Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le mardi 9 juin 2009

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 9 heures 11.

  5   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

  6   M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour. Il s'agit de l'affaire 06-90-T,

  7   le Procureur contre Ante Gotovina et consorts.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Monsieur le Greffier.

  9   Monsieur Waespi, il y a donc une question de procédure que vous souhaitiez

 10   soulever.

 11   M. WAESPI : [interprétation] Oui. Bonjour, Monsieur le Président.

 12   Je voudrais vous présenter M. Ryan Carrier, qui est un nouveau membre dans

 13   l'équipe de l'Accusation, et qui voudrait vous parler du prochain témoin,

 14   le Témoin AG-58; et je pense que nous devrions passer à huis clos partiel.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Passons à huis clos partiel, s'il vous

 16   plaît.

 17   M. CARRIER : [aucune interprétation]

 18   M. LE GREFFIER : [interprétation] Je m'excuse de vous interrompre, mais

 19   nous sommes maintenant à huis clos partiel.

 20   [Audience à huis clos partiel]

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 14   [Audience publique]

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Greffier

 16   d'audience.

 17   Y a-t-il d'autres questions de procédure à soulever ?

 18   Monsieur Carrier.

 19   M. CARRIER : [interprétation] Oui. Pourrais-je m'absenter du prétoire ?

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, tout à fait.

 21   M. KEHOE : [interprétation] Il y avait autre chose qui nous restait,

 22   souvenez-vous le script des vidéos que nous avons ou plutôt les extraits

 23   vidéo et audio que l'Accusation allait regarder, que nous souhaitions

 24   verser au dossier. Ils allaient nous présenter un rapport à ce sujet

 25   rapidement. Je ne sais pas si cela se passera ce matin. Vous vous souvenez,

 26   il y avait ces deux extraits audio avec l'ambassadeur Galbraith.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. En fait, l'objection principale

 28   était que cela n'avait pas été présenté par l'entremise du témoignage d'un

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  1   témoin. Il se peut que cela ait été modifié.

  2   M. WAESPI : [interprétation] Écoutez, je m'excuse, j'en ai parlé à M.

  3   Tieger hier, malheureusement je n'ai pas encore eu de retour d'information

  4   de sa part, mais je vous promets en fait de l'obtenir aujourd'hui.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ecoutez, je ne pense pas que ce soit

  6   d'une urgence capitale qui ferait que nous ne pourrions pas vous autoriser

  7   à revenir là-dessus plus tard.

  8   M. KEHOE : [interprétation] N'oubliez pas, Monsieur le Président, qu'il ne

  9   s'agissait pas en fait tout ça, il ne s'agit pas, c'est simplement des

 10   témoins par l'entremise desquels cela a été présenté. En fait, ce sont des

 11   extraits qui ont été utilisés, présentés lors du témoignage ou à la

 12   déposition de M. l'ambassadeur Galbraith qui était présent pendant toutes

 13   les discussions en question.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] De quoi s'agit-il ?

 15   M. KEHOE : [interprétation] Des pièces 1D330081 et 1D3300082.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, moi, je n'ai pas, nous n'avons pas

 17   ces cotes. C'est le D151 ou --

 18   M. KEHOE : [interprétation] Non, non, non.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, donnez-moi juste, accordez-moi

 20   juste une toute petite seconde pour lire tout cela :

 21   "Oui, cela n'avait pas été enregistré aux fins d'identification et, bon,

 22   nous entendrons la réponse de M. Tieger."

 23   Bon, c'est clair, ça nous ramène au 24 juin. Donc je pense que

 24   j'avais fait une remarque assez désagréable il y a un an environ.

 25   M. KEHOE : [interprétation] Oui, juste pour le compte rendu d'audience,

 26   Monsieur le Président.

 27   M. KEHOE : [interprétation] Pour que le conseil comprenne, cela se trouve à

 28   la ligne 22, page 5 025 ou 565, donc 5 065, peut-être que vous pourriez

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  1   retrouver cela.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. C'était il y a exactement une année

  3   et deux jours de cela.

  4   Donc en fait, non, nous aurons votre réponse plutôt dans environ une année

  5   et deux jours au lieu dans une journée. Est-ce qu'il y a autre chose ? Non;

  6   sinon, je suppose que Mme l'Huissière pourrait aller chercher le témoin.

  7   Monsieur Waespi, je n'ose même pas me hasarder à vous demander si vous êtes

  8   prêt à contre-interroger le témoin.

  9   M. WAESPI : [interprétation] Mais je le suis, Monsieur le Président.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La Chambre souhaiterait également

 11   entendre votre point de vue aujourd'hui à propos du compte rendu d'audience

 12   ou plutôt à propos de la transcription du P448 parce que d'aucun s'était

 13   demandé si cela était exhaustif ou non.

 14   LE TÉMOIN: MIOMIR ZUZUL [Reprise]

 15   [Le témoin répond par l'interprète]

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour, Monsieur Zuzul. Je souhaiterais

 17   vous rappeler que la déclaration solennelle que vous avez prononcée hier

 18   est toujours valable, déclaration solennelle en vertu de laquelle vous

 19   aviez déclaré que vous diriez la vérité, toute la vérité, rien que la

 20   vérité.

 21   Vous allez maintenant répondre aux questions du contre-interrogatoire de M.

 22   Waespi.

 23   Contre-interrogatoire par M. Waespi : [Suite]

 24   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur l'Ambassadeur.

 25   R.  Bonjour.

 26   Q.  Je souhaiterais que nous parlions de quatre sujets ce matin, vous et

 27   moi. Je ne pense pas d'ailleurs que cela prendra beaucoup de temps.

 28   Nous allons commencer par le premier sujet. Je ne suis pas sûr de vous

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  1   avoir entièrement compris hier, lorsque vous avez témoigné sur les crimes

  2   ou les événements tels que vous les appelez, événements qui se sont

  3   déroulés et lorsque vous avez également parlé de vos contacts avec les

  4   représentants de la communauté internationale. Cela figure à la page 18 327

  5   -- ou plutôt, 183, ligne 27, et je cite votre déposition d'hier :

  6   "Etant donné que je communiquais essentiellement avec la communauté

  7   internationale, je peux dire pour autant que mes souvenirs sont exacts

  8   qu'immédiatement après l'opération Tempête, je n'ai jamais entendu que la

  9   communauté internationale ou tout autre personne aurait pu disposer

 10   d'information indiquant que ces événements se seraient déroulés sur une

 11   grande échelle. Bien au contraire."

 12   Puis ensuite vous mentionnez l'ambassadeur Galbraith.

 13   J'aimerais dans un premier temps vous posez une question : est-ce que vous

 14   parlez d'événements ? A quoi faites-vous référence ?

 15   R.  Il m'est difficile de définir avec précision ce qu'était ces

 16   événements. Ce dont je parlais hier en faisant appel à mes souvenirs, et ce

 17   que je répéterais également aujourd'hui, c'est que dans mes contacts avec

 18   la communauté internationale, je ne me souviens réellement pas de

 19   préoccupations particulières qui auraient été soulevées concernant des

 20   événements considérés comme inacceptables par la communauté internationale

 21   et qui se seraient produits immédiatement après l'opération Tempête comme

 22   par exemple une protection insuffisante de la population civile, les

 23   maisons incendiées, les pillages, et tout ce à quoi il a été fait référence

 24   dans les derniers récits.

 25   Je dois attirer votre attention sur le fait que nous avons commencé à

 26   recevoir des avis, des réflexions de la communauté internationale

 27   uniquement quelques semaines après. Je ne pourrais pas vous dire à quel

 28   moment exactement, mais c'est ainsi que je me souviens des choses.

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  1   Lorsque j'ai dit "nos préoccupations," j'entendais par là que nous avions

  2   toujours gardé à l'esprit le fait que l'objectif stratégique de la Croatie

  3   était de devenir partie intégrante de la communauté internationale et que

  4   la réaction de la communauté internationale par rapport à une situation

  5   particulière nous importait.

  6   Q.  Mais vous personnellement, vous étiez ambassadeur avec différentes

  7   capacités à l'époque, et vous étiez l'envoyé spécial du président Tudjman,

  8   avez-vous jamais lu les nombreux documents et les observations des sources

  9   internationales comme les Nations Unies, l'UNHCR, stipulant que ces

 10   événements, ces crimes après l'opération Tempête se sont produits à grande

 11   échelle ?

 12   R.  Monsieur le Procureur, je n'ai pas dit que je n'ai pas lu les rapports

 13   et que je n'en n'ai pas entendu parler. Ce que j'ai dit hier et que je

 14   répéterai aujourd'hui et que pour autant que je m'en souvienne, et il se

 15   peut que je me trompe du fait de tout le temps qui s'est écoulé, ces

 16   réactions de la communauté internationale n'ont commencé à se faire

 17   connaître que quelques semaines après Tempête.

 18   Q.  Donc vous acceptez le fait que la communauté internationale a exprimé

 19   des préoccupations importantes concernant les incendies, les pillages, et

 20   que ceux-ci se sont produits à grande échelle ? Donc vous l'acceptez

 21   aujourd'hui dans le cadre de votre déposition ici, aujourd'hui ?

 22   R.  Je témoigne en donnant la vérité que je connais et la façon dont je la

 23   connais, je ne peux pas reprendre vos termes, à savoir "massifs" ou

 24   "nombreux." C'est ainsi que j'ai eu des contacts avec la communauté

 25   internationale. Néanmoins, je suis au courant de certaines choses qui se

 26   sont produites suite à l'opération Tempête et peut-être même suite à

 27   d'autres opérations. A l'époque, j'avais l'impression que ces événements ne

 28   s'étaient pas produits sur une échelle massive mais je n'étais pas non plus

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  1   sur place pour avoir une vue directe de la situation. C'était ma position,

  2   mes croyances à l'époque et je vais prendre la liberté de dire ici que cela

  3   n'a jamais fait partie d'un plan systématique. Il s'agissait là

  4   d'événements malheureux qui ont suivi les opérations.

  5   Q.  Regardons un exemple, l'exemple d'un document que vous avez peut-être

  6   lu ou vu à l'époque. Le D690, et il s'agit là d'une déclaration faite par

  7   le responsable de l'UNHCR, M. Ogata -- Mme Ogata, pardon, vous en souvenez-

  8   vous ?

  9   R.  Oui, je connaissais Mme Ogata.

 10   Q.  Elle a signé ou rédigé cette déclaration en date du 10 octobre 1995, et

 11   à la page 1 --

 12   R.  A ce propos, le nom de Mme "Ogata" a été mal écrit.

 13   Q.  [aucune interprétation]

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci. Le compte rendu d'audience sera

 15   révisé après l'audience pour corriger les erreurs de frappe.

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] J'en suis désolé.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous pouvez poursuivre.

 18   M. WAESPI : [interprétation]

 19   Q.  Est-ce que vous avez rencontré en fait Mme Ogata pendant qu'elle était

 20   dans les Balkans après l'opération "Storm" ?

 21   R.  Je ne me souviens pas exactement si je l'ai rencontrée après

 22   l'opération Tempête, mais je l'ai rencontrée à plusieurs reprises. Car son

 23   quartier général était à Genève, je lui ai rendu visite là-bas à plusieurs

 24   reprises, et d'une façon générale nous travaillions bien ensemble, il y

 25   avait une bonne coopération entre nous.

 26   Q.  Regardez, s'il vous plaît, ce document, si nous pouvions descendre en

 27   bas de ce document. Mme Ogata parle "d'aggravation du problème

 28   d'intolérance ethnique et de persécution ces derniers jours," et elle

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  1   continue en disant que elle a été :

  2   "Particulièrement horrifiée par les violations très répandues des

  3   droits de l'homme dans la région de la Krajina qui depuis qu'elle avait été

  4   reprise par l'armée croate en août. Les incendies et les pillages des

  5   maisons serbes se produisaient à grande échelle sur une échelle massive. Et

  6   les autres Serbes, dans la plupart étant des personnes âgées, étaient

  7   terrorisées. Mon envoyé spécial pour l'ancienne Yougoslavie s'est rendu

  8   dans la région, et j'ai été particulièrement frappé par son rapport sur ce

  9   qu'il a pu constater de visu."

 10   Ceci se trouve en haut de la page 2.

 11   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

 12   M. WAESPI : [interprétation] Merci, Monsieur le Président, en haut de la

 13   page 2.

 14   Q.  Est-ce que vous êtes d'accord avec le fait que Mme Ogata et son envoyé

 15   spécial ont vu et lu le rapport concernant ce point ?

 16   R.  Je pense que ce rapport ne contredit nullement ce que j'ai dit. Ce

 17   rapport a été publié en octobre, et j'avais l'impression qu'il n'y avait

 18   pas eu de réaction de la communauté internationale de ce type immédiatement

 19   après l'opération "Storm," mais que ces réactions ont commencé à ce faire

 20   connaître en automne.

 21   Pour ce qui est des informations contenues ici, je ne peux pas attester de

 22   la véracité de ces informations. Je peux vous donner mon avis sur ces

 23   informations, et je dois dire que les événements, tels qu'ils se sont

 24   produits, ne pourraient nullement attester de l'existence d'un plan en

 25   préalable.

 26   Comme vous l'avez dit, M. le Procureur, ce rapport date du mois d'octobre,

 27   c'est-à-dire deux mois après l'opération Tempête.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Essayons d'éviter toute confusion.

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  1   Il semblerait qu'il y est trois points : le premier point, est-ce qu'il y a

  2   eu incendie et pillage à grande échelle, sur une échelle massive; deuxième

  3   point à quel moment la communauté internationale s'est intéressée à la

  4   question; et troisièmement y avait-il un plan ? Je pense que la dernière

  5   question qui vous a été posée par M. Waespi était de savoir, si en dehors

  6   de ce que vous avez appris, si vous contestiez le fait qu'il y avait eu

  7   pillage et incendie à grande échelle, et M. Waespi vous a montré ce

  8   document, dans ce contexte. L'idée néanmoins est faire la distinction entre

  9   -- vous avez trois éléments qui figurent dans la question ainsi que je

 10   viens de vous l'énoncer.

 11   J'ai tendance à être d'accord avec vous, à savoir que ceci ne va nullement

 12   à l'encontre de ce que vous avez dit à propos du moment où vous en avez

 13   entendu parler, vous le dites dans le document elle remonte au mois

 14   d'octobre. Et vous dites également, que vous ne pouvez pas confirmer la

 15   véracité de ce rapport, et bien que cela ne vous a pas été demandé par M.

 16   Waespi, vous avez ajouté que vous n'étiez pas au courant de plan, et que si

 17   ces choses se sont passées, elles ne faisaient certainement partie d'un

 18   plan. Essayons donc de faire la distinction très claire entre ces trois

 19   éléments et les questions qui vous ont été posées.

 20   Vous pouvez poursuivre, Monsieur Waespi.

 21   M. WAESPI : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 22   Q.  Bien, Monsieur Zuzul, vous acceptez qu'à un moment donné, la communauté

 23   internationale a fait un rapport, et vous étiez au courant, qu'il y avait

 24   donc eu violations des droits de l'homme, et ce, à une échelle important

 25   après l'opération "Storm," vous acceptez maintenant, indépendamment de la

 26   date à laquelle ces rapports ont été publiés vous étiez au courant de cela

 27   ?

 28   R.  Si vous me permettez de dire quelque chose afin d'éviter toute

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  1   confusion, le Président a fait une distinction très claire entre les trois

  2   points concernés ici et ceci a été très utile.

  3   Je ne peux pas vous dire dans quelle mesure il y a eu violation des droits

  4   de l'homme. Je ne peux réellement vous dire quelle est la définition du

  5   terme "massif" dans ce contexte. Je ne peux que vous dire ce qui était mon

  6   impression, et c'est ce à quoi le Juge a fait référence.

  7   Deuxièmement, à un moment donné, j'ai pris conscience du fait que la

  8   communauté internationale a exprimé ses préoccupations et a indiqué qu'il y

  9   avait eu violation des droits de l'homme et que différents rapports

 10   prenaient des formules différentes. Là encore, je ne peux pas parler de

 11   l'ampleur de cela. J'ai discuté de cette question avec tous les

 12   responsables officiels du gouvernement croate, et je peux vous dire qu'il y

 13   avait des préoccupations sur ce point.

 14   Pour ce qui est du troisième point, indépendamment de ce qui s'est produit

 15   et de l'ampleur des événements, je n'ai jamais eu l'impression qu'il

 16   s'agissait là d'une activité qui avait été planifiée. Je -- mon avis, et

 17   cela reste toujours valable, et que tous ces événements, et tout ce qui a

 18   pu se produire était le résultat d'un état de préparation concernant ce qui

 19   devait se produire après la libération, dans une certaine mesure -- de

 20   l'absence de préparation de ce qui pouvait se produire après la libération,

 21   dans une certaine mesure, il s'agissait d'une absence de préparation, et

 22   quelquefois simplement c'est malheureusement, mais ce sont des choses se

 23   produire sur le terrain, mais qui n'étaient nullement un acte intentionnel.

 24   Q.  Bien, l'ambassadeur Galbraith, auquel vous avez fait référence comme un

 25   exemple du contraire, la communauté internationale n'a commencé à parler de

 26   ces violations à grande échelle, qu'à la page 18 326 [comme interprété], et

 27   c'est ce qu'il a dit lorsqu'il a témoigné ici concernant la destruction

 28   systématique de la Krajina. Il s'agit de la page 4 960, et il dit que :

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  1   "Cela s'est produit alors que l'armée avait le contrôle, pratiquement dès

  2   le départ et qu'il y avait eu pillage et incendie."

  3   Est-ce que vous contestez ce que l'ambassadeur Galbraith a dit, ambassadeur

  4   dont vous nous avez parlé hier, et que vous considérez être un ami, ce dont

  5   il a témoigné ?

  6   R.  Je peux répéter ici que je considère l'ambassadeur Galbraith comme

  7   étant un ami personnel et comme une personne qui, en tant que diplomate et

  8   homme politique, voulait faire du bien en Croatie. Je ne peux pas dire que

  9   son opinion était véridique ou non, mais d'après son journal, vous pouvez

 10   voir que nous avions des contacts fréquents. Je ne me souviens pas avoir

 11   entendu ces points de vue de sa part immédiatement après l'opération

 12   Tempête, ce qui ne veut pas dire que je considère que ce n'était pas son

 13   opinion à l'époque.

 14   Q.  En fait, il a témoigné avoir parlé de ces atrocités avec différents

 15   dirigeants en particulier M. Susak, Granic, et Sarinic, et également M.

 16   Tudjman; vous n'étiez pas au courant de cela ?

 17   R.  Lorsque vous utilisez une formule comme celle-ci, elle reste très

 18   générale. Bien entendu, il y a eu des moments où toutes sortes de choses

 19   ont été discutées de façon très intenses. Maintenant de quoi il s'agissait

 20   à l'époque il m'est très difficile de le dire. Il y a probablement des

 21   procès-verbaux de ces conversations.

 22   Ce que j'ai dit et ce que je répète aujourd'hui c'est que ce n'était pas

 23   mon impression dans les quelques semaines qui ont suivi l'opération

 24   Tempête, la communauté internationale a reçu des informations concernant ce

 25   que vous avez appelé des violations à grande échelle et à échelle massive

 26   des droits de l'homme, et qu'il y avait donc eu communication avec le

 27   gouvernement croate sur cette question. Ce n'était pas mon impression à

 28   l'époque.

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  1   Q.  Merci, Monsieur l'Ambassadeur. Mais l'armée, la HV, le gouvernement

  2   croate savait ce qui se passait pratiquement dès le premier jour. Ils ont

  3   pu observer d'eux-mêmes que leurs troupes avaient commis des crimes. Est-ce

  4   que vous êtes d'accord avec cela ?

  5   R.  Une fois de plus, c'est là quelque chose que je ne peux ni confirmer ni

  6   nier. Je ne sais pas ce que savait l'armée croate, ce que je pouvais savoir

  7   et que j'aurais dû savoir par l'entremise du gouvernement croate était

  8   l'importance des contacts entre le gouvernement croate et la communauté

  9   internationale. Bien entendu, il y avait communication, il y avait des

 10   rapports. Je pense que la communication, les communications portaient sur

 11   les points suivants ou plutôt je dirais que les communications ont eu lieu

 12   à un moment où les événements qui se produisaient sur le terrain ont

 13   atteint un niveau tel qu'il en devenait préoccupant. C'est de cela dont je

 14   parlais. 

 15   Q.  Mais est-ce que vous niez aujourd'hui le fait qu'il s'agissait de

 16   membres de la HV, de l'armée, qui ont commis certains de ces crimes, ou

 17   est-ce que vous l'acceptez ?

 18   R.  Je ne peux ni l'accepter ni le nier, je suis parfaitement conscient du

 19   fait que je parle de la vérité telle que je la connais et que je le fais

 20   sous serment. Cette question n'est pas un point que je connaissais et qui

 21   me permet soit de le confirmer, soit de l'infirmer.   

 22   Q.  Donc même aujourd'hui, après toutes ces années en votre capacité

 23   d'ambassadeur et d'envoyé spécial à Genève, New York, Washington, vous ne

 24   savez toujours pas qu'il y avait donc des documents de la HV, des documents

 25   de l'époque, admettant que la HV avait commis des crimes, comme par

 26   exemple, des pillages, des incendies et ceci immédiatement après

 27   l'opération Tempête ? Vous ne le savez toujours pas ?

 28   R.  Non, Monsieur le Procureur, vous me faites prononcer une conclusion

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  1   erronée. J'ai vu les documents. Je sais ce qu'ils disent, être je n'ai pas

  2   de raisons de douter de ces documents. En ma capacité en tant que témoin

  3   ici, je ne peux ni confirmer ni infirmer ces rapports concernant les

  4   événements qui se sont produits sur le terrain, que je n'ai ni vu moi-même,

  5   et dont je n'ai pas eu connaissance directement.

  6   En ce qui concerne les rapports, j'en ai vus beaucoup. Et comme vous le

  7   savez et parfaitement, ils étaient très différents les uns des autres.

  8   Q.  Qu'est-ce qui différait beaucoup les uns des autres; il s'agissait de

  9   rapports concernant les crimes ?

 10   R.  Oui, bien sûr. Il y avait différents rapports qui étaient très

 11   différents dans leur évaluation et leur estimation du nombre de crimes, du

 12   fait que les événements étaient isolés ou non, ou organisés, dans

 13   l'estimation également des statistiques. Les différences portant sur les

 14   statistiques allaient de dix à 50, et je peux vous dire que dans les

 15   rapports les récits étaient différents. Et là encore je ne peux pas vous

 16   dire lesquels étaient exacts.

 17   Q.  De quoi s'agissait-il ? Quels étaient ces rapports ? Qui étaient les

 18   auteurs de ces rapports ? 

 19   R.  Il y avait beaucoup d'institutions officielles et non officielles qui

 20   rédigeaient des rapports. A mon sens, en tant qu'ambassadeur et

 21   représentant de la Croatie auprès de la communauté internationale, le

 22   rapport de Mme Ogata était très important. Nous avons également reçu des

 23   rapports du gouvernement croate. Nous avons reçu des rapports d'autres

 24   organisations internationales. Mais là encore, en dépit de ma volonté de

 25   mes connaissances, je ne me permettrais pas d'interpréter ces rapports.

 26   Aujourd'hui, plus de dix ans après, je ne me souviens que de quelques-uns

 27   d'entre eux. Vous avez rappelé à mon souvenir certains d'entre eux, mais il

 28   y en avait beaucoup et je ne peux pas les interpréter particulièrement.

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  1   A l'époque, et c'est quelque chose qui n'a pas été dit à ce moment-là, je

  2   ne me souviens pas avoir entendu quelqu'un en parler c'est-à-dire parler de

  3   l'existence d'un plan, et aujourd'hui je peux vous dire qu'il n'y en avait

  4   pas, mais je ne peux pas vous donner d'autres nuances concernant les

  5   événements sur le terrain -- ou d'autres éléments concernant les événements

  6   sur le terrain.

  7   Q.  Bien. Merci, Monsieur l'Ambassadeur. Passons maintenant au point

  8   suivant, et là, en fait vous avez fait quelque chose hier, vous avez dit

  9   que -- quelque chose que vous aviez dit ne pas faire et vous avez parlé

 10   d'événements auxquels vous n'avez pas participé, il s'agit de là traduction

 11   du mot croate "toboze" - si je le prononce correctement. J'accepte le fait

 12   que vous souhaitez que ce terme soit considéré comme un adjectif plutôt que

 13   comme un verbe et je ne veux pas en parler, je veux simplement parler du

 14   sens du terme.

 15   Hier, pendant que vous témoigniez, nous avons fait une recherche très

 16   rapide sur l'internet et il s'agit donc du 65 ter 7528 qui nous a donné les

 17   traductions suivantes pour ce terme croate "toboze."

 18   M. WAESPI : [interprétation] Si nous pouvions donc avoir le document, s'il

 19   vous plaît.

 20   Q.  Vous voyez là qu'il y a diverses traductions proposées pour le terme

 21   "toboze," ce n'est peut-être pas très lisible, donc ça se traduit "un

 22   prétexte," "un soi-disant," "un semblerait-il", un "quasi," un "prétendu,"

 23   ou peuvent également vouloir dire "ostensiblement," "just for show," ou

 24   bien "smooth-faced" c'est encore en anglais. Toutes ces traductions sont

 25   des traductions vous semble-t-il valables pour le terme "toboze" ?

 26   R.  Je l'accepte parfaitement et je vous en remercie, parce que cela va

 27   dans le sens de ce sur quoi je voulais attirer votre attention, à savoir

 28   que c'est un terme qui est extrêmement difficile à traduire en anglais,

Page 18367

  1   parce qu'il n'existe pas de terme ou de phrase qui le décrirait clairement.

  2   C'est quelque chose qui découle de ce document que vous avez devant vous.

  3   Néanmoins, lorsque vous le traduisez comme il a été traduit dans le

  4   document que vous m'avez montré, alors il prend un sens très particulier.

  5   Ce qui à mon sens ne reflète pas avec exactitude le sens de la phrase

  6   prononcée par le président Tudjman. Parce que si vous utilisez un des

  7   termes dans le tableau ici, vous verriez que cela modifierait le sens de la

  8   phrase. Ça, c'est une chose.

  9   Autre point, où ce terme "toboze" a été placé dans la phrase. Au départ, il

 10   était placé juste avant le verbe alors que dans la traduction, il venait

 11   avant le verbe. Alors que normalement il venait après le verbe, cela

 12   modifie le sens indépendamment du terme utilisé à l'origine.

 13   Si vous me permettez une suggestion. Si l'on devait faire une analyse

 14   grammaticale du discours du président Tudjman, vous verriez que le terme

 15   "toboze" était utilisé dans son discours beaucoup plus fréquemment que cela

 16   n'ait normalement le cas en croate. Je cite cela de mémoire et je ne base

 17   pas cela sur des compétences, mais si vous analysez son discours, vous

 18   verrez que l'utilisation du terme "toboze" est souvent utilisé dans le

 19   discours du président Tudjman, à côté de terme tel que "droits de l'homme,"

 20   "liberté de la presse," et cetera. Vous verriez que la façon dont il a

 21   utilisé cela à côté des droits de l'homme pourrait être interprété en

 22   utilisant l'un de ces termes que nous avons ici sur l'écran. Là, on

 23   pourrait dire que le terme "toboze" ne se rapportait pas au mot "protect"

 24   en anglais, dans cette phrase, mais plutôt à l'expression "human rights"

 25   "droits de l'homme" ou "droits civiques." Je pense que cela fait toute la

 26   différence lorsqu'il s'agit du sens que l'on veut donner à cette phrase.

 27   Q.  Mais, Monsieur l'Ambassadeur, vous acceptez le fait que lorsque l'on

 28   regarde la traduction et ici telle qu'elle a été utilisée par les

Page 18368

  1   interprètes en cabine, et lorsque l'on voit la traduction écrite, votre

  2   interprétation telle que vous venez de nous la donner ici ne figure pas

  3   dans ce que nous avons ici. Vous l'acceptez ?

  4   R.  Je pense que ceci ne fait partie que des traductions possibles. Dans la

  5   salle d'attente des témoins hier, j'ai trouvé une liste encore plus longue

  6   de traductions éventuelles.

  7   Mais mon point reste le même, à savoir que le terme "toboze" peu

  8   importe comment vous le traduisez s'applique à la deuxième partie de la

  9   phrase et non pas au verbe qui le précède. C'était là ma principale

 10   objection à la traduction écrite. Mais comme vous le savez, il est

 11   impossible de traduire avec précision ce terme. Mais les Juges peuvent

 12   comprendre dans quelle mesure il s'agit d'un mot qui a un sens très large.

 13   On peut utiliser différents aspects de ce terme "possible," "prétendu,"

 14   "quasi," et cetera, parce que là, il s'agit d'un terme extrêmement large.

 15   Q.  La dernière question à ce sujet. Est-ce que vous saviez qu'à la

 16   fin de la phrase, il a rigolé à la fin de la phrase; est-ce que vous le

 17   saviez ?

 18   R.  Non, je ne le savais pas à l'époque. Comme vous le dites, je

 19   pense que ceci confirme tout simplement ce que j'ai dit depuis le début.

 20   Moi, j'apprécie le président, je le faisais confiance, mais je savais que

 21   la façon dont il a interprété différents concepts, et bien, n'était pas la

 22   même que la façon dont on les comprend dans le monde démocratique

 23   d'aujourd'hui. Donc ça m'étonnerait pas du tout d'apprendre qu'il rigole en

 24   disant ce mot, "les droits de l'homme," parce que c'est qu'il pensait

 25   vraiment au sujet de ce concept. Cela le faisait rire, à vrai dire. Mais le

 26   président Tudjman, comme c'était un homme d'état responsable, quand il ne

 27   comprenait complètement, même quand il ne comprenait pas complètement les

 28   concepts, il n'a jamais violé les droits de l'homme parce qu'il voulait que

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  1   la Croatie fasse partie du monde occidental. Cela étant dit, il avait pour

  2   habitude de montrer à quel point il n'était pas forcément d'accord avec

  3   cela. C'était un peu son point de vue, et ça, lui est arrivé donc d'ajouter

  4   un "quasi" devant les droits de l'homme, ou bien un autre adjectif

  5   qualifiant ce terme et montrant son point de vue, par exemple, de rire un

  6   peu en prononçant le mot.

  7   Q.  Mais dans ce contexte, quand il rigole au sujet des droits de l'homme,

  8   en disant "es quasi droits de l'homme ou les prétendus droits de l'homme,"

  9   il s'agit finalement des droits de l'homme des Serbes qui habitent en

 10   Croatie, n'est-ce pas ?

 11   R.  Non, non, il s'agit du concept qui peut être interprété différentes

 12   façons, dans différentes démocraties de l'occident. Il y en a une que je

 13   soutiens moi et toute la Croatie d'ailleurs, mais il existe d'autres

 14   interprétations de ce terme. Moi, je pense que ceci ne s'appliquait à un

 15   plan précis. Même je peux vous dire que je suis sûr que si jamais s'il

 16   faisait référence à un plan précis, à une situation précise, il n'aurait

 17   pas rigolé. Tout simplement parce que la situation était sérieuse et ça

 18   aurait amoindri le sérieux de la situation.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Waespi, ici, nous avons des

 20   experts et vous nous invitez à regarder les mots qui ne sont même pas bien

 21   orthographiés, et on n'a pas vraiment l'impression qu'il s'agit là d'un

 22   point de vue d'expert. Le témoin n'est pas ici pour parler de rire qu'il

 23   n'a même pas entendu. Quelle était la nature de ces rires, comment étaient-

 24   ils, est-ce qu'il s'agissait d'un rire nerveux, un rire à grands éclats.

 25   Ecoutez, nous allons examiner cette phrase, nous allons la prendre dans le

 26   contexte et nous avons compris de quelle façon le témoin interprète que ces

 27   mots, et même celui qu'il n'a pas entendu, et nous savons que vous en

 28   passez autre chose. Je ne m'attends pas à ce qu'on arrive à une conclusion

Page 18370

  1   définitive à ce sujet avec même en ajoutant encore cinq questions à ce

  2   sujet.

  3   M. WAESPI : [interprétation] Moi, j'espère que nous ne sommes plus là dans

  4   le domaine de la linguistique. Moi, j'ai voulu tout simplement qu'il me

  5   confirme qu'il arrivait bien que le président Tudjman rigole quand on

  6   parlait des droits de l'homme en général --

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ecoutez, moi, je pense que nous allons

  8   pouvoir être capable de placer dans le contexte la phrase prononcée par le

  9   président Tudjman. Bien sûr, qu'il est important de savoir quel a été le

 10   terme et la signification des termes employés par le président. Cela étant

 11   dit, je pense que cela fait un moment que l'on parle de cela et qu'il n'est

 12   nullement besoin de poursuivre.

 13   M. WAESPI : [interprétation] Très bien. Je vais passer au troisième thème.

 14   Q.  Que j'ai voulu aborder avec vous, Monsieur le Témoin. Dans votre

 15   déclaration, Monsieur le Témoin, la pièce D1485, dans le paragraphe 6, qui

 16   se trouve à la page 3 en anglais, vers la fin, vous dites que :

 17   "Vous avez participé activement à la création du Tribunal pénal

 18   international pour l'ex-Yougoslavie," et là, je vous cite.

 19   Comment se fait-il que vous ayez participé activement à la création

 20   du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie ?

 21   R.  Comme c'est bien connu, pendant toute l'année 1990, j'étais un acteur

 22   important et actif de la diplomatie croate. Quand la question du Tribunal

 23   s'est posée, je dois dire que la Croatie a soutenu cette idée. J'ai été

 24   auteur de plusieurs rapports envoyés au président et au gouvernement

 25   appuyant, soutenant à chaque fois la création et le travail de cette

 26   vénérable institution, et je pense que nous étions tous d'accord sur ce

 27   point, nous les diplomates. Evidemment, que la Croatie a réfléchi à toutes

 28   les façons dont on pourrait créer cette institution et je dois dire que

Page 18371

  1   nous les avons soutenus à chaque fois.

  2   Q.  Très bien.

  3   M. WAESPI : [interprétation] Je vais revenir là-dessus. Mais je vais

  4   demander un instant que le document précédent, à savoir le document 65 ter

  5   7268, la question de traduction, je voudrais demander que cette pièce soit

  6   versée au dossier.

  7   M. KEHOE : [interprétation] Monsieur le Président, en théorie, évidemment,

  8   je n'ai pas d'objection, mais je pense qu'il se pose la question de

  9   fiabilité. Vous l'avez remarqué, vous aussi, je dirais le mot n'est même

 10   pas orthographié correctement --

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Cela étant dit qu'on a montré cela au

 12   témoin, et il s'agissait de quelque chose qui était sur la liste. Donc si

 13   vous voulez, on peut le verser, mais pas vraiment comme la référence

 14   linguistique en ce qui concerne la traduction de ce mot, parce que je suis

 15   sûr que nous sommes en mesure de retrouver des meilleures sources plus

 16   fiables, où il n'y a pas de faute d'orthographe au moins.

 17   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ceci deviendra la pièce P9038 [comme

 18   interprété].

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Qui vient d'être versé au dossier.

 20   M. WAESPI : [interprétation]

 21   Q.  Maintenant, je reviens sur cette question que vous avez évoquée, à

 22   savoir que vous étiez tout à fait pour la création du Tribunal pénal

 23   international, et vous avez dit que le président Tudjman était d'accord,

 24   mais quand il s'agissait de l'obligation de l'Etat de Croatie de fournir

 25   des documents, ce que vous avez fait, vous avez obstrué le travail du

 26   Tribunal en ne fournissant pas les informations demandées ?

 27   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

 28   M. KEHOE : [interprétation] Avec tout le respect, Monsieur le Président,

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  1   quelle est vraiment la pertinence de cela ? Parce que, là, il s'agit d'une

  2   discussion en vertu de l'article 54, mais ça n'a aucune pertinence ici.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je n'accepte pas votre objection,

  4   Monsieur Kehoe. Le témoin a dit que la Croatie soutenait le travail du

  5   Tribunal, et je pense que M. Waespi en ce moment vérifie dans quelle mesure

  6   la Croatie a effectivement soutenu le travail du Tribunal. Nous avons tout

  7   à fait le droit d'entendre cela.

  8   M. WAESPI : [interprétation]

  9   Q.  Monsieur le Témoin, est-ce que vous n'avez jamais parlé en public de la

 10   latitude de la République de Croatie par rapport aux injonctions à produire

 11   -- issues par le Tribunal pénal international et qui concernaient les

 12   documents relatifs au président Tudjman ?

 13   R.  Ecoutez, je ne me souviens pas précisément de cela, mais je sais qu'en

 14   tant qu'ambassadeur, en tant que diplomate, je dis que la Croatie allait

 15   user de tous les mécanismes juridiques, pour faire valoir son point de vue

 16   qui évidemment n'était pas forcément toujours le même que le point de vue

 17   du Procureur. C'est tout à fait possible que je l'aie dit. Je ne sais pas

 18   exactement quelle est la déclaration à laquelle vous faites référence, mais

 19   au cours de mon travail d'ambassadeur, de fonctionneur [phon] ou bien de

 20   ministre, j'ai toujours soutenu l'existence et le travail, le

 21   fonctionnement du Tribunal, ainsi que mon gouvernement.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Zuzul, veuillez, s'il vous

 23   plaît, vous concentrez sur la question posée. On ne vous a pas demandé si

 24   vous travailliez le travail du Tribunal. On vous a posé une question

 25   précise au sujet d'une déclaration, on vous a demandé si vous avez déclaré

 26   cela, oui ou non ?

 27   Monsieur Waespi, vous pouvez poursuivre.

 28   M. WAESPI : [interprétation] Merci.

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  1   Je vais demander que l'on présente la pièce 65 ter 7263.

  2   Q.  Ceci va peut-être rafraîchir votre mémoire sur la déclaration que vous

  3   avez faite publiquement. Il s'agit d'un document de trois pages, mais

  4   l'article qui nous enfin la question qui nous intéresse c'est quelque chose

  5   qui est écrit par le journaliste, Roy Guttman, un article qui se trouve à

  6   la moitié de la page 2; voilà c'est bien, c'est bien cette page là. Nous

  7   allons descendre la version en anglais de ce document. Oui.

  8   Donc là, nous voyons une information d'une organisation, une agence de

  9   presse qui s'appelle "Newsday," et on parle de vous, de M. Zuzul, donc

 10   Miomir Zuzul, qui est ambassadeur croate auprès -- enfin dans les Etats-

 11   Unis d'Amérique, et on parle de l'arrestation des criminels de guerre en

 12   Bosnie. A la page 3, on peut lire : 

 13   "L'envoyé croate a également dit que son gouvernement va s'opposer aux

 14   injonctions à produire demander par le Tribunal en ce qui concerne les

 15   documents internes qui font un rapport entre le président Tudjman et son

 16   aide l'aide apporté à la guerre en Bosnie menée par les Croates de Bosnie."

 17   Donc l'aide destinée aux Croates de Bosnie, est-ce que vous vous

 18   souvenez de cela ?

 19   R.  Vous venez de faire exactement ce que le président m'a demandé à ne pas

 20   faire. D'abord, vous tirez une conclusion, ensuite vous me posez la

 21   question. Ecoutez, cette conclusion ne tient pas debout de toute façon.

 22   Moi, je vous ai dit la vérité. Vous pouvez retrouver des millions de

 23   documents qui vont confirmer cela. Moi, en tant que représentant du

 24   gouvernement croate, j'ai toujours coopéré avec le Tribunal même quand

 25   c'était très difficile de coopérer.

 26   En ce qui concerne cette phrase, celle quelle a écrite, comme vous pouvez

 27   le voir, c'est un rapport, le rapport d'une réunion d'information qui s'est

 28   déroulée dans l'ambassade. On pouvait l'écrire et l'interpréter des

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  1   milliers de façon, mais qu'est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire que

  2   si la Croatie va protester, et bien elle va protester tout en respectant

  3   cette vénérable institution.

  4   D'ailleurs, la Croatie quand elle s'est adressée aux Juges dans les

  5   années 90, effectivement il y a eu des réactions du côté du gouvernement

  6   croate par rapport aux injonctions à comparaître ou à produire. Mais je ne

  7   suis pas un juriste mais c'était parfaitement son droit. La Croatie avait

  8   tout à fait le droit de s'opposer à cela, ce qui ne représente pas du tout

  9   le non-respect de cette institution.

 10   M. WAESPI : [aucune interprétation]

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Zuzul, tout d'abord --

 12   M. KEHOE : [aucune interprétation]

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous ai entendu dire :

 14   "Et je ne vois pas ce que vous voulez dire," et c'est à M. Waespi de

 15   réfléchir à cela.

 16   Ensuite vous dites :

 17   "Exactement ce que le président demandait et demandait de ne pas

 18   faire."

 19   Il y a une différence entre la façon dont les questions sont posées

 20   en commençant par une conclusion, et il y a une différence quand on pose la

 21   question de cette façon-là et quand on répond aux questions de cette façon-

 22   là. C'est pour cela que je vous demanderais de ne pas faire de commentaires

 23   au sujet des questions posées. S'il y a un problème quelconque par rapport

 24   à la façon dont M. Waespi pose ses questions, soit les Juges vont

 25   intervenir, soit la Défense, ce qui va encore se produire peut-être.

 26   Puisque je vois M. Kehoe debout, il est tout à fait capable, j'en

 27   suis sûr, de soulever une objection par rapport à toute question qui ne

 28   correspond pas à la forme acceptable dans ce prétoire.

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  1   Monsieur Kehoe, c'était bien cela.

  2   M. KEHOE : [aucune interprétation]

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien, là, on a une démonstration, par

  4   exemple.

  5   M. KEHOE : [interprétation] Je ne sais pas quelle est la base de cela et il

  6   s'agit de la base de fondement d'une bonne foi puisque je suis sûr que le

  7   bureau du Procureur sait très bien; et les Juges peuvent le confirmer

  8   puisqu'il y a eu des décisions de la Chambre d'appel par rapport à cette

  9   question qui a été prise et c'est la République de Croatie qui a gagné

 10   justement par rapport à cela, par rapport aux injonctions à produire

 11   adresser à la République de Croatie concernant la guerre qu'il y avait avec

 12   les Croates de Bosnie. Donc je pense qu'il faudrait vraiment pour être

 13   vraiment de bonne foi présenter au témoin le tableau complet.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Je pense que ceci, de toute

 15   façon, a été expliqué dans la réponse du témoin et je pense que le témoin

 16   est tout à fait capable de placer cela dans le contexte. Donc si j'ai bien

 17   compris, vous avez soulevé une objection parce que vous pensez que la

 18   question a été posée de la façon à induire le témoin en erreur en quelque

 19   sorte.

 20   Monsieur Waespi.

 21   M. WAESPI : [interprétation]

 22   Q.  Là il y a une petite question au compte rendu d'audience. A la page

 23   précédente, page 28, ligne 18, vous avez dit, Monsieur l'Ambassadeur, que

 24   vous vous souvenez que, dans les années 90, la Croatie a effectivement

 25   réagi à différentes injonctions à produire; quelle avait tout à fait le

 26   droit de le faire ?

 27   Est-ce que vous l'avez vraiment dit ? Est-ce que vous avez dit : "Quelle a

 28   réagi, quelle n'a pas réagi aux injonctions à produire ?"

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  1   R.  Bien, je pense qu'elle a réagi, si mes souvenirs sont exacts. Elle a

  2   bien réagi, oui, et je l'ai dit d'ailleurs. Je pense que la VRS, la fin des

  3   années 90, la Croatie a effectivement réagi en s'adressant au Tribunal.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vais essayer de comprendre ce que

  5   vous voulez dire puisque vous avez ajouté que : "C'était que la Croatie

  6   avait tout à fait le droit de le faire." Si vous recevez une injonction à

  7   produire, là, il ne s'agit pas d'un droit, il s'agit d'une obligation

  8   plutôt de produire, donc est-ce que voulez dire que la Croatie a répondu à

  9   ces injonctions à produire et quelle a contesté cela la demande même, parce

 10   que j'ai du mal à comprendre. Donc qu'est-ce qui se passe ? Vous recevez

 11   une injonction à produire, ensuite vous réagissez, mais vous réagissez

 12   comment, de façon positive ou négative ? Parce que "la réaction" on

 13   comprend ce que c'est que la réaction mais quand vous dites qu'on a le

 14   droit de réagir, j'avais l'impression qu'on a contesté finalement la façon

 15   dont on a envoyé cette injonction à produire par rapport aux règles du

 16   droit international, par exemple, parce que les Juges savent qu'on a

 17   beaucoup invoqué les intérêts de la sécurité, de la sûreté d'un Etat, et

 18   quand on reçoit une injonction à produire ou à comparaître, on peut

 19   l'accepter à la lettre ou réagir.

 20   Mais pourriez-vous nous dire quel a été cette "réaction," puisque le

 21   terme utilisé est assez vague ?

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Je pense que vous avez tout à fait

 23   raison, il s'agit là de deux significations tout à fait différentes. La

 24   façon dont je l'ai comprise la question du Procureur mais peut-être qu'on

 25   pouvait l'interpréter différemment. Il s'agissait là d'un discours et il

 26   s'agissait de savoir ce qui allait se faire avec les injonctions à produire

 27   de la part du Procureur que l'on avait annoncé. Je ne sais pas si elles

 28   étaient déjà envoyées et communiquées. Je sais que la République de Croatie

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  1   a dit -- a déclaré qu'elle allait s'adresser directement à la Chambre de

  2   première instance et demander qu'il n'y ait pas d'injonctions à produire.

  3   La Croatie l'a fait effectivement, elle a réagi exactement de cette façon-

  4   là à cette position, à cette annonciation faite par le Procureur.

  5   En revanche, si ce sont les Juges ou une Chambre de première instance qui a

  6   envoyé cette injonction à comparaître ou à produire, à partir du moment où

  7   elle a été confirmée par les Juges, le gouvernement ne l'a jamais refusé,

  8   et ce n'était pas nécessaire. Le gouvernement, auquel j'ai pris part à

  9   chaque fois que l'on demandait une coopération du gouvernement croate, nous

 10   coopérions sans réserve et il n'était nullement besoin de nous envoyer des

 11   injonctions à comparaître ou à produire.

 12   M. WAESPI : [aucune interprétation]

 13   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

 14   M. WAESPI : [interprétation]

 15   Q.  Pour que ceci soit bien clair, parce que vous avez dit tout à l'heure,

 16   à la page 28, lignes 15 à 18, que là, il s'agissait d'une réunion, une

 17   conférence de presse, et que l'on pouvait expliquer ça de différentes

 18   façons. Est-ce que vous, vous souvenez ? Si vous en souvenez encore que

 19   vous avez dit que le gouvernement croate - et là, je cite :

 20   "Va résister les injonctions à produire demandant les documents

 21   internes qui lient le président Tudjman à la guerre menée par les Croates

 22   de Bosnie en Bosnie, nous refuserons de communiquer de tels documents ?"

 23   R.  Non, je n'aurais jamais dit cette phrase de cette façon-là. Il ne

 24   s'agit pas de résister une décision des Juges, il s'agit du droit de la

 25   Croatie de contester une décision devant le Tribunal pénal international.

 26   Evidemment que le gouvernement croate n'a jamais ignoré ou refusé les

 27   décisions des Juges. Je ne l'aurais jamais dit d'ailleurs en tant que

 28   diplomate.

Page 18378

  1   Q.  Connaissez-vous le journaliste Roy Guttman ?

  2   R.  Oui, je le connais.

  3   Q.  Quelle est sa réputation ?

  4   R.  Très bonne réputation. C'est un très bon journaliste.

  5   M. WAESPI : [interprétation] Merci.

  6   Moi, je vais demander de verser ce document, Monsieur le Président.

  7   M. KEHOE : [interprétation] Je ne vois pas où on va exactement avec ceci.

  8   Tout d'abord, là, il ne s'agit pas vraiment de citation, puis il s'agit du

  9   contexte puisque effectivement cela a fait l'objet d'un litige, et c'est le

 10   Tribunal pénal international qui a perdu dans ce litige. C'était une

 11   décision de la Chambre d'appel, donc je ne vois pas exactement ce que le

 12   Procureur veut faire avec cela puisque c'est le Procureur qui a perdu

 13   finalement dans ce litige entre le gouvernement de Croatie et le Procureur.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il s'agissait là d'un litige assez

 15   complexe. Mais je vais vous poser une question, Monsieur Zuzul.

 16   Mis à part la façon dont il faut interpréter vos propos, est-ce que vous

 17   pensez que cet article reflète plus ou moins ce que vous avez dit lors de

 18   cette conférence de presse ?

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, maintenant regardons

 20   cet article rapidement. Oui, je pense que oui, effectivement. Cela étant

 21   dit, je pense que dans cette phrase qui ne constitue qu'une toute petite

 22   partie de cet article, à savoir le soutien de la Croatie quand il s'agit

 23   d'arrêter les criminels de guerre. Je peux dire que le ton de l'article est

 24   complètement différent que le ton de la phrase qu'on essaie de sortir du

 25   contexte. Parce que, là, il ne s'agit pas d'une citation. Moi, je n'ai

 26   jamais dit cela comme cela, je n'aurais jamais dit. Vous savez, j'ai dit

 27   des milliers de phrases au cours de ma vie, et la façon dont le Procureur

 28   souhaite interpréter cette phrase, cette interprétation diffère

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  1   complètement de tout ce que je n'ai jamais dit. Même si je pense que c'est

  2   un bon professionnel, ce journaliste, Roy Guttman, je ne pourrais jamais

  3   accepter cette phrase comme quelque chose que j'aurais dit texto.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] On va attribuer une cote MFI à ce

  5   document, et ensuite on va réfléchir si l'on va verser au dossier, oui ou

  6   non, cette pièce.

  7   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agit de la pièce P2039 [comme

  8   interprété].

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien.

 10   M. WAESPI : [interprétation] Je voudrais aborder le dernier sujet.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais je vois l'heure, 10 heures 30. Vous

 12   avez besoin de combien de temps ?

 13   M. WAESPI : [interprétation] J'ai besoin, je pense, encore une quinzaine de

 14   minutes.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Nous allons prendre une pause

 16   et nous allons reprendre à 10 heures 50.

 17   --- L'audience est suspendue à 10 heures 30.

 18   --- L'audience est reprise à 11 heures 04.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Waespi, poursuivez, je vous

 20   prie.

 21   M. WAESPI : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

 22   Avant que je reprenne le fil de mon contre-interrogatoire, je voudrais

 23   juste dire que nous n'avons absolument aucune objection à ce que ces

 24   extraits vidéos qui avaient un lien d'ailleurs avec M. Galbraith, nous

 25   n'avons absolument aucune objection pour que cela soit versé au dossier, et

 26   d'ailleurs, M. Tieger m'en avait déjà parlé la nuit dernière, et j'avais

 27   oublié de le mentionner. Voilà.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie.

Page 18380

  1   M. WAESPI : [interprétation]

  2   Q.  Monsieur l'Ambassadeur, lors de vos contacts avec les représentants de

  3   la communauté internationale, il vous a souvent été fait part des

  4   préoccupations à propos du retour des Serbes de la Krajina, n'est-ce pas ?

  5   R.  C'est exact.

  6   Q.  Au moins une fois, vous avez essayé en quelque sorte de ne pas tenir

  7   compte de ces questions, de ce qui vous était posé comme question ?

  8   R.  Ecoutez, je ne suis pas sûr d'avoir compris votre question.

  9   Q.  Lorsque les membres de la communauté internationale vous disaient que

 10   les Serbes de la Krajina devaient revenir, vous avez dit, que cela n'était

 11   pas véritablement un problème, et vous avez essayé d'attirer leur attention

 12   sur d'autres questions qui étaient peut-être moins névralgique pour vous ?

 13   R.  Lorsque vous vous trouvez face à -- ou présentez ou face à des

 14   questions très complexes - n'oubliez qu'en diplomatie, toutes les questions

 15   ont leur complexité - vous essayez toujours de mettre l'accent -- ou

 16   plutôt, d'attirer l'attention sur des éléments qui vous sont favorables.

 17   Donc, moi, je n'ai pas eu le type de discussion, par exemple, où j'aurais

 18   dit que cela n'est pas un problème ou que cela ne devait pas du tout être

 19   traité.

 20   M. WAESPI : [interprétation] Alors nous allons justement nous pencher sur

 21   l'un de ces problèmes. Il s'agit de la pièce 7261 de la liste 65 ter. C'est

 22   la page 5 de la version anglaise qui m'intéresse ce qui correspond à la

 23   page 12 de la version en B/C/S.

 24   Q.  Monsieur l'Ambassadeur, il s'agit d'une réunion qui a eu lieu au palais

 25   présidentiel, le 9 septembre 1995. Si vous prenez la page 5, vous verrez

 26   que nous y trouvons une référence que vous faites et vous faites référence

 27   à un M. Tarnoff. Je pense qu'hier, nous en avons déjà entendu parler. Alors

 28   si vous vous en souvenez, est-ce que vous pourriez, dans un premier temps,

Page 18381

  1   nous rappeler qui était M. Tarnoff ?

  2   R.  Je pense qu'à l'époque, M. Tarnoff était sous-secrétaire d'état, donc à

  3   moins que je me trompe, il était sous-secrétaire d'Etat pour les questions

  4   politiques.

  5   Q.  Il s'agissait d'un diplomate américain, n'est-ce pas ?

  6   R.  Oui, oui, d'un diplomate américain.

  7   Q.  Alors j'aimerais citer vos propos lors de cette réunion. Donc le

  8   président Tudjman est présent, M. Granic est également présent, il y a

  9   d'autres personnes également. Alors voilà ce que vous dites :

 10   "Miomir Zuzul : M. le président, à propos de ce Tarnoff, alors étant donné

 11   que le ministre a déjeuné avec les Français, j'ai eu la possibilité de me

 12   trouver seul avec Tarnoff. Alors il a commencé d'abord en mentionnant le

 13   problème des Serbes de la Krajina. J'ai réagi et répondu très rapidement en

 14   disant que nous avions des problèmes beaucoup plus importants que celui-ci.

 15   Donc il n'a pas insisté."

 16   Est-ce qu'il ne s'agit pas, là, d'un exemple qui illustre le fait que vous

 17   ne souhaitiez pas parler ou traiter du problème des Serbes de la Krajina ?

 18   R.  Ecoutez, je pense que cela prouve exactement ce que j'ai dit. Je

 19   pensais qu'il y avait de nombreux problèmes dont il fallait que nous

 20   parlions avec les Etats-Unis d'Amérique. Je voulais justement, saisir cette

 21   occasion qui était donnée de parler avec M. Tarnof pour parler de ces

 22   sujets, du mieux que je le pouvais. Je n'ai pas évité d'ailleurs en tant

 23   que diplomate, je n'aurais pas pu éviter le problème auquel se trouvait

 24   confronter les Serbes de la Krajina. Car il faut savoir que très souvent,

 25   les consignes que j'avais ne me permettaient pas d'avoir des conversations

 26   très précises. Ce qui ne signifie pas pour autant que j'évitais ces

 27   conversations. Mais il s'agissait d'une conversation avec un représentant

 28   très haut placé de la délégation américaine, et je voulais en fait parler

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  1   de questions qui avaient leur importance pour moi. Il s'agissait

  2   essentiellement de la réintégration pacifique de la Slavonie orientale.

  3   Q.  Alors je vais enchaîner à la suite d'une observation que vous venez de

  4   faire; est-ce que vous aviez reçu des instructions à des consignes de la

  5   part de votre gouvernement qui vous aurait demandé de ne pas avoir de

  6   conversations précises justement à propos du retour des serbes de Krajina ?

  7   R.  Non, non, je n'ai jamais reçu ce genre de consignes.

  8   Q.  Donc vous avez fait référence à des consignes ou à des instructions que

  9   vous auriez reçues qui ne vous permettaient pas d'avoir des conversations

 10   ou des discussions; lorsque vous avez dit cela, à quoi est-ce que vous

 11   faisiez référence ?

 12   R.  Ecoutez, je ne sais pas comment cela a été interprété. Mais ce que

 13   j'avais dit c'est que je n'avais jamais reçu de consignes qui m'auraient

 14   permis ou qui ne m'auraient pas permis de faire quelque chose. Mais il faut

 15   savoir que dans le monde diplomatique, lorsque vous aviez des contacts avec

 16   la communauté internationale, il y avait quand même une certain hiérarchie

 17   qui était en place et qui était telle que qu'est-ce qui était important

 18   pour nous c'était l'importance de nos communications avec la communauté

 19   internationale. Ce que j'ai dit c'est qu'il y avait d'autres questions

 20   beaucoup plus importantes dont il fallait que nous parlions avec les

 21   représentants des Etats-Unis d'Amérique. C'est ce que j'ai dit et je pense

 22   d'ailleurs que M. Tarnoff a tout à fait accepté. S'il avait insisté, s'il

 23   était revenu à la charge, je n'aurais pas refusé de lui donner une réponse.

 24   Vous savez, avec le département d'Etat, j'ai abordé, j'ai parlé de nombreux

 25   problèmes et cela d'ailleurs est tout à fait normal dans le cadre des

 26   relations entre deux Etats.

 27   M. WAESPI : [interprétation] Je souhaiterais demander le versement au

 28   dossier de ce document.

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  1   M. KEHOE : [interprétation] Je n'ai pas d'objection.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier d'audience.

  3   M. LE GREFFIER : [interprétation] Cela va devenir, Monsieur le Président,

  4   la pièce P2540.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le document est versé au dossier.

  6   Poursuivez.

  7   M. WAESPI : [interprétation]

  8   Q.  En fait, Monsieur l'Ambassadeur, il est exact, n'est-ce pas, que vous

  9   avez dit à votre collègue ambassadeur, je cite : "Oubliez le retour des

 10   Serbes de la Krajina. Ce retour ne serait que source de problème" ?

 11   R.  Alors j'affirme de façon catégorique que la citation que vous venez de

 12   faire ne correspond pas exactement à mes propos.

 13   Q.  Bien. Nous allons donc demander l'affichage de la pièce P458. C'est une

 14   pièce à conviction qui vous a été présentée par Me Kehoe, hier. Il s'agit

 15   en fait du journal diplomatique de M. l'Ambassadeur Galbraith. La citation

 16   en question se trouve à la page 38 du système électronique. Pour le

 17   journal, vous avez une cote différente et il s'agit de la page 44. Vous

 18   verrez donc d'après la page précédente, vous en déduirez qu'il s'agissait

 19   du 5 septembre. Voyons, voyons un peu ce que nous dit M. l'ambassadeur

 20   Galbraith. Voyons ce qu'il rédige dans son journal de bord.

 21   J'attire votre attention sur le haut de la page :

 22   "J'ai dîné avec plusieurs ambassadeurs (de la Russie, de l'Espagne et du

 23   Canada) et avec des chefs de mission adjoint (pour le Royaume-Uni,

 24   l'Allemagne et la France) pour parler de la situation. J'ai été perturbé

 25   lorsque Zuzul, que je considère comme un homme tout à fait honnête et

 26   modéré m'a dit samedi qu'il fallait oublier le retour des Serbes de la

 27   Krajina. 'Leur retour ne serait qu'une source de problème,' a-t-il dit."

 28   Est-ce que vous acceptez ce qu'a écrit M. l'ambassadeur Galbraith dans son

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  1   journal de bord ?

  2   R.  Oui, j'accepte qu'il ait rédigé cela, bien sûr. Mais je n'accepte pas

  3   d'avoir dit cela. Il s'agit d'une citation de mes propos. M. Galbraith et

  4   moi-même avons eu de nombreuses discussions à propos de plusieurs

  5   questions, comme vous pouvez le voir, dans son journal de bord. Il se peut

  6   qu'il ait lui dégagé cette conclusion à partir de conversations dont je ne

  7   me souviens pas. Je ne me souviens ni de la conversation d'ailleurs ni des

  8   phrases que j'ai prononcées. Mais je ne peux absolument pas accepter avoir

  9   qu'il soit dit que j'ai dit cela. J'en ai parlé avec lui, certes, et j'ai

 10   parlé avec lui de toutes les difficultés que poserait le retour de ces

 11   personnes. J'en ai parlé, en tant que diplomate, en tant que intellectuel,

 12   en tant que psychologue d'ailleurs également, car je suis tout à fait

 13   conscient de tous ces problèmes. Mais je n'aurai jamais toutefois prononcé

 14   une phrase qui aurait eu comme conséquence le fait il ne faudrait pas qu'il

 15   y ait de retour de la part de ces personnes. Cela je ne l'ai jamais dit.

 16   Q.  Monsieur l'Ambassadeur, mais il y a des preuves qui ont été présentées

 17   en l'espèce et qui indiquent que les dirigeants croates ont publiquement

 18   traité les Serbes de cancer en Croatie. Alors est-ce que vous acceptez ce

 19   genre de formule ?

 20   R.  Absolument pas.

 21   M. WAESPI : [interprétation] J'aimerais maintenant que l'on affiche la

 22   pièce de la liste 65 ter 7259; il s'agit d'un article du journal "New York

 23   Times" en date du 15 juillet 1995, et peut-être que nous pourrions demander

 24   l'affichage de la deuxième page.

 25   Q.  Vous voyez qu'il y a des remarques de M. Martic, il y a également des

 26   citations de citoyens croates, tel que Golubic, qui se rallie à une attaque

 27   contre les Serbes de la Krajina, en dépit des menaces proférées par Martic

 28   contre les villes parce que, comme elle le dit : "Il vaut mieux cela à être

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  1   pris comme otage par les Serbes pendant des années et des années."

  2   Puis ensuite l'article se poursuit :

  3   "L'envoyé croate auprès des Nations Unies à Genève, Miomir Zuzul, a indiqué

  4   son point de vue qui est semblable cela a été diffusé à la télévision de

  5   Zagreb cette semaine."

  6   M. Zuzul a dit : "Lorsque vous avez --

  7   M. Zuzul a dit, et je cite : "Nous avons un cancer dans notre organisme,

  8   lorsque vous souffrez de ce genre de pathologie vous ne pouvez pas attendre

  9   à vitam eternam."

 10   Monsieur Zuzul, donc vous avez manifestement tout à fait adopté les

 11   formules de M. Tudjman et d'autres utilisaient publiquement, n'est-ce pas ?

 12   R.  Non, Monsieur le Procureur.

 13   Parce que, dans un premier temps, il s'agit d'une citation d'une citation,

 14   parce qu'il est indiqué ici que j'ai ou que j'aurais dit cela lors d'un

 15   autre entretien et non pas dans le cadre de cette interview-là.

 16   Premièrement.

 17   Deuxièmement, j'aimerais que vous m'indiquiez où vous voyez dans cette

 18   phrase qui m'est attribué une référence aux Serbes ? Moi, je n'en vois pas

 19   de référence aux Serbes. Si j'avais dit cela, si je l'ai dit, ce qui est

 20   quand même possible, je l'aurais dit en donnant ma phrase un sens différent

 21   à celui auquel vous pensez. De toute façon cela n'a jamais été mon point de

 22   vue à propos des Serbes. Ce  n'est pas absolument le genre de formule que

 23   je l'utiliserais en faisant une référence à une autre nation. Je faisais

 24   référence au fait qu'une partie de la Croatie était occupée, ce qui était

 25   une réalité, une vérité. Voilà pour ce qui est de la pathologie dans le

 26   corps croate que l'on ne pouvait pas accepter. Mais je n'ai jamais voulu

 27   laisser entendre, absolument pas d'ailleurs, qu'une autre nation aurait pu

 28   être considérée comme un cancer dans notre corps, dans le corps de qui que

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  1   ce soit d'ailleurs.

  2   M. WAESPI : [interprétation] Monsieur le Président, je souhaiterais

  3   demander le versement au dossier.

  4   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

  5   M. KEHOE : [interprétation] Pas d'objection.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Monsieur le Greffier d'audience.

  7   M. LE GREFFIER : [interprétation] Cela deviendra la pièce P2541.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. C'est ainsi versé au dossier.

  9   M. WAESPI : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur l'Ambassadeur.

 10   Monsieur le Président d'audience, je n'ai plus de questions à poser.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Zuzul, avant que je ne donne la

 12   possibilité à Me Kehoe de vous poser des questions supplémentaires,

 13   j'aimerais quant à moi vous poser une question très précise.

 14   Questions de la Cour : 

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Un peu plus tôt aujourd'hui, M. Waespi

 16   vous a posé une question et vous a justement posé une question à propos de

 17   votre déposition d'hier, il s'agissait du fait que vous n'aviez pas reçu

 18   d'information qui vous aurait permis de comprendre qu'il y avait des

 19   violations importantes des droits de l'homme. Vous avez dit bien au

 20   contraire, vous avez dit qu'il y avait eu une intervention de la part de M.

 21   l'ambassadeur Galbraith lorsqu'il s'est rallié au groupe des Serbes qui

 22   partaient, probablement pour essayer de prévenir toutes conséquences

 23   négatives que cela aurait pu avoir.

 24   Vous avez dit :

 25   "J'ai invité M. l'ambassadeur Galbraith, qui était accompagné pour une

 26   délégation des Etats-Unis à haut niveau et je les ai accompagnés -- il a

 27   été accompagné dans l'endroit où j'ai été élevé puisqu'il puisse participer

 28   à un événement public. Je voulais tout simplement et telle était mon

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  1   intention qu'il voit le type de réaction de la population lorsque la

  2   population l'a vu ainsi que la délégation américaine, et je voulais qu'il

  3   se rende compte que personne n'interpréterait ses appels à la protection

  4   des civils de façon négative."

  5   Une question très simple à vous poser à ce sujet : où l'avez-vous conduit ?

  6   Où avez-vous été élevé, ou avez-vous grandi ?

  7   R.  Je l'ai emmené à Imotski. C'est un endroit qui se trouve en Dalmatie, à

  8   Dalmatinska Zagora, et le 15 août, il y a des festivités religieuses, en

  9   fait, il s'agit de la fête de l'Assomption, et c'est une fête d'ailleurs

 10   qui attire toujours beaucoup de personnes.

 11   Je vais vous expliquer pourquoi je l'ai invité, nous étions amis. Il y

 12   avait des rapports très négatifs dans la presse croate.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que vous pourriez, dans un

 14   premier temps, me donner des renseignements un peu plus précis à propos de

 15   l'endroit où se trouve cela, cette ville ou cet endroit sur la carte ? Si

 16   vous prenez, je ne sais pas, prenez une grande ville, et puis dites-moi :

 17   nord, sud, est, ouest, de cette grande ville donc c'est sur la côte

 18   Dalmate; c'est cela ? Est-ce que vous pourriez me dire exactement où ?

 19   R.  Non, non, la ville à proprement parler ne se trouve pas sur la côte.

 20   Elle se trouve entre la côte et le mont Biokovo, donc il s'agit en fait de

 21   la partie qui va entre -- qui se trouve entre Split et Mostar, tout près de

 22   la frontière avec la Bosnie-Herzégovine; c'est une ville qui se trouve

 23   encore en Croatie. C'est une petite bourgade. Vous pouvez la trouver sur la

 24   carte.

 25   M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Président, peut-être que je peux

 26   vous aider.

 27   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

 28   M. MISETIC : [interprétation] Si vous prenez la direction sud à partir de

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  1   Split, vous la trouverez cette bourgade.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je suis en train d'utiliser les cartes

  3   de Google en ce moment. Alors, vous me dites au sud de Split --

  4   M. MISETIC : [interprétation] Jusqu'à Makarska.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, je le vois.

  6   M. MISETIC : [interprétation] Puis ensuite vous reprenez vers le nord et ça

  7   doit être cela -- Imotski se trouve à la frontière avec la Bosnie-

  8   Herzégovine.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ah, oui, je la vois maintenant cette

 10   ville.

 11   Alors pour ma gouverne personnelle, je comprends tout à fait pourquoi vous

 12   y avez conduit M. Galbraith. Mais est-ce qu'il s'agissait d'un endroit ou

 13   d'un secteur où il y avait eu des combats à ce moment-là récemment --

 14   R.  Non, ce n'est pas un secteur où il y a eu des combats, mais c'était un

 15   secteur d'où provenaient un grand nombre de volontaires qui avaient rallié

 16   l'armée croate. Donc c'était un secteur ou une région de la Croatie qui

 17   avait été véritablement marquée par le fait qu'elle n'avait pas été touchée

 18   directement par la guerre, mais il ne faut pas oublier que néanmoins la

 19   plupart des, il y avait beaucoup d'hommes. Je pense qu'il y avait plus

 20   d'une centaine d'hommes qui provenaient de cette ville et qui ont été tués

 21   pendant la guerre, qui ont péri pendant la guerre en tant que membres de

 22   l'armée croate.

 23   Donc cette festivité religieuse était donc une festivité qui était très

 24   importante du point de vue religieux, mais je dois dire que c'est un

 25   secteur caractérisé par un sentiment -- ou par des sentiments nationaux

 26   très fervents. Quelque chose que l'on a pu constater pendant toute

 27   l'histoire.

 28   Donc dans ce secteur avant la guerre, pendant la guerre et après la guerre,

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  1   il faut savoir qu'il y a un certain nombre de Serbes de souche qui résidait

  2   là également.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous avez apporté cette réponse lorsque

  4   la question vous a été posée à propos des pillages et des incendies, on

  5   vous avait demandé si cela s'était déroulé sur une grande échelle, il vous

  6   a été demandé quelles étaient vos préoccupations à ce sujet, ce que vous

  7   aviez appris de la part des représentants de la communauté internationale.

  8   Je dois dire que j'ai quelques problèmes à comprendre comment cela a permis

  9   en fait de jeter la lumière à propos des questions qui vous ont été posées

 10   parce que visiblement apparemment c'est un endroit où il n'y avait pas eu

 11   de combats. Je suppose donc qu'il n'y avait pas eu de pillages et qu'il n'y

 12   avait pas eu d'incendies non plus dans ce secteur ? Vous en avez observé

 13   des pillages et des incendies lorsque vous êtes allé dans ce secteur ?

 14   R.  Non, non, non, non, non, bien sûr qu'il n'y en avait pas.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors est-ce qu'il s'agissait d'un

 16   secteur à forte majorité croate ou à forte majorité serbe, ou est-ce que

 17   cela fluctuait en fonction des villages ?

 18   R.  Oui, la situation changeait en fonction des villages. Il y avait de

 19   toute façon à la fois des Croates et des Serbes qui vivaient dans ce

 20   secteur. Disons donc que le village qui se trouvait tout près de l'endroit

 21   où ces festivités se déroulaient était un village à majorité serbe, et je

 22   sais en fait qu'ils y résident toujours. Personne n'a essayé de les

 23   expulser de ce village.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 25   R.  Mais, Monsieur le Président, il se peut que j'ai apporté cette réponse

 26   dans un contexte différent parce que cela n'avait rien à voir avec les

 27   incendies sur une grande échelle, ou cela n'avait rien à voir avec les

 28   expulsions, je pense que bon le contexte était enfin je ne sais pas j'avais

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  1   une autre intention et de toute façon le contexte enfin le contexte est tel

  2   que cela n'était pas clair.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Comment est-ce que vous êtes rendu à cet

  4   endroit parce que vous nous avez dit que vous l'y aviez conduit là-bas,

  5   donc comment est-ce que vous l'avez fait ?

  6   R.  Je l'attendais là-bas. J'étais déjà sur place. Il est arrivé ce matin-

  7   là avec toute une délégation en provenance de Split.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] De Split. Merci pour ces réponses.

  9   Maître Kehoe, d'autres questions pour le témoin ?

 10   M. KEHOE : [interprétation] Si vous me le permettez de poursuivre sur ce

 11   que vous avez dit.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien entendu, vous êtes libre de le

 13   faire.

 14   Nouvel interrogatoire par M. Kehoe : 

 15   Q.  [interprétation] Monsieur l'Ambassadeur, comme d'habitude en

 16   poursuivant les questions du Président, est-ce que vous pourriez nous

 17   expliquer aujourd'hui pourquoi est-ce que vous avez amené l'ambassadeur

 18   Galbraith ? Je pense que vous avez parlé de l'ambassadeur Holbrooke et

 19   également du général Clark, entre autres; pourquoi est-ce que vous les avez

 20   emmenés à Imotski le jour de l'Ascension, le 15 août ?

 21   R.  L'ambassadeur Galbraith, quelques jours auparavant lorsqu'un groupe de

 22   Serbes de Croatie se déplaçait, quittant la Croatie et emportant leurs

 23   biens sur des tracteurs, a rejoint ce groupe. L'ambassadeur Galbraith a

 24   rejoint ce groupe. Certains média croates l'ont critiqué et attaqué sur ce

 25   point parce que c'était juste après la victoire militaire, et il y avait

 26   une tendance chez certaines personnes ou certains journalistes à exprimer

 27   des points de vue différentes.

 28   Je ne souhaitais pas que l'ambassadeur Galbraith ou des Américains ou la

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  1   communauté internationale ait l'impression que la population croate

  2   ordinaire voyait d'un mauvais œil ce que l'ambassadeur Galbraith avait

  3   fait. Je pense que lui-même se sentait assez nerveux parce qu'il ne savait

  4   pas très bien à ce qu'il pouvait s'attendre de cette population croate, de

  5   cette population croate ordinaire. Je lui ai même demandé d'improviser un

  6   autel avec environ -- avec les 20, 25 000 Croates qui étaient venus

  7   célébrer cette fête religieuse et de voir par lui-même comment les

  8   populations, la population croate ordinaire n'ayant d'instruction de

  9   personne réagirait et comment est-ce quelle le recevrait. Ceci figure dans

 10   son journal, il y a écrit et il a été accueilli par des applaudissements et

 11   acclamations.

 12   Q.  Merci, Monsieur l'Ambassadeur.

 13   M. KEHOE : [interprétation] Je n'ai pas d'autres questions, Monsieur le

 14   Président.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que je peux considérer que la

 16   Défense Cermak et Markac n'ont pas d'autres questions pour le témoin ? Ce

 17   qui signifie, Monsieur Zuzul - et excusez-moi de ne pas utiliser votre

 18   titre "d'Ambassadeur" - mais c'est une habitude que j'ai qu'il s'agisse

 19   d'autorité militaire, de diplomate, de m'adresser aux gens en les appelant

 20   simplement "monsieur," et c'est une marque de respect. Je traite ainsi tout

 21   le monde à pied d'égalité, y compris M. Galbraith.

 22   Ceci en termine avec votre déposition dans ce prétoire. Nous souhaiterions

 23   vous remercier d'être venu à La Haye et d'avoir répondu à toutes les

 24   questions qui vous ont été posées par les parties et par les Juges. Je vous

 25   souhaite, même si vous ne savez jamais quand est-ce qu'un diplomate rentre

 26   dans ses foyers, mais je vous souhaite un bon voyage de retour.

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci beaucoup.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pouvez-vous escorter, Monsieur Zuzul,

Page 18393

  1   hors du prétoire ?

  2   [Le témoin se retire]

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe ou Maître Misetic.

  4   Maître Misetic, est-ce que vous êtes prêt à appeler le prochain témoin ?

  5   Tout d'abord, nous allons lui offrir les mesures de protection.

  6   M. MISETIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous allons commencer par le huis clos

  8   partiel.

  9   M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes en audience de huis clos

 10   partiel.

 11   [Audience à huis clos partiel]

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 16   [Audience à huis clos]

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 13  Pages 18395-18431 expurgées. Audience à huis clos.

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 22   [Audience publique]

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Nous levons la séance et

 24   puis, demain, mercredi 10 heures. Pour tous ceux qui souhaiteraient

 25   éventuellement être présents, je dois vous dire qu'il est fort probable que

 26   nous travaillons à huis clos toute la journée à nouveau.

 27   --- L'audience est levée à 13 heures 49 et reprendra le mercredi 10 juin

 28   2009, à 9 heures 00.