Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le vendredi 29 janvier 2010

  2   [Audience publique]

  3   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 9 heures 06.

  5   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour et bon retour, Monsieur

  6   Djordjevic.

  7   Nous allons aborder l'audition de notre témoin suivant. Je voudrais quand

  8   même dire quelque chose au sujet de la décision rendue par la Chambre

  9   concernant le témoin. Il s'agit de la décision rendue à la date du 22

 10   janvier. Il y a une partie du texte omise entre les paragraphes 13 et 14.

 11   Au paragraphe 13, nous avons identifié les paragraphes allant de 16 à 19

 12   comme étant non recevables. Ensuite, dans le paragraphe suivant, nous

 13   avons, une fois de plus, fait référence à ces paragraphes 16 à 19 à la

 14   ligne 5. Puis, nous avons identifié les paragraphes qui sont les 9, 11 et

 15   14, c'est-à-dire 9 et 11 à 14, mais nous n'avons pas rementionné les

 16   paragraphes 16 à 19, et cela aurait dû être fait.

 17   J'espère que ceci n'aura pas généré quelque confusion que ce soit ou un

 18   malentendu pour ce qui est de la référence clairement faite au paragraphe

 19   13, mais j'estime que la meilleure des façons de procéder est de le faire

 20   consigner et rectifier.

 21   Nous pouvons maintenant faire entrer le témoin.

 22   [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]

 23   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Monsieur le Président, avant que nous ne

 24   commencions.

 25   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, allez-y.

 26   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Nous n'avons pas procédé à l'expurgation

 27   de la déclaration de ce témoin de façon conforme à ce que vous venez de

 28   dire, mais pendant le week-end, nous allons nous efforcer d'en faire de

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  1   sorte pour que ce soit ainsi consigné dans le dossier de cette affaire.

  2   C'est tout ce que je voulais vous indiquer. Merci.

  3   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

  4   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

  5   Bonjour, Monsieur le Témoin.

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.

  7   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que vous pouvez nous donner à

  8   voix haute lecture de ce qui figure sur le texte qu'on vous tend.

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

 10   vérité, toute la vérité et rien que la vérité. 

 11   LE TÉMOIN : SLOBODAN PETKOVIC [Assermenté]

 12   [Le témoin répond par l'interprète]

 13   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci. Veuillez vous asseoir.

 14   Je pense que M. Djordjevic a des questions pour vous. Est-ce que vous avez

 15   bien placé vos écouteurs ?

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, oui. J'étais en train de régler mes

 17   écouteurs et j'attendais l'interprétation que j'entends dans mes écouteurs.

 18   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

 19   A vous, Maître Djordjevic.

 20   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Je demanderais à l'interprète de tenir

 21   compte du fait que je m'appelle Djordjevic, et non pas Djurdjic. Merci.

 22   Interrogatoire principal par M. Djordjevic : 

 23   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Petkovic. 

 24   R.  Bonjour, Monsieur Djordjevic.

 25   Q.  Je me propose à présent de vous poser des questions qui ont été

 26   préparées dans l'affaire de la Défense de notre client. Je veux vous

 27   demander d'abord votre nom et prénom.

 28   R.  Je m'appelle Slobodan Petkovic.

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  1   Q.  Merci. Veuillez m'indiquer quand est-ce que vous êtes né et où est-ce

  2   que vous êtes né.

  3   R.  Je suis né le 3 décembre 1947 à Hum, municipalité de Nis, République de

  4   Serbie.

  5   Q.  Merci, Monsieur Petkovic. Je voudrais à présent vous demander ce qui

  6   suit : est-ce que, de par le passé, vous auriez fait des déclarations à

  7   Belgrade auprès d'un enquêteur qui était censé recueillir ce type de

  8   déclarations de votre part, vous en souvenez-vous ?

  9   R.  Oui, je m'en souviens. J'ai fait une déclaration, en effet, à

 10   l'occasion du procès de M. Milutinovic et autres, et ça s'est fait à

 11   Belgrade.

 12   Q.  Est-ce que c'est daté du 23 août 2007 ?

 13   R.  Oui, je pense que c'est cette date-là.

 14   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Je vais demander à Mme l'Huissière de

 15   faire en sorte, conformément à la pratique qui est la nôtre, de remettre à

 16   M. Petkovic une copie papier des éléments de preuve que nous allons lui

 17   montrer. A cet effet, je voudrais que l'on remette au témoin le classeur en

 18   question afin qu'il puisse se pencher sur le texte de sa déclaration et

 19   nous dire si c'est bien sa déclaration telle qu'il a déjà eu l'occasion de

 20   la voir auparavant.

 21   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que vous avez fourni un

 22   classeur de ce type ?

 23   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Oui.

 24   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

 25   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 26   Q.  Monsieur, je vous demande de vous pencher sur le numéro 1 dans les

 27   pièces qui sont dans ce classeur. C'est daté du 23 août 2007, et dans votre

 28   déclaration, il est dit que c'est M. Ratko Djukanovic, enquêteur, qui a

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  1   recueilli cette déclaration. Est-ce que c'est bien cette déclaration ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Monsieur Petkovic, dites-moi, je vous prie : est-ce que dans cette

  4   déclaration vous aimeriez ajouter ou modifier quoi que ce soit ou est-ce

  5   que vous la maintiendriez aujourd'hui en répétant ce que vous avez dit mot

  6   pour mot à l'époque ?

  7   R.  Je vois que la déclaration a été expurgée dans certaines parties, on a

  8   nettoyé le texte, mais je ne changerais rien.

  9   Q.  Pour éviter toute confusion, la décision de la Chambre a décidé que

 10   certaines parties n'étaient pas recevables, parce que cela faisait figure

 11   d'opinion d'expert ou parce que cela faisait figure de  parties de

 12   déclaration peut pertinentes puisque cela ne se rapportait pas au

 13   territoire du Kosovo-Metohija ou de ses environs. Alors, c'est bien ce que

 14   vous avez dit à ces enquêteurs en 2007 et c'est quelque chose dont vous

 15   êtes au courant depuis l'époque ?

 16   R.  Oui, à ce que je viens de dire tout à l'heure près.

 17   Q.  Merci. Vous nous avez dit que vous avez fait cette déclaration pour

 18   l'affaire Milutinovic et autres. Vous allez voir à la fin de ce texte, vers

 19   le bout de cette déclaration, il y a une transcription de ce que vous avez

 20   dit lors de votre témoignage dans l'affaire Milutinovic. Est-ce que vous

 21   avez réécouté et relu vos propos avant que de venir ici ?

 22   R.  Après avoir été informé du fait que j'étais censé témoigner dans cette

 23   affaire-ci aussi, j'ai réexaminé et réécouté le compte rendu en question;

 24   et c'est, pour l'essentiel, fidèle à ce que j'ai dit. Je n'ajouterais pas

 25   grand-chose et je ne retrancherai pas grand-chose non plus.

 26   Q.  Ce que se trouve sous vos yeux dans le classeur, est-ce que vous pouvez

 27   nous confirmer que c'est bien ce que vous avez déclaré lors de votre

 28   audition lorsque vous avez été entendu dans l'affaire Milutinovic ?

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  1   R.  Si ceci est conforme et fidèle à ce que j'ai eu l'occasion d'entendre,

  2   j'estime que cela est tout à fait conforme.

  3   Q.  Merci.

  4   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Messieurs les Juges, cette déclaration de

  5   témoin porte une cote qui est le D011-1661, alors que le compte rendu, lui,

  6   est le D010-2503. Je proposerais que cette déclaration du témoin, que nous

  7   allons expurger à titre complémentaire pendant le week-end et nous la

  8   ferons afficher au prétoire électronique d'abord et nous en ferons de même

  9   pour ce qui est du compte rendu. Nous demanderions à ce que ces deux pièces

 10   soient versées au dossier.

 11   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il me semble que la meilleure des

 12   façons de procéder, Maître Djordjevic, serait, pour le moment, attribuer à

 13   cette déclaration un numéro à des fins d'identification jusqu'à ce que vous

 14   ne complétiez le texte, et ensuite, cela deviendra une pièce à conviction,

 15   ce qui fait qu'il n'y aura aucune espèce de confusion au sujet de ce qui

 16   est recevable ou pas. Pour ce qui est de la transcription du témoignage

 17   dans l'affaire Milutinovic, ce sera immédiatement versé au dossier.

 18   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Messieurs les Juges, la déclaration

 19   deviendra la pièce à conviction D00512, marquée à des fins

 20   d'identification, alors que la transcription deviendra la pièce à

 21   conviction D00513.

 22   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 23   Je me propose à présent de présenter un bref aperçu de ce que ce nouveau

 24   témoin va nous dire aujourd'hui dans son témoignage. Lorsqu'il y a eu un

 25   début d'attaque de l'OTAN contre la République fédérale de Yougoslavie, le

 26   témoin était chef du département de la Défense antiaérienne de l'armée de

 27   terre de l'armée de Yougoslavie. Pendant les bombardements, il se trouvait

 28   au QG du commandement Suprême et il était chef de la défense ABHO. Le

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  1   témoin va nous confirmer que début 1999, à l'occasion des préparatifs et

  2   des projets de planning visant à se défendre contre l'OTAN, l'armée de

  3   Yougoslavie a entrepris des mesures pour ce qui est de former les unités en

  4   matière d'ABHO et de les approvisionner en matériel de lutte antichimique

  5   et autres en leur fournissant des masques, compte tenu notamment du fait

  6   que l'on a utilisé des bombes à uranium appauvri non loin de l'aéroport de

  7   Petrovac, près de la Macédoine. Le témoin va dire que dès le début de

  8   l'agression de l'OTAN, les forces de l'OTAN se sont servies de munitions à

  9   uranium appauvri. Il témoignera aussi du fait que les dirigeants de l'OTAN

 10   ont dénié l'utilisation de ces munitions avec de l'uranium appauvri sur le

 11   territoire de la République fédérale de Yougoslavie. Suite à l'agression en

 12   février 2000, l'OTAN a officiellement confirmé qu'il s'est servi de

 13   munitions avec de l'uranium appauvri dans son agression contre la

 14   République fédérale de Yougoslavie. Suite à une demande de l'UNEP [phon],

 15   l'OTAN a présenté un rapport pour ce qui est des sites qui ont été

 16   bombardés en République fédérale de Yougoslavie à l'intention des experts

 17   du Groupe de travail pour ce qui est de cet uranium appauvri, à Genève, le

 18   21 septembre 2000. Le témoin va confirmer que l'utilisation de ce type de

 19   munitions contre ces effectifs et les civils s'était avérée fatale

 20   puisqu'il y a eu contamination. Le témoin dira que l'utilisation de ces

 21   munitions avec de l'uranium appauvri sur le territoire de la République

 22   fédérale de Yougoslavie a constitué une violation des principes

 23   fondamentaux du droit humanitaire international --

 24   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Djordjevic, excusez-moi un

 25   instant.

 26   Oui, Madame Petersen, vous vouliez dire quelque chose.

 27   Mme PETERSEN : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président, mais

 28   s'il s'agit d'un résumé exact, s'il s'agit du même témoignage qui a fait

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  1   l'objet de vos décisions pour ce qui est de cet article 92 ter, cela

  2   devrait également être indiqué. Cela donne matière à préoccupation.

  3   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui. Il y a une préoccupation qui est

  4   exprimée, Maître Djordjevic, qui dit que ce que vous avez indiqué au résumé

  5   ne se trouve pas à être consistant avec la décision rendue au sujet de la

  6   recevabilité des documents.

  7   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Messieurs les Juges de la Chambre, je vais

  8   partager votre préoccupation aussi, mais soyez assurés que la Défense, dans

  9   son interrogatoire principal, n'ira pas au-delà des limites imposées par la

 10   décision des Juges de la Chambre. Ce que nous allons demander aux Juges de

 11   la Chambre se situera dans le cadre des connaissances qui seront

 12   personnellement les siennes en sa qualité de personne directement chargée

 13   de protéger les effectifs militaires et, bien entendu, la population et le

 14   reste de la faune. Alors, nous n'allons pas lui demander des opinions

 15   d'expert parce que ce n'est pas un expert, mais nous allons l'interroger au

 16   sujet des connaissances qui sont les siennes dans le cadre des mesures de

 17   protection et des préparatifs relatifs aux mesures de protection

 18   biologiques, chimiques et radioactives, et cela a fait l'objet de ses

 19   activités jusqu'à sa retraite. Si vous redoutez ce type de dépassement de

 20   limites, je peux lui poser des questions au sujet des -- je vous assure que

 21   les questions relatives aux aspects médicaux et les conséquences médicales

 22   sur la population, je ne vais pas poser ce type de questions. Si vous

 23   estimez que j'ai abusé de votre temps ou que j'ai dépassé les limites

 24   imparties par la décision, je vais immédiatement stopper mon interrogatoire

 25   et me conformer aux observations et directives de votre part.

 26   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Deux observations au sujet de ce que

 27   vous venez de dire, Maître Djordjevic. Il me semble que votre résumé

 28   dépasse peut-être les cadres impartis par notre décision, et à cet effet,

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  1   vous auriez l'intention de nous faire entendre par témoignage verbal des

  2   éléments de thèmes qui ont été exclus du résumé, et clairement, cela va

  3   faire l'objet de controverses et d'une nouvelle décision ici. Donc cela ne

  4   devrait pas, en ce moment-ci, faire partie du résumé.

  5   J'ai dit qu'il y avait deux éléments, mais je crois que j'ai couvert le

  6   tout ensemble. Nous allons très attentivement nous pencher sur ce que vous

  7   allez faire pour voir si vous auriez habilement trouvé des modalités de

  8   contourner notre décision. Mais vous allez comprendre que pour le moment,

  9   il n'y aura aucune directive de notre part qui sortirait des cadres de

 10   notre décision, mais dans la présentation des éléments de preuve, s'il

 11   s'avère que des difficultés sont en train de surgir, nous allons délibérer

 12   ultérieurement et rendre une décision.

 13   Veuillez continuer.

 14   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 15   Je vais donc terminer avec le résumé pour dire que le témoin va dire qu'il

 16   y a eu aussi utilisation de bombes à fragmentation, alors que celles-ci ont

 17   été interdites et que cela constitue des violations de droit aux termes des

 18   conventions internationales, si interprétées comme il se doit.

 19   Alors le témoin va également témoigner du fait que les forces de

 20   l'OTAN ont bombardé des parties du territoire de la République fédérale

 21   ainsi que le Kosovo-Metohija pour y détruire des installations

 22   industrielles. Je vais omettre le numéro 1 000 du résumé, puisque ceci

 23   concerne le territoire entier de la République fédérale de Yougoslavie, et

 24   la Chambre a insisté pour que nous nous limitions aux remarques relatives

 25   au territoire du Kosovo-Metohija.

 26   Mais dans 60 % des cas, les cibles étaient des cibles civiles, il y a

 27   eu utilisation de munitions à uranium appauvri et de bombes à

 28   fragmentation, alors que les utilisateurs étaient parfaitement conscients

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  1   de leurs effets pour ce qui est du personnel et des effectifs sur terre.

  2   Ce serait brièvement le résumé, et si les Juges estiment que j'ai

  3   dépassé les cadres de la décision de rendue par les Juges de la Chambre à

  4   la date du 22 janvier de cette année pour ce qui est des éléments de

  5   témoignage ou de déclarations fournies par ce témoin, je vais m'y

  6   conformer.

  7   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bien. Je vous remercie. Je vois que

  8   Madame Petersen est de nouveau debout.

  9   Mme PETERSEN : [interprétation] Monsieur le Président, je suis navrée, je

 10   n'ai pas l'intention d'interrompre à tout bout de champ. Mais pour éviter

 11   d'avoir à tirer ultérieurement au clair certains éléments, je préciserais

 12   que M. Djordjevic vient de dire que ce témoin va témoigner du fait que ce

 13   que l'OTAN a fait a constitué une violation des conventions. Or, là, il

 14   s'agit d'une opinion légale. C'est plus du domaine du témoignage d'un

 15   témoin expert, et cela génère de la préoccupation du côté de l'Accusation.

 16   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] En ce moment, votre préoccupation est

 17   celle de considérer que ce témoin, d'après ce que M. Djordjevic a dit qu'il

 18   témoignerait, ne devrait pas aller au-delà du fait de dire qu'il sait

 19   quelque chose au sujet des armes utilisées sans pour autant aller jusqu'au

 20   point où il affirmerait que du fait de l'utilisation de ce type de

 21   munitions et d'armes, il y aurait eu violation de convention

 22   internationale. Est-ce que c'est bien le sujet de votre préoccupation ?

 23   Mme PETERSEN : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 24   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous avez compris ceci, Maître

 25   Djordjevic ?

 26   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Bien entendu, Monsieur le Président. Je

 27   précise que 90 % des gens qui ont témoigné en tant que militaires devant ce

 28   Tribunal ont témoigné sans avoir été des experts pour affirmer qu'ils

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  1   savaient ce que c'étaient que les violations du droit humanitaire

  2   international et que c'étaient des choses qui étaient enseignées aux

  3   académies militaires qu'ils ont fréquentées. Ici, nous avons un général de

  4   l'armée de Yougoslavie, et en tout état de cause, les Juges de la Chambre

  5   pourront soupeser la validité de ses réponses et décideront partant des

  6   faits qui seront exposés par le témoin aujourd'hui.

  7   Q.  Monsieur Petkovic, dites-moi donc : qu'êtes-vous de par votre

  8   profession ?

  9   R.  Je suis retraité, mais je suis général à la retraite de l'armée de

 10   Yougoslavie.

 11   Q.  Quand est-ce que vous vous êtes mis à la retraite ?

 12   R.  Le 31 mars 2000, j'ai fini mes fonctions, et à partir de 2002, je suis

 13   retraité.

 14   Q.  Monsieur Petkovic, comment avez-vous effectué votre cursus en matière

 15   d'éducation ? Quand est-ce que vous êtes entré dans les rangs de l'armée de

 16   Yougoslavie ? Pour que je n'aie pas trop de questions accessoires à vous

 17   poser, j'aimerais que vous exposiez le tout aux Juges de la Chambre.

 18   R.  Certes. Après le lycée, je me suis inscrit à l'académie militaire de

 19   l'armée de terre à Belgrade. Les deux premières années de mes études ont

 20   été des études à caractère militaire général, et ça s'est passé à Belgrade.

 21   En troisième et quatrième années, je suis allé faire des études à Krusevac.

 22   C'était, à l'époque, un centre scolaire de la défense atomique, biologique

 23   et chimique de l'armée de Yougoslavie. En sus des autres activités qui

 24   étaient les siennes, il était là pour former les futurs officiers et sous-

 25   officiers en matière de spécialisation de lutte contre les armes atomiques,

 26   chimiques et biologiques. Alors, pour qu'il n'y ait pas de dilemme quant à

 27   savoir ce que je suis en train de raconter ici, mes matières étaient la

 28   chimie, la physique, la biologie et des notions de médecine. Nous avons

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  1   passé des examens en matière de physique I, II et III, puis chimie IV et V

  2   et l'enseignement militaire qui est lié aux armes chimiques,

  3   décontamination, dosimétrie et autres sujets ou matières. Cela indique que

  4   je suis suffisamment compétent pour ce qui est de répondre aux questions

  5   qui font l'objet des débats d'aujourd'hui et de m'y débrouiller. Pour ce

  6   qui est des questions à poser par les Juges de la Chambre, il appartiendra

  7   aux Juges de la Chambre d'accepter ou de rejeter les éléments de témoignage

  8   apportés par mes soins.  

  9   Après la fin de mes études élémentaires, j'ai fait l'académie technique

 10   militaire à Zagreb, dans la spécialisation de la chimie, et je fais une

 11   spécialisation dans l'école de l'état-major et à l'école de la Défense

 12   nationale de l'armée de Yougoslavie. Voilà, ce serait tout.

 13   Q.  Alors, vous nous avez parlé de votre parcours scolaire universitaire

 14   avec moult détails, mais j'aimerais maintenant vous poser une question à

 15   propos de votre activité de soldat de métier. Est-ce que toute votre

 16   carrière a été consacrée à la JNA ? Est-ce que vous avez été officier de la

 17   JNA pendant toute votre carrière ou est-ce que vous avez eu d'autres

 18   activités ? Est-ce que vous pourriez nous dire si vous n'avez travaillé que

 19   pour la JNA ou si vous avez travaillé pour d'autres ?

 20   R.  Après avoir obtenu mon diplôme de l'académie militaire, j'ai eu

 21   plusieurs fonctions, des fonctions de base. J'ai été commandant de section,

 22   puis commandant d'une compagnie, puis j'ai été chef et j'ai commandé un

 23   régiment. J'ai été chef du personnel chargé de la défense nucléaire,

 24   biologique et chimique. Puis après avoir obtenu mon diplôme de l'école de

 25   l'état-major, j'ai commandé la 1ère Armée en tant que chef du service de la

 26   défense nucléaire, biologique et chimique. Après cela, j'ai été transféré

 27   et nommé chef de la défense nucléaire, biologique et chimique de l'état-

 28   major général de la VJ. Puis, j'ai été transféré au ministère de la Défense

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  1   fédérale, et là, j'ai été ministre assistant chargé de la défense civile,

  2   et cela porte également sur la protection et les secours à apporter aux

  3   civils. A ce titre, j'ai eu beaucoup de liens avec la VJ, le ministère de

  4   la Défense et les civils. Donc nous travaillions sur la décontamination de

  5   zones qui avaient été contaminées par cet uranium appauvri dans le

  6   territoire sud de la Serbie.

  7   Puis après, à la fin de ma carrière professionnelle, je travaille dans le

  8   domaine des munitions en uranium appauvri. Je dois dire que je suis l'une

  9   des personnes qui ont toujours préconisé que l'on nettoie le territoire du

 10   Kosovo-Metohija où il y a de l'uranium appauvri, parce que cela représente

 11   un énorme danger pour les personnes qui y travaillent et qui y résident.

 12   Q.  Merci. Monsieur Petkovic, lors de votre carrière militaire, avez-vous

 13   fait autre chose hormis la défense armes nucléaires,  biologiques et

 14   chimiques ?

 15   R.  Non, vous pouvez vous-même le constater d'après mes propos. J'ai

 16   essentiellement exercé mes fonctions dans le domaine de la défense armes

 17   nucléaires, biologiques et chimiques. En fait, ma carrière au sein du

 18   ministère a également porté sur ce domaine. C'est la raison pour laquelle

 19   je suis allé au ministère de la Défense pour être un officier de liaison

 20   entre le ministère et la population civile, notamment au vu de ce qui se

 21   passait pendant la guerre et après la guerre d'ailleurs, et du fait des

 22   conséquences de ces bombardements et des munitions qui ont été utilisées.

 23   Q.  Quelle était votre fonction lorsque l'OTAN a lancé cette agression

 24   contre la Yougoslavie ?

 25   R.  Avant que cela ne commence, j'avais été nommé chef de l'administration

 26   chargée d'assurer la défense contre les armes nucléaires, biologiques et

 27   chimiques, et ce, à l'état-major de la VJ, et c'est le poste que j'avais

 28   lorsque l'OTAN a commencé sa campagne contre la Yougoslavie.

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  1   Q.  Pendant la guerre jusqu'au mois de juin, est-ce que vous avez conservé

  2   ce poste ?

  3   R.  Au début des bombardements, je me trouvais au QG de l'état-major du

  4   commandement Suprême et j'étais chef de l'administration chargée de la

  5   défense contre les armes nucléaires, biologiques et chimiques pour les

  6   forces terrestres. Donc à ce titre, j'étais informé de toute l'évolution de

  7   la situation et de toutes les questions.

  8   Q.  Merci.

  9   M. DJURDJIC : [interprétation] J'aimerais demander l'affichage de la pièce

 10   D006-3372. J'aimerais demander l'affichage de la version B/C/S et la

 11   version anglaise également.

 12   Q.  Général, dans votre classeur, c'est un document que vous trouverez à

 13   l'intercalaire 2. Est-ce que vous pouvez voir la date ? Vous voyez qu'il

 14   s'agit d'un document de l'année 1999, mais un document qui précède

 15   l'attaque ?

 16   R.  Oui, puisqu'il est écrit 5 mars.

 17   Q.  Donc deux semaines avant le 24 mars 1999. Est-ce que vous savez quoi

 18   que ce soit à propos de ce document, Général ?

 19   R.  Oui, je le connais ce document. Je l'ai d'ailleurs rédigé, et mon

 20   officier supérieur, qui était le chef adjoint de l'état-major pour les

 21   forces terrestres, le général Panic, l'a signé.

 22   Q.  De quoi s'agit-il dans ce document ?

 23   R.  Nous avons obtenu des renseignements secrets suivant lesquels l'OTAN

 24   disposait de munitions à uranium appauvri  dans son arsenal, c'étaient des

 25   munitions qui avaient utilisées en Irak. Dans ce document, nous indiquions

 26   que les services de Renseignement de l'état-major devraient obtenir des

 27   renseignements afin de savoir si les forces de l'OTAN qui avaient été

 28   déployées en Macédoine à ce moment-là étaient prêtes à attaquer et qu'elles

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  1   se préparaient pour une attaque imminente, et le but était de savoir si

  2   elles possédaient des munitions à uranium appauvri. Le tableau montre les

  3   différents types de munitions qui contenaient de l'uranium appauvri.

  4   Q.  Alors est-ce que vous pourriez faire un agrandissement de ces tableaux

  5   dans les deux versions, je vous prie --

  6   R.  Voilà ce tableau vous donne les calibres, les types d'armes, la

  7   quantité d'uranium appauvri. Par exemple, vous voyez ici qu'une

  8   mitrailleuse Bradley, qui a un canon de 25 millimètres, contient 85 grammes

  9   d'uranium appauvri et que les mitrailleuses qui sont à bord des avions A-10

 10   contiennent 300 grammes d'uranium appauvri quant à elles. Les mitrailleuses

 11   de calibre de 105 millimètres montées sur des chars contiennent des

 12   munitions à uranium appauvri, et vous avez les masses respectives. Cela est

 13   également valable pour les mitrailleuses, les chars et les Abrams. Voilà ce

 14   qui avait été utilisé en Irak par les forces américaines. Donc nous

 15   voulions d'obtenir une confirmation afin de savoir si les troupes qui se

 16   préparaient au combat, dans le cas d'une invasion par les forces

 17   terrestres, allaient utiliser ce type de munitions et nous voulions le

 18   savoir pour pouvoir préparer notre défense antiaérienne, pour pouvoir

 19   préparer les militaires non seulement en Serbie, mais également au Kosovo-

 20   Metohija, parce que le but de cette opération était le Kosovo-Metohija.

 21   Q.  Toujours à propos de ce document, est-ce que vous pourriez nous

 22   indiquer ce qui est expliqué dans l'avant-dernier paragraphe ? Car à

 23   l'avant-dernier paragraphe, il est fait référence aux forces déployées sur

 24   le territoire de Macédoine, et cetera, et cetera. Est-ce que vous disposiez

 25   de renseignement secret en tant qu'officier supérieur engagé pour la

 26   défense nucléaire, biologique et chimique ? Alors ces forces, qui étaient

 27   déployées sur le territoire de Macédoine, qu'est-ce que cela signifiait ?

 28   R.  En tant que membre de l'état-major de la VJ, je disposais de

Page 10480

  1   renseignements suivant lesquels les troupes qui pourraient peut-être lancer

  2   une attaque terrestre contre la Macédoine étaient concentrées en Macédoine

  3   et qu'en fait, il était prévu qu'elles arrivent au Kosovo-Metohija à partir

  4   de la Macédoine. C'est pour cela qu'il y avait des chars qui étaient mieux

  5   adaptés à ce terrain et qui se trouvent sur ce tableau.

  6   Q.  Donc d'où la référence ici ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  A la page 2, D006-3373, vous voyez que c'est la cote que nous avons

  9   pour la version B/C/S et la version anglaise.

 10   J'aimerais que vous étudiiez la première page, Général. J'aimerais savoir

 11   si vous connaissez ce document : est-ce que vous connaissez son en-tête, et

 12   cetera ? Mais avant que vous ne répondiez à ma question --

 13   M. DJORDJEVIC : [interprétation] J'aimerais que Mme l'Huissière affiche la

 14   deuxième page de ce document : est-ce qu'on peut la garder un moment à

 15   l'écran, puis la page 3 du document, et en dernier lieu, la quatrième page

 16   où figure la signature. Merci. Est-ce que nous pouvons passer à la page 3,

 17   et en dernier lieu, la page 4, la page où figurent la signature ainsi que

 18   le cachet. Oui, il y a une page supplémentaire pour la version anglaise.

 19   Merci.

 20   Q.  Monsieur Petkovic, est-ce que vous connaissez ce document et est-ce que

 21   vous reconnaissez la signature de la personne qui a signé ?

 22   R.  Oui, il s'agit d'un document qui porte la date du 12 février 1997, et

 23   donc c'est un document confidentiel, 77-1. C'est moi qui l'ai signé. C'est

 24   moi qui l'ai rédigé. Il y a un certain nombre de documents dont l'objectif

 25   était de familiariser l'unité subordonnée avec le type de munitions qui

 26   serait utilisée en cas d'agression, parce que dans le cadre de notre

 27   entraînement, je dois dire que nous n'avions pas beaucoup de formation à ce

 28   sujet parce que cela ne faisait pas partie du cursus, mais étant donné que

Page 10481

  1   nous nous attendions à ce que soient utilisées à l'avenir des munitions à

  2   uranium appauvri, nous avions estimé qu'il fallait que nous informions nos

  3   unités subordonnées des types de munition et des conséquences de ce type de

  4   munition, si elles venaient à être utilisées. Nous avons préparé donc des

  5   instructions, et ça, c'est un extrait de ces instructions qui indique ce

  6   qu'il faut faire au cas où ces munitions venaient véritablement à être

  7   utilisées.

  8   Q.  Général, vous avez parlé et écrit à propos des caractéristiques des ces

  9   munitions ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Vous avez également écrit à propos du danger que ces munitions

 12   représentaient, et je pense à la doctrine militaire. Je pense à vos

 13   responsabilités au sein de l'état-major général.

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Etant donné que vous avez étudié les caractéristiques de ces munitions

 16   qui figurent sur ce tableau --

 17   R.  Oui.

 18   Q.  -- j'aimerais savoir quelles étaient les sources de vos renseignements,

 19   des renseignements que vous avez d'ailleurs relayés aux unités

 20   subordonnées, étant donné que vous avez dit que vous vous attendiez à une

 21   attaque qui ferait l'usage de ce type de munitions.

 22   R.  Il s'agissait de renseignements de base indiquant que les munitions,

 23   des munitions à uranium appauvri, avaient été utilisées sur le territoire

 24   de l'ex-RSFY.

 25   Il y avait donc le rapport d'un groupe d'experts notamment, en fait, qui

 26   était composé en fait de personnes de l'état-major, de personnes s'occupant

 27   de la défense nucléaire biologique et chimique pour l'état-major en 1997.

 28   Moi, je faisais de cette administration qui s'est justement et de ce groupe

Page 10482

  1   qui s'est rendu en 1995 sur le territoire de ce qui était à l'époque la

  2   Bosnie-Herzégovine, là où les forces de l'OTAN avaient utilisé, justement,

  3   des munitions à uranium appauvri lorsqu'elles avaient bombardé la zone de

  4   Hadzici, ainsi que d'autres lieux en Bosnie-Herzégovine. De grandes

  5   quantités de ces munitions ont été découvertes, collectées, amenées à

  6   l'Institut Vinca, où elles ont été ensuite analysées, et il avait été

  7   déterminé de façon absolument irréfutable qu'il s'agissait de munitions à

  8   uranium appauvri. Il y avait donc des recommandations à suivre en cas

  9   d'utilisation de ces munitions. Donc ça, c'était la première source, à

 10   savoir l'analyse du groupe d'experts dont je disposais et que j'ai lu et,

 11   bien entendu, étant un professionnel, j'ai étudié toute la bibliographie à

 12   ce sujet, tout ce qui existait à propos de tout ce qui avait été rédigé à

 13   propos des munitions. Il y avait des ouvrages de référence. J'ai ensuite

 14   consulté l'internet, la presse. J'ai pu y trouver, d'ailleurs, certains

 15   articles à propos des munitions à uranium appauvri qui avaient été

 16   utilisées en Irak. IL y avait, je dois dire, une pléthore d'articles à

 17   propos des munitions, de la façon dont elles avaient été utilisées. Il y

 18   avait des textes qui parlaient des pathologies qui avaient suivi

 19   l'utilisation de ces munitions à uranium appauvri, à propos des conflits au

 20   sein de certaines armées de l'Europe occidentale. Je pense notamment à

 21   l'Italie, à la France, à la Grande-Bretagne. Dans ces pays, les militaires

 22   qui avaient été en service en Irak devenaient malade, et puis il y avait un

 23   soupçon qui planait, puisque le soupçon était qu'il y avait des

 24   bombardements avec des munitions à uranium appauvri, et qui indiquaient que

 25   c'était l'une des raisons fondamentales qui expliquaient les pathologies de

 26   ces personnes. Il y a des commissions qui ont été mises sur pied afin de

 27   déterminer et d'étudier, en fait, le problème des personnes qui revenaient

 28   d'Iraq et de Bosnie-Herzégovine, et le but étant de trouver le lien qui

Page 10483

  1   existait entre leur séjour dans ces pays et la pathologie dont ils

  2   souffraient. J'étais la personne responsable au sein de l'état-major

  3   général pour étudier ce type de source, afin que nous soyons absolument

  4   prêts et que nous comprenions ce qui nous attendait.

  5   Q.  Donc il s'agissait d'actions préventives, donc à propos de ce qui

  6   allait et de ce qui risquait de se passer, d'ailleurs, ce qui a fini par se

  7   passer. Mais il y a un document qui se trouve à l'intercalaire 3 de votre

  8   classeur qui a déjà d'ailleurs été versé au dossier sous la cote D174.

  9   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Je suppose - et d'ailleurs, c'est une

 10   conséquence logique des questions que je pose - mais dans un premier temps,

 11   je souhaiterais demander le versement au dossier du document que nous avons

 12   présenté au témoin, ainsi que -- bon. Il y a un document qui a déjà été

 13   versé au dossier, donc je vais poser quelques questions au témoin à ce

 14   sujet.

 15   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ce document justement ne contient pas

 16   des éléments à propos desquels Mme Petersen avait soulevé ou s'était

 17   exprimée ? Je n'ai pas eu la possibilité de l'étudier, personnellement. Je

 18   n'ai eu le temps que de le parcourir très rapidement dans le prétoire

 19   électronique, mais il me semblait avoir identifié, justement, ce dont Mme

 20   Petersen parlait; est-ce exact ?

 21   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Monsieur le Président, ce document qui a

 22   précédé tout ce qui s'est passé, et c'est un document qui permet de

 23   comprendre les activités préventives effectuées par les officiers de

 24   l'armée de la Yougoslavie. Donc, c'est un document que l'on peut considérer

 25   pertinent ou non pertinent, en fonction de son contenu, d'ailleurs. Mais

 26   c'est la raison pour laquelle j'ai demandé au témoin de nous livrer des

 27   observations à propos de ce document. Il nous a dit quelles avaient été les

 28   sources, il nous a dit qu'il s'agissait des conclusions d'un groupe

Page 10484

  1   d'experts. Donc il ne s'agit pas de ses propres constatations, de ses

  2   propres conclusions. Vous nous avez dit que cela ne pouvait être utilisé,

  3   de ce fait; mais de ce fait, je pensais que le document avait quand même

  4   une pertinence, et je ne pense pas d'ailleurs que ce document, s'il est

  5   versé au dossier -- je ne pense pas que cela ira à l'encontre de la

  6   décision rendue par la Chambre. Alors, bien entendu, si la Chambre rend une

  7   autre décision, le document pourrait être marqué aux fins d'identification,

  8   pourrait être enregistré aux fins d'identification, et ensuite la Chambre

  9   pourra décider quel sort elle réservera au document. Mais je ne pense pas

 10   que cela posera des problèmes, parce que ce document contient -- nous

 11   présente une description factuelle des munitions en question. C'était

 12   justement la tâche du témoin, donc je ne pense pas qu'il -- enfin, c'était

 13   tout à fait logique au vu de ce qui se passait dans son pays. Il était tout

 14   à fait logique qu'il effectue cette tâche. Ces détails à propos de

 15   munitions peuvent être trouvés sur n'importe quel site de l'OTAN --

 16   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, mais le problème vient du fait

 17   que je ne sais pas très bien à quel document vous faites référence, Maître.

 18   Il y a un document qui indiquait, sur une seule et même page, quels étaient

 19   les différents types de munitions qui pourraient être utilisés. Donc,

 20   c'était un document qui datait du début de l'année 1999. Est-ce que c'est à

 21   ce document que vous faites référence, Maître, ou est-ce que vous étiez en

 22   train de faire référence au document suivant ? Car je dois vous dire que je

 23   n'ai pas très bien compris.

 24   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Ces deux documents forment un seul et même

 25   document dans le prétoire électronique, et comme je vous l'ai déjà indiqué,

 26   ils ont été enregistrés. En tout cas, c'est ce que mon assistante m'a dit.

 27   Mais les deux documents représentent une suite logique, qui permet de

 28   comprendre les activités de cet officier de la VJ avant que la guerre ne

Page 10485

  1   soit engagée sur le territoire de l'ex-RSFY et sur le territoire du Kosovo-

  2   Metohija. Donc ces documents -- ces deux documents forment un tout.

  3   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ecoutez, je ne retrouve plus ce que

  4   j'avais vu un peu plus tôt, Maître Djordjevic. Alors je pense que la

  5   meilleure méthode consisterait à l'enregistrer aux fins d'identification,

  6   ce qui nous donnera le temps de l'étudier.

  7   Mais je vois que Mme Petersen souhaite intervenir.

  8   Mme PETERSEN : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  9   Je pense que vous avez bien compris le problème que l'on retrouve dans la

 10   deuxième partie de ce document.

 11   Si vous prenez la page 4, il s'agit d'un témoignage d'expert relatif aux

 12   propriétés et à la nature chimique de l'uranium appauvri. Cela était

 13   justement l'objet de la décision au titre de l'article 92 ter, et je pense

 14   que, bon, le problème ne vient pas des sources utilisées et des précisions

 15   à apporter. Le problème vient du fait que cette personne n'avait pas été

 16   considérée comme témoin expert. Donc les procédures en matières de témoins

 17   experts n'ont pas été suivies, donc qu'il soit qualifié, certes, quelles

 18   que soient les sources qu'il utilise, peu importe. Mais le fait est que

 19   cela ne devrait pas être versé au dossier, parce que -- alors une

 20   possibilité serait de le verser au dossier pour un objectif ou dans un but

 21   très limité, à savoir, cela nous permettrait de comprendre ce qu'il a reçu,

 22   mais cela ne permettrait pas d'établir la véracité de certaines des

 23   affirmations et de la teneur de ce document.

 24   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie. Ecoutez, nous

 25   n'avons eu pas la possibilité d'étudier le document, donc je ne pense pas

 26   qu'il serait judicieux de rendre une décision à ce sujet. Nous allons donc

 27   le laisser, nous allons l'enregistrer aux fins d'identification; et au vu

 28   de ce qui a été dit, nous reviendrons sur la recevabilité dudit document.

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  1   Je suppose qu'il s'agira d'ailleurs de la recevabilité d'une partie du

  2   document plutôt que de l'intégralité du document. Pour le moment, il va

  3   être enregistré aux fins d'identification. De toute façon, il va falloir

  4   procéder à deux enregistrements séparés. Alors ça vous me dites que dans le

  5   prétoire électronique il s'agit d'un seul et même document, mais ce sont

  6   quand mêmes des documents très différents de par leurs caractéristiques.

  7   Donc je pense qu'il faut les prendre en considération de façon séparée et

  8   je pense que de ce fait il va falloir leur octroyer deux cotes séparées.

  9   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Monsieur le Président, le premier

 10   document, D006-3372, deviendra le document D00514 enregistré aux fins

 11   d'identification; et le deuxième document dont la cote est D006-3373, qui

 12   deviendra le document D00515, enregistré aux fins d'identification.

 13   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie.

 14   Maître Djordjevic, je vous en prie.

 15   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Avant que je ne reprenne le fil de mon

 16   interrogatoire, je dois en fait vous expliquer mon dilemme, mon dilemme

 17   quant à la procédure qui a été suivie. J'avais cru comprendre que la

 18   Chambre avait rendu une décision qui disposait que le témoin ne devrait pas

 19   être entendu ici en tant que témoin expert parce qu'il n'est pas expert, il

 20   est témoin. En tant que témoin, je pensais qu'il nous parlerait de ce qu'il

 21   sait, il ne faut pas oublier qu'il était responsable de la protection des

 22   militaires et des civils. Donc j'aimerais maintenant vous poser une

 23   question : Je sais pertinemment qu'il ne peut pas s'exprimer en tant que

 24   témoin expert, je sais qu'il ne peut pas le faire, mais il ne peut même pas

 25   parler de ce qu'il a fait. Dans son rapport, le témoin ne fait pas

 26   référence à ce qu'il sait, mais il fait référence aux constatations de

 27   l'Institut Vinca. Alors nous allons lui demander quel est l'Institut Vinca,

 28   je pense que la Chambre le sait, mais il ne s'exprime pas en tant

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  1   qu'expert. Il nous relate ce qu'il a appris en tant que responsable de

  2   l'Etat, représentant officiel de l'Etat ou militaire supérieur de l'Etat

  3   qui a compilé les avis et opinions nécessaires pour obtenir des

  4   informations. Alors si vous estimez qu'il ne faut pas que nous entendions

  5   cela, j'obtempérerai, bien entendu, mais je ne voudrais plus me trouver

  6   dans ce dilemme.

  7   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] La Chambre a choisi une voie pour

  8   essayer de donner la possibilité à la Défense de présenter dans la mesure

  9   du possible ce qu'elle considère comme pertinent. Mais maintenant ce dont

 10   il s'agit, ce que nous sommes en train d'étudier, le cœur des questions que

 11   vous posez est très, très, très éloigné des questions qui relèvent de la

 12   compétence du témoin. Il n'a pas été question d'uranium appauvri ou d'armes

 13   nucléaires ou de munitions nucléaires. La Défense semble estimer et elle

 14   présente cela comme élément pertinent, elle semble estimer, disais-je, que

 15   le comportement de l'OTAN a une pertinence par rapport -- à considérer

 16   comme quelque chose de pertinent par rapport aux actions de l'accusé.

 17   Mais nous, nous essayons de vous donner la possibilité de ratisser aussi

 18   large que possible. Alors ça c'est une observation liminaire, parce qu'en

 19   fait, pour ce qui est de l'ensemble de ce sujet, cela n'a pas beaucoup de

 20   pertinence.

 21   Le témoin, bien entendu - et je fais référence à sa connaissance du sujet à

 22   son expérience, à ses activités qui ont une pertinence en l'espèce - aura

 23   la possibilité de présenter ses éléments de preuve. Alors le fait est que,

 24   lorsqu'il s'est acquitté de ses activités, il a pu obtenir certains

 25   éléments, des renseignements à propos de ce qu'un organe d'experts a fait

 26   ou a constaté, mais premièrement, cela ne signifie pas que cet homme se

 27   transforme en expert à ce sujet; deuxièmement, cela ne signifie pas que des

 28   éléments de preuve qui sont absolument indirects pourront être considérés

Page 10488

  1   comme recevables et pertinents par rapport à ce sujet. Alors ce que le

  2   témoin peut faire c'est qu'il peut nous relater ce qu'il a fait. En matière

  3   de conclusions, conclusions qui sont présentées dans le document que nous

  4   avons affiché sur nos écrans, en matière de conclusions de la part d'un

  5   institut d'experts et conclusions qui seraient conclusion numéro 1,

  6   conclusion numéro 2, conclusion numéro 3, là, il s'engage dans le domaine

  7   de l'expert en quelque sorte. C'est cela que nous ne sommes pas disposés à

  8   accepter comme élément de preuve.

  9   Alors j'espère que je vous ai suffisamment présenté d'informations, Maître

 10   Djordjevic ?

 11   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Oui, oui, tout à fait, mais j'avais cru

 12   comprendre qu'il ne devrait pas être la personne qui viendrait témoigner,

 13   mais s'il a reçu des informations de la part d'un institut, il s'agit de

 14   faits que nous pouvons accepter ou ne pas accepter. Toutefois, je vais

 15   essayer d'expliquer à la Chambre par le truchement de mon interrogatoire

 16   principal pourquoi est-ce que cela aura une pertinence en l'espèce, et je

 17   pense à l'acte d'accusation qui a été dressé contre l'accusé. Donc

 18   permettez-moi de poursuivre.

 19   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous en prie.

 20   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Nous avons ici un document dont je

 21   voudrais que nous l'affichions, D006-3384. C'est le document qui porte le

 22   numéro 6. Alors est-ce qu'on peut passer à la dernière page, s'il vous

 23   plaît ?

 24   Q.  Pour vous, Monsieur le Témoin, cela correspond à l'intercalaire numéro

 25   4 de votre classeur. Pourriez-vous nous dire, Monsieur le Témoin, si vous

 26   connaissez déjà ce document ?

 27   M. DJORDJEVIC : [interprétation] J'aimerais, Madame l'Huissière, que vous

 28   puissiez afficher la dernière page de ce document, s'il vous plaît.

Page 10489

  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je reconnais ce document. Il a été

  2   élaboré au sein de mon commandement et c'est moi qui l'ai signé.

  3   M. DJORDJEVIC : [interprétation]

  4   Q.  Que représente ce document ? Quel est son but ?

  5   R.  Il a été rédigé le 4 mai 1999, puisqu'on s'attendait à cette

  6   éventualité qu'il y ait des opérations terrestres. Nous avons reçu des

  7   informations et nous avons estimé qu'il était nécessaire de se préparer en

  8   tenant compte de différents types de munitions et différents calibres de

  9   munitions contenant de l'uranium appauvri, si bien que nous avons estimé

 10   nécessaire d'élaborer un plan de préparation pour être prêt, et faire face

 11   à des munitions à l'uranium appauvri. Cela faisait partie des mesures du

 12   service de Défense contre les armes biologiques, chimiques et atomiques,

 13   donc les mesures de protection et de nettoyage pour faire face aux

 14   conséquences de l'emploi éventuel de ce type de munitions.

 15   Q.  Merci. Je n'ai pas d'autres questions concernant ce document.

 16   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Je voudrais également pouvoir en demander

 17   le versement puisqu'il aborde des faits concernant les munitions utilisées.

 18   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Madame le Procureur.

 19   Mme PETERSEN : [interprétation] Il me semble que nous avons le même

 20   problème ici, Monsieur le Président, notamment si vous vous reportez au

 21   dernier paragraphe. Je ne suis pas certaine de connaître la bonne solution

 22   à ce problème, parce que je reconnais volontiers qu'un tel document peut

 23   être versé dans une -- d'un point de vue particulier, et en partie

 24   seulement par rapport à la pertinence limitée qu'il peut avoir, puisque

 25   cela a été envoyé, émis par le témoin; cependant, les faits qui figurent au

 26   dernier paragraphe équivalent à une opinion d'expert, et en tant que tel,

 27   ne devrait pas être considéré comme représentant la vérité.

 28   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-il exact de dire, Maître

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  1   Djordjevic, que du point de vue de la Défense, nous avons la chose

  2   suivante, qu'il y a eu la question de savoir si les membres des forces de

  3   la RFY ont - ou non - été informés de l'usage éventuel d'armes de cette

  4   nature contre eux est pertinente ?

  5   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Monsieur le Président, vous venez de poser

  6   une question qui fera l'objet des questions suivantes que j'avais prévues,

  7   mais je n'ai rien contre le fait que le témoin nous réponde tout de suite

  8   sur ce point; alors je -- parce que de toute manière, cela fait partie de

  9   ce que je comptais demander.

 10   Q.  Alors, Monsieur le Témoin, avez-vous entendu --

 11   R.  Non, je ne suis pas sûr.

 12   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] C'est à vous que je pose la question,

 13   Maître -- Maître Djordjevic --

 14   M. DJORDJEVIC : [aucune interprétation]

 15   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, c'est à vous que je pose la

 16   question : quelle est la pertinence de cela par rapport à vos moyens -- la

 17   présentation de vos moyens à décharge ?

 18   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Dans ce cas-là, permettez-moi, s'il vous

 19   plaît, de passer au document suivant. Si nous pouvons accorder à celui-ci

 20   une cote provisoire et nous avons affaire à des faits que même un enfant

 21   peut retrouver en faisant des recherches élémentaire concernant, donc, les

 22   caractéristiques -- caractéristiques techniques de certaines armes. Mais,

 23   bon, si on s'obstine à considérer cela comme une opinion d'expert, soit;

 24   cependant, je voudrais pouvoir continuer, mais je le répète, j'ai pu

 25   retrouver moi-même ces mêmes informations et encore 50 000 autres pages sur

 26   internet concernant ce type de munitions. Mais j'en laisse, bien sûr, la

 27   discrétion à la Chambre pour ce qui est de décider et de statuer. Je ne

 28   souhaite pas dilapider le temps de la Chambre avec ce genre de discussions

Page 10491

  1   parce que cela relève -- il s'agit de faits bien connus de tous. Donc, ma

  2   question suivante, je crois, apportera une solution.

  3   [La Chambre de première instance se concerte]

  4   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Djordjevic, le document, qui

  5   est affiché actuellement à l'écran, va recevoir une cote provisoire, et

  6   nous allons poursuivre jusqu'au document suivant que vous souhaitiez nous

  7   présenter. Si nous sommes en mesure de prendre une décision claire en

  8   avançant ainsi, très bien, nous procéderons ainsi concernant le versement;

  9   mais si ce n'est pas le cas, nous irons jusqu'au bout de la présentation

 10   des documents afin de pouvoir examiner les documents dans leur intégralité

 11   et les requêtes qui sont les vôtres comme celles de l'Accusation.

 12   Donc, veuillez poursuivre.

 13   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Messieurs les Juges, le document

 14   recevra la cote D00516 -- cote provisoire.

 15   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Le document

 16   suivant est le D006-3401 pour la version anglaise, et pour ce qui est de la

 17   version B/C/S je voudrais qu'elle puisse être placée à l'écran aussi.

 18   Q.  Donc je vais tout de suite donner la référence pour le témoin, dans son

 19   classeur c'est l'intercalaire numéro 5. Vous avez ce document, Général, à

 20   l'écran aussi. Donc je vous prie d'examiner ce document et de me dire si

 21   vous savez de quoi il s'agit ici. Donc j'aurai une dernière série de

 22   questions sur ce sujet qui a été si controversé.

 23   R.  Oui, et voilà ce que je puis dire au sujet de ce document. Les forces

 24   de l'OTAN, pendant le déroulement de l'agression, elle-même, ont nié avoir

 25   utilisé des munitions à uranium appauvri. Cela est manifeste à partir des

 26   rapports des Unités de la VJ et la direction d'alors de la Yougoslavie

 27   s'efforçait de rendre ces informations disponibles à tous les organes

 28   officiels, de la répandre. Mais cela n'a pas été le cas. Après l'agression,

Page 10492

  1   un examen des éléments de preuve disponibles sur le terrain, et de

  2   l'évolution de la situation dans l'armée -- dans les armées qui avaient

  3   certains de leurs hommes en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo ont donc été

  4   examinés en raison des conséquences dommageables sur leur santé qu'ils ont

  5   subies, et les Nations Unies ont envoyé un Groupe de travail du programme

  6   des Nations Unies pour l'environnement appelé le Groupe pour les Balkans.

  7   C'est le 17 février 2001 que l'OTAN, par la voie de son secrétaire général,

  8   reconnaît pour la première fois l'utilisation de munitions et d'armes à

  9   uranium appauvri sur le territoire du Kosovo-Metohija. Cette opération

 10   avait été préparée par les organes militaires de l'OTAN pour un usage de

 11   munitions à uranium appauvri pendant les opérations des forces de l'OTAN.

 12   Il est dit ici :

 13   "Je confirme que de l'uranium appauvri a été utilisé pendant le conflit au

 14   Kosovo. Elles ont été utilisées et lancées à partir d'avions A-10 qui sont

 15   intervenus pour attaquer les blindés pendant l'opération Forces alliées.

 16   Cela a été utilisé sur tout le territoire du Kosovo pendant plus de 100

 17   opérations aériennes, nous en avons enregistré 98. 31 000 munitions de ce

 18   type ont été utilisées. A ma connaissance, il y en a eu plus de 50 000. Les

 19   opérations se sont concentrées sur la zone à l'ouest de Pec-Djakovica-

 20   Prizren, la zone entourant Klisa. Cependant, il n'est pas possible

 21   d'indiquer avec précision chaque zone dans laquelle de l'uranium appauvri a

 22   été utilisé, et c'est pourquoi j'ai joint une carte qui montre que nous

 23   avons disposé de données précises concernant chaque endroit où de l'uranium

 24   appauvri a été utilisé. Eux, ils disent ici que c'est impossible de le

 25   déterminer avec précision, alors je pense pour cette raison que les données

 26   dont disposait la VJ étaient plus précises :

 27   "Donc j'espère que cette information" - je continue de citer -

 28   "pourra aider la Mission pour les Balkans du programme de l'environnement

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  1   des Nations Unies dans ses travaux."

  2   Donc nous avons ici un document où nous voyons que, pour la première

  3   fois, l'OTAN reconnaît l'utilisation de l'uranium appauvri et les zones

  4   générales de son emploi, mais sans fournir tous les détails des munitions

  5   utilisées et des endroits où elles ont été utilisées. Donc dans leur

  6   communiqué, ils n'indiquent que le nombre de sorties aériennes, le nombre

  7   de munitions, ils donnent une indication générale des zones, mais en terme

  8   de lieux touchés et de quantités, cela ne correspond pas aux informations

  9   plus détaillées dont nous disposions.

 10   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Merci. Je voudrais que nous puissions

 11   donner une cote à ce document.

 12   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Le document recevra une cote

 13   provisoire.

 14   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Le document reçoit la cote provisoire

 15   D00517.

 16   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Merci.

 17   Q.  Monsieur Petkovic, lorsque dans votre déclaration vous dites que des

 18   mesures visant à contrer des attaques nucléaires, chimiques, biologiques

 19   ont été prises, alors c'est le point 5 de votre déclaration qui n'a fait

 20   l'objet d'aucun expurgation; que voulez-vous dire par là ?

 21   R.  Les mesures de sécurité de ce type contre les armes atomiques,

 22   chimiques, biologiques correspondent à une catégorie particulière dans

 23   notre service. Cela correspond à toute une série de tâches et de mesures

 24   prises par les individus, les commandants des unités et les officiers de

 25   tous les échelons dans le but de déceler l'éventuel danger qui se présente,

 26   danger nucléaire notamment, danger biologique, afin de pouvoir informer la

 27   population concernée afin de pouvoir prendre les mesures permettant de

 28   mettre à l'abri ces populations et afin de pouvoir prendre les mesures

Page 10494

  1   nécessaires pour sauvegarder la préparation au combat et protéger la

  2   population des conséquences possibles de l'utilisation d'armes chimiques,

  3   biologiques, nucléaires ou à uranium appauvri. C'est en ce sens --

  4   Q.  Oui, allez-y, continuez.

  5   R.  De ce point de vue, nous avons pris une série de mesures, je parle de

  6   cette série d'ordres dont nous avons parlé, mais il y a également d'autres

  7   ordres, ordres qui disposent des mesures d'observation, d'envoie

  8   d'informations et de rapports aussi bien à destination de la population que

  9   de l'armée concernant le danger auquel nous faisions face afin de pouvoir

 10   prévoir les mesures nécessaires et d'amoindrir les conséquences de ce

 11   danger. C'est également en ce sens que nous avons émis des instructions,

 12   nous avons fourni à tous nos effectifs sur le territoire du Kosovo-Metohija

 13   ces instructions, toutes ces questions font l'objet d'une régulation très

 14   précise.

 15   Q.  Alors suite à ces informations que vous avez fournies, y a-t-il eu des

 16   conséquences directes pour ce qui est du comportement de la population sur

 17   le terrain, parce que moi j'ai compris que cela s'adressait avant tout à

 18   l'armée ?

 19   R.  Les unités de la VJ qui se trouvaient sur un territoire donné

 20   disposaient d'un système d'observation qui leur permettait de couvrir

 21   l'ensemble du territoire, une alerte chimique, radiologique, biologique

 22   était prévue en cas de danger de ce type, et ça a été prévu pour le

 23   territoire dans son intégralité, par conséquent, aussi bien les soldats que

 24   les entités territoriales ont été informés de tout cela. Il y avait à

 25   l'époque des alertes qui étaient prévues en cas de détection d'avions A-10,

 26   de sorties aériennes. Nous détections et nous observions très précisément

 27   chacune de leurs sorties, chacun de leurs décollages. Ensuite, après leur

 28   passage, nous procédions à une reconnaissance du terrain, nous déterminons

Page 10495

  1   la situation et nous marquions les zones contaminées par de l'uranium

  2   appauvri afin que ni des unités ni la population ne viennent à séjourner

  3   dans ces zones. Pour l'essentiel, cela se trouvait près de villages où la

  4   population vivait, si bien que nous avions également l'obligation d'en

  5   informer cette population, et nous laissions ces informations dans la

  6   langue des populations locales, c'est-à-dire en serbe et en albanais. Des

  7   moyens d'information étaient disponibles à cette fin, les unités en

  8   disposaient et ils ont été utilisés dans ce but.

  9   Q.  Vous avez parlé d'informations, vous avez parlé de reconnaissance

 10   aussi. En tant que personne qui avait la charge directe de cette défense

 11   antinucléaire, antibiologique, antichimique, quels ont été les moyens

 12   utilisés par vous, afin de confirmer la présence de ces agents nocifs sur

 13   le terrain, nocifs pour la population et comment avez-vous pu déterminer

 14   cela ? Quel était votre équipement qui vous a permis ensuite de laisser ces

 15   instructions sur place en Serbe, et en Albanais ?

 16   R.  Le système de défense, dès lors de la RSFY et ensuite de la RFY, était

 17   organisé de façon à pouvoir fonctionner à l'intérieur des forces armées

 18   d'une part et d'autre part il y avait un système de protection civile, donc

 19   les Unités de Défense antinucléaire, chimique, biologique de la protection

 20   civile étaient en liaison avec leurs homologues de l'armée, si bien qu'il y

 21   avait une unité d'action. Toutes les informations qui arrivaient en

 22   provenance de l'une ou de l'autre entité civile ou militaire faisaient

 23   l'objet d'un échange mutuel. Aussi bien l'une que l'autre structure donc

 24   d'Unité de Défense antinucléaire, chimique, biologique de la VJ et les

 25   Unités de la Protection civile étaient équipées de détecteur de radiation

 26   chimique et biologique adéquat qui leur permettait de détecter de façon

 27   efficace la présence de radiation sur le terrain. De plus les Unités de la

 28   VJ étaient équipées de laboratoire fixe et mobile de radiologie aux moyens

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  1   desquels ils pouvaient procéder à une analyse qualitative et quantitative,

  2   ils pouvaient également obtenir par ce biais des données leur indiquant le

  3   type de substances qui se trouvaient sur le terrain, c'est ainsi qu'en plus

  4   des observations visuels nous avons obtenu des données, et nous avons fait

  5   l'observation que dans la zone de Prizren le 30 mars 1999, des munitions à

  6   l'uranium appauvri ont été utilisées pour la première fois.

  7  (expurgé)

  8  (expurgé)

  9  (expurgé)

 10  (expurgé)

 11  (expurgé)

 12  (expurgé)

 13  (expurgé)

 14  (expurgé)

 15  (expurgé)

 16  (expurgé)

 17  (expurgé)

 18  (expurgé)

 19  (expurgé)

 20  (expurgé)

 21  (expurgé)

 22   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Djordjevic, nous nous engageons

 23   de nouveau sur un terrain qui est le sujet même de notre décision.

 24   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Monsieur le Président, j'avais l'intention

 25   d'interrompre le témoin en fait parce que -- alors vous expurgerez ce que

 26   vous jugerez bon d'expurger.

 27   Q.  Ma question suivante justement se rapporte à cela : Qu'est-ce que

 28   l'UNEP, le programme pour l'environnement des Nations Unies, Monsieur le

Page 10497

  1   Témoin ?

  2   R.  Le programme pour l'environnement des Nations Unies est un organe

  3   officiel de l'ONU, qui traite des questions ayant trait à la protection de

  4   l'environnement. Il fonctionne dans le cadre des Nations Unies, cet organe,

  5   et a pour mission d'intervenir partout dans le monde où se présentent des

  6   menaces sur -- sur l'environnement, la population afin de pouvoir procéder

  7   des analyses appropriées et de formuler des conclusions pertinentes sur

  8   l'état de l'environnement là où cet organe intervient. Donc par rapport à

  9   ce que nous avons évoqué tout à l'heure, une mission a été mise sur pied

 10   pour les Balkans, qui a été envoyé sur le territoire du Kosovo-Metohija en

 11   2000, afin de déterminer que 2002 -- en novembre 2000, afin de déterminer

 12   donc l'ampleur des dommages et des menaces pesant sur l'environnement.

 13   Q.  Pouvez-vous nous dire si vous le savez s'il existe un rapport de cette

 14   agence des Nations Unies portant précisément sur l'uranium appauvri sur le

 15   territoire du Kosovo-Metohija ? Veuillez me dire simplement si vous savez

 16   qu'il y a un rapport disponible ou non, en répondant par oui ou non.

 17   R.  Je vais être bref, mais permettez-moi de fournir un bref commentaire

 18   aussi. Il existe ce rapport, c'est daté -- enfin, ça a été communiqué au

 19   Nations Unies au mois de février de l'année suivante. Je l'ai lu ce

 20   rapport, et j'ai mes positions à ce sujet. Si vous le permettez, je dirais

 21   que cela a été fournir pour les besoins --

 22   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Non, Monsieur. Notre intérêt relatif à

 23   cette question portait sur le fait de savoir si ce rapport a existé ou pas.

 24   Je sais que partant ce que vous avez dit auparavant ceci relève d'un

 25   domaine d'intérêt passionné pour ce qui vous concerne, mais vous devriez

 26   comprendre que nous ne sommes pas là pour vous aider à développer les

 27   matières qui vous intéressent en ce moment; nous sommes ici pour en

 28   apprendre autant que possible pour ce qui est de ce sujet afin de décider

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  1   de la culpabilité de l'accusé s'agissant de certains chefs d'accusation.

  2   Nous devons vous interrompre à certains points de votre témoignage, et nous

  3   avons donc un élément de preuve disant qu'un rapport existe bel et bien

  4   portant la date que vous nous avez indiquée. Merci.

  5   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je suis en train de

  6   regarder la montre --

  7   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, justement, moi aussi je suis en

  8   train de regarder cette montre.

  9   J'avais pensé que vous aviez encore quelques questions à poser avant

 10   la pause, mais toujours est-il que nous pouvons faire notre pause tout de

 11   suite.

 12   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Certainement, je vais reprendre après la

 13   pause.

 14   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Fort bien. Nous allons prendre notre

 15   pause et nous reprendrons à 11 heures.

 16   M. DJORDJEVIC : [aucune interprétation]

 17   --- L'audience est suspendue à 10 heures 32.

 18   --- L'audience est reprise à 11 heures 01.

 19   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Veuillez continuer, Maître Djordjevic,

 20   je vous prie.

 21   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Merci.

 22   Q.  Nous allons poursuivre avec nos questions. Il n'y en aura pas beaucoup.

 23   Je vais me conformer à la décision des Juges de la Chambre, et je vais

 24   omettre bon nombre de documents que j'avais prévus parce que j'estime que

 25   même ce qui a été fourni est quand même assez considérable. Alors, mon

 26   Général, ma question est la suivante : Est-ce que pendant cet état de

 27   guerre, est-ce que vous avez séjourné au Kosovo en 1999 ?

 28   R.  Oui, c'est vers le mois d'avril 1999 que j'ai séjourné au Kosovo dans

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  1   le cadre d'une équipe qui a inspecté les unités et le commandement de la 3e

  2   Armée.

  3   Q.  Est-ce que vous avez contacté alors avec rien que ces unités de l'armée

  4   de Yougoslavie, ou est-ce que vous avez également eu des contacts avec des

  5   policiers ou autres instances sur le territoire du Kosovo-Metohija ?

  6   R.  L'objectif de notre séjour était de rendre visite et contrôler la

  7   situation au niveau des unités de l'armée de Yougoslavie moi ma tâche était

  8   celle d'examiner la situation sur le terrain pour ce qui est de

  9   l'utilisation des munitions à l'uranium appauvri. Donc je n'ai pas eu de

 10   contacts avec la police.

 11   Q.  Est-ce que vous connaissez l'accusé, je vous prie ?

 12   R.  Je connais l'accusé.

 13   Q.  Est-ce que lors de vos visites rendues au Kosovo-Metohija pendant les

 14   opérations de combat en 1999 vous avez eu l'occasion de le rencontrer ?

 15   R.  Non, je ne l'ai pas rencontré au Kosovo-Metohija. Mais je l'avais connu

 16   comme officier dans la police. Donc je n'ai pas eu de contacts à titre

 17   officiel avec lui.

 18   Q.  Merci. Dites-moi : vous nous avez dit que, dans le cadre des mesures

 19   que vous avez entreprises pour protéger les effectifs et la population au

 20   Kosovo-Metohija, et vous avez procédé à des informations des effectifs dans

 21   les unités, mais vous avez également expliqué que, dans le système de l'ex-

 22   RSFY et de la République fédérale de Yougoslavie, il y avait quelque chose

 23   que l'on qualifiait de Défense territoriale et un autre segment qu'on

 24   appelait la protection civile, alors j'imagine qu'en votre qualité de

 25   général de l'armée de Yougoslavie, vous avez eu à connaître la doctrine

 26   relative à la défense du pays; est-ce que vous pourriez brièvement nous

 27   dire ce que c'est que la Défense territoriale et ce que c'est que la

 28   protection civile. Est-ce que c'est un pléonasme ? Est-ce que c'est les

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  1   mêmes formations et effectifs, ou est-ce qu'il s'agit de deux formations

  2   distinctes ? Soyez bref.

  3   R.  La Défense territoriale, c'est des unités créées par la population sur

  4   un territoire déterminé. La Défense territoriale, ce sont des unités qui

  5   avaient pour mission de protéger les territoires et la population sur ces

  6   territoires. La protection civile, c'est des modalités de protection de la

  7   population lorsqu'il y a des incidents chimiques, nucléaires, ou

  8   catastrophes naturelles, donc c'est des missions qui sont tout à fait

  9   particulières.

 10   Q.  Merci. Ma question suivante, c'est celle-ci : Etant donné que vous nous

 11   avez dit que lesdites mesures que vous aviez entreprises juste avant

 12   l'attaque où les frappes aériennes de l'OTAN contre la République fédérale

 13   de Yougoslavie et que vous avez également déployé pendant les opérations de

 14   l'OTAN, donc de la guerre, vous avez donc dit que ces mesures étaient

 15   destinées à certaines unités et de certaines Unités de la Protection

 16   civile; alors est-ce que vous pourriez nous dire quelque chose au sujet du

 17   fait d'avoir remarqué qu'il y aurait eu des migrations de la population

 18   civile suite à ces activités de combat ? Est-ce que vous avez là des

 19   informations immédiates ?

 20   R.  Au QG du commandant suprême et lorsque nous sommes allés au Kosovo-

 21   Metohija, nous nous sommes rendus compte du fait qu'il y avait des

 22   migrations importantes de la population pendant les activités de combat.

 23   Q.  Est-ce que vous savez nous dire de quoi cela a dépendu ?

 24   R.  Cela dépendait de la situation sur le territoire, à savoir des

 25   activités de combat. Les frappes avaient incité la population à quitter un

 26   territoire pour aller vers d'autres territoires dans le cadre du Kosovo-

 27   Metohija. Lorsque l'on a remarqué qu'il n'y avait pas de règles et que l'on

 28   ne pouvait pas savoir quelles seraient les cibles suivantes qui seraient

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  1   choisies ou quel territoire serait ciblé, la population a commencé à

  2   quitter le Kosovo-Metohija, à savoir, à se diriger vers l'Albanie et la

  3   Macédoine en leur qualité de pays voisins.

  4   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Je voudrais qu'on nous montre le D011-

  5   1623.

  6   Q.  Nous voyons ici deux cartes. Est-ce que vous pouvez me dire si vous

  7   savez ce que c'est que la première et la deuxième et quel est le territoire

  8   qu'on y voit ?

  9   R.  L'une et l'autre de ces cartes présentent la même situation, mais les

 10   sources sont différentes. La première carte a été élaborée dans la Serbie

 11   actuelle partant des renseignements collectés pour ce qui est des cotes et

 12   coordonnées des points ciblés ou qui ont été visés avec des munitions à

 13   l'uranium appauvri. Alors que la carte du bas montre le territoire et les

 14   quantités de munitions larguées sur le territoire du Kosovo-Metohija, l'on

 15   dit, là, dans les observations en notes de bas de page, que plus de 31 000

 16   de ces munitions ont été larguées --

 17   Q.  Oui. La deuxième carte.

 18   R.  Ça c'est des sources de l'OTAN. Ça se rapporte à la même chose. Il est

 19   question des points qui ont été des plus contaminés par ces munitions à

 20   l'uranium appauvri.

 21   Q.  Pour être tout à fait clair, est-ce que vous savez me dire qu'est-ce

 22   que signifient ces indications sur la première et sur la deuxième carte --

 23   ou plutôt, quels sont ces symboles afin que l'on sache de quoi il s'agit

 24   ici ?

 25   R.  Sur la première carte je peux vous confirmer qu'il s'agit d'insignes ou

 26   de symboles qui veulent dire que là où il y a ce symbole c'est radioactif,

 27   et il ne faut pas s'approcher, que c'est dangereux pour la vie de ceux qui

 28   s'approcheraient. Donc il y a radioactivité, ne vous approchez pas, et cela

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  1   est placé sur les sites sur les différentes parties du sol, du territoire

  2   et des localités qui ont été contaminées et qui sont radioactives.

  3   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Je demanderais maintenant à Mme

  4   l'Huissière de fournir un stylet au témoin pour qu'il puisse nous indiquer

  5   des emplacements sur ces cartes. Merci.

  6   Q.  Alors, je vous demande maintenant de cerner sur la première carte qui

  7   vient d'être zoomée l'un de ces symboles qui indiquent l'emplacement où il

  8   y a eu utilisation de munitions à l'uranium appauvri.

  9   R.  [Le témoin s'exécute]

 10   Q.  Bien.

 11   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Je vous demande maintenant de zoomer sur

 12   l'autre carte, s'il vous plaît. Là, vous venez d'encercler deux fois.

 13   [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

 14   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Oui. Alors j'aimerais qu'on zoome sur la

 15   partie inférieure.

 16   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, mais nous allons perdre

 17   l'annotation.

 18   M. DJORDJEVIC : [interprétation] D'accord.

 19   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Peut-être pourrait-on mettre les deux

 20   sur l'écran afin qu'il annote les deux à la fois ?

 21   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je voudrais à titre

 22   procédural expliquer quelque chose. Avant que de proposer ces documents

 23   pour versement au dossier, nous allons vous demander d'abord des notes à

 24   des fins d'identification. Il faudra que nous présentions une requête afin

 25   que ce document puisse en application du 65 ter être utilisé. Afin que l'on

 26   puisse le proposer pour versement au dossier, s'agissant des deux cartes,

 27   c'est le cas. Donc je veux bien que l'on perde l'annotation qu'il vient de

 28   faire sur cette carte. Mais j'aimerais qu'on nous montre les deux afin

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  1   qu'il puisse cerner un symbole sur l'une et puis sur l'autre, afin que l'on

  2   dispose de renseignements sur ce qui est annoté au niveau de l'une et au

  3   niveau de l'autre carte. Donc il va falloir cerner sur les deux cartes un

  4   seul site pour indiquer quels sont les endroits d'utilisation de ces

  5   munitions. Après, je vais vous expliquer pourquoi ceci est fait et quel est

  6   l'objectif poursuivi dans tout ceci.

  7   Q.  Alors cernez donc un symbole sur la carte du haut pour qu'il n'y ait

  8   pas de problème. Oui, attendez un instant, je vous prie.

  9   R.  [Le témoin s'exécute]

 10   Q.  Je vous prie de faire la même chose au niveau de la carte du bas.

 11   R.  [Le témoin s'exécute]

 12   Q.  Merci. Alors ma question suivante est celle-ci : Quand on se penche sur

 13   l'une et sur l'autre de ces deux cartes, dans quelle mesure ces

 14   renseignements sont-ils identiques, ou coïncident-t-ils, pour ce qui est

 15   des sources nationales et des sources de l'OTAN ?

 16   R.  D'après les renseignements ultérieurement, en septembre 2000, et ce que

 17   nous avons pu faire suite à l'examen des territoires et la détermination

 18   des sites précis où il y a eu des frappes sur le territoire du Kosovo-

 19   Metohija et autres parties limitrophes du Kosovo-Metohija dans la Serbie

 20   proprement dite, on constate que les chiffres coïncident. Il y a certaines

 21   divergences au niveau des coordonnées fournies par les uns et par les

 22   autres.

 23   Q.  Je vais vous interrompre. Donc est-ce qu'on peut conclure du fait qu'il

 24   y a, pour l'essentiel, coïncidence des données ?

 25   R.  Oui. Pour l'essentiel, oui.

 26   Q.  Quelles sont les parties où il y a eu le plus de frappes ? Je veux

 27   parler est, ouest, enfin de coordonnées.

 28   R.  Alors, c'est en partie sud et sud-ouest qu'il y a notamment eu des

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  1   frappes au Kosovo-Metohija.

  2   Q.  Merci. Au sujet de ce qui vient d'être dit, est-ce que vous avez des

  3   explications pour dire les raisons pour lesquelles, là j'ai vu le sud-ouest

  4   et sud de cette province serbe du Kosovo-Metohija, pourquoi est-ce qu'il y

  5   a eu notamment là des frappes ?

  6   R.  Mon opinion personnelle, c'est que ces territoires-là, pour

  7   l'essentiel, se trouvent à proximité de Prizren ou sur l'axe Prizren,

  8   Djakovica, Pec, et c'est là qu'il y a eu le plus d'utilisation de ces

  9   munitions à l'uranium appauvri, parce que, en premier lieu, et ceci découle

 10   des informations que nous avons recueillies, pour le cas où il y aurait des

 11   opérations terrestres de l'OTAN, c'était censé provenir du territoire de

 12   l'Albanie et du territoire de la République de Macédoine. Ce sont des axes

 13   qui sont utilisables par les chars notamment Djakovica, Prizren, et plus

 14   haut vers Pec. De cette façon-là, à partir desdits territoires, l'on avait

 15   voulu chasser la population civile afin qu'il ne reste que des unités à cet

 16   endroit-là pour le cas où il y aurait eu intervention terrestre aux fins

 17   d'éviter des pertes civiles au niveau de la population, et ceci permettrait

 18   d'éviter des condamnations de la part de la communauté internationale,

 19   chose à laquelle on s'attendait probablement.

 20   Q.  Est-ce que vous avez eu des informations relevant du domaine du

 21   renseignement militaire, puisque vous apparteniez à l'état-major principal

 22   de l'armée, aviez-vous donc des informations pour ce qui est de ces unités

 23   de l'OTAN en Macédoine et en Albanie ?

 24   R.  Oui, nous avions obtenu des renseignements de ce type même avant le

 25   début des frappes. Pendant les frappes, on a appris que des Unités de

 26   l'OTAN se trouvaient sur le territoire de la Macédoine, et ceci notamment

 27   pour ce qui est de la problématique qui était la mienne. Le renseignement

 28   disait qu'à l'aéroport Petrovac, non loin de Skopje, il y avait une

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  1   certaine quantité de munitions à l'uranium appauvri qui étaient stationnées

  2   là-bas.

  3   Q.  Merci.

  4   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Je voudrais que cet élément de preuve soit

  5   versé au dossier, et ceci, pour tirer au clair les éléments dont nous a

  6   parlé le témoin à l'instant.

  7   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Les deux cartes seront versées en

  8   guise d'un seul et même élément de preuve à des fins d'identification.

  9   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera la pièce D00517, marquée à des

 10   fins d'identification.

 11   M. DJORDJEVIC : [interprétation]

 12   Q.  Nous touchons tout doucement à la fin de l'interrogatoire principal,

 13   alors conformément à ce qui a été votre mission principale dans le cadre de

 14   l'armée, je vais vous poser ma question suivante : est-ce que sur le

 15   territoire du Kosovo-Metohija il y aurait eu des incidents d'utilisation

 16   d'armes chimiques ?

 17   R.  Oui. Sur le territoire du Kosovo-Metohija aussi, il y a eu des

 18   installations de ciblées, et on peut considérer que la destruction de ce

 19   type d'installations sont des incidents chimiques. D'abord, les

 20   destructions de réservoir de produits chimiques, de pétrole brut ou de

 21   pétrole traité chimiquement et autres installations d'industrie chimique,

 22   mais pas autant que sur le territoire de la Yougoslavie, parce que sur le

 23   Kosovo, il y avait moins d'installations de ce type.

 24   Q.  Est-ce que vous auriez des informations relatives à l'utilisation de ce

 25   que l'on appelle les bombes à fragmentation ?

 26   R.  Oui, nous avons des informations disant que sur le territoire du

 27   Kosovo-Metohija, il y a eu utilisation massive de ce type d'armes. Un

 28   exemple classique en est celui du bombardement de la colonne de réfugiés

Page 10506

  1   albanais qui revenaient chez eux au bout d'un certain temps, et là il y a

  2   eu des centaines -- enfin, il y eu quelque 70 personnes de tuées et des

  3   centaines de blessés, pour l'essentiel c'étaient des femmes et des enfants.

  4   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Messieurs les Juges, ceci met un terme à

  5   l'interrogatoire principal de la Défense pour ce qui est de ce témoin. Nous

  6   tenons à remercier ce témoin d'être venu pour tirer au clair des détails

  7   importants pour la Défense et à l'intention des Juges de la Chambre. Une

  8   fois de plus, je me dois d'indiquer aux Juges de la Chambre que je

  9   regrettais au cas où vous estimeriez qu'à quel que moment que ce soit

 10   j'aurais souhaité transgresser la décision rendue par les Juges de la

 11   Chambre à la date du 22 juin de cette année. Mon intention était notamment

 12   de jeter de la lumière sur les points qui nous intéressent. Merci.

 13   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Maître Djordjevic.

 14   [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent] 

 15   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] On vient de nous indiquer que le tout

 16   dernier des éléments de preuve devrait porter la référence 518, et non pas

 17   517.

 18   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Oui, il se peut que je me sois trompé.

 19   Excusez-moi.

 20   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Mais non, ce n'est pas votre erreur à

 21   vous; c'est une erreur à nous.

 22   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Peu importe à qui la faute, l'essentiel

 23   c'est que ce soit rectifié.

 24   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Madame Petersen, à vous.

 25   Mme PETERSEN : [interprétation] Juste un instant, Messieurs les Juges, j'ai

 26   besoin d'organiser quelque peu mes documents.

 27   Contre-interrogatoire par Mme Petersen : 

 28   Q.  [interprétation] Mon Général, bonjour. Je m'appelle Paige Petersen. Je

Page 10507

  1   me propose de vous poser plusieurs questions. Vous nous avez dit que vous

  2   avez séjourné au Kosovo en avril 1999. Mis à part cette visite, où est-ce

  3   que vous étiez, physiquement parlant, stationné à l'époque ?

  4   R.  J'étais à l'état-major du commandement Suprême, là où se trouvait le

  5   QG, c'est-à-dire dans le bâtiment où se trouvait le siège du commandement

  6   Suprême.

  7   Q.  Fort bien. Pour les besoins du compte rendu d'audience, est-ce que vous

  8   pouvez nous expliquer physiquement où est-ce que ces installations-là se

  9   trouvaient ?

 10   R.  Je ne sais pas pourquoi ceci est important. Ça se trouvait à un

 11   emplacement approprié à l'extérieur du territoire du Kosovo-Metohija, sur

 12   le territoire de la Serbie.

 13   Q.  C'est tout --

 14   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que ceci vous suffit comme

 15   réponse ?

 16   Mme PETERSEN : [interprétation] Non, je n'ai pas besoin de l'adresse

 17   concrète --

 18   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, justement. Nous avons entendu

 19   cette réponse de la bouche d'autres témoins venus de l'armée, donc si le

 20   général a des préoccupations pour les raisons sécuritaires, l'importance

 21   c'est que ce n'était pas au Kosovo.

 22   Mme PETERSEN : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, c'est exact. Ce n'était pas au Kosovo. Ça

 24   se trouvait sur le territoire de la Serbie. Si vous voulez des détails,

 25   posez-moi des questions.

 26   Mme PETERSEN : [interprétation]

 27   Q.  Merci, Monsieur. Alors, je voudrais que nous nous penchions sur la

 28   toute dernière des pièces à conviction que vous nous avez commentées. Je ne

Page 10508

  1   sais pas trop de quel numéro il s'agit -- on vient de m'indiquer que c'est

  2   la pièce 518.

  3   Mme PETERSEN : [interprétation] Donc j'aimerais qu'on nous ramène ceci sur

  4   les écrans.

  5   Q.  Mon Général, je voudrais que nous tirions les choses suivantes au

  6   clair. Sur la carte, vous nous dites qu'il s'agit de sites où, après la

  7   guerre contre l'OTAN, il a été retrouvé des traces d'utilisation d'uranium

  8   appauvri ?

  9   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que vous êtes en train de nous

 10   parler de la carte du haut ?

 11   Mme PETERSEN : [interprétation] Oui, c'est le cas, Monsieur le Juge.

 12    LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous l'ai dit pour la carte du haut.

 13   Pendant la guerre et pendant les bombardements du Kosovo-Metohija, sur ce

 14   territoire du Kosovo-Metohija, il y avait des postes d'observation de lutte

 15   antinucléaire, chimique et bactériologique. Alors ces postes d'observation

 16   ont pris note des frappes aériennes par les avions A-10 qui ont utilisé des

 17   munitions à l'uranium appauvri, et vous savez que les avions A-10 portaient

 18   des canons de 30 millimètres - et on pouvait voir à partir de ces postes

 19   d'observation - si l'on utilisait ce type de canons, c'étaient des

 20   munitions à uranium appauvri qu'on utilisait. Après la fin des

 21   bombardements et après la fin du danger de frappes aériennes, les unités de

 22   lutte contre l'utilisation des armes nucléaires, chimiques et biologiques

 23   qui se déplaçaient vers les secteurs concernés, par détection radiologique

 24   et dosimétrie appropriée, ces unités mesuraient la radioactivité, si tant

 25   est qu'il y en a eu dans les secteurs concernés. S'il y avait radioactivité

 26   de décelée, sur les cartes, les unités en question indiquaient l'endroit

 27   concerné, relevaient les coordonnées précises et envoyaient des rapports

 28   aux commandements concernés. C'est ainsi que nous nous sommes procurés les

Page 10509

  1   coordonnées de ces endroits. Lorsque la guerre s'est terminée et pendant la

  2   guerre même, nous avons indiqué ces endroits sur la carte. Ce sont des

  3   emplacements tout à fait fiables pour ce qui est de l'utilisation de ces

  4   munitions-là.

  5   Q.  Donc, Monsieur, seriez-vous d'accord avec nous pour dire qu'ici l'on

  6   indique les endroits où il y a eu les frappes les plus grandes utilisant

  7   ces projectiles à uranium appauvri ? Est-ce que c'est bien exact, les

  8   frappes aux A-10 ?

  9   R.  Oui. Ce sont les endroits où il y a le plus de munitions à l'uranium

 10   appauvri et c'est là que nos unités ont déterminé l'utilisation de ces

 11   munitions. Je n'ai pas dit tout à l'heure que nous unités se sont également

 12   efforcées de retrouver des restes de munitions, d'obus à l'uranium appauvri

 13   pour les recueillir --

 14   Q.  Non, non. Je vais vous stopper là. Merci d'avoir répondu à ma question.

 15   Je voudrais maintenant revenir à certains éléments de votre témoignage à

 16   l'interrogatoire principal où vous avez été questionné par M. Djordjevic.

 17   Je vous renvoie à la page 32, ligne 17. Vous avez dit ce qui suit :

 18   "Pendant le séjour du QG du commandement Suprême dans d'autres secteurs du

 19   Kosovo-Metohija, il nous a été donné la possibilité de constater des

 20   migrations de la population pendant la guerre."

 21   La question qui vous a été posée était celle de savoir :

 22   "De quoi cela dépendait, aviez-vous des informations à ce sujet ?"

 23   Vous répondu que, de votre avis, cela dépendait de la situation sur le

 24   terrain et des activités de combat.

 25   Alors, pour vous, Monsieur, ma question présente est la suivante : pendant

 26   la durée de la guerre, aviez-vous eu connaissance du fait que la population

 27   quittait massivement le Kosovo ?

 28   R.  Lorsque nous étions au QG, nous avons obtenu des rapports portant sur

Page 10510

  1   des déplacements et des migrations de la population.

  2   Q.  Donc cela a fait l'objet d'un rapport au QG du commandant suprême,

  3   rapport dans lequel il était indiqué qu'il y avait une migration de la

  4   population qui quittait le Kosovo ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Est-ce que vous saviez que cela représentait des centaines de milliers

  7   de personnes du Kosovo ?

  8   R.  A cette époque, du fait de mes activités, je n'étais pas intéressé par

  9   l'envergure de ces migrations. Je savais tout simplement que cela se

 10   passait, et en tant que chef du service de la Défense par rapport aux armes

 11   biologiques, chimiques et nucléaires, ce qui m'intéressait de prime abord

 12   était de voir dans quelle mesure ces frappes avaient une incidence sur la

 13   décision de la population qui partait. Alors, j'ai eu des contacts avec les

 14   habitants d'appartenance ethnique serbe qui s'étaient enfuis du territoire

 15   de la Serbie pendant et après la guerre. Après ma retraite, j'ai entendu

 16   d'ailleurs que c'était la peur des conséquences des frappes radioactives

 17   qui avaient contraint certaines familles à fuir des endroits tels que

 18   Stimlje, Pec, Djakovica vers le territoire de la Serbie. C'est l'un des

 19   paramètres qui les empêchent de revenir au Kosovo, du fait de la

 20   contamination de leurs biens fonciers, de leurs propriétés. Et c'est la

 21   raison pour laquelle j'ai toujours dit que je préconisais --

 22   Q.  Ecoutez, Monsieur --

 23   R.  -- j'ai toujours dit que je préconisais que, quelle que soit la

 24   situation, la zone devrait être décontaminée --

 25   Q.  Je vais vous interrompre, Monsieur. Donc vous étiez en train de nous

 26   dire que vous vous étiez entretenu avec des personnes d'appartenance

 27   ethnique serbe et que vous leur avez demandé pourquoi elles étaient parties

 28   du Kosovo; c'est cela ? Mais à combien de personnes avez-vous parlé,

Page 10511

  1   Monsieur ?

  2   R.  J'ai parlé aux membres de deux ou trois familles serbes. Il y avait une

  3   de ces personnes qui était un de mes très, très bons amis du Kosovo-

  4   Metohija.

  5   Q.  A l'époque de la guerre, est-ce que vous saviez que des Albanais du

  6   Kosovo quittaient le Kosovo et que ces personnes, en fait, étaient

  7   originaires de nombreux villages au Kosovo ?

  8   R.  Oui, je le savais. Je vous l'ai dit il y a quelques minutes. Je vous ai

  9   dit que lorsqu'il y a guerre, lorsqu'il y a tout acte de violence, quel

 10   qu'il soit, cela encourage des migrations d'une localité vers une autre,

 11   toujours dans le même territoire, en l'occurrence, c'était le Kosovo. Par

 12   la suite, lorsqu'il a été avéré que cette incertitude qui régnait devenait

 13   de plus en plus générale et que le danger était présent partout, ces gens

 14   ont eu tendance à aller vers les pays avoisinants, qui n'étaient pas sujets

 15   à la guerre, et cela incluait l'Albanie, la Macédoine et les territoires de

 16   la Serbie.

 17   Q.  Au début de votre témoignage, vous avez parlé du compte rendu

 18   d'audience dans l'affaire Milutinovic. Vous vous êtes rappelé que vous

 19   aviez témoigné dans ce Tribunal le 28 septembre 2007 ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Aujourd'hui, vous avez dit que vous avez relu le compte rendu

 22   d'audience et que tout ce que vous aviez dit était absolument véridique et

 23   que vous rediriez exactement la même chose si on vous posait les mêmes

 24   questions aujourd'hui, n'est-ce pas ?

 25   R.  Oui, j'ai lu ce compte rendu d'audience, ou plutôt, j'ai écoute, en

 26   fait, la bande audio. J'aurais donné des réponses semblables. Le sens de

 27   mes réponses aurait été le même. Je n'aurais peut-être pas forcément

 28   utilisé chaque mot de la même façon.

Page 10512

  1   Mme PETERSEN : [interprétation] Est-ce que nous pourrions, je vous prie,

  2   demander l'affichage de la pièce D513, page 29 de ce compte rendu

  3   d'audience, ligne 7, je vous prie ?

  4   Q.  Mon Général, pour ne pas trop perdre de temps, il s'agit du moment où

  5   vous parlez des bombes à fragmentation, pour vous planter le décor, Ligne

  6   7. La question a été comme suit :

  7   "Combien de civils ont été touchés par ces bombes ?" Il s'agit des bombes à

  8   fragmentation.

  9   Voilà ce que vous répondez :

 10   "Je ne peux pas vous dire combien, mais je peux vous dire que ce fut

 11   l'un des facteurs qui ont influencé le déplacement en masse de la

 12   population, entre autres choses."

 13   Ensuite une autre question vous est posée, celle du Juge Bonomy qui pose la

 14   question :

 15   "Vous avez fait une recherche à ce sujet, au sujet du mouvement de la

 16   population à la suite de l'utilisation des bombes à fragmentation ?"

 17   Voilà ce que vous répondez :

 18   "Non, je ne me suis pas intéressé à ce sujet particulier, mais je pense

 19   qu'en tant que soldat ce que j'avance peut avoir une pertinence, et je m'en

 20   tiens à ce que j'ai dit lorsque je dis que c'était l'un des facteurs qui a

 21   engendré les mouvements de population. Parce que les gens lorsqu'il y a des

 22   avions et des bombes, ils s'enfuient."

 23   Le Juge Bonomy vous pose une question :

 24   "Il est indubitable que cela aurait pu avoir cet incidence. La

 25   question importante pour nous est de savoir si c'est ce qui engendrait

 26   cela, c'est une question différente à la réponse que vous avez apportée."

 27   Vous dites :

 28   "S'il n'y a plus d'une réponse cela aurait pu être dit si vous mettez

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  1   toutes les réponses ensemble cela vous donnera probablement la réponse

  2   juste."

  3   Ensuite, Général, j'aimerais savoir si vous, vous avez fait des recherches

  4   pour pouvoir comprendre pourquoi les Albanais étaient partis du Kosovo

  5   autre le fait que vous avez parlé à des amis; est-ce que vous avez donc de

  6   nouvelles informations ? Est-ce que vous détenez de nouvelles informations

  7   depuis votre déposition dans l'affaire Milutinovic ?

  8   R.  Je pense que ce que j'ai dit aujourd'hui et que j'ai dit à l'époque se

  9   recoupe, il faut savoir qu'entre-temps depuis ma dernière déposition la

 10   dernière fois, j'ai eu certes la possibilité d'entrer en contact avec

 11   certaines personnes, pour parler justement de ce problème, et pour parler

 12   du problème du retour des réfugiés. Donc ma réponse est comme suit : Je

 13   n'ai pas fait de recherche à proprement parler, et je n'en parlerais pas de

 14   façon détaillée, mais le fait est qu'il s'agit d'un des facteurs qui a

 15   poussé la population à fuir parce qu'il y avait différents types de

 16   munitions qui étaient lancés, des bombes, il y a un pilonnage qui était

 17   effectué sur certains territoires. Donc vous comprendrez bien que toute

 18   personne soumise à ce genre de situation et qu'elle se trouve dans ce type

 19   de territoire s'en fuit dans le village avoisinant; s'il n'a pas été

 20   touché, s'il a été touché elle se déplace vers une autre zone. Voilà ce que

 21   je sais, voilà ce que je peux supposer. Je n'ai pas mené à bien une étude

 22   scientifique, mais en tant qu'expert des armes biologiques, chimiques et

 23   nucléaires, et puisque je suis quelqu'un qui a mis en garde l'armée et les

 24   civils du danger que cela représentait même si ces documents n'ont pas été

 25   versés au dossier, je vous dirais que l'utilisation de l'uranium appauvri a

 26   très certainement poussé la population à partir parce que nous, nous avions

 27   placé des mises en garde sur le terrain : Ne vous approchez pas, ne touchez

 28   pas. Donc notre conseil, notre ordre en quelque sorte était que ce

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  1   territoire ne devrait pas être utilisé, que les gens qui vivaient sur ce

  2   territoire devaient partir, ne devaient pas rester sur place. Donc ce que

  3   j'affirme, ce que j'avance et je m'en tiens à ce que j'ai avancé et ce que

  4   je continue à affirmer, c'est que l'utilisation de munition à l'uranium

  5   appauvri sur le territoire du Kosovo-Metohija, et plus particulièrement sur

  6   le territoire près de Prizren-Djakovica-Pec-Stimlje, ainsi que d'autres

  7   lieux, et du fait du danger que cela représentait, les gens en étaient

  8   informés, et comme les gens ont été mis en garde du danger, c'est

  9   certainement l'un des paramètres qui expliquait le fait qu'ils ont quitté

 10   le territoire du Kosovo-Metohija.

 11   Mme PETERSEN : [interprétation]

 12   Q.  Général, Général, Général, je ne veux pas vous interrompre.

 13   J'ai l'impression quand même que votre opinion est beaucoup plus affirmée

 14   par rapport à il y a deux ans. C'est ce que je peux dire, n'est-ce pas ?

 15   Regardez. Dans l'affaire Milutinovic, M. le Juge Bonomy vous pose une

 16   question et vous dites que ce n'était pas les bombes à fragmentation qui

 17   étaient la cause du départ, vous dites que cela aurait pu engendrer les

 18   mouvements de population. Est-ce que vous êtes toujours d'accord ? Est-ce

 19   que vous maintenez toujours à ce que vous avez dit lors de votre déposition

 20   dans l'affaire Milutinovic, à savoir ce que vous avez dit à M. le Juge

 21   Bonomy, ou est-ce que vous êtes en train de nous fournir de nouveaux

 22   éléments maintenant, au cours des deux dernières années, il semblerait que

 23   vous êtes devenu assez catégorique à propos du facteur qui a déclenché les

 24   mouvements de population ?

 25   R.  Je m'en tiens à ce que j'ai dit à propos des bombes à fragmentation et

 26   je m'en tiens à ce que j'ai dit aujourd'hui et j'avance compte tenu des

 27   renseignements que j'ai obtenus au cours des deux ans, compte tenu de la

 28   recherche que j'ai effectuée à propos de l'uranium appauvri, à propos de ce

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  1   que je sais pour ce qui est du nombre de personnes malades et pathologie --

  2   Q.  Je ne vous pose pas de question à propos de vos recherches en matière

  3   d'uranium appauvri. Je vous demande précisément pourquoi les Albanais ont

  4   fui le Kosovo. Et votre recherche supplémentaire puisque vous parlez de

  5   recherche supplémentaire a consisté à prendre l'angle avec des membres des

  6   familles serbes qui étaient vos amis. Sur la base de ces informations, vous

  7   êtes devenu beaucoup plus catégorique maintenant, et vous nous dites que

  8   vous savez que c'est la raison qui explique le départ des Albanais du

  9   Kosovo. C'est bien ce que vous êtes en train de nous dire aujourd'hui dans

 10   le cadre de votre déposition ?

 11   R.  Outre cette recherche, je dispose de statistiques relatives au nombre

 12   de personnes malades dans le sud de la Serbie et au Kosovo-Metohija.

 13   Conformément aux données du centre de Santé publique à Kosovska Mitrovica,

 14   et aux déclarations de Rade Trajkovic, qui est le chef de l'équipe

 15   médicale, le nombre de personnes souffrant de cancer du foie, cancer des

 16   reins, le nombre d'enfants nés avec des défauts depuis cette époque, ça

 17   c'est au Kosovo-Metohija; c'est l'une des raisons -- une des raisons, à mon

 18   avis, c'est l'utilisation de ce type de munition.

 19   Pour revenir à votre première question, je vous dirais que, lorsque

 20   vous avez un conteneur avec une bombe à fragmentation qui contient 400

 21   types de différents types de fragmentations, lorsque vous avez -- cela

 22   couvre un territoire de plusieurs centaines de kilomètres, lorsqu'il y a

 23   déflagration et explosions, regardez, par exemple, ce qui se passe pendant

 24   lorsqu'il y a des feux d'artifice lors des réjouissances du Nouvel An, cela

 25   peut provoquer une certaine peur parmi la population citadine. Lorsque vous

 26   avez une quantité de bombes à fragmentation qui est telle, lorsque vous

 27   avez ces explosions, ces déflagrations en plein air, cela suscite un

 28   élément de peur.

Page 10516

  1   C'est pour cela que les gens ont tendance à s'enfuir. Je vous donne

  2   l'évaluation d'un soldat.

  3   Q.  Bien.

  4   R.  [aucune interprétation]

  5   Q.  Merci, Général. Vous nous avez donné beaucoup de détail. Alors chaque

  6   chose en son temps. Vous nous avez dit que vous disposiez d'un élément

  7   d'information, à savoir les pathologies des personnes, bon, mais vous

  8   conviendrez quand même que cela n'a rien à voir avec la raison qui a poussé

  9   les Albanais du Kosovo à fuir le Kosovo en mars 1999, en avril 1999; ça,

 10   cette donnée, elle est apparue que par la suite la donnée relative aux

 11   pathologies de toutes ces personnes. Ces deux choses n'ont aucun lien,

 12   n'est-ce pas ? Vous êtes quand même d'accord avec cela ?

 13   R.  Cela confirme ce que nous savons et ce que nous affirmons et cela

 14   confirme également les mises en garde auprès de la population en mars et en

 15   février 1999, et une mise en garde qui était valable également pour les

 16   unités déployées au Kosovo, les unités de l'armée de la défense civile, et

 17   la population également a été mise en garde des dangers qui les menaçait au

 18   cas où de l'uranium appauvri viendrait à être utilisé. Est-ce que vous

 19   pensez véritablement qu'une personne normalement constitue, attendrait et

 20   resterait dans un secteur radioactif ?

 21   R.  [aucune interprétation] 

 22   Q.  Général, je voudrais que vous répondiez à la question que je vous pose.

 23   Convenez-vous que ces éléments de preuve qui portent sur ces pathologies

 24   survenues ultérieurement n'a absolument rien à voir avec les personnes qui

 25   fuyaient les bombes en mars 1999, ainsi qu'en avril 1999 ? Cela peut avoir

 26   une certaine pertinence par rapport au bien fondé de vos craintes, mais

 27   cela ne nous indique absolument pas pourquoi ces personnes partaient. Est-

 28   ce que nous pouvons quand même nous mettre d'accord là-dessus et passer à

Page 10517

  1   autre chose ?

  2   R.  Non, je ne peux pas marquer mon accord avec ce que vous dites parce que

  3   n'oubliez pas que le début de l'exode est expliqué par la méthode,

  4   l'intensité, et le type de bombardement effectué par l'OTAN. Cela n'a pas

  5   pu être fait en deux jours, comme cela avait prévu. C'est pour cela qu'ils

  6   se sont lancés dans une offensive absolument générale et qu'ils ont utilisé

  7   toutes les munitions qu'ils avaient à leur disposition. Moi, j'avance ici

  8   devant cette Chambre peu importe que vous acceptiez cela comme élément de

  9   preuve ou non d'ailleurs, qu'à la fois l'utilisation des bombes à

 10   fragmentation et les munitions à l'uranium appauvri sont les deux facteurs

 11   qui ont provoqué le départ et la fuite de la population --

 12   Q.  [aucune interprétation]

 13   R.  -- même s'il y a d'autres raisons que vous déterminerez pendant le

 14   procès alors je ne veux pas parler de cela, mais ce que j'avance c'est que

 15   ce sont deux facteurs qui ont absolument contribué au début des migrations

 16   de la population.

 17   Q.  Pour que tout soit bien clair, ce que vous avez dit à M. le juge Bonomy

 18   est exact, à savoir outre ce que vous avez dit aujourd'hui à propos de vos

 19   contacts avec ces familles serbes et le fait que vous avez étudié des

 20   données à propos des pathologies des personnes. Ce que vous avez dit au

 21   juge Bonomy pendant le procès Milutinovic est exact lorsqu'il vous a posé

 22   la question suivante :

 23   "Avez-vous fait des recherches sur cela ? Avez-vous fait des recherches sur

 24   les déplacements de la population à la suite de l'utilisation des bombes à

 25   fragmentation ?"

 26   Vous lui avez répondu en disant :

 27   "Je ne suis pas intéressé à ce sujet particulier."

 28   Donc c'est exact ce que vous avez dit à M. le juge Bonomy ?

Page 10518

  1   R.  Oui, oui, c'est exact. C'est ce que j'ai effectivement dit à M. le juge

  2   Bonomy, je l'avais dit. Mais aujourd'hui, nous avons en quelque sorte

  3   poussé la discussion un peu plus loin et je vous ai fourni mes explications

  4   et je m'en tiens à mes explications et à mes constatations et à mes

  5   observations. Alors il vous appartient maintenant et il appartient à la

  6   Chambre de première instance de décider si ce que je dis sera accepté par

  7   vous.

  8   Q.  Mais dans l'affaire Milutinovic, vous avez également dit, vous étiez

  9   très circonspect à ce sujet, vous aviez dit qu'il y avait d'autres

 10   facteurs. Vous avez dit :

 11   "C'est l'un des facteurs qui auraient pu provoquer les mouvements de

 12   population."

 13   Est-ce que vous vous tenez à ce témoignage ou est-ce que vous allez

 14   modifier votre témoignage maintenant ? Est-ce que vous tenez à ce que vous

 15   avez dit à savoir qui aurait pu y avoir d'autres facteurs ?

 16   R.  Moi, je vous parlais d'une affirmation que j'ai présentée ici et que je

 17   continue à avancer. C'est justement l'un des paramètres qui auraient pu

 18   contribuer au mouvement de population et je n'ai pas parlé de d'autres

 19   paramètres.

 20   Q.  Bien. Est-ce que nous pourrions, je vous prie, consulter la pièce D518,

 21   la pièce de la Défense. Donc regardons cette pièce et nous pouvons voir que

 22   les frappes les plus importantes des missiles ont été effectuées au long de

 23   la frontière avec l'Albanie. Général, vous acceptez que des Albanais venus

 24   tout le Kosovo, de nombreux villages, quittaient le Kosovo et partaient en

 25   Albanie. Alors voilà la question que j'aimerais vous poser : Pourquoi est-

 26   ce que des civils auraient quitté leur domicile pour ce diriger vers une

 27   zone qui faisait l'objet de lourdes frappes de missile ?

 28   R.  Pour autant que je le sache, les civils du Kosovo ne sont pas passés

Page 10519

  1   par les montagnes Prokletije, mais plutôt par Pec et par la Macédoine. Donc

  2   les zones qui étaient frappées sont marquées, ces territoires y sont

  3   toujours là et les forces de l'OTAN ne sont pas entrés dan ce secteur, il

  4   s'agit de zones qui sont hantés. Dans ces zones, dans ces lieux, il y a

  5   toujours ces repères : Attention, dangereux, périlleux. La règle veut,

  6   lorsque vous faites parti d'une unité, que vous faites un détour, que vous

  7   contournez ces zones, vous ne passez pas par ces zones parce qu'elles sont

  8   dangereuses et mette en danger votre survie. Donc si un habitant voit cela

  9   et s'il voit que ce territoire comporte ces indications, il ne va pas

 10   passer par ce territoire, il va le contourner pour pouvoir parvenir à sa

 11   destination aussi rapidement que possible.

 12   Q.  [aucune interprétation]

 13   R.  Vous savez, un paysan, un fermier, il ne réfléchit pas comme un soldat.

 14   Q.  Général, alors supposons ce qui suit, donc il y a eu frappe aérienne,

 15   des unités arrivent et elles apposent un cordon de périmètre de sécurité

 16   autour de la zone où il est indiqué "contamination", si vous sentez que

 17   cela ce soit passé, il va y avoir un long moment pendant lequel les

 18   missiles vont être tirés. Vous nous dites, et si c'est une zone assez

 19   importante, vous nous dites donc que, d'après les informations dont vous

 20   disposez, les gens ne sont pas partis, ne se sont pas enfuis en passant par

 21   cette zone ? C'est ce que vous savez des départs des Albanais du Kosovo,

 22   car je ne suis pas très bien sûre d'avoir compris vos propos.

 23   R.  Ecoutez, je ne me suis pas penché sur les itinéraires empruntés par la

 24   population pour se retirer du territoire du Kosovo et aller vers d'autres

 25   pays. Moi ce qui m'intéressait, c'était les zones contaminées afin de

 26   transmettre cette information au plus grand nombre de personnes et au plus

 27   grand nombre de soldat possible. Mais n'oubliez pas la mentalité des

 28   personnes à l'époque, c'est cela qu'il ne faut pas oublier. Vous savez, ils

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  1   pensaient rien ne pourra me retenir ici, moi, je vais aller là-bas, parce

  2   que là-bas je serai en sécurité et rien ne va me retenir. C'est ainsi

  3   qu'ils réfléchissaient et qu'ils pensaient.

  4   Q.  Bien. Est-ce que nous pourrions, je vous prie, revoir le compte rendu

  5   d'audience d'aujourd'hui, ligne 11, page 36 ? Je veux juste vous demander

  6   une petite précision. Vous dites donc :

  7   "A partir de ce territoire" - le territoire que vous indiquez comme étant

  8   radioactif - "l'objectif était d'expulser la population civile en ne

  9   laissant sur place que des soldats pour au cas où il y avait incursion de

 10   la part des forces terrestres, il y aurait moins de victimes et ainsi à ce

 11   sens, nous aurons évité d'être condamné par la communauté internationale

 12   qui s'attendait à ce qu'il y ait un grand nombre de victimes si les civils

 13   étaient restés dans ces endroits."

 14   Donc vous êtes en train de nous dire que la VJ avait un plan, un plan

 15   d'expulsion de la population civile de ce secteur; c'est cela ?

 16   R.  Non, ce que j'ai dit c'était dans le contexte en question. L'OTAN avait

 17   évalué quels étaient les itinéraires qui leur seraient le plus favorables

 18   au cas où il y aurait incursion de la part de la force terrestre. Donc cela

 19   passait par le territoire du Kosovo, où cela aurait été à partir de

 20   l'Albanie. Donc il y avait deux ou trois itinéraires qui étaient prévus, il

 21   y en avait beaucoup d'autres à partir du territoire de la Macédoine

 22   d'ailleurs. Donc s'ils venaient à lancer ce type d'opération, dans un

 23   premier temps, il aurait déplacé la population civile parce que lorsque les

 24   chars arrivent, et lorsqu'il y aurait eu combat avec les forces serbes, la

 25   population civile ainsi n'aurait pas couru de danger et c'était une des

 26   options. Je ne vous parle pas de plan de la VJ. C'est une supposition de ma

 27   part, je pense que c'était l'une des méthodes envisagées par les forces de

 28   l'OTAN qui voulaient dégager la zone pour éviter qu'il y ait un grand

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  1   nombre de victime, pour que sur ce territoire, les forces de l'OTAN

  2   puissent progresser et avancer plus facilement, parce que s'il y avait eu

  3   des victimes à la suite de leur campagne, cela aurait engendré de la part

  4   de la communauté internationale un véritable tollé.

  5   Q.  Bien. Merci d'avoir apporter cette précision.

  6   Mais très très rapidement, est-ce que l'OTAN a bombardé des endroits à

  7   Belgrade ?

  8   R.  Comment ? Oui Belgrade a été bombardé, bien sûr. L'immeuble du MUP, le

  9   ministère de la Défense, le département de la Sûreté d'état, des ponts à

 10   Novica, il y a eu également des cibles civiles qui ont été touchées à

 11   Belgrade ainsi que dans d'autres villes d'ailleurs et dans d'autres

 12   localités en ex-Yougoslavie et en Serbie.

 13   Q.  Vous convenez qu'il n'y a pas eu à partir de Belgrade un exode massif

 14   de la population civile tel que celui que nous avons vu au Kosovo ?

 15   R.  Oui, il y a eu un exode, mais à l'époque, je vivais près d'un des

 16   bâtiments en question.

 17   M. DJORDJEVIC : [aucune interprétation]

 18   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui, Maître Djordjevic.

 19   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Mon estimée consoeur a posé une question;

 20   elle a posé une question qui n'a absolument aucune pertinence en l'espèce.

 21   Elle a posé une question à propos des bombardements à Belgrade, parce que

 22   nous parlons du territoire du Kosovo-Metohija. Je ne vois vraiment pas

 23   comment cela pourrait être l'un des thèmes de son contre-interrogatoire.

 24   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Maître Djordjevic. Mais je

 25   crois comprendre que votre consoeur a posé une question à propos des

 26   bombardements de Belgrade pour indiquer que cela n'avait pas provoqué un

 27   exode en masse, et si c'est ce qu'elle essaie de savoir, cela a une

 28   certaine pertinence. Donc d'ailleurs, le général est en train de répondre à

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  1   la question, si je ne me trompe.

  2   Mme PETERSEN : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

  3   Q.  Poursuivez votre réponse, Monsieur.

  4   R.  Lorsque nous nous sommes rendus compte que l'OTAN ne choisissait pas

  5   particulièrement ses cibles, il y avait, bien entendu, des cibles qui leur

  6   semblaient légitimes, tel que le bâtiment du ministère de la Défense --

  7   Q.  Non, non. Je vais vous reposer la question pour que tout soit bien

  8   clair, car ma question, elle est très très simple. Convenez-vous, oui ou

  9   non, qu'il n'y a pas eu un exode en masse de la population civile de

 10   Belgrade à l'instar de l'exode que nous avons pu constater de la population

 11   du Kosovo ?

 12   R.  Non, il n'y a pas eu d'exode en masse, mais des civils sont partis de

 13   Belgrade, sont allés se réfugier dans d'autres villes, voire dans d'autres

 14   pays. L'état-major de la VJ avait un plan, un plan d'évacuation de

 15   Belgrade, si l'institut nucléaire de Vinca venait à être ciblé, parce que

 16   nous étions parfaitement conscients des dangers que ce jour de bombardement

 17   aurait représenté. Donc, il y a eu des personnes qui sont parties. Certes,

 18   ce n'était pas un exode massif, mais il y a eu des personnes qui sont

 19   parties des zones qui étaient ciblées à ce moment-là.

 20   Q.  Donc, vous convenez qu'il n'y a pas eu d'exode massif, que certaines

 21   personnes sont parties, mais vous n'êtes pas en train de nous dire qu'il y

 22   a eu un exode de Belgrade qu'on pourrait comparer à l'exode des Albanais du

 23   Kosovo; vous convenez de cela quand même ?

 24   R.  Oui, je suis d'accord avec vous, mais Belgrade n'a pas été bombardée

 25   autant que le Kosovo. Si Belgrade avait été bombardé avec la même

 26   intensité, je peux vous dire que cela aurait engendré un exode massif.

 27   Q.  Donc, de ce fait, vous convenez que l'on ne peut pas dire que : Si les

 28   bombes tombent, les civils s'enfuient. Il y a d'autres facteurs qu'il faut

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  1   prendre en considération, telle que, par exemple, l'intensité du

  2   bombardement, tout simplement parce qu'il y a des bombardements, les civils

  3   ne se mettent pas tous à s'enfuir. Vous êtes d'accord avec cela, n'est-ce

  4   pas ?

  5   R.  Non, je ne suis pas d'accord pour dire que -- enfin, ce que je veux

  6   dire, c'est que le seul facteur, ce n'est pas le bombardement. Il y a, bien

  7   entendu, l'intensité du bombardement. Il y a également le sentiment

  8   d'incertitude, si l'arsenal qui est utilisée est plus divers, si le niveau

  9   de sécurité est plus faible, bien sûr que les gens vont partir. Alors, je

 10   n'exclus pas d'autres facteurs qui pourraient avoir une incidence sur le

 11   mouvement des populations, mais ça, c'est quand même, à mon avis, l'un des

 12   facteurs essentiels.

 13   Q.  Donc, il y a d'autres facteurs qui entrent en ligne de compte, et je

 14   pense qu'il faudrait peut-être mener à bien une recherche sur ces autres

 15   facteurs, avant de conclure -- avant de tirer les conclusions permettant de

 16   comprendre pourquoi telle ou telle population s'est enfuie. Vous êtes

 17   d'accord avec cela ?

 18   R.  Ecoutez, vous, vous avez une vision d'ensemble dans ce procès. Moi, je

 19   ne vous parle que d'un aspect de la situation : Le bombardement du Kosovo-

 20   Metohija effectué par certains types de munitions, avec les frappes de

 21   l'usine chimique Matrinci [phon], par exemple, de certaines usines

 22   chimiques, l'utilisation des bombes à fragmentation et des chars. Je dis

 23   que c'est l'un des facteurs qui expliquent les mouvements de populations à

 24   l'intérieur du Kosovo, et par la suite, à l'extérieur du Kosovo.

 25   Q.  Je vous remercie.

 26   Mme PETERSEN : [interprétation] Je n'ai plus de questions à poser.

 27   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Madame Petersen.

 28   Maître --

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  1   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je vais être

  2   très bref.

  3   Nouvel interrogatoire par M. Djordjevic : 

  4   Q.  [interprétation] J'ai une question puisque nous avons abordé ce sujet

  5   des bombardements de Belgrade. Général, donc, j'ai la question suivante :

  6   Général, puisque vous aviez la charge de la défense antinucléaire,

  7   chimique, biologique - et j'ajouterais aussi la question des abris

  8   atomiques, la défense antiatomique - en fait, pendant l'interrogatoire

  9   principal, vous avez confirmé avoir averti vos subordonnés, et également la

 10   protection civile et la Défense territoriale du danger qui se présentait

 11   face à l'emploi éventuel par les forces de l'OTAN de munitions à uranium

 12   appauvri. Voici ma question, puisque je considère que la comparaison qui a

 13   été faite est inutile et inappropriée : Est-ce que, pendant la durée de

 14   l'agression de l'OTAN, il y a eu jamais le moindre cas d'utilisation

 15   d'uranium appauvri ou de munitions en uranium appauvri, sur le territoire

 16   de Belgrade ?

 17   R.  Nous avions des informations selon lesquelles les forces de l'OTAN

 18   avaient des missiles Tomahawk, porteurs d'uranium appauvri, au sein de leur

 19   stabilisateur, environ 4 kilogrammes par missile; cependant, lors de nos

 20   enquêtes, nous avons trouvé de l'uranium appauvri au sud du 44e parallèle;

 21   donc, les municipalités de Bujanovc, Presevo, et cetera.

 22   Q.  Oui, mais revenez à ma question.

 23   R.  Mais sur le territoire de Belgrade, ni les analyses de laboratoire, ni

 24   d'autres n'ont permis de confirmer la présence d'uranium appauvri, puisque

 25   le bâtiment de l'état-major principal a été touché par des missiles, nous

 26   avons procédé à des recherches, à une enquête, mais nous n'avons pas

 27   retrouvé de preuves. Donc, aujourd'hui encore, je puis dire que ce qui se

 28   trouve au nord du 44e parallèle, y compris le territoire de Belgrade, n'a

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  1   pas été contaminé.

  2   Q.  Si cela s'était produit, est-ce que vous auriez eu l'obligation d'en

  3   informer la Défense territoriale et la protection civile ?

  4   R.  Oui, pendant la guerre, nous avions différentes activités, et je l'ai

  5   indiqué à votre consoeur de l'Accusation. J'ai commencé à donner des

  6   explications sur le fait que nous travaillions de façon intense à la

  7   préparation de la population, y compris à Belgrade, dans l'éventualité où

  8   il y aurait des -- un bombardement du réacteur nucléaire se trouvant au

  9   sein de l'Institut Vinca, si l'un de ces deux réacteurs nucléaires avait

 10   été touché et, heureusement, il ne s'était pas produit, parce qu'il

 11   s'agissait d'une installation qui contenait des stocks de combustibles

 12   nucléaires; heureusement, rien de tel ne s'est produit, mais nous avons

 13   fait des annonces dans le cas où cela se serait produit. Nous avons élaboré

 14   des plans afin d'alerter la population, si jamais cet institut avait été

 15   bombardé. Nous avons prévu des capacités de transport. Nous avons élaboré

 16   une simulation, un modèle, pour le cas où l'Institut Vinca aurait été

 17   touché. Selon notre modèle, cela aurait entraîné un niveau de contamination

 18   équivalent à celui d'une bombe atomique classique d'une puissance de 90

 19   kilotonnes. Donc, nous avons effectivement procédé à l'élaboration de plans

 20   qui fournissaient des instructions quant à la façon de procéder, si jamais

 21   il y avait eu un bombardement de cette nature, en tenant compte des

 22   directions des vents, plans visant à l'évacuation des populations.

 23   Q.  Merci beaucoup, Général. Merci pour vos réponses. Vous venez

 24   précisément de répondre à la question que je souhaitais poser pour faire

 25   suite à la question posée par ma consoeur de l'Accusation.

 26   Questions de la Cour : 

 27   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci. Essayons d'être tout à fait

 28   clair. Vous avez parlé de la préoccupation face à la possibilité d'une

Page 10526

  1   attaque visant l'Institut Vinca, cette population était motivée par la

  2   présence dans les locaux de cet institut de combustibles nucléaires

  3   appartenant à la Serbie; est-ce exact ?

  4   R. Est-ce que vous pourriez répéter la première partie de votre question,

  5   s'il vous plaît, Monsieur le Président.

  6   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous avez fait état de toute une série

  7   de plans d'urgence que vous aviez préparés et dont disposait également

  8   l'état-major dans l'éventualité d'une attaque visant l'Institut Vinca.

  9   Alors est-ce que c'est Vinka ou Vinca ? Je ne sais pas.

 10   R.  C'est l'Institut de Recherche nucléaire Vinca, situé dans la localité

 11   de Vinca, proche de Belgrade. Oui, nous avons élaboré des plans d'urgence

 12   dans l'éventualité où les forces de l'OTAN auraient bombardé le territoire

 13   où se trouvait cet institut. Comme je l'ai dit, du fait de la nature même

 14   et du type de substances entreposées dans les locaux de cet institut, cela

 15   aurait entraîné une véritable catastrophe pour laquelle nous nous sommes

 16   donc préparés. Nous avons informé la population, et comme je l'ai dit,

 17   heureusement qu'en fin de compte rien de tel ne s'est produit.

 18   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Soit. Donc la Serbie disposait d'un

 19   réacteur nucléaire dans le cadre de cet institut; est-ce exact ?

 20   R.  Dans cet institut se trouvaient deux réacteurs nucléaires. L'un d'entre

 21   eux était en fonction, le second était arrêté et maintenu à l'arrêt. Celui

 22   qui était en fonctionnement servait avant tout à des projets de recherche

 23   fondamentaux qui avaient trait à la protection, à la dosimétrie, et cetera,

 24   afin pour autant que je sois informé des recherches qui étaient menées là-

 25   bas sur la base des contacts que j'avais avec les employés de cet institut.

 26   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] La préoccupation dont vous parlez

 27   concernant l'éventualité d'une telle attaque, cette préoccupation est

 28   motivée par la présence de ce stock de combustibles nucléaires présent à

Page 10527

  1   l'institut, n'est-ce pas ?

  2   R.  Pour votre information, du combustible est présent à l'intérieur du

  3   réacteur nucléaire de l'institut sous forme de barre d'uranium. Il y a

  4   également un stock de barres d'uranium entreposé pour la phase suivante des

  5   travaux de l'institut, enfin il y a un troisième stock de combustibles qui

  6   est le combustible irradié, utilisé, qui devait être entreposé dans des

  7   locaux spécialement conçus à cette fin. Il s'agissait de l'entrepôt tout à

  8   fait officiel servant à conserver les déchets nucléaires pour l'ensemble de

  9   la Yougoslavie, nous recevions du matériel médical usagé et d'autres

 10   matériaux radioactifs. Lorsque tous les éléments radioactifs retrouvés sur

 11   le terrain ont été collectés au Kosovo-Metohija pendant la durée de la

 12   guerre et à partir également d'autres parties du territoire de la Serbie

 13   une fois que les opérations de guerre étaient terminées, nous avons utilisé

 14   cet entrepôt de déchets nucléaires aux mêmes fins exactement. Donc en fait

 15   les menaces venaient à la fois de la présence de combustibles nucléaires

 16   que de la présence de déchets nucléaires dans cet entrepôt de l'institut.

 17   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Cet institut donc n'a pas été bombardé

 18   et n'a pas été visé par la moindre attaque, n'est-ce pas ?

 19   R.  L'institut n'a pas été bombardé; cependant, il y a eu des tentatives de

 20   manipulation et de l'intoxication, on a fait circuler des rumeurs selon

 21   lesquelles ils seraient la cible de bombardements.

 22   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien. Alors je voulais en fait

 23   être tout à fait clair quant à ce qui représentait le fondement de cette

 24   préoccupation dont vous avez fait état. Merci.

 25   [La Chambre de première instance se concerte]

 26   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Monsieur le Témoin, vous nous avez

 27   dit aujourd'hui que vous vous étiez rendu une moins une fois au Kosovo

 28   pendant la durée de la guerre pour vous rendre auprès d'unités de la 3e

Page 10528

  1   Armée et que vous n'aviez eu aucun contact avec les unités de la police à

  2   l'époque. Est-ce que vous pourriez être un peu plus précis ? Quand

  3   exactement vous êtes-vous rendu au Kosovo pendant la guerre ? Pourriez-vous

  4   donner des dates ? Cela a-t-il constitué la seule occasion où vous vous y

  5   êtes rendu, ou bien, y a-t-il eu plusieurs occasions semblables ?

  6   R.  Non, je n'y suis allé que cette seule fois. Je ne me rappelle pas la

  7   date exacte. Veuillez me croire. C'était au mois d'avril. Je suis allé voir

  8   les unités qui étaient cantonnées dans la zone de Pec. Je me suis rendu

  9   dans cette zone avant tout, parce que comme je l'ai dit précédemment, cette

 10   zone avait été prise pour cible de façon intense, et ce, au moyen de

 11   munitions à uranium appauvri, j'ai trouvé des véhicules près de Djakovica

 12   et Pec qui avaient été touchés et marqués comme radioactifs, donc c'était

 13   sur la route en fait Djakovica-Pec. J'ai également visité les unités qui se

 14   trouvaient sur la ligne de front dans la zone de Kosara vers Djakovica-Pec.

 15   Je me suis retrouvé avec les commandants également -- je n'ai pas rencontré

 16   de policiers pendant mon séjour au Kosovo ni leurs commandants. Je me suis

 17   rendu sur le secteur dont j'avais la responsabilité, c'est-à-dire là où se

 18   trouvait la 3e Armée. Donc en fait j'ai reçu la mission lorsque je suis

 19   arrivé à Pristina de me rendre à Pec. Je suis allé sur place, puis je suis

 20   revenu à Belgrade faire mon rapport. Pendant mon séjour, je n'ai eu aucun

 21   contact avec les forces de la police.

 22   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Avez-vous eu des contacts avec la

 23   population civile ?

 24   R.  Non, à l'époque je n'avais pas de contacts avec la population civile.

 25   J'ai été présent en raison de certains problèmes qui sont apparus dans les

 26   unités qui étaient de nature strictement militaire. Je n'ai pas eu le temps

 27   de m'occuper de la moindre question relative à la population civile.

 28   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Avez-vous remarqué la présence de la

Page 10529

  1   moindre colonne de civils quittant les villages dans telle ou telle

  2   direction ?

  3   R.  Non. A l'époque de notre arrivée sur le territoire du Kosovo, la route

  4   de Pristina à Pec et au-delà, vers les localités où je devais me rendre,

  5   nulle part là-bas au moment où j'arrivais ou pendant la durée où j'ai été

  6   présent je n'ai remarqué de colonnes de civils.

  7   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Pendant votre séjour au Kosovo, avez-

  8   vous reçu la moindre information venant de certaines personnes -- alors

  9   vous nous avez dit que vous aviez contacté différents membres des forces

 10   armées. Mais avez-vous eu ou reçu la moindre information relative aux

 11   raisons pour lesquelles la population quittait le pays, au moins dans cette

 12   région ?

 13   R.  Non, je n'ai pas eu de conversation à ce sujet. Mon intérêt portait

 14   avant tout sur ce dont j'avais la charge, et certains problèmes qui avaient

 15   trait au contrôle et au commandement des unités.

 16   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci beaucoup.

 17   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Général, Monsieur, vous serez sans

 18   doute ravi d'entendre que ceci met un terme aux questions qui devaient vous

 19   être posées. La Chambre souhaite vous remercier d'avoir bien voulu vous

 20   rendre à La Haye pour apporter votre concours en l'espèce, et bien entendu,

 21   maintenant vous pouvez retourner à vos activités habituelles. Mme

 22   l'Huissière va à présent vous raccompagner hors du prétoire. Merci.

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci de m'avoir donné l'occasion de déposer.

 24   [Le témoin se retire]

 25   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Djordjevic.

 26   M. DJORDJEVIC : [interprétation] Malheureusement, Monsieur le Président,

 27   c'est le dernier témoin dont la Défense dispose pour aujourd'hui. Puisque,

 28   par un concours de circonstances, nous nous sommes retrouvés dans une

Page 10530

  1   situation où le témoin qui devait venir au début de la semaine dernière

  2   s'est retrouvé aux urgences en raison des problèmes cardiaques dont il

  3   souffre. Notre témoin suivant, M. Krga, sera là lundi seulement et la

  4   Défense sera alors prête à poursuivre la présentation de ses moyens à

  5   décharge.

  6   M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Compte tenu de l'état d'avancement en

  7   l'espèce et des difficultés que vous avez rencontrées, nous prenons acte de

  8   ce que vous avancez et nous l'acceptons, Maître, et nous continuerons donc

  9   la présentation des moyens à décharge lundi. La Chambre souhaiterait

 10   toutefois attirer votre attention sur le fait suivant, non seulement nous

 11   avons perdu l'intégralité des trois jours qui étaient disponibles la

 12   semaine dernière, mais cette semaine nous avons avancé fort lentement. Le

 13   planning fourni par la Défense pour ce qui est de la succession de ses

 14   témoins indiquait que cinq témoins seraient appelés à la barre, et seuls

 15   trois témoins ont déposé. Le planning indiquait que deux des témoins

 16   feraient l'objet d'un interrogatoire principal de deux heures pour chacun,

 17   chacun deux heures, et pour ce témoin-ci, on prévoyait une heure et demie.

 18   Alors ce dernier témoin vous avez avancé avec lui assez rapidement, mais

 19   pour les deux derniers témoins, leur déposition s'est étendue sur quatre

 20   jours plutôt que ce qui avait été prévu comme devant durer moins de deux

 21   jours. Nous attirons votre attention sur ceci parce qu'à ce rythme la

 22   présente affaire risque de se prolonger jusqu'à la fin de l'année

 23   quasiment, et cela n'est pas satisfaisant. Donc nous devons commencer à

 24   avancer plus rapidement avec les témoins de la Défense, tout comme nous

 25   avons eu à accélérer également avec les témoins de l'Accusation.

 26   Je suis sûr, Maître, que vous prendrez acte de cela, et que des efforts

 27   substantiels seront faits pour régler cette question et afin de vous

 28   assurer que la progression en l'espèce redevienne satisfaisante. Il faut

Page 10531

  1   que vous vous assuriez de cela et que vous assuriez également que nous

  2   n'entendions dans ce prétoire que les éléments de preuve pertinents et que

  3   nous ne perdions pas de temps sur des questions secondaires. Si jamais vos

  4   propres questions ou celles de Me Djurdjic ou de vos autres confrères vont

  5   droit au cœur du sujet, cela sera d'un grand secours, y compris pour

  6   l'Accusation et la préparation du contre-interrogatoire de cette dernière,

  7   nous pourrons alors commencer à avancer plus rapidement.

  8   Nous vous serions reconnaissants à vous-même ainsi qu'à vos confrères de

  9   bien vouloir prendre en compte ces éléments et de bien vouloir permettre

 10   que dans cette affaire nous avancions plus vie tout en respectant les

 11   droits de votre client et de tous.

 12   Nous levons l'audience pour aujourd'hui, nous reprendrons nos débats lundi

 13   prochain à 9 heures.

 14   --- L'audience est levée à 12 heures 19 et reprendra le lundi 1er février

 15   2010, à 9 heures 00.

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