Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le lundi 9 mars 2009

  2   [Audience publique]

  3   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 9 heures 04.

  5   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour. Le témoin suivant devrait

  6   être à quelque part.

  7   [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

  8   [Le témoin entre dans le prétoire]

  9   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Veuillez lire la déclaration

 10   solennelle qui vous est remise.

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

 12   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 13   LE TÉMOIN : SARANDA BOGUJEVCI [Assermentée]

 14   [Le témoin répond par l'interprète]

 15   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci. Veuillez vous asseoir.

 16   Mme KRAVETZ : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 17   Interrogatoire principal par Mme Kravetz : 

 18   Q.  [interprétation] Bonjour, est-ce que vous pouvez nous dire votre nom et

 19   prénom pour le compte rendu d'audience.

 20   R.  Bonjour. Saranda Bogujevci.

 21   Q.  Quelle est votre date et lieu de naissance ?

 22   R.  Je suis née le 12 juin 1985 à Podujevo, au Kosovo.

 23   Q.  Où est-ce que vous vivez en ce moment ?

 24   R.  En Angleterre, Manchester.

 25   Q.  Depuis quand est-ce que vous vivez à Manchester ?

 26   R.  Depuis septembre 1999.

 27   Q.  En mai 2000, est-ce que vous avez accordé un entretien qui a été

 28   enregistré sous vidéo au bureau du Procureur, M. Simon Matthews à

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  1   Manchester au sujet des événements dont vous avez été témoin à Podujevo en

  2   mars 1999 ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Est-ce que vous avez fourni une deuxième déclaration au représentant du

  5   bureau du Procureur en octobre 2008 au sujet des mêmes événements ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Est-ce que récemment vous avez eu l'opportunité de passer en revue à la

  8   fois la transcription de la vidéo et votre déclaration écrite ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Madame Bogujevci, puisque nous parlons toutes les deux la même langue,

 11   nous devons faire des pauses entre les questions et les réponses afin de

 12   permettre aux sténotypistes d'écrire tout ce qui est à écrire.

 13   R.  D'accord.

 14   Q.  Ayant passé en revue récemment la transcription de votre entretien et

 15   de vos déclarations préalables, est-ce que vous êtes satisfaite que les

 16   informations et le contenu sont exacts et conformes à la vérité au mieux de

 17   vos souvenirs ?

 18   R.  Oui, je pense qu'il y a eu quelques erreurs dans la façon dont les noms

 19   ont été épelés, ce genre de chose, mais sinon c'est ce que j'ai dit.

 20   Q.  Et les fautes dans la façon dont les noms ont été épelés dans les deux

 21   documents, lesquels des deux documents, la déclaration ou la transcription

 22   ?

 23   R.  La déclaration préalable.

 24   Q.  Poursuivez.

 25   R.  Excusez-moi. Je ne me souviens pas dans laquelle c'était. C'était dans

 26   la déclaration préalable tout simplement quelques noms ont été mal écrits.

 27   Q.  Merci. Mis à part cela, vous êtes satisfaite que les informations

 28   contenues dans ces documents sont exacts conformément à la vérité ?

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  1   R.  Oui.

  2   Mme KRAVETZ : [interprétation] Monsieur le Président, je souhaite demander

  3   le versement au dossier de ces déclarations C05128. C'est la transcription

  4   de l'entretien filmé et 05122, c'est la déclaration préalable.

  5   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ce sera admis.

  6   M. LE GREFFIER : [interprétation] 05128 deviendra P00372 et 05127 sera

  7   P00373.

  8   Mme KRAVETZ : [interprétation] 

  9   Q.  Madame Bogujevci, est-ce que vous avez déposé au sujet de ces

 10   événements en mars 1999 devant le tribunal du district de Belgrade dans

 11   l'affaire contre Sasa Cvjetan ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Est-ce que vous avez eu l'opportunité, récemment de passer en revue

 14   votre déclaration devant le tribunal de Belgrade ? 

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Et suite à l'examen de cette déclaration, est-ce que si on vous posait

 17   les mêmes questions au cours de votre déposition ici, vous auriez fourni

 18   les mêmes réponses ?

 19   R.  Oui.

 20   Mme KRAVETZ : [interprétation] Je demande le versement au dossier de cette

 21   pièce et je souhaite indiquer que c'est 05129. Nous avons téléchargé la

 22   version électronique et mes éminents collègues de la Défense m'ont dit que

 23   ceci est incomplet, que trois paragraphes manquent. Il s'agissait de trois

 24   paragraphes qui manquaient dans la version que nous avons reçue de la part

 25   du tribunal de Belgrade. Mon éminent collègue a un exemplaire différent qui

 26   est complet. Il s'agissait de la page 13 qui manquait et qui contenait

 27   trois paragraphes supplémentaires. Malheureusement, nous ne l'avons

 28   toujours pas. J'ai seulement reçu cela ce matin, c'est-à-dire une

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  1   traduction de cela pour permettre au témoin de réviser. Mais en ce moment,

  2   nous n'avons pas ça sous forme électronique. Donc je voulais indiquer

  3   simplement qu'une page manquait.

  4   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vois d'après les signes qui sont

  5   toujours devant nous que nous avons encore deux paragraphes supplémentaires

  6   sur papier. Donc certainement, grâce à l'aide de M. Djurdjic, donc nous

  7   allons les admettre en tant que partie de la pièce à conviction.

  8   Mme KRAVETZ : [interprétation] Oui, et je propose d'envoyer cette dernière

  9   partie pour la traduction tout simplement pour pouvoir télécharger

 10   l'ensemble de la déposition.

 11   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci. Ce sera admis, la transcription

 12   et la page supplémentaire qui est sur papier.

 13   M. LE GREFFIER : [interprétation] C'est D00374.

 14   Mme KRAVETZ : [interprétation] Je vais continuer maintenant avec un bref

 15   résumé de la déposition du témoin.

 16   Le témoin a survécu à un massacre qui a eu lieu à Podujevo, au

 17   Kosovo, le 28 mars 1999. Deux semaines avant le début des bombardements de

 18   l'OTAN, il y a eu une augmentation de la présence de la police et des

 19   militaires sur les rues de Podujevo. Lorsque les bombardements de l'OTAN

 20   ont commencé, le témoin et sa famille restaient dans la maison familiale à

 21   Podujevo. Une autre famille, les Duriqi, restait dans une maison en arrière

 22   de l'enceinte familiale. Le 28 mars 1999, un véhicule de police s'est

 23   arrêté devant l'enceinte. La famille du témoin ont eu peur pour leur

 24   sécurité et se sont déplacés à la maison dans laquelle restaient les

 25   Duriqi. A l'époque, la famille incluait seulement les femmes et les enfants

 26   puisque les hommes se cachaient. Le témoin décrit comment ce jour-là des

 27   personnes sont entrées dans l'enceinte familiale et ils ont donné l'ordre

 28   que le groupe sorte de l'enceinte et aille dans la cour du voisin. Une fois

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  1   tout le monde dans la cour, les soldats ont ouvert le feu sur le groupe en

  2   tuant 14 personnes qui étaient toutes des femmes et des enfants. Le témoin

  3   et quatre de ses cousins ont survécu au massacre. Le témoin décrit le

  4   meurtre d'un membre âgé de la famille Duriqi et d'un autre voisin.

  5   Je souhaite demander au greffier d'audience de fournir un exemplaire de la

  6   déclaration au témoin.

  7   Q.  Madame Bogujevci, je souhaite maintenant que l'on passe à votre

  8   déclaration et vous poser quelques questions au sujet des événements que

  9   vous avez décrits dans la déclaration d'octobre 2008. Au paragraphe 17 de

 10   votre déclaration, vous faites référence au début des bombardements de

 11   l'OTAN et vous dites qu'au cours des semaines et des mois avant le

 12   bombardement, il y a eu des développements importants et que le nombre de

 13   policiers et de soldats s'est accru sur les rues de Podujevo, et vous dites

 14   que c'était une chose qui se déroulait de façon régulière.Est-ce que vous

 15   avez vu ça vous-même, le fait que le nombre de policiers et de soldats sur

 16   les rues de Podujevo s'est accru ?

 17   R.  Oui, et je me souviens pas de la date exacte, mais je me souviens des

 18   chars qui passaient dans ma rue et il y en avait plusieurs.

 19   Q.  Est-ce que c'était quelque chose qui a eu lieu un jour précis, ou est-

 20   ce que vous avez vu ça à plusieurs reprises, les chars qui traversaient

 21   votre rue, qui passaient par votre rue ?

 22   R.  Je me souviens ce jour-là lorsque les chars y étaient, mais il y avait

 23   toujours des soldats dans la ville et des policiers.

 24   Q.  Est-ce que vous vous souvenez approximativement combien de semaines

 25   avant le début des bombardements de l'OTAN vous avez vu ces chars qui

 26   passaient à côté de votre maison ?

 27   R.  Je ne suis pas sûre à 100 %, mais peut-être c'était au début de

 28   l'année, début 1999, à peu près à ce moment-là.

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  1   Q.  Merci. Vous dites au paragraphe 19 qu'au cours des jours avant le début

  2   des bombardements de l'OTAN, il y a eu des rumeurs que les forces serbes

  3   visaient et tuaient des hommes. Donc la décision a été prise que votre père

  4   et Selatin se cachent ailleurs que dans la maison. Comment avez-vous reçu

  5   ces informations que les forces serbes visaient et tuaient les hommes ?

  6   R.  Je ne me souviens pas exactement ce qu'il a dit. Tout le monde était

  7   chez nous et tout simplement nous avons entendu parler de cela qu'on visait

  8   et tuait les hommes, et c'est là que nous avons demandé que mon père et mon

  9   oncle quittent la maison, et surtout ma cousine Nora, elle s'inquiétait

 10   vraiment pour mon oncle. Elle lui a dit, Quitte la maison, s'il vous plaît,

 11   parce que nous, nous ne sommes que les femmes et les enfants, donc nous

 12   allons être en sécurité. Donc nous leur avons demandé de partir, mais ils

 13   se déplaçaient toujours à travers la ville. Mais ils étaient encore dans la

 14   ville mais ils ne restaient pas dans les maisons.

 15   Q.  Si l'on passe maintenant aux événements qui se sont déroulés le 28

 16   mars. Vous dites au paragraphe 25 que vous avez été alertée du fait que le

 17   matin, tôt le matin du 28, quelqu'un avait vu un véhicule de police qui

 18   s'était arrêté devant votre enceinte et vous avez décidé, en raison des

 19   craintes pour votre sécurité, de passer dans la maison de votre oncle,

 20   derrière l'enceinte.

 21   Pourquoi est-ce que ceci a été décidé ?

 22   R.  C'est tout simplement car notre maison est sur la rue principale, donc

 23   juste à côté de la rue, alors que celle de mon oncle est derrière dans le

 24   jardin. Donc nous avons pensé qu'il valait mieux rester en arrière par

 25   rapport à la rue principale.

 26   Q.  Au paragraphe 26 vous indiquez que lorsque vous vous êtes déplacée dans

 27   la maison en arrière de l'enceinte, les personnes qui restaient dans cette

 28   maison - et vous faites référence à 19 personnes, membres de votre famille,

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  1   les Bogujevci et les membres de la famille Duriqi, et vous faites référence

  2   à deux personnes qui s'appellent Lugaliju et --

  3   L'INTERPRÈTE : Nom inaudible.

  4   Mme KRAVETZ : [interprétation]

  5   Q.  -- depuis quand est-ce que ces deux personnes vivaient avec vous ?

  6   R.  Ils étaient avec nous pendant un certain temps, parce qu'ils vivaient

  7   dans un village et beaucoup de choses supplémentaires se passaient dans le

  8   village avant les bombardements de l'OTAN dans la ville. Vous savez, vous

  9   pouviez entendre sans cesse des bombardements et ce genre de choses qui se

 10   déroulaient dans les villages. Donc elle était avec nous depuis quelque

 11   temps, je ne me souviens pas exactement à quel moment elle est venue.    

 12   Q.  Lorsque vous dites que beaucoup plus se passait dans les villages,

 13   qu'est-ce qui se passait exactement ?

 14   R.  Bien, nous avons entendu des explosions, ce genre de choses, des bombes

 15   qui explosaient, ce genre de choses. On entendait cela sans cesse. C'était

 16   ce qui se passait dans les villages. Donc tout le monde se déplaçait des

 17   villages dans la ville.

 18   Q.  Si j'ai bien compris votre déclaration, vous êtes au total 19 dans

 19   cette maison, en arrière de l'enceinte et seuls les hommes du groupe, le

 20   seul homme du groupe c'était Hamdi Duriqi, et il était âgé d'environ 70 ans

 21   à l'époque ?

 22   R.  Oui. Hamdi Duriqi c'était le père de Duriqi.

 23   Q.  Pendant combien de temps est-ce que les Duriqi restaient dans cette

 24   maison en arrière ?

 25   R.  Si mes souvenirs sont bons, c'était pendant quelques jours, peut-être

 26   deux jours.

 27   Q.  Pourquoi est-ce qu'ils y étaient ?

 28   R.  Encore une fois, ils vivaient dans un village et ils se sont déplacés

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  1   du village, car ils pensaient qu'ils allaient être plus en sécurité dans la

  2   ville.

  3   Q.  Vous avez expliqué dans votre déclaration que tôt le matin du 28,

  4   lorsque vous êtes allée dans la maison en arrière de l'enceinte, vous avez

  5   vu des soldats dans la cour et vous dites qu'approximativement ils étaient

  6   au nombre de quatre ou cinq, ils se déplaçaient, ensuite vous avez décidé

  7   de quitter la maison. Pourquoi est-ce qu'il a été décidé que vous quittiez

  8   la maison dans laquelle vous étiez ou restait l'ensemble du groupe lorsque

  9   vous avez vu ces soldats ?

 10   R.  Nous étions tous dans la maison, et lorsque nos voisins sont venus, il

 11   a dit qu'il était mieux de rester dans la maison, ensuite que les soldats

 12   allaient venir dans les maisons pour faire sortir les soldats. Il a dit

 13   qu'il était mieux de rester dans la maison plutôt que d'être emmenés par

 14   des soldats. Nous sommes restés dans la maison, et la maison des voisins,

 15   qui était à côté de la maison de laquelle nous étions, celle de l'oncle de

 16   mon père, bien, l'un des soldats a cassé la fenêtre. Vous pouviez voir le

 17   jardin et la maison depuis là où l'on était et on les a vus, ils étaient en

 18   train d'entrer, car on nous a dit qu'ils allaient emmener tout le monde et

 19   faire sortir tout le monde des maisons. Nous avons commencé à sortir et

 20   aller dans la maison, car nous croyions qu'ils allaient faire la même

 21   chose. Nous avons commencé à marcher, et on nous a demandé de lever nos

 22   mains. Nous avions des sacs sur nous avec de la nourriture, ce genre de

 23   chose, des vivres. Ils ont demandé s'il y avait qui que ce soit dans la

 24   maison, on leur a dit qu'il n'y avait personne, mais ils sont allés quand

 25   même regarder eux-mêmes, et ils nous ont demandé de laisser nos sacs à côté

 26   de la maison. Ensuite on a été amenés au jardin du voisin. Ceux qui

 27   venaient, ils étaient autour du jardin, ils se déplaçaient vers notre

 28   maison, et nous sommes restés avec les soldats dans l'autre jardin.

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  1   Q.  Vous avez indiqué également qu'ils vous ont fouillé et qu'ils ont pris

  2   votre tante Shefkate. Est-ce que c'est le même groupe de soldats qui vous

  3   ont amenées, vous et votre tante, à une cabane ?

  4   R.  Non, non, ces soldats n'étaient pas les mêmes, c'était ceux que l'on a

  5   vus dans l'autre partie du jardin.

  6   Q.  Il y avait deux groupes différents de soldats ?

  7   R.  Non, pas nécessairement. Il y a le premier, ils sont venus, ils ont

  8   fait sortir, ensuite ils se sont déplacés, et on a été emmenés dans l'autre

  9   jardin où il y a d'autres soldats, mais ils étaient tous ensemble sauf

 10   qu'ils se déplaçaient à deux endroits différents.

 11   Q.  Ce premier groupe de soldats, quel type d'uniforme portait-ils ?

 12   R.  Uniforme vert de camouflage.

 13   Q.  Et le deuxième groupe de soldats, ils portaient le même type d'uniforme

 14   ?

 15   R.  Le même type d'uniforme.

 16   Q.  Vous nous avez dit qu'on vous a amenés dans la cour et dans votre

 17   déclaration, vous dites qu'ensuite vous avez été renvoyés sur la rue ?

 18   R.  On nous a amenés dans le jardin du voisin, ensuite depuis ce jardin, on

 19   nous a emmenés dans la rue. On a vu des soldats, mais ceux qui étaient dans

 20   la rue avaient des uniformes mixtes, ils avaient des pantalons de l'armée

 21   et de la police.

 22   Q.  Le groupe a été amené de la cour sur la rue. Est-ce que c'était le même

 23   groupe de 19 personnes que ceux qui étaient à l'origine de la maison ?

 24   R.  Oui, mais ils avaient séparé ma tante et nous étions dans le jardin de

 25   notre voisin quand on nous a amené dans la rue.

 26   Q.  Vous nous avez dit que lorsque vous étiez sur la rue, vous avez pu voir

 27   des soldats dans des uniformes mixtes. Qui d'autre avez-vous pu observer

 28   pendant que votre groupe était sur la rue ?

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  1   R.  Ils brisaient les fenêtres et les magasins dans les rues, ils criaient,

  2   ils proféraient des jurons sans cesse, on entendait des cris sans cesse.

  3   Q.  Votre groupe, est-ce qu'il est resté ensemble regroupé pendant toute

  4   cette période pendant laquelle vous étiez dans la rue ?

  5   R.  Oui, nous étions alignés d'une certaine manière.

  6   Q.  Est-ce qu'il y avait d'autres soldats dans la rue pendant que vous y

  7   étiez ?

  8   R.  Pendant que moi j'étais à l'extérieur, j'ai vu Selman Gashi, qui était

  9   l'oncle de ma mère, il était avec un autre soldat, et le soldat prenait son

 10   couvre-chef, le "plis." Il s'agit d'un bonnet traditionnel albanais, donc

 11   les soldats le ridiculisaient, jouaient avec lui.

 12   Q.  Qu'est-il arrivé à Selman Gashi ?

 13   R.  Il a été amené dans un des magasins, ensuite c'est là que cet autre

 14   soldat parlait avec Hamdi Duriqi. Je ne sais pas ce qu'il lui avait dit,

 15   mais il l'a giflé. Il a amené Hadmi dans le magasin dans lequel Selman

 16   avait été amené. Ensuite le même soldat est entré, et nous avons simplement

 17   entendu deux coups de feu.

 18   Q.  Avez-vous vu Selman Gashi ou Hadmi ce jour-là ou depuis ce jour ?

 19   R.  Non.

 20   Q.  Où avez-vous été amenés après la rue ? Vous étiez restés dans la rue,

 21   ensuite où est-ce qu'on vous a emmenés ?

 22   R.  On nous a ramenés au jardin de notre voisin, c'est là que j'ai vu ma

 23   tante, Shefkate, elle pleurait. La chose que je pouvais comprendre de ce

 24   qu'elle disait était que nous n'étions que les enfants. De là, les soldats

 25   l'ont emmenée derrière la maison, et nous aussi. Il y avait comme un petit

 26   sentier, et le soldat l'a simplement poussée et il a tiré sur elle. Je me

 27   souviens que mes cousins pleuraient, disaient, Maman. Lorsque j'ai regardé

 28   de nouveau ma tante, elle était par terre, et les soldats ont tiré sur elle

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  1   de nouveau. Ensuite le soldat a changé de fusil et il a commencé à tirer

  2   sur nous.

  3   Q. Je souhaite que l'on visionne une brève séquence vidéo.

  4     Il s'agit de la pièce 05219, vous allez voir cela à l'écran.

  5   [Diffusion de la cassette vidéo]

  6   LE TÉMOIN : [interprétation]  C'est le jardin.

  7   Mme KRAVETZ : [interprétation] Peut-on faire une pause.

  8   LE TÉMOIN : [interprétation]  On nous a amenés derrière la maison là-bas.

  9   Ma tante était sur ce chemin-là.

 10   Mme KRAVETZ : [interprétation]  Ne vous inquiétez pas, on verra l'endroit

 11   exact après.

 12   Est-ce que vous savez à quel moment ces images ont été filmées, les

 13   images que l'on vient de voir ?

 14   R.  Pour autant que je m'en souvienne, c'était en 2004, 2003, je ne sais

 15   pas exactement.

 16   Q.  C'est vous que l'on voit à l'image ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Depuis quel endroit est-ce que vous êtes entrée ?

 19   R.  Depuis la rue.

 20   Q.  C'est la rue dans laquelle se trouvait votre groupe ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  On vous a vu tourner dans la cour, est-ce que c'est la cour que vous

 23   avez mentionnée ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Vous nous avez dit qu'un soldat avait tiré sur votre tante et

 26   qu'ensuite, il a changé de fusil et il a tiré sur le groupe. Que s'est-il

 27   passé lorsqu'il a commencé à tirer sur le groupe ?

 28   R.  Lorsqu'il a commencé à tirer, je me suis appuyée sur le mur, j'ai

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  1   glissé par terre et les balles m'ont touchée dans la jambe droite et au

  2   bout d'un certain temps, les tirs ont cessé. On a entendu un son de

  3   quelqu'un qui avait du mal à respirer, ensuite les tirs ont recommencé.

  4   Lorsque les tirs ont recommencé, j'ai été touchée dans mon bras et dans mon

  5   dos. Au bout d'un certain temps, les tirs ont cessé et c'était silencieux.

  6   Je n'étais pas sûre si les soldats étaient toujours là ou s'ils étaient

  7   partis. J'ai décidé de lever la tête et j'ai regardé tout simplement autour

  8   de moi, j'ai vu mon cousin Genc qui avait levé sa tête lui aussi. J'ai vu

  9   mon frère, Shpetim qui avait 9 ans, il gisait, sa tête était vers le bas du

 10   côté de mes pieds et il avait reçu une balle dans sa tête. Il n'avait plus

 11   la moitié de sa tête. Puis j'ai vu mon cousin Fatos, il était devant moi,

 12   et il y avait quelque chose derrière son dos. On avait l'impression que

 13   c'était peut-être les entrailles ou quelque chose d'autre de l'intérieur

 14   d'un corps, j'ai pensé qu'il était mort, mais il a levé sa tête lui aussi,

 15   j'ai réalisé qu'il était vivant. J'ai également vu un Enver l'ancien, on

 16   lui avait tiré sur le visage, on ne pouvait plus nous même savoir où était

 17   ni sa bouche ni ses yeux. J'ai également vu ma grand-mère, elle était

 18   couchée face à moi, ses yeux étaient ouverts.

 19   Au bout d'un certain temps, j'ai entendu des bruits et j'ai dit à

 20   Genc, Reste couché. Moi aussi je me suis étendue. J'ai entendu des voix qui

 21   parlaient, puis j'ai également entendu l'un de mes cousins qui gémissait,

 22   qui éprouvait de la douleur manifestement, et j'ai décidé de me déplacer.

 23   Je ne savais pas exactement ce qui se passait à ce moment-là. C'était

 24   instinctif, j'ai bougé. Puis il y avait d'autres soldats dans le jardin et

 25   ils m'ont tiré des cadavres, mais ils portaient des uniformes différents

 26   par rapport aux autres soldats, ils parlaient en serbe.

 27   Q.  Je voudrais vous arrêter. Combien de soldats avez-vous vus en train de

 28   tirer sur le groupe ?

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  1   R.  Un.

  2   Q.  Combien de soldats y avaient-ils dans le jardin ? Y avait-il seulement

  3   un soldat ?

  4   R.  Il y avait plusieurs soldats. De toute façon, il y avait des soldats

  5   qui se déplaçaient constamment, qui sortaient et qui entraient dans le

  6   jardin, il y en avait quelques-uns.

  7   Q.  Vous nous dites dans la déclaration que vous pensiez qu'il y avait plus

  8   qu'un seul soldat qui tirait. Pourquoi ?

  9   R.  J'ai été blessée et le soldat qui a commencé à tirer, il était sur ma

 10   gauche. Quand j'ai glissé à terre et que j'étais couchée, il y avait devant

 11   moi une paroi de même qu'à ma droite il y avait une autre paroi, celle sur

 12   laquelle je m'étais reposée. Le soldat qui tirait était sur ma gauche et

 13   j'ai une blessure qui provenait de l'arrière, sur mon dos, en ligne droite,

 14   je ne vois pas comment une balle venant de ma gauche pourrait entrer dans

 15   mon dos en ligne droite comme ceci. C'est pour cela que je pense qu'il y

 16   avait plusieurs soldats qui tiraient.

 17   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Pouvez-vous attendre une seconde.

 18   Mme KRAVETZ : [interprétation] Oui.

 19   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Djurdjic.

 20   M. DJURDJIC : [interprétation] Lorsque Mme Kravetz a posé au témoin une

 21   question, elle a répondu qu'il n'y avait qu'un seul soldat qui a tiré deux

 22   fois. En la ramenant à sa déclaration là où elle indique qu'elle pensait

 23   que plusieurs soldats ont tiré, je pense que cela n'est pas possible, c'est

 24   une question directrice.

 25   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] C'est en partie le fait d'utiliser des

 26   déclarations écrites plus des interrogations orales, Maître Djurdjic.

 27   Evidemment, la Chambre en a bien connaissance et on tiendra compte

 28   lorsqu'elle regardera les éléments de preuve, en tout cas, la déclaration a

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  1   mentionné plusieurs soldats en tant que croyance, plutôt qu'une question

  2   d'observation directe. Par conséquent, Mme Kravetz avait raison de vouloir

  3   élucider la question.

  4   Mme KRAVETZ : [interprétation] J'aurais dû vous préciser qu'il s'agissait

  5   du paragraphe 670 de la déclaration. Je ne l'ai pas fait.

  6   Je voudrais que cette séquence vidéo puisse recevoir une cote, il s'agit de

  7   la pièce 05219.

  8   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] L'ensemble de la séquence, ou bien

  9   simplement la partie que nous avons visionnée ?

 10   Mme KRAVETZ : [interprétation] La séquence dans son ensemble. On verra

 11   d'autres images provenant de cette séquence.

 12   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Combien de temps dure cette vidéo ?

 13   Mme KRAVETZ : [interprétation] Il me semble qu'elle dure 45 minutes, peut-

 14   être un peu plus. Il y aura d'autres images que nous allons visionner. Je

 15   pense que cette vidéo donne des éléments de contexte à vous, Messieurs les

 16   Juges, quant à l'endroit où a eu lieu cette fusillade. Surtout les vues

 17   aériennes du jardin.

 18   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il faudrait en savoir davantage sur

 19   son contenu, vous pourriez revenir plus tard pour le versement de cette

 20   pièce.

 21   Mme KRAVETZ : [interprétation] Très bien.

 22   Peut-on avoir maintenant la pièce 05219 à l'écran, simplement la page 1 de

 23   cette pièce.

 24   Q.  Nous allons maintenant regarder un certain nombre de photographies, sur

 25   l'écran qui se trouvent en face de vous. Est-ce que vous les voyez ?

 26   Est-ce que vous reconnaissez cette photographie que vous voyez ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Est-ce que vous pouvez nous dire ce qu'on y voit ?

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  1   R.  C'est le jardin où il y a eu la fusillade.

  2   Mme KRAVETZ : [interprétation] Est-ce que l'huissier pourrait assister le

  3   témoin.

  4   Q.  Je vais vous demander d'utiliser un stylet et vous demander en

  5   particulier d'apposer certaines indications sur cette photographie

  6   R.  D'accord. 

  7   Q.  Avec un X, s'il vous plaît, veuillez nous indiquer l'endroit où se

  8   trouvait le groupe dans le jardin au moment où il y a eu la fusillade.

  9   R.  [Le témoin s'exécute]

 10   Q.  Merci de nous apposer le chiffre 1 pour indiquer la position où se

 11   trouvait le soldat qui a tiré.

 12   R.  Où ?

 13   Q.  Là où vous pensez qu'il se tenait.

 14   Q.  Je crois que c'était près du sentier.

 15   Q.  Vous avez dit tout à l'heure que vous tante Shefkate avait également

 16   reçu des balles. Est-ce que vous pouvez mettre le chiffre là où elle se

 17   trouvait au moment où on lui a tiré dessus.

 18   R.  Très bien. Juste à côté des soldats.

 19   Mme KRAVETZ : [interprétation] Pour les besoins du compte rendu, j'indique

 20   que le témoin a apposé les chiffres 1 et 2; le 2 juste au dessus du 1. Ce

 21   n'est pas très clair, c'est pour cela que je le précise.

 22   Q.  Est-ce que vous pouvez nous où étaient les autres soldats dans la cour,

 23   en utilisant un trait.

 24   R.  A peu près ici.

 25   Mme KRAVETZ : [interprétation] Le témoin a tiré un trait juste en dessous

 26   du chiffre 1 pour indiquer où se trouvaient les autres soldats.

 27   Q.  Dans la séquence vidéo que nous avons vue, nous vous avons vus rentrer

 28   par un couloir, ou plutôt, un passage. Est-ce que vous pouvez nous indiquer

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  1   par une flèche l'endroit par lequel vous êtes rentrés dans la cour ?

  2   R.  [Le témoin s'exécute]

  3   Q.  Nous voyons à droite de la flèche une autre cour. Est-ce que c'est la

  4   cour où on vous emmenés en premier ou pas ?

  5   R.  C'est la cour là où ma tante Shefkate a été séparée de nous.

  6   Q.  Donc c'est à droite de là où vous avez apposé la flèche ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Nous ne voyons pas de rue sur cette photographie, mais est-ce que vous

  9   pouvez nous indiquer où se trouvait la rue ?

 10   R.  Je ne sais pas comment dessiner, mais ce serait ici derrière la maison.

 11   Nous sommes rentrés par là, ensuite on passe là. Ça débouche directement

 12   dans la rue.

 13   Q.  Donc la flèche que vous avez apposée, bien, la rue se trouverait en

 14   arrière de l'entrée, là où démarre la flèche ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Merci.

 17   Mme KRAVETZ : [interprétation] Est-ce qu'on pourrait attribuer une cote à

 18   cette photographie avant de passer à la suivante ?

 19   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui.

 20   Les pièces que nous avons reçues ce matin, bien, on m'a averti que les

 21   numéros qui lui ont été attribués sont erronés, donc je lui demanderais

 22   d'attribuer des nouveaux numéros.

 23   M. LE GREFFIER : [interprétation] La pièce 05127 65 ter a reçu la cote

 24   P00375 [comme interprété]; la pièce 05129 de la liste 65 ter aura la cote

 25   P00374; 05128 aura la cote P00375; et les photographies qui viennent d'être

 26   marquées par le témoin qui portent le numéro 65 ter 0529.01 recevront la

 27   cote P00376.

 28   Mme KRAVETZ : [interprétation] Pourrait-on avoir la page 2 de cette même

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  1   pièce, s'il vous plaît, à l'écran.

  2   Q.  Reconnaissez-vous la photographie que vous avez devant

  3   vous ?

  4   R.  Oui. C'est toujours la même chose, le jardin, là où il y a eu la

  5   fusillade.

  6   Q.  Paragraphe 39 de votre déclaration, vous avez dit que lorsqu'on vous a

  7   emmenés dans la rue depuis la cour, la première fois, bien, on vous a

  8   emmenée dans une rue en face du commissariat. Je voudrais savoir si le

  9   commissariat est visible sur cette photographie; si c'est le cas, est-ce

 10   que vous pouvez le marquer.

 11   R.  D'après moi, je pense que le commissariat se trouvait ici.

 12   Q.  Merci.

 13   Mme KRAVETZ : [interprétation] Est-ce qu'on pourrait attribuer une cote à

 14   cette photographie.

 15   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ce sera fait.

 16   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce P00377.

 17   Mme KRAVETZ : [interprétation] Pourrait-on avoir maintenant à l'écran la

 18   page 3 de cette même pièce.

 19   Q.  Pouvez-vous nous dire ce qu'on voit dans cette photographie.

 20   R.  C'est l'endroit où nous nous trouvions au moment où on nous a tiré

 21   dessus.

 22   Q.  Pouvez-vous nous indiquer par un X l'endroit où vous étiez au moment de

 23   la fusillade.

 24   R.  J'étais en quelque sorte à peu près au milieu, probablement ici, au

 25   milieu du mur. 

 26   Q.  Vous avez dit tout à l'heure que lorsque la fusillade a commencé, vous

 27   avez glissé au sol, vous avez donc parlé d'un mur. Est-ce que c'est bien de

 28   ce mur-là dont il s'agit ?

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  1   R.  Oui.

  2   Q.  Où se trouvait la personne qui a tiré sur vous par rapport à vous ?

  3   R.  En dehors du champ de vision à gauche.

  4   Mme KRAVETZ : [interprétation] Est-ce qu'on pourrait attribuer une cote à

  5   cette photographie.

  6   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce P00378.

  7   Mme KRAVETZ : [interprétation] Est-ce qu'on pourrait visionner la page 5 de

  8   cette même pièce.

  9   Q.  Pouvez-vous nous dire ce qu'on voit dans cette photographie.

 10   R.  C'est le mur qui était face à moi quand j'étais là.

 11   Q.  On voit qu'il y a des marques sur ce mur qui ont été recouvertes. Est-

 12   ce que celles-ci existaient le jour de la

 13   fusillade ?

 14   R.  Non.

 15   Q.  Est-ce que ce sont des marques qui ont été causées ou provoquées le

 16   jour de la fusillade ?

 17   R.  Oui.

 18   Mme KRAVETZ : [interprétation] Peut-on afficher la page 6 de cette même

 19   pièce, s'il vous plaît.

 20   Q.  Reconnaissez-vous les personnes qu'on voit dans cette photographie ?

 21   R.  Oui, c'est ma mère, Sala et mon père Safet Bogujevci.

 22   Q.  Est-ce que votre mère faisait partie des gens sur qui on a tiré dans la

 23   cour ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Et qu'est-ce qui lui est arrivé ?

 26   R.  Elle a été tuée.

 27   Q.  Quel âge avait-elle à ce moment-là ?

 28   R.  Elle avait 38 ans.

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  1   Mme KRAVETZ : [interprétation] Pourrait-on voir la photographie suivante ?

  2   Q.  Reconnaissez-vous la personne dans cette photographie ?

  3   R.  Ma grand-mère, Shehide.

  4   Q.  Est-ce que votre grand-mère faisait partie du groupe dans la cour ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Qu'est-ce qui lui est arrivé ?

  7   R.  Elle aussi elle a été tuée.

  8   Q.  Est-ce que vous vous souvenez à peu près de son âge à l'époque ?

  9   R.  A peu près 60 ans.

 10   Mme KRAVETZ : [interprétation] Peut-on voir maintenant la dernière

 11   photographie de cette pièce.

 12   Q.  Reconnaissez-vous les deux personnes dans cette photographie ?

 13   R.  Oui, à droite c'est mon frère aîné, Shpend Bogujevci, qui avait 12 ans

 14   à l'époque des faits, lui aussi il a été tué. Et à gauche c'est Shpetim,

 15   mon frère qui avait 9 ans à l'époque, et qui a été tué également.

 16   Q.  Merci.

 17   Cette séquence vidéo que nous avons visionnée tout à l'heure et des images

 18   que nous venons de voir, vous nous avez dit qu'elles ont été filmées en

 19   2003/2004. Est-ce que vous vous souvenez qui a filmé ces images ?

 20   R.  Oui, c'était un journaliste, Paresh Patel.

 21   Q.  De quelle agence venait-il ?

 22   R.  La BBC.

 23   Q.  Est-ce que vous savez ce qui a été fait avec la vidéo qui a été faite

 24   ce jour-là ?

 25   R.  Il y a eu un documentaire qui a été diffusé en Angleterre.

 26   Q.  A quel sujet ?

 27   R.  C'était l'histoire de ce qui est arrivé à ma famille.

 28   Q.  Est-ce que vous vous souvenez du nom du documentaire ?

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  1   R.  Ça faisait partie d'un programme qui s'appelait "Real Story."

  2   Q.  Est-ce que vous vous souvenez à peu près à quel moment ce documentaire

  3   a été diffusé, le "Real Story," concernant votre

  4   famille ?

  5   R.  Vers la fin de 2004, pour autant que je me souvienne.

  6   Q.  Merci.

  7   Mme KRAVETZ : [interprétation] Messieurs les Juges, je voudrais que les

  8   photographies ou les arrêts sur image et la séquence vidéo que nous avons

  9   visionnée soient versés au dossier. 05219 et 05219.01.

 10   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ce sera fait.

 11   Maître Djurdjic.

 12   M. DJURDJIC : [interprétation] Je suis désolé, Monsieur le Président. On

 13   est en train de verser simplement la partie de la vidéo que nous avons

 14   visionnée ou l'ensemble ?

 15    Mme Kravetz, pour autant que je me souvienne, nous a montré simplement le

 16   mur à côté du bâtiment et l'entrée de la cour, à savoir le moment où le

 17   témoin est rentré dans la cour. Quatre secondes, simplement.

 18   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous avez quelque chose contre le fait

 19   que l'intégralité du document soit versée ?

 20   M. DJURDJIC : [interprétation] Oui, oui. Nous n'avons pas eu -- ou du

 21   moins, nous voyons que le témoin a confirmé l'auteur, filmé l'heure, mais

 22   nous n'avons pas, quant à nous, visionné son contenu. Le témoin a

 23   simplement la partie qui concerne le moment où elle est rentrée. Je n'ai

 24   rien contre cela, bien entendu.

 25   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Madame Kravetz.

 26   Mme KRAVETZ : [interprétation] Les images que nous venons de voir

 27   proviennent toutes de la même vidéo. La raison pour laquelle nous voulons

 28   verser l'intégralité du document, c'est que nous voudrions en donner des

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  1   éléments de contexte, quant à comment se présente cette cour-là, d'où sont

  2   rentrées les personnes et les bâtiments qui sont à côté. Nous avons fait

  3   ces photographies, mais il y a d'autres éléments dans la vidéo qui

  4   pourraient être utiles aux Juges pour avoir une idée de l'endroit. Etant

  5   donné nos contraintes de temps, je ne pouvais pas vous faire visionner

  6   toute la vidéo. C'est pour cela que nous en avons fait un certain nombre

  7   d'arrêts sur image pour aller plus vite.

  8   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] L'objection a été faite sur la base du

  9   fait que nous ne l'avons pas visionnée dans le prétoire. Est-ce que vous

 10   avez quelque chose à dire à ce propos ?

 11   Mme KRAVETZ : [interprétation] Bien, cette vidéo a été donnée à la Défense

 12   au moment où nous l'avons reçue au mois de novembre l'année dernière. Donc

 13   j'imagine que mon collègue a eu amplement le temps de le voir. Je ne sais

 14   pas s'il y a d'objection à une partie en particulier.

 15   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je précisais simplement le fait de ne

 16   pas l'avoir visionnée dans le prétoire.

 17   Mme KRAVETZ : [interprétation] Bien, nous en avons vu une petite partie, et

 18   je ne peux pas vous la faire visionner simplement pour une question de

 19   temps.

 20   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] La Chambre reviendra sur cette

 21   question après le contre-interrogatoire, Madame Kravetz.

 22   Mme KRAVETZ : [interprétation] Très bien.

 23   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Quant aux photographies, elles seront

 24   versées.

 25   M. LE GREFFIER : [interprétation] 05219.1, ces photographies recevront la

 26   cote P00379. 

 27   Mme KRAVETZ : [interprétation]

 28   Q.  Madame Bogujevci, très brièvement, vous nous avez dit que vous avez été

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  1   blessée pendant la fusillade. Est-ce que vous pouvez nous dire exactement

  2   dans quels endroits vous avez été blessée ?

  3   R.  Ma jambe droite, mon bras gauche, et mon dos.

  4   Q.  Combien de blessures par balle avez-vous reçues au total ?

  5   R.  Deux dans ma jambe, une dans mon dos et tout mon bras gauche et ma main

  6   gauche. L'ensemble du membre supérieur gauche.

  7   Q.  Combien de blessures par balle avez-vous reçues dans votre bras gauche

  8   ?

  9   R.  Treize.

 10   Q.  Du fait de ces blessures, est-ce que vous souffrez encore aujourd'hui

 11   de certaines complications quant à l'usage de votre bras gauche ?

 12   R.  Je ne peux faire que des mouvements très limités. Je ne peux pas

 13   étendre mes doigts, je ne peux pas me saisir d'objets, je ne peux pas

 14   détendre complètement mon bras à cause de mon coude, je ne peux pas étendre

 15   le bras pour me saisir de quelque chose. En gros, j'ai très peu de

 16   mouvements, de capacité de mouvements avec mon bras gauche.

 17   Q.  Pour en revenir aux événements du 28 mars, au total, combien de

 18   personnes ont été tuées dans la cour que nous avons vue tout à l'heure ?

 19   R.  Ma mère, mes deux frères, ma grand-mère, ma tante Shefkate, ma cousine

 20   Nora et la tante de mon père, Nefise, sa bru. Donc huit membres de ma

 21   famille et les sept membres de la famille Duriqi et Selman Gashi.

 22   Q.  Qui a survécu ?

 23   R.  Mon cousin Fatos, Jehona, Genc et moi-même. 

 24   Q.  Dans votre déclaration, vous avez décrit comment on vous a emmenée à

 25   l'hôpital de Pristina et à un moment donné, votre frère est venu vous voir.

 26   Comment votre père a-t-il su que vous étiez à cet hôpital ?

 27   R.  L'une des personnes qui était à la même école que Jehona était à

 28   l'hôpital avant les bombardements de l'OTAN. Son père n'a pas pu le faire

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  1   sortir de l'hôpital tout de suite, et il est revenu plus tard. Comme il

  2   connaissait mon père, je lui ai dit ce qui était arrivé et il m'a dit qu'il

  3   essaierait de le retrouver et lui dire où nous étions et ce qui s'était

  4   passé.

  5   Q.  Est-ce qu'il a pu retrouver votre père ?

  6   R.  Oui. Après ce qui s'était passé, je crois que c'était au bout d'environ

  7   un mois, mon père est venu nous voir à l'hôpital.

  8   Q.  Pendant combien de temps avez-vous été hospitalisée à Pristina ?

  9   R.  Jusqu'au mois de juin 1999.

 10   Q.  Où êtes-vous allée lorsque vous avez quitté l'hôpital de Pristina ?

 11   R.  J'ai été chez moi, mais également il y avait des médecins que l'OTAN,

 12   la KFOR qui sont venus au Kosovo et qui nous changeaient nos bandages.

 13   Ensuite, au mois de septembre, on nous a emmenés en avion en Angleterre, à

 14   Manchester, pour recevoir des traitements médicaux.

 15   Q.  Pendant combien de temps avez-vous reçu des traitements médicaux ?

 16   R.  Pendant plusieurs années. D'ailleurs, je continue parfois à être suivie

 17   en kinésithérapie, car mes doigts ont tendance à se raidir. Donc parfois

 18   j'ai des séances de kinésithérapie et je vois mon médecin également.

 19   Q.  Merci.

 20   Mme KRAVETZ : [interprétation] Messieurs les Juges, je n'ai plus d'autres

 21   questions pour ce témoin à ce stade.

 22   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

 23   Maître Djurdjic.

 24   M. DJURDJIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 25   Contre-interrogatoire par M. Djurdjic : 

 26   Q.  [interprétation]  Je m'appelle Veljko Djurdjic. Je fais partie de

 27   l'équipe de la Défense de l'accusé, M. Djordjevic. Avec moi à mes côtés il

 28   y a Mme Marie O'Leary. Le principal conseil de la Défense qui s'appelle

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  1   également Me Djordjevic n'est pas présent aujourd'hui.

  2   Avant de vous poser un certain nombre de questions, je voudrais vous

  3   exprimer mes profondes condoléances étant donné les pertes de vos proches

  4   que vous avez subies et ces douleurs dont on ne guérit jamais.

  5   Je voudrais vous dire que je ne vous poserais absolument aucune question si

  6   le bureau du Procureur n'avait pas pris de vous une déclaration en octobre

  7   2008, à savoir celui dont il se sert actuellement. Je crois que la Défense

  8   des personnes accusées était un des postulats fondamentaux des procédures

  9   pénales, mais les déclarations que vous avez faites en 2000, et lors de la

 10   procédure qui a eu lieu devant la cour de Belgrade en 2003, mais étant

 11   donné que tous ces documents semblent ne pas suffire, je suis bien obligée

 12   de vous faire revenir à une date que vous souhaitez sans doute oublier et

 13   de vous poser un certain nombre des questions.

 14   M. DJURDJIC : [interprétation] Messieurs les Juges, avant de commencer le

 15   contre-interrogatoire, je voudrais attirer votre attention sur une question

 16   particulière. Nous avons versé au dossier la retranscription de l'audience

 17   qui s'est tenue à Belgrade les 9 et 10 juillet 2003.

 18   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Djurdjic, vous faites référence

 19   à la pièce P375, la transcription de la procédure à Belgrade.

 20   M. DJURDJIC : [interprétation] Je vous prie de m'excuser, il s'agit bien de

 21   375. Il s'agit de 38 pages qui ont été versées au dossier. Je voudrais

 22   simplement indiquer que le 10 juillet, au tout début, Bogujevci Fatos, le

 23   cousin du témoin, fait une déclaration et la déclaration du témoin va de la

 24   page 8 à 13, la déclaration que j'ai trouvée dans la documentation du

 25   tribunal de Belgrade.

 26   Des pages 1 à 13, nous avons les déclarations du témoin lors de

 27   l'audience principale qui s'est déroulée, il s'agit des mêmes personnes qui

 28   témoignent ici. Je pense que c'est là la seule partie qui pourrait être

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  1   versée au dossier car ce sont deux témoins que nous entendons ici.

  2   S'agissant du 9 juillet, après la page 13, après la déclaration de Mlle

  3   Saranda, c'est sans objet pour cette procédure puisque ces témoins ne

  4   veulent pas se présenter ici. Voilà ce que je voudrais dire à ce stade.

  5   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] S'il y a eu malentendu, la seule

  6   pièce que la Chambre visait était bien la retranscription des éléments de

  7   preuve de ce témoin lors de la procédure à Belgrade. S'il y a eu des

  8   retranscriptions plus longues incluses, cela ne fera pas partie de cette

  9   pièce. Il s'agit bien du témoignage donné par ce témoin à Belgrade qui

 10   devient partie de la liste 93 ter versée au dossier.

 11   Mme KRAVETZ : [interprétation] Si vous le permettez, Monsieur le

 12   Président, nous n'avons que chargé la partie qui concerne ce témoin en

 13   anglais. Nous avons rédigé ce paragraphe pour avoir seulement cette partie-

 14   là du témoignage dans la version prétoire électronique.

 15   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous n'avez pas à vous

 16   préoccuper de cela, Maître Djurdjic. Nous n'avons que la transcription de

 17   ce témoin.

 18   M. DJURDJIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Il s'agit bien

 19   du document que j'ai reçu, qui comporte 38 pages. Je voulais vous

 20   l'indiquer. Si les choses sont claires, je pense que nous pouvons

 21   poursuivre.

 22   Q.  Mademoiselle Saranda, pourriez-vous me dire à quel moment votre mémoire

 23   était-elle au mieux; au moment de votre déclaration à Manchester, le procès

 24   à Belgrade en 2003 ou en octobre de l'année dernière ?

 25   R.  Mes souvenirs sont clairs à propos de ce qui s'est passé, vous savez,

 26   en 2000 en 2003, c'était plus près de la date. Maintenant le temps s'est

 27   écoulé, ce qui ne signifie pas que j'ai pour autant oublié les événements

 28   qui se sont passés ce jour-là.

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  1   Q.  Mademoiselle Saranda, nous ne contestons nullement votre témoignage;

  2   toutefois, dans votre déclaration d'octobre 2008, il y a de nombreux

  3   nouveaux éléments dont vous n'aviez pas parlé avant. C'est pourquoi je

  4   souhaite tirer au clair un certain nombre de questions s'agissant de

  5   l'événement, ce que vous répétez depuis ce temps. Je ne vais pas vous poser

  6   des questions à ce propos. Vous étiez dans quelle classe en mars 1999 ?

  7   R.  J'étais en fin de cycle de l'enseignement secondaire de la dernière

  8   année du lycée, suivant le système qui était en place.

  9   Q.  Vous dites la façon dont le système était organisé. S'agit-il d'une

 10   organisation spéciale ou ces écoles étaient-elles fréquentées par tous ?

 11   R.  Je ne sais pas comment fonctionnait le système dans lequel je me

 12   trouvais à l'époque, je ne l'ai jamais contesté. Il y avait des écoles

 13   séparées. Il y avait les écoles où allaient les Albanais, il y avait les

 14   écoles fréquentées par les Serbes. L'école à laquelle je devais me rendre a

 15   été supprimée, il a fallu se rendre à une autre école qui a été conçue

 16   spécialement pour les enfants serbes.

 17   Q.  Pouvez-vous me dire à quel moment cette école a été supprimée, comme

 18   vous l'avez dit ? Avez-vous suivi des cours dans cet établissement scolaire

 19   ?

 20   R.  Oui, lorsque j'ai commencé ma première année, je devais avoir 6 ans,

 21   j'ai souvenir d'avoir commencé ma scolarité là et après, c'est à ce moment-

 22   là que ça a été supprimé, il a fallu se rendre à cette autre école.

 23   Q.  Dites-moi, où se trouvait cette autre école ?

 24   R.  Celle de la 1ère à la 4e année, nous avons été déplacés vers une école

 25   plus petite qui était une sorte d'école maternelle, qui se trouve dans la

 26   partie centrale de la ville près du fleuve. A proximité de l'hôtel de

 27   ville. Après avoir terminé la 4e année, nous sommes partis vers une autre

 28   école pour que les autres enfants puissent fréquenter cette école.

Page 1904

  1   Q.  Bien. Pouvez-vous me dire, le bâtiment où vous vous trouviez jusqu'à la

  2   4e année, à qui appartenait cette maison ? Quelle était cette maison ?

  3   R.  Non, c'était une école. C'est-à-dire que c'était pour les enfants qui

  4   s'y rendaient avant de commencer leur première année scolaire, une sorte de

  5   maternelle. Je dirais que c'était une école. Il ne s'agissait pas de la

  6   maison de quelqu'un.

  7   Q.  Je comprends ce que vous dites, c'est la maternelle. Mais lorsque vous

  8   avez commencé votre scolarité, où se trouvait ce bâtiment et à qui

  9   appartenait ce bâtiment lorsque vous avez commencé votre scolarité, la 1ère

 10   année ?

 11   R.  Le bâtiment, comme je le dis, se trouvait à proximité de la rivière, la

 12   partie centrale de la ville. Quant à savoir qui gérait ce bâtiment, je ne

 13   sais pas. Je ne me suis jamais posé la question.

 14   Q.  Vous souvenez-vous qui était votre enseignant ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Pouvez-vous me donner le nom de votre enseignant. S'agissait-il de

 17   l'enseignant pour tous les enfants qui assistaient à des cours ?

 18   R.  Non. Elle s'appelait Fatima, c'était l'enseignante qui s'occupait de ma

 19   classe, et il y avait d'autres enseignants qui dirigeaient d'autres

 20   classes.

 21   Q.  Si je comprends bien, il s'agit d'un établissement monoethnique que

 22   vous fréquentiez ?

 23   R. Désolée, je ne comprends pas la question.

 24   Q.  Y avait-il des enfants dans cette école qui appartenaient à d'autres

 25   groupes ethniques, mise à part la communauté des Albanais de souche ?

 26   R.  Non, il ne s'agissait que d'Albanais.

 27   Q.  Y avait-il d'autres langues parlées à l'école, à part l'albanais ?

 28   R.  Non, il y avait que l'albanais.

Page 1905

  1   Q.  Merci. Savez-vous comment était financée cette école ?

  2    R.  J'étais une enfant. Je ne me suis jamais vraiment posé la question de

  3   son financement, ça ne m'intéressait pas vraiment à l'époque.

  4   Q.  Je vous remercie. Mais vous m'avez dit que l'école se trouvait dans ce

  5   bâtiment. L'école se trouvait-elle là avant que vous ne commenciez votre

  6   première année ? Comment saviez-vous que l'école s'y trouvait ?

  7   R.  Oui, l'école existait déjà et elle servait aux enfants avant de

  8   commencer la première année. Mais parce que l'autre école avait été

  9   supprimée, c'était la seule possibilité qui nous était offerte, c'était la

 10   seule école à laquelle où on pouvait se rendre.

 11   Q.  Merci. Pouvez-vous me dire où se trouvait l'autre école ?

 12    R.  L'autre école, je ne sais pas très bien comment décrire ça, c'est-à-

 13   dire que l'autre école était censée être un établissement d'enseignement

 14   secondaire. A partir du centre-ville, il y a une autre grande rue où se

 15   trouve ma maison, l'école était un petit peu plus haut après ma maison.

 16   Q.  S'agissait-il d'un bâtiment public, l'école que vous fréquentiez ?

 17   R.  Oui, il y avait que deux bâtiments. Nous n'étions autorisés qu'à

 18   utiliser un des bâtiments.

 19   Q.  Merci. Dans l'autre bâtiment, il y avait d'autres enfants qui

 20   assistaient aux cours à des horaires différents; c'est bien ça ?

 21   R.  Non, l'autre bâtiment était vide. Il ne servait pas.

 22   Q.  Pourriez-vous me dire quel était le nom de la rue où vous habitiez ?

 23   R.  A l'époque, elle s'appelait Kosunqiqi.

 24   Q.  Vous avez dit ça au début, en octobre 2008, lorsque vous avez fait

 25   votre déclaration. Comment avez-vous su que c'était le nom de la rue ?

 26   R.  Parce que j'habitais pas très loin de la rue, et j'ai dû demander à mes

 27   parents. Enfin, je ne sais pas, je ne me souviens pas très bien comment

 28   j'ai su que c'était cette rue, mais j'habitais dans cette rue.

Page 1906

  1   Q.  Bien sûr vous y habitiez, mais en 2000, lorsque vous avez donné cette

  2   interview, vous ne connaissiez pas le nom de la rue. Vous connaissiez le

  3   nouveau nom de la rue, puisque vous étiez en visite à Podujevo avec

  4   d'autres personnes.

  5   R.  J'ai peut-être demandé à mon père comment s'appelait la rue.

  6   Q.  Merci. Ai-je raison de dire que la famille d'Enver Duriqi est venue

  7   séjourner chez vous en raison du conflit qu'avait l'armée de libération du

  8   Kosovo avec l'armée et la police au village ?

  9   R.  Je n'en sais rien. Tout ce que je savais, c'est qu'il s'est rendu dans

 10   la ville puisque la situation autour du village était extrêmement

 11   dangereuse. C'est tout ce que je sais.

 12   Q.  Merci. Que savez-vous à propos de l'Armée de libération du Kosovo ?

 13   R.  Oui, bien sûr, j'avais entendu parler d'eux. Je savais qu'ils

 14   existaient.

 15   Q.  Savez-vous ce qu'ils faisaient, comment ils opéraient et où ils

 16   opéraient ?

 17   R.  Non, j'étais une enfant à l'époque, des informations de ce genre ne

 18   m'étaient pas vraiment données. Je ne sais pas grand-chose là-dessus.

 19   Q.  J'en suis absolument sûr, mais toutefois, je dois vous interroger à

 20   propos du paragraphe 16 de votre déclaration, en date du 7 octobre 2008, où

 21   il est dit :

 22   "Peu de temps avant le début de la campagne aérienne de l'OTAN, la famille

 23   d'Enver Duriqi, un ami de mon père, a emménagé dans la troisième maison de

 24   notre complexe, car ils pensaient que leur vie était menacée dans leur

 25   village natal d'Obranqa, dans la municipalité de Podujevo, où des combats

 26   avaient éclatés entre l'UCK et les forces serbes."

 27   R.  Je n'ai pas le souvenir d'avoir jamais dit ça.

 28   Q.  Merci. Merci, Mademoiselle Saranda.

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  1   R.  Je ne crois pas avoir dit ça parce que je n'en savais rien. Je savais

  2   qu'il y avait des bombardements, qu'il y avait beaucoup de choses qui se

  3   passaient dans le village, mais je n'ai jamais dit que c'était entre l'UCK

  4   et les forces serbes. J'ai simplement dit qu'ils sont arrivés dans la

  5   ville, parce qu'ils pensaient que leur vie était très menacée là-bas, mais

  6   pas nécessairement qu'il y avait ces combats.

  7   Q.  C'est là le problème, Mademoiselle Saranda, cette déclaration telle

  8   qu'elle est rédigée ici. Vous avez dit au début de l'audience que vous

  9   l'acceptiez comme votre déclaration, comme la vérité et toute la vérité,

 10   c'est ce qui a été versé comme élément de preuve au dossier.

 11   R.  Puis-je voir la partie à laquelle vous faites référence ? De quel

 12   numéro s'agit-il ?

 13   Q.  Bien sûr. En anglais, il s'agit du paragraphe 16. En anglais, la

 14   version est la page 3, donc le paragraphe 16. Vous pouvez, bien sûr, relire

 15   ce texte.

 16   R.  Non, je ne me souviens pas d'avoir dit ça.

 17   Q.  Puis-je donc conclure que ce ne sont pas vos propos et que vous ne les

 18   avez pas tenus ?

 19   R.  Je n'ai pas souvenir d'avoir dit cela.

 20   Q.  Merci. Qui connaissiez-vous qui faisait partie de la communauté serbe

 21   de Podujevo à cette époque ? Toutes mes questions portent sur cette période

 22   de temps. Si je vous interroge sur une période autre que celle-là, je vous

 23   le préciserai.

 24   R.  Il y avait certains de nos voisins que je connaissais, un d'entre eux

 25   travaillait à l'hôpital également.

 26   Q.  S'agit-il d'une seule personne que vous connaissiez qui était un Serbe

 27   de souche ?

 28   R.  Juste la famille que je connaissais, donc la dame, je la connaissais un

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  1   peu mieux.

  2   Q.  Bien, vous dites là dans votre déclaration, que les relations entre les

  3   familles albanaises et serbes à l'époque étaient très bonnes. Vous avez dit

  4   cela ?

  5   R.  Oui, on s'entendait bien avec nos voisins, nous n'avions pas de

  6   problèmes avec eux. On leur parlait.

  7   Q.  Je vous prie de m'excuser. Avec une famille, n'est-ce pas ?

  8   R.  Oui, oui, c'est ça, c'est la famille que je connaissais. Je pense que

  9   ma famille connaissait d'autres gens, mais ceux que je voyais le plus

 10   souvent et que je connaissais.

 11   Q.  Très bien. Une famille donc. Savez-vous quand a commencé la campagne

 12   aérienne de l'OTAN en 1999 ?

 13   R.  C'était en mars.

 14   Q.  Connaissez-vous la date ?

 15   R.  Si ma mémoire est bonne, c'était le 24 mars.

 16   Q.  Merci.

 17   Savez-vous quelles étaient les cibles impliquées, quelles cibles ont été

 18   prises en partie par l'OTAN lorsque la guerre a commencé ? Dans votre

 19   déclaration au paragraphe 17, vous dites, et je cite :

 20   "Le 24 mars 1999, l'OTAN a commencé une campagne aérienne en Serbie,

 21   portant sur le bombardement de certaines cibles sur tout le territoire, y

 22   compris le Kosovo."

 23   S'agit-il de vos propos, Mademoiselle Saranda ?

 24   R.  Désolée, j'ai mal compris la question. Je pensais que vous posiez

 25   quelque chose de plus précis que cela. Donc oui, ça, c'est ce que j'ai dit.

 26   Q.  Bien, dites-moi alors, quelles étaient ces certaines cibles que l'OTAN

 27   était censée bombarder dont vous aviez connaissance ?

 28   R.  Comme je l'ai dit, je ne savais pas quelles étaient les cibles précises

Page 1910

  1   qu'ils avaient.

  2   Q.  Bien, c'est pourquoi je vous demande s'il s'agit de votre phrase ou

  3   pas, puisque cette déclaration a été faite et versée au dossier, c'est-à-

  4   dire que l'OTAN avait certaines cibles qui ont été bombardées sur tout le

  5   territoire, y compris le Kosovo. Si vous l'avez dit, pourriez-vous nous

  6   dire quelles étaient ces cibles; et si vous ne l'avez pas dit, dites-le.

  7   R.  Bien, vous savez, nous savions que l'OTAN bombardait la Yougoslavie, et

  8   ça comprenait manifestement le Kosovo, mais je ne savais pas quelles

  9   étaient les cibles précises où les bombardements allaient s'opérer. Je

 10   savais qu'ils allaient bombarder ceci ou bombarder cela, qu'ils

 11   bombardaient en Yougoslavie, mais je ne connaissais pas les cibles

 12   précises.

 13   Q.  Merci. Merci. Vous avez déjà expliqué ceci au paragraphe 17, qu'un jour

 14   vous avez vu une colonne de chars qui traversait la ville. Vous ai-je bien

 15   compris lorsque vous répondiez aux questions de Me Kravetz ce matin ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Merci. Mademoiselle Saranda, pouvez-vous me dire si vous faites une

 18   distinction entre la police et l'armée ?

 19   R.  Bien, la police avait l'uniforme bleu, et donc -- enfin, si je

 20   comprends bien, c'était l'armée qui portait les tenues en camouflage et,

 21   disons, qu'enfin, la police portait l'uniforme bleu.

 22   Q.  Merci. Donc au paragraphe 18 vous dites que :

 23   "Dans les semaines qui ont précédé la campagne aérienne de l'OTAN,

 24   bon nombre de familles ont commencé à emménager à Podujevo." En fait, plus

 25   loin, il est dit que : "Les forces serbes incendiaient les maisons et

 26   tuaient les gens dans les villages."

 27   Dites-moi, ça c'est par ouï-dire que vous avez appris cela, ce n'est pas

 28   sur la base de votre propre connaissance lorsque vous dites ceci dans ce

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  1   paragraphe ?

  2   R.  Oui. Puis, bon, c'était aux informations en permanence.

  3   Q.  Merci.

  4   Et quelles informations regardiez-vous ?

  5   R.  Je ne me souviens pas très bien de quelles informations il s'agissait.

  6   Q.  Merci.

  7   M. DJURDJIC : [interprétation] Monsieur le Président, je vous prie de

  8   m'excuser, mais je pense que le moment est venu de faire la pause

  9   technique.

 10   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bien, si vous pensez devoir continuer

 11   après la pause, c'est-à-dire que vous avez d'autres questions à poser ?

 12   M. DJURDJIC : [interprétation] Encore dix minutes ou un quart d'heure, pas

 13   plus, Monsieur le Président.

 14   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bien. Donc nous allons faire la pause.

 15   Le témoin est là depuis une heure et demie maintenant, donc nous allons

 16   reprendre à 11 heures.

 17   --- L'audience est suspendue à 10 heures 29.

 18   --- L'audience est reprise à 11 heures 03.

 19   [Le témoin vient à la barre]

 20   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Djurdjic.

 21   M. DJURDJIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 22   Q.  Mademoiselle Bogujevci, peut-on continuer ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Ai-je raison de dire qu'à Podujevo, il y a eu une coupure d'eau et

 25   d'électricité, après le début des bombardements de l'OTAN ?

 26   R.  Oui. Parfois l'électricité revenait pour des périodes brèves, et

 27   ensuite se reperdait.

 28   Q.   Il y avait des coupures intermittentes de l'électricité pour tous les

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  1   citoyens de la ville, n'est-ce pas ?

  2   R.  Je pense. Lorsque les bombardements de l'OTAN ont commencé, nous étions

  3   à l'intérieur de la maison, donc nous ne sortions pas pour voir d'autres

  4   personnes.

  5   Q.  Merci.

  6   Ai-je raison de dire que vous ne parlez pas et ne comprenez pas le serbe ?

  7   R.  Non. Je connaissais quelques mots avant, mais je ne parle pas vraiment

  8   et je ne comprends pas vraiment bien.

  9   Q.  Ai-je raison de dire qu'heureusement vous avez pu parler un peu pendant

 10   que vous étiez hospitalisée à Pristina ?

 11   R.  Oui, aussi en raison du fait que j'y avais passé trois mois. Donc j'ai

 12   appris certains mots que les infirmières utilisaient.

 13   Q.  Merci. Au paragraphe 25, vous dites que le véhicule de la police était

 14   arrêté devant votre maison. Est-ce que vous pourriez me dire comment vous

 15   aviez reconnu que c'était un véhicule de police. Est-ce que vous pourriez

 16   me décrire ce véhicule, à quoi ressemblait-il ?

 17   R.  Quel paragraphe ?

 18   Q.  J'avais noté que c'était le paragraphe 25.

 19   R.  Oui, je vois. Ceci était décrit comme un véhicule de police, donc en

 20   albanais ils ont dit "autoblinda", c'est un véhicule de police. Mais je ne

 21   l'ai pas vu. On m'a dit que ce véhicule s'était arrêté devant la maison.

 22   Q.  Merci, Mademoiselle Bogujevci. Est-ce que vous savez ce que représente

 23   AK-47 ?

 24   R.  Oui, maintenant je le sais.

 25   Q.  Quand l'avez-vous appris ? Est-ce que vous pourriez me le dire ?

 26   R.  Je ne me souviens pas exactement. Mais lorsque j'ai décrit à quoi ça

 27   ressemblait, lorsque cet homme a commencé à tirer sur nous, quelqu'un m'a

 28   dit que c'était AK-47, mais je ne sais pas exactement quand ceci avait eu

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  1   lieu.

  2   Q.  Merci. Je souhaite simplement constater qu'il ne s'agissait pas là de

  3   vos propres propos, mais que c'est ce qui a été constaté.

  4   Est-ce que vous savez ce que ça veut dire, les armes automatiques ?

  5   R.  Oui. Mais pas concrètement, pas de façon précise avec les noms.

  6   Q.   Est-ce que vous, lorsque vous parlez, vous utilisez des termes aussi

  7   experts comme fusils automatiques, armes automatiques, ou bien est-ce que

  8   quelqu'un encore une fois vous a aidée à vous

  9   exprimer ?

 10   R.  J'ai décrit le fusil, et d'après ma description, c'était la AK-47, je

 11   l'ai appris. Maintenant je sais que c'est le fusil en question, mais je ne

 12   connais pas les autres fusils exactement.

 13   Q.  Ça suffit entièrement. Ça suffit.

 14   Ai-je raison de dire que cet événement a duré peu de temps et que les soins

 15   médicaux vous ont été administrés immédiatement après ?

 16   R.  Après la tuerie, je me suis levée et j'ai vu ma famille, ensuite les

 17   soldats sont venus, des soldats qui portaient un uniforme différent. Ils

 18   ont emmené moi et mes cousins à l'hôpital de Pristina. J'étais à l'hôpital

 19   jusqu'en juin.

 20   Q.  Merci. Vous mentionnez dans votre déclaration une personne qui vous

 21   était venue en aide. Est-ce que vous avez appris par la suite que c'était

 22   un médecin de la police ? Je pense que vous aviez dit qu'il portait un

 23   uniforme bleu.

 24   R.  Excusez-moi, je ne vois pas de qui vous parlez.

 25   Q.  Je parle de la personne qui vous est venue en aide, la première

 26   personne qui vous a aidée. Est-ce que vous savez que c'était un médecin de

 27   la police ? Est-ce que vous le saviez ou est-ce que vous l'avez appris par

 28   la suite ?

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  1   R.  Non. Les soldats qui nous ont emmenés à l'hôpital, je ne sais rien à

  2   leur sujet et je ne savais pas s'il y avait des médecins parmi eux. Je ne

  3   savais rien à ce sujet-là.

  4   Q.  Dites-moi, s'il vous plaît, est-ce que vous vous souvenez de la

  5   personne qui portait un manteau bleu ? C'est une personne qui vous est

  6   venue en aide.

  7   R.  Je pense qu'il y avait deux personnes qui m'ont sortie des cadavres.

  8   Ils avaient un uniforme, mais en ce moment je ne me souviens de personne

  9   qui portait un manteau bleu.

 10   Q.  Merci. Est-ce que vous vous souvenez d'un véhicule bleu, véhicule

 11   jusqu'auquel on vous a transportée en premier ?

 12   R.  Je ne sais pas à quoi ressemblait l'extérieur du véhicule, mais de

 13   l'intérieur, on avait l'impression que c'était probablement une ambulance

 14   militaire car il y avait des médicaments dans le véhicule, donc j'ai

 15   supposé que c'était une sorte d'ambulance.

 16   Q.  C'était justement ma question suivante que j'allais poser. Mais peut-

 17   être que j'ai mal compris, puisque j'ai lu plusieurs de vos déclarations.

 18   D'abord, vous avez été transférée dans un véhicule de police, véhicule

 19   bleu, comme vous l'avez dit, ensuite vous avez été transportée par le

 20   véhicule que vous venez de mentionner.

 21   R.  J'ai été envoyée directement dans l'un des véhicules. Puis-je voir,

 22   s'il vous plaît, quel est l'endroit où vous faites référence au véhicule

 23   bleu, car j'ai été transférée par un seul véhicule.

 24   Q.  Merci. Avez-vous appris que cet horrible événement était le seul qui

 25   s'était déroulé à cette époque-là, à Podujevo ?

 26   R.  A cette époque-là, je ne savais pas ce qui s'était passé, mais par la

 27   suite, je veux dire, d'autres personnes qui avaient été tuées, des amis que

 28   je connaissais, ils ne sont pas morts à Podujevo. Je ne me souviens pas

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  1   s'il y avait d'autres massacres qui avaient eu lieu.

  2   Q.  Merci. Ai-je raison de dire et avez-vous appris qu'une équipe de la

  3   police chargée de l'instruction et un juge d'instruction sont allés

  4   immédiatement sur les lieux du crime pour faire un constat et une enquête

  5   sur les lieux ?

  6   R.  Excusez-moi. Est-ce que vous pouvez répéter la question ?

  7   Q.  Ai-je raison de dire - et je suppose que vous l'avez appris par la

  8   suite - au cours des années qui ont suivi, qu'immédiatement après

  9   l'incident, la police scientifique et un juge d'instruction sont allés sur

 10   les lieux afin d'y mener une enquête et que toute une série de photos ont

 11   été prises du lieu du crime ?

 12   R.  Non. Je ne savais pas qu'ils y sont allés immédiatement après.

 13   Q.  Je ne sais pas si la traduction était bonne. Je n'ai pas dit qu'ils

 14   étaient partis mais qu'ils étaient venus. Est-ce que vous avez appris par

 15   la suite qu'ils sont venus sur place ?

 16   R.  Non, je ne sais pas. Je ne sais pas si quelqu'un y est allé après ce

 17   qui s'est passé. Je comprends maintenant votre question, mais je ne sais

 18   pas si quelqu'un est allé là-bas après l'événement, et s'ils ont mené leur

 19   enquête.

 20   Q.  Merci. Je vais essayer de reformuler ma question. Est-ce qu'au cours du

 21   procès qui a eu lieu à Belgrade devant le tribunal, est-ce qu'on vous a

 22   montré des documents qui ont été constitués à l'égard de l'événement qui

 23   fait l'objet de votre déposition ? Est-ce qu'on vous a montré la série de

 24   photos du lieu du crime, le rapport d'enquête et d'autres documents de ce

 25   type ?

 26   R.  Je me souviens de l'identification, mais je ne me souviens pas avoir vu

 27   des photos. Je ne m'en souviens pas en ce moment.

 28   Q.  Est-ce que vous vous souvenez peut-être qu'un croquis avait été fait du

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  1   lieu du crime, qui correspond à ce que l'on a vu aujourd'hui sur les

  2   photos, qu'il y avait un croquis de l'enceinte familiale ?

  3   R.  En ce moment, je ne me souviens pas avoir vu un croquis pendant le

  4   procès là-bas.

  5   Q.  Merci. Dites-moi, s'il vous plaît, vous possédez les documents médicaux

  6   portant sur les blessures que vous avez eues à l'époque ?

  7   R.  Oui. Je les ai.

  8   Q.  Il s'agit là des documents émanant de l'hôpital de Pristina, de même

  9   que les documents que vous avez de Manchester, en Grande-Bretagne. Ai-je

 10   raison de dire cela ?

 11   R.  Il y a certainement des documents de Manchester, mais je ne suis pas

 12   tout à fait sûre s'il y a des documents de Pristina. Je ne suis pas sûre à

 13   100 % de cela. Mais il y a effectivement des documents de Manchester.

 14   Q.  Avez-vous remis ces documents médicaux à l'Accusation ?

 15   R.  Je ne suis pas tout à fait sûre à l'époque, si je l'ai fait. Je ne sais

 16   pas si j'ai envoyé ça. D'habitude, ce genre de choses se déroulait par le

 17   biais des médecins, et je ne suis pas sûre s'ils ont pris des documents.

 18   Q.  Et vous serez d'accord avec moi pour dire qu'aujourd'hui aucun

 19   document médical ne nous a été présenté au sujet des blessures qui vous ont

 20   été infligées ni au sujet de votre traitement médical ni de votre état de

 21   santé ?

 22   R.  Non, pas aujourd'hui.

 23   Q.  Merci. Mademoiselle Bogujevci, je n'ai plus de questions à vous poser.

 24   M. DJURDJIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. J'ai terminé

 25   mon contre-interrogatoire.

 26   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Maître Djurdjic.

 27   Madame Kravetz, questions supplémentaires ?

 28   Mme KRAVETZ : [interprétation] Non, Monsieur le Président. Je n'ai pas

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  1   d'autres questions pour ce témoin.

  2   [La Chambre de première instance se concerte]

  3   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui. La question de la vidéo a été

  4   reportée. Dans l'absence de questions précises, la Chambre admettra la

  5   vidéo comme pièce à conviction.

  6   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce P00380, Monsieur

  7   le Président.

  8   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Mademoiselle Bogujevci, vous serez

  9   contente de savoir que votre interrogatoire s'est terminé. Nous avons vos

 10   déclarations écrites et votre transcription de déposition préalable de même

 11   ce que vous avez pu ajouter aujourd'hui. La Chambre souhaite vous remercier

 12   des deux visites que vous avez rendues à La Haye. Excusez-nous de vous

 13   avoir fait revenir et merci de l'aide que vous nous avez fournie avec votre

 14   déposition. Nous vous remercions vivement et nous vous souhaitons bonne

 15   chance. Maintenant l'huissier va vous escorter en dehors du prétoire.

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

 17   [Le témoin se retire]

 18   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Madame Gopalan, si j'ai bien compris,

 19   vous souhaitez soulever un point avant la venue du témoin.

 20   Mme GOPALAN : [interprétation] Oui. Un bref sujet. Je souhaite ajouter un

 21   document à la liste 65 ter, il s'agit du numéro 65 ter 05237, il s'agit

 22   d'une feuille d'informations supplémentaires au sujet du témoin, qui a été

 23   fournie par le témoin suivant au cours du récolement la semaine dernière.

 24   Ceci contient un organigramme élaboré par ce témoin qui fait référence à

 25   plusieurs localités qu'il identifie dans sa déclaration. Ce document a été

 26   communiqué à la Défense et ils ont été notifiés de notre intention de

 27   l'utiliser avec ce témoin et ceci concerne l'utilisation du témoin [comme

 28   interprété] avec ce témoin. C'est pour cela que je demande votre

Page 1919

  1   permission, Monsieur le Président.

  2   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Et si j'ai bien compris, c'est un

  3   organigramme que le témoin a élaboré la semaine dernière ?

  4   Mme GOPALAN : [interprétation] C'est exact.

  5   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Djurdjic, est-ce que ceci

  6   suscite des préoccupations de votre part ?

  7   M. DJURDJIC : [interprétation] Il est exact, Monsieur le Président, que

  8   nous avons reçu la traduction des informations supplémentaires et un

  9   organigramme en annexe. Mais puisque le témoin est présent, je pense que

 10   s'il fallait qu'il fasse une esquisse, il aurait dû être dirigé directement

 11   par Mme Gopalan pour qu'il fasse ce croquis. Mais je ne sais pas,

 12   maintenant nous avons ce croquis qui a été dessiné et signé par le témoin

 13   le 3 mars. Moi, je crois bien, qu'effectivement, c'est ce qu'il a fait,

 14   signer. Merci.

 15   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

 16   [La Chambre de première instance se concerte]

 17   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] L'organigramme sera ajouté à la liste

 18   des pièces à conviction en vertu de l'article 65 ter.

 19   Madame Gopalan, est-ce que vous êtes prête maintenant à faire venir le

 20   témoin.

 21   Mme GOPALAN : [interprétation] Oui.

 22   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je pense que le processus est déjà en

 23   cours.

 24   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 25   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour. Veuillez lire la déclaration

 26   solennelle qui vous est montrée.

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

 28   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

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  1    LE TÉMOIN : FATOS BOGUJEVCI [Assermenté]

  2   [Le témoin répond par l'interprète]

  3   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie. Veuillez vous

  4   asseoir.

  5   Je crois que Mme Gopalan a des questions à vous poser.

  6   Interrogatoire principal par Mme Gopalan : 

  7   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Bogujevci. Est-ce que vous pourriez

  8   dire votre nom et prénom pour le compte rendu d'audience ?

  9   R.  Je m'appelle Fatos Bogujevci.

 10   Q.  Quel est votre âge ?

 11   R.  J'ai 22 ans.

 12   Q.  Où et quand êtes-vous né ?

 13   R.  Je suis né le 16 juillet 1986 à Podujevo, au Kosovo.

 14   Q.  Où vivez-vous maintenant, Monsieur Bogojevci ?

 15   R.  Je vis à Manchester en Angleterre.

 16   Q.  Depuis quand est-ce que vous y vivez ?

 17   R.  J'y vis depuis neuf ans, presque dix.

 18   Q.  Monsieur Bogujevci, en mai 2000, avez-vous accordé un entretien filmé

 19   au bureau du Procureur à Simon Matthews à

 20   Manchester ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Est-ce que récemment vous avez eu l'occasion de passer en revue la

 23   transcription de cet entretien filmé ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Suite à l'examen de cette transcription, est-ce que vous êtes satisfait

 26   pour dire qu'il est exact et précis au mieux de vos souvenirs ?

 27   R.  Oui.

 28   Mme GOPALAN : [interprétation] Monsieur le Président, il s'agit de la

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  1   retranscription dont le numéro 65 ter est 05125 et je demande la permission

  2   de le verser au dossier.

  3   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il sera admis.

  4   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agit de la pièce P00381.

  5   Mme GOPALAN : [interprétation]

  6   Q.  En juillet 2003, est-ce que vous avez déposé lors du procès de Sasa

  7   Cvjetan devant le tribunal du district de Belgrade ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Avez-vous eu l'occasion récemment de passer en revue la transcription

 10   de votre déposition à Belgrade ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Et si on vous posait les mêmes questions que celles qui vous ont été

 13   posées pendant le procès à Belgrade aujourd'hui, est-ce que vos réponses

 14   auraient été les mêmes ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Merci.

 17   Mme GOPALAN : [interprétation] Il s'agit de la pièce dont le numéro 65 ter

 18   est 5126, et je souhaite de demander le versement au dossier de ce

 19   document.

 20   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il sera admis.

 21   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de P00382, Monsieur le

 22   Président.

 23   Mme GOPALAN : [interprétation]

 24   Q.  Monsieur Bogujevci, en octobre de l'année dernière, est-ce que vous

 25   avez fourni une déclaration au bureau du Procureur ?

 26   R.  A Belgrade ? Non -- pardon. Si, si je  l'ai fait.

 27   Q.  Oui, vous l'avez fait. D'accord. Est-ce que vous avez eu

 28   l'occasion de passer en revue cette déclaration récemment?

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  1   R.  Oui.

  2   Q.  Et je crois que vous avez indiqué qu'il y a quelques changements que

  3   vous souhaitez apporter à cette déclaration; est-ce exact ?

  4   R.  Oui.

  5   Mme GOPALAN : [interprétation] Avec l'aide de l'huissier, peut-on remettre

  6   au témoin cette déclaration. Et il s'agit de 5124 en vertu de l'article 65

  7   ter.

  8   Q.  Monsieur Bogujevci, merci de regarder le paragraphe 16 de votre

  9   déclaration. Est-ce qu'il y a une modification que vous aimeriez apporter à

 10   ce paragraphe ?

 11   R.  Simplement le nom du village, qui s'écrit O-b-r-a-n-a-q-a, donc sans

 12   l'"a" avant le "q."

 13   Q.  Maintenant, passons au paragraphe 41 de votre déclaration, si vous le

 14   voulez bien. Voulez-vous faire une modification à ce paragraphe ?

 15   R.  Quand j'ai dit, "j'ai simplement vu l'apparence générale de cet homme,"

 16   ce que j'entendais par là c'est que je l'ai vu que quelques instants, et

 17   donc je ne me suis pas concentré sur son visage ni sur certains traits de

 18   son visage.

 19   Q.  Merci. Maintenant que vous avez revu votre déclaration et que vous avez

 20   fait ces modifications, est-ce que vous êtes satisfait que son contenu est

 21   véridique et exact d'après vos connaissances ?

 22   R.  Oui.

 23   Mme GOPALAN : [interprétation] Je voudrais que cette pièce soit versée au

 24   dossier. Il s'agit de la pièce 65 ter 5124.

 25   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ce sera fait.

 26   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce P00383.

 27   Mme GOPALAN : [interprétation]

 28   Q.  Je vais maintenant vous lire le résumé pour le témoignage de M.

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  1   Bogujevci.

  2   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Madame Gopalan.

  3   Mme GOPALAN : [interprétation] Le témoin est un survivant du massacre qui a

  4   eu lieu dans la ville de Podujevo au Kosovo le 28 mars 1999. Dans les

  5   semaines qui ont précédé le début des bombardements de l'OTAN, il y a eu

  6   une augmentation de la présence militaire et policière dans les rues de

  7   Podujevo. Quand les bombardements de l'OTAN ont commencé, le témoin et sa

  8   famille étendue se trouvaient dans l'enceinte familiale à Podujevo, et une

  9   autre famille, les Duriqi, se trouvaient également dans une maison à

 10   l'arrière de l'enceinte.

 11   Le 28 mars 1999, un blindé transporteur de personnel s'est arrêté à côté de

 12   l'enceinte familiale. Ayant crainte pour leur sécurité, la famille du

 13   témoin s'est déplacée pour se rendre dans la maison des Duriqi. A cette

 14   époque, la famille du témoin ne comportait que des femmes et des enfants

 15   car les hommes étaient déjà cachés. Le témoin dit que ce jour-là, des gens

 16   qu'il décrit comme étant des soldats, sont rentrés dans l'enceinte et ont

 17   fini par ordonner au groupe de se rendre dans la cour voisine. Une fois

 18   qu'ils étaient dans la cour voisine, les soldats ont tiré sur le groupe et

 19   ont tué 14 personnes, toutes des femmes et des enfants. Le témoin et ses

 20   quatre cousins ont survécu au massacre. Le témoin a décrit également le

 21   fait qu'un membre de la famille, un homme, un membre de la famille Duriqi

 22   et la tuerie d'un autre voisin.

 23   C'est la fin de ce résumé.

 24   Q.  J'ai un certain nombre de questions à vous poser concernant votre

 25   déclaration. Avant de passer au 28 mars, je voudrais commencer par

 26   l'endroit où vous viviez à cette époque-là, au mois de mars 1999.

 27   Pouvez-vous nous dire quel âge vous aviez à cette époque ? 

 28     R.  J'avais 12 ans à l'époque. J'allais bientôt arriver à l'âge de 13

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  1   ans.

  2   Mme GOPALAN : [interprétation] Je voudrais qu'on puisse visionner dans la

  3   liste 65 ter la pièce 5137.

  4   Q.  Vous allez voir ce document sur votre écran. Et je voudrais qu'on

  5   affiche en particulier la page 2.

  6   Désolée. Je vous ai donné un faux numéro. En fait, il s'agit du numéro 5237

  7   de la liste 65 ter.

  8   Peut-on afficher la page 2, s'il vous plaît. Peut-on agrandir le croquis

  9   qui est apparu sur la page 2. Merci.

 10   Q.  Monsieur Bogujevci, est-ce que vous reconnaissez ce

 11   croquis ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  De quoi s'agit-il ?

 14   R.  Il s'agit d'un croquis que j'ai dessiné concernant l'enceinte familiale

 15   et les rues se trouvent à côté de notre maison.

 16   Q.  Merci. Dans votre déclaration, vous décrivez un certain nombre de

 17   bâtiments dans l'enceinte, et il s'agit des paragraphes 10 à 13 de votre

 18   déclaration. Est-ce que vous pouvez nous dire quel est ce bâtiment qui

 19   porte le numéro 1 ?

 20   Mme GOPALAN : [interprétation] Est-ce qu'on pourrait agrandir le croquis,

 21   s'il vous plaît.

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Celui qui porte le numéro 1, c'est le bâtiment

 23   où nous habitions à l'époque. C'est là où se trouve notre maison.

 24   Mme GOPALAN : [interprétation]

 25   Q.  Et qui vivait là ?

 26    R.  J'y vivais avec ma famille, ma mère, mon père, trois sœurs et un

 27   frère, de même que ma grand-mère, et aussi la famille de mon oncle : mon

 28   oncle, sa femme et leurs trois enfants.

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  1   Q.  Merci. Pour ce qui est du bâtiment qui porte le numéro 2 - et je pense

  2   que dans le croquis, il se trouve à gauche du

  3   bâtiment 1 ?

  4   R.  Ça, c'était la maison de l'oncle de mon frère.

  5   Q.  Merci. Au paragraphe 16 de votre déclaration, vous parlez d'un ami de

  6   votre père, Enver Duriqi, qui a emménagé dans la troisième maison de votre

  7   enceinte.

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Est-ce qu'on voit cette maison sur votre croquis ?

 10   R.  Oui. C'est là où j'ai marqué le chiffre 3.

 11   Q.  Est-ce qu'on peut dire qu'il s'agit du bâtiment qui se trouve au bout

 12   de l'enceinte ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Merci. Maintenant, je vais passer au jour en question, à savoir le 24

 15   mars 1999. Vous avez parlé de ces personnes qui se trouvaient dans votre

 16   maison à l'époque. C'est le paragraphe 24 de votre déclaration. Vous dites

 17   que votre famille et la famille de Safet ont décidé que c'était plus sûr

 18   pour vous d'aller dans la maison de Fahrije, dans l'enceinte qui se

 19   trouvait à côté. Donc en dehors de votre famille et la famille de Safet,

 20   qui d'autre se trouvait dans votre maison ce jour-là ?

 21   R.  Il y avait la tante de mon père ainsi que sa bru. Elles étaient venues

 22   d'un village proche pour les mêmes raisons que la famille Duriqi.

 23    Q.  Pouvez-vous nous donner leur nom ?

 24   R.  Il s'agit de Nefise Lugaliju et Fezrije Lugaliju.

 25   Q.  Vous avez dit qu'environ à 2 heures du matin, votre famille, la famille

 26   de Safet, et je pense, Nefise Lugaliju et Fezrije Lugaliju, "nous nous

 27   sommes déplacés pour nous rendre dans la maison d'à côté, dans l'enceinte."

 28   Vous avez pris vos bagages et vous vous êtes rendus dans la cour à

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  1   l'arrière à travers un passage entre le mur mitoyen de ces deux enceintes.

  2   Vous avez entendu des coups de fusil.

  3   Mme GOPALAN : [interprétation] Peut-on marquer où se trouve le passage dont

  4   vous avez parlé, le passage qui se trouve dans le mur mitoyen. L'huissier

  5   va vous aider.

  6   R.  Le passage se trouvait ici.

  7   Q.  Est-ce que vous pouvez apposer la lettre A à côté de ce passage, s'il

  8   vous plaît.

  9   R.  [Le témoin s'exécute]

 10   Mme GOPALAN : [interprétation] Pour les besoins du compte rendu, le

 11   témoin a apposé la lettre A à côté du point marqué par le témoin pour

 12   indiquer le passage qui se trouvait dans le mur mitoyen auquel il a fait

 13   allusion au paragraphe 23. Vous avez également dit que vous avez vu des

 14   balles ou des tirs provenir du toit du commissariat. Est-ce que ce

 15   commissariat est visible ?

 16   R.  Oui, je l'ai marqué avec le chiffre 6.

 17   Q.  Est-ce que vous savez qui tirait ?

 18   R.  Non, il faisait nuit.

 19   Q.  Avant de passer à autre chose, vous avez également mentionné que les

 20   Lugaliju avaient aménagé dans la maison de votre famille. Est-ce que vous

 21   pouvez nous dire pourquoi ils avaient aménagé, Nefise et Fezrije ?

 22   R.  Parce que les choses étaient dangereuses pour les villages proches de

 23   notre ville, et tout le monde pensait qu'il était plus sûr d'être à

 24   l'intérieur de la ville.

 25   Q.  D'où venaient-ils ?

 26   R.  Ils venaient d'un village proche qui s'appelle Skurish.

 27   Q.  Pouvez-vous nous épeler ce nom ?

 28   R.  S-k-u-r-i-s-h.

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  1   Q.  Je voudrais maintenant passer au paragraphe 26 de votre déclaration. A

  2   ce stade-là, vous étiez déjà revenu au paragraphe de votre déclaration. A

  3   ce moment-là, vous étiez déjà revenu à votre propre maison, il était

  4   environ 7 heures du matin, le 28 mars 1999 et vous avez dit que vous avez

  5   entendu des activités en dehors de votre enceinte, dans la rue. Est-ce que

  6   vous avez vu quelque chose dans la rue, Monsieur Bogujevci ?

  7   R.  A ce moment-là, tout le monde paniquait et tout le monde se déplaçait

  8   dans la maison. Nous avions des rideaux qui empêchaient de voir, mais moi,

  9   je les ai tirés très rapidement pour voir ce qui se passait pendant

 10   quelques instants et j'ai vu qu'il y avait un véhicule de police et une

 11   paire de soldats qui se promenaient dans la rue.

 12   Q.  Est-ce que vous vous souvenez de combien de soldats, il s'agit ?

 13   R.  Je ne peux pas en être sûr. Comme je l'ai déjà dit, je n'ai pu regarder

 14   qu'un instant, un millième de seconde.

 15   Q.  Vous avez dit ensuite "qu'à environ 8 heures, on pensait que c'était

 16   plus sûr de se rendre dans la maison de l'oncle de mon père qui se trouvait

 17   derrière la nôtre, dans la même cour intérieure." Pourquoi pensiez-vous

 18   qu'il était plus sûr d'être dans la maison de votre oncle ?

 19   R.  Parce que quand nous avons vu et entendu les soldats qui étaient dans

 20   la rue, la maison qui se trouve au bout de la cour est plus éloignée de la

 21   rue principale, on a pensé que ce serait plus facile et plus sûr pour nous

 22   d'y être. Ce sont nos parents qui ont décidé, nous n'étions que des enfants

 23   et on ne faisait qu'obéir à ce qu'ils nous ordonnaient.

 24   Q.  De quelle maison s'agit-il sur le croquis ?

 25   R.  C'est la maison numéro 5 [comme interprété].

 26   Q.  Auparavant quand vous étiez dans la maison de votre tante Fahrije, est-

 27   ce que c'est marqué également sur le croquis ?

 28   R.  Oui. C'est la maison numéro 4.

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  1   Q.  Quand vous êtes rendu dans la maison de l'oncle de votre père, à savoir

  2   la maison numéro 3, vous avez dit qu'il y avait une autre famille, la

  3   famille des Duriqi. Est-ce que vous les

  4   connaissiez ?

  5   R.  Je les connaissais déjà, car Nedo [comme interprété]  Duriqi était un

  6   proche ami de mon père. Je les avais déjà rencontrés à plusieurs reprises.

  7   Q.  Pourquoi avaient-ils aménagé dans cette maison ?

  8   R.  Toujours pour la même raison. Ils vivaient dans un village proche, il y

  9   avait énormément de combats dans ce village, on a pensé que ça serait plus

 10   sûr pour eux s'ils aménageaient dans cette maison. C'est mon père qui leur

 11   a proposé d'y séjourner, il voulait les aider.

 12   Q.  Vous dites au paragraphe 28 qu'environ une heure plus tard, vous avez

 13   entendu le bruit de tirs et de bris de verre; vous avez vu des soldats qui

 14   sont entrés dans les cours des voisins et dans les maisons autour. Combien

 15   de soldats avez-vous vus entrer dans les cours des voisins et dans les

 16   maisons ?

 17   R.  Je ne suis pas certain, mais je me souviens que dès que nous avions

 18   quitté la maison, il y en avait un ou deux qui sont entrés dans la maison,

 19   qu'ils l'ont fouillée, puis sont sortis. Il y en a un qui nous a fouillés

 20   et deux autres ou trois qui étaient à côté de nous.

 21   Q.  Est-ce que vous vous souvenez de ce qu'ils portaient ?

 22   R.  Ils portaient des uniformes de camouflage dans les coloris verts et

 23   marron.

 24   Q.  Merci. Je vais maintenant attirer votre attention sur le paragraphe 37

 25   de votre déclaration. A ce stade, le groupe dans lequel vous étiez essayait

 26   de quitter la maison mais on vous avait arrêté. C'était les soldats dont

 27   vous avez parlé qui vous ont fouillés et là, on vous a dit d'entrer dans la

 28   cour d'un voisin. Mais avant d'aller plus loin, est-ce que vous pouvez nous

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  1   dire quels étaient les autres membres du groupe ?

  2   R.  Ma famille, la famille de Safet, la famille des Duriqi et les Lugaliju,

  3   à savoir tante de mon père et sa bru.

  4   Q.  C'étaient les deux individus dont vous aviez dit tout à l'heure qui

  5   vous ont rejoint depuis le village proche ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Au paragraphe 35, vous dites que votre mère était séparée du groupe et

  8   un homme que vous appelez le leader vous a dit de sortir de la cour pour

  9   aller dans la rue assez proche du commissariat. Est-ce que vous vous

 10   souvenez à quelle distance que vous vous trouviez du commissariat ?

 11   R.  Je ne peux pas en être certain, mais ce n'était pas loin.

 12   Q.  Bien.

 13   R.  Je ne peux pas être plus précis.

 14   Q.  Vous avez dit qu'une fois que vous étiez dans la rue, vous avez vu

 15   beaucoup de soldats. Est-ce que vous vous souvenez de combien de soldats il

 16   s'agissait ?

 17   R.  Non. Il y en avait tellement, c'était impossible d'en faire une

 18   évaluation.

 19   Q.  Vous avez également parlé d'avoir vu Selman Gashi dans la rue, de qui

 20   s'agit-il ?

 21   R.  Selman Gashi était un de nos voisins.

 22   Q.  Revenons maintenant au croquis de tout à l'heure. Vous dites que vous

 23   avez vu Selman Gashi qui était proche du café, est-ce qu'on voit le café ?

 24   R.  Oui. C'est le numéro 7.

 25   Q.  Où se trouvait le groupe dans lequel vous étiez dans la

 26   rue ?

 27   R.  Est-ce que vous voulez que je le marque ?

 28   Q.  Si vous pouvez apposer le chiffre 2 ce serait très bien.

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  1   R.  Voici, c'était entre le sentier et le café, ici.

  2   Q.  Le numéro 2 c'est là où vous vous trouviez, de même que le groupe dans

  3   lequel vous étiez ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Qu'est-ce qu'il est arrivé à Selman Gashi ?

  6   R.  Alors que nous nous trouvions debout dans la rue, l'un des soldats

  7   parlait avec Duriqi et lui, pour autant que je le sache, il a commandé à ce

  8   qu'on l'amène dans le café et Selman Gashi a également été amené là-bas

  9   avec et c'est là que nous avons entendu des tirs. Je n'ai plus jamais vu

 10   Selman Gashi, Hamdi Duriqi, depuis cette époque.

 11   Q.  Pour être tout à fait clair, est-ce que Selman Gashi et Hamdi Duriqi,

 12   est-ce qu'on les a emmenés dans le café qui porte le numéro 7 ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Vous dites que vous ne les avez plus jamais revus ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Est-ce que vous vous souvenez de l'âge de Selman Gashi à l'époque ?

 17   R.  Non. Il était assez âgé mais je ne sais pas quel âge exact. Mais sans

 18   doute plus de 50 ans.

 19   Q.  Plus de 50 ans. Et Hamdi Duriqi ?

 20   R.  A peu près la même chose, je pense.

 21   Q.  Vous étiez avec votre famille étendue et les autres membres de la

 22   famille Duriqi et deux membres la famille Lugaliju, et vous dites au

 23   paragraphe 37 qu'après environ cinq ou dix minutes, on vous a fait rentrer

 24   à nouveau dans la cour. Est-ce que vous pouvez nous dire ce qui est arrivé

 25   une fois qu'on vous a demandé de revenir dans la cour ?

 26   R.  Dès que nous avons entendu les tirs provenant du café, on nous a dit

 27   d'emprunter le sentier depuis la rue pour rentrer dans la cour de nos

 28   voisins. Lorsque nous sommes rentrés dans cette cour intérieure, un des

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  1   soldats nous a arrêtés, celui qui donnait l'impression de diriger les

  2   choses. Il a demandé à Fezrije Lugaliju des questions concernant un camion

  3   qui était garé près de cette cour. On ne voyait que le toit de ce camion.

  4   Q.  Je vais vous arrêter là. Vous avez dit qu'on vous a demandé de rentrer

  5   depuis la rue dans la cour. Est-ce que vous pouvez nous préciser qui vous a

  6   demandé de faire cela ?

  7   R.  Il y avait beaucoup de soldats, comme je l'ai déjà dit, mais je me

  8   souviens que la personne qui me donnait l'impression de mener le groupe,

  9   nous l'avons suivie pour rentrer dans la cour.

 10   Q.  Pourquoi pensiez-vous que c'était lui qui menait le

 11   groupe ?

 12   R.  Parce qu'il avait une ceinture où il y avait des armes blanches et

 13   c'est lui qui parlait le plus. Instinctivement j'ai eu l'impression que

 14   c'était lui le dirigeant.

 15   Q.  Est-ce que vous vous souvenez de ce qu'il portait ?

 16   R.  Le même uniforme que les autres personnes de notre cour, à savoir

 17   l'uniforme de camouflage vert et marron.

 18   Q.  Je voudrais maintenant que vous regardiez à nouveau le croquis. Est-ce

 19   que vous pourriez apposer le chiffre 3 sur la cour où on vous a demandé

 20   d'entrer.

 21   R.  [Le témoin s'exécute]

 22   Q.  Au paragraphe 39, vous décrivez le fait que vous avez vu votre mère de

 23   l'autre côté de la cour. Est-ce que vous pouvez nous dire ce qui lui est

 24   arrivé ?

 25   R.  Dès que nous sommes rentrés dans la cour, j'ai vu ma mère. On la

 26   faisait sortir d'un abri. L'abri était à l'intérieur de la cour.

 27   Q.  Est-ce que l'abri figure dans le croquis ?

 28   R.  Non, non. Il n'est pas marqué.

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  1   Q.  Pouvez-vous apposer le chiffre 4 à l'endroit où se trouvait cet abri ?

  2   R.  L'échelle n'est peut-être pas bonne, mais je pense que c'était à cet

  3   endroit-ci.

  4   Elle pleurait, et on la traînait par le cou et on l'a entendue dire quelque

  5   chose en serbe. Je pensais à l'époque qu'elle avait dit, ce ne sont que des

  6   enfants. Ensuite, on l'a emmenée plus loin toujours dans la cour et on lui

  7   a tiré deux fois dans le dos.

  8   Q.  Après qu'on ait tiré sur votre mère, qu'est-ce qui est arrivé au groupe

  9   duquel vous faisiez partie ?

 10   R.  Quand elle a reçu des balles, ma sœur et moi-même avons commencé à

 11   crier et j'ai vu l'un des soldats marcher devant nous. J'étais en tête du

 12   groupe. Ils ont commencé à tirer et du coup on m'a poussée. Nous nous

 13   sommes tous regroupés à l'angle de la maison.

 14   Q.  Quand vous étiez regroupés à l'angle de la maison, qu'est-ce qui est

 15   arrivé à ce moment-là ?

 16   R.  Ils ont commencé à tirer. Nous sommes tous tombés les uns sur les

 17   autres, par terre. Les tirs se sont calmés quelques minutes, puis ont

 18   repris. On entendait quelqu'un qui avait du mal à respirer, et ils ont tiré

 19   à nouveau un certain nombre de salves. J'ai fait semblant d'être mort.

 20   J'entendais encore Fezrije qui essayait de respirer. Je pense qu'elle était

 21   encore en vie et à ce moment-là et au bout de quelques minutes les tirs ont

 22   cessé et tout le monde a quitté la cour.

 23   Q.  Avant d'aborder cette phase-là, vous avez parlé au paragraphe 44 de

 24   votre déclaration que vous étiez certain qu'il y avait des tirs provenant

 25   de deux directions différentes, à cause des blessures qui ont été

 26   occasionnées. Est-ce que vous pouvez nous expliquer pourquoi vous étiez

 27   certain de ce fait, que les tirs provenaient de deux directions ?

 28   R.  Je l'ai déjà dit, j'avais le dos et l'épaule contre le mur de la

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  1   maison. L'homme qui a commencé à tirer se trouvait à ma gauche. Alors, soit

  2   il s'est déplacé d'un endroit à l'autre, si ce n'est pas le cas, je

  3   n'aurais pu subir les blessures que j'ai subies, car j'ai aussi eu reçu une

  4   balle dans ma jambe gauche et ma jambe droite.

  5   Aucune balle n'aurait pu me toucher sur ma jambe droite depuis l'endroit où

  6   il se trouvait.

  7   Q.  Bien. Combien de tirs avez-vous subis en tout ?

  8   R.  Cinq ou six.

  9   Q.  Cinq ou six. On va regarder le croquis. Pouvez-vous utiliser le chiffre

 10   5 pour marquer là où se trouvait votre groupe alors que vous avez subi des

 11   tirs ?

 12   R.  [Le témoin s'exécute]

 13   Q.  Merci. Après ces tirs, vous avez dit qu'on vous a emmené dans la rue à

 14   côté du commissariat, qu'on vous a mis à côté d'un véhicule et que vous y

 15   êtes resté cinq ou six minutes. Vous le dites au paragraphe 46. Pouvez-vous

 16   nous indiquer ce qui est arrivé à ce moment-là ?

 17   R.  Je me suis un peu appuyé sur le véhicule. Je me trouvais face à tout ce

 18   qui se passait. J'ai vu beaucoup de gens, des soldats, des policiers, des

 19   personnes en civil, des personnes qui portaient des uniformes combinés.

 20   Tous se trouvaient dans la rue en train de se parler. Certains d'entre eux

 21   cassaient les vitres des boutiques et les autres prenaient les affaires

 22   dans les boutiques, et cetera.

 23   Q.  Qu'est-ce qu'ils enlevaient ? Qu'est-ce qu'ils remportaient de ces

 24   boutiques ?

 25   R.  Je me souviens d'un incident parmi d'autres. Il y avait un camion garé

 26   à l'extérieur d'une boutique, il prenait les victuailles et d'autres choses

 27   et les mettait dans le camion.

 28   Q.  Vous dites que vous avez vu deux personnes habillées en civil; une

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  1   d'entre elles était un policier et que vous les avez reconnus comme étant

  2   des Serbes de Podujevo ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Alors comment saviez-vous qu'il s'agissait de Serbes de Podujevo ?

  5   R.  Tout d'abord, j'en ai vu plus de deux qui étaient habillés en civil,

  6   mais ceux que j'ai reconnus - enfin, je ne peux pas vous affirmer avec

  7   certitude s'ils étaient ou ils n'étaient pas, mais ils me paraissaient

  8   assez familier et dont un était un officier de police que j'avais déjà vu

  9   un uniforme.

 10   Q.  Où l'aviez-vous vu en uniforme ?

 11   R.  A proximité de ma ville, donc à Podujevo.

 12   Q.  Monsieur Bogujevci, ce jour-là, combien de personnes ont trouvé la mort

 13   lorsque vous avez essuyé des coups de feu dans la cour ?

 14   R.  Il y a eu 14 de tués, si je me souviens bien.

 15   Q.  Combien d'entre vous ont survécu à cet incident ?

 16   R.  Il y avait mon frère, Genc; ma sœur, Jehona; autre sœur Lirije, mon

 17   autre cousin et moi-même.

 18   Q.  Savez-vous ce qui est arrivé aux corps des 14 personnes tuées ce jour-

 19   là ?

 20   R.  Bien, alors qu'on nous amenait à l'extérieur de la cour, j'ai vu des

 21   soldats qui plaçaient des couvertures sur les corps, et après un certain

 22   temps on a appris qu'ils avaient été enterrés dans un village près de notre

 23   ville de Podujevo.

 24   [Le conseil de l'Accusation se concerte]

 25   Mme GOPALAN : [interprétation]

 26   Q.  Savez-vous si ces corps ont été inhumés ailleurs ?

 27   R.  Je ne sais pas, mais il a fallu enlever les corps et les enterrer à

 28   nouveau.

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  1   Q.  Où les avez-vous enterrés ?

  2   R.  A l'endroit à proximité de là où ils ont été enterrés initialement.

  3   Q.  Et c'était où vous les aviez réenterrés ?

  4   R.  Je ne sais pas parce que je ne me suis jamais rendu, ça a été juste

  5   après l'arrivée des troupes de KFOR qui sont entrées au Kosovo.

  6   Q.  Oui.

  7   R.  Je ne suis pas sûr exactement.

  8   Q.  Et comment avez-vous appris à propos de la réinhumation, qui vous en a

  9   parlé ?

 10   R.  Bien, ma famille, tout le monde en parlait.

 11   Q.  Très bien. Donc après les tirs de fusil, que s'est-il

 12   passé ?

 13   R.  Après les tirs --

 14   Q.  Et qu'on vous a amenés dans un hôpital à Pristina ?

 15   R.  Oui, c'est ça. C'est-à-dire, après les tirs, quelques soldats qui

 16   portaient l'uniforme bleu, c'est-à-dire l'uniforme bleu de camouflage avec

 17   des vestes blanches nous ont amenés dans un hôpital à Pristina. J'étais

 18   dans le même véhicule que ma sœur Jehona. Je le sais, parce que j'ai vu son

 19   pull et qu'elle était allongée au-dessus du véhicule. Ensuite, j'ai été à

 20   Pristina à l'hôpital pendant, je ne sais pas, peut-être deux ou trois mois.

 21   Q.  Bien. Et après, où vous a-t-on amenés ?

 22   R.  Après nous avons été soignés au Kosovo, donc après l'arrivée des

 23   troupes de KFOR. Ensuite, nous sommes allés en Angleterre.

 24   Q.  Bien.

 25   Mme GOPALAN : [interprétation] Je n'ai pas d'autres questions à poser au

 26   témoin. Je voudrais verser la pièce au dossier qui est à l'écran, donc 5237

 27   qui a été annotée par le témoin -- oui, désolée, donc 5137 qui a été

 28   annotée par le témoin.

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  1   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ça sera reçu.

  2   Mme GOPALAN : [interprétation] Avant de m'asseoir, je voudrais juste alors

  3   --

  4   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Un instant, je vous prie.

  5   Mme GOPALAN : [interprétation] Je vous prie de m'excuser.

  6   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agit de la pièce P00384, Monsieur le

  7   Président.

  8   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, je vous en prie.

  9   Mme GOPALAN : [interprétation] Je voudrais modifier la synthèse où j'ai mal

 10   lu une phrase, où j'ai dit que le témoin et quatre de ses cousins ont

 11   survécu au massacre. J'aurais dû lire que le témoin et ses trois frères et

 12   sœurs et un cousin ont survécu au massacre.

 13   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Alors, en même temps, pouvez-vous avec

 14   le témoin préciser le nom de ses sœurs, car il y a une différence dans la

 15   façon qu'il a restitué le nom de ses sœurs. Il a deux sœurs, je crois,

 16   donc, et le nom du témoin précédent.

 17   Mme GOPALAN : [interprétation] Oui.

 18   Q.  Monsieur le Témoin, pouvez-vous nous donner les noms de vos deux sœurs

 19   qui ont survécu à l'incident, s'il vous plaît.

 20   R.  Oui. Ma sœur aînée s'appelle Jehona Bogujevci et la plus jeune

 21   s'appelle Lirije Bogujevci.

 22   Q.  Bien. Et vous aviez une autre sœur.

 23   R.  Oui, celle qui a été tuée était  Dora Bogujevci.

 24   Mme GOPALAN : [interprétation] Est-ce que cela suffit, Monsieur le

 25   Président ?

 26   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bien, ça confirme simplement la

 27   difficulté.

 28   Mme GOPALAN : [interprétation] Voulez-vous que je lui demande --

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  1   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Pouvez-vous m'aider. Donc le témoin

  2   précédent, Saranda, il s'agit de votre sœur ou de votre cousine ?

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est une cousine.

  4   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci. Etait-elle présente ce jour

  5   dans la cour au moment où il y a eu les tirs ?

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

  7   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

  8   Merci Madame Gopalan. Merci.

  9   Maître Djurdjic, contre-interrogatoire ?

 10   M. DJURDJIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Oui j'ai

 11   quelques questions de contre-interrogatoire.

 12   Contre-interrogatoire par M. Djurdjic : 

 13   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin. Je m'appelle Veljko

 14   Djurdjic, je suis membre de l'équipe de Défense qui représente l'accusé,

 15   Vlastimir Djordjevic. A mes côtés, se trouve Me Marie O'Leary qui fait

 16   également partie de notre équipe, et avant de vous poser une question, je

 17   tiens à vous faire part de ma plus profonde sympathie suite à la perte de

 18   vos proches.

 19   Je voudrais également vous demander -- vous poser, plutôt, quelques

 20   questions concernant des modifications aux déclarations que vous avez

 21   données en 2008. A quel moment avez-vous les meilleurs souvenirs en 2000 ou

 22   lors de l'entretien à Manchester en 2003, en juin ou lorsque vous avez

 23   témoigné devant la cour à Belgrade ou en octobre dernier, lorsque vous avez

 24   fourni la déclaration comportant un certain nombre de paragraphes au bureau

 25   du Procureur lorsque vous avez fourni des informations complémentaires ?

 26   R.  Je pense que ma mémoire était au mieux en 2000, et à l'époque j'étais

 27   plus jeune, je n'avais jamais donné de déclaration, et parfois je ne suis

 28   pas entré dans autant de détails que je l'ai fait à d'autres occasions.

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  1   Q.  Merci. Donc en 2000, lorsqu'on vous a interrogé à Manchester, vous avez

  2   apporté des réponses au mieux de ce que vous vous en souveniez à l'époque ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Je voudrais vous demander, outre ce que vous avez en mémoire, vos

  5   souvenirs, vous a-t-on montré des documents ou des déclarations d'autres

  6   personnes pour rafraîchir votre mémoire afin que vous puissiez donner un

  7   récit plus détaillé de ce qui vous est arrivé ?

  8   R.  Non, sauf les déclarations.

  9   Q.  Merci.

 10   M. DJURDJIC : [interprétation] Pourrait-on avoir la pièce P237, c'est le

 11   croquis que nous avons vu, c'est-à-dire le document de la liste 65 ter de

 12   l'Accusation mais sans les annotations, s'il vous plaît. Merci.

 13   Q.  Monsieur Fatos, pourriez-vous me dire, ce complexe, le vôtre, ai-je

 14   raison de dire que ce sont les numéros, 3, 2, 1 et 5 ?

 15   R.  Non, notre complexe c'est le 1, 2 et 3.

 16   Q.  Lorsque vous dites "notre complexe," vous faites référence uniquement à

 17   votre famille, la famille de votre père, ou s'il s'agit de la famille

 18   élargie, dites-nous, qui ça comprend ?

 19   R.  Ça comprend la famille élargie, celle appartenant à mon père et son

 20   père, donc était le numéro 1.

 21   Q.  On pouvait donc accéder à ce complexe numéroté 1 et 2, depuis la rue ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Pouvez-vous me dire quel est le numéro de la maison de Saranda ?

 24   R.  Même que moi, puisque nous habitions la même maison.

 25   Q.  Et de cette maison jusqu'à l'emplacement numéro 6, il y a quelle

 26   distance ?

 27   R.  Bien, comment ? En empruntant la route ou le chemin que nous prenions ?

 28   Q.  Bien, vous avez dessiné la maison numéro 1, et à quelle distance se

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  1   trouve votre maison du bâtiment marqué numéro 6. Je crois que vous nous

  2   avez dit qu'il s'agissait du poste de police.

  3   R.  Bien, en empruntant la route à pied, il faut cinq minutes pour s'y

  4   rendre.

  5   Q.  Merci. Vous avez marqué certains passages ici, mais on ne voit pas le

  6   passage entre les cours ici, puisque vous avez tout dessiné avec une ligne

  7   en continu.

  8   R.  C'est la question ? Oui, ce n'est qu'un croquis.

  9   Q.  Oui. Je vois toutes les lignes en continu entre les cours que vous avez

 10   dessinées, mais on ne voit pas les ouvertures là.

 11   R.  Parce que derrière il n'y avait pas de chemin, il y avait que des

 12   clôtures et des murets.

 13   Q.  Je ne sais pas si vous me comprenez. Un passage ou une ouverture

 14   signifie qu'entre deux parties on peut se déplacer d'une partie à l'autre,

 15   et la façon dont vous l'avez dessiné ici, vous n'avez pas marqué ou désigné

 16   d'ouverture de passage entre les cours.

 17   R.  Parce qu'il n'y avait pas de passage, il s'agissait de clôtures et de

 18   murs effondrés.

 19   Q.  Je ne vous ai pas compris. Qu'entendez-vous lorsque vous dites que les

 20   murs étaient effondrés et que les clôtures étaient brisées ?

 21   R.  C'est ce que je voulais dire. Les clôtures avaient été enlevées, les

 22   murs étaient vieux, on pouvait les traverser à pied. Il n'y avait pas

 23   vraiment de chemin ou de passage qui menait de notre jardin vers le jardin

 24   du voisin. Il s'agissait de clôtures et de murs qui s'étaient effondrés.

 25   Q.  Pourquoi ne l'avez-vous pas annoté en conséquence, le croquis ?

 26   R.  Bien, lorsque j'ai dessiné, lorsque j'ai vu le croquis, c'est ce que

 27   j'ai dit. C'était un croquis, je n'ai pas tout tracé. J'aurais pu

 28   effectivement tracer, dessiner une clôture. J'ai simplement tracé un trait

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  1   pour séparer les jardins.

  2   Q.  C'est la première fois que vous le dessinez. Quelle était la première

  3   fois que vous avez dessiné ce croquis ?

  4   R.  La semaine dernière. C'est là que j'ai dessiné ce croquis.

  5   Q.  C'est la seule fois, n'est-ce pas ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Merci. Dites-moi, ai-je raison de dire que vous n'êtes pas entré dans

  8   le bâtiment désigné du numéro 7 ?

  9   R.  Non, je n'y suis pas allé.

 10   Q.  Je vous prie de m'excuser. Je vais être précis. Je vous demande

 11   simplement la période de temps, ou plutôt, le jour où vous nous avez dit,

 12   Chaque fois que je souhaiterais que vous nous parliez d'une autre période,

 13   je vais préciser.

 14   Vous êtes-vous jamais rendu au poste de police à Podujevo ?

 15   R.  J'y suis allé autour, mais jamais à l'intérieur du bâtiment.

 16   Q.  Merci.

 17   Avez-vous vu des gens qui travaillaient à l'intérieur du bâtiment, quels

 18   habits ils portaient ?

 19   R.  Au moment de l'incident ?

 20   Q.  Oui. Pendant ce temps-là, lorsque vous êtes passé devant en mars 1999,

 21   pourriez-vous nous dire, comment ils étaient habillés ?

 22   R.  Je n'ai vu personne à l'intérieur du bâtiment, je n'ai vu que des gens

 23   à l'extérieur du bâtiment et l'entrée qui était derrière moi à l'époque.

 24   Q.  Je vous ai demandé, les moments où vous êtes passé devant le bâtiment,

 25   puisque vous dites que vous êtes passé devant le bâtiment, je vous ai

 26   demandé, au moment où vous êtes passé devant, pas le jour en question,

 27   avez-vous vu comment étaient habillés les gens qui travaillaient à

 28   l'intérieur du bâtiment ?

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  1   R.  Pour autant que je m'en souvienne, il s'agissait de l'uniforme de

  2   police normal qui était en bleu foncé, l'uniforme en camouflage.

  3   Q.  Merci. Pouvez-vous nous dire quelles étaient les personnes qui vous ont

  4   aidé après que vous étiez blessé, portaient-elles le même type d'uniforme

  5   que vous venez de décrire; sinon, pouvez-vous décrire les uniformes

  6   qu'elles portaient ?

  7   R.  Elles portaient le même uniforme, sauf qu'elles portaient une blouse

  8   blanche.  

  9   Q.  Savez-vous que vous avez reçu les premiers soins de la part d'un

 10   médecin de la police ?

 11   R.  Je l'ai su après, oui.

 12   Q.  Merci. En général, les gens qui sont venus à votre aide étaient des

 13   policiers, n'est-ce pas ?

 14   R.  Oui, ils portaient l'uniforme de la police.

 15   Q.  Merci. Elles sont venues au secours de Saranda et d'autres personnes

 16   blessées qui étaient avec vous, n'est-ce pas ?

 17   R.  Oui. C'est exact.

 18   Q.  Merci. Vous avez tous été transportés par ambulance à l'hôpital de

 19   Pristina, où vous avez été soignés ?

 20   R.  C'est exact, oui.

 21   Q.  Merci. Ai-je raison de dire que votre sœur Lirije a ensuite été

 22   transférée à un hôpital Belgrade pour être soignée ?

 23   R.  Oui, c'est exact.

 24   Q.  Merci. Venons-en maintenant à préciser vos liens de parenté. Vous avez

 25   été blessé. Vos sœurs, comment s'appellent-elles, les sœurs qui ont été

 26   blessées ?

 27   R.  Lirije et Jehona.

 28   Q.  Saranda est votre cousine; c'est bien ça ?

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  1   R.  Oui, c'est cela.

  2   Q.  Qui d'autre a été blessé et quels étaient vos liens de parenté avec eux

  3   ?

  4   R.  Mes frères -- mon frère Genc plutôt. Désolé.

  5   Q.  Désolé. Il s'agit de votre frère, n'est-ce pas ? Vous avez le même père

  6   et la même mère, n'est-ce pas ?

  7   R.  [aucune réponse verbale]

  8   Q.  Pouvez-vous me dire lorsque vous avez été blessé si vous perdu

  9   connaissance ?

 10   R.  Non.

 11   Q.  Avez-vous osé regarder autour de vous ?

 12   R.  Oui, très rapidement.

 13   Q.  Dites-moi, pourquoi n'avez-vous jamais affirmé, y compris dans votre

 14   déclaration de 2008, ce que vous nous avez dit aujourd'hui, à savoir que

 15   vous avez pu reconnaître des gens, qu'ils battaient des gens ?

 16   R.  Je ne sais pas. Je parle de quelque chose, ensuite on passe à une autre

 17   très rapidement et on oublie des choses, puisque beaucoup de choses se sont

 18   passées pendant cette période.

 19    Q.  Merci. Dites-moi, vous concluez en disant que vous avez été blessé à

 20   la fois sur la partie droite et la partie gauche de votre corps. Vous en

 21   concluez que plusieurs personnes tiraient sur vous. Pouvez-vous me dire, si

 22   vous le savez, où vous avez été blessé ?

 23   R.  J'ai été blessé à la jambe droite et à la jambe gauche.

 24   Q.  Merci. Avez-vous été blessé à plusieurs endroits aux deux jambes ?

 25   R.  Trois blessures à la jambe gauche, et deux à la jambe droite.

 26   Q.  Merci. Avez-vous remis votre dossier médical à l'Accusation  pendant

 27   tous ces entretiens qu'ils ont conduits avec vous ?

 28   R.  Je ne sais pas, je n'en suis pas sûr.

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  1   Q.  Merci. Une chose est sûre, nous n'avons pas vu ces documents ici

  2   aujourd'hui.

  3   R.  Une raison est peut-être que j'étais en assez bonne forme lorsque j'ai

  4   quitté l'hôpital de Pristina, puisque j'y ai séjourné pendant trois mois.

  5   Mes blessures allaient mieux et je n'ai pas reçu d'autres soins en

  6   Angleterre. Les documents qui étaient à l'hôpital de Pristina, nul n'a pu

  7   les obtenir, je crois.

  8   Q.  Heureusement que vous allez mieux. Mais il y a tout votre dossier

  9   médical qui se trouve dans les archives du tribunal d'instance à Belgrade.

 10   Je vous ai demandé si vous saviez s'ils vous avaient remis votre dossier

 11   médical à l'Accusation. Poursuivons.

 12   Vous avez dit, ou j'ai peut-être mal compris, que le village de Shuria,

 13   qu'il s'agit bien là du nom du village. Vous dites que ce village et le

 14   village natal de la famille Duriqi ?

 15   R.  Non. Il s'agit du village natal de la famille Lugaliju.

 16   Q.  Je vous prie de m'excuser. Pouvez-vous me dire d'où provenaient les

 17   Duriqi, de quel village ?

 18   R.  Ils venaient d'Obranqa.

 19   M. DJURDJIC : [interprétation] Je crois, Monsieur le Président, que le

 20   moment est venu de faire la pause.

 21   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien. Nous allons maintenant

 22   faire la deuxième pause et nous reprendrons à 13 heures.

 23   --- L'audience est suspendue à 12 heures 29.

 24   --- L'audience est reprise à 13 heures 02.

 25   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui,  Monsieur Djurdjic.

 26   M. DJURDJIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 27   Q.  Monsieur Bogujevci, vous m'avez dit que vous aviez presque 13 ans au

 28   moment où tout ceci s'est déroulé. Est-ce que vous pouvez me dire quelle

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  1   était votre classe et quelle était l'école à laquelle vous alliez ?

  2   R.  Si mes souvenirs sont bons, je pense que c'était la seizième classe du

  3   système utilisé à l'époque, et l'école s'appelait Shaban Sala [phon].

  4   Q.  Merci. Est-ce que vous alliez dans la même école que Saranda ?

  5   R.  Le système là-bas est tel que vous allez à l'école primaire de la

  6   première à la quatrième classe. De la quatrième à la huitième vous allez à

  7   une école différente. S'agissant de l'école secondaire, j'allais dans la

  8   même école que Saranda.

  9   Q.  Excusez-moi. Je ne vous ai pas compris. Vous dites que c'est donc

 10   jusqu'à la quatrième classe une école, et après la quatrième, c'est une

 11   autre école que vous appelez école secondaire ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Est-ce qu'après huit ans d'école, vous vous inscrivez à l'université ?

 14   R.  Non. Vous avez encore quatre années, ce qui était appelé comme un

 15   collège avant d'aller à l'université.

 16   Q.  Monsieur, nous allons faciliter les choses. Dans le système d'éducation

 17   que vous aviez commencé là-bas existe une école primaire de huit ans. Ai-je

 18   raison de dire cela ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Saranda allait à quelle classe en 1999, pendant que vous étiez dans la

 21   sixième classe ?

 22   R.  Elle a un an de plus que moi, donc elle était peut-être dans une ou

 23   deux classes de plus que la mienne.

 24   Q.  Merci. Alliez-vous dans la même école ?

 25   R.  Oui, à partir de la quatrième classe.

 26   Q.  Merci. L'école que vous attendiez, est-ce qu'elle était pour les

 27   enfants issus d'un même groupe ethnique ?

 28   R.  Non, c'était simplement une école pour les Albanais.

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  1   Q.  Merci. Est-ce que vous ne parliez que la langue albanaise dans cette

  2   école-là ?

  3   R.  Oui.

  4    Q.  Merci. Ai-je raison de dire qu'à cette époque-là vous ne parliez pas

  5   la langue serbe ?

  6    R.  Oui, c'est exact.

  7   Q.  Merci. Monsieur Bogujevci, ce qui m'intéresse c'est à quel moment vous

  8   avez appris le nom de la rue dans laquelle vous habitiez, en 1999 ?

  9   R.  Je ne veux pas le dire avec exactitude, mais si j'y vivais visiblement

 10   je connaissais le nom de ma rue.

 11   Q.  Je dois vous poser cette question car le nom de la rue, vous ne l'avez

 12   pas mentionné avant la déclaration que vous avez faite en octobre 2008. Il

 13   y avait une déclaration de 2000 et de 2003. Savez-vous quel était le numéro

 14   du bâtiment dans lequel vous avez vécu ?

 15   R.  Je pense que c'était 265 Kosancic Ivana. Je n'en suis pas sûr, et la

 16   raison pour laquelle je ne l'ai pas dit dans d'autres déclarations est que

 17   personne ne m'a jamais posé cette question.

 18   Q.  Oui. Est-ce que vous savez que est Ivan Kosancic ?

 19   R.  Non.

 20   Q.  Le numéro de l'immeuble, c'est 265. Personne ne vous a jamais demandé

 21   avant, mais c'est en octobre qu'ils vous ont posé cette question pour la

 22   première fois et à ce moment-là vous avez dit le numéro de l'immeuble.

 23   R.  Non. Effectivement personne ne me l'a dit, je ne suis pas tout à fait

 24   sûr si c'est 265, mais je crois que c'est à peu près ça.

 25   Q.  Merci. Quel est le nom de votre rue aujourd'hui, la rue dans laquelle

 26   vous avez vécu auparavant ?

 27   R.  Je pense qu'elle s'appelle la rue Skenderbeg.

 28   Q.  Merci. Connaissiez-vous qui que ce soit parmi les Serbes de Podujevo à

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  1   cette époque-là en 1999 ?

  2   R.  Je les connaissais seulement -- si je les voyais, je savais qui ils

  3   étaient, mais je ne connaissais personne d'entre eux personnellement. Je

  4   connaissais deux de mes voisins, aussi.

  5   Q.  Merci. Dois-je conclure que vous ne les rencontriez pas comme amis ?

  6   R.  Effectivement, non.

  7   Q.  Est-ce que lorsque vous ne fréquentez pas quelqu'un en privé, vous

  8   considérez que vous avez de très bons rapports avec cette personne ?

  9   R.  Je ne peux pas demander de fréquenter quelqu'un qui ne veut pas me

 10   fréquenter, moi. Donc ça ne prouve aucun lien ni avec moi ni avec eux. Ça

 11   ne veut pas dire que j'avais un mauvais rapport ou un bon rapport;

 12   simplement, je ne les fréquentais pas.

 13   Q.  Merci, Monsieur le Témoin. Vous avez tout à fait raison, mais je

 14   demande cela en raison du paragraphe 15 de votre déclaration. Maintenant,

 15   je souhaite vous poser une nouvelle question.

 16   Ai-je raison de dire que les Albanais de villages se déplaçaient et

 17   s'installaient à Podujevo en raison du fait que dans les villages et les

 18   montagnes, des combats étaient en cours entre l'UCK et la police et l'armée

 19   de la Serbie ?

 20   R.  Oui, c'est exact.

 21   Q.  Ai-je raison de dire qu'en raison de ces combats les policiers et les

 22   soldats étaient présents à Podujevo ?

 23   R.  Je ne connais pas la raison, mais il y a eu des soldats et des membres

 24   de l'armée à Podujevo.

 25   Q.  Merci. Vos amis, les Duriqi, en raison de ces conflits, ils sont venus

 26   à Podujevo pour s'écarter avec leur famille. Ai-je raison de dire cela ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Merci. Afin d'abréger les choses, dites-moi si la réponse serait la

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  1   même concernant le paragraphe 22 de votre déclaration, au sujet de

  2   l'arrivée des personnes des villages dans la ville de Podujevo ? Il s'agit

  3   de la page en anglais -- je suis désolé. Vous m'attendez peut-être, et moi,

  4   je vous attends aussi.

  5   R.  Désolé. J'ai le numéro de page et j'ai le paragraphe 22.

  6   Q.  Oui, d'accord, deux questions en réalité. 17, 18 et 22, est-ce que

  7   ceux-ci traduisent des faits dont vous avez entendu parler, que vous avez

  8   ensuite communiqués aux enquêteurs ? Dernière phrase du paragraphe 22, on

  9   voit votre réponse, à savoir la même chose que ce que vous avez dit il y a

 10   quelques minutes, ce qui a trait au conflit et au combat dans les zones

 11   rurales ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Merci. Monsieur Bogujevci, passons maintenant au paragraphe 19 de votre

 14   déclaration. Ce qui m'intéresse c'est la chose suivante : est-ce que c'est

 15   ce que vous avez véritablement dit, ce qui est écrit dans cette

 16   déclaration, et je vais vous citer maintenant -- mais tout d'abord,

 17   laissez-moi vous demander de le lire. Vous savez à quel moment la guerre a

 18   commencé en 1999, n'est-ce pas ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  C'est écrit là. Ensuite, vous dites, d'après cette déclaration --

 21   R.  Je ne sais pas exactement à quel moment la guerre a commencé. Pas le

 22   24. Sans doute avant, mais là, j'ai parlé du début des bombardements

 23   aériens de l'OTAN.

 24   Q.  Merci. Vous dites que la compagne de l'OTAN comportait le bombardement

 25   de certaines cibles. Est-ce que vous pouvez m'indiquer quelles étaient ces

 26   cibles ?

 27   R.  Je ne connaissais pas les cibles. Simplement, on entendait les avions

 28   la nuit et les bombes qui tombaient. Je ne connaissais pas exactement

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  1   quelles étaient les cibles.

  2   Q.  Merci. Plus loin, vous dites que dans les précédentes semaines et mois

  3   il y avait eu des développements, des évolutions importantes concernant le

  4   statut du Kosovo. Est-ce que vous pouvez m'expliquer ceci : est-ce que

  5   c'est vous qui avez dit cela, et si vous l'avez dit, qu'est-ce que vous

  6   entendiez par là ?

  7   R.  Ce que j'entendais par là, c'est que la guerre avait commencé, tout le

  8   monde luttait pour ses droits, il y avait eu l'arrivée de troupes. C'est ça

  9   que je voulais dire.

 10   Q.  Il faut que je revienne là-dessus maintenant, car il y a écrit quelque

 11   chose ici, mais ce que vous venez de dire est différent. Tout d'abord, je

 12   veux savoir si c'étaient les mots que vous avez utilisés, à savoir : "Dans

 13   les précédentes semaines et mois, il y avait eu des évolutions importantes

 14   en ce qui concerne le statut du Kosovo."

 15   Est-ce que c'est vous qui avez utilisé cette expression ?

 16   R.  Oui, c'est bien moi.

 17   Q.  J'ai une autre question : qu'est-ce qui avait changé en matière de

 18   statut du Kosovo par rapport aux semaines précédentes ?

 19   R.  Comme je l'ai déjà dit, ce que j'entendais par là c'est que tout le

 20   monde avait commencé à se battre, et toute l'ambiance dans le Kosovo avait

 21   changé. Je ne sais pas comment vous l'expliquer autrement.

 22   Q.  Merci. Mais ce n'est pas ce qui est marqué ici, et vous avez dit

 23   aujourd'hui que vous mainteniez cette déclaration comme étant la vôtre,

 24   mais ce que vous venez de dire maintenant n'est pas écrit dans ce

 25   paragraphe 19 de votre déclaration que je viens de vous lire.

 26   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Madame Gopalan.

 27   Mme GOPALAN : [interprétation] Le témoin a déjà répondu à cette question,

 28   une fois précédemment et une fois juste avant la dernière question qui

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  1   vient d'être posée. Il a expliqué par deux fois ce qu'il entendait par

  2   cette phrase dans le paragraphe que le conseil de la Défense étudie.

  3   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Djurdjic, votre question doit

  4   tenir compte de ce qu'il a dit à propos de ce qu'il entendait par ces mots

  5   dans sa déclaration, alors que votre dernière question ne tient pas compte

  6   de sa précédente réponse.

  7   M. DJURDJIC : [interprétation] Je viens de lire la partie de la déclaration

  8   concernée. Quant à la réponse du témoin, elle ne correspond pas à ce qui

  9   est marqué ici. C'est pour cela que je lui ai demandé de clarifier les

 10   choses, mais je vais lui demander de passer maintenant à autre chose.

 11   Q.  Monsieur Bogujevci, est-ce que vous savez combien de policiers étaient

 12   présents, policiers et soldats, à Podujevo quelques semaines avant le début

 13   de la campagne aérienne ? 

 14   R.  D'après ce que j'ai pu voir à différentes occasions, je dirais qu'il y

 15   en avait pas mal, mais je ne peux pas vous donner un chiffre précis, le

 16   nombre exact.

 17   Q.  Merci. Comment cela se fait que vous en avez déduit que ce nombre

 18   allait en croissant ?

 19   R.  Je l'ai expliqué. Pendant cette période, le nombre a augmenté. Nous

 20   avons vu arriver des chars et d'autres véhicules militaires qui ont passé,

 21   qui ont traversé notre ville.

 22   Q.  Dites-moi, l'artère principale, à quelle distance se trouve-t-elle de

 23   votre maison ?

 24   R.  De quelle artère principale parlez-vous ?

 25   Q.  Est-ce que vous savez où se trouve la route de Merdare à Pristina ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Est-ce que vous savez que Podujevo est en dehors de la zone de l'artère

 28   principale qui mène de Merdare à Pristina ?

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  1   R.  Oui, mais il y a une autre route qui mène depuis la Serbie à travers

  2   Podujevo à Pristina.

  3   Q.  Monsieur, la route qui mène de Podujevo à Pristina via Luzane est

  4   l'artère principale, mais la route dont vous parlez est une départementale,

  5   ou plutôt, une rue de Podujevo ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Merci. Est-il exact de dire qu'il n'y avait ni électricité  ni eau à

  8   Podujevo au moment où ont commencé les bombardements, et qu'il n'y avait ni

  9   eau ni électricité dans la ville quand il y a eu ces coupures ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Merci. Maintenant, je vais attirer votre attention sur la chose

 12   suivante : pouvez-vous nous dire qui était dans la maison, quels membres de

 13   la famille d'Enver Duriqi étaient dans la maison ?

 14   R.  Son père, sa mère, sa femme et ses enfants.

 15   Q.  Est-ce que vous pouvez nous donner leurs noms ?

 16   R.  Je ne me souviens pas exactement, mais je crois Hamdi Duriqi, Albijon,

 17   je crois son fils; Mimoza, sa fille, je crois. Mais je me souviens pas

 18   exactement.

 19   Q.  Merci. Pouvez-vous me dire si vous savez ce que c'est qu'un AK-47 ?

 20   R.  Oui, je le sais.

 21   Q.  C'est quoi ?

 22   R.  C'est un fusil, un fusil automatique.

 23   Q.  Qu'est-ce que c'est qu'un fusil automatique ?

 24   R.  C'est une arme qui tire des balles de manière automatique ou en tant

 25   que fusil. En tout cas, c'est une arme.

 26   Q.  Depuis combien de temps le savez-vous ?

 27   R.  Je sais à quoi ça ressemblait avant, parce qu'on voyait des films. Mais

 28   je ne savais pas à l'époque que ça s'appelait un AK-47. A l'époque on

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  1   disait kalachnikov ou des choses comme ça d'après les films où nous

  2   l'avions vue, mais par la suite j'ai su que c'était un AK-47.

  3   Q.  C'est exactement ce qui m'intéresse. A quel moment avez-vous su que

  4   c'était un AK-47 ?

  5   R.  Je ne me souviens pas exactement de la date.

  6   Q.  Je peux vous dire qu'avant de faire votre déclaration au mois d'octobre

  7   2008, à savoir le 5 octobre, vous n'aviez jamais parlé de ce nom pour ce

  8   qui est de la description du fusil auquel je viens de faire allusion.

  9   R.  La raison en est que soit je l'ai oublié soit j'ai su après 2008 -- ou

 10   2000, et non pas 2008.

 11   Q.  Bien. Mais je voudrais savoir encore une chose : vous n'avez pas vu

 12   d'insignes sur les uniformes, n'est-ce pas ?

 13   R.  Oui. Je n'en ai pas vus.

 14   Q.  Merci. Merci, Monsieur, d'avoir répondu à mes questions.

 15   M. DJURDJIC : [interprétation] Messieurs les Juges, je n'ai pas d'autres

 16   questions à poser.

 17   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Maître Djurdjic.

 18   Madame Gopalan, est-ce que vous avez des questions supplémentaires ?

 19   Mme GOPALAN : [interprétation] Oui, j'ai quelques petites questions

 20   supplémentaires à poser, Messieurs les Juges.

 21   Peut-on voir le document 5237 de la liste 65 ter.

 22   Nouvel interrogatoire par Mme Gopalan :

 23   Q.  [interprétation] Monsieur Bogujevci, j'ai juste quelques questions qui

 24   sont le fait du contre-interrogatoire qui vous a été fait il y a quelques

 25   instants. On vous a parlé de l'enceinte familiale, et on vous a parlé

 26   notamment des maisons 1, 2, 3 et 5. Vous avez dit précisément que les

 27   maisons 1, 2, 3 faisaient partie de l'enceinte familiale. Est-ce que vous

 28   pouvez nous dire de quoi il s'agissait pour la maison numéro 5 ?

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  1   R.  La maison numéro 5 était la maison de Selman Gashi.

  2   Q.  Qui était Selman Gashi ?

  3   R.  Notre voisin, juste un voisin.

  4   Q.  Merci. La deuxième question que je me dois de vous poser concerne

  5   l'augmentation de la présence policière et militaire dans votre ville, et

  6   les véhicules que vous avez vus au moment des bombardements de l'OTAN.

  7   Pouvez-vous nous dire où étaient ces véhicules militaires, où se rendaient-

  8   ils ?

  9   R.  Ils étaient partout. Ils traversaient le centre-ville lorsque les

 10   bombardements ont commencé. Il y avait un autre véhicule qui était garé

 11   dans notre rue qui a constamment tiré des projectiles, tous les soirs.

 12   Avant les bombardements de l'OTAN, il y avait d'autres chars. Mon oncle

 13   habite en dehors de Podujevo et juste quelques mois avant, au mois de mars,

 14   lorsque nous lui avons rendu visite, on a vu des chars qui étaient pointés

 15   vers notre village.

 16   Q.  C'est-à-dire au moment des bombardements, est-ce que vous avez vu ces

 17   véhicules de votre maison ?

 18   R.  Pendant cette période, seulement lorsqu'il passaient devant chez nous.

 19   Q.  Est-ce que vous avez pu voir ces maisons ?

 20   R.  Sur notre rue devant notre fenêtre, nous pouvions les voir.

 21   Q.  Merci, Monsieur le Témoin. Je n'ai pas d'autres questions à vous poser.

 22   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous serez heureux d'apprendre que

 23   cela termine les questions que l'on souhaite vous poser. Nous tenons à vous

 24   remercier d'être venu à deux reprises à La Haye ces derniers jours. Désolé

 25   que vous ayez eu à repartir chez vous. Nous vous remercions également pour

 26   l'aide que vous avez pu nous apporter dans cette affaire et vous êtes

 27   maintenant libre de retrouver vos affaires habituelles au Royaume-Uni.

 28   L'huissier va vous accompagner.

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  1   [Le témoin se retire] 

  2   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] En regardant la pendule, il ne me

  3   paraît peut-être pas très judicieux de reprendre le contre-interrogatoire

  4   de K88 à cette heure-ci. Le temps qu'il arrive, il nous restera que

  5   quelques minutes. Je pense qu'il serait préférable de lever l'audience

  6   aujourd'hui et de reprendre demain à 9 heures où nous passerons au contre-

  7   interrogatoire de K-88.

  8   Pour cette semaine, pouvez-vous nous dire combien de temps le contre-

  9   interrogatoire de K88 risque de durer, Maître Djurdjic ?

 10   M. DJURDJIC : [interprétation] Monsieur le Président, je crois savoir que

 11   si le témoin est succinct dans ses réponses, une séance devrait suffire,

 12   mais ayant lu certaines de ses dépositions dans d'autres affaires, il est

 13   assez circonstanciel dans ses réponses. Cela dit, je pense qu'une séance,

 14   voire moins, devrait suffire si le témoin reste bref dans ses réponses.

 15   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie pour cette prévision

 16   encourageante. Sur ce, nous allons lever la séance et nous reprenons demain

 17   à 9 heures.

 18   --- L'audience est levée à 13 heures 35 et reprendra mardi 10 mars 2009, à

 19   9 heures 00.

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