Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le vendredi 13 juillet 2007

2 [Audience publique]

3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]

4 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

5 --- L'audience est ouverte à 9 heures 04.

6 M. LE JUGE MINDUA : Voilà. L'audience est ouverte. Au bureau du Procureur,

7 je dis bonjour, à la Défense je dis bonjour, à Monsieur le Témoin et à tout

8 le personnel qui assiste la Chambre, je dis bonjour.

9 Ce matin la Chambre va siéger aussi en application de

10 l'article 15 bis du Règlement de procédure et de preuve. Nous allons

11 continuer avec le contre-interrogatoire du témoin de la Défense,

12 M. Mrkovic Ljuban, contre-interrogatoire qui avait commencé hier avec M.

13 Waespi du bureau du Procureur.

14 Mais avant de poursuivre le contre-interrogatoire, je voudrais lire à

15 l'intention des parties la nouvelle proposition par rapport à notre

16 calendrier. Ça ne va pas être long.

17 La Chambre propose pour la suite de notre procès que le 20 août il

18 n'y ait pas audience par rapport au calendrier que nous avions établi.

19 Maintenant nous disons que le 20 août il n'y aura pas audience. Le 24 août,

20 ce sera la fin de la présentation de la preuve par la Défense et nous

21 pourrons profiter de l'occasion pour résoudre certaines petites questions

22 particulières relatives au procès, bien entendu.

23 Le 24 septembre il y aura les arguments, "final briefs", comme c'est

24 écrit ici, la conclusion. Et le 1er et le 2 octobre, "closing arguments",

25 textuellement.

26 Donc, voilà pour la suite, je demande aux parties de se consulter et

27 de revenir auprès de la Chambre s'il y a des objections éventuelles. Voilà.

28 Maître Tapuskovic.

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1 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Juge, juste une petite

2 phrase, si vous le voulez bien. Un mois ne me paraît pas suffisamment long

3 pour que la Défense puisse préparer ses conclusions finales. Croyez-moi,

4 c'est matériellement impossible pour la Défense de préparer ses conclusions

5 entre le 24 août et le 24 septembre. Il nous faudrait au minimum dix jours

6 de plus que le mois prévu. Il est tout à fait impossible de revoir tous les

7 documents et je ne parle pas ici de la rédaction en sus des conclusions.

8 Voilà ce que je voulais vous indiquer d'emblée.

9 M. LE JUGE MINDUA : -- Maître Tapuskovic. C'est plutôt la pratique de ce

10 Tribunal que d'accorder un mois. Mais j'ai enregistré ce que vous avez dit,

11 et les Juges vont se consulter.

12 Voilà, Monsieur. Le bureau du Procureur.

13 M. WAESPI : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Bonjour,

14 Monsieur le Juge Harhoff. Est-ce que je poursuis mon contre-interrogatoire,

15 ou est-ce que vous voulez m'entendre sur les propositions ?

16 M. LE JUGE MINDUA : [hors micro]

17 M. WAESPI : [interprétation] Non, nous n'avons pas d'objections à votre

18 proposition, cependant nous comprenons également cette suggestion de la

19 Défense et nous n'aurions pas de problèmes si vous faisiez droit à la

20 proposition de la Défense de disposer de dix jours de plus afin de préparer

21 leurs conclusions finales.

22 M. LE JUGE MINDUA : Très bien. Merci beaucoup. Nous allons maintenant

23 poursuivre avec notre contre-interrogatoire.

24 Monsieur Waespi.

25 M. WAESPI : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Est-ce que nous

26 pourrions montrer le document 0385 [comme interprété].

27 LE TÉMOIN: LJUBAN MRKOVIC [Reprise]

28 [Le témoin répond par l'interprète]

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1 Contre-interrogatoire par M. Waespi : [Suite]

2 Q. [interprétation] Je vous salue, Monsieur le Témoin.

3 R. Bonjour.

4 Q. Je ne pense pas que ça va nous prendre trop de temps ce matin. Je

5 voudrais vous demander de confirmer que même déjà en

6 mi-1994, et malgré l'embargo, le RSK continuait à recevoir des munitions et

7 des armes de l'ex-Yougoslavie ou de la République fédérale de Yougoslavie ?

8 Est-ce que vous pourriez me confirmer la chose ?

9 R. Je ne peux pas vous confirmer cela, parce qu'à l'époque de l'embargo et

10 des contrôles de la frontière sur la Drina, ces contrôles étaient très

11 stricts. J'ai moi-même franchi cette frontière à de nombreuses reprises, et

12 j'ai pu me rendre compte de ces contrôles très stricts. Je ne sais pas, il

13 y avait le VP 7663, qui est un ordre assigné par le commandant adjoint. Je

14 ne sais pas exactement de quel poste militaire il s'agissait. Je peux vous

15 confirmer qu'en 1994 et 1995 nous n'avions pas beaucoup d'armes. Nous

16 étions approvisionnés par les Croates et le côté musulman qui vendaient des

17 armes. Je ne sais pas s'il y avait peut-être des canons secrets par les

18 vallées, par la forêt. Ça c'est possible, mais je crois que les prix

19 étaient très élevés. Il y avait peu d'argent disponible, et dès lors, nous

20 ne pouvions pas obtenir des armes par les canaux habituels.

21 Q. Bien. Reprenons ce document. Ce commandant adjoint pour la logistique,

22 Milan Dzurdzic de l'une des brigades du Corps du RSK, avait écrit au

23 commandement. Il y a une référence à un télégramme strictement confidentiel

24 du 26 juin 1994, qui dit ceci : "Nous vous informons si après avoir reçu

25 les armes suivantes." Puis, premier point : "De l'armée de la Yougoslavie

26 (suite à l'approbation de l'état-major principal de la VRS) nous avons reçu

27 les armes suivantes," et vous voyez alors énuméré trois canons de calibre

28 différent. Puis on parle de la distribution par le RSK.

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1 Ceci donc indique qu'ils avaient reçu -- cette unité du RSK donc avait

2 reçu des armes de l'ex-Yougoslavie. Voilà ce que dit ce document.

3 R. Ce document est rédigé de manière un petit peu ambiguë. La caserne, il

4 y avait là effectivement des armes qui n'avaient peut-être pas été

5 retirées. C'était sans doute la propriété de l'armée de la Yougoslavie, et

6 je ne peux pas vous confirmer que ceci est arrivé par l'armée de la

7 Yougoslavie. C'est un document, vous voyez, du poste 7063, c'est la Brigade

8 de Vogosca, ou peut-être de Rajlovac. Je n'en sais rien. Je ne sais pas

9 quel est ce numéro, mais toujours est-il que les armes ici ça c'est sans

10 doute la propriété de l'armée de Yougoslavie, tout comme les moteurs qui

11 ont été envoyés à Rajlovac, puis qui ont été renvoyés à l'armée de

12 Yougoslavie. Quand il y avait un embargo, nous ne pouvions même pas faire

13 cela. Est-ce que c'est arrivé par des canaux secrets ou ça provenait de

14 dépôts, je n'en sais rien. Simplement, ce que je peux dire qu'il s'agit

15 sans doute d'un document original qui respecte le format habituel et les

16 différents codes, et cetera, sont conformes.

17 En ce qui concerne le canon de 85-millimètres ou celui de 40, je me

18 demande vraiment si c'est arrivé par le biais de l'armée yougoslave. Nous

19 disposions de ce type de canons dans les dépôts en 1994, au moment de

20 l'existence de l'embargo, et l'ONU contrôlait les frontières. Je pense que

21 ça aurait été très difficile de transporter ce genre d'armements à travers

22 la Drina ou en passant les contrôles. Cela aurait été pratiquement

23 impossible, dirais-je.

24 Je ne peux rien vous garantir. Ces armes qui figurent sur ce

25 document, il n'était pas vraiment nécessaire de transporter ces armes dans

26 les endroits qui sont indiqués.

27 Q. La raison pour laquelle vous dites que ce n'était pas nécessaire de

28 faire transporter ces armes, c'est parce que vous en disposiez déjà. C'est

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1 ça que vous voulez indiquer ?

2 R. Si on parle d'un canon de 85, sans mission du tout, sans obus prévu

3 pour ce canon, à quoi ça sert - c'est comme si vous aviez un lance-

4 roquettes sans roquettes ? Il faut aussi des artilleurs formés pour

5 utiliser ces pièces d'artillerie.

6 Je ne vois pas très bien pourquoi ceci aurait été envoyé à Rajlovac.

7 Nous n'avions pas, nous, de canons de 85-millimètres à Rajlovac dans la

8 brigade. Il n'y avait peut-être que deux pendant la guerre. En ce qui

9 concerne les obus, s'ils figuraient dans ce document, là je donnerais

10 davantage de crédit à ce document que celui-ci tel qu'il se présente.

11 Au cours de la guerre, je l'ai -- ils demandent ici neuf pistolets. Je n'en

12 ai pas vu.

13 Les véhicules, il y en avait plein. Pourquoi est-ce que l'armée de la

14 Yougoslavie transporterait des véhicules de transport de personnes par tous

15 ces contrôles ? Je ne comprends pas. Peut-être que cela convient d'un dépôt

16 ou l'autre.

17 Q. Monsieur le Témoin, je vous demande de ralentir un petit peu votre

18 débit. Je sais que vous avez beaucoup de choses à nous raconter, mais

19 veuillez tout de même ralentir un petit peu. Nous avons le temps, et

20 rassurez-vous, vous aurez votre avion pour rentrer chez vous.

21 R. Hier, je n'ai pas eu l'occasion de le dire, et j'ai le temps, si je ne

22 -- et puisque je ne suis pas parti hier, je peux effectivement prendre mon

23 temps aujourd'hui.

24 Q. Ce document est quand même sans ambiguïté. Il dit que : "Nous avons

25 reçu les armes énumérées ci-dessous de l'armée de la Yougoslavie." On ne

26 parle pas de munitions ni d'artilleurs. Simplement, ce que je vous indique,

27 c'est qu'il y avait suffisamment de munitions. Il y avait suffisamment

28 d'hommes capables d'utiliser ces armes au RSK. Donc la seule chose dont ils

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1 avaient besoin, c'étaient les armes. Voilà ce que nous dit ce document.

2 Pouvez-vous être d'accord avec moi là-dessus ?

3 R. Non, je ne peux pas. Pas du tout même. Lorsque vous parlez du personnel

4 du corps RSK, pour moi, ce personnel en tant que soldat, il y avait une

5 dizaine de milliers de personnes, et il y en a eu jusqu'à 17 500. Tout ce

6 RSK avait une zone de responsabilité assez énorme. Vous le voyez sur cette

7 carte.

8 L'autre côté, l'ABiH, si vous regardez leurs rapports et si vous regardez

9 les renseignements dont nous disposions, ils avaient entre 70 et 80 000

10 hommes armés. Alors, peut-être qu'il y avait des exagérations dues à la

11 propagande pour rassurer les gens. Peut-être qu'il y en avait moins, 70

12 000.

13 D'après les règles, normalement, le ratio entre les deux devait être de 1 à

14 3. Pour attaquer Sarajevo, nous aurions dû disposer à ce moment-là de

15 quelque 150 000 personnes, si on prend en ligne de compte les hommes

16 capables de porter les armes à Sarajevo. C'est ça que dit la doctrine

17 militaire. C'est pourquoi il y avait fort peu de possibilités de

18 déplacements à Sarajevo. Si nous avions suffisamment d'hommes, nous aurions

19 fait autrement, mais vous voyez, ce document indique bien que nous n'avions

20 pas suffisamment d'hommes. Croyez-moi, vous pourrez d'ailleurs voir la

21 preuve de tout cela et mes propos corroborés dans d'autres documents,

22 documents qui sont tout à fait précis.

23 Q. Mais ce document ne parle pas des hommes. Ce document ne parle que des

24 armes de l'ex-Yougoslavie.

25 R. Ce document, vous l'avez dit, il est ambigu. Il dit ce qu'il dit. Je le

26 vois de mes yeux et je vois ce qu'il dit. Je trouve ça bizarre que c'était

27 demandé par le RSK et ça provienne de l'armée de l'ex-Yougoslavie. Peut-

28 être que ça provient d'un dépôt qui était sous le contrôle de la VRS. Je

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1 trouverais cela davantage plausible.

2 Q. Merci beaucoup.

3 M. WAESPI : [interprétation] Monsieur le Président, est-ce que nous pouvons

4 verser ce document ?

5 M. LE JUGE MINDUA : Il est admis. Monsieur le Greffier.

6 M. LE GREFFIER : [interprétation] Le P117 [comme interprété].

7 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Monsieur Waespi, de quoi s'agissait-

8 il ? Quel était le document ?

9 M. WAESPI : [interprétation] Le D385 [comme interprété].

10 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Merci.

11 M. WAESPI : [interprétation]

12 Q. Monsieur Mrkovic, hier vous nous avez brièvement parlé de Marko

13 Lugonja, qui était le chef des services de Renseignements et de la Sécurité

14 du RSK au cours de la totalité de la durée de la guerre, si je ne me

15 trompe, n'est-ce pas ?

16 R. Oui.

17 Q. Et vous avez dit avoir travaillé avec lui. Même si vous n'étiez pas

18 vraiment officiellement son subordonné, vous avez tout de même des contacts

19 très proches avec lui au cours de votre période à Rajlovac, n'est-ce pas ?

20 R. Hier, j'ai été très clair. Je coopérais avec M. Marko Lugonja. Tous les

21 renseignements que je recevais, vu qu'il ait été le directeur adjoint, tous

22 les renseignements qui portaient sur le Corps Sarajevo-Romanija étaient

23 ensuite présentés à Marko Lugonja. C'était tout à fait d'ailleurs conforme

24 au règlement. Je devais donc suivre ce règlement. Si ça ne s'agissait pas

25 de renseignements sur le RSK, je renvoyais ces renseignements à d'autres

26 unités qui étaient concernées par ces renseignements.

27 Ma coopération avec Marko Lugonja a duré toute la guerre. A ce

28 niveau-là, il m'informait des choses qui intéressaient le travail de

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1 l'aéroport où je travaillais et toutes les tâches qui étaient les miennes à

2 Rajlovac. Je n'essaie pas du tout de me soustraire à l'idée que j'ai

3 coopéré avec lui, et je l'ai fait pendant toute la guerre.

4 Q. Non. Non, là n'est pas la question. Ce n'est pas cela qui m'intéresse

5 particulièrement. Simplement, je voulais que vous confirmiez que Marko

6 Lugonja, à l'époque il était colonel en 1992, était tout comme vous un

7 professionnel, un officier de carrière de la JNA, n'est-ce pas ?

8 R. Oui, Marko Lugonja, il était colonel, et moi, j'étais capitaine de

9 première classe. Une différence tout de même dans la hiérarchie.

10 Q. Oui, en effet. Le colonel Marko Lugonja, tout comme d'autres officiers,

11 il a fait cette transition du 4e Corps de la JNA, i a été donc muté vers le

12 SRK vers la moitié de 1992, n'est-ce pas ?

13 R. Si vous voulez en connaître davantage, bien, Marko Lugonja, il était en

14 Croatie, chargé de renseignements à Karlovac au moment où l'armée s'est

15 retirée de la Croatie. Le colonel Lugonja est arrivé à Sarajevo du

16 commandement du 2e District, puis 4e Corps. Puis l'armée s'est retirée de la

17 Bosnie. Il ne voulait plus être là. Il ne voulait pas reperdre sa maison.

18 Il est resté à Sarajevo, et à partir de ce

19 4e Corps - en fait, il s'est retiré avec l'armée, puis il est revenu

20 quelque temps après moi, peut-être deux, trois mois après moi. Donc Marko

21 Lugonja a suivi le chemin suivant. Il s'est retiré de la Croatie d'abord,

22 puis de Bosnie. Il est allé à Belgrade, et de Belgrade à Sarajevo. Voilà

23 pour préciser un petit peu l'itinéraire suivi par Marko Lugonja au cours de

24 la guerre.

25 Q. Merci beaucoup de ces explications détaillées. En fait, c'est

26 pratiquement l'histoire de tous les commandants ou les officiers à Sarajevo

27 qui étaient de Bosnie. Ils sont restés, puis ils ont été réintégrés dans la

28 VRS. Les officiers de haut rang, de commandement, les cadres de la JNA qui

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1 étaient en Bosnie ont tous été transformés ou réintégrés dans la JNA -- de

2 la JNA en VRS; c'est

3 cela ?

4 R. Non, ce n'est pas cela.

5 Q. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ce n'est pas cela ?

6 R. Puis-je répondre ?

7 Q. Oui.

8 R. Ecoutez, ce n'est pas tout à fait exact. Je vais vous donner un exemple

9 d'une unité dans laquelle j'ai servi. Je peux vous dire que 40 % des hommes

10 à Rajlovac de Bosnie se sont tous retirés en Serbie suite aux ordres du

11 commandement du 19 mai. Et après, pas mal de ces hommes sont restés en

12 Serbie. Certains étaient nécessaires pour l'armée. Certains ne voulaient

13 pas revenir. Ils voulaient faire d'autres choses. Donc je ne suis pas tout

14 à fait d'accord pour dire que même 50 % de ceux qui étaient en Bosnie-

15 Herzégovine soient retournés à la VRS.

16 Dans mon unité, le pourcentage était en dessous de 25 %. Mon institut

17 avait 56 officiers avant la guerre et la majorité de Bosnie, et aucun n'est

18 resté en Bosnie. Par contre, nous avions des gens de Serbie qui soit sont

19 arrivés ou sont restés en 1992 sur le territoire de la Bosnie-Herzégovine.

20 Mais tout s'est fait de manière volontaire. Personne n'était obligé par qui

21 que ce soit d'aller ici ou là. C'est de mon propre gré que je suis

22 retourné. J'ai choisi mon propre destin. C'est moi qui ai décidé de

23 retourner en Bosnie et de faire ce que j'ai fait.

24 Donc je ne peux pas accepter votre idée des 100 %.

25 Q. Marko Lugonja a accordé un entretien au bureau du Procureur le 19

26 novembre de l'an 2000, et on lui a demandé - et vous trouvez cela à la page

27 6 de l'entretien qui a, bien entendu, été divulgué à la Défense - et on lui

28 a demandé --

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1 M. LE JUGE MINDUA : [hors micro]

2 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Pardon de vous interrompre, Monsieur le

3 Président, Monsieur le Juge, toutes mes excuses à mon éminent collègue,

4 mais je n'ai en fait pas reçu ce document. Je parcours les documents que

5 j'ai, mais je ne crois pas l'avoir reçu, à moins que j'omette quelque

6 chose.

7 M. WAESPI : [interprétation] Monsieur le Président, nous avons déjà été

8 confrontés à un tel problème. Je n'ai pas l'intention de demander le

9 versement de ce document en tant que pièce. Simplement, j'aimerais

10 soumettre au témoin ce que d'autres témoins, témoins potentiels ont déjà

11 dit au bureau du Procureur, et c'est autorisé dans le cadre du contre-

12 interrogatoire.

13 J'ai deux exemplaires de ces entretiens qui ont été transmis il y a

14 quelques temps à la Défense, mais je veux bien leur remettre un de ces

15 exemplaires.

16 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] L'avez-vous transmis à la

17 Défense.

18 M. WAESPI : [interprétation] Oui, bien sûr, Monsieur le Président,

19 dans le cadre des divulgations cela a beaucoup d'importance pour la

20 Défense.

21 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Vous souvenez-vous quand au juste

22 vous avez transmis cela à la Défense ?

23 M. WAESPI : [interprétation] Il y a un an ou deux. Nous pouvons vérifier

24 cela.

25 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, Monsieur le Juge,

26 cela ne figure pas sur la liste que j'ai reçue. J'ai reçu des millions de

27 pages, mais ça ne figure pas sur la liste, et cela n'est toujours pas sur

28 la liste. Si j'en avais été informé, je l'aurais certainement étudié

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1 attentivement. Si on me l'a envoyée il y a deux ans, bien, je n'ai pas de

2 pouvoirs supernaturels, je le regrette, mais enfin si vous me l'avez dit au

3 moins hier j'en aurais tenu compte.

4 Mais enfin, il y a deux ans - je n'ai pas de boule de cristal pour

5 savoir ce que l'on va utiliser tel ou tel jour par le biais de certains

6 témoins. Il faut au moins que l'on m'informe un jour plus tôt qu'on va s'en

7 servir, ou alors il faudrait que cela soit communiqué après la déclaration

8 solennelle du témoin.

9 M. WAESPI : [interprétation] Monsieur le Président, si je peux vous

10 donner une explication. La question a déjà été posée de savoir si le

11 document ou pièce qui pourrait être présentée doit être divulguée dans le

12 cadre des documents que nous avons l'intention de produire. J'ai déjà

13 utilisé cet entretien, je pense, avec le premier témoin de la Défense. Il a

14 été décidé que si je n'ai pas l'intention de demander le versement d'un

15 document ou de proposer ce document que je cite en tant que pièce, je ne

16 suis pas obligé, nous n'avons pas l'obligation d'en informer la Défense au

17 préalable. Je crois que c'est la pratique qui a été acceptée par la

18 Chambre. Mais pour des raisons pratiques j'ai un exemplaire ici de ce

19 document en B/C/S. D'ailleurs je suis tout à fait disposé à remettre cet

20 exemplaire à la Défense afin qu'ils puissent l'étudier. Mais il me semble

21 que nous n'avons pas l'obligation d'indiquer au préalable de quel document,

22 quel article de journal, par exemple, j'ai l'intention de soumettre au

23 témoin si je n'ai absolument pas l'intention de demander le versement au

24 dossier de ce document en tant que pièce. En tout cas, c'est ainsi que je

25 comprends la pratique, Monsieur le Président.

26 Et le document a été divulgué à la Défense le 21 juin 2005.

27 M. LE JUGE MINDUA : -- que nous comprenons. Le Procureur, le bureau du

28 Procureur vous a transmis le document parmi tant d'autres il y a deux ans,

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1 on a donné la date, en 2005, et maintenant nous sommes dans le cadre du

2 contre-interrogatoire faisant suite à l'interrogatoire principal d'hier. A

3 ce titre, le Procureur qui se trouve face aux questions que vous-même vous

4 avez posées à votre témoin, peut faire usage du document qui se trouve dans

5 la liste des pièces qui vous avait été présentée. Ça c'est la pratique de

6 cette Chambre. Alors à ce titre, je l'autorise à utiliser le document,

7 sachant que, comme il a dit, le document ne sera pas présenté pour être

8 admis. Oui.

9 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, Monsieur le Juge,

10 j'estime que c'est tout à fait incompatible avec les règles en vigueur dans

11 le cadre de ce Tribunal. Il y a quelques jours nous avons entendu le Témoin

12 T-27. Nous avons eu une discussion à ce sujet, et je ne peux pas comprendre

13 - enfin, c'était le Témoin Kovacevic, plus précisément. En fait, on voulait

14 soumettre au témoin une partie du compte rendu, un passage du compte rendu

15 d'audience. Mais en principe, si un document ne figure pas sur la liste des

16 documents qui seront utilisés, ce document ne peut pas être utilisé. Le

17 fait qu'il ait été divulgué il y a deux ans, cela n'est pas pertinent dans

18 ce contexte puisque nous avons devant nous un témoin. Nous devons recevoir

19 les documents qui vont lui être présentés, sinon je vais devoir encore

20 solliciter plus de temps pour étudier les documents et décider après si je

21 peux accepter ou non que l'on soumette ces documents au témoin.

22 Donc je formule une objection. Bien entendu, il vous appartient de statuer.

23 Si vous prenez une décision contraire, je l'accepterai, mais cela me paraît

24 tout à fait incompatible avec ce qui a été discuté par le passé, notamment

25 en rapport le Témoin T-27 il y a quelques jours.

26 M. LE JUGE MINDUA : Monsieur Tapuskovic, je ne pense pas que le cas du

27 Témoin T-27 soit exactement celui que nous avons maintenant. Dans tous les

28 cas, la Chambre a déjà décidé, et il n'y a rien de nouveau donc par rapport

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1 à ce que vous venez d'ajouter.

2 Monsieur Waespi.

3 M. WAESPI : [interprétation] Monsieur le Président, je propose un

4 exemplaire de cet entretien en B/C/S et en anglais à la Défense si elle

5 souhaite consulter le document.

6 M. LE JUGE MINDUA : D'accord.

7 M. WAESPI : [interprétation]

8 Q. Monsieur Mrkovic, lors de notre entretien avec M. Lugonja, à la page 6

9 des versions en anglais et en B/C/S, on lui a demandé, l'enquêteur, M.

10 Barry Hogan, lui a demandé, "lorsque le 4e Corps est revenu en Yougoslavie

11 le 19 mai, est-ce qu'ils ont emmené avec eux tous leurs hommes et tout leur

12 matériel ?" M. Lugonja a répondu : "Non." M. Hogan lui a demandé : "Est-ce

13 le noyau qui est, en fait, devenu le Corps Romanija, donc les hommes et le

14 matériel qui sont restés sur place le 4e Corps ?" Et la réponse était :

15 "Les commandants du 4e Corps qui venaient de Bosnie, qui étaient nés en

16 Bosnie, y sont restés et cela représentait, je dirais, environ 95 %, donc

17 95 % qui sont restés."

18 C'est donc ce que Marko Lugonja nous a dit; 95 % des officiers du 4e Corps

19 qui venaient de Bosnie sont restés sur place et sont devenus le Corps

20 Romanija de Sarajevo. Est-ce que vous acceptez ce que le chef de sûreté du

21 RSK a dit au bureau du Procureur ?

22 R. Si c'est ce que Marko Lugonja a dit, il avait sans doute une bonne

23 raison de le dire. Il connaît bien ces choses-là. Moi, je parle de Rajlovac

24 et de l'unité à laquelle j'appartenais. Je ne sais vraiment pas quelle

25 était la composition du 4e Corps ou le commandement du 2e District

26 militaire. Je sais que très subitement le nombre d'hommes a augmenté

27 lorsque l'armée s'est retirée de Zagreb. Mais je ne connais pas le

28 pourcentage exact, 95 %, je n'en sais rien.

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1 Si vous prenez une brigade, que ce soit la 1ère, la 2e ou la 3e, les

2 commandants de bataillons, et ainsi de suite, où sont les officiers alors

3 si 95 % de ces officiers restent sur place. Cela voudrait dire que nous

4 aurions un officier qui serait commandant de chaque brigade. En fait, à

5 Ilidza nous n'avions qu'un commandant actif, qui avait le grade de

6 capitaine. Je ne sais pas où ils se cachaient. Je ne remets pas en question

7 les chiffres. Ils sont peut-être exacts. Peut-être qu'ils sont partis,

8 qu'ils se sont dispersés. Mais je parle de la Brigade de Rajlovac où le

9 commandant était un capitaine ordinaire. Les commandants des bataillons

10 avaient été à l'école secondaire. Peut-être que certains même avaient été

11 formés à l'école des officiers de réserve. Je ne mets pas en cause ce que

12 dit Marko Lugonja, mais je demande alors où se trouvaient toutes ces

13 personnes.

14 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Messieurs les Juges,

15 M. Mrkovic parle très vite. Il devrait parler plus lentement, parce qu'ici

16 il y a des pans de phrase entiers qui ont été omis s'agissant de ce qu'il a

17 proféré. Je ne sais pas si on pourra faire en sorte que ce soit récupéré et

18 que ce soit fait de façon appropriée, mais il y a des pans de phrase

19 entiers qui manquent.

20 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je parle assez vite de toute façon.

21 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Monsieur Mrkovic, veuillez garder à

22 l'esprit que les interprètes doivent pouvoir vous suivre et vous

23 interpréter, alors veuillez ralentir, s'il vous plaît.

24 Je voulais par ailleurs demander à l'Accusation, puisque nous avons déjà

25 passé un certain temps à parler de cette question, donc de la composition

26 du RSK, quel est l'argument que vous êtes en train de faire valoir en ce

27 moment ? Qu'est-ce que vous aimeriez démontrer à la Chambre ?

28 M. WAESPI : [interprétation] Monsieur le Président, cela se réfère au

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1 contexte des événements qui se sont produits en 1992. Le paragraphe 7 de

2 l'acte d'accusation, où il est question d'une transformation, d'une

3 transition des unités de la JNA soi-disant, sont parties sur les ordres du

4 Conseil de sécurité, mais ils ont laissé sur place des cadres, de matériel,

5 et ceux-ci ont été intégrés au Corps Romanija. Donc c'était un processus

6 progressif à l'époque, et d'après nous, cela explique la situation telle

7 qu'elle a évolué à partir de 1992 jusqu'à novembre 1995. Donc c'est pour

8 vous donner le contexte.

9 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Je comprends bien. En fait, qu'est-ce

10 que cela aurait changé que les officiers soient nés à Sarajevo, en Bosnie

11 plutôt que d'être originaires d'autres endroits en ex-Yougoslavie.

12 M. WAESPI : [interprétation] Ce ne serait pas une grande différence, mais

13 les personnes nées à Sarajevo connaissaient bien Sarajevo, et connaissaient

14 bien l'armement, les alentours, les collines qui pouvaient dominer la

15 ville, et connaissaient leurs ennemis, si on peut s'exprimer ainsi, nous y

16 viendrons.

17 Il s'agit de personnes qui étaient originaires de Sarajevo et qui

18 combattaient d'autres personnes à Sarajevo. Donc ce n'est pas la même chose

19 que des personnes qui arrivent d'ailleurs et qui ne connaissent rien à la

20 situation à Sarajevo.

21 Donc tout cela s'inscrit dans les thèses de l'Accusation concernant 1992.

22 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Très bien.

23 M. WAESPI : [interprétation]

24 Q. Ensuite, Monsieur Mrkovic, j'aimerais vous poser la question, pour

25 savoir si vous aviez des connaissances concernant les tireurs isolés

26 embusqués. Hier, vous nous avez dit que votre institut à Rajlovac avait été

27 attaqué avec des armes d'infanterie, y compris des pistolets de snipers.

28 Est-ce que vous vous en souvenez ?

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1 R. J'ai déclaré la chose, oui, en effet, et je maintiens cela.

2 Q. Ces tireurs embusqués faisaient partie de quelle armée ?

3 R. Ils faisaient partie de l'ABiH.

4 Q. Mais le RSK avait également des tireurs embusqués à Sarajevo, n'est-ce

5 pas ?

6 R. Y a-t-il une armée au monde qui ne disposerait pas de tireurs d'élite

7 dans toute unité d'infanterie, et notamment d'infanterie. Je dirais que ces

8 unités ont des tireurs d'élite.

9 Q. Je vous remercie de cette réponse. Nous allons passer au point suivant.

10 La dernière question concernant Marko Lugonja. On lui a demandé quelle

11 était la nature générale du conflit qui sévissait à Sarajevo, et il l'a

12 décrit comme étant une guerre civile. Il a dit ce qui suit, j'aimerais vous

13 demander de l'écouter attentivement, et pour la Défense c'est à la page 50,

14 dans la version anglaise, et à la page 51, en B/C/S.

15 Marko Lugonja a dit ce qui suit : "J'aimerais encore dire autre chose. La

16 guerre civile sur une base religieuse et nationale, la Yougoslavie était le

17 seul pays en Europe où les trois grandes religions étaient réparties de

18 façon égale --"

19 M. LE JUGE MINDUA : [hors micro]

20 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Messieurs les Juges, j'ai une autre

21 observation au sujet de ce qui a été dit dès le début. Parce que si ce que

22 nous n'avons pas lu aujourd'hui et hier est dit de la sorte, nous aimerions

23 voir Marko Lugonja pour pouvoir le contre-interroger, parce que présenter

24 les choses ainsi, à mon avis, ne devrait pas être fait de la sorte. Je ne

25 vois pas ici de péril encouru par l'accusé Dragomir Milosevic, mais c'est

26 le problème que nous avons eu avec le témoin de l'autre jour.

27 Parce qu'un témoignage aussi volumineux d'où l'on arracherait des éléments

28 de leur contexte, où on pourrait avoir des dizaines de pages, pour être

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1 plus précis, 110 pages, il faudrait que nous puissions le vérifier, et cela

2 n'est faisable qu'au travers d'un contre-interrogatoire de ce témoin de

3 l'Accusation, si tant est que c'est un témoin de l'Accusation. Autrement,

4 je ne vois pas à quoi cela nous mène avec tout le respect que je dois à mon

5 confrère,

6 M. Waespi.

7 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Monsieur Tapuskovic, la Chambre

8 estime qu'il y a une énorme différence entre le fait de verser un document

9 en tant qu'élément de preuve, et d'autre part, le fait de présenter à un

10 témoin des documents au sujet desquels la seule chose que l'on souhaite

11 obtenir c'est des observations de la part du témoin sur ce qui figure dans

12 ce document. Je suis entièrement d'accord avec vous sur le fait que s'il

13 est question de savoir si tel ou tel document est présenté dans la salle

14 d'audience pour être versé au dossier, et si ce document est une déposition

15 d'un autre témoin, alors à ce moment-là je suis d'accord avec vous s'il

16 s'agit de le verser au dossier, nous devrions certainement permettre à la

17 Défense de contre-interroger ce témoin-là. Cela va sans dire.

18 Mais j'estime qu'il y a une différence entre la situation que je

19 viens de décrire et l'autre situation, c'est-à-dire le fait que présenter

20 au témoin que nous avons devant nous un document simplement pour solliciter

21 ses remarques, ses observations, c'est tout.

22 Est-ce que vous pouvez être d'accord avec cela ?

23 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Messieurs les Juges, je comprends

24 parfaitement bien ce que vous venez de dire, Monsieur le Juge Harhoff. Ce

25 que je voudrais dire cependant, lorsqu'on montre ce type de pièce, à mon

26 avis, ce que j'estime être d'une importance cruciale, c'est le fait que ce

27 témoignage est très volumineux. Et il se doit d'être étudié attentivement

28 pour comprendre le contexte entier de ces documents afin que dans ce

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1 contexte-là, pour des fins d'intervention et de questions posées par

2 l'Accusation, que je puisse les prendre en considération à titre complet.

3 C'est la raison pour laquelle j'estime que la Défense se trouve à subir des

4 préjudices que ce soit versé au dossier ou pas, parce que présenter des

5 fragments extirpés de leur contexte, je ne vois pas ce que je devrais aller

6 chercher pour étudier le tout de façon attentive, mis à part les quelques

7 phrases qu'on a sorties pour en faire une espèce de leitmotiv aux fins

8 d'interrogatoire ou de contre-interrogatoire.

9 C'est à cet effet-là que j'ai présenté mon observation. Mais je veux

10 bien comprendre ce qu'il va advenir de ce document au final. A mon avis, il

11 ne serait être versé au dossier comme élément de preuve. Je comprends

12 parfaitement ce que vous êtes en train de dire. Je ne peux pas m'opposer à

13 votre opinion. Ce que je fais c'est vous exposer la mienne.

14 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Soyez assuré que la Chambre de

15 première instance ne s'intéressera pas à la déclaration que vous venez de

16 recevoir, déclaration antérieure de l'autre témoin. Tout ce qui nous

17 intéresse et tout ce dont nous tiendrons compte dans le cadre de cette

18 affaire, ce sont les observations de ce témoin-ci.

19 M. LE JUGE MINDUA : Monsieur Waespi.

20 M. WAESPI : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je suis tout à

21 fait d'accord avec le fait que ce dont je vous donne lecture ce ne sont pas

22 les éléments de preuve en tant que tels. Tout ce qui peu constituer un

23 élément de preuve ce sont les affirmations du témoin à ce propos. Donc la

24 Défense maintient que les questions que je soumets au témoin ne doivent pas

25 être prises hors de leur contexte. J'essayerai de ne pas le faire. Donc je

26 vais vous lire un passage dans son intégralité.

27 Q. Monsieur le Témoin, pour revenir à ce que M. Lugonja nous a dit en

28 novembre 2000. Il a dit: "La Yougoslavie était le seul pays en Europe dans

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1 lequel trois grandes religions du monde étaient réparties de façon égale,

2 les catholiques, les orthodoxes et les Musulmans. Mais le problème c'était

3 que les aspects nationaux et religieux étaient toujours étroitement

4 imbriqués. Et sur ce territoire toutes les guerres -- la plupart des

5 guerres se fondaient sur les mêmes raisons. Par exemple, pendant la guerre

6 il y avait le commandant Delic sur une ligne de front qui était orthodoxe,

7 et il y avait également le commandant Delic, Musulman. Tous deux parlaient

8 la même langue. Jusqu'à il y a quelques jours ils allaient ensemble au café

9 pour boire un verre ensemble et tout d'un coup, ils en sont venus à

10 s'entretuer. Et la même situation prévalait à Sarajevo. Des personnes qui

11 se connaissaient intimement qui, parfois habitaient dans le même immeuble,

12 ont commencé à tirer les uns sur les autres. Il n'y avait aucune

13 compassion. C'est encore pire que si, par exemple, l'armée autrichienne

14 nous envahissait."

15 Puis le dernier paragraphe : "Etant donné qu'il s'agit de la mémoire

16 historique, leurs grands-pères et leurs arrière-grands-pères luttaient dans

17 le même type de guerre et chacun pense qu'il a plus souffert que l'autre

18 faction et qu'il doit réparer ce qui a été fait par le passé. Donc la haine

19 est vraiment le leitmotiv qui caractérise ce contexte."

20 Monsieur le Témoin, est-ce que vous partagez cette évaluation exprimée par

21 M. Lugonja, sa perception en tant que chef des Renseignements et de la

22 Sûreté tout au long de la guerre à Sarajevo ? Est-ce que vous partagez son

23 évaluation concernant les causes de la guerre et la manière dont la guerre

24 a été menée à Sarajevo ?

25 R. Tout d'accord, c'est en partie seulement que je puis tomber d'accord

26 avec cette déclaration. Il s'agissait d'une guerre ethnique sur le

27 territoire de la Bosnie-Herzégovine, et en partie sur le territoire de la

28 Croatie. Là, oui, je suis d'accord à 100 %. Je ne suis pas d'accord sur un

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1 élément placé dans le contexte. Nous serions arrivés à Sarajevo. On aurait

2 résidé quelques mois à Sarajevo, et on viendrait à raconter comment la

3 guerre a éclaté. A Sarajevo, la guerre a germé pendant probablement bien

4 plus longtemps dans la tête de ceux qui avaient l'intention de la lancer.

5 Marko Lugonja est arrivé à Sarajevo en 1991. On ne pouvait en cinq

6 mois -- la guerre ne pouvait pas --

7 M. LE JUGE MINDUA : N'oubliez pas de ralentir pour permettre aux

8 interprètes et aux sténotypistes de travailler.

9 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Je vous remercie.

10 M. WAESPI : [interprétation]

11 Q. Est-ce que vous voulez bien poursuivre, Monsieur le Témoin, ou est-ce

12 que c'est tout ce que vous avez à dire ?

13 R. Vous pouvez commencer avec la guerre de 1941, ou 1939 sur le

14 territoire de la Bosnie-Herzégovine, et vous allez voir -- j'aimerais bien

15 vous demander, à vous, Procureurs et aux Juges, de prendre un livre

16 d'histoire de la Bosnie-Herzégovine. Il nous faudrait vraiment beaucoup de

17 temps pour raconter tout ce qui s'est passé là-bas au fil des siècles. Dans

18 ce contexte, parler ensuite de ce qu'a été la guerre à Sarajevo. Le fait

19 que ça été une guerre ethnique, je suis d'accord. Que j'aie pris des cafés

20 avec des collègues musulmans et que dans l'espace de 24 heures on s'est

21 fait la bise et qu'on s'est quitté. L'un est parti de l'autre côté; l'autre

22 est parti de l'autre côté. J'ai pleuré lorsque mes collègues étaient tués

23 et d'autres ont fait pleurer des Musulmans. C'est ça la guerre ethnique que

24 nous avons connue à Sarajevo.

25 Q. Bien, vous avez dit que vous acceptez certaines de ces affirmations et

26 pas d'autres, mais je pense que pour moi l'essentiel de ce que dit M.

27 Lugonja, c'est sa dernière phrase où il dit que "la haine était vraiment le

28 motif principal qui a pu produire de telles conditions aussi rapidement."

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1 Seriez-vous d'accord que la haine faisait vraiment partie intégrante

2 de la guerre à Sarajevo entre les deux factions belligérantes ? Etes-vous

3 d'accord avec cette thèse-là ?

4 M. LE JUGE MINDUA : Maître Tapuskovic.

5 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Monsieur le Juge, je ne m'oppose pas au

6 fait de voir le témoin présenter ses opinions, je suis même convaincu qu'il

7 pourrait en dire plus long, chose qui risquerait d'être bonne pour la

8 Défense. Mais demander au témoin de parler de tout cela et lui demander son

9 opinion pour comparer cette opinion avec une autre opinion, je pourrais

10 dire que je ne vois rien à dire contre. M. Mrkovic pourrait vous dire bien

11 des choses sur ce qui est de savoir qui a pleuré après qui et quel type de

12 guerre ça été. Mais je ne pense pas que cela soit le sujet d'un témoin. Du

13 moins, c'est mon avis.

14 Il est témoin ici. Il doit parler de ce qu'il a vu lui-même à

15 Rajlovac et dans ces environs, dans les secteurs géographiques où il a

16 résidé. Mais si vous voulez, je ne m'oppose pas à ce qu'il continue. Soyez

17 sûr que vous entendrez bon nombre de choses concernant les éléments, les

18 souffrances qui ont généré ce conflit. A vous d'en juger, à vous de

19 décider, mais je ne pense pas que cette opinion-là puisse être grandement

20 utile.

21 LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce que je peux finir ?

22 M. LE JUGE MINDUA : Monsieur Waespi, en effet, je me pose la question. Est-

23 ce que vous pensez que vous pouvez demander au témoin si la haine était

24 l'une des causes de cette guerre, comme le pensait M. Marko Lugonja ?

25 Quelle est votre base pour poser une telle question au témoin ?

26 M. WAESPI : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. En fait, je

27 m'intéresse moins aux causes qu'à la manière dont les choses ont évolué

28 pendant la guerre. Le témoin était un haut responsable de la Sûreté et des

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1 Renseignements, surtout à Rajlovac mais également à l'aéroport. Sur la base

2 des renseignements qu'il a pu réunir, je m'intéresse, à savoir, ce qui,

3 d'après lui, comment les soldats de comportaient, menaient cette guerre,

4 quelles étaient leurs motivations. J'aimerais bien connaître son point de

5 vue, notamment, en contraste avec ce qui a été dit par le chef de Sûreté du

6 Corps Romanija.

7 [La Chambre de première instance se concerte]

8 M. LE JUGE MINDUA : Monsieur Waespi, la Chambre vous demande de laisser

9 tomber la question et de passer à autre chose.

10 M. WAESPI : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

11 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, puis-je ajouter juste une

12 phrase en réponse à ce que M. le Procureur a dit au sujet de la haine, si

13 vous le permettez ?

14 M. LE JUGE MINDUA : Non, la Chambre a décidé. On passe à un autre sujet.

15 M. WAESPI : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

16 Q. Alors passons à la pièce de la Défense 307 dont la Défense a discuté

17 avec vous hier. Si on pouvait retrouver cette pièce, s'il vous plaît.

18 Vous vous en souvenez ? Ce document est un document de l'ABiH qui

19 porte sur les préparations du RSK en préparation de la percée opérée par

20 l'ABiH. Est-ce que vous vous souvenez d'avoir parlé de ce document hier

21 avec la Défense ?

22 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

23 Q. Maintenant, le source de l'évaluation concernant l'ABiH comprenait des

24 commentaires, et je cite en anglais à la page 2, ligne 5, et à la première

25 page en B/C/S on lit : "Iz komentara." "Le fondement de cette évaluation

26 par l'ABiH était des commentaires des officiers de l'agresseur."

27 Ce qui veut dire que l'ABiH avait des contacts avec les officiers du

28 RSK, ou au moins avait accès à des informations de l'autre faction. Est-ce

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1 vrai ? En tout cas en ce qui concerne ce document ?

2 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Monsieur le Juge, je voudrais qu'on montre

3 au témoin l'emplacement, l'endroit où c'est écrit, parce que ce qui est

4 écrit, le témoin devrait pouvoir relire, on devrait donc savoir où ça se

5 trouve.

6 M. WAESPI : [interprétation] Oui.

7 M. LE JUGE MINDUA : Vous avez raison. Monsieur le Procureur, où est-ce que

8 c'est marqué ?

9 M. WAESPI : [interprétation] Oui, c'est à peu près à la huitième ligne à

10 partir du bas de la première page de la version en B/C/S et le passage

11 commence par les mots "Iz komentara".

12 Q. Est-ce que vous voyez cela, Monsieur le Témoin ?

13 R. "Iz komentara" -- "partant des commentaires de l'ABiH" --dans les deux

14 journées à venir. Alors, s'agissant de ce passage commençant par : "Partant

15 du commentaire des officiers susmentionnés de l'agresseur --" il peut être

16 constaté qu'ils disposent de renseignements et étaient intéressés et

17 c'était la seule chose. Ce n'est pas ce que vous m'avez dit. Ici on dit :

18 "partant des commentaires." Enfin prenez-en lecture, et moi, j'en prendrai

19 lecture également. On dit ici : "Partant des commentaires des officiers

20 susmentionnés de l'agresseur il apparaît qu'ils disposent de renseignements

21 disant que l'ABiH," et cetera. Alors, je peux vous expliquer ?

22 Ils ont vaqué à des activités de renseignement tout comme nous, et

23 ils ont peut-être mis sur écoute ce qui se disait dans nos bureaux. Comme

24 on a fait pour les leurs. Ils ont appris que nous savions qu'ils

25 s'apprêtaient à lancer une offensive. Il appartenait à nous de nous

26 préparer pour la contrecarrer. Enfin, je ne sais pas.

27 C'est une assez bonne chose ceci, à mon avis. Il est bien de savoir

28 ce qu'ils préparent et ils cherchent à savoir ce que nous cherchons à faire

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1 aussi. Donc c'est là le langage commun qu'on peut retrouver.

2 Q. Oui. C'est exactement ce que je voulais vous présenter en tant que

3 fondement de ma question, que vous saviez grâce aux renseignements ce que

4 faisait l'autre faction.

5 Maintenant j'aimerais passer --

6 R. Oui, je vous en prie. Personne n'affirme que nous avions tout su. Nous

7 avons reçu certaines informations. Ces informations étaient parfois

8 erronées. Ça c'est un fait. Je n'ai jamais dit que nous avions tout su.

9 Q. Très bien. Alors passons à la dernière phrase de ce document. La

10 Défense vous a posé des questions à ce sujet hier. Il est dit - donc c'est

11 la dernière phrase en B/C/S également - je vais vous en donner lecture en

12 anglais. Au bas de la page 2 : "Sur la base de ces informations et

13 d'informations obtenues précédemment, nous sommes d'avis que les

14 terroristes serbes utilisent des obus ou utiliseront dans les jours qui

15 viennent des obus, des armes de grande puissance sur Sarajevo et aux

16 alentours et en même temps vont mener quelques actions offensives, sans

17 doute en direction d'Ilidza."

18 Donc voilà l'évaluation de l'ABiH de ce qui pourrait se produire dans les

19 jours à venir du côté serbe; est-ce bien exact ?

20 R. Oui. C'est ce qu'ils ont écrit. De là à savoir si c'était bel et bien

21 exact c'est autre chose. Mais c'est ce que dit le document. Je ne puis vous

22 faire qu'un commentaire s'agissant de ce document. Il n'y a pas de

23 document, il n'existe pas de document où cette dernière phrase ne

24 figurerait pas.

25 Que les officiers serbo-chetniks - et je vois que vous utiliser aussi le

26 terme d'agresseur. Je n'ai jamais été un agresseur. J'étais sur mon

27 territoire dans mon propre pays. Je n'ai jamais été agresseur de personne.

28 Alors est-ce que vous acceptez la constatation aux termes de laquelle je

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1 n'étais pas moi en qualité d'agresseur là-bas ?

2 Q. Je ne pense pas qu'il m'appartienne de faire une remarque ou de me

3 prononcer à ce sujet. Je vous --

4 R. -- me donner lecture de chose pareille. Il n'y a pas un seul document -

5 c'est ce que je voulais vous dire - où ils n'avaient pas mis cela, à savoir

6 que l'armée serbe allait bombarder Sarajevo, et ainsi de suite. Et c'est

7 probablement pour cette raison-là - je m'excuse j'ai encore parlé vite.

8 C'est probablement pour ces raisons-là qu'ils ont pu, sur le plan politique

9 ou militaire, quand ça leur convenait, organiser une explosion. Ça arrivait

10 souvent. Ils tiraient au fusil à lunette sur un Serbe, puis ils disaient

11 ensuite - je sais, j'ai un exemple du Djurodjapovica [phon], la rue

12 Djurodjapovica, en 1993, on y a tué cinq Serbes. Je ne sais pas vous donner

13 la date exacte. Parce que vous m'avez posé la question au sujet des

14 enquêtes. Il n'y a pas une seule possibilité de faire arriver des balles de

15 tireurs embusqués à cet endroit-là. Il y a eu plein de cas de ce genre. On

16 pourrait en parler cinq jours ou plus de ces choses-là. C'est ce type de

17 phrase qu'ils mettaient dans tous les rapports, et surtout leur sécurité

18 d'Etat à la tête de laquelle se trouvait Enver Mujezinovic, mon copain à

19 moi d'avant la guerre, et après lui le dénommé Ujgljen a continué à faire

20 la même chose. C'était la dernière phrase qui figurait dans tous les

21 rapports qu'ils rédigeaient. Il se pouvait qu'aucun obus ne soit tombé

22 quand même.

23 M. LE JUGE MINDUA : Monsieur le Procureur, selon les calculs du greffier

24 vous avez déjà consommé une heure 45 minutes pour votre contre-

25 interrogatoire qui doit durer deux heures, ce qui fait qu'il vous reste 15

26 minutes.

27 M. WAESPI : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président. Oui,

28 je vais certainement me tenir à ce temps qui m'est imparti.

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1 Q. Permettez-moi de vous demander, si tant est que vous le sachiez, le

2 terme des missiles d'artillerie de très grande puissance destructrice que

3 l'on mentionne dans ce texte. Avez-vous la moindre idée de ce à quoi se

4 référait le service de Renseignement de l'ABiH ? Pouvait-il s'agir de

5 bombes aériennes, par exemple ?

6 R. A mon avis, un projectile à grande puissance destructrice, c'est aussi

7 un obus de mortier de 60-millimètres sans aller au-delà. Pour moi, c'est

8 déjà une puissance destructrice importante. Parce que cet obus de 60-

9 millimètres fait bien des dégâts dans une unité, et au niveau de la

10 population aussi. C'est une grande puissance de destruction sans parler des

11 bombes aériennes de 250 kilos ou

12 500 kilos d'explosifs. Alors, ça dépend des gens. A mes yeux c'est déjà

13 gros.

14 Q. Oui. Je suis absolument d'accord avec vous. Mais le RSK avait également

15 des bombes aériennes. Vous avez parlé de bombes de 250 kilos, qui étaient

16 en possession du RSK et étaient utilisées par le RSK. Est-ce que vous vous

17 en souvenez ?

18 R. Attendez un peu. Attendez un peu, je vous prie. Attendez. Qui a dit que

19 le RSK avait des bombes aériennes ? Je ne l'ai jamais dit.

20 Q. [aucune interprétation]

21 R. Le Corps de Sarajevo-Romanija des bombes aériennes, non, je ne l'ai pas

22 dit. C'est à vous de poser la question.

23 Q. En effet, je vous la pose. En effet, je vous pose la question. Est-ce

24 que le Corps Romanija avait des bombes aériennes ?

25 R. Pour autant que je le sache, les bombes aériennes, toutes celles qui

26 existaient sont restées à Busovaca. C'est un entrepôt militaire où il y

27 avait les bombes aériennes d'entreposées pour toute l'ex-Yougoslavie. Ça se

28 trouvait à Busovaca dans ces entrepôts. Les bombes aériennes telles que

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1 vous les mentionnez au sein de la RSK, j'ai ouï-dire, j'ai eu des

2 informations parlant de bombes aériennes, mais pour autant que je le sache,

3 il y a eu peu d'endroits où ils en avaient ou ils n'y en avaient pas du

4 tout. On sait qu'on l'avait demandé. Alija Izetbegovic et Haris Silajdzic

5 ont emporté en 1995, 800 bombes aériennes, je ne sais pas pourquoi ils les

6 ont emmenées. Ils n'avaient pas d'avions. A quoi bon avoir des bombes

7 aériennes, alors à quoi bon les avoir. Je ne vois pas à quoi ça pouvait

8 leur servir à ces bombes aériennes à l'ABiH ou au Corps Sarajevo-Romanija

9 s'ils n'avaient pas d'avions. On sait ce que sait une bombe aérienne.

10 Q. Oui. En fait, je parle du Corps Sarajevo-Romanija et des bombes

11 aériennes modifiées afin qu'on puisse les tirer de lanceurs artisanaux dans

12 la zone de responsabilité ou à partir de la zone de responsabilité du Corps

13 Romanija. Avez-vous la moindre connaissance du fait qu'ils aient utilisé

14 des bombes aériennes modifiées, y compris ces bombes de 250 kilos que vous

15 avez mentionnées; oui ou

16 non ?

17 R. Si vous me demandez si je l'ai appris, je vous dirais quelle a été ma

18 position. J'ai ouï dire, les gens parlaient de ces bombes aériennes. J'ai

19 toujours dit qu'une bombe aérienne ne pouvait être utilisée que si elle

20 était lancée à partir d'un avion. Il n'y a pas d'intelligence technique à

21 même de faire lancer ces bombes avec des lanceurs improvisés. Il y a eu

22 probablement non pas des soldats, mais des groupes plus ou moins organisés

23 qui avaient concocté l'idée dans leurs têtes.

24 J'ai entendu parler d'une information qui ne m'est pas parvenue à

25 titre officiel disant qu'un groupe a essayé de le faire et qu'il y en a eu

26 qui se sont tués eux-mêmes, parce qu'ils n'avaient pas suffisamment

27 d'expérience, mais moi, je sais ce que c'est qu'une bombe aérienne, je sais

28 comment on l'accroche à un avion.

Page 8224

1 Q. Je vous remercie. La pièce de l'Accusation P225, est-ce qu'on pourrait

2 soumettre cette pièce au témoin.

3 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Avant de passer à un autre sujet --

4 M. WAESPI : [interprétation] Non, nous allons rester sur ce même point.

5 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Oui, mais j'aurais une question sur

6 ce document, raison pour laquelle je prends la parole maintenant. Donc

7 avant de passer à une autre pièce, j'aimerais encore vous poser quelques

8 questions, car je ne suis pas sûr d'avoir entièrement compris la portée et

9 le sens de ce document.

10 Autant que je puisse le constater, il s'agit d'une lettre envoyée par le

11 commandant de l'ABiH, Hadzihasanovic, dans laquelle il évoque les

12 renseignements qu'il a obtenus au sujet des connaissances dont disposait le

13 camp Romanija au sujet d'offensives prévues, offensives donc visant à ce

14 que l'ABiH puisse effectuer une percée à Sarajevo, c'est-à-dire que le

15 commandant de l'ABiH savait que le Corps Romanija avait connaissance des

16 plans, des projets de l'ABiH de lancer une offensive, et aussi que le

17 commandant de l'ABiH savait que le Corps Romanija de son côté avait préparé

18 une contre-offensive. Est-ce que j'ai bien compris ? Et si j'ai bien

19 compris, si mes présomptions sont exactes, alors j'aimerais savoir est-ce

20 que vous savez quel type de contre-offensive avait été planifiée par le RSK

21 ? Donc il s'agit de deux questions. D'abord, est-ce que vous estimez que

22 j'ai bien compris la teneur de la lettre, et si tel est le cas, quelle

23 était la contre-offensive envisagée par le RSK dans la mesure où vous le

24 savez.

25 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vais vous dire : vous avez parfaitement

26 bien compris le document, mais je tiens à vous prévenir d'une chose.

27 Revenons à la première page de ce document. Ce n'est pas un document du

28 commandant de Grand état-major de Rasim, c'est un document émanant d'un

Page 8225

1 officier de la Sûreté d'Etat de l'ABiH et c'est destiné à Alija

2 Izetbegovic. C'est destiné à Rasim Delic, commandant de l'ABiH et ça va

3 aussi au ministre de l'Intérieur. Bakir Alispahic est ministre de

4 l'Intérieur. Il est le supérieur direct de celui qui a rédigé ce document,

5 qui se trouve être chef de la Sûreté d'Etat. Donc c'est communiqué à Rasim

6 Delic, commandant de l'état-major et c'était leur devoir d'office de le

7 faire pour que lui sache quelles sont les intentions et quelles sont les

8 informations de celui qui a rédigé le document. Donc, vous avez

9 parfaitement bien compris le document.

10 Ce n'est pas un document de Rasim Delic. C'est un document émanant de la

11 Sûreté de l'Etat qui est transmis avec un courrier d'accompagnement pour

12 que celui-ci puisse s'en servir. Or, pour ce qui est des intentions, bien

13 entendu, dans ce document on voit le service de Renseignements magnifier

14 son travail, présenter les choses comme s'il connaissait tous les tenants

15 et aboutissants. Enfin, je ne puis que rire. Nous avons souvent ri les uns

16 et les autres, mais l'intention du Corps de Sarajevo-Romanija était à cette

17 époque-là purement défensive. Il n'y avait que l'intention de se défendre,

18 de se défendre seulement, du moins dans la zone de responsabilité dont je

19 faisais partie. Et je pense que les intentions étaient telles sur les

20 autres secteurs du champ de bataille dans le secteur de Sarajevo. Donc il

21 s'agissait de défensive.

22 Et s'agissant de cette offensive-là, nous, nous étions dans la

23 défensive véritablement, si vous m'avez bien compris.

24 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Oui, je vous comprends bien, et

25 j'accepte, bien sûr, le fait qu'une contre-offensive est une réaction

26 parfaitement légitime, une offensive parfaitement légitime si l'on anticipe

27 une offensive de l'autre faction. Mais en fait, ma question était plutôt de

28 savoir si le SRK avait planifié des contre-offensives, savez-vous de quel

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1 type de contre-offensives il s'agissait ?

2 LE TÉMOIN : [interprétation] S'agissant de ce que le commandement du

3 corps avait planifié, je ne saurais vous en parler parce que je n'ai pas

4 reçu ce type de document. Mais sur le territoire de Rajlovac il n'y pas eu

5 de contre-attaques de planifier. Nous étions strictement en formation ou en

6 déploiement défensif.

7 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Je vous remercie.

8 M. WAESPI : [interprétation] Je vous remercie, Juge Harhoff.

9 Q. Alors pour en finir avec, revenons-en à cette pièce de l'Accusation

10 225, s'il vous plaît. Ce document qui va vous être montré est un rapport de

11 combat du Corps Romanija de Sarajevo adressé à l'état-major principal de la

12 VRS en date du 7 avril 1995. Est-ce que vous le voyez ?

13 R. Je le vois.

14 Q. Vous pouvez voir à la page 2 de la version en B/C/S et en anglais

15 également, vous voyez un deuxième paragraphe qui commence par "Nos forces."

16 Est-ce que vous voyez cela ?

17 R. Oui, je le vois.

18 Q. Je vais vous en donner lecture, il est dit : "Nous avons répondu ou

19 riposté aux tirs de l'ennemi comme suit : "A Ilidza, par le biais d'armes

20 d'infanterie, des fusils PA antiaériens et 82-millimètres.

21 "A Ilidza, une mine de 120-millimètres a été tirée et une bombe

22 aérienne de 250 kilos a été lancée au centre de Hrasnica. Selon le centre

23 d'interception, les Musulmans ont affirmé qu'une roquette Luna avait

24 atterri.

25 "Dans le 2e Slpbr, nous avons riposté à l'offensive de l'ennemi avec

26 des armes d'infanterie 60, 82 et 120-millimètres MB de mortier."

27 C'est une affirmation du commandant du RSK. Il ne s'agit pas de

28 conjectures formulées par certains soldats, comme vous l'avez dit, il est

Page 8227

1 donc affirmé, qu'en fait, une bombe aérienne de 250 kilos avait été lancée

2 au centre de Hrasnica. Etes-vous d'accord avec moi ?

3 R. Je ne l'ai pas vue. Je ne l'ai pas entendue. Si c'est un document

4 original, je veux bien - mais lancer une bombe aérienne avec un lanceur

5 quel qu'il soit a - à mon avis, moi qui sait ce qu'est une bombe aérienne,

6 je n'oserais pas le faire, et je ne conseillerais à personne d'essayer de

7 le faire. Une bombe aérienne de 200 et quelques kilos, je crois qu'il n'y

8 aurait pas la moitié de Hrasnica debout. Parce que si une bombe de 250

9 kilos avec une telle force destructrice tombait là-bas - et j'ai été

10 souvent à des tirs tactiques dans des avions avec ces bombes, avec des

11 bombes au napalm, avec - je crois que la demie de Hrasnica n'existerait

12 plus.

13 Je crois que les gens exagèrent pour agir sur le plan psychologique

14 vis-à-vis de la partie adverse. Je ne vais pas commenter outre mesure ce

15 document si c'est bel et bien un document véritable.

16 En ma qualité de commandant, si j'étais au commandement, aux rênes du

17 commandement, je ne penserais jamais que quelqu'un serait à même de le

18 faire, monter une bombe de 250 kilos sur un lanceur à terre pour la

19 projeter. Ça vraiment je ne sais pas.

20 M. WAESPI : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président. Je

21 n'ai pas d'autres questions.

22 M. LE JUGE MINDUA : -- Monsieur Waespi, le bureau du Procureur.

23 Maître Tapuskovic, avez-vous des questions supplémentaires ?

24 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Je vous remercie, Messieurs les Juges.

25 J'ai pris un peu moins de temps hier que je n'en avais le droit.

26 Aujourd'hui, je me propose d'évoquer quelques sujets. Je voudrais que nous

27 revenions sur le document D307. J'aimerais qu'on nous le montre une fois de

28 plus sur nos écrans.

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1 Nouvel interrogatoire par M. Tapuskovic :

2 Q. [interprétation] Etant donné que j'ai pris lecture de cette phrase

3 hier, afin qu'il n'y ait pas de contestation - et je vois que M. Mrkovic a

4 du mal à le lire - je propose de donner lecture de cette phrase qui figure

5 à la fin. Mais avant de le faire, j'aimerais que nous partions d'un point

6 élémentaire. Quelle est la date de ce document qui a été rédigé par le

7 ministre adjoint chargé de la Sûreté de l'Etat ? Quelle est la date ?

8 R. Le 26 août 1995. Juste avant les événements, d'après ce que je puis en

9 conclure, C'est l'événement de Markale. J'ai voulu le dire tout à l'heure

10 au Procureur, mais il été vite là. C'est un document très indicatif, et

11 c'est cette dernière phrase qui, à mon avis, a fait savoir que des bombes

12 lourdes ou aériennes allaient être utilisées, qu'il y avait plein de choses

13 qui étaient en train de se mijoter.

14 Q. En d'autres termes, que voulez-vous dire ?

15 R. Si j'avais eu ce document le 26 août, il serait clair à mes yeux qu'on

16 essayerait de nous surprendre sur le plan stratégique, tactique, et ça

17 c'est une surprise stratégique. Je me serais attendu à ce qu'il y ait telle

18 chose, parce que dès qu'il y a Alija Izetbegovic, la Sûreté de l'Etat et

19 tous ces intervenants qui se préparaient, si nous avions eu ce document,

20 nous nous rendrions bien compte qu'il se mijotait bien des choses, si nous

21 avions eu ce document.

22 Q. Je vois un peu plus clair maintenant. Mais avant qu'il ne devienne

23 ministre adjoint, vous avez vu qui est-ce qui a signé cela, et il s'agit de

24 Nedzad Ujljen. Est-ce qu'il faisait partie d'une organisation quelconque,

25 cet homme ?

26 M. WAESPI : [interprétation] Monsieur le Président.

27 M. LE JUGE MINDUA : Monsieur Waespi.

28 M. WAESPI : [interprétation] Dans l'interrogatoire principal, le

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1 témoin a déjà été interrogé sur ce monsieur. Je ne vois pas pourquoi ceci

2 découlerait du contre-interrogatoire et pourquoi on aborde cette question

3 maintenant.

4 [La Chambre de première instance se concerte]

5 M. LE JUGE MINDUA : Maître Tapuskovic, qu'est-ce que vous pensez de

6 l'objection du Procureur ?

7 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Monsieur le Juge Mindua, je tiens à

8 dire que le Procureur s'est penché sur ce document à l'occasion de son

9 contre-interrogatoire. Je cherche à faire apporter des éclaircissements

10 parce qu'il y a eu aussi des questions de la part du Juge Harhoff. Je

11 voudrais que nous tirions au clair ce que ce document annonçait. Est-ce que

12 l'on peut, ou est-ce que lui peut, avec votre autorisation, bien entendu,

13 peut le faire ?

14 M. LE JUGE MINDUA : Oui, oui, la Chambre vous autorise parce qu'en

15 effet le Juge Harhoff est intervenu sur cette question aussi.

16 M. TAPUSKOVIC : [interprétation]

17 Q. Maintenant que vous avez sous les yeux ce document, que vous l'avez lu,

18 et compte tenu de ce qui s'est passé le 28, pouvez-vous nous dire ce que ce

19 document a annoncé ?

20 M. WAESPI : [interprétation] Monsieur le Président --

21 M. LE JUGE MINDUA : [hors micro]

22 M. WAESPI : [interprétation] -- je suis tout à fait désolé. La question que

23 le Juge Harhoff avait posée sur un point particulier permet à la Défense de

24 faire clarifier les choses. Même moi-même, si au cours du contre-

25 interrogatoire, j'avais soulevé une question, fort bien. Mais revenir pour

26 parler de Markale, je n'ai pas parlé de Markale, de ce qui s'est passé le

27 28 août. Ça été traité au niveau de l'interrogatoire principal, on n'a pas

28 parlé des événements du 28. C'est une énorme question que je n'ai pas

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1 abordée, parce qu'en fait, là-dessus le témoin n'a sans doute pas beaucoup

2 de choses à dire. J'objecte, parce que le document est à l'écran. Ce n'est

3 pas pour cela qu'il peut revenir là-dessus. Je crois que même si son

4 interrogatoire principal était court hier, il doit revenir sur les

5 questions qui ont été soulevées lors du contre-interrogatoire, ou sur les

6 questions qui ont été soulevées par les Juges.

7 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Monsieur Tapuskovic, c'est vrai qu'il

8 y a un certain fondement dans ce que dit l'Accusation. Je pense toutefois

9 que si vous souhaitez poser une question au témoin pour savoir si

10 l'incident de Markale qui suit de deux jours la date de ce document, donc,

11 est-ce que l'incident de Markale constituait l'une des contre-offensives

12 qui étaient envisagées en RSK alors là-dessus, j'aimerais bien entendre le

13 témoin.

14 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] J'ai l'impression que le matériel ne

15 fonctionne pas, le micro.

16 M. LE JUGE MINDUA : -- Monsieur Tapuskovic ?

17 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Le compte rendu n'a pas l'air de marcher.

18 M. LE JUGE MINDUA : Alors ça va faire. On va prendre la pause maintenant et

19 la technique va vérifier tout ça. Nous reprenons dans 20 minutes.

20 L'audience est suspendue.

21 --- L'audience est suspendue à 10 heures 34.

22 --- L'audience est reprise à 10 heures 57.

23 M. LE JUGE MINDUA : L'audience est reprise.

24 M. TAPUSKOVIC : [interprétation]

25 Q. Monsieur Mrkovic, étant donné les questions qui ont été posées par M.

26 le Juge Harhoff et ce dont nous avons parlé toujours au sujet de ce

27 document, comme vous nous avez dit que ce document a été rédigé le 25 août

28 1995, et étant donné aussi la question de M. le Juge Harhoff, je voudrais

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1 savoir si ce document parle d'une contre-offensive préparée par l'armée de

2 Republika Srpska. Pour ma part, Messieurs les Juges, je me vois contraint

3 de donner lecture rien que d'une phrase, la dernière phrase, afin de lui

4 permettre de répondre et de nous dire ce qu'en réalité, selon lui, une fois

5 qu'il l'a lue, ce document dit : s'agit-il ici d'une annonce d'activités

6 contre-offensives de la part de l'ABiH ou est-ce qu'ici, il est question de

7 tout ce qu'il nous a raconté ici, compte tenu des informations reçues par

8 lui, compte tenu de la date qui figure ici, de quoi s'agit-il ici,

9 Monsieur, étant donné aussi les informations qui vous sont parvenues ce

10 jour-là, et compte tenu aussi de ce qui s'est passé par la suite dans les

11 journées d'après ?

12 R. Je n'ai pas cru comprendre dans ce document que l'armée de la Republika

13 Srpska préparait une contre-offensive ou quoi que ce soit de ce genre. Dans

14 ce document et à sa lecture attentive, il est dit que l'ABiH ou plutôt sa

15 Sûreté de l'Etat a communiqué à l'armée une information disant que la VRS

16 disposerait de renseignements relatifs à leur offensive à eux, et que cette

17 offensive allait survenir dans les deux journées à venir, et que nous

18 étions donc au courant, et il se prépare à des pilonnages sur Sarajevo.

19 Comme je l'ai dit, dans tous les rapports de leur part il y avait cette

20 phrase-là. Or, ce document, lui, nous dit que d'avance ils annonçaient des

21 pilonnages de Sarajevo et ils indiquaient aussi où est-ce que cela se

22 passerait. Alors, ce document permet de conclure qu'il y aurait des

23 pilonnages, mais on n'apporte rien pour sous-tendre ce qui est affirmé par

24 le document.

25 Q. Qu'est-il arrivé par la suite ?

26 R. Le 28, on le sait, il y a eu l'événement de Markale. Je ne voudrais pas

27 parler ici de Markale, parce que je ne suis pas un expert en la matière,

28 mais ça s'est passé, oui. Et il appartiendra aux experts de déterminer une

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1 méthodologie pour ce qui est de l'endroit par où cet obus est arrivé. Où

2 est-ce qu'il a été posé là-bas ?

3 Q. Mais est-ce que c'était une annonce disant que ça se passerait ?

4 R. D'après moi, nous ne pouvions pas nous imaginer qu'il y aurait quelque

5 chose d'aussi gros, mais qu'on nous tendrait des pièges, oui. Et il y a eu

6 déjà des pièges de tendus auparavant. Ça, je l'affirme en toute

7 responsabilité, en connaissance de cause devant cette Chambre.

8 Q. Est-ce que vous pourriez nous dire à présent qui est Nedzad Ugljen ?

9 R. Je ne vais pas parler de collègues qui ont fait un travail analogue au

10 mien. Je pourrais bien dire beaucoup de choses. Ils pourraient en dire sur

11 mon compte. Il se peut que ce que j'ai vu, entendu dire n'est pas exact. Je

12 ne voudrais donc pas parler devant les Juges de cette Chambre du dénommé

13 Nedzad.

14 Q. Merci. Quelques éléments encore. Vous nous avez parlé de bombes

15 aériennes en répondant à des questions posées par les Juges. Alors, pour ce

16 qui est de ce que savez au sujet des bombes aériennes, parce que vous avez

17 eu l'occasion d'en voir. Comment ça se présente ? Comment manipule-t-on une

18 bombe aérienne lorsqu'il s'agit de la monter sur un avion ?

19 R. Le maniement d'une bombe aérienne est régi par un manuel de cette

20 épaisseur-ci. Il doit y avoir au moins 120 pages dans ledit manuel. Les

21 techniciens en matière d'aéronautique, pour placer une bombe sur une aile

22 d'avion, doivent bénéficier de l'aide d'au moins dix personnes. Il faut

23 donc un chariot. Il faut sortir cette bombe de l'entrepôt, la placer sur le

24 chariot, l'acheminer jusqu'à l'aile de l'avion, et ainsi de suite, et des

25 mesures à prendre pour -- c'est toute une science. Et ceux qui n'ont pas

26 fait cela et qui ne connaissent pas l'effet et la puissance destructrice de

27 cette bombe, et j'en ai déjà un peu parlé, ne savent pas de quoi ils

28 parlent.

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1 Q. Merci. Justement, c'est ce que je voulais vous demander. Si une bombe

2 aérienne tombait où que ce soit, qu'est-ce que ça libère ? Quel est l'effet

3 que ça donne, compte tenu de son poids si elle pèse, par exemple, 250

4 kilos, et si l'on sait tout ce qu'elle porte. Je ne veux rien vous laisser

5 entendre.

6 R. La pression ou la sous-pression aérienne créée par cette bombe est

7 telle que dans un rayon de 150 mètres il est difficile de voir qui que ce

8 soit rester vivant. Pour ce qui est de la puissance de destruction, je

9 dirais que c'est très puissant. Si à Sokolovic Kolonija, une telle bombe

10 était tombée, il n'y aurait pas la demie ou le tiers de cette colonie. Je

11 sais que c'était très peuplé cet endroit, parce qu'on passait par là pour

12 aller vers Igman, donc il devrait y avoir là énormément de victimes.

13 Q. Est-ce qu'une bombe aérienne de cette puissance-là pouvait exploser et

14 laisser deux ou trois fragments d'obus ou aucun ?

15 R. Ça ne pourrait pas être une bombe si elle ne laissait que deux ou trois

16 éclats. Ce ne serait pas une bombe. Parce que si déjà vous prenez une

17 petite grenade à main, que nous appelons Kasikara [phon] dans le langage

18 familier, ça vous donne 5 000 ou 6 000 billes à l'intérieur, et dans

19 l'autre modèle il y a 500 ou 600 fragments qui, à l'explosion, se créent.

20 C'est une petite grenade que l'on lance à la main.

21 Q. Merci. En répondant à des questions de mon éminent confrère, M. Waespi,

22 vous avez parlé de tireurs embusqués, et vous avez dit qu'il n'y avait pas

23 d'armée qui ne disposerait pas de tireurs d'élite. Ces armées qui ont des

24 tireurs d'élite avec des fusils à lunette, à quelle fin les utilisent-elles

25 ?

26 R. Il y a une règle pour l'utilisation d'un tireur isolé avec un fusil à

27 lunette, parce que si vous avez un nid de mitrailleuses, vous vous servez

28 d'un tireur d'élite pour le détruire.

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1 Q. Merci.

2 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Je n'ai plus de questions pour vous.

3 Questions de la Cour :

4 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Je voudrais, quant à moi, vous poser

5 quelques questions, Monsieur, afin de préciser les réponses que vous avez

6 données aux questions posées par

7 Me Tapuskovic. Ma question revient à nouveau à l'interprétation à donner

8 aux documents D307. Je vous cite dans votre réponse, Monsieur, et je vous

9 pose la question, parce que je ne suis pas sûr d'avoir bien saisi ce que

10 vous avez dit. Je reprends le compte rendu d'audience. Vous aviez dit que

11 l'armée de la Republika Srpska - c'est à la page 38, ligne 3 : "L'armée de

12 la Republika Srpska disposait d'informations concernant son offensive et

13 que l'offensive aurait lieu dans les deux jours suivants, et que nous

14 devions en être au courant et qu'ils se préparaient au pilonnage de

15 Sarajevo.

16 "Comme je vous l'ai dit dans les rapports de l'époque, cette phrase

17 figurait toujours. Le document indique le fait qu'ils avaient déjà écrit à

18 l'avance que Sarajevo serait pilonnait et ils savaient vraisemblablement où

19 ça se produirait, mais en fonction de ce document, nous comprenons que le

20 pilonnage de Sarajevo était imminent."

21 Voilà quels étaient vos propos. Fin de citation. Là où je ne suis pas tout

22 à fait au clair, c'est quant à savoir de qui vous parlez lorsque vous

23 disiez que le pilonnage de Sarajevo était imminent ? Je pense que ce que

24 vous voulez dire c'est que le RSK avait l'intention de pilonner Sarajevo à

25 titre de mesures défensives prises de manière anticipative par rapport aux

26 attaques dont ils savaient qu'elles allaient intervenir de la part de

27 l'ABiH. Donc j'aimerais que vous me confirmiez que c'est bien cela que vous

28 aviez l'intention de dire.

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1 R. Non.

2 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Bien entendu, je n'ai aucun droit de

3 protester pour ce qui est des Juges et des questions qu'ils posent, mais ce

4 n'est pas ce qui est dit au compte rendu. Il a dit : "Je ne comprends pas."

5 En page 38, "Je n'ai pas compris cette allégation." Enfin, M. le Juge

6 Harhoff, c'est ce qui est écrit. Regardez à la page 37, ligne 23.

7 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Je vous remercie de votre aide dans

8 mon interprétation des réponses du témoin. Je suis, bien sûr, conscient

9 qu'il y a eu ces propos qui ont été prononcés à titre d'introduction, mais

10 je crois aussi que cette introduction a été l'interprétation immédiate du

11 témoin de ce qu'indique le document. Ma question, cependant, porte sur les

12 connaissances qu'avait le témoin de la contre-offensive que le RSK avait

13 apparemment prévue.

14 Monsieur Tapuskovic, l'intérêt que je manifeste pour cette question tend à

15 essayer de savoir quelles étaient les mesures légitimes de défense que le

16 RSK avait prévues, ayant prévu cette attaque de l'ABiH. Donc ma question

17 est posée au témoin : était-il au courant de cette contre-offensive suite à

18 ce que suggère ce document, à savoir qu'une telle contre-offensive était

19 effectivement prévue. Voilà quel est le sens de ma question. Et je voudrais

20 encore attendre à ce sujet la réponse du témoin.

21 R. Monsieur le Juge, j'ai cru comprendre dans ce document que l'ABiH était

22 informée du fait que l'armée de la Republika Srpska était au courant de

23 leur intention de lancer une offensive. Celle-ci avait appris qu'il y avait

24 intention de lancer offensive, ce qui est normal. Et ils préviennent du

25 fait que nous sommes au courant, et dans la dernière phrase il est dit --

26 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Monsieur le Juge Harhoff, au compte rendu

27 d'audience il y a erreur et c'est ce qui vous induit dans l'erreur. Le

28 témoin a parlé "d'offensive de leur part." Or, dans le compte rendu, il est

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1 question "d'une offensive." Le témoin dit c'est une différence énorme.

2 Justement, c'est ce qui vous induit dans l'erreur à la relecture. On peut

3 le rectifier ultérieurement. Il est question ici d'une offensive de leur

4 part, et non pas d'une offensive.

5 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Maître Tapuskovic, j'ai moi-même cité

6 le compte rendu d'audience. Je voudrais que le témoin puisse répondre à la

7 question. Ensuite, si vous avez des observations à faire sur des

8 éventuelles erreurs dans l'interprétation, vous pourrez le faire, mais

9 voulez-vous permettre au témoin de terminer, s'il vous plaît.

10 M. LE JUGE MINDUA : Monsieur le Témoin.

11 R. J'ai compris ce document comme suit : l'ABiH est informée par la Sûreté

12 de l'Etat du fait que l'armée de la Republika Srpska est au courant de leur

13 intention de lancer une offensive tantôt, et qu'il est normal de supposer

14 que la VRS se prépare à cette attaque. La zone de responsabilité de

15 Rajlovac et au niveau de la VRS, là où j'étais, a reçu une information. Je

16 m'en souviens, parce que je rembobine la pellicule concernant les

17 intentions de l'ABiH relatives au lancement d'une offensive, surtout les

18 axes et en particulier sur l'axe d'Ilidza, et nous nous sommes préparés

19 pour cette attaque. Mais nous n'avons eu aucun ordre disant qu'il fallait

20 lancer une contre-offensive. Donc l'intention exclusive, du moins pour ce

21 qui est de la zone de responsabilité où j'étais, était celle-là, et nous

22 avons procédé à tous les travaux du génie et de l'ingénierie pour cela.

23 Nous n'avons pas préparé d'autres activités.

24 Je ne pense pas que dans les autres ordres de notre côté, personne

25 n'a jamais dit de pilonner la ville en tant que telle.

26 Pilonner des positions, c'est un droit légitime de toute armée qui se

27 défend. Mais la ville, pour ce que j'en sais, personne n'avait l'intention

28 de le faire à l'occasion de cette offensive-là afin de pilonner, de cibler

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1 la ville de ce fait.

2 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Fort bien. Je vous entends dire dès

3 lors que cette suggestion que laisse entendre cette lettre concernant des

4 informations au sein de l'ABiH selon laquelle le RSK avait prévu des

5 contre-offensives est erronée. Le RSK n'avait pas l'intention, d'après vos

6 connaissances, de lancer de telles contre-offensives, de telle sorte que si

7 l'ABiH disposait d'informations ou de renseignements concernant de telles

8 contre-offensives, ces renseignements étaient erronés. Voilà comment je

9 comprends votre déposition; est-ce bien cela ?

10 R. C'est exact.

11 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Fort bien. Aviez-vous des objections

12 à cette conclusion, Maître Tapuskovic ?

13 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Je n'ai formulé d'objections, Monsieur le

14 Juge, que sur le compte rendu. Lorsque ça défile sous vos yeux et cela

15 risque ultérieurement de vous induire dans l'erreur pour ce qui est d'une

16 information exacte sur sa réponse. Je n'ai pas d'objection concernant votre

17 question. Je n'aurai jamais d'objections aux questions que vous posées. Le

18 témoin vous a répondu. Il a apporté maintenant une réponse à votre question

19 de façon précise et je n'ai rien à redire.

20 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Le Procureur a-t-il des questions ?

21 M. WAESPI : [interprétation] Non. Je crois que le document est parfaitement

22 clair en tant que tel.

23 M. LE JUGE MINDUA : Ceci nous amène à la fin de la déposition de ce témoin.

24 Je me tourne maintenant vers le témoin pour le remercier. Monsieur le

25 Témoin, la Chambre vous dit merci d'être venu à La Haye pour apporter votre

26 contribution à cette œuvre de justice internationale. Il ne nous reste plus

27 qu'à vous souhaiter bon retour chez vous et plein succès dans toutes vos

28 entreprises. Vous pouvez maintenant quitter la salle. Merci.

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1 [Le témoin se retire]

2 M. LE JUGE MINDUA : Maître Tapuskovic, qui est le prochain témoin ?

3 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Monsieur le Juge, le témoin suivant est le

4 Témoin T-21. Il s'appelle Momcilo Gojkovic. Il ne bénéficie pas de mesures

5 de protection.

6 M. LE JUGE MINDUA : Maître Tapuskovic, je comprends que pour ce témoin il

7 n'y a pas de mesures de protection particulières, n'est-ce pas ?

8 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Non, il n'y en a pas, Monsieur le Juge.

9 M. LE JUGE MINDUA : Très bien. Je crois que M. le Greffier s'occupe d'aller

10 le chercher maintenant.

11 Pour ce témoin, il est prévu une heure 30 minutes pour la Défense et une

12 heure 30 minutes pour l'Accusation. Nous allons essayer de respecter ce

13 timing, parce que nous avons d'autres personnes à entendre encore

14 aujourd'hui.

15 Monsieur Tapuskovic.

16 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Monsieur le Juge Mindua, nous avons encore

17 deux témoins aujourd'hui. Il s'agit de celui qui est en train d'entrer et

18 un autre, et j'espère qu'on aura le temps de le faire. Je pense même qu'on

19 pourra terminer avant l'heure prévue pour aujourd'hui, parce qu'un témoin

20 qui devait venir est tombé malade.

21 M. LE JUGE MINDUA : Parmi les deux qui restent, à part celui-ci,

22 parmi les deux qui restent, il y a un qui est malade ? A part celui qui est

23 devant nous, il y a encore deux aujourd'hui, n'est-ce pas ?

24 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Non. Nous avons le Témoin T-15 encore, qui

25 bénéficie des mesures de protection. Lui, il est prévu pour trois heures,

26 celui-ci pour deux heures. Le témoin qui était censé venir aussi s'est

27 cassé la jambe. Il n'est jamais venu, mais il viendra. Nous tiendrons

28 compte de la nécessité d'être le plus efficace possible. Je veillerai au

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1 temps investi. Avec ces deux témoins que nous avons ici à présent, cela

2 nous fera probablement la journée dans le cadre du temps que nous avions

3 prévu pour aujourd'hui.

4 M. LE JUGE MINDUA : Merci beaucoup pour cette précision.

5 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

6 M. LE JUGE MINDUA : Monsieur le Témoin, bonjour. La Chambre vous remercie

7 d'être venu à La Haye pour apporter votre contribution à la justice. Alors,

8 je vous demande de vous lever et de me dire si vous comprenez dans votre

9 langue ce que je suis en train de vous dire. Si c'est le cas, dites oui, je

10 comprends.

11 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

12 M. LE JUGE MINDUA : Alors, je demande au greffier de vous faire lire la

13 déclaration solennelle.

14 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

15 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

16 LE TÉMOIN: MOMCILO GOJKOVIC [Assermenté]

17 [Le témoin répond par l'interprète]

18 M. LE JUGE MINDUA : Merci beaucoup. Asseyez-vous maintenant, s'il vous

19 plaît.

20 Conformément à la pratique de la Chambre, je vais demander à la Défense, en

21 l'occurrence M. Tapuskovic aujourd'hui, de procéder à la vérification de

22 votre identité et ensuite de procéder à l'interrogatoire principal.

23 Maître Tapuskovic.

24 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Juge. Je me conformerai

25 aux instructions.

26 Interrogatoire principal par M. Tapuskovic :

27 Q. [interprétation] Monsieur le Témoin, pouvez-vous décliner votre

28 identité à l'attention des Juges ?

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1 R. Je m'appelle Gojkovic Momcilo.

2 Q. Merci. Vous êtes né le 26 septembre 1951, n'est-ce pas ?

3 R. Oui.

4 Q. Attendez un peu que le texte ait fini de défiler sous vos yeux, et ce

5 n'est qu'une fois que ça s'arrêtera que vous pouvez répondre, quelle que

6 soit la brièveté de la question.

7 Vous êtes né à Sarajevo, à Novo Sarajevo ? C'est une municipalité

8 dans la ville de Sarajevo, la cité de Stanojvici, n'est-ce

9 pas ?

10 R. Oui.

11 Q. Vous n'avez pas attendu la fin du texte qui défile, et une fois de

12 plus, on aurait pu avoir des difficultés. Veuillez, je vous prie, à ce que

13 ce soit fait de la sorte, parce que si vous n'attendez pas la fin de la

14 question et la consignation de ce qui s'est dit au compte rendu.

15 Alors, vous avez fait vos études primaires dans cette cité de Vraca,

16 n'est-ce pas ?

17 R. Oui.

18 Q. L'école secondaire technique vous l'avez faite à Pofalici ?

19 R. Oui.

20 Q. Votre service militaire au sein de la JNA, vous, comme tous les autres

21 citoyens, du reste, de l'ex-pays, du pays de l'époque, vous l'avez fait en

22 1972 et 1973, n'est-ce pas ?

23 R. Oui.

24 Q. Au moment où le conflit a éclaté, vous travailliez dans la poste, dans

25 une partie de la ville de Sarajevo qui s'appelait Dolac Malta, n'est-ce pas

26 ?

27 R. Oui.

28 Q. Pendant que vous travailliez à Sarajevo, vous résidiez dans un

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1 appartement qui était le vôtre dans la cité de Dobrinja 3 ?

2 R. Oui.

3 Q. Etant donné que pour mon interrogatoire principal il me faut pour

4 l'essentiel parler des caractéristiques du terrain où vous avez résidé, je

5 me propose de vous demander de nous pencher ensemble sur une carte afin que

6 vous expliquiez tout ce qui m'intéresse, ou plutôt que vous l'expliquiez à

7 l'intention des Juges. Il s'agit du 2872 en application de la liste

8 confectionnée en vertu du 65 ter. C'est la liste 65 ter. Voilà.

9 J'aimerais qu'on agrandisse un peu, quand même.

10 Pouvez-vous indiquer ou tracer un cercle à l'emplacement de la poste,

11 l'endroit où se trouvait la poste ?

12 Je ne sais pas si on peut le voir, ou est-ce qu'il faut agrandir

13 encore un peu ?

14 R. Cela se trouvait par ici, en face.

15 Q. Bien. Mettez une lettre P à cet endroit, je vous prie.

16 R. [Le témoin s'exécute]

17 Q. Caractère latin.

18 R. Ici ?

19 Q. Oui. Ensuite, indiquez l'endroit où se trouvait votre maison,

20 votre appartement. L'appartement à Dobrinja, Dobrinja 3. R. C'est ici.

21 [Le témoin s'exécute]

22 Q. Mettez un K.

23 R. [Le témoin s'exécute]

24 Q. Expliquez maintenant aux Juges jusqu'à quand vous avez été à votre

25 poste de travail ?

26 R. Je suis allé au travail jusqu'au 15 mai.

27 Q. Jusqu'au 15 mai ?

28 R. Non, excusez-moi, jusqu'au 15 avril. Je me suis trompé.

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1 Q. Dites-nous aussi l'année. Attendez, Monsieur Gojkovic, ne soyez pas

2 pressé. Attendez que la question soit posée en entier et consigné, ensuite

3 donnez votre réponse. Je vous repose la question.

4 Jusqu'à quand êtes-vous allé au travail ? Donnez-nous la date et

5 l'année ?

6 R. Jusqu'au 15 avril 1992.

7 Q. Une fois de plus, vous vous êtes précipité et vous n'avez pas suivi ce

8 qui est inscrit au moniteur. Ne parlez pas en même temps. Vous savez, ce

9 sont des difficultés insurmontables pour nous tous ici, pour les

10 interprètes et les autres. Attendez que ma question soit consignée ou

11 laissez une seconde au moins pour que ce soit bel et bien consigné. Mais ne

12 répondez pas avant de voir le texte avoir fini de défiler au niveau du

13 moniteur. Je vous en supplie.

14 Pourquoi êtes-vous allé rien que jusqu'à cette date-là à votre travail ?

15 R. Le 15 avril 1992, je suis sorti avant l'heure de mon travail. Il y

16 avait déjà la Défense territoriale de la Bosnie-Herzégovine dans les rues

17 avec des armes à la main. Lorsque j'ai quitté la compagnie où je

18 travaillais, je suis arrivé à Pofalici, parce que ma famille, mes deux

19 enfants, se trouvaient dans la maison familiale à Stanojvici et ils étaient

20 sortis. Ma femme et moi avons quitté le travail, et lorsque nous sommes

21 arrivés à Pofalici, lorsque je suis descendu du tramway pour me diriger

22 vers Grbavica, j'ai été arrêté par trois jeunes hommes en civil avec des

23 fusils sur l'épaule. Ils m'ont demandé mes pièces d'identité. Ils m'ont

24 pris ma carte d'identité et ils ont dit à mon épouse de continuer.

25 Cependant, au bout d'un moment, à l'école d'économie, on a pu entendre des

26 coups de feu et ils se sont mis de côté. J'ai continué mon chemin vers

27 Grbavica. J'ai traversé le pont de la fraternité de l'unité et c'est ainsi

28 que je suis arrivé à Grbavica dans notre maison familiale.

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1 Q. Merci. Il faudra attendre une fois de plus. Alors, j'aimerais que vous

2 nous apposiez un cercle à l'endroit où se trouvait votre maison familiale

3 sur cette carte.

4 R. Je ne peux pas le faire sur cette carte. Il faudrait déplacer un peu

5 ceci.

6 Q. J'aimerais qu'on déplace un peu la carte vers la droite, parce

7 que c'est le segment ou le territoire qui m'intéresse. Mais il faut d'abord

8 que l'on conserve les marquages, parce que je pense que dès qu'on aura

9 bougé la carte, les annotations disparaîtront, n'est-ce pas ? Alors,

10 j'aimerais que l'on la préserve dans cette forme, et qu'on en fasse une

11 pièce de la Défense et qu'on la ramène sur l'écran pour déplacer la carte

12 vers la droite, parce que tout le reste de mon interrogatoire se rapportera

13 à ce terrain précis.

14 M. LE JUGE MINDUA : Vous demandez donc l'admission de cette pièce ? Elle

15 est admise, Maître Tapuskovic. Monsieur le Greffier.

16 M. LE GREFFIER : [interprétation] D309, Messieurs les Juges.

17 M. LE JUGE MINDUA : Merci beaucoup.

18 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Encore un peu, encore un peu. Oui, oui,

19 continuez, continuez. Allez complètement vers la droite. Maintenant c'est

20 bon.

21 Q. Monsieur le Témoin, répondez encore à une question. Alors, on a vu

22 l'image de tout à l'heure. Votre travail, et l'appartement où vous avez

23 résidé, y êtes-vous revenu après, après votre départ vers cette maison

24 familiale qui était la vôtre ?

25 R. Je ne suis jamais retourné ni au travail ni dans mon appartement.

26 Q. Merci. Maintenant, dessinez l'endroit où se trouvait cette maison

27 familiale.

28 R. [Le témoin s'exécute]

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1 Q. J'aimerais que vous placiez une lettre M à côté de ce cercle.

2 R. [Le témoin s'exécute]

3 Q. Votre nom de famille, c'est bien Gojkovic ?

4 R. Oui.

5 Q. Ne répondez pas avant que je n'aie fini de poser ma question. Alors,

6 votre nom de famille, c'est Gojkovic. Monsieur le Témoin, ne répondez pas

7 avant que je ne ferme la bouche. Il faut que ce soit consigné entre-temps.

8 Répondez par la suite.

9 Votre nom de famille est Gojkovic. Comment s'appelle l'endroit où se trouve

10 votre maison de famille ?

11 R. D'après la carte, c'est ce qui est marqué Gojkovici.

12 Q. Ne répondez pas avant que les lettres ne cessent de défiler, je suis à

13 bout de nerfs.

14 R. Ce qui est écrit ici, c'est Gojkovici.

15 Q. Merci. Pouvez-vous nous dire, je vous prie, quand est-ce que vous avez

16 rejoint les rangs du Corps Sarajevo-Romanija ? J'essaie d'accélérer un peu.

17 R. J'ai rejoint les rangs de celui-ci à ma sortie de Sarajevo.

18 Q. Mais vous nous avez dit que vous êtes sorti au mois d'avril.

19 R. [aucune interprétation]

20 Q. Quand avez-vous rejoint les rangs de ce Corps de Sarajevo-Romanija ?

21 R. Au mois de mai, c'est la date de la création de ce Corps de Sarajevo-

22 Romanija.

23 Q. Pouvez-vous dire à l'intention des Juges comment vous vous êtes

24 procurés des armes ?

25 R. On s'est procuré des armes à Tilava. C'est la protection civile qui

26 avait des entrepôts. On a cambriolé les entrepôts pour nous procurer les

27 armes.

28 Q. Est-ce que vous pouvez montrer l'endroit où se trouvait cette

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1 protection civile ?

2 R. Si on pouvait agrandir un peu.

3 Q. Comment s'appelait l'endroit ?

4 R. Tilava.

5 Q. Alors, si ce n'est pas indiqué sur la carte, je sais que c'est un peu

6 plus au sud, mais pas la peine de déplacer. Indiquez-nous à peu près dans

7 quel sens c'est, par rapport à votre maison ?

8 R. Voilà.

9 Q. Pas tout de suite. Indiquez-nous l'axe et mettez un cercle.

10 R. [Le témoin s'exécute]

11 Q. Mettez à cet endroit une lettre T, je vous prie.

12 R. [Le témoin s'exécute]

13 Q. Veuillez m'indiquer maintenant où se trouvait la ligne de démarcation,

14 ou plutôt dites-nous d'abord à quelle unité apparteniez-vous.

15 R. Je faisais partie du Corps Sarajevo-Romanija, 2e Bataillon, 2e

16 Compagnie.

17 Q. Bataillon de quoi ?

18 R. D'infanterie. Il s'agissait d'un bataillon de l'unité d'infanterie.

19 Q. Cela je le comprends. Pouvez-vous nous dire de quelle brigade cela

20 faisait partie ?

21 R. Il s'agissait de la 2e Brigade.

22 Q. Cette 2e Brigade, avait-elle un nom ?

23 R. Cela s'appelait la 2e Brigade de Sarajevo.

24 Q. Merci. Pouvez-vous nous dire, au vu de cette carte, où est-ce que vous

25 vous trouviez lorsque vous étiez déployés ? J'aimerais que vous traciez une

26 ligne, toujours sur la carte que vous avez sous les yeux.

27 R. [Le témoin s'exécute]

28 Q. Qui a-t-il à votre gauche et à votre droite à cet endroit-là ? Quelle

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1 est cette zone géographique ?

2 R. A gauche, il y avait ce qu'on appelait Osmicas, en traduction les 8.

3 Q. Veuillez mettre un cercle.

4 R. [Le témoin s'exécute]

5 Q. Mettez une lettre G.

6 R. [Le témoin s'exécute]

7 Q. Mais cette ligne, vous l'avez placée par-dessus ce trait jaune. Qu'est-

8 ce que c'est que cette ligne jaune que l'on voit ?

9 R. Cette ligne jaune, c'est la route. C'est une voie de communication

10 reliant Trebevic à Pale.

11 Q. A la gauche de cette ligne rouge, comment s'appelle cette partie-là du

12 terrain ?

13 R. A gauche de cette ligne rouge on voit une inscription disant Zlastiste.

14 Q. J'aimerais que vous traciez une ligne pour délimiter la zone que vous

15 appelez Zlatiste.

16 R. [Le témoin s'exécute]

17 Q. Pouvez-vous dire à l'intention des Juges si c'était bien là les

18 positions auxquelles vous étiez déployés, mais dites aussi quand est-ce que

19 vous êtes arrivés à ces positions, aux positions qui sont celles de la

20 première des lignes que vous avez apposées, et au niveau de cette première

21 ligne rouge, j'aimerais que vous placiez une

22 lettre R.

23 R. [Le témoin s'exécute]

24 Q. Cette deuxième ligne où vous avez parlé de Zlastiste, j'aimerais que

25 vous placiez un C.

26 R. [Le témoin s'exécute]

27 Q. Pour ce qui est des positions qui sont celles de la

28 lettre R, dites-nous quand est-ce que vous y êtes arrivés ?

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1 R. Alors pour ce qui est des positions marquées par la

2 lettre R, nous y sommes arrivés entre le 15 juin et le 1er juillet.

3 Q. Qui est-ce qui tenait ces positions jusque-là, jusqu'à cette date du 15

4 juin et le 15 juillet ?

5 Qui est-ce qui tenait cette route et qui est-ce qui tenait la route ?

6 R. Ces lignes étaient tenues par la Défense territoriale de la BH --

7 Q. Par où fallait-il passer jusqu'au 15 juin, si vous vouliez aller à

8 Lukavica, par exemple, ou à Pale ?

9 R. Lorsque nous voulions aller à Pale et Lukavica, on devait prendre la

10 route macadam à partir de Krdemic [phon], Kleka, et Golubici, puis

11 Pavlovac, ensuite rejoindre la route nous conduisant vers Jahorina.

12 Q. J'aimerais que vous nous traciez cette ligne, approximativement.

13 R. Je ne peux pas tirer de ligne parce que je ne vois pas Tilava,

14 Golubici.

15 Q. Faites-le à peu près. On ne peut pas être plus précis. Tirez donc une

16 ligne.

17 R. Cette ligne se poursuit plus bas vers Tilava, Golubici et Pavlovac pour

18 regagner l'axe de Jahorina.

19 Q. Merci. Est-ce que vous pouvez aller vers le bas de la carte pour tirer

20 une ligne droite, parce que si on ne peut pas descendre davantage afin de

21 ne pas déplacer la carte, tirez-nous donc une ligne droite pour nous

22 indiquer l'axe.

23 R. [Le témoin s'exécute]

24 Q. Dessinez-la au complet.

25 R. Vous voulez jusqu'au bout ?

26 Q. Si vous allez à Pale, Pale ce n'était pas par là. Ou plutôt, Jahorina,

27 puisque vous avez parlé de Jahorina. Tirez la ligne jusqu'au bout afin

28 qu'on sache -- non du reste. Merci. Continuez vers Lukavica, s'il vous

Page 8250

1 plaît.

2 R. Vous voulez que je continue à marquer en direction de Lukavica ?

3 Q. Oui, je vous prie, de nous tracer une ligne approximative dans le sens

4 de Lukavica.

5 R. [Le témoin s'exécute]

6 Q. Merci. Alors de quoi avait l'air ces activités de combat jusqu'au mois

7 de juin avant que vous n'ayez pris positions là où vous l'avez indiqué au

8 niveau de la route ?

9 R. Avant que nous nous emparions de ces positions nous ne pouvions pas

10 passer par cette route, Vrace était sous des tirs intenses en provenance de

11 Debelo Brdo, et de Vrace à Sumar. Nous ne pouvions pas passer du tout.

12 Q. Cet endroit Sumar Un, c'est où ? Veuillez nous indiquer cet endroit ?

13 Ne perdons pas de temps, je vous prie. Il faut qu'on continue.

14 R. On ne le voit pas sur cette carte, je ne peux pas.

15 M. LE JUGE MINDUA : Monsieur Tapuskovic, pendant que le témoin cherche sur

16 la carte, est-ce que vous pouvez faire préciser de quelle année s'agit-il.

17 Lorsqu'il dit jusqu'au mois de juin, s'agissant des activités de combat

18 jusqu'au mois de juin, de quelle année

19 s'agit-il ?

20 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Vous avez raison, Monsieur le Juge Mindua.

21 Il m'avait semblé qu'il avait précisé.

22 Q. Monsieur, à chaque fois que vous donnez une date, à partir de

23 maintenant et jusqu'à la fin de notre entretien, veuillez préciser l'année,

24 parce que sans l'année rien ne nous sert d'avoir une date. Je vous demande

25 de nous dire de quel mois de juin vous êtes en train de parler pour ce qui

26 est de la prise de ces lignes où vous avez pris positions ?

27 R. 1992.

28 Q. Merci. De quoi avaient l'air les positions à cet endroit que vous avez

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1 indiquées par une lettre R ?

2 R. Les positions à l'endroit qui est marqué par une lettre R, c'étaient

3 des positions placées le long de la route même, à sa gauche.

4 Q. Il ne nous suffit pas d'indiquer que c'était à gauche de la route. De

5 quoi est-ce ça avait l'air ? Qu'est-ce qu'il y avait à ces positions qui

6 étaient les vôtres ?

7 R. Ces positions au niveau de la lettre R depuis la maison à Andja

8 jusqu'aux maisons de Dragasavo et Jastovici, à proximité il y avait des

9 forces musulmanes.

10 Q. Monsieur le Témoin, essayez de vous concentrer. Est-ce que vous étiez

11 dans des positions dans des maisons ? Où étiez-vous lorsque vous étiez à

12 vos positions ?

13 R. Nous étions en bord de route à la lisière de la forêt, et

14 ultérieurement nous avons creusé des tranchées pour nous sécuriser compte

15 tenu des tirs.

16 Q. De quoi avaient l'air ces tranchées ? Quelles étaient leurs longueurs

17 là où vous vous trouviez vous-mêmes ?

18 R. Les tranchées étaient placées à 20 ou 30 mètres, l'une de l'autre.

19 Q. Quelle était la distance qui séparait vos tranchées de celles des

20 soldats de l'ABiH ?

21 R. Les tranchées des soldats de l'ABiH étaient à 20 ou

22 30 mètres de la maison à Andja. Elles étaient un peu plus éloignées à

23 l'endroit appelé les maisons de Jevtovic. Là, elles étaient à

24 50 mètres.

25 Q. Oui, mais indiquez-nous, là je vous prie, la maison à Andja et les

26 maisons à Jevtovic pour qu'on ait une idée. Au niveau de ce point-là,

27 mettez une lettre A.

28 R. [Le témoin s'exécute]

Page 8252

1 Q. Et là où il y a les maisons à Jevtovic, mettez un J.

2 R. [Le témoin s'exécute]

3 Q. Qu'y avait-il autour de vous tant pour ce qui est des positions de

4 l'ABiH que de l'armée du Corps de Sarajevo-Romanija ?

5 R. Là où il y avait les positions il y avait aussi une forêt plutôt dense.

6 Q. Est-ce que vous pouvez nous dire de quoi avaient l'air les activités de

7 combat, lorsque combat il y avait, pendant toute la durée de la guerre ?

8 M. DOCHERTY : [interprétation] Monsieur le Président.

9 M. LE JUGE MINDUA : Monsieur le Procureur.

10 M. DOCHERTY : [interprétation] Monsieur le Président, nous ne savons pas

11 vraiment si on parle de 1992. Si c'est le cas, je pense que ce genre

12 d'élément est une étape inutile. L'historique de la personne quand il a

13 rejoint l'armée et ce qu'il a fait au début, très bien, cela aide à

14 comprendre les éléments de preuve qui sont pertinents. Mais ce niveau de

15 détail concernant des événements qui précèdent de longtemps la période de

16 l'acte d'accusation me semble sans intérêt. Et même que cela ça continue

17 jusqu'en 1994 ou 1995, j'ai vraiment du mal à comprendre la pertinence par

18 rapport à une affaire qui parle d'attaques contre des civils, alors

19 pourquoi rentrer dans de tels détails concernant les armées ou les factions

20 en cause.

21 J'estime, quant à moi, que cette déposition est sans pertinence.

22 Voilà mon objection.

23 M. LE JUGE MINDUA : Maître Tapuskovic, vous avez entendu l'objection

24 de M. Docherty, et ceci nous ramène à ce que j'ai déjà dit hier. C'est

25 notre discussion quotidienne à propos de la pertinence.

26 Si l'horloge qui est devant moi ne me trompe pas, ça fait une heure

27 que nous avons commencé effectivement, et votre temps de parole pour

28 l'interrogatoire principal, il est d'une heure trente. Donc vous avez

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1 consacré une heure à la présentation de ce témoin, de sa situation dans

2 l'armée en 1992.

3 Je pense qu'il est temps maintenant de passer à quelque chose

4 d'autre.

5 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, avec tout le

6 respect que je vous dois, est-ce que vous voudriez bien vérifier l'heure

7 avec le greffier. Je n'ai certainement pas déjà utilisé une heure. Vous

8 voyez bien les problèmes auxquels je suis confronté dans mon interrogatoire

9 de ce témoin. Et pour ce qui est de -- enfin, je suis obligé d'aborder les

10 questions de ce genre pour ouvrir la voie à des questions qui concernent

11 toute la période du conflit, mais je n'ai pas utilisé une heure encore,

12 loin s'en faut.

13 M. LE JUGE MINDUA : Oui, vous avez raison. Vous avez utilisé

14 30 minutes selon le calcul du greffier, mais mon conseil reste valable.

15 Allez à l'essentiel.

16 M. TAPUSKOVIC : [interprétation]

17 Q. Témoin, entre 1992 et 1995, est-ce que vous étiez au même endroit à la

18 position que vous nous avez décrite ?

19 R. De 1992 à 1995, nous étions sur les mêmes positions jusqu'à la fin de

20 la guerre.

21 Q. Vous avez dit que cette position que vous avez prise, cette position au

22 mois de juin 1992 -- occupé cette position en juin 1992, puis vous avez

23 parlé des difficultés de communication sur ces routes.

24 Dites-moi, qu'est-ce qui est arrivé le plus souvent sur ces positions

25 dans la forêt, comme vous l'avez dit, face à l'ABiH ?

26 R. Lorsque nous sommes arrivés pour occuper ces positions, notre mission

27 était de tenir les voies de communication, de maintenir le contrôle de ces

28 voies, mais nous nous sommes heurtés à des provocations incessantes du côté

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1 de l'ABiH, notamment quand les autocars arrivaient qui emmenaient des

2 civils à Pale ou des personnes âgées ou des malades qui se rendaient à

3 l'hôpital de Koreni et qui empruntaient cette route.

4 Q. Alors que s'est-il passé ?

5 R. Vous voulez dire aux maisons d'Andja ? C'est tout près de la route et

6 dès qu'on entendait le bruit d'une voiture ou d'un autocar, dès qu'ils

7 entendaient des bruits de ce genre, ils commençaient tout de suite à tirer

8 sur la route.

9 Q. Est-ce qu'il y a eu des victimes ?

10 R. Pendant que je me trouvais sur ces positions il y a Andja Pandurevic

11 qui a été tué dans l'autocar, tué par une balle tirée par l'ABiH. Il y a eu

12 également un autre incident dont plus tard, un membre de la FORPRONU, un

13 véhicule de la FORPRONU allait de Pale vers Lukavica, c'était un convoi

14 humanitaire, mais ce convoi a été touché. Le conducteur a dévié - et je ne

15 sais pas - il s'appelait Colovic, je ne sais pas quel était son prénom,

16 mais il a renversé un dénommé Colovic qui avait 61 ans et qui allait à Pale

17 à pied. Donc le véhicule de la FORPRONU a renversé cet homme.

18 Q. Très bien. Vous l'avez déjà dit. Pourriez-vous, s'il vous plaît, me

19 dire comment ces tirs se sont produits ? Vous étiez d'un côté, l'ABiH était

20 de l'autre. Il y avait à peu près 30 mètres entre vous. Est-ce que vous

21 pouvez nous décrire comment cela s'est passé sur cette route ?

22 R. Nous n'avons pas tiré de notre côté à moins d'être provoqués, à moins

23 qu'ils ne tirent sur nos positions ou sur la route. Nous nous sommes

24 abstenus afin d'éviter un incident. Dans certains cas, nous étions obligés

25 de riposter afin de permettre aux civils, aux autocars et aux voitures de

26 passer.

27 Q. Lorsque vous empruntez cette route que vous contrôliez, vous avez dit

28 que la route continue en direction de Zlatiste. Ne répondez pas encore,

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1 s'il vous plaît. Donc, en direction de Zlatiste, enfin, est-ce que l'on

2 pouvait observer quoi que soit à partir de cet endroit qui se trouvait sous

3 la route ? Est-ce qu'on pouvait vraiment voir ce qui se trouvait de l'autre

4 côté de la route depuis cette position ?

5 R. Entre Zlatiste et Osmica il y a environ 800 mètres, mais l'on ne

6 pouvait pas observer, on ne pouvait pas voir ce qu'il y avait à une

7 centaine de mètres, parce que depuis Bosut et Debelo Brdo, et la route

8 Zelengorska il y a une forêt et il y a eu des tirs sur ces secteurs, et

9 aussi depuis Colina Kapa.

10 Q. Je vous remercie. Pouvez-vous nous indiquer avec des flèches dans

11 quelle direction les tirs ont eu lieu. Vous avez mentionné Colina Kapa,

12 Bosut. Attendez un instant, puis mettez avec des flèches, par exemple, vous

13 avez dit que les tirs venaient de Debelo Brdo. Est-ce que vous pourriez

14 indiquer cela avec une flèche ?

15 R. [Le témoin s'exécute]

16 Q. Pourriez-vous mettre à côté de cette flèche la lettre "CH". La

17 flèche qui part de Debelo Brdo, est-ce que vous pourriez mettre la lettre D

18 à côté de cette flèche. Cela montre la direction, la voie qui correspond à

19 cette route.

20 R. [Le témoin s'exécute]

21 Q. Est-ce que vous pourriez noter la lettre G à côté.

22 R. [Le témoin s'exécute]

23 Q. Cette route, enfin, cette partie de la route, que se passait-il sur ce

24 tronçon de la route entre 1992 et 1995, donc pendant toute la période du

25 conflit ?

26 R. La route de Zlatiste, c'est là où les forces de l'ABiH ont tiré sur nos

27 positions et sur la route elle-même. Nous étions ainsi contraints

28 d'utiliser des sacs de sable pour nous protéger, créer une sorte de

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1 bouclier de deux mètres et demi de hauteur afin que l'on puisse emprunter

2 la route en toute sécurité afin de pouvoir voyager.

3 Q. J'ai oublié de vous demander au début, lorsque vous avez pris les armes

4 de la Défense territoriale, donc il s'agit du début de 1992, du mois de

5 mai, là où vous vous trouviez à l'époque, lorsque vous avez pris ces armes,

6 ces fusils, est-ce qu'il y avait des armes plus lourdes qui s'y trouvaient

7 également ?

8 R. Nous n'avions rien. Nous avions des fusils semi-automatiques et

9 automatiques.

10 Q. Monsieur le Témoin, je vous prie de me suivre plus attentivement. J'ai

11 très peu de temps. Je ne vous ai pas posé cette question. Enfin, quand vous

12 êtes partis, qu'est-ce que vous aviez comme arme, là où vous vous trouviez

13 ?

14 R. Nous avions des fusils automatiques et semi-automatiques. Nous n'avions

15 rien d'autre.

16 Q. Merci. Maintenant j'aimerais vous demander, en 1992, avez-vous remarqué

17 - vous avez parlé de Gojkovici, Lukavica, ces différents endroits - est-ce

18 que là, en ces endroits, vous avez remarqué du matériel plus sérieux,

19 c'est-à-dire des armes lourdes ? C'est à cela que je fais référence.

20 Q. Lorsque nous avons pris les armes de Tilava, il n'y avait pas d'armes

21 lourdes dans cette zone.

22 Q. Y avait-il de telles armes, où que ce soit ailleurs s'il n'y en avait

23 pas à Tilava ? Donc sous le contrôle du Corps Romanija de Sarajevo.

24 R. Il y en avait à Kozarevici. C'est là où il y avait les mortiers.

25 Q. Où est-ce que cela se trouve ? Est-ce que vous pourriez nous indiquer

26 cela sur la carte, du moins de façon approximative ?

27 Je ne vous vois pas annoter la carte. Je ne vois toujours pas votre

28 annotation. Est-ce que vous pouvez peut-être tracer un cercle plus grand

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1 afin que nous puissions bien voir où cela se trouve ?

2 R. [Le témoin s'exécute]

3 Q. Est-ce que vous pourriez mettre la lettre F à côté ?

4 R. [Le témoin s'exécute]

5 Q. Pourriez-vous me dire, ici à Zlatiste, vous avez déjà montré cela sur

6 la carte, y avait-il des soldats, où étaient-ils, où étaient leurs

7 positions et de quel type d'armes disposaient-ils ?

8 R. A Zlatiste nous avions des fusils automatiques et semi-automatiques. Il

9 s'agit simplement d'armes d'infanterie dont nous disposions dans ce

10 secteur.

11 Q. Vous n'aviez que des armes d'infanterie et des fusils, mais les gens

12 qui portaient ces armes où se trouvaient-ils ?

13 R. Sur ces positions il y avait des tranchées que nous avions creusées en

14 raison des tirs qui provenaient des formations ennemies.

15 Q. Je vous remercie. Y avait-il des armes lourdes à cet endroit à quelque

16 moment que ce soit pendant la guerre ?

17 R. Il n'y avait aucune arme lourde dans cette zone-là pendant toute la

18 période de la guerre.

19 Q. Pendant toute la période du conflit, et notamment entre août 1994 et

20 novembre 1995, outre les tirs visant cette partie de la route, est-ce qu'il

21 y a eu de grandes offensives pendant cette période compte tenu de

22 l'importance primordiale de cette route ?

23 R. Il y eu une offensive en 1994, vers septembre. Une offensive plutôt

24 mineure que nous avons pu repousser assez rapidement. Je ne me souviens pas

25 de la date exacte, mais je me souviens en 1995, qu'il y a eu également une

26 offensive le 15 juin, vers Jevtovica Kuca. Des formations l'ABiH ont réussi

27 à percer, à traverser la ligne à 4 ou 5 heures du matin, et ont tué quatre

28 de nos soldats : Milisav Topacovic; Zarko Djukic; Dzebo, je ne me souviens

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1 pas de son prénom; et Mile Milidrag.

2 Q. Je vous remercie. Pourriez-vous nous dire si vous vous en souvenez

3 quand le général Dragomir Milosevic est entré en fonction en tant que

4 commandant du Corps Sarajevo-Romanija ?

5 R. Le général Milosevic est entré en fonction au début de l'année 1994.

6 Q. Début 1994 ?

7 R. Autant que je m'en souvienne, oui, c'était au début de l'année 1994

8 qu'il a pris ce poste.

9 Q. Merci. Savez-vous ce qui s'est passé en 1994 ? Est-ce que vous avez des

10 connaissances, par exemple, concernant ce qui est advenu des mortiers,

11 comme vous l'avez déjà dit, ces mortiers se trouvaient là où vous avez

12 annoté la lettre F ? Est-ce que vous savez si en 1994 une décision a été

13 prise à ce sujet ?

14 R. En 1994, toutes les armes lourdes ont été retirées de la zone de

15 Kozaravici, et ces armes ont été amenées vers Trnovo. Je ne peux pas vous

16 dire exactement à quel endroit précisément mais dans la direction de

17 Trnovo.

18 Q. Merci. A un moment donné en 1994, est-ce que vous avez quitté ces

19 positions à Andjina Kuca et est-ce que vous vous êtes rendus ailleurs à un

20 autre endroit où il y avait des heurts entre les deux parties au conflit,

21 des confrontations ?

22 R. Nous nous sommes rendus à Trnovo où l'offensive était en cours à partir

23 de 1995, offensive lancée par l'ABiH. Donc nous nous rendions par période

24 de 15 jours chacun.

25 Q. Je vous ai posé des questions concernant 1994, mais vous nous parlez de

26 1995. Alors j'aimerais bien que l'on en revienne à 1994.

27 R. Bien, nous nous sommes en général rendus à Trnovo en 1994 pour leur

28 apporter notre assistance.

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1 Q. Essayons d'accélérer un petit peu, de résumer. Pouvez-vous nous dire

2 comment se présentaient les choses, quelle était la situation sur les

3 positions en 1994 et plus tard, disons, à partir du début de 1994 ? Est-ce

4 qu'il y a eu des périodes d'accalmie là où vous vous trouviez, ou est-ce

5 que la situation était différente que celle qui prévalait à d'autres

6 endroits ?

7 R. C'était différent à cet endroit-là, parce que la route était

8 extrêmement importante pour nous. Il y avait des attaques, des provocations

9 constantes. Nous n'avons pas riposté très souvent, parce que cette route

10 avait la plus haute importance pour nous.

11 Q. Quand est-ce que la situation était la plus difficile ? Est-ce que vous

12 pouvez nous le dire ?

13 R. Les choses étaient les plus difficiles en 1994, aux alentours du mois

14 de novembre, et également en 1995, le 15 mai.

15 Q. Pourquoi est-ce que vous mentionnez cette date précise, le 15 mai, que

16 s'est-il passé après ce jour-là ?

17 R. Le 15 mai, l'offensive a commencé, l'offensive de l'ABiH, dans toute

18 cette région, la région tenue ou la zone tenue par les combattants de la

19 Republika Srpska.

20 Q. Vous avez dit le 15 mai mais sans préciser l'année. Est-ce que vous

21 êtes certain que c'était bien le 15 mai que tout cela a commencé ?

22 N'oubliez pas qu'il faut toujours donner non seulement la date mais aussi

23 l'année.

24 R. C'était le 15 mai 1995, quand cette percée a été réalisée entre la

25 maison ou autour de la maison d'Andja. C'était une des pires offensives

26 lorsque les forces musulmanes, les forces de l'ABiH ont traversé la route,

27 ont détruit, ont renversé les arbres tout au long de cette route et ont

28 pénétré dans le territoire que nous contrôlions. Ils y ont pénétré à une

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1 centaine de mètres de profondeur environ.

2 Q. Il y a une vingtaine de minutes lorsque vous avez parlé de cela, vous

3 avez dit qu'il s'agissait d'une offensive qui avait eu lieu le 15 juin

4 1992. Maintenant, vous parlez de l'année 1995 et du 15 mai. Enfin, est-ce

5 que vous pourriez préciser ?

6 R. Monsieur le Président, oui, en fait, je voulais dire le

7 15 juin. Je me suis trompé.

8 Q. Est-ce que vous savez si sur la position où vous vous trouviez au début

9 de l'offensive, y a-t-il eu des victimes parmi les soldats de votre côté et

10 parmi les civils ? Y a-t-il eu des décès ?

11 R. Le 15 juin 1995, Milisav Topacovic a été tué, comme je l'ai déjà dit.

12 Q. Il n'est pas nécessaire de répéter ce que vous avez déjà dit. Mais je

13 vous demande : vous avez dit que tout cela a commencé le 15 juin, et au fil

14 des événements, est-ce que ce genre de chose est survenu ? Est-ce que vous

15 avez vu ou appris quoi que ce soit ?

16 R. Puisque j'étais chez moi, à la maison, le 15 juin dans la matinée

17 lorsqu'on nous a appelés, d'assurer la défense du territoire, l'ABiH a

18 pilonné la zone de Stanojvici et Kozaravici, donc il n'était pas possible

19 d'apporter des renforts. Un obus de 82-millimètres est tombé près de la

20 maison de Sreto Gojkovic, mais heureusement personne n'a été tué. Puis il y

21 a eu encore des pilonnages en raison des renforts qui sont arrivés.

22 Q. Combien de temps a duré l'offensive ? Est-ce que vous vous en souvenez

23 ?

24 R. L'offensive a duré jusque dans l'après-midi.

25 Q. Merci. En fait, je ne vous posais pas la question concernant ce jour

26 même. Mais de façon générale, l'offensive a-t-elle commencé le 15 juin et

27 pris fin le jour même ou non ? Je vous demande plutôt combien de jours

28 l'offensive a duré ?

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1 R. Pendant que je suis resté dans ce secteur, l'offensive a duré toute la

2 journée et le lendemain également. Les forces de l'ABiH ont continué leur

3 assaut sur cette position que nous avons réussie à tenir, puis le 15 juin

4 1995, vers la soirée.

5 Q. Monsieur Gojkovic, vous nous avez déjà expliqué certains aspects - et

6 je ne vais pas revenir sur ces choses - vous avez répété à plusieurs

7 reprises qu'il n'y a jamais eu, enfin, les combats n'ont jamais cessé à

8 cause de l'importance de cette route. Donc je vous demande, autant que vous

9 le sachiez, dans le cadre de cette offensive lancée le 15 juin, combien de

10 temps elle a duré. Je présume que vous avez eu des informations concernant

11 la durée des activités de combat dans toute cette zone. Je ne vous parle

12 d'un seul jour, mais de façon générale. Enfin, si l'offensive n'a duré

13 qu'une seule journée, alors dites-le-nous. Bien sûr, je m'en contenterai.

14 Mais si l'offensive a duré plusieurs jours, veuillez nous le dire.

15 R. L'offensive contre nos positions a duré trois jours. Les autres

16 positions, d'après les informations dont nous disposons, elles ont duré

17 deux ou trois jours aussi contre ces positions-là.

18 Q. Fort bien. Pouvez-vous me dire si vous avez jamais rencontré le général

19 Dragomir Milosevic ?

20 R. J'ai rencontré le général Dragomir Milosevic deux ou trois fois par

21 mois. Le général passait et il venait voir les positions. Il était toujours

22 prêt à venir nous rendre visite dans les tranchées afin de nous regonfler

23 le moral et de nous dire de garder le contrôle de la route de cette ligne

24 de communication qui était nécessaire. Donc il venait nous féliciter, nous

25 encourager d'avoir tenu cette ligne et du fait aussi qu'il n'y avait pas de

26 problème le long de cette route.

27 Q. Est-ce qu'il restait là pendant un certain temps ou bien est-ce qu'il

28 faisait que passer simplement parce qu'il devait passer par là ?

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1 R. Le général s'arrêtait pour venir nous voir dans les tranchées. Il

2 parlait avec nous et à chaque fois qu'il passait par là.

3 Q. Saviez-vous vers où il se dirigeait, où il allait ?

4 R. Le général se déplaçait en direction de Pale, Trnovo, Vogosca, Ilijas,

5 Ilidza, dans cette direction-là.

6 M. LE JUGE MINDUA : Maître Tapuskovic, je crois que nous allons arrêter là

7 pour la matinée. Il est midi vingt-cinq. Vous avez utilisé une heure 10

8 minutes, il vous reste 20. A la reprise, vous aurez la parole pour 20

9 minutes au maximum.

10 Alors, je donne la suite du programme pour la journée. Nous avons une pause

11 d'une heure qui commence maintenant, et nous reprendrons à 1 heure 35 de

12 l'après-midi. Lorsque nous reprendrons, nous irons jusqu'à 3 heures 05.

13 Après il y aura une pause de

14 20 minutes après laquelle nous reprendrons de nouveau à 15 heures 25

15 jusqu'à 17 heures. L'audience est suspendue.

16 --- L'audience est prise pour le déjeuner à 12 heures 35.

17 --- L'audience est reprise à 13 heures 37.

18 M. LE JUGE MINDUA : L'audience est reprise. La parole est la Défense.

19 Maître Tapuskovic.

20 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Je vous remercie, Messieurs les Juges. Je

21 serai bref. Je ne pense pas d'ailleurs faire usage de tout le temps qui me

22 reste, à savoir, les 20 minutes.

23 Je voudrais garder cette carte sous les yeux, je vous prie de fournir un

24 autre stylet d'une autre couleur au témoin, parce que je vais lui demander

25 d'annoter encore un certain nombre de choses sur cette carte, et je

26 voudrais garder l'image dans son état pour le moment. Pouvez-vous aussi

27 fournir une autre couleur et pas la couleur rouge pour le stylet ?

28 R. Monsieur le Témoin, pouvez-vous vous munir de ce nouveau stylet, et

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1 indiquer la rue dont vous avez parlé tout à l'heure, Zelengorska.

2 R. [Le témoin s'exécute]

3 Q. Pourriez-vous indiquer cette route comme étant la position de l'armée

4 de la VRS, cette route Zelengorska, quelle était la position du 1er Corps de

5 l'ABiH ? Pourriez-vous faire une ligne bleue pour l'indiquer sur la carte.

6 R. [Le témoin s'exécute]

7 Q. Est-ce que cette ligne se prolonge davantage, sans vouloir trop passer

8 trop de temps sur cette carte, quelle était la distance entre les positions

9 des militaires ? En mètres, comment pourriez-vous estimer cette distance ?

10 R. En mètres, à peu près une centaine de mètres en ligne droite.

11 Q. Et là où vous trouviez-vous dans le bois ?

12 R. Dans le bois, à 20 à 30 mètres des maisons d'Andja ou une cinquantaine

13 de mètres des maisons de Sovici.

14 Q. Ma dernière question : vous avez expliqué ceci dans la position que

15 vous occupiez, est-ce que les tirs étaient continus à l'époque, l'intensité

16 des tirs ? Vous nous avez donné des explications sur les armes, en fait le

17 conflit entre les deux factions se présentait, que voyiez-vous à cette

18 position de 20 à 50 mètres de distance d'eux ?

19 R. Le conflit à cette distance d'une cinquantaine de mètres se déroulait

20 avec des armes d'infanterie. Des coups de feu étaient tirés, nous

21 répondions avec des tirs d'infanterie du même type.

22 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Messieurs les Juges, merci. J'ai pu

23 terminer et je vous remercie. Je voudrais simplement que cette carte soit

24 consignée sous cette forme en tant que pièce de la Défense.

25 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Monsieur Tapuskovic, je crois qu'il

26 faudrait que vous demandiez au témoin d'identifier ces lignes bleues sur la

27 carte. Il y avait la rue Zelengorska, et l'autre qui était la ligne de

28 front de l'ABiH. Je pense qu'il est important que l'on sache de quoi il

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1 s'agissait.

2 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Oui, en effet. Vous avez raison. Dans la

3 hâte, j'ai quelque peu oublié de le faire.

4 Q. La ligne qui représente la rue, pourriez-vous la marquer par la lettre

5 D. Puis les positions de l'ABiH, voulez-vous l'indiquer par la lettre -- je

6 n'arrive plus à trouver lettre maintenant. Je ne veux pas reprendre une

7 même lettre parce que nous en avons déjà utilisées. F, non, vous l'avez

8 déjà utilisée. Alors plutôt I, la lettre I.

9 R. [Le témoin s'exécute]

10 Q. Je vous remercie.

11 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Je n'ai plus d'autres questions.

12 M. LE JUGE MINDUA : Alors, nous allons admettre cette pièce. Monsieur

13 le Greffier.

14 M. LE GREFFIER : [interprétation] D310, Monsieur le Juge.

15 M. LE JUGE MINDUA : Merci beaucoup, Monsieur le Greffier.

16 Monsieur le Procureur.

17 Contre-interrogatoire par M. Docherty :

18 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Gojkovic.

19 R. Bonjour.

20 Q. Je m'appelle M. John Docherty. Je représente l'Accusation. J'aurais

21 quelques questions à vous poser concernant un certain nombre de choses dont

22 vous nous avez parlé au cours de l'interrogatoire conduit par Me

23 Tapuskovic. Lorsque je vous pose une question qui ne vous semble pas

24 claire, n'hésitez pas à me demander de préciser plutôt que de vous lancer

25 dans une réponse sans avoir tout à fait saisi la question, si vous voulez

26 bien; d'accord ?

27 R. Oui.

28 Q. Vous nous avez indiqué que vous vous trouviez au sein du Corps

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1 Sarajevo-Romanija en 1992. Vous souvenez-vous avoir dit cela ?

2 R. Je ne me souviens pas de la date, mais c'était en 1992, en effet. Oui,

3 en 1992.

4 Q. Une fois que vous avez rejoint les rangs du RSK, y êtes-vous resté

5 jusqu'à la fin du conflit armé, ou avez-vous quitté le corps avant la fin

6 de 1995 ?

7 R. J'ai passé la totalité de la guerre dans le RSK. Je n'en suis pas parti

8 avant la fin 1995, au moment des accords de paix.

9 Q. Est-ce que vous avez également dit que vous aviez passé la totalité de

10 la guerre dans cette région qui est indiquée sur la carte que vous avez

11 sous les yeux, la zone qui est en fait en haut à droite, là où il y a pas

12 mal d'annotations. C'est bien là que vous avez passé la totalité de la

13 guerre, n'est-ce pas ?

14 R. Oui, en effet. C'est là que j'ai passé la totalité de la guerre.

15 Q. Vous avez également dit que dans la zone où vous vous trouviez il n'y

16 avait pas d'armes lourdes. Vous souveniez-vous également avoir dit cela ?

17 R. Oui, j'ai dit que là où je me trouvais, là où se trouvaient nos

18 positions qu'il n'y avait pas d'armes lourdes dans les environs.

19 Q. Vous avez également indiqué qu'il y avait des mortiers dans la position

20 qui est indiquée sur cette carte par la lettre F; est-ce bien vrai ?

21 R. Oui, en effet.

22 Q. Vous-même personnellement, vous n'avez jamais été stationné à cet

23 endroit indiqué par la lettre F, n'est-ce pas ?

24 R. Non, je n'y ai jamais été stationné et je n'en connais rien.

25 Q. Lorsque vous avez dit qu'il y avait des positions à l'endroit marqué

26 par la lettre F, c'est quelque chose que vous aviez entendu de la bouche de

27 quelqu'un d'autre ou quelque chose que vous aviez vu, mais ce n'est pas

28 quelque chose que vous aviez pu observer personnellement, n'est-ce pas ?

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1 R. C'était fort près, juste en contrebas de l'endroit où j'habitais.

2 Q. Excusez-moi. Je pense qu'on ne s'est pas bien compris. Vous avez dit

3 que vous n'aviez pas été stationné à l'endroit marqué par la lettre F. Je

4 vous ai ensuite questionné sur le fait que vous ayez dit qu'il y avait eu

5 des mortiers à cette lettre F, vous l'avez entendu de la part d'autres

6 personnes, mais vous ne l'avez pas vu vous-même. Pouvez-vous répondre par

7 oui ou par non ?

8 R. Je l'ai entendu de la bouche des personnes qui étaient sur place.

9 Q. Quel était votre rang au sein du Corps Sarajevo-Romanija ? Etiez-vous

10 un officier ?

11 R. Non. Non, je n'étais pas officier.

12 Q. Quand vous avez entendu parler des mortiers, ce n'était pas par le

13 biais de rapports officiels, n'est-ce pas ?

14 R. J'ai entendu cela des personnes qui se trouvaient tout près des

15 mortiers parce qu'ils se trouvaient dans la même unité.

16 Q. Oui, je comprends. Simplement, ce que j'essaie d'entendre c'est que

17 quand vous étiez au sein du RSK, vous étiez un soldat d'infanterie ?

18 R. Oui, en effet. Oui, en effet, un fantassin.

19 Q. Donc vous n'aviez pas accès aux rapports qui circulaient parmi les

20 officiers qui, eux, avaient besoin de connaître un certain nombre de choses

21 telles que l'emplacement des armes en dehors de leurs positions de

22 responsabilité. Vous n'aviez pas accès à ces communications ou ces

23 informations si je ne me trompe, n'est-ce pas ?

24 R. Non, je n'avais pas accès à ce type d'information.

25 Q. Donc en définitive, ce que vous nous dites, ce que vous pouvez nous

26 expliquer c'est votre connaissance personnelle de ce que vous avez vu à

27 partir des positions que vous occupiez pendant la guerre, des choses que

28 vous aviez vues vous-même ou entendues vous-même, n'est-ce pas ?

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1 R. Ce que j'ai entendu, ce que j'ai vu est vrai et je suis ici pour dire

2 la vérité. Je ne peux pas parler de choses dont je n'ai qu'entendu parler.

3 Q. Non. Pour être tout à fait clair, je n'étais pas du tout en train de

4 vous accuser de quoi que ce soit. J'ai dit simplement que les choses à

5 propos desquelles vous pouvez déposer et que vous avez vues, ce sont les

6 choses qui se passaient sur cette route dans vos tranchées entre 1992 et

7 1995, n'est-ce pas ?

8 R. Oui.

9 Q. Monsieur Gojkovic, je ne sais pas si vous êtes au courant de ceci, mais

10 est-ce que vous savez -- ou est-ce que vous avez entendu parler du fait

11 qu'avant qu'un témoin ne dépose devant ce Tribunal, il y a des informations

12 élémentaires sur ce que le témoin va dire, informations qui sont

13 communiquées à l'autre partie. Vous êtes au courant de cela ?

14 R. Oui.

15 Q. Est-ce que vous avez dit que vous étiez au courant ou vous n'étiez pas

16 au courant ?

17 R. Si, si, j'étais au courant.

18 Q. Alors, le document qui décrit la teneur de votre déposition - c'est un

19 résumé qu'on appelle 65 ter chez nous - indique que vous étiez membre de la

20 1ère Brigade de Sarajevo. Votre déposition aujourd'hui dit que vous étiez

21 membre de la 2e Brigade. C'est la 2e ou la 1ère ?

22 R. Je me suis trompé. Je me suis trompé. C'était la

23 1ère Brigade de Sarajevo ou 1ère Brigade de Corps de Sarajevo-Romanija.

24 Q. Donc vous apparteniez à la 1ère Brigade.

25 R. Oui, effectivement. Je relevais de la 1ère Brigade du Corps de Sarajevo-

26 Romanija.

27 Q. Vous-même donc étiez un membre de la 1ère Brigade du Corps, cette zone

28 où vous étiez stationné dans le cadre de la zone de responsabilité de cette

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1 unité; c'est bien ça ?

2 R. Oui.

3 Q. Cette zone se trouve le long de la route telle que vous l'avez

4 indiquée, entre Vraca, Lukavica et Pale. C'est donc le long de cette route

5 que vous vous êtes trouvé pendant la guerre ?

6 R. Oui.

7 Q. Vous avez dit dans votre déposition que vous avez pu observer des

8 échanges de coups de feu ou des coups de feu tirés sur des bus, des

9 voitures le long de cette route au moment où vous vous y trouviez. Vous

10 souvenez-vous de ce propos, Monsieur Gojkovic ?

11 R. Oui.

12 Q. Peut-on dire cependant, que vous-même et vos collègues, vous étiez en

13 contrebas de cette route, dans une tranchée ?

14 R. Oui, en effet. Nous nous trouvions là, le long de la route.

15 Q. Vous étiez des soldats, n'est-ce pas ?

16 R. Oui.

17 Q. En uniforme et vous portiez des armes.

18 R. Oui, oui, nous portions des armes et un uniforme.

19 Q. Peut-on dire également que le Corps de Sarajevo-Romanija avait

20 également des positions de tireurs embusqués le long de cette route tout au

21 long de la guerre ?

22 R. De Zlatiste jusqu'à la maison d'Andja il n'y avait pas de tireurs

23 d'élite, en tout cas, pas dans ma compagnie.

24 Q. Quelle distance y a-t-il entre Zlatiste et cette maison exprimée en

25 mètres ? Cette position sur la ligne de front, quelle longueur faisait-elle

26 ?

27 R. Je n'ai pas bien compris votre question.

28 Q. Quelle est la distance le long de cette route entre Zlatiste et la

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1 maison d'Andja ?

2 R. Environ 300 mètres.

3 Q. Donc ces 300 mètres c'est la distance dont vous-même nous parlez

4 ?

5 R. Encore une fois, quelle distance ? Je n'ai pas bien compris.

6 Q. Si vous commenciez à Zlatiste et que vous marchiez le long de la route

7 jusqu'à la maison d'Andja, je crois comprendre vos propos comme indiquant

8 que cela faisait quelque 300 mètres. Est-ce bien

9 cela ?

10 R. Oui. Oui, si on emprunte la route.

11 Q. C'est de cette partie-là que votre section était responsable ?

12 R. Non, non. Cette section, c'était de la maison d'Andjesta jusqu'à la

13 maison de Jevtovic.

14 Q. La réponse entre Zlatiste et la maison d'Andja, vous dites qu'il n'y

15 avait pas de tireurs d'élite du RSK. C'est bien ce que vous avez dit,

16 n'est-ce pas ?

17 R. Lorsque nous nous sommes rendus là, il n'y a jamais eu le moindre

18 tireur d'élite, jamais.

19 Q. Au début de ce contre-interrogatoire, nous avons parlé des choses que

20 vous avez pu voir de vos yeux et des choses que vous ne pouviez pas voir.

21 Est-ce que vous reconnaissez que dans d'autres endroits le long de cette

22 route, endroit que vous ne pouviez pas voir, que le RSK disposait de

23 tireurs d'élite ?

24 R. Je ne peux pas parler de choses que je n'ai pas vues, n'est-ce pas ?

25 M. DOCHERTY : [interprétation] Pourriez-vous le montrer le numéro 03390 de

26 la liste 65 ter.

27 Q. Ce que je vais vous montrer, Monsieur Gojkovic, c'est une photo. Si

28 vous voudriez juste prendre un instant pour la regarder, c'est une photo

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1 extraite d'une publication et cela décrit une position de l'armée serbe de

2 Bosnie sur le mont Trebevic. Donc, vous avez dit que votre route allait de

3 Vraca à Pale; est-ce exact ?

4 R. Oui.

5 Q. Vous avez été soldat pendant bon nombre d'années, à partir de 1992 et

6 jusqu'à la fin de 1995. Est-ce que ce vous voyez sur la photo, est-ce que

7 cela ressemble, à votre avis, à une cible militaire, en tant que soldat ?

8 R. Je ne reconnais pas les lieux. Je n'ai pas très bien compris. Que

9 voulez-vous dire par cible militaire ?

10 Q. Oui, je vous remercie de poser la question, parce que j'aimerais bien

11 que nous soyons très au clair.

12 Nous avons commencé cette discussion en parlant de votre déposition

13 concernant les tirs essuyés par de véhicules privés, des autocars sur cette

14 route, et je crois que vous avez témoigné jusqu'à présent sur le fait que

15 vous-même et vos collègues, qui étaient des soldats armés, se trouvaient

16 dans des tranchées au bord de cette route, et maintenant nous parlons de la

17 présence d'autres cibles militaires tout au long de cette route. C'est la

18 raison pour laquelle nous parlons maintenant des tireurs d'élite.

19 Vous avez dit qu'il n'y avait aucun tireur d'élite entre Zlatiste et

20 la maison d'Andja, puis on s'est demandé s'il y avait peut-être des tireurs

21 d'élite à des endroits que vous ne pouviez pas voir de vos propres yeux.

22 C'est pour cela que je vous montre cette photo car cette photo montre une

23 position sur le mont Trebevic. Et si j'ai bien compris, la route le long de

24 laquelle vous étiez en poste, vous et vos collègues, alors si j'ai bien

25 compris, cette route passait devant le mont Trebevic. C'est donc ma

26 première question. Est-ce que c'est bien le cas ?

27 R. Oui.

28 Q. Alors la deuxième partie de ma question : ce que nous voyons sur cette

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1 photo, il y a donc un soldat en uniforme, n'est-ce pas ?

2 R. On voit un soldat, un réserviste. Un réserviste. C'est un homme assez

3 âgé.

4 Q. Très bien. Qui porte un uniforme, n'est-ce pas ?

5 R. Certains n'avaient pas quoi à se mettre dessus, et ils avaient fui

6 Sarajevo, donc ils mettaient des uniformes militaires.

7 Q. Sur la droite de cette personne, on voit un fusil, n'est-ce pas, on

8 voit ce fusil par terre ?

9 R. Oui.

10 Q. Cet homme a également des jumelles, n'est-ce pas ?

11 R. Oui.

12 Q. Donc il s'agit bien d'une photo d'une position militaire, n'est-ce pas

13 ?

14 R. Oui.

15 Q. Maintenant, je vais changer de sujet. Je vais aborder pendant quelques

16 minutes la question de savoir d'où venaient les armes et les munitions que

17 vous et vos collègues utilisiez. Vous avez indiqué que vous aviez obtenu

18 des armes, que vous les aviez trouvées dans un entrepôt. Est-ce que vous

19 vous en souvenez ?

20 R. J'ai dit que nous avions pris des armes des entrepôts de la Défense

21 territoriale.

22 Q. Très bien. Vous avez indiqué également qu'il s'agissait d'armes

23 d'infanterie automatiques et semi-automatiques; est-ce

24 exact ?

25 R. Oui.

26 Q. Est-ce qu'ils ressemblaient à ce fusil que l'on voit sur cette photo ?

27 R. C'étaient des petits fusils semi-automatiques et automatiques.

28 Q. Voilà, j'en ai terminé avec cette photo. Nous allons alors en demander

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1 le versement.

2 M. LE JUGE MINDUA : [interprétation] Oui, tout à fait.

3 M. LE GREFFIER : [aucune interprétation]

4 M. LE JUGE MINDUA : [hors micro]

5 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je ne vais pas

6 m'opposer au versement de cette photo au dossier, mais je voudrais dire

7 seulement que l'on a pas tiré au clair avec ce témoin s'il a connaissance

8 de ce type de position. Est-ce qu'il a vu ce type de position où que ce

9 soit, lui en personne. Ensuite, les autres questions, je vais peut-être les

10 poser à l'occasion des questions complémentaires. Mais le témoin n'a rien

11 dit au sujet de cet emplacement, de cette position parce qu'il était dans

12 la forêt. Mais je n'ai rien contre à ce qu'on la verse, mais il faudrait

13 qu'il nous dise où cela se trouve.

14 M. DOCHERTY : [aucune interprétation]

15 M. LE JUGE MINDUA : Oui, Monsieur Docherty.

16 M. DOCHERTY : [interprétation] Si M. Docherty [comme interprété] n'a pas

17 d'objection, je ne suis pas sûr que -- enfin, je ne suis pas obligé d'y

18 répondre, mais je crois tout de même que le témoin a dit à plusieurs

19 reprises qu'il n'y avait pas de tireurs d'élite qu'il avait vus de ses

20 propres yeux, et puisqu'il s'agit ici d'une personne portant un fusil et

21 des jumelles -- enfin, je pars du principe qu'il n'a jamais vu quelqu'un de

22 ce type justement. Mais je peux lui poser la question.

23 Q. Monsieur le Témoin, vous n'avez jamais été en position sur le mont

24 Trebevic, n'est-ce pas ?

25 R. D'après ce que je puis voir, ce n'est pas une position au mont

26 Trebevic. Partant des positions que je connais. Je dirais que cette photo

27 est assez floue. Il faut connaître bien les sites pour savoir où cela se

28 trouve exactement ?

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1 Q. Monsieur Gojkovic, la question, je vous ai demandé : est-ce que vous

2 avez été en position sur le mont Trebevic ?

3 R. Si ceci est bien Trebevic, c'est un endroit où je ne suis pas allé.

4 M. LE JUGE MINDUA : Maître Tapuskovic.

5 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] L'autre observation, Messieurs les Juges

6 est la présente : étant donné qu'on insiste sur ces tireurs isolés, est-ce

7 que l'arme qu'on voit ici est un fusil à lunette ?

8 M. DOCHERTY : [interprétation] Monsieur le Président, avec tout le respect

9 que je vous dois, je pense que cela n'a pas sa place dans le cas d'une

10 objection, mais plutôt dans les questions supplémentaires que souhaiterait

11 poser la Défense.

12 M. LE JUGE MINDUA : Maître Tapuskovic, la Chambre a déjà admis cette pièce

13 et durant le contre-interrogatoire le témoin a répondu aux questions que

14 posait le Procureur.

15 Monsieur le Greffier.

16 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce P818, Messieurs

17 les Juges.

18 M. LE JUGE MINDUA : Merci beaucoup.

19 M. DOCHERTY : [interprétation]

20 Q. Monsieur Gojkovic, pendant la guerre où est-ce que vous-même et vos

21 collègues soldats avez obtenu les munitions pour les armes que vous

22 utilisiez pour combattre ?

23 R. Ça c'est fait de façon légale par le biais de la compagnie et du

24 bataillon. Au-delà de cela je ne sais pas vous dire, c'est le chef de la

25 compagnie qui se procurait cela.

26 Q. Pourrions-nous voir la pièce 65 ter 02305A.

27 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Oui, certainement, mais j'aimerais

28 bien entendre la réponse du témoin à la question qui lui a été posée par M.

Page 8276

1 Tapuskovic avant de passer à une autre pièce.

2 Monsieur le Témoin, l'arme que vous voyez sur cette photo, de quel type

3 d'arme s'agit-il ?

4 LE TÉMOIN : [interprétation] C'était un fusil mitrailleur. Je ne sais pas

5 vous dire le numéro du M que cela sous-entend, mais ce n'est pas un fusil à

6 lunette.

7 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Merci. Est-ce que vous aimeriez poser

8 une autre question ?

9 M. DOCHERTY : [interprétation] Oui, en effet.

10 Q. Monsieur le Témoin, vous dites qu'il ne s'agit pas d'un fusil à

11 lunette. Vous-même n'avez jamais servi en tant que tireur embusqué pendant

12 la guerre, n'est-ce pas ?

13 R. En aucun cas.

14 Q. Vous-même, avez jamais été formé en tant que tireur

15 d'élite ?

16 R. Non, jamais.

17 Q. Vous ne connaissez pas le genre d'arme que les tireurs d'élite peuvent

18 utiliser dans différentes situations, n'est-ce pas ?

19 R. Non, jamais, et je n'ai jamais eu le souhait non plus de le savoir.

20 Q. Je vais présumer, mais corrigez-moi si j'ai tort, que vous n'avez pas

21 lu le rapport d'expert rédigé par un officier de l'armée néerlandaise

22 concernant les incidents de tirs embusqués dont il est question dans cette

23 affaire, le rapport d'expert qui a été présenté par l'Accusation. Ai-je

24 raison vous n'avez pas lu ce rapport ?

25 R. Non, je ne l'ai pas lu.

26 Q. Ainsi, vous ne pourriez pas savoir que cet expert a identifié un fusil

27 mitrailleur comme l'arme qui, le plus probablement, a été utilisée dans

28 plusieurs des incidents dont cette Chambre est saisie. Je n'ai pas le

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1 rapport sous les yeux, donc je ne peux pas vous dire le nombre, mais vous

2 ne le savez pas, n'est-ce

3 pas ?

4 M. LE JUGE MINDUA : [hors micro]

5 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Avec tout le respect que je me dois

6 d'avoir, l'appréciation de cette opinion de l'expert c'est matière à

7 décision de la part de la Chambre, parce que cela ne peut être évalué que

8 par vous-même. Je ne voudrais pas que le témoin soit placé dans une

9 situation où il parlerait de choses évoquées par l'expert dans son rapport.

10 C'est le travail qui incombe aux Juges de faire. Si on demande au témoin

11 maintenant de se pencher sur un rapport d'expert, alors là ça nous

12 emmènerait très loin en ce moment, à tous points de vue.

13 M. LE JUGE MINDUA : Oui. Je pense que, Maître Tapuskovic, vous avez raison.

14 Ce n'est pas à ce témoin de lire les rapports d'expert qui sont soumis à la

15 Chambre. De toute façon, le témoin a dit qu'il n'a jamais été sniper, qu'il

16 n'a même jamais voulu apprendre ce travail, et qu'il ne sait pas distinguer

17 les armes utilisées par les snipers.

18 La Chambre va apprécier, parce que nous avons la photographie. Je pense que

19 ça suffit, on peut passer à un autre sujet.

20 M. DOCHERTY : [interprétation] Monsieur le Président, bien entendu, je vais

21 passer à autre chose, comme vous me le demandez. Mais j'aimerais simplement

22 corriger ce qui me paraît être un malentendu. Je ne demandais pas au témoin

23 et jamais je ne demanderais à un témoin de se prononcer sur un rapport

24 d'expert. Je lui demandais simplement s'il avait connaissance du contenu

25 d'un tel rapport. Mais je vais effectivement passer à autre chose.

26 La pièce 65 ter 02305a.

27 Q. Monsieur Gojkovic, nous allons parler de deux pages qui sont extraites

28 d'un document plus volumineux. La première va apparaître à l'écran devant

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1 vous et cela concerne la question que nous étions en train d'aborder,

2 c'est-à-dire la provenance des munitions que vous utilisiez ainsi que les

3 soldats qui vous accompagnaient.

4 Est-ce que vous voyez un document devant vous dans votre langue sur

5 la droite ? Est-ce que ce document indique qu'il s'agit du compte rendu de

6 la transcription d'une bande sonore de la 50e Session de l'assemblée

7 nationale, les 15 et 16 avril 1995 à Sanski Most [comme interprété]; est-ce

8 exact ?

9 R. Oui, vous en avez donné lecture de façon appropriée.

10 Q. Merci. Passons maintenant à la deuxième page de cet extrait, comme j'ai

11 dit, un extrait d'un document plus long. Il s'agit d'un extrait d'un

12 discours qui a été transcrit, un discours du général Ratko Mladic. Dès que

13 l'on voit apparaître l'anglais, j'aurai quelques questions à ce propos.

14 Est-ce que vous voyez le deuxième paragraphe tout en entier qui

15 commence par : "A titre d'illustration, je vais comparer des données --"

16 Est-ce que vous voyez ce paragraphe ?

17 R. Je le vois.

18 Q. Donc, ce paragraphe commence comme suit : "A titre d'illustration, je

19 vais comparer des données concernant l'utilisation de certains types de

20 matériel en fonction de la ressource à compter du début de la guerre

21 jusqu'au 31 décembre 1994, également les besoins pour 1995 et la situation

22 actuelle."

23 Monsieur le Témoin, est-ce que vous savez qu'à la fin ou vers la fin de

24 1994, en fait, je crois, au mois d'août, la République fédérale de

25 Yougoslavie a imposé des sanctions au transfert d'armes à l'armée serbe de

26 Bosnie en Bosnie-Herzégovine. Est-ce que vous avez connaissance de ce fait

27 ?

28 R. Je ne sais pas. Je ne comprends pas du tout votre question. J'étais

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1 simple soldat. Je n'ai aucune idée de ce qui a été dépensé, utilisé et

2 inutilisé. Ce n'est pas une question à me poser à moi.

3 Q. Est-ce que vous pouvez accepter l'affirmation selon laquelle le général

4 Ratko Mladic sait de quoi il parle lorsqu'il décrit à l'assemblée de la

5 Republika Srpska d'où proviennent les munitions pour cette armée ?

6 R. Est-ce que vous pouvez répéter, je vous prie ?

7 Q. Pardonnez-moi. Je vais essayer d'être plus stimulant afin que vous

8 puissiez bien vous concentrer. Je vous pose une question concernant la

9 crédibilité, l'autorité de l'orateur. Il s'agit du général Ratko Mladic, et

10 je vous demande si vous acceptez l'affirmation selon laquelle le général

11 Mladic, lorsqu'il s'adresse à l'assemblée de la Republika Srpska, c'est

12 quelqu'un qui sait d'où proviennent les munitions de l'armée qu'il

13 commande. C'était bien une matière qu'il connaît bien. Est-ce que vous êtes

14 d'accord avec cela ?

15 R. Croyez-moi bien que je ne suis pas la personne adéquate pour vous

16 répondre. Je n'ai pas de réponse à vous fournir.

17 Q. Donc vous ne savez pas si Ratko Mladic lui-même savait d'où provenaient

18 les munitions de son armée ?

19 R. Je n'en sais rien. Je ne peux pas vous parler de choses que je ne suis

20 pas à même de vérifier pour être sûr à 100 %.

21 Q. Alors, essayons une autre approche : est-ce que vous voyez bien que ce

22 paragraphe faisait état de l'utilisation par l'armée de différents types de

23 munitions et les sources où ces différents types de munitions ont été

24 obtenus ?

25 R. Monsieur le Procureur, vous me posez des questions - posez-moi des

26 questions au sujet des positions où j'ai été déployé, ça oui. Mais ça, le

27 reste, je n'en sais rien.

28 Q. C'est la raison pour laquelle je ne vous pose pas de question autre que

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1 celle de savoir si le document dit bien : voilà les types de munitions et

2 leur origine. Je respecte votre réponse d'après laquelle vous nous dites

3 que vous n'avez aucune connaissance personnelle à ce sujet. Je vous demande

4 simplement de vous prononcer sur le document.

5 R. Je ne peux pas vous le dire puisque je ne suis pas sûr.

6 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Je crois que nous devrions passer à

7 autre chose.

8 M. DOCHERTY : [interprétation] Je suis tout à fait d'accord avec vous.

9 Monsieur le Président, cela dit, j'allais tout de même demander le

10 versement de ce document.

11 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Je pense que le critère d'un rapport

12 suffisant n'est pas réalisé. Donc je ne suis pas favorable au versement de

13 cette pièce, mais je vais consulter le Juge --

14 M. LE JUGE MINDUA : Monsieur Tapuskovic ?

15 [La Chambre de première instance se concerte]

16 M. LE JUGE MINDUA : Monsieur Tapuskovic, vous avez renoncé à parler ? Très

17 bien.

18 Monsieur le Procureur, ce qui -- oui.

19 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] En réalité, je ne sais pas quoi vous dire.

20 Je suis d'accord avec l'opinion émise par M. Harhoff. Ce témoin ne sait

21 rien à ce sujet. Je serais presque d'accord pour ce qui est du versement de

22 ce document au dossier pour donner une opinion à moi. Mais je pense que

23 cela ne peut être fait en raison du critère qui a été évoqué justement, en

24 aucune façon.

25 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Vous pouvez très bien demander le

26 versement de ce document par le biais d'un autre témoin.

27 M. DOCHERTY : [interprétation] Je suis tout à fait d'accord que si cela

28 dépendait du témoin d'authentifier le document, je n'en aurais pas demandé

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1 le versement. Cela dit, avant d'aborder ce que le témoin ne savait pas,

2 nous avons vu la première page. Il s'agit d'une transcription, d'un

3 discours fait devant une assemblée spécifique, à une date spécifique. Donc,

4 je ne fonde pas ma demande de versement sur ce que le témoin a dit. En

5 fait, je pense que le document a tout de même été authentifié.

6 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] S'il y a d'autres passages de ce

7 document au sujet desquels le témoin peut nous dire quelque chose qu'il

8 connaît, alors vous pouvez en demander le versement, mais pas sur la base

9 de ce que nous avons entendu jusque-là.

10 M. LE JUGE MINDUA : Poursuivez.

11 M. DOCHERTY : [interprétation]

12 Q. Pour résumer, Monsieur Gojkovic, vous comprenez de façon générale ce

13 dont il s'agit dans cette affaire, n'est-ce pas ? Vous avez une certaine

14 compréhension de ce dont il s'agit ?

15 R. Oui.

16 Q. Et vous comprenez que votre témoignage aujourd'hui s'est limité à cette

17 zone sur la carte, zone assez limitée entre Zlatiste et la maison d'Andja,

18 si c'est bien exact ?

19 R. Oui, ça se limite à Zlatiste et à Andjina Kuca. Oui, c'est cela.

20 M. DOCHERTY : [interprétation] Je n'ai pas d'autres questions, Monsieur le

21 Président. Mais j'aimerais bien demander que le document reçoive une cote à

22 des fins d'identification.

23 M. LE JUGE MINDUA : Ce document, vous demandez en somme qu'il soit marqué

24 pour identification ?

25 M. DOCHERTY : [interprétation] Oui, je demanderais que ces deux pages

26 reçoivent une cote à des fins d'identification, parce qu'il se peut que

27 l'on demande le versement plus tard par le biais d'un autre témoin.

28 M. LE JUGE MINDUA : Monsieur le Greffier.

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1 M. LE GREFFIER : [interprétation] Cette pièce recevra la cote P819.

2 M. LE JUGE MINDUA : Maître Tapuskovic, avez-vous des questions

3 supplémentaires ?

4 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Juste deux. L'une de ces questions se

5 rapporte à la photo. J'aimerais qu'on lui montre la pièce P818.

6 Nouvel interrogatoire par M. Tapuskovic :

7 Q. [interprétation] Monsieur le Témoin, vous nous avez déjà dit ou

8 expliqué ce que vous aviez à dire au sujet de l'arme. C'est le Juge Harhoff

9 qui vous a posé la question et vous avez expliqué une chose au sujet de

10 cette photo. Partant de celle-ci, êtes-vous à même de nous dire où est-ce

11 que ceci se trouve ?

12 R. J'ai déjà dit que je ne sais pas du tout où cela pouvait se trouver.

13 Q. C'était la première des questions que j'avais au sujet de cette photo.

14 Deuxièmement, on voit cet homme regarder avec des jumelles. Et de là, est-

15 ce qu'il est possible de voir quelque chose ou une partie de Sarajevo que

16 vous pourriez reconnaître ?

17 R. D'ici, je ne saurais rien reconnaître du tout.

18 Q. Voit-on ici, en une façon quelconque, quelque partie que ce soit de

19 Sarajevo ? Je ne vais pas parler des banlieues, du centre, des environs.

20 R. Si c'est pris de Trebevic, on devrait pouvoir voir une partie de la

21 ville, or d'ici, on ne voit rien.

22 Q. Merci. J'aurais encore une question à tirer au clair avec vous. Vous

23 avez décrit les positions à Zlatiste allant jusqu'à la maison d'Andja, mais

24 vous n'avez jamais été à côté de la route comme vous nous l'avez décrit sur

25 le tronçon jusqu'à la maison d'Andja.

26 R. Je n'ai pas très bien compris. Est-ce que vous pouvez répéter ?

27 Q. Vous avez décrit les positions qui étaient les vôtres et vous avez dit

28 où ça se trouvait. Vous avez dit que c'était entre la maison d'Andja et la

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1 maison de Jevtovic, n'est-ce pas ?

2 R. Oui.

3 Q. Et les positions en deçà, plus en contrebas de la maison d'Andja, vous

4 ne les avez jamais occupées ?

5 R. Je n'ai jamais occupé ces positions-là.

6 Q. Merci. Je n'ai plus de questions pour vous.

7 M. LE JUGE MINDUA : Merci beaucoup, Maître Tapuskovic. Les Juges non plus

8 n'ont pas de questions.

9 Monsieur le Témoin, la Chambre voudrait vous remercier d'être venu à

10 La Haye pour apporter votre contribution à ce procès. Il ne reste plus qu'à

11 vous souhaiter un bon retour chez vous et plein de succès dans toutes vos

12 entreprises futures. Vous pouvez vous retirer.

13 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

14 [Le témoin se retire]

15 M. LE JUGE MINDUA : Maître Tapuskovic, avant d'appeler le prochain témoin,

16 je voudrais rapidement résoudre un problème de procédure que votre camp a

17 soulevé. Il s'agit de votre requête publique aux fins d'obtenir

18 l'autorisation d'amender la liste de témoins et de déposer le rapport

19 d'expertise après la date limite arrêtée par la Chambre de première

20 instance avec le confidentiel annexe A. Alors, parce que vous dites qu'il

21 s'agit d'une requête publique, je vous donne la parole très très brièvement

22 pour nous dire de quoi il s'agit.

23 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Messieurs les Juges, ce sera fait par ma

24 consoeur, Mme Isailovic.

25 M. LE JUGE MINDUA : Oui, Maître.

26 Mme ISAILOVIC : Merci, Monsieur le Président. En effet, la Défense a déposé

27 hier, donc le 12 juillet, une requête afin d'obtenir l'autorisation

28 d'amender la liste des témoins et de déposer le rapport d'expertise après

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1 la date limite arrêtée par la Chambre de première instance. Qui était en

2 effet le 13 juillet, c'est-à-dire aujourd'hui même. Et le problème qui se

3 posait pour la Défense c'était que l'expert, médecin légiste, qui était

4 prévu en tant que

5 T-29 sur notre liste 65 ter -- pardon, 65 ter bis, 65 ter, a, disons,

6 avancé des raisons personnelles pour ne pas comparaître devant vous, c'est-

7 à-dire un empêchement donc d'ordre personnel, et la Défense a dû trouver

8 une autre personne donc capable de prêter son concours à la Défense en tant

9 que médecin légiste. Et, effectivement, la procédure de désignation de cet

10 expert par le service compétent de cette juridiction c'est-à-dire par le

11 greffe a duré à peu près un mois, donc entre le 12 juin et 12, c'est-à-

12 dire, 11 juillet. Donc la date où la Défense a été avertie de la

13 désignation de M. le Dr Ivica Milosavljevi, donc qui est susceptible de

14 venir l'expert.

15 Donc si la Chambre admettait sa désignation, c'est-à-dire son

16 introduction sur notre liste de témoins. Et, justement, donc cela va

17 prolonger un petit peu parce que la Défense s'est mise déjà en contact avec

18 cet expert et parce qu'il était désigné officiellement. Il a déjà commencé

19 à faire, parce que ça va être une expertise, disons, un rapport assez bref

20 pour aider la Défense de soulever quelques questions de l'ordre de son

21 domaine d'expertise. Et on peut rapidement avoir ce rapport et le déposer,

22 mais avant donc la question de son introduction sur la liste de témoins se

23 pose avant la déposition de son rapport.

24 Donc, on a reçu la réponse de l'Accusation, et en principe, ils n'ont rien

25 contre le remplacement, c'est-à-dire contre la substitution de M. le Dr

26 Ivica Milosavljevi à M. le Dr Slobodan Kovacevic, qui était préalablement

27 prévu en tant que l'expert médecin légiste de la Défense.

28 M. LE JUGE MINDUA : Merci beaucoup, Maître Isailovic.

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1 Le bureau du Procureur a quelque chose à ajouter ?

2 M. WAESPI : [interprétation] Non, aucune objection, Monsieur le Président

3 quant au fait de remplacer un expert par un autre.

4 M. LE JUGE MINDUA : Merci beaucoup, Maître Waespi.

5 Très bien. En effet, hier la Défense a déposé une requête pour fins

6 d'amender sa liste de témoins et remplacé le témoin expert prévu jusqu'à

7 maintenant par un autre témoin expert. La Défense demande également à la

8 Chambre de changer la date limite de dépôt des conclusions d'expert et de

9 la fixer au 20 juillet; c'est bien ça,

10 20 juillet 2007.

11 Le Procureur, selon ce que la Défense a dit, a notifié par e-mail à la

12 Défense à la Chambre, qu'il ne s'objecte pas, ce que

13 M. Waespi vient de confirmer à l'instant. Mais le Procureur n'a rien dit à

14 propos de l'extension du délai pour les dépôts de conclusions. Ce que la

15 Chambre a noté également.

16 Je vois M. Waespi qui se lève.

17 M. WAESPI : [interprétation] Oui. Nous comprenons bien la situation dans

18 laquelle se trouve la Défense, et le 20 juillet ne nous pose aucun

19 problème.

20 M. LE JUGE MINDUA : D'accord. Donc le Procureur ne s'oppose pas à

21 l'extension de la date limite.

22 La Chambre qui vient de délibérer à l'instant fait droit à la demande de la

23 Défense concernant la variation de sa liste de témoins et autorise donc la

24 Défense à déposer les conclusions d'expertise mais pas au plus tard que le

25 20 juillet, c'est-à-dire effectivement la date limite c'est le 20 juillet.

26 Voilà. Il est ainsi décidé.

27 Nous allons donc passer maintenant à l'audition du prochain du témoin.

28 Maître Tapuskovic, de qui s'agit-il ?

Page 8287

1 Nous sommes en audience à huis clos, Monsieur le Greffier ? Assurez-vous

2 que nous sommes en huis clos.

3 Une minute.

4 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Juge, nous sommes maintenant

5 à huis clos partiel.

6 [Audience à huis clos partiel]

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13 [Audience publique]

14 M. LE JUGE MINDUA : Merci beaucoup, Monsieur le Greffier.

15 Maître Tapuskovic, nous sommes maintenant en audience publique. Vous avez

16 la parole.

17 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Messieurs les Juges, je voudrais que le

18 DD003980 soit montré au témoin afin qu'il l'identifie, puisqu'il s'agit ici

19 d'un témoin protégé. Une fois ceci fait j'aimerais que ce soit versé au

20 dossier comme pièce de la Défense sous pli scellé.

21 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, c'est bien cela.

22 M. LE JUGE MINDUA : Monsieur le Greffier.

23 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce D311 sous pli

24 scellé, Messieurs les Juges.

25 M. LE JUGE MINDUA : Merci beaucoup.

26 Maître Tapuskovic.

27 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Je vous remercie, Messieurs les Juges.

28 Alors, pour vous présenter les coordonnées relatives à ce témoin-ci je

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1 demande un huis clos partiel.

2 M. LE JUGE MINDUA : Monsieur le Greffier, huis clos partiel, s'il vous

3 plaît.

4 M. LE GREFFIER : [interprétation] Messieurs les Juges, nous sommes

5 maintenant à huis clos partiel.

6 [Audience à huis clos partiel]

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12 [Audience publique]

13 M. LE JUGE MINDUA : Merci beaucoup.

14 M. TAPUSKOVIC : [interprétation]

15 Q. Monsieur le Témoin T-15, pouvez-vous nous dire les raisons pour

16 lesquelles vous êtes passé habiter dans la maison de vos parents dans la

17 localité qu'on vient de citer ?

18 R. En effet. Vers le début de 1992, pour être plus précis au mois de

19 février et mars de la même année, il y a eu des circonstances qui se sont

20 installées et ça a fait que les gens à Sarajevo ont commencé à trouver cela

21 louche, et la population a commencé à avoir peur. Les circonstances en

22 question se sont traduites par ce qui suit : on a commencé à remarquer la

23 présence de gens qu'on ne connaissait pas dans des secteurs par lesquels on

24 passait au quotidien depuis des années et des années durant. Ces hommes

25 portaient des armes. Ils arrêtaient les véhicules et les piétons pour les

26 contrôler.

27 Q. Merci. Mais vous, vous étiez un policier à l'époque.

28 R. Oui. Moi aussi, ils m'ont arrêté en ma qualité de policier pour me

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1 contrôler. Ces gens étaient vêtus de vêtements civils. Ils portaient des

2 armes d'infanterie. Certains avaient des pistolets, d'autres des fusils. Et

3 le tout confondu créait une situation de peur. Non pas seulement pour ce

4 qui me concernait, mais aussi pour ce qui concernait les gens du cru qui ne

5 pouvaient pas comprendre ce type de chose se produisant. L'un des cas plus

6 dramatique est un cas datant du mois d'avril 1992.

7 J'étais en train de conduire mon frère malade à bord de ma voiture

8 privée. J'ai été stoppé devant l'hôpital, l'hôpital que nous appelions

9 Hrastovi. C'était un hôpital spécialisé en maladies des organes

10 respiratoires, des poumons. J'ai été stoppé par un groupe de jeunes gens

11 armés que je ne connaissais pas. Ils m'ont demandé où j'allais. Ils m'ont

12 fait sortir de la voiture. Ils m'ont fait entrer dans l'hôpital. Le frère

13 malade est resté là-bas, on nous a séparés. Ils ont commencé à me battre.

14 Je ne me souviens plus combien de temps cela a duré. Ils m'ont dit que mon

15 frère, ils l'avaient tué, et que je connaîtrais le même sort.

16 Selon mes souvenirs assez vagues, j'ai constaté que j'ai dû passer là-bas

17 entre 40 minutes et une heure.

18 Q. Merci. Dites-moi, est-ce que vous étiez en uniforme de policier ?

19 R. Oui, j'étais en uniforme de policier. On m'a confisqué mon pistolet de

20 service, ma carte d'identité de service.

21 Q. Début avril - vous venez de parler de la date du 4 avril - mais les

22 jours d'après, est-il arrivé quelque chose de plus troublant encore ?

23 R. Après, dirais-je, arrestation de moi-même - quelqu'un d'autre

24 appellerait ou qualifierait cela autrement - on m'a relâché sur

25 l'insistance d'un homme que je ne connaissais pas d'ailleurs. Probablement

26 a-t-il vu que j'étais policier. Ils ne m'ont pas, eux, restitué ni mon

27 pistolet de service ni ma carte de policier. Je ne suis plus retourné à

28 Sarajevo. Mais le 6 avril, il y a eu une attaque de lancée sur le village

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1 où je suis né.

2 Q. Excusez-moi, je ne vais vous interrompre. Je vous laisserai continuer,

3 ne mentionnez pas le nom de la localité, je vous prie.

4 R. Donc dans l'après-midi de ce 6 avril, cette localité a été attaquée

5 moyennant recours à un grand nombre de personnes, cela a --

6 Q. Je vous interromps un instant. Je viens de vous dire de ne pas

7 mentionner le nom de la localité, mais pouvez-vous nous indiquer où cette

8 localité se trouve-t-elle par rapport à des points ou des coordonnées

9 géographiques importantes dans le secteur de Sarajevo.

10 R. Si l'on se place au centre de Sarajevo, je dirais que c'était au nord.

11 Q. La colline qui se trouve sur les hauteurs, comment s'appelle-t-elle ?

12 R. Disons que c'est dans la direction de la colline que nous appelions Krs

13 et Grdonj.

14 Q. Je vous prie maintenant de revenir à la continuation de ce récit

15 relatif à l'attaque du village ?

16 R. Dans cette attaque, un homme a été tué. Les gens se sont défendus avec

17 ce qu'ils avaient. Nous ne savions pas du tout quelle pouvait bien être la

18 raison à cela. Les médias, le soir, ont fait savoir qu'il y avait eu un

19 incident dont on ignorait la cause. On a dit qu'il y aurait eu là des gens

20 d'ailleurs, or moi, je vous affirme en toute responsabilité et en

21 connaissance de cause qu'il n'y avait que des gens du cru.

22 Après ce 6 avril, il y a eu coupure des voies de communications entre

23 la partie de Sarajevo où je résidais et la partie où je suis retourné.

24 Q. Merci. Quand vous dites la voie de communications était coupée,

25 est-ce que vous pouvez étoffer votre propos par rapport à l'endroit où

26 votre village se trouvait ? Vous avez parlé de Grdonj et de cette colline

27 de Krs. Est-ce que vous pouvez dire ce que cela signifiait ?

28 R. La voie de communications routière entre cette localité-là et la

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1 ville, bien, il n'y en avait qu'une. On ne pouvait plus l'emprunter. Les

2 gens sont restés là-bas sans avoir quelque possibilité que ce soit d'aller

3 en ville. En véhicule non, et à pied encore moins, parce qu'on sait bien

4 que des hommes armés s'étaient disposés, armes aux poings, à des côtes en

5 surélévation. Donc là il n'y avait plus moyen de passer par les sentiers

6 piétonniers, et les gens ont cessé d'emprunter ce chemin-là.

7 Q. Je n'ai pas beaucoup de temps. Je vais passer à ce qui nous

8 intéresse. Je me propose de vous montrer d'abord des photos, ce sont des

9 pièces à conviction de l'Accusation. J'aimerais qu'on nous montre d'abord

10 le D256 d'abord, très brièvement, pour que nous puissions le voir.

11 En réalité, je me suis trompé. Je voulais qu'on montre le P361, sans

12 annotation aucune. Ça, on peut le lui montrer plus tard. C'est moi qui me

13 suis trompé. Monsieur le Procureur, enfin, je voulais le document du

14 Procureur, le P361, et ayant voulu faire trop vite j'ai confondu les

15 photos. Le P361, le voilà.

16 Pouvez-vous répondre brièvement et nous dire de quoi il s'agit ici ?

17 Ce qu'on voit là-haut, plus haut que les maisons ?

18 R. C'est cette colline de Grdonj.

19 Q. Merci. J'aimerais maintenant qu'on nous montre le 748, pièce de

20 l'Accusation. Que voit-on ici ? Qu'est-ce que c'est que cette surélévation

21 au-dessus des maisons ?

22 R. Ces hauteurs-là c'est l'endroit que nous appelions Krs.

23 Q. Merci. Voici ma question suivante : ce qu'on voit sur cette

24 photo, est-il directement placé en corrélation avec l'autre photo ? L'autre

25 photo ne constitue-t-elle pas une continuation de cette photo-ci ?

26 R. Oui, je précise seulement que je ne suis pas sûr que ces photos

27 soient prises à partir du même endroit.

28 Q. Certes.

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1 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Messieurs les Juges, j'ai une requête à

2 présenter. Ces deux photos de l'Accusation, je les ai mises côte à côte.

3 J'aimerais que ce soit montré de la sorte au témoin afin qu'il nous

4 confirme que ces deux photos constituent bel et bien une entité. Et que

5 l'on montre soit sur le rétroprojecteur ou autrement. Et afin qu'il se

6 prononce, il faut qu'il nous dise d'abord si ces deux photos sont un tout,

7 et qu'il nous décrive par la suite certaines dépositions qui feront l'objet

8 de mes questions ultérieurement.

9 Je reconnais que c'est moi qui l'ai fait avec l'aide de ce témoin, et

10 je pense que cela peut être utile pour les Juges de la Chambre pour mieux

11 comprendre les choses parce que ces deux photos constituent un tout.

12 M. LE JUGE MINDUA : Montrez les photos au témoin, puis peut-être qu'il

13 faudra les mettre sur l'ELMO pour que tout le monde les voie.

14 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Monsieur Tapuskovic, est-ce que les

15 deux photos ont été prises à partir du même point de vue ?

16 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Messieurs les Juges, ça a dû être pris

17 depuis l'endroit qui est sous ces câbles, mais ça a été pris au même moment

18 comme on le dit. Ce qui importe ici, c'est de voir comment se présente

19 cette colline, et je crois que ces deux photos peuvent très certainement

20 nous le montrer. Je crois que de ce côté-là il n'y a aucun dilemme.

21 Je peux poser mes questions séparément, photo par photo, mais je pense que

22 pour vous ce sera plus utile.

23 M. LE JUGE MINDUA : Monsieur Sachdeva ?

24 M. SACHDEVA : [interprétation] Pardon. Je sais que mon éminent confrère

25 répondait à une question du Juge Harhoff, mais je crois qu'il faut être

26 assez vigilent lorsque l'on suggère que ces deux photos représentent telle

27 ou telle chose. En fait, il faudrait que ce soit le témoin qui le dise.

28 Donc je soutiens que ça pourrait orienter un petit peu le témoin. En fait,

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1 il appartient vraiment au témoin de dire si oui ou non cela représente

2 telle ou telle chose.

3 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Monsieur le Greffier, est-ce que vous

4 vous souvenez si nous avons pris une photo qui pourrait peut-être

5 représenter toute cette colline lorsque nous avions visité le site ?

6 M. LE GREFFIER : [interprétation] Non, je ne m'en souviens pas. Mais je

7 peux étudier la question.

8 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Parce que même en réunissant, en

9 collant, pour ainsi dire ces deux photos, je ne suis pas tout à fait

10 certain, je ne suis pas sûr s'il y a ou non une distance géographique qui

11 sépare encore ces deux photos. Il me semble que cela ne colle pas tout à

12 fait, si on peut s'exprimer ainsi, qu'il y a une coupure.

13 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Je peux vous l'expliquer. Je vais lui

14 poser des questions, photo par photo. C'est à titre de profane que j'ai

15 pris cela. Peut-être aurait-on dû relever la deuxième photo d'un demi

16 centimètre plus haut, et on verrait alors une continuité. Parce qu'il y a

17 un mur et il y a eu des photos de prises entre ces deux secteurs. Or, si on

18 relevait d'un demi- centimètre j'aurais pu le faire, bien sûr.

19 Je comprends l'objection du Procureur. Enfin, j'avais eu l'intention

20 de faciliter les choses, mais peut-être pourrais-je demander séparément au

21 témoin de nous apporter des explications partant de ces photos. Mais j'ai

22 estimé que cela aurait été bien plus simple et nous prendrait bien moins de

23 temps. Si les Juges de la Chambre pensent que c'est un montage photo ou que

24 ce n'est pas trop amateurisé [phon] comme travail, je suis d'accord pour

25 lui poser mes questions à partir de photos distinctes.

26 M. LE JUGE MINDUA : Allez-y, mais plutôt à partir de photos

27 distinctes pour éviter toute confusion.

28 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Fort bien. J'aimerais qu'on lui montre

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1 d'abord la photo P748, sans annotation aucune dessus. C'est la pièce en

2 application du 65 ter 3165.

3 [La Chambre de première instance se concerte]

4 M. LE JUGE MINDUA : Monsieur Tapuskovic, je préfère qu'on fasse la

5 pause maintenant, pendant que vous allez mettre de l'ordre dans vos photos,

6 et nous reprenons dans 20 minutes. Lorsque nous allons reprendre dans 20

7 minutes, il nous restera au total une heure 30, et je souhaite que vous

8 puissiez terminer très, très vite pour que le Procureur intervienne afin

9 que le témoin puisse être libéré ce soir. L'audience est suspendue.

10 --- L'audience est suspendue à 15 heures 05.

11 --- L'audience est reprise à 15 heures 30.

12 [Le témoin est absent]

13 M. LE JUGE MINDUA : L'audience est reprise.

14 J'ai demandé que le témoin soit dehors pour faire cette petite

15 annonce. Il est 15 heures 30. Il nous reste une heure 30 pour aller jusqu'à

16 17 heures. Et je souhaite vivement que le témoin puisse être libre à 17

17 heures, parce que nous n'allons pas le bloquer ici à La Haye jusqu'à lundi,

18 ce qui est peut être un inconvénient pour lui et qui, certainement, va

19 faire dresser les cheveux du greffier à cause des implications financières

20 que cela comporte. Il est mieux de le libérer aujourd'hui que lundi soir,

21 par exemple.

22 C'est pour cela que je demande instamment à la Défense, qui a déjà

23 utilisé 20 minutes, d'accepter qu'il lui reste 30, au total ça fera 50. Le

24 bureau du Procureur aura 50 et il nous restera dix minutes pour des

25 questions supplémentaires de la Défense. Donc voilà.

26 Maître Tapuskovic, nous n'avons plus le temps, honnêtement. De quoi s'agit-

27 il ?

28 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Vous savez, ça va être un peu difficile

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1 avec ce témoin. J'ai reçu des photographies de l'Accusation et après qu'il

2 ait fait sa déclaration solennelle ça risque de prendre du temps. La photo

3 prise par la Cour est utile, mais vous savez, il y aura beaucoup de droits

4 de réplique de ma part. C'est un témoin très important. Je ne peux vraiment

5 pas vous promettre de terminer en une période aussi courte dans le temps

6 qui m'a été imparti.

7 M. LE JUGE MINDUA : La réduction est seulement de dix minutes parce qu'on a

8 prévu une heure, vous avez déjà consommé 20. Je vous dis qu'il reste 30,

9 c'est-à-dire au total ça vous fait 50. C'est juste une heure de réduction -

10 - dix minutes de réduction, donc voilà.

11 Monsieur le Greffier, faites entrer le témoin, s'il vous plaît, et

12 d'abord, le huis clos.

13 [Audience à huis clos partiel]

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1 [Audience publique]

2 M. LE JUGE MINDUA : Merci.

3 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Si nous pouvons laisser cette photo qui se

4 trouve sous nos yeux. C'est un photo faite par les représentants du

5 Tribunal lorsqu'ils se sont déplacés sur les lieux.

6 Q. A ce sujet, Monsieur le Témoin, je voudrais à présent, une fois, que

7 vous voyiez cette photo. Enfin il est vrai de dire que je ne vous ai pas

8 posé de questions encore sur des points que j'avais voulu évoquer, mais je

9 ne sais pas si je vais pouvoir le faire étant donné que je suis coincé avec

10 le temps.

11 Dites-nous, est-ce que vous avez rejoint les rangs du Corps de

12 Sarajevo-Romanija ?

13 R. Non. J'ai travaillé dans la police, et je n'ai jamais fait partie des

14 rangs du Corps de Sarajevo-Romanija.

15 Q. Lorsque vous -- dites-nous ce que vous avez fait ?

16 R. Après 1992, après ce mois d'avril 1992, j'ai continué à travailler dans

17 la police de la Republika Srpska. J'ai accompli des tâches policières

18 usuelles qui font partie du domaine d'intervention d'un policier. A titre

19 exceptionnel, nous étions appelés à donner un coup de main à l'armée

20 lorsque les lignes de la défense venaient à être mises en péril, en

21 particulier, dans le secteur dont nous avons parlé, car il y avait là

22 uniquement des villageois, des gens du cru. Il n'y avait pas d'effectifs

23 complémentaires là.

24 Q. Merci. Etant donné que votre maison se trouvait dans le secteur, je ne

25 mentionne pas le nom du village, bien entendu, est-ce que c'est là un

26 endroit où vous séjourniez, où vous veniez vous reposer pour participer

27 ensuite à d'autres événements qui sont plus directement liés au conflit ?

28 R. Oui. Je venais tous les jours, enfin j'allais au travail et je revenais

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1 tous les jours chez moi. Je vivais là avec ma famille et très souvent,

2 pendant mon temps libre, lorsqu'il y a eu ces conflits, j'ai aidé des

3 cousins, des voisins.

4 Q. Merci. Vous avez dit que les communications vers la ville avaient été

5 obstruées. Est-ce qu'il a été établi une voie de communications dans une

6 direction autre ?

7 R. Oui. En 1992, il n'y a pas eu moyen de circuler jusqu'à fin août, début

8 septembre. Il n'y a pas eu donc moyen de circuler. On pouvait emprunter la

9 voie des collines à pied, puis on a fait une route avec du macadam pour

10 aller vers Vogosca et pour aller dans la direction de la Romanija, voire de

11 Pale.

12 Q. Merci. Si vous regardez cette photo, par où est passée cette route par

13 rapport à la cime de cette colline qu'on voit se dessiner ?

14 R. La photo est très claire pour moi. Ça été pris devant la caserne ou

15 devant le cimetière à Zmajevac. Derrière cette ligne d'horizon, pour la

16 qualifier ainsi, autrement dit, derrière cette cime, il y avait la route en

17 question.

18 Q. Merci. Avant que d'aller de l'avant pour ce qui est des explications

19 apportées au sujet de cette photo, pouvez-vous nous dire ce que vous avez

20 fait en particulier dans cette police de la Republika Srpska ? Y a-t-il eu

21 une tâche particulière qui vous aurait été confiée ?

22 R. En 1993, il y a eu des activités de combat sur tout le territoire et

23 ces combats se sont intensifiés. Il y a eu également des infiltrations de

24 groupes de sabotage pour couper les voies de communications, en outre la

25 voie de communications qui menait de Pale vers l'autre partie de Sarajevo

26 qu'on appelle Lukavica, Gojkovici et Vraca.

27 C'est au quotidien qu'il y a eu des infiltrations qui visaient à

28 couper cette voie de communications parce que c'était, en quelque sorte,

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1 l'aorte d'approvisionnement de la population qui résidait dans ce secteur,

2 et la route devait être défendue.

3 Q. Si je vous ai bien compris, la route qui a été faite derrière cette

4 colline et la route entre Vraca et Lukavica, où est-ce que ça nous menait

5 si on n'allait pas vers Lukavica depuis Vraca ?

6 R. La route que je viens de montrer, qui se trouve derrière la colline,

7 rattache Ilidza, Vogosca, puis les agglomérations ici et --

8 Q. Oui, ça on le sait. Mais de Lukavica-Vraca, ça allait où dans l'autre

9 sens ?

10 R. Ça allait de Jahorina, en passant par Vraca, pour aboutir à Lukavica en

11 passant par Zlatiste.

12 Q. Vous nous avez précisé que ces deux voies de communications, celle qui

13 est derrière la colline et celle de Zlatiste, étaient constamment en péril.

14 C'est bien ce que vous nous avez dit ?

15 R. Oui, au quotidien.

16 Q. Pour ce qui est de ces activités de sabotage fréquentes dont vous venez

17 de parler, en votre qualité de policier vous avez été appelé à intervenir.

18 Savez-vous nous dire quelque chose au sujet d'un dénommé Nedzad Ugljen ?

19 R. J'ai ouï-dire que c'était quelqu'un qui travaillait dans un service de

20 Renseignements créé pendant la guerre. C'est par la presse placée sous le

21 contrôle des médias musulmans que je l'ai su.

22 Q. Merci. Mais ce qui m'intéresse, c'est en votre qualité de policier,

23 est-ce que vous avez su qu'il avait à voir avec ces activités de sabotage ?

24 R. Oui.

25 M. LE JUGE MINDUA : Monsieur Sachdeva.

26 M. SACHDEVA : [interprétation] Monsieur le Président, ça me semble

27 être une question directrice à mon avis.

28 M. LE JUGE MINDUA : Maître Tapuskovic, reformulez la question, s'il

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1 vous plaît.

2 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Je m'excuse.

3 Q. Savez-vous nous dire quoi que ce soit au sujet des activités dans

4 lesquelles était impliqué ce dénommé Nedzad Ugljen ?

5 R. Personnellement, moi en personne, je n'ai pas d'information que je

6 pourrais avancer, mais je sais que j'ai ouï-dire qu'il a participé aux

7 préparatifs de différentes opérations de sabotage pendant la guerre.

8 Q. Merci. Compte tenu de ce que vous venez de nous dire, et si l'on se

9 penche sur la colline ici, est-ce que vous pouvez nous indiquer où se

10 trouvaient les positions de l'ABiH ?

11 R. Oui, je peux vous le montrer.

12 Q. Justement, j'aimerais qu'on vous donne le stylet qui laisse une trace

13 sur l'écran et je veux que vous alliez de la droite vers la gauche pour

14 indiquer où se trouvaient les positions de l'ABiH.

15 R. La photo est assez petite. Je ne sais pas si je vais pouvoir être

16 précis.

17 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Je ne sais pas si on peut agrandir un peu.

18 Q. Donnez-moi un instant. Maintenant, allez-y.

19 R. Oui, c'est beaucoup mieux maintenant.

20 Q. Marquez-le.

21 R. Je me sers de ce stylo sur l'écran ? Ici dans cette forêt.

22 Q. Veuillez tirer une ligne le long de la ligne de positionnement de ces

23 troupes.

24 R. [Le témoin s'exécute]

25 Q. Merci. Qui se trouvait au bout de cette ligne rouge là où vous avez

26 terminé votre ligne ? Faites un petit cercle là.

27 R. [Le témoin s'exécute]

28 Q. J'aimerais que vous mettiez une lettre C.

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1 R. C, avez-vous dit ?

2 Q. Oui.

3 R. [Le témoin s'exécute]

4 Q. Qui y avait-il sur ces positions-là ?

5 R. L'armée de la Fédération, de la Bosnie-Herzégovine, si vous préférez.

6 Q. Où se trouvaient les positions de l'armée de la Republika Srpska ?

7 R. Si l'on regarde d'ici, depuis l'endroit d'où la photo a été prise, à

8 quelque 40 ou 50 mètres. Dans cette petite forêt il y a une construction.

9 Q. Vous ne m'avez pas compris. Vous avez tiré une ligne où se trouvaient

10 les positions de l'ABiH. Où se trouvent à présent les positions de l'armée

11 de la Republika Srpska ?

12 R. Derrière la colline. Je ne peux pas vous les montrer.

13 Q. Merci. Par rapport maintenant à cette surélévation que l'on voit ici,

14 où se trouvaient les positions de la Republika Srpska ?

15 R. Derrière cette pointe, ce pic, peut-être à 20, 30,

16 50 mètres ou plus.

17 Q. Cette ligne que vous avez tirée là, pouvez-vous apposer une lettre M.

18 R. Au début ?

19 Q. Non, au milieu.

20 R. [Le témoin s'exécute]

21 Q. Si l'on se penche sur ce pic, où y a-t-il eu surtout des conflits entre

22 l'ABiH et la VRS ?

23 R. Est-ce que vous voulez que je dessine ?

24 Q. Oui, je voudrais que vous indiquiez l'endroit. Est-ce qu'il y a un

25 endroit caractéristique, et que vous l'annotiez en traçant aussi une ligne.

26 R. Lors des conflits, depuis cet emplacement C il est possible de voir

27 très bien la voie routière qui passe par ici pour aller à Vogosca. C'est de

28 cet endroit-là qu'on a tiré au quotidien sur la route.

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1 Q. Marquez cela.

2 R. On ne peut le voir d'ici. On peut voir la chose quand on est à

3 l'endroit C. C'est depuis cet endroit-là qu'on voit la route.

4 Q. Je dois aller plus vite. Je vous interromps. Est-ce qu'il y a là une

5 faille ou une crevasse ?

6 R. Oui, il y a une crevasse. Elle se trouve ici. Je vous l'annote.

7 Q. Oui.

8 R. [Le témoin s'exécute]

9 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Messieurs les Juges - ils ont marqué

10 "ridge", or il faudrait indiquer "husec". On parle de "crête", et on ne

11 parle pas du sommet de la colline. Or, j'estime que ce sont des éléments

12 qu'il importe de distinguer.

13 Q. Je voudrais maintenant que vous tiriez une ligne qui indiquerait la

14 présence de cette faille.

15 R. [Le témoin s'exécute]

16 Q. J'aimerais que vous mettiez là une lettre U.

17 R. [Le témoin s'exécute]

18 Q. J'aimerais maintenant que vous nous indiquiez par rapport à cette

19 faille où se trouvaient les tranchées de l'ABiH et où se trouvaient celles

20 de la VRS ?

21 R. Les tranchées de l'ABiH se trouvaient peut-être à 20 mètres de cette

22 ligne, le long de cette ligne.

23 Q. Ecoutez, suivez-moi. Par rapport à cette lettre U qui est une faille,

24 par rapport à cette faille, où se trouvaient les tranchées de l'ABiH et

25 celles de la VRS ?

26 R. Les tranchées de la VRS se trouvaient derrière, au-dessus de la crête.

27 Q. Tracez une ligne qui passerait au-dessus de la crête.

28 R. Cette ligne que je viens de tracer se trouve à 20 mètres derrière la

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1 cime, la crête. On ne peut pas la voir.

2 Q. Vous, vous l'avez dessinée juste sur la crête.

3 R. Vous m'avez dit de le faire ainsi.

4 Q. Ecoutez. A côté de cette ligne, mettez un G et mettez aussi 30 mètres.

5 R. [Le témoin s'exécute]

6 Q. Il serait juste de dire que ce que vous venez d'inscrire correspond à

7 ce que vous avez dit tout à l'heure, à savoir que ces tranchées se trouvent

8 à 30 mètres derrière ?

9 M. SACHDEVA : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, le témoin a dit

10 "20 mètres au-delà de la crête." Simplement pour être précis et pour bien

11 enregistrer également tout ce qu'il a dit au niveau de l'épreuve. Page 111,

12 il a dit, "20 mètres au-delà de la crête."

13 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] On peut poser la question au témoin.

14 Q. Qu'avez-vous dit, Monsieur ?

15 R. J'ai dit entre 20 et 40, voire même 50. Sur cette partie-ci, il y avait

16 au moins 50 mètres.

17 Q. Merci. Veuillez donc inscrire entre 20 -- mettez, je vous prie, 20-40

18 M. A l'endroit où vous avez mis 30 mètres, ajoutez "20 à 40 mètres."

19 R. [Le témoin s'exécute]

20 Q. Dites maintenant aux Juges de la Chambre, s'agissant de cette crête

21 telle que vous l'avez indiquée, y avait-il là du tout des positions de qui

22 que ce soit le long de la crête ?

23 R. Pour ce qui est de la crête même il n'était pas faisable de mettre des

24 positions de qui que ce soit.

25 Q. Pourquoi ?

26 R. Parce que c'est un territoire à découvert, un terrain à découvert qui

27 est très visible de part et d'autre. Et en circonstances de guerre, il

28 n'est pas faisable de mettre des positions, là.

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1 Q. Ici, on voit au sommet une espèce de pylône. Est-ce que ça existait à

2 l'époque des conflits ?

3 R. Est-ce que vous parlez de ce qu'on voit ici à côté du

4 point C ?

5 Q. Oui.

6 R. Cette tour n'était pas là pendant la guerre. Elle a été érigée si, mes

7 souvenirs sont bons, vers l'an 2000.

8 Et entre cette tour et le point C pendant la guerre il y avait des

9 tranchées de l'ABiH.

10 Q. Depuis cet endroit-là que pouvait-on voir ? Sur quel axe et de quelle

11 façon ?

12 R. C'est une côte prédominante dans le secteur dont on parle. On peut voir

13 la majeure partie de la voie de communications allant jusqu'à Vogosca; et

14 sur une partie depuis là où je suis en allant vers la droite, on voit une

15 deuxième partie de la route qui, pendant la guerre, nous a servi de route

16 de contournement.

17 Q. Veuillez me préciser. Lorsqu'il y a eu des conflits, au sujet de quoi,

18 conflits y a-t-il eu ? Et je crois que vous en avez dit quelques mots déjà.

19 R. Je pense que la matière à conflit était surtout le fait de maîtriser

20 cette route, parce que c'était la seule voie de communications entre

21 Vogosca et Pale, du moins pour ce qui est de ce secteur-là.

22 Q. Monsieur le Témoin, vous avez mentionné tout à l'heure une tour.

23 R. Oui.

24 Q. Que sauriez-vous nous dire à ce sujet ?

25 R. Il y avait une petite tour qu'occupait l'armée de la Republika Srpska.

26 Cette petite tour a très souvent été attaquée.

27 Q. Merci. A combien de mètres derrière cette crête se trouvait ladite tour

28 ?

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1 R. Je ne sais pas si je puis être très précis, étant donné que depuis

2 l'endroit d'où la photo a été prise, ça ne se voit pas. Mais je crois qu'il

3 devait y avoir 20 à 30 mètres.

4 Q. Bien.

5 R. A partir ou à considérer la distance depuis le point C, il devait y

6 avoir quelque 50 mètres.

7 Q. Est-ce que vous savez quand est-ce que le général Dragomir Milosevic

8 est venu à la tête de l'état-major -- ou plutôt quand est-ce qu'il est

9 devenu commandant du Corps de Sarajevo-Romanija ?

10 R. Je pense qu'il est venu là en août 1994.

11 Q. Est-ce que vous avez gardé le souvenir d'un événement survenu au mois

12 de septembre, là où il y avait votre maison, là où vous résidiez, et ça

13 s'est passé notamment lorsque vous étiez chez vous ?

14 R. Oui, je m'en souviens très bien. C'était une attaque qui a duré

15 longtemps. Elle a commencé, si mes souvenirs sont bons, vers midi. Les

16 forces musulmanes ont attaqué avec tous les armements à leur disposition,

17 et avec beaucoup d'effectifs. Je dirais que beaucoup de gens de notre côté

18 ont été blessés. Ils se sont emparés d'une partie des positions. Je m'en

19 souviens, j'étais chez moi à ce moment-là et je suis allé donner un coup de

20 main.

21 Q. J'aimerais que cette photo soit gardée dans l'état présent pour servir

22 d'élément de preuve de la Défense.

23 M. LE JUGE MINDUA : Monsieur Sachdeva.

24 M. SACHDEVA : [interprétation] Monsieur le Président, avec tout le respect,

25 j'ai une objection au versement de cette photo avec ces annotations. Le

26 témoin a expliqué qu'il avait aidé de temps en temps le RSK, mais on ne

27 sait pas à quel rythme ni quand. Le témoin était policier dans un village

28 qui se trouvait dans un endroit différent. J'accepte que c'est quand même

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1 dans les environs. Mais de toute façon les connaissances détaillées

2 concernant la ligne de front supposée, les positions de l'ABiH de l'autre

3 côté, tout cela nécessité tout de même des explications supplémentaires de

4 la part du témoin pour savoir comment il a ces connaissances, à quel rythme

5 il a participé. Je sais que je pourrais poser moi-même des questions au

6 cours du contre-interrogatoire, mais la question se pose étant donné la

7 demande de verser cette photo et ces annotations au dossier.

8 M. LE JUGE MINDUA : Monsieur le Témoin, vous avez entendu l'objection

9 du Procureur. Est-ce que vous pouvez nous dire - je prends la question en

10 compte - comment vous pouvez nous donner tous ces renseignements étant

11 donné que vous avez servi occasionnellement, comme vous l'avez dit ?

12 LE TÉMOIN : [interprétation] Ces positions étaient telles pendant

13 toute la durée de la guerre et ça n'a pas changé. Quand on les a vues une

14 fois c'est resté tel quel. Je les ai vues à chaque fois que j'ai pris part

15 à la défense de cette partie-là du territoire. Pour ce qui est de ces

16 positions, elles sont parfaitement bien visibles depuis l'autre côté de la

17 ville, depuis Vraca, par exemple.

18 M. LE JUGE MINDUA : D'accord.

19 Rapidement, Maître Tapuskovic.

20 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Je pense que ce que mon confrère M.

21 Sachdeva est plutôt déplacé.

22 Q. Il faut bien que je me serve de ce terme, parce que vous êtes allé tous

23 les jours là-bas pour vous reposer, vous rentriez chez vous. Alors, pouvez-

24 vous nous dire à combien de reprises vous avez donné un coup de main à

25 l'armée de la Republika Srpska pour ce qui est de ces événements ?

26 M. LE JUGE MINDUA : Le témoin s'est exprimé. La Chambre admet la pièce.

27 Monsieur le Greffier.

28 M. LE GREFFIER : [interprétation] D312, Messieurs les Juges.

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1 M. LE JUGE MINDUA : Merci beaucoup. Poursuivez, Maître Tapuskovic. Je

2 constate que les 30 minutes sur lesquelles nous nous sommes entendus sont

3 déjà dépassées de cinq minutes, mais vous avez encore cinq. Poursuivez.

4 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Voilà. J'ai deux documents. Il y en a un

5 qui est versé au dossier que je voudrais montrer au témoin, et l'autre

6 j'aimerais qu'on puisse l'expliquer. Monsieur le Juge Mindua --

7 M. LE JUGE MINDUA : [hors micro]

8 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Je ne peux pas travailler comme cela.

9 C'est le temps de la Défense. Je peux ultérieurement sacrifier d'autres

10 témoins. Je peux sacrifier la venue de certains témoins, mais il faut que

11 je tire certains points au clair, parce que c'est un temps qui quand même

12 imparti à la Défense. Je préfère renoncer à plusieurs autres témoins. C'est

13 un témoin qui est très important pour la Défense, celui-ci. Enfin, j'ai

14 beaucoup de respect pour ce qui est des raisons évoquées liées aux frais,

15 mais je veux bien consentir à des sacrifices pour que ce témoin soit

16 interrogé de la façon la plus appropriée, la plus adéquate qui soit.

17 Q. Monsieur le Témoin, je voudrais qu'on vous montre un document, à savoir

18 la pièce D156.

19 Penchez-vous dessus. Vous avez un en-tête, vous avez une date, et ce qui se

20 rapporte à nos effectifs, la description des événements. Et est-ce que vous

21 pouvez voir que c'est bel et bien l'événement où il y a eu pas mal de gens

22 de tués, que vous avez évoqué tout à l'heure. Veuillez donner lecture

23 lentement de ce passage, je vous prie. L'entête, la date, de quoi il

24 s'agit, et ce qui figure au deuxièmement qui dit "Nos effectifs." Lisez à

25 haute voix, je vous prie.

26 R. Oui. J'en ai pris lecture d'abord. A l'en-tête, avez-vous dit. "ABiH,

27 commandant du 1er Corps." Date 19 septembre 1994.

28 Q. Merci. Passez maintenant tout de suite au paragraphe 2, intitulé "Nos

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1 effectifs," les deux premiers alinéas, et dites-nous si c'est bien de cela

2 que vous avez parlé tout à l'heure ?

3 R. Est-ce que je dois lire à haute voix ?

4 Q. Oui.

5 R. "Aux lignes de conflit de Sarajevo, nos forces, à la date du 18

6 septembre 1994, ont réalisé des activités de combat actives dans l'objectif

7 de s'emparer de la cime en pic et de la petite tour. Pour la réalisation de

8 cette mission, il a été fait recours à des forces de la taille d'un peloton

9 en provenance de la 120e Brigade appelé les Cygnes noirs, peloton PTOG - je

10 ne sais pas ce que cela veut dire - du MUP, à savoir de la police, Bosna,

11 un peloton de sabotage et de reconnaissance en provenance de la 105e

12 Brigade motorisée, deux pelotons d'intervention en provenance de la

13 105e Brigade motorisée, un peloton d'éclaireurs, un peloton de génie et

14 deux compagnies de la réserve en provenance également de la

15 105e Brigade motorisée. Dès le début des activités déployées par cette 120e

16 Brigade motorisée, il y a eu prise de ce secteur du pic, et le Département

17 PTGO du MUP, à savoir de la police Bosna a lancé une attaque sur Spicasta

18 Stijena, sur ce pic acéré, et a détruit une tranchée. L'avancée n'a pu être

19 possible en raison des tirs permanents qui provenaient de là-bas. Jusqu'à

20 la nuit, ces unités se sont emparées d'une partie du secteur Spicasta

21 Stijena, le pic acéré, et ont fait reculer les Chetniks depuis

22 l'emplacement de la petite tour. A l'occasion de l'attaque même,

23 l'agresseur a tiré avec des pièces MB80, MB60, 82, MB180 --"

24 Q. Merci. Veuillez maintenant vous pencher sur le tout dernier passage où

25 il est fait état d'autre chose. Donnez-nous lecture de cette partie-là.

26 R. "La partie prise de ce pic acéré a été conservée jusqu'aux aurores."

27 Q. Bien, est-ce que c'est bien à cet événement que vous avez pris part ?

28 R. Oui, c'est bien l'événement du mois de septembre avec un armement

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1 inégalé jamais vu jusque-là.

2 Q. On parle ici de ce "pic acéré", "Spicasta Stijena". Vous êtes né là-

3 bas. Vous connaissez ce secteur. Est-ce qu'on l'a appelé ainsi de par le

4 passé ?

5 R. Ce site, si l'on parle de la crête, que les médias dans la guerre ont

6 appelé Spicasta Stijena, le pic acéré, ça n'a jamais été appelé de la

7 sorte. On appelait cela Krs, ou plutôt Bosko Krs, le propriétaire de cette

8 terre-là s'appelait Bosko. C'est la raison pour laquelle on appelait cela

9 le Krs à Bosko. L'appellation Spicasta Stijena m'était inconnue.

10 Q. Qu'est-il advenu de cette action lancée par l'ABiH ?

11 R. L'attaque a commencé vers midi avec un appui à l'artillerie très

12 puissant en direction de nos positions et des cités qui se trouvaient en

13 arrière des lignes de combat aux fins d'interdire l'acheminement

14 d'effectifs et de moyens matériels et techniques suivant la voie routière

15 reliant Vogosca et cet endroit qui est la route qui va encore plus à l'est

16 vers Pale. Ils se sont emparés --

17 Q. Dites-nous ce qu'il en a été. Ont-ils été stoppés ? Et si oui, qu'avez-

18 vous fait ?

19 R. Oui, on les a stoppés dans la soirée. Pendant la nuit nous nous sommes

20 regroupés et nous avons, au matin, repris les positions de départ.

21 Q. Dites-nous ce qui s'est passé en été 1995 ?

22 R. En 1995, si vous avez à l'esprit le mois de juin --

23 Q. Oui, justement.

24 R. C'est là qu'a commencé une offensive généralisée de l'ABiH.

25 Q. Merci. Est-ce qu'à un moment donné, à l'époque, vous avez été amené à

26 participer à des activités dans le secteur dont nous venons de parler à

27 l'instant ?

28 R. Oui, je m'en souviens fort bien. Je ne sais pas si je pourrais vous

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1 donner la date exacte. Je pense que c'était vers le

2 20 juin, mais je n'en suis pas tout à fait certain.

3 Q. Veuillez nous en donner le récit, brièvement, je vous prie.

4 R. Il y a eu également une attaque de lancée sur le secteur tout entier, y

5 compris un site qui, quand on regarde les choses partant de la photo qui se

6 trouvait sur le moniteur tout à l'heure, plus à droite, là aussi il y a eu

7 une attaque de lancée contre cette voie routière. En cette occasion,

8 moyennant effectifs énormes et moyens matériels et techniques importants,

9 ça a été lancé. J'étais dans mon véhicule. J'ai quitté le véhicule parce

10 que j'avais le travail. J'ai rejoint les soldats que j'ai trouvés là-bas et

11 je me suis mis parmi eux pour me mettre à l'abri.

12 Q. Je vais vous montrer 1D003048. Nous allons voir comme tout à l'heure un

13 en-tête, une date. C'est plus court comme document. Je voudrais savoir

14 seulement que - enfin, que vous nous disiez que cela correspond bel et bien

15 à l'événement que vous venez d'évoquer.

16 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Messieurs les Juges, je n'ai pas de

17 traduction, mais c'est un document qui est très court. Si vous le voulez

18 bien, il y a quelques phrases qui nous intéressent. J'aimerais qu'on en

19 donne lecture, et par là, que je terminerai mon interrogatoire principal.

20 M. LE JUGE MINDUA : J'autorise à donner lecteur de ça, mais je vous

21 rappelle que vous venez de consommer 45 minutes, plus les

22 20 d'avant la pause. Ça vous fait 65. Donc vous êtes au-delà de 50 que

23 j'avais décidé et au-delà de 60 sur lesquelles nous nous étions mis

24 d'accord avant l'audience. Alors, terminez.

25 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Est-ce que je peux donner lecture

26 rapidement de cela et que le témoin me le confirme ?

27 M. LE JUGE MINDUA : Très bien.

28 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] "L'ABiH de la République de Bosnie-

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1 Herzégovine." La date est celle du 20 juin 1995 et il est dit ici au

2 paragraphe 2.1 : "Nos forces à 18 heures ont lancé une attaque à partir de

3 PK1/O contre l'ennemi avec des moyens antichar. Il a été tiré sur les

4 tranchées et sur Spicasta Stijena et Barica-Mrkovici. A cette occasion,

5 nous avons touché directement les tranchées sur Spicasta Stijena, la tour

6 et la maison de Krstacka [phon]. A l'occasion des tirs, en dessous du

7 carrefour de Barica, les mines de mortier n'ont pas explosé."

8 Alors, Monsieur, est-ce que c'est bien ce qui s'est passé en cette journée

9 du 20 juin 1995 ?

10 R. Oui, c'est cet événement.

11 Q. Merci. Dites-moi encore : est-ce que là il y a eu des victimes parmi

12 les soldats et parmi les civils ? C'est ma dernière question pour vous.

13 R. Oui, il y en a eu.

14 Q. Merci.

15 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Je n'ai plus de questions. Merci, Monsieur

16 le Président.

17 M. LE JUGE MINDUA : Merci beaucoup, Maître Tapuskovic.

18 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Messieurs les Juges, je voudrais que ce

19 document reçoive une cote à des fins d'identification, pièce de la Défense

20 à des fins d'identification en attendant la traduction de celui-ci.

21 M. LE JUGE MINDUA : C'est exact. Monsieur le Greffier, marquez pour

22 identification en attendant la traduction.

23 M. LE GREFFIER : [interprétation] Oui, nous allons marquer ceci aux fins

24 d'identification. Ce sera la pièce portant la cote D313.

25 M. LE JUGE MINDUA : Monsieur Sachdeva, pour le contre-interrogatoire.

26 M. SACHDEVA : [interprétation] Oui, Merci Monsieur le Président.

27 Contre-interrogatoire par M. Sachdeva :

28 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin 15. Je n'ai

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1 malheureusement pas beaucoup de temps, donc je vais essayer de faire assez

2 rapidement. Je m'appelle Manoj Sachdeva. Je travaille à l'Accusation et je

3 vais entamer mon contre-interrogatoire. Laissez-moi préciser une chose tout

4 d'abord. Vous êtes allé dans les tranchées, les tranchées que vous avez

5 décrites à une vingtaine, trentaine de mètres au-delà de la crête, vous y

6 alliez tous les jours, n'est-ce pas, entre 1993 et 1995 ?

7 R. Je n'ai pas dit que j'y allais tous les jours dans ces tranchées. Je

8 passais le long de la route tous les jours, qui est à une centaine de

9 mètres au-delà de cette ligne. En ce qui concerne les tranchées, les

10 tranchées de communications, j'y allais quand c'était nécessaire.

11 Q. A quel rythme y alliez-vous ? Toutes les semaines ? Combien de fois par

12 semaine, de 1993 à 1995 ?

13 R. La police de la Republika Srpska pour laquelle je travaillais se

14 rendait sur place, je dirais, une quinzaine de fois par semaine pour prêter

15 main-forte à titre de renfort, et quant à moi, personnellement, j'y suis

16 allé à peu près une vingtaine de fois quand les combats étaient plus

17 intenses, et j'ai décidé moi-même de le faire.

18 Q. Donc de 1993 à 1995, vous vous êtes rendu dans cette tranchée une

19 vingtaine de fois, et vous y restiez sept jours. C'est cela que vous dites,

20 si je vous suis bien ?

21 R. Non, vous ne m'avez pas bien compris. Ce que j'ai dit, c'est qu'avec la

22 police et suite à une attaque dans cette partie du territoire, il y avait

23 beaucoup de personnes qui avaient été tuées et blessées. La police était

24 appelée en renfort parce qu'il n'y avait que des gens du cru là-bas. Il y

25 avait fort peu de personnes, pas suffisamment d'ailleurs. C'est à ce

26 moment-là que nous nous y rendions peut-être une dizaine de fois, mais j'ai

27 dit qu'il y a une vingtaine de fois où je me suis rendu à titre d'habitant

28 local, en fait, en tant qu'habitant de la région.

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1 Q. Vous avez dit tout à l'heure qu'il y avait des attaques constantes dans

2 cette région. Donc je suppose qu'il n'y avait sans doute pas alors

3 d'attaques constantes dans la région ?

4 R. Non. J'ai dit qu'il y avait des attaques constantes, et je maintiens

5 ces propos. Mais j'avais également d'autres activités en tant que policier,

6 donc je ne pouvais pas y être tout le temps.

7 Q. Donc il n'est pas vrai de dire que quand vous dites que vous vous étiez

8 rendu avec la police sur place chaque fois qu'il y avait une attaque, mais

9 c'était pas à chaque fois qu'il y avait une attaque alors ?

10 M. LE JUGE MINDUA : [hors micro]

11 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Messieurs les Juges, il a dit très

12 clairement qu'un certain nombre de fois il s'est rendu ailleurs avec la

13 police, mais il a dit qu'il y a une vingtaine de fois où il y est allé avec

14 les habitants du cru lorsqu'il y avait eu des combats plus intenses. A ce

15 moment-là, il prêtait main-forte aux personnes du cru. C'est ça qu'il a

16 dit. Donc ce que mon collègue Sachdeva présente au témoin n'est pas ce qu'a

17 dit le témoin.

18 M. LE JUGE MINDUA : Là je vois sur la page 122, ligne 2, en effet, que le

19 témoin a dit qu'il est parti 20 fois avec les résidents locaux.

20 M. SACHDEVA : [interprétation] Monsieur le Président, je vais avancer. Je

21 voulais simplement reprendre la réponse du -- il disait : Je me suis rendu

22 avec la police suite à une attaque. J'essayais de comprendre s'il a fait la

23 distinction entre des combats intenses ou -- enfin, je vais avancer. Ce

24 n'est pas très important.

25 M. LE JUGE MINDUA : [hors micro]

26 M. SACHDEVA : [interprétation]

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19 Q. Monsieur le Témoin, essayons d'être clair. Lorsque vous alliez dans les

20 tranchées, vous disiez vous prêtiez main-forte au RSK. Vous étiez dans ces

21 tranchées avec d'autres soldats du RSK, j'imagine, n'est-ce pas ?

22 R. Oui.

23 Q. Et --

24 R. Je ne connaissais pas cette brigade.

25 Q. Mais ces soldats appartenaient également à la brigade qui s'appelle la

26 3e Brigade du RSK. Est-ce que c'est bien cela ?

27 R. J'ai dit que je ne savais pas de quelle brigade il s'agissait. Je sais

28 que c'était le Corps RSK. En ce qui concerne la brigade, je n'en sais rien.

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1 Q. Et dans ces tranchées, il y avait une dizaine, une quinzaine ou une

2 vingtaine de soldats du RSK, n'est-ce pas ?

3 R. Dans toutes les tranchées, dans leur totalité ?

4 Q. Non. Je parle des tranchées derrière la crête dont on a parlé tout à

5 l'heure.

6 R. Je suppose que vous parlez de ces tranchées, mais est-ce que vous

7 voulez dire dans l'ensemble de la région ?

8 Q. Vous vous rappelez avoir annoté la photo, l'emplacement de tranchées,

9 20 à 30 mètres au-delà de la crête ? Vous vous souvenez de cela ?

10 R. Oui, je m'en souviens fort bien.

11 Q. Simplement, ce que je dis, c'est qu'il n'y avait peut-être plus, mais

12 il y avait au moins 25 soldats qui se trouvaient dans ces tranchées au

13 cours de la période de 1993 à 1995 à tout moment.

14 R. Il n'y en a jamais eu autant.

15 Q. Reconnaissez-vous qu'il y en avait au moins 15 ?

16 R. Dans -- comment dire, dans les équipes normales, si vous voulez, je

17 pense qu'il n'y en avait même pas 15. C'est quand il y avait une attaque,

18 alors tout le monde arrivait, les personnes plus âgées, tout le monde.

19 Q. Lorsque vous étiez là, quelles étaient les armes dont vous disposiez ?

20 R. Un fusil automatique.

21 Q. De quel genre ?

22 R. Un M-70A.

23 Q. Et vous-même et vos compagnons, vous aviez également des

24 M-48, des fusils semi-automatiques, n'est-ce pas ?

25 R. Des M-48, oui, il y avait des fusils de ce type aussi, mais pas

26 beaucoup.

27 Q. Est-ce qu'il y avait de l'artillerie ? Est-ce qu'il y avait des

28 mortiers dans cette région, dans cette zone ? Avez-vous vu des soldats avec

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1 des mortiers ou des équipes d'artillerie ou de mortier ?

2 R. Dans cette partie-là, non.

3 Q. Dans quelle partie avez-vous vu des mortiers ?

4 R. Je ne connais pas grand-chose aux armes d'artillerie et de mortier.

5 Mais puisque vous parlez de mortier, c'est bien au-delà de la ligne. C'est

6 quand on emprunte la route à une dizaine de kilomètres au-delà.

7 Q. Donc il y avait des positions de l'ancien Mrkovici ou Gornji Mrkovici;

8 c'est ça ?

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10 M. SACHDEVA : [interprétation] Peut-on passer à huis clos partiel pendant

11 quelques instants, Monsieur le Président, s'il vous plaît.

12 M. LE JUGE MINDUA : Monsieur le Greffier, huis clos partiel, s'il vous

13 plaît.

14 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

15 [Audience à huis clos partiel]

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1 [Audience publique]

2 M. LE JUGE MINDUA : Voilà. Alors, faites attention, Monsieur Sachdeva.

3 M. SACHDEVA : [interprétation] Oui, oui, je n'y manquerai pas.

4 Q. Monsieur le Témoin, j'aimerais vous soumettre une photo, vous montrer

5 une photo 65 ter 03426. Si l'on pouvait afficher cette photo à l'écran,

6 s'il vous plaît.

7 J'aimerais encore vous poser une question, Monsieur le Témoin. Pour que

8 nous puissions nous mettre d'accord, vous n'avez peut-être pas entendu

9 parler de Spicasta Stijena, mais je me réfère à cette crête comme étant

10 Spicasta Stijena. Donc vous savez de quoi je parle, n'est-ce pas ?

11 R. Oui, oui, tout à fait.

12 Q. Vous avez dit à la Chambre lorsque M. Tapuskovic vous a demandé qui

13 occupait les positions sur ce pic ou cette crête, vous avez dit personne.

14 Est-ce que vous vous en souvenez ?

15 R. Je m'en souviens très bien. J'ai dit donc sur cette crête et sur ce

16 pic, et j'entends par là le niveau le plus élevé.

17 Q. Très bien. Donc vous affirmez dans votre témoignage qu'il n'y avait

18 personne au sommet de ce pic ?

19 R. Non, ce n'était pas possible. On n'aurait pas pu survivre tout au

20 sommet.

21 Q. De 1994 à 1995, n'est-il pas exact que le Corps Romanija de Sarajevo

22 avait un poste d'observation sur cette crête ? Vous avez dit à la Chambre

23 que vous avez passé toute la période du conflit dans ce secteur. Vous avez

24 même témoigné sur des questions de détails. Vous le savez certainement,

25 n'est-ce pas ?

26 R. Je ne sais pas ce que d'autres ont pu dire dans leurs témoignages.

27 Q. J'y viendrais dans un instant. Mais tout d'abord, je vous demande :

28 n'est-il pas exact que sur cette crête il y avait un point, un poste

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1 d'observation du RSK ?

2 R. Même si cela avait été le cas, il ne s'agissait pas d'une ligne de

3 défense, mais je n'y ai jamais été.

4 Q. Je ne vous demande si vous étiez. Vous avez déjà dit à la Chambre que

5 vous étiez dans les tranchés. Mais je vous demande si vous avez

6 connaissance d'un poste d'observation sur la crête, environ 7 à 10 mètres

7 carrés et d'une profondeur de 20 à 40 mètres carrés creusé dans les

8 rochers. Est-ce que vous aviez connaissance de cela ?

9 M. LE JUGE MINDUA : Maître Tapuskovic.

10 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] En fait, il faudrait qu'on sache quel

11 témoin l'a dit ? Je ne me souviens pas d'un témoin qui ait dit quelque

12 chose de ce genre. Et est-ce que cela a vraiment dit par quelqu'un, si tel

13 a été le cas, il faudrait au moins que l'on sache qui l'a dit ?

14 M. LE JUGE MINDUA : [hors micro]

15 M. SACHDEVA : [interprétation] Monsieur le Président, en fait, je ne fais

16 que soumettre cette affirmation de bonne foi au témoin, et j'en viendrai

17 aux raisons ultérieurement, mais j'attends toujours la réponse du témoin.

18 J'estime que je procède de façon tout à fait acceptable. Soit le témoin va

19 nous dire qu'il ne sait rien d'un tel poste d'observation pendant la

20 période 1994/1995 ou il peut nous donner quelques informations à ce sujet.

21 M. LE JUGE MINDUA : D'accord.Poursuivez.

22 M. SACHDEVA : [interprétation]

23 Monsieur le Témoin, j'aimerais vous demander encore une fois, vous

24 avez dit à la Chambre que vous vous rendiez régulièrement dans les

25 tranchées à quelque 20 ou 30 mètres de distance de la crête. Et ce que je

26 fais valoir c'est que sur cette crête il y avait un point d'observation du

27 RSK creusé dans la pierre ou dans les rochers. Je ne vous demande pas si

28 vous vous y êtes rendu, mais si vous avez connaissance de l'existence d'un

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1 tel point d'observation.

2 R. Si je vous comprends bien, un point d'observation, cela devrait être 20

3 mètres par 40 mètres. Et je suis certain qu'il n'y avait aucun point

4 d'observation de ce type.

5 Q. Mais qu'il se soit agi de 20 ou 40 mètres, il y avait tout de même un

6 point d'observation, n'est-ce pas ?

7 R. Je ne sais pas s'il y en avait un, mais si cela avait été ces

8 dimensions, je l'aurais vu.

9 Q. Bien, ne parlons pas de dimensions. Pourriez-vous juste répondre à la

10 question. Saviez-vous s'il y avait un poste d'observation, et peu importe

11 les dimensions, s'il y avait un poste d'observation sur cette crête, un

12 poste utilisé par le RSK ?

13 R. Je n'ai pas connaissance d'un tel poste d'observation.

14 Q. N'est-il pas exact qu'à certains moments vous vous trouviez dans des

15 tranchées, que depuis ces tranchées il y avait une tranchée de

16 communications qui reliait la tranchée au point d'observation au sommet du

17 pic ? Donc vous êtes en train de dire vous n'avez pas non plus vu cette

18 tranchée-là. Si vous faites allusion aux tranchées de communications, ou à

19 la tranchée de communications qui reliait les tranchées derrière la crête,

20 ces tranchées de communications existaient bien, mais je n'ai pas vu de

21 tranchées au sommet.

22 Q. Mais ces tranchées de communications menaient vers le phare ou le poste

23 d'observation au sommet, n'est-ce pas ?

24 R. Non. Vous ne m'avez pas bien compris. Ces tranchées reliaient les

25 tranchées derrière la crête, et s'étendaient sur

26 50 mètres dans la direction pour laquelle on approchait des tranchées. Je

27 ne suis même pas sûr qu'il s'agissait d'une distance de 50 mètres.

28 Q. Mais comme vous étiez dans les tranchées, vous savez également que du

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1 côté de l'ABiH il y avait une caserne que l'on appelait la caserne Bakije.

2 Est-ce que vous en avez connaissance ? Donc du côté de l'ABiH.

3 M. SACHDEVA : [interprétation] Monsieur le Président, est-ce que le témoin

4 a reçu une interprétation pour cette dernière

5 question ?

6 M. LE JUGE MINDUA : Monsieur le Témoin, vous avez l'interprétation ?

7 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, oui, c'est bon. Vous m'avez demandé s'il

8 y avait cette caserne Bakije.

9 Q. Oui. La question Bakije du côté de l'ABiH, en direction de la ville de

10 Sarajevo, donc une caserne militaire ?

11 R. Oui, oui. Il s'agissait de l'ancienne caserne de la JNA qui a ensuite

12 été reprise par l'ABiH.

13 Q. En effet. Donc pendant la guerre, entre 1993 et 1995, l'ABiH était

14 cantonnée dans cette caserne, n'est-ce pas ?

15 R. Oui. La caserne se trouvait sur le territoire sous le contrôle de

16 l'ABiH. Que l'ABiH ait occupé ou non la caserne, oui, je suppose.

17 Q. N'est-il pas vrai que les soldats du KRS qui étaient à vos côtés dans

18 les tranchées se rendaient au poste d'observation sur le pic acéré et

19 tiraient sur cette caserne ?

20 M. LE JUGE MINDUA : Maître Tapuskovic.

21 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Pas à un seul instant le témoin n'a-t-il

22 confirmé l'existence d'un point d'observation sur ce pic. Combien de fois

23 va-t-on lui poser la même question; il a déjà répondu une fois. Combien de

24 fois est-ce que mon éminent collègue veut solliciter la même réponse, la

25 réponse étant que ce témoin n'avait pas connaissance d'un poste

26 d'observation. Si j'étais dans la situation de mon éminent confrère, je

27 suis sûr qu'on ne lui aurait pas autorisé à répéter autant de fois la même

28 question.

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1 M. LE JUGE MINDUA : Monsieur Sachdeva, en effet vous avez posé la question

2 plusieurs fois et le témoin a répondu plusieurs fois dans le même sens.

3 M. SACHDEVA : [interprétation]

4 Q. Monsieur le Témoin, vous savez que le procès du général Galic a

5 également eu lieu devant ce Tribunal. Est-ce que vous le savez ?

6 R. Oui, j'en ai connaissance. Enfin, je ne sais pas que c'était dans ce

7 prétoire ou devant cette Chambre.

8 Q. Peu importe. C'était devant ce Tribunal. Quoi qu'il en soit, les

9 témoins de la Défense pour le général Galic ont, comme vous, témoigné sous

10 serment. Vous acceptez que cela s'est bien produit, n'est-ce pas ?

11 R. Oui.

12 Q. Et l'un de ces témoins -- enfin, est-ce que vous connaissez M. Vaso

13 Nikolic ?

14 R. Oui.

15 M. TAPUSKOVIC : [aucune interprétation]

16 M. LE JUGE MINDUA : [hors micro]

17 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Tout d'abord, cette question va se mêler

18 de la vie privée du témoin. On a mentionné le nom d'une personne qui est

19 venue ici, mais cela révèle l'identité du témoin, puisque nous avons

20 entendu prononcé le nom d'une personne qui connaît le témoin.

21 M. LE JUGE MINDUA : Le témoin n'a pas encore répondu. Alors --

22 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] La question a été posée.

23 M. SACHDEVA : [interprétation] Monsieur le Président, ma question était

24 tout à fait admissible. Il n'identifie en rien le témoin. Je lui ai

25 seulement demandé s'il connaissait cette personne qui a témoigné en séance

26 publique dans l'affaire Galic. Le témoin a donné la réponse affirmative, il

27 connaît cette personne. Mais cela n'identifie pas le témoin.

28 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Monsieur Tapuskovic, essayons

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1 quand même d'avancer sans trop d'interruptions.

2 M. SACHDEVA : [interprétation]

3 Q. Monsieur le Témoin, vous avez dit que vous connaissiez Vaso

4 Nikolic. Est-ce que je vous comprends bien ?

5 R. Vous avez bien compris.

6 Q. Et il était soldat au sein du Corps Romanija-Sarajevo pendant la

7 période du conflit, n'est-ce pas ?

8 R. Oui.

9 Q. Il était également en position dans le secteur - bon, peut-être qu'il

10 vaudrait mieux tout de même passer à huis clos partiel.

11 M. LE JUGE MINDUA : Oui. Il faut le huis clos partiel.

12 Monsieur le Greffier.

13 M. LE GREFFIER : [interprétation] Messieurs les Juges, nous sommes

14 maintenant à huis clos partiel.

15 [Audience à huis clos partiel]

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23 [Audience publique]

24 M. LE JUGE MINDUA : Merci beaucoup.

25 M. SACHDEVA : [interprétation]

26 Q. Témoin, cette personne dont nous avons parlé, que vous connaissez et

27 comme vous l'avez dit à la Chambre, a déposé dans l'affaire Galic et a

28 témoigné pour la Défense en tant que témoin à décharge. Est-ce que vous

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1 comprenez cela ?

2 R. Oui.

3 Q. Voudriez-vous bien répéter votre réponse qui n'a pas été saisie par

4 l'interprète ?

5 R. Oui, je veux bien croire. Je n'en doute pas. Je ne le sais pas

6 personnellement, mais je n'ai aucune raison de douter de la chose.

7 Q. Lorsqu'il a déposé, il a témoigné sous serment comme vous-même. Vous le

8 savez également, n'est-ce pas ?

9 R. C'est vous qui le dites. Moi, je ne le sais pas.

10 Q. Lorsqu'on l'a interrogé, lorsqu'il témoignait, on lui a demandé s'il

11 existait un poste d'observation, un poste d'observation dont nous parlions

12 sur ce pic acéré. J'aimerais vous donner lecture, avec la permission de la

13 Chambre, les questions et les réponses qui ont été données.

14 M. LE JUGE MINDUA : Monsieur Tapuskovic, je vous vois, mais vous voulez

15 faire une objection ?

16 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] C'est à contrecoeur que je me suis levé

17 sur mes pieds pour ne pas perturber le travail de mon confrère. Mais je ne

18 sais pas d'abord de quelle période on est en train de parler. Ça c'est

19 d'un. De deux, nous sommes dans la même situation que les journées

20 précédentes et c'est déjà plusieurs fois que ça se passe. Le témoignage

21 dont on parle, nous n'avons pas été du tout prévenus du fait de son

22 utilisation pour que nous prenions connaissance de quoi il s'agit, pour

23 savoir quelle est la teneur du texte en question. Nous sommes devant un

24 problème très délicat à la fin même du procès. Nous n'avons jamais reçu

25 communication de ce témoignage. Nous ne savons rien de ce témoignage et

26 nous n'avons pas su qu'il allait être utilisé jusqu'à tout à l'heure.

27 Comment maintenant peut-on le montrer au témoin ?

28 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Monsieur Tapuskovic, nous avons déjà

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1 abordé cette question ce matin, et tant que l'Accusation n'a pas

2 l'intention de demander le versement de ce témoignage antérieur, bien, il

3 est tout à fait légitime que l'Accusation procède ainsi et lui présente ce

4 qui a déjà été dit par un autre témoin. Je vous suggère, qu'étant donné que

5 nous n'avons plus que neuf minutes, que vous permettiez à l'Accusation de

6 soumettre à ce témoin ce qui a été déjà dit à par un témoin antérieur.

7 M. SACHDEVA : [interprétation]

8 Q. Témoin, je vais vous donner lecture des questions et des réponses qu'il

9 a données sous serment devant ce Tribunal. Comme vous l'avez dit, vous le

10 connaissez, vous savez qu'il était soldat du RSK.

11 "Question : Est-ce que vous voudriez bien nous décrire de façon détaillée

12 le poste d'observation ? Quelles étaient ses dimensions ?

13 Réponse : Vous voulez dire le poste d'observation sur le pic acéré ?

14 Question: Oui.

15 Réponse : Bien, ce poste était creusé dans les rochers, quelque 7 à 10

16 mètres carrés creusés dans la pierre. Tout ce que l'on pouvait voir c'était

17 un trou de 40 par 20, une ouverture d'un trou qui donnait sur la ville."

18 Donc en résumé, cette personne a témoigné sous serment qu'il y avait bien

19 un poste d'observation de quelque 7 à 10 mètres où il y avait une percée

20 qui permettait de voir la ville de Sarajevo. Maintenant, je vous demande,

21 est-ce que cela vous amène à réfléchir sur la réponse que vous nous avez

22 donnée, ou est-ce que vous maintenez toujours qu'il n'y avait aucun poste

23 d'observation sur ce pic ?

24 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Je vous demanderais, s'il vous plaît,

25 de rester silencieux pendant le contre-interrogatoire.

26 Vous pouvez poursuivre.

27 M. SACHDEVA : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

28 Q. J'attends votre réponse, Monsieur le Témoin.

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1 R. A aucun moment je n'ai dit qu'il n'y avait pas de poste. J'ai dit pour

2 autant que je le savais, et lorsque j'allais là-bas, je n'ai jamais vu une

3 chose pareille.

4 Si le témoin que vous citez a dit qu'il y a eu cela, et je ne connais

5 pas le contexte, je ne sais pas si la traduction était bonne parce que ça

6 fait des dimensions assez importantes. Dix mètres c'est grand. Je n'ai

7 jamais vu de construction de cette taille-là.

8 Q. Comme je l'ai dit dans mes questions précédentes - enfin, je vais vous

9 poser la question comme suit : est-ce que vous avez, à un moment donné,

10 entendu de la bouche des soldats qui étaient vos compagnons qu'il y avait

11 un point au sommet de la crête ou du pic, à partir duquel on pouvait voir

12 la ville en dessous ? Je fais valoir que vous avez certainement eu vent de

13 cela.

14 R. Je ne sais pas ce que vous affirmez, mais je n'en ai jamais entendu

15 parler. Un poste d'observation, jamais entendu parler.

16 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Je crois que nous n'allons pas

17 pouvoir obtenir autre chose sur ce point. Je pense que vous devriez passer

18 à une autre question afin de permettre encore à M. Tapuskovic de pouvoir

19 poser des questions supplémentaires.

20 M. SACHDEVA : [interprétation] Je dois avouer que je vais avoir du mal à

21 conclure mon contre-interrogatoire en l'espace de cinq minutes. Il y a

22 encore des questions essentielles que nous devons aborder avec ce témoin,

23 des questions essentielles pour l'Accusation. En fait, on m'avait dit que

24 je disposais d'une heure, en tout cas sur la base du résumé 65 ter.

25 Pourrais-je juste consulter mon confrère ?

26 [Le conseil de l'Accusation se concerte]

27 M. LE JUGE MINDUA : Monsieur Sachdeva, pas plus de dix minutes qu'il

28 vous reste. Vous pouvez aller jusqu'à 17 heures 05.

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1 M. SACHDEVA : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

2 Q. Avant de passer à une ou plusieurs autres questions, je fais valoir que

3 vous ne dites pas la vérité concernant le poste d'observation devant cette

4 Chambre. Donc je maintiens que vous ne dites pas la vérité concernant le

5 poste d'observation devant cette Chambre.

6 R. Je ne peux pas commenter, je ne sais pas partant de quoi vous tirez

7 cette conclusion. J'ai prêté serment de dire la vérité et rien que la

8 vérité. A cet endroit-là, je n'ai pas passé là quatre années comme certains

9 autres soldats l'ont fait. Ce que j'ai dit, je le maintiens.

10 Q. Très bien. Mais lorsque vous étiez dans les tranchées, je pars du

11 principe que vous-même et les autres soldats avaient des jumelles, n'est-ce

12 pas ?

13 R. Je n'en avais pas. Et à proximité de l'endroit où j'étais, personne

14 n'en avait. Je ne sais pas à quel point il importe de le dire. A cet

15 endroit, c'est de la forêt et avec des jumelles, vous ne pouvez pas voir

16 grand-chose.

17 Q. Donc, vous affirmez que vous n'avez jamais vu l'un ou l'autre des

18 soldats qui vous accompagnait avec des jumelles pendant le temps que vous

19 avez passé dans les tranchées; est-ce exact ?

20 R. A l'occasion des activités de combat, et d'habitude je me trouvais là-

21 bas quand il y avait des combats, il n'est pas possible de regarder avec

22 des jumelles, et personne à ces moments-là n'a utilisé des jumelles.

23 Q. Je ne vous demandais pas si les jumelles ont été utilisées, mais plutôt

24 si les soldats avaient en leur possession des jumelles. Etait-ce ou non le

25 cas pendant que vous vous y trouviez ?

26 R. Je ne sais pas vous dire ce que les uns ou les autres pouvaient bien

27 avoir.

28 Q. Monsieur, j'affirme -- enfin, je vais vous poser la question. Vous avez

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1 dit à la Chambre que vous aviez des fusils M-48 et M-74; est-ce bien exact

2 ?

3 R. Je ne l'ai pas dit.

4 Q. Alors de quel type de fusil étiez-vous en possession ?

5 R. J'ai dit que j'avais un fusil M-70A, et en répondant à une question, je

6 ne sais plus de qui, pour ce qui était de savoir s'il y avait des fusils M-

7 48, j'ai dit que probablement il y en avait également. C'est un ancien

8 fusil qui date de 1948. Je n'ai pas dit

9 M-78. J'ai dit M-70A. Il y a une erreur au compte rendu.

10 Q. Lorsque vous étiez dans les tranchées, est-ce qu'il vous est arrivé de

11 monter jusqu'au sommet du pic et de tirer sur des civils qui se trouvaient

12 en bas, en fait, des civils dans le village de Sedrenik ? Est-ce que vous

13 avez fait cela ?

14 R. Je ne suis jamais allé jusqu'au sommet et je n'ai jamais tiré sur

15 des civils.

16 Q. Je présume que lorsque vous y étiez, vous avez dû voir certains

17 des soldats qui étaient avec vous monter au sommet et tirer sur des civils.

18 Est-ce que vous avez assisté à cela ?

19 R. Je vais vous répéter une fois de plus. A l'époque où je séjournais dans

20 ces tranchées, où j'occupais ces lignes de défense au niveau de ce site-là,

21 ça n'arrivait que lorsqu'il y avait des combats dans des tirs croisés, par

22 rafale. Au niveau des lignes de démarcation, il n'est pas possible de

23 quitter sa tranchée et de se déplacer dans quelque direction que ce soit.

24 Q. Quand vous parlez d'échange de tirs, je suppose que vous étiez en

25 mesure de voir les soldats ennemis, n'est-ce pas ?

26 R. Je ne sais pas si nous sommes bien compris. Je ne parle pas l'anglais,

27 je ne sais pas si ça a été consigné. Ce site, y compris le pic et l'endroit

28 à gauche et à droite du pic en direction des autres positions, c'est de la

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1 forêt. Il est très difficile de remarquer qui que ce soit. C'est une forêt

2 de pins dont les troncs d'arbres font 30 à 40 centimètres d'épaisseur.

3 Q. N'est-il pas vrai que pendant le conflit, les arbres avaient été

4 endommagés, bon nombre d'arbres ont été détruits en raison des combats

5 justement, n'est-ce pas ?

6 R. Oui, sur certains segments, il y a eu des arbres de détruits, en effet.

7 Q. Est-ce que vous avez eu connaissance à un moment donné de soldats du

8 RSK qui tiraient depuis l'emplacement où vous vous trouviez sur des civils

9 à Sedrenik et dans la ville de Sarajevo ? Je vous affirme que vous avez

10 certainement entendu parler de ces

11 choses-là.

12 R. Vous voulez dire que des civils ont ouvert le feu en direction de

13 Sedrenik et de la partie de Sarajevo contrôlée par l'ABiH ? Je n'en ai

14 jamais entendu parler. Et je doute fort que quiconque aurait ciblé des

15 civils. Je ne pense pas que quelqu'un de raisonnable puisse le faire.

16 Q. Monsieur, avez-vous à un moment donné tiré sur des

17 soldats ?

18 R. Pas tant que j'ai pu le voir de mes yeux. Alors, pour ce qui est des

19 échanges de tirs, de là à savoir si effectivement ça c'est fait, je ne sais

20 pas.

21 M. SACHDEVA : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai pas d'autres

22 questions.

23 M. LE JUGE MINDUA : Merci beaucoup, Maître Sachdeva. Vous avez été très

24 efficace. Félicitations.

25 Alors, Maître Tapuskovic, pour des questions supplémentaires, mais sachez

26 que maintenant j'ai des problèmes avec les interprètes qui disent de ne pas

27 être très contents, si on dépasse le temps, je veux dire.

28 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Non, Monsieur le Juge, étant donné que

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1 j'ai rallongé tout à l'heure et la fois passée. Je voulais seulement que

2 cette photo - je veux juste en dire quelques mots - la photo de tout à

3 l'heure, pour gagner du temps, je ne sais pas pourquoi cette photo a

4 disparu, le 03426 en application du 65 ter. C'était sur nos écrans jusqu'à

5 tout à l'heure, et c'est à ce sujet que je veux juste dire deux mots. Je

6 n'ai pas le temps d'évoquer les autres sujets.

7 M. LE JUGE MINDUA : Monsieur le Greffier, faites revenir la photo.

8 Nouvel interrogatoire par M. Tapuskovic :

9 Q. [interprétation] Monsieur le Témoin, est-ce que nous pouvons aller vite

10 ? Alors sur cette photo, voit-on la petite et la grande tour ?

11 R. Ce qu'on voit est marqué.

12 M. LE JUGE MINDUA : [hors micro]

13 M. SACHDEVA : [interprétation] Pardon, Monsieur le Président, mais je

14 maintiens que cela ne découle pas du contre-interrogatoire. Le conseil a

15 montré des photos au témoin dans l'interrogatoire principal. Il aurait pu

16 lui demander à ce moment-là de noter certaines choses.

17 M. LE JUGE MINDUA : Poursuivez, Maître Tapuskovic.

18 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Monsieur le Juge, cette photo, je ne l'ai

19 pas vue avant que le Procureur ne la montre. C'est la première fois que je

20 l'ai vue. Je lui ai demandé de nous montrer la grande et la petite tour, de

21 nous marquer où ça se trouve et de nous indiquer où ces combats avaient

22 lieu lorsque combat il y avait. C'est tout ce que je voudrais qu'il fasse,

23 qu'il pose des cercles, et j'en terminerai avec mes questions

24 complémentaires.

25 R. Je pense que c'est --

26 Q. Est-ce que vous pouvez essayer maintenant ?

27 R. Ici, je crois que c'est la petite tour. J'ai du mal depuis cet endroit,

28 j'ai du mal à m'orienter un peu. Donc je pense que c'est de cela qu'il

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1 s'agit. La grande tour je ne le vois pas.

2 Q. Est-ce que c'est ce qui se trouve derrière ce pic ? Ça c'est une

3 question, et une autre.

4 R. Je ne sais pas ce que vous voulez dire.

5 Q. La tour au niveau de laquelle il y a eu ces conflits, c'est bien celle-

6 là ?

7 R. Oui.

8 Q. S'agissant de tout ce secteur, quel est l'endroit qui prédomine, qui

9 est le plus élevé ? Est-ce que vous pouvez le

10 marquer ?

11 R. C'est cet endroit-ci qui prédomine. Est-ce que je peux effacer ? Il

12 faut le déplacer de 1 centimètre.

13 Q. Bon. Merci. Quand vous nous avez dit qu'au sommet du pic il était

14 difficile de voir qui que ce soit, est-ce que cette explication est liée

15 aux dires que vous avez faits, à savoir que ceux qui montaient sur le pic

16 risquaient ce que vous avez dit qu'ils risquaient ?

17 R. J'ai dit que quand il y avait conflit, il y avait des échanges de tir

18 et les tirs venaient de toutes les directions. Il y a eu des rafales de

19 tirées. On ne savait pas qui tirait. Ce n'était pas des soldats

20 professionnels qui contrôlaient leurs tirs comme ils se devaient. Et quand

21 il y avait une attaque, lorsqu'il y avait des échanges croisés de tirs à

22 l'arme automatique sur ce pic, j'aurais refusé, même dans un excès de

23 folie, je n'irais jamais là-bas. Je ne pense pas que quiconque ait accepté

24 d'y aller.

25 Q. Merci. Pour finir, je voudrais que vous marquiez un S pour la petite

26 tour et pour ce qui est de l'autre petit marquage, mettez une lettre R.

27 Dites-nous qui avait placé sous son contrôle le point avec le R.

28 R. L'ABiH.

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1 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Merci. Je n'ai plus de questions et

2 j'aimerais que cette photo soit versée au dossier en guise d'élément de

3 preuve de la Défense.

4 M. LE JUGE MINDUA : M. Sachdeva est debout. De quoi s'agit-il ?

5 M. SACHDEVA : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai pas

6 d'objection quant au versement de cette photo. Cela dit, je vous demande

7 encore la permission de poser une question au témoin concernant ces

8 annotations. Je ne suis pas du tout entré dans les détails de telles

9 annotations dans mon contre-interrogatoire. L'Accusation a quelques soucis

10 concernant ces annotations.

11 M. LE JUGE MINDUA : Maître Tapuskovic, quelle est votre objection ?

12 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Je ne suis pas d'accord. Cela est tout à

13 fait en dehors de la procédure habituelle.

14 M. LE JUGE MINDUA : Tout à fait. Vous avez raison. C'est tout à fait en

15 dehors de la procédure habituelle, mais le fait est qu'avec cette photo, il

16 y a eu quand même de nouvelles annotations, mais laissez la Chambre se

17 consulter.

18 [La Chambre de première instance se concerte]

19 M. LE JUGE MINDUA : Monsieur Sachdeva, la Chambre pense que de ce

20 témoin nous avons déjà entendu beaucoup concernant cette question

21 précisément. On va s'arrêter là avec les questions supplémentaires de la

22 Défense.

23 M. SACHDEVA : [interprétation] Très bien. Je respecte votre décision,

24 Monsieur le Président.

25 M. LE JUGE MINDUA : Maître Tapuskovic, vous avez demandé l'admission de

26 cette pièce ? C'est bien cela. Monsieur le Greffier, faites votre office.

27 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce D314, Messieurs

28 les Juges.

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1 M. LE JUGE MINDUA : Merci beaucoup, Monsieur le Greffier,

2 Monsieur le Témoin, ceci nous amène à la fin de votre déposition. La

3 Chambre vous est très reconnaissante d'être venu à La Haye pour apporter

4 votre contribution à cette œuvre de justice. Maintenant vous êtes libre de

5 retourner chez vous, tranquillement. J'ai le plaisir de vous présenter mes

6 meilleurs vœux de succès pour le futur et bon voyage. Vous pouvez vous

7 retirer.

8 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci. Je me félicite de l'opportunité

9 de contribuer à quoi que ce soit par mon témoignage.

10 [Le témoin se retire]

11 M. LE JUGE MINDUA : L'audience est ajournée.

12 --- L'audience est levée à 17 heures 11 et reprendra le lundi 16 juin

13 2007, à 14 heures 15.

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