Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le mardi 21 août 2007

2 [Audience publique]

3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

4 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

5 --- L'audience est ouverte à 14 heures 16.

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour à tous et à toutes. Nous

7 sommes ravis de vous revoir après les vacances judiciaires.

8 Bonjour, Monsieur. Je vais vous demander de donner lecture de la

9 déclaration solennelle qui figure sur cette carte.

10 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

11 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

12 LE TÉMOIN: BLAGOJA JAKOVOSKI [Assermenté]

13 [Le témoin répond par l'interprète]

14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie. Veuillez vous

15 asseoir.

16 M. Saxon va vous poser quelques questions dans un instant. Cependant,

17 permettez-moi de relever ceci : ne soyez pas trop distrait par les micros.

18 Ce qui compte, c'est que vous veilliez à parler clairement. De cette façon,

19 tout le monde pourra vous entendre. Si vous parlez trop doucement, à voix

20 trop basse, les interprètes ne parviennent pas à vous entendre.

21 Monsieur Saxon, vous avez la parole.

22 Interrogatoire principal par M. Saxon :

23 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur. Est-ce que vous vous appelez

24 Blagoja Jakovoski ?

25 R. Oui.

26 Q. Est-ce que vous êtes citoyen de la République de Macédoine ?

27 R. Oui.

28 Q. Est-ce que vous êtes d'origine de Macédoine ?

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1 R. Oui.

2 Q. Vous travaillez pour le ministère de l'Intérieur en Macédoine, n'est-ce

3 pas ?

4 R. Oui.

5 Q. Pourriez-vous nous décrire votre parcours professionnel au sein du

6 ministère de l'Intérieur. Quand êtes-vous entré dans les services du

7 ministère ?

8 R. En quelques mots, je travaille au ministère de l'Intérieur depuis 1990.

9 J'ai occupé plusieurs postes, deux ou trois, et je travaille encore

10 aujourd'hui au ministère de l'Intérieur.

11 Q. Est-ce qu'au début de votre carrière, vous étiez policier en tenue ?

12 R. Oui.

13 Q. Et après, est-ce que vous avez travaillé dans une unité spéciale ?

14 R. Oui, dans une unité spéciale. C'est à peu près la même chose. On

15 appelle ça chez nous "posebna."

16 Q. Est-ce que à un moment donné, en 2001 plus exactement, vous avez été

17 agent de sécurité ou garde du corps du ministre Ljube Boskoski ?

18 R. Oui.

19 Q. Vous souvenez-vous de la date à laquelle vous avez commencé à

20 travailler pour lui ?

21 R. Je ne me souviens plus exactement de la date.

22 Q. Mais est-ce que vous pourriez nous situer ceci au mois près ou à peu

23 près dans le mois ?

24 R. Je pense que c'était au mois de mai que j'ai commencé à travailler, au

25 mois de mai 2001.

26 Q. Pourriez-vous nous dire pendant combien de temps vous avez assuré la

27 sécurité de M. Boskoski ?

28 R. Deux ans à peu près.

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1 Q. Lorsque vous avez été agent de sécurité pour M. Boskoski, est-ce que

2 vous releviez du secteur chargé de la protection et de la sécurité au

3 ministère de l'Intérieur ?

4 R. Oui.

5 Q. Qui était le chef de ce secteur ou service en été 2001 ? Est-ce que

6 vous vous en souvenez ?

7 R. Je ne vois pas trop bien ce que vous voulez dire.

8 Q. Je vais reformuler ma question. Qui était le chef de l'unité chargée de

9 la protection rapprochée du ministre ?

10 R. C'était Zoran Trajkovski.

11 Q. Qui vous donnait vos ordres ?

12 R. C'était toujours Zoran Trajkovski.

13 Q. Ce qui veut dire qu'au sein du service de la sécurité au ministère, il

14 y avait une voie hiérarchique dans laquelle vous étiez intégré et que vous

15 respectiez ?

16 R. C'est exact.

17 Q. Est-ce que c'est vrai aussi des autres collègues qui travaillaient dans

18 ce service de la sécurité avec vous ?

19 R. Exact, oui.

20 Q. J'ai oublié de vous poser une question, Monsieur le Témoin. Qu'est-ce

21 que vous faites aujourd'hui au ministère de l'Intérieur ?

22 R. Aujourd'hui, je suis inspecteur au poste de police de Karpos, et je

23 suis chargé de la répression contre la criminalité violente.

24 Q. Lorsque vous faisiez partie de cette unité de la protection rapprochée

25 du ministre Boskoski, suis-je en train de dire qu'en 2001, à partir du mois

26 de mai plus exactement, vous avez passé beaucoup de temps avec lui, en sa

27 présence ?

28 R. Oui, je pense qu'on peut le dire.

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1 Q. Est-ce que vous avez fini par admirer M. Boskoski ?

2 R. Je m'acquittais de mes fonctions en tant que professionnel,

3 j'appliquais les ordres donnés par Zoran Trajkovski.

4 Q. Mais ma question était un peu différente. Je vous demandais si vous

5 aviez fini par avoir de l'admiration pour M. Boskoski ?

6 R. J'ai toujours exécuté mes fonctions de façon professionnelle. Je suis

7 un professionnel.

8 Q. Mais vous avez le devoir de répondre à mes questions aujourd'hui, et

9 j'aimerais une réponse à celle que je viens de vous poser.

10 R. Oui.

11 Q. Pourquoi est-ce que vous l'admiriez ?

12 R. C'était mon ministère de l'Intérieur. C'était mon chef. Je ne sais pas

13 comment répondre à la question que vous me posez. Vous me demandez pourquoi

14 ?

15 Q. Quelles étaient les qualités que vous voyiez en M. Boskoski ?

16 R. Tout d'abord, c'était un bon gestionnaire. Il faisait bien ce que lui

17 demandait de faire le premier ministre. Dans sa vie privée, c'était un bon

18 père, une bonne personne, à mon avis.

19 Q. Est-ce que c'était un ministre de l'Intérieur efficace ?

20 R. Oui.

21 Q. Qu'est-ce qui le rendait efficace ?

22 R. Quelle que soit la mission qui lui était confiée, il l'exécutait dans

23 les temps impartis.

24 Q. Est-ce que c'était un homme résolu ?

25 R. Je ne comprends pas cette question.

26 Q. Est-ce que le ministre Boskoski était un patriote ?

27 R. Je ne sais pas. Il ne m'est pas possible de répondre à la question que

28 vous me posez. C'était un patriote ? Je ne comprends pas la question.

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1 Q. Est-ce que le ministre Boskoski était loyal à la Macédoine, au peuple

2 de Macédoine ?

3 R. Oui, oui.

4 Q. Est-ce que le ministre Boskoski faisait preuve de loyauté envers le

5 ministère de l'Intérieur ?

6 R. Oui.

7 Q. Est-ce que c'était un brave, un homme courageux, en 2001 ?

8 R. Oui.

9 Q. En 2001, est-ce qu'il était prêt à faire des sacrifices en temps de

10 crise comme ce fût le cas ?

11 R. Oui.

12 Q. En 2001, est-ce que le ministre Boskoski a partagé les risques que

13 couraient ses hommes sur le terrain ou près des champs de bataille ?

14 R. Oui.

15 Q. Vous qui étiez un des agents chargé de sa garde rapprochée, est-ce

16 qu'il vous est arrivé de l'accompagner sur le terrain là où se déroulaient

17 les combats ?

18 R. Je ne comprends pas la question.

19 Q. Est-ce que le ministre Boskoski, sur les zones où il y avait des

20 combats, les champs de bataillon en 2001, est-ce que vous l'avez accompagné

21 en votre qualité de garde du corps ?

22 R. Mais bien sûr. J'ai été son garde du corps. J'allais avec lui. Je ne

23 l'ai pas accompagné. Je l'escortais, je le surveillais, je le protégeais.

24 Q. Merci d'avoir apporté cette correction, Inspecteur. J'aimerais

25 vous montrer un document.

26 M. SAXON : [interprétation] Madame et Messieurs les Juges, nous avons

27 quelques classeurs, et je pense que nous avons un exemplaire pour vous, les

28 Juges de la Chambre, et un exemplaire pour le témoin.

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1 Madame et Messieurs les Juges, veuillez prendre le document qui se trouve à

2 l'intercalaire premier. Monsieur l'Huissier, prenez la version en

3 macédonien.

4 Il s'agit ici d'un extrait d'un livre intitulé : "Mon combat pour la

5 Macédoine." Il était publié en 2004 par Ljube Boskoski. Vous n'avez pas la

6 traduction intégrale de ce livre. L'Accusation a réussi à faire traduire

7 certains extraits qui, nous l'espérons, pourront être examinés cet après-

8 midi par le témoin.

9 Est-ce que vous avez besoin de mon aide, Monsieur l'Huissier ? Vous

10 avez le numéro 4. C'est le numéro donné à ce document dans la liste visée

11 par l'article 65 ter. Je ne devais pas à dire à Monsieur l'Huissier -- je

12 m'en excuse. Voici le début de la version en macédonien. Monsieur

13 l'Huissier, restez auprès du témoin parce qu'il faudra feuilleter ce

14 classeur, procéder d'une page à l'autre.

15 Q. Monsieur l'Inspecteur.

16 R. Oui.

17 M. SAXON : [interprétation] Excusez-moi, Madame et Messieurs les Juges,

18 j'ai fait une erreur. Non, non, en fait, je n'ai pas fait d'erreur. C'est

19 bien en 2004 que ce livre a été publié. J'attendais simplement que

20 s'affiche la version électronique sur le prétoire électronique.

21 Ce n'est pas tout à fait la première page. Vous devrez avoir la page

22 de garde. Disons, si vous voulez, on peut commencer dans l'examen de ceci.

23 Monsieur l'Huissier, prenez la page suivante, si vous voulez bien, à

24 l'intention du témoin.

25 Q. Monsieur l'Inspecteur, à la deuxième page on voit un message adressé

26 par M. Boskoski. Il dit : "Cette contribution modeste à la vérité en

27 Macédoine est dédiée aux immortels qui, par leur sang, ont confirmé leur

28 loyauté à la mère patrie. Aux défenseurs de la Macédoine."

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1 Vous voyez cette dédicace ?

2 R. Oui.

3 Q. Puis en dessous, nous avons la signature de M. Boskoski, et il

4 dit ceci : "Pour moi, il n'y a pas de bataille en Macédoine sans triomphe."

5 Page suivante en anglais, on y voit : "Mon combat pour la Macédoine."

6 En sous-titre, nous avons ceci : "Contribution à des précisions quant au

7 conflit militaire qui a régné en 2001 et en 2002."

8 M. SAXON : [interprétation] Monsieur l'Huissier, prenez la troisième page,

9 s'il vous plaît. Page 5 en anglais. Une page de plus, s'il vous plaît. Nous

10 trouvons un poème. J'espère que vous le voyez, Monsieur l'Inspecteur. Il

11 dit ceci : "La Macédoine, c'est ma douleur et ma joie."

12 Vous le voyez ? La page suivante, s'il vous plaît. Vous le voyez ce poème

13 qui commence par ce vers : "La Macédoine est ma douleur et ma joie."

14 R. Oui.

15 M. SAXON : [interprétation] Je vois que Me Residovic souhaite intervenir.

16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Effectivement, vous avez la parole,

17 Maître.

18 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Madame et Messieurs les Juges, nous

19 écoutons les questions du Procureur, et franchement, je ne vois pas trop

20 quel est l'objectif qu'il poursuit. Pourquoi est-ce que nous nous mettons à

21 lire cet extrait du livre ? Je pense qu'il serait juste de demander au

22 témoin s'il a déjà vu ce livre, si nous voulons poser d'autres questions

23 dans ce sens.

24 M. SAXON : [interprétation] Ce sont les mémoires de l'accusé qu'il a

25 écrites en 2004 suite aux événements de 2002. L'Accusation a l'intention de

26 poser quelques questions au témoin qui concerneront certains extraits de

27 ces mémoires, de la version qu'il a donnée des événements survenus dans le

28 conflit qui fait l'objet de l'acte d'accusation. Bien sûr, je peux demander

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1 au témoin s'il a déjà vu ce livre ou pas, mais de l'avis de l'Accusation,

2 peu importe. Ce témoin a été membre de la garde rapprochée du ministre de

3 l'accusé. Il a donc dû passer énormément de temps au cours de ces mois très

4 importants de 2001, et j'aimerais étudier avec lui certains de ses extraits

5 qui sont en rapport avec les événements.

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous pouvez le faire, Monsieur Saxon,

7 mais tenez compte du temps parce que vous avez un rythme de sénateur pour

8 le moment.

9 M. SAXON : [interprétation] Volontiers, Monsieur le Président.

10 LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce que je peux dire quelque chose ?

11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vais vous demander de vous

12 contenter d'écouter les questions posées par M. Saxon. Je pense qu'on

13 pourra ainsi mieux régler le problème, en tout cas, plus rapidement. Merci.

14 M. SAXON : [interprétation] Monsieur l'Huissier, veuillez montrer la

15 cinquième page, excusez-moi, la quinzième page au témoin. Les pages sont

16 numérotées. Prenez la quinzième. Page 10 dans la traduction en anglais.

17 Q. Bas de la page 15 : "Moi-même, Ljube Boskoski, j'avais déjà été accepté

18 par les gens qui m'appelaient le frère Ljube ?"

19 R. [aucune interprétation]

20 L'INTERPRÈTE : Les interprètes précisent qu'ils n'ont pas entendu la

21 réponse du témoin, qu'il devrait se rapprocher des micros.

22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Parlez plus fort.

23 M. SAXON : [interprétation]

24 Q. Vous voyez ce paragraphe, qui commence par les mots suivants : "Moi-

25 même, Ljube Boskoski, j'avais déjà été accepté par la population, qui

26 m'appelait frère Ljube." Vous voyez ?

27 R. Oui.

28 Q. Pourquoi est-ce qu'on disait de M. Boskoski que c'était le "frère

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1 Ljube" ? Comment ce surnom lui a-t-il été donné ?

2 R. Je ne sais pas. Vous devriez lui poser la question.

3 Q. Vous n'avez pas la moindre idée d'une raison pour laquelle on lui avait

4 donné ce surnom ?

5 R. Je suppose que c'est parce qu'il était proche des gens, c'est pour

6 cela.

7 M. SAXON : [interprétation] Bas de la page 21 en anglais. C'est la page 42

8 dans la version originale.

9 Q. Inspecteur, milieu de la page 42 dans votre version, vous y trouvez un

10 paragraphe. Au milieu du paragraphe, M. Boskoski décrit une interview qu'il

11 a accordée en avril 2001. Vous voyez une phrase qui dit ceci : "Cependant,

12 je leur ai envoyé un message." Quand il dit : "Je leur ai envoyé un

13 message," c'était à l'Armée de libération nationale albanaise. Est-ce que

14 vous voyez ce paragraphe où il dit aussi : "Je leur ai renvoyé le message.

15 Il n'y avait pas de concessions."

16 R. Non, je ne vois pas.

17 Q. Paragraphe suivant, c'est le haut de la page 22, toute première ligne :

18 "Cet entretien a eu un grand effet sur l'opinion publique."

19 R. Oui, je vois.

20 Q. Au cours du printemps 2001, est-ce que le ministre Boskoski était sous

21 le projecteur de l'actualité en Macédoine ?

22 R. Je ne comprends pas.

23 Q. Lorsque vous êtes devenu membre de la garde rapprochée de Boskoski,

24 est-ce qu'on voyait souvent le ministre dans les journaux télévisés, est-ce

25 qu'on parlait beaucoup de lui dans les médias en Macédoine ?

26 R. Oui, à peu près, oui.

27 M. SAXON : [interprétation] Prenons la version en macédonien, page 46, page

28 23 en anglais.

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1 Q. A gauche de cette page 46, il y a un paragraphe qui dit : "Je suis

2 aussitôt parti à Tetovo."

3 Vous le voyez, ce paragraphe qui commence par cette ligne ?

4 R. Oui.

5 Q. Je poursuis la lecture : "Je suis parti aussitôt en direction de

6 Tetovo." Donc cela se passe le 16 mai 2001. "Je voulais voir comment se

7 présentait la situation sur les lieux mêmes. C'est devenu quelque chose que

8 j'ai fait régulièrement, parce que je suis un homme qui veut voir la

9 situation de près, et la sécurité en République de Macédoine à l'époque

10 exigeait que je me trouve à tout moment avec les défenseurs macédoniens sur

11 le terrain, à savoir vraiment en prise directe avec la réalité des

12 événements, là où le sifflement des balles tout près de vos oreilles est

13 une réalité."

14 Vous voyez ceci ?

15 R. Oui.

16 Q. Est-ce qu'il est souvent allé sur les champs de baille ?

17 R. Oui.

18 M. SAXON : [interprétation] Page 60 en macédonien. Page 29 en anglais.

19 Q. Inspecteur, sur la partie gauche de la page 60 en macédonien, c'est le

20 bas de la page 29, il y a un encadré avec une unité de chapitre ou

21 description de l'intitulé. Voyez ici, on parle de "quatrième tentative

22 d'assassinat." Vous voyez ?

23 R. Oui, je vois.

24 Q. Vous l'avez vu ?

25 R. Oui.

26 Q. Je lis : "Le 3 juin 2001, à proximité du poste de police Matejce, alors

27 que le ministre Boskoski obtenait des informations sur la situation

28 prévalant sur cette partie du front, il a subi un tir de mitrailleuse, lui

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1 et le groupe qui l'accompagnait. Après cette tentative, ce qui s'est soldé

2 par un échec, les terroristes ont lancé une violente attaque pour

3 l'éliminer. Pourtant, cette attaque a été déjouée par les unités des gardes

4 et de la sécurité surveillant M. Boskoski."

5 Vous avez vu ceci ?

6 R. Oui.

7 Q. Vous étiez avec lui, ce jour-là ?

8 R. Je ne me souviens pas.

9 Q. Je voudrais vous montrer un extrait vidéo.

10 M. SAXON : [interprétation] Nous allons laisser de côté ce livre pendant

11 quelques instants. C'est un extrait du numéro 974 de la liste 65 ter. C'est

12 un extrait qui vient de la télévision macédonienne, reportage réalisé à la

13 date approximative du 3 juin 2001.

14 Q. Regardez attentivement ces images, s'il vous plaît.

15 [Diffusion de cassette vidéo]

16 M. SAXON : [interprétation]

17 Q. Monsieur l'inspecteur, reconnaissez-vous les personnes que vous voyez

18 dans cet extrait ?

19 R. Oui.

20 Q. Est-ce que vous reconnaissez tout d'abord la personne au premier plan

21 qui porte un casque bleu ?

22 R. Je ne comprends pas la question.

23 Q. Qui est la personne que vous voyez ici, qui porte un casque ?

24 R. C'est le ministre de l'Intérieur, Ljube Boskoski.

25 Q. Est-ce vous, juste derrière lui ?

26 R. Oui.

27 Q. Très bien. Donc, pour ce voyage au moins, vous étiez avec le ministre.

28 Etes-vous d'accord avec cela ?

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1 R. Oui.

2 M. SAXON : [interprétation] Pouvons-nous poursuivre l'extrait, merci.

3 [Diffusion de cassette vidéo]

4 M. SAXON : [interprétation] Merci.

5 Monsieur le Président, je souhaite verser au dossier cet extrait.

6 [La Chambre de première instance se concerte]

7 M. SAXON : [interprétation] Je peux poser des questions supplémentaires, si

8 la Chambre le souhaite.

9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous nous demandons dans quelle mesure

10 cela sera lié à l'affaire. Quelle est la pertinence de cette pièce.

11 M. SAXON : [interprétation] Dans le dossier de l'Accusation, Monsieur le

12 Président, le fait que le ministre de l'Intérieur, l'accusé Ljube Boskoski,

13 se soit rendu sur le terrain tellement souvent peut nous permettre de

14 prouver, par d'autres questions si vous me le permettez, Monsieur le

15 Président, d'autres questions qui me permettront d'établir sa pertinence.

16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, je vous en prie.

17 M. SAXON : [interprétation]

18 Q. Monsieur l'Inspecteur, que faisait le ministre Boskoski lorsqu'il se

19 rendait sur les champs de bataille, comme nous le voyons ici ?

20 R. En tant que ministère de l'Intérieur, normalement, il apportait son

21 soutien aux forces de police.

22 Q. Par exemple, comment le ministre Boskoski s'y prendrait-il ? Qui

23 allait-il rencontrer lors de ces voyages ?

24 R. Je pense qu'il parlait à tout le monde, quel que soit leur poste, quel

25 que soit leur grade.

26 Q. Vous pensez qu'il parlait à tout le monde dans les unités de police ?

27 R. Vous me posez la question au sujet du champ de bataille, alors à votre

28 avis, qui se trouvait sur le champ de bataille.

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1 Q. Très bien. Mais vous avez dit qu'il parlait à tout le monde, quel que

2 soit leur grade, quel que soit leur poste, et vous parlez des personnes qui

3 sont membres de la police, du ministère de l'Intérieur ?

4 R. Oui.

5 Q. Quelle était la réaction de ces membres des forces de police lorsque le

6 ministre Boskoski venait leur rendre visite sur le champ de bataille ?

7 R. Ils faisaient leurs devoirs immédiatement, pour ainsi dire, ils

8 coopéraient. Ils travaillaient avec le ministre.

9 Q. Lors de ces visites, avez-vous jamais entendu le ministre Boskoski

10 donner des instructions aux forces de police sur le champ de bataille ?

11 R. Non, je ne l'ai pas vu. On pourrait peut-être parler de soutien moral.

12 M. SAXON : [interprétation] Monsieur le Président, dans le dossier de

13 l'Accusation, cet extrait est très pertinent pour établir quel était le

14 contrôle effectif de l'accusé Ljube Boskoski sur les forces de police sur

15 le terrain, par conséquent, il est au moins pertinent pour cette affaire.

16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Residovic.

17 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, tout d'abord, il

18 faudrait qu'il y ait un contrôle efficace fait par l'Accusation quant à

19 savoir qui a réalisé les actes qui sont listés par l'Accusation dans l'acte

20 d'accusation. Par conséquent, on dit que cet extrait vidéo pourrait nous

21 donner des éléments de réponse quant au contrôle effectif fait par

22 l'accusé; ce n'est pas vrai, cela n'a pas de pertinence.

23 Ensuite, lorsque l'on parle du contrôle effectif général, le témoin a été

24 clair. Il n'avait jamais entendu le ministre donner des ordres sur le champ

25 de bataille, il a parlé uniquement de soutien moral et pour des situations

26 qui ne correspondent pas aux régions qui sont listées. Par conséquent, nous

27 sommes contre le fait de verser ce dossier.

28 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci. La pièce sera admise.

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1 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera la pièce P401, Madame et

2 Messieurs les Juges.

3 M. SAXON : [interprétation] Pouvons-nous maintenant passer à la page 63

4 dans la version macédonienne, c'est au milieu de la page 31 dans la version

5 anglaise.

6 Q. Vous verrez, Monsieur l'Inspecteur, qu'au milieu de la page 63, dans

7 votre version, un paragraphe qui commence par : "C'était le bon temps."

8 Voyez-vous cette phrase au milieu du paragraphe ? Vous la voyez ?

9 R. Oui.

10 Q. C'est au milieu de la page 31 dans la version anglaise.

11 Le paragraphe est le suivant : "C'était le bon temps, puisque je

12 travaillais de toute mon énergie. On ne pouvait pas mesurer le fait que

13 j'ai été engagé et résolu pendant 24 ou 48 heures, mais par les séries de

14 nuits blanches et de journées à travailler. J'avais un désir immuable dans

15 mon combat pour la Macédoine. C'était principalement en raison de mon jeune

16 âge, de ma force physique et de mon patriotisme macédonien effréné que l'on

17 peut retrouver chez tout être humain, dans tous les citoyens, quel que soit

18 leur origine ou leur groupe religieux s'ils aiment sincèrement et

19 réellement la Macédoine."

20 Voyez-vous ce passage, Monsieur l'Inspecteur ?

21 R. Oui.

22 Q. Pouvez-vous confirmer que pendant cette période, pendant le printemps

23 ou au début de juin 2001, le ministre Boskoski travaillait d'arrache-pied ?

24 R. Pouvez-vous répéter la question. Je n'ai pas compris.

25 Q. Avez-vous l'impression qu'en 2001, au printemps, au début de l'été, en

26 2001, le ministre travaillait jour et nuit ?

27 R. Oui.

28 Q. Très bien. Le paragraphe se finit par la phrase suivante : "Dans ces

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1 jours et ces nuits sans dormir, j'ai commencé à comprendre les pièges

2 dangereux du gouvernement que -- les pièges que posait le conflit militaire

3 qui allait dépasser toutes les autres préoccupations, un conflit qui, pour

4 les Macédoniens en Macédoine et dans le monde entier, était devenu une

5 guerre pour la mère patrie, et où on ne pouvait pas revenir en arrière

6 avant d'avoir atteint la victoire finale et la défaite finale des

7 terroristes et des autres ennemis."

8 Voyez-vous ce passage que je viens de vous lire ?

9 R. Oui.

10 Q. A l'époque, Inspecteur, avez-vous trouvé une source d'inspiration dans

11 les activités, dans le dévouement du ministre Boskoski ?

12 R. Je ne comprends pas votre question. Que voulez-vous dire par "source

13 d'inspiration" ?

14 Q. Est-ce que pour vous et pour les autres membres du ministère de

15 l'Intérieur, le ministre Boskoski était une source d'inspiration ?

16 R. Oui, en quelque sorte.

17 Q. A ce moment, pendant ces mois de crise de l'été 2001, y a-t-il eu une

18 mobilisation de réservistes de la police ?

19 R. Je ne sais pas.

20 Q. Permettez-moi alors de vous poser une autre question. Pendant cette

21 période de crise en 2001, aviez-vous connaissance de ce que des patriotes

22 d'origine macédonienne s'étaient portés volontaires pour devenir

23 réservistes ? Est-ce que cela se savait ? Est-ce que vous connaissiez des

24 gens qui l'avaient fait ?

25 R. Non.

26 Q. Très bien. Bien. Si vous voyez un peu plus loin dans la page, au

27 paragraphe suivant, vous voyez une ligne où il était dit : "Ainsi, le 6

28 juin 2001."

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1 Voyez-vous ce passage ? Au paragraphe suivant, quelques lignes après

2 le début, voyez-vous cette phrase ?

3 R. Oui.

4 Q. Il est dit que : "Le 6 juin 2001, j'avais un communiqué de presse." Si

5 vous allez un peu plus loin, à la page suivante, toujours dans le même

6 paragraphe, le communiqué est le suivant : "Nous ne devons pas permettre

7 aux terroristes de nous amener à la table des négociations pour leur

8 parler. Quant à savoir si les hauts responsables de l'Etat envisageaient de

9 manière sérieuse de déclarer l'état de guerre, j'ai donné une réponse

10 modérée."

11 A la dernière ligne, j'ai dit que : "Les terroristes entrent en

12 Macédoine venant du Kosovo, et les forces de sécurité macédoniennes seront

13 présentes partout, partout où on remarque un mouvement terroriste jusqu'à

14 ce que ce mouvement soit entièrement annihilé."

15 Voyez-vous ce passage, Monsieur l'Inspecteur ?

16 R. Non, je ne le vois pas.

17 Q. Pouvez-vous passer au haut de la page 64, s'il vous plaît. En haut de

18 la page 64, il est dit que : "Nous ne devons pas permettre aux terroristes

19 de nous conduire à la table des négociations."

20 Voyez-vous ce passage ?

21 R. Oui.

22 Q. La dernière phrase est la suivante : il est dit que : "Les forces de

23 sécurité interviendront partout où l'on remarque un mouvement terroriste

24 jusqu'à ce qu'ils soient entièrement annihilés." C'est la dernière phrase

25 du paragraphe. La voyez-vous ?

26 R. Oui.

27 Q. Avez-vous entendu le ministre Boskoski exprimer ces opinions en public

28 pendant l'été 2001 ?

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1 R. Non.

2 Q. A-t-il tenu ces propos devant vous ?

3 R. Non.

4 Q. Monsieur l'Inspecteur, en 2001, connaissiez-vous un homme du nom de

5 Johan Tarculovski ? Vous souvenez-vous avoir fait la connaissance de Johan

6 Tarculovski ?

7 R. Très peu.

8 Q. Vous souvenez-vous comment vous l'avez rencontré, même si vous l'avez

9 très peu connu ?

10 R. Il était mon collègue. Il travaillait donc au ministère de l'Intérieur.

11 A part cela, je n'ai eu aucun contact personnel avec lui.

12 Q. En 2001, vous souvenez-vous avoir jamais vu Johan Tarculovski en

13 compagnie du ministre Boskoski ?

14 R. Je ne comprends pas la question. De quel lieu parlez-vous ?

15 Q. Par exemple, vous souvenez-vous avoir vu M. Tarculovski et le ministre

16 Boskoski se rencontrer dans un restaurant ? Vous en souvenez-vous ?

17 R. Non, je ne m'en souviens pas.

18 Q. Est-ce que je pourrais vous rafraîchir la mémoire en vous montrant la

19 déclaration que vous avez donnée au bureau du Procureur il y a quelques

20 années, lorsque vous avez parlé de ce sujet ? Est-ce que cela pourrait vous

21 rafraîchir la mémoire ?

22 R. Je peux peut-être apporter une précision. J'avais peut-être dit qu'ils

23 s'étaient rencontrés par hasard, mais il ne s'agissait pas de rendez-vous,

24 et ils ne s'étaient pas assis à la même table. Parce que tout le monde

25 voulait venir saluer Ljube à l'époque. Peut-être que c'est dans ce sens

26 qu'il fallait me comprendre.

27 Q. Est-ce que vous avez vu Johan Tarculovski venant saluer le ministre

28 Boskoski dans un contexte privé, par exemple, dans un restaurant où vous

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1 vous trouviez avec le ministre ?

2 R. Oui, à plusieurs reprises.

3 Q. Dites-moi, en 2001, Johan Tarculovski avait-il la réputation d'un

4 officier, d'un combattant courageux ?

5 R. Je ne sais pas.

6 Q. Savez-vous si Jovan Tarculovski avait combattu pendant ces mois de

7 crise ?

8 R. Je ne sais pas non plus.

9 Q. Savez-vous si Johan Tarculovski était membre de l'Unité de "posebna" en

10 2001 ?

11 R. Je ne sais pas. J'étais chargé de la sécurité. Je ne faisais pas partie

12 de cette unité. Il faudrait poser votre question à d'autres personnes.

13 Q. En 2001, vous souvenez-vous avoir connu un homme du nom de Zoran

14 Jovanovski, qui était également surnommé Bucuk ?

15 R. Oui, j'ai également entendu parler de lui.

16 Q. Vous souvenez-vous de ce que faisait cet homme du nom de Bucuk dans la

17 vie ?

18 R. Non, je ne m'en souviens pas.

19 Q. Peut-être, pourrais-je vous rafraîchir la mémoire en vous montrant

20 votre déposition de 2004 au bureau du Procureur, et vous y expliquiez où

21 travaillait cet homme surnommé Bucuk ?

22 R. Oui.

23 Q. Très bien.

24 M. SAXON : [interprétation] Nous avons des exemplaires en anglais et en

25 macédonien de la déposition de l'inspecteur M. Jakovoski. Pourrons-nous

26 fournir une version macédonienne au témoin ?

27 Q. Monsieur l'Inspecteur, pouvez-vous passer au paragraphe 24 de votre

28 déposition dans la version macédonienne ?

Page 3924

1 M. SAXON : [interprétation] Monsieur l'Huissier, peut-il aider le témoin ?

2 Q. Au paragraphe 24, il est dit au début : "A la question de savoir que

3 l'autre personne de Kometa que je connaissais qui était présente à

4 Ljuboten, j'avais pu citer Bucuk Jovanovski."

5 Est-ce que cela rafraîchit votre mémoire ?

6 R. Oui. Maintenant, cela rafraîchit ma mémoire.

7 Q. En 2001, où travaillait cet homme surnommé Bucuk ?

8 R. Agence Kometa.

9 Q. Vous souvenez-vous des noms d'autres personnes qui travaillaient à

10 l'agence Kometa, où il était associé en 2001 ?

11 R. Je ne m'en souviens plus. C'était il y a longtemps.

12 Q. Reprenons le paragraphe 24. Il est dit : "A la question de savoir

13 quelle autre personne je connaissais de l'agence Kometa qui était présente

14 à Ljuboten, j'aurais pu citer Bucuk Jovanovski, Johan Tarculovski, Sasa,

15 celui qui avait été blessé, le frère du blessé, Vlatko Janevski, ancien

16 chef adjoint de la Kometa. Ce sont les personnes que j'ai pu identifier."

17 Monsieur l'Inspecteur, est-ce que cela rafraîchit votre mémoire ?

18 R. Oui, mais aujourd'hui je ne m'en souviens plus qui est ce Vlatko ou qui

19 est Sasa. Cela fait plusieurs années que je ne les ai plus vus.

20 Q. Mais lorsque vous avez fait cette déposition, cette information était

21 exacte à votre connaissance ?

22 R. Je ne m'en souviens plus.

23 Q. Vous souvenez-vous avoir vu le ministre Boskoski, Bucuk et Johan

24 Tarculovski ensemble pendant cette période de crise de 2001 ?

25 R. Non, je ne m'en souviens pas non plus.

26 Q. Est-ce que cela pourrait vous aider de consulter une partie de votre

27 déposition où vous décrivez une telle rencontre ? Est-ce que cela

28 rafraîchirait votre mémoire ?

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1 R. Mais, je vous ai dit qu'aujourd'hui je ne me souviens plus les avoir

2 vus ensemble.

3 Q. C'est précisément la raison pour laquelle je vous demande, je vous

4 propose de vous aider en consultant le paragraphe 34 de votre déposition.

5 Dans le paragraphe 34, il est dit : "A la question de savoir quand

6 j'ai vu la dernière rencontre entre Bucuk et Johan, je ne saurais parler de

7 contact officiel, mais je veux expliquer qu'à maintes reprises, avant les

8 événements, j'ai vu toutes ces trois personnes, le ministre, Bucuk et

9 Johan, se rencontrer dans un cadre privé puisqu'ils se rendaient dans les

10 mêmes lieux. J'ai vu des contacts dans des lieux ou restaurants tels que

11 Fufo, Galija, Dzino, où j'accompagnais le ministre dans un cadre privé

12 avant les événements."

13 Voyez-vous ce passage, Monsieur l'Inspecteur ?

14 R. Oui.

15 Q. Est-ce que maintenant vous vous en souvenez mieux ? Est-ce que cela

16 rafraîchit votre mémoire ?

17 R. Il est clair qu'ils se sont sûrement vus. Je ne sais pas combien de

18 fois, mais tout le monde se rencontre à Skopje; c'est une petite ville. Et

19 lorsque l'on va, on se rend dans les mêmes lieux, on se rencontre

20 forcément.

21 Q. Dites-moi, en 2001, cet homme que l'on appelait Bucuk, est-ce qu'il

22 passait pour un homme, un combattant courageux ?

23 R. Je ne sais pas.

24 Q. D'accord.

25 M. SAXON : [interprétation] Pouvons-nous maintenant passer à la page 67 de

26 la version macédonienne, version macédonienne du livre écrit par le

27 ministre Boskoski. Dans la version anglaise, il s'agit de la page 33 pour

28 Madame et Messieurs les Juges.

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1 Q. Si vous prenez le deuxième paragraphe, Monsieur l'Inspecteur, au milieu

2 de la page, le ministre Boskoski, il décrit les événements initiés par les

3 forces de sécurité macédoniennes contre les terroristes à Aracinovo. Voyez-

4 vous cela au milieu de la page 67 ? Il est dit : "Tout avait été entrepris

5 pour assister les forces de sécurité macédoniennes dans leur manœuvre

6 contres les terroristes à Aracinovo."

7 Voyez-vous ce passage, cette ligne ?

8 R. Oui.

9 Q. Ensuite, il est dit au sujet de cet incident : "La seule chose que nous

10 attendions était de recevoir l'ordre des hautes sphères de l'Etat et de

11 l'organe de coordination de la gestion de crise. Je n'étais pas d'accord

12 avec cette position indécise de cet organe qui poussaient la Macédoine à

13 négocier avec les terroristes, chose que les Albanais voulaient réellement.

14 J'avais pris ma décision. J'ai démissionné de cet organe, et j'ai proposé

15 un remplaçant."

16 Voyez-vous ce passage, Monsieur l'Inspecteur ?

17 R. Oui.

18 Q. Alors lorsque le ministre Boskoski a démissionné de cet organe de

19 gestion de crise, est-ce que vous étiez fiers de lui, vous et vos collègues

20 ?

21 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Objection, Madame et Messieurs les Juges.

22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Madame Residovic.

23 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Peut-être qu'il faudrait poser la question

24 au témoin pour savoir s'il était au courant de la démission du ministre de

25 cet organe de coordination. Ainsi, on pourrait lui poser la question

26 suivante.

27 Merci.

28 M. SAXON : [interprétation]

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1 Q. Monsieur l'Inspecteur, étiez-vous au courant de la démission du

2 ministre, démission de l'organe de coordination, pour protester contre les

3 politiques indécises de certains membres ?

4 R. Non, je n'étais pas au courant.

5 Q. Pouvons-nous passer à la page 69 dans votre version ? C'est un chapitre

6 qui commence par "La réaction du peuple." Il s'agit du bas de la page 33

7 dans la version anglaise. Le ministre Boskoski y décrit les actes des

8 forces de sécurité à Aracinovo. Voyez-vous le premier paragraphe, Monsieur

9 l'Inspecteur ?

10 R. [aucune interprétation]

11 M. SAXON : [interprétation] Est-ce que l'on peut allumer le deuxième micro

12 de l'inspecteur ?

13 Q. Un peu plus bas dans ce paragraphe, il est dit : "Ils ont agi,"

14 "ils" étant ici les membres des forces de sécurité. "Donc, ils ont agi pour

15 défendre la Macédoine et sa capitale Skopje, en faisant tout pour la

16 Macédoine."

17 Voyez-vous ce passage ?

18 R. Oui.

19 Q. Lorsque je les encourageais et lorsque j'étais à leurs côtés lorsqu'ils

20 partaient se battre, ils me saluaient en disant : "Tout pour la Macédoine."

21 Voyez-vous cela ?

22 R. Oui.

23 Q. Ce salut, "Tout pour la Macédoine," qu'est-ce que cela signifiait ?

24 Pourquoi les forces de police le communiquaient-ils au ministre ?

25 R. Tout d'abord, je dois dire que je ne me souviens pas qu'on disait cela.

26 Ensuite, bien sûr, si quelqu'un vient en Macédoine, il sera pour la

27 Macédoine et pas pour un autre Etat.

28 Q. Très bien. Alors pouvons-nous maintenant passer à la page 72 de la

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1 version macédonienne, il s'agit de la page 35 de la version anglaise.

2 Monsieur l'Inspecteur, vous souvenez-vous à la fin juin 2001 de

3 manifestations dans la ville de Skopje ? La population était bouleversée

4 parce que l'UCK avait pu se retirer du village d'Aracinovo. Vous souvenez-

5 vous de ces manifestations ?

6 R. Oui, oui.

7 Q. Vous souvenez-vous d'avoir apporté protection au ministre lorsqu'il est

8 allé voir ces manifestations ?

9 R. A l'époque, je n'étais pas sur place. J'étais en Croatie, et j'étais

10 chargé de la garde rapprochée de la famille du ministre, et c'est la raison

11 pour laquelle que je peux rien vous dire sur cette situation.

12 Q. Très bien. Donc je vais continuer.

13 Si possible, est-ce que nous pourrions passer à la page -- permettez

14 une minute. Le 10 août 2001, huit soldats macédoniens ont été tués lors

15 d'une explosion de mine dans un endroit du nom de Ljubotenski Bacila. Est-

16 ce que vous vous souvenez de cela ? Vous souvenez-vous en avoir entendu

17 parler ? Il s'agissait du vendredi 10 août, huit soldats macédoniens ont

18 été tués. Vous en souvenez-vous ?

19 R. Oui.

20 M. SAXON : [interprétation] Si nous pouvions montrer au témoin le 65 ter

21 188, s'il vous plaît ? Pour les Juges, il s'agit de l'intercalaire 6 dans

22 vos dossiers.

23 Intercalaire 6 également dans le dossier de l'Inspecteur. Pourrait-on

24 lui montrer la version macédonienne ?

25 Q. Voyez-vous, Inspecteur, c'est un rapport qui stipule que le 10 août, le

26 conseil de sécurité s'est réuni pour soutenir des actions. Est-ce que vous

27 voyez cela ?

28 R. Oui.

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1 Q. C'est un rapport qui date de 13 [comme interprété] heures, 22 heures à

2 l'heure de Greenwich, c'est un rapport qui stipule que le conseil de

3 sécurité de la République de Macédoine a tenu une réunion qui portait sur

4 la situation actuelle du pays, sa situation politique et sa sécurité. Ceci

5 a donné lieu à l'adoption d'un certain nombre de mesures et de conclusions.

6 Puis, il est dit que : "Le conseil de sécurité a rendu hommage aux hommes

7 travaillant pour les forces de sécurité qui avaient été tués près du

8 village de Ljubanci et ont exprimé toutes leurs sympathies à leurs

9 familles."

10 Ensuite, ce texte continue en disant : "A la réunion d'hier au soir, le

11 conseil a conclu que des actions très fermes devraient être entamées pour

12 éliminer toute menace envers les forces de sécurité et les citoyens de la

13 République de Macédoine."

14 Est-ce que vous voyez le passage que je viens de lire, Inspecteur ?

15 R. Oui.

16 Q. Est-ce que vous vous souvenez ou est-ce que vous avez accompagné M.

17 Boskoski -- excusez-moi, est-ce que vous avez escorté le ministre Boskoski

18 à cette réunion ?

19 R. Je n'ai jamais été au conseil de sécurité, j'étais garde du corps. Je

20 ne suis pas… c'est comme cela.

21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Residovic.

22 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Votre Honneur, je pense que l'Accusation

23 devrait d'abord demander au témoin s'il avait déjà vu cette information, et

24 s'il sait d'abord que le conseil s'est réuni, ensuite, lui poser d'autres

25 questions parce qu'il est garde du corps, et non pas membre de cette

26 instance.

27 M. SAXON : [interprétation] Bien, c'est ce que j'allais faire, votre

28 Honneur. Je pense que j'ai déjà une partie de la réponse que j'avais

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1 demandée.

2 Q. Etiez-vous au courant qu'après l'explosion de cette mine qui a tué huit

3 soldats macédoniens, que le conseil de sécurité a appelé à une action très

4 ferme ?

5 R. Non.

6 Q. Est-ce que vous étiez avec le ministre Boskoski lorsqu'il a entendu

7 parler du massacre de ces soldats, ces huit soldats macédoniens ?

8 R. Votre Honneur, permettez-moi de vous dire que je n'ai eu jamais des

9 contacts qui amènent le ministre à me dire quelles étaient les décisions

10 prises par le conseil de sécurité ou d'autres informations si importantes.

11 Donc je ne peux pas non plus répondre à cette question.

12 Q. Je vous ai posé une question très différente et j'aimerais une réponse.

13 Ma question était la suivante : le 10 août 2001, est-ce que vous étiez avec

14 le ministre Boskoski lorsqu'il a entendu dire que huit soldats macédoniens

15 avaient été tués à Ljubotenski Bacila ?

16 R. Je ne m'en souviens pas. Deuxièmement, le ministre ne m'a jamais dit

17 une telle chose, ne m'a jamais dit qu'il y avait eu des personnes tuées,

18 que des officiers de police ont été tués à Ljubanci.

19 Q. Bien.

20 M. SAXON : [interprétation] Pourriez-vous reprendre le livre de Boskoski

21 qui se trouve à l'intercalaire 1 de votre dossier. Je vous demanderais

22 d'aller à la page 103 de la version macédonienne. Il s'agit là d'une

23 section séparée, Monsieur le Juge, vous verrez qu'il y a un petit "sticker"

24 sur les 48 premières pages de votre dossier. Je vous demanderais de passer

25 au deuxième "sticker" qui porte le numéro ERN000-9659. La traduction

26 anglaise est de deux pages. Deux pages plus loin, il y a un sous-titre qui

27 s'appelle, un sous-titre du nom de "Cuckoo Eggs," pour vous aider, "Les

28 yeux du coucou," pour vous aider à identifier cette section. Un petit peu

Page 3932

1 en dessous de cette section, il est dit : "Le 10 août, une autre tragédie

2 s'est produite."

3 Voyez-vous où cela se trouve ?

4 R. Oui.

5 Q. "Qui n'a fait que renforcer toute la fièvre imposée par les terroristes

6 avant la signature de l'accord. A Ljubotenski Bacila, dans la région de

7 Skopje, il y avait une fois de plus une embuscade menée par des terroristes

8 et huit membres de l'armée de la République de Macédoine ont été tués. Il y

9 en a autant qui ont été fortement ou légèrement blessés par des mines

10 terrestres, des lanceurs de roquettes ou des armes automatiques."

11 Est-ce que vous me suivez ?

12 R. Oui.

13 Q. Et le paragraphe dit : "Le ministre des Affaires intérieures et le

14 ministre de la Défense ont entrepris une opération commune pour mettre un

15 terme aux opérations de ce groupe terroriste qui opérait dans cette région.

16 Il y avait déjà deux jours qu'il y avait des batailles dans la région de

17 Skopje. Dans un communiqué officiel, le ministère des Affaires étrangères

18 stipule qu'il y a eu un clash des forces de sécurité de la République de

19 Macédoine le 11 août et le 12 dans le village de Ljuboten dans la zone de

20 Skopje contre les groupes armés paramilitaires de terroristes de l'UCK, et

21 que cinq personnes ont été tuées."

22 Est-ce que vous me suivez, Inspecteur ?

23 R. Oui.

24 Q. Le vendredi 10 et le samedi 11 août 2001, est-ce que vous étiez présent

25 lorsque le ministre Boskoski a parlé de ces opérations communes pour

26 détruire ce groupe terroriste ?

27 R. Je dois dire une fois de plus que rien de tout cela n'a été discuté

28 avec moi.

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1 Q. Bien.

2 M. SAXON : [interprétation] Votre Honneur, cette fois-ci, je vous

3 demanderais de verser la pièce 65 ter numéro 4 de ce livre.

4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Residovic.

5 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Votre Honneur, nous n'avons jamais discuté

6 de l'authenticité de ce livre, mais dans la mesure où il s'agit d'un livre,

7 de tout un livre, notre proposition est que l'ensemble de ce livre soit

8 versé comme pièce à conviction et non pas des chapitres individuels comme

9 nous le faisons aujourd'hui.

10 Merci.

11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Monsieur Saxon.

12 M. SAXON : [interprétation] La raison pour laquelle l'Accusation n'a pas au

13 préalable traduit l'ensemble de ce livre concerne la politique du CLSS.

14 C'est simplement que le CLSS a dit à l'Accusation ne pas posséder les

15 ressources financières nécessaires pour traduire l'ensemble de cet ouvrage.

16 Le CLSS a toujours fortement encouragé l'Accusation à choisir certains

17 extraits de livres comme celui-ci qui seront ensuite donnés à la

18 traduction. Si la Chambre --

19 [La Chambre de première instance se concerte]

20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] La Chambre accepte les parties de ce

21 livre qui sont versées. Si soit la Défense, soit une autre partie considère

22 que ce sont là des éléments qui pourront être utilisés au cours du contre-

23 interrogatoire nous les recevrons également …

24 [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]

25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] On vient de me dire que l'ensemble de

26 ce travail existe en version électronique.

27 M. SAXON : [interprétation] En anglais ?

28 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Non, l'ouvrage est dans sa langue

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1 d'origine.

2 M. SAXON : [interprétation] C'est exact.

3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Et les traductions sont limitées à

4 certaines parties ?

5 M. SAXON : [interprétation] C'est exact.

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] La Chambre acceptera ce travail dans

7 la forme dans laquelle il est présenté, sous forme électronique. Donc de

8 l'ensemble de ce livre dans la version macédonienne et les parties qui ont

9 été traduites. Si l'on veut mettre l'accent sur certaines parties

10 présentées uniquement en langue macédonienne, il sera à ce moment-là

11 nécessaire d'en parler lors du contre-interrogatoire du témoin, et des

12 traductions seront fournies en anglais en temps voulu si l'on pensait qu'il

13 y a des passages dans la version macédonienne qui n'ont pas été traduits en

14 anglais.

15 M. LE GREFFIER : [interprétation] Cet ouvrage reçoit la cote P402.

16 M. SAXON : [interprétation] Plutôt que de commencer maintenant sur un autre

17 point, ne serait-il pas bon de faire une première pause ?

18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Monsieur Saxon. Nous allons donc

19 suspendre l'audience et reprendre à 4 heures 10.

20 --- L'audience est suspendue à 15 heures 36.

21 --- L'audience est reprise à 16 heures 11.

22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Monsieur Saxon.

23 M. SAXON : [interprétation]

24 Q. Inspecteur, je voudrais vous demander de revenir au matin du 12 août

25 2001. Est-ce que vous pouvez vous rappeler ce que vous avez fait ce matin-

26 là ?

27 R. C'était il y a longtemps, mais je me rappelle que nous allions

28 constamment sur les champs de bataille.

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1 Q. Pour vous rafraîchir la mémoire, je vous demanderais de reprendre la

2 déposition que vous avez faite il y a quelques années et voir ce que vous

3 avez fait ce matin. Je vous demanderais de regarder le paragraphe 12.

4 Le paragraphe 12, qui stipule : "Le dimanche, j'ai commencé à

5 travailler à 8 heures du matin. Moi-même, Medarov, Laste et Branko

6 Pejcinovski, nous travaillions ce jour-là. Nous avions une salle dans le

7 cabinet où se trouvaient les gardes du corps, et de là, nous sommes allés

8 chercher le ministre. Je pense qu'il était 8 heures 15 lorsque nous sommes

9 arrivés pour le prendre ce dimanche matin. Ce jour-là, nous utilisions deux

10 voitures. Une des voitures était noire, une Jeep Cherokee blindée, et

11 l'autre était une Chrysler noire. Nous sommes allés au cabinet vers 8

12 heures 30 du matin. Le ministre est entré et nous sommes allés dans la

13 salle d'attente, celle qui est juste à droite de la salle où se trouve le

14 ministre de l'Intérieur. Puis, nous avons quitté le ministère de

15 l'Intérieur.

16 Ensuite, nous sommes allés chez le coiffeur à Skopje, dans la région

17 de Madzari. Nous y sommes arrivés vers 10 heures. Le coiffeur avait ouvert

18 spécifiquement pour le ministre, puisque le propriétaire était un ami du

19 ministre. J'ai été à l'intérieur avec le ministre, et je me souviens qu'il

20 a reçu un appel du président Trajkovski. Je ne connais pas la teneur de

21 leur conversation, mais j'ai simplement entendu le ministre dire président,

22 et c'est la raison pour laquelle je dis qu'il s'agissait d'une conversation

23 avec le président Trajkovski. Au bout d'une demi-heure, nous sommes partis,

24 et nous sommes ensuite allés au village de Volkovo, près de Skopje. Nous

25 nous sommes arrêtés en plein milieu du village vers 11 heures, et nous y

26 sommes restés environ un quart d'heure. Le ministre a parlé à la famille de

27 personnes qui avaient été tuées au cours du conflit. Je ne sais pas qui

28 étaient ces personnes. Ensuite, nous sommes allés directement de Volkovo à

Page 3936

1 Ljubanci. Le ministre a ensuite dit au chauffeur d'aller à Ljubanci."

2 Inspecteur, est-ce que cela vous permet de vous rappeler ce que vous avez

3 fait ce dimanche matin ?

4 R. Oui. Bien, je peux dire que jusqu'à un certain point le texte est

5 correct, et autant que je m'en souvienne, nous sommes allés à Volkovo. Pour

6 ce qui est d'aller à Volkovo, soit je n'avais pas compris la personne qui

7 m'avait posé une question, soit je me suis trompé.

8 Q. Y a-t-il autre chose qui ne soit pas correcte ?

9 R. Lorsque cette déposition a été faite et que j'ai fait ma déposition,

10 j'ai dit ne pas pouvoir me souvenir de beaucoup de choses, et maintenant,

11 six ans plus tard, c'est encore pire. C'est la raison pour laquelle je ne

12 peux pas vous dire avec certitude si cela est exact ou pas.

13 Q. Vous souvenez-vous avoir été en voiture avec le ministre Boskoski à

14 Ljubanci le 12 août, qui était un dimanche ?

15 R. Oui.

16 Q. Vous souvenez-vous à peu près à quelle heure vous-même et le ministre

17 Boskoski êtes arrivés à Ljubanci ?

18 R. Vers midi, midi 30.

19 Q. Vous souvenez-vous où à Ljubanci, le ministre, et vous-même et

20 d'autres, s'il y avait d'autres personnes, vous êtes arrêtés ?

21 R. Nous nous sommes arrêtés devant une maison.

22 Q. Est-ce que le ministre et vous-même êtes sortis du véhicule ?

23 R. Oui.

24 Q. Lorsque vous êtes arrêtés devant la maison et que vous êtes sortis de

25 la voiture, où est-ce que vous êtes allés, vous-même et le ministre ?

26 R. Dans la maison.

27 Q. A l'intérieur de la maison ou autour de la maison ?

28 R. Dans la cour.

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1 Q. Depuis cette cour, est-ce que vous avez pu voir le village de Ljuboten

2 ?

3 R. Non.

4 Q. Est-ce que d'un endroit proche de cette cour vous pouviez voir le

5 village de Ljuboten ?

6 R. Je ne pouvais pas le voir.

7 Q. Bien. Nous y viendrons dans un petit moment.

8 Est-ce que vous pouvez vous souvenir combien de temps le ministre et

9 vous-même êtes restés dans cette maison, à peu près, dans la cour de cette

10 maison ?

11 R. Une heure et demie.

12 Q. Vous souvenez-vous qui était présent dans la cour, dans cette cour,

13 lorsque le ministre et vous-même y êtes entrés ?

14 R. Je peux simplement dire que lorsque nous sommes entrés dans cette cour,

15 le ministre a rencontré le responsable de cette municipalité, de cette

16 région.

17 Q. Vous souvenez-vous qui d'autre était présent lorsque vous êtes entré

18 dans cette cour ?

19 R. Je n'ai vu personne d'autre que je connaissais.

20 Q. Je ne vous ai pas posé cette question. Je vous ai simplement demandé si

21 vous vous souveniez qu'il y avait d'autres personnes présentes. Est-ce que

22 vous vous en souvenez, Inspecteur ?

23 R. Oui. Il y avait des officiers de police en uniforme de camouflage.

24 Q. Est-ce que vous vous souvenez à peu près combien d'officiers de police

25 en uniforme de camouflage étaient présents ?

26 R. Je ne peux pas vous dire combien il y en avait. Je ne m'en souviens

27 pas.

28 Q. Est-ce que vous pouvez maintenant passer au paragraphe 17 de votre

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1 déposition, Inspecteur, et je vous demanderais de regarder le milieu du

2 paragraphe, qui dit : "Nous nous dirigions vers une table en pierre dans le

3 jardin. Au moment où nous sommes arrivés, il y avait une cinquantaine de

4 personnes, de policiers en uniforme dans le jardin. Ils portaient des

5 uniformes de police de camouflage vert."

6 Est-ce que cela vous permet de rafraîchir votre mémoire quant au

7 nombre de policiers présents ?

8 R. Dans cette déposition, j'ai donné un chiffre. Ce n'était peut-être pas

9 approximativement correct. Il y en avait peut-être une centaine, peut-être

10 qu'une vingtaine.

11 Q. Bien. Est-ce que vous pouvez vous souvenir ce que faisaient ces

12 officiers de police lorsque le ministre et vous-même êtes entrés dans cette

13 cour ?

14 R. Ils étaient debout, sans bouger, et ont accueilli le ministre.

15 Q. Vous dites qu'ils étaient debout, figés. Qu'est-ce que cela voulait

16 dire ? Est-ce qu'ils se sont levés ou est-ce qu'ils étaient au garde-à-vous

17 ? Je ne sais pas ce que cela signifie.

18 R. Ils étaient au garde-à-vous.

19 Q. Est-ce que vous vous souvenez qui était le commandant de ce groupe de

20 police ?

21 R. [aucune interprétation]

22 Q. Si vous prenez le paragraphe 17, au milieu du paragraphe que vous avez

23 sous les yeux, Inspecteur, il y a quelques années vous avez dit à un

24 enquêteur du bureau du Procureur qui vous demandait qui était le commandant

25 de cette unité, et vous avez dit : "Le commandant de ces officiers de

26 police était Zoran Jovanovski, Bucuk. Jovanovski est venu vers le ministre,

27 vers la table en pierre, et tous deux ont parlé de la situation au

28 village."

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1 La phrase suivante crée une certaine confusion. Il s'agissait d'une

2 conversation entre le ministre et Jovan. "J'étais, à ce moment-là, à deux

3 mètres du ministre, et j'ai pu comprendre qu'ils parlaient de la situation

4 dans le village, et qu'ils disaient qu'elle n'était pas totalement sous

5 contrôle. D'après la conversation, j'ai compris que Jovanovski a dit au

6 ministre qu'il y avait des tirs qui provenaient de presque toutes les

7 maisons de Ljuboten."

8 Est-ce que cela vous rafraîchit la mémoire et vous rappelle ce que

9 vous avez vu ou entendu dans cette cour le 12 août, Inspecteur ?

10 R. La dernière fois et aujourd'hui encore, je vous répète que lorsque j'ai

11 fait cette déposition à l'époque à l'enquêteur, j'avais également dit que

12 je ne me souvenais pas qui le ministre avait rencontré. Mais maintenant, en

13 y réfléchissant, je me souviens qu'autour de cette table de pierre il y a

14 une personne qu'il a rencontrée. Je ne me souviens pas de son nom ni de son

15 prénom, mais je me souviens qu'il était plutôt un responsable et il a parlé

16 avec lui.

17 Q. Inspecteur, est-ce que vous vous souvenez avoir vu un deuxième groupe

18 d'hommes -- en fait, avant de poursuivre, j'aimerais que vous passiez, et

19 peut-être que l'huissier peut nous aider, que vous passiez donc à la page

20 10 de votre déclaration dans la version macédonienne, page 10.

21 Est-ce que vous pourriez tourner la page, passer à la page suivante.

22 Page suivante encore. Page suivante encore. Page suivante. Page suivante.

23 Page suivante. Page suivante. C'est l'avant-dernière page.

24 Vous voyez, là, Inspecteur, il y a une page qui s'intitule : "Witness

25 Acknowledgment." Est-ce que vous le voyez ?

26 R. [aucune interprétation]

27 Q. Et qui stipule que : "Cette déposition m'a été lue en macédonien et

28 qu'elle est exacte au mieux de ma connaissance et de mes souvenirs. J'ai

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1 fait cette déposition volontairement et je suis conscient qu'elle peut être

2 utilisée dans toute procédure juridique devant le Tribunal criminel

3 international à l'encontre des personnes responsables de violations

4 sérieuses à l'encontre des lois internationales pour des crimes commis sur

5 le territoire de l'ancienne Yougoslavie depuis 1991, et que je pourrais

6 être appelé à témoigner en public devant le Tribunal."

7 Est-ce que vous voyez votre signature sur cette page, Inspecteur ?

8 R. Oui.

9 Q. Est-ce qu'aujourd'hui, sous serment, vous témoignerez toujours ne pas

10 vous souvenir du nom de la personne avec qui le ministre Boskoski a parlé

11 autour de cette table en pierre ?

12 R. Dans ce Tribunal, j'ai prêté serment en disant que je dirai la vérité,

13 et rien que la vérité. La vérité, c'est ce que je vous dis aujourd'hui, et

14 ce que j'ai dit à ce moment-là devant l'enquêteur. J'ai dit ne pas me

15 souvenir. Néanmoins, comme j'étais resté huit heures et que j'étais

16 extrêmement fatigué, et qu'il voulait entendre le nom de Zoran Jovanovski

17 et Johan Tarculovski, c'est ce que j'ai dit à ce moment-là.

18 Deuxièmement, c'était parce qu'à ce moment-là, il y avait un autre parti,

19 un autre gouvernement qui était au pouvoir qui pouvait me renvoyer de mon

20 poste, et ainsi de suite.

21 Q. Inspecteur, est-ce que c'est encore votre témoignage aujourd'hui que

22 l'enquêteur d'OTP qui vous a interviewé, vous a forcé à donner ces détails

23 concernant donc Zoran Jovanovski et Johan Tarculovski ? C'est bien votre

24 témoignage ?

25 R. Non, ils ne m'ont pas forcé, mais --

26 Q. Mais quoi ?

27 R. La vérité, ce que je vous dis maintenant, c'est la vérité maintenant, à

28 savoir que le ministre Boskoski n'a rencontré que ce responsable autour de

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1 cette table de pierre.

2 Q. Inspecteur, vous souvenez-vous avoir vu un deuxième groupe d'officiers

3 de police arriver dans cette cour le 12 août ?

4 R. Peut-être que je l'ai vu. Je ne peux pas m'en souvenir maintenant. Je

5 ne peux pas m'en souvenir maintenant.

6 M. SAXON : [interprétation] Monsieur l'Huissier, pourriez-vous nous aider ?

7 Q. Inspecteur, je voudrais vous demander de faire appel à votre mémoire en

8 regardant le paragraphe 20 de votre déposition. Je vous demanderais donc de

9 regarder le paragraphe 20, qui à la troisième phrase stipule : "A ce

10 moment-là, je n'ai pas vu Johan Tarculovski dans la cour. Il est arrivé

11 plus tard. Je n'ai pas vu de mes propres yeux Johan Tarculovski venir avec

12 une personne blessée. J'ai simplement vu Johan Tarculovski qui portait un

13 uniforme de police. La personne blessée était Sasko ou Saso ou Aleksandar,

14 son nom de famille Janevski. On m'a demandé si je connaissais cette

15 personne, j'ai répondu ne pas le connaître, mais j'ai entendu Johan

16 Tarculovski dire cela à Zoran Jovanovski. Cette conversation s'est produite

17 environ trois heures après notre arrivée. Dans l'ensemble, nous sommes

18 restés à peu près trois heures dans la cour, et j'ai vu tout cela à une

19 distance d'environ cinq mètres. Je ne sais pas ce qui s'est passé pour

20 cette personne, ni ce qu'a fait la personne blessée, mais je pense qu'il a

21 été emmené à l'hôpital. Je pense qu'il était blessé à la jambe, comme je

22 l'ai déjà dit, je n'ai jamais vu cette personne. Johan est venu avec un

23 groupe d'environ 15 personnes en uniforme. Ils portaient des uniformes de

24 camouflage. Ils se sont assis ensemble avec les personnes qui étaient dans

25 la cour."

26 Est-ce que ceci vous aide à mieux vous souvenir de ce deuxième groupe de

27 policiers qui se trouvaient dans la cour ce jour-là ?

28 R. Je vous ai dit dès le début que je ne connais pas personnellement Johan

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1 Tarculovski, et même si je devais le revoir aujourd'hui, je ne le

2 reconnaîtrais pas. A l'époque, comme aujourd'hui, il ne m'a pas été

3 possible de le reconnaître. Il était venu avec ce deuxième groupe. Je ne

4 peux donc pas vous dire si Johan Tarculovski est venu à cet endroit. Un

5 groupe est bien venu, c'est vrai. Mais quant à savoir si Johan en faisait

6 partie, je ne peux pas vous le dire avec certitude.

7 Q. Inspecteur, il y a à peu près une heure ou un peu plus, vous avez dit

8 sous serment à la Chambre de première instance que vous connaissiez Johan

9 Tarculovski en 2001. Vous saviez qu'il était membre de l'unité chargée de

10 la sécurité et de la protection au ministère de l'Intérieur. Est-ce que

11 vous déclarez vraiment aux Juges de la Chambre, lorsque vous êtes sous

12 serment, que vous ne le connaissiez pas ? Est-ce que c'est véritablement ce

13 que vous êtes en train de déclarer à la Chambre de première instance, sous

14 serment, je le répète ?

15 R. C'est comme cela que cela s'est passé, Monsieur. Je parle sous serment,

16 et je vous dis la vérité. Je dis que je ne le connais pas. Il y a une

17 différence entre le fait de connaître quelqu'un et le fait d'en avoir

18 entendu parler. Il peut y avoir deux sortes d'interprétation. Je peux vous

19 dire que j'ai entendu parler de lui. J'ai entendu dire qu'il travaillait au

20 ministère de l'Intérieur. Cela veut dire que je ne sais pas exactement à

21 quoi il ressemble. Par conséquent, je ne peux pas vous dire s'il était venu

22 ce jour-là ou pas. Si je le disais, je devinerais. Mais ici, ce serait une

23 supposition que de dire que je l'ai véritablement vu.

24 M. SAXON : [interprétation] Je vous rappelle à titre de référence,

25 s'agissant du moment précédent, le témoin a dit avoir vu ce monsieur, il

26 l'a dit à la page 19, lignes 11 à 13.

27 Q. Est-ce que vous vous souvenez qu'on a emmené des armes dans cette cour

28 à Ljubanci ?

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1 R. Non, je ne m'en souviens pas.

2 Q. J'aimerais vous demander de lire le paragraphe 21 de votre déclaration

3 préalable. Voici ce qu'il dit : "Je ne sais pas d'où venaient ces armes. Je

4 pense que c'est Johan ou le groupe de Johan Tarculovski qui les a emmenées.

5 Il y avait un deuxième groupe, celui de Johan, qui se trouvait encore dans

6 le village au moment où nous sommes partis. Lorsqu'on m'a demandé pourquoi

7 j'ai dit que ces armes avaient été emmenées par son groupe, j'ai dit que je

8 savais simplement que son groupe était à Ljuboten. Je pense qu'à ce moment-

9 là, lorsque Johan a parlé à Zoran, Bucuk, aussi les armes, les pièces

10 d'identité, les cartes d'identité et d'autres choses qu'on voit dans la

11 vidéo qui avait été emmenées devant la maison, et je ne l'ai pas vu."

12 Est-ce que ceci vous rappelle qui a emmené ces armes dans la cour ?

13 R. Dans ma déclaration préalable, je vois, je le lis, je dis que je n'ai

14 pas vu ceci de mes propres yeux, et je ne cesse de le revendiquer. Je n'ai

15 pas vu ces choses-là. Je ne sais pas. Je ne me souviens pas. Il m'est donc

16 impossible de vous parler des armes, je ne peux pas dire que je les ai vues

17 de mes propres yeux.

18 Q. Mais regardez le paragraphe suivant de votre déclaration préalable,

19 Inspecteur, vous avez dit à un enquêteur du bureau du Procureur, il y a

20 plusieurs années dans une déclaration signée ceci : "Je connais Johan

21 Tarculovski depuis environ cinq ans. Il était garde du corps de Boris

22 Trajkovski et après, il a été le garde du corps de l'épouse de Trajkovski.

23 Vous ajoutez ceci, je lis : "J'ai rencontré Johan quand je travaillais à la

24 police."

25 Inspecteur, vous témoignez sous serment aujourd'hui, et je vous repose la

26 question. Est-ce que vous avez vu Johan Tarculovski dans cette cour le 12

27 août 2001 ?

28 R. Monsieur, je vais le redire une fois de plus. Je sais que je témoigne

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1 sous serment. Merci de me l'avoir rappelé. Mais une fois de plus, je dois

2 vous dire que je ne me souviens pas avoir vu Johan Tarculovski dans ce

3 deuxième groupe qui est arrivé.

4 Q. Est-ce que vous vous souvenez s'il y avait des gens de la société de

5 sécurité Kometa dans la cour ce jour-là ?

6 R. Vous le savez, je travaille au ministère de l'Intérieur, pas à la

7 société Kometa. Ce qui veut dire que je ne connais pas les gens qui y

8 travaillent, et il me serait impossible de les indiquer.

9 Q. Inspecteur, j'aimerais vous aider à vous rafraîchir la mémoire. Pour ce

10 faire, prenons les paragraphes 23 et 24 de votre déclaration préalable.

11 Paragraphe 23 : "Zoran Jovanovski, je le connais depuis longtemps que

12 Johan, je pense que je le connais depuis plus de dix ans."

13 Paragraphe 24 : "On m'a demandé qui je connaissais d'autres de la société

14 Kometa parmi les gens qui ont été présents à Ljuboten, et je peux donner le

15 nom Bucuk Jovanovski, celui de Johan Tarculovski, de Sasa, celui qui a été

16 blessé, et il y a le frère du blessé, puis Vlatko Janevski, qui est un

17 ancien chef adjoint de la société Kometa. Il m'est possible de donner le

18 nom de ces personnes-là. Ce sont les personnes les plus importantes qui

19 avaient des postes de responsabilités. Vlatko et Johan n'étaient pas dans

20 le jardin. Tous ces hommes étaient en tenues de police ce jour-là."

21 Est-ce que vous vous souvenez mieux de ce qui s'est passé ?

22 R. Une fois de plus, je dois vous dire que je ne connais pas

23 personnellement aucun membre de la société Kometa. J'ai vu des photos, j'ai

24 entendu parler d'eux, et il m'était impossible de me prononcer sur la

25 question et de répondre à votre question.

26 Q. J'aimerais vous montrer un extrait d'une séquence vidéo. Cet extrait a

27 reçu une cote provisoire, la cote P373 [comme interprété].

28 Faites attention, s'il vous plaît, Inspecteur. Faites attention aux

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1 commentaires que vous allez entendre.

2 [Diffusion de la cassette vidéo]

3 M. SAXON : [interprétation] Ces images sont filmées d'une maison à Ljubanci

4 quand on regarde du côté Ljuboten et ceci manifestement vient de la

5 télévision macédonienne.

6 [Diffusion de la cassette vidéo]

7 M. SAXON : [interprétation] Peut-on arrêter la diffusion ? Est-ce qu'on

8 peut revenir un peu en arrière ? Avançons.

9 [Diffusion de la cassette vidéo]

10 M. SAXON : [interprétation] Faites un arrêt sur l'image.

11 Q. Est-ce que c'est vous qu'on voit ici, Inspecteur ?

12 R. Oui.

13 M. SAXON : [interprétation] Reprenons la diffusion. Le compteur indique

14 13:45.

15 [Diffusion de la cassette vidéo]

16 M. SAXON : [interprétation]

17 Q. Vous venez d'entendre la voix de la journaliste. Vous avez entendu ce

18 qu'elle a dit au cours de ce reportage ?

19 R. Oui.

20 Q. A-t-elle dit quelque chose qui provoquerait un désaccord de votre part

21 ?

22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Attendez que le témoin réponde tout

23 d'abord, Maître Residovic, s'il vous plaît.

24 LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce que vous pourriez répéter votre

25 question ? Je ne l'ai pas comprise.

26 M. SAXON : [interprétation]

27 Q. Y a-t-il quoi que ce soit dans les dires de la journaliste qui soit

28 inexact ?

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1 R. Bien, ce n'est pas à moi de vous dire si c'est exact ou pas.

2 Q. Mais est-ce que vous avez entendu quelque chose qui serait inexact ou

3 qui serait faux ?

4 R. Je n'ai pas de commentaire à faire suite à cette question. Je ne suis

5 pas. Je ne la comprends pas votre question.

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maintenant, vous pouvez intervenir,

7 Maître Residovic.

8 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Excusez-moi, Madame et Messieurs les

9 Juges, mais vous aviez déjà rendu une décision eu égard à cet extrait

10 vidéo. En effet, dans la liste des témoins à charge, il y a un témoin,

11 celui qui a filmé ces images, et c'est à lui qu'il faudrait poser les

12 questions à propos du contenu de ce reportage. A mon avis, il serait

13 uniquement approprié de poser des questions à ce témoin-ci à propos

14 d'incidents bien précis pour voir s'il en a été témoin. On ne va pas lui

15 demander de faire un commentaire sur le texte d'un reportage. Mais puisque

16 le témoin a déjà répondu, je n'ai rien d'autre à dire.

17 M. SAXON : [interprétation] Moi non plus.

18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous insistez ?

19 M. SAXON : [interprétation] Non. Je veux passer à autre chose, Monsieur le

20 Président.

21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie.

22 M. SAXON : [interprétation]

23 Q. Vous venez d'entendre une journaliste. Elle s'appelle Eli Cakar. Vous

24 la connaissez ?

25 R. Non, je ne la connais pas.

26 Q. Est-ce que vous vous souvenez qu'il y avait une journaliste de la

27 télévision qui avait accompagné ce jour-là M. Boskoski à Ljubanci ?

28 R. Monsieur, tout ce que je peux dire, c'est que la personne qui

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1 m'intéressait, c'était le ministre, pas la journaliste.

2 Q. Il y a un instant, vous avez dit que lorsque vous avez fourni, il y a

3 sept ans, cette déclaration préalable au bureau du Procureur, c'était un

4 autre parti politique qui était au pouvoir et que vous aviez dit certaines

5 choses pour éviter d'être congédié, d'être licencié. Est-ce que vous vous

6 souvenez nous avoir dit cela il y a quelques instants ?

7 R. Oui, je m'en souviens.

8 Q. Est-ce qu'aujourd'hui vous avez quelques inquiétudes quant à votre

9 poste, étant donné qu'aujourd'hui c'est un autre parti politique qui se

10 trouve au pouvoir ?

11 R. Il faut vraiment que je réponde à cette question ?

12 Q. Oui.

13 R. Je ne sais pas.

14 Q. Le parti VMRO est aujourd'hui au pouvoir. Est-ce que ce fait a une

15 influence quelconque sur la façon dont vous témoignez aujourd'hui ?

16 R. Non, pas du tout.

17 M. SAXON : [interprétation] Je n'ai pas d'autres questions à poser à ce

18 stade, Monsieur le Président, mais j'aimerais informer la Chambre de

19 première instance que je me suis trompé en citant à la page 26, ligne 17.

20 Je vous ai donné une cote 65 ter, 188. C'était en fait la pièce 118. Je

21 remercie mes confrères et consoeurs d'avoir remarqué et relevé cette

22 erreur. C'est d'ailleurs ce qu'ils ont la coutume de faire.

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Monsieur Saxon.

24 Maître Residovic, vous avez la parole.

25 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Merci beaucoup, Madame et Messieurs les

26 Juges.

27 Contre-interrogatoire par Mme Residovic :

28 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Jakovoski. Je m'appelle Edina

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1 Residovic, et c'est avec mon confrère, Me Guenael Mettraux, que j'assure la

2 défense de M. Ljube Boskoski.

3 Je vais vous poser quelques questions, mais auparavant, j'aimerais

4 vous redemander ceci : ménagez une pause, attendez que ma question aura été

5 interprétée en anglais et en macédonien avant de répondre. De cette façon,

6 toutes les personnes présentes dans ce prétoire, y compris les Juges de la

7 Chambre, pourront suivre mes questions et vos réponses. Est-ce que vous

8 m'avez saisie ?

9 R. Oui.

10 Q. Avant de travailler au ministère de l'Intérieur, vous avez commencé en

11 1990, mais vous avez auparavant terminé l'école secondaire à Skopje; c'est

12 bien cela ?

13 R. Oui.

14 Q. Ensuite, vous vous êtes inscrit à la faculté d'éducation physique, mais

15 vous n'avez pas terminé vos études, vous avez terminé les deux premières

16 années seulement; est-ce exact ?

17 R. Oui.

18 Q. Vous avez suivi des cours pendant deux ans, puis vous avez fait votre

19 service dans la JNA. Vous avez fait votre service, vous avez été conscrit,

20 n'est-ce pas ?

21 R. Oui.

22 Q. Une fois votre service militaire terminé, vous êtes resté sans emploi,

23 au chômage, pendant cinq ans; est-ce exact ?

24 R. Oui.

25 Q. Vous avez parfaitement compris qu'il était difficile de trouver du

26 travail, car il y avait beaucoup de jeunes au chômage à l'époque; est-ce

27 exact ?

28 R. Oui.

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1 Q. Est-ce que vous seriez d'accord avec moi si je vous dis qu'encore à ce

2 jour en République de Macédoine, il y a beaucoup de gens qui sont au

3 chômage et qu'il est très difficile de trouver du travail ?

4 R. Oui, c'est vrai.

5 Q. Mon estimé confrère de l'Accusation vous a posé une question, vous avez

6 répondu que vous aviez commencé à travailler dans la police en 1990 en tant

7 que policier en tenue.

8 R. Oui, c'est exact.

9 Q. En tant que tel, vous avez d'abord travaillé au poste de police de

10 Karpos pendant deux ans, puis de 1993 à 1997, vous étiez posté au poste de

11 police de Bit Pazar, n'est-ce pas ?

12 R. Oui.

13 Q. C'est deux postes de police sont dans la ville de Skopje, et relèvent

14 des services de sécurité de la ville de Skopje, je suppose ?

15 R. Oui.

16 Q. Alors que vous étiez policier en tenue dans les services réguliers,

17 vous vous êtes acquitté de votre mission dans le respect de la loi et des

18 règlementations de police, n'est-ce pas ?

19 R. Oui.

20 Q. Vous aviez des fonctions réglementaires, mais en dehors de cela vous

21 avez également appliqué les ordres que vous donnaient vos supérieurs

22 hiérarchiques à l'époque ?

23 R. Oui.

24 Q. Lorsque vous travailliez à ces postes de police à Karpos et à Bit

25 Pazar, votre supérieur hiérarchique, c'était le chef du poste de police,

26 n'est-ce pas ?

27 R. Oui.

28 Q. Ce qui veut dire qu'en tant que policier vous avez aussitôt exécuté les

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1 ordres que vous receviez du chef du poste de police ou les ordres donnés

2 par une personne qui avait été habilitée à le faire par ce chef de police,

3 donc, c'était soit un adjoint ou un autre membre du poste de police; est-ce

4 bien cela ?

5 R. Oui.

6 Q. Le chef du poste de police, ce commandant, c'était lui qui endossait la

7 responsabilité de ce qui se faisait dans ce poste de police, n'est-ce pas ?

8 R. Oui.

9 Q. Si un policier régulier en tenue de ce poste de police ou si une autre

10 personne était venue si quelqu'un agissait de façon répréhensible,

11 contrevenait à la loi ou dépassait l'autorité qui leur avait été donnée,

12 celui qui était responsable devait établir les faits et prendre des mesures

13 disciplinaires à l'encontre de cette personne, n'est-ce pas ?

14 R. Oui.

15 Q. Alors que vous travailliez comme policier en tenue, jamais vous n'avez

16 reçu d'ordres de personnes qui travaillaient au ministère de l'Intérieur;

17 c'est bien cela ?

18 R. Oui.

19 Q. C'est plus particulièrement vrai encore de dire que pendant que vous

20 étiez dans la police en tenue, jamais vous n'avez reçu d'ordres directs de

21 celui qui était alors ministre de l'Intérieur de la République de

22 Macédoine; est-ce exact ?

23 R. C'est exact.

24 Q. Si je disais que jamais vous n'avez présenté de rapports au ministère

25 de l'Intérieur, pas plus qu'à celui qui était alors ministre de

26 l'Intérieur, j'aurais raison de le dire, n'est-ce pas, ce serait exact.

27 Jamais vous n'avez présenté ce genre de rapports ?

28 R. Oui, vous avez raison. Je ne l'ai jamais fait.

Page 3953

1 Q. Vous répondiez à une question du bureau du Procureur, et vous avez dit

2 en guise de réponse, que pendant un certain temps vous avez été membre

3 d'une unité de police qu'on appelle "Posedna" spécial.

4 R. Exact.

5 Q. Pendant que vous étiez intégré dans cette unité, votre chef de

6 bataillon, c'était Ljupco Bliznakovski, n'est-ce pas ?

7 R. Oui.

8 Q. Ljupco Bliznakovski, d'après ce que vous savez, vous qui faisiez partie

9 de son bataillon, c'était un policier très chevronné et il a la réputation

10 d'être un bon policier professionnel.

11 L'INTERPRÈTE : La réponse n'était pas très précise, que la réponse du

12 témoin n'a pas bien été entendue.

13 Mme RESIDOVIC : [interprétation]

14 Q. Est-il exact de dire que Ljupco Bliznakovski avait la réputation d'être

15 un bon policier, un vrai professionnel à l'époque ?

16 R. Exact.

17 Q. Est-il exact que c'est la raison pour laquelle il a ensuite été nommé

18 vice-ministre de l'Intérieur adjoint pour la ville de Skopje, et en 2001,

19 il était chargé de la police en tenue dans le secteur de l'intérieur pour

20 la ville de Skopje ? Etiez-vous au courant de ce fait ?

21 R. Oui. Mais je ne me souviens pas exactement de la période exacte à

22 laquelle il assumait ses fonctions, mais vous pourrez me le rappeler.

23 Q. Très bien. Merci. De même, en réponse aux questions de mon éminent

24 collègue, mon éminent confrère, vous avez dit ultérieurement que vous avez

25 été transféré de l'Unité de "Posedna" à un poste de police, puis à un

26 moment donné, vous êtes devenu membre de la sécurité du ministère de

27 l'Intérieur; est-ce exact ?

28 R. Oui.

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1 Q. Si je me souviens bien, vous avez également dit que c'est intervenu

2 autour du mois de mai 2001; est-ce exact ?

3 R. Oui.

4 Q. C'était, en fait, un moment où M. Boskoski a été nommé ministre de

5 l'Intérieur. Est-ce que cela correspond à cette époque ?

6 R. Oui.

7 Q. Est-il exact de dire que vous avez été sélectionné parmi cinq candidats

8 qui souhaitaient rejoindre les forces de sécurité du ministère de

9 l'Intérieur ?

10 R. C'est exact.

11 L'INTERPRÈTE : Les interprètes demandent à nouveau au témoin de parler plus

12 fort.

13 Mme RESIDOVIC : [interprétation]

14 Q. Les interprètes vous demandent, Monsieur le Témoin, de vous rapprocher

15 du micro afin qu'ils puissent vous entendre mieux, et c'est également ma

16 demande. Donc, veuillez parler d'une manière plus distincte pour que nous

17 puissions vous comprendre.

18 Lorsque vous êtes devenu membre de la sécurité du ministère de l'Intérieur

19 en 2001, il y avait déjà une situation de crise en République de Macédoine

20 en raison d'attentats terroristes commis par les terroristes albanais et

21 des extrémistes; est-ce exact ?

22 R. Oui.

23 Q. Vous avez été policier auparavant. Seriez-vous d'accord avec moi pour

24 dire que c'était une période très difficile pour faire ce métier; est-ce

25 exact ?

26 R. Oui, c'est exact.

27 Q. En fait, la police, en plus de son travail habituel, de ses missions

28 habituelles prescrites par la loi, devait également participer à des

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1 activités de combat; est-ce exact ?

2 R. Oui.

3 Q. C'était une période particulièrement difficile pour la police. En

4 effet, c'étaient les postes de police et les patrouilles de police qui

5 étaient régulièrement la cible d'attentats terroristes; est-ce exact ?

6 R. Oui.

7 Q. Toutefois, les terroristes s'en prenaient également aux populations

8 civiles et aux positions de l'armée, et ils s'en prenaient aussi aux

9 journalistes. Vous souvenez-vous que ces attentats étaient également

10 dirigés contre ces dernières cibles ?

11 R. Oui, je m'en souviens bien.

12 Q. Etant quelqu'un qui était à proximité du ministre - je ne dirais pas

13 que vous étiez un proche - mais vous étiez à proximité du ministre puisque

14 vous étiez son garde du corps, vous étiez certainement bien placé pour voir

15 vous-même si dans ce domaine la police participait souvent à des activités

16 conjointes avec l'armée de la République de Macédoine; est-ce exact ?

17 R. Oui, c'est exact.

18 Q. Vous savez peut-être, et c'est une question que je vous pose, vous

19 savez peut-être qu'à l'époque un nombre significatif de policiers avaient

20 été blessés ou tués lors d'attentats terroristes ?

21 R. Oui, c'est exact.

22 Q. Cette situation a poussé la population à se révolter, ainsi, des

23 manifestations avaient lieu, ce qui représentaient des obligations

24 supplémentaires pour la police. Avez-vous eu connaissance de telles

25 manifestations ?

26 R. Oui.

27 Q. Le Procureur vous a montré des extraits du livre écrit par le ministre

28 Boskoski, "Mon combat pour la Macédoine". Vous nous avez dit que vous

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1 n'avez pas vu de vos propres yeux de manifestations à grande échelle durant

2 le mois de juin dans la ville de Skopje; est-ce exact ?

3 R. Oui.

4 Q. Alors, je voudrais vous demander s'il est exact de dire qu'à maintes

5 reprises, lorsqu'il y avait des manifestations de la population, la police

6 a pris des mesures pour protéger les quartiers de la ville où des personnes

7 d'origine albanaise habitaient; est-ce exact ?

8 R. Oui, c'est exact.

9 Q. Je voudrais vous poser la question suivante, et dites-moi si je me

10 trompe, mais je dirais que la police de Macédoine, d'une manière générale,

11 s'efforçait de protéger tous les citoyens, quelle que soit leur origine

12 ethnique, qu'ils soient Macédoniens, Albanais ou Turcs ?

13 R. Oui.

14 Q. En tant que personne qui se trouvait à proximité du ministre Boskoski,

15 avez-vous eu l'occasion de voir que le ministre Boskoski se préoccupait de

16 la même façon de tous les citoyens de Macédoine et qu'il ne faisait pas de

17 discrimination entre eux d'une quelque manière que ce soit ?

18 R. C'est exact.

19 Q. Mon éminent confrère de l'Accusation vous a montré un passage de

20 l'ouvrage écrit par M. Boskoski. Il vous a lu un passage où il était dit

21 que pendant la crise, M. Boskoski travaillait pratiquement 24 heures sur

22 24. Mais dans le même passage, que je vais vous lire à haute voix, il est

23 dit que :

24 "Je me consacrais de tout mon corps à cette tâche. On ne pouvait pas

25 mesurer mes efforts sur une durée de 24 heures ou de 48 heures, mais il

26 s'agissait de jours et de nuits sans dormir, qui étaient motivés par un

27 désir immuable dans le cadre de mon combat pour la Macédoine, qui

28 s'expliquaient principalement par mon jeune âge, par ma force physique et

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1 par mon patriotisme macédonien résolu que l'on peut retrouver dans chaque

2 être humain, dans tous les citoyens de Macédoine, de quelque groupe

3 ethnique ou religieux que ce soit."

4 Alors, dites-moi, à votre connaissance, et au vu de ce que vous avez

5 entendu M. Boskoski dire, est-ce que ce qu'il ne nous dit pas, c'est qu'il

6 faut se préoccuper de tout être humain, de tous les citoyens, quelle que

7 soit leurs origines ethniques ou religieuses, dans la mesure où ces

8 personnes aimaient leur pays, la Macédoine ? Avez-vous pu constater que

9 c'était bel et bien l'attitude de M. Boskoski vis-à-vis de tous les

10 citoyens de la République de Macédoine ?

11 R. C'est exact.

12 Q. Le Procureur vous a également montré un passage de l'ouvrage écrit par

13 M. Boskoski, un passage qui présente ses émotions vis-à-vis des événements.

14 Ce livre n'est pas un documentaire, mais dans son ouvrage, il souligne le

15 fait qu'il avait, d'après ce qu'il dit, quitté l'organe de coordination et

16 qu'il avait été remplacé à son poste par un de ses collègues. Vous avez dit

17 que vous ne savez pas si oui ou non M. Boskoski avait quitté cet organe, et

18 je ne vais pas vous reposer la question puisque vous y avez déjà répondu,

19 mais je vais vous poser la question suivante. Saviez-vous, en 2001, que

20 Refet Elmazi était l'adjoint de M. Boskoski ? Ainsi, il était pratiquement

21 le ministre de l'Intérieur adjoint; est-ce exact ?

22 R. Oui.

23 Q. Savez-vous que M. Refet Elmazi était d'origine albanaise ?

24 R. Oui.

25 Q. Vous savez également que pendant toute la crise et pendant tout le

26 moment où M. Boskoski a assumé sa fonction, Refet Elmazi est demeuré

27 l'adjoint du ministre de l'Intérieur ?

28 R. Oui.

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1 Q. Alors, vous pourrez sûrement témoigner de ce que le ministre Boskoski

2 et son adjoint Refet Elmazi se trouvaient en de bons termes. En fait, leur

3 relation était amicale et cordiale; est-ce exact ?

4 R. Oui.

5 Q. Toujours sur le même sujet, j'aimerais vous poser la question suivante.

6 Savez-vous que M. Boskoski était né dans le village de Celopek, où les

7 Macédoniens et les Albanais vivaient et vivent toujours ensemble ?

8 R. Oui. Je m'y suis rendu à plusieurs reprises, et je vais vous donner un

9 exemple. En plein milieu de la guerre, lorsque nous avons traversé le

10 village, lorsque la situation s'était aggravée, le ministre était venu

11 saluer une personne âgée, un Albanais d'ailleurs, une photo en avait été

12 prise pour les journaux.

13 Q. Ainsi, lorsque M. Boskoski se rendait sur le terrain, d'ailleurs mon

14 éminent confrère vous a posé des questions à ce sujet, il saluait de la

15 même manière les policiers, les citoyens macédoniens et les citoyens

16 albanais; est-ce exact ?

17 R. Oui, en particulier dans le village de Celopek.

18 Q. Permettez-moi de vous poser la question suivante. Vous souvenez-vous

19 qu'à l'époque on savait que M. Boskoski se rendait dans un village albanais

20 en personne pour parler à la population sur place, alors que d'autres

21 pensaient qu'il ne le devrait pas ?

22 R. Oui. Cela s'est produit à plusieurs reprises dans différents lieux.

23 Q. Lorsque mon éminent confrère vous a posé une question sur les voyages

24 réguliers de M. Boskoski sur le terrain, vous avez dit qu'il rencontrait

25 des gens très différents; est-ce exact ?

26 R. Oui.

27 Q. Si je vous disais, Monsieur, que lorsque M. Boskoski se rendait sur le

28 terrain où avaient lieu des opérations conjointes entre l'armée et la

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1 police, seriez-vous d'accord pour dire qu'il se rendait sur place

2 uniquement pour offrir un soutien moral aux policiers ?

3 R. C'est exact.

4 Q. Je vous demanderais la chose suivante : en tant que garde du corps de

5 M. Boskoski, lorsque vous étiez vous aussi sur le terrain, vous ne l'avez

6 jamais entendu donner des ordres ni au chef de la police ni aux policiers;

7 c'est exact ?

8 R. Oui.

9 Q. Puis-je en conclure que le ministre Boskoski respectait les compétences

10 des personnes qui étaient réellement chargées des opérations sur le

11 terrain, qui donnaient leurs ordres, donc que le ministre ne venait jamais

12 s'immiscer dans leur travail ?

13 R. C'est exact.

14 Q. J'aimerais vous poser une question sur un sujet qui intéressait

15 également mon confrère de l'Accusation, à savoir si oui ou non vous

16 appréciez le ministre Boskoski. Vous aviez fini par dire que vous

17 l'admiriez, n'est-ce pas ?

18 R. Oui, en tant que supérieur et en tant que personne.

19 Q. En expliquant les raisons, vous aviez dit qu'il s'agissait de quelqu'un

20 de bien; est-ce exact ?

21 R. Oui.

22 Q. On peut également dire que de nombreuses personnes considéraient M.

23 Boskoski comme quelqu'un de bien, n'est-ce pas ?

24 R. Oui.

25 Q. Vous pourriez dire qu'en tant qu'homme et en tant que ministre, il

26 s'agissait de quelqu'un de très émotionnel; est-ce exact ?

27 R. Oui.

28 Q. Chaque fois qu'il avait vent qu'un policier avait été blessé ou tué, il

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1 le prenait de manière très personnelle; est-ce exact ?

2 R. Oui.

3 Q. Mais n'est-il pas également exact qu'il répétait toujours que la police

4 ne devrait pas réagir de la même manière ? Donc il n'avait pas le moindre

5 souhait de vengeance en lui ?

6 R. C'est exact.

7 Q. Son attitude, lorsqu'il apprenait la blessure ou le décès d'un

8 policier, se retrouvait également dans sa décision de permettre aux membres

9 de la famille des policiers qui avaient été tués de se servir de sa maison

10 de campagne, de sa maison de vacances en Croatie; est-ce exact ?

11 R. Oui. Lorsque je m'y trouvais, deux ou trois familles s'y trouvaient

12 également, des familles de plusieurs personnes.

13 Q. Vous vous êtes rendu à Celopek avec le ministre, Celopek étant son

14 village natal. Vous y êtes rendu lorsque des membres de sa famille avaient

15 été tués par des terroristes. Vous étiez lorsqu'en s'adressant à la

16 population, aux villageois, il avait dit que les terroristes étaient les

17 coupables, que c'était une épreuve également pour les personnes d'origine

18 albanaise, parce que parfois les terroristes feraient usage de la force

19 également contre les Albanais. Vous souvenez-vous de cette visite lorsque

20 le ministre s'est rendu à Celopek ?

21 R. Non.

22 Q. Pardon, quelle était votre réponse à ma question ? Je vous demandais si

23 vous vous souveniez de cette visite à Celopek avec le ministre. Quelle

24 était votre réponse ?

25 R. Oui, je m'en souviens.

26 Q. Merci. Il y avait juste une petite erreur dans le compte rendu

27 d'audience.

28 Mon éminent confrère vous a également montré un passage du livre. C'est le

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1 passage où il est question de la quatrième tentative d'assassinat contre le

2 ministre Boskoski. Vous en souvenez-vous ?

3 R. Oui.

4 Q. Vous avez confirmé vous être rendus à Matejce, vous avez rendu visite

5 au poste de police de Matejce, et vous pensiez que cela ne représentait pas

6 de danger. Pouvez-vous le confirmer ?

7 R. Oui, c'est exact.

8 Q. Mais chaque fois que le ministre se rendait à proximité de lieux où il

9 y avait eu échange de coups de feu, vous en tant que garde du corps lui

10 demandiez toujours de porter des équipements de protection et de se

11 protéger; est-ce exact ?

12 R. Oui.

13 Q. Votre mission première était de protéger la vie du ministre, n'est-ce

14 pas ?

15 R. Oui.

16 Q. A l'époque, vous aviez reçu des informations de l'armée de Macédoine

17 selon lesquelles Matejce était un lieu sûr, et vous pouviez aller rendre

18 visite au poste de police. Malgré cela, vous avez été la cible d'attaques

19 violentes de groupes terroristes; est-ce exact ?

20 R. Oui, c'est exact.

21 Q. Aux fins du compte rendu d'audience, je dirais que cet extrait vidéo

22 est la pièce avec la cote P401.

23 Etant que le ministre souhaitait apporter un soutien moral à ces policiers

24 lorsque ces derniers se trouvaient sur le terrain, vous avez rencontré des

25 problèmes non seulement à Matejce mais également dans d'autres lieux

26 lorsque vous souhaitiez garantir sa sécurité; est-ce exact ?

27 R. Oui.

28 Q. En réponse à la question du Procureur, vous nous avez dit que vous

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1 exécutiez des ordres reçus de Zoran Trajkovski, chef de la sécurité du

2 ministre; est-ce exact ?

3 R. Oui, c'est exact.

4 Q. Cependant, si le ministre vous demandait de faire quelque chose, vous

5 alliez essayer de le faire, n'est-ce pas ?

6 R. Oui, c'est exact.

7 Q. Mais vous n'êtes pas le seul garde du corps à avoir adopté cette

8 attitude. D'autres gardes du corps, ceux du président de la république ou

9 du président du parlement ou d'autres ministres devaient suivre les ordres

10 qui leur étaient donnés par leur chef de sécurité, mais également les

11 ordres donnés par la personnalité qu'ils devaient protéger; est-ce exact ?

12 R. Oui.

13 Q. Par conséquent, si le président du parlement demandait à son garde du

14 corps de l'accompagner dans un certain lieu ou de faire telle ou telle

15 chose, ce garde devrait suivre sa demande, n'est-ce pas ?

16 R. Oui, c'est exact.

17 Q. Lorsque le Procureur vous a posé une question au sujet de Johan

18 Tarculovski, vous avez déclaré qu'il était votre collègue parce qu'il

19 travaillait également au ministère de l'Intérieur; c'est exact ?

20 R. Oui, c'est exact.

21 Q. Vous conviendrez également de ce que les gardes de tous les membres du

22 gouvernement et du président étaient des officiers du ministère de

23 l'Intérieur; est-ce exact ?

24 R. Oui.

25 Q. Si je devais vous dire qu'ils n'étaient que techniquement des

26 responsables du ministère de l'Intérieur, de jure, mais que dans la réalité

27 ils exécutaient des ordres des personnes qu'ils protégeaient ou de leurs

28 chefs, cela serait également exact, n'est-ce pas ?

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1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Monsieur Saxon.

2 M. SAXON : [interprétation] Je pense, Votre Honneur, que pour ce qui est de

3 ce témoin, il serait bon de demander au témoin s'il comprend le terme "de

4 jure," avant d'entendre sa réponse.

5 Mme RESIDOVIC : [interprétation] J'ai traduit cela. J'ai dit en fait de

6 jure, en réalité, pour que le témoin puisse comprendre ce que j'entendais

7 par là.

8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] C'est un des termes très techniques,

9 et vous voulez qu'il soit compris dans un sens technique. Donc, je

10 proposerais que d'être beaucoup plus prudente au niveau des questions, si

11 vous voulez prendre des notes.

12 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Bien. Merci.

13 Q. Je vais vous poser la même question, que je vais formuler de façon

14 différente.

15 Dans la vie, dans la réalité, est-ce qu'en tant que garde du corps,

16 est-ce que vous-même et vos collègues qui protégiez d'autres personnalités

17 importantes en République de Macédoine, est-ce que vous étiez employés par

18 le ministère de l'Intérieur ?

19 R. Oui.

20 Q. Est-il également exact que dans la réalité, au quotidien, vous

21 exécutiez les ordres qui vous étaient donnés par votre supérieur immédiat

22 et par la personne que vous protégiez; est-ce que c'est exact ?

23 R. Oui.

24 Q. Donc, on pourrait dire qu'en fait vous étiez un officier travaillant

25 pour le ministère de l'Intérieur, mais qu'en fait votre véritable patron

26 c'était la personne que vous protégiez ?

27 R. C'est exact.

28 Q. Merci. Concernant les questions qui vous ont été posées par mon éminent

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1 confrère, la question concernant votre déposition devant l'enquêteur, je

2 voudrais également vous poser des questions.

3 Autant que je m'en souvienne, vous aviez répondu à mon éminent

4 confrère que l'enquêteur du Tribunal vous avait interrogé pendant très

5 longtemps. Pourriez-vous nous dire pendant combien d'heures vous avez

6 témoigné et fait cette déclaration préalable qui vous a été montrée

7 aujourd'hui ?

8 R. Pendant plus de 12 heures.

9 Q. Est-ce que vous vous souvenez en quelle année vous avez fait cette

10 déclaration préalable ?

11 R. En 2003 ou 4. Je ne m'en souviens pas exactement. Je pense qu'il

12 s'agissait de 2003.

13 Q. Votre déposition vous a été montrée. Cette déclaration est signée du 20

14 avril 2001, donc c'est certainement une erreur. Il faudrait que ce soit

15 donc 2003 ou 2001 ?

16 R. Oui, 2003, je dirais.

17 M. SAXON : [interprétation] Est-ce que je peux vous aider ? Sur la page de

18 certification, on parle du 20 avril 2004, page de certification de

19 l'interprète.

20 Mme RESIDOVIC : [interprétation]

21 Q. Le Procureur vous a également montré la dernière page concernant la

22 certification de l'interprète, et est-ce que vous vous souvenez également

23 de la page 10 de la version macédonienne ?

24 R. Oui, je m'en souviens.

25 Q. Je m'excuse. En fait, je faisais référence à la page intitulée :

26 "Witness acknowledgment," "Reconnaissance du témoin."

27 Est-ce que vous vous souvenez que le Procureur vous a montré cette page ?

28 R. Oui, je m'en souviens.

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1 Q. Aujourd'hui, on vous a également montré cette certification concernant

2 l'interprète et elle est en macédonien ?

3 R. Oui.

4 Q. Là encore, il y a une erreur dans l'interprétation de ce que je vous

5 demande. Ce n'est pas la certification concernant l'interprète, mais la

6 reconnaissance du témoin.

7 Lorsque vous avez fait ce témoignage devant l'enquêteur du TPIY, est-

8 il exact que l'on vous a posé des questions en langue anglaise, et que vous

9 avez répondu en macédonien, et que tout s'est passé avec un interprète ?

10 R. Oui, c'est exact.

11 Q. A la fin de cet entretien, de tout cet entretien, vous avez en fait

12 signé votre déposition en langue anglaise, en version anglaise; c'est exact

13 ?

14 R. C'est exact.

15 Q. Vous-même, vous ne parlez pas l'anglais; est-ce exact ?

16 R. C'est exact.

17 Q. En fait, cette reconnaissance du témoin, vous l'avez signée en anglais

18 et non pas en version macédonienne; c'est exact ?

19 R. C'est exact.

20 M. SAXON : [interprétation] Puis-je --

21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Saxon.

22 M. SAXON : [interprétation] Dans le compte rendu d'audience, pour

23 clarification, mon collègue lui a demandé s'il a signé en anglais. J'essaie

24 de comprendre. Nous voyons là une signature, mais je ne suis pas sûr, et

25 c'est peut-être parce que mes connaissances linguistiques ne sont pas

26 suffisantes, mais est-ce que mon éminent confrère faisait référence à

27 l'alphabet utilisé ou la langue, parce pour l'Accusation, un nom reste un

28 nom.

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1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] J'ai cru comprendre que le conseil

2 faisait référence à la version anglaise, parce que l'on parle de -- on dit

3 anglais, il s'agit de la version anglaise, et lorsque l'on dit macédonien,

4 c'est la version macédonienne.

5 M. SAXON : [interprétation] Merci.

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce le bon moment ?

7 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Juge, c'est le moment.

8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Donc, nous reprendrons à 17 [comme

9 interprété] heures 10.

10 --- L'audience est suspendue à 17 heures 40.

11 --- L'audience est reprise à 18 heures 11.

12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Veuillez prendre place.

13 Maître Residovic.

14 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Juge.

15 Q. Donc, Monsieur Jakovoski, votre déclaration préalable, la déposition

16 que vous avez signée en 2004, au moment où vous l'avez signée, était en

17 langue anglaise; est-ce exact ?

18 R. Oui, c'est exact.

19 Q. Avant votre arrivée à La Haye, vous n'avez pas vu cette déposition en

20 langue macédonienne; est-ce exact ?

21 R. Oui, c'est exact. Je la vois pour la première fois maintenant.

22 Q. Cette déposition qui vous est montrée aujourd'hui, la version que vous

23 avez lue en langue macédonienne, est une version que vous n'avez jamais

24 signée; est-ce exact ?

25 R. Oui, c'est exact.

26 Q. A plusieurs reprises, lorsque mon éminent confrère vous a montré

27 certaines parties de votre déclaration, vous avez indiqué : "Je vous avais

28 déjà dit auparavant qu'il y a certains événements dont je ne me souviens

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1 pas, et ce n'est pas comme si j'en avais parlé," si je vous ai bien

2 compris. J'essaie simplement de m'assurer que je vous ai bien compris. Vous

3 ai-je bien compris ?

4 R. Oui, c'est exact.

5 Q. Pourriez-vous me dire, en dehors de cet événement, en avril 2004,

6 lorsque vous avez fait votre déposition devant l'enquêteur du TPIY, est-ce

7 que vous avez eu un entretien avec l'enquêteur ou le Procureur après cette

8 déposition ? Parce que c'est ce que j'ai cru comprendre.

9 R. Oui, à un certain nombre de reprises, à son initiative et non pas à la

10 mienne.

11 Q. Pourriez-vous me dire si vous lui avez parlé au téléphone ou si vous

12 avez rencontré l'enquêteur ?

13 R. Par téléphone au moins cinq ou six fois, sur mon téléphone privé, à son

14 initiative une fois, à Skopje, à l'hôtel Holiday Inn. C'était pour moi un

15 problème d'ordre psychologique.

16 Q. Excusez-moi, est-ce que vous avez alors parlé seulement de certains

17 aspects techniques de votre voyage ou est-ce que vous avez discuté de cette

18 affaire et du contenu de votre témoignage ?

19 R. Dans la plupart des situations par téléphone et dans l'hôtel où nous

20 nous sommes rencontrés, la plupart des conversations portaient sur le

21 sujet.

22 Q. Lorsque vous avez dit au Procureur auparavant que ce que vous aviez dit

23 dans votre témoignage n'est pas totalement exact ou encore que vous ne vous

24 souvenez pas de certaines situations, est-ce que vous avez également dit

25 cela à l'enquêteur lorsque vous lui avez parlé au téléphone ou lorsque vous

26 l'avez rencontré à l'hôtel Holiday Inn ?

27 R. Je lui ai dit la même chose lorsque nous avons parlé au téléphone et

28 également à l'hôtel lorsque nous nous sommes rencontrés, à savoir que je ne

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1 me souviens pas et que la déposition n'est pas exacte.

2 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Votre Honneur, pour le compte rendu

3 d'audience, je voudrais dire que le témoin n'a reçu que ce document du 28

4 avril 2004, et que l'on n'avait jamais été informé que l'Accusation avait

5 eu d'autres entretiens avec ce témoin.

6 Q. Lorsque mon éminent confrère vous a posé une question, vous avez dit

7 qu'il y a certaines choses dont vous ne vous souvenez pas. Est-il vrai,

8 Monsieur Jakovoski, qu'après votre déposition en 2004, vous avez dit à

9 l'enquêteur à plusieurs reprises que vous ne pouviez pas vous souvenir

10 précisément des événements et qu'il vous était difficile de décrire la

11 situation qui s'est produite à ce moment-là ?R. Oui, c'est exact, et la

12 déposition dit à juste titre que je ne me souviens pas.

13 Q. Dans la déposition qui vous a été montrée aujourd'hui, et je

14 demanderais à ce que l'on montre au témoin la première page, le 65 ter

15 1D498, c'est-à-dire la cote 498 en version macédonienne, 1D4536, j'aimerais

16 également demander que l'on remette au témoin une copie que le Procureur

17 vient de me donner. Je voudrais demander à l'Huissier de remettre cette

18 déposition au témoin, déposition en langue macédonienne.

19 Dites-moi, l'enquêteur qui vous a interviewé en avril 2004, comme cela est

20 dit à la première page, et il s'agit de Kuehnel Thomas. Est-ce que vous

21 vous souvenez de cela ?

22 R. Oui, je m'en souviens.

23 Q. Pourriez-vous, s'il vous plaît, me dire qui était l'enquêteur qui vous

24 a parlé au téléphone ou que vous avez rencontré à l'hôtel à Skopje, comme

25 vous venez d'en témoigner ?

26 R. Le même, l'enquêteur Kuehnel Thomas.

27 Q. Merci. J'aimerais demander maintenant que l'on montre au témoin la page

28 1D4539 en version macédonienne, point 10 et 1D4540, point 11.

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1 Regardons d'abord le point 10 et l'anglais est le 1D4526. Il s'agit

2 toujours du point 10 dans la version anglaise.

3 Au point 10, est-ce que vous pouvez voir d'ailleurs ce point 10 devant vous

4 ? Est-ce que vous l'avez devant vous ? Vous pouvez trouver également le

5 point 10 dans le document que vous avez sous les yeux, le document papier

6 que vous avez sous les yeux. Il stipule --

7 Mais je dois vous dire immédiatement que dans la traduction en macédonien

8 il y a une erreur, parce qu'au lieu de "samedi," qui est Sabota, on parle

9 de "dimanche." Il est dit ici : "J'ai des problèmes à répondre à la

10 question pour ce qui s'est produit cinq jours avant ces événements. Ces

11 journées étaient vraiment très lourdes."

12 Ici, ce qui est écrit corrobore votre réponse à la question de

13 l'Accusation. Vous avez également dit à l'enquêteur qu'en raison de tâches

14 et des devoirs multiples qui étaient les vôtres, vous ne pouviez pas vous

15 rappeler avec exactitude de tous les événements et de tout ce qui s'est

16 passé au cours de ces journées ?

17 R. Oui, c'est exact. C'est la raison pour laquelle j'ai dit cela.

18 Q. Si vous regardiez maintenant le point 11, qui est à la même page de la

19 version anglaise, alors que dans la version macédonienne, elle se trouve

20 dans le document 1D4540. Là encore vous avez dit : "Je ne peux me souvenir

21 de ce que nous avons fait ce jour-là."

22 Est-ce que cela corrobore également ce que vous avez dit, à savoir que vous

23 avez parlé à l'enquêteur à plusieurs reprises, et vous aviez dit que ne

24 pouviez pas vous souvenir de tous les événements ?

25 M. SAXON : [aucune interprétation]

26 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Monsieur Saxon.

27 M. SAXON : [interprétation] Le paragraphe que lit mon éminent confrère qui

28 est le paragraphe 11, première phrase, ma collègue a lu: "Deux jours avant

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1 que cette photo ne soit prise, vendredi, ce que nous avons fait ce jour-là.

2 Normalement, nous commençons à 8 heures du matin, et je sais que j'étais au

3 travail."

4 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Je ne me souviens pas.

5 M. SAXON : [interprétation] Excusez-moi, je suis perdu maintenant dans mes

6 notes. Je voulais dire que dans sa déclaration le témoin dit : "Je ne

7 souviens d'aucun événement ce jour-là." Il n'a pas dit ces jours-là. C'est

8 néanmoins comme cela que cela a été traduit dans la version anglaise, "ces

9 jours," au lieu "ce jour."

10 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Merci. Peut-être, ai-je mal lu les termes

11 en anglais et c'est peut-être la raison pour laquelle cela figure ainsi

12 dans le compte rendu d'audience. Il est dit : "Je ne peux pas me souvenir

13 de ce qui a été fait ce jour-là. Je sais que j'étais au travail, je ne me

14 souviens d'aucun événement au cours de cette journée."

15 Bien entendu, dans le point précédent, le témoin a déjà confirmé

16 qu'il ne pouvait pas se souvenir de ce qui s'était passé cinq jours

17 auparavant, et pas uniquement ce jour-là.

18 Q. Donc, ma question est extrêmement simple. Est-il exact, comme

19 vous l'avez dit aujourd'hui en répondant à la question de mon estimé

20 confrère, que vous avez dit à l'enquêteur en 2004 et également par la

21 suite, et vous avez souvent répété cela, que vous ne pouvez pas vous

22 souvenir avec précision des événements ou de ce que vous faisiez à un

23 moment donné; est-ce exact ?

24 R. Oui, c'est exact.

25 Q. Vous avez également indiqué que vous étiez confronté à une

26 certaine pression en raison des événements qui se déroulaient à ce moment-

27 là en Macédoine parce qu'il y avait un changement de pouvoir, de

28 gouvernement. J'aimerais vous demander s'il est exact qu'au cours de cette

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1 période un grand nombre d'officiers de police ont été renvoyés ?

2 R. Oui, c'est exact.

3 Q. Est-il exact qu'il s'agissait soit d'officiers qui ont été renvoyés ou

4 qui ont été ramenés à un rang inférieur, des personnes qui étaient proches

5 de Boskoski ?

6 R. [aucune interprétation]

7 Q. Que c'était également une pression pour vous puisque vous étiez

8 officier de police et que vous n'aviez pas d'autres fonctions en dehors

9 d'être un officier de police; est-ce exact ?

10 R. Oui, c'est exact.

11 Q. L'Accusation vous a demandé si aujourd'hui en raison du changement des

12 pouvoirs, est-ce que votre situation est telle que vous avez modifiée votre

13 témoignage et que vous avez dit que ce n'est pas du tout le cas. Personne

14 ne vous a demandé de dire quoi que ce soit en dehors de la vérité devant ce

15 Tribunal. En fait, personne ne vous a rien demandé; est-ce exact ?

16 R. Oui, c'est exact.

17 Q. Ce dont vous témoignez aujourd'hui devant ce Tribunal, vous êtes

18 conscient, et le Procureur vous a dit à plusieurs reprises que vous

19 témoignez sous serment ?

20 R. Oui, c'est exact.

21 Q. Merci. Vous avez certes dit à l'enquêteur du bureau du Procureur

22 plusieurs fois qu'il vous est impossible de vous souvenir de certains

23 événements. Cependant, en réponse aux questions posées par le Procureur, si

24 je vous ai bien compris, vous avez déclaré que l'enquêteur ne cessait de

25 répéter deux noms, celui de Bucuk et celui de Johan. Dites-moi, est-ce

26 qu'on attendait de vous que vous vous souveniez de certains événements

27 alors que vous aviez dit qu'il vous était impossible de le faire ?

28 R. Oui, c'est exact, et ceci à plusieurs reprises.

Page 3974

1 Q. Est-ce que c'est peut-être là la raison pour laquelle il se peut qu'il

2 y ait quelques discordances, quelques incohérences dans votre déclaration ?

3 Est-ce que vous avez apporté des précisions à la Chambre aujourd'hui ?

4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Monsieur Saxon.

5 M. SAXON : [interprétation] Excusez-moi, mais je pense que là, on

6 s'aventure dans des conjectures.

7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Residovic, qu'en dites-vous ?

8 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, vous voulez un

9 commentaire ou vous voulez que je pose la question au témoin ?

10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Un commentaire, s'il vous plaît.

11 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Madame et Messieurs les Juges, le témoin

12 m'a expliqué, en réponse à une question posée par le Procureur, je n'ai pas

13 la page exacte du compte rendu d'audience où il l'a dit, mais il a dit que

14 l'enquêteur ne cessait de lui répéter ces deux noms. Je me suis contentée

15 maintenant de demander au témoin s'il avait eu le sentiment qu'on attendait

16 de lui, même si aucune pression n'a été exercée, il est peut-être

17 préférable, d'ailleurs, de retirer cette question.

18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

19 Mme RESIDOVIC : [interprétation]

20 Q. Veuillez examiner votre déclaration préalable. C'est la page 1D453.5,

21 dernier paragraphe. La page en anglais est 1D4525.5. Prenez le dernier

22 paragraphe. Voici ce qui y est dit : "Le jour où cet enregistrement a été

23 réalisé, j'étais avec Marian Medarov, Pejcinovski, et lorsqu'on m'a demandé

24 qui était Zoran Trajkovski, au cours de ces trois journées, je peux dire

25 que je ne le sais pas. Je ne sais pas où il était à l'époque, ceci de façon

26 générale, et pas non plus le dimanche, lorsque cette vidéo a été réalisée."

27 Vous connaissez Zoran Trajkovski, n'est-ce pas ?

28 R. Oui.

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1 Q. C'était votre supérieur immédiat ?

2 R. Exact.

3 Q. Lorsque le Procureur vous avait posé la question, vous ne vous êtes pas

4 souvenu du nom de votre supérieur immédiat, n'est-ce pas ?

5 R. Exact.

6 Q. Si dans la déclaration qu'il a faite lui-même au bureau du Procureur,

7 Zoran Trajkovski disait qu'il se trouvait à l'époque en République de

8 Croatie, vous ne pourriez le contester; c'est simplement que vous ne vous

9 en souvenez pas, n'est-ce pas ?

10 R. Exact.

11 Q. Est-ce que vous connaissez Branko Pejcinovski ?

12 R. Oui.

13 Q. Branko Pejcinovski était en fait un adjoint de Zoran Trajkovski lorsque

14 ce dernier était absent ?

15 R. Oui.

16 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Peut-on maintenant montrer au témoin la

17 pièce visée par la liste 65 ter 1D497, plus précisément la page 1D4518.11.

18 C'est une déclaration que nous avons uniquement en anglais.

19 Q. Je vais vous la lire. Dans cette déclaration, Branko Pejcinovski dit

20 ceci : "Les 10, 11, 12 août 2001, j'étais toujours de service. J'avais la

21 responsabilité de l'équipe des gardes du corps. A l'époque, Zoran

22 Trajkovski était en Croatie."

23 Est-ce que vous êtes d'accord avec moi si je dis que cette déclaration

24 faite par Branko Pejcinovski est exacte ? C'est simplement qu'à l'époque où

25 vous avez, vous, fourni votre déclaration, vous n'étiez pas en mesure de

26 vous souvenir où se trouvait votre supérieur à ce moment précis ?

27 R. Oui, c'est ça.

28 Q. Regardez à nouveau le point 10 de votre déclaration à vous. Page

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1 1D4539. Je répète, pièce 65 ter 1D498, page 4 539, on dit qu'il y a une

2 erreur dans la traduction faite en macédonien. On dit dimanche au lieu de

3 samedi, et vous avez la version en anglais à la page 1D34526. Vous avez dit

4 à l'époque que vous étiez présent à des obsèques en compagnie du ministre.

5 Vous le voyez ? Vous voyez que c'est ce que vous avez déclaré à l'époque ?

6 Vous voyez que c'est ce que vous avez dit ?

7 R. Je n'ai pas bien compris la question.

8 Q. Au fond, au point 10, au milieu du paragraphe, vous parlez de ce que

9 vous faisiez le samedi. D'abord, vous avez dit que vous ne saviez pas ce

10 que vous aviez fait pendant cinq jours, puis vous dites ceci, je cite : "Je

11 sais que nous étions avec le ministre à des funérailles."

12 Donc, vous étiez à des funérailles avec le ministre. C'est bien ce

13 qui est écrit ?

14 R. Oui, oui, je vois. Si je vous disais que le témoin Risko Galevski a dit

15 à ces mêmes Juges de la Chambre que le samedi 11 août, il se trouvait à

16 Radusa où il y a une attaque par un groupe terroriste du poste de police,

17 et qu'il a dit que le ministre Boskoski se trouvait, lui aussi, à Radusa,

18 vous pourriez convenir avec moi à ce que le général Galevski avait un

19 souvenir plus précis de cet événement que vous, de celui que vous aviez

20 lorsque vous avez fourni votre déclaration ?

21 M. SAXON : [interprétation] Objection.

22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Saxon.

23 M. SAXON : [interprétation] Mais je pense qu'il y a une défaillance logique

24 dans la question, ce qui ne peut que semer davantage encore la confusion

25 dans l'esprit du témoin, parce que nulle part on a prouvé que M. Boskoski

26 aurait pu assister à ces funérailles le samedi, aller à Radusa puis revenir

27 à Skopje. Il faut que ceci soit tiré au clair, me semble-t-il.

28 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, l'un exclut l'autre, me semble-t-

Page 3977

1 il.

2 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Oui. Oui. Oui, c'est soit l'un, soit

3 l'autre. Je demande au témoin ce dont il se souvient, ce dont il se

4 souvenait au moment où il a fourni cette déclaration. A cet égard, j'ai une

5 question à poser à ce témoin à propos de Radusa, mais aussi je voudrais lui

6 poser d'autres questions destinées à préciser si au moment il a fait cette

7 déclaration il se souvenait ou pas de ces questions.

8 M. SAXON : [interprétation] Ma consoeur demande à commenter un témoin

9 maintenant à propos de la capacité qu'avait le général Galevski de ses

10 souvenirs de certaines choses.

11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que vous pourriez demander à ce

12 témoin-ci ce dont il se souvient, d'après lui ? Est-ce qu'il est d'accord

13 ou pas pour dire que ce jour-là votre client était bien à des funérailles

14 ce jour-là, et je ne sais pas si vous pouvez aller beaucoup plus loin.

15 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Mais c'est ce que je voulais laisser

16 entendre au témoin, à savoir que le ministre n'était pas allé à des

17 funérailles quelles qu'elles soient ce jour-là.

18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Posez la question au témoin et

19 demandez-lui quelle explication il a à donner au fait que ceci figure dans

20 sa déclaration préalable.

21 Mme RESIDOVIC : [interprétation]

22 Q. Vous venez d'entendre ce que propose la Chambre. Voici ce que

23 j'aimerais savoir de votre part : est-il exact de dire que vous et le

24 ministre Boskoski, vous n'êtes pas allés à des funérailles qui se

25 déroulaient le 11 août dans le village de Ljubanci ?

26 LE TÉMOIN : [interprétation] Je peux préciser.

27 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Quelle est cette précision que vous

28 pouvez apporter, Monsieur ?

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1 Mme RESIDOVIC : [interprétation]

2 Q. Expliquez.

3 R. Oui, je peux expliquer. J'ai parlé de ces funérailles, mais ça en a

4 rien avec le 11 ou les jours qui ont précédé. Je voulais simplement dire à

5 l'enquêteur que vraiment on était surchargé de travail ces jours-là. C'est

6 pour ça que je ne me souvenais pas de tout. C'est vrai, le 11, là je suis

7 d'accord avec le conseil, je suis bien allé ce jour-là avec le ministre à

8 Radusa, mais je ne me souviens pas parce que l'enquête a été assez tendue.

9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Monsieur Saxon.

10 M. SAXON : [interprétation] Un simple commentaire.

11 Me Residovic a demandé précisément à ce témoin s'il était exact de

12 dire que le témoin et M. Boskoski n'étaient pas allés à des funérailles qui

13 s'étaient déroulées le 11 août à Ljubanci. Ce qui me préoccupe, c'est qu'il

14 ne dit nulle part dans ce paragraphe, ni dans le reste de la déclaration où

15 se sont déroulées ces funérailles.

16 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Mais est-ce que vous me permettez de

17 poursuivre ma question ?

18 Q. Est-il exact de dire que le 11, ce samedi, vous n'êtes allés à aucunes

19 funérailles ?

20 R. On est allés assister à aucunes funérailles le 11. Le 11, on était à

21 Radusa.

22 Q. Comme vous avez essayé de l'expliquer un instant même, lorsque vous

23 avez parlé de funérailles, vous souvenez que vous êtes bien allés assister

24 à des funérailles, et si je vous dis que c'était les funérailles d'un

25 policier qui avait été tué ailleurs, dans une autre ville à un autre

26 moment, est-ce que ce serait vrai ?

27 R. Oui. Peut-être qu'ils n'ont pas bien compris. Parce que ce que je

28 voulais dire, c'est qu'il se passait trop de choses à ce moment-là. C'est

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1 pour ça que je ne me souvenais pas de tout.

2 Q. J'aimerais revenir à une partie de la question qui vous était posée par

3 le Procureur, et j'aimerais vous montrer le point 12 de votre déclaration

4 préalable. Page 1D4526 en anglais. J'essaie de trouver l'équivalent en

5 macédonien; 1D4540.

6 On vous a déjà lu l'intégralité du paragraphe et, si je me souviens bien,

7 vous avez déclaré qu'une partie n'était erronée, et vous avez parlé de la

8 route venant à Volkovo, un village à proximité de Skopje. Vous avez alors

9 déclaré qu'à bien y réfléchir à nouveau, tout ce que vous avez déclaré au

10 point 2 n'était pas entièrement exact. Vous souvenez-vous alors répondu de

11 la sorte au Procureur ?

12 R. Oui, je m'en souviens.

13 Q. Bien. Je voudrais vous poser quelques questions à ce sujet.

14 Aujourd'hui, vous êtes en train de déposer sous serment, et vous souvenez-

15 vous le dimanche matin d'être rendu en voiture avec le ministre Boskoski

16 chez un coiffeur de Skopje ?

17 R. C'est exact.

18 Q. Est-il exact que vous trouviez chez ce coiffeur en même temps que le

19 ministre --

20 R. Oui, c'est exact.

21 Q. -- et Branko Pejcinovski et le chauffeur se trouvaient en voiture; est-

22 ce exact ?

23 R. Oui.

24 Q. Est-il exact que vous vous souvenez qu'à un moment donné le chauffeur a

25 apporté un téléphone portable au ministre, ou plus il a dit que le

26 président Trajkovski était en ligne ?

27 R. Oui, c'est exact.

28 Q. Dans le passage qui vous a été lu, est-il exact que le ministre,

Page 3980

1 lorsqu'il a répondu au téléphone a dit M. le président, ce qui vous a fait

2 penser qu'il parlait avec le président Trajkovski ?

3 R. Oui, c'est exact.

4 Q. Est-il exact, en fait, que vous ne savez pas ce dont le ministre

5 Boskoski parlait avec le président Trajkovski, puisque vous n'écoutiez pas

6 la conversation du ministre; est-ce exact ?

7 R. Oui, c'est exact.

8 Q. En fait, dans le passage qui vous a été lu, la seule inexactitude porte

9 sur les éléments afférents à votre voyage en voiture à Ljubanci ?

10 R. J'ai dit que je ne m'en souvenais pas, mais il n'est pas possible de se

11 rendre à Ljubanci en passant par Volkovo. Nous le savons tous. Je l'avais

12 déclaré parce qu'il fallait bien que je dise quelque chose à l'époque.

13 Q. Merci. Si je vous disais qu'après la conversation avec le président de

14 Macédoine, le ministre Boskoski avait dit qu'il fallait se rendre à

15 Ljubanci parce qu'il s'y passait quelque chose, est-ce que cela

16 correspondrait aux événements qui se sont déroulés ce matin ?

17 R. Oui.

18 Q. Dans votre déclaration, vous avez dit qu'au bout d'une heure et demie

19 environ, vous êtes partis pour Ljubanci. Est-il exact qu'après votre

20 passage chez le coiffeur, vous vous êtes rendus au ministère de l'Intérieur

21 pour préparer le départ pour Ljubanci ?

22 R. Oui, c'est exact. Maintenant, je me souviens que nous sommes revenus au

23 ministère.

24 Q. Est-il également exact que deux véhicules étaient partis. En plus de

25 vous-même, Branko Pejcinovski accompagnait le ministre, Marian Medarov et

26 Laste Mitkov ?

27 R. Oui, c'est exact.

28 Q. En réponse à une question de mon éminent confrère de l'Accusation, vous

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1 avez dit que vous n'aviez pas de commentaires à faire sur ce qui disait la

2 journaliste, puisque vous vous occupiez non pas de la journaliste, mais du

3 ministre. Vous en souvenez-vous ?

4 R. Oui, je m'en souviens.

5 Q. En fait, tout ce que vous avez oublié porte sur votre mission même, à

6 savoir s'occuper de la sécurité, veiller à la sécurité du ministre; est-ce

7 exact ?

8 R. Oui, c'est exact.

9 Q. Mais c'est la situation globale qui fait que vous et vos collègues ne

10 tenez pas compte de certains éléments, cela s'explique par votre

11 responsabilité pour la vie de la personne que vous protégez; est-ce exact ?

12 R. Oui, c'est exact.

13 Q. Dans votre déclaration, vous avez dit ne pas savoir comment l'équipe

14 était arrivée ?

15 R. C'est exact.

16 Q. Si je vous disais qu'Eli Cakar, qui a été citée par le Procureur et qui

17 avait déclaré être arrivée dans le véhicule du ministre, vous n'avez aucune

18 raison de remettre en question cette déclaration, mais que vous avez juste

19 de dire que vous ne en vous souvenez pas; est-ce exact ?

20 R. Oui, c'est exact.

21 Q. En réponse au Procureur, vous avez apporté des précisons qui sont

22 intimement liées avec votre mission de garde du corps et de la grande

23 responsabilité que vous aviez pour protéger la vie et la sécurité du

24 ministre; est-ce exact ?

25 R. Oui, c'est exact.

26 Q. Passons au point 12 -- pardon. Non, je ne vais pas poser cette question

27 afin de gagner du temps.

28 Dans votre déclaration, vous parliez de vous rendre à Ljubanci en passant

Page 3982

1 par Volkovo, et vous avez ensuite dit que vous ne vous en souveniez plus.

2 Est-il exact que lorsque vous avez donné votre déclaration à l'enquêteur

3 vous ne vous souveniez pas vous être arrêté devant un poste de police et

4 qu'un policier d'origine albanaise vous a donné des indications pour vous

5 rendre à Ljubanci ?

6 R. A ce moment-là, je ne m'en souvenais plus.

7 Q. Mais lorsque l'enquêteur vous l'a rappelé en vous demandant s'il était

8 possible que quelqu'un vous ait donné ces indications, ce n'est qu'à ce

9 moment-là que vous vous êtes souvenu qu'il y avait un véhicule qui se

10 trouvait devant vous jusqu'à ce lieu où vous êtes sorti du véhicule; est-ce

11 exact ?

12 R. Oui, c'est exact.

13 Q. Je viens de vous donner un certain nombre d'exemples qui font partie de

14 la déclaration que vous avez donnée aux enquêteurs en 2004, et si je

15 comprends bien, tout ceci vient corroborer tout ce que vous vouliez

16 déclarer à cette Chambre, à savoir qu'il y a bien des événements, bien des

17 incidents dont vous ne pouvez pas vous souvenir ?

18 R. Oui, c'est exact.

19 Q. C'est la raison pour laquelle qu'il se peut que vous ayez déclaré

20 certains éléments qui sont faux; est-ce exact ?

21 R. Oui, c'est exact.

22 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Madame et Messieurs les Juges, j'aurais

23 maintenant des questions qui ne sont pas directement liées avec ce sujet,

24 et je me demandais si l'heure ne serait pas venue de clore la journée ?

25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien. Nous allons lever la séance

26 et nous reprendrons demain à 14 heures 15.

27 --- L'audience est levée à 18 heures 56 et reprendra le mercredi 22 août

28 2007, à 14 heures 15.