétation). – Oui, je pense que c'est un homme

  4   doué de raison est sensé, mais me prononcer quant aux compétences de ses

  5   qualités d'officier, cela je ne peux pas. Je l'ai toujours entendu et

  6   écouté quand j'ai eu des réunions avec lui ; je pense que c'est un

  7   officier de haut niveau, un officier supérieur mais je ne peux pas aller

  8   plus loin dans mon jugement. Je ne sais pas où il servait, je ne connais

  9   pas sa biographie, je ne sais pas à quel niveau militaire il servait. J'ai

 10   très peu d'informations à son sujet. Mais je peux vous dire ce que j'ai

 11   noté dans ma chronologie au sujet des réunions auxquelles nous avons

 12   participé tous les deux.

 13   M. Kehoe (interprétation). – Général, j'aimerais vous lire

 14   l'évaluation faite par le Général de brigade Cordy-Simpson, au sujet de la

 15   situation prévalant en Bosnie centrale à partir du 19 janvier.

 16   Monsieur le Président, Messieurs les Juges, je vous renvoie à la

 17   pièce à conviction 406/43, la page de couverture porte la date du

 18   20 janvier, mais le rapport concerne la journée du 19 janvier 1993.

 19   Je fais référence au sommet de la page 2.

 20   Je demanderai que cette page... Excusez-moi.

 21   Je crois que le débat devrait se dérouler à huis clos partiel.

 22   M. le Président. – Excusez-moi Monsieur le Procureur ?

 23   M. Kehoe (interprétation). - Oui, Monsieur le Président, je

 24   crois que ce document devrait être lu en huis clos partiel, avec

 25   l'autorisation des Juges bien entendu.


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  1   M. le Président. – Huis clos partiel alors. Bien sûr.

  2   L'audience se poursuit à huis clos partiel.

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  8   La séance se poursuit en audience publique.

  9   M. Abtahi. - Il s'agit de la pièce de l'accusation 668.

 10   M. Kehoe (interprétation). - Général, la pièce à conviction 668

 11   est un bulletin d'information militaire du bataillon britannique en date

 12   du 20 janvier 1993 et j'aimerais vous lire l'extrait concernant

 13   Gornji Vakuf.

 14   En bas de page, la phrase qui commence par "The assessment..."

 15   et qui se poursuit sur la page suivante. Vous trouvez ces termes en bas de

 16   page.

 17   Général, c'est l'évaluation du bataillon britannique quant à la

 18   situation régnant à

 19   Gornji Vakuf.

 20   "Evaluation : la compagnie B estime que le plan régional

 21   concernant Gornji Vakuf visait à assurer la sécurité des villages

 22   avoisinants, a entouré, encerclé la ville, puis l'a séparé en deux. Le HVO

 23   a affirmé au départ que cette action pouvait se faire assez rapidement.

 24   L'action la plus importante du HVO a concerné Pidris, Mracaj, Piriza ainsi

 25   que la cote -une cote particulière est citée dans le texte.


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  1   On estime que la détermination des Musulmans a été grandement

  2   sous-estimée. En outre, de nombreuses sanctions du HVO se sont avérées

  3   inefficaces. En outre, de nombreux tirs d'artillerie du HVO se sont avérés

  4   inefficaces, ils n'ont pas réussi à vider les zones résidentielles

  5   musulmanes et à réduire la concentration des combattants musulmans.

  6   En bref, le HVO n'a remporté qu'un succès partiel et n'a pas réussi à

  7   effectuer une percée dans la ville elle-même. La compagnie B exprime sa

  8   préoccupation quant à la possibilité pour des problèmes de même nature de

  9   surgir à Jablanica et, par conséquent, affecter un autre MSR en Bosnie

 10   centrale.

 11   La possibilité de problèmes de même nature à Travnik,

 12   Novi Travnik et Vitez est évaluée, considérée comme considérable."

 13   Nous passons ensuite en bas de page, Monsieur l'Huissier, où

 14   nous lisons les termes pour Busovaca -je cite :

 15   "L'armée de Bosnie-Herzégovine à Busovaca a érigé un nouveau

 16   barrage routier à Kacuni correspondant à la cote X. C'est le seul barrage

 17   routier de l'armée de Bosnie-Herzégovine sur la route menant de Vitez vers

 18   Kiseljak. Il se trouve au nord du quartier général d'une brigade de

 19   l'armée de Bosnie-Herzégovine. Le barrage routier en tant que tel est

 20   gardé par 15 à 20 soldats équipés d'armes automatiques et d'un lance-

 21   roquettes léger 7.

 22   Des rapports provenant du 1er Régiment du Cheshire pendant les

 23   heures de la journée montrent qu'un grand nombre de mines ont été placées

 24   au niveau de ce barrage routier. Selon des informations ultérieures

 25   provenant de l'escadron de transport néerlandais, il apparaît que ces


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  1   mines ont peut-être été enlevées lorsque la nuit tombe."

  2   M. le Président. - Les interprètes ont un peu de difficulté à

  3   vous suivre. Ils terminent juste la traduction du document.

  4   Pouvez-vous répéter la question ?

  5   Interprète. - Merci, Monsieur le Président.

  6   (L'interprète poursuit la lecture du bulletin d'information

  7   militaire)

  8   M. Kehoe (interprétation). - "Commentaire : c'est encore une

  9   nouvelle indication de l'étendue de la méfiance dans toute la région

 10   Busovaca-Travnik-Vitez. (Fin de commentaire)"

 11   Général, le 20 janvier 1993 ou avant cette date, les hostilités

 12   existent à Gornji Vakuf. Seriez-vous d'accord avec moi ?

 13   Interprète. - L'interprète est prête.

 14   M. le Président. - Allez-y poser votre question.

 15   M. Kehoe (interprétation). - Général, il apparaît manifestement

 16   que le 20 janvier et avant la date du 20 janvier, des hostilités

 17   existaient à Gornji Vakuf opposant le HVO et l'armée de Bosnie-

 18   Herzégovine.

 19   Conviendriez-vous avec moi, Général, que l'érection de ce

 20   barrage routier à Kacuni le 20 janvier par les Musulmans a constitué une

 21   réaction à ce conflit, à ces hostilités.

 22   M. Blaskic (interprétation). - Comment pourrais-je être d'accord

 23   avec vous si vous affirmez que le barrage routier de Kacuni représente une

 24   réaction au conflit de Gornji Vakuf.

 25   Regardez la carte, nous avons dessiné les routes qui mènent à


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  1   Vitez, je peux vous la montrer encore une fois. Ce sont des territoires

  2   qui sont divisés, coupés par des montagnes. Il n'y a jamais eu de route

  3   menant de Vitez à Gornji Vakuf. Une telle route n'a jamais existé. Ce qui

  4   se passe à Gornji Vakuf aurait pu susciter des inquiétudes, oui.

  5   Mais permettez-moi de dire que sur la base de ce que vous venez

  6   de décrire, il ne s'agit pas d'un barrage routier, il s'agit d'une

  7   barricade militaire. Je lis dans ce rapport qu'il y avait un lance-

  8   roquettes léger présent sur les lieux. On parle d'armes automatiques, on

  9   parle de mines placées sur la route, on parle de 15 à 20 soldats, on parle

 10   de ces mines sans dire si ce sont des mines anti-infanterie ou antichars.

 11   Mais, sur un barrage routier, il y a quoi ? Deux, trois policiers avec des

 12   armes à fusil court et un carnet et un stylo et ils notent les numéros

 13   d'immatriculation des voitures qui passent.

 14   Je n'ai pas eu l'occasion de le faire car on ne m'a pas posé la

 15   question, mais les barrages routiers existaient à Kruscica le 18 janvier ;

 16   il y en a un qui a été érigé à Pavlovica, le 17 ailleurs, etc.

 17   Les deux brigades, la 1ère et la 7ème brigade qui s'appelait, à

 18   l'époque, la 17ème brigade de Krajina -à moins que cela ne soit la

 19   1ère brigade de Krajina et la 7ème brigade de Krajina- ont été amenées et

 20   transférées sur les lieux, donc ce n'est pas un barrage routier, c'est une

 21   barricade militaire.

 22   M. Kehoe (interprétation). - Est-ce qu'il y avait des barrages

 23   routiers du HVO, des points de contrôle du HVO à Busovaca, aussi bien dans

 24   la ville que dans la municipalité le 20 janvier 1993 ?

 25   M. Blaskic (interprétation). - En tant que réaction, il est


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  1   possible que ce point de contrôle ait été érigé, mais je ne l'ai pas vu.

  2   Moi, je me suis déplacé sur la route, et sur la route qui mène de Kiseljak

  3   à Vitez je n'ai jamais vu de point de contrôle armé plus lourdement que le

  4   point de contrôle de Kacuni tenu par l'armée de Bosnie-Herzégovine. Je

  5   parle bien d'un point de vue militaire.

  6   Quant à la police civile, elle avait un point de contrôle qui

  7   lui permettait de vérifier la circulation au carrefour de Kaonik où l'on

  8   voit une grande route qui va vers Busovaca, puis Zenica, Kakanj, Visoko,

  9   etc. Ces points de contrôle étaient, pour la plupart, des points de

 10   contrôle tenus par la police civile.

 11   Maintenant, est-ce que dans la nuit du 19 au 20 un point de

 12   contrôle supplémentaire ait été créé ? Moi je n'en ai pas vu, et surtout

 13   pas s'il s'agit d'un point de contrôle qu'on peut qualifier de barricade

 14   militaire.

 15   M. Kehoe (interprétation). – Eh bien, gardons présent à l'esprit

 16   la date limite du désarmement qui était fixée au 20 janvier 1993 à

 17   19 heures. En rapport avec cela, je vous demande si vous avez ordonné à

 18   des hommes supplémentaires de faire mouvement depuis Kiseljak et Kresevo

 19   vers la municipalité de Busovaca, des soldats ?

 20   M. Blaskic (interprétation). - Vous parlez du 20 janvier ?

 21   M. Kehoe (interprétation). - Je vais clarifier ma question :

 22   le 20 ou autour du 20 janvier, avez-vous donné l'ordre à des hommes du HVO

 23   supplémentaires de venir à Busovaca en provenance de Kresevo et Kiseljak ?

 24   En gardant à l'esprit, Général, que la date limite pour le désarmement

 25   était fixée à 19 heures, le 20 janvier 1993.


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  1   M. Blaskic (interprétation). - Ces soldats de Kiseljak et de

  2   Kresevo, c'est toutes les semaines -je répète toutes les semaines- avant

  3   le 20 janvier qu'ils se rendaient vers le secteur 1 à Travnik sur le front

  4   face aux Serbes. Mais il s'agissait de relèves régulières. Je rendais

  5   visite régulièrement à ces équipes avec des commandants de l'armée de

  6   Bosnie-Herzégovine.

  7   Le 20 janvier, à partir de Kiseljak et de Kresevo, les soldats

  8   sont arrivés sur la ligne de front pour prendre ces fonctions face aux

  9   Serbes, selon le règlement.

 10   Simplement, j'ai donné l'ordre que de Busovaca, du village de

 11   Katici des soldats viennent sur la ligne de front, parce qu'ils m'avaient

 12   dit leur inquiétude quand au fait que des forces de l'armée de Bosnie-

 13   Herzégovine s'accumulaient, se regroupaient au voisinage de leur village.

 14   Je leur ai dit : "Chers concitoyens, il n'est pas nécessaire

 15   d'échapper à vos obligations sur la ligne de front face aux Serbes, les

 16   soldats doivent aller prendre leur place

 17   dans leurs équipes." Et ils l'ont fait.

 18   Mais il s'agissait d'une pratique tout à fait régulière. Depuis,

 19   si je ne m'abuse, le mois de novembre 1992 s'est inscrit dans ma

 20   chronologie. Je peux vous retrouver exactement le document et la date

 21   précise à partir de laquelle a commencé cette pratique du point de vue de

 22   la défense, dans la région de Travnik. Et pas seulement, d'ailleurs, de

 23   Kiseljak mais aussi de Vares. Une fois ils sont même venus de Kakanj, de

 24   Zenica, de Fojnica, toutes les municipalités ont participé à la défense.

 25   Il y en a qui sont venus de Fojnica, de Vitez, de Busovaca.


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  1   M. Kehoe (interprétation). - Un autre document Général, si vous

  2   le voulez bien. Monsieur le Président, je ne sais pas si vous voulez que

  3   nous suspendions pour le déjeuner ? Je peux continuer.

  4   M. le Président. – Vous pouvez montrer ce dernier document et

  5   ensuite nous suspendrons.

  6   M. Kehoe (interprétation). – Oui, Monsieur le Président.

  7   Eh bien, examinons un nouveau document, Général.

  8   M. Abtahi. – Il s'agit de la pièce de l'accusation 669.

  9   M. Kehoe (interprétation). - Toujours un bulletin d'information

 10   militaire émanant du bataillon britannique.

 11   Claudius, la page qui m'intéresse est la page 2, paragraphe 2,

 12   rapport relatif à Busovaca. Vous avez trouvé le passage ?

 13   M. le Président. – Quelle date ? Le document ? Le 21 janvier,

 14   c'est cela Monsieur le Procureur ?

 15   M. Kehoe (interprétation). - La date est celle du 21,

 16   Monsieur le Président.

 17   Monsieur le Président, Messieurs les Juges, pour les cabines je

 18   vais m'efforcer de lire aussi lentement que possible ce texte.

 19   Le titre : "Busovaca".

 20   Le texte : "Référence : notre bulletin d'informations

 21   militaires 81, daté du 20 janvier 1993", paragraphe 4 :

 22   "L'escadron de transport néerlandais rencontre du fait qu'un

 23   nouveau point de contrôle de l'armée de Bosnie-Herzégovine placé à Kacuni

 24   à la cote x a été installé aux fins d'empêcher l'arrivée des renforts du

 25   HVO en provenance de Kiseljak/Kresevo.


Page 20429

  1   Le commandant local de l'armée de Bosnie-Herzégovine déclare que

  2   ces renforts sont arrivés pendant la soirée du 20 janvier 93, et ont été

  3   renvoyés au niveau du point de contrôle. Les tensions se sont accrues à

  4   Busovaca en fin d'après-midi.

  5   Entre 20 heures 00 et 21 heures 00, deux points de contrôle du

  6   HVO ont été érigés aux deux extrémités du centre ville, et les deux cotes

  7   sont citées. A peu près au même moment, un canon 4 x 50, monté sur un

  8   camion plat, à été déployé sur la route du sud de la ville à la cote citée

  9   dans le texte.

 10   Toutes les principales routes entrant et sortant de Busovaca

 11   étaient désormais contrôlées. Entre 21 heures 00, le 20 janvier et

 12   02 heures 00 le 21 janvier 1993, l'escadron de transport néerlandais a

 13   rendu compte d'un certain nombre d'explosion dans l'enceinte de la ville.

 14   Le 21 janvier 1993, une reconnaissance de jour a permis de confirmer que

 15   8 magasins, ou kiosques, avaient été grièvement endommagés par le feu et

 16   une espèce d'explosif.

 17   L'escadron de transport néerlandais pense que ces magasins qui

 18   sont tous musulmans ont peut-être été endommagés par des grenades. Les

 19   deux points de contrôle du HVO ont été levés le 21 janvier 1993. Une

 20   source locale a fait savoir aux bataillons néerlandais qu'un certain

 21   nombre de familles de Busovaca avaient envoyé leurs enfants chez des amis

 22   à Zenica.

 23   Commentaire : l'action du 20 au 21 janvier 1993 apparaît comme

 24   étant une attaque préplanifiée et coordonnée contre la population

 25   musulmane. Fin de commentaire." (Fin de citation.)


Page 20430

  1   J'ai des questions à poser sur ce texte, Monsieur le Président,

  2   mais je suis sûr que nous pouvons le faire après le déjeuner car elles

  3   sont assez longues.

  4   M. le Président. – Nous suspendons et nous reprenons à 14

  5   heures 30.

  6   (L'audience, suspendue à 13 heures, est reprise à 14 heures 35.)

  7   M. le Président. – Monsieur le Procureur, je rappelle que vous

  8   avez distribué un document avant la pause du déjeuner et que vous

  9   devez poser des questions sur ce document ; nous n'avons pas à le

 10   relire.

 11   M. Kehoe (interprétation). – Oui, Monsieur le Président. Avant

 12   d'en passer à ces questions, je voudrais présenter un document que j'ai

 13   oublié de présenter pendant que nous parlions de l'incident de

 14   Novi Travnik qui remonte à octobre 1992, j'aimerais le faire dès

 15   maintenant. C'est une lettre…

 16   M. le Président. - C'est votre choix Monsieur le Procureur,

 17   alors on le fait tout de suite.

 18   M. Kehoe (interprétation). – Oui, merci.

 19   C'est une lettre du Président Izetbegovic adressée au

 20   Président Tudjman.

 21   M. Abtahi. - Il s'agit de la pièce 670 de l'accusation et 670a

 22   pour la version anglaise.

 23   M. le Président. - Allez-y Monsieur le Procureur.

 24   M. Kehoe (interprétation). - Oui Monsieur le Président. J'ai des

 25   exemplaires pour les cabines d'interprétation, je crois que ce serait très


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  1   utile.

  2   M. le Président. – Allez, Monsieur Claudius ! Les cabines se

  3   préparent s'il vous plaît pour éviter les pertes de temps un peu trop

  4   grandes.

  5   Dans ce cas-là, Monsieur le Greffier, si ce n'est pas trop

  6   déroger à votre statut, en attendant que Claudius passe la chose, vous

  7   pourriez le donner à l'autre cabine, cela vous fera faire du sport !

  8   M. Kehoe (interprétation). – Monsieur le Président, c'est ma

  9   faute, j'aurais dû le faire avant.

 10   M. le Président. - Nous enregistrons qu'enfin il y a une faute

 11   du Procureur !

 12   Nous écoutons.

 13   M. Kehoe (interprétation). - C'est une lettre du

 14   Président Izetbegovic adressée au Président Franjo Tudjman en date du

 15   27 octobre 1992.

 16   "Monsieur le Président, les événements récents en Bosnie-

 17   Herzégovine m'obligent à vous adresser cette lettre. Des unités du HVO ont

 18   systématiquement provoqué des conflits à Novi Travnik, Vitez et Prozor qui

 19   ont mené à des victimes et un certain degré de destruction.

 20   Toutes les routes passant par l'Herzégovine occidentale ont été

 21   fermées, même pour les convois d'aide humanitaire. Parallèlement, une

 22   guerre de propagande contre la Bosnie-Herzégovine et ses autorités légales

 23   est menée par les médias croates.

 24   Ces médias ont inventé et ne cessent de repasser des

 25   informations faisant état d'un supposé coup d'Etat en Bosnie-Herzégovine.


Page 20432

  1   Ils spéculent sur les changements au sein du Gouvernement et ne cessent de

  2   dissimuler la lutte menée par l'armée de Bosnie-Herzégovine contre les

  3   Chetniks, lutte menée dans des conditions extrêmement inégales.

  4   L'idée derrière tout cela est de détruire notre peuple qui a

  5   subi des coups physiques durs portés par les Chetniks et qui nous a laissé

  6   sans une once d'espoir. Il semble que les médias croates finissent cette

  7   deuxième partie du travail et ont accepté cette deuxième partie du

  8   travail. Comme vous le savez, en fait, il n'y a pas eu de coup d'Etat à

  9   Sarajevo.

 10   La situation est la suivante : l'armée de Bosnie-Herzégovine

 11   lutte courageusement à Gorazde, Sarajevo, Konjic, Jajce, Gradacac, Zepa,

 12   Maglaj, Visegrad, Brcko et en d'autres

 13   endroits encore, et le monde entier sait cela, à l'exception de la télé

 14   croate.

 15   Pourquoi dissimulent-ils cela ? Et pourquoi tentent-ils de créer

 16   un climat de désespoir ?

 17   D'autre part, la situation est également la suivante : des chars

 18   ont tiré sur la ville de Prozor et sont entrés dans cette même ville mais

 19   il ne s'agit pas de chars de l'armée de Bosnie-Herzégovine. Notre

 20   équipement militaire qui est d'une importance décisive dans la résistance

 21   contre l'invasion Chetnik, a été arrêté à Zagreb et Grude. Les

 22   conséquences sont évidentes.

 23   Des négociations portant sur le système qui devra être appliqué

 24   en Bosnie-Herzégovine à l'avenir sont en cours à Zenica pendant que,

 25   simultanément, une politique du fait accompli est exécutée par la force,


Page 20433

  1   ce qui détériore le climat de négociations à Genève et ce qui leur enlève

  2   toute utilité.

  3   Le HVO a dépassé la limite de la légitime défense contre les

  4   Chetniks, et s'est lancé dans la destruction systématique des autorités

  5   civiles légales et dans l'établissement d'institutions qui ont quasiment

  6   le statut d'Etat.

  7   Dans l'ensemble, l'impression est qu'ils souhaitent profiter de

  8   la situation difficile régnant en Bosnie-Herzégovine, peut-être la

  9   situation la plus difficile de son histoire, afin d'imposer une solution

 10   qui est contraire à ce que souhaitent la plupart de ces citoyens.

 11   Quel peuple raisonnable, aux niveaux national et international,

 12   pourrait penser, pourrait croire que tout en menant des batailles

 13   difficiles contre les Chetniks, nous avons simultanément établi un front

 14   contre le HVO ?

 15   Ceci ne vous rappelle-t-il pas cette histoire Chetnik selon

 16   laquelle nous nous pilonnions nous-mêmes à Sarajevo ?

 17   La Bosnie-Herzégovine n'acceptera jamais la division fondée sur

 18   des bases exclusivement ethniques ou toute solution imposée par la force.

 19   Elle a suffisamment de forces à

 20   sa disposition pour assurer sa propre résistance et suffisamment d'amis

 21   dans le monde.

 22   La Bosnie-Herzégovine considérait la Croatie et son peuple

 23   particulièrement comme faisant partie de ses amis. Malgré tout, nous

 24   continuerons à croire en cette amitié et à agir en conséquence.

 25   Nous vous demandons donc, Monsieur le Président, de faire usage


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  1   de votre influence incontestable afin d'abattre les obstacles qui se

  2   dressent sur cette voie afin que nos rapports puissent évoluer selon

  3   l'accord sur l'amitié et la coopération entre nos deux pays.

  4   Je vous prie d'agréer mes sincères salutations.

  5   Président de la présidence de Bosnie-Herzégovine,

  6   Alija Izetbegovic."

  7   Cette lettre est adressée au Dr Franjo Tudjman, Président de la

  8   République de Croatie.

  9   Monsieur le Président, je voudrais donc revenir maintenant à

 10   notre pièce 669 qui est ce bulletin d'informations militaires du bataillon

 11   britannique du 21 janvier 1993.

 12   M. le Président. – Simplement une question, Monsieur le

 13   Procureur,

 14   Cette lettre avait fait l'objet d'une publication dans les

 15   médias à l'époque ? Est-ce qu'elle est restée secrète ?

 16   M. Kehoe (interprétation). - Je ne pourrai pas répondre à cette

 17   question, Monsieur le Président. Je peux essayer de l'apprendre, je peux

 18   interroger les autorités de la République de Bosnie-Herzégovine pour

 19   savoir s'il s'agissait d'une lettre publique ou non. Je ne sais pas et je

 20   ne veux rien affirmer ni d'un côté ni de l'autre, mais j'essaierai de le

 21   savoir.

 22   M. le Président. – Les Juges vous demandent de savoir si cet

 23   échange de lettre, au moment où elle a été émise ou quelques temps après

 24   ou en tout cas dans une date voisine, a fait l'objet d'une certaine

 25   publicité.


Page 20435

  1   Merci.

  2   M. Kehoe (interprétation). – Oui, ce sera fait dès que possible.

  3   Général, j'attire votre attention sur le rapport faisant état de

  4   l'attaque de Busovaca le soir du 20 janvier 1993. Oui, c'est cela le

  5   20 janvier 1993. Nous avons parlé de ce délai fixé pour le dépôt des

  6   armes. Et il s'agissait de 19 heures le 20 janvier 1993.

  7   Dans ce rapport consacré à la situation, il est question de la

  8   mise en place d'un poste de contrôle de chaque côté du centre de la ville

  9   de Busovaca, une heure plus tard à 20 heures, le 20 janvier 1993.

 10   Avez-vous ordonné la mise en place de ces postes de contrôle ?

 11   M. Blaskic (interprétation). - Je n'ai pas donné l'ordre de

 12   mettre en place les points de contrôle à Busovaca.

 13   M. Kehoe (interprétation). - Aviez-vous connaissance de leur

 14   existence ?

 15   M. Blaskic (interprétation). - Fin janvier, je ne le savais pas

 16   étant donné que, probablement, c'est plus tôt que je suis passé par

 17   Busovaca. Je savais qu'il y avait un point de contrôle à Kacuni.

 18   Cela dit, je souhaite faire un commentaire sur cette partie, de

 19   l'autre. Il est vrai que le délai était celui de 19 heures, mais en ce qui

 20   concerne l'ordre dont nous parlons, j'ai convoqué une réunion de tous les

 21   commandants subordonnés. Au cours de cette réunion, j'ai dit qu'aucune

 22   unité du HVO n'allait désarmer les unités de l'armée de Bosnie-Herzégovine

 23   et que nous attendrions l'accord concernant la manière dont l'accord passé

 24   entre le général Halilovic et Petkovic allait être exécuté.

 25   Sur la base du document 405, il est clair que le


Page 20436

  1   général Petkovic nous a demandé de nous mettre en contact avec l'armée de

  2   Bosnie-Herzégovine et de résoudre le problème par le biais de l'accord.

  3   M. Kehoe (interprétation). - Mais Général, il y avait un camion

  4   dont la remorque était ouverte, qui se trouvait, selon le bataillon

  5   britannique, dans le centre de la ville. Avez-vous ordonné que ce camion

  6   soit placé là ? Et ce camion, il portait cette arme antiaérienne ?

  7   M. Blaskic (interprétation). - Je n'ai pas donné l'ordre de

  8   faire venir ce camion dans le centre ville. Je vois tous ces détails sur

  9   la base de ce rapport qui a été envoyé par les membres de la Forpronu.

 10   Cela dit, je savais qu'il y avait un point de contrôle à Kacuni,

 11   et je sais que ce n'est pas vrai que le rôle de ce point de contrôle était

 12   d'empêcher le passage des renforts de Kiseljak étant donné que les équipes

 13   de relève…

 14   M. Kehoe (interprétation). - Général, ce n'est pas la question.

 15   La question portait sur ce camion à remorque ouverte qui se trouvait dans

 16   le centre de la ville.

 17   M. Blaskic (interprétation). - Je n'ai pas donné l'ordre d'y

 18   mettre le camion.

 19   M. Kehoe (interprétation). - Qui a ordonné la mise en place de

 20   postes de contrôle et l'installation dans le centre ville de Busovaca de

 21   ce camion transportant l'arme antiaérienne ?

 22   M. Blaskic (interprétation). - Je ne sais pas qui a donné cet

 23   ordre. Je n'ai pas reçu d'informations à ce sujet, mais je sais qu'au

 24   cours de la réunion qui a eu lieu le 21 janvier 1993, j'ai demandé que

 25   l'on…


Page 20437

  1   M. Kehoe (interprétation). - Général, à nouveau, je dois vous

  2   interrompre. Ce n'est pas la réponse à ma question. Vous avez dit que vous

  3   ne saviez pas qui l'avait fait, eh bien, passons à autre chose.

  4   Après l'attaque qui a eu lieu à Busovaca...

  5   M. le Président. - (inaudible)

  6   M. Hayman (interprétation). - Il a dit qu'il ne savait pas et,

  7   ensuite, il a dit : "Mais ce que je sais..." et, ensuite, on l'a

  8   interrompu. Alors, est-ce bien juste, Monsieur le Président ?

  9   M. le Président. - (inaudible)

 10   M. Hayman (interprétation). - Nous voulons gagner du temps

 11   également, Monsieur le Président. Mais chaque témoin, au cours de ce

 12   procès, a eu la possibilité dans une certaine mesure d'expliquer ses

 13   réponses et nous voudrions que l'accusé soit traité de la même

 14   façon.

 15   M. le Président. - (inaudible)

 16   M. Kehoe (interprétation). - Général, voyons la cassette qui a

 17   été filmée par le bataillon de transport britannique et que nous avons

 18   fournie aux techniciens. Il s'agit de la pièce de l'accusation 238.

 19   Pour le compte rendu, je ferai remarquer, Monsieur le Président,

 20   en ce qui concerne cette cassette, qu'elle a été soumise dans le cadre

 21   d'une audience à huis clos avec un témoin qui a témoigné à huis clos.

 22   Cependant, la cassette elle-même ne doit pas nécessairement être

 23   placée sous scellés.

 24   M. le Président. - (inaudible)

 25   M. Kehoe (interprétation). - Peut-on passer cette cassette, la


Page 20438

  1   pièce de l'accusation 238 ?

  2   (Passage de la cassette.)

  3   M. Kehoe (interprétation). - Merci.

  4   Général, au cours des soirées des 20 et 21 janvier, des

  5   commerces appartenant à des Musulmans de Bosnie ont été détruits dans la

  6   ville de Bosnie au cours de ces nuits-là. Excusez-moi, je parle de la

  7   ville de Busovaca.

  8   M. Blaskic (interprétation). - Je sais qu'il y a eu des actes

  9   criminels individuels au cours de cette journée-là -ou bien cette soirée-

 10   là-, et c'est ici que nous avons entendu la déposition, je crois que

 11   c'était la déposition du témoin de la défense Slavko Katava qui a dit que

 12   c'était la police civile qui dressait le constat et les procès-verbaux

 13   concernant les actes criminels et terroristes de certains individus dans

 14   la ville de Busovaca. Il a apporté beaucoup de documents et je crois que

 15   dans les notes officielles qu'il nous a fait parvenir, il est fait

 16   référence à cet genre d'incidents.

 17   M. Kehoe (interprétation). - Je vais vous lire une partie de ce

 18   témoignage. Peut-on passer en audience à huis clos partiel brièvement,

 19   Monsieur le Président ?

 20   M. le Président. - (inaudible)

 21   L'audience se poursuit à huis clos partiel.

 22   M. Abtahi. - Nous sommes à présent en huis clos partiel.

 23   (expurgée)

 24   (expurgée)

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  7   (expurgée)

  8   (expurgée)

  9   (expurgée)

 10   (expurgée)

 11   La séance se poursuit en audience publique.

 12   (Les Juges se consultent sur le Siège.)

 13   M. le Président. – Allez-y !

 14   M. Kehoe (interprétation). – Monsieur le Président, je passe à

 15   la pièce suivante. Je crois que M. le Greffier lui a attribué une cote.

 16   M. Abtahi. – Il s'agit de la pièce de l'accusation 671.

 17   M. Kehoe (interprétation). - Général, cette pièce 671 est un

 18   nouveau bulletin d'informations militaires du bataillon britannique du

 19   30 janvier 1993. La partie qui m'intéresse, Claudius, est la troisième

 20   partie en bas de la page 1 qui se poursuit en haut de la page 2.

 21   Il est dit la chose suivante : "Une équipe d'officiers de

 22   liaison a parlé Edin Beganovic au quartier général de l'armée de Bosnie-

 23   Herzégovine de la 333ème Brigade à

 24   Kacuni. Edin a déclaré qu'il était l'officier chargé du moral des troupes

 25   de l'information et des questions religieuses. Il a déclaré penser que les


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  1   Musulmans de Busovaca entre 15 et 65 ans avaient été arrêtés et placés en

  2   détention soit à l'école secondaire de Busovaca, soit à l'usine Mediapan

  3   -et on donne une référence topographique.

  4   Edin a signalé que le conflit avait commencé lorsque les

  5   Musulmans n'avaient pas fait cas des demandes du HVO de déposer les armes

  6   le 20 janvier. 50 extrémistes du HVO environ, avec à leur tête

  7   Anto Sliskovic, auraient alors détruit de nombreuses maisons musulmanes et

  8   tué un soldat de l'armée de Bosnie-Herzégovine dans la nuit du 20 au

  9   21 janvier.

 10   Edin a signalé qu'entre 50 et 100 soldats de l'armée de Bosnie-

 11   Herzégovine vivant dans la partie nord de Busovaca ont commencé à établir

 12   des positions défensives sur la colline de Kardic -et on donne ensuite une

 13   référence topographique.

 14   Le HVO a persuadé les soldats de l'armée de Bosnie-Herzégovine

 15   d'abandonner leurs positions de défense et ces soldats ont ensuite été

 16   arrêtés." (Fin de citation.)

 17   Ce bulletin d'informations militaires, Général, montre qu'il y

 18   avait en fait des exigences formulées par le HVO auprès de l'armée de

 19   Bosnie-Herzégovine lui demandant de déposer les armes. C'est bien exact ?

 20   M. Blaskic (interprétation). - J'ai déjà dit que le HVO ou bien

 21   moi en tant que commandant et les commandants qui m'étaient subordonnés,

 22   n'ont jamais reçu un tel ordre demandant de procéder au désarmement de

 23   l'armée de Bosnie-Herzégovine. L'un des prétextes qui a été avancé lors de

 24   la réunion avec Dzemo Merdan, pendant le conflit à Novi Travnik, était

 25   qu'il savait que quelqu'un avait fait la demande que l'armée de Bosnie-


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  1   Herzégovine dépose ses armes.

  2   J'affirme qu'une telle demande n'a pas été faite, et ce monsieur

  3   Edin Beganovic n'a pas expliqué les raisons pour lesquelles le point de

  4   contrôle a été érigé à Kacuni, le fait que la

  5   7ème Brigade de Krajina est venue à Kacuni et le fait que des forces du

  6   1er Corps d'armée du groupe opérationnel de Visoko est venu dans la région

  7   de la Lasva et de la Dusina.

  8   De même, lorsqu'on parle du convoi qui passait vers Srebrenica,

  9   on ne mentionne pas que ce convoi est passé avant ce conflit. Lorsque vous

 10   m'avez posé la question de savoir qui a commencé, je peux vous dire que

 11   c'est difficile de répondre à cette question, étant donné qu'à l'époque

 12   j'étais à Kiseljak alors que l'incident s'est produit à Kacuni, près de ce

 13   point de contrôle.

 14   Je suis convaincu que le développement de la situation s'est

 15   produit conformément au plan du 3ème Corps de l'armée de Bosnie-

 16   Herzégovine, le résultat était le couloir entre Bilalovac et Kacuni.

 17   En ce qui concerne les activités individuelles, nous avons pu

 18   voir sur la cassette tout à l'heure, qu'il y a eu plusieurs actes

 19   individuels, terroristes qui relevaient de la compétence de la police

 20   civile. Si on trouvait le nom du "perpetreur", et s'il s'agissait d'un

 21   soldat, dans ce cas, c'est le Tribunal militaire du district qui était

 22   compétent.

 23   M. Kehoe (interprétation). - Mais Général, cette attaque contre

 24   les Musulmans à commencé une heure après l'expiration du délai fixé par

 25   l'ordre de Bruno Stojic. Pensez-vous que c'était une coïncidence,


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  1   Général ?

  2   M. Blaskic (interprétation). – Je ne sais pas de quelle attaque

  3   vous parlez, je ne sais pas quelle attaque. Ce que je sais, c'est que le

  4   21 janvier, il y a eu une rencontre entre le commandant de la

  5   330ème Brigade de l'armée de Bosnie-Herzégovine de Busovaca et de la

  6   brigade Nikola Subic-Zrinjski afin de résoudre tous les problèmes

  7   concernant les incidents, par le biais du dialogue et de manière

  8   pacifique.

  9   Il y a eu des incidents avec les barrages routiers et d'autres

 10   incidents. Ils se sont rencontrés afin de résoudre le problème par le

 11   biais du dialogue, conformément à l'ordre que j'ai donné à mes

 12   commandants ; ceci figure dans le document 405.

 13   M. Kehoe (interprétation). - Nous reviendrons au document 405,

 14   Général, mais ce document dit qu'environ 50 soldats extrémistes avec à

 15   leur tête Anto Sliskovic auraient alors détruit de nombreuses maisons

 16   musulmanes.

 17   Anto Sliskovic travaillait pour vous, n'est-ce pas ?

 18   M. Blaskic (interprétation). – Si nous parlons du même

 19   Anto Sliskovic, il s'agit de l'homme qui était mon officier chargé de la

 20   sécurité. Il travaillait pour le service de sécurité, pour la direction de

 21   ce service à Mostar. Donc il était directement subordonné au service de

 22   sécurité de Mostar et auprès de moi, il était chargé de la sécurité.

 23   M. Kehoe (interprétation). - Général, c'est le même

 24   Anto Sliskovic que vous avez envoyé à Busovaca, afin de rassembler des

 25   informations sur la libération de Sead Sinanbasic en août 1992, n'est-ce


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  1   pas ?

  2   M. Blaskic (interprétation). – Oui, c'est la même personne que

  3   celle qui a contacté les personnes responsables dans la police civile,

  4   afin de libérer M. Sead Sinanbasic qui était en détention, détenu par la

  5   police civile.

  6   M. Kehoe (interprétation). - C'est le même homme à qui vous avez

  7   confié l'enquête portant sur les crimes d'Ahmici également, n'est-ce pas ?

  8   M. Blaskic (interprétation). – Oui, étant donné qu'en tant que

  9   l'adjoint chargé de la sécurité, il était la seule personne compétente

 10   pour mener l'enquête vis-à-vis de tout le monde, y compris moi-même, mon

 11   commandement, la police militaire et toutes les autres forces présentes

 12   sur le terrain à l'époque.

 13   M. Kehoe (interprétation). - Général, avez-vous jamais ordonné

 14   qu'une enquête soit menée sur la participation de l'armée du HVO dans ces

 15   attaques contre des biens et des maisons musulmanes, au mois de

 16   janvier 1993 ? Avez-vous véritablement demandé qu'une telle enquête soit

 17   menée ?

 18   M. Blaskic (interprétation). – J'ai déjà dit qu'une telle

 19   enquête était menée par la

 20   police civile et j'ai demandé que l'on m'informe de tous ces événements.

 21   J'ai effectivement reçu ce genre d'informations au cours de la réunion

 22   avec tous les commandants ou le commandant de la brigade Nikola Subic-

 23   Zrinjski qui m'a soumis un rapport concernant les événements de Busovaca.

 24   Mais y n'y a pas eu que ces événements là ; il y a eu des

 25   soldats blessés, des soldats du HVO blessés par les soldats de l'armée de


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  1   Bosnie-Herzégovine dans la zone de responsabilité de ces brigades.

  2   Ensuite, il y a eu le déplacement de population musulmane de Busovaca vers

  3   Zenica et Fojnica, il m'a soumis un rapport concernant cette situation.

  4   En ce qui concerne les enquêtes concernant des actes criminels

  5   terroristes individuels, c'est la police civile qui en était chargée et

  6   qui menait ce genre d'enquête en collaboration avec la police militaire.

  7   M. Kehoe (interprétation). - Bon, et dans cette enquête menée

  8   par la police civile et la police militaire, quelqu'un a-t-il été accusé ?

  9   Et si c'est le cas, quelles sanctions ont été imposées ?

 10   M. Blaskic (interprétation). – Il faudrait examiner tous les

 11   rapports et les notes officielles que le témoin Slavko Katava a amené ici.

 12   Il faudrait suivre également comment le Tribunal militaire du district a

 13   mené cette affaire. Moi, je n'ai pas pu contrôler ni surveiller ce

 14   Tribunal, étant donné qu'il dépendait du ministère de la Justice et de la

 15   Défense. Moi, j'ai dit que je me tenais informé de tous les actes

 16   criminels qui ont été commis pendant les trois premiers mois.

 17   J'ai déjà indiqué hier qu'il y a eu 92 actes criminels,

 18   31 plaintes ont été déposées auprès du Tribunal du district et les

 19   sentences ont été rendues. Cependant, je n'ai pas été compétent pour mener

 20   des enquêtes individuelles.

 21   M. Kehoe (interprétation). - Mais Général, vous deviez vous

 22   assurer que les soldats du HVO faisant partie de votre brigade et se

 23   rendant coupables d'actes criminels ne

 24   devaient pas pouvoir rester à l'intérieur de votre brigade, n'est-ce pas ?

 25   M. Blaskic (interprétation). - Vous parlez des soldats faisant


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  1   partie de ma brigade, mais ce n'était pas moi le commandant de cette

  2   brigade ; j'étais le commandant de la zone opérationnelle, d'un corps

  3   d'armée.

  4   Pour mieux comprendre les choses, pour mieux comprendre ce dont

  5   on parle, c'est moi qui ai créé le système, c'est sûr. C'est moi qui

  6   donnais les ordres dès le mois de septembre 1992 et par la suite, et je

  7   m'appuyais sur l'un des documents. Je crois que c'est le document du

  8   18 janvier 1993 où j'ai proposé que l'on sanctionne et qu'on élimine les

  9   auteurs d'actes criminels, qu'on les élimine des unités du HVO mais, moi,

 10   j'essayais de créer un système qui allait fonctionner plutôt que de

 11   poursuivre chaque individu qui avait commis un acte criminel étant donné

 12   que cela n'aurait mené à rien.

 13   M. Kehoe (interprétation). - Etes-vous en train de dire qu'en

 14   tant que commandant général, vous n'étiez pas chargé de vous assurer que

 15   les brigades placées sous votre commandement n'aient pas dans leurs rangs

 16   de criminels ? Etes-vous en train de dire que ce n'était pas du tout votre

 17   responsabilité et que c'était la responsabilité des brigades elles-mêmes ?

 18   M. Blaskic (interprétation). - Non, ce n'est pas du tout ce que

 19   j'ai dit. Peut-être vous n'avez pas bien compris ce que j'ai dit mais, si

 20   vous me posez la question concernant la discipline, permettez-moi

 21   d'expliquer.

 22   Si un soldat commet une erreur...

 23   M. le Président. - Essayez de répondre très précisément à la

 24   question qui vient de vous être posée par le Procureur. Concentrez-vous

 25   pour nous aider, parce que vous dites que vous avez créé un système et, en


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  1   même temps, vous dites que justement, vous n'étiez pas le commandant de la

  2   brigade, que vous étiez le commandant au-dessus. Alors, on ne sait plus si

  3   le commandant au-dessus a une responsabilité sur les commandants de

  4   brigade.

  5   Essayez de vous concentrer sur la question qui vient de vous

  6   être posée par le Procureur.

  7   Le Procureur vous a demandé si vous estimiez que vous n'aviez

  8   pas de responsabilité sur les brigades qui étaient pourtant sous vos

  9   ordres. Aviez-vous une responsabilité sur les brigades qui étaient sous

 10   vos ordres au plan des actes criminels ?

 11   M. Blaskic (interprétation). - J'étais compétent pour les

 12   brigades et j'avais la responsabilité militaire vis-à-vis des commandants

 13   de brigade concernant la situation qui prévalait dans ces brigades, mais

 14   le Procureur me demande si j'étais compétent.

 15   Effectivement, j'étais compétent mais, moi, je créais un

 16   système, un système de répression qui allait permettre de créer la

 17   discipline militaire qui allait permettre que le commandant de brigade

 18   puisse prendre des mesures.

 19   M. le Président. - Tout en créant un système qui allait encore

 20   être plus efficace, vous étiez quand même compétent ? Dans la chaîne de

 21   commandement, vous étiez compétent sur ces actes qui étaient commis par

 22   les brigades qui étaient sous votre responsabilité ? Nous sommes bien

 23   d'accord ?

 24   M. Blaskic (interprétation). - Pour autant que je sache,

 25   Monsieur le Président, en ce qui concerne le système, si un soldat commet


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  1   un acte criminel, c'est la police militaire qui mène l'enquête concernant

  2   ce soldat. Une plainte est portée auprès du Procureur du district et c'est

  3   le Procureur qui décide par la suite si une procédure judiciaire va être

  4   entamée ou pas.

  5   Dans ce cas-là, cela fait partie de la compétence du Tribunal

  6   militaire du district. Si le Procureur me renvoie à moi ou au commandant

  7   de la brigade, la plainte, dans ce cas-là, c'est le commandant de brigade

  8   ou bien moi -si c'est moi qui ai reçu la plainte- qui est compétent pour

  9   cela.

 10   Je répète donc : c'est le Tribunal militaire du district qui est

 11   compétent.

 12   M. le Président. - J'essaie de savoir... Alors, Monsieur le

 13   Procureur, reposez votre

 14   question, s'il vous plaît.

 15   Monsieur le Juge Rodrigues, vous allez peut-être essayer d'y

 16   voir clair dans les compétences et incompétences des uns et des autres.

 17   M. Rodrigues. - Général, je veux savoir si, au moins dans les

 18   circonstances, vous pourriez faire un rapport ou d'une autre façon

 19   communiquer à la police militaire.

 20   M. Blaskic (interprétation). - Je ne sais pas si j'ai reçu une

 21   bonne traduction. On m'a demandé si j'étais capable de rédiger un rapport

 22   ou bien de communiquer d'une autre manière avec la police militaire ?

 23   M. Rodrigues. - Je ne demandais pas si vous étiez capable, si

 24   vous avez l'obligation, même comme citoyen. Supposez que vous savez que

 25   quelqu'un a commis un crime, et vous le savez parce que vous le savez


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  1   directement ou vous le savez parce que le commandant de la brigade vous a

  2   informé.

  3   Maintenant, vous savez que quelqu'un a commis un crime,

  4   sentiez-vous l'obligation, soit comme commandant de la zone opérationnelle

  5   centrale de Bosnie, soit même comme citoyen, sentiez-vous ou aviez-vous

  6   l'obligation de communiquer à la police militaire que vous disiez était

  7   compétente ?

  8   M. Blaskic (interprétation). - Non pas seulement en tant que

  9   commandant, mais aussi en tant que simple citoyen.

 10   Au cas où un acte criminel est commis et au cas où je connais le

 11   nom et le prénom de l'auteur, j'ai l'obligation en tant que citoyen de

 12   porter plainte auprès du Procureur militaire du district, ou bien,

 13   autrement dit, d'informer le service criminologique de la police

 14   militaire.

 15   S'il s'agit d'un acte criminel qui se produit devant mes yeux,

 16   il faut que je sécurise le lieu aussi.

 17   M. Rodrigues. - On peut conclure que si vous aviez l'obligation

 18   de communiquer en tant que citoyen, a fortiori, est-ce que on peut dire

 19   que vous aviez l'obligation comme

 20   commandant ?

 21   M. Blaskic (interprétation). – Certainement. Si l'enquête

 22   débouchait sur un nom et un prénom tout comme vous avez dit dans votre

 23   question, si moi je dispose du nom et du prénom de l'auteur du crime, bien

 24   sûr que j'ai l'obligation de porter plainte contre cet auteur.

 25   M. Rodrigues. - Merci, Général, je crois que M. le Procureur


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  1   peut continuer.

  2   M. le Président. – Je suis un peu étonné de cette conception

  3   judiciaire de la poursuite parce que si vraiment il faut que vous

  4   attendiez de savoir le nom, l'identité de celui qui a commis pour dénoncer

  5   les faits, c'est un peu inquiétant.

  6   Il me semble qu'en tant que commandant, suite aux questions qui

  7   ont été posées par le Juge Rodrigues, Général Blaskic, il me semble que

  8   quand on connaît des actes criminels, on commence par signaler les actes

  9   criminels.

 10   Or, dans votre système, il semble qu'il faut que vous attendiez

 11   d'avoir le nom, le prénom, l'adresse, la profession, l'identité pour

 12   arriver à dire au procureur : "Voilà ! J'ai trouvé le nom, le prénom,

 13   l'adresse, l'âge, l'identité."

 14   Ce n'est pas tout à fait cela quand même en matière criminelle.

 15   M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Président, je ne suis

 16   pas un juriste.

 17   M. le Président. – Nous le sommes, c'est la différence !

 18   M. Blaskic (interprétation). - Je le sais, je le sais. J'ai

 19   entendu la question de M. le Juge. Monsieur le Juge a dit : "Au cas où un

 20   crime est commis et si l'auteur est identifié -c'est comme cela que j'ai

 21   compris-, quelles sont mes obligations si l'auteur est connu, si l'auteur

 22   de l'acte criminel... ?" C'est comme cela que j'ai compris cette question.

 23   Si moi j'apprends qu'un acte criminel a eu lieu et si je ne sais

 24   pas quel est l'auteur, bien sûr que j'ai l'obligation d'informer les

 25   instances de la police civile. Pour autant que je sache, lorsqu'il s'agit


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  1   d'un auteur inconnu, c'est la police civile qui est compétente dans les

  2   questions touchant à l'ordre public, s'il y a eu un acte criminel au sein

  3   d'une caserne dans ce

  4   cas-là…

  5   M. le Président. – Général Blaskic, même quand il y a une police

  6   militaire dans une situation conflictuelle comme celle-ci, on va au

  7   commissariat de police du quartier ? Vous me répondez précisément à cette

  8   question.

  9   M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Président, nous

 10   parlons de la ville dans laquelle des civils vivent. Dans cette partie de

 11   la région, c'est la police civile.

 12   M. le Président. – On sait très bien qu'à Busovaca vivaient des

 13   civils. Nous parlons d'une situation de guerre. Vous avez une police

 14   militaire. Je ne reviens pas sur le problème de la subordination de la

 15   police militaire. Je vous demande simplement si vous estimez que, dans

 16   cette situation-là, votre police militaire continue à gérer uniquement les

 17   conscrits qui ne sont pas à l'appel à 9 heures du soir pour se coucher

 18   dans leur chambrée ? Ou si, au contraire, la police militaire est là quand

 19   même pour s'occuper des crimes de guerre ou des actes qui ont été commis

 20   dans les rues de Busovaca ?

 21   Mais vous pouvez me répondre que la police militaire ne sert pas

 22   à cela.

 23   M. Blaskic (interprétation). - La police militaire, bien sûr,

 24   collabore avec la police civile mais ici, il ne s'agit pas de la guerre à

 25   Busovaca. A Busovaca la paix continue de régner. Simplement, des hommes en


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  1   âge de combattre y résident, ce sont...

  2   M. le Président. – Donc la paix continue à régner à Busovaca.

  3   Monsieur le Procureur, vous continuez, s'il vous plaît.

  4   M. Kehoe (interprétation). – Général, combien de Musulmans ont

  5   été tués au cours de cette nuit-là, à Busovaca ?

  6   M. Blaskic (interprétation). - Je n'ai pas d'informations

  7   concernant le nombre de Musulmans tués, et je ne sais pas de quelle nuit

  8   vous parlez. De quelle nuit parlez-vous ?

  9   M. Kehoe (interprétation). - La nuit du 20 janvier 1993.

 10   M. Blaskic (interprétation). - Je n'ai pas d'informations

 11   concernant le nombre de

 12   Musulmans bosniens tués, étant donné qu'il s'agit là d'une municipalité.

 13   Je n'ai pas de rapport concernant cela. C'est probablement le commandant

 14   de la brigade municipale ou bien le commandant de la police civile

 15   militaire de Busovaca qui a ce rapport.

 16   M. Kehoe (interprétation). - Combien de maisons musulmanes ont

 17   été incendiées cette nuit-là, la nuit du 20 janvier 1993 ?

 18   M. Blaskic (interprétation). - Je ne dispose pas de ce genre de

 19   données concernant le nombre de maisons incendiées. Je sais que des

 20   explosifs ont été posés, ont été placés dans certaines maisons et je sais

 21   que la police a mené des enquêtes à ce sujet.

 22   M. Kehoe (interprétation). - A votre connaissance, combien de

 23   Musulmans ont fui la ville de Busovaca juste après les événements qui ont

 24   eu lieu le soir du 20 janvier 1993 ?

 25   M. Blaskic (interprétation). - Les Musulmans bosniens ont fui ou


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  1   plutôt ont quitté Busovaca. D'après les informations que j'ai reçues au

  2   cours de la rencontre qui a eu lieu le 21, c'est le commandant de la

  3   brigade qui m'en a informé. Il ne m'a pas parlé de leur nombre, mais

  4   effectivement, il quittait Busovaca et puis on faisait également venir des

  5   forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine à Busovaca ou plutôt à l'entrée de

  6   Busovaca.

  7   M. Kehoe (interprétation). - Vous êtes-vous donné la peine de

  8   prendre des mesures visant à enquêter auprès de vos soldats ou d'autres

  9   personnes afin d'apprendre si vos soldats avaient participé aux meurtres,

 10   aux expulsions de Musulmans à Busovaca ou bien s'ils avaient également mis

 11   le feu à certaines maisons au cours des événements qui se sont déroulés

 12   dans la nuit du 20 ? Avez vous pris la peine de le faire ?

 13   M. Blaskic (interprétation). – Un instant, s'il vous plaît.

 14   Le 21 janvier 1993, j'ai eu une réunion avec le commandant à

 15   laquelle a assisté également le commandant de la brigade de Busovaca.

 16   C'est lui qui m'a soumis un rapport concernant tous ces événements, tous

 17   ces événements de Busovaca qui ont eu lieu à Busovaca au cours de la

 18   dernière semaine, y compris le départ des Musulmans Bosniens de Busovaca.

 19   Mais en ce qui concerne les détails, les noms, les prénoms et

 20   les chiffres, je n'en ai pas dans mon cahier, mais j'ai eu une réunion

 21   avec lui et il m'a soumis ce rapport.

 22   M. Kehoe (interprétation). - Pouvez-vous nous donner le nom d'un

 23   soldat du HVO qui a été soit victime ou qui a fait l'objet de sanctions

 24   disciplinaires ou bien qui a été expulsé des rangs du HVO ou qui a fait

 25   l'objet de poursuites pénales pour sa participation aux événements du


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  1   20 janvier 1993 ? Juste un nom ?

  2   M. Blaskic (interprétation). – J'ai déjà dit que j'ai participé

  3   à la création du système disciplinaire. Je ne dressais pas la liste des

  4   noms individuellement, cela se fait au niveau de la compagnie. Même au

  5   niveau de la brigade et à des niveaux supérieurs, on ne note pas les noms,

  6   mais uniquement les chiffres. J'ai voulu me tenir au courant et j'ai

  7   appris qu'il y a eu 92 actes criminels et, puis, j'ai été au courant du

  8   nombre également de plaintes qui ont été déposées, mais en ce qui concerne

  9   les noms d'individus, peut-être ils figurent quelque part dans la

 10   chronologie, mais ce n'était pas ma pratique de rédiger les listes de ce

 11   genre de noms.

 12   M. Kehoe (interprétation). - Mais on pourrait dire sans se

 13   tromper, n'est-ce pas, que le 21 janvier 1993, la population musulmane… 

 14   Excusez-moi, un instant, excusez-moi, je vais reformuler la question. Je

 15   crois que mon collègue n'était pas tout à fait sûr de ma formulation.

 16   Serait-il exact de dire, Général, qu'à partir du

 17   21 janvier 1993, la population musulmane était terrifiée, a été terrifiée

 18   suite aux actes infligés contre elle par des membres du HVO, est-ce

 19   exact ?

 20   M. Blaskic (interprétation). – En ce qui concerne ces

 21   événements, il y a eu des incidents, il y a eu des tensions à Busovaca, à

 22   Vitez et à Novi Travnik. Il y a eu des tensions et des incidents des deux

 23   côtés. Ici, nous examinons un seul côté mais, même à Katici, lorsque j'ai

 24   reçu des informations préoccupantes, il y a eu des incidents aussi à Vitez

 25   et à Novi Travnik, des incidents semblables : trois à cinq soldats de


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  1   Busovaca ont été blessés ce même jour alors qu'ils

  2   patrouillaient et ils ont été blessés par des membres de l'armée de

  3   Bosnie-Herzégovine.

  4   Il y a donc eu des tensions et il y a eu surtout des tensions à

  5   Novi Travnik et à Vitez et c'est surtout à Novi Travnik que les tensions

  6   étaient les pires et même le Bataillon britannique de la Forpronu nous a

  7   aidés afin de stabiliser la situation.

  8   M. Kehoe (interprétation). - La réponse à ma question, c'est

  9   "oui" ou "non" ?

 10   M. Blaskic (interprétation). – Je pense que des deux côtés, il y

 11   a eu beaucoup de peur et d'inquiétude à cause de tous ces événements.

 12   M. Kehoe (interprétation). - Consultons la pièce dont vous avez

 13   parlé, la pièce 405. C'est une pièce de la Défense

 14   Excusez-moi, ceci, Général, est l'ordre que vous avez délivré à

 15   13 heures 55 le 21 janvier 1993 sur la base d'un ordre du grand quartier

 16   général du 20 janvier. Vous ordonnez aux unités d'entrer en contact avec

 17   le commandement des unités correspondantes dans l'armée de Bosnie-

 18   Herzégovine dans leur zone de responsabilité et de régler toutes les

 19   controverses par le biais d'accords.

 20   Alors, Général, la question que je voudrais vous poser est la

 21   suivante : est-ce que d'emblée, vous avez été frappé par le fait que ce

 22   qui s'est passé à Busovaca le 20 janvier était du nettoyage ethnique

 23   prenant pour cible les Musulmans  ?

 24   M. Blaskic (interprétation). – J'ai déjà dit qu'il s'est agi

 25   d'actes individuels de terreur et qu'il y a eu des violences à Busovaca


Page 20456

  1   mais aussi à Vitez et à Novi Travnik. J'ai dit également que j'ai fait

  2   tout ce que je pouvais pour que cela ne se produise pas et pour que ce

  3   genre de problèmes ne se repose pas. Donc j'ai pris toutes les mesures

  4   possibles, y compris des mesures de discipline et y compris l'expulsion de

  5   soldats qui s'étaient comportés de cette façon.

  6   Je crois que cet ordre date du 18 janvier.

  7   M. Kehoe (interprétation). – Général, connaissez-vous ce

  8   phénomène que je vais vous décrire, phénomène où l'on voit une armée qui

  9   procède à du nettoyage ethnique et qui, dans le même temps, négocie la fin

 10   des hostilités, les deux phénomènes se produisant simultanément,

 11   connaissez vous ce genre de choses ?

 12   M. Blaskic (interprétation). – Je ne sais pas à quoi vous

 13   pensez, ou est-ce qu'on nettoie, ou est-ce qu'on négocie. Tout ce que je

 14   sais, c'est qu'à ce moment-là, j'ai fait tout ce qui était en mon pouvoir

 15   pour éviter que des problèmes ne surgissent et que tout soit réglé par

 16   voie d'accords, car le rapport des forces étaient largement favorables à

 17   l'armée de Bosnie-Herzégovine et, à aucun moment, je n'avais le moindre

 18   intérêt à provoquer un conflit.

 19   M. Kehoe (interprétation). - Je vais reformuler ma question si

 20   vous ne l'avez pas bien comprise, Général.

 21   Connaissez-vous le phénomène suivant : une armée procède au

 22   nettoyage ethnique d'une région, et dans le même temps, elle oeuvre en

 23   faveur de l'arrêt des hostilités.

 24   Connaissez-vous ce genre de phénomène ?

 25   M. Blaskic (interprétation). - Je n'ai pas étudié la question de


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  1   très près, peut-être que cela existe. Malheureusement, je n'ai jamais eu

  2   l'occasion de lire un écrit à ce sujet.

  3   M. Kehoe (interprétation). - Examinons un document, Général.

  4   M. Abtahi (interprétation). - Il s'agit de la pièce de

  5   l'accusation 672 et 672a pour la version en anglais.

  6   M. Kehoe (interprétation). - Général, je vous demanderai de

  7   jeter un coup d'oeil à ce document. Nous n'allons pas donner lecture de

  8   l'intégralité de ce texte.

  9   Claudius, je vous prierai de bien vouloir placer la deuxième

 10   page de ce texte sur le rétroprojecteur.

 11   Général, est-ce un document que vous avez écrit ?

 12   M. Hayman (interprétation). - Monsieur le Président, peut-on

 13   autoriser le témoin à lire le document ?

 14   M. Kehoe (interprétation). - Mais il en est à la deuxième page.

 15   M. Hayman (interprétation). - Il n'a pas fini sa lecture, je

 16   pense que ce serait le moindre signe de courtoisie que de permettre au

 17   témoin de lire la totalité du texte ; je ne suis même pas parvenu au bout

 18   en anglais moi-même.

 19   M. le Président. - Avant de savoir… j'ai deux observations.

 20   Avant de savoir s'il faut que le témoin lise tout le document, qui est

 21   quand même très long et qui, de plus, a été signé par lui -il se trouve

 22   que c'est un document signé de lui- je crois qu'il vaudrait mieux que le

 23   Procureur focalise sur le paragraphe, pose sa question et puis nous

 24   verrons bien ensuite.

 25   D'autre part, j'ai toujours demandé à la technique que quand il


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  1   y a un document sur le rétroprojecteur et que l'audience est publique, ce

  2   document paraisse sur les écrans. Je rappelle que nos audiences sont

  3   publiques. Je ne voudrais pas avoir à le rappeler, je l'ai dit, je ne sais

  4   combien de fois à différentes reprises.

  5   Je sais que c'est un peu compliqué sur le plan technique. Je ne

  6   demande pas que cela soit fait instantanément, mais je demande à ce que

  7   cela soit fait en tout cas chaque fois.

  8   Monsieur le Procureur, posez votre question.

  9   M. Kehoe (interprétation). – Oui. Claudius, pourriez-vous

 10   baisser un petit peu le document sur le rétroprojecteur, car le paragraphe

 11   qui nous intéresse est parmi les premiers.

 12   Général, ce document porte la date du 11 août 1992. C'est un

 13   rapport au sujet de la situation régnant en Bosnie centrale, du 4 au

 14   10 août 1992, c'est-à-dire dans votre zone de responsabilité. Général,

 15   êtes-vous l'auteur de ce document ?

 16   M. Blaskic (interprétation). - Le document comporte le sceau du

 17   commandement, mais je suis surpris de constater que je ne l'ai pas signé.

 18   Personne ne l'a signé en mon nom, alors qu'il est tapé à la machine. Donc

 19   cela me surprend un petit peu. Si vous me donnez quelques instants,

 20   j'aimerais le lire plus en détail.

 21   Le document n'est pas signé, il comporte un sceau, mais il n'est

 22   pas signé, cela me surprend. Je me demande pourquoi il n'est pas signé.

 23   M. le Président. - Je vous propose peut-être de faire la pause,

 24   ce qui permettra au témoin de prendre connaissance de ce document et le

 25   Procureur posera sa question. C'est peut-être la meilleure solution. Le


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  1   témoin va pouvoir donner l'explication -ou le Procureur- sur le fait qu'il

  2   n'y a pas la signature du commandant. Il n'y a d'ailleurs, semble-t-il,

  3   aucune signature. Bien, nous suspendons pour 20 mn.

  4   M. Hayman (interprétation). - Merci, Monsieur le Président. Je

  5   constate que ce document est technique ; il traite de déplacements,

  6   d'axes, c'est un document extrêmement technique. Je vous remercie d'avoir

  7   accordé un moment supplémentaire au témoin pour le lire en détail.

  8   M. Kehoe (interprétation). - J'aimerais simplement attirer

  9   l'attention des Juges sur le premier paragraphe entier, en haut de cette

 10   page.

 11   Il se lit comme suit, il est question des Serbes, je cite: "La

 12   disposition des forces ennemies est demeurée la même".

 13   M. le Président. - Une minute, Monsieur Kehoe, allez-y

 14   rapidement, mais nous venons de décider que nous verrions cela après la

 15   pause. Mais peut-être avez-vous une objection d'une autre nature, Monsieur

 16   le Procureur?

 17   M. Kehoe (interprétation). - Pour que nous sachions exactement

 18   de quoi nous parlons en ce moment, Monsieur le Président, le paragraphe se

 19   lit comme suit -je cite- :

 20   " La disposition des forces ennemies est demeurée la même.

 21   L'ennemi effectue des actions de nettoyage ethnique au quotidien tout en

 22   incitant à une cessation des hostilités avec le HVO dans des négociations

 23   qui déboucheraient sur la légalisation des positions occupées." (Fin de

 24   citation.)

 25   M. le Président. – Maintenez-vous, Maître Hayman, votre demande


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  1   au nom de votre client de prendre connaissance de l'intégralité du

  2   document ?

  3   M. Hayman (interprétation). – Oui, notamment si nous avons une

  4   pause. Je crois

  5   que ce serait une très bonne façon de l'utiliser et le témoin pourra

  6   néanmoins se reposer.

  7   M. le Président. – Très bien, une pause de 20 minutes.

  8   (L'audience, suspendue à 15 heures 43, est reprise à

  9   16 heures 05.)

 10   M. le Président. – L'audience est reprise, asseyez-vous.

 11   Monsieur le Procureur, je pense que le témoin a eu le temps de

 12   prendre connaissance du document. Voulez-vous poser votre question, s'il

 13   vous plaît ?

 14   M. Kehoe (interprétation). - Général, êtes-vous l'auteur de ce

 15   document ?

 16   M. Blaskic (interprétation). - C'est un document qui émane du

 17   commandement de la zone opérationnelle de Bosnie centrale. J'en ai reconnu

 18   la teneur.

 19   M. Kehoe (interprétation). - Donc, Général, vous connaissiez le

 20   phénomène selon lequel l'ennemi ou une armée pratique le nettoyage

 21   ethnique tout en favorisant la cessation des hostilités.

 22   M. Blaskic (interprétation). - Vous m'aviez posé une question

 23   liée à… Il est possible que je l'ai mal comprise. Mais j'ai relu ce

 24   rapport, j'ai reconnu cette partie du texte qui porte sur le nettoyage

 25   ethnique réalisé par les Serbes, ce qui ressort de ce document et de


Page 20461

  1   l'ensemble des événements d'ailleurs.

  2   Mais dans ce document on voit également que j'étais concentré

  3   sur les événements qui se déroulaient sur de grandes parties du front,

  4   face à l'armée de la Republika Srpska. Mais…

  5   M. le Président. – Monsieur Blaskic, la question portait sur un

  6   point très particulier, un point de principe tout simplement. J'ai cru

  7   comprendre que la question du Procureur s'agissait de savoir si ce

  8   phénomène, qui pour le Procureur -pas pour moi mais pour le Procureur- est

  9   assez connu, de mener une action de guerre et de faire des négociations

 10   vous était totalement étranger ou non.  Si j'ai bien compris, vous

 11   reconnaissez cette phrase que vous avez écrite.

 12   Vous aviez peut-être une autre question, Monsieur le Procureur ?

 13   M. Kehoe (interprétation). – Non, Monsieur le Président.

 14   J'aimerais passer à un document différent.

 15   M. Hayman (interprétation). - Pendant que le conseil recherche

 16   son document, j'aimerais qu'en vertu de l'article 68 du Règlement, le

 17   Procureur fasse en sorte que la chronologie à laquelle il est question au

 18   paragraphe 3 soit produite car, apparemment, c'est une chronologie des

 19   attaques de la Défense territoriale dans la municipalité de Kiseljak.

 20   Le 8 août, aux alentours de cette date, il y a eu des attaques à

 21   Duhri, des barrages routiers à Gomionica qui avaient pour but de prendre

 22   le contrôle et de couper la municipalité de Kiseljak en deux.

 23   Si le Procureur n'a pas ce document, très bien. S'il l'a, nous

 24   demandons -au titre de l'article 68- qu'il soit produit. Nous ne l'avons

 25   pas encore vu jusqu'à présent.


Page 20462

  1   M. Kehoe (interprétation). – Monsieur le Président,

  2   Messieurs les Juges, Messieurs les Conseils, le Tribunal, tout ce que nous

  3   avons...

  4   M. le Président. – Oui, bien. Vous avez la réponse,

  5   Maître Hayman. D'accord. Effectivement, l'objection est accordée :

  6   l'article 68 est toujours -même en cours de procès- valable. Il met à la

  7   charge du Procureur un certain nombre d'obligations.

  8   Bien, nous passons à la question ou au document suivants,

  9   Monsieur le Procureur.

 10   M. Kehoe (interprétation). – Oui, Monsieur le Président.

 11   Document suivant, Claudius, je vous prie.

 12   M. Abtahi. – Il s'agit de la pièce de l'accusation 673.

 13   M. Kehoe (interprétation). - Général, c'est encore une série

 14   d'annotations dans le journal du colonel Stewart, en date du vendredi

 15   22 janvier 1993. Je vais en lire les deux

 16   premiers paragraphes.

 17   Je cite : "Le général Morillon nous a rendu visite aujourd'hui

 18   pour la première fois, en dehors du jour où il est venu avec le

 19   général Namubia au début de notre voyage. Il est arrivé assez tard et nous

 20   l'avons informé dans la salle des informations. Après quoi, nous nous

 21   sommes rendus à Gornji Vakuf où l'enfer continue. Le cessez-le-feu a duré

 22   jusqu'aux alentours de 7 heures 00 et le HVO a commencé à attaquer la

 23   ville à partir du sud. Il semble que le HVO soit déterminé dans son

 24   action, et de l'artillerie lourde est utilisée à partir du sud.

 25   Monsieur l'ambassadeur Beasseau était toujours présent ayant


Page 20463

  1   passé la nuit à Gornji Vakuf avec Alun Jones. Morillon souhaitait

  2   rencontrer les deux parties. Etaient présents aux discussions

  3   Selmo Cikotic, le COS de Merdan et Pia Agic, commandant local du HVO connu

  4   sous le surnom de "Zenko".

  5   Les pourparlers n'ont guère porté de fruits. Siljeg a présenté

  6   des exigences impossibles à satisfaire. Nous avons proposé de nous tenir

  7   au milieu entre les forces et de gérer le barrage. Siljeg a déclaré qu'il

  8   devait consulter et nous nous sommes séparés.

  9   Une balle est entrée par la fenêtre du centre médical, elle

 10   s'est perdue. Je suis retourné avec le général Morillon dans la voiture de

 11   son quartier général. En route, nous avons remarqué que de nombreuses

 12   maisons du village de Bistrica étaient en feu. Nous avons supposé que

 13   c'était le fait du nettoyage ethnique dû au HVO." (Fin de citation.)

 14   Général, savez-vous si ce village de Bistrica, non loin de

 15   Gornji Vakuf, était un village musulman ?

 16   M. Blaskic (interprétation). - Je ne connais pas très bien cette

 17   région parce qu'à l'époque, je n'étais pas responsable de cette région

 18   mais, à en juger par le nom et en dépit de mes très faibles connaissances,

 19   je pense qu'il doit s'agir d'un village où les Musulmans bosniens étaient

 20   en minorité et même peut-être un village où les Croates étaient en grande

 21   majorité.

 22   Mais je parle sur la base de mes connaissances personnelles.

 23   Bistrica, j'ai

 24   l'impression que c'est un village croate. J'ai un collaborateur qui est né

 25   à Bistrica, qui a passé quelques temps à Gornji Vakuf et qui a travaillé


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  1   avec moi. Je crois que l'on doit pouvoir le voir sur les listes des

  2   habitants de la municipalité de Gornji Vakuf, le vérifier.

  3   Jusqu'à la date d'aujourd'hui, je ne savais pas que cela pouvait

  4   être… Enfin, j'ai toujours pensé que c'était un village croate.

  5   M. Kehoe (interprétation). - Général, pendant cette période,

  6   vous-même et votre quartier général avez maintenu le contact avec

  7   Gornji Vakuf ? Vous étiez au courant des événements qui s'y déroulaient,

  8   n'est-ce pas ?

  9   M. Blaskic (interprétation). - Je recevais des informations

 10   quotidiennes, générales au sujet des événements de Gornji Vakuf. Je les

 11   recevais de mes supérieurs. Mais je ne sais pas exactement ce que décrit

 12   ici le colonel Stewart. Lui était présent à cette réunion, moi pas.

 13   Il y a eu des événements à Gornji Vakuf, mais dans le reste de

 14   la Bosnie centrale également, on a pu être dans des situations où des

 15   ordres du grand quartier général arrivent et sont appliqués de façon

 16   différente à Gornji Vakuf et en Bosnie centrale.

 17   M. Kehoe (interprétation). - J'aimerais maintenant vous remettre

 18   un autre document, Général.

 19   Claudius, je vous demanderai votre aide.

 20   M. Abtahi. – Juste une question à l'attention de Me Kehoe :

 21   c'est un document qui comporte une version originale et deux pages de

 22   traduction ?

 23   M. Kehoe (interprétation). - Nous demandons le versement au

 24   dossier des deux premières pages. Ceci n'est qu'un document interne

 25   destiné à faciliter la recherche sur ordinateur. Ce que nous versons au


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  1   dossier, ce sont ces deux pages, Monsieur le Greffier. Les deux premières

  2   pages et nous reprendrons le reste du document.

  3   Merci de votre aide. Je vous prie de m'excuser d'ailleurs.

  4   M. Abtahi. – Il s'agit donc de la pièce de l'accusation 674

  5   et 674a pour la version

  6   anglaise.

  7   M. Kehoe (interprétation). - Général, ce document est très bref.

  8   C'est une note qui provient de la zone opérationnelle de Bosnie centrale

  9   et qui est adressée à la zone opérationnelle du nord-ouest de

 10   l'Herzégovine, à l'attention de Zeljko Siljeg et du commandement de la

 11   brigade Ante Starcevic du HVO de Gornji Vakuf.

 12   La date est celle du 22 janvier 1993 et l'heure 16 heures 45.

 13   Je cite le texte : "Nous vous informons par la présente qu'à

 14   16 heures 30, nous avons intercepté un message selon lequel les baljas se

 15   préparent à lancer une opération dans le secteur de Pajic Polje.

 16   Signé : officier de permanence de la zone opérationnelle de

 17   Bosnie centrale."

 18   Général, ce message provenait de votre quartier général, n'est-

 19   ce pas ?

 20   M. Blaskic (interprétation). - Il est possible que cela soit le

 21   cas, mais je suis surpris de voir qu'il n'y a pas de numéro de référence

 22   sur ce document. Cette information, cette note d'information devrait

 23   comporter un numéro de référence, je ne vois pas qui, parmi les

 24   responsables de permanence, a signé ce document.

 25   M. Kehoe (interprétation). - Général, le terme utilisé ici, ce


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  1   terme de balja est un terme péjoratif qui concerne les Musulmans, n'est-ce

  2   pas ?

  3   M. Blaskic (interprétation). – Oui, c'est un terme péjoratif

  4   destiné à désigner les Musulmans. J'ai déjà dit qu'une centaine de témoins

  5   sont passés par ici et que pas un d'entre eux n'a pu affirmer que j'ai

  6   jamais, à quelque moment que ce soit, utilisé ce terme.

  7   M. Kehoe (interprétation). – Général, conviendriez-vous avec moi

  8   qu'il semble que des membres de votre quartier général utilisaient ce

  9   terme péjoratif dans un document officiel ?

 10   M. Blaskic (interprétation). - Il est possible que l'un d'entre

 11   eux… J'ai déjà dit que je ne voyais pas de numéro de référence sur ce

 12   texte. Il est possible que certains aient saisi l'occasion. Si je l'avais

 13   remarqué, je l'aurais empêché, c'est certain. Je n'autorisai pas cela. Ma

 14   position consistait à encourager chacun à nommer la partie adverse,

 15   l'ennemi par son nom.

 16   Mais il est possible qu'il y ait eu un cas de ce genre. Je ne

 17   sais pas qui était de permanence et il est possible que cela soit une

 18   personne qui a déjà subi des expulsions ou des problèmes personnels et que

 19   cela se soit reflété dans son travail.

 20   M. Kehoe (interprétation). - Général, ce document montre

 21   également, n'est-ce pas, que le HVO en Bosnie centrale avait la

 22   possibilité d'intercepter des informations transmises par l'armée de

 23   Bosnie-Herzégovine, n'est-ce pas ?

 24   M. Blaskic (interprétation). - Nous avions des équipements

 25   d'interception, des conversations par radio. C'étaient des équipements


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  1   très peu évolués, mais on voit ici qu'il s'agit des forces du 3ème Corps

  2   d'armée, c'est-à-dire de forces qui étaient tout à fait voisines de nous.

  3   Alors, je ne sais pas. Il est dit ici qu'un message a été

  4   intercepté. Il doit s'agir, je suppose, d'un texte transmis par radio et

  5   qui n'était pas confidentiel, pas codé, mais il n'y avait aucun autre

  6   moyen de communication que les communications par radio.

  7   M. Kehoe (interprétation). - Si l'on se fonde sur ce document

  8   qui porte la caractéristique "urgent", vous conviendrez sans doute que

  9   cette information interceptée était extrêmement importante, qu'il était

 10   très important de la transmettre à Gornji Vakuf et à Tomislavgrad, n'est-

 11   ce pas ?

 12   M. Blaskic (interprétation). - Lorsque des opérations de combat

 13   durent entre deux forces qui s'affrontent, tous les messages ont une

 14   certaine importance, bien entendu, et si ce message parlait de la

 15   préparation d'actions de combat, il était important, soit pour se préparer

 16   soi-même, soi pour participer d'une façon déterminée aux négociations dans

 17   le cas où l'on se trouve dans la phase de négociation. Donc tout message a

 18   son importance, sa signification, bien sûr.

 19   M. Kehoe (interprétation). - Général, ce que l'on peut dire

 20   finalement au sujet de ce document et au sujet de tous les rapports de

 21   situation que nous avons vus émanant de Gornji Vakuf, nous constatons que

 22   tous ces documents montrent qu'il existait une certaine coordination entre

 23   Gornji Vakuf et la zone opérationnelle de Bosnie centrale, n'est-ce pas ?

 24   M. Blaskic (interprétation). - Vous parlez de coordination. En

 25   terminologie militaire, le terme "coordination" a un sens tout à fait


Page 20468

  1   précis. Du point de vue du commandement et du contrôle, c'est l'une des

  2   fonctions du commandement et du contrôle.

  3   Mais l'information existait. Nous ne pouvions pas rester sourds

  4   à des événements qui se produisaient dans le voisinage le plus proche,

  5   événements auxquels participaient les forces du 3ème Corps d'armée de

  6   Bosnie-Herzégovine, mais la coordination des opérations de combat ou des

  7   actions de combat n'existait pas du point de vue du commandement et du

  8   contrôle. L'information au sujet des événements, bien sûr, elle existait,

  9   une information mutuelle.

 10   M. Kehoe (interprétation). - Général, alors que ces combats se

 11   produisent à Gornji Vakuf, quand le HVO a-t-il commencé à arrêter et à

 12   mettre en détention des civils dans le camp de Kaonic à Busovaca ?

 13   M. Blaskic (interprétation). - De quels civils parlez-vous et de

 14   quels membres du HVO ? Des unités, des brigades, des bataillons, des

 15   compagnies, des patrouilles ? Dites-moi de quelle formation vous parlez.

 16   M. Kehoe (interprétation). - Général, au cours de ces journées

 17   des 20, 21, 22 et 23, avant que vous n'alliez à Kiseljak, y avait-il des

 18   forces du HVO qui arrêtaient des civils bosniens musulmans et les

 19   mettaient en détention dans ces nouvelles geôles construites dans le camp

 20   de Kaonic ? Oui ou non ?

 21   M. Blaskic (interprétation). - Ecoutez, je vous prie de

 22   m'excuser, je prie les interprètes de m'excuser, mais j'ai entendu une

 23   interprétation à double sens.

 24   J'ai d'abord entendu de la bouche de l'interprète qu'il

 25   s'agissait des forces musulmanes. Je sais que ce ne sont pas les forces


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  1   musulmanes qui arrêtaient les Musulmans, mais y avait-il des cas

  2   individuels d'arrestation ? Qui était arrêté ? Quand ? Dites-moi un point

  3   de référence que je regarde dans la chronologie.

  4   Je n'ai aucun élément me montrant qu'une compagnie ou une autre

  5   formation militaire ait agi sur quelque ordre que ce soit pour réaliser

  6   des arrestations ou qu'elles aient réalisées des arrestations. Alors, s'il

  7   y a interprétation, dites-moi de quelle unité vous parlez.

  8   M. Kehoe (interprétation). - Général, avec toutes les excuses

  9   que je peux vous présenter, je n'étais pas sur les lieux, vous y étiez. Ma

 10   question est donc la suivante : quand avez-vous reçu des informations

 11   selon lesquelles des soldats du HVO allaient arrêter des civils bosniens

 12   musulmans pour les mettre en détention dans le camp de Kaonic ? Quand est-

 13   ce que vous avez reçu cette information et à quel moment ces arrestations

 14   ont-elles débuté ?

 15   M. Blaskic (interprétation). - Des informations selon lesquelles

 16   des unités militaires ont agi de la sorte, moi, j'ai reçu des informations

 17   le 27 janvier, au moment de la réunion avec le commandant du 3ème Corps

 18   d'armée de Bosnie-Herzégovine selon lequel il y avait eu des arrestations

 19   des deux côtés.

 20   C'est M. Cordy-Simpson qui présidait cette réunion et cette

 21   réunion s'est tenue à Kiseljak. Il y a été dit qu'il y avait des soldats

 22   qui ont été arrêtés des deux côtés. C'est seulement plus tard que j'ai

 23   appris qu'il y avait au nombre de ces personnes arrêtées y compris des

 24   civils.

 25   Le 27 janvier déjà, j'ai donné l'ordre que tous les civils


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  1   arrêtés soient remis en liberté selon le protocole de la Croix-Rouge

  2   internationale. Mais des ordres destinés à provoquer ces arrestations,

  3   non, il n'y en avait pas.

  4   M. Kehoe (interprétation). - Restons sur ce point. Vous dites

  5   que vous avez délivré un ordre le 27 janvier selon lequel les civils

  6   devaient être remis en liberté. L'ont-ils été ?

  7   M. Blaskic (interprétation). - Selon lequel les civils devaient

  8   être libérés selon le protocole de la Croix-Rouge internationale, ils

  9   n'ont pas été arrêtés, y compris le 5 février parce que la position de la

 10   Croix-Rouge internationale est très bien connue. Je crois que le nom de la

 11   femme qui représentait la Croix-Rouge internationale est dans le compte

 12   rendu d'audience. Elle a affirmé que toutes les conditions n'étaient pas

 13   réunies. Les conditions élémentaires pour la libération de toutes les

 14   personnes arrêtées étaient que les combats aient cessé et que la situation

 15   se soit stabilisée du point de vue de la sécurité, ce qui permettait la

 16   remise en liberté de toutes les personnes détenues des deux côtés.

 17   M. le Président. - (inaudible)… votre question, Monsieur le

 18   Procureur, s'il vous plaît.

 19   M. Kehoe (interprétation). - Oui, Monsieur le Président. Ces

 20   prisonniers qui ont été maintenus en détention jusqu'à la fin de la

 21   première semaine de février 1993 ont été forcés de creuser des tranchées

 22   sur la ligne de front, n'est-ce pas ?

 23   M. Blaskic (interprétation). - Eu égard à la situation à

 24   Kiseljak, j'affirme que pas un seul détenu n'est allé creuser des

 25   tranchées. Je sais que mes commandants avaient instruction d'interdire


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  1   l'emploi de prisonniers de guerre pour creuser des tranchées.

  2   La première fois que j'ai reçu des informations à ce sujet,

  3   c'était une affirmation. Mme Iris, le 5 février, m'a prié de vérifier ces

  4   affirmations. J'ai mené une enquête à ce sujet et j'ai reçu des

  5   informations selon lesquelles personne n'avait permis ou donné l'ordre que

  6   des prisonniers de guerre soient emmenés pour creuser des tranchées.

  7   Ma position était que cela ne pouvait être demandé qu'à des

  8   soldats et, dans l'ex JNA d'où je suis issu, c'est le soldat qui creuse

  9   lui-même son abri.

 10   M. Kehoe (interprétation). - Eh bien, Monsieur, après avoir reçu

 11   l'information selon laquelle personne n'avait donné l'ordre que ces civils

 12   et ces prisonniers creusent des tranchées, avez-vous enquêté pour savoir

 13   si c'était effectivement vrai ? Si c'est vrai que des soldats du HVO

 14   prenaient ces prisonniers du camp de Kaonic et les emmenaient creuser des

 15   tranchées, avez-vous fait votre enquête ?

 16   M. Blaskic (interprétation). – Je l'ai promis aussi à Mme Iris,

 17   et j'ai dit que je me

 18   trouvais à Kiseljak, que j'étais isolé, et que j'allais mener une enquête,

 19   mais aussi que je ne pouvais pas y aller personnellement, étant donné que

 20   j'étais isolé à Kiseljak. Je menais cette enquête sur la base de ces

 21   informations le 5 février, et je l'ai informée des résultats. A ce moment-

 22   là, j'ai encore une fois donné un ordre au commandant de l'état-major

 23   d'interdire et de ne jamais approuver le fait d'engager les prisonniers

 24   afin qu'ils creusent les tranchées.

 25   M. Kehoe (interprétation). - Général, comme nous l'avons fait


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  1   pour la situation de Busovaca pour le 20 janvier, parlons d'un autre point

  2   à savoir de ce que vous avez fait quand vous avez reçu des informations

  3   disant que des civils Musulmans bosniens étaient forcés de creuser des

  4   tranchées. Avez-vous pris des sanctions disciplinaires à l'encontre des

  5   soldats du HVO qui auraient forcé ces musulmans à creuser des tranchées ?

  6   Ces Musulmans de Bosnie dont je parle sont ceux qui ont été libérés à la

  7   fin de la première semaine du mois de février. Avez vous pris donc des

  8   mesures disciplinaires ?

  9   M. Blaskic (interprétation). – Maintenant vous dites, lorsque

 10   j'ai appris cela, ceci s'est produit au mois de février, mais permettez-

 11   moi de vérifier la date.

 12   J'ai eu une rencontre à ce sujet le 12 février 1993 et à ce

 13   moment-là, la responsable de la Croix-Rouge internationale, m'a informé de

 14   la tragédie qui a eu lieu et j'ai demandé qu'une enquête complète soit

 15   menée à cet égard, et cet incident entraînant deux morts de Musulmans, à

 16   ensuite étaient traité par le Tribunal du district de Vitez. J'ai déposé

 17   plusieurs plaintes concernant cet incident, avant que cette affaire ne

 18   soit entièrement traitée par le Tribunal et je répète que j'ai interdit ce

 19   genre de comportement lorsque j'ai été à Kiseljak. Il n'y a pas eu un seul

 20   Bosniaque, un seul Musulman qui a creusé les tranchées. Ce sont les

 21   soldats eux-mêmes qui creusaient leur propres tranchées.

 22   M. Kehoe (interprétation). - Général, parlons donc de cet

 23   incident que vous venez de mentionner, la personne qui a été tuée alors

 24   qu'elle creusait des tranchées.

 25   Les membres du HVO responsable de ce qui s'est passé, ont-ils


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  1   été jugés, accusés

  2   tout d'abord puis jugés, puis envoyés en prison et ont-ils été chassés du

  3   HVO ? *

  4   M. Blaskic (interprétation). – D'après mes informations, ils ont

  5   été éliminés dès qu'ils ont été mis en examen, et l'affaire a été traitée

  6   au sein du Tribunal militaire du district à Vitez.

  7   M. Kehoe (interprétation). - Général, je suppose qu'il s'agit là

  8   d'informations de nature publique, avez-vous des documents en votre

  9   possession venant étayer cette affirmation ?

 10   M. Blaskic (interprétation). – En ce moment, je ne dispose pas

 11   de ce genre d'information sur moi. Comme je l'ai déjà indiqué, je n'étais

 12   pas compétent personnellement pour surveiller le travail du Tribunal

 13   militaire du district, mais, j'ai reçu plusieurs fois l'information

 14   concernant la procédure qui était en cours vis-à-vis des auteurs de ce

 15   crime, de cet acte criminel.

 16   M. Kehoe (interprétation). - Y a-t-il eu d'autres personnes qui

 17   ont été soumises à des mesures disciplinaires à votre connaissance, pour

 18   avoir forcé des Musulmans de Bosnie à creuser des tranchées, je parle des

 19   Musulmans qui ont été incarcérés au camp de Kaonik jusqu'à la fin du mois

 20   de février 1993, et si oui, combien ?

 21   M. Blaskic (interprétation). – Comme je l'ai déjà dit, je n'ai

 22   pas reçu d'autres informations, sauf des informations concernant des

 23   incidents individuels, sauf en ce qui concerne une unité, le peloton de

 24   sabotage et de reconnaissance et ce peloton faisait irruption dans des

 25   prisons, des mesures disciplinaires ont été prises contre. Ce peloton


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  1   était constitué d'environ 20 personnes et 11 ou 12 sur eux ont subi des

  2   mesures disciplinaires. Il faudrait que je consulte la chronologie pour

  3   plus de détails.

  4   M. Kehoe (interprétation). - Général, pensez-vous que si vous

  5   aviez été vigilant, et si vous vous étiez effectivement assuré que les

  6   soldats responsables de ce type d'acte avaient été punis, en février et

  7   mars 1993, eh bien, que ceci aurait limité l'utilisation qui a été faite

  8   par les soldats du HVO des Musulmans de Bosnie qui les ont forcés à

  9   exécuter des travaux forcés,

 10   en avril ou mai 1993 ?

 11   M. Blaskic (interprétation). - Je ne le pense pas vraiment comme

 12   vous venez de le dire. J'ai tout fait afin d'informer ces soldats armés,

 13   ces paysans armés de toutes leurs obligations en vertu des conventions de

 14   Genève et tout ce qui concerne le traitement des prisonniers en vertu des

 15   conventions de Genève. Chaque équipe de relève qui était envoyée sur les

 16   lignes de front de Jajce, à chaque fois je lui expliquais, en partant, les

 17   détails concernant les conventions de Genève et le traitement humain ; ou

 18   bien je le faisais avant qu'ils n'arrivent à Jajce. Je me suis adressé

 19   personnellement à 100 ou 200 personnes en ce qui concerne ces sujets.

 20   De même, j'ai entrepris une action préventive, c'est-à-dire j'ai

 21   essayé d'empêcher ce genre de comportement, d'engagement des civils ou des

 22   détenus. J'ai publié les instructions au cours de l'année 1992, au mois de

 23   décembre. Il y a eu un calendrier dans lequel j'ai demandé que tous les

 24   détenus soient traités de manière humaine. Puis, il y a eu le document que

 25   nous avons examiné tout à l'heure. Je ne sais pas quelle est la cote de ce


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  1   document, mais il est du mois d'août.

  2   Dans ce document, on peut voir que j'étais particulièrement

  3   attentif avec cela, par rapport à la manière dont il faut préparer les

  4   soldats afin qu'ils restent sur les lignes de front, afin qu'ils préparent

  5   leurs propres abris, qu'ils creusent leurs propres tranchées.

  6   M. Kehoe (interprétation). - Passons au document suivant qui

  7   porte sur les dates du 23 et du 24 janvier.

  8   Il s'agit, à nouveau, d'extraits du journal du lieutenant-

  9   colonel Stewart.

 10   M. Abtahi. – Il s'agit de la pièce de l'accusation 675.

 11   M. Kehoe (interprétation). - Général, il s'agit là de deux dates

 12   de ce journal, la première étant le 23 janvier.

 13   Le général Stewart parle de sa visite à Gornji Vakuf au deuxième

 14   paragraphe :

 15   "Selmo était là mais le colonel Siljeg ne s'est pas présenté

 16   jusqu'à une heure beaucoup plus tardive, puisque l'on a été le chercher

 17   au-delà du champ de mines qui se trouve au sud de Gornji Vakuf. La

 18   bataille se poursuit. Des parties de positions de l'armée de Bosnie-

 19   Herzégovine sont tombées. Les Croates utilisent un char T55, pour détruire

 20   les maisons qui se trouvent sur la partie sud de la ville.

 21   Simultanément, ils utilisent de l'artillerie et des lance-

 22   roquettes à canons multiples dans le cadre de leur attaque. Bistrica a été

 23   touché deux fois pendant que je me trouvais là-bas.

 24   Dans le périmètre du camp, trois obus de mortier ont atterri

 25   ici, aujourd'hui. Et un obus est entré ou est tombé sur le rebord de la


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  1   fenêtre du mess des officiers, a frappé une chaise où Selmo était assis et

  2   s'est "baladé" dans la pièce.

  3   Gornji Vakuf n'était pas un endroit particulièrement sein, en

  4   tout cas aujourd'hui.

  5   Lorsque nous en sommes finalement arrivés à une conversation

  6   avec Siljeg, il a été clair et net : il a exigé que l'armée de Bosnie-

  7   Herzégovine regroupe de façon centralisée ses armes et qu'elle les place

  8   sous son contrôle ou sous notre contrôle. Les soldats de l'armée de

  9   Bosnie-Herzégovine pouvaient rester sur place, sauf ceux qui le voulaient

 10   parce que certains avaient commis certains crimes.

 11   Je lui ai dit qu'il s'agissait en fait d'une reddition. D'autre

 12   part, je lui ai rappelé que le monde verrait bien qui attaquait les

 13   civils.

 14   C'était la première fois que je faisais une vague référence à

 15   des crimes de guerre."

 16   Passons au bas de la page et à la journée du 24, premier

 17   paragraphe : "Aujourd'hui, j'ai déployé tous les efforts possibles afin de

 18   mettre un terme à l'holocauste qui a lieu à Gornji Vakuf. Lorsque je me

 19   suis réveillé j'ai eu le sentiment que je n'avais que peu de chance de

 20   parvenir à mon objectif, mais nous devions tous essayer.

 21   Avant de quitter Vitez j'ai tenté de téléphoner à Andrew Cumming

 22   ou

 23  

 24   Richard Barrons pour leur dire quelle était la situation, mais ils

 25   n'étaient pas disponibles. Par conséquent, j'ai donné le message à la


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  1   personne de garde en mettant l'accent sur un certain nombre de points.

  2   Pour commencer, j'ai suggéré qu'il y avait peu de chance de

  3   réussir notre entreprise à Gornji Vakuf. Je me suis plaint en disant que

  4   le colonel Siljeg semblait prêt à mener la bataille et à prendre la ville.

  5   Un nettoyage ethnique ainsi que des attaques aux EM21 ainsi que

  6   des attaques aux chars avaient lieu, toutes menées par le HVO. Bien que je

  7   n'étais pas censé savoir si ce message allait être transmis à UKLF, les

  8   forces terrestres du Royaume-Uni ou MOF et OFCO, et ensuite à Genève où se

  9   trouvait Lord Owen, Boban, le commandant militaire du HVO."

 10   Monsieur le Président, je voudrais faire référence aux

 11   documents 406/45 et nous aurions besoin de passer en audience à huis clos

 12   partiel, rapidement.

 13   M. le Président. – Rapidement.

 14   M. Kehoe (interprétation). - C'est un document des Nations

 15   Unies.

 16   L'audience se poursuit à huis clos partiel.

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 14   M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, je pense que

 15   nous pouvons repasser en audience publique.

 16   M. le Président. - Oui.

 17   M. Kehoe (interprétation). - Général, la thèse de Mate Boban,

 18   votre commandant suprême et également de votre chef d'état-major...

 19   M. le Président. - Je souhaiterais consulter mes collègues.

 20   (Les Juges se consultent sur le Siège.)

 21   Je voudrais garder le huis clos partiel une minute simplement.

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  1   Nous pouvons poursuivre en audience publique.

  2   M. Kehoe (interprétation). - Général, quelle a été la conclusion

  3   des autorités politiques et militaires du HVO ? Etait-ce que les

  4   territoires dont elles assuraient le contrôle du point de vue militaire

  5   allaient finalement leur être accordés en vertu du plan de Paix ? Etait-ce

  6   là la conclusion à laquelle les autorités sont parvenues ?

  7   M. Blaskic (interprétation). - Je sais quelles étaient mes

  8   obligations vis-à-vis du plan Vance-Owen au cas où tout le monde le

  9   signerait concernant la démobilisation et concernant la création du

 10   commandement conjoint. Mais quant au plan d'une exécution militaire, du

 11   plan Vance-Owen, je n'ai pas d'informations à ce sujet.

 12   Je souhaite également souligner que pendant toute cette période

 13   dont nous avons parlé les convois avec les équipements pour les besoins de

 14   l'armée de Bosnie-Herzégovine passent sans arrêt par cette région allant

 15   vers Zenica.

 16   M. Kehoe (interprétation). - Il n'y avait aucune question qui

 17   avait été posée. Je dois vous interrompre et poursuivre.

 18   Général, j'aimerais que vous soit soumis le document suivant qui

 19   est également un bulletin d'information militaire.

 20   M. Abtahi. - Il s'agit de la pièce d'accusation 676.

 21   M. le Président. - Monsieur le Procureur ?

 22   M. Kehoe (interprétation). - Oui, Monsieur le Président.

 23   C'est un rapport de situation à nouveau qui a trait à Busovaca

 24   et qui est en date du 25 janvier 1993.

 25   "La situation dans la zone Busovaca-Kacuni s'est détériorée de


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  1   façon dramatique au cours des dernières 24 heures depuis les premiers

  2   échanges de tirs au poste de contrôle de l'armée de Bosnie-Herzégovine à

  3   l'extérieur de Kacuni.

  4   A 6 heures 50 ce matin, un signe d'appel a affirmé que la route

  5   principale -aux coordonnées données dans le texte- était bloquée par deux

  6   camions et des mines terrestres placées sous ces camions.

  7   A 7 heures 30, le bataillon de transports néerlandais a signalé

  8   que des affrontements avaient éclaté dans la partie sud de la ville.

  9   Des informations reçues ultérieurement les ont amenés à penser

 10   que des soldats du HVO, entrés de force dans des maisons musulmanes, à la

 11   recherche de membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

 12   Un Warrior a signalé qu'il n'avait pas pu passer le poste de

 13   contrôle du HVO -aux coordonnées données dans le texte- étant donné les

 14   tirs provenant d'armes de petits calibres au sud du poste de contrôle.

 15   L'officier chargé des lieux a quitté l'endroit à 11 heures 15 et

 16   a rencontré le Warrior.

 17   Au poste de contrôle, il a poursuivi sa route jusqu'à Busovaca.

 18   A 11 heures 50, les tirs d'artillerie ont été signalés au nord

 19   de Kacuni, ou plutôt des projectiles d'artillerie auraient atterri au nord

 20   de Kacuni. Et il y a eu également un camion de l'armée de Bosnie-

 21   Herzégovine bloquant la route -aux coordonnées qui sont données dans le

 22   texte. Les soldats de l'armée de Bosnie-Herzégovine, au départ, n'ont pas

 23   permis au véhicule des Nations Unies de passer jusqu'à ce qu'un ordre soit

 24   donné provenant du quartier général

 25   du 3ème Corps.


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  1   Le Warrior a poursuivi sa route jusqu'à Kiseljak, alors que deux

  2   autres Warriors sont restés sur la route principale -aux coordonnées

  3   données dans le texte.

  4   A 11 heures 25 ce matin, le quartier général du 3ème Corps

  5   d'armée a déclaré que le village de Ducina a eu de nombreuses victimes

  6   parmi les civils, et nous a demandé d'assister et d'aider dans

  7   l'évacuation de ces civils vers Zenica.

  8   Commentaire : on pense que le village de Ducina est à majorité

  9   musulmane et à été pilonné à partir de positions du HVO dans la zone de

 10   Busovaca. (Fin de commentaire).

 11   L'officier chargé des opérations sur place, en revenant et en

 12   passant par Busovaca, a déclaré avoir vu environ 20 maisons en flammes à

 13   Busovaca. Commentaire : cet officier pense que c'est un exemple manifeste

 14   du nettoyage ethnique mené par le HVO et visant des Musulmans de la ville.

 15   (Fin de commentaire). Il a été signalé que des Musulmans s'étaient mis

 16   d'accord sur un cessez-le-feu qui devait commencer à 6 heures, demain

 17   matin."

 18   Il est question ensuite de tensions et une liste de postes de

 19   contrôle est donnée. Nous passons à la page suivante : commentaire…

 20   pouvez-vous monter ce document un peu, Claudius, s'il vous plaît ?

 21   "Commentaire : plusieurs des maisons se trouvant autour des deux

 22   postes de contrôle de Kacuni ont été signalées comme étant en flammes. On

 23   pense que ces maisons auraient pu appartenir à des Croates, les occupants

 24   ayant été victime de nettoyage ethnique sans doute par l'armée de Bosnie-

 25   Herzégovine. La menace existant contre tous véhicules empruntant cette


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  1   route est toujours existante et cette route reste fermée pour les

  2   véhicules non blindés. Cela veut dire que nos deux routes principales

  3   d'approvisionnement sont actuellement fermées. Même s'il y a une route qui

  4   peut être utilisée, un détour qui peut être utilisé pour les véhicules qui

  5   ne sont pas équipés de chenille, autour de Busovaca. (Fin de

  6   commentaire)."

  7   Général, c'est le début du conflit à Busovaca et à Kacuni,

  8   n'est-ce pas ?

  9   M. Blaskic (interprétation). - Le passage était assez long, je

 10   vous ai dit que ceci constituait le début du conflit. Au cours de la

 11   journée du 25, j'ai reçu l'information que, pendant la nuit, dans la

 12   deuxième moitié de la nuit donc à 01 heures 00, le 25, au point de

 13   contrôle de l'armée de Bosnie-Herzégovine à Kacuni, sur ce barrage

 14   routier, a été tué un membre de la police militaire du HVO, un civil.

 15   C'est cela qui a provoqué les événements qui ont suivi.

 16   En ce qui concerne le barrage routier constitué de deux camions

 17   sur la route principale, je crois que ceci se passe aussi sur la

 18   déposition d'un témoin de l'accusation, étant donné que lui-même se

 19   trouvait sur cette route et il a été arrêté. Les camions étaient prêts

 20   pour créer le barrage routier. L'un de ces deux camions est allé

 21   directement vers moi, le 10 août, lorsqu'il y a eu une tentative de

 22   liquidation directe au point de contrôle, au barrage routier.

 23   En ce qui concerne cette période dont vous avez parlé, c'est-à-

 24   dire le 25 janvier 1993, je n'avais pas d'informations à ce moment-là et

 25   j'ai quitté ma maison, ce matin, pour aller vers Kacuni, pour aller vers


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  1   ce point où le conflit se déroulait. Donc, je n'avais aucune information.

  2   Je pense qu'il faudrait que nous fassions un commentaire

  3   concernant les détails concernant la raison du conflit, et la question de

  4   savoir qui a arrêté le colonel Stewart au point de contrôle. Ensuite, en

  5   ce qui concerne les maisons, il faut savoir les 20 maisons incendiées, il

  6   faut savoir à qui appartenait ces maisons incendiées, étant donné que la

  7   commission conjointe dans laquelle Franjo Nakic et Dzemo Merdan ont

  8   travaillé, ont soumis des rapports à moi-même et à Enver Hadzihasanovic.

  9   M. Kehoe (interprétation). - Mais Général, vous commandiez

 10   l'artillerie en Bosnie centrale, n'est-ce pas ?

 11   M. Blaskic (interprétation). - En ce qui concerne la partie des

 12   forces des pièces d'artillerie qui se trouvaient à la disposition de la

 13   division d'artillerie, effectivement, j'avais… j'étais au commandement par

 14   rapport à cette partie-là. Mais il y a eu une autre partie des forces

 15   d'artillerie qui était rattachée aux brigades ou aux bataillons. Il faut

 16   savoir de quelles pièces d'artillerie nous parlons très exactement.

 17   M. Kehoe (interprétation). - Passons en audience à huis clos

 18   partiel, si vous le voulez bien Monsieur le Président, pour quelques

 19   10 lignes d'un témoignage entendu en audience à huis clos.

 20   L'audience se poursuit à huis clos partiel.

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  4   La séance se poursuit en audience publique.

  5   M. le Président. - Nous sommes maintenant en audience publique.

  6   M. Kehoe (interprétation). - Dans votre réponse à la question

  7   posée par le Juge Shahabuddeen, vous avez dit ne connaître personne qui

  8   aurait ordonné l'attaque contre Merdani et Grablje le 25.

  9   Général, est-il aussi exact que vous ne savez pas qui a envoyé

 10   les Vitezovi à Busovaca ?

 11   M. Shahabuddeen (interprétation). – Maître Kehoe, que dit le

 12   témoin ? Dit-il qu'il y a eu une attaque mais qu'il ne sait pas qui l'a

 13   ordonnée ? Ou dit-il qu'il ne savait pas qu'il y avait eu une attaque ?

 14   M. Kehoe (interprétation). - J'ai compris le témoin comme disant

 15   qu'il ne savait pas s'il y avait eu une attaque.

 16   M. Shahabuddeen (interprétation). - Oui, moi aussi.

 17   M. Kehoe (interprétation). - Nous avons compris la même chose

 18   donc Monsieur le Juge.

 19   Afin de reformuler ma question, vous avez fait remarquer, vous

 20   avez dit que vous ne savez pas s'il y avait eu une attaque contre Merdani

 21   et Grablje le 25. Il est également exact que vous ne saviez pas, ou vous

 22   ne savez pas, qui a ordonné aux Vitezovi de se rendre à Busovaca le

 23   26 janvier ?

 24   Ai-je raison ?

 25   M. Blaskic (interprétation). - Pour autant que je m'en souvienne


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  1   en ce moment, le 25, j'ai simplement reçu l'information concernant le

  2   conflit au point de contrôle. Les autres informations n'étaient pas

  3   détaillées concernant le conflit et je n'ai pas eu d'informations sur

  4   Merdani et Grablje, je ne me souviens pas de l'information concernant les

  5   Vitezovi. Je ne peux pas me souvenir si c'était un ordre donné par le

  6   commandant des Vitezovi, pourquoi ils sont allés là-bas et ce qui s'est

  7   passé très exactement.

  8   M. Kehoe (interprétation). - Venons en à la pièce 456/8 s'il

  9   vous plaît.

 10   Général, il s'agit de votre ordre du 27 janvier 1990(?) à

 11   17 heures 40, et portant sur l'arrêt des hostilités entre le HVO et

 12   l'armée de Bosnie-Herzégovine. Est-ce bien exact ?

 13   M. Blaskic (interprétation). - Oui, c'est exact. C'est l'ordre

 14   émis après la deuxième rencontre, étant donné que la première rencontre en

 15   date du 26 n'a pas eu de résultat et l'armée de Bosnie-Herzégovine

 16   agissait à Lasva et Dusina.

 17   Cordy-Simpson a convoqué cette deuxième réunion qui a eu lieu

 18   le 27 janvier 1992.

 19   M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, pour que les

 20   choses soient claires, l'exemplaire en français ainsi que l'exemplaire en

 21   BCS présentent l'heure exacte, à savoir 17 heures 40. Malheureusement la

 22   version en anglais, telle que je la vois sur le rétroprojecteur, ne

 23   comporte pas ce renseignement. Alors je demanderai au Greffier qu'il

 24   puisse ajouter cette information afin que le document soit le plus complet

 25   possible.


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  1   M. le Président. - Sur la version française, je ne trouve pas

  2   l'heure.

  3   M. Kehoe (interprétation). - Si, si Monsieur le Président.

  4   M. le Président. - Où la version française porte-t-elle

  5   l'heure ?

  6   M. Kehoe (interprétation). - Pour ce qui est de la version

  7   française, l'heure se trouve à la quatrième ligne à la fin de la quatrième

  8   ligne, après le mot "Vitez", la quatrième ligne à partir du haut.

  9   Je vais utiliser une méthode tout à fait sophistiquée : regardez

 10   mon doigt, ici 17 heures 40.

 11   M. le Président. - Malgré la méthode sophistiquée, Monsieur le

 12   Procureur…

 13   Je pense que j'ai une version moins sophistiquée, Monsieur le

 14   Procureur, à moins que vous ne vous coupiez le doigt pour venir le mettre

 15   sur ma version, je crois que ce n'est pas possible. Je n'ai pas l'heure,

 16   mais ce n'est pas grave, il suffit que vous nous l'indiquiez.

 17   Ce n'est peut-être pas le même document.

 18   En fait, c'est le même document, mais effectivement on a omis

 19   justement l'heure, 17 heures 40, mais elle est sur votre document à vous.

 20   Il faudra rectifier.

 21   M. Kehoe (interprétation). - Mais il n'y a pas de date non plus

 22   dans la version en anglais, je croyais qu'elle figurait sur la version en

 23   français.

 24   M. le Président. - En tout cas, nous l'avons sur la version

 25   serbo-croate ou pas ?


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  1   M. Kehoe (interprétation). - Général, cette réunion portant sur

  2   un cessez-le-feu a commencé à quelle heure le 27 janvier ?

  3   M. Blaskic (interprétation). - Un moment, je souhaite consulter

  4   mes notes.

  5   Vers 10 heures, dans le commandement de la Forpronu, à Kiseljak.

  6   C'est le brigadier Cordy-Simpson qui présidait à la réunion, les

  7   représentants du 1er et du 3ème corps d'armée de Bosnie-Herzégovine ont

  8   assisté à la réunion.

  9   M. Kehoe (interprétation). - A quelle heure cette réunion s'est

 10   elle terminée à peu près ?

 11   M. Blaskic (interprétation). - Je ne sais pas, la réunion a duré

 12   un peu plus longtemps. Tout de suite après la réunion, j'ai commencé à

 13   rédiger ce document, peut-être que la réunion a duré jusqu'à 15 ou

 14   16 heures, je ne peux pas l'affirmer avec exactitude, étant donné que je

 15   n'ai pas noté l'heure exacte à laquelle la réunion s'est terminée.

 16   M. Kehoe (interprétation). - A ce moment-là, Général, peut-on

 17   dire que vous travailliez à partir d'un bureau qui se trouvait dans la

 18   caserne de Kiseljak ?

 19   M. Blaskic (interprétation). - Je ne sais pas de quoi vous

 20   parlez en parlant d'agissements. Je ne pouvais pas donner des ordres aux

 21   unités à Vitez ni à Busovaca, étant donné que je n'avais pas de

 22   communication avec eux. Je ne disposais pas d'un bureau pour avoir des

 23   collaborateurs, pour pouvoir agir dans ce sens-là. J'utilisais le bureau

 24   du commandant de la brigade et j'essayais de créer les meilleures

 25   conditions de fonctionnement, mais je ne pouvais pas agir de manière


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  1   opérationnelle à partir de Kiseljak. Je n'avais pas de conditions

  2   nécessaires pour cela. On en a parlé avant aussi.

  3   M. Kehoe (interprétation). - Et l'ordre de cessez-le-feu devait

  4   entrer en vigueur à partir de quelle heure ?

  5   M. Blaskic (interprétation). - Le 28 janvier 1993 à 001(?), cela

  6   veut dire à une heure après minuit.

  7   M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, je vais

  8   passer à une série de questions assez longues, en m'appuyant sur un

  9   document. Je vois que nous nous approchons de la fin de la journée. Peut-

 10   on lever l'audience dès maintenant et recommencer tout frais demain

 11   matin ?

 12   M. le Président. - Je rappelle que demain est notre dernière

 13   audience de la semaine. Mais nous ferons comme le vendredi, nous prendrons

 14   l'audience à 9 heures et nous la poursuivrons jusqu'à 13 heures 30 avec

 15   bien sûr, deux pauses, comme nous avons l'habitude de le faire.

 16   Dans ces conditions, je pense que nous pouvons lever l'audience.

 17   L'audience est levée à 17 heures 30.

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