Page 9126
1 Le mardi 29 septembre 2009
2 [Audience publique]
3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
4 --- L'audience est ouverte à 14 heures 18.
5 [Le témoin vient à la barre]
6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour.
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.
8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous rappelle que vous êtes
9 toujours tenu par votre déclaration, dans laquelle vous vous êtes engagé à
10 dire la vérité.
11 LE TÉMOIN : ZIVKO TRAJKOVIC [Reprise]
12 [Le témoin répond par l'interprète]
13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Et nous allons maintenant entendre la
14 fin de l'interrogatoire mené par M. Stamp.
15 M. STAMP : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
16 Bonjour à tous.
17 Interrogatoire principal par M. Stamp : [Suite]
18 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Trajkovic.
19 R. Bonjour.
20 Q. Lorsque nous nous sommes séparés hier, vous nous disiez ce qu'on vous
21 avait dit au sujet de l'inhumation des corps à Batajnica, ce "on" étant un
22 de vos officiers qui était stationné à Batajnica à ce moment-là. Lorsque
23 vous avez entendu ce qu'il vous a dit, en d'autres termes, lorsque vous
24 avez découvert ce qui s'était passé dans votre base ou plus précisément
25 dans une des bases des unités dépendant de vous, en avez-vous parlé à M.
26 Djordjevic ?
27 R. Je n'en ai pas parlé immédiatement après cela, car très peu de temps
28 après, je suis retourné sur le territoire du Kosovo-Metohija.
Page 9127
1 Q. En avez-vous parlé avec lui à quelque moment que ce soit après avoir
2 appris ce qui s'était passé ?
3 R. Oui. Je crois que c'était immédiatement après notre retour du Kosovo,
4 après la signature de l'accord de Dayton. Mais il y a un point que je
5 souhaiterais préciser. Lorsque vous m'avez demandé hier si dans mes
6 entretiens avec les membres du bureau du Procureur de ce Tribunal ou au
7 Tribunal spécial de Belgrade, vous m'avez demandé si j'avais dit la vérité
8 ou si j'avais peut-être omis quelque chose ou évité d'évoquer quelque
9 chose, notamment un soupçon que j'aurais pu avoir; parce que vous savez,
10 dans les déclarations que j'ai faites en rapport avec la présente affaire,
11 hier je vous ai parlé de toutes les activités de mes unités au Kosovo-
12 Metohija et dans d'autres régions, et ce que je vous ai dit correspond tout
13 à fait à ce que j'avais déclaré au préalable et que je maintiens toujours.
14 Mais il y a un point qui a été omis, et c'est quelque chose dont je me suis
15 rendu compte beaucoup plus tard, en rapport avec les déclarations
16 préalables faites par moi. Donc, si vous m'en donnez la possibilité, je
17 pourrais peut-être préciser maintenant si cela convient à la Chambre.
18 Q. Je ne sais pas si c'est pertinent par rapport aux questions de
19 l'interrogatoire en ce moment. Je vous demanderais simplement ce que vous
20 avez à dire en rapport avec ce sujet.
21 R. Il s'agit du fait que pendant longtemps j'ai été convaincu que dans
22 l'enceinte du centre de la SAJ de Belgrade à Batajnica où les cadavres ont
23 été ramenés du Kosovo-Metohija, j'ai été longtemps convaincu que ces
24 cadavres y avaient été incinérés. C'est seulement beaucoup plus tard que
25 j'ai appris que d'autres cadavres y avaient également été incinérés, des
26 cadavres qui avaient été emmenés plus tard et qui provenaient des camions
27 réfrigérés qui n'ont fait leur apparition que plus tard, camions venant de
28 Petrovo Selo. Donc, en réalité, l'ensemble de tous ces cadavres ont été
Page 9128
1 emmenés à Batajnica et incinérés à Batajnica, et c'est la raison pour
2 laquelle cet élément particulier est absent des déclarations que j'ai
3 faites sur cette question au cours des dix dernières années.
4 Q. Je ne suis pas tout à fait sûr de comprendre si ce que vous souhaitez
5 nous dire, c'est quelque chose de particulier en rapport avec ce qu'on vous
6 a dit au sujet des cadavres incinérés à Batajnica ?
7 R. Ce que je voulais dire, c'est que les éléments d'information dont je
8 disposais au sujet des cadavres regroupés à Batajnica ont longtemps
9 concerné uniquement les cadavres ramenés du Kosovo-Metohija. Mais je ne
10 disposais pas d'un autre élément d'information indiquant qu'à Batajnica ont
11 également été incinérés d'autres cadavres qui ont fait leur apparition dans
12 le débat un peu plus tard et qui provenaient des camions réfrigérés
13 récupérés dans le Danube, non loin de Bajina Basta, ainsi que des cadavres
14 provenant de Petrovo Selo, c'est-à-dire du centre d'entraînement des PJP.
15 L'élément d'information qui me manquait, c'était que ces deux autres
16 catégories de cadavres avaient également été incinérées à Batajnica.
17 Q. La Chambre a déjà entendu des témoignages ici faits par des personnes
18 impliquées dans le transport et à l'incinération de ces cadavres. Donc,
19 peut-être pourrions-nous revenir sur cet aspect de votre déposition plus
20 tard. Mais avant cela, je voudrais vous poser la question suivante : dans
21 quelles conditions avez-vous appris ou plus précisément avez-vous reçu
22 l'élément d'information indiquant que des cadavres provenant de Petrovo
23 Selo et de Bajina Basta avaient également été incinérés à Batajnica ?
24 R. Par la suite donc, j'ai compris qu'en dehors des cadavres ramenés du
25 Kosovo lors du premier transport, un certain nombre de ces cadavres avaient
26 été enterrés à Batajnica, alors que les cadavres récupérés dans le camion
27 réfrigéré qui avait été jeté dans le Danube et qui ont été récupérés dans
28 le lac Perucac, non loin de Bajina Basta, que ces cadavres étaient une
Page 9129
1 autre catégorie de cadavres incinérés à Batajnica et qu'il y en avait
2 également des cadavres qui provenaient de Petrovo Selo. Ce sont des
3 éléments d'information qui me manquaient parce que le seul élément
4 d'information dont je disposais, c'était que les cadavres incinérés à
5 Batajnica provenaient directement du Kosovo. Et j'ai appris plus tard que
6 d'autres cadavres avaient été enterrés dans ces autres trois lieux que je
7 viens d'évoquer. Mais c'est seulement plus tard que j'ai appris cela. C'est
8 seulement lorsque j'ai eu connaissance de l'existence de ces camions
9 réfrigérés qui ont fait leur apparition quand on les a sortis du Danube et
10 du lac Perucac, non loin de Bajina Basta. C'est seulement à ce moment-là
11 que j'ai appris que ces autres cadavres avaient été amenés à Batajnica et
12 incinérés là. Je m'en suis donc rendu compte plus tard. J'ai consulté les
13 dossiers, et c'est à ce moment-là que j'ai pris conscience de toute la
14 situation.
15 Q. De quels dossiers parlez-vous, grâce auxquels vous avez eu connaissance
16 de ces inhumations ?
17 R. Je parle des déclarations que j'ai faites aux enquêteurs du Tribunal
18 pénal international lorsque j'étais interrogé en qualité de suspect. C'est
19 seulement à ce moment-là que j'ai pris conscience de toute la situation, et
20 je vous prie de croire ce que je vais vous dire. En dehors du fait que
21 j'avais les fonctions qui étaient les miennes, il ne m'est jamais arrivé
22 dans toute ma vie d'être confronté à quelque chose de plus difficile que
23 moi que cette prise de conscience du fait que des cadavres qui avaient été
24 amenés du Kosovo-Metohija avaient été enterrés dans l'un des centres qui
25 dépendaient de ma responsabilité. Je n'aurais jamais cru qu'une chose
26 pareille puisse être possible, et lorsque j'en ai pris conscience pour la
27 première fois, je n'ai été informé que d'une chose, c'est que les cadavres
28 ou les restes mortuaires de ces personnes provenaient uniquement du Kosovo.
Page 9130
1 Ce qui me pose encore un problème de réflexion, c'est de savoir si cela
2 s'est passé ainsi parce que j'étais dans l'incapacité complète de mener la
3 moindre enquête à ce sujet et si cette présomption ne concernait que les
4 cadavres provenant du Kosovo ou également les cadavres découverts plus tard
5 dans les camions réfrigérés dans d'autres localités avant d'être amenés
6 dans ce centre de Batajnica pour y être réenterrés.
7 Q. Je vois. Et c'est ce point que vous souhaitiez préciser ?
8 R. Oui.
9 Q. Je vous remercie. Je pense que nous comprenons parfaitement bien
10 combien il a dû être difficile pour vous, comme pour qui que ce soit
11 d'autre d'ailleurs, d'entendre dire et d'apprendre que des cadavres trouvés
12 dans un camion avaient été amenés dans une base ou sur un territoire qui
13 était sous votre contrôle, pour y être enterrés une deuxième fois. Donc,
14 lorsque vous nous avez parlé de l'enterrement réalisé par l'homme
15 responsable de la base de Batajnica, je crois vous avoir entendu dire que
16 vous aviez parlé de cela avec M. Djordjevic quelque temps après votre
17 retour du Kosovo, c'est-à-dire une fois que le MUP et l'armée yougoslave
18 s'étaient retirés du Kosovo en juin 1999. C'est bien cela ?
19 R. C'est à peu près cela, car je pense que je n'ai pas pu aborder un tel
20 sujet par les moyens de transmission disponibles à ce moment-là. En effet,
21 j'ai fait remarquer hier que (expurgé) m'avait parlé de tout cela en me
22 disant que c'était strictement confidentiel et que l'affaire était très
23 grave.
24 Q. Monsieur Trajkovic, pendant tout le reste de votre déposition, je vous
25 demanderais de ne pas prononcer le nom de (expurgé)
26 raisons à cela. C'est un témoin protégé.
27 M. STAMP : [interprétation] Je demande à la Chambre si ce que vient de dire
28 le témoin à l'instant peut être éliminé du compte rendu d'audience, si l'on
Page 9131
1 peut donc expurger le compte rendu.
2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je crois qu'il suffira que le nom
3
4 M. STAMP : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.
5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] -- comme cela s'est fait l'autre soir
6 par rapport à --
7 M. STAMP : [interprétation] Très bien. Monsieur le Président.
8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] -- par rapport à la dernière partie du
9 compte rendu d'hier.
10 Oui, Maître Djurdjic.
11 M. DJURDJIC : [interprétation] Je ne voulais pas interrompre parce que des
12 noms sont mentionnés dans le public. Ce n'est pas nécessairement qu'il
13 s'agit de noms de témoins protégés, ni ce qu'il en est exactement. Hier -
14 je ne veux pas prononcer le moindre nom - mais nous avons prononcé les nom
15 et prénom d'un témoin protégé. Donc, si cela était possible hier, je crois
16 que cela devrait l'être également aujourd'hui, mais je laisse toute liberté
17 à la Chambre d'en décider.
18 [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]
19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Huis clos partiel.
20 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Monsieur le Président, nous sommes à
21 huis clos partiel.
22 [Audience à huis clos partiel]
24 (expurgé)
25 (expurgé)
26 (expurgé)
27 (expurgé)
28 (expurgé)
Page 9132
1 (expurgé)
2 (expurgé)
3 (expurgé)
4 (expurgé)
5 (expurgé)
6 (expurgé)
7 (expurgé)
8 (expurgé)
9 (expurgé)
10 (expurgé)
11 (expurgé)
12 (expurgé)
13 (expurgé)
14 (expurgé)
15 (expurgé)
16 (expurgé)
17 (expurgé)
18 (expurgé)
19 (expurgé)
20 (expurgé)
21 (expurgé)
22 (expurgé)
23 (expurgé)
24 (expurgé)
25 (expurgé)
26 (expurgé)
27 [Audience publique]
28 M. STAMP : [interprétation]
Page 9133
1 Q. Combien de fois avez-vous parlé à M. Djordjevic de ce que l'on vous
2 avait dit au sujet de ces camions réfrigérés remplis de cadavres qui
3 avaient été amenés jusqu'à votre base ?
4 R. Je crois que nous en avons parlé à deux reprises. La première fois,
5 c'était lorsque j'ai eu l'occasion de lui demander comment il se faisait
6 que cela s'était fait dans l'enceinte de notre base à Batajnica, et M.
7 Djordjevic m'a répondu que cela correspondait à une décision prise par des
8 gens beaucoup plus importants. Il m'a dit à peu près que cette décision
9 venait de gens beaucoup plus importants que moi et lui, et il m'a conseillé
10 de ne pas trop fouiner pour essayer de me renseigner sur tout cela. Et
11 c'est à ce moment-là que je me suis rendu compte, comme me l'avait dit le
12 chef du centre, qu'il s'agissait d'un secret d'Etat, et je me suis rendu
13 compte que la décision avait été prise à un très haut niveau.
14 Q. Vous rappelez-vous à peu près le jour ou le mois où a eu lieu cette
15 conversation ?
16 R. Elle a eu lieu, si je ne me trompe, au début du mois de juin 1999. Ça,
17 c'était la première conversation, et la deuxième a eu lieu au moment où
18 nous étions en train de nous retirer du Kosovo, et l'unité du SAJ de
19 Pristina en même temps que celle de la SAJ
20 dans le centre de Batajnica. C'est à ce moment-là que nous avons discuté
21 ensemble pour voir s'il y avait la moindre possibilité, eu égard à ces
22 cadavres, de les exhumer pour les transporter en un autre lieu. C'est à ce
23 moment-là que M. Djordjevic m'a dit que je n'avais pas besoin de
24 m'inquiéter de cela dans l'immédiat, qu'un moment opportun allait arriver
25 pour s'occuper de tout cela et agir afin que cette question ne figure plus
26 à l'ordre du jour et que, lorsque la chose devrait être faite, je serais
27 informé des conditions et du moment où elle serait faite. Donc, je n'ai
28 plus posé de questions à ce sujet. Nous avons passé un certain temps dans
Page 9134
1 ce centre -- enfin, pas moi, mais les commandements des deux unités que je
2 viens d'évoquer ont séjourné dans le centre. Mais s'agissant de
3 l'entraînement des hommes, nous n'avons procédé à aucun entraînement dans
4 cette partie de la base où les cadavres étaient enterrés avant que n'ait
5 lieu l'exhumation et que les légistes et autres pathologistes ne fassent
6 leur travail. Mais là, tout le monde est au courant de cela aujourd'hui.
7 Q. M. Djordjevic vous a-t-il dit quoi que ce soit au sujet du degré de
8 confidentialité qu'il convenait d'appliquer à toute cette affaire ?
9 R. Je vais vous dire franchement, lorsque j'ai discuté avec M. Djordjevic,
10 j'ai eu l'impression - et en fait, j'ai pensé qu'il s'agissait de restes
11 humains; autrement dit, de cadavres qui avaient été amenés directement du
12 Kosovo-Metohija. Mais par la suite, je me suis rendu compte que ma
13 conversation, ou plutôt, les réponses qu'il a faites à mes questions
14 concernaient des cadavres qui avaient été découverts dans les deux camions
15 réfrigérés ainsi qu'à Petrovo Selo, car je me souviens qu'à ce moment-là,
16 il m'a dit ce que l'on ferait de ces nouveaux cadavres récemment découverts
17 au moment où une décision serait prise. Je lui ai dit : "Mais Chef, qu'est-
18 ce qui s'est passé ?" Et il m'a répondu à peu près : Qu'est-ce que je peux
19 te dire ? Tous mes braves généraux se sont enfoncés la tête dans le sable
20 et c'est à moi qu'il revient de terminer cette partie du travail."
21 Est-ce que c'est le ministre qui a pris la décision ou est-ce que la prise
22 de décision est liée à la réunion qui a eu lieu chez le président Milosevic
23 pour parler du ratissage du terrain ? Ça, je n'en suis pas sûr.
24 Mais que la décision a été prise à ce sujet à un niveau élevé. Ça, c'est
25 probablement le cas.
26 L'INTERPRÈTE : Correction de l'interprète : remplacer "incinérer" chaque
27 fois que le mot a été prononcé par "enterrer", et lorsqu'il a été question
28 de "réincinérer" par "réenterrer".
Page 9135
1 M. STAMP : [interprétation]
2 Q. C'est justement de cela que je voulais que nous parlions. Vous nous
3 avez dit que M. Djordjevic avait déclaré que la décision avait été prise
4 par des personnes plus importantes, et vous avez compris ses propos comme
5 signifiant que la décision avait été prise à un niveau plus élevé. Vous a-
6 t-on dit ou auriez-vous reçu la moindre indication de la part de M.
7 Djordjevic à ce sujet ? Donc, avez-vous appris qui a pris cette décision ?
8 R. Je me suis rendu compte et j'ai compris que la décision prise portait
9 sur le ratissage du terrain. Et je sais que dès lors qu'il est question de
10 ratissage du terrain au Kosovo-Metohija, c'est le général Ilic qui était au
11 Kosovo en rapport avec ce genre d'activité. Et nous savions que le général
12 Ilic s'était vu affecter un chef d'équipe qui dirigeait l'équipe qui devait
13 être chargée de procéder à ce ratissage du terrain. Et j'ai eu l'impression
14 que cette réunion concernait également ce que m'avait dit M. Djordjevic
15 dans notre conversation. Il est possible qu'on m'ait dit aussi, comme je
16 viens de le rappeler, que tout cela s'était discuté lors d'une rencontre
17 avec M. Milosevic. Toutefois, par la suite, j'ai découvert que pour la
18 deuxième partie de cette mission qui impliquait donc le déménagement des
19 restes humains découverts par la suite à Batajnica, mais est-ce que la
20 réunion au sujet de cette deuxième partie de la mission s'est tenue chez M.
21 Milosevic ou est-ce que la décision a été prise au niveau du ministre, je
22 n'en suis pas sûr. Ce dont je suis sûr, c'est qu'au moment où j'ai discuté
23 avec M. Djordjevic, dans les réponses qu'il a faites à mes questions au
24 sujet de ce qui était en train de se passer, il m'a dit : "Qu'est-ce que je
25 peux te dire ? Tous mes généraux ont mis la tête dans le sable et c'est à
26 moi que revient la tâche de terminer le travail." C'est seulement plus tard
27 que je me suis rendu compte qu'il parlait du déménagement des cadavres dont
28 la découverte a été faite ultérieurement.
Page 9136
1 Q. Si vous n'avez pas d'objection, procédons étape par étape. J'aimerais
2 que nous nous concentrions à présent sur les propos qui avaient été
3 proférés par M. Djordjevic lui-même, et non pas sur les histoires que vous
4 avez pu entendre par la suite et qui vous ont induit à en déduire un
5 certain nombre de conclusions. Donc, limitons-nous à présent sur l'aspect
6 technique de cette question. M. Djordjevic a-t-il dit quelque chose
7 concernant des réunions au cours desquelles des décisions pertinentes
8 auraient été prises ?
9 R. Oui.
10 Q. Et qu'a-t-il dit concernant cette réunion ou ces réunions qui auraient
11 eu lieu et au cours desquelles ces décisions auraient été prises ?
12 R. Il a dit que la décision avait été prise à un niveau qui était
13 nettement supérieur à celui où nous nous trouvions, "toi et moi." Il m'a
14 dit que je ne devais pas me préoccuper de la manière dont cette décision
15 avait été prise. Et d'une certaine manière, l'impression que j'ai eue,
16 c'est que M. Djordjevic souhaitait détourner mes pensées de ce problème
17 tant que la situation n'aura pas été éclaircie. Mais je me souviens qu'il
18 m'avait dit cette décision avait été prise par des personnes beaucoup plus
19 importantes que toi et moi. Voilà, c'est à peu près son propos.
20 Q. M. Djordjevic a-t-il dit quelque chose concernant les personnes qui
21 auraient pris part à ces décisions au cours desquelles des décisions
22 auraient été prises, qui étaient ces personnes qui se trouvaient à un
23 niveau nettement supérieur à vous-même et à lui et qui ont pris part au
24 processus de la prise de décision ?
25 R. C'est une question que je n'ai pas posée à M. Djordjevic lorsqu'il m'a
26 dit qu'il s'agissait de personnes qui étaient beaucoup plus importantes que
27 lui et moi. Je n'ai pas posé la question de savoir qui elles étaient. Mais
28 je m'en suis bien douté.
Page 9137
1 Q. Donc, si j'ai bien compris, il n'a pas précisé quelle était l'identité
2 de ces personnes ? Très bien.
3 R. Oui.
4 Q. Pouvez-vous vous souvenir à peu près à quel moment a eu lieu cette
5 deuxième conversation avec M. Djordjevic ? Je parle de la conversation qui
6 a eu lieu dans le centre où étaient rassemblées les unités du SAJ
7 d'autres unités ?
8 R. Cette deuxième conversation n'a pas eu lieu dans l'enceinte du centre,
9 elle a eu lieu dans ce qui était à l'époque le siège du ministère. J'ai
10 tout simplement tenu à indiquer qu'une fois terminé le conflit au Kosovo-
11 Metohija, ces deux unités avaient été basées dans le centre. Quant au
12 ministère, il a été déplacé.
13 Q. Bon. Excusez-moi de cette erreur, mais ce qui m'intéresse, c'est le
14 jour et la date où cette conversation a eu lieu à peu près. Ce serait
15 amplement suffisant.
16 R. Cette conversation a eu lieu au cours du mois de juin 1999.
17 Q. Vous avez fait référence à M. Ilic. Pouvez-vous nous rappeler quel
18 était le poste qu'il occupait en 1999 ?
19 R. M. le général Ilic occupait à l'époque le poste du chef de
20 l'administration de la police chargée des enquêtes au pénal au sein du MUP
21 de la Serbie.
22 Q. Au cours du conflit entre le mois de mars et le mois de juin 1999,
23 l'avez-vous vu au Kosovo ?
24 R. Au moins à une reprise, et je crois même deux fois. Je crois même
25 l'avoir vu deux fois.
26 Q. Et où l'avez-vous rencontré ? Vous en souvenez-vous ?
27 R. Je l'ai vu à Pristina à une reprise, au moins. Il se trouvait dans
28 l'état-major provisoire du MUP chargé du Kosovo-Metohija.
Page 9138
1 Q. Lorsque vous dites qu'il se trouvait dans l'état-major provisoire, que
2 voulez-vous dire au juste ? Est-ce qu'il se trouvait dans l'endroit où cet
3 état-major avait été établi ?
4 R. Oui, précisément. Il se trouvait dans les locaux qu'occupait à l'époque
5 cet état-major, parce que les locaux anciens de l'état-major chargé du
6 Kosovo-Metohija avaient été la cible de frappes aériennes, et c'est
7 pourquoi les locaux faisaient souvent objet de changements.
8 Q. Lui avez-vous parlé lorsque vous l'avez vu ?
9 R. Nous nous sommes salués, tout simplement, comme nous avions l'habitude
10 de le faire.
11 Q. A en juger avec vos contacts, les contacts que vous avez eus avec
12 d'autres officiers supérieurs du MUP d'active qui se trouvaient au Kosovo à
13 l'époque, pourriez-vous obtenir des éléments d'information indiquant quel
14 était le rôle qu'il jouait au Kosovo à l'époque ?
15 R. D'après ce que j'avais compris lors des conversations que j'ai eues
16 avec mes collègues, il avait reçu la tâche d'assurer le ratissage du
17 terrain au Kosovo, et c'est la raison pour laquelle il se trouvait sur
18 place.
19 Q. "C'est la raison pour laquelle il se trouvait sur place." C'est ce que
20 vous venez de dire. Avez-vous pu apprendre de vos collègues pendant combien
21 de temps il restait au Kosovo quand il s'y rendait et est-ce qu'il s'y
22 rendait souvent ?
23 R. Je dois avouer que je ne suis pas tout à fait certain s'il était basé
24 dans les locaux provisoires du MUP ou s'il avait été basé ailleurs. Je sais
25 tout simplement que je l'ai rencontré là, une fois. Mais je ne me suis
26 jamais posé la question de savoir pendant combien de temps il restait au
27 Kosovo afin d'accomplir la tâche qui lui avait été dévolue et pour prendre
28 part à un certain nombre d'opérations.
Page 9139
1 Q. Au vu de votre état de connaissances actuel pour ce qui est du
2 déménagement des restes humains et de leurs inhumations - je parle du
3 déménagement des restes humains du Kosovo et de leur inhumation à Batajnica
4 - à votre avis, cette opération aurait-elle pu être accomplie sans que le
5 commandement conjoint en ait eu connaissance ?
6 R. Je crois que non, je ne crois pas que cela aurait pu se produire sans
7 qu'il le sache.
8 M. STAMP : [interprétation] Messieurs les Juges, pouvons-nous passer à huis
9 clos partiel. Je souhaite tout simplement poser deux questions au témoin.
10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Passons à huis clos partiel, s'il vous
11 plaît.
12 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Messieurs les Juges, nous sommes à huis
13 clos partiel.
14 [Audience à huis clos partiel]
16 (expurgé)
17 (expurgé)
18 (expurgé)
19 (expurgé)
20 (expurgé)
21 (expurgé)
22 (expurgé)
23 (expurgé)
24 (expurgé)
25 (expurgé)
26 (expurgé)
27 (expurgé)
28 (expurgé)
Page 9140
1 (expurgé)
2 (expurgé)
3 (expurgé)
4 [Audience publique]
5 M. STAMP : [interprétation]
6 Q. Ce que cette personne vous a dit - et il vaut mieux ne pas désigner
7 cette personne par son nom - a-t-elle eu un impact sur la manière dont vous
8 effectuiez des vérifications concernant les personnes qui avaient été
9 membres des unités paramilitaires, notamment les personnes qui avaient été
10 engagés activement en Croatie ? Preniez-vous des mesures pour vous assurer
11 que de telles personnes ne fassent pas partie de votre unité ? Etait-ce la
12 position que vous défendiez à l'époque ?
13 R. Messieurs les Juges, je crains de ne pas avoir compris cette question.
14 Q. Très bien. Je vais reformuler.
15 La déclaration faite par cette personne, ancien membre du SAJ
16 viens de faire référence, ce que cette personne nous a dit, sa déclaration
17 reflétait-elle exactement la position que vous aviez adoptée à l'époque
18 quant aux personnes qui avaient été membres des unités paramilitaires et
19 qui souhaitaient entrer dans les rangs du SAJ
20 R. Excusez-moi, mais cette personne n'est pas un ancien membre du SAJ.
21 Cette personne est toujours engagée à remplir un certain nombre de tâches
22 qui lui sont dévolues. Donc, je ne suis pas sûr de pouvoir répondre à la
23 question que vous venez de me poser.
24 Q. Non, non, je ne souhaite pas que vous vous prononciez sur ce sujet-là.
25 Je souhaite tout simplement que vous nous expliquiez si sa déclaration
26 reflétait avec exactitude la position que vous aviez adoptée à l'époque
27 quant aux paramilitaires qui souhaitaient entrer dans les rangs du SAJ.
28 D'après sa déclaration, vous lui avez dit que s'il avait été membre d'une
Page 9141
1 unité paramilitaire, y compris des unités paramilitaires actives en
2 Croatie, c'est quelque chose que vous ne sauriez tolérer. Vous lui aurez
3 dit que vous ne souhaitiez pas avoir de telles personnes au sein de votre
4 unité. Donc, ces paroles qu'il avait proférées reflètent-elles avec
5 exactitude la position que vous aviez adoptée à l'époque quant à
6 l'intégration des paramilitaires dans les rangs du SAJ
7 R. Messieurs les Juges, cette personne était un membre des forces
8 régulières du MUP en Croatie avant d'intégrer les rangs du SAJ. Et par
9 ailleurs, en toute honnêteté, je n'ai jamais eu d'entretiens avec lui, je
10 ne l'ai jamais auditionné pour ce qui est du travail qu'il effectuait à
11 Batajnica à l'époque, il s'agissait d'un simple ouvrier qui était censé
12 remplir certaines tâches. Je ne sais pas s'il m'a peut-être confondu avec
13 quelqu'un d'autre, peut-être avec son propre commandant, M. Simovic, ceci
14 est possible, bien que je ne saurais rien affirmer. Mais toujours est-il
15 que je n'ai jamais eu de tels entretiens avec lui.
16 Q. Et aviez-vous élaboré une certaine position officielle quant à
17 l'intégration des anciens membres d'unités paramilitaires dans les rangs du
18 SAJ ?
19 R. Dans des circonstances normales, les conditions à remplir pour pouvoir
20 intégrer les unités qui dépendaient de moi étaient très clairement
21 précisées; mais cela valait pour des conditions normales, au vu de la
22 situation qui prévalait dans notre pays à partir du 24 mars jusqu'à la fin
23 de l'agression de l'OTAN contre notre pays, la situation était entièrement
24 différente au niveau des questions que vous me posez à présent. Je peux
25 vous citer avec précision quelles sont les conditions pour pouvoir intégrer
26 les unités qui dépendaient de moi dans des circonstances normales.
27 Q. Très bien. Je ne vais pas insister sur ce point pour que nous ne
28 perdions pas trop de temps.
Page 9142
1 M. STAMP : [interprétation] Messieurs les Juges, l'interrogatoire principal
2 de ce témoin touche à sa fin.
3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci infiniment, Monsieur Stamp.
4 Maître Djurdjic, vous avez la parole.
5 M. DJURDJIC : [interprétation] Messieurs les Juges, peut-on faire une pause
6 pour que je puisse rassembler mes idées. J'espère que mon contre-
7 interrogatoire sera très court et très efficace.
8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Quelles belles paroles. Espérons que
9 vous pourrez bien les mettre en œuvres. Si cela vous est utile, nous
10 pouvons effectivement faire une première pause dès maintenant, Maître
11 Djurdjic. Nous reprendrons les débats à 4 heures moins 20.
12 M. DJURDJIC : [interprétation] Merci.
13 --- L'audience est suspendue à 15 heures 07.
14 --- L'audience est reprise à 15 heures 40.
15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Djurdjic, à vous.
16 M. DJURDJIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
17 Contre-interrogatoire par M. Djurdjic :
18 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Trajkovic. Je m'appelle Veljko
19 Djurdjic, et je suis membre de l'équipe de conseil de la Défense de
20 l'accusé Vlastimir Djordjevic. Je suis accompagné aujourd'hui par Mme Marie
21 O'Leary et par M. Aleksandar Popovic.
22 R. Bonjour.
23 Q. Je n'aurai que quelques petites questions à vous poser pour vous faire
24 préciser un certain nombre des réponses apportées par vous aux questions de
25 l'Accusation. Vous avez évoqué une réunion chez M. Milosevic. Auriez-vous
26 peut-être participé à cette réunion chez M. Milosevic ?
27 R. Non.
28 Q. Auriez-vous à quelque moment que ce soit participé à une réunion tenue
Page 9143
1 chez M. Milosevic ?
2 R. Une réunion en sa présence, oui, mais chez lui, jamais.
3 Q. Quand avez-vous participé à une réunion en sa présence ?
4 R. C'était en 1991.
5 Q. Merci. Où avez-vous reçu le renseignement indiquant qu'une réunion
6 s'était tenue chez M. Milosevic, comme vous l'avez dit aujourd'hui ?
7 R. Eu égard à la réunion tenue chez M. Milosevic, j'en ai appris
8 l'existence de la bouche d'un homme dont j'ai constaté qu'il était ici un
9 témoin protégé, donc je ne sais pas si je peux prononcer son nom.
10 Q. Ne le faites pas tout de suite, mais je demanderais que nous passions à
11 huis clos partiel.
12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Huis clos partiel.
13 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les
14 Juges, nous sommes à huis clos partiel.
15 [Audience à huis clos partiel]
17 (expurgé)
18 (expurgé)
19 (expurgé)
20 (expurgé)
21 (expurgé)
22 (expurgé)
23 (expurgé)
24 (expurgé)
25 (expurgé)
26 (expurgé)
27 (expurgé)
28 (expurgé)
Page 9144
1 (expurgé)
2 (expurgé)
3 (expurgé)
4 (expurgé)
5 (expurgé)
6 (expurgé)
7 (expurgé)
8 (expurgé)
9 (expurgé)
10 (expurgé)
11 (expurgé)
12 (expurgé)
13 (expurgé)
14 (expurgé)
15 (expurgé)
16 (expurgé)
17 (expurgé)
18 (expurgé)
19 (expurgé)
20 (expurgé)
21 (expurgé)
22 (expurgé)
23 (expurgé)
24 (expurgé)
25 [Audience publique]
26 M. DJURDJIC : [interprétation]
27 Q. Etes-vous au courant du fait que pendant toute la guerre, dans tout le
28 Kosovo-Metohija, un certain nombre d'enquêtes sur les lieux ont été menées
Page 9145
1 eu égard avec tous les incidents découverts qui avaient donné lieu à des
2 décès ?
3 R. Absolument, en Serbie, en tout cas. Est-ce que cela s'est passé
4 également au Kosovo, je ne saurais le dire avec une certitude absolue,
5 notamment pour l'année 1999. Mais je crois que si les conditions le
6 permettaient, de telles enquêtes ont également eu lieu au Kosovo-Metohija.
7 Q. Je vous remercie. Pendant votre séjour au Kosovo, avez-vous été informé
8 du fait que ce sont des représentants des bureaux du SUP
9 de ces enquêtes, que c'était eux qui se rendaient sur le terrain pour
10 effectuer les constatations d'usage en cas de décès ?
11 R. Oui, chaque fois que la chose était possible.
12 Q. Je vous remercie. Savez-vous et avez-vous signé une note officielle
13 portant sur une conversation avec le témoin dont vous venez de prononcer le
14 nom il y a un instant ? Mais vous ne devez pas le reprononcer maintenant.
15 R. Non, il s'agissait plutôt d'une conversation privée.
16 Q. Je vous remercie.
17 M. DJURDJIC : [interprétation] Je demanderais maintenant l'affichage de la
18 pièce enregistrée aux fins d'identification D48.
19 Et puisque nous attendons l'affichage de ce document, je demanderais entre-
20 temps, Monsieur le Président, le versement au dossier de ce document
21 désormais traduit.
22 [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]
23 M. DJURDJIC : [interprétation]
24 Q. Monsieur Trajkovic, est-ce que vous voyez quelque part dans cette
25 première page du document votre nom ?
26 R. Non.
27 M. DJURDJIC : [interprétation] Je demande maintenant l'affichage de la
28 deuxième page de ce document.
Page 9146
1 [Le conseil de la Défense se concerte]
2 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne vois pas non plus mon nom dans la
3 deuxième page.
4 M. DJURDJIC : [interprétation]
5 Q. Merci.
6 M. DJURDJIC : [interprétation] Monsieur le Président, je tiens à signaler
7 que le numéro de ce document enregistré aux fins d'identification est D004-
8 2892, et j'en demande maintenant le versement au dossier.
9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] On me dit que ce document n'a pas
10 encore été chargé dans le système électronique. Il est possible qu'il ait
11 été traduit, mais la procédure de saisie dans le système électronique n'a
12 pas encore été appliquée. Il s'agit de la pièce D48, enregistrée aux fins
13 d'identification.
14 [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]
15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maintenant, nous avons le numéro 2892,
16 qui concerne la traduction, donc nous avons admis la pièce D48 un peu plus
17 tôt. La pièce D48 était enregistrée aux fins d'identification. Je vous
18 remercie. La traduction est désormais admise.
19 M. DJURDJIC : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.
20 Q. Monsieur Trajkovic, vous avez fait remarquer il y a un instant que vous
21 aviez eu cette conversation avec M. Djordjevic, et qu'à ce moment-là vous
22 lui avez demandé comment il se faisait que ces cadavres étaient arrivés au
23 centre de Batajnica. Suis-je en droit de penser qu'il vous a dit que cette
24 décision avait été prise à un niveau supérieur à celui qui vous
25 correspondait, la décision d'enterrer à cet endroit les cadavres en
26 question ?
27 R. Oui.
28 Q. Je vous remercie. Suis-je en droit de penser que pendant la guerre et
Page 9147
1 jusqu'en 2001, vous ne saviez rien d'un transport de cadavres vers la
2 Serbie en provenance du Kosovo-Metohija ?
3 R. La première fois que j'ai su quelque chose au sujet de cadavres
4 regroupés à Batajnica, c'était en avril 1999 à peu près, et à ce moment-là,
5 ce que j'ai compris, c'est qu'il s'agissait de cadavres amenés à Batajnica
6 à partir du Kosovo. Donc, ce que je sais de ces cadavres ne date pas
7 d'avant 2001, mais à peu près d'avril 1999.
8 Q. Mais est-ce que vous avez entendu évoquer cela par (expurgé)
9 R.
10 transportés jusque là-bas, et, tout à fait normalement, j'ai établi un lien
11 entre cela et le ratissage du terrain au Kosovo. Et puisqu'il était
12 question d'un grand nombre de cadavres, j'ai considéré que ces cadavres ne
13 pouvaient provenir que d'un seul endroit, à savoir le Kosovo.
14 Q. Je vous remercie. Donc, c'est une conclusion que vous avez tirée, qui
15 vous est personnelle ?
16 R. Oui.
17 M. STAMP : [interprétation] Je crois, Monsieur le Président, que nous avons
18 besoin d'une nouvelle expurgation du compte rendu.
19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous sommes en pleine discussion. Il
20 s'agit d'une partie du témoignage du témoin présent ici, mais puisque
21 l'attention des Juges est appelée sur la chose, je crois qu'il serait peut-
22 être préférable de procéder à une expurgation du compte rendu.
23 M. DJURDJIC : [interprétation] Merci.
24 Q. Monsieur Trajkovic, suis-je en droit de penser que vous estimez que si
25 le commandement conjoint n'avait pas été au courant, tous ces cadavres
26 n'auraient pas pu être transportés du Kosovo-Metohija vers la Serbie, et
27 que cette pensée est une supposition de votre part ?
28 R. Puisque je n'ai pas assisté aux réunions qui ont donné lieu à cette
Page 9148
1 décision, il est absolument exact qu'il s'agit simplement d'une supposition
2 de ma part. Je veux parler du fait que je pensais que ces cadavres venaient
3 du Kosovo-Metohija et que rien n'aurait pu se faire sans que l'état-major
4 de Pristina en soit informé.
5 Q. Merci. Monsieur Trajkovic, quand M. Djordjevic s'est entretenu avec
6 vous au sujet du fait que ces cadavres avaient été enterrés à Batajnica,
7 quelle était l'attitude de M. Djordjevic, si vous pouvez nous le dire ?
8 R. J'ai déjà répondu un peu à cette question, puisque j'ai dit que nous
9 n'avions pas discuté en détail de tout cela. Lorsque je lui ai demandé
10 pourquoi cela s'était fait à Batajnica et comment cela s'était fait et qui
11 l'avait fait, il m'a répondu que je n'avais pas besoin de m'inquiéter de
12 tout cela, que la décision avait été prise à un niveau bien supérieur à
13 nous, et que je ferais mieux de m'occuper des problèmes quotidiens
14 directement liés à mon unité plutôt que de m'inquiéter de cela.
15 Q. Je vous remercie.
16 M. DJURDJIC : [interprétation] Je n'ai plus de questions à poser au témoin,
17 Monsieur le Président.
18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Stamp.
19 M. STAMP : [interprétation] Pas de questions supplémentaires, Monsieur le
20 Président.
21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Trajkovic, vous aurez plaisir
22 à entendre que c'est sur ces mots que se terminent les questions qui vous
23 sont posées. Les Juges de la Chambre ont écouté avec attention votre
24 déposition. Nous tenons à vous remercier d'être venu ici et d'avoir apporté
25 votre concours dans les mesures de vos possibilités à la Chambre. Vous
26 pouvez, bien sûr maintenant, reprendre le cours normal de vos activités. M.
27 l'Huissier va vous guider jusqu'à la sortie du prétoire. Je vous remercie
28 de tout cœur.
Page 9149
1 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci à vous également, Monsieur le Président.
2 [Le témoin se retire]
3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Stamp.
4 M. STAMP : [interprétation] Monsieur le Président, c'était le dernier
5 témoin disponible pour cette semaine. Nous avons un témoin dont l'audition
6 est prévue lundi prochain -- en tout cas, nous nous attendons à ce que
7 l'audition de cet autre témoin se fasse lundi, mais cela dépend tout de
8 même encore, dans une certaine mesure, de l'état de santé de cette
9 personne.
10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Etes-vous en train de dire que vous
11 n'êtes pas encore en mesure de savoir exactement si ce témoin sera présent
12 ou pas ?
13 M. STAMP : [interprétation] Effectivement, Monsieur le Président. Il était
14 prévu que nous nous entretenions avec lui aujourd'hui ou demain. Je crois
15 que c'est demain. En tout cas, un rendez-vous a été pris pour un entretien
16 avec lui demain.
17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Les Juges de la Chambre estiment qu'il
18 importe que ce témoin soit entendu la semaine prochaine ou, plus
19 précisément, lundi prochain, si la présentation des moyens de l'Accusation
20 doit, comme prévu, se terminer ce mois-ci. Donc, nous vous invitons à faire
21 tout ce qui est possible pour veiller à ce que cela se passe ainsi.
22 Vous avez parlé de deux autres témoins, dont l'un devrait être entendu
23 lundi, 26 octobre.
24 M. STAMP : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.
25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que l'on sait quelque chose au
26 sujet du troisième témoin, aujourd'hui ?
27 M. STAMP : [interprétation] Non, Monsieur le Président. Nous essayons de
28 faire tout ce que nous pouvons faire pour déterminer où se trouve ce
Page 9150
1 témoin. Mais comme je l'ai déjà dit, nous ne demanderons pas de délai
2 supplémentaire pour entendre ce témoin s'il n'est pas disponible avant la
3 dernière semaine du mois d'octobre.
4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] A ce moment, alors, nous -- oui,
5 Monsieur Djurdjic.
6 M. DJURDJIC : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai une requête à
7 vous présenter, ainsi qu'une proposition à faire. La présentation des
8 moyens de l'Accusation approche de sa fin. Nous travaillons, pour notre
9 part, très activement à la préparation de la présentation de la cause de la
10 Défense, et si cela était possible, j'aimerais vous demander - puisqu'il
11 est prévu que l'audition du témoin qui vient d'être évoquée commence la
12 semaine du 26 octobre - que nous entendions le témoin suivant la même
13 semaine, car dans l'intervalle nous aurons terminé la préparation de la
14 présentation des moyens de la Défense. Je pense que ceci serait un moyen
15 efficace et utile de travailler, et je crois que cela permettrait de
16 terminer l'audition de ces deux témoins durant la semaine pour laquelle la
17 Chambre a prévu que devrait se terminer la présentation des moyens de
18 l'Accusation.
19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Mais manifestement, la difficulté par
20 rapport à cette proposition est liée à l'état de santé du témoin suivant.
21 Dès lors que ce témoin pourra venir ici, je pense qu'il faudra faire en
22 sorte qu'il puisse être entendu de façon à ce que nous ne nous retrouvions
23 pas plus tard dans une situation dans laquelle son état de santé rendrait
24 son audition et sa présence impossibles. Je sais que ceci risque de créer
25 quelques désagréments pour vous et pour vos collaborateurs qui participent
26 à la préparation de la présentation de vos moyens à Belgrade, mais je crois
27 qu'il est plus important de s'assurer que l'audition de ce témoin pourra se
28 faire au moment où il est en mesure de témoigner. Si cela doit signifier
Page 9151
1 une interruption d'un jour ou plus pour vous permettre d'accomplir les
2 voyages nécessaires, je pense qu'il serait préférable de ne pas mettre en
3 danger la présentation des moyens de l'Accusation en suspendant jusqu'à la
4 semaine du 26 octobre. Bien entendu, il est possible que nous découvrions
5 que nous avons raté l'occasion d'entendre ce témoin.
6 Je suis désolé, Maître Djurdjic. Normalement, nous faisons ce que nous
7 pouvons pour satisfaire vos demandes, mais ici, le problème qui se pose
8 semble tout de même important. Donc, il va falloir que nous suspendions
9 maintenant jusqu'à lundi prochain. Il est possible qu'entre-temps nous
10 apprenions que le témoin dont nous parlons n'est pas en mesure de venir
11 témoigner, auquel cas, bien sûr, nous vous le ferons savoir -- enfin,
12 l'Accusation vous le fera savoir de façon à ce que vous n'ayez pas à
13 entreprendre ce voyage. Mais si vous êtes encore ici, vous aurez toute
14 liberté, bien sûr, de rentrer à Belgrade et de prendre les dispositions que
15 vous jugez utiles pour la quinzaine à venir. Il est important que vous
16 consacriez tout le temps nécessaire à la présentation de la cause de la
17 Défense, comme vous venez de le dire. Mais j'espère que vous vous rendez
18 compte que nous ne pouvons pas saisir l'occasion que vous nous présentez,
19 vu les raisons indiquées, si le témoin est disponible pour être entendu.
20 M. DJURDJIC : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.
21 J'espérais simplement que l'état de santé du témoin en question ne
22 cesserait de s'améliorer, et c'est dans ce sens que j'ai fait la
23 proposition que j'ai faite. Mais j'admets, tout à fait, les raisons
24 invoquées par vous.
25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien. Nous allons donc continuer
26 à travailler sur cette base, et nous espérons vous entendre, Monsieur
27 Stamp, dès lors que vous aurez de nouveaux renseignements au sujet de
28 l'état, de la capacité au témoin dont l'audition est prévue lundi à être
Page 9152
1 présent. S'il advient que le témoin ne puisse être présent qu'à une autre
2 date, il est possible que nous soyons contraints de modifier la date de son
3 audition de façon à dûment prendre en compte l'état de santé du témoin.
4 Mais les Juges de la Chambre préféreraient entendre ce témoin le plus tôt
5 possible, dès qu'il sera disponible, de façon à ne pas rater complètement
6 la possibilité de l'entendre.
7 En dehors de cela, ce sera bien, donc, le dernier témoin de
8 l'Accusation le 26 octobre.
9 M. STAMP : [interprétation] Effectivement.
10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie.
11 Nous suspendons et nous reprendrons nos débats lundi prochain, à l'heure
12 prévue et dans la salle d'audience prévue.
13 --- L'audience est levée à 16 heures 07 et reprendra le lundi 5 octobre
14 2009, à 9 heures 00.
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28