Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le vendredi 10 juillet 2009

  2   [Audience publique]

  3   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 9 heures 02.

  5   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Madame Gopalan, bonjour à vous.

  6   Mme GOPALAN : [interprétation] Bonjour à vous, Messieurs les Juges. Le

  7   témoin suivant est M. Knut Vollebaek.

  8   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie.

  9   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 10   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin.

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour à vous.

 12   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Veuillez lire le texte de la

 13   déclaration solennelle qui vous est présenté.

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

 15   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 16   LE TÉMOIN : KNUT VOLLEBAEK [Assermenté]

 17   [Le témoin répond par l'interprète]

 18   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Veuillez vous asseoir.

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci, Monsieur le Juge.

 20   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Mme Gopalan a quelques questions à

 21   vous poser.

 22   Interrogatoire principal par Mme Gopalan : 

 23   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Vollebaek.

 24   R.  Bonjour à vous.

 25   Q.  Veuillez nous donner vos nom et prénom.

 26   R.  Mon prénom est Knut, K-n-u-t, et mon nom de famille est Vollebaek, V-o-

 27   l-l-e-b-a-e-k.

 28   Q.  Quelle est votre date de naissance ?

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  1   R.  Le 11 février 1946.

  2   Q.  Quel poste occupez-vous actuellement ?

  3   R.  Je suis le haut-commissaire pour l'OSCE sur les minorités nationales.

  4   Q.  Avant d'avoir ce poste --

  5   R.  J'étais, juste avant ce poste-là, ambassadeur de Norvège auprès des

  6   Etats-Unis d'Amérique.

  7   Q.  Pourriez-vous citer les différents postes que vous avez occupés avant

  8   de devenir ambassadeur ?

  9   R.  Par quoi souhaitez-vous que je commence ?

 10   Q.  Vous pouvez commencer par lorsque vous avez commencé à travailler pour

 11   le ministère des Affaires étrangères en 1973.

 12   R.  Brièvement, j'ai rejoint les services diplomatiques en 1973, j'ai été

 13   envoyé en Inde, en Espagne, au Zimbabwe, au Costa Rica; et entre 1989 et

 14   1990, j'étais adjoint du ministre des Affaires étrangères, ministre d'Etat

 15   de Norvège; entre 1997 et mars de l'an 2000, j'étais au ministère des

 16   Affaires étrangères de Norvège.

 17   Q.  Merci, Monsieur. Avez-vous témoigné dans le procès le Procureur contre

 18   Milutinovic devant ce Tribunal en janvier 2007 ?

 19   R.  Oui, effectivement.

 20   Q.  Avez-vous eu l'occasion de revoir votre déposition dans le cadre de

 21   cette affaire ?

 22   R.  Oui, tout à fait.

 23   Q.  Merci. Veuillez marquer une pause entre les questions et les réponses,

 24   s'il vous plaît, pour les interprètes.

 25   R.  Pardonnez-moi, je n'ai pas entendu votre question parce que j'ai été

 26   interrompu par les interprètes qui souhaitaient que nous ralentissions.

 27   Q.  Comme nous parlons la même langue, il faut faire attention et marquer

 28   une pause entre les questions et les réponses.

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  1   R.  Bien sûr.

  2   Q.  Je vais donc répéter ma question.

  3   Après avoir revu la déposition que vous avez faite dans l'affaire

  4   Milutinovic et consorts, si on devait vous poser les mêmes questions, est-

  5   ce que pour l'essentiel vous fourniriez les mêmes réponses ?

  6   R.  Oui, tout à fait. J'aurais aimé pouvoir changer de langue, la langue

  7   anglaise, mais pour l'essentiel c'est la même chose.

  8   Mme GOPALAN : [interprétation] Je souhaite maintenant verser au dossier le

  9   numéro 65 ter 05200. Messieurs les Juges, il s'agit du compte rendu

 10   d'audience dans l'affaire Milutinovic.

 11   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ceci est admis.

 12   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera la pièce P01071, Messieurs les

 13   Juges.

 14   Mme GOPALAN : [interprétation]

 15   Q.  Avez-vous également témoigné dans l'affaire le Procureur contre

 16   Milosevic devant ce Tribunal en juillet 2002 ?

 17   R.  Oui, tout à fait.

 18   Q.  Avez-vous récemment eu l'occasion de revoir la déposition que vous avez

 19   faite dans cette affaire-là ?

 20   R.  Oui, j'ai revu cela également.

 21   Q.  Et après avoir regardé à nouveau votre déposition dans l'affaire

 22   Milosevic, si on vous posait les mêmes questions, est-ce que vous

 23   répondriez pour l'essentiel de la même façon ?

 24   R.  Oui, à l'exception de quelques malentendus eu égard des dates, sinon

 25   oui, je répondrais de la même façon.

 26   Q.  Merci, Monsieur.

 27   Mme GOPALAN : [interprétation] Je demande maintenant le versement au

 28   dossier du compte rendu d'audience dans l'affaire Milosevic. Le numéro 65

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  1   ter 02632, la déposition de ce témoin.

  2   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ceci est admis.

  3   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera la pièce P01072.

  4   Mme GOPALAN : [interprétation]

  5   Q.  Et pour finir, Monsieur, avez-vous remis une déclaration au bureau du

  6   Procureur de ce Tribunal en janvier de l'an 2002 ?

  7   R.  Tout à fait, oui.

  8   Q.  Avez-vous eu l'occasion de revoir cette déclaration récemment ?

  9   R.  Oui, tout à fait.

 10   Q.  Merci, Monsieur. Et après avoir relu cette déclaration, est-ce que vous

 11   êtes convaincu du fait que sa teneur est véridique et conforme aux

 12   événements d'après vos connaissances, d'après ce que vous savez ?

 13   R.  Oui, d'après ce dont je me souviens, oui.

 14   Q.  Merci, Monsieur.

 15   Mme GOPALAN : [interprétation] Messieurs les Juges, je demande le versement

 16   au dossier de cette pièce, le numéro 65 ter 02634.

 17   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ce document est admis.

 18   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera la pièce P01073.

 19   Mme GOPALAN : [interprétation] Je vais maintenant vous lire un résumé de la

 20   déposition de M. Vollebaek, Messieurs les Juges.

 21   Le témoin a occupé un certain nombre de postes au sein du ministère

 22  norvégien des Affaires étrangères entre 1973 et l'an 2000. Entre le 1er juin

 23   1993 et la fin de cette année-là, il était adjoint et co-président qui

 24   présidait la Conférence internationale de l'ex-Yougoslavie qui traitait de

 25   différentes questions liées aux Balkans.

 26   Au cours de cette année-là, en 1999, en tant que ministre norvégien des

 27   Affaires étrangères, il a également joué le rôle de président du bureau de

 28   l'OSCE. Le témoin va nous décrire et nous parler du mandat de l'OSCE, ses

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  1   origines et ses membres.

  2   En 1998, l'OSCE a reçu un mandat spécial afin de pouvoir s'occuper du

  3   Kosovo. Le témoin va décrire ses impressions et les échanges qu'il a eus

  4   avec Slobodan Milosevic, Nikola Sainovic, Milan Milutinovic ainsi que

  5   d'autres représentants officiels au Kosovo. Le témoin va décrire les

  6   visites qu'il a faites au Kosovo et qu'il a remarqué en mars 1999 une

  7   concentration des forces serbes. Le témoin a également remarqué qu'un

  8   nombre important de personnes voyageait à bord de tracteurs. Les nombres

  9   étaient plus importants et plus élevés que ce qu'il avait remarqué

 10   auparavant. Il a remarqué que la situation auparavant avait empiré.

 11   Le témoin a eu des discussions avec Milosevic à propos de cette

 12   concentration des forces serbes ainsi que le déplacement et les incendies

 13   qu'il a pu constater. Le témoin a rencontré Ibrahim Rugova à plusieurs

 14   reprises et a remarqué que Rugova a montré qu'il était disposé à négocier

 15   avec Milosevic. A plusieurs occasions, il était en contact avec Ibrahim

 16   Rugova et a établi des contacts et des liens entre Rugova et Milosevic. Il

 17   a également rencontré des représentants de l'UCK. Le témoin va déposer sur

 18   sa décision qui consistait à retirer l'OSCE du Kosovo.

 19   Et ceci est la fin du résumé que je présente aux Juges dans le

 20   prétoire aujourd'hui, Messieurs les Juges.

 21   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie.

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, je ne sais pas si cela

 23   me regarde, mais est-ce que je peux apporter une correction au résumé qui

 24   vient d'être fait. Je crois que le représentant du Procureur, d'après ce

 25   que je vois, dit qu'au cours de cette année-là, ceci pourrait induire en

 26   erreur l'année 1993, cela devrait bien sûr être l'année 1999.

 27   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie beaucoup.

 28   Mme GOPALAN : [interprétation]

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  1   Q.  Je vous remercie pour cela, Monsieur.

  2   Monsieur, comme vous le savez, vos témoignages et vos déclarations ont été

  3   remis à la Chambre. Par conséquent, je n'ai que quelques questions à vous

  4   poser qui concernent certains points d'éclaircissement par rapport à ces

  5   derniers.

  6   Donc je souhaite commencer par l'OSCE, Organisation chargée de la sécurité

  7   et de la coopération en Europe. Dans votre déclaration, au paragraphe 5 de

  8   la page 2, vous avez déclaré que vous étiez le président de l'OSCE en 1999,

  9   et la même référence se trouve en B/C/S.

 10   Avant d'entrer dans le détail du rôle que vous avez joué en tant que

 11   président, pourriez-vous nous donner quelques éléments de contexte sur

 12   l'OSCE, s'il vous plaît. Quel est le rôle de l'OSCE et quel a été son rôle

 13   ?

 14   R.  L'OSCE est une organisation chargée de la sécurité paneuropéenne qui a

 15   été créée après les déclarations d'Helsinki de 1975, et ceci a commencé

 16   sous la forme d'une conférence. L'organisation en tant que telle a été

 17   créée en 1994. Son système, si je puis dire cela, c'est qu'il y a une

 18   présidence tournante qui est assumée par les ministres des Affaires

 19   étrangères de différents pays membres. Moi, j'étais à l'époque ministre des

 20   Affaires étrangères, donc j'ai présidé cette organisation-là en 1999.

 21   Si je me souviens bien, à cette époque-là, il y avait 54 pays qui

 22   participaient à cela, parce que le statut légal de cette organisation est

 23   un petit peu étrange à l'époque. Aujourd'hui, je crois que ce chiffre est à

 24   56. A l'époque, si je me souviens bien, les membres qui participent à cette

 25   organisation étaient au nombre de 54 en 1999.

 26   Q.  Merci beaucoup. Vous avez dit que vous étiez président de l'OSCE en

 27   1999. Quelles étaient vos responsabilités en tant que président ?

 28   R.  Un président doit faire fonctionner l'organisation. Il y a un

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  1   secrétaire général qui a des responsabilités au plan administratif, et le

  2   président ou ce qu'on appelle la personne qui préside à ce bureau, c'est

  3   actuellement une femme ministre des Affaires étrangères, joue un rôle

  4   davantage politique. Il s'agit en fait de fixer les priorités, les

  5   activités, l'orientation que doit prendre l'organisation et essayer ensuite

  6   évidemment de tenir compte de toutes les questions de sécurité qui relèvent

  7   de ces pays qui participent à cette organisation; la résolution, la

  8   prévention des conflits, la résolution des conflits. Et au moment où moi,

  9   je présidais cette organisation, le Kosovo était une question très

 10   importante.

 11   Q.  Vous avez dit dans votre déclaration que l'OSCE avait reçu un mandat

 12   spécial en 1998 à propos du Kosovo. Ceci se trouve à la page 3, au

 13   paragraphe 4; et en B/C/S, à la page 3, au paragraphe 2. Pourriez-vous nous

 14   expliquer, Monsieur, s'il vous plaît, en quoi consistait ce mandat spécial

 15   de l'OSCE au Kosovo ?

 16   R.  Le mandat qui a été donné à l'OSCE par le Conseil de sécurité, je crois

 17   que ceci avait trait à deux résolutions du Conseil de sécurité, si je me

 18   souviens bien, 1156 et 1190, les deux datent du mois d'octobre 1998. Mais

 19   quoi qu'il en soit, il y avait deux résolutions du Conseil de sécurité qui

 20   ont demandé à l'OSCE de surveiller la situation, de faire en sorte que le

 21   Conseil de sécurité soit tenu informé et essayer de trouver une solution au

 22   conflit.

 23   Q.  Vous nous avez dit qu'eu égard au Kosovo, à l'époque, lorsque vous

 24   étiez président de l'OSCE, le Kosovo était une question importante. Est-ce

 25   que vous pourriez nous fournir quelques éléments de contexte et nous dire

 26   pourquoi le Kosovo était une question aussi importante pour l'OSCE à

 27   l'époque ?

 28   R.  Comme ce Tribunal le sait, il s'agit en fait d'un problème évidement

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  1   européen, une question importante pour l'Europe. Et à l'époque, lorsque

  2   j'ai commencé en tant que président, nous étions sur le point d'avoir une

  3   guerre puisqu'il y avait la population albanaise du Kosovo qui faisait

  4   partie à ce moment-là de la Yougoslavie, et les dirigeants de Belgrade --

  5   la situation était très tendue. Il y avait un conflit, c'était à la veille

  6   d'une guerre. Nous avons également constaté que dans cette situation, il y

  7   avait un groupe de personnes, les Albanais du Kosovo, qui étaient harcelés,

  8   persécutés et intimidés, ce qui était contraire à tout critère des droits

  9   de l'homme et en particulier, bien sûr, à l'époque, contraire aux principes

 10   de l'OSCE.

 11   Et, vous vous souviendrez certainement que la Yougoslavie, à ce moment-là,

 12   en raison de sa politique avait déjà été écartée de l'organisation. J'avais

 13   également indiqué à M. Milosevic que j'avais rencontré déjà en 1998, en ma

 14   qualité de ministre des Affaires étrangères, moi je souhaitais faire

 15   revenir la Yougoslavie au sein de l'OSCE, ce qui était important pour

 16   l'Europe et pour la situation dans cette région. C'est la raison pour

 17   laquelle c'était pour moi une tâche très importante, pour voir si nous

 18   pouvions faire revenir la Yougoslavie au sein de l'OSCE et désamorcer la

 19   tension et éviter que le conflit ne puisse pas déborder dans la région.

 20   Q.  Je vous remercie, Monsieur.

 21   Mme GOPALAN : [interprétation] Je souhaite maintenant afficher à l'écran,

 22   numéro 65 ter, 004455.

 23   Q.  C'est un document, Monsieur, que vous verrez apparaître à l'écran.

 24   Monsieur, est-ce que vous reconnaissez ce document ?

 25   R.  Il s'agit de la résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies,

 26   d'après ce que je vois. Je pense que je pourrais le lire si je me rapproche

 27   du document.

 28   Mme GOPALAN : [interprétation] Veuillez agrandir le document un petit peu,

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  1   s'il vous plaît.

  2   Q.  Est-ce que vous voyez mieux, maintenant ?

  3   R.  Oui, tout à fait.

  4   Q.  Merci, Monsieur. Donc il s'agit de la Résolution 1160 du Conseil de

  5   sécurité de l'ONU, datée du 31 mars 1998.

  6   Au deuxième paragraphe qui commence par :

  7   "Approuvons la décision de la session spéciale du Conseil permanent de

  8   l'Organisation chargée de la sécurité et de la coopération en Europe, le 11

  9   mars 1998…"

 10   Pourriez-vous nous commenter ce paragraphe, s'il vous plaît.

 11   R.  Si vous souhaitez que je commente la décision qui a été prise au cours

 12   de la session spéciale du conseil permanent, je ne pense pas pouvoir le

 13   faire, non.

 14   Q.  Etes-vous en mesure de nous fournir des éléments de contexte par

 15   rapport à ce qui est dit dans ce paragraphe, sans pour autant nous parler

 16   de la décision en tant que telle ?

 17   R.  Non, je ne pense pas. Je pense que cette discussion a dû porter sur la

 18   situation au Kosovo, mais parce que ceci était avant que je ne sois

 19   président, c'était le ministre des Affaires étrangères de Pologne qui était

 20   président à ce moment-là, et je faisais partie de cette présidence

 21   tripartite, j'aurais dû le savoir, mais je pourrais le savoir si je

 22   regardais mes documents. Mais si vous regardez le troisième paragraphe,

 23   ceci fait référence à la situation au Kosovo et la session spéciale

 24   justement traitait de cette question-là, la situation au Kosovo. Mais je ne

 25   peux pas vous donner de détails à cet égard.

 26   Q.  Je vous remercie.

 27   Mme GOPALAN : [interprétation] Est-ce que nous pouvons donc passer au

 28   paragraphe 7, maintenant, s'il vous plaît. Il s'agit toujours du même

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  1   document, je crois que ceci se trouve à la page suivante, paragraphe 7,

  2   s'il vous plaît. Nous pouvons agrandir le paragraphe 7, s'il vous plaît.

  3   Q.  Est-ce que vous voyez ce paragraphe 7 ?

  4   R.  Oui, tout à fait.

  5   Q.  Pourriez-vous le commenter, ce paragraphe-ci ?

  6   R.  Comme je l'ai déjà dit, les efforts ont été déployés pour essayer de

  7   trouver une solution pacifique à la crise au Kosovo et ceci est l'appui du

  8   Conseil de sécurité des Nations Unies dont nous avions besoin, bien sûr,

  9   parce que comme vous le savez certainement, l'OSCE ne dispose pas d'un

 10   mandat comme celui des Nations Unies par le biais de son Conseil de

 11   sécurité et ne peut pas, donc - comment dire - s'occuper de résolution de

 12   conflits. Donc nous avons besoin d'un mandat des Nations Unies pour pouvoir

 13   se faire et pouvoir mener à bien nos activités et se trouver une résolution

 14   au conflit.

 15   Q.  Merci, Monsieur.

 16   Mme GOPALAN : [interprétation] Messieurs les Juges, je demande le versement

 17   au dossier de ce document, s'il vous plaît.

 18   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ce document est admis.

 19   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Messieurs les Juges, ce sera la pièce

 20   01074.

 21   Mme GOPALAN : [interprétation] Puis-je maintenant afficher le document

 22   D160, s'il vous plaît.

 23   Q.  Monsieur, reconnaissez-vous le document qui est actuellement à l'écran

 24   ?

 25   R.  Il s'agit là d'une autre résolution du Conseil de sécurité. Et aucune

 26   de ces résolutions ne date du mois d'octobre, la première du mois de mars,

 27   la seconde du mois d'octobre. En fait, c'est cette résolution qui a permis

 28   d'accorder le mandat à l'OSCE, mandat qui lui a été donné par les Nations

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  1   Unies pour s'occuper de la situation au Kosovo. C'est la Résolution 1199.

  2   Q.  Merci.

  3   Mme GOPALAN : [interprétation] Est-ce que nous pouvons passer au paragraphe

  4   4 de cette résolution, s'il vous plaît.

  5   Q.  Le paragraphe 4 qui est en haut de la page fait référence à la

  6   résolution précédente que nous venons de voir. Est-ce que vous pouvez nous

  7   commenter ce paragraphe, s'il vous plaît.

  8   R.  Comme vous le constatez :

  9   "Exige de surcroît que la République fédérale de Yougoslavie, en sus des

 10   mesures déjà exigées en vertu de la Résolution 1960…"

 11   Différentes mesures qui doivent être adoptées :

 12   "Faire cesser toute action par les forces de sécurité…

 13   "Permettre à ce que la surveillance efficace et continue puisse être

 14   poursuivie…

 15   "Faciliter le retour des réfugiés, et ce, dans des conditions de

 16   sécurité…"

 17   "Faire progresser le dialogue avec ceux qui sont à Belgrade…"

 18   Telles ont été les quatre activités principales qui ont été les

 19   miennes alors que je présidais l'OSCE à l'époque.

 20   Q.  Merci beaucoup.

 21   Nous avons déjà entendu différents témoignages devant cette Chambre sur le

 22   rôle et la fonction de la Mission de vérification au Kosovo. Pourriez-vous

 23   me dire quels sont les liens entre la Mission de vérification au Kosovo et

 24   l'OSCE, s'il vous plaît ?

 25   R.  Comme vous pouvez le constater au niveau de ce paragraphe (b) -- 4(b),

 26   il est dit que nous devons avoir un système de vérification internationale

 27   efficace au Kosovo. Ceci a été fait par le biais d'un groupe qui s'appelait

 28   KDOM, K-D-O-M, si je me souviens bien, K-D-O-M. Et je crois que c'était au

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  1   mois d'octobre, me semble-t-il, de l'année 1998 et il y a eu un accord qui

  2   a été signé entre Milosevic et Richard Holbrooke, et par la suite entre le

  3   ministre des Affaires étrangères Geremek et le président Milosevic, que le

  4   président Milosevic a accepté; et par ce biais, il a accepté la présence de

  5   la Mission de vérification au Kosovo. Donc cette mission a été créée en

  6   tant qu'accord entre l'OSCE et le président yougoslave afin de poursuivre

  7   la Mission de vérification au Kosovo et la renforcer aussi -- et de

  8   renforcer cette vérification.

  9   Q.  Quel rôle avez-vous joué eu égard au déploiement de cette Mission de

 10   vérification au Kosovo ?

 11   R.  Ceci a commencé avant même que je ne sois président de l'OSCE le 1er

 12   janvier 1999. En tout cas, je crois que certains membres étaient déjà là

 13   avant Noël, à savoir en 1998. Tout ceci est véritablement entré en vigueur

 14   en février 1999, lorsque j'étais président. Et la Norvège a joué un rôle de

 15   leader à ce moment-là, lorsqu'il s'agissait de mettre en place les termes

 16   de cet accord. Si je me souviens bien, je n'ai pas participé directement

 17   aux négociations, mais mon personnel y a participé de façon très étroite.

 18   La Norvège a participé aux négociations de cet accord ainsi que son entrée

 19   en vigueur avant que je ne devienne président.

 20   Q.  Merci, Monsieur.

 21   Mme GOPALAN : [interprétation] Est-ce qu'on peut avoir à l'écran la pièce

 22   P835, s'il vous plaît.

 23   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Le dernier document que vous avez cité

 24   a déjà été versé au dossier.

 25   Mme GOPALAN : [interprétation] Oui, c'est exact.

 26   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Quelle est sa cote ?

 27   Mme GOPALAN : [interprétation] Sa cote est D160.

 28   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

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  1   Mme GOPALAN : [interprétation]

  2   Q.  Monsieur, reconnaissez-vous le document affiché à l'écran ?

  3   R.  Je sais qu'un accord a été conclu, mais si vous ne me l'aviez pas

  4   montré, je ne l'aurais pas forcément reconnu. Oui, mais un tel accord

  5   existait, en effet.

  6   Mme GOPALAN : [interprétation] Passons à la dernière page de ce document,

  7   s'il vous plaît. Ceci pourrait vous rafraîchir la mémoire. La dernière --

  8   ou plutôt l'avant-dernière page, s'il vous plaît.

  9   Q.  Monsieur, dans le coin gauche de ce document --

 10   R.  Hm-hm.

 11   Q.  -- nous avons le nom du président en exercice --

 12   R.  -- exercice --

 13   Q.  M. Bronislaw Geremek.

 14   R.  Hm-hm.

 15   Q.  Qui était Bronislaw Geremek ?

 16   R.  Bronislaw Geremek était le ministre des Affaires étrangères polonais et

 17   il m'a précédé au poste du président en exercice de l'OSCE. Il a exercé

 18   cette fonction au cours de 1998.

 19   Q.  Merci.

 20   Mme GOPALAN : [interprétation] Revenons maintenant à la page 1 de ce

 21   document, s'il vous plaît.

 22   Q.  Monsieur, ce qui nous intéresse tout particulièrement c'est le

 23   paragraphe qui commence par les mots :

 24   "La Mission de vérification au Kosovo de l'OSCE…"

 25   Qui se trouve au I romain "Etablissement et mise à terme" et ce qui

 26   est indiqué dans ce paragraphe se réfère à une résolution du Conseil de

 27   sécurité de l'ONU, et on fait appel à l'OSCE pour établir une mission.

 28   Pouvez-vous nous expliquer de quoi il s'agit dans ce paragraphe ?

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  1   R.  Ce paragraphe se réfère à la Résolution 1190 du Conseil de sécurité de

  2   l'ONU, si mes souvenirs sont bons, cette résolution-là nous a fourni le

  3   mandat nécessaire pour établir une Mission de vérification au Kosovo et il

  4   s'agissait de mettre en œuvre cette résolution, et c'est bien ce que nous

  5   avons fait en établissant la mission.

  6   Q.  Merci, Monsieur. J'aimerais passer à un autre sujet. Il existait un

  7   processus dans le cadre duquel la MVK soumettait des rapports à l'OSCE.

  8   Pourriez-vous nous décrire ce processus ou plutôt pouvez-vous nous indiquer

  9   où se trouvait le secrétariat de l'OSCE ?

 10   R.  Le secrétariat de l'OSCE se trouvait à Vienne à l'époque.

 11   Q.  Merci. Et pouvez-vous nous expliquer en quoi consistait cette procédure

 12   qui consistait pour les vérificateurs qui se trouvaient sur le terrain à

 13   soumettre les rapports au secrétariat de l'OSCE à Vienne ?

 14   R.  La Mission de vérification au Kosovo était une mission assez

 15   particulière, toutefois elle faisait partie des missions sur le terrain

 16   établies par l'OSCE. Pendant ces missions sur le terrain il fallait

 17   soumettre des rapports à Vienne au secrétariat général de l'OSCE, à son

 18   bureau politique.

 19   Le système suivant lequel on soumettait ces rapports n'était pas

 20   toujours le même. Il dépendait du type d'activités et de la situation sur

 21   place. Si mes souvenirs sont bons, des rapports journaliers avaient été

 22   envoyés pendant une certaine période, je ne sais pas si ce type de rapport

 23   avait été envoyé pendant toute l'année, mais vu le sérieux de la situation,

 24   on les a envoyés pendant une période donnée.

 25   Q.  Ces rapports journaliers que vous avez mentionnés et qui étaient

 26   envoyés au bureau politique du secrétariat général à Vienne, savez-vous ce

 27   qui se passait par la suite avec ces rapports ?

 28   R.  Je ne sais pas exactement ce qui se passait après avec ces documents,

Page 7211

  1   j'imagine qu'ils faisaient l'objet d'une analyse, je ne sais pas si c'était

  2   toujours le cas mais c'est certainement ce qui se produisait de temps en

  3   temps, les informations importantes étaient diffusées particulièrement aux

  4   membres du comité tripartite, à la direction de l'organisation, cette

  5   direction tripartite de l'organisation comprend trois membres, le président

  6   précédent, le président actuel, et le président futur de l'organisation. Et

  7   en fonction des analyses faites, on s'engageait dans des activités

  8   correspondantes.

  9   Q.  Merci.

 10   Mme GOPALAN : [interprétation] Peut-on montrer le document 00662, s'il vous

 11   plaît.

 12   Q.  Monsieur, pouvez-vous nous dire de quel type de document il s'agit, je

 13   me réfère au document affiché à l'écran ?

 14   R.  Il s'agissait d'un rapport de situation émanant de la MVK, ou plutôt,

 15   il s'agit "d'un rapport extraordinaire." Mais ces rapports journaliers

 16   existaient. Je vois que ce rapport se réfère au 10 janvier, j'imagine qu'il

 17   ne couvre que les informations pertinentes pour cette journée-là. Le

 18   rapport présente la situation dans les différentes zones de responsabilité

 19   de la mission.

 20   Q.  Voyons maintenant le deuxième paragraphe, ligne 2, il est question de

 21   huit membres de la VJ capturés par l'UCK. Etait-ce un incident dans lequel

 22   vous avez été impliqué ?

 23   R.  Oui. Si mes souvenirs sont bons, je me suis rendu à Belgrade le jour

 24   suivant. Cette visite avait été prévue d'avance puisque, comme je l'ai déjà

 25   indiqué, le Kosovo a présenté une question très importante. Dès que je suis

 26   devenu président en exercice, j'ai souhaité me rendre à Belgrade puis au

 27   Kosovo pour entamer des échanges sur la situation actuelle.

 28   Mais au moment où j'ai planifié cette visite, je ne savais pas que nous

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  1   devions faire face à cette situation avec des otages, et pendant les

  2   échanges que j'ai eus avec Milosevic, nous avons consacré une grande partie

  3   justement à cette question, Milosevic a été très troublé à cause de cette

  4   situation, mais nous avons réussi à assurer la mise en liberté des otages.

  5   Q.  Merci.

  6   Mme GOPALAN : [interprétation] Je demande le versement au dossier de cette

  7   pièce.

  8   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Cette pièce sera mise au dossier.

  9   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera la pièce P01075.

 10   Mme GOPALAN : [interprétation]

 11   Q.  Monsieur, vous avez mentionné la réunion que vous avez eue avec

 12   Milosevic au mois de janvier 1999. Pouvez-vous nous citer d'autres

 13   rencontres que vous avez eues avec le président Milosevic ?

 14   R.  Je l'ai rencontré à plusieurs reprises à l'époque où j'étais ministre

 15   des Affaires étrangères, je m'étais déjà rendu à Belgrade en 1999. Mais

 16   pendant que j'étais président de l'OSCE, la première réunion que nous avons

 17   eue était celle du 11 janvier, elle a été organisée à cause d'un incident

 18   qui était connu sous le nom de massacre de Racak, si bien que je suis

 19   revenu à Belgrade dès le 15 janvier. Je pense que j'y suis revenu encore

 20   une fois au mois de février ou vers le début du mois de mars. C'était là

 21   les occasions où je me suis rendu à Belgrade. J'ai également parlé avec M.

 22   Milosevic à plusieurs reprises par téléphone.

 23   Q.  Merci. Vous venez de mentionner un incident qui est survenu à Racak,

 24   c'est un incident qui est décrit dans votre déclaration écrite, page 5,

 25   paragraphe 7; qui correspond à la version B/C/S page 5, paragraphe 2. Est-

 26   ce que c'était un exemple type des incidents rapportés par la MVK

 27   conformément à la procédure que nous avons décrite tout à l'heure ?

 28   R.  Tout à fait.

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  1   Q.  Pouvez-vous nous expliquer comment on a fait suivre les informations

  2   concernant Racak le long de la chaîne de commandement ?

  3   R.  En fait, l'événement de Racak est un peu particulier. Je ne sais pas si

  4   j'ai reçu des informations écrites à ce sujet parce que les nouvelles sur

  5   cet incident ont été diffusées par les médias grâce à une déclaration faite

  6   par le chef de la MVK, M. William Walker, il se peut que les rapports

  7   n'aient pas été soumis de la manière habituelle dans ce cas particulier.

  8   Q.  Merci. S'il ne s'agissait pas d'un incident tout à fait habituel, si

  9   par exemple des violations de l'accord Jovanovic-Geremek survenaient,

 10   comment faisiez-vous suivre cette information ?

 11   R.  Eh bien, comme nous l'avons mentionné un peu plus tôt, cette

 12   information on l'aurait fait suivre au secrétariat général et j'imagine

 13   qu'un grand nombre d'information avait également été échangé par téléphone

 14   entre Oslo et Vienne, ou Oslo et Kosovo -- et Pristina, puisque c'était une

 15   question très importante et la situation en même temps était fort

 16   dangereuse.

 17   Il était important d'être au courant de la situation sur le terrain

 18   constamment, cela veut dire que mon personnel, il ne s'agissait pas de moi

 19   personnellement, mon personnel était en contact permanent avec les

 20   différentes parties engagées dans les différentes activités, qu'il s'agisse

 21   du secrétariat à Vienne, de gouvernement de Belgrade, ou de la mission à

 22   Pristina.

 23   Q.  Merci, Monsieur. Quel était le rôle que vous avez joué pour ce qui est

 24   de l'incident qui s'est déroulé à Racak ?

 25   R.  Eh bien, mon rôle consistait à assurer la survie ou la persistance de

 26   cette mission de vérification, parce qu'au vu de la déclaration faite par

 27   M. Walker, le président Milosevic avait souhaité le proclamer persona non

 28   grata et l'écarter du pays, or cela aurait représenté une violation de

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  1   l'accord puisque M. Walker avait été nommé chef de mission, cela ne faisait

  2   pas partie des fonctions du président Milosevic. Cela aurait mis fin à

  3   toute la mission. Il aurait été impossible pour nous de poursuivre nos

  4   activités.

  5   Je me suis rendu à Belgrade de toute urgence pour entamer des négociations

  6   avec le président Milosevic, et suite à un certain nombre d'échanges, je

  7   l'ai persuadé de permettre notre présence continue sur le terrain et à ne

  8   pas remettre en question le chef de la mission de vérification.

  9   Q.  Pouvez-vous nous dire quelque chose sur les enquêtes menées quant à

 10   l'incident qui s'est déroulé à Racak ?

 11   R.  Évidemment, c'était une question très importante. Nous souhaitions

 12   avoir des enquêteurs et des médecins légistes immédiatement sur place. M.

 13   Milosevic était sceptique, il ne souhaitait pas le faire. Si mes souvenirs

 14   sont bons, il a déclaré qu'il allait faire appel à sa propre équipe de

 15   médecins légistes et il a fait appel à une équipe de légistes de

 16   Biélorussie. De son côté, l'OSCE a engagé une équipe de médecins légistes

 17   finnoise.

 18   Mais à cause des problèmes que nous avions avec le président

 19   Milosevic à l'époque et puisque cette autre équipe de médecins légistes

 20   avait déjà été engagée à Racak, je pense que l'équipe de médecins légistes

 21   de l'OSCE a mis une semaine pour se rendre sur place et prendre part à

 22   l'enquête.

 23   Q.  Quelle était la teneur de leurs rapports, une fois qu'ils se sont

 24   rendus sur le site ?

 25   R.  Eh bien, un rapport volumineux rédigé par l'équipe de médecins légistes

 26   de l'OSCE existe, il a été mis sur pied. Je sais que nous avions des

 27   échanges avec les chefs de l'équipe, et ils étaient fort inquiets parce

 28   qu'ils n'avaient pas pu se rendre sur place plus tôt et ils avaient peur

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  1   qu'on ait manipulé les éléments de preuve. Ils nous ont expliqué à quels

  2   types de problèmes ils ont dû faire face.

  3   Q.  Merci, Monsieur. Maintenant j'aimerais passer à un autre sujet qui

  4   concerne votre visite au Kosovo. Vous avez mentionné que vous vous êtes

  5   déplacé au Kosovo à plusieurs reprises, c'est quelque chose qui figure dans

  6   votre déclaration écrite à la page 3, paragraphe 6, version anglaise. Vous

  7   y indiquez que vous vous êtes rendu au Kosovo cinq fois en 1999. Plus

  8   précisément, trois fois avant le début des frappes aériennes de l'OTAN.

  9   Vous y expliquez aussi que vous avez visité plusieurs villages qui ont été

 10   complètement détruits au mois de mars 1999.  

 11   Pouvez-vous nous citer les noms de villages que vous avez visités ?

 12   R.  Eh bien, je crains de ne pas pouvoir m'en souvenir. Vers le 15 mars, je

 13   me rappelle de la visite que j'ai faite à cette époque-là puisque c'est à

 14   peu près au moment où la MVK s'est repliée, je me suis rendu au village de

 15   Podujevo et nous avons également rendu visite à de petits villages dans les

 16   alentours qui avaient été détruits.

 17   Q.  Pouvez-vous nous dire de quelle manière ces villages avaient été

 18   détruits ?

 19   R.  Eh bien, on a fait exploser la plupart des maisons, si je puis

 20   m'exprimer ainsi. Il n'y avait plus de toits, les maisons avaient fait

 21   objet de pilonnages, des combats y avaient été menés si bien que les

 22   maisons avaient été endommagées dans une situation qui faisait penser à une

 23   guerre.

 24   Q.  Hormis ces maisons, avez-vous pu aussi rencontrer un certain nombre de

 25   personnes ?

 26   R.  Oui, nous avons parlé avec la population de Podujevo, nous sommes

 27   sortis de nos voitures et nous avons engagé une conversation avec la

 28   population locale. Ce qui nous intéressait c'était la manière dont ils

Page 7216

  1   évaluaient la situation sur le terrain et aussi quelle a été leur attitude

  2   vis-à-vis de la MVK. Un des membres militaires de la MVK s'est rendu aux

  3   positions de l'UCK ainsi qu'aux positions de l'armée yougoslave.

  4   Il voulait me montrer ou me présenter les personnes avec qui il

  5   travaillait du jour au jour puisque cela faisait partie de leurs activités

  6   quotidiennes, il s'agissait pour eux de surveiller la situation et aussi

  7   d'alléger les tensions existantes, de parler avec les deux parties au

  8   conflit. C'est aussi une occasion pour nous de voir quelles étaient les

  9   positions militaires des deux parties et de représenter le danger aux

 10   civils qui se trouvaient entre les deux lignes de front. Evidemment, nous

 11   avons pu également voir les gens le long de la route, comme je l'ai déjà

 12   mentionné dans mes dépositions précédentes. Je veux dire qu'à cette époque-

 13   là, les gens partaient de chez eux.

 14   Q.  Pourriez-vous citer un chiffre approximatif des personnes que vous avez

 15   pu voir en route ?

 16    R.  Non, je ne saurais le faire mais ils étaient très nombreux, et j'avais

 17   fait des commentaires sur ce point et je l'avais mentionné aussi par la

 18   suite lors de mes échanges avec M. Milosevic puisque c'était quelque chose

 19   qui avait laissé une grande impression sur moi.

 20   Q.  Comment a-t-il réagi lorsque vous lui avez fait part de cette

 21   information ?

 22   R.  Je l'ai informé de ce point beaucoup plus tard. C'était à l'époque où

 23   j'ai eu des échanges avec lui le 24 mars au matin avant le début des

 24   frappes aériennes de l'OTAN. Mais pour vous fournir quelques éléments de

 25   contexte, je ne savais pas moi à l'époque que les frappes aériennes

 26   allaient commencer, mais puisque les négociations de Rambouillet avaient

 27   échoué, je savais que les frappes aériennes devaient commencer d'un moment

 28   à l'autre.

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  1   J'ai réussi à me mettre d'accord avec le secrétaire général actuel de

  2   l'OTAN, Javier Solano, pour persuader Milosevic et établir une mission de

  3   vérification militaire puisqu'une mission civile ne pouvait plus rester sur

  4   place, il était impossible de faire droit à notre mandat avec des civils.

  5   J'ai promis à Milosevic que les négociations seraient reprises et les

  6   frappes aériennes reportées. C'était l'offre que je lui avais présentée

  7   mais il l'a rejetée puisque selon lui il n'y avait pas de problèmes au

  8   Kosovo. C'est alors que j'ai mentionné la visite ou le déplacement que j'ai

  9   fait au Kosovo le 15 mars lorsque j'ai vu les gens s'enfuir, les maisons

 10   incendiées et une présence renforcée de l'armée yougoslave qui se trouvait

 11   sur place, ce qui constituait une violation de l'accord puisque leur

 12   présence était supérieure au nombre précisé dans cet accord. Il n'a fait

 13   que rire et il a déclaré que ces gens-là que j'ai vus en déplacement,

 14   c'étaient des gens qui allaient en pique-nique et quant aux maisons

 15   incendiées, il s'agissait des travaux des champs et pour ce qui est du

 16   personnel militaire, ils étaient là pour me défendre. De toute manière

 17   selon lui, je regardais trop la CNN. Mes efforts n'ont abouti à rien.

 18   Q.  Merci de votre réponse. Vous avez également dit que vous vous êtes

 19   rendu au Kosovo deux fois après le début des bombardements.

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Pouvez-vous vous souvenir des événements survenus pendant ces

 22   déplacements ?

 23   R.  Oui, je me suis rendu à Pristina parce qu'à cette époque-là, l'OSCE est

 24   revenue à Pristina, nous avions nos hommes sur place. Nous avons rencontré

 25   les représentants des autorités locales. Pendant le quatrième déplacement

 26   que j'ai fait, je ne me souviens plus de la date exacte mais c'était après

 27   la fin de la guerre, j'ai souhaité me rendre au monastère de Decani

 28   puisqu'il s'agissait d'un monastère orthodoxe extrêmement important, j'ai

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  1   souhaité montrer que cette guerre et toutes les actions entreprises

  2   n'étaient pas dirigées contre les Serbes. Je souhaitais souligner que les

  3   Serbes pouvaient vivre au Kosovo.

  4   J'ai passé la nuit dans le monastère, cela représentait un geste de

  5   solidarité de ma part. Je me suis également rendu à Pec pour rencontrer les

  6   moines qui se trouvaient à la tête de l'église orthodoxe serbe locale, j'ai

  7   rencontré les dirigeants de la région et je me suis rendu également au

  8   Kosovo Polje. Là, nous avons vu un certain nombre de fosses où étaient

  9   enterrées environ 20 personnes, voire 40, là nous avons rencontré un évêque

 10   orthodoxe et les représentants des familles locales qui surveillaient les

 11   fosses. Et peut-être que j'ai vu quelques autres villages, mais je ne m'en

 12   souviens pas.

 13   Q.  Pour ces endroits que vous avez visités, et vous avez toujours de bons

 14   souvenirs les concernant, pouvez-vous nous dire dans quelles conditions se

 15   trouvaient les bâtiments que vous avez pu voir ?

 16   R.  Dans de nombreux endroits, tous les bâtiments étaient détruits. Les

 17   Albanais du Kosovo avec qui nous avons pu parler à l'époque étaient en

 18   fuite et lorsqu'ils sont retournés chez eux, ils ont pu constater qu'un

 19   grand nombre de maisons ont été détruites pendant les bombardements; un

 20   certain nombre a également été détruit, non pas au cours des frappes

 21   aériennes, mais aussi par les hommes qui se trouvaient sur place et qui

 22   faisaient exploser les maisons.

 23   Je ne suis pas expert militaire, mais j'ai reçu des rapports émanant

 24   d'experts et de conseillers militaires et ils nous ont expliqué que si on

 25   avait fait exploser le toit d'une maison, cela signifiait que cette maison

 26   n'avait pas fait l'objet de frappes aériennes mais plutôt c'est que les

 27   maisons, on les a fait exploser de l'intérieur.

 28   Q.  Et où avez-vous rencontré ces Albanais du Kosovo qui s'enfuyaient et

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  1   qui vous ont communiqué ces informations ?

  2   R.  Nous avons rencontré le premier groupe à la frontière entre le Kosovo

  3   et l'Albanie, c'était immédiatement après le début de la guerre, vers la

  4   fin du mois de mars ou vers le début du mois d'avril. Je crois que c'était

  5   vers la fin du mois de mars, puisque nous pouvions entendre les avions

  6   survoler le Kosovo. Et ils nous racontaient, ils nous faisaient le récit

  7   des circonstances dans lesquelles ils vivaient et de ce qu'ils avaient

  8   vécu, pourquoi ils s'étaient enfuis. Après la fin de la guerre, nous avons

  9   également rencontré les personnes qui ont commencé à revenir chez elles.

 10   Q.  Et pouvez-vous nous dire quelles sont les personnes qui ont fait

 11   exploser les maisons sur le terrain, sur place ?

 12   R.  Suivant les Albanais du Kosovo, il s'agissait de Serbes. Ils n'avaient

 13   aucun doute là-dessus. Evidemment, c'est quelque chose que je ne saurais

 14   affirmer.

 15   Q.  Merci, Monsieur.

 16   Vous avez parlé des négociations de Rambouillet, de leur échec plus

 17   précisément. Pouvez-vous nous donner quelques éléments de contexte

 18   concernant ces négociations de Rambouillet ?

 19   R.  C'était des efforts qui avaient été engagés par la communauté

 20   internationale au moment où le conflit s'est intensifié et où on a commencé

 21   à craindre une guerre. Ces négociations étaient basées aussi sur la

 22   résolution du Conseil de sécurité selon les termes duquel il était prévu

 23   que l'Union européenne et d'autres membres, d'autres représentants de la

 24   communauté internationale participent à ces négociations. Il y avait aussi

 25   le Groupe de contact qui était engagé dans cette activité avec les Etats-

 26   Unis, la France, la Grande-Bretagne, l'Italie et la Russie. Les membres du

 27   Groupe de contact se sont rencontrés et ont essayé d'organiser des

 28   négociations entre le gouvernement yougoslave et les autorités locales, et

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  1   l'UCK tout particulièrement au Kosovo. Donc il s'agissait d'une délégation

  2   des Albanais du Kosovo qui comprenait également non seulement M. Rugova

  3   mais aussi d'autres membres.

  4   Ces négociations se sont déroulées au mois de février, elles ont commencé à

  5   Rambouillet et elles ont duré pendant quelques semaines. Puis, on avait

  6   fait un projet d'accord ou un accord préliminaire et les Serbes à l'époque

  7   étaient plus disposés à le signer que les Albanais. Puis, il y avait une

  8   pause d'environ deux ou trois semaines. Ensuite les négociations ont repris

  9   dans la ville de Paris elle-même, non plus à Rambouillet, et elles ont

 10   échoué immédiatement après parce que les Serbes avaient changé d'avis ainsi

 11   que les Albanais du Kosovo. Donc aucun accord n'a été conclu.

 12   Q.  Merci. Vous avez mentionné un projet d'accord.

 13   Mme GOPALAN : [interprétation] Je demande l'affichage de la pièce 474 sur

 14   la liste 65 ter.

 15   Q.  [aucune interprétation]

 16   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Djurdjic, vous avez la parole.

 17   M. DJURDJIC : [interprétation] Messieurs les Juges, ce document est un

 18   livre qui a été rédigé par un groupe d'auteurs. Ce n'est pas un document

 19   officiel, et je ne pense pas qu'il peut être utilisé comme pièce à

 20   conviction dans cette affaire. Si un projet d'accord existait, alors il

 21   faudrait bien préciser quelle est son origine. Nous ne devrions pas nous

 22   servir de livre de ce type, d'autant plus qu'il aurait fallu demander au

 23   témoin de lire le livre dans sa totalité et de fournir ses commentaires là-

 24   dessus. Il a déjà dit tout ce qu'il savait sur le projet de cet accord.

 25   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci. Maître Djurdjic.

 26   Vous pouvez continuer, Madame Gopalan.

 27   Mme GOPALAN : [interprétation] Merci, Messieurs les Juges.

 28   Q.  Monsieur, le document que nous voyons à l'écran, pouvez-vous le

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  1   reconnaître ?

  2   R.  Je ne reconnais pas le document dans cette version imprimée parce que

  3   je ne l'ai jamais vu sous cette forme, mais je me souviens qu'un accord

  4   provisoire avait été élaboré et présenté aux deux parties et qu'à partir de

  5   ce document on avait engagé des discussions.

  6   Q.  J'ai une copie papier ici de l'accord dans sa totalité, si cela peut

  7   vous être utile --

  8   Mme GOPALAN : [interprétation] Avec votre accord, Monsieur le Président.

  9   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, vous pouvez remettre ce document

 10   au témoin.

 11   Mme GOPALAN : [interprétation] Si cela est nécessaire.

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci. Je ne suis pas sûr que cela peut

 13   vraiment me rafraîchir la mémoire. Messieurs les Juges, c'est quelque chose

 14   qui s'est produit il y a très longtemps. Je me souviens très bien des

 15   débats qui ont été engagés, mais je ne peux pas me souvenir de tous les

 16   articles de ce projet de l'accord. Mais en tout cas, il s'agissait d'un

 17   accord intérimaire visant à établir la paix et l'autonomie locale au

 18   Kosovo. Cela est certain.

 19   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Avez-vous ici une copie signée de ce

 20   document ?

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne le crois pas parce que le document n'a

 22   jamais été signé. Justement, c'était ça le problème, Messieurs les Juges.

 23   M. LE JUGE PARKER : [aucune interprétation]

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne pense pas qu'il s'agisse d'un document

 25   signé.

 26   Vous savez, Messieurs les Juges, les Serbes à l'époque étaient plutôt

 27   disposés à signer cet accord, à la différence des Albanais. C'est la raison

 28   pour laquelle nous avons fait une pause dans les négociations. Nous

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  1   souhaitions demander aux différentes parties de l'examiner de nouveau et de

  2   voir s'il y avait des points sur lesquels ils pouvaient se mettre d'accord.

  3   Malheureusement, les choses ont tourné d'une façon différente par rapport

  4   aux attentes des négociations et aux espoirs des négociateurs. La

  5   délégation serbe est revenue avec un grand nombre de modifications à

  6   proposer par rapport aux choses qui avaient déjà été établies à

  7   Rambouillet. Donc je me souviens que les négociateurs avaient été très

  8   inquiets lorsque le groupe s'est de nouveau rencontré.

  9   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

 10   Mme GOPALAN : [interprétation] Je souhaite demander le versement au

 11   dossier.

 12   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ecoutez, c'est difficile, n'est-ce pas

 13   ? Le témoin ne le reconnaît pas. Ce n'est pas quelque chose qui est présent

 14   dans sa mémoire. Il dit que le document ne dit pas plus que ce qu'il

 15   contient. Je crois qu'il va falloir attendre.

 16   Mme GOPALAN : [interprétation] Merci, Messieurs les Juges. Nous allons en

 17   parler un peu plus tard.

 18   Q.  Merci beaucoup.

 19   Alors, nous étions en train de parler de l'échec des pourparlers de

 20   Rambouillet et des pourparlers de Paris. Simplement pour confirmer, est-ce

 21   qu'un accord a été conclu suite aux pourparlers entre les parties ?

 22   R.  Vous voulez dire après les pourparlers de Rambouillet et de Paris ?

 23   Q.  Oui.

 24   R.  D'après mon souvenir, non, mais justement le problème se situait là.

 25   S'il y avait eu un accord, il n'y aurait pas eu de guerre.

 26   Q.  Merci, Monsieur.

 27   Mme GOPALAN : [interprétation] Puis-je maintenant demander l'affichage du

 28   numéro 65 ter 460, s'il vous plaît. Nous pouvons agrandir le paragraphe,

Page 7224

  1   s'il vous plaît.

  2   Q.  Monsieur, reconnaissez-vous ce document ?

  3   R.  Il s'agit encore une fois d'un de ces rapports quotidiens de la Mission

  4   de vérification du Kosovo.

  5   Q.  La première phrase décrit la réunion que vous avez eue avec le

  6   président Slobodan Milosevic et vous dites que c'était décevant.

  7   Pourriez-vous nous fournir quelques éléments à propos de cette phrase ?

  8   R.  Ceci s'est passé pendant la période de calme qui a suivi, après les

  9   premiers pourparlers de Paris, après Rambouillet et avant les pourparlers

 10   de Paris, c'est-à-dire que nous insistions pour que le mandat soit rempli.

 11   Il s'agissait d'opérer une surveillance et de désamorcer le conflit au

 12   Kosovo. Le besoin d'une présence militaire internationale s'avérait

 13   importante ainsi qu'une présence armée. La Mission de vérification au

 14   Kosovo était une présence non armée. Donc pour remplir le mandat, il

 15   fallait qu'il y ait une présence armée sur le terrain, comme c'est le cas

 16   d'un certain nombre de pays où la présence de ce genre est assurée par les

 17   Nations Unies. Mais le président Milosevic a refusé.

 18   Q.  Je vous remercie

 19   Mme GOPALAN : [interprétation] Je souhaite demander le versement au dossier

 20   de cette pièce, s'il vous plaît.

 21   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, ce document est admis.

 22   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera le P01076.

 23   Mme GOPALAN : [interprétation] Est-ce que nous pourrons afficher le

 24   document 461 sur la liste 65 ter, s'il vous plaît.

 25   Q.  Monsieur, reconnaissez-vous ce document à l'écran ?

 26   R.  Il s'agit encore une fois d'un de ces rapports quotidiens.

 27   Q.  Pourriez-vous nous commenter la première phrase, s'il vous plaît,

 28   première phrase de ce document.

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  1   R.  Il s'agissait là du moment qui a suivi ma visite à Belgrade. Je me suis

  2   rendu à Pristina, comme je le faisais souvent, et j'ai rencontré à ce

  3   moment-là des membres de l'équipe de négociations albanaise, sans doute M.

  4   Rugova ainsi que d'autres personnes, je suppose.

  5   Q.  Je vous remercie, Monsieur.

  6   Mme GOPALAN : [interprétation] Je demande le versement au dossier de ce

  7   document, s'il vous plaît, Messieurs les Juges.

  8   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui.

  9   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Messieurs les Juges, ce sera la pièce

 10   P01077.

 11   Mme GOPALAN : [interprétation]

 12   Q.  Monsieur, je souhaite maintenant passer à un autre thème, le retrait de

 13   la Mission de vérification au Kosovo. Ceci est précisé dans votre

 14   déclaration, cela se trouve au dernier paragraphe de la page 12 en B/C/S et

 15   en anglais. Alors, au paragraphe 2, pour ce qui est de la question du

 16   retrait de la MVK le 20 mars 1999, vous dites que la décision portant sur

 17   le retrait est une décision qui vous appartenait. Pourquoi avez-vous pris

 18   cette décision ?

 19   R.  J'ai pris cette décision parce qu'il était clair à ce moment-là, à mes

 20   yeux, que la MVK n'avait plus de rôle à jouer. C'était une décision

 21   difficile et j'ai retardé la décision pendant longtemps, parce que comme

 22   vous vous en souviendrez, la MVK était composée d'un certain nombre de

 23   représentants de différents pays. La MVK au début de la mission avait la

 24   confiance des membres de la communauté internationale. Mais lorsqu'ils se

 25   sont rendu compte du fait que la mission ne pouvait ni les représenter ni

 26   répondre à leurs attentes ni les défendre ni les protéger du harcèlement

 27   dont ils étaient l'objet, ils se sont retournés contre la mission, parce

 28   qu'ils étaient frustrés et bouleversés par tout ceci. Ce qui signifiait

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  1   deux choses. Il est vrai que la perception de la mission n'était plus la

  2   même, la perception avait détérioré. La population locale était toujours

  3   harcelée.

  4   Certains ministres des Affaires étrangères m'avaient indiqué qu'ils

  5   devaient se retirer parce qu'ils avaient des problèmes au niveau de leur

  6   Parlement respectif et de leur électorat, parce que certains membres qui

  7   participaient à cette mission étaient en danger et courraient un risque.

  8   Donc moi, j'ai réussi à les convaincre, tant qu'il y avait l'espoir d'une

  9   solution pacifique, il fallait y rester. Moi, j'avais fixé une date butoir

 10   personnellement, et cette date butoir c'était les pourparlers de Paris. Et

 11   c'est ce que j'ai dit à mes interlocuteurs, Tant qu'il y a des pourparlers

 12   en cours, nous devons maintenir la mission de vérification parce que sinon

 13   il y aurait un fossé entre les activités politiques à Paris et la situation

 14   sur le terrain, pour ainsi dire. Donc si cette situation sur le terrain se

 15   détériorait, ceci pouvait avoir un effet d'élitaire sur les négociations

 16   politiques.

 17   Et étant donné que les pourparlers ont échoué, les deux parties sont

 18   rentrées chez elles. Il était clair qu'il n'y avait plus de solution

 19   possible, pas de solution pacifique. J'ai estimé à ce moment-là que je

 20   n'avais pas d'autre alternative que de prendre cette décision de retirer la

 21   mission. Encore une fois, ceci était fondé sur la situation des membres de

 22   la MVK sur le terrain; moi, j'étais responsable personnellement de leur

 23   sécurité sur le terrain; et également à cause de la situation de la

 24   perception de l'OSCE au Kosovo. Nous avons entendu dire comme vous vous en

 25   souvenez certainement, et ce récemment, la situation à Srebrenica, et je ne

 26   souhaite absolument pas qu'une situation analogue se présente. L'OSCE

 27   serait à ce moment-là les bras ballants en train d'observer ces atrocités

 28   sans rien faire.

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  1   Q.  Merci. 

  2   Donc de façon générale, pourriez-vous nous dire comment la MVK a rempli sa

  3   mission avec succès, c'est-à-dire entre le mois de janvier et le mois de

  4   mars 1999. Est-ce qu'il y a eu une évolution ? Est-ce que vous pouvez nous

  5   faire un commentaire sur le succès de la MVK ?

  6   R.  Nous n'avons pas été couronnés de succès étant donné que ceci a abouti

  7   à une guerre. Nous souhaitions avoir un règlement pacifique. Comme je l'ai

  8   dit, lorsque je me suis rendu deux fois sur les lieux, j'avais l'impression

  9   vraiment que l'ambiance était bonne entre la population locale et les

 10   vérificateurs; lorsque nous voyagions à bord de véhicules de l'OSCE, les

 11   gens nous accueillaient. Mais lors de ma dernière visite, je crois que ça

 12   devait être aux alentours du mois de mars, la situation avait changé et

 13   l'attitude était négative à notre égard. Les gens étaient en colère. Donc

 14   il m'apparaissait très clairement qu'il y avait une frustration, les gens

 15   étaient déçus avec la mission, en tout cas, c'était la perception de la

 16   population locale.

 17   Q.  Est-ce que vous pourriez nous donner des raisons de cela, pourquoi la

 18   situation avait-elle changé au mois de mars 1999 ?

 19   R.  Bien sûr, les attentes étaient très élevées du côté albanais du Kosovo,

 20   parce que la population pensait que nous pourrions aboutir à une solution

 21   politique, une solution pacifique, et ceci ne s'est pas fait. En même

 22   temps, peut-être de façon encore plus importante, ce qui était vécu sur le

 23   terrain par la population locale, c'était une situation qui se détériorait.

 24   Autrement dit, il y avait de plus en plus d'incidents, la population locale

 25   était davantage harcelée, et j'ai dit à ce moment-là à M. Milosevic que

 26   j'estimais que ceci était en partie dû à une présence accrue de personnel

 27   militaire que nous avions constatée au Kosovo.

 28   Q.  Merci, Monsieur. Donc je souhaite maintenant passer à ce que vous avez

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  1   vu le long de la frontière. Ceci est décrit dans votre déclaration à la

  2   page 13, paragraphe 3 de votre déclaration en anglais, et à la page 12,

  3   paragraphe 4, en B/C/S. Vous dites avoir été surpris par le fait qu'à la

  4   frontière il y avait un nombre très important de personnes qui avaient été

  5   chassées et vous avez vu tout un flot de tracteurs.

  6   Tout d'abord, de quelle frontière s'agissait-il ?

  7   R.  Si je me souviens bien, c'était lors de ma première visite dans

  8   la région après le début de la guerre. Et si je me souviens bien, ceci

  9   devait être aux alentours du mois de mars, fin mars ou début avril. C'était

 10   la frontière entre le Kosovo et l'Albanie. Il y avait un certain nombre de

 11   réfugiés qui se trouvaient en Macédoine, l'ancienne République de la

 12   Yougoslavie. Donc je me suis rendu dans ces contrées-là après. Je me suis

 13   tout d'abord rendu en Albanie parce que nous avions entendu dire de la part

 14   du HCR des Nations Unies et des autorités albanaises que les gens

 15   affluaient.

 16   Je me suis trouvé donc à la frontière tôt le matin. J'étais venu de Tirana,

 17   je ne me souviens pas du nom du poste-frontière, malheureusement. Nous

 18   regardions en direction du Kosovo, et il y avait une route sinueuse qui s'y

 19   rendait et un nombre très important de tracteurs. Je n'ai jamais vu autant

 20   de tracteurs de ma vie. Et ces gens-là, d'après ce qu'ils nous racontaient,

 21   lorsque nous traversions la frontière, ils nous avaient dit qu'ils avaient

 22   été chassés et contraints à partir et à laisser leurs maisons derrière eux.

 23   Q.  Comment avez-vous recueilli ces éléments d'information ?

 24   R.  Ce sont les gens eux-mêmes qui nous l'ont dit. Je ne parle ni le serbe

 25   ni l'albanais, mais je disposais d'excellents interprètes, donc j'étais

 26   accompagné d'interprètes et la plupart de ces gens, certains étaient partis

 27   à pied, mais la plupart étaient accrochés ou assis sur des tracteurs. A la

 28   frontière, lorsqu'ils attendaient pour passer, nous avions mis en place un

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  1   système qui leur permettait de leur remettre une miche de pain et une

  2   bouteille d'eau à chacun, et le troisième poste-frontière c'était là où on

  3   les enregistrait. Donc lorsqu'ils attendaient dans cette file d'attente, je

  4   me suis dirigé vers eux et je leur ai demandé, D'où venez-vous ? Que vous

  5   est-il arrivé ?

  6   Q.  Et avez-vous appris qui les avait chassés ?

  7   R.  D'après ces personnes, c'était les Serbes, comme ils le disaient, et

  8   certains étaient des membres de l'armée, de la police, différents récits à

  9   cet égard. Certains indiquaient qu'ils étaient allés se promener l'après-

 10   midi et lorsqu'ils sont rentrés ils ont trouvé leur appartement occupé par

 11   un couple et protégé par la police. Donc il y avait différents récits, mais

 12   ils ont tous dit qu'ils avaient été obligés de partir et on leur avait

 13   clairement indiqué qu'ils étaient devenus indésirables au Kosovo.

 14   Q.  Et d'après ce que vous dites sur l'enregistrement de ces personnes,

 15   qu'est-ce qui était important ?

 16   R.  D'après leurs récits, nous constations qu'ils n'avaient pas de papiers

 17   d'identité, ceux-ci leur avaient été enlevés plus tôt et les tracteurs

 18   n'avaient pas de plaques d'immatriculation. Ceux-ci avaient semble-t-il été

 19   arrachés ou enlevés un peu plus tard, lorsqu'ils étaient en chemin en

 20   direction de la frontière. On leur avait enlevé ou retiré leurs plaques

 21   d'immatriculation. Encore une fois, d'après leurs récits, ceci était arrivé

 22   pour les empêcher de rentrer, donc il fallait nous assurer que ces

 23   personnes soient correctement enregistrées. Nous avons demandé à chacun de

 24   nous donner leur nom, prénom, date de naissance, adresse, plaque

 25   d'immatriculation, et cetera.

 26   Q.  Merci.

 27   Dans votre déclaration, vous avez également dit - ceci se trouve à la

 28   dernière phrase de la page 13 :

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  1   "L'impression que j'en avais, c'est lorsque j'ai rencontré les réfugiés,

  2   personne ne s'est plaint de la MVK ou de l'OTAN, mais des forces serbes qui

  3   posaient problème."

  4   En B/C/S, ceci se trouve à la page 15, au paragraphe 3.

  5   Donc cette phrase que je viens de vous lire, que personne ne se plaignait

  6   de la MVK ou de l'OTAN, mais c'était les forces serbes qui posaient

  7   problème, est-ce que vous pourriez nous expliquer ce que vous entendiez par

  8   là ?

  9   R.  Ce que j'entends par là, c'est qu'en rapport avec la guerre, il y avait

 10   bien sûr des discussions sur les effets du pilonnage, ce qui est toujours

 11   terrible, c'est toujours quelque chose d'atroce. Et cela ne fait pas

 12   l'ombre d'un doute que la guerre et les bombardements ont provoqué des

 13   dégâts. Mais j'étais surpris par le fait qu'aucune de ces personnes, comme

 14   je l'ai dit à l'époque, et je le répète aujourd'hui, aucune de ces

 15   personnes n'a voulu faire porter la faute à l'OTAN ou aux bombardements et

 16   c'est la raison de leur départ, ce qu'a nié M. Milosevic par la suite, il

 17   disait que ces gens partaient à cause des bombes. Je n'ai rencontré

 18   personne qui a prétendu cela. Il y avait un certain nombre de récits de ces

 19   gens qui disaient que c'était la police militaire ou civile qui les avait

 20   harcelés, obligés à partir.

 21   Q.  Donc vous avez déjà indiqué que vous avez eu l'occasion de rencontrer

 22   les réfugiés à la frontière albanaise.

 23   Avez-vous rencontré d'autres réfugiés à la même époque ?

 24   R.  Egalement à la frontière entre le Kosovo et l'ex-République yougoslave

 25   de Macédoine. La situation était différente parce qu'ils étaient dans un

 26   "no man's land". Nous avons construit ou établi un camp pour eux. J'ai

 27   également rencontré un certain nombre de réfugiés. Si je me souviens bien,

 28   il y avait différentes organisations, mais l'OTAN également, qui avait

Page 7232

  1   construit un camp à cet endroit-là, c'était un camp militaire.

  2   Q.  Et les récits que vous avez entendus à propos des raisons qui les

  3   avaient obligés à partir, où avez-vous entendu ces récits ?

  4   R.  Je les ai entendus aux deux endroits et ces récits concordaient.

  5   Q.  Merci.

  6   Mme GOPALAN : [interprétation] Messieurs les Juges, je n'ai plus de

  7   questions à poser à ce témoin et je suis désolée parce que j'ai quelque peu

  8   dépassé mon temps.

  9   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Madame Gopalan.

 10   Maître Djurdjic, est-ce qu'il serait préférable d'avoir la pause maintenant

 11   pour que vous commenciez après la pause ou est-ce que vous souhaitez

 12   commencer maintenant, pendant 12 minutes ?

 13   M. DJURDJIC : [interprétation] Je crois qu'il serait préférable d'avoir la

 14   pause maintenant de façon à pouvoir mieux préparer et faire mon contre-

 15   interrogatoire d'une traite, mais je m'en remets à vous.

 16   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bien. Alors nous allons faire la pause

 17   maintenant, Monsieur Vollebaek, et reprendre à 11 heures moins 10. Un

 18   représentant du greffe va vous escorter.

 19   --- L'audience est suspendue à 10 heures 19.

 20   --- L'audience est reprise à 10 heures 53.

 21   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Djurdjic, c'est à vous.

 22   M. DJURDJIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 23   Contre-interrogatoire par M. Djurdjic : 

 24   Q.  [interprétation] Monsieur Vollebaek, je m'appelle Veljko Djurdjic, je

 25   fais partie de l'équipe de la Défense de l'accusé Djordjevic et je

 26   représente également ma collègue, Mme O'Leary.

 27   Tout d'abord, j'aimerais savoir si on vous appelle Excellence, Ambassadeur,

 28   Monsieur, parce que je ne connais pas très bien les règles protocolaires

Page 7233

  1   compte tenu des postes que vous avez occupés.

  2   R.  Vous pouvez m'appeler Monsieur Vollebaek, vous savez. Je suis très

  3   souple quant au protocole. Et si les Juges le permettent, vous pouvez

  4   également m'appeler Knut.

  5   Q.  Merci. Pour la énième fois, vous déposez devant ce Tribunal et cette

  6   dernière déposition a duré une heure et 15 minutes jusqu'à présent. Je

  7   voudrais vous poser des questions qu'on ne vous a pas encore posées ou

  8   rentrer plus dans les détails.

  9   Monsieur l'Ambassadeur, en 1998, vous étiez l'ambassadeur de la République

 10   de Norvège -- Veuillez m'excuser, le ministère des Affaires étrangères.

 11   R.  Tout d'abord, la Norvège n'est pas une république, c'est une monarchie.

 12   Le peuple norvégien serait très embarrassé et j'étais le ministre des

 13   Affaires étrangères de sa Majesté.

 14   Q.  Je vous prie de m'excuser pour cette grave erreur. En qualité de

 15   ministre des Affaires étrangères, vous avez été nommé membre de la Troïka

 16   qui officiait au sein de l'OSCE.

 17   R.  Oui, c'est exact. L'OSCE avait décidé avant que je ne prenne mes

 18   fonctions en tant que ministre des Affaires étrangères, c'était donc en

 19   1999, que le ministre des Affaires étrangères de la Norvège serait le

 20   président de l'OSCE. Et nous avons eu un changement de gouvernement en 1997

 21   et je suis donc devenu ministre des Affaires étrangères, et c'est en

 22   qualité de ministre des Affaires étrangères que j'ai rejoint la Troïka de

 23   l'OSCE le 1er janvier 1998.

 24   Q.  Le président de l'OSCE était M. Geremek, ministre des Affaires

 25   étrangères de la Pologne, il s'agissait du président en exercice. Qui était

 26   le troisième membre en 1998 ?

 27   R.  Vous posez une question difficile, ici. En 1998, c'était en fait celui

 28   qui avait occupé le poste de président avant la Norvège, donc c'était en

Page 7234

  1   fait le Danemark, le ministre des Affaires étrangères du Danemark.

  2   Q.  Merci. Et en 1999, qui était le troisième membre de la Troïka, étant

  3   donné que M. Geremek et vous-même étiez en poste ?

  4   R.  Ce n'est pas vraiment une nomination à un poste. C'est un consensus et

  5   l'Autriche a pris la relève.

  6   Q.  Merci. Monsieur l'Ambassadeur, lorsque vous avez déposé en 2002, vous

  7   avez attiré notre attention sur le fait que vous n'aviez pas eu accès à

  8   quelque document que ce soit. Il s'agit ici de documents qui portaient sur

  9   les dépositions que vous aviez faites. Est-ce que depuis cette date vous

 10   vous êtes familiarisé avec ces documents ou est-ce que vous avez consulté

 11   vos notes?

 12   R.  Comme vous le savez, j'ai été appelé à témoigner dans l'affaire

 13   Milutinovic et lorsque je suis revenu déposer, j'ai bien sûr consulté mon

 14   témoignage de l'affaire Milosevic et j'ai également parlé à mes

 15   collaborateurs pour rafraîchir ma mémoire.

 16   Q.  Merci. En ce qui concerne les corrections, je voudrais apporter deux

 17   corrections au compte rendu d'audience. Je crois que dans le compte rendu

 18   d'audience, il était mentionné que vous êtes arrivé en Serbie le 15 janvier

 19   1999 et je ne suis pas sûr de cette date car je crois que la première

 20   réunion que vous avez tenue était le 11 janvier en ce qui concerne les

 21   troupes militaires. Et la deuxième réunion que vous avez tenue était le 21

 22   janvier de la même année. Est-ce que vous êtes d'accord avec cela ?

 23   R.  Si vous le dites, probablement vous avez dû probablement voir des

 24   rapports à ce sujet. Je pensais que c'était un plus tôt parce que je sais

 25   que je suis revenu très rapidement. J'ai pensé d'ailleurs que c'était trop

 26   rapide, mais je n'aurais aucune objection aux dates que vous venez de me

 27   présenter.

 28   Q.  Merci. Et une autre date. Ici, nous avons une pièce qui présente la

Page 7235

  1   chronologie des principaux événements liés à la Mission de vérification au

  2   Kosovo. Comme vous l'avez dit aujourd'hui, le 2 mars 1999, vous vous êtes

  3   rendu à Pristina. Après cette visite et jusqu'au départ de la MVK, c'était

  4   le 20 mai 1999, vous n'avez pas mentionné de visite que vous auriez faite à

  5   Pristina, notamment pas le 15 mars. Je pense qu'il serait impossible

  6   d'envisager que vous vous soyez rendu à Pristina le 15 mars sans que ceci

  7   ait été consigné; est-ce que vous êtes d'accord ?

  8   R.  Si vous le dites vous avez probablement raison. Comme vous le savez, je

  9   l'ai dit précédemment, ces événements remontent à il y a dix ans. Je me

 10   souviens certains événements et les impressions qu'elles ont laissées en

 11   moi, mais bien sûr je peux me tromper sur certaines dates.

 12   Q.  Merci. Je n'essaye pas de corriger certaines dates, je voudrais

 13   simplement rappeler certains événements à votre attention.

 14   Je voudrais maintenant passer à la partie de votre déposition qui porte sur

 15   l'OSCE. Vous avez dit qu'en 1998 l'OSCE était composée de 54 membres et

 16   qu'en 1994, la conférence est devenue l'Organisation de la sécurité en

 17   Europe, donc CSCE à OSCE.

 18   R.  L'OSCE a été basé sur la Conférence sur la sécurité et la coopération

 19   en Europe qui date de la déclaration d'Helsinki en 1975.

 20   Afin que l'organisation soit plus efficace, l'organisation a changé son nom

 21   et son statut en 1994, et est devenue une organisation à proprement parler.

 22   Si je me souviens bien, en 1999, lorsque j'ai été président en exercice, il

 23   y avait 54 Etats participants, ce ne sont pas vraiment des membres puisque

 24   ce n'est pas une organisation basée sur les membres, et la Yougoslavie

 25   avait été suspendue. A l'heure actuelle, je sais qu'il y a 56 Etats

 26   participants à l'OSCE.

 27   Q.  Merci. Est-ce que vous pourriez nous expliquer le mode de

 28   fonctionnement de l'OSCE, notamment pour ce qui est du processus

Page 7236

  1   décisionnel ?

  2   R.  Les décisions se prennent par consensus à l'OSCE.

  3   Q.  Merci. Mais vous avez dit que la Yougoslavie avait été suspendue à

  4   l'époque. Est-ce qu'il y avait d'autres règles qui régissaient le processus

  5   décisionnel au sein de l'OSCE ou est-ce que la règle du consensus était la

  6   seule à faire foi.

  7   R.  Je ne suis pas sûr de comprendre votre question, Monsieur.

  8   Q.  Il y a un moment, vous avez dit que les décisions se prenaient par

  9   consensus. Je vous demande : il y avait d'autres règlements ou d'autres

 10   modes de fonctionnement qui permettraient de modifier ces règles lorsque

 11   les décisions devaient être prises ?

 12   R.  Il y avait un certain nombre de règles, mais si vous voulez dire que

 13   l'organisation n'avait pas le droit de prendre les décisions parce qu'un

 14   Etat participant avait été suspendu, ce n'était pas perçu comme étant la

 15   situation à l'époque. La situation était considérée comme étant à même de

 16   prendre les décisions en consensus avec les 53 Etats participants qui

 17   étaient présents.

 18   Q.  En d'autres termes, le consensus n'était pas une condition sine qua non

 19   ?

 20   R.  Il y avait un consensus parmi les participants, parmi ceux qui étaient

 21   présents, et étant donné qu'un Etat avait été suspendu, cela ne nous

 22   empêchait pas néanmoins à continuer les débats et les débats reflétaient

 23   les opinions des 53 Etats participants.

 24   Q.  Merci. Une fois qu'un certain nombre d'Etats participant dans

 25   l'organisation arrivaient à un accord, cet accord considéré comme un

 26   consensus et vous ne preniez pas en compte l'opinion des autres; ou est-ce

 27   que vous avez besoin de la majorité pour arriver à un consensus ?

 28   R.  Un consensus est un consensus, Monsieur. Il fallait bien sûr qu'il y

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  1   ait un accord avec les autres, mais la Yougoslavie a violé les principes

  2   fondamentaux de l'organisation et par conséquent ne pouvait plus

  3   participer. Je voudrais vous rappeler, Monsieur, que le Conseil de sécurité

  4   des Nations Unies, avec la Russie comme membre permanent, entre autres,

  5   mais les autres Etats membres ont également accepté de reconnaître l'OSCE

  6   qui avait tout à fait le droit de fonctionner de cette manière. Par

  7   conséquent, il n'y avait aucun doute quant à la légitimité de

  8   l'organisation dans ses opérations.

  9   Q.  Merci. Je sais que les Nations Unies ne peuvent pas s'ingérer dans le

 10   fonctionnement de l'OSCE.

 11   Je voudrais passer à la résolution du Conseil de sécurité qui a fixé le

 12   mandat de la mission au Kosovo.

 13   M. DJURDJIC : [interprétation] J'aimerais, par conséquent, que l'on

 14   présente au témoin la pièce P1074, s'il vous plaît.

 15   Q.  Monsieur l'Ambassadeur, auriez-vous l'obligeance de consulter le

 16   paragraphe 3 qui commence par :

 17   "La condamnation de force excessive…"

 18   Voudriez-vous faire un commentaire sur cette partie de la Résolution 1160,

 19   s'il vous plaît ?

 20   R.  Il est clair que la communauté internationale à l'époque a condamné

 21   tout type de violence se produisant au Kosovo.

 22   Q.  En effet, mais il est mentionné que les forces de police serbes sont

 23   accusées de faire un usage excessif ou disproportionné de la force --

 24   L'INTERPRÈTE : On demande au conseil de répéter la question qui n'a pas été

 25   comprise en cabine anglaise.

 26   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Djurdjic, les interprètes ont

 27   eu du mal à suivre votre dernière question. Est-ce que vous pourriez la

 28   reformuler, s'il vous plaît.

Page 7238

  1   M. DJURDJIC : [interprétation] Très bien.

  2   Q.  Monsieur l'Ambassadeur, dans ce paragraphe il est mentionné l'usage

  3   excessif de la force de la part des forces de police serbes contre les

  4   civils, mais ceci s'applique à tous les actes de terrorisme qui seraient

  5   menés par l'UCK ou l'appui de toute activité terroriste, y compris le

  6   financement, le trafic d'armes et la formation.

  7   R.  Oui.

  8   M. DJURDJIC : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait passer au point 2.

  9   Il s'agit de la page suivante de cette résolution.

 10   Q.  En ce qui concerne ce point 2, j'aimerais savoir si vous saviez que la

 11   direction ou le leadership des Albanais du Kosovo avait condamné toute

 12   action terroriste ?

 13   R.  Vous faites référence au paragraphe 2 qui mentionne :

 14   "Demande instamment aux instances dirigeantes des Albanais du Kosovo de

 15   condamner toute action terroriste."

 16   Vous le savez probablement mieux que moi, il y avait des dissensions entre

 17   la différente faction au sein des Albanais du Kosovo, certains étaient -

 18   comment dire - disposés à faire avec le président Milosevic, comme par

 19   exemple M. Rugova, alors que d'autres n'étaient pas disposés à trouver un

 20   compromis.

 21   Q.  Merci. Ma question est la suivante : après le vote de cette résolution,

 22   je voulais savoir si un des partis politiques des Albanais du Kosovo a

 23   condamné ces actions ? Avez-vous eu vent de

 24   cela ?

 25   R.  C'est possible, mais je ne m'en souviens pas.

 26   Q.  Je voudrais qu'on présente au témoin la pièce portant la cote D160.

 27   Monsieur l'Ambassadeur, nous allons maintenant consulter la Résolution

 28   1199. Etes-vous d'accord avec moi pour convenir qu'il s'agit de la base

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  1   juridique pour le lancement de la Mission de vérification au Kosovo avec

  2   tous les autres instruments normatifs qui ont été adoptés à un stade

  3   ultérieur ?

  4   R.  Je ne suis pas certain que cela a été la base pour tous les autres

  5   instruments normatifs qui s'en sont suivis, mais il est clair que cette

  6   résolution a constitué la base juridique pour la constitution de la MVK,

  7   c'est vrai.

  8   Q.  Merci.

  9   M. DJURDJIC : [interprétation] Pouvez-vous maintenant passer à la page 2 de

 10   cette résolution. 

 11   Q.  Monsieur l'Ambassadeur, si vous regardez le point 1 nous voyons que le

 12   Conseil de sécurité demande la mise en place d'un cessez-le-feu.

 13   R.  C'est exact, c'est ce que nous avons essayé d'obtenir, Monsieur.

 14   Q.  Merci. Si vous regardez le point 2, le Conseil de sécurité exige que

 15   des mesures soient prises pour éviter une catastrophe humanitaire.

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Au point 3, le Conseil de sécurité demande instamment aux différentes

 18   parties de constituer ou de mettre en place un dialogue politique afin de

 19   trouver une solution, une solution qui ferait l'objet d'une négociation au

 20   niveau politique; est-ce exact ?

 21   R. [aucune interprétation]

 22   M. DJURDJIC : [interprétation] Est-ce que l'on peut passer à la page

 23   suivante en anglais. 

 24   Q.  Monsieur Vollebaek, en ce qui concerne le point 4, je voudrais que vous

 25   commentiez le sous paragraphe (b) [comme interprété]. Etes-vous d'accord

 26   pour dire que conformément à ce point, les forces de la République fédérale

 27   de Yougoslavie devaient cesser toute action mais seulement en ce qui

 28   concerne les populations civiles et qu'il n'y a aucune mention des forces

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  1   terroristes ?

  2   R.  Je pense que le (a) mentionne les forces de sécurité, ça doit être

  3   l'armée yougoslave, oui, je pense que c'est cela.

  4   Q.  Oui, mais seulement en ce qui concerne les populations civiles mais pas

  5   les forces terroristes ?

  6   R.  Oui. De prime abord, c'est peut-être le cas, oui.

  7   Q.  Merci.

  8   M. DJURDJIC : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait présenter au témoin

  9   la pièce portant la cote P835, s'il vous plaît. Q.  Je voudrais obtenir une

 10   précision, Monsieur l'Ambassadeur, c'est quelque chose qui a été débattu

 11   depuis le début de ce procès. J'ai peut-être tort, mais si je ne m'abuse,

 12   vous étiez un témoin et un participant à ces événements. Suite à la

 13   Résolution 1199, les Etats-Unis ont lancé une initiative diplomatique par

 14   le truchement de M. Holbrooke, qui a tenu des pourparlers avec le président

 15   de la République fédérative de Yougoslavie en tant que représentant; est-ce

 16   que vous vous en souvenez ?

 17   R.  Si la première partie de votre question porte sur le fait de savoir si

 18   des pourparlers se sont tenus entre l'ambassadeur Holbrooke et le président

 19   Milosevic, ma réponse est oui.

 20   Q.  Merci. Compte tenu des pièces que nous avons dans le dossier ainsi que

 21   d'autres éléments, nous n'avons jamais entendu parler de documents qui

 22   auraient été signés par M. Holbrooke et par M. Milosevic, mais si je ne

 23   m'abuse, les résultats de ces pourparlers ont permis de mettre en place la

 24   Mission de vérification du Kosovo, un accord qui a été conclu entre M.

 25   Geremek et M. Jovanovic, et je crois que c'est lui qui était le ministre

 26   des Affaires étrangères de la République fédérative de Yougoslavie, ceci a

 27   eu lieu le 16 octobre 1999, si je ne m'abuse ?

 28   R.  D'une certaine manière, je suis ravi que vous n'ayez pas vu de document

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  1   signé entre M. Holbrooke et M. Milosevic parce que moi je ne les ai jamais

  2   vus, et ça m'avait beaucoup embarrassé, parce qu'à l'époque ça avait été

  3   mentionné à plusieurs reprises par M. Milosevic. Lorsque j'avais mentionné

  4   que je n'en avais pas vu, j'avais également fait part de mon désaccord.

  5   Mais pour ce qui est de la constitution de la MVK, c'était dans l'accord

  6   qui avait été conclu entre la République de Yougoslavie et l'OSCE, et je

  7   dirais que quelque accord qui a été signé entre l'ambassadeur Holbrooke et

  8   le président Milosevic, ceci avait permis de constituer la base de l'accord

  9   que nous avons ensuite signé.

 10   Q.  Merci. Dix ans se sont écoulés depuis, ou plutôt, 11 ans. Avez-vous pu

 11   voir cet accord signé par Holbrooke et Milosevic dont il a tant été

 12   question pendant cette période; oui ou non ?

 13   R.  Non, je ne l'ai pas fait et j'ai l'impression d'être un peu bête, parce

 14   que je ne l'ai pas encore vu. Hier j'ai téléphoné à mon ancien chef de

 15   cabine, aujourd'hui l'ambassadeur de Norvège au centre de l'OTAN, et nous

 16   n'avons pas pu nous procurer ce document.

 17   Q.  Je pense que ce document n'existe pas, le document signé par Holbrooke

 18   et Milosevic.

 19   R.  Si c'est le cas, alors le président Milosevic m'a menti, et cela à

 20   plusieurs reprises.

 21   Q.  Je crois que non, c'est parce que tout le monde parle de ces échanges

 22   qui auraient eu lieu mais je pense qu'en fait ils se sont concrétisés dans

 23   le cadre de cet accord entre Geremek et Jovanovic du 16 octobre 1998.

 24   Pouvez-vous regarder le paragraphe qui figure au chiffre romain I, 1.

 25   Monsieur l'Ambassadeur, en vertu de cet accord, prévoit-on la constitution

 26   de la MVK ?

 27   R.  Oui. Je pense que nous avons commencé à établir notre mission

 28   immédiatement après la signature de cet accord. Comme je l'ai déjà indiqué

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  1   ce matin, nous avions nos hommes sur le terrain avant Noël 1998.

  2   Q.  Merci. Voyons à présent le texte qui figure au point 5, s'il vous

  3   plaît.

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Monsieur l'Ambassadeur, la mission diplomatique d'observation a été

  6   constituée à peu près au cours du mois de juillet et elle comprenait les

  7   missions de vérification de l'Union européenne, de la Grande-Bretagne, de

  8   la France, et je pense de la République fédérale d'Allemagne, mais je ne

  9   suis pas tout à fait sûr. Et il a été prévu que c'est eux qu'incomberont

 10   les responsabilités que vous deviez assumer une fois la MVK établie ?

 11   R.  Je suis incapable de vous dire quelle était la composition de la KDOM,

 12   mais je suis bien d'accord avec vous que la KDOM avait été constituée avant

 13   la MVK; et que cette dernière était en fait le successeur de la KDOM.

 14   Q.  Merci. Passons maintenant au chiffre romain II, page 2. Chiffre romain

 15   II, point 2, Monsieur l'Ambassadeur.

 16   D'après vous, quelle était la tâche principale de la mission de

 17   vérification, pouvez-vous me l'indiquer ?

 18   R.  Notre tâche consistait à vérifier si la résolution adoptée par le

 19   Conseil de sécurité était respectée par tous et soumettre des rapports sur

 20   ce point.

 21   Q.  Très bien. Voyons maintenant le texte qui figure au paragraphe 3.

 22   R.  Je ne vois que la première ligne.

 23   Q.  La page suivante sera affichée à l'instant. Dans le paragraphe 1, il

 24   est précisé que les vérifications concernant le cessez-le-feu font partie

 25   du mandat spécial fixé pour la MVK ?

 26   R.  Tout à fait et c'est bien ce que les membres de la mission faisaient.

 27   Q.  Merci. Au paragraphe 2, est-il prévu que l'on fasse suivre des

 28   informations concernant les mouvements des forces au cours de la semaine

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  1   précédente et il est prévu que la RFY soumette des rapports à la MVK sur ce

  2   point régulièrement ?

  3   R.  C'est ce qui est indiqué dans le texte, oui.

  4   Q.  Aviez-vous connaissance de ce texte en 1998 et 1999 lorsque vous avez

  5   exercé les fonctions du président de l'OSCE ?

  6   R.  Mais oui, évidemment que j'avais pris connaissance de ce texte. Notre

  7   travail était basé sur ce texte, je n'aurais pas pu l'accomplir sans en

  8   avoir pris la connaissance.

  9   Q.  Merci. Examinons à présent le paragraphe 3.

 10   R.  Oui, je l'ai déjà fait.

 11   Q.  Très bien. J'aimerais entendre votre interprétation du texte qui figure

 12   dans le paragraphe 3. Avez-vous eu des échanges avec l'ambassadeur Walker

 13   concernant la mise en œuvre du mandat spécial défini dans le paragraphe 3 ?

 14   Avez-vous eu des conversations, des échanges particuliers avec

 15   l'ambassadeur Walker sur ce point ?

 16   R.  Pas autant que je m'en souvienne.

 17   Q.  Et avez-vous eu des échanges concernant le texte qui figure dans le

 18   paragraphe 2, y a-t-il eu des problèmes à cet égard ?

 19   R.  Pas autant que je m'en souvienne. Mais vous savez très bien, Monsieur,

 20   que je ne recevais pas tous les rapports envoyés par la MVK. Je n'étais pas

 21   le destinataire de tous les rapports de la MVK que l'on faisait suivre à

 22   Vienne. Les rapports que je recevais c'étaient les rapports que mon

 23   personnel estimait comme important.

 24   Q.  Merci, Monsieur l'Ambassadeur. Nous avons établi que M. Walker se

 25   trouvait à la tête de la mission de vérification et que c'était lui qui

 26   prenait toutes les décisions au niveau de la MVK, quant à vous, vous

 27   occupiez le plus haut poste, vous vous trouviez à la tête de l'OSCE, et

 28   c'est la raison pour laquelle je m'intéresse au point suivant, dans quelle

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  1   mesure M. Walker vous informait-il sur les événements actuels étant donné

  2   que vous vous trouviez à la tête de l'organisation ?

  3   Concentrons-nous maintenant sur le paragraphe 4. L'ambassadeur Walker vous

  4   a-t-il fait part d'un certain nombre de problèmes dans l'accomplissement de

  5   la mission ?

  6   R.  Oui, lorsqu'il y a eu des problèmes j'en étais informé, je l'ai déjà

  7   indiqué un peu plus tôt aujourd'hui, lorsque l'incident de Racak a éclaté,

  8   cela a suscité un certain nombre de problèmes dans la communication entre

  9   la MVK et les autorités de la RFY.

 10   Mais vous venez de mentionner M. Walker comme la seule personne

 11   responsable de la mission, il est vrai qu'il était chef de la mission que

 12   c'est moi qui l'ai nommé a ce poste, mais je tiens à souligner que je me

 13   suis rendu personnellement à Pristina, je me suis rendu au siège de la

 14   mission où j'ai eu des rencontres avec les différents membres de l'équipe

 15   qui provenaient de différents pays. Donc au sein de la mission on faisait

 16   du travail d'équipe.

 17   Q.  Merci, Monsieur l'Ambassadeur. Les questions que je vous pose sont

 18   basées sur les connaissances que j'ai eues grâce aux dépositions d'un

 19   certain nombre de membres de la mission, vous devez en connaître quelques-

 20   uns sans doute, M. Ciaglinski, M. Drewienkiewicz, par exemple. Je

 21   m'appuyais sur les éléments d'information qu'ils avaient fournis pendant

 22   leur déposition.

 23   M. DJURDJIC : [interprétation] Peut-on afficher à présent la pièce

 24   suivante, il s'agit de P837, s'il vous plaît.

 25   Q.  Monsieur l'Ambassadeur, avez-vous déjà pris connaissance de ce document

 26   ?

 27   R.  Si mes souvenirs sont bons, non. Il se peut que je l'aie déjà vu mais

 28   je ne m'en souviens pas.

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  1   Q.  Ce document c'est le compte rendu d'une réunion. Il comporte les

  2   signatures du vice-président du gouvernement yougoslave, Nikola Sainovic,

  3   du général Djordjevic, du général Naumann et du général Clark. Et nous le

  4   verrons plus tard, la Résolution 1199 du Conseil de sécurité est mentionnée

  5   dans le paragraphe 2 de ce compte rendu, peut-on passer à la page 2, s'il

  6   vous plaît.

  7   M. DJURDJIC : [interprétation] Est-il possible d'afficher la version

  8   anglaise.

  9   Q.  Monsieur l'Ambassadeur, à cette époque, à savoir à la fin de l'année

 10   1998 au début de 1999, aviez-vous pris connaissance de ce document et de sa

 11   teneur ?

 12   R.  Je ne me souviens pas avoir vu ce document, mais je savais qu'un accord

 13   avait été conclu entre nous, c'est-à-dire entre la communauté

 14   internationale représentée par l'OTAN et les autorités yougoslaves. Cet

 15   accord portait sur le nombre des effectifs militaires au Kosovo qui

 16   devaient y assurer la sécurité.

 17   Q.  Merci. Je vous pose cette question pour la raison suivante : il me

 18   semble superflu d'étudier par le menu ce document si vous n'aviez jamais

 19   pris connaissance de ce document et si vous n'avez pas de connaissances

 20   personnelles sur ce document.

 21   R.  Je ne saurais en être le juge, Monsieur, c'est à vous de prendre la

 22   décision qui vous convient. Il se peut que j'aie vu ce document auparavant,

 23   mais je ne m'en souviens pas.

 24   Q.  Très bien. Essayons alors de l'examiner un peu plus en profondeur. Dans

 25   le paragraphe 1, ou plutôt, chiffre romain I, deuxième paragraphe, la

 26   République fédérale de Yougoslavie s'est-elle engagée à réduire ses

 27   effectifs au Kosovo ?

 28   R.  Comme je l'ai déjà indiqué, je n'ai pas participé personnellement à ces

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  1   négociations. Cela ne faisait pas partie de mes attributions. Je crois que

  2   cet accord avait été signé en 1998, pendant que le président précédent

  3   exerçait ses fonctions. J'ai été informé par la suite qu'il existait un

  4   certain nombre de limitations quant au nombre des effectifs présents au

  5   Kosovo et qu'il existait un accord qui fixait le nombre des effectifs

  6   permis. Et pendant les échanges que j'ai eus avec le président Milosevic,

  7   cette question n'a jamais fait l'objet de contestations.

  8   Q.  Merci.

  9   M. DJURDJIC : [interprétation] Examinons à présent le point 7 dans ce

 10   document.

 11   Q.  Je n'ai pas l'intention d'étudier en détail le document dans sa

 12   totalité puisque je sais que vous n'aviez que des connaissances générales

 13   sur ce point. Mais les fonctions que vous exerciez étaient de très haut

 14   niveau et c'est pourquoi je tiens à vous poser cette question. Dans le

 15   paragraphe 7, on prévoit que le repli des forces yougoslaves soit terminé

 16   au plus tard le 27 octobre 1998 avant 12 heures et la KDOM doit en être

 17   informée.

 18   R.  Oui. Je le vois dans la pièce affichée à l'écran, mais je ne me

 19   souviens plus de ces dates.

 20   Q.  Ce ne sont pas les dates qui sont importantes, c'est la teneur de ce

 21   paragraphe. Permettez-moi de vous poser la question suivante : l'OTAN a

 22   donné l'ordre de lancer une attaque contre la RFY, puis cet ordre a été

 23   suspendu pour donner le temps à la Yougoslavie de mettre en œuvre les

 24   mesures prévues dans le texte de ce paragraphe; vous en souvenez-vous ? 

 25   R.  Je ne suis pas sûr d'avoir bien compris votre question, Monsieur. Il

 26   s'agit d'un document de 1998 et d'après mes connaissances, l'OTAN n'a pas

 27   donné l'ordre d'attaquer la Yougoslavie en 1998.

 28   Q.  L'OAN a bien donné cet ordre. Grâce à une décision prise par M. Solana,

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  1   cette décision a été reportée ou son exécution a été suspendue, justement

  2   pour laisser le temps à la Yougoslavie de remplir ses obligations définies

  3   dans ce paragraphe.

  4   R.  Il est clair que je ne m'en souviens pas.

  5   Q.  Merci. Mais ce texte se trouve à la base de la mission de la MVK. Ce

  6   texte fixe tous les délais prévus et c'est la KDOM qui devait confirmer que

  7   la Yougoslavie avait bien rempli ses obligations. Vous souvenez-vous si ces

  8   obligations ont bien été remplies par la Yougoslavie et que l'OSCE et les

  9   Nations Unies en avaient été informées?

 10     R.  Je ne m'en souviens pas, mais étant donné que nous investissions des

 11   efforts pour assurer la mise en œuvre des résolutions adoptées par le

 12   Conseil de sécurité ainsi que la mise en œuvre du mandat de la MVK au

 13   Kosovo, d'après les éléments d'information que j'ai reçus, la base

 14   permettant d'entamer nos activités était là. Donc j'imagine que toutes les

 15   conditions étaient réunies pour que nous commencions notre mission.

 16   Q.  Monsieur l'Ambassadeur, voyons le texte qui figure au chiffre romain

 17   III dans ce document et ce qui m'intéresse, c'est tout particulièrement la

 18   dernière phrase dans ce paragraphe. Elle commence par les mots :

 19   "Cependant, les autorités…"

 20   Et cetera.

 21   Convenez-vous, Monsieur l'Ambassadeur, que les signataires de cet accord se

 22   sont mis d'accord pour accorder le droit à la Yougoslavie de réagir contre

 23   les activités terroristes dirigées contre les autorités et les citoyens

 24   mettant en danger la vie et la sécurité des citoyens ?

 25   R.  Oui, mais si vous entendez par là que les activités menées par les

 26   autorités yougoslaves au Kosovo étaient conformes aux dispositions de cet

 27   accord et que nous avons réagi d'une manière excessive en repliant la MVK

 28   du Kosovo et en commençant la guerre, alors je ne peux pas convenir avec

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  1   votre point de vue.

  2   Q.  Merci. Nous n'en sommes pas encore là. Nous ne faisons qu'étudier

  3   l'accord au moment où il a été signé. Et nous allons passer par la suite à

  4   toutes les questions relatives à la MVK.

  5   M. DJURDJIC : [interprétation] Est-il possible d'afficher à l'écran la

  6   pièce P836, s'il vous plaît. 

  7   Q.  Ma première question : avez-vous eu l'occasion de vous familiariser

  8   avec cet accord pendant que vous exerciez votre mandat en 1998 et 1999 ?

  9   R.  Non. Et je ne pense pas que j'aurais dû me familiariser avec ce

 10   document.

 11   Q.  Très bien. C'est l'un des documents que la KDOM se devait d'appliquer.

 12   Mais poursuivons.

 13   Monsieur l'Ambassadeur, avez-vous pris part active à la constitution de la

 14   MVK une fois prise la décision sur son établissement ?

 15   R.  Pas du jour au jour. J'ai assumé la responsabilité d'apporter mon

 16   concours au ministre Geremek dans la mise en œuvre de cet accord et la

 17   Norvège a assumé un rôle dirigeant dans l'établissement de la mission. Mon

 18   personnel s'est engagé d'une manière très active dans ce processus, mais

 19   personnellement je n'y ai pas pris part active.

 20   Q.  Très bien. Alors je ne vous poserai pas des questions qui rentrent dans

 21   les détails, mais j'aimerais que vous me précisiez quelques points

 22   concernant le statut des membres de la mission. Quel était leur statut ? Et

 23   je ne pense pas au statut dont ils bénéficiaient sur la scène

 24   internationale en tant que diplomates. Ce qui m'intéresse plutôt, c'est le

 25   statut dont ils jouissaient au sein de l'OSCE. S'agissait-il des

 26   fonctionnaires de l'OSCE ou de représentants de différents pays participant

 27   à l'OSCE, ou les membres de la MVK bénéficiaient-ils à la fois des deux

 28   statuts ? Pour qui travaillaient-ils ?

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  1   R.  Ils travaillaient, bien évidemment, pour l'OSCE et ils soumettaient des

  2   rapports à moi et à personne d'autre. Ils relevaient de mon autorité et la

  3   même chose vaut pour tous les fonctionnaires internationaux.

  4    Q.  Merci. Et pouvez-vous me préciser qui payait les salaires des membres

  5   de la MVK ?

  6   R.  C'est une question difficile que vous me posez là, Monsieur. J'imagine

  7   qu'une partie des fonds était assurée dans le budget de l'OSCE, mais

  8   l'essentiel des fonds était puisé dans des budgets accessoires. Je sais que

  9   la Norvège avait fait sa contribution puisque toute cette mission a été

 10   extrêmement coûteuse. Donc l'OSCE s'est adressée à de nombreuses entités

 11   pour pouvoir financer ce projet.

 12   Mais je tiens à apporter une précision pour ce qui est des salaires. Les

 13   salaires étaient payés à Vienne, mais permettez-moi de me corriger. Il

 14   existe un système de transfert de fonds au sein de l'OSCE, donc il est

 15   possible qu'on ait emprunté un certain nombre de personnel à l'OSCE. Ces

 16   gens-là avaient été nommés au sein de l'OSCE mais il se peut qu'ils aient

 17   été payés d'autres sources. Je ne me souviens plus quelle était exactement

 18   la situation. Par exemple ici, nous avons des bureaux à La Haye. Un certain

 19   nombre de personnel a été détaché alors que d'autres sont payés directement

 20   par l'OSCE.

 21   Q.  Si j'ai bien compris votre réponse -- j'aimerais que nous précisions le

 22   rapport qui a existé, par exemple, entre la Norvège et l'OSCE. La Norvège

 23   effectuait des paiements sur le compte de l'OSCE et puis l'OSCE disposait

 24   de ces fonds à sa guise.

 25   R.  C'est exact. Mais à part ces frais de participation pour ainsi dire qui

 26   étaient versés dans le budget, il existait aussi des cotisations

 27   supplémentaires. Donc les Etats participant payaient des cotisations

 28   supplémentaires par rapport à celles qu'ils payaient régulièrement et cela

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  1   était nécessaire pour financer la MVK au Kosovo. Il s'agissait d'une

  2   opération de grande envergure, extrêmement coûteuse. Donc une partie du

  3   financement était assurée depuis le budget habituel de l'OSCE et en partie,

  4   nous avons eu recours à des fonds supplémentaires assurés par les pays

  5   participants.

  6   Q.  Merci. La MVK avait-elle l'obligation de soumettre des rapports au

  7   siège de l'OSCE à Vienne uniquement ? Donc étiez-vous le seul à qui la

  8   mission de la MVK devait soumettre ses rapports, étant donné que vous

  9   faisiez partie de la Troïka de l'OSCE ?

 10   R.  Oui. La MVK soumettait des rapports à l'OSCE. Ces rapports ne m'étaient

 11   pas soumis directement. Plutôt, on les faisait suivre au secrétariat et moi

 12   je recevais un certain nombre d'éléments d'information en fonction des

 13   besoins.

 14   Q.  Merci. Pendant la période pertinente, avez-vous appris que des rapports

 15   avaient été soumis ailleurs qu'au secrétariat général de l'OSCE à Vienne ?

 16   R.  Non. Je ne l'ai jamais appris et si cela s'était produit, cela aurait

 17   été une violation du règlement en place.

 18   Q.  Merci. Et dites-moi, s'il vous plaît, quels étaient les critères pour

 19   sélectionner les vérificateurs au sein de la mission ? Je me réfère surtout

 20   à leurs compétences professionnelles, et s'il y avait des règles qui

 21   concernaient leur nationalité, faites-nous le savoir également.

 22   R.  Tout d'abord, nous avons essayé d'obtenir des meilleures personnes qui

 23   répondaient aux critères par rapport aux postes qu'ils allaient occuper et

 24   bien sûr, on cherchait un équilibre au niveau de représentants de

 25   différentes régions ou de différents pays membres de l'organisation.

 26   Q.  Merci. Vous avez évoqué à plusieurs reprises, vers la fin de votre

 27   interrogatoire principal, qu'il s'agissait d'une mission civile de

 28   vérification et qu'à votre sens, ceci aurait dû être une mission de

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  1   vérification militaire. Ne pensez-vous pas qu'une mission civile a plus de

  2   poids qu'une mission militaire ou qu'une présence militaire dans un

  3   territoire donné, étant donné que cette mission devait se reposer sur les

  4   vérificateurs qui étaient des civils, qui représentaient la communauté

  5   internationale ?

  6   R.  Je ne pense pas avoir dit que je souhaitais que la MVK devienne une

  7   mission militaire. Je souhaitais simplement qu'il y ait un changement de

  8   position. Au mois de février, lorsqu'il est apparu clairement que le

  9   président Milosevic ne respectait pas les termes de l'accord et le mandat

 10   de la mission non plus, et la mission, comme elle était à caractère civil,

 11   ne pouvait pas remplir son mandat.

 12   Je suis d'accord avec vous pour dire qu'il y a de nombreux avantages

 13   à une mission de caractère civil parce que ceci signifie que les deux

 14   parties s'y conforment et n'a aucun poids, et n'a aucun pouvoir de mettre

 15   en œuvre son mandat si les deux camps ou les parties ne coopèrent pas avec

 16   la mission.

 17   Et nous avons constaté que les parties, l'UCK non plus, ne

 18   respectaient pas la mission. Donc c'est quelque chose dont nous devions

 19   nous occuper à plusieurs reprises. Donc nous n'avions plus de prise, nous

 20   n'avions plus de pouvoir, nous ne pouvions pas remplir notre mission. C'est

 21   la raison pour laquelle je ne pouvais pas accepter que la mission poursuive

 22   son œuvre sans pouvoir remplir son mandat.

 23   Q.  Monsieur l'Ambassadeur, d'après les accords et les résolutions que nous

 24   avons vus, la tâche essentielle de la mission de vérification était de

 25   surveiller le cessez-le-feu et d'éventuelles violations de ce dernier. Et

 26   compte tenu de la façon dont la mission a commencé à fonctionner et sa mise

 27   en œuvre, ceci a commencé à être très efficace à partir du mois de janvier,

 28   n'est-ce pas ? Est-ce que vous êtes d'accord ?

Page 7254

  1   R.  Oui, je l'ai déjà dit. Lorsque je me suis rendu au Kosovo pour la

  2   deuxième fois, surtout; la première fois, c'était au début de la mission et

  3   tout le monde n'avait pas encore été déployé. J'avais l'impression peut-

  4   être que ceci n'était pas encore déployé dans sa totalité.

  5   Mais lorsque je suis revenu la deuxième fois, je crois que c'était

  6   assez efficace. Et lorsque je suis revenu la troisième fois, c'était peut-

  7   être le 2 mars, me semble-t-il, pardonnez-moi, il était clair déjà que les

  8   accords n'étaient pas respectés; ceci est apparu assez rapidement.

  9   Q.  Merci, Monsieur l'Ambassadeur. Je vais essayer de vous remémorer

 10   certains faits. Vous étiez à Belgrade pour la première fois, vous assistiez

 11   aux pourparlers de la RFY le 11 janvier 1999. Aucune question n'a été

 12   abordée à ce moment-là. En revanche, ce qui a été abordé, à ce moment-là,

 13   c'était les enlèvements qui se produisaient au Kosovo à l'époque. Ai-je

 14   raison ?

 15   R.  Oui, c'est exact.

 16   Q.  Merci. La deuxième fois, il y a eu des pourparlers à Belgrade, le 20

 17   janvier 1999, lorsque le gouvernement de la RFY a décidé de déclarer M.

 18   Walker persona non grata et c'est la raison pour laquelle vous vous êtes

 19   rendu à Belgrade pour exprimer votre désaccord. Vous avez déclaré qu'il y

 20   avait ingérence avec la politique de l'OSCE.

 21   R.  Je crois qu'il s'agissait plus que d'exprimer mon désaccord. J'ai dit

 22   au président Milosevic qu'il violait les termes de l'accord et que cela

 23   n'avait rien à voir avec lui que de retirer la MVK, cela était de mon

 24   ressort. Il ne s'agit pas simplement de changer la personne qui est à la

 25   tête de la mission, mais la mission elle-même.

 26   Effectivement, c'était la question qui se posait à l'époque.

 27   Q.  Je souhaitais simplement vous remémorer les dates. Est-ce que vous êtes

 28   d'accord pour dire que tout ceci, en fait, se rapportait à Racak ?

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  1   R.  Oui, tout à fait. Ma visite du 20 janvier, comme vous le dites, était à

  2   propos de Racak. La situation était une situation grave qui a donné lieu à

  3   cela, c'est-à-dire le fait que le président Milosevic souhaitait décréter

  4   que M. Walker était persona non grata.

  5   Q.  Merci. Est-ce que vous conviendrez avec moi pour dire qu'à ce moment-

  6   là, nonobstant la question de Racak que nous allons évoquer à part, que

  7   hormis cela, la situation était satisfaisante et la population faisait

  8   confiance à la MVK et cette mission a pu accomplir son mandat comme il le

  9   fallait ? Je parle de la fin du mois de janvier 1999.

 10   R.  Je ne dirais pas que la situation était satisfaisante et que la mise en

 11   œuvre se passait comme cela se devait. Il est vrai que les gens nous

 12   faisaient confiance, la population locale nous faisait confiance et nous

 13   estimions que nous pouvions accomplir une tâche utile. On m'a dit, et c'est

 14   quelque chose que j'ai vu de mes propres yeux, qu'il y avait des bons

 15   rapports et que nous pouvions accomplir la tâche qui était la nôtre à cet

 16   endroit-là. Cela ne signifie pas pour autant que nous ne faisions pas

 17   rapport des escarmouches et des problèmes qui se posaient de part et

 18   d'autre. Mais nous estimions que notre tâche était utile, oui.

 19   Q.  Merci. Aujourd'hui, de façon un petit peu inhabituelle, vous avez parlé

 20   de la façon dont M. Walker a été informé de ce qui s'est passé à Racak.

 21   Vous dites que vous avez appris ceci dans les journaux. Ai-je raison de

 22   conclure cela ?

 23   R.  Oui, effectivement, comme vous le dites, c'était une façon inhabituelle

 24   de communiquer les informations. Ceci a été diffusé dans les médias et je

 25   l'ai appris dans les médias, c'est exact.

 26   Q.  Monsieur l'Ambassadeur, ne pensez-vous pas que vous, en tant que

 27   personne qui assumait la présidence, lorsque vous avez parlé de cette

 28   question qui a été qualifiée par bon nombre de personnes, y compris par

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  1   vous-même, de massacre, on aurait dû vous envoyer un rapport de façon

  2   urgente et ensuite, comme vous étiez une personnalité politique au sein de

  3   l'OSCE, vous auriez dû prendre position là-dessus, en lieu et place de M.

  4   Walker qui était le chef d'état-major à Pristina ?

  5   R.  Oui, effectivement et c'est ce que j'ai dit à M. Walker. Je lui ai dit

  6   que je n'étais pas très satisfait de cette situation, la façon dont ceci

  7   avait été géré. Je l'ai également dit à M. Milosevic parce qu'il voulait

  8   s'en servir et même s'en servir plus que nécessaire, comme j'ai pu le

  9   constater après.

 10   Mais en même temps, la mauvaise gestion du système de rapport ne peut

 11   pas retirer ou diminuer la gravité de ce qui s'est passé à Racak, bien sûr.

 12   Il y a des questions, en fait, d'ordre différent. Ceci ne peut pas excuser

 13   ce qui s'est passé et la réaction de Milosevic à cet égard, on ne pouvait

 14   pas nier cette mission médicolégale que l'OSCE voulait envoyer à cet

 15   endroit-là. A mon sens, ceci ne faisait que renforcer mes doutes, à savoir

 16   que quelque chose s'était mal passé et que M. Milosevic n'allait pas

 17   permettre à l'équipe des enquêteurs de la police scientifique de se rendre

 18   sur les lieux du crime immédiatement.

 19   Q.  Je souhaite vous poser cette question-ci maintenant : quel jour avez-

 20   vous appris les incidents de Racak ?

 21   R.  Je ne m'en souviens pas.

 22   Q.  Bien. Permettez-moi à ce moment-là de vous le rappeler. L'incident de

 23   Racak s'est déroulé le 15 janvier 1999. M. Walker était à Racak le 16

 24   janvier 1999 et a tenu une conférence de presse à Pristina le jour même.

 25   Vous-même, vous avez appris ceci dans les médias, ceci a pu être le 16, le

 26   soir ou le lendemain, le 17, si cette histoire était couverte par les

 27   médias ?

 28   R.  Si ce que vous dites est exact, c'est qu'il y a eu une conférence de

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  1   presse le 16, je suppose que j'en aurais été informé le 16; sinon cela

  2   aurait été étrange.

  3   Q.  Et quand pour la première fois avez-vous été en contact avec M.

  4   Milosevic après cet événement ?

  5   R.  Je ne me souviens pas exactement, mais je me souviens d'avoir été en

  6   contact téléphonique, non pas avec M. Milosevic mais avec M. Jovanovic, qui

  7   était ministre des Affaires étrangères, car ceci posait problème, et suite

  8   à cela je me suis rendu dès que possible à Belgrade.

  9   Q.  Il y a quelques instants vous nous avez dit que vous vous êtes

 10   entretenu avec M. Milosevic de l'équipe médicolégale de l'OSCE. Quand avez-

 11   vous abordé ce sujet avec M. Milosevic ?

 12   R.  Je l'ai abordé, je me souviens très bien, et au moment où nous avons eu

 13   cette réunion nous avons évoqué la situation à propos de Walker, mais à ce

 14   moment-là il était déjà clair que l'équipe médicolégale de l'OSCE n'avait

 15   pas eu le droit de s'y rendre.

 16   La mise en place d'une équipe médicolégale ne relève pas de mon

 17   autorité. Ceci est organisé par l'OSCE, et j'en ai parlé avec M. Jovanovic

 18   et j'ai également appelé M. Milosevic au téléphone. Je ne sais pas si ceci

 19   s'est passé le 16 ou le 17, le 18 ou 19, je ne peux pas vous le dire, je ne

 20   m'en souviens pas.

 21   Q.  Merci. Savez-vous si l'équipe médicolégale de l'OSCE est arrivée à

 22   Pristina ; si oui, à quelle date ?

 23   R.  Je ne peux pas vous donner la date, mais j'ai vu un rapport d'une

 24   équipe médicolégale de l'OSCE, et si je me souviens bien, cette équipe

 25   était dirigée par un Finlandais. Je crois m'être entretenu avec la personne

 26   en question à l'époque. Je suppose qu'ils ont pu s'y rendre.

 27   Q.  Nous allons y venir et évoquer ce document un peu plus tard. Le 21

 28   janvier 1999, Monsieur l'Ambassadeur, vous avez assisté à des pourparlers à

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  1   Belgrade. D'après le rapport que nous allons voir maintenant, je pense que

  2   l'équipe médicolégale se trouvait déjà à Pristina ce jour-là et travaillait

  3   en collaboration avec l'équipe qui avait commencé ses travaux. Etiez-vous

  4   au courant de cela à l'époque, voire même aujourd'hui ?

  5   R.  Cela se peut. Je sais qu'ils ont travaillé ensemble avec l'équipe du

  6   Belarus en même temps, je sais qu'ils étaient en contact. Comme je l'ai

  7   dit, le chef d'équipe était un Finlandais et il était mécontent parce que

  8   l'équipe aurait dû arriver plus tôt. Il a indiqué que le rapport aurait été

  9   meilleur si l'équipe avait été là avant, et si l'équipe du Belarus avait pu

 10   arriver avant ils auraient pu faire quelque chose avant leur arrivée.

 11   Q.  Merci. Savez-vous que M. Walker était à Racak le 16 janvier 1999 ?

 12   R.  Eh bien, il s'était rendu à Racak et c'est la raison pour laquelle il a

 13   tenu une conférence de presse, parce qu'il avait été choqué, il avait été

 14   bouleversé. C'est ce que j'ai expliqué à M. Milosevic lorsque je l'ai vu le

 15   20. Quoi qu'on dise à propos du système de "reporting", je dois dire que la

 16   réaction de M. Walker dans une certaine mesure était une réaction tout à

 17   fait saine, normale, réaction de tout être humain lorsqu'on est témoin de

 18   ce genre de chose comme cela s'était passé à Racak. En même temps, on

 19   s'attend peut-être à ce que quelqu'un à la tête d'une mission et un

 20   ambassadeur averti contrôle ses réactions. Dans une certaine mesure, je

 21   comprends tout à fait sa réaction même si je l'ai critiqué pour la façon

 22   dont il a géré la situation. Mais je comprends sa réaction et je pense que

 23   c'était une réaction tout à fait normale de sa part, même si ceci ne s'est

 24   pas avéré très utile à l'époque.

 25   Q.  Merci. D'après certaines estimations, il s'est dirigé vers Racak le 16

 26   janvier accompagné de 50 journalistes et d'équipes de la télévision, et

 27   c'est à ce moment-là qu'il a quitté Pristina. Est-ce que vous étiez au

 28   courant de cela ?

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  1   R.  Non, je ne connaissais pas le chiffre exact des équipes de télévision,

  2   mais je suppose qu'il était accompagné d'un certain nombre de personnes,

  3   oui.

  4   Q.  Merci. M. Walker vous a-t-il dit que l'UCK était à Racak le 16 janvier

  5   et qu'il s'est entretenu avec le commandant de l'UCK qui était responsable

  6   d'une zone à Racak ?

  7   R.  Cela se peut, mais je ne me souviens pas.

  8   Q.  Merci. Vous souvenez-vous avoir été informé du fait que dès l'après-

  9   midi du 15 janvier Racak était entre les mains de l'UCK, qu'ils avaient

 10   pris le contrôle ?

 11   R.  D'après mon souvenir, non, mais lorsque je me suis rendu à Racak un peu

 12   plus tard, comme je l'ai déjà dit aujourd'hui, cela ne faisait pas le

 13   moindre doute qu'il y avait eu des combats, des combats qui s'étaient

 14   déroulés dans ce secteur. Mais actuellement je ne peux pas dans ma

 15   déposition vous citer des dates.

 16   Q.  Merci. Monsieur l'Ambassadeur, vous a-t-on dit que lorsque vous vous

 17   êtes rendu à Racak le 16 janvier, que des corps avaient été déplacés, que

 18   des gens avaient ramassé des douilles en guise de souvenirs, et que les

 19   lieux du crime n'étaient pas sûrs, et que cet endroit a été pollué ?

 20   R.  Oui, je savais qu'il n'y avait pas de cordon de sécurité autour, mais

 21   je n'ai pas été informé des autres détails que vous venez de citer.

 22   Q.  Merci. Vous a-t-on parlé de la première fois où les forces de police de

 23   la République de Serbie sont entrées à Racak et à quel moment les enquêtes

 24   sur les lieux du crime ont été menées ?

 25   R.  Cela se peut, mais je ne me souviens pas.

 26   Q.  Merci.

 27   M. DJURDJIC : [interprétation] Est-ce que nous pouvons maintenant afficher

 28   la pièce de la Défense D003-0947. Merci.

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  1   Q.  Monsieur l'Ambassadeur, je souhaite simplement vous communiquer un

  2   fait, à savoir que le rapport médicolégal a été préparé par le juge

  3   d'instruction du tribunal de Pristina le 18 janvier 1999. Je souhaite vous

  4   demander si vous saviez que M. Gil Gilberson et Ed Soleven de l'OSCE

  5   étaient présents sur place ?

  6   R.  Je ne me souviens pas.

  7   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Madame Gopalan.

  8   Mme GOPALAN : [interprétation] Nous ne disposons pas d'une traduction de ce

  9   rapport, et il nous serait utile d'avoir un descriptif de ce document. Je

 10   ne sais pas si ce qui a été précisé dans la question nous donne

 11   suffisamment d'éléments. Peut-être que le conseil de la Défense pourrait

 12   pour le moins nous dire de quoi il s'agit.

 13   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Tout d'abord, Maître Djurdjic, y a-t-

 14   il une traduction de ce document ?

 15   M. DJURDJIC : [interprétation] Oui, il y a une traduction, simplement je ne

 16   le savais pas. C'est la pièce D003 --

 17   L'INTERPRÈTE : Est-ce que le conseil de la Défense peut répéter les quatre

 18   derniers chiffres, s'il vous plaît.

 19   M. DJURDJIC : [interprétation] D004-0035.

 20   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il semblerait que ceci soit affiché à

 21   l'écran, maintenant, Madame Gopalan, est-ce que ceci répond à votre

 22   question.

 23   Mme GOPALAN : [interprétation] Oui, merci, Messieurs les Juges.

 24   M. DJURDJIC : [interprétation] Messieurs les Juges, je souhaitais

 25   simplement insister sur le fait que j'utilise ces documents pour pouvoir

 26   poser des questions au témoin. Je sais que M. l'Ambassadeur ne connaît pas

 27   ce document. Je voulais simplement lui demander s'il connaissait les deux

 28   personnes qui sont citées, à savoir que M. Soleven et M. Fantini [phon]

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  1   étaient présents lors de l'enquête menée à Racak, à savoir quatre jours

  2   après l'événement en question.

  3   R.  Je ne m'en souviens pas. Mais bien sûr, c'était un événement très

  4   important et je pense que la MVK a fait le nécessaire et ce activement.

  5   Q.  Merci, Monsieur l'Ambassadeur, mais d'après ce que j'ai compris, la MVK

  6   a fait tout ce qui était en son pouvoir pour vous informer de ce qui s'est

  7   passé et quatre jours après l'événement en question, les autorités serbes

  8   sont entrées à Racak.

  9   Est-ce qu'ils vous ont dit pourquoi ceci est arrivé de cette façon-là

 10   ?

 11   R.  Cela se peut, mais encore une fois, Monsieur, ceci remonte à un certain

 12   nombre d'années et je ne me souviens pas de tout et de l'enchaînement

 13   chronologique. Je me souviens très bien lorsque cet élément a été diffusé

 14   dans les médias. Je me souviens des conversations et des négociations avec

 15   M. Milosevic. Je me souviens plus tard de ma visite à Racak, ceci a fait

 16   une impression très forte sur moi. Chaque détail de ce qui s'est passé

 17   entre le fait et tout ce fait constituait quelque chose de très grave et de

 18   très important, mais je ne me souviens pas des autres personnes entre moi

 19   et les gens qui ont mis ceci en œuvre au quotidien.

 20   Q.  Cela, je le comprends fort bien. Mais vous étiez le numéro 1 à l'OSCE à

 21   l'époque.

 22   Je vais vous poser une autre question : vous a-t-on dit à aucun

 23   moment que l'UCK avait imposé ou plutôt exigé une condition préalable, à

 24   savoir qu'un juge d'instruction serbe devait pouvoir aller sur les lieux

 25   sans qu'il y ait présence de gardes chargés de la sécurité ou de

 26   représentants de l'OSCE ?

 27   R.  Cela se peut, mais je ne m'en souviens pas.

 28   Q.  Merci. Vous souvenez-vous avoir été informé de la présence de l'UCK à

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  1   Racak, et que des combats s'y étaient déroulés ?

  2   R.  Comme je l'ai dit lorsque je me suis rendu à Racak plus tard, cela ne

  3   faisait pas l'ombre d'un doute qu'il y avait eu des combats. A quel moment

  4   ceci m'a été rapporté, je ne m'en souviens pas.

  5   Q.  Merci. Avez-vous jamais reçu un rapport des vérificateurs indiquant que

  6   les forces serbes avaient remis un rapport à la Mission de vérification du

  7   Kosovo pour dire qu'une opération contre les forces terroristes allait être

  8   lancée à Racak ?

  9   R.  D'après ce dont je me souviens, non.

 10   Q.  Merci. N'avez-vous jamais reçu un rapport indiquant que d'anciens

 11   membres de la Mission diplomatique américaine au Kosovo étaient censés se

 12   trouver à un certain endroit à Racak le 15 janvier pour observer les

 13   actions qui devaient être menées contre l'UCK et qu'ils n'ont pas rempli

 14   cette tâche ?

 15   R.  Je ne savais même pas que le Kosovo disposait d'une mission

 16   diplomatique à ce moment-là et que les Etats-Unis étaient présents là ou

 17   ailleurs. Ce n'était pas un Etat indépendant, si je me souviens bien.

 18   Q.  Apparemment, il y a eu une erreur. La Mission diplomatique au Kosovo,

 19   la Mission diplomatique américaine au Kosovo ?

 20   R.  Eh bien, les Etats-Unis n'avaient pas de mission diplomatique au

 21   Kosovo. Ils avaient soit des représentants qui s'occupaient du Kosovo

 22   depuis Belgrade, mais comme vous le savez, il y avait des gens qui

 23   s'occupaient du Kosovo mais qui étaient basés à Belgrade et qui faisaient

 24   l'aller-retour. Je suppose que la seule mission diplomatique que les Etats-

 25   Unis auraient pu avoir dans la République fédérale de Yougoslavie devait se

 26   trouver à Belgrade, mais peut-être que des gens s'occupaient de la

 27   situation au Kosovo, ce que nous faisions tous d'ailleurs à l'époque.

 28   Q.  Je parle du 15 janvier, moment où ces personnes sont devenues membres

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  1   de la Mission de vérification du Kosovo.

  2   R.  Je crois que je ne comprends pas votre question, Monsieur.

  3   Q.  Très bien. Monsieur l'Ambassadeur, je vous ai présenté une déclaration

  4   d'un des vérificateurs de la MVK. Je voudrais vous poser la question

  5   suivante : êtes-vous sûr d'avoir reçu des informations fiables et

  6   véridiques concernant des situations de manière générale mais également des

  7   informations sur la situation à Racak en particulier ?

  8   R.  Oui, et j'en suis sûr parce que nous ne dépendions pas d'une seule

  9   source, les informations que je recevais venaient de plusieurs sources

 10   différentes. Dans notre évaluation globale de la situation, pour savoir ce

 11   qui s'était passé à Racak, nous nous sommes basés sur diverses sources qui

 12   nous ont laissé penser qu'une action avait été prise et qui était une

 13   violation épatante des droits de l'homme, et que cette action avait été

 14   menée par des forces militaires à l'encontre de populations civiles.

 15   Par exemple, on a trouvé dans les victimes des personnes âgées, des

 16   enfants très jeunes, on m'a dit qu'il s'agissait de personnes qui n'étaient

 17   pas en uniforme. Par conséquent on ne pouvait pas considérer qu'il

 18   s'agissait du résultat d'une action militaire opposant deux parties au

 19   combat.

 20   Q.  Merci, Monsieur l'Ambassadeur. Le même vérificateur ou plutôt dans sa

 21   déclaration, ce vérificateur nous a dit que l'armée de la RFY n'était pas à

 22   Racak. Je vais vous poser une question différente, je voudrais savoir si le

 23   rapport contenait des détails de ces victimes en ce qui concernait leur

 24   sexe, leur âge, et cetera ? Est-ce que vous avez eu des informations de ce

 25   type ?

 26   R.  Encore une fois, j'ai du mal à m'en souvenir, mais comme je vous l'ai

 27   dit, on m'a appris ou du moins les informations que j'ai reçues laissaient

 28   penser que le groupe concerné n'était pas un groupe typiquement militaire.

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  1   On m'a informé de l'âge et du sexe de ces personnes qui avaient été

  2   victimes. Quant à l'âge exact ou nombre exact, à la répartition entre les

  3   hommes et les femmes, on me l'a peut-être dit mais je ne m'en souviens pas.

  4   Q.  Merci. Il n'y avait qu'une seule femme qui, je crois, avait 19 ans et

  5   qui a été victime dans cet incident et elle est enterrée au cimetière de

  6   l'UCK. Et il y a un jeune garçon de 15 ou 16 ans. Quant aux autres,

  7   c'étaient des hommes adultes. Est-ce que quelqu'un vous a dit cela ou est-

  8   ce que vous avez eu cette information à l'époque ?

  9   R.  Je ne me souviens plus de la répartition entre les hommes et les femmes

 10   dans la liste des victimes. Je me souviens qu'on m'ait dit qu'il y avait

 11   une seule femme. Il y avait un jeune garçon, mais il y avait également des

 12   hommes âgés et on ne pourrait pas penser que ces hommes étaient dans

 13   l'active. Mais quant au nombre de personnes et à leur répartition en

 14   classes d'âge, je ne m'en souviens pas.

 15   Q.  Vous me placez dans une situation difficile. Qu'entendez-vous par

 16   "personnes âgées" ? Quels sont vos critères pour considérer qu'une personne

 17   ne peut pas être dans l'active ?

 18   R.  Je peux vous assurer que ces critères ont changé énormément au cours

 19   des ans. Les personnes âgées sont de plus en plus âgées, ou du moins,

 20   deviennent des personnes âgées à un âge de plus en plus avancé. Mais je ne

 21   peux pas me souvenir exactement de ce qui s'est passé il y a 11 ans. Peut-

 22   être que les critères à l'époque n'étaient pas les mêmes qu'à l'heure

 23   actuelle.

 24   Q.  Merci. Passons à autre chose. Il nous reste encore un peu de temps

 25   avant la pause. Je voudrais vous poser des questions concernant Racak.

 26   Je voudrais savoir pourquoi M. Walker a décidé de son propre chef

 27   sans vous consulter ou sans votre consentement d'organiser une conférence

 28   de presse et de fournir les informations qu'il a fournies ? Donc il n'a pas

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  1   demandé l'aval au préalable du président en exercice de l'OSCE ?

  2   R.  Je pense que vous devrez poser cette question à M. Walker et vous

  3   obtiendrez une réponse appropriée. Ce qu'il m'a dit, c'est qu'il a accepté,

  4   qu'il avait compris qu'il avait été scandalisé par ce qu'il avait vu et il

  5   ne pouvait pas attendre, et par conséquent, il devait faire part de ces

  6   informations. Il pensait que c'était très important. Il a expliqué que

  7   c'était une réaction humaine concernant quelque chose qui était vraiment

  8   trop scandaleux.

  9   Q.  Merci. Monsieur l'Ambassadeur, savez-vous qu'il y avait des tranchées

 10   qui avaient été creusées autour de Racak et qu'il y avait des

 11   fortifications de type militaire ? Etiez-vous au courant de cela ?

 12   R.  C'est possible, mais je dois vous dire que je ne m'en souviens pas. Je

 13   ne sais pas. Je ne m'en souviens pas.

 14   Q.  Merci. Je crois savoir que le général Maisonneuve et le général

 15   Drewienkiewicz ont été photographiés -- en fait, toute la zone de Racak a

 16   été photographiée le 16. Est-ce que vous avez vu ces clichés de Racak ?

 17   R.  Oui, si je m'en souviens bien, j'ai vu les photos. Quant aux photos que

 18   vous venez de mentionner, je ne sais pas, mais c'est vrai que j'ai vu

 19   quelques photos de ce type, oui.

 20   Q.  Merci.

 21   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je pense que ça va être un bon moment

 22   pour s'arrêter. Nous allons faire notre deuxième pause et nous reprendrons

 23   à 13 heures 05.

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, je voudrais informer

 25   les représentants de la Défense que je ne peux comparaître qu'aujourd'hui.

 26   Donc vous pourrez peut-être lui dire qu'il devra présenter les questions

 27   les plus importantes aujourd'hui.

 28   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous serez ravi de savoir que ces

Page 7267

  1   questions ont été posées hier et nous terminerons à 13 heures 45,

  2   aujourd'hui.

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci beaucoup, Monsieur le Président.

  4   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Et bien sûr, nous devrons permettre

  5   également à Mme Gopalan de poser des questions supplémentaires.

  6   --- L'audience est suspendue à 12 heures 29.

  7   --- L'audience est reprise à 12 heures 57.

  8   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Maître Djurdjic.

  9   M. DJURDJIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 10   Q.  Monsieur l'Ambassadeur, je suis désolé d'apprendre que vous devez

 11   partir. Je vais donc devoir accélérer la cadence et nous allons donc

 12   conclure le thème de Racak.

 13   Est-ce qu'on vous a informé que les représentants de la MVK, M. Henry

 14   et M. Pedersen étaient présents lorsqu'on a procédé à l'exhumation des

 15   corps et que des autopsies ont été pratiquées ?

 16   R.  Je me souviens du nom de M. Pedersen, c'est possible, mais encore une

 17   fois je dois dire que je ne me souviens pas. Je me répète peut-être, mais

 18   je n'ai pas été informé de tous les détails concernant cette affaire.

 19   Q.  Merci. Vous avez été informé par Mme Helena Ranta qui était la

 20   responsable de l'équipe médicolégale finlandaise. Vous souvenez-vous

 21   qu'elle ait mentionné qu'il n'y avait aucun signe de mutilation sur les

 22   corps ?

 23   R.  Je ne me souviens pas exactement de ce qu'elle a dit. Ce dont je me

 24   souviens, au vu du rapport, c'est qu'ils regrettaient d'avoir été en retard

 25   et qu'ils avaient rencontré des problèmes dans le cadre du processus de

 26   vérification en raison de cela.

 27   Q.  Merci. Je suis tout à fait d'accord car nous avons besoin d'autres

 28   éléments, en plus des résultats de l'autopsie, pour procéder à une

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  1   expertise médicolégale complète. Savez-vous que les corps ont été

  2   transférés de cet endroit-là vers une mosquée et que le juge d'instruction

  3   a trouvé les corps dans cette mosquée et ces corps ont ensuite été envoyés

  4   à l'institut médicolégal ?

  5   R.  Je ne suis pas sûr au sujet de la mosquée. Je sais que les corps ont

  6   été transférés vers un institut médicolégal à partir d'un autre endroit, je

  7   ne sais pas si c'était une mosquée, je ne m'en souviens plus, je ne peux

  8   pas vous confirmer cela.

  9   Q.  Merci. Une question très rapide : saviez-vous que M. Walker a lancé un

 10   crayon à Mme Helena Ranta lorsqu'il a pris connaissance des résultats de

 11   l'équipe médicolégale ?

 12   R.  Qu'il lui a envoyé un crayon ? Non, je ne me souviens pas de cela. Je

 13   n'ai pas été informé.

 14   Q.  Merci. Et savez-vous qu'il a fait pression et que le ministre des

 15   Affaires étrangères finlandais a également fait pression pour modifier les

 16   résultats de l'enquête de l'équipe médicolégale ?

 17   R.  Non, je n'ai pas été informé de cela.

 18   Q.  Merci. Avez-vous lu le livre qu'elle a écrit en ce qui concerne les

 19   événements de Racak et les activités de l'équipe, un livre qui a été publié

 20   il y a quelques années ?

 21   R.  Non.

 22   Q.  Merci. Passons à un autre sujet. Monsieur l'Ambassadeur, ai-je raison

 23   de dire que la délégation yougoslave à Rambouillet a accepté l'accord

 24   proposé par le Groupe de contact ?

 25   R.  Le premier projet d'accord que l'on a présenté au préalable et qui a

 26   été présenté autour du 23 février, nous avons eu des discussions à ce

 27   sujet, et à ma connaissance ça a été accepté, ou du moins ça n'a pas été

 28   accepté mais ça a été reçu de manière positive par la délégation. Comme

Page 7269

  1   vous le savez très bien, je ne faisais pas partie du Groupe de contact,

  2   donc je n'ai pas participé aux négociations de jour en jour. J'ai été

  3   appelé à deux reprises à Rambouillet et ensuite un peu plus tard à Paris

  4   pour épauler les membres du Groupe de contact et les deux délégations.

  5   Mais lorsque l'on a décidé de mettre fin temporaire aux travaux, j'ai cru

  6   comprendre que la délégation yougoslave était relativement positive quant

  7   au projet d'accord.

  8   Q.  Etes-vous d'accord pour dire que les pourparlers ont été interrompus

  9   parce que les membres de la délégation du Kosovo qui appartenaient à l'UCK

 10   ont dû consulter les commandants sur le terrain avant de pouvoir signer

 11   tout accord à Rambouillet ?

 12   R.  Qu'ils aient voulu se consulter avec les commandants sur le terrain, je

 13   ne sais pas, mais ils voulaient avoir des consultations, c'est vrai. Mais

 14   d'après ce que j'ai compris à l'époque, les Serbes ou la délégation

 15   yougoslave devait obtenir des confirmations ou obtenir un accord. Je ne

 16   sais pas s'ils étaient totalement habilités à signer cet accord, à ce

 17   moment-là.

 18   Q.  Merci, Monsieur l'Ambassadeur. Vous savez pertinemment que tout accord

 19   signé doit faire l'objet d'une ratification par l'Etat signataire et par

 20   conséquent par l'assemblée de cet Etat.

 21   Quoi qu'il en soit, passons à un autre sujet.

 22   M. DJURDJIC : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait présenter la pièce

 23   portant la cote D157 au témoin.

 24   Q.  Monsieur l'Ambassadeur, vous voyez qu'il s'agit d'un rapport de la MVK

 25   du 26 février pour une période qui va jusqu'au 4 mars 1993. La première

 26   page de ce rapport, et notamment les deux premiers paragraphes sous la

 27   rubrique "UCK," KLA en anglais. Concernant ces deux paragraphes, savez-vous

 28   que dans le domaine de responsabilité du général Jankovic, 100 membres de

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  1   l'UCK avaient traversé cette frontière et avaient pénétré dans ce

  2   territoire ?

  3   R.  Probablement. Je ne me souviens pas s'il s'agissait d'une centaine ou

  4   quoi que ce soit de ce genre, mais j'étais informé de plusieurs violations

  5   différentes, oui.

  6   Q.  Je voudrais que vous consultiez le point 1 de ce paragraphe. Saviez-

  7   vous qu'ils étaient en faveur d'un mouvement de masse de réfugiés de façon

  8   à ce que ceci soit représenté comme une des conséquences de l'offensive

  9   serbe ?

 10   R.  J'ai été informé de violations. Comme je vous l'ai dit, je n'ai pas eu

 11   des détails de ce qui se passait sur le terrain exactement. Je n'en suis

 12   pas sûr. Comme je l'ai dit précédemment, je n'avais pas accès à tous ces

 13   rapports car ils étaient destinés à Vienne. Mais il est évident qu'il y a

 14   eu des violations des deux parties et que nous étions donc en opposition

 15   avec les deux parties concernant ces violations.

 16   Q.  Merci. Je pense que c'est un point important. L'UCK a pris des mesures

 17   et a manipulé les personnes déplacées à l'intérieur du pays de façon à

 18   donner l'impression d'une catastrophe humanitaire et de façon à persuader

 19   la communauté internationale que la RFY violait l'accord et ceci a permis

 20   d'avoir une excuse pour que les forces internationales puissent intervenir.

 21   Pour moi, c'est un point très important.

 22   R.  Dans ce cas-là, vous n'avez pas beaucoup de succès parce que d'après ce

 23   rapport, nous savions exactement ce qu'ils faisaient. Ce n'est donc pas une

 24   raison pour tout type d'intervention internationale parce que comme vous

 25   nous l'avez dit, il s'agit d'un rapport de la MVK et il est clair qu'il est

 26   mentionné dans ce rapport qu'il y a une manipulation de l'UCK. Donc, si

 27   l'UCK voulait nous manipuler, ils n'arrivaient pas à leur dessein.

 28   Q.  Je crois qu'ils sont arrivés à leurs fins parce que le 1er ou le 2 mars

Page 7271

  1   lorsque vous êtes arrivé au Kosovo, la situation avait empiré de manière

  2   importante et vous avez vu de nombreuses personnes déplacées à l'intérieur

  3   d'un pays et vous avez pu constater que la MVK ne pouvait plus s'acquitter

  4   de son mandat.

  5   R.  Maître, avec tout le respect que je vous dois, ce n'était peut-être pas

  6   le cas parce qu'il n'y a aucun doute, nous étions conscients qu'il y avait

  7   des violations des deux côtés, des violations de cet accord. J'avais à mes

  8   côtés des experts et des membres de la mission qui pouvaient séparer le bon

  9   grain de l'ivraie. Et par conséquent, on ne pouvait pas vraiment nous jeter

 10   si facilement de la poudre aux yeux.

 11   Q.  Très bien. Mais les médias du monde entier ont relayé l'information

 12   qu'ils ont reçue des sources albanaises et c'est ainsi que l'opinion

 13   mondiale a pu forger sa compréhension de la situation.

 14   R.  Je n'ai pas fondé mes décisions sur l'opinion publique ou l'opinion

 15   mondiale. Et vous savez très bien que la presse du monde entier pratique

 16   une désinformation ou envoie de mauvaises informations tous les jours. Ça

 17   n'est pas nouveau.

 18   Q.  Merci. Est-ce que vous savez que le personnel de la MVK était une des

 19   sources d'information utilisées par les médias, à savoir que les personnes

 20   qui travaillaient pour les différents médias ?

 21   R.  Bien sûr, nous utilisions les médias comme source d'information au

 22   Kosovo. Mais comme vous le savez également, dans la mesure du possible,

 23   nous avions des personnes qui étaient sur le terrain. C'était la force et

 24   c'est toujours la force de l'OSCE. C'est la situation qui existe encore

 25   aujourd'hui au Kosovo. Cela signifie que nous avons des personnes qui sont

 26   dans les villages, dans les localités et qui peuvent nous informer

 27   directement. Donc nous ne dépendons pas entièrement d'informations de

 28   seconde main.

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  1   Q.  Merci.

  2   M. DJURDJIC : [interprétation] Pouvons-nous passer à la page 2, s'il vous

  3   plaît. Il devrait y avoir quelque chose intitulé en anglais "On other

  4   locations."

  5   Est-ce que l'on pourrait revenir à la page 1 de la version anglaise,

  6   s'il vous plaît, la première page. C'est la deuxième page. 

  7   Q. Il s'agit d'un paragraphe qui est intitulé :

  8    "Sur d'autres sites, les forces de l'UCK dans la zone de Podujevo

  9   sont arrivées à mener une attaque dans la ville elle-même et ceci a permis

 10   de transférer la bataille vers les Serbes."

 11   Est-ce que vous voyez cette partie-là ?

 12   R.  Non. Où êtes-vous ? Ah oui. Je vois.

 13   Q.  Monsieur l'Ambassadeur, c'était en fait au moment de votre visite à

 14   Pristina et lorsqu'on vous a également emmené à Podujevo. A ce moment-là,

 15   l'UCK avait libéré la ville, du moins c'était leur point de vue. Etiez-vous

 16   au courant de cela lorsque vous étiez à Pristina, le 2 mars ?

 17   R.  Je crois que c'est même le 2 mars que je me suis rendu à Podujevo, et

 18   autant que je me souvienne, je crois que c'est la raison pour laquelle nous

 19   sommes allés là-bas. C'est que la MVK avait été impliquée très activement.

 20   Et c'est également à ce moment-là, autant que je me souvienne, que nous

 21   avons vu également les positions de la VJ et de l'UCK. Donc je me suis

 22   rendu des deux côtés et on nous a parlé des activités militaires qui

 23   avaient fait rage dans cette zone, à ma souvenance.

 24   Q.  Des activités comme par exemple les attaques de l'UCK pour reprendre

 25   Podujevo ?

 26   R.  Je ne suis pas sûr de comprendre votre question, mais est-ce que vous

 27   voulez savoir si j'étais au courant des activités de l'UCK ? Est-ce que

 28   c'est votre question ?

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  1   Q.  Vous venez de lire le paragraphe où il est mentionné que l'UCK est

  2   arrivé à entrer dans Podujevo.  

  3   R.  Oui. Je me souviens que nous nous sommes rendus à Podujevo parce que

  4   c'était une zone importante pour la MVK. Ils ont voulu me montrer cette

  5   zone et les activités qu'ils menaient dans cette zone. Et ce que l'on m'a

  6   dit, avec le tout respect que je vous dois, il y a plus de dix ans, je ne

  7   m'en souviens pas, je dois l'avouer.

  8   Q.  Merci. Et c'est donc à ce moment-là que vous avez vu que des toits de

  9   maison avaient été détruits.

 10   R.  Oui, à ce moment-là mais également à d'autres occasions ultérieurement.

 11   Q.  Merci.

 12   M. DJURDJIC : [interprétation] Passons à la page 5 du document, s'il vous

 13   plaît.

 14   Q.  Examinons, si vous le voulez bien, la partie qui porte l'intitulé

 15   "Evaluation," et le paragraphe qui suit.

 16   Ai-je raison d'affirmer que nous voyons ici l'intitulé : 

 17   "L'UCK exploite les médias."

 18   Et il est précisé que :

 19   "…les Albanais ethniques se servent des médias pour susciter la

 20   sympathie dans les cercles internationaux et les difficultés auxquelles

 21   doit faire face les personnes déplacées à l'intérieur du pays sont toujours

 22   leur arme la plus efficace…"

 23   R.  Oui, je m'en souviens. Je ne me souviens peut-être pas de cette phrase

 24   en particulier. Mais nous étions parfaitement au courant du fait que l'UCK

 25   se servait des médias, et c'était l'un des arguments que j'ai présentés au

 26   président Milosevic pour lui expliquer qu'il devait coopérer avec nous,

 27   puisqu'il me semblait qu'il n'avait rien à perdre s'il acceptait de

 28   coopérer avec nous.

Page 7275

  1   Q.  Merci. Veuillez examiner la dernière phrase de cette conclusion : 

  2   "Il est fort improbable que l'UCK souhaite provoquer un autre

  3   incident de type Racak, et c'est pourquoi les provocations auxquelles l'UCK

  4   se livre auront lieu dans les régions où l'UCK est sûr de pouvoir se

  5   défendre ou tout au moins de se venger."

  6    Cela montre qu'on savait déjà que tout l'incident de Racak

  7   représentait en fait une provocation qui devait par la suite être exploitée

  8   dans les médias ou par le biais des médias ?

  9   R.  J'ai peut-être appris quelque chose concernant ce rapport, je ne m'en

 10   souviens vraiment pas. Mais si vraiment l'UCK s'est livré à des

 11   provocations, et je pense qu'effectivement elle l'a fait très souvent, il

 12   me semble qu'une véritable armée, une véritable police, telles que l'armée

 13   et la politique yougoslave, ne devaient pas se servir d'une provocation

 14   comme prétexte pour lancer des attaques à l'encontre des civils.

 15   Q.  Très bien. Donc si l'UCK s'engage dans un certain nombre d'activités

 16   pour les représenter ensuite comme une faute des autorités yougoslaves, ça

 17   n'a aucune importance. La responsabilité en incombe toujours aux autorités

 18   yougoslaves. Très bien.

 19   M. DJURDJIC : [interprétation] Passons à présent à la pièce P847,

 20   paragraphe 4, s'il vous plaît.

 21   Q.  Monsieur l'Ambassadeur, le document que nous avons ici est un rapport

 22   de la MVK du 15 mars 1999. Pouvez-vous examiner le point 4, s'il vous

 23   plaît, le (a).

 24   Saviez-vous qu'une fois l'UCK entrée dans la région de Kacanik, le

 25   commandant de l'UCK n'a pas permis au HCR de procéder à une évacuation des

 26   personnes déplacées, et ceci a été interprété par les vérificateurs de la

 27   MVK comme une tentative de se servir de sa ville en guise de bouclier

 28   humain ?

Page 7276

  1   R.  Je ne suis pas sûr d'avoir été informé de cet incident particulier,

  2   mais cela est fort possible. Tous les jours je recevais des rapports sur la

  3   détérioration de la situation. Comme je l'ai déjà indiqué, la situation

  4   s'est détériorée parce que les deux parties refusaient de coopérer. Mais

  5   nous étions sur place en partie pour surveiller la situation et en partie

  6   pour protéger les civils. Mais comme il n'y avait pas de coopération des

  7   deux parties, nous n'étions pas en mesure d'assurer la protection des

  8   civils. C'était justement le motif pour lequel nous nous sommes repliés,

  9   pour lequel nous avons quitté le territoire du Kosovo. Nous n'étions plus

 10   en mesure de remplir les termes de notre contrat et nous n'avions plus qu'à

 11   nous retirer.

 12   Et par ailleurs, Monsieur, c'est un des arguments que j'ai évoqués

 13   lors de mes échanges avec le président Milosevic. Pourquoi refusait-il de

 14   coopérer avec nous ? Si les membres de l'UCK étaient des auteurs d'un

 15   certain nombre d'actes criminels, c'était dans son intérêt d'ouvrir le

 16   territoire du Kosovo pour le rendre accessible à une mission militaire

 17   d'observation.

 18   Q.  Merci. Mais n'ai-je pas raison d'affirmer que c'était dans l'intérêt de

 19   l'UCK de déstabiliser la situation pour assurer l'arrivée de forces

 20   militaires internationales sur le territoire du Kosovo ? Puisque leur

 21   objectif consistait justement à assurer l'indépendance du Kosovo; et une

 22   fois les forces internationales militaires sur le territoire du Kosovo, ce

 23   n'est plus une partie intégrante de la Yougoslavie, cela devient du coup un

 24   protectorat international ou je ne sais quoi.

 25   R.  Avec tout le respect que je vous dois, si le président Milosevic ne

 26   souhaitait pas l'indépendance du Kosovo, alors c'était dans son intérêt de

 27   coopérer avec nous pour envoyer les forces internationales sur le terrain.

 28   Cela aurait été une façon d'éviter la guerre et par conséquent,

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  1   l'indépendance du Kosovo.

  2   Q.  Monsieur l'Ambassadeur, je ne souhaite pas approfondir des questions

  3   d'ordre politique. C'est aux Juges de la Chambre de dégager des conclusions

  4   pertinentes. Je ne souhaite surtout pas entrer dans des questions

  5   politiques.

  6   Nous avons pu constater que la situation a été déstabilisée le 1er mars, et

  7   la déstabilisation dans la région c'était justement dans l'intérêt de

  8   l'UCK.

  9   Examinons à présent la pièce suivante P1076.

 10   R.  Puis-je avancer un commentaire avant de passer à un autre sujet ?

 11   Q.  Oui, mais à condition que vous soyez succinct.

 12   R.  Ma réponse sera très brève. Sauf le respect que je vous dois, à

 13   l'époque, j'étais homme politique, je ne le suis plus. Mais je signale que

 14   je ne faisais pas partie des vérificateurs. Ma tâche consistait à trouver

 15   une solution politique à ce conflit, et c'était ce que j'essayais de faire

 16   pendant les échanges que j'ai eus avec le président Milosevic.

 17   Q.  Je suis bien d'accord avec vous. Et vous étiez la figure politique la

 18   plus éminente à cette époque-là en Europe. D'ailleurs, c'est vous qui avez

 19   pris la décision de replier les vérificateurs de la MVK.

 20   Alors, examinons maintenant ce document du 1er mai 1999. Pouvez-vous

 21   examiner le texte qui figure dans le paragraphe 2. Il s'agit d'un rapport

 22   de la MVK concernant les résultats de votre déplacement à Belgrade.

 23   Monsieur l'Ambassadeur, ai-je raison d'affirmer que c'était vous qui

 24   aviez insisté sur l'arrivée des forces de l'OTAN en Serbie lors de

 25   l'entretien que vous avez eu avec le président Milosevic, selon les termes

 26   de ce rapport de la MVK ? Vous avez insisté sur l'arrivée des forces de

 27   l'OTAN ?

 28   R.  Je ne pense pas que ce sont les forces de l'OTAN qui sont évoquées dans

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  1   le document mais plutôt les forces à la tête desquelles se trouverait

  2   l'OTAN. Cela est exact. Bien sûr que j'ai insisté sur ce point car c'était

  3   la seule solution que nous avions pu envisager pour éviter la guerre.

  4   J'expliquais à M. Milosevic que ces forces se rendraient sur le terrain à

  5   son invitation et que la situation serait similaire à celle qui prévaut

  6   dans d'autres pays où il existe une présence militaire internationale. Il

  7   ne s'agissait pas de miner les bases de son pouvoir, bien au contraire cela

  8   lui permettait de maintenir la paix publique et d'éviter le conflit qui

  9   couvait.

 10   Q.  Oui, mais pourquoi les forces de l'OTAN ? Pourquoi ne vous vous êtes

 11   pas adressé à l'ONU pour donner le mandat aux forces internationales ? Vous

 12   avez insisté sur les forces de l'OTAN. Par ailleurs, je souligne le fait

 13   que la Norvège est un pays membre de l'OTAN et par conséquent elle mettait

 14   en œuvre les politiques de l'OTAN.

 15   R.  Monsieur, sauf le respect que je vous dois, je crois que j'ai été

 16   capable de distinguer les deux fonctions que j'exerçais. J'ai été constant

 17   dans les points de vue que j'exprimais. Il était très difficile pour moi

 18   d'exercer à la fois les fonctions du président de l'OSCE et du ministre des

 19   Affaires étrangères d'un pays membre de l'OTAN. Il est vrai que la Norvège

 20   est pays membre de l'OTAN.

 21   Mais vous le savez aussi bien que moi, à l'époque l'ONU n'avait pas

 22   la possibilité de s'engager sur le terrain sur le plan militaire, et d'un

 23   point de vue réaliste la seule force militaire qui aurait pu se rendre

 24   disponible à une aussi brève échéance était les forces de l'OTAN. Il ne

 25   s'agissait pas de remettre en question l'autorité de l'ONU, et je vous

 26   rappelle que le président de l'assemblée de l'ONU ainsi que le secrétaire

 27   général ont évoqué cette solution comme la seule possible et durable.

 28   Q.  Cela ne vous semble paraît-il un peu cynique -- le 24 vous avez

Page 7279

  1   effectué un entretien téléphonique, vous avez suggéré, Faites appel aux

  2   forces de l'OTAN, et dans ce cas-là, il n'y aura pas de frappes aériennes.

  3   D'inviter les forces de l'OTAN est la seule façon d'éviter la guerre ?

  4   R.  Non, Monsieur. Sauf le respect que je vous dois, je ne pense pas qu'il

  5   s'agissait d'une déclaration cynique, absolument pas. Je ressentais cela

  6   comme une obligation morale. Pendant des années, M. Milosevic a maltraité,

  7   intimidé une population européenne, il a abusé de ses pouvoirs. Nous, les

  8   pays européens, ne pouvions pas rester les bras ballants sans faire quoi

  9   que ce soit. Le fait que M. Milosevic ne souhaitait pas coopérer avec nous

 10   nous a forcés de faire ce que nous avons fait.

 11   Q.  Qui a adopté la décision de lancer une attaque contre la Serbie ?

 12   R.  Pour commencer, il y a d'abord eu des débats engagés au sein de la

 13   communauté internationale, un débat a également été engagé au sein de

 14   l'ONU. Comme vous le savez pertinemment, une résolution de l'ONU n'a pas

 15   été adoptée et je le regrette. Je pense qu'il aurait été mieux d'obtenir le

 16   mandat de l'ONU pour les activités que nous avions entreprises.

 17   En même temps, nous nous sommes rapportés au chapitre 7 de la charte

 18   de l'ONU, le secrétaire général de l'ONU a également évoqué cette

 19   disposition de la charte de l'ONU. La même chose vaut pour les présidents

 20   de l'ONU et je pense que cela fournissait une base juridique suffisante au

 21   début de la guerre. Mais la raison pratique pour intervenir, c'est que nous

 22   avions peur que la guerre pouvait s'élargir sur le territoire de la région

 23   toute entière. La charte de l'ONU donne le droit à l'OTAN d'intervenir pour

 24   éviter une catastrophe qui frapperait la région toute entière.

 25   Q.  Vous avez fourni une réponse très détaillée. Mais n'est-il pas vrai que

 26   l'ONU n'a pas donné son approbation aux attaques lancées contre la Serbie.

 27   C'est pourquoi je vous pose la question suivante, qui a autorisé l'attaque

 28   lancée contre la Serbie ?

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  1   R.  La décision de commencer la guerre a été prise comme vous le savez

  2   pertinemment par l'OTAN. Je ne dirais pas pour autant qu'au vu des

  3   déclarations faites par le secrétaire général et le président de

  4   l'assemblée générale de l'ONU, que l'ONU s'opposait à cette intervention.

  5   Je sais que différents membres de l'ONU avaient adopté de différentes

  6   positions. Mais la Russie était membre permanent du Conseil de sécurité,

  7   elle aurait pu opposer son veto à cette décision.

  8   Q.  Contrairement à la charte des Nations Unies, je ne veux pas dire vous

  9   personnellement, mais l'OTAN a décidé de lancer une attaque contre la RFY;

 10   répondez simplement par oui ou par non, pour que nous puissions avancer.

 11   R.  Non.

 12   Q.  Merci, merci. Vous avez travaillé conformément au droit international.

 13   Poursuivons. Est-ce que M. Walker avait l'habitude de vous informer des

 14   réunions qu'il avait avec certaines personnalités sur la scène

 15   internationale comme le chef d'état-major de l'UCK ?

 16   R.  Non, pas d'après mon souvenir. En fait, je sais qu'il était en contact

 17   avec un certain nombre d'acteurs sur le terrain; c'était la raison pour

 18   laquelle il était là. Il a eu des réunions avec les représentants du

 19   gouvernement de la République fédérale yougoslave, et bien sûr avec les

 20   autorités de l'UCK. Cela faisait partie de son travail.

 21   Q.  Ce n'est pas la question que je vous pose. La question que je vous pose

 22   en fait porte sur les représentants officiels à l'extérieur de la RFY, les

 23   représentants de la Russie et autres pays qui allaient au-delà du mandat de

 24   la mission en RFY.

 25   R.  Si nous avions des réunions avec le gouvernement russe; c'est cela

 26   votre question ? Cela se peut, honnêtement je ne m'en souviens pas. Je ne

 27   me souviens pas de toutes les réunions. Bien sûr, c'était une personnalité

 28   intéressante à l'époque et il y avait un certain nombre de délégations qui

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  1   venaient au Kosovo, les représentants de gouvernement et certainement des

  2   représentants d'un certain nombre de pays, c'est certain. Cela ne me

  3   surprendrait pas qu'il ait rencontré les représentants russes.

  4   Q.  Vous a-t-il tenu au courant de la réunion qu'il y a eu avec le général

  5   Ivashov qui à l'époque dirigeait les services politiques du ministère de la

  6   Défense de Russie ?

  7   R.  Non, d'après mon souvenir non.

  8   Q.  Vous souvenez-vous qu'il y avait des objections qui ont été soulevées

  9   par le représentant officiel de Russie sur la façon dont le MVK a rédigé

 10   ces rapports et aussi le fait que M. Walker était en contact permanent avec

 11   les membres de l'UCK ?

 12   R.  Non, pas de rapport spécifique avec l'UCK. Cela, je ne m'en souviens

 13   pas. J'ai eu des réunions avec eux, des discussions avec Igor Ivanov, qui

 14   était ministre des Affaires étrangères à l'époque. Il s'est plaint de

 15   Walker, oui, il n'était pas satisfait de la façon dont il gérait la

 16   mission. Nous avons eu des discussions là-dessus et c'est un point que j'ai

 17   abordé avec Walker.

 18   Q.  Merci. Lorsque la Mission de vérification au Kosovo a quitté le Kosovo

 19   quand la guerre a commencé et il y avait un officier de liaison pour

 20   l'OTAN, n'est-ce pas ?

 21   R.  Il y avait peut-être quelques officiers de l'OTAN au sein de la Mission

 22   de vérification du Kosovo, c'est possible, oui, mais pour être honnête, je

 23   ne m'en souviens pas très bien, mais ça ne me surprendrait pas beaucoup.

 24   Q.  Savez-vous quel était le descriptif de leur mission ? Je veux parler de

 25   ces officiers de liaison qui établissaient cette liaison entre la MVK et

 26   l'OTAN ?

 27   R.  Je suppose que leur mission était celle de toute mission d'officiers de

 28   liaison, c'est-à-dire maintenir le contact entre une organisation et une

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  1   autre.

  2   Q.  Savez-vous que l'officier de liaison de la MVK avait pour habitude de

  3   remettre les informations fournies par l'UCK à l'OTAN afin de mener une

  4   guerre contre la RFY ?

  5   R.  Non, je ne suis pas au courant de cela.

  6   Q.  Connaissez-vous des personnes ou quelqu'un qui répond au nom de Richard

  7   Ciaglinski et David Meyer qui travaillaient pour la mission ?

  8   R.  Je ne me souviens pas de ces noms-là.

  9   Q.  Avez-vous jamais entendu dire qu'une lettre de l'UCK a été envoyée au

 10   général Clark de l'état-major de l'UCK par l'intermédiaire d'un officier de

 11   liaison travaillant pour la Mission de vérification au Kosovo ?

 12   R.  Non, pas d'après mon souvenir, non.

 13   Q.  Monsieur l'Ambassadeur, savez-vous que pendant la guerre, des membres

 14   de la mission de vérification avaient l'habitude de rentrer chez eux, dans

 15   leur pays natal, pour y tenir des conférences de presse ?

 16   R.  Ecoutez, non, je ne suis pas au courant. Je suppose qu'ils devaient

 17   rentrer chez eux de temps en temps, mais on ne m'a rien dit à propos de

 18   conférences de presse, en tout cas, d'après mon souvenir.

 19   Q.  Avez-vous jamais autorisé quelqu'un dans votre pays à tenir une

 20   conférence de presse dans votre pays, pendant la guerre, lorsque vous étiez

 21   président en exercice ?

 22   R.  A quelqu'un vous voulez dire de la Mission de vérification au Kosovo

 23   qui serait venu tenir une conférence de presse en Norvège ? Si vous êtes

 24   ministre des Affaires étrangères, vous voulez tenir une conférence de

 25   presse; c'est cela ?

 26   Q.  Vous n'avez pas compris ma question, Monsieur l'Ambassadeur. Avez-vous

 27   autorisé un quelconque membre de la Mission de vérification au Kosovo de

 28   rentrer chez lui, que ce soit la Grande-Bretagne, l'Allemagne, et cetera,

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  1   pour tenir une conférence de presse au sein de leur ministère, ministère de

  2   la Défense ou quel que soit le ministère ? Etes-vous au courant d'un tel

  3   cas ?

  4   R.  Non, je n'ai pas le souvenir d'avoir jamais donné ce genre

  5   d'autorisation.

  6   Q.  Merci. Je vais maintenant vous lire certains extraits d'une conférence

  7   de presse et je vais vous demander de me dire si c'est quelque chose dont

  8   vous êtes au courant. 

  9   "Comme vous le savez, il y a deux jours [comme interprété], nous

 10   avons reçu l'ordre de partir. Jusqu'à ce moment-là, nous avons maintenu les

 11   contacts avec l'UCK. Les frappes aériennes ont eu un effet positif sur le

 12   terrain, l'attaque lancée par les Serbes il y a deux jours près de Malisevo

 13   a été entravée forcément par les frappes aériennes parce que quatre chars

 14   et une position d'artillerie ont été détruits…"

 15   Disposiez-vous de ce genre d'information lorsque vous étiez en poste en

 16   tant que président en exercice ?

 17   R.  Je ne suis pas très certain d'avoir compris votre question, mais si

 18   vous dites, "il y a deux jours [comme interprété], nous avons reçu l'ordre

 19   de partir…" dans ce cas, ceci ne s'est pas passé lors de la présence et des

 20   activités de la mission de vérification. Alors je ne sais pas si ce qui

 21   s'est passé après, je ne sais pas si les gens n'étaient plus en poste. Je

 22   dirais que c'est tout à fait différent de savoir si c'est après, si on

 23   tient une conférence de presse après avoir quitté la mission ou si on est

 24   en mission. Je ne comprends pas, voilà, pour répondre de façon brève.

 25   Q.  Monsieur l'Ambassadeur, vous avez parfaitement compris la question. Il

 26   s'agit des notes de M. Drewienkiewicz dont il s'est servi lors de sa

 27   conférence de presse au ministère de la Défense à Londres, soit le 31 mars

 28   ou le 1er avril 1999.

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  1   Je vous remercie d'avoir répondu à mes questions. Je suis absolument désolé

  2   d'avoir été obligé de raccourcir mon contre-interrogatoire.

  3   M. DJURDJIC : [interprétation] Messieurs les Juges, j'ai terminé mon

  4   contre-interrogatoire.

  5   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie beaucoup, Maître

  6   Djurdjic.

  7   Madame Gopalan.

  8   Mme GOPALAN : [interprétation] Simplement quelques questions, Messieurs les

  9   Juges.

 10   Nouvel interrogatoire par Mme Gopalan : 

 11   Q.  [interprétation] Monsieur, quelques questions de clarification qui

 12   découlent du contre-interrogatoire de mon confrère. Ceci a trait à la

 13   visite que vous avez faite au Kosovo en mars 1999. On vous a posé une

 14   question à propos de la date, quel jour vous vous êtes rendu au Kosovo au

 15   cours de cette période. Alors maintenant, lorsque la question vous a été

 16   posée, une chronologie des événements a été évoquée par le conseil de la

 17   Défense. Je me demande si je peux vous montrer cette chronologie des

 18   événements, et pour vous aider pour ce faire, je peux vous rappeler à quels

 19   moments vous vous êtes rendu au Kosovo au mois de mars 1999.

 20   Mme GOPALAN : [interprétation] Je crois que le conseil de la Défense

 21   faisait référence à la pièce P844, si nous pourrions afficher ce document à

 22   l'écran, s'il vous plaît. Est-ce que nous pouvons passer à la page 6, s'il

 23   vous plaît. Est-ce que nous pouvons agrandir ceci, s'il vous plaît. Je

 24   crois que cette page nous donne l'ordre chronologique des événements à

 25   partir du mois de février, et ce, jusqu'au milieu du mois de mars.

 26   Q.  Veuillez regarder ce document et nous dire si ceci vous aide à vous

 27   remémorer à quel moment vous vous êtes rendu au Kosovo, en mars 1999, avant

 28   la guerre.

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  1   R.  La dernière date que j'ai à l'écran, c'est le 5 mars. Il est clair que

  2   le 2 mars, visite du président en exercice, donc c'est moi.

  3   Q.  Donc je suppose que vous êtes allé au Kosovo le 2 mars ?

  4   R.  Oui, je suppose. Bon, ces dates ne vont pas au-delà du 5 mars, donc je

  5   ne sais pas si on évoque la période ultérieure.

  6   Q.  Nous pouvons passer à la page suivante, si cela peut vous aider.

  7   R.  Etant donné que mon nom n'est pas mentionné, je suppose que la dernière

  8   date de ma visite a dû être le 2 mars.

  9   Q.  Simplement pour préciser, vous avez témoigné sur ce que vous avez vu

 10   lors de votre visite au Kosovo au mois de mars par rapport à certains

 11   villages autour de Podujevo, à propos de civils, et cetera. Avez-vous pu

 12   remarquer ces incidents-là au cours de cette visite-là, celle du 2 mars ?

 13   R.  C'est exact.

 14   Q.  Ai-je raison de dire que lorsque vous vous êtes rendu au Kosovo par la

 15   suite, c'était après les bombardements ?

 16   R.  Ce n'était pas au mois de mars, c'était plus tard, car comme vous le

 17   savez, les bombardements ont commencé le 24 mars et je suis revenu après la

 18   guerre. Je suis retourné après, je ne sais pas exactement à quel moment. Je

 19   crois que c'était peut-être au mois de juillet.

 20   Q.  Je vous remercie, Monsieur. Je n'ai plus d'autres questions à vous

 21   poser. Je vous remercie, Monsieur, pour votre témoignage.

 22   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Madame Gopalan.

 23   [La Chambre de première instance se concerte]

 24   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Pour les besoins du compte rendu

 25   d'audience, en toute équité envers le président Milosevic, je souhaite

 26   préciser à la page 79, ligne 1, la négation "ne pas" n'a pas été consignée.

 27   Et je crois que le témoin voulait dire :

 28   "Si le président Milosevic ne souhaitait pas avoir un Kosovo indépendant…"

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  1   Je crois que ce serait problématique si le compte rendu d'audience

  2   consignait cela. Il faut donc le corriger.

  3   Merci, Monsieur l'Ambassadeur, d'être venu apporter votre concours aux

  4   Juges de la Chambre. Vous pouvez maintenant disposer et retourner à vos

  5   activités quotidiennes.

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie beaucoup, Messieurs les

  7   Juges.

  8   [Le témoin se retire]

  9   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je remercie les différents avocats

 10   d'avoir fait attention au temps. Nous allons reprendre lundi avec un

 11   témoignage qui se fera par vidéoconférence. Ceci a déjà été organisé et

 12   nous siégeons l'après-midi à 14 heures 15. Nous levons l'audience

 13   maintenant. 

 14   --- L'audience est levée à 13 heures 45 et reprendra le lundi 13 juillet

 15   2009, à 14 heures 15.

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