Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le mardi 5 juin 2007

2 [Audience publique]

3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]

4 --- L'audience est ouverte à 9 heures 06.

5 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Qui souhaite soulever un point ?

6 C'est vous, Madame Isailovic ?

7 Mme ISAILOVIC : Bonjour, Monsieur le Président. Bonjour, tout le monde.

8 C'est moi qui voudrais soulever un point, et s'il est possible à huis clos

9 partiel.

10 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Huis clos partiel.

11 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

12 [Audience à huis clos partiel]

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13 [Audience publique]

14 Mme ISAILOVIC : Monsieur le Président, donc vous et Monsieur le Juge,

15 sont avérés des problèmes que la Défense peut communiquer avec le client,

16 et un des moyens était le petit mot passé entre notre client et nous-mêmes

17 pendant l'audience. Mais aujourd'hui, on nous a avertis que ça ne serait

18 plus possible à travers monsieur de sécurité, parce qu'ils seront obligés

19 de rester collés sur la place pendant l'audience près de l'accusé. Donc, à

20 notre avis, ça peut poser un problème de communication qui est assez

21 modeste, il faut l'avouer, et justement donc je tiens et la Défense tient à

22 vous avertir de ce problème aux fins de trouver une solution appropriée

23 pour y remédier.

24 Merci.

25 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je suis content que vous ayez

26 mentionné cela, car on a attiré mon attention et l'attention des Juges sur

27 ce sujet juste avant que l'on entre dans ce prétoire, et ceci nous

28 préoccupe, car l'accusé doit être en mesure de communiquer avec ses

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1 conseils et en même temps nous devons tenir compte des préoccupations liées

2 à la sécurité.

3 Ceci affecte non seulement ce procès, mais le Tribunal dans son

4 ensemble, et je vais en tenir compte dans mon approche auprès du Président

5 du Tribunal et du greffe.

6 Entre-temps, comme mesure temporaire, si j'ai bien compris, l'huissier

7 pourra répondre, je suppose, lorsque que l'accusé aura levé sa main. Donc,

8 une fois la note rédigée, l'accusé peut lever sa main, et l'huissier va

9 traverser le prétoire pour prendre la note et vous la passer.

10 Mais je souhaite -- j'espère pouvoir croire qu'il ne nous sera pas

11 possible de trouver une manière plus efficace de régler cette question,

12 mais pour le moment c'est ainsi que nous agirons.

13 Veuillez faire venir le témoin. Et puis, je souhaite attirer votre

14 attention aussi sur une autre question qui nous préoccupe, c'est que

15 l'interrogatoire principal de ce témoin a duré quatre heures et 29 minutes,

16 et le contre-interrogatoire quatre heures 10 minutes - les 30 minutes ont

17 été accordées aux questions des Juges - donc au total un peu plus de neuf

18 heures, et nous croyons que ceci est beaucoup trop long. Donc, à partir du

19 témoin suivant, la Chambre va être plus rigoureuse et sévère s'agissant de

20 l'allocation du temps et du respect de ce temps. Le témoin suivant prendra

21 trois heures, qui vont être réparties de manière égale entre les deux

22 parties. Peut-on maintenant poser des questions supplémentaires au témoin ?

23 [Le témoin entre dans le prétoire]

24 LE TÉMOIN : MILORAD KATIC [Reprise]

25 [Le témoin répond par l'interprète]

26 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, Maître Tapuskovic.

27 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

28 Nouvel interrogatoire principal par M. Tapuskovic : [Suite]

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1 Q. [interprétation] Monsieur Katic, je souhaite que l'on revienne

2 maintenant sur quelques sujets seulement, car je souhaite parcourir au plus

3 vite un certain nombre de sujets.

4 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Tout d'abord, le film bref qui a été

5 montré vers la fin de l'audience hier, je souhaite qu'on le revoie, et il

6 s'agit de la pièce P620.

7 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui. Vous voulez montrer ce film.

8 L'Accusation nous aidera.

9 M. DOCHERTY : [interprétation] Un instant.

10 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.

11 [Diffusion de la cassette vidéo]

12 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, enfin, on ne va pas

13 répéter la même séquence.

14 Q. Monsieur Katic, vous avez vu cette séquence et vous avez déjà dit dans

15 votre réponse --

16 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Un instant.

17 M. DOCHERTY : [interprétation] Si Me Tapuskovic souhaite le revoir dès le

18 début, ça peut se faire très facilement. C'est mon offre.

19 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Faisons-le, s'il vous plaît, et veuillez

20 arrêter l'image où on voit la fumée.

21 M. DOCHERTY : [interprétation] Oui. Au début, on voit les gens qui parlent,

22 puis ensuite la présidence et ensuite l'explosion.

23 [Diffusion de la cassette vidéo]

24 M. TAPUSKOVIC : [interprétation]

25 Q. La dernière fois, vous avez dit ce que vous en pensiez, et je ne

26 souhaite pas revenir là-dessus. Il était question d'un obus d'artillerie.

27 Mais s'il n'y avait pas de fumée sur cette image, est-ce que vous

28 auriez pu dire un peu plus en détail ce qui était arrivé au bâtiment de la

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1 présidence ?

2 R. Et bien, si la fumée se dissipait et si sur le bâtiment je voyais des

3 parties de façade cassées ou du mur cassées ou bien si je voyais devant le

4 bâtiment des fragments d'obus, ceci aurait indiqué qu'un obus de canon y

5 était tombé, ou bien des morceaux du bâtiment par terre.

6 Q. Merci. Ensuite, ma question suivante traite de l'ordre qui a été évoqué

7 plusieurs fois ici, P496.

8 Je souhaite vous demander d'examiner la date et si possible de retenir le

9 numéro. Essayez-le, s'il vous plaît. Le numéro de l'en-tête.

10 R. La date est le 7 novembre, et le numéro est 2336-1.

11 Q. Merci. Que représente ce document, à votre avis ? Selon la forme, c'est

12 --

13 R. C'est un ordre.

14 Q. Dans quelle forme ?

15 R. Et bien, avec la connaissance --

16 Q. Non. Simplement, je vous pose la question sur la forme.

17 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Monsieur le Juge, c'est peut-être une

18 question directrice.

19 Q. Mais je voudrais savoir s'il s'agit d'un ordre donné par écrit.

20 R. C'est un ordre donné par écrit.

21 Q. Veuillez maintenant examiner la pièce P751.

22 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] 751.

23 Q. Veuillez lire si possible le début de la première phrase et le numéro -

24 - ou plutôt l'ensemble de la première phrase.

25 R. "Sur la base de l'ordre donné verbalement par le commandant de l'état-

26 major principal de l'armée de la Republika Srpska, réitérez immédiatement

27 la mission conformément à mon document hautement confidentiel numéro 20/15-

28 342 du 24 novembre 1994."

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1 Q. Merci. Est-ce que vous voyez quoi que ce soit qui aurait été lié à

2 l'ordre que vous avez vu tout à l'heure, s'agissant du document, de la

3 forme de cet ordre ou de cette référence faite à un ordre précédent ? Est-

4 ce que vous voyez un quelconque lien entre les deux ?

5 R. Entre ce document et le document précédent, il n'y a absolument aucun

6 lien.

7 Q. Merci. Veuillez maintenant, s'il vous plaît, examiner le document P33.

8 C'est un document de l'Accusation.

9 Monsieur Katic, vous avez déjà examiné ce document hier, et veuillez

10 s'il vous plaît réexaminer et dites-moi, s'il vous plaît, il est dit ici

11 que les forces de l'armée de la Republika Srpska agissent le long de quel

12 axe.

13 R. D'après ce document, on peut voir que les forces de l'armée de la

14 Republika Srpska sont actives dans la région de Debelo Brdo.

15 Q. Merci. Est-ce que l'on mentionne quelque part, et si oui où, Miljacka

16 ou bien une autre partie du secteur placé sous le commandement de l'ABiH ?

17 R. D'après cette lettre qui a été envoyée au général Milosevic, on ne voit

18 rien de tel, mais seulement les options dans la région de Debelo Brdo.

19 Q. Je vous remercie.

20 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Veuillez maintenant examiner le document

21 P667.

22 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Peut-être il est très tôt pour poser

23 une telle question, mais veuillez nous aider à comprendre. Où voulez-vous

24 en venir en nous montrant ces documents ? Quel était le but de la

25 démonstration de ces deux premiers ordres ? Il s'agissait des ordres tout à

26 fait différents ? Où voulez-vous en venir, s'il vous plaît ?

27 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Monsieur le Juge Harhoff, on va dans une

28 seule direction possible, à savoir, afin d'établir que l'un des deux

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1 documents que nous avons vus est un ordre verbal qui s'appuie sur un autre

2 document ou sur je ne sais quelle opération. Nous avons démontré le fait

3 qu'entre ces deux documents, entre ce document et l'ordre écrit, il n'y a

4 aucun lien, alors qu'on a essayé de le présenter ainsi. Autrement dit, un

5 lien prétendu n'existe pas.

6 Je ne vais pas maintenant entrer dans l'interprétation de ces

7 documents, car je ne souhaite pas me lancer dans un débat, mais j'aimerais

8 vous montrer qu'il n'y a pas de lien évident entre ces deux documents et je

9 vais pouvoir les interpréter seulement au moment de la plaidoirie de la

10 Défense. Mais je souhaite que le témoin note qu'entre le premier ordre et

11 l'ordre donné par écrit, il n'y a absolument pas de lien.

12 Puis, deuxièmement, concernant ce deuxième événement et document, il

13 est dit ici que l'on tirait le long de la rivière de Miljacka et que les

14 obus tombaient sur la ville, sur les agglomérations, alors qu'ici il est

15 dit clairement qu'il y avait des tirs dans la région de Debelo Brdo, où ont

16 été initiées aussi les attaques d'artillerie, alors qu'il s'agit d'une zone

17 contrôlée par l'ABiH.

18 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Je pense qu'il serait très utile, au

19 moins de la manière dont je comprends les choses, si vous voudriez bien

20 gentiment nous suggérer quelle est la conclusion que vous souhaitez que la

21 Chambre tire de ces éléments de preuve que vous venez de nous montrer.

22 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président, peut-

23 être que je devrais répondre maintenant même si j'ai l'impression que la

24 Défense n'est pas tenue de dévoiler tout. Mais je vous dirais tout d'abord

25 que le premier document qui porte sur un ordre direct en disant

26 "j'ordonne", on peut demander au témoin ce que cela veut dire dans notre

27 langue si quelqu'un donne un ordre qui commence par les mots "j'ordonne" et

28 si quelqu'un ne respecte pas les termes de cet ordre.

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1 Et si dans l'autre document on mentionne un ordre donné verbalement,

2 je ne vois pas comment on peut établir un lien entre un document par écrit

3 sans aucune ambiguïté et référence faite à un ordre verbal dont on ignore

4 le contenu. Et si vous le souhaitez, je peux vous donner plus de détails à

5 cette réponse, mais j'aurais besoin de plus de temps, et pour le moment je

6 pense que ceci suffirait.

7 S'agissant du deuxième aspect, si vous voulez, les tirs contre Debelo

8 Brdo alors que les attaques d'artillerie sont lancées, mérite une

9 explication, alors qu'ici l'Accusation disait que l'on tirait dans le sens

10 contraire, c'est-à-dire au-delà de la Miljacka, alors que d'après ce

11 document, tel n'était pas le cas. Il s'agissait d'une confrontation

12 militaire dans le cadre de laquelle c'étaient les soldats de l'ABiH qui

13 tiraient plus vers la ville, alors que l'armée de la Republika Srpska

14 agissait en dehors de la ville dans la direction de Debelo Brdo. Bien sûr,

15 dans un tel cas de figure, il est possible que ceci résulte en une

16 tragédie.

17 Et comme ma consœur le dit, c'était le document de l'Accusation, et

18 j'ai le droit de demander des clarifications supplémentaires.

19 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Absolument. Je ne mets

20 absolument pas cela en cause. La seule chose qui m'inquiète un peu, c'est

21 qu'à la fin de la présente affaire, nous risquons d'avoir oublié

22 l'importance de ces documents. C'est la raison pour laquelle je jugeais

23 préférable de vous poser les questions que je viens de vous poser pendant

24 que ce document est affiché à l'écran.

25 Mais arrêtons ce débat, et je vous demanderais de bien vouloir passer

26 à la suite.

27 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] J'aimerais soumettre au témoin la

28 pièce de l'Accusation P667.

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1 Q. Je ne vais pas entrer dans les détails, mais je vous demande,

2 Monsieur, de nous dire d'abord ce qu'est un "Bofors". Quel est ce calibre ?

3 R. Je crois que le Bofors a un calibre de 20 millimètres.

4 Q. Merci. Je vous demanderais maintenant de vous pencher sur le paragraphe

5 1 de cet ordre, 1.2.

6 R. "Entamez immédiatement" --

7 Q. Non. Le paragraphe 1.2.

8 R. "N'utilisez cette arme qu'en cas de nécessité de riposter à une attaque

9 musulmane."

10 Q. Merci. Pourriez-vous maintenant vous pencher sur le paragraphe 4, la

11 première phrase du paragraphe 4 qui se trouve en page 2 du document ?

12 R. "J'interdis strictement l'utilisation ou la capture, de l'initiative

13 des soldats, d'armes lourdes situées aux points de collecte contrôlés par

14 la FORPRONU. Toute utilisation ou déplacement de ces armes, en cas de

15 nécessité, doivent être demandés par le commandement du Corps de Romanija-

16 Sarajevo à partir du Grand quartier général de l'armée de la Republika

17 Srpska."

18 Q. Penchons-nous maintenant sur le document 758. C'est un document qui

19 vous a déjà été montré pendant l'interrogatoire principal.

20 Peut-être pourriez-vous vérifier la date en en-tête du document ?

21 R. Le 5 juin 1992.

22 Q. Merci. Quand avez-vous pris vos fonctions de président de la

23 municipalité de Novo Sarajevo, je vous prie ?

24 R. Le 13 mars 1993.

25 Q. Merci. J'aimerais maintenant que nous voyions rapidement ce qui figure

26 au paragraphe 3 de la première page. Lisez le titre simplement, je vous

27 prie.

28 R. "Logement de la population."

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1 Q. Et sous le point B ?

2 R. "Approvisionnements en vivres."

3 Q. Le point C ?

4 R. Je ne le vois pas. Il faudrait passer à la page suivante.

5 Q. Pas de problème. Nous laissons ça de côté pour le moment. L'Accusation

6 a insisté sur un autre point qui se trouve au paragraphe 6. Pourriez-vous

7 en prendre connaissance ?

8 Puisque nous passons à la page suivante du document et que le Procureur

9 vous a lu un passage tiré de la dernière phrase, je vous demanderais de

10 lire la dernière phrase du paragraphe 6.

11 R. "Nous avons rendu visite au monastère" --

12 Q. Non, non, le paragraphe 6. Je vous ai demandé le paragraphe 6.

13 R. Excuse-moi. Je cite : "Nous avons fait savoir aux Musulmans qu'ils

14 seraient en sécurité s'ils faisaient preuve de neutralité sur le plan

15 militaire vis-à-vis de nous, et jusqu'à présent la situation est bonne."

16 Q. Merci.

17 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] J'aimerais maintenant que nous regardions

18 la photographie qui constitue la pièce P754, après quoi je vous poserai

19 d'autres questions.

20 Q. Monsieur Katic, voilà ce que j'aimerais que vous disiez aux Juges.

21 Quand vous étiez dans les tranchées, comme vous l'avez dit hier et vous

22 avez cité un cadre temporel, en tant que simple soldat, que pouviez-vous

23 faire sur ordre de votre supérieur ? Sur quoi aviez-vous le droit de tirer

24 sur la ligne de front ?

25 R. A l'endroit où j'ai été envoyé en tant que soldat où j'ai passé environ

26 11 mois, je n'avais le droit de tirer que dans la direction de Debelo Brdo

27 ou de Grbavica où était déployée l'armée de la Republika Srpska.

28 Q. Merci. Et puisque sur cette photographie vous avez tracé la ligne

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1 séparant les deux parties belligérantes hier, ce sujet a été discuté

2 quelques instants, je vous demande ce qui se passait entre les deux parties

3 au conflit le long de cette ligne, et je parle plus précisément de

4 positions des deux armées respectives.

5 R. Ce que je peux dire, d'ailleurs je l'ai montré, j'ai tracé cette ligne

6 rouge, je peux dire où était stationnée l'ABiH, à savoir ici, à l'endroit

7 qui est annoté par la lettre "B". Et dans la banque Invest Banka, en face,

8 se trouvait l'armée de la Republika Srpska. Le long de la Miljacka, de la

9 rivière, il y avait des positions qui étaient tenues par l'ABiH d'un côté

10 de la rivière, et sur l'autre rive se trouvaient les troupes de l'armée de

11 la Republika Srpska.

12 Q. Merci. Quelles étaient les armes principalement utilisées et quelle

13 était leur description physique ?

14 R. Les armes utilisées étaient principalement des fusils automatiques et

15 semi-automatiques, car à cet endroit il était impossible de se servir

16 d'armes lourdes, que ce soit pour l'une des parties au conflit ou l'autre.

17 Il y eu de temps en temps des échanges de tirs sporadiques en 1994 et même

18 jusqu'au printemps 1995, et après la signature du cessez-le-feu en 1994, on

19 n'entendait que rarement des échanges de tirs sur cette partie du front.

20 Q. Hier, vous avez parlé d'êtres vivants. Qu'entendez-vous par là ?

21 R. Quand on utilise l'expression "êtres vivants", si on parle de l'armée,

22 dans notre langue nous avons l'habitude d'utiliser l'expression "force

23 vivante".

24 Q. Merci. On voit une rue devant les bâtiments que vous avez annotés par

25 les lettres "M" et "F". Alors, je vous demande quels étaient les bâtiments

26 qui étaient les plus hauts dans ce secteur ? On ne les voit pas sur la

27 photo nécessairement, mais est-ce que vous connaissez leurs noms et

28 l'endroit où ils se trouvaient ?

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1 R. Sur la gauche de la photographie, il y avait le bâtiment de l'assemblée

2 municipale de Sarajevo, qui est un bâtiment qui comptait, si je ne me

3 trompe, 20 étages. Il y avait le bâtiment Unis, qui se trouve aussi à

4 gauche de la photographie, qui était un des bâtiments les plus hauts juste

5 en face de l'hôtel Holiday Inn. Voilà, c'étaient les deux bâtiments les

6 plus hauts dont l'un comptait 20 étages et l'autre 22, si je ne me trompe

7 pas.

8 Q. Merci beaucoup, Monsieur Katic.

9 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, c'est la fin de mes

10 questions supplémentaires.

11 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Katic, nous sommes arrivés

12 au terme de votre déposition. Nous vous remercions d'être venu témoigner.

13 Vous pouvez maintenant vous retirer.

14 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Merci, Monsieur

15 Robinson. Merci, Messieurs les Juges. Je remercie le Tribunal de m'avoir

16 convoqué pour que je puisse apporter ma contribution même modeste et

17 éventuellement aider la Chambre dans ses efforts. Et je remercie également

18 les membres de l'Accusation ainsi que les membres de la Défense. Je vous

19 salue tous et je salue également M. Milosevic. Merci.

20 [Le témoin quitte la barre]

21 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Témoin suivant, je vous prie.

22 Maître Tapuskovic, qui est le témoin suivant ?

23 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Dragan Timic.

24 L'INTERPRÈTE : Simic. Me Tapuskovic s'exprimait hors micro et a été mal

25 entendu.

26 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

27 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je demanderais au témoin de

28 prononcer la déclaration solennelle.

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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

2 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

3 LE TÉMOIN : DRAGAN SIMIC [Assermenté]

4 [Le témoin répond par l'interprète]

5 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Vous pouvez vous asseoir.

6 Et, Maître Tapuskovic, vous pouvez commencer votre interrogatoire.

7 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

8 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

9 J'aimerais consacrer deux questions à des sujets peut-être moins importants

10 et ensuite en venir aux questions les plus importantes.

11 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, je vous en prie.

12 Interrogatoire principal par M. Tapuskovic :

13 Q. [interprétation] Monsieur, vous vous appelez bien Dragan Simic ?

14 R. Oui.

15 [La Chambre de première instance se concerte]

16 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Maître Tapuskovic, aucune des pièces

17 que vous avez l'intention de verser au dossier par le biais de ce témoin,

18 je vois qu'elles sont au nombre de cinq, aucune de ces pièces n'a été

19 traduite en anglais.

20 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, il y avait un

21 document assez court que je pensais soumettre au témoin, mais peut-être

22 n'aurai-je même pas à le faire. C'est un document très court que j'ai pu

23 traduire. Il peut être versé au dossier par le biais de n'importe témoin.

24 Je ne vais pas entrer dans les détails de sa teneur. Il ne compte que

25 quelques phrases, mais il peut être d'un grand intérêt pour les Juges.

26 Et si pour des questions de traduction je ne puis l'utiliser, je

27 voulais vous indiquer que je ne pensais utiliser que ce seul document. Pour

28 le reste, ce sont des documents médicaux qui n'ont absolument rien à voir.

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1 Donc, si vous me dites que je ne peux pas le verser aujourd'hui, cela n'est

2 pas un problème, car je peux le verser par le biais de n'importe quel

3 témoin. Mais il est question d'un événement sur lequel j'aimerais dire

4 quelques mots.

5 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Maître Tapuskovic, nous allons

6 commencer l'interrogatoire principal, mais j'aimerais mettre l'accent sur

7 le fait que vous êtes tenu de respecter le Règlement du Tribunal. Donc,

8 vous avez pour obligation de faire traduire les documents. Cette obligation

9 pèse sur toutes les parties, et pas seulement sur vous, d'ailleurs.

10 Mais voyons si nous pouvons avancer sans traduction pour le moment.

11 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, il y a une chose

12 que je me dois de vous dire. Vous avez tout à fait raison, la Défense pour

13 sa part déploie d'énormes efforts pour faire traduire tous les documents,

14 et il est possible que je n'utilise plus jamais de documents non assortis

15 de leur traduction.

16 Mais je dois vous dire que lorsque nous avons travaillé à la

17 rédaction de notre liste 65 ter et de la liste des témoins 65 ter, nous

18 nous sommes adressés au service de traduction, au CLSS, en demandant la

19 traduction d'un certain nombre de documents, et on nous a répondu qu'aucun

20 de ces documents ne pourrait être traduit avant le 1er juin et que le CLSS

21 travaille encore à la traduction de documents dont le versement au dossier

22 avait été demandé antérieurement.

23 Alors, nous déployons d'immenses efforts, et j'aurais peut-être pu trouver

24 quelqu'un pour traduire ces documents sous ma propre responsabilité, mais

25 je n'ai pas de service de traduction à ma disposition et je n'ai pas les

26 moyens matériels nécessaires --

27 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Avançons, avançons.

28 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Merci.

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1 Q. Monsieur Simic, vous êtes né le 5 novembre 1968 à Han Pijesak, dans le

2 village de Dzimrije, n'est-ce pas ?

3 R. Oui.

4 Q. Vous avez suivi, vous avez fait vos études secondaires dans le village

5 de Sokolovic, n'est-ce pas ?

6 R. Oui.

7 Q. Vous êtes diplômé du secondaire dans un lycée métallurgique, n'est-ce

8 pas, en 1987 ?

9 R. Oui.

10 Q. Jusqu'à la fin de 1990, vous avez travaillé à l'usine Unis, à la

11 production d'outils ?

12 R. Oui.

13 Q. Et puis, vous avez perdu votre emploi, vous avez été licencié; c'est

14 bien cela ?

15 R. Oui.

16 Q. Pourriez-vous dire aux Juges de la Chambre ce qui s'est passé à ce

17 moment-là, combien de temps vous êtes resté sans emploi et ce qui s'est

18 passé ?

19 R. Au début de 1991, j'ai perdu mon emploi. En septembre 1991, j'ai été

20 mobilisé dans les rangs de la JNA à Han Pijesak, dans les rangs de la 216e

21 Brigade d'infanterie de Montagne.

22 Q. Merci. Que faisiez-vous exactement au sein de la JNA ?

23 R. J'étais chauffeur pour une Compagnie de Police militaire.

24 Q. Qui était votre supérieur direct que vous conduisiez le plus souvent,

25 auquel vous serviez le plus souvent de chauffeur ?

26 R. Il s'agissait du capitaine Milic, parfois d'autres membres du

27 commandement.

28 Q. Qui commandait la 216e Brigade de Montagne de l'armée populaire

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1 yougoslave à l'époque ?

2 R. Dragomir Milosevic, qui était colonel à l'époque.

3 Q. Combien de fois lui avez-vous servi de chauffeur à cette époque que

4 nous pouvons qualifier d'époque où a éclaté le conflit ?

5 R. Deux ou trois fois.

6 Q. Au moment où le conflit a éclaté, où vous trouviez-vous ?

7 R. Au moment où le conflit a éclaté, je me trouvais à Lukavica. C'était au

8 début du mois de mai, le jour de l'incident de la rue des Volontaires.

9 Q. Merci. Qui avez-vous conduit à Lukavica ?

10 R. Mon commandant et deux autres officiers.

11 Q. Qui était votre commandant ?

12 R. Ljubisa --

13 L'INTERPRÈTE : L'interprète n'a pas entendu le nom de famille.

14 M. TAPUSKOVIC : [interprétation]

15 Q. Que s'est-il passé au cours des jours suivants ?

16 R. J'ai passé les jours suivants à Lukavica. J'y suis resté jusqu'à la

17 deuxième quinzaine de mai, au moment où la JNA a commencé à se retirer.

18 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Veuillez ménager une pause entre les

19 questions et les réponses, je vous prie, pour faciliter le travail des

20 interprètes.

21 M. TAPUSKOVIC : [interprétation]

22 Q. Que s'est-il passé au moment de l'incident survenu dans la rue dont le

23 nom s'est traduit par la rue des Volontaires ? Qu'est-il arrivé au cours

24 des jours suivants ?

25 R. Et bien, je répète que j'ai servi de chauffeurs aux officiers selon les

26 nécessités qui étaient les leurs, et en général je servais surtout de

27 chauffeur à mon capitaine, Ljubisa Milic. Je l'ai fait jusqu'à la deuxième

28 quinzaine du mois de mai. Et un jour au cours de la deuxième quinzaine du

Page 6163

1 mois de mai, il m'a dit que je devais l'amener à Han Pijesak et il m'a dit

2 qu'il allait partir en Yougoslavie.

3 Q. Merci. Que vous a-t-il recommandé de faire, quant à vous ?

4 R. Je lui ai demandé ce que je devais faire à partir de ce moment-là, et

5 il m'a dit que je pouvais rentrer chez moi et que si on avait besoin de

6 moi, quelqu'un allait m'appeler.

7 Q. Où se trouve votre maison ?

8 R. Ma maison familiale se trouve dans le village de Dzimrije, et nous

9 avions une autre maison à Sokolac également.

10 Q. Que s'est-il passé, les jours qui ont suivi ?

11 R. A ce moment-là, j'ai passé un mois, un mois et demi chez mes parents où

12 j'ai vécu une tragédie au sein de ma famille, car on a tué mon père tout

13 près de la maison. Cela s'est passé le 30 juin 1992, à 200 ou 300 mètres de

14 la maison.

15 Q. Comment cela s'est-il passé ? Pouvez-vous le relater brièvement ?

16 R. Mon père et ma mère étaient allés à cet endroit pour ramasser du bois.

17 Ma mère a remarqué un groupe d'hommes qui se trouvait dans la forêt, et

18 tout d'un coup ces hommes se sont mis à tirer. Mon père est mort sur place,

19 et ma mère, par chance, a réussi à rester en vie. Elle est rentrée à la

20 maison, elle a réussi à rentrer à l'intérieur de la maison et elle m'a

21 raconté ce qui s'était passé.

22 Q. Y a-t-il eu d'autres événements particuliers, les jours suivants ?

23 R. Sept jours après, dans un village limitrophe de mon village, mon oncle

24 a été tué dans les mêmes conditions, dans des conditions identiques. Il y

25 avait un groupe d'hommes --

26 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur le Témoin, pouvez-vous vous

27 rapprocher du micro ? Les interprètes ont du mal à vous entendre.

28 M. TAPUSKOVIC : [interprétation]

Page 6164

1 Q. Donc, vous avez passé un mois chez vous, et après tout ce qui s'est

2 passé, qu'avez-vous fait ?

3 R. Après tous ces événements, en fait cette tragédie qui a frappé la

4 famille, je suis allé à Han Pijesak, dans les bureaux militaires, et on m'a

5 envoyé à Lukavica. On m'a dit de rendre compte à la 1re Brigade Romanija, ce

6 que j'ai fait.

7 Q. Monsieur Simic, pendant la journée d'aujourd'hui, dans nos échanges, je

8 vous demanderais de regarder le texte sur l'écran devant vous et de

9 commencer votre réponse quand vous voyez que le défilement du texte a

10 cessé.

11 Qui commandait la 1re Brigade de Romanija ?

12 R. Quand je suis arrivé à Lukavica, le commandant de la 1re Brigade de

13 Romanija était Dragomir Milosevic.

14 Q. Et quel était votre travail ?

15 R. Et bien, comme précédemment --

16 Q. Attendez, attendez un instant, que je finisse ma question. Quel était

17 votre travail quand vous êtes arrivé dans cette unité ?

18 R. J'ai été assigné à une Compagnie de la Police militaire où j'ai

19 travaillé comme chauffeur.

20 Q. A qui serviez-vous de chauffeur à ce moment-là ?

21 R. Le plus souvent, je savais que le chauffeur Ratko Djurkovic, qui était

22 le commandant à cette époque-là, et quelquefois je servais également de

23 chauffeur à d'autres officiers du commandement de la brigade.

24 Q. Quand êtes-vous arrivé au sein de l'état-major du Corps de Romanija-

25 Sarajevo ? Attendez que la transcription sur votre écran s'arrête avant de

26 répondre.

27 R. Au début du mois d'août 1994, j'ai été transféré dans le bataillon du

28 Corps de la Police militaire qui était stationné à Lukavica, et à partir de

Page 6165

1 là, on m'a assigné des fonctions de chauffeur et pour partie de responsable

2 de la sécurité auprès du commandant du corps.

3 Q. Pouvez-vous décrire exactement les fonctions, notamment cette partie

4 dont vous venez de parler dans votre dernière phrase, à savoir cette partie

5 des responsabilités qui concernaient la sécurité ?

6 R. Je devais servir de chauffeur dans les moments où il fallait aller tout

7 près des lignes ennemies, là où on tirait. Et s'agissant de ma mission de

8 responsable de la sécurité, et bien nous avions pour tâche d'assurer la

9 sécurité physique des officiers et de les protéger, le cas échéant. Et,

10 bien sûr, nous devions toujours parvenir sans encombre à l'endroit où nous

11 étions censés aller.

12 Q. Est-ce que vous receviez des ordres de votre commandant ?

13 R. Non. Tous les ordres que je recevais m'étaient donnés par l'assistant

14 du général Milosevic, qui était lieutenant.

15 Q. Pouvez-vous donner un exemple des ordres qu'il vous a donnés ?

16 R. Et bien, il m'a assigné les tâches qui seraient les miennes pour la

17 journée en cours, il me disait où il fallait que j'aille et, s'il était

18 lui-même informé, il me disait combien de temps il fallait rester à cet

19 endroit, mais en général nous faisions l'aller-retour dans la journée.

20 Q. A qui serviez-vous de chauffeur le plus souvent, à ce moment-là ?

21 R. Au général Milosevic.

22 Q. Monsieur Simic, veuillez attendre la fin du défilement de texte sur

23 votre écran avant de commencer la réponse.

24 R. Mais je n'ai pas le texte devant moi.

25 Q. Donc, vous receviez quoi, avez-vous dit ?

26 R. C'est Slavisa Dobrilovic, un lieutenant assistant du général Milosevic,

27 qui me donnait mes ordres à l'époque.

28 Q. Et les ordres que vous receviez vous étaient transmis verbalement ?

Page 6166

1 R. Oui. Je recevais ces ordres le matin et parfois moins souvent le soir.

2 Q. Vous arrivait-il de recevoir des ordres sous forme écrite ?

3 R. Seulement lorsqu'il s'agissait de décrire exactement les conditions de

4 la mission, dans quelles conditions je devais accomplir ma tâche de

5 chauffeur et dans quelles conditions je devais assurer la sécurité. Mais

6 pour ce que je devais faire en route, on me le disait pendant le trajet.

7 Q. Donc, telles étaient les seules instructions écrites que vous receviez

8 ?

9 R. Oui. Ce n'étaient pas des ordres, c'était une description des

10 conditions dans lesquelles je devais effectuer ma mission.

11 Q. Pouvez-vous me dire où se trouvait le poste de commandant à l'époque ?

12 R. A Lukavica, dans la caserne.

13 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Je voudrais que l'on soumette au témoin le

14 document 02892 de la liasse de 65 ter. C'est une carte de la FORPRONU, si

15 je ne m'abuse.

16 Q. Monsieur Simic, pouvez-vous, sur cette carte, nous montrer où se

17 trouvait le commandement du Corps de Romanija-Sarajevo et inscrire une

18 annotation à cet endroit ?

19 R. Oui.

20 Q. Pouvez-vous apposer la lettre "K" à côté de cet endroit, s'il vous

21 plaît ?

22 R. [Le témoin s'exécute]

23 Q. Pendant que vous étiez au commandement, où était votre poste de travail

24 ?

25 R. Nous avions une pièce où nous séjournions. C'était de l'autre côté par

26 rapport à l'endroit où se trouvait le commandement du corps.

27 Q. En tant que chauffeur, est-ce que vous n'avez jamais pu assister aux

28 réunions du quartier général ou autre chose, dans le cadre du commandement

Page 6167

1 du Corps de Romanija-Sarajevo ?

2 R. Non, jamais. Ce n'était jamais le cas.

3 Q. Quand vous alliez sur le terrain - on va en parler plus tard - comment

4 se présentaient les choses ? Pouvez-vous nous expliquer cela ?

5 R. Oui. A ces moments où j'arrivais sur le terrain, au niveau de la zone

6 de responsabilité du Corps de Romanija-Sarajevo, si c'était le poste de

7 commandement, et bien, moi je restais devant le poste en attendant que le

8 général sorte ou revienne. Et quand il s'agissait de visiter les positions

9 ou les tranchées, et bien, j'étais personnellement aux côtés du général.

10 Q. Là où se trouvaient un poste de commandement avancé, les tranchées, et

11 cetera, où vous étiez à ce moment-là ?

12 R. A l'extérieur de cet endroit; devant, plutôt.

13 Q. Est-ce que vous avez jamais eu la possibilité d'assister aux réunions

14 du travail ou du quartier général principal, et cetera ?

15 R. Non.

16 Q. Et quand vous étiez dans les tranchées avec lui --

17 R. Oui. Là, j'étais avec lui, à ses côtés.

18 Q. Et quelle était votre mission à ce moment-là ?

19 R. Je m'occupais de la sécurité du général.

20 Q. Pouvez-vous me dire ce que vous avez annoté par la lettre "K" sur la

21 carte ? Qu'est-ce que c'était vraiment ? Qu'est-ce qui se trouvait autour

22 de ce poste de commandement, qu'il s'agisse au nord, au sud, et cetera ? Ce

23 que je veux savoir, c'était quel était cet endroit où se trouvait le

24 commandement du Corps de Romanija-Sarajevo ?

25 R. Le commandement du Corps de Romanija-Sarajevo se trouvait dans la

26 caserne. En direction de Sarajevo, à partir de la caserne, il y avait une

27 colline.

28 Q. Pourriez-vous noter, montrer sur la carte, s'il vous plaît, nous

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1 montrer à peu près où se trouve cette colline ?

2 Mettez-y la lettre "M", s'il vous plaît.

3 R. [Le témoin s'exécute]

4 Q. Est-ce qu'il y avait une autre colline à proximité ?

5 R. Ici ?

6 Q. Je parle d'une autre direction.

7 R. Oui. Quand je sors de la caserne sur ma droite en direction de Nisic

8 Visararan [phon], il y avait des collines en direction de Trnovo.

9 Q. Oui. Montrez cela sur la carte, s'il vous plaît. Vous pouvez le noter

10 ici. Montrez-nous sur la carte la direction de Trnovo. Vous pouvez y mettre

11 une flèche ainsi que la lettre "T".

12 R. [Le témoin s'exécute]

13 Q. Dans cette direction-là, y avait-il des élévations ?

14 R. Oui. Il y avait Igman, puis il y avait aussi les carrières de Krupac.

15 Q. Dans la direction que vous avez dessinée sur la carte, quand on quitte

16 la caserne, où se trouvait le commandement du Corps Romanija-Sarajevo ?

17 Quelle était la colline qui était là ?

18 R. En direction de Trnovo ? Igman, d'ailleurs, était tenu par l'armée. Il

19 y avait Krupac aussi, le mont, qui était tenu par l'ABiH.

20 Q. Montrez-nous où se trouve Igman, ici.

21 R. On ne le voit pas, ici. C'est à peu près ici, et voilà.

22 Q. Vous pouvez le dessiner.

23 R. [Le témoin s'exécute]

24 Q. Comment décrirez-vous cet endroit, l'endroit où se trouvait le

25 commandement ? Vous avez dit que Mojmilo était là ?

26 R. Enfin, de la colline, Mojmilo d'un côté, Igman de l'autre.

27 Q. Où se trouvait la colline Gavrica ?

28 R. C'était sur la gauche de la route que l'on prend en direction de

Page 6169

1 Trnovo.

2 Q. Montrez-le sur la carte, s'il vous plaît. Vous pouvez l'inscrire et y

3 ajouter la lettre "G".

4 R. [Le témoin s'exécute]

5 Q. Quelle est la hauteur de cette colline par rapport à Mojmilo ou à Igman

6 ?

7 R. C'est bien plus bas qu'Igman et que Mojmilo, d'ailleurs.

8 Q. Merci. Quelle était la direction que vous preniez quand vous partiez

9 pour faire une mission ? Vous pouvez, si vous voulez, mettre une flèche

10 ici.

11 R. Je parlais, dans la direction le long de Nisic.

12 Q. [aucune interprétation]

13 R. C'est en direction de Vraca, on passe par Lukavica.

14 Q. Merci. Vous pouvez y mettre la lettre "N".

15 R. [Le témoin s'exécute]

16 Q. Puis, ensuite, il fallait que vous partiez où. aussi ?

17 R. En direction de Pale.

18 Q. Très bien. Mettez-y la lettre "P".

19 R. [Le témoin s'exécute]

20 Q. Et si vous continuez dans la même direction, en direction de Pale pour

21 arriver au plateau de Nisic, vous deviez passer par où ? Vous n'avez pas

22 besoin d'inscrire tout cela.

23 R. Pour arriver là-bas, il fallait que je continue en direction de Pale,

24 ensuite Mrkovici. Ce n'est pas facile de passer par là non plus parce

25 qu'ils nous tiraient dessus depuis Grdonj et de là en direction de Vogosca.

26 Q. Très bien. Annotez, s'il vous plaît, aussi Vogosca sur la carte.

27 R. [Le témoin s'exécute]

28 Q. Vous pouvez y mettre la lettre "V", par exemple.

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1 R. [Le témoin s'exécute]

2 Q. Si vous deviez partir en direction de Nisici, montrez-nous où cela se

3 trouve. Vous pouvez y mettre une toute petite flèche pour nous montrer cet

4 endroit.

5 R. [Le témoin s'exécute]

6 Q. Quelle est la distance qui sépare cet endroit de Nisici ?

7 R. De Vogosca ?

8 Q. Oui.

9 R. Je dirais qu'il faut traverser 30, 40 kilomètres.

10 Q. Et si vous partiez en direction d'Ilidza, vous pouvez aussi mettre une

11 flèche.

12 R. [Le témoin s'exécute]

13 Q. Il fallait traverser combien de kilomètres ?

14 R. De 15 à 20 kilomètres.

15 Q. A partir d'où ?

16 R. De Vogosca.

17 Q. Ilidza, il est où ? Vous pouvez le montrer sur la carte, s'il vous

18 plaît ?

19 R. [Le témoin s'exécute]

20 Q. Mettez-y la lettre "I".

21 R. [Le témoin s'exécute]

22 Q. Et si, après cela, si vous vouliez aller à Nisic, pourriez-vous tirer

23 une flèche à partir de l'endroit où vous partez jusqu'à Nisic ?

24 R. [Le témoin s'exécute]

25 Q. Je me suis trompé. C'est plutôt Nedzarici qui m'intéressait, mais vous

26 pouvez garder la flèche qui était là.

27 R. [Le témoin s'exécute]

28 Q. On peut aller plus loin, n'est-ce pas ?

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1 R. Ce n'est pas facile. C'était difficile d'aller jusqu'au bout. Vous

2 pouvez arriver à peu près au milieu de Nedzarici.

3 Q. Et pourquoi c'était difficile ?

4 R. Parce qu'à Nedzarici, ils étaient encerclés de trois côtés. C'était une

5 impasse. C'était difficile de passer par là. On passait à pied, plutôt.

6 Q. Pourriez-vous décrire brièvement la façon dont vous assuriez la

7 sécurité du général Milosevic quand vous vous rendiez sur le terrain ?

8 Qu'il s'agisse de voyage en direction de Trnovo ou Nisic, comment vous

9 acquittiez-vous de cette mission ?

10 R. Quelle que soit la direction que je prenais, Trnovo ou le plateau de

11 Nisic, à l'époque il fallait protéger la voiture. Je mettais des gilets

12 pare-balles à l'intérieur, sur les portes. Et puis de toute façon, ce

13 n'était pas facile de circuler parce qu'il fallait emprunter des chemins

14 pas faciles. Quand on partait en direction de Trnovo, c'était vraiment

15 difficile de passer parce qu'on traversait des champs, des endroits

16 difficiles d'accès.

17 Q. Maintenant, je vais vous demander de m'expliquer comment cela s'est

18 passé. Donc, il se rendait sur le terrain, mais il y allait combien de

19 temps, par exemple ? A quelle fréquence ? Combien de temps par semaine par

20 rapport au temps qu'il passait à Lukavica ? Autrement dit, où est-ce qu'il

21 passait le plus de temps ?

22 R. Il passait le plus de temps sur le terrain. Je me souviens que pendant

23 une période donnée, c'était au début du mois d'août ou peut-être en

24 septembre, nous passions un peu plus de temps au niveau du poste de

25 commandement.

26 Q. Pourquoi ? Pouvez-vous expliquer cela ?

27 R. C'était calme. Il y avait le cessez-le-feu. Il n'y avait pas

28 d'activité, et donc on n'avait pas vraiment besoin de nous rendre sur le

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1 terrain. On y allait moins souvent.

2 Q. Merci. Quels étaient les événements d'octobre ?

3 R. Octobre 1994, c'était l'offensive qui a été lancée de l'ABiH au niveau

4 de Trnovo et du plateau de Nisic.

5 Q. Et pendant les mois à venir, à partir de ce moment-là, où étiez-vous

6 pendant la journée ? Décrivez-nous une journée type.

7 R. A l'époque, ma journée de travail commençait par les ordres que je

8 recevais le matin pour la journée à venir. Je les recevais de mon supérieur

9 hiérarchique. Il fallait se rendre sur le terrain tôt, soit en direction de

10 Trnovo ou du plateau de Nisic, et on y passait la journée et on restait là-

11 bas jusqu'à tard dans la nuit.

12 Puisqu'il était difficile d'emprunter la route que l'on utilisait, souvent

13 nous nous levions vraiment tôt pour arriver au niveau du plateau Nisic ou

14 bien au niveau de Trnovo. En arrivant, tout d'abord, j'amenais le général

15 au poste de commandement.

16 Q. A partir du moment où vous arriviez là-bas au poste de commandement,

17 vous, vous restiez où ?

18 R. Je restais devant.

19 Q. Et après la visite au poste de commandement, où est-ce qu'il se

20 rendait, le général ?

21 R. A chaque fois, presque, il se rendait sur les lignes de front de

22 l'armée de la Republika Srpska.

23 Q. Tout à l'heure, vous avez dit que quand lui il était sur la ligne de

24 front ou bien quand il était dans les tranchées, que vous étiez à côté du

25 général ?

26 R. Oui.

27 Q. Attendez, s'il vous plaît, la fin de ma question.

28 Est-ce que vous l'entendiez quand il s'adressait aux soldats ?

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1 R. Oui. Je l'entendais, mais plus souvent il leur disait de faire

2 attention, d'observer sans relâche, de ne pas agir sans besoin de garder

3 leurs munitions, que l'offensive allait s'arrêter, qu'ils allaient réussir

4 à défendre les positions qu'ils tenaient.

5 Q. Et au niveau du plateau de Nisic et de Trnovo, on parle du plateau de

6 Nisic, est-ce qu'à proximité de cet endroit-là, est-ce qu'il y avait des

7 installations civiles ? Quelle est cette zone, cette région ?

8 R. Non. Il y avait très peu de maisons, et d'ailleurs elles étaient

9 détruites. Vous savez c'était près des forêts; ce n'est pas une zone

10 agglomérée.

11 Q. Et à Trnovo, quelle était à la situation à Trnovo ? Montrez aux Juges,

12 s'il vous plaît, sur cette carte où se trouve Nisici et où se trouve

13 Trnovo, sur la carte qui est derrière vous. Montrez-le, s'il vous plaît.

14 R. Le plateau Nisic et Trnovo.

15 Q. Merci. Quelle était la situation à Trnovo ? Est-ce que là-bas il y

16 avait des villages, des civils, des installations civiles ?

17 R. A Trnovo même, oui, il y avait des civils. Mais sur les lignes à

18 proximité des lignes, non, il n'y en avait pas.

19 Q. Quelle était cette population, de quelle appartenance ethnique ?

20 R. A Trnovo ?

21 Q. Oui.

22 R. C'étaient des Serbes, une population à majorité serbe.

23 Q. Pouvez-vous nous dire, pour qu'on ne reste pas trop longtemps là-

24 dessus, pendant combien de temps ont duré les conflits entre l'ABiH et

25 l'armée de la Republika Srpska, les conflits qui ont commencé, comme vous

26 l'avez dit, au mois d'octobre ?

27 R. Cela a duré à peu près un mois et demi.

28 Q. Y a-t-il un incident qui s'est gravé dans votre mémoire qui se serait

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1 produit à Trnovo par rapport à ces événements dont on a parlé ? Est-ce

2 qu'il y a un incident qui s'est gravé de façon plus vive dans votre mémoire

3 ?

4 R. Oui. Je me souviens qu'au mois de novembre, j'ai amené le général à

5 Trnovo. Les gens étaient là. Je ne sais pas combien ils étaient exactement,

6 mais il y avait du monde. Quand je suis sorti, j'ai appris à ce moment-là

7 seulement qu'ils voulaient que le général leur fournisse des véhicules, des

8 moyens de transport pour quitter Trnovo. C'était au mois de novembre.

9 Q. Pourquoi cela ?

10 R. Ils disaient, on pouvait l'entendre d'ailleurs, ils disaient, ces gens-

11 là, que l'offensive a été forte, qu'ils avaient peur que l'ABiH allait

12 passer par Trnovo, et ils se souvenaient très bien de l'année 1992 et des

13 conditions de vie à Trnovo en 1992 pendant que l'ABiH y était.

14 Q. Et ensuite ?

15 R. Le général leur a parlé, il leur a dit de rester, qu'il ne fallait pas

16 quitter Trnovo, qu'il allait tout faire pour sécuriser les lignes de front

17 et pour préserver Trnovo.

18 Q. Merci. A quel moment les combats se sont-ils arrêtés ?

19 R. A peu près au mois de décembre, si mes souvenirs sont exacts.

20 Q. Vous souvenez-vous de ce qui s'est passé par la suite ?

21 R. A partir du mois de janvier jusqu'en mai 1995, il y avait le cessez-le-

22 feu, même s'ils tiraient encore sur la route, la route que j'empruntais,

23 mais pas dans la même mesure qu'auparavant, à l'époque des combats.

24 Q. Pendant cette période-là, donc fin décembre jusqu'au mois de mai,

25 quelles sont alors les positions que le général visitait plus souvent,

26 alors ?

27 R. Pendant cette période-là, on allait le plus souvent dans les parties de

28 la ville tenues par l'armée de la Republika Srpska, à savoir Grbavica,

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1 Nedzarici. Mais le plus souvent, on allait à Grbavica.

2 Q. Et s'il fallait vous rendre à Nedzarici, est-ce que vous étiez à

3 nouveau obligé d'emprunter cette route, la route que vous avez marquée à

4 l'aide des flèches sur la carte ? Est-ce qu'il fallait donc emprunter toute

5 cette route-là pour vous rendre à Nedzarici ?

6 R. Oui, oui.

7 Q. Bien. Puisque vous nous dites que le général se rendait le plus souvent

8 à Grbavica puis à d'autres endroits dans la ville, dans la ville même, donc

9 les quartiers qui relevaient de la zone de responsabilité du Corps

10 Sarajevo-Romanija, mais il y allait pour voir qui ? Où est-ce qu'il allait

11 le plus souvent, à l'époque ?

12 R. Il allait le plus souvent visiter les soldats dans les tranchées. C'est

13 avec eux qu'il parlait.

14 Q. Merci. Et que leur disait-il ?

15 R. Et bien, l'essentiel, ce qu'il leur disait le plus souvent, c'est de

16 faire attention, d'observer, de ne pas se relâcher, de rester sur leur

17 garde et qu'il ne fallait riposter que si on leur tirait dessus et qu'il

18 fallait d'ailleurs tirer exclusivement et uniquement sur ceux qui leur

19 tiraient dessus, donc des cibles militaires. Il disait qu'il ne fallait

20 surtout pas qu'ils tirent sur des civils, que ceci ne devrait même pas

21 traverser leur esprit, qu'il ne fallait jamais, au grand jamais tirer sur

22 des civils.

23 Q. Et pourquoi cela ?

24 R. D'après ce que j'ai entendu, il leur disait comme cela : "Ne le faites

25 pas, faites attention, regardez. Vous savez, ils disent sans arrêt dans les

26 médias qu'on tire sur les civils. Vous savez que ce n'est pas vrai vous-

27 mêmes."

28 Q. Qu'est-ce qu'il leur disait ? Qu'est-ce qu'il fallait qu'ils protègent

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1 le plus ?

2 R. Et bien, il répétait toujours la même chose. A Grbavica, il leur disait

3 que leurs familles étaient derrière leur dos, leurs biens étaient derrière

4 leurs dos, que c'est cela qu'il fallait qu'ils protègent.

5 Q. Et pendant que vous avez voyagé avec lui, parce que vous avez voyagé

6 avec lui pendant toute la guerre, est-ce que parfois il se plaignait de

7 quoi que ce soit ?

8 R. Et bien, si mes souvenirs sont exacts, il ne se plaignait que d'une

9 chose, qu'il n'y a pas assez de nourriture, c'est difficile de trouver de

10 la nourriture. C'est la seule chose que je l'entendais dire parce qu'il

11 s'en est plaint plusieurs fois.

12 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je pense que le

13 moment est opportun pour prendre la pause.

14 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Et bien, nous allons lever la séance

15 pour 20 minutes.

16 --- L'audience est reprise à 10 heures 30.

17 --- L'audience est reprise à 10 heures 55.

18 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Poursuivez, Maître Tapuskovic.

19 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

20 Q. Monsieur Simic, nous devons faire attention tous les deux pour faire ce

21 que je vous ai demandé de faire. Et avant la pause, je vous ai posé une

22 question. Je vais vous poser une autre question concernant les visites sur

23 le terrain.

24 Lorsqu'il venait assister à une réunion ou lors de ses visites sur le

25 terrain, combien de temps est-ce qu'il restait à cet endroit, c'est-à-dire

26 au poste de commandement avancé ?

27 R. Très peu de temps, entre 15 et 30 minutes.

28 Q. Et ensuite, où partait-il et où passait-il le plus gros de son temps ?

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1 R. Il se rendait sur les lignes, entre les combattants, et c'est là qu'il

2 resterait jusqu'au tard dans la soirée, à parler à des soldats.

3 Q. Est-ce que vous pourriez me dire, puisque vous étiez avec lui le plus

4 souvent à l'époque, d'après ce que j'entends, quelles étaient les armes que

5 vous aviez vous-même dans le cadre de cette mission ?

6 R. Un pistolet et un fusil automatique.

7 Q. Savez-vous quelque chose au sujet de la zone d'exclusion des armes

8 lourdes ?

9 R. Pour autant que je m'en souvienne, c'était en 1994, je crois. C'est à

10 ce moment-là qu'il fallait retirer toutes les armes lourdes à une

11 différence d'une vingtaine de kilomètres, je crois.

12 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, Monsieur Docherty, -- ou plutôt

13 Monsieur Waespi.

14 M. WAESPI : [interprétation] Oui. Nous avons changé de place pendant la

15 pause.

16 La mention de la zone de l'exclusion des armes lourdes me rappelle

17 les résumés de 65 ter. Déjà, à ma surprise, il a été dit que cet homme

18 n'était pas seulement un chauffeur, mais aussi qu'il travaillait dans le

19 cadre de la sécurité de l'accusé. Or, ceci n'était pas mentionné dans les

20 résumés. Maintenant, on ouvre un chapitre tout à fait nouveau de la zone

21 d'exclusion totale, et je ne suis pas sûr si cet homme peut parler plus en

22 détail de ce sujet. Je pense qu'à un moment donné, Monsieur le Président,

23 vous avez dit que vous alliez prendre une décision au sujet de la nature

24 des résumés 65 ter.

25 Il est difficile pour nous de nous préparer. Nous ne connaissons pas le

26 grade ni les unités concrètes auxquelles ces hommes appartiennent. Parfois,

27 on essaie de recontacter la Défense, de leur demander plus de détails. Je

28 l'ai fait hier dans mon e-mail, et les résumés ne sont pas exacts. L'un des

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1 témoins - je pense que c'était P53 -, il a été dit que c'était un soldat,

2 et maintenant c'est un capitaine. Donc, en fait, nous allions dans la

3 mauvaise direction lors de nos préparations. Donc, je vous invite, Monsieur

4 le Président, à rendre une ordonnance indiquant que ces résumés doivent

5 être plus explicites pour nous permettre de nous préparer pour le contre-

6 interrogatoire, sinon - et je n'ai pas utilisé ce mot - mais sinon ce n'est

7 pas équitable vis-à-vis de l'Accusation.

8 Merci, Monsieur le Président.

9 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci.

10 Monsieur Tapuskovic.

11 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Merci. Puisque c'est Mme Isailovic qui a

12 traité de cette question-là, est-ce que vous lui permettrez d'expliquer

13 cela elle-même, puisque c'est elle maintenant qui va s'occuper des

14 questions de procédure ? C'est elle qui en a traité, c'est elle qui a

15 répondu par écrit au courrier électronique de M. Waespi hier, et avec votre

16 permission je lui cèderai la parole.

17 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui. Merci.

18 Oui, Madame Isailovic.

19 Mme ISAILOVIC : Merci, Monsieur le Président.

20 En effet, donc je n'ai pas encore envoyé la lettre donc parce que j'ai eu

21 des problèmes avec l'ouverture de ma clé USB dans la salle. Mais cela ne va

22 pas tarder.

23 Mais justement, parce que M. Waespi soulève la question de

24 l'insuffisance de nos résumés 65 ter, donc peut-être c'est l'occasion de

25 répondre donc par les mêmes mots que j'ai utilisés, donc la même phrase

26 dans la lettre donc que je vais envoyer, mais peut-être que c'est plus

27 officiel devant vous.

28 Donc, tout d'abord, la Défense a établi les résumés 65 ter

Page 6180

1 complètement donc en conformité, tout à fait en conformité avec les

2 dispositions de l'article 65 ter G qui donc règle l'obligation de la

3 Défense. Donc, la Défense vraiment s'est conformée à cette obligation

4 strictement dans l'intérêt de la défense des droits de l'accusé, et en

5 effet le Règlement a prévu une autre obligation pour la Défense qui diffère

6 de l'obligation de l'Accusation pour une raison tout à fait simple : pour

7 protéger justement les droits de la Défense.

8 Et pour cela donc, nous, et je l'avoue, donc M. Tapuskovic et moi-

9 même, donc on a tâché vraiment de fournir les données personnelles aussi

10 même si les Règlements ne nous y obligent pas, justement pour déterminer la

11 brigade ou le bataillon où par exemple ce soldat a combattu, donc pas les

12 dates dans le sens forcément, parce que ce n'est pas prévu dans les

13 Règlements. Mais je comprends tout à fait donc la préoccupation du

14 Procureur qui souhaiterait peut-être mener des investigations parce qu'il

15 est à même de le faire.

16 Donc, la Défense, même avec toutes ces données, donc ne serait pas en

17 mesure de mener des investigations beaucoup plus approfondies sur la

18 personnalité des témoins de l'Accusation, alors que le Procureur peut le

19 faire, et je le comprends. Donc, si j'étais à la place de M. Waespi, donc

20 j'aurais fait la même chose. Mais justement pour cela il faut respecter

21 donc la lettre du Règlement, et ce n'est pas pour rien qu'on a complètement

22 différemment rédigé donc l'article 65 ter dans son paragraphe F qui

23 concerne le Procureur et dans son paragraphe G qui concerne la Défense.

24 Justement, votre Chambre décidera, mais j'ai comparé en plus les

25 résumés de l'Accusation et j'ai tâché vraiment de suivre donc la structure,

26 la quantité et la qualité d'informations. On a fourni même beaucoup plus,

27 parce que quand on regarde les résumés de l'Accusation, on voit, même s'ils

28 étaient obligés de faire autrement, ils ne se sont pas conformés à

Page 6181

1 l'obligation, et M. le Juge Antonetti n'était pas tout à fait content du

2 travail de M. Stamp, à l'époque le Procureur dans ce dossier. Mais bon, on

3 n'a plus rien à avoir plus. Mais par contre, on a eu des déclarations,

4 parce que c'est une autre obligation d'Accusation, mais qui n'est pas

5 réciproque, c'est-à-dire qui n'est pas symétrique du côté de la Défense.

6 Et M. Tapuskovic et moi-même, donc on est désolés, mais on a fait

7 notre travail conformément aux Règlements, donc et je vais envoyer cette

8 lettre par écrit à mon confrère avec peut-être même plus de détails, de

9 l'assurance que la Défense tâchera donc à l'avenir de fournir, mais sur une

10 base, disons, particulière et spécifique, mais de donner, comme aujourd'hui

11 par exemple, on a informé notre confrère de l'Accusation de quelques

12 données sur un témoin qui arrivera prochainement devant vous. Donc, c'est

13 tout à fait une obligation de confraternité entre nous.

14 Merci.

15 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci, Madame Isailovic.

16 Si je dois dire quelque chose à ce sujet, je souhaite dire clairement que

17 je parle en mon nom personnel, et je dirais que dans l'affaire Slobodan

18 Milosevic, j'y étais le Président de la Chambre s'agissant de la

19 présentation des éléments à décharge. Les résumés 65 ter soumis par

20 l'accusé étaient encore plus réduits. Et j'avais mon adjointe juridique qui

21 vérifiait cela.

22 Et elle m'a confirmé que la pratique de la Chambre de première

23 instance à cet égard n'est pas cohérente apparemment, et aucune ordonnance

24 n'a été rendue à ce sujet par la Chambre d'appel. Mais je souhaite traiter

25 de cette question avec certaines connaissances particulières, doctrinales.

26 A mon avis, les droits et les obligations de l'Accusation et de la Défense

27 ne sont pas nécessairement les mêmes. L'Accusation a certains devoirs qui

28 ne s'appliquent pas à la Défense, et je pense que s'agissant de la

Page 6182

1 communication de pièces, cette question-là est dans une grande mesure

2 influencée par le droit de l'accusé à garder le silence. Et je reconnais,

3 bien sûr, que le Règlement a un article portant sur ce point, mais je pense

4 que les dispositions du Règlement comme toutes les autres doivent être

5 interprétées à la lumière des dispositions pertinentes du Statut.

6 Et en ce qui me concerne, je ne tendrais pas à obliger la Défense de

7 fournir plus que ce n'est le cas pour le moment, mais compte tenu de

8 l'esprit de coopération, j'encourage les deux parties à faire le maximum et

9 je clarifie encore une fois que je parle en mon nom personnel sur ce point.

10 Oui, poursuivez, Maître Tapuskovic.

11 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je peux reformuler

12 la question, aussi.

13 Q. Monsieur Simic, vous êtes arrivé au poste du chauffeur du général

14 Milosevic. Vous avez dit que c'était quand ?

15 R. C'était au mois d'août 1994, début août 1994.

16 Q. Merci. Vous étiez chauffeur. Vous n'aviez pas de grade. Qu'avez-vous

17 remarqué pendant que vous vous déplaciez sur le terrain avec le général

18 Milosevic et dans quelle mesure est-ce que vous prêtiez attention à cela

19 au-delà de votre mission ?

20 R. J'avais pris plus de temps pour pouvoir remarquer ce qui se passait.

21 Tout ce que je sais, c'est ce que j'ai entendu dire de la part des soldats

22 ou bien quelqu'un me l'a raconté ou je l'ai appris par le biais des médias.

23 Q. Monsieur Simic, ce n'est pas de cela que je parlais. Mais vous avez dit

24 que vous aviez un pistolet et des armes d'infanterie. Avez-vous eu d'autres

25 armes ? Qu'avez-vous remarqué à ce moment-là ? Car vous avez dit tout à

26 l'heure que vous étiez au courant de la zone d'exclusion totale. Qu'avez-

27 vous observé ?

28 R. Sur le plateau de Nisic, j'ai vu des canons, des mortiers, parfois des

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1 chars et j'ai remarqué la même chose dans le secteur de Trnovo, aussi.

2 Q. Et lorsque vous vous rendiez sur les positions à Ilidza, Grbavica,

3 Dobrinja et Nedzarici, qu'est-ce que vous remarquiez à ce moment-là ?

4 R. Seuls les soldats avec les armes d'infanterie.

5 Q. Et est-ce qu'il y a eu des armes quelque part ? A des endroits où ils

6 ne tenaient pas des positions de combat, est-ce qu'il y a eu un tel endroit

7 ?

8 R. Je ne le sais pas avec exactitude, mais j'ai remarqué une fois qu'il y

9 a eu quelque chose sous le contrôle de la FORPRONU, si mes souvenirs sont

10 bons. Je ne suis pas sûr exactement où ça se trouvait. Je ne me souviens

11 pas.

12 Q. Très bien. Vous dites qu'une période calme s'est ensuivie, et puis vous

13 nous avez expliqué où se déplaçait le général Milosevic. Comment de temps a

14 duré cette période que vous venez de nous décrire ? Que s'est-il passé au

15 cours de cette période sur le plan militaire ?

16 R. Entre janvier et le printemps ? C'était une période calme, nous n'avons

17 pas beaucoup voyagé, seulement dans la partie de la ville où l'armée de

18 Republika Srpska se trouvait. C'est ainsi les choses se passaient jusqu'en

19 mai.

20 Q. Merci. Que s'est-il passé en mai ?

21 R. En mai, des activités féroces ont été lancées depuis la ville, depuis

22 les zones contrôlées par l'ABiH, et toutes les routes que j'utilisais afin

23 de conduire le général étaient ciblées au quotidien. Il était impossible de

24 les pratiquer, et je devais faire très attention à mon véhicule. On

25 voyageait de nuit, et la portion de Zlatiste était particulièrement

26 risquée.

27 Q. Merci.

28 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Je n'ai pas sauvegardé la carte, et entre-

Page 6184

1 temps je n'ai pas montré de documents. Je ne sais pas si la carte qu'on a

2 utilisée et qui a été annotée peut être sauvegardée. C'est la carte qui est

3 toujours à l'écran. Et peut-on lui attribuer une cote ? Il s'agit de la

4 carte à laquelle le témoin a apposé certaines annotations. Il s'agit de la

5 carte de la FORPRONU à la base.

6 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, nous allons admettre ce

7 document.

8 M. LE GREFFIER : [interprétation] C'est D207, Monsieur le Président.

9 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, cette pièce 65 ter

10 02930. Puisque le témoin a mentionné Zlatiste, je souhaite que le témoin

11 nous explique un certain nombre de points. En entrant dans ce prétoire

12 aujourd'hui, même si je n'avais pas placé cette photographie à l'origine

13 sur ma liste des pièces à conviction, M. Waespi a été d'accord pour me

14 permettre d'utiliser cette photographie 65 ter 02930. Est-ce que vous

15 approuvez cela, Monsieur le Président ?

16 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.

17 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Très bien, puisque cette image a été

18 sauvegardée, peut-on maintenant examiner la pièce 02930 en vertu de la

19 liste 65 ter ?

20 C'est un peu foncé. Peut-on éclaircir quelque peu ?

21 Q. Monsieur Simic, pourriez-vous montrer à la Chambre où se trouve ici

22 Zlatiste que vous avez mentionné tout à l'heure ? Est-ce que vous pourriez

23 nous montrer cet endroit sur cette photographie ? Puisque sur cette photo

24 il est possible d'apposer des annotations, avec l'aide de l'huissier, est-

25 ce que vous pouvez nous montrer où se trouve Zlatiste ? Si vous le voyez,

26 veuillez dresser une ligne englobant l'ensemble de cette région.

27 R. [Le témoin s'exécute]

28 Q. Merci. Si l'on examine bien cette photographie qui est excellente,

Page 6185

1 est-ce qu'on voit à cet endroit la route aussi ?

2 R. Non.

3 Q. Par rapport à cette ligne, est-ce que vous pourriez apposer la lettre

4 "Z" à côté ?

5 R. Oui.

6 [Le témoin s'exécute]

7 Q. A partir du milieu de cette ligne, est-ce que vous pouvez dresser une

8 autre ligne, un prolongement ? Mais tout d'abord, la question est la

9 suivante.

10 Est-ce que vous pouvez indiquer Debelo Brdo, ici ?

11 R. Oui.

12 Q. Veuillez dresser une ligne pour l'indiquer aussi.

13 R. [Le témoin s'exécute]

14 Q. Veuillez --

15 R. Quelle lettre ?

16 Q. La lettre "D".

17 R. [Le témoin s'exécute]

18 Q. En ce qui concerne le début de la première ligne, est-ce que vous

19 pourriez le relier avec l'endroit où se trouve Debelo Brdo, donc relier

20 Zlatiste à Debelo Brdo ?

21 R. [Le témoin s'exécute]

22 Q. Merci. Cette région-là que vous venez d'annoter avec ces lignes,

23 maintenant, que ceci soit marqué par la lettre "L".

24 R. [Le témoin s'exécute]

25 Q. Pourriez-vous nous dire où se trouvaient les positions de l'armée

26 de la Republika Srpska ? Veuillez simplement nous le montrer sans apposer

27 d'annotation. Est-ce que c'était sur la première ligne que vous êtes resté

28 ?

Page 6186

1 R. Les positions de l'armée de la Republika Srpska étaient sur la première

2 ligne, sur la route.

3 Q. Merci. Qui contrôlait cette région que vous avez annotée par cette

4 ligne, entre l'armée de la Republika Srpska et Debelo Brdo ?

5 R. Personne ne contrôlait cette région; c'était une zone tampon, c'était

6 un espace entre les deux, puisque l'armée de Bosnie-Herzégovine était sur

7 Debelo Brdo.

8 Q. Est-ce que vous pourriez nous dire où se trouve une tour que l'on

9 mentionne souvent ici et qui était à proximité de la position de la VRS ?

10 R. Oui, c'était la tour de Zlatiste.

11 Q. Veuillez l'annoter avec la lettre "M".

12 R. [Le témoin s'exécute]

13 Q. Au moment des événements qui se sont déroulés en mai, que représentait

14 cette tour ?

15 R. Les lignes suivaient la route que j'ai déjà mentionnée et puis autour

16 de la tour aussi. La tour était sans cesse exposée aux tirs depuis Debelo

17 Brdo.

18 Q. Et la route passait par où ? La route qui traverse Zlatiste passait par

19 où, par rapport à cette élévation sur laquelle se trouve la tour, si l'on

20 examine Lukavica ?

21 R. Depuis la direction de Lukavica, c'était vers Pale.

22 Q. Non, si l'on regarde depuis la ligne que vous avez dessinée ici et

23 l'endroit où vous avez annoté la tour, par où passait la route par rapport

24 à cette élévation ?

25 R. Par rapport à la tour de Zlatiste ?

26 Q. Oui.

27 R. Il y avait une forêt à droite, et la route traversait les positions que

28 j'ai indiquées et passait via Zlatiste. J'ai apposé la lettre "Z" pour

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1 marquer Zlatiste.

2 Q. Et depuis cette route, on ne voyait pas du tout Sarajevo, n'est-ce pas

3 ? C'était derrière le mont où se trouvait la tour ?

4 R. Il était difficile de voir les parties de la ville qui étaient de

5 l'autre côté de la Miljacka.

6 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Waespi.

7 M. WAESPI : [interprétation] Le témoin a donné sa réponse, mais la question

8 était visiblement directrice. Et dire que l'on ne voyait pas la ville n'est

9 pas reflété par les éléments de preuve dans ce dossier.

10 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] C'était une question directrice.

11 Vous devez éviter de les poser, Maître Tapuskovic. Les éléments de preuve

12 obtenus par le biais des questions directrices n'ont pas de valeur.

13 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Je le sais, et c'est ainsi dans notre

14 système judiciaire aussi. Lorsqu'on pose une question directrice, c'est

15 interdit, car là-bas nous ne pouvons avoir que l'interrogatoire principal,

16 il n'y a pas du tout de contre-interrogatoire. Donc, vous avez tout à fait

17 raison, sans doute.

18 Q. Monsieur Simic, est-ce que vous pouvez nous dire la chose suivante ?

19 Cette route que vous annoterez --

20 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je ne suggérais rien, j'ai rendu une

21 ordonnance. Je ne fais pas de suggestions, je rends des ordonnances.

22 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Peut-être le mot utilisé par l'interprète

23 n'était-il pas le bon, car je n'ai pas parlé de suggestion. Ce que je veux

24 dire, c'est que votre décision est absolument justifiée; je n'ai pas le

25 droit de poser de questions directrices. Vous avez très bien apprécié la

26 situation. Toute ma vie j'ai eu cette obligation de ne pas poser de

27 questions directrices, car dans mon système judiciaire, lorsqu'on

28 interroge, on n'a jamais le droit de poser des questions directrices. Mais

Page 6188

1 dans notre système, il y a une grande faiblesse, à savoir qu'il n'existe

2 pas de contre-interrogatoire.

3 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Veuillez poursuivre, Maître

4 Tapuskovic.

5 M. TAPUSKOVIC : [interprétation]

6 Q. De quelle direction arrive-t-on à Zlatiste ? A partir d'où ?

7 R. A partir de Lukavica.

8 Q. Pouvez-vous tracer une ligne qui se termine par une flèche ?

9 R. [Le témoin s'exécute]

10 A partir de Lukavica.

11 Q. Merci. Et si on reprend le bout de cette ligne, où mène la route ?

12 R. A Pale.

13 Q. Un instant. Veuillez, au bout de ce trait, tracer une flèche.

14 R. [Le témoin s'exécute]

15 Q. Mettez, je vous prie, la lettre "L" à côté de la première flèche.

16 R. [Le témoin s'exécute]

17 Q. Et à côté de la deuxième flèche, veuillez inscrire la lettre "P".

18 R. [Le témoin s'exécute]

19 Q. Sauriez-vous me dire quelle est la longueur approximative du premier

20 trait que vous avez dessiné au niveau de Zlatiste et jusqu'à l'endroit où

21 on voit la lettre "Z" ?

22 R. Entre 300 et 350 mètres.

23 Q. Merci. Et qu'est-ce qui commence à cet endroit-là ?

24 R. Dès qu'on sort de Lukavica en passant par Zlatiste, sur cette partie de

25 la route, sur cette portion de 300 mètres à peu près, les tirs commencent.

26 Cela signifie que l'armée est présente, et une fois qu'on a franchi 300 ou

27 350 mètres, on arrive dans une forêt assez dense qui se trouve sur le côté

28 droit de la route quand on va vers Pale.

Page 6189

1 Q. Quelle est la longueur du trajet à travers la forêt ?

2 R. Environ 10 kilomètres.

3 Q. Et quand on sort de la forêt, on tombe sur quoi ?

4 R. Sur des soldats qui se trouvaient dans une tranchée tout près de la

5 route à cet endroit-là.

6 Q. Pendant ce trajet de 10 kilomètres menant vers Pale, avez-vous à

7 quelques moments que ce soit entendu le général prononcer quelque chose,

8 donner un ordre par exemple, ou quoi que ce soit qu'il ait pu dire ?

9 R. Non, je ne l'ai jamais entendu donner un ordre. S'il s'arrêtait de

10 temps à autre, c'était uniquement pour saluer les soldats. Je ne l'ai

11 jamais entendu donner un ordre à ses soldats.

12 Q. Pouvez-vous expliquer cela ? Pourquoi est-ce qu'il n'a jamais donné

13 d'ordres ?

14 R. La forêt était très dense, elle se composait d'arbres centenaires, et

15 on ne voyait rien à partir de là. La ligne de front était des deux côtés de

16 la forêt, mais à partir de la forêt elle-même, quand on était à l'intérieur

17 de la forêt, on ne voyait rien. On ne voyait que les arbres qui se

18 trouvaient devant nous. C'est sans doute pour cette raison qu'il n'a pas

19 ressenti la nécessité de s'arrêter. En tout cas, il ne l'a pas fait aussi

20 souvent qu'à Trnovo ou sur le plateau de Nisic.

21 Q. D'accord. Donc, il lui a fallu traverser la forêt pour arriver là-bas ?

22 R. Pour arriver à Pale. Ensuite, il y a 2 kilomètres à peu près jusqu'à

23 Pale à partir de Zlatiste.

24 Q. Et ensuite il est allé où ?

25 R. Si on passait par le plateau de Nisic, on se dirigeait vers Vogosca, et

26 ensuite on tournait vers le plateau de Nisic en passant par un certain

27 nombre de localités, et c'est là qu'on a commencé à avoir des problèmes.

28 Q. Merci. Ça, nous l'avons déjà entendu. D'autres témoins l'ont déjà dit.

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1 La distance entre Zlatiste et Debelo Brdo, elle est de combien à peu

2 près ? Je ne pense pas vous avoir déjà posé cette question.

3 R. Environ 300 mètres ou un peu moins.

4 Q. A partir de Zlatiste, c'est-à-dire au niveau de la première ligne que

5 vous avez inscrite sur l'écran, que pouviez-vous voir ?

6 R. Uniquement les quartiers de la ville qui se trouvaient de l'autre côté

7 de la Miljacka.

8 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je demande le

9 versement au dossier de cette photographie et qu'elle reçoive une cote.

10 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.

11 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce D208, Monsieur le

12 Président, Messieurs les Juges.

13 M. TAPUSKOVIC : [interprétation]

14 Q. Monsieur Simic, vous avez dit qu'au mois de mai s'étaient produits les

15 événements que vous avez décrits il y a quelques instants, les événements

16 de Zlatiste. Combien de temps tout cela a-t-il duré, si vous le savez ?

17 R. Tout cela a commencé au début du mois de mai. Je ne sais pas quel jour

18 exactement, mais en tout cas vers la mi-mai, la route Lukavica, Trebevic,

19 Pale était déjà coupée.

20 Q. Merci. Pendant ces journées de la mi-mai, qui occupait la position la

21 plus significative au sein de l'armée de la Republika Srpska ?

22 R. Vous parlez de cet endroit-là, du lieu des combats ?

23 Q. Oui.

24 R. A Zlatiste, c'est là qu'on tirait le plus à partir de Debelo Brdo.

25 Q. Où était le général Milosevic dans cette période ?

26 R. A Zlatiste, il y avait au-dessus de la route, à quelques mètres plus

27 haut, un poste d'observation. C'est là qu'il venait le plus souvent.

28 Q. Merci.

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1 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je demanderais que

2 l'on remette au témoin une feuille de papier vierge qui lui permettra de

3 dessiner certaines choses.

4 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui. M. l'Huissier va lui remettre

5 une feuille vierge.

6 Je saisis l'occasion pour dire à l'accusé, à M. Milosevic : Monsieur

7 Milosevic, ne vous sentez pas limité par la nouvelle procédure mise en

8 place s'agissant des communications que vous pourriez souhaiter avoir avec

9 votre conseil, car mes collègues ont remarqué qu'aucune note n'était passée

10 de vous à votre conseil. Ne vous sentez limité en aucun cas. Il suffit que

11 vous leviez la main en cas de nécessité, et M. l'Huissier viendra vous

12 voir, prendra une éventuelle note que vous voulez transmettre à votre

13 conseil et l'apportera à votre conseil. Donc, n'hésitez pas.

14 Oui, Maître Tapuskovic, veuillez --

15 L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, j'ai compris. J'ai

16 bien compris, et jusqu'à présent je n'ai pas eu besoin de transmettre une

17 note à mon conseil.

18 Je vous remercie.

19 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Très bien.

20 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, est-ce que le

21 document de tout à l'heure a reçu une cote ? Je crois que c'est le cas,

22 n'est-ce pas ?

23 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Quoi ? Oui, une cote a été donnée à

24 ce document.

25 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Excusez-moi.

26 Q. Monsieur Simic, pourriez-vous, au moins approximativement, dessiner la

27 portion de route qui correspond à votre première annotation tout à l'heure

28 sur la photographie ? Je vous demanderais d'essayer de la dessiner sur la

Page 6192

1 feuille vierge que vous avez sur votre droite.

2 R. Oui.

3 Q. Pourriez-vous indiquer, sur votre dessin, où se trouve Lukavica ? Dans

4 quelle direction ?

5 R. [Le témoin s'exécute]

6 Q. A partir de quel moment sur cette portion de route commence-t-on à voir

7 Debelo Brdo ?

8 R. Après la tour de Zlastiste, non loin de la forêt.

9 Q. Veuillez le dessiner.

10 R. [Le témoin s'exécute]

11 Q. Inscrivez la lettre "K" à côté de cet endroit ?

12 R. [Le témoin s'exécute]

13 Q. Pendant les journées dont nous parlons, sauriez-vous dire à combien de

14 reprises le général Milosevic s'est trouvé sur cette portion de route ?

15 R. Nous sommes allés à ce poste d'observation tous les jours pendant deux,

16 trois jours, si je me souviens bien.

17 Q. Qu'est-il arrivé au général Milosevic sur cette portion de route ?

18 R. Le général a été blessé. C'était la mi-mai. Je ne me souviens pas du

19 jour exact. Il a été blessé alors qu'il était au poste d'observation qui se

20 trouvait sur la droite de la route en revenant de Lukavica.

21 Q. Pourriez-vous placer sur votre dessin l'endroit où se trouvait le poste

22 d'observation par rapport à la tour en respectant la distance et montrer de

23 quel côté de la route se trouvait ce poste ?

24 R. [Le témoin s'exécute]

25 Q. Veuillez inscrire la lettre "S" à côté de ce poste d'observation.

26 R. [Le témoin s'exécute]

27 Q. Quel était l'aspect de ce poste d'observation ?

28 R. Le poste d'observation était creusé dans le sol et dans la partie

Page 6193

1 extérieure, il était entouré d'une palissade en bois. Ce poste se trouvait

2 du côté droit de la route quand on vient de Lukavica, à quelques mètres.

3 Q. Attendez un instant. Donc, le poste d'observation était enterré dans le

4 sol, mais par rapport à la route, quelle était sa situation ?

5 R. Le poste se trouvait à quelques mètres au-dessus de la route, mais il

6 était enterré dans la terre à une profondeur d'un demi-mètre à un mètre.

7 Q. Un instant, un instant. Attendez ma question.

8 Qui se trouvait au poste d'observation quand le général Milosevic a

9 été blessé ?

10 R. Il se trouvait le général et deux officiers de l'état-major.

11 Q. Et vous, vous étiez où ? Montrez sur le dessin l'endroit où vous vous

12 trouviez.

13 R. Dans la tranchée qui se trouvait le long du poste d'observation.

14 Q. A l'extérieur, vous voulez dire, devant le poste d'observation ?

15 R. Derrière le poste d'observation, à côté de la route.

16 Q. Inscrivez la lettre "A" à l'endroit où vous vous trouviez.

17 R. [Le témoin s'exécute]

18 Q. Vous avez parlé du général, des officiers de l'état-major, mais les

19 soldats se trouvaient où ?

20 R. Les soldats se trouvaient sur le bord de la route.

21 Q. Indiquez-le sur votre dessin, je vous prie.

22 R. [Le témoin s'exécute]

23 Q. Merci. Pourquoi est-ce que vous avez tracé une ligne en pointillés ?

24 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Non, un instant, Monsieur le Juge Harhoff.

25 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Je ne m'y retrouve pas très bien du

26 point de vue de l'orientation sur votre dessin. Pourriez-vous indiquer

27 l'emplacement du nord, s'il vous plaît ?

28 LE TÉMOIN : [Le témoin s'exécute]

Page 6194

1 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Est-ce que vous pourriez tracer une

2 flèche qui pointe vers le nord, s'il vous plaît ?

3 LE TÉMOIN : [Le témoin s'exécute]

4 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Merci.

5 M. TAPUSKOVIC : [interprétation]

6 Q. Monsieur Simic, j'ai sans doute fait une erreur, car j'aurais dû vous

7 poser une autre question. A partir de ce poste d'observation, qu'est-ce

8 qu'on voit à partir de l'endroit où on utilise le poste d'observation pour

9 observer ?

10 R. On voit Kovacici, Tseglana [phon], différents quartiers de la ville,

11 dont briqueteries, Pofalici. On voit tous les quartiers jusqu'à la

12 Miljacka, Hum et Zuc.

13 Q. Pourriez-vous nous montrer une direction, nord, sud, est ?

14 R. Je pense que c'est dans la direction du nord.

15 Q. Tracez une ligne à partir du poste d'observation.

16 R. [Le témoin s'exécute]

17 Q. Inscrivez la lettre "F" sur cette ligne. On aurait pu mettre un "N"

18 pour nord, mais "F" c'est bon.

19 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Monsieur le Juge Harhoff, est-ce que je

20 peux poursuivre ?

21 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Oui. J'avais cru comprendre en

22 regardant le dessin que cette portion de route était une portion où la

23 direction de Lukavica était le point d'origine, figure en bas du dessin,

24 n'est-ce pas ?

25 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Oui.

26 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Donc, le trajet s'effectuait à partir

27 de Lukavica en suivant cette portion de route vers l'est, n'est-ce pas ?

28 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Oui.

Page 6195

1 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Et la ville, dans ce cas, se trouvait

2 du côté droit.

3 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Non, du côté gauche. Le témoin pourra

4 peut-être indiquer la direction de Pale sur son dessin.

5 LE TÉMOIN : [Le témoin s'exécute]

6 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Et maintenant, le témoin peut répondre.

7 Q. Monsieur Simic, lorsque vous venez de Lukavica, d'ailleurs inscrivez la

8 lettre "L" au niveau de la flèche indiquant la provenance, c'est-à-dire

9 Lukavica.

10 R. [Le témoin s'exécute]

11 Q. Inscrivez la lettre "P" au niveau de la flèche en haut du dessin qui

12 indique la direction de Pale.

13 R. [Le témoin s'exécute]

14 Q. Quand vous venez de Lukavica, Sarajevo est de quel côté de cette

15 portion de route ?

16 R. Du côté gauche.

17 Q. Merci.

18 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Merci.

19 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] S'il y a quelque chose qui n'est pas clair

20 à vos yeux, Monsieur, je peux intervenir, je peux agir, faire le

21 nécessaire.

22 Q. Mais en tout cas, Monsieur Simic, vous avez tracé une ligne en

23 pointillés après avoir dit que les soldats se trouvaient au niveau de cette

24 ligne en pointillés. Que représentait cette ligne pointillée ? Pourquoi des

25 pointillés ?

26 R. Elle représente les tranchées de Zlatiste, les tranchées de défense.

27 Q. Qui avait une meilleure vue sur Sarajevo, les soldats ou les officiers

28 d'état-major ?

Page 6196

1 R. Les officiers d'état-major.

2 Q. Quels étaient les armements présents à cet endroit à ce moment-là ?

3 R. Des armes légères d'infanterie.

4 Q. Que s'est-il produit à cet endroit-là pendant une des journées de cette

5 période dont vous avez parlé ?

6 R. Un jour, le général a été blessé. Je ne me rappelle pas quel jour

7 exactement, mais en tout cas il a été blessé au poste d'observation. Il a

8 été touché par une balle venant d'un quartier de la ville. Est-ce que

9 c'était de Pofalici ou d'un autre quartier, je ne sais pas, mais en tout

10 cas il a été touché par un tir provenant de la ville.

11 Q. Est-ce que vous savez quel est le genre de projectile qui a touché le

12 poste d'observation ?

13 R. J'ai appris plus tard, une heure ou deux plus tard, que le poste avait

14 été touché par un tir provenant d'un char.

15 Q. Comment ça ?

16 R. Un officier a expliqué, après avoir examiné les fragments du projectile

17 qui avait touché le poste d'observation, que c'était un obus tiré par un

18 char.

19 Q. A quoi avez-vous d'abord consacré votre attention depuis l'endroit où

20 vous vous trouviez à ce moment-là ?

21 R. Quand le poste d'observation a été touché, 10 secondes après à peu

22 près, je me suis précipité à l'intérieur et je les ai tous vus là. Il y

23 avait de la fumée, il y avait de la poussière et il y avait du sang sur le

24 visage du général. Je l'ai porté à l'extérieur. Il y a un autre bâtiment à

25 côté du poste d'observation où se trouvaient les services médicaux.

26 Q. Pourriez-vous l'indiquer sur le dessin ?

27 R. Voilà où se trouvait le poste médical. J'ai amené le général au poste

28 médical, il a été soigné pendant 20 à 30 minutes et puis on lui a dit qu'il

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1 fallait qu'il aille à l'hôpital. Il a refusé de s'y rendre, donc on l'a

2 soigné comme on a pu sur place. Il avait été blessé à l'œil, à la tête,

3 autrement dit. Et après une heure à peu près, il est retourné au poste

4 d'observation. Tout cela s'est passé ce jour-là. Il a continué toute la

5 journée avec un bandage autour de la tête et un pansement sur l'œil.

6 Q. Combien de temps êtes-vous resté au poste d'observation, ce jour-là ?

7 R. Jusqu'à tard dans la nuit.

8 Q. Est-ce que quelqu'un d'autre a été blessé ?

9 R. Oui, mais je ne me souviens pas exactement qui. Je connaissais tous ces

10 hommes à l'époque, mais je ne me rappelle pas leurs noms aujourd'hui. L'un

11 des soldats a été gravement blessé et des officiers ont été touchés aussi.

12 Q. Pourriez-vous me dire, je vous prie -- non, je vais reformuler ma

13 question. A partir du poste d'observation et des positions occupées dans

14 les soldats sur la route, est-ce que vous pouviez bien voir la ville de

15 Sarajevo ?

16 M. WAESPI : [interprétation] Monsieur le Président.

17 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Waespi.

18 M. WAESPI : [interprétation] Comme Me Tapuskovic vient d'observer à juste

19 titre, ces questions ont déjà été posées et ont déjà reçu réponses. Et la

20 deuxième fois que le témoin a répondu, il a distingué entre ce que les

21 soldats voyaient et ce qu'on pouvait voir à partir du poste d'observation.

22 Donc, reposer ces deux questions en une seule n'est pas très utile, d'après

23 moi.

24 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Oui, oui. Maintenant, je lui demandais ce

25 qu'il avait vu. Tout à l'heure, j'avais demandé qui avait une meilleure

26 visée, et il a répondu "les officiers de l'état-major", mais maintenant je

27 lui demande ce qu'il a vu.

28 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] D'accord. On va lui poser la

Page 6198

1 question.

2 Monsieur, à partir du poste d'observation, que pouviez-vous voir ?

3 LE TÉMOIN : [interprétation] Uniquement les quartiers de la ville qui se

4 trouvent de l'autre côté de la Miljacka, Pofalici, Kosevo, les quartiers de

5 la ville qui partent de la Miljacka vers le haut.

6 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Et à partir des positions tenues par

7 les soldats sur la route, qu'était-il possible de voir ?

8 LE TÉMOIN : [interprétation] A partir de là, on voyait encore moins de

9 choses parce que le poste d'observation était au-dessus de la route, à

10 quelques mètres en surplomb.

11 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] J'indique à la sténotypiste que le

12 mot utilisé en anglais est "from the positions manned".

13 M. LE JUGE MINDUA : Juste une question de clarification. Je vois bien le

14 croquis que vous avez esquissé, la route qui part de Lukavica et qui monte

15 vers Pale. Je vois le poste d'observation. Mais est-ce que vous pouvez nous

16 dire où est exactement la ligne de confrontation; en d'autres termes, si

17 vous pouvez me dire où serait la ligne de l'ABiH sur ce croquis ?

18 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Ceci, c'est la position située à Debelo

19 Brdo.

20 M. LE JUGE MINDUA : De l'ABiH, est-ce que c'est bien ça ?

21 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, à Debelo Brdo.

22 M. LE JUGE MINDUA : Et la ligne de confrontation ?

23 LE TÉMOIN : [interprétation] A partir de Debelo Brdo jusqu'à la route, il y

24 avait des échanges de tirs des deux côtés.

25 M. LE JUGE MINDUA : Le but de ma question, évidemment, c'était où était

26 située cette ligne de confrontation par rapport à la ville de Sarajevo

27 elle-même et aussi pour essayer de comprendre d'où pouvait venir le tir qui

28 a touché le poste d'observation. Vous voyez, vous pouvez m'éclairer, ou

Page 6199

1 bien vous pensez avoir déjà tout expliqué ?

2 LE TÉMOIN : [interprétation] Le poste d'observation a été touché par un

3 projectile qui venait de Pofalici, c'est-à-dire de l'endroit que j'ai

4 indiqué sur le croquis par la ligne à côté de laquelle j'ai inscrit la

5 lettre "F", donc, à partir de Pofalici, Kosevo et de la briqueterie. Et

6 Debelo Brdo, qui se trouve ici, c'est là que se trouvaient les positions de

7 l'ABiH.

8 M. LE JUGE MINDUA : Merci.

9 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les

10 Juges, pour faire toute la clarté sur la question que vient de poser M. le

11 Juge Mindua, je voudrais d'abord que le témoin termine son croquis.

12 Q. Alors, Monsieur le Témoin, je vous demanderais d'inscrire une ligne

13 continue sur toute la longueur de la route et de nous dire quelle était la

14 distance approximative le long de laquelle opérait, à ce moment-là, l'armée

15 de Republika Srpska.

16 R. [Le témoin s'exécute]

17 Q. Quelle est la longueur, à peu près ?

18 R. Trois cent cinquante mètres.

19 Q. En fait, Monsieur, si vous gardez le croquis dans le sens de tout à

20 l'heure, c'est mieux, je crois.

21 R. Oui.

22 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Je demande le versement au dossier de ce

23 croquis en tant que pièce à conviction de la Défense. Q. Encore une chose.

24 Monsieur, pourriez-vous indiquer sur le croquis à partir de quelle

25 direction est arrivé le projectile ?

26 R. A partir de Kosevo à peu près, le long de la ligne que j'ai tracée.

27 Q. Oui.

28 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Je demande le versement au dossier de ce

Page 6200

1 croquis en tant que pièce à conviction, Monsieur le Président, si vous

2 l'admettez.

3 [La Chambre de première instance se concerte]

4 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Tapuskovic, vu que la

5 dernière lettre, la lettre "X" qui a été apposée pour montrer la direction

6 qu'a pris l'obus, il faudrait l'interroger, à savoir nord. Je pense qu'il

7 faudrait quand même lui poser quelques questions supplémentaires pour voir

8 exactement ce qu'il voulait dire par là.

9 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Oui, vous avez tout à fait raison,

10 Monsieur le Président. Ma consoeur m'a justement proposé la même chose.

11 Maintenant, ce qu'il lui reste à faire, c'est de mettre une ligne venant en

12 direction de Sarajevo qui se termine par une flèche. Voilà.

13 Q. Mettez-y, s'il vous plaît, Monsieur le Témoin, la lettre "R".

14 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, Monsieur Waespi.

15 M. WAESPI : [interprétation] Je pense que le témoin a dit qu'il pensait que

16 cet obus était venu de Pofalici, donc avec la lettre "P", peut-être que la

17 lettre "P" serait plus appropriée, le cas échéant.

18 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, en effet. La lettre "P" pour

19 Pofalici, alors.

20 LE TÉMOIN : [Le témoin s'exécute]

21 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Oui.

22 Q. Monsieur Simic, là vous avez montré l'endroit où se trouve Debelo Brdo.

23 Dites-nous Pofalici se trouve à quelle distance derrière ce cercle que vous

24 avez dessiné là. Donc, quelle est la distance qui sépare cet endroit et

25 Pofalici ?

26 R. Un kilomètre, 2, peut-être.

27 Q. Merci.

28 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Je voudrais verser ceci en tant que pièce

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1 de la Défense.

2 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.

3 M. LE GREFFIER : [interprétation] D209, Monsieur le Président.

4 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Pour que tout ceci soit clair ou surtout

5 pour revenir sur la question du Juge Mindua, je dois rappeler à l'écran la

6 photo vierge qui comporte la cote 02930, parce que je voudrais qu'on

7 l'annote à nouveau et je voudrais qu'il n'y ait aucune annotation sur cette

8 photo, parce que c'est la photo annotée telle qu'elle a été sauvegardée.

9 Q. Tout d'abord, pouvez-vous, s'il vous plaît, écrire une ligne sur

10 cette photo pour nous montrer les positions de l'armée de la Republika

11 Srpska ?

12 R. Mais je n'ai pas de crayon.

13 Q. Mettez-y la lettre "S", s'il vous plaît.

14 R. [Le témoin s'exécute]

15 Q. A présent, s'il vous plaît, montrez-nous la ligne qui était tenue par

16 l'ABiH.

17 R. [Le témoin s'exécute]

18 Q. Ces deux lignes-là, est-ce que ce sont bien les lignes de démarcation ?

19 R. Oui.

20 Q. Cet espace entre ces deux lignes, qu'en est-il ? Qu'est-ce que c'était

21 ?

22 R. C'était un espace vide; la zone tampon. Il n'y avait rien là-dedans, il

23 y avait des prés.

24 Q. Bien. Donc, on agissait à partir de ces deux lignes-là, n'est-ce pas ?

25 C'est de là que l'on tirait.

26 R. Oui.

27 Q. Pourriez-vous aussi mettre la lettre "A" à côté de la deuxième ligne

28 que vous avez dessinée, celle qui correspond aux lignes tenues par l'ABiH ?

Page 6202

1 R. [Le témoin s'exécute]

2 Q. Les maisons que l'on voit ici, est-ce que vous pouvez me dire si

3 pendant le conflit ces maisons étaient là ?

4 R. Si mes souvenirs sont exacts, non.

5 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Je voudrais aussi verser cette photo-là au

6 dossier en tant que pièce à conviction de la Défense.

7 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.

8 M. LE GREFFIER : [interprétation] En tant que pièce D210, Monsieur le

9 Président.

10 M. TAPUSKOVIC : [interprétation]

11 Q. Pourriez-vous nous dire ce qui s'est passé au cours des jours qui ont

12 suivi, après ces événements, puisqu'on indiquait que le général Milosevic a

13 été blessé ? Pendant ce mois de mai, quelle était la situation entre les

14 deux parties au conflit ?

15 R. Les combats étaient intenses pendant toute la période qui est allée

16 jusqu'à peu près la fin du mois.

17 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, maintenant nous

18 sommes arrivés à ce document assez bref, et je voudrais, si vous me le

19 permettez, montrer un document au témoin. C'est un document très bref. Il

20 est très facile à traduire. Je n'ai pas de traduction, donc je vais

21 demander aux interprètes de le faire. Je suppose que le Procureur l'a déjà

22 reçu.

23 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Très bien. On va voir si on va

24 pouvoir le faire. Allez-y sans que cela porte préjudice au Procureur.

25 Donc, placez-le sur le rétroprojecteur.

26 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] DD00-3189.

27 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Waespi.

28 M. WAESPI : [interprétation] Nous avons en effet reçu sept, huit documents

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1 différents. Je ne vois pas pourquoi on n'a pas traduit ce document, puisque

2 nous l'avons bien reçu vendredi. C'est un document très bref, et nous

3 pouvons le faire. C'est juste que cela est complètement inutile de regarder

4 ce document, en tout cas pour toutes les personnes qui ne parlent pas le

5 serbo-croate qui sont dans ce prétoire, à qui on est en train de montrer ce

6 document.

7 [La Chambre de première instance se concerte]

8 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Nous allons continuer avec cela.

9 M. TAPUSKOVIC : [interprétation]

10 Q. Monsieur Simic, pourriez-vous nous donner lecture de l'en-tête et du

11 document et nous dire s'il correspond à ce qui s'est passé au niveau du

12 poste d'observation au général Dragomir Milosevic ? Pourriez-vous lire cela

13 à voix haute, s'il vous plaît ?

14 R. "Attestation" --

15 Q. Allez-y lentement.

16 R. "Attestation confirmant que Milosevic Dragomir, fils de Milorad, le

17 général de division au poste de commandement 1495 à Sarajevo a été blessé

18 le 17 mai 1995 pendant les activités de combat au niveau de Bosut, rayon de

19 Zlatiste. Il a été blessé suite à une balle qu'il a reçue, qui a été tirée

20 à partir d'un canon et qui a touché le poste d'observation où il se

21 trouvait au moment où il commandait l'opération. Suite à cet impact et à

22 l'explosion qui s'en est suivie, il a été blessé par un éclat et a été

23 gravement blessé au niveau de son œil droit."

24 Q. Est-ce que ce document en date du 28 août reflète bien ce qui s'est

25 passé ce jour-là ?

26 R. Oui.

27 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Cela fait 15 minutes que nous

28 travaillons au-delà de l'heure et demie que nous vous avons accordée.

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1 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Je vais vraiment m'efforcer de terminer

2 cela le plus rapidement possible.

3 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, mais ce document, je ne vois

4 vraiment pas quelle est sa pertinence. Vous auriez pu vous en passer.

5 M. WAESPI : [interprétation] Puisqu'on en parle, je pense qu'il serait

6 utile de prendre note du fait que c'est un document en date de 1996, donc

7 le 28 août 1996. Et je pense qu'il est très important de noter cela

8 puisqu'on utilise ce document.

9 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Je ne vais même pas le proposer au

10 versement, Monsieur le Président.

11 [La Chambre de première instance se concerte]

12 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Monsieur le Président --

13 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Quelle est la date de ce document ?

14 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, voilà ce que je

15 peux vous dire. Ce document, je l'ai utilisé en guise de préambule. Suite à

16 ce document, en tant que pièces jointes, j'ai un certain nombre de

17 documents médicaux, d'attestations, et cetera. Ce document a été produit

18 pour faire valoir certains droits. Je vais tenter de traduire, d'ailleurs

19 je vais le faire moi-même, j'ai un traducteur à qui je peux demander de

20 faire cela, je vais le faire très rapidement. Il s'agit de documents

21 médicaux qui sont parfaitement contemporains à son hospitalisation et aux

22 soins qu'il a reçus à l'époque, et je vais les présenter. Tout cela est

23 bien corroboré par les documents originaux, donc tous les éléments qui sont

24 vraiment pertinents, si vous voulez.

25 J'ai voulu juste rafraîchir la mémoire du témoin par rapport à la

26 date pour laquelle il a dit qu'il ne s'en souvenait pas. Ce document, en

27 effet, n'est pas un document qui a une grande valeur probante. Et du fait

28 de sa date, il peut paraître moins pertinent. Mais ce document a été juste

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1 utilisé pour accompagner le document au moment où l'intéressé a souhaité

2 faire valoir ses droits. Ce qui est pertinent, ce qui va être pertinent,

3 c'est surtout la documentation que je vais traduire et vous présenter par

4 rapport au traitement médical qu'a reçu M. Milosevic.

5 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Mais quelle sera vraiment la

6 pertinence de cette blessure par rapport aux accusations qui figurent dans

7 l'acte d'accusation ?

8 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Entre autres, même si plus tard nous

9 allons poser cette question comme une vraie question juridique, ce témoin

10 pourra nous dire si l'accusé est allé se faire soigner et pendant combien

11 de temps il a été absent de la ligne de démarcation, combien de temps,

12 autrement dit, il est resté à l'hôpital, et cetera.

13 Si vous voulez, ce sont des questions que je souhaitais poser à ce

14 témoin puisqu'il est à même de répondre à ces questions, parce que M.

15 Milosevic a dû se faire soigner, il a dû être hospitalisé pendant un mois à

16 Belgrade et il n'est revenu sur le front qu'un mois plus tard. Ce témoin

17 pourra nous en parler.

18 [La Chambre de première instance se concerte]

19 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Très bien, vous pouvez continuer,

20 alors.

21 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Est-ce que je peux ajouter quelque chose,

22 s'il vous plaît ?

23 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Non, vous nous avez suffisamment

24 expliqué tout cela. Vous pouvez passer à un autre sujet.

25 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Merci.

26 Q. Monsieur Simic, est-ce que vous pouvez nous dire en quelques mots ce

27 qui s'est passé après le mois de mai ? Qu'est-ce qui s'est passé au mois de

28 mai, au moins de juin jusqu'au mois d'août ? Brièvement, faites-nous un

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1 résumé.

2 R. Au début du mois de juin ou plutôt mi-juin 1995, les offensives on été

3 lancées contre Trnovo et le plateau de Nisic. Cette offensive a duré un

4 mois, un mois et demi, et ne s'est terminée qu'au début du mois d'août.

5 Pendant la durée de cette offensive, nous étions de façon quotidienne sur

6 le terrain avec les véhicules. On était soit à Trnovo, soit à Nisic. En

7 tout cas, il n'était pas au niveau du commandement du Corps d'armée.

8 Mais son œil qui était blessé lui posait beaucoup de problèmes, de sorte

9 qu'il souffrait d'une infection qui a aussi touché l'autre œil, de sorte

10 que j'ai été vraiment obligé de l'amener à Belgrade au début du mois d'août

11 où il a été hospitalisé. Quand je suis revenu, c'était au début du mois de

12 septembre, même à la mi-septembre je suis allé chez ma mère, et à peu près

13 un mois plus tard, on m'a dit qu'il fallait que je rentre à Han Pijesak

14 parce que le général rentrait de l'hôpital et il fallait que je le conduise

15 à Lukavica.

16 Q. Donc, il a été absent pendant combien de temps des positions de combat

17 ?

18 R. Pendant un mois à peu près, si mes souvenirs sont exacts.

19 Q. Est-ce que êtes allé le chercher ?

20 R. Je suis allé le chercher à Han Pijesak, à la caserne, ensuite je l'ai

21 amené à Lukavica. Le commandement du Corps d'armée était endommagé à cause

22 des pilonnages, donc il ne pouvait pas rester là-bas et je l'ai envoyé au

23 poste de commandement avancé.

24 Q. Mais quelle était la situation au niveau du poste de commandement ? Que

25 s'est-il passé avec l'immeuble ?

26 R. Cette caserne, là où on se trouvait le poste de commandement, avait été

27 détruite à cause du pilonnage, et le bâtiment où se trouvait le poste de

28 commandement était bien endommagé, de sorte qu'il fallait le quitter. Je ne

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1 peux pas dire que c'était un bâtiment qui était complètement détruit, mais

2 il était endommagé.

3 Q. Très bien. Je vous remercie, je n'ai pas d'autres questions à vous

4 poser, Monsieur le Témoin.

5 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, Monsieur Waespi. Nous avons

6 encore deux ou trois minutes. Est-ce que vous voulez les utiliser ?

7 M. WAESPI : [interprétation] Oui, je pourrais en profiter même s'il ne

8 s'agit que de deux minutes.

9 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.

10 Contre-interrogatoire par M. Waespi :

11 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Simic.

12 R. Bonjour.

13 Q. J'ai juste quelques questions à vous poser avant la pause.

14 La première porte sur la fonction de votre supérieur hiérarchique, le

15 capitaine Ljubisa Milic. Je pense que c'était en 1991 ou en 1992. Pourriez-

16 vous nous dire quelle était sa fonction ?

17 R. Il était le commandant d'une Compagnie de Police militaire, et ceci,

18 jusqu'au mois de mai 1992. A peu près au mois de mai 1992, je l'ai amené à

19 Han Pijesak et je l'ai laissé là-bas. Il est parti.

20 Q. Donc, c'était la Compagnie de Police militaire qui faisait partie de la

21 brigade ?

22 R. Oui.

23 Q. Et pourriez-vous nous rappeler le nom de la brigade, s'il vous plaît ?

24 R. La 216e Brigade de Montagne.

25 Q. Et qui était le commandant de cette brigade ? Dragomir Milosevic,

26 n'est-ce pas, à l'époque, qui était colonel, qui avait le grade de colonel

27 à l'époque ?

28 R. Oui.

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1 Q. Donc, à l'époque, il avait à sa disposition une Compagnie de Police

2 militaire, n'est-ce pas ? Et bien, on va revenir très rapidement sur les

3 années 1994, 1995. Et bien, à l'époque, Dragomir Milosevic, qui était

4 devenu entre-temps le commandant de Corps d'armée, avait à sa disposition

5 aussi une unité de police militaire ?

6 R. Oui.

7 Q. Et c'était un bataillon, n'est-ce pas, cette fois-ci ? Ce n'était plus

8 juste une compagnie, tout un bataillon ?

9 R. Oui, oui, il y avait un Bataillon de Police militaire qui faisait du

10 Corps de Romanija-Sarajevo.

11 Q. Qui était le commandant de ce Bataillon de Police militaire ?

12 R. Au moment où je suis arrivé, où je suis arrivé là-bas, c'était Vuko

13 Cvoro. Je ne sais pas s'il était capitaine ou commandant. En tout cas, je

14 ne me souviens pas de son grade.

15 Q. Est-ce que c'était un officier compétent ?

16 R. Et bien, le jour où moi-même je suis arrivé au Bataillon de la Police

17 militaire à Lukavica, on m'a dit que j'allais être le chauffeur du

18 commandant du Corps d'armée, donc je ne le voyais que très rarement puisque

19 mon supérieur hiérarchique, c'était un adjudant chargé justement de ce

20 genre de personnel et c'était mon supérieur hiérarchique.

21 M. LE JUGE ROBINSON : [aucune interprétation]

22 M. WAESPI : [interprétation]

23 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Là, vous venez de donner deux

24 réponses, mais vous n'avez toujours pas répondu à la question posée, à

25 savoir si c'était un officier compétent.

26 M. WAESPI : [interprétation] En vérité, oui, mais il a répondu dans la

27 mesure où il a dit qu'il n'avait que très peu de contacts avec monsieur qui

28 était donc le commandant du Bataillon de Police militaire et que donc vous

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1 ne pouvez pas vraiment en parler; est-ce exact, Monsieur le Témoin ?

2 R. Oui.

3 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Nous allons suspendre la séance à

4 présent.

5 --- L'audience est suspendue à 12 heures 20.

6 --- L'audience est reprise à 12 heures 44.

7 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, Monsieur Waespi.

8 M. WAESPI : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

9 Q. Monsieur Simic, nous allons parler de quelques autres personnes que

10 vous avez mentionnées ce matin. Vous avez mentionné un certain lieutenant

11 Dobrilovic. C'est la première personne que vous avez mentionnée. Je pense

12 que vous avez dit que c'était l'assistant ou enfin l'aide de camp de

13 Milosevic. Est-ce que vous vous souvenez de cela ?

14 R. Oui.

15 Q. Et je pense que c'est lui qui vous donnez les ordres du jour ou plutôt

16 les missions pour le jour à venir ?

17 R. Oui, c'est exact.

18 Q. Et mis à part cela, quel était le rôle proprement dit du lieutenant

19 Dobrilovic ?

20 R. Le lieutenant Dobrilovic devait donc nous soumettre les missions tous

21 les jours à nous, nous faire part des ordres que lui-même avait sans doute,

22 au préalable, reçus par le commandant.

23 Et il y en avait sans doute d'autres, mais je ne les connais pas.

24 Q. Mais il ne partait pas sur le terrain avec vous et le commandant,

25 n'est-ce pas ?

26 R. Non. Si oui, alors très rarement, parce que parfois on passait quelques

27 jours au niveau du poste de commandement avancé. Si mes souvenirs sont

28 exacts, il y est resté une ou deux fois avec nous, et ceci à condition

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1 qu'on devrait rester plusieurs jours.

2 Q. Donc, il est arrivé qu'il passe plusieurs journées à l'extérieur de

3 Lukavica sans y revenir pour y passer la nuit ?

4 R. Oui, c'est vrai.

5 Q. Comment alors le commandant, le général Milosevic était au courant de

6 ce qui se passait à Lukavica, là où se trouvait tout de même son quartier

7 général, alors qu'il n'était pas là ?

8 R. Je ne le savais pas, et d'ailleurs je ne pouvais pas le savoir.

9 Q. Est-ce que vous connaissiez, M. Miljevac ? C'était un commandant

10 officier chargé des opérations au sein du quartier général du Corps de

11 l'armée de la Republika Srpska ?

12 R. Oui.

13 Q. Est-ce que lui accompagnait le commandant de temps en temps, avec ou

14 sans vous, lors de ces voyages sur la ligne de front ?

15 R. Oui, lui et d'autres officiers du quartier général. Ils se rendaient

16 sur le terrain avec le commandant.

17 Q. Pourriez-vous énumérer ces officiers d'état-major qui se rendaient sur

18 le terrain avec le commandant ? Est-ce que vous pouvez les nommer ?

19 R. Je ne me souviens pas vraiment des noms de ces personnes, mais je me

20 souviens de leurs grades. C'étaient des lieutenants, des sous-lieutenants,

21 des officiers importants qui travaillaient au niveau du commandement du

22 Corps d'armée de Romanija-Sarajevo.

23 Q. Et si vous ne vous souvenez pas de leurs noms, est-ce que vous vous

24 souvenez de leurs fonctions dans le cadre de l'état-major ?

25 R. Pas vraiment. Je sais qu'il y en avait qui étaient chargés de sécurité

26 et puis il y en avait d'autres, mais je ne m'en souviens pas, parce que moi

27 j'étais de l'autre côté de l'immeuble, parce qu'on n'était pas au même

28 endroit dans l'immeuble quand on était là. Le commandant était d'un côté,

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1 moi j'étais de l'autre. Mais en revanche, je connais Miljevac parce que

2 c'est un cousin éloigné à moi du côté de ma mère.

3 Q. Et bien, on va parler de ces visites que vous avez faites sur les

4 lignes de front, comme vous nous l'avez expliqué ce matin.

5 Donc, vous avez dit à la page 28 que vous vous rendiez aux positions

6 d'une brigade subordonnée.

7 R. Oui.

8 Q. Est-ce que vous, vous restiez dans la voiture ou bien vous accompagniez

9 le commandement quand il allait voir le commandant d'une de ces brigades ?

10 R. Si on n'était que deux, que nous deux, si j'étais au volant, enfin, si

11 j'étais là en tant que chauffeur, je restais dans la voiture, et si j'étais

12 en tant que son escorte, et bien je l'accompagnais jusqu'à l'entrée ou bien

13 juste qu'à une pièce où il fallait qu'il entre pour y avoir une réunion,

14 mais ceci dans le cadre de mes fonctions de sécurité.

15 Q. Donc, vous n'entriez pas dans le poste de commandement proprement dit,

16 mais vous restiez à l'extérieur pour en assurer la sécurité ?

17 R. Oui.

18 Q. Et quand vous étiez sur le terrain, et bien vous étiez là pour assurer

19 la sécurité du commandant, et dans ce cas-là il y avait un autre chauffeur

20 ?

21 R. Non, pas toujours. Ce que je faisais, c'était de laisser la voiture

22 soit au niveau du poste de commandement ou à un endroit où je pouvais garer

23 en toute sécurité la voiture, et ensuite on continuait à pied. Donc, on

24 partait tous les deux, moi et le général, il n'y avait pas d'autre

25 chauffeur. C'est moi qui assurais sa sécurité.

26 Q. Donc, vous laissiez la voiture non accompagnée ?

27 R. Oui, on la laissait soit au niveau du poste de commandement, soit à un

28 endroit tout près, un endroit le plus facile d'accès. Et parfois, on avait

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1 un soldat, on nous donnait un soldat qui venait du poste de commandement ou

2 de la brigade pour garder la voiture. C'est vrai qu'on ne laissait pas la

3 voiture toute seule non accompagnée. Parfois, il y avait même deux pour

4 garder la voiture.

5 Q. Et d'ailleurs, quelle était la voiture que vous utilisiez ? Est-ce que

6 vous utilisiez toujours la même voiture ou bien vous aviez plusieurs

7 voitures ?

8 R. Il y en avait deux. Il y avait une limousine et puis un véhicule tout-

9 terrain. Cela dépendait de la configuration du terrain. C'est en fonction

10 de cela que l'on choisissait la voiture que nous allions utiliser pour la

11 journée.

12 Q. Pourriez-vous nous dire quelle est la différence entre une limousine et

13 une voiture tout-terrain ?

14 R. Et bien, vous avez d'un côté une Peugeot, puis de l'autre côté il y

15 avait une jeep Toyota, je pense, une 4X4.

16 Q. Est-ce que vous aviez aussi un Puch, P-u-c-h ?

17 R. Nous ne l'avons eu qu'à partir de 1995, c'était vers la fin 1995, quand

18 notre Peugeot a été touchée par un obus et a été détruite. On était sur le

19 terrain, d'ailleurs, et c'est après cela qu'on a eu ce Puch. Donc, je pense

20 que c'était vers la fin de l'année 1995, et c'est un véhicule militaire.

21 Q. Est-ce que vous vous souvenez des plaques d'immatriculation de ces

22 trois véhicules, la Peugeot, la Toyota et cette voiture militaire, la Puch

23 ? Vous dites que cela fait longtemps, mais peut-être que vous vous en

24 souvenez.

25 R. Non. Mais ce que je sais, c'est que c'était des plaques

26 d'immatriculation de l'armée de la Republika Srpska. Je ne me souviens pas

27 des plaques.

28 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Mais où est-ce que vous voulez en

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1 venir ?

2 M. WAESPI : [interprétation] Je passe à la question suivante, en fait.

3 Q. Est-ce que vous aviez un registre, un cahier où vous notiez tous les

4 voyages que vous faisiez avec votre voiture ? Est-ce qu'à la fin, par

5 exemple, de chaque mission, de chaque voyage, est-ce que vous notiez dans

6 un cahier la quantité d'essence utilisée, les endroits, les kilomètres

7 parcourus, et cetera ?

8 R. Oui.

9 Q. Et où cela se trouve, à présent ?

10 R. Je ne sais rien, vraiment. Après la guerre, j'ai commencé à travailler,

11 donc je ne sais pas où ça se trouve.

12 Q. Donc, d'après vous, il existe donc un cahier où on a noté tous les

13 voyages que vous avez faits en compagnie de M. Milosevic pendant cette

14 période-là en tant que chauffeur de M. Milosevic ?

15 R. Oui.

16 Q. Merci.

17 M. WAESPI : [interprétation] Nous pouvons passer à la question suivante, le

18 thème suivant, à moins que vous n'ayez des questions à poser, Monsieur le

19 Juge Harhoff.

20 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Et bien, vous êtes en train de

21 terminer la question des véhicules ?

22 M. WAESPI : [interprétation] Oui, oui.

23 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Et pourquoi avez-vous fait cela ?

24 Pourquoi vous avez posé toutes ces questions ?

25 M. WAESPI : [interprétation] Et bien, nous avons entendu un certain nombre

26 de dépositions, M. Veljovic, et cetera, concernant différents voyages en

27 direction de différents quartiers généraux et autres endroits. Et si nous

28 disposions de ces cahiers où sont consignés tous ces voyages, et bien nous

Page 6215

1 pourrions effectivement tester la crédibilité de tous ces témoins et voir

2 exactement quels étaient les trajets effectués. Vous savez, dans d'autres

3 affaires, il existait de tels registres. Ils ont été extrêmement utiles.

4 Ils peuvent prouver pas mal de choses.

5 Donc, la Défense a peut-être l'intention de présenter ces cahiers

6 notamment par le biais d'autres témoins, parce que pour l'instant il s'agit

7 des allégations qui n'ont pas été corroborées par d'autres témoins. Je ne

8 dis pas qu'ils ont forcément tort, je pense qu'il serait tout simplement

9 intéressant de retrouver ces informations et de pouvoir corroborer cela par

10 certains documents.

11 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Est-ce que vous disputez, vous

12 contestez le fait que le général Milosevic s'est rendu simplement sur le

13 terrain ou bien est-ce que vous vous posez des questions quant à la

14 fréquence de ses visites ou bien leur utilité ?

15 M. WAESPI : [interprétation] Non, pas du tout. Apparemment, il a été dit

16 que le général Milosevic a voyagé en compagnie de ce monsieur, et cetera,

17 mais je pense qu'un document pourrait de façon très utile corroborer ces

18 informations, parce que si on avait par exemple des informations très

19 détaillées quant à la journée, ce qui s'est passé pendant une journée

20 particulière, ce qui s'est passé, quel véhicule a été utilisé, et bien nous

21 pourrions utiliser cette information.

22 Mais c'est vrai que de nombreux témoins ont parlé de ces visites, les

23 visites que le général faisait sur le front, et nous n'avons pas vraiment

24 l'intention de contester cela à présent.

25 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Je vous remercie.

26 M. WAESPI : [interprétation]

27 Q. Monsieur le Témoin, pendant certaines de ces visites ou bien la plupart

28 de ces visites, le général rencontrait des soldats; est-ce exact ?

Page 6216

1 R. Oui.

2 Q. Vous nous avez dit qu'il leur adressait la parole, qu'il leur parlait ?

3 R. Oui, il restait, il passait un petit peu de temps avec ces soldats dans

4 les tranchées.

5 Q. Mais il parlait aussi aux officiers, n'est-ce pas, aux commandants,

6 alors que vous y étiez ?

7 R. Non, pas dans la voiture. Enfin, jamais.

8 Q. Mais à partir de ce que vous avez pu entendre, des conversations qu'il

9 a eues avec les soldats ou des officiers, quelle était l'impression que

10 vous avez pu -- l'opinion que vous avez pu vous faire du style de

11 commandement du général Milosevic ?

12 R. Et bien, l'impression que j'ai eue, c'est qu'il parlait aux soldats et

13 qu'il s'adressait aux soldats comme s'il s'adressait à ses propres enfants,

14 parce qu'à chaque fois il commençait en leur disant : "Faites attention,

15 faites attention à vous. Regardez ce que vous faites, observez autour de

16 vous." C'est ce que j'entendais à chaque fois.

17 Q. Est-ce que vous avez l'impression qu'il était respecté par les soldats

18 ?

19 R. Oui, oui.

20 Q. Est-ce qu'il vous est arrivé, au cours de ces visites, d'être témoin

21 des actes de désobéissance ou non-respect de la part de ces soldats ?

22 R. Je ne l'ai jamais entendu donner d'ordre, mais d'un autre côté, je n'ai

23 jamais vu les soldats mal se comporter à son égard. Jamais je ne les ai

24 entendus, je n'ai jamais entendu aucun soldat dire du mal du général ou

25 bien s'adresser au général, se comporter envers le général sans respect.

26 Q. Très bien. On va passer très rapidement à la question que vous avez

27 mentionnée avec les conseils de la Défense, à savoir la zone d'exclusion

28 totale qui interdisait l'utilisation d'armes lourdes dans le diamètre de 20

Page 6217

1 kilomètres. Est-ce que vous vous souvenez avoir répondu à des questions à

2 ce sujet ce matin ?

3 R. Oui.

4 Q. Est-ce que vous savez ce qui était à l'origine de l'installation de

5 cette zone, la zone d'exclusion totale ? Est-ce que vous savez pourquoi la

6 communauté internationale a-t-elle commencé à négocier l'exclusion des

7 armes lourdes de Sarajevo ? Est-ce que vous savez quel était l'événement

8 qui était à l'origine de cet accord, de cette initiative ?

9 R. Vous savez, je ne suis pas au courant de cela, mais ils m'ont raconté à

10 quel point c'était difficile de sortir ces armes, comment il fallait les

11 sortir de là, et c'est comme cela que je l'ai appris, parce que j'ai parlé

12 avec les soldats, les soldats qui le faisaient, et c'est comme cela que

13 j'ai appris qu'il fallait donc sortir les armes lourdes de la zone.

14 Q. Est-ce que ces soldats alors vous ont aussi dit que le 5 février 1995,

15 il y a eu un pilonnage - il s'agit de 1994, en réalité - qui a provoqué 64

16 morts parmi la population civile et qu'il y avait plus de 100 personnes de

17 blessées et que c'était cela qui était à l'origine de ces négociations

18 portant sur l'exclusion des armes lourdes de Sarajevo, de la région de

19 Sarajevo. Est-ce que vous avez entendu parler de cela ?

20 R. Oui, dans les médias, mais les soldats n'ont jamais parlé de cela.

21 Q. Mais vous avez entendu parler de cet événement, de cet incident ?

22 R. Oui, j'en ai entendu parler dans les médias.

23 Q. Et quels étaient ces médias que vous consultiez à l'époque ?

24 R. J'écoutais la radio, surtout au mois d'août. Vous savez, on essayait de

25 capter une station, une fréquence, ce qu'on pouvait recevoir. Donc,

26 parfois, on écoutait aussi bien la radio Sarajevo que la radio de la

27 Republika Srpska, mais je ne me souviens pas de leur nom. Donc, on captait

28 ce qu'on pouvait capter, on écoutait ce qu'on pouvait capter dans la région

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1 où on se trouvait. C'est tout. En tout cas, c'était mon cas.

2 Q. Quand vous dites "vous", vous dites vous et le général Dragomir

3 Milosevic pendant qu'il était avec vous dans la voiture ?

4 R. Mais je n'étais pas avec Milosevic en 1994. Mais quand le général était

5 avec moi dans la voiture, et bien on écoutait la radio, peu importe la

6 fréquence, en fonction du territoire que l'on traversait.

7 Q. Mais de quoi parlait-on sur la radio, sur les ondes de la radio à

8 l'époque, quand vous écoutiez donc ces programmes, si vous vous en souvenez

9 ?

10 R. Je ne m'en souviens pas, c'était il y a 10 ans. Mais à l'époque j'étais

11 jeune, et ce que je préférais écouter, c'était de la musique. C'est ce que

12 j'écoutais le plus souvent. Je n'avais pas tellement envie d'écouter des

13 nouvelles. Je les écoutais tout à fait par hasard quand je tombais sur un

14 journal.

15 Q. On va parler de quelques autres thèmes.

16 Tout d'abord, il s'agit de Debelo Brdo. Vous avez dit qu'à l'époque,

17 c'était l'armée de Bosnie-Herzégovine qui tenait Debelo Brdo. Est-ce que

18 vous vous souvenez avoir dit cela ?

19 R. Oui.

20 Q. Est-ce que vous vous souvenez qu'en haut de Debelo Brdo, il y avait un

21 poste d'observation de la FORPRONU et que l'armée de Bosnie-Herzégovine

22 avait des positions qui étaient plus basses ?

23 R. Je me souviens qu'il y avait des installations à Debelo Brdo, mais ce

24 que je sais aussi, c'est que quotidiennement, on nous tirait dessus depuis

25 Debelo Brdo. On tirait de Debelo Brdo vers Zlatiste.

26 Q. Mais la question que je vous ai posée, c'est de savoir si vous saviez

27 qu'il y avait un poste d'observation de la FORPRONU à Debelo Brdo, en haut

28 de Debelo Brdo, au sommet.

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1 R. Je n'en suis pas sûr, mais je pense qu'il y en avait. Je pense qu'il y

2 avait une espèce de poste d'observation à Debelo Brdo, des forces

3 internationales, en tout cas.

4 Q. Comment savez-vous qu'il y a eu des forces de l'ABiH à Debelo Brdo ?

5 Est-ce que vous vous êtes rendu à ces endroits pendant ces périodes

6 pertinentes ou bien est-ce que quelqu'un d'autre vous l'a raconté ?

7 R. Ce sont les soldats qui tenaient leurs positions sur la route qui nous

8 l'ont dit à Zlatiste. Ils m'ont dit à quel moment, de quel endroit on

9 tirait et qu'il fallait que je transverse un certain endroit rapidement,

10 sans lumière. Et une fois, je me suis même arrêté afin de leur poser la

11 question, et les soldats qui étaient sur leurs positions sur la mine à

12 Zlatiste à côté de la route m'ont dit de faire très attention, d'être

13 prudent.

14 Q. Donc, ces soldats de la RSK avaient des informations concernant les

15 positions de l'ABiH et ils vous les ont transmises ?

16 R. Ils ont simplement dit de quel endroit ils tiraient et que c'était

17 depuis Debelo Brdo, mais je ne sais pas exactement de quel endroit ni où se

18 trouvaient les tranchées, mais ils m'ont dit qu'il fallait que je fasse

19 très attention dans la partie exposée à Debelo Brdo, car c'est de là qu'ils

20 tiraient.

21 Q. Donc, en réalité, ces soldats avaient des connaissances concernant ce

22 qui se passait devant eux comme c'était normal pour les bons soldats. Ils

23 n'étaient pas simplement assis dans la forêt sans rien voir, n'est-ce pas ?

24 R. Je ne sais pas d'où ils tiraient ces connaissances. J'ai parlé avec ces

25 soldats qui ont dit que l'on tirait sur eux sans cesse. Il y avait une

26 route sur notre gauche, à gauche de la direction de Lukavica, et à gauche

27 se trouvaient les soldats de la VRS, dans cette portion-là de la route.

28 Q. Oui. Nous avons vu cela. C'était la pièce à conviction numéro 209. Je

Page 6220

1 pense que vous avez indiqué en une ligne pointillée l'endroit où se

2 trouvaient les soldats en face de Sarajevo. Vous vous en souvenez ?

3 R. Oui.

4 M. WAESPI : [interprétation] Monsieur le Président, avec votre permission,

5 je souhaite que l'on montre la photographie que nous avons utilisée avec le

6 témoin Veljovic. Je pense qu'il s'agit là des positions dont ce témoin

7 risque de se souvenir. Ce n'est pas sur ma liste des pièces à conviction

8 que je vais utiliser avec ce témoin, mais j'anticipe que ce témoin pourrait

9 en parler.

10 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, vous pouvez lui montrer cela.

11 M. WAESPI : [interprétation] Est-ce qu'on peut retirer la pièce 749 ?

12 Q. Et en attendant, vous avez dit, en ce qui concerne le mois de mai 1995,

13 que vous êtes allé avec le général Milosevic à de nombreuses reprises à ce

14 poste d'observation à Zlatiste. Est-ce que vous vous en souvenez ?

15 R. Oui. Deux ou trois fois avant d'être blessé, on a été au poste

16 d'observation à Zlatiste.

17 Q. Monsieur Simic, est-ce que vous pourriez examiner l'écran devant vous ?

18 S'agit-il de l'une de vos positions le long de la route Lukavica-Pale, sur

19 laquelle se trouvaient les soldats de la RSK ? Vous pouvez voir les forêts

20 à gauche et à droite et vous pouvez voir ces petites collines juste devant

21 la lettre "S" qui est à côté de la route Pale-Lukavica. Est-ce que ceci

22 vous permet de rafraîchir votre mémoire ?

23 R. Non. Je ne vois pas de route, ici. Si je pouvais voir une route, peut-

24 être que ceci pourrait m'être utile. Mais ici, je ne vois pas du tout la

25 route et je n'arrive pas à évaluer de quel endroit cette photographie a été

26 prise.

27 Q. Si je vous suggérais que cette photographie a été prise à une distance

28 de quelques mètres seulement à côté de la route Lukavica-Pale et que vous

Page 6221

1 pouvez voir à gauche le début de Debelo Brdo, est-ce que ceci vous serait

2 utile afin de déterminer où se trouvait cet endroit ?

3 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je vois que Me Tapuskovic est

4 debout.

5 Pour dire quoi, Maître Tapuskovic ?

6 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je pense que M.

7 Waespi pourrait déposer lui-même. Il a dit : si je vous disais que cette

8 route était à une distance de quelques mètres de cette route, est-ce que

9 ceci correspond à ce que vous savez ? M. Waespi essaie de dire que la route

10 est à quelques mètres seulement d'ici, mais d'où est-ce que ceci découle ?

11 Le témoin a dit : si je voyais une route ici, j'aurais pu dire quelque

12 chose au sujet de cette photographie. Mais je ne vois pas sur la base de

13 quoi on peut affirmer que la route se trouve à une distance de quelques

14 mètres seulement derrière cet homme. Qui peut l'affirmer ?

15 [La Chambre de première instance se concerte]

16 M. WAESPI : [interprétation] Monsieur le Président, est-ce que je peux

17 avancer un point ?

18 Il s'agit d'un contre-interrogatoire; je peux soumettre au témoin une

19 affirmation pour laquelle que j'ai une base crédible. C'est une

20 photographie qui a été prise au long de la route Pale-Lukavica, et le

21 témoin peut l'accepter ou pas.

22 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, vous avez tout à fait raison.

23 Je me demandais si vous alliez aller plus loin.

24 Mais entendons ce que le témoin dira.

25 M. WAESPI : [interprétation]

26 Q. Monsieur Simic, si je vous disais que cette photo a été prise le long

27 de la route Lukavika-Pale, à une distance de quelques mètres seulement au-

28 dessus, en raison du fait que les positions dominantes sont visibles, c'est

Page 6222

1 l'endroit où Debelo Brdo commence à monter, est-ce que vous accepteriez

2 cela et est-ce qu'il s'agirait par conséquent d'une de vos positions que

3 vous et les soldats teniez le long de la route en 1994-1995 ?

4 R. Non. Vraiment, je n'arrive pas à m'orienter et je ne peux pas

5 comprendre de quel endroit ceci a été filmé.

6 Q. Très bien. Mais vous avez déjà dit dans votre déposition avant la pause

7 que depuis Zlatiste, vous pouviez voir une partie de Kosevo où se

8 trouvaient le stade et l'hôpital, la faculté et tout ce qui était au nord

9 de la rivière de Miljacka; est-ce exact ?

10 R. Oui. De l'autre côté de la rivière de Miljacka, vers Hum.

11 Q. Il s'agit là justement de l'emplacement des localités que l'on voit sur

12 cette photo. Est-ce que vous êtes d'accord au moins avec cette affirmation-

13 là ? Est-ce que vous voyez la région de Kosevo ?

14 R. Ici, vraiment, je n'arrive pas à la reconnaître.

15 Q. Est-ce que vous voyez le stade de football de Kosevo ? Est-ce que vous

16 voyez cela ?

17 R. Oui.

18 Q. Est-ce que vous pourriez prendre un stylo et encercler cet endroit pour

19 nous permettre à nous aussi de nous orienter ?

20 R. Peut-on agrandir cela ?

21 Q. Oui.

22 M. WAESPI : [interprétation] Je suppose que c'est possible, Monsieur le

23 Greffier d'audience.

24 La partie qui est juste au-dessus de la tête de la personne que l'on voit

25 en avant-plan. Le témoin va retirer son stylo.

26 Q. Monsieur Simic, n'annotez pas pour le moment.

27 Monsieur Simic, est-ce que ceci vous aide maintenant, maintenant que l'on a

28 agrandi cette partie de la photographie ? Est-ce que ça vous aide de

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1 trouver le stade au Kosevo ?

2 R. Oui.

3 Q. Est-ce que vous pourriez nous dire où se trouvait l'hôpital de Kosevo ?

4 R. Je pense que c'est à droite du stade.

5 Q. Très bien. Un dernier point : la rivière de Miljacka serait

6 approximativement où ?

7 R. Vous voulez que je l'annote ?

8 Q. Oui, s'il vous plaît.

9 R. [Le témoin s'exécute]

10 Q. Et puis, vous avez mentionné Pofalici. Je sais que probablement ce

11 n'est pas ici, mais est-ce que vous pourriez me dire quelle est la

12 direction approximative de Pofalici?

13 R. [Le témoin s'exécute]

14 Q. Très bien. Et pour que l'on puisse s'y retrouver sur cette pièce à

15 conviction, est-ce que vous pouvez apposer la lettre "P" au-dessus de la

16 flèche que vous venez de dessiner ?

17 R. [Le témoin s'exécute]

18 Q. Ensuite la lettre "M" à côté de l'endroit où vous avez annoté la

19 rivière de Miljacka ?

20 R. [Le témoin s'exécute]

21 Q. La lettre "K" pour le stade de football de Kosevo.

22 R. [Le témoin s'exécute]

23 Q. Et, pour finir, la lettre "H" pour indiquer l'hôpital de Kosevo que

24 vous avez marqué approximativement ici ?

25 R. [Le témoin s'exécute]

26 Q. Merci beaucoup, Monsieur Simic.

27 M. WAESPI : [interprétation] Peut-on verser cela au dossier, Monsieur le

28 Président ?

Page 6224

1 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.

2 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agit de la pièce P759.

3 M. WAESPI : [interprétation]

4 Q. Je vais revenir maintenant au point dont nous allions parler au moment

5 où nous avons commencé à prendre en considération cette pièce à conviction.

6 Vous avez dit, Monsieur Simic, que vous conduisiez le général Milosevic à

7 ce poste d'observation à Zlatiste en mai 1995. A quelle heure est-ce que

8 vous partiez le matin et à quelle heure est-ce que vous rentriez ?

9 R. On partait tôt, peut-être vers 8 heures du matin, et on rentrait

10 parfois pendant la journée, on retournait au poste d'observation de Novo

11 [phon]. C'était au mois de mai lorsque le général à été blessé.

12 Q. A quelle heure du soir est-ce que vous vous trouviez au poste

13 d'observation ?

14 R. Je ne me souviens pas exactement, car en journée, on était dans le

15 poste d'observation, et à côté du poste d'observation, il y avait une

16 structure dans laquelle on restait jusqu'au soir pour pouvoir rentrer en

17 toute sécurité le soir au commandement.

18 Q. Donc, vous rentriez au commandement lorsqu'il faisait déjà nuit ?

19 R. Oui.

20 Q. Et comment est-ce que l'on pouvait voir la ville depuis ce poste

21 d'observation s'il faisait déjà nuit, si vous le savez ?

22 R. Lorsqu'il faisait sombre, les officiers n'étaient pas dans le poste

23 d'observation, mais dans cette structure en briques qui était à côté. Et

24 après la tombée de la nuit, nous on rentrait au commandement.

25 Q. Ma question était la suivante : lorsqu'il faisait nuit à Sarajevo,

26 comment est-ce que ces officiers ou quiconque observait la ville pouvaient

27 observer la ville, si vous le savez ?

28 R. Je ne sais pas s'ils procédaient aux observations pendant la nuit, je

Page 6225

1 ne me souviens pas de cela.

2 Q. Nous allons maintenant passer à un autre sujet, à savoir lorsque le

3 général Milosevic a été blessé et son voyage à Belgrade.

4 Si j'ai bien compris votre déposition de ce matin, vous avez

5 accompagné le général Milosevic. Vous l'avez conduit jusqu'à Belgrade; est-

6 ce exact ?

7 R. Oui.

8 Q. Et approximativement, ou peut-être vous le savez exactement, quand

9 avez-vous accompagné le général ?

10 R. C'était la première moitié du mois d'août, mais je ne me souviens pas

11 de la date exacte.

12 Q. Donc, entre le 17 mai, alors que l'on sait qu'il était blessé à ce

13 moment-là, et la première moitié du mois d'août, le général Milosevic

14 continuait à exercer ses fonctions de commandant de Corps d'armée ?

15 R. Oui.

16 Q. Comment avez-vous conduit le général à Belgrade ? Quelle route avez-

17 vous pris ?

18 R. Lukavica-Han Pijesak-Zvornik. C'est là que l'on traversait la frontière

19 et Belgrade ensuite.

20 Q. Pouvez-vous nous dire quelque chose au sujet de ce contrôle frontalier

21 ? Est-ce que vous deviez montrer une pièce d'identité, ou bien comment est-

22 ce que les choses se passaient ?

23 R. Oui, on devait montrer nos pièces d'identité. En tant que chauffeur, je

24 devais avoir mon permis de conduire, mon ordre de voyage pour ce véhicule

25 et le permis de traverser en Yougoslavie.

26 Q. Qui donnait cette autorisation de passage en Yougoslavie ?

27 R. C'était le service de l'état-major principal pendant un certain temps,

28 et puis pendant un certain temps il était possible d'obtenir cela au

Page 6226

1 commandement du Corps d'armée, mais c'était surtout fait par un service

2 dans l'état-major principal.

3 Q. Et à Belgrade, où avez-vous conduit le général ?

4 R. J'ai conduit le général jusqu'à l'hôtel Slavija, et la famille l'a

5 repris à cet endroit. Je ne sais pas ce qui s'est passé ensuite. Je suis

6 rentré chez moi, et entre-temps je suis resté chez ma mère à la campagne.

7 Q. Donc, si j'ai bien compris, vous avez conduit le général à Belgrade et

8 vous êtes plus ou moins immédiatement rentré chez vous ?

9 R. Oui.

10 Q. Donc, vous ne savez pas qui il a rencontré pendant ce voyage à Belgrade

11 ?

12 R. Non. Pendant toute cette période, pendant que le général était absent,

13 moi j'étais chez ma mère à la campagne.

14 Q. A ce moment-là, je crois qu'on vous a dit que vous pouviez reprendre le

15 général de Han Pijesak; est-ce exact ? A un moment donné en septembre ?

16 R. Oui.

17 Q. Vous rappelez-vous à peu près à quel moment cela se passait ?

18 R. Cela se passait au début du mois de septembre. Je ne me rappelle pas la

19 date exacte, mais en tout cas c'était en septembre. Je suis arrivé à Han

20 Pijesak et j'ai attendu le général dans la caserne de Han Pijesak.

21 Q. Vous a-t-il parlé quand vous l'avez retrouvé à Han Pijesak ?

22 R. Nous parlions très rarement l'un avec l'autre. Ce jour-là, je ne me

23 rappelle pas non plus lui avoir posé quelques questions particulières.

24 Simplement, je lui demandé peut-être s'il allait mieux, s'il avait bien

25 supporté l'opération, et il m'a dit très brièvement : "Ça va." Et la

26 conversation s'est arrêtée là.

27 Q. Alors, nous ne parlons plus des détails de ce voyage, mais j'en reviens

28 maintenant à une question plus générale. Parce que vous venez de nous dire

Page 6227

1 que vous parliez rarement l'un avec l'autre, cette remarque est-elle

2 également valable pour les moments où vous le transportiez ici et là ? Est-

3 ce que lorsque vous lui serviez de chauffeur un peu partout, vous parliez

4 très rarement de questions liées au travail ou peut-être des questions

5 personnelles ?

6 R. Nous ne parlions de rien.

7 Q. Vous nous avez parlé de plusieurs voyages au commandement pour visiter

8 les brigades. Est-ce que vous l'avez également accompagné lorsqu'il a

9 rencontré des dirigeants de la municipalité serbe de Sarajevo à Vogosca ?

10 Est-ce que vous vous rappelez lui avoir servi de chauffeur pour des

11 réunions à Vogosca ?

12 R. Je servais de chauffeur quand il allait dans les bâtiments municipaux,

13 quelquefois à Vogosca, quelquefois à Ilijas ou à Pale. Chaque fois, dans

14 des cas de ce genre, je restais devant le bâtiment de la mairie. Si j'étais

15 chargé de la sécurité, je sortais de la voiture, mais si je ne faisais que

16 conduire, je restais aux alentours de la voiture, tout près du bâtiment.

17 Q. Donc, vous ne le suiviez pas à l'intérieur de la mairie et vous ne

18 pouvez pas savoir qui il rencontrait ?

19 R. Non.

20 Q. Je n'ai plus de questions, Monsieur le Président.

21 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci. Des questions supplémentaires

22 ?

23 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Non, merci, Monsieur le Président.

24 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Simic, ceci met fin à votre

25 déposition, nous vous remercions d'être venu témoigner, vous pouvez

26 maintenant vous retirer.

27 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci à vous également. Et je remercie toutes

28 les personnes présentes.

Page 6228

1 [Le témoin se retire]

2 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Le témoin suivant.

3 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Le témoin suivant, Monsieur le Président,

4 est M. Sinisa Krsman.

5 [La Chambre de première instance se concerte]

6 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

7 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je demande au témoin de prononcer la

8 déclaration solennelle.

9 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

10 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

11 LE TÉMOIN : SINISA KRSMAN [Assermenté]

12 [Le témoin répond par l'interprète]

13 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Vous pouvez vous asseoir.

14 Maître Tapuskovic, vous pouvez commencer.

15 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

16 Interrogatoire principal par M. Tapuskovic :

17 Q. [interprétation] Monsieur le Témoin, pendant toute la durée de votre

18 déposition, j'appelle à votre attention sur la nécessité, qui vaut pour

19 vous comme pour moi d'ailleurs, de ne pas parler trop vite, et je vous

20 conseille de suivre le curseur sur l'écran devant vous pour ne prendre la

21 parole qu'au moment où il s'est arrêté. Ceci nous permettra de ne pas faire

22 durer votre déposition trop longtemps.

23 Je vous demande maintenant de décliner vos nom et prénom, je vous prie.

24 R. Je m'appelle Sinisa Krsman.

25 Q. Pour passer plus rapidement ces quelques questions d'introduction, je

26 vous demande s'il est exact que vous êtes né le 17 décembre 1961.

27 R. Oui.

28 Q. Vous êtes né à Sarajevo, n'est-ce pas, dans la municipalité de Centar,

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1 dans le quartier de Zabradze, à Rajlovac ?

2 R. Oui.

3 Q. Vous avez terminé vos études secondaires en 1970 ?

4 R. Oui.

5 Q. Et vous avez trouvé un emploi dans l'entreprise UPI en tant que

6 commercial; vous y êtes resté entre 1984 et le début du conflit, n'est-ce

7 pas ?

8 R. Oui.

9 Q. Et vous avez toujours eu un emploi de commercial ?

10 R. Oui.

11 Q. J'aimerais d'abord vous montrer une carte. Il s'agit du document 65 ter

12 qui porte le numéro 02872.

13 La voici. Vous voyez cette carte ? Pourriez-vous, je vous prie, montrer

14 l'endroit où vous êtes né et où vous viviez ?

15 R. Je peux le faire.

16 Q. Pourriez-vous inscrire une annotation à l'endroit où se trouve ce lieu

17 ?

18 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Si c'était possible, il serait bon

19 d'agrandir un peu, de zoomer sur la partie nord du plan à l'écran.

20 Q. Monsieur, j'aimerais que vous indiquiez où se trouvait votre maison ?

21 R. Oui, je peux le faire.

22 Q. Et il serait bon que vous inscriviez une annotation à cet endroit.

23 R. Si on zoome encore un peu, je pourrais trouver exactement la maison en

24 question.

25 Voilà, ici vous voyez le mot Bjelica, c'est là que se trouvait la maison.

26 Q. Annotez le plan.

27 R. Je peux le faire.

28 Q. Oui. Vous ne l'avez pas encore fait. Inscrivez la lettre "K".

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1 R. [Le témoin s'exécute]

2 Q. Pourriez-vous dire aux Juges de la Chambre si vous avez déjà témoigné

3 devant ce Tribunal ? Cela peut être utile aux Juges de le savoir.

4 R. Oui. J'ai été témoin dans le procès intenté au général Stanislav Galic,

5 et l'année dernière j'ai déjà témoigné au TPIY dans le cadre du procès

6 intenté à M. Momcilo Krajisnik.

7 Q. Est-ce qu'on vous a montré ce plan, à cette époque-là ?

8 R. Nous ne nous sommes pas occupés de ce plan à ce moment-là. Les cartes

9 et les plans étaient tout à fait différents. Ils n'étaient pas aussi

10 détaillés que celui-ci.

11 Q. Pourriez-vous maintenant montrer sur le plan l'endroit où se trouvait

12 votre entreprise, c'est-à-dire l'endroit où vous aviez votre emploi

13 jusqu'au moment où le conflit a éclaté ?

14 R. Mon premier lieu de travail était à Skenderija.

15 Q. Non, je vous demande de montrer à quel endroit vous travailliez au

16 moment où le conflit a éclaté.

17 R. Au moment où le conflit a éclaté, je travaillais ici. Mais sinon, j'ai

18 passé toute ma carrière à travailler dans la ville dans divers endroits,

19 dans différents magasins.

20 Q. Pourriez-vous inscrire la lettre "R" à côté de l'endroit dont vous

21 venez de parler ?

22 R. [Le témoin s'exécute]

23 Q. Qu'est-ce qu'il y a de caractéristique dans cette partie de la ville ?

24 R. Je travaillais à cet endroit-là. C'était en ville, dans le centre-

25 ville, dans un centre commercial qui s'appelait Hipermarket. C'était donc

26 en ville.

27 Q. Non, ce n'est pas à ça que je pensais. Je pensais à des

28 caractéristiques géographiques, des repères naturels. Qu'est-ce qu'il y

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1 avait, tout près de là, du point de vue des repères naturels, comme par

2 exemple des collines ?

3 R. Vous parlez de l'endroit où j'habitais ?

4 Q. Non, de l'endroit où vous travailliez.

5 R. Je travaillais dans le centre-ville à Mojmilo ou à Skenderija, mais en

6 tout cas, toujours au centre-ville.

7 Q. Mais quand vous dites Mojmilo, est-ce que c'était sur la colline de

8 Mojmilo ou ailleurs ?

9 R. Non. Au pied de la colline de Mojmilo, parce que c'est tout ce secteur

10 qui s'appelle Mojmilo.

11 Q. L'endroit où vous êtes né, où vous habitiez, combien de temps vous-même

12 et votre famille avez-vous vécu à cet endroit ?

13 R. Ma famille vivait à cet endroit depuis plus de 300 ans. Vous voyez sur

14 le plan des lieux comme Remezi, Latosi [phon], Remezi. Ce sont des noms

15 d'anciennes familles. S'agissant de nous, nous y avons vécu depuis à peu

16 près 300 ans, si je m'arrête à la signature des accords de Dayton.

17 Q. Pourriez-vous, sur le plan, essayer de nous dire quelle était la

18 répartition des habitants de ce secteur du point de vue des différents

19 peuples et par exemple montrer quels étaient les quartiers majoritairement

20 habités par des Serbes et l'annoter sur le plan ?

21 R. Là où j'habitais, c'était un quartier à majorité serbe. On va de Zuc,

22 qui se trouve ici, en passant par Smiljevici, puis Zabradze, et on arrive à

23 notre village. Donc, vous voyez, cette zone s'arrête ici. Et dans toutes

24 ces zones, la population était majoritairement serbe.

25 Q. Mais vos voisins, ils étaient où ? Nous sommes bien obligés ici de

26 parler de l'appartenance ethnique. C'est toujours une question centrée sur

27 ce sujet.

28 R. Sur ce plan, on voit ici une surface de couleur verte sur laquelle il

Page 6232

1 n'y a pas une seule maison. Mais dans le secteur que je dessine ici

2 vivaient nos voisins musulmans, et ils étaient à peu près 20 000 à ce

3 moment-là. Ils se sont installés à partir de 1974, dans les années qui ont

4 suivi, et selon le recensement de 1991, ils étaient environ 20 000.

5 Q. Quels étaient vos rapports avec eux ? Est-ce que vous étiez en bons

6 termes avec eux ?

7 R. Dans le village Smiljevici, il y avait aussi des Musulmans et des

8 Croates. Jusqu'au début de la guerre, nos rapports avec eux étaient

9 absolument parfaits. Je veux parler notamment de ces familles musulmanes

10 anciennes qui habitaient là. Il n'y a jamais eu aucun problème. Il y en

11 avait aussi dans le village de Brijesca, je veux dire, des Musulmans et des

12 Croates. Mais une fois que des gens sont arrivés d'autres quartiers,

13 d'autres régions, les problèmes ont commencé et ils ont continué jusqu'au

14 début de la guerre. Ces problèmes allaient de discussions animées ou de

15 querelles dans les cafés, et il y a eu toutes sortes d'autres choses. Ces

16 incidents n'ont cessé de se développer jusqu'au début de la guerre.

17 Q. Pourriez-vous expliquer aux Juges dans quelles conditions se sont

18 produites les premières frictions et rapidement leur dire dans quelles

19 conditions ont eu lieu ces problèmes qui ont ensuite évolué pour déboucher

20 sur ce qui s'est passé en 1992 ?

21 R. Comme je l'ai dit, nous n'avions vraiment aucun problème avec ces

22 voisins que nous connaissions depuis des années, mais certaines choses ont

23 ensuite commencé à se passer qui étaient inimaginables pour nous. Comme

24 chacun le sait, l'invité serbe d'une noce a été tué à Bascarsija simplement

25 parce qu'il portait un drapeau serbe. Pour nous, c'était inimaginable. Et

26 puis en avril, tout près de chez nous, une attaque a eu lieu sur Kula. Je

27 montre où cela se trouve. La Ligue patriotique, comme on les appelait, et

28 les Bérets verts ont jeté une grenade sur une station d'essence dont le

Page 6233

1 propriétaire était un certain Bosic, un homme très riche qui vivait chez

2 nous. L'excuse, c'était que dans cette station de service, il y aurait soi-

3 disant eu des Chetniks qui se seraient cachés.

4 Puis, il y a eu une attaque contre l'usine d'armement de Pretis à Vogosca,

5 et encore une fois ce sont les Bérets verts qui ont attaqué l'usine pour

6 capturer des armes. Tout cela a semé la peur parmi la population. C'était

7 tout de même une pression psychologique importante. Les gens ont commencé à

8 se sentir mal, notamment compte tenu du fait que nous avions tous des

9 familles, des enfants, et cela nous a beaucoup inquiétés. Nous voulions

10 savoir ce qui se passait.

11 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Maître Tapuskovic, l'heure de la

12 suspension est arrivée.

13 Nous suspendons jusqu'à demain.

14 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Est-ce qu'on pourrait sauvegarder le

15 plan et les annotations faites par le témoin jusqu'à maintenant ? Merci.

16 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Ce document sera sauvegardé.

17 Je suspends l'audience jusqu'à demain.

18 --- L'audience est levée à 13 heures 46 et reprendra le mercredi 6 juin

19 2007, à 9 heures 00.

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