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1 Le vendredi 17 juillet 2009
2 [Audience publique]
3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
4 --- L'audience est ouverte à 9 heures 02.
5 [Le témoin vient à la barre]
6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour, Monsieur. Je vous rappelle
7 donc le serment que vous avez déposé qui s'applique toujours.
8 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, avant de reprendre,
9 j'aimerais éclaircir une petite, enfin, apporter une précision à une
10 réponse que j'ai faite hier.
11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Entendu. Allez-y.
12 LE TÉMOIN : [interprétation] Vous m'avez demandé, Maître Djordjevic, ce
13 qu'il en était des différents projets qui font partie du projet sur le
14 patrimoine culturel pour le Kosovo. Alors il y avait donc les projets
15 concernant la loge de l'église orthodoxe serbe à Velika Hoca, le projet sur
16 les kullas, nous avons travaillé avec Patrimoine culturel sans frontières
17 pour toutes les étapes de planification, mais en fait, le financement pour
18 la reconstruction a été apporté par l'agence suédoise pour le développement
19 international et la Commission européenne.
20 C'étaient des précisions que je tenais à apporter.
21 LE TÉMOIN : ANDRAS JANOS RIEDLMAYER [Reprise]
22 [Le témoin répond par l'interprète]
23 Contre-interrogatoire par M. Djordjevic [suite] :
24 Q. [interprétation] Merci. Hier, vous nous avez parlé de cette fondation
25 suédoise. Vous avez dit que vous aviez reçu des fonds pour la
26 reconstruction. Mais ce qui m'intéresse, c'est que vous nous avez dit qu'il
27 y avait des problèmes pour la restauration de l'église, l'élise de Drsnik
28 parce que les prêtres orthodoxes avaient demandé que ces travaux soient
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1 réalisés en même temps que la patriarchie à Belgrade ou les autorités de
2 Belgrade. Et vous avez dit que la mosquée était restaurée. Alors ce qui
3 m'intéresse de savoir c'est que cette mosquée a été restaurée en accord
4 avec la communauté islamique du Kosovo; c'est bien cela ?
5 R. Tout à fait.
6 Q. Savez-vous, peut-être connaissez-vous les raisons pour lesquelles il
7 n'y a pas eu de négociations avec la patriarchie de l'église serbe
8 orthodoxe de Belgrade. Est-ce que vous le savez, cela, en ce qui concerne
9 la restauration du monastère de Drsnik ?
10 R. Au départ, nos contacts étaient sur place avec le Père Savo Janjic et
11 Petar Ulemek de l'église orthodoxe de Prizren. Et ensuite, il s'est avéré
12 qu'au départ les choses paraissaient tout à fait positives et prometteuses;
13 et puis, il s'est avéré que quelques problèmes soient survenus dans la
14 collaboration avec l'institut serbe pour la protection des monuments et la
15 MINUK, la mission des Nations Unies, a demandé que les choses se fassent
16 par son intermédiaire. Donc à ce moment-là nous avons un petit peu battu en
17 retraite, si je puis dire, et je ne sais pas où les négociations finalement
18 ont abouti. A ce moment-là, je n'étais plus au Kosovo moi-même. Donc c'est
19 M. Herscher qui menait, si vous voulez, les négociations. Mais tous les
20 projets ont été compliqués d'un point de vue administratif, parce qu'il y
21 avait des circonscriptions différentes qui entraient en jeu. Il y avait
22 aussi des difficultés d'ordre bureaucratique au sujet de ce projet sur la
23 mosquée. Donc tout a été beaucoup plus long que prévu.
24 Q. Merci. Maintenant, je voudrais vous parler plus précisément de votre
25 collègue, M. Herscher. Ai-je raison d'en conclure que le travail que vous
26 avez réalisé, à savoir tous les travaux dans la région de Kosovska
27 Mitrovica et la bibliothèque dans la partie sud de Mitrovica, c'est quelque
28 chose que vous avez fait pro bono, de votre propre chef, et non pas dans le
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1 cadre d'un accord ou d'un contrat, alors que M. Herscher travaillait pour
2 les institutions de la MINUK. Donc à ce moment-là, est-ce que vous pouvez
3 un petit peu plus nous expliquer exactement comment tout cela s'est passé ?
4 R. Oui. A ce moment-là, M. Herscher ne travaillait pas encore pour la
5 MINUK. Donc j'ai reçu un mandat spécial du département de la culture de la
6 MINUK pour procéder à ces travaux d'inspection de la bibliothèque. Avant
7 cela, il y avait eu une mission de la fédération internationale des
8 associations des bibliothèques à Mitrovica qui avait réalisé une étude de
9 cette bibliothèque. Et moi, c'était une mission de suivi, si vous voulez.
10 Et en fait, la MINUK a accepté d'assumer les frais d'hôtel, sinon, je n'ai
11 reçu absolument aucun défraiement, aucun honoraire. J'ai passé la journée à
12 Mitrovica, j'ai rédigé mon rapport; et le lendemain, je suis retourné aux
13 Etats-Unis. Voilà, ça a juste allongé mon séjour au Kosovo d'une journée.
14 Q. Et M. Herscher, ensuite, son poste au sein de la MINUK, quel a-t-il été
15 ?
16 R. Il avait un contrat de six mois, et un petit peu plus tard dans
17 l'année, il est devenu directeur adjoint du département de la culture de la
18 MINUK. Et ensuite, lorsque le directeur précédent est parti temporairement,
19 c'est lui qui assumait les fonctions de directeur. Et puis ensuite il est
20 retourné aux Etats-Unis. Il a entamé sa carrière dans l'enseignement et
21 ensuite il a continué à travailler pour la MINUK mais en tant que
22 consultant extérieur.
23 Q. Merci. Alors avec M. Herscher, vous avez rédigé un rapport ou un
24 ouvrage intitulé "Monuments et actes criminels"; est-ce exact ?
25 R. Oui.
26 Q. Pouvez-vous nous dire à quel moment cette étude ou cet ouvrage a été
27 publié et quel en était le sujet principal ? De quoi traitiez-vous
28 exactement dans cet ouvrage que vous avez corédigé avec M. Herscher ?
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1 R. C'est un article qui a été publié dans un journal de théorie culturelle
2 intitulé "Grey Room." Et je crois que cet article a été publié à l'automne
3 2001. Je n'ai pas mon CV sous les yeux pour vous donner la date exacte,
4 mais en fait, il s'agissait d'un article de fond accompagné d'une série de
5 photos. Cet article de fond traitait des différents aspects de
6 l'architecture au Kosovo, la façon dont l'architecture s'était développée
7 au Kosovo, en tenant compte d'un certain nombre d'arguments politiques
8 concernant le statut du Kosovo. Cet article, je crois, a été mis à votre
9 disposition. Cela fait déjà un certain nombre d'années que je ne l'ai pas
10 relu, mais si vous avez des questions plus particulières à ce sujet, je
11 serais tout à fait heureux d'y répondre.
12 Q. J'ai trouvé cet article et je l'ai lu. Et je voudrais vous poser un
13 certain nombre de questions concernant des observations politiques que vous
14 avez apportées dans cet article, observations liées à la destruction des
15 monuments au Kosovo et liées au patrimoine culturel du Kosovo. Quels ont
16 été les monuments qui ont fait l'objet de vos observations dans cet article
17 ? S'agissait-il des monuments de toutes les cultures ? En d'autres termes,
18 s'agissait-il d'une approche ethnique ? Ou alors s'agissait-il
19 essentiellement des monuments de la culture musulmane qui, comme vous
20 l'avez dit, sont l'objet de votre activité professionnelle générale ?
21 R. Cet article, d'après ce dont je me souviens, traitait de tous les
22 éléments de la culture au Kosovo, mais ce n'était pas censé être une étude.
23 Q. Alors qu'est-ce que c'était censé être exactement ?
24 R. C'est un article que nous avons proposé au journal, ce journal qui
25 traite d'une façon générale des théories de la culture, des théories de la
26 représentation culturelle. Et ce que nous voulions montrer dans cet article
27 c'est que le patrimoine culturel n'est pas, par essence, quelque chose qui
28 puisse être considéré indépendamment de la vie politique ou des points de
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1 vue politiques. Ce que nous voulions montrer c'est que ce n'est pas quelque
2 chose qui peut être utilisé pour promouvoir des arguments politiques. Donc
3 ce que je vous ai déjà dit, c'est qu'il y a déjà un certain temps que je
4 l'ai écrit. Si vous voulez citer des passages de cet ouvrage je serais
5 heureux d'y apporter des commentaires. Mais d'une façon générale, voilà
6 quelle était l'idée de cet article.
7 Q. Non, je ne vais pas m'appesantir plus longtemps sur cet article. Je
8 vous remercie de cette réponse, et il sera très intéressant de lire à
9 nouveau cet article. Mais maintenant, ai-je raison de dire que vous avez
10 également publié ensemble avec M. Herscher un article intitulé "Burned
11 Books", "Livres brûlés" ? C'est bien cela ?
12 R. Oui. C'est un article, "Livres brûlées" et "Lieux sacrés détruits" qui
13 avaient été rédigés à l'attention du courrier de l'UNESCO. C'était en fait
14 un entretien. C'était un tout petit article d'une page seulement. Je pense
15 que c'est à cela que vous faite allusion.
16 Q. Oui, exactement. Est-ce que vous vous souvenez du sujet principal de
17 cet entretien ?
18 R. Cet entretien, si je me souviens bien, dans le cadre de cet entretien,
19 on nous posait la question de savoir quelle était notre activité
20 précisément dans le cadre de la MINUK au Kosovo. C'était un entretien
21 téléphonique, et ce sont les bureaux de l'UNESCO à Paris, au siège, qui
22 m'avaient contacté par téléphone. Mais c'était un entretien très bref.
23 Q. Merci. Maintenant, je voudrais vous poser une question sur l'institut
24 Packard que vous avez mentionné hier comme étant l'un des bailleurs de
25 fonds qui vous a aidé à financer ce projet. Vous avez dit que vous les
26 aviez contactés, et dans le cadre de l'interrogatoire principal réalisé par
27 mon éminent confrère, vous avez parlé de cet institut Packard. Mais lorsque
28 j'ai fait des recherches à l'institut Packard, j'ai trouvé sur une page du
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1 site internet de l'institut Packard quelque chose que j'aimerais que vous
2 m'expliquiez un petit peu, parce que sur le site il est dit que l'institut
3 Packard ne finance pas de projets réalisés par d'autres personnes. Il
4 n'apporte pas des ressources financières à des projets qui sont réalisés
5 par d'autres. Alors ce projet que vous avez réalisé au Kosovo, est-ce que
6 c'était un projet Packard, et c'est pour cela que vous avez reçu leur
7 financement, ou alors est-ce que c'était une exception ? Est-ce que vous
8 pouvez nous expliquer ?
9 R. Je vais vous expliquer un petit peu de quoi il s'agit. Cet institut
10 Packard en fait s'appelle Packard parce qu'il reprend le nom de l'un des
11 deux fondateurs du groupe Hewlett-Packard, mais la personne maintenant qui
12 dirige l'institut Packard est le fils du créateur de Hewlett-Packard. Il
13 n'a rien à voir avec l'entreprise H-P. Il est professeur de Harvard à la
14 retraite et il a enseigné les lettres classiques. Il est très intéressé par
15 la culture. Il a apporté son soutien à des fouilles archéologiques en
16 Albanie, en Turquie. Il a publié un certain nombre d'articles, et cetera.
17 Je connais le site internet auquel vous faites allusion, mais la raison
18 pour laquelle il met cela sur le site, c'est un petit peu pour dissuader
19 les personnes de leur envoyer des propositions de projets, et cela, c'est
20 comme beaucoup de fondations privées aux Etats-Unis. La façon dont cet
21 institut Packard fonctionne, c'est qu'ils reçoivent des projets, mais ils
22 reçoivent des projets des gens qu'ils connaissent, en qui ils ont
23 confiance, par l'intermédiaire d'un conseil consultatif. Avant que le
24 projet sur le Kosovo n'ait été mis au point, moi j'avais déjà été en
25 contact avec cet institut Packard et on m'avait déjà parlé de la
26 reconstruction des bibliothèques de manuscrits en Bosnie. Mais à ce moment-
27 là, ils avaient décidé de ne pas soutenir notre initiative. C'est comme
28 cela au départ que j'étais entré en contact avec eux.
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1 Et puis ensuite, lorsque nous avons vraiment mis en place ce projet
2 pour le patrimoine culturel au Kosovo, là, j'ai réutilisé ce contact que
3 j'avais eu initialement et cela m'a permis de m'adresser de nouveau à
4 l'institut pour leur demander s'ils seraient éventuellement intéressés par
5 un financement. Et puis après quelque temps, ils ont accepté, mais dans le
6 cadre de circonstances bien précises et assez limitées. Nous avons disposé
7 de ressources financières, mais assez limitées et pendant une période assez
8 courte qui n'était pas renouvelable. Donc disons que c'était effectivement
9 une exception mais les projets qu'ils financent, ce sont des projets qui
10 sont réalisés par d'autres personnes, mais qui sont financés par
11 l'institut.
12 Q. Merci. Donc les fondateurs de cette fondation Packard c'est M.
13 Packard et son épouse. Mais en ce qui concerne la direction de l'institut,
14 je ne savais pas que c'était le fils du fondateur du groupe H-P. Mais sur
15 le site Web, il y a un certain nombre de liens qui mènent vers des projets,
16 des projets d'ailleurs tels que ceux dont vous avez parlés, les fouilles
17 archéologiques, et cetera. Mais je n'ai rien trouvé dans aucun des liens
18 concernant le projet sur le Kosovo. Maintenant, je comprends, vous nous
19 dites que c'était effectivement une exception.
20 Alors la question suivante que j'aimerais vous poser, vous avez passé
21 beaucoup de temps dans l'interrogatoire principal à expliquer que vous
22 travaillez de façon totalement indépendante, qu'en fait, vous n'étiez pas
23 en relation avec le TPIY à l'époque. C'était vraiment un projet qui était
24 le vôtre, que vous portiez vous-même; mais si j'ai bien compris, c'était un
25 projet pour lequel vous étiez soutenu par l'Université de Harvard, si j'ai
26 bien compris. Alors est-ce que vous pouvez nous expliquer cela, également ?
27 Est-ce que ce projet, c'est votre projet et celui de M. Herscher; c'est
28 bien cela ? Est-ce que j'ai raison de dire cela ?
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1 R. Oui. En vertu de la législation aux Etats-Unis, une institution de
2 bienfaisance telle que l'institut Packard ne peut pas, en théorie, apporter
3 des ressources financières à des personnes qui travaillent
4 individuellement. Elles doivent apporter des ressources financières par
5 l'intermédiaire d'un circuit bien précis, en l'occurrence, une institution
6 à but non lucratif. Donc nous avons fait en sorte qu'il y ait, au sein de
7 l'Université de Harvard, un centre qui serve justement à canaliser ces
8 ressources financières. Mais le projet lui-même ce n'était pas un projet de
9 l'Université de Harvard, c'était un projet de deux chercheurs, en
10 l'occurrence, M. Herscher et moi. Et lorsque j'ai travaillé sur le projet
11 du Kosovo, en fait, je ne travaillais plus pour Harvard, à ce moment-là. Et
12 l'université ne m'a absolument pas rétribué pour cela. Donc le lien avec
13 Harvard, c'est purement minimal, si l'on peut dire. Est-ce que cela répond
14 à votre question ?
15 Q. Oui. Je voudrais répéter ce que vous venez de dire. C'était un projet
16 qui vous appartenait à vous et à votre partenaire, M. Herscher; c'est bien
17 cela ?
18 R. Oui.
19 Q. Maintenant, voudrais présenter mes excuses à la Chambre. Mais je vais
20 faire de mon mieux aujourd'hui pour tenir compte, bien sûr, de ce que vous
21 avez déjà dit dans l'affaire Milutinovic parce que tout cela est déjà
22 inclus dans le dossier de cette affaire. Donc je ne vais pas tout
23 reprendre, mais je vais juste vous poser quelques questions pour éclaircir
24 certaines déclarations que vous avez faites.
25 D'abord, l'une des choses qui, à mon avis, n'est pas clair du tout, est la
26 façon dont vous avez rédigé ce rapport, ce rapport que nous avons tous à
27 notre disposition. C'est un rapport qui rassemble un certain nombre
28 d'éléments de preuve avec des photos, des fiches, des photos des bâtiments
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1 endommagés. Il y a aussi toute une partie où vous parlez des témoins
2 oculaires ou des personnes qui ont été pour vous des sources d'information.
3 Mais vous nous dites que c'est votre projet, alors est-ce que c'est vous
4 qui vous êtes vous-même assigné la tâche de noter, d'indiquer les dégâts
5 sur le patrimoine culturel du Kosovo -- bien, c'est clair, en fait, je le
6 comprends bien. Mais est-ce que c'est vous qui avez décidé d'indiquer les
7 causes des dégâts et les responsables des dégâts, parce que lorsque vous
8 avez répondu à mon éminent collègue dans l'interrogatoire principal, vous
9 avez dit que vous aviez recueilli des témoignages de façon à aider le
10 Tribunal.
11 Maintenant, tout cela ne me paraît pas clair du tout parce que d'abord,
12 vous nous dites, au départ, j'avais une certaine idée de ce que vous
13 faisiez, ensuite, une autre. Donc est-ce que vous pouvez nous expliquer un
14 petit peu, est-ce que vous pouvez expliquer à la Chambre en quoi consistait
15 votre tâche pour aider le Tribunal lorsqu'il s'agissait d'acquérir des
16 informations sur la façon dont les dégâts avaient été causés à ces
17 monuments culturels ? Est-ce que vous avez fait quelque chose en
18 particulier pour acquérir ces connaissances ? Comment organisiez-vous votre
19 travail ?
20 R. Si vous regardez la toute première partie du rapport, la préface, la
21 partie préliminaire, il est bien précisé que ce qui nous a incité à rédiger
22 ce rapport, c'était le nombre d'accusations qui faisaient surface pendant
23 et juste après le conflit concernant la destruction des monuments
24 culturels. Donc nous avons décidé d'enquêter sur ces accusations qui
25 étaient faites parce que nous voulions savoir : est-ce que vraiment ces
26 monuments avaient été endommagés, et s'ils l'avaient été, comment, quand et
27 quels étaient les dégâts précisément, quelles étaient les raisons de ces
28 dégâts. Donc ce que nous recherchions c'était des informations qui
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1 pouvaient nous aider à mieux comprendre tout cela, et pour nous, c'était
2 important de consigner ces informations qui nous étaient données par écrit.
3 La façon dont nous avons consigné tout cela, c'était afin d'aider
4 tous ceux qui voulaient mener une enquête pour savoir qui était
5 responsable, mais bien sûr, nous ne sommes pas des enquêteurs
6 professionnels, nous ne faisons pas partie de la police. Les conclusions
7 que nous avons pu tirer nous-mêmes sont des conclusions du type : quel est
8 l'état du bâtiment ou du monument ? Pour quelle raison se trouve-t-il dans
9 l'état actuel aujourd'hui ? Des questions plus générales sur la façon dont
10 la destruction avait pu être faite.
11 Q. Mais ai-je raison de dire que si votre enquête se limitait
12 uniquement à la période à laquelle vous faites allusion dans votre rapport,
13 c'est-à-dire juste après que les forces de la KFOR soient entrées au
14 Kosovo, donc, après juin ? La période au cours de laquelle vous vous êtes
15 trouvé au Kosovo-Metohija, vous avez inspecté 144 monuments. C'est ce que
16 vous nous avez dit, 144.
17 Mais est-ce que vous pouvez nous dire combien de temps vous avez
18 passé exactement au Kosovo, sur place ? Est-ce que vous y êtes allé
19 plusieurs fois pendant que vous écriviez ce rapport avec M. Herscher ? Est-
20 ce que vous avez d'abord séjourné au Kosovo avant de faire votre rapport ?
21 Combien de temps en tout avez-vous passé au Kosovo ?
22 R. Mais je l'ai indiqué au cours de l'interrogatoire principal, M.
23 Herscher et moi-même, nous nous sommes rendus au Kosovo trois fois. La
24 première fois en octobre 1999, où nous sommes restés pratiquement un mois
25 entier, trois semaines et demie; la deuxième fois nous sommes restés trois
26 semaines, en octobre de l'année suivante, en octobre 2000; et la dernière
27 fois c'était en mars et avril 2001, là encore, pour trois semaines. Le
28 temps que nous avons passé pour chacun des monuments, bien sûr, a varié
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1 considérablement selon les monuments. Dans certains cas, lorsque le
2 monument avait été complètement détruit, il n'y avait pas grand-chose à
3 faire, si ce n'est prendre une photo. En revanche, lorsque la situation
4 était un petit peu plus compliqué, nous y avons passé plus de temps. Mais
5 ce qui nous a pris le plus de temps c'était les déplacements, parce que
6 très souvent ces lieux étaient assez éloignés et les infrastructures
7 n'étaient pas très, très bonnes. Donc cela nous prenait énormément de temps
8 pour nous déplacer d'un point à un autre.
9 Q. Pendant vos séjours au Kosovo, dites-moi, s'il vous plaît, est-ce que
10 vous étiez toujours basé à un seul endroit ou est-ce que cela variait en
11 fonction du site que vous alliez visiter ou inspecter ?
12 R. Cela variait en fonction des endroits que nous allions voir. La
13 première fois, nous étions basés à Pristina et puis nous partions pour la
14 journée de Pristina. Et puis la deuxième et la troisième fois, nous nous
15 sommes installés non seulement à Pristina, mais également à Pec, c'est à
16 l'ouest du Kosovo.
17 Q. Je vous remercie. Ma question suivante. Vous avez évoqué les dates
18 butoir et les limitations imposées à la longueur de vos séjour, et vous
19 nous avez dit qu'il ne vous a pas été possible de vous déplacer facilement
20 au Kosovo vu le mauvais état des routes. Alors comment est-ce que vous avez
21 pris vos dispositions pour vous déplacer, pour vous rendre au site que vous
22 vouliez voir ? Est-ce que c'était arrangé ad hoc avec la MINUK ou est-ce
23 que vous vous y preniez tout seul, ou comment est-ce que vous le faisiez ?
24 R. C'est sans avoir eu de contact préalable avec la MINUK ou avec qui que
25 ce soit d'autre. Donc on a pris une voiture qu'on a louée et un chauffeur.
26 Et ça m'a été recommandé par une connaissance, par un reporter qui s'était
27 servi des services du même chauffeur avant cela. Et ce chauffeur c'est
28 quelqu'un qui était bilingue qui pouvait parler turc ainsi qu'albanais.
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1 Donc j'ai pu lui demander d'agir comme interprète pour moi lorsque je ne
2 pouvais pas m'adresser directement aux gens. Et donc il travaillait pour
3 nous en étant payé à la journée, et à la fin, je pense, de nos
4 déplacements, sa voiture était bousillée et il n'avait pas suffisamment
5 d'argent pour en acheter une neuve.
6 Q. Je vous remercie. Vous nous avez dit qu'avant chacune de vos visites,
7 vous vous rendiez au bureau de la MINUK ou du Procureur, me semble-t-il, je
8 ne suis pas certain de quel bureau il s'agissait, pour vous renseigner sur
9 la situation qui prévalait là où vous alliez vous rendre, pour vérifier si
10 la sécurité était garantie. Par exemple, pour Mitrovica, ils vous ont dit
11 de ne pas vous y rendre parce qu'il y a eu des accrochages au pont, me
12 semble-t-il.
13 R. Oui. Ça a été notre unique contact avec la MINUK, excusez-moi, avec le
14 bureau local du TPIY à Pristina. C'est tous les jours que ce bureau
15 recevait de la part de la KFOR un rapport sur la sécurité sur le terrain et
16 ils nous en informaient. C'est avant chacune de nos visites qu'ils nous
17 disaient quelles étaient les prévisions sur le plan de la sécurité, et dans
18 la plupart des cas, ça ne posait pas problème. Et ce jour-là en
19 particulier, ils nous ont conseillé de ne pas nous rendre à Mitrovica. Nous
20 ne leur disions pas quelle était notre destination, mais on demandait
21 simplement de nous fournir le rapport portant sur la sécurité pour la
22 journée en question.
23 Q. Oui, justement, par votre réponse vous m'apportez les éléments sur
24 lesquels j'allais vous interroger par la suite. Donc pour traduire depuis
25 l'albanais vers le turc ou l'anglais, comment faisiez-vous concrètement,
26 comment ces traductions étaient-elles faites, puisque ce chauffeur, si j'ai
27 bien compris, vous a servi d'interprète, de traducteur ?
28 R. A chaque fois que nous nous déplacions, nous avions ce chauffeur. Il y
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1 avait M. Herscher, moi-même et plusieurs fois, il nous est arrivé de
2 prendre des guides. Par exemple, quelqu'un de l'institut pour la protection
3 des monuments historiques.
4 Sur le plan linguistique, comment est-ce que cela a fonctionné ? Je
5 parle couramment plusieurs langues, y compris l'allemand et le turc. J'ai
6 passé trois années en Turquie, j'avais la bourse Fulbright. Et vous avez au
7 Kosovo nombre de personnes qui ont passé des années en Suisse ou en
8 Allemagne. Ils travaillaient, donc ils parlent l'allemand. Et dans des
9 villes telles que Prizren, et dans une certaine mesure à Vucitrn, Mitrovica
10 et Pristina, on tombait facilement sur des gens qui parlaient turc. Et il
11 m'est même arrivé de parler turc avec des Serbes. Dans des villes, vous
12 avez des gens qui parlent le turc. Donc il nous est arrivé parfois de nous
13 trouver dans une situation où on avait en face un interlocuteur qui ne
14 parlait qu'albanais. A ce moment-là, je m'adressais en turc à notre
15 chauffeur et lui il interprétait depuis l'albanais vers le turc et
16 inversement. Donc vous n'aviez que l'interprétation vers une seule langue
17 et on ne passait pas par l'anglais comme relais. Donc je m'exprimais en
18 turc et lui il traduisait vers le turc.
19 Q. Je vous remercie. Donc votre chauffeur, votre interprète, c'était votre
20 chauffeur ? Quelle était sa profession ?
21 R. Sa profession avant la guerre, il avait été musicien et il était
22 musicien à la radio de Pristina et il a donné des concerts partout au
23 Kosovo. Il connaissait bien le terrain et il avait une voiture, ce qui
24 était important.
25 Q. Je vous remercie. Dans votre rapport de 2001, vous citez à un moment
26 donné l'institut pour la protection du patrimoine culturel du Kosovo, puis
27 l'institut pour la protection des monuments de Yougoslavie. Mais ce qui
28 m'intéresse plus particulièrement c'est le paragraphe où vous dites que les
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1 critères appliqués par les autorités yougoslaves où on a dressé la liste
2 des monuments relevant de la protection de l'institut avant la guerre, que
3 ces critères se fondaient sur des raisons idéologiques. Vous avez fait des
4 sciences sociales, donc je n'ai pas à vous demander quelle est la
5 signification de la notion d'idéologie, mais j'aimerais savoir ce que vous
6 avez eu à l'esprit lorsque vous avez rédigé cela et mes questions suivantes
7 dépendront de votre réponse. Donc j'attends tout d'abord que vous ayez
8 apporté la réponse à cette question-ci.
9 R. Tout à fait, je vous en prie. La référence concerne la législation qui
10 était en vigueur. Un certain nombre de monuments et de sites étaient placés
11 sous la protection de la loi, et dans la plupart des pays, à différents
12 niveaux, vous avez cela, soit localement, soit au niveau national. Et
13 généralement, un monument se trouve placé sous tel ou tel niveau de
14 protection, à savoir destruction ou tout dégât apporté à ce monument est
15 prohibé et les ces monuments qui figurent sur les listes ont droit à une
16 certaine réparation ou restauration financée par le gouvernement central.
17 Les critères, bien sûr, dépendent, varient et certains critères, par
18 exemple, sont universels et tout à fait compréhensibles. Il s'agit d'un
19 monument très ancien, par exemple, quelque chose qui a une importance
20 historique, à savoir parce que c'est lié à un événement historique. Est-ce
21 que c'est quelque chose qui est universellement reconnu et est-ce que c'est
22 quelque chose qui est souvent cité, de quoi on a beaucoup parlé dans les
23 publications, et en particulier, cela a à voir avec ce que les autorités en
24 question considèrent comme étant prioritaire.
25 Donc dans la Yougoslavie communiste, on s'attachait surtout à tout ce
26 qui était monument datant de la Seconde Guerre mondiale et au mouvement de
27 la résistance, des partisans de la Seconde Guerre mondiale. Par exemple, au
28 Kosovo, dans tous les musées locaux, l'une des tâches principales était de
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1 préserver tous les éléments qui avaient à voir avec la résistance de la
2 Seconde Guerre.
3 Donc d'une certaine manière, ce n'était pas un choix neutre de savoir
4 si telle ou telle chose figurera sur la liste des monuments protégés. Donc
5 c'est un choix politique.
6 Et lorsque j'en parle dans mon rapport, je suppose que c'est à cela que
7 vous vous référez, je tiens à dire que même si au Kosovo il y avait nombre
8 de monuments très anciens, tant islamiques qu'orthodoxes, très peu de ces
9 monuments islamiques figuraient sur la liste des monuments protégés. Vous
10 aviez davantage de monuments orthodoxes, par exemple, qui étaient protégés.
11 Et cela se reflète aussi au niveau des subventions et des fonds qui étaient
12 alloués aux restaurations et entretiens de ces monuments.
13 Q. Je vous remercie. Ma question suivante à présent : savez-vous qu'en
14 1977, une loi a été adoptée portant sur la protection des monuments
15 culturels, plus particulièrement la province autonome du Kosovo, et c'était
16 ça son appellation à l'époque, la population albanaise de souche, et je
17 pense que nous serons d'accord sur le fait que c'était la période de leur
18 plus grande autonomie avant qu'ils ne demandent l'indépendance d'un Etat à
19 part. Est-ce que vous savez qu'à ce moment-là tous les employés de
20 l'institut quasiment étaient des Albanais de souche, y compris le directeur
21 de l'institut pour la protection des monuments ? Et savez-vous comment
22 cette loi entend protéger le patrimoine culturel ? Est-ce que vous savez
23 quelle est la liste, quel est le nombre de monuments serbes qui ont été
24 placés sous la protection par cette loi par rapport au nombre de monuments
25 islamiques ? Si vous le savez, répondez-moi, s'il vous plaît, à cette
26 question.
27 Q. Ce que je sais c'est qu'effectivement une loi a été adoptée, mais je ne
28 sais pas quelle était la pertinence des employés de l'institut dans les
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1 années '70. Je sais quelle a été la composition de ce personnel dans les
2 années '90, et pendant cette période-là, la majorité des employés n'étaient
3 pas Albanais. Alors pour ce qui est du nombre de monuments qui ont été
4 placés sous la protection, de la manière dont je comprends les choses,
5 c'est quelque chose qui a varié d'une année sur l'autre, parce qu'à
6 différents moments on a ajouté des monuments, et je ne peux pas vous citer
7 de chiffre. Je ne connais pas le chiffre précis. Pour ce qui est des années
8 '90, nous nous sommes basés sur des publications qui portaient là-dessus.
9 Effectivement, c'est de là que nous tirions les chiffres avec lesquels nous
10 opérions. Mais nous n'avons jamais pu savoir très précisément ce qu'il en
11 est pour l'ensemble des monuments.
12 Q. Il y avait bien plus de monuments de l'église orthodoxe serbe qui se
13 sont trouvés protégés. Mais j'aimerais savoir, en plus des raisons
14 idéologiques, comme vous le dites, quels seront les fonds alloués à la
15 préservation et la maintenance de ces monuments ? Est-ce que vous savez
16 quels ont été d'autres critères sur lesquels s'est fondé le gouvernement
17 pour allouer des fonds à la protection, par exemple, des établissements à
18 vocation religieuse ? Donc est-ce que vous pourriez nous dire à peu près
19 quels sont les critères sur lesquels on s'est fondé à l'époque pour
20 déclarer un monument, monument protégé ?
21 R. Quant à savoir quels sont les critères qui ont présidé l'allocation des
22 fonds, je suppose que d'une part il y avait des priorités budgétaires. Et
23 je peux vous dire que vers la fin de l'existence de l'ex-Yougoslavie, il y
24 avait vraiment des problèmes budgétaires. Et donc ce qui était prévu
25 formellement n'était pas véritablement réalisé dans les faits.
26 Et pour ce qui est des aspects spécifiques sur le plan législatif, je
27 n'ai pas pris connaissance des textes. Je ne les connais pas.
28 Q. Dites-nous, s'il vous plaît, si aujourd'hui vous connaissez,
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1 premièrement, les critères qui sont appliqués par l'UNESCO ? Nous savons
2 quels sont les objectifs de cette organisation pour qu'un monument soit
3 déclaré monument sur la liste protégée de la communauté internationale.
4 Est-ce que vous savez quels sont ces critères appliqués par l'UNESCO pour
5 dresser la liste des monuments protégés du patrimoine mondial ?
6 R. Je pense, et là vraiment on sort du domaine de mes compétences, je
7 pense que pour qu'un document figure sur la liste du patrimoine mondial,
8 que ce sont les comités nationaux de l'UNESCO qui présentent la candidature
9 et la soumettent à l'UNESCO à Paris. C'est un processus long qui est entamé
10 à ce moment-là, et il faut beaucoup de temps avant qu'un monument ne soit
11 ajouté sur la liste du patrimoine protégé.
12 Je sais que pour ce qui est de l'ex-Yougoslavie avant l'an 2000, il n'y
13 avait que Dubrovnik et quelques monastères serbes dans la région de Sandzak
14 qui figuraient sur cette liste, et je pense qu'avant 2004, il n'y avait pas
15 de monuments situés au Kosovo ou en Bosnie qui auraient figurés sur la
16 liste du patrimoine mondial de l'UNESCO.
17 Q. Vous seriez d'accord avec moi pour dire que vous ne connaissez pas
18 précisément quels sont les critères appliqués par l'UNESCO pour faire
19 figurer tel ou tel monument sur la liste du patrimoine mondial. Mais nous
20 sommes aujourd'hui en 2009. Pouvez-vous nous dire quel est le nombre de
21 monuments situés au Kosovo qui aujourd'hui figurent sur la liste du
22 patrimoine mondial sous la protection de l'UNESCO, et quel est, parmi eux,
23 le nombre de monuments de l'Eglise orthodoxe serbe ? Est-ce qu'il y a des
24 monuments de l'Eglise romaine catholique ou autres qui figurent sur cette
25 liste, ou bien est-ce que vous savez s'il y a un monument quel qu'il soit
26 qui ne soit pas religieux et qui figure sur la liste du patrimoine de
27 l'UNESCO aujourd'hui ?
28 R. Vous voulez dire au Kosovo ?
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1 Q. Oui, tout à fait.
2 R. Je dois dire que je n'ai pas vraiment suivi cela d'aussi près que
3 j'aurais dû, mais je pense que le monastère de Visoki Decani a été le
4 premier monastère qui a été catégorisé ainsi. Ensuite, Bogorodica Ljeviska,
5 cette église de Prizren, puis le monastère de Gracanica et je pense aussi
6 la patriarchie de Pec, donc ça en fait quatre, me semble-t-il. Je ne suis
7 pas au courant du fait que d'autres monuments aient été catégorisés ainsi.
8 Pour ce qui est des églises catholiques, aucune ne fait partie du
9 patrimoine mondial. Il y a quelques-unes qui sont très anciennes au Kosovo,
10 et il y a aussi des vestiges médiévaux, des bâtiments médiévaux, quelques
11 sites islamiques. Donc malgré le fait qu'il y ait des monuments qui sont
12 très anciens et très importants, je pense qu'il n'y en a aucun qui figure
13 sur cette liste. Mais avant 2004, aucun d'aucune sorte n'en faisait partie.
14 Q. Très bien, Monsieur. Les experts de l'UNESCO se sont aussi basés sur
15 des critères idéologiques, n'est-ce pas, pour répartir les bâtiments ? En
16 fait, il s'agit de six sites et non pas de quatre, qui ont fait partie du
17 patrimoine mondial. Etes-vous d'accord pour dire que c'était aussi des
18 critères idéologiques ou non ?
19 R. Je me félicite que ces perles du patrimoine culturel mondial aient pu
20 bénéficier de ce statut. Ils le méritent. Je pense que c'est sans conteste.
21 On en parle dans tous les manuels d'histoire de l'art. Ils sont des
22 représentants d'une histoire culturelle très importante, très riche, non
23 seulement dans la culture serbe, mais aussi faisant partie de la culture
24 mondiale. Je ne conteste pas du tout qu'ils le méritent.
25 Q. Vous ne pourriez pas contester cela, bien sûr. Mais concrètement,
26 j'aimerais savoir si vous êtes d'accord avec moi pour dire que l'UNESCO
27 s'est basé également sur des critères idéologiques pour insérer ces
28 monuments sur la liste du patrimoine mondial ?
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1 R. Je ne pense pas que ça a été une décision politique, je ne le pense pas
2 du tout. Comme j'ai déjà dit dans mes réponses, je pense qu'il y a un
3 certain nombre de monuments qui, de par leur nature, devraient bénéficier
4 de la protection, vu leur ancienneté, vu leur importance historique. Je
5 pense que ceux dont nous avons parlé en font partie sans aucun doute.
6 Q. Nous en serons d'accord sans aucun problème, Monsieur Riedlmayer.
7 Pouvez-vous nous dire, s'il vous plaît : au Kosovo, quelles sont les
8 mosquées les plus anciennes, de quel siècle datent-elles, des mosquées qui
9 pourraient revêtir une importance historique très grande par rapport à
10 l'histoire à laquelle elles sont liées et par rapport à ce qu'on appelle
11 généralement architecture islamique traditionnelle ? Elles sont très peu
12 nombreuses, elles se comptent sur les doigts d'une main. Mais je vous pose
13 ma question parce que vous êtes bien plus compétent que moi pour nous le
14 dire.
15 R. Je vous remercie. Les mosquées les plus anciennes au Kosovo datent du
16 XVe siècle, celles qui sont encore debout. Entre autres, il y a là la
17 mosquée Bajrakli de Pec. Nous avons vu une photo de cette mosquée pendant
18 l'interrogatoire principal. Je cite également la mosquée de l'empereur à
19 Pristina, puis une mosquée à Mazgit, qui est en ruine, qui date de cette
20 période-là mais qui n'est pas en bon état. A Prizren, il y a plus de 30
21 mosquées et nombre d'elles datent du XVe ou XVIe siècle, et elles ont été
22 déclarées par le Fonds international culturel comme bâtiments de première
23 importance. Puis, vous avez une mosquée à Rogovo, puis la mosquée Hadum à
24 Djakovica, qui est restaurée aujourd'hui sous l'égide de l'UNESCO. Puis, en
25 outre, vous avez d'autres monuments islamiques, le hammam de Prizren, par
26 exemple. Donc vous avez au Kosovo des monuments islamiques qui datent de
27 plus de cinq siècles et certains d'entre eux revêtent une importance
28 culturelle.
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1 Q. Monsieur Riedlmayer, je vous remercie de m'avoir répondu. Les monuments
2 les plus anciens, pour autant que je le sache, datent du XVIe siècle, de
3 1500 et quelques. Ce sont les informations que j'ai recueillies en me
4 basant sur différentes publications. Mais je ne vais pas insister là-dessus
5 puisque je ne tiens pas à focaliser mon contre-interrogatoire sur ce
6 chapitre en particulier.
7 Donc je vais maintenant aborder un autre sujet. C'est un sujet d'ordre
8 général, toujours, et il concerne la collecte des éléments d'information.
9 Je me permets de remarquer qu'au moment où vous avez cherché à vous
10 renseigner sur les dégâts, sur les bâtiments ou les monuments appartenant à
11 l'Eglise orthodoxe serbe, vous vous êtes adressé surtout aux prêtres ou aux
12 Serbes que vous avez pu trouver sur place. Vous mentionnez le Père Savo
13 Janjic. J'aimerais savoir, quand vous avez cherché à savoir comment ces
14 dégâts ont été portés aux bâtiments islamiques, qu'ils soient religieux ou
15 non, c'est pour l'essentiel que vous vous êtes entretenu avec des Albanais.
16 Maintenant, s'agissant du monastère franciscain, donc d'un bâtiment
17 catholique, d'un monument catholique, là, vous vous êtes entretenu avec le
18 prêtre également.
19 Donc vous comprendrez que ma question porte plus précisément sur votre
20 méthode de collecte d'informations supplémentaires. C'est ainsi que je les
21 qualifierais portant sur les modalités, comment, qui sont les auteurs,
22 quelle est éventuellement leur identité, comment est-ce qu'ils s'y sont
23 pris pour endommager tel ou tel monument. Alors, dites-nous, s'il vous
24 plaît, pendant que vous avez eu des entretiens portant là-dessus, est-ce
25 que vous vous êtes entretenu avec des représentants de la police, avec des
26 protagonistes internationaux présents au Kosovo ? Est-ce que vous avez
27 cherché à savoir si, par des voies officielles, on a cherché à se
28 renseigner ? Voilà, c'est une question d'ordre général avant de voir les
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1 choses de plus près. Merci.
2 R. Très bien. Permettez-moi de vous dresser une liste complète de sources
3 utilisées. Quant à nos sources, je vais essayer de les classer en
4 catégories différentes. Nous avons recueilli des informations de toutes les
5 sources possibles. Vous avez mentionné, par exemple, la destruction de
6 monastères serbes. Nous en avons discuté avec les prêtres qui se trouvaient
7 sur place puisqu'ils avaient recueilli un grand nombre d'informations
8 pertinentes et ils étaient également activement engagés à rendre ces
9 informations publiques. Donc cela nous semblait être une manière tout à
10 fait naturelle de procéder.
11 La même chose vaut pour l'église catholique de St-Antoine à Djakovica. Je
12 me suis rendu à cette église pour repérer le niveau de dégâts, puisque
13 c'était une des accusations avancées dans le livre yougoslave. Quand je
14 suis arrivé sur place, j'ai rencontré le Père Ambroz Ukaj, qui parlait
15 couramment le turc. Nous avons eu une conversation qui a duré entre 45
16 minutes et une heure. Il m'a fait savoir qu'il se trouvait à Djakovica
17 pendant la guerre. Il me semblait, par conséquent, qu'il pouvait me
18 communiquer des éléments d'information particulièrement précieux.
19 Pour ce qui est de la police, lorsque nous étions sur place en 1999, la
20 police de la MINUK n'avait pas encore été mise sur pied sur le territoire
21 du Kosovo. On était en train d'établir des forces policières de la MINUK,
22 et nous avons pu rencontrer des représentants de la communauté
23 internationale qui venaient seulement de se rendre au Kosovo et de passer
24 par la période d'accréditation du CICR. Mais la situation de façon générale
25 était très chaotique au Kosovo à l'époque. Il aurait été inutile de me
26 rendre dans des postes de police pour pouvoir recueillir des informations,
27 d'autant plus que notre étude n'était pas focalisée sur des entretiens avec
28 des personnes concernées. Notre objectif principal était de procéder à
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1 l'examen des sites culturels.
2 Toujours est-il que nous avons essayé de recueillir des informations
3 auprès des représentants de la communauté internationale. Dans la ville de
4 Pec, nous sommes tombés sur une jeune Française très énergique qui
5 travaillait pour la MINUK. Son devoir consistait à organiser des projets
6 afin de constater la dégradation de "kullas", et nous avons pu obtenir un
7 certain nombre d'éléments d'information de sa part, de sa bouche. Ce
8 n'était pas lors de notre premier déplacement au Kosovo, c'était pendant
9 notre deuxième visite.
10 A l'époque, une seule personne représentait l'UNESCO sur le terrain.
11 Cette personne avait été engagée par les responsables de la MINUK. Il
12 s'agissait de M. Mark Richmond, et c'était quelqu'un qui s'était spécialisé
13 dans le domaine de l'éducation. Par conséquent, il n'avait pas de
14 connaissances particulières dans le domaine des monuments. Il ne pouvait
15 pas vraiment nous aider sur ce chapitre. Par ailleurs, nous avons essayé de
16 recueillir des informations auprès des autorités locales, mais sans succès.
17 La seule exception c'était l'institut de Djakovica qui nous a été très
18 utile et nous a fourni un grand nombre d'informations concernant les
19 monuments qui se trouvaient sur le territoire de cette municipalité.
20 Q. Je vous remercie. Vous venez de mentionner M. Mark Richmond. Cet
21 individu, si j'ai bien compris, avait été impliqué dans des allégations
22 concernant le niveau de dégâts infligés à un certain nombre de monuments.
23 Toutefois, dans votre rapport vous contestez les conclusions qu'il a
24 dégagées. Pouvons-nous préciser pourquoi cette situation est survenue avec
25 cette personne en particulier, ce M. Richmond ?
26 R. Excusez-moi, je ne comprends pas à quoi vous faites allusion.
27 Pouvez-vous me citer le passage pertinent ?
28 Q. Je le ferai plus tard pour ne pas perdre de temps, je reviendrai
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1 sur ce sujet après la pause. Question suivante, vous dites que vous avez
2 essayé de vous rendre dans l'un des monastères serbes et que les forces de
3 la KFOR ne vous ont pas permis de pénétrer dans l'enceinte du monastère.
4 Ai-je bien déchiffré ce passage de votre rapport ?
5 R. Oui, c'est un événement survenu dans la ville de Prizren, je crois. La
6 KFOR avait encerclé la patriarchie et le monastère orthodoxe serbe qui se
7 trouvait à Prizren, et ils ne nous ont pas permis d'entrer dans l'enceinte.
8 Je crois que c'est l'incident auquel vous faites allusion.
9 Lors de notre déplacement suivant, M. Herscher a réussi à entrer dans le
10 complexe, mais en octobre 1999, ils ne nous ont pas permis d'entrer, en
11 citant comme prétexte de raisons sécuritaires. Il faut savoir aussi que
12 nous nous sommes rendus au Kosovo à titre individuel et que nous n'étions
13 protégés par aucune institution.
14 Q. C'est justement ma question suivante. Avez-vous séjourné au Kosovo dans
15 un cadre institutionnel ? Avez-vous fait savoir à des institutions
16 autorisées quel sera l'objectif des travaux que vous alliez poursuivre ?
17 Avez-vous reçu une autorisation nécessaire, ou votre déplacement au Kosovo
18 représentait-il une surprise, était-il organisé à l'improviste ?
19 R. Il faut vous imaginer la situation qui régnait au Kosovo dans la
20 période après-guerre. Lorsque nous sommes arrivés au Kosovo, nous l'avons
21 fait après avoir traversé la frontière avec la Macédoine, puisque
22 l'aéroport le plus proche se trouvait à Skopje, et nous avons traversé la
23 frontière en passant pas les montagnes, près d'une localité qui s'appelle
24 Jazince, et on nous avait expliqué qu'il était superflu de montrer quelque
25 document que ce soit hormis nos passeports, puis ils ont comparé notre
26 pièce d'identité avec une liste de personnes non grata, et comme nous ne
27 figurions pas sur cette liste, on nous a laissé entrer sur le territoire du
28 Kosovo.
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1 Puis nous nous sommes rendus à Pristina et nous avons appris [inaudible],
2 après nous avoir informé que le HCR organisait des conférences
3 hebdomadaires de ONG qui s'intéressaient aux questions de construction, et
4 nous avons assisté à ces conférences. A mon sens, le HCR
5 surtout comme un lieu où on pouvait échanger des informations, mais qui
6 n'était pas impliqué d'une manière active dans des travaux de
7 reconstruction. Bref, n'importe qui pouvait agir à titre de ONG sur le
8 territoire du Kosovo sans devoir passer par une procédure fort complexe.
9 Nous avons séjourné pendant tout un mois au Kosovo sans être obligés de
10 nous enregistrer après des autorités policières. Chaque fois que nous
11 tombions sur un barrage routier, il suffisait de montrer nos pièces
12 d'identité.
13 Q. Merci. J'apprécie énormément la réponse que vous venez de fournir. Elle
14 explique pas mal de choses. Vous avez parlé tout à l'heure de différents
15 monuments culturels. Vous avez parlé de mosquées, de "hammams", mais le
16 type de site culturel qui m'intéresse tout particulièrement, vous avez
17 mentionné des "kullas". Dans votre rapport, vous mentionnez qu'il s'agit
18 d'un type de bâtiment traditionnel au Kosovo, et généralement dans cette
19 partie des Balkans. Je comprends ce que vous voulez dire lorsque vous dites
20 qu'il s'agit d'une construction typique et traditionnelle au Kosovo, mais
21 lorsque vous affirmez qu'il s'agit de bâtiment typique pour la région des
22 Balkans, je ne le comprends pas tout à fait. J'aimerais que vous le
23 précisiez.
24 R. L'expression "kulla" désigne une tour, et on peut trouver des tours
25 différentes dans toute la région, qui va de Dalmatie jusqu'à la Turquie.
26 Mais il existe un type de construction très particulier mentionné dans la
27 littérature serbe, et c'est le kulla siptar, donc la tour albanaise. Et ce
28 type de construction peut être retrouvé sur le territoire du Kosovo, de
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1 l'Albanie et en Macédoine. Un certain nombre de trouvait également en
2 Albanie du nord, mais la plupart ont été détruites pendant le régime
3 d'Enver Hoxha. Donc ce type de construction est aujourd'hui particulier au
4 Kosovo, et au Kosovo, le plus grand nombre de kullas se retrouvait dans la
5 partie occidentale, qui est connue sous le nom de Metohija en serbe et sous
6 l'appellation Dukagjin en albanais.
7 Q. A croire l'interprétation que je viens d'entendre, le Metohija et le
8 Dukagjin, ce sont des appellations différentes pour désigner une seule et
9 même région. Ai-je raison de l'affirmer ?
10 R. Oui.
11 Q. Savez-vous dans quelle langue on utilise le terme "kulla" le plus
12 couramment ? S'agit-il de japonais, d'albanais, de turc, de serbe ? Ce
13 terme est-il utilisé le plus couramment dans une autre langue, peut-être ?
14 R. Ce terme est utilisé dans toutes les langues que vous venez d'énumérer,
15 et il est utilisé aussi dans un bon nombre d'autres langues. Je pense que
16 c'est un mot d'origine arabe. La seule différence qui existe c'est dans
17 l'orthographe de ce mot. En serbe, on n'utilise qu'un seul "l". En
18 albanais, il y en a deux, mais en tout cas, il s'agit d'un type de
19 construction particulier aux Balkans qui a été en faveur particulière au
20 cours des XVIIIe et XIXe siècles.
21 Q. Vous avez raison d'affirmer que le terme "kulla" est d'origine arabe,
22 mais en serbe ce mot est considéré comme provenant de la langue turc pour
23 être utilisé, par la suite, dans la langue serbe. Et c'est la raison pour
24 laquelle lorsqu'on utilise le mot "kulla" en serbe, nous nous faisons tous
25 une idée assez précise d'une tour, comme vous nous l'avez précisé. J'ai
26 quelques photographies à ma disposition, mais je préfère vous les présenter
27 un peu plus tard. Pouvez-vous maintenant nous décrire ce que c'est qu'une
28 "kulla" ? A quoi cela ressemble-t-il ? Nous avons convenu qu'il s'agit
Page 7601
1 d'une tour, mais à quoi ressemble-t-elle exactement ? Quelle est sa hauteur
2 ? Quelles sont ses caractéristiques ?
3 R. De façon générale, une "kulla" est construite d'une construction en
4 pierre. C'est une construction de dimension assez importante. J'ai lu un
5 grand nombre de descriptions portant sur les "kullas" érigées récemment.
6 Une "kulla", par exemple, a été construite après la Deuxième Guerre
7 mondiale et c'est un projet dans lequel toute la communauté s'est investie.
8 Ils étaient allés jusqu'à Rijeka pour retrouver les pierres nécessaires
9 pour la construire. Il ne s'agit pas vraiment de tour dans le sens littéral
10 de ce mot, et la raison pour laquelle on les désigne par ce terme, c'est
11 parce que de façon générale, dans la région, il est rare d'avoir une
12 construction qui dépasse deux ou trois étages. Or, les "kullas" sont de
13 grande dimension. Souvent, elles peuvent avoir deux ou trois, voire quatre
14 étages. La partie inférieure est construite de grosses pierres non
15 taillées. Et la seule pierre taillée se trouve à l'entrée qui est
16 ornementale.
17 De façon générale, ce bâtiment est entouré et à l'intérieur du bâtiment, il
18 se trouve une pièce où les hommes se réunissent et c'est généralement la
19 pièce la plus décorée. C'est là qu'on reçoit des invités, c'est là qu'on
20 célèbre les fêtes.
21 Les autres pièces sont de façon générale plus modestes. Quant à la
22 partie inférieure, elle est utilisée pour héberger des animaux, elle sert
23 d'entrepôt. Donc de façon générale, une "kulla" ressemble normalement à une
24 maison médiévale qu'on retrouve ailleurs en Europe.
25 Et ce qui est particulier pour ce type de construction, c'est qu'elle
26 censée protéger, servir de protection et fournir un abri en même temps.
27 Donc les "kullas" avaient été construites au cours des XVIIIe et XIXe
28 siècles, à l'époque où toute cette région n'était pas très sûre. Il y avait
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1 énormément de bandits, il y avait des querelles de famille. Et dans la
2 partie où on gardait les animaux, il n'y avait pas de fenêtres, et la
3 partie où la famille se tenait, les fenêtres étaient très petites. Les
4 seules fenêtres de dimensions plus importantes se trouvaient dans les
5 pièces destinées aux invités qui se trouvent dans la partie supérieure du
6 bâtiment. Et ceci est une "kulla" typique dans les régions rurales.
7 Dans les villes, par exemple, dans la ville de Pec, les "kullas" ont été
8 dessinées d'une manière plus urbaine, avec des fenêtres de plus grandes
9 dimensions. Une "kulla" typique, c'est par exemple celle de Jashar Pasha
10 qui se trouve dans le centre-ville de Pec et qui est décrite dans mon
11 rapport. De façon générale, une famille albanaise va posséder une "kulla".
12 Tous les membres de la famille ne vivaient pas forcément ensemble dans une
13 même "kulla". Il pouvait y avoir plusieurs "kullas" qui faisaient partie
14 d'une propriété familiale plus grande. Mais de toute manière, lors des
15 fêtes de famille, lors des mariages ou des enterrements, c'est dans les
16 "kullas" que tous les membres de la famille se réunissaient.
17 Je sens que ma réponse a été exhaustive.
18 Q. Merci.
19 M. DJORDJEVIC : [interprétation] J'aimerais qu'on affiche à l'écran une
20 série de documents de la Défense téléchargés dans le système du prétoire
21 électronique, à commencer par les documents D004-2844 à D004-2848. Donc
22 j'aimerais qu'on affiche une après l'autre toute une série de
23 photographies. Il suffit d'afficher chacune de ces photographies pendant
24 cinq minutes [comme interprété], au maximum.
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Très bien.
26 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Je vais faire un bref commentaire. Ce que
27 nous voyons ici, c'est la ville de Bihac, en Bosnie. Maintenant ce qu'on
28 peut voir c'est une tour qui se trouve à Belgrade.
Page 7603
1 Photo suivante, s'il vous plaît.
2 Q. Ceci est une tour, une "kulla" élevée à Gazimestan pour marquer la
3 mémoire des combattants serbes qui ont perdu la vie pendant la guerre avec
4 les Turcs.
5 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Photo suivante, s'il vous plaît.
6 Q. Et cette "kulla" se trouve en Bosnie. Vous voyez qu'elle a un toit en
7 bois et elle se trouve dans la ville de Gradac.
8 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Photo suivante, s'il vous plaît.
9 Q. Ce que nous voyons ici, c'est une "kulla" qui se trouve dans la ville
10 d'Istanbul.
11 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Voilà. Merci.
12 Q. J'aimerais à présent vous poser une question qui porte sur toutes les
13 "kullas" que nous venons de voir. Celle que nous avons vue en dernier se
14 trouve en Turquie, toutes les autres sont disséminées dans la région des
15 Balkans. J'aimerais vous poser la question suivante : les "kullas", les
16 tours que nous venons de voir, sont-elles comparables aux "kullas" que vous
17 avez pu voir au Kosovo ?
18 R. Ma réponse est négative; sauf d'une manière très générale. Nous avons
19 parlé de façon générale des "kullas", de tours différentes. Et ce qui
20 existe dans de nombreuses villes des Balkans, ce sont des "Sahat kullas",
21 il s'agit de tours qui sont très étroites et très hautes et qui ont une
22 horloge qui figure au sommet. Donc on peut désigner par le terme "kulla" de
23 façon générale toutes ces bâtisses que nous venons de voir. Mais les
24 constructions, les bâtiments que nous avons vus ne correspondent pas aux
25 "kullas" typiques qui servaient d'habitations à la population du Kosovo.
26 Q. Question suivante, vous dites que ces "kullas" étaient typiquement des
27 bâtiments albanais, mais savez-vous s'il y avait des Serbes qui les
28 possédaient et qui y habitaient ?
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1 R. Je pense que c'est quelque chose dont je fais état dans mon rapport.
2 Des Serbes avaient été des propriétaires d'un certain nombre de "kullas".
3 Et par ailleurs, il semblerait que ce sont les seules "kullas" qui ont
4 échappé à la destruction. Mais comme je l'ai déjà indiqué lors de ma
5 déposition dans l'affaire Milosevic [comme interprété], entre autres, ou
6 même dans les ouvrages publiés par l'institut pour la protection des
7 monuments de la République de Serbie au cours des années 1990, relèvent le
8 fait qu'il s'agit de logements typiquement albanais. Par exemple, ceci est
9 abordé dans l'article de Jovan Krunic, il y décrit le "kulla Siptar du
10 Metohija", il parle de tours albanaises qui se trouvent sur le territoire
11 de Metohija. Evidemment, aucune loi ne stipule que toutes les personnes
12 habitant dans une "kulla" doivent nécessairement être des Albanais de
13 souche, mais c'est un type de construction qui fait partie de la culture
14 albanaise.
15 Q. Est-il possible d'établir un lien entre la domination turque qui a duré
16 pendant cinq siècles dans la région et les "kullas" ? Vous savez à quel
17 moment les Turcs se sont repliés, se sont retirés de cette région, c'était
18 au début du XXe siècle.
19 R. Un certain lien peut être établi. En fait, on peut établir un lien de
20 deux façons différentes. Comme vous l'avez déjà indiqué, le terme "kulla" a
21 pénétré dans les langues parlées dans les Balkans par le biais du turc, et
22 cela vaut également pour les trois quart de la terminologie dont vous vous
23 serviriez dans n'importe quel restaurant des Balkans. Deuxièmement, tout ce
24 qui s'est passé au cours des 500 ans de la domination turque a certainement
25 un rapport avec les constructions dans la région.
26 Mais bien que les Albanais aient tendance à affirmer que les "kullas"
27 existent depuis la nuit des temps, à ma connaissance il n'en existait pas
28 avant le XVIIIe et le XIXe siècle. Construire des "kullas", c'est en fait
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1 une mode qui s'est propagée au cours du XVIIIe siècle, et cette mode
2 existait toujours au XIXe siècle, puis elle a disparu au cours du XXe
3 siècle. Donc c'est un type de construction qui est vraiment typique pour
4 cette région-là et pour cette période-là.
5 Q. Je suis bien d'accord avec vous pour dire que des "kullas" n'ont pas
6 été érigées au Kosovo après le XIXe siècle, mais je conviendrais avec un
7 certain nombre d'Albanais pour dire que des "kullas" avaient été érigées il
8 y a quatre ou cinq siècles. La raison pour laquelle elles n'existent plus,
9 c'est quelque chose que vous avez indiqué tout à l'heure vous-même; c'est
10 qu'en fait les "kullas" servaient de fortification.
11 Vous nous avez parlé des "kullas" albanaises, des "kullas" siptar.
12 Pouvez-vous m'apporter la précision suivante : dans le cadre d'une
13 propriété familiale albanaise, quel est l'emplacement de la "kulla" par
14 rapport au logement de la famille ? Vous avez dit qu'on se rendait dans la
15 "kulla" pour les grandes fêtes de famille, pour célébrer les mariages, lors
16 des enterrements, mais où la "kulla" se trouvait-elle par rapport à la
17 partie résidentielle de la propriété ?
18 R. Mais ce n'est pas ce que j'ai dit. Je n'ai pas affirmé que les gens
19 n'habitaient pas dans les "kullas". Au contraire, j'ai souligné que le
20 quartier résidentiel se trouvait au deuxième étage de la "kulla", mais j'ai
21 ajouté par la suite que la "kulla" est un des derniers logements où on peut
22 trouver la famille balkanique élargie typique. C'est qu'en serbe on désigne
23 par les termes de coopération. Donc plusieurs cellules familiales
24 habitaient ensemble, ils élevaient leurs enfants ensemble, ils partageaient
25 leur fonds financier. Dans un tel cadre, la propriété familiale était
26 composée d'une "kulla" qui se trouvait au milieu, qui était entourée d'une
27 série de maisons de moindre taille.
28 Une telle "kulla" pouvait être retrouvée dans un village, ou vous
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1 pouviez trouver tout un complexe de "kullas". Par exemple, il y a un
2 village près de Junik ou 24 "kullas" sont regroupées ensemble. La même
3 chose vaut pour la vieille ville de Decani. La vieille ville de Decani
4 comptait un grand nombre de "kullas" qui se trouvaient à la rue. Elles
5 étaient alignées l'une à côté de l'autre le long de la rue. Elles
6 ressemblaient, en fait, à des maisons urbaines. Il s'agissait d'un grand
7 village composé de "kullas". Elles ne faisaient pas partie d'une propriété
8 familiale qui se trouverait à l'extérieur de la ville.
9 Q. Ma dernière question que je souhaite vous poser avant la pause, puisque
10 le moment de faire la pause est pratiquement venu, vous avez dit que le
11 rez-de-chaussée c'était une sorte d'étable où on gardait le bétails, puis
12 au premier étage on retrouvait le quartier résidentiel, la pièce où la
13 famille se tenait, puis au deuxième étage se trouvaient les pièces de
14 cérémonies où on hébergeait les invités, ou on célébrait les fêtes. Mais
15 vous avez dit que les "kullas" servaient de logement, mais qu'elles
16 servaient aussi de rempart, en quelque sorte, qu'elles servaient pour
17 garantir la sécurité de la famille. Pouvez-vous préciser ce que vous
18 vouliez dire ?
19 R. Comme je l'ai déjà indiqué, à l'époque où les "kullas" sont devenues
20 populaires, au XVIIIe et XIXe siècle, la région n'était pas très sûre. Il y
21 avait énormément de bandits. A cause de type de construction qu'elles
22 représentaient, les "kullas" offraient la protection contre les bandits, ou
23 contre les familles ennemies. C'est pourquoi la partie inférieure n'avait
24 pas de fenêtres et c'est là qu'on gardait les vivres, si bien qu'en cas de
25 siège, on pouvait passer plusieurs jours sur place sans sortir.
26 C'est dans ce sens-là que les "kullas" étaient dotées d'une fonction
27 de défense. Comme les fenêtres étaient de très petite taille, les habitants
28 n'étaient pas aussi exposés, aussi vulnérables aux attaques comme si ces
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1 fenêtres avaient été plus grandes. Je ne sais pas si j'ai répondu à votre
2 question ?
3 Q. Conviendrez-vous que les "kullas" représentaient, à l'époque, une
4 nécessité plutôt qu'une mode, surtout à la fin du XIXe siècle lorsqu'on a
5 construit un si grand nombre de "kullas" au Kosovo ?
6 R. Je pense qu'on peut dire qu'il s'agissait d'une nécessité aussi bien
7 que d'une mode. Les conditions sociales qui prévalaient à l'époque dans la
8 région n'étaient pas particulières au Kosovo et prévalaient dans toute la
9 région des Balkans. Pourtant, les "kullas", on les retrouve uniquement au
10 Kosovo. Donc oui, elles répondaient à une nécessité, mais c'était également
11 une mode qui s'est propagée à l'époque. Il faut dire aussi, et c'est
12 quelque chose que vous verrez à examiner les photos, seules les familles
13 riches pouvaient se permettre de construire ces types de construction, mais
14 évidemment elles avaient leur côté pratique également.
15 Q. C'est tout pour le moment. Merci, Monsieur Riedlmayer.
16 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Je pense que le moment est venu de faire
17 la pause.
18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous allons faire notre première pause
19 et nous allons poursuivre à 11 heures.
20 --- L'audience est suspendue à 10 heures 30.
21 --- L'audience est reprise à 11 heures 00.
22 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Merci, Messieurs les Juges.
23 Q. Monsieur Riedlmayer, la question que j'aimerais vous poser maintenant
24 porte sur votre déclaration ou votre témoignage dans l'affaire Milutinovic.
25 Lors de votre contre-interrogatoire par mon confrère Me Bakrac, il vous a
26 parlé des "kullas" et notamment des "kullas" qui avaient été détruites par
27 les Albanais mais qui appartenaient à des Serbes. Avez-vous des
28 connaissances à ce sujet parce que d'après la réponse que vous avez donnée
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1 à mon confrère, Me Bakrac, dans l'affaire Milutinovic, d'après ce que vous
2 avez dit, j'ai un petit peu de mal à comprendre ce que vous vouliez dire.
3 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Là, je parle de la page 2 704, paragraphe
4 10.
5 Q. Il s'agit de la "kulla" de Kusko, de Garica, de Decani. Est-ce que vous
6 savez que ces "kullas" avaient été démolies par les Albanais et qu'elles
7 appartenaient à des Serbes ?
8 R. Non, je ne me suis pas rendu sur le site de ces "kullas", donc je n'ai
9 pas d'informations à vous donner à ce sujet. Mais cela ne me surprend pas
10 que de tels événements aient pu survenir.
11 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Pour notre compte rendu d'audience, ligne
12 22, au lieu de Kula Pusko avec un P, il s'agit de Kula Kusko, avec un K. Et
13 ensuite, il s'agit de Garica avec un G. G-a-r-i-c-a. Et Decani, D-e-c-a-n-
14 i.
15 Q. Ce qui m'intéresse c'est la chose suivante : vous avez mentionné dans
16 votre rapport que Gracanica - ça, c'est dans l'affaire Milutinovic - vous
17 avez dit que le grand monastère serbe de Gracanica avait été transformé en
18 une base militaire importante. Ça, c'est quelque chose que vous avez dit en
19 page 2 743. Maintenant, est-ce que vous avez d'autres informations sur
20 d'autres lieux saints orthodoxes qui auraient été utilisés à des fins
21 militaires ? Je sais que vous avez mentionné les soldats qui étaient
22 stationnés dans le monastère de St-Antoine, mais est-ce que vous avez des
23 informations plus précises quant aux lieux saints islamiques qui auraient
24 été utilisés comme base pour l'UCK et les terroristes albanais comme les
25 autorités yougoslaves de l'époque les appelaient ?
26 R. Je n'ai pas d'informations sur des lieux religieux de la communauté
27 islamique qui auraient été utilisés ou transformés en installations
28 militaires. De toute évidence, je n'ai pas pu observer cela pendant la
Page 7609
1 guerre. Ce que j'ai essayé d'observer en revanche, ce sont les dégâts
2 subis. J'ai essayé de détecter tous les dégâts, toutes les traces
3 d'endommagement qui pouvaient se trouver sur les différents bâtiments, s'il
4 y avait, par exemple, en général, des incendies ou des échanges de feu.
5 Donc lorsqu'il y a des échanges de coups de feu, bien sûr, vous pouvez vous
6 attendre à avoir des impacts de balles sur les bâtiments et ce n'était pas
7 courant. En général, on voyait des dommages plus importants, comme des
8 trous très importants sur un bâtiment qui avait subi une explosion.
9 Q. Merci.
10 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Je voudrais appeler le document D004-2675.
11 Nous allons prendre l'ensemble de ce document page par page, jusqu'à la
12 dernière.
13 Q. Il s'agit de la couverture du livre, livre dont le titre est en
14 anglais.
15 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Et j'aimerais maintenant passer à la page
16 2. Page suivante, s'il vous plaît.
17 Q. Ici, vous voyez qu'il s'agit d'un livre publié par les archives du
18 Kosovo, secteur des archives de l'UCK.
19 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Et je voudrais que nous passions à la page
20 suivante.
21 Q. Ici, vous pouvez voir quels sont les auteurs qui ont participé à la
22 rédaction de cet ouvrage.
23 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Page suivante. Pouvons-nous zoomer sur la
24 photo et sur la légende qui est en-dessous.
25 Q. Reconnaissez-vous ce bâtiment ?
26 R. Oui. Cela ressemble à la mosquée de Rogovo.
27 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Pouvons-nous maintenant zoomer sur la
28 légende.
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1 Q. Vous voyez ici ce qui est écrit en anglais, en français, en albanais,
2 en serbe. Il s'agit donc d'une mosquée, la mosquée de Rogovo, bâtie en
3 1578, qui a servi comme quartier général de l'UCK en 1998 et 1999. Et ceci
4 a été rédigé en avril 1999.
5 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Passons à la page suivante.
6 Q. Nous voyons ici le nom de la maison d'édition. Nous n'avons pas besoin
7 de l'agrandir ni de zoomer.
8 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Je voudrais maintenant passer à la
9 dernière page.
10 Q. C'est important, c'est important parce que là nous avons le numéro ISBN
11 de l'éditeur, qui est donc un élément de preuve. Voilà.
12 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Dès que nous avons cette page à l'écran,
13 je voudrais que l'on zoome dessus, s'il vous plaît, sur le texte. Voilà,
14 c'est tout.
15 Alors, Monsieur le Président, Messieurs les Juges, je demande le
16 versement de ce document au dossier tout d'abord.
17 [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]
18 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Et deuxièmement, au cours de
19 l'interrogatoire du témoin, M. Popaj, pendant que mon collège faisait le
20 contre-interrogatoire, il y a eu une photo qui a été annotée pour
21 identification et qui a reçu la cote D315. Maintenant, je voudrais déposer
22 ce document parce que nous avons ici une autre confirmation par ce témoin-
23 ci qu'il s'agit de la mosquée Rogovo.
24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Madame Kravetz.
25 Mme KRAVETZ : [interprétation] Monsieur le Président, je ne crois pas que
26 ce soit une base suffisante pour verser cette pièce au dossier. Je crois
27 que c'est quelque chose qui avait déjà été annoté pour identification avec
28 un précédent témoin. Mais là, on n'a pas posé de questions au témoin, si ce
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1 n'est concernant la photo et je ne crois pas que cela soit suffisant pour
2 verser cette pièce au dossier.
3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ne s'agit-il pas d'une photo qui est
4 déjà dans le dossier de ce témoin, dans les éléments de preuve ?
5 Mme KRAVETZ : [interprétation] C'est exact, Monsieur le Président.
6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui. Donc sur quelle base faites-vous
7 cette objection ?
8 Mme KRAVETZ : [interprétation] Je ne suis pas contre la page avec la photo.
9 Je comprends que mon éminent confrère cherche à verser tout l'ouvrage au
10 dossier.
11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que c'est tout l'ouvrage ou la
12 photo que vous voulez verser au dossier ?
13 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Monsieur le Président, si vous regardez le
14 compte rendu d'audience, j'ai été très précis. J'ai demandé le versement au
15 dossier de toute la documentation qui a été présentée par ce témoin.
16 Jusqu'à maintenant, nous n'avons eu qu'une photo qui avait été marquée pour
17 identification; donc je demande qu'elle soit versée au dossier parce que je
18 crois que cela est tout à fait possible, les conditions sont remplies.
19 Alors je parle des éléments de preuve de Sabri Popaj. Par conséquent, seule
20 la photo ici, mais par l'intermédiaire de ce témoin, j'aimerais que nous
21 versions au dossier tous ces documents y compris la photo.
22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Mais ce témoin n'a rien pu dire sur le
23 document si ce n'est qu'il a simplement reconnu la photo de la mosquée qui
24 avait subi des dommages.
25 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Oui, mais c'est justement cela qui faisait
26 l'objet d'un litige, est-ce que c'était vraiment la mosquée Rogovo ou pas.
27 Donc je n'ai pas d'objection à ce que la Chambre prenne sa décision à cet
28 égard plus tard. Mais en ce qui concerne ce témoignage-ci, je voudrais
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1 verser cet ensemble de photos au dossier. C'est tout ce qui a été donné par
2 la Défense sous le document D004-2675.
3 [La Chambre de première instance se concerte]
4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] La Chambre estime, Maître Djordjevic,
5 que la page, la photo de la mosquée peut être versée au dossier si vous
6 pensez que cela peut servir la cause de la Défense. Bien entendu, c'est un
7 nouvel exemplaire d'une photo qui existe déjà, qui est déjà marquée pour
8 identification, et d'après ce dont je me souviens, c'est une photo dont il
9 y a un autre exemplaire et qui fait partie des éléments de preuve de
10 l'interrogatoire principal. Mais si vous pensez qu'il y a de bonnes raisons
11 de verser cette photo que vous avez montrée au témoin au dossier, nous
12 l'accepterons, mais pas l'ensemble de l'ouvrage.
13 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Il n'y a aucun intérêt de verser au
14 dossier uniquement la photo parce que c'est la même photo que celle qui a
15 été utilisée dans l'interrogatoire principal. Pour moi ce que je veux,
16 c'est verser au dossier l'ensemble de l'ouvrage ou rien du tout. Pourquoi ?
17 Parce que c'est un ouvrage qui a été publié par l'UCK qui montre que cette
18 mosquée a été utilisée comme le siège principal de l'UCK, c'est ce que dit
19 cette publication. Et c'est pour cette raison que je pense qu'il est
20 important que l'ensemble soit versé au dossier pour bien montrer que
21 c'était là le QG de l'UCK.
22 [La Chambre de première instance se concerte]
23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Notre réponse reste la même, Maître
24 Djordjevic. Le témoin n'a pas eu la possibilité de parler de cet ouvrage ou
25 de cette légende que vous avez indiquée. Donc peut-être à un autre moment,
26 vous pourriez discuter avec Mme Kravetz pour voir si elle accepterait ou
27 pour voir si vous pourriez trouver un témoin qui pourrait être en mesure
28 d'identifier cet ouvrage et de dire quelque chose sur les auteurs et la
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1 fiabilité de l'ouvrage en question. Mais ce témoin-ci n'a rien dit à ce
2 sujet. Par conséquent, la seule chose que nous sommes en mesure d'accepter
3 et de verser au dossier aujourd'hui est la photo. Et comme vous le faites
4 remarquer, cela n'est pas vraiment intéressant puisque cette photo existe
5 déjà dans le cadre des éléments de preuve de ce témoin-ci. Donc en fait,
6 rien ne sera versé au dossier.
7 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. En fait, il
8 s'agit ici de six pages de l'ouvrage et la Défense voulait fournir ces six
9 pages en tant qu'élément de preuve pour prouver l'authenticité de ce
10 document et cela était lié à la question que j'ai posée au témoin à savoir
11 s'il avait connaissance d'éléments religieux de la communauté islamique et
12 qui auraient été utilisés à des fins militaires. C'était là l'objet de ma
13 question. Mais je suis d'accord qu'il y aura d'autres façons pour moi de
14 faire verser ce type de document au dossier.
15 Q. Maintenant, Monsieur Riedlmayer, ma question suivante est la suivante.
16 Dans votre rapport, vous avez étudié 607 mosquées au Kosovo-Metohija. Il
17 semble que vous avez mentionné certaines informations qui remontent à 1997.
18 Comment avez-vous obtenu ces informations ?
19 R. En fait, c'était un peu plus tôt que cela. Je n'ai pas mon rapport sous
20 les yeux, mais c'est assez facile à retrouver. Le chiffre de 607 mosquées
21 provient d'une publication de la communauté islamique du Kosovo, c'est une
22 publication mensuelle intitulée "Dituria Islame", D-i-t-u-r-i-a I-s-l-a-m-
23 e, et qui signifie quelque chose comme "connaissance islamique". Et c'est
24 une revue qui traite de contenus qui ont trait à l'Islam et aussi un
25 certain nombre d'articles sur l'histoire de la communauté islamique. Il y
26 avait un article, je crois que c'est en 1993, il faudrait que je vérifie,
27 qui énumérait le nombre de mosquées au Kosovo. Et je crois qu'il y en avait
28 en tout 607, mais celles qui étaient réellement utilisées étaient au nombre
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1 de 463, 463 ou quelque chose comme cela. Ça, c'est effectivement dans la
2 conclusion de notre rapport et nous avons donc bien précisé qu'un peu plus
3 d'un tiers de toutes les mosquées au Kosovo avaient subi des dommages plus
4 ou moins importants au cours du conflit.
5 Q. Merci. Je ne comprends toujours pas. Ce sont des phrases dans votre
6 rapport. Vous dites au 2.3 et je cite :
7 "D'après les données statistiques publiées en 1993…"
8 Alors ce que je vous demande, c'est quelles sont ces données statistiques ?
9 Où les avez-vous trouvées ?
10 R. Je viens de mentionner la source. Il s'agissait de cette publication
11 mensuelle publiée par la communauté islamique du Kosovo. Il s'agissait de
12 l'organe de coordination centrale de la communauté islamique au Kosovo et
13 c'est cet organe central qui, en fait, administrait, gérait les mosquées.
14 Donc les chiffres qu'ils ont donnés dans leur publication sont les chiffres
15 que j'ai utilisés.
16 Q. Oui, mais vous dites :
17 "D'après les données statistiques publiées en 1993…"
18 C'est en général le gouvernement qui publie des données statistiques, pas
19 d'autres types d'institutions, c'est pour ça que je vous pose la question.
20 Vous dites qu'en 1993, il y avait --
21 L'INTERPRÈTE : Les interprètes demandent à l'orateur de parler plus
22 lentement lorsqu'il lit des chiffres.
23 M. DJORDJEVIC : [interprétation]
24 Q. Donc la question que je vous pose c'est quelles sont les données
25 statistiques officielles que vous avez obtenues en 1993 ? Pouvez-vous me
26 donner une réponse ?
27 R. Je ne crois pas que les données statistiques provenaient du
28 gouvernement. Je pense qu'en l'occurrence, c'est cet organisme qui était
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1 chargé de gérer, d'administrer les mosquées de la communauté islamique du
2 Kosovo qui était en mesure d'avoir les connaissances précises et exactes
3 sur le nombre de mosquées. Donc je pense que ce sont des données qui
4 peuvent être considérées comme tout à fait fiables.
5 Q. Vous venez de dire que vous pensez que ce sont des informations que
6 l'on peut considérer comme fiables. Mais est-ce que ce sont des
7 informations que vous avez vérifiées vous-même quant au nombre précis de
8 mosquées ?
9 R. Mais je n'avais pas de moyen de procéder à cette vérification.
10 Q. Pouvez-vous nous dire si vous avez utilisé des informations concernant
11 les lieux de culte catholiques, catholiques romains ?
12 R. Oui. La communauté catholique romaine a un certain nombre de
13 publications aussi qui traitent de l'histoire de la communauté catholique
14 romaine au Kosovo. Néanmoins, ces publications n'avaient pas ce type de
15 statistique. Mais de toute façon, ce n'était pas des données qui nous
16 intéressaient essentiellement puisque les dégâts infligés aux églises
17 catholiques étaient très très limités. Il y en avait eu très peu.
18 Q. Apparemment, vous ne comprenez pas ma question. Je vous ai posé une
19 question d'ordre général sur le nombre de lieux de culte catholiques au
20 Kosovo, pas ceux qui ont été endommagés ou pas endommagés. Je vous ai posé
21 une question sur le nombre de lieux de culte islamiques, maintenant, je
22 vous pose la même question pour le nombre de lieux de culte catholiques.
23 Combien y en avait-il au Kosovo ?
24 R. Je ne sais pas.
25 Q. Est-ce que vous avez cherché à connaître le nombre de lieux de culte
26 catholiques lorsque vous vous êtes entretenu avec le révérant Pukaj que
27 vous avez mentionné ?
28 R. Non. Il s'agit de Ambroz Ukaj qui était en fait le curé de la paroisse
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1 de Djakovica. Donc c'est à lui que j'ai demandé, j'ai posé des questions
2 sur les églises de son diocèse de Djakovica, mais je ne lui ai pas demandé
3 pour les autres parties du Kosovo, pour les autres diocèses du Kosovo. Nous
4 avons indiqué le nombre des églises des villages autour de Djakovica où il
5 y avait eu des dégâts ou des destructions pendant la guerre. Et tout cela
6 est inclus dans ma base de données. Ensuite, je me suis arrêté à Prizren où
7 se trouve le diocèse du Kosovo, le siège des autorités catholiques, et je
8 leur ai demandé des informations sur les dégâts subis par les églises, mais
9 je n'ai pas demandé le nombre total d'églises.
10 Q. Alors, pour revenir à l'église St-Antoine de Djakovica, vous nous avez
11 dit que le Père Ambroz Ukaj était en permanence à Djakovica. Et vous dites
12 dans votre rapport qu'à un certain moment, l'armée a évacué le monastère et
13 a demandé à tous les membres du clergé de quitter ce monastère afin de
14 pouvoir utiliser ce monastère à des fins militaires. Est-ce que vous avez
15 évoqué les conséquences du bombardement sur la caserne avoisinante, la
16 caserne qui était juste à côté de l'église St-Antoine, et dans quelle
17 mesure cela a touché l'église elle-même ?
18 R. Oui, c'était justement l'objet de la conversation que j'ai eue avec
19 lui, étant donné les accusations qui avaient été faites concernant les
20 dégâts sur les églises et sur cette église. Alors je me suis rendu sur
21 place, j'ai vu l'église où des vitraux avaient été remplacés, mais sinon,
22 il n'y avait pas d'autres dégâts. Et je lui ai demandé s'il y avait eu
23 d'autres problèmes, d'autres dégâts. Il m'a dit qu'en fait, les frappes de
24 l'OTAN n'avaient pas détruit ni l'église ni le presbytère. Il y avait juste
25 simplement des vitraux qui avaient été brisés. Et vers la fin de la guerre,
26 il avait été en mesure de réutiliser le presbytère qui avait été utilisé
27 pendant la guerre par l'armée yougoslave. Donc il y avait eu un certain
28 nombre de dégâts sur ce presbytère et il a pu récupérer ce presbytère et
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1 s'y est réinstallé. Mais en dehors de cela, il ne m'a pas expliqué les
2 conséquences des bombardements sur cette église.
3 Q. Juste une petite digression. Est-ce que vous voulez dire qu'il y a eu
4 pillage ? Est-ce qu'on a pillé le mobilier de l'église et les ordinateurs ?
5 R. Ce qu'il m'a dit tout d'abord, c'est qu'il y a eu pillage,
6 effectivement, qu'on a pillé les lieux et que quasiment tout le mobilier a
7 disparu et qu'il y a eu également des graffitis au mur et qu'on a détruit
8 l'intérieur. C'est ce qu'il nous a dit. On a ravagé l'intérieur.
9 Q. Je vous remercie. Vous avez accordé une grande place à la destruction
10 des monuments culturels islamiques. C'est la raison pour laquelle je vais
11 vous poser ma question au sujet du patrimoine orthodoxe. Quels sont les
12 dégâts qui lui ont été infligés ? Ce sera ma première question d'ordre
13 général, pour commencer ce chapitre.
14 R. Très bien. Pour ce qui est de l'héritage orthodoxe serbe, vous savez
15 bien qu'un chapitre entier dans le rapport y est consacré. Ce que nous
16 avons pu constater, c'est qu'il y a eu des dégâts qui ont été infligés à
17 peu près à 80 églises au Kosovo. Pour certaines d'entre elles, nous nous y
18 sommes rendus nous-mêmes; pour d'autres, les informations que nous avons
19 obtenues proviennent des autorités de l'Eglise orthodoxe serbe. Nous avons
20 échangé des éléments d'information et des photographies avec ces autorités
21 en nous servant de certains documents tenus par eux, et vice versa.
22 Nous avons pu constater également que les monuments serbes ont été
23 endommagés également après la guerre en juin, c'est-à-dire pendant les
24 trois mois qui ont suivi la fin des hostilités. Je parle bien de monuments
25 orthodoxes serbes. A l'époque, nous sommes arrivés en octobre et il y a eu
26 moins d'attaques, mais il y a eu sporadiquement encore quelques attaques.
27 Et pour autant que nous le sachions, il y a eu 30 églises de plus qui ont
28 été vandalisées ou détruites en 2004.
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1 Q. Le 17 mars 2004, je suppose que c'est la date à laquelle vous faites
2 référence au Kosovo ?
3 R. 2004.
4 Q. Oui, 2004.
5 R. Oui.
6 Q. Je vous remercie.
7 Dites-moi, s'il vous plaît, quel est le nombre de sites où vous vous
8 êtes rendu pendant votre premier séjour au Kosovo, le nombre de sites où se
9 situent les églises orthodoxes serbes ?
10 R. Sur-le-champ, je ne retrouve pas le nombre. Je pense que cela figure
11 dans mon rapport. Je pense qu'on devrait pouvoir facilement le retrouver.
12 Je pense que nous avons visité en tout une dizaine de lieux. Nous avons
13 essayé de ne pas visiter trop d'endroits, parce que nous avions déjà reçu
14 les documents portant sur les destructions, fournis par l'Eglise orthodoxe
15 serbe et publiés par l'Eglise serbe sur sa page Web et aussi dans une
16 publication intitulée "le Kosovo crucifié."
17 Et par la suite, il y a eu une deuxième édition l'année d'après. Nous nous
18 sommes également fondés sur cette publication-là, ainsi que d'autres photos
19 que nous avons reçues dans le cadre de nos échanges avec le Père Sava
20 Janjic. Nous nous sommes rendus à tous les endroits où il y a eu des
21 allégations portant sur les dégâts infligés pendant la guerre. Et nous
22 avons visité l'ensemble des sites principaux, ceux que vous avez mentionnés
23 précédemment, à savoir pour les monuments de la liste du patrimoine
24 mondial, parce que nous voulions apprécier et évaluer l'état dans lequel
25 étaient ces monuments; et nous ne nous sommes pas rendus à certains
26 endroits où il était plus difficile d'accéder, parce que nous n'avions pas
27 un temps illimité, et puis les routes étaient si mauvaises. Par exemple,
28 nous ne nous sommes pas rendus à Musitiste, au monastère orthodoxe qui
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1 n'est pas loin de Prizren, mais la route est très mauvaise et on aurait eu
2 besoin d'une journée supplémentaire pour nous y rendre. Et puis, il y avait
3 déjà une demi-douzaine de photographies qui avaient déjà été publiées par
4 l'Eglise orthodoxe serbe sur leur site concernant ce monument-là.
5 Q. Dites-moi, s'il vous plaît, qu'en est-il des cimetières serbes en
6 banlieue des grandes villes, Pristina, Pec, Djakovica, ou toute autre
7 localité de plus grand taille au Kosovo ? Vous vous y êtes rendu ?
8 R. Monsieur le Président, Messieurs les Juges, vous aurez remarqué que
9 dans l'introduction de mon rapport, on dit expressément qu'on ne s'est pas
10 rendu aux cimetières, qu'on ne s'est pas rendu non plus aux sites
11 archéologiques, tout simplement parce que : (a) ça nous aurait demandé un
12 temps supplémentaire considérable, et (b) parce que ça aurait été quasiment
13 impossible d'avoir des documents nous permettant de comparer l'état de ces
14 sites avant la guerre et après. Donc c'est la raison pour laquelle nous
15 n'avons pas étudié cela. Cela n'a pas fait partie officiellement de notre
16 recherche. Mais si vous me posez la question, je vais vous dire oui, en
17 effet, je me suis rendu à un certain nombre de cimetières qui ont été
18 vandalisés, profanés.
19 Q. Certains ? Pouvez-vous nous préciser de quoi il s'agit ? Cimetières
20 serbes, albanais, catholiques, catholiques romains ou autres, d'une autre
21 confession ?
22 R. J'ai vu à la fois des cimetières orthodoxes serbes et musulmans qui ont
23 été endommagés. Et puisque vous m'avez posé votre question sur des
24 cimetières orthodoxes serbes, je peux vous dire que j'ai vu le cimetière
25 près de Mitrovica en 2001, un cimetière serbe orthodoxe dans la banlieue
26 sud de Mitrovica. J'ai vu des pierres tombales qui ont été renversées, et
27 il y a eu des dégâts très considérables. Il y avait d'autres cimetières à
28 l'ouest du Kosovo, ou des églises orthodoxes serbes à côté desquelles il y
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1 avait des cimetières, et avaient été profanées. Les pierres tombales ont
2 été endommagées.
3 Q. Dites-moi, s'il vous plaît, vous avez vu 144 sites en tout. Sur ce
4 nombre total de 144, il y en avait combien qui, en gros, ont à voir avec la
5 tradition islamique ? Il y a eu une dizaine de sites orthodoxes. Nous ne
6 savons pas exactement combien de monuments catholiques. Pouvez-vous nous
7 dire combien d'entre eux concernent la tradition islamique, le patrimoine
8 culturel islamique ?
9 R. Tout d'abord, je vais vous corriger. J'ai vu plus de dix monuments. Je
10 dirais 15, 15 probablement. Donc avant j'ai dit une douzaine, mais c'est de
11 cet ordre-là. Donc à peu près 10 % des endroits où nous nous sommes rendus.
12 Et puis, pour ce qui est des statistiques, je ne peux pas vous donner de
13 chiffres précis. Je pense que ça figure dans notre rapport. C'était il y a
14 dix ans, et je ne me rappelle plus ces chiffres. Donc il n'y avait pas que
15 des monuments islamiques, il y a aussi l'architecture des bâtiments qui
16 concernent l'héritage culturel au sens large du terme, mais cela comprend
17 aussi des musées, des bibliothèques, et cetera. Donc je pense qu'il n'y a
18 pas que des monuments islamiques à 90 %. Il y a aussi des églises
19 catholiques, peut-être une demi-douzaine.
20 Q. Est-ce que vous voulez dire par là que vous avez vu à peu près 120
21 monuments qui relèvent du patrimoine architectural islamique, ou culturel
22 islamique ?
23 R. Oui, je pense que c'est de cet ordre de grandeur. C'est à peu près
24 cela, au sens très large. En gros, cela comprend non seulement les
25 mosquées, mais il y a là des écoles, des bibliothèques, des archives
26 islamiques.
27 Q. Je vous remercie. J'ai cité un nom, et vous m'avez dit qu'il ne vous
28 était pas familier du tout. Vous m'avez dit qu'il ne figure pas dans votre
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1 rapport. Vous aviez raison lorsque vous avez dit cela. En fait, c'est
2 Mitchel Mandel, c'est de lui qu'il s'agit. Dans votre rapport, en annexe 3,
3 lorsque vous parlez des dégâts qui ont été infligés à l'héritage culturel
4 au Kosovo de 1998 à 1999, ou plutôt des allégations qui portent là-dessus,
5 et surtout pour ce qui est des documents qui ont été établis par les
6 institutions culturelles yougoslaves, pourtant là-dessus, vous dites qu'il
7 n'y a pas eu de vérification indépendante de ces mêmes allégations avancées
8 par les autorités yougoslaves. Puis, vous parlez de Mitchel Mandel, Pr
9 Mitchel Mandel et d'autres qui auraient évoqué des violations du droit
10 international humanitaire dont les auteurs auraient été des gouvernements
11 internationaux.
12 Je vois que ça a posé un problème, ma lecture, que j'ai été trop rapide.
13 Alors je reprends :
14 Il y a eu des présentations faites par le gouvernement yougoslave et nombre
15 d'experts internationaux en la matière ont repris ces documents sans faire
16 un effort afin de vérifier de manière indépendante les affirmations qui y
17 figuraient. Ces mêmes affirmations, les affirmations avancées par le
18 gouvernement yougoslave portant sur les dégâts infligés au patrimoine
19 culturel, et on retrouve cela également dans le mémorandum, mémorandum qui
20 a été soumis par le Pr Mitchel Mandel et autres au bureau du Procureur du
21 TPIY au sujet des violations du droit international humanitaire qui
22 auraient été commises par des gouvernements internationaux et les employés
23 et représentants des pays membres de l'OTAN.
24 Tout d'abord, savez-vous qui est le Pr Mandel Mitchel. Je sais que vous
25 vous êtes penché sur ce qu'on a appelé des rapports erronés ou mensongers
26 soumis par des autorités yougoslaves eu égard aux monuments culturels, mais
27 j'aimerais bien que vous nous précisiez un petit peu ce que vous dites dans
28 votre rapport.
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1 R. S'agissant du professeur, c'est Michael Mandel qui est un professeur de
2 droit, qui enseigne le droit au Canada, à Osgoode, O-s-g-o-o-d-e, et il a
3 décidé d'organiser une espèce de tribunal informel à New York appelé à
4 juger les crimes de guerre qui auraient été commis par l'OTAN pendant la
5 guerre contre la Yougoslavie en 1999. Je me réfère ici à ce qui a fait
6 partie de ses conclusions, en fait, des conclusions de ce tribunal ad hoc.
7 Donc ils ont accepté dans leur totalité les allégations publiées dans le
8 livre blanc du gouvernement yougoslave. A partir du moment où les
9 conclusions ont été adoptées, elles ont été relayées au TPIY. Je ne sais
10 pas ce qu'il en est advenu par la suite. Mais ce tribunal ad hoc, ce
11 n'était pas une institution officielle. Il a été tout simplement mis sur
12 pied pour répondre à des objectifs tout à fait précis de ses participants.
13 Un organe officiel n'était pas à l'origine de la tenue de ce tribunal, du
14 fonctionnement de ce tribunal ad hoc.
15 Q. Très bien. Dites-nous, s'il vous plaît : vous écrivez dans votre
16 rapport qu'au Kosovo, il y a eu environ 210 églises orthodoxes serbes. Est-
17 ce que vous acceptez ce chiffre ?
18 R. 210, c'est le chiffre qui figure dans la publication de l'institut de
19 la république chargé de la protection des monuments historiques. Donc ce
20 serait le chiffre de monuments importants orthodoxes au Kosovo. Mais bien
21 sûr, il y a là toute une série d'églises villageoises plus récentes, et
22 bien sûr cela ne fait pas partie de cette publication, n'est pas repris
23 dans cette publication de l'institut pour la protection des monuments de la
24 république.
25 Q. Je vous remercie de m'avoir répondu. Vous venez d'éclaircir beaucoup de
26 choses par ces dernières réponses. J'aimerais savoir si vous connaissez le
27 chiffre exact, le chiffre véritable concernant le nombre de sites
28 orthodoxes ou de lieux de culte orthodoxes au Kosovo ? Je ne parle pas
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1 seulement de monuments d'appartenance culturelle ou religieuse, mais de
2 l'ensemble des églises orthodoxes. La patriarchie serbe, ou le Père Sava
3 Janjic ou qui que ce soit d'autre vous aurait éventuellement communiqué le
4 chiffre total de lieux de culte orthodoxes au Kosovo ? J'aimerais savoir,
5 d'ailleurs, est-ce que cela vous a intéressé ? Est-ce que vous leur avez
6 jamais posé la question ?
7 R. Je devrais ralentir. Excusez-moi. En effet, j'ai souhaité connaître
8 cela, mais je n'ai pas pu obtenir l'information. En fait, le problème est
9 que dans toutes les publications officielles de l'institut qui s'occupe du
10 patrimoine culturel ou de l'Eglise orthodoxe serbe, aucune de ces
11 publications ne fait la distinction entre les églises qui sont utilisées
12 par les pratiquants et les églises qui ne sont que des fondations ou qui
13 sont citées dans les chroniques médiévales, et cetera, et qui ne sont plus
14 utilisées pour le service.
15 Donc si on prend en compte toutes les églises qui ont jamais existé
16 au Kosovo; par exemple, vous avez le livre édité par Gojko Subotic,
17 intitulé "Le Kosovo, Terre Sainte", quelque chose de cet ordre, il parle de
18 plus de 1 000 sites, mais nombre d'entre eux sont des sites archéologiques
19 ou ce sont des églises qui ont existé dans le passé, mais il n'en reste
20 plus rien. Donc il est très difficile de savoir précisément ce qu'il en est
21 du nombre exact.
22 Pour ce qui est de mes échanges, mes contacts avec le Père Sava
23 Janjic, c'était le seul représentant officiel de l'Eglise orthodoxe au
24 Kosovo. C'est quelqu'un qui aime beaucoup se servir de l'ordinateur. A
25 l'époque, pendant cette période-là, il était très difficile d'entrer en
26 contact avec lui. Donc tous les échanges se passaient par des échanges de
27 photos. Ça se réduisait à ça. Plus tard, lorsqu'on a pu de nouveau se
28 communiquer par internet, on se parlait des projets de reconstruction. Donc
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1 je ne me suis plus intéressé aux statistiques, aux chiffres, et si je cite
2 les chiffres donnés par la communauté islamique, c'est parce que j'y avais
3 accès.
4 Q. Je pense qu'il s'agit de l'éparchie de Raska Prizrenska. C'est d'elle
5 que je souhaite parler à présent. Je ne sais pas si je cite mal l'intitulé,
6 mais toujours est-il que je sais qu'il possède le chiffre exact du nombre
7 de lieux de culte sur leur territoire. Donc je vous repose ma question :
8 est-ce que vous vous êtes adressé à cette éparchie, si je me trouve sur
9 l'intitulé -- veuillez m'en excusez, mais est-ce que vous l'avez jamais
10 fait ?
11 R. Je dois dire que nous nous sommes focalisés non pas sur le recensement
12 précis du nombre d'églises, mais sur les lieux qui ont été endommagés. Donc
13 nos chiffres, je pense, correspondent tout à fait aux chiffres qui ont été
14 obtenus par l'éparchie orthodoxe de Raska et Prizren, chiffres qu'ils ont
15 publiés, chiffres des biens qui leur appartiennent et qui ont été
16 endommagés.
17 Q. Mais je ne sais pas si vous avez été mis au courant de problèmes, à
18 savoir l'ensemble des lieux qui sont la propriété de l'Eglise orthodoxe
19 serbe se sont trouvés être des ghettos interdits. Même pendant la guerre ou
20 à l'issue de la guerre, les pratiquants n'ont pas pu s'y rendre. Je ne sais
21 pas si vous savez, les prêtres orthodoxes eux-mêmes n'ont pas pu avoir des
22 chiffres précis sur les dégâts infligés aux biens de l'Eglise orthodoxe à
23 cause de cela. Je ne sais pas si c'est une information que vous avez déjà
24 entendue ou qui vous est familière ?
25 R. Je dois dire que nous avons eu des contacts avec l'Eglise orthodoxe et
26 qu'au moment où nous avons présenté notre rapport à l'été 2001, il n'y a
27 pas eu, entre-temps donc, des nouvelles informations contredisant ce que
28 nous avions appris précédemment portant sur les dégâts infligés au site au
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1 Kosovo, même si, surtout pendant la première ou les deux années qui ont
2 suivi la guerre, la sécurité n'était pas tout à fait assurée. Je sais que
3 le Père Sava s'est déplacé au Kosovo escorté de la KFOR quasiment à chaque
4 fois qu'il se déplaçait sur le terrain là où il y avait eu la population
5 serbe précédemment. Donc à chaque fois qu'il y a eu de nouveaux éléments
6 d'information, lui, il en parlait sur sa page Web, donc moi j'insérais ça
7 dans mon rapport. Je ne pense pas qu'il y ait eu des révélations
8 supplémentaires au sujet des dégâts de 1999 par la suite et que nous
9 aurions ignorées.
10 Q. Je suis un petit peu étonné d'entendre cela, parce qu'à plusieurs
11 reprises vous dites que les autorités yougoslaves ont fait état de dégâts
12 qui n'étaient pas des dégâts véritables infligés à l'Eglise orthodoxe serbe
13 au Kosovo. Donc ça m'étonne un petit peu que vous n'avez pas cherché à
14 vérifier personnellement les informations sur les monuments orthodoxes au
15 Kosovo, parce que les 210, c'est le chiffre global qui réunit tous les
16 monuments ayant plus ou moins d'importance culturelle, et cetera. Donc
17 quand vous dites que pour la communauté islamique kosovar --
18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Djordjevic, vous lisez bien
19 trop vite. L'interprète se trouve obligé de nous dire qu'il ne peut pas
20 vous suivre.
21 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Je présente mes excuses encore une fois.
22 Je ne suis pas en train de donner lecture, je suis en train de parler, mais
23 je parle un peu vite. Donc je vais reprendre ma question et je vais essayer
24 de la faire la plus brève possible.
25 Q. Le nombre d'églises --
26 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que parfois vous regardez le
27 compte rendu d'audience qui reflète vos questions ? Là, c'est relativement
28 court, mais c'est sept, huit, neuf lignes pour les questions les plus
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1 brèves, je dois dire. Vous prenez beaucoup de place dans vos questions.
2 Essayez d'abréger cela, puis pour les interprètes ce sera plus facile,
3 ainsi que pour le témoin qui pourra vous répondre de manière plus directe.
4 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.
5 Je vais m'empresser de faire mon mieux.
6 Q. Ma question est la suivante : quelle est la raison pour laquelle le
7 témoin s'est penché avant tout, à raison de 80 %, sur les monuments
8 islamiques par opposition à la place accordée aux monuments catholiques et
9 orthodoxes; puisque la réalité de la situation sur le terrain est autre. En
10 fait, il y a beaucoup plus de lieux de culte chrétiens au Kosovo-Metohija.
11 Donc pourquoi est-ce qu'il s'intéresse avant tout aux monuments islamiques
12 et uniquement à raison de 20 %, disons, aux monuments chrétiens ? D'où est-
13 ce que cela provient ? Est-ce que cela ne reflète pas que sa démarche
14 manque d'objectivité ?
15 R. Pour répondre à votre question, nous nous sommes concentrés sur ce qui
16 avait été détruit par la guerre, et nous l'avons fait dans l'après-guerre
17 immédiat. Nous nous sommes efforcés de fournir un rapport complet. Nous
18 nous sommes penchés sur tous les sites, quelle que soit leur appartenance
19 ethnique ou religieuse et sur lesquels un rapport circulait pendant la
20 guerre qu'ils avaient été endommagés. Les éléments d'information sur
21 lesquels nous nous sommes basés ne comprennent pas uniquement ce que nous
22 avons pu examiner personnellement, mais aussi toute la documentation que
23 nous avons cru fiable, que ces documentations proviennent de communautés
24 religieuses, du rapport rédigé par l'Union Européenne et l'IMG, par les
25 autorités chargées de la protection du patrimoine.
26 Donc il ne me semble pas juste d'affirmer que nous avions dégagé nos
27 conclusions au préalable. Nous n'avons pas dressé une liste d'églises d'une
28 part, et de mosquées d'une part, puis pour vérifier par la suite ce qui a
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1 été endommagé et ce qui ne l'a pas été. Plutôt, nous nous sommes concentrés
2 sur les accusations qui avaient été lancées à l'époque. Et je pense
3 qu'étant donné qu'il y avait tant de parties intéressées qui étaient en
4 présence, je pense que nous avons pu prendre connaissance de toutes les
5 allégations qui avaient été avancées.
6 Nous nous sommes penchés sur les allégations avancées par les
7 autorités yougoslaves. Nous avons étudié toute et chacune répertoriée dans
8 le livre blanc publié par les autorités yougoslaves.
9 Q. Je dois avouer que je ne trouve pas votre réponse tout à fait
10 satisfaisante. J'en tire la conclusion suivante : votre travail consistait
11 avant tout à vérifier les allégations avancées par les parties intéressées,
12 les allégations dans lesquelles ils affirmaient que leur propriété avait
13 subi des dommages. Donc votre mission ne consistait pas à avoir une vue
14 généralisée concernant les dégradations survenues au Kosovo, indépendamment
15 des allégations avancées à ce sujet. Etes-vous d'accord avec cette
16 affirmation ?
17 R. Non, je ne suis pas d'accord avec vous. Nous avons vraiment fait de
18 notre mieux pour vérifier toutes les informations dont on faisait état.
19 Nous avons d'abord vérifié tous les pourcentages indiqués en étudiant la
20 documentation disponible. Par ailleurs, nous avons dressé une liste de
21 sites concernés par les allégations, puis nous avons personnellement
22 examiné ces sites. Nous n'avons pas trouvé de sites pour lesquels les
23 autorités ecclésiastiques auraient prétendu qu'il y a eu des dégâts. On n'a
24 même pas pu établir que de telles allégations avaient été fausses. Chaque
25 fois que la communauté orthodoxe ou islamique affirmait qu'un site avait
26 été endommagé, le plus souvent, c'était effectivement le cas.
27 Et par ailleurs, il n'y a aucune allégation dans notre rapport qui y
28 figure qui n'a pas été étayée soit par le biais de sources indépendantes,
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1 soit par le biais de photographies.
2 Donc il ne s'agissait pas pour nous de tout simplement compiler les
3 différentes accusations qui circulaient. Plutôt, nous avions de bonnes
4 intentions, nous avons essayé de profiter au maximum de nos ressources
5 limitées pour établir quelle était réellement la situation qui prévalait au
6 Kosovo. Si vous avez connaissance d'un site qui a subi des dommages
7 considérables sans que nous l'ayons appris, je vous serais très
8 reconnaissant de me le signaler.
9 Q. Si j'ai bien compris, M. Herscher et vous-même avez entamé vos travaux
10 dès que vous avez appris que le patrimoine culturel au Kosovo avait subi
11 des dégâts importants. Vous vous êtes intéressés à cette question puisque
12 vous étiez spécialiste en la matière. Un grand nombre d'églises et de
13 monastères orthodoxes a été rasé complètement pendant la révolte survenue
14 au mois de mars 2004, le 17 mars, plus précisément. Avez-vous senti que
15 c'était votre devoir d'en informer le public général, de faire savoir à
16 tout le monde ce qui s'est produit au Kosovo et quels dommages ont été
17 subis par l'héritage culturel orthodoxe ?
18 R. Si vous examinez mon curriculum vitae mis à jour, dernière version,
19 vous vous apercevrez que j'ai coopéré avec l'organisation Patrimoine
20 culturel sans frontières. Cette organisation a dressé un rapport
21 répertoriant les dégâts subis par le patrimoine culturel de l'église
22 orthodoxe serbe en 2004. Donc c'est effectivement une question qui m'a
23 vivement intéressé, mais je n'avais pas suffisamment de ressources
24 financières pour me rendre sur place et me lancer dans une nouvelle étude.
25 Par ailleurs, d'autres personnes se sont penchées sur cette question. La
26 raison pour laquelle nous avons fait notre étude en 1999, c'est parce que
27 nous avons eu l'impression que personne d'autre n'a essayé de le faire.
28 Q. Je ne suis pas d'accord avec vous, mais ce n'est pas à moi de vous le
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1 dire, comme l'a indiqué avec justesse le Président Parker.
2 Mais dites-moi, M. Bajgora, mufti adjoint de la communauté islamique à
3 l'époque pertinente, a fait une déclaration concernant les actes barbares
4 commis par les Serbes à l'encontre du patrimoine albanais au Kosovo. Et
5 c'est quelque chose que vous citez dans votre rapport. Avez-vous pris
6 connaissance de cette déclaration faite par le mufti adjoint ?
7 R. J'ai pris connaissance de cette publication, de cet ouvrage. Mais
8 toutes les photographies publiées dans cet ouvrage, je les avais déjà à ma
9 disposition. C'est la raison pour laquelle nous ne nous sommes pas basés
10 sur cette publication en rédigeant notre rapport. Pour ce qui est du texte
11 publié dans ce livre, je ne saurais vous dire grand-chose sur ce point. Je
12 n'ai pas étudié en profondeur sa teneur. L'impression que j'ai eue c'est
13 que le ton général adopté dans cet ouvrage est exactement semblable à celui
14 adopté par l'église orthodoxe serbe, chaque fois qu'elle se plaignait des
15 dégâts qu'elle y avait infligés.
16 Q. Merci. M. Feiz Drancoli [phon] a exercé les fonctions du directeur de
17 l'institut chargé de la protection du patrimoine culturel au Kosovo. Il me
18 semble que vous avez eu des échanges avec lui. Je ne suis pas sûr comment
19 son nom de famille se prononce. C'est Trancoli ou Drancoli, il s'appelle
20 Feiz.
21 R. Drancoli, c'est son patronyme.
22 Q. Il vous a accompagné lors de vos déplacements à Junik et à Rogovo; ai-
23 je raison de l'affirmer ?
24 R. En fait, il nous a accompagnés l'un de ces jours lorsque nous avons
25 fait une inspection et nous avons fait le tour d'un grand nombre de sites à
26 Pec, à Drsnik, à Gjakova, à Junik, à Rogovo et nous avons visité quelques
27 autres sites. Je ne suis pas sûr qu'il nous ait vraiment accompagné à
28 Rogovo, mais nous avons fait le tour du Kosovo occidental ensemble. Et il
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1 nous a servi de guide avant tout, c'était son rôle principal. Lorsque nous
2 avons inspecté un certain nombre de sites, celui de Nivokaz, par exemple,
3 les sites culturels se trouvaient dans des localités enfouies dans des
4 forêts qu'il était très difficile de repérer. Les routes étaient très
5 mauvaises. Et c'est lui qui nous a servi de guide. Mais il n'a eu aucun
6 impact sur l'évaluation que nous avons portée.
7 Q. Vous vous êtes penchés sur les conséquences aussi bien que sur les
8 causes des dégâts au Kosovo, ainsi que sur la question de savoir qui en
9 étaient les auteurs. Lorsque vous vous êtes rendu à Rogovo, avez-vous été
10 mis au courant du fait que le QG de l'UCK se trouvait à cet endroit ?
11 R. Je n'ai jamais entendu dire une chose pareille. On savait pertinemment
12 que c'était le cas à Junik.
13 Q. Ma question porte plus particulièrement sur des échanges que vous avez
14 pu avoir avec des témoins oculaires sur place. Mais bon, j'ai entendu votre
15 réponse. Vous avez parlé des archives perdues de l'institut chargé de la
16 protection du patrimoine culturel au Kosovo, au moment où l'armée et la
17 police se sont repliées du Kosovo suite à la signature de l'accord de
18 Kumanovo, les archives complètes de cet institut ont été transférées en
19 Serbie. Qu'en dites-vous ? Ai-je raison de l'affirmer ?
20 R. Oui.
21 Q. Et dites-moi, s'il vous plaît, au vu du type de travail que vous avez
22 effectué au Kosovo, avez-vous jugé qu'il était utile de vous rendre au
23 Kosovo pour étudier la documentation qui s'y trouvait et qui provenait de
24 l'institut chargé de la protection du patrimoine culturel au Kosovo ?
25 R. Non, je ne l'avais pas fait.
26 Q. Merci. Je passerai à présent à une nouvelle série de questions. Je vais
27 revenir aux sujets que nous avons déjà abordés hier. Et ce qui m'intéresse
28 avant tout, ce sont les questions qui vous ont été posées par le Président
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1 Parker. Je me réfère notamment aux photographies que vous avez remises au
2 bureau du Procureur avant le début de ce procès au mois de juillet, après
3 les avoir récupérées, le dites-vous, de sources fiables. Ces photographies
4 représentent la mosquée de Cirez. Avez-vous vu cette mosquée ? Et pour être
5 tout à fait précis dans ma question, l'avez-vous vu de vos propres yeux ?
6 R. Nous avons passé à côté de cette mosquée à bord d'une voiture à notre
7 retour de Pristina après avoir passé toute la journée à faire des
8 inspections. Il était tard, nous étions fatigués, il faisait sombre. Et par
9 ailleurs, cette mosquée ne figure pas sur la liste des sites que j'ai pu
10 visiter personnellement, mais je savais où elle se trouvait.
11 Q. Mais ma question ne portait pas sur l'endroit où se trouve cette
12 mosquée. Vous dites qu'il faisait sombre au moment où vous avez passé à
13 côté de cette mosquée. Avez-vous pu entrevoir la mosquée malgré l'obscurité
14 ou pas du tout ?
15 R. J'ai pu la voir depuis la route. Elle est visible depuis la route, mais
16 je ne me suis pas arrêté pour l'examiner en profondeur, d'autant plus qu'il
17 nous a été impossible de prendre des photos. Comme vous pourrez le
18 constater vous-même, les photographies que j'ai en ma possession ont été
19 récupérées de plusieurs sources différentes, y compris les projets mis en
20 œuvre par l'Union européenne et l'IMG. Ils disposent aussi de plusieurs
21 exemplaires de ces photographies.
22 Q. Vous l'avez déjà précisé et il me semble superflu par ailleurs de les
23 afficher à nouveau. Cette photographie a déjà été versée au dossier, elle
24 porte la cote P0133. Mais pensez à ces trois coupoles, pensez à ces
25 bâtisses en ruine. Ce qu'on peut voir sur cette photographie, il me semble
26 qu'il est impossible d'établir un lien avec la mosquée qui se trouve à
27 Cirez, et il m'a même été impossible de trouver des points de repère qui me
28 permettraient d'établir que c'était bien cette mosquée-là qui était
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1 représentée sur la photographie. Je ne sais pas si vous avez étudié cette
2 question, si vous vous êtes penché sur ce point. Mais si cela ne vous a pas
3 intéressé, je ne souhaite pas approfondir davantage.
4 R. Après la journée hier, je me suis intéressé à la question, j'ai
5 réexaminé les photographies. Si vous voulez bien les afficher à l'écran, je
6 peux vous montrer ce que j'ai pu remarquer après les avoir réexaminées.
7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Djordjevic, souhaitez-vous
8 qu'on examine ces photographies maintenant, ou vous apercevez-vous quelle
9 heure il est ?
10 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Je vois quelle heure il est et il me
11 semble préférable d'en revenir sur ce sujet après la pause. Je vous signale
12 que c'est le dernier sujet que je souhaite aborder avec ce témoin. Mon
13 contre-interrogatoire touchera à sa fin au cours de la journée
14 d'aujourd'hui, et donc il serait peut-être bon de prendre la pause dès
15 maintenant.
16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien.
17 Le moment est venu de faire la pause. Nous reprenons dans une demi-heure,
18 et plus précisément 13 heures moins 10. Monsieur Djordjevic, pouvez-vous
19 vous mettre d'accord avec le greffier d'audience pour vous assurer que les
20 documents pertinents sont prêts à être affichés ?
21 Monsieur Riedlmayer, nous allons faire une pause pour reprendre dans une
22 demi-heure. Nous devrions pouvoir terminer votre témoignage pendant la
23 séance suivante.
24 --- L'audience est suspendue à 12 heures 18.
25 --- L'audience est reprise à 12 heures 50.
26 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Djordjevic.
27 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
28 Je voudrais que nous montrions à l'écran une pièce qui est déjà au dossier,
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1 P01132 marquée pour identification. Il s'agit en fait de deux photos en
2 page 2 et 3, et j'aimerais bien qu'elles soient présentées toutes les deux
3 en même temps sur l'écran -- en fait, celle du haut, pas celle du bas.
4 Q. Donc si je comprends bien, ces photos sont présentées ici à la demande
5 de M. Riedlmayer qui veut ajouter quelques observations.
6 R. C'est exact.
7 Q. Donc ce sont bien ces deux photos-là que vous vouliez voir, Monsieur ?
8 R. Oui, exactement. Je voulais voir ces deux photos parce que je n'étais
9 pas satisfait des photos que j'avais, que nous avions déjà vues qui ne
10 montraient pas le monument depuis un angle qui puisse être comparable à ce
11 qu'on avait déjà. Ici en revanche, c'est tout à fait possible.
12 Alors, Monsieur le Président, si vous me le permettez, vous vous
13 souviendrez qu'hier, nous avions la question de savoir comment une mosquée
14 avec un rez-de-chaussée et un premier étage, tout d'un coup se trouve
15 réduite à n'avoir plus que la façade de devant avec les arcades, le mur
16 arrière détruit et les trois dômes qui restent sur le dessus de ces arches.
17 La question était donc de savoir s'il s'agissait d'une autre mosquée ou de
18 la même. Et j'avais dit hier qu'en fait, les arches avaient dû tout
19 simplement s'effondrer.
20 Mais ensuite, hier soir lorsque j'ai re-regardé ces photos dans ma
21 chambre, je me suis aperçu qu'il y avait une chose que j'avais oublié de
22 vous montrer hier.
23 Si vous regardez la photo de gauche sous le petit dôme de gauche,
24 vous voyez un petit peu le ciel. Je ne sais pas si on peut zoomer dessus ou
25 pas, mais on peut voir le contraste si on zoome, si on assombrit la photo.
26 Vous voyez qu'on entrevoit un petit bout du ciel sous le dôme de gauche; et
27 puis ce que l'on voit aussi, et ceci est très inhabituel, vous voyez
28 lorsque vous regardez les trois dômes, vous avez le dôme central qui est
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1 devant les deux dômes latéraux et il y a des restes des deux dômes. Et si
2 vous regardez sur la photo d'avant la guerre, vous voyez que les colonnes
3 en béton soutiennent le toit et le deuxième étage au dessus de l'arche
4 centrale. Et moi je pense que ce sont des restes de ces colonnes.
5 Donc mon explication de cette photo, ou plutôt des dégâts qui ont été
6 causés à cette mosquée, c'est qu'il a dû y avoir une assez forte explosion
7 qui a complètement soufflé la salle principale de prière de la mosquée,
8 l'espace sous le dôme principal également et aussi, cela a soufflé toute la
9 superstructure, à savoir tout ce qui est l'étage supérieur au dessus de
10 l'arche. Voilà. Et les trois petits dômes se sont retrouvés à retomber sur
11 l'espace qui était resté vide par l'explosion.
12 Voilà, je pense que ce sont des précisions utiles pour comprendre
13 comment est constituée la structure. En fait, c'est un squelette, si vous
14 voulez, une sorte de squelette en béton; et tout ce que vous voyez en
15 rouge, les matériaux rouges sont très légers, c'est de la brique creuse.
16 Donc quand il y a explosion, évidemment très vite les dégâts sont
17 importants.
18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci de ces précisions. Avez-vous
19 d'autres choses à ajouter ?
20 Maître Djordjevic.
21 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Tout d'abord, nous pouvons réduire la
22 photo de gauche à sa taille initiale. Merci.
23 Q. Pouvez-vous me dire, première question, cette photo a été prise avant
24 la guerre, je voudrais savoir exactement si vous savez à quelle date elle a
25 été prise ?
26 R. Oui. La photo qui est à droite a été prise pendant la journée du Bajram
27 en 1998, ce fut en avril 1998. Et la photo qui est en dessous, vous voyez
28 toute la congrégation devant la mosquée qui prie. La photo de gauche a été
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1 prise en juillet de cette année par M. Hamiti lorsqu'il s'est rendu de
2 Pristina à Cirez.
3 Q. Donc l'autre a été prise en 2000 combien ?
4 R. La première a été prise en 1998 et la deuxième a été prise en 2009.
5 Q. 2009 donc. Merci.
6 Tout ce que je vois sur ces photos, c'est que la ligne électrique qui est
7 au-dessus de la mosquée semble être installée dans une direction totalement
8 différente. Mais revenons à la première photo.
9 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Gardons la photo qui est à gauche et qui a
10 été prise en 2009. Et plutôt que d'avoir celle qui est le numéro 2, est-ce
11 qu'on peut avoir la photo numéro 1. J'aimerais, s'il vous plaît, que vous
12 zoomiez sur la partie centrale de la photo 1 où l'on voit deux fenêtres
13 ouvertes qui donnent sur une maison et où on aperçoit une voiture. Donc un
14 petit peu plus sur la droite, s'il vous plaît.
15 Sur cette photo, on voit qu'il y a un bâtiment assez proche du
16 monument dont nous parlons. Est-ce qu'on peut dézoomer pour que la photo
17 revienne à sa taille initiale.
18 Et on voit également une sorte de véhicule. Alors, si on part du principe
19 qu'il s'agit du même bâtiment qui aurait pu être photographié, si l'on
20 regarde du côté gauche en direction du petit poteau électrique que l'on
21 voit. Maintenant, si on s'approche on voit qu'il y a un poteau électrique
22 qui est plus gros et là, on ne voit plus la maison que nous arrivions à
23 voir sur l'autre photo. Il semble qu'elle n'y soit plus, bien que ce soit
24 une maison qui soit nouvelle. Là, on voyait qu'elle avait un toit et tout.
25 Donc c'est quelque chose qui, je dois dire, me met dans le doute quant à ce
26 qui est vraiment arrivé. Je vois que les dômes sont absolument intacts sur
27 la photo de gauche par rapport à la photo de droite; il y a aussi une arche
28 ici que nous ne voyions pas sur les photos de la mosquée.
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1 Est-ce que vous pouvez nous expliquer un petit peu tous ces
2 différents éléments ?
3 R. La photo de gauche, tout d'abord, a été prise 10 ans après la photo de
4 droite. La photo de droite a été prise au cours de l'été 1999.
5 Deuxièmement, vous remarquerez que l'alignement des trois dômes correspond
6 à ce que vous pensiez, à savoir que c'est une vue qui est prise de
7 l'arrière du bâtiment parce que vous voyez que le dôme central est en avant
8 par rapport aux deux dômes latéraux.
9 Ce que vous remarquez également, c'est que dans la photo la plus
10 récente, celle de 2009, les dômes en béton sont totalement nus, il n'y a
11 plus du tout de couverture en aluminium dessus. Et ce qui a été endommagé
12 sur la photo de droite, c'est justement cette couverture en aluminium qui a
13 été retirée. Et lorsqu'on a zoomé, vous vous êtes aperçu qu'il y avait un
14 grand nombre de briques creuses et sur la photo d'après-guerre, celle de
15 2009, vous remarquez que toutes ces briques creuses ont été retirées parce
16 que probablement elles n'étaient plus utilisables.
17 Donc ma seule explication pour cette maison et cette voiture qui ne
18 sont plus là, c'est qu'au cours de ces 10 dernières années, aussi bien
19 cette maison que cette voiture ont quitté les lieux, si je puis dire. J'ai
20 aussi d'autres photos que je n'ai pas apportées ici parce qu'elles étaient
21 à peu près les mêmes, mais elles vous montreraient la situation à partir
22 d'un autre angle et vous diriez qu'effectivement, il y a une nouvelle
23 mosquée sur la gauche de celle qui est en ruine et que les ruines sont
24 restées intactes.
25 Donc sur une période de 10 ans, il y a eu effectivement un certain
26 nombre de modifications dans la situation. Donc c'est tout à fait normal.
27 La maison que vous voyez semble être une maison assez étrange et même s'il
28 y avait un toit, il semblerait qu'elle n'ait pas de fenêtres; donc ça doit
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1 être à peu près la même chose pour les briques creuses de la mosquée qui
2 avaient été retirées.
3 Bon. Maintenant, si l'on regarde la structure des arches, si vous regardez
4 attentivement sous le dôme de gauche, vous voyez encore une trace de cette
5 arche. En fait, ce qu'on voit, ce n'est pas une arche, c'est surtout
6 essentiellement une structure en métal. Si vous avez encore les photos
7 provenant de ma base de données que l'on avait montrées, vous verriez cela
8 très clairement. C'est une des photos que nous avons vues hier qui montre
9 ce monument, mais sur le côté. Et l'on voit les sections, les parties
10 internes du toit qui soutenaient le grand dôme de la mosquée et qui ont été
11 coupées en deux et qui ne soutiennent donc plus rien.
12 Mais le fait que l'on puisse voir encore un petit bout de ciel sous
13 le dôme de gauche en 2009 nous montre bien que ce dôme n'est pas
14 aujourd'hui dans sa position originale. Il est très probable qu'il se soit
15 affaissé, il se soit retrouvé à cet endroit-là.
16 Q. Mais là, il ne s'agit que de conjectures. Nous ne pouvons pas en être
17 certains. Cette photo qui a été prise juste après la destruction de la
18 mosquée, celle où l'on voit ces dômes endommagés, une grande partie des
19 matériaux qui devraient encore être sur place et qui provenaient des
20 parties qui ont été écroulés, ces sont des choses que nous devrions voir
21 sur le sol, des débris. Et malgré cela, tout ce que l'on voit par terre, ce
22 sont des débris d'armature, mais pas de briques creuses, par exemple. Donc
23 il semblerait que cela ait disparu et pourtant, on devrait voir tout cela
24 puisque cette photo a été prise juste après la destruction de 1999. Pouvez-
25 vous nous donner des éclaircissements à ce sujet ?
26 R. Ce que nous voyons ici, c'est l'intérieur de l'entrée, la façade
27 de l'entrée. Donc ça, ça a été relativement abrité, si vous voulez. Il y
28 avait encore le toit du premier étage, enfin, le plafond du premier étage.
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1 Donc si l'on pouvait revenir aux photos qui étaient dans ma base de
2 données, ce serait une bonne chose.
3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, nous allons les montrer à l'écran
4 tout de suite.
5 LE TÉMOIN : [interprétation] La photo du haut que vous voyez là, en
6 espérant que l'on puisse zoomer dessus, cette photo du haut, je pense
7 qu'elle a été prise depuis le côté droit de la mosquée, c'est-à-dire que si
8 vous regardez la mosquée devant la porte d'entrée, cette photo représente
9 le côté droit de la mosquée. Et cette structure rouge, c'est la base du
10 dôme qui pend et qui ressemble à une arche dans l'autre photo qui a été
11 prise du côté droit. Et là, vous voyez tous les débris.
12 Il y a beaucoup de débris mais les parties essentielles de la mosquée
13 qui se sont effondrées, c'est la partie surtout à droite du petit dôme et
14 c'est là que l'on peut voir les débris. Il y a aussi des débris devant
15 l'entrée de la mosquée. Cela provient probablement de la destruction du
16 deuxième étage. Sur les trois dômes, ce que l'on voit, c'est le dôme de
17 droite de profil. Et ce que l'on peut voir sur le dessus, c'est
18 probablement une partie de ce revêtement en aluminium qui a été un petit
19 peu enlevé, arraché.
20 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Pourriez-vous agrandir uniquement la
21 photographie du haut, s'il vous plaît. Je vous remercie.
22 Q. Nous voyons un dôme sur cette photographie et nous voyons qu'il a été
23 endommagé et nous voyons qu'il y a un revêtement en aluminium. Mais je ne
24 pourrais pas être d'accord avec vous pour dire que l'on voit les deux
25 autres dômes. Par rapport à leur disposition, à leur emplacement,
26 normalement on devrait en voir au moins un de manière asymétrique. Il y en
27 avait un devant et deux autres placés à l'arrière. Donc cela ne fait
28 qu'augmenter le doute dans mon esprit, cette prise de vue.
Page 7641
1 Et aussi, aucun de ces murs rouges ne peut être retrouvé sur les
2 autres photographies, en particulier, on ne voit pas les mêmes matériaux.
3 Or, il s'agit de photographies qui ont été prises à peu près en même temps,
4 en 1999, peu après la destruction. Je ne vois pas les arches non plus. Je
5 ne vois aucune partie de la structure en béton. Et puis, le reste du
6 bâtiment est construit uniquement en béton sur les autres photographies.
7 Nous ne voyons ici que de la brique rouge. Donc cela me pose problème.
8 On voit également des arbres, des bois à l'arrière que nous n'avons
9 vu nulle part. Un grand arbre placé sur la droite, la ligne électrique.
10 Donc si vous avez des commentaires à apporter, je vous en prie. J'aimerais
11 que vous nous le disiez parce que je ne suis pas sûr qu'il s'agisse du même
12 bâtiment.
13 R. Excusez-moi. Effectivement, la photographie est un petit peu floue et
14 c'est parce que nous ne voulions pas augmenter de manière considérable la
15 taille de notre base de données. Alors si vous regardez sur la droite, vous
16 verrez l'autre dôme. Vous voyez juste la partie inférieure, et si vous ne
17 voyez pas le dôme central, c'est parce que la photographie n'est pas prise
18 au même niveau, c'est-à-dire que vous voyez légèrement l'arrière du
19 bâtiment. Donc vous voyez les deux dômes à l'arrière, les deux dômes
20 latéraux, l'un très clairement avec le revêtement en métal qui a été
21 enlevé, puis l'autre derrière lui.
22 Et pour ce qui est du rouge, alors ça, c'est le toit, au fond. Et
23 vous voyez que ça s'est effondré, et vous voyez le reste de ce toit par
24 terre. Mais la partie qui est attachée, c'est la partie intacte qui elle
25 pend. Donc c'est la raison pour laquelle cela constitue une arche sur la
26 photographie en noir et blanc. Et je pense que vous avez plein de débris
27 ici et les éléments de béton que vous avez mentionnés, c'est la même chose
28 que l'on voyait sur les photographies qui datent d'avant la guerre.
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1 Et puis, la fenêtre sur la gauche, sur le côté de l'arcade de face,
2 et on le voit également sur la photo de l'après-guerre. Et la raison pour
3 laquelle vous ne pouvez pas voir les bois au fond sur les photographies
4 antérieures, c'est parce qu'aucune photo n'a le même angle de vue. Les
5 personnes qui prient se trouvent de l'autre côté de la mosquée et nous
6 n'avions que des photos qui étaient prises directement depuis le devant, en
7 se plaçant devant la mosquée et aussi depuis l'arrière vers l'entrée. Donc
8 pas la même prise de vue.
9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je pense que nous avons épuisé le
10 sujet. On ne peut rien ajouter à ce sujet.
11 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Oui, tout à fait. Ici, il manque cette
12 maison. Il y a plein de choses qui posent problème. Mais je vais essayer de
13 mener à son terme mon contre-interrogatoire à présent.
14 Q. Et ce qui m'intéresse, c'est la chose suivante. Pour ce qui est de ces
15 mosquées dont vous parlez et qui vous ont été présentées par le Procureur,
16 dont vous parlez dans votre rapport, est-ce que vous seriez capable de nous
17 dire combien parmi elles n'ont pas été vues par vous directement ?
18 R. Je n'ai pas les chiffres en tête, mais il serait très facile de faire
19 le calcul en se basant sur mon rapport et sur ma base de données. Il
20 faudrait un petit peu de temps pour le faire, mais je ne comprends pas très
21 bien où vous voulez en venir.
22 Q. Je souhaite savoir quel est le pourcentage des sites que vous avez
23 interprétés en vous fondant uniquement sur des documents photographiques
24 que vous avez reçus, comme c'est le cas du site de Cirez.
25 De toute évidence, il s'agit d'un bâtiment plus récent, ce qui me
26 permet la conclusion à laquelle j'arrive en me fondant sur la photographie
27 numéro 2, si jamais il s'agit de la même mosquée. Mais sur base de
28 l'ensemble de votre rapport, dites-nous, s'il vous plaît, quel est le
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1 pourcentage des lieux que vous n'avez pas vus directement sur les 144 que
2 vous décrivez dans votre rapport ? Il y en a combien où vous ne vous êtes
3 pas rendu vous-même ?
4 R. Sur les 144 sites que vous évoquez, tous ont été visités par nous. Ce
5 sont les sites où nous nous sommes rendus. Il y a bien d'autres endroits
6 qui sont mentionnés dans mon rapport, mais nous nous sommes rendus sur
7 place dans 144 cas. Je peux vous montrer ça sur une carte du Kosovo. Nous
8 avons vu la majeure partie des endroits. C'est la plus grande partie du
9 territoire de la province, et puis là, nous ne nous y sommes pas rendus,
10 c'était parce que c'était trop loin des voies de communication principales
11 où il était difficile de circuler. Nous ne nous sommes pas rendus loin à
12 l'extrémité nord du Kosovo, Leposavic, parce qu'il n'y avait pas
13 d'allégations faisant état de dégâts infligés aux biens culturels.
14 Mitrovica est l'extrémité nord que nous avons atteinte, mais nous sommes
15 allés au sud-est du Kosovo, Kosovo occidental, central, nord, Prizren. Nous
16 avons vu pas mal d'endroits. Et là où nous ne sommes pas allés, nous nous
17 sommes fondés sur les photographies.
18 Q. Je vous remercie, mais ce n'était pas ce que je vous ai demandé. Je
19 cherchais à savoir autre chose, mais de toute évidence, je ne peux pas
20 obtenir une réponse là-dessus.
21 M. DJORDJEVIC : [interprétation] A présent, je demande que l'on affiche une
22 pièce à conviction P0111.
23 Q. Vous verrez, c'est la mosquée blanche de Suva Reka.
24 M. DJORDJEVIC : [interprétation] P0111, il manque encore un chiffre 1, donc
25 quatre fois 1, s'il vous plaît.
26 Juste la photographie du dessus, s'il vous plaît. Je pense qu'il s'agit
27 bien de cette mosquée que je souhaite présenter.
28 Q. Vous en avez parlé hier, donc je ne m'attarde pas là-dessus, sur ce que
Page 7644
1 vous avez dit hier, mais vous vous êtes fondé uniquement sur le rapport qui
2 vous a été fourni par la communauté islamique locale ? Ou est-ce que vous
3 avez cherché à avoir d'autres sources d'information sur cette mosquée en
4 particulier ?
5 R. Les dégâts, la manière dont ils ont été infligés, c'est grâce à
6 l'examen auquel nous avons procédé directement. Et comme je l'ai déjà
7 expliqué hier, nous sommes rentrés à l'intérieur de la mosquée. Nous avons
8 vu l'extérieur. Nous avons examiné les dégâts qui ont été infligés au
9 minaret. Nous sommes arrivés aux conclusions portant là-dessus, à savoir
10 qu'il y a eu une explosion qui a été déclenchée à l'intérieur du minaret.
11 Et puis, le reste des dégâts s'explique par la chute du minaret.
12 Q. Est-ce que vous étiez au courant des allégations des autorités
13 yougoslaves disant qu'une bombe larguée par l'OTAN est tombée près de cette
14 mosquée, et que c'est cette bombe-là qui l'a endommagée ? Est-ce que vous
15 êtes au courant de cela ?
16 R. Oui.
17 Q. Mais c'est quelque chose que vous n'avez pas précisé hier.
18 R. Je me souviens effectivement qu'il y a cette information dans le livre
19 blanc, parce qu'il y a tout un chapitre dans les deux livres blancs publiés
20 par les autorités yougoslaves qui parle des biens culturels. Mais nous
21 avons estimé que l'explication ne correspond pas à la réalité sur le
22 terrain. Donc la mosquée n'a pas été touchée, d'après nous, par un
23 projectile venu de l'extérieur; elle a été endommagée par l'explosion de
24 l'intérieur.
25 Q. Vous nous avez dit que vous n'avez pas de compétence dans le domaine
26 technique. Vous nous avez dit que vous n'étiez surtout pas un expert dans
27 le domaine, que vous vous fondiez uniquement sur le bon sens pour arriver à
28 cette conclusion. Mais j'aimerais savoir si vous aviez engagé un expert
Page 7645
1 pour pouvoir arriver aux conclusions sur l'origine des dégâts, ou vous ne
2 l'avez pas fait du tout ?
3 R. Nous n'avons pas fait d'examen technique. Mais vu la manière dont la
4 mosquée est endommagée, même sans procéder à un examen plus technique, on
5 voit qu'il y a eu l'explosion du minaret vers l'extérieur, et qu'il y avait
6 des choses qui ont été propulsées à 10, 20, 30 centimètres vers
7 l'extérieur. Et si l'on procède à une comparaison avec la photographie
8 d'avant la guerre de ce même côté du minaret, même sans être expert, on
9 peut bien se dire que -- je ne peux pas imaginer que des munitions auraient
10 pu traverser le minaret vers l'intérieur jusqu'aux fondations avant de
11 souffler la construction.
12 J'ai vu des centaines de bâtiments au Kosovo et en Bosnie qui ont été
13 détruits par des moyens différents, et je dirais avec le recul que j'ai
14 maintenant que ce minaret a explosé depuis l'intérieur, et que les dégâts
15 ne sont pas dus au fait qu'il a été touché par un projectile. En plus de
16 cela, vous avez des rapports de nos interlocuteurs dont j'ai déjà parlé, et
17 je ne vais pas répéter ce que j'ai déjà dit.
18 Q. Vous vous êtes permis de parler des choses qui ne font pas partie de
19 votre domaine de compétence. Alors je vais bientôt terminer maintenant mon
20 contre-interrogatoire. Je vais passer rapidement à un autre sujet.
21 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Affichez, s'il vous plaît, une pièce,
22 P01109 à présent. Est-ce qu'on peut agrandir un petit peu, s'il vous plaît.
23 Est-ce que l'on peut agrandir la partie supérieure de la photographie, s'il
24 vous plaît. Voilà.
25 Q. Vous serez d'accord avec moi pour dire que c'est la bibliothèque de la
26 mosquée en question, de la mosquée Hadum ?
27 Il a été dit à un moment donné que cette mosquée a été endommagée
28 dans un incendie, tout comme ce qui l'entoure. Mais on voit à la base des
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1 murs que les murs sont quasiment blancs et que le bâtiment a été
2 pratiquement scindé en deux. Donc je ne dirais pas que la cause des dégâts
3 est un incendie. Alors qu'avez-vous dit hier lorsque vous avez évoqué les
4 causes des dégâts infligés à ce monument historique, cette bibliothèque ?
5 R. Cette bibliothèque est construite quasiment de béton. Il n'y a
6 quasiment pas d'éléments en bois. Il y a donc cet étage qui porte l'étage
7 supérieur et puis vous voyez l'étage supérieur avec les niches. Et en bas,
8 vous voyez l'endroit où il y avait le plancher, mais c'était noirci et il y
9 avait des éléments qui étaient en protubérance encore, qui avaient fait
10 partie du mur. Et puis, pour ce qui est des niches, ce sont des niches qui
11 portaient les étagères à livres.
12 Et si la bibliothèque, comme différentes sources nous le disent, a
13 été incendiée en mars, et c'est ce que nous pouvons voir dans la
14 photographie aérienne que j'ai montrée, et la bibliothèque a été divisée en
15 deux par ce minaret, coupée en deux par ce minaret qui est tombé et qui
16 s'est effondré en mai, alors cet intérieur a été exposé à l'extérieur,
17 exposé aux intempéries pendant cinq mois après la chute du minaret.
18 Donc je sais, je suis tout à fait certain que le minaret est tombé
19 sur elle, parce que je suis allé examiner les morceaux du minaret que j'ai
20 pu identifier dans les débris et je l'ai vu quand j'ai examiné pour la
21 première fois le site en octobre 1999, mais aussi, M. Herscher a fait une
22 reconstruction après la guerre de la mosquée de Hadum. Et là nous nous
23 sommes rendus sur place en octobre 2000, nous avons examiné et inspecté les
24 débris et nous avons trouvé des éléments du balcon, du minaret et des
25 boiseries et ça a été utilisé pour restaurer le minaret. Donc je ne pense
26 pas que l'on puisse vraiment douter de ce qui a été à l'origine du fait que
27 ce bâtiment soit coupé en deux.
28 Q. Merci de m'avoir fourni cette réponse, mais je ne vois toujours pas ce
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1 que j'aurais dû voir si un incendie avait eu lieu ici. Je ne vois pas les
2 traces de fumée sur les murs.
3 Par ailleurs, je vois bien que le minaret s'est écroulé, mais je ne
4 vois pas que la même chose s'est passée avec les murs de côté. Et donc je
5 souhaite vous poser la question suivante : êtes-vous au courant des
6 allégations faites par les autorités yougoslaves suivant lesquelles le 12
7 et le 15 avril, les frappes aériennes ont eu pour résultat les dommages
8 subis par la bibliothèque tant que par la mosquée Hadum elle-même ?
9 R. Je sais que les autorités yougoslaves ont fait de semblables
10 allégations, qu'elles ont affirmé que la mosquée Hadum a été endommagée par
11 suite de frappes aériennes, mais moi je ne peux dire que ce que j'ai vu
12 moi-même et les conclusions que j'en ai dégagées. C'est tout ce que je peux
13 vous communiquer.
14 Q. J'ai déjà pris connaissance des conclusions que vous avez pu tirer. Et
15 ce qui m'intéresse particulièrement, c'est la conclusion que vous avez
16 dégagée quant aux allégations faites par les autorités yougoslaves. Donc si
17 j'ai bien compris, de votre point de vue, les frappes aériennes de l'OTAN
18 ne sauraient être la cause des dégâts subis par la mosquée ?
19 R. Oui. Je ne crois pas que les dégâts que nous pouvons voir sur cette
20 photographie représentent le résultat des bombardements de l'OTAN, et cette
21 affirmation vaut pour les dégâts subis par la mosquée aussi bien que par la
22 bibliothèque. Mais évidemment, je n'étais pas sur place au moment où ces
23 bâtiments ont été endommagés. Donc les conclusions que je dégage, je les
24 dégage à partir des éléments de preuve très limités qui demeurent sur
25 place.
26 Q. Je vais vous reposer la même question que tout à l'heure. Avez-vous eu
27 recours aux services d'experts militaires au moment où vous avez dégagé ces
28 conclusions --
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1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il est superflu de poser cette
2 question, Maître Djordjevic. D'après la déposition du témoin, nous avons
3 compris sans hésitation aucune qu'il n'a pas eu recours au service d'un
4 expert militaire. Donc pour gagner du temps il est superflu de reposer
5 cette question.
6 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Vous avez bien raison, Monsieur le
7 Président. Mon contre-interrogatoire touche à sa fin. Merci, Messieurs les
8 Juges.
9 Q. Merci, Monsieur Riedlmayer.
10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci à vous, Maître Djordjevic.
11 Madame Kravetz, vous avez la parole.
12 Mme KRAVETZ : [interprétation] Je ne souhaite pas poser de questions
13 supplémentaires, Messieurs les Juges.
14 [La Chambre de première instance se concerte]
15 Questions de la Cour :
16 M. LE JUGE BAIRD : [interprétation] Monsieur Riedlmayer, je vous renvoie à
17 la photographie qui représente une des mosquées qui font partie des
18 constructions qui ont été le plus endommagées. Je pense que cette
19 photographie a été prise en octobre 1999. Vous avez également tracé un
20 cercle autour d'une construction de couleur marron et jaune, et ce
21 bâtiment, qui se trouvait près de la mosquée, n'avait pas été touché.
22 R. Oui.
23 M. LE JUGE BAIRD : [interprétation] Pouvez-vous nous dire quelle distance
24 séparait ce bâtiment de la mosquée ?
25 R. J dirais qu'il s'agissait d'une distance d'au moins 100 mètres, sinon
26 davantage. Vous avez pu voir les débris sur cette photographie. Ces débris
27 n'étaient pas seulement le résultat des dégâts subis par la mosquée mais
28 aussi de toute une série de commerces qui entouraient la mosquée.
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1 En fait, tout ce qui entourait les bâtiments modernes a été rasé et
2 les bâtiments modernes eux-mêmes n'ont pas été touchés, alors que certains
3 parmi eux se trouvaient près de la mosquée, beaucoup plus près que les
4 bâtiments que nous avons pu voir à l'arrière. Je pourrais vous montrer ça à
5 l'écran si on affiche la photographie.
6 M. LE JUGE BAIRD : [interprétation] Ce n'est pas la peine. Merci.
7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous aurez du plaisir à apprendre,
8 Monsieur Riedlmayer, que votre témoignage touche à sa fin. Les Juges de la
9 Chambre souhaitent vous remercier d'avoir apporté votre concours à ce
10 procès. Nous vous remercions pour le temps que vous avez consacré à votre
11 témoignage. Merci aussi de vous être déplacé. A présent vous pouvez
12 reprendre vos activités habituelles. Nous vous remercions sincèrement.
13 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci, Messieurs les Juges.
14 [Le témoin se retire]
15 Mme KRAVETZ : [interprétation] Messieurs les Juges.
16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Madame Kravetz.
17 Mme KRAVETZ : [interprétation] Avant de lever la séance aujourd'hui, je
18 souhaite soumettre une demande concernant les deux dernières pièces que
19 j'ai montrées au témoin hier. Il s'agit de la pièce P1137, j'ai réussi à
20 repérer une version couleur de cette photographie, celle que nous avons
21 montrée hier était en noir et en blanc et elle est plus floue que la
22 version plus récente que j'ai pu retrouvée. Et je vous signale que nous
23 l'avons téléchargée dans le système du prétoire électronique.
24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] J'imagine qu'elle n'a pas encore été
25 téléchargée ?
26 Mme KRAVETZ : [interprétation] Mais si et elle porte la cote P1137.
27 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] C'est la photo en noir et en blanc.
28 Mais la photographie en couleur a-t-elle été téléchargée ?
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1 Mme KRAVETZ : [interprétation] Non. Nous pouvons soit la rattacher à la
2 pièce précédente ou la télécharger dans le système du prétoire
3 électronique, c'est comme vous le voulez.
4 [La Chambre de première instance se concerte]
5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous allons simplement rattacher la
6 photographie en couleur à la pièce à conviction que nous avons à présent
7 dans le dossier sans effacer ce qui est déjà dans le dossier.
8 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Je n'ai pas d'objection à soulever.
9 Mme KRAVETZ : [interprétation] Une autre question.
10 Les photographies dont il a été question, une série de quatre
11 photographies qui représentent la mosquée Cirez portant la cote P1132
12 enregistrée aux fins d'identification, je souhaite demander le versement de
13 ces photographies au dossier étant donné que nombreuses questions ont été
14 apportées sur ces photographies pendant le contre-interrogatoire.
15 [La Chambre de première instance se concerte]
16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Les Juges de la Chambre se rendent
17 compte que le témoin a donné bon nombre de réponses concernant ces pièces à
18 conviction, mais c'est en fonction de son témoignage que la Chambre va
19 rendre sa décision au moment venu. Et on vous fera savoir si nous sommes
20 prêts à accepter vos arguments ou non.
21 Mme KRAVETZ : [interprétation] Merci.
22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Donc pour le moment, les pièces
23 enregistrées aux fins d'identification vont devenir des pièces au sens
24 propre de ce terme.
25 Mme KRAVETZ : [interprétation] Une autre question qui concerne le témoin
26 prévu pour la semaine prochaine. Je souhaitais demander à la Chambre si
27 nous allions siéger mercredi. Si j'ai bien compris, il avait d'abord été
28 prévu que vendredi après-midi nous aurons des heures de travail plus
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1 courtes de d'habitude, mais par la suite, sous le couvert qu'il était prévu
2 de siéger jusqu'à sept heures du soir. Donc je souhaitais simplement
3 vérifier si c'était vraiment le cas.
4 Je soulève ce sujet parce que nous avons prévu deux témoins pour la
5 semaine prochaine et ils ne seraient pas en mesure de revenir témoigner une
6 fois écoulée cette semaine. Donc nous souhaitons terminer leurs témoignages
7 avant la fin de la semaine suivante.
8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il y a plusieurs choses à dire à ce
9 sujet, Madame Kravetz. D'abord, les Juges de la Chambre signalent que nous
10 semblons faire face à un nombre grandissant de témoins qui doivent partir à
11 un moment donné si bien qu'il est nécessaire de raccourcir leurs
12 dépositions.
13 Les Juges de la Chambre et les conseils de la Défense essaient fort
14 évidemment de leur mieux pour satisfaire à la demande avancée par ces
15 témoins. Mais s'il est impossible d'entendre la déposition des deux témoins
16 dans les délais prévus, il va falloir qu'ils reviennent déposer plus tard.
17 Je vous assure que nous ferons tout ce que nous pouvons pour les
18 aider, mais il faut aussi qu'on ait suffisamment de temps pour les
19 entendre. Et si nous n'arrivons personnes à entendre leur déposition au
20 complet, il va falloir qu'ils reviennent.
21 Pour ce qui est des heures de travail la semaine prochaine, je n'ai pas vu
22 le dernier calendrier que vous venez de mentionner. Nous avons rendu
23 l'ordonnance et nous allons commencer le travail à 13 heures 30 mercredi.
24 Nous avions compris que la salle d'audience était nécessaire plus tard dans
25 l'après-midi pour débattre d'un autre sujet, je ne sais pas si c'est
26 toujours le cas, mais toujours est-il que nous commençons le travail à 13
27 heures 30, suite à la réunion plénière des Juges qui commence à 9 heures du
28 matin. Et j'espère que de cette façon-là, nous pourrons entendre la
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1 déposition de deux témoins.
2 Et nous espérons que l'Accusation aussi bien que la Défense se
3 concentreront uniquement sur les questions les plus pertinentes de manière
4 à ce nous puissions entendre le témoignage complet de ces deux témoins la
5 semaine prochaine. Nous avons trois jours pour les entendre, si bien que
6 cela devrait être faisable si nous nous concentrons tous uniquement sur les
7 questions les plus pertinentes. S'il se trouve qu'il est possible de
8 prolonger les heures de travail mercredi, mais c'est quelque chose que je
9 ne sais toujours pas à présent, tout dépend s'il sera nécessaire de
10 débattre d'un autre sujet dans l'après-midi.
11 Mme KRAVETZ : [interprétation] Merci, Messieurs les Juges.
12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Djordjevic, vous avez la
13 parole.
14 M. DJORDJEVIC : [interprétation] Vous avez entendu, Monsieur le Président,
15 tous les sujets que je souhaitais approfondir. J'espère tout simplement que
16 vous ferez preuve de la même approche une fois que ce sera au tour de la
17 Défense de présenter ses moyens de preuve. Nous avons déjà reporté la
18 déposition de plusieurs témoins. Mais bon, nous reviendrons sur cela un peu
19 plus tard.
20 Je ne sais pas comment nous allons faire la semaine suivante, il est
21 inimaginable qu'un témoin déclare qu'il vient déposer à un moment donné
22 sans souhaiter revenir à un autre moment. Evidemment, le témoin doit se
23 mettre à la disposition des Juges de la Chambre. Donc si jamais il y a des
24 problèmes pour entendre ces témoins, je vous le signalerai le moment venu,
25 mais en tout cas, la Défense fera de son mieux pour pouvoir honorer les
26 obligations des témoins.
27 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie, Maître Djordjevic.
28 Le problème, évidemment, découle un peu du fait que nous avons décidé
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1 de ne pas siéger jeudi et vendredi de manière à ce que les avocats puissent
2 rentrer chez eux. Donc nous ne siégeons que pendant trois jours la semaine
3 prochaine. Nous aurons besoin de votre coopération entière pour en finir
4 avec les témoignages des témoins prévus.
5 Je vous souhaite de passer un très bon week-end et j'espère que vous
6 reviendrez en bonne forme lundi pour reprendre notre travail. Je pense que
7 lundi nous siégeons à 9 heures du matin.
8 --- L'audience est levée à 13 heures 42 et reprendra le lundi 20 juillet
9 2009, à 9 heures 00.
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