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1 Le jeudi 18 juin 2009
2 [Audience publique]
3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]
4 --- L'audience est ouverte à 9 heures 03.
5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour à tous.
6 Monsieur le Greffier, pouvez-vous appeler le numéro de l'affaire.
7 M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Bonjour à
8 chacun dans le prétoire.
9 Il s'agit de l'affaire IT-06-90-T, le Procureur contre Ante Gotovina
10 et consorts.
11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Monsieur le Greffier.
12 Je suppose qu'il n'y a pas de questions de procédure et je demanderai donc
13 à ce que l'on fasse entrer le témoin dans le prétoire.
14 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
15 M. MISETIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président.
16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour.
17 M. MISETIC : [interprétation] Je m'inquiétais simplement parce que je ne
18 voyais pas mon commis à l'affaire.
19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.
20 LE TÉMOIN: MILE MRKSIC [Reprise]
21 [Le témoin répond par l'interprète]
22 LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour à tous.
23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour, Monsieur Mrksic. Veuillez
24 prendre place, s'il vous plaît.
25 Monsieur Mrksic, quelques rappels, s'il vous plaît. Tout d'abord, vous êtes
26 toujours lié par la déclaration solennelle que vous avez prononcée hier au
27 début de votre témoignage.
28 Deuxièmement, si Me Misetic lève la main, ce n'est pas nécessairement
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1 parce qu'il souhaite que vous vous arrêtiez de parler mais c'est peut-être
2 pour vous demander de ralentir, et ce n'est pas parce que nous ne
3 souhaitons pas entendre votre réponse. Bien au contraire, nous souhaitons
4 entendre votre réponse, mais nous avons, pour ce faire, besoin des
5 interprètes. Donc je vous demanderais de suivre M. Misetic, et je vais vous
6 demander d'attendre un instant aussi. S'il ne vous pose pas d'autre
7 question, cela signifie que vous avez répondu à sa question; sinon, il vous
8 fera un signe pour vous dire que vous pouvez continuer.
9 Troisièmement, et là, je vais utiliser un exemple. Si M. Misetic vous
10 demande quel est le moyen de transport que vous avez utilisé pour venir
11 ici, vous pouvez répondre, en disant : je suis venu en voiture, en avion,
12 en train. Il n'est pas nécessaire de nous dire quelle était la couleur de
13 la voiture, s'il s'agissait d'une Fiat ou d'une Volkswagen. S'il souhaite
14 connaître ces détails et la couleur de la voiture, il vous posera la
15 question. Donc je vous demanderais de centrer vos réponses sur la question,
16 et d'être très succinct. Si nous avons besoin de plus de détail, nous vous
17 les demanderons.
18 Est-ce que cela est clair ?
19 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est clair, Monsieur le Président.
20 Suite à mon expérience hier - et c'est la première fois que je me suis
21 trouvé dans cette situation - je vais répondre lentement pour faire plaisir
22 à tous, je l'espère, et j'espère que je pourrais couvrir tout ce que je
23 dois dire. J'ai quelquefois le sentiment que je suis interrompu à des
24 moments où je suis en train d'essayer d'apporter des détails qui peuvent
25 être utiles pour tous.
26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Nous allons essayer de trouver le
27 bon équilibre, et de vraiment nous centrer sur la question telle qu'elle
28 vous est posée. Ce n'est pas une critique. C'est simplement pour essayer de
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1 vous aider et de nous aider à utiliser au mieux le temps que nous avons
2 dans ce prétoire.
3 Maître Misetic, vous pouvez poursuivre.
4 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, puis-je vous poser une
5 question ? Il m'a été dit que je ne devrais parler à personne ni téléphoner
6 à qui que ce soit. Je n'ai néanmoins la possibilité et le droit d'appeler
7 ma femme et ma famille pour savoir s'ils se portent bien ? Je ne souhaite
8 pas du tout parler de cette affaire, mais simplement leur dire que je me
9 sens bien et que je me porte bien.
10 Je comprends vos instructions, mais je n'ai parlé à personne ni à ma femme,
11 ni à quelqu'un de ma famille, et j'ai l'impression d'être muet. C'est comme
12 ça que j'avais compris votre mise en garde, en tous les cas.
13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous pouvez parler avec toute personne
14 avec qui vous souhaitez parler tant qu'il ne s'agit pas de votre déposition
15 ou de ce dont vous avez témoigné ici. Mais vous pouvez parler du temps, de
16 la nourriture, de votre santé avec votre famille; cela ne pose aucun
17 problème.
18 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci beaucoup.
19 M. MISETIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
20 Interrogatoire principal par M. Misetic : [Suite]
21 Q. [interprétation] Monsieur le Greffier, si nous pouvions avoir sur le
22 prétoire électronique, la page 210 de la pièce à conviction D1465.
23 Général Mrksic, je voudrais que nous reprenions là où nous nous sommes
24 quittés hier, et que nous puissions revenir à la réunion de la fin du mois
25 de juin à Belgrade concernant l'opération dans la poche de Bihac.
26 Comme vous pouvez le voir en regardant cette page, vers le milieu de la
27 page, "JS," et vous avez dit hier que c'était Jovica Stanisic, en parlant
28 de cette population. Il s'agit de la page 215 de la version B/C/S. Si vous
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1 pouvez descendre là où se trouve "JS," il est écrit :
2 "Je peux trouver 120 hommes en parfait état qui pourraient arriver dans les
3 sept jours, et qui viendraient du secteur de l'est - il s'agit de soutien."
4 Ensuite il est dit :
5 "-- ne devraient pas être engagés."
6 Si vous pouviez ensuite tournez la page, s'il vous plaît. Là encore, il est
7 dit :
8 "JS : M. Stanisic, laissez Mladic s'occuper des arrangements avec le 1er et
9 le 2e Corps, et a trouvé des hommes pour remplacer les 400 hommes de
10 Pecanac et a leur a donné, les a engagés dans les dix jours - puis le
11 général Perisic les a équipés. Il y en a 58, venant de Kragujevac, Nis,
12 Ljubiskovo."
13 Il s'agit de la page suivante dans la version B/C/S, si j'ai bien compris.
14 Général Mrksic, en préparant cette opération, vous souvenez-vous de
15 conversations à Belgrade au cours de cette réunion concernant le transfert
16 d'hommes, du commandement de l'armée du général Mladic sous votre
17 commandement aux fins de cette opération ?
18 R. Oui, je me souviens que cela a été mentionné. Mais à qui devait revenir
19 cette tâche et qu'est-ce que cela impliquait, et envoyait qui à qui, ça je
20 ne m'en souviens pas. C'est la première fois que je vois mentionner
21 Krajugevac et Ljubiskovo. Je ne me souviens pas du tout de cela. Il s'agit
22 là d'une feuille de papier, d'un arrangement, et de dispositions prises, et
23 très souvent, tant que je puisse m'en souvenir, ces dispositions ne
24 donnaient rien. Je peux vous dire ce que j'ai fait à Slunj, ce que j'ai
25 formé à Slunj. Je ne me souviens pas avoir -- ce qui s'est fait là-bas, et
26 je dois dire pour -- en fait, je ne suis pas allé voir ce qui se passait
27 là-bas.
28 Q. Permettez-moi de vous interrompre et de vous poser une question : lors
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1 de cette réunion, qui avait disposé de l'autorité -- vous avez dit que cela
2 a été discuté, mais vous n'étiez pas sûr que cela n'ait jamais été mis en
3 œuvre. Qui avait l'autorité de transférer des hommes de l'armée de la VRS à
4 l'armée de la RSK ?
5 R. Je pense que certaines unités de la police étaient concernées, et que
6 cela était de la compétence du ministère de la Republika Srpska. Je ne
7 connais pas bien leur système de commandement. Normalement, l'armée qui
8 était sous le commandement de Mladic ne dépendait pas de mon autorité mais
9 était sous l'autorité du MUP ou du SUP.
10 Q. Je vous demande la chose suivante, il est dit :
11 "Laissez Mladic s'occuper des dispositions concernant le 1er et le 2e Corps
12 de la Krajina."
13 Le 1er et 2e Corps de la Krajina fait référence au corps de la VRS; est-ce
14 exact ?
15 R. Oui.
16 Q. "Et trouver" - je continue la citation - "Et trouver des hommes pour
17 remplacer les 400 hommes de Pacanac et les envoyer à Mrksic."
18 Bien --
19 R. Cela n'a pas été fait. Je ne me souviens pas que cela a été fait.
20 Q. Que cela était fait ou pas, ma question est de savoir : qui avait
21 l'autorité de procéder à cela, si cela devait se faire ?
22 R. Je suppose -- bien, je ne sais pas qui était cette personne Pecanac,
23 s'il était du MUP ou s'il était de la VRS; il est plus probable qu'il
24 travaillait pour le MUP. Il fallait trouver autre chance pour trouver les
25 siennes. Le MUP et la VRS contrôlaient la même ligne de front comme cela a
26 été le cas dans la République de Croatie et il n'y avait pas -- on ne se
27 trouvait pas dans des situations où le MUP avait un territoire séparé de
28 celui de la VRS. Il y avait donc un regroupement.
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1 Q. Ma question est de savoir : qui avait l'autorité pour subordonner les
2 forces de la VRS ou de la RS du MUP et les placer sous votre contrôle ?
3 R. C'était probablement du ressort du président puisque le MUP était sous
4 l'autorité du président ou du ministère de l'Intérieur. Je ne sais pas qui
5 était le ministre à l'époque. Il s'occupait essentiellement de leurs
6 propres affaires et je parle du MUP et de l'armée.
7 Q. Le président de quelle entité ?
8 R. Republika Srpska, comme Pecanac et ces forces étaient impliquées.
9 Q. Ce serait donc M. Karadzic; est-ce que exact ?
10 R. Oui, ou bien son ministre de l'Intérieur, s'il l'autorisait à le faire.
11 Q. Au paragraphe suivant, il est dit :
12 "Mrskic : Payons ce corps. Il y en a quatre millions qui sont venus,
13 mais je ne sais pas où sont ces quatre."
14 Est-ce que vous vous souvenez ce à quoi vous faites référence lorsque
15 vous avez dit, "il y en a quatre millions qui sont venus" ?
16 R. Ce sont des conversations que nous n'avons pas terminées lorsque
17 nous étions à Karadjordjevo. Nous n'avons pas terminé parce que vous m'avez
18 interrompu. Si je vous avais raconté toute l'histoire, vous m'auriez posé
19 cette question.
20 Après ma nomination en tant que commandant, lors d'une réunion à
21 Karadjordjevo, j'ai présenté mon concept. Mladic était présent également et
22 j'ai expliqué comment nous devions organiser. Je n'ai pas pu le faire en
23 utilisant simplement les mots, il fallait de l'argent. Le président a dit :
24 "Vous avez, là, Djeletovci et où va aller cet argent." Donc ils m'ont
25 permis d'avoir accès à certains fonds qui m'ont permis de payer des
26 spécialistes au sein du corps à Slunj. Donc j'ai réussi à payer les
27 premiers salaires et transférer les fonds sur le budget de la République de
28 la Krajina serbe qui a été renfloué. Bien entendu, ce sont --
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1 l'autorisation du transfert s'est fait par l'intermédiaire des instances
2 fédérales. J'ai simplement pris et profité de l'occasion lors de la réunion
3 pour soulever cette question.
4 Ceci n'a rien à voir avec l'opération. Est-ce que vous me comprenez ?
5 Cela n'avait rien à voir avec cette réunion en particulier. J'ai simplement
6 profité de la réunion pour soulever cette question parce qu'il m'avait
7 promis cela à Karadjordjevo, et il n'a pas respecté sa promesse, et ensuite
8 j'ai demandé : où est l'argent ?
9 Q. Après cette réunion, une opération a été lancée dans la poche de Bihac;
10 est-ce que vous vous en souvenez ?
11 R. Oui. Oui, je pense que le nom était "Match" ou bien "Epée" ou quelque
12 chose qui ressemble.
13 Q. Souvenez-vous si vous avez réalisé vos objectifs en lançant cette
14 opération ?
15 R. J'avais personnellement deux objectifs, donc une mission m'avait été
16 confiée, mais mon objectif était de voir comment est-ce que les
17 professionnels qui travaillaient pour moi se comporteraient. C'était un
18 petit peu comme un exercice ou une preuve à apporter. Il y avait donc
19 l'intégralité du bataillon ou un point de contrôle des membres polonais de
20 la FORPRONU qui admiraient cet aspect professionnel. Je ne voulais pas de
21 perte, je ne souhaitais pas de perte, mais je voulais simplement conquérir
22 les forces du 5e Corps. Comme vous voyez, il y avait un grand nombre
23 d'hommes sous son commandement. Ils avaient réussi à élargir leur
24 territoire. L'expansion de ce territoire jouait en ma faveur parce que cela
25 m'a permis d'avoir une vue approfondie des choses, ce qui peut révéler
26 utile au cas où la République de Croatie aurait refusé toute sorte d'accord
27 de paix. J'ai pu ainsi protéger la population et lui permettre de se
28 retirer.
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1 En 1994, à l'époque où la population et l'armée Abdic avaient fui, nous les
2 avions hébergés, et c'est qui a été fait également pendant la Deuxième
3 Guerre mondiale.
4 Je voudrais comprendre pourquoi est-ce que cet équilibre des pouvoirs
5 a été créé. Je voudrais vous aider à le comprendre. Vous ne connaissez
6 peut-être pas cela, mais lorsqu'il y a eu des offensives, vous ne me
7 permettez pas de continuer.
8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non, non, permettez-moi d'insister que
9 nous souhaitions --
10 LE TÉMOIN : [interprétation] Je fais référence à l'histoire et ça ne peut
11 pas faire de mal à qui que ce soit. Je ovulais simplement vous présenter
12 les faits et vous dire que ce n'était pas là la volonté des responsables
13 politiques de l'époque.
14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous demande simplement de regarder
15 Me Misetic qui est en train de faire deux choses à la fois. La première
16 étant d'essayer de vous ralentir, de façon à ce que nous puissions entendre
17 et comprendre ce que vous voulez nous dire. Deuxièmement, je vous
18 demanderais de répondre toujours dans les limites qui paraissent utiles aux
19 yeux de M. Misetic.
20 Vous pouvez poursuivre.
21 M. MISETIC : [interprétation]
22 Q. Je voudrais d'abord essayer de vous expliquer quelque chose, et vous
23 expliquez pourquoi il serait bon simplement de réellement répondre à la
24 question que je vous pose.
25 Il est clair que vous avez beaucoup d'information, quelle que soit la
26 question que je vous poserais. Ça, je le comprends parfaitement. Mais de
27 votre côté, plus les réponses sont longues --
28 R. [aucune interprétation]
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1 Q. Non, non, non, plus vos réponses seront longues à chaque question, plus
2 vous allez passer de temps ici dans ce prétoire.
3 R. Oui, oui, la visite du 24.
4 Q. Tout à fait. Je voudrais vous demander simplement de répondre
5 exactement à la question qui vous est posée, uniquement à la question qui
6 vous est posée. Nous pourrons ainsi procéder plus rapidement. Bien.
7 Je ne sais plus où j'en suis.
8 R. Excusez-moi, ce n'était pas là mon objectif.
9 Q. Ma question est la suivante : pour essayer de mieux comprendre, quel
10 était l'objectif de cette opération. Jusqu'où souhaitiez-vous pénétrer ?
11 R. Mes forces ont pu rentrer à l'intérieur du territoire sur deux
12 kilomètres, ont traversé le Korana qui était la frontière, et ils sont
13 arrivés sur les premières hauteurs, près du village de -- c'est là où ils
14 se sont arrêtés. Elles ne sont pas allées plus loin. Ce n'était pas là
15 l'objectif. L'objectif ou le but était d'entrer plus à l'intérieur des
16 territoires vers les chaînes de montagne un peu plus loin, là où on avait
17 les monts Pauk. J'ai compris ensuite que Dinara était un problème et j'ai
18 arrêté cette opération.
19 Q. Je voudrais maintenant vous poser une question. Les forces sous le
20 commandement de la RSK, quels étaient les objectifs en termes de
21 pénétration pour ce qui est du commandement de vos forces et des forces de
22 Fikret Abdic ? Jusqu'où êtes-vous arrivé, et je parle de vous trois.
23 R. Notre mission était de ne pas toucher Bihac. Bihac était une zone
24 protégée. Nos ordres étaient de ne pas irriter la communauté
25 internationale. Il s'agissait d'une zone protégée. C'était une mission
26 donnée à la VRS. Autres instructions, nous ne devions pas toucher les
27 villes, pas même Cazin. Seuls les villages qui s'étaient ralliés à Fikret
28 Abdic, villages qu'il souhaitait traverser étaient sous son autorité. J'ai
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1 simplement entendu que certains villages avaient décidé de se rallier à
2 lui, et nous n'étions pas supposés de détruire le 5e Corps, et qui plus
3 est, nous n'avions pas les forces nécessaires pour le faire. Mais le corps
4 était dans une situation très difficile non pas en raison des combats mais
5 du fait de toutes les activités de combat qui s'étaient arrêtées et de
6 contrebandes qui s'étaient arrêtées. Mais nous n'avons pas de toute façon
7 abordé ce sujet.
8 M. MISETIC : [interprétation] Nous souhaiterions rester un instant sur ce
9 point, est-ce que vous pourriez revenir sur la pièce à conviction D923,
10 l'avant-dernière page dans la version anglaise.
11 Q. Il s'agit d'un rapport du 26 août qui a été envoyé au chef d'état-major
12 de l'armée yougoslave. Il s'agit dans la version B/C/S de la section qui
13 commence au point 19.
14 La question que je vous pose est la suivante : dans le cadre de ces
15 réunions du mois de juin, le deuxième paragraphe au point 19 se lit et vous
16 écrit en fait le 26 août :
17 "L'armée de la Krajina serbe était et continue d'être considérée comme
18 faisant partie de la VJ, l'armée yougoslave. Elle faisait tout ce qui était
19 en son pouvoir mais était restée -- était isolée. Nous pensons que l'état-
20 major principal de l'armée yougoslave aurait dû soutenir l'évolution de
21 l'armée de la Krajina serbe de façon plus courageuse et plus déterminée."
22 Pourriez-vous nous expliquer ce concept de l'armée de la Krajina serbe qui
23 était et qui continu d'être considéré comme faisant partie de la VJ ?
24 R. Je vous ai dit hier que c'était la première fois que je voyais le
25 document. L'ARSK était une instance indépendante, il ne s'agissait pas
26 d'une branche de la VJ. Je ne remettais pas de rapports à Perisic. J'étais
27 à pied d'égalité avec lui et Mladic. Nous étions trois systèmes en fait.
28 Nous n'étions pas trois personnes unies dans un seul corps, il n'y avait
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1 pas trois personnes qui commandaient sur la ligne de front. Nous étions
2 simplement des nations sœurs et je faisais appel à leur aide pour m'assurer
3 que leur aide nous serait apportée. Je n'ai rien écrit sur ce point. Ce ne
4 sont pas mes conclusions.
5 Q. Je voudrais vous demander de regarder la page 7, les lignes 22 et 23,
6 lorsque je vous ai posé des questions sur l'opération Match, ou "Sword,"
7 Epée. Votre réponse a été la suivante :
8 "J'avais deux objectifs personnellement. J'avais une mission qui m'avait
9 été confiée mais mon objectif était de voir comment ces professionnels qui
10 étaient sous mon contrôle se comporteraient."
11 Maintenant vous aviez trois armées séparées, si vous étiez le chef ou le
12 commandant de l'état-major principal qui vous donnait la mission de faire
13 quelque chose ?
14 R. C'est Martic le commandant suprême qui me confiait les missions, qui me
15 donnaient les ordres.
16 Q. Martic qui lui donnait des ordres ?
17 R. C'était des ordres qui étaient discutés en fait au sein du Conseil de
18 la Défense suprême pour voir si c'était des instructions qui étaient en
19 faveur ou non de la République de la Krajina serbe et pour voir si
20 l'objectif était intéressant pour nous.
21 Il y avait des tâches générales qui étaient imposées par le président
22 Milosevic qui était l'autorité pour toutes les terres serbes. Mais nous ne
23 pouvions rien faire sans assistance. L'assistance apportée à Fikret Abdic
24 était juste correspondait à cela. En fait il s'agissait d'aider les
25 populations là où les gens allaient fuir. Moi, je me souviens, il y avait
26 10 000 personnes, les 10 000 combattants de Fikret Abdic, donc le 5e Corps,
27 qui était derrière, pour moi, était plus sûr dans ce cas que si j'avais eu
28 un 5e Corps dans mon dos, parce Slunj était déjà dans la région.
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1 Q. Je voudrais vous montrer un autre document, général Mrksic.
2 M. MISETIC : [interprétation] La pièce à conviction D953, Monsieur le
3 Greffier.
4 Q. Alors je voudrais vous poser donc une petite question pour éclaircir un
5 petit peu votre réponse. Page 12, lignes 9 et 10, vous dites :
6 "Il y avait des tâches générales qui étaient imposées par le président
7 Milosevic qui était une autorité pour tous les territoires serbes."
8 C'est bien cela ce que vous avez dit ?
9 R. Je ne vois pas. Je ne vois pas où cela se trouve.
10 Q. Non, je reprends votre dernière réponse sur le procès-verbal, page 12,
11 lignes 9 et 10. Ne regardez pas le document qui est à l'écran pendant juste
12 un instant, s'il vous plaît.
13 R. Ce n'est pas là.
14 Q. Tout à l'heure, je vous ai posé une question, la dernière question que
15 je viens de vous poser, je vous ai demandé de qui Martic recevait ses
16 ordres ? Vous m'avez répondu en page 12, lignes 9 et 10, il y a des tâches
17 générales qui étaient imposées par le président Milosevic, qui était une
18 autorité pour tous les territoires serbes."
19 C'est bien cela ?
20 R. Pour les territoires de la République de Krajina serbe, il était
21 l'autorité, je reconnais que du fait que je vous ai dit que c'était la
22 mission pour laquelle il avait donné les instructions à Karadjordjevo. Moi,
23 dans ça, c'était l'idée à long terme, ça c'était jusqu'à la chute de la
24 Krajina. Lorsque je vous ai parlé de ces différentes tâches, ma tâche à
25 moi, ma mission c'était de changer en fait l'état d'esprit des dirigeants
26 de la République de la Krajina serbe en renforçant l'armée en prenant des
27 actions conjointes et en unifiant le MUP et l'armée, et en annulant aussi
28 certaines unités paramilitaires dans les villages dans les alentours qui
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1 pouvaient créer des problèmes pour leurs commandants à Slunj parce qu'ils
2 risquaient d'emporter les véhicules de la FORPRONU. Ma tâche c'était donc
3 ma mission c'était de prévenir tout cela, de faire en sorte que tout le
4 monde soit véritablement efficace plutôt que d'aller déjeuner ou dîner dans
5 les cafés. Les dirigeants se rendaient sur les différentes positions, les
6 équipes de télévision les suivaient, filmaient leurs activités, nous
7 voulions unifier la population et l'armée. C'était l'objectif pour avoir
8 une nouvelle pour montrer une nouvelle position, parce que nous étions
9 parfaitement conscient du fait que nous étions incapables de nous défendre
10 nous-mêmes à ce moment-là.
11 Q. Alors sur ce document à l'écran page 2 en anglais, c'est un rapport de
12 Kosta Novakovic, qui était donc votre adjoint; c'est bien cela ?
13 Est-ce que l'on peut tourner la page ?
14 R. Oui, c'était bien cela, pour le moral des troupes.
15 Q. Cette première page, page 1 dans la version B/C/S, donc on parle de
16 cette opération Epée en Bosnie occidentale, quant à M. Novakovic écrit au
17 commandement du corps d'Unité spéciale, et dit la chose suivante :
18 "De notre côté, les activités dans cette zone sont présentées --
19 notre côté est présenté dans les médias comme un conflit inter-Musulman et
20 ce qui fait qu'on nous refuse la participation de la SVK dans ces
21 opérations --"
22 Alors maintenant je voudrais savoir : pourquoi la SVK ne pouvait pas
23 jouer de rôle dans les opérations dans la poche de Bihac ?
24 R. Ce n'est pas la peine de s'en vanter. Après tout, d'une certaine façon,
25 il s'agissait de traverser la rivière Korana pour aller de l'autre côté,
26 pour aller de l'autre côté vers le territoire, dans le territoire, et donc
27 il s'agissait des divisions de Bosnie-Herzégovine.
28 Cela ce n'était pas simplement une caractéristique qui nous était
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1 propre, c'est une caractéristique absolument de toutes les situations de
2 guerre, de toutes les armées en temps de guerre, et c'est un excès et ce
3 n'est pas la peine de s'en vanter.
4 Q. Alors cette opération en Bosnie occidentale, dans la poche de Bihac,
5 pour quelle raison avez-vous décidé d'abandonner vos objectifs dans cette
6 zone ?
7 R. Nous avons décidé d'abandonner nos objectifs dans cette zone parce que,
8 comme je l'avais appris par la suite par l'intermédiaire de système, un
9 accord avait été passé à Split et dans cet accord il avait été donc convenu
10 de bloquer la Bosnie occidentale, et il y avait eu une pénétration rapide
11 des forces de la HVO et des forces croates à partir de Livanjsko Polje vers
12 Grahovo. Donc n'importe lequel commandant à ce moment-là se rend compte
13 quand il va -- s'il va perdre sa bataille, il vous tout perdre. Donc j'ai
14 décidé de retirer très rapidement ces forces, de les envoyer là, mais là
15 j'ai reçu des ordres, on m'a demandé, et c'est là que j'étais vraiment
16 furieux parce que, moi, je voulais retirer mes forces. Je voulais défendre
17 cette direction à partir de là, mais j'ai reçu un télégramme et là on m'a
18 empêché de commander mon territoire.
19 Q. Qui --
20 R. Je n'arrivais pas à trouver Milovanovic, le général. Lorsque je suis
21 allé voir Martic, il avait fui et on ne le trouvait absolument nulle part -
22 -
23 Q. A un moment donné, les forces conjointes de l'armée et de la HVO ont
24 saisi -- ont pris position de Grahovo; c'est bien cela ? Vous êtes bien
25 d'accord ?
26 R. Oui.
27 Q. Est-ce que vous pouvez expliquer de votre point de vue à vous, ce que
28 cela signifiait le fait que l'armée croate ait pris possession de Grahovo ?
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1 R. Oui, je vais vous expliquer. Merci de poser cette question.
2 La République de la Krajina serbe, dans tous ces plans de guerre, et là
3 vous ne m'avez pas autorisé à vous en parler plus en détail, mais je
4 voudrais vous dire que lorsque je suis revenu de Karadjordjevo, et si nous
5 avons le temps, j'aimerais bien en parler en plus en détail de façon à ce
6 que vous voyez vraiment ce qui s'est passé lorsque Grahovo a été conquis.
7 Lorsque je me suis rendu compte des possibilités qui étaient à ma
8 disposition, quel était donc mon rayon d'action, j'ai demandé au commandant
9 : pourquoi ouvrir le feu sur des positions que vous ne pouvez pas respecter
10 ? Il faut préparer vos plans à l'avance de façon à vous engager vers des
11 cibles que vous voyez, parce que vous n'avez pas des munitions
12 inépuisables. Donc il faut faire attention -- donc il y a eu un changement
13 dans les plans, en termes de munition, de matériel, de pièces, pour
14 renforcer le front avant et pour rectifier toutes les erreurs qui avaient
15 été faites. Donc nous avons changé nos objectifs, nous avons décidé de ne
16 pas pilonner les endroits habités, Karlovac, Zagreb, Zadar, et les villes
17 qui étaient à portée de canon M-84.
18 Ensuite, juste après être revenu de Slunj, l'opération donc que nous avions
19 décidé d'interrompre, j'ai demandé au commandant du corps à Knin, Qui est-
20 ce qui est en train de défendre Knin ? Il m'a répondu : personne, Knin est
21 une ville libre. J'ai dit : mais alors qu'est-ce que vous voulez dire ? Où
22 sont vos positions ? Il m'a dit : mais nous n'avons pas pris de positions.
23 La Brigade de Knin est en train de défendre la zone en direction de Split.
24 Moi, j'étais vraiment étonné parce qu'à partir de là, les forces sont
25 venues -- les forces de la HV sont venues, elles ont occupées les
26 positions, et elles ont pris Knin comme -- Knin, leur est tombée dans les
27 mains. A Knin, il n'y avait pas de soldat, il n'y avait rien. Donc, moi,
28 j'ai essayé de faire quelque chose --
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1 Ensuite il y a eu des agressions qui ont commencé. Moi, j'ai demandé
2 aux Unités spéciales de Slunj d'intervenir de faire quelque chose pour
3 empêcher que les lignes ne soient rompues dans cette direction et près de
4 Glina.
5 C'était vraiment un choc pour moi, l'arrivée de ces forces. Je me
6 suis rendu en hélicoptère dans une zone près de Dinara pour voir ce que
7 l'on pouvait faire avec le commandant Martic. Nous avons demandé de l'aide
8 de la Republika Srpska, mais cela n'a servi à rien, sans mentionner cette
9 réunion conjointe du commandement Suprême qui s'est tenue juste avant
10 l'attaque elle-même. Nous ne savons pas si c'était le 4 ou le 4. Nous nous
11 attendions à cette attaque, et cette attaque est donc effectivement
12 survenue le 4. Moi, j'étais dans une maison en ville où j'avais été relogé,
13 j'avais été transféré pour eux.
14 Donc en fait, pour moi, c'était l'échec de mon plan de guerre, qui se
15 déroulait sous mes yeux. Pour moi, c'était une surprise énorme, enfin ça
16 n'aurait pas dû être surprise, ça en était une parce que c'est quelqu'un
17 qui avait donc laissé faire les choses telles quelles.
18 Je vous en parlerai plus, si vous me le permettez plus tard.
19 Q. Nous y reviendrons un petit peu plus tard, mais là maintenant je
20 voudrais revenir un petit peu en arrière un instant.
21 Monsieur le Greffier, si nous pouvons avoir la pièce à conviction 65 ter
22 1D1069, s'il vous plaît.
23 Pouvons-nous passer à la page de la signature, c'est un document qui semble
24 avoir été donc signé par vous, le 1er juin 1995, Général Mrksic.
25 R. Colonel Radunovic. Il faudrait que je le lise; je ne sais pas de quoi
26 il s'agit. Je ne me rappelle pas exactement de qui était exactement ce
27 colonel Radulakovic [phon], Milan. Le chef des opérations et de la
28 formation -- c'est un général, non pas un colonel -- général, en fait. Mais
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1 ce n'est pas un document qui m'appartient. Je ne me souviens pas de ce
2 document. Je ne me souviens pas de cet homme. Voyons ce qu'il a écrit et
3 pourquoi vous me demandez cela.
4 Q. Bon. Laissez-moi vous demander. Regardez le point 5 de ce document.
5 Dans le point 5 de ce document, il est dit que : "Les commandements des
6 différents corps dans leurs différentes zones prendront les dispositions
7 nécessaires pour organiser l'évacuation et la logistique de l'alimentation,
8 de la nourriture pour la population, les femmes, les enfants et les
9 personnes âgées."
10 Ensuite, dans l'avant-dernier paragraphe :
11 "Les soldats et les officiers de la RSK, soldats et officiers de la RSK,
12 nous sommes en train d'entrer dans la dernière phrase de notre opération
13 pour atteindre nos objectifs nationaux, et nous ne devons en aucun cas
14 permettre tout autre perte de personne ou de territoire. La RSK est plus
15 importante que les intérêts et les droits des individus, et c'est la raison
16 pour laquelle je suis parfaitement conscient de ma responsabilité et des
17 mesures que je prends."
18 Maintenant, est-ce que vous vous souvenez avoir donné un tel ordre, le 1er
19 juin ?
20 R. Non, non, je n'ai jamais donné cet ordre. Ce n'est pas mon style, et
21 quelle que soit la personne qui a écrit ce document, et je ne sais pas qui
22 l'a écrit, n'avait pas affaire aux communautés -- n'avait rien à faire avec
23 ces différentes localités. Ce n'est pas du tout mon style, ma façon de
24 travailler. Je ne connais pas ce document, je ne connais pas non plus ce
25 colonel.
26 Mais vous ne m'avez pas permis de vous dire tout ce que nous avions fait,
27 toutes les mesures que j'avais prises. Il y avait un certain nombre de
28 choses que j'ai organisées.
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1 Q. Mais vous aurez d'autres occasions, croyez-moi, Monsieur pour expliquer
2 tout cela.
3 M. MISETIC : [interprétation] J'aimerais que cette pièce soit versée au
4 dossier, s'il vous plaît.
5 LE TÉMOIN : [interprétation] Mais ce document n'est absolument pas un
6 document qui m'appartient. Ce document n'a jamais été à moi.
7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Russo.
8 M. RUSSO : [interprétation] Monsieur le Président, je suis contre le
9 versement de cette pièce au dossier. Le témoin n'a absolument pas expliqué
10 le fondement de ce document puisqu'il n'y a pas -- ce document n'est pas le
11 sien.
12 M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Président, c'est un document qui
13 provient des archives du gouvernement croate, que nous avons reçu, donc il
14 a une valeur probante et --
15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Même si le témoin ne peut rien dire sur
16 ce document, vous pouvez donc le verser au dossier directement comme pièce
17 pertinente.
18 M. MISETIC : [interprétation] Oui, et nous pourrons en reparler plus tard.
19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier, pouvez-vous donc
20 marquer pour identification.
21 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agit de la pièce D1509, marquée pour
22 identification.
23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Monsieur le Greffier.
24 M. MISETIC : [interprétation]
25 Q. Monsieur Mrksic, j'aimerais vous montrer une vidéo maintenant et après
26 que vous ayez regardé cette vidéo, je vous poserais un certain nombre de
27 questions.
28 Il s'agit, Monsieur le Greffier, de la pièce à conviction D136. Les
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1 transcripts de cette vidéo ont été remis dans les cabines d'interprétation.
2 Il s'agit donc de la télévision de RSK, en juillet 1995.
3 [Diffusion de la cassette vidéo]
4 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]
5 "Après avoir entendu les sirènes, nous nous sommes mis à courir vers Trzic.
6 Il est maintenant 6 heures moins 5, nous sommes sur un pont qui enjambe la
7 Mreznica entre Trzic et Premizelna [phon]. Nous avons rencontré le
8 commandant de la 13e Brigade d'infanterie, le colonel Marko Reljic. Alors
9 que nous parlons, une colonne de civils avec des véhicules et du bétail
10 arrive en provenance de Trzic. Qu'est-ce que cela signifie, 'mon
11 commandant' ?
12 Le commandant : Et bien, c'est un exercice que nous menons sur la base des
13 hypothèses et des renseignements que nous avons reçus, indiquant que
14 l'aviation ennemie va agir dans cette région en lançant des roquettes et
15 des munitions d'artillerie. Mais avant que cela ne se passe, nous devons
16 évacuer, donc cet exercice est destiné à organiser l'évacuation de la
17 population civile des zones de combat et nos unités mèneront cette mission
18 qui leur a été confiée. Cela signifie que c'est important pour nous de
19 former la population civile à l'évacuation pour qu'elle subisse aussi peu
20 de pertes que possible.
21 Est-ce que vous êtes satisfait de cet exercice jusqu'à maintenant ? Est-ce
22 que les membres de la 13e Brigade d'Infanterie engagés dans cet exercice
23 tiennent bien leurs positions ?
24 Les membres de la 13e Brigade d'infanterie tiennent leurs positions et ils
25 le font, en fonction des missions qui leur ont été confiées. Tous les
26 soldats sont sur leurs positions. Je suis très satisfait du comportement de
27 la population civile également qui comprend la situation et se rend compte
28 du fait que nous avons besoin de nous préparer et de les entraîner si nous
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1 nous trouvons réellement dans cette situation de devoir évacuer, donc pour
2 éviter des victimes en nombre trop important. C'est ce qui s'est passé en
3 Slavonie occidentale, il ne faut pas que cela nous arrive à nous.
4 Le Journaliste : Absolument, je vous remercie.
5 Le commandant : Je vous en prie.
6 Parce que Trzic, c'est notre première position. C'est la première qui sera
7 prise pour cible, donc nous voulions mener cet exercice ici et nous voulons
8 vérifier que nous sommes bien préparés, que nous sommes bien organisés et
9 que la façon de mener les choses est la meilleure pour éviter que des
10 victimes civiles soient tuées au cours d'action militaire. Nous avons
11 besoin d'évacuer la population civile en temps utile. Après avoir appris la
12 leçon que nous a infligée la Slavonie occidentale et toute l'histoire des
13 guerres, la population a besoin d'être évacuée et déplacée à temps. Les
14 unités et l'armée doivent tenir leurs positions et mener à bien leurs
15 missions. Il est extrêmement important que vous compreniez et que vous
16 saviez que dans les maisons et au sein des familles, il faut que les gens
17 soient préparés, organisés et que dès que le signal est lancé, ils ont
18 besoin de se retirer dans la région désignée parce que l'ennemi veut
19 assassiner, tuer, incendier, égorger les enfants. C'est la raison pour
20 laquelle tout citoyen doit être prêt à l'évacuation. Cette évacuation ne
21 doit pas être signalée à l'avance, elle ne doit pas être prévenue à
22 l'avance de façon à ce que l'ennemi puisse se préparer. Il faut agir par
23 surprise, il faut sauver la tête des gens, il faut être préparé à cela."
24 [Fin de la diffusion de cassette vidéo]
25 LE TÉMOIN : [aucune interprétation]
26 M. MISETIC : [interprétation]
27 Q. Pouvez-vous nous dire, Général Mrksic, pourquoi l'armée de la RSK, en
28 juillet 1995, se livrait à cet exercice d'évacuation de la population
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1 civile ? Pouvez-vous, dans votre réponse, expliquer pourquoi cela a-t-il
2 été retransmis à la télévision de Knin ?
3 M. RUSSO : [interprétation]
4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je crois que c'était la télévision de la
5 RSK, pas nécessairement de Knin.
6 M. MISETIC : [interprétation] Oui, désolé.
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, la République de Krajina serbe.
8 Je vais vous dire une chose : je vais vous dire ce qui n'a pas encore été
9 dit. Nous étions parfaitement conscients de nos positions.
10 Nous savons et vous savez, vous avez qu'à prendre une carte et vous savez
11 très bien où se trouve Trzic, et vous savez que nos villages et nos villes
12 étaient le long de la première ligne de défense.
13 D'après les principes de tactique et ça c'est quelque chose que tous les
14 généraux savent pour un commandant d'armée les obligations pour organiser
15 la défense dans une zone c'est d'évacuer les populations civiles qui
16 risquent d'être soumises aux tirs d'artillerie directs et aux activités de
17 l'ennemi, que ce soit à gauche, à droite, au milieu, en profondeur,
18 derrière, partout.
19 Donc il n'y a pas eu qu'un seul exercice, il y en a eu beaucoup d'exercices
20 d'évacuation et celui s'est parfaitement bien déroulé. Non seulement il y
21 avait des exercices de ce type.
22 Je n'ai pas eu l'occasion d'ailleurs de vous expliquer que lorsque
23 j'ai commencé à réorganiser l'armée j'étais parfaitement conscient du fait
24 qu'en perdant toutes les lignes de transmission avec mes subordonnés, du
25 fait de la participation de l'OTAN, et bien si je risquais de perdre toutes
26 les lignes de transmission s'il y avait une attaque. Donc nous espérions
27 tous que cela ne se passe pas. Mais je voulais m'assurer que nous puissions
28 être suffisamment bien organisés de façon à ce que nous puissions assurer
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1 l'évacuation des populations civiles et que nous évitions des pertes
2 importantes. Mais je voulais m'assure que personne ne puisse sortir de
3 leurs AOR parce que, bien sûr, les AOR c'était le mont Petrova, c'était des
4 zones de forêt où les gens pouvaient tout à fait trouver abri et refuge.
5 C'est quelque chose d'ailleurs qui avait été fait pendant la Deuxième
6 Guerre mondiale lorsque la 4e Offensive ennemi s'était déroulée à Oustacha
7 -- en Oustachi, pardon, où ils y fuyaient leurs maisons pour tout
8 simplement pour se sauver pour sauver leurs vies. Donc ce n'était pas un
9 exercice après l'opération Tempête, c'était quelque chose de tout à fait
10 différent.
11 Donc ça c'est quelque chose dont nous avions parlé avec les officiers
12 supérieurs, les organes de sécurité, j'en ai parlé à beaucoup de personnes
13 et je n'avais entendu parler de quelque chose comme cela.
14 C'est quelque chose qui a été fait de façon parfaite.Nous avions
15 délibérément diffusé cela à la télévision de façon à montrer aux
16 populations que nous étions en train de nous préparer à une guerre à
17 outrance, donc c'était quelque chose que nous avions appris dans le cadre
18 du concept de l'ancienne RSFY.
19 Si vous voulez que j'ajoute quelque chose, je peux encore vous donner
20 d'autres détails.
21 Q. Laissez-moi vous demander à la fin de cette petite vidéo, l'officier
22 explique à la poste de police que l'ennemi veut tuer, veut massacrer les
23 enfants, alors quel est l'intérêt de dire des choses comme cela à des
24 populations civiles à la télévision ?
25 R. Peut-être que toute sa famille entière avait péri pendant la Deuxième
26 Guerre mondiale, avait été massacré à l'époque. Vous savez que c'était
27 toujours la population civile qui réside quelque part qui était le plus
28 victime, et chaque fois que l'on parle de guerre, on parle de personnes qui
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1 sont égorgées, de peurs de ceci et de cela, et nos hommes politiques
2 étaient responsables de cela.
3 Je vais vous dire une chose, la fille d'Ante Pavelic, lorsqu'elle est
4 arrivée en 1992 à Rijeka, elle a déclaré que cette attitude envers les
5 Serbes étaient même pires que ce que l'on avait connu pendant la Deuxième
6 Guerre mondiale. Les Serbes avaient cette peur naturelle donc.
7 Moi je voulais avoir une armée forte qui puisse me permettre de vraiment de
8 contrôler ces peurs, ces craintes, et d'obliger la communauté
9 internationale et la partie croate à trouver un bon moyen de vivre ensemble
10 tel que nous l'avions fait en Slavonie orientale.
11 Q. Je vais vous poser une question de suivi maintenant : comment est-ce
12 que l'attaque de la poche de Bihac a contribué aux efforts que vous
13 déployez pour trouver un moyen de coexister avec les Croates ?
14 R. Mais je n'ai pas attaqué les Croates dans la poche de Bihac. Nous
15 commercions avec les Croates, nous coexistions très bien avec eux dans la
16 poche de Bihac, nous travaillions ensemble dans tous les domaines de la
17 société et de l'intelligence. C'était notre source principale de
18 renseignements.
19 Q. Vous nous avez dit, vous avez dit aux Juges de la Chambre hier et
20 aujourd'hui que vous vous efforciez de rentrer dans les -- en profondeur
21 dans les arrières. Votre objectif était d'aller plus loin en profondeur,
22 n'est-ce pas, contre les Croates ?
23 R. Oui.
24 Q. Contre les Croates ?
25 R. Oui.
26 Q. Mais je vais vous poser une question dans ces conditions.
27 R. Non pas contre les Croates. C'était plutôt pour assurer notre défense.
28 Je voulais que notre zone de défense soit plus étendue vers l'intérieur. Je
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1 voulais être plus coupé des Croates et des Slovènes mais je n'y suis pas
2 parvenu.
3 Q. Comment est-ce que vous pensiez que les Croates allaient percevoir les
4 efforts que vous déployiez pour vous enfoncer plus profondément dans le
5 territoire au niveau de la poche de Bihac ? Comment est-ce que vous pensiez
6 qu'ils allaient comprendre cela comme étant un effort de coopération avec
7 eux en vue de recherche d'une solution pacifique ?
8 R. Merci d'avoir posé cette question. Voilà quel était ma ligne de pensée
9 : si la zone tenue par Fikret Abdic devait s'étendre, parce que lui c'était
10 un homme à la solde de la Croatie, il commerçait avec la Croatie, et c'est
11 de cette façon que la Bosnie occidentale était parvenue à survivre, alors
12 demain quand la co-existence serait rétablie parce qu'on mène une guerre
13 avec les Musulmans en Bosnie centrale à ce moment-là, et c'est comme cela
14 s'était passé avec les Serbes, vous avez les Musulmans de la République de
15 Croatie également. Donc on pouvait aller plus loin dans l'intérieur en
16 profondeur pour essayer de créer une zone en forme de croissant et
17 améliorer notre défense.
18 Q. Vous aidiez la Croatie en fait; vous faisiez cela dans l'intérêt de la
19 Croatie ?
20 R. Non, je faisais cela parce que nous voulions lancer une attaque donc
21 parce qu'une attaque était sur le point d'être lancée et nous, nous
22 voulions nous engager dans des négociations, ce qui profiterait aux Serbes,
23 et de cette façon, les Serbes auraient plus de chance de l'emporter dans
24 les négociations.
25 Q. Général Mrksic, voyons ce qui s'est passé après la chute de Grahovo --
26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Misetic, une chose. Trzic, je
27 crois que nous l'avons déjà établi précédemment, pour le secteur nord, il
28 est à peu près à 40 ou 50 kilomètres au nord de Karlovac; c'est bien ça ?
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1 M. MISETIC : [interprétation] Je pense que nous avons déposé des écritures
2 à ce sujet.
3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ah, peut-être l'ai-je oublié.
4 M. MISETIC : [interprétation] Je vérifierai pendant la pause, Monsieur le
5 Président.
6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.
7 M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Greffier, est-ce que nous
8 pourrions avoir sur les écrans le document 65 ter numéro 1D1050 ?
9 Q. Alors après la chute de Grahovo, vous savez que l'état de guerre a été
10 décrété, n'est-ce pas, sur le territoire de la République serbe de Krajina
11 ?
12 R. Je suis au courant mais ceci a été abrogé très rapidement.
13 Q. Qui est-ce qui l'a abrogé ?
14 R. Le Conseil suprême de Défense.
15 Q. Quand ?
16 R. Je ne sais pas. Cela a peut-être été en vigueur pendant deux jours ou
17 trois parce que, lorsque l'état de guerre est décrété, ce sont les lois de
18 la guerre qui entrent en vigueur, et cetera, et nous ne souhaitions pas
19 cela car nous nous sommes rendus compte que la population allait se
20 comporter autrement. Il n'y avait à notre avis aucune nécessité que soit
21 prise contres des individus des mesures très strictes qui sont valables en
22 temps de guerre, mais la déclaration préalable de l'état de guerre a été
23 faite parce que pour moi c'était plus facile. Vous savez, ce qui était le
24 plus important pour moi, c'est que du côté de Benkovac, il n'y avait
25 personne pour tirer un coup de feu, il n'y avait personne pour assurer la
26 défense de Knin, personne ne voulait défendre Knin.
27 Q. D'accord. D'accord. Bon. N'examinons pas ce document tout de suite,
28 étant donné ce que vous venez de dire dans votre dernière réponse :
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1 "La population s'apprêtait à se comporter différemment, et nous ne voulions
2 pas appliquer des mesures très strictes et les lois de la guerre très
3 strictes qui s'appliquent en temps de guerre contre des individus."
4 R. En effet, en effet.
5 M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Greffier, je demande l'affichage
6 de la pièce D939.
7 Q. Mon Général, ce document date du 29 juillet 1995 -- ou plutôt, excusez-
8 moi, du 30 juillet, c'est un décret. Je vous demanderais de vous pencher
9 sur la page 2 de la version anglaise, vous y verrez qu'il s'agit d'une
10 proposition émanant de vous; page 4 de la version B/C/S.
11 Donc vous écrivez au conseil suprême de Défense le 30 juillet 1995, n'est-
12 ce pas, et nous lisons dans ce texte, je cite :
13 "En vertu de l'initiative de plusieurs commandants de corps et de brigades,
14 je propose qu'un décret soit adopté, décret ayant force de loi et qui
15 traitera de la situation des formations et du travail des tribunaux
16 militaires ad hoc, en cas de guerre ou en cas de menace imminente de
17 guerre.
18 "Ceci est la réalité, les cours martial. Etant donné que le tribunal
19 militaire a déclaré qu'il jugerait des infractions criminelles graves et
20 que la seule sanction serait la peine de mort, ils seront rares au
21 quotidien mais ils auront sûrement un effet psychologique très important
22 sur les auteurs possibles d'actes criminels.
23 "Pour cette raison, nous recommandons que cette proposition soit acceptée
24 et que le décret susmentionné soit signé par le président de la République
25 serbe de Krajina."
26 Alors, Général Mrksic, pourquoi est-ce que vous proposez à la date du 30
27 juillet la création de tribunaux militaires ad hoc qui auraient le pouvoir
28 de prononcer des peines de mort ?
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1 R. Je vais vous dire très franchement ce qu'il en est, mon problème
2 c'était que l'élite de la société avait commencé à partir. Quand je dis
3 "l'élite," je pense à ceux qui avaient de bonne situation dans la société,
4 de l'argent, et des biens. Lorsque la population générale voit ce genre de
5 personnes s'enfuir, elle la suit très rapidement. Ces personnes, qui
6 pensaient qu'elles étaient protégées parce qu'elles avaient des fils qui
7 occupaient des postes importants, je voulais les effrayer. Je voulais faire
8 appliquer la loi et l'ordre. Je voulais envoyer le message qu'il fallait
9 rester sur place et se battre. Toute personne expérimenté par rapport à ce
10 problème, comprendra ce que je dis, et pas seulement les gens de la
11 République serbe de Krajina.
12 Q. Pourquoi est-ce que l'élite s'enfuyait à tel point que vous pensiez
13 avoir besoin de mettre en place des tribunaux militaires ad hoc ?
14 R. Parce qu'ils en avaient les moyens, ils avaient l'argent pour le faire,
15 ils avaient des propriétés, des maisons, des commerces, et cetera, ces
16 entreprises.
17 Q. pourquoi est-ce qu'ils ne sont pas restés ?
18 R. Parce que personne ne pouvait les empêcher de partir, c'est seulement
19 plus tard que des postes de contrôle ont été mis en place, et malgré ça ils
20 ont continué à fuir vers le nord en passant par Slunj.
21 Q. Monsieur Mrksic --
22 R. Oui.
23 Q. Je ne crois pas que vous ayez bien compris ma question. Ce que je
24 voudrais savoir c'est si les gens dont vous parlez constituent l'élite --
25 R. Non, mais quand je dis "élite," je ne pense l'élite intellectuelle.
26 Q. [aucune interprétation]
27 R. Je ne pense pas aux professeurs d'université. Je pense aux mafieux.
28 Q. Non, non, écoutez. Ma question c'était : pourquoi est-ce qu'ils
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1 n'avaient pas le désir de rester en Krajina ?
2 R. Parce que, Monsieur, ces gens-là, comme les vôtres de mafieux, ils se
3 connaissaient entre eux. Ils se connaissaient les uns les autres. Ils
4 étaient reliés les uns aux autres. Ils avaient des voies de circulation
5 pendant toute la guerre. Ils avaient plus d'information que moi, plus de
6 renseignement, et bien sûr ils sauvaient leur peau. Les structures
7 criminelles et les structures chargées de la sécurité ont travaillé main
8 dans la main au sein de la mafia pendant toute la guerre. Aujourd'hui, ils
9 le font aussi, ils le font toujours, ils achètent des grandes entreprises,
10 et cetera. --
11 Q. Je vous en prie --
12 R. Non, écoutez, j'espère que je n'aurais pas de problème demain quand je
13 sortirais de prison parce que j'en ai parlé parce que je les ai mentionnés.
14 Ça vous le savez très bien, vous n'auriez même pas dû me poser la question.
15 Q. Ma question très simple est la suivante : est-ce que les gens partaient
16 parce qu'ils prévoyaient une attaque de la part de l'armée de Croatie ?
17 R. Oui, ils se rendaient compte que l'armée serbe n'avait pas la moindre
18 chance de se défendre contre cela; voilà ce qu'ils prévoyaient, ils ne le
19 prévoyaient pas parce qu'ils étaient plus intelligents que les autres, mais
20 parce qu'ils ont reçu des renseignements de leurs collègues, et amis d'en
21 face.
22 Je demanderais à M. le Président de la Chambre de me prévenir si par hasard
23 je disais un mot qui pourrait m'incriminer.
24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Là, il s'agit d'incrimination de nature
25 différente de celle dont il était question hier. Monsieur Mrksic nous ne
26 vous demandons pas de prononcer des noms, donc vous n'êtes pas dans
27 l'obligation de prononcer des noms, personne ne vous y invite --
28 LE TÉMOIN : [interprétation] D'ailleurs, je ne connais pas ces noms.
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1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'aimerais essayer de comprendre vos
2 dernières réponses. Est-ce qu'elles signifient que la période, où quelqu'un
3 pouvait profiter de la situation, était dépassée ? Est-ce que le moment
4 était venu pour l'armée de quitter le territoire ? En raison de cela, aucun
5 profit ne serait possible ? Est-ce que c'est cela le sens de votre réponse
6 ? Si tel est le cas, dites simplement "oui;" sinon, vous pouvez expliquer.
7 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est arrivé au moment de la chute de Grahovo;
8 c'est à ce moment-là que les premiers signaux ont été donnés à la
9 télévision, à la radio. Nous, nous avons appelé les gens à ne pas partir,
10 nous avons dit qu'une solution allait être trouvée, que la Republika Srpska
11 allait nous aider, que des solutions seraient trouvées, et qu'il y aurait
12 peut-être des négociations, avec participation de la FORPRONU que cela
13 aboutirait et que l'agression que chacun avait en tête ne se produirait
14 pas. Nous avions un espoir.
15 M. MISETIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
16 Q. Monsieur Mrksic, j'aimerais que nous revenions à ce document dont j'ai
17 parlé tout à l'heure, à savoir le document 65 ter numéro 1D1050, dont je
18 demande l'affichage.
19 C'est un ordre dont vous êtes l'auteur, qui date du 29 juillet 1995, il est
20 adressé au commandant du Corps des Unités spéciales. Il se lit comme suit,
21 je cite :
22 "Regrouper de toute urgence les membres de la 2e Brigade dans le secteur du
23 village de Bruvno, où se mènent des exercices d'entraînement des forces de
24 réserve du Grand quartier général de l'armée serbe de Krajina. Ce
25 regroupement doit être achevé le 29 juillet 1995 avant 20 heures."
26 Alors, Bruvno se trouve où par rapport à Grahovo ?
27 R. Il faudrait que j'aie une carte pour vous répondre. Je ne peux pas vous
28 répondre sans carte. Je crois qu'il s'agit ici du centre d'Entraînement où
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1 l'on entraînait les hommes que nous avions mobilisés un peu partout en --
2 D'ailleurs je n'ai pas fini mon récit à ce sujet. Le président
3 Milosevic m'a convoqué en juillet, je ne sais plus quand exactement, après
4 le 20 juillet." Il m'a dit : "Mile, qu'est-ce que tu fais ?" Il m'a dit,
5 mais mon frère, t'es en train de créer une armée tout à fait sérieuse, là-
6 bas, et ça ne se passera pas sans problème."
7 Après cela, les organisations internationales de femmes et autres ont
8 commencé à manifester parce qu'elles disaient que les réfugiés ne peuvent
9 pas être mobilisés. Ça en était fini de la mobilisation. J'ai obtenu 2 400
10 réservistes et après, on a cessé de m'en envoyer.
11 Donc ça voulait dire qu'on avait commencé un travail tout à fait sérieux.
12 On voulait les entraîner, on a organisé des manœuvres d'attaque, de contre-
13 attaque, enfin la même chose qu'est-ce qu'on fait dans les casernes en
14 temps de paix. Nous n'avons pas attendu que la loi nous donne la
15 possibilité d'agir après qu'un coup de feu aurait été tiré contre nous.
16 Q. A cause de tout cela, à cause de toutes ces initiatives de formation et
17 d'entraînement ?
18 R. Oui, oui.
19 Q. Qui ont duré plusieurs mois. Si elles avaient duré plus longtemps, est-
20 ce qu'elles auraient été fructueuses du point de vue de la défense ?
21 R. Il n'y aurait pas eu d'attaque à ce moment-là.
22 Q. Ce n'était pas ma question. Je vous ai demandé si vous aviez pu
23 poursuivre ces entraînements pendant quelques mois supplémentaires; est-ce
24 que vous pensez que vous auriez eu à votre disposition une armée qui aurait
25 eu la possibilité, la capacité d'arrêter l'armée de Croatie ?
26 R. Non, la Croatie n'aurait pas lancé d'attaque contre une armée de ce
27 genre, parce que les pertes envisagées auraient été trop grandes.
28 Q. Je vous demandais si elle aurait eu la capacité ?
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1 R. Ecoutez, à 200 000, on ne peut pas battre contre 4 millions, ça c'est
2 absurde. Mais on aurait pu réduire les pertes potentielles.
3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Mrksic, j'essaie de comprendre
4 votre réponse aux questions de Me Misetic.
5 Si vous aviez eu quelques mois de plus pour poursuivre l'entraînement de
6 votre armée, est-ce que l'équilibre des puissances militaires en présence
7 aurait été recréé de sorte qu'en cas d'attaque vous auriez éventuellement
8 été en mesure de résister à une telle attaque ? Si tel est le cas, vous
9 pouvez dire, "oui." Si tel n'est pas le cas, veuillez m'expliquer pourquoi.
10 LE TÉMOIN : [interprétation] Nous aurions été dans une situation où nous
11 aurions subi des pertes -- ou eux auraient subi des pertes si importantes
12 que cela aurait été insupportable pour la République de Croatie, et elle se
13 serait engagée dans des négociations de paix.
14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous pouvez poursuivre.
15 M. MISETIC : [interprétation]
16 Q. Pourquoi est-ce que vous décidez de regrouper les Unités des forces
17 spéciales à Bruvno, le 29 juillet ?
18 R. Ça, je ne me souviens pas exactement de la raison qui nous a poussés à
19 les regrouper à Bruvno. Il est vraisemblable qu'on pensait que la situation
20 à cet endroit était favorable, qu'on avait là un centre d'Entraînement
21 efficace. Mais je ne me rappelle pas exactement la raison. Voyez-vous, dans
22 la région de Bruvno, on est assez prêt de l'endroit qui permet de passer,
23 d'aller vers Knin, enfin je n'ai pas la carte sous les yeux.
24 Q. Il me semble que vous confondez Brusko et Bruvno, ce sont deux
25 localités différentes.
26 R. Non, non, je ne parle pas de Brusko. Enfin si j'avais une carte.
27 Q. Pas de problème.
28 R. A partir de Bruvno, on rejoint facilement la route qui part de Knin et
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1 qui va vers là où il y avait le poste de commandement de réserve, vers Trno
2 [phon], au niveau du carrefour là-bas. C'était une possibilité qui m'était
3 offerte d'éviter d'être encerclé. Je crois que ça devait être ça la raison
4 mais je ne peux pas à l'instant même me rappeler exactement la motivation
5 qui était la mienne à ce moment-là.
6 Q. Pas de problème, pas de problème, je vais vous poser quelques questions
7 de suivi au sujet de ce point intéressant un peu plus tard.
8 M. MISETIC : [interprétation] Je voudrais donc l'affichage de ce document
9 P2414 -- de la pièce P2414. Est-ce qu'on pourrait agrandir un peu la carte
10 à l'écran, et voir le bas de la carte.
11 Q. Vous voyez Knin, maintenant à l'écran ?
12 R. Oui.
13 Q. Je sais que les noms inscrits sur la carte sont un peu difficiles à
14 lire, mais est-ce que vous voyez Gracac un peu plus haut que le centre ?
15 R. Oui.
16 Q. Dans votre souvenir, le village de Bruvno se trouvait où par rapport à
17 Gracac ?
18 R. Je crois que Bruvno se trouvait entre Gracac et comment ça s'appelle,
19 là, à droite de Gracac ?
20 Q. Otric.
21 R. Oui, du côté de Gracac et d'Otric, ou peut-être un peu plus au nord,
22 mais je ne sais pas, je ne sais pas, il faut que j'aie une carte d'état-
23 major. J'y ai passé très peu de temps là-bas. J'y suis allé simplement pour
24 résoudre des problèmes très importants et je n'ai pas eu le temps de me
25 rendre dans toutes ces petites localités, dans tous ces villages.
26 Q. D'accord. Je reprends votre réponse qui figure en page 33 à partir de
27 la ligne 3 du compte rendu d'audience. Vous dites à cet endroit du compte
28 rendu, je cite :
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1 "On peut facilement rejoindre Knin et l'endroit où se trouvait mon centre
2 d'Entraînement des réservistes."
3 Je pense que chacun dans le prétoire conviendra avec vous que le centre
4 d'Entraînement des réservistes se trouvait à Srb, n'est-ce pas ?
5 R. Oui, oui, oui.
6 Q. Ensuite au compte rendu, nous lisons, je cite :
7 "…ou plutôt, le carrefour qui avait là, de façon à empêcher un encerclement
8 de nos forces."
9 Alors pouvez-vous expliquer aux Juges de la Chambre ce que vous vouliez
10 dire par là ? Comment est-ce que vous auriez pu être encerclé à cet endroit
11 ? Pouvez-vous nous dire de quel endroit vous parliez ?
12 R. Non, je pensais à Knin, avec la chute de Bosanski Grahovo et l'avancée
13 des forces en amont de Seliste, et cetera. A Knin, étaient apportés des
14 canons de 120-millimètres et d'autres pièces d'artillerie qui tiraient sur
15 Knin. Mais ça, je peux vous en parler plus tard, plus en détail.
16 La seule grande route qui se trouvait dans le voisinage de Knin, allait
17 vers Otric et Srb ou vers Grahovo, en d'autres termes, vers Otric. C'était
18 l'artère de vie pour Knin et cette route a été coupée. C'était la route des
19 approvisionnements, donc on ne pouvait plus disposer de cette route mais si
20 on contrôlait la route dont je parle, personne ne pouvait nuire à Knin.
21 Donc en s'emparant du carrefour, en s'emparant de la route, on s'assurait
22 que Knin ne deviendrait pas une ville totalement déserte.
23 Q. D'accord. Alors on est bien d'accord que la route Strmica-Grahovo avait
24 été coupée. Vous étiez donc coupé de Knin. Vous, vous pensiez qu'en cas
25 d'évacuation de Knin, vous auriez besoin d'emprunter cette route pour aller
26 vers Otric et vers Srb où se trouvait votre centre d'entraînement, n'est-ce
27 pas ?
28 R. Oui, oui, mais enfin c'est le conseil suprême de Défense qui avait
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1 décidé cela. Ce n'était pas seulement nous. En cas d'encerclement, soit la
2 population allait souffrir et subir toute sorte de difficultés, soit il
3 fallait assurer l'évacuation en passant par Otric pour aller vers Srb et
4 regrouper tout le monde à Srb.
5 Q. D'accord. D'accord. Essayons, si vous voulez bien, d'avancer pas à pas.
6 Donc vous venez d'expliquer comment -- quel était l'itinéraire couvert par
7 cette route qui partait de Knin, qui allait vers Otric et vers Srb, mais
8 j'aimerais que l'on regarde ça plus en détail.
9 M. MISETIC : [interprétation] Je demande l'affichage du dernier document
10 versé au dossier.
11 M. RUSSO : [interprétation] Pas d'objection, Monsieur le Président.
12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.
13 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, le document 65 ter
14 numéro 1D1050 devient la pièce à conviction D1510.
15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ce document est admis au dossier. Je ne
16 crois pas qu'il y ait la moindre raison de le conserver sous pli scellé,
17 non; non, non, d'accord. Bon. Restons-en là.
18 M. MISETIC : [interprétation] Je demanderais à chacun de garder en mémoire
19 la carte que nous avons sur les écrans actuellement. Nous voyons Knin-
20 Otric-Srb, et à gauche -- et on voit aussi la route qui va vers Gracac,
21 n'est-ce pas, sur la gauche ?
22 Maintenant j'aimerais l'affichage sur les écrans du document 65 ter, numéro
23 5954.
24 Q. Général Mrksic, nous allons avancer dans le temps, nous passons à la
25 date du 5 août, c'est le deuxième jour de l'opération Tempête. Je vous
26 assure que nous parlerons en détail de la journée du 4.
27 R. Vous revenez à la première journée ?
28 Q. Absolument. Mais nous sommes tout de même sur ce sujet; ça ne sert à
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1 rien que vous expliquiez tout d'un seul coup, commençons par le
2 commencement.
3 Alors nous avons ici un ordre qui émane de vous qui date du 5 août et où on
4 lit au deuxième paragraphe, je cite :
5 "Les excellents résultats obtenus à l'issu des combats au cours des 15
6 premières heures ont été mis en cause par une telle pratique."
7 Le mot pratique concerne le fait que des soldats et des officiers sont en
8 train de déserter leurs unités. Je reprends la citation, je cite :
9 "Et au sein de certaines unités, les effectifs sont réduits à zéro."
10 Alors j'aimerais que nous passions maintenant à la page suivante, premier
11 paragraphe de l'ordre, donc premier point de cette page.
12 R. Là où on lit 7e Corps.
13 Q. Oui, 7e Corps.
14 M. MISETIC : [interprétation] Est-ce qu'on peut défiler vers le bas sur les
15 écrans ? Oui, très bien.
16 Q. Donc, point 1, mon Général, vous ordonnez à ce niveau du texte, je cite
17 :
18 "Le 7e Corps en même temps que la 103e Brigade d'infanterie va créer
19 une ligne de défense allant de Mala Dinara jusqu'à Malovan en passant par
20 Derala et Otric et l'objectif de ce front consistera à empêcher l'ennemi de
21 s'emparer de Knin en l'absence de tout combat ou de rejoindre les forces
22 ennemies qui sont engagées dans des combats dans les directions Knin-Otric
23 et Gracac-Otric, ceci afin d'éviter que dans la suite des combats un
24 encerclement se produise et de faire en sorte qu'une unité soit envoyée
25 dans le secteur de Bulina Strana pour que la zone de Knin soit défendue et
26 que l'ennemi ne puisse pas avancer rapidement vers Otric."
27 Q. Général, quelles sont les forces de l'armée croate ? A quelles forces
28 avez-vous demandé et donné l'ordre afin de les empêcher de se rejoindre, et
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1 où ?
2 R. Vous ne m'avez pas permis de regarder l'intégralité du document. Est-ce
3 que vous me permettez de regarder l'intégralité de ce document ? S'agit-il
4 de mon document ? Bien. Merci.
5 Bien, nous allons y revenir. Vous pouvez poursuivre.
6 De Gracac à Otric, les forces du général Gotovina devaient -- il fallait
7 empêcher les forces du général Gotovina de rejoindre ceux qui venaient de
8 là-haut, les forces de police ou d'autres. Il y avait des forces
9 extrêmement dangereuses qui arrivaient de là, de Gracac, et c'est pour
10 cette raison que ce corps en particulier, le Corps de la Dalmatie était
11 suppose et devait se regrouper, personne ne les avait engagé le long de la
12 première ligne de défense. Nous avions établi des positions et des mines en
13 vain et -- nous avions créé un problème à la République de Croatie.
14 Q. Bien, nous allons maintenant faire une pause. Mais je voudrais d'abord
15 vous poser une question de plus sur ce point. Si j'ai bien compris votre
16 réponse, vous essayez d'empêcher que les forces de Gotovina et les forces
17 de la police spéciale de Gracac puissent se rejoindre, celles qui vous
18 avaient empêché d'évacuer; est-ce exact ?
19 R. Non, Gracac avait déjà été pris par eux, et l'idée était de les
20 empêcher de prendre le territoire d'Otric comme vous l'avez dit.
21 Q. Les encercler pour les empêcher de sortir ?
22 R. Oui, tout à fait. La population dans son ensemble, et j'ai essayé de
23 sauver l'ensemble de la population. Les dirigeants politiques avaient
24 décidé que la population devait quitter le territoire pour s'enfoncer plus
25 avant dans le pays et de façon à ce qu'il -- à ne pas être blessé --
26 Vous êtes tous -- vous félicitez tous cet ordre, mais ceci n'a pas été
27 fait, et Dieu sait si la position -- ce que serait la position de la
28 communauté internationale de la République de Croatie aujourd'hui.
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1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous allons faire une pause et nous
2 reprendrons à 11 heures moins cinq.
3 [Le témoin quitte la barre]
4 --- L'audience est suspendue à 10 heures 33.
5 --- L'audience est reprise à 11 heures 01.
6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Peut-on faire rentrer le témoin dans le
7 prétoire, s'il vous plaît ?
8 [Le témoin vient à la barre]
9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre, Maître Misetic.
10 M. MISETIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
11 Q. Général Mrksic, puisque nous n'avions pas suffisamment de temps juste
12 avant la pause, je vais reprendre à partir de votre dernière réponse. Nous
13 parlions de la signification d'Otric, et vous avez dit :
14 "Oui, pour sauver la population dans son ensemble, j'ai essayé d'agir ainsi
15 pour sauver la population. Les dirigeants politiques avaient décidé que la
16 population devait quitter le territoire et entrait plus en profondeur à
17 l'intérieur du pays pour qu'il ne leur soit pas fait de mal. Vous nous
18 auriez tous félicité pour cet ordre, et si ceci n'avait pas été fait, Dieu
19 seul sait quelle aurait été la position de la communauté internationale et
20 de la République de Croatie aujourd'hui."
21 Je voudrais vous demander de préciser ce à quoi vous faisiez référence, en
22 disant : "Si cela n'avait pas été fait, Dieu seul sait ce qu'aurait été
23 l'avis de la communauté internationale et de la République de Croatie
24 aujourd'hui."
25 R. Ce que je voulais dire, c'est que si à l'époque nous avions eu
26 l'intelligence et la compréhension des événements que nous avons
27 aujourd'hui, s'agissant de juger de la situation poste opération Tempête,
28 imaginez-vous si ces forces étaient tombées sur une population qui n'était
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1 ni défendue ni armée, cela aurait infligé des pertes énormes, qui auraient
2 été à notre détriment et au détriment de la communauté internationale.
3 Parce que c'était un espace vaste, qu'il était impossible de contrôler, et
4 je pense que même les forces responsables de l'attaque n'auraient pas pu
5 exercer ce contrôle.
6 Notre conseil Suprême, parce que le président est parti à Belgrade pour
7 signer le plan Z-4, je pense à M. Babic en disant cela, donc c'était Martic
8 qui était commandant suprême et donc ensemble nous avons décidé. Je leur ai
9 dit : si on tire sur la population, le problème est insurmontable parce que
10 notre armée n'est pas une armée professionnelle; c'est une armée de gens de
11 bonne volonté qui sont là principalement pour défendre leurs familles, et
12 donc cela va créer des problèmes.
13 Mais une fois qu'ils ont pris leur décision, en connaissance de cause
14 par rapport à l'existence de ces problèmes, ils ont décidé de ne pas
15 quitter le territoire de la Republika Srpska, mais simplement de s'enfoncer
16 en profondeur dans la zone forestière de façon à pouvoir attendre l'arrivée
17 des attaquants de face et pas de dos. C'est la raison pour laquelle les
18 décisions qui ont été prises dans cette période ont été prises.
19 Q. Si je vous ai bien compris, vous avez ordonné l'évacuation de la
20 population pour empêcher --
21 R. Moi, pas moi.
22 Q. La direction, le Conseil de Défense ?
23 R. Les dirigeants, oui.
24 Q. L'intention était de créer une demande ligne de front à ce moment-là ?
25 R. C'est ça, c'est ça.
26 Q. Où souhaitiez-vous créer cette deuxième ligne de front ?
27 R. Ce deuxième front, il fallait le créer en amont de Knin pour empêcher
28 la pénétration des attaquants dans la direction de Srb à partir de Gracac.
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1 Mais nous n'avions pas l'intention de combattre. Nous n'avons mené aucun
2 combat. Nous n'avons pas frappé des cibles en profondeur. Nous n'avons pas
3 ouvert le feu. D'ailleurs il n'y avait personne sur qui nous aurions pu
4 ouvrir le feu.
5 Q. Pouvez-vous nous dire, vous avez déjà témoigné, en disant que vous ne
6 souhaitiez qu'Otric tombe, vous ne souhaitiez pas que les forces de
7 Gotovina et du général Markac puissent rejoindre Otric parce que cela vous
8 aurait empêché de --
9 R. C'est ça, on voulait éviter la jonction de ces forces parce que si ces
10 forces avaient effectué leur jonction le problème de la Dalmatie et de la
11 Lika aurait été réglé de façon définitive -- le sort de la Dalmatie et de
12 Lika.
13 Q. Que ce serait-il passé ? Quelle était votre évaluation à cette époque,
14 que ce serait-il passé si les forces du général Markac et du général
15 Gotovina s'étaient rejoints à Otric et que vos forces étaient encore au sud
16 de ce point, que se serait-il passé ?
17 R. Exact, exact, vous venez de poser une question, une excellente question
18 ? C'est d'ailleurs la question qui a été posée au sein du conseil suprême
19 de Défense, et sur la base des manœuvres déjà effectuées, et à l'intérieur
20 des corps d'armée. Donnez-moi quelques minutes pour que je m'explique là-
21 dessus.
22 Donc sur la base de notre expérience parce que nous avions des
23 appréciations, nous avions examiné trois ou quatre versions différentes,
24 nous savions donc ce qui risquait d'arriver, nous n'avions pas un système
25 de transmission très moderne; nous avions un système de transmission qui
26 était celui de l'ex-JNA qui avait au moins 40 ans, vous savez, les
27 téléphones, et on tourne une manette mais ça on le fait tant que l'appareil
28 fonctionne et puis il cesse de fonctionner. Donc au sein des commandements
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1 de corps d'armée, nous évaluions l'action de l'ennemi, enfin ça nous le
2 faisions sur la base de notre expérience de militaire de l'académie. Nous
3 savions qu'il pouvait y avoir des combats destinés à créer un encerclement
4 au niveau du Corps de la Banja là-haut, au niveau du Corps de Petrovac,
5 Petrovac-Gora là-haut, et aussi dans la Lika au niveau du Corps de Kordun,
6 du Corps de la Lika, de Lapac et nous avions prévu que les combats les plus
7 importants se dérouleraient à partir du front dans la direction de la
8 Dalmatie et pas à partir de Grahovo.
9 C'est là que notre conception a changé. Notre démarche par rapport au
10 combat a changé parce que nous nous sommes rendus compte que nous avions
11 été trompés. Alors pour les autres corps d'armée, nous savions quelles
12 étaient les décisions qui avaient été prises et je savais que même si je
13 n'avais pas de transmissions avec ces corps d'armée, les corps d'armée en
14 question devaient agir selon ce qui avait été prévu. Des manœuvres ont donc
15 été menées à bien avec la population, ce qui est un peu différente des
16 entraînements d'un bataillon qui est formé à la contre-attaque avec emploi
17 des brigades de réservistes au niveau des corps d'armée et ce genre de
18 chose. Là, nous avons préparé la population civile comme nous le faisions
19 dans le cadre des manœuvres, mais c'était un peu différent. Quand l'attaque
20 a eu lieu, il y a eu une contre-attaque à Karlovac et à Petrinja aussi.
21 C'est là d'ailleurs que l'ennemi a subi les pertes les plus importantes
22 précisément dans les zones où nous avions mené des manœuvres d'entraînement
23 préalable.
24 Q. Je voudrais revenir à ma première question.
25 R. Mais encore un mot, mais dans le Corps de Dalmatie, nous n'avons pas
26 fait de manœuvres sur la base d'une attaque qui serait venue de dos. Donc
27 il fallait absolument extraire la population civile étant donné que les
28 plans ont changé.
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1 Q. Pourquoi est-ce que la population devait être sortie de la région ?
2 R. Ecoutez, Monsieur, tout le monde le sait ça. Si l'artillerie frappe à
3 l'avant du front, il est évident que les enfants, les femmes, les
4 vieillards qui n'ont pas de fusils, vont souffrir. Il faut les évacuer, il
5 faut les évacuer quelque part dans une forêt en profondeur. Ça c'est
6 quelque chose qu'on fait dans toutes les guerres et ça se fera encore plus
7 tard, et c'est ce qui est prévu et accepté par les conventions de Genève.
8 Ce qui n'est pas accepté, c'est de tirer sur un village.
9 Q. Je voudrais vous poser maintenant cette question et nous parlerons du
10 pilonnage et je soulèverai des questions concernant le pilonnage de Vukovar
11 et d'autres choses un petit peu plus tard.
12 R. Excellent. Merci pour ça, merci.
13 Q. Bien. Permettez-moi maintenant de revenir à ma question à savoir :
14 qu'est-ce qui se serait passé à votre sens si en fait vos forces avaient
15 été encerclées au point d'Otric ?
16 R. Oui, selon moi. Excellent. Excellente question. Ça aussi avec les
17 commandants et les dirigeants du corps d'armée j'en ai discuté. On
18 s'attendait à des combats, on s'attendait à ce que l'ennemi veule encercler
19 et on s'attendait à ce qu'il fasse pression pour que nous nous rendions
20 parce que les forces croates n'avaient évidemment pas pour objectif de
21 subir des pertes importantes si elles avaient encerclé les nôtres. Mais
22 dans une telle situation, nous pensions que la communauté internationale
23 allait intervenir et qu'il n'y aurait pas de massacres, qu'il n'y aurait
24 pas d'actes de vengeance, et que dans ces conditions, tout à fait,
25 normalement, les gens, qui auraient pu considérer qu'ils avaient fait
26 quelque chose de mal en 1941, ou je ne sais quand, ce serait senti dans
27 l'obligation de partir pour échapper aux tribunaux. Les autres, la
28 population normale, les paysans, il était prévu qu'ils seraient désarmés et
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1 qu'ils rentreraient chez eux et que, bien sûr, le respect des droits des
2 minorités risquait de poser problème, comme cela avait eu lieu par le passé
3 de la vengeance.
4 Q. Je vais vous poser des questions plus directement : est-ce que vous
5 pensiez qu'il y aurait plus de blessés ou de morts de votre côté si vous
6 étiez encerclé par les forces croates ?
7 R. Oui, oui, bien sûr. Parce que nous n'étions pas en 1942 quand il n'y
8 avait pas de routes. Là, il y avait des routes goudronnées; il y avait des
9 hélicoptères. On voit tout aujourd'hui. Donc il y aurait eu des pertes
10 importantes, des pertes importantes pas parce que quelqu'un voulait que les
11 pertes soient importantes mais en raison de la vitesse des combats, en
12 raison de l'existence des moyens de haute technologie, en raison de la
13 rapidité de tout ce qui se passe aujourd'hui, donc les pertes auraient été
14 très importantes et elles auraient été vécues comme quelque chose de très
15 négatif par ceux qui les subissaient, et peut-être aussi par ceux qui les
16 causaient.
17 M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Président, il y a toujours ce
18 document sur le prétoire électronique en date du 5 août et je demande à ce
19 qu'il soit annoté, je voudrais donc le verser au dossier.
20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Russo.
21 M. RUSSO : [interprétation] Pas d'objection.
22 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.
23 M. LE GREFFIER : [interprétation] Cela deviendra donc la pièce 1511.
24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La pièce D1511 est versée au dossier.
25 M. MISETIC : [interprétation]
26 Q. Général Mrksic, pourriez-vous préciser un commentaire que vous avez
27 fait ? Vous avez parlé de pertes --
28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Lorsque vous parlez de pertes humaines,
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12 Page blanche insérées d’assurer la correspondance entre la
13 pagination anglaise et la pagination française.
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1 pourriez-vous faire la distinction entre les pertes concernant les civils
2 et les pertes humaines chez les militaires ?
3 M. MISETIC : [interprétation] Bien.
4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous pouvez poursuivre.
5 M. MISETIC : [interprétation]
6 Q. A la page 21 -- pardon, vous dites que vous attendiez des attaques du
7 côté de la Dalmatie plutôt - et ce c'est aux lignes 20 et 21 - et vous avez
8 été trompé, pouvez-vous nous dire qui vous a trompé ?
9 R. Il fallait bien que quelqu'un règle le problème de la plaine de
10 Livanjsko Polje, et nous soyons allés à quatre réunions pour en discuter,
11 mais on ne m'ait pas autorisé à agir. Le général Milanovic, lui, il sait
12 qui il a envoyé régler le problème, mais en tout cas, ce n'était pas moi.
13 Moi, c'est à cause de ça que j'ai sur les épaules un fardeau que je porte
14 depuis 15 ans.
15 Q. Je voudrais vous demander de reprendre la pièce D923, si vous nous
16 pouvions l'avoir afficher sur le prétoire électronique, s'il vous plaît.
17 Maintenant, Général Mrksic, après la chute de Grahovo, mais juste avant
18 l'opération Tempête, y a-t-il eu une opération de prévu pour reprendre
19 Bosansko Grahovo ?
20 R. Cette idée aurait dû être prise au Conseil suprême de Défense, mais
21 malheureusement, cela ne s'est pas fait en commun, donc, entre la Republika
22 Srpska et la République serbe de Krajina à Drvar. Mais, malheureusement,
23 cela ne s'est pas fait. Moi, je n'avais pas les forces suffisantes étant
24 donné que je tenais des positions qui n'étaient pas en altitude, je n'ai
25 pas eu les forces suffisantes pour monter plus haut. En face de moi,
26 j'avais quatre corps d'armée, et la mission qui m'a été confiée simplement
27 c'était d'empêcher de subir une attaque par surprise. Donc je devais
28 essayer d'observer ce qui se passait, de voir comment ils se déplaçaient et
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1 vers quelle localité ils se déplaçaient. D'ailleurs ça m'a surpris de voir
2 qu'ils ne sont pas venus tout de suite, parce qu'ils auraient pu le faire
3 tout de suite. Ils auraient pu emprisonner tout le corps d'armée et toute
4 la population qui se trouvait là.
5 M. MISETIC : [interprétation] Je vais vous demander de passer à la page 2
6 de la version anglaise de ce document. Il s'agit de la page 1 ici, sur le
7 prétoire électronique. Je vous demanderais de regarder le quatrième
8 paragraphe de la version en B/C/S.
9 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
10 M. MISETIC : [interprétation]
11 Q. Il se lit comme suit, au milieu de ce paragraphe :
12 "En raison de cela, une nouvelle opération de libération de Grahovo a été
13 entamée. La Brigade des Gardes de l'Unité spéciale du Corps de la KSJ a été
14 transférée dans la région Crvena Zemlja. Ce combat de deux -- ces
15 opérations et ce combat sur deux jours n'ont pas permis d'améliorer
16 considérablement la situation, et ont simplement peut-être permis d'arrêter
17 l'avancée de l'armée croate vers Knin en passant par Strmica et en
18 direction de Licka Kaldrma, via le village de Resanovci."
19 Vous souvenez-vous de cette opération de deux jours ?
20 R. Oui, oui, mais ce n'était pas une opération, c'était une action
21 tactique. Ici, on parle d'opération dans le texte, peut-être que cela
22 correspondait à notre désir inexprimé d'entreprendre quelque chose. Ce que
23 nous voulions en tout cas c'était arrêter ceux d'en face rapidement. Parce
24 qu'une opération a un objectif bien précis, là, c'était différent. On
25 aimait bien à l'époque utiliser des termes un peu exagérés en parlant sans
26 cesse d'opération, d'opération, d'opération.
27 Q. Est-ce que cette opération se déroulait dans la région de Strmica ?
28 R. Oui, dans la région de Strmica. Les gens du corps de Licka sont allés
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1 là-bas pour voir s'ils pouvaient faire quelque chose. Quand ils se sont
2 rendus compte qu'ils ne pouvaient rien faire, on a changé nos plans. A ce
3 moment-là, de nouvelles décisions sont tombées.
4 M. MISETIC : [interprétation] Maintenant, Monsieur le Greffier, si je
5 pouvais vous demander d'afficher sur le prétoire électronique le document
6 65 ter 1895.
7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Misetic, je ne sais pas si vous
8 allez en parler, mais le calendrier exact de cette opération qui n'est pas
9 une opération si j'ai bien compris; est-ce que vous avez parlé de cela ?
10 M. MISETIC : [interprétation]
11 Q. Je voudrais d'abord vous demander si vous vous souvenez, Général
12 Mrksic, à quelle date exactement --
13 R. Je crois me rappeler que tout cela s'est passé le 1er août. Quand est-ce
14 que vous avez pris Grahovo, le 29, le 30, moi, j'ai tout de suite pris des
15 mesures, regrouper les effectifs pour voir ce que faisaient les autres en
16 Republika Srpska, mais c'était un territoire qui appartenait à quelqu'un
17 d'autre. J'ai essayé de faire pression sur le président de la municipalité,
18 sur les présidents de telle et telle localité. J'ai demandé : pourquoi est-
19 ce que Knin n'est pas défendu. Pourquoi des mesures ne sont pas prises ? On
20 m'a dit : c'est une ville libre. J'ai décrété que c'était une ville libre,
21 personne ne va l'attaquer.
22 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Mrksic, en général, je ne fais
23 pas de commentaire sur le langage qui est utilisé. Mais si vous dites "vous
24 avez pris Grahovo," Me Misetic n'a pas pris Grahovo. Il est celui qui vous
25 pose des questions. Si vous voulez dire les Croates ont pris Grahovo, ou ça
26 ne pose pas de problème, ce sont les troupes qu'il faut citer plutôt que de
27 dire : vous, Monsieur Misetic.
28 LE TÉMOIN : [interprétation] Je comprends, je comprends, d'ailleurs je ne
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1 pensais pas à M. Misetic. Je pensais à l'armée croate et au HVO, au secteur
2 sud, comment il s'appelait déjà qui était commandé par ce monsieur,
3 comment, ce général. Voilà, c'est tout ce que je pensais.
4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Cela est parfait si vous faites
5 référence au HVO, par exemple, pour que nous sachions de quoi vous parlez
6 exactement.
7 Maître Misetic, vous pouvez poursuivre.
8 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, oui, oui.
9 M. MISETIC : [interprétation]
10 Q. Qui vous a dit que Knin avait été déclaré ville ouverte ?
11 R. Ecoutez, ne me prenez pas au mot. Je n'ai pas examiné en détail le
12 journal officiel. Est-ce que ce qu'il me disait était vrai ou pas, je ne
13 sais pas. Alors ne me prenez pas au mot. Moi, j'ai commencé à faire des
14 pressions sur eux. Je sais que Knin, c'était la seule ville où l'armée des
15 Serbes de Krajina n'avait pas d'unités. Toutes les autres localités, il y
16 avait l'Unité de Petrinja, l'Unité de Slunj, et cetera, et cetera, et Knin
17 n'avait pas d'unités. Quand je me plaignais de cela, on me disait qu'il n'y
18 avait pas de problème. Voilà, voilà c'est ça.
19 Q. Oui, pouvez-vous nous dire de quoi il s'agit ?
20 R. C'est ce dont je parlais tout à l'heure, qu'on lit dans ce document.
21 Q. D'empêcher les familles et les membres --
22 R. Oui, oui, oui, oui. Ils ont vu partir les gens riches, et, à ce moment-
23 là, des officiers ont commencé à faire partir leurs familles, leurs
24 enfants, et moi, je l'ai interdit strictement. J'ai dit : si la population
25 vous voit agir de cette façon, qu'est-ce qu'elle va penser de nous ? Donc
26 je l'ai interdit. J'ai interdit ces départs. Oui, c'est bien ça. Ça, c'est
27 bien un document qui vient de moi.
28 M. MISETIC : [interprétation] Bien. Monsieur le Greffier, donc je voudrais
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1 que ce document reçoive une cote et je vous demande le versement au
2 dossier.
3 M. RUSSO : [interprétation] Pas d'objection, Monsieur le Président.
4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.
5 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce document devient la pièce D1512.
6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Elle est versée au dossier.
7 M. MISETIC : [interprétation] Merci.
8 Monsieur le Greffier, si nous pouvions avoir à nouveau afficher sur le
9 prétoire électronique le document 1465 -- la pièce D1465.
10 Q. Général, vous souvenez-vous avoir tenu une réunion avec Ratko Mladic à
11 Knin, le 30 juillet 1995 ?
12 R. Non, je n'ai pas participé à une réunion, c'est une erreur. C'est la
13 raison pour laquelle je considère que ce journal est absolument insensé. Ce
14 n'est peut-être pas la seule erreur qu'il y a dans ce journal. Je ne peux
15 pas l'admettre. J'ai entendu dire effectivement qu'il avait rencontré le
16 patriarche, ça, je l'ai entendu dire parce que j'étais à Slunj, à ce
17 moment-là. Lui, je ne l'ai même pas rencontré, Mladic. Quand j'avais besoin
18 de lui, quand je me suis déplacé, quand il fallait résoudre le problème de
19 Livanjsko Polje, et des différents lieux sur le mont Dinara, il m'a été
20 impossible de trouver qui que ce soit en face de moi. Je n'ai pas pu
21 établir de contact, donc ce qui est écrit ici c'est inexact. Etant donné
22 l'inexactitude de ce qui est écrit là, je mets en doute tout le reste.
23 Q. Permettez-moi de vous poser cette question, Général : Si le général
24 Mladic était à Knin, pour rencontrer des membres de l'état-major principal
25 de l'ARSK, s'il était à Knin, pourquoi est-ce qu'il l'aurait parlé à des
26 membres de l'état-major principal ?
27 R. Il n'a pas discuté avec des membres de l'état-major principal. C'est
28 une invention des médias parce que, par le passé, il servit dans les rangs
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1 de l'armée à Knin, et je ne sais même pas pourquoi la télévision c'est
2 intéressée à ça et a raconté ce qu'elle a raconté. S'il n'y avait pas eu
3 ça, tout ce que je vous raconte aujourd'hui au sujet de la chute de
4 Grahovo, aurait créé un affrontement très grave entre nous.
5 M. MISETIC : [aucune interprétation]
6 LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'admettais pas l'autorité de quiconque,
7 pas même de Mladic.
8 M. MISETIC : [aucune interprétation]
9 LE TÉMOIN : [interprétation] Tout ça, ce sont des suppositions, et rien
10 d'autre.
11 M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Greffier, il s'agit de la page
12 239 en anglais et de la page 244 en B/C/S.
13 Q. Comment avez-vous su que M. Mladic est apparu à la télévision à Knin
14 lorsque vous y étiez ?
15 R. C'est Kosta Novakovic qui m'en a parlé, qu'il était arrivé et qu'il
16 avait demandé à apparaître à la télévision, une espèce de conférence de
17 presse. Qu'est-ce que j'en sais ? Moi, je connais bien sa façon d'agir. Il
18 aime ce genre de chose, le public. Moi, je n'y étais pas, je ne peux pas le
19 commenter.
20 Q. Maintenant si vous regardez l'écran ici, et le journal de M. Mladic, il
21 s'agit du 30 juillet 1995 entre 16 heures et 17 heures :
22 "Knin. Réunion avec l'état-major de l'armée de la Krajina serbe."
23 Vous dites que vous n'étiez pas au courant d'une telle réunion ?
24 M. RUSSO : [interprétation] Objection, Monsieur le Président. Je pense que
25 le témoin a dit qu'il n'y avait pas de réunion.
26 M. MISETIC : [aucune interprétation]
27 LE TÉMOIN : [interprétation] Il n'y a pas eu de réunion, d'ailleurs il
28 n'avait pas compétence, il n'était pas habilité à rencontrer les membres de
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1 mon état-major. Il pouvait les rencontrer leur échanger quelques mots
2 sympathiques avec eux. Mais, moi, j'étais le seul qui avait officiellement
3 le droit d'une réunion avec eux.
4 Quant à ce qu'il a fait, pourquoi il ne m'a pas prévenu de sa venue, ça
5 c'est une autre question. Tout ça c'était totalement contraire au bon sens.
6 M. MISETIC : [interprétation]
7 Q. Général Mrksic, vous dites que vous étiez à Slunj ce jour-là. Si
8 quelqu'un de l'état-major principal de l'ARSK était venu ou pas, vous
9 l'auriez su si vous étiez à Slunj. Vous avez reconnu qu'il était à Knin;
10 est-ce exact ?
11 R. Il est allé à Knin. On m'a dit qu'il était arrivé à Knin et qu'il a
12 fait toutes sortes de déclarations. Mais, moi, je n'étais là-bas. J'étais à
13 Slunj pour régler d'autres problèmes de la vie quotidienne. Il ne m'avait
14 pas prévenu de son arrivée, s'il m'avait prévenu peut-être que je serais
15 allé le voir. Mais, en tout cas, moi, je ne reconnais pas l'existence de
16 cette réunion, pas du tout. C'était une initiative personnelle qui
17 impliquait semble-t-il une rencontre avec le patriarche. Je ne sais pas
18 pourquoi il a attiré le patriarche dans ce genre de chose - un vieillard -
19 mais il devait avoir une raison.
20 Q. Général --
21 R. Je pense qu'il faut que nous nous comprenons bien ici. Prétoire
22 électronique ne pouvait donner le moindre ordre, la moindre instruction à
23 mon état-major, sauf moi.
24 Q. Je ne suggérais certainement pas que M. Mladic donnait des ordres à
25 votre état-major principal.
26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Misetic, je pense que vous êtes
27 un petit peu laissé aller. Cette réunion avec l'état-major principal, est-
28 ce que cela veut dire l'état-major principal, l'ensemble de l'état-major ?
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1 Si vous êtes à Slunj, vous ne savez peut-être pas, mais les membres de
2 l'état-major principal s'ils sont là avec vous, c'est une question assez
3 complexe mais --
4 LE TÉMOIN : [interprétation] La moitié du commandement était avec moi.
5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Les autres membres du commandement
6 étaient là ?
7 LE TÉMOIN : [interprétation] La moitié était avec moi au poste de
8 commandement avancé à Slunj.
9 M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]
10 LE TÉMOIN : [interprétation] En bas, il y avait Kosta Novakovic, le
11 responsable du moral des troupes, et les autres -- et d'autres peut-être,
12 mais je ne sais plus qui.
13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous n'avez donc eu aucune information
14 comme quoi eux auraient eu cette rencontre --
15 LE TÉMOIN : [interprétation] Le président de la république n'était pas là
16 non plus. J'ai été informé ultérieurement par téléphone et puis j'en ai
17 entendu parler quand je suis rentré, mais il n'a jamais été question de
18 mission opérationnelle ou quoi que ce soit de ce genre, c'était des
19 déclarations pour élever les morales des troupes nous allons faire ceci,
20 nous allons faire cela, des déclarations prétendant qu'une aide serait
21 apportée.
22 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Si vous excluez la possibilité que les
23 membres de l'état-major principal qui étaient à Knin aient pu et avoir
24 cette rencontre ou cette conversation avec le général Mladic --
25 LE TÉMOIN : [interprétation] En tout cas, pas une réunion officielle, peut-
26 être une conversation comme ça au passage, parce qu'ils le connaissaient
27 depuis 1991, 1992, où il était stationné à Knin, donc il connaissait pas
28 d'officiers. Mais, en tout cas, une réunion officielle il n'y en a pas eu,
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1 d'ailleurs il était impossible qu'il y en ait une en mon absence.
2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Misetic, veuillez continuer.
3 M. MISETIC : [interprétation]
4 Q. Mon Général, je voudrais attirer votre attention sur le document 65 ter
5 1D1074; reconnaissez-vous ce document ?
6 R. L'exemplaire n'est pas de bonne qualité. Il faudrait que je le lise
7 mais il est assez illisible. Il n'y a pas de date. Il date de quand ce
8 document ?
9 Q. Si vous tournez la page et que vous regardez tout en bas, vous voyez
10 qu'à la main, il y a la mention d'une date ou, en tout cas, un chiffre.
11 R. 31 juillet. Bon, alors maintenant voyons le texte que je vois de quoi
12 il est question.
13 Les choses se sont effectivement passées comme le décrit ce texte.
14 Plus loin, qu'on fasse défiler le texte. Attendez, attendez. Plus
15 haut. Un peu plus bas encore. Stop. Stop. Là, jai terminé.
16 Q. Est-ce un ordre que vous avez émis vous-même ?
17 R. Si l'on en juge de la logique de cet ordre, il est logique. Je vois la
18 signature, mais c'est pas la signature qui compte le plus, ce qui compte
19 c'est la teneur du document, le sens. Maintenant, qu'est-ce qui vous
20 intéresse dans ce texte.
21 Q. Le point 5 de ce document, si l'on peut descendre un petit peu sur
22 l'écran.
23 R. Oui, je ne vois pas le paragraphe 5.
24 Q. Je vais vous en donner lecture en anglais, enfin en français. Donc, je
25 cite :
26 "Toute la population qui n'avait pas été affectée où que ce soit devrait
27 être donc placée dans des unités territoriales militaires."
28 Pouvez-vous expliquer quel était l'objet de cette partie de votre ordre ?
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1 R. Les unités territoriales militaires, ce sont des unités qui ont des
2 obligations de travail parce que ce que j'ai vu à Knin, c'est qu'il n'y
3 avait aucune fortification autour de la ville, vers Grahovo, vers la
4 Dalmatie. Il n'y avait absolument rien qui était fait qui pouvait
5 ressembler à ce qui avait été fait à Belgrade. Donc, ces unités avaient
6 pour mission d'apporter leur concours à la population. Vous savez,
7 c'étaient des gens âgés qui, en 1991, 1992, avaient fait partie des
8 patrouilles villageoises. Là, il était question que les femmes et les
9 hommes se mettent ensemble à creuser des abris pour l'armée, c'était tout à
10 fait logique. N'importe quelle armée aurait agi de même.
11 Mon avocat vient d'arriver.
12 Bonjour, Vlado.
13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.
14 M. MISETIC : [interprétation] Puis-je continuer, ensuite nous passerons aux
15 questions de procédure.
16 Q. Donc, il est dit dans ce texte, et je poursuis la citation, la lecture.
17 "Ces unités étaient constituées de personnes plus âgées" qui, d'après ce
18 texte, étaient placées dans des unités territoriales militaires.
19 R. Ce que je vous ai dit tout à l'heure, ce n'était pas ce que je lisais
20 dans le texte, c'est ce que je sortais de ma tête. Oui, oui, c'est ça. Je
21 ne sais pas ce qui est écrit, parce que vraiment la photocopie est très
22 mauvaise. Je considérais que cela devait être fait, ce que j'ai dit tout à
23 l'heure, je vous l'ai déjà dit.
24 M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Président, je demande donc que
25 cette pièce soit marquée pour la verser au dossier.
26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Russo.
27 M. RUSSO : [interprétation] Aucune objection.
28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.
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1 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, il s'agit de la
2 pièce D1513.
3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc, qui est versée au dossier.
4 Maintenant, puis-je vous demander de vous présenter, Maître ?
5 M. DOMAZET : [interprétation] Monsieur le Président, je suis Vladimir
6 Domazet, conseil de M. Mrksic.
7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Domazet, vous avez été invité à
8 venir à La Haye car M. Mrksic a exprimé un souhait, une préférence même,
9 pour que son conseil soit présent à côté de lui lorsqu'il apporte son
10 témoignage. Néanmoins, nous avons débuté ce témoignage hier, et sans que le
11 conseil soit présent.
12 Donc tout ceci est probablement très clair depuis un certain temps, la
13 Défense de M. Gotovina avait l'intention d'appeler M. Mrksic et de le citer
14 comme témoin, donc c'était clair depuis longtemps, et la Chambre a été
15 informée d'une communication entre le conseil de M. Mrksic, à l'époque - je
16 ne sais pas si c'est vous, en l'occurrence, si vous vous considérez
17 toujours comme le conseil de M. Mrksic - donc, là où il a été condamné, et
18 il a reçu une peine de la Chambre d'appel.
19 Alors, toutes ces tentatives de vous maintenir au courant de ces
20 différentes décisions, de ces différentes demandes, la Défense de M.
21 Gotovina, la Chambre n'a pas été frappée par, disons, les qualités de
22 communications, ou du moins par ce qui s'est passé dans le cadre de cette
23 communication. Alors maintenant, c'est la raison pour laquelle la Chambre a
24 décidé hier que M. Mrksic avait eu toutes les possibilités de s'adresser à
25 la Chambre, en l'espèce, et vous aviez eu aussi toutes les possibilités de
26 le faire. En même temps, la Chambre tenait aussi à aider M. Mrksic, de
27 façon à ce qu'il puisse témoigner en présence d'un conseil.
28 La Chambre a exprimé et expliqué bien clairement que ce n'est pas un droit
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1 pour le témoin que d'être assisté par un conseil, mais en même temps, c'est
2 quelque chose qui arrive parfois, et qui peut se faire.
3 En l'occurrence, en l'espèce, le rôle du conseil est assez limité. Je
4 pense que vous en êtes conscient, à savoir qu'aucun conseil ne peut lui
5 être donné quant au fond de son témoignage. Il est tout à fait clair que le
6 témoin est à mener de faire qu'une seule chose, à savoir répondre aux
7 questions qui lui sont posées, conformément à la vérité, selon ses
8 souvenirs.
9 Alors avant que nous ne commencions hier, j'ai informé M. Mrksic de
10 tous ses devoirs en matière de témoignage, je lui ai expliqué que ne pas
11 répondre aux questions qui lui sont posées pourrait éventuellement
12 l'exposer à d'autres poursuites, d'autres poursuites pour outrage au
13 Tribunal, conformément à l'article 77. J'ai également informé M. Mrksic du
14 contenu de l'article 90(E) du Règlement, qui protège tout témoin contre
15 toute possibilité d'auto-incrimination, et qui établit également les
16 pouvoirs de la Chambre pour obliger un témoin, néanmoins, à apporter des
17 réponses aux questions qui lui sont posées. Donc ça, ce sont des choses que
18 vous pourrez trouver dans le procès-verbal. Nous avons donc abordé toutes
19 ces questions.
20 Je pense que le rôle du conseil, en l'espèce, s'est limité à ces
21 questions-là; il ne s'agit pas du fond du témoignage, mais plutôt de la
22 position du témoin, des droits et des devoirs du témoin.
23 Maintenant, si vous souhaitez faire une observation ou poser une
24 question à cet égard, vous êtes invité à le faire maintenant.
25 M. DOMAZET: [interprétation] Monsieur le Président, je suis au
26 courant de (expurgé)
27 (expurgé)
28 (expurgé) Mais à ce moment-là, le Greffe m'avait prévenu dans des
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1 délais tout à fait satisfaisants. J'ai eu le temps de me préparer, et j'ai
2 eu le temps de m'entretenir également avec le maintenant, c'est-à-dire mon
3 client. Malheureusement, dans ce cas-ci, cela n'a pas été possible, même si
4 mon confrère, Me Vasic, qui est le premier conseil de la Défense de M.
5 Mrksic, a eu des contacts avec lui. Mais, hier soir, je l'ai rencontré à
6 Belgrade, et il m'a annoncé qu'il s'attendait à obtenir du Greffe des
7 informations et une convocation. Or, ces documents sont arrivés trop tard,
8 y compris l'injonction, donc il n'avait pas de visa. Il n'a pas pu venir.
9 Mais cela n'est pas un problème grave.
10 Monsieur le Président, je vais suivre ce témoignage. J'ai suivi tout
11 ce qui s'est passé hier par internet, mais la seule chose que je
12 demanderais, c'est que l'on me remette le compte rendu de l'audience d'hier
13 et de la première partie de la journée d'aujourd'hui, parce que je n'étais
14 pas là puisque je voyageais encore.
15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier, y aura-t-il
16 une possibilité de fournir à Me Domazet un exemplaire du procès-verbal, une
17 fois qu'il aura été finalisé, peut-être une version électronique pourrait
18 également être mise à sa disposition.
19 En ce qui concerne votre rôle, y a-t-il d'autres questions, d'autres
20 commentaires ?
21 Vous nous avez dit que vous vous auriez attendu à être invité. Mais
22 en fait, c'est au témoin d'exprimer le souhait de vouloir avoir la présence
23 du conseil. Jamais aucune demande de ce type n'a été faite. Si vous aviez
24 répondu aux différentes tentatives qui avaient été faites par le passé de
25 vous contacter, sachez que si vous nous aviez informé, et bien, en temps
26 voulu à ce moment-là, nous aurions pu avoir une démarche beaucoup plus
27 communicative, d'une communication plus appropriée, ce qui aurait permis
28 aux choses de ne pas prendre le cours qu'elles ont pris.
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1 Maintenant, je ne sais pas si vous souhaitez apporter une réponse,
2 peut-être faire un commentaire quelque peu dur mais si vous le souhaitez,
3 vous pouvez faire un commentaire; sinon, nous pouvons poursuivre.
4 M. DOMAZET : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je me suis déjà
5 expliqué et j'ai eu moins de contact avec M. Mrksic que Me Vasic. Donc s'il
6 y a eu des problèmes, ils sont sans doute liés à cela. Mais pour l'instant,
7 tous ces problèmes sont réglés, nous pouvons continuer, Monsieur le
8 Président, tout va bien.
9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je voulais juste vous donner la
10 possibilité en toute équité de répondre à ce que je vous avais dit.
11 Alors, Monsieur Misetic.
12 M. MISETIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
13 Monsieur le Greffier, pouvons-nous avoir le document 65 ter 1D1051, à
14 l'écran, s'il vous plaît ?
15 Q. Général Mrksic, ceci n'est pas d'aucun ordre qui était émis par vous
16 mais par l'état-major de l'armée serbe de Krajina, plus précisément par le
17 général de division, Loncar, le 1er août. Si vous pouvez regarder ce
18 document, vous verrez qu'au paragraphe 1, il est dit la chose suivante :
19 "Les officiers du commandement des différents départements et organes, et
20 unité de l'état-major général de l'armée de la Krajina serbe, dans le cadre
21 de leur mandat, exécuteront tous les travaux de préparation des moyens, des
22 documentations pour assurer une réinstallation. Au cours de ces travaux de
23 préparation, il s'agira donc de réunir toutes les documentations
24 nécessaires, conformément à ce qui doit être mis en place pour les
25 nouvelles installations, et ensuite, devra être détruit. La destruction
26 doit se faire après que la décision ait été prise sur la réinstallation
27 donc de l'état-major général de l'armée de Krajina serbe."
28 Ensuite, si nous passons, il y a plusieurs autres éléments dans cet ordre
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1 qui a été donné. Mais si nous passons à la page 3, paragraphe 10, s'il vous
2 plaît.
3 "Toutes les préparations pour cette réinstallation devront être mises en
4 place immédiatement. La préparation de toutes les tâches, de toutes les
5 obligations concernant ce déménagement de l'état-major de l'armée de
6 Krajina serbe, le 3 août 1995. Tout devrait être fait avant 20 heures,
7 lorsque tous les officiers de commandement doivent faire état de leur
8 situation en matière de préparation."
9 Maintenant ma question, Général Mrksic, est la suivante : pourquoi est-ce
10 que l'état-major général, à partir du 1er août, donc devrait se préparer à
11 déménager ou à détruire tous les documents de l'état-major général de la
12 SVK ?
13 R. Ceci est une question purement militaire puisqu'il avait été apprécié,
14 qu'une attaque allait avoir lieu. On ne savait pas si elle aurait lieu le 5
15 ou le 6 mais, en tout cas, il était estimé qu'elle aurait lieu. Il n'y
16 jamais de commandement d'état-major qui reste dans ces condition en un seul
17 et même endroit. Les états-majors se divisent en deux avec un poste de
18 commandement d'une part, et à un autre endroit, un poste de commandement
19 avancé. Parce que s'il n'y avait qu'un seul siège pour le commandement, il
20 serait possible pour celui qui attaque de détruire toute l'armée concernée
21 en un seul coup. Donc le 4 au matin, il aurait éventuellement été possible
22 de détruire tout le quartier, tout l'état-major général. Ça, c'est ce qui
23 se passe dans toutes les procédures, dans toutes les armées lorsqu'on
24 déménage un état-major. On n'agit pas comme on le ferait en temps de paix.
25 Donc, moi, je suis resté au poste de commandement de Knin accompagné d'une
26 partie de mon commandement et des dirigeants suprêmes de l'état-major, et
27 l'autre partie du commandement est partie ailleurs.
28 Q. Vous avez dit que tout cela avait été fait parce que vous vous
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1 attendiez à cette attaque. Paragraphe 10, dans le paragraphe 10, il semble
2 que l'information soit assez précise quant au moment précis de cette
3 attaque. Pourquoi est-ce que vous n'avez pas tout simplement déplacé tout
4 votre commandement depuis Knin jusqu'à votre poste de commande avancé ?
5 M. RUSSO : [interprétation] Désolé, je voudrais demander simplement la
6 question suivante, de quoi s'agit-il de poste de commande avancé. De quelle
7 force de commande avancé s'agit-il.
8 M. MISETIC : [interprétation] Il l'a mentionné dans sa dernière réponse.
9 M. RUSSO : [interprétation] Il a dit, le poste de commande principal
10 arrière. Je ne sais pas si c'est une distinction.
11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ne discutons pas de cela. Je pense que
12 la meilleure façon de procéder, Monsieur Misetic --
13 M. MISETIC : [interprétation] Bien.
14 Q. Alors combien de postes de commandement avez-vous mentionnés ?
15 R. Il y avait le poste de commandement à l'arrière et le poste de
16 commandement des réservistes. Ça, c'est comme ça se passe dans toutes les
17 armées du monde. D'ailleurs, ceux d'en face, ils avaient la même chose, je
18 veux dire du côté croate.
19 Q. Vous me corrigerez si je me suis trompé. Mais j'ai cru comprendre que
20 vous aviez dit, "IZM," j'ai cru vous entendre dire cela.
21 R. J'ai dit poste de commandement des arrières, c'est-à-dire le poste
22 chargé de la logistique.
23 Q. Laissez-moi vous poser la question suivante, en fait, c'est la même
24 question. Pourquoi est-ce que vous n'avez pas déplacé l'ensemble du
25 commandement de Knin vers le poste de commandement arrière ?
26 R. Je vais vous répondre tout de suite. Dans une guerre, quand on s'attend
27 à une attaque, et qu'on a le temps de se préparer, donc cinq, six jours
28 avant quelquefois, les postes de commandement se dispersent. On n'attend
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1 pas d'être frappé par des projectiles, ce serait du suicide de laisser le
2 commandement au même endroit pour qu'il attende de se faire pilonner. Ça,
3 ce serait nul de la part de n'importe qui mais encore plus de la part d'un
4 dirigeant formé, d'un militaire de carrière, d'un officier supérieur bien
5 formé.
6 Donc le commandement dans ce cas se divise en trois parties, d'une part le
7 commandement de réserves, d'autre part, le commandement, là où se trouve le
8 commandant. Ensuite le commandement logistique où se trouve le responsable
9 de la logistique. S'il y a des problèmes au niveau du poste de commandement
10 principal, c'est le poste de commandement logistique qui prend la relève.
11 Mais il ne doit pas arriver qu'à un seul moment, le commandant ne soit pas
12 informé de ce qui est en train de se passer; autrement dit, tout cela c'est
13 prévu pour que les combats puissent continuer. C'est une question
14 absolument élémentaire que l'on trouve décrite dans les manuels de tactique
15 militaire. Si cela vous intéresse de savoir où a été déplacé le poste de
16 commandement de réserve, il a été déplacé et installé à Srb.
17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Misetic, d'après l'information
18 qui m'est parvenue, le poste de commandement avancé en Croatie pourrait --
19 en croate, pourrait être "IZM," alors qu'en serbe, ça pourrait "IKM," alors
20 peut-être que c'est peut-être là l'une des justement une possibilité de
21 différence entre les deux langues.
22 LE TÉMOIN : [aucune interprétation]
23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] -- voilà c'est ce que je viens de
24 comprendre.
25 M. MISETIC : [aucune interprétation]
26 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, la terminologie
27 que j'ai utilisée c'est celle qui était utilisé par le passé quand je suis
28 allé à l'école militaire. D'ailleurs tous ceux qui étaient avec moi le
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1 savent.
2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Je crois que les choses sont bien
3 claires maintenant. Vous pouvez poursuivre.
4 M. MISETIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
5 Q. Je voudrais reprendre une partie de l'une de vos réponses. Bien. En ce
6 qui concerne maintenant l'objet de cet ordre, à savoir la préparation du
7 déménagement de l'état-major général, est-ce que vous vous attendiez donc à
8 ce que l'armée croate attaque l'état-major général ?
9 R. Mes services de Renseignements ont travaillé en permanence. Ils étaient
10 liés avec les vôtres d'ailleurs. Ils n'ont jamais cessé de travailler. Moi,
11 je savais à peu près à chaque instant où allait vos bataillons et comment
12 ils se déplaçaient mais ça ne changeait rien puisque je ne pouvais pas les
13 empêcher. On n'avait pas de forces suffisantes pour les empêcher de faire
14 ce qu'ils voulaient.
15 Q. Saviez-vous que l'armée croate allait cibler le bâtiment de l'état-
16 major général ?
17 R. C'est le premier devoir de qui que ce soit dans cette situation de
18 taper sur l'état-major principal. Moi, si j'étais l'attaquant, je n'aurais
19 attaqué qu'une seule chose, rien d'autre, seulement l'état-major principal.
20 Puisque vous avez posé la question, si les Juges le permettent, j'aimerais
21 ajouter quelque chose. Mais il va bien falloir qu'on s'explique là-dessus.
22 Q. Chaque chose en son temps. Revenons en arrière.
23 Vous m'avez dit si vous étiez celui qui attaquait, vous attaqueriez
24 justement simplement cela, une seule chose, c'est cela ?
25 R. Oui.
26 Q. Alors ma question est la suivante : étant donné l'emplacement de
27 l'état-major principal en ville, est-ce que vous aviez envisagé de déplacer
28 votre commandement, votre poste de commandement depuis cette zone qui était
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1 fortement peuplée derrière votre poste de commandement arrière ?
2 R. Non, le commandement ne va pas au poste de commandement chargé de la
3 logistique. Il va au poste de commandement avancé plus près du front mais
4 une partie de l'état-major est parti au poste de commandement avancé, et
5 moi, je suis resté là où nous étions avant. Ecoutez, comment est-ce que la
6 population se serait sentie si tout l'état-major était parti ? Je vous pose
7 la question. Toute cette population, toutes ces femmes, tous ces enfants,
8 ils sont là et l'état-major s'en va. Moi, je n'ai pas voulu abandonner le
9 poste de commandement. Je suis resté avec le président de la municipalité,
10 avec un certain nombre des ministres de la municipalité au poste de
11 commandement dans la cave mais je n'y ai pas dormi cette nuit-là pour des
12 raisons qui m'ont été annoncées par les responsables à la sécurité. Ils
13 m'ont donné l'ordre de partir parce qu'ils m'ont dit que, sinon, je
14 risquais d'être bombardé.
15 Q. Enfin, puisque nous parlons des services de Renseignements et du
16 personnel de Sécurité, au paragraphe 10, comment est-ce que vous avez
17 obtenu cette information pour faire en sorte quelle soit prête le 3 août
18 2000 ? Savez-vous comment ces renseignements ont été obtenus ?
19 R. Non, non, ce n'est pas le 3 août. Le 3 août, il a été décidé de
20 déménager le poste de commandement, mais la date de l'attaque ça pouvait
21 être le 4 ou le 5. D'après les prévisions, on pensait que cela se passerait
22 le 4 et éventuellement le 5. Parce que les forces de M. Gotovina sont
23 arrivées en surplomb de Knin et elles regardaient ce qu'on faisait depuis
24 en haut, donc elles pouvaient attaquer à tout moment et ça on l'avait
25 prévu. Puis il y avait les renseignements qui arrivaient de toutes parts et
26 qui indiquaient qu'une attaque se préparait et que l'option que j'ai étudié
27 avec les corps d'armée placés sous mes ordres avec les responsables
28 politiques, à savoir qu'il fallait faire tout pour éviter l'affrontement
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1 direct et qu'il fallait chercher une solution pacifique, malheureusement,
2 cela n'a pas réussi.
3 M. MISETIC : [interprétation] J'allais dire --
4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Mrksic, vous êtes une fois de
5 plus invité à parler plus lentement.
6 LE TÉMOIN : [interprétation] Toutes mes excuses. Toutes mes excuses,
7 Monsieur le Président. Vous savez, cela fait 15 ans que je porte ce
8 fardeau, plusieurs fardeaux très lourds sur le plan psychologique.
9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ce n'est pas que nous ne comprenions
10 pas, mais néanmoins nous aimerions entendre votre déposition.
11 Vous pouvez poursuivre.
12 M. MISETIC : [interprétation]
13 Q. Je commence à voir mal au bras, j'essaie de vous ralentir
14 désespérément, donc si vous pouviez ralentir un peu. Je vous en remercie,
15 Général.
16 M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Greffier, si l'on pouvait
17 afficher -- donner une cote à la pièce au document qui se trouve afficher
18 sur le prétoire électronique, et je demande le versement de ce document au
19 dossier.
20 M. RUSSO : [interprétation] Pas d'objection, Monsieur le Président.
21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.
22 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, cela deviendra la
23 pièce D1514.
24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Elle est versée au dossier.
25 M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Greffier, pourrais-je avoir
26 maintenant le document du 65 ter, 1D1052, s'il vous plaît.
27 Q. Général Mrksic, il s'agit d'un ordre venant de vous en date du 2 août;
28 et c'est une décision concernant un ordre pour des opérations des combats
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1 ultérieurs. C'est un document assez long, donc je vais le regarder avec
2 vous point par point.
3 R. Mais il faut que je le lise d'abord pour voir de quoi il est question
4 dans ce texte, si cela ne vous pose pas de problème. Cela fait au moins 15
5 ans que je n'ai pas vu ce document, peut-être même que je l'ai signé à la
6 va-vite à l'époque. Je n'en n'ai pas le souvenir.
7 M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Président, avec votre permission,
8 je voudrais donner au témoin un exemplaire papier. Ce sera probablement
9 plus facile pour lui de le lire sur papier.
10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, oui, absolument.
11 L'INTERPRÈTE : Note de l'interprète : enlevez la mention, le président et
12 les mots qui suivaient. La réponse oui, oui, était celle du témoin.
13 LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai fini la lecture.
14 M. MISETIC : [interprétation]
15 Q. Est-ce bien là l'ordre que vous avez émis le 2 août ?
16 R. Oui, oui. D'ailleurs, je crois que dans la période ultérieure je
17 n'aurais pas pu émettre un tel ordre car il n'y aurait eu aucune chance
18 d'être exécuté.
19 Q. Excusez-moi. Nous allons poursuivre sur ce document, mais je voudrais
20 d'abord préciser quelque chose que vous nous avez dit un petit peu plus tôt
21 en vous montrant un nouveau document.
22 Vous vous souvenez que nous avons parlé de la présence de M. Mladic à Knin,
23 et vous avez dit vous étiez à Slunj. Vous souvenez-vous, à cette même date,
24 vous étiez à une réunion avec M. Martic --
25 R. Je crois que j'étais à Slunj.
26 Q. Vous vous souvenez avoir été présent à Knin ce même jour avec M. Martic
27 rencontrant Yasushi Akashi ?
28 R. Je sais que chaque fois qu'il y avait une réunion avec le président
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1 étant donné les missions qui m'avaient été confiées déjà à Karadjordjevo,
2 j'ai toujours été présent et je sais que ce que nous voulions c'était nous
3 présenter avec un front uni face à la communauté internationale. Ce jour-
4 là, est-ce qu'il y a eu une réunion de ce genre, je ne sais pas. Mais ce
5 que je sais en revanche c'est que je n'ai pas rencontré Mladic ce jour-là.
6 M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Président, si nous pouvions avoir
7 le mémo préparé par M. Akashi concernant sa visite à Knin le 30 juillet, et
8 nous demanderons le versement de ce document plus tard. La cote 65 ter est
9 la suivante, 1D1586, et nous allons le montrer sur Sanction.
10 Q. Je n'ai pas d'exemplaire traduit, mais je sais que vous parlez un peu
11 l'anglais, donc vous allez pouvoir suivre. Il s'agit d'un document envoyé à
12 M. Kofi Annan par M. Akashi, en date du 1er août, mais au premier paragraphe
13 vous verrez qu'il parle de :
14 "La réunion à Knin le 30 juillet."
15 Au paragraphe 2 au milieu de ce paragraphe, il dit :
16 "J'ai été accompagné à cette réunion par le quatrième commandant et les
17 aides principales. Le président Martic était habillé en tenue de camouflage
18 avec un tee-shirt de camouflage, et accompagné par le général Mrskic et
19 était à la tête de la délégation de Knin."
20 Est-ce que cela rafraîchit votre mémoire sur une réunion à laquelle vous
21 auriez assisté avec Yasushi Akashi à Knin le 30
22 juillet ?
23 R. Il y avait toutes sortes de réunions, je ne sais pas si j'étais à
24 celle-là, mais je m'efforçais d'être toujours présent aux réunions, parce
25 que les représentants de la communauté internationale insistaient pour que
26 j'y sois.
27 Q. Pourrions-nous revenir maintenant sur le document qui est sur le
28 prétoire électronique.
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1 Cet ordre que vous avez maintenant devant vous, vous avez une copie papier,
2 il s'agit de votre décision sur des opérations de combat ultérieures. Au
3 premier paragraphe, vous dites :
4 "L'intégrité territoriale de la RSK avait été compromise par des opérations
5 de combat de l'armée croate de la région de Dinara et en partant de Grahovo
6 en direction de Strmica et Knin."
7 Excusez-moi, regardez la première phrase-là. Dans ce premier paragraphe, il
8 est dit :
9 "On s'entend à ce que l'agression soit entamée par les forces principales
10 sur l'axe de Plaski-Slunj-Sturlic et sur une partie des forces sur l'axe de
11 Sunja-Kostajnica - la vallée de la rivière Una."
12 Bien, ces lieux, Plaski et Slunj, et Sturlic, se trouvent au nord; est-ce
13 exact ?
14 R. J'écoute les interprètes. Oui. Mais quel est le but ? Quel est le
15 problème ?
16 Q. Il n'y a pas de problème.
17 R. Ça correspond tout à fait à notre évaluation de l'époque, c'était le
18 plus logique.
19 Q. Pour revenir à ce deuxième paragraphe, vous parlez des opérations de
20 combat de Grahovo-Strmica-Knin :
21 "On peut s'attendre à plusieurs attaques dirigées ayant pour but de créer
22 la surprise et de dissimuler les axes d'agression."
23 Ensuite vous dites :
24 "Compter sur l'armée croate pour son utilisation de frappes aériennes sur
25 les axes des opérations de combat, mais aussi de fausses frappes à d'autres
26 endroits de façon à créer la confusion."Si je comprends bien, vous vous
27 attendiez à ce qu'il y ait une attaque principale dans le secteur nord
28 depuis la direction de Grahovo, ce serait plutôt des frappes de
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1 démonstration, si l'on peut dire, qui aurait pour but de créer la
2 confusion, et de dissimuler l'objectif réel de l'attaque ?
3 R. Ce que prévoyions, c'était que le gros de l'attaque viennent de
4 Grahovo, c'était mon problème principal. Avant, dans notre plan de guerre,
5 nous avions une évaluation qui reposait sur ce que vous venez de dire,
6 Strmica, la jonction entre le 5e Corps d'armée et les forces qui allaient
7 jusqu'à Ogulin, et puis aussi du côté de Glina avec Stankovac qui se
8 trouvait à Glina, et la jonction avec la Bosnie occidentale, puis les
9 déplacements de forces vers Slunj. Voilà c'était ça que nous avions prévu.
10 Tout s'est passé comme prévu, mais ce qui nous manquait c'était de
11 nouvelles prévisions pour ce qui se passerait dans la période future. Nous
12 avions même prévu et évalué la situation des bataillons.
13 Q. Si nous passons maintenant au paragraphe B, où il est dit que, je cite
14 :
15 "L'attaque contre les unités qui préparaient les zones dans les positions
16 précédait de quelques heures avant par des tirs d'artillerie qui infligent
17 des pertes, qui entraînent la peur, et qui a pour but d'essayer d'entraîner
18 les soldats à abandonner leurs positions avant l'attaque elle-même. L'effet
19 psychologique le plus important a été d'utiliser des lance-roquettes
20 multiples. La précision était beaucoup plus faible. Les Oustachi ont
21 commencé l'attaque uniquement lorsque les soldats qui avaient peur des tirs
22 d'artillerie avaient quitté leurs positions sans combattre."
23 Vous vous attendiez à ce que ça se passe comme cela ?
24 R. Vous avez mal lu ce qui est écrit. Des lance-roquettes multiples, il
25 faut que vous lisiez bien. Vous ne l'avez certainement pas fait
26 délibérément, mais celui qui a rédigé le texte en anglais manquait peut-
27 être de la formation militaire nécessaire.
28 L'effet psychologique le plus important a été obtenu par les Croates
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1 à l'aide de l'emploi de lance-roquettes multiples -- ils n'utilisaient
2 leurs roquettes multiples que si les soldats abandonnaient leurs positions,
3 c'est seulement à ce moment-là que les choses démarrent. Elles ne démarrent
4 pas tant qu'on ne craint pas de subir des pertes humaines, c'est ça qui est
5 logique, et moi aussi j'aurais agi comme ça. On n'intervient pas avant
6 qu'il y ait risque de pertes.
7 Q. Si nous passons maintenant au paragraphe 2, après le D :
8 R. Oui.
9 Q. "Toutes les unités de la SVK sont au niveau de préparation de combat le
10 plus élevé. Les opérations de combat sont en cours avec une partie des
11 forces qui sont situées sur la crête de Dinara et la défense de l'axe
12 Grahovo-Strmica."
13 Ensuite, je poursuis la lecture, je cite :
14 "Après avoir perdu Grahovo et Glamoc, le 2e Corps de la Krajina mène
15 rapidement des travaux sur les positions de défense de l'axe Grahovo-
16 Drvar."
17 Ensuite, cette phrase :
18 "De nouvelles forces sont amenées depuis l'intérieur, depuis l'arrière-
19 pays. Ils ont été préparés à mener une contre-attaque contre les forces de
20 la HV/HVO sur l'axe Grahovo-Livno."
21 R. C'est un peu étonnant, ça. Vous ne me demandez pas pourquoi ce qui est
22 écrit ici a été écrit comme ça; ça ne vous intéresse pas de le savoir ?
23 Q. Si, c'est intéressant.
24 R. Ce que fait le voisin, ça ne vous intéresse pas ?
25 Q. Ce n'est pas là ma question. La question est la suivante : dans le
26 paragraphe 4, ce que vous avez décidé est d'assurer une défense permanente
27 pour ralentir et prévenir une attaque éventuelle --
28 R. "Krajine u porna" [phon], pas "Trajine u porna" [phon]. "Krajine u
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1 porna" [phon]; autrement dit, extrêmement intense. C'est le jargon
2 militaire.
3 Q. "…une défense intense, pour ralentir et prévenir une attaque éventuelle
4 par la HV sur les axes en question, tout en menant en même temps une
5 opération destinée à libérer l'axe de communication Knin-Grahovo-Drvar, et
6 prendre et s'emparer de la crête de Dinara avec l'objectif de créer les
7 conditions d'un traitement plus favorable à l'égard des intérêts de la RSK
8 dans le processus de négociation qui avait démarré."
9 Si j'ai bien compris, ce que vous vouliez faire, c'est de monter une
10 défense contre ce que vous pensiez allait être en fait le principal axe
11 d'attaque de la part de l'armée croate ?
12 R. Oui, contre M. Gotovina, oui.
13 Q. Votre plan était de lancer une contre-attaque contre l'armée croate
14 pendant qu'elle attaquait --
15 R. Mais je ne peux lancer une contre-attaque contre des forces aussi
16 importantes. Ce que je souhaitais, c'était simplement de les ralentir. Je
17 vous en prie, je vous en prie, excusez-moi. Mon objectif, c'était de les
18 arrêter sur l'axe le plus dangereux qui mettait en danger la ville,
19 pratiquement sans défense. J'avais reçu des documents qui m'avaient donné
20 des ordres. Le général Novakovic à Genève avait décidé qu'il fallait agir
21 de cette façon. Il y avait aussi les visites à l'ambassadeur pour la
22 signature de plan Z-4, mais M. Cervenko a refusé de me recevoir. J'étais
23 censé aller avec lui à Turanj. Je ne sais pas si vous avez déjà entendu
24 parler de ça, sans doute pas. Je suis allé à Petrovo Gora, j'ai entendu
25 cette rencontre, et j'étais prêt à accepter tout ce qu'il allait me
26 proposer.
27 Q. Si je reprends le document, au paragraphe 1 on parle de ces principaux
28 axes d'attaque qui sont sur toutes les zones qui d'après vous se trouvent
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1 dans le secteur nord. Maintenant, si l'on prend le paragraphe 3 -- non, je
2 vous prie de m'excuser.
3 Paragraphe 4, vous parlez de mener une opération pour libérer l'axe de
4 communication Knin-Grahovo-Drvar. Cela aurait impliqué une opération
5 d'offensive, non ?
6 R. Oui. Mais Monsieur, vous avez sauté le paragraphe 3, parce qu'il y
7 avait les renseignements qui venaient de l'état voisin, la Republika
8 Srpska, qui indiquaient qu'ils étaient en train d'infiltrer des forces et
9 prêts à mener une action offensive à partir de Drvar dans la direction de
10 Grahovo. Etant donné que j'étais la partie en danger, il fallait que je
11 m'en tienne à mon idée. Le point 4, c'est là qu'on trouve l'idée du texte.
12 Ce que nous souhaitions, c'était libérer la route de façon à éviter les
13 dangers, vous me comprenez. Mais c'était en fait une façon de prendre ces
14 désirs pour des réalités, parce qu'il n'y avait pas les moyens matériels
15 pour réaliser ces désirs. Quand on a une idée, il faut pouvoir la mettre en
16 œuvre grâce à des moyens matériels suffisant, et il y a les moyens
17 spirituels, mais il faut aussi les moyens matériels. Knin était déjà
18 tombée, et la moitié de la Krajina, sinon toute la Krajina était déjà
19 tombée, à ce moment-là.
20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Misetic, je regarde le pendule,
21 et je m'aperçois que peut-être il serait bon de procéder à une petite
22 pause, sauf si vous avez encore une ou deux questions pour clore ce
23 chapitre.
24 M. MISETIC : [interprétation] Oui. Je voulais juste terminer avec ce
25 document, Monsieur le Président.
26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Ce n'est pas un document court.
27 Alors, si vous pouvez le faire en quelques minutes, oui.
28 M. MISETIC : [interprétation] En fait, Monsieur le Président, nous pouvons
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1 prendre notre petite pause maintenant.
2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Avant de passer à la pause, est-ce que
3 l'on peut passer en audience à huis clos partiel.
4 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, nous sommes en
5 séance à huis clos partiel.
6 [Audience à huis clos partiel]
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26 [Audience publique]
27 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Monsieur le Greffier.
28 Nous allons maintenant avoir une pause et reprendrons à 12 heures 50.
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1 --- L'audience est suspendue à 12 heures 28.
2 --- L'audience est reprise à 12 heures 56.
3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Avant de poursuivre, peut-être pourrais-
4 je demander quelque chose, Monsieur Waespi.
5 Il y a eu une requête informelle par la Défense Cermak concernant l'excès
6 de mots pour la question relative à l'article 68 sur la divulgation. Est-ce
7 un sujet sur lequel vous souhaitez répondre, ou est-ce que connaissant la
8 Défense Cermak, ils sont en général assez succincts --
9 M. WAESPI : [interprétation] Nous laissons cela entre vos mains, Monsieur
10 le Président.
11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien, alors c'est quelque chose qui
12 reste entre vos mains, Monsieur Cayley.
13 M. CAYLEY : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.
14 M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]
15 [Le témoin vient à la barre]
16 M. MISETIC : [interprétation]
17 Q. Général Mrksic, tant que nous avons encore ce document affiché sur le
18 prétoire électronique, je pense que, si nous allons à la page 3 de la
19 version anglaise, au paragraphe 5, qui dans la version B/C/S commence par :
20 "Le KSJ, sans inclure le 2e PBR."
21 Est-ce que vous voyez cela ?
22 R. Oui.
23 Q. Dans votre ordre, vous dites :
24 "Le KSJ, n'incluant pas le 2e PBR et avec le 75e mabr, une partie des
25 forces du 21e Corps et du Pauk ont été déployées dans la région de Slunj -
26 les villages de Brocanac - Batnoga pour être prêts à contre-attaquer."
27 Pourquoi est-ce que vous avez déployé ces forces spéciales --
28 R. Vous n'avez pas bien lu le texte. Est-ce que je peux le lire, pour vous
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1 aider ? Le Corps des unités spéciales, en l'absence de toute autre brigade,
2 avec la 75e Brigade mixte, mbr, ce sont des canons de 115 millimètres et
3 les autres, du 21e Corps, et Pauk, les unités du Pauk, de Fikret Abdic,
4 sont déplacées dans ce secteur, le secteur de Slunj et Batnoga, pour être
5 prêts à une contre-attaque dans la direction de Glina.
6 Nous avons évalué en passant par Kladusa et Glina --
7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'ai quelques problèmes avec ce que l'on
8 voit sur le document original et ce qui apparaît sur l'écran. Il semblerait
9 que le paragraphe 5, qui comporte un titre, soit subdivisé en plusieurs
10 paragraphes, ce que nous voyons ici c'est un paragraphe 5 sans titre et il
11 semblerait qu'il y ait quelque chose -- c'est peut-être le sous paragraphe,
12 car ce que nous voyons à droite et à gauche ne semble pas pareil.
13 M. MISETIC : [aucune interprétation]
14 LE TÉMOIN : [interprétation] Ça je ne sais pas.
15 M. MISETIC : [interprétation] C'est exact.
16 Q. Vous pouvez poursuivre et terminer votre réponse, Général.
17 R. Ces forces sont des forces de réserve, les forces qui dépendaient de
18 l'état-major principal dépendent au niveau suprême de Martic, elles sont
19 engagées pour des actions offensives en cas d'attaque dans les directions
20 qui risquent de faire l'objet de ces attaques. Sur la route Slunj-Rakovica,
21 je ne sais pas pourquoi nous pensions que la partie croate allait décider
22 de faire des atterrissages. Mais en tout cas, on en avait toujours peur.
23 Là, il est question du 21 -- Corps de Kordun et des unités de montagnes
24 aussi.
25 Q. J'ai compris. Ce dont vous parlez c'est qu'en fait vous n'êtes pas sûr,
26 vous supposiez que les forces croates envisageaient des opérations
27 d'atterrissages dans le secteur nord; est-ce exact ?
28 R. Mais il n'y a eu aucun atterrissage nulle part, si je me souviens bien;
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1 cependant, des membres de mes services de renseignement leur ont bourrés la
2 tête avec cette idée des atterrissages.
3 Q. C'est ce qui s'est passé en haut dans le secteur nord; est-ce exact ?
4 R. Oui, oui. Parce qu'on considérait que la Croatie avait le plus de
5 chance de séparer la Dalmatie et Kordun du reste de la Krajina serbe. On ne
6 s'attendait pas ce qui en fait s'est passé par la suite.
7 Q. Concernant ce que vous pensiez qui allait se produire derrière vous, en
8 partant de Grahovo, est-ce que vous pensiez que la principale action de
9 l'armée croate de Grahovo se déroulerait sur la route Grahovo-Strmica-Knin
10 ?
11 R. Je pensais que les coups se concentreraient sur la route au-dessus de
12 Knin. Knin n'était pas défendue. On pensait que les forces croates allaient
13 sans doute organiser des atterrissages à cet endroit. C'est pour ça que
14 j'ai maintenu mon unité dans cet endroit dont on a parlé tout à l'heure.
15 Qu'est-ce que c'était ? Otasic [phon]. Non, Bruvno, c'est ça. C'est pour
16 ça que j'ai gardé des forces de réserve à cet endroit-là, parce que je
17 craignais que les autres allaient couper la route à cet endroit et me
18 séparer de tout le corps d'armée. On avait étudié diverses possibilités,
19 notamment le risque que l'on se trouve encerclés. En fait les Croates
20 n'avaient aucune intention de nous couper en deux de cette façon. Ils
21 voulaient simplement attaquer et frapper pour faire avancer le front. La
22 manière dont les actions se sont déroulées a été une surprise pour moi. Je
23 ne l'avais pas prévu.
24 Selon les autres axes le Corps de la Banja et les autres, ça a correspondu
25 à ce qu'on avait prévu. La seule version qu'on n'avait pas prévu c'était ce
26 qui s'est passé sur l'aile sud de l'armée croate, placée sous le
27 commandement du général Gotovina. C'est pour ça qu'on avait des camarades
28 qui nous ont bien aidés.
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1 M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Président, je demande à ce que ce
2 document reçoive une cote, et je demande son versement au dossier.
3 M. RUSSO : [interprétation] Pas d'objection, Monsieur le Président.
4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.
5 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, ce sera la pièce
6 D1515.
7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Elle est versée au dossier.
8 M. MISETIC : [interprétation]
9 Q. Général Mrksic, il est arrivé un moment où vous avez remplacé le
10 commandant du 7e Corps de la Krajina, Kozomara, par M. Kovacevic. Est-ce
11 que vous pouvez nous dire quand est-ce que vous l'avez fait ?
12 R. Kozomara, oui. C'était au moment des combats, autour de Grahovo.
13 Kozomara n'a pas réussi. Il n'avait pas une autorité suffisante pour
14 enlever des effectifs de la brigade qui défendait Kordun, Benkovac, et
15 cetera, et il n'a pas réussi à organiser une défense efficace susceptible
16 de nous sauver la vie. Je dirais que c'était un bon officier. Mais il s'est
17 trouvé dans un état psychologique tout à fait particulier, parce que c'est
18 lui-même qui a demandé à être remplacé de son poste.
19 Q. Alors --
20 R. Je vous dirais d'ailleurs que le colonel qui dirigeait le poste de
21 commandement chargé d'assurer la défense de Knin ne pouvait plus supporter
22 ce qui se passait. Il s'est suicidé, vous voyez. Les gens sont fait de
23 chair et de sang.
24 Q. Je voudrais vous demander d'où venait M. Kovacevic ? De quel poste a-t-
25 il été promu ensuite à la position de commandement du 7e Corps de la
26 Krajina ?
27 R. Le général Kovacevic était chef des unités de blindés. Avant je
28 dirigeais les unités de blindés. Je vais vous dire, en tant que volontaire,
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1 il était comme moi un Serbe, qui s'est rendu compte de la situation qui
2 régnait là-bas, à ce moment-là. Il a demandé à prendre un congé annuel pour
3 aller sur les lieux. Il n'a pas été envoyé là-bas par l'état-major général.
4 D'ailleurs il y avait même interdiction pour les généraux de franchir la
5 Drina pour aller en Krajina. Il y en avait encore des hommes comme ça, à
6 l'époque. Peut-être que c'était sous mon influence ou parce que j'étais le
7 commandant de ces unités, c'était peut-être pour ça.
8 Q. Pour le procès-verbal d'audience, pour que ce soit clair. Le général
9 Kovacevic était un officier de l'armée de la Yougoslavie, un général de
10 l'armée de la Yougoslavie qui a remplacé ensuite M. Kozomara ?
11 R. Oui, c'est ça. Kozomara a continué à travailler à ses côtés mais c'est
12 Kovacevic qui est arrivé, il était plus stable, il était prêt à aller dans
13 les coins les plus terribles là-haut, sur le mont Dinara. Il a pris
14 connaissance de la réalité de la situation, et il avait le courage d'y
15 aller. Les autres n'y seraient pas allés pas seulement parce qu'ils avaient
16 peur de mourir, mais parce que cela faisait longtemps qu'ils se battaient,
17 ils n'en pouvaient plus.
18 Q. Revenons maintenant sur le document D1495. Je m'excuse, 1465.
19 L'INTERPRÈTE : Le micro, s'il vous plaît.
20 M. MISETIC : [interprétation] Page 240 de la version anglaise et page 245
21 dans la version en B/C/S.
22 Q. Général Mrksic, vous souvenez-vous avoir été à Drvar, le 2 août 1995 ?
23 R. Oui.
24 Q. Est-ce que vous étiez présent à cette réunion avec M. Karadzic, M.
25 Krajisnik, Mme Plavsic et le général Tolimir ?
26 R. Oui, oui.
27 Q. Milovanovic, Martic ?
28 R. C'était une réunion conjointe de deux commandements supérieurs.
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1 D'ailleurs ça aurait dû être une réunion mais ça ne l'a pas été.
2 Q. Quel était l'objectif qui vous a amenés à vous réunir, le 2 août, à
3 Drvar ?
4 R. Le but, c'était de résoudre le problème de cette percée qu'on voulait
5 et de la chute de Grahovo et des autres localités là-bas, et de la mise en
6 danger de la République serbe de Krajina. C'était l'objectif poursuivi
7 durant cette réunion conjointe des deux directions principales. Il fallait
8 que moi et Mladic émettions un ordre et que cette direction suprême prenne
9 une décision, qu'est-ce que nous allions faire par la suite ? Nous étions
10 complètement acculés.
11 Qu'est-ce qui s'est passé dans la réalité ? Il n'y a pas eu de
12 réunion. Il y a eu dispute entre la direction de la Republika Srpska,
13 autrement dit Mladic et Krajisnik, ou plutôt Karadzic. A ce moment-là,
14 l'aviation est arrivée. J'ai dit à Martic, sauve ta peau, retourne là d'où
15 tu viens. Il n'y a plus de réunion possible. Voilà comment les choses se
16 sont terminées.
17 Ce document, je le reconnais mais rien de tout cela n'a été réalisé
18 ou écrit.
19 Q. Pouvez-vous regarder ce document et voir en regardant les noms si
20 vous vous souvenez de la présence de toutes ces personnes ?
21 R. Je ne me rappelle pas de toutes ces personnes, mais je sais que Martic,
22 Karadzic, Plavsic et Milovanovic étaient là. Mme Plavsic est venue me voir,
23 et elle m'a dit, vous avez bien de la chance d'être aussi unique [comme
24 interprété]. Vous l'êtes, nous ne le sommes pas autant. Il y avait le
25 commandant du corps d'armée, Tolimir, il y avait Milovanovic, parce qu'il
26 était responsable de toute la région depuis le mois de juin.
27 Il y a eu des altercations quand on est rentré dans la pièce, des insultes
28 ont été échangées, et l'aviation est intervenue et la réunion c'était fini;
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1 Il n'y a pas eu de conclusions qui ont été tirées, pas de décisions et je
2 n'ai même pas réussi à prendre la parole pour dire quoi que ce soit.
3 Q. Un peu plus tôt lorsque nous avons regardé votre ordre du 2 août, le
4 dernier document que nous avons regardé, vous avez dit qu'une partie de cet
5 ordre montrait que le 2e Corps de la Krajina, qui était sous le
6 commandement du général Mladic, devait lancer une opération offensive
7 contre les forces du général Gotovina à Grahovo lorsque cette offensive
8 croate a commencé; est-ce exact ?
9 R. C'est exact. Les services de transmission mixtes entre les états-majors
10 ont annoncé ces nouvelles. Maintenant quand est-ce que ça a été fait, je ne
11 sais pas. Mais ce n'était pas le seul objet de la réunion entre les
12 directions suprêmes des deux armées, des deux républiques, la Republika
13 Srpska et la République serbe de Krajina. Peut-être que cela aurait été
14 discuté à ce niveau-là, s'il n'y avait pas eu ces altercations verbales du
15 début de la réunion.
16 Q. Concernant votre ordre au préalable qui avait été émis le même jour que
17 cette réunion, y avait-il un accord entre vous-même et le général Mladic
18 pour que vous défendiez et que les forces du général Mladic attaquent.
19 Autrement --
20 R. Non. Les états-majors recevaient des renseignements sur ce que faisait
21 l'armée d'à côté, le corps d'armée d'à côté, pour nous le corps d'armée
22 voisin, c'était le corps de la Krajina et on nous a dit qu'ils allaient
23 lancer une offensive. Ils allaient libérer par le haut et nous il fallait
24 qu'on vienne en renfort par le bas.
25 Le général Kovacevic dont vous avez parlé, il est allé avec une compagnie
26 faire ce qu'il avait à faire. Tout se passait finalement au niveau de
27 l'intérieur du front. On n'avait pas d'effectif suffisant.
28 Q. Vous avez parlé du général Kovacevic. Où se situait le commandement du
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1 général Kovacevic, une fois qu'il a pris le 7e Corps de la Krajina ?
2 R. Je crois qu'il était en ville, dans la caserne du nord, et qu'ensuite,
3 il est allé à Strmica. Après, derrière la gare ferroviaire de Knin, où il a
4 supervisé les opérations. Il supervisait tout ce qui se passait à partir du
5 poste de commandement avancé de Srb.
6 Q. Si j'ai bien compris votre réponse, le général Kovacevic, en tant que
7 commandant du 7e Corps de la Krajina, son commandement se situait dans les
8 casernes du nord, au début; est-ce exact ?
9 R. Avant le début des combats. Quand les combats ont commencé, il a fait
10 comme moi, avec mon commandement. Il est parti à la gare ferroviaire et
11 puis à Strmica, parce qu'il est allé au poste de commandement avancé. Il
12 était sur les versants du mont Dinara avec une partie de l'armée. C'est là
13 qu'était son poste de commandement avancé. Mais son poste de commandement,
14 lui, se trouvait lui, dans l'ancienne gare ferroviaire. Je ne sais pas
15 comment on appelle ce quartier là, à Knin. C'est là qu'on l'a rencontré
16 cette nuit-là. Martic a passé la nuit à dormir là. Cela faisait deux jours
17 que nous ne dormions pas. Il est resté dans le corps d'armée, il a dormi
18 deux heures je crois, ensuite j'ai continué mon chemin jusqu'à Srb.
19 Q. Pour revenir maintenant à la réunion à Drvar, vous souvenez-vous d'une
20 discussion lors de cette réunion à Drvar, le 2 août, portant sur la
21 population de Grahovo et de Glamoc qui était très amère parce que le
22 gouvernement n'avait apporté aucune aide pour les aider à évacuer et à
23 sauver la propriété ?
24 R. Il n'y a aucune discussion de ce genre. L'altercation a commencé pour
25 savoir qui était coupable de la chute de tous ces villages. Ça a donné un
26 affrontement généralisé et finalement plus rien n'a été discuté. Nous, nous
27 sommes séparés. Moi, j'étais vraiment surpris. Je me suis dit : comment
28 est-ce que les choses peuvent se passer comme ça ? Mais qu'est-ce qu'on y
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1 peut ? Il y avait déjà un conflit ouvert entre Mladic et Karadzic et je ne
2 sais trop quoi d'autre. Tout cela c'est de la vieille histoire. Après, la
3 municipalité s'est mêlée de tout ça. Non, je ne sais pas si les
4 représentants de la municipalité étaient là. Je ne suis pas expert dans ce
5 genre de questions. Je n'étais pas -- je n'ai pas assisté à tout ça, je ne
6 peux pas vous le dire. Tout ce que je peux vous dire c'est que la réunion,
7 on est entré dans la pièce, on a commencé et tout d'un coup, quelqu'un a
8 dit : l'aviation est en train de tirer, fichez le camp.
9 M. MISETIC : [interprétation] Pourriez-vous passer à la page suivante en
10 anglais, s'il vous plaît ?
11 Q. Le commentaire en bas de page dans la version anglaise dit :
12 "Les personnes se sont retirées de façon spontanée et tout ceci a donné de
13 bons résultats sans pertes importantes, en prenant leurs biens et en
14 emmenant également leurs bétails et leurs vaches. Ils étaient
15 particulièrement amers du fait que les instances du gouvernement ne leur
16 avaient pratiquement apporté aucune aide pour les aider à évacuer et à
17 sauver leurs biens."
18 Etes-vous -- vous souvenez-vous si cela est bien ce dont on a discuté à
19 cette réunion ?
20 R. Moi, je lis ça dans le texte, Maître, mais il n'a pas été question de
21 cela. Peut-être que quelqu'un avait mis une note par écrit en souhaitant
22 que ce sujet soit abordé, mais pendant la réunion ce sujet n'a absolument
23 pas été traité. Cela ça été écrit soit avant, soit après la réunion, mais
24 personne n'en n'a discuté. Je vous parle, en tout cas, de ce que j'ai vu
25 pendant que j'étais présent à cette réunion. On est entré dans la salle. Il
26 y a eu une dispute et on s'est séparé.
27 M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Greffier, pourriez-vous
28 maintenant montrer le document D1495, s'il vous plaît ?
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1 Q. Pouvez-vous dire à cette Cour qui était Rade Raseta à cette époque-là ?
2 Général, pouvez-vous nous dire qui était Raseta ?
3 R. Raseta, est-ce qu'il était le chef des services de Sécurité ? Ils ont
4 beaucoup changé à ce poste. Peut-être qu'il était chef de sécurité chez moi
5 -- chef des services de Sécurité.
6 Q. Ce que nous avons ici sur le prétoire électronique est un rapport en
7 date du 3 août 1995.
8 R. Oui, oui, Dimitrijevic.
9 Q. Il écrit à Dimitrijevic; qui est qui ? Pouvez-vous dire à la Cour qui
10 est Dimitrijevic ?
11 R. Dimitrijevic c'était le chef de la direction de la sécurité de l'armée
12 de l'état-major général de l'armée yougoslave, Dimitrijevic. Après il y a
13 eu Aco Vasiljevic. Là, c'est Aleksandar Dimitrijevic. Il a dirigé les
14 services de Sécurité de l'armée pendant très longtemps.
15 Q. Si vous regardez le deuxième paragraphe, je pense que c'est le milieu
16 de ce grand paragraphe, il est dit que :
17 "Au cours de cette journée," - c'est-à-dire le 3 août - "le chef de l'armée
18 de l'état-major de l'armée de la Krajina a pris contact avec le poste de
19 commandement avancé de l'état-major de l'armée de la République serbe
20 concernant les opérations conjointes et de la planification d'autres
21 opérations offensives le long de l'axe de Grahovo-Livno."
22 Vous souvenez-vous le jour avant l'opération Tempête avoir pris contact
23 avec le poste de commandement avancé de l'état-major de la VRS concernant
24 d'autres opérations offensives, conjointes, et d'autres opérations
25 offensives le long de cet axe Grahovo-Livno ?
26 R. Cela peut arriver parce qu'à cette époque-là Mladic était déjà devenu
27 beaucoup plus dur. Avant l'arrivée de Mladic, moi, je ne pouvais pas
28 établir le moindre contact avec ce Vasiljevic donc peut-être que cela s'est
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1 passé mais de toute façon il n'en n'est rien sorti. Il n'était plus
2 possible de faire quoi que ce soit.
3 Q. [aucune interprétation]
4 R. Là, on parle bombarder Split, ça n'a jamais été fait. Que l'artillerie
5 intervienne immédiatement, ça ne s'est jamais passé. Je ne sais pas comment
6 les services de Sécurité --
7 Q. L'interprète n'a pas entendu le nom de la personne avec qui vous avez
8 expliqué que vous n'arriviez pas à entrer en contact.
9 R. C'était le chef d'état-major de l'ARSK, le général Milovanovic. On ne
10 savait jamais où il était.
11 M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Greffier, j'aimerais passer à la
12 page 4 de ce document en anglais c'est tout à fait à la fin du document en
13 B/C/S sous le paragraphe 3.
14 LE TÉMOIN : [interprétation] Mais je voudrais dire quand même une chose. Ce
15 responsable à la sécurité, il a dû écrire ce document sur sa propre
16 initiative. Ah, bien, le document n'est plus à l'écran.
17 M. MISETIC : [interprétation]
18 Q. Votre chef ou votre chef adjoint de sécurité, chargé de la sécurité,
19 écrit au responsable de la sécurité de l'état-major général de l'armée
20 yougoslave, le 3 août, et il dit la chose suivante :
21 "Le 3 août 1995, j'ai été en contact avec les citoyens et j'ai eu
22 l'impression qu'il y a un certain nombre qui ressente une certaine panique
23 mais pour le moment tout est encore sous contrôle. Les citoyens reprochent
24 essentiellement au gouvernement, à savoir aux dirigeants de la République
25 de la Krajina serbe la situation actuelle. Ils pensent que c'est la
26 négligence de leur part et leur irresponsabilité qui ont entraîné les
27 conséquences et la situation à laquelle ils sont confrontés aujourd'hui.
28 Ils espèrent que nous n'avons pas été trahis ni abandonnés et que la RSFY
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1 pourra aider. Par ailleurs, les citoyens pensent que nous ne sommes pas en
2 mesure de nous défendre nous-mêmes et que s'il ne devait pas y avoir d'aide
3 de la RSFY alors il serait préférable pour les populations de se déplacer
4 vers d'autres zones plutôt que de rester là et de se laisser encercler et
5 mourir."
6 R. Je n'ai pas signé ce document. Maintenant la politique que menaient les
7 services de sécurité, je ne suis pas au courant. Ce document n'est pas
8 arrivé sur mon bureau et je n'en n'ai pas été informé. Nous n'avons pas
9 vécu une situation de ce genre. Nous, nous étions dans un état d'esprit de
10 confiance mais les choses se sont faites trop tard. On ne m'a pas accordé
11 les deux ou trois mois dont j'avais encore besoin. Mais je n'ai jamais
12 entendu quoi que ce soit de ce Raseta, du responsable de la sécurité, parce
13 qu'il y avait des subalternes de la sécurité, les responsables du contre-
14 renseignement qui auraient dit qu'il fallait que la population s'en aille.
15 Si ça avait été le cas, j'aurais sans doute dû être le premier en être
16 informé.
17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Une seconde, je vous prie. Me Misetic
18 vous a lu une partie d'un document. Il ne vous a pas encore posé de
19 questions, et pourtant vous avez déjà passé huit lignes à faire des
20 commentaires sur la lecture de ce texte, alors pourquoi ne pas avoir
21 attendu la question que Me Misetic souhaitait vous poser ?
22 Maître Misetic, quelle est la question que vous souhaitez poser au témoin
23 sur cette partie du document ?
24 M. MISETIC : [interprétation]
25 Q. Général Mrksic, ce document vient de votre état-major général et a été
26 rédigé par quelqu'un sous votre commandement, et je voudrais vous poser la
27 question suivante : est-ce que la situation était bien celle de la
28 situation, était-elle bien telle qu'elle a été décrite ?
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1 R. Cette évaluation -- cette estimation du fait que les citoyens --
2 Q. "-- pensaient que si nous n'étions pas capable de nous défendre
3 nous-même, les populations pensaient que s'il n'y avait pas d'aide
4 importante de la RFY, alors il serait mieux de faire en sorte que les
5 personnes soient déplacées par d'autres zones plutôt que de se laisser
6 encercler et mourir."
7 Alors, est-ce là bien la façon dont vous voyiez, vous, la situation au sein
8 de la population le 3 août 1995 ?
9 R. C'était l'idée, d'après ce que je peux voir ici, des services de
10 sécurité. Là, ce qu'on voit, c'est le résultat de leur action, qui ne
11 passait pas par moi. Est-ce que leurs responsables du contre-renseignement
12 savaient plus que moi, je ne peux pas vous le dire. Ce que je savais, à
13 l'époque, les renseignements que je recevais par la voie hiérarchique
14 indiquaient qu'il avait été décidé de rester dans ce territoire pour se
15 battre; mais qu'il fallait tout faire au préalable pour que la guerre
16 n'éclate pas.
17 Moi, à Topusko, puisque j'étais commandant de la place, la municipalité m'a
18 demandé si nous avions la possibilité de nous défendre. J'ai dit que nous
19 n'avions pas la possibilité de nous défendre, s'il n'y avait pas d'autres
20 solutions, qu'il fallait que nous allions négocier.
21 M. MISETIC : [interprétation] Passons donc à la pièce D923, et tout d'abord
22 la page 3 de la version anglaise, s'il vous plaît.
23 Monsieur le Greffier, je suis désolé, en fait je voudrais passer à la page
24 -- je voudrais aller au bas du document, page 21 sur 29. Page 21. Page 21
25 de la version anglaise, et page 13 de la version B/C/S.
26 Q. Alors, si vous --
27 R. Quel est ce document ? Je ne sais pas quelle est la nature de ce
28 document. De quoi nous parlons ?
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1 Q. Il s'agit du document, du rapport du 26 août, ce rapport du 26 août, et
2 je voudrais vous poser la question suivante concernant cette ligne dans le
3 rapport. Il y a en effet une phrase où il est question de la Slavonie
4 occidentale, et c'est tout au milieu de l'écran dans la version anglaise.
5 Le texte dit :
6 "Après la chute de la Slavonie occidentale, il y a eu de nombreuses
7 accusations lancées contre les autorités, parce que l'évacuation n'avait
8 pas été ordonnée plus tôt."
9 Alors, est-ce que vous vous souvenez qu'avant l'opération Tempête, il y ait
10 eu des critiques des autorités qui n'auraient pas ordonné l'évacuation des
11 populations avant, suffisamment tôt, et la population de la Slavonie
12 occidentale ?
13 R. Je ne sais rien de la Slavonie occidentale. Je suis arrivé après les
14 événements de la Slavonie occidentale, et on en parlait plus. Moi, je suis
15 allé là-bas pour panser les plaies dues à ce qui s'était passé en Slavonie
16 occidentale. Je ne suis pas au courant de qui se voyait reprocher quoi,
17 quoi. Je crois que c'est la Republika Srpska qui a porté le gros des
18 critiques, parce qu'elle n'était pas intervenue comme elle aurait dû le
19 faire au moment des événements de la Slavonie occidentale pour évacuer la
20 population.
21 M. MISETIC : [interprétation] Si nous pouvons, s'il vous plaît, maintenant
22 passer à la page 3 de la version anglaise, s'il vous plaît. Page 2 de la
23 version en B/C/S.
24 Q. Alors, le texte dit ici :
25 "L'agression était attendue, et l'état-major principal a concentré
26 l'essentiel de son travail à préparer les unités pour qu'elles défendent
27 leurs positions, leurs régions, et leurs zones, de façon déterminée,
28 pendant cinq à sept jours, convaincu que cela serait suffisant pour que les
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1 facteurs, les éléments internationaux, et si nécessaire l'armée yougoslave,
2 puissent réagir."
3 Alors, pourquoi cela faisait-il partie d'une stratégie que d'attendre des
4 éléments internationaux et peut-être une réaction de l'armée yougoslave ?
5 Qu'est-ce que vous attendiez, qu'est-ce que vous espériez des éléments
6 internationaux ?
7 R. Les éléments internationaux, en fait, nous étions dans une zone
8 protégée par les Nations Unies. Nous constituions une zone protégée, qui a
9 subi l'attaque de l'armée de la République croate, 120 000 hommes qui
10 s'attaquent à un peuple désarmé, et à 20 000 hommes armés, et nous nous
11 attendions à ce que la communauté internationale ne supporte pas quelque
12 chose qui risquait de lui faire honte par la suite.
13 Maintenant, s'agissant de l'intervention éventuelle de l'armée de la
14 Republika Srpska, la question qui se pose est davantage d'ordre moral, les
15 combattants, cela posait sur un plan moral, mais savait très bien que
16 l'armée de la Republika Srpska n'interviendrait pas, et je le savais moi
17 aussi. Les relations de coopération et les bons accords entre les deux
18 étaient d'une telle qualité, que chacun le savait bien.
19 Même les corps de la Slavonie orientale et de la Slavonie occidentale
20 qui, soi-disant, étaient placés sous un commandement conjoint n'ont pas été
21 engagés.
22 Q. S'agirait-il du 11e Corps ?
23 R. Oui, oui, le Corps de Slavonie orientale, c'était le corps le
24 plus puissant qui nous a regardés souffrir sans dire un mot, sans rien
25 faire. Ils savaient que nous serions la cible principale de l'attaque, mais
26 rien n'a été fait.
27 Q. Nous parlerons du 11e Corps un petit peu plus tard, tout à
28 l'heure. Mais tout d'abord, je voudrais attirer votre attention sur la
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1 pièce D389, D389.
2 Qui était Mihaljo Knezevic ?
3 R. C'était aussi un responsable d'un service de Sécurité, il était
4 lieutenant-colonel. Oui, oui, j'en suis sûr, responsable de la sécurité --
5 je vérifie, oui c'est ça. C'est lui qui recueillait des renseignements à
6 votre sujet et les renseignements qu'il recueillait étaient assez exacts.
7 Il se renseignait sur ce qui se passait du côté croate.
8 Q. Alors parlons de renseignements précis. Regardons ce document justement
9 et au quatrième paragraphe, c'est le rapport qu'il avait préparé le 4 août
10 ?
11 R. Oui, Livanjsko-Polje.
12 Q. Donc il dit, il s'agit au sujet du 4 août :
13 "La première frappe a été sur le bâtiment de l'état-major général de la SVK
14 qui a donc subi d'énormes -- d'importants dégâts matériels et toute la
15 flotte de véhicules ayant été complètement détruite. Ensuite le feu s'est
16 propagé aux casernes militaires -- les tirs se sont propagés vers la
17 caserne militaire, l'usine de Tvik, le carrefour ferroviaire, les bâtiments
18 résidentiels dans la zone sous la forteresse de Knin, et cetera, et cetera.
19 R. -- Zvoriste c'est la gare ferroviaire, Monsieur Zvoriste.
20 Q. Pourquoi est-ce que ce carrefour ferroviaire est-il si important ?
21 R. Ecoutez, un nœud ferroviaire c'est quand on a plusieurs voies de
22 circulation ferroviaire qui se croisent; c'est le plus grand de toute la
23 région. Mais je ne sais vraiment pas pourquoi on a visé ce nœud ferroviaire
24 parce que les trains ne fonctionnaient pas et l'armée n'utilisait pas la
25 voie ferrée. Mais puisque vous m'interrogez au sujet de ce paragraphe, je
26 vais me saisir de l'occasion qui m'est donnée et ce qui est écrit ici est
27 exact. Cette nuit-là sur ordre en tout cas sur suggestion de l'homme qui
28 était chargé de ma sécurité personnelle, j'ai passé la nuit dans une maison
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1 qui était réservée pour l'officier chargé de ma sécurité. Quand les
2 bombardements ont commencé, je me suis assis à bord d'un véhicule avec les
3 responsables de la sécurité et j'ai pris le chemin du poste de
4 commandement. A cause des tirs extraordinairement nourris, nous avons dû
5 nous arrêter au moins quatre ou cinq fois où nous nous sommes abrités dans
6 des caves. J'ai vu là des membres de la population des femmes, des enfants,
7 qui se tenaient les mains sur les oreilles, la population de façon générale
8 a commencé à prendre la fuite. Elle disait : mon Général, qu'est-ce qui se
9 passe ici ? Qu'est-ce que c'est que ça ? Est-ce que c'est de l'artillerie ?
10 On va devoir sauter par la fenêtre. On leur répondait : ce n'est pas de
11 l'artillerie, ce sont des roquettes.
12 Mais le bruit était terrible comme le bruit des stukas au cours de la
13 Seconde Guerre mondiale à Belgrade quand ils ont bombardé avec les stukas.
14 C'est un bruit effroyable.
15 Voilà je finis par arriver au poste de commandement. Je peux parler
16 de ça maintenant.
17 Q. Attendez une seconde. Je voudrais vous demander la chose suivante
18 : les renseignements contenus ici, s'agit-il des renseignements que vous
19 aviez reçus le matin du 4 août ?
20 R. Oui, oui, c'est exact effectivement j'ai reçu ces renseignements dès
21 que je suis arrivé dans le sous-sol où se trouvait la salle opérationnelle
22 de l'état-major. Le commandant qui était là m'a informé tout de suite. Il
23 m'a dit : ils ont visé le commandement avec une telle précision que tous
24 nos véhicules - oui je vais parler lentement - que tous nos véhicules ont
25 été détruits. Un gardien, qui assurait la sécurité des véhicules, a été
26 tué, et il m'a dit qu'il n'avait jamais vu une telle précision. Maintenant
27 qu'est-ce qu'ils ont utilisé ? Ils ont utilisés des obusiers 152, donc il
28 fallait bien que quelqu'un ait un système GPS et un groupe électronique, un
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1 ordinateur parce qu'ils ont continué à tirer, et c'est moi qu'il visait.
2 S'il n'avait pas visé que moi, mais la ville aussi, ils auraient provoqué
3 un véritable désastre mais ils ont ouvert le feu maintenant. Est-ce que
4 quelqu'un l'a fait en leur lieu et place, en leur nom ou pas ? Je ne sais
5 pas.
6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur, la question était de savoir si
7 c'était bien les renseignements que vous aviez reçus le matin même. Il ne
8 s'agissait pas de savoir qui a continué à tirer sur qui. Est-ce que je peux
9 vous demander de rester précis, de vous concentrer sur la réponse à la
10 question qui vous est posée ?
11 Parce qu'il est déjà 2 heures moins 20, donc ce que je propose, Monsieur
12 Misetic, c'est qu'il serait dommage d'interrompre, de continuer et je pense
13 qu'il serait bon d'excuser le témoin pour aujourd'hui.
14 Monsieur Mrksic, nous allons donc reprendre demain matin à 9 heures dans
15 cette même salle d'audience et je discuterai encore avec les parties pour
16 voir dans quelles mesures nous serons en mesure de satisfaire votre demande
17 concernant le calendrier.
18 Entre-temps, je vous demande de ne parler de ce témoignage à absolument
19 personne, que ce soit le témoignage déjà déposé ou celui qui va l'être, et
20 même avec Me Domazet car le fond de votre témoignage ne doit absolument pas
21 être discuté avec quiconque.
22 Aussi, votre position en tant que témoin à savoir -- votre position
23 en tant que témoin est une autre chose dont vous pouvez discuter avec Me
24 Domazet. Est-ce que c'est bien clair ? Je pense
25 que cela est bien clair à Me Domazet. Oui, cela est confirmé.
26 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, est-ce que je peux
27 appeler par téléphone mon épouse et mes enfants et leur dire que je vais
28 bien, que je n'ai aucun problème, et cetera, mais sans parler de l'affaire,
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1 sans parler du procès ?
2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Comme je l'ai déjà dit, vous pouvez
3 parler du temps qu'il fait, vous pouvez parler de la façon dont vous vous
4 sentez, tout cela il n'y a aucun problème. Ce sont des sujets dont vous
5 pouvez parler avec tout le monde.
6 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
7 [Le témoin quitte la barre]
8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Misetic, d'abord je voudrais
9 m'adresser à vous. Nous sommes à près de cinq heures et il y a encore
10 quatre heures sur ce témoignage, c'est-à-dire donc pour demain. En général,
11 il faut trois heures et demie d'interrogatoire. Est-ce que vous pouvez nous
12 donner une estimation approximative ?
13 M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Président, j'espère finir demain.
14 Je suis maintenant sur la question du 4 août et j'espère vraiment après
15 quelques autres éléments, après le 4 août, pouvoir en finir demain.
16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Les autres parties, pourraient-elles me
17 donner une indication quant au temps dont elles auraient besoin ?
18 M. CAYLEY : [interprétation] Monsieur le Président, pour le moment, nous
19 n'avons pas de questions.
20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Mikulicic.
21 M. MIKULICIC : [interprétation] Monsieur le Président, tout cela, bien sûr,
22 dépendra des questions qui seront posées par Me Misetic avant moi. Mais,
23 pour le moment, je pense qu'une séance suffirait.
24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Bon, ce n'est pas tout à fait une
25 heure et demie, mais presque cela.
26 Monsieur Russo, la question maintenant vous est posée à vous.
27 M. RUSSO : [interprétation] Pour le moment, j'envisage à peu près une
28 journée.
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1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Une journée. Bien. Alors je pense que
2 demain, la famille -- la visite de la famille de M. Mrksic -- la première
3 visite de la famille est prévue donc pour mercredi après-midi. Je pense
4 pourvoir lui dire demain que nous ne savons pas ce que les questions
5 supplémentaires apporteront mais nous pourrons lui dire qu'il pourra être
6 prêt pour se préparer à cette visite de sa famille le matin. Si nous avions
7 besoin d'une partie de séance le mercredi matin, il faut savoir qu'il faut
8 prévoir un petit peu de temps entre la fin d'une séance, et le fait -- et
9 le retour au quartier pénitentiaire étant donné le temps de transport.
10 Etant donné maintenant que cette visite est prévue à 13 heures, il faudrait
11 que notre séance ne dure pas toute la matinée mais si la Chambre a encore
12 quelques questions à poser, il faudrait ne pas dépasser mardi soir.
13 Maître Misetic.
14 M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Président, c'est également notre
15 objectif mais je tiens à vous dire que nous aurons de toute façon l'autre
16 témoin qui sera prêt à déposer et donc si pour des raisons imprévues nous
17 avons besoin de plus de temps si la Cour souhaite interroger ce témoin au
18 mercredi, notre témoin pourra passer du temps avec sa famille, ensuite
19 revenir le lendemain après la visite de sa famille.
20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien, c'est une bonne chose de pouvoir
21 donc lui dire qu'il pourra recevoir cette visite, mercredi après-midi, mais
22 que -- et que donc les deux jours suivants sont prévus. Bien, nous devons
23 examiner ça, mais pour le moment essayons de faire de notre mieux pour
24 terminer mardi, en fin de matinée.
25 Nous allons maintenant lever l'audience, et nous reprendrons demain,
26 vendredi, 19 juin à 9 heures, en salle d'audience numéro III
27 --- L'audience est levée à 13 heures 48 et reprendra le vendredi 19 juin
28 2009, à 9 heures 00.