Page 2755
1 Le mercredi 25 mars 2009
2 [Audience publique]
3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
4 --- L'audience est ouverte à 14 heures 17.
5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Faites entrer le témoin, et passons en
6 audience à huis clos.
7 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes en audience à huis
8 clos.
9 [Audience à huis clos]
11 (expurgé)
12 (expurgé)
13 (expurgé)
14 (expurgé)
15 (expurgé)
16 (expurgé)
17 (expurgé)
18 (expurgé)
19 (expurgé)
20 (expurgé)
21 (expurgé)
22 (expurgé)
23 (expurgé)
24 (expurgé)
25 (expurgé)
26 (expurgé)
27 (expurgé)
28 (expurgé)
Page 2756
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13 Pages 2756-2805 expurgées. Audience à huis clos.
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
Page 2806
1 (expurgé)
2 (expurgé)
3 (expurgé)
4 (expurgé)
5 (expurgé)
6 (expurgé)
7 (expurgé)
8 (expurgé)
9 (expurgé)
10 [Audience publique]
11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci beaucoup.
12 La Chambre vient de terminer une déposition de témoin à huis clos. Nous
13 sommes de nouveau en audience publique.
14 Madame Kravetz.
15 Mme KRAVETZ : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Le témoin
16 suivant est M. Goran Stoparic.
17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci. Puis-je demander, en prenant
18 note du temps, s'il ne serait pas plus pratique de procéder à une pause
19 maintenant, et ensuite reprendre, ou est-ce que vous préférez commencer
20 maintenant ?
21 Mme KRAVETZ : [interprétation] Je préfère que l'on procède à une pause
22 maintenant. Ainsi, nous n'allons pas avoir une interruption dans 15
23 minutes.
24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Dans ce cas-là nous allons prendre
25 notre deuxième pause et reprendre le travail à 17 heures 45.
26 --- L'audience est suspendue à 17 heures 15.
27 --- L'audience est reprise à 17 heures 45.
28 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Madame Kravetz.
Page 2807
1 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour, Monsieur Stoparic.
3 LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.
4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Voulez-vous lire à voix haute ce qui
5 est écrit sur la carte qui vous est présentée.
6 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la
7 vérité, toute la vérité et rien d'autre que la vérité.
8 LE TÉMOIN : GORAN STOPARIC [Assermenté]
9 [Le témoin répond par l'interprète]
10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Veuillez vous asseoir, s'il vous
11 plaît. Mme Kravetz a quelques questions à vous poser.
12 Mme KRAVETZ : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
13 Interrogatoire principal par Mme Kravetz :
14 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin. Voulez-vous décliner
15 votre identité.
16 R. Bonjour. Je m'appelle Goran Stoparic.
17 Q. Quand et où êtes-vous né, Monsieur Stoparic ?
18 R. Je suis né à Sremska Mitrovica en 1968, le 17 janvier 1968.
19 Q. Excusez-moi, je ne recevais pas l'interprétation, mais ça y est, elle
20 est revenue.
21 Monsieur Stoparic, le 6 juillet 2006, vous avez fait une déclaration au
22 bureau du Procureur de ce Tribunal; est-ce exact ?
23 R. Oui.
24 Q. Avez-vous eu la possibilité de revoir votre déclaration préalable avant
25 de venir ici devant ce prétoire ?
26 R. Oui.
27 Q. En relisant votre déclaration préalable, est-ce que vous avez apporté
28 un certain nombre de corrections à votre déclaration ?
Page 2808
1 R. Oui, je me souviens de cela.
2 Q. Monsieur Stoparic, pour pouvoir avancer de façon efficace concernant
3 les corrections que vous avez apportées, je vais lire les passages et vous
4 demander à chaque fois si vous êtes d'accord avec la version corrigée et
5 modifiée du texte.
6 La première correction, paragraphe 4, deuxième phrase :
7 "Pour devenir un Vojvoda, il fallait avoir 500 volontaires sous son
8 contrôle."
9 Est-ce que vous avez corrigé cette phrase :
10 "Pour devenir Vojvoda, il fallait avoir jusqu'à 500 volontaires sous
11 son propre contrôle" ?
12 R. Oui. La première version était quelque peu limitée. Il n'en avait
13 jamais été ainsi. J'ai ajouté jusqu'à 500.
14 Q. Merci. Deuxième correction, paragraphe 17, les lignes 2 et 3, vous
15 disiez :
16 "Je faisais rapport au maire Boca."
17 Est-ce que vous avez corrigé ce paragraphe en disant :
18 "Je faisais rapport au maire Boca, Boca faisait rapport à Mrgud, et
19 Legija faisait rapport à Frenki, et enfin à Stanisic" ?
20 R. Oui, je l'ai corrigé en disant que si j'avais une tâche à effectuer, je
21 faisais rapport au maire Boca ou au commandant Slobodan Medic; qui faisait
22 ensuite rapport à Mrgud ou Milan Milanovic qui était à ce moment-là, je
23 pense, le ministre adjoint de la Défense, puis ensuite à Milan Milanovic
24 par la suite. Donc je n'étais jamais avec Milan Milanovic lorsqu'il faisait
25 rapport à qui que ce soit.
26 Q. Nous allons passer à la correction suivante. Au paragraphe 27, lignes
27 11 et 12, qui se lit actuellement :
28 "J'ai signé un contrat de six mois et ensuite au bout de quelques
Page 2809
1 mois j'ai signé un contrat de trois ans avec les Bérets rouges et le JSO."
2 Est-ce que vous avez corrigé ces lignes pour dire :
3 "Si j'étais resté avec les Bérets rouges et JSO pendant six mois
4 j'aurais signé un contrat de trois ans, mais je n'ai pas servi dans le
5 cadre du JSO pendant six mois et je n'ai pas signé un contrat de trois ans"
6 ?
7 R. Oui, je l'ai corrigé. J'ai été, pendant un certain temps, au mont Tara
8 pour entraînement, cet entraînement était conduit par les membres des
9 Bérets rouges, et à l'origine nous étions supposés être leur force de
10 réservistes; c'était notre obligation, comme ils nous l'ont dit, et nous
11 devions signer un contrat de six mois, et ensuite un contrat de trois ans.
12 Mais je n'ai signé aucun de ces deux contrats parce que je n'ai passé que
13 quatre mois avec eux jusqu'à l'accord d'Erdut.
14 Q. Merci. La ligne suivante, paragraphe 45, ligne 2 se lit actuellement :
15 "Les sections et les commandants d'unités et de personnel étaient
16 attribués."
17 Est-ce que vous avez corrigé cette phrase qui se lit maintenant :
18 "Les commandants des sections et des escadrons étaient attribués" ?
19 R. Je m'en souviens. J'ai simplement remarqué dans cette déclaration
20 préalable qu'il était fait référence à des commandants de section et à des
21 commandants d'unité, et cela est absurde. Parce que l'on ne peut parler que
22 de commandants de section ou de commandants d'escadron.
23 Q. Merci. Correction suivante, paragraphe 47, deuxième ligne qui se lit
24 actuellement :
25 "Il avait été démoli par un bombardement de l'OTAN."
26 Vous avez corrigé cela pour dire :
27 "Il avait été endommagé par un bombardement de l'OTAN" ?
28 R. Oui, je l'ai corrigé en disant que cela avait été endommagé. Peut-être
Page 2810
1 par la suite détruit, mais je ne l'ai pas constaté. Si vous faites
2 référence au poste de police de Podujevo.
3 Q. Oui. Merci. Correction suivante, paragraphe 54, lignes 5 et 6 qui se
4 lit actuellement :
5 "Cet homme a été emmené du groupe par quelques Skorpions. J'ai entendu dire
6 que cet homme avait été tué dans un salon de thé voisin."
7 Est-ce que vous avez corrigé ce passage pour dire :
8 "Cet homme a été emmené par quelques policiers. J'ai entendu dire que cet
9 homme avait été tué dans un salon de thé voisin" ?
10 R. Oui, je l'ai corrigé parce que ce ne sont pas des membres des Skorpions
11 qui avaient emmené cet homme, mais quelques policiers. S'agissait-il
12 également de réservistes mais ils n'étaient pas membres de notre groupe, et
13 qu'ils étaient des policiers du PNP. Il ne s'agissait pas d'une unité
14 antiterroriste spéciale, mais ce ne sont pas les Skorpions qui ont emmené
15 cet homme, ce sont des policiers.
16 Q. Merci, dernière correction paragraphe 69, lignes 4 et 5 qui se lit
17 actuellement :
18 "Les sections et les unités étaient équipées de Motorolas et de radios de
19 communication."
20 Est-ce que vous avez modifié ce passage pour dire :
21 "Les commandants des sections et des détachements étaient équipés de radios
22 Motorola pour la communication" ?
23 R. Oui. C'est la même erreur que j'avais déjà remarquée. Au lieu du terme
24 "squad," "escadron," on utilisait le mot "unité." L'unité est une formation
25 beaucoup plus large et plus importante qu'un escadron. Ceci s'applique
26 probablement aux commandants de section et aux commandants d'escadron.
27 Q. En dehors de ces corrections, êtes-vous d'accord pour dire que les
28 informations contenues dans cette déclaration préalable sont exactes et
Page 2811
1 véridiques à votre connaissance ?
2 R. Les informations sont correctes d'après moi. Elles correspondent à la
3 vérité telle que je l'ai vue sur le terrain.
4 Q. Merci.
5 Mme KRAVETZ : [interprétation] Je voudrais verser au document cette
6 déclaration préalable une fois qu'elle a été acceptée en tant que 65 ter
7 2224.
8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Elle sera acceptée.
9 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira du document P00493.
10 Mme KRAVETZ : [interprétation]
11 Q. Monsieur Stoparic, est-ce que vous avez déjà préalablement témoigné
12 devant cette Cour dans le procès contre Milutinovic et consorts en juillet
13 2006 ?
14 R. Je ne me souviens pas de la date, mais j'ai témoigné dans l'affaire
15 Milutinovic et consorts.
16 Q. Avez-vous eu récemment la possibilité de revoir votre témoignage dans
17 cette affaire ?
18 R. J'ai écouté l'enregistrement audio dans les discussions préparatoires
19 avec le Procureur.
20 Q. Merci. Et ayant eu la possibilité d'entendre votre déposition
21 préalable, si on vous posait les mêmes questions que celles qu'on vous a
22 posées pendant votre déposition, est-ce que vous donneriez les mêmes
23 réponses ?
24 L'INTERPRÈTE : L'interprète demande au Procureur de parler dans le micro.
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, bien entendu, je donnerais les mêmes
26 réponses, mais il y a également le problème de la durée et des trous de
27 mémoires. Vous m'avez rappelé de ce témoignage pendant le récolement, et je
28 ferai de mon mieux. Je ne peux pas donner un témoignage différent de celui
Page 2812
1 que j'ai déjà donné.
2 Mme KRAVETZ : [interprétation]
3 Q. Merci.
4 Mme KRAVETZ : [interprétation] Je voudrais, Monsieur le Président, verser
5 le compte rendu d'audience précédent du témoignage de ce témoin en tant
6 qu'élément de preuve dans l'affaire Milutinovic. Nous avons une version
7 expurgée qui doit être également versée au dossier sous pli scellé. Il
8 s'agit du 65 ter 05185, et la version publique expurgée est le 05185.01.
9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Le document sera accepté.
10 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, il lui sera
11 attribué le numéro P00494, sous pli scellé. Et le numéro 65 ter 05185.01
12 pour la version publique, à laquelle sera attribué le numéro P00495.
13 Mme KRAVETZ : [interprétation] Monsieur le Président, je vais lire le
14 résumé de la déposition de ce témoin. Je suis désolée, mais j'ai un
15 problème avec mon écouteur, et le son disparaît, et c'est la raison pour
16 laquelle je m'arrête.
17 Le témoin est un ancien membre des Skorpions et il a décrit comment,
18 en 1999, juste avant le bombardement de l'OTAN, Slobodan Medic, connu
19 également sous le nom de Boca, lui a dit qu'on avait besoin de lui dans la
20 mesure où l'ancienne unité des Skorpions serait organisée ou refondue.
21 Le témoin et environ 120 hommes ont été déployés au Kosovo en tant
22 que membres des Skorpions. Le témoin a décrit comment est-ce qu'on leur
23 donnait des équipements, des couvre-chefs et des uniformes qui portaient
24 également les insignes de la SAJ des Skorpions.
25 Le témoin a décrit comment l'unité des Skorpions est arrivée au
26 village de Podujevo au Kosovo. Il a expliqué comment, à leur arrivée, des
27 membres de l'unité des Skorpions ont été impliqués dans la tuerie d'un
28 groupe qui étaient tous des civils.
Page 2813
1 Ensuite, cette unité a été redéployée et renvoyée en Serbie, et le
2 témoin a expliqué que le groupe a été à nouveau recruté aux alentours du 15
3 avril 1999, et que deux ou trois jours plus tard, les unités et d'autres
4 membres des unités de police ont été déployés au Kosovo dans la
5 municipalité de Suva Reka. Le témoin est resté au Kosovo jusqu'au début mai
6 1999 et a décrit les activités qu'il a menées lorsqu'il a été envoyé là-
7 bas.
8 Le témoin a également parlé d'un procès contre l'un des membres des
9 Skorpions pour avoir tué les civils albanais dans le village de Podujevo.
10 C'est donc là le résumé de cette déposition.
11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.
12 Mme KRAVETZ : [interprétation]
13 Q. Monsieur Stoparic, je voudrais maintenant revenir à votre déclaration
14 et vous poser quelques questions sur les événements que vous y avez
15 décrits. Au paragraphe 34 de votre déclaration, vous avez indiqué qu'en
16 1999, deux ou trois jours avant le début du bombardement de l'OTAN, Boca
17 vous a rendu visite et il vous a été dit que l'ancienne unité des Skorpions
18 était remise sur pied.
19 Tout d'abord, qui est la personne à laquelle vous faites référence en
20 utilisant le nom de Boca dans votre déclaration ?
21 R. Boca est Slobodan Medic. C'est son surnom. Son surnom est Boca. Il est
22 l'ancien commandant de l'unité des Skorpions qui existait dans le
23 territoire de Djeletovci dans l'ancienne République de Krajina de Serbie.
24 Vous voulez que je vous explique comment est-ce qu'il est venu chez moi et
25 m'a engagé ?
26 Q. Je voudrais savoir si -- enfin, les raisons qu'il vous a données pour
27 expliquer la remise sur pied de cette unité des Skorpions lorsqu'il vous a
28 rencontré au cours de ces journées de mars 1999.
Page 2814
1 R. Il a dit que l'UCK, qui était pour nous une organisation terroriste,
2 avait multiplié ses activités, et l'on pouvait voir que l'agression de
3 l'OTAN c'était quelque chose qui allait se produire. Je pense que ce sont
4 là les raisons qu'il a avancées.
5 Q. Vous avez dit dans votre déclaration qu'il vous a dit que vous seriez
6 rattaché à la SAJ. Pourriez-vous nous expliquer ce qu'est la SAJ ?
7 R. Je lui ai demandé avec qui nous allions agir, si nous serions rattachés
8 à l'armée de la Yougoslavie ou au ministère de l'Intérieur. Il m'a dit que
9 nous serions rattachés au ministère de l'Intérieur en tant que forces de
10 réserve de l'unité spéciale antiterroriste de Serbie.
11 Vous m'avez donc demandé ce qu'était la SAJ
12 vous expliquer. Il s'agit d'une unité spéciale antiterroriste du MUP de
13 Serbie. Je dirais même qu'il s'agissait de l'unité la plus qualifiée, d'une
14 unité d'élite. Chaque membre de cette unité est extrêmement qualifié. Il
15 s'agit de l'unité élite de la sécurité publique. Les membres en sont des
16 policiers actifs avec une formation de police secondaire ou supérieure qui
17 ont suivi un entraînement très rigoureux. Cet entraînement se fait sur une
18 période minimum de six mois. Ensuite, le candidat travaille dans cette
19 unité pendant trois ans et participe aux actions de façon passive et non
20 active. Ce n'est qu'au bout de trois ans qu'il devient un membre à part
21 entière d'une telle unité, et c'est la raison pour laquelle je dis qu'il
22 s'agissait d'une unité d'élite du ministère de l'Intérieur. Ils n'acceptent
23 pas non plus les civils, mais ce sont uniquement les membres du MUP qui
24 peuvent devenir membres.
25 Q. Quelle a été votre réaction lorsque vous avez entendu que l'unité
26 des Skorpions serait remise sur pied et rattachée à la SAJ
27 R. Personnellement, j'en étais fier, parce que je considérais avoir
28 beaucoup d'expérience en temps de guerre. Mais participer à l'action à côté
Page 2815
1 de personnes aussi qualifiées que les membres de la SAJ
2 même si la tâche à laquelle nous nous préparions était une tâche
3 dangereuse.
4 Q. Etait-il une procédure habituelle pour des personnes comme vous d'être
5 intégrées dans une unité élite comme celle-ci ?
6 R. Voyez, je ne savais pas, ce n'était pas habituel que l'OTAN nous
7 bombarde chaque jour. C'était là une situation tout à fait particulière.
8 Q. Est-ce qu'il vous a été dit que vous alliez commander cette unité des
9 Skorpions ?
10 R. Lors de sa première visite, lorsque Slobodan Medic a tiré l'alarme et
11 nous a demandé de nous organiser, il n'a pas dit qui serait le commandant.
12 Nous savions qu'il serait notre commandant, mais les médias m'avaient
13 appris que Zivko Trajkovic était le commandant de cette unité spéciale, je
14 ne savais pas autre chose concernant la structure de cette unité ni des
15 membres qui en avaient le commandement.
16 Q. Dans votre déclaration, aux paragraphes 37 à 39, vous avez décrit
17 comment cette unité était organisée et vous avez dit que le 24 mars,
18 environ une centaine de volontaires, 120 volontaires et vous-même, vous
19 vous êtes rendus en autocar à la maison de Boca à Novi Sad. Vous avez dit
20 au paragraphe 40 que dans la maison de Boca, son frère Dragan vous a
21 rejoint dans sa maison ainsi que d'autres volontaires.
22 Est-ce que vous vous souvenez combien de volontaires se sont ralliés
23 à votre unité à Novi Sad ?
24 R. La majorité des volontaires se sont rencontrés autour du centre des
25 pompiers à Sid, et autant que je puisse m'en souvenir, il y avait là trois
26 autocars qui y étaient garés. Nous sommes montés dans un bus, nous avons
27 rempli ce bus. D'autres hommes sont montés dans le deuxième autocar, puis
28 nous sommes partis vers Novi Sad, dans la rue de Sandor Peterfield, qui est
Page 2816
1 l'adresse de M. Medic, et ensuite une vingtaine ou une trentaine de témoins
2 -- excusez-moi. Je m'excuse, c'est le témoignage qui me stress. Une
3 vingtaine ou une trentaine de volontaires; Milan Milanovic Mrgud; et le
4 chauffeur et son associé étaient également là. Ensuite, nous nous sommes
5 rendus à la ville de Ruma. Nous attendions là également d'autres renforts,
6 deux autocars ont été remplis, et un des autocars a été renvoyé parce qu'il
7 était vide, et ces deux autocars sont partis en direction de Belgrade.
8 Q. Au total, combien y avait-il d'hommes dans cette unité au moment où
9 vous vous êtes dirigés vers Belgrade en partant de Novi
10 Sad ?
11 R. Je n'en connais pas le nombre exact, mais pas moins de 120. Je suis
12 désolé parce qu'après tout, c'est la capacité de deux autocars, environ 120
13 personnes.
14 Q. Vous avez dit dans votre déclaration que lorsque vous êtes parti de
15 Novi Sad pour Belgrade, vous avez vu également un homme que vous
16 connaissiez du nom de Mrgud. Pourriez-vous nous donner le nom complet de
17 cette personne que vous avez décrite comme étant Mrgud dans votre
18 déclaration ?
19 R. Je vous l'ai déjà dit. Il s'agissait de Milan Milanovic, connu sous le
20 nom de Mrgud. Je le connaissais d'avant. Il était au ministère de la
21 Défense de la Krajina serbe. Avant la réintégration et avant l'accord
22 Erdut. Après cet accord Erdut, je ne sais pas où il était ni où il
23 habitait. Je l'ai vu à ce moment-là, et il est venu avec nous jusqu'à
24 Prolom Banja.
25 Avant le Kosovo, il nous escortait également dans d'autres lieux,
26 donc je le connaissais bien.
27 Q. Lorsque vous dites qu'avant le Kosovo il vous avait déjà escortés vers
28 d'autres lieux, à quels lieux faites-vous référence en disant qu'il vous
Page 2817
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14 Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des
15 versions anglaise et française
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
Page 2818
1 avait escortés ?
2 R. Il était toujours là pour nous escorter lorsque nous allions sur le
3 terrain, c'est-à-dire lorsque nous déplacions nos troupes en partant de la
4 base permanente pour aller sur le théâtre de la guerre. Il nous
5 accompagnait et organisait les transports à Velika Kladusa et également à
6 Bihac, et ensuite à Trnovo.
7 Q. Savez-vous pourquoi est-ce qu'il vous escortait à chaque fois que vous
8 étiez envoyés vers ces lieux ?
9 R. Avant l'accord Erdut, je pensais que c'était normal qu'il nous
10 accompagne. Car après tout, il était quelqu'un qui avait un certain poste
11 au ministère de la Défense de la République de la Krajina serbe. Pour ce
12 qui est du Kosovo, la République de la Krajina serbe n'existait plus, ni ce
13 ministère en tant que tel. Je ne sais vraiment pas quelle était sa fonction
14 au ministère et comment est-ce qu'il en est venu à nous escorter au Kosovo.
15 Je ne peux pas le dire, je me posais un peu la question. Il avait
16 probablement un poste également dans la Serbie d'alors.
17 Q. Vous avez dit dans votre déclaration, au paragraphe 41, que lorsque
18 vous êtes arrivés sur le terrain en dehors de Belgrade, on vous a remis des
19 uniformes et des armes; vous dites que vos uniformes portaient également un
20 insigne de la SAJ et également l'écusson des Skorpions. Est-ce que c'était
21 là le type d'uniforme habituel que portaient les membres de la SAJ ou
22 s'agissait-il d'un uniforme qui n'était attribué qu'à votre unité ?
23 R. Je ne peux pas dire exactement, mais c'était quelque part aux alentours
24 de Bubanj Potok. C'est la raison pour laquelle ceci est en dehors des lieux
25 et des infrastructures où il y avait le bombardement de l'OTAN. Il
26 s'agissait de caisses dans les prés, et c'est ainsi qu'on nous a donné nos
27 uniformes, c'étaient de là que venaient nos uniformes, des uniformes
28 complets.
Page 2819
1 Sur le couvre-chef, il y avait l'insigne du MUP de Serbie, le drapeau
2 tricolore, le drapeau serbe. Et Srdjan Manojlovic nous a distribué
3 également les insignes des Skorpions, et s'il n'avait pas suffisamment
4 d'insignes de la SAJ pour tous, en fait très peu de gens avaient ce genre
5 d'insigne ou d'écusson. Il est probablement ce qu'il leur avait donné, mais
6 tout le monde avait néanmoins l'écusson tricolore serbe et celui des
7 Skorpions. Quelques-uns seulement avaient l'écusson de la SAJ.
8 Q. Quel était l'uniforme habituel de la SAJ
9 des Skorpions et également de la SAJ
10 R. Non. Je ne comprends pas ce que pourrait être un uniforme habituel de
11 la SAJ. La SAJ
12 s'agissait là d'un uniforme qui suivait un petit peu les dessins de l'OTAN.
13 Je suppose que ça venait de notre usine de Mile Dragic qui les fabriquait.
14 Mais peu importe. Il y avait en tous les cas les dessins de l'OTAN.
15 Q. Je comprends. Je suis juste en train de vous poser des questions
16 concernant les écussons. Est-ce que les autres membres de la SAJ, des
17 membres de la SAJ, est-ce qu'ils portaient des uniformes avec l'écusson des
18 Skorpions sur un bras et celui de la SAJ sur l'autre ? C'est là la question
19 que je vous posais. Ou est-ce que c'était quelque chose de particulier à
20 votre unité ?
21 R. Non, c'est impossible. Les Skorpions sont autre chose. La SAJ
22 propres écussons qui étaient déterminés dans le cadre des règlements
23 applicables par l'Etat. Je doute que les Skorpions aient arboré des
24 insignes régis par une réglementation de l'Etat. Quoi qu'il en soit, il est
25 certain que les membres de l'unité spéciale antiterroriste ne portaient pas
26 les mêmes insignes que les Skorpions.
27 Q. Mais vous parliez à l'instant de la répartition des insignes, de leur
28 distribution, à ce moment-là, vous avez évoqué un homme répondant au nom de
Page 2820
1 Srdjan Manojlovic. Pourriez-vous nous en dire plus à son sujet ?
2 R. Srdjan Manojlovic était déjà membre des Skorpions. C'était le numéro
3 deux des Skorpions dans une période antérieure. Cet homme était le
4 suppléant du commandant Medic, même si ultérieurement le commandant Medic a
5 nommé un autre homme au poste de suppléant, mais cela n'avait pas vraiment
6 d'importance parce que le vrai rôle de suppléant a été joué par Srdjan
7 Manojlovic, et ce, pour une raison bien précise, à savoir qu'il avait suivi
8 l'entraînement de l'armée populaire yougoslave, de la JNA, est-ce qu'il
9 était sous-officier ou officier au sein de la JNA, je ne sais pas, mais
10 quoi qu'il en soit il était soldat d'active au sein de l'armée yougoslave
11 jusqu'en 1992 ou 1993, après quoi il a quitté la JNA pour entrer dans les
12 Skorpions. Donc, c'était un homme qui avait toute la formation nécessaire
13 pour ce genre de travail.
14 Q. Je vous remercie. Dans votre déclaration préalable, au paragraphe 44,
15 vous dites que vous êtes allés à Prolom Banja, dans une localité où il y
16 avait des thermes, et vous indiquez au paragraphe 45 de cette déclaration
17 qu'il y avait là plusieurs volontaires qui n'avaient aucune expérience de
18 combat, qui venaient d'être recrutés, et auxquels vous avez donné un
19 entraînement rapide en 24 heures. Est-ce que c'est le seul entraînement
20 qu'ont reçu ces volontaires qui n'avaient aucune expérience de combat, ces
21 24 heures d'entraînement ?
22 R. Je ne dirais pas tout à fait les choses comme cela, car même dans les
23 périodes antérieures - je veux parler de la guerre en Bosnie-Herzégovine et
24 en Croatie - il y avait déjà 50 % des hommes qui n'avaient aucune
25 expérience de combat, et qui avaient un entraînement très limité. Ça
26 m'avait beaucoup surpris. Je l'ai remarqué, et j'ai remarqué qu'un nombre
27 d'entre eux ne savait même pas comment démonter et remonter leurs armes
28 personnelles. J'ai dit cela au commandant et il m'a dit qu'il serait bon
Page 2821
1 que je propose à ces garçons une certaine forme d'entraînement, c'est-à-
2 dire un peu d'entraînement au maniement des armes, des fusils en
3 particulier, et à la façon de nettoyer ces armes. J'ai essayé d'agir dans
4 ce sens pour que quand ils iraient sur le terrain au Kosovo, ils aient une
5 petite chance de survivre.
6 Mais je me suis aussi posé la question de savoir comment il se
7 faisait qu'il y ait tant de jeunes gens totalement étrangers à nos rangs
8 qui se trouvent là.
9 Q. Vous avez déjà dit, lorsque je vous ai parlé de l'unité antiterroriste,
10 qu'il s'agissait d'une unité d'élite, et maintenant vous me dites que 50 %
11 des volontaires à peu près n'avaient aucune expérience de combat. Mais
12 quelle était la procédure suivie par cette unité d'élite pour admettre en
13 ces rangs un nombre si important de volontaires qui n'avaient aucune
14 expérience de combat et n'avaient suivi aucun entraînement ?
15 R. Voyez-vous, les spécialistes de l'unité antiterroriste en temps de paix
16 n'avaient pas besoin de force de réserves, mais les circonstances à
17 l'époque étaient assez extraordinaires.
18 Je ne sais pas. Mais nous, les Skorpions, ou les membres de l'unité
19 des Skorpions, aurions pu être réaffectés à une unité de la PJP ou dans une
20 autre unité au Kosovo. Maintenant, pourquoi est-ce que c'est nous qui avons
21 été rattachés, je ne sais pas. Nous n'étions pas réellement membres de
22 l'unité antiterroriste. Nous étions simplement une force de réserve. Les
23 chefs auraient probablement pu nous transférer d'une unité à une autre,
24 mais je ne sais pas pourquoi ils ont décidé de le faire comme ils l'ont
25 fait. Je ne parle que de supposition. Nous nous sommes sans doute retrouvés
26 dans les rangs de l'unité antiterroriste sur recommandation de quelqu'un,
27 et peut-être que finalement les hommes de l'unité antiterroriste n'avaient
28 pas tous une expérience aussi importante. Peut-être Medic les a-t-il
Page 2822
1 abusés, ou se sont-ils trompés eux-mêmes, mais je ne sais pas. Je n'émets
2 que des suppositions.
3 Q. Dans votre déclaration préalable, vous décrivez un incident qui est
4 survenu après votre déploiement au Kosovo à Podujevo, et j'aimerais
5 demander l'affichage du document 65 ter sur les écrans, numéro 02229. En
6 attendant l'affichage, je vous rappelle que nous parlions de l'entraînement
7 qui avait été suivi par ces jeunes gens. Vous dites que vous les avez
8 entraînés rapidement, dans un laps de temps égal à 24 heures. Ces
9 volontaires de Prolom Banja, ont-ils reçu un entraînement relatif à la
10 façon de traiter les civils qu'ils pouvaient rencontrer durant leurs
11 actions ?
12 R. Voyez-vous, j'ai suivi un tel entraînement personnellement moi-même.
13 Deux fois, en réalité. Une fois, en 1987 à Pristina, quand j'ai effectué
14 mon service militaire au sein de l'armée populaire yougoslave. Là, on m'a
15 bien fait connaître les conventions de Genève et les lois et coutumes de la
16 guerre, car c'était enseigné à tous les soldats.
17 Le deuxième entraînement, je l'ai suivi sur le mont Tara, quand j'ai
18 subi cet entraînement complémentaire dans les locaux de l'hôtel. Mais
19 personnellement, je n'ai enseigné cela à personne, et personne n'a reçu
20 l'ordre de proposer cette formation à ces jeunes soldats venus de
21 l'extérieur. Très simplement, nous ne leur avons pas dispensé cet
22 apprentissage.
23 Q. Je vous remercie. Dans votre déclaration préalable, vous décrivez un
24 incident à --
25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Y a-t-il un problème, Maître Djurdjic
26 ?
27 M. DJURDJIC : [interprétation] Ce n'est pas une objection, Monsieur le
28 Président. Je voulais simplement poser une question. J'ai relu le compte
Page 2823
1 rendu de l'affaire Milosevic, et je sais qu'en rapport avec les noms qui
2 viennent d'être prononcés, certains numéros ont été cités. J'aimerais
3 savoir si nous parlons de numéros actuellement ou de noms. Mettons-nous
4 d'accord là-dessus d'emblée. Nous sommes en audience publique, je veux
5 dire.
6 Mme KRAVETZ : [interprétation] Je crois comprendre ce que veut dire mon
7 collègue de la Défense. Je m'apprêtais à m'occuper de cette question et à
8 interroger le témoin à ce sujet.
9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie.
10 Mme KRAVETZ : [interprétation]
11 Q. Monsieur le Témoin, reconnaissez-vous le document qui est affiché
12 devant vous sur l'écran ?
13 R. Oui.
14 Q. Pouvez-vous nous dire quelle est la nature de ce document ?
15 R. C'est un schéma que je me suis efforcé de faire pour illustrer le lieu
16 où s'est déroulé ce malheureux incident de Podujevo.
17 Q. On voit un certain nombre de noms qui sont écrits sous ce schéma.
18 Lorsque vous avez témoigné dans l'affaire Milosevic [comme interprété],
19 vous avez également annexé à la version expurgée de votre déposition ce
20 même document, mais sans les noms propres. Pourriez-vous expliquer
21 pourquoi, à l'époque où vous avez témoigné dans l'affaire Milosevic [comme
22 interprété], cela vous a paru être un problème de rendre publics les noms
23 qui sont écrits dans ce document élaboré par vous ?
24 R. Puisque vous me posez la question à l'époque où j'ai témoigné dans le
25 procès intenté à Milan Milutinovic et consorts, c'est moi qui ai insisté
26 pour que ces noms ne soient pas prononcés en audience publique, et ce, pour
27 une raison très simple, à savoir que ces hommes étaient en liberté à
28 l'époque et il aurait été inconvenant pour moi depuis La Haye de rendre
Page 2824
1 leurs noms publics alors qu'ils n'avaient pas encore été mis en examen.
2 Ceci aurait pu provoquer des conséquences déplaisantes pour moi, pour les
3 membres de ma famille et pour mes proches.
4 Mais à un certain moment, ces hommes ont fait l'objet de poursuites
5 judiciaires. La police et le bureau du procureur serbe ont fait leur
6 travail, et aujourd'hui ils sont jugés pour ce crime. Donc, je ne vois plus
7 de raison pour conserver l'utilisation de noms codés. Je crois
8 qu'aujourd'hui nous pouvons prononcer leurs noms.
9 Q. Je vous remercie. Je pense que ceci répond aux préoccupations soulevées
10 par mon collègue de la Défense.
11 Mme KRAVETZ : [interprétation] Je demande que l'on agrandisse le schéma sur
12 l'écran.
13 Q. Monsieur, dans votre déclaration préalable, au paragraphe 50, vous
14 indiquez qu'à votre arrivée à Podujevo, vous-même et votre collègue Milovan
15 Tomic, vous vous êtes efforcés de vous trouver un logement convenable. Est-
16 ce que vous avez dessiné dans votre schéma la maison dans laquelle vous
17 étiez logés ?
18 R. Est-ce que je pourrais avoir un pointeur ? Vous voulez que je montre
19 sur le schéma où j'ai placé cette maison ?
20 Q. Oui. Faites-le, s'il vous plaît, mais annotez l'emplacement de cette
21 maison sur le schéma avec le stylet électronique, la maison où vous avez
22 logée, à moins qu'il ne s'agisse d'une maison où vous aviez l'intention de
23 loger ?
24 R. Oui.
25 Q. Vous pouvez écrire et dessiner sur l'écran. L'objet qui vient de vous
26 être remis est un stylet électronique qui vous permet d'écrire ou de
27 dessiner ce que vous voulez sur l'écran.
28 Mme KRAVETZ : [interprétation] M. l'Huissier va vous montrer comment il
Page 2825
1 fonction.
2 LE TÉMOIN : [interprétation] Pendant mon séjour très court dans cette rue
3 de Podujevo, j'ai réussi à pénétrer dans plusieurs maisons. Je vais vous
4 les indiquer en annotant chaque fois la maison en question à l'aide d'un
5 numéro 1, 2, 3. Cela vous convient ?
6 Mme KRAVETZ : [interprétation]
7 Q. Très bien. Donc la première maison que vous-même et votre collègue
8 aviez l'intention d'utiliser comme logement, j'aimerais que vous y apposiez
9 le numéro 1.
10 R. Ma section avait l'intention d'utiliser, pour se loger, soit cette
11 maison où j'écris le numéro 1, soit celle-là où j'écris le numéro 2. Nous
12 réfléchissions aussi quant au fait de savoir qui allait utiliser quelle
13 maison.
14 Q. Vous dites dans votre déclaration préalable que dans une cour vous avez
15 vu un certain nombre de membres de l'unité des Skorpions qui faisaient
16 avancer un groupe de civils albanais à la pointe du fusil. J'aimerais que
17 vous traciez un cercle autour de cette cour sur votre schéma.
18 R. Oui, je peux le faire. Ce groupe de civils albanais escorté par des
19 membres des Skorpions, mais également par d'autres hommes auxquels je n'ai
20 pas prêté une attention particulière, ce groupe venait de cette direction-
21 ci.
22 Q. La cour dans laquelle vous avez vu ce groupe de civils albanais pour la
23 première fois, où la situez-vous sur votre schéma ?
24 R. Quand je les ais vus pour la première fois, je me trouvais à la porte
25 d'entrée de cette maison-ci.
26 Q. Au paragraphe 52 de votre déclaration préalable, vous dites avoir vu
27 des membres de l'unité des Skorpions en train de fouiller des civils, et
28 vous dites que vous avez décidé de leur dire de mettre un terme à cette
Page 2826
1 fouille. Pour quelle raison leur avez-vous intimé d'arrêter la fouille ?
2 R. Je ne suis pas le seul à avoir pris cette décision. Milan Tomic l'a
3 prise aussi, ainsi qu'un troisième homme dont j'ai oublié le nom. Nous
4 avons, tous les trois, décidé qu'il était inconvenant de fouiller des
5 femmes. C'est tout de même gênant de fouiller des femmes. En général, il
6 faut des femmes pour fouiller des femmes. Et j'ai vu qu'il y avait aussi
7 pas mal de jeunes enfants dans le groupe. Je pensais simplement qu'il
8 serait mieux de le faire ailleurs et dans d'autres conditions.
9 Q. Y avait-il des hommes dans ce groupe de civils ou seulement des femmes
10 et des enfants ?
11 R. Il y avait un homme, un homme assez âgé. Enfin, je ne saurais vous
12 donner son âge exact, mais je l'évalue à un âge situé entre 50 et 70 ans.
13 Je me souviens de son aspect. Il portait le couvre-chef blanc traditionnel
14 que les Albanais du Kosovo ont l'habitude de porter. C'est le seul homme
15 que j'ai vu dans ce groupe.
16 Q. Avant de passer à autre chose, vous avez inscrit plusieurs A majuscules
17 dans votre schéma. Que signifient ces A majuscules ?
18 R. Je ne suis pas un expert pour pouvoir dessiner cela de manière
19 excellente. Avec la lettre A, je voulais indiquer que tout ceci c'étaient
20 des bâtiments résidentiels, des maisons.
21 Q. Merci. Vous nous avez dit que vous avez empêché les membres des
22 Skorpions de fouiller les civils, et dans votre déclaration vous avez dit
23 que vous avez décidé d'amener le groupe de civils à l'extérieur dans la
24 rue. Est-ce que sur ce croquis nous voyons cette rue, là où vous avez
25 emmené les civils, et si oui, est-ce que vous pouvez indiquer la direction
26 vers laquelle les civils étaient ont été emmenés ?
27 R. On a fait sortir les civils de cette cour-là en prenant la route
28 suivante.
Page 2827
1 Q. Vous avez dessiné plusieurs points bleus et verts. Qu'est-ce qu'ils
2 représentent ?
3 R. Les points bleus représentent la police dont les membres portaient une
4 espèce d'uniforme bleu de camouflage. Les points verts représentent les
5 hommes en uniforme dont les uniformes de camouflage avaient les motifs
6 typiques pour l'OTAN. Ça aurait pu être nous, les Skorpions, les membres de
7 la SAJ, peut-être des membres du PJP. Mais à cette époque-là, je faisais la
8 distinction entre deux types d'uniformes seulement dans la rue. Sans entrer
9 dans la discussion concernant les insignes sur les uniformes, je parle
10 simplement de l'aspect physique de l'uniforme et de la couleur de
11 l'uniforme de camouflage.
12 Q. Merci. Vous avez également dessiné la lettre X là où se termine la
13 flèche, puis vous avez dessiné une flèche qui indique 35 à 40 mètres. A
14 quoi est-ce que ceci correspond ?
15 R. La ligne de 30 à 40 mètres, j'avais l'impression que c'était la
16 distance entre moi et l'emplacement X. L'emplacement X représente l'endroit
17 où cet homme civil albanais avait été séparé du groupe des femmes et des
18 enfants.
19 Même si vous m'avez posé cette question un peu trop tôt, j'aurais dû
20 déjà dire que nous avons laissé les femmes et les enfants partir dans cette
21 direction-là, vers l'angle de la rue, car nous supposions que compte tenu
22 du fait que le commandement et les hauts officiers y étaient, que
23 probablement ils savaient ce qu'il fallait faire. Nous ne pouvions pas les
24 laisser dormir au même endroit que nous. L'emplacement marqué par la lettre
25 X est l'endroit où cet homme a été séparé du reste du groupe et l'endroit
26 où on l'a fait entrer dans le café ou le salon de thé.
27 Q. Est-ce que vous pouvez nous expliquer ce qui est arrivé au groupe de
28 femmes et d'enfants lorsqu'il s'est retrouvé dans la rue ? Est-ce que vous
Page 2828
1 vous en souvenez ?
2 R. Oui. Ils marchaient dans la direction que nous leur avions indiquée.
3 Ils sont allés jusqu'à l'endroit où cet homme se trouvait, pas plus loin
4 que cela. A ce moment-là, l'un des hommes qui faisait partie du groupe de
5 policier dans la rue, il a dit : "Pourquoi est-ce que vous les avez sortis
6 dans la rue. Ramenez-les dans la cour." Et puis, il a dit de façon très
7 bruyante : "Demain, quand on commencera --" mais il n'était pas explicite.
8 Il a dit, simplement : "Ramenez-moi ça dans la cour."
9 Ces femmes ont entendu cela - je suppose qu'elles comprenaient la
10 langue serbe - donc elles ont rebroussé chemin elles-mêmes. Elles ont
11 traversé la cour. A l'entrée de la cour, il y avait moi et Tomic et deux ou
12 trois autres hommes. Lorsque je parle de la cour, il faut savoir que ce
13 passage que l'on voit ici est très spécifique. On l'appelle passage unfor
14 [phon] en Srem, car il est couvert de tous les côtés, comme un tunnel. Donc
15 elles sont passées par là et sont rentrées au même endroit.
16 Q. Attendez, s'il vous plaît. On doit suivre la chronologie. Vous dites
17 que les femmes et les enfants se sont dirigés vers l'endroit marqué par la
18 lettre X, et que l'homme avait été séparé du groupe. Qu'est-il arrivé à
19 l'homme séparé du reste du groupe, si vous le savez ?
20 R. L'interprète a dit "les hommes" mais il n'y en avait qu'un seul. Cet
21 homme a été tué. Il a été tué par un policier qui a utilisé un fusil
22 mitrailleur M-84. Je n'ai pas vu le meurtre, j'ai entendu justement une
23 rafale, mais il n'a pas été tué dans la rue, mais à l'intérieur. C'est ce
24 que d'autres membres de mon unité ont dit. Ils ont dit qu'il avait été tué
25 par un policier qui utilisait cette arme.
26 Q. Vous nous avez dit que les femmes et les enfants ont été renvoyés dans
27 la même direction que celle dont ils étaient venus. Est-ce que vous pouvez
28 nous dire où vous étiez lorsque les femmes et les enfants ont été renvoyés
Page 2829
1 dans la cour ? Est-ce que vous pouvez marquer cela avec le chiffre 3 sur le
2 croquis ?
3 R. Oui. Je peux, mais il faudrait me donner peut-être la possibilité
4 d'utiliser un autre dessin afin que ceci ne crée pas une confusion, car je
5 n'ai marqué rien avec le chiffre 1 ou 2. Mais si vous voulez que j'utilise
6 ce même croquis, il n'y a pas de problème. Est-ce que vous voulez que je le
7 fasse ?
8 Q. Oui. Apposez simplement une annotation sur ce croquis-là. Si vous
9 voulez, vous pouvez encercler l'endroit où vous étiez lorsque les femmes
10 ont été renvoyées dans la cour.
11 R. Les femmes et les enfants sont rentrés ici. Ils allaient dans cette
12 direction. Je vais marquer cela ainsi, et moi je me tenais ici.
13 Mme KRAVETZ : [interprétation] Afin de clarifier le compte rendu
14 d'audience, j'indique que le témoin a dessiné une ligne interrompue afin
15 d'indiquer la direction dans laquelle les femmes et les enfants sont
16 rentrés dans la cour, et il a dessiné un cercle à droite, à gauche, au-
17 dessus du chiffre 1 qu'il avait déjà dessiné sur le croquis.
18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vers le bas, nous voyons la lettre X
19 marquée en rouge. Qu'est-ce que cela signifie ?
20 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne vois pas. Peut-être il faudrait relever
21 le croquis. Vous parlez de cette lettre X là ?
22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui.
23 LE TÉMOIN : [interprétation] Comme j'ai essayé de l'expliquer, c'est à cet
24 endroit-là que cet homme a été séparé des femmes et des enfants, car cet
25 homme n'est plus rentré avec eux.
26 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.
27 Mme KRAVETZ : [interprétation]
28 Q. Monsieur Stoparic, est-ce que vous pouvez expliquer à la Chambre ce qui
Page 2830
1 s'est passé lorsque les femmes et les enfants ont été ramenés dans la cour
2 ?
3 R. Non. On ne les a pas ramenés, ni escortés. Ils sont rentrés eux-mêmes.
4 Les gens étaient dans la rue, mais personne ne les escortait. Personne
5 n'est entré dans la cour avec eux.
6 Moi, avec Milan Tomic, j'étais ici; moi ici et lui là-bas. Moi et
7 Milovan Tomic, nous avons décidé de ne pas dormir dans la maison numéro 2,
8 mais nous avons essayé de chercher une maison de l'autre côté de la rue,
9 par ici. On essayait de voir quelle serait la maison la plus appropriée
10 pour nous. Les femmes sont passées à côté de nous en empruntant ce passage
11 qui ressemble à un tunnel, comme je l'ai expliqué, et sont allées à cet
12 endroit-là.
13 Au bout d'une minute, une minute et demie, moi-même, Tomic, quelques
14 autres soldats se tenaient là. J'ai oublié leurs noms, je ne saurais vous
15 le dire. Je pense que l'un d'eux était Nebojsa Zekic, mais je ne suis pas
16 sûr à 100 %.
17 Au bout d'une minute, lorsque ces femmes ont traversé le passage et
18 lorsqu'on ne les voyait plus, on entendait des rafales non ordonnées de
19 plusieurs fusils automatiques, et je veux dire par là qu'ils n'avaient pas
20 commencé à tirer tous en même temps. Je dirais qu'au maximum, cinq fusils
21 automatiques y ont participé. Je considère également que chacun que ces
22 fusils automatiques avaient tiré un minimum de 25 balles, ou peut-être même
23 tout le chargeur, je peux le dire sur la base de mon expérience sur le
24 front, j'ai pu calculer le laps de temps nécessaire afin de remplir un
25 chargeur de fusil automatique.
26 Vous voulez que je continue, que je raconte l'événement jusqu'au bout ?
27 Lorsque j'ai entendu les tirs, instinctivement j'ai couru de cet
28 emplacement vers celui-là.
Page 2831
1 Q. Avant que vous ne continuiez, je souhaite que l'on clarifie le compte
2 rendu d'audience, simplement pour savoir ce à quoi correspondent les
3 annotations. Les numéros 3, 4 et 5, ce sont les emplacements concernant
4 lesquels le témoin a indiqué qu'il s'agissait des maisons dans lesquelles
5 ils sont allés afin de procéder à leurs recherches avec leurs collègues, et
6 puis nous avons l'emplacement alternative, c'est la maison numéro 2. Le
7 cercle autour des points rouges au-dessus de la maison numéro 2 indique
8 l'emplacement où se trouvaient les civils, lorsqu'ils sont rentrés dans la
9 cour. Je me demande si nous pourrions verser au dossier cela, et maintenant
10 utiliser un exemplaire sans annotation.
11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ce sera admis.
12 M. LE GREFFIER : [interprétation] Les annotations apportées sur la pièce
13 02229 en vertu de l'article 65 ter auront la cote P00496.
14 Mme KRAVETZ : [interprétation] Peut-on maintenant recevoir un exemplaire
15 sans annotations de cette même pièce à conviction.
16 Q. Monsieur le Témoin, vous nous avez dit que vous étiez rentré, que vous
17 avez entendu des tirs. Est-ce que vous pouvez nous indiquer où vous étiez
18 et où vous êtes allé lorsque vous avez entendu les tirs, si vous pourriez
19 dessiner cela ? C'est ce que vous avez commencé à faire sur le croquis
20 précédent lorsque je vous ai interrompu.
21 R. Bien. Au moment où les tirs ont commencé, inconsciemment je savais que
22 ces tirs n'étaient pas tirés par l'UCK contre nous. J'ai couru et je ne
23 réfléchissais à rien pendant que je courais vers cet endroit. C'est une
24 distance de 6 ou 7 mètres ici. J'ai couru dans cette direction-là afin
25 d'arriver ici. C'est là que je voulais venir. Cependant, à peu près à cet
26 endroit-là, mon ami Milovan Tomic qui court vers moi, qui me prend par la
27 main, et qui me dit : "Arrête, ne te salis pas les mains."
28 Lorsque les tirs se sont entièrement arrêtés, j'ai réussi à sortit ma tête
Page 2832
1 derrière cet angle-là.
2 Q. Est-ce que vous pouvez, s'il vous plaît, mettre un 1 là où votre
3 collègue vous a arrêté, et mettre le chiffre 2 là où vous êtes arrêté ?
4 R. C'est là où mon collègue m'a arrêté, et après les tirs j'ai réussi à me
5 rendre jusque-là avec lui. Il ne s'agissait pas de moi uniquement. Nous
6 étions deux.
7 Q. Vous souvenez-vous à peu près combien de temps s'est écoulé entre le
8 moment où vous avez entendu les coups de feu et le moment où vous êtes
9 arrivés à ce point que vous avez marqué d'un 2 sur le croquis ? Juste à peu
10 près, approximativement.
11 R. C'est assez difficile d'être précis. Une minute, peut-être quelques
12 secondes de plus. C'est ce que je pense. Disons au maximum 70 secondes.
13 C'est ce que je pense. Plus également cette brève conversation ici au point
14 numéro 1, lorsqu'il m'a dit : "Arrête-toi." Je pense que cela fait au
15 maximum 70 secondes, mais entre-temps les coups de feu s'étaient arrêtés.
16 Les coups de feu n'ont pas duré longtemps non plus.
17 Q. Pouvez-vous décrire à la Cour ce que vous avez vu lorsque vous êtes
18 arrivé au point marqué d'un 2 sur le croquis. Qu'avez-vous vu ?
19 R. Vous voyez, je dirais que cela demandait un maximum de 30 secondes
20 pendant que je regardais se dérouler cette tragédie, parce que déjà tous
21 les hommes, policiers et Skorpions, essayaient d'évacuer cette cour. Ils
22 partaient. Je ne parle pas des hommes qui ont participé à l'exécution, mais
23 les autres hommes qui ont vu qu'il s'était passait quelque chose qui
24 n'aurait pas dû se passer, et tout le monde essayait de s'éloigner,
25 certains partant dans cette direction, d'autres dans une autre. La dernière
26 chose dont je me souviens de ces 30 secondes, c'est ce que j'ai essayé de
27 vous décrire ici sur le croquis.
28 Q. Pourriez-vous nous expliquer ce que vous avez vu ? Vous pouvez le faire
Page 2833
1 en utilisant ce croquis. Je pense que vous avez apposé le chiffre 1. Que
2 représente ce chiffre 1 ?
3 R. Le chiffre 1 représente un membre des Skorpions. J'ai dessiné cela il y
4 a longtemps, mais je ne vois pas la légende, mais j'essaie de me souvenir
5 l'ordre des hommes. Si je fais une erreur, ce serait une question de trou
6 de mémoire.
7 Je pense que le numéro 1 est Dragan Medic. Le numéro 2, je pense qu'il
8 s'agissait de Borojevic. Le 3 pourrait être Demirovic. Non, Demirovic était
9 numéro 4; il est le dernier que j'ai vu. Je ne pouvais pas le voir très
10 nettement. Le numéro 6, je pense que c'était Jungazic [phon], quand même je
11 n'en suis pas sûr. Le numéro 5, ça devait être un policier qui n'avait pas
12 pu participer à l'exécution, parce qu'il était derrière les autres. Donc je
13 ne sais pas exactement.
14 Maintenant, je ne peux pas me souvenir exactement. J'ai dessiné cela
15 il y a plusieurs années, lorsque tous ces souvenirs étaient encore frais
16 dans ma mémoire, mais il est toujours possible que je me sois trompé.
17 J'aurais pu mélanger l'ordre. Il se peut que le numéro 2 ait été le numéro
18 3 ou vice versa.
19 Q. Outre les membres de votre unité là-bas, qu'avez-vous vu se passer
20 d'autre dans cette cour ?
21 R. Avant les tirs ou après les tirs ? Ce que j'ai vu ?
22 Q. Lorsque vous êtes arrivé là-bas, qu'est-ce que vous avez vu ? Vous avez
23 parlé d'une tragédie à laquelle vous avez assisté pendant 30 secondes.
24 Qu'est-ce que vous avez vu d'autre ?
25 R. J'ai vu - je ne sais pas très bien comment le dire - un ensemble de
26 gens, un groupe de gens, et j'ai réalisé immédiatement qu'il s'agissait de
27 femmes et d'enfants. Je ne savais pas si dans cette pile de gens il y avait
28 des gens qui étaient en vie ni si les soldats essayaient encore de leur
Page 2834
1 tirer dessus. Le terme que nous utilisons, c'est "certifier". Je n'ai pas
2 pu voir cela et m'assurer qu'ils étaient décédés.
3 Q. Paragraphe 56, vous avez dit que lorsque les tirs ont cessé, vous avez
4 vu quelqu'un du nom de Sasa Cvetan. Est-ce que cette personne figure
5 également sur votre croquis ?
6 R. J'ai dû. Vous me donnez mon propre croquis, et je ne vois pas la
7 légende que j'ai moi-même rédigée. Oui, Sasa Cvetan y est. Maintenant,
8 s'agit-il du numéro 1 ou du numéro 2, je ne peux pas vous le dire. Lorsque
9 vous avez fait le récolement il y a deux jours pour ce témoignage, je n'ai
10 pas appris ce croquis par cœur pour pouvoir vous répondre maintenant. Oui,
11 Sasa Cvetan y était, Borojevic Dragan y était également. Et comment
12 s'appelle-t-il ? J'ai vu cet homme, mais là, je suis un petit peu perdu.
13 Quel était son nom ? Dejan Demirovic, voilà. Donc il y avait plusieurs
14 hommes là. Dans mon esprit, et si j'en juge par ce que je sais, je pense
15 pouvoir dire que les quatre sont responsables de l'exécution. Il n'y en
16 avait pas d'autres, et je peux le dire en toute confiance.
17 Q. Pourquoi dites-vous que vous pensez en toute confiance que ce sont ces
18 quatre hommes qui sont responsables de l'exécution ?
19 R. Vous voyez, Madame le Procureur, après l'accord de Kumanovo, je peux
20 dire en toute confiance sur la base de ce que j'ai vu et ce que j'ai appris
21 sur l'unité par la suite. Les services de Sécurité savaient également cela
22 parce qu'après les accords de Kumanovo, Sasa Cvetan a été arrêté et
23 également Demirovic. Ils ont été arrêtés, ont passé quelques jours en
24 détention, puis ont été libérés pour pouvoir se défendre en étant en
25 liberté. Il y a eu un procès. Cvetan Sasa a été inculpé, et Demirovic s'est
26 enfui au Canada. Mais deux hommes qui, et j'en suis sûr, ont tiré, leurs
27 noms étaient connus par les services de Sécurité, et ils ont été traduits
28 devant un tribunal.
Page 2835
1 Pour les autres, ils ont également été inculpés, mais il y a
2 maintenant un procès en cours qui s'appelle Podujevo 2. Ils ont accusés des
3 personnes tout à fait innocentes, en dehors de ceux que je considère être
4 les meurtriers.
5 Ce n'est pas simplement mon opinion qu'ils aient tué des civils, mais
6 la police a également découvert cela beaucoup plus tard.
7 Je dois vous dire que j'ai participé deux fois au procès de Sasa
8 Cvetan. C'était une fois en Serbie, et là j'ai menti. Puis ensuite, j'ai
9 témoigné à Belgrade, et c'est ensuite j'ai dit ce qui s'était passé en
10 réalité.
11 Q. J'ai également d'autres questions pour vous concernant cet incident,
12 mais malheureusement nous n'avons plus de temps.
13 Mme KRAVETZ : [interprétation] Monsieur le Président, nous pourrions peut-
14 être déposer cette pièce au dossier, le croquis qui a été annoté.
15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui.
16 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira du document P00497.
17 L'INTERPRÈTE : A la ligne 18, 5927, l'interprète se reprend. Il s'agissait
18 d'un homme, d'un seul homme parfaitement innocent.
19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Comme l'a dit le Procureur, nous
20 arrivons à l'heure où nous devons lever l'audience pour la soirée. Nous
21 reprendrons demain matin à 9 heures. Le greffier vous indiquera la sortie
22 une fois que nous serons partis, et vous aidera et vous expliquera ce qui
23 concerne votre présence demain matin. Nous vous demandons de revenir demain
24 pour reprendre votre témoignage.
25 Il vous est demandé ce soir de ne parler à personne du témoignage que vous
26 avez fait.
27 Nous levons l'audience et nous reprendrons demain matin à 9 heures.
28 --- L'audience est levée à 19 heures 00 et reprendra le jeudi 26 mars 2009,
Page 2836
1 à 9 heures 00.
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28