Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le vendredi 11 novembre 2011

  2   [Comparution supplémentaire]

  3   [Audience publique]

  4   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  5   --- L'audience est ouverte à 14 heures 29.

  6   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Bonjour.

  7   Monsieur le Greffier d'audience, veuillez citer l'affaire.

  8   M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Juge.

  9   Il s'agit de l'affaire IT-03-67-R77.4, dans l'affaire contre Vojislav

 10   Seselj.

 11   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Monsieur Seselj, est-ce que vous suivez

 12   l'audience dans une langue que vous comprenez ?

 13   L'ACCUSÉ : [interprétation] Eh bien, justement, je suis en train de

 14   suivre les débats dans la langue serbe, et c'est la seule langue que je

 15   comprends.

 16   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Je vous remercie.

 17   Comme d'habitude, j'aimerais vous rappeler que, conformément au

 18   Règlement de procédure et de preuve, vous avez le droit de rester

 19   silencieux pendant toute cette audience.

 20   L'objectif de l'audience est de donner la possibilité à l'accusé, M.

 21   Seselj, de plaider coupable ou non coupable eu égard à l'ordonnance amendée

 22   tenant lieu d'acte d'accusation délivrée le 21 octobre. Lors de la

 23   comparution du vendredi 4 novembre, vendredi dernier, M. Seselj a annoncé

 24   qu'il n'était pas en mesure de se prononcer coupable ou non coupable. Au vu

 25   des circonstances de cette affaire, la Chambre de première instance a

 26   décidé de lui donner la possibilité de proroger le délai pour lui donner la

 27   possibilité de plaider coupable ou non coupable eu égard à l'ordonnance

 28   amendée tenant lieu d'acte d'accusation. Les chefs qui sont reprochés à M.


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  1   Seselj sont des chefs d'outrage au titre de l'article 77, car M. Seselj n'a

  2   pas respecté une ordonnance de la Chambre de première instance rendue le 15

  3   juillet 2011 par laquelle il lui était demandé d'enlever de son site

  4   informatique, son site Web, un quatrième ouvrage rédigé par M. Seselj.

  5   Dans ce livre, figure des informations confidentielles relatives à

  6   des témoins.

  7   A la comparution du 4 novembre, vendredi dernier, voilà ce qui s'est

  8   passé : la version publique de l'ordonnance amendée vous a été lue, et

  9   point n'est besoin de le refaire aujourd'hui.

 10   J'aimerais savoir, Monsieur Seselj, si vous êtes disposé à vous

 11   prononcer coupable ou non coupable aujourd'hui.

 12   Je prends note du fait que vous refusez de répondre.

 13   L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur Hall, le droit à un conseiller

 14   juridique est un droit fondamental et le droit le plus privilégié qui peut

 15   exister dans le droit international, et surtout dans le cadre du droit

 16   humanitaire international. Dès qu'un Juge apprend qu'il y a violation de ce

 17   droit, il a pour obligation d'intervenir immédiatement. Vous le savez très

 18   bien, Monsieur Hall, que ce droit m'a été enlevé. Il y a violation de ce

 19   droit. Je souhaite avoir le droit à l'assistance juridique, mais le

 20   Greffier ne me le permet pas. C'est-à-dire que le Greffier me le permet,

 21   mais de la façon suivante, c'est-à-dire de la façon qui est contraire à

 22   tous les principes du droit international coutumier, c'est-à-dire de

 23   réaliser mon droit à l'aide juridique, mais sous écoute, car mes

 24   conversations sont mises sur écoute, et ceci n'est pas un droit que l'on me

 25   donne. C'est-à-dire que l'on ne me donne pas le droit de m'entretenir avec

 26   mon conseiller juridique de façon confidentielle, et j'ai le droit de

 27   m'entretenir avec lui de cette façon-là, car c'est la seule assistance

 28   juridique que l'on puisse offrir à un accusé, c'est-à-dire le droit d'avoir


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  1   une conversation privilégiée avec lui. Une violation des droits de l'homme

  2   exige du Juge de la Chambre ou de la Chambre de première instance de

  3   trouver un remède juridique immédiatement. Et c'est votre droit en tant que

  4   Juge préalable au procès, et c'est également l'obligation de vos collègues

  5   membres de la Chambre de première instance qui juge cette affaire. Et le

  6   droit à la Défense commence déjà à partir du moment lorsque l'on même remet

  7   une ordonnance tenant lieu d'acte d'accusation. C'est donc la phase

  8   initiale. Le droit à la Défense existe même dans le cadre de l'enquête, et

  9   il doit être protégé de la même façon.

 10   Et j'ai déjà évoqué les questions de violation de ce droit déjà

 11   lorsque j'ai comparu la première fois, et je l'ai même évoqué avant même ma

 12   première comparution lorsque vous m'aviez mentionné que dans une affaire

 13   précédente j'avais été accusé. Je vous ai déjà mentionné que je n'avais pas

 14   le droit à un conseil juridique et que je n'étais pas en mesure de vous

 15   remettre dans les délais requis l'appel ou la demande d'appel.

 16   Vous savez très bien que la Chambre de première instance peut émettre

 17   une ordonnance afin de permettre à un accusé d'avoir le droit à un

 18   conseiller juridique. Et vous savez très bien que les choses ne peuvent pas

 19   fonctionner ainsi. Déjà, au départ, mes droits sont brimés. C'est votre

 20   obligation de donner une ordonnance, et vous devez donner une ordonnance au

 21   Greffier afin qu'il me permette d'avoir le droit à consulter un conseiller

 22   juridique de la même façon que ces droits sont exécutés dans toutes les

 23   autres affaires. Et cette ordonnance vous appartient, vous avez

 24   l'obligation, et vous pouvez donner une ordonnance au Greffier qui doit se

 25   plier à votre ordonnance.

 26   Voici donc une compétence inhérente du Tribunal, c'est-à-dire de protéger

 27   les droits du procès. Ceci n'est pas quelque chose qui doit figurer ni dans

 28   le Règlement de preuve et de procédure, ni dans le Statut. C'est quelque


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  1   chose qui est propre au Tribunal. Tout tribunal doit s'efforcer de réaliser

  2   la justice. Comment voulez-vous qu'il y ait justice sans que l'on accorde à

  3   un accusé tous ses 

  4   droits ? Vous pouvez me placer devant la porte, si vous souhaitez que l'on

  5   me juge, mais il n'y a pas de jugement du Tribunal. La violation de ce

  6   droit ne viole pas seulement mon droit lors de cette affaire-ci, mais elle

  7   remet en question l'intégrité de tout ce Tribunal.

  8   Je dois vous lire une citation que j'ai mentionnée ici. Le secrétaire

  9   général de l'ONU, dans son rapport sur la création du Tribunal

 10   international pour l'ex-Yougoslavie, en 1993, a déclaré 

 11   ceci :

 12   "Le Tribunal international se doit de respecter dans son ensemble les

 13   standards internationaux et de respecter les droits de l'accusé s'agissant

 14   de chaque étape de la procédure."

 15   Et je le mentionne, "à chaque étape de la procédure." Etant donné que je

 16   fais l'objet d'une violation parce que le Greffier a omis de se plier au

 17   règlement, d'après le tribunal européen des droits de l'homme, on a brimé

 18   mes droits. Je ne peux pas dire qu'il s'agit d'une perte matérielle, et je

 19   ne peux toujours pas vous dire que ce sont des dégâts irréparables. Mais

 20   vous pouvez, vous, en tant que Juge, changer les choses et vous pouvez

 21   remettre les choses à l'état initial. S'agissant de la cour européenne des

 22   droits de l'homme, et quelque chose que -- à cause de tout ceci, à cause de

 23   tout ce qui se passe, m'empêche de dormir. Je suis confus. Je ne sais plus

 24   que faire dans le cadre de ce procès. Je ne comprends pas l'acte

 25   d'accusation à mon encontre. Je suis seul. Je me sens seul et abandonné et

 26   je n'ai pas le droit à l'aide juridique; et voilà, justement, c'est la

 27   définition de la cour européenne des droits de l'homme. L'injustice n'est

 28   pas quelque chose qui est irréparable toutefois, mais je dois vous dire que


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  1   j'ai vécu un dégât moral. Je ne demande pas seulement que les choses soient

  2   corrigées, mais j'aimerais également que l'on s'excuse auprès de moi. Je

  3   souffre d'un sentiment d'isolation.

  4   La cour interaméricaine des droits de l'homme ainsi que la cour européenne

  5   des droits de l'homme estiment les deux, et d'ailleurs le mentionnent dans

  6   leurs jugements, que : Dans des cas pareils, une violation des droits de

  7   l'homme dans le cadre d'un procès, et ce, dans chacune des phases d'un

  8   procès, exige du tribunal de m'offrir une compensation. Et j'aimerais

  9   évoquer le procès André Rwamakuba, affaire qui était présentée devant le

 10   Tribunal international du Rwanda. Le 31 janvier 2007, la Chambre de

 11   première instance a rendu une décision devant cette affaire; alors que le

 12   31 [comme interprété] septembre 2007, la Cour d'appel a rendu une autre

 13   décision selon laquelle, étant donné que l'on n'a pas offert le droit à

 14   l'aide juridictionnelle à l'accusé, André Rwamakuba, que l'on devait payer

 15   une compensation à ce dernier, et d'ailleurs on lui a remis une

 16   compensation. Dans son cas à lui, il s'agissait d'un montant de 2 000

 17   dollars.

 18   Dans mon cas à moi, je dois vous dire que le montant serait inférieur. Les

 19   dégâts ne sont pas aussi importants. Mais vous avez encore le temps de

 20   corriger les choses, et c'est la raison pour laquelle je vous demande une

 21   compensation de 1 000 euros parce que j'ai souffert, j'ai été confus, j'ai

 22   eu un sentiment d'abandon et de solitude.

 23   Avant que l'on ne m'enlève le droit à une communication privilégiée,

 24   j'ai informé mon conseiller juridique, Borislav Aleksic, pour ce qui est de

 25   l'ensemble de mon processus qu'il devait demander une compensation pour une

 26   violation de mes droits. Vous ne le savez peut-être pas, mais, Monsieur

 27   Hall, je suis un vétéran du Tribunal.

 28   Quelqu'un a éteint mon micro.


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  1   Je suis là depuis neuf ans, vous savez. Je suis ici donc depuis très

  2   longtemps. Au cours de la première et deuxième années, pendant sept mois,

  3   le Greffe ne m'a pas permis d'avoir des visites familiales, ne m'a pas

  4   permis d'avoir des conversations téléphoniques outre celles que j'aurais pu

  5   avoir depuis le bureau du directeur, que j'ai refusé avec dégoût justement

  6   parce que mon parti avait remporté de très bons résultats, et on pensait

  7   que je pouvais, depuis ici, avoir une influence sur la formation d'un

  8   nouveau gouvernement. Le Greffier a d'ailleurs rendu sept décisions sur

  9   cela, et vous pouvez les lire. Au cours des premières quatre années, le

 10   Greffier ne m'a pas permis de consulter des conseillers juridiques et

 11   d'avoir des consultations normales et régulières avec ces derniers.

 12   Maja Gojkovic, d'ailleurs, qui était une avocate, et qui était une avocate

 13   avec une expérience internationale, pour cette avocate, ils m'ont dit

 14   qu'ils avaient des soupçons la concernant et ne m'ont pas permis de la

 15   consulter. Et c'était ainsi jusqu'à ce que je n'entame une grève de la faim

 16   en décembre 2006. La Chambre d'appel, à ce moment-là, a rendu une décision

 17   pour que mes trois conseillers soient enregistrés. Par la suite, j'ai

 18   encore eu des problèmes. Le Greffier m'a fait d'autres problèmes. J'ai eu

 19   encore une fois le droit seulement d'aller dans une espèce de chambre à gaz

 20   où j'ai été sous le regard direct des caméras pour avoir des consultations

 21   avec ces derniers, et chaque conversation était enregistrée, chaque

 22   mouvement avait été enregistré et filmé. Donc ceci, c'est quelque chose qui

 23   est arrivé à plusieurs reprises.

 24   En 1996, et d'ailleurs en 1995 -- ou plutôt, non, 2005, pendant deux mois,

 25   j'ai été empêché d'avoir des conversations téléphoniques quelles qu'elles

 26   soient, de recevoir du courrier, de recevoir de la visite, car le Greffe

 27   pensait que je pouvais dévoiler l'identité d'un témoin protégé, et ce, sur

 28   la base d'un entretien téléphonique privé dans lequel j'ai dit : J'entends


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  1   qu'untel, qui était un homme d'affaires en Serbie et qui est en train de

  2   travailler à Novi Sad, j'avais entendu dire que ce dernier avait été témoin

  3   dans un procès. Et je n'avais pas du tout mentionné de quel procès il

  4   s'agissait. Je n'ai mentionné que : Voilà, il y a un fonctionnaire des

  5   autorités locales à Novi Sad. Interrompez avec lui tout travail. C'est une

  6   personne amorale, ne collaborez pas avec lui.

  7   J'ai dit quelque chose dans ce sens. Ce n'est pas du tout textuel. Et par

  8   la suite, on m'a interdit toute communication pendant une période de deux

  9   mois, sous prétexte qu'on pouvait entamer un processus d'outrage au

 10   Tribunal, alors qu'il n'y a jamais eu un tel procès d'entamé. Je dois vous

 11   dire qu'on avait fait une demande auprès du Tribunal d'entamer une

 12   procédure d'outrage, mais cela n'avait jamais eu lieu à cette époque.

 13   Alors, ce sont les raisons pour lesquelles vous devez réagir

 14   immédiatement de protéger mes droits élémentaires de citoyen. C'est votre

 15   compétence inhérente. C'est votre obligation. Et jusqu'à ce que vous n'ayez

 16   pas fait ceci, jusqu'à ce que vous ne permettiez pas d'obtenir des

 17   consultations privées avec mes conseillers, je ne peux pas me prononcer. Je

 18   voudrais le faire très volontiers. Je me prononcerais volontiers sur ma

 19   culpabilité ou non-culpabilité, mais je ne comprends pas l'acte

 20   d'accusation.

 21   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Seselj. Ce

 22   que vous venez de dire ne fait que prolonger votre intervention de la

 23   semaine dernière. Et je pense que nous allons peut-être procéder par étape.

 24   L'objectif de l'audience aujourd'hui est de vous permettre de vous

 25   prononcer coupable ou non coupable.

 26   Donc, eu égard à votre très longue intervention, la Chambre conclut que

 27   vous avez plaidé non coupable, et cela sera prononcé en votre nom.

 28   Et, bien entendu, pour ce qui est du reste de la procédure, cela sera fait


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  1   en temps voulu. Et vous aurez, bien entendu, la possibilité de présenter

  2   des requêtes et des demandes.

  3   J'aimerais savoir si vous souhaitez intervenir à nouveau avant que

  4   nous ne levions l'audience ?

  5   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, Monsieur Hall.

  6   Justement, la dernière fois, je vous ai parlé de l'horrible

  7   nourriture que l'on nous sert au quartier pénitentiaire des Nations Unies.

  8   Cela vous semblait sans doute incroyable, mais aujourd'hui, voilà, on m'a

  9   servi un déjeuner. Nous tous, nous détenus au sein du quartier

 10   pénitentiaire, nous avons reçu ce repas aujourd'hui. Alors, je demanderais

 11   que M. l'Huissier vienne chercher ce plat, si vous êtes d'accord. C'est

 12   emballé de façon normale, régulière.

 13   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Alors, je n'ai pas besoin de voir

 14   ceci, mais vous avez tout à fait le droit d'exposer vos griefs. Donc le

 15   Greffier sera informé de votre plainte parce que, bien entendu, la question

 16   de la nourriture relève du régime pénitentiaire des Nations Unies.

 17   Donc vous avez tout à fait le droit de déposer une plainte, ce que

 18   vous venez de faire d'ailleurs, et au cas, d'ailleurs, où les autorités

 19   n'auraient pas été au courant de votre plainte. Ceci étant dit, puisque

 20   vous l'avez dit en audience publique, je demande au greffier de faire en

 21   sorte que votre plainte soit directement transmise aux personnes qui

 22   s'occupent ou qui gèrent votre détention au quartier pénitentiaire des

 23   Nations Unies.

 24   Avez-vous autre chose à dire ?

 25   L'ACCUSÉ : [interprétation] Mais, Monsieur Hall, c'est votre obligation de

 26   démontrer un intérêt pour tous les problèmes que je rencontre au sein du

 27   quartier pénitentiaire. Voilà, je ne vous ai parlé que d'un seul problème,

 28   alors que vous refusez maintenant de voir l'élément de preuve. Voilà, c'est


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  1   un élément de preuve. Pourquoi ne souhaitez-vous pas voir ce

  2   [imperceptible] ? Ce n'est pas empoisonné. Voilà, M. le Greffier pourra

  3   venir prendre ce plat. Voilà, c'est dans son emballage original. C'est un

  4   élément de preuve. Et par la suite, vous pourrez remettre cet échantillon

  5   au Greffier ou à qui que vous voulez.

  6   Voilà, je vous propose un marché --

  7   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Monsieur Seselj, vous venez d'utiliser

  8   les termes "élément de preuve". C'est pour cela que je vous interromps.

  9   Parce que, en utilisant ces termes, il est évident que vous vous

 10   adressez à une Chambre de première instance ou à un tribunal. Un tribunal

 11   peut recevoir des éléments de preuve conformément à un règlement de

 12   procédure. Il n'est pas utile ou pragmatique qu'une des parties remette

 13   quelque chose à la Chambre en s'attendant à ce que la Chambre prenne une

 14   décision. C'est quelque chose qu'il faudra considérer. Les autorités qui

 15   ont compétence en cette matière vont en décider, et elles auront eu la

 16   possibilité, avant de ce faire, d'entendre tous les éléments de la

 17   question.

 18   Alors, si vous souhaitez me remettre ce paquet, cela n'aurait

 19   absolument aucun sens. Voilà tout ce que je peux vous dire. Je ne peux rien

 20   vous dire d'autre.

 21   Vous voulez intervenir à nouveau ?

 22   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, certainement, Monsieur Hall. Vous savez,

 23   dans cette affaire en l'espèce, je suis le seul parti. Il n'y a pas

 24   d'Accusation ici.

 25   Le Greffe ne peut pas être un parti dans l'affaire en l'espèce. Mais il a

 26   le droit de se prononcer sur des questions relatives à sa compétence, plus

 27   particulièrement lorsque le Greffe est accusé de quelque chose. Vous ne

 28   pouvez pas dire que vous, en tant que Juge, vous êtes un deuxième parti


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  1   dans l'affaire. Vous représentez l'acte d'accusation en tant que Juge.

  2   L'acte d'accusation a été rédigé par des Juges, donc voilà, nous avons

  3   maintenant une procédure contradictoire en l'espèce. Et c'est tout à fait

  4   habituel -- c'est tout à fait habituel au Tribunal pénal de La Haye. Voilà,

  5   c'est une procédure qui, ici, est adoptée, et c'est une procédure du droit

  6   continental européen. Donc c'est le tribunal qui mène une enquête. Vous

  7   avez mené une enquête à la suite d'une demande présentée par l'Accusation.

  8   C'est le tribunal qui rédige un acte d'accusation, et c'est le tribunal

  9   également qui mène l'affaire et qui rend jugement. Donc c'est le tribunal

 10   qui fait tout le travail dans ce Tribunal pénal international.

 11   Alors, voilà, je vous propose un marché, Monsieur Hall : prenez ce plat,

 12   goûtez une toute petite bouchée, et moi, voilà, je vous promets que

 13   j'enlèverai de mon site Internet les livres et les documents qui sont

 14   mentionnés dans cet acte d'accusation. Mais ayez l'obligeance de bien

 15   vouloir recevoir ce plat, et je vous propose de goûter un tout petit

 16   morceau, et je vous garantis que --

 17   M. LE JUGE HALL : [aucune interprétation]

 18   L'ACCUSÉ : [aucune interprétation]

 19   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Ecoutez, je ne vais pas vous autoriser à

 20   transformer cette audience en une farce grotesque. J'aimerais savoir si

 21   vous avez d'autres griefs à présenter à la Chambre, à part votre problème

 22   alimentaire ?

 23   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je vous montre des faits concrets que vous

 24   estimez des farces. Qu'est-ce que c'est, de quoi s'agit-il, Monsieur Hall ?

 25   Si vous pensez que j'ai emmené ceci et que j'ai même d'ailleurs risqué que

 26   tout ceci coule dans ma serviette, ce n'est pas du tout une farce. C'est

 27   une preuve concrète. C'est une preuve concrète du genre de nourriture que

 28   l'on nous sert au quartier pénitentiaire.


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  1   Et dès que je l'ai montré ici devant les caméras, le caméra s'est déplacée.

  2   Alors, voilà, on ne veut même pas montrer le plat au public. Pourquoi est-

  3   ce que vous faites ceci, Monsieur Hall ? Soyez un homme, Monsieur Hall.

  4   Recevez cet élément de preuve. Recevez cette nourriture afin de pouvoir

  5   voir qu'est-ce que l'on mange.

  6   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Il semblerait que M. Seselj n'ait rien

  7   d'autre à ajouter.

  8   L'audience est levée.

  9   --- La comparution supplémentaire est levée à 14 heures 54.

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