Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le jeudi 18 juin 2009

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 9 heures 03.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour à tous.

  6   Monsieur le Greffier, pouvez-vous appeler le numéro de l'affaire.

  7   M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Bonjour à

  8   chacun dans le prétoire.

  9   Il s'agit de l'affaire IT-06-90-T, le Procureur contre Ante Gotovina

 10   et consorts.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Monsieur le Greffier.

 12   Je suppose qu'il n'y a pas de questions de procédure et je demanderai donc

 13   à ce que l'on fasse entrer le témoin dans le prétoire.

 14   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 15   M. MISETIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour.

 17   M. MISETIC : [interprétation] Je m'inquiétais simplement parce que je ne

 18   voyais pas mon commis à l'affaire.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.

 20   LE TÉMOIN: MILE MRKSIC [Reprise]

 21   [Le témoin répond par l'interprète]

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour à tous.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour, Monsieur Mrksic. Veuillez

 24   prendre place, s'il vous plaît.

 25   Monsieur Mrksic, quelques rappels, s'il vous plaît. Tout d'abord, vous êtes

 26   toujours lié par la déclaration solennelle que vous avez prononcée hier au

 27   début de votre témoignage.

 28   Deuxièmement, si Me Misetic lève la main, ce n'est pas nécessairement

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  1   parce qu'il souhaite que vous vous arrêtiez de parler mais c'est peut-être

  2   pour vous demander de ralentir, et ce n'est pas parce que nous ne

  3   souhaitons pas entendre votre réponse. Bien au contraire, nous souhaitons

  4   entendre votre réponse, mais nous avons, pour ce faire, besoin des

  5   interprètes. Donc je vous demanderais de suivre M. Misetic, et je vais vous

  6   demander d'attendre un instant aussi. S'il ne vous pose pas d'autre

  7   question, cela signifie que vous avez répondu à sa question; sinon, il vous

  8   fera un signe pour vous dire que vous pouvez continuer.

  9   Troisièmement, et là, je vais utiliser un exemple. Si M. Misetic vous

 10   demande quel est le moyen de transport que vous avez utilisé pour venir

 11   ici, vous pouvez répondre, en disant : je suis venu en voiture, en avion,

 12   en train. Il n'est pas nécessaire de nous dire quelle était la couleur de

 13   la voiture, s'il s'agissait d'une Fiat ou d'une Volkswagen. S'il souhaite

 14   connaître ces détails et la couleur de la voiture, il vous posera la

 15   question. Donc je vous demanderais de centrer vos réponses sur la question,

 16   et d'être très succinct. Si nous avons besoin de plus de détail, nous vous

 17   les demanderons.

 18   Est-ce que cela est clair ?

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est clair, Monsieur le Président.

 20   Suite à mon expérience hier - et c'est la première fois que je me suis

 21   trouvé dans cette situation - je vais répondre lentement pour faire plaisir

 22   à tous, je l'espère, et j'espère que je pourrais couvrir tout ce que je

 23   dois dire. J'ai quelquefois le sentiment que je suis interrompu à des

 24   moments où je suis en train d'essayer d'apporter des détails qui peuvent

 25   être utiles pour tous.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Nous allons essayer de trouver le

 27   bon équilibre, et de vraiment nous centrer sur la question telle qu'elle

 28   vous est posée. Ce n'est pas une critique. C'est simplement pour essayer de

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  1   vous aider et de nous aider à utiliser au mieux le temps que nous avons

  2   dans ce prétoire.

  3   Maître Misetic, vous pouvez poursuivre.

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, puis-je vous poser une

  5   question ? Il m'a été dit que je ne devrais parler à personne ni téléphoner

  6   à qui que ce soit. Je n'ai néanmoins la possibilité et le droit d'appeler

  7   ma femme et ma famille pour savoir s'ils se portent bien ? Je ne souhaite

  8   pas du tout parler de cette affaire, mais simplement leur dire que je me

  9   sens bien et que je me porte bien.

 10   Je comprends vos instructions, mais je n'ai parlé à personne ni à ma femme,

 11   ni à quelqu'un de ma famille, et j'ai l'impression d'être muet. C'est comme

 12   ça que j'avais compris votre mise en garde, en tous les cas.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous pouvez parler avec toute personne

 14   avec qui vous souhaitez parler tant qu'il ne s'agit pas de votre déposition

 15   ou de ce dont vous avez témoigné ici. Mais vous pouvez parler du temps, de

 16   la nourriture, de votre santé avec votre famille; cela ne pose aucun

 17   problème.

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci beaucoup.

 19   M. MISETIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 20   Interrogatoire principal par M. Misetic : [Suite]

 21   Q.  [interprétation] Monsieur le Greffier, si nous pouvions avoir sur le

 22   prétoire électronique, la page 210 de la pièce à conviction D1465.

 23   Général Mrksic, je voudrais que nous reprenions là où nous nous sommes

 24   quittés hier, et que nous puissions revenir à la réunion de la fin du mois

 25   de juin à Belgrade concernant l'opération dans la poche de Bihac.

 26   Comme vous pouvez le voir en regardant cette page, vers le milieu de la

 27   page, "JS," et vous avez dit hier que c'était Jovica Stanisic, en parlant

 28   de cette population. Il s'agit de la page 215 de la version B/C/S. Si vous

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  1   pouvez descendre là où se trouve "JS," il est écrit :

  2   "Je peux trouver 120 hommes en parfait état qui pourraient arriver dans les

  3   sept jours, et qui viendraient du secteur de l'est - il s'agit de soutien."

  4   Ensuite il est dit :

  5   "-- ne devraient pas être engagés."

  6   Si vous pouviez ensuite tournez la page, s'il vous plaît. Là encore, il est

  7   dit :

  8   "JS : M. Stanisic, laissez Mladic s'occuper des arrangements avec le 1er et

  9   le 2e Corps, et a trouvé des hommes pour remplacer les 400 hommes de

 10   Pecanac et a leur a donné, les a engagés dans les dix jours - puis le

 11   général Perisic les a équipés. Il y en a 58, venant de Kragujevac, Nis,

 12   Ljubiskovo."

 13   Il s'agit de la page suivante dans la version B/C/S, si j'ai bien compris.

 14   Général Mrksic, en préparant cette opération, vous souvenez-vous de

 15   conversations à Belgrade au cours de cette réunion concernant le transfert

 16   d'hommes, du commandement de l'armée du général Mladic sous votre

 17   commandement aux fins de cette opération ?

 18   R.  Oui, je me souviens que cela a été mentionné. Mais à qui devait revenir

 19   cette tâche et qu'est-ce que cela impliquait, et envoyait qui à qui, ça je

 20   ne m'en souviens pas. C'est la première fois que je vois mentionner

 21   Krajugevac et Ljubiskovo. Je ne me souviens pas du tout de cela. Il s'agit

 22   là d'une feuille de papier, d'un arrangement, et de dispositions prises, et

 23   très souvent, tant que je puisse m'en souvenir, ces dispositions ne

 24   donnaient rien. Je peux vous dire ce que j'ai fait à Slunj, ce que j'ai

 25   formé à Slunj. Je ne me souviens pas avoir -- ce qui s'est fait là-bas, et

 26   je dois dire pour -- en fait, je ne suis pas allé voir ce qui se passait

 27   là-bas.

 28   Q.  Permettez-moi de vous interrompre et de vous poser une question : lors

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  1   de cette réunion, qui avait disposé de l'autorité -- vous avez dit que cela

  2   a été discuté, mais vous n'étiez pas sûr que cela n'ait jamais été mis en

  3   œuvre. Qui avait l'autorité de transférer des hommes de l'armée de la VRS à

  4   l'armée de la RSK ?

  5   R.  Je pense que certaines unités de la police étaient concernées, et que

  6   cela était de la compétence du ministère de la Republika Srpska. Je ne

  7   connais pas bien leur système de commandement. Normalement, l'armée qui

  8   était sous le commandement de Mladic ne dépendait pas de mon autorité mais

  9   était sous l'autorité du MUP ou du SUP.

 10   Q.  Je vous demande la chose suivante, il est dit :

 11   "Laissez Mladic s'occuper des dispositions concernant le 1er et le 2e Corps

 12   de la Krajina."

 13   Le 1er et 2e Corps de la Krajina fait référence au corps de la VRS; est-ce

 14   exact ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  "Et trouver" - je continue la citation  - "Et trouver des hommes pour

 17   remplacer les 400 hommes de Pacanac et les envoyer à Mrksic."

 18   Bien --

 19   R.  Cela n'a pas été fait. Je ne me souviens pas que cela a été fait.

 20   Q.  Que cela était fait ou pas, ma question est de savoir : qui avait

 21   l'autorité de procéder à cela, si cela devait se faire ?

 22   R.  Je suppose -- bien, je ne sais pas qui était cette personne Pecanac,

 23   s'il était du MUP ou s'il était de la VRS; il est plus probable qu'il

 24   travaillait pour le MUP. Il fallait trouver autre chance pour trouver les

 25   siennes. Le MUP et la VRS contrôlaient la même ligne de front comme cela a

 26   été le cas dans la République de Croatie et il n'y avait pas -- on ne se

 27   trouvait pas dans des situations où le MUP avait un territoire séparé de

 28   celui de la VRS. Il y avait donc un regroupement.

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  1   Q.  Ma question est de savoir : qui avait l'autorité pour subordonner les

  2   forces de la VRS ou de la RS du MUP et les placer sous votre contrôle ?

  3   R.  C'était probablement du ressort du président puisque le MUP était sous

  4   l'autorité du président ou du ministère de l'Intérieur. Je ne sais pas qui

  5   était le ministre à l'époque. Il s'occupait essentiellement de leurs

  6   propres affaires et je parle du MUP et de l'armée.

  7   Q.  Le président de quelle entité ?

  8   R.  Republika Srpska, comme Pecanac et ces forces étaient impliquées.

  9   Q.  Ce serait donc M. Karadzic; est-ce que exact ?

 10   R.  Oui, ou bien son ministre de l'Intérieur, s'il l'autorisait à le faire.

 11   Q.  Au paragraphe suivant, il est dit :

 12   "Mrskic : Payons ce corps. Il y en a quatre millions qui sont venus,

 13   mais je ne sais pas où sont ces quatre."

 14   Est-ce que vous vous souvenez ce à quoi vous faites référence lorsque

 15   vous avez dit, "il y en a quatre millions qui sont venus" ?

 16   R.  Ce sont des conversations que nous n'avons pas terminées lorsque

 17   nous étions à Karadjordjevo. Nous n'avons pas terminé parce que vous m'avez

 18   interrompu. Si je vous avais raconté toute l'histoire, vous m'auriez posé

 19   cette question.

 20   Après ma nomination en tant que commandant, lors d'une réunion à

 21   Karadjordjevo, j'ai présenté mon concept. Mladic était présent également et

 22   j'ai expliqué comment nous devions organiser. Je n'ai pas pu le faire en

 23   utilisant simplement les mots, il fallait de l'argent. Le président a dit :

 24   "Vous avez, là, Djeletovci et où va aller cet argent." Donc ils m'ont

 25   permis d'avoir accès à certains fonds qui m'ont permis de payer des

 26   spécialistes au sein du corps à Slunj. Donc j'ai réussi à payer les

 27   premiers salaires et transférer les fonds sur le budget de la République de

 28   la Krajina serbe qui a été renfloué. Bien entendu, ce sont --

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  1   l'autorisation du transfert s'est fait par l'intermédiaire des instances

  2   fédérales. J'ai simplement pris et profité de l'occasion lors de la réunion

  3   pour soulever cette question.

  4   Ceci n'a rien à voir avec l'opération. Est-ce que vous me comprenez ?

  5   Cela n'avait rien à voir avec cette réunion en particulier. J'ai simplement

  6   profité de la réunion pour soulever cette question parce qu'il m'avait

  7   promis cela à Karadjordjevo, et il n'a pas respecté sa promesse, et ensuite

  8   j'ai demandé : où est l'argent ?

  9   Q.  Après cette réunion, une opération a été lancée dans la poche de Bihac;

 10   est-ce que vous vous en souvenez ?

 11   R.  Oui. Oui, je pense que le nom était "Match" ou bien "Epée" ou quelque

 12   chose qui ressemble.

 13   Q.  Souvenez-vous si vous avez réalisé vos objectifs en lançant cette

 14   opération ?

 15   R.  J'avais personnellement deux objectifs, donc une mission m'avait été

 16   confiée, mais mon objectif était de voir comment est-ce que les

 17   professionnels qui travaillaient pour moi se comporteraient. C'était un

 18   petit peu comme un exercice ou une preuve à apporter. Il y avait donc

 19   l'intégralité du bataillon ou un point de contrôle des membres polonais de

 20   la FORPRONU qui admiraient cet aspect professionnel. Je ne voulais pas de

 21   perte, je ne souhaitais pas de perte, mais je voulais simplement conquérir

 22   les forces du 5e Corps. Comme vous voyez, il y avait un grand nombre

 23   d'hommes sous son commandement. Ils avaient réussi à élargir leur

 24   territoire. L'expansion de ce territoire jouait en ma faveur parce que cela

 25   m'a permis d'avoir une vue approfondie des choses, ce qui peut révéler

 26   utile au cas où la République de Croatie aurait refusé toute sorte d'accord

 27   de paix. J'ai pu ainsi protéger la population et lui permettre de se

 28   retirer.

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  1   En 1994, à l'époque où la population et l'armée Abdic avaient fui, nous les

  2   avions hébergés, et c'est qui a été fait également pendant la Deuxième

  3   Guerre mondiale.

  4   Je voudrais comprendre pourquoi est-ce que cet équilibre des pouvoirs

  5   a été créé. Je voudrais vous aider à le comprendre. Vous ne connaissez

  6   peut-être pas cela, mais lorsqu'il y a eu des offensives, vous ne me

  7   permettez pas de continuer.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non, non, permettez-moi d'insister que

  9   nous souhaitions --

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] Je fais référence à l'histoire et ça ne peut

 11   pas faire de mal à qui que ce soit. Je ovulais simplement vous présenter

 12   les faits et vous dire que ce n'était pas là la volonté des responsables

 13   politiques de l'époque.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous demande simplement de regarder

 15   Me Misetic qui est en train de faire deux choses à la fois. La première

 16   étant d'essayer de vous ralentir, de façon à ce que nous puissions entendre

 17   et comprendre ce que vous voulez nous dire. Deuxièmement, je vous

 18   demanderais de répondre toujours dans les limites qui paraissent utiles aux

 19   yeux de M. Misetic.

 20   Vous pouvez poursuivre.

 21   M. MISETIC : [interprétation]

 22   Q.  Je voudrais d'abord essayer de vous expliquer quelque chose, et vous

 23   expliquez pourquoi il serait bon simplement de réellement répondre à la

 24   question que je vous pose.

 25   Il est clair que vous avez beaucoup d'information, quelle que soit la

 26   question que je vous poserais. Ça, je le comprends parfaitement. Mais de

 27   votre côté, plus les réponses sont longues --

 28   R.  [aucune interprétation]

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  1   Q.  Non, non, non, plus vos réponses seront longues à chaque question, plus

  2   vous allez passer de temps ici dans ce prétoire.

  3   R.  Oui, oui, la visite du 24.

  4   Q.  Tout à fait. Je voudrais vous demander simplement de répondre

  5   exactement à la question qui vous est posée, uniquement à la question qui

  6   vous est posée. Nous pourrons ainsi procéder plus rapidement. Bien.

  7   Je ne sais plus où j'en suis.

  8   R.  Excusez-moi, ce n'était pas là mon objectif.

  9   Q.  Ma question est la suivante : pour essayer de mieux comprendre, quel

 10   était l'objectif de cette opération. Jusqu'où souhaitiez-vous pénétrer ?

 11   R.  Mes forces ont pu rentrer à l'intérieur du territoire sur deux

 12   kilomètres, ont traversé le Korana qui était la frontière, et ils sont

 13   arrivés sur les premières hauteurs, près du village de -- c'est là où ils

 14   se sont arrêtés. Elles ne sont pas allées plus loin. Ce n'était pas là

 15   l'objectif. L'objectif ou le but était d'entrer plus à l'intérieur des

 16   territoires vers les chaînes de montagne un peu plus loin, là où on avait

 17   les monts Pauk. J'ai compris ensuite que Dinara était un problème et j'ai

 18   arrêté cette opération.

 19   Q.  Je voudrais maintenant vous poser une question. Les forces sous le

 20   commandement de la RSK, quels étaient les objectifs en termes de

 21   pénétration pour ce qui est du commandement de vos forces et des forces de

 22   Fikret Abdic ? Jusqu'où êtes-vous arrivé, et je parle de vous trois.

 23   R.  Notre mission était de ne pas toucher Bihac. Bihac était une zone

 24   protégée. Nos ordres étaient de ne pas irriter la communauté

 25   internationale. Il s'agissait d'une zone protégée. C'était une mission

 26   donnée à la VRS. Autres instructions, nous ne devions pas toucher les

 27   villes, pas même Cazin. Seuls les villages qui s'étaient ralliés à Fikret

 28   Abdic, villages qu'il souhaitait traverser étaient sous son autorité. J'ai

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  1   simplement entendu que certains villages avaient décidé de se rallier à

  2   lui, et nous n'étions pas supposés de détruire le 5e Corps, et qui plus

  3   est, nous n'avions pas les forces nécessaires pour le faire. Mais le corps

  4   était dans une situation très difficile non pas en raison des combats mais

  5   du fait de toutes les activités de combat qui s'étaient arrêtées et de

  6   contrebandes qui s'étaient arrêtées. Mais nous n'avons pas de toute façon

  7   abordé ce sujet.

  8   M. MISETIC : [interprétation] Nous souhaiterions rester un instant sur ce

  9   point, est-ce que vous pourriez revenir sur la pièce à conviction D923,

 10   l'avant-dernière page dans la version anglaise.

 11   Q.  Il s'agit d'un rapport du 26 août qui a été envoyé au chef d'état-major

 12   de l'armée yougoslave. Il s'agit dans la version B/C/S de la section qui

 13   commence au point 19.

 14   La question que je vous pose est la suivante : dans le cadre de ces

 15   réunions du mois de juin, le deuxième paragraphe au point 19 se lit et vous

 16   écrit en fait le 26 août :

 17   "L'armée de la Krajina serbe était et continue d'être considérée comme

 18   faisant partie de la VJ, l'armée yougoslave. Elle faisait tout ce qui était

 19   en son pouvoir mais était restée -- était isolée. Nous pensons que l'état-

 20   major principal de l'armée yougoslave aurait dû soutenir l'évolution de

 21   l'armée de la Krajina serbe de façon plus courageuse et plus déterminée."

 22   Pourriez-vous nous expliquer ce concept de l'armée de la Krajina serbe qui

 23   était et qui continu d'être considéré comme faisant partie de la VJ ?

 24   R.  Je vous ai dit hier que c'était la première fois que je voyais le

 25   document. L'ARSK était une instance indépendante, il ne s'agissait pas

 26   d'une branche de la VJ. Je ne remettais pas de rapports à Perisic. J'étais

 27   à pied d'égalité avec lui et Mladic. Nous étions trois systèmes en fait.

 28   Nous n'étions pas trois personnes unies dans un seul corps, il n'y avait

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  1   pas trois personnes qui commandaient sur la ligne de front. Nous étions

  2   simplement des nations sœurs et je faisais appel à leur aide pour m'assurer

  3   que leur aide nous serait apportée. Je n'ai rien écrit sur ce point. Ce ne

  4   sont pas mes conclusions.

  5   Q.  Je voudrais vous demander de regarder la page 7, les lignes 22 et 23,

  6   lorsque je vous ai posé des questions sur l'opération Match, ou "Sword,"

  7   Epée. Votre réponse a été la suivante :

  8   "J'avais deux objectifs personnellement. J'avais une mission qui m'avait

  9   été confiée mais mon objectif était de voir comment ces professionnels qui

 10   étaient sous mon contrôle se comporteraient."

 11   Maintenant vous aviez trois armées séparées, si vous étiez le chef ou le

 12   commandant de l'état-major principal qui vous donnait la mission de faire

 13   quelque chose ?

 14   R.  C'est Martic le commandant suprême qui me confiait les missions, qui me

 15   donnaient les ordres.

 16   Q.  Martic qui lui donnait des ordres ?

 17   R.  C'était des ordres qui étaient discutés en fait au sein du Conseil de

 18   la Défense suprême pour voir si c'était des instructions qui étaient en

 19   faveur ou non de la République de la Krajina serbe et pour voir si

 20   l'objectif était intéressant pour nous.

 21   Il y avait des tâches générales qui étaient imposées par le président

 22   Milosevic qui était l'autorité pour toutes les terres serbes. Mais nous ne

 23   pouvions rien faire sans assistance. L'assistance apportée à Fikret Abdic

 24   était juste correspondait à cela. En fait il s'agissait d'aider les

 25   populations là où les gens allaient fuir. Moi, je me souviens, il y avait

 26   10 000 personnes, les 10 000 combattants de Fikret Abdic, donc le 5e Corps,

 27   qui était derrière, pour moi, était plus sûr dans ce cas que si j'avais eu

 28   un 5e Corps dans mon dos, parce Slunj était déjà dans la région.

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  1   Q.  Je voudrais vous montrer un autre document, général Mrksic.

  2   M. MISETIC : [interprétation] La pièce à conviction D953, Monsieur le

  3   Greffier.

  4   Q.  Alors je voudrais vous poser donc une petite question pour éclaircir un

  5   petit peu votre réponse. Page 12, lignes 9 et 10, vous dites :

  6   "Il y avait des tâches générales qui étaient imposées par le président

  7   Milosevic qui était une autorité pour tous les territoires serbes."

  8   C'est bien cela ce que vous avez dit ?

  9   R.  Je ne vois pas. Je ne vois pas où cela se trouve.

 10   Q.  Non, je reprends votre dernière réponse sur le procès-verbal, page 12,

 11   lignes 9 et 10. Ne regardez pas le document qui est à l'écran pendant juste

 12   un instant, s'il vous plaît.

 13   R.  Ce n'est pas là.

 14   Q.  Tout à l'heure, je vous ai posé une question, la dernière question que

 15   je viens de vous poser, je vous ai demandé de qui Martic recevait ses

 16   ordres ? Vous m'avez répondu en page 12, lignes 9 et 10, il y a des tâches

 17   générales qui étaient imposées par le président Milosevic, qui était une

 18   autorité pour tous les territoires serbes."

 19   C'est bien cela ?

 20   R.  Pour les territoires de la République de Krajina serbe, il était

 21   l'autorité, je reconnais que du fait que je vous ai dit que c'était la

 22   mission pour laquelle il avait donné les instructions à Karadjordjevo. Moi,

 23   dans ça, c'était l'idée à long terme, ça c'était jusqu'à la chute de la

 24   Krajina. Lorsque je vous ai parlé de ces différentes tâches, ma tâche à

 25   moi, ma mission c'était de changer en fait l'état d'esprit des dirigeants

 26   de la République de la Krajina serbe en renforçant l'armée en prenant des

 27   actions conjointes et en unifiant le MUP et l'armée, et en annulant aussi

 28   certaines unités paramilitaires dans les villages dans les alentours qui

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  1   pouvaient créer des problèmes pour leurs commandants à Slunj parce qu'ils

  2   risquaient d'emporter les véhicules de la FORPRONU. Ma tâche c'était donc

  3   ma mission c'était de prévenir tout cela, de faire en sorte que tout le

  4   monde soit véritablement efficace plutôt que d'aller déjeuner ou dîner dans

  5   les cafés. Les dirigeants se rendaient sur les différentes positions, les

  6   équipes de télévision les suivaient, filmaient leurs activités, nous

  7   voulions unifier la population et l'armée. C'était l'objectif pour avoir

  8   une nouvelle pour montrer une nouvelle position, parce que nous étions

  9   parfaitement conscient du fait que nous étions incapables de nous défendre

 10   nous-mêmes à ce moment-là.

 11   Q.  Alors sur ce document à l'écran page 2 en anglais, c'est un rapport de

 12   Kosta Novakovic, qui était donc votre adjoint; c'est bien cela ? 

 13   Est-ce que l'on peut tourner la page ?

 14   R.  Oui, c'était bien cela, pour le moral des troupes.

 15   Q.  Cette première page, page 1 dans la version B/C/S, donc on parle de

 16   cette opération Epée en Bosnie occidentale, quant à M. Novakovic écrit au

 17   commandement du corps d'Unité spéciale, et dit la chose suivante :

 18   "De notre côté, les activités dans cette zone sont présentées --

 19   notre côté est présenté dans les médias comme un conflit inter-Musulman et

 20   ce qui fait qu'on nous refuse la participation de la SVK dans ces

 21   opérations --"

 22   Alors maintenant je voudrais savoir : pourquoi la SVK ne pouvait pas

 23   jouer de rôle dans les opérations dans la poche de Bihac ?

 24   R.  Ce n'est pas la peine de s'en vanter. Après tout, d'une certaine façon,

 25   il s'agissait de traverser la rivière Korana pour aller de l'autre côté,

 26   pour aller de l'autre côté vers le territoire, dans le territoire, et donc

 27   il s'agissait des divisions de Bosnie-Herzégovine.

 28   Cela ce n'était pas simplement une caractéristique qui nous était

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  1   propre, c'est une caractéristique absolument de toutes les situations de

  2   guerre, de toutes les armées en temps de guerre, et c'est un excès et ce

  3   n'est pas la peine de s'en vanter.

  4   Q.  Alors cette opération en Bosnie occidentale, dans la poche de Bihac,

  5   pour quelle raison avez-vous décidé d'abandonner vos objectifs dans cette

  6   zone ?

  7   R.  Nous avons décidé d'abandonner nos objectifs dans cette zone parce que,

  8   comme je l'avais appris par la suite par l'intermédiaire de système, un

  9   accord avait été passé à Split et dans cet accord il avait été donc convenu

 10   de bloquer la Bosnie occidentale, et il y avait eu une pénétration rapide

 11   des forces de la HVO et des forces croates à partir de Livanjsko Polje vers

 12   Grahovo. Donc n'importe lequel commandant à ce moment-là se rend compte

 13   quand il va -- s'il va perdre sa bataille, il vous tout perdre. Donc j'ai

 14   décidé de retirer très rapidement ces forces, de les envoyer là, mais là

 15   j'ai reçu des ordres, on m'a demandé, et c'est là que j'étais vraiment

 16   furieux parce que, moi, je voulais retirer mes forces. Je voulais défendre

 17   cette direction à partir de là, mais j'ai reçu un télégramme et là on m'a

 18   empêché de commander mon territoire.

 19   Q.  Qui --

 20   R.  Je n'arrivais pas à trouver Milovanovic, le général. Lorsque je suis

 21   allé voir Martic, il avait fui et on ne le trouvait absolument nulle part -

 22   -

 23   Q.  A un moment donné, les forces conjointes de l'armée et de la HVO ont

 24   saisi -- ont pris position de Grahovo; c'est bien cela ? Vous êtes bien

 25   d'accord ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Est-ce que vous pouvez expliquer de votre point de vue à vous, ce que

 28   cela signifiait le fait que l'armée croate ait pris possession de Grahovo ?

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  1   R.  Oui, je vais vous expliquer. Merci de poser cette question.

  2   La République de la Krajina serbe, dans tous ces plans de guerre, et là

  3   vous ne m'avez pas autorisé à vous en parler plus en détail, mais je

  4   voudrais vous dire que lorsque je suis revenu de Karadjordjevo, et si nous

  5   avons le temps, j'aimerais bien en parler en plus en détail de façon à ce

  6   que vous voyez vraiment ce qui s'est passé lorsque Grahovo a été conquis.

  7   Lorsque je me suis rendu compte des possibilités qui étaient à ma

  8   disposition, quel était donc mon rayon d'action, j'ai demandé au commandant

  9   : pourquoi ouvrir le feu sur des positions que vous ne pouvez pas respecter

 10   ? Il faut préparer vos plans à l'avance de façon à vous engager vers des

 11   cibles que vous voyez, parce que vous n'avez pas des munitions

 12   inépuisables. Donc il faut faire attention -- donc il y a eu un changement

 13   dans les plans, en termes de munition, de matériel, de pièces, pour

 14   renforcer le front avant et pour rectifier toutes les erreurs qui avaient

 15   été faites. Donc nous avons changé nos objectifs, nous avons décidé de ne

 16   pas pilonner les endroits habités, Karlovac, Zagreb, Zadar, et les villes

 17   qui étaient à portée de canon M-84.

 18   Ensuite, juste après être revenu de Slunj, l'opération donc que nous avions

 19   décidé d'interrompre, j'ai demandé au commandant du corps à Knin, Qui est-

 20   ce qui est en train de défendre Knin ? Il m'a répondu : personne, Knin est

 21   une ville libre. J'ai dit : mais alors qu'est-ce que vous voulez dire ? Où

 22   sont vos positions ? Il m'a dit : mais nous n'avons pas pris de positions.

 23   La Brigade de Knin est en train de défendre la zone en direction de Split.

 24   Moi, j'étais vraiment étonné parce qu'à partir de là, les forces sont

 25   venues -- les forces de la HV sont venues, elles ont occupées les

 26   positions, et elles ont pris Knin comme -- Knin, leur est tombée dans les

 27   mains. A Knin, il n'y avait pas de soldat, il n'y avait rien. Donc, moi,

 28   j'ai essayé de faire quelque chose --

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  1   Ensuite il y a eu des agressions qui ont commencé. Moi, j'ai demandé

  2   aux Unités spéciales de Slunj d'intervenir de faire quelque chose pour

  3   empêcher que les lignes ne soient rompues dans cette direction et près de

  4   Glina.

  5   C'était vraiment un choc pour moi, l'arrivée de ces forces. Je me

  6   suis rendu en hélicoptère dans une zone près de Dinara pour voir ce que

  7   l'on pouvait faire avec le commandant Martic. Nous avons demandé de l'aide

  8   de la Republika Srpska, mais cela n'a servi à rien, sans mentionner cette

  9   réunion conjointe du commandement Suprême qui s'est tenue juste avant

 10   l'attaque elle-même. Nous ne savons pas si c'était le 4 ou le 4. Nous nous

 11   attendions à cette attaque, et cette attaque est donc effectivement

 12   survenue le 4. Moi, j'étais dans une maison en ville où j'avais été relogé,

 13   j'avais été transféré pour eux.

 14   Donc en fait, pour moi, c'était l'échec de mon plan de guerre, qui se

 15   déroulait sous mes yeux. Pour moi, c'était une surprise énorme, enfin ça

 16   n'aurait pas dû être surprise, ça en était une parce que c'est quelqu'un

 17   qui avait donc laissé faire les choses telles quelles.

 18   Je vous en parlerai plus, si vous me le permettez plus tard.

 19   Q.  Nous y reviendrons un petit peu plus tard, mais là maintenant je

 20   voudrais revenir un petit peu en arrière un instant.

 21   Monsieur le Greffier, si nous pouvons avoir la pièce à conviction 65 ter

 22   1D1069, s'il vous plaît.

 23   Pouvons-nous passer à la page de la signature, c'est un document qui semble

 24   avoir été donc signé par vous, le 1er juin 1995, Général Mrksic.

 25   R.  Colonel Radunovic. Il faudrait que je le lise; je ne sais pas de quoi

 26   il s'agit. Je ne me rappelle pas exactement de qui était exactement ce

 27   colonel Radulakovic [phon], Milan. Le chef des opérations et de la

 28   formation -- c'est un général, non pas un colonel -- général, en fait. Mais

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  1   ce n'est pas un document qui m'appartient. Je ne me souviens pas de ce

  2   document. Je ne me souviens pas de cet homme. Voyons ce qu'il a écrit et

  3   pourquoi vous me demandez cela.

  4   Q.  Bon. Laissez-moi vous demander. Regardez le point 5 de ce document.

  5   Dans le point 5 de ce document, il est dit que : "Les commandements des

  6   différents corps dans leurs différentes zones prendront les dispositions

  7   nécessaires pour organiser l'évacuation et la logistique de l'alimentation,

  8   de la nourriture pour la population, les femmes, les enfants et les

  9   personnes âgées."

 10   Ensuite, dans l'avant-dernier paragraphe :

 11   "Les soldats et les officiers de la RSK, soldats et officiers de la RSK,

 12   nous sommes en train d'entrer dans la dernière phrase de notre opération

 13   pour atteindre nos objectifs nationaux, et nous ne devons en aucun cas

 14   permettre tout autre perte de personne ou de territoire. La RSK est plus

 15   importante que les intérêts et les droits des individus, et c'est la raison

 16   pour laquelle je suis parfaitement conscient de ma responsabilité et des

 17   mesures que je prends."

 18   Maintenant, est-ce que vous vous souvenez avoir donné un tel ordre, le 1er

 19   juin ?

 20   R.  Non, non, je n'ai jamais donné cet ordre. Ce n'est pas mon style, et

 21   quelle que soit la personne qui a écrit ce document, et je ne sais pas qui

 22   l'a écrit, n'avait pas affaire aux communautés -- n'avait rien à faire avec

 23   ces différentes localités. Ce n'est pas du tout mon style, ma façon de

 24   travailler. Je ne connais pas ce document, je ne connais pas non plus ce

 25   colonel.

 26   Mais vous ne m'avez pas permis de vous dire tout ce que nous avions fait,

 27   toutes les mesures que j'avais prises. Il y avait un certain nombre de

 28   choses que j'ai organisées.

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  1   Q.  Mais vous aurez d'autres occasions, croyez-moi, Monsieur pour expliquer

  2   tout cela.

  3   M. MISETIC : [interprétation] J'aimerais que cette pièce soit versée au

  4   dossier, s'il vous plaît.

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Mais ce document n'est absolument pas un

  6   document qui m'appartient. Ce document n'a jamais été à moi.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Russo.

  8   M. RUSSO : [interprétation] Monsieur le Président, je suis contre le

  9   versement de cette pièce au dossier. Le témoin n'a absolument pas expliqué

 10   le fondement de ce document puisqu'il n'y a pas -- ce document n'est pas le

 11   sien.

 12   M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Président, c'est un document qui

 13   provient des archives du gouvernement croate, que nous avons reçu, donc il

 14   a une valeur probante et --

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Même si le témoin ne peut rien dire sur

 16   ce document, vous pouvez donc le verser au dossier directement comme pièce

 17   pertinente.

 18   M. MISETIC : [interprétation] Oui, et nous pourrons en reparler plus tard.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier, pouvez-vous donc

 20   marquer pour identification.

 21   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agit de la pièce D1509, marquée pour

 22   identification.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Monsieur le Greffier.

 24   M. MISETIC : [interprétation]

 25   Q.  Monsieur Mrksic, j'aimerais vous montrer une vidéo maintenant et après

 26   que vous ayez regardé cette vidéo, je vous poserais un certain nombre de

 27   questions.

 28   Il s'agit, Monsieur le Greffier, de la pièce à conviction D136. Les

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  1   transcripts de cette vidéo ont été remis dans les cabines d'interprétation.

  2   Il s'agit donc de la télévision de RSK, en juillet 1995.

  3   [Diffusion de la cassette vidéo]

  4   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

  5   "Après avoir entendu les sirènes, nous nous sommes mis à courir vers Trzic.

  6   Il est maintenant 6 heures moins 5, nous sommes sur un pont qui enjambe la

  7   Mreznica entre Trzic et Premizelna [phon]. Nous avons rencontré le

  8   commandant de la 13e Brigade d'infanterie, le colonel Marko Reljic. Alors

  9   que nous parlons, une colonne de civils avec des véhicules et du bétail

 10   arrive en provenance de Trzic. Qu'est-ce que cela signifie, 'mon

 11   commandant' ?

 12   Le commandant : Et bien, c'est un exercice que nous menons sur la base des

 13   hypothèses et des renseignements que nous avons reçus, indiquant que

 14   l'aviation ennemie va agir dans cette région en lançant des roquettes et

 15   des munitions d'artillerie. Mais avant que cela ne se passe, nous devons

 16   évacuer, donc cet exercice est destiné à organiser l'évacuation de la

 17   population civile des zones de combat et nos unités mèneront cette mission

 18   qui leur a été confiée. Cela signifie que c'est important pour nous de

 19   former la population civile à l'évacuation pour qu'elle subisse aussi peu

 20   de pertes que possible.

 21   Est-ce que vous êtes satisfait de cet exercice jusqu'à maintenant ? Est-ce

 22   que les membres de la 13e Brigade d'Infanterie engagés dans cet exercice

 23   tiennent bien leurs positions ?

 24   Les membres de la 13e Brigade d'infanterie tiennent leurs positions et ils

 25   le font, en fonction des missions qui leur ont été confiées. Tous les

 26   soldats sont sur leurs positions. Je suis très satisfait du comportement de

 27   la population civile également qui comprend la situation et se rend compte

 28   du fait que nous avons besoin de nous préparer et de les entraîner si nous

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  1   nous trouvons réellement dans cette situation de devoir évacuer, donc pour

  2   éviter des victimes en nombre trop important. C'est ce qui s'est passé en

  3   Slavonie occidentale, il ne faut pas que cela nous arrive à nous.

  4   Le Journaliste : Absolument, je vous remercie.

  5   Le commandant : Je vous en prie.

  6   Parce que Trzic, c'est notre première position. C'est la première qui sera

  7   prise pour cible, donc nous voulions mener cet exercice ici et nous voulons

  8   vérifier que nous sommes bien préparés, que nous sommes bien organisés et

  9   que la façon de mener les choses est la meilleure pour éviter que des

 10   victimes civiles soient tuées au cours d'action militaire. Nous avons

 11   besoin d'évacuer la population civile en temps utile. Après avoir appris la

 12   leçon que nous a infligée la Slavonie occidentale et toute l'histoire des

 13   guerres, la population a besoin d'être évacuée et déplacée à temps. Les

 14   unités et l'armée doivent tenir leurs positions et mener à bien leurs

 15   missions. Il est extrêmement important que vous compreniez et que vous

 16   saviez que dans les maisons et au sein des familles, il faut que les gens

 17   soient préparés, organisés et que dès que le signal est lancé, ils ont

 18   besoin de se retirer dans la région désignée parce que l'ennemi veut

 19   assassiner, tuer, incendier, égorger les enfants. C'est la raison pour

 20   laquelle tout citoyen doit être prêt à l'évacuation. Cette évacuation ne

 21   doit pas être signalée à l'avance, elle ne doit pas être prévenue à

 22   l'avance de façon à ce que l'ennemi puisse se préparer. Il faut agir par

 23   surprise, il faut sauver la tête des gens, il faut être préparé à cela."

 24   [Fin de la diffusion de cassette vidéo]

 25   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

 26   M. MISETIC : [interprétation]

 27   Q.  Pouvez-vous nous dire, Général Mrksic, pourquoi l'armée de la RSK, en

 28   juillet 1995, se livrait à cet exercice d'évacuation de la population

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  1   civile ? Pouvez-vous, dans votre réponse, expliquer pourquoi cela a-t-il

  2   été retransmis à la télévision de Knin ?

  3   M. RUSSO : [interprétation]

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je crois que c'était la télévision de la

  5   RSK, pas nécessairement de Knin.

  6   M. MISETIC : [interprétation] Oui, désolé.

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, la République de Krajina serbe.

  8   Je vais vous dire une chose : je vais vous dire ce qui n'a pas encore été

  9   dit. Nous étions parfaitement conscients de nos positions.

 10   Nous savons et vous savez, vous avez qu'à prendre une carte et vous savez

 11   très bien où se trouve Trzic, et vous savez que nos villages et nos villes

 12   étaient le long de la première ligne de défense.

 13   D'après les principes de tactique et ça c'est quelque chose que tous les

 14   généraux savent pour un commandant d'armée les obligations pour organiser

 15   la défense dans une zone c'est d'évacuer les populations civiles qui

 16   risquent d'être soumises aux tirs d'artillerie directs et aux activités de

 17   l'ennemi, que ce soit à gauche, à droite, au milieu, en profondeur,

 18   derrière, partout.

 19   Donc il n'y a pas eu qu'un seul exercice, il y en a eu beaucoup d'exercices

 20   d'évacuation et celui s'est parfaitement bien déroulé. Non seulement il y

 21   avait des exercices de ce type.

 22   Je n'ai pas eu l'occasion d'ailleurs de vous expliquer que lorsque

 23   j'ai commencé à réorganiser l'armée j'étais parfaitement conscient du fait

 24   qu'en perdant toutes les lignes de transmission avec mes subordonnés, du

 25   fait de la participation de l'OTAN, et bien si je risquais de perdre toutes

 26   les lignes de transmission s'il y avait une attaque. Donc nous espérions

 27   tous que cela ne se passe pas. Mais je voulais m'assurer que nous puissions

 28   être suffisamment bien organisés de façon à ce que nous puissions assurer

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  1   l'évacuation des populations civiles et que nous évitions des pertes

  2   importantes. Mais je voulais m'assure que personne ne puisse sortir de

  3   leurs AOR parce que, bien sûr, les AOR c'était le mont Petrova, c'était des

  4   zones de forêt où les gens pouvaient tout à fait trouver abri et refuge.

  5   C'est quelque chose d'ailleurs qui avait été fait pendant la Deuxième

  6   Guerre mondiale lorsque la 4e Offensive ennemi s'était déroulée à Oustacha

  7   -- en Oustachi, pardon, où ils y fuyaient leurs maisons pour tout

  8   simplement pour se sauver pour sauver leurs vies. Donc ce n'était pas un

  9   exercice après l'opération Tempête, c'était quelque chose de tout à fait

 10   différent.

 11   Donc ça c'est quelque chose dont nous avions parlé avec les officiers

 12   supérieurs, les organes de sécurité, j'en ai parlé à beaucoup de personnes

 13   et je n'avais entendu parler de quelque chose comme cela.

 14   C'est quelque chose qui a été fait de façon parfaite.Nous avions

 15   délibérément diffusé cela à la télévision de façon à montrer aux

 16   populations que nous étions en train de nous préparer à une guerre à

 17   outrance, donc c'était quelque chose que nous avions appris dans le cadre

 18   du concept de l'ancienne RSFY.

 19   Si vous voulez que j'ajoute quelque chose, je peux encore vous donner

 20   d'autres détails.

 21   Q.  Laissez-moi vous demander à la fin de cette petite vidéo, l'officier

 22   explique à la poste de police que l'ennemi veut tuer, veut massacrer les

 23   enfants, alors quel est l'intérêt de dire des choses comme cela à des

 24   populations civiles à la télévision ?

 25   R.  Peut-être que toute sa famille entière avait péri pendant la Deuxième

 26   Guerre mondiale, avait été massacré à l'époque. Vous savez que c'était

 27   toujours la population civile qui réside quelque part qui était le plus

 28   victime, et chaque fois que l'on parle de guerre, on parle de personnes qui

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  1   sont égorgées, de peurs de ceci et de cela, et nos hommes politiques

  2   étaient responsables de cela.

  3   Je vais vous dire une chose, la fille d'Ante Pavelic, lorsqu'elle est

  4   arrivée en 1992 à Rijeka, elle a déclaré que cette attitude envers les

  5   Serbes étaient même pires que ce que l'on avait connu pendant la Deuxième

  6   Guerre mondiale. Les Serbes avaient cette peur naturelle donc.

  7   Moi je voulais avoir une armée forte qui puisse me permettre de vraiment de

  8   contrôler ces peurs, ces craintes, et d'obliger la communauté

  9   internationale et la partie croate à trouver un bon moyen de vivre ensemble

 10   tel que nous l'avions fait en Slavonie orientale.

 11   Q.  Je vais vous poser une question de suivi maintenant : comment est-ce

 12   que l'attaque de la poche de Bihac a contribué aux efforts que vous

 13   déployez pour trouver un moyen de coexister avec les Croates ?

 14   R.  Mais je n'ai pas attaqué les Croates dans la poche de Bihac. Nous

 15   commercions avec les Croates, nous coexistions très bien avec eux dans la

 16   poche de Bihac, nous travaillions ensemble dans tous les domaines de la

 17   société et de l'intelligence. C'était notre source principale de

 18   renseignements.

 19   Q.  Vous nous avez dit, vous avez dit aux Juges de la Chambre hier et

 20   aujourd'hui que vous vous efforciez de rentrer dans les -- en profondeur

 21   dans les arrières. Votre objectif était d'aller plus loin en profondeur,

 22   n'est-ce pas, contre les Croates ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Contre les Croates ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Mais je vais vous poser une question dans ces conditions.

 27   R.  Non pas contre les Croates. C'était plutôt pour assurer notre défense.

 28   Je voulais que notre zone de défense soit plus étendue vers l'intérieur. Je

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  1   voulais être plus coupé des Croates et des Slovènes mais je n'y suis pas

  2   parvenu.

  3   Q.  Comment est-ce que vous pensiez que les Croates allaient percevoir les

  4   efforts que vous déployiez pour vous enfoncer plus profondément dans le

  5   territoire au niveau de la poche de Bihac ? Comment est-ce que vous pensiez

  6   qu'ils allaient comprendre cela comme étant un effort de coopération avec

  7   eux en vue de recherche d'une solution pacifique ?

  8   R.  Merci d'avoir posé cette question. Voilà quel était ma ligne de pensée

  9   : si la zone tenue par Fikret Abdic devait s'étendre, parce que lui c'était

 10   un homme à la solde de la Croatie, il commerçait avec la Croatie, et c'est

 11   de cette façon que la Bosnie occidentale était parvenue à survivre, alors

 12   demain quand la co-existence serait rétablie parce qu'on mène une guerre

 13   avec les Musulmans en Bosnie centrale à ce moment-là, et c'est comme cela

 14   s'était passé avec les Serbes, vous avez les Musulmans de la République de

 15   Croatie également. Donc on pouvait aller plus loin dans l'intérieur en

 16   profondeur pour essayer de créer une zone en forme de croissant et

 17   améliorer notre défense.

 18   Q.  Vous aidiez la Croatie en fait; vous faisiez cela dans l'intérêt de la

 19   Croatie ?

 20   R.  Non, je faisais cela parce que nous voulions lancer une attaque donc

 21   parce qu'une attaque était sur le point d'être lancée et nous, nous

 22   voulions nous engager dans des négociations, ce qui profiterait aux Serbes,

 23   et de cette façon, les Serbes auraient plus de chance de l'emporter dans

 24   les négociations.

 25   Q.  Général Mrksic, voyons ce qui s'est passé après la chute de Grahovo --

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Misetic, une chose. Trzic, je

 27   crois que nous l'avons déjà établi précédemment, pour le secteur nord, il

 28   est à peu près à 40 ou 50 kilomètres au nord de Karlovac; c'est bien ça ?

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  1   M. MISETIC : [interprétation] Je pense que nous avons déposé des écritures

  2   à ce sujet.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ah, peut-être l'ai-je oublié.

  4   M. MISETIC : [interprétation] Je vérifierai pendant la pause, Monsieur le

  5   Président.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

  7   M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Greffier, est-ce que nous

  8   pourrions avoir sur les écrans le document 65 ter numéro 1D1050 ?

  9   Q.  Alors après la chute de Grahovo, vous savez que l'état de guerre a été

 10   décrété, n'est-ce pas, sur le territoire de la République serbe de Krajina

 11   ?

 12   R.  Je suis au courant mais ceci a été abrogé très rapidement.

 13   Q.  Qui est-ce qui l'a abrogé ?

 14   R.  Le Conseil suprême de Défense.

 15   Q.  Quand ?

 16   R.  Je ne sais pas. Cela a peut-être été en vigueur pendant deux jours ou

 17   trois parce que, lorsque l'état de guerre est décrété, ce sont les lois de

 18   la guerre qui entrent en vigueur, et cetera, et nous ne souhaitions pas

 19   cela car nous nous sommes rendus compte que la population allait se

 20   comporter autrement. Il n'y avait à notre avis aucune nécessité que soit

 21   prise contres des individus des mesures très strictes qui sont valables en

 22   temps de guerre, mais la déclaration préalable de l'état de guerre a été

 23   faite parce que pour moi c'était plus facile. Vous savez, ce qui était le

 24   plus important pour moi, c'est que du côté de Benkovac, il n'y avait

 25   personne pour tirer un coup de feu, il n'y avait personne pour assurer la

 26   défense de Knin, personne ne voulait défendre Knin.

 27   Q.  D'accord. D'accord. Bon. N'examinons pas ce document tout de suite,

 28   étant donné ce que vous venez de dire dans votre dernière réponse :

Page 18824

  1   "La population s'apprêtait à se comporter différemment, et nous ne voulions

  2   pas appliquer des mesures très strictes et les lois de la guerre très

  3   strictes qui s'appliquent en temps de guerre contre des individus."

  4   R.  En effet, en effet.

  5   M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Greffier, je demande l'affichage

  6   de la pièce D939. 

  7   Q.  Mon Général, ce document date du 29 juillet 1995 -- ou plutôt, excusez-

  8   moi, du 30 juillet, c'est un décret. Je vous demanderais de vous pencher

  9   sur la page 2 de la version anglaise, vous y verrez qu'il s'agit d'une

 10   proposition émanant de vous; page 4 de la version B/C/S.

 11   Donc vous écrivez au conseil suprême de Défense le 30 juillet 1995, n'est-

 12   ce pas, et nous lisons dans ce texte, je cite :

 13   "En vertu de l'initiative de plusieurs commandants de corps et de brigades,

 14   je propose qu'un décret soit adopté, décret ayant force de loi et qui

 15   traitera de la situation des formations et du travail des tribunaux

 16   militaires ad hoc, en cas de guerre ou en cas de menace imminente de

 17   guerre.

 18   "Ceci est la réalité, les cours martial. Etant donné que le tribunal

 19   militaire a déclaré qu'il jugerait des infractions criminelles graves et

 20   que la seule sanction serait la peine de mort, ils seront rares au

 21   quotidien mais ils auront sûrement un effet psychologique très important

 22   sur les auteurs possibles d'actes criminels.

 23   "Pour cette raison, nous recommandons que cette proposition soit acceptée

 24   et que le décret susmentionné soit signé par le président de la République

 25   serbe de Krajina."

 26   Alors, Général Mrksic, pourquoi est-ce que vous proposez à la date du 30

 27   juillet la création de tribunaux militaires ad hoc qui auraient le pouvoir

 28   de prononcer des peines de mort ?

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  1   R.  Je vais vous dire très franchement ce qu'il en est, mon problème

  2   c'était que l'élite de la société avait commencé à partir. Quand je dis

  3   "l'élite," je pense à ceux qui avaient de bonne situation dans la société,

  4   de l'argent, et des biens. Lorsque la population générale voit ce genre de

  5   personnes s'enfuir, elle la suit très rapidement. Ces personnes, qui

  6   pensaient qu'elles étaient protégées parce qu'elles avaient des fils qui

  7   occupaient des postes importants, je voulais les effrayer. Je voulais faire

  8   appliquer la loi et l'ordre. Je voulais envoyer le message qu'il fallait

  9   rester sur place et se battre. Toute personne expérimenté par rapport à ce

 10   problème, comprendra ce que je dis, et pas seulement les gens de la

 11   République serbe de Krajina.

 12   Q.  Pourquoi est-ce que l'élite s'enfuyait à tel point que vous pensiez

 13   avoir besoin de mettre en place des tribunaux militaires ad hoc ?

 14   R.  Parce qu'ils en avaient les moyens, ils avaient l'argent pour le faire,

 15   ils avaient des propriétés, des maisons, des commerces, et cetera, ces

 16   entreprises.

 17   Q.  pourquoi est-ce qu'ils ne sont pas restés ?

 18   R.  Parce que personne ne pouvait les empêcher de partir, c'est seulement

 19   plus tard que des postes de contrôle ont été mis en place, et malgré ça ils

 20   ont continué à fuir vers le nord en passant par Slunj.

 21   Q.  Monsieur Mrksic --

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Je ne crois pas que vous ayez bien compris ma question. Ce que je

 24   voudrais savoir c'est si les gens dont vous parlez constituent l'élite --

 25   R.  Non, mais quand je dis "élite," je ne pense l'élite intellectuelle.

 26   Q.  [aucune interprétation]

 27   R.  Je ne pense pas aux professeurs d'université. Je pense aux mafieux.

 28   Q.  Non, non, écoutez. Ma question c'était : pourquoi est-ce qu'ils

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  1   n'avaient pas le désir de rester en Krajina ?

  2   R.  Parce que, Monsieur, ces gens-là, comme les vôtres de mafieux, ils se

  3   connaissaient entre eux. Ils se connaissaient les uns les autres. Ils

  4   étaient reliés les uns aux autres. Ils avaient des voies de circulation

  5   pendant toute la guerre. Ils avaient plus d'information que moi, plus de

  6   renseignement, et bien sûr ils sauvaient leur peau. Les structures

  7   criminelles et les structures chargées de la sécurité ont travaillé main

  8   dans la main au sein de la mafia pendant toute la guerre. Aujourd'hui, ils

  9   le font aussi, ils le font toujours, ils achètent des grandes entreprises,

 10   et cetera. --

 11   Q.  Je vous en prie --

 12   R.  Non, écoutez, j'espère que je n'aurais pas de problème demain quand je

 13   sortirais de prison parce que j'en ai parlé parce que je les ai mentionnés.

 14   Ça vous le savez très bien, vous n'auriez même pas dû me poser la question.

 15   Q.  Ma question très simple est la suivante : est-ce que les gens partaient

 16   parce qu'ils prévoyaient une attaque de la part de l'armée de Croatie ?

 17   R.  Oui, ils se rendaient compte que l'armée serbe n'avait pas la moindre

 18   chance de se défendre contre cela; voilà ce qu'ils prévoyaient, ils ne le

 19   prévoyaient pas parce qu'ils étaient plus intelligents que les autres, mais

 20   parce qu'ils ont reçu des renseignements de leurs collègues, et amis d'en

 21   face.

 22   Je demanderais à M. le Président de la Chambre de me prévenir si par hasard

 23   je disais un mot qui pourrait m'incriminer.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Là, il s'agit d'incrimination de nature

 25   différente de celle dont il était question hier. Monsieur Mrksic nous ne

 26   vous demandons pas de prononcer des noms, donc vous n'êtes pas dans

 27   l'obligation de prononcer des noms, personne ne vous y invite --

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] D'ailleurs, je ne connais pas ces noms.

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  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'aimerais essayer de comprendre vos

  2   dernières réponses. Est-ce qu'elles signifient que la période, où quelqu'un

  3   pouvait profiter de la situation, était dépassée ? Est-ce que le moment

  4   était venu pour l'armée de quitter le territoire ? En raison de cela, aucun

  5   profit ne serait possible ? Est-ce que c'est cela le sens de votre réponse

  6   ? Si tel est le cas, dites simplement "oui;" sinon, vous pouvez expliquer.

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est arrivé au moment de la chute de Grahovo;

  8   c'est à ce moment-là que les premiers signaux ont été donnés à la

  9   télévision, à la radio. Nous, nous avons appelé les gens à ne pas partir,

 10   nous avons dit qu'une solution allait être trouvée, que la Republika Srpska

 11   allait nous aider, que des solutions seraient trouvées, et qu'il y aurait

 12   peut-être des négociations, avec participation de la FORPRONU que cela

 13   aboutirait et que l'agression que chacun avait en tête ne se produirait

 14   pas. Nous avions un espoir.

 15   M. MISETIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 16   Q.  Monsieur Mrksic, j'aimerais que nous revenions à ce document dont j'ai

 17   parlé tout à l'heure, à savoir le document 65 ter numéro 1D1050, dont je

 18   demande l'affichage.

 19   C'est un ordre dont vous êtes l'auteur, qui date du 29 juillet 1995, il est

 20   adressé au commandant du Corps des Unités spéciales. Il se lit comme suit,

 21   je cite :

 22   "Regrouper de toute urgence les membres de la 2e Brigade dans le secteur du

 23   village de Bruvno, où se mènent des exercices d'entraînement des forces de

 24   réserve du Grand quartier général de l'armée serbe de Krajina. Ce

 25   regroupement doit être achevé le 29 juillet 1995 avant 20 heures."

 26   Alors, Bruvno se trouve où par rapport à Grahovo ?

 27   R.  Il faudrait que j'aie une carte pour vous répondre. Je ne peux pas vous

 28   répondre sans carte. Je crois qu'il s'agit ici du centre d'Entraînement où

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  1   l'on entraînait les hommes que nous avions mobilisés un peu partout en --

  2   D'ailleurs je n'ai pas fini mon récit à ce sujet. Le président

  3   Milosevic m'a convoqué en juillet, je ne sais plus quand exactement, après

  4   le 20 juillet." Il m'a dit : "Mile, qu'est-ce que tu fais ?" Il m'a dit,

  5   mais mon frère, t'es en train de créer une armée tout à fait sérieuse, là-

  6   bas, et ça ne se passera pas sans problème."

  7   Après cela, les organisations internationales de femmes et autres ont

  8   commencé à manifester parce qu'elles disaient que les réfugiés ne peuvent

  9   pas être mobilisés. Ça en était fini de la mobilisation. J'ai obtenu 2 400

 10   réservistes et après, on a cessé de m'en envoyer.

 11   Donc ça voulait dire qu'on avait commencé un travail tout à fait sérieux.

 12   On voulait les entraîner, on a organisé des manœuvres d'attaque, de contre-

 13   attaque, enfin la même chose qu'est-ce qu'on fait dans les casernes en

 14   temps de paix. Nous n'avons pas attendu que la loi nous donne la

 15   possibilité d'agir après qu'un coup de feu aurait été tiré contre nous.

 16   Q.  A cause de tout cela, à cause de toutes ces initiatives de formation et

 17   d'entraînement ?

 18   R.  Oui, oui.

 19   Q.  Qui ont duré plusieurs mois. Si elles avaient duré plus longtemps, est-

 20   ce qu'elles auraient été fructueuses du point de vue de la défense ?

 21   R.  Il n'y aurait pas eu d'attaque à ce moment-là.

 22   Q.  Ce n'était pas ma question. Je vous ai demandé si vous aviez pu

 23   poursuivre ces entraînements pendant quelques mois supplémentaires; est-ce

 24   que vous pensez que vous auriez eu à votre disposition une armée qui aurait

 25   eu la possibilité, la capacité d'arrêter l'armée de Croatie ?

 26   R.  Non, la Croatie n'aurait pas lancé d'attaque contre une armée de ce

 27   genre, parce que les pertes envisagées auraient été trop grandes.

 28   Q.  Je vous demandais si elle aurait eu la capacité ?

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  1   R.  Ecoutez, à 200 000, on ne peut pas battre contre 4  millions, ça c'est

  2   absurde. Mais on aurait pu réduire les pertes potentielles.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Mrksic, j'essaie de comprendre

  4   votre réponse aux questions de Me Misetic.

  5   Si vous aviez eu quelques mois de plus pour poursuivre l'entraînement de

  6   votre armée, est-ce que l'équilibre des puissances militaires en présence

  7   aurait été recréé de sorte qu'en cas d'attaque vous auriez éventuellement

  8   été en mesure de résister à une telle attaque ? Si tel est le cas, vous

  9   pouvez dire, "oui." Si tel n'est pas le cas, veuillez m'expliquer pourquoi.

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] Nous aurions été dans une situation où nous

 11   aurions subi des pertes -- ou eux auraient subi des pertes si importantes

 12   que cela aurait été insupportable pour la République de Croatie, et elle se

 13   serait engagée dans des négociations de paix.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous pouvez poursuivre.

 15   M. MISETIC : [interprétation]

 16   Q.  Pourquoi est-ce que vous décidez de regrouper les Unités des forces

 17   spéciales à Bruvno, le 29 juillet ?

 18   R.  Ça, je ne me souviens pas exactement de la raison qui nous a poussés à

 19   les regrouper à Bruvno. Il est vraisemblable qu'on pensait que la situation

 20   à cet endroit était favorable, qu'on avait là un centre d'Entraînement

 21   efficace. Mais je ne me rappelle pas exactement la raison. Voyez-vous, dans

 22   la région de Bruvno, on est assez prêt de l'endroit qui permet de passer,

 23   d'aller vers Knin, enfin je n'ai pas la carte sous les yeux.

 24   Q.  Il me semble que vous confondez Brusko et Bruvno, ce sont deux

 25   localités différentes.

 26   R.  Non, non, je ne parle pas de Brusko. Enfin si j'avais une carte.

 27   Q.  Pas de problème.

 28   R.  A partir de Bruvno, on rejoint facilement la route qui part de Knin et

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  1   qui va vers là où il y avait le poste de commandement de réserve, vers Trno

  2   [phon], au niveau du carrefour là-bas. C'était une possibilité qui m'était

  3   offerte d'éviter d'être encerclé. Je crois que ça devait être ça la raison

  4   mais je ne peux pas à l'instant même me rappeler exactement la motivation

  5   qui était la mienne à ce moment-là.

  6   Q.  Pas de problème, pas de problème, je vais vous poser quelques questions

  7   de suivi au sujet de ce point intéressant un peu plus tard.

  8   M. MISETIC : [interprétation] Je voudrais donc l'affichage de ce document

  9   P2414 -- de la pièce P2414. Est-ce qu'on pourrait agrandir un peu la carte

 10   à l'écran, et voir le bas de la carte.

 11   Q.  Vous voyez Knin, maintenant à l'écran ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Je sais que les noms inscrits sur la carte sont un peu difficiles à

 14   lire, mais est-ce que vous voyez Gracac un peu plus haut que le centre ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Dans votre souvenir, le village de Bruvno se trouvait où par rapport à

 17   Gracac ?

 18   R.  Je crois que Bruvno se trouvait entre Gracac et comment ça s'appelle,

 19   là, à droite de Gracac ?

 20   Q.  Otric.

 21   R.  Oui, du côté de Gracac et d'Otric, ou peut-être un peu plus au nord,

 22   mais je ne sais pas, je ne sais pas, il faut que j'aie une carte d'état-

 23   major. J'y ai passé très peu de temps là-bas. J'y suis allé simplement pour

 24   résoudre des problèmes très importants et je n'ai pas eu le temps de me

 25   rendre dans toutes ces petites localités, dans tous ces villages.

 26   Q.  D'accord. Je reprends votre réponse qui figure en page 33 à partir de

 27   la ligne 3 du compte rendu d'audience. Vous dites à cet endroit du compte

 28   rendu, je cite :

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  1   "On peut facilement rejoindre Knin et l'endroit où se trouvait mon centre

  2   d'Entraînement des réservistes."

  3   Je pense que chacun dans le prétoire conviendra avec vous que le centre

  4   d'Entraînement des réservistes se trouvait à Srb, n'est-ce pas ?

  5   R.  Oui, oui, oui.

  6   Q.  Ensuite au compte rendu, nous lisons, je cite :

  7   "…ou plutôt, le carrefour qui avait là, de façon à empêcher un encerclement

  8   de nos forces."

  9   Alors pouvez-vous expliquer aux Juges de la Chambre ce que vous vouliez

 10   dire par là ? Comment est-ce que vous auriez pu être encerclé à cet endroit

 11   ? Pouvez-vous nous dire de quel endroit vous parliez ?

 12   R.  Non, je pensais à Knin, avec la chute de Bosanski Grahovo et l'avancée

 13   des forces en amont de Seliste, et cetera. A Knin, étaient apportés des

 14   canons de 120-millimètres et d'autres pièces d'artillerie qui tiraient sur

 15   Knin. Mais ça, je peux vous en parler plus tard, plus en détail.

 16   La seule grande route qui se trouvait dans le voisinage de Knin, allait

 17   vers Otric et Srb ou vers Grahovo, en d'autres termes, vers Otric. C'était

 18   l'artère de vie pour Knin et cette route a été coupée. C'était la route des

 19   approvisionnements, donc on ne pouvait plus disposer de cette route mais si

 20   on contrôlait la route dont je parle, personne ne pouvait nuire à Knin.

 21   Donc en s'emparant du carrefour, en s'emparant de la route, on s'assurait

 22   que Knin ne deviendrait pas une ville totalement déserte.

 23   Q.  D'accord. Alors on est bien d'accord que la route Strmica-Grahovo avait

 24   été coupée. Vous étiez donc coupé de Knin. Vous, vous pensiez qu'en cas

 25   d'évacuation de Knin, vous auriez besoin d'emprunter cette route pour aller

 26   vers Otric et vers Srb où se trouvait votre centre d'entraînement, n'est-ce

 27   pas ?

 28   R.  Oui, oui, mais enfin c'est le conseil suprême de Défense qui avait

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  1   décidé cela. Ce n'était pas seulement nous. En cas d'encerclement, soit la

  2   population allait souffrir et subir toute sorte de difficultés, soit il

  3   fallait assurer l'évacuation en passant par Otric pour aller vers Srb et

  4   regrouper tout le monde à Srb.

  5   Q.  D'accord. D'accord. Essayons, si vous voulez bien, d'avancer pas à pas.

  6   Donc vous venez d'expliquer comment -- quel était l'itinéraire couvert par

  7   cette route qui partait de Knin, qui allait vers Otric et vers Srb, mais

  8   j'aimerais que l'on regarde ça plus en détail.

  9   M. MISETIC : [interprétation] Je demande l'affichage du dernier document

 10   versé au dossier.

 11   M. RUSSO : [interprétation] Pas d'objection, Monsieur le Président.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.

 13   M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, le document 65 ter

 14   numéro 1D1050 devient la pièce à conviction D1510.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ce document est admis au dossier. Je ne

 16   crois pas qu'il y ait la moindre raison de le conserver sous pli scellé,

 17   non; non, non, d'accord. Bon. Restons-en là.

 18   M. MISETIC : [interprétation] Je demanderais à chacun de garder en mémoire

 19   la carte que nous avons sur les écrans actuellement. Nous voyons Knin-

 20   Otric-Srb, et à gauche -- et on voit aussi la route qui va vers Gracac,

 21   n'est-ce pas, sur la gauche ?

 22   Maintenant j'aimerais l'affichage sur les écrans du document 65 ter, numéro

 23   5954.

 24   Q.  Général Mrksic, nous allons avancer dans le temps, nous passons à la

 25   date du 5 août, c'est le deuxième jour de l'opération Tempête. Je vous

 26   assure que nous parlerons en détail de la journée du 4.

 27   R.  Vous revenez à la première journée ?

 28   Q.  Absolument. Mais nous sommes tout de même sur ce sujet; ça ne sert à

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  1   rien que vous expliquiez tout d'un seul coup, commençons par le

  2   commencement.

  3   Alors nous avons ici un ordre qui émane de vous qui date du 5 août et où on

  4   lit au deuxième paragraphe, je cite :

  5   "Les excellents résultats obtenus à l'issu des combats au cours des 15

  6   premières heures ont été mis en cause par une telle pratique."

  7   Le mot pratique concerne le fait que des soldats et des officiers sont en

  8   train de déserter leurs unités. Je reprends la citation, je cite :

  9   "Et au sein de certaines unités, les effectifs sont réduits à zéro."

 10   Alors j'aimerais que nous passions maintenant à la page suivante, premier

 11   paragraphe de l'ordre, donc premier point de cette page.

 12   R.  Là où on lit 7e Corps.

 13   Q.  Oui, 7e Corps.

 14   M. MISETIC : [interprétation] Est-ce qu'on peut défiler vers le bas sur les

 15   écrans ? Oui, très bien.

 16   Q.  Donc, point 1, mon Général, vous ordonnez à ce niveau du texte, je cite

 17   :

 18   "Le 7e Corps en même temps que la 103e Brigade d'infanterie va créer

 19   une ligne de défense allant de Mala Dinara jusqu'à Malovan en passant par

 20   Derala et Otric et l'objectif de ce front consistera à empêcher l'ennemi de

 21   s'emparer de Knin en l'absence de tout combat ou de rejoindre les forces

 22   ennemies qui sont engagées dans des combats dans les directions Knin-Otric

 23   et Gracac-Otric, ceci afin d'éviter que dans la suite des combats un

 24   encerclement se produise et de faire en sorte qu'une unité soit envoyée

 25   dans le secteur de Bulina Strana pour que la zone de Knin soit défendue et

 26   que l'ennemi ne puisse pas avancer rapidement vers Otric."

 27   Q.  Général, quelles sont les forces de l'armée croate ? A quelles forces

 28   avez-vous demandé et donné l'ordre afin de les empêcher de se rejoindre, et

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  1   où ?

  2   R.  Vous ne m'avez pas permis de regarder l'intégralité du document. Est-ce

  3   que vous me permettez de regarder l'intégralité de ce document ? S'agit-il

  4   de mon document ? Bien. Merci.

  5   Bien, nous allons y revenir. Vous pouvez poursuivre. 

  6   De Gracac à Otric, les forces du général Gotovina devaient -- il fallait

  7   empêcher les forces du général Gotovina de rejoindre ceux qui venaient de

  8   là-haut, les forces de police ou d'autres. Il y avait des forces

  9   extrêmement dangereuses qui arrivaient de là, de Gracac, et c'est pour

 10   cette raison que ce corps en particulier, le Corps de la Dalmatie était

 11   suppose et devait se regrouper, personne ne les avait engagé le long de la

 12   première ligne de défense. Nous avions établi des positions et des mines en

 13   vain et -- nous avions créé un problème à la République de Croatie.

 14   Q.  Bien, nous allons maintenant faire une pause. Mais je voudrais d'abord

 15   vous poser une question de plus sur ce point. Si j'ai bien compris votre

 16   réponse, vous essayez d'empêcher que les forces de Gotovina et les forces

 17   de la police spéciale de Gracac puissent se rejoindre, celles qui vous

 18   avaient empêché d'évacuer; est-ce exact ?

 19   R.  Non, Gracac avait déjà été pris par eux, et l'idée était de les

 20   empêcher de prendre le territoire d'Otric comme vous l'avez dit.

 21   Q.  Les encercler pour les empêcher de sortir ?

 22   R.  Oui, tout à fait. La population dans son ensemble, et j'ai essayé de

 23   sauver l'ensemble de la population. Les dirigeants politiques avaient

 24   décidé que la population devait quitter le territoire pour s'enfoncer plus

 25   avant dans le pays et de façon à ce qu'il -- à ne pas être blessé --

 26   Vous êtes tous -- vous félicitez tous cet ordre, mais ceci n'a pas été

 27   fait, et Dieu sait si la position -- ce que serait la position de la

 28   communauté internationale de la République de Croatie aujourd'hui.

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  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous allons faire une pause et nous

  2   reprendrons à 11 heures moins cinq.

  3   [Le témoin quitte la barre]

  4   --- L'audience est suspendue à 10 heures 33.

  5   --- L'audience est reprise à 11 heures 01.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Peut-on faire rentrer le témoin dans le

  7   prétoire, s'il vous plaît ?

  8   [Le témoin vient à la barre]

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre, Maître Misetic.

 10   M. MISETIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 11   Q.  Général Mrksic, puisque nous n'avions pas suffisamment de temps juste

 12   avant la pause, je vais reprendre à partir de votre dernière réponse. Nous

 13   parlions de la signification d'Otric, et vous avez dit :

 14   "Oui, pour sauver la population dans son ensemble, j'ai essayé d'agir ainsi

 15   pour sauver la population. Les dirigeants politiques avaient décidé que la

 16   population devait quitter le territoire et entrait plus en profondeur à

 17   l'intérieur du pays pour qu'il ne leur soit pas fait de mal. Vous nous

 18   auriez tous félicité pour cet ordre, et si ceci n'avait pas été fait, Dieu

 19   seul sait quelle aurait été la position de la communauté internationale et

 20   de la République de Croatie aujourd'hui."

 21   Je voudrais vous demander de préciser ce à quoi vous faisiez référence, en

 22   disant : "Si cela n'avait pas été fait, Dieu seul sait ce qu'aurait été

 23   l'avis de la communauté internationale et de la République de Croatie

 24   aujourd'hui."

 25   R.  Ce que je voulais dire, c'est que si à l'époque nous avions eu

 26   l'intelligence et la compréhension des événements que nous avons

 27   aujourd'hui, s'agissant de juger de la situation poste opération Tempête,

 28   imaginez-vous si ces forces étaient tombées sur une population qui n'était

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  1   ni défendue ni armée, cela aurait infligé des pertes énormes, qui auraient

  2   été à notre détriment et au détriment de la communauté internationale.

  3   Parce que c'était un espace vaste, qu'il était impossible de contrôler, et

  4   je pense que même les forces responsables de l'attaque n'auraient pas pu

  5   exercer ce contrôle.

  6   Notre conseil Suprême, parce que le président est parti à Belgrade pour

  7   signer le plan Z-4, je pense à M. Babic en disant cela, donc c'était Martic

  8   qui était commandant suprême et donc ensemble nous avons décidé. Je leur ai

  9   dit : si on tire sur la population, le problème est insurmontable parce que

 10   notre armée n'est pas une armée professionnelle; c'est une armée de gens de

 11   bonne volonté qui sont là principalement pour défendre leurs familles, et

 12   donc cela va créer des problèmes.

 13   Mais une fois qu'ils ont pris leur décision, en connaissance de cause

 14   par rapport à l'existence de ces problèmes, ils ont décidé de ne pas

 15   quitter le territoire de la Republika Srpska, mais simplement de s'enfoncer

 16   en profondeur dans la zone forestière de façon à pouvoir attendre l'arrivée

 17   des attaquants de face et pas de dos. C'est la raison pour laquelle les

 18   décisions qui ont été prises dans cette période ont été prises.

 19   Q.  Si je vous ai bien compris, vous avez ordonné l'évacuation de la

 20   population pour empêcher --

 21   R.  Moi, pas moi.

 22   Q.  La direction, le Conseil de Défense ?

 23   R.  Les dirigeants, oui.

 24   Q.  L'intention était de créer une demande ligne de front à ce moment-là ?

 25   R.  C'est ça, c'est ça.

 26   Q.  Où souhaitiez-vous créer cette deuxième ligne de front ?

 27   R.  Ce deuxième front, il fallait le créer en amont de Knin pour empêcher

 28   la pénétration des attaquants dans la direction de Srb à partir de Gracac.

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  1   Mais nous n'avions pas l'intention de combattre. Nous n'avons mené aucun

  2   combat. Nous n'avons pas frappé des cibles en profondeur. Nous n'avons pas

  3   ouvert le feu. D'ailleurs il n'y avait personne sur qui nous aurions pu

  4   ouvrir le feu.

  5   Q.  Pouvez-vous nous dire, vous avez déjà témoigné, en disant que vous ne

  6   souhaitiez qu'Otric tombe, vous ne souhaitiez pas que les forces de

  7   Gotovina et du général Markac puissent rejoindre Otric parce que cela vous

  8   aurait empêché de -- 

  9   R.  C'est ça, on voulait éviter la jonction de ces forces parce que si ces

 10   forces avaient effectué leur jonction le problème de la Dalmatie et de la

 11   Lika aurait été réglé de façon définitive -- le sort de la Dalmatie et de

 12   Lika.

 13   Q.  Que ce serait-il passé ? Quelle était votre évaluation à cette époque,

 14   que ce serait-il passé si les forces du général Markac et du général

 15   Gotovina s'étaient rejoints à Otric et que vos forces étaient encore au sud

 16   de ce point, que se serait-il passé ?

 17   R.  Exact, exact, vous venez de poser une question, une excellente question

 18   ? C'est d'ailleurs la question qui a été posée au sein du conseil suprême

 19   de Défense, et sur la base des manœuvres déjà effectuées, et à l'intérieur

 20   des corps d'armée. Donnez-moi quelques minutes pour que je m'explique là-

 21   dessus.

 22   Donc sur la base de notre expérience parce que nous avions des

 23   appréciations, nous avions examiné trois ou quatre versions différentes,

 24   nous savions donc ce qui risquait d'arriver, nous n'avions pas un système

 25   de transmission très moderne; nous avions un système de transmission qui

 26   était celui de l'ex-JNA qui avait au moins 40 ans, vous savez, les

 27   téléphones, et on tourne une manette mais ça on le fait tant que l'appareil

 28   fonctionne et puis il cesse de fonctionner. Donc au sein des commandements

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  1   de corps d'armée, nous évaluions l'action de l'ennemi, enfin ça nous le

  2   faisions sur la base de notre expérience de militaire de l'académie. Nous

  3   savions qu'il pouvait y avoir des combats destinés à créer un encerclement

  4   au niveau du Corps de la Banja là-haut, au niveau du Corps de Petrovac,

  5   Petrovac-Gora là-haut, et aussi dans la Lika au niveau du Corps de Kordun,

  6   du Corps de la Lika, de Lapac et nous avions prévu que les combats les plus

  7   importants se dérouleraient à partir du front dans la direction de la

  8   Dalmatie et pas à partir de Grahovo.

  9   C'est là que notre conception a changé. Notre démarche par rapport au

 10   combat a changé parce que nous nous sommes rendus compte que nous avions

 11   été trompés. Alors pour les autres corps d'armée, nous savions quelles

 12   étaient les décisions qui avaient été prises et je savais que même si je

 13   n'avais pas de transmissions avec ces corps d'armée, les corps d'armée en

 14   question devaient agir selon ce qui avait été prévu. Des manœuvres ont donc

 15   été menées à bien avec la population, ce qui est un peu différente des

 16   entraînements d'un bataillon qui est formé à la contre-attaque avec emploi

 17   des brigades de réservistes au niveau des corps d'armée et ce genre de

 18   chose. Là, nous avons préparé la population civile comme nous le faisions

 19   dans le cadre des manœuvres, mais c'était un peu différent. Quand l'attaque

 20   a eu lieu, il y a eu une contre-attaque à Karlovac et à Petrinja aussi.

 21   C'est là d'ailleurs que l'ennemi a subi les pertes les plus importantes

 22   précisément dans les zones où nous avions mené des manœuvres d'entraînement

 23   préalable.

 24   Q.  Je voudrais revenir à ma première question.

 25   R.  Mais encore un mot, mais dans le Corps de Dalmatie, nous n'avons pas

 26   fait de manœuvres sur la base d'une attaque qui serait venue de dos. Donc

 27   il fallait absolument extraire la population civile étant donné que les

 28   plans ont changé.

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  1   Q.  Pourquoi est-ce que la population devait être sortie de la région ?

  2   R.  Ecoutez, Monsieur, tout le monde le sait ça. Si l'artillerie frappe à

  3   l'avant du front, il est évident que les enfants, les femmes, les

  4   vieillards qui n'ont pas de fusils, vont souffrir. Il faut les évacuer, il

  5   faut les évacuer quelque part dans une forêt en profondeur. Ça c'est

  6   quelque chose qu'on fait dans toutes les guerres et ça se fera encore plus

  7   tard, et c'est ce qui est prévu et accepté par les conventions de Genève.

  8   Ce qui n'est pas accepté, c'est de tirer sur un village.

  9   Q.  Je voudrais vous poser maintenant cette question et nous parlerons du

 10   pilonnage et je soulèverai des questions concernant le pilonnage de Vukovar

 11   et d'autres choses un petit peu plus tard.

 12   R.  Excellent. Merci pour ça, merci.

 13   Q.  Bien. Permettez-moi maintenant de revenir à ma question à savoir :

 14   qu'est-ce qui se serait passé à votre sens si en fait vos forces avaient

 15   été encerclées au point d'Otric ?

 16   R.  Oui, selon moi. Excellent. Excellente question. Ça aussi avec les

 17   commandants et les dirigeants du corps d'armée j'en ai discuté. On

 18   s'attendait à des combats, on s'attendait à ce que l'ennemi veule encercler

 19   et on s'attendait à ce qu'il fasse pression pour que nous nous rendions

 20   parce que les forces croates n'avaient évidemment pas pour objectif de

 21   subir des pertes importantes si elles avaient encerclé les nôtres. Mais

 22   dans une telle situation, nous pensions que la communauté internationale

 23   allait intervenir et qu'il n'y aurait pas de massacres, qu'il n'y aurait

 24   pas d'actes de vengeance, et que dans ces conditions, tout à fait,

 25   normalement, les gens, qui auraient pu considérer qu'ils avaient fait

 26   quelque chose de mal en 1941, ou je ne sais quand, ce serait senti dans

 27   l'obligation de partir pour échapper aux tribunaux. Les autres, la

 28   population normale, les paysans, il était prévu qu'ils seraient désarmés et

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  1   qu'ils rentreraient chez eux et que, bien sûr, le respect des droits des

  2   minorités risquait de poser problème, comme cela avait eu lieu par le passé

  3   de la vengeance.

  4   Q.  Je vais vous poser des questions plus directement : est-ce que vous

  5   pensiez qu'il y aurait plus de blessés ou de morts de votre côté si vous

  6   étiez encerclé par les forces croates ?

  7   R.  Oui, oui, bien sûr. Parce que nous n'étions pas en 1942 quand il n'y

  8   avait pas de routes. Là, il y avait des routes goudronnées; il y avait des

  9   hélicoptères. On voit tout aujourd'hui. Donc il y aurait eu des pertes

 10   importantes, des pertes importantes pas parce que quelqu'un voulait que les

 11   pertes soient importantes mais en raison de la vitesse des combats, en

 12   raison de l'existence des moyens de haute technologie, en raison de la

 13   rapidité de tout ce qui se passe aujourd'hui, donc les pertes auraient été

 14   très importantes et elles auraient été vécues comme quelque chose de très

 15   négatif par ceux qui les subissaient, et peut-être aussi par ceux qui les

 16   causaient.

 17   M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Président, il y a toujours ce

 18   document sur le prétoire électronique en date du 5 août et je demande à ce

 19   qu'il soit annoté, je voudrais donc le verser au dossier. 

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Russo.

 21   M. RUSSO : [interprétation] Pas d'objection.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.

 23   M. LE GREFFIER : [interprétation] Cela deviendra donc la pièce 1511.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La pièce D1511 est versée au dossier.

 25   M. MISETIC : [interprétation]

 26   Q.  Général Mrksic, pourriez-vous préciser un commentaire que vous avez

 27   fait ? Vous avez parlé de pertes --

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Lorsque vous parlez de pertes humaines,

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  1   pourriez-vous faire la distinction entre les pertes concernant les civils

  2   et les pertes humaines chez les militaires ?

  3   M. MISETIC : [interprétation] Bien.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous pouvez poursuivre.

  5   M. MISETIC : [interprétation]

  6   Q.  A la page 21 -- pardon, vous dites que vous attendiez des attaques du

  7   côté de la Dalmatie plutôt - et ce c'est aux lignes 20 et 21 - et vous avez

  8   été trompé, pouvez-vous nous dire qui vous a trompé ?

  9   R.  Il fallait bien que quelqu'un règle le problème de la plaine de

 10   Livanjsko Polje, et nous soyons allés à quatre réunions pour en discuter,

 11   mais on ne m'ait pas autorisé à agir. Le général Milanovic, lui, il sait

 12   qui il a envoyé régler le problème, mais en tout cas, ce n'était pas moi.

 13   Moi, c'est à cause de ça que j'ai sur les épaules un fardeau que je porte

 14   depuis 15 ans.

 15   Q.  Je voudrais vous demander de reprendre la pièce D923, si vous nous

 16   pouvions l'avoir afficher sur le prétoire électronique, s'il vous plaît.

 17   Maintenant, Général Mrksic, après la chute de Grahovo, mais juste avant

 18   l'opération Tempête, y a-t-il eu une opération de prévu pour reprendre

 19   Bosansko Grahovo ?

 20   R.  Cette idée aurait dû être prise au Conseil suprême de Défense, mais

 21   malheureusement, cela ne s'est pas fait en commun, donc, entre la Republika

 22   Srpska et la République serbe de Krajina à Drvar. Mais, malheureusement,

 23   cela ne s'est pas fait. Moi, je n'avais pas les forces suffisantes étant

 24   donné que je tenais des positions qui n'étaient pas en altitude, je n'ai

 25   pas eu les forces suffisantes pour monter plus haut. En face de moi,

 26   j'avais quatre corps d'armée, et la mission qui m'a été confiée simplement

 27   c'était d'empêcher de subir une attaque par surprise. Donc je devais

 28   essayer d'observer ce qui se passait, de voir comment ils se déplaçaient et

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  1   vers quelle localité ils se déplaçaient. D'ailleurs ça m'a surpris de voir

  2   qu'ils ne sont pas venus tout de suite, parce qu'ils auraient pu le faire

  3   tout de suite. Ils auraient pu emprisonner tout le corps d'armée et toute

  4   la population qui se trouvait là.

  5   M. MISETIC : [interprétation] Je vais vous demander de passer à la page 2

  6   de la version anglaise de ce document. Il s'agit de la page 1 ici, sur le

  7   prétoire électronique. Je vous demanderais de regarder le quatrième

  8   paragraphe de la version en B/C/S.

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 10   M. MISETIC : [interprétation]

 11   Q.  Il se lit comme suit, au milieu de ce paragraphe :

 12   "En raison de cela, une nouvelle opération de libération de Grahovo a été

 13   entamée. La Brigade des Gardes de l'Unité spéciale du Corps de la KSJ a été

 14   transférée dans la région Crvena Zemlja. Ce combat de deux -- ces

 15   opérations et ce combat sur deux jours n'ont pas permis d'améliorer

 16   considérablement la situation, et ont simplement peut-être permis d'arrêter

 17   l'avancée de l'armée croate vers Knin en passant par Strmica et en

 18   direction de Licka Kaldrma, via le village de Resanovci."

 19   Vous souvenez-vous de cette opération de deux jours ?

 20   R.  Oui, oui, mais ce n'était pas une opération, c'était une action

 21   tactique. Ici, on parle d'opération dans le texte, peut-être que cela

 22   correspondait à notre désir inexprimé d'entreprendre quelque chose. Ce que

 23   nous voulions en tout cas c'était arrêter ceux d'en face rapidement. Parce

 24   qu'une opération a un objectif bien précis, là, c'était différent. On

 25   aimait bien à l'époque utiliser des termes un peu exagérés en parlant sans

 26   cesse d'opération, d'opération, d'opération.

 27   Q.  Est-ce que cette opération se déroulait dans la région de Strmica ?

 28   R.  Oui, dans la région de Strmica. Les gens du corps de Licka sont allés

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  1   là-bas pour voir s'ils pouvaient faire quelque chose. Quand ils se sont

  2   rendus compte qu'ils ne pouvaient rien faire, on a changé nos plans. A ce

  3   moment-là, de nouvelles décisions sont tombées.

  4   M. MISETIC : [interprétation]  Maintenant, Monsieur le Greffier, si je

  5   pouvais vous demander d'afficher sur le prétoire électronique le document

  6   65 ter 1895.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Misetic, je ne sais pas si vous

  8   allez en parler, mais le calendrier exact de cette opération qui n'est pas

  9   une opération si j'ai bien compris; est-ce que vous avez parlé de cela ?

 10   M. MISETIC : [interprétation]

 11   Q.  Je voudrais d'abord vous demander si vous vous souvenez, Général

 12   Mrksic, à quelle date exactement --

 13   R.  Je crois me rappeler que tout cela s'est passé le 1er août. Quand est-ce

 14   que vous avez pris Grahovo, le 29, le 30, moi, j'ai tout de suite pris des

 15   mesures, regrouper les effectifs pour voir ce que faisaient les autres en

 16   Republika Srpska, mais c'était un territoire qui appartenait à quelqu'un

 17   d'autre. J'ai essayé de faire pression sur le président de la municipalité,

 18   sur les présidents de telle et telle localité. J'ai demandé : pourquoi est-

 19   ce que Knin n'est pas défendu. Pourquoi des mesures ne sont pas prises ? On

 20   m'a dit : c'est une ville libre. J'ai décrété que c'était une ville libre,

 21   personne ne va l'attaquer.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Mrksic, en général, je ne fais

 23   pas de commentaire sur le langage qui est utilisé. Mais si vous dites "vous

 24   avez pris Grahovo," Me Misetic n'a pas pris Grahovo. Il est celui qui vous

 25   pose des questions. Si vous voulez dire les Croates ont pris Grahovo, ou ça

 26   ne pose pas de problème, ce sont les troupes qu'il faut citer plutôt que de

 27   dire : vous, Monsieur Misetic.

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Je comprends, je comprends, d'ailleurs je ne

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  1   pensais pas à M. Misetic. Je pensais à l'armée croate et au HVO, au secteur

  2   sud, comment il s'appelait déjà qui était commandé par ce monsieur,

  3   comment, ce général. Voilà, c'est tout ce que je pensais.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Cela est parfait si vous faites

  5   référence au HVO, par exemple, pour que nous sachions de quoi vous parlez

  6   exactement.

  7   Maître Misetic, vous pouvez poursuivre.

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, oui, oui.

  9   M. MISETIC : [interprétation]

 10   Q.  Qui vous a dit que Knin avait été déclaré ville ouverte ?

 11   R.  Ecoutez, ne me prenez pas au mot. Je n'ai pas examiné en détail le

 12   journal officiel. Est-ce que ce qu'il me disait était vrai ou pas, je ne

 13   sais pas. Alors ne me prenez pas au mot. Moi, j'ai commencé à faire des

 14   pressions sur eux. Je sais que Knin, c'était la seule ville où l'armée des

 15   Serbes de Krajina n'avait pas d'unités. Toutes les autres localités, il y

 16   avait l'Unité de Petrinja, l'Unité de Slunj, et cetera, et cetera, et Knin

 17   n'avait pas d'unités. Quand je me plaignais de cela, on me disait qu'il n'y

 18   avait pas de problème. Voilà, voilà c'est ça.

 19   Q.  Oui, pouvez-vous nous dire de quoi il s'agit ?

 20   R.  C'est ce dont je parlais tout à l'heure, qu'on lit dans ce document.

 21   Q.  D'empêcher les familles et les membres --

 22   R.  Oui, oui, oui, oui. Ils ont vu partir les gens riches, et, à ce moment-

 23   là, des officiers ont commencé à faire partir leurs familles, leurs

 24   enfants, et moi, je l'ai interdit strictement. J'ai dit : si la population

 25   vous voit agir de cette façon, qu'est-ce qu'elle va penser de nous ? Donc

 26   je l'ai interdit. J'ai interdit ces départs. Oui, c'est bien ça. Ça, c'est

 27   bien un document qui vient de moi.

 28   M. MISETIC : [interprétation] Bien. Monsieur le Greffier, donc je voudrais

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  1   que ce document reçoive une cote et je vous demande le versement au

  2   dossier.

  3   M. RUSSO : [interprétation] Pas d'objection, Monsieur le Président.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.

  5   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce document devient la pièce D1512.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Elle est versée au dossier.

  7   M. MISETIC : [interprétation] Merci.

  8   Monsieur le Greffier, si nous pouvions avoir à nouveau afficher sur le

  9   prétoire électronique le document 1465 -- la pièce D1465.

 10   Q.  Général, vous souvenez-vous avoir tenu une réunion avec  Ratko Mladic à

 11   Knin, le 30 juillet 1995 ?

 12   R.  Non, je n'ai pas participé à une réunion, c'est une erreur. C'est la

 13   raison pour laquelle je considère que ce journal est absolument insensé. Ce

 14   n'est peut-être pas la seule erreur qu'il y a dans ce journal. Je ne peux

 15   pas l'admettre. J'ai entendu dire effectivement qu'il avait rencontré le

 16   patriarche, ça, je l'ai entendu dire parce que j'étais à Slunj, à ce

 17   moment-là. Lui, je ne l'ai même pas rencontré, Mladic. Quand j'avais besoin

 18   de lui, quand je me suis déplacé, quand il fallait résoudre le problème de

 19   Livanjsko Polje, et des différents lieux sur le mont Dinara, il m'a été

 20   impossible de trouver qui que ce soit en face de moi. Je n'ai pas pu

 21   établir de contact, donc ce qui est écrit ici c'est inexact. Etant donné

 22   l'inexactitude de ce qui est écrit là, je mets en doute tout le reste.

 23   Q.  Permettez-moi de vous poser cette question, Général : Si le général

 24   Mladic était à Knin, pour rencontrer des membres de l'état-major principal

 25   de l'ARSK, s'il était à Knin, pourquoi est-ce qu'il l'aurait parlé à des

 26   membres de l'état-major principal ?

 27   R.  Il n'a pas discuté avec des membres de l'état-major principal. C'est

 28   une invention des médias parce que, par le passé, il servit dans les rangs

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  1   de l'armée à Knin, et je ne sais même pas pourquoi la télévision c'est

  2   intéressée à ça et a raconté ce qu'elle a raconté. S'il n'y avait pas eu

  3   ça, tout ce que je vous raconte aujourd'hui au sujet de la chute de

  4   Grahovo, aurait créé un affrontement très grave entre nous.

  5   M. MISETIC : [aucune interprétation]

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'admettais pas l'autorité de quiconque,

  7   pas même de Mladic.

  8   M. MISETIC : [aucune interprétation]

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Tout ça, ce sont des suppositions, et rien

 10   d'autre.

 11   M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Greffier, il s'agit de la page

 12   239 en anglais et de la page 244 en B/C/S.

 13   Q.  Comment avez-vous su que M. Mladic est apparu à la télévision à Knin

 14   lorsque vous y étiez ?

 15   R.  C'est Kosta Novakovic qui m'en a parlé, qu'il était arrivé et qu'il

 16   avait demandé à apparaître à la télévision, une espèce de conférence de

 17   presse. Qu'est-ce que j'en sais ? Moi, je connais bien sa façon d'agir. Il

 18   aime ce genre de chose, le public. Moi, je n'y étais pas, je ne peux pas le

 19   commenter.

 20   Q.  Maintenant si vous regardez l'écran ici, et le journal de M. Mladic, il

 21   s'agit du 30 juillet 1995 entre 16 heures et 17 heures :

 22   "Knin. Réunion avec l'état-major de l'armée de la Krajina serbe."

 23   Vous dites que vous n'étiez pas au courant d'une telle réunion ?

 24   M. RUSSO : [interprétation] Objection, Monsieur le Président. Je pense que

 25   le témoin a dit qu'il n'y avait pas de réunion.

 26   M. MISETIC : [aucune interprétation]

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Il n'y a pas eu de réunion, d'ailleurs il

 28   n'avait pas compétence, il n'était pas habilité à rencontrer les membres de

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  1   mon état-major. Il pouvait les rencontrer leur échanger quelques mots

  2   sympathiques avec eux. Mais, moi, j'étais le seul qui avait officiellement

  3   le droit d'une réunion avec eux.

  4   Quant à ce qu'il a fait, pourquoi il ne m'a pas prévenu de sa venue, ça

  5   c'est une autre question. Tout ça c'était totalement contraire au bon sens.

  6   M. MISETIC : [interprétation]

  7   Q.  Général Mrksic, vous dites que vous étiez à Slunj ce jour-là. Si

  8   quelqu'un de l'état-major principal de l'ARSK était venu ou pas, vous

  9   l'auriez su si vous étiez à Slunj. Vous avez reconnu qu'il était à Knin;

 10   est-ce exact ?

 11   R.  Il est allé à Knin. On m'a dit qu'il était arrivé à Knin et qu'il a

 12   fait toutes sortes de déclarations. Mais, moi, je n'étais là-bas. J'étais à

 13   Slunj pour régler d'autres problèmes de la vie quotidienne. Il ne m'avait

 14   pas prévenu de son arrivée, s'il m'avait prévenu peut-être que je serais

 15   allé le voir. Mais, en tout cas, moi, je ne reconnais pas l'existence de

 16   cette réunion, pas du tout. C'était une initiative personnelle qui

 17   impliquait semble-t-il une rencontre avec le patriarche. Je ne sais pas

 18   pourquoi il a attiré le patriarche dans ce genre de chose - un vieillard -

 19   mais il devait avoir une raison.

 20   Q.  Général --

 21   R.  Je pense qu'il faut que nous nous comprenons bien ici. Prétoire

 22   électronique ne pouvait donner le moindre ordre, la moindre instruction à

 23   mon état-major, sauf moi.

 24   Q.  Je ne suggérais certainement pas que M. Mladic donnait des ordres à

 25   votre état-major principal.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Misetic, je pense que vous êtes

 27   un petit peu laissé aller. Cette réunion avec l'état-major principal, est-

 28   ce que cela veut dire l'état-major principal, l'ensemble de l'état-major ?

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  1   Si vous êtes à Slunj, vous ne savez peut-être pas, mais les membres de

  2   l'état-major principal s'ils sont là avec vous, c'est une question assez

  3   complexe mais --

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] La moitié du commandement était avec moi.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Les autres membres du commandement

  6   étaient là ?

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] La moitié était avec moi au poste de

  8   commandement avancé à Slunj.

  9   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] En bas, il y avait Kosta Novakovic, le

 11   responsable du moral des troupes, et les autres -- et d'autres peut-être,

 12   mais je ne sais plus qui.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous n'avez donc eu aucune information

 14   comme quoi eux auraient eu cette rencontre --

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Le président de la république n'était pas là

 16   non plus. J'ai été informé ultérieurement par téléphone et puis j'en ai

 17   entendu parler quand je suis rentré, mais il n'a jamais été question de

 18   mission opérationnelle ou quoi que ce soit de ce genre, c'était des

 19   déclarations pour élever les morales des troupes nous allons faire ceci,

 20   nous allons faire cela, des déclarations prétendant qu'une aide serait

 21   apportée.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Si vous excluez la possibilité que les

 23   membres de l'état-major principal qui étaient à Knin aient pu et avoir

 24   cette rencontre ou cette conversation avec le général Mladic --

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] En tout cas, pas une réunion officielle, peut-

 26   être une conversation comme ça au passage, parce qu'ils le connaissaient

 27   depuis 1991, 1992, où il était stationné à Knin, donc il connaissait pas

 28   d'officiers. Mais, en tout cas, une réunion officielle il n'y en a pas eu,

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  1   d'ailleurs il était impossible qu'il y en ait une en mon absence.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Misetic, veuillez continuer.

  3   M. MISETIC : [interprétation]

  4   Q.  Mon Général, je voudrais attirer votre attention sur le document 65 ter

  5   1D1074; reconnaissez-vous ce document ?

  6   R.  L'exemplaire n'est pas de bonne qualité. Il faudrait que je le lise

  7   mais il est assez illisible. Il n'y a pas de date. Il date de quand ce

  8   document ?

  9   Q.  Si vous tournez la page et que vous regardez tout en bas, vous voyez

 10   qu'à la main, il y a la mention d'une date ou, en tout cas, un chiffre.

 11   R.  31 juillet. Bon, alors maintenant voyons le texte que je vois de quoi

 12   il est question.

 13   Les choses se sont effectivement passées comme le décrit ce texte.

 14   Plus loin, qu'on fasse défiler le texte. Attendez, attendez. Plus

 15   haut. Un peu plus bas encore. Stop. Stop. Là, jai terminé.

 16   Q.  Est-ce un ordre que vous avez émis vous-même ?

 17   R.  Si l'on en juge de la logique de cet ordre, il est logique. Je vois la

 18   signature, mais c'est pas la signature qui compte le plus, ce qui compte

 19   c'est la teneur du document, le sens. Maintenant, qu'est-ce qui vous

 20   intéresse dans ce texte.

 21   Q.  Le point 5 de ce document, si l'on peut descendre un petit peu sur

 22   l'écran.

 23   R.  Oui, je ne vois pas le paragraphe 5.

 24   Q.  Je vais vous en donner lecture en anglais, enfin en français. Donc, je

 25   cite :

 26   "Toute la population qui n'avait pas été affectée où que ce soit devrait

 27   être donc placée dans des unités territoriales militaires."

 28   Pouvez-vous expliquer quel était l'objet de cette partie de votre ordre ?

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  1   R.  Les unités territoriales militaires, ce sont des unités qui ont des

  2   obligations de travail parce que ce que j'ai vu à Knin, c'est qu'il n'y

  3   avait aucune fortification autour de la ville, vers Grahovo, vers la

  4   Dalmatie. Il n'y avait absolument rien qui était fait qui pouvait

  5   ressembler à ce qui avait été fait à Belgrade. Donc, ces unités avaient

  6   pour mission d'apporter leur concours à la population. Vous savez,

  7   c'étaient des gens âgés qui, en 1991, 1992, avaient fait partie des

  8   patrouilles villageoises. Là, il était question que les femmes et les

  9   hommes se mettent ensemble à creuser des abris pour l'armée, c'était tout à

 10   fait logique. N'importe quelle armée aurait agi de même.

 11   Mon avocat vient d'arriver.

 12   Bonjour, Vlado.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 14   M. MISETIC : [interprétation] Puis-je continuer, ensuite nous passerons aux

 15   questions de procédure.

 16   Q.  Donc, il est dit dans ce texte, et je poursuis la citation, la lecture.

 17   "Ces unités étaient constituées de personnes plus âgées" qui, d'après ce

 18   texte, étaient placées dans des unités territoriales militaires.

 19   R.  Ce que je vous ai dit tout à l'heure, ce n'était pas ce que je lisais

 20   dans le texte, c'est ce que je sortais de ma tête. Oui, oui, c'est ça. Je

 21   ne sais pas ce qui est écrit, parce que vraiment la photocopie est très

 22   mauvaise. Je considérais que cela devait être fait, ce que j'ai dit tout à

 23   l'heure, je vous l'ai déjà dit.

 24   M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Président, je demande donc que

 25   cette pièce soit marquée pour la verser au dossier.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Russo.

 27   M. RUSSO : [interprétation] Aucune objection.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.

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  1   M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, il s'agit de la

  2   pièce D1513.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc, qui est versée au dossier.

  4   Maintenant, puis-je vous demander de vous présenter, Maître ?

  5   M. DOMAZET : [interprétation] Monsieur le Président, je suis Vladimir

  6   Domazet, conseil de M. Mrksic.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Domazet, vous avez été invité à

  8   venir à La Haye car M. Mrksic a exprimé un souhait, une préférence même,

  9   pour que son conseil soit présent à côté de lui lorsqu'il apporte son

 10   témoignage. Néanmoins, nous avons débuté ce témoignage hier, et sans que le

 11   conseil soit présent.

 12   Donc tout ceci est probablement très clair depuis un certain temps, la

 13   Défense de M. Gotovina avait l'intention d'appeler M. Mrksic et de le citer

 14   comme témoin, donc c'était clair depuis longtemps, et la Chambre a été

 15   informée d'une communication entre le conseil de M. Mrksic, à l'époque - je

 16   ne sais pas si c'est vous, en l'occurrence, si vous vous considérez

 17   toujours comme le conseil de M. Mrksic - donc, là où il a été condamné, et

 18   il a reçu une peine de la Chambre d'appel.

 19   Alors, toutes ces tentatives de vous maintenir au courant de ces

 20   différentes décisions, de ces différentes demandes, la Défense de M.

 21   Gotovina, la Chambre n'a pas été frappée par, disons, les qualités de

 22   communications, ou du moins par ce qui s'est passé dans le cadre de cette

 23   communication. Alors maintenant, c'est la raison pour laquelle la Chambre a

 24   décidé hier que M. Mrksic avait eu toutes les possibilités de s'adresser à

 25   la Chambre, en l'espèce, et vous aviez eu aussi toutes les possibilités de

 26   le faire. En même temps, la Chambre tenait aussi à aider M. Mrksic, de

 27   façon à ce qu'il puisse témoigner en présence d'un conseil.

 28   La Chambre a exprimé et expliqué bien clairement que ce n'est pas un droit

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  1   pour le témoin que d'être assisté par un conseil, mais en même temps, c'est

  2   quelque chose qui arrive parfois, et qui peut se faire.

  3   En l'occurrence, en l'espèce, le rôle du conseil est assez limité. Je

  4   pense que vous en êtes conscient, à savoir qu'aucun conseil ne peut lui

  5   être donné quant au fond de son témoignage. Il est tout à fait clair que le

  6   témoin est à mener de faire qu'une seule chose, à savoir répondre aux

  7   questions qui lui sont posées, conformément à la vérité, selon ses

  8   souvenirs.

  9   Alors avant que nous ne commencions hier, j'ai informé M. Mrksic de

 10   tous ses devoirs en matière de témoignage, je lui ai expliqué que ne pas

 11   répondre aux questions qui lui sont posées pourrait éventuellement

 12   l'exposer à d'autres poursuites, d'autres poursuites pour outrage au

 13   Tribunal, conformément à l'article 77. J'ai également informé M. Mrksic du

 14   contenu de l'article 90(E) du Règlement, qui protège tout témoin contre

 15   toute possibilité d'auto-incrimination, et qui établit également les

 16   pouvoirs de la Chambre pour obliger un témoin, néanmoins, à apporter des

 17   réponses aux questions qui lui sont posées. Donc ça, ce sont des choses que

 18   vous pourrez trouver dans le procès-verbal. Nous avons donc abordé toutes

 19   ces questions.

 20   Je pense que le rôle du conseil, en l'espèce, s'est limité à ces

 21   questions-là; il ne s'agit pas du fond du témoignage, mais plutôt de la

 22   position du témoin, des droits et des devoirs du témoin.

 23   Maintenant, si vous souhaitez faire une observation ou poser une

 24   question à cet égard, vous êtes invité à le faire maintenant.

 25   M. DOMAZET: [interprétation] Monsieur le Président, je suis au

 26   courant de (expurgé)

 27   (expurgé)

 28   (expurgé) Mais à ce moment-là, le Greffe m'avait prévenu dans des

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  1   délais tout à fait satisfaisants. J'ai eu le temps de me préparer, et j'ai

  2   eu le temps de m'entretenir également avec le maintenant, c'est-à-dire mon

  3   client. Malheureusement, dans ce cas-ci, cela n'a pas été possible, même si

  4   mon confrère, Me Vasic, qui est le premier conseil de la Défense de M.

  5   Mrksic, a eu des contacts avec lui. Mais, hier soir, je l'ai rencontré à

  6   Belgrade, et il m'a annoncé qu'il s'attendait à obtenir du Greffe des

  7   informations et une convocation. Or, ces documents sont arrivés trop tard,

  8   y compris l'injonction, donc il n'avait pas de visa. Il n'a pas pu venir.

  9   Mais cela n'est pas un problème grave.

 10   Monsieur le Président, je vais suivre ce témoignage. J'ai suivi tout

 11   ce qui s'est passé hier par internet, mais la seule chose que je

 12   demanderais, c'est que l'on me remette le compte rendu de l'audience d'hier

 13   et de la première partie de la journée d'aujourd'hui, parce que je n'étais

 14   pas là puisque je voyageais encore.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier, y aura-t-il

 16   une possibilité de fournir à Me Domazet un exemplaire du procès-verbal, une

 17   fois qu'il aura été finalisé, peut-être une version électronique pourrait

 18   également être mise à sa disposition.

 19   En ce qui concerne votre rôle, y a-t-il d'autres questions, d'autres

 20   commentaires ?

 21   Vous nous avez dit que vous vous auriez attendu à être invité. Mais

 22   en fait, c'est au témoin d'exprimer le souhait de vouloir avoir la présence

 23   du conseil. Jamais aucune demande de ce type n'a été faite. Si vous aviez

 24   répondu aux différentes tentatives qui avaient été faites par le passé de

 25   vous contacter, sachez que si vous nous aviez informé, et bien, en temps

 26   voulu à ce moment-là, nous aurions pu avoir une démarche beaucoup plus

 27   communicative, d'une communication plus appropriée, ce qui aurait permis

 28   aux choses de ne pas prendre le cours qu'elles ont pris.

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  1   Maintenant, je ne sais pas si vous souhaitez apporter une réponse,

  2   peut-être faire un commentaire quelque peu dur mais si vous le souhaitez,

  3   vous pouvez faire un commentaire; sinon, nous pouvons poursuivre.

  4   M. DOMAZET : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je me suis déjà

  5   expliqué et j'ai eu moins de contact avec M. Mrksic que Me Vasic. Donc s'il

  6   y a eu des problèmes, ils sont sans doute liés à cela. Mais pour l'instant,

  7   tous ces problèmes sont réglés, nous pouvons continuer, Monsieur le

  8   Président, tout va bien.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je voulais juste vous donner la

 10   possibilité en toute équité de répondre à ce que je vous avais dit.

 11   Alors, Monsieur Misetic.

 12   M. MISETIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 13   Monsieur le Greffier, pouvons-nous avoir le document 65 ter 1D1051, à

 14   l'écran, s'il vous plaît ?

 15   Q.  Général Mrksic, ceci n'est pas d'aucun ordre qui était émis par vous

 16   mais par l'état-major de l'armée serbe de Krajina, plus précisément par le

 17   général de division, Loncar, le 1er août. Si vous pouvez regarder ce

 18   document, vous verrez qu'au paragraphe 1, il est dit la chose suivante :

 19   "Les officiers du commandement des différents départements et organes, et

 20   unité de l'état-major général de l'armée de la Krajina serbe, dans le cadre

 21   de leur mandat, exécuteront tous les travaux de préparation des moyens, des

 22   documentations pour assurer une réinstallation. Au cours de ces travaux de

 23   préparation, il s'agira donc de réunir toutes les documentations

 24   nécessaires, conformément à ce qui doit être mis en place pour les

 25   nouvelles installations, et ensuite, devra être détruit. La destruction

 26   doit se faire après que la décision ait été prise sur la réinstallation

 27   donc de l'état-major général de l'armée de Krajina serbe."

 28   Ensuite, si nous passons, il y a plusieurs autres éléments dans cet ordre

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  1   qui a été donné. Mais si nous passons à la page 3, paragraphe 10, s'il vous

  2   plaît.

  3   "Toutes les préparations pour cette réinstallation devront être mises en

  4   place immédiatement. La préparation de toutes les tâches, de toutes les

  5   obligations concernant ce déménagement de l'état-major de l'armée de

  6   Krajina serbe, le 3 août 1995. Tout devrait être fait avant 20 heures,

  7   lorsque tous les officiers de commandement doivent faire état de leur

  8   situation en matière de préparation."

  9   Maintenant ma question, Général Mrksic, est la suivante : pourquoi est-ce

 10   que l'état-major général, à partir du 1er août, donc devrait se préparer à

 11   déménager ou à détruire tous les documents de l'état-major général de la

 12   SVK ?

 13   R.  Ceci est une question purement militaire puisqu'il avait été apprécié,

 14   qu'une attaque allait avoir lieu. On ne savait pas si elle aurait lieu le 5

 15   ou le 6 mais, en tout cas, il était estimé qu'elle aurait lieu. Il n'y

 16   jamais de commandement d'état-major qui reste dans ces condition en un seul

 17   et même endroit. Les états-majors se divisent en deux avec un poste de

 18   commandement d'une part, et à un autre endroit, un poste de commandement

 19   avancé. Parce que s'il n'y avait qu'un seul siège pour le commandement, il

 20   serait possible pour celui qui attaque de détruire toute l'armée concernée

 21   en un seul coup. Donc le 4 au matin, il aurait éventuellement été possible

 22   de détruire tout le quartier, tout l'état-major général. Ça, c'est ce qui

 23   se passe dans toutes les procédures, dans toutes les armées lorsqu'on

 24   déménage un état-major. On n'agit pas comme on le ferait en temps de paix.

 25   Donc, moi, je suis resté au poste de commandement de Knin accompagné d'une

 26   partie de mon commandement et des dirigeants suprêmes de l'état-major, et

 27   l'autre partie du commandement est partie ailleurs.

 28   Q.  Vous avez dit que tout cela avait été fait parce que vous vous

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  1   attendiez à cette attaque. Paragraphe 10, dans le paragraphe 10, il semble

  2   que l'information soit assez précise quant au moment précis de cette

  3   attaque. Pourquoi est-ce que vous n'avez pas tout simplement déplacé tout

  4   votre commandement depuis Knin jusqu'à votre poste de commande avancé ?

  5   M. RUSSO : [interprétation] Désolé, je voudrais demander simplement la

  6   question suivante, de quoi s'agit-il de poste de commande avancé. De quelle

  7   force de commande avancé s'agit-il.

  8   M. MISETIC : [interprétation] Il l'a mentionné dans sa dernière réponse.

  9   M. RUSSO : [interprétation] Il a dit, le poste de commande principal

 10   arrière. Je ne sais pas si c'est une distinction.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ne discutons pas de cela. Je pense que

 12   la meilleure façon de procéder, Monsieur Misetic --

 13   M. MISETIC : [interprétation] Bien.

 14   Q.  Alors combien de postes de commandement avez-vous mentionnés ?

 15   R.  Il y avait le poste de commandement à l'arrière et le poste de

 16   commandement des réservistes. Ça, c'est comme ça se passe dans toutes les

 17   armées du monde. D'ailleurs, ceux d'en face, ils avaient la même chose, je

 18   veux dire du côté croate.

 19   Q.  Vous me corrigerez si je me suis trompé. Mais j'ai cru comprendre que

 20   vous aviez dit, "IZM," j'ai cru vous entendre dire cela.

 21   R.  J'ai dit poste de commandement des arrières, c'est-à-dire le poste

 22   chargé de la logistique.

 23   Q.  Laissez-moi vous poser la question suivante, en fait, c'est la même

 24   question. Pourquoi est-ce que vous n'avez pas déplacé l'ensemble du

 25   commandement de Knin vers le poste de commandement arrière ?

 26   R.  Je vais vous répondre tout de suite. Dans une guerre, quand on s'attend

 27   à une attaque, et qu'on a le temps de se préparer, donc cinq, six jours

 28   avant quelquefois, les postes de commandement se dispersent. On n'attend

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  1   pas d'être frappé par des projectiles, ce serait du suicide de laisser le

  2   commandement au même endroit pour qu'il attende de se faire pilonner. Ça,

  3   ce serait nul de la part de n'importe qui mais encore plus de la part d'un

  4   dirigeant formé, d'un militaire de carrière, d'un officier supérieur bien

  5   formé.

  6   Donc le commandement dans ce cas se divise en trois parties, d'une part le

  7   commandement de réserves, d'autre part, le commandement, là où se trouve le

  8   commandant. Ensuite le commandement logistique où se trouve le responsable

  9   de la logistique. S'il y a des problèmes au niveau du poste de commandement

 10   principal, c'est le poste de commandement logistique qui prend la relève.

 11   Mais il ne doit pas arriver qu'à un seul moment, le commandant ne soit pas

 12   informé de ce qui est en train de se passer; autrement dit, tout cela c'est

 13   prévu pour que les combats puissent continuer. C'est une question

 14   absolument élémentaire que l'on trouve décrite dans les manuels de tactique

 15   militaire. Si cela vous intéresse de savoir où a été déplacé le poste de

 16   commandement de réserve, il a été déplacé et installé à Srb.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Misetic, d'après l'information

 18   qui m'est parvenue, le poste de commandement avancé en Croatie pourrait --

 19   en croate, pourrait être "IZM," alors qu'en serbe, ça pourrait "IKM," alors

 20   peut-être que c'est peut-être là l'une des justement une possibilité de

 21   différence entre les deux langues.

 22   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] -- voilà c'est ce que je viens de

 24   comprendre.

 25   M. MISETIC : [aucune interprétation]

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, la terminologie

 27   que j'ai utilisée c'est celle qui était utilisé par le passé quand je suis

 28   allé à l'école militaire. D'ailleurs tous ceux qui étaient avec moi le

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  1   savent.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Je crois que les choses sont bien

  3   claires maintenant. Vous pouvez poursuivre.

  4   M. MISETIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  5   Q.  Je voudrais reprendre une partie de l'une de vos réponses. Bien. En ce

  6   qui concerne maintenant l'objet de cet ordre, à savoir la préparation du

  7   déménagement de l'état-major général, est-ce que vous vous attendiez donc à

  8   ce que l'armée croate attaque l'état-major général ?

  9   R.  Mes services de Renseignements ont travaillé en permanence. Ils étaient

 10   liés avec les vôtres d'ailleurs. Ils n'ont jamais cessé de travailler. Moi,

 11   je savais à peu près à chaque instant où allait vos bataillons et comment

 12   ils se déplaçaient mais ça ne changeait rien puisque je ne pouvais pas les

 13   empêcher. On n'avait pas de forces suffisantes pour les empêcher de faire

 14   ce qu'ils voulaient.

 15   Q.  Saviez-vous que l'armée croate allait cibler le bâtiment de l'état-

 16   major général ?

 17   R.  C'est le premier devoir de qui que ce soit dans cette situation de

 18   taper sur l'état-major principal. Moi, si j'étais l'attaquant, je n'aurais

 19   attaqué qu'une seule chose, rien d'autre, seulement l'état-major principal.

 20   Puisque vous avez posé la question, si les Juges le permettent, j'aimerais

 21   ajouter quelque chose. Mais il va bien falloir qu'on s'explique là-dessus.

 22   Q.  Chaque chose en son temps. Revenons en arrière.

 23   Vous m'avez dit si vous étiez celui qui attaquait, vous attaqueriez

 24   justement simplement cela, une seule chose, c'est cela ?

 25   R.  Oui. 

 26   Q.  Alors ma question est la suivante : étant donné l'emplacement de

 27   l'état-major principal en ville, est-ce que vous aviez envisagé de déplacer

 28   votre commandement, votre poste de commandement depuis cette zone qui était

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  1   fortement peuplée derrière votre poste de commandement arrière ?

  2   R.  Non, le commandement ne va pas au poste de commandement chargé de la

  3   logistique. Il va au poste de commandement avancé plus près du front mais

  4   une partie de l'état-major est parti au poste de commandement avancé, et

  5   moi, je suis resté là où nous étions avant. Ecoutez, comment est-ce que la

  6   population se serait sentie si tout l'état-major était parti ? Je vous pose

  7   la question. Toute cette population, toutes ces femmes, tous ces enfants,

  8   ils sont là et l'état-major s'en va. Moi, je n'ai pas voulu abandonner le

  9   poste de commandement. Je suis resté avec le président de la municipalité,

 10   avec un certain nombre des ministres de la municipalité au poste de

 11   commandement dans la cave mais je n'y ai pas dormi cette nuit-là pour des

 12   raisons qui m'ont été annoncées par les responsables à la sécurité. Ils

 13   m'ont donné l'ordre de partir parce qu'ils m'ont dit que, sinon, je

 14   risquais d'être bombardé.

 15   Q.  Enfin, puisque nous parlons des services de Renseignements et du

 16   personnel de Sécurité, au paragraphe 10, comment est-ce que vous avez

 17   obtenu cette information pour faire en sorte quelle soit prête le 3 août

 18   2000 ? Savez-vous comment ces renseignements ont été obtenus ?

 19   R.  Non, non, ce n'est pas le 3 août. Le 3 août, il a été décidé de

 20   déménager le poste de commandement, mais la date de l'attaque ça pouvait

 21   être le 4 ou le 5. D'après les prévisions, on pensait que cela se passerait

 22   le 4 et éventuellement le 5. Parce que les forces de M. Gotovina sont

 23   arrivées en surplomb de Knin et elles regardaient ce qu'on faisait depuis

 24   en haut, donc elles pouvaient attaquer à tout moment et ça on l'avait

 25   prévu. Puis il y avait les renseignements qui arrivaient de toutes parts et

 26   qui indiquaient qu'une attaque se préparait et que l'option que j'ai étudié

 27   avec les corps d'armée placés sous mes ordres avec les responsables

 28   politiques, à savoir qu'il fallait faire tout pour éviter l'affrontement

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  1   direct et qu'il fallait chercher une solution pacifique, malheureusement,

  2   cela n'a pas réussi.

  3   M. MISETIC : [interprétation] J'allais dire --

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Mrksic, vous êtes une fois de

  5   plus invité à parler plus lentement.

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Toutes mes excuses. Toutes mes excuses,

  7   Monsieur le Président. Vous savez, cela fait 15 ans que je porte ce

  8   fardeau, plusieurs fardeaux très lourds sur le plan psychologique.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ce n'est pas que nous ne comprenions

 10   pas, mais néanmoins nous aimerions entendre votre déposition.

 11   Vous pouvez poursuivre.

 12   M. MISETIC : [interprétation]

 13   Q.  Je commence à voir mal au bras, j'essaie de vous ralentir

 14   désespérément, donc si vous pouviez ralentir un peu. Je vous en remercie,

 15   Général.

 16   M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Greffier, si l'on pouvait

 17   afficher -- donner une cote à la pièce au document qui se trouve afficher

 18   sur le prétoire électronique, et je demande le versement de ce document au

 19   dossier.

 20   M. RUSSO : [interprétation] Pas d'objection, Monsieur le Président.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.

 22   M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, cela deviendra la

 23   pièce D1514.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Elle est versée au dossier.

 25   M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Greffier, pourrais-je avoir

 26   maintenant le document du 65 ter, 1D1052, s'il vous plaît.

 27   Q.  Général Mrksic, il s'agit d'un ordre venant de vous en date du 2 août;

 28   et c'est une décision concernant un ordre pour des opérations des combats

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  1   ultérieurs. C'est un document assez long, donc je vais le regarder avec

  2   vous point par point.

  3   R.  Mais il faut que je le lise d'abord pour voir de quoi il est question

  4   dans ce texte, si cela ne vous pose pas de problème. Cela fait au moins 15

  5   ans que je n'ai pas vu ce document, peut-être même que je l'ai signé à la

  6   va-vite à l'époque. Je n'en n'ai pas le souvenir.

  7   M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Président, avec votre permission,

  8   je voudrais donner au témoin un exemplaire papier. Ce sera probablement

  9   plus facile pour lui de le lire sur papier.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, oui, absolument.

 11   L'INTERPRÈTE : Note de l'interprète : enlevez la mention, le président et

 12   les mots qui suivaient. La réponse oui, oui, était celle du témoin.

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai fini la lecture.

 14   M. MISETIC : [interprétation]

 15   Q.  Est-ce bien là l'ordre que vous avez émis le 2 août ?

 16   R.  Oui, oui. D'ailleurs, je crois que dans la période ultérieure je

 17   n'aurais pas pu émettre un tel ordre car il n'y aurait eu aucune chance

 18   d'être exécuté.

 19   Q.  Excusez-moi. Nous allons poursuivre sur ce document, mais je voudrais

 20   d'abord préciser quelque chose que vous nous avez dit un petit peu plus tôt

 21   en vous montrant un nouveau document.

 22   Vous vous souvenez que nous avons parlé de la présence de M. Mladic à Knin,

 23   et vous avez dit vous étiez à Slunj. Vous souvenez-vous, à cette même date,

 24   vous étiez à une réunion avec M. Martic --

 25   R.  Je crois que j'étais à Slunj.

 26   Q.  Vous vous souvenez avoir été présent à Knin ce même jour avec M. Martic

 27   rencontrant Yasushi Akashi ?

 28   R.  Je sais que chaque fois qu'il y avait une réunion avec le président

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  1   étant donné les missions qui m'avaient été confiées déjà à Karadjordjevo,

  2   j'ai toujours été présent et je sais que ce que nous voulions c'était nous

  3   présenter avec un front uni face à la communauté internationale. Ce jour-

  4   là, est-ce qu'il y a eu une réunion de ce genre, je ne sais pas. Mais ce

  5   que je sais en revanche c'est que je n'ai pas rencontré Mladic ce jour-là.

  6   M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Président, si nous pouvions avoir

  7   le mémo préparé par M. Akashi concernant sa visite à Knin le 30 juillet, et

  8   nous demanderons le versement de ce document plus tard. La cote 65 ter est

  9   la suivante, 1D1586, et nous allons le montrer sur Sanction.

 10   Q.  Je n'ai pas d'exemplaire traduit, mais je sais que vous parlez un peu

 11   l'anglais, donc vous allez pouvoir suivre. Il s'agit d'un document envoyé à

 12   M. Kofi Annan par M. Akashi, en date du 1er août, mais au premier paragraphe

 13   vous verrez qu'il parle de :

 14   "La réunion à Knin le 30 juillet."

 15   Au paragraphe 2 au milieu de ce paragraphe, il dit :

 16   "J'ai été accompagné à cette réunion par le quatrième commandant et les

 17   aides principales. Le président Martic était habillé en tenue de camouflage

 18   avec un tee-shirt de camouflage, et accompagné par le général Mrskic et

 19   était à la tête de la délégation de Knin."

 20   Est-ce que cela rafraîchit votre mémoire sur une réunion à laquelle vous

 21   auriez assisté avec Yasushi Akashi à Knin le 30

 22   juillet ?

 23   R.  Il y avait toutes sortes de réunions, je ne sais pas si j'étais à

 24   celle-là, mais je m'efforçais d'être toujours présent aux réunions, parce

 25   que les représentants de la communauté internationale insistaient pour que

 26   j'y sois.

 27   Q.  Pourrions-nous revenir maintenant sur le document qui est sur le

 28   prétoire électronique.

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  1   Cet ordre que vous avez maintenant devant vous, vous avez une copie papier,

  2   il s'agit de votre décision sur des opérations de combat ultérieures. Au

  3   premier paragraphe, vous dites :

  4   "L'intégrité territoriale de la RSK avait été compromise par des opérations

  5   de combat de l'armée croate de la région de Dinara et en partant de Grahovo

  6   en direction de Strmica et Knin."

  7   Excusez-moi, regardez la première phrase-là. Dans ce premier paragraphe, il

  8   est dit :

  9   "On s'entend à ce que l'agression soit entamée par les forces principales

 10   sur l'axe de Plaski-Slunj-Sturlic et sur une partie des forces sur l'axe de

 11   Sunja-Kostajnica - la vallée de la rivière Una."

 12   Bien, ces lieux, Plaski et Slunj, et Sturlic, se trouvent au nord; est-ce

 13   exact ?

 14   R.  J'écoute les interprètes. Oui. Mais quel est le but ? Quel est le

 15   problème ?

 16   Q.  Il n'y a pas de problème.

 17   R.  Ça correspond tout à fait à notre évaluation de l'époque, c'était le

 18   plus logique.

 19   Q.  Pour revenir à ce deuxième paragraphe, vous parlez des opérations de

 20   combat de Grahovo-Strmica-Knin :

 21   "On peut s'attendre à plusieurs attaques dirigées ayant pour but de créer

 22   la surprise et de dissimuler les axes d'agression."

 23   Ensuite vous dites :

 24   "Compter sur l'armée croate pour son utilisation de frappes aériennes sur

 25   les axes des opérations de combat, mais aussi de fausses frappes à d'autres

 26   endroits de façon à créer la confusion."Si je comprends bien, vous vous

 27   attendiez à ce qu'il y ait une attaque principale dans le secteur nord

 28   depuis la direction de Grahovo, ce serait plutôt des frappes de

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  1   démonstration, si l'on peut dire, qui aurait pour but de créer la

  2   confusion, et de dissimuler l'objectif réel de l'attaque ?

  3   R.  Ce que prévoyions, c'était que le gros de l'attaque viennent de

  4   Grahovo, c'était mon problème principal. Avant, dans notre plan de guerre,

  5   nous avions une évaluation qui reposait sur ce que vous venez de dire,

  6   Strmica, la jonction entre le 5e Corps d'armée et les forces qui allaient

  7   jusqu'à Ogulin, et puis aussi du côté de Glina avec Stankovac qui se

  8   trouvait à Glina, et la jonction avec la Bosnie occidentale, puis les

  9   déplacements de forces vers Slunj. Voilà c'était ça que nous avions prévu.

 10   Tout s'est passé comme prévu, mais ce qui nous manquait c'était de

 11   nouvelles prévisions pour ce qui se passerait dans la période future. Nous

 12   avions même prévu et évalué la situation des bataillons.

 13   Q.  Si nous passons maintenant au paragraphe B, où il est dit que, je cite

 14   :

 15   "L'attaque contre les unités qui préparaient les zones dans les positions

 16   précédait de quelques heures avant par des tirs d'artillerie qui infligent

 17   des pertes, qui entraînent la peur, et qui a pour but d'essayer d'entraîner

 18   les soldats à abandonner leurs positions avant l'attaque elle-même. L'effet

 19   psychologique le plus important a été d'utiliser des lance-roquettes

 20   multiples. La précision était beaucoup plus faible. Les Oustachi ont

 21   commencé l'attaque uniquement lorsque les soldats qui avaient peur des tirs

 22   d'artillerie avaient quitté leurs positions sans combattre."

 23   Vous vous attendiez à ce que ça se passe comme cela ?

 24   R.  Vous avez mal lu ce qui est écrit. Des lance-roquettes multiples, il

 25   faut que vous lisiez bien. Vous ne l'avez certainement pas fait

 26   délibérément, mais celui qui a rédigé le texte en anglais manquait peut-

 27   être de la formation militaire nécessaire.

 28   L'effet psychologique le plus important a été obtenu par les Croates

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  1   à l'aide de l'emploi de lance-roquettes multiples -- ils n'utilisaient

  2   leurs roquettes multiples que si les soldats abandonnaient leurs positions,

  3   c'est seulement à ce moment-là que les choses démarrent. Elles ne démarrent

  4   pas tant qu'on ne craint pas de subir des pertes humaines, c'est ça qui est

  5   logique, et moi aussi j'aurais agi comme ça. On n'intervient pas avant

  6   qu'il y ait risque de pertes.

  7   Q.  Si nous passons maintenant au paragraphe 2, après le D :

  8   R.   Oui.

  9   Q.  "Toutes les unités de la SVK sont au niveau de préparation de combat le

 10   plus élevé. Les opérations de combat sont en cours avec une partie des

 11   forces qui sont situées sur la crête de Dinara et la défense de l'axe

 12   Grahovo-Strmica."

 13   Ensuite, je poursuis la lecture, je cite :

 14   "Après avoir perdu Grahovo et Glamoc, le 2e Corps de la Krajina mène

 15   rapidement des travaux sur les positions de défense de l'axe Grahovo-

 16   Drvar."

 17   Ensuite, cette phrase :

 18   "De nouvelles forces sont amenées depuis l'intérieur, depuis l'arrière-

 19   pays. Ils ont été préparés à mener une contre-attaque contre les forces de

 20   la HV/HVO sur l'axe Grahovo-Livno."

 21   R.  C'est un peu étonnant, ça. Vous ne me demandez pas pourquoi ce qui est

 22   écrit ici a été écrit comme ça; ça ne vous intéresse pas de le savoir ?

 23   Q.  Si, c'est intéressant.

 24   R.  Ce que fait le voisin, ça ne vous intéresse pas ?

 25   Q.  Ce n'est pas là ma question. La question est la suivante : dans le

 26   paragraphe 4, ce que vous avez décidé est d'assurer une défense permanente

 27   pour ralentir et prévenir une attaque éventuelle --

 28   R.  "Krajine u porna" [phon], pas "Trajine u porna" [phon].  "Krajine u

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  1   porna" [phon]; autrement dit, extrêmement intense. C'est le jargon

  2   militaire.

  3   Q.  "…une défense intense, pour ralentir et prévenir une attaque éventuelle

  4   par la HV sur les axes en question, tout en menant en même temps une

  5   opération destinée à libérer l'axe de communication Knin-Grahovo-Drvar, et

  6   prendre et s'emparer de la crête de Dinara avec l'objectif de créer les

  7   conditions d'un traitement plus favorable à l'égard des intérêts de la RSK

  8   dans le processus de négociation qui avait démarré."

  9   Si j'ai bien compris, ce que vous vouliez faire, c'est de monter une

 10   défense contre ce que vous pensiez allait être en fait le principal axe

 11   d'attaque de la part de l'armée croate ?

 12   R.  Oui, contre M. Gotovina, oui.

 13   Q.  Votre plan était de lancer une contre-attaque contre l'armée croate

 14   pendant qu'elle attaquait --

 15   R.  Mais je ne peux lancer une contre-attaque contre des forces aussi

 16   importantes. Ce que je souhaitais, c'était simplement de les ralentir. Je

 17   vous en prie, je vous en prie, excusez-moi. Mon objectif, c'était de les

 18   arrêter sur l'axe le plus dangereux qui mettait en danger la ville,

 19   pratiquement sans défense. J'avais reçu des documents qui m'avaient donné

 20   des ordres. Le général Novakovic à Genève avait décidé qu'il fallait agir

 21   de cette façon. Il y avait aussi les visites à l'ambassadeur pour la

 22   signature de plan Z-4, mais M. Cervenko a refusé de me recevoir. J'étais

 23   censé aller avec lui à Turanj. Je ne sais pas si vous avez déjà entendu

 24   parler de ça, sans doute pas. Je suis allé à Petrovo Gora, j'ai entendu

 25   cette rencontre, et j'étais prêt à accepter tout ce qu'il allait me

 26   proposer.

 27   Q.  Si je reprends le document, au paragraphe 1 on parle de ces principaux

 28   axes d'attaque qui sont sur toutes les zones qui d'après vous se trouvent

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  1   dans le secteur nord. Maintenant, si l'on prend le paragraphe 3 -- non, je

  2   vous prie de m'excuser.

  3   Paragraphe 4, vous parlez de mener une opération pour libérer l'axe de

  4   communication Knin-Grahovo-Drvar. Cela aurait impliqué une opération

  5   d'offensive, non ?

  6   R.  Oui. Mais Monsieur, vous avez sauté le paragraphe 3, parce qu'il y

  7   avait les renseignements qui venaient de l'état voisin, la Republika

  8   Srpska, qui indiquaient qu'ils étaient en train d'infiltrer des forces et

  9   prêts à mener une action offensive à partir de Drvar dans la direction de

 10   Grahovo. Etant donné que j'étais la partie en danger, il fallait que je

 11   m'en tienne à mon idée. Le point 4, c'est là qu'on trouve l'idée du texte.

 12   Ce que nous souhaitions, c'était libérer la route de façon à éviter les

 13   dangers, vous me comprenez. Mais c'était en fait une façon de prendre ces

 14   désirs pour des réalités, parce qu'il n'y avait pas les moyens matériels

 15   pour réaliser ces désirs. Quand on a une idée, il faut pouvoir la mettre en

 16   œuvre grâce à des moyens matériels suffisant, et il y a les moyens

 17   spirituels, mais il faut aussi les moyens matériels. Knin était déjà

 18   tombée, et la moitié de la Krajina, sinon toute la Krajina était déjà

 19   tombée, à ce moment-là.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Misetic, je regarde le pendule,

 21   et je m'aperçois que peut-être il serait bon de procéder à une petite

 22   pause, sauf si vous avez encore une ou deux questions pour clore ce

 23   chapitre.

 24   M. MISETIC : [interprétation] Oui. Je voulais juste terminer avec ce

 25   document, Monsieur le Président.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Ce n'est pas un document court.

 27   Alors, si vous pouvez le faire en quelques minutes, oui.

 28   M. MISETIC : [interprétation] En fait, Monsieur le Président, nous pouvons

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  1   prendre notre petite pause maintenant.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Avant de passer à la pause, est-ce que

  3   l'on peut passer en audience à huis clos partiel.

  4   M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, nous sommes en

  5   séance à huis clos partiel.

  6   [Audience à huis clos partiel]

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 26   [Audience publique] 

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Monsieur le Greffier.

 28   Nous allons maintenant avoir une pause et reprendrons à 12 heures 50.

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 13  pagination anglaise et la pagination française.

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  1   --- L'audience est suspendue à 12 heures 28.

  2   --- L'audience est reprise à 12 heures 56.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Avant de poursuivre, peut-être pourrais-

  4   je demander quelque chose, Monsieur Waespi.

  5   Il y a eu une requête informelle par la Défense Cermak concernant l'excès

  6   de mots pour la question relative à l'article 68 sur la divulgation. Est-ce

  7   un sujet sur lequel vous souhaitez répondre, ou est-ce que connaissant la

  8   Défense Cermak, ils sont en général assez succincts --

  9   M. WAESPI : [interprétation] Nous laissons cela entre vos mains, Monsieur

 10   le Président.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien, alors c'est quelque chose qui

 12   reste entre vos mains, Monsieur Cayley.

 13   M. CAYLEY : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

 14   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

 15   [Le témoin vient à la barre]

 16   M. MISETIC : [interprétation]

 17   Q.  Général Mrksic, tant que nous avons encore ce document affiché sur le

 18   prétoire électronique, je pense que, si nous allons à la page 3 de la

 19   version anglaise, au paragraphe 5, qui dans la version B/C/S commence par :

 20   "Le KSJ, sans inclure le 2e PBR."

 21   Est-ce que vous voyez cela ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Dans votre ordre, vous dites :

 24   "Le KSJ, n'incluant pas le 2e PBR et avec le 75e mabr, une partie des

 25   forces du 21e Corps et du Pauk ont été déployées dans la région de Slunj -

 26   les villages de Brocanac - Batnoga pour être prêts à contre-attaquer."

 27   Pourquoi est-ce que vous avez déployé ces forces spéciales --

 28   R.  Vous n'avez pas bien lu le texte. Est-ce que je peux le lire, pour vous

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  1   aider ? Le Corps des unités spéciales, en l'absence de toute autre brigade,

  2   avec la 75e Brigade mixte, mbr, ce sont des canons de 115 millimètres et

  3   les autres, du 21e Corps, et Pauk, les unités du Pauk, de Fikret Abdic,

  4   sont déplacées dans ce secteur, le secteur de Slunj et Batnoga, pour être

  5   prêts à une contre-attaque dans la direction de Glina.

  6   Nous avons évalué en passant par Kladusa et Glina --

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'ai quelques problèmes avec ce que l'on

  8   voit sur le document original et ce qui apparaît sur l'écran. Il semblerait

  9   que le paragraphe 5, qui comporte un titre, soit subdivisé en plusieurs

 10   paragraphes, ce que nous voyons ici c'est un paragraphe 5 sans titre et il

 11   semblerait qu'il y ait quelque chose -- c'est peut-être le sous paragraphe,

 12   car ce que nous voyons à droite et à gauche ne semble pas pareil.

 13   M. MISETIC : [aucune interprétation]

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Ça je ne sais pas.

 15   M. MISETIC : [interprétation] C'est exact.

 16   Q.  Vous pouvez poursuivre et terminer votre réponse, Général.

 17   R.  Ces forces sont des forces de réserve, les forces qui dépendaient de

 18   l'état-major principal dépendent au niveau suprême de Martic, elles sont

 19   engagées pour des actions offensives en cas d'attaque dans les directions

 20   qui risquent de faire l'objet de ces attaques. Sur la route Slunj-Rakovica,

 21   je ne sais pas pourquoi nous pensions que la partie croate allait décider

 22   de faire des atterrissages. Mais en tout cas, on en avait toujours peur.

 23   Là, il est question du 21 -- Corps de Kordun et des unités de montagnes

 24   aussi.

 25   Q.  J'ai compris. Ce dont vous parlez c'est qu'en fait vous n'êtes pas sûr,

 26   vous supposiez que les forces croates envisageaient des opérations

 27   d'atterrissages dans le secteur nord; est-ce exact ?

 28   R.  Mais il n'y a eu aucun atterrissage nulle part, si je me souviens bien;

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  1   cependant, des membres de mes services de renseignement leur ont bourrés la

  2   tête avec cette idée des atterrissages.

  3   Q.  C'est ce qui s'est passé en haut dans le secteur nord; est-ce exact ?

  4   R.  Oui, oui. Parce qu'on considérait que la Croatie avait le plus de

  5   chance de séparer la Dalmatie et Kordun du reste de la Krajina serbe. On ne

  6   s'attendait pas ce qui en fait s'est passé par la suite.

  7   Q.  Concernant ce que vous pensiez qui allait se produire derrière vous, en

  8   partant de Grahovo, est-ce que vous pensiez que la principale action de

  9   l'armée croate de Grahovo se déroulerait sur la route Grahovo-Strmica-Knin

 10   ?

 11   R.  Je pensais que les coups se concentreraient sur la route au-dessus de

 12   Knin. Knin n'était pas défendue. On pensait que les forces croates allaient

 13   sans doute organiser des atterrissages à cet endroit. C'est pour ça que

 14   j'ai maintenu mon unité dans cet endroit dont on a parlé tout à l'heure.

 15   Qu'est-ce que c'était ? Otasic [phon].  Non, Bruvno, c'est ça. C'est pour

 16   ça que j'ai gardé des forces de réserve à cet endroit-là, parce que je

 17   craignais que les autres allaient couper la route à cet endroit et me

 18   séparer de tout le corps d'armée. On avait étudié diverses possibilités,

 19   notamment le risque que l'on se trouve encerclés. En fait les Croates

 20   n'avaient aucune intention de nous couper en deux de cette façon. Ils

 21   voulaient simplement attaquer et frapper pour faire avancer le front. La

 22   manière dont les actions se sont déroulées a été une surprise pour moi. Je

 23   ne l'avais pas prévu.

 24   Selon les autres axes le Corps de la Banja et les autres, ça a correspondu

 25   à ce qu'on avait prévu. La seule version qu'on n'avait pas prévu c'était ce

 26   qui s'est passé sur l'aile sud de l'armée croate, placée sous le

 27   commandement du général Gotovina. C'est pour ça qu'on avait des camarades

 28   qui nous ont bien aidés.

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  1   M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Président, je demande à ce que ce

  2   document reçoive une cote, et je demande son versement au dossier.

  3   M. RUSSO : [interprétation] Pas d'objection, Monsieur le Président.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.

  5   M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, ce sera la pièce

  6   D1515.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Elle est versée au dossier.

  8   M. MISETIC : [interprétation]

  9   Q.  Général Mrksic, il est arrivé un moment où vous avez remplacé le

 10   commandant du 7e Corps de la Krajina, Kozomara, par M. Kovacevic. Est-ce

 11   que vous pouvez nous dire quand est-ce que vous l'avez fait ?

 12   R.  Kozomara, oui. C'était au moment des combats, autour de Grahovo.

 13   Kozomara n'a pas réussi. Il n'avait pas une autorité suffisante pour

 14   enlever des effectifs de la brigade qui défendait Kordun, Benkovac, et

 15   cetera, et il n'a pas réussi à organiser une défense efficace susceptible

 16   de nous sauver la vie. Je dirais que c'était un bon officier. Mais il s'est

 17   trouvé dans un état psychologique tout à fait particulier, parce que c'est

 18   lui-même qui a demandé à être remplacé de son poste.

 19   Q.  Alors --

 20   R.  Je vous dirais d'ailleurs que le colonel qui dirigeait le poste de

 21   commandement chargé d'assurer la défense de Knin ne pouvait plus supporter

 22   ce qui se passait. Il s'est suicidé, vous voyez. Les gens sont fait de

 23   chair et de sang.

 24   Q.  Je voudrais vous demander d'où venait M. Kovacevic ? De quel poste a-t-

 25   il été promu ensuite à la position de commandement du 7e Corps de la

 26   Krajina ?

 27   R.  Le général Kovacevic était chef des unités de blindés. Avant je

 28   dirigeais les unités de blindés. Je vais vous dire, en tant que volontaire,

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  1   il était comme moi un Serbe, qui s'est rendu compte de la situation qui

  2   régnait là-bas, à ce moment-là. Il a demandé à prendre un congé annuel pour

  3   aller sur les lieux. Il n'a pas été envoyé là-bas par l'état-major général.

  4   D'ailleurs il y avait même interdiction pour les généraux de franchir la

  5   Drina pour aller en Krajina. Il y en avait encore des hommes comme ça, à

  6   l'époque. Peut-être que c'était sous mon influence ou parce que j'étais le

  7   commandant de ces unités, c'était peut-être pour ça.

  8   Q.  Pour le procès-verbal d'audience, pour que ce soit clair. Le général

  9   Kovacevic était un officier de l'armée de la Yougoslavie, un général de

 10   l'armée de la Yougoslavie qui a remplacé ensuite M. Kozomara ?

 11   R.  Oui, c'est ça. Kozomara a continué à travailler à ses côtés mais c'est

 12   Kovacevic qui est arrivé, il était plus stable, il était prêt à aller dans

 13   les coins les plus terribles là-haut, sur le mont Dinara. Il a pris

 14   connaissance de la réalité de la situation, et il avait le courage d'y

 15   aller. Les autres n'y seraient pas allés pas seulement parce qu'ils avaient

 16   peur de mourir, mais parce que cela faisait longtemps qu'ils se battaient,

 17   ils n'en pouvaient plus.

 18   Q.  Revenons maintenant sur le document D1495. Je m'excuse, 1465.

 19   L'INTERPRÈTE : Le micro, s'il vous plaît.

 20   M. MISETIC : [interprétation] Page 240 de la version anglaise et page 245

 21   dans la version en B/C/S. 

 22   Q.  Général Mrksic, vous souvenez-vous avoir été à Drvar, le 2 août 1995 ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Est-ce que vous étiez présent à cette réunion avec M. Karadzic, M.

 25   Krajisnik, Mme Plavsic et le général Tolimir ?

 26   R.  Oui, oui.

 27   Q.  Milovanovic, Martic ?

 28   R.  C'était une réunion conjointe de deux commandements supérieurs.

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  1   D'ailleurs ça aurait dû être une réunion mais ça ne l'a pas été.

  2   Q. Quel était l'objectif qui vous a amenés à vous réunir, le 2 août, à

  3   Drvar ?

  4   R.  Le but, c'était de résoudre le problème de cette percée qu'on voulait

  5   et de la chute de Grahovo et des autres localités là-bas, et de la mise en

  6   danger de la République serbe de Krajina. C'était l'objectif poursuivi

  7   durant cette réunion conjointe des deux directions principales. Il fallait

  8   que moi et Mladic émettions un ordre et que cette direction suprême prenne

  9   une décision, qu'est-ce que nous allions faire par la suite ? Nous étions

 10   complètement acculés.

 11   Qu'est-ce qui s'est passé dans la réalité ? Il n'y a pas eu de

 12   réunion. Il y a eu dispute entre la direction de la Republika Srpska,

 13   autrement dit Mladic et Krajisnik, ou plutôt Karadzic. A ce moment-là,

 14   l'aviation est arrivée. J'ai dit à Martic, sauve ta peau, retourne là d'où

 15   tu viens. Il n'y a plus de réunion possible. Voilà comment les choses se

 16   sont terminées.

 17   Ce document, je le reconnais mais rien de tout cela n'a été réalisé

 18   ou écrit.

 19   Q.  Pouvez-vous regarder ce document et voir en regardant les noms si

 20   vous vous souvenez de la présence de toutes ces personnes ?

 21   R.  Je ne me rappelle pas de toutes ces personnes, mais je sais que Martic,

 22   Karadzic, Plavsic et Milovanovic étaient là. Mme Plavsic est venue me voir,

 23   et elle m'a dit, vous avez bien de la chance d'être aussi unique [comme

 24   interprété]. Vous l'êtes, nous ne le sommes pas autant. Il y avait le

 25   commandant du corps d'armée, Tolimir, il y avait Milovanovic, parce qu'il

 26   était responsable de toute la région depuis le mois de juin.

 27   Il y a eu des altercations quand on est rentré dans la pièce, des insultes

 28   ont été échangées, et l'aviation est intervenue et la réunion c'était fini;

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  1   Il n'y a pas eu de conclusions qui ont été tirées, pas de décisions et je

  2   n'ai même pas réussi à prendre la parole pour dire quoi que ce soit.

  3   Q.  Un peu plus tôt lorsque nous avons regardé votre ordre du 2 août, le

  4   dernier document que nous avons regardé, vous avez dit qu'une partie de cet

  5   ordre montrait que le 2e Corps de la Krajina, qui était sous le

  6   commandement du général Mladic, devait lancer une opération offensive

  7   contre les forces du général Gotovina à Grahovo lorsque cette offensive

  8   croate a commencé; est-ce exact ?

  9   R.  C'est exact. Les services de transmission mixtes entre les états-majors

 10   ont annoncé ces nouvelles. Maintenant quand est-ce que ça a été fait, je ne

 11   sais pas. Mais ce n'était pas le seul objet de la réunion entre les

 12   directions suprêmes des deux armées, des deux républiques, la Republika

 13   Srpska et la République serbe de Krajina. Peut-être que cela aurait été

 14   discuté à ce niveau-là, s'il n'y avait pas eu ces altercations verbales du

 15   début de la réunion.

 16   Q.  Concernant votre ordre au préalable qui avait été émis le même jour que

 17   cette réunion, y avait-il un accord entre vous-même et le général Mladic

 18   pour que vous défendiez et que les forces du général Mladic attaquent.

 19   Autrement --

 20   R.  Non. Les états-majors recevaient des renseignements sur ce que faisait

 21   l'armée d'à côté, le corps d'armée d'à côté, pour nous le corps d'armée

 22   voisin, c'était le corps de la Krajina et on nous a dit qu'ils allaient

 23   lancer une offensive. Ils allaient libérer par le haut et nous il fallait

 24   qu'on vienne en renfort par le bas.

 25   Le général Kovacevic dont vous avez parlé, il est allé avec une compagnie

 26   faire ce qu'il avait à faire. Tout se passait finalement au niveau de

 27   l'intérieur du front. On n'avait pas d'effectif suffisant.

 28   Q.  Vous avez parlé du général Kovacevic. Où se situait le commandement du

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  1   général Kovacevic, une fois qu'il a pris le 7e Corps de la Krajina ?

  2   R.  Je crois qu'il était en ville, dans la caserne du nord, et qu'ensuite,

  3   il est allé à Strmica. Après, derrière la gare ferroviaire de Knin, où il a

  4   supervisé les opérations. Il supervisait tout ce qui se passait à partir du

  5   poste de commandement avancé de Srb.

  6   Q.  Si j'ai bien compris votre réponse, le général Kovacevic, en tant que

  7   commandant du 7e Corps de la Krajina, son commandement se situait dans les

  8   casernes du nord, au début; est-ce exact ?

  9   R.  Avant le début des combats. Quand les combats ont commencé, il a fait

 10   comme moi, avec mon commandement. Il est parti à la gare ferroviaire et

 11   puis à Strmica, parce qu'il est allé au poste de commandement avancé. Il

 12   était sur les versants du mont Dinara avec une partie de l'armée. C'est là

 13   qu'était son poste de commandement avancé. Mais son poste de commandement,

 14   lui, se trouvait lui, dans l'ancienne gare ferroviaire. Je ne sais pas

 15   comment on appelle ce quartier là, à Knin. C'est là qu'on l'a rencontré

 16   cette nuit-là. Martic a passé la nuit à dormir là. Cela faisait deux jours

 17   que nous ne dormions pas. Il est resté dans le corps d'armée, il a dormi

 18   deux heures je crois, ensuite j'ai continué mon chemin jusqu'à Srb.

 19   Q.  Pour revenir maintenant à la réunion à Drvar, vous souvenez-vous d'une

 20   discussion lors de cette réunion à Drvar, le 2 août, portant sur la

 21   population de Grahovo et de Glamoc qui était très amère parce que le

 22   gouvernement n'avait apporté aucune aide pour les aider à évacuer et à

 23   sauver la propriété ?

 24   R.  Il n'y a aucune discussion de ce genre. L'altercation a commencé pour

 25   savoir qui était coupable de la chute de tous ces villages. Ça a donné un

 26   affrontement généralisé et finalement plus rien n'a été discuté. Nous, nous

 27   sommes séparés. Moi, j'étais vraiment surpris. Je me suis dit : comment

 28   est-ce que les choses peuvent se passer comme ça ? Mais qu'est-ce qu'on y

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  1   peut ? Il y avait déjà un conflit ouvert entre Mladic et Karadzic et je ne

  2   sais trop quoi d'autre. Tout cela c'est de la vieille histoire. Après, la

  3   municipalité s'est mêlée de tout ça. Non, je ne sais pas si les

  4   représentants de la municipalité étaient là. Je ne suis pas expert dans ce

  5   genre de questions. Je n'étais pas -- je n'ai pas assisté à tout ça, je ne

  6   peux pas vous le dire. Tout ce que je peux vous dire c'est que la réunion,

  7   on est entré dans la pièce, on a commencé et tout d'un coup, quelqu'un a

  8   dit : l'aviation est en train de tirer, fichez le camp.

  9   M. MISETIC : [interprétation] Pourriez-vous passer à la page suivante en

 10   anglais, s'il vous plaît ?

 11   Q.  Le commentaire en bas de page dans la version anglaise dit :

 12   "Les personnes se sont retirées de façon spontanée et tout ceci a donné de

 13   bons résultats sans pertes importantes, en prenant leurs biens et en

 14   emmenant également leurs bétails et leurs vaches. Ils étaient

 15   particulièrement amers du fait que les instances du gouvernement ne leur

 16   avaient pratiquement apporté aucune aide pour les aider à évacuer et à

 17   sauver leurs biens."

 18   Etes-vous -- vous souvenez-vous si cela est bien ce dont on a discuté à

 19   cette réunion ?

 20   R.  Moi, je lis ça dans le texte, Maître, mais il n'a pas été question de

 21   cela. Peut-être que quelqu'un avait mis une note par écrit en souhaitant

 22   que ce sujet soit abordé, mais pendant la réunion ce sujet n'a absolument

 23   pas été traité. Cela ça été écrit soit avant, soit après la réunion, mais

 24   personne n'en n'a discuté. Je vous parle, en tout cas, de ce que j'ai vu

 25   pendant que j'étais présent à cette réunion. On est entré dans la salle. Il

 26   y a eu une dispute et on s'est séparé.

 27   M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Greffier, pourriez-vous

 28   maintenant montrer le document D1495, s'il vous plaît ?

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  1   Q.  Pouvez-vous dire à cette Cour qui était Rade Raseta à cette époque-là ?

  2   Général, pouvez-vous nous dire qui était Raseta ?

  3   R.  Raseta, est-ce qu'il était le chef des services de Sécurité ? Ils ont

  4   beaucoup changé à ce poste. Peut-être qu'il était chef de sécurité chez moi

  5   -- chef des services de Sécurité.

  6   Q.  Ce que nous avons ici sur le prétoire électronique est un rapport en

  7   date du 3 août 1995.

  8   R.  Oui, oui, Dimitrijevic.

  9   Q.  Il écrit à Dimitrijevic; qui est qui ? Pouvez-vous dire à la Cour qui

 10   est Dimitrijevic ?

 11   R.  Dimitrijevic c'était le chef de la direction de la sécurité de l'armée

 12   de l'état-major général de l'armée yougoslave, Dimitrijevic. Après il y a

 13   eu Aco Vasiljevic. Là, c'est Aleksandar Dimitrijevic. Il a dirigé les

 14   services de Sécurité de l'armée pendant très longtemps.

 15   Q.  Si vous regardez le deuxième paragraphe, je pense que c'est le milieu

 16   de ce grand paragraphe, il est dit que :

 17   "Au cours de cette journée," - c'est-à-dire le 3 août - "le chef de l'armée

 18   de l'état-major de l'armée de la Krajina a pris contact avec le poste de

 19   commandement avancé de l'état-major de l'armée de la République serbe

 20   concernant les opérations conjointes et de la planification d'autres

 21   opérations offensives le long de l'axe de Grahovo-Livno."

 22   Vous souvenez-vous le jour avant l'opération Tempête avoir pris contact

 23   avec le poste de commandement avancé de l'état-major de la VRS concernant

 24   d'autres opérations offensives, conjointes, et d'autres opérations

 25   offensives le long de cet axe Grahovo-Livno ?

 26   R.  Cela peut arriver parce qu'à cette époque-là Mladic était déjà devenu

 27   beaucoup plus dur. Avant l'arrivée de Mladic, moi, je ne pouvais pas

 28   établir le moindre contact avec ce Vasiljevic donc peut-être que cela s'est

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  1   passé mais de toute façon il n'en n'est rien sorti. Il n'était plus

  2   possible de faire quoi que ce soit.

  3   Q.  [aucune interprétation]

  4   R.  Là, on parle bombarder Split, ça n'a jamais été fait. Que l'artillerie

  5   intervienne immédiatement, ça ne s'est jamais passé. Je ne sais pas comment

  6   les services de Sécurité --

  7   Q.  L'interprète n'a pas entendu le nom de la personne avec qui vous avez

  8   expliqué que vous n'arriviez pas à entrer en contact.

  9   R.  C'était le chef d'état-major de l'ARSK, le général Milovanovic. On ne

 10   savait jamais où il était.

 11   M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Greffier, j'aimerais passer à la

 12   page 4 de ce document en anglais c'est tout à fait à la fin du document en

 13   B/C/S sous le paragraphe 3.

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Mais je voudrais dire quand même une chose. Ce

 15   responsable à la sécurité, il a dû écrire ce document sur sa propre

 16   initiative. Ah, bien, le document n'est plus à l'écran.

 17   M. MISETIC : [interprétation]

 18   Q.  Votre chef ou votre chef adjoint de sécurité, chargé de la sécurité,

 19   écrit au responsable de la sécurité de l'état-major général de l'armée

 20   yougoslave, le 3 août, et il dit la chose suivante :

 21   "Le 3 août 1995, j'ai été en contact avec les citoyens et j'ai eu

 22   l'impression qu'il y a un certain nombre qui ressente une certaine panique

 23   mais pour le moment tout est encore sous contrôle. Les citoyens reprochent

 24   essentiellement au gouvernement, à savoir aux dirigeants de la République

 25   de la Krajina serbe la situation actuelle. Ils pensent que c'est la

 26   négligence de leur part et leur irresponsabilité qui ont entraîné les

 27   conséquences et la situation à laquelle ils sont confrontés aujourd'hui.

 28   Ils espèrent que nous n'avons pas été trahis ni abandonnés et que la RSFY

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  1   pourra aider. Par ailleurs, les citoyens pensent que nous ne sommes pas en

  2   mesure de nous défendre nous-mêmes et que s'il ne devait pas y avoir d'aide

  3   de la RSFY alors il serait préférable pour les populations de se déplacer

  4   vers d'autres zones plutôt que de rester là et de se laisser encercler et

  5   mourir."

  6   R.  Je n'ai pas signé ce document. Maintenant la politique que menaient les

  7   services de sécurité, je ne suis pas au courant. Ce document n'est pas

  8   arrivé sur mon bureau et je n'en n'ai pas été informé. Nous n'avons pas

  9   vécu une situation de ce genre. Nous, nous étions dans un état d'esprit de

 10   confiance mais les choses se sont faites trop tard. On ne m'a pas accordé

 11   les deux ou trois mois dont j'avais encore besoin. Mais je n'ai jamais

 12   entendu quoi que ce soit de ce Raseta, du responsable de la sécurité, parce

 13   qu'il y avait des subalternes de la sécurité, les responsables du contre-

 14   renseignement qui auraient dit qu'il fallait que la population s'en aille.

 15   Si ça avait été le cas, j'aurais sans doute dû être le premier en être

 16   informé.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Une seconde, je vous prie. Me Misetic

 18   vous a lu une partie d'un document. Il ne vous a pas encore posé de

 19   questions, et pourtant vous avez déjà passé huit lignes à faire des

 20   commentaires sur la lecture de ce texte, alors pourquoi ne pas avoir

 21   attendu la question que Me Misetic souhaitait vous poser ?

 22   Maître Misetic, quelle est la question que vous souhaitez poser au témoin

 23   sur cette partie du document ?

 24   M. MISETIC : [interprétation]

 25   Q.  Général Mrksic, ce document vient de votre état-major général et a été

 26   rédigé par quelqu'un sous votre commandement, et je voudrais vous poser la

 27   question suivante : est-ce que la situation était bien celle de la

 28   situation, était-elle bien telle qu'elle a été décrite ?

Page 18885

  1   R.  Cette évaluation -- cette estimation du fait que les citoyens --

  2   Q.  "-- pensaient que si nous n'étions pas capable de nous défendre

  3   nous-même, les populations pensaient que s'il n'y avait pas d'aide

  4   importante de la RFY, alors il serait mieux de faire en sorte que les

  5   personnes soient déplacées par d'autres zones plutôt que de se laisser

  6   encercler et mourir."

  7   Alors, est-ce là bien la façon dont vous voyiez, vous, la situation au sein

  8   de la population le 3 août 1995 ?

  9   R.  C'était l'idée, d'après ce que je peux voir ici, des services de

 10   sécurité. Là, ce qu'on voit, c'est le résultat de leur action, qui ne

 11   passait pas par moi. Est-ce que leurs responsables du contre-renseignement

 12   savaient plus que moi, je ne peux pas vous le dire. Ce que je savais, à

 13   l'époque, les renseignements que je recevais par la voie hiérarchique

 14   indiquaient qu'il avait été décidé de rester dans ce territoire pour se

 15   battre; mais qu'il fallait tout faire au préalable pour que la guerre

 16   n'éclate pas.

 17   Moi, à Topusko, puisque j'étais commandant de la place, la municipalité m'a

 18   demandé si nous avions la possibilité de nous défendre. J'ai dit que nous

 19   n'avions pas la possibilité de nous défendre, s'il n'y avait pas d'autres

 20   solutions, qu'il fallait que nous allions négocier.

 21   M. MISETIC : [interprétation] Passons donc à la pièce D923, et tout d'abord

 22   la page 3 de la version anglaise, s'il vous plaît.

 23   Monsieur le Greffier, je suis désolé, en fait je voudrais passer à la page

 24   -- je voudrais aller au bas du document, page 21 sur 29. Page 21. Page 21

 25   de la version anglaise, et page 13 de la version B/C/S.

 26   Q.  Alors, si vous --

 27   R.  Quel est ce document ? Je ne sais pas quelle est la nature de ce

 28   document. De quoi nous parlons ?

Page 18886

  1   Q.  Il s'agit du document, du rapport du 26 août, ce rapport du 26 août, et

  2   je voudrais vous poser la question suivante concernant cette ligne dans le

  3   rapport. Il y a en effet une phrase où il est question de la Slavonie

  4   occidentale, et c'est tout au milieu de l'écran dans la version anglaise.

  5   Le texte dit :

  6   "Après la chute de la Slavonie occidentale, il y a eu de nombreuses

  7   accusations lancées contre les autorités, parce que l'évacuation n'avait

  8   pas été ordonnée plus tôt."

  9   Alors, est-ce que vous vous souvenez qu'avant l'opération Tempête, il y ait

 10   eu des critiques des autorités qui n'auraient pas ordonné l'évacuation des

 11   populations avant, suffisamment tôt, et la population de la Slavonie

 12   occidentale ?

 13   R.  Je ne sais rien de la Slavonie occidentale. Je suis arrivé après les

 14   événements de la Slavonie occidentale, et on en parlait plus. Moi, je suis

 15   allé là-bas pour panser les plaies dues à ce qui s'était passé en Slavonie

 16   occidentale. Je ne suis pas au courant de qui se voyait reprocher quoi,

 17   quoi. Je crois que c'est la Republika Srpska qui a porté le gros des

 18   critiques, parce qu'elle n'était pas intervenue comme elle aurait dû le

 19   faire au moment des événements de la Slavonie occidentale pour évacuer la

 20   population.

 21   M. MISETIC : [interprétation] Si nous pouvons, s'il vous plaît, maintenant

 22   passer à la page 3 de la version anglaise, s'il vous plaît. Page 2 de la

 23   version en B/C/S.

 24   Q.  Alors, le texte dit ici :

 25   "L'agression était attendue, et l'état-major principal a concentré

 26   l'essentiel de son travail à préparer les unités pour qu'elles défendent

 27   leurs positions, leurs régions, et leurs zones, de façon déterminée,

 28   pendant cinq à sept jours, convaincu que cela serait suffisant pour que les

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  1   facteurs, les éléments internationaux, et si nécessaire l'armée yougoslave,

  2   puissent réagir."

  3   Alors, pourquoi cela faisait-il partie d'une stratégie que d'attendre des

  4   éléments internationaux et peut-être une réaction de l'armée yougoslave ?

  5   Qu'est-ce que vous attendiez, qu'est-ce que vous espériez des éléments

  6   internationaux ?

  7   R.  Les éléments internationaux, en fait, nous étions dans une zone

  8   protégée par les Nations Unies. Nous constituions une zone protégée, qui a

  9   subi l'attaque de l'armée de la République croate, 120 000 hommes qui

 10   s'attaquent à un peuple désarmé, et à 20 000 hommes armés, et nous nous

 11   attendions à ce que la communauté internationale ne supporte pas quelque

 12   chose qui risquait de lui faire honte par la suite.

 13   Maintenant, s'agissant de l'intervention éventuelle de l'armée de la

 14   Republika Srpska, la question qui se pose est davantage d'ordre moral, les

 15   combattants, cela posait sur un plan moral, mais savait très bien que

 16   l'armée de la Republika Srpska n'interviendrait pas, et je le savais moi

 17   aussi. Les relations de coopération et les bons accords entre les deux

 18   étaient d'une telle qualité, que chacun le savait bien.

 19   Même les corps de la Slavonie orientale et de la Slavonie occidentale

 20   qui, soi-disant, étaient placés sous un commandement conjoint n'ont pas été

 21   engagés.

 22   Q.  S'agirait-il du 11e Corps ?

 23   R.  Oui, oui, le Corps de Slavonie orientale, c'était le corps le

 24   plus puissant qui nous a regardés souffrir sans dire un mot, sans rien

 25   faire. Ils savaient que nous serions la cible principale de l'attaque, mais

 26   rien n'a été fait.

 27   Q.  Nous parlerons du 11e Corps un petit peu plus tard, tout à

 28   l'heure. Mais tout d'abord, je voudrais attirer votre attention sur la

Page 18888

  1   pièce D389, D389.

  2   Qui était Mihaljo Knezevic ?

  3   R.  C'était aussi un responsable d'un service de Sécurité, il était

  4   lieutenant-colonel. Oui, oui, j'en suis sûr, responsable de la sécurité --

  5   je vérifie, oui c'est ça. C'est lui qui recueillait des renseignements à

  6   votre sujet et les renseignements qu'il recueillait étaient assez exacts.

  7   Il se renseignait sur ce qui se passait du côté croate.

  8   Q.  Alors parlons de renseignements précis. Regardons ce document justement

  9   et au quatrième paragraphe, c'est le rapport qu'il avait préparé le 4 août

 10   ?

 11   R.  Oui, Livanjsko-Polje.

 12   Q.  Donc il dit, il s'agit au sujet du 4 août :

 13   "La première frappe a été sur le bâtiment de l'état-major général de la SVK

 14   qui a donc subi d'énormes -- d'importants dégâts matériels et toute la

 15   flotte de véhicules ayant été complètement détruite. Ensuite le feu s'est

 16   propagé aux casernes militaires -- les tirs se sont propagés vers la

 17   caserne militaire, l'usine de Tvik, le carrefour ferroviaire, les bâtiments

 18   résidentiels dans la zone sous la forteresse de Knin, et cetera, et cetera.

 19   R.  -- Zvoriste c'est la gare ferroviaire, Monsieur Zvoriste.

 20   Q.  Pourquoi est-ce que ce carrefour ferroviaire est-il si important ?

 21   R.  Ecoutez, un nœud ferroviaire c'est quand on a plusieurs voies de

 22   circulation ferroviaire qui se croisent; c'est le plus grand de toute la

 23   région. Mais je ne sais vraiment pas pourquoi on a visé ce nœud ferroviaire

 24   parce que les trains ne fonctionnaient pas et l'armée n'utilisait pas la

 25   voie ferrée. Mais puisque vous m'interrogez au sujet de ce paragraphe, je

 26   vais me saisir de l'occasion qui m'est donnée et ce qui est écrit ici est

 27   exact. Cette nuit-là sur ordre en tout cas sur suggestion de l'homme qui

 28   était chargé de ma sécurité personnelle, j'ai passé la nuit dans une maison

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  1   qui était réservée pour l'officier chargé de ma sécurité. Quand les

  2   bombardements ont commencé, je me suis assis à bord d'un véhicule avec les

  3   responsables de la sécurité et j'ai pris le chemin du poste de

  4   commandement. A cause des tirs extraordinairement nourris, nous avons dû

  5   nous arrêter au moins quatre ou cinq fois où nous nous sommes abrités dans

  6   des caves. J'ai vu là des membres de la population des femmes, des enfants,

  7   qui se tenaient les mains sur les oreilles, la population de façon générale

  8   a commencé à prendre la fuite. Elle disait : mon Général, qu'est-ce qui se

  9   passe ici ? Qu'est-ce que c'est que ça ? Est-ce que c'est de l'artillerie ?

 10   On va devoir sauter par la fenêtre. On leur répondait : ce n'est pas de

 11   l'artillerie, ce sont des roquettes.

 12   Mais le bruit était terrible comme le bruit des stukas au cours de la

 13   Seconde Guerre mondiale à Belgrade quand ils ont bombardé avec les stukas.

 14   C'est un bruit effroyable.

 15   Voilà je finis par arriver au poste de commandement. Je peux parler

 16   de ça maintenant.

 17   Q.  Attendez une seconde. Je voudrais vous demander la chose suivante

 18   : les renseignements contenus ici, s'agit-il des renseignements que vous

 19   aviez reçus le matin du 4 août ?

 20   R.  Oui, oui, c'est exact effectivement j'ai reçu ces renseignements dès

 21   que je suis arrivé dans le sous-sol où se trouvait la salle opérationnelle

 22   de l'état-major. Le commandant qui était là m'a informé tout de suite. Il

 23   m'a dit : ils ont visé le commandement avec une telle précision que tous

 24   nos véhicules - oui je vais parler lentement - que tous nos véhicules ont

 25   été détruits. Un gardien, qui assurait la sécurité des véhicules, a été

 26   tué, et il m'a dit qu'il n'avait jamais vu une telle précision. Maintenant

 27   qu'est-ce qu'ils ont utilisé ? Ils ont utilisés des obusiers 152, donc il

 28   fallait bien que quelqu'un ait un système GPS et un groupe électronique, un

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  1   ordinateur parce qu'ils ont continué à tirer, et c'est moi qu'il visait.

  2   S'il n'avait pas visé que moi, mais la ville aussi, ils auraient provoqué

  3   un véritable désastre mais ils ont ouvert le feu maintenant. Est-ce que

  4   quelqu'un l'a fait en leur lieu et place, en leur nom ou pas ? Je ne sais

  5   pas.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur, la question était de savoir si

  7   c'était bien les renseignements que vous aviez reçus le matin même. Il ne

  8   s'agissait pas de savoir qui a continué à tirer sur qui. Est-ce que je peux

  9   vous demander de rester précis, de vous concentrer sur la réponse à la

 10   question qui vous est posée ?

 11   Parce qu'il est déjà 2 heures moins 20, donc ce que je propose, Monsieur

 12   Misetic, c'est qu'il serait dommage d'interrompre, de continuer et je pense

 13   qu'il serait bon d'excuser le témoin pour aujourd'hui.

 14   Monsieur Mrksic, nous allons donc reprendre demain matin à 9 heures dans

 15   cette même salle d'audience et je discuterai encore avec les parties pour

 16   voir dans quelles mesures nous serons en mesure de satisfaire votre demande

 17   concernant le calendrier.

 18   Entre-temps, je vous demande de ne parler de ce témoignage à absolument

 19   personne, que ce soit le témoignage déjà déposé ou celui qui va l'être, et

 20   même avec Me Domazet car le fond de votre témoignage ne doit absolument pas

 21   être discuté avec quiconque.

 22   Aussi, votre position en tant que témoin à savoir -- votre position

 23   en tant que témoin est une autre chose dont vous pouvez discuter avec Me

 24   Domazet. Est-ce que c'est bien clair ? Je pense

 25   que cela est bien clair à Me Domazet. Oui, cela est confirmé.

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, est-ce que je peux

 27   appeler par téléphone mon épouse et mes enfants et leur dire que je vais

 28   bien, que je n'ai aucun problème, et cetera, mais sans parler de l'affaire,

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  1   sans parler du procès ?

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Comme je l'ai déjà dit, vous pouvez

  3   parler du temps qu'il fait, vous pouvez parler de la façon dont vous vous

  4   sentez, tout cela il n'y a aucun problème. Ce sont des sujets dont vous

  5   pouvez parler avec tout le monde.

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  7   [Le témoin quitte la barre]

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Misetic, d'abord je voudrais

  9   m'adresser à vous. Nous sommes à près de cinq heures et il y a encore

 10   quatre heures sur ce témoignage, c'est-à-dire donc pour demain. En général,

 11   il faut trois heures et demie d'interrogatoire. Est-ce que vous pouvez nous

 12   donner une estimation approximative ?

 13   M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Président, j'espère finir demain.

 14   Je suis maintenant sur la question du 4 août et j'espère vraiment après

 15   quelques autres éléments, après le 4 août, pouvoir en finir demain.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Les autres parties, pourraient-elles me

 17   donner une indication quant au temps dont elles auraient besoin ?

 18   M. CAYLEY : [interprétation] Monsieur le Président, pour le moment, nous

 19   n'avons pas de questions.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Mikulicic.

 21   M. MIKULICIC : [interprétation] Monsieur le Président, tout cela, bien sûr,

 22   dépendra des questions qui seront posées par Me Misetic avant moi. Mais,

 23   pour le moment, je pense qu'une séance suffirait.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Bon, ce n'est pas tout à fait une

 25   heure et demie, mais presque cela.

 26   Monsieur Russo, la question maintenant vous est posée à vous.

 27   M. RUSSO : [interprétation] Pour le moment, j'envisage à peu près une

 28   journée.

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  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Une journée. Bien. Alors je pense que

  2   demain, la famille -- la visite de la famille de M. Mrksic -- la première

  3   visite de la famille est prévue donc pour mercredi après-midi. Je pense

  4   pourvoir lui dire demain que nous ne savons pas ce que les questions

  5   supplémentaires apporteront mais nous pourrons lui dire qu'il pourra être

  6   prêt pour se préparer à cette visite de sa famille le matin. Si nous avions

  7   besoin d'une partie de séance le mercredi matin, il faut savoir qu'il faut

  8   prévoir un petit peu de temps entre la fin d'une séance, et le fait -- et

  9   le retour au quartier pénitentiaire étant donné le temps de transport.

 10   Etant donné maintenant que cette visite est prévue à 13 heures, il faudrait

 11   que notre séance ne dure pas toute la matinée mais si la Chambre a encore

 12   quelques questions à poser, il faudrait ne pas dépasser mardi soir.

 13   Maître Misetic.

 14   M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Président, c'est également notre

 15   objectif mais je tiens à vous dire que nous aurons de toute façon l'autre

 16   témoin qui sera prêt à déposer et donc si pour des raisons imprévues nous

 17   avons besoin de plus de temps si la Cour souhaite interroger ce témoin au

 18   mercredi, notre témoin pourra passer du temps avec sa famille, ensuite

 19   revenir le lendemain après la visite de sa famille.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien, c'est une bonne chose de pouvoir

 21   donc lui dire qu'il pourra recevoir cette visite, mercredi après-midi, mais

 22   que -- et que donc les deux jours suivants sont prévus. Bien, nous devons

 23   examiner ça, mais pour le moment essayons de faire de notre mieux pour

 24   terminer mardi, en fin de matinée.

 25   Nous allons maintenant lever l'audience, et nous reprendrons demain,

 26   vendredi, 19 juin à 9 heures, en salle d'audience numéro III.

 27   --- L'audience est levée à 13 heures 48 et reprendra le vendredi 19 juin

 28   2009, à 9 heures 00.