Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le mardi 3 juin 2008

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 9 heures 01.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour à toutes et à tous.

  6   Monsieur le Greffier, veuillez annoncer l'affaire.

  7   M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour à toutes et à tous. Il s'agit de

  8   l'affaire IT-06-90-T, le Procureur contre Ante Gotovina et consorts.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Greffier.

 10   Même s'il nous faut encore évoquer quelques pièces à conviction, la Chambre

 11   préfère que l'on fasse venir le témoin suivant.

 12   Monsieur Tieger, est-ce vous qui allez interroger ce témoin ?

 13   M. TIEGER : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Etes-vous prêt à l'appeler à la barre ?

 15   Il s'agit de M. Forand, n'est-ce pas ?

 16   M. TIEGER : [interprétation] C'est exact.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'ai cru comprendre qu'il y avait un

 18   nombre assez important de documents joints en annexe à la déclaration

 19   présentée en application de l'article 92 ter.

 20   M. le Greffier est prêt à attribuer des cotes provisoires à ces documents.

 21   Il n'y a pas eu d'objection, me semble-t-il, au vu des écritures des

 22   parties quant à l'admission des déclarations ou des pièces.

 23   Maître Kuzmanovic, vous hochez la tête, Me Mikulicic également. La Défense

 24   de M. Gotovina semble être d'accord également.

 25   Monsieur le Greffier, pouvez-vous attribuer des cotes à tous les documents

 26   figurant sur cette liste.

 27   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour, Monsieur Forand.

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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Forand, avant de témoigner

  3   devant cette Chambre, le Règlement de procédure et de preuve exige que vous

  4   prononciez une déclaration solennelle par laquelle vous vous engagez à dire

  5   la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.

  6   Veuillez lire ce texte, je vous prie.

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai

  8   la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

  9   LE TÉMOIN: ALAIN ROBERT FORAND [Assermenté]

 10   [Le témoin répond par l'interprète]

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Forand.

 12   Veuillez prendre place.

 13   Monsieur Forand, je m'adresse à vous en vous appelant Monsieur Forand et

 14   non pas général Forand. Ce faisant, je ne cherche absolument pas à me

 15   montrer irrespectueux envers vous, mais il se trouve que toutes les

 16   personnes qui viennent témoigner devant cette Chambre, quel que soit leur

 17   grade et quelle que soit leur fonction, sont appelés Monsieur ou Madame.

 18   Donc ne pensez pas qu'il s'agit d'un manque de respect de notre part, c'est

 19   ce que nous avons décidé de faire. D'autres pourront décider de procéder

 20   différemment.

 21   Monsieur Tieger, vous avez la parole.

 22   M. TIEGER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 23   Interrogatoire principal par M. Tieger : 

 24   Q.  [interprétation] Bonjour, général Forand.

 25   R.  Bonjour.

 26   Q.  Pourriez-vous décliner votre identité pour les besoins du compte rendu

 27   d'audience.

 28   R.  Alain Forand.

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  1   Q.  Général, je souhaiterais que l'on examine rapidement les moments

  2   marquants de votre carrière militaire. A titre liminaire, je souhaiterais

  3   que l'on évoque un petit peu votre parcours rapidement.

  4   Alors nous allons revenir sur les moments importants et vous allez me

  5   confirmer si ces informations sont exactes ou pas.

  6   Vous avez rejoint l'armée canadienne en septembre 1967. En juillet 1995,

  7   vous avez été nommé commandant du commandement mobile. Avant cela, vous

  8   aviez servi à deux reprises à Chypre, une fois pendant les hostilités

  9   survenues en 1974. Vous avez été promu au grade de commandant en août 1978,

 10   vous avez commandé le 1er Bataillon de la compagnie B jusqu'en 1980.

 11   Vous avez occupé les fonctions d'instructeur en chef à l'école d'infanterie

 12   de la base des forces canadiennes. En juillet 1987, vous êtes devenu

 13   officier au sein de l'état-major chargé des opérations et de l'instruction

 14   au QG du commandement mobile. En 1988 et 1989, vous dirigiez la

 15   coordination des opérations militaires, après quoi, vous avez dirigé le

 16   service chargé de la coordination.

 17   En 1993, vous avez été promu au grade de général de division. En

 18   1995, vous avez assumé le commandement des forces de maintien de la paix et

 19   des Nations Unies déployées dans le secteur sud. Vous étiez commandant du

 20   secteur sud au sein de la Mission de l'ONU en Croatie; est-ce exact,

 21   général Forand ?

 22   R.  Oui. J'ai commandé effectivement une brigade dans le cadre d'actions

 23   militaires. Nous avons été exposés à des tirs et j'ai sauvé deux de mes

 24   soldats à Chypre en 1974.

 25   Q.  Merci.

 26   Général, vous avez fourni au bureau du Procureur quatre déclarations

 27   respectivement datées des 19 et 20 juin en 1996; du 6 juin 1997; du mois de

 28   novembre en 1999 et du mois de janvier 2008. Avez-vous eu la possibilité

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  1   d'examiner ces déclarations avant de venir déposer à la barre ce matin ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Vous avez attiré notre attention sur quelques corrections à apporter au

  4   texte et je souhaiterais que l'on parcoure ces corrections ensemble.

  5   Tout d'abord, il est fait référence à la page 6 de votre déclaration de

  6   1996, page 5 en B/C/S, à plus de 1 000 réfugiés à la base du HCR. En fait,

  7   d'après vos souvenirs, il s'agissait d'environ 700 réfugiés au moins qui se

  8   trouvaient au QG de l'ONU. En fait, ce chiffre de 1 000 réfugiés correspond

  9   au nombre de réfugiés qui ont quitté Knin le 16 septembre 1995.

 10   Vous souhaitez également apporter une déclaration [comme interprété]  à

 11   votre déclaration datée 1997, page 12 en anglais, page 7 en B/C/S,

 12   concernant le nombre de cadavres que vous avez vus à Knin le 5 août 1995.

 13   Vous souhaitiez indiquer aux Juges de la Chambre que d'après vous il

 14   s'agissait de 22 cadavres. C'est ce que vous avez dit dans l'entretien que

 15   vous avez accordé en 1995 et dans la déclaration que vous avez faite en

 16   1996, page 7 en anglais, page 7 en B/C/S également. 

 17   Par ailleurs, vous avec fait référence à un voyage à Kistanje, c'est

 18   mentionné dans votre déclaration de 1997 page 14 en anglais, page 8 en

 19   B/C/S. Vous avez tenu à signaler aux Juges de la Chambre que même si vous

 20   vous êtes rendu à Kistanje à un moment donné et que vous avez été témoin de

 21   pillages auxquels s'adonnaient certaines personnes en présence de l'armée

 22   et de la police militaire, vous avez également constaté que des dommages

 23   considérables avaient été occasionnés à la ville et que ces dommages

 24   avaient été provoqués par des pilonnages et des incendies volontaires. Cela

 25   dit, cela ne s'est passé le 12, puisque le 12 c'est le jour où vous êtes

 26   allé à Donji Lapac.

 27   Vous vouliez également modifier les informations relatives à la durée

 28   des pilonnages, paragraphe 5 de votre déclaration de 2008.  Vous avez dit

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  1   que ces pilonnages ont commencé au matin du 4, ont duré environ 45 minutes

  2   ou une heure et qu'ils s'étaient poursuivis de façon sporadique pendant

  3   toute la journée.

  4   Au paragraphe 12 de votre déclaration de 2008, vous dites que vous

  5   êtes allé au parlement au ministère de la défense de l'ARSK et vous dites

  6   que vous êtes allé au ministère de la Défense de l'ARSK deux fois ce jour-

  7   là seulement. Il se trouvait dans un bâtiment de trois étages dans l'une

  8   des rues principales de Knin.

  9   Puis, vous vouliez corriger le nombre d'effectifs des bataillons des

 10   compagnies de l'ONU, paragraphe 2 de votre déclaration de 2008. Le

 11   Bataillon kényan était composé de 1 600 hommes; le Bataillon canadien, de

 12   761 hommes; le Bataillon jordanien, de 245 hommes; le bataillon tchèque, de

 13   825 hommes; la compagnie sanitaire indonésienne, 56 hommes; la compagnie

 14   sanitaire tchèque, 21 hommes; et la compagnie du génie slovène, 64 hommes.

 15   Maintenant que ces corrections ont été apportées, est-ce que ces

 16   quatre déclarations datant de 1996, 1997, 1999 et 2008 reflètent fidèlement

 17   ce que vous avez dit aux enquêteurs du bureau du Procureur.

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Est-ce que ces informations sont véridiques et précises pour autant que

 20   vous vous en souveniez ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Si aujourd'hui à l'audience on vous posait les mêmes questions, est-ce

 23   que vos réponses seraient identiques ?

 24   R.  Oui, elles le seraient.

 25   Q.  Merci.

 26   M. TIEGER : [interprétation] Je souhaite maintenant demander le versement

 27   au dossier de ces déclarations qui dans la liste 65 ter portent les numéros

 28   4944 à 4947.

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  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous n'avez pas demandé au témoin de

  2   reconnaître formellement ces déclarations, mais il s'agit d'une simple

  3   formalité. Par conséquent, il n'y a aucun doute, je suppose que la Défense

  4   est d'accord avec moi. Je vois que oui. Bien.

  5   M. KEHOE : [interprétation] Oui.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier, commençons, si

  7   vous le voulez bien, par la déclaration de M. Forand en date de 1996.

  8   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agissait du document numéro 4944

  9   dans la liste 65 ter.  Il se voit attribuer la cote P330.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] P330 est versé au dossier.

 11   Document suivant.

 12   M. LE GREFFIER : [interprétation] Le document 4945 dans la liste 65 ter

 13   devient la pièce P331.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] P331 est versé au dossier.  Qu'en

 15   est-il de la déclaration de 1999.

 16   M. LE GREFFIER : [interprétation] La déclaration portant la référence 4946

 17   dans la liste 65 ter se voit attribuer la cote P332.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] P332 est versé au dossier. 

 19   Qu'en est-il du document de 2008.

 20   M. LE GREFFIER : [interprétation] Le document 4947 dans la liste 65 ter se

 21   voit attribuer le cote P333.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] P333 est donc versé au dossier de

 23   l'espèce.

 24   Avant de poursuivre, Monsieur Tieger, il nous reste une décision à

 25   prendre concernant les pièces à conviction. Il s'agit d'ajout de pièces à

 26   la liste 65 ter. Cela concerne le rapport de situation du 30 août établi

 27   par les responsables du secteur sud. Il s'agit du rapport de situation du

 28   23 août, où il est indiqué que les autorités croates doivent prendre

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  1   certaines mesures pour garantir que les droits de l'homme sont protégés.

  2   Nous avons un document du 3 septembre en 1995; et enfin nous avons une

  3   lettre adressée par

  4   M. Cermak à M. Forand en date 8 août. M. Gotovina et Markac [comme

  5   interprété] sont en copie.

  6   Je n'ai trouvé aucune objection au versement au dossier de ces

  7   documents dans les écritures des parties. Ces documents sont donc ajoutés à

  8   la liste 65 ter.

  9   M. TIEGER : [interprétation] Merci. Cela dit, je pense que j'ai

 10   commis une erreur lorsque j'ai parlé de la première déclaration. J'ai dit

 11   qu'il s'agissait d'une déclaration faite les 19 et 20 juin, en fait, il

 12   s'agit 19 et 20 août.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, la référence de liste 65 ter

 14   était correcte. Mais j'avais remarqué cela.

 15   Veuillez poursuivre.

 16   M. TIEGER : [interprétation] Merci beaucoup, Monsieur le Président.

 17   Monsieur le Président, je souhaiterais maintenant lire un bref résumé

 18   des déclarations du témoin. Tous les détails n'y figurent pas, il s'agit

 19   simplement d'un résumé. Je ne sais pas si j'ai déjà expliqué cela au

 20   témoin.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vais m'en charger.

 22   Monsieur Forand, une partie importante de votre témoignage est

 23   consignée par écrit et le public qui suit le procès n'est pas au courant du

 24   contenu de vos déclarations. Par conséquent, les déclarations écrites font

 25   l'objet d'un résumé lu par les parties ou par la partie qui cite le témoin

 26   à la barre.

 27   Donc allez-y, Monsieur Tieger.

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, j'ai compris.

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  1   M. TIEGER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  2   Le témoin 115, le Général Forand, est arrivé à Knin vers le 1er juillet

  3   1995. Il était commandant du secteur sud au sein de la Mission de l'ONU en

  4   Croatie basée à Knin à partir du 8 juillet 1995 jusqu'au mois d'octobre

  5   1995. Il a authentifié de nombreux rapports de situation établis par le

  6   secteur sud, ainsi que d'autres documents qu'il a envoyés et reçus à

  7   l'époque où il assurait le commandement. 

  8   Le général Forand a observé et évalué les pilonnages sur Knin les 4 et 5

  9   août 1995, et a constaté la fuite subséquente de la population civile. Sur

 10   la base de ses observations, il a conclu que les pilonnages étaient menés

 11   de façon aveugle et dirigés contre la population civile afin de créer un

 12   effet de panique et a envoyé en conséquence une lettre de protestation au

 13   général Gotovina. Il a rencontré des membres de la direction de l'ARSK le 4

 14   août 1995 au soir, lesquels ont parlé avec lui de la question de

 15   l'évacuation des civiles de Knin et des environs, mais ont indiqué qu'ils

 16   n'avaient pas de plan afin de mettre en œuvre cette évacuation. Le soir du

 17   4 août, le général Forand a observé des convois de civils qui se sont

 18   rendus de Drnis à Knin en se dirigeant vers le nord.

 19   Le 4 août 1995 au soir, le général Forand a permis aux réfugiés qui

 20   s'étaient rassemblés au portail de la base de l'ONU à Knin d'enter dans la

 21   base afin d'être protégés des attaques d'artillerie.  Le général Forand

 22   indique qu'il a été enfermé dans la base par l'armée croate pendant trois

 23   jours à partir du 5 août 1995 tandis que des pillages et des incendies

 24   volontaires avaient lieu. Il décrit les restrictions de déplacement sans

 25   cesse imposées au personnel de l'ONU qui cherchaient à terminer quelle

 26   était la situation dans le domaine du respect des droits de l'homme. Le

 27   général Forand a vu et a

 28   reçu des rapports portant sur les pillages, les incendies volontaires, les

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  1   destructions et les meurtres commis par les forces croates par les jours

  2   qui ont suivi l'opération Tempête. Des activités criminelles de grande

  3   envergure se sont poursuivies malgré les nombreuses protestations émises

  4   par le témoin à l'occasion des réunions et des échanges qu'il a eus avec le

  5   général Cermak. Le témoin a également rencontré à deux reprises le général

  6   Gotovina après l'opération Tempête, à cette occasion il s'est plaint auprès

  7   lui du manque de discipline de ses hommes ainsi que des pillages et des

  8   incendies volontaires.

  9   Ceci met un terme au résumé et je vais maintenant procéder à

 10   l'interrogatoire principal du témoin.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Allez-y.

 12   M. TIEGER : [interprétation]

 13   Q.  Général Forand, je souhaiterais que l'on revienne sur la période qui a

 14   précédé les événements mentionnés dans votre déclaration, parlons du moment

 15   où vous êtes arrivé dans le secteur. J'ai cru comprendre après avoir lu vos

 16   déclarations - et je vous renvoie notamment à votre déclaration de juin

 17   1997, page 2 en anglais et en B/C/S, ou plutôt page 2 en anglais et page 3

 18   en B/C/S - vous dites que vous avez rencontré le général Gotovina à deux

 19   reprises avant le début de l'opération Tempête.

 20   La première rencontre était en quelque sorte l'occasion de faire

 21   connaissance, c'est ce que vous avez dit, vous avez dit que lors de ces

 22   deux réunions la question du pilonnage du secteur entourant Cetina et

 23   Vrlika depuis le mont Dinara, actes imputés aux forces de l'HV et du HVO.

 24   Cette question a été évoquée. Dans votre déclaration de 1996, page 2 vous

 25   dites qu'il s'agissait d'une région agricole où se trouvaient

 26   essentiellement des paysans et que les pilonnages mettaient en danger les

 27   personnes qui se livraient aux moissons.

 28   Alors, j'appelle votre attention sur ces rencontres. Pourriez-vous

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  1   expliquer aux Juges de la Chambre quelles étaient vos préoccupations ou

  2   celles de votre prédécesseur s'agissant des pilonnages qui étaient arrivés

  3   dans la vallée de Cetina ?

  4   R.  Lors de la première rencontre, c'est le général Kotil qui à l'époque

  5   était encore le commandant du secteur sud qui était là. Je l'ai accompagné

  6   car cela m'a permis de rencontrer le général Gotovina, lequel commandait

  7   une partie du territoire tenu par les forces croates dans le secteur sud.

  8   Les pilonnages dans la vallée de Cetina ont été évoqués par le général

  9   Kotil qui en a informé le général Gotovina lors de cette première

 10   rencontre. Suite à cette première rencontre, si je me souviens bien, j'ai

 11   envoyé deux lettres au général Gotovina concernant également ces pilonnages

 12   dans le secteur de Vrlika et de Cetina. J'ai demandé à rencontrer le

 13   général Gotovina et, si je me souviens bien, une rencontre a été organisée

 14   le 19 juillet, je voulais appeler son attention sur deux questions;

 15   premièrement, les pilonnages incessants qui menaçaient les paysans qui ne

 16   pouvaient pas procéder aux moissons. Puis je voulais expliquer au général

 17   Gotovina quelles étaient mes intentions. Je lui ai dit que j'avais

 18   l'intention d'installer davantage de postes d'observation dans le secteur

 19   du mont Dinara en raison des problèmes qu'il y avait dans cette région.

 20   Q.  Vous avez parlé de deux lettres de protestation. Devant vous, vous avez

 21   un classeur dans lequel vous allez pouvoir consulter certains des documents

 22   qui, par ailleurs, seront affichés à l'écran.

 23   Tout d'abord, je souhaiterais que l'on examine le document qui figure à

 24   l'intercalaire 5 de votre classeur. Il s'agit du document numéro 490 dans

 25   la liste 65 ter.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que ces informations suffiront au

 27   greffier. Oui, oui. Nous avons les références dans la liste 65 ter. Les

 28   choses sont apparemment bien organisées.

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  1   M. TIEGER : [interprétation]

  2   Q.  Général, il s'agit là d'une lettre datée du 9 juillet 1995, elle est

  3   adressée au général Gotovina. Vous l'avez signée et elle porte sur les

  4   protestations que vous avez émises auprès du général Gotovina concernant

  5   les pilonnages effectués par le HV et HVO à l'ouest du mont Dinara. Au

  6   premier paragraphe, vous dites qu'il y a eu des tirs le 5 juillet, vous

  7   renvoyez à un incident semblable qui a eu lieu au mois de juillet.

  8   Donc il s'agit là d'une lettre que vous avez envoyée suite aux

  9   renseignements que vous avez obtenus à propos des pilonnages dans la région

 10   de Cetina, n'est-ce pas ?

 11   R.  Oui, il s'agit là de l'un des secteurs concernés. Le 1er juillet ce

 12   n'est pas moi qui ai signé la lettre, c'est le général Kotil. Lorsque nous

 13   avons rencontré le général Gotovina, pour la première fois il a nié que ses

 14   hommes étaient déployés dans le secteur de la Bosnie-Herzégovine. Il a dit

 15   que ce n'était pas ses hommes qui tiraient dans ce secteur. C'est la raison

 16   pour laquelle j'ai envoyé une lettre au général Gotovina et au général

 17   Blaskic qui, à l'époque, d'après nous, était responsable du HVO dans la

 18   vallée de Livno. Puis je suis allé dans ce secteur pour voir ce qui s'y

 19   passait, et j'ai constaté les dommages provoqués par l'artillerie. J'ai

 20   ordonné au Bataillon kényan, qui était responsable de ce secteur,

 21   d'augmenter le nombre de patrouilles et ces informations ont été transmises

 22   au général Gotovina, donc nous avons ainsi cherché à refréner un peu les

 23   activités de ceux qui se livraient à ces tirs dans le secteur.

 24   Q.  Pourriez-vous vous pencher sur l'intercalaire 6 à présent. Document 65

 25   ter 3300.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pour le moment, nous allons nous

 27   abstenir d'attribuer des cotes car tout cela se trouve sur la liste.

 28   M. TIEGER : [interprétation] C'est exact. Tous ces documents ont été versés

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  1   au dossier et en raison du nombre important de documents cela posait un

  2   problème logistique pour le greffier, nous avons estimé qu'il était

  3   préférable de procéder de la sorte.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc pour le moment, nous n'allons pas

  5   nous intéresser aux cotes, nous ferons cela après.

  6   Veuillez poursuivre.

  7   M. TIEGER : [interprétation]

  8   Q.  Le document numéro 3300 dans la liste 65 ter est une lettre datée du 12

  9   juillet 1995. Là encore c'est vous qui en êtes l'auteur et vous adressez

 10   cette lettre au général Gotovina. Là encore, vous protestez contre les

 11   pilonnages de l'HV du HVO à l'ouest du mont Dinara. Vous dites que des

 12   membres de l'ONU ont observé le 9 juillet 1995 42 tirs d'artillerie et six

 13   tirs de chars effectués depuis les hauteurs du mont Dinara qui étaient

 14   placées sous le contrôle de l'HV du HVO.

 15   Vous indiquez également que suite à ces incidents quatre civils non

 16   combattants ont été blessés et quatre maisons qui n'étaient pas utilisées à

 17   des fins militaires avaient été détruites.

 18   Mon Général, ceci est-il bien l'autre lettre que vous avez dit avoir

 19   envoyée avant la deuxième rencontre avec le général Gotovina dont vous avez

 20   parlez ?

 21   R.  Oui, Monsieur.

 22   Q.  Mon Général, vous avez dit que cette réunion avait eu lieu, en tout cas

 23   d'après vos souvenirs, le 19 juillet 1995. Un document a déjà été versé au

 24   dossier de l'espèce, ici dans ce prétoire, il s'agit de la pièce D157, que

 25   vous trouverez à l'intercalaire numéro 8 de votre classeur, Mon Général.

 26   M. TIEGER : [interprétation] Je demande l'affichage de ce document sur les

 27   écrans.

 28   Q.  Mon Général, ceci est un document qui apparemment était élaboré ou, en

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  1   tout cas, signé par le capitaine Tomasovic, assistant du commandant chargé

  2   des affaires politiques dans la région militaire de Split. Je crois

  3   comprendre que vous n'avez pas eu ce document sous les yeux au moment où il

  4   a été élaboré, n'est-ce pas ?

  5   R.  Non, Monsieur, en effet.

  6   Q.  Mais vous ai-je donné la possibilité de l'examiner avant votre entrée

  7   dans le prétoire ce matin ?

  8   R.  Oui, je l'ai examiné.

  9   Q.  Je vous renvoie à la page 2 de ce document, si vous voulez bien, et au

 10   milieu de la page 2 nous voyons qu'il est indiqué que durant des

 11   discussions ultérieures ou pour être plus précis, dans la suite de la

 12   conversation qui a reposé sur les éléments contenus dans la lettre de

 13   l'UNCRO, expédiée au commandant de la région militaire de Split, le général

 14   Gotovina aurait répondu à un certain nombre de choses. Il est écrit qu'il

 15   aurait parlé dans sa réponse de la zone de Cetina, et il est indiqué qu'il

 16   aurait été question dans cette conversation du camp d'enfants de Karin

 17   Beach où l'UNCRO demandait des garanties à la région militaire de Split

 18   qu'il n'y aurait pas de combats aux abords de cette zone dans laquelle se

 19   trouvait le camp destiné aux enfants.

 20   Mon Général, vous dites avoir eu la possibilité de lire ce document.

 21   Pouvez-vous nous dire si cela vous a rafraîchi la mémoire quant à cette

 22   discussion avec le général Gotovina ou sur quelques points qui pourraient

 23   aider les Juges de la Chambre eu égard à cette partie de la lettre ?

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe.

 25   M. KEHOE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Excusez-moi

 26   d'interrompre. S'agissant de ceci, et après avoir pris connaissance de la

 27   feuille d'information qui est destinée à compléter les renseignements reçus

 28   par la Défense jusqu'à ce jour, nous voyons qu'aucun élément d'information

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  1   n'est contenu dans cette feuille d'information supplémentaire concernant

  2   les discussions évoquées dans ce document ou les sujets abordés durant

  3   cette discussion.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Tieger.

  5   M. TIEGER : [interprétation] Exact, Monsieur le Président, au cas où la

  6   Défense insisterait pour un préavis d'information quant au fait que

  7   l'Accusation allait traiter de cette question, qui n'est pas contenue dans

  8   la feuille d'information complémentaire, puisque c'était sur le plan

  9   logistique impossible à réaliser pour l'Accusation qui ne peut pas être

 10   exhaustive quant à l'annonce préalable de toutes ses intentions et de tous

 11   les éléments qu'elle entend discuter pendant l'audience et qui ont été

 12   discutés pendant les séances de récolement, et je ne pense pas que la

 13   moindre préoccupation pourrait surgir pour la Défense à l'issue de cette

 14   partie du débat, mais nous pouvons, le cas échéant, agir comme il le

 15   convient et je suis sûr que la Chambre donnera à la Défense le temps

 16   suffisant pour prendre connaissance de tous les détails.

 17   Je pense néanmoins que ce serait une action superfétatoire qui n'aurait pas

 18   d'objectif justifié. Nous essayons de traiter du maximum de points

 19   possibles, le plus rapidement possible, pour être le plus efficace

 20   possible.

 21   [La Chambre de première instance se concerte] 

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Tieger, la Chambre ne va pas

 23   vous empêcher de poser vos questions au témoin sur ce sujet. Dans le même

 24   temps, il vous est conseillé d'être le plus complet possible dans la

 25   communication préalable à la Défense -- aux diverses équipes de Défense des

 26   sujets abordés pour vous lors des séances de récolement avec le témoin,

 27   ceci n'est pas une répétition littérale de ce qui a déjà été dit.

 28   Dans le même temps, Maître Kehoe, si dans ce qui va se dire à partir de

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  1   maintenant vous trouvez des raisons de demander un délai supplémentaire

  2   pour prendre connaissance de tout ce qui vous importe, faites-nous-le

  3   savoir et nous verrons exactement quels sont vos besoins.

  4   M. KEHOE : [interprétation] Je comprends, Monsieur le Président.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez procéder, Monsieur Tieger.

  6   M. TIEGER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  7   Q.  Mon Général, je crois vous avoir demandé de vous pencher sur une partie

  8   de cette lettre qui correspond au point 7 et de nous dire exactement quels

  9   sont les souvenirs que vous avez de cette réunion en mettant en exergue

 10   tout ce qui vous paraît en valoir la peine.

 11   R.  Si je me souviens bien, un certain nombre de sujets ont été abordés

 12   durant cette réunion. S'agissant du camp destiné aux enfants à Karin Beach,

 13   cela faisait partie des mesures de confiance que nous souhaitions établir

 14   en donnant aux enfants de la Krajina la possibilité de bénéficier de

 15   quelques loisirs.

 16   Quant à l'incident survenu à la frontière, tout ce que je peux en dire,

 17   c'est qu'après la lettre du 12 juillet, il y a eu une période d'environ

 18   deux semaines sans aucun pilonnage. C'est tout ce que je peux dire sur ce

 19   point, Monsieur.

 20   Q.  Mon Général, est-ce que vous avez à quelque moment que ce soit eu

 21   connaissance du fait que des représentants des Nations Unies patrouillaient

 22   dans la zone de Cetina et qu'il y aurait eu des coups de feu ou des tirs

 23   d'artillerie dus aux Serbes dans le secteur qui était pilonné par l'armée

 24   croate et le HVO et notamment dans une région où des moissons auraient été

 25   empêchées en raison de cela ?

 26   R.  Je ne me souviens pas d'avoir sous les yeux le moindre rapport

 27   indiquant que des tirs d'artillerie se seraient produits à partir d'un lieu

 28   destiné. Et lorsque j'ai voulu me rendre dans la zone de Vrlika et de

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  1   Cetina, les soldats kényans qui se trouvaient là n'ont jamais évoqué une

  2   telle situation.

  3   Q.  D'accord. Est-ce que vous avez eu la preuve de l'existence d'armes

  4   serbes ou de positions abritant des armes serbes dans le secteur où avait

  5   eu lieu de pilonnage et où les moissons avaient été empêchées ?

  6   R.  Non, je crois pouvoir dire que j'ai fait une tournée complète de la

  7   région et je n'ai vu aucune arme de cette nature.

  8   Q.  Est-ce que vous auriez reçu une protestation officielle ou entendu

  9   parler d'une protestation officielle émanant des autorités croates et

 10   faisant état d'une présumée violation du cessez-le-feu qui aurait revêtu la

 11   forme d'un pilonnage serbe des zones susmentionnées ?

 12   R.  De pilonnage, non, je n'en ai pas entendu parler, mais je crois qu'un

 13   rapport a fait état au mois de juillet de tirs provenant de la partie

 14   serbe, mais il n'était pas question de pilonnages d'artillerie.

 15   Q.  Vous parlez de tirs, mais pas de pilonnages d'artillerie. Est-ce que

 16   cela signifie des tirs d'armes légères.

 17   R.  Si je me souviens bien, c'est ce qu'indiquait le rapport de situation.

 18   Q.  D'accord. Mon Général, j'aimerais maintenant que nous parlions du 4

 19   août 1995, à savoir du début de l'opération Tempête.

 20   Vous avez dit dans votre déclaration écrite que l'attaque avait commencé

 21   par des pilonnages à 5 heures du matin précis, ce jour-là. J'aimerais que

 22   vous vous penchiez sur l'intercalaire 4 de votre classeur -- non, excusez-

 23   moi, Monsieur. L'intercalaire 11, qui correspond à la pièce P83.

 24   M. TIEGER : [interprétation] Dont je demande l'affichage.

 25   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président. Est-ce

 26   que nous avons reçu un classeur contenant ces intercalaires ?

 27   M. TIEGER : [interprétation] Ceci est destiné uniquement à accélérer

 28   l'interrogatoire principal. Nous pourrions attendre que les photocopies des

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  1   documents arrivent, mais comme l'écran est là pour nous servir, j'ai pensé

  2   qu'il serait plus rapide de ne remettre un classeur qu'au témoin.

  3   Mais si votre préoccupation vient du fait que vous voudriez vérifier la

  4   conformité des documents contenus dans les classeurs et du document affiché

  5   à l'écran, je crois que le témoin peut vérifier l'écran et en attester.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je ne pense pas que ce soit la

  7   préoccupation de Me Kuzmanovic. Je pense que ce que fait M. Tieger c'est

  8   d'aider le témoin à trouver rapidement le document concerné dans le

  9   classeur, alors que nous pouvons économiser du papier en nous contentant

 10   des documents affichés à l'écran.

 11   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Ça ce n'est pas un problème, Monsieur le

 12   Président, mais je pensais simplement qu'il nous serait plus facile de

 13   pouvoir suivre simultanément.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais il faudrait la moitié d'une

 15   forêt pour cela pour que chacun dispose d'une copie papier.

 16   Veuillez procéder.

 17   M. TIEGER : [interprétation]

 18   Q.  Général Forand, la pièce P83 est un document qui date du 4 août 1995.

 19   Il est intitulé "Protestation contre les attaques visant des civils

 20   innocents et des installations des Nations Unies." Il date du 4 août 1995

 21   et il est signé par vous.

 22   Alors, Mon Général, pourriez-vous, je vous prie, dire aux Juges de la

 23   Chambre à quel moment et pour quelle raison vous avez expédié ce document ?

 24   R.  Oui. J'ai été informé à 3 heures 20 du matin d'une forte probabilité

 25   que les Croates lancent une offensive. Nous avions déjà été informés de

 26   cela un certain nombre de fois précédemment, parce que nous savions que les

 27   discussions ne s'étaient pas parfaitement déroulées à Genève pour être très

 28   exact. Donc j'ai immédiatement commencé à rappeler tous les membres de mon

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  1   unité pour les informer et ce travail a été achevé à 3 heures 40, heure à

  2   laquelle nous étions tous en état d'alerte maximum. A ce moment-là, je suis

  3   parti pour mon QG de Knin car je résidais dans la ville de Knin.

  4   A 5 heures, le pilonnage a commencé, un pilonnage très intense, et je me

  5   suis rué sur le balcon de mon appartement. Ce que j'ai vu, c'était un

  6   pilonnage aveugle, car en dépit du fait que je n'étais sur place que depuis

  7   un mois, j'avais appris ce qui s'était passé par le passé. J'étais

  8   accompagné de cinq ou six autres officiers sur le balcon, des officiers qui

  9   étaient présents dans le secteur depuis quatre ou cinq mois et étaient

 10   beaucoup mieux renseignés que moi. Nous ne pouvions pas voir les charges

 11   atterrir, mais la seule chose que nous voyions, c'était la fumée que

 12   provoquaient ces tirs, et il m'a semblé que ces tirs visaient non seulement

 13   des cibles militaires, mais également des lieux qui abritaient la

 14   population civile.

 15   Je suis resté à peu près dix minutes au maximum à observer ces tirs

 16   de barrage qui étaient en train de se produire, puis je suis descendu à mon

 17   centre d'Opérations pour rassembler des renseignements quant à ce qui était

 18   en train de se passer dans ma zone de responsabilité et voir quels étaient

 19   les renseignements que nous recevions des mes unités, car j'avais quatre

 20   unités sous mon commandement. Tous ces renseignements concordaient, à

 21   savoir que des tirs d'artillerie se produisaient dans la zone de séparation

 22   où se trouvaient les positions de défense des Serbes ainsi que dans les

 23   villes. Et il semblait que tous les observateurs de ces tirs s'accordaient

 24   sur le fait qu'ils étaient aveugles et qu'ils ne visaient pas que des

 25   cibles militaires.

 26   Donc au fil de l'arrivée progressive des renseignements que je recevais,

 27   j'ai décidé d'écrire cette lettre et de l'adresser au général Gotovina et

 28   au général Norac, les deux officiers croates qui se trouvaient dans ma zone

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  1   de responsabilité, pour leur dire ce qui se passait et leur indiquer ma

  2   position, à savoir qu'il s'agissait de tirs aveugles et que ces tirs

  3   devaient cesser immédiatement.

  4   Nous avions avec nous un observateur militaire qui se trouvait à Zadar, où

  5   le QG du général Gotovina se trouvait. Donc je me suis assuré qu'au moment

  6   où cette lettre a été envoyée soit le lieutenant-colonel Tymchuk, soit le

  7   lieutenant-colonel Balfour, qui étaient mes officiers de liaison, puissent

  8   en connaître le contenu et s'assurer que cette lettre avait bien été reçue

  9   par l'observateur militaire principal et qu'elle avait bien été vue par le

 10   général Gotovina. J'ai reçu en retour un fax par la suite qui m'a indiqué

 11   que oui, cette lettre avait été reçue depuis quelques heures et l'on m'a

 12   dit qu'elle avait été reçue par un capitaine dont je ne me rappelle pas le

 13   nom exact, qui travaillait directement pour le général Gotovina.

 14   Voilà ce qui s'est passé, Monsieur.

 15   Q.  Mon Général, vous avez dit avoir observé les premiers moments du

 16   pilonnage de Knin. D'abord, je vous demanderais si vous pourriez donner aux

 17   Juges quelque indication que ce soit quant à l'intensité de ces tirs dans

 18   la première période, dans la première phase ?

 19   R.  Je ne suis pas vraiment un expert en la matière, mais j'avais vu un

 20   pilonnage à Chypre en 1974 pendant l'invasion turque. Et ce dont je me

 21   souviens, c'est que pendant 45 minutes à peu près, au début du pilonnage,

 22   il était très intense. Enfin, c'est ainsi que je le qualifierais. J'étais

 23   sur le balcon et je dirais que ces pilonnages étaient très intenses, car

 24   ils impliquaient l'intervention de six canons et le son que l'on entendait

 25   était particulièrement fort. Le pilonnage concernait toute la zone

 26   environnante et c'est la raison pour laquelle je le qualifie d'intense.

 27   Q.  Est-ce que vous connaissez le concept d'ajustement de

 28   tirs ?

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  1   R.  Oui.

  2   Q.  Est-ce que vous avez observé des exercices d'ajustement de tirs pendant

  3   cette période où vous avez observé le pilonnage le matin du 4 août ?

  4   R.  Non. Pendant cinq à dix minutes au début du pilonnage, il n'y a pas eu

  5   d'ajustement de tirs. Le pilonnage a commencé immédiatement avec une très

  6   forte intensité sans ajustement de tirs préalable.

  7   Q.  Très bien. Mon Général, je voulais appeler votre attention sur une

  8   autre question relative à la lettre que vous avez envoyée.

  9   Il y est question d'un certain nombre de villes, Drnis, Medak, Kistanje. Je

 10   vous demande si ce sont les seules villes qui ont fait l'objet de

 11   renseignements reçus par vous ce jour-là, renseignements indiquant qu'elles

 12   auraient été pilonnées et que dans ces villes des quartiers habités par des

 13   civils auraient été pris pour cibles ?

 14   R.  Non. En fait, la majorité des villes voisines de la zone de séparation

 15   a subi également des pilonnages intenses. Mais j'ai décidé, dans cette

 16   lettre, de n'évoquer par leurs noms que les villes principales.

 17   Q.  Mon Général, j'aimerais maintenant appeler votre attention sur la

 18   période qui a succédé, sur la période ultérieure à l'entrée des forces

 19   croates dans la ville de Knin.

 20   Je vous demanderais au préalable, si vous me le permettez, si l'opération

 21   Tempête et la reprise de la Krajina par les forces croates a changé quoi

 22   que ce soit à la mission de l'UNCRO selon vous et si oui, dans quelle

 23   mesure ?

 24   R.  Bien, j'ai été mandaté pour observer la zone de séparation ainsi que

 25   quatre passages frontières séparant la Krajina et Bosnie-Herzégovine, et

 26   également d'assurer la protection de 13 villages croates situés dans mon

 27   secteur. Donc une fois que les Croates ont repris la Krajina, j'ai eu le

 28   sentiment que mon mandat n'avait plus de raison d'être, et immédiatement

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  1   après le début de l'opération le 8, enfin dès que nous avons pu nous

  2   déplacer dans le secteur, j'ai ordonné le début du démantèlement de notre

  3   poste d'observation qui était préliminaire au rapatriement des 4 000

  4   soldats environ que j'avais sous ma responsabilité.

  5   Q.  Est-ce que vous avez entrepris une quelconque activité d'observation

  6   lié aux droits de l'homme dans cette période ?

  7   R.  Oui. Dès le début en tout cas au mois d'août, sinon, au début du mois

  8   de septembre, si je me souviens bien, la majorité des effectifs situés sous

  9   mes ordres est entrée dans son pays, et nous qui nous trouvions au QG des

 10   forces canadiennes, nous avons accompagné les représentants des droits de

 11   l'homme dans leur patrouille dans le secteur, même chose pour mon

 12   bataillon, parce que afin de démanteler le poste d'observation du

 13   bataillon, j'ai dû accompagner les hommes de ce bataillon dans leur secteur

 14   et j'ai pu voir quel était l'objectif des rapports qu'ils élaboraient.

 15   J'ai dit clairement aux hommes du bataillon quelle était la nature de

 16   l'ordre que j'avais donné aux effectifs, à savoir démantèlement des postes

 17   d'observation et rapatriement de tous les matériels des Nations Unies,

 18   ainsi qu'un suivi de la situation du point de vue des droits de l'homme,

 19   même si ce n'était pas notre première priorité. Mais je voulais rendre

 20   compte de tout ce que je pouvais observer qui eut été contraire à une

 21   activité normale de tout ce qui se passait eu égard à ce qu'il restait de

 22   population dans la région. Donc nous l'avons fait au cours de nos voyages

 23   dans toute la zone de responsabilité.

 24   Q.  Une fois que vous avez reçu des renseignements à cet égard, est-ce que

 25   vous avez essayé de communiquer ces renseignements et de les porter à la

 26   responsabilité des autorités croates ?

 27   R.  Assurément. J'ai écrit je ne sais combien de lettre qui mettait en

 28   exergue ce que je pensais quant aux violations des droits de l'homme et

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  1   j'ai rendu compte de tout ce qui se passait sur les lieux, qui très

  2   manifestement était contraire au respect des droits de l'homme. Il y avait

  3   beaucoup d'équipement des Nations Unies dans le secteur, donc j'ai vu pas

  4   mal de choses et je l'ai consigné dans mes rapports.

  5   Mon QG de l'UNCRO a également reçu une copie de toutes les lettres envoyées

  6   soit au général Cermak, soit au général Gotovina par mes soins.

  7   Manifestement, l'intention était de les maintenir informés en espérant,

  8   voyez-vous, qu'ils pourraient avoir quelque influence sur les autorités

  9   croates de Zagreb afin de mettre un terme à ce que nous voyions sur place,

 10   à savoir des actes de pillage, d'incendies de maisons et d'assassinats, de

 11   nombreux civils que nous avons pu observer.

 12   Q.  Quand vous receviez des renseignements émanant d'éléments des Nations

 13   Unies qui n'étaient pas des éléments de votre bataillon, est-ce que cela

 14   est arrivé ?

 15   R.  Oui. Dans mon QG nous avions un poste de commandement qui était

 16   également utilisé, si je me souviens bien, par l'observateur militaire

 17   responsable du secteur sud. Il y avait également des forces civiles de la

 18   police des Nations Unies qui avaient leur QG dans ce lieu et des

 19   représentants chargés de suivre la situation du point de vue des droits de

 20   l'homme.

 21   Donc tous les matins, à mon arrivée, une réunion se tenait à

 22   8 heures 30 avec tout mon état-major, et j'invitais un représentant de

 23   chacune des organisations représentées à cette réunion de communiquer les

 24   renseignements dont ils disposaient quant aux événements survenus au cours

 25   des dernières 24 heures, avant de leur distribuer à chacun les missions de

 26   la journée, et de leur demander s'ils souhaitaient être mieux informés

 27   quant au secteur où ils allaient travailler. Donc il y avait communication

 28   de renseignements, voyez-vous, tous les jours, au quotidien, c'était ce qui

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  1   se passait normalement. Mais lorsque les pilonnages ont commencé, bien

  2   entendu, nos réunions ont été moins fréquentes et au fil de la progression

  3   du mois d'août, nous avons dû parfois, en revanche, organiser deux ou trois

  4   réunions par jour, selon les événements du moment.

  5   Excusez-moi. Ils ont reçu également une copie de tous les rapports de

  6   situation émanant de moi, que j'envoyais à mon QG. Donc chacune des

  7   personnes que je viens de mentionner recevaient un exemplaire de mes

  8   rapports de situation ainsi que de la majorité des lettres que j'adressais

  9   soit au général Cermak, soit au général Gotovina et également à Al-Alfi qui

 10   était le plus haut responsable des droits de l'homme dans ma zone de

 11   responsabilité.

 12   Il faut que j'explique un point au sujet des organisations que je viens

 13   d'évoquer, car bien que dans ma zone de responsabilité elle n'était pas

 14   placée sous mon autorité. Je n'avais aucun pouvoir sur ces organisations.

 15   Je ne pouvais que discuter avec leurs représentants, et si je souhaitais

 16   entreprendre une action particulière, je leur demandais parfois de coopérer

 17   avec moi. La coordination, de ce point de vue-là, a été excellente pendant

 18   toute cette période.

 19   Q.  Mon Général, j'aimerais appeler votre attention sur le document 65 ter

 20   numéro 1654, que l'on trouve à l'intercalaire 12 de votre classeur.

 21   En première page de ce document, Mon Général, nous trouvons une référence à

 22   la date du 5 août 1995. Vous indiquez quel est l'officier responsable de la

 23   rédaction de ce rapport de situation et on trouve également mention d'une

 24   lettre de protestation qui a été envoyée au commandant de la région

 25   militaire de Split et qui demande l'organisation d'une rencontre.

 26   M. TIEGER : [interprétation] Passons maintenant à la page suivante.

 27   Q.  Mon Général, comme vous pouvez le constater, nous trouvons la date de

 28   ce document qui se présente sous la forme d'un rapport de situation. Il

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  1   porte la date du 5 août 1995, il est adressé au général Gotovina, et à la

  2   rubrique objet nous trouvons la mention suivante : Demande d'une rencontre

  3   avec le gouverneur militaire. Ensuite, dans le corps du texte, à la

  4   première ligne, vous exigez - et j'indique d'ailleurs que la page 2

  5   comporte votre signature.

  6   Donc dans la première phrase du corps du texte, vous dites, je cite : "Je

  7   demande de toute urgence une rencontre avec le gouverneur militaire de la

  8   région; un certain nombre de questions urgentes doivent être discutées,

  9   notamment la restauration de la pleine liberté de circulation pour les

 10   représentants des Nations Unies ainsi que des soins dus à la population

 11   civile, y compris aux personnes déplacées. Il y a eu d'importantes

 12   destructions et de nombreux pillages dans la région et je ne suis pas

 13   convaincu que l'armée croate soit totalement sous contrôle."

 14   Mon Général, dans la première ligne de ce texte, vous demandez une

 15   rencontre avec le gouverneur militaire de la région. Quels sont les

 16   renseignements reçus par vous, qui auraient un rapport avec la nomination à

 17   venir ou la nomination déjà effectuée d'un gouverneur militaire ?

 18   R.  Si je me souviens bien, nous avons parlé avec les observateurs

 19   militaires à Zadar, et c'était la première indication que j'ai reçue qu'il

 20   s'agissait d'un gouverneur militaire, c'est-à-dire quelqu'un qui prendra la

 21   responsabilité du secteur sud. Et c'est pourquoi nous avons utilisé ce

 22   terme de gouverneur.

 23   Q.  Vous avez écrit dans la dernière phrase du premier paragraphe, vous

 24   avez dit qu'il y a un grand nombre de cas de destruction et de pillage.

 25   A quoi vous vous référez là ?

 26   R.  Le 5 août, vers 10 heures, nous avons commencé l'évacuation de

 27   personnes blessées et des malades de l'hôpital de Knin. Et lorsque le

 28   dernier groupe est rentré vers dix heures moins le quart, ces gens m'ont

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  1   dit qu'il y avait une confusion, que la confusion régnait, et j'ai décidé

  2   de partir avec le groupe suivant dans notre véhicule blindé pour aider ces

  3   gens à se déplacer de l'hôpital et voir ce qui se passait. Quand je suis

  4   arrivé à l'hôpital, j'ai vu qu'il n'y avait personne à déplacer, parce que

  5   les malades qui se trouvaient à l'hôpital étaient agonisants. Il n'y avait

  6   personne que l'on pouvait déplacer et nous ne pouvions pas les déplacer.

  7   A ce moment-là, j'ai appris que l'armée croate a atteint l'hôpital, est

  8   arrivée à l'hôpital, parce que quand je suis arrivé j'ai vu un char.

  9   En rentrant, nous avons également emmené avec nous certaines

 10   personnes travaillant pour la MOCE qui ont demandé d'être escortées jusqu'à

 11   leur camp, ainsi que certains civils serbes qui voulaient également venir

 12   dans mon camp. Nous avons traversé la ville de Knin et j'ai vu qu'il y

 13   avait des cas de pillage le long de la rue principale. J'ai parlé à un

 14   lieutenant-colonel de l'armée croate. Je lui ai dit que nous avions

 15   beaucoup de difficultés et je lui ai dit que j'ai remarqué certaines

 16   activités qui avaient lieu et que cela ne devait pas se passer, à savoir le

 17   pillage.

 18   Q.  Qu'est-ce que vous avez fait pour vous assurer que la lettre allait

 19   être reçue par le général Gotovina ?

 20   R.  Par notre observateur militaire à Zadar, par le biais du capitaine

 21   Lukovic, et en suivant la même procédure qu'auparavant, nous avons envoyé

 22   cette lettre et nous nous sommes assurés que la lettre a été bel et bien

 23   reçue.

 24   Q.  Est-ce que le général Gotovina a réagi à votre lettre ?

 25   R.  D'après mes souvenirs, nous n'avons jamais reçu de réponse de sa part.

 26   Q.  Vous avez demandé d'avoir une réunion avec le gouverneur militaire.

 27   Est-ce que vous avez fini par rencontrer cette personne, ce gouverneur

 28   militaire ?

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  1   R.  Oui. Le problème était que dès que les forces croates ont commencé à

  2   arriver à Knin, mon QG était encerclé, c'était vers 11 heures 30, et nous

  3   ne pouvions pas sortir de notre camp. Et quand j'ai rencontré la personne

  4   que je croyais être le gouverneur militaire, c'était le général Cermak, ça

  5   s'est passé le 7. Ensuite, M. Akashi est arrivé nous rendre visite à Knin.

  6   C'était la première fois que j'ai rencontré M. Akashi, le général Cermak.

  7   Il y avait encore quelques personnes qui se sont rendues dans mon bureau,

  8   dans notre quartier général. J'ai demandé au général Cermak d'avoir une

  9   réunion, parce que du moins, comme c'était traduit, comme j'ai reçu la

 10   traduction, on m'a dit que c'était le gouverneur militaire et qu'il était

 11   responsable de la région de Knin. J'ai demandé d'avoir une réunion le jour

 12   même, et peu de temps après le départ de

 13   M. Akashi; M. Al-Alfi était là, il était responsable des droits de l'homme

 14   -- de l'équipe action chargée des droits de l'homme à l'époque, et chaque

 15   fois que je rencontrais le général Cermak, M. Al-Alfi ou bien son

 16   représentant était présent là avec moi.

 17   Q.  Mon Général, veuillez vous pencher à l'intercalaire 14 de votre

 18   classeur. C'est la pièce 3252 sur la liste 65 ter.

 19   M. TIEGER : [interprétation] Passons à la page suivante, s'il vous plaît.

 20   Q.  Mon Général, j'aimerais d'abord attirer votre attention sur la chose

 21   suivante : est-ce que vous pouvez voir la date de ce rapport de situation,

 22   c'est le 8 août 1995 à 7 heures 30, n'est-ce pas ?

 23   Dans le huitième paragraphe où l'on parle des réunions, il est écrit

 24   "Rapport d'une réunion, commandant du secteur sud et gouverneur militaire

 25   de la région." Il est indiqué Commandant du secteur sud, et vous-même, vous

 26   vous êtes rencontré avec le -- le commandant du secteur, à savoir vous-

 27   même, vous avez rencontré le général Cermak dans le QG, anciennement le QG

 28   de l'ARSK, à 18 heures, le 7 août, afin de parler des choses de votre

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  1   intérêt commun.

  2   Est-ce que l'on parle ici de la réunion que vous avez eue avec le général

  3   Cermak, que vous avez eue après avoir rencontré

  4   M. Akashi ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Ici, il est dit que vous vous êtes rencontrés dans le QG de l'ancienne

  7   ARSK. Je pense que vous avez dit dans votre déclaration de cette année au

  8   paragraphe 12, que vous avez vu qu'il y avait certains dommages occasionnés

  9   au ministère de la Défense de l'ARSK et que ces dommages ont été

 10   occasionnés le 4 août. Etait-ce bien le même bâtiment auquel vous vous êtes

 11   référé dans votre rapport de situation lorsque vous avez rencontré le

 12   général Cermak le 7 août ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Est-ce que vous avez que le bâtiment a subi des dommages importants

 15   lorsque vous avez rencontré le général Cermak ce jour

 16   même ?

 17   R.  Non, je ne me souviens pas. Le 4, j'y suis allé deux fois, mais je ne

 18   me souviens pas avoir vu des dommages occasionnés à ce bâtiment.

 19   Q.  D'accord. Passons à la page suivante, au dernier paragraphe. Dans ce

 20   dernier paragraphe, on parle des mesures spéciales afin d'assurer la sûreté

 21   de la population surtout pendant la nuit.

 22   Pourquoi vous étiez préoccupé et pourquoi vous vous inquiétiez au

 23   sujet de la sûreté de la population surtout pendant la nuit ? De quelle

 24   population parliez-vous là ?

 25   R.  Je me souviens pas, Monsieur.

 26   Q.  Dans ce rapport de situation et conformément à ce que vous avez dit

 27   préalablement, vous parlez du général Cermak en tant que gouverneur

 28   militaire. Est-ce que vous l'avez adressé en tant que gouverneur militaire

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  1   dans votre correspondance que vous lui avez adressée ?

  2   R.  Chaque fois que je lui envoyais une lettre, je lui adressais ces

  3   lettres comme si -- j'adressais ces lettres au gouverneur militaire de Knin

  4   et je n'ai jamais reçu de réponse de sa part disant que je ne devais pas

  5   l'adresser de la sorte.

  6   Q.  Lors de vos entretiens avec lui, et surtout lorsque vous attiriez son

  7   attention sur les violations des droits de l'homme et vous souhaitiez qu'il

  8   réagisse, est-ce qu'il vous a dit que lui n'était pas la personne à

  9   laquelle il fallait adresser vos griefs ou bien qu'il n'était pas le

 10   gouverneur militaire de la zone ?

 11   R.  Chaque fois que nous lui présentions certains renseignements, parfois

 12   il niait ces événements, mais il n'a jamais dit qu'il allait s'en occuper

 13   et il ne m'a jamais dit qu'il n'était pas responsable de la zone où ces

 14   problèmes ont eu lieu ?

 15   Q.  En ce qui vous concerne, est-ce que vous lui avez dit lors de ces

 16   réunions que vous pensiez que lui était responsable de cette zone et que

 17   vous attendiez à ce qu'il réagisse ?

 18   R.  Oui. J'ai rencontré le général Gotovina le 6 août, si je ne m'abuse, et

 19   il m'a dit qu'il fallait que j'en parle au général Cermak, parce que

 20   c'était lui qui était la personne responsable de la région de Knin.

 21   Q.  Passons maintenant à votre réunion avec le général Gotovina après

 22   l'opération Tempête.

 23   M. TIEGER : [interprétation] Passons à la pièce 2771 sur la liste 65 ter.

 24   La page suivante, s'il vous plaît. Non, excusez-moi, la page

 25   précédente.

 26   Q.  Mon général, j'attire votre attention sur la date de ce document,

 27   c'est un rapport de situation du 8 août 1995 à

 28   20 heures 30.

Page 4127

  1   M. TIEGER : [interprétation] Passons à la deuxième page.

  2   Q.  Dans la première partie du document on parle de l'évaluation du

  3   commandant. J'imagine que c'est votre évaluation ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Vous dites que ce jour-là vous avez rencontré le général Gotovina et le

  6   gouverneur militaire de Knin, général Cermak, et vous avez parlé de

  7   certains aspects de votre rencontre -- de votre réunion. Nous en parlerons

  8   un peu plus tard.

  9   Et dans le paragraphe (c) il est dit, toutes les unités rendent

 10   compte des cas de pillage et disent que c'est l'activité générale des

 11   soldats de l'armée croate. Le bétail est tué aveuglement et il y a des cas

 12   de destruction aveugle des maisons et tout ceci est remarqué partout où

 13   nous nous sommes rendus. L'armée croate semble déterminée de montrer quelle

 14   est leur tactique militaire en Krajina. Nous avons remarqué que des tirs

 15   ont été lancés sur la route Knin-Drnis.

 16   Passons maintenant à la troisième page de ce document, il y a un

 17   paragraphe intitulé Rapport sur la rencontre du commandant secteur sud et

 18   le commandant du district militaire sud dans la forteresse de Knin qui a eu

 19   lieu à 9 heures 20.

 20   Mon Général, lors de la réunion dont vous avez parlé dans le septième

 21   paragraphe de votre déclaration de l'année 2008, vous avez dit que même si

 22   dans votre rapport de situation il n'est pas indiqué que vous avez porté

 23   vos griefs au général Gotovina, parce qu'il y avait un manquement à la

 24   discipline de ces troupes, s'agissant de ces troupes, vous avez dit qu'il y

 25   avait des cas de pillage et d'incendie.

 26   Est-ce exact ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Et lors de la première rencontre avec le général Gotovina, après

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  1   l'opération Tempête, vous avez dit que le général Gotovina vous a dit qu'il

  2   fallait vous adresser au général Cermak, et je pense que c'est bel et bien

  3   noté dans la dernière phrase du premier paragraphe.

  4   Est-ce que cela reflète bien ce que vous avez dit tout à l'heure au sujet

  5   du général Cermak ?

  6   R.  Oui, Monsieur. Mais je ne pense pas qu'il a utilisé le terme de

  7   "gouverneur militaire." C'était le terme que nous employions dans notre

  8   correspondance, mais je ne me souviens pas que le général Gotovina a

  9   employé lui-même ce terme. Il m'a dit que le général Cermak était la

 10   personne responsable de la région Knin, et que si j'avais des problèmes il

 11   fallait que je m'adresse à lui, au général Cermak.

 12   Q.  Cela concerne également les problèmes que vous avez évoqués lors de

 13   cette réunion ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Plus tard ce jour-là vous avez rencontré le général Cermak, n'est-ce

 16   pas, c'est indiqué dans le paragraphe B, n'est-ce pas ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Ici il est dit que le colonel Cermak est venu au QG du secteur sud à 13

 19   heures pour vous rencontrer et ensuite pour rencontrer une commission

 20   chargée des personnes déplacées à l'intérieur des frontières ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Après la rencontre avec le général Gotovina, est-ce que vous avez

 23   évoqué les crimes dont vous avez eu écho, est-ce que vous en avez parlé au

 24   général Cermak ?

 25   R.  Oui, Monsieur.

 26   Q.  En partie, c'est indiqué dans le deuxième paragraphe : le commandant du

 27   secteur sud a exprimé ses inquiétudes au sujet des cas de pillage le long

 28   de la route entre Knin et Drnis. Le bétail est chargé dans les camions et

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  1   déplacé, et le contenu des maisons entières est chargé à bord des camions

  2   sous la supervision de la police civile.

  3   Le gouverneur militaire a dit que cela est possible compte tenu de la

  4   grandeur de l'opération dont il était en charge.

  5   Mon Général, est-ce que vous vous rappelez quelque chose d'autre s'agissant

  6   de cette rencontre avec le général Cermak, lorsque vous avez évoqué les

  7   crimes allégués et quelle était sa réponse ?

  8   R.  Je ne me souviens pas précisément de cette rencontre, mais chaque fois

  9   que j'avais une rencontre avec lui j'évoquais ces problèmes. Mais

 10   s'agissant de cette rencontre particulière, je ne m'en souviens pas. Ce qui

 11   me préoccupait c'était qu'il y avait des cas de pillage et d'incendies

 12   parce qu'à partir de ce que nous pouvions voir à Knin, nous avons pu voir

 13   qu'il y avait des tirs de temps en temps et notre unité nous a informés que

 14   des activités similaires avaient eu lieu ailleurs.

 15   A cette époque-là, je ne pouvais pas aller me rendre sur place pour voir

 16   exactement ce qui se passait et personne de mon quartier général ne pouvait

 17   sortir sauf une personne, c'était un capitaine qui était blessé, capitaine

 18   Hill, et c'était un officier de la police militaire.

 19   Q.  Qu'est-ce qu'il a appris quand il est sorti ?

 20   R.  Il est sorti et je lui ai demandé s'il avait vu quelle était la portée

 21   de ces dommages occasionnés à Knin. Et vers 4 heures de l'après-midi, il a

 22   vu qu'il y avait des dommages, qu'il y avait des cas de pillage. Il s'est

 23   rendu dans un appartement qu'occupaient précédemment mon chauffeur et mon

 24   cuisinier et il a pu constater que l'appartement a été cambriolé, vandalisé

 25   et que la plupart des choses étaient volées. Je pense que cela s'est

 26   produit le 6 dans l'après-midi. Le 6 août.

 27   Q.  D'accord. J'aimerais maintenant vous poser quelques questions au sujet

 28   de vos rencontres avec le général Cermak et lorsque vous avez parlé de la

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  1   restriction de circulation et de violations différentes des droits de

  2   l'homme. Vous avez parlé d'un cas de pillage ou de vol des biens

  3   appartenant à l'ONU.

  4   Mais j'aimerais maintenant attirer votre attention sur quelque chose de

  5   différent, quelque chose que vous avez mentionné tout à l'heure. Il y avait

  6   des personnes déplacées dans le camp. Est-ce que vous pourriez dire aux

  7   Juges quelque chose portant sur les discussions que vous avez eues avec le

  8   général Cermak s'agissant du sort de ces personnes déplacées qui ont été

  9   amenées dans le quartier général du secteur sud de l'UNCRO ou qui se

 10   trouvaient dans d'autres centres de détention à Knin.

 11   R.  On en a parlé à plusieurs reprises. Je pense que la première fois nous

 12   en avons parlé le 6 c'était, nous avons parlé de 700 personnes déplacées à

 13   l'intérieur des frontières, je pense que la majorité de ces gens étaient

 14   Serbes. Mais je pense qu'il y avait 40 ou 50 Serbes de Croatie, Serbes de

 15   Krajina qui se trouvaient dans notre base, et le général Cermak m'a dit

 16   qu'il voulait rencontrer ces gens et leur dire qu'ils pouvaient rentrer

 17   chez eux, et si je ne m'abuse, je pense que dans le QG du Bataillon

 18   canadien se trouvait environ 30 Serbes qui ont trouvé refuge. Il y en avait

 19   20 ou 25 personnes dans la zone du Bataillon tchèque également; il y en

 20   avait quelques-uns dans la zone du Bataillon kényan et dans la zone du

 21   Bataillon jordanien.

 22   En dernier lieu, nous avons pu nous mettre d'accord avec le général Cermak

 23   qu'il fallait permettre à tous ces gens de pouvoir partir, de pouvoir se

 24   rendre dans mon camp. Lors de la troisième semaine du mois d'août, si je ne

 25   m'abuse, il y avait encore quelques personnes déplacées à l'intérieur des

 26   frontières qui se trouvaient dans le camp. Mais nous ne pouvions donner à

 27   manger que très peu à ces gens qui se trouvaient avec le Bataillon

 28   canadien. Nous avons parlé avec M. Al-Alfi et le général Cermak s'il y

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  1   avait peut-être d'autres personnes déplacées à l'intérieur des frontières

  2   qu'il fallait abriter quelque part et si l'on pouvait trouver un

  3   établissement à Knin où l'on pouvait placer ces 400 ou 500 personnes, et

  4   finalement nous avons pris la décision qu'il fallait que ces gens  partent

  5   en Serbie. En tout, il y avait 1 084 personnes qui ont quitté Knin pour se

  6   rendre en Serbie le 16 septembre.

  7   Q.  Rapidement, j'aimerais attirer votre attention sur la pièce 4949 sur la

  8   liste 65 ter. C'est à l'intercalaire 31 de votre classeur. C'est un rapport

  9   de situation en date du 21 août à 20 heures 30 -- excusez-moi, j'avance

 10   trop vite.

 11   Passons à la deuxième page, s'il vous plaît.

 12   Sur cette page, il est fait état d'une rencontre entre vous puis le

 13   coordinateur chargé des affaires politiques et militaires [comme

 14   interprété], et le gouverneur militaire, général Cermak, une réunion

 15   portant sur le départ des personnes déplacées à l'intérieur des frontières.

 16   Dans le deuxième paragraphe, on mentionne une liste de personnes qui

 17   souhaitent quitter la Croatie à partir de ce camp, à savoir 687 personnes

 18   sur le total d'environ 731. Et dans le troisième paragraphe, il est dit que

 19   le général Cermak a dit qu'il disposait également d'une liste de personnes

 20   suspectées d'avoir commis des crimes de guerre.

 21   A la page suivante.

 22   Il est dit que le général Cermak devrait pouvoir fournir cette liste de

 23   personnes le jour suivant et une fois cette liste fournie, il n'y aurait

 24   plus de vérification de la part des autorités croates.

 25   Tout d'abord, est-ce que vous savez ou est-ce que vous avez eu des contacts

 26   avec les personnes déplacées à l'intérieur des frontières et suite à ces

 27   rencontres est-ce que vous avez compris pourquoi 687 personnes sur le total

 28   de 731 souhaitaient partir plutôt que de rentrer chez eux ?

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  1   R.  J'ai parlé avec les responsables de la commission chargée des personnes

  2   déplacées, et ils m'ont dit que ces gens ne souhaitaient pas rester parce

  3   qu'ils ne se sentaient pas en sécurité.

  4   Dans ce rapport de situation, nous avons parlé de la possibilité de garder

  5   ces gens qui étaient identifiés comme criminels de guerre et donc de les

  6   garder dans notre camp et nos discussions portaient là-dessus.

  7   Tout à l'heure, j'ai dit que je ne voulais plus accepter de personnes

  8   déplacées dans mon camp, parce que nous ne pouvions pas nous occuper d'eux

  9   et nous avons parlé avec le général Cermak de la possibilité où d'autres

 10   personnes arrivaient, qu'il trouve un logement pour eux et que nous

 11   pouvions --

 12   Nous avons trouvé qu'il n'y avait que 34 ou 35 personnes pour

 13   lesquelles l'ONU a constaté qu'il y avait suffisamment de preuves pour dire

 14   qu'ils pouvaient être rendus aux autorités croates en tant que criminels de

 15   guerre tandis que les autres pouvaient rentrer avec les personnes déplacées

 16   en Serbie.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Tieger, il est l'heure.

 18   Monsieur Forand, nous allons reprendre nos travaux à

 19   10 heures 55.

 20   --- L'audience est suspendue à 10 heures 32.

 21   --- L'audience est reprise à 11 heures 03.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La Chambre présente ses excuses pour ce

 23   retard.

 24   Veuillez poursuivre, Monsieur Tieger.

 25   M. TIEGER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 26   Q.  Général Forand, un peu plus tôt nous avons examiné le rapport de

 27   situation du 8 août 1995 à 20 heures 30. Il s'agit du document 2771 dans la

 28   liste 65 ter. Dans ce rapport, il était question des rencontres qui avaient

Page 4133

  1   eu lieu ce jour-là. Dans ce document il était question des restrictions à

  2   la liberté de circulation que vous avez mentionnées plus tôt. Au paragraphe

  3   (b)(1), il est dit, le général Cermak a commencé en disant que dès son

  4   retour à son QG, il ordonnerait que les éléments des Nations Unies soient

  5   autorisés à se déplacer librement à Knin et à Drnis.

  6   M. KEHOE : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait afficher ce document à

  7   l'écran, s'il vous plaît.

  8   M. TIEGER : [interprétation] Il s'agit du document numéro 2771.

  9   M. KEHOE : [interprétation] Excusez-moi d'avoir interrompu.

 10   M. TIEGER : [interprétation] Deuxième page, s'il vous plaît -- ou plutôt,

 11   page 3, excusez-moi.

 12   Q.  Je vais donner lecture du paragraphe (b)(1), deuxième paragraphe en

 13   partant du bas. Pour conclure, après le passage où il est dit que le

 14   général Cermak autoriserait les membres de l'ONU à se déplacer à Drnis et à

 15   Knin, il est dit qu'il ne s'en était pas occupé jusqu'à présent en raison

 16   de son emploi du temps très chargé.

 17   Général, peut-on maintenant voir le document numéro 4919 dans la liste 65

 18   ter. Il se trouve à l'intercalaire 16 de votre classeur. Lorsque ce

 19   document sera affiché, je vous demanderais de bien vouloir nous dire s'il

 20   s'agit de l'ordre de circuler librement dont il est question précédemment.

 21   R.  Oui, sauf que le déplacement devait se limiter à Knin et à Drnis.

 22   Q.  Pouvez-vous maintenant examiner le document numéro 3253 dans la liste

 23   65 ter. Il s'agit d'un rapport de situation en date du 9 août 1995, 8

 24   heures 30.

 25   Peut-on passer à la page suivante, s'il vous plaît, "Evaluation du

 26   commandant," c'est la rubrique qui m'intéresse. Excusez-moi, je me suis

 27   peut-être trompé de référence. Le document qui m'intéresse c'est le

 28   document numéro 3253.

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  1   Merci, Monsieur le Greffier.

  2   Q.  Nous venons d'examiner le document du 8 août portant sur la liberté de

  3   circulation à Knin et à Drnis. Dans ce rapport de situation en date du 9,

  4   il est fait référence à une réunion qui s'est tenue le jour même avec le

  5   général Cermak. Il y a eu d'autres discussions portant sur la liberté de

  6   circulation. Si vous vous penchez sur le paragraphe (c) de ce document,

  7   vous constaterez qu'il est dit que les restrictions imposées à la liberté

  8   de circulation se poursuivent, notamment en ce qui concerne le secteur de

  9   Knin, le ravitaillement des unités et la liaison entre les unités et le SS

 10   du QG. Le général Cermak affirme contrôler pleinement les zones du secteur

 11   sud et c'est lui qui accorde la liberté de circulation. Les unités de la HV

 12   dans le secteur de responsabilité du 1er Bataillon canadien, notamment à

 13   Benkovac, réfutent l'autorité du général Cermak et même son existence. Il y

 14   a une certaine confusion qui règne dans les rangs de la HV et il y a des

 15   preuves portant sur les destructions méthodiques continues observées lors

 16   de nos déplacements et ainsi de suite.

 17   Est-ce que vous avez fait part au général Cermak de vos préoccupations le 9

 18   août s'agissant des restrictions imposées à la liberté de circulation

 19   nonobstant le document du 8 août ?

 20   R.  Oui, il s'agit dans ce document en quelque sorte d'une synthèse des

 21   discussions qui ont eu lieu avec lui. A chaque fois que j'ai rencontré le

 22   général Cermak, le lieutenant-colonel Tymchuk, qui était mon officier de

 23   liaison, m'accompagnait. C'est lui qui prenait des notes, et à notre

 24   retour, à chaque fois nous établissions un rapport de situation portant sur

 25   la journée.

 26   Q.  Est-ce que l'on pourrait examiner maintenant le document 553 de la

 27   liste 65 ter -- ou plutôt, excusez-moi.

 28   M. TIEGER : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président. Excusez-

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  1   moi, Mon Général. Il s'agit du document 553 dans la liste 65 ter.

  2   Q.  Cela se trouve à l'intercalaire 22 de votre classeur, mais je pense que

  3   ce document sera affiché incessamment sous peu sur votre écran.

  4   Ce document est daté du 11 août 1995. Il vous est adressé, il provient du

  5   général Cermak, il fait référence à votre lettre en date du 10 août 1995

  6   portant sur la liberté de circulation. Juste en dessous du passage intitulé

  7   "objet," il est fait référence à l'accord conclu entre le gouvernement de

  8   la République de Croatie et l'UNCRO, le 6 août 1995.

  9   Est-ce que vous avez reçu ce document et est-ce que vous le reconnaissez ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Dans ce document, on propose d'étendre la liberté de circulation

 12   accordée le 8 août à tous les secteurs ?

 13   R.  Oui. Un exemplaire de ce document a été envoyé à toutes mes unités

 14   ainsi qu'aux observateurs militaires qui se trouvaient au QG, à la police

 15   civile et aux personnes responsables des droits de l'homme.

 16   Q.  A la page 18 de votre déclaration en date de 1997, page 10 en B/C/S,

 17   vous dites que la liberté de circulation pleine et entière n'a été accordée

 18   que dix jours après la prise de Knin. Pouvez-vous nous dire si après avoir

 19   reçu ce document les éléments de l'UNCRO et d'autres ont pu librement

 20   circuler dans les secteurs où ils voulaient vérifier la situation ?

 21   R.  Non. Il existe un certain nombre de rapports de situation qui indiquent

 22   que la liberté de circulation était restreinte dans de nombreux secteurs et

 23   pendant longtemps, même si ce document était censé nous assurer la liberté

 24   de circulation. Il y avait des problèmes et ces problèmes se sont

 25   poursuivis, je pense jusqu'à la fin d'août et même au mois de septembre. Le

 26   responsable des droits de l'homme et des observateurs militaires ainsi que

 27   certains de mes hommes ont indiqué que leur circulation était limitée, ce

 28   qui contredisait ce qui était indiqué dans cette lettre en faisant

Page 4137

  1   référence à l'accord conclu entre le gouvernement de la République de

  2   Croatie et les forces de maintien de la paix de l'ONU.

  3   Q.  Je souhaiterais revenir rapidement sur un sujet que vous avez abordé un

  4   peu plus tôt, à savoir le vol des équipements appartenant à l'ONU.

  5   A cet égard, j'appelle votre attention sur le document 65 ter 460 qui

  6   se trouve à l'intercalaire 23 de votre classeur. Nous devrons attendre un

  7   instant avant que ce document soit affiché.

  8   Il s'agit d'un document daté du 11 août 1995. C'est une protestation

  9   adressée au général Cermak en rapport avec le vol d'engins de terrassement

 10   appartenant au génie.

 11   Au premier paragraphe, il est fait référence à une réunion tenue la

 12   veille et au fait que le général Cermak avait demandé des informations plus

 13   détaillées concernant la nature des engins de terrassement qui avaient été

 14   saisis dans un secteur donné. Nous voyons plus de détails un peu plus bas.

 15   Il est question d'un engin monté sur chenilles. Puis au bas de la première

 16   page, il est dit que ce véhicule valait environ un million de dollars. Vous

 17   demandez au dernier paragraphe au général Cermak de se servir de

 18   l'influence importante dont il jouissait pour s'assurer que ces équipements

 19   seraient retournés à leurs propriétaires. Il est dit que trois véhicules de

 20   l'ONU ont été volés à Knin alors qu'ils étaient en train d'être réparés, et

 21   vous renvoyez à la lettre que vous aviez envoyée plus tôt sur ce même

 22   point.

 23   Savez-vous si des mesures ont été prises, si l'on a fait droit à

 24   votre demande ?

 25   R.  D'après mes souvenirs, non. Il existe des lettres semblables où on a

 26   dit que des équipements de l'ONU ont été volés. Je ne pense pas que ces

 27   équipements ont été rendus à leurs propriétaires.

 28   Q.  D'accord.

Page 4138

  1   M. TIEGER : [interprétation] Peut-on maintenant voir le document 462 dans

  2   la liste 65 ter.

  3   Q.  Il s'agit d'une lettre du 19 août 1995, vous en êtes l'auteur, vous

  4   l'adressez au général Cermak. Il est fait référence à la lettre du 11 août.

  5   Vous dites que le bulldozer blindé monté sur chenilles a été retrouvé et

  6   vous dites qu'une équipe composée de membres de l'ONU et de policiers

  7   militaires s'est vue refuser l'accès à cet endroit par les soldats de la

  8   HV.

  9   Est-ce qu'il s'agit d'une des lettres portant toujours sur le même sujet ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Je vous invite maintenant à examiner le document numéro 459 dans la

 12   liste 65 ter. Il s'agit là encore d'une lettre datée du 19 août 1995 et

 13   vous en êtes l'auteur, vous adressez cette lettre au général Cermak et vous

 14   émettez des protestations concernant le vol de véhicules et d'équipements

 15   de l'ONU. Et vous avez dit que l'on a vu que ces véhicules étaient conduits

 16   à Knin par des soldats de la HV, le 10 août.

 17   S'agit-il là encore d'un document que vous avez mentionné ?

 18   R.  Oui.

 19   M. TIEGER : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait maintenant voir le

 20   document 1795 dans la liste 65 ter?

 21   Q.  Là encore il s'agit d'une lettre du 19 août 1995. Vous l'adressez au

 22   général Cermak et vous émettez des protestations concernant le vol

 23   d'équipements de l'ONU et l'hébergement. Vous dites que des conteneurs

 24   servant de logements ont été observés, alors qu'ils étaient chargés à bord

 25   de camions à plateau par des hommes portant des uniformes de la HV qui

 26   était armés.

 27   De quoi s'agissait-il? Qu'est-ce qu'un conteneur ISO servant de logement ?

 28   R. On s'en servait pour héberger nos soldats. Ils y dormaient. Il faisait

Page 4139

  1   environ 25 pieds sur 12 pieds, donc il s'agit d'un conteneur de dimension

  2   assez importante.

  3   Q.  Vous avez ajouté qu'on s'en servait pour remplacer les chars. Je n'ai

  4   pas très bien compris. Cela se trouve dans le compte rendu d'audience, vous

  5   avez la réponse sous les yeux.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce qu'il est question de char ou

  7   "tanks or tents" en anglais ?

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Il s'agit de tentes. Nous n'avions pas de

  9   chars.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.

 11   M. TIEGER : [interprétation] Merci.

 12   Q.  Vous nous avez dit un peu plus tôt que le général Gotovina, le 8 août,

 13   vous avait dirigé vers le général Cermak afin que vous lui fassiez part des

 14   problèmes que vous veniez de lui mentionner. Alors vous dites, vous

 15   finalement, de nouveau, vous vous adressez au général Gotovina afin

 16   d'essayer d'obtenir que l'on vous rende les équipements volés ?

 17   R.  Oui. Car à chaque fois que j'ai rencontré le général Cermak en

 18   compagnie de M. Al-Alfi, il s'est montré très cordial, il a dit qu'il

 19   allait se charger du problème, mais rien n'a jamais été réglé. Donc les

 20   incendies volontaires, les pillages, les vols d'équipement se sont

 21   poursuivis, et en raison des activités réalisées par ces personnes en tenue

 22   de la HV, je me suis dit qu'il faudrait en informer le général Gotovina car

 23   des soldats de la HV étaient impliqués et je pensais qu'il pourrait faire

 24   quelque chose. Donc je lui ai envoyé deux lettres sur ce sujet où j'ai mis

 25   en exergue le fait que des équipements avaient été volés, qu'il y avait des

 26   pillages et des incendies volontaires qui étaient le fait de certains

 27   soldats de la HV.

 28   Q.  Pouvons-nous voir le document 1840 dans la liste 65 ter, s'il vous

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  1   plaît.

  2   Il s'agit d'une lettre datée du 26 -- il s'agit d'un rapport de situation,

  3   plutôt, daté du 26 août. Il y est joint en annexe une lettre envoyée au

  4   général Gotovina - est-ce qu'on peut passer à la page suivante, nous

  5   reviendrons à la dernière page dans un instant, il s'agit d'une lettre que

  6   vous avez adressée au général Gotovina le 26 août. Au début du document, il

  7   est fait référence à une réunion tenue le 8 août, vous dites que vous

  8   travaillez en collaboration avec le général Cermak. Puis le texte se

  9   poursuit et vous mentionnez la question des activités hostiles de la HV à

 10   l'encontre des soldats de maintien de la paix. A la deuxième page de ce

 11   même document, il est fait mention des équipements de l'ONU dans le

 12   deuxième paragraphe complet. Puis au dernier paragraphe sur cette page,

 13   vous demandez de l'aide en vue de préparer une présentation en rapport avec

 14   l'opération Tempête.

 15   Il s'agit d'une lettre que vous avez envoyée au général Gotovina en passant

 16   par la filière habituelle. Avez-vous reçu une réponse ?

 17   R.  Non. Je n'ai pas reçu de réponse, mais je dois revenir sur ce que j'ai

 18   dit précédemment car dans cette lettre, je pensais avoir parlé de pillages

 19   et d'incendies volontaires, mais en fait, je fais référence aux

 20   comportements des soldats. Je dis que nous souhaitions récupérer les

 21   équipements volés, mais en fait je ne fais pas mention des pillages et des

 22   incendies.

 23   Q.  Permettez-moi de vous poser une question à ce sujet. Vous avez passé un

 24   certain temps dans ce secteur, à l'époque. Sur la base de vos observations,

 25   lorsque vous êtes déplacé dans le secteur, et en vous appuyant sur les

 26   conversations que vous avez eues avec d'autres personnes également

 27   déployées dans ce secteur, pouvez-vous nous dire s'il était possible de se

 28   trouver dans ce secteur à quelque moment que ce soit et d'ignorer que des

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  1   pillages avaient lieu ?

  2   R.  Ça aurait été difficile, car comme je l'ai dit, dans tous les rapports

  3   de situation il en est fait question et lorsqu'on nous autorisait de nous

  4   déplacer dans ce secteur, tous les jours quasiment, on nous rapportait des

  5   pillages, des incendies volontaires, le fait que du bétail avait été tué.

  6   Donc j'ai indiqué tout cela au général Cermak. J'ai insisté sur le fait que

  7   ces problèmes étaient constants et dans le cadre des rencontres que j'ai

  8   eues avec le général Cermak, avec M. Al-Alfi, nous avons dit qu'il y avait

  9   des pillages et des incendies, donc il aurait été impossible qu'il ne soit

 10   pas au courant. D'autre part, il y avait un officier chargé des relations

 11   publiques qui écrivait des rapports à ce sujet, M. Roberts, si bien qu'on a

 12   du mal à imaginer à tous les échelons que l'on ait pu ignorer que de telles

 13   activités avaient lieu.

 14   Q.  Mon Général, j'aimerais que nous revenions plus tard sur un aspect

 15   particulier relatif à ces vols d'équipement. Mais pour le moment, je

 16   voudrais que nous parlions de deux points que vous venez d'évoquer, en

 17   commençant par le premier, à savoir la connaissance que vous aviez des

 18   violations des droits de l'homme et des crimes que vous avez évoqués ainsi

 19   que des restrictions à la liberté de circulation et des pillages qui

 20   avaient lieu simultanément à ces violations.

 21   Dans votre déclaration de 1996, en page 10 de la version anglaise, la page

 22   9 de la version B/C/S, vous indiquez qu'à partir du moment où la guerre a

 23   cessé, des actes de pillage systématique visant les villages et les villes

 24   et impliquant notamment des incendies volontaires de maisons et de culture

 25   ainsi que l'assassinat aveugle et le vol d'équipement et de bétails ont

 26   commencé. Vous avez déjà dit un certain nombre de choses au sujet de ce que

 27   vous avez pu voir de ce point de vue dans les premiers temps de cette

 28   période, mais j'aimerais que maintenant nous examinions un certain nombre

Page 4142

  1   de documents que vous avez pu échanger avec le général Cermak en

  2   particulier, mais également avec le général Gotovina où ces points sont

  3   abordés.

  4   M. TIEGER : [interprétation] Commençons, si vous le voulez bien, par le

  5   document 3256 de la liste 65 ter.

  6   Q.  Mon Général, je crois vous avoir vu indiquer dans vos déclarations

  7   jusqu'à présent que les actes de pillage commis à Knin ont commencé

  8   immédiatement après l'entrée de l'armée croate dans la ville. Ici, nous

  9   avons une lettre du 19 [comme interprété] août 1995, que vous adressez au

 10   général Cermak et dans laquelle vous abordez un certain nombre de points

 11   importants. C'est le dernier paragraphe qui m'intéresse, paragraphe où vous

 12   dites au général Cermak que vous apprécieriez également qu'il exerce un

 13   meilleur contrôle sur son personnel - et je cite ce qui suit : "Après avoir

 14   nettoyer leurs logements hier, nombre de mes hommes sont rentrés dans leurs

 15   appartements pour découvrir que ceux-ci avaient été cambriolés et que des

 16   objets contenus dans ces appartements y avaient encore été volés. Ce type

 17   d'action contraire à la loi fait peu de choses pour inspirer confiance à

 18   mon état-major qui aimerait, je le répète, trouver des lieux de résidence à

 19   Knin et pouvoir y trouver des conditions d'une vie plus normale."

 20   Donc ces événements se sont déroulés après les premiers pillages dont vous

 21   avez parlé plus tôt, n'est-ce pas, Mon Général Forand ?

 22   R.  Bien, nous avons vu des actes de pillage le 5 août au moment où je suis

 23   revenu de l'hôpital et j'ai vu aussi des actes de pillage devant mon QG

 24   lorsque nous avons été encerclés. Il y avait des membres de l'IDP qui

 25   avaient laissé leurs véhicules devant le portail, car il n'y avait pas de

 26   place dans ma cour et nous avons vu des soldats de l'armée croate qui

 27   pillaient le contenu de ces véhicules. Voilà les pillages que j'ai pu voir

 28   de mes yeux et dont je parle dans les lettres que j'ai évoquées jusqu'à

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  1   présent. Je suis allé à l'entrée du camp le 12, là à Donji Lapac. J'ai vu

  2   les actes que j'ai décrits. Nous avons obtenu l'autorisation de sortir du

  3   camp parce qu'il y avait pas mal de gens à l'intérieur du camp, des

  4   représentants civils des Nations Unies, des observateurs militaires de la

  5   police des Nations Unies qui résidaient dans la ville de Knin et qui sont

  6   rentrés ensuite dans leurs appartements pour découvrir que ceux-ci avaient

  7   été pillés exactement dans les termes évoqués dans cette lettre. Je ne sais

  8   pas combien d'appartements étaient visés, en tout cas, ils ont fait le

  9   ménage et ils sont retournés le lendemain pour voir que de nouveaux

 10   pillages avaient eu lieu. C'est la raison de l'insertion de ce paragraphe

 11   dans le texte.

 12   Q.  Au moment où les éléments de l'UNCRO et d'autres éléments des Nations

 13   Unies ont commencé à circuler dans le secteur, je crois vous avoir entendu

 14   dire qu'ils ont commencé à découvrir des preuves supplémentaires de

 15   pillages et d'incendies volontaires. J'aimerais que nous revenions sur le

 16   document 576 de la liste 65 ter.

 17   M. TIEGER : [interprétation] Page 2.

 18   Q.  Penchons-nous rapidement sur le paragraphe intitulé Situation générale.

 19   Il y est fait référence à la lettre relative à la liberté de circulation

 20   adressée au général Cermak où il était fait état d'un certain nombre de

 21   problèmes résiduels, puis il est indiqué que des traces d'incendies

 22   marquent le paysage de la Krajina et que des tirs au hasard et des

 23   explosions au hasard sont entendus en permanence dans tous les secteurs.

 24   Puis qu'au moment où on peut accéder à certains secteurs dont les troupes

 25   des Nations Unies avaient été préalablement expulsées, on découvre que

 26   l'armée croate a pris possession de ces secteurs et contrôle toutes les

 27   installations et les véhicules des Nations Unies. Puis il y a une référence

 28   à Donji Lapac dont vous avez déjà parlé il y a déjà quelque temps. C'est

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  1   bien de cela qu'il est question à cet endroit du texte, n'est-ce pas, Mon

  2   Général ?

  3   R.  Oui, Monsieur, ceci à la date du 12 août.

  4   Q.  Il est indiqué également que deux lettres de protestation ont été

  5   adressées au général Cermak; l'une concernant l'occupation du camp du

  6   Bataillon canadien et l'autre concernant les destructions dont les

  7   propriétés des Nations Unies ne cessent d'être victimes.

  8   M. TIEGER : [interprétation] Passons maintenant deux pages plus loin dans

  9   ce même document. Encore une pour l'affichage à l'écran.

 10   Q.  Mon Général, c'est une lettre qui porte la date du 11 août 1995 et qui

 11   est adressée au général Cermak. Vous en êtes l'auteur. Dans cette lettre,

 12   au début du corps du texte, vous indiquez, je

 13   cite : "Au cours de la réunion d'hier, M. Paavo Pitcanen et moi-même avons

 14   porté à votre attention des éléments d'information rassemblés par les

 15   sources des Nations Unies qui portent sur les pillages généralisés et

 16   systématiques ainsi que les destructions de biens, de culture et de

 17   bétails. Depuis cette réunion, des rapports complémentaires évoquant le

 18   même genre de destructions superflues dans la zone située entre Knin et

 19   Pakovo Selo et le long de l'ancienne zone de séparation me sont parvenus.

 20   Me rappelant vos déclarations faites à la réunion d'hier au sujet des

 21   efforts que vous déployez honnêtement pour maîtriser la situation, je

 22   proteste encore une fois contre ces actions et vous demande de redoubler

 23   d'efforts pour empêcher la destruction organisée et le vol organisé de

 24   biens."

 25   Alors, c'est bien l'une des lettres de protestation que vous avez portée à

 26   l'intention du général Cermak au sujet de ce qui se passait dans le

 27   secteur, n'est-ce pas ?

 28   R.  Oui, Monsieur.

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  1   Q.  Vous rappelez-vous si les crimes que vous avez portés à son intention

  2   se sont poursuivis ou pas ?

  3   R.  Ils se sont poursuivis, car comme vous le constaterez par la suite, une

  4   lettre de même nature lui a été envoyée plus tard et lors de nos réunions,

  5   les débats ont continué à porter sur ce sujet.

  6   Q.  A cet égard, Mon Général, j'aimerais maintenant que nous examinions

  7   deux autres documents qui sont les documents 65 ter numéro 2467, puis un

  8   document déjà versé au dossier qui est la pièce D151.

  9   Commençons, si vous le voulez bien, par le document 2467 de la liste

 10   65 ter. C'est un rapport de situation qui porte la date du 24 août 1995

 11   envoyé à 20 heures 30.

 12   M. TIEGER : [interprétation] J'aimerais que nous nous penchions sur

 13   la page 3 de ce document.

 14   Q.  En haut de la page, il est indiqué qu'une réunion a eu lieu à 13 heures

 15   30 entre vous-même, commandant du secteur sud, et le coordinateur des

 16   affaires politiques et humanitaires, avec le général Cermak. Il est

 17   question d'abord des personnes déplacées, car au préalable vous aviez

 18   évoqué la possibilité pour les personnes déplacées de se rendre en Serbie

 19   tant que 62 personnes accusées de crimes de guerre n'avaient pas été prises

 20   en charge.

 21   Puis, au paragraphe 6 de ce document, nous voyons que le général Cermak se

 22   voit rappeler les incendies volontaires qui se poursuivent et les pillages

 23   qui continuent dans le secteur sud. Il lui est demandé de mettre un terme à

 24   de tels actes. Le général Cermak répond d'abord en attribuant ces actes à

 25   des bandits faisant partie des observateurs militaires de l'Union

 26   européenne, puis finit par admettre que cette zone de responsabilité est

 27   très vaste et qu'il est difficile d'y exercer en tous lieux un véritable

 28   contrôle. Il déclare regretter sincèrement de tels actes qui sont

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  1   contraires à la politique menée par le gouvernement de Croatie.

  2   Avant de vous interroger au sujet de ce texte, j'aimerais que vous vous

  3   penchiez également sur le document D151. Vous avez indiqué, Mon Général,

  4   que M. Al-Alfi vous accompagnait dans nombre de ces réunions et le rapport

  5   de situation du 24 août indique qu'il assistait à la réunion en question.

  6   Il est exact, n'est-ce pas, que le général Al-Alfi avait lui aussi ses

  7   notes personnelles durant ces réunions et qu'il a fait état de son procès-

  8   verbal à la suite de ces réunions ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Lorsque ces notes ont été envoyées, l'ont-elles été à vous et lui

 11   envoyiez vous-même vos rapports en retour ?

 12   R.  Oui. Il recevait en -- il figurait au nom des destinataires de mes

 13   rapports de situation et si je me souviens bien, il a assisté à la grande

 14   majorité des réunions que j'ai eues avec le général Cermak. S'il n'y

 15   assistait pas, il était représenté par un de ses hommes.

 16   Q.  Encore une fois, il est question ici de la réunion qui s'est tenue à 13

 17   heures 30 le 24 août et il est dit que le débat a d'abord porté sur le

 18   départ des personnes -- l'impossibilité de partir pour les personnes

 19   déplacées avant la prise en charge de 62 personnes accusées de crimes de

 20   guerre. Et dans le dernier paragraphe, paragraphe 5, nous lisons ce qui

 21   suit, je cite : "Nous avons porté la poursuite des incendies volontaires de

 22   maisons et des pillages dans le secteur à l'attention du général Cermak en

 23   lui demandant de mettre un terme à ce tels actes. Il a reconnu les faits,

 24   eu égard à la poursuite de tels incidents et les a attribués à 'des

 25   personnes qui entraient dans le secteur revêtus de l'uniforme de l'armée

 26   croate et à des civils désireux de se venger.' Il a également attribué de

 27   tels actes aux efforts poursuivis par l'armée croate qui nettoie toujours

 28   le terrain et capture les rebelles. Le général Cermak dit clairement, qu'à

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  1   son avis, la zone est très vaste et que ce serait mensonge que de dire

  2   qu'aucun incident de ce genre ne continuera à se produire, mais il nous

  3   informe qu'il a déjà émis des ordres stricts destinés au personnel

  4   militaire et aux civils afin de mettre un terme à de tels actes."

  5   Mon Général, essayez de vous souvenir le plus précisément possible d'un

  6   autre jour où vous avez porté à l'attention du général Cermak la réalité de

  7   la continuation de ces crimes et où vous lui avez demandé d'y mettre un

  8   terme ?

  9   R.  Oui. Comme vous le voyez, M. Al-Alfi utilise des mots différents, mais

 10   la signification est la même de ce qui figurait dans mon rapport de

 11   situation.

 12   Q.  Vous avez dit il y a quelque temps que les réunions se tenaient dans

 13   une atmosphère cordiale, que des réponses de nature diverse y étaient

 14   données et que parfois le général Cermak indiquait qu'il s'occuperait des

 15   problèmes évoqués. Vous rappelez-vous d'autres occasions où le général

 16   Cermak aurait indiqué qu'il donnerait des ordres au personnel militaire et

 17   civil pour mettre un terme à de tels crimes ?

 18   R.  Je me rappelle un certain nombre d'occasions où il a dit qu'il s'en

 19   occuperait et qu'il règlerait les problèmes.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Tieger, puis-je poser une

 21   question intermédiaire au témoin.

 22   M. Tieger a utilisé à plusieurs reprises - et nous le trouvons également

 23   dans son rapport ainsi que dans celui de M. Al-Alfi -l'expression, je cite,

 24   "mettre un terme à la poursuite des crimes."

 25   Alors, dans ma compréhension de la langue anglaise, ceci peut avoir deux

 26   significations. Si je souhaite que vous cessiez de faire un certain nombre

 27   de choses, alors je peux vous demander d'arrêter de faire ces choses-là.

 28   Puis, il y a une autre manière de mettre un terme à un acte, c'est en

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  1   faisant cesser les personnes qui commettent ces actes.

  2   M. Tieger vient de donner lecture d'un passage où il est question d'ordres

  3   qui sont émis afin de mettre un terme à la continuation des crimes. Est-ce

  4   que vous comprenez ce passage comme signifiant qu'il était ordonné aux

  5   destinataires de cesser de faire ce qu'ils faisaient ou qu'il était ordonné

  6   aux destinataires d'ordonner à des tierces personnes d'arrêter de faire ce

  7   qu'elles faisaient ?

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Je comprends ce passage comme signifiant que

  9   les destinataires devaient cesser de faire un certain nombre de choses.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc il n'est pas question ici de

 11   demander aux destinataires de faire cesser des actes commis par des tiers,

 12   mais de ne plus commettre les actes qu'eux-mêmes commettent, n'est-ce pas ?

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] En effet, Monsieur le Président.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Eux-mêmes.

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] En effet, Monsieur le Président. J'ai compris

 16   qu'il s'agissait de ces hommes, voyez-vous, qu'il était question de

 17   prévenir les actes commis par ces hommes.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie.

 19   Veuillez procéder, Monsieur Tieger.

 20   M. TIEGER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 21   Q.  J'aimerais maintenant que nous parlions d'une autre réunion tenue le 29

 22   août. Encore une fois, je vais vous demander de vous pencher sur un certain

 23   nombre de PV dressés à l'issue de ces réunions.

 24   M. TIEGER : [interprétation] Et nous commencerons par nous pencher sur le

 25   document 3075 de la liste 65 ter. C'est un rapport de situation datant du

 26   29 août établi à 20 heures 30. C'est la page 2 qui m'intéresse, j'en

 27   demande l'affichage sur les écrans.

 28   Q.  Excusez-moi, Mon Général. Dans votre classeur, ce document correspond à

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  1   l'intercalaire 36.

  2   Donc en page 2, nous voyons qu'il est question d'une réunion qui,

  3   apparemment, s'est tenue à 12 heures 30, à laquelle vous avez participé

  4   ainsi que M. Al-Alfi, le général Cermak et où encore une fois le débat a

  5   porté sur les personnes déplacées et dans ce cas précis également, sur les

  6   anciens membres de l'armée de la République serbe de Krajina. Il y est dit

  7   également, entre autres, que les autorités croates vont proposer un autre

  8   QG, que le camp du secteur sud, que les institutions des Nations Unies ne

  9   doivent encourager personne qui désire quitter les villages à se rendre

 10   dans les abris. Et au paragraphe suivant, nous voyons une référence

 11   d'anciens membres de l'armée de la République serbe de Krajina qui sont

 12   désireux de se rendre et aux conditions éventuelles d'une telle reddition

 13   qui implique, entre autres, la possibilité pour les Nations Unies d'avoir

 14   des contacts avec les autorités croates, à cette fin, et notamment avec le

 15   général Cermak.

 16   J'aimerais maintenant vous demander de vous pencher sur le document 4162 de

 17   la liste 65 ter qui correspond à l'intercalaire 37 de votre classeur. Nous

 18   y voyons M. Al-Alfi faire rapport au sujet de la réunion tenue ce jour-là

 19   avec le général Cermak et vous-même.

 20   Encore une fois, les termes sur lesquels ont porté le débat sont consignés

 21   par écrit et le texte commence par faire référence au fait que le général

 22   Cermak réitère l'avis qui est le sien, à savoir qu'il importe de donner des

 23   garanties de sécurité plus importantes pour les habitants du village. En

 24   page 2 nous voyons que des sujets dont nous avons déjà parlé précédemment

 25   sont à nouveau évoqués et une demande est encore une fois présentée au

 26   général Cermak d'utiliser ses bons offices pour garantir dix maisons au

 27   personnel de l'UNCRO afin d'assurer leur hébergement à Knin. Il est

 28   question également de la nécessité d'enquêter sur l'incident survenu à

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  1   Grubori qui a provoqué la mort d'un certain nombre de personnes et

  2   l'incendie de plusieurs maisons. Puis, il est également indiqué dans ce

  3   texte, c'est le général Cermak qui l'indique, que le lendemain, 30 août, il

  4   déterminera les zones interdites d'accès aux membres de l'UNCRO, car des

  5   actions importantes de nettoyage du terrain là elles sont effectuées par

  6   l'armée croate. 

  7   Finalement, Mon Général, encore un document, le document 3069 de la

  8   liste 65 ter --

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Tieger, permettez-moi une

 10   question intermédiaire au témoin. 

 11   Dans l'une des lignes dont vous venez de donner lecture, il est

 12   question de dix maisons dont les représentants de l'UNCRO ont besoin pour

 13   s'y loger.

 14   Est-ce que vous avez souvenir des conditions dans lesquelles ces

 15   personnes avaient perdu leurs logements.

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Ces personnes avaient été pillées, Monsieur le

 17   Président, et leurs logements n'étaient plus suffisamment bien équipés pour

 18   qu'ils acceptent de continuer à y loger.  Donc étant donné que nous avions

 19   des problèmes de logements dans le camp placé sous ma responsabilité, nous

 20   avons demandé s'il était possible d'obtenir un certain nombre de nouvelles

 21   maisons.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D'accord, j'ai compris. Veuillez

 23   poursuivre.

 24   M. TIEGER : [interprétation]

 25   Q.  Je me penche à présent sur le document 3069 de la liste 65 ter, où nous

 26   voyons un rappel de la réunion de ce qui s'est passé durant la réunion du

 27   29 août 1995, et nous lisons dans ce texte-ci qui est un procès-verbal

 28   établi par les autorités croates à la suite de leur rencontre avec vous et

Page 4152

  1   M. Al-Alfi.

  2   M. TIEGER : [interprétation] J'aimerais que la page 2 soit affichée sur les

  3   écrans.

  4   Q.  Nous voyons que le débat portait largement sur les soldats de l'armée

  5   de la République serbe de Krajina ainsi que sur les véhicules des Nations

  6   Unies qui ont été volés et dont certains, comme le dit M. Al-Alfi, je cite,

  7   "circulent actuellement dans les rues de Knin avec au volant des hommes de

  8   l'armée croate. La dernière fois que j'en vu un c'était il y a deux jours."

  9   Ensuite il est fait état des situations dont nous avons déjà parlé et des

 10   réponses fournies précédemment par le général Cermak au problème évoqué et

 11   il dit : "J'ai une liste. Je l'ai soumise à la police militaire et à la

 12   police civile. Ce qui a été très gênant pour moi, mais la réponse a été

 13   négative, elle l'est toujours. Donc, je répéterai mes ordres."

 14   Puis en dernière page, on voit une demande d'information au sujet de

 15   l'incident de Grubori qui est évoqué dans les documents précédents et au

 16   bas de la dernière page, nous voyons qu'il est question de prévoir une

 17   opération de nettoyage et le blocage des routes --

 18   M. KEHOE : [interprétation] Est-ce que nous pourrions voir la page

 19   suivante. J'apprécie que l'on aille vite, mais je préférerais avoir le

 20   texte sous les yeux et voir exactement ce qui est écrit.

 21   M. TIEGER : [interprétation]

 22   Q.  Comme on le voit ici, il est fait référence à Grubori et dans la page

 23   précédente il était fait référence à la réponse de Cermak alors que dans

 24   cette page-ci nous lisons de la bouche de Cermak, je cite : "Nos unités ont

 25   participé à une opération de ratissage du terrain et ont rendu compte du

 26   fait que trois rebelles et deux civils ont été tués, que plusieurs étables

 27   destinées au bétail ont pris feu et que certains rebelles ont pris fuite."

 28   Après quoi nous voyons une référence à une importante opération de

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  1   ratissage du terrain et au blocage des routes.

  2   Alors, Général Forand, nous voyons là une nouvelle fois mention du vol des

  3   véhicules des Nations Unies et nous voyons que général Cermak indique une

  4   nouvelle fois qu'il va émettre des ordres pour voir ce qui s'est passé

  5   exactement. Est-ce que ceci est une nouvelle occasion où le général Cermak

  6   vous a assuré qu'il allait consacrer toute son attention à la résolution

  7   des problèmes, en tout cas s'occuper des problèmes que vous veniez de

  8   porter à son attention et émettre des ordres dans la volonté de les voir

  9   résolus ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  En bas de page, on voit une référence au document où il était question

 12   de restriction de liberté de circulation imposée par les forces de l'armée

 13   croate aux effectifs des Nations Unies. Est-ce que vous vous rappelez avoir

 14   protesté contre cette restriction de votre liberté de circulation à quelque

 15   moment que ce soit ?

 16   R.  Non, je ne me souviens pas d'avoir protesté à ce moment particulier.

 17   Q.  J'aimerais maintenant vous montrer --

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Tieger, avant de passer à un

 19   autre document, j'aimerais que nous consacrions notre attention à certains

 20   problèmes de traduction dans ce document. Mon attention a été éveillée par

 21   le fait que ce procès-verbal commence par les mots : général Ivan

 22   probablement Cermak, ce qui peut vouloir dire deux choses. D'abord dans

 23   l'original on ne voit pas Ivan, on voit la lettre I, qui veut dire "I" en

 24   anglais, ensuite, on voit écrit le mot Cermak. Donc, apparemment, la

 25   personne responsable de la traduction de ce document a commencé par se

 26   demander de quoi il pouvait s'agir et a pensé que c'était lui qui donnait

 27   son avis personnel. Je tourne mon regard du côté de la Défense pour voir si

 28   celle-ci pense que c'est une conclusion logique ou illogique. S'il n'y a

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  1   pas de problème, nous pouvons donc partir du principe que ce procès-verbal

  2   concerne le général Cermak plutôt qu'une autre personne.

  3   M. KAY : [interprétation] Pas de problème --

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pas de contestation.

  5   M. KAY : [interprétation] -- Je pense qu'il s'agit de toute façon d'un

  6   projet de texte.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

  8    M. KAY : [interprétation] Et c'est un problème que nous rencontrons

  9   souvent avec un grand nombre de documents et malheureusement nous n'avons

 10   aucune possibilité d'y apporter les corrections nécessaires.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais il n'y a pas de contestation au

 12   sujet de ce document, Maître Kehoe ?

 13   M. KEHOE : [interprétation] En effet, Monsieur le Président. Me Misetic m'a

 14   informé de l'existence de cette version particulière, nous pourrons passer

 15   à la page suivante et voir ce qu'il en est.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais je parle de l'original.

 17   M. KEHOE : [interprétation] Je parle de la traduction. 

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] De la traduction anglaise ?

 19   M. KEHOE : [interprétation] La traduction anglaise qui parle du Croate

 20   manifestement, et Me Misetic m'a dit que dans ce document il est indiqué

 21   que M. Al-Alfi cherche des logements en ville, ce qui est un peu différent

 22   de ce qu'a dit le témoin dans sa déposition s'agissant de la nécessité de

 23   remplacer des maisons endommagées.

 24   Mais je ne vois pas de contradiction dans la traduction et

 25   l'original, simplement je porte ceci à votre attention, Monsieur le

 26   Président, parce que Me Misetic a déclaré qu'apparemment il y avait une

 27   contradiction entre les deux textes.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. La contradiction, c'est une

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  1   chose; un problème de traduction, ç'en est un autre, bien sûr. Il peut y

  2   avoir contradiction entre ce qu'a dit le témoin et ce que nous voyons écrit

  3   dans un document, mais ça c'est tout à fait différent d'une erreur de

  4   traduction.

  5   Au cas où d'autres préoccupations de ce genre survenaient au sujet de

  6   la traduction, j'invite Me Misetic à les porter à l'attention de M. Tieger

  7   de façon à ce qu'il sache exactement quel est le projet de traduction qui

  8   pose problème.

  9   M. TIEGER : [interprétation] Je crois comprendre ce qui se passe et

 10   s'il y a la moindre question au sujet d'un document, je consulterai, bien

 11   sûr, Me Misetic.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Vous êtes invité de le faire

 13   par la Chambre.

 14   Veuillez procéder, M. Tieger

 15   M. TIEGER : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

 16   J'aimerais que nous nous penchions maintenant sur le document 3544 de

 17   la liste 65 ter.

 18   [Le conseil de l'Accusation se concerte]

 19   M. TIEGER : [interprétation]

 20   Q.  En général, c'est une lettre portant la date du 30 août 1995,

 21   vous l'avez adressée au général Cermak, c'est-à-dire un jour après votre

 22   réunion et il est dit : Je souhaite vous dire que suite aux consultations

 23   avec l'UNCRO à Zagreb se portant sur l'accord du 6 août entre le ministre

 24   Sarinic [phon] et M. Akashi, paragraphe 5, je ne peux pas accepter aucune

 25   restriction unilatérale portant sur la circulation imposée par votre bureau

 26   dans la zone de mon commandement.

 27   Puis il y a une citation précise dans le texte, on y fait état des

 28   questions évoquées lors des semaines précédentes, y compris les événements

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  1   survenus à Grubori le 26 août. Et il est dit que l'UNCRO est empêchée dans

  2   l'exercice de ses tâches d'observer le respect des droits de l'homme et les

  3   obligations internationales.

  4   Mon Général, est-ce que c'était la réponse, d'après vos souvenirs, portant

  5   sur la restriction de la circulation ?

  6   R.  Oui. Lorsque je suis rentré dans mon quartier général après la réunion

  7   du 29, j'ai demandé des précisions et je me suis intéressé à l'accord signé

  8   entre M. Saranic et M. Akashi, et il était dit que, en vertu de cet accord,

  9   notre liberté de circulation ne pouvait pas être réduite. Et le général

 10   Cermak, le jour précédent, a dit qu'il y aurait des opérations dans une

 11   partie de ma zone et que, par conséquent, nous ne pourrions pas nous

 12   déplacer dans cette partie-là de ma zone de responsabilité.

 13   Q.  Je pense que le jour même il y avait eu une réponse. J'aimerais

 14   maintenant que vous vous penchiez sur 3531 sur la liste 65 ter. Le général

 15   Cermak vous a envoyé cette lettre le jour même disant la chose suivante :

 16   en réponse à votre lettre, le général Cermak souhaite vous informer que son

 17   intention n'était pas de restreindre la liberté de circulation, mais de

 18   priver vos officiers de danger s'ils se déplaçaient dans cette zone, parce

 19   qu'ils envisagent de procéder à une opération de ratissage du terrain de

 20   grande envergure afin de nettoyer le territoire des troupes ennemies.

 21   Et à la fin de cette lettre, il est indiqué qu'une carte est annexée à la

 22   lettre et le général Cermak a dit : "Notre intention est de fermer cette

 23   zone afin d'assurer la sécurité de votre personnel ainsi que d'autres

 24   membres d'organisations internationales."

 25   Mon Général, est-ce que cette lettre voulait dire que les membres de l'ONU

 26   auraient la liberté de circulation dans la zone ou bien seraient réduits

 27   dans leur liberté de circulation parce que les forces croates ont fermé

 28   cette zone ?

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  1   R.  Je pense que cette lettre pouvait se comprendre de deux manières

  2   différentes : soit qu'on pouvait se déplacer comme on le voulait; et

  3   l'autre était que l'on pouvait pas le faire dans la zone où ils allaient

  4   procéder à l'opération. Donc ce n'était pas clair, c'est pour ça que j'ai

  5   dit qu'on pouvait l'interpréter de deux manières différentes.

  6   Et je ne me souviens pas comment nous avons procédé après la

  7   réception de cette lettre.

  8   Q.  Peut-être que nous pourrions nous pencher sur d'autres documents pour

  9   voir ce qui s'est passé par la suite.

 10   M. TIEGER : [interprétation] Passons maintenant -- d'abord 2559 sur la

 11   liste 65 ter.

 12   Q.  Vous allez bientôt le voir à l'écran, c'est à l'intercalaire 41 de

 13   votre classeur.

 14   Il s'agit d'un rapport de situation… Passons maintenant à la deuxième page

 15   et l'évaluation du commandant.

 16   Il est dit : "Mise à feu des maisons et des villages d'une manière

 17   méthodique et continue. Tous les jours, il y a des actes, d'incidents et

 18   d'atrocités contre les gens et leurs biens, y compris les meurtres et les

 19   destructions de grande envergure du bétail. Le nombre de policiers, de

 20   militaires est toujours très important partout en Krajina, et c'est

 21   pourquoi il nous est très difficile de croire que ces activités ont lieu

 22   sans que ces autorités n'aient donné au moins une approbation tacite.

 23   Par la suite, dans le deuxième paragraphe, il est dit : "Les

 24   restrictions 'temporaires' suite aux combats menés par terroristes serbes

 25   ont lieu sur une nouvelle ligne de front même si, curieusement, ces zones

 26   sont les mêmes qui ont fait l'objet d'actes d'atrocités précédemment où il

 27   y a eu lieu également des actes d'incendies. Et il donne un exemple : la

 28   zone autour de Donji Lapac."

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  1   Puis, au paragraphe (c), c'est le dernier paragraphe, vous avez

  2   indiqué que le général Cermak vous a informé qu'une opération de ratissage

  3   de grande envergure allait avoir lieu.

  4   Mon Général, c'est votre évaluation de la situation telle qu'elle

  5   était vers la fin du mois d'août 1995 ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Passons maintenant à un autre document, D144, l'intercalaire 42.

  8   La date de cette lettre est le 31 août 1995, elle est adressée au général

  9   Cermak, vous êtes l'auteur de cette lettre. Il est dit : Protestations,

 10   restrictions de circulation, l'on continue à procéder aux actes d'incendie.

 11   Et vous dites : suite à ma lettre d'hier portant sur mes protestations,

 12   parce que mon personnel est restreint dans sa circulation le long de la

 13   route de Donji Lapac et près du carrefour près d'Otric : "Je dois vous

 14   informer que l'équipe chargée des droits de l'homme a observé qu'il y avait

 15   des fumées qui s'élevaient de la forêt se trouvant dans la zone restreinte.

 16   Cette même équipe a observé qu'il y avait cinq maisons qui ont été mises à

 17   feu près de Gracac."

 18   Puis par la suite, vous dites : "Le fait qu'il y ait des restrictions

 19   de circulation ainsi que ces actes d'incendie non expliqués, tout cela

 20   soulèvent bien des questions qui n'ont pas de réponses. Je ne comprends pas

 21   comment, sous votre commandement, vous [comme interprété] ne pouvez pas

 22   avoir le contrôle sur toute la circulation comme c'était le cas il y a un

 23   mois. Nous vous demandons de faire tout votre possible pour mettre un terme

 24   à ces actes illégaux.

 25   "J'aimerais également que vous arrêtiez de limiter la circulation des

 26   éléments de l'ONU. Je vous demande d'accepter qu'une équipe indépendante de

 27   surveillance de l'ONU vienne pour évaluer la situation."

 28   Mon Général, qu'est-ce que vous voulez obtenir en envoyant cette lettre ?

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  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Tieger.

  2   M. TIEGER : [interprétation] Excusez-moi.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Chaque fois que vous lisez quelque

  4   chose, je vous prie, vous avez tendance à accélérer.

  5   Veuillez poursuivre.

  6   M. TIEGER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président, j'en prends

  7   note.

  8   Q.  Mon Général, par cette lettre, vous vouliez que les éléments de l'ONU

  9   ne soient plus limités dans leur circulation et que l'on arrête avec ces

 10   crimes ?

 11   R.  Quelle est votre question ? Est-ce que cette lettre a mis un terme à

 12   cela ?

 13   Q.  Oui.

 14   R.  Non, non, je ne pense pas. Les choses ont continué comme c'était le cas

 15   précédemment. Comme c'était déjà le cas avec ma lettre précédente, je

 16   voulais l'informer de ce qui se passait dans sa zone de responsabilité,

 17   parce qu'il m'a dit que c'était sa zone de responsabilité, à savoir à Knin.

 18   Je voulais lui dire que ce n'était pas conforme aux droits humanitaires et

 19   c'était ça la raison de toutes ces lettres, toutes ces réunions dans

 20   l'ordre duquel nous faisions que répéter les mêmes choses.

 21   Q.  J'aimerais que l'on passe maintenant au document 4750 sur la liste 65

 22   ter. Mon Général, c'est un rapport de situation du 3 septembre 1995, établi

 23   à 15 heures 15. Se référant à ce que vous venez de dire aux Juges, il est

 24   dit : "En dépit des efforts pour que l'on arrête les violations des droits

 25   de l'homme commis après l'opération Tempête, références A et B, l'on

 26   procède au pillage et mise à feu des fermes et maisons où se trouvaient les

 27   Serbes dans le secteur sud. En dépit des déclarations officielles du

 28   gouvernement croate que l'on a mis fin à cette destruction systématique de

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  1   grande envergure, ce sont des actes criminels et rien ne peut être fait."

  2   Puis dans le dernier paragraphe, vous faites appel au quartier général de

  3   faire tout son possible pour mettre un terme aux violations des droits de

  4   l'homme dans votre secteur.

  5   Vous avez reçu une réponse du général Cermak le jour même en réponse à

  6   votre lettre du 31 août. J'aimerais maintenant vous montrer un document. Il

  7   s'agit d'un rapport de situation que vous avez envoyé avant ou après

  8   d'avoir reçu ce document.

  9   M. TIEGER : [interprétation] Tournez, s'il vous plaît, à la page suivante.

 10   C'est la pièce D145.

 11   Q.  C'est une lettre, Mon Général, envoyée par le général Cermak à vous,

 12   portant sur votre lettre du 31 août et le 1er septembre. C'est une réponse à

 13   vos protestations contre les restrictions de circulation alléguées. Je cite

 14   : "Dans la même lettre, vous dites, je cite, que 'restrictions de

 15   circulation avec les actes d'incendie de maisons non expliqués, tout cela

 16   laisse bien des questions sans réponses.' Je suis étonné que vous fassiez

 17   des déclarations sur la persécution des pauvres et des misérables, et je

 18   considère que ce sont des accusations non fondées.

 19   Je vous demande de présenter des preuves, au moins un cas, où l'on a fait

 20   fuir des gens de leurs foyers et où l'on a procédé à des actes d'incendie.

 21   Nous vous prions, de plus, de faire attention dans vos lettres de ne pas

 22   faire d'insinuations sans présenter de preuves. Je suis prêt à me rendre

 23   avec vous où que ce soit pour établir la vérité."

 24   Mon Général, est-ce que vous vous souvenez d'avoir reçu cette réponse du

 25   général Cermak le 31 août, avant d'avoir envoyé le rapport de situation le

 26   3 septembre ?

 27   R.  Je ne me souviens pas, mais mon rapport de situation du 3 septembre,

 28   établi à 15 heures 15, ne fait pas allusion à cette lettre. Sur la base de

Page 4162

  1   cette lettre, en fait, c'est une constatation et j'aimerais que mon

  2   quartier général fasse quelque chose pour que nous ne soyons pas tout

  3   simplement réduits à établir des rapports quotidiennement sans que quoi que

  4   ce soit soit fait. J'ai demandé à mes supérieurs d'adresser cette question

  5   auprès des autorités croates.

  6   Q.  Quelle était votre réaction à cette lettre ? Quelle était votre réponse

  7   ?

  8   R.  Vous pouvez voir que je n'étais pas du tout d'accord avec ses

  9   commentaires, parce que quand il a parlé des gens misérables et pauvres,

 10   d'après nos connaissances, il y avait entre 1 800 et 2 000 personnes qui

 11   ont quitté ma région et qui n'avaient plus d'électricité, il n'y avait plus

 12   d'eau courante.

 13   En même temps, il y avait des actes d'incendie qui avaient lieu, il y

 14   avait des cas de meurtres et les gens se trouvaient finalement dans un

 15   environnement où ils ne pouvaient pas vivre librement, ce qui pour moi

 16   voulait dire qu'ils étaient persécutés. Dans ce sens-là, ils étaient

 17   misérables. Vous savez, dans cette région, la vie est très difficile si

 18   vous n'avez pas de vivres ni d'électricité. Il est très difficile de tout

 19   simplement survivre.

 20   Lorsque j'ai reçu cette lettre, j'ai été un peu surpris sur la base de

 21   toutes les lettres précédentes et discussions que j'ai eues avec le général

 22   Cermak. J'ai essayé de mettre en exergue le fait qu'il y avait des actes

 23   d'incendies, de pillages, de restrictions de mouvement. J'ai répondu à

 24   cette lettre et cette lettre a été signée le 3 septembre.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Forand, vous avez parlé d'un

 26   certain nombre de personnes qui ont quitté la zone. Est-ce que vous avez

 27   dit qu'il y avait entre 1 800 et 2 000 ?

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

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  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Alors ça c'est correct tandis que -

  2   - donc il faut que cela soit corrigé dans le compte rendu d'audience, page

  3   64, ligne 24.

  4   Veuillez poursuivre.

  5   M. TIEGER : [interprétation]

  6   Q.  Mon Général, nous avons maintenant dans le compte rendu certaines

  7   réponses précises que vous avez envoyées, à ces lettres. J'aimerais

  8   maintenant vous en montrer une --

  9   R.  Je vois que j'ai fait une erreur. J'ai dit que j'ai répondu le 3, alors

 10   que c'était le 4 septembre.

 11   Q.  Etant donné que vous le mentionnez maintenant, nous pouvons maintenant

 12   nous pencher sur la pièce 946 sur la liste 65 ter.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Tieger, dans les deux à trois

 14   minutes à venir, si vous pouvez vous arrêter pour faire la pause, ça serait

 15   bien.

 16   M. TIEGER : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 17   J'aimerais que l'on montre les pages qui suivent de ce document.

 18   Q.  Cette lettre porte la date du 4 septembre 1995, en référence à la

 19   lettre du 3 septembre 1995, et c'est vous, général Forand, qui l'avez

 20   envoyée au général Cermak. Vous l'assurez que vous allez recevoir des

 21   preuves sur les actes d'incendies, et en même temps vous allez fournir des

 22   informations au sujet des crimes qui sont commis. Dans la dernière phrase,

 23   vous dites : "Nous vous prions d'enquêter sur l'incident le plus récent

 24   dans lequel les soldats de la HV se sont trouvés dans la proximité des

 25   maisons incendiées, et les fermiers ont décrit comment les soldats ont tué

 26   ou ont emmené leur bétail."

 27   R.  [aucune interprétation]

 28   M. TIEGER : [interprétation] Monsieur le Président, je pense que le moment

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  1   est propice pour faire la pause.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'ai écouté la traduction française,

  3   Monsieur Tieger. C'est pour ça que je l'ai entendue un peu plus tard. Vous

  4   étiez en train de lire.

  5   Nous allons faire une pause et nous allons reprendre à une heure

  6   moins le quart.

  7   --- L'audience est suspendue à 12 heures 26.

  8   --- L'audience est reprise à 12 heures 51.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Puis-je supposer que les parties ont

 10   reçu un exemplaire du document préparé par le greffier où se trouvent les

 11   cotes provisoires et les références 65 ter de 73 documents ?

 12   M. KEHOE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Hormis les cotes provisoires, je suppose

 14   que rien n'a été ajouté à cette liste, n'est-ce pas, Monsieur le Greffier ?

 15   M. LE GREFFIER : [interprétation] Non, Monsieur le Président, effectivement

 16   rien d'autre n'a été ajouté.

 17   M. TIEGER : [interprétation] Un petit point d'éclaircissement. Je me suis

 18   entretenu avec M. le Greffier sur la chose suivante : outre ces 73

 19   documents, il y a quatre documents dont l'admission demande l'admission

 20   directe, ces documents ne se trouvent pas parmi les 73 documents en

 21   question.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce qu'il s'agit des documents que

 23   vous souhaitiez ajouter à votre liste 65 ter ?

 24   M. TIEGER : [interprétation] Non, il s'agit d'autres documents.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc il y a les documents joints en

 26   annexe de la déclaration. Vous demandez le versement au dossier de quatre

 27   autres documents en plus de ces 73 ?

 28   M. TIEGER : [interprétation] Si j'ai bien compris ce que vous avez dit,

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  1   c'est vrai. C'est en plus des 73 documents mentionnés plus tôt.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. S'il n'y a pas d'objections -

  3   -

  4   M. KAY : [interprétation] Il faudrait savoir quels sont les documents

  5   auxquels l'Accusation fait référence.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, ces quatre nouveaux documents.

  7   M. KAY : [interprétation] En effet.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il s'agit de quatre autres documents

  9   dont vous demandez l'admission, n'est-ce pas, Monsieur Tieger ?

 10   M. TIEGER : [interprétation] Oui. Je peux le faire maintenant ou plus tard.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Essayons d'abord de nous occuper de

 12   ceci.

 13   Monsieur le Greffier, le memorandum interne dans lequel se trouvent les

 14   cotes et les références 65 ter, ne faudrait-il pas le déposer afin que tout

 15   soit au dossier.

 16   M. LE GREFFIER : [interprétation] Oui. Il s'agit d'un document qui sera

 17   déposé en tant que document public et distribué aux parties.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Nous décidons donc que les

 19   documents P3334 à P3406 [comme interprété] inclus seront versés au dossier.

 20   Monsieur Tieger, nous attendons vos écritures concernant les quatre autres

 21   documents.

 22   M. TIEGER : [interprétation] Je peux m'en charger maintenant si vous le

 23   souhaitez.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien entendu, avant que la Chambre

 25   n'admette directement ces documents, il nous faut les examiner. Y a-t-il

 26   des objections de la part de la Défense ?

 27   M. KEHOE : [interprétation] Je ne sais pas, nous nous sommes entretenus

 28   avec M. Du-Toit à propos de deux de ces documents, nous attendons la liste

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  1   --

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Tieger. Oui.

  3   M. TIEGER : [interprétation] J'aurais dû signaler plus tôt que tous ces

  4   documents, que nous avons parcourus, ont été mentionnés sous d'autres

  5   références 65 ter pendant notre interrogatoire.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez préparer une liste donc. Et si

  7   vous dites que cela a été mentionné pendant l'interrogatoire, alors est-ce

  8   qu'on peut considérer que ces documents sont admis directement par le

  9   truchement de ce témoin, mais c'est une autre question.

 10   M. TIEGER : [interprétation] Excusez-moi. Maître Kehoe.

 11   M. KEHOE : [interprétation] D'un point de vue pratique, si l'on revient sur

 12   certains de ces documents, nous avons remarqué au moins pour ce qui est de

 13   l'un de ces rapports de situation, le numéro 42, qui a été versé au dossier

 14   P375, numéro 1840 dans la liste 65 ter, ce document a déjà été versé au

 15   dossier. Alors peut-être qu'il faut éviter des doublons.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, il nous faut éviter des doublons.

 17   M. TIEGER : [interprétation] C'est certain.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors, on est en train de faire la

 19   comptabilité plutôt qu'autre chose. Monsieur Tieger, je suppose que vous

 20   avez informé dûment la Défense et la Chambre de la nature des documents

 21   dont vous demandez directement le versement au dossier, enfin vous allez le

 22   faire en tout cas dès que les choses seront claires afin que l'on puisse

 23   prendre les mesures nécessaires.

 24   M. TIEGER : [interprétation] Oui, merci, Monsieur le Président.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous pouvez donc poursuivre.

 26   M. TIEGER : [interprétation] Merci.

 27   Q.  Merci, Monsieur Forand, pour la patience dont vous avez fait preuve

 28   pendant cette séance de comptabilité, comme l'a appelée M. le Président.

Page 4168

  1   Avant la pause, nous avons évoqué certains échanges qui ont eu lieu entre

  2   la fin du mois d'août et le début du mois de septembre 1995. Maintenant je

  3   souhaite appeler votre attention sur une autre réponse que vous avez faite

  4   à la lettre du général Cermak en date du 3 septembre. Mais avant d'y venir,

  5   je souhaiterais que l'on parle de la deuxième rencontre que vous avez eue

  6   avec le général Gotovina après l'opération Tempête.

  7   Cette rencontre vous en parlez dans votre déclaration de 2008 au paragraphe

  8   8. Vous y dites que c'est le général Gotovina qui a convoqué cette réunion,

  9   et à l'époque, vous vous êtes demandé pourquoi il voulait vous rencontrer,

 10   que vous avez eu l'impression qu'il voulait simplement vous montrer son

 11   nouveau bureau. Vous dites que ce n'est pas mentionné dans le rapport de

 12   situation concernant la journée en question, mais que vous vous êtes plaint

 13   de nouveau des pillages et des incendies volontaires qui se produisaient

 14   dans tout le secteur. Il a reconnu que cela avait effectivement lieu, mais

 15   qu'il ne pouvait pas contrôler ces agissements. A l'issue de cette réunion,

 16   le général Gotovina a menacé de tuer Alun Roberts qui était chargé de

 17   relations avec la presse car il pensait que c'était un "espion et un

 18   provocateur." Vous indiquez que cette réunion a eu lieu le 5 septembre

 19   1995.

 20   A présent, je vous demande d'examiner le document 3186 dans la liste 65

 21   ter, peut-on faire défiler le texte afin de voir la troisième page. C'est

 22   bien. Merci.

 23   Au paragraphe 6, intitulé "Rencontres avec les autorités croates". Le texte

 24   commence ainsi : Le commandant du secteur sud a invité le commandant du

 25   secteur sud dans son nouveau bureau à 10 heures 15. Donc on n'a pas quel

 26   était l'objet de la réunion, le général Gotovina était d'humeur bavarde.

 27   Et au deuxième paragraphe, on peut lire que le général Gotovina a fait

 28   passer un message concernant les personnes déplacées et réinstallées au QG

Page 4169

  1   du secteur sud. Il a émis des protestations, il s'est plaint du fait que

  2   l'ONU abritait des criminels de guerre au vu et au su des médias du monde

  3   entier. Il a demandé que les accusés soient remis aux autorités croates et

  4   a dit qu'une fois de plus, on cherchait à justifier les actes de

  5   représailles commis en réponse aux actions serbes menées en 1991.

  6   Au dernier paragraphe, il est fait référence à M. Roberts, l'officier

  7   chargé des relations avec la presse au sein du secteur sud. Il a été accusé

  8   d'être un espion et un provocateur, vous êtes ému [phon] de la question et

  9   vous avez pensé qu'il s'agissait d'une tentative de la part du général

 10   Gotovina de mettre fin aux activités de la presse en matière d'information

 11   dans le secteur et de limiter les contacts de cette personne avec la presse

 12   étrangère.

 13   Alors, pouvez-vous nous en dire davantage au sujet de ce message ?

 14   R.  J'ai été pris de court. J'étais accompagné par le colonel Blana [phon],

 15   mon commandant second, et mon officier de liaison en chef, le lieutenant-

 16   colonel Tymchuk. La réunion était terminée. Nous étions à l'extérieur de

 17   son bureau. Je m'apprêtais à rentrer dans mon véhicule et c'est là, à ce

 18   moment-là, qu'il a tenu ces propos, qu'il a dit qu'il allait se charger

 19   d'Alun Roberts. J'ai été très surpris et je lui ai dit qu'à mon sens, M.

 20   Roberts décrivait précisément ce qui se passait dans le secteur. Lorsque je

 21   suis rentré au camp, j'ai aussitôt informé l'UNCRO des discussions qui

 22   avaient eu lieu à propos de M. Roberts.

 23   Q.  Est-ce que l'on pourrait voir maintenant le document 2840 dans la liste

 24   65 ter.

 25   Peut-on voir la page suivante, s'il vous plaît.

 26   Il s'agit d'une lettre adressée au général Cervenko, chef d'état-major de

 27   l'armée croate à Zagreb. Le général Bernard Janvier lui dit qu'il a été

 28   informé par le commandant du secteur sud, le général de brigade Forand,

Page 4170

  1   qu'à l'occasion d'une visite au général Cermak à Knin, le 5 septembre 1995,

  2   le général Gotovina, également présent, a accusé M. Roberts, officier du

  3   secteur chargé des relations avec la presse et de l'information, de

  4   participer à des activités d'espionnage qui pourraient, en définitive,

  5   justifier son exécution. Puis le général Janvier exprime ses préoccupations

  6   à ce sujet. Et au dernier paragraphe, il indique qu'il souhaiterait

  7   vivement être informé des mesures éventuelles jugées nécessaires par le

  8   général Cervenko afin d'éviter que d'autres allégations ne soient proférées

  9   à l'encontre de ce membre unanimement apprécié de l'ONU dans le secteur

 10   sud.

 11   Alors, est-ce que vous saviez que suite aux informations que vous avez

 12   communiquées au QG à propos de ce qui s'est passé le 5, il y a eu cette

 13   lettre ?

 14   R.  Je n'ai jamais vu cette lettre et ce qui est dit dans le premier

 15   paragraphe n'est pas vrai, car le général Cermak n'était pas là lors de

 16   cette première réunion. Il y avait seulement le général Gotovina, mon

 17   second, l'officier de liaison. Donc je ne sais pas d'où le général Janvier

 18   tient ces informations, mais en tout cas, cela ne figure pas dans le

 19   rapport de situation que j'avais envoyé à mon QG.

 20   Q.  Hormis cela, cette lettre semble répondre aux préoccupations que vous

 21   aviez exprimées par rapport à la réunion

 22   du 5 ?

 23   R.  [aucune interprétation]

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Tieger, inutile de poser ce

 25   genre de questions.

 26   Veuillez poursuivre.

 27   M. TIEGER : [interprétation] Monsieur le Président, il y a un autre

 28   document dont je demande l'admission directe. Je ne pense pas qu'il soit

Page 4171

  1   utile de le montrer au témoin, il s'agit du document 65 ter 3319. C'est une

  2   lettre adressée par le général Cervenko au général Gotovina. Il est fait

  3   référence à un avertissement adressé par le général Cervenko qui dit : "En

  4   tant que commandant, je suis personnellement responsable du traitement des

  5   membres de l'UNCRO."

  6   M. KEHOE : [interprétation] J'attends que ce documents soit affiché à

  7   l'écran.

  8   M. TIEGER : [interprétation] J'ai la version papier. Ce document n'a pas

  9   encore été téléchargé dans le système.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 11   M. TIEGER : [interprétation]

 12   Q.  Comme je l'ai indiqué tout à l'heure, il s'agit d'une lettre du général

 13   Gotovina adressée au général Cervenko où il fait référence à

 14   l'avertissement qu'il a reçu le 13 septembre 1995 : Le 13 septembre 1995,

 15   j'ai reçu votre avertissement indiquant qu'en tant que commandant j'étais

 16   personnellement responsable du traitement des membres de l'UNCRO dans la

 17   zone de Split et que le comportement des membres des unités qui me sont

 18   subordonnées n'est pas convenable et endommage gravement la réputation de

 19   l'armée croate dans son ensemble," --

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Tieger, si vous souhaitez

 21   l'admission directe de ce document et la correspondance qui suit, nous

 22   allons lire tout ça. Si vous lisez cela dans le prétoire, cela ne sert pas

 23   à grand-chose.

 24   M. TIEGER : [interprétation] D'accord, Monsieur le Président. 

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Y a-t-il des objections au versement au

 26   dossier de ce document ?

 27   M. KEHOE : [interprétation] Non.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il n'y a pas d'autres objections non

Page 4172

  1   plus.

  2   Monsieur le Greffier, ce document ne se trouve pas dans votre liste,

  3   Monsieur Tieger, n'est-ce pas ?

  4   M. LE GREFFIER : [interprétation Non, Monsieur le Président.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors quelle sera la cote ?

  6   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce P407.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] P407 est versé au dossier.

  8   Veuillez poursuivre.

  9   M. TIEGER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 10   Q.  Il y a un instant, Mon Général, j'ai indiqué que je voulais appeler

 11   votre attention sur une autre réponse à la lettre du général Cermak en date

 12   du 3 septembre. Pourriez-vous, je vous prie, examiner le document 65 ter

 13   2256 ?

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que ce document-ci se trouve sur

 15   la liste ?

 16   M. TIEGER : [interprétation] J'en suis certain, oui.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien.

 18   Vous pouvez maintenant mentionner la cote P, ce qui nous permettra plus

 19   tard de bien savoir de quoi il s'agit.

 20   M. TIEGER : [interprétation] Cette lettre du 7 septembre 1995 porte sur la

 21   cote P396.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien.

 23   Veuillez poursuivre.

 24   M. TIEGER : [interprétation]

 25   Q.  P396, Mon Général, est une lettre que vous avez adressée au général

 26   Cermak le 7 septembre 1995. Vous vous plaignez des violations continues des

 27   droits de l'homme dans le secteur sud et vous faites référence à la lettre

 28   du général Cermak en date du 3 septembre 1995; à votre lettre du 4

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  1   septembre 1995; à la lettre du 5 septembre 1995 dont vous êtes également

  2   l'auteur et vous dites : "Malgré les efforts que j'ai déployés tout comme

  3   d'autres fonctionnaires de l'ONU afin de vous encourager à mettre un terme

  4   aux violations des droits de l'homme commises dans votre zone de

  5   responsabilité suite à l'opération Tempête, les incendies volontaires et

  6   les pillages se poursuivent. Suite aux déclarations faites par le

  7   gouvernement de la Croatie qui a demandé instamment aux Serbes de rester

  8   dans leurs villages, je ne comprends pas pourquoi vous n'avez pas été en

  9   mesure de mettre un terme aux destructions généralisées et systématiques

 10   des seuls moyens de subsistance dont disposent ces victimes de la guerre

 11   vulnérables. Ces gens ne sont pas des soldats, ils ne sont absolument pas

 12   en mesure de se défendre contre l'agression. Ils dépendent de vous pour ce

 13   qui est de leur sécurité. Ils ont besoin de votre aide, ils en ont besoin

 14   maintenant."

 15   Puis en deuxième page, le texte se poursuit comme suit : vous dites suite à

 16   mes lettres récentes concernant l'incendie volontaire des maisons dans le

 17   village de Tcivia [phon] Novici impliquant des soldats de la 4e Brigade,

 18   vous avez voulu informer le général Cermak de ces nouveaux incidents

 19   survenus récemment dans le secteur sud, alors vous faites une liste. Puis,

 20   à la fin de la lettre, vous

 21   dites : "Les incidents susmentionnés témoignent de l'ampleur et de

 22   l'étendue des abus des droits de l'homme dans votre zone de responsabilité.

 23   Il ne s'agit pas d'allégations dénuées de fondement ou d'insinuations sans

 24   preuve, comme vous le laissez entendre dans votre lettre du 3 septembre.

 25   Les équipes responsables des droits de l'homme rapportent ce qu'elles

 26   voient. Ce qu'elles voient n'est pas bien joli. Ce qu'elles voient ce sont

 27   des actes criminels, mais c'est la triste vérité. Si vous n'êtes pas

 28   satisfait de ces rapports, veuillez faire le nécessaire pour mettre fin aux

Page 4174

  1   incendies volontaires et aux meurtres."

  2   Ces documents ont été envoyés au général Cermak, il a été  envoyé également

  3   au commandant de l'UNCRO et au général Gotovina, commandant de la région

  4   militaire du sud.

  5   M. KEHOE : [interprétation] Permettez-moi, dans la lettre nous voyons OZ

  6   sud, commandant de la zone OZ sud. Mais il n'est fait mention du général

  7   Gotovina nulle part. Et le document parle de lui-même.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Qui commandait la OZ sud ?

  9   M. KEHOE : [interprétation] Bien --

 10   M. TIEGER : [interprétation] Nous avons déjà vu ce sigle précédemment.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Si c'est un point qui est contesté, je

 12   suppose que nous devons l'apprendre davantage.

 13   Monsieur Forand, je commencerai par vous demander - puisque vous avez

 14   envoyé cette lettre  et que nous réalisons qu'une copie a été envoyée au

 15   commandement ou au commandant de la OZ sud - à qui vous aviez l'intention

 16   d'adresser cette copie de votre lettre lorsque vous l'avez envoyée à OZ sud

 17   ?

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Au général Gotovina, Monsieur le Président.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que vous avez une idée de la

 20   façon dont s'est fait l'expédition ?

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] De la même façon que pour les autres

 22   courriers. Cette lettre a été faxée à l'observateur militaire à Zadar avec

 23   demande de transmission au général Gotovina.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Merci.

 25   Veuillez procéder, Monsieur Tieger.

 26   M. TIEGER : [interprétation]

 27   Q.  Général Forand, y a-t-il eu d'autres efforts de votre part pour réagir

 28   à la lettre du 3 septembre du général Cermak et faire en sorte dans la

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  1   mesure où vos moyens le permettaient que les crimes commis seraient traités

  2   ?

  3   R.  Oui, Monsieur.

  4   Q.  Avez-vous reçu une réponse directe du général Cermak ou du général

  5   Gotovina, d'après vos souvenirs ?

  6   R.  Non. Je n'ai jamais rien reçu.

  7   M. TIEGER : [interprétation] Monsieur le Président, ceci met un terme, un

  8   point final à mon interrogatoire principal.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Monsieur Tieger.

 10   Nous disposons encore de quelque temps aujourd'hui. J'aimerais donc que les

 11   équipes de Défense me fassent savoir dans quel ordre elles interviendront.

 12   M. KAY : [interprétation] Monsieur le Président, je serai le premier à

 13   réaliser mon contre-interrogatoire en tant que représentant de M. Cermak.

 14   M. Tieger a terminé son interrogatoire principal un peu plus tôt que nous

 15   ne pensions et nous n'avons pas encore rassemblé tous les éléments de

 16   preuve que nous souhaitons présenter dans le format qui nous permettra de

 17   mieux de travailler. Je crois qu'il y a de très bonnes raisons à cela.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Y a-t-il autres choses dont vous

 19   pourriez parler en 25 minutes de façon à ne pas faire perdre de temps à la

 20   Chambre.

 21   M. KAY : [interprétation] Monsieur le Président, je répondrais certainement

 22   par l'affirmative pour autant que cela n'implique pas l'utilisation des

 23   documents que nous n'avons pas encore suffisamment organisés.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien, vous pouvez procéder.

 25   M. KAY : [interprétation] Merci.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Forand, vous serez maintenant

 27   contre-interroger par Me Kay qui est le conseil de la Défense de M. Cermak.

 28   Maître Kay, allez-y.

Page 4177

  1   Contre-interrogatoire par M. Kay : 

  2   Q.  [interprétation] D'abord, je vais vous interroger sur la question du

  3   gouverneur militaire, Général Forand, c'est un titre que vous avez utilisé

  4   à plusieurs reprises en établissant un lien entre cette fonction et M.

  5   Cermak.

  6   J'aimerais que nous nous penchions sur votre déclaration écrite du 19 août

  7   1996, page 10, il s'agit de la pièce à conviction de l'Accusation 300, donc

  8   P330, et j'aimerais que nous y retrouvions la description que vous faites

  9   du général Cermak dans cette première déclaration écrite émanant de vous.

 10   Le passage qui m'intéresse se trouve au troisième paragraphe entier de

 11   cette page. Je cite : "Le 6 août, le président Tudjman a nommé un

 12   gouverneur militaire chargé de ce secteur. Son nom est général de corps

 13   d'armée Cermak." Vous décrivez ce qu'il était, à savoir un officier de

 14   réserve de l'armée croate, et vous dites qu'il vous a dit que sa zone de

 15   responsabilité AOR dans le texte, couvre l'ensemble de la zone constituant

 16   le secteur sud pour les Nations Unies et que son travail consiste à

 17   administrer et à insuffler une nouvelle vie dans les zones récemment

 18   conquises. Il vous a dit également être un officier d'artillerie et avoir

 19   prévu de recourir à l'artillerie contre les Serbes dans le cadre de

 20   l'opération Tempête. Le général de corps d'armée Cermak m'a parlé des

 21   actions évoquées ci-dessus en les qualifiant d'opérations de nettoyage

 22   destinées à vérifier que le territoire n'abritait plus aucun Chetnik."

 23   N'est-ce pas ?

 24   D'abord, s'agissant du fait qu'il aurait été officier d'artillerie, est-ce

 25   que vous avez reçu ce renseignement d'un tiers ou affirmez-vous que c'est

 26   le général Cermak qui vous l'a dit ?

 27   R.  [aucune interprétation]

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez répondre à la question.

Page 4178

  1   R.  Bien, dans ce paragraphe, il est question non pas de la première

  2   rencontre entre lui et moi, mais si je me souviens bien, c'est que - et

  3   cela m'est revenu quand on m'a posé la première question au sujet du

  4   général Cermak - je ne l'ai pas rencontré le 6, je l'ai rencontré le 7,

  5   comme je l'ai déjà dit. Pour moi, il était le gouverneur militaire, voyez-

  6   vous, qui viendrait à Knin assumer la responsabilité de ma zone de

  7   responsabilité.

  8   Il m'a dit personnellement être officier d'artillerie plusieurs semaines

  9   plus tard lors d'une soirée qui était organisée par une autorité de Knin.

 10   Cela a pu se passer trois semaines à un mois après la date du 6 août. Je ne

 11   me rappelle pas exactement la date, en tout cas, il y a eu une petite

 12   conversation entre lui et moi à cette soirée. C'est à ce moment-là qu'il

 13   m'a dit qu'il était officier de réserve, qu'il faisait partie de

 14   l'artillerie. Je me souviens qu'il m'a dit qu'il prévoyait de recourir

 15   d'employer l'artillerie dans le cadre de l'opération Tempête. Je me

 16   souviens que je n'ai pas entièrement cru ce qu'il me disait, mais je n'ai

 17   pas poursuivi plus loin cette conversation.

 18   M. KAY : [interprétation] Je laisse l'interprétation se terminer.

 19   Q.  Il semblerait donc que lui et vous ne parliez pas la même langue, car

 20   vous ne parlez pas croate, n'est-ce pas ?

 21   R.  Exact.

 22   Q.  Et lui ne parlait pas anglais, n'est-ce pas ?

 23   R.  Il parlait un peu l'anglais.

 24   Q.  Etes-vous en train de dire qu'il vous a dit tout cela en anglais ?

 25   R.  Nous étions seuls lui et moi. Et si je ne comprends pas le croate et

 26   qu'il ne parle pas le croate, imaginez. Il parlait un peu l'anglais et

 27   c'est comme ça que je l'ai compris.

 28   Q.  Vous affirmez qu'il a eu cette conversation avec vous où il vous aurait

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  1   dit être officier d'artillerie et prévoir d'utiliser l'artillerie au cours

  2   de l'opération Tempête, vous affirmez qu'il vous a dit cela en anglais ?

  3   R.  Oui, selon mon souvenir.

  4   Q.  Vous dites que c'est le souvenir que vous en avez, mais avez-vous le

  5   moindre doute quant à ce qu'il a dit ?

  6   R.  Je n'ai pas de doute, je me souviens l'avoir entendu dire cela. Je ne

  7   sais pas comment le dire autrement.

  8   Q.  Durant toutes vos rencontres avec lui, il était accompagné de quelqu'un

  9   qui s'adressait à vous en anglais, n'est-ce pas ?

 10   R.  Oui, un interprète, et nous avions aussi un interprète quand nous

 11   allions le rencontrer, en effet.

 12   Q.  Quand vous dites il avait un ou une interprète, est-ce que cet

 13   interprète était l'officier de liaison qui assurait la liaison entre

 14   l'armée croate et vous-même, représentant des Nations Unies, ou était-ce un

 15   interprète officiel ?

 16   R.  Bien, au départ, son interprète était un interprète de l'armée croate.

 17   C'était la même personne que celle que j'avais vue lors de ma première

 18   rencontre avec le général Gotovina. Et par la suite, je ne me souviens pas

 19   si l'interprète était toujours la même personne, mais nous étions également

 20   accompagnés de notre interprète.

 21   Q.  Veuillez m'aider, si vous le pouvez, à identifier exactement cet

 22   interprète. Qui était cet interprète ? Avez-vous appris son nom à un moment

 23   ou à un autre ?

 24   R.  Je ne m'en souviens pas.

 25   Q.  Y avait-il des officiers de liaison qui s'adressaient à vous en anglais

 26   lorsque vous rencontriez le général Cermak ?

 27   R.  Vous voulez dire des officiers de liaison de l'armée

 28   croate ?

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  1   Q.  Oui.

  2   R.  Comme je l'ai déjà dit, au départ il y avait un homme dont je me

  3   rappelle le visage, car je l'avais vu lors de ma première rencontre avec le

  4   général Gotovina et le général Kotil. Mais je ne me rappelle pas si c'est

  5   lui qui a travaillé pendant toutes les autres rencontres que j'ai eues avec

  6   le général Cermak, mais en tout cas, il y avait quelqu'un qui assurait

  7   l'interprétation pour le général Cermak.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kay, il semble qu'une certaine

  9   confusion s'instaure. Je crois avoir entendu le témoin nous dire

 10   précédemment que l'interprète était la personne qu'il avait déjà vue lors

 11   de sa rencontre avec le général Gotovina. Ensuite, il a parlé d'avoir fait

 12   appel à un interprète et vous l'avez interrogé sur les officiers de

 13   liaison, vous lui avez demandé si c'était bien la même personne. Donc il

 14   est possible que cela ait créé une certaine confusion. Je vous invite à

 15   demander des précisions au témoin.

 16   M. KAY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président, voilà ce qui se

 17   produit dans les interrogatoires.

 18   Q.  Mon Général, en tant que commandant, vous aviez des officiers de

 19   liaison de l'UNCRO et il y avait des officiers de liaison de l'armée croate

 20   qui travaillaient pour l'UNCRO, n'est-ce pas ?

 21   R.  D'abord, je ne commandais pas l'UNCRO, j'étais commandant du secteur

 22   sud --

 23   Q.  Merci.

 24   R.  -- qui faisait partie de l'UNCRO. Il y avait des gens qui étaient des

 25   officiers de liaison. Le capitaine Lukovic est un homme avec lequel nous

 26   avions des contacts, mais il y en avait d'autres également, je ne me

 27   rappelle pas leurs noms.

 28   Q.  En tant que commandant du secteur sud, vous aviez de fréquents contacts

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  1   ou en tout cas vos forces avaient de fréquents contacts avec les officiers

  2   de liaisons de l'armée croate, n'est-ce pas ?

  3   R.  Du côté croate, le seul officier de liaison agissait à mon niveau. Mon

  4   commandant de bataillon ne pouvait pas disposer d'un officier de liaison

  5   assurant la liaison entre lui et les autorités croates. Les officiers de

  6   liaison travaillaient toujours au niveau le plus élevé de la hiérarchie.

  7   Q.  Donc l'officier de liaison de l'armée croate avait des contacts

  8   uniquement avec vous personnellement, n'est-ce pas ?

  9   R.  Bien, pas avec moi personnellement, mais avec un officier dépendant de

 10   moi.

 11   Q.  Mais je crois vous avoir entendu dire à l'instant que les contacts

 12   n'avaient lieu qu'à votre niveau.

 13   R.  A mon niveau dans le sens de la hiérarchie, à savoir au niveau de

 14   l'état-major du QG, mais il n'y avait pas d'officier de liaison au niveau

 15   des unités.

 16   Q.  D'accord. Donc l'officier de liaison de l'armée croate avait des

 17   contacts avec vous-même ou avec vos subordonnés et c'était quelqu'un avec

 18   lequel vous avez eu de fréquents contacts s'agissant de parler des actions

 19   des forces de l'armée croate, n'est-ce pas ?

 20   R.  Bien, selon l'organisation en vigueur, je disposais d'un officier de

 21   liaison principal qui était M. Tymchuk. Donc c'est lui qui, dans les

 22   actions de liaison, me représentait. C'est lui qui organisait la rencontre,

 23   qui savait à quel moment le général Cermak, par exemple, souhaitait une

 24   rencontre avec moi et qui assurait la coordination. C'est par le truchement

 25   du lieutenant-colonel Tymchuk que j'avais connaissance du fait qu'une

 26   rencontre était demandée. Et si c'est moi qui demandais une rencontre, je

 27   passais par le lieutenant-colonel Tymchuk qui envoyait au général Cermak à

 28   son QG une demande de rencontre.

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  1   Q.  Prenons pour exemple une déclaration que l'on trouve dans le passage

  2   d'une lettre émanant de vous, où vous faites état d'un message provenant

  3   d'un certain Lukovic et relatif à la nécessité de maintenir un silence

  4   radio pendant l'opération Tempête, Lukovic étant un officier de marine, et

  5   la lettre date du 4 août. Est-ce que vous vous en souvenez ?

  6   R.  Oui, Monsieur.

  7   Q.  Est-ce que ce Lukovic était bien l'officier de liaison qui vous a fait

  8   connaître cette information ?

  9   R.  C'est de lui que nous l'avons reçue. Le texte était signé par lui, je

 10   parle de cette lettre en particulier. Il nous faisait savoir que nous

 11   devrions cesser toute transmission radio, car à son avis nous étions en

 12   train de transmettre des renseignements à la partie adverse, et que si nous

 13   continuions à agir de cette façon il y aurait des réactions. C'était dans

 14   l'intitulé du texte qui émanait du gouvernement de Croatie, si je me

 15   souviens bien.

 16   Q.  Ces officiers de liaison étaient les contacts entre vos forces et les

 17   Croates sur les questions militaires, n'est-ce pas ?

 18   R.  Oui, c'est exact. Il y avait aussi un observateur militaire qui

 19   travaillait à partir du QG du général Gotovina à Zadar, et c'est dans ces

 20   conditions que j'ai envoyé au général Gotovina ma lettre du 4 août.

 21   Q.  Vous saviez que les officiers de liaison de Zadar avaient un supérieur

 22   à Zagreb, n'est-ce pas, un certain Plestina qui était leur supérieur par

 23   rapport aux échanges assurés par les officiers de liaison, n'est-ce pas ?

 24   R.  Non, je ne me souviens pas avoir rencontré le général de brigade

 25   lorsque j'ai inspecté mon QG de Knin, mais c'est à ce moment-là que j'ai

 26   appris que je disposais d'un officier de liaison travaillant pour l'UNCRO.

 27   Avant ce jour-là, je ne savais pas cela.

 28   Q.  Ce que vous saviez des officiers de liaison et des endroits où ils

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  1   envoyaient leur rapport n'est pas très précis et détaillé, n'est-ce pas ?

  2   R.  Cela me suffisait pour savoir que si je voulais transmettre un message

  3   à l'observateur militaire, je bénéficiais de la garantie que ce message

  4   serait transmis par la personne en question qui livrerait mon message à son

  5   destinataire. Quand j'ai rencontré pour la première fois le général

  6   Gotovina en présence du général Kotil, le capitaine Lukovic a assisté à

  7   cette rencontre.

  8   Q.  C'était un capitaine de marine, ce Lukovic, n'est-ce pas ?

  9   R.  Il me semble, d'après mes souvenirs, qu'on s'adressait à lui en

 10   l'appelant capitaine, donc capitaine de marine, en effet.

 11   Q.  Lui aussi parlait anglais, n'est-ce pas ?

 12   R.  Oui, il parlait anglais.

 13   Q.  Mais il ne parlait pas anglais très couramment, n'est-ce pas ?

 14   R.  Je ne suis pas une personne très compétente pour vous parler de

 15   l'aspect courant ou non courant, de la connaissance que quelqu'un a de

 16   l'anglais.

 17   Q.  Mais vous êtes la seule personne ici à laquelle la question est posée.

 18   R.  Si vous me dites que son niveau d'anglais était suffisant pour

 19   comprendre, est-ce que je dois considérer cela comme une connaissance

 20   courante de l'anglais ? Non, il ne parlait pas couramment mais suffisamment

 21   pour ce faire comprendre. Alors, est-ce que je dois considérer cela comme

 22   une connaissance courante de l'anglais ? Je pense que nous voyons les

 23   choses de la même façon. Si on se comprend, si on peut discuter, si on peut

 24   échanger des informations avec un niveau suffisant de détails, je crois que

 25   c'est de cela que nous parlons, vous et moi, n'est-ce pas ?

 26   Q.  Est-ce que nous devons considérer les termes de votre déposition ce

 27   matin comme impliquant que vous affirmez que c'est un observateur militaire

 28   de Zadar qui aurait déclaré qu'un gouverneur militaire a été nommé pour la

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  1   région ? Est-ce que c'est ce que vous dites dans votre déposition ?

  2   R.  Dans mon souvenir, c'est soit le lieutenant-colonel Tymchuk, soit le

  3   commandant Balfour qui a déclaré qu'un gouverneur militaire serait nommé

  4   pour la région de Knin. C'est dans ces termes que j'ai appris que quelqu'un

  5   représentant les autorités croates viendrait sur les lieux pour prendre

  6   cette responsabilité et s'occuper des questions sur place.

  7   Q.  Est-ce que vous pourriez m'aider en me disant qui était cet observateur

  8   militaire qui vous a transmis ce renseignement au sujet de la nomination

  9   d'un gouverneur militaire ?

 10   R.  Non, malheureusement, excusez-moi, je ne peux pas.

 11   Q.  Y a-t-il d'autres détails qui seraient susceptibles de m'aider à le

 12   situer un peu mieux ?

 13   R.  Si le lieutenant-colonel Tymchuk ou le commandant Balfour vient ici en

 14   qualité de témoin, je suppose que vous pourrez l'interroger sur ce point,

 15   mais moi je n'ai pas de souvenir sur ce point.

 16   Q.  Le premier renseignement que nous avons eu concernait un gouverneur

 17   militaire, selon ce que vous écrivez dans une lettre dont vous êtes

 18   l'auteur en date du 5 août. Est-ce que nous pourrions la revoir ?

 19   M. KAY : [interprétation] -- pièce à conviction de l'Accusation, je ne me

 20   souviens pas exactement du numéro --

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le numéro 65 ter pourrait suffire.

 22   M. KAY : [interprétation] Je peux vous donner uniquement le numéro ERN,

 23   R0003816 [comme interprété].

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Cela peut aider M. le Greffier.

 25   M. KAY : [interprétation] Le numéro 65 ter est 1616 [comme interprété].

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Cela devra permettre de retrouver ce

 27   document.

 28   M. KAY : [interprétation] C'est bien le document.

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  1   Q.  C'est la lettre que vous avez envoyée au général Gotovina. "Je demande

  2   d'urgence une réunion avec le gouverneur militaire de la région."

  3   D'après vous, qu'est-ce que ça voulait dire "gouverneur militaire" ?

  4   R.  Pour moi, c'était la personne responsable de la zone et responsable de

  5   tout ce qui pouvait être d'intérêt pour moi en tant que commandant du

  6   secteur sud, qu'il s'agisse des affaires militaires ou humanitaires.

  7   Q.  Cela veut dire que ce serait une nomination d'ordre politique de la

  8   part du gouvernement croate. Etes-vous d'accord ?

  9   R.  Je ne sais pas. Pour moi, c'était quelqu'un à qui je pouvais m'adresser

 10   et avec qui je pouvais m'entretenir. Si jamais nous rencontrions un

 11   problème, je pouvais espérer que ce serait la personne qui pourrait

 12   résoudre ce problème.

 13   Q.  Est-ce que vous saviez si le poste de gouverneur militaire existait

 14   dans le système juridique croate ou le système constitutionnel croate ?

 15   R.  Non, je ne le savais pas.

 16   Q.  Est-ce que vous en avez fait un rapport à votre état-major à Zagreb

 17   afin que vous puissiez entrer en contact avec le gouverneur militaire pour

 18   résoudre vos problèmes ?

 19   R.  Non, mais dans le rapport de situation, la lettre que j'ai envoyée au

 20   général Cermak, chaque fois que j'adressais cette lettre au gouverneur

 21   militaire de Knin, personne ne m'a jamais dit qu'il ne fallait pas

 22   l'adresser de la sorte. Je n'ai pas demandé à mon état-major de la mission

 23   croate des Nations Unies comment adresser cette personne, si c'était bien

 24   le gouverneur militaire. Personne ne m'a jamais dit qu'il ne fallait pas

 25   que j'emploie ce terme.

 26   Q.  Le général Cermak ne vous a jamais écrit et signé cette lettre comme

 27   gouverneur militaire ?

 28   R.  C'est exact.

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  1   Q.  Il vous a toujours adressé en disant qu'il était commandant de la

  2   garnison de Knin.

  3   R.  C'est un grand mot, mais je pense que j'ai reçu en tout trois lettres,

  4   alors que je lui ai envoyé 12 ou 15 dans lesquelles je l'ai adressé en tant

  5   que gouverneur militaire de la zone de Knin. Mais oui, vous avez raison. Il

  6   n'a pas écrit dans ses lettres qu'il était gouverneur militaire.

  7   Q.  Donc cela veut dire que vous saviez que vous l'appeliez d'une façon

  8   incorrecte, que vous lui aviez octroyé un grade incorrect ?

  9   R.  Non. A mon avis, la première fois que je l'ai rencontré le 7, il m'a

 10   dit qu'il était responsable de la zone de Knin et d'après moi, si vous êtes

 11   responsable cela veut dire que tout ce qui se passe doit passer par vous,

 12   par votre truchement. Et quand je suis allé voir le général Gotovina le 6,

 13   il m'a dit d'en parler au général Cermak parce que c'était la personne à

 14   qui il fallait s'adresser. Et chaque fois que j'avais des réunions avec le

 15   général Cermak, il m'indiquait toujours ou la plupart du temps, qu'il

 16   allait s'occuper de toutes les affaires qui avaient trait soit à Knin, soit

 17   à une zone en dehors de Knin.

 18   Q.  On vous a dit que vous pouviez vous adresser à lui, n'est-ce pas ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Vous étiez dans le cadre des forces des Nations Unies dans la zone,

 21   n'est-ce pas ?

 22   R.  Oui, parce que j'étais commandant du secteur sud.

 23   Q.  Nous allons en parler davantage demain, mais est-il exact que les

 24   forces canadiennes, dans le cadre des forces des Nations Unies, avaient

 25   certains problèmes dans la région lors de l'opération Tempête, parce que

 26   certains de vos soldats avaient été détenus par les soldats de l'armée

 27   croate ?

 28   R.  Oui, il y avait un problème, parce que certains soldats avaient été

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  1   menacés et on voulait qu'ils quittent leurs postes d'observation. Mais dans

  2   un rapport de situation que nous avons envoyé à l'UNCRO, on pouvait voir

  3   que ceux qui ont été pris à Zadar et emmenés par les soldats croates, que

  4   les Croates s'étaient bien occupés d'eux. Et parmi ces soldats, il n'y

  5   avait pas de Canadiens. Et ce n'est que plus tard, lorsque l'on a tiré sur

  6   les postes d'observation qu'il y a eu des pertes.

  7   Au départ, on n'a pas laissé les Canadiens prendre certains équipements

  8   avec eux lorsqu'ils quittaient leurs postes et c'était ça le problème qui

  9   est survenu. Mais je dirais aussi qu'il y avait encore plus de problèmes

 10   s'agissant du Bataillon tchèque qui a perdu deux de ses soldats et quatre

 11   personnes ont été gravement blessées. Et la même chose s'est produite avec

 12   le Bataillon kényan.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vois l'heure, il est deux heures

 14   moins le quart.

 15   Mais s'agissant du numéro 1612 sur la liste 65 ter, c'est un document dont

 16   nous avons parlé ce matin et j'ai consulté cette liste, je ne l'ai pas

 17   trouvé. Puis dans le système du prétoire électronique, j'ai vu que cette

 18   pièce n'a pas été versée au dossier. Donc il s'agit d'un nouveau document.

 19   Si ce n'est pas le cas, j'aimerais que quelqu'un me l'explique, parce qu'il

 20   n'y a pas de pièce à conviction ou de cote attribuée à cette pièce. Et là,

 21   je dispose d'une liste de ce matin.

 22   M. KAY : [interprétation] Il s'agit probablement d'un doublon. Cela nous

 23   arrive et nous rencontrons souvent ce genre de problème.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais j'espère que les parties pourront

 25   m'aider d'ici demain matin, 9 heures, parce que pour l'instant, Monsieur

 26   Forand, nous allons arrêter nos travaux.

 27   Nous poursuivrons demain matin. Mais avant de lever

 28   l'audience - et là cela pourrait être une conversation qui pourrait vous

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  1   intéresser davantage que les précédentes - vous envisagez d'avoir besoin de

  2   combien de temps ?

  3   M. KAY : [interprétation] Jusqu'à six heures, Monsieur le Président.

  4   M. KEHOE : [interprétation] Environ quatre heures.

  5   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Au moins deux heures.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc en tout, cela fait 12 heures. Nous

  7   avons quatre heures par jour, au fond. Monsieur Forand, je m'adresse à vous

  8   surtout, parce que cela veut dire que les parties souhaiteraient vous poser

  9   des questions pendant encore plusieurs jours, trois jours est ce à quoi

 10   nous pouvons nous attendre.

 11   Je ne sais pas quel est votre programme ?

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Bien, je suis ici --

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui vous savez, mais parfois on apprend

 14   que les témoins doivent partir rapidement --

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vais arranger mon emploi du temps de la

 16   sorte.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci beaucoup.

 18   M. KAY : [interprétation] Il s'agit du document 1654.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vais essayer de le trouver sur la

 20   liste.

 21   Monsieur Tieger, vous vouliez dire quelque chose ?

 22   M. TIEGER : [interprétation] C'est la pièce P347.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] P347. D'accord. Maintenant tout est

 24   consigné au compte rendu d'audience.

 25   Nous allons lever l'audience pour aujourd'hui. Monsieur Forand, nous

 26   reprendrons nos travaux demain matin à 9 heures, mais nous ne siégerons pas

 27   dans ce prétoire, je pense que ce sera dans la salle d'audience numéro III,

 28   et vous ne pouvez pas parler à qui que ce soit du sujet de votre

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  1   déposition, que ce soit de ce que vous avez déjà dit ou de ce que vous

  2   allez dire. Je vous prie de revenir demain matin à 9 heures.

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

  4   --- L'audience est levée à 13 heures 49 et reprendra le mercredi 4 juin

  5   2008, à 9 heures 00.

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