Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 (Mardi 26 mars 2002)

2 (L'audience est ouverte à 9 heures 06.)

3 (Audience publique.)

4 (Le témoin, M. John Hamill, est déjà dans le prétoire.)

5 M. le Président (interprétation): Bonjour à tout le monde dans le

6 prétoire.

7 Madame la Greffière, veuillez annoncer le numéro de l'affaire.

8 Mme Philpott (Interprétation): Il s'agit de l'Affaire IT 98-29-T, le

9 Procureur contre Stanislav Galic.

10 M. le Président (interprétation): Merci.

11 Maître Pilipovic, hier, une fois que vous avez contre-interrogé le témoin,

12 nous nous étions arrêtés dans nos débats. Voulez-vous poursuivre, s'il

13 vous plaît?

14 (Contre-interrogatoire du témoin, M. John Hamill, par Me Pilipovic.)

15 Mme Pilipovic (interprétation): Oui, Monsieur le Président, je vous

16 remercie.

17 Je voudrais que l'on présente pour examen à M. le Témoin et que l'on mette

18 sur le rétroprojecteur cette carte qui est la pièce à conviction D77.

19 J'aimerais également que la Chambre d'instance ait un peu de

20 compréhension. Je voudrais pouvoir présenter à la fin et, pour cela,

21 j'aimerais que l'on me permette et que l'on permette à mon conseil d'agir

22 pour poser quelques questions seulement en anglais à la fin du contre-

23 interrogatoire.

24 M. le Président (interprétation): Oui. Vous pouvez y procéder.

25 Mme Pilipovic (interprétation): Bonjour, Monsieur Hamill.

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1 M. Hamill (interprétation): Bonjour.

2 Question: Hier, dans le contre-interrogatoire, nous nous arrêtions pour

3 vous demander quelles étaient vos capacités, vos possibilités lors de la

4 rédaction des rapports, lors de vos enquêtes, d'agir au sujet d'incidents

5 qui se produisaient dans le territoire se trouvant sous le contrôle des

6 forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine et où, notamment, se trouvaient

7 les points d'observations PAP.

8 Pouvez-vous nous dire avec précision comment circulait, en fait,

9 l'information que vous aviez pu recueillir depuis les patrouilles aux

10 postes d'observation jusqu'au point de destination final. Par quels moyens

11 avez-vous agi?

12 Vous nous avez parlé de liaisons par radio. Or le conseil de la défense

13 s'intéresse aux informations que vous avez pu recueillir par écrit sur la

14 base des rapports reçus. Il s'agissait, notamment, de traiter des

15 incidents qui s'étaient produits dans le territoire se trouvant sous le

16 contrôle du PAP.

17 Réponse: Pour parler de PAPA, il s'agit de parler des situations telles

18 réfléchies dans un miroir. Il s'agissait de plusieurs postes de contrôle,

19 cinq en effet, de PAPA, au cours de ces incidents. Et on nous a informé,

20 soit par radio, soit par des rapports rédigés, sur les feux qui auraient

21 été ouverts, s'il s'agissait de voir si le tir partait dans leur

22 territoire ou en provenance d'ailleurs ou s'ils en ont entendu parler. Et

23 ils nous en parlaient, ils rédigeaient leurs rapports et nous avons pu

24 entendre tout cela par radio.

25 Mais il s'agissait aussi de dire que nous avons, nous aussi, pouvoir

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1 recevoir des renseignements par radio. Les postes de PAPA avaient leurs

2 chefs de postes. Il y avait lieu de dire que le chef du poste de "papa 9"

3 était, par la même occasion, le chef du poste "LIMA 9".

4 Or, lorsqu'il a fallu rédiger un rapport de jour, c'est lui qui devait

5 s'en charger. C'est tous les jours vers 16 heures 30 qu'il devait le faire

6 de la même façon que nous. Le tout devant être acheminé à l'intention du

7 commandement -pour parler de moi-même, de notre équipe, il s'agissait

8 évidemment de Sarajevo-, mais il n'y avait pas de chevauchement, de double

9 emploi entre LIMA et PAPA. Nous avons pu nous réunir en privé, mais pas en

10 tant que fonctionnaires, de sorte à ce que les parties en présence

11 puissent toujours avoir de la confiance en UNMOs qui se trouvaient de leur

12 côté respectif.

13 Question: Merci, Monsieur Hamill. Ce qui nous intéresse est comme suit:

14 vous nous avez dit qu'une fois reçu un rapport, que vous n'avez eu qu'à

15 peaufiner. Quel était le destin de ce rapport? Où aboutissait-il?

16 Réponse: Le rapport était envoyé directement au commandement, aux

17 quartiers généraux de l'UNMO de Sarajevo. Et c'est depuis le poste de

18 l'UNMO de Sarajevo que les rapports partaient pour Sarajevo -secteur

19 Sarajevo- où le rapport a été exploité et, ensuite, le secteur de Sarajevo

20 avait son quartier général dans le bâtiment principal des services de PTT.

21 Ensuite, il y avait certains numéros de bataillon, à cette époque-là, il y

22 en avait trois: un Egyptien, un Français et un UNMO. Ensuite le rapport

23 devait être envoyé au quartier général de l'UNMO, à la Forpronu, qui se

24 trouvait à Ilica en Croatie, Zagreb.

25 C'est ainsi que, secteur par secteur, nous avons d'abord eu à traiter

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1 Kiseljak au quartier général de la Forpronu pour traiter de la situation

2 de la Bosnie-Herzégovine, les autres étant acheminés vers Zagreb. C'est

3 ainsi qu'une partie de notre rapport ainsi envoyé n'était qu'une partie du

4 rapport des gens de Zagreb.

5 Question: Merci Monsieur Hamill. Pouvez-vous nous dire si, lorsque vous

6 avez pu recevoir des protestations de la part de PAPA, au sujet des

7 activités de l'armée de Republika Srpska, avez-vous reçu toutes ces

8 protestations par écrit? Et si oui, à qui les avez-vous acheminées

9 lorsqu'il s'agissait de parler du quartier général du Corps d'armée de

10 Sarajevo et de Romanija?

11 Réponse: Si nous obtenions des protestations, ce n'était pas vraiment des

12 protestations, mais plutôt des demandes, des demandes que nous avons

13 obtenues du côté PAPA, afin de faire valoir nos bons offices auprès du

14 Corps de Romanija de Sarajevo, afin que s'interrompent les incidents de

15 tirs ou de pilonnages.

16 Donc nous traversions le hall, il y avait à peu près 5 mètres qui nous

17 séparaient, et nous demandions à la personne de permanence de faction de

18 demander à la brigade en question d'arrêter les pilonnages.

19 Ceci s'est souvent soldé par une action fructueuse, mais cela n'a pas

20 toujours été le cas. On nous a expliqué parfois que ces incidents de tirs

21 ou de pilonnages étaient en fait une réponse suite à une action menée sur

22 les positions de la VRS.

23 A ce moment-là, ils n'étaient pas prêts à arrêter leur action tant que le

24 côté PAPA ne s'était pas lui-même arrêté.

25 Question: Etant donné que vous venez de nous parler des activités de

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1 tireurs embusqués, le conseil de la défense aimerait savoir si, vous, tout

2 en tant qu'expert militaire, pouviez par exemple accepter de dire qu'on

3 dise qu'il s'agit d'ouvrir toujours du feu d'une arme d'infanterie

4 quelconque et pas uniquement moyennant les fusils à lunette.

5 Je suppose que vous n'êtes pas sans savoir évidemment ce que veut dire un

6 fusil à lunette, un sniper?

7 Réponse: Un fusil à lunette normalement, dans le jargon militaire, ou la

8 personne qui tient ce fusil est une personne qui cible à longue distance,

9 à longue portée, tel ou tel individu pour l'abattre.

10 En règle générale, cette personne se sert d'un fusil à lunette

11 télescopique. En général, un tireur embusqué agit seul d'une position

12 dissimulée et opère dans une certaine mesure en dehors d'un environnement

13 militaire régulier, dans la mesure où il ne fait pas partie d'une unité

14 régulière, en règle générale. Il agit en tant qu'individu isolé.

15 Question: Donc d'après vous, agir, ouvrir le feu avec les armes

16 d'infanterie, pour vous, serait également une activité de tireurs

17 embusqués, de snipers. Est-ce que vous acceptez une idée pareille?

18 Réponse: Un tireur embusqué cherche à tuer, à abattre une personne en

19 particulier plutôt que simplement le fait de se servir d'une arme légère

20 au cours d'une attaque. C'est un acte ciblé spécifique où l'on utilise le

21 moins de munitions possible pour accomplir sa mission; la mission étant de

22 tuer une personne précise qui a été visée par le tireur embusqué.

23 Question: Donc d'après vous, ouvrir le feu avec les armes différentes,

24 ceci ne signifie pas que cela égale un feu tiré par un tireur embusqué?

25 Réponse: Non, d'habitude pas.

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1 Question: Merci. Au cours de ce temps que vous avez passé à Lukavica,

2 pouvez-vous nous dire si vous avez enquêté au sujet des cas d'incendies

3 après tirs de tireurs embusqués? Pour être plus concrète, essayez de nous

4 dire quel était le procédé emprunté par vous lorsque vous avez, par

5 exemple, été informé qu'une personne a été touchée par un tir de tireurs

6 embusqués?

7 Réponse: On ne pouvait rien faire pour la personne concernée, c'est

8 manifeste. Pourtant, ce que nous avons fait, c'est nous rendre à Grbavica

9 et arpenter en voiture les rues de Grbavica, à l'écoute d'éventuels

10 tireurs embusqués. De cette façon, nous pouvions faire un rapport par le

11 biais du quartier général au côté PAPA qu'il y avait des activités de

12 tireurs embusqués. Nous leur demandions d'intervenir auprès des forces du

13 gouvernement pour que s'interrompent ces activités de tireurs embusqués.

14 Nous n'aidions, dès lors, pas la personne qui avait été abattue car, pour

15 elle, c'était trop tard, mais nous essayions de prévenir, d'empêcher

16 d'autres actes par lesquels des personnes seraient tuées. Nous faisions

17 des patrouilles qui parcouraient les rues et dès qu'on entendait des tirs

18 isolés, on faisait un rapport.

19 En effet, il faut vous souvenir de ceci. Un tireur embusqué tire le moins

20 possible, le moins de balles possible. Il veut tuer au premier coup.

21 Pourquoi? Parce que s'il tire plus qu'une seule fois, cela veut dire qu'il

22 y a un risque qu'il dévoile quelle est sa position et la quintessence de

23 cette activité est de tirer à partir d'une position dissimulée où il ne

24 sera pas vu et où il pourra continuer ce travail tout à fait mortel qui

25 est le sien. C'est une activité intermittente, cela ne se fait pas à coups

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1 répétés.

2 Question: Pour parler toujours de cette période-là, pendant que vous étiez

3 en poste là-bas, combien de protestations avez-vous fait parvenir par des

4 officiers de liaison et au sujet de quels incidents? Concrètement, je me

5 réfère à des protestations dont vous avez été saisi par la PAPA.

6 Réponse: Je ne pourrai pas être précis sur ce point. Chaque fois que nous

7 avons reçu un rapport du côté PAPA, ce qui s'est produit assez

8 régulièrement comme quoi il y avait des tirs ou pilonnages à tel ou tel

9 endroit, l'un d'entre nous se rendait sur place –c'était moi ou un

10 collègue- pour en discuter avec les officiers de liaison présents, pour

11 parvenir à un cessez-le-feu.

12 Mais maintenant, ici, je ne peux vous dire de façon précise où étaient les

13 incidents ou des dates précises. Mais cela se passait régulièrement.

14 Question: Et ces protestations, une fois que vous les avez reçues,

15 concernent-elles un incident donné concernant un site précis? Ou est-ce

16 que vous en recevez uniquement une information générale?

17 Réponse: Non, ce ne sont pas des informations générales qu'on reçoit,

18 c'est spécifique. On nous dit qu'il y a un pilonnage en cours dans tel ou

19 tel endroit et on nous demandait de faire en sorte qu'il s'arrête. Ou si

20 c'étaient des activités de tireurs isolés, on nous disait: "Ça se passe

21 ici, à tel endroit. Faites en sorte que cela s'arrête". Mais en général,

22 cela concernait des incidents de pilonnage.

23 Question: Pouvez-vous nous dire –toujours, nous parlons de cette période-

24 là pendant que vous étiez en poste-, si vous avez pu être témoin de

25 quelques incidents au sujet desquels vous avez reçu des protestations, où

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1 on vous demandait d'enquêter? Si vous ne pouvez pas nous parler en termes

2 généraux, dites-nous de quels incidents il s'agit. S'agit-il de la période

3 de mai, juin, juillet où il y avait des incidents sur lesquels vous avez

4 dû enquêter tout particulièrement, vous?

5 Réponse: Ce ne sont pas, en tant que telles, des enquêtes que nous avons

6 menées. Ici, nous parlons d'assauts ou d'attaques qui se produisaient dans

7 une zone qui n'était pas surveillée par nous, mais qui étaient surveillées

8 par des observateurs du côté PAPA. Ceux-ci nous faisaient alors rapport du

9 fait qu'il y avait des tirs qui provenaient de notre côté et ils nous

10 demandaient de veiller à ce que ces activités soient interrompues.

11 Nous, nous n'avons pas mené d'enquêtes sur ce qui s'est passé de l'autre

12 côté de la ligne. Moi, je n'ai pas franchi cette ligne; je ne la

13 franchissais pas normalement, si ce n'est pour aller au quartier général.

14 Moi, je restais du côté LIMA, comme le faisaient mes collègues du côté

15 LIMA. C'est uniquement lorsqu'on faisait rapport au quartier général dans

16 le bâtiment des PTT à Novi Grad ou Novo Sarajevo, c'était seulement à ce

17 moment-là que nous franchissions, en règle générale, la ligne.

18 Bien sûr, il y avait des exceptions, mais elles étaient très rares.

19 Question: Pouvez-vous nous confirmer que, dans la région de Dobrinja ou de

20 Alipasino Polje, il y avait un point d'observation de PAPA?

21 Réponse: Il y avait un poste PAPA sur la colline qui surplombait la zone

22 "PAPA 2" ou "5", je ne me rappelle plus exactement. En effet, par

23 convention et aussi par politique, nous, nous n'allions pas dans les

24 postes PAPA. Les deux parties belligérantes auraient plus confiance en

25 nous si nous, nous n'allions pas dans les postes où il y avait des

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1 observateurs qui travaillaient de l'autre côté, pour ainsi dire. Et il

2 faut la confiance pour mener notre tâche à bien.

3 Je ne connaissais pas exactement la maison où était logé ce poste PAPA,

4 mais lorsque j'étais posté à Zagreb comme chef des opérations en second et

5 lorsque je suis retourné à Sarajevo, j'ai été dans un de ces postes PAPA

6 et j'ai noté qu'il y en avait un qui surplombait la zone de Alipasino

7 Polje. Dobrinja, c'était beaucoup plus loin. Il n'y avait rien de

8 particulier à Dobrinja, mais il y avait des patrouilles dans la zone de

9 Dobrinja.

10 Il y a aussi des patrouilles du côté serbe de Dobrinja. C'étaient nos gens

11 qui s'en chargeaient et qui patrouillaient, par exemple, à Nedzarici et

12 Aerodromsko Naselje, la localité près de l'aéroport. Parce qu'il y avait

13 aussi plusieurs contrôles de la VRS.

14 Il s'agissait donc d'opérer à partir d'une base fixe, mais ça, ce n'était

15 pas le poste d'observation en tant que tel. Celui-ci comprenait en fait

16 toute la ville de Sarajevo et ses environs. Les environs, pour nous et la

17 ville, c'était pour les équipes PAPA et ces équipes PAPA pouvaient se

18 trouver n'importe où dans la ville et elles devaient d'ailleurs être

19 réparties sur toute la ville.

20 Question: Merci, Monsieur Hamill. Dans la période de mai à juillet, vous

21 vous trouviez à Lukavica. Hier, vous nous avez relaté cet incident qui

22 s'était produit à Dobrinja, notamment. Vous avez dit, entre autres, qu'en

23 septembre 2001, vous vous êtes rendu une fois de plus dans cette région de

24 Dobrinja. Etant donné qu'à cette époque-là, époque pertinente pour parler

25 de l'incident, à savoir en juillet, 1er juillet 1993, vous étiez, vous,

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1 sur place, pouvez-vous nous dire à quel moment vous avez reçu

2 l'information sur cela? A quel moment vous avez appris que cet incident a

3 eu lieu en 1993, le 1er juillet?

4 Réponse: Je l'ai appris à peu près à l'époque où nous étions conscients

5 qu'il y avait de gros incidents qui se produisaient dans la ville et dans

6 les environs. Parce que, de toute façon, ceci serait apparu dans la presse

7 et il y avait CNN qui donnait beaucoup d"informations.

8 Mais en l'occurrence, ce jour-là, j'ai passé la matinée au quartier

9 général. J'ai passé l'après-midi donc à "LIMA 7", un de nos postes qui se

10 trouvait du côté de Sun bulevar.

11 Je n'ai pas été informé de façon spécifique de cet incident au moment où

12 il est survenu, mais peu de temps après, j'ai obtenu des informations le

13 concernant. Mais disons que je n'ai pas prêté particulièrement attention à

14 l'incident à l'époque, ou du moins je n'ai pas fait un suivi particulier.

15 Question: Pouvez-vous nous dire par qui vous avez été informé de cet

16 incident?

17 Réponse: Je ne pourrai pas vous le dire. C'est un de ces points qu'on

18 mentionne quotidiennement. Rappelez-vous, je vous l'ai expliqué. Nous

19 avions des activités de 7 heures du matin à 23 heures. Nous échangions des

20 informations avec d'autres, avec les quartiers généraux, et c'est sans

21 doute quelqu'un de notre propre quartier général qui m'a relayé cette

22 information à propos de cet incident, mais je ne pourrais pas être plus

23 précis. Il se peut aussi que je l'ai entendu à la BBC World Service.

24 Question: Donc, étant donné la fonction qui était la vôtre et dans le cas

25 de cet incident, ce dont vous dites que vous avez été informé, avez-vous

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1 rédigé un rapport là-dessus?

2 Réponse: Non.

3 Question: Est-ce que vous avez reçu pour consultation, examen, un rapport

4 quelconque là-dessus?

5 Réponse: Non, je vous le rappelle, cela s'est passé du côté PAPA et pas du

6 côté LIMA.

7 Question: Oui, cela je comprends bien. Mais est-ce que vous pouvez nous

8 expliquer un peu la situation, étant donné que cet incident s'était

9 produit non loin de là où se trouvaient vos postes d'observation, comment

10 il se pouvait qu'à l'occasion de cet incident-là, vous n'ayez reçu aucun

11 rapport, non plus qu'une protestation, par exemple?

12 Réponse: L'incident s'est produit du côté PAPA. Il a fait l'objet d'un

13 rapport par le personnel se trouvant de ce côté-là. Cela ne s'est pas

14 passé de mon côté de la ligne, cela veut dire que je n'avais pour

15 obligation, pour responsabilité de faire rapport.

16 On gardait ces deux côtés tout à fait séparés en matière de rapport à

17 faire et de responsabilité. Ce qui s'est passé du côté de la présidence,

18 côté "P", a fait l'objet d'un rapport par les équipes s'y trouvant. Et de

19 notre côté, c'était fait par une des personnes responsables de la zone

20 lima.

21 S'agissant du pilonnage de Dobrinja, là où il y avait un match de football

22 qui se déroulait, il y a eu un pilonnage. Ce matin-là, au quartier général

23 –je le répète-, je travaillais l'après-midi, toujours dans le cadre de mes

24 activités de travail et je me trouvais dans la zone de "LIMA 7", à peu

25 près à quinze kilomètres à l'est de Dobrinja.

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1 Question: Monsieur Hamill, vous venez de confirmer qu'au sujet de

2 l'incident qui a eu lieu le 1er juillet 1993, vous, en tant que chef

3 d'équipe de Lukavica, vous n'aviez reçu aucune protestation après cet

4 incident et que vous n'avez pas, vous non plus, protesté auprès de

5 quiconque par écrit au sujet de l'incident?

6 Réponse: A l'époque, je n'étais pas chef de l'équipe, j'étais l'officier

7 de liaison. Le chef de l'équipe était un capitaine norvégien qui est resté

8 en poste un peu de temps par la suite. J'étais là en qualité d'officier de

9 liaison au quartier de l'UNMO à Lukavica pour l'aider dans son travail et

10 aussi pour me préparer à prendre la relève au moment où il cesserait ses

11 activités.

12 Mais il y avait un autre officier qui était le commandant de l'UNMO.

13 J'étais officier de liaison et pas le commandant.

14 Question: Par conséquent, vous, en tant qu'officier de liaison, vous

15 n'avez jamais reçu de protestations par écrit par qui que ce soit de la

16 part des officiers de liaison et vous ne l'avez pas acheminé non plus

17 quelque part.

18 Réponse: Pour autant que je m'en souvienne, non. Mais vous savez la

19 mémoire, les souvenirs… Je ne peux pas vous dire si cela s'est passé ou

20 pas. Je n'ai pas souvenir du fait que ceci se serait produit.

21 Question: Et par la suite, plus tard, au cours de vos activités au mois de

22 juin, juillet, avez-vous eu l'occasion, en tant qu'officier de liaison, de

23 recevoir, toujours au sujet de cet incident, un rapport quelconque qui

24 aurait pu être rédigé par des observateurs ou peut-être votre collègue

25 pour qui vous dites qu'il était norvégien -peut-être pourriez-vous nous

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1 citer son nom-, a-t-il, lui, reçu quoi que ce soit, un rapport quelconque

2 au sujet de cet incident toujours?

3 Réponse: Eh bien, non. D'après ce que je peux avoir comme souvenir, non.

4 Question: Merci. Monsieur Hamill, au cours de la période pendant laquelle

5 vous vous trouviez en poste, sans me répéter, pour faire quoi, avez-vous,

6 à n'importe quel moment donné, reçu une information? Et avez-vous une

7 connaissance du fait qu'à Dobrinja, au mois de juillet, il y a eu un

8 bombardement où, par exemple les gens qui faisaient la queue pour chercher

9 de l'eau, ont été ciblés?

10 Au sujet de cet incident, vous, en tant qu'officier de liaison vous

11 trouvant dans la région se trouvant sous le contrôle de la Republika

12 Srpska, avez-vous reçu un rapport quelconque là-dessus? Avez-vous entendu

13 parler de cet incident?

14 Réponse: Je ne peux pas vous dire si j'en ai entendu parler à l'époque ou

15 pas, je ne peux plus vous le dire maintenant. Je suppose que j'en ai

16 entendu parler lorsque cela s'est produit, mais c'était un incident parmi

17 beaucoup d'autres. Il y a eu de gros incidents pendant toute la période.

18 Nous avons eu de 1.000 à 3.500 obus qui étaient tirés sur une période de

19 12 heures. Alors, vous voyez, cela reste quelque chose que vous gravez

20 dans votre mémoire, mais s'il y a un seul incident de pilonnage, cela ne

21 reste pas nécessairement dans les souvenirs. Mais, je me souviens tout à

22 fait des moments où il y avait eu 3.600 munitions, obus, tirés vers la

23 ville depuis le nord sur une période de 12 heures.

24 Ce que vous me demandez concerne un incident qui se trouve dans tout un

25 chapelet d'incidents.

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1 Question: Je vous pose la question au sujet de ces deux événements, à

2 savoir entre le 1er juillet et 12 juillet, car nous avons, nous détenons

3 des rapports qui nous ont été communiqués par nos estimés collègues de

4 l'accusation. En effet, le 1er juillet et le 12 juillet, c'était des

5 civils qui ont été ciblés et qui ont péri dans l'incident.

6 Je voulais savoir si dans de tels incidents, à savoir un match de foot

7 bombardé ou une queue où se trouvaient des gens pour chercher de l'eau ont

8 été bombardés, s'agissait-il, cette fois-ci, toujours à la lumière du

9 droit international, que la commission d'observateurs se rende sur place

10 pour confirmer le tout et pour enquêter, pour faire rapport de ce qui

11 s'était passé à Dobrinja ou, comme on le dit prétendument, c'étaient des

12 civils qui ont péri?

13 Réponse: Je ne pense pas qu'une commission conjointe a été créée à

14 l'époque pour enquêter sur ces incidents. La première commission de ce

15 type dont je me souviens de façon précise est celle qui a été mise sur

16 pied après le pilonnage de la place de Markale le 5 février 1994.

17 Question: Donc vous confirmez que vous n'avez pas eu de connaissance

18 concernant les incidents en date du 1er et du 12 juillet respectivement,

19 en lesquelles dates vous avez été officier de liaison permanent. Pour dire

20 que vous n'avez jamais reçu de protestations au sujet de cet incident non

21 plus que vous n'avez pas eu l'occasion, par conséquent, d'acheminer des

22 rapports quelconques à des services supérieurs compétents.

23 Et vous ne saviez pas que des commissions mixtes auraient pu être

24 composées pour enquêter sur ces incidents.

25 Réponse: Je ne confirme pas, pas plus que je ne nie que j'ai reçu des

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1 protestations ou que je les ai acheminées, mais je vous dis que je ne me

2 souviens pas si cela a été le cas pour ces incidents pour ces moment

3 précis. Nous avons reçu de nombreuses protestations que nous avons

4 relayées, transmises. Mais il se peut que les incidents dont vous parlez

5 n'y figuraient pas.

6 Comprenez-le, nous travaillons à la minute. Lorsqu'il y avait rapport d'un

7 incident qui nous parvenait, s'il se passait telle ou telle chose à tel ou

8 tel endroit, aussitôt nous allions au bureau de l'officier de liaison -

9 cela faisait partie de nos activités quotidiennes-, nous les informions et

10 nous leur demandions d'arrêter ou de faire en sorte que les pilonnages

11 s'arrêtent. Ils le faisaient ou pas et on passait à l'incident suivant. Il

12 y a eu très peu d'incidents qui restent de façon particulière.

13 Bien sûr, Markale a été particulier, parce que 3.500 munitions ont été

14 tirées depuis le matin jusqu'à l'après-midi et cela vous reste gravé dans

15 la mémoire ou comme ce qui s'est passé au pilonnage de la caserne de

16 Lukavica. Lorsque vous, vous êtes sous les obus, à ce moment-là, vous vous

17 en souvenez, mais ici il ne s'agissait que d'un incident dans une liste si

18 longue -une véritable litanie d'incidents- où les civils étaient tués dans

19 la ville de Sarajevo.

20 Question: Maintenant vous dites que vous étiez présent au moment où la

21 caserne de Lukavica a été pilonnée. Pouvez-nous dire à partir de quelle

22 position tenues par l'armée de Bosnie-Herzégovine Lukavica a été

23 bombardée?

24 Réponse: Je ne peux pas vous dire quelle était la position de départ car

25 moi, je n'ai vu que les obus. Je pense que cela s'est passé vers le milieu

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1 du mois de juillet. Non, attendez, c'était le 4 juillet… maintenant je

2 m'en souviens bien. Nous avons été pilonnés par des obus de mortiers.

3 Plusieurs obus sont tombés sur une période de quelques heures. Cà c'était

4 un incident. Mais il y a eu quelques uns du même acabit, cela s'est passé

5 de façon irrégulière. Quelques semaines s'écoulaient et quelques obus

6 tombaient sur la caserne.

7 Question: Lorsque vous nous parlez de la caserne Lukavica, dites-nous:

8 hier, vous nous avez expliqué comment et où vous étiez installé en tant

9 qu'observateur, dans quelle partie du bâtiment, et qu'à un étage au-dessus

10 de vous se trouvaient les bureaux de M. le général Galic. Même si vous

11 l'avez dit hier, que vous ne vous êtes jamais rendu dans ces bureaux,

12 pouvez-vous nous dire comment se présente la vue qu'on a sur Dobrinja

13 depuis les positions de Lukavica, notamment étant donné les bureaux où

14 séjournait M. Galic?

15 Pouvez-vous nous confirmer que ses bureaux à lui se trouvaient dans un

16 sens tout à fait opposé par rapport à Dobrinja?

17 Réponse: Non, je ne peux le confirmer mais je peux vous dire ceci: c'est

18 une zone très plate qui sépare la caserne et l'aéroport de Dobrinja. C'est

19 d'ailleurs pour cela qu'on a installé l'aéroport à cet endroit. Mais quant

20 à Dobrinja, il y a beaucoup d'immeubles assez hauts, et si on se trouvait

21 du côté sud de notre bâtiment, on pouvait voir le quartier de Dobrinja qui

22 était encore contrôlé par les Serbes. Je dirai qu'il n'était pas possible

23 de voir très loin dans ce quartier du fait de la présence d'immeubles

24 élevés. On ne voyait que la première rangée de bâtiments, d'immeubles, à

25 une distance d'un kilomètre et demi, deux kilomètres. Mais il n'était pas

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1 possible de voir à travers le quartier de Dobrinja pour cette raison.

2 C'est pareil de l'autre côté. Lorsqu'on regarde Dobrinja vers Lukavica, il

3 y a une colline qui s'arrête à Mojmilo. Et cette colline ne permettait pas

4 de voir ce qu'il y avait comme endroit, comme région, au-delà de la région

5 contrôlée par les Serbes.

6 Question: Monsieur Hamill, hier, vous nous avez parlé entre autres des

7 armements dont a été dotée l'armée de Bosnie-Herzégovine. Etant donné la

8 zone qui se trouvait sous votre contrôle, avez-vous pu connaître les

9 positionnements des canons, des mortiers et des chars de l'armée de

10 Bosnie-Herzégovine?

11 Réponse: D'après nos informations, ces mortiers étaient utilisés de façon

12 classique. On les amenait à un endroit, on les utilisait pendant un

13 certain temps et on les déplaçait. Ce qui veut dire qu'ils restaient

14 constamment cachés à notre vue et ils étaient utilisés avec beaucoup de

15 souplesse.

16 A mon avis, ils ne gardaient pas de positions de mortiers fixes à tel ou

17 tel endroit. Ces forces avaient peu de ressources en matière de puissance

18 de feu. Ils se basaient surtout sur l'infanterie. C'était l'inverse pour

19 la VRS. Donc il fallait qu'ils s'occupent bien, qu'ils gèrent bien leurs

20 ressources; ils ne pouvaient pas laisser leur équipement à un endroit où

21 ils auraient pu être la cible des canons.

22 Question: Avez-vous eu des connaissances, toujours parlant de la zone de

23 responsabilité qui était la vôtre, quel était l'armement dont fut dotée

24 l'armée de Bosnie-Herzégovine en direction de Igman et est-ce que vous

25 avez pu savoir que, à Igman, il y a eu également un point d'observation

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1 installé?

2 Réponse: Mais le point d'observation de qui?

3 Question: Je me référais au poste d'observation de PAPA.

4 Réponse: Pas avant la capture du mont Igman, à ma connaissance. Je pense

5 que l'équipe mise en place fin juillet, elle n'y était pas en mai ni en

6 juin. Ce n'est qu'au mois de décembre que j'ai effectué une visite là. Les

7 armes qu'avaient l'armée de Bosnie-Herzégovine incluaient des mortiers,

8 c'est certain, puisqu'ils s'en servaient pour pilonner Vojkovici.

9 Question: Etant donné que vous venez de clarifier la façon dont l'armée de

10 Bosnie-Herzégovine utilisait ses mortiers, pouvez-vous nous dire à partir

11 de quelle position, surtout l'armée de Bosnie-Herzégovine les utilisait?

12 Réponse: Je crois comprendre qu'ils s'en sont servis à partir de plusieurs

13 positions, notamment aussi juste à l'extérieur du quartier général des

14 Nations Unies à Sarajevo et aussi sur le périmètre de l'hôpital Kosevo.

15 Question: Hier, vous nous avez dit, entre autres, que vous vous étiez mis

16 à dénombrer les obus qui, à un moment donné, tombaient sur la ville et

17 depuis différents sites. Lors de vos observations, vous êtes-vous servis

18 de radars, qui est un instrument permettant de suivre la trajectoire, le

19 vol du projectile et de déterminer éventuellement sa provenance?

20 Réponse: Non, parce qu'on n'avait pas de radars. Ils sont utiles pour des

21 projectiles qui se déplacent lentement, par exemple pour les mortiers,

22 mais ce n'est pas utile pour des armes d'artillerie.

23 Si on entendait des tirs sur la gauche, en fait, il y avait des explosions

24 à droite, cela veut dire que le projectile venait de la gauche. A gauche,

25 c'était la zone de Kosevo ou des Brigades de Kosevo et de Vojkovici, et à

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1 droite, c'était la ville. Et pratiquement de façon simultanée, on nous

2 annonçait qu'il y avait un pilonnage dirigé vers la ville. Donc tout cela

3 était parfaitement clair. Il n'était pas nécessaire d'utiliser des radars.

4 Question: Puisque déjà hier vous nous avez parlé de la détonation, du

5 fracas lorsqu'un obus a été tiré, pouvez-vous nous dire concrètement à

6 quelle distance -à une distance d'un kilomètre ou de deux- on peut

7 entendre, par exemple, le fracas d'un obus tiré d'un mortier?

8 Réponse: On l'entend de très, très loin. Cela dépend des conditions, de la

9 taille de l'arme, du type de terrain que parcourt ce projectile. On peut

10 l'entendre de très, très loin. On parle là de plusieurs kilomètres, en

11 tout cas au moins cinq kilomètres de distance, quand les conditions sont

12 idéales.

13 Mme Pilipovic (interprétation): Est-ce que, par conséquent, vous pouvez

14 nous répondre en disant qu'un homme, un commun des mortels, peut savoir

15 faire distinction de différents sons et fracas?

16 M. Stamp (interprétation): Permettez-moi d'intervenir.

17 M. le Président (interprétation): Oui.

18 M. Stamp (interprétation): J'aimerais faire une correction par rapport à

19 la dernière réponse. Moi, je crois avoir entendu le témoin dire qu'on

20 pouvait l'entendre d'une distance considérable. Je pense que c'est comme

21 ça qu'il avait commencé son intervention. Ce que j'ai ici à l'écran, c'est

22 que ça peut être tiré d'une distance considérable. Je ne pense pas que

23 c'est ce que le témoin a dit, vu le contexte dressé par la question posée.

24 La question était celle-ci: est-ce qu'il est possible d'entendre le bruit

25 provoqué par un obus de mortier? Depuis quelle distance?

Page 6172

1 Je pense que le témoin a dit: "On peut l'entendre, ce bruit, de très

2 loin". Donc je pense qu'il faut corriger le compte rendu d'audience sur ce

3 point.

4 M. le Président (interprétation): Oui, peut-être demandons-nous d'abord un

5 éclaircissement.

6 Monsieur Hamill, la question était celle-ci: à partir de quelle distance

7 ou jusqu'à quelle distance pouvait-on entendre le bruit d'un obus?

8 Et dans le compte rendu d'audience, on dit que cela peut être tiré.

9 Monsieur Stamp demande une correction puisque vous auriez dit: "Cela peut

10 être entendu". Est-ce que vous pouvez confirmer ce que dit M. Stamp?

11 M. Hamill (interprétation): Je crois avoir dit "entendu", "cela peut être

12 entendu depuis très loin".

13 M. le Président (interprétation): Ce qui est logique vu le reste de votre

14 réponse.

15 M. Hamill (interprétation): Oui.

16 M. le Président (interprétation): Il faudra donc apporter une correction

17 au compte rendu d'audience.

18 Poursuivez, Maître Pilipovic.

19 Mme Pilipovic (interprétation): Merci, Monsieur le Président, Messieurs

20 les Juges.

21 Monsieur Hamill, pouvez-vous nous dire si ce son d'un obus tiré peut être

22 entendu et reconnu et bien distingué par un homme commun?

23 M. Stamp (interprétation): Qu'est-ce qu'un homme ordinaire?

24 M. le Président (interprétation): Je comprends que la question… il s'agit

25 de quelqu'un qui n'a pas une formation militaire. Est-ce que c'est cela

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1 que vous vouliez dire?

2 Mme Pilipovic (interprétation): Oui, Monsieur le Président. Une personne

3 qui n'est pas un professionnel, qui n'est pas initiée en la matière, peut-

4 elle faire la distinction d'un tir d'obus ou des autres tirs?

5 M. Hamill (interprétation): Il n'y a absolument aucune façon de faire la

6 différence pour ce qui est d'une oreille non exercée entre un type

7 d'explosion et un autre.

8 Question: Lorsque vous nous avez parlé de cet incident de Dobrinja, vous

9 dites que vous vous êtes rendu à Dobrinja et que M. Ismet Fazlic a pu

10 identifier deux cratères en l'en 2001. Pouvez-vous nous dire quelles

11 étaient les conclusions que vous avez pu retenir après l'examen de ces

12 deux cratères? Vous avez dit qu'il y a eu, évidemment, des traces des

13 ailettes caractéristiques pour les obus de canons ou d'obusiers. Est-ce

14 exact?

15 Est-ce que vous avez eu des connaissances quelconques, est-ce que vous

16 avez été informé par quiconque que ces projectiles avaient été identifiés

17 in situ? Et si oui, à cette occasion-là, à l'occasion de cet incident, a-

18 t-on retrouvé les restes, les débris des parties de projectiles? Est-ce

19 que vous en avez informé ensuite?

20 Réponse: Je n'en ai pas été informé, je n'ai pas été informé en ce sens.

21 Question: Vous nous avez dit que vous avez conclu qu'il s'agissait d'un

22 projectile de 120. Est-ce que vous pouvez nous dire sur la base de quoi

23 vous avez pu tirer une telle conclusion?

24 Réponse: J'ai dit que c'était un projectile d'obusier de… millimètre et je

25 me suis basé sur le cratère qui était tout petit, peu profond. Donc ce

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1 n'était pas une explosion puissante. Par exemple, une bombe de mortier

2 aurait fait une trace beaucoup plus grande parce qu'elle contient

3 davantage d'explosif. Donc il m'a semblé qu'il s'agissait d'une arme

4 relativement légère, mais de projectiles explosibles et, à en juger par

5 les ailettes, il m'a semblé qu'il s'agissait d'un canon.

6 Lorsque j'ai regardé du secteur d'où cela venait, en regardant sur la

7 carte, j'ai vu un site où je savais que, ce jour-là, il y avait une

8 batterie de canons de 122 millimètres in situ. Et mon hypothèse était que

9 c'étaient les canons qui avaient tiré ces coups. Les traces étaient

10 cohérentes avec un canon de tel calibre. Il était donc logique de supposer

11 que c'étaient bien les canons qui avaient tiré ces coups et qu'aucun autre

12 canon n'était entré dans le secteur pour tirer contre cet objectif, à ce

13 moment-là, à cette heure-là.

14 Question: Est-ce que vous pouvez nous dire également grâce à quoi ou,

15 autrement dit, qu'avez-vous utilisé pour savoir que, notamment, ces obus

16 ont été tirés depuis les positions "LIMA 5"?

17 Réponse: Le fait que les coups soient venus de cette direction ont fait

18 que j'ai suivi… j'ai reconstitué l'azimut d'où venaient ces coups et ceci

19 était plus ou moins dans le secteur de Toplik, de plus ou moins 5 degrés.

20 Et sur cette base, sur la base de ma connaissance du secteur à l'époque et

21 des armes qui s'y trouvaient, j'ai donc formé cette conclusion qu'il

22 s'agissait d'une ou plusieurs pièces de cette batterie qui avaient tiré

23 ces coups. Ces coups venaient certainement de cette direction et les seuls

24 canons qui se trouvaient dans cette direction et appartenaient à la VRS,

25 les seuls dont j'avais personnellement connaissance qui convenaient à

Page 6175

1 cette description se trouvaient dans la zone que j'ai définie hier de

2 Toplik.

3 Question: Du fait que vous nous dites que c'était depuis la région de

4 Toplik et que c'était la région où se trouvaient vos observateurs à vous,

5 ces derniers vous ont-il informé du fait que, dans cette période-là,

6 notamment le 1er juin, ils ont pu savoir que l'on s'activait moyennant des

7 mortiers ou des obusiers depuis la position de "LIMA 5".

8 Est-ce que, dans vos archives, vous disposez toujours de documents dans

9 lesquels vos collaborateurs vous informaient que c'est à partir de ce

10 site-là que, ce jour-là notamment, en cette date, on s'activait depuis ce

11 site-là avec des canons?

12 Réponse: Dans mes archives personnelles, non. Mais si des canons ont tiré

13 ce jour-là de cette position, il y aura quelque chose d'enregistré dans

14 les documents officiels de la Forpronu auxquels je suis sûr que le

15 Tribunal peut avoir accès, parce que l'on aurait rendu compte de cela sous

16 le "shootrep" dans le secteur "LIMA "5. L'équipe qui s'y trouvait aurait

17 noté l'heure exacte où le tir aurait eu lieu, combien de coups auraient

18 été tirés et dans quelle direction générale.

19 Donc, bien que je n'aie pas accès moi-même à ces rapports, je suis certain

20 que quelqu'un les a et peut les produire.

21 Question: En septembre, avez-vous été informé que les services compétents

22 de l'autorité bosnienne avait procédé à des enquêtes au sujet de cet

23 incident-là?

24 Réponse: Autant que je sache, je faisais une enquête indépendamment de

25 toute enquête. Je n'étais pas intéressé à ce que d'autres autorités

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1 avaient fait. Je faisais purement une analyse technique moi même, sans me

2 référer aux renseignements d'autres personnes qu'ils soient exacts ou non.

3 Question: Pour parler toujours de cette période-là, lorsque votre poste

4 d'observation se trouvait à Toplik, étant donné le lieu de l'incident,

5 pouvez-vous nous dire où se trouvait la ligne de conflit, la ligne de

6 front qui séparait les deux parties belligérantes dans cette région-là?

7 Réponse: La ligne de front dans cette zone allait, d'une façon générale, à

8 la base de la colline de Mojmilo suivant le front de Lukavica jusqu'à

9 Dobrinja où les immeubles les plus à l'est se trouvaient en dehors de la

10 zone de confrontation, et le reste du faubourg se trouvait de l'autre côté

11 de la ligne de confrontation.

12 La ligne continuait sur le bord de l'aéroport qui était contrôlé par un

13 bataillon français à l'époque.

14 Mais à une extrémité orientale, vous aviez une position de char de la VRS

15 près du restaurant de Kula et de là, ensuite, la ligne suivait le méandre

16 vers Butmir et continuait vers Hrasnica dans une direction nord.

17 La ligne de front traversait Mojmilo et descendait vers Hrasno, vers le

18 stade, suivait la rivière Miljacka à une distance assez importante et

19 remontait de sorte que le faubourg de Grbavica était à la VRS, sous le

20 contrôle de la VRS, tandis que le reste ne l'était pas.

21 Elle suivait le cimetière juif et le long de la base de la colline de

22 Zlatiste et s'incurvait. Sur le côté nord, elle était très, très

23 indéterminée. A mon avis, il n'y avait pas de ligne de front en soi à cet

24 endroit, entre la partie orientale de la ville et les parties contrôlées

25 par la VRS. C'était, d'une façon générale, un no man's land.

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1 Question: Etant donné que nous sommes en train de parler de Dobrinja et

2 que vous nous dites que vous avez pu constater que c'est en direction de

3 Dobrinja que l'on opérait depuis Toplik, et lorsqu'il s'agit de parler

4 évidemment de canons et d'obusiers, voyons maintenant comme suit: hier,

5 pour parler des expériences qui étaient les vôtres au sujet des tirs

6 d'obus de bombardements opérés par les Serbes, vos expériences vous

7 disaient donc que toutes les fois où des tirs devaient être exécutés, des

8 membres des équipes d'observateurs avaient été invités.

9 Comment expliquez-vous que, dans cette région-là, on pouvait opérer avec

10 les canons et les obusiers, dans une région où se trouvait votre point

11 d'observation à vous?

12 Réponse: Je ne veux pas dire que les tirs n'étaient pas observés par des

13 observateurs militaires. Si on tirait de cette position ce jour-là, et

14 s'il y avait des canons in situ, ils en étaient certainement conscients

15 parce que nous étions très proches des installations de l'UNMO. De même,

16 comme je l'ai dit hier, le commandant de la batterie viendrait normalement

17 jusqu'à la porte et dire: "Nous allons bientôt tirer. L'objectif est celui

18 à tel endroit. Voulez-vous venir voir?"

19 Les observateurs qui se trouvaient dans le secteur "LIMA 5" allaient voir

20 et examiner le site, regarderaient les affûts des canons et les différents

21 instruments et verraient dans quelle direction ils tiraient. Je ne dis pas

22 que ceci ne se soit pas produit ce jour-là. C'est très possible que cela

23 ait eu lieu. Je ne suis pas conscient que cela ait eu lieu, mais je ne dis

24 pas que cela n'a pas eu lieu.

25 Question: Monsieur Hamill, avant de venir en poste à Lukavica, avant votre

Page 6178

1 arrivée là-bas, y a-t-il eu quelqu'un qui, au nom de l'ONU, avait pu

2 remplir la fonction qui était la vôtre? Si oui, qui c'était?

3 Réponse: Non, il y avait une équipe in situ avec un capitaine norvégien et

4 un commandant russe. Je suis venu les rejoindre comme membre

5 supplémentaire et j'ai pris les fonctions d'adjoint et j'ai, ensuite, été

6 formé pour être commandant de la zone.

7 Mais la Forpronu, les autorités, ont reconnu mes compétences, mais il n'y

8 avait eu personne comme officier de liaison. Il y avait deux officiers qui

9 vivaient et travaillaient dans les mêmes bureaux pour une période assez

10 longue, mais je crois -bien que je n'en suis pas sûr- qu'il y a eu

11 constamment quelqu'un qui était basé au quartier général du Corps Romanija

12 de Sarajevo depuis le début probablement, certainement pendant très

13 longtemps avant ma venue.

14 Question: Au cours du travail que vous avez eu à faire en commun, avez-

15 vous reçu des informations de la part de ces gens-là suivant lesquelles on

16 aurait dû savoir qu'avant votre arrivée là-bas il y avait des activités

17 visant des convois d'aide humanitaire en direction de Hrasnica, de

18 Dobrinja et que, dans le cadre de ce convoi, il y avait des civils qui ont

19 été touchés, alors que les opérations avaient pour provenance Vosgoca et

20 Hrasnica? Avez-vous été informé là-dessus, par exemple, avant d'être venu

21 là-bas, que dans cette région qui se trouvait sous le contrôle de l'armée

22 de Bosnie-Herzégovine, il y avait des activités qui ciblaient les convois

23 humanitaires?

24 Réponse: Vous avez mentionné ici deux secteurs: Vosgoca et Hrasnica. A

25 l'époque, Vosgoca était sous le contrôle de l'armée et Hrasnica sous le

Page 6179

1 contrôle de l'Armija.

2 Question: (Interprétation hors micro.)

3 Réponse: Oui, j'ai entendu parler d'un incident, mais je n'ai pas de

4 connaissance personnelle à ce sujet. On me l'a mentionné comme faisant

5 partie des premières informations que j'ai reçues, que des incidents de ce

6 genre se produisaient.

7 Question: Et avez-vous appris par exemple que de la région, de

8 l'agglomération où se trouvait l'aéroport Aerodrom, qui se trouvait sous

9 le contrôle de l'armée de Bosnie-Herzégovine, là où il y avait l'entrée du

10 tunnel, avez-vous eu connaissance du fait que, dans cette région, des

11 civils avaient été ciblés et touchés lorsque, par exemple, ils devaient se

12 mettre à passer les barrages de l'aéroport, à les traverser?

13 Réponse: Je comprends qu'il y a eu des victimes civiles, mais je sais

14 aussi, d'après mes propres observations, que les civils traversaient la

15 piste de l'aéroport, pas seulement par le tunnel mais également à

16 découvert la nuit, la nuit essentiellement, et qu'ils étaient pris pour

17 cible. Je ne pourrais pas dire -parce que la distance était très

18 importante entre la pièce où je me trouvais- si les gens étaient touchés

19 ou non, mais on pouvait voir des figures qui traversaient.

20 Question: Monsieur Hamill, pour en finir avec cette carte que l'on vous a

21 présentée pour examen, est-ce que vous pouvez nous indiquer où se

22 trouvait, par rapport à Vogosca, votre point d'observation à vous? Et

23 c'est ainsi que sur la carte, nous pouvons peut-être marquer en la cernant

24 la zone couverte par l'observation de l'équipe LIMA.

25 (Intervention de l'huissier.)

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1 Réponse: Il y avait un certain nombre d'emplacements utilisés par les

2 observateurs militaires et celle où je me suis rendu au début de juillet

3 était Blazul qui se trouve là où les routes entre Kiseljak et Mostar

4 s'écartent l'une de l'autre. Je vais marquer approximativement la zone.

5 C'était la zone que nous connaissions sous le nom de "LIMA 2".

6 Question: Monsieur Hamill, une seconde, s'il vous plaît, pour que l'on

7 constate dans le compte rendu d'audience qu'en marquant "L2", je ne vois

8 pas très bien ce que vous avez voulu marquer car nous avons voulu savoir

9 très exactement ce que supposait la région de Blazuj. Pouvez-vous mettre

10 la lettre "L2" pour dire que c'était Blazuj?

11 Réponse: Certainement.

12 Question: Pour le compte rendu d'audience, parlant de "LIMA 2", M. Hamill

13 a inscrit "Blazuj" où se trouvait le poste d'observation "LIMA 2".

14 Monsieur Hamill, pour parler toujours de cette région, pouvez-vous nous

15 dire où couraient les lignes de front qui séparaient les deux parties

16 belligérantes par rapport à Blazuj?

17 Réponse: S'agissant de Blazuj, c'était entre deux lignes de confrontation.

18 Les Brigades Igman et Ilidza étaient les deux brigades surveillées par

19 "LIMA 2" et en fait, elles opéraient jusqu'à la base du mont Igman, Ilidza

20 à l'Est et la brigade Igman à l'Ouest.

21 La brigade Igman opérait à partir d'une place dans le village de Blazuj

22 elle-même et Ilidza opérait à partir d'un hôtel qui n'était pas très loin

23 de là. Donc, il y a avait deux brigades dans ce secteur.

24 Vers l'Est, nous avions aussi un autre poste d'observation que l'on

25 appelait "LIMA 3".

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1 Question: Plus tard, je vous demanderai d'inscrire également, de localiser

2 "LIMA 3" dans la région de Rajlovac.

3 Mais, pour parler de la période pendant laquelle vous vous trouviez à

4 votre poste de travail, est-ce que vous pouvez nous dire si, dans la

5 région de Ilidza ou de Blazuj, vous avez eu connaissance de bombardements

6 quelconques de la ville de Sarajevo depuis les positions tenues par

7 l'armée de Bosnie-Herzégovine, notamment depuis les positions d'Igman?

8 Réponse: Il y avait des tirs d'obus dans cette zone, oui.

9 Question: Il y a eu également des activités depuis les positions tenues

10 par l'armée de Bosnie-Herzégovine en direction de la partie de la région

11 se trouvant sous le contrôle de l'armée de Republika Srpska. Est-ce qu'il

12 y a eu des activités de tireurs embusqués et de l'infanterie d'une manière

13 générale? Est-ce que vous détenez de telles connaissances?

14 Réponse: Ce qui s'est passé dans ce secteur pendant la période où je m'y

15 trouvais, il y a eu une attaque particulièrement importante qui nous a

16 semblé -et je dois souligner que cela nous a semblé avoir été à

17 l'initiative de l'Armija- et il y a eu une riposte des deux brigades dont

18 j'ai donné le nom: la Brigade Ilidza et la Brigade Igman.

19 Le colonel Cojic, commandant de la Brigade d'Igman, a réussi avec succès à

20 prendre la cime de l'Igman et effectivement a capturé l'Igman sur

21 l'Armija. Comme je vous l'ai dit, il nous a semblé à l'époque que

22 l'activité avait été à l'initiative de l'armée de Bosnie-Herzégovine

23 plutôt que de la VRS. Et c'est la VRS qui a ensuite pris l'avantage dans

24 la situation et qui a réussi à prendre le mont Igman. Cela aurait été la

25 situation à la mi-juillet.

Page 6182

1 Question: Merci, Monsieur Hamill. Est-ce que, sur cette carte-là, vous

2 pouvez nous marquer la région pour laquelle vous avez dit qu'elle se

3 trouvait sous l'observation de "LIMA 3", et notamment la région de

4 Rajlovac?

5 (Le témoin s'exécute.)

6 Réponse: Je ne peux pas être très précis sur ceci. Voilà la zone de

7 Rajlovac et l'équipe se trouvait sur une colline qui surplombait à peu

8 près là. Là encore, je ne peux pas être très précis pour ce qui concerne

9 cet incident particulier.

10 Question: Monsieur Hamill, juste pour le compte rendu d'audience, disons

11 que par "L3", vous venez de marquer le point d'observation "LIMA 3", au-

12 dessus de laquelle annotation vous avez apposé la lettre "R", précisant

13 qu'il s'agissait de la région de Rajlovac.

14 Parlant toujours de la période pendant laquelle vous étiez en poste,

15 pouvez-vous nous dire si, depuis les positions de l'armée de Bosnie-

16 Herzégovine, on opérait en direction de Rajlovac? Et si oui, pouvez-vous

17 nous dire quelles étaient les positions tenues par l'armée de Bosnie-

18 Herzégovine par rapport et en direction de Rajlovac?

19 Réponse: En ce qui concerne Rajlovac, l'armée de Bosnie-Herzégovine se

20 trouvait sur cette élévation surplombant Rajlovac et la ligne de front se

21 serait trouvée dans ce secteur. Mais cela n'est qu'une indication très

22 grossière.

23 Question: Pouvez-vous nous dire si, toujours dans cette même période,

24 pendant que vous y étiez, vous avez eu connaissance du fait que des

25 combats y furent menés? Et si oui, est-ce qu'il y a eu des activités

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1 menées vraiment par les deux armées? Et si oui, à quelle fréquence? En

2 avez-vous reçu des rapports quelconques?

3 Réponse: Oui, c'était une zone où il y avait beaucoup d'activités. Il y

4 avait constamment des activités de guerre dans ce secteur, des attaques

5 d'infanterie de l'Armija contre les positions de la VRS pour tenter de

6 percer et de desserrer l'étau qu'avait la VRS sur Sarajevo. C'était une

7 zone de combats très actifs.

8 Question: Avez-vous pu recueillir, toujours parlant de cette région-là,

9 des connaissances, notamment lorsque vous avez parlé d'un monticule ou

10 lorsque vous avez mis un carré et dans le carré "BH", est-ce que, pour

11 parler de Brijesce Brdo, vous pouvez nous dire quelle était l'armée qui

12 avait tenu ces positions-là?

13 Réponse: C'est certainement Brijesce Brdo, mais je ne sais pas qui le

14 tenait du côté de l'Armija

15 Question: Monsieur Hamill, sur cette carte-là, est-ce que vous venez

16 d'indiquer, de localiser toutes les positions LIMA pour marquer la région

17 de la ville, la partie de la ville qui se trouvait sous le contrôle de

18 l'armée de la Republika Srpska?

19 Réponse: Non, je ne l'ai pas indiqué. Il y en a davantage. "LIMA 11",

20 "LIMA 1 1", était constamment en contact avec la Brigade de Vogosca et

21 était basée dans une maison qui surplombait la zone de Vogosca.

22 Question: Précision pour le compte rendu d'audience que, parlant de "LIMA

23 11", M. Hamill vient de marquer, de localiser le site où se trouvait le

24 poste d'observation ainsi que la région de Vogosca au sein de laquelle se

25 trouvait ce poste d'observation.

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1 Monsieur Hamill, parlant toujours de la région de Vogosca, s'agit-il de

2 dire que cette partie, ce quartier de la ville de Sarajevo a été exposé à

3 des activités de combat de l'armée de Bosnie-Herzégovine depuis Hotonj,

4 Zuc et Orlic? S'agit-il de dire que c'étaient les lignes de front où les

5 fusillades et les escarmouches étaient fréquents?

6 Réponse: Oui, c'étaient des échanges de feu et des conflits très fréquents

7 car l'Armija tenait des positions qui surplombaient Vogosca et on pouvait

8 les voir clairement de la position "LIMA 11".

9 Question: Monsieur Hamill, au cours du temps passé à Sarajevo, en poste là

10 où vous étiez, et une fois que nous avons identifié le poste d'observation

11 qui était le vôtre, pouvez-vous nous confirmer que les monts ou les

12 hauteurs tels la colline Mojmilo, la montagne Igman, le mont de Brijesce,

13 Zuc, les élévations telles Hotonj et Orlic se trouvaient, pendant tout le

14 temps du conflit sous le contrôle de l'armée de Bosnie-Herzégovine?

15 Réponse: Je ne sais pas où se trouve le site d'Orlic, mais le reste était

16 certainement sous le contrôle de l'Armija de Bosnie-Herzégovine. Si vous

17 pouvez me dire où est Orlic, je pourrai peut-être vous le confirmer.

18 Question: Orlic se trouvait non loin de la colline Zuc.

19 Réponse: Dans ce cas, oui, affirmatif.

20 Question: Merci, Monsieur Hamill.

21 Réponse: Non, il y avait une autre équipe à l'est de "LIMA 11", dans la

22 zone de Radava qui était en liaison avec la Brigade de Kosevo.

23 (Le témoin déplie la carte.)

24 Je ne crois pas que cela figure sur cette carte, mais je vais indiquer de

25 façon générale où cela se situait.

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1 (Le témoin s'exécute.)

2 Question: Pour le compte rendu d'audience, précisions comme suit: par

3 "L12", M. Hamill vient de marquer le poste d'observation "LIMA 12" qui se

4 trouvait dans la région de Radava.

5 Par rapport à la région de Radava, peut-on dire, Monsieur Hamill -et vous

6 dites que cette région se trouvait sous le contrôle de la Brigade de

7 Kosevo-, à quelle distance se trouvaient éloignées les positions tenues

8 par l'armée de Bosnie-Herzégovine?

9 Réponse: L'armée de Bosnie-Herzégovine était beaucoup plus loin dans cette

10 zone. Nous n'avions pas de bon accès à ce secteur. Il est très difficile

11 de faire que les équipes puissent entrer et sortir. Il y avait beaucoup de

12 soupçons pour ce qui est des chefs de la brigade par rapport à notre

13 équipe. Nous n'avions pas de bonne coopération de cette zone.

14 Question: Lorsque vous dites que les positions de l'armée de Bosnie-

15 Herzégovine, par rapport à votre poste d'observation de Radava, se

16 trouvaient au pied de la colline, s'agissait-il de parler de la région de

17 "Sedam Suma", de Grdonj et de la colline Hum?

18 Réponse: D'après mes souvenirs, la ligne de front passait quelque part

19 dans le secteur de "Sedam Suma".

20 Question: S'agit-il de parler aussi de la région de la colline Grdonj,

21 parce que vous parlez de "Sedam Suma" juste à côté?

22 Réponse: Excusez-moi, mais je ne peux pas le voir sur la carte.

23 Question: Merci quand même, Monsieur Hamill.

24 Réponse: Pourrais-je dire que j'étais dans cette zone seulement une fois,

25 ce qui fait que ma connaissance de ce qui se passait dans ce secteur

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1 serait très limitée. Nous avions de graves problèmes dans ce secteur,

2 comme je l'ai déjà dit, pour ce qui était d'établir une relation et on

3 nous pourchassait, on nous a fait sortir plusieurs fois. Nous avions des

4 restrictions de mouvements qui nous étaient imposées à la fois par la VRS

5 et par les alliés irréguliers, ceux que l'on appelait les "Chetniks". Il

6 était difficile de se rendre compte exactement de ce qui se passait dans

7 ce secteur.

8 Il y avait une autre équipe plus à l'est, dans le secteur de Sombolovac:

9 l'équipe "LIMA 7", beaucoup plus à l'est.

10 Question: Vous ne pouvez pas le voir sur la carte pour le marquer?

11 Réponse: Non. Au cours de ma période, nous avons établi une équipe à

12 Grbavica. Si vous voulez, je peux le marquer sur la carte.

13 Question: Je vous en prie et je vous en remercie.

14 (Le témoin s'exécute.)

15 Réponse: L'équipe était logée dans la position qui figurait sur la carte

16 comme étant "LIMA 6" Grbavica, mais elle opérait exclusivement dans le

17 secteur de Grbavica.

18 Question: Merci, Monsieur Hamill. Le 5 décembre 1993, vous vous trouviez

19 dans l'équipe de Mc Evoy pour faire une visite de Sarajevo, est-ce exact?

20 Réponse: Ce jour-là, j'étais allé à une conférence à Kiseljak et j'ai

21 saisi cette occasion pour observer le côté PAPA de la ville. Et j'ai été

22 conduit par John Mc Evoy qui m'a fait visiter les différentes parties du

23 secteur PAPA, ce qui était très intéressant pour moi, évidemment, puisque

24 c'était pratiquement un nouveau territoire.

25 Question: Vous souvenez-vous qu'à cette occasion vous vous êtes rendu à

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1 l'hôpital de Kosevo et qu'à cette époque M. Mc Evoy vous a montré une aile

2 du bâtiment de l'hôpital où un obus a causé la mort de deux infirmières et

3 d'un médecin? Avez-vous pu voir, vous-même, tous ces endommagements?

4 Réponse: Oui, j'ai pu les voir.

5 Question: Pouvez-vous nous dire, lors de l'inspection des lieux, si on a

6 pu voir des cratères causés par les obus qui ont atterri?

7 Réponse: Il y avait un trou rond très grand, je crois, de la distance où

8 j'étais, d'environ un mètre de diamètre et il était presque parfaitement

9 rond.

10 Question: Toujours parlant de l'inspection des lieux de cette partie du

11 bâtiment de l'hôpital ainsi endommagé par un obus, avez-vous pu retenir

12 une conclusion quelconque, à savoir a-t-il été possible, pour vous, de

13 dire avec précision quelle devait être la provenance de l'obus qui a causé

14 ainsi tous ces dégâts sur l'hôpital?

15 Réponse: Le dommage m'a été montré comme ayant été causé par un obus de

16 mortier, mais lorsque je l'ai examiné -je ne l'ai pas fait de très près-

17 il m'a semblé très clairement que cela avait été causé par une trajectoire

18 plate d'un obus qui serait rentré presque à l'horizontale par rapport au

19 sol et qui a causé une explosion circulaire et non un trou formé, que l'on

20 aurait pu s'attendre si le projectile était tombé à la fin.

21 Donc il me semble qu'il s'agissait d'un projectile à haute vélocité en tir

22 direct tel que ce qui serait utilisé, par exemple, sur un char. J'ai pensé

23 que c'était presque certainement un coup tiré par un char.

24 De ce point de vue, j'ai regardé et n'ai vu aucune position occupée par la

25 VRS qui aurait pu tirer ce coup contre cet immeuble à l'époque.

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1 Question: Vous venez de dire que, lors de l'enquête faite pour examiner ce

2 cratère causé par l'obus dans le mur de l'hôpital, vous n'avez pas pu

3 déterminer si cet obus a pu être tiré depuis la région qui se trouvait

4 sous le contrôle du Corps d'armée de Sarajevo, de Romanija?

5 Réponse: A mon avis, cela n'a pas été tiré de la zone sous le contrôle de

6 Romanija Corps de Sarajevo, mais cela a plutôt été tiré de l'intérieur de

7 la ville.

8 Question: Lorsque vous dites "depuis l'intérieur de la ville", pouvez-vous

9 dire par là, ou le confirmer, que ceci aurait pu être fait moyennant les

10 mortiers ambulants à cette époque-là et utilisés par l'armée de Bosnie-

11 Herzégovine?

12 Réponse: Non, cela ne pouvait pas être un mortier, c'était un tank. Cela

13 ne pouvait être un mortier; il ne semblait pas avoir les caractéristiques

14 auxquelles on peut s'attendre, même d'une explosion sur un mur à partir

15 d'un tir de mortier. Il me semble que c'était un tir direct avec une

16 trajectoire plate, peut-être un canon léger, mais beaucoup plus

17 probablement provenant d'un char.

18 Question: Monsieur Hamill, avez-vous eu connaissance du fait que, non loin

19 de l'hôpital de Kosevo, l'armée de Bosnie-Herzégovine près du tunnel qui

20 se trouvait dans la région de l'hôpital était en possession d'un char?

21 Réponse: Je n'ai pas de connaissance à ce sujet.

22 Question: Par rapport de l'hôpital de Kosevo, saviez-vous où se trouvaient

23 les positions tenues par l'armée de Bosnie-Herzégovine, laquelle armée

24 disposait d'un char? Savez-vous où se trouvaient ces positions?

25 Réponse: Les chars sont extrêmement mobiles et, de par leur nature,

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1 bougent régulièrement. Comme je l'ai dit plus tôt, cela n'aurait pas été

2 une politique d'une organisation ayant peu de ressources d'éparpiller ses

3 ressources en les laissant exposées à des ripostes de batteries qui

4 pourraient les laisser exposées. Donc la question n'est pas pertinente

5 parce qu'un tank, de par sa nature, se déplace.

6 Mme Pilipovic (interprétation): Monsieur Hamill, je vous remercie.

7 Monsieur le Président, Messieurs les Juges, je vois que c'est l'heure de

8 faire une suspension d'audience. J'aurai encore quelques questions

9 relatives à l'incident inspecté par M. Hamill à Markale, mais je crois que

10 le moment est opportun de faire une suspension.

11 M. le Président (interprétation): Oui.

12 Maître Pilipovic, je voudrais vous demander: comme vous avez pu le

13 remarquer, je ne vous ai pas interrompue de façon à vous dire que le

14 contre-interrogatoire a déjà pris plus longtemps que l'interrogatoire

15 principal. Je n'ai pas voulu vous interrompre. De combien de temps auriez-

16 vous encore besoin, en principe?

17 Mme Pilipovic (interprétation): J'ai besoin de dix minutes, Monsieur le

18 Président.

19 M. le Président (interprétation): Et de combien de temps est-ce que Me

20 Piletta-Zanin aurait besoin?

21 Mme Pilipovic (interprétation): Peut-être de moins de dix minutes. Nous

22 ferons de notre mieux pour être efficaces autant que possible.

23 M. le Président (interprétation): Bien, je vais donc suspendre la séance.

24 Nous allons suspendre la séance jusqu'à 11 heures. Ensuite, je pense que

25 le contre-interrogatoire devrait se conclure approximativement en quinze

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1 minutes.

2 (L'audience, suspendue à 10 heures 32, est reprise à 11 heures 05.)

3 M. le Président (interprétation): Maître Pilipovic, poursuivez.

4 Ah oui, Monsieur Stamp?

5 M. Stamp (interprétation): Monsieur le Président -excusez-moi, Monsieur le

6 Président; excusez-moi, Maître Pilipovic-, avant que Me Pilipovic ne

7 recommence son contre-interrogatoire, permettez-moi de saisir l'occasion

8 pour vous annoncer la présence de Mme Mahindaratne -j'espère que je

9 prononce bien son nom-, Prashanthi Mahindaratne qui va rejoindre l'équipe

10 de l'accusation en l'espèce. Je vous remercie, Monsieur le Président.

11 M. le Président (interprétation): Bienvenue. Moi aussi, j'aurai peut-être

12 quelques difficultés à prononcer votre nom, mais j'essaierai faire de mon

13 mieux.

14 Maître Pilipovic, poursuivez, s'il vous plaît.

15 Mme Pilipovic (interprétation): Monsieur Hamill, hier, vous nous avez dit

16 que le 11 février 1994, tôt le matin, vous étiez arrivé à Sarajevo en tant

17 que membre de l'équipe. Pourriez-vous nous dire qui a formé la commission

18 chargée d'enquêter sur les incidents du 5 février 1994?

19 (Le micro du témoin n'est pas allumé.)

20 M. le Président (interprétation): Voilà, c'est fait. C'est vous qui vous

21 êtes arrangé tout seul, Monsieur le Témoin.

22 M. Hamill (interprétation): Permettez-moi de corriger de ce que j'ai dit

23 hier. Après avoir consulté mes notes, j'ai constaté qu'en fait, nous

24 étions arrivés le 10, mais que nous avions commencé à travailler, comme

25 vous l'avez dit, Madame, vers 9 heures le matin du 11. C'est à ce moment-

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1 là que nous avons commencé à travailler.

2 A l'époque, la commission se composait de l'observateur militaire

3 principal, le général Haradus Bastiaans des Pays-Bas qui, au cours de la

4 journée, a été remplacé par le colonel Michel Gauthier qui, par la suite,

5 a signé le rapport. Ce qui veut dire…

6 Mme Pilipovic (interprétation): Excusez-moi, Monsieur Hamill, je vous ai

7 demandé qui avait constitué la commission. Je vous demande le nom de la

8 personne qui a créé cette commission dont vous étiez membre?

9 M. Hamill (interprétation): Si j'ai bien compris, cela a été créé par une

10 directive du représentant spécial du secrétaire général qui agissait par

11 l'intermédiaire du quatrième commandant, du chef de l'observateur

12 militaire principal: le général Haradus Bastiaans.

13 Question: Monsieur Hamill, vous nous avez dit hier que vous n'aviez pas

14 examiné les éclats, car il n'y avait pas de preuves montrant que ces

15 éclats provenaient d'une mine ou d'un obus qui avait effectivement explosé

16 sur la place du marché.

17 Réponse: C'est exact.

18 Question: En analysant les éclats par des moyens physiques ou chimiques,

19 est-ce qu'il aurait pu être établi si ces éclats provenaient d'un seul et

20 même obus?

21 Réponse: Oui.

22 Question: Vous nous avez dit avoir inspecté le cratère provoqué par la

23 chute de l'obus sur la place du marché de Sarajevo le 5 février. Quelle

24 était la profondeur de ce cratère?

25 Réponse: Il n'était pas très profond. Si ma mémoire ne me fait pas défaut,

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1 cela faisait dix centimètres de profondeur. Le tunnel du détonateur était

2 un peu plus long, vingt à trente centimètres, peut-être un peu moins.

3 Question: Monsieur Hamill, est-ce que l'on vous a dit si une partie du

4 détonateur avait été découverte?

5 Réponse: Oui.

6 Question: Est-ce que l'on a trouvé une partie du détonateur?

7 Réponse: Je crois que oui.

8 Question: Pouvez-vous nous dire quelle était la vélocité, la vitesse de

9 cet obus ou ce que cette vitesse aurait dû être pour provoquer le type de

10 cratère que vous avez vu à Markale?

11 Réponse: La vélocité de l'obus n'est pas tellement importante. Lorsque

12 l'on tire un obus de mortier, il y a plusieurs charges additionnelles qui,

13 chacune, vont donner une accélération à la vitesse initiale. Dès lors, en

14 fonction de la charge utilisée pour le tir, cela va déterminer la vitesse

15 de chute. Si la charge est importante, l'obus va s'élever très haut, il va

16 y avoir un apogée du tir importante et il va retomber. Le facteur qui va

17 limiter cette vitesse est la résistance de l'air. La vitesse

18 d'accélération est standard: c'est 9,1 mètre par seconde.

19 Mais, finalement, cette question de la vitesse n'est pas tellement

20 déterminante. Elle peut l'être, mais il n'y a pas de méthode permettant de

21 déterminer depuis quelle hauteur le mortier est tombé. Il n'y a donc pas

22 de méthode permettant de déterminer de façon exacte quelle était la

23 vitesse initiale et, dès lors, quelle était la charge utilisée. C'est

24 impossible à faire.

25 Question: Monsieur Hamill, vous parliez des charges. Est-ce que vous

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1 confirmez vos conclusions, à savoir qu'il est impossible de déterminer la

2 provenance du tir puisque l'on ne sait pas combien de charges

3 supplémentaires ont été utilisées pour ce tir?

4 Réponse: C'est exact ce que vous dites. Comme il est vraiment impossible

5 de déterminer le nombre de charges supplémentaires apportées à la charge

6 initiale, il est, par conséquent, impossible de déterminer de façon

7 valable d'où venait ce tir.

8 Cependant, ce que l'on peut faire est ceci: si on a un bon tunnel de

9 détonateur et si on mesure l'angle d'incidence en consultant un tableau,

10 on peut établir six zones dans le cas d'un obus de ce type qui présentait

11 six possibilités de charges différentes. Si un obus de mortier présentait

12 sept possibilités, donc s'il y avait sept charges supplémentaires, il y

13 aurait sept zones possibles d'où cet obus aurait pu venir, mais tous

14 étaient le long de la même trajectoire et tous comprenaient ou englobaient

15 une zone ovale le long de cette ligne. C'est un peu comme des perles le

16 long d'un collier, si vous voulez, qui sont chacune bien séparées mais qui

17 sont sur la même ligne. J'espère que cette analogie est compréhensible.

18 Question: Monsieur Hamill, vous avez parlé de six positions possibles.

19 Serait-il possible d'établir de façon approximative le degré de

20 probabilité d'avoir l'obus sur la place de Markale à partir de six

21 positions de tir?

22 Réponse: Ici en l'espèce, comme il n'y a pas de tir d'ajustement, on peut

23 se dire que c'est un peu par hasard que la place du marché a été touchée.

24 Elle n'était pas nécessairement la cible visée. Il se peut qu'elle l'ait

25 été, mais il se peut aussi qu'elle ne l'ait pas été. Parce qu'un mortier,

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1 surtout un mortier de 120 millimètres qui n'est pas une arme très précise,

2 c'est une arme destinée à provoquer une contrainte sur une zone très

3 large, elle a un rayon d'environ 500 mètres. Cela veut dire que les éclats

4 peuvent se propulser jusqu'à 500 mètres de distance. Techniquement, cela a

5 un rayon mortel de 54 mètres. Cela veut dire que quiconque se trouvant

6 sans protection dans un rayon de 54 mètres à partir du point de

7 détonation, va sans doute subir des blessures mortelles.

8 Mais un obus de mortier, vu sa nature, puisqu'il se déplace en montant

9 jusqu'à une hauteur maximale très haute, va parcourir diverses couches de

10 l'atmosphère où prévalent diverses conditions, de température, de vent, la

11 direction du vent, la force du vent. Tout ceci aura une incidence sur ce

12 qui est, en fait, une munition lente.

13 On peut voir le déplacement d'un obus de mortier dans l'air. C'est parce

14 que c'est vraiment très lent, ce qui n'est pas le cas pour une arme

15 d'artillerie. Mais on peut voir cet obus de mortier. Ce type de

16 trajectoire fait 30 ou 45 secondes. Au cours de cette période, plusieurs

17 facteurs peuvent intervenir, par exemple, la vitesse du vent, la direction

18 du vent, la température de l'air, la température de la charge de

19 détonation, la pression barométrique. Tous ces facteurs, lorsqu'ils sont

20 rassemblés, ont pour effet de rendre cet obus peu précis.

21 Question: Monsieur Hamill, vous venez de nous dire qu'il est possible de

22 voir l'obus en vol. Mais à quel hauteur est-il possible de le voir? Ou a

23 quelle hauteur doit-il être?

24 Réponse: Si vous êtes derrière l'arme, vous le voyez, vous pourrez le voir

25 pendant, dirai-je, 15 secondes, jusqu'à 15 secondes de temps. Mais il

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1 faut, bien sûr, se trouver au bon angle. On ne peut pas le voir de côté,

2 si on est latéralement par rapport à l'arme, sauf dans des conditions

3 exceptionnelles; de derrière, parce qu'il y a peu de mouvements apparents

4 non plus.

5 Question: Pourriez-vous nous dire si l'obus est un peu comme une boule de

6 feu?

7 Réponse: Non, non. A moins qu'il n'y ait l'aide d'une propulsion par

8 roquette. Il y a un type de munition particulière utilisée qui est

9 propulsée par un roquette pour parvenir à un apogée plus haute et donc

10 être de plus faible portée. Mais normalement, avec des obus normaux, une

11 fois qu'ils sont tirés, ils sont tirés. L'explosion se produit dans la

12 bouche du canon. C'est là qu'il y a la grosse étincelle, mais la charge

13 est inerte, si vous voulez. Une fois que la bombe est lancée, ce n'est

14 qu'un projectile à ce moment-là. Il n'y a pas d'explosion à ce niveau-là.

15 Question: Je vous remercie, Monsieur Hamill. Vous avez parlé de six

16 positions de tirs possibles. Je vous demande maintenant si, à partir de

17 chacune de ces positions potentielles d'où aurait été tiré ledit obus, on

18 a la même probabilité pour que cet obus arrive sur la place de Markale

19 pour chacune de ces positions?

20 Réponse: A toutes fins utiles, oui. La probabilité est peut-être un peu

21 supérieure, plus on s'approche de… plus la distance entre l'arme et la

22 cible est proche. Mais cela ne fait pas une grosse différence.

23 Vous avez pratiquement des temps de vols égaux. Si la distance est faible

24 entre l'arme et la cible, on peut supposer que l'angle de hausse est plus

25 important, donc la durée de vol est assez considérable.

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1 Question: Quel est le degré de précision que l'on peut attendre d'un obus

2 tiré par un mortier lorsqu'il vise une certaine cible?

3 Réponse: Pour autant qu'il y ait eu ajustement -donc qu'il y aurait eu

4 d'autres obus tirés dans la même zone générale- il y a quelques

5 paramètres. Il faut que cela se fasse dans un délai de deux heures. Il

6 faut que ce soit, si je me souviens bien, pas plus de 150 millièmes à

7 gauche et à droite, donc à peu près 10 degrés d'écart, que ce soit dans

8 certains paramètres de portée utile et qu'il y ait une bonne probabilité

9 de toucher près d'une cible avec un obus de mortier.

10 Mais ce n'est pas, intrinsèquement, une arme exacte comme le serait un

11 fusil ou même un obusier. Il est difficile de toucher la cible. Il est

12 très difficile de toucher la cible exactement, même lorsque l'obus de

13 mortier a déjà fait l'objet d'un ajustement. C'est épars, il y a une zone

14 battue où pourrait atterrir l'obus à autant de mètres devant, derrière, à

15 gauche ou à droite de la cible. Si l'obus est tiré, alors qu'il n'y a pas

16 eu de tir d'ajustement préalable, il est très difficile, voire impossible,

17 de toucher une cible dès la première fois.

18 Question: Encore une question: à partir du son, du bruit provoqué par

19 l'obus, est-il possible de déterminer d'où, de quelle position l'obus a

20 été tiré?

21 Réponse: Cela dépend de l'observateur. Celui-ci va peut-être entendre le

22 bruit provoqué par le tir et, en fonction du relief du terrain, il lui

23 sera peut-être possible de déterminer la provenance générale. Mais il ne

24 pourra pas dire de quelle position l'obus vient. Il pourra déterminer

25 uniquement la direction. Et, une fois de plus, il faut tenir compte du

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1 fait qu'il y a peut-être des caractéristique du terrain, des bâtiments

2 entre la cible et le mortier, des bois par exemple, qui vont peut-être

3 amortir ou détourner le son.

4 C'est donc une méthode extrêmement peu fiable. Vous aurez, tout au plus,

5 une idée de la direction générale.

6 Question: Monsieur Hamill, vous avez inspecté le cratère provoqué à la

7 place du marché de Markale. Est-ce qu'un examen valable peut se faire s'il

8 y a eu modification mécanique du cratère?

9 Réponse: Si on examine le tunnel de détonateur, il était assez intact. Il

10 ne l'était pas parfaitement, mais il l'était suffisamment pour me

11 permettre de faire une estimation de l'angle d'incidence qui était entre

12 950 millièmes et 1.100 millièmes ou 1.150. Donc moi, je pensais que cela

13 faisait 10 degrés. Un collègue avait parlé de quelque chose d'avoisinant.

14 C'était suffisamment intact pour nous donner un angle d'incidence qui, en

15 fait, ne prouve pas grand-chose, presque rien. Parce que je vous disais

16 qu'il y avait six lieux possibles d'où cet obus aurait pu être tiré.

17 Si ces mesures étaient exactes -je crois qu'elles l'étaient-, mais la

18 mesure de la direction ne se base pas ou ne se fonde pas sur la méthode du

19 tunnel de détonateur. Il y a d'autres méthodes que nous avons également

20 utilisées.

21 Mais je me permets de vous rappeler, Madame, que tous les résultats

22 montraient une convergence étonnante, en dépit du fait que chacun d'entre

23 nous a procédé aux tests de façon indépendante et à l'aide de méthodes

24 différentes. Quand je dis "indépendante", je veux dire indépendants les

25 uns des autres.

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1 Mme Pilipovic (interprétation): J'ai terminé ma partie du contre-

2 interrogatoire, Monsieur Hamill. Mon confrère, Me Piletta-Zanin, aimerait

3 vous poser quelques questions.

4 M. le Président (interprétation): Permettez-moi de vous rappeler, Maître,

5 que vous aviez dit vous-même que Me Pilipovic allait consacrer dix minutes

6 au reste de son contre-interrogatoire. En fait, elle a eu besoin de vingt

7 minutes. Essayez d'être le plus efficace possible. Veuillez poursuivre.

8 (Contre-interrogatoire du témoin, M. John Hamill, par Me Piletta-Zanin.)

9 M. Piletta-Zanin: Très volontiers.

10 Monsieur le Témoin, bonjour. Je m'exprimerai à vous en français.

11 M. Hamill (interprétation): Bonjour, Monsieur.

12 Question: Connaissez-vous, Monsieur, le nom de M. Michael Rose?

13 Réponse: Oui.

14 Question: Pouvez-vous, Monsieur, nous dire si M. Michael Rose a été, à une

15 certaine période, responsable de la Forpronu à Sarajevo?

16 Réponse: Le général Michael Rose était le commandant du commandement de la

17 Bosnie-Herzégovine. Il était donc responsable de tout le personnel de la

18 Forpronu en Bosnie-Herzégovine.

19 Question: Merci de cette réponse, Monsieur le Témoin. Connaissez-vous,

20 Monsieur le Témoin, le nom de M. Divjak?

21 Réponse: Non.

22 Question: Monsieur le Témoin, connaissez-vous le nom d'un de vos collègues

23 qui était le commandant Jan Segers?

24 Réponse: Non.

25 Question: Monsieur le Témoin, j'aimerais vous soumettre deux documents

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1 maintenant, mais avant cela, j'aimerais que vous nous confirmiez, si vous

2 le savez, si le général Michael Rose a écrit un ouvrage relativement à son

3 activité en Bosnie?

4 Réponse: Je crois qu'il a effectivement écrit un livre, mais je ne l'ai

5 pas lu.

6 Question: Est-ce que le titre de cet ouvrage était "Fighting for peace"?

7 M. Hamill (interprétation): C'est peut-être le cas, mais je ne sais pas.

8 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, j'ai ici un tirage de la page 48

9 notamment de cet ouvrage, que j'aimerais soumettre au témoin et en lire un

10 extrait. Y suis-je autorisé?

11 M. le Président (interprétation): Oui. Je me tourne vers M. Stamp.

12 Etes-vous au courant de l'existence de cet ouvrage?

13 M. Piletta-Zanin: Nous avons des copies que nous allons remettre à tout un

14 chacun.

15 M. le Président (interprétation): Oui, mais maintenant je parle du livre.

16 M. Stamp (interprétation): Oui, je suis au courant de son existence. Et

17 hier, Maître Pilipovic m'a donnée la page concernée. Je ne sais pas si

18 c'est bien de cela que parle Me Piletta-Zanin.

19 M. le Président (interprétation): Oui.

20 Poursuivez, Maître Piletta-Zanin.

21 M. Piletta-Zanin: J'aurais besoin de M. l'huissier pour que les autres

22 pièces puissent être traduites.

23 M. le Président (interprétation): Oui, Monsieur l'Huissier, veuillez aider

24 Me Piletta-Zanin.

25 M. Piletta-Zanin: Je pense qu'il n'y aura pas assez de pièces pour en

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1 transmettre une également au témoin et une à chacune des partie puisque

2 nous allons soumettre ces pièces.

3 (Maître Piletta-Zanin s'adresse à l'huissier en anglais.)

4 (Intervention de l'huissier.)

5 Je crois savoir que les traducteurs ont déjà les exemplaires.

6 Interprète: C'est exact.

7 M. Piletta-Zanin: Je les vois hocher pour certains et opiner pour

8 d'autres.

9 Monsieur le Président, puis-je continuer, si tout le monde a cela?

10 M. le Président (interprétation): Oui, allez-y.

11 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Témoin, vous avez devant vous la page 4. Je

12 vais lire le tout dernier paragraphe de la page 4 et j'aurai, ensuite, une

13 question sur ce paragraphe. Je commence la lecture, notamment pour les

14 cabines des traducteurs, depuis...

15 M. Stamp (interprétation): Excusez-moi, moi, j'ai reçu la page 48. Or,

16 vous parlez de la page 4, Maître.

17 M. Piletta-Zanin: J'ai parlé de la page 48. Je vous prie... J'avais cru,

18 je suis navré...

19 Donc page 48, je lis depuis le dernier paragraphe. Je commence la citation

20 en bas. Merci. (interprétation) "Bien que les Serbes soient pratiquement

21 d'accord sur tout ce que les Bosniens avaient demandé, Divjak répugnait à

22 signer un accord de cessez-le-feu, une fois de plus au motif que la

23 proposition des Nations Unies n'était pas liée ou associée à un règlement

24 politique à long terme. Moi, je lui ai dit que les gens de Sarajevo

25 seraient prêts à accepter quelque chose de moins, ne serait-ce que pour

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1 pouvoir vivre en paix. Mais il persistait à ne pas être d'accord.

2 A ce moment-là, je lui ai réservé une mauvaise surprise. Je lui ai dit que

3 la première inspection par les Nations Unies du cratère de l'obus tombé

4 sur la place du marché de Markale montrait que l'obus avait été tiré du

5 côté bosnien des lignes de front.

6 Un silence absolu, un silence mortel est tombé sur la pièce. Et Hajrulovic

7 a eu l'air inquiet. Il m'a simplement demandé d'expliquer davantage. Je

8 lui ai dit que l'angle de la trajectoire du mortier semblait indiquer

9 qu'il avait été tiré à très faible distance de leur côté de la ligne ou

10 peut-être avait explosé in situ. C'était difficile, ai-je dit, d'être

11 précis, puisqu'un seul obus avait été tiré. Aussi parce l'armée de Bosnie-

12 Herzégovine avait éloigné certains des éléments médico-légaux importants

13 avant l'arrivée des Nations Unies."

14 (En français) Monsieur le Témoin, pouvez-vous confirmer, si tel est le

15 cas, je vous prie, qu'effectivement à votre connaissance une partie

16 importante des pièces à conviction avait été prélevée et retirée avant

17 l'arrivée des experts de l'équipe UN?

18 M. Hamill (interprétation): Avant de répondre, je dois vous dire que,

19 maintenant, je me souviens de la personne répondant au nom de Divjak,

20 maintenant que j'en ai le contexte.

21 Ce que le général Rose a dit ici est tout à fait dénué de bon sens dans ce

22 contexte. Manifestement, il ne savait rien de la façon dont fonctionnement

23 les mortiers, ou alors il essayait beaucoup plus probablement de faire

24 valoir un argument politique et de faire avancer ou de se trouver dans une

25 meilleure position de négociation.

Page 6202

1 M. le Président (interprétation): Permettez-moi de vous interrompre. Je

2 pense que la question posée était de savoir si le général Rose avait

3 raison de dire qu'une partie des moyens de preuve avait été enlevée avant

4 l'arrivée des Nations Unies.

5 Si j'ai bien compris votre réponse, c'est en fait un commentaire que vous

6 donnez sur ce qu'il a dit à propos de l'origine du tir de mortier. Je

7 voudrais éviter toute confusion, puisque cette déclaration contient

8 plusieurs éléments d'information. Je pense que vous faisiez un commentaire

9 sur un autre aspect que celui sur lequel portait la question.

10 M. Piletta-Zanin (interprétation): Merci de votre aide, Monsieur le

11 Président, c'était bien la question posée.

12 M. Hamill (interprétation): D'après l'examen que nous avons fait et après

13 avoir parlé avec des personnes se trouvant sur les lieux, celles-ci

14 étaient convaincues que rien n'avait été enlevé des lieux par qui que ce

15 soit.

16 Question: Etes-vous certain que ce qu'on appelle le stabilisateur n'aurait

17 pas été prélevé avant votre arrivée puis remis en place? Quand je dis

18 "votre arrivée", j'entends l'arrivée de l'équipe des techniciens, bien

19 sûr.

20 Réponse: C'est sans doute passé avant l'arrivée de l'équipe puisque cette

21 équipe n'est pas arrivée avant le 11 février. Cependant, il y avait une

22 équipe du Frebat qui se trouvait sur les lieux peu de temps après

23 l'explosion. Un témoin des Nations Unies était présent quelques minutes à

24 peine après l'explosion et il est inconcevable, vu la confusion qui a

25 régné, qu'on ait enlevé une pièce aussi rapidement avant même que ce

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1 témoin n'ait vu ce qui se passait. Notre équipe a discuté avec beaucoup de

2 témoins qui se sont trouvés sur les lieux pratiquement dès le début et qui

3 étaient tout à fait certains qu'il n'y avait pas eu de modification

4 douteuse.

5 Question: Nous essaierons d'être aussi courts que possible, s'il vous

6 plait. Voulez-vous me dire, par conséquent, si le stabilisateur avait été

7 ôté puis, le cas échéant, replacé, mais à un intervalle de quelques

8 heures, cela aurait-il pu modifier vos conclusions?

9 Réponse: Nos conclusions n'ont pas été aussi précises qu'elles auraient pu

10 l'être si effectivement ce stabilisateur et l'empennage s'étaient trouvés

11 sur les lieux à notre arrivée, mais des dégâts physiques ou mécaniques

12 n'avaient pas été suffisamment causés au cratère pour modifier nos

13 conclusions. Nos conclusions se fondent sur ce que nous avons vu.

14 Question: Monsieur le témoin, relativement aux éclats, avez-vous -quand je

15 dis "vous", j'entends les membres de la commission- demandé à pouvoir être

16 mis en possession de ces pièces à conviction? J'entends les shrapnells.

17 Réponse: A l'époque, le chef de l'équipe a estimé que ces éclats n'étaient

18 pas suffisamment "intègres", qu'il n'y avait pas suffisamment d'intégrité,

19 c'est-à-dire qu'il n'y avait pas une chaîne de conservation des éclats qui

20 avaient été prélevés sur les lieux du cratère avec les éclats qui nous ont

21 été montrés. De toute façon, ces éclats étaient de tout petits morceaux,

22 trop petits pour permettre une analyse par des moyens mécaniques.

23 Question: Voulez-vous vous montrer avec vos mains ou vos doigts ce que

24 vous indiquez par "tout petits morceaux"? Que nous voyons ce que, dans

25 votre esprit, signifie "tout petits morceaux".

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1 (Le témoin s'exécute.)

2 Question: Il n'y avait pas, Monsieur le témoin, de morceaux plus grands

3 que cela?

4 Réponse: Non, on n'en a pas montré, pas que je m'en souvienne.

5 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, j'indique que le témoin fait un

6 geste désignant un espace entre le pouce et l'index de la main droite de

7 l'ordre de un centimètre, deux centimètres au maximum; je crois que cela

8 paraît assez correct.

9 Monsieur le Témoin, je vais vous soumettre maintenant une photographie que

10 l'on me transmet à l'instant, et cette photographie porte le numéro ERN

11 00...

12 M. le Président (interprétation): Monsieur Stamp?

13 M. Stamp (interprétation): Je crois que c'est peut-être un problème de

14 traduction par rapport à ce que j'ai entendu, mais je crois que lorsque

15 j'ai entendu en interprétation, on parle de cinq centimètres.

16 M. le Président (interprétation): J'ai écouté la version française,

17 l'originale, ce que Me Piletta-Zanin a dit d'après mes souvenirs, c'est

18 que c'était entre un et pas plus de deux centimètres, approximativement un

19 centimètre.

20 M. Piletta-Zanin: Merci, Monsieur le Président, c'est bien ce que j'ai dit

21 en effet.

22 Monsieur le Témoin, j'aimerais vous soumettre maintenant une pièce qui a

23 déjà été transmise, qui est la D61, D pour défense.

24 J'aimerais que M. l'huissier puisse nous la soumettre.

25 (Intervention de l'huissier.)

Page 6205

1 Je l'indique à chacun puisque nous n'en avons pas toutes les copies,

2 Monsieur le Président.

3 M. le Président (interprétation): Monsieur l'huissier, pourriez-vous

4 aider, s'il vous plait?

5 M. Piletta-Zanin: Ce sont des documents que nous avons déjà produits.

6 M. le Président (interprétation): Puisqu'il n'y a pas de copie, Monsieur

7 l'huissier, vous pourriez le placer sur le rétroprojecteur pour que tout

8 le monde puisse le voir.

9 M. Piletta-Zanin: Merci beaucoup.

10 Monsieur le témoin, vous avez ici devant vous une photographie qui

11 prétendument représente une partie des éclats qui auraient été prélevés in

12 situ. Pouvez-vous nous confirmer tout d'abord que l'échelle qui se trouve

13 en bas, c'est-à-dire à l'écran noir et blanc, est une échelle qui

14 s'exprime en centimètres, c'est-à-dire chaque carré valant un centimètre.

15 Est-ce que c'est bien le cas?

16 (Le témoin examine la carte.)

17 M. Hamill (interprétation): Il semble très certain que ce soit le cas.

18 Question: (Hors micro)… aux éclats qui vous sont montrés, Monsieur le

19 témoin, avez-vous jamais vu des éclats de cette grandeur dont certains

20 représentent une longueur de quelque cinq à six centimètres, si je lis

21 l'échelle en bas.

22 Réponse: Je ne me rappelle pas avoir vu de tels fragments.

23 Question: Merci de cette réponse. Pas d'autres questions sur cette

24 photographie, Monsieur le Président. Nous pouvons l'enlever de l'écran.

25 J'essaie simplement d'être aussi rapide que possible.

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1 J'aimerais soumettre un autre document qui portera le n°D7979 que je crois

2 que nous avons également remis aux traducteurs pour une meilleure

3 compréhension du texte, mais nous pouvons le communiquer à tout un chacun.

4 J'en garderai un exemplaire. Je ne sais pas si les cabines ont reçu ce

5 document.

6 On me dit non. Il me faudrait trois exemplaires pour les cabines

7 également. Pourriez-vous en emporter aux cabines, s'il vous plaît?

8 J'attends peut être trente secondes que les copies soient distribuées aux

9 cabines techniques.

10 Monsieur le Témoin, dans l'intervalle, vous avez devant vous un document

11 frappé du sigle des Nations Unies et des deux mentions, semble-t-il,

12 abréviations anglaise et française. Est-ce que vous reconnaissez ce type

13 de document si vous pouvez me répondre par oui ou par non?

14 Réponse: Non.

15 Question: Vous n'avez jamais vu ce type de document?

16 Réponse: Non jamais.

17 Question: Est-ce que, Monsieur le Témoin, les noms que vous pouvez voir au

18 bas de ce document, qui sont ceux de Ann Hawis et de Marc Le Nouaille -

19 j'espère prononcer correctement-, vous sont-ils connus?

20 Réponse: Je ne connais ni l'un ni l'autre de ces noms.

21 Question: Est-ce que le nom du général Briquemont que vous voyez

22 apparaître en page 5 vous est connu également?

23 Réponse: Oui, je connais le général Briquemont. Il était le commandant de

24 toutes les forces de l'ONU en Bosnie-Herzégovine. Le général François

25 Briquemont, je crois.

Page 6207

1 Question: Merci. Monsieur le témoin, puisque vous êtes un expert en la

2 chose, voulez-vous nous dire à quoi correspond l'abréviation SMIO que vous

3 lisez en haut, à gauche en deuxième ligne.

4 Réponse: Cela veut dire: "Sign Military Information Officer".

5 Question: Nous parlons d'un officier de relativement haut rang.

6 Réponse: Non.

7 Question: Nous parlons donc d'un officier de rang peu élevé.

8 M. Hamill (interprétation): Tous les UNMOs devraient avoir le rang de

9 capitaine ou de commandant. Le travail de SMIO, au quartier général à

10 Zagreb, variait. Parfois c'était un commandant, parfois c'était un

11 capitaine. Une occasion dont je me souviens, il s'agissait d'un commandant

12 qui venait juste d'être promu lieutenant-colonel. Donc c'était l'une des

13 tâches remplies par les UNMOs. Le SMIO travaillait pour moi à Zagreb.

14 M. Piletta-Zanin: J'ai encore une ou deux questions maximum qui impliquent

15 lecture d'un bref paragraphe, y suis-je autorisé?

16 M. le Président (interprétation): Oui.

17 M. Piletta-Zanin: Merci beaucoup.

18 Nous trouverons dans la page 4 -j'indique la page 4- troisième chapitre

19 dont le titre commence par: "Even the muslim bosnians…" -Même les Bosniens

20 musulmans- cités depuis les deux lettres "JS", ces lettres correspondant,

21 semble-t-il, aux initiales de M.Jan Segers qui était le SMIO dont nous

22 venons de parler.

23 Je cite maintenant: "Je ne peux admettre le bombardement de leur propre

24 peuple, en particulier les terribles massacres à la place du marché de

25 Sarajevo. En ce qui concerne le premier, en février 1994 où 70 personnes

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1 ont été tuées, l'onu a toujours déclaré ne pas savoir qui étaient les

2 responsables. Néanmoins, il était tout à fait certain que ce n'étaient pas

3 les Serbes. Certaines rumeurs ont dit que c'étaient des explosifs qui

4 avaient été placés sous une table.

5 En ce qui concerne le dernier obus sur la place du marché, celui qui a,

6 juste avant les frappes aériennes massives de l'OTAN contre les Serbes, le

7 porte-parole de l'ONU a confirmé les projectiles provenaient de leurs

8 lignes. Mais, l'UNMO qui a procédé à l'enquête immédiatement après la

9 catastrophe, ainsi que d'autres officiers de l'ONU qui ont procédé à une

10 investigation ont déclaré qu'il était possible que ce projectile ait été

11 tiré du côté musulman. Bien sûr, l'analyse balistique et l'analyse du

12 cratère ne sont pas une science exacte et nous savons tous très bien que

13 nous sommes manipulés. Les autorités locales se servent de nous dans leur

14 propre intérêt. Lorsque nous disons quelque chose que l'on a pas à dire,

15 nous sommes menacés ou expulsés." (Fin de citation.)

16 Monsieur le Témoin, les deux questions que je voulais vous poser sont les

17 suivantes: ce texte qui émane de M. Jan Segers mentionne l'existence de

18 rumeurs.

19 Jonction (Avez-vous, vous-même, personnellement, entendu de telles

20 rumeurs?

21 Réponse: Oui, j'en ai entendu.

22 Question: Pouvez-vous nous dire dans quelles circonstances vous avez

23 entendu de telles rumeurs?

24 Réponse: J'ai mentionné, dans ma déposition d'hier par exemple, l'histoire

25 qui nous avait été donnée par un capitaine du quartier général du Sarajevo

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1 Romanija qu'un projectile avait été lancé de façon pneumatique à une

2 adresse qui se trouvait à environ 150 mètres de la place du marché; c'est

3 une des histoires que l'on racontait.

4 La deuxième fois, on nous a dit qu'il y avait une bombe qui avait été

5 placée sur la place du marché et qu'elle avait été détonnée, qu'on l'avait

6 fait exploser et que le projectile de mortier n'existait pas.

7 Encore une autre histoire était que des projectiles de mortier avaient été

8 utilisés pour couvrir l'explosion de la bombe sur la place du marché. Tout

9 ceci n'a pas de sens, et ce que l'on vient de lire n'a aucun sens; ce sont

10 des rumeurs. Les rumeurs sont des rumeurs, les faits sont les faits.

11 L'analyse est une analyse complète qui était précise et qui a dit

12 exactement ce que nous avons constaté.

13 Question: Merci de cette question, Monsieur le Témoin.

14 Toute dernière question: cet officier des Nations Unies indique avoir été

15 conscient, à un certain degré, qu'ils ou nous –c'est-à-dire je pense les

16 gens des Nations Unies- se trouvaient être -je cite- "manipulés". Est-ce

17 que telle était parfois également votre impression?

18 Réponse: Cela dépend de la définition que vous donnez du mot "manipulés".

19 Je dirai, à ce sujet, qu'il était parfaitement clair que les factions en

20 litige de part et d'autre -pas seulement en Bosnie, mais aussi en Croatie,

21 en Macédoine où que ce soit ailleurs- utilisaient l'ONU dans leur intérêt

22 propre, naturellement, mais nous étions conscients du fait que de telles

23 choses se passaient. D'ailleurs, il fallait qu'il y ait une certaine

24 souplesse dans notre façon d'opérer. Sans cela on n'aurait pas pu réaliser

25 ce que l'on a réussi à faire.

Page 6210

1 Donc certainement, il y avait des tentatives de manipulation. J'étais là,

2 j'étais présent; il y avait des tentatives de manipulation des victimes,

3 mais une fois que l'on est conscient du fait que les gens sont en train de

4 le faire, ce n'est pas un problème, c'est simplement un fait.

5 Question: Par rapport à ces victimes que vous mentionnez et ces problèmes

6 de manipulation, vous avez également tout à l'heure –je l'ai entendu-

7 indiqué que les troupes de Sarajevo, les troupes dites gouvernementales,

8 avaient disposé des mortiers dans les environs immédiats de l'hôpital de

9 Kosevo. Est-ce que vous-même avez pu voir cela, puisque vous étiez situé à

10 l'extérieur de la ville?

11 Réponse: Non, je n'ai pas pu, mais ces renseignements nous ont été donnés

12 par nos collègues du côté du secteur PAPA, c'est-à-dire les UNMO qui se

13 trouvaient à l'intérieur de la ville.

14 Question: Vous considérez ces renseignements comme étant certains?

15 Réponse: Oui, je les considère comme tels.

16 M. Piletta-Zanin: Je n'ai pas d'autres questions, Monsieur le Président,

17 je vous remercie.

18 M. le Président (interprétation): Merci Maître Piletta-Zanin. Monsieur

19 Stamp? Voulez-vous qu'il y ait des questions supplémentaires de

20 l'accusation?

21 (Interrogatoire principal supplémentaire du témoin, M. John Hamill, par M.

22 Stamp.)

23 M. Stamp (interprétation): Juste une ou deux questions sur lesquelles je

24 souhaiterais des éclaircissements.

25 Vous avez dit que des tirs étaient embusqués, du point de vue du langage

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1 militaire cela veut dire une personne cachée qui opère de façon

2 indépendante tirant d'une certaine distance avec des optiques pour aider…

3 Vous avez également parlé de tirs isolés de façon plus générale, par

4 exemple pour l'hôtel Bristol, dans le cas de l'hôtel Bristol à Grbavica.

5 Compte tenu de ces deux commentaires que vous avez faits, je souhaiterais

6 que vous voyez le document 3675. Et je voudrais vous demander un

7 éclaircissement à ce sujet.

8 M. Hamill (interprétation): Je crois que je sais à quoi vous vous référez.

9 Question: Page 8, lettre "K". Si vous voulez bien lire rapidement ce

10 paragraphe et je vous poserai une question.

11 Réponse: "Les 'tirs isolés', expression utilisée de façon générale dans le

12 conflit dans l'ancienne Yougoslavie pour décrire certains coups isolés et

13 des coups multiples, par exemple de mitrailleuses… L'expression vient du

14 fait que la source, l'origine du feu est d'habitude, généralement, si bien

15 cachée qu'il est difficile de pouvoir trouver exactement d'où elle

16 provient. Au sens militaire, les tireurs isolés sont le fait de fins

17 particulières, parfois en utilisant des armes spécialisées qui sont

18 expressément conçues pour des tirs isolés. Dans le contexte des Balkans,

19 les tirs isolés étaient contre une population civile qui n'était ni

20 capable de prendre les mesures de protection ni équipée pour pouvoir

21 riposter de façon appropriée.

22 Les tireurs isolés, dans l'armée de l'OTAN, ont une formation et un

23 processus de sélection intensif."

24 Question: Je vous remercie. Est-ce que vous seriez d'accord avec moi que

25 ce passage explique deux acceptions de contextes différents dans lesquels

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1 vous avez utilisé l'expression "tirs isolés".

2 Réponse: Comme je l'ai dit hier, les "tirs isolés", normalement,

3 s'appliquent à des tirs un à un contre des objectifs précis. Mais en

4 termes d'artillerie, il y a un terme que l'on appelle: "un canon de tir

5 est un canon qui tire des coups un par un contre un objectif défini". Ceci

6 est plus proche de la définition de tirs telle qu'elle était utilisée ici.

7 Réponse: Il s'agit de tirs isolés dans les deux sens militaires, mais il

8 s'agit d'une arme qui tire un coup et qui a une optique qui tire à partir

9 d'une position cachée vers un objectif spécifique.

10 Question: Je vous remercie. Vous avez parlé, on vous a posé une question

11 sur l'incident sur la file pour prendre de l'eau en juillet. Vous

12 souvenez-vous de ce qui s'est passé le 12 juillet?

13 Réponse: Oui, j'étais à Radava à l'époque en train de négocier avec le

14 personnel du quartier général de la Brigade de Kosevo. J'étais dans une

15 partie très éloignée de la file ce jour-là.

16 Question: On vous a posé des questions sur les incidents du 1er juin 1993

17 et vous avez déclaré que vous aviez entendu parler de cela à l'époque,

18 mais que vous ne vous souveniez pas exactement qui vous l'avait dit, mais

19 que vous pourriez certainement l'avoir appris de la chaîne CNN qui donnait

20 beaucoup de renseignements. Où auriez-vous reçu ce type de renseignement

21 concernant ce bombardement?

22 Réponse: Je fais une hypothèse que je peux l'avoir vu.

23 Question: Mais si vous l'aviez reçu de CNN, auriez-vous vu CNN et où cela?

24 Réponse: A l'intérieur du quartier général, dans les casernes. Nous avions

25 aussi la télévision à Lukavica mais, d'une façon générale, nous avions la

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1 télévision à la Republika Srpska, à Banja Luka.

2 J'avais également le World Service sur la radio.

3 Question: Le World Service de la bbc?

4 Réponse: Oui, c'est cela.

5 Question: Vous avez dit que le personnel de l'UNMO était insuffisant dans

6 tout l'ensemble de l'ex-Yougoslavie, y compris dans et hors de Sarajevo.

7 Pour ce qui est de cela, est-ce que les membres de l'UNMO auraient été en

8 mesure d'enregistrer ou de consigner tous les tirs d'artillerie qui

9 auraient eu lieu de tous les côtés?

10 Réponse: Non, comme je l'ai dit, nous étions très peu nombreux. A un

11 moment donné, nous étions réduits à cinq pour l'ensemble du secteur sud de

12 la ville et c'était tout à fait insuffisant. Nous avions dû fermer

13 certains de nos sites, parfois à cause du manque d'observateurs.

14 Question: Je comprends qu'un grand nombre de tirs vous auraient échappé?

15 Réponse: Les tirs auraient échappé à l'observation, mais d'une façon

16 générale, il y aurait eu une équipe qui était située suffisamment près

17 pour entendre des tirs et pour les consigner, les relater. Ceci ne veut

18 pas dire que nous ayons consigné chacun des engagements ou chacun des

19 coups tirés pour chaque engagement. Ceci aurait été au-delà de nos

20 possibilités.

21 Question: Vous avez dit, peut-être ai-je mal entendu, que le mont Igman,

22 entre autres sites, était sous le contrôle de l'armée de Bosnie tout au

23 long du conflit. Or, je me rappelle que vous avez dit qu'à un moment

24 donné, elle avait été prise par l'une des parties. Pourriez-vous expliquer

25 cela? Etait-ce sous le contrôle?

Page 6214

1 Réponse: Igman était sous le contrôle, au début, du gouvernement bosnien,

2 c'est-à-dire le gouvernement du Président Izetbegovic. Mais, comme je l'ai

3 dit, vers le 19 juillet, une bataille a commencé sur le mont Igman pendant

4 laquelle les troupes de la Brigade Igman et la Brigade Ilidza ont attaqué

5 le mont Igman et l'ont pris. Cela a été pris par eux.

6 L'ONU est arrivée, a obligé à cesser le feu et a patrouillé le secteur,

7 tout en haut sur la hauteur, mais à un stade, l'ONU a été repoussée du

8 secteur qui a été réoccupé par l'armée du gouvernement de la Bosnie-

9 Herzégovine, c'est-à-dire du gouvernement du président Izetbegovic de

10 sorte qu'ils l'ont tenu pendant la plus longue partie du conflit. On l'a

11 repris –pas l'ensemble du mont Igman, ils tenaient encore une partie de la

12 montagne, c'est une grosse montagne- puis ils ont repris pacifiquement,

13 ils ont réoccupé un secteur qui avait été évacué par les soldats de l'ONU.

14 Question: Concernant l'incident de l'hôpital de Kosevo, avez-vous fait une

15 investigation officielle et complète?

16 Réponse: Non, je ne l'ai pas faite. Je me suis formé une impression de ce

17 que j'ai vu sur place, mais je n'ai pas fait d'analyse complète.

18 Question: Vous dites que vous n'êtes pas sûr, mais vous croyez qu'une

19 partie du détonateur ou le détonateur a été trouvé. S'il a été trouvé,

20 ceci a été à l'attention de l'équipe de la Forpronu, je crois. Cela aurait

21 été enregistré.

22 Réponse: Je crois qu'il est improbable que nous ne l'ayons pas trouvé, car

23 si on l'avait fait je l'aurais marqué. J'aurais fait des remarques à ce

24 sujet. Il se peut que je me sois trompé en disant que cela avait été

25 trouvé par nous.

Page 6215

1 Question: Et vous dites que vous ne l'avez pas mentionné dans le rapport

2 que vous avez rédigé?

3 Réponse: Non.

4 Question: Vous dites que les fragments que vous avez vus étaient d'une

5 certaine dimension que vous avez indiquée et, d'après votre rapport, il y

6 avait deux groupes de fragments. Certains ont été trouvés à l'intérieur du

7 tunnel qui, vous l'avez dit, étaient très petits et d'autres fragments qui

8 ont été montrés à des membres de l'équipe par les représentants bosniens

9 de la fédération. Pouvez-vous rappeler si vous étiez présent parmi les

10 membres de l'équipe de la Forpronu à la réunion où cet ensemble de

11 fragments a été montré?

12 Réponse: Je m'en souviens bien, je n'étais pas présent à cette réunion.

13 Question: Par conséquent, les fragments que vous avez vus, qui étaient

14 trop petits pour une analyse, c'était sans doute l'autre ensemble de

15 fragments prélevés du cratère?

16 Réponse: C'est exact.

17 Question: Monsieur Hamill, le chef de l'équipe qui a vu les fragments nous

18 a dit que les fragments que possédaient les autorités n'étaient pas

19 utilisables.

20 Je vous remercie. Vous avez déclaré que, normalement, les mortiers font

21 quelques tirs et puis sont déplacés.

22 Pourriez-vous succinctement nous expliquer, quand on utilise de façon

23 normale un mortier, pour reprendre les termes que vous avez dits: "tirer

24 et puis bouger", qu'est-ce qu'on appelle des tirs d'ajustement?

25 Réponse: A un mortier mis en position, les meilleures données

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1 météorologiques et balistiques sont introduites dans un ordinateur qui va

2 alors calculer une hausse et un gisement pour permettre le tir du mortier.

3 Question: Faut-il toujours utiliser un ordinateur?

4 Réponse: Non, on peut le faire à l'œil si on peut voir la cible, ou on

5 peut utiliser d'autres moyens, d'autres aides.

6 Question: Merci. Je vous demande simplement ceci: le concept de

7 l'ajustement, comment fonctionne-t-il lorsque le mortier tire et qu'il se

8 déplace?

9 Réponse: Il faut qu'il y ait un observateur qui peut voir la chute,

10 l'aboutissement de la trajectoire, l'atterrissage. Lorsque le tir est

11 effectué, quelqu'un se trouvant sur la ligne de visée, un officier de

12 commandement qui s'occupe du poste de calcul des données va dire où le tir

13 est tiré par rapport à la cible, et aussi par rapport à lui-même.

14 A ce moment-là, la personne se trouvant au poste de commandement va

15 prendre ces informations, va les traduire en données techniques pour

16 donner un nouveau gisement et une nouvelle hausse et peut-être une

17 nouvelle charge.

18 Il va procéder à un nouveau tir de l'arme. Le deuxième tir va être plus

19 proche de la cible sans la toucher pour autant. Il y a de nouveau un

20 rapport fait de l'observateur de l'endroit où est tombé cet obus-là, donne

21 un correctif qui est appliqué au tir suivant; à ce moment-là, plusieurs

22 tirs vont être effectués à partir de tous les tubes de mortiers. Puis il

23 va partir, va changer de place. En général, il tire cinq coups par tube.

24 Question: A moment-là, après avoir tiré ces premiers tirs, normalement, il

25 devrait avoir touché la cible?

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1 Réponse: Oui.

2 Question: Donc les autres tirs avaient été des tirs d'ajustement?

3 Réponse: C'est exact.

4 Question: Et puis il tire et il s'en va?

5 Réponse: Après avoir fait ce que l'observateur lui a dit de faire par

6 rapport à la cible, effectivement, il plie bagages et il change de place.

7 Question: Merci. Vous étiez cantonné à Zagreb, je suppose, quand on vous a

8 demandé de vous rendre sur la place de Markale pour mener une enquête?

9 Réponse: C'est exact.

10 Question: Je vous remercie. Je suppose que, d'après vous, d'après ce que

11 vous nous dites, les mortiers de l'armée des Serbes de Bosnie, leur

12 artillerie en règle générale se trouvaient à une position fixe?

13 M. Hamill (interprétation): Oui, ils ne se sont déplacés que très, très

14 rarement.

15 M. Stamp (interprétation): Je vous remercie.

16 Mme Pilipovic (interprétation): Monsieur le Président, Messieurs les

17 Juges, avec votre permission, pouvons-nous profiter de la présence de M.

18 Hamill pour obtenir la définition d'un sniper, d'un tireur embusqué?

19 M. le Président (interprétation): Je pense qu'il a déjà plus ou moins

20 fourni une définition qu'il a comparée avec une définition un peu

21 différente. Mais, à votre avis, Monsieur Hamill, vous avez déjà donné,

22 n'est-ce pas, une définition du tireur embusqué?

23 M. Hamill (interprétation): Je crois que oui, à plusieurs reprises

24 d'ailleurs.

25 M. le Président (interprétation): C'est bien le souvenir que j'ai.

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1 Mais il y a peut-être des éléments particuliers de cette définition pour

2 lesquels vous voulez peut-être poser des questions supplémentaire, Maître?

3 Mais si vous demandez une définition, je pense que M. Hamill ne pourra que

4 répéter ce qu'il a déjà dit.

5 (Contre-interrogatoire supplémentaire du témoin, M. John Hamill, par Me

6 Pilipovic.)

7 Mme Pilipovic (interprétation): Quelle est la portée d'un fusil à lunette?

8 M. Hamill (interprétation): Cela dépend de l'arme utilisée. Un fusil à

9 lunette peut aller jusqu'à 1000 mètres de portée, de façon très précise.

10 Si l'élément est suffisamment bien calibré et suffisamment puissant, on

11 peut enlever la tête de quelqu'un à 1000 mètres de distance à l'aide d'un

12 coup. Par ailleurs, avec un canon, ça dépend du servant, de ce qu'il voit.

13 Il doit pouvoir voir sa cible et -vous savez, c'est l'idée du tireur

14 embusqué-, il faut pouvoir trouver la cible, la situer, utiliser la

15 lunette télescopique pour cibler cette cible et puis vous tirez. La

16 définition d'un tireur embusqué est de tirer sur une cible visible et bien

17 spécifiée. C'est l'élément de base de la définition.

18 M. le Président (interprétation): Est-ce que ceci répond à votre question?

19 Mme Pilipovic (interprétation): Oui. Merci, Monsieur le Président.

20 M. le Président (interprétation): Je vais demander à mes collègues s'ils

21 ont des questions à vous poser.

22 Le Juge El Madhi a quelques questions à vous poser.

23 (Questions au témoin, M. John Hamill, par M. le Juge El Mahdi.)

24 M. El Mahdi: Bonjour, Monsieur le Témoin. Je ne veux pas être long.

25 Sûrement vous êtes fatigué, mais je voudrais, s'il vous plaît, revenir sur

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1 ce qu'on appelle "les tireurs embusqués" ou bien les snipers.

2 Est-ce que, d'après votre connaissance et expérience, vous avez

3 l'impression que ces tireurs embusqués agissaient dans le cadre d'une

4 stratégie ou bien c'étaient plutôt des activités individuelles non

5 cordonnées?

6 M. Hamill (interprétation): A mon avis, ces tireurs embusqués étaient en

7 fait un outil, un instrument utilisé par la direction; ils servaient à une

8 fin bien précise. Ils se trouvaient sous le contrôle de quelqu'un qui

9 disposait d'autorité. Il y avait donc une stratégie d'utilisation des

10 tireurs embusqués comme instruments de terreur.

11 Question: Merci. Venons-en au tir qui a visé le marché de Markale. Si je

12 comprends bien, il y a eu un seul tir, un seul obus qui a frappé le

13 marché?

14 A votre avis, est-ce que c'était possible, de viser le marché par un seul

15 tir sans ajustement préalable, indépendamment de qui a visé?

16 Réponse: A mon avis, cela aurait été vraiment beaucoup de chance de la

17 part de celui qui aurait tiré s'il avait touché sa cible dès le premier

18 coup, pour plusieurs raisons. Il n'y avait pas eu de tir dans la zone

19 depuis beaucoup de temps, en tout cas beaucoup plus que l’intervalle de

20 deux heures que nous permettons en général. A mon avis, cet obus n'avait

21 pas nécessairement pris pour cible le marché, mais plutôt un endroit se

22 trouvant, de façon générale, dans la ville de Sarajevo.

23 Question: Vous avez utilisé dans votre témoignage l’expression ou la

24 définition des "Chetniks". Qu’entendez-vous par "Chetniks"?

25 Réponse: Monsieur le Juge, le Chetnik était un soldat royaliste pendant la

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1 Deuxième Guerre mondiale. Cependant, pendant les guerres de succession

2 yougoslaves, on a commencé à utiliser cette expression pour désigner un

3 soldat irrégulier serbe, donc quelqu'un faisant partie d'une milice qui,

4 apparemment, ne se trouve pas directement sous le contrôle des autorités

5 gouvernant une des entités qui menaient des opérations militaires. C'est

6 la raison pour laquelle j'ai utilisé le terme soi-disant technique pour

7 les personnes appelées "Chetniks".

8 Dans le cas de Sarajevo, il y avait un groupe d'irréguliers, dont je crois

9 qu'ils se trouvaient sous le contrôle d'un officier bien précis. Ce groupe

10 était dirigé par Vasilije Vidovic; ils avaient pour objectif de semer la

11 terreur dans toute la région et d'empêcher l'accès à certaines zones

12 précises, en général au nord et à l'est de la ville de Sarajevo.

13 Question: Vous avez dit qu'ils étaient les alliés de l'armée, les alliés

14 de la VRS. Est-ce qu'il y a quand même une relation institutionnelle? Est-

15 ce qu'ils sont soumis aux directives de l'armée régulière? Est-ce qu'ils

16 étaient totalement indépendants?

17 Réponse: A mon avis, c'étaient des moyens de l'armée régulière qui étaient

18 utilisés à des fins bien précises, à des fins qui, en règle générale, sont

19 illégales, illicites. Comment dire? Les autorités pouvaient dire qu'elles

20 n'étaient pas responsables de leurs activités, pouvaient affirmer qu'elles

21 n'étaient pas contrôlables, ces forces.

22 On m'a posé une question hier à propos des uniformes. J'ai dit que les

23 éléments de la VRS portaient une espèce d'uniforme de camouflage brun.

24 Ceux qu'on appelait les Chetniks n'avaient pas cet uniforme; ils étaient

25 en noir ou en civil, mais n'étaient pas revêtus d'une tenue régulière. Je

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1 le répète, à mon avis, on se servait d'eux, les autorités se servaient

2 d'eux pour mener des opérations dont on pouvait se distancier; si vous

3 voulez, des opérations un peu parallèles.

4 Question: Je m'excuse, mais à ma dernière question, vous avez dit que,

5 probablement, à votre avis, le tir qui a atteint l'hôpital provient d'un

6 tank. C'est vrai, bon. Est-ce que les deux parties avaient la possibilité

7 de faire circuler des tanks dans cette localité de la ville?

8 Réponse: Non. Il n'y avait qu'une partie belligérante qui pouvait le

9 faire: l'armée du gouvernement de Bosnie-Herzégovine qui avait accès à

10 cette zone. D'après mes souvenirs, je dirais que la VRS n'avait accès,

11 n'avait pas le moyen de tirer à partir de tanks sur cet hôpital, à

12 l'époque. Il y avait une série de collines qui les séparaient, qui

13 séparaient leurs positions de l'hôpital.

14 M. El Mahdi: Donc le tank était près de l'hôpital et circulait quand même

15 sous protection? Ou bien, à votre avis, un tank peut circuler sans être

16 protégé? Parce que d'autres témoins nous ont dit que, militairement

17 parlant, normalement, les tanks ont besoin d'une protection: ils ne se

18 baladent pas, ils ne circulent pas individuellement.

19 M. Hamill (interprétation): Normalement, Monsieur le Juge, les tanks se

20 dégroupent en escadrons de trois ou quatre, ou, dans le cadre d'un

21 régiment, ils sont plus nombreux: 14. Mais l'armée de Bosnie-Herzégovine,

22 à l'époque, n'avait pas vraiment beaucoup d'équipement lourd, comme

23 l'artillerie et les chars.

24 Ils utilisaient donc ce qu'ils avaient de façon non conventionnelle. C'est

25 d'ailleurs ce que faisait aussi la VRS. Ici, nous n'avons pas affaire à

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1 une guerre classique, comme on les a vues, ces guerres, sur des champs de

2 bataille d'Europe au Moyen-Orient. Ici, c'est plutôt un siège où vous avez

3 une zone à l'intérieur, une zone à l'extérieur, séparées par une ligne de

4 front.

5 La ligne est pratiquement restée immuable pendant très longtemps. Si le

6 char évolue à l'intérieur, il est déjà dans sa zone protégée, mais si

7 c'est à l'extérieur que cela se passe, par exemple sur la colline de

8 Gornja Mladica, il se déplaçait dans une zone qui se trouvait sous le

9 contrôle des autorités appropriées, celles du tank.

10 Donc ce n'était pas trop difficile pour un tank de se déplacer à

11 l'intérieur d'une zone, au stadium Zetra, ou dans cette zone générale.

12 C'était tout à fait possible de le faire sans être gênés par une

13 intervention venue de l'extérieur.

14 Merci.

15 M. le Président (interprétation): J'ai aussi quelques questions à vous

16 poser, Monsieur Hamill.

17 (Questions au témoin, M. John Hamill, par M. le Président.)

18 Tout d'abord, pour que je comprenne mieux la situation: hier, vous avez

19 parlé de tirs embusqués vers Grbavica et Hrasno.

20 Vous nous avez dit qu'il y a eu des tirs embusqués vers Grbavica venant du

21 côté de l'Armija; c'est comme cela que que vous l'avez appelée. Est-ce que

22 ces tirs embusqués ont toujours été reçus de l'autre côté de la ligne de

23 front ou est-ce qu'il vous est arrivé de constater que ces tirs embusqués

24 venaient et aboutissaient du même côté de la ligne de front?

25 M. Hamill (interprétation): En règle générale, les tirs embusqués se

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1 produisaient sur la ligne de front elle-même. Il y avait des immeubles

2 d'habitation dans la région de Grbavica et vers la rivière; il y avait des

3 magasins qui, en règle générale, étaient la cible des tireurs embusqués.

4 En tout cas, les personnes se trouvant dans ces zones étaient la cible de

5 ces tireurs embusqués. Manifestement, là, cela venait de l'autre côté de

6 la rivière, cela venait de la zone contrôlée par l'Armija.

7 Mais parfois, il y avait des munitions, des balles incendiaires ou des

8 armes légères qui étaient utilisées.

9 Question: Oui, mais Grbavica était contrôlée par qui?

10 Réponse: Par les Serbes.

11 Question: Et jamais, vous n'avez constaté qu'il y aurait eu des tirs qui

12 soient, pour ainsi dire, restés du même côté de la ligne de front? Par

13 exemple, qu'il y aurait l'armée de Bosnie-Herzégovine qui aurait tiré sur

14 quelqu'un se trouvant dans la même zone?

15 Réponse: Non.

16 Question: Vous nous avez dit n'avoir jamais constaté que des objets civils

17 auraient été visés lorsque vous étiez au poste Lima, c'est bien cela?

18 Intentionnellement donc. Est-ce que vous étiez au courant du fait,

19 effectivement, de la nature des cibles? Vous nous avez expliqué que vous

20 étiez toujours informé des cibles?

21 Réponse: Oui

22 Question: Est-ce que vous avez toujours été vraiment informé? Quel est le

23 pourcentage des cas où vous avez été informé qu'il y avait des tirs,

24 éventuellement des cibles et quel était le pourcentage des cas où vous

25 n'avez pas du tout été informé qu'il y avait des tirs?

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1 Réponse: Il y a toujours eu des rapports sur les tirs, parce que vous

2 aviez une équipe qui séjournait sur la ligne de feu ou près de celle-ci;

3 donc il était rare que cela se passe sans qu'une équipe soit au courant.

4 Ils nous disaient sur quoi ils tiraient, si c'était peut-être en réponse à

5 une attaque sur certaines positions, sur certaines zones, sur certains

6 villages. Mais, de façon tout à fait absolue, ceux qui tiraient disaient à

7 l'équipe -l'équipe qui les surveillait- sur quoi ils tiraient, mais ils

8 affirmaient toujours que c'était une cible militaire. Il était impossible

9 de vérifier ce qui se trouvait de l'autre côté.

10 Question: A la lecture des rapports, des "inreps", par la suite, il ne

11 vous était pas possible de voir si la cible qui vous avait été mentionnée

12 était bien la cible où l'obus, le projectile était tombé?

13 Réponse: Monsieur le Président, je dois dire qu'il y avait beaucoup de

14 tirs à l'époque, vous savez, et nous cherchions surtout à fournir des

15 rapports plutôt qu'à les lire. Je ne me souviens pas avoir eu le temps de

16 m'asseoir et de faire une corrélation entre les rapports et les

17 informations que nous avions reçus.

18 Question: Est-ce que je dois vous comprendre de cette façon-ci? Lorsque

19 vous dites que vous n'avez jamais constaté qu'il y avait

20 intentionnellement des cibles civiles, vous vouliez dire que l'on ne vous

21 a jamais dit que l'on prenait pour cibles des cibles civiles?

22 Réponse: C'est exact.

23 Question: Le Juge El Madhi vous a posé une question et vous avez dit, en

24 guise de réponse, qu'à votre avis, les tirs embusqués étaient un

25 instrument utilisé…

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1 Je vais peut-être reprendre le passage du compte rendu d'audience.

2 Réponse: Par les autorités.

3 Question: Donc les autorités militaires?

4 Réponse: Militaires et civiles.

5 Question: Je vois "militaires et civiles". Sur quoi basez-vous cet avis?

6 Vous avez dit que c'était votre avis, mais sur quoi le fondez-vous?

7 Réponse: Sur le fait que, pendant toute la période qui commence en avril

8 1992 jusqu'à la fin des hostilités, cela s'était poursuivi. Et si les

9 autorités militaires et civiles l'avaient voulu, elles auraient pu mettre

10 fin à ces tirs embusqués. Manifestement, elles ne l'ont pas fait; tout du

11 moins, elles l'ont encouragé. A mon avis, logiquement, la conclusion à

12 tirer est qu'ils s'en servaient comme moyen, instrument de terreur contre

13 la partie adverse.

14 Je dirais que le contrôle de la zone était suffisant, qu'il y avait

15 suffisamment de contrôles sur les militaires par les pouvoirs politiques

16 et suffisamment de contrôles sur les unités militaires de faible rang par

17 les formations militaires plus élevées, suffisamment pour arrêter toute

18 activité inégale. Ce qu'ils n'ont pas fait: les tirs se sont poursuivis.

19 J'en conclu qu'une décision a été prise, ou plutôt une non-décision, de ne

20 pas les arrêter. D'une façon ou d'une autre, c'était une politique que de

21 se servir des tireurs embusqués.

22 Question: Vous nous avez expliqué les mécanismes d'ajustement dans les

23 tirs de mortiers: d'abord, on tire un obus pour voir où il tombe et puis

24 on ajuste.

25 (Le témoin acquiesce.)

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1 Si on a une équipe bien formée, la première fois qu'elle tire, ce premier

2 tir d'ajustement, si l'équipe est bonne, en moyenne, de combien vont-ils

3 se rapprocher de la cible visée: 100 mètres, 500 mètres, un kilomètre?

4 Parce que vous avez dit que le deuxième obus était plus près de la cible.

5 (Le témoin acquiesce.)

6 J'aimerais savoir quel serait l'écart possible entre le premier et le

7 deuxième coup?

8 Réponse: Si vous avez de bonnes données cartographiques et de bonnes

9 données météorologiques, si vous avez de bons calculs, cela peut faire, au

10 premier coup, 200 à 300 mètres. Le deuxième coup serait beaucoup plus

11 proche, peut-être de l'autre côté de la cible visée, à moins de la moitié

12 de la distance. Le troisième coup, généralement, toucherait la cible ou à

13 peu près.

14 Un obus de mortier, je le répète, peut causer des dégâts sur une vaste

15 zone. Si c'était dans un rayon de 100 mètres ou de 120 mètres, avec un 120

16 millimètres, on peut considérer que l'obus a touché sa cible puisque l'on

17 a provoqué la perturbation recherchée dans un rayon de 100 mètres. Je dis

18 que si vous touchez à 300 mètres ou 100 mètres, vous êtes pratiquement en

19 plein dans le mille.

20 Question: Vous avez parlé des dégâts que vous avez constatés, je pense à

21 l'hôpital à Kosevo. Vous dites que, sans doute, il a été touché par un tir

22 de char, un tir assez horizontal. L'impact venait de quel côté?

23 Réponse: Du nord. En règle générale c'était depuis le nord. Je n'ai pas

24 vérifié sur ma boussole, mais en général, c'était du nord.

25 Question: Vous parlez des collines. Ce sont celles au nord de Sarajevo?

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1 Réponse: C'est exact.

2 Question: Vous nous avez dit que pour une oreille qui n'est pas habituée à

3 ce genre de chose, elle ne peut pas faire de distinction entre des

4 explosions quelles qu'elles soient. Avez-vous pensé à des explosions en

5 particulier, car un fusil provoque aussi une détonation? Ce sera ma

6 première question: de quel type d'explosion parlez-vous?

7 Ma deuxième question sera celle-ci: si des civils sont sur les lieux

8 pendant un ou trois ans, est-ce qu'ils sont mieux à même de faire une

9 distinction?

10 Réponse: Première question, si je comprends le contexte: s'il y a une

11 différence entre un obus d'obusier et un obus de mortier? C'est dans ce

12 contexte que j'ai dit qu'une oreille non avertie ne pourrait pas faire la

13 différence entre ces deux obus ou même entre une explosion provoquée par

14 la détonation d'un explosif ou par la détonation d'une mine.

15 La population de Sarajevo a subi un entraînement rigoureux pendant très

16 longtemps et je suis sûr qu'ils avaient affiné leurs sens, notamment

17 l'ouïe, mais il n'y a pas vraiment de différence entre le bruit provoqué

18 par un obus et par une bombe. Vous savez un son, un bruit, une détonation

19 roulante, mais c'est un son tout à fait différent de celui provoqué par un

20 tir de canon ou de mortier, si ces deux-là, après un certain temps,

21 commencent à faire la différence.

22 Question: Mis à part le tir, l'explosion elle-même, la façon dont le

23 projectile se déplace dans l'air, est-ce que cela donne un son différent?

24 On a eu des sons sifflants, certains témoins les ont décrits comme cela.

25 Pouvez-vous nous dire quelle est la différence pour une oreille avertie ou

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1 une oreille formée sur le terrain? Comment pourrait-elle faire la

2 différence?

3 Réponse: Vous avez tout à fait raison de parler d'un son sifflant. Celui-

4 ci vient du fait que lorsque l'on tire un obus à partir d'un canon, il

5 passe par le tube et puis il se déforme dans son déplacement, car vous

6 savez il y a ces rayures qui lui donnent ce mouvement de vrille. Pour la

7 vrille, il faut un stabilisateur afin que la trajectoire soit rectiligne,

8 car sinon l'obus va ballotter. Il ne sera pas précis.

9 Ce que vous entendez, c'est le bruit provoqué par la rotation de l'obus au

10 moment où il traverse l'air. Les canons, en particulier, sont tirés à une

11 autre vélocité de bouche de canon. Donc, on entend un craquement, ce qui

12 représentait un son supersonique ou ressemblait à cela. Vu la nature de

13 l'arme, on utilise un tube beaucoup plus étroit avec des explosifs de

14 moindre pression. Cela fait un son plus sourd. Il n'y a pas de vrille, car

15 il n'y a pas de rayure sur le tube, les tubes sont lisses. Au lieu d'avoir

16 des rayures, il y a un empennage, une queue avec dix ailettes, cinq ou dix

17 ailettes. On mettra le nombre d'ailettes supposées nécessaires. Elles

18 permettent de stabiliser le vol et le vol est pratiquement silencieux, car

19 il est lent et qu'il n'y a pas de vrille.

20 Question: Vous avez parlé de ces rapports de tirs, "shootrep" et "increp",

21 ces rapports d'incidents. Vous avez rappelé les différences qu'il y avait

22 entre les deux factions. Pouvez-vous nous dire, concernant les pilonnages

23 et les tirs isolés, quel serait l'équilibre ou le rapport entre les deux

24 parties, 70/30, 40/60?

25 Réponse: De façon générale, il y avait beaucoup plus de rapports de tirs,

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1 dix fois plus… peut-être pas dix fois plus, mais en tout cas, beaucoup

2 plus venant du côté de la VRS que du côté de l'Armija.

3 Les tirs du côté de la VRS étaient, en général, plus lourds. C'était de

4 l'artillerie lourde, des mortiers. Il y avait une beaucoup plus grande

5 concentration d'armes légères du côté de l'Armija, l'armée de Bosnie-

6 Herzégovine.

7 Les tirs d'armes légères, en général, ne sont pas notés dans les rapports

8 quotidiens. Ce que l'on indique dans ces rapports quotidiens, ce sont les

9 tirs très intenses à l'arme légère qui montraient qu'il y aurait eu des

10 affrontements ou des pilonnages. Comme les pilonnages, pratiquement 90%

11 des pilonnages venaient du côté de la VRS, dans les rapports, il semble

12 qu'il y ait un fort déséquilibre pesant dans ce sens, mais je le répète,

13 la VRS se servait de l'artillerie de la même façon que l'Armija se servait

14 de l'infanterie.

15 La VRS n'avait pas beaucoup d'infanterie, pas beaucoup de troupes. Elle

16 avait donc besoin de l'artillerie comme multiplicateur de forces pour

17 compenser l'absence d'effectifs. De l'autre côté, l'Armija avait

18 énormément de troupes mais très peu d'équipements lourds, d'armes lourdes.

19 Elle se servait donc beaucoup plus d'armes légères que ce n'était le cas

20 du côté de la VRS.

21 Question: Je vous remercie beaucoup de cette réponse. La question finale

22 que j'avais posée: vous nous avez dit que les positions de mortiers qui

23 étaient occupées de façon très brève notamment pour l'hôpital de Kosevo et

24 le bâtiment de l'ONU -nous avons entendu des dépositions avant concernant

25 un rapport de tirs de mortiers depuis l'hôpital de Kosevo-, vous avez

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1 utilisé le pluriel, pouvez-vous nous donner davantage de renseignements à

2 ce sujet en ce qui concerne les autres occasions où cela s'est produit

3 indépendamment de celui qui figure dans le rapport.

4 Réponse: Je crains, Monsieur le Président, qu'il s'agisse d'un rapport

5 anecdotique que j'ai obtenu dans une conversation de collègues du côté du

6 secteur PAPA. Donc je ne pourrai pas donner de renseignements précis sur

7 le jour, l'heure mais au cours d'entretiens, de conversations, on nous a

8 dit que cela avait eu lieu plusieurs fois et là encore on parle peut-être

9 de deux ou cinq occasions, mais c'est purement anecdotique.

10 Question: Est-ce que ceci est également vrai pour le quartier général de

11 l'ONU?

12 Réponse: Je me souviens d'une référence spécifique: lorsque je suis entré

13 dans le quartier général, il a tiré d'un emplacement de stationnement de

14 voiture.

15 M. le Président (interprétation): Je vous remercie beaucoup. J'allais

16 annoncer que l'on pouvait faire une pause.

17 Monsieur Ierace?

18 M. Ierace (interprétation): Monsieur le Président, Messieurs les Juges, je

19 crois qu'il y a une question sur laquelle nous avons besoin d'une

20 clarification par rapport à une réponse donnée par le témoin au sujet

21 d'une question posée par les membres du Tribunal, simplement un

22 éclaircissement.

23 M. le Président (interprétation): Oui, voulez-vous poser cette question,

24 s'il vous plaît. Est-ce qu'il a eu d'autres questions après la suspension.

25 Est-ce que vous avez d'autres questions, Maître?

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1 M. Piletta-Zanin: Peut-être est-ce la même que celle que posera M. Ierace.

2 Qui sait?

3 M. le Président (interprétation): Oui, si c'est une seule question, d'un

4 côté comme de l'autre ou les deux côtés si c'est la même question, on peut

5 le faire avant de suspendre.

6 (Second interrogatoire principal supplémentaire du témoin, M. John Hamill,

7 par M. Ierace.)

8 M. Ierace (interprétation): Vous nous avez dit qu'il y avait des bandes

9 d'irréguliers qui, à votre avis, étaient sous le contrôle des autorités.

10 Vous vous êtes référé à une bande dont vous avez dit que vous pensiez

11 qu'elle était sous le contrôle d'un officier déterminé et que cette bande

12 était conduite par un Vasilije Vidovic. Le nom de cet officier aurait été

13 Vasilije Vidovic ou était-ce quelqu'un d'autre?

14 M. Hamill (interprétation): Non, dans ce cas particulier, le chef de cette

15 bande était Vasilije Vidovic, mais c'était ce que je croyais et mon

16 interprète m'a qu'il était sous le contrôle d'un autre officier qui était,

17 pour autant que je sache, un commandant de brigade, commandant par intérim

18 en quelque sorte des différentes brigades qui trouvaient sous le côté

19 septentrional de la ville.

20 Question: Est-ce qu'on vous a dit quel était le nom de cet officier?

21 Réponse: Oui, on m'a dit que son nom était le général Josipovic.

22 M. Ierace (interprétation): Je vous remercie.

23 Merci, Monsieur le Président.

24 M. le Président (interprétation): Etait-ce la même question, Maître

25 Piletta-Zanin?

Page 6232

1 M. Piletta-Zanin: Non, j'ai trois questions et pas une seule!

2 M. le Président (interprétation): J'ai quelques doutes pour ce qui est

3 d'accepter vos estimations pour ce qui est du temps disponible. Si vous

4 pouvez nous dire que vous pouvez le faire en quelques minutes, je vous

5 donne l'occasion de le faire maintenant, sinon nous suspendons.

6 (Second contre-interrogatoire supplémentaire du témoin, M. John Hamill,

7 par Me Piletta-Zanin.)

8 M. Piletta-Zanin: Je serai plus court que l'accusation.

9 M. le Président (interprétation): Bien.

10 M. Piletta-Zanin:Vous avez parlé tout à l'heure d'une politique des

11 autorités par rapport au contrôle des troupes de snipers. Visiez-vous, en

12 donnant votre estimation personnelle, visiez-vous également les troupes

13 dites "de Sarajevo" et les autorités dites "de Sarajevo", c'est-à-dire

14 gouvernementales?

15 M. Hamill (interprétation): Bien sûr.

16 Question: Merci de cette réponse claire et précise.

17 La deuxième question: avez-vous entendu, Monsieur le Témoin, par rapport à

18 la question des snipers, d'un accord anti-snipers, ou tout au moins d'un

19 projet d'accord anti-snipers qui aurait été élaboré à Sarajevo?

20 Réponse: J'ai quelques souvenirs de conversations de ce genre.

21 Question: Vous confirmez, si tel est bien le cas, que c'est bien son

22 excellence le général Galic, ici présent, qui avait été l'origine, côté

23 serbe évidemment, de ce projet.

24 Réponse: Je ne saurais dire.

25 M. Piletta-Zanin: Pas d'autre question. Merci beaucoup.

Page 6233

1 M. le Président (interprétation): Je vous remercie beaucoup.

2 M. Nieto-Navia (interprétation): Excusez-moi, Monsieur le Président, nous

3 n'avons pas de réponse à la question qui était de savoir, lorsqu'on vous

4 donnait votre évaluation personnelle, car c'est une appréciation, est-ce

5 que vous aviez aussi à l'esprit ce qu'on a appelé les troupes dites "de

6 Sarajevo" sous les autorités de Sarajevo. En parlant de tirs isolés, vous

7 avez dit "bien sûr" ou quelque chose comme ça?

8 M. Hamill (interprétation): Exactement. J'ai dit "bien sûr".

9 M. le Président (interprétation): Je vais vérifier sur le compte rendu.

10 D'après mes souvenirs, c'était cela. Oui, la réponse n'est pas à la fin de

11 la ligne 20 de la page 72, il y a un "A" pour réponse mais la réponse

12 était "bien sûr", n'est-ce pas?

13 M. Piletta-Zanin: Voilà ce qui se passe lorsque la défense est trop

14 rapide, Monsieur le Président.

15 M. le Président (interprétation): Oui.

16 Monsieur, ceci conclut votre déposition devant le Tribunal. Je vous

17 remercie beaucoup, Monsieur Hamill, d'avoir répondu à toutes les questions

18 posées par toutes les parties et les membres du Tribunal.

19 Vous comprendrez qu'il est important que cette Chambre dispose des

20 renseignements de ceux qui étaient présents à l'époque en ces lieux, de

21 façon à pouvoir préparer les décisions qu'elle devra prendre.

22 Je vous remercie beaucoup encore une fois d'être venu jusqu'ici.

23 Monsieur l'huissier, voudriez-vous escorter M. Hamill hors du prétoire.

24 (Le témoin, M. John Hamill, est reconduit hors du prétoire.)

25 M. le Président (interprétation): Je suggère aussi que, puisqu'il est 12

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1 heures 40, nous ayons une suspension jusqu'à 13 heures et après cela, nous

2 traiterons la question des documents.

3 (L’audience, suspendue à 12 heures 40, est reprise à 13 heures 05.)

4 (Questions relatives à la procédure - Matières relatives aux éléments de

5 preuve.)

6 M. le Président (interprétation): Maître Piletta-Zanin, je voudrais tout

7 d'abord qu'on règle la question des documents, mais s'il y a quelque chose

8 que vous souhaitiez évoquer avant que nous n'en arrivions à l'examen des

9 documents. Veuillez le faire.

10 M. Piletta-Zanin: Je présente mes excuses à la Chambre pour n'avoir pas pu

11 assister hier à la l'audience, mais j'avais chargé -et elle l'a fort bien

12 fait- ma confrère Pilipovic Mara de dire combien j'étais marri. Voilà qui

13 est fait.

14 Cela précisé, Monsieur le Président, ce que la défense veut dire, c'est

15 ceci: elle a réclamé, devant vous et à d'autres occasions, réitérées et

16 reprises, des documents qu'elle jugeait indispensables à la conduite de

17 son dossier; il s'agit de ces documents de caractère militaire, soit ce

18 qu'on appelle ici les directives de l'échelon état-major à corps d'armée,

19 puis de corps d'armée à brigade.

20 Nous avons vu que ce témoin connaissait beaucoup de choses sur Sarajevo,

21 alors même qu'elles existent, elle a été dans l'incapacité de développer

22 toutes ces questions à ce témoin simplement parce qu'on lui a refusé -je

23 dis aujourd'hui "refusé"- l'accès à des documents dont l'accusation sait

24 pertinemment, un, qu'ils existent et, deux, où ils existent. Lorsque je

25 dis où, c'est à un étage d'ici, et nous avons été totalement handicapés

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1 dans la conduite de cet exposé. Cela a sans doute été plus court -c'est

2 peut-être une bonne chose-, mais certainement pas meilleur et cela n'est

3 pas une bonne chose. Merci.

4 M. le Président (interprétation): Merci, Maître Piletta-Zanin.

5 La Chambre s'attend à être informée à brève échéance des nouveaux

6 développements en la matière, et nous avons pris acte de votre objection

7 sur le fait que vous n'avez pas reçu encore les documents ou, en tous les

8 cas, pas eu accès à ces documents. Il vous faudrait, pour pouvoir bien

9 procéder à un contre-interrogatoire, avoir ces documents également pour le

10 témoin. C'est cela votre position, si je l'ai bien comprise.

11 Je vais y tenir la main et, bien sûr, on a déjà pris la décision sur la

12 façon de procéder. Nous verrons ce que sera le résultat de cela.

13 Madame la Greffière d'audience, voudriez-vous, s'il vous plaît, nous

14 guider pour ce qui est des documents?

15 Mme Philpott (interprétation): La pièce P2261 "Forpronu: rapport

16 d'investigation", P2261.2 "Examen du cratère au marché de Sarajevo", pièce

17 2261A "Marché de Sarajevo. Explosion du 5 février 1994. Résumé général du

18 rapport d'investigation de la Forpronu", P3675 "Les armes dans l'ex-

19 Yougoslavie".

20 M. le Président (interprétation): Oui, je crois que la traduction de ce

21 rapport a été ou non présentée pour versement à ce dossier ou non. Je ne

22 me souviens pas d'avoir reçu une traduction de ce rapport. Je ne sais pas

23 quelle était l'intention de l'accusation, mais comme M. Stamp n'est pas

24 là…

25 M. Ierace (interprétation): Monsieur le Président, je ne suis pas sûr où

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1 se trouve M. Stamp. Il y a peut-être un malentendu quant au moment où les

2 pièces devraient être versées au dossier. Je me demande si l'on pourrait

3 laisser cette question de versement au dossier jusqu'à environ cinq

4 minutes avant la suspension d'audience?

5 M. le Président (interprétation): Oui, mais j'avais pourtant dit très

6 clairement que c'était la chose qu'on ferait en premier, juste après la

7 suspension qui vient d'avoir lieu.

8 Je vais essayer d'aller de l'avant. Je n'ai pas entendu d'objection. La

9 seule chose qui reste à régler, c'est de savoir si 3675.1 est présentée

10 pour versement au dossier aussi, parce que c'est la version BCS du même

11 rapport; elle n'a pas été fournie avec une traduction et je pense que la

12 Chambre aura des difficulté, en tout état de cause, à lire la version en

13 BCS.

14 Donc si c'était simplement une traduction pour que le Général Galic

15 comprenne mieux le texte…

16 M. Ierace (interprétation): Monsieur le Président, j'ai un exemplaire du

17 rapport avec une traduction. Excusez-moi, Monsieur le Président, il y a

18 une version en BCS, ainsi que l'original, la version originale anglaise.

19 Si cela peut aider au versement du dossier, le numéro de la traduction les

20 P365.1.

21 M. le Président (interprétation): Oui, mais si vous voulez que la

22 traduction soit prise et versée au dossier, je ne sais pas si c'est une

23 question sur laquelle vous voulez une décision.

24 M. Ierace (interprétation): D'après ce que j'ai compris, le Tribunal avait

25 dit hier qu'un exemplaire n'était pas nécessaire. En tout état de cause,

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1 je peux fournir des exemplaires pour chacun des membres du Tribunal.

2 M. le Président (interprétation): La question est de savoir si vous voulez

3 en demander le versement de la version traduite?

4 M. Ierace (interprétation): Oui.

5 M. le Président (interprétation): Bien. Ce sera donc 3675.1.

6 Pourriez-vous ensuite nous aider, Madame la Greffière?

7 Mme Philpott (interprétation): La pièce D...

8 M. Piletta-Zanin: Je ne sais si la défense a eu, à l'époque, ces pièces

9 entre les mains. Je n'étais pas là hier et je m'en excuse, mais je ne

10 crois pas, je ne vois pas que cette traduction ait été remise, je ne sais

11 pas si elle a été remise à la défense, auquel cas j'aimerais y jeter un

12 oeil. Telles sont d'ailleurs les instructions -on doit bien parler

13 d'instructions- de mon aimable confrère.

14 M. le Président (interprétation): Madame la Greffière, un exemplaire

15 supplémentaire: pourriez-vous, s'il vous plaît, demander à l'huissier de

16 donner l'exemplaire supplémentaire à la défense?

17 (Intervention de l'huissier.)

18 M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, il faudra que je change de canal.

19 J'ai demandé la traduction en anglais, mais je vais peut-être m'exprimer

20 en anglais pour qu'on me comprenne mieux.

21 M. le Président (interprétation): Non, ceci est un malentendu, parce que

22 je parlais de la traduction en BCS et je peux comprendre, je peux imaginer

23 que vous, et non pas Me Pilipovic, vous souhaitez…

24 Maître Piletta-Zanin, l'accusation va vous fournir un texte anglais qui va

25 vous être apporté par l'huissier. Si vous avez une objection à élever à ce

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1 sujet, vous pourrez le faire à un stade ultérieur. Nous parlons seulement

2 pour le moment de la traduction.

3 M. Piletta-Zanin: Je n'y manquerai pas. Merci.

4 M. le Président (interprétation): Je vous remercie.

5 Madame la Greffière, pourriez-vous nous aider?

6 Mme Philpott (interprétation): Pièce D76, marquée par le témoin.

7 Pièce 78, un extrait du livre "Fighting for Peace" du général Sir Michael

8 Rose.

9 Pièce D79, rapport de la Forpronu. Article écrit par Jan Segers.

10 M. le Président (interprétation): Pourrais-je demander quelques

11 éclaircissements, Maître Piletta-Zanin? Les noms que l'on trouve dans

12 l'article Mawis et Mark Le Nouaille, il est dit que cela est écrit par le

13 commandant Yan Segers, mais la teneur du document semble être le résultat

14 d'une interview?

15 M. Piletta-Zanin: Ce que je semble comprendre de ce document, c'est qu'il

16 s'agit d'un compte rendu effectué, semble-t-il, par Mme Mawis et M. Mark

17 Le Nouaille d'une déclaration ou d'un article qui serait paru dans le

18 "Télé mustik" qui est un hebdomadaire, si je le lis bien, en date du 30

19 novembre 1995 où intervenait M. Yan Segers, d'ailleurs semble-t-il lui-

20 même comme auteur. Donc il s'agit là d'extraits.

21 M. le Président (interprétation): Oui. Monsieur Ierace?

22 M. Ierace (interprétation): Monsieur le Président, j'ai une objection au

23 versement de D79 pour la raison que, lorsqu'on regarde ce document, il

24 prétend être -j'insiste- une nouvelle impression d'un extrait d'un journal

25 hebdomadaire belge qui serait paru le 30 novembre 1995. On a présenté le

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1 document d'ensemble au témoin et nous lui avons demandé s'il reconnaissait

2 ce type de document et il a dit qu'il ne le reconnaissait pas. On lui a

3 demandé s'il connaissait le nom de Yan Segers, il a dit que non. Il a dit

4 que le seul point d'accord entre le témoin et la défense était qu'il était

5 au courant de l'existence du général Briquemont?

6 Il n'y a aucune base pour que ce document puisse être versé au dossier. Le

7 témoin a été invité à faire un commentaire sur un passage particulier de

8 ce document qui lui a été lu et qui figure au compte rendu, mais par ce

9 document qui n'est pas une pièce versée, l'intégrité des éléments de

10 preuve fait qu'il n'y a aucune base pour que ce document soit versé au

11 dossier.

12 M. le Président (interprétation): Oui, il est vrai, Maître Piletta-Zanin,

13 que vous avez lu ce texte de la page 4 au témoin, 3e paragraphe? Oui?

14 M. Piletta-Zanin: C'est en effet exact, Monsieur le Président. Par contre,

15 M. Ierace a omis d'indiquer que la grande question pour laquelle nous

16 soumettions ce document qui émane, semble-t-il, des Nations Unies, en tout

17 cas de la Forpronu, c'est l'existence de rumeurs et de manipulations. Et

18 le témoin a répondu sur cet objet, donc je pense que c'est pertinent, et

19 nous pourrons pour d'autres témoins re-soumettre cette pièce en demandant

20 si, oui ou non, la Forpronu émettait ce genre de papier ou s'ils l'avaient

21 vue.

22 M. le Président (interprétation): Oui. Maître Piletta-Zanin, je suis

23 d'accord avec vous qu'on lit "Forpronu" en haut, et il semble que soit un

24 extrait ou tout un article repris. Mais vous vous attendez par exemple à

25 ce que le Tribunal prenne la responsabilité de ce qui se trouve dans les

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1 articles de presse distribués comme parfois, alors bien sûr, les choses

2 sont différentes. Des coupures de presse, ça ressemble beaucoup à une

3 coupure de presse. Et si vous parlez de manipulations et de rumeurs, c'est

4 exactement la partie que vous avez lue au témoin.

5 Je voudrais simplement m'entretenir avec mes collègues.

6 (Les Juges se consultent sur le siège.)

7 Je me réfère aux décisions qui sont prises d'habitude en ce qui concerne

8 les déclarations faites antérieurement par des témoins, Maître Piletta-

9 Zanin, et comme une petite partie seulement du document a été lue par

10 vous-même au témoin, a été traitée au cours du contre-interrogatoire, la

11 Chambre décide que l'objection est acceptée et que toutes les parties

12 pertinentes du document et l'existence du document sont couvertes par ce

13 qui est dit au compte rendu. Le document n'est donc pas versé au dossier.

14 M. Piletta-Zanin: Ainsi soit-il, Monsieur le Président.

15 M. le Président (interprétation): Monsieur Ierace, êtes-vous prêt à

16 présenter votre témoin?

17 M. Ierace (interprétation): Oui, je cite le témoin AH, Monsieur le

18 Président. J'ai indiqué que le témoin se verrait montrer des photographies

19 et il serait bon que ces photographies puissent être traitées de telle

20 sorte que le public ne puisse pas les voir à cause des signatures qu'elles

21 comportent.

22 M. le Président (interprétation): Oui. Et parce que certaines personnes

23 figurent sur ces photographies. Lorsque le témoin est couvert par une

24 modification des traits du visage et la distorsion de la voix, est-ce

25 qu'on peut s'assurer que tel est bien le cas?

Page 6241

1 On m'informe du fait que la distorsion de la voix n'est pas encore

2 disponible. Il faut donc que nous ayons une petite suspension de 5 à 10

3 minutes de façon à pouvoir vérifier que le matériel de la distorsion de la

4 voix fonctionne bien.

5 M. Piletta-Zanin: Avant que nous prenions cette pause, je constate

6 simplement une chose, la découvrant maintenant: c'est que la traduction

7 anglaise, semble-t-il –c'est peut-être l'original- comprend un certain

8 nombre de modifications manuscrites.

9 Je pars du principe que c'est en ordre, c'est la même signature. Aucune

10 observation.

11 M. le Président (interprétation): Merci. Maître Piletta-Zanin, vous auriez

12 dû vous entretenir avec le conseil principal qui aurait pu vous confirmer

13 que c'était précisément sur cette partie manuscrite. Puisque vous n'étiez

14 pas présent au cours de l'interrogatoire, pourriez-vous, s'il vous plaît,

15 vous entretenir avec le conseil principal avant de faire des observations?

16 Nous allons avoir une suspension de cinq à dix minutes en attendant que le

17 matériel soit prêt pour la distorsion de la voix du témoin.

18 (L'audience, suspendue à 13 heures 24, est reprise à 13 heures 35.)

19 (Audience publique avec mesures de protection.)

20 M. le Président (interprétation): Monsieur Ierace?

21 M. Ierace (interprétation): Monsieur le Président, je voudrais que l'on

22 appelle le témoin AH.

23 M. le Président (interprétation): A-t-on pris les dispositions nécessaires

24 pour que, le moment où le témoin entrera dans le prétoire, son visage ne

25 soit pas vu par le public? Je demande ceci à l'équipe technique.

Page 6242

1 Pourrais-je avoir confirmation, de la part de la cabine technique, que

2 lorsque le témoin entrera dans le prétoire, ses traits ne seront pas

3 montrés au public?

4 Ceci m'est confirmé par la Greffière d'audience.

5 Y a-t-il quelqu'un dans le public?

6 Monsieur l'huissier, s'il vous plaît, voulez-vous faire entrer le témoin?

7 (L'huissier s'exécute.)

8 (Le Témoin AH est introduit dans le prétoire.)

9 M. le Président (interprétation): Pouvez-vous m'entendre dans une langue

10 que vous comprenez?

11 Je répète ma question: pouvez-vous m'entendre dans une langue que vous

12 comprenez?

13 Témoin AH (interprétation): Oui.

14 M. le Président (interprétation): Pourriez-vous, s'il vous plaît, répondre

15 à haute voix car, lorsque vous ne le faites pas, ce n'est pas compris par

16 les interprètes, donc ce ne sera pas traduit et cela ne figurera pas au

17 compte rendu. Chaque fois que je poserai une question ou si quelqu'un

18 d'autre vous pose une question, pourriez-vous, s'il vous plaît, donner une

19 réponse audible?

20 Témoin AH (interprétation): Je peux vous entendre.

21 M. le Président (interprétation): Témoin AH, je ne vais pas vous appeler

22 par votre nom car les mesures de protection ont été accordées en ce qui

23 concerne votre personne. Je vais donc m'adresser en tant que Témoin AH.

24 Avant de faire votre déposition dans ce prétoire, les Règlements de preuve

25 exigent que vous fassiez une déclaration pour dire que vous direz la

Page 6243

1 vérité, toute la vérité et rien que la vérité. Le texte de cette

2 déclaration va vous être présenté par l'huissier, je vous invite à faire

3 la déclaration en question.

4 Témoin AH (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la

5 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

6 M. le Président (interprétation): Veuillez vous asseoir.

7 Témoin AH, vous allez d'abord être examiné par le conseil de l'accusation,

8 puis il y aura un contre-interrogatoire du conseil de la défense.

9 Monsieur Ierace, s'il vous plaît, voulez-vous commencer?

10 Je voudrais rappeler aux deux parties qu'il faut éteindre leurs micros

11 lorsque le témoin répond à une question.

12 (Interrogatoire principal du Témoin AH par M. Ierace.)

13 M. Ierace (interprétation): Je demande que l'on montre au témoin, Monsieur

14 le Président, la pièce à conviction P3676.

15 (L'huissier distribue la pièce à conviction.)

16 Est-ce que le papier que vous avez devant vous donne bien votre nom et

17 votre date de naissance?

18 Témoin AH (interprétation): Oui.

19 Question: Avez-vous un frère?

20 Réponse: Oui.

21 M. Ierace (interprétation): Toute cette pièce à conviction est reprise. Je

22 demande la permission au Tribunal que le témoin puisse écrire sur le même

23 papier. Ceci est repris du tableau qui se trouve devant le témoin. Je

24 demande que le témoin puisse écrire sur ce même bout de papier le nom de

25 son frère.

Page 6244

1 (Le témoin AH s'exécute.)

2 M. le Président (interprétation): Monsieur l'huissier, pourriez-vous s'il

3 vous plaît montrer aux parties ce papier et, ensuite, le remettre à la

4 Greffière?

5 (L'huissier s'exécute.)

6 Veuillez commencer, Monsieur Ierace.

7 M. Ierace (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

8 Témoin, je vais vous poser des questions qui concernent votre frère.

9 Essayez de vous rappeler et de ne pas mentionner son nom lorsque vous

10 répondrez, si vous le voulez bien.

11 Témoin AH (interprétation): Très bien.

12 Question: Merci, où viviez-vous en 1992?

13 Réponse: A Sarajevo.

14 Question: Pendant la guerre, à un moment donné, avez-vous quitté Sarajevo

15 et avez-vous, d'ailleurs, quitté la Bosnie?

16 Réponse: Oui.

17 Question: Est-ce que votre frère a voyagé avec vous lorsque vous avez

18 quitté la Bosnie?

19 Réponse: Oui.

20 Question: Quand êtes-vous revenu de l'étranger et avez-vous recommencé à

21 vivre à Sarajevo?

22 Réponse: En juin 1994.

23 Question: En 1994, en juin, aviez-vous 19 ans?

24 Réponse: Oui.

25 Question: Est-ce que votre frère avait 13 ans?

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1 Réponse: Oui.

2 Question: A un moment donné, après que vous et votre frère soyez rentrés à

3 Sarajevo, est-ce que votre frère a été blessé?

4 Réponse: Oui.

5 Question: Etiez-vous auprès de lui quand il a été blessé?

6 Réponse: Oui.

7 Question: Quelle est la date à laquelle il a été blessé?

8 Réponse: Le 22 juillet 1994.

9 Question: Où vous trouviez-vous, vous et votre frère, lorsqu'il a été

10 blessé?

11 Réponse: Nous étions devant un magasin, une boutique.

12 Question: Y avait-il d'autres membres de votre famille auprès de vous et

13 de lui à ce moment-là?

14 Réponse: Oui, il y avait notre mère à nous.

15 Question: Où vous rendiez-vous à ce moment-là?

16 Réponse: Nous nous rendions en visite chez ma tante.

17 Question: D'où veniez-vous? De quelle partie de Sarajevo veniez-vous?

18 Réponse: Nous venions depuis l'agglomération nommée Otoka.

19 Question: De telle sorte que vous marchiez depuis ce secteur pour aller

20 rendre visite à votre tante, à l'époque où vous frère a essuyé un coup de

21 feu?

22 Réponse: Oui. Cela dit, lui il a été à son vélo, mais au moment où il a

23 été touché, il était debout, à côté.

24 Question: Quel type de magasin était-ce?

25 Réponse: C'était un magasin de chaussures.

Page 6246

1 Question: Pourquoi vous trouviez-vous devant ce magasin?

2 Réponse: Tout simplement, on s'est arrêté devant la vitrine du magasin.

3 Question: Que s'est-il passé exactement lorsque vous vous êtes arrêtés

4 devant la vitrine du magasin?

5 Réponse: A un premier moment, j'ai entendu le bruit de la vitre cassée,

6 après quoi…

7 (expurgé) a dit qu'il était blessé.

8 Question: (expurgé)

9 (expurgé)Je sais que c'est très difficile de se rappeler de ce qu'il faut

10 faire, mais est-ce que vous étiez en train de regarder les chaussures qui

11 se trouvaient dans la vitrine du magasin?

12 Réponse: Oui, en effet, oui.

13 Question: Est-ce que votre mère avait fait de même?

14 Témoin AH (interprétation): Oui.

15 M. Ierace (interprétation): Bien. Je crois que vous nous avez dit que vous

16 avez entendu le bruit du verre qui se brisait. Est-ce exact?

17 Je sais, Monsieur le Président, que cela n'apparaît pas au compte rendu,

18 mais je crois que j'ai entendu cela dans la traduction en anglais.

19 M. le Président (interprétation): Vous voulez dire le nom qui a été

20 prononcé? Vous voulez dire le nom qui a été prononcé, vous voudriez que ce

21 soit supprimé?

22 M. Ierace (interprétation): Non, Monsieur le Président. Le fait que le

23 témoin ait dit qu'elle avait entendu le bruit de verre qui se brisait.

24 M. le Président (interprétation): Oui? Monsieur Ierace, peut-être

25 pourriez-vous répéter la question?

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1 M. Ierace (interprétation): Je crois que je vais simplement expliquer

2 pourquoi je la pose.

3 Avez-vous entendu un bruit quelconque provenant de votre frère après avoir

4 entendu le bruit du verre qui se brisait? Est-ce que votre frère a dit

5 quelque chose quelque chose?

6 Témoin AH (interprétation): Oui. Il a dit: "Voilà, je suis blessé".

7 Question: Que s'est-il passé après cela?

8 Réponse: A côté de ce magasin, il y a un passage par où on peut passer au

9 travers de ce bâtiment-là et nous sommes entrés immédiatement dans ce

10 passage. Après quoi, deux hommes sont venus à notre secours pour nous

11 amener jusqu'à l'hôpital.

12 Question: Vous êtes-vous rendus à l'hôpital en voiture?

13 Réponse: Oui.

14 Question: Avant de gagner l'hôpital dans cette voiture avec votre frère,

15 avez-vous vu s'il y avait du sang sur lui?

16 Réponse: Oui, mais uniquement sur son corps à lui.

17 Question: Sur quelle partie de son corps?

18 Réponse: Au niveau de l'abdomen.

19 Question: Combien de temps êtes-vous restés à l'hôpital?

20 Réponse: Je ne sais pas vous dire avec précision. Quelques heures, en tout

21 cas.

22 Question: Qu'avez-vous fait après avoir quitté l'hôpital?

23 Réponse: Avec ces mêmes hommes qui nous y ont amenés, nous sommes

24 retournés ensemble. C'est-à-dire, non loin de là il y avait un petit café

25 d'où ces gens étaient sortis et c'est là que notre vélo était resté. Or,

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1 nous sommes retournés ensemble pour chercher notre bicyclette.

2 Question: Avez-vous parlé à quelqu'un lorsque vous êtes revenue sur les

3 lieux de l'incident, en ce qui concerne des dommages qu'aurait pu subir le

4 café?

5 Réponse: Oui.

6 Question: A qui avez-vous parlé à ce sujet?

7 Réponse: J'ai parlé avec un homme qui, au moment-même, était présent.

8 C'est-à-dire, il était dans le café même.

9 Question: Avez-vous vu quelques dommages causés à l'intérieur du café ou à

10 l'extérieur du café?

11 Réponse: Oui. A l'intérieur du café, j'ai pu voir le trou d'impact de la

12 balle.

13 Question: A l'époque, au moment où votre frère a été blessé par ce coup de

14 feu, y avait-il d'autres enfants près de vous?

15 Réponse: Vraiment, je ne m'en souviens pas.

16 Question: Y avait-il d'autres adultes près de vous?

17 Réponse: Je pense qu'il y en avait, mais je ne suis pas capable de le dire

18 avec certitude cette fois-ci.

19 Question: Quel type de vêtements portiez-vous au moment où votre frère a

20 été blessé par balle?

21 Je vais répéter ma question: quels vêtements portiez-vous au moment où

22 votre frère a été blessé par une balle?

23 Réponse: Je ne me souviens vraiment pas pour parler des vêtements qui

24 étaient les miens ou de ma mère, mais quant à mon frère, lui, il avait un

25 T-shirt et des shorts.

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1 Question: Aviez-vous un travail à l'époque?

2 Réponse: Non, je me rendais encore à l'école.

3 Question: Est-ce que votre mère avait un travail à l'époque?

4 Réponse: Oui.

5 Question: Quel était ce travail?

6 Réponse: A cette époque, ma mère travaillait pour la Croix Rouge.

7 Question: Avez-vous remarqué, au moment où votre frère a été blessé, s'il

8 y avait des véhicules militaires dans le voisinage?

9 Réponse: Je ne m'en souviens pas vraiment.

10 Question: Avez-vous remarqué quelqu'un portant un uniforme militaire dans

11 le secteur au moment où votre frère a été blessé?

12 Réponse: Je ne m'en souviens pas non plus.

13 M. Ierace (interprétation): Je demande que l'on montre au témoin le

14 document P3269. Monsieur le Président, si on peut le placer sur le

15 rétroprojecteur, il faudrait que l'image qui figure au rétroprojecteur ne

16 puisse pas être vue par le public.

17 M. le Président (interprétation): Oui, est-ce que la cabine technique

18 pourrait confirmer que ce qui sera mis sur le rétroprojecteur, concernant

19 ce document, ne sera pas diffusé en dehors de ce prétoire?

20 (L'huissier distribue la pièce à conviction.)

21 (Le Président s'entretient avec la greffière.)

22 M. Ierace (interprétation): Monsieur le Président, je viens juste de voir

23 l'heure.

24 M. le Président (interprétation): Je viens de conférer avec mes collègues.

25 Je voudrais savoir s'il est possible, pour ceux qui interprètent et pour

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1 les techniciens, de nous aider: j'aurais souhaité poursuivre jusqu'à 14

2 heures, mais il y a une conférence de mise en état ensuite. Alors je

3 souhaiterais interrompre dans environ 7 minutes, s'il n'y a pas

4 d'objection. Je vous remercie de votre coopération.

5 Bien. Veuillez poursuivre Monsieur Ierace.

6 M. Piletta-Zanin: La défense est enchantée, Monsieur le Président.

7 M. le Président (interprétation): Merci.

8 M. Ierace (interprétation): L'accusation est également très

9 reconnaissante.

10 Est-ce que vous avez fait une déclaration à l'enquêteur au Bureau du

11 Procureur en septembre de l'an dernier?

12 Témoin AH (interprétation): Oui.

13 Question: A l'époque, est-ce que l'on vous a montré les photos en

14 couleurs?

15 Réponse: Oui.

16 Question: Reconnaissez-vous les quatre photographies qui ont été placées

17 devant vous comme étant les photographies en question?

18 Témoin AH (interprétation): Oui.

19 M. Ierace (interprétation): Est-ce que l'on peut placer en toute sécurité

20 ce document sur le rétroprojecteur?

21 M. le Président (interprétation): J'ai demandé qu'on me confirme que cela

22 pouvait être fait en toute sécurité. Ceci m'est confirmé maintenant par la

23 greffière.

24 M. Ierace (interprétation): Au moment où on vous a montré ces

25 photographies, est-ce que vous avez mis des marques au marqueur noir sur

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1 deux d'entre elles?

2 Témoin AH (interprétation): Oui.

3 Question: Avez-vous aussi signé chacune des quatre photographies que l'on

4 vous a montrées?

5 Réponse: Oui.

6 Question: Bien. Voyez-vous que ces photographies sont numérotées 1, 2, 3,

7 4?

8 Réponse: Oui.

9 Question: Par rapport à la photographie 1, est-ce que celle-ci montre bien

10 la rue dans laquelle vous-même et votre famille se trouvaient lorsque

11 votre frère a été blessé, vue d'une certaine distance?

12 Réponse: Oui.

13 M. Ierace (interprétation): Avez-vous mis un cercle noir vers le milieu de

14 cette photographie?

15 Témoin AH (interprétation): Oui.

16 M. le Président (interprétation): Oui, Maître Piletta-Zanin?

17 M. Piletta-Zanin: Son excellence, le général Galic, examine ces photos. Je

18 ne sais pas si on peut les avoir sur l'écran parce que nous, nous n'avons

19 strictement rien. Alors j'ai cru comprendre que M. Ierace voulait les

20 poser sur le rétroprojecteur. Nous n'avons rien sur nos écrans.

21 M. le Président (interprétation): Oui.

22 M. Ierace (interprétation): C'était délibéré de ma part. Je suis sur le

23 point de demander qu'on les pose sur le rétroprojecteur, mais je voulais

24 poser quelques questions avant qu'on ne le fasse pour établir la base du

25 caractère pertinent de la marque noire.

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1 M. le Président (interprétation): Oui, mais il est difficile, pour le

2 général Galic, de suivre vos questions si vous parlez de marques sur les

3 photographies et s'il y a une personne, dans ce prétoire, qui ne peut pas

4 les voir.

5 Est-ce que c'est un problème maintenant pour vous de les faire mettre sur

6 le rétroprojecteur?

7 M. Ierace (interprétation): Pas du tout, on peut maintenant les placer sur

8 le rétroprojecteur.

9 M. le Président (interprétation): Bien.

10 (L'huissier s'exécute.)

11 M. Ierace (interprétation): Vous nous avez dit que cette photographie, que

12 nous pouvons voir maintenant dans le prétoire, est une vue d'une certaine

13 distance de la rue dans laquelle votre frère a été blessé par balle. On a

14 dit que vous aviez également mis un cercle en noir vers le milieu de cette

15 photographie. Que représente ce cercle noir?

16 Témoin AH (interprétation): Le cercle désigne l'endroit où nous nous

17 trouvions au moment où mon frère a été touché, a été blessé.

18 Question: Je demande que la deuxième photographie soit maintenant mise,

19 présentée sur le rétroprojecteur. Avez-vous aussi mis une marque noire sur

20 cette photographie? Et dans l'affirmatif, qu'est-ce que cela indique?

21 Réponse: Oui, cela veut dire que cela désigne, une fois de plus, l'endroit

22 où nous nous trouvions à ce moment-là.

23 Question: Pourriez-vous nous dire qui sont les deux personnes qui sont sur

24 la photographie?

25 Réponse: Oui, ce sont ma mère et mon frère.

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1 Question: En ce qui concerne vos déclarations antérieures, est-ce que le

2 magasin de chaussures est immédiatement derrière votre frère et votre mère

3 sur cette photographie?

4 Réponse: Oui.

5 Question: Après que votre frère a été blessé, où est-ce que vous et votre

6 famille vous êtes-vous trouvés? Où êtes-vous passé?

7 Réponse: Nous avons emprunté ce passage que vous pouvez voir sur la

8 photographie.

9 Question: A gauche du passage, nous pouvons voir ce qui semble être un

10 café. Est-ce que c'est le café dont vous avez parlé plus tôt?

11 Réponse: Oui.

12 Question: Je demande à ce que la photographie n°3 soit placée sur le

13 rétroprojecteur.

14 (Intervention de l'huissier.)

15 Est-ce que la troisième photographie montre aussi votre frère et votre

16 mère?

17 Réponse: Oui.

18 Question: Est-ce que c'est une vue prise à partir de la galerie couverte,

19 à partir de l'immeuble qui contenait le magasin de chaussures?

20 Réponse: Oui.

21 Question: Pourrait-on placer la photographie n°4 sur le rétroprojecteur?

22 Est-ce que la photographie n°4 montre une vue rapprochée de la même

23 colline qui peut être vue sur la photographie n°3?

24 Réponse: Oui.

25 Question: Connaissez-vous le nom de cette colline?

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1 Réponse: Je crois que la colline s'appelle Hrasno.

2 Question: Excusez-moi, Monsieur le Président.

3 Avez-vous vu une blessure sur une partie du corps de votre frère après

4 qu'il ait été blessé par balle?

5 Réponse: Excusez-moi, est-ce que vous pouvez reprendre votre question?

6 Question: Oui, je vais la reformuler légèrement. Après qu'on lui ait tiré

7 dessus ce jour-là, avez-vous vu une blessure sur le corps de votre frère?

8 Réponse: A ce moment même, oui. Mais plus tard, lorsque nous nous sommes

9 rendus à l'hôpital, je n'ai plus pu en voir.

10 Question: A peu près où sur son corps se trouvait cette blessure?

11 Témoin AH (interprétation): A peu près au niveau de l'estomac.

12 M. Ierace (interprétation): Monsieur le Président, ceci nous permet

13 d'achever l'interrogatoire principal.

14 M. le Président (interprétation): Je vous remercie beaucoup, Monsieur

15 Ierace.

16 Peut-être pourrais-je poser une question moi-même. Vous avez posé une

17 question au témoin en ce qui concerne son âge à l'époque, et j'ai eu du

18 mal à combiner à la fois votre question et sa réponse. Est-ce une erreur

19 de votre part?

20 M. Ierace (interprétation): Monsieur le Président, ceci étant le cas,

21 pourrais-je poursuive juste un moment demain matin l'interrogatoire

22 principal? Je préciserai les choses demain matin.

23 M. le Président (interprétation): Oui.

24 Témoin AH, nous nous arrêtons aujourd'hui. Demain matin, il y aura une ou

25 quelques questions qui vous seront posées par le conseil de l'accusation,

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1 puis les questions vous seront posées par le conseil de la défense et

2 peut-être aussi des questions émanant des Juges du Tribunal.

3 Nous reprendrons donc demain à 9 heures dans ce même prétoire, et nous

4 levons la séance maintenant jusqu'à ce moment-là.

5 (L'audience est levée à 14 heures 03.)

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