Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le vendredi 16 janvier 2009

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

  5   --- L'audience est ouverte à 9 heures 04.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour. Veuillez citer le numéro de

  7   l'affaire.

  8   M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour. Il s'agit de l'affaire IT-06-90-

  9   T, le Procureur contre Ante Gotovina et consorts.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.

 11   Avant de continuer, hier, au moment où nous n'avions pas de compte rendu

 12   d'audience, il faut dire qu'un enregistrement audio existe mais je pense

 13   qu'il n'est pas nécessaire de le transcrire, car rien d'important n'a été

 14   dit, sauf que l'Accusation a exprimé sa préférence de traiter des questions

 15   d'intendance dès que la déposition de M. Konings sera terminée.

 16   Donc c'est au compte rendu d'audience, maintenant.

 17   Monsieur Konings, je souhaite vous rappeler encore une fois que la

 18   déclaration solennelle que vous avez rendue au début de la déposition, que

 19   vous direz la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, s'applique

 20   encore.

 21   Maître Kehoe.

 22   M. KEHOE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 23   LE TÉMOIN: HARRY KONINGS [Reprise]

 24   [Le témoin répond par l'interprète]

 25   Contre-interrogatoire par M. Kehoe : [Suite] 

 26   Q.  [interprétation] Bonjour, Colonel.

 27   Colonel, avant de commencer, une seule question, s'il vous plaît. Est-ce

 28   que vous êtes au courant de l'abréviation --

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  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je pense que nous avons un petit

  2   problème d'écran mais à mon avis on peut continuer.

  3   M. KEHOE : [interprétation]

  4   Q.  Est-ce que vous connaissez l'abréviation MTCNETCC [comme interprété], M

  5   pour mission; E pour ennemi; T pour terrain et climat; T pour troupe; et

  6   soutien disponible ? Est-ce que vous êtes au courant du fait qu'en

  7   utilisant cette version abrégée, un commandant va évaluer la situation de

  8   bataille et ce qu'il souhaite faire?

  9   R.  Peut-être je ne connais pas tellement ce terme mais je vois le système

 10   et c'est appliqué dans le système armé.

 11   Q.  Je vois. Donc peut-être le terme est différent mais le concept existe

 12   aussi dans l'armée néerlandaise ?

 13   R.  Oui, je connais le contexte.

 14   Q.  Bon. Je pense que nous pourrons alors parler un peu plus en détail du

 15   concept.

 16   M. KEHOE : [interprétation] Mais avant de poursuivre, Monsieur le

 17   Président, j'ai remis deux documents hier. Peut-être il serait judicieux de

 18   remettre deux exemplaires au colonel Konings pour nous permettre

 19   d'accélérer.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous souhaitez savoir si tout le monde a

 21   le document ?

 22   M. KEHOE : [interprétation] Oui.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ça va être corrigé.

 24   Poursuivez.

 25   M. KEHOE : [interprétation]

 26   Q.  Colonel, si vous examinez votre rapport, vous contestez à certains

 27   endroits à la fois la méthodologie et la logique de l'attaque de Knin mais

 28   avant de parler de cela, je souhaite parler de certains concepts, certaines

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  1   conceptions au sujet des attaques en général et la philosophie de l'OTAN

  2   dans ce sens, avant de passer à Knin elle-même.

  3   Si j'attire votre attention sur les opérations terrestres, vous serez

  4   d'accord, n'est-ce pas, avec moi pour dire que le but de combat terrestre

  5   n'est pas nécessairement de détruire les forces ennemies, que ce n'est pas

  6   nécessairement la destruction des forces ennemies mais la capitulation ?

  7   R.  Il peut y avoir plusieurs objectifs, mais ce que vous souhaitez

  8   atteindre à la fin n'est pas forcément la capitulation.

  9   Q.  Donc vous dites dans un certain sens que vous souhaitez une destruction

 10   totale et non pas la capitulation ?

 11    R.  Non je ne suis pas en train de dire cela. Il y a plusieurs

 12   opportunités, plusieurs objectifs entre les deux de ce que l'on essaie

 13   d'atteindre par le biais d'une opération terrestre. C'est-à-dire on peut

 14   influencer la volonté et la capacité de l'ennemi. Et si ça veut dire que

 15   vous devez détruire certaines parties de la société ou des capacités

 16   militaires -- ou plutôt de dire la société mais des capacités militaires à

 17   un certain moment, parfois c'est nécessaire. Mais vous devez toujours

 18   tenter d'arriver à la fin telle qu'elle était formulée par votre

 19   gouvernement ou coalition politique au pouvoir.

 20   Q.  Conformément aux règles d'ouverture du feu ?

 21   R.  Oui. Il y aura toujours les règles d'ouverture du feu mais la fin

 22   souhaitée n'est pas toujours la capitulation ou la destruction. Ça peut

 23   être le fait d'arriver à un accord de paix entre les deux parties. Pas

 24   forcément deux Etats; il peut y avoir un conflit au sein d'un Etat où la

 25   communauté internationale est en train d'établir, d'essayer de faire régner

 26   la paix.

 27   Mis à part cela, je souhaite ajouter qu'au sein de l'OTAN et au sein de

 28   l'armée néerlandaise nous ne faisons plus de différence entre les

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  1   opérations de combat, les opérations offensives et les opérations

  2   défensives. Une opération est une opération, quel que soit le contexte dans

  3   lequel elle se déroule.

  4   Q.  Nous allons maintenant, s'il vous plaît, nous pencher un peu sur la

  5   discussion concernant les concepts de l'OTAN et je souhaite attirer votre

  6   attention sur la pièce 1D65-0227. Je pense que vous avez le document

  7   imprimé qui concerne les opérations terrestres, AJP 3.2. Je crois que vous

  8   l'avez devant vous. Et il s'agit de la doctrine commune des alliés

  9   concernant les opérations terrestres, et je souhaite attirer votre

 10   attention sur la section 204 à la page 1 de ce document. C'est vers la fin

 11   de la page :

 12   "Combat terrestre est fondamentalement une épreuve humaine, et ce sont les

 13   êtres humains qui décident rationnellement ou irrationnellement à quel

 14   moment elles sont battues. Historiquement, la défaite des forces ennemies

 15   n'a jamais existé au niveau de pertes de 100 % affligées à la partie

 16   perdante. Normalement ça arrive à un moment précédent en fonction de la

 17   volonté de celui qui perd et de la cohésion. Dans une unité individuelle ou

 18   petite, les émotions telles que peur, panique, choc, et surprise sont

 19   importantes. Ces émotions peuvent avoir des effets négatifs sur les prises

 20   de décision des commandants. Lorsque l'ennemi a l'impression d'être battu,

 21   il retire sa participation de la bataille ou de l'engagement militaire."

 22   Et nous allons passer maintenant à la page suivante, notamment la troisième

 23   phrase, qui commence par le mot "Collectif…" :

 24   "Le retrait collectif de la participation d'un ennemi lors de combat

 25   constitue surtout un élément mental plutôt que physique et ne peut pas être

 26   rationnel."

 27   Je pense que vous avez traité un peu de certains de ces contextes, juste un

 28   peu dans une partie de votre réponse concernant le combat terrestre. Mais

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  1   vous êtes d'accord, n'est-ce pas, pour dire que c'est l'approche que vous

  2   allez appliquer si vous êtes dans un combat terrestre et que vous êtes face

  3   à l'opposition et que vous savez que les émotions telles que peur, panique,

  4   choc et surprise sont très importantes pour votre adversaire, n'est-ce pas

  5   ?

  6   R.  Je vais essayer de relire votre question, je ne l'ai pas tout à fait

  7   comprise.

  8   Est-ce que vous pouvez la reformuler car je ne l'ai pas comprise.

  9   Q.  Je l'ai très mal formulée, excusez-moi, je vais reformuler.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et essayez de ne pas parler en même

 11   temps.

 12   M. KEHOE : [interprétation] Excusez-moi.

 13   Q.  Vous êtes d'accord au fond, n'est-ce pas, pour dire que lors des

 14   opérations de combat, les opérations terrestres, les émotions telles que

 15   peur, panique, choc et surprise sont très importantes et parfois ça peut

 16   affecter la prise de décision de la part d'un commandant ?

 17   R.  Oui, il s'agit certainement des aspects très importants dans une

 18   opération terrestre.

 19   Q.  Et allant un peu plus loin dans ce sens, parlant de l'opération

 20   terrestre, compte tenu de la dernière phrase, en général le retrait de

 21   l'ennemi est dû à un effondrement mental plutôt que purement physique,

 22   n'est-ce pas ?

 23   R.  Ça dépend. Je dirais que c'est la combinaison des deux, mais aucune

 24   situation n'est identique à une autre. Un effondrement mental peut être

 25   provoqué par une force menaçante. Et en tant que pays ou coalition, si vous

 26   pouvez montrer que les forces dont vous disposez sont tout à fait prêtes à

 27   appliquer cette force si nécessaire, ça peut déjà changer la position

 28   mentale d'un Etat ou d'une partie de telle manière qu'ils ne vont même pas

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  1   songer à utiliser leurs propres forces contre la force qui les attaque ou

  2   souhaite faire invasion dans leur pays ou la force qui intervient, car il

  3   ne s'agit pas seulement des forces attaquantes dont il est question lorsque

  4   l'on par de la violence, mais il est question aussi des forces établies par

  5   la communauté internationale afin qu'elles interviennent dans tout conflit

  6   et nous en avons de nombreux exemples par le passé.

  7   Donc la position mentale d'une partie, d'un pays ou d'un gouvernement est

  8   très importante. Je ne nierai pas que ça peut être influencé par des

  9   éléments tels que la panique, le choc, et ainsi de suite.

 10   Q.  Allons un peu plus loin dans ce sens. En tant que commandant vous

 11   souhaitez encourager cet effondrement mental de la part de l'ennemi, n'est-

 12   ce pas, c'est un moyen d'atteindre vos fins ?

 13   R.  Oui c'est un élément d'arriver à un effondrement mental des forces de

 14   l'ennemi ou de l'adversaire ou même des parties de la société en faisant ce

 15   dont il a été question hier, c'est-à-dire en influençant les esprits et les

 16   cœurs de la population.

 17   Q.  Nous allons rester sur cette même page et aller un petit peu plus loin

 18   dans le texte.

 19   M. KEHOE : [interprétation] Merci, nous allons parler des approches de

 20   manœuvre, paragraphe 27 [comme interprété]:

 21   "L'approche de manœuvre est une approche dans laquelle l'on essaie de

 22   détruire la cohésion générale de l'ennemi plutôt que ses

 23   matériels."

 24   Vous connaissez ce concept-ci, n'est-ce pas?

 25   R.  Oui, je le connais.

 26   Q.  Si l'on parle de ces questions liées à la cohésion générale, je

 27   souhaite vous soumettre un autre document de l'ONU, à savoir D1247. Encore

 28   une fois, il s'agit de la doctrine conjointe appliquée, AJP 01.

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  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Kehoe.

  2   M. KEHOE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il est écrit dans le transcript, le

  4   compte rendu d'audience, que c'est un document de l'ONU.

  5   M. KEHOE : [interprétation] C'est un document de l'OTAN, excusez-moi.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Poursuivez.

  7   M. KEHOE : [interprétation] Peut-on passer à la page suivante portant sur

  8   l'attaque contre la volonté, la cohésion de l'adversaire. Excusez-moi --

  9   [Le conseil de la Défense se concerte]

 10   M. KEHOE : [interprétation] Peut-on passer maintenant à la pièce 1D65-0212,

 11   qui fait partie de D1247. Il s'agit là de la rubrique intitulée : Attaquer

 12   la volonté et la cohésion de l'adversaire.

 13   Il y est indiqué que :

 14   "Toutes les attaques contre un adversaire doivent --"

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, quelle est la page ?

 16   M. KEHOE : [interprétation] Il s'agit de la page -- dans la version

 17   imprimée, c'est la page 4-11.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, je l'ai trouvée.

 19   M. KEHOE : [interprétation] Il est dit : "Toutes les attaques contre un

 20   adversaire doivent respecter le droit international; en particulier, les

 21   attaques peuvent être faites contre des objectifs militaires. L'élément

 22   décisif d'une campagne va en général impliquer une forme d'action offensive

 23   contre la volonté et la cohésion des adversaires."

 24   En général, il s'agit de la doctrine standard de l'OTAN au sujet d'une

 25   action offensive qui incorpore, intègre une forme d'attaque contre la

 26   volonté, la cohésion de votre ennemi, n'est-ce pas ?

 27   R.  Le texte est très clair. Je n'ai rien à ajouter. Le texte dit

 28   clairement que ceci implique une forme d'action offensive.

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  1   Q.  Nous allons passer au point suivant.

  2   Il y est dit, lors de l'attaque contre la volonté et la cohésion de

  3   l'ennemi, suivant l'attaque de l'OTAN, ça implique le fait d'infliger le

  4   choc au sein de l'ennemi en tant que moyen effectif de détruire la volonté

  5   et la cohésion de votre ennemi, n'est-ce pas ?

  6   R.  Maintenant, vous passez de l'action offensive aux possibilités dans

  7   lesquelles le choc peut être une action offensive. Mais autre chose aussi.

  8   Je souhaite vous rappeler qu'ici la question est de "l'action offensive."

  9   Donc "action offensive", ça veut dire l'utilisation des actions

 10   psychologiques.

 11   Lorsque l'on parle de cela dans ce document, de l'attaque contre la

 12   volonté et la cohésion, ça veut dire que nous intégrons tous les moyens

 13   dont la coalition dispose. Il est erroné de penser que le terme "action

 14   offensive" veut dire simplement que les véhicules blindés s'opposent aux

 15   autres véhicules blindés, ou des combattants aux autres combattants, et

 16   cetera.

 17   Ce n'est pas ça qui est le sens de ce terme dans ce document. Le

 18   document décrit l'ensemble des capacités d'une coalition lorsqu'elle entre

 19   au conflit tel qu'afin de mettre terme à l'état décrit par le comité

 20   politique de la coalition.

 21   Q.  Colonel, il est question ici de la destruction de la volonté et de la

 22   cohésion des adversaires dans une action choc. Ici, il s'agirait de

 23   l'action choc de la HV contre l'ARSK ?

 24   R.  Le Président m'a dit hier d'essayer de ne pas me répéter. Mais je ne

 25   peux que répéter que ce que vous dites, et qu'il faut tenir compte du fait

 26   que toutes les actions constituent une possibilité. Le choc en est une, et

 27   je ne peux pas nier que la destruction des cibles ennemies constitue aussi

 28   une possibilité.

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  1   Donc il faut être tout à fait précis. Une armée ou une force de

  2   coalition dispose de tous les moyens mis à sa disposition par la communauté

  3   politique afin d'avoir recours à la violence, si nécessaire, qui doit être

  4   proportionnelle et légale. C'est ça l'essentiel. Je vais ajouter que si

  5   vous êtes en mesure d'arriver à vos fins sans utiliser la violence, même si

  6   ça implique la perte de vie de l'autre côté et une période plus longue, ça

  7   peut être appliqué de manière préférentielle.

  8   Q.  Mais ce que vous dites, c'est la doctrine de l'armée néerlandaise

  9   et ça ne reflète pas forcément la loi sur le conflit armé, n'est-ce pas ?

 10   R.  Je ne dis pas que ceci reflète la loi sur le conflit armé. C'est

 11   la manière dont nous décrivons cette doctrine aux Pays-Bas. Je peux vous

 12   assurer que nous devons lire le document tel qu'il se présente devant nous,

 13   car je pense qu'il est très difficile de sortir certaines parties du

 14   document. Je comprends très bien pourquoi vous le faites et pourquoi vous

 15   vous concentrez sur certaines parties seulement, mais le contexte de ce

 16   document est tel qu'il s'agit des moyens militaires mortels, mais surtout

 17   non mortels.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vais intervenir.

 19   De par votre question, Maître Kehoe, je comprends que vous souhaitez

 20   que le témoin nous dise si le fait d'atteindre un effet choc devrait être

 21   exclus des moyens légitimes lors d'une opération de combat ou ce type

 22   d'opération.

 23   M. KEHOE : [interprétation] Je reformulerais cela en disant que

 24   l'utilisation de l'effet de choc est un moyen légitime.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, bien sûr, mais ça peut provoquer un

 26   problème, c'est-à-dire un effet de choc est un effet. Je pense que le

 27   témoin nous a dit que ça dépend des moyens utilisés afin d'atteindre cet

 28   effet de choc. Il n'est pas difficile de le comprendre. Essayons de poser

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  1   les questions de manière claire au témoin.

  2   M. KEHOE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que le fait d'atteindre l'effet

  4   de choc par quelque moyen que ce soit est toujours légitime, Monsieur

  5   Konings ?

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Je pense que si vous utilisez -- ou plutôt,

  7   disons, que les effets de choc ne concernent pas seulement la destruction

  8   pure --

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non. Voici ma question : est-ce que

 10   l'effet de choc est atteint par n'importe quel moyen dans toutes

 11   circonstances, y compris est-ce que c'est toujours légitime ?

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Si ceci vise une cible militaire et si c'est

 13   fait par le biais des moyens militaires --

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous dites si, si, si; donc ça veut dire

 15   pas dans toutes les circonstances.

 16   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, la réponse est claire.

 18   Si j'ai bien compris d'après votre dernière réponse, si l'on essaie

 19   d'atteindre un effet de choc, ça peut être un moyen légitime dans le cadre

 20   d'une opération.

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez procéder, Monsieur Kehoe.

 23   M. KEHOE : [interprétation] Monsieur le Président, avant que je ne

 24   poursuive mes questions, je souhaiterais demander le versement au dossier

 25   de ce document, le document 1D65-0227.

 26   M. RUSSO : [interprétation] Pas d'objection.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Monsieur le Greffier.

 28   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce D1254.

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  1   M. KEHOE : [interprétation] Si nous pouvions --

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Laissez-moi voir …

  3   M. KEHOE : [interprétation] Je m'excuse, Monsieur le Président.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La pièce D1254 est versée au dossier.

  5   M. KEHOE : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

  6   Q.  Justement, à propos de cette pièce D1254, est-ce que nous pourrions

  7   afficher la page 204 de ce document, où il est justement question d'effet

  8   de choc. La page est la page 1D65-0231. En fait, il s'agit de la rubrique

  9   intitulée : Comment attaquer la volonté et la cohésion de l'ennemi.

 10   Au paragraphe --

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous nous dites page 2 alors qu'il y a

 12   quatre pages. Mais la numérotation est différente.

 13   M. KEHOE : [interprétation] Non, non, il s'agit de la page 2-4.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Mais j'aimerais savoir quelle est

 15   la section que vous souhaitez analyser.

 16   M. KEHOE : [interprétation] La section 0215, vers le haut.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] 0215, poursuivez.

 18   M. KEHOE : [interprétation]

 19   Q.  Il est indiqué que :

 20   "Lorsqu'une armée combat, elle devrait toujours essayer de battre en brèche

 21   la volonté et la cohésion de l'ennemi et la façon dont il fonctionne.

 22   Diriger ou organiser des attaques de façon efficace exige que l'on

 23   comprenne l'ennemi, son système et ses motivations. Lorsque cela est

 24   possible, un commandant doit attaquer son ennemi, et ce, de façon

 25   systémique.

 26   "Si l'on agit de la sorte, l'ennemi ne sera pas à même de réagir de façon

 27   efficace lorsque la situation évolue. L'une des façons de le faire est de

 28   provoquer le choc dont les symptômes classiques sont le comportement

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  1   irrationnel et le fait de ne plus savoir que faire."

  2   Alors j'aimerais maintenant que l'on passe au paragraphe suivant, le 0216,

  3   cinquième ligne de ce paragraphe, troisième phrase.

  4   "Les effets tactiques du choc peuvent être perçus comme la panique sur le

  5   terrain ou l'effondrement."

  6   Avant que je ne poursuive, j'aimerais vous poser une question, une question

  7   à propos de ce document D1247, document de la doctrine commune des alliés,

  8   l'AJP-01. Paragraphe 425, il s'agit de la page 4-11 du document 1D65 -- il

  9   s'agit de la page 1D65-0212. Section 425 sous-paragraphe a (2) :

 10   "Dans le sens physique du terme, l'effet psychologique peut être si

 11   important qu'il rend les combats inutiles."

 12   Pour des néophytes, pour des béotiens, Colonel, lorsque vous avez une

 13   action de choc - et nous allons justement en parler - l'objectif d'une

 14   action de choc, justement, comme cela est indiqué dans la doctrine, est en

 15   quelque sorte de susciter chez l'ennemi un comportement irrationnel, une

 16   paralysie des moyens, et il s'agit également de briser l'ennemi du point de

 17   vue psychologique pour rendre le combat tout à fait inutile.

 18   Est-ce que ce n'est pas justement là l'un des objectifs principaux de

 19   l'OTAN lorsqu'il s'agit d'utiliser les méthodes de choc contre l'ennemi ?

 20   R.  Oui. Cela est très clairement décrit ici, effectivement, vous avez la

 21   possibilité dans le cadre d'une opération d'utiliser l'action de choc.

 22   Q.  L'une des façons d'utiliser ou de stimuler une action de choc consiste

 23   en utilisant justement les tirs d'artillerie, n'est-ce pas ?

 24   R.  Oui, je pense que les tirs d'artillerie représentent une possibilité

 25   pour susciter le choc, effectivement.

 26   Q.  Nous allons maintenant revenir sur une description sophistiquée d'une

 27   action de choc d'après la doctrine de l'OTAN que nous avons au document

 28   D1257. Non, je m'excuse, D1254 plutôt.

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  1   Page 2-5, qui correspond à la page 1D65-0232, paragraphe 221. C'est le

  2   paragraphe qui décrit justement l'action de choc.

  3   M. KEHOE : [interprétation] Est-ce que vous pourriez peut-être afficher le

  4   paragraphe en question. Il se trouve un peu plus vers le bas. Voilà.

  5   Q.  Vous avez, au paragraphe 0221 :

  6   "Une action de choc est une utilisation soudaine et concentrée de la

  7   violence. L'action de choc paralyse, dissuade et effraie. Au niveau

  8   collectif, elle est caractérisée par des concentrations de tir direct et

  9   indirect ainsi qu'un rythme très soutenu de progression qui utilise des

 10   tirs et des manœuvres étroitement coordonnés."

 11   Le texte se poursuit --

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, vous avez lu "et des

 13   progressions", mais vous avez omis, "le rythme soutenu…"

 14   M. KEHOE : [interprétation] Oui, oui, "Un rythme soutenu de progression en

 15   utilisant des tirs étroitement coordonnés et des manœuvres."

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous voyez, nous nous sommes exprimés en

 17   même temps, Maître Kehoe. Donc je souhaiterais répéter ce que j'ai dit.

 18   J'avais dit que vous, vous aviez lu "progression" alors que moi je lis dans

 19   le texte, le même texte, "Un rythme soutenu de progression en utilisant des

 20   tirs et des manœuvres," et cetera, et cetera, "étroitement coordonnés."

 21   M. KEHOE : [interprétation] Est-ce que vous pouvez passer à la page

 22   suivante, paragraphe 0223, page 2-6.

 23   Q.  Voyez la première phrase : "Les effets du choc peuvent parfois être

 24   observés comme un effondrement. L'effondrement peut être soit progressif,

 25   soit catastrophique."

 26   Puis, si vous prenez la dernière phrase de ce paragraphe, puisque je ne

 27   vais pas vous en donner lecture intégralement, l'avant-dernière phrase

 28   indique :

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  1   "La panique est un indicateur principal de l'effondrement

  2   catastrophique. La panique est contagieuse et se propage aussi rapidement

  3   par les faits que par les bruits qui courent. Etant donné que les mauvaises

  4   nouvelles ont tendance à être colportées très rapidement, le fait que

  5   l'échec est ainsi perçu est le meilleur mécanisme permettant de promouvoir

  6   le véritable échec."

  7   M. KEHOE : [interprétation] Est-ce que nous pourrions passer à la page

  8   suivante ? 2-7, paragraphe 0226.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ecoutez, vous insistez et vous dites

 10   toujours deux pages sur sept pages alors que ce n'est pas ça. C'est 2-7.

 11   M. KEHOE : [interprétation] Je m'excuse.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ecoutez, c'est la troisième ou quatrième

 13   fois. Donc --

 14   M. KEHOE : [interprétation] Je m'excuse.

 15   Donc il s'agit de la page 2-7, paragraphe 0226.

 16   Q.  Vous voyez ce qui est écrit. Les attaques menées contre le système de

 17   connaissance de l'ennemi, la volonté, la cohésion peuvent être effectuées

 18   par la confiscation, ou plutôt, en prenant l'initiative, en conservant

 19   l'avance obtenue et en perturbant.

 20   Alors ce que j'aimerais dire, avant de parler de ces perturbations,

 21   pour revenir à l'aspect du choc, il s'agit en fait de l'une des

 22   conséquences de l'action de choc. C'est donc l'effondrement qui, à son

 23   tour, inculque la panique chez votre adversaire et cela permet la défaite

 24   de votre adversaire aussi rapidement que possible.

 25   Est-ce que c'est une évaluation exacte de la doctrine de

 26   l'OTAN ?

 27   R. C'est une des différentes méthodes qui est décrite ici, certes.

 28   Q.  Alors si nous pensons aux différents rouages de cette attaque, j'ai

Page 14564

  1   commencé à parler de perturbation et de déplacement. Justement, parlons de

  2   ces concepts.

  3   Alors qu'est-ce que l'on entend par déplacement et perturbation dans un

  4   contexte militaire ? Qu'est-ce que cela signifie,

  5   exactement ? 

  6   Et peut-être que je pourrais vous aider. Regardez le paragraphe 0229 --

  7   R.  Oui, oui, j'étais en train de le lire. Vous savez, j'ai moi-même

  8   participé à la rédaction de ce document, donc je sais où trouver les

  9   concepts. Il est indiqué de façon très claire que :

 10   "Le déplacement c'est déplacer l'ennemi et lui refuser la possibilité

 11   d'obtenir des renforts, ce qui l'empêche de combattre comme il le souhaite.

 12   Le but est de créer, est d'empêcher en fait l'ennemi à mettre en activité

 13   son plan. Le but est de faire en sorte que l'ennemi ne peut pas utiliser sa

 14   force en les évitant ou en les rendant de toute façon inefficaces.

 15   C'est ce que vous essayez de faire. Donc vous essayez en quelque

 16   sorte de déplacer les éléments de l'ennemi pour que vous puissiez en

 17   quelque sorte battre en brèche l'organisation de l'ennemi.

 18   Voilà ce qui est écrit. 

 19   M. KEHOE : [interprétation]

 20   Q.  Colonel --

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe.

 22   Poursuivez.

 23   M. KEHOE : [interprétation]

 24   Q.  Colonel, vous venez d'indiquer que vous aviez été l'un des coauteurs de

 25   ce document. Est-ce que vous pourriez peut-être nous expliquer ce que vous

 26   venez de dire ?

 27   R.  Tout simplement, je faisais partie de l'équipe de rédaction qui a

 28   rédigé ce document. Je faisais donc partie de l'équipe de rédaction qui a

Page 14565

  1   rédigé ce document.

  2   Q.  Vous voulez parler de l'intégralité du document ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Donc vous connaissez parfaitement bien ces concepts ?

  5   R.  Oui, je connais ces concepts, effectivement.

  6   Q.  Et pour nous en tenir à ce que vous venez de lire, l'une des méthodes

  7   d'attaque consiste à pénétrer en profondeur, vous le lisez cela ? Alors, de

  8   quoi s'agit-il, en fait, exactement ?

  9   R.  Est-ce que vous parlez de pénétration profonde ou d'enveloppement ?

 10   Ecoutez, la pénétration profonde, on peut procéder de plusieurs façons.

 11   Vous pouvez envoyer, par exemple, des forces sur le terrain et ces forces

 12   vont essayer de faire des incursions profondes sur le terrain ennemi pour

 13   pouvoir saisir un élément important sur ce territoire ennemi. Un QG, par

 14   exemple, ou une personne importante, mais vous pouvez également le faire

 15   par voie aérienne. Vous pouvez envoyer une force aérienne mobile, vous

 16   pouvez parachuter des soldats. Donc il y a plusieurs méthodes pour

 17   justement déplacer les forces de l'ennemi. C'est ainsi que vous suscitez ou

 18   que vous provoquez la désorganisation des forces de l'ennemi, et c'est ce

 19   qui peut se passer dans le cadre de ce scénario.

 20   Q.  Alors pour nous en tenir à ce que vous venez de dire, cette dislocation

 21   dont vous parlez, c'est une dislocation qui est effectuée à l'intérieur de

 22   la ligne de front, de la zone de la ligne de front, n'est-ce pas ?

 23   R.  Non, non, pas forcément. Lorsqu'on parle de profondeur, c'est pas une

 24   question de distance, seulement. Cela peut être également une question

 25   temporelle. En fait, pour ce qui est de la profondeur, elle n'est pas

 26   établie suivant des chiffres.

 27   Q.  Peut-être que je n'ai pas été assez précis lorsque j'ai posé la

 28   question. Lorsque vous parlez de profondeur, vous envisagez également une

Page 14566

  1   attaque, et ce, de l'autre côté des lignes de l'ennemi vers des

  2   installations qui sont autant de renforts de l'ennemi mais qui ne se

  3   trouvent pas forcément au niveau de la ligne de front ?

  4   R.  Oui, exactement. C'est ce que je voulais dire. Des opérations en

  5   profondeur sont des opérations qui peuvent se dérouler à une certaine

  6   distance du territoire où vous êtes en contact étroit avec l'ennemi,

  7   ensuite vous parlez d'actions qui pourraient peut-être disloquer, par

  8   exemple, justement les forces de réserve, les forces d'appui, et cetera, et

  9   cetera.

 10   M. KEHOE : [interprétation] Nous allons justement parler un peu plus de la

 11   page 3-3, Monsieur le Président. Paragraphe 307.

 12   Q.  Vous voyez cette première phrase ?

 13   "Fixer l'ennemi, refuser ou empêcher que l'ennemi ne parvienne à ses

 14   objectifs, le détourner de ses objectifs et ainsi le priver de sa liberté

 15   d'action."

 16   Donc si vous prenez ces différents éléments alors l'un des éléments

 17   importants pour l'OTAN, c'est l'utilisation d'une action de choc à

 18   l'intérieur des lignes ennemies, d'ailleurs parfois, et ce, afin de fixer

 19   l'ennemi sur le terrain, le détourner de ses objectifs et ainsi le priver

 20   de sa liberté d'action; c'est bien cela, n'est-ce pas ?

 21   R.  Ecoutez, je ne suis pas absolument sûr et certain qu'une action de choc

 22   pourrait être utilisée pour ce qu'on appelle fixer l'ennemi parce qu'une

 23   action de choc, comme nous l'avons vu préalablement, c'est une utilisation

 24   concentrée de la violence pendant une période de temps très brève alors que

 25   lorsque l'on parle de fixer l'ennemi, on supprime sa liberté de mouvement

 26   et donc sa liberté d'action, et pour ce faire cela peut prendre beaucoup

 27   plus de temps. Je ne suis pas en train de vous dire qu'une action de choc

 28   est quelque chose que vous ferez pour fixer l'ennemi, parce qu'une action

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  1   de choc c'est rapide, c'est une action lourde, cela suscite la panique et

  2   le chaos sur le moment; alors que lorsque l'on parle en terme militaire de

  3   fixer l'ennemi, c'est une action à plus longue échéance. Vous fixez

  4   l'ennemi, donc en quelque sorte, vous ne l'autorisez pas à déplacer ses

  5   soldats, ses forces dans le secteur. Cela peut prendre beaucoup plus de

  6   temps, cela prend beaucoup plus de temps, ça ne peut pas être fait d'une

  7   minute à l'autre. Donc cela n'a pas véritablement de lien direct avec

  8   l'action de choc.

  9   Q.  Je comprends ce que vous nous dites à ce sujet, Colonel, mais

 10   conviendrez-vous quand même avec moi que lors d'une action de choc, vous

 11   pouvez parfaitement fixer les mouvements de votre ennemi simultanément et

 12   parallèlement à l'action de choc ?

 13   R.  Oui, mais ce n'est pas ce qu'on trouve dans le concept.

 14   Q.  Je comprends, mais je vous pose la question.

 15   R.  Lorsque vous êtes en contact avec l'ennemi, il est évident que vous

 16   fixez cette force de l'ennemi. Lorsqu'une section ou une section

 17   d'infanterie est en contact direct avec l'ennemi, vous fixez non seulement

 18   l'ennemi, mais vous fixez également vos propres forces. Mais là, il est

 19   question d'une échelle plus importante. Il ne faut pas oublier que ce

 20   document décrit le niveau opérationnel, mais l'opération vue dans son

 21   intégralité.

 22   Donc l'une des choses que vous pouvez faire lors d'une opération,

 23   certes, est de fixer sur le terrain des éléments importants de l'ennemi.

 24   Lorsque je dis cela, je ne parle pas d'une action brève ou d'une période de

 25   temps brève parce que si vous faites cela, vous ne fixez pas l'ennemi. Ce

 26   que l'on entend par ce paragraphe c'est que vous fixez justement une grande

 27   partie des forces de l'ennemi, et ce, pendant une très longue période de

 28   temps, ce qui fait que vous, vous pouvez manœuvrer avec vos forces,

Page 14568

  1   contourner l'ennemi et parvenir à vos objectifs.

  2   Q.  Donc lorsque vous parlez de fixer l'ennemi, vous nous dites que vous

  3   pouvez utiliser l'artillerie pour fixer l'ennemi pendant une certaine

  4   période de temps, un jour, plusieurs jours ?

  5   R.  Non, non. Vous ne pouvez pas fixer l'ennemi en utilisant seulement

  6   l'artillerie.

  7   Q.  Ce n'est pas ce que j'ai dit.

  8   R.  Si, c'est ce que vous avez dit.

  9   Q.  Non. Je ne parle pas seulement de l'artillerie, je vous parle

 10   d'artillerie et d'autres choses.

 11   R.  Moi, je le lis ce que vous avez dit, vous venez de dire : "Vous

 12   utilisez l'artillerie pour fixer l'ennemi pendant une certaine période de

 13   temps…" Donc vous n'avez pas fait référence à d'autres forces.

 14   Q.  Alors j'ai commis une erreur, mais je dirais donc, qu'en utilisant

 15   l'artillerie et d'autres forces, on peut fixer un ennemi pendant une

 16   certaine période de temps, un jour, deux jours.

 17   R.  L'artillerie fait toujours partie des forces de manœuvre. Donc si vous

 18   me parlez de fixer l'ennemi, cela est fait par les forces de manœuvres,

 19   cela inclut tous les systèmes d'armement et cela inclut notamment

 20   l'artillerie.

 21   Q.  Colonel, nous allons maintenant parler de la façon de priver l'ennemi

 22   de sa liberté d'action. Je souhaiterais donc que l'on passe à la page

 23   suivante, la page 3-4, paragraphe 310. Voyez ce qui est écrit :

 24   "L'ennemi peut également être fixé grâce à une combinaison de méthodes qui

 25   ne lui permettront plus d'avoir des informations, qui ne lui permettront

 26   plus de transmettre des ordres et qui l'empêcheront d'exécuter les ordres.

 27   Les sources d'information de l'ennemi et son système de commandement sont

 28   essentiels pour lui permettre de concentrer ses forces."

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  1   Alors si nous allons un peu plus vers l'essentiel, l'une des méthodologies

  2   utilisées pour fixer l'ennemi - et lorsque je parle de fixer l'ennemi, je

  3   reprends votre définition qui est d'ôter à l'ennemi sa liberté d'action -

  4   donc il s'agit soit de neutraliser son aptitude à communiquer, soit la

  5   détruire, n'est-ce pas ?

  6   R.  Vous parlez de neutraliser et de destruction, mais il y a d'autres

  7   méthodes également qui sont d'ailleurs suggérées ici. Vous pouvez, par

  8   exemple, vous immiscer dans son système de transmission --

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Konings, on ne vous a pas

 10   demandé si c'était la seule méthode pour ce faire. Me Kehoe a parlé de

 11   méthodologie. D'ailleurs, je suppose qu'il voulait faire référence à des

 12   méthodes.

 13   M. KEHOE : [interprétation] Oui, c'est exact.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc c'était l'une des méthodes que l'on

 15   peut utiliser pour fixer l'ennemi si vous neutralisez ou détruisez sa

 16   capacité à communiquer.

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, c'est effectivement l'une des méthodes.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Russo, est-ce qu'il y a un

 19   litige à ce sujet ?

 20   M. RUSSO : [interprétation] Non, Monsieur le Président.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation]

 22   Maître Kehoe, est-ce qu'il y aurait une source, par exemple, ou quelqu'un

 23   qui contesterait cela ?

 24   M. KEHOE : [interprétation] Dans un premier temps, j'essaie de consigner au

 25   compte rendu d'audience comment est-ce qu'ils se sont débrouillés pour

 26   finalement attaquer Knin. J'allais y arriver assez rapidement.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, parce que la Chambre commençait à

 28   s'interroger sur ce que vous faisiez.

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  1   M. KEHOE : [aucune interprétation]

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] -- parce que nous souhaitons comprendre,

  3   quand même.

  4   M. KEHOE : [interprétation] Oui, tout à fait.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors nous nous demandions à quoi vous

  6   vouliez en venir, mais j'espère que nous allons bientôt comprendre.

  7   M. KEHOE : [interprétation] Alors passons à la page 2-7 du document D1254

  8   où il est question de perturbation ou de rupture.

  9   Q.  J'aimerais juste attirer votre attention sur cela. Vous voyez que vous

 10   avez le paragraphe 230 après le paragraphe rupture. Vous voyez ce qui est

 11   indiqué ? Rupture :

 12   "Une rupture sélective peut être utilisée pour briser ou battre en brèche

 13   les ressources de l'ennemi qui sont essentielles à l'utilisation et à la

 14   cohérence de la capacité de feu de l'ennemi."

 15   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

 16   M. KEHOE : [interprétation]

 17   Q.  "Le but est de provoquer la rupture de l'intégrité de la force de

 18   l'ennemi et de le rendre ainsi incapable de prendre des décisions et

 19   d'agir. L'indentification de ces ressources est extrêmement importante."

 20   Dans ce paragraphe, il est question de rupture et vous voyez que l'une des

 21   méthodes c'est à nouveau comment attaquer les moyens de communication de

 22   l'ennemi.

 23   Alors ce que j'aimerais savoir c'est est-ce que cela peut être fait lors

 24   d'une opération d'offensive ?

 25   R.  Ecoutez, je pense qu'ils auront une approche combinée. Alors tous ces

 26   concepts, la rupture, le déplacement et la dislocation, sont tous des

 27   concepts qu'il faut prendre conjointement. Donc lors d'une opération

 28   militaire, tout est fait de façon conjointe.

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  1   Q.  Oui, mais un commandant, lui, peut avoir la possibilité d'attaquer ces

  2   ressources, ces structures pour essayer de provoquer la rupture, et ce, sur

  3   une distance assez éloignée de la ligne de front, n'est-ce pas ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Oui ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Donc vous avez également parlé, dans votre rapport, d'actions

  8   simultanées.

  9   M. KEHOE : [interprétation] Je souhaiterais que l'on étudie la page 2-9, à

 10   savoir paragraphe 0235. Alors je ne vais vous donner lecture de

 11   l'intégralité du paragraphe, mais voyez que la troisième phrase est comme

 12   suit :

 13   "En agissant de façon simultanée contre différents niveaux de commandement,

 14   l'on obtient un effet cumulatif contre la cohésion."

 15   Q.  Donc c'est l'une des possibilités dont nous parlons ici, Colonel. Il ne

 16   s'agit pas seulement de frapper des positions au niveau des lignes de

 17   front, mais il s'agit de frapper des QG, des centres de communication ou

 18   des centres de ravitaillement qui se trouvent assez loin de la ligne de

 19   front, le but étant d'avoir cet effet cumulatif contre l'ennemi ?

 20   R.  Oui, c'est absolument évident.

 21   Q.  Puis en dernier lieu, avant que nous ne parlions de Knin, j'aimerais

 22   parler des conséquences des puissances de feu, ou plutôt, de l'efficacité

 23   de la puissance de feu, c'est le paragraphe 233 qui m'intéresse, de la page

 24   2-8 du document D1254.

 25   Alors voyez ce paragraphe intitulé "Puissance de feu," paragraphe 0223 de

 26   la page 2-8 :

 27   "La puissance de feu détruit, neutralise, supprime, démoralise et

 28   influence. Cette puissance de feu peut être apportée par voie aérienne, par

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  1   voie terrestre et par voie maritime. Elle a des conséquences physiques,

  2   psychologiques et physiologiques. La puissance de feu permet à la force

  3   d'amplifier les conséquences du rythme et lui donne la possibilité d'agir

  4   de façon simultanée et d'agir par surprise. Son efficacité est tributaire

  5   de son volume, de sa précision, du fait qu'elle peut être utilisée sans

  6   pour autant que l'ennemi s'y attende et de façon soudaine."

  7   M. KEHOE : [aucune interprétation]

  8   M. RUSSO : [interprétation] Permettez-moi d'interrompre, juste une petite

  9   seconde.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Chacun ici, et pas seulement vous,

 11   Monsieur Russo, est appelé à l'instant à ralentir son débit.

 12   Monsieur Russo.

 13   M. RUSSO : [interprétation] Toutes mes excuses. Je pensais avoir entendu Me

 14   Kehoe dire prévisibilité, et ce n'était pas ce qui était écrit au compte

 15   rendu. Maintenant la correction est apportée.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre, Maître Kehoe.

 17   M. KEHOE : [interprétation]

 18   Q.  Donc, Colonel, une fois que vous prenez en compte tous ces concepts en

 19   même temps - et nous parlons ici d'une option qui se présente au commandant

 20   - il a la possibilité - en tout cas une option éventuelle - il a la

 21   possibilité de recourir à une action de choc et celle-ci sera suivie par

 22   une action de l'artillerie en vue de briser et de disloquer les forces

 23   adverses, autrement dit il recourt à l'artillerie de cette façon pour

 24   assurer la soudaineté et l'imprévisibilité de l'action aux fins de détruire

 25   la capacité de l'ennemi. Est-ce que ceci décrit brièvement à la réalité que

 26   nous lisons ici ? C'est simplement une des méthodes qui est à la

 27   disposition du commandant.

 28   R.  Oui. Mais en ce moment vous discutez simplement quelques mots du

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  1   paragraphe 233. Et avant de dire si oui ou non c'est effectivement une

  2   option pour le commandement, il faut lire le reste. Car je pense qu'il est

  3   honnête de lire l'ensemble de la phrase où l'on voit qu'il est fait état

  4   des effets psychologiques et physiologiques qui doivent être exploités par

  5   une manœuvre avant sa fin, car c'est une combinaison de plusieurs facteurs

  6   qui permet d'atteindre l'objectif soit grâce à une action de choc, soit

  7   grâce à toute autre action que l'on souhaite mettre en œuvre. Il faut

  8   prendre en compte l'artillerie en tant que soutien au feu mais elle doit

  9   être associée avec une manœuvre destinée à obtenir l'effet désiré.

 10   Voilà pourquoi je tiens à nuancer ma réponse. Si vous prenez tous les

 11   éléments énumérés dans le texte en combinaison dans le cadre d'une manœuvre

 12   de feu c'est une possibilité, évidemment, que le commandant peut prendre en

 13   compte pour réaliser son objectif ou ses objectifs.

 14   Q.  Mais restons-en à la manœuvre. Est-ce que le bureau du Procureur vous a

 15   dit que l'armée croate avait effectué ou n'avait pas effectué une manœuvre

 16   le 4 ? Est-ce qu'on vous a parlé d'une manœuvre d'infanterie le 4 ?

 17   R.  L'information qui m'a été donnée a consisté à dire que le 4 il y avait

 18   au voisinage de Knin ou même dans la ville de Knin il n'y avait aucune

 19   manœuvre d'infanterie de la part de l'armée croate. Maintenant est-ce qu'il

 20   y a eu d'autres manœuvres. Oui, bien entendu.

 21   Q.  Nous allons y venir plus tard.

 22   Alors avant de parler de Knin en tant que telle, j'aimerais que nous nous

 23   consacrions à un autre aspect et je demande l'affichage de la pièce D1247.

 24   C'est le chapitre 4-16 qui m'intéresse, avec le numéro en bas de page 1D65-

 25   0217. Dans la dernière phrase de ce paragraphe, 0434 --

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous nous avez donné un numéro de page

 27   mais pas un numéro de paragraphe.

 28   M. KEHOE : [interprétation] 0434, en bas de page, intitulé : "Idées

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  1   opérationnelles," Monsieur le Président.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] 0434, je vous remercie, Maître Kehoe.

  3   M. KEHOE : [interprétation]

  4   Q.  La dernière phrase de ce paragraphe : "Ce qui va être décisif pour

  5   entraîner la chute de l'adversaire. Reconnaître que l'acte décisif provient

  6   de l'analyse du COG."

  7   Et le COG c'est le centre de gravité. La définition de ce sigle vient de la

  8   page précédente.

  9   Alors, j'aimerais que le D117 soit affiché quelques instants, page 2 de ce

 10   document.

 11   Et en haut à droite -- ou plutôt, non, c'est au bas de la colonne centrale.

 12   On voit la définition du centre de gravité. Voici donc cette définition.

 13   "Il s'agit de la caractéristique, de la capacité, ou de la localisation à

 14   partir de laquelle une nation, une alliance, une force militaire ou un

 15   autre groupe obtient sa liberté d'action, sa force physique ou sa volonté

 16   de combattre."

 17   Vous connaissez cette définition ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  La doctrine de l'OTAN sur bien d'autres aspects -- mais enfin, la

 20   doctrine de l'OTAN utilise la notion de centre de gravité comme base pour

 21   construire ces plans de campagne militaire ?

 22   R.  Pas seulement pour les campagnes militaires. Le centre de gravité est

 23   également utilisé pour définir le niveau fondamental de sa stratégie

 24   politique. Mais c'est bien le terme utilisé pour désigner le fait qu'un

 25   commandant détermine un centre de gravité communiqué à ses forces, oui.

 26   Q.  L'idée générale dans cette doctrine, c'est la nécessité de neutraliser

 27   et de détruire le centre de gravité de l'ennemi et ceci conduit à l'idée de

 28   cohésion, n'est-ce pas ?

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  1   R.  Là encore, vous ne parlez que de neutralisation et de destruction, et

  2   je me dois de souligner que ceci n'est qu'une partie de la solution. On

  3   peut viser le centre de gravité de l'ennemi d'une autre façon, y compris

  4   par des moyens diplomatiques. Je déteste me répéter ainsi de façon

  5   incessante, mais les mots à utiliser ne sont pas seulement neutraliser et

  6   détruire, car les mots neutraliser et détruire ont une connotation très

  7   physique, y compris à l'heure actuelle au sein de l'OTAN. Il s'agit dans ce

  8   cas d'utilisation de forces physiques, or cette idée n'est pas celle qui

  9   est au centre des manuels qui ont été rédigés et que nous sommes en train

 10   de discuter en ce moment.

 11   Q.  Donc ajoutons le mot diplomatie dans le débat ?

 12   R.  Excusez-moi d'interrompre, il ne s'agit pas uniquement de diplomatie,

 13   mais de tous les moyens à la disposition d'une coalition dans le cadre

 14   d'une approche globale. L'approche globale ne se limite pas uniquement au

 15   recours à la diplomatie ou aux moyens politiques, mais au recours à tous

 16   les moyens disponibles pour influer sur le centre de gravité d'une autre

 17   partie qui intervient dans un conflit.

 18   Je tiens énormément à être tout à fait précis et tout à fait clair, car

 19   pour votre part vous ne vous concentrez que sur les mots neutraliser et

 20   détruire alors qu'à mon avis l'utilisation de ces deux mots ne donne pas

 21   une idée correcte de ce dont nous discutons ici en ce moment.

 22   Q.  Colonel, partons du principe que nous sommes en situation de guerre et

 23   que nous prévoyons, nous planifions un combat contre l'ennemi, qu'une

 24   guerre dure déjà depuis plusieurs années. En tant qu'officier de l'OTAN,

 25   vous voulez déterminer quel est le centre de gravité de votre ennemi, et

 26   vous voulez vaincre votre ennemi et vous souhaitez déplacer ou supprimer le

 27   centre de gravité de votre ennemi d'une façon ou d'une autre, n'est-ce pas

 28   ?

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  1   R.  Oui, je tiens à supprimer, à éliminer le centre de gravité de l'ennemi,

  2   oui.

  3   Q.  Continuons à détailler la doctrine de l'OTAN au sujet du centre de

  4   gravité dans le cadre de l'examen du document 1D1234 [comme interprété].

  5   Page suivante, 0434 où il est question de l'analyse du centre de gravité.

  6   1247, enfin, c'est la page suivante. Et le document que je prends en

  7   compte, c'est le document 1D65-0218.

  8   Alors, il est question ici de l'analyse du centre de gravité, et c'est ce

  9   qui est écrit au milieu de la page à peu près qui m'intéresse, la phrase

 10   qui commence par les mots : "Il est possible." Vous la voyez, Colonel ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Je cite : "Il est possible qu'au niveau stratégique, le centre de

 13   gravité puisse être un élément physique. Mais il est plus vraisemblable

 14   qu'il soit une entité morale liée à un dirigeant, à une élite dirigeante ou

 15   à une population dotée d'une forte volonté. Résister à un état de

 16   l'alliance est une force morale importante de l'adversaire, et une telle

 17   résistance morale doit être sapée à la base, neutralisée ou défaite afin

 18   que la paix soit durable."

 19   Alors, dans une situation aussi particulière que celle-ci - et vous saviez

 20   suite à la lecture des ordres opérationnels que l'idée d'attaquer Knin

 21   consistait à viser à la réintégration de la Krajina dans la République de

 22   Croatie - alors, dans un tel contexte, le centre de gravité était Knin pour

 23   l'ARSK, n'est-ce pas ?

 24   R.  Ce que j'ai lu, c'est que dans l'ordre opérationnel il était indiqué

 25   que les forces devaient reprendre le contrôle de Knin et de ses alentours.

 26   Suite à cela, il est permis de conclure que c'était bien là le centre de

 27   gravité.

 28   Q.  Mais c'est bien la conclusion que vous avez atteinte et tirée, n'est-ce

Page 14578

  1   pas ?

  2   R.  Oui, c'est la conclusion que j'ai tirée.

  3   Q.  Maintenant j'aimerais que nous discutions de l'opération en tant que

  4   telle. Ce qui m'intéresse, c'est votre analyse de cette opération. Sachant

  5   que Knin était le centre de gravité, il ne fait aucun doute que vous deviez

  6   prévoir la prise de Knin d'une façon ou d'une autre, n'est-ce pas ? Car

  7   c'était une condition du succès de l'armée croate ?

  8   R.  Je ne suis pas tout à fait sûr de cela, car prendre le contrôle de Knin

  9   peut signifier, bien sûr, plusieurs choses. Dans ce document, je n'ai pas

 10   vu quel était l'effet recherché. Quand on parle d'une zone urbanisée,

 11   habitée, je comprends tout à fait que le contrôle ne peut être réalisé

 12   qu'une fois que vos propres forces se trouvent sur le terrain, sur les

 13   lieux.

 14   Donc j'ai compris que des troupes allaient être envoyées dans Knin

 15   afin d'en prendre le contrôle, ça c'était tout à fait clair à mes yeux.

 16   Mais le seul doute qui me vient à l'esprit, concerne la façon d'obtenir cet

 17   objectif.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Colonel, j'examine de très près le

 19   libellé de la question, et vous dites, il ne fait aucun doute que l'on

 20   aurait prévu de prendre le contrôle de Knin d'une façon ou d'une autre.

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc la question n'a pas obtenu réponse

 23   et je crois comprendre dans ce que vous dites en ce moment que votre

 24   réponse consiste très simplement à dire oui ?

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] La réponse est oui.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie.

 27   Veuillez poursuivre, Maître Kehoe.

 28   M. KEHOE : [interprétation]

Page 14579

  1   Q.  Passons à votre rapport addendum constituant la pièce P1260. Au

  2   paragraphe 1, vous faites remarquer que pour qu'un ordre réponde aux

  3   questions posées par le bureau du Procureur, il importe de réaliser une

  4   analyse de l'information que l'on trouve en annexe A de la même façon qu'un

  5   officier du renseignement, dans le cadre d'une formation, d'une brigade,

  6   d'un groupe de combat, utilise des renseignements de cette nature pour

  7   décrire peu ou proue les capacités des forces ennemies.

  8   L'analyse S-2 est suivie par une analyse de la situation à laquelle

  9   aboutit l'action de l'officier des opérations qui est S-3.

 10   Donc je suppose, Colonel, que lorsque vous avez effectué votre

 11   analyse, vous avez analysé la situation de combat des deux côtés de la

 12   ligne, n'est-ce pas, c'est-à-dire du côté de l'armée croate et du côté de

 13   l'armée de la République serbe de Krajina.

 14   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai analysé la situation des deux côtés avec

 16   l'aide des renseignements que j'ai obtenus du bureau du Procureur.

 17   M. KEHOE : [interprétation]

 18   Q.  Dans les renseignements fournis par le bureau du Procureur, est-ce que

 19   ces renseignements vous ont permis de comprendre toute la portée de

 20   l'opération Tempête et l'importance de la zone géographique concernée ?

 21   R.  Oui, j'en ai eu une idée, c'est exact.

 22   Q.  Et quelle était cette idée ?

 23   M. KEHOE : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président, mes

 24   excuses.

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] L'opération Tempête, comme vous l'avez déjà

 26   dit, était une opération destinée à s'emparer une nouvelle fois de la zone

 27   de la Krajina et elle a été menée à bien le long des trois axes qui

 28   devaient être ceux de l'action de l'armée croate, c'est-à-dire l'axe allant

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  1   de Bosanska, je ne me souviens plus quoi, jusqu'à Knin. Et à partir de là,

  2   j'ai commencé à me concentrer sur l'action entreprise contre Knin, en

  3   particulier sur l'opération d'artillerie menée contre Knin.

  4   M. KEHOE : [interprétation]

  5   Q.  Vous venez d'évoquer un axe, mais quels étaient les deux autres ?

  6   R.  J'aimerais avoir les documents sous les yeux, car à ce moment-là je

  7   pourrais indiquer ce que je veux dire.

  8   Q.  Avec l'aide de M. l'Huissier - vous parlez de votre rapport, n'est-ce

  9   pas ?

 10   R.  Non, je parle de l'ordre opérationnel.

 11   Q.  Vous parlez de la pièce P1125 ?

 12   R.  Je ne connais pas le numéro de référence.

 13   M. KEHOE : [interprétation] Je demande l'affichage de cette pièce.

 14   Affichage, je vous prie, de la pièce P1125. Page suivante, s'il vous plaît.

 15   Page suivante encore une fois. Ce qui m'intéresse c'est la première page du

 16   texte. La voici.

 17   Q.  C'est bien le document dont vous parlez, Colonel ?

 18   R.  Je crois, mais je préférerais avoir quelque temps pour en prendre

 19   connaissance soigneusement.

 20   Q.  Nous pourrons vous accorder ce délai pendant la pause avec

 21   l'autorisation du Président de la Chambre si vous souhaitez le lire plus en

 22   détail. Mais je vais tout de même continuer à vous poser mes questions.

 23   Alors les trois axes --

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Si le témoin a besoin de lire le texte

 25   avant de répondre à votre question suivante, qu'il ne connaît pas encore,

 26   bien sûr, il est tout à fait en droit de le lire. S'il n'éprouve pas le

 27   besoin de lire uniquement le passage que vous lui soumettez, il pourra lire

 28   l'ensemble de l'ordre opérationnel pendant la pause.

Page 14581

  1   Veuillez poursuivre.

  2   M. KEHOE : [interprétation]

  3   Q.  Je m'intéresserai à la page 5 de ce document, donc je demande que l'on

  4   fasse défiler le texte deux pages plus bas à peu près. Très bien.

  5   Est-ce que ce sont bien là les actes dont vous venez de

  6   parler ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Donc vous analysiez les faits liés à l'opération Tempête, et ce

  9   faisant, vous ne teniez compte que de ces trois axes ?

 10   R.  J'ai lu ce document opérationnel et sur la base des questions qui

 11   m'étaient posées par le bureau du Procureur, j'ai pris la décision de me

 12   concentrer sur l'axe allant de Bosansko-Grahovo à Knin en précisant

 13   également ce que j'avais à dire sur les questions posées par le bureau du

 14   Procureur au sujet de l'opération s'agissant de l'emploi de l'artillerie à

 15   Knin. Ça c'était mon but central, car c'est ma spécialité et la raison pour

 16   laquelle je me trouve ici aujourd'hui.

 17   M. KEHOE : [interprétation] Je vous demande un instant.

 18   [Le conseil de la Défense se concerte]

 19   M. KEHOE : [interprétation]

 20   Q.  Avez-vous lu des documents, avez-vous pris connaissance de

 21   renseignements liés aux activités qui étaient en cours de réalisation dans

 22   le secteur nord ?

 23   R.  Non.

 24   Q.  Je vais vous montrer une carte qui a été communiquée par le Procureur,

 25   il s'agit du document 65 ter numéro 4898. Toutes mes excuses, Colonel,

 26   parfois il faut quelques instants pour que ces cartes apparaissent à

 27   l'écran.

 28   [Le conseil de la Défense se concerte]

Page 14582

  1   M. KEHOE : [interprétation] C'est le bas de ce document qui m'intéresse.

  2   Q.  Colonel, j'aimerais que vous regardiez ce document qui indique de façon

  3   générale les déplacements liés à l'opération Tempête. Vous voyez le nom de

  4   Knin en bas de page, n'est-ce pas ?

  5   M. KEHOE : [interprétation] Peut-on maintenant faire défiler l'écran vers

  6   le haut.

  7   Q.  On voit ici un certain nombre d'éléments caractérisant les activités

  8   offensives menées dans tout le secteur nord et jusqu'au secteur nord.

  9   Alors lorsque vous avez réalisé votre analyse et étant donné que vous

 10   considériez la nécessité d'attaquer Knin, je suppose que vous n'avez pas

 11   pris en compte les combats qui se déroulaient dans le secteur nord ?

 12   R.  Non. Je n'ai pas étudié cet élément, car on m'avait demandé de me

 13   concentrer sur Knin.

 14   Q.  Car je crois vous avoir entendu dire hier que vous aviez subi un

 15   entraînement relatif à la doctrine du Pacte de Varsovie que vous assimiliez

 16   à la doctrine de la JNA. Donc vous savez sans doute que tout le Grand

 17   quartier général de l'armée de la République serbe de la Krajina était

 18   commandé à partir de Knin; vous le savez, n'est-ce pas ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Donc en neutralisant et détruisant le centre de gravité de Knin, vous

 21   conviendrez que vous auriez affecté non seulement les combats qui se

 22   déroulaient au voisinage immédiat géographique de Knin, mais également ce

 23   qui se passait un peu plus loin dans le secteur nord où il y avait des

 24   combats ?

 25   R.  Cela semble être une possibilité, effectivement.

 26   Q.  Ainsi, cela ne faisait qu'augmenter la nécessité ou l'importance de la

 27   neutralisation du QG de l'armée de la République serbe de Krajina dans son

 28   centre de gravité, n'est-ce pas ?

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  1   R.  Oui. Je n'ai rien dit à l'encontre de cela.

  2   Q.  Mais ce que je veux dire simplement c'est que vous n'avez pas analysé

  3   tous les éléments relatifs à l'opération de Knin, vous n'avez pas tenu

  4   compte d'une visée aussi large, n'est-ce pas ?

  5   R.  Je n'ai pas pris ce facteur en compte, mais je me suis bien rendu

  6   compte que l'opération Tempête était une opération de grande portée. J'ai

  7   déjà dit que le QG de l'armée de la République serbe de Krajina et le

  8   bureau du président qui se trouvait dans la ville de Knin étaient des

  9   facteurs importants. Ça je ne le nie pas. Je suis tout à fait d'accord que

 10   ce sont des éléments de grande valeur et des cibles de grande valeur très

 11   importantes. Je ne le nie pas. Vous avez tout à fait raison sur ce point.

 12   Q.  Si, pendant l'attaque, les transmissions de l'armée de la RSK et le QG

 13   de celle-ci étaient endommagées, détruites ou touchées d'une façon ou d'une

 14   autre, cela aurait un effet sur le théâtre des opérations pas seulement à

 15   Knin, mais également dans tout le secteur nord, n'est-ce pas ?

 16   R.  Cela dépend de l'organisation. Je suppose que toute armée a la

 17   possibilité de changer la route de ses transmissions vers des points

 18   importants différents de façon à ce qu'ils ne soient plus connus par le QG

 19   de l'armée de la RSK. Mais le QG de l'armée et le bureau du président, ce

 20   sont deux choses différentes du point de vue de l'importance s'agissant des

 21   voies utilisées par les transmissions. Je souligne que ceci est important

 22   sur le plan militaire, car si vous enlevez le mot militaire, bien sûr, les

 23   choses ne sont plus les mêmes. Mais sur la base de cette opération, cela

 24   aurait pu donner un résultat négatif à l'opération. Je suis convaincu que

 25   toute armée a la possibilité d'agir sur ses moyens de transmission.

 26   Q.  Je prends votre réponse comme signifiant qu'il y avait d'autres moyens

 27   de communiquer. Autrement dit, vous ne souhaitiez pas éliminer le moyen

 28   principal de communiquer, mais également tous les autres moyens

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  1   disponibles, n'est-ce pas ?

  2   R.  Oui. Si l'on part du principe, comme je l'ai déjà dit, que l'on vise

  3   les moyens militaires de transmission.

  4   Q.  Dernière question sur ce point, Colonel.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre.

  6   M. KEHOE : [interprétation]

  7   Q.  Sur la base de l'entraînement que vous avez subi, vous savez que la JNA

  8   entraîne ses officiers au QG en leur apprenant à diriger leurs opérations

  9   un peu partout sur le théâtre des opérations, n'est-ce pas ?

 10   R.  C'est ce que fait tout quartier général.

 11   Q.  Donc votre conclusion consisterait à dire peut-être, contrairement à

 12   d'autres armées, que dans la situation dans laquelle se trouvait l'armée de

 13   la République serbe de Krajina, détruire les communications et les centres

 14   de transmission était absolument vital pour assurer la réussite de

 15   l'opération menée par l'armée de la République serbe de Krajina ?

 16   R.  Détruire un QG ou un centre de transmissions au sein d'un QG militaire

 17   est toujours vital pour une opération, oui.

 18   M. KEHOE : [interprétation] Monsieur le Président, je demande le versement

 19   au dossier du document 65 ter numéro 4898.

 20   M. RUSSO : [interprétation] Pas d'objection.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.

 22   M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, ce document

 23   devient donc la pièce D1255.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Cette pièce est admise au dossier des

 25   éléments de preuve.

 26   M. KEHOE : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai consacré pas mal de

 27   temps ce matin et hier à l'examen de la doctrine pour le simple fait que la

 28   première partie du rapport établi par le colonel Konings définissait une

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  1   doctrine générale. Je vais maintenant me concentrer sur la bataille qui a

  2   commencé en date du 4, mais je souhaitais au préalable indiquer quel était

  3   mon plan au Président de la Chambre, et c'est le sujet que j'ai l'intention

  4   d'aborder à présent.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous allons faire une pause et

  6   reprendrons nos débats à 11 heures moins 05.

  7    --- L'audience est suspendue à 10 heures 29.

  8   --- L'audience est reprise à 10 heures 58.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Avant que l'on continue, Maître Kehoe,

 10   la Chambre a été informé du fait que vous n'avez pas d'objection à ce que

 11   l'on ajoute sur la permission de P1277. Donc P1277 est versé au dossier.

 12   M. KEHOE : [interprétation] C'est exact. C'est exact, Monsieur le

 13   Président. Excusez-moi de ne pas l'avoir fait avant.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pas de problème.

 15   M. KEHOE : [interprétation]

 16   Q.  Colonel, je souhaite que l'on parle maintenant d'une déclaration qui

 17   figure à la page 43 de votre rapport, pièce 1259, où  il est dit qu'il n'y

 18   a pas d'opération d'artillerie séparée, que l'appui feu fait partie

 19   intégrante de chaque opération et par contre est pris en considération lors

 20   de la prise de décisions et du processus de l'appui.

 21   Tout d'abord, je souhaite que l'on montre la pièce P1274, c'est la carte,

 22   je crois, qu'il en a été question hier avec M. Russo.

 23   Et, Colonel, c'est une carte que le bureau du Procureur nous a fournie qui

 24   contient plusieurs cibles. Hier nous avons parlé des endroits à Knin et aux

 25   alentours qui figurent en bas à gauche.

 26   Maintenant vous voyez le milieu de la carte. Mais je souhaite parler de sa

 27   totalité. Il s'agit ici d'une carte d'artillerie -- ou une carte qui montre

 28   les emplacements d'artillerie à Knin et aux alentours, n'est-ce pas ?

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  1   R.  Oui.

  2   Q.  Peut-on passer maintenant à la pièce 1D65-0484.

  3   M. KEHOE : [interprétation] Monsieur le Président, il s'agit d'un document

  4   de 11 pages auquel nous allons faire référence à des moments différents. Je

  5   ne suis pas sûr du temps qu'il nous faudra pour en traiter.

  6   Q.  Colonel, je vais vous donner quelques références ici, ce que l'on a

  7   fait par rapport à cette carte c'est que l'on a pris la carte P247 [comme

  8   interprété] et nous l'avons juxtaposée à la carte topographique.

  9   R.  Je suppose que P247 c'est celle que vous m'avez montrée tout à l'heure.

 10   Q.  C'est la première carte dont il a été question hier avec M. Russo.

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Donc nous avons pris la liberté dans cette situation de placer au-

 13   dessus de la carte topographique cette carte 1274. Donc je vais vous

 14   expliquer exactement ce que l'on a fait.

 15   M. KEHOE : [interprétation] Peut-on passer à la carte suivante.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vais vous poser une question, Maître

 17   Kehoe. La carte qui a été montrée, la carte d'artillerie, apparemment, il

 18   s'agit d'une projection de 90 degrés et c'était apparemment une projection

 19   adaptée et non pas normale. J'essaie de comprendre ce que je suis en train

 20   de voir.

 21   M. KEHOE : [interprétation] Dans les deux cas -- bien sûr, la première

 22   carte c'était une carte topographique aussi --

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Mais est-ce que vous comprenez ce

 24   que je veux dire. Apparemment on regarde le terrain - là je parle de la

 25   partie coloriée et non pas la partie de la carte - apparemment on voit ça

 26   d'un certain angle.

 27   M. KEHOE : [interprétation] Oui, je pense que vous avez raison, Monsieur le

 28   Président. Et je pense que ce que l'on a essayé de faire c'était d'utiliser

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  1   aussi d'autres documents pour sélectionner ces cotes. Par exemple, les

  2   points rouges présentés ici existent sur l'autre carte aussi, et je pense

  3   que ceci peut être ajusté ou corrigé, si vous voulez, sur la base de ces

  4   documents.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je ne demande pas de corrections.

  6   Simplement j'essaie de comprendre ce que je vois. Et, Maître Misetic, si

  7   j'ai bien compris, vous voulez prendre la parole.

  8   M. MISETIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Il s'agit ici

  9   effectivement d'une carte qui est un peu ajustée. Normalement les cartes

 10   sont à deux dimensions, mais ici nous avons une carte à trois dimensions,

 11   et les points rouges sont placés de manière précise sur cette carte

 12   tridimensionale [phon],  donc tout y est reflété de manière exacte.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Le résultat a l'air bien. Mais je

 14   me demande, lorsque l'on parle des cartes et des photos du terrain qui

 15   s'étale devant nous, je souhaite simplement savoir si l'on parle de la même

 16   chose et si la combinaison des deux est exacte.

 17   Poursuivez.

 18   M. KEHOE : [interprétation]

 19   Q.  Dans cette carte en particulier, Colonel, ce que nous avons fait c'est

 20   que nous avons sorti les emplacements d'artillerie et nous avons placé les

 21   points pour qu'ils soient visibles facilement sur les cotes géographiques

 22   différentes.

 23   M. KEHOE : [interprétation] Peut-on passer à la page suivante.

 24   Ici nous voyons les cibles, ce qui vous permet de mieux voir la topographie

 25   de la région dans laquelle se trouvaient ces cibles. Encore une fois, les

 26   cibles à Knin sont en bas, et les cibles sur le mont Dinara, bien sûr, sont

 27   au milieu de la page.

 28   Q.  Est-ce que lorsque vous avez parlé de ce QG, lorsque vous arriviez à

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  1   vos conclusions, vous avez pris en considération la topographie du terrain

  2   ?

  3   R.  Oui j'ai examiné brièvement la topographie du terrain aussi.

  4   Q.  Tout à l'heure nous avions constaté qu'il s'agissait là d'un élément

  5   important lorsqu'un commandant militaire prend la décision de savoir

  6   comment il va déployer ses forces sur le terrain ?

  7   R.  Oui. Le temps et le terrain sont deux facteurs cruciaux dans l'analyse

  8   de l'opération à suivre.

  9   Q.  Peut-on passe à la page 4 --

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Puis-je poser une question, car j'essaie

 11   de comprendre ce que je suis en train de regarder.

 12   Dans la carte originale, il y a une distinction entre les carrés et les

 13   rectangles qui correspondent à la moitié de carrés. Ceci n'est pas reflété,

 14   je n'ai plus de traduction par rapport à l'agenda, mais -- ou la légende,

 15   mais si j'ai bien compris les carrés ont été traduits ou les rectangles ont

 16   été traduits en points, sans distinction entre les deux.

 17   M. KEHOE : [interprétation] Oui. C'est que nous avons essayé de décrire les

 18   emplacements ciblés par les attaques d'artillerie, et ceci a été fait dans

 19   une perspective plus vaste de l'attaque contre plusieurs emplacements à

 20   Knin, attaques d'artillerie et pilonnages de Knin. Et ce que nous avons

 21   essayé de faire ici, c'était de définir des régions générales plutôt que

 22   les cibles spécifiques.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Poursuivez.

 24   M. KEHOE : [interprétation]

 25   Q.  La carte suivante montre le mouvement de la 7e Brigade des Gardes le

 26   matin du 4.

 27   M. KEHOE : [interprétation] Encore une fois, Monsieur le Président, c'est

 28   un document que nous avons reçu de la part du bureau du Procureur, et comme

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  1   on le voit en bas la carte originale porte le numéro 0614-2298 [comme

  2   interprété], c'est le bureau du Procureur qui nous l'a fourni. Bien sûr, ça

  3   aussi ça peut être versé au dossier.

  4   Q.  Colonel, lors d'une attaque d'artillerie -- ou plutôt lorsque l'attaque

  5   a eu lieu le matin du 4, vous savez que les cibles étaient visées, que

  6   l'artillerie était utilisée pour tirer sur des positions multiples de la

  7   RSK sur le mont Dinara, plus en profondeur, puis on tirait sur Knin aussi,

  8   n'est-ce pas ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Et lorsque l'on examine Dinara, il faut savoir que c'est là que se

 11   trouvait la ligne de confrontation entre la HV et l'ARSK, n'est-ce pas ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Donc je sais que nous allons parler des tirs contre Knin, mais je

 14   souhaite que l'on parle de l'attaque d'artillerie sur la ligne de

 15   confrontation à Knin et sur la ligne de réserve. Et tout ceci se déroulait

 16   en même temps, n'est-ce pas ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Examinons maintenant rapidement ce à quoi ils étaient confrontés, et là

 19   je parle de la HV, je parle de la 7e Brigade des Gardes, et cette carte

 20   concerne la 7e Brigade des Gardes.

 21   Le premier but de la 7e Brigade des Gardes était d'attaquer et de

 22   capturer deux sommets de montagne extrêmement importants, n'est-ce pas ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Et leurs tirs artillerie étaient dirigés contre ces sommets de montagne

 25   en parallèle avec l'avancée des troupes, n'est-ce pas ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Je souhaite que l'on parle un peu d'un document que vous avez passé en

 28   revue, il s'agit du journal opération. Vous l'avez passé en revue, n'est-ce

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  1   pas, au cours de la rédaction de votre addendum. Votre annexe B à

  2   l'addendum reflète le fait que vous avez reçu ce journal de la région

  3   militaire de Split, le 8 décembre 2006. Donc vous avez passé en revue ce

  4   journal, n'est-ce pas ?

  5   R.  Je ne me souviens pas quand exactement j'ai reçu le document. Je l'ai

  6   utilisé,  mais lorsque vous dites "passer en revue," c'est un mot vaste,

  7   mais j'ai utilisé certains éléments, oui.

  8   Q.  Colonel, il est important, n'est-ce pas, lorsque vous examinez ce qui

  9   est en train de se dérouler au cours d'une bataille, il est important

 10   d'avoir une vision au niveau de la région militaire de Split par rapport à

 11   ce qu'ils essayent de faire et ce qu'ils essayent d'attaquer, n'est-ce pas

 12   ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Nous allons examiner maintenant le cliché suivant, et nous parlons

 15   encore une fois de la 7e Brigade des Gardes et de leurs  efforts déployés

 16   le 4 au matin. Est-ce que vous vous souvenez, d'après votre lecture du

 17   journal de la région militaire de Split, quels étaient les sommets de

 18   montagne que la HV essayait de capturer en premier lieu ?

 19   R.  Non, je ne me souviens pas, je ne peux pas le dire sans voir le

 20   document. Ça eu lieu il y a longtemps, je ne connais pas les sommets de

 21   montagne. Je comprends votre approche, je vois l'idée générale, mais je ne

 22   me souviens pas de noms de sommets de montagne.

 23   Q.  Peut-être il serait plus facile de passer au document avant de passer

 24   au journal, ensuite on reviendra au document qui est à l'écran, car le

 25   journal va nous aider à trouver les noms, ensuite on pourra établir les

 26   correspondances entre les noms et les endroits.

 27   M. KEHOE : [interprétation] Donc peut-on passer au journal de guerre, au

 28   journal opérationnel de la région militaire de Split qui est la pièce P71 ?

Page 14592

  1   Et j'examine la page 80 de 185. Excusez-moi, il s'agit de la page 77.

  2   Q.  On me dit qu'il s'agit de la page 40 en B/C/S.

  3   Colonel, soyez patient avec moi. Ce que j'essaie de faire, c'est de réunir

  4   les attaques d'artillerie et d'infanterie d'après vos suggestions contenues

  5   dans votre rapport.

  6   Et ce qui m'intéresse, c'est la colonne suivante à droite qui

  7   concerne - peut-on passer en haut de la page où on voit la date - donc la

  8   date est le 4 août 1995. Et si l'on passe à 0500, vous comprendrez en

  9   lisant cela que les tirs dans le cadre de l'attaque ont commencé à 5 heures

 10   du matin, s'agissant de la 7e Brigade des Gardes.

 11   Nous allons passer maintenant à deux pages plus loin de ce document,

 12   à 5 heures 55. Et ça devrait être la colonne à gauche, 79 en anglais et 42

 13   en B/C/S.

 14   Passons maintenant à 5 heures 55, "Renseignements. " Il est indiqué

 15   que les Chetniks - le nom utilisé pour les Serbes - ont indiqué que leurs

 16   positions sur Dinara ont été percées, ordre d'intensifier le rythme de la

 17   7e Brigade des Gardes et TRC-3 [comme interprété].

 18   Donc en lisant cela vous avez pu comprendre que l'attaque

 19   d'artillerie avait précédé une attaque d'infanterie qui devait commencer à

 20   5 heures. Et qu'en même temps que le pilonnage initial se déroulait à Knin,

 21   ceci était en cours. Est-ce que vous avez clairement compris que c'est

 22   ainsi que la chose se déroulait entre 5 heures et 5 heures 55, le matin du

 23   4 ?

 24   R.  Je comprends clairement que ça s'est passé ainsi même si je n'ai

 25   pas étudié de manière détaillée les opérations de la 7e Brigade des Gardes.

 26   C'est un document de 150 pages, donc je ne l'ai pas étudié de façon

 27   détaillée, mais j'ai compris que ces opérations ont commencé à des endroits

 28   différents afin de percer les lignes de défense en utilisant les tirs

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  1   d'artillerie et les attaques d'infanterie. C'est compréhensible et j'ai

  2   compris qu'il a été essayé d'utiliser l'artillerie sous forme de soutien de

  3   l'opération en profondeur. Je comprends cela.

  4   Q.  D'accord. Puis est-ce que vous avez compris également que le 4,

  5   les mouvements de la 7e Brigade des Gardes étaient cruciaux pour le succès

  6   de l'opération de la HV ?

  7   R.  Je ne me souviens pas ce que je pensais à ce sujet, mais je

  8   comprends que l'on se concentrait sur le mouvement de la 7e Brigade des

  9   Gardes, ce matin-là, oui.

 10   Q.  En fait, le bureau du Procureur s'est concentré sur la 4e Brigade des

 11   Gardes et non pas la 7e, n'est-ce pas ?

 12   R.  Oui. La question posée par le bureau du Procureur me demandait de

 13   fournir les informations concernant l'utilisation de l'artillerie à

 14   l'intérieur de la ville de Knin et de fournir le contexte général portant

 15   sur l'utilisation de l'artillerie en général. Donc dans ce cadre-là, je me

 16   suis concentré aussi sur l'opération de la 4e Brigade des Gardes.

 17   Q.  Est-ce que vous avez appris que les mouvements des troupes d'infanterie

 18  cruciaux ont été accomplis par la 7e et non pas par la 4e Brigade des Gardes

 19   ?

 20   R.  Ça dépend de la phase de l'opération, car si vous vous concentrez sur

 21   la 4e Brigade des Gardes, la phase opérationnelle était cruciale pour la 4e

 22   Brigade des Gardes.

 23   Car vous ne pouvez pas dire que quelque chose est cruciale, car ça dépend

 24   de l'opération, et j'ai lu que la 4e Brigade des Gardes a reçu l'ordre de

 25   prendre le contrôle de Knin.

 26   Donc ça veut dire que c'était une phase très importante, mais je ne nie pas

 27   que les actions de la 7e Brigade des Gardes étaient cruciales aussi dans le

 28   cadre de l'ensemble de l'opération. Mais je suis convaincu du fait que les

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  1   actions de la 4e Brigade des Gardes étaient toutes aussi cruciales, car ils

  2   avaient pris le contrôle de la ville de Knin, comme nous le savons tous, et

  3   c'était l'élément le plus important à atteindre pendant l'opération

  4   Tempête.

  5   Q.  Dites-nous, quel était le rôle de la 4e Brigade des Gardes à 5 heures

  6   du matin le 4 ?

  7   R.  Ils avaient leur propre zone d'opérations, et par la suite, ils ont eu

  8   la liberté de prendre le contrôle de Knin.

  9   Q.  Qu'attaquait la 4e Brigade des Gardes le matin du 4 ?

 10   R.  Je ne connais pas les détails, il faudrait que j'aie l'ordre

 11   opérationnel devant moi pour ce faire. Moi, je n'ai pas tous les papiers

 12   devant moi et je n'aime pas essayer de me rappeler tous ces détails

 13   simplement en faisant travailler ma mémoire. Donc je préfère si l'on parle

 14   de cela, des tâches de la 4e ou de la 7e Brigade des Gardes, je préfère

 15   pouvoir avoir devant moi l'ordre opérationnel et le lire attentivement. Car

 16   si l'on analyse un ordre opérationnel, on ne procède pas à cet exercice

 17   purement de mémoire.

 18   Q.  Colonel, est-ce que vous savez quelle est l'unité qui a été la première

 19   à percer les lignes de défense de l'ARSK le 4 ?

 20   R.  Non, je ne me souviens pas.

 21   Q.  Est-ce que vous savez quelle était l'unité qui a été la première à

 22   entrer dans Knin le 5 ?

 23   R.  Des éléments de la 4e Brigade des Gardes.

 24   Q.  D'après les éléments de preuve qui ont été versés au dossier ici,

 25   c'était la 7e Brigade des Gardes qui est entrée le matin du 5, et non pas

 26   la 4e.

 27   R.  O.K.

 28   Q.  Nous allons maintenant continuer avec ce document et nous allons passer

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  1   maintenant à 0605. Ou plutôt, excusez-moi, 0625. 6 heures 25. TRS-3, il est

  2   dit :

  3   "La 7e Brigade des Gardes demande un soutien pour la zone de Pasalic

  4   Staja," et ceci a été approuvé en utilisant un obusier 155.

  5   Est-ce que vous savez où se trouve cet endroit ?

  6   R.  Non.

  7   Q.  Nous avons déjà pris note du fait qu'au moins s'agissant de cette

  8   activité-là dont il est question ici, activité de pilonnage, les activités

  9   militaires d'après le journal de guerre que nous venons de lire, ça c'était

 10   à 6 heures 25. Mais à 6 heures 40, il est indiqué que :

 11   "Les Chetniks ont remarqué nos obusiers dans la zone de Vedro Polje ?"

 12   Mais je souhaite que l'on parle de ce qui s'est passé à Knin, avec votre

 13   permission, et pendant que le pilonnage se déroulait. Si je puis demander

 14   que l'on présente la pièce dont le numéro 65 ter est 4518.

 15   C'est un rapport d'une conversation interceptée, ce qui a été effectué par

 16   les autorités croates. Vous pouvez voir cela, c'est un rapport des services

 17   de Renseignement. Il y est indiqué le 4 août 1995. Passons, s'il vous

 18   plaît, à la page 2 en anglais où il est question d'une conversation qui a

 19   été interceptée de la part de quelqu'un dans le bureau du président Milan

 20   Martic.

 21   M. KEHOE : [interprétation] C'est un peu plus loin dans le texte.

 22   Q.  Il y est indiqué :

 23   "A partir de 0650 à 7 heures 05, une personne nommée Dusko fait plusieurs

 24   coups de fil privés depuis le bureau de Martic et dit la HV a attaqué,

 25   frappe toutes les villes importantes et Knin est en feu. Il dit qu'il est

 26   la seule personne de permanence et que tous les autres sont dans les abris

 27   ou chez eux. Il ajoute que personne n'est encore arrivé."

 28   Visiblement, l'attaque, d'après ce que nous avons vu dans le journal de la

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  1   Région militaire de Split et les autres documents, a commencé à 5 heures du

  2   matin. Deux heures plus tard après le début de l'attaque, il y a une

  3   personne, c'est ce Dusko, qui se trouve dans le quartier général et

  4   certainement pas le président Martic.

  5   Or, vous serez d'accord avec moi, n'est-ce pas, pour dire que compte tenu

  6   du fait que les tirs d'artillerie visaient Knin à ce moment-là, il est

  7   certain que vous en tant qu'officier militaire vous pouviez conclure que

  8   cette attaque d'artillerie obstruait le mouvement d'une personne très

  9   importante dans la République serbe de Krajina, à savoir de Milan Martic

 10   qui était, bien sûr, le commandant en chef.

 11   R.  Je ne sais pas. C'est votre conclusion. Je ne vois pas que cette

 12   conclusion serait correcte.

 13   Q.  Quelle serait votre conclusion ?

 14   R.  Je ne sais même pas si le président était présent dans la ville même.

 15   Donc en général, vous parlez, d'après la déclaration d'une personne, que

 16   tout le monde était dans les abris ou chez eux. D'accord. Mais ça ne dit

 17   rien au sujet de la présence du président, si oui ou non il était présent.

 18   Je ne sais pas. C'est votre conclusion.

 19   Q.  Supposons, Colonel, que Milan Martic était à Knin le matin du 4 août

 20   1995. Supposons-le.

 21   R.  Oui.

 22   Q.  La HV tire contre les cibles à Knin, et ça commence à 5 heures. Au bout

 23   de deux heures de l'opération, le commandant en chef n'est pas dans son

 24   quartier général. Vous, en tant qu'officier militaire, vous concluez sur la

 25   base de cela que ces tirs avaient pour effet la suppression des

 26   déplacements d'un très haut officiel de l'ARSK. Est-ce que vous ne pourriez

 27   pas conclure cela ?

 28   R.  Si votre supposition est exacte, effectivement, probablement les tirs

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  1   auraient rendu impossible la plupart des déplacements, c'est exact. Mais je

  2   ne dirai plus rien.

  3   Q.  Cette suppression des déplacements fournirait un grand avantage

  4   militaire à la HV, au moins pendant les deux heures pendant lesquelles le

  5   commandant en chef ne peut pas être trouvé ou était, comme Dusan dit, dans

  6   l'abri ou chez lui ?

  7   M. RUSSO : [interprétation] Monsieur le Président.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Russo.

  9   M. RUSSO : [interprétation] Je fais objection à cette question. Je pense

 10   que dans le document, il est simplement dit que le président n'est pas là

 11   où Dusko est dans le bureau du Président. Or, M. Kehoe a posé une question

 12   au sujet du commandant en chef qui n'est pas dans son quartier général,

 13   mais nous savons tous, d'après d'autres documents, qu'il existait un autre

 14   quartier général qui n'était dans le bureau du Président. Et dans ce

 15   document, il n'est pas indiqué où il est et qu'il n'est pas là-bas.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ce n'est pas la première fois que cela

 17   se passe d'ailleurs. Il est absolument manifeste, d'après ce que nous

 18   savons de certaines circonstances, qu'il y a un effet potentiel qui

 19   pourrait être A, B, C ou D. Alors vous posez la question au témoin, vous

 20   lui demandez, est-ce que cela était le cas, oui ou non. Personne ou

 21   quasiment personne ne niera que lorsqu'une ville est pilonnée, la liberté

 22   de circulation et de mouvement des personnes en pâtit. Alors nous avons

 23   beaucoup de données hypothétiques. Si Monsieur a été en ville, est-ce que

 24   cela signifie en fait que sa liberté de circulation aura été également

 25   diminuée. Alors, bien entendu, à moins que nous n'ayons de bonnes raisons

 26   de considérer M. A comme une exception.

 27   Donc ce que vous dites est tout à fait clair. Alors vous concluez, d'après

 28   ce document cela alors que le témoin n'a absolument rien observé

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  1   personnellement.

  2   M. KEHOE : [interprétation] Oui, je comprends.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il ne peut rien ajouter pour ce qui est

  4   des circonstances factuelles. Alors c'est une conclusion que vous, vous

  5   estimez raisonnable et que vous dégagez, et vous invitez M. Konings à faire

  6   la même chose. Alors tant qu'il s'agit en fait d'hypothèses, je n'ai aucun

  7   problème, mais pour ce qui est de savoir si cela a touché ou n'a pas touché

  8   ou n'a pas eu les conséquences ou a eu les conséquences auxquelles vous

  9   pensez, vous auriez besoin de présenter davantage d'informations

 10   factuelles. Donc c'est clair.

 11   Poursuivez.

 12   M. KEHOE : [interprétation] Oui. Mais bien entendu, lors de

 13   l'interrogatoire principal il y a eu des hypothèses qui ont été avancées.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous avez tout à fait raison, et

 15   d'ailleurs ce n'était pas le plus positif de l'interrogatoire principal.

 16   Alors je ne sais pas si vous estimez qu'il faut réitérer cela pendant le

 17   contre-interrogatoire, je ne sais pas. Mais bon, je pense que cela peut

 18   être sujet à caution quand même.

 19   Poursuivez.

 20   M. KEHOE : [interprétation] Alors je souhaiterais pour le moment demander

 21   le versement au dossier de la pièce 4518 de la liste 65 ter.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Monsieur Russo ?

 23   M. RUSSO : [interprétation] Pas d'objection.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Monsieur le Greffier ?

 25   M. LE GREFFIER : [interprétation] Cela devient la pièce D1256.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La pièce D1256 est donc versée au

 27   dossier.

 28   [Le conseil de la Défense se concerte]

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  1   M. KEHOE : [interprétation] Il m'était difficile de penser que l'on ne

  2   m'entendait pas.

  3   Q.  Donc je disais que j'aimerais en fait vous présenter un autre document

  4   du renseignement qui est une autre conversation interceptée, le document

  5   1D65-0272 et qui porte sur la même période de temps.

  6   Il s'agit d'une autre conversation interceptée, la date est la date

  7   du 4 août 1995. Cela a été intercepté par le service du Renseignement

  8   croate. Vous voyez qu'il y a plusieurs personnes. Mais ce qui m'intéresse

  9   c'est la page suivante. Car à la page suivante vous avez le général

 10   Kovacevic qui parle au lieutenant-colonel Radic qui est commandant d'un

 11   groupe de bataille sur la Dinara. D'ailleurs, ce rapport est envoyé à 8

 12   heures 30, le 4.

 13   Kovacevic parle à Radic et voilà ce qu'il dit :

 14   "Radic, tu ne pourras revenir que mort. Tu ne dois absolument pas revenir

 15   si tu quittes ta position. Il y a des problèmes, ils ont touché la

 16   caserne," probablement la caserne Slavko Rodic à Knin, "ils tirent sur

 17   tout. Va te faire…" enfin, "fait ce que tu peux, mais sache que tu n'as

 18   qu'un pays, la Grande-Serbie. Tu peux niquer leurs mères comme bon te

 19   semble. Je te le dis en serbe. Va te faire voir. Tiens bon, mon fils, mon

 20   faucon, et ce corps va aller de l'avant lorsque nous aurons stabilisé notre

 21   Etat. Est-ce que tu comprends ? Tu ne peux revenir que mort, tu ne peux pas

 22   revenir vivant."

 23   Donc vous avez une longue carrière de militaire de métier et vous

 24   conviendrez avec moi que ce n'est pas une façon très professionnelle que de

 25   s'adresser à son subordonné.

 26   R.  Ecoutez, je ne sais pas comment dans les autres armées on traite les

 27   subordonnés, mais dans mon armée ce ne serait pas acceptable.

 28   Q.  Est-ce que vous savez que le général Kovacevic était un officier

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  1   militaire supérieur de l'armée de la RSK ?

  2   R.  Ecoutez, j'ai peut-être vu son nom, mais je ne m'en souviens pas pour

  3   le moment.

  4   Q.  Mais supposez qu'il était officier militaire supérieur, et supposez-le

  5   pour la question que je vais vous poser. Donc si vous aviez écouté cela au

  6   moment où la conversation a eu lieu, Colonel, est-ce qu'en sachant ce qui

  7   se passait à Knin, est-ce que vous pensez que ce pilonnage aurait déclenché

  8   une certaine panique chez un officier militaire de l'ARSK ?

  9   R.  Oui, vous pouvez tout à fait parvenir à cette conclusion lorsque vous

 10   lisez cela. Vous savez, vous prenez un message, vous vous concentrez sur un

 11   certain problème et on a l'impression qu'il s'agit effectivement de

 12   panique. Mais cela ne nous permet pas forcément de comprendre ou de savoir

 13   ce qui se passera par la suite.

 14   Je suis d'accord avec vous qu'on a l'impression que cela est truffé de

 15   panique. Mais vous savez, un message ne peut pas nous permettre de

 16   comprendre comment une force va agir par la suite. Il faudrait pour ce

 17   faire préconiser une analyse beaucoup plus approfondie parce qu'un seul

 18   message ce n'est pas suffisant. Oui, c'est un message qui nous permet de

 19   comprendre l'état d'esprit de ce général à ce moment bien précis. Mais il

 20   se peut que des choses se soient produites par la suite, peu de temps

 21   après, qui aurait changé son état d'esprit. Je ne peux pas indiquer quelle

 22   était la situation générale à partir d'un message de la part d'un général

 23   qui dit des choses particulièrement désagréables à un de ses lieutenants-

 24   colonels.

 25   M. KEHOE : [interprétation] Je souhaiterais demander le versement au

 26   dossier de cette pièce, la pièce 1D65 --

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Russo.

 28   M. RUSSO : [interprétation] Pas d'objection.

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  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Monsieur le Greffier.

  2    M. LE GREFFIER : [interprétation] Cela devient la pièce D1257.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La pièce D1257 est versée au dossier.

  4   M. KEHOE : [interprétation]

  5   Q.  Nous allons maintenant aborder autre chose. Je souhaiterais que la

  6   pièce D930 soit affichée, c'est une pièce qui a déjà été versée au dossier.

  7   Je souhaiterais dans un premier temps que la première page soit affichée.

  8   Alors première page, est-ce que vous pourriez afficher la première

  9   page pour que le témoin puisse comprendre la référence.

 10   Donc cette personne était un officier supérieur de l'armée de la RSK, et il

 11   a parlé -- il évoque cet incident parmi d'autres incidents dans son

 12   ouvrage, et je souhaiterais que la page 7 soit affichée. C'est le haut de

 13   la page qui m'intéresse. Non, page suivante, je vous prie. Donc c'est le

 14   haut de la page, premier paragraphe. Est-ce que vous lisez ce paragraphe,

 15   vous le voyez ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Donc, "J'ai [comme interprété] sauté au-dessus de la barrière de la

 18   caserne," il s'agit de la caserne, "et je suis entré dans le bâtiment où je

 19   travaillais jusqu'à il y a quatre mois. Mon étui s'était cassé et je leur

 20   avais confié pour qu'ils le recousent, donc je venais le récupérer. Les

 21   obus tombaient dans la caserne. Toutefois ce n'était pas la peine d'être

 22   particulièrement -- il fallait plutôt avoir beaucoup de chance ou de

 23   malchance pour qu'ils vous tombent dessus. J'ai demandé aux gens qui

 24   étaient présents s'il y avait des volontaires qui souhaiteraient m'amener

 25   au GS. Personne n'a voulu le faire, GS étant le QG principal. Ils n'avaient

 26   pas le courage pour le faire ou ils ne voulaient tout simplement pas courir

 27   de risque."

 28   Donc à titre de référence, je dirais que cette personne était l'officier

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  1   supérieur le plus haut gradé pour l'artillerie de l'armée de la RSK. Et

  2   compte tenu de certaines doctrines et au vu de certains éléments que nous

  3   avons déjà abordés ce matin, conviendrez-vous que le pilonnage de la HV

  4   souhaitait déclencher ce genre de crainte et d'appréhension chez les gens à

  5   telle enseigne que les gens ne se déplaçaient plus. Là ils n'ont pas voulu

  6   ramener cette personne, ce général au QG. Est-ce que ce n'était pas ce qui

  7   était recherché ?

  8   R.  En règle générale, lorsqu'on utilise des tirs d'artillerie, vous ne

  9   pouvez plus vous déplacer et cela suscite un sentiment de crainte et vous

 10   ne faites pas certaines choses si vous êtes dans une zone non protégée. Ça

 11   je pense que c'est une réaction tout à fait normale et humaine. Lorsqu'il y

 12   a des projectiles qui tombent un peu partout autour de vous, vous essayez

 13   de vous protéger, vous essayez de ne pas vous déplacer si cela est

 14   nécessaire, bien que pour des soldats il soit peut-être nécessaire qu'ils

 15   sortent et qu'ils fassent leur travail. Mais j'aimerais quand même insister

 16   sur un fait, la même chose se produit parmi la population civile. Nous

 17   retrouvons les mêmes conséquences.

 18   Q.  Bien justement, vous savez de quel incident il s'agit, donc là il y a

 19   eu des tirs d'artillerie et il n'y a plus liberté de mouvement, et cela, à

 20   l'avantage de la HV ?

 21   R.  Ecoutez, vous ratissez un peu large, là, parce qu'il faut ne pas

 22   oublier la valeur militaire de la cible que vous essayez d'attaquer. Parce

 23   que supposons, par exemple, que les cibles militaires à l'intérieur de Knin

 24   représentaient une valeur militaire assez peu importante, ce qui est

 25   d'ailleurs ma conclusion dans mon rapport, conclusion que j'ai tirée à la

 26   suite des documents qui m'ont été donnés. Donc je ne peux pas véritablement

 27   supposer -- ou plutôt, en fait, je ne trouve pas le mot exact et je m'en

 28   excuse. Mais si les mouvements autour de ces unités militaires qui n'ont

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  1   pas une grande valeur militaire à l'intérieur de Knin, si les mouvements

  2   autour de ces unités sont limités ou interdits, ce n'est pas véritablement

  3   un grand avantage militaire pour l'ensemble de l'opération croate.

  4   Mais en règle générale, vous avez raison, certes. Si vous parvenez à

  5   interdire ou à empêcher les déplacements de soldats, cela peut représenter

  6   un avantage. Mais ces soldats, ils doivent apporter une valeur ajoutée au

  7   champ de bataille. Parce qu'en l'espèce si vous parlez d'empêcher des

  8   réserves - et je parle des véritables troupes de réserve telles que des

  9   troupes de combat - si vous les empêchez de se déplacer vers la ligne de

 10   front, là où la 7e Brigade des Gardes se déplaçait et là où elle avançait,

 11   là je pense que vous avez tout à fait raison. Mais supposons que

 12   l'information qui m'a été donnée par le bureau du Procureur est

 13   l'information exacte, alors dans ce cas la valeur militaire des cibles à

 14   Knin était telle que je ne vois pas véritablement quel était l'avantage

 15   militaire. Et ça me ramène au principe de la proportionnalité, à savoir

 16   l'importance, la valeur véritable des cibles et le risque pour la

 17   population civile.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Konings, vous avez dit au début

 19   que vous ne pouviez pas véritablement supposer, ensuite vous avez dit que

 20   vous ne trouviez pas le mot exact. Alors si je peux me permettre de vous

 21   aider, je ne sais pas si vous souhaitez utiliser ce mot dans votre langue

 22   maternelle. Je pourrais peut-être vous aider. Si vous pensez que vous avez

 23   fourni votre explication maintenant nous pouvons passer à autre chose.

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Lorsque j'ai dit que je ne trouvais pas le mot

 25   exact, j'ai ensuite utilisé le mot limitation ou limitation de mouvement.

 26   En fait le mot que je cherchais c'était empêcher la liberté de mouvement.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Poursuivez.

 28   M. KEHOE : [interprétation]

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  1   Q.  Est-ce que je vous ai bien compris ? Vous nous avez dit que vous ne

  2   compreniez pas quelle était la logique militaire qui les poussait à

  3   pilonner la caserne du nord. C'est ce que vous avez dit ?

  4   R.  Non, je n'ai pas dit ça. Ce que je dis c'est que je ne vois pas le lien

  5   direct entre les cibles militaires se trouvant à l'intérieur de la ville de

  6   Knin, parce qu'elles n'avaient pas une grande valeur militaire, et

  7   l'opération dans son ensemble, et le fait d'obtenir un avantage militaire

  8   en empêchant le déplacement des soldats à l'intérieur de Knin et en

  9   utilisant l'artillerie. Voilà ce que j'ai dit. Et s'inscrit dans ce cadre,

 10   bien entendu, le pilonnage de la caserne du nord.

 11   Q.  Mais le 7e Corps de la Krajina se trouvait sur la ligne de front sur la

 12   Dinara, n'est-ce pas ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Et où se trouvait leur QG à Knin ?

 15   R.  Ecoutez, il faudrait que je regarde ma liste.

 16   Q.  C'était à la caserne du nord ?

 17   R.  Bien.

 18   Q.  Donc le 7e Corps de la Krajina - je ne vous parle pas du QG et du grand

 19   quartier général de l'armée de l'ARSK - je vous parle du 7e Corps de la

 20   Krajina qui se battait sur la Dinara contre la HV, et leur QG se trouvait à

 21   la caserne du nord. Et vous êtes en train de nous dire ici dans le cadre de

 22   votre déposition qu'il n'y avait aucun avantage militaire à obtenir en

 23   attaquant le QG du 7e Corps de la Krajina; c'est cela ?

 24   M. RUSSO : [interprétation] Objection. Parce que je pense qu'il faudrait

 25   ajouter quelque chose à la question. Il y a des informations qui ont été

 26   fournies --

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Russo.

 28   Je ne pense pas qu'il s'agit véritablement d'une objection contre la

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  1   question posée. Il faudrait dire que la question a été posée en donnant des

  2   informations limitées, ce qui, dans une certaine mesure, peut orienter le

  3   témoin d'une certaine façon, cela peut être vrai ou faux d'ailleurs. Je

  4   dirais qu'il y a quand même une certaine marge de manœuvre lors du contre-

  5   interrogatoire. Si vous considérez que cela est très important, il faudra

  6   que nous demandions à M. Konings de quitter le prétoire, parce que si la

  7   question est une question qui induit en erreur, de toute façon il faudra

  8   que nous en parlions en l'absence du témoin.

  9   M. RUSSO : [interprétation] Ce que j'aimerais obtenir, c'est une précision

 10   de la question --

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, oui, tout à fait, tout à fait.

 12   M. RUSSO : [interprétation] Pour que le témoin puisse y répondre.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La question a été posée au témoin. Si le

 14   témoin ne comprend pas la question il nous le dira. S'il fournit une

 15   réponse et si vous n'êtes pas sûr qu'il a véritablement bien compris la

 16   question, vous pourrez toujours revenir là-dessus lors des questions

 17   supplémentaires.

 18   Poursuivez, Maître Kehoe. D'ailleurs je pense qu'il serait peut-être

 19   judicieux de répéter la question.

 20   M. KEHOE : [interprétation]

 21   Q.  Page 56, ligne 5. Il s'agit du 7e Corps de la Krajina et non pas du QG

 22   de l'ARSK. Je disais que le 7e Corps de la Krajina qui combattait sur le

 23   mont Dinara contre la HV avait son QG dans la caserne du nord; et vous êtes

 24   en train de nous dire qu'à votre avis il n'y avait absolument aucun

 25   avantage militaire à obtenir en attaquant le QG du 7e Corps de la Krajina ?

 26   R.  Supposons que le QG du 7e Corps de la Krajina se trouvait bel et bien

 27   là. Supposons cela. Je ne nie absolument pas que le QG d'un corps est une

 28   cible militaire. D'ailleurs, c'est une cible militaire qui a son

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  1   importance.

  2   Si vous attaquez la caserne du nord et si ce que vous avancez et si

  3   nous prenons comme base ce que vous avancez, à savoir le QG se trouvait là,

  4   je peux comprendre pourquoi vous me posez la question. Mais la seule chose

  5   que je souhaiterais ajouter - et nous en avons parlé - le QG était basé là,

  6   mais vous pouvez avoir des doutes sérieux lorsque vous pensez au fait que

  7   l'artillerie est utilisée pour essayer d'anéantir ce QG de telle façon

  8   qu'il ne pourra plus être opérationnel. C'est cela, en fait, mon doute.

  9   Et par ailleurs, l'information qui m'a été donnée, c'était qu'au QG

 10   du corps il n'y avait quasiment personne. Mais je pense qu'il vous

 11   appartient, à vous et à M. Russo, de parler de cela.

 12   Q.  Ici, vous revenez dans votre réponse sur ce principe de

 13   proportionnalité, et lorsque vous étudiez cela, ce que vous nous dites

 14   c'est qu'au vu des circonstances, vous ne pouvez pas tirer sur la caserne

 15   du nord. C'est cela que vous êtes en train de nous dire ?

 16   M. RUSSO : [interprétation] Objection, Monsieur le Président.

 17   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

 18   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

 19   M. KEHOE : [interprétation] Oui, c'est ainsi que j'ai posé la question.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non, non, non, non, non, non. Ce n'est

 21   pas ce que le témoin a dit. Si vous résumez la réponse du témoin, je pense

 22   qu'au moins il faudrait que vous n'oubliiez pas une partie importante de sa

 23   réponse qui était une attaque d'artillerie ne serait pas la méthode

 24   appropriée pour tirer sur la caserne du nord.

 25   M. KEHOE : [interprétation] Mais ça, ça fait partie du concept ou du

 26   principe de la proportionnalité, Monsieur le Président.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Parlez-en lorsque -- faites diligence

 28   lorsque vous posez la question. Si vous résumez, encore faut-il que vous le

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  1   fassiez à bon escient.

  2   M. KEHOE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Poursuivez.

  4   M. KEHOE : [interprétation]

  5   Q.  Vous avez ce principe, votre principe de la proportionnalité. Voyez

  6   qu'il y a le souhait de supprimer les activités tel que nous le voyons dans

  7   le paragraphe de cette page. Il y a également un souhait pour perturber les

  8   opérations des militaires, ce qui ne signifie pas pour autant que le

  9   bâtiment va être complètement détruit, mais même lorsque vous pensez à

 10   éliminer les activités de l'armée de la RSK dans la caserne du nord - je ne

 11   parle pas de destruction, je parle tout simplement de suppression

 12   d'activités - vous en concluez, d'après le principe de proportionnalité,

 13   que votre doctrine vous empêcherait de mener à bien une attaque

 14   d'artillerie sur la caserne du nord; c'est cela ?

 15   R.  Non, ce n'est pas du tout cela. Je suis désolé de vous le dire.

 16   Ce que j'ai essayé de vous expliquer, c'est ce qui suit : si vous

 17   supposez que dans la caserne du nord il y a un QG du 7e Corps de la Krajina

 18   qui est absolument et parfaitement opérationnel - ça c'est l'hypothèse de

 19   travail, la supposition - la conclusion ne peut être qu'il s'agissait d'une

 20   cible militaire de très haute priorité. Pour un commandant militaire, ou

 21   même s'il s'agit d'une décision politique, il est évident que vous

 22   souhaitez anéantir ce QG.

 23   Alors il y a plusieurs solutions. On peut neutraliser le QG, on peut

 24   faire en sorte qu'il ne fonctionne plus. Ce que j'ai dit, c'est que pour

 25   arriver à obtenir cela avec des tirs d'artillerie, ce n'est pas la

 26   meilleure solution, parce que la destruction est hors de question. Vous

 27   n'allez pas neutraliser le bâtiment. Peut-être que vous pouvez espérer que

 28   cela ait des conséquences psychologiques à l'intérieur du QG, que cela

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  1   provoque ou déclenche un mouvement de panique à l'intérieur du QG. Mais

  2   cela dépend de l'information dont vous disposez. Cela dépend de

  3   l'information relative au moral des personnes qui se trouvent dans le QG.

  4   Cela peut varier d'une situation à l'autre. Puis, bien entendu, il ne faut

  5   pas oublier le principe de proportionnalité, puis il ne faut pas non plus

  6   oublier la présence de la population civile dans ce secteur.

  7   Donc il y a de nombreux paramètres que vous devez prendre en considération

  8   en faisant ceci.

  9   Q.  Merci, Colonel. Nous allons passer au paragraphe suivant de la même

 10   page :

 11   "Je suis entré dans le bâtiment, et Dieu, il y avait quand même

 12   beaucoup de choses à voir. Deux obus avaient atterri dans la zone de

 13   stationnement située entre les immeubles, avaient explosé et avaient

 14   complètement détruit le parking du QG. Cela devait être un très bon

 15   artilleur qui avait frappé exactement cet endroit."

 16   J'aimerais savoir si vous avez examiné ce document avant de venir ici ?

 17   R.  Non, je ne connais pas ce document. Je ne l'ai jamais vu.

 18   Q.  Nous allons poursuivre et reprendre notre lecture au bas de la page :

 19   "J'ai demandé aux autres officiers du QG, j'ai demandé ce qu'il en

 20   était, étant donné qu'ils n'étaient pas présents. Nous étions très peu

 21   nombreux. Il y en a certains qui ne sont absolument pas venus se présenter

 22   pendant toute la journée, bien qu'ils dormaient dans la maison de retraite

 23   qui se trouvait à environ 400 mètres. Ils avaient en quelque sorte succombé

 24   à la peur. Les commandants et les officiers n'ont pas pu réagir dans cette

 25   situation si pénible, et je pense que cette inaptitude avait déjà dû être

 26   révélée auparavant et non pas seulement à ce moment-là lorsqu'ils étaient

 27   censés aider ceux qui avaient besoin de leur aide. Il faut savoir qu'il y

 28   en avait un grand nombre qui n'était pas préparé à la guerre ni

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  1   physiquement ni psychologiquement."

  2   Je comprends tout à fait que vous n'avez jamais lu ce document auparavant,

  3   Colonel, mais au vu de ce que le général Vrcalj, le premier artilleur ou le

  4   premier officier de l'artillerie indique dans son livre, vous conviendrez

  5   avec moi de ce fait qu'il y a eu une attaque de la HV qui très clairement

  6   visait l'armée de l'ARSK. Est-ce que vous n'êtes pas en mesure de conclure

  7   cela ?

  8   R.  Non, pas directement parce qu'en fait il y a différentes déclarations

  9   qui émanent de différentes personnes, et elles sont peut-être vraies, elles

 10   sont peut-être erronées, je n'en sais absolument rien. Je ne l'avais jamais

 11   lu auparavant, ce document. Il est indiqué, il dit j'ai demandé ce qu'il en

 12   était des autres officiers et commandements du QG parce qu'ils n'étaient

 13   pas présents. Mais ça ne dit pas grand-chose. Ça peut aussi signifier qu'il

 14   n'y avait pas suffisamment d'hommes au QG et qu'il y avait un certain

 15   nombre d'hommes de réserve qui se trouvaient sur le terrain quelque part et

 16   qu'ils faisaient leur travail à partir de là.

 17   Je peux supposer, bien entendu, qu'il y avait quand même une certaine

 18   panique qui régnait. Mais la conclusion qui est dégagée par l'auteur de cet

 19   ouvrage - et il se peut qu'il ait été un officier très haut gradé dans

 20   l'armée - mais le fait qu'il dit ils ont succombé à la crainte et le fait

 21   qu'ils n'étaient pas à même de commander ou de réagir au vu de cette

 22   situation difficile avait déjà dû être manifeste auparavant.

 23   Cela peut également vouloir dire que ces personnes étaient parties

 24   pendant une longue période. Donc lorsque vous attaquez un QG - et je ne

 25   suis pas en train de nier, de réfuter que c'était une action militaire -

 26   mais lorsque vous attaquez, vous devez disposer des informations, vous

 27   devez savoir ce que fait le QG, vous devez savoir ce que représente,

 28   qu'elle est la valeur militaire de ce QG, vous devez surtout savoir ce qui

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  1   se trouve autour de ce QG.

  2   Si vous me présentez quelques phrases écrites par un chef artilleur de

  3   cette armée, bien, certes, vous les présentez, voilà.

  4   Q.  Mon Colonel, j'aimerais apporter une correction sur un point. Si vous

  5   regardez ce qui est écrit à l'écran à partir de la ligne 15, vous avez dit

  6   -- en tout cas, on lit, je cite :

  7   "En partant du principe que vous attaquez un QG, et encore une fois vous ne

  8   dites pas ici qu'il s'agit de quelque chose de militaire." Mais est-ce un

  9   objet militaire ?"

 10   R.  C'est un objet militaire. C'est ce que je voulais dire, excusez-moi.

 11   Q.  Je pense que ce qui était écrit ne correspondait pas à ce que vous

 12   aviez à l'esprit.

 13   R.  Non, pas du tout, en effet.

 14   M. KEHOE : [interprétation] Je vous demande un instant.

 15   [Le conseil de la Défense se concerte]

 16   M. KEHOE : [interprétation]

 17   Q.  Vous avez remarqué que pendant votre déposition on vous a dit que le QG

 18   du 7e Corps de la Krajina n'était pas cantonné dans la caserne du nord.

 19   J'aimerais maintenant vous soumettre le document, la pièce D928, page 33.

 20   Nous sommes ici en présence d'un autre livre dont l'auteur est un autre

 21   officier supérieur de l'armée de la République serbe de Krajina, le général

 22   Sekulic. Page 33 en version anglaise, page 38 en version B/C/S.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, j'ai peut-être raté

 24   quelque chose, mais on vous a dit pendant votre déposition que le QG

 25   n'était pas stationné dans la caserne du nord. Pourriez-vous me donner une

 26   référence ?

 27   M. KEHOE : [interprétation] Je vais la rechercher.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Me Misetic sait apparemment où ce

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  1   passage se trouve.

  2   M. MISETIC : [interprétation] Je vérifie en ce moment même, et je suis

  3   d'accord que l'information qui vous a été transmise n'était pas la bonne.

  4   M. RUSSO : [aucune interprétation]

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D'accord. Alors tout est clair.

  6   Veuillez poursuivre.

  7   M. KEHOE : [interprétation]

  8   Q.  Ce passage qui m'intéresse se trouve dans l'ouvrage dont l'auteur est

  9   le général Sekulic. Le passage qui m'intéresse se trouve au deuxième

 10   paragraphe complet, donc troisième paragraphe à partir du haut de la page.

 11   Il s'agit ici du colonel Stevo Draskovic. Vous voyez ces mots, Mon Colonel

 12   ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Je cite : "Le colonel Stevo Draskovic, commandant adjoint du 7e Corps

 15   (Corps de Dalmatie), chargé du moral des troupes, a confirmé que le poste

 16   de commandement était cantonné dans la caserne de Knin jusqu'à minuit dans

 17   la nuit du 4 au 5 août et a ensuite été déménagé à Padjene."

 18   Le renseignement qui vous a été communiqué par le bureau du Procureur est

 19   tiré de ce texte, n'est-ce pas ?

 20   R.  Oui, mais il m'a été communiqué d'une façon un peu différente.

 21   Q.  Revenons sur la pièce P71, le journal de cet homme de troupe, journal

 22   de guerre donc d'un homme qui dépendait de la Région militaire de Split.

 23   Page 79 en anglais, page 42 en B/C/S.

 24   M. KEHOE : [interprétation] Est-ce qu'on peut faire défiler le texte

 25   jusqu'au bas de la page. Merci.

 26   Q.  7 heures 45, on voit ça tout au bas de la page, l'artillerie de l'armée

 27   croate a touché la caserne de Knin. Donc voilà le genre d'élément

 28   d'information dont vous vous attendiez à ce qu'il soit transmis au général

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  1   Gotovina, à savoir que son artillerie avait frappé une cible militaire, le

  2   QG du 7e Corps de la Krajina ?

  3   R.  Cet élément particulier ne me dit rien à ce sujet dans l'immédiat, car

  4   étant un général exerçant un commandement ou un commandant d'artillerie,

  5   pour ma part je rendrais compte immédiatement à la source de l'information

  6   qui m'a été transmise, car il y a un certain nombre de faits très

  7   importants qui sont manquants ici. Cela ne me dit qu'une chose; c'est que

  8   la caserne a été touchée, point final. Discuter si en tant que commandant

  9   je dois savoir quels sont les effets que j'ai réalisés par ce biais, ou

 10   l'avantage que ça apporte à mon opération, parce que le bâtiment est ce

 11   qu'il est, ça c'est le résultat d'une analyse qui doit se poursuivre au

 12   sujet des faits qui sont survenus.

 13   Sauf le respect que je vous dois, ce genre de rapport ne me dit rien

 14   de ce genre.

 15   Q.  Mon Colonel, c'est un journal de guerre, n'est-ce pas ?

 16   R.  Apparemment.

 17   Q.  Mais les événements qui se déroulent à intervalles réguliers pendant le

 18   combat permettent au commandant d'être informé en continu, n'est-ce pas ?

 19   R.  Oui, mais je ne pense pas à ce genre de rapport qui est sous-tendu par

 20   d'autres rapports où il est écrit quels sont les effets qui ont été

 21   obtenus, car c'est bien de ce dont nous parlons ici. Nous ne sommes pas en

 22   train de parler du système de rédaction des rapports d'une armée ou de la

 23   façon dont ce journal de guerre est tenu. Je sais fort bien ce qu'est un

 24   journal de guerre. Mais si vous me présentez ce journal et que vous me

 25   demandez mon avis au sujet de ce journal, je vous dis très clairement que

 26   ce qui est écrit ici ne me dit rien en tant qu'officier d'artillerie et en

 27   tant que commandant. Je m'attendrais à avoir des documents autres ou des

 28   communications radio qui décrivent ou sous-tendent ce qui se passe et qui

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  1   est indiqué ici, parce que ceci ne me dit rien.

  2   Q.  Mon Colonel, nous sommes en plein combat ici. Cet élément d'information

  3   qui s'ajoute à d'autres ne vous permet pas de savoir ce qu'a dit le général

  4   Gotovina à ce moment par rapport à tout cela ?

  5   R.  Non. Il est tout à fait vital de savoir. C'est ce qui est vital pour un

  6   officier exerçant un commandement apparemment dans un QG aussi important

  7   que celui-ci, parce que c'est bien ce dont nous discutons. La caserne du

  8   nord était occupée par le QG du 7e Corps. Je suppose que ce QG se trouvait

  9   là parce que nous avons lu dans cet ouvrage que jusqu'à la matinée du 5,

 10   l'objectif était poursuivi. Donc nous partons du principe qu'à ce moment

 11   nous sommes à ce stade de l'attaque.

 12   Si j'étais officier de commandement ou membre des forces attaquantes,

 13   ce qui m'intéresserait beaucoup et me serait utile dans mon commandement de

 14   l'opération complète, il faudrait que je sache quel est l'effet des actions

 15   entreprises par mon artillerie dans le cadre de la tentative faite pour

 16   s'emparer de ce QG.

 17   En tant que journal de guerre, tel que présenté ici, cela ne m'est

 18   absolument pas utile. Mais ce qui m'intéresserait au premier chef, c'est de

 19   connaître l'effet de l'attaque de la caserne, neutralisation, destruction,

 20   quel qu'il soit, de savoir quel a été l'effet obtenu dans la réalité.

 21   Ce qui est tout à fait vital, c'est pour la suite de l'opération dans

 22   son ensemble, c'est cela. Parce que vous avez dit dès le début qu'il

 23   s'agissait d'une cible prioritaire, d'une cible tout à fait importante. La

 24   prise de cette cible prioritaire a une chance d'influer sur le reste de

 25   l'opération. En tant que commandant de cette opération, je tiendrais fort à

 26   savoir avant tout ce qui s'est passé.

 27   Q.  Poursuivons la séquence temporelle, Mon Colonel. Nous sommes à 7

 28   heures 45 du matin et nous allons voir ce que l'on dit pour 7 heures 55,

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  1   qui se trouve dans la colonne suivante. Je demande que l'écran le montre.

  2   Je cite : "Les Chetniks démarrent leur contre-offensive pour défendre le

  3   secteur tenu par le 81e Bataillon de la Garde de l'armée de Croatie. Le 81e

  4   Bataillon de la Garde est informé. TRS-3, prêt à apporter son appui."

  5   Alors vous aviez ce journal de guerre. Je suis sûr que vous l'avez lu.

  6   Dites-nous quelle est cette contre-offensive menée par les Serbes et où

  7   elle a eu lieu ?

  8   R.  Je ne sais pas. Je n'ai pas lu le moindre détail dans ce journal, donc

  9   je l'ai utilisé comme élément d'information de contexte. Je vous ai dit que

 10   ce genre de journal n'apporte rien d'important sur le plan de

 11   l'information. Mais je n'ai pas étudié la contre-offensive des Serbes.

 12   Q.  Mon Colonel, si l'on pense à l'ensemble du champ de bataille et si l'on

 13   tient compte des éléments d'information disponibles, il est très important

 14   pour vous que vous étudiiez l'ensemble de l'opération pour comprendre ce

 15   qui se passe sur le champ de bataille et pas seulement Knin, mais

 16   l'ensemble de la ligne d'affrontement qui se trouvait sur les monts Dinara,

 17   n'est-ce pas ?

 18   R.  Cela fait partie de l'ensemble. Je comprends les grandes lignes de

 19   l'opération sur la base des éléments d'information qui m'ont été fournis et

 20   que j'ai étudiés. L'étape suivante consistait à me concentrer sur les

 21   actions précises menées par l'artillerie qui visaient Knin. Je n'ai pas

 22   étudié tous les éléments de la contre-attaque ou de l'attaque et de la

 23   contre-attaque menées par les deux parties. Cela ne m'était pas demandé par

 24   le bureau du Procureur, donc je ne l'ai pas fait. Connaissant l'objectif

 25   assigné à l'opération Tempête, je me suis concentré sur l'emploi de

 26   l'artillerie contre Knin.

 27   Q.  Mais, Monsieur, vous avez dit dans votre document que l'appui au feu

 28   faisait partie intégrante de toute opération ?

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  1   R.  Oui.

  2   Q.  Etes-vous en train de dire que vous n'avez pas étudié la partie

  3   infanterie de l'opération mais uniquement la partie

  4   artillerie ?

  5   R.  Ce n'est pas ce que j'ai dit.

  6   Q.  Vous pouvez vous expliquer ?

  7   R.  J'ai dit que je m'étais concentré sur les activités entreprises contre

  8   Knin. Voilà ce que j'ai dit.

  9   Q.  Sur les monts Dinara, est-ce que vous avez eu connaissance du fait que

 10   l'armée croate aurait subi des pertes humaines ?

 11   R.  Dans tout le journal de guerre en question, nous pouvons lire qu'il y a

 12   eu des pertes humaines.

 13   Q.  Regardons ce qui se passe à 9 heures 55 au bas de la page.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous entendons un bruit et je me demande

 15   si c'est dû au fait que les marches qui se trouvent devant le bâtiment ont

 16   besoin de travaux de rénovations. Ce n'est pas très agréable, mais je

 17   voulais simplement vous expliquer l'origine de ce bruit et je vous demande

 18   de poursuivre.

 19   M. KEHOE : [interprétation]

 20   Q.  Il est indiqué qu'un hélicoptère doit aller à Piketa pour ramasser les

 21   cadavres et que cette action est approuvée par le général Gotovina.

 22   Alors il y a une série d'éléments ici qui concerne ce qui se passe

 23   pendant les combats menés sur les monts Dinara, n'est-ce pas ?

 24   R.  Apparemment, oui.

 25   Q.  Lorsque vous avez lu ces documents, vous avez bien apprécié la

 26   situation comme signifiant que les combats sur les monts Dinara ont été

 27   très intenses, n'est-ce pas ?

 28   R.  Oui. Je ne le nie pas. Je n'étais pas présent sur les lieux, mais je

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  1   suppose qu'enfoncer une ligne de défense provoque des pertes humaines.

  2   C'est malheureusement une partie inévitable d'une opération militaire.

  3   Q.  Passons à la suite des événements qui a pu être déterminée par la

  4   suite. Si vous me le permettez, j'aimerais que nous nous penchions sur la

  5   pièce D923, document signé par le général Mrksic et datant du 26 août, où

  6   l'on trouve une relation des événements de la journée.

  7   La première page m'intéresse.

  8   Je ne crois pas que le document affiché sur les écrans à l'instant

  9   soit celui que je demande, je pense au document D932 [comme interprété].

 10   Peut-être aurais-je mal indiqué le numéro précédemment ?

 11   [Le conseil de la Défense se concerte]

 12   M. KEHOE : [interprétation] Bien, maintenant nous avons le D923 et c'est

 13   bien celui que je demandais. Il est affiché à l'écran, page 6 de la version

 14   anglaise.

 15   Q.  Mon Colonel, savez-vous qui est le général Mrksic ?

 16   R.  Non, je n'ai pas un souvenir précis de son nom.

 17   Q.  Je suppose que vous accepterez de partir du principe, dans le cadre du

 18   débat qui nous occupe ici, qu'il était à l'époque le commandant numéro 1 de

 19   l'armée de la République de Krajina serbe.

 20   R.  D'accord.

 21   Q.  Troisième paragraphe, je cite :

 22   "La percée des Oustachi sur les monts Dinara dans l'après-midi du 4 août a

 23   constitué la plus grande menace pour l'ensemble des actions du 7e Corps.

 24   L'unité spéciale du MUP a abandonné ses positions sur le mont Dinara aux

 25   environs de 11 heures, ce qui a donné aux forces oustachi une possibilité

 26   de progresser rapidement sur les monts Dinara dans la direction de Crvena

 27   Zemlja. En agissant ainsi, la défense de ce qui restait des monts Dinara et

 28   du terrain couvert par la 1ère Brigade d'infanterie légère dans la zone de

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  1   Vrlika a été compromise. L'apparition des Oustachi dans le secteur de Knin

  2   a créé un danger pour les arrières de la 7e Brigade mécanisée et la défense

  3   de l'acte de Drnis."

  4   Alors avant de parler de cela en détail, Mon Colonel, je vous demande si

  5   vous saviez que des membres du ministère de l'Intérieur, c'est-à-dire de

  6   l'unité spéciale du MUP dont il est question ici, étaient en action aux

  7   côtés de l'armée de la République de Krajina serbe sur les lignes de front

  8   des monts Dinara ?

  9   R.  Non.

 10   Q.  Ce point particulier - d'ailleurs, je dois indiquer que cette unité

 11   spéciale du MUP est une unité policière. De nombreux éléments de preuve ont

 12   démontré que cette unité spéciale du MUP était composée de policiers.

 13   Donc a-t-il été porté à votre connaissance que ces policiers ont

 14   assumé un certain nombre de rôles divers à des moments divers au cours des

 15   combats ?

 16   R.  Non, pas dans ce cas particulier. Je sais à partir de l'examen de

 17   l'ensemble du conflit qui a touché les Balkans dans les années 90 que les

 18   forces de police étaient employées dans ce genre de rôle. Mais cela ne m'a

 19   pas été précisé dans ce cas particulier.

 20   Q.  Si nous partons de l'hypothèse que les officiers de police faisaient

 21   partie de l'armée de la République serbe de Krajina pendant les combats et

 22   qu'ils abandonnaient donc leurs caractéristiques civiles, ils pouvaient

 23   devenir des soldats comme n'importe quel autre soldat sur la ligne de

 24   front, n'est-ce pas ?

 25   R.  Je ne sais pas quelles étaient les dispositions juridiques précises qui

 26   régissaient ce genre de choses. La conclusion que vous venez d'indiquer

 27   vous appartient. Nous ne connaissons pas, dans mon armée, un tel système de

 28   militarisation. Si des unités spéciales étaient composées de polices

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  1   militaires, alors elles étaient composées de soldats, mais je ne connais

  2   pas un quelconque système où une police civile serait militarisée pour

  3   emploi au sein d'une organisation militaire. Je ne saurais pas quels

  4   pourraient être leurs droits et leurs contraintes si tel était le cas et si

  5   ces policiers pouvaient ou non être utilisés pleinement en tant que forces

  6   militaires.

  7   Encore une fois, je suis membre de l'OTAN, nous avons dans notre pays des

  8   officiers de police militaire qui peuvent agir en tant que forces

  9   militaires, mais qui ne sont pas employés dans les combats en tant que

 10   tels. Ils ont des missions spéciales au sein de notre armée.

 11   Donc je ne saurais pas vous donner une réponse très précise sur ce

 12   point.

 13   Q.  Mais vous pouvez partir du principe, dans le cadre du débat qui nous

 14   intéresse, que cette unité spéciale du MUP était une force de police

 15   dépendante du ministère de l'Intérieur et qui a été intégrée à l'armée.

 16   Vous pouvez également partir du principe que cette force policière qui se

 17   trouvait sur la ligne de front était stationnée au poste de police de Knin.

 18   Alors dans de telles circonstances, alors qu'une force policière est

 19   désormais une force combattant pour l'armée de la République serbe de

 20   Krajina le QG normalement civil de cette police devient une cible militaire

 21   dans ces conditions, n'est-ce pas ?

 22   R.  Si vous partez du principe que ce que vous venez de décrire est exact

 23   et s'il existe des dispositions réglementaires dans l'armée de la

 24   République serbe de Krajina qui l'autorisent, je ne sais pas sur le plan

 25   juridique ce qu'il en est, mais dans ce cas, il me semble que ces hommes

 26   deviennent des militaires et que le QG en question devient une cible

 27   militaire.

 28   Q.  Concentrons notre attention sur la suite des événements qui se sont

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  1   déroulés le 4 et sur l'action de la 7e Brigade des Gardes de l'armée de la

  2   République serbe de Krajina en nous penchant sur la pièce P71.

  3   M. KEHOE : [interprétation] Page 80 en version anglaise, page 43 en version

  4   B/C/S.

  5   [Le conseil de la Défense se concerte]

  6   M. KEHOE : [interprétation] Dans la deuxième colonne, nous voyons l'entrée

  7   relative à 12 heures 55. Très bien. Lisons cela rapidement.

  8   Q.  "12 heures 55, la 7e Brigade des Gardes rend compte du fait que des

  9   positions ont été prises à Sema, Igla, Zovatz [phon] et Djagle [phon]."

 10   Connaissez-vous ces localités particulières, Monsieur ?

 11   R.  Non.

 12   Q.  Je vais vous donner des références topographiques dans ce cas-là, si

 13   vous voulez bien. A cette fin, nous devons revenir sur le document 1D65-

 14   0484 qui est la carte que nous avons vue tout à l'heure.

 15   C'est la page 5 de ce document qui m'intéresse, et j'aimerais que l'on

 16   retrouve sur la carte les localités Sema et Igla et qu'on les affiche. Au

 17   centre de la page, si je ne me trompe.

 18   Alors vous voyez ces crêtes, ces pics montagneux au nombre de deux que l'on

 19   voit sur ce document ?

 20   R.  Je vois de nombreuses annotations.

 21   Q.  Dans la partie supérieure gauche de Samar et en dessous, à droite de

 22   Samar, on lit Igla, I-g-l-a.

 23   R.  Je ne vois pas.

 24   Q.  Partez de Samar en haut, et un peu plus bas à droite, vous voyez Igla.

 25   Vous le voyez ?

 26   R.  Non.

 27   Q.  Au milieu de la page.

 28   R.  Oui.

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  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Si vous regardez ce rectangle bleu clair

  2   à peu près au centre, en haut, vous voyez

  3   Samar ?

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je vois Samar.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Un peu plus bas à droite, vous voyez

  6   Igla.

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je le vois.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre, Maître Kehoe.

  9   M. KEHOE : [interprétation]

 10   Q.  Ces deux pics, selon ce journal de guerre, ont été pris à 12 heures 55.

 11   Alors je ne demande pas d'affichage de document maintenant, je vais essayer

 12   de lire un passage de la pièce P71. Entrée de 13 heures 30 pour la journée

 13   du 4.

 14   On peut y lire, je cite, que : "Les premières lignes de l'ennemi ont

 15   été enfoncées," et que : "L'ennemi a pris la fuite dans le plus grand

 16   chaos."

 17   Ensuite, entrée concernant 14 heures 45, je cite : "La 7e Brigade des

 18   Gardes s'est emparée de Ancle [comme interprété] et de Visibaba."

 19   Est-ce que vous voyez ces deux lieux sur la carte, au centre de la

 20   page ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Ces lieux dont nous sommes en train de parler, selon ce qu'on peut lire

 23   dans le journal de guerre pour la période qui commence à 5 heures du matin

 24   et qui va jusqu'à 15 heures 25 de l'après-midi. Est-ce que vous avez

 25   demandé au bureau du Procureur des détails complémentaires au sujet de

 26   l'intensité des combats qui se déroulaient là et qui conditionnaient le

 27   succès de l'armée croate s'agissant de s'emparer de ces lieux ?

 28   R.  Non.

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  1   Q.  Est-ce qu'il n'aurait pas été important, pour connaître le contexte

  2   général, que vous compreniez ce qui se passait dans l'ensemble de la région

  3   jusqu'aux monts Dinara et pas seulement à Knin ?

  4   R.  Non. Je ne vois pas de rapport entre cette partie particulière du champ

  5   de bataille du point de vue de l'emploi de l'artillerie à Knin parce que -

  6   je vous prie de m'excuser, mais nous voyons ici une description du champ de

  7   bataille et de l'emploi des forces à un endroit particulier apparemment

  8   couronné des plus grands succès pour l'armée de Croatie puisque les forces

  9   serbes s'empressent de prendre la fuite. Mais en soi, je ne vois pas de

 10   rapport direct entre ceci et l'emploi de l'artillerie dans l'opération

 11   menée en direction de Knin. Peut-être pourriez-vous me donner des éléments

 12   d'explication sur ce point.

 13   Q.  Monsieur --

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, avant que vous ne

 15   démarriez ou que vous ne tentiez d'apporter des précisions --

 16   M. KEHOE : [interprétation] Oui, c'est le temps de suspendre.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'ai un point de procédure à traiter qui

 18   n'a pas le moindre rapport avec l'audition de ce témoin. Par conséquent,

 19   Monsieur Konings, je vais vous demander de bien vouloir quitter le prétoire

 20   escorté par Mme l'Huissier.

 21   [Le témoin quitte la barre]

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Les Défenses Cermak et Markac ont

 23   soulevé quelques questions de traduction. Me Kay et Me Kuzmanovic les ont

 24   évoquées en rapport avec les déclarations de Turkalj. Il a été décidé que

 25   dès lors qu'un exemple de problème de traduction est proposé, il

 26   importerait que la Défense fasse connaître à l'Accusation l'ensemble de ses

 27   sujets de préoccupation dans une liste. Me Kuzmanovic a effectué ce

 28   travail. L'Accusation s'est penchée sur cette liste et aimerait savoir s'il

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  1   y a accord sur les inexactitudes de traduction.

  2   Nous n'avons pas encore entendu les parties sur ce point, et comme la

  3   Chambre souhaite éviter tout problème, elle pose la question.

  4   M. CAYLEY : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

  5   En fait, nos propositions ont été communiquées à l'Accusation il y a

  6   déjà quelques jours et je crois savoir que l'Accusation est en train de les

  7   examiner et qu'elle reviendra devant nous pour en parler plus tard.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kuzmanovic.

  9   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Nous pensons être prêts à envoyer ce

 10   document à l'acte d'accusation lundi.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 12   M. RUSSO : [interprétation] Monsieur le Président --

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc vous êtes d'accord sur ces

 14   propositions.

 15   Je ne pense pas qu'il y ait le moindre bon sens à ne s'occuper pour

 16   commencer que des inexactitudes de traduction proposées par la Défense

 17   Cermak, il vaut mieux traiter de ces problèmes ensemble. La Chambre, bien

 18   entendu, aimerait résoudre ce problème, car nous travaillons également sur

 19   ces documents et nous n'aimerions pas être confrontés à des inexactitudes

 20   de traduction. Donc il faut, bien sûr, les corriger avant que nous ne

 21   poursuivions notre lecture.

 22   Quelle est la longueur de votre liste, Maître Cayley ?

 23   M. CAYLEY : [interprétation] Monsieur le Président, je pense qu'elle

 24   comporte quatre pages.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Quatre pages.

 26   Maître Kuzmanovic.

 27   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Nous sommes en train de travailler sur

 28   cette liste et je pense qu'elle aura à peu près le même nombre de pages. Je

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  1   suis simplement retardé par le fait que j'ai besoin d'une transcription,

  2   d'un CD audio.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Russo, nous aimerions demander

  4   au bureau du Procureur de donner priorité à l'examen des protestations des

  5   équipes de la Défense.

  6   M. RUSSO : [interprétation] Certainement, Monsieur le Président.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous avez dit lundi, Maître Kuzmanovic ?

  8   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous aimerions avoir une première

 10   impression lundi, ou en tout cas la semaine prochaine. Mercredi, peut-être.

 11   Nous ne siégeons pas mercredi, donc jeudi de la semaine prochaine.

 12   M. RUSSO : [interprétation] Nous essaierons de vous satisfaire, Monsieur le

 13   Président.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous attendons vos impressions.

 15   Nous allons faire une pause et reprendrons à 12 heures 50.

 16   --- L'audience est suspendue à 12 heures 30.

 17   [Le témoin vient à la barre]

 18   --- L'audience est reprise à 12 heures 53.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, vous pouvez poursuivre

 20   lentement, s'il vous plaît.

 21   M. KEHOE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 22   Q.  Colonel, si l'on examine la carte qui est à l'écran, et nous avons

 23   parlé des positions indiquées dans le journal, que nous avons les positions

 24   de Samar, Igla, Badanj, Visibaba, et nous avons noté que la 7e Brigade des

 25   Gardes s'en est emparée tôt dans l'après-midi du 4.

 26   Et lorsque vous avez examiné cela, vous avez compris, n'est-ce pas,

 27   qu'il y avait une logique militaire qui demandait de pilonner ces endroits

 28   avant leur capture, car c'était des points de résistance pour l'ARSK,

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  1   n'est-ce pas ?

  2   R.  Vous faites référence aux sommets de collines dont vous avez parlé

  3   avant la pause ?

  4   Q.  Je parle des sommets de collines, et je fais référence à cette carte

  5   portant sur les activités de la 7e Brigade des Gardes le 4. Nous examinons

  6   les points qui correspondent aux emplacements d'après la carte de

  7   l'Accusation, emplacements qui étaient des cibles d'artillerie.

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Vous pouvez conclure en réalité qu'il y avait une logique militaire qui

 10   exigeait que l'on frappe ces emplacements avec l'artillerie; est-ce exact ?

 11   R.  Oui. Ceci est exact en soi. Je suppose que ça faisait partie de la

 12   ligne de la défense. Je suppose que tous ces emplacements constituent des

 13   cibles militaires, donc c'est tout à fait logique de le faire.

 14   Q.  Nous allons passer maintenant à Anica Glava sur la carte. Visiblement,

 15   ceci n'avait pas été fait ce jour-là. Comme pour les points de résistance

 16   de l'ARSK, il y avait une certaine logique militaire lorsqu'il s'agissait

 17   de pilonner cela, n'est-ce pas ?

 18   R.  Oui. Je peux répéter aussi qu'il y avait une logique militaire lorsque

 19   l'on souhaitait frapper tous ces emplacements et couper les lignes de la

 20   défense.

 21   Q.  Si l'on examine les points montrés sur cette carte, carte de

 22   l'Accusation, on peut dire qu'il y a une logique militaire derrière chaque

 23   attaque de ces points de résistance de l'ARSK.

 24   R.  S'il s'agit des cibles militaires, je dirais que ça ne fait pas de

 25   doute.

 26   Q.  Est-ce que vous avez vérifié cela ?

 27   R.  Je ne l'ai pas vérifié. On ne m'a pas demandé de ce faire. J'ai eu

 28   seulement un aperçu global des activités de la 7e Brigade des Gardes. Le

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  1   bureau du Procureur ne m'a pas demandé de me pencher sur les opérations de

  2   la 7e Brigade par rapport à cette cible militaire spécifique.

  3   Q.  Mais en réalité c'était la ligne de la défense pour la ville de Knin,

  4   n'est-ce pas ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Nous allons parler d'un autre aspect du pilonnage, et quelques

  7   questions liées à cela m'intéressent en particulier. Je souhaite que l'on

  8   passe à la pièce P71, page 80; 80 en anglais et 43 en B/C/S. Nous allons

  9   voir la colonne à droite.

 10   Il s'agit de deux inscriptions dont il a été question brièvement

 11   avant la pause. Plus spécifiquement, à 13 heures 30 : "Les lignes de feu de

 12   l'ennemi brisées. L'ennemi est en train de fuir de manière chaotique,

 13   d'après les informations de la 7e Brigade à 13 heures 30."

 14   Je souhaite que l'on passe à un autre document, 1D65-0515.

 15   M. KEHOE : [interprétation] Monsieur le Président, malheureusement, nous

 16   n'avons pas encore la traduction en B/C/S de ce document.

 17   Q.  Bien. Il s'agit là d'une interview de la BBC, Colonel, -- non, c'est un

 18   document de la BBC, excusez-moi, qui incorpore une interview à la radio de

 19   Belgrade, où il est noté qu'il s'agit de 13 heures, heure de Greenwich,

 20   autrement dit 15 heures à Knin à l'époque. On va aller un peu plus loin,

 21   dans la partie où c'est le général Mrksic qui parle. On va voir à 5 heures

 22   :

 23   "Ce matin, le 4 août, l'armée croate a attaqué la République serbe de

 24   Krajina en bombardant de manière massive toutes les places peuplées, en

 25   particulier Knin. Le bombardement est toujours en cours. Notre armée

 26   contrôle encore fermement la ligne de front avancée. L'armée croate n'a pas

 27   pu percer nos lignes de manière sérieuse, mis à part sur la route menant de

 28   Grahovo via Cvrnje Smelje [phon] à Knin."

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  1   C'est la ligne dont nous avons parlé, Colonel, n'est-ce pas, à 13

  2   heures 30 ?

  3   R.  Oui.

  4   M. KEHOE : [interprétation] Monsieur le Président, maintenant je souhaite

  5   proposer le versement au dossier de la pièce 1D650515.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Russo.

  7   M. RUSSO : [interprétation] Pas d'objection.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Greffier d'audience.

  9   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce D1258.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D1958 est versé au dossier.

 11   M. KEHOE : [interprétation] Colonel, en tant que commandant - et on vous a

 12   informé du fait que les lignes de l'ennemi ont été interrompues et qu'une

 13   partie des forces ennemies fuyaient de manière chaotique - est-ce que vous,

 14   en tant que commandant, vous auriez essayé de les empêcher d'aller là où

 15   vous nous souhaitez pas qu'ils aillent, n'est-ce pas ?

 16   R.  Oui, c'est possible.

 17   M. KEHOE : [interprétation] Et ça s'appelle la création de la configuration

 18   du front de bataille ?

 19   R.  Non.

 20   Q.  Et c'est quoi, la configuration du champ de bataille ?

 21   R.  Bien, lorsque l'on parle de la configuration du champ de bataille,

 22   d'après les exigences, les conditions, ça doit être favorable à vos propres

 23   opérations. Je ne vais pas ajouter autre chose. Je suppose que vous avez

 24   une autre question, là-dessus ?

 25   Q.  Oui. Lorsque vous, en tant que commandant, vous êtes en train de

 26   configurer le terrain et que vous donnez des ordres aux unités

 27   d'artillerie, si vous voyez que l'ennemi est en train de fuir et vous

 28   souhaitez qu'il parte à droite et non pas à gauche en raison de votre

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  1   avantage militaire, vous prendrez en considération la possibilité d'ouvrir

  2   le feu sur cet emplacement afin de les empêcher d'aller là où vous ne le

  3   souhaitez pas ?

  4   R.  Bien, c'est une possibilité mais moi, je n'utiliserais pas mon

  5   artillerie pour cela seulement car vous auriez besoin d'une combinaison de

  6   manœuvres d'artillerie afin d'empêcher complètement qu'ils partent dans la

  7   direction non souhaitée et provoquer qu'ils partent là où vous voulez.

  8   Q.  Oui, mais ça c'est plus vaste. Est-ce que vous utiliseriez les moyens

  9   dont vous disposez ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Afin de les convaincre qu'ils seraient plus en sécurité s'ils vont à

 12   droite plutôt qu'à gauche ?

 13   R. C'est l'une des possibilités que vous avez dans un certain scénario. Il

 14   revient au commandant de décider, car si ça se passe lorsqu'une force

 15   ennemie est en train de se retirer de la ligne de défense, un commandant,

 16   un officier qui commande le forces attaquantes a plusieurs possibilités et

 17   peut procéder à une analyse sur place avec son état-major par rapport à la

 18   situation et il va voir quelle peut être la cause possible d'action. Mais

 19   vous pouvez aussi vous arrêter et considérer que ça vous donne un avantage

 20   dans la situation. Vous pouvez aussi vous dire que vous allez laisser

 21   l'ennemi partir où il veut, fuir là où il veut et aller vers Knin et

 22   essayer de mettre fin à la situation dès que possible.

 23   Donc il y a un grand nombre de possibilités dont celle que vous avancez

 24   fait partie.

 25   Q. Oui. Il y a des possibilités différentes. Il ne me revient pas à moi de

 26   choisir une plutôt qu'une autre. Mais lorsque vous avez lu ce journal, est-

 27   ce que vous avez demandé à l'Accusation de vous fournir des informations

 28   concernant l'endroit où se trouvaient ces forces ennemies, ces forces de

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  1   l'ARSK, là où elles allaient fuir ?

  2   R.  Non.

  3   M. KEHOE : [interprétation] Nous allons revenir maintenant à la pièce P1268

  4   qui a été versée au dossier hier.

  5   Q.  Dans la dernière inscription, à 15 heures, M. Russo vous a posé

  6   d'ailleurs des questions à ce sujet, il y est marqué :

  7   A 15 heures, donc au moment où le général Mrksic a donné une interview à la

  8   radio serbe de Belgrade, - c'est la pièce D1258 - il y avait des

  9   intervalles irréguliers dans lesquelles, au total, 18 projectiles ont été

 10   tirés depuis un T de 130-millimètres contre la zone générale de Knin.

 11   Lorsqu'on vous a montré ce document et puisque vous aviez le journal, est-

 12   ce que vous avez demandé à l'Accusation s'ils avaient des informations

 13   concernant la question de savoir si ces projectiles étaient tirés sur les

 14   soldats qui se retiraient vers Knin ?

 15   R.  Non. Je n'ai pas eu ce genre de conversation avec eux.

 16   Q.  Supposons qu'effectivement, ils étaient en train de se retirer vers

 17   Knin à 15 heures. Les tirs de 18 projectiles de T-130 dans leur direction

 18   empêcherait certainement les soldats de se retirer à Knin.

 19   R.  Non.

 20   Q.  Non ?

 21   R.  Ça dépend. Vous, vous ne vous fondez maintenant que sur les

 22   suppositions car combien de soldats fuyaient-ils ? Comment ces projectiles

 23   étaient-ils utilisés ? Il est dit, à des intervalles irréguliers. Il est

 24   écrit T-130 millimètres. S'agissait-il d'une seule arme ou de plusieurs

 25   armes qui tiraient quelque part sur le terrain car l'effet qu'ils

 26   souhaitaient obtenir est quelque chose qui diminue immédiatement car si

 27   l'effet doit être atteint, notamment à l'égard des soldats qui fuient de

 28   manière chaotique, lorsque vous tirez un ou deux projectiles, ils seront

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  1   apeurés. Il y aura peut-être des victimes. Mais si les intervalles sont

  2   irréguliers et prennent plus de temps, ils pourront avoir l'occasion de

  3   fuir de nouveau, car l'effet d'artillerie diminue très vite. Donc je ne nie

  4   pas que le fait de tirer un projectile peut agrandir le chaos et la panique

  5   mais d'après les informations contenues ici, comme je l'ai dit hier, ça ne

  6   me dit rien au sujet de l'utilisation de ces 18 projectiles de T-130

  7   millimètres contre la zone générale de Knin. Pour moi, ça veut dire

  8   simplement on a tiré 18 projectiles quelque part. Pour moi, c'est une

  9   information inutile.

 10   Q.  Je comprends.

 11   Nous allons aller un peu plus loin et parler du lendemain de la bataille.

 12   M. KEHOE : [interprétation] Peut-on passer maintenant à la pièce 1D65-0484,

 13   la carte numéro 5.

 14   Est-ce que vous pourriez agrandir, Monsieur le Greffier d'audience ?

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Monsieur Russo, je crois que je

 16   dois m'adresser à vous. Je crois que P1268, dans l'original, le temps est

 17   indiqué comme 20 heures alors que dans la version en anglais, apparemment,

 18   il s'agit de 2 heures, 2 heures.

 19   M. RUSSO : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, nous pouvons

 20   corriger cela et soumettre une nouvelle traduction.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Poursuivez.

 22   M. KEHOE : [interprétation]

 23   Q.  Il s'agit de la situation générale sur la base de la carte que nous

 24   avons examinée à la page P1274, et vous vous souviendrez n'est-ce pas, que

 25   s'agissant de la 7e Brigade des Gardes, parmi ses tâches, il s'agissait de

 26   capturer Anica Glava et Pljesevica mais ils n'ont pas eu de succès le 4 en

 27   raison de la résistance assez ferme de la part de l'ARSK, est-ce que vous

 28   le savez ?

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  1   R.  Ecoutez, je n'en suis pas sûr. Donc je répondrai par la négative pour

  2   le moment.

  3   Q.  Bien. Alors je souhaiterais que l'on présente la carte suivante. Alors

  4   j'ai abordé plusieurs thèmes et, bien entendu, que si l'un des objectifs de

  5   la 7e Brigade des Gardes était d'investir Anica Glava et Pljesevica, alors

  6   il est évident que là vous avez ces hauts plateaux et il serait logique du

  7   point de vue militaire de viser et de tirer sur ces cibles, n'est-ce pas ?

  8   R.  Oui, je suppose que si c'est ce que vous voulez faire, tirer sur ces

  9   cibles ne pose pas de problème.

 10   Q.  Alors toujours, il s'agit de suppositions, mais supposons que la ligne

 11   s'était arrêtée et que -- et supposons que l'un des objectifs de la HV

 12   était de s'emparer donc de Pljesevica et d'Anica Glava, et qu'ils ont

 13   échoué.

 14   Et nous allons maintenant vous présenter une autre carte. Non, je

 15   m'excuse, je m'excuse.

 16   Alors nous allons parler des opérations du 4. Non, non, non, non,

 17   non. C'est 5 en fait, le 5 août. Donc c'est la carte suivante qui

 18   m'intéresse, parce que il y a deux cartes, en fait.

 19   Q.  Colonel, donc vous avez parlé des événements du 5, vous en avez parlé

 20   dans une certaine mesure.

 21   M. KEHOE : [interprétation] Monsieur le Président, ce que nous avons fait

 22   en fait c'est que nous avons pris deux éléments supplémentaires qui nous

 23   ont été fournis par le bureau du Procureur, puis vous avez tous les

 24   documents qui sous-tendent cette idée, et il s'agit de la décision prise

 25   par le commandant de la 7e Brigade des Gardes. Alors cela nous l'avons

 26   convertie en rouge sur la carte en question, puis en bleu vous avez en fait

 27   -- ou plutôt, cela est en bleu et vous avez les opérations de la 4e Brigade

 28   des Gardes qui ont été converties en rose sur la carte.

Page 14634

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ecoutez, Maître Kehoe, nous parlons donc

  2   de cibles, de tirs d'artillerie, du type de tirs, et de la coordination

  3   avec les manœuvres sur le terrain. Mais bon. Nous pourrions peut-être

  4   d'ailleurs demander au témoin, puisque vous n'en avez pas parlé, s'il y a

  5   plusieurs descriptions. Parce que vous avez, par exemple, ce qu'on appelle

  6   -- non, ce n'est pas les appeler les tirs de préparation, mais d'après ce

  7   que j'ai compris des propos de M. Konings, lorsqu'il y a tir de préparation

  8   cela permet de déblayer, dégager le terrain pour que les soldats puissent

  9   avancer.

 10   Donc puisque vous entrez dans ce genre de détails, je dois dire que

 11   je suis un tant soit peu perplexe lorsque je vois ces points rouges,

 12   ensuite -- au départ c'était des rectangles et des carrés, d'ailleurs.

 13   M. KEHOE : [interprétation] Alors, ce que j'ai fait, Monsieur le Président

 14   - et, bien entendu, je pourrais tout à fait revenir aux rectangles et aux

 15   carrés qui se trouvaient sur la carte originale, Monsieur le Président -

 16   mais ce que nous avons essayé de faire en fait c'était d'étudier les cartes

 17   fournies par le bureau du Procureur qui montrent ces cibles individuelles.

 18   Et nous essayons de démontrer quelle est la logique qui sous-tend le tir

 19   sur ces cibles, parce que en fait cela a été fait conjointement avec les

 20   mouvements d'infanterie de la 7e et 4e Brigade des Gardes, et cela a une

 21   incidence directe sur la déclaration du colonel.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, je comprends bien ce que vous

 23   faites. Mais vous faites fi d'une distinction que l'on trouve dans les

 24   cartes originales notamment. Puis maintenant -- donc bon, je dirais que

 25   nous en étions aux cibles rectangulaires et nous nous rapprochons des

 26   cibles carrées qui sembleraient être différentes.

 27   M. KEHOE : [interprétation] Oui, tout à fait, Monsieur le Président. Et je

 28   peux vous expliquer la situation et la différence entre ces différentes

Page 14635

  1   cibles. Et de toute façon nous pouvons toujours préciser certaines choses

  2   si la Chambre nous le demande. Nous pouvons préciser tout ce que la Chambre

  3   nous demande. Mais je voulais juste que nous parlions du lendemain, et je

  4   voulais juste indiquer qu'il y avait une certaine logique à faire usage de

  5   l'artillerie; et en général donc il s'agissait donc de ces T-130. Il

  6   s'agissait d'obusiers T130. Et il faut savoir en fait qu'il s'agissait de

  7   la 7e Brigade des Gardes et de la 4e Brigade des Gardes, et qu'il y avait

  8   quand même une logique militaire qui était utilisée lorsqu'ils ont frappé

  9   ces endroits, d'où l'effort que je fais par l'entremise de l'expert, parce

 10   que bien entendu, lui il a étudié ces différents documents, puis il y a

 11   également des documents de contexte eu égard à ces cibles.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ecoutez, Maître Kehoe, vous ne cessez

 13   d'insister sur le fait qu'il est absolument primordial qu'un expert prenne

 14   en considération toutes les informations qui sont mises à sa disposition.

 15   Alors ce dont je me rends compte maintenant, en ce moment, c'est que nous

 16   sommes en train de perdre certaines de ces informations. Alors je ne ferai

 17   plus de commentaires pour le moment.

 18   Mais Monsieur Konings, je pense que vous aurez compris que les points

 19   rouges n'étaient pas des points sur les premières cartes.

 20   Poursuivez, Maître Kehoe.

 21   M. KEHOE : [interprétation] Oui. En fait lorsque nous allons présenter les

 22   documents que nous avons utilisés et que nous demanderons leur versement au

 23   dossier, je pense que vous comprendrez en fait à quoi correspondent les

 24   rectangles et les carrés.

 25   Q.  Mais puisque je souhaitais parler du 5, de la journée du 5, nous savons

 26   qu'il y a eu une opération conjointe entre la 4e et la 7e Brigade des

 27   Gardes, et qu'il s'agissait d'une manœuvre de contournement vers le flanc

 28   droit et dans le cas de figure, il s'agissait de se déplacer vers le nord;

Page 14636

  1   c'est cela ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Alors je vais vous montrer un ordre qui fait l'objet de la pièce 65 ter

  4   2199, ensuite nous reprendrons l'examen de notre carte.

  5   Alors là, il s'agit d'un ordre du général Gotovina, ordre donné le 3 août

  6   1995. Et à la deuxième page du document, il est indiqué ce qui suit, qu'il

  7   fallait accorder un appui feu maximum à la 4e Brigade des Gardes, et ce,

  8   sur le flanc droit de l'attaque.

  9   Est-ce que vous avez vu ce document ?

 10   R.  Ecoutez, je n'en sais rien. J'ai vu de nombreux documents. Il m'est

 11   difficile de me souvenir de tous les documents qui m'ont été donnés.

 12   Q.  Je souhaiterais demander le versement au dossier de ce document de la

 13   liste 65 ter, le document 2199.

 14   M. RUSSO : [interprétation] Pas d'objection.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Monsieur le Greffier.

 16   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce D1259.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La pièce D1259 est versée au dossier.

 18   M. KEHOE : [interprétation] Et je souhaiterais en fait que l'on se penche

 19   maintenant sur la page 7 de ce document.

 20   Q.  Et j'aimerais vous poser une question, Monsieur. Lorsque vous regardez

 21   cette carte, et lorsque vous étudiez les mouvements de la 4e et de la 7e

 22   Brigade des Gardes, est-ce que vous avez analysé la stratégie qui

 23   consistait à frapper plusieurs cibles qui sont représentées par des points

 24   sur la carte, est-ce que vous avez considéré que cela s'inscrivait dans le

 25   cadre plus général de la stratégie générale de la HV ?

 26   R.  Qu'entendez-vous, est-ce que nous en avons parlé avec le bureau du

 27   Procureur, vous voulez dire ?

 28   Q.  Ecoutez, nous allons examiner cela de façon un peu plus détaillée.

Page 14637

  1   Lorsque vous avez étudié ces différents documents, vous voyez donc les

  2   sites qui ont été pilonnés, est-ce que vous vous êtes rendu compte pourquoi

  3   ces endroits avaient été pilonnés ?

  4   R.  Ecoutez, j'ai mené une analyse assez rapide de cette situation parce

  5   que ma tâche essentielle n'était pas de me concentrer sur les actions

  6   menées par toutes les brigades dont vous me parlez maintenant, mais

  7   consistait plutôt à me concentrer sur ce qui avait été fait dans le cadre

  8   de la préparation du contrôle de Knin. Donc je me suis essentiellement

  9   concentré sur l'utilisation de l'artillerie dans Knin. Alors, bien entendu,

 10   j'ai mené à bien une analyse globale, mais je n'ai pas analysé toute

 11   l'opération. Je me suis forgé une opinion générale de ce qui s'était passé,

 12   et lorsque vous voyez les actions telles qu'elles sont présentées

 13   maintenant sur l'écran et l'évolution de ces actions, je ne vais pas nier

 14   qu'il s'agit d'une opération militaire tout à fait classique qui, en fait,

 15   évolue suivant certaines lignes, qui évolue suivant ce qui avait été

 16   planifié, qui évolue également suivant ce qui n'était pas planifié. Parce

 17   que lors d'une opération militaire, lorsque vous n'êtes pas en mesure de

 18   battre en brèche une défense, vous adoptez une autre action en vous

 19   rabattant au niveau des flancs dans le cadre de vos manœuvres.

 20   Donc dans ce contexte, les points rouges ou les rectangles ou les carrés,

 21   représentent effectivement les actions qui ont été menées à bien par cette

 22   force.

 23   Donc si vous souhaitez que j'analyse et que je me penche un peu plus sur la

 24   question, il va falloir que vous m'accordiez un peu plus de temps pour ce

 25   faire, pour mener à bien une véritable analyse.

 26   Q.  Mais vous avez dit, à la page 85, ligne 22, que votre tâche essentielle

 27   qui vous avait été demandée par le bureau du Procureur ne consistait pas à

 28   vous concentrer sur toutes ces brigades dont nous parlons maintenant, mais

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  1   que vous étiez concentré sur les actions effectuées pour prendre le

  2   contrôle de Knin.

  3   Alors comment est-ce que vous avez pu analyser ces informations visant le

  4   contrôle de Knin sans analyser pour autant les activités de la brigade qui

  5   a investi finalement Knin, à savoir la 7e Brigade des Gardes ? Comment est-

  6   ce que vous avez fait cela ?

  7   R.  Je vous ai dit que j'avais un aperçu général de l'opération jusqu'au

  8   moment où ils se sont approchés de Knin. Il y a des faits qui m'ont été

  9   donnés par le bureau du Procureur, à savoir les hypothèses avancées à

 10   propos de toutes les cibles qui se trouvaient dans Knin, et de cela nous en

 11   avons déjà parlé, puis il y avait également le fait qu'ils sont entrés dans

 12   Knin le 5 août seulement. Puis j'avais quand même une idée générale de ce

 13   qui s'était passé, mais je n'ai pas analysé par le menu tous les détails de

 14   ladite opération.

 15   Q.  Alors j'aimerais vous poser une question fort simple. Est-ce que le

 16   bureau du Procureur vous a dit que c'était la 4e Brigade des Gardes qui

 17   s'était emparée de Knin le 5 ?

 18   R.  Oui. D'ailleurs, je l'ai déjà dit.

 19   Q.  Nous allons revenir là-dessus et nous allons faire abstraction de ce

 20   que vous avez dit à propos de Knin. Nous allons examiner donc ces cibles,

 21   ces points rouges qui représentent les cibles. Est-ce que vous, vous avez

 22   trouvé des informations vous permettant de conclure qu'il n'y avait pas une

 23   raison logique d'attaquer toutes ces cibles ? Le cas échéant, dites-nous

 24   quelle est cette raison pour ne pas attaquer ?

 25   R.  Non, non, non, je n'ai absolument aucune raison de douter de cela ou de

 26   remettre en question ces cibles. Parce que visiblement, il y a un lien avec

 27   les forces de défense. Mais ce qui a éveillé un certain doute dans mon

 28   esprit c'est l'ordre qui a été donné de pilonner des villes telles que

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  1   Benkovac, Knin. C'est ça le problème que j'ai soulevé lors de mes

  2   conversations avec le bureau du Procureur.

  3   Q.  Oui, nous reviendrons là-dessus.

  4   Mais j'aimerais que nous examinions la carte suivante et que nous nous

  5   penchions davantage sur les activités du 5.

  6   Alors si vous prenez les activités du 5, et voilà donc un agrandissement de

  7   cette carte, l'idée consistait à se rapprocher du dépôt de Golubic et de la

  8   gare à Golubic. Vous voyez donc les points, puis il y a également un point

  9   qui correspond à Crni Vrh.

 10   Alors pour ce qui est du dépôt de Golubic, est-ce que vous connaissiez ce

 11   dépôt ? Est-ce que vous connaissiez, par exemple, sa taille ?

 12   R.  Non.

 13   Q.  Est-ce que vous savez à quelle distance se trouvait le dépôt de Golubic

 14   de la gare ?

 15   R.  Ecoutez, je ne connais même pas l'échelle de la carte.

 16   Q.  Non, non, mais là je ne parle pas forcément de la carte. Je vous pose

 17   une question d'ordre général.

 18   R.  Non, alors je dois répondre par la négative.

 19   Q.  Donc vous ne saviez pas à quelle distance se trouvait le dépôt de

 20   munitions de la gare; c'est cela ?

 21   R.  Non, non. Non, non. Ecoutez, je ne le savais pas. Non, je ne peux pas

 22   vous donner cela au pied levé sans pour autant que vous me présentiez une

 23   carte avec une échelle. Non. Là, comme cela, au pied levé, non je ne peux

 24   pas vous dire où se trouvaient en fait toutes ces cibles par rapport à

 25   l'une des brigades.

 26   Q.  Est-ce qu'on vous a transmis des renseignements sur le fait que des

 27   munitions aient été prises dans le dépôt de Golubic et ont été amenées à la

 28   gare de Golubic et ont été transportées par voie ferroviaire entre Golubic

Page 14641

  1   et Knin ? Est-ce que vous le saviez, cela ?

  2   R.  Non.

  3   Q.  Est-ce que vous savez à quelle distance se trouve Golubic de Knin ?

  4   R.  Je dirais moins de 110 kilomètres.

  5   Q.  Donc nous parlons d'une distance qui est relativement courte, n'est-ce

  6   pas ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Pour transporter des choses par voie ferrée, c'est assez court

  9   également ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Alors carte suivante.

 12   Là, vous voyez le dépôt de Golubic qui se trouve à gauche du point rouge.

 13   M. KEHOE : [interprétation] Carte suivante.

 14   Q.  Là, il s'agit d'un autre jeu de cartes qui a été compilé à partir de

 15   documents fournis à la Défense par l'Accusation. D'ailleurs, vous en

 16   trouvez les détails en dessous de la carte. Donc vous voyez qu'il y a le QG

 17   de l'ARSK, il y a un croisement, puis vous voyez qu'il est écrit Bulina

 18   Strana; page suivante, je vous prie.

 19   Alors Bulina Strana, pour ce qui est du pilonnage de Bulina Strana, est-ce

 20   qu'on vous a fourni des informations pour que vous compreniez à quoi

 21   servait Bulina Strana et comment est-ce que l'ARSK l'utilisait ?

 22   R.  Non.

 23   Q.  Donc vous ne saviez pas que le 5 août cela allait être utilisé comme

 24   position de Défense de Knin, n'est-ce pas ?

 25   R.  Non, je ne savais pas.

 26   M. KEHOE : [interprétation] Monsieur le Président, je souhaiterais demander

 27   le versement au dossier de la pièce 1D65-0484.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Russo.

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  1   M. RUSSO : [interprétation] Est-ce qu'il s'agit de la carte de Google Earth

  2   ?

  3   M. KEHOE : [interprétation] Oui.

  4   M. RUSSO : [interprétation] Pas d'objection alors.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.

  6   M. LE GREFFIER : [interprétation] Cela deviendra la pièce D1260.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La pièce D1260 est versée au dossier.

  8   M. KEHOE : [interprétation]

  9   Q.  Alors nous allons continuer à parler de Bulina Strana. Est-ce qu'il

 10   aurait été important que vous sachiez qu'il s'agissait en fait d'un plateau

 11   ou d'une élévation qui allait être utilisée par l'armée de l'ARSK pour

 12   assurer la défense de Knin, est-ce que cela aurait été un fait important

 13   que vous auriez dû savoir pour décider en fait si le pilonnage de ce site

 14   avait lieu d'être ou non ?

 15   R.  Oui, c'est une information valable dont j'aurais pu disposer,

 16   effectivement.

 17   Q.  Mais on ne vous l'a pas fournie, cette information ?

 18   R.  Je ne m'en souviens pas. Non, je ne le pense pas…

 19   Q.  Alors nous allons maintenant parler de certaines cibles de Knin parce

 20   que je sais que dans votre tableau du document P260 ainsi que dans

 21   plusieurs observations que l'on trouve dans différents documents présentés

 22   par l'Accusation, on vous a demandé votre point de vue à propos des cibles

 23   et on vous a demandé d'ailleurs des opinions précises à propos de certaines

 24   cibles bien précises. J'aimerais en fait que l'on affiche à l'écran la

 25   liste des cibles qui fait l'objet de la pièce P1271, et M. Russo en a parlé

 26   avec vous.

 27   Vous vous rappelez ce document, Mon Colonel, vous en avez discuté

 28   avec M. Russo et on vous a interrogé au sujet de la première entrée de ce

Page 14643

  1   document relatif à l'église de Knin; M. Russo, en page 14 434, lignes 12 à

  2   15 du compte rendu d'audience, vous a posé une question et je vais vous

  3   poser la même question, je cite : 

  4   "Etant donné votre entraînement et votre expérience, pensez-vous qu'il est

  5   indiqué ou non indiqué de classer un hôpital, quelque hôpital que ce soit,

  6   sur une liste de cibles."

  7   Vous avez répondu : "Non."

  8   Donc votre réponse s'appuyait sur la conviction qui était la vôtre,

  9   Monsieur, qu'il y avait bien à cet endroit un hôpital, n'est-ce pas, ou une

 10   église --

 11   M. KEHOE : [interprétation] Attendez, attendez. Excusez-moi.

 12   Donc on voit là -- J'attends l'affichage de l'écran. On voit bien que c'est

 13   un hôpital, troisième entrée à partir du bas, KV710 [comme interprété]. Il

 14   est bien question d'un hôpital. Excusez-moi pour l'église que j'ai évoquée

 15   au début de ma série de questions.

 16   Q.  Donc je crois que c'est bien sur ce point que vous avez été interrogé

 17   par M. Russo et que vous venez de répondre de la façon que je viens

 18   d'indiquer.

 19   Alors vous avez dit que vous connaissiez bien les pays du Pacte de Varsovie

 20   et, par extension, également certaines des actions menées par la JNA.

 21   Reconnaissez-vous que ce système de coordonnées relatives aux cibles était

 22   utilisé par l'armée de Croatie ?

 23   R.  C'est un système de ciblage comparable à celui que nous utilisons dans

 24   notre armée. Il peut s'appuyer sur toutes sortes de cartes, mais en tout

 25   cas, il se compose toujours d'une série de cellules qui permettent de

 26   montrer les cibles ainsi que l'altitude où se trouve la cible. Donc ce qui

 27   est montré ici est tout à fait évident.

 28   Q.  Dans le même esprit, Monsieur, pour savoir exactement ce dont vous

Page 14644

  1   parlez, et manifestement vous parlez de réseaux, donc vous faites un

  2   maillage et vous le mettez par écrit sur un plan ? Je parle de l'hôpital

  3   pour commencer dont la cote est 7900 [comme interprété].

  4   R.  Oui, quand vous voulez des renseignements sur une carte, la première

  5   chose à faire, bien entendu, c'est d'utiliser les renseignements

  6   disponibles pour établir les coordonnées de la cible et les mettre par

  7   écrit sur une carte.

  8   Q.  Est-ce que vous l'avez fait ?

  9   R.  Nous avons fait cela avec le bureau du Procureur. Le bureau du

 10   Procureur m'a soumis cette liste et je n'ai pas vérifié toutes les

 11   coordonnées topographiques parce que j'ai pris les renseignements fournis

 12   comme allant de soi.

 13   Q.  Non. Ma question consistait à vous demander si vous avez établi ce

 14   maillage, déterminé les coordonnées topographiques relatives à l'hôpital et

 15   si vous les avez inscrites sur une carte à l'aide d'une abscisse et d'une

 16   ordonnée ?

 17   R.  Non, je n'ai pas fait ce travail.

 18   Q.  Pendant que nous attendons l'affichage du document 1D65-0495, je vous

 19   demande si c'est bien ce qui s'est passé, ce que vous venez de dire ?

 20   R.  Oui.

 21   M. KEHOE : [interprétation] Monsieur le Président, pendant que nous

 22   attendons l'affichage du document à l'écran, j'indique que nous nous sommes

 23   fondés sur les coordonnées topographiques de chacun des éléments qui nous

 24   intéressaient, et notamment au niveau 710, comme vous le voyez sur l'écran,

 25   les coordonnées correspondent à l'hôpital.

 26   Monsieur le Président, j'ai l'impression qu'il y a un problème avec le

 27   compte rendu d'audience, la sténotypie.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce un problème comparable à celui

Page 14645

  1   que nous avons eu hier ?

  2   Je crois comprendre que le problème est réglé, Maître Kehoe. C'est un autre

  3   moyen de vous rappeler que les êtres humains souffrent de la rapidité du

  4   débit dans ce prétoire, mais également les machines, les équipements

  5   techniques.

  6   Veuillez poursuivre.

  7   M. KEHOE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

  8   Q.  Je pense que ma dernière question n'a pas été consignée au compte rendu

  9   d'audience et j'aimerais qu'elle le soit. Donc peut-être faut-il que je

 10   repose la question au témoin, Monsieur le Président ?

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, bien sûr. Vous pouvez reposer la

 12   question au témoin.

 13   M. KEHOE : [interprétation]

 14   Q.  Je sais, Mon Colonel, que c'est une question que je vous ai déjà posée

 15   et que je répète maintenant, mais elle n'est pas entrée au compte rendu

 16   d'audience. Elle avait pour but de m'assurer du fait que lorsqu'on tire sur

 17   un lieu particulier, il faut que l'on ait les coordonnées topographiques de

 18   ce lieu et que celles-ci soient consignées sur une carte avant de le faire,

 19   n'est-ce pas ? C'est bien ce que vous avez fait ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Alors si nous regardons la carte, et nous savons que KV10 -- je

 22   m'explique, Monsieur le Président. Nous savons ce qui a été fait par

 23   rapport à cette carte -- Excusez-moi, ce n'est pas KV10, mais KV710. Donc

 24   je vous explique ce que nous avons fait.

 25   Nous nous sommes saisis d'un document qui est déjà une pièce à

 26   conviction en l'espèce, il s'agit de la pièce D131. Nous avons rapporté sur

 27   cette pièce D131 la grille des coordonnées topographiques de toutes les

 28   cibles figurant sur la liste de cibles avec numéros de référence KV que

Page 14646

  1   l'on trouve dans la pièce P1271.

  2   Alors, Mon Colonel, si nous nous penchons sur la cible KV710, vous voyez ce

  3   lieu qui est ici en partie supérieure de la page ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Alors au niveau de cet endroit - et qu'on voit A-4 qui correspond -

  6   selon ce qui a été dit dans des dépositions, aux unités de l'armée de la

  7   République serbe de Krajina qui abritait des mortiers non loin du lycée.

  8   M. KEHOE : [interprétation] Je demande maintenant l'affichage de trois

  9   cartes plus loin que celle qui est sur l'écran actuellement.

 10   Q.  Alors ce que nous avons ici, Mon Colonel, c'est un secteur qui a été

 11   défini par un témoin comme un lieu abritant des mortiers. Les coordonnées

 12   topographiques correspondant à KV710 et celles de l'hôpital qui se trouve

 13   un peu plus sur la droite. Comme vous le voyez, Mon Colonel, même si dans

 14   certains écrits on appelle ceci un hôpital, les coordonnées topographiques

 15   montrent bien que l'endroit se trouve à côté de la batterie de mortiers de

 16   l'armée de la République serbe de Krajina.

 17   Est-ce que vous me suivez, Monsieur ?

 18   R.  Oui. Jusqu'à présent, oui.  

 19   Q.  Dans ces conditions, étant donné la présence d'une position militaire

 20   en cet endroit, il est certain que ce lieu constitue un lieu adapté pour un

 21   tir d'artillerie, n'est-ce pas ?

 22   R.  S'agissant du lieu de déploiement de l'unité de mortiers de l'armée de

 23   la République serbe de Krajina, qui apparemment est représenté par ce point

 24   rouge dans lequel se dirige une flèche, je ne vois pas que ceci constitue

 25   en soi une cible militaire qu'il importe de viser par un tir. J'ai déjà dit

 26   ce que j'avais à dire sur le fait de tirer sur une seule unité de mortier,

 27   une unité de mortier isolée. Ça c'est le premier point.

 28   Mais par ailleurs, la cible qui est baptisée hôpital quelque part se

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  1   trouve apparemment en plein milieu d'une forêt et n'a aucune valeur

  2   militaire, à mes yeux. Mais je ne parviens pas à comprendre dans ce cas la

  3   raison pour laquelle elle figure sur une liste de cibles où le nom hôpital

  4   est inscrit, parce qu'il m'est absolument impossible de lire la liste de

  5   cibles où se trouverait, selon vous, le nom de l'hôpital.

  6   Q.  Apparemment, quelqu'un a décrit ce secteur de façon fallacieuse, n'est-

  7   ce pas, et c'est la raison pour laquelle vous avez pris en compte les

  8   coordonnées topographiques ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Parce que les coordonnées topographies sont le moyen le plus simple

 11   pour déterminer ou viser une cible, n'est-ce pas ?

 12   R.  Les coordonnées topographiques sont très importantes, c'est absolument

 13   vrai.

 14   M. KEHOE : [interprétation] Un instant, Monsieur le Président.

 15   [Le conseil de la Défense se concerte]

 16   M. KEHOE : [interprétation] S'agissant de la position de mortier, je pense

 17   vous avoir entendu dire - et faites-moi signe si je reprends à tort vos

 18   propos ou si je reprends vos propos de façon erronée - je crois vous avoir

 19   entendu dire que les positions de mortier peuvent être déplacées, que les

 20   hommes prennent leur mortier et peuvent aller dans un autre lieu avec le

 21   mortier, n'est-ce pas ?

 22   R.  Ce n'est pas la seule chose que j'ai dite au sujet d'une position de

 23   mortier.

 24   Q.  Je comprends, mais c'est l'un des éléments ?

 25   R.  Oui, mais il est important de ne pas perdre de vue l'ensemble de tout

 26   ce que j'ai dit, parce qu'avant tout les mortiers peuvent se déplacer

 27   rapidement; et en deuxième lieu, une unité de mortier isolée n'a aucune

 28   valeur militaire dans une opération globale.

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  1    Q.  Je comprends. Revenons sur la pièce P1271.

  2   [Le conseil de la Défense se concerte]

  3   M. KEHOE : [interprétation] Je remarque que nous arrivons pratiquement à la

  4   fin de l'audience, Monsieur le Président. Je ne sais pas si vous souhaitez

  5   que je m'engage dans les questions relatives à cette pièce.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je ne sais pas combien de temps il nous

  7   reste exactement, mais si vous en avez pour plus de deux ou trois minutes,

  8   je pense qu'il serait préférable de suspendre.

  9   M. KEHOE : [interprétation] Oui, il me faudra plus que deux ou trois

 10   minutes.

 11   [Le conseil de la Défense se concerte]

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, mais je parle également

 13   aux autres équipes de Défense, vos estimations du temps dont vous aurez

 14   besoin pour le contre-interrogatoire de M. Konings sont-elles toujours

 15   valables ?

 16   Je vois que Me Cayley opine du chef puisqu'il n'a pas besoin de temps du

 17   tout.

 18   Maître Kuzmanovic.

 19   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, évaluation

 20   identique.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe.

 22   M. KEHOE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, les appréciations

 23   et les évaluations de temps sont restées identiques.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci de ce renseignement.

 25   [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Konings, cela ne vous

 27   surprendra pas que je vous renouvelle les mêmes consignes que celles que je

 28   vous ai déjà données précédemment, à savoir que vous n'êtes en droit de

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  1   parler à personne du contenu de votre déposition.

  2   Nous allons suspendre pour aujourd'hui. Nous reprendrons nos débats lundi

  3   19 janvier, à 9 heures du matin, dans ce même prétoire, à savoir salle

  4   d'audience numéro I. Je tiens à remercier spécialement les sténotypistes et

  5   les interprètes en leur souhaitant de se remettre pleinement pendant le

  6   week-end.

  7   --- L'audience est levée à 13 heures 45 et reprendra le lundi 19 janvier

  8   2009, à 9 heures 00.

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