Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le jeudi 9 juillet 2009

  2   [Audience publique]

  3   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 9 heures 04.

  5   M. STAMP : [interprétation] Bonjour, Messieurs les Juges. Je me demandais

  6   en attendant si je pouvais simplement indiquer qu'en vertu de la demande

  7   que nous avons faite pour qu'il y ait une retransmission par

  8   vidéoconférence de l'Accusation, les enquêteurs nous ont dit qu'à Pristina

  9   ils sont en train de préparer que cette liaison puisse se faire, nous

 10   l'avons encouragée. Et ils nous ont indiqué qu'elle était disposée à venir

 11   ici. Donc compte tenu de ces conditions-là, nous retirons notre demande.

 12   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Stamp.

 13   Ecoutez, c'était vraiment tout juste.

 14   [Le témoin vient à la barre]

 15   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour à vous. Je souhaite vous

 16   rappeler que vous avez fait une déclaration solennelle et que ceci vaut

 17   pour aujourd'hui également.

 18   Maître Djurdjic, veuillez poursuivre.

 19   Pendant une fraction de seconde, j'ai cru que vous aviez terminé votre

 20   contre-interrogatoire, Maître Djurdjic.

 21   M. DJURDJIC : [interprétation] Ceci semble être le cas, mais cela n'est pas

 22   tout à fait juste. Maintenant, le microphone est ouvert.

 23   LE TÉMOIN : VELIBOR VELJKOVIC [Reprise]

 24   [Le témoin répond par l'interprète]

 25   Contre-interrogatoire par M. Djurdjic [suite] : 

 26   Q.  [interprétation] Bonjour à vous.

 27   R.  Bonjour à vous. Mes microphones sont ouverts maintenant.

 28   Q.  Bien. Maintenant, tout va bien. Nos deux microphones sont ouverts.

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  1   R.  Il n'y a qu'un de mes microphones qui fonctionne.

  2   Q.  Je ne sais pas si ceci gênera l'interprétation mais commençons quoi

  3   qu'il en soit. Bonjour, Monsieur Veljkovic.

  4   R.  Bonjour.

  5   Q.  Je souhaite simplement vous rappeler qu'il est important que vous

  6   parliez lentement de façon à ce que l'interprétation puisse se faire

  7   correctement et que tout ceci puisse être consigné.

  8   Monsieur Veljkovic, hier, nous avons terminé l'audience en parlant de

  9   l'année 1999. Je souhaite vous poser des questions à propos de l'année

 10   1999. Vous souvenez-vous du fait qu'il y a eu une attaque dans le courant

 11   de l'année 1999 contre une patrouille à Dulje ?

 12   R.  Oui. C'était une attaque qui a été menée non pas à Dulje même, mais à

 13   un endroit qui s'appelle Birac, à 1 kilomètre environ de Dulje en direction

 14   de Prizren. Une patrouille s'est mise en route pour aller inspecter

 15   certains secteurs, et comme ils l'on dit eux-mêmes, ceci s'est passé sur la

 16   route principale où se trouvaient des terroristes albanais qui ont attaqué

 17   une patrouille de la police, occasion au cours de laquelle Milos Stevanovic

 18   et un collègue ont été tués. Certaines personnes ont été légèrement

 19   blessées, d'autres grièvement blessées. Il y avait des hommes qui venaient

 20   de Suva Reka, également des secrétariats de l'Intérieur.

 21   Q.  Merci.

 22   M. DJURDJIC : [interprétation] Est-ce que vous pouvez maintenant afficher

 23   le document D04-2254, s'il vous plaît. Pardonnez-moi. 004-2254.

 24   Q.  Monsieur Veljkovic, il s'agit là de la page de garde d'un rapport

 25   au pénal qui a été remis au bureau du procureur de Prizren. Suva Reka OKP.

 26   M. DJURDJIC : [interprétation] Est-ce que vous pouvez maintenant afficher

 27   la deuxième page de ce document.

 28   Q.  Il s'agit là d'un rapport au pénal de l'OUP de Suva Reka qui porte sur

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  1   l'incident que nous venons d'évoquer; ai-je raison ?

  2   R.  Oui, ce que dit ce document, il s'agit du 8 janvier 1999. Ensuite suit

  3   la déclaration au sujet des faits.

  4   Q.  Merci.

  5   M. DJURDJIC : [interprétation] Est-ce que nous pouvons afficher la

  6   cinquième page de ce document maintenant, s'il vous plaît.

  7   Q.  Nous avons devant nous une carte et l'endroit où l'attaque a été menée

  8   se trouve indiqué sur cette carte; est-ce exact ?

  9   R.  Oui.

 10   M. DJURDJIC : [interprétation] Nous pouvons maintenant afficher la page 6

 11   de ce document, s'il vous plaît.

 12   Q.  Il s'agit là d'une note officielle sur un lieu de crime qui a trait à

 13   cet incident.

 14   M. DJURDJIC : [interprétation] Pouvons-nous marquer ce document aux fins

 15   d'identifications puisque nous attendons encore la traduction.

 16   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui.

 17   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Messieurs les Juges, il s'agira de la

 18   pièce D00308 marquée aux fins d'identification.

 19   M. DJURDJIC : [interprétation]

 20   Q.  Monsieur Veljkovic, vous souvenez-vous du fait qu'à la veille des

 21   frappes aériennes, il y a eu une attaque à Suva Reka, une attaque contre

 22   Bogdan Lazic qui était un commercial qui travaillait dans un petit kiosque

 23   à journaux ?

 24   R.  Oui, je sais que ceci est arrivé un ou deux jours avant la frappe

 25   aérienne, vers 11 heures ou midi. Cet homme a été tué sur son lieu de

 26   travail. Je pense que c'était un commercial qui travaillait pour une usine

 27   qui fabriquait des pneus. C'est ce que j'avais entendu dire. On m'a dit que

 28   ce petit magasin se trouvait sur la rue principale, Cara Dushana, qui se

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  1   trouvait à 50 ou 100 mètres de l'endroit où Milorad Vicevic [phon] a été

  2   tué en 1998.

  3   Q.  Merci. Monsieur Veljkovic, pourriez-vous nous parler maintenant, s'il

  4   vous plaît, de ceci, le 26 mars, il a été établi après tant d'années que

  5   c'est bien la date à laquelle ceci s'est produit, d'après vos souvenirs,

  6   combien de policiers y avait-il à Suva Reka ce jour-là ?

  7   R.  Est-ce que vous voulez parler du nombre total ?

  8   Q.  Non, je ne veux pas parler du nombre total. Mais je souhaite vous

  9   demander combien de personnes il y avait à Suva Reka ?

 10   R.  Entre dix à 15 policiers d'active. Mais je ne peux pas vous parler des

 11   réservistes, je ne sais pas.

 12   Q.  Merci. Je vais vous aider un petit peu. Vous souvenez-vous du fait

 13   qu'il y avait deux personnes qui étaient de permanence, une de ces

 14   personnes était la personne qui était l'opérateur et l'autre qui organisait

 15   les roulements ?

 16   R.  Oui, c'était l'assistant.

 17   Q.  Est-ce que vous vous souvenez du fait que la personne qui s'occupait

 18   des roulements du personnel était Gogic et que son assistant était Goran

 19   Jokic ?

 20   R.  C'est exact.

 21   Q.  Merci. Hier nous avons évoqué la question des patrouilles. Vous

 22   souvenez-vous du fait qu'il y avait une patrouille motorisée qui comprenait

 23   Radovan Tanovic, Sladjan Cukaric et un témoin qui est protégé devant ce

 24   Tribunal, et ils étaient à bord de ces véhicules ?

 25   R.  Oui, je sais qu'ils sont partis patrouiller.

 26   Q.  Merci. Est-il exact que Cukaric et Tanovic étaient des policiers

 27   d'active, alors que les deux autres étaient des réservistes ?

 28   R.  Oui, c'est exact.

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  1   Q.  Merci. Est-il exact de dire que Novkovic Ivica était là également et

  2   qu'il était également un réserviste ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Merci. Est-il exact de dire que le chauffeur de ce véhicule qui

  5   patrouillait était Ramiz Papic, lors d'une des patrouilles ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Est-il exact qu'un membre de la police scientifique, Todor Jovanovic,

  8   était également un membre de l'OUP à Suva Reka dès le départ -- en tout cas

  9   au début de la guerre ?

 10   R.  Oui, c'est exact, c'était un membre de la police scientifique et il y

 11   travaillait depuis 1995. Il était là déjà lorsque j'y ai travaillé. Je ne

 12   sais pas à quel moment il avait commencé à y travailler.

 13   Q.  Nous avons dit également que le chef de l'OUP, Vitosevic; le commandant

 14   Repanovic; et son assistant Jovanovic ?

 15   R.  Est-ce que vous voulez parler du 26 ? Oui, dans ce cas-là, oui.

 16   Q.  Il s'agissait de toutes les personnes qui se trouvaient là ce jour-là,

 17   n'est-ce pas ? Vous souvenez-vous aussi du fait qu'il y avait un officier

 18   de police qui se trouvait à l'endroit où il y avait le clocher de l'église

 19   ?

 20   R.  Ecoutez, je sais qu'il y avait un poste de commandement -- un poste

 21   d'observation et qu'il a été interrogé à Belgrade. Je ne sais pas comment

 22   les hommes ont été affectés à ces différents postes d'observation. Je ne

 23   sais pas s'il était là précisément ou à un autre endroit.

 24   Q.  Il s'agissait de toutes les personnes qui se trouvaient là, membres du

 25   personnel à Suva Reka ce jour-là, vous souvenez-vous si oui ou non il y

 26   avait d'autres personnes ?

 27   R.  Je ne m'en souviens pas.

 28   Q.  Je vais maintenant vous poser cette question-ci. Je ne sais pas

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  1   exactement ce que vous nous avez dit à propos de l'endroit où vous avez

  2   dormi et l'endroit où se trouvait votre bureau, est-ce que cela signifie

  3   que l'endroit où vous dormiez et votre bureau se trouvaient au même

  4   endroit, ou est-ce que vous dormiez au même endroit où se trouvaient les

  5   bureaux ?

  6   R.  L'endroit où je dormais se trouvait à l'autre bout du hall. Il y a un

  7   endroit, donc les chambres, des endroits où on dort, et à l'autre extrémité

  8   il y avait les bureaux. Il y avait 5 à 6 mètres entre les deux.

  9   Q.  Donc en réalité vous travailliez dans ce bureau à cet endroit et une

 10   fois que vous aviez terminé votre travail, vous donniez ceci à votre

 11   commandant ?

 12   R.  En réalité, il me donnait le courrier chaque jour et je devais

 13   distribuer ce courrier. S'il y avait un document que j'avais besoin de

 14   donner à un officier supérieur, à ce moment-là, je le faisais. Mais dans le

 15   cas où il y avait un événement extraordinaire, dans ce cas je devais l'en

 16   informer également et c'est à peu près tout.

 17   S'il n'y avait rien, j'étais simplement assis à cet endroit-là. Il n'y

 18   avait pas de travail, j'allumais la radio et j'écoutais la radio.

 19   Q.  Merci. Dites-nous, combien d'officiers de police y avait-il dans ce

 20   bâtiment hormis vous-même ?

 21   R.  Est-ce que vous voulez dire à l'endroit où je dormais ?

 22   Q.  Je veux dire sur les lieux, ce jour-là, le 26 ?

 23   R.  Je ne me souviens pas exactement, je sais que peu de gens dormaient là.

 24   Certains étaient en poste, déployés à différents endroits. Certains étaient

 25   à l'hôtel. Je ne peux pas vraiment vous donner de chiffres exacts.

 26   Q.  Vous souvenez-vous du fait que la veille des frappes aériennes toutes

 27   mesures prises qui consistaient à déplacer l'OUP de Suva Reka ?

 28   R.  Je crois que nous avons déménagé trois ou quatre jours après le 26. Il

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  1   se trouve que j'étais de permanence ce jour-là et je sais que le collègue

  2   Jovanovic était là puisqu'il était venu chercher des documents. Il nous a

  3   dit que nous étions censés quitter les lieux demain. C'est en réalité ce

  4   qui s'est passé. Je ne sais pas exactement quelle heure il était lorsque

  5   nous sommes partis.

  6   Q.  Merci. Mais afin de déménager tout ce qu'il y avait dans ce poste de

  7   police, vous deviez faire certains préparatifs. Vous souvenez-vous du fait

  8   que quelques jours avant le début de la guerre  et les deux premiers jours

  9   de la guerre, l'assistant Jovanovic a en réalité rassemblé des documents et

 10   les a placés à bord d'un camion qui se trouvait là, et qui était censé les

 11   faire sortir de là ?

 12   R.  Je ne m'en souviens pas.

 13   Q.  Je souhaite savoir si aussi toute patrouille qui partait en mission,

 14   est-ce que tous les membres de la patrouille étaient toujours équipés d'un

 15   uniforme de protection, un fusil, et des armes de point ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Quel type d'uniforme aviez-vous en 1998 et 1999 ? Je veux parler des

 18   officiers de police de Suva Reka.

 19   R.  Nous avions des uniformes bleu foncé. Ceux qui n'étaient pas membre de

 20   la PJP. Pour ce qui est de la PJP, ils portaient des uniformes vert clair.

 21   Et donc on pouvait nous distinguer, mais les membres de la PJP ne portaient

 22   que ces uniformes lorsqu'ils partaient en mission parce que sinon ils ne

 23   portaient pas ces uniformes-là.

 24   Q.  Merci. Est-ce que vous voulez parler des uniformes vert olive, gris

 25   olive, de ces uniformes de camouflage ?

 26   R.  Effectivement, ils portaient des uniformes verts, gris et bleus, donc

 27   je crois que ce sont les mêmes types d'uniforme.

 28   Q.  Moi je faisais référence aux officiers de police, les officiers de la

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  1   police régulière de Suva Reka.

  2   R.  Dans ce cas, je vous ai mal compris. Ils portaient des uniformes bleu

  3   foncé, le même uniforme que je portais moi-même.

  4   Q.  C'était un uniforme de camouflage ?

  5   R.  Oui, un uniforme de camouflage bleu foncé.

  6   Q.  Monsieur Veljkovic, le 26 au matin, est-ce que vous étiez là lorsque le

  7   commandant Repanovic a distribué différentes tâches aux hommes selon un

  8   calendrier ?

  9   R.  Moi je regardais le registre de la veille et la liste des patrouilles.

 10   Il signait le document et je le laissais à l'endroit où je travaillais.

 11   Pendant les heures de travail normales, la personne qui s'occupait des

 12   roulements donnait des ordres et les officiers supérieurs devaient signer

 13   le document.

 14   Les officiers de police devaient également et pouvaient donner ou confier

 15   des missions oralement, ils avaient l'autorité pour le faire. A savoir

 16   s'ils le faisaient ou non un jour ou l'autre, cela je ne sais pas. S'ils

 17   donnaient un ordre oralement qui n'était pas consigné sur un registre, dans

 18   ce cas --

 19   Q.  Merci. Est-ce que vous vous rappelez à quel moment vous avez quitté

 20   votre bureau et que vous vous êtes rendu à l'OUP, le bâtiment de l'OUP le

 21   26 ?

 22   R.  Franchement, je ne peux pas vous le dire avec précision. Je sais que

 23   jusqu'à 7 heures du soir lorsque cet événement très important s'est

 24   produit, lorsque cet homme a été tué au poste de police et la famille

 25   Berisha, je ne peux pas dire avec certitude que je me suis rendu chez le

 26   commandant Repanovic et que je suis allé au bureau ce jour-là. Je ne sais

 27   pas, j'ai quitté mon bureau et je n'ai rien entendu dire à propos de

 28   préparatif en vue de tuer quelqu'un ou quelque chose de la sorte.

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  1   Q.  Vous souvenez-vous avoir appris au cours de cette matinée-là que la

  2   patrouille motorisée avait le devoir d'apporter de la nourriture et de

  3   l'eau aux membres du personnel qui étaient déployés autour de Suva Reka ce

  4   matin-là ?

  5   R.  Je sais que telle était leur tâche tous les matins; alors je ne sais

  6   pas, je pense que c'était ce matin-là aussi, mais je n'ai rien à ajouter à

  7   ce propos.

  8   M. DJURDJIC : [interprétation] Est-ce que nous pouvons maintenant afficher

  9   le document P269, s'il vous plaît.

 10   Q.  Monsieur Veljkovic, reconnaissez-vous cette photographie ?

 11   R.  Je ne reconnais pas ceci. Si c'est Suva Reka, je ne vois vraiment pas

 12   le poste de police, l'église. Si ce bâtiment-là au milieu de la

 13   photographie correspond à la cave à vin Metohija Vino ?

 14   Q.  Est-ce que vous voyez la gare routière ?

 15   R.  Oui, je la vois maintenant. Tout au bout, il y a le poste de police et

 16   ensuite la gare routière. Oui, c'est Suva Reka.

 17   Q.  La raison pour laquelle je vous pose la question, c'est que vous nous

 18   avez dit que vous pouviez apercevoir le poste de police sur cette

 19   photographie-là, la D13, mais je crois que cette photographie est de

 20   meilleure qualité que celle que nous avons vu hier ?

 21   R.  Non, je pense qu'en réalité, celle que nous avons vue hier était

 22   meilleure, mais maintenant je m'y retrouve. Ça y est. Je vois ce que c'est.

 23   Q.  Alors je vous pose la question, lorsque vous avez quitté Suva Reka,

 24   l'église et le clocher étaient encore debout ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Est-ce que vous pouvez les apercevoir sur cette photo ?

 27   R.  Non.

 28   Q.  On peut donc en arriver à la conclusion que cette photo a été prise

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  1   après juin 1999 ?

  2   Monsieur Veljkovic, vous m'avez entendu ?

  3   R.  Je pensais que vous vous adressiez à la Chambre.

  4   Q.  Non, les questions sont posées à vous-même, c'est vous le témoin.

  5   R.  Bien. Alors nous pouvons arriver à cette conclusion avec certitude

  6   parce que c'était autour de cette zone.

  7   Q.  C'est-à-dire là où il y a les cailloux ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Alors maintenant, quand vous regardez sur la gauche de cette photo,

 10   vous pouvez voir quelques habitations. Est-ce que vous pouvez apercevoir le

 11   bâtiment de l'OUP ?

 12   R.  Je peux voir le bâtiment de l'OUP ici à l'extrémité.

 13   Q.  C'est quel bâtiment ? Si vous pouvez inscrire un X sur ce bâtiment.

 14   R.  Oui, je vais faire cela. C'est ici. J'ai inscrit un X sur ce bâtiment.

 15   Q.  Très bien. Donc ce bâtiment marqué d'un X, c'est le bâtiment de l'OUP.

 16   Est-ce que vous pouvez maintenant voir le bâtiment où se trouvaient vos

 17   dortoirs ?

 18   R.  Oui, on l'aperçoit ici.

 19   Q.  Est-ce que vous pouvez y indiquer un numéro 1.

 20   R.  Voilà, j'ai mis un numéro 1 sur le toit du bâtiment.

 21   Q.  Merci. Pourriez-vous maintenant indiquer un numéro 3 à l'endroit où

 22   vous vous trouviez au moment où vous êtes sorti sur la route. Est-ce qu'il

 23   s'agit ici de la route principale, Cara Dushana, Prizren-Pristina?

 24   R.  Donc vous voulez que j'indique l'endroit d'où j'ai vu les gens s'enfuir

 25   ?

 26   Q.  C'est correct.

 27   R.  Numéro 3 ?

 28   Q.  Numéro 2. Est-ce que vous pouvez indiquer d'un numéro 3 la rue

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  1   principale à Restanski Put simplement pour que nous puissions nous situer.

  2   R.  [Le témoin s'exécute]

  3   Q.  Merci. Maintenant, pourriez-vous indiquer sur la route principale une

  4   flèche indiquant la direction de Pristina à Prizren, c'est-à-dire le sens

  5   de la route.

  6   R.  Vous voulez que j'indique une flèche ? Et quel numéro ?

  7   Q.  Numéro 4.

  8   R.  [Le témoin s'exécute]

  9   Q.  Monsieur Veljkovic, pourriez-vous nous dire, s'il vous plaît, où se

 10   trouvait le clocher avant sa destruction ?

 11   R.  Le clocher se trouvait à côté de ce bâtiment, ici. Vous voyez cet arbre

 12   ? Et --

 13   Q.  Pourriez-vous indiquer un point et un numéro 5 pour identifier ce lieu

 14   ?

 15   R.  Très bien. Je le fais. Ça se trouvait à peu près ici. Je vous dis à peu

 16   près. Je crois que c'est peut-être un petit peu plus vers la droite.

 17   Q.  Merci. Alors, maintenant j'aimerais vous poser une question. Je peux

 18   voir une partie de Restanski Put -- ou plutôt, je me reprends. Avez-vous vu

 19   vos collègues, le policier qui avait quitté l'endroit avant vous vers le

 20   domicile des Berisha ? Est-ce que vous les avez vus ?

 21   R.  Je ne peux pas dire avec certitude que j'ai assisté au moment où ils

 22   ont quitté les lieux. Toutefois, lorsque je suis rentré dans le bureau des

 23   permanences et à partir de ce bureau --

 24   Q.  Non, ce n'était pas ma question. Je reprends ma question. Est-ce que

 25   vous pouvez marquer d'un numéro 6 le domicile des Berisha.

 26   R.  [Le témoin s'exécute]

 27   Q.  Merci. Vous nous avez dit que vous ne saviez pas à l'époque que c'était

 28   bien leur nom de famille. Mais savez-vous s'il y avait d'autres domiciles,

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  1   d'autres habitations appartenant à la famille Berisha ou est-ce que c'était

  2   le seul ?

  3   R.  Je ne connais que cette habitation.

  4   Q.  Merci. Alors, écoutez-moi attentivement avant de répondre à la

  5   prochaine question. Lorsque vous êtes sorti du poste de police et avant que

  6   votre groupe de collègues ne parte quelques minutes avant vous, lorsque

  7   vous êtes arrivé à l'endroit marqué d'un numéro 2, les avez-vous vus de là

  8   où vous vous trouviez ? Avez-vous vu vos collègues policiers ?

  9   R.  Non, je ne les ai pas vus.

 10   Q.  Pouvez-vous me dire ce que vous avez vu de là où vous vous trouviez ?

 11   R.  A l'endroit marqué d'un 2, j'ai entendu des tirs de mitrailleuse

 12   automatique, j'ai vu des gens traverser la cour vers les boutiques et vers

 13   la gare routière. Comme je l'ai déjà dit, il y en avait qui ont été tués

 14   là. Les autres se sont enfuis pour tenter de trouver refuge dans les

 15   boutiques du bâtiment qui abrite la gare routière.

 16   Q.  Pouvez-vous indiquer d'une marque la cour dont vous parlez d'où vous

 17   avez vu ces personnes s'échapper, si je vous ai bien compris.

 18   R.  J'indique ce lieu.

 19   Q.  Marquez-le de façon bien claire. Merci. Pouvez-vous marquer l'endroit

 20   où vous avez vu ces personnes s'enfuir en courant ?

 21   R.  Je vais indiquer cela d'un trait court.  

 22   Q.  Est-ce que vous pouvez aussi indiquer une flèche pour nous montrer le

 23   sens de leur fuite.

 24   R.  La voici. Ces personnes se sont enfuies vers la gare routière.

 25   Q.  Est-ce que vous pouvez marquer un chiffre 7 à côté de cette flèche.

 26   R.  [Le témoin s'exécute]

 27   Q.  Monsieur Veljkovic, vous avez dit que vous n'avez pas aperçu les

 28   policiers mais vous avez entendu des tirs. Est-ce que vous avez pu voir

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  1   dans quelle direction ils tiraient ?

  2   R.  Non.

  3   Q.  Merci. Lorsque vous êtes sorti et que vous êtes arrivé à l'endroit

  4   marqué d'un 2, est-ce que vous avez vu certains des corps sur la Restanski

  5   Put ?

  6   R.  Je ne peux rien affirmer avec certitude. Tout s'est joué en quelques

  7   secondes. Je ne peux pas vous dire avec certitude qu'au moment où je suis

  8   arrivé à l'endroit numéro 2, il y avait déjà des gens qui avaient été tués,

  9   mais en tout cas, quelques secondes plus tard, je les ai vus tomber.

 10   Q.  C'est ce que je vous demande. Est-ce qu'ils gisaient déjà à terre,

 11   morts, lorsque vous êtes arrivé ou est-ce que vous les avez vus tomber ?

 12   R.  Ce que je peux vous affirmer avec certitude, c'est que dans les toutes

 13   premières secondes après mon arrivée sur ce lieu, j'ai entendu les tirs, je

 14   les ai vus tomber.

 15   Q.  Merci. Restanski Put, cette rue, c'est un peu une appellation

 16   jargonnesque, est-ce qu'il s'agit de la rue Miladin Popovic ?

 17   R.  Non. La rue Miladin Popovic est au premier carrefour avec la Restanski

 18   Put sur la gauche. C'est une rue très courte, elle fait environ 100 mètres;

 19   à côté de la cave vinicole Metohija Vino.

 20   Q.  Monsieur Veljkovic, on voit une bonne portion de la rue Restanski Put.

 21   Vous vous êtes déplacé sur cette rue, vous avez donc remonté cette rue

 22   jusqu'à une partie qui est hors du cadre de la photo ?

 23   R.  Je crois. Je n'en suis pas sûr. Je ne sais pas exactement là où nous

 24   avons fait demi-tour et sommes revenus au poste de police.

 25   Q.  Merci. Lorsque vous voyiez ces gens s'enfuir, au moment où vous les

 26   avez vus, vers où se dirigeaient-ils ?

 27   R.  Ils ont traversé Restanski Put, ils couraient vers le complexe qui

 28   abrite la gare routière.

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  1   Q.  Est-ce que vous pouvez me montrer à quel niveau ils ont traversé la rue

  2   ?

  3   R.  J'ai indiqué une flèche avec le numéro 7 à cet endroit. Vers le

  4   bâtiment avec un toit vert, ils ont trouvé un passage entre les bâtiments.

  5   Il y a un escalier là, à ce niveau-là. Ils sont donc passés à côté du

  6   kiosque à journaux, quelques kiosques où on peut acheter à manger. Ils sont

  7   donc passés à côté de ces petits kiosques; mais tout cela se trouve sur le

  8   site de la gare routière. Ils ont donc continué vers la petite suite de

  9   boutiques. Je ne les ai plus vus à ce moment-là. Je suppose qu'ils

 10   souhaitaient trouver refuge dans l'un des petits magasins.

 11   Q.  A partir de quel moment vous ne les avez plus vus ?

 12   R.  Je ne peux pas répondre avec précision que je ne les ai plus vus, mais

 13   je peux vous dire à peu près. Souhaitez-vous que je vous indique l'endroit

 14   ?

 15   Q.  Oui.

 16   R.  Ça se trouve ici à peu près, où j'ai fait un trait.

 17   Q.  Est-ce que vous pouvez inscrire un 8 à cet endroit-là.

 18   R.  [Le témoin s'exécute]

 19   Q.  Lorsqu'ils sont arrivés à cet endroit, vous ne saviez plus où ils se

 20   dirigeaient, vous avez simplement formulé une hypothèse ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Je vous pose une question sur ce moment.

 23   R.  Oui, c'est la conclusion à laquelle je suis parvenu.

 24   Q.  Monsieur Veljkovic, est-ce qu'il y avait des policiers autour de la

 25   cave vinicole Metohija Vino, c'est-à-dire là où se dirigeaient en courant

 26   ces personnes ? Est-ce que vous avez vu des policiers ?

 27   R.  Je sais qu'il y avait une position détenue par les policiers à la cave,

 28   mais je ne sais pas s'ils se trouvaient au numéro 8.

Page 7128

  1   Q.  Vous les avez vus ?

  2   R.  Non.

  3   Q.  Au moment où vous étiez à l'emplacement numéro 2, est-ce que vous avez

  4   vu des policiers autour de vous ?

  5   R.  Non.

  6   Q.  Monsieur Veljkovic, que s'est-il passé ensuite ? Vous avez vu ces gens

  7   s'enfuir, vous avez entendu les tirs sans voir un seul policier; qu'est-ce

  8   que vous avez fait ensuite ?

  9   R.  Je ne peux pas encore une fois vous répondre avec certitude, mais je

 10   crois que je suis retourné soit vers l'entrée du poste de police ou je me

 11   suis rendu au bureau des permanences, des roulements.

 12   Q.  Dans cette zone, à part les civils, est-ce que vous avez vu un soldat

 13   de la VJ ?

 14   R.  [aucune interprétation]

 15   Q.  Est-ce que vous avez vu un char ou bien un véhicule d'un autre type, un

 16   matériel roulant militaire ?

 17   R.  Non.

 18   Q.  Avez-vous vu ce jour-là des membres d'une autre unité à part les

 19   membres de l'unité de police à Suva Reka ?

 20   R.  Non.

 21   Q.  Avez-vous vu des camions garés devant le poste de police, deux camions

 22   pour le transport de policiers ?

 23   R.  Non.

 24   Q.  Merci. Lorsque vous êtes parti, vous avez dit que vous ne saviez pas

 25   vers où vous vous êtes dirigé, vous avez mentionné le poste de police, qui

 26   avez-vous trouvé dans le bâtiment de l'OUP à Suva Reka ?

 27   R.  Je ne peux pas répondre avec certitude. Je sais que les officiers

 28   étaient là, nos supérieurs, le commandant, son assistant, le chef. En ce

Page 7129

  1   qui concerne les policiers, il y avait moi et les deux réservistes, plus

  2   tard nous avons chargé les corps. Je ne peux pas vous dire qui était le

  3   responsable des roulements au bureau des permanences. Il y avait quelqu'un,

  4   mais là je ne me souviens plus de qui il s'agissait.

  5   Q.  Est-ce que l'assistant était censé être au bureau des permanences sur

  6   les lignes de communication ?

  7   R.  Vous voulez dire l'assistant au commandant ?

  8   Q.  Non, l'assistant au responsable des roulements.

  9   R.  Il devait y avoir quelqu'un de présent, mais je ne me souviens plus qui

 10   était le responsable des roulements ni qui était son assistant.

 11   Q.  Est-ce que vous vous souvenez ou est-ce que vous avez entendu quelqu'un

 12   parler à la radio pour dire qu'une patrouille avait été attaquée et qu'elle

 13   avait besoin d'assistance ?

 14   R.  Je n'ai rien entendu de tel; donc je ne peux pas répondre avec

 15   certitude s'il y avait eu une attaque ou pas.

 16   Q.  Merci. Avez-vous entendu le commandant donner l'ordre de vérifier un

 17   certain nombre d'emplacements ou de positions pour trouver des éléments de

 18   localisation, des marqueurs utilisés pour guider les avions de l'OTAN ?

 19   R.  Je n'ai pas entendu cela.

 20   Q.  Merci. Donc à part pour vos attributions, est-ce que vous avez

 21   participé à d'autres tâches ou attributions policières à Suva Reka ?

 22   R.  Non.

 23   Q.  Est-ce qu'il est correct de dire que ce jour-là vous n'étiez pas

 24   l'officier de permanence ?

 25   R.  Vous avez raison, c'est correct.

 26   Q.  Eclaircissons une chose qui reste encore vague à mes yeux. Vous êtes

 27   arrivé jusqu'à un certain point sur la Restanski Put avant de faire demi-

 28   tour; c'est correct ?

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  1   R.  Oui.

  2   Q.  Est-ce qu'il est correct de dire que vous suiviez le camion, mais vous

  3   n'êtes pas entré dans le poste de police, et qu'au contraire vous avez

  4   changé de direction pour aller vers le centre d'artisanat ?

  5   R.  C'est tout à fait correct. Je me suis dirigé vers ce bâtiment.

  6   Q.  Nous voyons une partie des rues ici, est-ce que vous avez marché le

  7   long des rues ou est-ce que vous avez pris un raccourci puisque vous étiez

  8   à pied ?

  9   R.  J'ai suivi le camion à pied accompagné des deux réservistes.

 10   Q.  Vous êtes ressorti sur la rue Cara Dushana et vous avez tourné à droite

 11   ?

 12   R.  D'abord à gauche; et ensuite au retour, vers la droite. Nous sommes

 13   passés par là, nous avons chargé, nous sommes revenus, et ensuite à droite.

 14   Q.  Donc là nous sommes au moment où vous êtes sur le retour. Vous étiez

 15   dans la rue, vous avez suivi la rue, et vous avez tourné…

 16   R.  A droite.

 17   Q.  Après le camion, vous suiviez le camion, comment est-ce que vous êtes

 18   arrivé au centre d'artisanat ?

 19   R.  A pied. Hier j'ai marqué ce bâtiment où ont été tués les Berisha à côté

 20   du poste d'essence que je vous indique du doigt. Il est à 5 ou 6 mètres de

 21   la Cara Dushana. C'est un des petits bâtiments de cette série de bâtiments

 22   commerciaux.

 23   Q.  Alors vous avez suivi le camion tout le temps jusqu'au bâtiment que

 24   vous avez marqué hier ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Est-ce que vous pourriez indiquer ce bâtiment à nouveau en inscrivant

 27   le numéro 9 sur ce bâtiment.

 28   R.  Je crois que c'est ce bâtiment-ci.

Page 7131

  1   Q.  Merci. Le bâtiment de l'autre côté de la rue, par rapport au numéro 9

  2   et sur la gauche, de quel bâtiment s'agit-il ?

  3   R.  C'est le bâtiment municipal où avait ses bureaux la Défense

  4   territoriale. C'est le bâtiment jaune. A côté de celui-ci se trouve le

  5   bureau des infractions municipales à côté de quoi nous avons la poste.

  6   Q.  Pouvez-vous indiquer le bâtiment municipal, la mairie ?

  7   R.  Alors sur les deux bâtiments je ne sais pas duquel il s'agit. Je crois

  8   que c'est celui qui se trouve au milieu.

  9   Q.  Est-ce qu'il y avait un kiosque près de là ?

 10   R.  Je sais qu'il y en avait un juste devant le bâtiment numéro 9 à 2

 11   mètres de la rue sur le trottoir.

 12   Q.  Est-ce que vous avez vu un magasin dans cette zone qui vend de

 13   l'alcool, ou bien un bar ?

 14   R.  En face du numéro 9, dans ce groupe de bâtiments, cet ensemble de

 15   bâtiments, il y avait une série de boutiques dont des Albanais étaient

 16   propriétaires. Il y avait plusieurs propriétaires, des contribuables. Le

 17   premier bâtiment s'était un magasin; deuxième bâtiment un autre magasin; il

 18   y en avait un autre où il y avait un local de restauration, un petit

 19   restaurant.

 20   Q.  Merci. Le camion pouvait-il pénétrer dans cet ensemble de bâtiments là

 21   où il y avait les boutiques que vous venez de décrire ?

 22   R.  Non. Le camion ne pouvait rouler que sur la route principale et la rue

 23   un petit peu plus loin. Toutefois, lorsque les magasins recevaient leurs

 24   chargements, les camions pouvaient se stationner là pour décharger.

 25   Q.  Lorsque vous êtes arrivé à cette boutique, à ce magasin, qui s'y

 26   trouvait, je parle de vos collègues, lesquels de vos collègues s'y

 27   trouvaient ?

 28   R.  Vous voulez dire --

Page 7132

  1   Q.  Le bâtiment numéro 9.

  2   R.  Je peux vous dire avec certitude que Miroslav Petkovic s'y trouvait

  3   ainsi que Radovan Tanovic, le policier professionnel, et Sladjan Cukaric.

  4   Après cela, les personnes des pompes funèbres et des services municipaux

  5   sont venus, pour la plupart, ils avaient 13 à 15 ans. Je ne sais pas

  6   précisément si le Dr Boban était là ou s'il est arrivé plus tard, mais je

  7   sais qu'il portait un uniforme de la Défense territoriale, un uniforme

  8   vert, en treillis vert et portait une mitrailleuse, ça je peux vous le dire

  9   avec certitude.

 10   Quant aux autres collègues présents, je ne peux pas vous en dire

 11   plus.

 12   Q.  Puisqu'on parle de Défense territoriale, c'était déjà donc au moment où

 13   la guerre avait éclaté déjà; c'est correct ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Et les membres de la Défense territoriale avaient leurs propres armes,

 16   la TO ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Le Dr Boban était employé à la clinique de Suva Reka ?

 19   R.  Oui, c'était le gérant. Selon l'opinion générale, c'était un

 20   professionnel de qualité.

 21   Q.  Est-ce qu'un officier du poste de police Jovan -- Todor Jovanovic était

 22   présent ?

 23   R.  Je ne suis pas sûr.

 24   Q.  Comme vous vous êtes déplacé sur la rue, est-ce qu'il y avait quelqu'un

 25   au poste d'essence ?

 26   R.  Non.

 27   Q.  Vous avez dit que vous avez suivi le camion ?

 28   R.  Oui.

Page 7133

  1   Q.  Qui était dans le camion ?

  2   R.  Comme je vous l'ai dit hier, il y avait le chauffeur, le chauffeur

  3   était là, mais je ne peux plus le reconnaître, je ne sais pas s'il était de

  4   Suka Reka ou de Prizren.

  5   Q.  Merci. Est-ce qu'on peut exclure le fait que ce camion appartenait aux

  6   services municipaux de Suva Reka ?

  7   R.  Je ne peux pas le dire.

  8   Q.  Merci. Vous avez donc suivi le camion ?

  9   R.  Oui.

 10    Q.  Où le camion s'est-il arrêté et qui l'a arrêté ?

 11   R.  Je ne comprends pas très bien votre question, vous me demandez

 12   probablement là où le camion s'est arrêté pour charger les corps. Il s'est

 13   arrêté à l'endroit marqué d'un 9, parce que là il y avait un endroit où il

 14   pouvait s'arrêter entre les caves Metohija Vino et l'ensemble de bâtiments

 15   commerciaux. C'est une zone assez grande. Le camion s'est arrêté, la cabine

 16   du camion faisait face à la mairie, et la partie remorque était déjà

 17   ouverte. Le camion était garé de sorte à pouvoir tourner aussi bien à

 18   droite qu'à gauche.

 19   Q.  Pourquoi est-ce que vous avez suivi le camion à pied le long de la rue

 20   Cara Dushana ?

 21   R.  Parce qu'aucun des collègues qui étaient là avec moi ne voulait rentrer

 22   dans le camion, donc moi non plus je ne suis pas monté.

 23   Q.  Oui, c'est clair. De toute façon il n'y avait pas de place pour tout le

 24   monde. Mais une fois que vous êtes arrivé au carrefour, pourquoi vous ne

 25   vous êtes pas rendu au poste de police ? Pourquoi vous avez continué à

 26   suivre le camion ?

 27   R.  J'ai continué à suivre le camion parce qu'à mesure que nous chargions

 28   les corps, j'ai entendu des tirs venant des bâtiments municipaux. J'ai

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  1   pensé que la famille Berisha s'était cachée dans une boutique et que nos

  2   hommes les avaient facilement repérés et avaient simplement commencé à les

  3   tuer. C'est pour cela que je suis allé là-bas, parce que je savais qu'il ne

  4   fallait pas laisser les corps tel quel. Il y aurait eu beaucoup de corps,

  5   on aurait peut-être eu une épidémie si on les avait laissés là. Si on les

  6   avait laissés là, il y aurait eu plus d'accusés et il y avait déjà assez de

  7   personnes poursuivies.

  8   Q.  Monsieur Veljkovic, j'aimerais que vous me parliez uniquement des faits

  9   que vous connaissiez à l'époque le 26, donc le jour même de l'événement et

 10   non pas ce que vous avez appris par la suite.

 11   Vous avez hier parlé de la détonation d'une bombe à proximité de la mairie,

 12   où étiez-vous ?

 13   R.  J'étais sur la route de Restanski, je ne me souviens plus de l'endroit

 14   exact.

 15   Q.  Ça je comprends, mais à partir de cet endroit-là, vous ne pouviez pas

 16   voir le centre commercial, n'est-ce pas ?

 17   R.  On voit le centre commercial à partir de cet endroit.

 18   Q.  Mais est-ce que vous pouviez voir ce qui se passait dans le centre même

 19   ?

 20   R.  Vous savez, je ne pouvais pas déterminer quel était l'endroit où l'on

 21   tuait les gens. Je n'ai pu qu'entendre les tirs, je n'ai pas pu voir où se

 22   trouvaient les gens.

 23   Q.  Quand est-ce que vous avez appris pour la première fois que ces gens-là

 24   s'étaient cachés quelque part ?

 25   R.  Lorsque j'ai vu qu'ils fuyaient, vous savez, j'ai supposé qu'ils

 26   couraient pour trouver refuge quelque part, pour se cacher, donc c'était

 27   une supposition personnelle que j'ai faite. Je n'ai pas pu le voir, je n'ai

 28   pas pu voir l'endroit où ils se cachaient.

Page 7136

  1   Q.  Je suis d'accord avec vous entièrement, mais à ce moment-là, ce qui

  2   m'intéresse c'est quelles étaient vos connaissances à ce moment précis.

  3   Vous voyez, vous avez apposé le chiffre 9 et ils auraient pu trouver refuge

  4   à la mairie ou au bureau de poste ou bien ils auraient pu poursuivre leur

  5   chemin vers le centre de Suva Reka. L'endroit que vous avez indiqué c'était

  6   une clairière et à partir de là on pouvait aller à plusieurs endroits. Et

  7   je pense qu'il y a un autre village Berisha qui se trouve derrière ?

  8   R.  Ça je ne peux pas le dire avec certitude. Je ne sais pas.

  9   Q.  D'accord. Et s'agissant de la première partie ?

 10   R.  Je ne peux pas vous répondre.

 11   Q.  Lorsque vous avez entendu cette détonation, vous ne saviez pas où ils

 12   étaient, n'est-ce pas ?

 13   R.  C'est exact.

 14   Q.  Et à partir de cet endroit-là, vous ne pouviez pas voir le bâtiment 9.

 15   R.  C'est exact. Je ne pouvais pas le voir mais j'ai pu entendre la

 16   détonation. Donc je pouvais savoir que plus ou moins ils étaient dans le

 17   centre commercial. C'est tout ce que je pouvais conclure.

 18   Q.  D'accord. Merci. Et comment avez-vous pu aller jusqu'au bâtiment 9 ?

 19   R.  Une fois de retour de la route de Restanski et plus ou moins à

 20   l'endroit où se trouve le chiffre 4, j'ai vu sur la route ou bien sur le

 21   trottoir, donc à proximité de la station-service, c'était à peu près à un

 22   demi-mètre, j'ai vu un policier -- enfin, non, plusieurs personnes. Je ne

 23   sais pas qui elles étaient et j'ai supposé que les gens avaient été tués

 24   dans l'une de ces boutiques. Et quand je suis parti, en m'approchant, j'ai

 25   pu voir quelle était la boutique où ces gens avaient été tués.   

 26   Q.  Et qui est-ce qui est venu avec vous au bâtiment 9 ?

 27   R.  Je suis venu avec deux collègues, deux collègues réservistes et avec ce

 28   chauffeur de camion.

Page 7137

  1   Q.  Donc ils vous ont accompagné tout ce temps-là, n'est-ce pas ?

  2   R.  C'est exact.

  3   Q.  Et s'agissant de ce Novkovic, vous dites qu'il n'a rien fait, il était

  4   tout simplement allé avec vous ?

  5   R.  C'est exact. Oui, c'est exact. Il n'a pas chargé les cadavres. Je lui

  6   ferais un tort que de dire qu'il avait tiré sur ces gens. Non, il n'a pas

  7   tiré sur ces gens, il n'a rien fait. Cela l'aurait rendu malade.

  8   Q.  Avez-vous dévié par rapport à la route de Restanski à un moment donné ?

  9   R.  Non.

 10   Q.  Donc est-ce que je peux conclure que vous n'êtes pas allé derrière le

 11   bâtiment 6, n'est-ce pas ?

 12   R.  C'est exact. Non, je ne l'ai pas fait.

 13   Q.  Vous avez dit qu'avant de charger ces cadavres, vous avez dit que vous

 14   êtes allé chercher un fusil ?

 15   R.  C'est exact.

 16   Q.  Où était votre fusil ?

 17   R.  Mon fusil automatique était dans l'administration.

 18   Q.  Et vous aviez un pistolet ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Et pourquoi aviez-vous besoin d'un fusil alors que vous alliez charger

 21   des cadavres ?

 22   R.  Vous savez, cette route de Restanski était très dangereuse et les

 23   terroristes pouvaient sortir à n'importe quel moment et nous tirer dessus.

 24   C'est pourquoi j'ai pris un fusil parce que se défendre avec un pistolet

 25   n'allait peut-être pas être suffisant. C'est pour cela. Vous savez, c'était

 26   la guerre et un grand nombre de personnes étaient tombées sur cette route

 27   sur des mines antichars et plusieurs collègues ont été tués sur cette

 28   route. Je pense qu'au mois d'avril 1999, Zoran Randelovic ou Randenovic a

Page 7138

  1   été tué. C'était le chef du poste de police d'Aleksinac et son chauffeur

  2   également. Donc c'est pour ça que j'ai pris un fusil.

  3   Q.  Merci. Et est-ce que votre fusil avait un magasin à munitions ?

  4   R.  Non. Vous savez, dans de telles situations, on ne porte pas un magasin

  5   à munitions.

  6   Q.  D'accord. Hier vous nous avez dit qu'à un moment donné, vous êtes entré

  7   dans une pizzeria et qu'une personne, je pense que c'était une femme, a eu

  8   peur et elle est partie en courant.

  9   R.  Oui, c'est exact. Il y avait une femme qui était allongée à proximité

 10   de la porte. Lorsque j'ai été interrogé pour la première fois en 2003,

 11   l'une des questions portait sur cette femme qui était blessée et qui était

 12   assise près de la porte. On m'a demandé ce qu'elle m'avait dit. Donc je

 13   vous ai dit hier que j'avais laissé mon fusil parce que le fusil me gênait

 14   pour charger des cadavres. Donc j'ai laissé mon fusil à proximité de la

 15   porte et à ce moment-là, elle m'a dit quelque chose. Elle m'a dit quelque

 16   chose et j'ai eu peur et je suis parti.

 17   Vous savez, c'est une erreur typique qu'un policier peut commettre que de

 18   penser que quelqu'un est mort alors qu'en fait, cette personne était

 19   vivante. Et ainsi, on peut se faire tuer. S'il y avait un homme qui était

 20   là allongé par terre en faisant semblant d'être mort alors qu'il était

 21   vivant, il aurait pu utiliser son arme pour me tirer dessus. Mais vous

 22   savez, lorsque cette femme m'a parlé, je suis parti parce que j'ai eu peur,

 23   mais je dois dire que j'avais déjà peur, même avant qu'elle m'ait parlé.

 24   Et j'ai dit : Elle est vivante, elle aussi. Puis un autre collègue est

 25   entré dans cet endroit où elle était et il lui a tiré dessus et il l'a

 26   tuée. Mais je sais qu'elle était déjà blessée à la main, quelque part par

 27   là.

 28   Q.  Mais est-ce que vous avez pensé qu'elle pouvait vous tirer dessus ?

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  1   Est-ce la raison pour laquelle vous avez eu peur ?

  2   R.  A ce moment-là, je me suis dit que peut-être cette femme avait un

  3   pistolet.

  4   Q.  Monsieur Veljkovic, est-ce qu'il arrivait souvent que les civils aient

  5   une arme et qu'ils tirent sur la police, que ce soit avant la guerre ou

  6   pendant la guerre ? Donc est-ce qu'il arrivait souvent que les civils

  7   tirent sur la police ?

  8   R.  Les citoyens d'origine albanaise, depuis 1998, avaient régulièrement

  9   une arme. Cela arrivait très souvent. Il arrivait souvent, qu'il s'agisse

 10   d'un policier ou d'un Serbe qui travaille à la police, qu'il fasse l'objet

 11   d'une attaque, qu'on lui tire dessus. Vous savez, la plupart des Albanais

 12   avaient une arme.

 13   Q.  Merci. Et d'après vos souvenirs, pendant la guerre et avant la guerre,

 14   après les activités terroristes, les membres de l'UCK se changeaient en

 15   civils et se mélangeaient avec la population, et que c'était ainsi qu'ils

 16   fuyaient les lieux ?

 17   R.  Ça, je ne peux rien dire là-dessus.

 18   Q.  Vous n'avez pas de connaissances là-dessus ?

 19   R.  Non.

 20   Q.  Avez-vous participé peut-être au contrôle des civils pour voir s'ils

 21   avaient des armes et est-ce que vous savez quelle était la procédure suivie

 22   s'agissant des gens qui disposaient d'une arme sans autorisation ?

 23   R.  Cela concerne la période avant les attaques terroristes. J'étais à Suva

 24   Reka depuis 1994, et les gens dans ce secteur, mes collègues dans ce

 25   secteur avaient beaucoup de problèmes à cause justement des gens qui

 26   disposaient des armes sans autorisation; ça pouvait être un fusil ou un

 27   pistolet. Je sais que plusieurs personnes avaient fait l'objet d'enquêtes,

 28   étaient suspectées, et on les interviewait à l'époque. Il est vrai que, par

Page 7140

  1   exemple, la police disposait d'informations que quelqu'un disposait d'armes

  2   sans autorisation, mais une fois que la police avait eu un entretien avec

  3   cette personne, souvent, il arrivait que cette personne allait ramener

  4   d'autres armes aussi.

  5   Q.  Etant donné que vous avez travaillé au sein de l'administration, est-ce

  6   que vous savez que l'on avait demandé aux Albanais de rendre leurs armes et

  7   qu'ils n'allaient pas être punis ?

  8   R.  Je n'ai pas de connaissance là-dessus. Mais je sais qu'à deux reprises,

  9   notre ministère, et cela a été diffusé à la télévision également, avait

 10   fait appel, la première fois je ne sais pas quel était le délai, mais la

 11   deuxième fois le délai était de deux mois, que toute personne qui dispose

 12   d'une arme sans autorisation au Kosovo devait rendre son arme sans que

 13   cette personne risque de faire l'objet de procédures au pénal. Mais je ne

 14   sais pas quelle en était l'issue.

 15   Q.  D'accord. Outre ce camion que vous avez suivi, est-ce que vous avez vu

 16   un autre camion le 26 mars 1999 ?

 17   R.  Je ne peux pas le dire avec certitude. Je ne peux pas dire qu'il y en

 18   avait un, et je ne peux pas dire non plus qu'il n'y en avait pas.

 19   Q.  Merci. Vous êtes parti à partir de l'endroit numéro 2 en suivant la

 20   route de Restanski ? Où est-ce que vous avez trouvé ces cadavres que vous

 21   avez chargé, quel était cet endroit ?

 22   R.  Au numéro 7 ou plus précisément où se trouve la flèche. Donc le 7 c'est

 23   déjà la route, mais là où se trouve la flèche c'est là-bas que je les ai

 24   découverts.

 25   Q.  Merci. En suivant cette route, vous n'avez pas vu d'autres cadavres le

 26   long de la route, n'est-ce pas ?

 27   R.  Moi j'ai dit que je n'en ai pas vus. Si quelqu'un dit qu'il y en avait,

 28   ça c'est autre chose; que cette personne vous l'explique alors.

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  1   Q.  Je suis d'accord avec vous. Vous avez dit que vous avez traversé

  2   environ 1 kilomètre, 1,5 kilomètres et que vous avez mis environ 15 minutes

  3   pour arriver à cet endroit-là ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Peut-on conclure qu'uniquement la personne qui était partie avant vous

  6   du poste de police avait pu entendre ces tirs ?

  7   R.  C'est exact, c'est possible.

  8   Q.  Vous vous souvenez que c'était Cukaric, Tanovic et Miki Petkovic ?

  9   R.  C'est exact.

 10   Q.  Merci. Il y a une autre chose qui m'intéresse. Vous dites que le témoin

 11   dont on ne va pas citer le nom était tout le temps avec vous ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Est-ce que vous vous souvenez que lui était membre de cette patrouille

 14   ce jour-là ?

 15   R.  Lorsque nous sommes partis, il était dans la cour du poste. Je ne peux

 16   pas vous dire quelle était son activité ce jour-là, et je ne me souviens

 17   pas ce qu'il avait fait avant ce moment-là, je ne pourrais pas vous le

 18   dire. Je vous ai expliqué ce qui s'était passé par la suite.

 19   Q.  S'agissant de Cukaric, Tanovic, et Petkovic, étaient-ils membres de la

 20   patrouille ce jour-là, à votre avis ?

 21   R.  Je ne peux pas vous le dire. Je sais qu'ils ont souvent été membres de

 22   cette patrouille. Je sais que Radovan Tanovic était là-bas et qu'il était

 23   membre d'une unité spéciale et qu'il était chez lui la veille. Il a

 24   probablement été membre de cette patrouille. Mais s'agissant de Cukaric, je

 25   sais qu'il était membre de cette patrouille; je ne sais pas si ce jour-là

 26   Ramiz Papic était là-bas. Je ne sais pas si ce jour-là il était dans cette

 27   patrouille ou il était affecté ailleurs, je l'ignore.

 28   Q.  Merci. Ai-je raison de dire qu'il y avait deux patrouilles par jour et

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  1   que l'on fonctionnait par équipes, la deuxième remplaçait la première ?

  2   R.  Vous savez, il y avait trois patrouilles par jour. Avant le début des

  3   attaques, il y avait deux patrouilles par jour; lorsque la guerre a

  4   commencé, cela a changé et nous avions trois patrouilles par jour. Donc

  5   chaque équipe travaillait pendant huit heures.

  6   Q.  Merci. Est-ce que même pendant la guerre il y avait trois patrouilles

  7   par jour ?

  8   R.  Oui, pendant la guerre également.

  9   Q.  Donc les personnes qui étaient sorties avant vous du poste de police

 10   étaient les mêmes personnes que vous avez vues à proximité du bâtiment 9 ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  D'accord. S'agissant de la personne dont on ne va pas citer le nom,

 13   pourquoi dit-elle qu'elle était avec ces trois personnes qu'on avait citées

 14   et qu'elle n'était pas avec vous ?

 15   R.  Vous savez, il se peut que ce jour-là il était membre de la patrouille

 16   motorisée. Je ne peux rien dire avec certitude. Vous savez, j'avais un

 17   ordinateur qui est encore à Krusevac, à moins qu'il ne soit détruit, et

 18   tout est consigné dans cet ordinateur. On peut voir quelle était la feuille

 19   de route pour le 26 mars 1999, et on verra exactement qui étaient les

 20   membres de cette patrouille.

 21   Q.  Merci. Monsieur, ce qui m'intéresse ce sont vos connaissances

 22   personnelles, mais s'il faut, on va chercher ailleurs ces informations.

 23   Mais vous savez pourquoi je vous le demande. Cette personne nous a dit ici

 24   qu'il était membre de cette patrouille motorisée, qu'il était à proximité

 25   du bâtiment 6, et qu'ensuite il s'est rendu auprès du bâtiment 9 et qu'il

 26   ne s'était pas du tout occupé du chargement des cadavres.

 27   R.  Vous savez, je ne suis pas sûr pour ce jour-là quelles étaient ses

 28   activités. Lorsqu'il dit qu'il n'était pas avec moi, à Belgrade, je lui ai

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  1   dit ouvertement qu'il était avec moi et il n'a rien dit là-dessus. C'est

  2   peut-être que j'ai tort, mais lui, il est en train de vous dire des choses

  3   qui lui portent préjudice; pas à moi, mais à lui oui. Donc moi je maintiens

  4   ce que j'ai dit, à savoir que j'étais avec lui depuis le moment du

  5   chargement des cadavres jusqu'à quasiment la fin. Mais je ne peux rien vous

  6   dire pour la période de 8 heures à midi, et plus tard dans l'après-midi je

  7   ne peux rien dire.

  8   M. DJURDJIC : [interprétation] J'aimerais que M. l'Huissier présente au

  9   témoin une copie où l'on n'a pas apporté d'annotations.

 10   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] De quoi s'agit-il, Maître Djurdjic ?

 11   M. DJURDJIC : [interprétation] J'aimerais montrer au témoin une partie de

 12   la déclaration faite en 2004 auprès d'un juge d'instruction.

 13   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] C'est sa déclaration ?

 14   M. DJURDJIC : [interprétation] Oui.

 15   M. STAMP : [interprétation] S'agit-il du transcript, de la transcription de

 16   son audition qui a été enregistrée, ou bien s'agit-il de sa déclaration ?

 17   M. DJURDJIC : [interprétation] Monsieur Stamp, c'est ce que vous m'avez

 18   donné, ce que vous avez utilisé hier. Et vous l'avez et le tribunal à

 19   Belgrade en dispose également, mais moi j'ai présenté le document que vous

 20   avez utilisé hier. Donc c'est K040 et j'aimerais que l'on présente

 21   maintenant au témoin la page 85.

 22   Q.  Monsieur Veljkovic, est-ce que vous avez trouvé la page 63 ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Je vous prie de nous donner lecture de ce qui est consigné là-bas.

 25   R.  "Est-ce que vous avez vu ce policier de réserve…" Donc vous ne voulez

 26   pas que je donne lecture du nom et du prénom.

 27   Q.  Oui, c'est exact.

 28   M. DJURDJIC : [interprétation] Excusez-moi, mais je souhaite dire qu'il

Page 7144

  1   s'agit de la page 16 en anglais.

  2   Q.  Poursuivez.

  3   R.  Le juge d'instruction :

  4   "Avez-vous vu un policier de réserve ?"

  5   Le témoin Veljkovic :

  6   "Il était là lui aussi."

  7   Le juge d'instruction :

  8   "Où était-il ?"

  9   Le témoin Veljkovic :

 10   "Il était devant ce café. Je pense qu'il n'a pas tué. Peut-être qu'il a

 11   tué, peut-être qu'il n'a pas tué."

 12   Q.  Merci. Passez à la page suivant et donnez lecture des deux premières

 13   questions et réponses.

 14   R.  Le juge d'instruction :

 15   "Vous ne l'avez pas vu ?"

 16   Le témoin Veljkovic :

 17   "Il était là mais je n'ai pas vu qu'il avait tué."

 18   Q.  Merci. C'est votre première déclaration faite devant un tribunal après

 19   que vous avez fait une déclaration au poste de police ?

 20   R.  C'est la deuxième. J'ai fait la première en 2003.

 21   Q.  Mais c'est la première devant un tribunal ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  C'est pour cela que je vous le demande. Dans cette déclaration vous

 24   dites avoir vu ce témoin devant ce bâtiment 9 et qu'il n'avait pas tiré,

 25   mais néanmoins qu'il était là-bas.

 26   R.  Vous savez, j'ai mélangé les choses là. J'ai semé une confusion.

 27   S'agissant du bâtiment 9, s'agissant de la route Restanski, il était là

 28   avec moi. Donc c'était surtout lui et moi qui avions chargé les cadavres.

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  1   Et après, d'autres personnes étaient venues, j'en avais déjà parlé. Et je

  2   pense que ce réserviste était parti un peu avant moi du bâtiment 9. Et

  3   ensuite, moi je suis rentré dans mon poste, alors qu'on avait poursuivi le

  4   chargement des cadavres.

  5   Q.  Ai-je raison de dire qu'aucun d'entre vous trois n'avait tiré ce jour-

  6   là ?

  7   R.  Vous savez, pour moi, je peux vous le dire avec certitude. Mais

  8   s'agissant des deux autres collègues, moi je ne les ai pas vus tirer. Et si

  9   quelqu'un d'autre les avait vus tirer, que cette personne vous l'explique.

 10   Peut-être que quelqu'un avait tiré en l'air, vous savez, ce n'est pas la

 11   même chose.

 12   Q.  Donc vous dites que ces deux collègues n'ont pas tiré, n'est-ce pas ?

 13   R.  Je maintiens que moi je ne les ai pas vus tirer.

 14   Q.  Tout le temps qu'ils étaient avec vous, ils n'avaient pas tiré ?

 15   R.  C'est exact.

 16   Q.  Merci. Avez-vous bu de l'alcool avec ce témoin dont on ne doit pas

 17   citer le nom ce jour là, lorsque vous étiez à proximité du bâtiment 9 ?

 18   R.  Moi, je ne l'ai pas fait. C'est vrai que je peux prendre de l'alcool,

 19   mais me rendre ivre, non. Et vous savez ce jour-là, il n'y avait pas de

 20   moment propice pour boire de l'alcool.

 21   Q.  Merci. Et avez-vous vu d'autres policiers qui étaient devant ce

 22   bâtiment 9 en train de boire de l'alcool ?

 23   R.  Je ne peux pas vous le dire avec certitude. Moi, je n'en ai pas vu.

 24   Q.  Merci. Donc avant la fin du chargement des cadavres, vous êtes rentré

 25   dans votre poste de police ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Est-ce que je peux conclure que vous n'avez pas vu lorsque le camion

 28   est parti de cet endroit-là ?

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  1   R.  Vous avez raison.

  2   Q.  Et vous ne savez pas dans quelle direction s'est dirigé le camion ?

  3   R.  Je n'ai pu que supposer qu'il ne serait pas logique de partir en

  4   direction de Pristina parce que les terroristes étaient là-bas et qu'il

  5   était plus sûr de partir à Prizren. C'était mon opinion personnelle, je ne

  6   l'ai jamais dit à haute voix à qui que ce soit. Et lorsque le juge

  7   d'instruction m'a auditionné, on m'a expliqué où étaient les cadavres.

  8   Q.  Le 26 vous ne saviez pas où était parti le camion ?

  9   R.  C'est exact.

 10   M. DJURDJIC : [interprétation] Merci. Je pense qu'il est l'heure de faire

 11   la pause, Monsieur le Président.

 12   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Djurdjic, nous avons passé 35

 13   voire 40 minutes à porter des annotations sur cette photographie aérienne.

 14   Souhaitez-vous quelle soit versée au dossier ?

 15   M. DJURDJIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Oui, je le

 16   souhaite et je demande son versement au dossier.

 17   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ce sera versé au dossier.

 18   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera la pièce D00309, Monsieur le

 19   Président.

 20   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous allons faire une pause et

 21   reprendre nos travaux à 11 heures.

 22   [Le témoin quitte la barre]

 23   --- L'audience est suspendue à 10 heures 31.

 24   --- L'audience est reprise à 11 heures 01.

 25    [Le témoin vient à la barre]

 26   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Djurdjic.

 27   M. DJURDJIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 28   Q.  Monsieur Veljkovic, le 26 mars 1999, avez-vous vu Milorad Nisevic

Page 7148

  1   lorsque vous étiez sur la route Restanski ou près de la pizzeria ?

  2   R.  Je ne l'ai pas vu.

  3   Q.  Merci. Et s'agissant de Zoran Petkovic, est-ce que vous le connaissiez

  4   à l'époque ?

  5   R.  A l'époque, je ne connaissais que son frère, Miroslav. Je ne le

  6   connaissais pas lui.

  7   Q.  Merci. Ai-je raison de dire que Zoran Petkovic n'était pas membre de la

  8   réserve, n'était pas réserviste de la police à Suva Reka ?

  9   R.  C'est exact.

 10   Q.  Merci. Alors maintenant, je ne sais pas comment vous poser la question

 11   sans paraître bête, à ce moment-là, est-ce que vous avez vu quelqu'un en

 12   train de tirer alors que c'était quelqu'un que vous ne connaissiez pas ?

 13   R.  Non.

 14   Q.  Merci. Ai-je raison de dire, Monsieur Veljkovic, que Milan Cifka [phon]

 15   n'était pas employé du OUP Suva Reka en 1998 et 1999 ?

 16   R.  Vous avez raison.

 17   Q.  Et dans la ville de Ranic [phon], il n'y avait pas de poste de police

 18   en 1998 et 1999 ?

 19   R.  C'est exact.

 20   Q.  Merci.

 21   M. DJURDJIC : [interprétation] J'aimerais que l'on affiche le document de

 22   la Défense, donc la pièce D004-2262.

 23   Q.  Monsieur Veljkovic, avez-vous pu examiner la première page de ce

 24   document ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Je vous prie de l'examiner attentivement.

 27   M. DJURDJIC : [interprétation] Et ensuite, passons à la page 2.

 28   Q.  Monsieur, est-ce que ce croquis reflète bien l'emplacement des pièces

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  1   au rez-de-chaussée et au premier étage du poste de police à Suva Reka ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Merci. Je pense que ce croquis vous a été montré lors d'un procès mené

  4   devant le tribunal à Belgrade ?

  5   R.  On m'a montré plusieurs croquis mais je ne me souviens pas de celui-ci.

  6   Q.  Donc nous avons dit qu'il s'agissait de l'emplacement des pièces dans

  7   ce bâtiment et que ce croquis est exact ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Monsieur Veljkovic, là, nous sommes en train de voir le rez-de-

 10   chaussée, n'est-ce pas ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Et la porte d'entrée, je vous prie d'apposer à côté le chiffre 1.

 13   R.  Où il est inscrit "Sobisa" [phon], donc petite pièce ?

 14   Q.  L'endroit où l'on entre, apposez le chiffre 1.

 15   R.  [aucune interprétation]

 16   Q.  Je vous prie d'indiquer où se trouve la porte d'entrée.

 17   R.  Vous voulez que j'inscrive le chiffre numéro 1 ?

 18   Q.  Oui.

 19   R.  [Le témoin s'exécute]

 20   Q.  Merci. Est-il exact que le bureau de permanence se trouve à droite ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Je vous prie d'inscrire le chiffre 2 à cet endroit-là.

 23   R.  [Le témoin s'exécute]

 24   Q.   Est-ce que le responsable des roulements est assis dans ce bureau ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Et s'agissant des transmissions, pourriez-vous apposer le chiffre 3 à

 27   cet endroit-là.

 28   R.  [Le témoin s'exécute]

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  1   Q.  Merci. Et j'aimerais que vous apposiez maintenant le chiffre 4 à

  2   l'endroit où se trouve le poste de garde à vue.

  3   R.  [Le témoin s'exécute]

  4   Q.  Merci. Monsieur Veljkovic, lorsque vous êtes dans ce bureau de

  5   permanence, où est-ce que se trouve la cour par rapport à ce bureau ?

  6   R.  La grande partie de la cour est à droite par rapport au chiffre 3.

  7   Q.  J'aimerais que vous apposiez le chiffre 5 à cet endroit et que vous

  8   placiez un tiret à côté.

  9   R.  [Le témoin s'exécute]

 10   Q.  Où étiez-vous lorsque vous avez appris que le commandant Repanovic a

 11   ordonné aux policiers de partir ?

 12   R.  Il l'a dit à moi aussi et j'ai refusé de le faire. Est-ce qu'on parle

 13   de ce moment-là ?

 14   Q.  Deux choses m'intéressent. Etiez-vous avec eux ou bien ils étaient

 15   d'abord partis et ensuite on vous a ordonné de les rejoindre, et où est-ce

 16   que tout cela s'était passé ?

 17   R.  Ils étaient censés partir et à ce moment-là je suis arrivé et lorsque

 18   j'ai appris ce que le commandant Repanovic m'avait ordonné, j'ai refusé de

 19   le faire. Je vais vous dire où il était à ce moment-là.

 20   Q.  Juste un instant. Est-ce que vous étiez présent lorsque lui leur avait

 21   ordonné de le faire ?

 22   R.  Non.

 23   Q.  D'accord. Et dites-moi où étiez-vous ?

 24   R.  A ce moment-là, comment vous le dire ?

 25   Q.  Dites-moi déjà pour voir si vous étiez dans le bâtiment ou à

 26   l'extérieur.

 27   R.  Là, à côté de la fenêtre où l'on voit indiqué Prozor. J'étais là.

 28   Q.  Je vous prie d'apposer un X.

Page 7151

  1   R.  [Le témoin s'exécute]

  2    Q.  Et le numéro 6 à côté.

  3   R.  [Le témoin s'exécute]

  4   Q.  Donc vous étiez devant le bâtiment ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  A ce moment-là, lorsque vous êtes arrivé, où étaient les autres

  7   policiers ?

  8   R.  Ils étaient à droite par rapport au chiffre 6.

  9   Q.  Et à quelle distance se trouvaient-ils ?

 10   R.  Peut-être à 3 ou 4 mètres par rapport à la porte d'entrée.

 11   Q.  Merci. Qu'est-ce qu'ils étaient en train de faire lorsque vous êtes

 12   arrivé ?

 13   R.  J'ai vu qu'ils étaient armés et qu'ils s'apprêtaient à partir.

 14   Q.  Merci. Monsieur Veljkovic, les membres de la patrouille motorisée sont

 15   toujours armés et en uniforme lorsqu'ils sont en train d'effectuer une

 16   mission, n'est-ce pas ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Ai-je raison de dire qu'il n'y avait rien d'inhabituel dans le fait

 19   qu'ils étaient habillés ainsi ?

 20   R.  Non, compte tenu de la situation qui prévalait cela n'était pas

 21   surprenant.

 22   Q.  Justement, c'est pour cela que je vous demande. Lorsque vous êtes

 23   arrivé, est-ce qu'ils étaient sur le point de partir ou ils faisaient

 24   quelque chose d'autre ?

 25   R.  Ils sont partis à droite par rapport au chiffre 6, donc vers le chiffre

 26   5 où les véhicules étaient garés. Donc par là environ.

 27   Q.  D'accord. Lorsque vous êtes arrivé au point 6, est-ce que le chef du

 28   poste était là-bas ?

Page 7152

  1   R.  Oui. Peut-être 2 mètres à côté, mais il était là.

  2   Q.  D'accord, merci. Vous dites que vous ne vous souvenez pas de ce qu'il

  3   vous avait dit ?

  4   R.  Je ne peux pas m'en souvenir --

  5   Q.  Mais vous avez dit que vous ne vouliez pas partir ?

  6   R.  J'ai pris la décision que je ne voulais pas aller où que ce soit avec

  7   ces gens-là.

  8   Q.  Merci. Qu'avez-vous fait ensuite ?

  9   R.  Je suis entré dans le couloir, donc au rez-de-chaussée, et je suis allé

 10   à droite au bureau de permanence, et je me suis assis là où on pouvait voir

 11   [inaudible], je me suis assis à cet endroit-là, à côté de la porte.

 12   Q.  Merci. Monsieur Veljkovic, qu'est-ce que le commandant a fait une fois

 13   que vous êtes entré à l'intérieur ?

 14   R.  Il ne m'a rien dit par la suite.

 15   Q.  Merci. Est-ce que vous savez où il est parti ensuite ?

 16   R.  Je ne m'en souviens pas, je ne sais pas s'il est resté dans la cour où

 17   j'ai inscrit le chiffre 6 ou bien s'il était entré dans son bureau. Je ne

 18   m'en souviens pas.

 19   Q.  Merci. A partir du moment où vous êtes entré dans le bureau de

 20   permanence, est-ce que vous l'avez vu par la suite ce jour-là ?

 21   R.  Lorsque je suis rentré de l'autre bâtiment et le chargement des

 22   cadavres n'était pas encore fini, il était dans ce bâtiment. Je l'ai vu à

 23   plusieurs reprises. Mais je ne sais pas ce qu'il était en train de faire.

 24   Q.  Par la suite, est-ce que vous avez parlé avec lui ?

 25   R.  Non, il ne m'a rien dit par la suite.

 26   Q.  Merci. Donc vous étiez dans le bureau de permanence. Que s'est-il passé

 27   par la suite ?

 28   R.  Ce que je vous ai dit hier. Donc deux ou trois jours avant le 26, dans

Page 7153

  1   la cellule de garde à vue, un homme de nationalité albanaise a été amené.

  2   On le soupçonnait d'avoir tiré sur la police. Il était détenu.

  3   J'ai entendu qu'il a été emmené quelques jours plus tôt. J'ai entendu qu'il

  4   y avait quelqu'un dans la cellule. J'ai demandé pourquoi on l'avait amené,

  5   et on me l'avait expliqué. Mais on sait très bien quelle est la procédure à

  6   suivre lorsque l'on emmène quelqu'un que l'on suspecte de quoi que ce soit.

  7   Alors je ne sais pas si la procédure a été suivie, ça je l'ignore.

  8   Q.  Merci. Nous allons poursuivre là-dessus. Mais il y a quelque chose

  9   d'autre qui m'intéresse : là, on voit qu'il s'agit de la cellule de garde à

 10   vue. Mais dans l'OUP Suva Reka, il n'y avait pas de cellule de garde à vue.

 11   Mais il y avait une pièce où l'on gardait la personne avant qu'elle ne soit

 12   envoyée à Prizren où il y avait un quartier pénitentiaire, une prison,

 13   n'est-ce pas ?

 14   R.  Oui, vous savez, il semble que tout le monde connaît des problèmes au

 15   sujet de ces cellules de garde à vue. A mon avis, à Suva Reka, l'on ne

 16   disposait pas de conditions nécessaires pour détenir les gens là-bas.

 17   Q.  Vous avez appris que deux ou trois jours auparavant, cette personne

 18   avait été amenée là-bas et détenue dans cette pièce. Pourriez-vous nous

 19   dire quel était ce jour par rapport au 26 ?

 20   R.  C'était peut-être le 23 ou le 24 mars, peut-être.

 21   Q.  Merci. Conviendrez-vous que le 23 mars la guerre n'était pas encore

 22   commencée ?

 23   R.  Je suis tout à fait d'accord avec vous.

 24   Q.  Ce n'est que le 24 mars, le soir, qu'on a déclaré l'état de guerre ?

 25   R.  C'est exact.

 26   Q.  Donc en temps de paix à l'époque, l'OUP Suva Reka n'avait pas

 27   d'inspecteur qui traitait les questions de terrorisme ?

 28   R.  A mon avis, non. Je ne peux pas vous dire quoi que ce soit avec

Page 7154

  1   certitude.

  2   Q.  Merci. De telles personnes, surtout lorsque l'on soupçonnait quelqu'un

  3   de quoi que ce soit, on transférait cette personne à Prizren avec le

  4   dossier pertinent et on suivait la procédure, n'est-ce pas ?

  5   R.  Oui. Je sais quel est le délai prescrit pour avoir un entretien avec la

  6   personne soupçonnée. Vous savez, un policier qui l'a amené doit expliquer

  7   d'abord pourquoi il a détenu la personne; et ensuite, on procède à

  8   l'entretien. On sait très bien quels sont les délais prescrits. Une fois

  9   qu'on prend la décision de détenir la personne, il faut suivre la procédure

 10   par la suite. Vous la connaissez mieux que moi, ce n'est pas à moi de vous

 11   l'expliquer.

 12   Je ne sais pas s'ils ont observé cette procédure ou pas, je l'ignore.

 13   Q.  Merci. Mais est-ce que vous avez eu contact avec ce genre

 14   d'administration ?

 15   R.  Non.

 16   Q.  Et qui s'en chargeait à Suva Reka ?

 17   R.  Vous voulez concrètement qui était la personne ? La personne pouvait

 18   être détenue. Vous savez, une fois que l'on amenait quelqu'un --

 19   Q.  Ce n'est que l'administration qui m'intéresse, non pas la procédure.

 20   Donc quelle est la partie administrative, qui est-ce qui remplit le dossier

 21   ? Qui est-ce qui s'en charge ?

 22   R.  Jusqu'à il y a encore pas longtemps, ce n'était que le commandant ou le

 23   chef qui pouvait prendre la décision, c'est lui qui adoptait la décision et

 24   qui décrivait dans la décision pourquoi l'on avait pris la décision de

 25   détenir telle ou telle personne.

 26   Q.  Donc ce n'était pas le service de permanence qui s'en chargeait ?

 27   R.  C'est exact. Mais je ne sais pas si cela était consigné dans un

 28   registre.

Page 7155

  1   Q.  Merci. Dites-moi, qui est-ce qui était chargé de garder la personne

  2   soupçonnée, de l'amener dans cette cellule de garde à vue ?

  3   R.  C'était le chef de l'équipe qui s'en chargeait, et il devait informer

  4   le chef d'équipe suivant qu'il y avait quelqu'un en détention, de quoi il

  5   s'agissait. C'est ainsi que les choses se déroulaient.

  6   Q.  Merci. Poursuivons. Donc vous étiez dans le bureau de permanence. Que

  7   s'est-il passé ensuite ?

  8   R.  Je ne sais pas qui était la personne qui avait pris la clé parmi mes

  9   collègues dans le bureau de permanence. Je ne sais pas qui était le chef de

 10   l'équipe. A ce moment-là, je ne sais pas qui avait pris la clé de la

 11   cellule de garde à vue. Mais je me souviens fort bien qu'on avait pris la

 12   clé, qu'on avait fait sortir cet homme de la cellule et il a été emmené au

 13   point 4, là, dans ce couloir. Et il a été amené au point 1; ensuite, il

 14   n'est pas entré dans le bureau de permanence, mais il est allé à droite,

 15   ensuite à gauche vers le numéro 6. Et là, au coin du bâtiment face au

 16   chiffre 5, là où était garé le transporteur de troupe, c'était peut-être à

 17   5 ou 10 mètres par rapport au point où est inscrit le chiffre 134/98.

 18   Et moi, je me trouvais au bureau de permanence, j'ai pu entendre des

 19   tirs, j'ai entendu un tir. Je ne sais pas si l'on avait tiré d'un fusil ou

 20   d'un pistolet; je ne sais pas s'il y en avait un ou plusieurs tirs, en

 21   fait. Et lorsque je suis sorti du bâtiment, je me suis dis que probablement

 22   ils voulaient fusiller cet homme. Et lorsque je suis sorti du bâtiment,

 23   tout à fait à côté du coin du bâtiment, j'ai vu que cette personne gisait

 24   morte et Radovan Tanovic, Sladjan Cukaric et Miroslav Petkovic étaient à

 25   côté. Je ne peux pas vous dire qui l'avait tué. Il faut poser cette

 26   question à eux.

 27   Q.  Donc vous l'avez entendu, vous avez entendu le tir, mais vous ne l'avez

 28   pas vu de vos yeux. Et combien de temps s'est écoulé entre le moment où on

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  1   l'a tiré et le moment où vous êtes sorti ?

  2   R.  Peut-être 30 secondes, mais à mon avis, même pas 30 secondes.

  3   Q.  Merci. Et qu'est-ce qu'ils ont fait eux, les trois, lorsque vous êtes

  4   sorti ?

  5   R.  Rien, ils étaient à côté de cet homme et ils ne m'ont rien dit.

  6   Q.  Et que s'est-il passé par la suite ?

  7   R.  Ensuite, je pense que je suis rentré dans le bureau de permanence et

  8   cinq ou dix minutes plus tard, j'ai entendu une fois encore que l'on tirait

  9   en rafale et ensuite je suis sorti. On tirait depuis la route de Restanski.

 10   Hier, je vous ai décrit ce qui s'était passé par la suite dans la rue Cara

 11   Dushana.

 12   Q.  Donc vous ne saviez pas où ils étaient partis ?

 13   R.  Non, je ne savais pas.

 14   Q.  Vous avez réagi après avoir entendu des tirs, n'est-ce pas ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Merci. Est-ce que vous savez qui est Milica Djordjevic ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Merci. Est-ce que cette personne qui a été en détention a été emmenée

 19   au point 2 et que c'est là-bas qu'on l'a tuée ?

 20   R.  C'est ce que lui, il a dit à Belgrade en ma présence aussi. Je pense

 21   que vous étiez membre de la Défense de l'un des accusés. Mais il a dit

 22   qu'il était emmené dans la cours de la maison des Berisha et que c'est

 23   Sladjan Cukaric qui l'avait tué. Mais d'autre part, il dit que moi je

 24   n'étais pas à Suva Reka ce jour-là. Vous savez, je pense que sa déclaration

 25   n'est pas crédible.

 26   Q.  Une autre chose m'intéresse : si vous étiez au point 2 et lui était à

 27   l'endroit où se trouvait le clocher de l'église, on pouvait voir à partir

 28   de cet endroit le numéro 2, n'est-ce pas ?

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  1    R.  Oui, c'est exact. J'ai vu que plusieurs personnes étaient là-bas

  2   debout et sur mon croquis, vous pouvez également voir que depuis le

  3   clocher, on pouvait voir également parce qu'il y avait des fenêtres, et on

  4   pouvait très bien voir.

  5   Et moi, j'ai dit que cet homme qui avait été détenu avait été tué à

  6   proximité de ce bâtiment, donc bâtiment de l'OUP à Suva Reka. Et je le

  7   maintiens. Je ne sais pas si l'autre a dit quelque chose d'autre, mais moi

  8   je maintiens ce que j'ai dit.

  9   Q.  Merci. J'ai une autre question. Lorsque vous avez entendu des tirs,

 10   vous êtes allé à l'endroit devant le poste de police. Est-ce qu'il y avait

 11   quelqu'un d'autre avec vous ? Et ensuite, vous êtes allé dans la rue de

 12   Cara Dushana, est-ce que quelqu'un d'autre était avec vous ?

 13   R.  Je ne m'en souviens pas, mais je pense qu'il n'y avait personne.

 14   Q.  Merci.

 15   R.  Je ne m'en souviens pas, mais je crois que non.

 16   Q.  Et dans la rue, alors que vous quittiez le bâtiment, est-ce qu'il y

 17   avait quelque chose ?

 18   R.  Il n'y avait qu'un véhicule qui était garé à côté d'un lampadaire,

 19   c'était le véhicule dans lequel il y avait les cadavres des membres de la

 20   famille Berisha.

 21   Q.  Le véhicule était-il là lorsque vous êtes arrivé à cet endroit-là ?

 22   R.  Lorsque je suis sorti pour voir quelle famille avait été tuée, le

 23   véhicule se trouvait là déjà. Quand ce véhicule est arrivé là, je ne sais

 24   pas.

 25   Q.  Pourriez-vous me dire, s'il vous plaît, hormis ce camion qui a été

 26   garé, y avait-il autre chose sur la route ?

 27   R.  Je ne m'en souviens pas et ne je peux pas dire avec certitude s'il y

 28   avait quelque chose ou non.

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  1   Q.  Est-ce que je peux en conclure, par conséquent, que vous ne saviez pas

  2   d'où venait ce camion garé que vous avez vu à ce moment-là lorsque vous

  3   avez quitté le bâtiment ?

  4   R.  Oui, vous pouvez. Je ne peux pas dire précisément de quelle direction

  5   était venu ce camion. Mais pour des raisons de sécurité, j'ai supposé que

  6   le camion n'aurait pu venir que de la direction de Prizren parce que la

  7   direction de Pristina était déjà assez dangereuse.

  8   Q.  Est-ce que ce véhicule aurait pu provenir du bâtiment municipal ou du

  9   bâtiment des Balkans ?

 10   R.  Oui, mais tout cela c'est la même direction, c'est la direction de

 11   Prizren.

 12   Q.  Mais ils auraient pu venir d'un endroit précis à Suva Reka, n'est-ce

 13   pas ?

 14   R.  Oui, bien sûr. Tout ceci se trouve à Suva Reka.

 15   Q.  Alors combien de temps êtes-vous resté devant le poste de police ?

 16   R.  Je ne me souviens pas exactement, mais pas très longtemps, une minute

 17   peut-être et je me suis attardé à cet endroit-là où il y avait le trottoir

 18   et où se trouvait ce camion garé.

 19   Q.  Très bien. Donc qu'est-ce que vous avez fait ensuite ?

 20   R.  Après cela, je suis rentré dans le poste de police et ensuite je ne

 21   sais pas qui m'a dit d'aller charger les corps parce que les cadavres

 22   devaient être enterrés, et à ce moment-là, je me suis rendu au service

 23   administratif, je suis allé chercher mon fusil. Je ne sais pas si j'avais

 24   mon pistolet sur moi, à ce moment-là. Je me suis préparé. J'ai fermé à clé

 25   la pièce des services administratifs et je me suis placé derrière le camion

 26   pour pouvoir charger les corps.

 27   Q.  Merci. Donc vous ne vous souvenez pas précisément de l'endroit d'où

 28   vous êtes parti, mais vous vous souvenez avoir pris le fusil. Encore une

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  1   fois, vous deviez quitter le poste de police et traverser la cour. Que

  2   s'est-il passé après cela ?

  3   R.  Eh bien, ce que je dis c'est que cette personne qui avait été détenue

  4   gisait morte par terre, et j'ai chargé ce corps-là accompagné d'un collègue

  5   qui a été témoin protégé ici. J'ai chargé le corps sur le camion et ensuite

  6   le camion s'est dirigé vers Restane.

  7   M. DJURDJIC : [interprétation] Est-ce que vous pouvez tourner la page, s'il

  8   vous plaît, et passer à la page KO4085, s'il vous plaît.

  9   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Le croquis du poste de police a été

 10   annoté, Maître Djurdjic ?

 11   M. DJURDJIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. J'ai demandé à

 12   ce qu'une photocopie en soit faite et que ce document soit traduit. Je ne

 13   sais pas si nous pouvons le marquer aux fins d'identification. Il y a très

 14   peu d'éléments à traduire et le témoin nous a tout expliqué. Par

 15   conséquent, j'en demande le versement. Si cela ne peut se faire, à ce

 16   moment-là, peut-être que l'on peut lui donner une cote provisoire en

 17   attendant la traduction. Bien sûr qu'il manquera les chiffres mais ceci

 18   pourra être copié également.

 19   [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]

 20   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] La page annotée deviendra une pièce.

 21   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera la pièce D00310.

 22   M. DJURDJIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 23   Q.  Monsieur Veljkovic, veuillez vous reporter à la page 59, s'il vous

 24   plaît.

 25   R.  8 559 ?

 26   Q.  Oui. Donc en partant du bas, les troisième et quatrième phrases. Est-ce

 27   que vous pouvez lire la question et la réponse ?

 28   R.  De quelle phrase voulez-vous parler ?

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  1   Q.  Le juge d'instruction et ce qui est arrivé et ce qui suit.

  2   R.  Juge d'instruction :

  3   "Qu'est-il advenu du corps du détenu ?"

  4   Réponse :

  5   "Il a été emmené à bord d'un camion, je ne sais pas dans quelle

  6   direction."

  7   Q.  Merci, Monsieur Veljkovic.

  8   M. DJURDJIC : [interprétation] Il s'agit de la page 11 en anglais.

  9   Pardonnez-moi de ne vous avoir pas précisé cela.

 10   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je pense que vous faites référence au

 11   compte rendu d'audience lorsque le Juge Dilparic a posé ses questions.

 12   Merci, Maître Djurdjic.

 13   M. DJURDJIC : [interprétation] Il s'agit toujours de la même déclaration.

 14   J'ai une traduction de l'autre qui a été remise à l'Accusation. Donc nous

 15   avons un numéro pour ce document.

 16   Q.  Monsieur Veljkovic, en 2004 vous avez dit que le corps avait été emmené

 17   à bord d'un camion et vous ne saviez pas dans quelle direction le camion

 18   était parti. Il s'agit d'un compte rendu d'audience.

 19   R.  Ceci illustre ce que j'ai dit. C'est ainsi que je me suis exprimé à

 20   l'époque. J'avais oublié quelques éléments et maintenant je dis ceci d'une

 21   façon différence, ce qui pose problème.

 22   Q.  Monsieur Veljkovic, est-ce que vous vous souvenez mieux maintenant ou

 23   est-ce que vous vous souveniez mieux à l'époque, étant donné que ceci était

 24   plus près des événements ?

 25   R.  Il serait illogique pour moi de dire que je me souviens mieux

 26   aujourd'hui étant donné que davantage de temps s'est écoulé entre-temps,

 27   mais je souhaite maintenir ce que je viens de dire, à savoir que le corps a

 28   été mis sur le camion et avec la famille Berisha, ce corps a été enterré.

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  1   Q.  Conviendrez-vous avec moi qu'il s'agit là d'un événement qu'il est

  2   difficile d'oublier, ce n'est pas une journée ordinaire dont on parle ? On

  3   voit un cadavre, c'est quelque chose qui reste gravé dans la mémoire ?

  4   R.  Vous avez raison, mais la situation dans laquelle je me trouvais,

  5   j'étais là avec mes compagnons de travail et les choses étaient telles que

  6   certains éléments sont restés gravés dans ma mémoire, mais il me semble que

  7   j'ai oublié facilement d'autres éléments.

  8   Q.  Je vous remercie de votre réponse.

  9   M. DJURDJIC : [interprétation] Est-ce que nous pouvons remettre au témoin

 10   sa déclaration qui a été communiquée à l'Accusation en janvier 2006, le 18

 11   janvier. J'ai une version en B/C/S.

 12   Messieurs les Juges et Monsieur Stamp, il s'agit du numéro 65 ter qui est

 13   le 05337.

 14   Q. Monsieur Veljkovic, veuillez regarder la fin du paragraphe 18. Cela se

 15   trouve à la page 5 en anglais. Là vous dites dans la phrase qui fait

 16   mention de la pizzeria, je cite :

 17   "Il y avait un officier de la police scientifique qui était là à la

 18   pizzeria, il s'appelait Todor Jovanovic mais je ne l'ai pas vu mener une

 19   quelconque enquête."

 20   Est-ce exact ?

 21   R.  Comme je l'ai dit hier, le problème c'est que mes déclarations, eh

 22   bien, je ne devrais pas exagérer, mais la moitié de ce que ces derniers

 23   contiennent ne correspond pas. J'y ai inclus des éléments qui viennent

 24   d'autres personnes. Ceux qui m'ont interrogé étaient beaucoup plus au fait

 25   et connaissaient davantage les tenants et les aboutissants de l'affaire, et

 26   ils m'ont incité et j'étais d'accord d'ajouter certains éléments à ma

 27   déclaration.

 28   Je ne peux pas dire avec certitude s'il y avait un officier de la police

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  1   scientifique qui se trouvait là à ce moment-là répondant au nom de Todor

  2   Jovanovic. Je ne peux pas le dire avec certitude si certaines personnes ont

  3   dit cela. A mon sens, en tout cas, il n'était pas là. Pour ce qui est

  4   d'autres personnes, je ne peux pas répondre.

  5   Q.  Monsieur Veljkovic, moi, ce qui m'intéresse c'est ce que vous savez et

  6   ce que vous avez vu. Lorsque vous faites référence à quelqu'un d'autre,

  7   veuillez nous en avertir si c'est le cas. Je souhaite éclaircir un point :

  8   la déclaration que vous avez signée en anglais, est-ce une déclaration qui

  9   vous a été relue ?

 10   R.  Oui, en serbe. J'ai signé chaque page de la déclaration.

 11   Q.  Mais vous avez signé les pages anglaises; c'est exact, et non pas les

 12   pages en serbe ?

 13   R.  Je ne peux pas vous le dire. Je pense n'avoir signé que l'exemplaire en

 14   anglais, et non pas l'exemplaire en serbe.

 15   Q.  Je crois que ceci n'est pas contesté. Nous l'avons ici. Vous n'avez

 16   soulevé aucune objection lorsque ce texte vous a été relu ?

 17   R.  Oui, j'ai signé sans faire aucune objection.

 18   Q.  Compte tenu du temps qui s'est écoulé depuis, il y a peut-être d'autres

 19   idées ou d'autres associations qui vous sont venues à l'esprit, il s'agit

 20   de la troisième déclaration ?

 21   R.  Non, il s'agit de la quatrième déclaration à Jevrem Grujica, numéro 11.

 22   Si on ne tient pas compte de la déclaration de Leskovac, à ce moment-là, il

 23   s'agit de la quatrième. J'ai donné une déclaration à Leskovac en 2004.

 24   Q.  Lorsque vous avez fait cette première déclaration à la police, ils vous

 25   ont également dit qu'ils étaient au courant d'un certain nombre de choses ?

 26   R.  Oui, ils m'ont posé des questions et j'ai fourni des réponses, mais ils

 27   ont également rajouté certaines choses, et je les ai crus. Je faisais

 28   confiance à la personne qui m'interviewait. Si on ne peut pas leur faire

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  1   confiance, à qui peut-on faire confiance ?

  2   Q.  Vous ne devez faire confiance qu'à la Chambre.

  3   R.  Aux Juges de la Chambre.

  4   Q.  Donc nous avons ensuite une autre déclaration qui a été présentée à un

  5   juge d'instruction, et il a évoqué ce que vous aviez dit à la police ?

  6   R.  Vous voulez parler de quel juge ?

  7   Q.  Le juge Dilparic ?

  8   R.  Je ne peux pas vous dire qu'il m'a montré des déclarations faites par

  9   d'autres.

 10   Q.  Je ne voulais pas dire des déclarations faites par d'autres. Il a

 11   évoqué votre première déclaration, celle que vous avez faite à la police,

 12   et votre témoignage a porté dessus ?

 13   R.  Cela est possible. Mais je ne peux pas vous le dire avec certitude, je

 14   ne sais pas s'il me l'a montrée.

 15   Q.  Veuillez vous reporter à la page 68. Veuillez regarder le début de

 16   cette déclaration.

 17   R.  Quel paragraphe ?

 18   Q.  Le quatrième paragraphe à partir du haut.

 19   R.  Le juge d'instruction :

 20   "Dans la déclaration que vous avez faite à la police, vous avez dit qu'au

 21   moment où vous avez chargé les corps devant le centre d'affaires, vous avez

 22   vu le commandant Repanovic et Milojko [phon]."

 23   Réponse du témoin :

 24   "Donc il était là aussi ?"

 25   Le juge :

 26   "C'est ce que vous avez dit à la police."

 27   Le témoin :

 28   "Il était sans doute là si je l'ai dit. J'ai signé plusieurs pages, donc il

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  1   devait certainement être là, c'est ainsi que les choses ont dû se passer."

  2   Q.  Donc on vous a montré la déclaration que vous aviez donnée à la police

  3   à cette occasion-là ?

  4   R.  Oui, sans doute. C'est ce que j'en conclus d'après ma réponse.

  5   Q.  Maintenant nous arrivons à la troisième déclaration, celle que vous

  6   avez faite en septembre.

  7   R.  Oui, à Leskovac.

  8   Q.  Ai-je raison de dire que vous avez fourni cette déclaration parce que

  9   la chambre chargée des crimes de guerre à Belgrade vous a enjoint à venir

 10   témoigner ?

 11   R.  Effectivement, on m'a demandé, et c'est le procureur adjoint de la

 12   république à Leskovac, il a dit qu'il fallait venir témoigner devant la

 13   chambre chargée des crimes de guerre. Il a dit que je devais préparer une

 14   nouvelle déclaration. Etant donné que j'habitais plus près de Leskovac que

 15   de Belgrade, il a dit que je pouvais faire cette déclaration à Leskovac, je

 16   pouvais la signer et un exemplaire pouvait être envoyé à Belgrade.

 17   Avant de commencer cette déclaration, j'ai vu une liste de noms de

 18   personnes qui avaient été appréhendées. Pour ce qui est des deux autres

 19   déclarations, on ne m'a jamais montré de document de ce type, avant de

 20   faire ma troisième déclaration, j'ai vu sur le bureau du juge qu'il y avait

 21   une liste de noms de personnes qui étaient censées être détenues. J'en ai

 22   conclu qu'il remplissait les parties manquantes parce qu'il connaissait

 23   beaucoup mieux que moi l'ensemble de l'affaire. C'était son devoir.

 24   Q.  Merci. Donc vous êtes allé dans la rue Jevrem Grujica ?

 25   R.  Oui. Lorsque j'ai fait ma déclaration à Leskovac, j'ai non seulement lu

 26   la liste des personnes qui étaient censées être détenues, après avoir signé

 27   la déclaration, et le procureur adjoint du district à Leskovac, M.

 28   Stankovic, m'a dit officiellement qu'il y a des gens qui vont être détenus.

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  1   Je peux même le citer. Il a dit, Votre déclaration coïncide parfaitement

  2   avec les déclarations des autres témoins sur les éléments importants. Elle

  3   s'écarte un tout petit peu, mais seulement en ce qui concerne des points de

  4   détail.

  5   Il m'a indiqué qu'une seule femme a survécu, une seule femme de cette

  6   famille. Elle a sauté du camion à Prizren. Elle est allée chez une femme

  7   serbe qui a dit qu'elle viendrait témoigner. Il a également dit que les

  8   corps ont été emmenés à la caserne de Prizren et enterrés là. Ensuite, ils

  9   ont été déterrés et réenterrés à Batajnica.

 10   Il a conclu en disant, Rentrez à la maison; on va vous citer à la barre

 11   lorsqu'il y aura l'audience qui sera enregistrée. Il m'a simplement fait

 12   savoir que les personnes qui se trouvaient sur la liste allaient être

 13   appréhendées. Vous savez, d'après votre collègue à Belgrade, que vous avez

 14   été critiqué parce que j'ai fait référence à certains articles dans les

 15   journaux de Belgrade. A Medvedje, ils savaient où je travaillais,

 16   connaissaient mes déclarations, et trois semaines plus tard, ils m'ont dit,

 17   Certaines personnes proches de vous sont détenues. Les gens disent en

 18   général que les journalistes mentent, mais dans ce cas-ci ceci n'était pas

 19   le cas. J'ai bien lu qu'ils avaient été détenus et poursuivis pour le

 20   meurtre des membres de la famille Berisha, et ces documents ne portaient

 21   que les initiales des personnes détenues.

 22   Je connaissais ces initiales, et lorsqu'on m'a dit ceci j'ai été assez

 23   choqué lorsque je me trouvais dans le prétoire. J'ai dit ouvertement, Ces

 24   gens-là sont en train de compter sur leurs doigts leurs derniers jours de

 25   liberté. Trois semaines plus tard, après ma déclaration à Leskovac, neuf

 26   personnes se sont retrouvées en prison à Belgrade en détention préventive

 27   le 17 octobre 2005. J'ai fait ma déclaration le 23 septembre 2005. 

 28   Le 17 octobre - dit le témoin - ils étaient déjà en prison à Belgrade. Plus

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Page 7168

  1   tard au mois de janvier, j'ai été convoqué par mon supérieur hiérarchique à

  2   Medvedje dans la rue Jevrem Grujica au numéro 11 pour que j'assiste à une

  3   nouvelle audience.

  4   Q.  Nous allons y venir. Monsieur Veljkovic, alors, reparlons de certains

  5   éléments lorsque vous étiez à Leskovac avec M. Stankovic, là, vous avez dit

  6   ce qui maintenant est -- vous avez, dans votre déclaration préférée,

  7   indiqué que si d'autres l'ont dit, cela devait être vrai.

  8   R.  C'est exact.

  9   Q.  En 2005, en septembre et en janvier 2006, vous êtes allé dans la rue de

 10   Jevrem Grujica ?

 11   R.  Exactement

 12   Q.  Ces personnes que vous avez citées ont été jetées en prison en octobre

 13   2005 ?

 14   R.  2005.

 15   Q.  2006.

 16   R.  Ces personnes qui ont été détenues en 2005 ou 2006 ?

 17   Q.  2005, vous avez raison, au mois de janvier. Vous avez remis une

 18   déclaration au bureau du Procureur ?

 19   R.  C'est exact.

 20   Q.  Ceci a été traduit et vous l'avez signé. Vous nous avez dit que le

 21   bureau du Procureur vous avait montré un certain nombre de déclarations.

 22   Est-il exact que vous n'avez jamais assisté à aucune des réunions des

 23   personnes qui étaient responsables de l'OUP à Suva Reka ?

 24   R.  C'est exact.

 25   Q.  Est-il exact de dire que vous n'avez jamais assisté aux réunions des

 26   personnes qui étaient responsables du poste de police à Suva Reka ?

 27   R.  C'est exact.

 28   Q.  Est-il exact que vous n'avez jamais assisté à aucune des réunions de

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  1   personnes responsables de l'OUP sur le territoire de Prizren ainsi que le

  2   chef de police du SUP de Prizren ?

  3   R.  C'est exact.

  4   Q.  Ai-je raison de dire qu'on vous a donné certaines tâches à accomplir et

  5   que vous rendiez des comptes au SUP de Prizren ?

  6   R.  A la fin de chaque mois, je devais remettre des rapports et il y a des

  7   rapports qui nous parvenaient, il y avait des papiers d'identité qu'on

  8   vérifiait, des rapports et des notes officielles qui étaient consignés. Je

  9   donnais ceci à Jovanovic ou son assistant. Ceci était envoyé par courrier

 10   tous les mois et envoyé à Prizren. Ils gardaient et archivaient tous les

 11   travaux du poste de police.

 12   Q.  Ai-je raison de dire que le chef du poste de police, M. Repanovic,

 13   était en contact direct avec Prizren ?

 14   R.  Non, il n'était pas le chef de la police. Il en était le commandant.

 15   C'est effectivement vrai, lorsqu'il n'était pas là, il y avait son adjoint

 16   et son assistant.

 17   M. DJURDJIC : [interprétation] Est-ce que maintenant, nous pouvons avoir le

 18   document D004-2264.

 19   Q.  Monsieur Veljkovic, ce que nous allons vous montrer, c'est un extrait

 20   du registre des incidents qui se déroulaient à Suva Reka au poste de police

 21   en 1999. La période qui nous intéresse est celle du 13 mars -- pardonnez-

 22   moi, du 26 février 1999 à, voyons, au 27 avril 1999.

 23   M. DJURDJIC : [interprétation] Est-ce que nous pouvons afficher la page 36,

 24   s'il vous plaît. Je crois que c'est à la page 3. Oui. Veuillez nous montrer

 25   le bas de la page.

 26   Q.  Voyez-vous l'entrée ici qui correspond au numéro 36 ?

 27   R.  Oui, tout à fait.

 28   Q.  Quelle est la date ?

Page 7170

  1   R.  Le 22 mars 1999.

  2   Q.  Qu'est-ce qui est consigné ici ? Veuillez simplement nous le décrire,

  3   ceci sera traduit.

  4   R.  Je vais vous le lire à voix haute, bien que ceci ne soit pas très

  5   clair. Il a été rapporté -- non, tout d'abord :

  6   "Terrorisme, article 125 du code de procédure pénale de la Serbie.

  7   Ceci a été consigné par Nebojsa Gogic qui était le policier chargé de la

  8   circulation. Il a fait un rapport à Suva Reka parce qu'il devait commander

  9   des pièces détachées dans un magasin de Retimlje pour une voiture," et si

 10   je lis ceci correctement : "Balkom Belt [phon] été tué par un terroriste

 11   ainsi que Lazic du village de Sopina. Des tirs ont été tirés à partir d'un

 12   fusil de poing, ensuite" - on dit que - "ceci s'est passé à proximité."

 13   Une enquête a été diligentée par un juge d'instruction sur place.

 14   Quelqu'un a été envoyé à Prizren et un rapport au pénal a été remis, il n'y

 15   a pas de numéro correspondant.

 16   Q.  Passons à la page suivante, s'il vous plaît. Entrée numéro 37. Quelle

 17   est la date ?

 18   R.  5 avril, à 21 heures. Pardon, 21 heures 10. Nenad Jovanovic, assistant

 19   au commandant du poste de police de Suva Reka. Attaque terroriste.

 20   Q.  Merci. Nous allons obtenir la traduction. Est-il correct de dire qu'à

 21   partir du 22 mars, je parle de l'entrée numéro 36 et jusqu'au 5 avril 1999,

 22   l'entrée 37, pas un seul accident n'a été consigné dans cette main courante

 23   ?

 24   R.  C'est correct.

 25   Q.  Est-il juste de dire que tout ce qui a été consigné dans ce registre,

 26   dans cette main courante était notifié au SUP de Prizren ?

 27   R.  On dit qu'on a envoyé une dépêche. Cependant, je pense qu'il y a eu un

 28   premier rapport par téléphone et qu'ensuite on envoyait des dépêches. Je

Page 7171

  1   connais cet événement qui concernait Nenad Jovanovic.

  2   Je me suis rendu sur la scène. Un terroriste avait utilisé un lanceur

  3   portable de poing, un "hand-held launcher." Il a frappé le véhicule, mais

  4   heureusement, aucun des collègues n'a été touché. Même Jovanovic était là,

  5   lui-même. C'était le soir.

  6   Q.  Vous étiez là. Qui était dans le véhicule avec Jovanovic ?

  7   R.  Ramiz Papic et quelqu'un d'autre. En tout cas, il n'y avait pas qu'une

  8   seule personne.

  9   Q.  Merci. Alors est-ce que vous êtes d'accord avec moi, sur la base de

 10   cette main courante, le poste de police n'a pas informé Prizren du fait que

 11   la famille Berisha avait été tuée ?

 12   R.  Vous voulez dire lorsque la famille Berisha a été tuée ? Non, je ne

 13   peux pas dire avec certitude s'ils ont informé Prizren ou non.

 14   Q.  Est-ce qu'un tel incident devrait apparaître sur le registre, sur la

 15   main courante du poste de police ?

 16   R.  Je ne peux pas répondre à cette question parce que pour dire les choses

 17   simplement, c'est un cas d'abus d'autorité

 18   sans intention préalable et je ne sais pas comment on pourrait décrire un

 19   tel incident.

 20   Q.  Monsieur, est-ce que le poste de police de Suva Reka a dissimulé cet

 21   événement, les événements du 26 mars à Suva Reka ?

 22   R.  Je ne peux pas vraiment répondre par l'affirmative ou la négative.

 23   Q.  Très bien. Merci. Maintenant, dites-nous, lorsque vous êtes retourné au

 24   poste de police, est-ce que vous avez reçu un ordre, est-ce que quelqu'un

 25   vous a donné l'ordre d'expulser des Albanais de leurs domiciles ?

 26   R.  Lorsque je suis arrivé, j'ai entendu qu'on disait que les gens ne

 27   devaient pas être tués, qu'il fallait aller de porte en porte pour donner

 28   l'ordre aux Albanais de souche de quitter leurs domiciles, de quitter Suva

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  1   Reka et d'aller en Albanie librement.

  2   Q.  Permettez-moi de vous demander. De qui avez-vous entendu cela ? De qui

  3   auriez-vous pu entendre cela, lorsque vous étiez au poste de police tout

  4   seul ?

  5   R.  Bien, je ne peux pas me souvenir quel collègue m'a dit cela.

  6   Q.  Est-ce qu'il est correct de dire que c'est un sujet dont vous discutiez

  7   entre vous ?

  8   R.  Non, je ne peux pas vous répondre.

  9   Q.  Merci. Est-ce qu'il est correct de dire que vous n'avez pas quitté le

 10   poste de police pour aller informer les Albanais de la situation ?

 11   R.  Je sais que moi, je ne suis pas allé informer les Albanais, mais j'ai

 12   dit hier et je maintiens que j'étais au poste de police lorsqu'un coup de

 13   fil est arrivé et une femme m'a posé cette question concernant l'ordre qui

 14   était donné de quitter les lieux. Lorsque j'ai dit, Eh bien, il faut aller

 15   à l'étranger, elle m'a dit, Mais qui, à qui peut-on se tourner en Albanie,

 16   j'ai répondu, Eh bien, vous allez connaître le même sort que la famille

 17   Berisha. Et j'ai raccroché.

 18   A peu près une demi-heure plus tard, peut-être moins que cela, les gens ont

 19   commencé à faire leurs bagages et ont commencé à partir en masse pour

 20   l'Albanie en voiture. Ca, ça a peut-être duré une heure, pas plus.

 21   Q.  Monsieur Veljkovic, est-ce que vous avez parlé de cela à l'enquêteur du

 22   TPIY lorsque vous avez fait votre déclaration en 1996 ?

 23   R.  Je ne m'en souviens pas. Je ne sais même pas si cet enquêteur m'a posé

 24   la question.

 25   Q.  Est-ce que vous pourriez donner lecture du paragraphe 19.

 26   R.  Je cite :

 27   "Lorsque nous sommes retournés au poste de police, j'ai entendu de la

 28   part d'autres collègues qu'un autre ordre avait été donné que nous devions

Page 7173

  1   aller de maison en maison pour dire aux Albanais qui restaient qu'ils

  2   avaient 30 minutes pour faire leurs bagages et quitter les lieux. J'ai

  3   pensé que cet ordre venait aussi de Repanovic. Je suis resté au poste de

  4   police. Une demi-heure plus tard, les Albanais ont commencé à partir dans

  5   leurs véhicules vers Prizren ou la frontière avec l'Albanie."

  6   Q.  Merci. Serait-il possible pour un enquêteur du TPIY de ne pas consigner

  7   par écrit une déclaration que vous auriez fait à ce sujet en janvier 1996 ?

  8   R.  Vous dites, est-ce qu'il aurait noté ? Je ne peux pas vous répondre,

  9   mais je ne sais même pas s'il m'a posé cette question. Ce que je sais,

 10   c'est que la personne qui m'a tout d'abord interrogé, le 26, 27 février

 11   2003, m'a posé cette question. Vers la fin de l'entretien, il m'a demandé,

 12   je me souviens de la question, je cite :

 13   "Qu'avez-vous dit à la femme qui a téléphoné au poste de police de

 14   Suva Reka ?"

 15   Il m'a posé la question directement et j'ai répondu.

 16   Q.  Quelle langue avez-vous parlé lorsque vous avez répondu à cette femme ?

 17   R.  En serbe, car je ne parle pas albanais. Et lorsqu'elle a appelé, elle

 18   parlait serbe. Je ne savais pas qui était au bout du fil; elle m'a posé une

 19   question, j'ai répondu.

 20   Q.  Merci. Est-ce qu'il est correct de dire que vous n'avez aucune

 21   connaissance directe, qu'il ne vous a jamais été dit directement que les

 22   Albanais devaient quitter leurs maisons ?

 23   R.  Pourriez-vous reformuler cette question ?

 24   Q.  Est-il correct de dire que vous n'avez pas reçu l'ordre d'aller dire

 25   aux Albanais de souche de quitter leurs domiciles ?

 26   R.  C'est correct.

 27   M. DJURDJIC : [interprétation] Monsieur le Président, la déclaration 65 ter

 28   337, je demande qu'elle soit versée au dossier.

Page 7174

  1   M. LE JUGE PARKER : [aucune interprétation]

  2   M. DJURDJIC : [interprétation] C'est la déclaration du 18 janvier 2006.

  3   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Elle sera versée au dossier.

  4   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Monsieur le Président, la pièce portera

  5   le numéro D00311.

  6   M. DJURDJIC : [interprétation]

  7   Q.  Monsieur Veljkovic, vous rappelez-vous que pendant la guerre, une

  8   équipe d'enquêteurs était sur le terrain pour faire enquête sur tout acte

  9   criminel qui lui aurait été rapporté, tout acte pénal ?

 10   R.  Je me souviens de seulement un incident où une enquête a été menée par

 11   un juge d'instruction assisté de la police. Le résultat de l'enquête fut

 12   tragique. C'était à la fin des frappes aériennes, fin mai, la deuxième

 13   moitié du mois de mai et je me souviens avoir été de garde, de permanence à

 14   ce moment-là. Vers 2 ou 3 heures, la patrouille nous a informés par

 15   transmission qu'un meurtre avait été commis à Pecani ou ailleurs, je ne me

 16   souviens plus précisément. Nos hommes ont décidé que le lendemain ils s'y

 17   rendraient pour faire une enquête sur les lieux.

 18   Au moment de partir, l'adjoint au commandant était là, son chauffeur

 19   aussi ainsi que le juge d'instruction de Prizren, [inaudible]. Au moment de

 20   sortir, ils ont sauté sur une mine, la mine les a tués tous les trois. S'il

 21   y avait d'autres enquêtes sur site avant, je ne suis pas au courant.

 22   Q.  Je ne vous posais pas uniquement la question des décès de non-Albanais,

 23   mais aussi des décès d'Albanais. Lorsque des Albanais étaient trouvés morts

 24   à Suva Reka, une équipe venait faire l'enquête sur la situation.

 25   M. DJURDJIC : [interprétation] Puis-je avoir le document D004-2246 à

 26   l'écran, s'il vous plaît.

 27   Q.  Monsieur Veljkovic, il s'agit d'un rapport daté du 1er avril concernant

 28   un corps qu'on aurait trouvé dans la rue Prizrenska, à Suva Reka,

Page 7175

  1   Prizrenska, la rue Prizrenska. Vous souvenez-vous de cet incident ?    

  2   R.  Je ne me souviens pas de l'incident. Je ne conservais pas ces rapports

  3   sur les actes criminels.

  4   Q.  Mais est-ce que vous vous souvenez qu'une équipe d'enquêteurs est

  5   arrivée vers la fin mars pour faire une enquête concernant la Restanski Put

  6   ?

  7   R.  Je ne sais pas cela non plus.

  8   Q.  Je pense que c'était le 30 mars. Une enquête a été menée sur le site

  9   situé entre les résidences de la famille Berisha.

 10   R.  Je ne suis pas au courant.

 11   Q.  Très bien. Connaissez-vous le Dr Boban Sainovic et comment il est

 12   décédé ?

 13   R.  Je crois que c'était début avril 1999, la première quinzaine, il se

 14   trouvait avec quatre de ses collègues des membres de la Défense

 15   territoriale et ils étaient sur la route principale [inaudible] et des

 16   terroristes albanais les ont attaqués. Le véhicule contenait quatre ou cinq

 17   personnes, le Dr Boban s'y trouvait. Tout le monde a été tué.

 18   Je ne sais pas si une enquête sur site a été menée ou non. Les

 19   personnes ont été d'abord apportées au centre médical, et ensuite, je ne

 20   sais pas avec certitude ce qui s'est passé, si leurs corps ont été emmenés

 21   à Prizren ou non, à l'institut médicolégal pour autopsie. Dès le lendemain,

 22   ils ont été enterrés. Je me souviens très bien de cet incident, je pense

 23   que c'était vers 13 heures. Je ne suis pas très certain de la date. Je sais

 24   que c'était au cours de la première quinzaine d'avril.

 25   Q.  Merci.

 26   M. DJURDJIC : [interprétation] Monsieur Veljkovic, merci d'avoir répondu à

 27   mes questions.

 28   Monsieur le Président, Messieurs les Juges, je vous remercie. Cela conclut

Page 7176

  1   mon contre-interrogatoire.

  2   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Maître Djurdjic.

  3   Monsieur Stamp.

  4   M. STAMP : [interprétation] Oui, j'ai quelques questions, Monsieur le

  5   Président.

  6   Nouvel interrogatoire par M. Stamp :

  7   Q.  [interprétation] Monsieur Veljkovic --

  8   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vois qu'une autre pensée vient à

  9   l'esprit de Me Djurdjic ?

 10   M. DJURDJIC : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

 11   j'ai oublié de demander que la main courante, le registre des incidents

 12   quotidiens, soit marqué pour identification. C'était un document de la

 13   Défense, nous l'avons examiné. Un instant de patience. Je m'excuse auprès

 14   de mon éminent collègue, M. Stamp.

 15   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il sera donc marqué.

 16   M. DJURDJIC : [interprétation] C'est le document D004-2264.

 17   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les

 18   Juges, il s'agira donc de la pièce D0032 [comme interprété] marquée pour

 19   identification.

 20   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien, merci.

 21   Monsieur Stamp.

 22   M. STAMP : [interprétation] Monsieur le Président, puisque nous y sommes,

 23   les documents non traduits marqués pour identification, concernant ces

 24   documents, nous avons dit au début de la procédure que nous n'y ferions

 25   aucune objection parce que nous voulons avancer rapidement. Mais ces deux

 26   dernières semaines, la majorité des documents présentés par la Défense ne

 27   sont pas dans une langue du Tribunal. La procédure devient difficile, il

 28   devient difficile de suivre le témoignage du témoin à cause d'une grande

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  1   quantité de documents non traduits.

  2   Alors, je sais qu'il y a des difficultés, il est difficile de faire

  3   traduire les documents, mais il me semble que si la Défense s'était bien

  4   préparée, si elle avait bien dressé la liste de priorité des documents à

  5   traduire, nous aurions ici des documents traduits.

  6   J'ai découvert concernant un document, quand on a traduit le document sur

  7   place après le départ du témoin, que s'il avait été traduit auparavant,

  8   j'aurais pu en extraire des informations très importantes, la Cour aurait

  9   pu entendre des informations très importantes.

 10   Donc je vous demande, je demande à la Cour, et c'est juste une

 11   requête à la Défense par votre entremise, si des efforts peuvent être faits

 12   pour que les documents puissent être traduits dans une langue du Tribunal

 13   pour le contre-interrogatoire. Je sais que ça peut se faire. Il n'y a pas

 14   beaucoup de documents. J'ai vu des situations où c'était faisable. Il

 15   s'agit simplement de bien dresser la liste de priorité des documents. On

 16   peut le faire. C'est tout ce que je souhaitais dire, Monsieur le Président.

 17   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Stamp et Maître Djurdjic, la

 18   Chambre vous demandera de vous mettre d'accord sur cette situation et de

 19   prendre des accords avec le CLSS afin que le nombre de situations où nous

 20   sommes confrontés à des documents non traduits soit réduit au minimum. En

 21   effet, nous avons constaté que ce n'est pas une situation ponctuelle, mais

 22   beaucoup de documents très fréquemment présentés par la Défense lors du

 23   contre-interrogatoire arrivent non traduits. Ce n'est pas un événement

 24   ponctuel.

 25   Bien sûr, la Chambre laisse la possibilité au Procureur de rappeler

 26   le témoin à un stade ultérieur, une fois la traduction effectuée, mais nous

 27   savons que cela implique des coûts et des délais qui peuvent être

 28   considérables, et nous ne pouvons cautionner cela, nous ne pouvons pas en

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  1   faire une pratique systématique.

  2   Donc nous vous demandons que la situation actuelle soit améliorée de façon

  3   considérable en assurant la coopération entre l'Accusation et la Défense,

  4   en travaillant en coopération avec le CLSS. Bien sûr, si cela n'est pas

  5   fait, il faudra que la Chambre refuse d'admettre l'utilisation de documents

  6   non traduits, et cela ne sera pas à l'avantage de la Défense.

  7   M. DJURDJIC : [interprétation] Monsieur le Président, très brièvement, je

  8   crois que M. Stamp a raison. Toutefois, je crois que le service de

  9   traduction fait de son mieux. Je leur envoie un volume impressionnant de

 10   documents. Mais en effet, je reconnais que peut-être la liste des priorités

 11   n'a pas été dressée convenablement. Nous allons remédier à cette situation.

 12   Toutefois, les documents que nous avons présentés au témoin étaient plus à

 13   des fins d'illustration qu'autre chose. Mais nous allons essayer de

 14   répondre à votre requête concernant la traduction des documents. Nous

 15   n'avons pas d'objection concernant cette traduction.

 16   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Allez-y, Monsieur Stamp.

 17   M. STAMP : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 18   Q.  Vous avez dit, Monsieur Veljkovic, qu'il y avait un véhicule blindé de

 19   transport de personnel devant le poste de police le 26. A quelle unité

 20   appartenait-il ?

 21   R.  Ce véhicule de transport blindé appartenait à l'OUP de Suva Reka. Mais

 22   je ne peux pas dire avec certitude que ce véhicule était présent uniquement

 23   pour le service de l'unité spéciale de la PJP.

 24   Q.  Donc je peux en conclure que ce véhicule était parfois utilisé par

 25   l'unité spéciale de police en fonction de ses besoins ?

 26    R. Quel est le sens de votre question ? Les unités spéciales, c'est une

 27   chose, le PJP, c'est une autre chose.

 28   L'INTERPRÈTE : Ligne 22, lire unité spéciale, de la PJP, qui signifie à peu

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  1   près la même chose. L'unité spéciale, la PJP.

  2   M. STAMP : [interprétation] Je vois.

  3   Q.  Donc le véhicule était parfois utilisé par la PJP ?

  4   R.  Je ne peux pas dire avec certitude s'il était utilisé ou non par la

  5   PJP.

  6   Q.  Merci. Est-ce que nous pouvons passer à autre chose, je me réfère à la

  7   page 33 du rapport d'aujourd'hui. La Défense vous a posé des questions

  8   concernant les personnes qui étaient présentes avec vous au moment de

  9   charger les corps. Vous avez lu votre déclaration faite au juge

 10   d'instruction. Lors de ces questions, vous avez dit, je crois, que vous

 11   n'aviez peut-être pas été très clair concernant les personnes qui vous

 12   avaient accompagné. Je me reporte à votre première déclaration.

 13   M. STAMP : [interprétation] Si Monsieur le Président me le permet,

 14   j'aimerais vous remettre un exemplaire de votre première déclaration.

 15   Q.  Et j'aimerais vous demander de la lire pour voir si cela vous

 16   rafraîchit la mémoire quant aux personnes qui vous avaient accompagné ce

 17   jour-là, et qui vous avez vu au moment où vous êtes arrivé, qui vous avez

 18   vu au café.

 19   M. STAMP : [interprétation] Monsieur le Président.

 20   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien.

 21   M. STAMP : [interprétation] Et une copie pour la Défense.

 22   L'INTERPRÈTE : Si le conseil pouvait éteindre son micro lorsqu'il ne

 23   l'utilise pas.

 24   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] La date de cette déclaration, Monsieur

 25   Stamp ?

 26   M. STAMP : [interprétation] C'est une déclaration datée du 27 février 2003.

 27   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Faite devant ?

 28   M. STAMP : [interprétation] Au MUP, les officiers du MUP, au bureau du MUP

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  1   à Belgrade, la rue Kneza Milosa numéro 9.

  2   Q.  Est-ce que vous vous souvenez d'avoir fait cette déclaration, Monsieur

  3   Veljkovic ?

  4   R.  Je m'en souviens. C'était ma première déclaration.

  5   Q.  Et je crois que vous avez signé chacune des pages de cette déclaration.

  6   R.  C'est exact.

  7   Q.  Reportez-vous, s'il vous plaît, à la dernière page et aux deux

  8   dernières phrases sur cette page.

  9   Vous attestez que la déclaration vous a été relue, qu'elle est

 10   correcte, que ces propos sont les vôtres, que vous la signez. Vous déclarez

 11   également qu'au cours de l'entretien auprès de l'officiel du MUP, vous

 12   n'avez été soumis à aucune violence ou contrainte.

 13   C'est bien ce que vous déclarez en signant le document ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  J'aimerais simplement vous rappeler une partie de cette déclaration. La

 16   dernière phrase en page 2. Voici ma question : est-ce que cela vous aide à

 17   vous souvenir qui vous a accompagné lorsque vous êtes allé chercher les

 18   corps ?

 19   J'aimerais d'abord que vous lisiez ce passage avant de me répondre et

 20   que vous essayiez de vous souvenir. La dernière phrase de la page 2.

 21   Pouvez-vous la lire, s'il vous plaît.

 22   R.  "Après cela, les policiers susmentionnés poursuivaient encore les

 23   personnes en fuite et leur tiraient dessus. Le commandant Repanovic m'a

 24   ordonné à moi et à Novkovic, réserviste qui venait de Dubovo, de recueillir

 25   les corps. Il nous a dit qu'un camion arrivait et que nous devions y

 26   charger les corps."

 27   C'est cette phrase-là que vous me demandiez de lire à la page 2 ?

 28   Q.  Pouvez-vous passer à la page 3 et lire la première phrase un peu plus

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  1   lentement. N'oubliez pas que vous êtes traduit. La première phrase de la

  2   page 3.

  3   R.  "Lorsque Ivaca Novkovic et moi-même sommes arrivés à proximité de

  4   l'habitation qui auparavant abritait l'OSCE, un camion est arrivé de

  5   Restane avec deux personnes portant un uniforme à l'intérieur. Je pense

  6   qu'ils étaient des réservistes de Suva Reka. Le nom des personnes dans le

  7   camion, je l'ignore. Je crois que je pourrais les reconnaître si on me

  8   montrait leurs photos."

  9   Q.  Si vous passez au deuxième paragraphe à la page 3; est-ce que vous

 10   pourriez nous lire ce paragraphe. Enfin, les deux premières phrases, s'il

 11   vous plaît. Veuillez lire ceci lentement, s'il vous plaît, le deuxième

 12   paragraphe qui se trouve à la page 3.

 13   R.  "Nous sommes montés dans le camion et nous nous sommes mis en direction

 14   de Lestane. Nous sommes arrivés au premier croisement lorsque le camion a

 15   fait un virage en U. Ivica Novkovic et moi-même, nous avons suivi le camion

 16   à pied. Nous avons chargé les corps près du croisement. Il y en avait cinq

 17   ou six. Je me souviens qu'il y avait des cadavres que l'on ne pouvait pas

 18   charger sur le camion parce qu'ils étaient trop lourds. Ceux-là, nous les

 19   avons laissés.

 20   "Il y avait l'atelier d'un menuisier qui se trouvait à proximité de la rue

 21   Miladina Popovica, près de l'intersection. Nous n'avons pas emmené tous les

 22   corps qui se trouvaient dans l'atelier. Il y avait un autre corps calciné

 23   qui se trouvait à l'entrée de l'atelier. Ensuite, le camion est retourné en

 24   direction du bâtiment de l'OUP. Ivica Novkovic et moi, nous avons suivi.

 25   Nous sommes passés devant l'ancien bâtiment où se trouvait l'OSCE. Nous

 26   avons chargé les dix corps mais il y en a que nous avons laissé également.

 27   Le camion s'est ensuite dirigé vers un petit centre d'affaires le long de

 28   la route principale entre Prizren et Pristina, où Ivica Novkovic et moi

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  1   nous nous sommes rendus à pied en direction de l'endroit où nous avons

  2   entendu les tirs et les explosions de la grenade à main."

  3   Q.  Merci. Veuillez nous lire également le paragraphe suivant. C'est un

  4   paragraphe assez court.

  5   R.  "Lorsque nous sommes arrivés devant la pizzeria, un petit centre

  6   d'affaires, je ne me souviens pas du nom de ce centre maintenant, je sais

  7   que c'était de l'autre côté par rapport à la société Metohija Vino, nous

  8   avons vu un camion qui était garé là. C'était un camion avec une remorque

  9   et la remorque était tournée en direction de l'entrée de la pizzeria. J'ai

 10   vu le policier qui s'appelait Miroslav Tanovic et Petkovic, ainsi qu'un

 11   policier qui répondait au surnom de Tzece [phon]. Il était près du kiosque

 12   en face du bâtiment municipal du petit centre d'affaires. Il y avait

 13   également le Dr Boban Vuksanovic."

 14   Q.  Après avoir lu ce que vous avez dit dans votre première déclaration,

 15   vous souvenez-vous maintenant du nom de la personne qui a voyagé avec vous

 16   lorsque vous étiez dans le camion et que vous êtes allé sur la route pour

 17   aller chercher les corps ?  

 18   R.  Cela fait si longtemps que je ne peux pas dire avec certitude si c'est

 19   Novkovic ou un autre collègue qui m'accompagnait à partir du moment où nous

 20   avons commencé à charger le corps qui se trouvait dans la cour de l'OUP à

 21   Suva Reka jusqu'au moment où nous avions terminé. Mais néanmoins je m'en

 22   tiens à ce que j'ai dit, à savoir que j'ai commencé à oublier certaines

 23   choses et la déclaration est dans l'état telle que je l'ai faite à

 24   l'époque. J'étais là ainsi que les deux réservistes et nous nous sommes

 25   dirigés vers Restanski Put pour aller charger les corps.

 26   A savoir s'il y avait d'autres corps qui n'appartenaient pas à la

 27   famille Berisha, je ne sais pas à savoir si ces Albanais avaient peut-être

 28   attaqué la police en guise de riposte, je ne sais pas. Néanmoins, je

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  1   souhaite m'en tenir à ce que j'ai dit.

  2   Q.  Je vais vous demander maintenant de vous concentrer sur les corps et

  3   les policiers qui vous accompagnaient. Vous avez dit à plusieurs reprises

  4   dans votre déclaration, vous faites référence à Ivica Novkovic comme étant

  5   la personne qui vous a accompagné. Ceci ne vous permet-il pas de vous

  6   rafraîchir la mémoire ?

  7   R.  Si, cela m'aide à me souvenir, mais parce que je me souviens qu'il

  8   refusait de charger les corps, mais je m'en tiens à l'autre réserviste qui

  9   m'accompagnait et qui a chargé les corps en même temps que moi, parce que

 10   je n'aurais certainement pas pu faire cela tout seul.

 11   M. STAMP : [interprétation] Il y a une question que je souhaite poser à

 12   huis clos partiel, s'il vous plaît. Je souhaite passer simplement pendant

 13   quelques instants.

 14   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, huis clos partiel.

 15   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Messieurs les Juges, nous sommes à huis

 16   clos partiel.

 17   [Audience à huis clos partiel]

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 25   [Audience publique]

 26   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Djurdjic.

 27   M. DJURDJIC : [interprétation] Messieurs les Juges, M. Stamp a critiqué mon

 28   comportement, mais pour la deuxième fois, il se sert d'un document qui

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  1   n'est pas traduit, et deuxièmement, il a utilisé un document qui n'a pas

  2   été présenté pendant l'interrogatoire principal. Donc je souhaite avoir la

  3   possibilité de poser quelques questions au témoin concernant ce document

  4   après la pause.

  5   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Stamp, est-ce que vous voulez

  6   nous dire que ce document a été utilisé pendant le contre-interrogatoire ?

  7   M. STAMP : [interprétation] Non, Monsieur le Président, du tout, ceci n'a

  8   pas été évoqué pendant le contre-interrogatoire. Le témoin y a simplement

  9   fait référence, il a parlé de sa première déclaration dans le contexte

 10   suivant, il laissait entendre que ceci avait été dit simplement pour

 11   expliquer mieux ses propos. C'est une déclaration qui a été communiquée par

 12   la Défense il y a fort longtemps et j'ai simplement apporté un exemplaire

 13   parce qu'une traduction existe.

 14   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous dites dans votre argument que

 15   vous y avez fait référence, référence à cette déclaration pour voir si ceci

 16   permettait au témoin de se rafraîchir la mémoire ?

 17   M. STAMP : [interprétation] Oui, tout à fait, Monsieur le Président.

 18   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Mais pourquoi n'avez-vous pas abordé

 19   cela pendant votre interrogatoire principal ?

 20   M. STAMP : [interprétation] Ecoutez, la question ne s'est pas posée. En

 21   fait, ce que j'ai fait découlait de ce que le témoin a dit pendant le

 22   contre-interrogatoire en réponse à une question qui a été posée par mon

 23   confrère sur l'ordre de différentes déclarations et les déclarations qui

 24   ont été données. Et c'est quelque chose qui découlait purement et

 25   simplement du contre-interrogatoire.

 26   [La Chambre de première instance se concerte]

 27   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il n'y a plus de place sur les bandes,

 28   donc il nous faut faire une pause maintenant et nous allons reprendre à 13

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  1   heures 10.

  2   [Le témoin quitte la barre]

  3   --- L'audience est suspendue à 12 heures 42.

  4   --- L'audience est reprise à 13 heures 12.

  5   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] D'après la Chambre, stricto sensu la

  6   référence qu'il avait faite à la déclaration ne portait pas sur la teneur

  7   de la déclaration par Me Djurdjic. Dans la mesure où une référence a été

  8   faite par M. Stamp pour permettre au témoin de se rafraîchir la mémoire,

  9   d'après les Juges de la Chambre, ceci semble approprié. Ceci devait lui

 10   permettre de faire référence à la déclaration, en faire un usage limité et

 11   permettre à Me Djurdjic de contre-interroger sur tout élément contenu dans

 12   la déclaration. Ce qui vous permettra, Monsieur Stamp, peut-être

 13   éventuellement de poser des questions supplémentaires, nous verrons.

 14   [Le témoin vient à la barre]

 15   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Djurdjic.

 16   M. DJURDJIC : [interprétation] Je vous remercie, Messieurs les Juges.

 17   Contre-interrogatoire supplémentaire par M. Djurdjic : 

 18   Q.  [interprétation] Monsieur Veljkovic, on m'a donné l'occasion, grâce à

 19   M. Stamp, d'aborder avec vous votre déclaration, celle que vous avez remise

 20   au service de la police judiciaire en 2003. Veuillez regarder la dernière

 21   page de cette déclaration, s'il vous plaît, parce que vous avez parcouru

 22   l'ensemble de la déclaration avec M. Stamp et je vous demande de me dire si

 23   oui ou non à la fin de cette déclaration, vous constatez que cette femme

 24   dont vous nous avez parlé un peu plus tôt est évoquée.

 25   R.  La personne qui a survécu à la fusillade ?

 26   Q.  Non, la personne qui a téléphoné au poste de police. Je crois que ceci

 27   devrait se trouver à la page 23 environ.

 28   R.  Je vais vous expliquer comment les choses se sont passées. Ils m'ont

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  1   posé des questions, ensuite ils ont consigné mes réponses dans un petit

  2   carnet. Et lorsque j'avais terminé ma déclaration, ils m'ont dit que je

  3   devais attendre à cet endroit là, attendre qu'ils tapent ceci à la machine

  4   ou le saisissent dans un ordinateur et ensuite, je devais signer la

  5   déclaration. Donc j'ai attendu environ une heure pendant qu'ils rédigeaient

  6   la déclaration, et ensuite, ils l'ont imprimée et me l'ont remise pour que

  7   je la signe.

  8   A ce moment-là, je ne l'ai pas lue, je le reconnais. Je l'ai

  9   simplement signée. Et s'ils avaient décidé de ne pas mentionner cette femme

 10   et le coup de fil passé au poste de police, je ne sais pas pourquoi et je

 11   ne sais rien à ce sujet.

 12   Q.  Bien. Alors nous n'allons pas passer trop de temps là-dessus. Vous

 13   dites :

 14   "Cette déclaration m'a été relue, ceci est véridique et illustre mes

 15   propos et je le signe."

 16   En d'autres termes, ceci vous a été relu à voix haute ?

 17   R.  Si j'ai signé cette déclaration, et on peut lire que ceci m'a été relu,

 18   c'est sans doute mon erreur. Dans ce cas, je crois que je ne souhaitais pas

 19   trop insister dessus et je leur ai demandé pourquoi ils n'ont pas inclus

 20   dans la déclaration le fait que cette femme ait appelé le poste de police.

 21   Mais voyez-vous, ils m'ont aussi posé une question à propos d'un homme qui

 22   a été tué à une station à essence, et je leur ai dit que je ne savais pas;

 23   c'est la première fois que je les ai entendus parler de cela.

 24   Q.  Monsieur Veljkovic, je vous ai déjà posé la question, mais je crois que

 25   vous avez oublié.

 26   M. DJURDJIC : [interprétation] Messieurs les Juges, je demande le versement

 27   au dossier de cette déclaration, s'il vous plaît, plutôt que de le

 28   parcourir un paragraphe après l'autre, parce que je crois que cette

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  1   déclaration a été lue quasiment dans son intégralité. Et si tel n'est pas

  2   le cas, peut-être que M. Veljkovic pourrait lire le troisième paragraphe à

  3   partir du haut.

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce que vous voulez dire le paragraphe qui

  5   commence par "une fois que nous avions terminé le chargement des corps,

  6   nous sommes rentrés à l'OUP de Suva Reka…" Bon, je vais recommencer, je

  7   cite :

  8   "Lorsque nous avons terminé le chargement des corps vers 15 heures…" --

  9   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous allez poser une question au

 10   témoin à propos de ce paragraphe ?

 11   Soit. Lisez-la alors.

 12    LE TÉMOIN : [interprétation] "Lorsque nous avons terminé le chargement des

 13   corps vers 15 heures, je suis rentré au bâtiment de l'OUP à Suva Reka. Un

 14   peu plus tard, j'ai entendu qu'un ordre avait été donné qui précisait qu'il

 15   ne fallait plus tuer les Albanais et l'ordre avait été donné de nous rendre

 16   de maison en maison pour leur dire qu'ils devaient quitter leurs maisons en

 17   l'espace de 30 minutes pour se rendre en Albanie et s'ils ne le faisaient

 18   pas, ils seraient tués. Je ne sais pas qui a donné cet ordre."

 19   M. DJURDJIC : [interprétation]

 20   Q.  Merci, Monsieur Veljkovic. Est-ce que c'est quelque chose qui faisait

 21   partie de votre déclaration ? Est-ce que ceci illustre comme il se doit les

 22   propos que vous avez faits ?

 23   R.  Oui, tout à fait.

 24   M. DJURDJIC : [interprétation] Encore une fois, je demande le versement au

 25   dossier de ce document, mais je ne sais pas si ceci a été traduit déjà ou

 26   pas, parce que je ne l'ai pas lu. Je ne l'ai pas vu à l'écran, que ce soit

 27   maintenant ou un moment, M. Stamp interrogeait le témoin. Et si la

 28   traduction n'existe pas, à ce moment-là, je propose que ce document soit

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  1   marqué aux fins d'identification ou à défaut, si nous disposons de la

  2   traduction dans ce cas -- Mlle O'Leary vient de me dire que nous disposons

  3   d'une traduction, mais que ceci n'a pas été saisi dans le système

  4   électronique du prétoire.

  5   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] La déclaration, d'après ce qu'on vient

  6   de nous dire, a été traduite et sera admise au dossier en tant que pièce à

  7   conviction.

  8   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera la pièce, Messieurs les Juges,

  9   D00313.

 10   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Stamp, avez-vous des

 11   questions supplémentaires ?

 12   M. STAMP : [interprétation] Non, pas de questions supplémentaires. Je vous

 13   remercie par rapport à ces questions, Monsieur le Président.

 14   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

 15   Questions de la Cour : 

 16   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur Veljkovic, j'ai une petite

 17   question à vous poser. Ce matin vous nous avez parlé des corps dans la

 18   pizzeria, ceci se trouve à la page 22, ligne 13 et suivantes. Vous avez qui

 19   que :

 20   "Il y avait énormément de corps et si nous les avions laissés, il y aurait

 21   eu un scandale, il y aurait beaucoup plus de gens accusés et poursuivis".

 22   Je n'ai pas compris votre réponse. Peut-être que vous pourriez nous

 23   l'expliquer davantage. Qu'entendiez-vous par là ?

 24   R.  Ce que je voulais dire c'est que les corps qui se trouvaient dans la

 25   pizzeria ne pouvaient pas être laissés à cet endroit-là, il fallait les

 26   enterrer quelque part pour empêcher une épidémie. Lorsque nous avons quitté

 27   Suva Reka par la suite, si quelqu'un avait découvert que des personnes

 28   avaient été tuées et laissées sur place, un nombre plus important de gens

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  1   auraient pu être mis en accusation, non seulement en raison de ces

  2   meurtres, mais également parce que ces corps n'auraient pas été enterrés et

  3   qu'on les aurait laissés là. Alors, voilà la réponse à la question.

  4   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Hier, on a posé une question à propos

  5   de l'audition par le juge d'instruction, M. Dilparic, à Belgrade, et à deux

  6   reprises vous avez dit aux Juges de la Chambre que vous aviez peur et que

  7   vous craigniez de vous trouver dans cette situation pendant votre audition.

  8   Pourriez-vous nous dire ce qui vous faisait peur et pourquoi vous

  9   ressentiez cela ?

 10   R.  J'étais inquiet et j'avais peur tout simplement parce que je craignais

 11   pour ma liberté. Lorsqu'on est cité, on reçoit une citation à comparaître,

 12   on est un citoyen ordinaire et il est très facile ou cela peut changer tout

 13   à coup et on peut se trouver dans la position d'un suspect.

 14   J'étais très mal à l'aise parce que je devais témoigner contre les

 15   personnes avec lesquelles j'avais travaillé, même si ce qu'elles ont fait

 16   elles l'ont fait tout à fait délibérément et avec préméditation. Mais j'ai

 17   constaté que dans ce cas-là ou dans ce cas-ci, un très grand nombre de

 18   témoins ont été auditionnés et je ne pouvais rien dissimuler. Il y avait

 19   non seulement tous les policiers d'active qui ont été cités à témoigner,

 20   mais également tous les réservistes, et bien sûr, ils n'auraient pas permis

 21   que mon témoignage compromette leur liberté.

 22   C'est l'une des raisons pour laquelle j'avais peur et non pas parce

 23   que votre collègue Dilparic n'était pas aimable à mon égard ou quelque

 24   chose de la sorte. C'est la seule raison pour laquelle j'étais aussi

 25   inquiet.

 26   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Je vous remercie beaucoup.

 27   M. LE JUGE BAIRD : [interprétation] Lorsque vous suiviez le camion le long

 28   de la route Restanski Put, qui a pris la décision de faire un virage en U

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  1   lorsque vous suiviez le camion ?

  2   R.  La seule personne qui était là c'était le chauffeur, le conducteur du

  3   camion. Ce n'est personne d'autre, c'était le seul.

  4   M. LE JUGE BAIRD : [interprétation] Lui avez-vous demandé pourquoi il a

  5   pris cette décision-là ?

  6   R.  Non.

  7   M. LE JUGE BAIRD : [interprétation] Et vous souhaitiez savoir ?

  8   R.  Non.

  9   M. LE JUGE BAIRD : [interprétation] Je vous remercie.

 10   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ceci met un terme à votre audition.

 11   Vous pouvez maintenant rentrer chez vous et vous livrer à vos activités

 12   quotidiennes. Le représentant du greffe va vous accompagner. Nous vous

 13   remercions d'être venu apporter votre concours.

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie.

 15   [Le témoin se retire]

 16   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Hannis, M. Coo, d'après ce

 17   que je comprends, est le témoin suivant. 

 18   M. HANNIS : [interprétation] C'est exact.

 19   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je ne pense pas que son témoignage

 20   soit bref.

 21   M. HANNIS : [interprétation] Je ne pense pas que ce soit aussi court que

 22   cela et je souhaitais aborder la question du calendrier avec vous, compte

 23   tenu du moment où nous nous trouvons actuellement. J'aurais préféré le

 24   faire d'une seule traite. En raison du caractère de sa déposition, je crois

 25   qu'il serait plus efficace de pouvoir l'entendre en une seule journée.

 26   Si nous commençons maintenant, je comprends que vous avez un témoin

 27   qui doit être auditionné demain et il faudra le terminer demain; donc il

 28   faudra peut-être retarder la déposition de M. Coo peut-être dans l'après-

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  1   midi. Mais je crois qu'il serait préférable de lever l'audience maintenant

  2   et peut-être faire venir M. Coo à un autre moment qui conviendrait à tout

  3   un chacun.

  4   Je me suis entretenu de cela avec M. Djordjevic lors de la dernière pause,

  5   et je crois que plus il viendra tardivement, plus courte sera sa déposition

  6   parce qu'il y a d'autres témoins qui viendront peut-être avant lui.

  7   Voilà donc la demande que je formule.

  8   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il est certain que si nous commençons

  9   à entendre ce témoin pendant les 15 minutes qui nous restent, ceci ne sera

 10   pas très commode. Le témoin qui est prévu pour demain, c'est un témoin

 11   important et nous avons prévu de terminer son audition demain, mais peut-

 12   être que la situation sera assez proche de la situation d'aujourd'hui.

 13   Donc pour rendre les choses plus compliquées encore, l'Accusation

 14   prévoit de faire venir trois témoins ou d'entendre trois témoins par

 15   liaison satellite lundi et mardi, voire même peut-être mercredi, quoique

 16   nous pensons qu'il serait possible de terminer la déposition de ces témoins

 17   en deux jours.

 18   Donc le plus tôt serait les derniers jours de la semaine prochaine,

 19   voire même peut-être plus tard. Si d'autres témoins sont disponibles, ils

 20   peuvent venir la semaine prochaine.

 21   M. HANNIS : [interprétation] Oui. Il est vrai que j'y ai un intérêt

 22   personnel parce que je pars demain et je serai absent le mercredi, jeudi et

 23   vendredi de la semaine suivante. Et d'après ce que j'ai compris, la semaine

 24   du 20, vous n'allez siéger que le lundi, mardi et une partie de la journée

 25   de mercredi. Donc je vais voir si M. Coo peut venir témoigner le 17 août ou

 26   peut-être après et voir si je peux l'inscrire dans le calendrier pour ces

 27   dates-là, voir si ceci vous convient à vous, Messieurs les Juges, ainsi

 28   qu'à Me Djordjevic.

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  1   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bien. Merci, Monsieur Hannis. Nous

  2   nous verrons donc sous peu, nous ne savons pas encore quand, mais nous

  3   attendrons cette date patiemment. Me Djurdjic, j'en suis certain, sera

  4   informé par Me O'Leary quant à la teneur de nos délibérations et les

  5   raisons qui président à nos décisions.

  6   Et nous dirons au conseil pour la Défense que nous espérons en avoir

  7   terminé de la déposition du témoin demain, que tous les conseils doivent

  8   s'en tenir au programme et que prévisiblement mercredi de la semaine

  9   prochaine, nous pourrons entendre le ou les autres témoins sans liaison

 10   vidéo.

 11   Donc nous pouvons lever la séance et nous nous retrouvons demain à 9

 12   heures. Fin de la séance.

 13   --- L'audience est levée à 13 heures 31 et reprendra le vendredi 10 juillet

 14   2009, à 9 heures.

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