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1 Le jeudi 15 janvier 2004
2 [Audience publique]
3 --- L'audience est ouverte à 9 heures 35.
4 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
5 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous prie, Madame la Greffière,
6 d'appeler la cause.
7 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agit de l'affaire numéro IT-99-36-
8 T.
9 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Juste un instant s'il vous plaît ---
10 Oui, Madame la Greffière d'audience, s'il vous plaît réappelez la cause.
11 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agit de l'affaire
12 IT-99-36-T. Le procureur contre Radoslav Brdjanin.
13 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Brdjanin, est-ce que vous
14 pouvez suivre l'audience dans une langue que vous comprenez.
15 L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, je peux suivre
16 l'audience dans une langue que je comprends.
17 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie, et je vous souhaite
18 bonjour.
19 Je prie les parties de se présenter.
20 M. NICHOLLS : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, je m'appelle
21 Julian Nicholls, assisté d'Ann Sutherland, Denise Gustin.
22 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Nicholls.
23 Et la Défense de Monsieur Brdjanin.
24 M. ACKERMAN : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, je m'appelle
25 John Ackerman et nous sommes autorisés à apparaître dans le prétoire de ce
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1 Tribunal. Je suis assisté par M. Aleksandar Vujic et par notre nouvelle
2 collègue Cynthia Dresden. Je m'excuse d'être en retard ce matin et je suis
3 tout à fait responsable de cela parce que je n'ai pas fait attention au
4 fait mon laissez-passer avait expiré.
5 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] J'espère que c'est comme ça, sinon nous
6 devrions retenir ce témoin pendant le week-end parce que demain nous aurons
7 une conférence vidéo.
8 Vous pouvez poursuivre, Maître Ackerman.
9 M. ACKERMAN : [interprétation] Monsieur le Président a posé une question
10 concernant les rapports de témoin expert.
11 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. J'ai eu l'intention de poser cette
12 question.
13 M. ACKERMAN : [interprétation] Je vais donner demain à l'Accusation un
14 projet de ce rapport, qui contient à peu près 40 pages. Il y aura des
15 annexes aussi sur lesquels il travaille, mais je ne sais pas combien de
16 temps il aura besoin pour le finir. Je lui ai dit qu'il fallait faire ça le
17 plus vite possible. Et ma question, que j'adresse à la Chambre, c'est de
18 savoir si la Chambre a besoin de cette version de travail ou plutôt il vaut
19 mieux attendre une version définitive de ce rapport.
20 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je pense que nous pouvons attendre
21 cette version définitive parce qu'en ce moment, nous ne sommes pas vraiment
22 intéressés au fait de savoir quel temps est nécessaire pour la partie
23 adverse pour qu'elle prépare -- pour qu'elle se prépare. Mais dès que cette
24 version définitive, je vous prie de nous le communiquer.
25 Et je vous prie également de convaincre votre témoin expert de témoigner
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1 ici avant le 9 février. Nous apprécierons cela. Je vous invite à essayer.
2 M. ACKERMAN : [interprétation] Je pourrais peut-être le faire. Cela
3 abrégerait le temps accorder à l'Accusation pour le contre-interrogatoire.
4 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vais essayer de convaincre
5 l'Accusation aussi.
6 M. ACKERMAN : [interprétation] Il faut peut-être qu'une chose entre au
7 compte rendu, et déjà depuis deux ans, l'essentiel du témoignage de ce
8 témoin expert est l'essentiel de cette affaire. Il s'agit de la pièce à
9 conviction DB1. Il s'agit de son témoignage qui est basé sur un livre. Et
10 les rapports qu'il a rédigés représentent une sorte de commentaire de ce
11 livre parce que le livre représente, en fait, l'essentiel de son rapport,
12 et nous le communiquerons le plus tôt possible.
13 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je pense que vous avez dit que vous
14 aviez des exemplaires du -- plusieurs exemplaires de ce livre. Je sais que
15 ce livre se trouve à la bibliothèque parce que je l'ai lu.
16 M. ACKERMAN : [interprétation] A un moment donné, je me suis proposé de
17 commander plusieurs exemplaires de ce livre et de les mettre à la
18 disposition de la Chambre mais la Chambre l'a refusé.
19 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, je me souviens de cela et j'admire
20 votre mémoire.
21 M. ACKERMAN : [interprétation] Je ne sais pas, mais je pense que votre
22 mémoire est meilleure que la mienne.
23 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Donc il y a des exemplaires qui sont
24 disponibles, et la Chambre pourrait peut-être vous les rendre par la suite.
25 Est-ce que vous pensez qu'on pourrait faire de la sorte ?
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1 M. ACKERMAN : [interprétation] Il n'y a pas d'exemplaires pour le moment,
2 mais nous pouvons les obtenir. Je pense que le livre est en phase
3 d'impression.
4 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je pense qu'il faut cela. Oui, Monsieur
5 Nicholls, vous avez la parole.
6 M. NICHOLLS : [interprétation] Même si ce rapport se base sur ce livre et -
7 - nous avons besoin de quelques semaines pour nous préparer au contre-
8 interrogatoire.
9 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. C'est facile à dire, Monsieur
10 Nicholls et j'apprécie vraiment cela -- je comprends cela parce que j'étais
11 avocat à un moment donné, mais d'un autre côté, je ne veux pas faire
12 pression sur vous, mais j'invite Maître Ackerman à raccourcir le temps pour
13 que nous n'ayons pas une pause d'une ou deux semaines parce que cela ne
14 serait pas bien.
15 M. NICHOLLS : [interprétation] Oui.
16 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je pense que c'est difficile de
17 convaincre les autres pour qu'ils comprennent l'ampleur du travail ici
18 parce qu'ils vont se demander ce que nous faisons pendant ces trois
19 semaines, nous et Me Ackerman. Et la perception du public serait "voilà
20 maintenant ils ont une -- des vacances de trois semaines", ce qui n'est pas
21 le cas bien sûr. Mais si nous pouvons réduire ce temps de trois semaines,
22 cela serait mieux.
23 M. NICHOLLS : [interprétation] Je comprends cela, mais il est difficile de
24 prendre une décision avant de voir ce rapport.
25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] J'invite les deux parties de le faire.
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1 Et encore une chose qu'il faut régler oralement. Il s'agit d'une décision
2 concernant le témoignage par conférence vidéo numéro 2. Nous avons déjà
3 pris une décision concernant le numéro 1 et maintenant à l'ordre du jour
4 c'est le numéro 2. Est-ce que l'Accusation a des objections à soulever ?
5 M. NICHOLLS : [interprétation] Non, Monsieur le Président.
6 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Maître Ackerman, votre requête
7 est acceptée -- est admise. Et le témoignage du témoin numéro 49 se
8 produira par le biais d'une conférence vidéo. Nous comprenons cela, mais je
9 n'ai pas vu la requête selon laquelle vous auriez demandé des mesures de
10 protection pour ce témoin. Est-ce que vous l'avez fait ?
11 M. ACKERMAN : [interprétation] Nous avons demandé cela.
12 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Donc dans ce cas-là, c'est réglé. Cela
13 a été déjà accordé.
14 M. ACKERMAN : [interprétation] Oui.
15 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Egalement vous avez dû communiquer à
16 l'Accusation certains certificats médicaux, des rapports médicaux.
17 M. ACKERMAN : [interprétation] Cela est fait.
18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Dans ce cas-là, nous pouvons faire
19 entrer le témoin dans le prétoire parce qu'il n'y a pas d'autres questions
20 préliminaires à discuter.
21 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
22 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour, Monsieur.
23 LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.
24 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous souhaite la bienvenue dans ce
25 Tribunal.
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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie.
2 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je parle anglais, et vous devriez
3 recevoir la traduction dans votre langue maternelle. S'il y a des problèmes
4 concernant la traduction, s'il vous plaît faites-moi connaître cela.
5 Vous devez témoigner dans l'affaire contre Radoslav Brdjanin en tant que
6 témoin à décharge. Selon nos règles, avant de commencer votre témoignage,
7 vous devez prononcer la déclaration solennelle selon laquelle vous prêtez
8 serment de dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité. Le texte
9 de cette déclaration vous sera communiqué par M. l'Huissier. S'il vous
10 plaît, lisez cela à voix haute.
11 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la
12 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
13 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur. Veuillez
14 prendre place.
15 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie.
16 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maintenant, Me Ackerman va vous poser
17 des questions après quoi, M. Nicholls procédera à votre -- contre-
18 interrogatoire pour l'Accusation. Après cela, vous pourrez rentrer chez
19 vous. Mon conseil que je vous donne maintenant, c'est de répondre aux
20 questions et uniquement aux questions qui vous seront posées. Il ne faut
21 pas que vous donniez des informations supplémentaires, qui dépassent le
22 cadre des questions. Ensuite deuxième chose que je veux qu'on fait c'est
23 même si vous êtes témoin à décharge votre devoir est à la lumière de la
24 déclaration solennelle que vous venez de prononcer et de réponde à toutes
25 questions complètement et véridiquement dépendamment du fait qui vous pose
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1 des questions. Autrement dit vous n'avez pas le droit de faire la
2 différence ou de donner la priorité à une partie au détriment de l'autre.
3 Est-ce que vous me comprenez bien ?
4 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous ai compris tout à fait.
5 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien, je vous remercie. Maître Ackerman
6 vous avez la parole.
7 M. ACKERMAN : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.
8 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous pouvez vous s'asseoir, si vous
9 voulez.
10 M. ACKERMAN : [interprétation] j'ai compris cela, mais j'ai décidé quand
11 même d'être debout.
12 LE TÉMOIN : BORIS DMITRASINOVIC [Assermenté]
13 [Le témoin répond par l'interprète]
14 Interrogatoire principal par M. Ackerman :
15 Q. [interprétation] Monsieur, vous vous appelez Boris Dmitrasinovic, S'il
16 vous plaît dîtes à la Chambre quand et où vous êtes né ?
17 R. Je suis né le 13 avril 1971 à Banja Luka, à l'époque c'était la
18 République de Bosnie-Herzégovine et l'état de Yougoslavie.
19 Q. Etes-vous marié, avez-vous des enfants ?
20 R. Je suis marié et j'ai un enfant de huit ans, un garçon de huit ans.
21 Q. Où vivez-vous aujourd'hui et qu'est-ce que vous faite aujourd'hui ?
22 R. Je vis à Banja Luka où je suis née et actuellement je m'occupe des --
23 je fait du marketing, je ne suis pas tout à fait professionnel dans ce
24 domaine.
25 Q. Est-ce que vous avez fait votre service militaire ?
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1 R. Oui.
2 Q. Où et quand ?
3 R. C'était en 1990 et 1991.
4 Q. Avez-vous jamais servit -- est-ce que vous vous êtes jamais trouvé dans
5 une situation de combat ?
6 R. Cela s'est passé plus tard lorsque j'étais dans des unités de réserve.
7 C'était en 1992 en été 1992.
8 Q. Donc, cela veut dire que vous étiez mobilisé après avoir fini votre
9 service militaire.
10 R. En 1991 et en 1990 j'ai été mobilisé lorsque tout le monde a été
11 mobilisé. C'étai à peux près au moi de mai.
12 Q. je voudrais diviser l'année 1992 en deux parties avant le mois de
13 septembre et après le mois de septembre. Avant le mois de septembre quelles
14 étaient vos tâches ?
15 R. Avant le mois de septembre 1992 j'étais dans une unité de transport de
16 la police militaire qui se trouvait au sein du Corps.
17 Q. Est-ce que à un moment donné cette compagnie a eue une tâche de
18 combat ?
19 R. C'était seulement une fois, parce qu'il y avait des problèmes sur
20 cette portion du corridor et nous sommes venu pour aider les unités dont la
21 tâche était justement de -- qui ont été d'entraîné pour combattre.
22 Q. Vous avez passé combien de temps dans cet endroit, est-ce que vous avez
23 rencontré la partie adverse ?
24 R. C'était pendant une dizaine de jours et je dois avouer que pendant
25 cette période je n'ai vu aucun soldat ennemi.
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1 Q. Bien, pendant cette période avant le mois 1992 est-ce qu'il y'avait de
2 non-Serbes qui ont servi dans votre unité.
3 R. Oui, mon chef de la compagnie était Musulmans et s'appelait Jasmin
4 Nolkinic.
5 Q. Est-ce qu'il y avait des soldats dans votre unité qui n'était pas
6 Serbe ?
7 R. Je ne peux pas me souvenir exactement, mais il est probable qu'il y est
8 des soldats qui n'étaient pas Serbe parce que la composition des unités
9 étaient mixe. Je peux rajouter que par exemple au cour de l'exercice de
10 mes tâches nous étions parfois ensemble avec la police civile et dans la
11 police civile il y a avait des Croates. Par exemple je peux mentionner
12 Klasan Zoran c'est quelqu'un qui travaille même aujourd'hui à Banja Luka
13 dans la police et que je rencontre parfois dans la ville. Ensuite un M.
14 Blazevic pour lequel je ne suis pas sûr s'il était déjà parti à la retraite
15 ou s'il est toujours actif.
16 Q. Maintenant j'ai divisé cette année 1992 en deux parties avant et après
17 le mois de septembre est-ce que au mois de septembre il y avait des
18 modifications de vos tâches ?
19 R. Au mois de septembre 1992 j'ai été transféré au centre des services de
20 sécurité et là j'ai été affecté dans une unité qui s'appelait la section
21 pour assuré la sécurité des bâtiments.
22 Q. Qui était chef de cette unité ?
23 R. Le chef de cette unité était Vinko Jankovic. Je ne sais pas quel était
24 son grade.
25 Q. Quelles étaient vos tâches concrètes lorsque vous avez rejoint cette
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1 unité ?
2 R. Mes tâches étaient très simple, nous étions chargés de la sécurité des
3 bâtiments telle que la municipalité la -- le poste de police ensuite les
4 bâtiments où habitaient les gens pour lesquels ont considéraient qu'ils
5 devaient bénéficier d'une sécurité particulière.
6 Q. Est-ce que vous avez jamais rencontré M. qui s'appelle Radoslav
7 Brdjanin ?
8 R. Je ne le connaissais pas avant de venir assurer la sécurité du bâtiment
9 de l'immeuble où il habitait lui et sa famille.
10 Q. Qui encore devait assurer la sécurité de ce bâtiment avec vous ?
11 R. Je voudrais que je vous cite les noms des personnes qui travail
12 avec moi?
13 Q. Oui.
14 R. Avec moi il y avait Naum Golic, Zeljko Knezevic. Les autres, il y en
15 avait mais ils n'étaient pas constamment avec moi, ensuite avant moi il
16 avait un M. Cavka avant que je n'arrive dans cette unité et il était
17 Musulmans.
18 Q. Et il était Musulmans et membre de votre unité et sa tâche était
19 d'assurer la sécurité de M. Brdjanin c'est ce que vous voulez dire ?
20 R. Il était policier de réserve qui s'occupait de la sécurité de
21 l'appartement de M. Brdjanin.
22 Q. Est-ce que vous savez si M. Brdjanin avait demandé une telle sécurité ?
23 R. Je pense qu'il n'a pas demandé de bénéficier d'une telle sécurité parce
24 qu'il se sentait assez en sécurité. Et cette sécurité a été décrétée par
25 certains officiers du service de sécurité parce qu'ils ont considéré qu'à
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1 l'époque, il fallait de telle manière assurer la sécurité de ces bâtiments.
2 Q. Est-ce que vous n'avez jamais été invité ou est-ce que vous n'avez
3 jamais assisté à des réunions de types sociales dans le bâtiment de M.
4 Brdjanin ?
5 R. Oui, il m'a invité à une fête de famille et il m'a invité également
6 pour passer des week-ends avec lui.
7 Q. Est-ce que vous vous souvenez si à ces réunions sociales, il y avait
8 des Serbes uniquement ou il y avait aussi des non-Serbes ?
9 R. Il y avait des Croates et des Musulmans aussi et je peux vous dire plus
10 précisément qu'il y avait dans la maison de Radoslav, Suzana Golic qui est
11 Croate et un monsieur de son voisinage, je ne peux me souvenir exactement
12 de son nom, il était Musulman, mais je pense qu'il s'appelait Ibrahimovic
13 ou quelque chose comme cela.
14 Q. Les fois que vous assuriez la sécurité de ce bâtiment, quel autre
15 moment savez-vous si la famille Brdjanin avait du personnel non serbe ?
16 R. D'après ce qu'ils m'ont dit ou plutôt d'après leurs conversations, je
17 sais qu'ils avaient une "babysitter" musulmane pour leur fille, ils en ont
18 parlé lors de leur conversation. Donc, je suppose que c'est vrai.
19 Q. Est-ce que vos rapports avec la famille Brdjanin étaient-elles que vous
20 avez été en mesure d'apprendre ou d'obtenir des informations au sujet de la
21 famille de M. Brdjanin, des parents de sa femme et de leur appartenance
22 ethnique ?
23 R. Oui, la famille de Radoslav est de composition mixte et il est le cas
24 également pour la famille de son épouse. Je vous citerais les exemples que
25 je connais, par exemple, ces deux frères sont mariés à des Croates. Je
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1 connais personnellement l'un d'entre eux, il s'appelle Milka. Et pour ce
2 qui est de la famille de Mira, je sais que son frère était marié à une
3 Musulmane et que sa sœur était mariée à un Musulman. L'une de ses cousines
4 est également mariée à un Croate que je connais, il s'appelait Zdravko, je
5 le connais personnellement et le nom de cette cousine, est Vukica.
6 Q. Avez-vous eu des conversations avec M. Brdjanin qui vous auraient
7 permis de conclure, de tirer certaines conclusions concernant son attitude
8 à l'égard des non-Serbes en 1992. Pourriez-vous simplement répondre par oui
9 ou par non ?
10 R. Oui.
11 Q. Pourriez-vous dire aux Juges de la Chambre de première instance ce que
12 vous avez appris au sujet de son attitude à cet égard ?
13 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Il y a un blanc dans le compte rendu
14 d'audience. Le témoin est d'appartenance ethnique serbe, Maître Ackerman,
15 n'est-ce pas ?
16 M. ACKERMAN : [interprétation] C'est exact.
17 Q. Monsieur le Témoin, vous pourriez poursuivre.
18 R. Nous revenons sur la question au sujet des conversations que j'ai eu
19 avec Radoslav, à propos des membres d'autres ethnies, n'est-ce pas ?
20 Et bien, je vous donnerais un exemple personnel, dans le cadre de l'une des
21 conversations, j'ai dit que l'Islam était une religion assez primitive,
22 quelle était très difficile d'adapter à la vie moderne, et Radoslav m'a
23 répondu en disant que je n'aurais eu de telles pensées simplement à cause
24 du fait que j'étais Chrétien, si j'appartenais à d'autres -- si j'étais
25 d'une autre confession religieuse, je penserais différemment, c'est ce
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1 qu'il m'a dit. IL m'a toute fois dit cela d'une manière qui m'a laissé
2 penser qu'il pensait que c'était également une religion primitive mais
3 comme il ne pouvait exprimer de telles opinions, qu'on ne pouvait manquer
4 de respect à l'égard d'autres religions et après notre conversation, j'ai
5 changé mon point de vue.
6 Q. Avez-vous entendu dire que M. Brdjanin s'était exprimé publiquement
7 dans ses discours et que le contenu de ses discours était anti-non-Serbes
8 plutôt ?
9 R. Non, je n'ai jamais entendu une telle chose.
10 Q. Est-ce que vous n'avez jamais entendu cela ? Est-ce que quelqu'un ne
11 vous a jamais dit qu'il avait fait de telles déclarations ?
12 R. J'ai entendu cela après qu'il a été conduit à La Haye, avant cela je
13 n'ai jamais entendu dire de telle chose comme quoi, il aurait insulté ou
14 enfoncé des membres d'autres religions dans ses discours publique.
15 Q. La Chambre de première instance en espèce a vu une séquence vidéo
16 pendant laquelle M. Brdjanin a fait quelques déclarations à propos du fait
17 qu'il fallait se débarrasser de la racaille non chrétienne. Est-ce que cela
18 correspond à votre perception de M. Brdjanin ?
19 R. Non, c'est la première fois que j'entends une telle chose.
20 Q. Avez-vous eu des discussions avec M. Brdjanin au sujet de l'armée pour
21 autant que vous vous en souvenez ?
22 R. Radoslav était très critique vis-à-vis de l'armée à l'époque. Une fois
23 il a déclaré que le fait que les non-Serbes étaient soumis à des
24 obligations de travail était une chose terrible et le fait qu'ils doivent
25 travailler sept ou huit heures d'affilé dans -- à de tels poste, était
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1 regrettable et notamment le fait que les personnes éduquées, les
2 enseignants, les avocats étaient soumis à de telles obligations de travail,
3 devaient nettoyer les rues ou ramasser les feuilles dans les rues, d'après
4 lui tout cela n'était pas convenable et qu'une telle pratique devait
5 cesser.
6 Q. Combien du temps avez-vous passé en contact étroit avec M. Brdjanin à
7 partir du mois de septembre 1992 ?
8 R. J'étais en bon terme avec la famille de Brdjanin même après la fin de
9 mon bail, de mon affectation, nous avons continué à nous fréquenter de
10 façon informelle, mais de façon moins fréquente toute fois.
11 Q. Au cours de cette période, avez-vous constaté quoi que ce soit qui vous
12 aurez permis de conclure que M. Brdjanin profitait de la guerre ?
13 R. M. Brdjanin n'a certainement pas profité de la guerre comme l'indique
14 ses ressources personnelles. Il conduisait une Toyota qui était bien de 15
15 ans d'après moi, et son seul bien était un appartement qu'il lui avait été
16 donné par l'état. Radoslav est l'une des rares personnes qui a participé à
17 la vie politique de l'époque mais il n'en a pas profité de quelque manière
18 que ce soit, il était ingénieur avant la guerre pour autant que je le sache
19 et il avait un très bon salaire et il travaillait dans les pays des Moyens
20 Orient. Et je pense qu'il était beaucoup plus riche avant l'éclatement du
21 conflit. Et il était beaucoup moins riche à la fin du conflit.
22 Q. Savez-vous quelle était son attitude à l'égard des profiteurs de
23 guerre, l'avez-vous jamais entendu dire quoi que ce soit à ce sujet ?
24 R. Bien entendu, sa position à l'égard de ces personnes-là était bien
25 connue. Il était l'un des rares hommes politiques qui a déclaré
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1 publiquement la guerre aux groupes criminels toute fois sa position
2 politique était assez difficile et il ne pouvait pas combattre tout seul la
3 criminalité rampante au sein des organismes d'état.
4 Q. Vous souvenez-vous à quelle date M. Brdjanin a été arrêté ?
5 R. Oui.
6 Q. Quelle a été votre réaction ?
7 M. NICHOLLS : [interprétation] Objection quant à la pertinence de cette
8 question.
9 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] [Hors micro] Excusez, oui quelle est la
10 pertinence de cette question d'après Ackerman ?
11 M. ACKERMAN : [interprétation] Monsieur le Président, Mesdames les Juges,
12 je pense que la pertinence de cette question est tout à fait manifeste. Si
13 quelqu'un est surpris du fait que quelqu'un a été arrêté, c'est qu'il se
14 demande quel est le fondement de son arrestation.
15 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous pouvez poursuivre. J'autorise
16 votre question.
17 Pourriez-vous la répéter je vous prie.
18 M. ACKERMAN : [interprétation]
19 Q. Monsieur le Témoin, comment avez-vous réagi lorsque vous avez appris
20 que M. Brdjanin avait été arrêté ?
21 R. Puis-je répondre ?
22 Q. Je vous en prie.
23 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui.
24 LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai été surpris lorsque j'ai appris qu'il
25 avait été arrêté car je ne pouvais pas comprendre comment quelqu'un comme
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1 M. Brdjanin avait pu être arrêté pour des crimes de guerre présumés. En
2 entendant cela, j'ai pensé que ce n'était pas la SFOR qu'il avait arrêté
3 mais un groupe criminel quelconque. En effet à l'époque, lutter activement
4 contre la criminalité mais plus tard, j'ai appris que c'était bien la
5 vérité, que les choses c'étaient passées autrement que ce que j'avais cru.
6 J'ai pensé qu'une erreur avait été commise et que Radoslav serait libéré
7 très vite, mais les choses ont évolué comme nous le savons.
8 M. ACKERMAN : [interprétation] Merci, je n'ai plus de question à poser.
9 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Maître Ackerman.
10 Monsieur le Témoin, à présent vous allez être contre-interrogé par M.
11 Nicholls comme je vous l'ai déjà expliqué.
12 M. NICHOLLS : [interprétation] Pourrions-nous faire une pause de dix
13 minutes, je vous prie.
14 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, je pense que nous pouvons même
15 prendre notre pause habituelle car il nous reste sept minutes. Nous allons
16 donc faire une pause de 25 minutes et nous reprendrons nos travaux après.
17 M. NICHOLLS : [interprétation] Je vous remercie.
18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci.
19 --- L'audience est suspendue à 10 heures 13.
20 --- L'audience est reprise à 10 heures 50.
21 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Nicholls, vous avez la parole.
22 Contre-interrogatoire par M. Nicholls :
23 M. NICHOLLS : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.
24 Q. Monsieur le Témoin, pouvez-vous décliner votre identité afin que le
25 compte rendu d'audience soit tout à fait clair.
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1 R. Boris Dmitrasinovic.
2 Q. Je vous remercie. Est-ce que vous avez un surnom -- est-ce que vous
3 aviez un surnom en 1992 et 1993 ?
4 R. Non.
5 Q. En novembre 1992, vous étiez. Je suppose qu'à l'époque vous ne vous
6 intéressiez pas vraiment à la politique, n'est-ce pas ?
7 R. Oui, c'est exact.
8 Q. Vous ne vous souvenez pas avoir vu, entendu ou lu des discours de M.
9 Brdjanin au cours de l'été 1992, n'est-ce pas ?
10 R. Il n'y avait pas beaucoup d'électricité à l'époque si bien que je ne
11 regardais pas beaucoup la télévision. Même aujourd'hui, je ne regarde pas
12 beaucoup la télévision. S'il y a un bon film, je le regarde, mais c'est
13 tout.
14 Q. Donc vous répondez par l'affirmative, n'est-ce pas ?
15 R. Oui.
16 Q. Afin d'être tout à fait clair, avant 1992, avant le mois de septembre
17 1992, avez-vous reçu permission d'assurer la sécurité de M. Brdjanin avant
18 que vous ne l'aviez jamais rencontré, n'est-ce pas ?
19 R. Non. Ce n'est pas exact. J'avais rencontré Radoslav à l'époque où je
20 gardais son appartement, mais avant cela je ne le connaissais pas.
21 Q. Peut-être que vous m'avez mal compris, mais ce n'est pas grave. Je vous
22 remercie. Lorsque vous avez commencé à effectuer cette mission, vous
23 travailliez de nuit, n'est-ce pas ?
24 R. Oui, la plupart du temps c'était la nuit.
25 Q. Et vous travailliez avec Naum Golic, n'est-ce pas ?
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1 R. Oui, j'ai travaillé avec Naum Golic.
2 Q. Depuis combien de temps le connaissiez-vous avant de commencer cette
3 mission ? Vous avez tous les deux grandi à Banja Luka, n'est-ce pas ?
4 R. Je ne connaissais pas Naum auparavant. J'ai bien grandi à Banja Luka et
5 lui aussi, je crois.
6 Q. Donc vous l'avez rencontré pour la première fois en septembre 1992.
7 Est-ce exact ?
8 R. Officiellement, oui. Je l'ai peut-être rencontré à l'école, car pour
9 autant que je le sache, il fréquentait également l'école pour les
10 mécaniciens à Banja Luka. Mais nous nous sommes rencontrés pour la première
11 fois officiellement en septembre 1992.
12 Q. Très bien. Et vous parliez avec lui lorsque vous étiez de garde la
13 nuit, n'est-ce pas ?
14 R. Oui, nous parlions de choses ordinaires.
15 Q. Et lorsque vous alliez à des fêtes, des festivals, organisés par M.
16 Brdjanin, vous nous avez déclaré que M. Golic venait avec son épouse,
17 n'est-ce pas ?
18 R. Oui.
19 Q. Est-ce que M. Golic vous a raconté comment il est arrivé à Banja Luka
20 en 1992 ? Comment il a été muté à Banja Luka en mars ou en avril alors
21 qu'il avait été -- alors qu'il résidait auparavant en Slavonie
22 occidentale ?
23 R. Je ne savais pas qu'il était en Slavonie auparavant.
24 Q. Très bien. Quelle sorte de rapport -- est-ce que vous considérez que M.
25 Golic est l'un de vos amis ?
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1 R. Oui.
2 Q. Quand avez-vous eu des rapports pour la dernière fois avec M. Golic ?
3 Quand lui avez-vous parlé pour la dernière fois soit personnellement soit
4 au téléphone soit par email, par lettre ? A quand remonte le dernier
5 rapport ?
6 R. Je lui ai parlé à Banja Luka. Après son retour de mai, je ne me
7 souviens pas de la date exacte, nous avons pris un café ensemble et nous
8 nous sommes vus pendant une quarantaine de minutes.
9 Q. Et il vous a raconté son expérience ici ou pas ?
10 R. Il m'a dit, qu'il faisait très mauvais, qu'il n'avait pas aimé la
11 nourriture et qu'il était en colère parce que personne ne lui avait dit
12 qu'il y'avait une piscine, et c'est là qu'il n'a pas emmené son maillot de
13 bain. Et il n'a pas trouvé la bonne taille dans les magasins.
14 Q. C'est bien dommage, mais est-ce qu'il vous a parlé de sa déposition
15 devant ce Tribunal ?
16 R. Non, nous n'avons pas parlé de cela. Nous avons parlé de choses
17 ordinaires et des conditions qu'il a trouvé à son arrivée ici.
18 Q. Est-ce qu'il vous a donné des conseils sur la manière dont vous deviez
19 répondre aux questions qui vous seraient posées ou sur ce que vous deviez
20 dire lors de votre déposition si vous étiez amené à déposer ?
21 R. Non, il ne m'a donné aucun conseil à cet égard, nous n'avons pas du tout
22 parlé de cela.
23 Q. Donc pendant 40 minutes, vous avez parlé du temps, de la nourriture et
24 de vos difficultés à trouver un maillot de bain. N'est-ce pas ?
25 R. Nous avons parlé de cela entre autre. Nous avons parlé de questions
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1 d'actualité au sujet de la situation dans notre ville. Mais nous n'avons
2 pas parlé de son séjour à La Haye.
3 Q. Donc, il ne vous a jamais parlé de questions qu'on lui a posées ou bien
4 des réponses qu'il avait données à ces questions ?
5 R. Au cours de cette conversation, il m'a dit juste une chose, il m'a dit,
6 qu'on est assez mal à l'aise quand on rentre, quand on pénètre dans un
7 prétoire, qu'on a peur, qu'on a le traque parce que sans doute c'est la
8 première fois qu'une telle occasion se produit.
9 Q. Bien, je vais revenir sur le sujet de M. Brdjanin. Nous avons à nouveau
10 parlé de lui. Donc, vous ne le connaissiez pas avant le mois de septembre
11 1992, vous n'avez pas travaillé pour lui auparavant avant ces dates-là,
12 vous n'aviez pas des connaissances de première main, des activités de M.
13 Brdjanin avant 1992. N'est-ce
14 pas ?
15 R. Non.
16 Q. Et il en va de même pour le mois de mai et le mois de juin et le mois
17 de juillet ainsi que le mois d'août. N'est-ce pas ?
18 R. Oui.
19 Q. Vous avez dit que lors de ces fêtes familiales, et bien il y avait un
20 voisin à vous, un Musulman qui participait à ces fêtes, qui venait à ces
21 fêtes ainsi que Golic qui venait avec son épouse Croate de nationalité ?
22 R. Vous me parlez sans arrêt de Galic, alors qu'il s'agit de Golic, ce
23 n'était pas lui qui était Croate, c'est sa femme qui était Croate. En ce
24 qui concerne le reste, oui, je vous réponds par l'affirmative.
25 Q. Très bien. Moi, j'ai toujours parlé de Golic, je suis désolé si cela a
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1 été mal traduit ou bien si vous m'avez mal compris, je n'ai jamais parlé de
2 Galic. Et bien, donc apparemment il n'y avait que deux personnes d'origine
3 non-Serbes qui ont été présentes lors de ces fêtes. Vous ne vous en
4 rappelez pas d'autre ?
5 R. Non, il y avait aussi l'épouse du frère aîné des Radoslav, elle est
6 Croate de nationalité, Mirka et puis il y avait aussi le mari d'une cousine
7 des Mirka qui s'appelait Zdravko, le nom de cette cousine étant Vukica et
8 lui aussi est Croate.
9 Q. Apparemment, je ne vous ai pas bien très bien posé la question. J'ai
10 parlé d'autres cousins ou membres de sa famille ?
11 R. Vous me demandez donc si mis à part les membres de sa famille, s'il y
12 avait d'autres Croates ou Musulmans qui avaient assisté à ces fêtes.
13 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Non, non, ce que M. Nicholls essaye de
14 savoir, c'est s'il y avait des amis non-Serbes qui étaient invités à ces
15 fêtes familiales mis à part les non-Serbes faisant partie de la famille de
16 M. Brdjanin ?
17 LE TÉMOIN : [interprétation] Très bien. Je vous ai compris. Donc, Mme
18 Suzana Golic n'avait aucun lien de parenté avec M. Brdjanin, M. Ibrahimovic
19 ou Ibrahimbegovic également n'avait aucun lien de parenté avec M. Brdjanin
20 alors qu'il était invité à ces fêtes familiales et ce Zdravko et bien il
21 s'agit d'un parent très, très éloigné, on ne peut pas en parler des liens
22 de parenté entre eux.
23 M. NICHOLLS : [interprétation]
24 Q. Donc, ces deux personnes qui n'avaient aucun lien de parenté, M.
25 Ibrahimovic et Mme Suzana Golic sont les seuls, deux personnes non-Serbes
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1 dont vous vous souvenez et qui étaient invitées à ces fêtes.
2 R. Sans doute qu'il y en avait d'autres, mais vous savez moi je ne
3 connaissais pas tous ces gens là, il m'est difficile de répondre. En ce qui
4 concerne Suzana Golic, je suis sûr à 100 %.
5 Q. Je vais vous arrêter là. Je vous ai posé la question au sujet des gens
6 dont vous vous souvenez. Nous ne voudrions pas faire de supposition ici.
7 R. Oui, oui, oui.
8 Q. Pouvez-vous nous dire quand est-ce que vous avez eu la dernière fois
9 l'occasion de rentrer en contact avec un membre de la famille de M.
10 Brdjanin ?
11 R. A Banja Luka est une petite ville en fait, on rencontre souvent des
12 gens dans ma ville, c'est la vie. Je ne saurais vous répondre à quel moment
13 exactement j'ai vu pour la dernière fois un membre de sa famille.
14 Q. Mais vous avez gardé ces rapports amicaux avec la famille de M.
15 Brdjanin ?
16 R. Oui.
17 Q. Au fond, vous êtes un ami de M. Brdjanin. J'ai vu que lui avez dit --
18 vous lui avez fait un signe de tête en guise de salutation en pénétrant
19 dans le prétoire. Donc, pour vous c'est un ami. N'est-ce pas ?
20 R. Et bien, nous avons eu des rapports professionnels mais après cela, je
21 dirais que nous sommes effectivement devenus amis.
22 Q. Très bien. Donc, vous dites qu'après l'arrestation de M. Brdjanin, vous
23 n'avez jamais entendu dire au cours des années 1992 et 1993 et qu'il
24 traitait les Musulmans des "balijas" et Croates d'oustacha et les non-
25 Serbes comme la racailles non Chrétiens qui pourrisses nos terre et que les
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1 Serbes avaient besoin d'eux pour qu'ils leur cirent les pompes. Est-ce
2 exact ?
3 R. C'est la première fois que j'entends celle-là. Il n'a jamais dit quoi
4 que ce soit de semblable.
5 Q. Donc c'est la première fois que vous entendez cela ici dans ce
6 prétoire ?
7 R. Les membres de sa famille m'ont dit, qu'on lui a trouvé beaucoup de
8 propos différents. Cela dit, je ne l'ai jamais entendu dire cette chose-là.
9 Q. Mais je vous ai demandé à quel moment vous avez entendu dire qu'on lui
10 a attribué ces propos.
11 R. Je l'ai appris -- moi, je n'ai jamais entendu cette phrase, je n'ai
12 jamais entendu dire, qu'il aurait prononcé cette phrase. Je n'ai jamais
13 entendu cela, vraiment jamais.
14 Q. Apparemment, vous ne comprenez pas ma question. Je ne vous demande pas
15 si vous l'avez entendu dire cela, je vous demande à quel moment vous avez
16 entendu dire qu'il a fait des déclarations semblables en public, lors de
17 réunions politiques, des meetings politiques, et cetera ? Je ne vous
18 demande pas si vous, vous l'avez entendu dire cela et quand est-ce que vous
19 l'avez entendu dire cela pour la première fois, mais à quel moment vous
20 l'avez -- vous avez entendu dire qu'il a fait des discours où il est traité
21 des gens des balijas, des Oustachi et des racailles non chrétiens.
22 R. Je n'ai jamais entendu quoi que ce soit de semblable.
23 Q. Mais vous avez pourtant dit à Me Ackerman que vous avez appris cela
24 pour la première fois après son arrestation.
25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Ackerman, oui.
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1 M. ACKERMAN : [interprétation] Je pense qu'il y a un problème de
2 communication là, car il a dit qu'il a entendu cela juste après
3 l'arrestation de M. Brdjanin.
4 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, pour la première fois, il a dit
5 cela.
6 M. ACKERMAN : [interprétation] Donc il a déjà répondu à la question.
7 M. NICHOLLS : [interprétation] Oui, mais là il dit qu'il n'a jamais entendu
8 cela, et je pense que mes questions sont assez claires. Je lui ai répété la
9 question plusieurs fois. Je lui ai demandé à quel moment, il a entendu dire
10 cela. Et j'essaie tout simplement d'obtenir une réponse assez claire.
11 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui apparemment, nous avons besoin
12 d'une clarification à ce sujet, car les réponses que l'on reçoit se
13 contredisent.
14 Monsieur le Témoin, nous avons eu l'impression que vous n'avez jamais
15 entendu dire, que personne ne vous a jamais dit, avant de rentrer dans le
16 prétoire -- de pénétrer dans le prétoire aujourd'hui, que M. Brdjanin
17 aurait tenu des propos semblables. Est-ce exact ?
18 LE TÉMOIN : [interprétation] Pour que les choses soient claires. Il est
19 vrai qu'après son arrestation, j'ai entendu dire qu'on lui attribue
20 beaucoup de choses, beaucoup de propos, qu'il n'aurait jamais prononcé.
21 Cependant, moi, je n'ai jamais vu le texte de ces déclarations. Je n'ai
22 jamais entendu quelque chose d'aussi précis que ce que vous venez de me
23 dire. Moi, j'ai entendu dire cela de la part des membres de sa famille
24 après son arrestation, qu'ils m'ont dit qu'on lui attribuait des propos,
25 des discours, dont je ne sais rien, je ne les ai jamais entendus.
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1 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je pense que c'est très clair. Merci,
2 Monsieur le Témoin.
3 M. NICHOLLS : [interprétation]
4 Q. Donc juste pour que les choses soient bien claires à ce sujet, vous
5 pensez qu'il n'a jamais dit quoi que ce soit de semblable ?
6 R. Je ne sais pas s'il l'a dit. Je ne peux pas vous affirmer cela.
7 Toujours est-il que je peux vous dire que, moi, je ne l'ai jamais entendu
8 dire quoi que ce soit de semblable.
9 Q. Très bien. Donc Tout ce que vous nous dites au sujet de M. Brdjanin,
10 est fondé sur vos contacts professionnels et amicaux, n'est-ce pas ?
11 R. Oui.
12 Q. Je n'essaie pas du tout de vous jouer un tour. Nous avons reçu un
13 résumé de votre déposition, de ce qu'on pense que va être déposition.
14 N'avez-vous pas dit, au moment où les conseils de la Défense de M. Brdjanin
15 vous ont interrogé, qu'il a en effet fait quelques discours, mais que ces
16 discours, de toute façon, étaient fait dans le but politique et que, de
17 toute façon, son comportement était complètement opposé à cela.
18 R. Oui, je pense que je l'ai dit. J'ai dit que si jamais de tels propos
19 avaient été tenus, c'était uniquement dans le but de gagner une popularité
20 dans sa vie politique.
21 Q. Donc vous pensez que là, il s'agit d'un homme qui, pour justement avoir
22 plus de popularité dans sa vie politique, avoir plus de pouvoir, pouvait
23 traiter les gens de ces noms terribles et ensuite, en même temps, il invite
24 quelques représentants de cela à des fêtes ou bien il garde des liens
25 amicaux avec l'épouse de quelqu'un qui n'est pas serbe.
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1 R. Je n'ai pas compris votre question.
2 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Pouvez-vous passer à un autre sujet,
3 s'il vous plaît.
4 M. NICHOLLS : [interprétation]
5 Q. Vous avez dit que M. Brdjanin n'était pas d'accord avec l'obligation de
6 travail, et qui forçait les Musulmans à nettoyer les rues. Est-ce que vous
7 êtes au courant de ce qu'il aurait dit, à savoir qu'uniquement quelques
8 Musulmans pourraient rester à Banja Luka, et qu'il s'agirait de vieillards
9 et qu'ils seraient là pour nettoyer les rues ?
10 R. C'est la première fois que j'entends cela.
11 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. M. Ackerman.
12 M. NICHOLLS : [interprétation] Je n'ai pas d'autres questions.
13 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien.
14 Est-ce qu'il y a des questions supplémentaires par Maître Ackerman ?
15 J'imagine que non.
16 M. ACKERMAN : [interprétation] Non, Monsieur le Président.
17 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Et bien, puisque les Juges
18 de la Chambre n'ont pas de question à vous poser, avec ceci se résume votre
19 déposition. Donc vous pouvez rentrer chez vous. L'Huissier va vous aider
20 pour quitter ce prétoire et ensuite vous allez être aidé par le service
21 adéquat pour rentrer chez vous le plus vite possible. Au nom du Tribunal,
22 des Juges de cette Chambre de première instance, Mme le Juge Janu et Mme le
23 Juge Taya, et en mon propre nom, je vous remercie d'être venu ici pour
24 déposer en l'espèce. Et aussi, au nom de toutes les personnes présentes
25 dans ce prétoire, nous vous souhaitons un bon voyage de retour.
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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous en remercie.
2 [Le témoin se retire]
3 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Pouvez-vous nous dire quelle est votre
4 position ? Rien ? Très bien. Est-ce que vous pourriez, à un moment donné,
5 après vous être consulté avec le Procureur, revenir vers nous et nous dire
6 quelle est la situation concernant le témoin expert.
7 M. ACKERMAN : [interprétation] Oui, oui, nous allons le faire.
8 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Et bien, nous allons lever
9 la séance, et nous allons reprendre nos travaux à un moment précis après
10 avoir reçu votre réponse.
11 Nous profitons de l'occasion pour remercier les interprètes et les
12 personnels techniques, car évidemment nous n'avons pas terminé nos travaux.
13 Il y a encore beaucoup de travail, et je les remercie de leur aide
14 efficace.
15 Oui, Maître Nicholls.
16 M. NICHOLLS : [interprétation] Et demain, nous travaillons, n'est-ce pas ?
17 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Demain, nous avons cette vidéo
18 conférence dans ce même prétoire.
19 M. NICHOLLS : [interprétation] Très bien.
20 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Dans ce prétoire. Et ensuite, nous
21 allons attendre pour la déposition du témoin expert.
22 M. ACKERMAN : [interprétation] Ecoutez, nous allons faire de notre mieux,
23 mais je pense qu'il lui serait très, très difficile de venir avant ce
24 moment-là.
25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Ackerman, je sais que vous avez
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1 des problèmes et j'en suis tout à fait conscient.
2 M. ACKERMAN : [interprétation] Oui, peut-être qu'il y aura des problèmes,
3 et nous aurons beaucoup, beaucoup de travail. Nous n'allons pas partir en
4 vacances. De toute façon, nous allons continuer à travailler, travailler
5 très dur.
6 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Aussi je pense qu'avant la
7 déposition du témoin expert, il y a un certain nombre de points qu'il
8 convient de soulever et c'est pour cela que nous avons besoin de votre
9 présence. A moins qu'il soit absolument nécessaire pour vous de rentrer
10 dans votre pays, nous préférions -- nous préférons vous avoir ici. Et je
11 vous donne la raison. Pour préparer les mémoires en clôtures et la dernière
12 phase de ce procès, et cetera. Et bien, nous allons beaucoup travailler au
13 cours des semaines à venir et nous souhaitons attirer votre attention sur
14 un certain nombre des points, des points de droit, des points des faits que
15 nous considérons qu'il convient de considérer plutôt que d'autres. Et ceci
16 va faciliter votre travail et de toute façon nous avons besoin de le faire,
17 mais nous nous allons rester en contact avec vous. Nous allons commencer à
18 travailler là-dessus déjà lundi, et nous allons travailler évidemment de
19 concert avec notre personnel, le personnel des Chambres et au fur et à
20 mesure que nous avançons, nous allons être en mesure d'identifier ces
21 points que nous estimons être importants. Est-ce convenable pour vous,
22 Maître Ackerman ?
23 M. ACKERMAN : [interprétation] C'est très bien. De toute façon mon voyage
24 de retour n'est pas prévu avant le 1e mai. Donc, je n'ai pas besoin de
25 rentrer aux états unis avant. Je suis sûr que le Greffe va comprendre le
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1 besoin que vous éprouvez de les garder à La Haye au cours de cette dernière
2 période de notre travail.
3 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, de toute façon, s'il y a des
4 problèmes ---
5 M. ACKERMAN : [interprétation] Je ne pense qu'il y avait des problèmes. De
6 toute façon, j'ai communiqué avec eux un petit peu hier et les choses se
7 présentent bien.
8 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien, donc s'il y a des problèmes
9 de toute façon, nous allons faire part de notre position au Greffe. Le
10 Greffe est très compréhensible et coopératif et je n'ai pas de doute à ce
11 sujet.
12 Donc, nous allons nous rencontrer demain à 9 heures dans ce même prétoire
13 et nous allons commencer avec la vidéo conférence. J'espère que tout va
14 être prêt, que nous n'allons pas perdre du temps. Donc, nous avons deux
15 témoins. Est-ce que vous savez -- est-ce que vous anticipez terminer le
16 premier témoin le matin ?
17 M. ACKERMAN : [interprétation] Je pense que notre interrogatoire des deux
18 témoins ne devrait pas dépasser 30 minutes ou une heure. Donc,
19 effectivement nous allons être en mesure de terminer la déposition des deux
20 témoins, enfin, tout ce que nous avons à faire des deux témoins en une
21 demi-journée. Cela dépend bien sûr --
22 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Du coté de l'Accusation qui se
23 chargera des témoins.
24 Mme SUTHERLAND : [interprétation] J'en prendrais un et Mme Chana prendra
25 l'autre.
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1 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Nous nous retrouverons demain
2 matin. Merci.
3 --- L'audience est levée à 11 heures 21 et reprendra le vendredi 16 janvier
4 2004, à 9 heures 00.
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