Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le vendredi 13 juillet 2007

2 [Audience publique]

3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]

4 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

5 --- L'audience est ouverte à 14 heures 14.

6 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Bonjour à tous et à toutes.

7 Monsieur le Greffier, voulez-vous présenter l'affaire inscrite au rôle,

8 s'il vous plaît.

9 M. LE GREFFIER : [interprétation] Merci. Bonjour, Madame, Monsieur, les

10 Juges. Il s'agit de l'affaire IT-04-83-T, le Procureur contre Rasim Delic.

11 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie.

12 Les parties peuvent-elles se présenter. L'Accusation pour commencer.

13 M. MUNDIS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Madame et

14 Monsieur les Juges, bonjour. Bonjour à tous et à toutes présents dans le

15 prétoire.

16 Je suis Daryl Mundis, Aditya Menon et Alma Imamovic est notre commis

17 à l'affaire.

18 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie.

19 Maître Vidovic.

20 Mme VIDOVIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Madame le

21 Juge. Vasvija Vidovic et Nicholas Robson représentent le général Delic, et

22 nous avons à nos côtés Asja Zujo et Lejla Gluhic.

23 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup, Maître Vidovic.

24 Comme vous le voyez, nous ne serons que deux. Nous allons donc siéger au

25 titre de l'article 15 bis, le Juge Harhoff est occupé dans l'affaire

26 Milosevic.

27 Pourrions-nous passer en audience à huis clos partiel un instant, s'il vous

28 plaît. Non, un instant, s'il vous plaît. Monsieur le Greffier, excusez-moi.

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1 Je ne sais pas.

2 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes encore en audience publique.

3 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] D'accord, nous sommes encore en

4 audience publique.

5 Je ne sais pas si nous pouvons traiter de la question que je souhaite

6 traiter avec le témoin. Maître Vidovic, il vous restera combien de temps à

7 passer avec ce témoin ?

8 Mme VIDOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, entre une heure et

9 une heure 15, je pense.

10 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Bien. Pourrais-je demander à ce que le

11 témoin puisse s'absenter une ou deux minutes, qu'on le raccompagne hors du

12 prétoire, parce qu'il y a une question que nous devons traiter avant de

13 poursuivre son audition.

14 [Le témoin quitte la barre]

15 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Bien. Pourrions-nous maintenant passer

16 en audience à huis clos partiel ?

17 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, nous sommes en

18 audience à huis clos partiel.

19 [Audience à huis clos partiel]

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27 [Audience publique]

28 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie.

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1 Peut-on rappeler le témoin, s'il vous plaît.

2 M. MUNDIS : [interprétation] Monsieur le Président, en attendant l'entrée

3 du témoin, je vais me réunir avec le témoin qui faisait l'objet de cette

4 requête pendant le week-end. Il va me poser la question, et je voudrais

5 savoir quand nous aurons la décision écrite, ou si je peux éventuellement

6 l'informer oralement du fait que ces mesures lui ont été accordées.

7 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

8 M. MUNDIS : [interprétation] On peut peut-être attendre jusqu'à la fin du

9 témoignage de ce témoin-ci.

10 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Maître Mundis -- non, excusez-moi,

11 Maître Vidovic, c'était à vous.

12 LE TÉMOIN: SINAN BEGOVIC [Reprise]

13 [Le témoin répond par l'interprète]

14 Contre-interrogatoire par Mme Vidovic : [Suite]

15 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Begovic.

16 R. Bonjour.

17 Q. Hier, nous parlions de votre transfert de la 306e Brigade vers l'Unité

18 El Moudjahid. J'aimerais que vous consultiez un autre document de la 306e

19 Brigade.

20 Mme VIDOVIC : [interprétation] Peut-on montrer au témoin le document D26.

21 C'est un document du 3e Corps, numéro 02/33-1860, 2 août 1993. Il est

22 intitulé : "Rapport d'inspection de la 306e Brigade."

23 Q. Monsieur, j'aimerais que vous vous intéressiez à la première partie du

24 document.

25 Mme VIDOVIC : [interprétation] La première moitié du document, s'il vous

26 plaît.

27 Q. Je vais vous donner lecture d'un bref passage de ce document.

28 D'abord, si j'ai bien compris ce que vous avez dit, vous n'avez pas

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1 eu l'occasion d'examiner ces documents. Je ne vais donc pas vous poser des

2 questions sur le document proprement dit, mais j'aimerais que l'on évoque

3 ensemble quelques-uns des faits qui sont évoqués dans le document, un

4 document de la brigade à laquelle vous apparteniez jusqu'à cette époque-là

5 à peu près.

6 La date qui figure sur ce document est celle du 12 août 1993. Vous

7 êtes d'accord ? Vous voyez la date ?

8 R. Oui.

9 Q. J'aimerais maintenant vous donner lecture d'un bref passage de ce

10 document. Je cite : "Au commandement de la 306e Brigade dans le village de

11 Krpeljici, Lubenovic, le commandant du 4e Bataillon de la 306e Brigade, a

12 informé le chef de la brigade ainsi que nous-mêmes qu'une section de Kotor

13 Varos ne souhaitait plus rester à l'intérieur de la 306e Brigade et qu'elle

14 souhaitait rejoindre immédiatement la 17e Brigade glorieuse de la Krajina.

15 "Un communiqué a été envoyé à tous les villages appelant les soldats

16 à participer à un entraînement de 40 jours. La question de rotation des

17 effectifs en temps opportun dans les secteurs de Ljuta Greda, Srebrno Brdo

18 et d'autres secteurs a été évoquée, et il y a aussi un autre problème grave

19 constitué par le fait que des soldats quittent cette brigade pour la 10e

20 Brigade glorieuse de Krajina et les forces musulmanes du village de

21 Mehurici."

22 J'aimerais maintenant vous poser une question à la lumière de ce document

23 et je pense que c'est quelque chose que vous pourrez nous dire.

24 Le secteur de Ljuta Greda, c'est un secteur dont vous nous avez dit

25 qu'il était de la responsabilité de votre unité avant votre départ de

26 l'unité en question; est-ce exact ?

27 R. En partie, oui.

28 Q. Et vous conviendrez avec moi que ce document dépeint bien les problèmes

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1 rencontrés sur le terrain ? Le problème évoqué ici existait bel et bien,

2 n'est-ce pas ?

3 R. Oui, oui. Je crois, oui.

4 Q. Hier, vous nous avez dit qu'il y avait un climat général de

5 désorganisation. Ce que je dirais, c'est qu'il y avait en réalité un vrai

6 chaos en terme d'organisation militaire, à ce moment-là, sur le terrain. Ma

7 description serait-elle exacte ?

8 R. Quoi qu'il en soit, la situation était difficile pour différentes

9 raisons, outre les raisons que vous avez vous-même évoquées.

10 Q. Parce que le document nous dit que des gens quittent la 306e Brigade

11 pour rejoindre la 17e, ou pour rejoindre les forces musulmanes à Mehurici.

12 C'était bien la réalité à l'époque, n'est-ce pas ?

13 R. Oui.

14 Q. Seriez-vous prêt à reconnaître que les hommes de la 306e Brigade

15 étaient parfaitement conscients des problèmes, à savoir que les combattants

16 quittaient les rangs de la brigade ?

17 R. Oui, oui. Sans doute.

18 Q. Si je vous dis qu'en fait la 306e Brigade n'avait pas les moyens de

19 prévenir cette fuite d'hommes; est-ce exact ?

20 R. Je peux vous le dire de ma propre expérience. Ils n'avaient sans doute

21 pas les moyens, les ressources permettant d'éviter cela.

22 Q. Qu'entendez-vous par "à partir de ma propre expérience" ?

23 R. Comme je vous l'ai dit, je suis parti sans autorisation. Aucune

24 sanction ne m'a été imposée. Est-ce que la 306e Brigade aurait eu les

25 moyens de me faire revenir, je n'en sais rien.

26 Q. La situation était telle, n'est-ce pas, que soit la 306e Brigade aurait

27 dû mettre des dizaines et des dizaines d'hommes en prison, soit elle était

28 contrainte d'accepter la situation telle qu'elle existait à l'époque ?

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1 R. On n'aurait pas pu mettre les gens en prison. Il y avait une ligne de

2 front à tenir contre l'armée de la Republika Srpska. Puis, il y avait une

3 ligne assez longue; puis il y avait aussi le segment de ligne contre le

4 HVO, donc il fallait que des hommes soient là pour tenir ces lignes.

5 Q. Je suppose que vous confirmez ce que j'essayais de vous dire. Il n'y

6 avait aucun moyen d'éviter ces transferts, ces mouvements de personnel,

7 n'est-ce pas ?

8 R. Bien non, je ne sais pas. Non. Je crois qu'il n'y avait aucun moyen.

9 Q. Merci, Monsieur le Témoin. Nous parlons de la 306e Brigade et du moment

10 où vous avez été membre de cette brigade. Il n'y avait pas, n'est-ce pas,

11 de police militaire armée qui aurait pu procéder à de telles arrestations,

12 même si on avait souhaité le faire, n'est-ce pas ?

13 R. Je ne peux pas répondre précisément à cette question.

14 Q. Ça suffira. Merci.

15 J'aimerais maintenant vous donner lecture d'un autre passage tout aussi

16 bref de ce même document.

17 Mme VIDOVIC : [interprétation] Pourrait-on afficher pour le témoin la

18 deuxième page de ce document; numéro ERN 0182/380.

19 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Maître Vidovic, que fait-on de D26 ?

20 Mme VIDOVIC : [interprétation] Nous continuons à nous en servir.

21 L'INTERPRÈTE : Correction de l'interprète. Le numéro ERN du document était

22 0192-1380.

23 Mme VIDOVIC : [interprétation]

24 Q. Très bien. J'aimerais que vous examiniez la deuxième page de ce

25 document. Regardez ce qui est dit sous la rubrique : Mesures proposées.

26 C'est le point 4 en particulier qui m'intéresse. On y lit la chose suivante

27 :

28 "Résoudre le problème de la formation El Djihad au village de

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1 Mehurici, eu égard à leur place dans les établissements de certaines des

2 brigades existantes ou les proclamer forces paramilitaires. Ensuite, on lit

3 entre parenthèses (commandement de corps - organes de mobilisation)."

4 Qu'en pensez-vous, Monsieur le Témoin. En réalité la 306e Brigade a été

5 confrontée à ce problème, le problème posé par les Arabes, parce que les

6 hommes les rejoignaient, n'est-ce pas ?

7 R. Oui, c'est vrai.

8 Q. Vous serez d'accord avec moi pour reconnaître, je vous demande aussi

9 votre opinion. Ce document, me semble-t-il, prouve que la 306e Brigade

10 considérait qu'en intégrant les Moudjahidines à l'ABiH, que le problème

11 serait réglé, n'est-ce pas ? Quelle est votre opinion, puisque vous-même

12 vous étiez membre de la brigade ?

13 R. Je n'ai pas tout à fait compris votre question.

14 Q. Ma question était la suivante : le document dit que la 306e Brigade

15 suggère que la formation El Djihad soit placée au sein des établissements

16 occupés par certaines des brigades, qu'elle devienne partie intégrante de

17 l'ABiH. Ma question est la suivante : conviendrez-vous avez moi que ce

18 document montre en réalité que la 306e Brigade avait alors adopté cette

19 position : qu'elle pensait qu'en agissant de la sorte, les problèmes posés

20 par les Moudjahidines seraient résolus ? Ou plus précisément : qu'une fois

21 les Moudjahidines placés sous la direction d'une formation ou d'une autre -

22 pas nécessairement la 306e Brigade d'ailleurs; ça aurait pu être tout autre

23 unité de l'armée - ce faisant, les problèmes auraient été résolus ?

24 R. Je ne sais pas. Peut-être que oui, des membres dans la brigade

25 considéraient que ça aurait été là un moyen de résoudre le problème. Je ne

26 sais pas.

27 Mme VIDOVIC : [interprétation] Merci.

28 Le document pourrait-il être versé au dossier.

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1 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, ce document est versé au dossier.

2 Pourrait-on lui attribuer une cote, Monsieur le Greffier d'audience.

3 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce 89.

4 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie beaucoup.

5 Mme VIDOVIC : [interprétation]

6 Q. Monsieur le Témoin, j'espère ne pas avoir à vous montrer de nombreux

7 autres documents. Quoi qu'il en soit, il m'en reste deux ou trois.

8 Mme VIDOVIC : [interprétation] Pourrait-on montrer au témoin le document

9 D28. Il émane de l'organe de la sécurité de la 306e Brigade, une nouvelle

10 fois, et il porte sur la période du 28 mai 1993.

11 Q. Donc 28 mai 1993, période à laquelle vous étiez membre de la brigade

12 vous-même, et le titre est : "Note officielle sur la mort de Sakib Brkic,

13 fils d'Atif."

14 Mme VIDOVIC : [interprétation] Nous allons faire ressortir la partie qui

15 nous intéresse, la partie où se trouve la date. On y voit le 28 mai, c'est

16 la date du document.

17 Q. Ensuite, on lit la chose suivante : "Le 25 mai 1993, un groupe de

18 Moudjahidines, qui ne sont pas placés sous la direction de notre brigade et

19 qui sont cantonnés à Mehurici, dans la zone de responsabilité de la 306e

20 Brigade, ont procédé à un exercice de reconnaissance du secteur de Probjin

21 Brdo, relief 1 009, sans en avoir demandé l'autorisation ni en avoir

22 informé qui que ce soit." Voilà.

23 Monsieur le Témoin, voici ma question : votre compagnie se trouvait à

24 proximité des Moudjahidines au moment où ce document a été préparé, n'est-

25 ce pas ? C'est ce que vous avez dit hier.

26 Voici ma question : il est exact de dire, n'est-ce pas, que les

27 Moudjahidines ne vous ont pas demandé l'autorisation de procéder à cette

28 reconnaissance, n'est-ce pas ?

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1 R. Je ne sais pas s'ils étaient proches de nous ou pas, mais je connais,

2 oui, cet événement. J'en ai entendu parler et ils ne m'ont rien demandé. Je

3 n'ai pas eu de contacts avec eux.

4 Q. Merci. Vous avez dit que vous aviez eu connaissance de cet événement ?

5 R. Oui.

6 Q. Donc vous connaissez M. Sakib Brkic, le fils d'Atif, n'est-ce pas ?

7 R. Je le connais.

8 Q. Il est décédé, n'est-ce pas, aujourd'hui ?

9 R. Oui.

10 Q. Ce document contient des informations qui sont exactes s'agissant de ce

11 qui lui est arrivé, n'est-ce pas ?

12 R. Oui. Il y avait un conflit entre les forces du HVO et les

13 Moudjahidines, et ce jeune homme est mort.

14 Q. Merci. Hier, vous nous avez dit que vous étiez, disons, un commandant

15 de compagnie là-bas ?

16 R. Oui.

17 Q. Vous n'avez jamais reçu d'informations quelle qu'elles soient vous

18 faisant part des résultats de leur reconnaissance qu'ils avaient mené à

19 bien, n'est-ce pas ?

20 R. Non.

21 Mme VIDOVIC : [interprétation] Pourrait-on attribuer une cote à ce

22 document.

23 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Ce document sera versé au dossier.

24 Monsieur le Greffier, quelle en sera la cote ?

25 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, il s'agira de la

26 pièce 90.

27 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup.

28 Mme VIDOVIC : [interprétation]

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1 Q. Monsieur Begovic, au cours de votre déposition hier, vous avez dit que

2 votre compagnie avait combattu dans le secteur de Percin, n'est-ce pas ?

3 R. Oui.

4 Q. Vous avez dit que vous vous trouviez dans le secteur de Percin, n'est-

5 ce pas ?

6 R. Non, attendez un instant. Je précise. Au cours de cette action-là, je

7 n'étais qu'un simple soldat. Je n'ai pas participé à cette action avec ma

8 compagnie, si vous me comprenez. Je voulais simplement que ça soit clair.

9 Mais oui, j'étais présent sur place.

10 Q. Bien. Vous y étiez présent. Merci beaucoup.

11 A cette occasion, vous avez dit que vous aviez entendu des rumeurs selon

12 lesquelles les Arabes étaient arrivés en direction de Simulje; c'est ça ?

13 R. Oui. Sur notre gauche, c'est ce qu'on disait.

14 Q. Vous l'avez indiqué sur la carte, n'est-ce pas ?

15 R. Oui, c'est ce que nous avons fait hier ou avant-hier.

16 Q. En fait, à l'époque, vous n'étiez absolument pas avec les Arabes du

17 tout ?

18 R. Non.

19 Q. Et vous n'avez pas été en mesure d'observer leur mouvement, leur

20 déplacement ?

21 R. Non. Nous n'avons entendu parler que des directions qu'ils allaient

22 suivre, mais je ne les ai pas vus.

23 Q. Lorsque vous avez déposé, vous n'avez fait que supposer la direction

24 dans laquelle ils se dirigeaient, n'est-ce pas ?

25 R. Je ne sais pas. Peut-être que oui, vous pourriez dire les choses ainsi.

26 Q. Comment vous le diriez-vous vous-même ? Vous ne connaissiez pas leur

27 destination ? Vous ne saviez pas quelle direction ils suivaient ?

28 R. Bien oui, non, je ne savais pas, mais on disait à l'époque qu'ils

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1 allaient vers Simulje, ou qu'ils passaient par Simulje pour aller en

2 direction de Borje. Je ne saurais vous indiquer la direction exacte,

3 l'itinéraire sur la carte, mais c'est peut-être simplement quelque chose

4 d'approximatif. C'était plus ou moins cette direction-là en tout cas.

5 Q. Merci. Lorsque vous dites qu'il y avait des bruits qui couraient et que

6 c'est ce que l'on vous avait dit, je suppose que ce n'est pas quelque chose

7 que votre commandant vous a dit, n'est-ce pas ? Vous avez tout simplement

8 entendu des rumeurs à ce sujet ?

9 R. Oui, c'est ce que les soldats disaient.

10 Q. Ce n'est pas votre commandant qui vous a dit cela ?

11 R. Non, ce n'est pas lui qui me l'a dit.

12 Q. Je vous remercie de cette précision, Monsieur.

13 Monsieur, j'aimerais vous montrer maintenant un certain nombre de

14 documents qui portent sur le détachement à proprement parler. Cela a à voir

15 avec ce que vous a montré l'Accusation, hier.

16 Mme VIDOVIC : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait, je vous prie,

17 montrer au témoin le document 67.

18 Je pense qu'il y a une confusion qui règne. Il s'agit en fait non pas

19 d'un document de la Défense, mais d'un document qui a été versé au dossier

20 hier, le document 67. Le numéro de la première page est 03642916.

21 Je vous remercie beaucoup. Voilà le document en question.

22 Q. Est-ce que vous pourriez, je vous prie, examiner ce document une

23 fois de plus, Monsieur. C'est un document qui vous a déjà été montré par le

24 Procureur, et je souhaiterais que nous examinions ce document de façon

25 détaillée.

26 Conviendrez-vous avec moi qu'il est écrit 001/93, ensuite, il y a un

27 certain nombre de colonnes avec des quantités, des prix, et il y a un total

28 en bas de la page. Il est écrit : "Emis par", "Approuvé par", "Réceptionné

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1 par."

2 Monsieur, j'aimerais vous poser une question à propos de ce document.

3 Je pense que vous avez vu de nombreux documents à plusieurs reprises. Je ne

4 parle pas seulement de ce document-ci, mais je parle de documents officiels

5 en général. Est-ce exact ?

6 R. Oui. J'ai vu de nombreux documents. Je ne sais pas combien, d'ailleurs,

7 mais j'ai vu en effet un grand nombre de documents.

8 Q. Vous avez également vu certainement un grand nombre de reçus ou de

9 récépissés que l'on obtient en Bosnie-Herzégovine lorsqu'on achète quelque

10 chose, lorsqu'on achète des biens dans un entrepôt, par exemple, ou lorsque

11 l'on achète des vêtements ou des vivres.

12 Conviendrez-vous avec moi que ce document, qui est affiché devant

13 vous, ressemble à une facture d'un magasin; cela n'a pas véritablement

14 l'air d'un document officiel. Il y a des prix, des quantités. Convenez-vous

15 avec moi de ce que j'avance ?

16 R. Je n'en sais rien. Je ne le sais pas. On a plutôt l'impression qu'il

17 s'agit d'un document, le genre de document que l'on obtient d'une

18 entreprise, une société, c'est une facture, en fait, la facture d'une

19 entreprise.

20 Q. Je vous remercie de cette explication. Je souhaiterais que vous

21 regardiez la deuxième page du document, la page 03642917.

22 Est-ce que vous pouvez examiner ce document, le parcourir rapidement.

23 Mme VIDOVIC : [interprétation] Peut-être que M. l'Huissier pourrait

24 élargir la partie du document qui correspond aux chiffres 1 à 11.

25 Q. Hier ou avant-hier, en réponse à une question posée par

26 l'Accusation, en fait, on vous a posé une question à propos de plusieurs

27 personnes, plusieurs noms ont été avancés, plusieurs noms qui figurent sur

28 cette liste, et on vous a demandé si vous aviez reconnu certaines de ces

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1 personnes; n'est-ce pas, Monsieur ?

2 R. [aucune interprétation]

3 Q. Puis, lorsqu'on vous a montré des photographies, la pièce 68,

4 vous avez identifié M. Abu Aiman. Son nom correspond au numéro 11. Il était

5 adjoint du commandant chargé de la sécurité, Abu Aiman. Vous avez dit qu'il

6 était traducteur.

7 N'est-il pas exact que lorsque vous vous trouviez au sein du

8 détachement, il a fait fonction de traducteur pendant toute cette période ?

9 R. D'après ce que je sais, c'est justement ce qu'il faisait. Lorsque le

10 cheik Enver a dû venir, par exemple, Abu Maali, c'est ce qu'il faisait

11 essentiellement.

12 Q. Vous voulez dire --

13 R. Non, je ne sais pas, je ne sais pas ce qu'il en est de ce titre, de

14 cette fonction.

15 Q. Vous avez dit que vous étiez l'émir d'un groupe. Donc, il est logique

16 de conclure que vous saviez qui était l'adjoint du commandant pour la

17 sécurité, s'il y avait ce genre de personne.

18 R. Je ne le sais pas véritablement.

19 Q. Mais vous conviendrez avec moi qu'il est exact de dire que Abu Aiman

20 était l'adjoint chargé de la sécurité.

21 R. Non, je sais qu'il était traducteur; pour ce qui était de sa fonction,

22 je ne sais pas exactement quelle était sa fonction.

23 Mme VIDOVIC : [interprétation] Je vous remercie. Est-ce qu'on pourrait

24 montrer au témoin la troisième page du même document.

25 Q. Je vous demanderais de bien vouloir examiner cela. Vous voyez qu'il est

26 écrit : "Objet : Liste des membres de l'unité." Regardez les différentes

27 colonnes. Vous avez : "Numéro", "Prénom et nom de famille", "Lieu et date

28 de naissance", puis regardez la dernière colonne, voyez ce qui est écrit,

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1 là. Il est écrit : "Au sein de l'ABiH en tant que." Est-ce exact ?

2 R. Oui, c'est ce qui est écrit.

3 Q. Hier, vous avez, lors de votre déposition, indiqué de façon assez

4 détaillée qu'il est dit là que vous étiez dans l'armée, et ce, à compter du

5 31 juillet 1993.

6 Mme VIDOVIC : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait montrer au témoin

7 l'autre page du même document, la page 03642920.

8 Q. Vous voyez où il y a votre nom, vous l'aviez vu hier d'ailleurs ?

9 R. Oui, à la fin de la colonne, en bas de la colonne.

10 Q. Bien. Hier, le Procureur vous avait posé une question à propos de la

11 date, la date du 31 juillet, et vous pouvez voir qu'il s'agit du fait que

12 vous étiez membre de l'ABiH à partir du 31 juillet. Est-il exact de dire

13 que vous étiez membre de la 306e Brigade, et ce depuis le début de la

14 guerre.

15 Donc dès le début de la guerre, vous avez été membre de l'ABiH ?

16 R. Oui.

17 Q. Conviendrez-vous avec moi que ces informations qui se trouvent sur ce

18 document, conformément auxquelles vous étiez membre de l'ABiH à partir du

19 31 juillet 1993, ne sont pas des informations exactes ?

20 R. Oui, une erreur a été faite, c'est évident.

21 Q. Je vous remercie.

22 Mme VIDOVIC : [interprétation] J'aimerais vous informer, Monsieur le

23 Président, que je souhaiterais contester l'authenticité de ce document.

24 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Est-ce que ce document n'a pas été

25 versé au dossier hier, hier ou avant-hier, d'ailleurs ?

26 Mme VIDOVIC : [interprétation] Si, Monsieur le Président. Toutefois, je

27 pense que nous avions parlé de la recevabilité de ce document, mais compte

28 tenu de ce qu'a dit le témoin, je mets en doute la valeur probante du

Page 538

1 document. D'ailleurs, j'ai de bonnes raisons de croire que ce document

2 n'est pas authentique, maintenant que nous avons entendu les explications

3 du témoin. J'aimerais demander à pouvoir voir le document original.

4 Madame, Monsieur les Juges, vous comprendrez aisément que la Défense n'est

5 pas toujours en mesure de contester l'authenticité des documents tant

6 qu'elle n'a pas de raison de contester l'authenticité. Cette raison vient

7 de nous être donnée dans le cadre de la déposition du témoin.

8 Donc il y a deux situations : la recevabilité du document, et

9 deuxièmement la valeur probante du document ainsi que son authenticité.

10 Madame, Monsieur les Juges, si vous pensez que je me trompe, à l'avenir, je

11 demanderai toujours à l'avance à chaque fois qu'un document sera versé au

12 dossier, avant qu'il ne soit versé au dossier, je prendrai position à

13 propos de l'authenticité du document. Mais je dois contester l'authenticité

14 de ce document et j'en veux pour preuve ce qui a été indiqué par le témoin,

15 je pense que j'ai tout à fait le droit de le faire à tout moment de la

16 procédure.

17 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, Monsieur Mundis.

18 M. MUNDIS : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

19 Je dirais que c'est la première fois que nous avons entendu contester

20 l'authenticité d'un document. Je parle au nom du bureau du Procureur, et il

21 faut savoir que le document a été montré hier, et j'aimerais tout

22 simplement dire que si l'on va contester l'authenticité des documents qui

23 vont être présentés par l'Accusation, j'aimerais que la Défense nous

24 indique par avance quels sont les documents dont elle risque de contester

25 l'authenticité pour que cela ne se répète pas.

26 Pour ce qui est du document original, comme je l'avais déjà indiqué

27 lorsque cette question a été posée par M. le Juge Harhoff, j'avais dit que

28 c'était un document qui avait été saisi à Zenica, dans au service de

Page 539

1 Sécurité, et ce, en janvier 2005. Pour ce qui est des documents originaux,

2 et d'ailleurs Me Vidovic avait également contesté un document hier et nous

3 avions déjà dit que l'Accusation ne dispose pas des documents originaux.

4 Nous avons des exemplaires qui ont été scannés ou qui ont été photocopiés.

5 Si Me Vidovic insiste, il faudra qu'elle se rende dans la région

6 auprès des archives pour obtenir les documents originaux parce que ce dont

7 nous disposons, à quelques exceptions près, sont des documents scannés ou

8 photocopiés, et ce sont les documents qui figurent sur la liste de

9 l'Accusation.

10 J'aimerais juste indiquer à la Chambre de première instance et à la

11 Défense la situation parce que si c'est un problème qui doit se reposer, il

12 faudra que nous prenions des mesures supplémentaires parce que nous ne

13 disposons pas des documents originaux, à quelques exceptions près, bien

14 entendu. Mais pour ce document, nous n'avons pas le document original.

15 C'est une photocopie qui a été prise dans les bureaux du service de

16 Sécurité à Zenica en janvier 2005, je vous l'avais déjà expliqué il y a

17 deux jours d'ailleurs.

18 Mais je me répète, et je dirais que si l'on va avoir constamment de

19 la part de la Défense des contestations à propos de l'authenticité des

20 documents, l'Accusation pense que c'est une phase un peu tardive pour le

21 faire, car il ne faut pas oublier que dès le 1er octobre 2006, la liste 65

22 ter a été présentée et jusqu'à aujourd'hui nous n'avions reçu ni de griefs

23 particuliers ni de lettre détaillée dans lesquels la Défense aurait

24 contesté l'authenticité des documents qui figurent sur la liste de

25 l'Accusation.

26 Alors je le répète, cela risque de poser de graves problèmes si cela

27 se répète pendant ce procès. J'aimerais vous dire à propos de ce document

28 précis que le fait que les coordonnées relatives au témoin sont erronées,

Page 540

1 ne signifie pas pour autant qu'il faille remettre en question toute

2 l'authenticité du document. Il se peut qu'il y ait des erreurs secondaires

3 qui se glissent dans certains documents, cela ne signifie pas pour autant

4 que l'intégralité du document est inexacte ou n'est pas authentique.

5 Je vous remercie.

6 Mme VIDOVIC : [interprétation] J'aimerais répondre.

7 Je vous dirais dans un premier temps que je pense que la Défense a

8 tout à fait le droit d'examiner tous les documents originaux et la Défense

9 a le droit de demander les documents originaux de tout document qui va être

10 utilisé à l'encontre de l'accusé. D'ailleurs, je pense que vous aviez, lors

11 d'une décision, rendu une décision à ce sujet.

12 Je dirais également, Monsieur le Président, que bien entendu nous

13 avons reçu la liste au titre de l'article 65 ter, liste qui contient plus

14 de 3 000 documents et bien entendu nous menons à bien notre enquête pour

15 chacun de ces documents. Mais quelle que soit la phase de la procédure,

16 nous pouvons tout à fait nous rendre compte que certains documents ne sont

17 pas authentiques, et ce, même après qu'un jugement ait été prononcé.

18 Donc si nous avons des raisons de mettre en doute un document,

19 surtout lorsque nous venons d'entendre de la part du témoin qu'il n'est pas

20 lieutenant alors que le document indique qu'il est lieutenant, ou s'il y a,

21 par exemple, un titre différent sur le document, et si le témoin nous dit

22 que le titre est différent, ou la fonction est différente, ce sont autant

23 d'indications pour la Défense qui ne font que corroborer les doutes qu'elle

24 a.

25 En guise de réponse, je dirais que la réponse de l'Accusation ne me

26 suffit pas car on nous dit que nous devons présenter ces objections par

27 avance, mais nous ne sommes pas en mesure de le faire. Je pense que nous

28 pouvons le faire à tout moment, à chaque fois que nous obtenons des

Page 541

1 informations valables nous permettant de comprendre qu'un document n'est

2 pas authentique.

3 Croyez-moi, Monsieur le Président, nous sommes en train de nous

4 enquérir sur ces documents, et ce, de façon très, très sérieuse et nous

5 continuerons à le faire jusqu'à la fin de ce procès. Mais il n'appartient

6 pas à la Défense d'aller faire une enquête dans les archives, parce que

7 c'est l'Accusation d'ailleurs qui a placé sur le banc des accusés cet

8 accusé.

9 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] J'aimerais vous poser une question de

10 procédure, d'ailleurs aucune des deux parties n'a évoqué cette question et

11 cela me préoccupe.

12 Je peux tout à fait comprendre que la Défense remet en question

13 l'authenticité du document, mais laisser un témoin dans le prétoire et

14 aborder cette question relative à l'authenticité du document ne me semble

15 pas être la bonne procédure. J'aurais plutôt espéré que vous auriez pu

16 montrer ou prouver par le truchement d'une question posée à ce témoin

17 comment et pourquoi vous pensez que ce document n'est pas authentique; vous

18 auriez pu poser la question : "Bon, il est dit que vous êtes lieutenant,

19 alors que vous n'êtes pas lieutenant." Je pense que vous avez également dit

20 que la date du 31 juillet 1993 est inexacte. Bon, soit. Vous avez établi

21 ces faits. Après il faudra que vous abordiez la question de l'authenticité

22 à la fin de la présentation des moyens à charge.

23 Parce que maintenant nous avons ce témoin ici qui écoute ce débat

24 juridique qui n'a rien à voir avec lui et qui sera réglé en temps voulu. Je

25 ne sais pas, est-ce que c'est ainsi qu'il faut comprendre la procédure ? Je

26 n'aborde absolument pas le fond de l'objection. Je ne m'occupe que de la

27 façon de trouver une solution à l'objection.

28 Mme VIDOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, vous avez tout à fait

Page 542

1 raison et je m'excuse. Je n'ai pas pris cela en considération et j'aurais

2 dû effectivement demander à ce que le témoin soit escorté hors du prétoire.

3 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Non seulement il n'est pas -- il est

4 toujours dans le prétoire. Continuez votre contre-interrogatoire et essayer

5 d'obtenir de sa part autant de faits qui vous permettront de corroborer ce

6 que vous avancez, à savoir le document n'est pas authentique, ensuite vous

7 laisserez partir le témoin. Lorsque vous présenterez vos conclusions, vous

8 avancerez que ce document a été versé au dossier, mais que toutefois il

9 n'est pas authentique pour telle et telle raison que vous décrirez.

10 Ensuite, vous direz que l'on ne peut pas accorder à ce document une valeur

11 probante.

12 Je pensais que c'était la procédure qu'il fallait suivre en l'espèce.

13 Mme VIDOVIC : [interprétation] Oui. Je vous remercie, Monsieur le

14 Président. Je vous ai bien compris et je vais, à l'avenir, m'en tenir à

15 votre instruction.

16 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie.

17 Mme VIDOVIC : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait montrer au témoin

18 deux documents ? Il s'agit des documents numéro 65 et 66. Il s'agit des

19 cotes qui ont été attribuées hier. Il ne s'agit pas des numéros de la

20 Défense.

21 Est-ce que vous pourriez, je vous prie, faire défiler le document

22 pour que le témoin puisse voir la date dudit document. Merci.

23 Q. Monsieur, convenez-vous avec moi que la date qui figure sur ce document

24 est la date du 9 septembre 1993 ?

25 R. Oui.

26 Mme VIDOVIC : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait montrer au témoin

27 la pièce à conviction 66, le document suivant.

28 Il s'agit du même document. Est-ce que vous pourriez, je vous prie, montrer

Page 543

1 le document 65, le document 65 qui portait la date du 28 août 1993 et qui a

2 été versé hier.

3 Est-ce que nous pourrions voir la deuxième page de ce document, je vous

4 prie. Est-ce que nous pourrions voir la page suivante, je vous prie.

5 Q. Monsieur, voyez la date, 28 août 1993. Est-ce que vous voyez cette date

6 ?

7 R. Oui.

8 Q. Bien. Est-ce que cela aurait pu être la date de la création officielle

9 du Détachement El Moudjahid ? Je fais référence à la deuxième quinzaine du

10 mois d'août 1993. Est-ce que cela s'est passé après que vous vous êtes

11 rallié au Détachement El Moudjahid ?

12 R. Oui, j'y étais déjà. Je suivais un entraînement, et je pense que ce

13 document est un document qui a fait l'objet de correspondance entre peut-

14 être la 306e Brigade. Il s'agit en fait d'une autorisation en quelque

15 sorte, seulement après que nous les avons rejoints un mois plus tard.

16 Q. Bien. Vous êtes d'accord pour dire que tout cela s'est passé après que

17 l'on ait donné au détachement le nom de El Moudjahid, c'est ce que vous

18 aviez dit hier, tout cela s'est passé après ?

19 R. Je ne connais pas les dates.

20 Q. Je vais vous poser plusieurs questions à propos du détachement à

21 proprement parler.

22 Convenez-vous avec moi que pendant tout le temps que vous avez été membre

23 du détachement, ce détachement n'a pas fonctionné comme fonctionnaient les

24 autres unités; il n'a pas fonctionné, par exemple, comme fonctionnait la

25 306e Brigade, brigade à laquelle vous aviez appartenu auparavant; est-ce

26 exact ?

27 R. Je vous ai déjà dit que l'organisation laissait à désirer. Nous avions

28 des groupes de combat. Nous avions certaines formations, certaines unités.

Page 544

1 Nous formions une compagnie, la situation dans les autres unités était

2 différente.

3 Q. Je lis le compte rendu d'audience maintenant. Dans un premier temps,

4 vous avez répondu par la négative, ce qui signifie que le détachement ne

5 fonctionnait pas comme les autres unités; c'est cela ?

6 R. Oui, oui, vous avez raison.

7 Mme VIDOVIC : [interprétation] Je précise cela, Monsieur le Président,

8 parce que cette partie de la réponse du témoin n'avait pas été consignée au

9 compte rendu d'audience. C'est pour cela que j'ai reposé la question au

10 témoin.

11 Q. En fait, les Arabes avaient des règles relatives à l'organisation

12 qu'ils utilisaient au sein du détachement, n'est-ce pas ?

13 R. Oui. Oui, c'est ce qui se passait au sein du détachement.

14 Q. C'est ce que je vous pose comme question, à savoir ce qui se passait au

15 sein du détachement.

16 R. [aucune interprétation]

17 Q. Vous avez dit qu'il y avait des groupes de combat qui avaient un émir ?

18 R. Oui.

19 Q. Vous-même vous étiez émir, l'émir d'un tel groupe ?

20 R. Oui, vers la fin de la guerre j'étais l'émir d'un groupe.

21 Q. Si je disais qu'à l'extérieur du détachement, pour quelqu'un qui ne

22 faisait pas partie du détachement, personne ne pouvait se joindre à ces

23 groupes sans l'autorisation de l'émir ?

24 R. Je ne vous ai pas très bien compris. Vous parlez d'activités de combat

25 ou d'autre chose ?

26 Q. Non, je parle de façon générale. Il y avait une certaine structure, une

27 certaine organisation. Il y avait quelqu'un qui s'occupait de la direction

28 du détachement; ai-je raison ?

Page 545

1 R. Oui.

2 Q. Lorsque je vous dis que les gens ne pouvaient pas tout simplement

3 rejoindre les rangs de ce détachement, j'ai raison, n'est-ce pas ?

4 R. Oui.

5 Q. Ils ne pouvaient pas le faire non plus sans l'autorisation de la

6 direction du détachement. Toute personne qui n'était pas invitée à le faire

7 ne pouvait pas se rallier à ce détachement pour participer au combat avec

8 vous ?

9 R. Pour ce qui était des Bosniaques, des Musulmans de Bosnie, ils ne

10 pouvaient pas le faire; mais la situation était différente pour les Arabes.

11 Q. J'aborderai ce sujet un peu plus tard. Mais lors de votre déposition

12 hier, lorsque vous répondiez aux questions posées par le Procureur, vous

13 avez parlé d'instruction religieuse. Cette instruction religieuse était

14 prodiguée un peu comme les instructions relatives au combat, n'est-ce pas ?

15 R. Oui, il y avait quand même beaucoup d'attention accordée à

16 l'instruction religieuse.

17 Q. Convenez-vous avec moi que d'autres unités de l'ABiH ne disposaient pas

18 de ce genre de système, à l'exception peut-être, et ce, pendant une

19 certaine période, de la 7e Brigade musulmane ?

20 R. Non, ils ne disposaient pas de cette structure.

21 Q. Vous avez fait référence aux Arabes. Ils avaient à leur disposition des

22 fonds. Ils régissaient ces fonds et ils achetaient du matériel et des armes

23 pour les détachements; est-ce exact ?

24 R. Oui.

25 Q. J'aimerais maintenant vous demander de bien vouloir examiner à nouveau

26 la pièce 67, que nous avons déjà étudiée.

27 Mme VIDOVIC : [interprétation] Je pense que le document qui se trouve à

28 l'écran est le document 65 ou 66; je souhaiterais que ce soit le document

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1 67 qui soit affiché. Ce document, j'aimerais vous demander de bien vouloir

2 consulter la page 03642917. Est-ce que l'on pourrait élargir la note

3 manuscrite.

4 Monsieur le Président, dans la traduction vers l'anglais, cela se trouve en

5 bas du document.

6 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie. Est-ce qu'on

7 pourrait nous montrer le bas de la page de la version anglaise. Merci.

8 Mme VIDOVIC : [interprétation]

9 Q. Vous êtes d'accord pour dire qu'ici il est dit clairement, à la main :

10 "Je demande toutes les informations, toutes les données ainsi que des

11 numéros de passeport," avec précisions quant au pays qui a délivré ces

12 passeports. Ceci me pousse à poser une autre question : vous étiez membre

13 de ce détachement et vous avez été membre de ce détachement dès le moment

14 qu'il a été créé jusqu'à la fin de la guerre; est-ce exact ? C'est bien ce

15 que vous avez dit, n'est-ce pas ?

16 R. Oui, à partir du mois d'août 1993.

17 Q. Je parle du Détachement El Moudjahid.

18 R. Oui, c'est à ce moment-là que je l'ai rejoint.

19 Q. Fort bien. Vous serez d'accord avec moi, n'est-ce pas, pour dire que

20 les Arabes n'ont pas utilisé leurs propres noms, même lorsqu'ils

21 communiquaient avec d'autres membres du détachement; c'est bien le cas ?

22 Est-ce que vous êtes informé de cela ?

23 R. Ils avaient en grande partie des surnoms, des sobriquets qui leur

24 auraient été donnés. Pour ce qui est de leur nom véritable, de leur vie, je

25 ne sais pas. Je ne sais pas s'il y avait une différence entre leur nom et

26 leur surnom.

27 Q. Serait-il exact de dire que quand même vous qui faisiez partie de ce

28 détachement, vous ne connaissiez pas les noms véritables de ces hommes ?

Page 547

1 R. Non. Nous ne connaissions pas leur nom.

2 Q. Il y avait souvent des noms comme Abu quelque chose, Ebu quelque chose;

3 c'est ça ?

4 R. Oui, c'était le plus souvent le cas.

5 Q. Beaucoup portait le même surnom, n'est-ce pas ?

6 R. Oui.

7 Q. Plusieurs photos vous ont été montrées. Je pense qu'il s'agissait de la

8 pièce 68. Lorsque vous avez vu ces photos, vous avez reconnu Abu Hamza.

9 Mme VIDOVIC : [interprétation] Je ne voudrais pas perdre de temps, Monsieur

10 le Président, Madame le Juge. Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de

11 revoir ces photos.

12 Q. Vous avez identifié cette personne. Vous avez dit qu'il s'agissait

13 d'Abu Hamza. Etes-vous d'accord pour dire que beaucoup d'Arabes actifs en

14 Bosnie centrale pendant la guerre portaient ce sobriquet, ce surnom ?

15 R. Oui, c'est vrai.

16 Q. C'est vrai aussi d'Abu Zubayr. N'y avait-il pas beaucoup d'hommes,

17 beaucoup de personnes qui portaient ce surnom ?

18 R. Je l'ai entendu pour une seule personne.

19 Q. Merci.

20 R. Je ne sais pas s'il y en avait plusieurs qui le portaient.

21 Q. Merci. Vu ce que vous avez dit, lorsque vous avez parlé des Arabes,

22 vous avez dit à propos des musulmans de Bosnie qu'ils ne pouvaient pas

23 rejoindre ce détachement, mais vous avez dit qu'à propos des Arabes, vous

24 ne saviez rien du tout. Ça veut dire que même vous, même vous qui étiez

25 Musulman de Bosnie et membre de ce détachement, vous ne connaissiez pas la

26 situation réelle. Vous ne saviez pas combien il y avait d'Arabes dans ce

27 détachement ?

28 R. On ne le savait pas. Il y en avait qui venaient, d'autres qui

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1 partaient. S'il y avait une action qui était menée, souvent ils en venaient

2 beaucoup. Je ne sais pas d'où ils venaient.

3 Q. A ce propos, dites-moi ceci, s'il vous plaît : s'agissant de ce

4 détachement, il est exact de dire qu'en fait il y avait beaucoup de zones

5 qui étaient sous le contrôle des Arabes ?

6 R. Pas simplement sous le contrôle des Arabes. Il y avait des gardes, des

7 surveillants à chaque fois qu'il avait un camp. L'accès était interdit sans

8 la permission d'Enver. Même si Rasim Delic venait, il ne pouvait pas entrer

9 sans en être autorisé.

10 Q. Si je vous ai bien compris, quelle que soit la situation, si vous aviez

11 un membre du haut commandement qui voulait entrer pour voir quelque chose,

12 même s'il était membre du haut commandement, il ne pouvait pas entrer sans

13 la permission, sans l'autorisation de l'émir ?

14 R. Oui, sans l'autorisation de l'émir, ce n'était pas possible.

15 Q. Même si c'était quelqu'un du haut commandement, ça n'aidait pas ? Ça ne

16 permettait pas à cette personne d'entrer ?

17 R. J'ai dit qu'il fallait de toute façon demander à l'émir. Il ne pouvait

18 entrer sans demander la permission à l'émir.

19 Q. Seriez-vous d'accord avec moi si je vous disais que ce détachement, il

20 avait son propre règlement, ses propres règles de conduite, qui n'avaient

21 pas grand-chose de commun avec le règlement s'appliquant pour l'ABiH ?

22 R. Au sein du détachement, c'est certain, on ne respectait pas vraiment

23 ces règles.

24 Q. Je voudrais revenir à ce Détachement El Moudjahid. Vous avez dit que

25 vous ne saviez pas exactement à quel moment il avait été constitué, mais je

26 voudrais vous poser une autre question. Si je vous ai bien compris, vous

27 avez rejoint un groupe d'Arabes aux côtés desquels vous avez combattu dans

28 ce groupe.

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1 Serait-il inexact d'affirmer que tous les Arabes actifs en Bosnie centrale

2 ont rejoint le Détachement El Moudjahid ?

3 R. Non, ils ne faisaient pas tous partie de ce détachement.

4 Il y avait d'autres personnes, d'autres individus, dans des organisations

5 humanitaires aussi.

6 Q. Fort bien. Outre ces individus qui travaillaient dans des organisations

7 humanitaires, vous parlez, bien sûr, d'organisations humanitaires arabes,

8 n'est-ce pas ?

9 R. Oui.

10 Q. Serait-il exact de dire qu'outre ces personnes, il y avait beaucoup

11 d'autres groupes d'Arabes qui n'ont jamais rejoint ce détachement ? Serait-

12 ce exact de l'affirmer ?

13 R. Il y avait des groupes qui n'étaient pas d'accord avec le commandement

14 du détachement. Il y avait des groupes comme ça, il y avait des groupes qui

15 n'étaient pas seulement des groupes d'Arabes; il y avait aussi des groupes

16 de Turcs.

17 Q. C'était des groupes de guérilleros turcs ?

18 R. Oui, à Zenica.

19 Q. Ces groupes, ce groupe de guérilleros turcs de Zenica n'a jamais

20 rejoint le Détachement El Moudjahid ?

21 R. C'est exact.

22 Q. Est-ce qu'il avait un groupe à Gluha Bukovica ? Je parle toujours ici,

23 bien sûr, d'un groupe d'Arabes qui se trouvait notamment à Bukovica.

24 R. Je n'étais pas au courant.

25 Q. Il y avait un groupe à Bistricak ?

26 R. J'en ai entendu parler.

27 Q. Il y avait un groupe à Zeljezno Polje ?

28 R. Oui, j'en ai entendu parler aussi.

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1 Q. Il y avait aussi un groupe à Tesanj, n'est-ce pas ?

2 R. Oui.

3 Q. Il y avait aussi ces groupes d'Arabes qui existaient. Il y en avait un

4 aussi du côté de Visoko, n'est-ce pas ?

5 R. Ça, je ne le sais pas.

6 Q. Fort bien. Je viens d'énumérer plusieurs groupes, mais ces groupes

7 jamais n'ont combattu sous le commandement du Détachement El Moudjahid,

8 n'est-ce pas; est-ce exact ?

9 R. Oui, je pense que c'est exact.

10 Q. Il serait erroné d'établir un lien ou d'attribuer les actes de ces

11 groupes au Détachement El Moudjahid ?

12 R. Je ne vois pas de qui vous pouvez parler. Bien entendu, si quelqu'un

13 avait fait quelque chose, on ne pouvait pas attribuer ce que ces personnes

14 avaient fait au détachement lui-même.

15 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je voudrais poser une question.

16 Mme VIDOVIC : [interprétation] Bien entendu, Monsieur le Président.

17 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Est-ce que ces groupes se sont livrés

18 à des combats ? Est-ce qu'il y a eu des combats de ces groupes ?

19 LE TÉMOIN : [interprétation] Vous me posez la question ?

20 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui.

21 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, il est arrivé que dans certaines zones

22 ces groupes combattent. Ils ont toujours été autonomes, et avec l'armée.

23 Pour que les Arabes combattent, c'était comme si c'était un match de

24 football.

25 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Ils luttaient du côté de qui ?

26 LE TÉMOIN : [interprétation] Aux côtés de l'ABiH, de notre côté.

27 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] S'ils se sont livrés à des combats,

28 contre qui luttaient-ils ?

Page 551

1 LE TÉMOIN : [interprétation] Ils combattaient la Republika Srpska, l'armée

2 de la Republika Srpska.

3 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Mais est-ce qu'ils étaient sous le

4 contrôle de l'ABiH ?

5 LE TÉMOIN : [interprétation] Cela, je ne sais pas.

6 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie.

7 Mme LE JUGE LATTANZI : Monsieur le Témoin, étant donné que vous combattiez

8 le même ennemi, l'ABiH et le groupe auquel vous vous êtes rejoint, admis

9 que ce n'était pas la même chose, on ne sait pas à ce moment-là. Y avait-il

10 une coordination unique des opérations ?

11 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne sais pas.

12 Mme LE JUGE LATTANZI : Merci.

13 Mme VIDOVIC : [interprétation]

14 Q. Je vais poursuivre dans ce sens. Vous avez déclaré que ces groupes

15 combattaient aux côtés de l'armée, vous vouliez dire qu'ils combattaient le

16 même ennemi ?

17 R. Oui, c'est ce que je voulais dire.

18 Q. Mais vous ne savez pas si ces hommes étaient sous le contrôle de l'ABiH

19 ?

20 R. Non. Ce que je dis, c'est l'ABiH et eux étaient d'un côté, mais je ne

21 sais pas ce qu'il en est du contrôle.

22 Q. Merci, Monsieur le Témoin. Je vais passer à un autre sujet, pour

23 revenir ensuite à celui du détachement.

24 Il y a certains individus qui ont été exclus du détachement parce qu'ils

25 n'ont pas appliqué le règlement s'y appliquant, n'est-ce pas ?

26 R. Oui, il y a eu des cas de ce genre.

27 Q. Mais vous seriez d'accord avec moi si je disais qu'en 1993, ces cas ont

28 été assez nombreux ?

Page 552

1 R. Oui, il y a eu des cas de ce genre. Bien sûr, on oublie avec le temps

2 qui passe.

3 Q. Il y a eu des cas très clairs d'exclusion provoqués par le manquement

4 au règlement en vigueur dans le Détachement El Moudjahid ?

5 R. C'est exact.

6 Q. Conviendriez-vous que beaucoup de ces hommes ont continué de combattre

7 même s'ils ne se trouvaient pas sous le contrôle du commandement du

8 Détachement El Moudjahid; vous êtes au courant, n'est-ce pas ?

9 R. Je ne sais pas, mais je pense qu'ils sont restés en gros en Bosnie. Je

10 ne sais pas s'ils ont combattu ni comment ils ont combattu.

11 Q. Merci beaucoup, Monsieur le Témoin.

12 J'ai encore quelques questions à vous poser. Elles ont trait au

13 commandement au sein même du détachement, en effet, pendant votre

14 déposition, vous avez évoqué ce sujet.

15 Est-ce que je l'ai bien compris, vous avez déclaré que le détachement

16 avait un émir qui se trouvait au-dessus du commandant militaire ?

17 R. Vous aviez la hiérarchie du commandement. Il y avait deux échelons de

18 commandement. Il y avait le commandant militaire et l'émir. Cela marchait

19 bien.

20 Je sais qu'une question m'a été posée par le Président de la Chambre

21 hier à ce propos. Je peux dire que le commandant militaire s'occupait des

22 questions d'ordre militaire, des actions de combat. Alors que l'émir avait

23 sans doute d'autres attributions.

24 Q. Je vais reformuler ma question. Pourrait-on dire que l'émir avait plus

25 d'influence que le commandant militaire ?

26 R. C'est certain, oui.

27 Q. Est-ce que c'était quelqu'un qui prenait des décisions lorsqu'il

28 s'agissait de décider de questions importantes ?

Page 553

1 R. Oui. Il y avait une espèce d'organe au sein du détachement qui prenait

2 les décisions importantes.

3 Q. Vous étiez membre d'une autre unité avant de rejoindre le détachement.

4 A votre connaissance, la direction et le contrôle au sein de l'ABiH ne

5 comptaient pas ce genre de conseils, ni d'organes, ni d'une espèce de

6 "Shura", d'organisations, de commissions religieuses ?

7 R. Il y avait l'adjoint à la morale qui s'occupait dans une certaine

8 mesure des questions religieuses, mais c'était différent. Dans notre

9 détachement, les choses fonctionnaient autrement.

10 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Maître Vidovic.

11 Mme VIDOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

12 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Me diriez-vous quand le moment se

13 prête à la pause ?

14 Mme VIDOVIC : [interprétation] Dans trois ou quatre minutes, cinq minutes.

15 Q. J'aimerais maintenant vous demander ceci, c'est un peu différent comme

16 question, mais cela concerne cette "Shura", ce conseil, cet organe. Serait-

17 il exact de dire que cette "Shura" prenait des décisions sur la question de

18 savoir si le détachement allait se livrer à des activités de combat quelles

19 qu'elles soient; est-ce exact ?

20 R. Cet organe, cette "Shura" prenait des décisions sur des questions très,

21 très importances, c'est certain.

22 Q. Après le mois d'août 1993, cette "Shura" a continué de prendre des

23 décisions sur des questions importantes; n'est-ce pas ?

24 R. Je pense que oui, mais je n'ai pas eu l'occasion d'en apprendre plus à

25 l'époque. Je pense que c'est comme cela que les choses ont fonctionné, et

26 ce, jusqu'à la fin de la guerre.

27 Mme VIDOVIC : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

28 Merci, Monsieur le Témoin.

Page 554

1 Je pense que nous pouvons maintenant faire la pause.

2 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Fort bien. Nous reprendrons à 16

3 heures.

4 --- L'audience est suspendue à 15 heures 34.

5 --- L'audience est reprise à 16 heures 03.

6 [Le témoin quitte la barre]

7 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je ne pense pas qu'il soit nécessaire

8 de passer à huis clos partiel, mais je vous dirais que la décision a été

9 enregistrée et est déposée au greffe.

10 Je rappelle aussi à l'Accusation qu'elle doit présenter une liste de

11 témoins pour le début de la semaine prochaine.

12 M. MUNDIS : [interprétation] Merci.

13 Nous avions déjà prévu un calendrier pour tout le mois de juillet,

14 pas de modification à cette prévision. Dans l'intérêt de la Défense, et

15 pour nous aussi, il faut prévoir la comparution des témoins, je prévois des

16 calendriers mensuels, si ceci vous convient.

17 En l'absence de modification, il n'y a pas de modification au

18 calendrier déposé, s'il y avait des changements, je vous en informerais,

19 mais s'il n'y a pas de notification de ce genre cela veut dire que le

20 calendrier prévu pour un mois donné restera le même.

21 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] C'est tout à fait correct.

22 M. MUNDIS : [interprétation] Je dois vous faire part de notre intention de

23 déposer ces calendriers mensuels avant le quinzième jour du mois précédent,

24 par exemple, pour septembre, vous aurez avant le 15 août, ce calendrier du

25 mois de septembre.

26 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup, Monsieur Mundis. Je

27 pense qu'on peut faire revenir le témoin dans le prétoire.

28 [Le témoin vient à la barre]

Page 555

1 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci, beaucoup.

2 Maître Vidovic, veuillez poursuivre.

3 Mme VIDOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, Madame le Juge, j'ai

4 beaucoup moins de questions qu'auparavant, j'ai fait une sélection. Je

5 demanderais simplement qu'on montre au témoin une photographie qui vient de

6 la pièce 68, montrée hier au témoin. Le numéro de la photo est celui-ci, un

7 instant, s'il vous plaît, le temps que je le retrouve - 04717273.

8 Q. Monsieur le Témoin, vous vous souvenez avoir vu cette photo hier ?

9 R. Oui.

10 Q. Vous avez dit qu'on y voyait M. Sakib Mahmuljin ?

11 R. Oui.

12 Q. Abu Aiman ?

13 R. Oui.

14 Q. Ainsi qu'Abdibegovic ?

15 R. Oui.

16 Q. Vous avez écrit ces noms. Vous ne savez pas du tout où cette photo a

17 été prise ?

18 R. C'est exact. Je n'ai fait que parler des personnes qu'on y voit sur

19 cette photo.

20 Q. Le Procureur vous a demandé qui était Sakib Mahmuljin, le général

21 Mahmuljin. A un moment donné, vous avez répondu que c'était le commandant

22 du 3e Corps d'armée; est-ce exact ?

23 R. Oui, c'est ce que j'ai dit. Quand j'étais dans le détachement, il était

24 commandant du corps d'armée, mais au moment où la photo a été prise, je ne

25 sais pas quel était son poste.

26 Q. Mais c'est pour ça que je vous pose la question. Vous ne savez pas quel

27 était son poste au moment où cette photo a été prise, s'il était commandant

28 du 3e Corps d'armée ?

Page 556

1 R. Je ne sais pas.

2 Q. Merci. Merci, Monsieur le Témoin.

3 Mme VIDOVIC : [interprétation] Je n'ai pas d'autres questions à l'intention

4 de ce témoin, Monsieur le Président.

5 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup, Maître Vidovic.

6 Monsieur Mundis, est-ce que vous avez des questions supplémentaires ?

7 M. MUNDIS : [interprétation] Quelques-unes à peine, Monsieur le Président.

8 Dans un instant, je vais poser des questions au témoin à propos de la pièce

9 90. Peut-être peut-on déjà afficher cette pièce dans le système du prétoire

10 électronique.

11 Nouvel interrogatoire par M. Mundis :

12 Q. [interprétation] Monsieur Begovic, vous avez, en début d'après-midi,

13 répondu à quelques questions de la Défense à propos de la "Shura".

14 J'aimerais vous poser quelques questions de suivi à propos du conseil de la

15 "Shura" au sein du Détachement El Moudjahid. Avant que vous vous trouviez

16 dans cette unité, est-ce que vous, vous avez été membre de cette "Shura" du

17 Détachement El Moudjahid ?

18 R. Non.

19 Q. Est-ce qu'il vous est arrivé d'assister à une réunion de la "Shura" de

20 ce Détachement El Moudjahid ?

21 R. Non.

22 Q. Savez-vous --

23 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Excusez-moi, je voudrais que tout soit

24 clair. Vous avez demandé : "Combien de fois ou si effectivement il avait

25 été membre," le témoin a répondu : "Non." Est-ce que ça veut dire que vous

26 n'avez jamais assisté à aucune de ces réunions, Monsieur le Témoin ?

27 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non, je n'ai pas assisté, jamais je n'ai

28 assisté à ces réunions.

Page 557

1 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie de cette précision.

2 Poursuivez, Monsieur Mundis.

3 M. MUNDIS : [interprétation]

4 Q. Monsieur le Témoin, savez-vous qui composait la "Shura" du Détachement

5 El Moudjahid lorsque vous vous faisiez partie de cette unité ?

6 R. Je ne savais pas qui en étaient les membres, sans doute que c'étaient

7 des gens qui dirigeaient l'unité, qui en faisaient partie, mais je ne sais

8 pas exactement qui en étaient les membres.

9 Q. Merci, Monsieur le Témoin.

10 J'aimerais maintenant vous montrer la pièce 90. Il s'agit d'un

11 document que nous avons examiné en début d'après-midi. Je m'intéresse

12 surtout au dernier paragraphe de ce document.

13 Vous l'avez sous les yeux, ce document, vous le voyez ?

14 R. Oui.

15 Q. Dernier paragraphe, il fait référence à un groupe de Moudjahidines

16 dirigé par Ramo Durmis de Zenica. Est-ce que vous connaissez Ramo Durmis ?

17 R. Oui.

18 Q. Pouvez-vous dire aux Juges de la Chambre qui était ou qui est M. Ramo

19 Durmis ?

20 R. Lorsque j'ai rejoint ce détachement, il était simple soldat, à ma

21 connaissance. Quant à savoir ce qu'il a fait avant cela, je ne sais pas,

22 mais on disait de lui qu'il était une espèce de chef, de dirigeant, peut-

23 être était-il l'émir du groupe avant que je ne rejoigne ce détachement. Je

24 ne sais pas s'il est resté dans ce détachement pendant toute la guerre, je

25 ne peux pas le dire non plus.

26 Q. Ce document indique qu'il était : "Commandant des Musulmans de Bosnie

27 parmi les Moudjahidines à Mehuric." On retrouve cette phrase dans la pièce

28 90. Est-ce que vous pourriez réagir, apporter un commentaire ?

Page 558

1 R. Je ne sais pas. Tout ce que je peux dire, c'est qu'il était peut-être

2 chef d'un groupe de Musulmans de Bosnie. Je ne sais pas ce que je pourrais

3 vous dire d'autre.

4 Q. Monsieur Begovic, savez-vous si M. Ramo Durmis portait un surnom ? Est-

5 ce qu'on lui donnait notamment un surnom commençant par "Abu" ?

6 R. Je ne sais pas.

7 Q. Je vous remercie, Monsieur Begovic.

8 Nous n'avons pas d'autres questions supplémentaires à vous poser.

9 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup, Monsieur Mundis.

10 Madame le Juge.

11 Questions de la Cour :

12 Mme LE JUGE LATTANZI : Monsieur le Témoin, vous avez dit qu'il y avait deux

13 chefs dans le détachement : un commandant militaire et l'émir. Le

14 commandant militaire était-il un Musulman bosniaque ou étranger ?

15 R. C'était un étranger.

16 Mme LE JUGE LATTANZI : Et vous avez aussi dit que l'émir participait à la

17 prise des décisions importantes, aussi sur le plan des opérations ou les

18 actions qu'on vous avait précisées il y a deux jours, les décisions donc

19 militaires ou des décisions en ce qui concerne l'organisation seulement du

20 détachement ?

21 R. Sans doute que oui aussi. Au sein du détachement, l'organisation était

22 quand même assez particulière, pour ainsi dire. Ainsi, à la Vastrostalna à

23 Zenica, on avait la madrasa, la section chargée d'instruction religieuse.

24 Puis, on avait la formation physique, on avait le maniement aux armes, ça

25 c'était fait ailleurs. Sans doute qu'ils se sont occupés de cela.

26 Mme LE JUGE LATTANZI : Mais aussi, ils prenaient les décisions en ce qui

27 concerne les opérations, les actions militaires ?

28 R. Oui, bien entendu. Ils ont participé à l'adoption de ce genre de

Page 559

1 décisions avec l'émir militaire.

2 Mme LE JUGE LATTANZI : Merci.

3 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup, Madame le Juge.

4 Je voudrais commencer par l'examen de cette pièce 90 que nous venons de

5 voir, Monsieur Begovic, avant que nous n'oubliions d'en parler.

6 Lorsque vous, vous avez rejoint le Détachement El Moudjahid, est-ce

7 que M. Ramo Durmis était déjà membre de ce détachement ou est-ce qu'il l'a

8 rejoint après vous ?

9 R. Je pense qu'il était déjà là avant que moi je n'arrive.

10 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie. Au cours de ces

11 trois dernières journées, vous avez parlé dans votre déclaration, de

12 l'engagement de votre détachement au combat. Voici ce que j'aimerais vous

13 demander : lorsque vous participiez à la guerre, est-ce qu'il y a eu un

14 moment où votre groupe, votre camp, a capturé des prisonniers de guerre ?

15 R. A ma connaissance, mon groupe, non.

16 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] A quelque moment que ce soit, avez-

17 vous appris que des prisonniers ont été fait prisonniers par l'un

18 quelconque des groupes qui faisaient partie de votre camp.

19 R. Par la suite, nous avons entendu dire que des gens avaient été fait

20 prisonniers au cours de la deuxième action, mais il me semble qu'il y a eu

21 un échange. Je n'ai donc pas ressenti la nécessité d'en parler, mais moi-

22 même et mon groupe n'avons fait prisonnier personne. Il me semble que ces

23 hommes avaient été faits prisonniers par l'armée.

24 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Comment ça "faits prisonniers pas

25 l'armée" ? Que voulez-vous dire ?

26 R. Je parle de l'ABiH, quelqu'un de la 2e Brigade, c'est ça que je voulais

27 dire.

28 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Vous nous avez dit qu'un échange avait

Page 560

1 sans doute eu lieu. Savez-vous ce qui leur est arrivé, entre le moment où

2 ils ont été arrêtés et la date de leur échange ?

3 R. Non. Je n'ai pas eu la possibilité de les voir.

4 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Bien, nous allons laisser de côté

5 cette question sur les prisonniers de guerre alors.

6 A votre connaissance, d'où votre groupe recevait-il ses consignes, si

7 toutefois il en recevait ?

8 R. De quoi parlez-vous ? Parlez-vous des actions ou parlez-vous des

9 consignes reçues en temps de paix, au moment où il n'y avait pas

10 d'affrontement, au moment où il n'y avait pas d'opérations de combat ?

11 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Non, je parle de la période au cours

12 de laquelle des opérations de combat ont eu lieu ?

13 R. Je vois. C'est l'émir militaire qui nous donnait des consignes.

14 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, je comprends. Mais, lorsque vous

15 dites émir militaire, vous parlez de l'émir de votre groupe, de votre

16 unité, n'est-ce pas ?

17 R. Oui, oui, je parlais de Muatez, oui.

18 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Mais moi, ce que je vous demande,

19 c'est si à votre connaissance Muatez recevait des instructions ou des

20 consignes de qui que ce soit d'autre ?

21 R. Je ne sais pas. Je n'en sais rien.

22 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Bien. Merci beaucoup, Monsieur

23 Begovic, je n'ai plus de questions à vous poser.

24 Y a-t-il des questions supplémentaires des parties découlant des questions

25 posées par les Juges de la Chambre, Monsieur Mundis ?

26 M. MUNDIS : [interprétation] Non, Monsieur le Président.

27 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Maître Vidovic ?

28 Mme VIDOVIC : [interprétation] Moi non plus.

Page 561

1 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci, Monsieur Begovic. Votre

2 déposition est terminée, la Chambre aimerait vous remercier d'être venu

3 déposer ici et d'avoir pris le temps de nous répondre compte tenu de votre

4 emploi du temps chargé. Vous pouvez maintenant quitter ce prétoire. Je vous

5 remercie.

6 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

7 [Le témoin se retire]

8 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Monsieur Mundis.

9 M. MUNDIS : [interprétation] Avant de citer le prochain témoin, je voudrais

10 préciser quelque chose par rapport à ce que nous avons dit hier.

11 Par rapport à la vidéo, vous savez qui avait été enregistrée aux fins

12 d'identification, c'était la pièce 81. Il y avait également la

13 transcription, pièce 82, nous avons souhaité avoir la possibilité

14 d'examiner la retranscription de cette vidéo, nous l'avons fait et nous

15 n'avons donc pas d'objection vis-à-vis du versement au dossier de la pièce

16 81 et de sa retranscription, pièce 82.

17 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci. Les pièces 81 et 82 qui nous

18 avions enregistrées aux fins d'identification sont maintenant versées au

19 dossier et constituent maintenant des pièces de ce dossier. Voilà.

20 Monsieur Mundis.

21 M. MUNDIS : [interprétation] Nous aimerions citer Hasib Alic et c'est Mme

22 Sartorio qui va procéder au contre-interrogatoire.

23 M. ROBSON : [interprétation] Monsieur le Président.

24 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Monsieur Robson.

25 M. ROBSON : [interprétation] Oui, avant d'entamer l'audition du témoin

26 suivant, j'aimerais simplement attirer l'attention des Juges de la Chambre

27 sur la chose suivante : à notre retour de la pause, à 16 heures, j'ai

28 trouvé sur mon bureau une nouvelle déclaration pour ce témoin, 43

Page 562

1 paragraphes, 9 pages environ. Le témoin suivant est aussi un ancien membre

2 du Détachement El Moudjahid comme M. Begovic, son témoignage couvre toute

3 la période concernée par l'acte d'accusation de 1993 à 1995. Après avoir

4 jeté un vague coup d'œil à cette déclaration, je me suis rendu compte qu'il

5 y avait, dans cette déclaration, certains aspects qui sont tout à fait

6 différents de la manière dont ils sont évoqués dans la première

7 déclaration. C'est la raison pour laquelle je me sens un petit peu mal à

8 l'aise si je dois mener le contre-interrogatoire aujourd'hui sans avoir eu

9 la possibilité d'étudier en profondeur cette nouvelle déclaration;

10 déclaration par ailleurs détaillée.

11 Je sais que le temps est précieux, Monsieur le Président, il est maintenant

12 16 heures 20 et je pense que l'interrogatoire principal durera environ

13 toute cette séance-ci, puis une certaine partie viendra après la pause. Je

14 pense que la pause aura lieu entre 17 heures 30 et 18 heures. Alors, si

15 vous me le permettez, je demanderais à ce nous interrompions nos travaux

16 aujourd'hui un peu plus tôt que d'habitude de manière à ce que je puisse

17 mener à bien le contre-interrogatoire dès lundi matin.

18 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Pourquoi, Madame, la Défense a-t-elle

19 reçu une autre déclaration, et ce, à un stade si tardif.

20 Mme SARTORIO : [interprétation] Cette déclaration est le fruit de la séance

21 de récolement du témoin. Il a souhaité apporter quelques corrections à sa

22 première déclaration. Il souhaitait également faire des ajouts importants à

23 cette même déclaration. J'ai jugé qu'il était de mon devoir de présenter

24 une nouvelle déclaration. Nous avons relu la déclaration au témoin dans une

25 langue qu'il comprend et il y a apposé sa signature.

26 Mais je vous le dis, cette nouvelle déclaration n'est que le fruit de

27 la séance de récolement qui a duré quelques heures au cours des deux

28 derniers jours.

Page 563

1 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Pourrait-on éviter que ceci se

2 reproduise.

3 Mme SARTORIO : [interprétation] Mais la politique de l'Accusation c'est que

4 les témoins arrivent ici à La Haye quelques jours seulement avant leur

5 déposition. Alors s'il y a un autre moyen, nous serions très heureux de

6 pouvoir changer de méthode. C'est l'Unité des Victimes et des Témoins,

7 Monsieur le Président, qui décide du calendrier, alors cela échappe à notre

8 contrôle. Il nous est difficile de demander qu'un témoin arrive à La Haye

9 plusieurs jours avant son témoignage.

10 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] J'ai une observation à faire. Mais

11 compte tenu de sa nature, je préfèrerais m'abstenir.

12 Avez-vous des inconvénients à ce que le contre-interrogatoire ait lieu la

13 semaine prochaine.

14 Mme SARTORIO : [interprétation] Non, je n'ai pas d'objection. Je ne sais

15 pas ce qu'il en est du témoin, je ne sais pas si le témoin doit repartir

16 aujourd'hui et revenir dimanche, ça je n'en sais rien. Il faudrait que j'en

17 parle avec le témoin après sa déposition d'aujourd'hui.

18 J'espère en avoir terminé en une heure, Monsieur le Président.

19 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, mais votre éminent confrère de la

20 partie adverse n'est pas prêt à faire son contre-interrogatoire du fait de

21 la réception tardive de la seconde déclaration. Il ne sera pas à même de

22 procéder au contre-interrogatoire du témoin aujourd'hui.

23 Mme SARTORIO : [interprétation] Oui, je comprends.

24 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Vous comprenez, parfait.

25 Vous pourrez procéder au contre-interrogatoire lundi, Monsieur Robson.

26 M. ROBSON : [interprétation] Merci.

27 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Il faudra organiser le logement et la

28 prise en charge du témoin pendant le week-end.

Page 564

1 Mme SARTORIO : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

2 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci, beaucoup. Veuillez citer votre

3 témoin.

4 Mme SARTORIO : [interprétation] L'Accusation appelle Monsieur Hasib Alic à

5 la barre.

6 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

7 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Le témoin peut-il prononcer la

8 déclaration solennelle.

9 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

10 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

11 LE TÉMOIN: HASIB ALIC [Assermenté]

12 [Le témoin répond par l'interprète]

13 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup. Monsieur Alic,

14 veuillez vous asseoir.

15 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

16 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Madame Sartorio.

17 Mme SARTORIO : [interprétation] Oui. Merci.

18 Interrogatoire principal par Mme Sartorio :

19 Q. [interprétation] Monsieur Alic, de quel pays venez-vous ?

20 R. De Bosnie.

21 Q. En 1990 et en 1991, étiez-vous également en Bosnie ?

22 R. Oui.

23 Q. Quel était votre métier à l'époque ? Que faisiez-vous ?

24 R. Rien.

25 Q. Etiez-vous soldat au sein de la JNA ?

26 R. Oui.

27 Q. Ceci étant en 1990 et en 1991 ?

28 R. Oui.

Page 565

1 Q. En 1992, que faisiez-vous ?

2 R. En 1992, bien, rien. Enfin, le travail agricole.

3 Q. Pardon ?

4 Mme SARTORIO : [interprétation] Je n'ai pas entendu la réponse du témoin.

5 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Il a commencé par dire "rien," ensuite

6 il a parlé de travaux agricoles.

7 Mme SARTORIO : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

8 Q. Monsieur Alic, selon vous, quand la guerre a-t-elle éclaté en Bosnie-

9 Herzégovine ?

10 R. Je sais qu'il y avait des gardes villageoises le 4 avril 1992, puis un

11 mois ou deux plus tard, les choses ont commencé à s'intensifier.

12 Q. Au cours de cette période, étiez-vous membre des forces armées en

13 Bosnie-Herzégovine ?

14 R. Oui.

15 Q. A quelle unité apparteniez-vous ?

16 R. Si je me souviens bien, j'étais membre de l'ABiH du début, du 4 avril,

17 comme on peut le lire dans mon livre militaire, jusqu'au 14 mai 1993.

18 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Le 4 avril 1992 ?

19 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

20 Mme SARTORIO : [interprétation] Je crois qu'il y a une certaine confusion

21 qui règne ici.

22 Q. D'après votre livret militaire, vous êtes devenu membre de l'ABiH --

23 R. Oui.

24 Q. -- en avril 1993; n'est-ce pas ?

25 R. D'après mon livret militaire, à partir du 4 avril 1992.

26 Q. Oui. Pardon. Excusez-moi. Oui. Et quel était votre rôle au sein de

27 l'ABiH ?

28 R. Un rôle, c'est beaucoup dire.

Page 566

1 Q. Apparteniez-vous à une unité, à une brigade ?

2 R. Oui. Au début, elle n'existait pas, mais par la suite, il y a eu la

3 306e Brigade.

4 Q. Vous en étiez membre ?

5 R. Oui.

6 Q. Avez-vous participé à des opérations au cours de cette période en 1992

7 et au début de 1993 avec la 306e Brigade de Montagne ?

8 R. Non.

9 Q. Alors que faisiez-vous au sein des forces armées ? Quelles étaient vos

10 fonctions ? Des fonctions de reconnaissance ?

11 R. Je montais la garde, globalement.

12 Q. A un moment donné ou à un autre au cours de l'année 1993, avez-vous

13 changé d'unité ?

14 R. Oui.

15 Q. Quel était le nom de cette unité ?

16 R. Le Détachement El Moudjahid.

17 Q. Pourquoi avez-vous intégré les rangs de cette unité ?

18 R. Je pensais que ce serait mieux pour moi.

19 Q. Mieux, c'est-à-dire ?

20 R. Comment dire ? Je pensais que ça ferait mieux pour moi, c'est pour ça

21 que j'y suis allé. Je pensais qu'ils étaient mieux organisés, c'est tout.

22 Q. Au moment où vous avez rejoint cette unité, combien comptait-elle de

23 membres ?

24 R. Je ne sais pas exactement; 15 ou 20 peut-être, au début.

25 Q. Pourriez-vous dire à la Chambre comment était composée cette unité ?

26 Etait-elle composée de Musulmans de Bosnie ou y avait-il des Musulmans de

27 Bosnie et des étrangers parmi les combattants ?

28 R. C'était des combattants de Bosnie étrangers.

Page 567

1 Q. Qu'est-ce que vous entendez par là, "des combattants de Bosnie

2 étrangers" ?

3 R. Je pensais aux Arabes.

4 Q. D'accord. Il y avait en fait des gens de Bosnie et des combattants

5 étrangers; c'est bien cela ?

6 R. Oui.

7 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Maître Vidovic.

8 Mme VIDOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, Madame le Juge, afin

9 que le compte rendu soit parfaitement clair, le témoin a dit "des

10 combattants de Bosnie et des étrangers." Il manque le "et" dans le compte

11 rendu. Le témoin a fait la distinction très clairement entre les uns et les

12 autres.

13 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup de votre aide, Maître

14 Vidovic.

15 Madame Sartorio, je pense que les choses sont maintenant tout à fait

16 claires.

17 Mme SARTORIO : [interprétation] Oui, effectivement, ce n'est pas la peine

18 que je creuse la question.

19 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Non.

20 Mme SARTORIO : [interprétation] D'accord.

21 Q. Quelle était la proportion à l'époque entre les membres de Bosnie d'une

22 part et les étrangers de l'autre ?

23 R. Au début ?

24 Q. Oui.

25 R. Il n'y avait pas beaucoup d'Arabes.

26 Q. Qu'a-t-il fallu que vous fassiez pour intégrer les rangs de cette unité

27 ?

28 R. Rien.

Page 568

1 Q. Avez-vous dû obtenir une autorisation officielle de la 306e Brigade de

2 Montagne pour la quitter et rejoindre l'autre unité ?

3 R. Non, je n'ai eu besoin de rien.

4 Q. L'on ne vous a jamais considéré comme déserteur de l'ABiH lorsque vous

5 avez rejoint cette unité ?

6 R. Je n'ai pas vraiment fait attention.

7 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, Maître Vidovic.

8 Mme VIDOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je suis heureuse que

9 le témoin ait répondu. Je ne veux pas influencer le témoin d'une quelconque

10 manière, mais j'aimerais que l'Accusation évite de diriger le témoin dans

11 ses questions. J'ai jugé que la question était directrice. Merci.

12 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Vous dites que puisqu'il y a eu

13 réponse, vous ne pouvez plus rien faire, mais que vous aimeriez néanmoins

14 que votre objection figure au compte rendu ?

15 Mme SARTORIO : [interprétation] Je peux reformuler la question, si vous

16 voulez.

17 Mme VIDOVIC : [interprétation] Excusez-moi. Le témoin a déjà répondu à la

18 question. Toutefois, j'aimerais que l'Accusation évite de poser des

19 questions donnant à penser que le témoin a dit quelque chose qu'en réalité

20 il n'a pas dit. Mais comme le témoin a déjà répondu, je retire mon

21 objection.

22 Toutefois, j'apprécierais que l'Accusation évite de poser des questions

23 directrices au témoin.

24 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, merci, Maître Vidovic.

25 Madame Sartorio, vous avez bien entendu la préoccupation exprimée par la

26 Défense.

27 Mme SARTORIO : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

28 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Procédez, s'il vous plaît.

Page 569

1 Mme SARTORIO : [interprétation]

2 Q. Monsieur Alic, avez-vous jamais fait l'objet de mesures disciplinaires

3 après votre départ de l'ABiH, pour cette raison précisément ?

4 R. Non.

5 Q. Lorsque vous avez rejoint l'unité en mai 1993 qui était à la tête du

6 Détachement El Moudjahid ?

7 R. Haris, si mon souvenir est bon.

8 Q. Où se trouvait le poste de commandement ?

9 R. A Poljanice.

10 Q. Le poste de commandement était-il situé dans un bâtiment en particulier

11 ?

12 R. Il y avait trois maisons là.

13 Q. Ces trois maisons appartenaient-elles au Détachement El Moudjahid ?

14 R. Non.

15 Q. Avez-vous entendu dire qui occupait ces maisons auparavant ?

16 R. A ma connaissance, les Serbes.

17 Q. Les Serbes ne vivaient plus dans ces maisons à l'époque où le

18 Détachement El Moudjahid s'y est installé ?

19 R. Oui, c'est exact. Il n'y avait personne.

20 Q. Savez-vous si qui que ce soit a donné la permission au Détachement El

21 Moudjahid d'occuper ces habitations ?

22 R. A ma connaissance -- je ne le sais pas. Je n'en sais rien.

23 Q. Nous allons utiliser le terme de "combattants étrangers," pour bien

24 établir la distinction entre ceux-ci et les citoyens de Bosnie-Herzégovine

25 qui faisaient également partie du Détachement El Moudjahid. Les combattants

26 étrangers parlaient-ils le bosniaque ?

27 R. A l'époque, non. Ceux qui étaient là lorsque je suis arrivé, non.

28 Q. Parveniez-vous à les comprendre lorsque eux parlaient ?

Page 570

1 R. Non.

2 Q. Avez-vous reçu ou suivi des cours dispensés par le Détachement El

3 Moudjahid ?

4 R. Oui, nous avons reçu l'instruction.

5 Q. Sur quoi ?

6 R. Une instruction religieuse.

7 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je me permets d'interrompre pour

8 préciser quelque chose.

9 Mme SARTORIO : [interprétation] Oui.

10 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Vous avez dit, Monsieur, que vous ne

11 les compreniez pas quand ils parlaient. Comment avez-vous pu suivre les

12 cours d'instruction religieuse ?

13 LE TÉMOIN : [interprétation] Nous avions un traducteur.

14 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

15 Mme SARTORIO : [interprétation]

16 Q. Comment s'appelait ce traducteur ?

17 R. Abu Malik, un Bosniaque.

18 Q. Avec le temps, les rangs du Détachement El Moudjahid se sont-ils

19 étoffés ?

20 R. Oui.

21 Q. Avant les opérations que vous avez menées avec le Détachement El

22 Moudjahid, combien l'unité comptait-elle de membres ?

23 R. Je n'ai pas le chiffre exact en tête, mais nous n'étions pas nombreux.

24 Q. Cinquante, peut-être ?

25 R. Non, pas autant.

26 Q. Plus de dix ?

27 R. Oui.

28 Q. Plus de 20 ?

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1 R. Disons 20, une vingtaine, 30 peut-être.

2 Q. Vingt ou 30, vous avez dit; c'est ça ?

3 R. Plus ou moins.

4 Mme SARTORIO : [interprétation] J'aimerais maintenant montrer --

5 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Attendez. J'aimerais comprendre ces

6 "20 ou 30." Est-ce que c'est le nombre de tous les membres du Détachement

7 El Moudjahid, étrangers compris, ou est-ce qu'il ne s'agit que des

8 étrangers ?

9 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, les deux. Les deux. Les locaux et les

10 étrangers.

11 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup.

12 Mme SARTORIO : [interprétation] J'aimerais que l'on montre au témoin la

13 pièce 78. Qu'on affiche cette pièce à l'écran. Il s'agit du document

14 PT2949, pages 161 à 162, pages électroniques.

15 Q. Vous le voyez à l'écran ?

16 R. Oui.

17 Q. Bien.

18 Mme SARTORIO : [interprétation] Est-ce la page 161 et la page 162, pages

19 électroniques ? C'est le numéro ERN 0365-5060.

20 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

21 Mme SARTORIO : [interprétation] Ma commis à l'affaire me donne un numéro

22 qui pourrait peut-être vous être utile, P02949 C.

23 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Est-ce que c'est la bonne page, Madame

24 Sartorio ? Qu'en pensez-vous ?

25 Mme SARTORIO : [interprétation] Je suis en train de vérifier. Oui, c'est la

26 bonne page, effectivement.

27 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

28 Mme SARTORIO : [interprétation] Nous allons utiliser ces deux pages qui

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1 sont affichées à l'écran et la page suivante.

2 Q. J'aimerais, Monsieur, que vous examiniez ces deux pages et que vous

3 nous indiquiez, si vous êtes en mesure de le faire, ce dont il s'agit.

4 R. Je vois mon prénom, mon nom de famille, mon lieu et ma date de

5 naissance, mon lieu de résidence dans la municipalité de Travnik. Il est

6 dit où j'ai fait mon service militaire, à Niksic, et quand est-ce que j'ai

7 été détaché à Ulcinj.

8 Q. Au paragraphe 19, est-ce que les lieux qui sont mentionnés sont exacts

9 ?

10 R. Oui.

11 Q. A côté de ces endroits, vous avez les lieux où vous faisiez partie de

12 l'armée. Est-ce que ces lieux sont exacts ? Est-ce que les dates sont

13 exactes ?

14 R. Septembre, oui, oui, je pense, je pense.

15 Mme SARTORIO : [interprétation] Est-ce que nous pourrions afficher la page

16 suivante, je vous prie.

17 Q. Est-ce que vous pourriez voir ce qui est écrit dans la case 28. Vous

18 avez, à la gauche, c'est le troisième encadré à partir du haut, vous voyez

19 le chiffre 28. Est-ce que vous voyez cela ?

20 R. Oui. Oui, je le vois. Exercices militaires, poste militaire, puis il y

21 a des lieux.

22 Q. Quelle est votre date d'entrée dans l'armée et votre date de sortie ?

23 R. La date d'entrée est le 4 avril 1992 jusqu'au 14 mai 1993. C'est

24 pendant ce temps-là que j'ai été dans l'armée.

25 Q. Si vous voyez la deuxième colonne sur la droite --

26 R. Ce qui est écrit à la deuxième ligne, 15 mai 1993 jusqu'au 27 décembre

27 1995, cela correspond au moment où je me trouvais dans le Détachement El

28 Moudjahid.

Page 573

1 Q. Donc ces dates qui figurent dans ce document, est-ce qu'elles

2 représentent bien les dates qui correspondent à votre service dans ces

3 différentes unités ?

4 R. [aucune interprétation]

5 Mme SARTORIO : [interprétation] Je vous remercie et je n'ai plus de

6 questions à poser à propos de cette pièce à conviction.

7 LE TÉMOIN : [interprétation] Bien.

8 Mme SARTORIO : [interprétation] Nous aimerions -- non, mais je vois que

9 cela a déjà été versé au dossier comme pièce à conviction.

10 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, oui, tout à fait, Madame. Non,

11 non. On vient de m'indiquer que cela avait été enregistré aux fins

12 d'identification.

13 Mme SARTORIO : [interprétation] Nous aimerions verser ce document au

14 dossier.

15 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Ce document sera versé au dossier. Je

16 souhaiterais qu'une cote lui soit attribuée.

17 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera toujours la même cote, la cote

18 78.

19 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie.

20 Mme SARTORIO : [interprétation]

21 Q. Monsieur Alic, j'aimerais vous poser une question. D'après vous,

22 pourquoi est-ce que le Détachement El Moudjahid existait à votre avis ?

23 R. Ecoutez, je n'en sais absolument rien.

24 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, Monsieur Robson.

25 M. ROBSON : [interprétation] Je m'excuse. La Défense s'est levée souvent

26 aujourd'hui, mais je ne pense pas qu'il soit particulièrement utile de

27 demander au témoin son avis et son point de vue. Le témoin est ici pour

28 présenter des faits, des observations, ce qu'il a pu observer et tout cela

Page 574

1 à l'intention de la Chambre de première instance.

2 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, je vous remercie, Maître Robson.

3 Je suppose que la Défense doit effectivement intervenir autant que

4 possible, si vous en sentez le besoin.

5 Poursuivez, Madame Sartorio.

6 Mme SARTORIO : [interprétation] Oui, mais cet homme a fait partie du

7 Détachement El Moudjahid pendant deux ans, je voulais lui poser des

8 questions à propos de la philosophie qui sous-tendait le détachement.

9 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] L'objection vient du fait que vous

10 posez ce genre de question à un témoin qui n'est pas un expert.

11 Mme SARTORIO : [interprétation] Je lui demandais quel était son point de

12 vue personnel, il a eu des liens avec les autres membres du Détachement El

13 Moudjahid, mais je peux tout à fait reformuler ma question, Monsieur le

14 Président.

15 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je pense effectivement que vous

16 pourriez reformuler votre question sans prononcer le mot "opinion" ou

17 "avis," et votre question sera à ce moment-là tout à fait légitime.

18 Mme SARTORIO : [interprétation] Je vous remercie.

19 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie également.

20 Mme SARTORIO : [interprétation]

21 Q. Vous avez fait partie du Détachement El Moudjahid, vous avez parlé avec

22 d'autres membres du détachement, est-ce que vous savez pourquoi est-ce que

23 ces personnes se trouvaient dans ce détachement en Bosnie-Herzégovine ?

24 R. Probablement pour aider.

25 Q. Pour aider qui ?

26 R. Les Musulmans en Bosnie-Herzégovine.

27 Mme SARTORIO : [interprétation] Une seconde. Est-ce que vous m'accordez une

28 seconde, Monsieur le Président ?

Page 575

1 Q. D'après ce que vous avez vu, d'après votre expérience, est-ce qu'ils se

2 sont ralliés à une guerre sainte du type Djihad ?

3 R. D'après ce que je sais, non.

4 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Avant que vous ne posiez une autre

5 question, j'aimerais obtenir une précision à propos de la question

6 précédente.

7 Lorsque vous dites qu'ils sont venus aider les Musulmans de Bosnie, mais

8 les aider à faire quoi ?

9 LE TÉMOIN : [interprétation] Nous aider à nous défendre contre l'agresseur.

10 Mme SARTORIO : [interprétation] J'ai une question de suivi à poser.

11 Q. Qui étaient les agresseurs ?

12 M. ROBSON : [interprétation] Je m'excuse, je m'excuse d'intervenir.

13 Monsieur le Président, lorsqu'une question a été posée au témoin : "Est-ce

14 qu'ils propageaient une guerre sainte du type Djihad," je ne pense pas que

15 l'on ait défini à qui on faisait référence par ce pronom "ils".

16 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je suppose que Mme Sartorio veut poser

17 une question de suivi à la suite de la question posée par moi-même, et je

18 suppose qu'on reviendra sur ce qu'a demandé Me Robson.

19 Mme SARTORIO : [interprétation] Oui.

20 Q. Lorsque je disais "ils", Monsieur Alic, je pensais aux commandants, je

21 pensais aux membres du Détachement El Moudjahid. Et ce que j'aimerais

22 savoir c'est si leur objectif était de commencer ou d'amorcer une guerre

23 sainte de type Djihad avec votre détachement ?

24 R. Non, ce n'était pas le but.

25 Q. Vous avez mentionné il y a quelques secondes à M. le Président -- vous

26 avez dit en fait que vous pensiez qu'ils aidaient les Musulmans à lutter

27 contre les agresseurs. C'est ce que vous avez dit, n'est-ce pas ?

28 R. Oui, c'est ce que j'ai dit --

Page 576

1 L'INTERPRÈTE : Le reste de la phrase n'a pas été entendu par les

2 interprètes.

3 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Est-ce que vous pouvez répéter votre

4 réponse, Monsieur. Les interprètes ne vous ont pas entendu.

5 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. J'ai dit qu'ils étaient venus nous aider

6 à nous défendre.

7 Mme SARTORIO : [interprétation]

8 Q. Vous défendre contre qui, contre quoi ?

9 R. Contre les agresseurs; les Serbes, c'est ce que j'avais dit.

10 Q. Mais est-ce qu'il y avait d'autres agresseurs, hormis les Serbes ?

11 R. Je ne peux pas vous le dire. Il y avait des Croates par la suite, plus

12 tard.

13 Q. Pendant le moment où vous vous trouviez au sein du Détachement El

14 Moudjahid, est-ce que votre détachement a combattu avec d'autres unités de

15 l'ABiH ?

16 R. Au début, nous ne l'avons pas fait. Nous combattions seuls. L'ABiH

17 combattait également.

18 Q. Je ne pense pas que votre réponse soit complète. Vous avez dit : "Nous

19 avons combattu seuls. L'ABiH l'a fait." A fait quoi ?

20 R. Qu'entendez-vous, "seuls" ? Nous n'étions pas seuls. Nous étions avec

21 l'ABiH.

22 Q. D'après ce dont vous vous souvenez, est-ce qu'il y a eu un moment où le

23 Détachement El Moudjahid a opéré en faisant cavalier seul ?

24 R. Je ne le sais pas.

25 Q. Lorsque vous, vous avez participé au combat avec le Détachement El

26 Moudjahid, est-ce que vous vous souvenez s'il y avait d'autres unités

27 militaires, d'autres formations militaires qui combattaient avec vous ?

28 R. Oui.

Page 577

1 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Maître Robson.

2 M. ROBSON : [interprétation] Monsieur le Président, il y a une ou deux

3 questions qui ont été posées en ce sens. Alors c'est un thème qui,

4 manifestement, a son importance, et j'aimerais demander à ma consoeur

5 d'être très circonspecte lorsqu'elle pose ce genre de question, lorsqu'elle

6 demande si le Détachement El Moujahid a combattu avec d'autres unités.

7 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Maître Robson, je sais qu'il s'agit

8 d'un sujet particulièrement névralgique, mais comment est-ce que la

9 question pourrait être posée, comment est-ce qu'elle pourrait être formulée

10 -- ou plutôt ce qu'il faut déterminer, c'est si ce Détachement El Moudjahid

11 a combattu avec d'autres unités ou non.

12 M. ROBSON : [interprétation] Je sais dans un premier temps, il faudrait

13 peut-être déterminer si les Moudjahidines ont mené à bien des opérations de

14 combat, puis à partir de la réponse, on peut poser d'autres questions

15 plutôt que de poser directement une question en demandant : "Est-ce que

16 vous vous souvenez s'il y avait des unités ou des formations qui opéraient

17 avec vous ?"

18 A mon avis, on va un peu trop vite en besogne.

19 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Madame Sartorio, vous avez entendu

20 cette intervention ?

21 Mme SARTORIO : [interprétation] Oui, j'ai entendu, Monsieur le Président;

22 toutefois, je pense que c'est une question tout à fait légitime. Il se peut

23 que nous abordions l'essentiel du sujet, mais s'il peut répondre à cette

24 question, je pense que je peux lui demander si son unité a combattu avec

25 d'autres unités. Ce n'est pas une question directrice, me semble-t-il, si

26 son unité a toujours participé au combat avec d'autres unités ou non.

27 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je ne pense pas parce qu'en fait,

28 Maître Robson, le témoin a déjà indiqué que El Moujahid était venu pour les

Page 578

1 aider à combattre contre l'ennemi. Donc, si vous venez et que vous

2 souhaitez combattre contre un ennemi, n'est-il juste de savoir si vous avez

3 véritablement combattu avec eux ?

4 M. ROBSON : [interprétation] Oui, tout à fait, mais mon objection venait du

5 fait qu'on a posé la question au témoin, est-ce que vous avez à chaque fois

6 combattus ensemble. Fondamentalement, je pensais qu'il s'agissait d'une

7 question directrice. C'est pour cela j'ai présenté cette objection.

8 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Est-ce que vous pouvez peut-être être

9 un peu plus prudente que vous ne l'avez été jusqu'à présent.

10 Mme SARTORIO : [interprétation] Je vais l'être, Monsieur le Président, mais

11 je pense qu'il y a quand même une base qui a été présentée pour poser cette

12 question. Elle n'est pas tombée du ciel, cette question. C'est pour cela

13 que je souhaiterais en fait poser cette question au témoin, à ce sujet.

14 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Faites donc, Madame.

15 Mme SARTORIO : [interprétation]

16 Q. Monsieur Alic, vous avez participé à un certain nombre d'opérations de

17 combat avec le Détachement El Moudjahid -- non ça, c'est une question

18 directrice.

19 J'aimerais savoir si vous avez participé à un certain nombre

20 d'opérations de combat avec le Détachement El Moudjahid ?

21 R. Oui.

22 Q. Alors, je vais vous poser quelques questions à propos de certaines de

23 ces opérations qui ont fait l'objet de discussions ces derniers jours lors

24 de séance de récolement, et ce, en présence de tous les membres de

25 l'équipe; est-ce exact ?

26 R. Oui.

27 Q. De toutes les opérations dans le cadre de toutes ces opérations,

28 j'aimerais savoir si le Détachement El Moudjahid opérait avec d'autres

Page 579

1 unités militaires ?

2 R. Je ne le sais pas.

3 Mme SARTORIO : [interprétation] Si je vous montre votre déclaration

4 préalable --

5 Mme SARTORIO : [interprétation] Est-ce que cela permettrait de rafraîchir

6 la mémoire du témoin, Monsieur le Président ?

7 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est pareil.

8 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Maître Robson.

9 M. ROBSON : [interprétation] Oui, vous m'avez donné la possibilité

10 d'intervenir lorsque j'en ressentais le besoin.

11 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, tout à fait, Maître Robson.

12 M. ROBSON : [interprétation] Donc j'interviens à nouveau.

13 Je dirais que le Procureur est en train de mener à bien un

14 interrogatoire principal. Ce n'est pas le moment de poser des questions

15 comme dans le cadre d'un contre-interrogatoire à ses témoins. Si vous

16 présentez au témoin sa déclaration préalable c'est une façon de lui poser

17 des questions directrices en quelque sorte pour obtenir certaines réponses.

18 Mme SARTORIO : [interprétation] Je n'essaie pas de récuser le témoin. Il

19 nous dit qu'il n'en sait rien. J'essaie tout simplement de lui rafraîchir

20 la mémoire par l'entremise de sa déclaration de 2005.

21 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Madame Sartorio, vous avez fait

22 référence à des discussions que vous avez eues avec votre équipe à

23 l'extérieur du prétoire. Mais ne pensez-vous pas qu'avant de lui présenter

24 sa déclaration, vous devriez peut-être lui présenter chacune de ces

25 observations, ce qui certainement lui rafraîchira sa mémoire, puis ce

26 faisant, vous ne vous conduirez pas de façon directrice ou il ne s'agira

27 pas de poser des questions comme dans le cadre d'un contre-interrogatoire

28 ou encore moins récuser le témoin.

Page 580

1 Mme SARTORIO : [interprétation] Voilà, une excellente suggestion. Je vous

2 remercie, Monsieur le Président.

3 Q. Quand avez-vous, pour la première fois, participé à un combat avec le

4 Détachement El Moudjahid ?

5 R. Je ne connais pas la date de ce premier combat.

6 Mme SARTORIO : [interprétation] Monsieur le Président, est-ce que je

7 pourrais demander que la carte numéro 9 soit affichée pour le témoin, la

8 carte numéro 9 du jeu de documents qui a été remis à la Chambre.

9 En attendant que cela soit affiché, je vais poser une autre question.

10 Q. Vous nous dites que vous ne vous souvenez pas de la date, mais est-ce

11 que vous pourriez peut-être nous donner une estimation. Vous souvenez-vous

12 du mois, par exemple ?

13 R. Oui. Peut-être que cela s'est passé en juillet ou en août.

14 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] De quelle année, Monsieur ?

15 LE TÉMOIN : [interprétation] En 1993, me semble-t-il.

16 Mme SARTORIO : [interprétation]

17 Q. Pourriez-vous décrire à l'intention des Juges quel fut le but de cette

18 opération, quel fut son objectif et est-ce que vous pourriez nous expliquer

19 également ce que vous avez fait, et nous indiquer sur la carte où vous avez

20 commencé et où vous vous trouviez au début de l'opération ?

21 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je pense qu'il faudrait peut-être lui

22 présenter la carte, lui permettre de l'identifier, de se repérer, et

23 cetera.

24 LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce que nous pourrions agrandir cette

25 carte, je vous prie ?

26 Mme SARTORIO : [interprétation] Est-ce que nous pourrions agrandir le

27 milieu de la carte, je vous prie. Bien.

28 Q. Est-ce que vous voyez la carte maintenant, Monsieur Alic ?

Page 581

1 R. Oui, ça va mieux.

2 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Est-ce que vous reconnaissez cette

3 carte ? Est-ce qu'il s'agit d'une carte que vous connaissez ?

4 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, oui, je reconnais la carte.

5 Mme SARTORIO : [interprétation]

6 Q. Où se trouvait le QG du Détachement El Moudjahid; est-ce que vous

7 pouvez voir ce QG sur la carte, nous montrer où il se trouve ?

8 R. Voilà, je vois cet endroit, c'est à cet endroit-là.

9 [Le témoin s'exécute]

10 Q. Comment s'appelle cet endroit ?

11 R. Poljanice. Ce hameau a également un autre nom, mais enfin moi, je

12 l'appelle Poljanice.

13 Q. Est-ce que le témoin pourrait opposer le chiffre "1" à côté du village

14 de Poljanice ?

15 R. [Le témoin s'exécute]

16 Q. Est-ce que vous pourriez nous montrer, nous faire le tracé du chemin

17 suivi pendant le premier combat, je vous prie.

18 R. Nous sommes partis de Poljanice en direction de Simulje, qui se trouve

19 là, puis nous avons poursuivi notre chemin. Nous avons emprunté cette

20 direction. Il y a des sapins dans ce secteur, puis il y a le village de

21 Radonjici. Voilà. C'est plus ou moins là.

22 Mme SARTORIO : [interprétation]

23 Q. Je pense qu'il va falloir apposer des chiffres. Est-ce que vous

24 pourriez mettre le chiffre numéro "2" à côté de Simulje.

25 R. [Le témoin s'exécute]

26 Voilà Simulje, numéro 2.

27 Q. Oui. Mettez un numéro "3" là où vous avez fait référence aux sapins.

28 R. Voilà. Les sapins sont là. Voilà le numéro 3; puis vous avez le village

Page 582

1 de Radonjici. Voilà, j'ai le numéro 4.

2 Q. Est-ce qu'il y a un nom pour l'endroit où se trouvent ces sapins; si

3 vous le savez ?

4 R. C'est près de cet endroit qui s'appelle Radonjici. En fait, ce sont des

5 pins. C'est ce qui est écrit là. Ce sont des pins. Cela s'appelle Borovi,

6 cet endroit.

7 Q. Est-ce que vous savez quelle est la distance en kilomètres entre

8 Poljanice et Radonjici, approximativement ?

9 R. Non, je ne le sais pas. Je ne sais pas. Je ne connais pas la distance

10 en kilomètres. Enfin, je ne sais pas. Je ne connais pas la distance

11 véritablement.

12 Q. Est-ce que vous pourriez dire à la Chambre combien de temps a duré

13 cette opération ?

14 R. Lorsque nous sommes partis ou lorsque nous avons engagé l'action ?

15 Q. C'est à quel niveau est-ce que vous avez engagé cette action, à Simulje

16 ?

17 R. Oui. Lorsque nous sommes arrivés à Simulje, en face de leur ligne, les

18 tirs ont commencé. Cela n'a pas duré très longtemps; dix minutes, un quart

19 d'heure.

20 Q. Est-ce que quelque chose s'est passé à l'endroit qui s'appelle Borovi ?

21 R. Non, non, rien. Les lignes se trouvaient là près de Simulje. Il y a un

22 village qui se trouve à un kilomètre de distance environ. Le village se

23 trouve à un kilomètre derrière Simulje, mais il n'y avait personne là.

24 Q. Combien de membres du Détachement El Moudjahid se trouvaient avec vous

25 pendant cette opération ?

26 R. J'ai dit au début que nous étions une vingtaine ou une trentaine, mais

27 nous n'étions pas seuls. L'ABiH était présente également là. Ils se

28 trouvaient à notre droite ainsi qu'à notre gauche.

Page 583

1 Q. Est-ce que vous vous souvenez du nom des unités de l'ABiH qui se

2 trouvaient avec vous ?

3 R. Non, je ne le sais pas.

4 Q. Je pense que vous avez dit que cela s'est passé -- ou plutôt, est-ce

5 que cela s'est déroulé pendant l'été de l'année 1993 ? Vous avez fait

6 référence au mois de juillet et au mois d'août ?

7 R. Oui, à ce moment-là plus ou moins.

8 Q. Bien --

9 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Le témoin avait dit : "Août 1993."

10 Mme SARTORIO : [interprétation] Je pense qu'il avait dit : "Juillet ou août

11 1993."

12 M. LE JUGE MOLOTO : [aucune interprétation]

13 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, c'était pendant ces deux mois.

14 Mme SARTORIO : [interprétation]

15 Q. A partir du moment où vous vous êtes rallié au détachement en mai 1993,

16 jusqu'à cette opération de combat, est-ce qu'il y a eu d'autres opérations

17 de combat qui ont été menées entre-temps ?

18 R. Non.

19 Q. A votre connaissance, pendant les mois d'été de l'année 1993, donc

20 juin, juillet, août, est-ce qu'il y a eu d'autres opérations de combat qui

21 se sont déroulées dans ce secteur ?

22 R. Je ne le sais pas. D'ailleurs, il se peut qu'il y ait eu d'autres

23 opérations, mais il se peut qu'il n'y en ait pas eues. Je ne m'en souviens

24 pas. C'était en 1993. Je ne sais pas en fait s'il y a eu d'autres

25 opérations menées en 1993.

26 Q. Est-ce que vous et votre détachement avez participé à d'autres

27 opérations pendant l'été 1993 dans ce secteur ?

28 R. Ce fut la première opération. Il y en a eu d'autres, mais maintenant je

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1 ne sais plus si elles se sont passées en 1993 ou en 1994.

2 Q. Pendant cette opération, qui vous donnait des ordres ?

3 R. Je ne le sais pas.

4 Q. Qui était votre supérieur hiérarchique direct, votre commandant ?

5 R. Abu Haris.

6 Q. Est-ce que vous vous souvenez d'autres personnes qui commandaient le

7 Détachement El Moudjahid à cette époque-là ?

8 R. Il y avait Abu Haris à ce moment-là, il y avait Vahidin, il y en avait

9 plusieurs autres également. Mais en ce qui me concerne, les personnes dont

10 je vous ai donné les noms étaient les plus importantes.

11 Q. A la fin de l'opération, où êtes-vous allés ?

12 R. Nous sommes allés à Poljanice.

13 Q. Lorsque vous étiez à Poljanice, est-ce que vous savez qui commandait le

14 détachement là-bas ?

15 R. C'était Abu Haris à l'époque.

16 Q. Est-ce qu'Abu Haris avait un titre, à votre connaissance ?

17 R. Je ne le sais pas. Je sais qu'il était notre émir. C'est ainsi que nous

18 l'appelions. Nous l'appelions "Emir".

19 Q. Après cette opération, est-ce que le commandement du Détachement El

20 Moudjahid s'est déplacé ?

21 R. Oui, il s'est déplacé. Je ne sais pas quand, mais il s'est déplacé à

22 Zenica.

23 Mme SARTORIO : [interprétation] J'ai tout juste une question à poser,

24 Monsieur le Président, car je pense que le moment est bientôt venu de faire

25 la pause.

26 Je souhaiterais verser au dossier la carte avec les annotations, et

27 j'aimerais que cela soit versé au dossier, je vous prie.

28 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Cette carte avec ses annotations qui

Page 585

1 se trouvent sur notre écran est versée au dossier.

2 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce à conviction 91.

3 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie.

4 Mme SARTORIO : [interprétation] J'ai encore une question à poser ?

5 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Madame Sartorio, à quelle heure avons-

6 nous commencé ?

7 Mme SARTORIO : [interprétation] A 16 heures. Ma commis aux audiences vient

8 de me passer un petit mot me disant que le moment était peut-être venu de

9 faire une pause.

10 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Mais vous pouvez poursuivre.

11 Mme SARTORIO : [interprétation] Je vous remercie.

12 Q. Monsieur Alic, lorsque le Détachement El Moudjahid se trouvait à

13 Poljanice, qu'il s'est déplacé, comme vous venez de le dire, qu'il s'est

14 déplacé à Zenica, est-ce qu'il y a eu changement du commandement du

15 détachement ?

16 R. Je n'en sais rien. Oui, c'était le même émir qui était là. De toute

17 façon, il n'y a rien de particulier qui s'est passé.

18 Q. Est-ce que votre rôle ou vos fonctions ont changé ?

19 R. Non.

20 Q. Est-ce que les opérations quotidiennes du détachement -- est-ce que ces

21 opérations ont changé ou ont été modifiées, d'après ce que vous savez ?

22 R. Non, pas vraiment.

23 Q. Bien.

24 Mme SARTORIO : [interprétation] J'allais montrer à M. Alic certaines

25 photographies -- un jeu de photographies. Si vous voulez que je commence à

26 lui montrer cela, je peux lui montrer maintenant.

27 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Est-ce que vous pensez que c'est le

28 moment de faire la pause ?

Page 586

1 Mme SARTORIO : [interprétation] Oui.

2 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien. Nous allons faire la pause

3 et nous reviendrons à 17 heures 45.

4 --- L'audience est suspendue à 17 heures 15.

5 --- L'audience est reprise à 17 heures 45.

6 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Veuillez poursuivre, Madame Sartorio.

7 Mme SARTORIO : [interprétation] Merci, Monsieur le Président, Madame le

8 Juge.

9 Pendant la pause, j'ai parlé avec l'huissière, parce que je voudrais

10 montrer une série de photographies représentant certaines personnes, et je

11 crois comprendre que le témoin précédent a déjà apposé des noms sur

12 certaines photographies.

13 L'huissière a dit qu'il était sans doute préférable de présenter ce

14 petit album de photographies, donner une cote à cet album, puis le témoin

15 pourra les examiner et cela fera l'objet d'une seule pièce.

16 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Comme vous voulez. C'est bon.

17 [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent] M. LE JUGE

18 MOLOTO : [interprétation] Poursuivez, je vous en prie.

19 Mme SARTORIO : [interprétation] Je précise aux fins du dossier qu'il s'agit

20 du document portant le numéro PT P061571, quant au numéro ERN -- attendez,

21 s'il vous plaît.

22 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Vous voulez en demander le versement

23 tout de suite ou est-ce que vous allez demander qu'il les parcoure d'abord

24 ?

25 C'est sans doute préférable, n'est-ce pas ?

26 Mme SARTORIO : [interprétation] Oui. Je pense que c'est la meilleure marche

27 à suivre.

28 Q. Monsieur le Témoin, parcourons, si vous le voulez bien, les

Page 587

1 photographies, à commencer par celle qui se trouve à la première page de ce

2 petit fascicule. Vous reconnaissez cette personne ?

3 R. Oui.

4 Q. Comment s'appelle-t-elle ?

5 R. On le surnommait cheik Enver.

6 Q. Je ne vais pas reposer cette question pour chacune des photographies,

7 mais est-ce qu'il faisait partie du Détachement El Moudjahid ?

8 R. Il est arrivé à la toute fin. Il n'était pas avec nous dès le début, il

9 est arrivé à la fin.

10 Q. Fort bien. Prenons la deuxième photographie.

11 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] On vous avait demandé, Monsieur le

12 Témoin, s'il était membre de ce détachement, quel que soit le moment où il

13 est arrivé dans cette unité.

14 LE TÉMOIN : [interprétation] Il était avec nous à partir du moment où il

15 est arrivé. Il est resté environ trois, quatre mois.

16 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Il était membre du Détachement El

17 Moudjahid ?

18 LE TÉMOIN : [interprétation] Bien, il était avec nous. Est-ce qu'il avait

19 été inscrit, est-ce qu'on avait son nom dans un document, sur papier. Je ne

20 sais pas ?

21 Mme VIDOVIC : [interprétation] Est-ce que je peux réagir ?

22 L'INTERPRÈTE : Les interprètes précisent qu'ils ont du mal à entendre Me

23 Vidovic.

24 Mme VIDOVIC : [interprétation] Je vois qu'ici, il est écrit que "cheik

25 Saban était avec nous", est-il dit dans le compte rendu d'audience, "quand

26 on est arrivés trois ou quatre mois." Je ne sais plus où ceci se trouve

27 exactement. Mais le témoin, ce qu'il a dit, c'est que c'était : "A la fin

28 de la guerre, l'espace de trois ou quatre mois." Est-ce que nous pourrions

Page 588

1 tirer ceci au clair ?

2 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Effectivement, précisons.

3 Un peu plus haut dans le compte rendu d'audience, il a d'abord donné

4 un nom, celui de "cheik Enver", maintenant vous, vous parlez de cheik

5 Saban, ligne 6, regardez, page 73, on voit inscrit le nom de "cheik Enver",

6 alors qu'à la même page, ligne 25, vous, vous faites référence à cheik

7 Saban.

8 Mme VIDOVIC : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président, il

9 s'agit de la même personne. Le témoin a dit "cheik Enver" et moi j'ai dit

10 "cheik Saban," mais il s'agit d'une seule et même personne.

11 LE TÉMOIN : [interprétation] Je le connais sous le nom de "Cheik Enver."

12 C'est comme cela qu'on l'appelait, mais je ne sais pas comment il

13 s'appelait en vérité.

14 Mme VIDOVIC : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président, Madame

15 le Juge, cette erreur, mais si j'ai fait objection, c'est parce qu'il y

16 avait eu mauvaise traduction. Le témoin a dit que cet homme est arrivé à la

17 fin de la guerre. Or, le compte rendu d'audience dit quelque chose d'autre.

18 Je voulais que ceci soit tiré au clair.

19 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci, Maître Vidovic. Pour ce qui est

20 des noms, comprenez-le, nous, nous ne connaissons pas ces gens. Donc si

21 quelqu'un dit "cheik Enver", quelqu'un d'autre dit "cheik Saban", pour

22 nous, ce sont deux personnes distinctes. Ceci est réglé.

23 Madame Sartorio, est-ce que vous pourriez apporter les précisions demandées

24 par Me Vidovic à propos du moment précis où il est arrivé ? Etait-ce à la

25 fin de la guerre.

26 Mme SARTORIO : [interprétation] Effectivement.

27 Q. Monsieur le Témoin, est-ce que vous vous souvenez de l'endroit où se

28 trouvait le Détachement El Moudjahid lorsque cet homme est arrivé, en tout

Page 589

1 cas, lorsque vous l'avez vu ?

2 R. Bien, on était à l'époque à Vozuca --

3 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Mais je vois que Me Robson veut

4 intervenir.

5 M. ROBSON : [interprétation] C'est exact, Monsieur le Président.

6 Manifestement, on avait demandé des précisions à l'Accusation, or

7 maintenant, on est passés à un sujet tout à fait différent. Je pense

8 qu'auparavant, il faudrait préciser l'objet de la question : quand est

9 arrivé cheik Enver ?

10 Mme SARTORIO : [interprétation] C'est ce que j'essaie de demander au

11 témoin. Parce que c'est une question qui a à voir avec l'endroit où ils

12 étaient, et il est peut-être utile de préciser le contexte pour essayer de

13 replacer ceci dans le temps.

14 Je n'essaie pas d'établir ici un nouveau sujet, j'essaie de savoir à

15 peu près quand cheik Enver est arrivé.

16 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci de ces explications. Poursuivez.

17 Mme SARTORIO : [interprétation]

18 Q. Quand avez-vous vu cheik Enver pour la première fois ?

19 R. C'était quand on était à Vozuca.

20 Q. Vous dites, "vous étiez à Vozuca." Est-ce que vous étiez au QG, sur le

21 terrain, où est-ce que vous étiez ?

22 R. Mais on était sur le terrain, à 13 kilomètres.

23 Q. Vous dites "13 kilomètres," est-ce que c'était en plein milieu d'une

24 opération, ou est-ce que c'était à 13 kilomètres ou au treizième kilomètre

25 ?

26 R. Bien, c'est ce que les habitants ont dit. Ils nous ont appelés en

27 fonction de la distance, du kilomètre. Je ne sais pas quel était le nom

28 réel. Il y avait un logement.

Page 590

1 Q. Est-ce qu'il y avait un logement réservé au Détachement El Moudjahid ?

2 R. On ne pouvait pas rester chez des particuliers, donc on avait plusieurs

3 endroits.

4 Q. Puisque nous allons parlé de façon détaillée plus tard de cet endroit,

5 autant préciser où il était maintenant. Vous dites "13 kilomètres," mais

6 treizième kilomètre par rapport à quoi ?

7 R. Par rapport à la ville de Zavidovici; il y a un premier kilomètre, le

8 deuxième, le troisième -- il y a le cinquième kilomètre.

9 Q. Jusqu'au treizième, c'est cela ?

10 R. Oui.

11 Q. Est-ce qu'on dit de cette région -- est-ce qu'on l'appelle comme cela

12 "13e kilomètre" ?

13 R. Cela s'appelle "Kamenica" et cela se trouve à 13 kilomètres de la

14 ville.

15 Q. Qu'est-ce qu'il y avait à cet endroit ?

16 R. Rien. On a simplement été cantonnés là.

17 Q. Vous dites "nous" mais c'est qui "nous" ? Qu'est-ce que vous y avez

18 fait à cet endroit ?

19 R. Nous, du Détachement El Moudjahid, c'est là qu'on a dormi, qu'on s'est

20 reposés, ainsi de suite.

21 Q. Est-ce que vous avez dormi dans des bâtiments, des structures ?

22 R. Il y avait deux ou trois maisons et quelques tentes.

23 Q. Est-ce que c'est là que vous retourniez, par exemple, après une

24 opération ?

25 R. Oui, de temps en temps, il nous arrivait d'y retourner, mais pas

26 toujours.

27 Q. Est-ce qu'on considérait que c'était un poste de commandement du

28 Détachement El Moudjahid ?

Page 591

1 R. Non.

2 Q. Est-ce que vous avez vu M. Abu Haris à ce camp ?

3 R. Je ne sais pas où il a été tué. Je ne sais pas si c'était avant.

4 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Excusez-moi.

5 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne me souviens plus exactement.

6 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Monsieur Alic, je suppose que vous ne

7 l'auriez pas vu à ce camp après sa mort. Pendant qu'il était encore en vie,

8 est-ce que vous vous souvenez l'avoir vu à cet endroit ?

9 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est bien possible, mais je ne pourrais pas

10 vous le dire exactement. Est-ce que je l'ai vu ou pas, je ne le sais pas.

11 Je ne sais pas quand il a été tué. Je ne sais pas s'il est venu au camp.

12 S'il était vivant, il était là, mais s'il a été tué avant, il aurait été

13 impossible qu'il soit là.

14 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Madame Sartorio, veuillez poursuivre.

15 Mme SARTORIO : [interprétation]

16 Q. Vous dites que s'il avait été en vie, il y aurait été. Est-ce que vous

17 avez rencontré d'autres membres du Détachement El Moudjahid à cet endroit ?

18 R. Qu'est-ce que vous voulez dire "d'autres" ?

19 Q. Je parle des hommes, des soldats qui combattaient avec vous, des

20 membres du détachement. Est-ce que vous en avez rencontré d'autres ? Est-ce

21 que vous avez passé une certaine période de temps à cet endroit ?

22 R. Oui, oui. Oui, on y est passé un certain temps.

23 Q. Je pense que vous avez dit que c'est le premier endroit où vous avez vu

24 cheik Enver; c'est bien cela ?

25 R. Oui, c'est ça.

26 Q. C'était à quel moment de l'année, est-ce que vous vous en souvenez ?

27 R. C'était peut-être en 1995.

28 Q. Est-ce que vous pourriez être plus précis, à quel moment de 1995 ?

Page 592

1 R. Ça, je ne m'en souviens pas.

2 Q. D'accord. Est-ce que vous souvenez-vous vous vous êtes trouvé à

3 participer à des actions de combat avec M. Enver ?

4 R. Je ne le sais pas.

5 Q. Je vais vous demander de regarder la troisième photographie qui se

6 trouve à la page suivante ou à la troisième. Il y a trois photographies sur

7 cette page. Est-ce que vous pouvez nous dire qui est cet homme ?

8 R. C'est le cheik Enver.

9 Q. Page 4.

10 R. C'est toujours le même.

11 Mme SARTORIO : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît.

12 [Le conseil de l'Accusation se concerte]

13 Mme SARTORIO : [interprétation]

14 Q. Monsieur Alic, je vais vous demander de revenir à la page 3, pour

15 repasser ensuite à la page 4. Est-ce que vous nous dites qu'il s'agit des

16 deux mêmes personnes ?

17 R. Oui.

18 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Mais quelle est la page 4 ?

19 Mme SARTORIO : [interprétation] Elle porte le numéro 0471-7266.

20 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] C'est le cheik, ici, qu'on voit ?

21 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non. Ça, ce n'est pas la même personne.

22 Mme SARTORIO : [interprétation] D'accord. Je ne voulais pas créer la

23 confusion au niveau du compte rendu d'audience. Nous avons le numéro ERN de

24 la page 4, 7276. Nous sommes à la même page, n'est-ce pas ?

25 Q. Qui est cette personne ?

26 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Est-ce qu'on peut voir le numéro ERN

27 sur l'image ? Oui, je le vois maintenant. Merci.

28 Mme SARTORIO : [interprétation] Merci.

Page 593

1 LE TÉMOIN : [interprétation] Je le connais, mais je ne connais pas son nom.

2 Q. Comment se fait-il que vous connaissiez cet homme ?

3 R. Il était à Mehurici.

4 Q. Quand ?

5 R. En 1993.

6 Q. Vous pourriez être plus précis, à quel moment de l'année 1993 ?

7 R. Quand je suis passé au détachement, il m'est arrivé de le voir de temps

8 à autre à Mehurici, mais il n'était pas avec nous.

9 Q. Bien.

10 Mme SARTORIO : [interprétation] Photographie suivante, numéro ERN 7267.

11 Q. Qui est cet homme ? Le savez-vous, Monsieur ?

12 R. Je pense que c'est le même.

13 Mme SARTORIO : [interprétation] Page suivante, 7268. Est-ce que je vais

14 trop vite pour le système de prétoire électronique ?

15 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, c'est bon.

16 Mme SARTORIO : [interprétation]

17 Q. Pouvez-vous nous donner l'identité de cette personne ?

18 R. Oui. Je le reconnais; c'est Vahidin.

19 Q. Photographie suivante, numéro ERN 7269.

20 R. Je pense que c'est le même.

21 Q. Pourriez-vous redonner le nom aux fins du compte rendu ?

22 R. Vahidin.

23 Q. Merci. Page suivante, le numéro 7270. Est-ce que vous reconnaissez

24 cette personne ?

25 R. Celui-ci, je ne le connais pas.

26 Q. Page suivante, le numéro 0471-7271. Il y a deux photographies ici. Vous

27 reconnaissez les personnes qui y figurent ?

28 R. Non. Je ne sais pas qui ces personnes sont.

Page 594

1 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] On voit une personne dans l'avant-

2 plan. Vous savez qui c'est ?

3 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, je ne connais pas cet homme.

4 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Poursuivez, Madame Sartorio.

5 Mme SARTORIO : [interprétation] Merci.

6 Q. Vous ne connaissez pas son nom, mais est-ce qu'il vous est arrivé de le

7 voir ?

8 R. Je ne le connais pas. Je ne me souviens pas de l'avoir vu.

9 Q. Merci. Page suivante 7272. On y voit deux photographies. Commençons par

10 celle du haut. Est-ce que vous reconnaissez quelqu'un ?

11 R. Oui. Safet Durgucic.

12 L'INTERPRÈTE : Les interprètes ne sont pas sûrs du nom de famille.

13 Mme SARTORIO : [interprétation]

14 Q. Que porte-t-il, cet homme ?

15 R. Une espèce de tricot vert, si je vois bien.

16 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Les interprètes n'étaient pas sûrs du

17 nom de famille. Est-ce que vous pourriez, Madame Sartorio, demander au

18 témoin de répéter le nom de cette personne et lui demander de l'indiquer,

19 parce que je ne vois pas de vêtement vert. Je ne vois qu'un vêtement bleu.

20 Mme SARTORIO : [interprétation]

21 Q. Monsieur, pourriez-vous indiquer sur le rétroprojecteur de qui vous

22 parlez ?

23 R. Ici, c'est Durgucic, Safet.

24 Q. Je n'ai rien vu sur mon écran quand vous avez indiqué.

25 R. Voici, Safet Durgucic, et à côté vous avez le mufti de Zenica.

26 Q. Connaissez-vous le nom du mufti de Zenica ? Je ne pense pas, n'est-ce

27 pas ?

28 R. Non.

Page 595

1 Mme SARTORIO : [interprétation] Excusez-moi, je n'ai pas été très claire.

2 Q. L'homme que vous avez indiqué il y a un instant, pourriez-vous nous

3 redonner très lentement son nom de famille ?

4 R. Safet Durguti [phon], si je me souviens bien.

5 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Attendez. Avant de passer à la photo

6 suivante, qu'est-ce que c'est qu'un mufti, le mufti de Zenica, a-t-il dit ?

7 Mme SARTORIO : [interprétation] Je vais poser la question au témoin.

8 Q. Qu'est-ce qu'un mufti ? Qu'est-ce que, en particulier, est le mufti de

9 Zenica ?

10 R. Il habite à Zenica. Il est au-dessus du hodja.

11 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Un hodja, qu'est-ce que c'est ?

12 LE TÉMOIN : [interprétation] Un hodja, c'est quelqu'un qui a terminé la

13 madrasa. Ceux qui en savent plus, ils ont le titre de mufti ou de muteris.

14 Ce sont des gens qui ont des connaissances supérieures.

15 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup.

16 Veuillez poursuivre, Mme Sartorio. Désolé de vous avoir usurpé votre

17 place, mais il fallait que je comprenne.

18 Mme SARTORIO : [interprétation] Je vous comprends, Monsieur le Président.

19 J'étais sur le point de demander au témoin si un mufti, c'est un dirigeant

20 religieux islamique.

21 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, mais là si vous le faites comme

22 ça, vous allez lui soufflez la réponse.

23 Mme SARTORIO : [interprétation] Je retire ma question.

24 L'INTERPRÈTE : Le témoin a répondu "non".

25 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci aux interprètes.

26 Mme SARTORIO : [interprétation] Numéro ERN de la photographie que nous

27 allons voir, 0471-7273.

28 Q. Est-ce que vous reconnaissez quelqu'un d'abord sur la photo du haut ?

Page 596

1 R. Oui. Ici, vous avez Abu Aiman, c'est celui-ci. A côté, c'est une fois

2 de plus le mufti de Zenica.

3 Q. Vous parlez de la personne qui porte une espèce de robe blanche -

4 enfin, je ne sais pas si c'est blanc ou pas - mais c'est la personne qui se

5 trouve à gauche de l'écran ?

6 R. Oui.

7 Q. Sur la photo du bas, vous connaissez --

8 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Est-ce que nous pouvons revenir à la

9 photo du haut.

10 Est-ce que vous reconnaissez la personne qui se trouve à droite sur

11 cette photo ?

12 LE TÉMOIN : [interprétation] Celui-ci ? Cet homme-ci ?

13 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui.

14 LE TÉMOIN : [interprétation] Vous avez Abu Aiman, puis vous avez le mufti,

15 et l'autre, je ne le sais pas.

16 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup.

17 Mme SARTORIO : [interprétation]

18 Q. Prenons la photo du bas. Est-ce que vous y reconnaissez quelqu'un ?

19 R. Non.

20 Mme SARTORIO : [interprétation] Prenons la page suivante, qui porte le

21 numéro ERN 0471-7274.

22 Q. Est-ce que vous reconnaissez quelqu'un sur cette photo ?

23 R. Oui. Ici, c'est Abu Haris, et l'autre, c'est Abu Malik, notre

24 interprète.

25 Q. Est-ce que vous voyez quelqu'un qui tient un microphone en main ? Je

26 suppose que ce ne sera pas contesté qu'il s'agisse bien d'un microphone.

27 Celui qui a un microphone en main, c'est Abu Haris ?

28 R. Oui.

Page 597

1 Mme SARTORIO : [interprétation] J'ai voulu préciser pour que tout soit bien

2 clair au compte rendu d'audience.

3 Page suivante, on y trouve deux photos.

4 Q. Vous reconnaissez quelqu'un ?

5 R. Oui. Ici, vous avez Abu Haris, et là, je pense que c'est Vahidin, pour

6 autant que je puisse voir.

7 Q. Il faut être précis, une fois de plus, car au compte rendu d'audience

8 on ne comprend pas bien qui vous voulez dire par "celui-ci." Vous parlez de

9 la personne de gauche -- à votre gauche à vous ? Nous voulons être précis

10 pour le compte rendu.

11 R. Celui-là, c'est Abu Haris. Voilà. Celui-ci. Celui-ci ici.

12 Q. A droite, qui est-ce ?

13 R. Cette autre personne, c'est, je crois, Vahidin, mais je ne vois pas

14 très bien.

15 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Madame Sartorio, pour que tout soit

16 précis au compte rendu d'audience, il n'aurait pas été préférable que le

17 témoin inscrive les noms de ces personnes ?

18 Mme SARTORIO : [interprétation] Oui, nous en avons discuté, mais pour ne

19 pas perdre de temps, et je ne suis pas trop sûre de l'orthographe, vous

20 voyez. J'y avais bien pensé, Monsieur le Président.

21 Q. Page suivante, nous avons quatre photographies. La photo du haut, vous

22 reconnaissez quelqu'un ?

23 R. Oui. Ici, c'est Abu Haris qui a un microphone en main. C'est lui aussi

24 ici. Ici, vous avez Abdul Malik. Ici, c'est encore Abu Haris, puis à côté,

25 Abdul Malik. Sur ces photos, c'est Abu Haris et Abdul Malik.

26 Q. Vous dites qu'Abu Haris, c'est celui qui tient le micro ?

27 R. Oui, c'est ça.

28 Mme SARTORIO : [interprétation] Est-ce que cette identification vous

Page 598

1 suffit, Monsieur le Président ?

2 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] C'est une note d'identification. Pour

3 ce qu'elle vaut, est-ce que nous pourrons le voir ou reprendre cette

4 identification au moment de la rédaction du jugement, là c'est une autre

5 paire de manches.

6 Mme SARTORIO : [interprétation] Oui, je comprends.

7 Q. Est-ce que vous reconnaissez cette personne ?

8 R. Oui.

9 Q. Qui est-ce ?

10 R. C'est Abu Hamza.

11 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Permettez-moi de suggérer quelque

12 chose. Si vous donnez le numéro ERN, à ce moment-là nous saurons tout du

13 moins comment établir un rapport entre le nom et la photo, parce que quand

14 on dit page 1, ou 2 ou 3, ceci ne nous aide pas beaucoup, je pense.

15 Mme SARTORIO : [interprétation] D'accord.

16 [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

17 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, allez-y, Madame Sartorio.

18 Excusez-moi. Merci. Excusez-moi de la brève interruption.

19 Mme SARTORIO : [interprétation] Pas de problème, Monsieur le Président. Il

20 me semble qu'il nous reste seulement huit photos.

21 La page suivante, c'est la page 7 277, enfin ce sont les quatre derniers

22 chiffres du numéro ERN.

23 Peut-être que nous allons revenir sur ce document, puisque nous

24 n'avons pas indiqué le numéro correspondant, 7 277.

25 Q. 7 277, qui est-ce ?

26 R. Abu Hamza.

27 Q. Bien. Page suivante, 7 278, qui est-ce ?

28 R. C'est Abu Aiman.

Page 599

1 Q. Page suivante, 7 279 ?

2 R. Abu Maali.

3 Q. Page suivante, 7 280 ?

4 R. Même personne.

5 Q. La même personne que qui ? Le nom, s'il vous plaît.

6 R. Abu Maali.

7 Q. 7 281 ?

8 R. C'est à nouveau Abu Maali.

9 Q. La page 7 282 ?

10 R. Je crois que c'est aussi Abu Maali.

11 Q. Et 7 283 ?

12 R. C'est Muatez.

13 Q. 7 284 ?

14 R. Je ne sais pas qui c'est.

15 Q. Et 7285?

16 R. Je ne le connais pas non plus.

17 Mme SARTORIO : [interprétation] Je demanderais le versement au dossier de

18 cette série de photos, s'il vous plaît.

19 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Même les photos de ceux qu'il n'a pas

20 été en mesure d'identifier ?

21 Mme SARTORIO : [interprétation] C'est ce que le Greffier avait suggéré de

22 manière à ce que nous puissions revenir ultérieurement à ces pièces en cas

23 de besoin.

24 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Bien. Très bien. Nous allons verser

25 toutes ces photos au dossier. Pourrait-on obtenir un numéro de pièce pour

26 l'ensemble de ces photos ?

27 M. LE GREFFIER : [interprétation] Oui. Ce sera la pièce 92.

28 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup. C'était auparavant le

Page 600

1 document PT061571, n'est-ce pas ?

2 Mme SARTORIO : [interprétation] En effet, Monsieur le Président.

3 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

4 Mme SARTORIO : [interprétation]

5 Q. J'aimerais que nous parlions maintenant de la période correspondante à

6 l'année 1995, j'aimerais savoir si vous avez participé à des opérations de

7 combat en tant que membre du Détachement El Moudjahid au cours de cette

8 année-là ?

9 R. Oui.

10 Q. Pouvez-vous nous dire quand, à peu près, la première opération à

11 laquelle vous avez participé, quand dans l'année a-t-elle eu lieu ?

12 R. C'est difficile de s'en souvenir. Je pense que c'était en 1995 à

13 Vozuca. Maintenant pour ce qui est de savoir si c'était janvier ou février,

14 je n'en sais rien, pour ce qui est de l'année 1995, j'entends.

15 Q. Nous allons de toute façon parler de Vozuca dans quelques minutes. Car

16 j'aimerais que vous expliquiez, et ce, par le menu cette opération à

17 laquelle vous avez participé.

18 Mais à ce moment-là, est-ce que vous vous souvenez --

19 R. [aucune interprétation]

20 Q. oui, allez-y, je vous en prie.

21 L'INTERPRÈTE : Le témoin, "Oui."

22 Mme SARTORIO : [interprétation]

23 Q. En 1995, est-ce que vous pouvez nous dire s'il y avait plus d'hommes au

24 sein du Détachement El Moudjahid, est-ce qu'il y avait une augmentation des

25 recrues ?

26 R. Oui.

27 Q. Est-ce que vous pourriez nous dire combien de nouveaux membres il y

28 avait ?

Page 601

1 R. Nous étions assez nombreux.

2 Q. Est-ce que vous pourriez essayer d'être un peu plus précis, et je pense

3 aux Juges lorsque vous dites "nous étions assez nombreux," qu'entendez-vous

4 ?

5 R. Je ne connais pas le nombre exact, mais nous étions assez nombreux.

6 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Est-ce que cela peut dépasser la

7 centaine d'hommes ?

8 LE TÉMOIN : [interprétation] Nous étions peut-être 200 ou 300, peut-être

9 plus d'ailleurs, peut-être davantage, et peut-être pas.

10 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Vous estimez donc ce nombre entre 200

11 et 300; c'est cela ?

12 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, quelque chose de cet ordre-là, mais je

13 n'en sais rien. Je ne les ai jamais comptés.

14 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup.

15 Mme SARTORIO : [interprétation]

16 Q. Où se trouvait le détachement, où est-ce qu'il était localisé ? Est-ce

17 qu'il y avait un QG ?

18 R. Qu'entendez-vous ?

19 Q. Lorsque vous étiez sur le terrain, est-ce qu'il y avait un poste de

20 commandement, par exemple, ou un QG où le détachement pouvait se rassembler

21 ?

22 R. Non. Nous nous reposions à Vatrostalna; et pour ce qui est du poste de

23 commandement, je n'en sais rien.

24 Q. Vous avez dit : "Nous nous reposions à Vatrostalna." Qu'est-ce que vous

25 entendez par "nous nous reposions là-bas" ?

26 R. Certains restaient là-bas, d'autres partaient de cet endroit pour aller

27 à la ligne, et cetera. Par exemple, une personne qui était chez elle devait

28 aller là-bas pour se présenter au rapport.

Page 602

1 Q. Lorsque vous dites : "allez là-bas et se présenter au rapport," vous

2 voulez dire à Vatrostalna ?

3 R. Oui.

4 Q. Est-ce que c'est là où vous vous trouviez, où vous étiez lorsque vous

5 n'étiez pas sur le terrain, lorsque vous ne participiez pas à une opération

6 de combat, c'est là que vous alliez ?

7 R. Oui, c'est quelque chose de ce style. Mais d'abord, qu'est-ce que vous

8 entendez lorsque vous dites : Où est-ce que nous allions ? Il n'y en avait

9 certains qui étaient à Vatrostalna, d'autres qui étaient chez eux, puis

10 d'autres encore, lorsque cela était nécessaire, qui se trouvaient sur la

11 ligne.

12 Q. Pour ce qui est de l'opération Vozuca, est-ce que vous pourriez

13 expliquer à la Chambre de première instance, ou plutôt -- non, je m'excuse.

14 Mme SARTORIO : [interprétation] J'aimerais dans un premier temps que soit

15 affichée la carte 11 du jeu des documents.

16 Est-ce que la carte a été affichée à l'écran ? Merci.

17 Q. Monsieur, alors --

18 Mme SARTORIO : [interprétation] Est-ce que d'abord nous pourrions faire un

19 gros plan sur la partie gauche de l'écran.

20 LE TÉMOIN : [interprétation] Voilà la ville de Zavidovici.

21 Mme SARTORIO : [interprétation]

22 Q. A partir de la ville de Zavidovici, une ligne qui descend et qui va

23 vers --

24 R. C'est comme cela.

25 Q. Qu'est-ce que vous voulez dire ? Est-ce que vous pouvez nous dire quels

26 sont les lieux que vous reconnaissez sur cette carte, si vous pouvez les

27 voir ?

28 R. Je reconnais la ville de Zavidovici; ensuite il y a Potlecje; Poljica,

Page 603

1 c'est là.

2 Q. [aucune interprétation]

3 R. Voilà, c'est cela. Donnez-moi un marqueur.

4 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Madame Sartorio, peut-être que vous

5 pourriez demander au témoin de nous indiquer où se trouvent ces lieux dont

6 il parle.

7 Mme SARTORIO : [interprétation] C'est ce que j'essaie de faire.

8 LE TÉMOIN : [interprétation] Bien. Bien. Ce n'est pas un problème.

9 Mme SARTORIO : [aucune interprétation]

10 [Le conseil de l'Accusation se concerte]

11 LE TÉMOIN : [interprétation] Nous avons la ville de Zavidovici;

12 Potlecje, là où il y a le numéro 1; Poljica, numéro 2.

13 [Le témoin s'exécute]

14 Je ne vois pas très bien. Cela c'est Potlecje; cela se trouve près de

15 Zavidovici.

16 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je ne vois pas ce que vous indiquez.

17 Le numéro 1, cela correspond à quoi ?

18 LE TÉMOIN : [interprétation] A Potlecje.

19 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Et le numéro 2 ?

20 LE TÉMOIN : [interprétation] Le numéro 2, c'est Poljica. Cela se trouve à

21 cinq kilomètres plus ou moins de la ville. C'est au cinquième kilomètre.

22 D'ailleurs, je ne discerne pas ce qui est écrit. C'est peut-être

23 "Sinanovici."

24 Je ne sais pas, d'autres peuvent le voir mieux que moi.

25 Là où j'ai mis le numéro 3, il me semble que c'est Sinanovici; puis, sur la

26 droite vous avez Lijevca, là où j'ai mis le chiffre 4; puis, Borovnica, au

27 numéro 5; ensuite cela continue jusqu'au 13e kilomètre, Kamenica. Donc il y

28 a quelque chose qui manque sur cette carte.

Page 604

1 Mme SARTORIO : [interprétation] Oui, je pense en fait que nous devons

2 sauvegarder les annotations.

3 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Vous pouvez poursuivre, Madame

4 Sartorio.

5 Mme SARTORIO : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président. Je

6 souhaiterais conserver, sauvegarder cette image de la carte avec les

7 annotations, parce qu'ensuite il va falloir que nous déplacions la carte

8 vers le bas, et nous allons perdre les annotations.

9 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie. Est-ce que cette

10 page pourrait être versée au dossier, est-ce qu'on pourrait lui attribuer

11 une cote ?

12 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera le numéro 93, la cote 93.

13 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie. Comment est-ce que

14 nous allons l'appeler, la carte ?

15 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la carte numéro 11, première

16 partie; ou la pièce à conviction 93, première partie.

17 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie beaucoup.

18 Mme SARTORIO : [interprétation]

19 Q. Pour replacer cela dans le contexte par rapport à la première partie de

20 la carte, ou à la première carte, est-ce que vous pourriez, je vous prie,

21 nous remettre le chiffre numéro 1 près de Borovnica ?

22 R. Oui. Borovnica, numéro 5. [Le témoin s'exécute]

23 Q. Bien. Alors continuez à descendre, et voyez si vous trouvez autre

24 chose.

25 R. Alors, il y a Kamenica, près de Ravnjak; c'est au 13e kilomètre, à peu

26 près. Je ne sais pas comment s'appelle cet endroit.

27 Donc il s'agit de la route de Borovnica, ensuite vous avez Kamenica

28 qui est là, puis quelque part là, vous devriez avoir le 13e kilomètre, mais

Page 605

1 je ne sais pas comment s'appelle cette partie, ce secteur.

2 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] J'ai un problème.

3 Mme SARTORIO : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

4 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Le témoin dit "quelque part là,"

5 "quelque part ici," et nous ne voyons absolument pas ce qu'il indique.

6 Mme SARTORIO : [interprétation]

7 Q. Je voudrais vous demander si vous voyez où se trouve le 12e ou le 13e

8 kilomètre ?

9 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je m'excuse, Madame Sartorio. Vous

10 parlez du 12e kilomètre alors que le témoin parle du 13e kilomètre. Tenons-

11 nous en à ce que dit le témoin.

12 Mme SARTORIO : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

13 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je vois le numéro 12.

14 Mme SARTORIO : [interprétation]

15 Q. Bien, numéro 12, mais vous ne voyez pas le numéro 13, n'est-ce pas ?

16 R. Non, je ne vois pas de numéro 13.

17 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Monsieur, Madame Sartorio, est-ce que

18 vous pourriez nous indiquer où se trouve le numéro 12, je vous prie.

19 LE TÉMOIN : [interprétation] Voilà, le numéro 12, "6".

20 Mme SARTORIO : [interprétation]

21 Q. Bien. Où se trouve le 13e kilomètre ?

22 R. Un kilomètre plus bas.

23 Q. Bien. Qu'est-ce qu'il y avait à ce 13e kilomètre ?

24 R. Deux ou trois maisons serbes abandonnées.

25 Q. Est-ce que ce 13e kilomètre était connu sous un autre nom ?

26 R. Je n'en sais rien. Il se peut qu'il y ait eu un autre nom, mais je ne

27 le connais pas.

28 Q. Est-ce qu'il y une rivière qui passe près de ce 13e kilomètre ?

Page 606

1 R. Oui, comment est-ce qu'elle s'appelait ? Gostovic ou quelque chose de

2 ce style.

3 Q. Est-ce que vous pourriez mettre le chiffre "7," là où se trouve,

4 d'après vous, ce 13e kilomètre ?

5 R. Disons que cela se trouvait à peu près là, un kilomètre plus bas.

6 Q. Est-ce que vous pouvez mettre le chiffre "7," je vous prie.

7 R. Oui. [Le témoin s'exécute]

8 Mme SARTORIO : [interprétation] Merci. Je souhaiterais que l'on sauvegarde

9 cette carte avec ces annotations, et je souhaiterais qu'elle soit versée au

10 dossier.

11 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Cette carte sera versée au dossier. Je

12 souhaiterais qu'une cote lui soit attribuée.

13 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la cote 94.

14 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie.

15 Mme SARTORIO : [interprétation]

16 Q. Alors, en ce qui concerne les opérations auxquelles vous avez participé

17 en 1995, est-ce que vous pourriez nous décrire la première opération à

18 laquelle vous avez participé avec le Détachement El Moudjahid ?

19 R. Je n'en connais pas la date exacte. Lorsque j'en ai parlé, la première

20 n'était pas une véritable opération; la première opération qui a été une

21 véritable opération est une opération où il y a eu véritablement des

22 combats.

23 Q. Bien. Nous souhaiterions que vous nous donniez d'autres précisions à

24 propos, non pas de la première opération, mais vous nous avez dit qu'il y

25 avait quelque chose que vous avez fait avant de participer au combat ?

26 R. C'était une opération de reconnaissance à partir de nos lignes, un

27 exercice de reconnaissance. Nous voulions tout simplement jauger la

28 situation là-haut.

Page 607

1 Q. Bien. Vous dites "là-haut." "Là-haut", cela correspond à quoi ?

2 R. C'étaient les lignes des Serbes, les lignes qui étaient détenues par

3 les Serbes à Podsjelovo.

4 Q. Bien. Alors nous allons parler de cette première opération de combat.

5 Décrivez à l'intention de la Chambre de première instance où a eu lieu

6 cette opération, si vous vous en souvenez, combien de temps elle a durée ?

7 R. Est-ce que nous pourrions agrandir la carte, je vous prie ?

8 Je pense qu'il va falloir faire défiler cela vers le bas, un peu plus,

9 encore un peu. C'est parfait.

10 Nous sommes passés par un endroit qui s'appelle Hajdarovici.

11 Q. [aucune interprétation]

12 R. [aucune interprétation]

13 Q. [aucune interprétation]

14 R. Un moment, je vous prie. Donc nous sommes passés par Hajdarovici.

15 Est-ce que l'on pourrait encore déplacer la carte vers le bas, je

16 vous prie ?

17 Q. J'aimerais vous poser une question. D'où êtes-vous parti, quel était

18 votre point de départ avant que vous ne vous rendiez là ? Ce n'est pas la

19 peine de le mettre sur la carte. Vous êtes parti d'un endroit, d'un lieu,

20 d'une ville.

21 R. Alors, nous sommes passés par Hajdarovici, et nous sommes arrivés à un

22 endroit qui s'appelle Livade, mais je ne vois pas cet endroit sur la carte.

23 Q. Nous allons déplacer la carte. Elle ne sera pas aussi agrandie. Encore

24 une fois, si vous allez pouvoir retrouver ces lieux et apposer des

25 annotations.

26 R. Je vois Livade maintenant. [Le témoin s'exécute] Par Hajdarovici, nous

27 sommes arrivés à Livade, et je l'ai indiqué là.

28 Q. Ce petit gribouillis que vous avez indiqué, c'est Livade; c'est cela ?

Page 608

1 R. Oui, c'est le village de Livade.

2 Q. Est-ce que vous pouvez mettre le chiffre "1".

3 R. Voilà. Maintenant, ce n'est plus très clair, mais enfin, bon.

4 Q. Est-ce que vous pouvez nous parler de cette première action, cette

5 première opération de combat à laquelle vous avez participée ?

6 R. A l'extérieur de Livade, à quelques mètres de Livade, se trouvaient nos

7 lignes.

8 Est-ce que je peux écrire sur la carte pendant que je vous l'explique

9 ?

10 Voilà. Voilà où se trouvaient les lignes. Voilà. Ça, c'est la ligne.

11 [Le témoin s'exécute]

12 L'INTERPRÈTE : Les interprètes indiquent qu'ils ont du mal à entendre le

13 témoin.

14 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Est-ce que vous pouvez soit parler à

15 voix haute, ou soit taisez-vous, parce que les interprètes ne vous

16 entendent pas. Est-ce que vous pourriez peut-être répéter ce que vous avez

17 bredouillé lorsque vous dessiniez la ligne ?

18 LE TÉMOIN : [interprétation] Voilà. Voilà. La ligne, notre ligne elle était

19 comme cela, au-dessus de Lesici. Voilà. Là, je ne sais plus comment la

20 ligne était tracée, mais enfin, voilà. Là, c'est Lesici. La ligne continue

21 vers Imamovici, qui est un village avoisinant.

22 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Mais où se trouve Lesici ? Est-ce que

23 vous pouvez nous le montrer, Monsieur ?

24 LE TÉMOIN : [interprétation] Voilà. Voilà, Lesici. J'ai mis le chiffre "2"

25 près de Lesici.

26 Voilà. Il y a eu des actions simulées à partir de notre ligne de départ.

27 D'ailleurs, nous n'avons jamais quitté cet endroit. Ça, c'était juste pour

28 voir où se trouvait l'artillerie lourde. Mais, nous avons essuyé des

Page 609

1 pertes, il y a eu des victimes. Il y a eu des personnes qui ont été

2 blessées au cours de cette opération, au cours de cette action. En fait, ce

3 n'était pas une véritable opération, mission de combat. Il y a eu cette

4 action qui a été menée là, mais la première véritable action qui a été

5 menée, a été menée au poste de contrôle 706.

6 Mme SARTORIO : [interprétation]

7 Q. Est-ce que vous voyez cette cote 706 ?

8 R. Non, je ne la vois pas.

9 Q. Est-ce que vous pourriez décrire à l'intention de la Chambre de

10 première instance cette action qui a eu lieu sur la cote 706, quel était

11 son objectif, son but et quelle fut la durée de cette opération ?

12 R. Là ici, c'est une action de reconnaissance; après sept ou huit mois,

13 après cette action préparatoire de reconnaissance, sept ou huit mois plus

14 tard, il y a eu la première vraie action à peu près ici, de ce côté-ci.

15 C'est près de la cote 706. Il y a ici d'autres cotes qui sont indiquées,

16 mais je ne les connais pas. En tout cas, j'étais à la cote 706.

17 Q. Vous parvenez à voir des chiffres ici, sur cette carte, des numéros ?

18 R. Pas vraiment.

19 Q. Cette opération sur la cote 706 a duré comment de temps ? Quelques

20 jours, des semaines entières ?

21 R. Quatre ou cinq jours à peu près.

22 Q. Est-ce qu'il y a des unités qui ont participé avec vous, avec le

23 Détachement El Moudjahid, à cette opération, et si c'est le cas, quelles

24 étaient ces unités ?

25 R. Oui. Il y a eu des unités de l'ABiH. Je ne sais pas lesquelles, mais

26 c'était des unités de l'ABiH.

27 Q. Savez-vous s'il y a eu des prisonniers de guerre qui ont été capturés

28 après cette opération ?

Page 610

1 R. Je ne sais pas s'il y a eu des hommes qui ont été fait prisonniers

2 pendant la première action.

3 Q. D'accord. Parlons de la suivante.

4 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Vous dites la première action ? Est-ce

5 que c'est celle qui était sur la cote 706 ? Est-ce que là vous avez fait

6 des prisonniers pendant cette action ?

7 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, pas moi. On n'en a pas eu. La première

8 action officielle - parce qu'ici ce n'était pas vraiment une action;

9 c'était un petit peu de reconnaissance - mais la première véritable action,

10 c'était à la cote 706. Elle a duré quatre ou cinq jours, celle-là. La

11 deuxième action, c'était sur la cote 208.

12 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Attendez, attendez. Est-ce que vous

13 avez capturé des prisonniers de guerre pendant l'action sur la cote 706 ?

14 LE TÉMOIN : [interprétation] Non.

15 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie. Continuez.

16 Mme SARTORIO : [interprétation]

17 Q. Parlez-nous de ce qui s'est passé à la cote 208.

18 R. A la cote de 706, de là on est parti vers Cevaljusa, vers le bas. Ça a

19 été, là, la deuxième action officielle. Nous nous sommes approchés de

20 Cevaljusa, mais nous ne sommes pas entrés dans le village. On a passé

21 quatre ou cinq jours à cet endroit. Les combats ont continué jusqu'au

22 moment où nous nous sommes installés sur ces positions, et c'est là que

23 nous sommes restés.

24 Q. Cette opération-là, elle a duré combien de temps ?

25 R. A peu près trois, quatre jours aussi. C'était l'habitude.

26 Q. Entre l'action à la cote 706 et l'action sur la cote 208, où est-ce que

27 vous êtes allé, physiquement parlant ?

28 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Qu'est-ce qu'elle veut dire, cette

Page 611

1 question, Madame ?

2 Mme SARTORIO : [interprétation] Je veux savoir s'il est resté sur le

3 terrain, s'il est rentré chez lui, s'il est allé à un endroit précis ?

4 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Fort bien. Est-ce que la question est

5 plus claire, Monsieur le Témoin ?

6 LE TÉMOIN : [interprétation] Vous voulez dire de la cote 706, vous me

7 demandez où je suis allé après ça ?

8 Mme SARTORIO : [interprétation]

9 Q. Oui, quand cette mission s'est terminée, physiquement, en chair et en

10 os, où est-ce que vous êtes allé ?

11 R. Après la première action, celle de la cote 706, je suis allé me reposer

12 chez moi.

13 Q. Est-ce qu'à un moment donné -- j'aimerais savoir comment il se fait que

14 vous avez participé à l'action de la cote 208 ? Qui est-ce qui vous a

15 contacté ?

16 R. C'est l'émir. Ils nous ont dit, c'est eux qui nous disaient d'y aller,

17 et on y allait.

18 Q. Comment il s'appelait, cet émir ?

19 R. Abu Maali et aussi Muatez. C'était les émirs, à ce moment-là, si je me

20 souviens bien.

21 Q. Quand ils vous disent d'aller, vous allez. Où vous ont-ils dit d'aller

22 ?

23 R. D'abord, il fallait se présenter à Vatrostalna. C'était le point de

24 concentration, et de là, on allait sur les lignes de combat.

25 Q. Au cours de cette période de l'opération à la cote 706 et de

26 l'opération à la cote 208, est-ce que vous êtes allé à ce lieu qu'on

27 appelle maintenant le 13e kilomètre ?

28 R. Je ne sais pas. Je ne sais pas si j'y suis resté. Quand je suis revenu

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1 de mon repos, ou quand je revenais de mon repos, j'y suis resté un petit

2 bout de temps.

3 Q. Parlez-nous, si vous le voulez bien, de l'opération suivante.

4 R. L'opération suivante, ça a été une autre opération, c'était la

5 deuxième, celle de la cote 208, ça s'est passé je ne sais pas combien de

6 temps après, c'était peut-être un mois plus tard, un petit peu plus, peut-

7 être. Je n'en suis pas sûr. Nous nous sommes présentés au rapport à

8 Vatrostalna; et de là, on est allés au 13e kilomètre. Certains sont arrivés

9 le matin, d'autres le soir. De là, -- ou, à ce moment-là, nous nous sommes

10 préparés pour monter sur les lignes.

11 Mme SARTORIO : [interprétation] J'aimerais montrer au témoin quelques

12 photographies de la pièce 6165, PT, "pre-trial."

13 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Auparavant, qu'est-ce que nous allons

14 faire de ce que nous avons encore à l'écran ?

15 Mme SARTORIO : [interprétation] Excusez-moi, j'avais oublié, Monsieur le

16 Président. Je voudrais que ceci soit saisi et versé au dossier.

17 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui. Cette carte est versée au

18 dossier. Une cote, Monsieur le Greffier d'audience.

19 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce 95, Monsieur le

20 Président.

21 Mme SARTORIO : [interprétation] Peut-on montrer la page 4.

22 Q. Qu'est-ce qu'on voit sur cette photo, Monsieur Alic ?

23 R. D'après ce que je peux voir, c'est le 13e kilomètre. C'est là qu'on

24 était.

25 Q. Vous dites "nous". C'était qui ?

26 R. Nous, le Détachement El Moudjahid. C'est là qu'on était situés.

27 Q. Le détachement, était-il -- pendant combien de temps est-ce qu'il a été

28 situé là ? Pendant toute la durée de l'année 1995 ?

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1 R. Au départ, quand on est arrivés à Zavidovici, on n'a pas tout de suite

2 été cantonnés là. On est restés à Livade, là-haut. Dans des maisons, ou

3 certains dans d'autres à Vatrostalna, on a fait des activités de

4 reconnaissance à Livade. Puis, on a fini par trouver cet endroit-ci, et

5 c'est là qu'on a été cantonnés. Parce que c'était plus près des lignes,

6 c'était plus facile d'arriver aux lignes de là, vous comprenez ?

7 Mme SARTORIO : [interprétation] J'aimerais montrer la photographie numéro 7

8 au témoin.

9 Q. Monsieur Alic, pourriez-vous nous dire ce que cette photo montre. Est-

10 ce que vous avez vu ce que cette photo montre ?

11 R. Après la fin de la deuxième action, quand je suis parti pour me

12 reposer, on est revenu au 13e kilomètre, et c'est là que j'ai vu ça, en

13 passant, vous savez. Je n'ai pas compté, mais je pense qu'il y avait une

14 dizaine d'hommes. Je ne sais ce qui s'est passé après, aucune idée.

15 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Mais pourriez-vous nous dire où se

16 trouve cet endroit que représente cette photographie-ci ?

17 LE TÉMOIN : [interprétation] D'après ce que je peux voir, je pense que

18 c'était le 13e kilomètre.

19 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Vous dites que vous avez vu une

20 dizaine d'hommes ?

21 LE TÉMOIN : [interprétation] A peu près, oui.

22 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Ces hommes, cette dizaine d'hommes,

23 qu'est-ce qu'ils faisaient ?

24 LE TÉMOIN : [interprétation] Ils étaient allongés par terre. Je ne sais pas

25 ce qu'ils faisaient. C'étaient des prisonniers. Je ne sais pas ce qui s'est

26 passé après.

27 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Quand vous parlez de "dix hommes",

28 vous parlez de ces hommes qui sont de ces gens qui sont allongés par

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1 terre ?

2 LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Je n'ai pas compté. J'ai dit que c'était

3 à peu près, mais je l'ai dit dans ma déclaration, j'ai parlé d'une dizaine

4 d'hommes.

5 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je comprends. Mais quand vous parlez

6 de cette dizaine d'hommes, vous parlez de ceux qui sont allongés ? Pas de

7 gens qui sont debout, comme celui qui a une arme ?

8 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, c'est ça, c'est ça.

9 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Fort bien. Poursuivez, Madame

10 Sartorio.

11 Mme SARTORIO : [interprétation]

12 Q. Est-ce que vous reconnaissez quelqu'un sur cette photo ?

13 R. Non.

14 Q. Lorsque vous avez vu ces corps allongés par terre, est-ce que vous avez

15 su si ces gens étaient en vie ou pas ?

16 R. Non.

17 Q. Mais qu'est-ce que vous avez pensé à voir ça ?

18 R. Je n'en sais rien. Je ne sais pas. J'avais vraiment rien en tête, je ne

19 sais pas quoi pensé. Je ne pouvais pas imaginer ce qui pouvait se passer.

20 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Est-ce que vous avez pu imaginer ce

21 qui s'était passé ?

22 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne peux rien vous dire comme ça, au

23 dépourvu.

24 Mme SARTORIO : [interprétation] Est-ce que je peux demander le versement de

25 cette photo.

26 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, la photo est reçue et est versée

27 au dossier. Une cote ?

28 Mme SARTORIO : [interprétation] Le versement aussi de l'autre photographie.

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1 Si je comprends bien il y a toute une série de photographies. Je n'avais

2 pas l'intention de les montrer toutes au témoin. Je ne sais pas s'il est

3 utile de le faire ou de procéder de la même façon que pour les autres

4 photos.

5 [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

6 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Bien. Si vous demandez le versement de

7 tout, le greffier d'audience va seulement indiquer que seulement celle-ci

8 et l'autre photo ont été des photos identifiées.

9 Mme SARTORIO : [interprétation] Parfait, Monsieur le Président.

10 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce 96, Monsieur le

11 Président.

12 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup.

13 Mme SARTORIO : [interprétation]

14 Q. Lorsque vous avez vu ces corps par terre, est-ce que c'était après

15 l'opération 208 ou c'était après la 706 ?

16 R. C'était après la deuxième action, après la deuxième.

17 Q. Vous pourriez être un peu plus précis, puisqu'on a donné une espèce de

18 numéro, de chiffre à chacune de ces actions ?

19 R. Oui. C'était avant la troisième action.

20 Q. Parlez-nous de la troisième action.

21 R. Ça a été la dernière action pour prendre Vozuca. A ce moment-là, on

22 s'est emparés de Vozuca. Ça a été la troisième, la dernière.

23 Q. Est-ce que vous vous souvenez du moment où a commencé cette dernière

24 action ?

25 R. Je ne le sais pas en quel mois. C'était peut-être en novembre, mais je

26 n'en suis pas sûr. Peut-être, peut-être en novembre.

27 Q. Mais essayons d'être un peu plus précis dans le temps. Entre

28 l'opération dont vous venez de parler, quand vous êtes entré au camp après,

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1 et cette dernière opération, il s'est passé combien de temps ?

2 R. Peut-être, je dis peut-être, 15 jours, un mois, à peu près.

3 Q. Pourriez-vous parler rapidement aux Juges de la dernière opération.

4 R. Mais je ne sais pas ce qui intéresse particulièrement les Juges.

5 Qu'est-ce que je devrais dire ?

6 Q. Quel était l'objectif de cette dernière opération et combien de temps

7 a-t-elle durée ?

8 R. L'idée, c'était de libérer Vozuca. Combien de temps ça a duré, une

9 dizaine de jours, jusqu'aux accords de Dayton.

10 Q. Au cours de cette opération, est-ce que l'Unité El Moudjahid a opéré de

11 façon autonome ou est-ce qu'il y avait d'autres unités de l'ABiH qui ont

12 opéré avec elle ?

13 R. Il y avait d'autres unités.

14 Q. Je vous pose la même question pour les deux autres opérations dont vous

15 avez parlé. Est-ce que le Détachement El Moudjahid a opéré avec des unités

16 de l'ABiH ?

17 R. Oui.

18 Q. Après cette opération, est-ce qu'à un moment donné vous êtes reparti

19 sur l'emplacement au 13e kilomètre ?

20 R. Je ne m'en souviens pas.

21 Mme SARTORIO : [interprétation] Je vois qu'on n'a plus beaucoup de temps.

22 Je n'avais plus que quatre petites pièces. J'espère que je pourrais en

23 parler en 15 minutes lundi, si vous me le permettez.

24 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Rappelez-vous, ce témoin était censé

25 prendre une heure et vous avez besoin de toute la journée, Madame Sartorio.

26 Mme SARTORIO : [interprétation] Oui, je sais, Monsieur le Président.

27 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] D'accord.

28 Est-ce que le moment se prête bien à la suspension ?

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1 Mme SARTORIO : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

2 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

3 Nous allons maintenant reprendre l'audience lundi 16 juillet, à 9 heures du

4 matin, salle d'audience numéro II. Veuillez à être présent à 9 heures,

5 Monsieur le Témoin.

6 LE TÉMOIN : [interprétation] D'accord. Merci.

7 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] L'audience est suspendue.

8 --- L'audience est levée à 19 heures 02 et reprendra le lundi 16 juillet

9 2007, à 9 heures 00.

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