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1 Le vendredi 19 juin 2009
2 [Audience publique]
3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]
4 --- L'audience est ouverte à 9 heures 04.
5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour à tous dans le prétoire et
6 bonjour également à tous ceux qui nous apportent leur concours à
7 l'extérieur du prétoire.
8 Monsieur le Greffier, pourriez-vous citer le numéro de l'affaire, je vous
9 prie.
10 M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, bonjour
11 Madame, Messieurs les Juges. Bonjour tout le monde dans le prétoire et hors
12 du prétoire. Il s'agit de l'affaire IT-06-90-T, le Procureur contre Ante
13 Gotovina et consorts.
14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Greffier.
15 Peut-on passer à huis clos partiel.
16 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, nous sommes
17 à huis clos partiel.
18 [Audience à huis clos partiel]
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13 [Audience publique]
14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Greffier.
15 [Le témoin vient à la barre]
16 LE TÉMOIN: MILE MRKSIC [Reprise]
17 [Le témoin répond par l'interprète]
18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Mrksic, m'entendez-vous dans
19 une langue que vous comprenez ?
20 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, je vous entends.
21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Mrksic, je tiens à vous
22 rappeler la déclaration solennelle que vous avez prononcée au début de
23 votre déposition qui est toujours en vigueur; déclaration selon laquelle
24 vous vous engagez à dire la vérité, toute la vérité, et rien que la vérité.
25 Je tiens également à vous faire savoir que la Chambre a discuté du temps
26 dont vous disposiez encore pour votre audition. Il est fort possible que
27 votre interrogatoire se termine avant l'arrivée de votre famille.
28 Toutefois, cela dépend beaucoup de vous. Ceci n'est pas de la part de la
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1 Chambre une invitation qui vous est adressée de dire toute la vérité, mais
2 c'est certainement une invitation que l'on vous adresse de vous concentrer
3 sur les questions précises qui vous sont posées. Encore une fois, si Me
4 Misetic souhaite des détails complémentaires, il vous le fera certainement
5 savoir dans de nouvelles questions. Donc répondez brièvement aux questions
6 qui vous sont posées.
7 Maître Misetic, vous pouvez poursuivre.
8 M. MISETIC : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.
9 Interrogatoire principal par M. Misetic : [suite]
10 Q. [interprétation] Bonjour, Mon Général.
11 R. Bonjour. Puis-je dire quelques mots en préambule de ma déposition
12 aujourd'hui, car je vous considère comme mon avocat. C'est vous qui m'avez
13 engagé.
14 Je ne suis pas très satisfait de la façon dont la presse a rendu compte la
15 nuit dernière des événements survenus ici notamment à la télévision, je
16 sais que vous coopérez avec eux, que vous leur fournissez des
17 renseignements. Si vous donnez des renseignements qu'ils diffusent tard la
18 nuit, je ne considère pas que vous êtes un conseil qui m'est favorable.
19 Alors de quoi je suis en train de parler exactement ?
20 Toutes mes excuses, mais ça sera très court je vous assure. Je compenserai
21 le temps perdu maintenant en fournissant des réponses brèves plus tard.
22 Qu'est-ce qu'ils ont dit ? Ils ont dit que je provoquais sans cesse des
23 pilonnages contre moi, première chose. Et deuxième chose, que j'ai décrété
24 l'état de guerre et que j'ai assassiné mon propre peuple. Je pense que
25 cette télévision était au niveau des années 1990. Je pensais que nous
26 avions tout de même progressé depuis cette époque-là et que quelqu'un avait
27 assumé les conséquences de tout cela. Je ne sais pas s'il est permis de
28 décrire les événements de cette façon. Nous en Serbie, nous avons engagé
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1 des poursuites contre certains journalistes.
2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Mrksic, votre témoignage est
3 public, ce qui signifie qu'il n'est pas nécessaire de donner à qui que ce
4 soit des renseignements au sujet de votre déposition puisqu'elle est
5 entièrement dans le domaine public. Ça c'est une chose.
6 Deuxième chose, la façon dont les journalistes interprètent votre
7 déposition leur appartient exclusivement. Si l'image qu'ils donnent est
8 déformée, quoi qu'il en soit, je n'ai aucune raison de penser que c'est Me
9 Misetic qui est à l'origine d'une telle déformation. Maître Misetic, je ne
10 crois pas me tromper en disant que vous n'êtes pas l'auteur des
11 commentaires diffusés par la télévision.
12 M. MISETIC : [interprétation] C'est exact.
13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Effectivement, c'est ce que je pensais.
14 En dehors de cela, Monsieur Mrksic, la liberté de la presse l'autorise à
15 commenter tout ce qui fait partie du domaine public et même éventuellement
16 à présenter des points de vue déformés. Il n'est pas convenable de
17 poursuivre en justice un journaliste pour ce qu'il dit, je suis d'avis
18 personnellement qu'il ne convient pas de poursuivre des journalistes pour
19 de tels faits. Mais nous savons bien tous, après avoir passé de nombreuses
20 années dans cette institution, que la presse rend compte parfois très
21 fidèlement de ce qui s'est passé et d'autre fois que sa restitution des
22 faits peut être déformée d'une façon ou d'une autre.
23 Maître Misetic, vous pouvez poursuivre.
24 M. MISETIC : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.
25 Monsieur le Greffier, je demande l'affichage de la pièce D389.
26 LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis heureux de savoir que Me Misetic n'est
27 pas à l'origine de tout cela. Donc je lui présente mes excuses pour les
28 doutes que j'ai nourris. Vous n'étiez pas responsable, je vous remercie.
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1 M. MISETIC : [interprétation] Je vous remercie.
2 Q. Si vous regardez sur l'écran, Mon Général, vous y trouverez un rapport
3 qui est le document que nous examinions à la fin de l'audience hier. C'est
4 un document dont l'auteur est M. Knezevic. Vous vous rappellerez que dans
5 ce rapport qui date du 4 août, il est indiqué que les premières frappes ont
6 commencé et on a la liste des bâtiments visés. Hier vous avez indiqué --
7 R. Frappe au sens de pilonnage, n'est-ce pas, je ne voudrais pas que
8 quelqu'un comprenne les choses autrement. Il s'agit de pilonnage, n'est-ce
9 pas, le mot "strike" anglais signifiant pilonnage dans ce cas.
10 Q. Je ne pense pas que quiconque ici ait pu confondre en pensant qu'il
11 s'agissait de grève dans une entreprise. Non, pas du tout.
12 R. Très bien.
13 Q. Alors vous avez dit hier que ce qui est indiqué dans ce document
14 correspondait aux renseignements que vous receviez à l'époque des faits.
15 Pourrions-nous passer maintenant à la pièce D1256.
16 Est-ce que vous avez communiqué durant la journée du 4 avec M. Knezevic
17 directement ?
18 R. M. Knezevic était membre de l'état-major principal. Je communiquais
19 avec lui. Nous avons communiqué jusqu'à 13 heures ou 16 heures à peu près
20 avec les commandants de corps d'armée. Et les commandants de corps nous on
21 dit les mêmes choses, à savoir qu'il était étonnant à leurs yeux que ce ne
22 soit pas le front qui soit pilonné, mais des bombardements à l'intérieur du
23 front, en profondeur. Et j'ai reçu les mêmes renseignements des services de
24 renseignement.
25 Q. J'aimerais que nous passions à la page 2 de la version anglaise de ce
26 document. Il s'agit d'une conversation interceptée, conversation
27 téléphonique, Mon Général. Et en page 2 de la version anglaise, qui est
28 toujours la page 1 de la version B/C/S, nous voyons que c'est M. Knezevic
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1 qui parle à 7 heures du matin le 4 avec un interlocuteur non identifié. Il
2 discute à 7 heures du matin du fait que le secteur qui les environne est
3 pilonné; je cite :
4 "Question : Est-ce que vous avez subi des pertes ?
5 "Réponse : Je ne sais pas. Je ne peux pas vous le dire pour le moment.
6 "Réponse : Oui, oui, il y en a un qui est mort. Vous me posez la question.
7 "Question : Non, pas encore.
8 "Réponse : Ah bon. Pour le moment, nous n'avons subi aucune perte, mais en
9 ville il y en a probablement. Manifestement, le point central était la
10 caserne et le palais présidentiel. Il y a eu de très nombreuses frappes, je
11 ne sais pas combien de missiles ont été tirées. Cela a duré 25 à 30
12 minutes."
13 Est-ce que ceci correspond avec votre façon de voir quel était le point
14 principal que visaient l'artillerie et les roquettes dans ce premier tir de
15 barrage ?
16 R. Maître Misetic, c'était des frappes d'artillerie tout à fait
17 particulière, et cela m'a beaucoup intéressé; en ma qualité de général,
18 nous n'avions pas de système de ce genre qui nous permettait à l'aide d'un
19 premier tir de frapper une cible de taille aussi réduite en plein centre-
20 ville. Il faut dans ce cas utiliser des systèmes de 52 ou de 50. Vous n'en
21 avez peut-être pas discuté avec votre client. Mais enfin, le tir en
22 question était particulièrement précis, il n'y a eu qu'une seule frappe et
23 elle a atteint sa cible, alors que les autres frappes ont été disséminées
24 un peu partout en ville.
25 Et il s'agissait de tirs de roquette. Moi, je m'étonne de voir que vous
26 recherchez des carnets parlant de tirs d'artillerie, alors qu'il s'est agi
27 principalement de tirs de roquette. Il y a eu deux, trois tirs d'artillerie
28 qui, à mon avis, n'avaient pas la possibilité de nuire grandement aux
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1 forces du HVO ou de l'armée de Croatie. J'en doute beaucoup.
2 Et durant ces frappes, un soldat a été tué et les véhicules qui se
3 trouvaient dans le parc ont été rendus inutilisables, parce que leurs pneus
4 ont été endommagés. Nous, nous avons été très surpris, nous ne comprenions
5 pas comment un tir initiale pouvait être aussi précis, parce que vous savez
6 comment ça se passe, on tire un tir de réglage, ensuite on en reçoit un en
7 retour et on règle le tir, et cetera.
8 Q. Je me permets de vous arrêter ici. Mais divisons les choses en deux.
9 Vous parlez d'abord de ce tir initial; donc vous parlez bien de la première
10 demi-heure --
11 R. Oui.
12 Q. -- c'est-à-dire des tirs de réglage, n'est-ce pas, du premier tir de
13 barrage ?
14 R. C'était un tir de canon. On ne s'en est même pas rendu compte tant
15 qu'on n'est pas arrivé au point qui était visé.
16 Q. Non, je vous parle du temps en ce moment, de l'heure. Cette première
17 frappe dont vous dites qu'elle a été très précise, qu'elle a visé une cible
18 de très petite taille, vous vous demandez comment un tir de ce genre a pu
19 être aussi précis. Est-ce que ce tir a eu lieu pendant la première demi-
20 heure ?
21 R. Non, mais ça n'a pas duré une demi-heure. Ça a duré toute la journée et
22 toute la nuit. Mais le premier tir qui nous a pris par surprise; après, ils
23 ont tiré en masse à l'aide de roquette de 107 et de 109, je crois que la
24 majorité c'était des 107-millimètres. Ce tir-là, je ne m'en suis pas rendu
25 compte. Moi, j'étais dans une maison où j'étais hébergé, et ce sont des
26 roquettes des VBR qui tiraient sur cette maison. Je n'ai pas vu que le
27 commandement était visé, mais ensuite on m'a dit que dès que les actions
28 ont commencé à 6 heures du matin, le premier tir a touché sa cible. Et
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1 depuis le troisième étage où j'étais, j'étais en très bonne position pour
2 voir toute la ville; donc en ma qualité d'expert, j'ai observé ce qui se
3 passait, je me suis demandé combien de batteries étaient utilisées, quelle
4 quantité de munition était impliquée, qui est-ce qui pouvait posséder des
5 quantités pareilles de munition, parce que les roquettes en question ne
6 tombent pas d'en haut; elles entrent par les fenêtres des maisons comme des
7 petites mouches et elles créent la panique parmi la population. Moi,
8 j'étais au troisième étage de ma maison et j'ai dû me protéger avec un
9 meuble pour ne pas être touché par la fenêtre.
10 Et ça m'a paru bizarre qu'on vise un lieu habité avec de telles armes, cela
11 m'a étonné de voir que le commandant continuait à viser des cibles de cette
12 nature avec des tirs aussi précis. Si cela s'était poursuivi avec la même
13 précision qu'au début, nous n'aurions pas pu rester au poste de
14 commandement. Moi, ça m'a paru bizarre, je n'ai enquêté dans le détail que
15 par la suite. Mais enfin --
16 Q. En dehors du commandement, le front de Crvena Zemlja, quels étaient les
17 éléments, les effectifs sous vos ordres qui tenaient ce front de Crvena
18 Zemlja ?
19 R. C'était des éléments du Corps de Knin, ce qu'on avait pu retiré du
20 front avant qui ne subissait pas d'attaque. L'objectif était de montrer
21 qu'il y avait tout de même quelqu'un pour encaisser les coups. Mais les
22 hommes qui tenaient ce front n'avaient rien, ils n'avaient pas d'engins
23 lourds, ils n'avaient pas de mines, ils n'avaient pas de puissance de feu
24 suffisante, rien.
25 Q. Est-ce que les forces de police régulière de la RSK, c'est-à-dire le
26 MUP, tenaient le front sur le mont Dinara ?
27 R. Oui, vos commandants le savent. A Grabena, c'est la frontière avec la
28 Republika Srpska, j'ai inspecté leurs positions de tir là-haut. C'était des
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1 postes d'observation et depuis là-haut, on voyait les effectifs arriver à
2 Livanjsko Polje en passant par Grahavsko Polje. Il y a même des pièces
3 d'artillerie qui sont passées par là. Je crois me rappeler qu'un autobus a
4 été touché, je ne sais pas exactement. Enfin moi, je suis allé sur place
5 là-haut, j'ai observé ce qui se passait et j'ai vu que nous en étions à la
6 limite de nos forces et que nous ne pouvions opposer aucune défense
7 sérieuse. J'ai même appelé le président pour lui conseiller de venir voir
8 ce qui se passait là en hélicoptère.
9 Q. Mon Général, voici ma question --
10 M. MISETIC : [interprétation] Je demande l'affichage du document 65 ter
11 numéro 1D1055.
12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'aimerais une précision au sujet de la
13 dernière réponse du témoin.
14 Monsieur Mrksic, vous avez dit que le tir était si précis qu'il n'y a eu
15 qu'un seul tir qui a atteint sa cible, et que toutes les autres frappes ont
16 été disséminées un peu partout en ville. Lorsque vous parlez des autres
17 frappes disséminées un peu partout en ville, est-ce que vous pensiez aux
18 tirs qui ont fait suite au premier tir qui vous a pris par surprise ?
19 Pourriez-vous en d'autres termes préciser exactement ce que vous entendez
20 par les autres frappes que vous opposez apparemment au tir qui a touché
21 votre poste de commandement ?
22 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, ce n'est pas qu'un tir
23 a visé un poste de commandement et qu'ensuite il y a une attente avant que
24 les autres frappes ne soient lancées. Mais le premier tir a été si précis
25 qu'il était différent des frappes qui ont touchée les autres lieux en
26 ville. Il y avait quatre batteries de roquette VBR qui n'ont cessé de tirer
27 et qui ont tenu la ville sous leur coupe de façon permanente. Mais il y
28 avait une certaine distance entre ces lieux et le poste de commandement et
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1 j'ai dû, lorsque j'ai voulu franchir cette distance, me mettre à l'abri au
2 moins quatre ou cinq fois dans un bâtiment qui se trouvait là; et la
3 population a fait la même chose, c'est-à-dire que les gens fuyaient à
4 moitié nus, les femmes, les enfants; les enfants qui pleuraient, parce que
5 le bruit des tirs les effrayait. Et moi, je me suis rendu compte que
6 c'était dû surtout au fait que ce bruit était terrible, c'était le vrai
7 bruit des roquettes VBR. Les enfants mettaient les mains sur les oreilles
8 pour se protéger. Les femmes se demandaient ce qui se passait, tout le
9 monde cherchait une cave pour se mettre à l'abri.
10 Quand je suis arrivé sur les lieux, j'ai vu ce qui s'était passé.
11 J'ai interrogé les gens qui se trouvaient là et ils m'ont dit : le premier
12 tir a eu lieu, il nous a touchés et ensuite il n'y en a pas eu de deuxième.
13 Il a fallu qu'on évacue, qu'on cherche des véhicules encore
14 utilisables pour déménager le poste de commandement jusqu'au poste de
15 réserve. C'est là qu'un soldat qui était de garde à l'endroit où étaient
16 garés les véhicules a été tué.
17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre, Maître Misetic.
18 M. MISETIC : [interprétation]
19 Q. Mon Général, est-ce que la caserne du nord a été frappée dans le cadre
20 de cette attaque d'artillerie ?
21 R. Elle a été touchée parce que le tir était aussi précis que celui qui a
22 visé le poste de commandement et la gare ferroviaire. Ils ont aussi essayé
23 de toucher le palais présidentiel. Je ne connais pas les détails à ce
24 sujet, parce que Martic est immédiatement venu me rejoindre. Donc nous
25 n'avons pas pu voir ce qui s'est passé par la suite, mais les trois
26 premiers tirs qui étaient dus à des obusiers ou à des obus de canon guidés
27 à distance, ces tirs ont été particulièrement précis. J'ai entendu dire que
28 des systèmes techniques de ce genre n'existaient qu'à l'OTAN. Donc
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1 c'étaient des tirs qui pouvaient être précis sans tir de réglage préalable.
2 Ça, ce n'est possible qu'avec les systèmes les plus évolués. Je ne crois
3 pas que le commandant disposait de tels équipements.
4 Q. Donc si j'ai bien compris ce que vous avez dit, vous dites que la
5 caserne du nord, donc votre commandement également et le palais
6 présidentiel ont été visés avec une grande précision.
7 R. Seulement --
8 Q. Permettez-moi de poursuivre. Voici ma question : est-ce que vous avez
9 reçu des renseignements vous indiquant que des soldats auraient été tués à
10 la caserne de Senjak dans le secteur nord par la première frappe ?
11 R. Je ne me rappelle pas. Il est probable que quelques hommes aient été
12 tués par ce premier tir. Moi, je suis simplement au courant du soldat qui
13 se trouvait devant le commandement et qui a été tué. Je sais que plus tard
14 dans la journée, un colonel s'est suicidé parce qu'il ne pouvait tout
15 simplement plus supporter nerveusement toute cette situation, ce bruit. Il
16 y a des officiers qui n'avaient jamais combattu, donc c'était leur première
17 expérience de guerre.
18 Q. Savez-vous si la caserne de Senjak a également été visée par la
19 première frappe ?
20 R. Je ne sais pas. La caserne qui abritait la FORPRONU n'a pas été
21 touchée. Je ne sais pas quel était son nom. Moi, cela faisait seulement
22 deux mois que j'étais là, je n'avais pas eu le temps d'inspecter toutes les
23 casernes.
24 Q. Je vais vous poser ma question d'une façon différente. Le colonel
25 Bjelanovic était responsable de la logistique. Vous savez où il était basé
26 ?
27 R. Oui. Je suis allé lui rendre visite une fois. Il a tout fait avant
28 l'agression pour réaliser la dispersion, parce que des tunnels ont été
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1 construits sur les routes et la Republika Srpska par la suite est parvenue
2 à évacuer pas mal de choses grâce à ces tunnels. Dans les entrepôts, il
3 restait avant tout des explosifs et peut-être aussi d'autres produits parce
4 que j'avais donné l'ordre de ne rien détruire, étant donné que toute
5 destruction pouvait nuire à l'armée de la Republika Srpska. Je pensais que
6 tout pouvait être utile à un moment ou à un autre pendant la guerre.
7 D'ailleurs, ceci s'est avéré par la suite.
8 Q. Comment auriez-vous pu transporter les explosifs et autres produits qui
9 se trouvaient dans les entrepôts si vous aviez besoin de les déménager sur
10 le mont Dinara ? Comment est-ce que vous auriez fait pour assurer le
11 transport de ces équipements ?
12 M. RUSSO : [interprétation] Pourrait-on nous préciser de quels entrepôts il
13 est question en particulier ? Je demande une précision quant à la nature et
14 à l'identité de ces entrepôts.
15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Une seconde, Monsieur le Témoin. Vous
16 avez parlé d'explosifs et de matériel qui étaient restés dans les
17 entrepôts. Donc la question est simple: où étaient ces entrepôts ?
18 LE TÉMOIN : [interprétation] Ils étaient dans la vallée de la Zrmanja. Ces
19 messieurs du commandement le savent. C'étaient des entrepôts très vastes,
20 énormes.
21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vais essayer d'être encore plus
22 simple dans ma question. Je ne vous interrogeais pas sur la taille de ces
23 entrepôts mais sur l'endroit où ils se trouvaient. Vous avez répondu en
24 disant la vallée de la Zrmanja. Y avait-il des entrepôts à Knin ?
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non, c'était à Knin, il y avait des
26 équipements mobiles.
27 Monsieur le Président, quand on parle d'entrepôts, on parle de dépôts
28 d'armes de l'armée qui sont très importants. Si on avait mis en action un
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1 de ces dépôts, la moitié de Knin aurait pu être détruite. Ça aurait fait un
2 tremblement de terre. Mais comme nous n'avons pas détruit les routes, les
3 tunnels, ni quoi que ce soit d'autre, nous n'avons pas détruit ces
4 entrepôts non plus. Nous n'avions pas besoin d'ailleurs de ces explosifs.
5 Nous avons emporté ce dont nous avions besoin sur le front. C'est tout.
6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je crois que la question suivante que
7 vous a posée Me Misetic consistait à vous demander par quel moyen les
8 équipements qui se trouvaient dans les entrepôts étaient transportés
9 jusqu'au mont Dinara, et à partir de quels entrepôts.
10 LE TÉMOIN : [interprétation] Vers les monts Dinara, nous n'avons emporté
11 que ce qu'un soldat peut transporter sur lui. Nous n'avions pas besoin
12 d'explosifs là-haut. Nous n'avions pas de poudre, nous n'avions pas de
13 détonateurs, donc nous n'en avions pas besoin. Le soldat, il lui fallait
14 une journée pour atteindre l'endroit où il allait là-haut sur la montagne,
15 c'était en altitude, et puis ce n'était pas notre territoire. Donc nous
16 n'avons pas emporté les explosifs là-haut.
17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Je vais vous demander d'écouter
18 avec beaucoup d'attention la question suivante, c'est une question bien
19 centrée qui vous est posée. Je vous demanderais de donner une réponse bien
20 précise.
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
22 M. MISETIC : [interprétation]
23 Q. Général, le 4 août, vous avez reçu une demande pour des munitions
24 supplémentaires et en fait, vous-même vous aviez envoyé une demande et une
25 requête à M. Perisic à Belgrade pour vous envoyer plus de munitions,
26 d'explosifs, et cetera. Est-ce exact ?
27 R. Je ne m'en souviens pas. Il est possible que les gens de la logistique
28 aient demandé quelque chose. Néanmoins, le réapprovisionnement en munitions
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1 s'est produit 15 jours à un mois avant l'agression, mais nous n'avons pris
2 que les munitions excédentaires par rapport au contingent normal et qui
3 était payé par le gouvernement.
4 L'INTERPRÈTE : L'interprète n'a pas entendu la dernière partie de la
5 réponse du témoin.
6 M. MISETIC : [interprétation]
7 Q. Pouvez-vous, Général, répéter la dernière partie de votre réponse.
8 R. Autant que je m'en souvienne aujourd'hui, nous avions des munitions à
9 Ceketovac [phon] je pense, près de Dvor. Dans ce dépôt et également à Knin,
10 il y avait des munitions des réserves de corps, et nous avions également
11 des munitions pour plusieurs jours de combat. Est-ce qu'il y a eu un
12 télégramme d'envoyé dans ce sens ou si quelqu'un a envoyé un tel
13 télégramme, je ne m'en souviens pas aujourd'hui. Mais voyez-vous, lorsque
14 les moments sont durs, tout le monde appelle et demande des munitions.
15 Q. Général --
16 R. Le problème est que nous avions des munitions d'artillerie.
17 M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Greffier, si vous pouviez
18 maintenant nous montrer la pièce D161, s'il vous plaît.
19 Q. Pouvez-vous nous dire, pendant que l'on affiche cette pièce, qu'est-ce
20 qu'il y avait à Golubic ?
21 R. C'était justement là la question. C'était un grand dépôt pour
22 l'ancienne JNA pour toute la région entre Split et le plateau de Dalmatie.
23 C'était le dépôt principal à Golubici. Il y avait également une base
24 policière à Golubici, je suppose.
25 Q. Comment est-ce que vous avez transféré ces munitions de Golubic vers
26 les unités, en utilisant quel moyen de transport ?
27 R. Les munitions ont été transportées en partant de ces dépôts. Je ne sais
28 pas d'ailleurs ce que vous entendez par "munitions". Entendez-vous par là
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1 les munitions qui étaient dans les dépôts, dans les dépôts fixes, sur les
2 plateaux et les collines ? Ces munitions avaient été sorties des dépôts
3 deux semaines avant l'agression. Elles n'étaient plus dans les dépôts. Ce
4 qui restait dans les dépôts c'était des choses dont nous n'avions pas
5 forcément besoin; des explosifs, et peut-être également des mines
6 antichars, et cetera. Après tout, vous savez très bien ce que nous y avons
7 trouvé. Pour ce qui est des munitions, toutes avaient déjà été sorties. En
8 allant vers la vallée en direction de Srb et Golubici, il y avait quelques
9 tunnels et l'on pouvait utiliser des véhicules de transport de la Republika
10 Srpska pour passer à travers cette région et y apporter les munitions dont
11 nous avions besoin. C'est ce que l'on appelle la dispersion. La dispersion
12 se fait dès que l'on déclare un état de guerre. C'est normal; c'est ce à
13 quoi se prépare toute armée pour sa défense.
14 M. MISETIC : [interprétation] Si vous pouvez passer à la page 5 de cette
15 pièce, s'il vous plaît.
16 Q. Il s'agit du journal de M. Bijalovic du 4 août --
17 R. Tiskovac, oui.
18 Q. Nous allons afficher la bonne page, qui est la page 7 en version B/C/S.
19 Voici son journal du 4 août. Il est votre responsable de la logistique. Il
20 dit, au milieu de ce premier -- en fait, il dit :
21 "L'attaque a commencé à 5 heures. A 5 heures 30, j'étais personnellement au
22 centre opérationnel de l'état-major principal de la SVK où, avec le
23 commandement du corps, j'ai pris en main la situation dans les unités. Le
24 système de soutien logistique était en place dans les unités de la SVK. Les
25 premières demandes des unités sont arrivées aux alentours de 11 heures en
26 provenance du commandant adjoint du 7e Corps sur le plan de la logistique
27 concernant le réapprovisionnement en munitions d'artillerie, ce qui a été
28 approuvé par le commandant lui-même à la suggestion du chef d'artillerie."
Page 18909
1 Si nous descendons un petit peu plus loin dans ce texte :
2 "A 11 heures 25, j'ai donné un ordre à mon assistant pour envoyer des
3 véhicules de la 75e Base logistique vers Golubici --"
4 R. Non, logistique, et non pas infanterie. La logistique ou l'arrière.
5 Q. Je lis la version anglaise.
6 R. Alors la traduction n'est pas exacte.
7 Q. "Envoyer les véhicules de la 75e Base logistique vers le dépôt de
8 Golubici pour charger les obus de 120-millimètres et les 60.82
9 "A midi, les munitions d'artillerie ont été envoyées à la demande du
10 commandement du 21e Corps."
11 M. MISETIC : [interprétation] Si nous tournons la page.
12 Q. Avant de vous pencher sur le paragraphe suivant, Général, est-ce que,
13 partant de cela, cela rafraîchit votre mémoire et vous permet de voir que
14 l'ARSK obtenait ce qui ressemble à de l'artillerie --
15 R. Merci, merci. Cela effectivement rafraîchit ma mémoire.
16 Q. Donc vous utilisiez des véhicules pour transporter cette artillerie de
17 Golubici vers d'autres endroits; est-ce exact ?
18 R. Il s'agissait là du réapprovisionnement du 39e Corps, qui était le plus
19 proche et qui était déployé autour des positions aux alentours de Golubici,
20 il s'agit donc du 39e Corps. Pour ce qui est du 21e, le Corps de Kordun, il
21 n'est pas venu à Golubici pour obtenir des munitions. Ils avaient leurs
22 propres munitions. Ils ne pouvaient avoir accès à ce dépôt de munitions
23 sans l'approbation du commandant.
24 Q. Le commandant adjoint du 7e Corps à la logistique, où est-ce qu'il
25 déployait ses munitions d'artillerie ?
26 R. Il déployait les unités qui avaient des munitions et qui s'étaient
27 engagées devant l'ennemi. La plupart des combats se déroulaient sur les
28 pentes du mont Dinara. Vous ne nous avez même pas attaquer par en dessous.
Page 18910
1 Vous nous avez juste titillés un peu. Il y avait simplement quelques unités
2 de la Garde nationale qui étaient sur place, je pense, parce que la
3 première fois les commandants étaient sur la ligne de front, et c'est là où
4 la plupart des munitions avaient été déployées. Les plus grandes dépenses
5 de munitions se sont faites là.
6 Q. Bien. C'était là ma question : comment est-ce que vous avez obtenu ces
7 munitions -- ces véhicules, comme il est dit ici, de Golubic vers la ligne
8 de front du 7e Corps, comment est-ce que les munitions étaient acheminées
9 de Golubic à la ligne de front ?
10 R. Je comprends maintenant ce que vous essayez de me demander. Golubici
11 n'était pas visé. Il s'agissait simplement d'un dépôt. C'était notre
12 intention de tirer ou de viser Golubic. Knin était ciblée. Ils y sont allés
13 pour se réapprovisionner. Ils ont suivi l'itinéraire le long de la route,
14 et il y avait des soldats le long de cette route, des soldats de Grahovo.
15 Q. Quelle route -- quel itinéraire avez-vous pris de Golubic vers les
16 positions sur le mont Dinara ?
17 R. Nous aurions pris la route du mont Dinara vers Grahovo. Il n'y avait
18 personne à la gauche du mont Dinara, si vous entendez par Dinara le mont
19 Dinara. Il avait déjà été pris avant cette attaque. Personne n'avait même
20 essayé de défendre ce secteur. Il y avait simplement des hommes de la
21 FORPRONU qui se plaignaient d'avoir été pilonnés par des mortiers et j'ai
22 demandé la permission de pouvoir leur tirer dessus.
23 Q. Regardons cette page, celle qui apparaît à l'écran maintenant. Il est
24 dit :
25 "A 16 heures 20, je," et "je" faisant référence à M. Bjelanovic, "je suis
26 allé vers le poste du commandement arrière, les casernes de Senjak, et j'ai
27 eu une réunion très brève avec les officiers supérieurs et je les ai
28 déployés."
Page 18911
1 R. Vous ne lisez pas cela correctement. Ce qui est dit ici c'est que les
2 Serbo-croates ou des Croates étaient présents, Milanovic était également là
3 pendant tout ce temps, et si vous le lisez à partir du 1820 -- permettez-
4 moi de regarder cela de plus près. Oui, c'est exact.
5 Q. Est-ce que vous étiez au courant du fait que les officiers de la
6 logistique tenaient une réunion à 16 heures 20 dans les casernes de Senjak,
7 et il me semble qu'il s'agit de ce lieu qui se trouve de l'autre côté de
8 l'usine de Tvik ?
9 R. Oui, oui, il est à la caserne du nord.
10 Q. Non.
11 R. Bien, bien, vous connaissez cela probablement mieux que je ne le
12 connais moi.
13 Q. Je suis surpris d'entendre cela, Général. Est-ce que vous êtes au
14 courant du fait qu'il existait des casernes militaires --
15 R. Je n'ai pas eu le temps de faire un tour des casernes. Je vous ai dit
16 ce que j'ai fait. J'avais des questions importantes à régler.
17 Q. Général, nous pouvons arrêter cette discussion --
18 R. Oui, oui, nous pouvons, effectivement.
19 Q. Discussion terminée. Si vous ne saviez pas qu'il y avait des casernes
20 de l'autre côté de l'usine Tvik, êtes-vous sûr à ce moment-là que
21 l'artillerie qui arrivait et qui tirait ne tirait pas sur des objectifs
22 militaires, si vous n'avez pas eu le temps de faire le tour de la ville et
23 de voir où ils se trouvaient tous ?
24 R. J'étais dans les casernes où se trouvait le commandement du corps du
25 Corps de Dalmatie. Il s'agissait des casernes du nord, et c'est là où je me
26 trouvais. Il y avait également des casernes où il y avait une sorte de
27 base, et Bjelanovic s'y trouvait. Il y avait ensuite une autre caserne où
28 se trouvaient les membres de la FORPRONU. Il y avait également le
Page 18912
1 commandement. Est-ce qu'il y avait d'autres casernes ou des prisons ou
2 quelque chose de similaire, ça je n'en avais aucune idée. Croyez-moi, je
3 n'y suis pas resté très longtemps. Et même pendant le peu de temps que j'y
4 ai passé, j'ai passé beaucoup plus de temps à l'extérieur de Knin que dans
5 Knin même. Et qu'il y ait eu cette réunion, oui, je pense que Bjelanovic a
6 probablement tenu cette réunion et ordonné certaines missions.
7 Q. Bien. Nous pouvons peut-être avancer, Général. C'est parfait.
8 Si nous pouvions maintenant regarder le document 1D1055 du 65 ter, s'il
9 vous plaît.
10 Vous souvenez-vous après l'opération Tempête du 9 août que le général
11 Kovacevic ait envoyé un rapport à l'état-major général de la SVK concernant
12 l'opération Tempête ?
13 R. Il n'était pas le seul à l'avoir fait. Tout le monde a envoyé un
14 rapport pour qu'une analyse puisse être faite et que l'on comprenne ce qui
15 nous était arrivé, pourquoi cela s'était produit, comment cela avait pu se
16 produire, et cetera. Donc il y avait toute cette étude qui a été faite à
17 Banja Luka.
18 Q. Bien, si vous le permettez --
19 R. Ce que j'aimerais savoir c'est qu'il s'agit là probablement d'un
20 document qui a été fourni par le gouvernement serbe au gouvernement croate
21 qui ensuite vous l'a remis. Bien, je ne pense pas que ce soit pertinent.
22 Bien, je vois, c'est le Procureur.
23 Q. Oui. Si cela vous facilite les choses, avec votre permission, Monsieur
24 le Président, je voudrais lui remettre une copie papier.
25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pas de problème.
26 Monsieur Russo.
27 M. RUSSO : [interprétation] Je ne regardais pas, mais j'ai entendu qu'il a
28 indiqué que le Procureur vous l'a remis. Je veux dire --
Page 18913
1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ne passons pas de temps sur des
2 questions qui ne semblent pas être pertinentes. Que le témoin ait pensé,
3 que se soit demandé d'où venaient ces documents n'est pas vraiment
4 particulièrement important ici, je dirais, à moins qu'il n'y ait des
5 raisons particulières de le penser.
6 LE TÉMOIN : [aucune interprétation]
7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Mrksic, la question qui vous a
8 été posée était de savoir si vous êtes au courant d'un rapport qui a été
9 envoyé par - voyons voir - c'était le général Kovacevic, qui a envoyé un
10 rapport le 9. M. Misetic ne s'intéresse pas et ne souhaite pas savoir si
11 d'autres rapports ont été envoyés, si des rapports étaient envoyés
12 fréquemment. Ce qu'il souhaite simplement c'est savoir si vous avez un
13 souvenir de ce rapport envoyé par le général Kovacevic le 9 août.
14 Avez-vous souvenir de cela ?
15 LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'ai aucun souvenir de ce rapport en
16 particulier, mais je n'ai pas eu l'occasion de le lire. Je ne sais pas de
17 quoi il parle réellement. Je vois qu'il n'y a pas de signature. La façon
18 dont cela fonctionnait, c'est que le général qui était le chef de
19 l'administration au sein de l'état-major général n'aurait pas envoyé un
20 document comme celui-ci. Néanmoins, je ne me souviens pas d'un tel
21 document.
22 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien, c'est exactement la réponse que
23 l'on attendait à la question, et tous les autres commentaires autour sont
24 des commentaires qui ne vous sont pas demandés pour l'instant.
25 Vous pouvez poursuivre, Monsieur Misetic.
26 M. MISETIC : [interprétation] Si nous tournons la page et que nous
27 regardons le bas de la page dans la version anglaise, paragraphe 5, nous
28 pouvons poursuivre à partir de là.
Page 18914
1 Q. Si vous pouviez regarder ce paragraphe 5. Le général Kovacevic indique
2 que le 4 août, à 5 heures, les forces Oustachi ont commencé les
3 préparations et les opérations d'offensive sur l'ensemble de la ligne de
4 front du 7e Corps, et que cette artillerie a fonctionné de façon active et
5 permanente jusqu'à 20 heures 30.
6 Si vous pouviez tourner la page, vous verrez que cela continue en disant :
7 "Déjà vers 10 heures le 4 août, les forces du bataillon de police qui
8 tenaient des positions sur le mont Dinara ont commencé à faire retraite de
9 façon organisée, ce qui a entraîné la retraite du reste des unités du 7e
10 Corps. Bien que ce 7e Corps a essayé de maintenir ces positions sur le mont
11 Dinara, en raison de l'absence suffisante de tranchées et de la pression
12 terrible sur les soldats qui n'en avaient pas l'habitude et qui était
13 imposée par l'artillerie Oustachi, les positions dominantes ont été
14 abandonnées et seules certaines parties de ces unités ont occupé de façon
15 désorganisée des positions non préparées en profondeur …"
16 Est-ce que cela rafraîchit votre mémoire quant au rôle joué par le
17 bataillon de police sur des positions du mont Dinara ?
18 R. Ce sont là les forces dont j'ai parlé auparavant lorsque j'ai dit que
19 j'avais utilisé un hélicoptère pour m'y rendre et voir ces forces. J'y suis
20 allé avec le président Martic puisqu'il s'agissait de ses forces, et j'y
21 suis allé pour rendre visite à ses troupes. Et ceci m'aide à me souvenir
22 que c'est un ordre que j'avais entendu oralement de la bouche du général
23 Kovacevic. Oui, maintenant cela rafraîchit ma mémoire et je me souviens
24 effectivement du problème.
25 Q. Pouvons-nous passer au paragraphe suivant, le paragraphe 6 -- non, je
26 m'excuse. Est-ce que nous pourrions revenir au paragraphe 5. Concernant ce
27 dont nous parlions hier, dans la dernière phrase de ce paragraphe 5, le
28 général Kovacevic dit que :
Page 18915
1 "En même temps, les forces Oustachi ont exercé une pression très importante
2 sur les unités du 15e Corps sur le mont Velebit, et de ce fait il y avait
3 un danger très important les 5 et 6 août à Knin et à Gracac, et les
4 Oustacha auraient pu encercler le 7e Corps, ce qui aurait pu avoir des
5 conséquences catastrophiques."
6 R. C'est exact.
7 Q. C'est ce que vous avez dit hier concernant Otric --
8 R. Oui, oui, c'est tout à fait cela. Ces éléments des forces que j'avais
9 ramenés du Corps spécial de Bruvno -- quel était le nom ? Oui, c'est bien à
10 cela que l'on faisait référence. C'est bien le nom, Bruvno.
11 M. MISETIC : [interprétation] Bien. Monsieur le Président, si l'on pouvait
12 donner une cote à ce document et le verser au dossier.
13 M. RUSSO : [interprétation] Pas d'objection, Monsieur le Président.
14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.
15 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, cela va devenir le
16 document D1516.
17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et il est versé au dossier.
18 M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Greffier, si nous pouvions avoir
19 maintenant la pièce D828, s'il vous plaît.
20 Q. Il s'agit du rapport du commandant Uzelac qui était commandant à
21 Benkovac; est-ce exact ?
22 R. Oui.
23 Q. Bien, en bas de la page 1 en version anglaise, il y a un paragraphe qui
24 dit :
25 "Il y a environ 80 obus qui ont été tirés sur la ville de Benkovac."
26 Est-ce que vous vous en souvenez ? Voyez-vous cela ?
27 R. Oui.
28 Q. Et il est dit :
Page 18916
1 "Environ 80 obus ont été tirés sur la ville de Benkovac jusqu'à 8 heures,
2 et environ 100 obus ont été tirés sur la ligne avant des défenses de la
3 brigade. Nos forces n'ont pas tiré."
4 Et si vous passez à la page suivante, vous verrez :
5 "Nous n'avons pas enregistré de perte humaine, personne n'a été tué ou
6 blessé dans la ville ni dans les unités jusqu'à 8 heures le 4 août 1995."
7 Est-ce que ces informations concernant le pilonnage de Benkovac sont
8 cohérentes avec les informations auxquelles vous avez fait référence
9 concernant la matinée du 4 août ?
10 R. Bien, j'ai reçu des informations des commandants de corps, voyez-vous.
11 Et je n'avais aucun contact avec des commandants de brigade. S'ils
12 informaient ou faisaient rapport à leurs commandants de corps, je n'avais
13 aucune raison d'en douter.
14 Mais je voudrais pouvoir regarder l'intégralité de ce document, car je n'en
15 vois que la première page.
16 Q. Bien. Nous y reviendrons dans quelques instants.
17 R. Bien, vous me laisserez le lire un peu plus tard. Très bien.
18 Q. Bien. Je voudrais maintenant vous poser une question particulière là-
19 dessus. Le matin du 4 août à 8 heures du matin, est-ce que vos informations
20 vous permettaient de savoir que bien que Benkovac ait été pilonnée, il n'y
21 avait pas de personne blessée ni tuée à Benkovac ?
22 R. Je ne disposais pas de cette information particulière, mais j'avais eu
23 l'information selon laquelle toutes les villes avaient été pilonnées :
24 Benkovac, Drnis, Vojnic, Vrgin Most, Korenica, Glina. Je veux dire par là
25 que les opérations ou l'action avait commencé non pas sur la ligne de front
26 mais en profondeur, à l'intérieur du secteur; et même Vrgin Most qui avait
27 été pilonnée à des distances de très loin, et nous avions tous été pris par
28 surprise parce que nous ne savions pas qu'ils avaient l'artillerie
Page 18917
1 nécessaire pour atteindre ce secteur.
2 Q. Il y a une phrase que je vais vous lire dans les rapports, disant que
3 100 obus ont été tirés sur la ligne avant des défenses de brigade; et vous
4 nous avez dit que le matin du 4 août, à 8 heures du matin, vous ne saviez
5 pas que vos forces sur les lignes de front avaient fait l'objet de tirs
6 d'artillerie dans la 92e Brigade motorisée ?
7 R. Je ne sais pas pourquoi cette 92e Brigade motorisée devait m'envoyer un
8 rapport à l'état-major principal. C'est illogique. Je n'avais rien à voir
9 avec ces rapports. Ce n'est pas ainsi que cela fonctionnait. Peut-être que
10 c'était le cas comme cela est dit dans ce document, mais il n'y a aucune
11 logique là pour que ceci me soit envoyé. Il avait son propre commandant de
12 corps. J'ai essayé de remettre les choses dans l'ordre, voyez-vous, on ne
13 pouvait pas juste demander au commandant d'agir comme on le souhaitait.
14 M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Greffier, si nous pouvions avoir
15 maintenant le document du 65 ter le 1D1048, s'il vous plaît. Si nous allons
16 tout en haut du texte pour que vous puissiez voir la date.
17 Monsieur le Greffier, pouvons-nous passer à la page 17 de ce document,
18 dans la version original en B/C/S.
19 Q. Bien. Vous voyez la date tout à fait en haut à gauche de ce document.
20 R. Le 4 août.
21 Q. Est-ce votre signature et votre sceau à cet endroit-là ?
22 R. Oui, c'est bien ma signature. Ma signature est très simple, donc je ne
23 vois pas où est le problème.
24 Q. Le 4 août, il semble que vous ayez envoyé une demande au chef de
25 l'état-major général de l'armée yougoslave, en demandant donc un
26 réapprovisionnement en munitions, et vous avez une liste de tout ce que
27 vous avez demandé le 4 août. Est-ce que vous vous souvenez avoir demandé à
28 l'armée yougoslave toutes ces munitions supplémentaires ?
Page 18918
1 R. Je ne me souviens pas, franchement. C'était une question relativement
2 peu importante pour moi. C'était une question d'ordre technique, parce que
3 c'était les gens de la logistique qui faisaient ces demandes; et bien sûr,
4 c'était normal qu'ils fassent une liste détaillée de tous les différents
5 éléments qu'ils avaient demandés. Et peut-être étant donné que les combats
6 avaient déjà commencé, c'était peut-être à moi qu'on a demandé de signer.
7 Mais sinon, normalement ce n'était pas à moi de signer, c'était Bjelanovic
8 qui signait ça. Alors pourquoi je l'ai signé, est-ce que c'est vraiment moi
9 qui l'ai signé ? Je ne me souviens pas, et bien entendu c'est tout à fait
10 normal de se réapprovisionner en matériel et en munitions.
11 Q. Est-ce que, par exemple, vous avez demandé 27 roquettes, par exemple,
12 des obus M-55, T-34, d'autres types d'artillerie ?
13 R. 27, ce ne sont pas des Orkan, ce sont des roquettes Oganj. Les rapports
14 montrent qu'ils ont utilisé ces munitions-là pour tirer sur nous à Knin.
15 Q. Je ne sais pas ce que vous avez entendu. Moi, j'ai dit Oganj 83. Oganj.
16 R. Peut-être c'est une erreur d'interprétation.
17 Q. Dans la région de Knin, où était déployée votre artillerie ?
18 R. L'artillerie de l'état-major principal était déployée dans la région de
19 Slunj, vers Petrova Gora de façon à pouvoir ouvrir le feu. Ce n'était pas à
20 Knin même. A Knin, il y avait l'artillerie du corps d'armée.
21 Q. Je suis désolé. Je parlais du 7e Corps de Knin. Où se trouvait déployée
22 l'artillerie du 7e Corps de Knin ?
23 R. Lorsque nous nous sommes aperçus que nous étions vraiment menacés,
24 vraiment en danger, alors on l'a orienté vers Zadar et vers Split pour
25 protéger ces axes-là. Lorsque la situation s'est modifiée, nous avons alors
26 déplacé une partie de l'artillerie et cette artillerie-là a ouvert le feu.
27 Lorsque les forces ensuite sont arrivées, lorsque Grahovo a pu être conquis
28 aussi, nous avons ouvert le feu à Grahovsko, et aussi Polje et aussi des
Page 18919
1 positions un petit peu plus basses. C'était des obus, il y en avait très
2 peu en fait. Nous n'avons pas réussi à les retirer ensuite. Vous les avez
3 capturés à cet endroit-là.
4 Q. Où se trouve Kninsko Polje; est-ce que vous pouvez expliquer à la Cour
5 ?
6 R. Je crois que c'est quelque part sous Crvena Zemlja, donc c'était tout à
7 fait à notre portée. Nous avons donc sorti quelques pièces là pour pouvoir
8 ouvrir le feu et pour pouvoir soutenir les forces qui défendaient justement
9 cette position. Mais tout cela avait été fait avant l'attaque, avant le 4
10 août. Tout cela, on s'en était occupé avant, les combats n'ont pas commencé
11 avant le 4 août. En fait, je crois qu'il y avait un bus qui avait sauté sur
12 une mine.
13 Q. Mais le 4, le 4 août même si les combats avaient commencé avant le 4 ou
14 le 4 même, est-ce que ces positions de Kninsko Polje pouvaient retourner le
15 tir d'artillerie ? Est-ce qu'ils répondaient aux tirs d'artillerie des
16 positions croates ?
17 R. Je crois que cette artillerie avait été amenée là effectivement au fur
18 et à mesure que les unités se déplaçaient. Cette artillerie a été placée
19 vers Otric. Donc là, elle ne pouvait pas être capturée. Si quelque chose a
20 été capturé, je n'en sais rien. C'est au niveau du corps d'armée; et là,
21 moi, je ne pouvais pas interférer dans ces affaires-là.
22 Q. Mon Général, pourquoi aviez-vous besoin de réapprovisionner
23 l'artillerie si vous ne vous en serviez pas ?
24 R. Mais le réapprovisionnement de l'artillerie était nécessaire parce que
25 l'artillerie avait été utilisée bien avant, en juillet, lorsque l'action
26 Sabre avait été réalisée en Bosnie occidentale, et ça avait commencé par
27 Polje. Parce qu'à partir de ce moment-là, j'avais déjà dû aider la
28 Republika Srpska avec une compagnie ou deux et avec des munitions. Donc les
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1 munitions avaient déjà été utilisées, dépensées à cet endroit-là, donc
2 j'avais besoin de réapprovisionnement pour pouvoir vraiment répondre à la
3 situation de guerre dans laquelle nous nous trouvions.
4 M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Président, je vais demander à ce
5 que cette pièce soit marquée et qu'elle soit versée au dossier. Il s'agit
6 donc d'une partie d'un document 65 ter plus important. Donc nous allons
7 prendre la page que j'ai utilisée pour le moment. Nous allons la
8 télécharger.
9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais c'est un petit peu perturbant ce
10 document, parce que le document original est beaucoup plus important,
11 beaucoup plus long que la traduction.
12 M. MISETIC : [interprétation] Oui.
13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vois par exemple que cette page dont
14 nous parlons apparaît apparemment deux fois dans des formats différents.
15 Une fois en cyrillique avec à peu près le même contenu, mais aussi une fois
16 de façon manuscrite, et puis une autre fois encore en alphabet latin. Donc
17 tout cela est un petit peu perturbant.
18 M. MISETIC : [interprétation] Il y a des documents; en fait, ce sont des
19 documents originaux avec une estimation, une analyse qui avait été
20 préparée. Donc ce que vous voyez ici en alphabet latin, c'est une partie
21 simplement de ce qui était une analyse faite de ces documents. C'est
22 pourquoi j'ai survolé le document original. En fait, il s'agissait d'annexe
23 au document principal. Je ne veux pas le document principal. Je veux
24 simplement l'annexe originale et sa traduction.
25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais néanmoins 11 pages de
26 traduction et 21 pages d'original, forcément, ça pose quelque problème. Et
27 si ici nous nous limitons à ce que nous avons à l'écran actuellement, de
28 façon à essayer de trouver des moyens techniques.
Page 18921
1 Monsieur le Greffier, c'était donc page 17 dans le prétoire électronique,
2 dans la version originale. Quelle était la page ? Je crois la page 5, c'est
3 cela.
4 Monsieur Russo.
5 M. RUSSO : [interprétation] Monsieur le Président, je voudrais avoir
6 l'occasion de déterminer quelque chose. Je ne veux pas m'opposer à ce que
7 cette page soit versée au dossier. Je veux juste que l'on demande d'ajouter
8 d'autres pages de cette pièce.
9 M. MISETIC : [interprétation] C'est également mon intention d'utiliser
10 d'autres pages mais de ne pas les utiliser toutes à la suite.
11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pour le moment, page 17 en B/C/S, page 5
12 en anglais où la traduction en anglais reflète également les notes
13 manuscrites de la page 17.
14 Monsieur le Greffier, tenons-nous-en à cette page bien particulière.
15 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, il s'agira donc de
16 la page D1517.
17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D1517 est donc versé au dossier.
18 Ensuite, pouvez-vous vous assurer que cette pièce est ensuite divisée
19 ?
20 M. MISETIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.
21 Q. Alors était-ce l'habitude pour l'armée yougoslave de vous
22 approvisionner en munitions ?
23 R. Au sein de la République de Krajina serbe, nous avions notre propre
24 production de mortiers 120-millimètres à Lika, à Licki Osijek, mais ce
25 n'était pas suffisant. Donc nous étions obligés aussi de nous
26 approvisionner ailleurs. C'est essentiellement le ministère de la Défense
27 qui nous apportait des ressources financières nécessaires de façon à ce que
28 nous puissions recevoir ces équipements. Maintenant, en ce qui concerne
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1 l'armée yougoslave, c'est vrai qu'elle mettait à notre disposition les
2 installations de production, et donc nous aidait ainsi à nous
3 réapprovisionner. Sinon nous n'aurions jamais pu survivre, ça ne fait là
4 aucun secret. Nous n'aurions jamais pu survivre sans le réapprovisionnement
5 en munitions ni sans des ressources financières provenant de la République
6 de Croatie.
7 Q. Maintenant, si nous pouvons passer à la page 7 du même document qui se
8 trouve à l'écran.
9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Page 7 en anglais ?
10 M. MISETIC : [interprétation] Oui, donc ça deviendrait le deuxième document
11 en B/C/S.
12 Q. Il s'agit d'un rapport de votre part à 16 heures, le 4 août, adressé à
13 l'état-major général de l'armée yougoslave, deuxième administration. Vous
14 rappelez-vous avoir envoyé ce rapport à 16 heures, ce jour-là ?
15 R. Oui.
16 Q. Pouvez-vous nous dire pourquoi en plein milieu d'opération de combat,
17 vous envoyez un rapport au chef d'état-major de l'armée yougoslave ?
18 R. Nous ne lui avons pas envoyé le rapport parce que nous voulions qu'il
19 nous apporte une assistance, mais nous voulions qu'il soit au courant de la
20 situation. Nous voulions donc que la direction politique de la Serbie soit
21 au courant de la situation, soit au courant de ce qui se passait
22 réellement. Et ils furent surpris. Ils n'auraient pas dû être surpris. Mais
23 ils ont tous prétendu qu'ils étaient surpris par la situation.
24 Q. Passons au paragraphe 2 de votre rapport en question. A 16 heures, vous
25 avez dit la chose suivante et je cite :
26 "Nos forces étaient prêtes pour le début de l'agression. Malgré les
27 activités inconsidérées qui ont été réalisées sur toutes les villes, le
28 travail des commandements à tous les niveaux a été caractérisé par un grand
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1 calme."
2 R. Oui.
3 Q. Je continue à citer :
4 "Toutes les attaques ont pu être arrêtées."
5 Si nous poursuivons la phrase, deux phrases plus loin, et je cite :
6 "Au cours des dix premières heures de combat, la défense a été soutenue
7 avec succès par notre aviation et notre artillerie."
8 Maintenant, est-ce que c'est là une description précise à l'époque où vous
9 avez rédigé ce rapport, donc est-ce vrai que vous étiez en train de
10 défendre les positions avec à la fois l'aviation et l'artillerie ?
11 R. Pour l'aviation, je ne me souviens pas s'il y avait eu un pilonnage
12 quelconque ou si l'aviation avait été basée de nouveau en raison du danger
13 qu'elle présentait du fait qu'elle était à la portée de l'artillerie
14 croate, donc il a fallu la transférer vers Banja Luka.
15 L'aviation qui avait déjà engagé des actions avant le début de l'agression
16 et cela avait été fait à la demande de la FORPRONU et de l'OTAN.
17 Mais très franchement, j'avais interdit que l'aviation ouvre le feu sur
18 Krk, sur les dépôts de carburant, et sur les entrepôts stratégiques de la
19 Croatie, parce que je pensais que cela serait considéré comme des pures
20 représailles, et je ne voulais pas faire cela parce que j'étais bien sûr
21 guidé par les principes du droit humanitaire international. Ce qu'ils
22 avaient fait, je veux dire l'aviation, ils l'avaient fait avant le 4 août.
23 Je n'ai pas laissé ouvrir le feu sur les positions. Je les ai envoyés en
24 Bosnie.
25 Q. C'est là l'une de vos réponses --
26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Misetic, vous avez fait allusion
27 à 16 heures deux fois, alors que le sceau tout à fait en bas de la page
28 indique "15 heures."
Page 18924
1 LE TÉMOIN : [aucune interprétation]
2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je demande à Maître Misetic --
3 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne vois pas ce que j'ai signé.
4 M. MISETIC : [interprétation] Je regarde le premier --
5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il y a un sceau : "Reçu à 15 heures," un
6 timbre, si vous voulez, un tampon, "Reçu à 15 heures."
7 M. MISETIC : [interprétation] Oui. Je me suis trompé avec le rapport
8 suivant, le rapport opérationnel de 16 heures.
9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc il faut que ce document soit
10 corrigé au procès-verbal. Ce document avait été reçu à 15 heures.
11 Maintenant vous pouvez poursuivre.
12 M. MISETIC : [interprétation] Je suis désolé. Nous allons arriver à 16
13 heures avec le document suivant.
14 Q. Mais là, il est 15 heures, et si nous passons -- je vais vous le
15 redemander. Ce que je voulais vous demander, Mon Général, c'est aussi de
16 vous rappeler de bien vous concentrer sur ma question, parce que vous avez
17 peut-être d'autres choses à dire avec des réponses qui peuvent être plus ou
18 moins longues. Mais ma question est très simple. Elle est la suivante :
19 vous avez répondu à la partie de ma question concernant l'aviation.
20 Maintenant, je vous repose la même question concernant l'artillerie. Est-ce
21 que vous défendiez les positions avec l'artillerie ?
22 R. Oui, mais uniquement contre ceux qui nous mettaient en danger, les
23 forces que nous pouvions voir, que nous pouvions observer. C'est moi qui
24 donnais les instructions.
25 Q. Passons au paragraphe suivant :
26 "Les activités de l'artillerie sur les villes ont engendré de grandes
27 destructions et de grands dégâts."
28 Qu'est-ce que vous entendiez par ces grandes destructions ? Quelle ville
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1 avait été grandement détruite ?
2 R. C'est probablement une expression que quelqu'un a utilisée dans le
3 rapport. Vous savez comment ça se passe. Lorsqu'on rédige un rapport, on a
4 toujours tendance à peut-être un petit peu exagérer les choses. Tout ce que
5 l'on m'avait dit c'était que toutes les localités, tous les différents
6 quartiers de la ville avaient été pilonnés. Cela était peu probable, plutôt
7 que d'avoir tiré sur les villages où il n'y avait pas de combattants. Il y
8 avait eu quelques destructions dans le sens où certains toits s'étaient
9 écroulés, certains bâtiments avaient été touchés, je ne sais pas.
10 Q. Donc nous avons vu le rapport du général Kovacevic, et est-ce que vous
11 remettez en question le rapport du général Kovacevic selon lequel les
12 forces du 7e Corps sur le mont Dinara étaient soumises à des tirs
13 d'artillerie intenses sur la ligne de front ?
14 R. Non, non, je ne remets pas ça en question. En fait, je l'ai observé
15 d'ailleurs personnellement, je l'ai vu de mes yeux.
16 Q. Alors si nous passons au paragraphe suivant, et là c'est
17 particulièrement ce qui m'intéresse. Vous avez dit, comme le Président l'a
18 mentionné, à 15 heures, d'après le tampon sur ce document, je cite :
19 "L'ennemi mène une attaque intense depuis Grahovo sur Dinara" --
20 R. Je ne vois pas cela.
21 Q. Non, c'est au paragraphe qui commence par : "A 11 heures…" Donc c'est
22 le paragraphe dans votre version où il est dit : "Vers 14 heures 30…"
23 Est-ce que vous voyez ce paragraphe juste au-dessus de l'autre paragraphe,
24 au-dessus de la partie 3 ?
25 R. Au-dessus de la décision ? Oui, je le vois. Oui, c'est là le danger,
26 oui, oui.
27 Q. Donc à un moment entre 14 heures 30 et 15 heures, vous avez envoyé un
28 rapport à Belgrade disant qu'il y avait maintenant une brèche à Crvena
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1 Zemlja et que cette brèche plaçait la défense de Knin en danger; c'est bien
2 exact ?
3 R. Oui.
4 M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Président, je vais diviser ces
5 documents comme je l'ai fait avec le document précédent, donc je voudrais
6 marquer ces pages pour qu'elles constituent une pièce séparée et les verser
7 au dossier.
8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Russo.
9 M. RUSSO : [interprétation] Je n'ai aucune objection, Monsieur le
10 Président.
11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.
12 LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce que je peux voir la dernière page ?
13 Vous ne me montrez jamais la dernière page. Vous me montrez toujours la
14 première, mais ce n'est pas le document dans son intégralité. Je voudrais
15 voir ce que j'ai signé, si ce n'est pas trop compliqué pour le technicien
16 de me montrer.
17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que l'on peut montrer l'original
18 au témoin, la deuxième page.
19 M. MISETIC : [interprétation] Oui, la page suivante, s'il vous plaît.
20 LE TÉMOIN : [interprétation] Cela aussi, il faut le lire, je cite :
21 "Nous estimons que toutes les mesures nécessaires doivent être prises de
22 toute urgence pour arrêter l'agression croate."
23 Donc la guerre n'était pas notre objectif. Notre objectif était vraiment
24 une solution pacifique de la situation, parce que --
25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Général Mrksic, la question qui vous a
26 été posée était de savoir si vous pouviez, sur la deuxième page, voir si
27 c'était bien vous qui aviez signé ce document --
28 LE TÉMOIN : [aucune interprétation]
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1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] On ne vous a pas demandé de commenter ce
2 document. Si cela a une pertinence quelconque, M. Russo peut éventuellement
3 vous poser des questions, ou un autre conseil de la Défense.
4 Poursuivez, s'il vous plaît, Maître Misetic.
5 M. MISETIC : [interprétation] Oui. Monsieur le Président, je ne crois pas
6 que nous ayons un numéro. Mais juste pour le procès-verbal, ces pages sont
7 --
8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous avez raison, je --
9 M. MISETIC : [interprétation] Les pages sont --
10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.
11 M. MISETIC : [interprétation] Pour le procès-verbal, Monsieur le Président,
12 il s'agit des pages 18 et 19 de la version B/C/S et pages 7 et 8 de la
13 version anglaise.
14 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ces documents vont devenir la pièce
15 D1518.
16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Cette pièce est donc versée au dossier.
17 M. MISETIC : [interprétation] Si nous pouvons maintenant passer aux pages
18 suivantes.
19 Q. Il s'agit d'un rapport là encore du lieutenant-colonel Knezevic, et qui
20 envoie un rapport à l'administration de l'état-major avec une heure précise
21 opérationnelle de 16 heures, et sur le tampon, on voit : "Reçu à 16 heures
22 45."
23 Alors, ce qui m'intéresse ici c'est que dans ce rapport, au troisième
24 paragraphe, il explique que sur l'axe Grahovo-Crvena Zemlja-Knin :
25 "Les Oustachi ont réussi à reprendre les sommets dominants et les
26 conditions sont tout à fait favorables pour continuer leurs activités et
27 arriver dans le voisinage immédiat de Knin."
28 Est-ce que vous vous rappelez si à environ 16 heures ce jour-là, la
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1 situation était telle que l'armée croate avait avancé et avait pris des
2 positions qui étaient maintenant favorables pour elle pour pouvoir avancer
3 sur Knin; est-ce exact ?
4 R. Oui, c'est exact, et le MUP s'est retiré. Ils ont eu peur. Ils ont
5 évité un affrontement direct. Ils auraient pu, mais ils ont préféré éviter.
6 Les forces auraient pu entrer dans Knin juste après le retrait si elles
7 avaient voulu.
8 Q. Il dit également la chose suivante, et je cite :
9 "Ils ont réussi à environ 15 heures à reprendre la crête de Mali Alan sur
10 le mont Velebit et ont mis en danger les appareils de transmission de la
11 télévision de Celavac."
12 Correct ?
13 R. Oui, c'est correct.
14 Q. Et est-ce correct, en termes de temps, c'est aux alentours de 15 heures
15 qu'il y a eu cette percée du côté de Velebit vers Gospic ?
16 R. Oui, effectivement, toutes les communications ont été coupées puisque
17 toutes les lignes de transmission étaient rompues. Je n'ai donc eu aucune
18 communication du tout avec le commandant du corps, si ce n'est les choses
19 que je leur avais envoyées lors de l'étape de préparation. Mais je crois
20 que le relais de transmission avait été pilonné par les avions de l'OTAN.
21 Q. Mais je voudrais m'assurer que vous avez bien répondu à ma question.
22 Est-il exact, comme il est dit ici, qu'à environ 15 heures l'armée croate
23 avait réalisé une percée à Mali Alan et menaçait Gracac ?
24 R. Oui.
25 Q. Est-il correct, sur la base de ce que vous avez déposé hier, qu'à
26 partir de 16 heures le 4 août, à partir de cette percée sur la position de
27 Crvena Zemlja et à partir de ce côté-là, du côté de Mali Alan, était-il
28 possible que cet encerclement qui vous menaçait puisse se réaliser ?
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1 R. Oui, tout à fait, et d'un point de vue réaliste c'était un très grand
2 risque. C'était le danger essentiel pour toute cette région de la Dalmatie,
3 parce qu'elle aurait été complètement coupée et pourrait rester à
4 l'intérieur de la Croatie, ce qui aurait été très bien sauf pour le fait
5 que c'était un danger parce que les personnes se seraient retrouvées
6 encerclées et tuées au main des différentes unités paramilitaires et
7 autres.
8 M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Président je demande que les
9 pages 20 et 21 -- non, je suis désolé, page 20 de la version B/C/S et pages
10 9 et 10 de la version anglaise soient marquées pour identification et
11 versées au dossier.
12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Russo.
13 M. RUSSO : [interprétation] Aucune objection, Monsieur le Président.
14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier, ces deux pages.
15 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, ces deux pages
16 deviennent la pièce D1519.
17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et cette pièce est versée au dossier.
18 M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Greffier, pouvons-nous avoir
19 maintenant la pièce D927 à l'écran, s'il vous plaît.
20 Q. Mon Général, vous souvenez-vous qu'en fin d'après-midi, aux alentours
21 de 16 heures, est-ce que vous vous souvenez avoir été au téléphone avec
22 Milan Babic à Belgrade ? Est-ce que vous vous souvenez donc que vous et M.
23 Martic ayez été au téléphone avec M. Babic à Belgrade ?
24 R. Oui, je m'en souviens. Les communications fonctionnaient encore à ce
25 moment-là.
26 Q. Est-ce que vous pouvez vous rappelez de ce dont vous avez discuté lors
27 de cette conversation téléphonique ?
28 R. Je vais vous expliquer. Ce n'est pas moi qui parlais. C'était le
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1 président de la république qui parlait au premier ministre. Il disait au
2 premier ministre d'aller là-bas, d'aller voir pour être sûr que tout se
3 passe bien, que tout était en ordre, que l'on puisse éviter la guerre. Il
4 disait qu'il fallait aller parler aux gens de l'ambassade américaine,
5 signer tous les différents plans, le plan Z-4 et tous les autres pour
6 éviter à tout prix la guerre.
7 Donc lorsque nous avions fini, l'état-major principal du commandement
8 Suprême, où il y avait tous les ministres, le président de l'assemblée, le
9 ministre de l'Intérieur, et ça c'était dans la salle de conférence de
10 l'état-major général, nous en sommes arrivés à une estimation de la
11 situation. Vous pouvez voir que même aussi sur la base de ces documents, il
12 y avait toujours ce danger des forces qui pouvaient pénétrer par Crvena
13 Zemlja dans Knin si elles le voulaient. Il y avait toujours ce risque de
14 coupure de la ligne à Otric, ce qui risquait de couper complètement toute
15 la Dalmatie, parce qu'il n'y avait personne qui attaquait de là-haut. Donc
16 il fallait absolument prendre une décision politique. Nous n'étions pas en
17 mesure de prendre cette décision nous-mêmes. Il nous fallait consulter tous
18 les membres du Conseil suprême de la Défense.
19 Q. Mais regardons à l'écran et voyons les détails qui sont indiqués ici.
20 Là encore, il s'agit d'un enregistrement de cette conversation
21 téléphonique, et il est dit que -- c'est vous qui commencez avec M. Babic,
22 et je cite -- il y a M. Babic, le général Mrksic, vous-même et Milan. Le
23 numéro 1, c'est M. Babic; le numéro 2, c'est vous. Le numéro 1 dit :
24 "C'est comme cela : j'ai parlé --"
25 Je ne sais pas si cela va vous rafraîchir la mémoire. Ensuite, il est dit
26 M. Martic -- vous n'avez pas encore eu l'occasion de le lire ?
27 R. Non, je suis en train de regarder le document, mais ce n'est pas Mile
28 Mrksic; ce n'est pas du tout le style de Mile Mrksic. Ce n'est absolument
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1 pas la façon dont je m'exprime. Je ne suis pas un homme à utiliser ce genre
2 de termes. La personne qui vous a préparé ce document s'est trompée. Non,
3 je ne suis pas un officier de garde.
4 Q. Général --
5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous avez dit que c'était le numéro 1,
6 le numéro 1 c'était M. Babic. Où est-ce qu'on trouve cela --
7 M. MISETIC : [interprétation] Un certain Milan, Monsieur le Président.
8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Un certain Milan.
9 M. MISETIC : [interprétation] Oui.
10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D'accord. Vous dites que c'est M. Babic,
11 mais ça, il faut encore le prouver, il faut encore l'établir. Il ne faut
12 pas le présenter au témoin de cette façon.
13 LE TÉMOIN : [interprétation] Martic.
14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le document ne doit pas apparaître de
15 cette façon-là.
16 M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Président, ça va être difficile
17 de garder tout cela bien en ordre.
18 Q. Mais essayons de suivre cela.
19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Domazet, y a-t-il un problème ?
20 M. DOMAZET : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.
21 J'ai juste une petite intervention à faire. Dans le procès-verbal, en
22 page 11 : "Je ne suis pas un officier de garde." M. Mrksic a dit, en
23 réalité : "Je suis," ou, "j'étais un officer de garde," non pas, "je ne
24 suis pas."
25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Si vous ne connaissez pas tout à fait le
26 règlement qui s'applique dans ce Tribunal, mais si vous pensez que le
27 procès-verbal ou la traduction donne quelque chose qui n'est pas exactement
28 précis ou qui n'est pas exact, alors vous n'êtes pas censé donner votre
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1 opinion sur ce que devrait être exactement la traduction, mais vous pouvez
2 poser la question et demander si peut-être c'est un problème de traduction.
3 A ce moment-là, le témoin pourra répéter sa réponse, et si c'est une
4 question de transcription, nous pourrons voir à ce moment-là de quelle page
5 il s'agit pour voir s'il y a une imprécision. C'est cette procédure-là que
6 nous suivons dans ce prétoire. Nous ne remplaçons pas ce que nous pensons
7 être mauvais par ce que nous pensons être bon. C'est comme cela que ça se
8 fait.
9 M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Président.
10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.
11 M. MISETIC : [interprétation] Ma suggestion c'est que nous fassions une
12 petite pause, et je donnerai au témoin --
13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] De façon à ce que le témoin puisse lire
14 le document pendant la pause ?
15 M. MISETIC : [interprétation] Oui.
16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Mrksic, nous avons un petit peu
17 de travail à vous faire faire.
18 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous allez avoir cette version écrite du
20 procès-verbal de cette conversation téléphonique enregistrée, et je vous
21 demanderais de bien vouloir la lire pendant la pause.
22 Nous allons donc avoir une petite pause et nous reprendrons à 11 heures.
23 --- L'audience est suspendue à 10 heures 35.
24 --- L'audience est reprise à 11 heures 05.
25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Misetic, vous pouvez reprendre.
26 M. MISETIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
27 Q. Général Mrksic, avez-vous eu le temps de relire la transcription de la
28 conversation téléphonique interceptée dont nous parlions tout à l'heure ?
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1 R. Je l'ai lue.
2 Q. Ce qui m'intéresse ce n'est pas l'aspect littéral du texte, je ne vous
3 demande pas de me dire que chaque mot est exact. Mais avant d'en venir là,
4 j'aimerais que vous nous disiez s'il y a eu une conversation avec M. Babic
5 et si elle avait un rapport avec la décision relative à l'évacuation. Donc
6 après un examen rapide du texte destiné simplement à vous rafraîchir la
7 mémoire, est-ce que vous pouvez dire aux Juges de la Chambre quel était
8 l'objet de la discussion avec M. Babic avant la décision d'émettre un ordre
9 d'évacuation ?
10 R. Ce que je voudrais vous dire d'abord, c'est que si je me souviens bien,
11 je n'ai pas parlé à M. Babic car c'était un devoir qui incombait à M.
12 Martic, le président de l'Etat. Lorsque je participais à une conversation
13 téléphonique, on ne me désignait jamais sous le prénom de Milan. On me
14 désignait sous le prénom de Mile, on m'appelait Mile Mrksic. Et même après
15 avoir relu le texte de cette écoute téléphonique, je répète que personne ne
16 s'adressait à moi en m'appelant "Milan". Notamment dans le cadre d'une
17 conversation de cette nature avec le premier ministre de l'époque,
18 d'ailleurs je ne le connaissais même pas. Mais je sais qu'une conversation
19 téléphonique a eu lieu, en tout cas, c'est ce qu'on m'a dit, une
20 conversation téléphonique, parce que le besoin existait de consulter le
21 président qui était membre du commandement Suprême pour savoir ce qu'il
22 convenait de faire à l'avenir.
23 Q. Et on vous a dit que l'objet de la discussion avec M. Babic était quoi
24 exactement ?
25 R. Le président de la république a déclaré qu'il avait consulté M. Babic
26 et qu'ils s'étaient entendus, ou en tout cas, qu'une proposition officielle
27 avait été faite qui reprenait l'avis de l'état-major selon lequel les gens
28 ne devraient pas être laissés seuls à la merci de ce qui risquait
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1 d'arriver, qu'il fallait les évacuer de la Krajina vers Srb. Il n'était pas
2 question d'abandonner le territoire de la Republika Srpska. Nous appelions
3 ça une mesure tactique, nous savions bien que puisque notre armée n'était
4 pas une armée professionnelle, elle serait confrontée à des problèmes dès
5 lors que la population se mettrait en mouvement. Et par la suite une
6 décision a été émise qui était sans doute signée par le président, je ne
7 sais pas exactement qui a signé cette décision.
8 Q. Vous rappelez vous -- ou plutôt, excusez-moi. S'agissant du compte
9 rendu d'audience, il est possible que quelques détails aient échappée à la
10 consignation au compte rendu de la part des interprètes. Vous avez dit que
11 la population ne devait pas être laissée seule face à elle-même. Qu'est-ce
12 qui suscitait la crainte, quel était le motif à l'origine de cette idée ?
13 R. Je vais vous dire franchement, la crainte était de nature historique --
14 Q. Non, non. Je crois qu'en fait vous avez déjà répondu à cela, mais je
15 vais reformuler ma question. Cette décision a-t-elle été prise en raison de
16 l'existence d'un risque d'encerclement ?
17 R. Cette décision a été rendue en raison du risque d'encerclement et du
18 fait que nous n'étions pas sûr qu'en cas d'encerclement, ils allaient se
19 conduire bien vis-à-vis de la population, donc nous souhaitions ne pas en
20 arriver à une situation où certains voudraient savoir qui est coupable de
21 quoi et nous souhaitions que chacun puisse rester dans sa maison et
22 continuer de vivre sa vie.
23 Q. Et eu égard à la Slavonie occidentale, c'était quoi la crainte ?
24 R. La population avait peur, d'abord de la puissance qui avait été
25 manifestée par l'Etat de Croatie vis-à-vis de la Slavonie occidentale au
26 moment des événements de Slavonie occidentale et la population avait peur
27 que des événements puissent faire des victimes comme c'était déjà arrivé
28 là-bas. Parce que les gens qui n'avaient pas voulu partir, les gens qui
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1 n'avaient pas voulu évacué vers des endroits plus sûr, les forces dont
2 disposait la République de Croatie à l'époque n'avaient même pas le pouvoir
3 d'exercer un contrôle sur leurs propres effectifs, et dans des situations
4 de ce genre, il y a toujours des extrémistes qui vont faire du mal à la
5 population, ça existe de tous les côtés. Donc la population avait peur
6 évidemment. Et il y a eu des victimes, alors imaginez si tout le monde
7 était resté, combien il y aurait eu de victimes ? Là les victimes étaient
8 uniquement les vieillards et les plus miséreux qui n'avaient pas de moyens
9 de transport pour partir.
10 Q. Vous rappelez-vous si vous auriez été informé du fait que M. Babic,
11 durant cette conversation téléphonique, a annoncé si oui ou non vous
12 pouviez attendre de l'aide de la part de M. Galbraith ou de la communauté
13 internationale en général ?
14 R. Je crois qu'il a eu un contact avec Martic. Et d'après ce que je peux
15 lire dans ce texte, il a été dit qu'il était impossible de s'attendre à une
16 aide quelconque, que les événements avaient démarré et que plus rien ne
17 pourrait les arrêter. Nous n'avons pas pu les arrêter à Genève. M. Cervenko
18 n'a pas voulu discuter avec moi, donc cela a fait comprendre clairement
19 tout de suite que la décision avait été prise, décision selon laquelle il
20 n'y avait pas moyen d'arrêter les choses qui avaient démarré. Or, nous
21 notre intérêt c'était d'arrêter tout cela. Et je crois que le président
22 Milosevic et tous les autres ont été trompés à ce moment-là.
23 Q. Cette conversation téléphonique est censée avoir eu lieu à 16 heures
24 30.
25 J'aimerais maintenant que l'on affiche la pièce D137 sur les écrans.
26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Misetic, est-ce que ce numéro
27 vient du code qui est inscrit en haut de la page, qui se termine par "1630"
28 ? Mais je ne crois pas que l'on nous ait dit quelle était la signification
Page 18936
1 de ce code --
2 M. MISETIC : [interprétation] Je crois que c'est l'heure, Monsieur le
3 Président, et que ce n'est pas contesté.
4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Si ce n'est pas contesté…
5 M. MISETIC : [interprétation]
6 Q. Mon Général, ceci est un document qui a été versé au dossier, c'est un
7 ordre d'évacuation émanant de M. Martic. Vous rappelez-vous avoir déjà eu
8 ce document sous les yeux ?
9 R. Ce document je le vois pour la première fois aujourd'hui, mais je suis
10 au courant du fait que ce document a été émis. Je ne l'ai pas lu à
11 l'époque, mais je sais qu'il a été élaboré sur la base de ce que pensait le
12 Conseil suprême de la Défense. Peut-être qu'il a été transmis à l'état-
13 major, c'est vraisemblable, mais comme je faisais partie de cette instance,
14 il n'était pas nécessaire de me le montrer spécialement. Et maintenant je
15 vois que c'est un ordre très court qui se divise en trois points.
16 Q. D'abord, est-ce que vous pourriez regarder la mention de l'heure en
17 haut à gauche, est-ce que cela correspond à ce dont vous vous souvenez, à
18 savoir que cet ordre a été émis à 16 heures 45, c'est-à-dire un peu de
19 temps après la conversation interceptée à laquelle participait M. Babic ?
20 R. Oui, vous voyez que ce document a commencé à circuler à 17 heures 20,
21 c'est écrit en bas. Il faut tout de même un certain temps pour rédiger ce
22 document, le dactylographier et le transmettre, et cetera. Donc bien sûr
23 cela s'est passé après la réunion, l'entretien en question.
24 Q. Dans ces conditions, pourriez-vous nous expliquer pourquoi l'état-major
25 principal était dans l'obligation de certifier cet ordre ?
26 R. Parce que le président de la république est commandant suprême de
27 l'armée et qu'il participait aux réunions de l'état-major principal à nos
28 côtés. Il était le chef. Il participait aux réunions de l'état-major
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1 principal et c'était lui qui était à l'origine de toutes les décisions.
2 Bien sûr, en temps de guerre, il n'avait plus de fonction particulière au
3 sein de la présidence. Son action se situait à l'état-major. Je ne sais pas
4 d'ailleurs s'il n'était pas accompagné par d'autres membres de la
5 présidence dans son action au sein de l'état-major principal. A ses côtés,
6 il y avait le MUP, il y en avait d'autres aussi.
7 Q. D'accord. Page 44, ligne 21 du compte rendu d'audience, c'était une
8 réponse de votre part, et vous avez dit que ce document a été distribué
9 uniquement à 17 heures 20. Pouvez-vous nous dire à qui il a été transmis ?
10 R. Ce rapport a été envoyé aux instances concernées, à savoir les brigades
11 dont on voit les noms en bas, le Corps de Knin ou de Benkovac, le Corps de
12 Drnis, le Corps de Dalmatie, Benkovac, Obrovac, Drnis; ça, ce sont les
13 brigades, et Obrovac. Il n'avait aucun rapport avec Kordun. Donc il a été
14 adressé aux unités qui risquaient d'être coupées du reste des troupes et
15 encerclées.
16 Q. Donc si je vous comprends bien, cet ordre a suivi la voie hiérarchique
17 vers les unités subalternes ?
18 R. Techniquement, je ne sais pas comment ça s'est passé. Ce sont les
19 estafettes qui sont responsables de cela. Je ne sais pas si c'était adressé
20 aux instances municipales ou si c'est à partir du ministère que ce document
21 a été envoyé. Sur le plan technologique, je ne sais pas. Je ne suis pas
22 spécialiste. Comment les autorités civiles ont réagi, comment elles ont agi
23 ensuite.
24 Q. Je vais vous poser la question suivante : savez-vous qui est Drago
25 Kovacevic ?
26 R. C'était le président de la municipalité de Knin, si je ne me trompe.
27 Q. Oui.
28 R. Si je me souviens bien, parce que vous savez, ça fait longtemps.
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1 Q. Vous rappelez-vous si M. Kovacevic a assisté à la réunion qui a donné
2 lieu à l'émission de l'ordre d'évacuation ?
3 R. Je crois que ça aurait été une bonne chose s'il avait participé à cette
4 réunion, parce qu'il fallait qu'il y ait coopération avec son corps
5 d'armée, enfin, avec les hommes qui faisaient partie de son corps d'armée.
6 Mais je ne me rappelle pas. Je ne peux pas me rappeler tous les détails.
7 D'ailleurs, j'ai passé très peu de temps là-bas, donc je ne connaissais pas
8 tous ces hommes. Je ne les connaissais pas bien.
9 Q. Général Mrksic, vous rappelez-vous si vous êtes arrivé dans cette
10 réunion et si vous avez dit que les personnes évacuées devaient être
11 dirigées vers Petrovac et Banja Luka ?
12 R. Non. Pourquoi est-ce que j'aurais changé un ordre venant du
13 commandement Suprême ? Je n'étais pas habilité à le faire. Et pourquoi est-
14 ce que je l'aurais fait ?
15 Q. Bon. Je vais vous montrer les images d'une vidéo après quoi je vous
16 demanderais vos commentaires.
17 M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Greffier, il s'agit de la pièce
18 D326.
19 [Diffusion de la cassette vidéo]
20 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]
21 "Les colonnes de réfugiés passaient par là, et le 4 août 1995 vers 17
22 heures, les autorités civiles et militaires se sont regroupées chez Martic,
23 et Martic était en uniforme. Il y avait un grand cendrier devant lui et
24 plusieurs paquets de cigarettes vides sur la table. Alors ils ont dit :
25 bonjour, bonjour, pourquoi est-ce que tu m'as appelé ? Et il a dit : je
26 t'ai appelé parce que j'ai décidé d'évacuer la ville. Nous étions censé
27 prendre des mesures pour faire déménager la population civile, j'insiste
28 sur ce mot, la population civile de la Dalmatie septentrionale; c'est-à-
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1 dire des municipalités de Benkovac, Obrovac, Knin et Drnis de la
2 municipalité de Gracac et de Lika.
3 "Pour moi, ce n'était pas un choc. J'ai constaté que c'était une mesure
4 assez raisonnable. A ce moment-là, nous avons émis l'ordre. C'est Kosta
5 Novakovic qui a émis cet ordre. A ce moment-là, nous avons écrit dans
6 l'ordre que le but était d'évacuer la population civile vers Knin, Otric ou
7 Srb ou Lapac; il fallait que dans ce secteur, les gens soient déménagés. A
8 ce moment-là, Mrksic a réagi en disant : mais comment Srb, il faut aller
9 plus loin que Srb, vers Petrovac, plus loin, vers Petrovac et Banja Luka. A
10 ce moment-là, il a montré un peu de réserve et il a dit que si les civils
11 étaient déplacés, cela poserait un problème aux lignes militaires. Il a dit
12 si les civils s'en vont, ils seront suivis par l'armée qui va évacuer aussi
13 et cela nous posera toute sorte de problème.
14 "Toutefois, dans la soirée, quand il est arrivé - parce qu'avant il
15 était à l'étage, je parle de Mrksic - il m'a dit sur les marches d'escalier
16 qu'apparemment la population avait reçu l'ordre d'évacuation. Je lui ai dit
17 : Mon Général, l'armée est en train de tomber en pièces, alors comment est-
18 ce qu'on peut évacuer et ce, sur la base d'un ordre ? Il a dit : non, ce
19 n'est pas notre décision, c'est le Conseil suprême de Défense qui a pris
20 cette décision. A ce moment-là, quelqu'un a demandé à Martic ou bien c'est
21 Martic lui-même qui a demandé un contact avec Slobo. Il n'a pas parlé de
22 Srb. Il a obtenu Brane Crncic [phon] au téléphone qui l'a rassuré. Sans
23 doute qu'il n'a pas pu atteindre Slobo, alors il a obtenu Sencevic qui lui
24 a dit que Slobo ne voulait pas se mêler de cette affaire, qu'il ne
25 prendrait aucune mesure. C'est la première fois à ce moment-là, que j'ai
26 entendu Martic insulter Slobo, et cetera, et cetera."
27 [Fin de la diffusion de cassette vidéo]
28 M. MISETIC : [interprétation]
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1 Q. Monsieur Mrksic --
2 R. Oui.
3 Q. -- j'aimerais vous donner la possibilité de commenter les propos de M.
4 Kovacevic. Est-ce qu'effectivement, vous avez dit qu'il fallait évacuer
5 plus loin que les localités mentionnées dans l'ordre, qu'il fallait aller
6 jusqu'à Petrovac et Banja Luka ?
7 R. Ce que raconte M. Kovacevic, moi, je ne l'ai même pas vu et je ne suis
8 même pas allé à l'endroit où il était avec Martic, avec tous ces cendriers
9 pleins. Et ce que dit Kosta, ce qu'il parle au sujet de la coopération,
10 nous le savions, et cela c'est exact, c'est ce qui a été dit. Mais que
11 j'aurais dit qu'il fallait évacuer plus loin encore, ça, je ne pouvais pas
12 le dire et ce n'était pas dans l'esprit de la mission qui m'avait été
13 confiée par le président Milosevic lorsqu'il m'a envoyé en Krajina. Et
14 personne ne me l'a ordonné. Maintenant, est-ce qu'il existe des petits
15 jeux, est-ce qu'il voudrait m'imputer quelque chose que j'aurais dit, ça,
16 c'est autre chose. Mais moi, je n'ai pas donné cet ordre. D'accord, allez-
17 y.
18 Q. J'aimerais maintenant vous montrer trois autres documents. Je vous les
19 montrerai l'un après l'autre pour ne pas perdre de temps. C'est après que
20 vous aurez vu ces trois documents que je vous donnerai la parole pour
21 quelques commentaires. D'accord ?
22 Alors, j'aimerais que nous passions d'abord à la pièce D182.
23 Vous aurez la possibilité de commenter, mais plus tard de façon détaillée.
24 Pour le moment, je vous demande simplement de répondre par "oui" ou par
25 "non", s'il vous plaît. Est-ce que vous saviez qu'une réunion s'est tenue à
26 18 heures, en présence du commandement de l'ONURC et de la FORPRONU, à leur
27 siège ? Est-ce que vous êtes au courant de cela ? Simplement "oui" ou "non"
28 pour le moment, vous aurez la possibilité de commenter plus en détail plus
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1 tard.
2 R. C'est possible, mais je n'en ai pas le souvenir. Si je n'en ai pas le
3 souvenir, c'est peut-être dû au fait que je n'ai pas assisté à cette
4 réunion. Je ne sais pas. Parce que c'était la crise, la situation était
5 très difficile sur le plan psychologique; qui est avec qui, qui soutient
6 qui ?
7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Mrksic, vous nous avez dit que
8 vous ne vous en souveniez pas et que vous pensiez que puisque vous n'aviez
9 pas de souvenir, cela signifiait que vous n'étiez pas à la réunion. Cela
10 suffit.
11 M. MISETIC : [interprétation]
12 Q. Est-ce que vous vous rappelez que lors de la réunion où l'évacuation a
13 été discutée en présence du conseil de la Défense, est-ce que le commandant
14 de l'ONURC aurait dû être contacté pour apporter son concours à cette
15 évacuation après la décision ? Est-ce que vous vous rappelez cela ?
16 R. Ça, c'était la mission de Kosta Novakovic parce que c'est lui qui
17 assurait la liaison, moi je ne sais pas, je ne peux pas me souvenir de
18 cela, je ne peux pas. C'est vraisemblable parce que nous demandions le
19 concours de tout le monde.
20 Q. Je vais vous montrer maintenant les trois documents que j'ai annoncés
21 tout à l'heure, et ensuite vous aurez la possibilité de commenter.
22 Alors, le premier est un rapport de l'ONURC je crois, si je ne me trompe,
23 qui est envoyé à 19 heures 45. Ne prêtez pas attention à la date, car en
24 l'espèce tout le monde est d'accord pour dire que la date devrait être
25 celle du 4 août 1995. Alors, concentrez-vous sur le deuxième paragraphe où
26 nous lisons, je cite :
27 "Les autorités de la RSK ont demandé l'aide des Nations Unies pour
28 organiser et fournir les moyens de transport nécessaires à une évacuation
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1 de ce genre. Les calculs initiaux de la RSK démontrent que les Nations
2 Unies devront fournir à ces réfugiés pour assurer leur transport à peu près
3 70 000 litres de carburant et 450 camions. La RSK propose un itinéraire
4 principal partant de Knin, passant par Padjane, Otric, Srb, Martin Brod,
5 Petrovac, Banja Luka."
6 Passons maintenant à la pièce D337. Page 2, paragraphe 4.
7 D337, Monsieur Mrksic, c'est un document qui est un rapport de Yasushi
8 Akashi adressé à Kofi Annan en date du 14 août 1995. Au paragraphe 4, dans
9 la première phrase, il dit, je cite :
10 "Nous avons été informés par le responsable des affaires civiles du secteur
11 sud que les dirigeants de Knin avaient demandé l'aide du HCR
12 pour évacuer 32 000 civils à peu près de Benkovac, Obrovac, Gracac et Knin
13 dans la direction de Petrovac et Banja Luka en Bosnie-Herzégovine."
14 Enfin, je vais vous montrer le document 65 ter numéro 172, il s'agit des
15 notes personnelles d'un homme qui s'appelle Drago Vujatovic; il a pris des
16 notes à la main lors d'une réunion organisée avec le commandement de
17 l'ONURC.
18 En anglais, c'est la page 16 qui m'intéresse et dont je demande
19 l'affichage. Le bas de la page, s'il vous plaît.
20 Il remarque que la réunion commence à 17 heures 40. Kosta Novakovic est
21 présent, K. Milan, K. Drago sont présents également. Et ensuite, nous
22 lisons : "Alain Forand, Mrksic, Mile, et Trbulin, Milan." Page suivante de
23 la version anglaise sur les écrans, je vous prie. Non, non, pardon, pardon,
24 je ne crois pas qu'on vous ait montré la page correspondante dans la
25 version originale. Il s'agit de la page 129 en B/C/S. Voilà.
26 Au milieu de la page, vous voyez, ce sont des notes manuscrites; et en
27 anglais, je demande maintenant l'affichage de la page suivante. Voilà, elle
28 est affichée déjà. Alors, il écrit à la main :
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1 "EV. Knin-Benkovac-Obrovac-Drnis-Gracac-Otric-Srb-Lapac, défendre…"
2 Puis, nous voyons la phrase :
3 "…Galbraith est invité par Tudjman."
4 Puis ensuite, nous lisons :
5 "Martin Brod est plus loin jusqu'à Banja Luka. Allez jusqu'au bout."
6 Un peu plus bas dans la page, je demande que l'on fasse défiler vers le bas
7 la page en B/C/S sur les écrans. Donc il note :
8 "Martin Brod-Petrovac-Banja Luka," puis : "Carburant." Puis une répartition
9 avec le chiffre de 15 000 et un total de 32 000. Vous vous rappelez que M.
10 Akashi avait parlé lui aussi de 32 000 personnes qu'il fallait déménager
11 hors de cette région.
12 D'abord, je vous demande si ce document vous rafraîchit la mémoire ? Est-ce
13 que vous avez assisté à cette réunion ?
14 R. C'est la première fois que je vois ce document. D'après ce que j'ai en
15 mémoire, si je me souviens bien, quand les délégations des Nations Unies
16 sont arrivées, quand il y a eu des réunions avec Akashi, je n'ai jamais
17 participé à la moindre réunion avec les commandants locaux en présence des
18 représentants des Nations Unies. Ce document, c'est la première fois de ma
19 vie que je le vois. Je ne peux pas vous aider sur ce point. La seule chose
20 que je peux faire, c'est confirmer ce qui a pu être signé au nom du
21 président.
22 Q. Avez-vous la moindre explication permettant de comprendre pourquoi les
23 représentants de la RSK, durant une réunion qui a duré apparemment moins
24 d'une heure après que M. Martic ait émis l'ordre d'évacuation, pourquoi ils
25 seraient allés à cette réunion pour dire qu'il fallait continuer
26 l'évacuation jusqu'à Petrovac ou Banja Luka ?
27 M. RUSSO : [interprétation] Monsieur le Président, objection. Ceci appelle
28 des spéculations de la part du témoin quant à ce que pouvaient penser des
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1 tiers.
2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Parfois, vous savez, les tiers -- enfin,
3 peut-être pourriez-vous, Maître Misetic, demander au témoin s'il a reçu des
4 renseignements qui pourraient permettre d'éclairer les motivations nourries
5 par des tiers.
6 M. MISETIC : [interprétation]
7 Q. Est-ce que vous auriez --
8 R. Non. Je n'ai pas assisté à cette réunion. Mais si je me mets dans la
9 peau d'un paysan ou d'un simple citoyen, dès qu'il peut obtenir quelque
10 chose, il va trouver un moyen d'obtenir davantage. Au lieu de demander du
11 carburant pour faire 50 kilomètres, s'il peut obtenir du carburant pour en
12 faire 70, il demandera du carburant pour faire 70 kilomètres. C'est dans
13 l'âme humaine. Ce n'est pas un problème qui dépend de moi ou de qui que ce
14 soit d'autre.
15 Ce qui est un fait c'est qu'en raison des événements, la population devait
16 évacuer ce territoire. Ce territoire était finalement devenu trop petit
17 pour le très grand nombre de personnes qui y étaient hébergées. Et
18 s'ajoutait à cela le risque de mourir.
19 La question qu'il faut se poser c'est pourquoi cette évacuation a du
20 être décidée et pas comment elle a été mise en œuvre.
21 M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Président, je demande
22 l'enregistrement du document 65 ter numéro 172 ainsi que son versement au
23 dossier.
24 M. RUSSO : [interprétation] Pas d'objection.
25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.
26 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, ceci devient la
27 pièce D1520.
28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La pièce D1520 est admise au dossier.
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1 M. MISETIC : [interprétation]
2 Q. Général Mrksic, vous souvenez-vous avoir eu une réunion avec vos
3 subalternes à 20 heures le 4 août à l'état-major principal ?
4 R. Je me souviens d'une réunion, oui, une réunion destinée à régler les
5 problèmes de nature militaire. Mais vous devriez me rappelez l'objet de la
6 réunion, ce qui a été discuté.
7 Q. Je voudrais vous montrer deux rapports que vous avez vus auparavant,
8 mais cela permettra de rafraîchir votre mémoire.
9 Il s'agit du document D1516.
10 Il s'agit du rapport du général Kovacevic du 9 août que vous avez vu
11 un petit peu plus tôt dans la matinée. Si vous regardez la page 2 de la
12 version anglaise il s'agit du paragraphe 6.
13 Bien, le général Kovacevic indique dans son rapport :
14 "Le 4 août à 20 heures, le commandant de la SVK a émis un ordre pour
15 renforcer la défense de Knin en prenant un bataillon d'infanterie de la 75e
16 Brigade motorisée, alors que les autres unités devraient restées sur leurs
17 positions actuelles pour défendre les lieux tout en organisant également
18 une défense défensive sur la ligne…"
19 Et il continue ensuite en décrivant cette ligne. Et il dit :
20 "Le 4 août, le gouvernement de la RSK a publié une déclaration publique en
21 appelant l'ensemble de la population dans les régions concernées à évacuer,
22 ce qui engendrait un chaos dans les unités et dans la dispersion des unités
23 parce que les soldats ont commencé à partir pour rentrer chez eux et aider
24 leurs familles à évacuer."
25 Si nous pouvions passer maintenant au document D828. Et je voudrais
26 maintenant vous montrer le rapport de M. Uzelac de la 92e Brigade motorisé.
27 Si nous pouvions regarder la page 2 de la version B/C/S qui correspond à la
28 page 3 de la version anglaise. Est-ce qu'on pourrait redescendre à 19
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1 heures là où on commence à parler de -- où le paragraphe commence par 19
2 heures :
3 "A 19 heures, nous avons reçu instruction des autorités stipulant qu'il
4 était nécessaire d'évacuer la population civile. Nous avons transféré cet
5 ordre aux personnes chargées de l'évacuation.
6 A 19 heures 05 je suis parti pour l'état-major principal à Knin. Au KM à 20
7 heures avec la présence du commandant de brigade et le commandement du
8 Grand état-major et le commandant du 7e Corps que je rencontrais pour la
9 première fois, et nous avons été informé par le commandant général Mrksic
10 de la situation en RSK dans la région de Kordun, Banja, Lika, et en
11 particulier le secteur de responsabilité du 7e Corps, que la situation
12 était extrêmement complexe et que la Brigade Vrlika faisait l'objet
13 d'attaques et que les Oustachi dans la 2e Brigade d'infanterie avaient pris
14 Cista Mala et Cista Velika. Les autorités ne fonctionnaient pas, et cetera.
15 Il a ordonné que le secteur de responsabilité du corps…"
16 Et je vous demanderais de passer à la page suivante, s'il vous plaît, en
17 version anglaise :
18 "…que le secteur de responsabilité des brigades soit limité et de garder à
19 l'esprit la situation dans son ensemble.
20 "J'ai réagi et mis en garde le commandant en lui disant que la 92e Brigade
21 motorisée tenait ses positions, qu'il y avait eu des combats, mais qu'il
22 n'y avait pas eu de succès du côté des Oustachi dans mon secteur et que
23 j'étais prêt à riposter à toute attaque. Et je lui ai dit qu'aucun civil
24 n'avait été évacué de Benkovac. Et j'ai proposé que tous les commandants
25 poursuivent l'évacuation des civils de leur secteur et que les
26 commandements continuent d'empêcher l'avancé des Oustachi en direction de
27 Vrlika et Knin."
28 Et si vous pouvez passer à la page suivante, s'il vous plaît :
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1 "A 23 heures au KM de la 92e Brigade motorisé à Bilanje, j'ai présenté à
2 tout un chacun la situation en RSK, en particulier au 7e Corps et je leur
3 ai demandé leurs suggestions. Nous étions particulièrement choqués par ce
4 qui se passait. Il y avait eu des centaines d'attaques sur la zone de
5 responsabilité de la brigade et nous n'avions pas peur des Oustachi.
6 "J'ai donné ordre aux unités de défendre les secteurs de défense, de
7 prendre des actions à l'égard des Oustachi dans certaines directions afin
8 de mettre en place des activités, d'empêcher les infiltrations et de
9 permettre le retrait des civils par rapport à la ligne de front."
10 Général, est-ce que cela rafraîchit votre mémoire concernant ce qui s'est
11 passé lors de cette réunion à 20 heures ?
12 R. Oui, oui, je me souviens qu'il a été question de ce genre de choses.
13 Est-ce que ça été dit exactement comme ça, je ne sais pas, mais en tout cas
14 c'est ce qui a été discuté avec les commandants du 7e Corps de Dalmatie.
15 Parce que si la population partait, pourquoi est-ce qu'ils auraient dû
16 tenir un front aussi vaste plutôt que de défendre le front qu'ils tenaient
17 déjà pour que la population puisse partir ? Bien sûr, il y a eu des
18 malentendus et des commentaires de ce genre.
19 Q. Pourquoi pensiez-vous qu'il était nécessaire de réduire le front ?
20 R. Je pense qu'il fallait rétrécir le front parce qu'il n'y avait personne
21 là-bas sur ces positions. S'ils rentraient dans Knin, ils pouvaient sortir
22 de Knin par le haut et tomber sur le dos des soldats sans défense. Qui est-
23 ce qui défendrait la population si la population était en train de partir ?
24 Il fallait éviter que les forces ennemis tombent sur le dos des soldats,
25 voilà pourquoi il fallait agir ainsi. Et le problème qui s'est posé c'est
26 que les commandants ont eu un peu de mal à comprendre tout cela parce que
27 eux avait été préparés mentalement à creuser des tranchées, ils étaient
28 prêts à subir une attaque et à défendre leurs positions. Mais l'attaque
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1 venait du territoire de la Republika Srpska et c'est ça qui a créé toute
2 cette problématique.
3 Nous, nous savions à l'avance que si la population prenait la route et que
4 les soldats restaient, cela poserait un problème parce que les soldats ne
5 voulaient pas rester, ils voulaient partir avec leur femme et leurs
6 familles et leurs enfants. Ça devait poser un problème nous le savions bien
7 tous.
8 Mais les décideurs politiques ou le décideur politique a décidé que cela
9 devait se passer ainsi; s'il avait été décidé de se battre jusqu'au dernier
10 souffle en étant encerclés, j'aurais exécuté cet ordre.
11 Q. Peut-on dire, en se fondant sur votre dernière réponse, que ce qui se
12 produisait c'est que ceux-ci arrivaient à maintenir leurs lignes,
13 néanmoins, vous aviez peur d'être attaqués par derrière en raison de la
14 pénétration de la HV à Knin et à Mali Alan ?
15 R. C'est ça, parce que tenir les lignes, avec les lignes anciennes du côté
16 de Benkovac-Drnis, ça n'avait aucun sens si on pouvait être attaqué de dos.
17 Il fallait créer un front qui pouvait empêcher toute percée de la part de
18 ces forces du côté d'Otric et du côté de - comment c'est déjà, là où la
19 population a été installée.
20 Nous étions une population armée, notre devoir n'était pas de défendre le
21 territoire mais de défendre la population, notre devoir était d'empêcher
22 que la population périsse.
23 Q. Vous souvenez-vous de discussion concernant Bulina Strana à cette
24 réunion à 20 heures ?
25 R. Vous parlez sans doute de la sortie de Knin, quand vous dites Bulina
26 Strana. Parce que moi j'ai oublié un peu les noms des lieux dits. Oui, ça a
27 été discuté. C'était un objectif-clé parce que si eux arrivaient dans Knin,
28 ils pourraient y faire ce qu'ils voulaient, mais il fallait les empêcher de
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1 poursuivre leur route et d'aller plus haut, si c'est ça que vous avez à
2 l'esprit.
3 Q. C'est ce que je voulais dire. Et si vous pouviez expliquer à la Cour ce
4 que vous entendez sur le plan géographique. Bulina Strana, qu'est-ce que
5 Bulina Strana par rapport à Knin ?
6 R. Je n'ai pas de carte. La route monte, la route qui va vers Otric
7 c'était un endroit tout à fait capital. C'était un poste de commandement,
8 le poste de commandement du Corps de Knin, le président de l'Etat a passé
9 quelque temps à cet endroit quand il a eu besoin de se reposer, et cetera.
10 M. MISETIC : [aucune interprétation]
11 Q. [aucune interprétation]
12 R. Ne me posez pas cette question, je n'ai pas de carte. Je ne me rappelle
13 pas maintenant le nom de chaque lieu dit; qu'est-ce qui se trouvait en
14 hauteur; Petrova Gora, les monts Dinara, et cetera. Qu'est-ce qui était en
15 hauteur, qu'est-ce qui était en bas, il faudrait que j'aie une carte sous
16 les yeux.
17 Q. D'accord. Nous en reparlerons --
18 R. Si j'ai ordonné à des forces de se rendre à cet endroit, ça veut dire
19 que c'était un endroit important.
20 Q. D'accord. Je pense que vous avez abordé le sujet dans votre réponse…
21 A la page 56, ligne 23, vous avez dit que :
22 "Bulina Strana était l'élément important qui les empêchait de monter, est-
23 ce que c'est bien ce que vous avez dit."
24 Est-ce que vous pourriez expliquer ce qu'il en est ?
25 R. Non, où est-ce que c'est écrit, s'il vous plaît, dites-moi où cela est
26 écrit que je lise le texte à l'écran ?
27 Q. Ceci figure sur le compte rendu d'audience et à une partie de votre
28 réponse à ma question il y a quelques instants vous avez dit une partie de
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1 l'importance de Bulina Strana, et qu'en fait "il s'agissait d'un lieu-clé
2 qui les empêchait," cela veut dire la HV, "de monter."
3 R. Il faudrait que je regarde une carte. Si c'est au-dessus de Knin, si
4 c'est l'endroit où mène la route qui va vers Otric et si c'est l'endroit où
5 mène la voie ferroviaire, la route qui va vers Lika, alors c'est ça.
6 Q. Oui.
7 R. Oui, alors c'est là qu'il fallait assurer la défense principale pour
8 empêcher que la population ne soit victime des combats. Si c'est ça que
9 vous avez à l'esprit, oui, je vous dis que c'est bien ça.
10 Q. Je pense que ce serait peut-être plus facile --
11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Misetic, la réponse du témoin
12 indique qu'il n'avait aucune certitude concernant les noms et il semblerait
13 que cela paraît au 56, ligne 23. Et ensuite il a continué et nous en avons
14 parlé et qu'en même temps il ne savait plus ce que signifiaient ces noms.
15 Donc ça ne serait peut-être pas tout à fait exact à l'heure actuelle et
16 précis dans sa réponse. Il ne sait pas exactement ce qui s'est passé à
17 Bulina Strana.
18 M. MISETIC : [interprétation] Je vais lui montrer un document différent,
19 Monsieur le Président.
20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien.
21 M. MISETIC : [interprétation]
22 Q. Avant d'en arriver là, je voudrais vous montrer maintenant un autre
23 document sur l'évacuation. Il s'agit du document 1D1057 de la liste 65 ter.
24 Q. Il s'agit du rapport, Général Mrksic, du commandant du 15e Corps de la
25 Lika, le Corps de la Lika, Stevo Sevo. Et je voudrais juste vous demander
26 de passer à la page 3 en anglais, la partie qui se lit : "Le 4 août 1995
27 aux alentours de 23 heures 30…"
28 Et le document se lit :
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1 "Aux alentours de 23 heures 30, le chef de l'état-major de l'armée de
2 la Krajina serbe a personnellement donné l'ordre de commencer et d'entamer
3 l'évacuation générale de la population dans le secteur de responsabilité du
4 corps."
5 Est-ce que vous vous souvenez avoir personnellement donné un tel
6 ordre ?
7 R. Non. Le chef de l'état-major principal ? Je n'ai pas donné un ordre de
8 cette nature. Il s'agit d'un message qui venait de mon état-major de
9 Loncar, qui avait un fils au sein de ce corps d'armée et il était allé
10 inspecter et voir quelle était la situation là-bas pour décider si sur sa
11 propre initiative il pouvait faire quelque chose. Mais un ordre comme
12 celui-là, je ne l'ai pas donné. Et tout ce que vous voyez là a été mis sur
13 le papier plus tard à Banja Luka, quand il s'était bien rendu compte des
14 événements qui avaient eu lieu, et ils se sont mis à écrire n'importe quoi.
15 Q. Mais, Général, je pense que ma question à vous était la suivante :
16 l'ordre d'évacuation de M. Martic ne couvrait pas Lika, n'englobait pas
17 Lika; est-ce exact ?
18 R. En effet, en effet. Et tout ce qui a été fait, toutes les autres qui
19 ont été faites; c'était un usage abusif, il y a eu un usage abusif de mon
20 nom ou du sien.
21 M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Président, je demanderais à ce
22 qu'une cote soit attribuée à ce document et à ce qu'il soit versé au
23 dossier.
24 M. RUSSO : [interprétation] Pas d'objection, Monsieur le Président.
25 Mais je voudrais simplement modifier le procès-verbal d'audience concernant
26 ce qui a été dit, à savoir que l'évacuation ne couvrait pas, n'englobait
27 pas Lika.
28 M. MISETIC : [interprétation] Il a confirmé cela dans sa réponse, n'est-ce
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1 pas ?
2 M. RUSSO : [interprétation] Je pense que ce document montré au témoin, la
3 pièce D137 indique des parties de Lika.
4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La question a été posée au témoin. La
5 question a reçu une réponse de la part du témoin. Que cela soit cohérent
6 avec d'autres pièces à conviction, nous allons devoir nous pencher sur ce
7 point lorsque nous regarderons d'autres documents dans leur intégralité.
8 Monsieur le Greffier.
9 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, cela deviendra le
10 document D1521.
11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et ce document est versé au dossier.
12 M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Greffier, si nous pouvions
13 maintenant avoir la pièce D713 sur l'écran, s'il vous plaît.
14 Q. Maintenant, Général Mrksic, vous souvenez-vous qu'à Radio Belgrade le
15 soir du 4 août, il y ait eu un rapport à Radio Belgrade concernant la
16 situation à Knin ?
17 R. Ce n'est pas mon habitude de faire des déclarations à la radio ou à la
18 télévision. Je n'ai pas le souvenir de cela. Peut-être que quelqu'un m'a
19 interviewé ou que j'ai simplement discuté avec quelqu'un et que ce
20 quelqu'un a enregistré l'entretien et l'a ensuite diffusé à la télévision.
21 Mais, personnellement, je n'ai pas le souvenir d'avoir fait la moindre
22 déclaration, ou d'avoir entendu la moindre déclaration de ma part, d'avoir
23 entendu dire par quiconque que j'aurais parlé à la radio ou à la télé.
24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je pense que vous avez répondu à la
25 question.
26 Veuillez poursuivre, Maître Misetic.
27 M. MISETIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
28 Q. Bien entendu, il s'agit là d'une version de ceci, et ceci figure dans
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1 les archives du résumé des radios diffusions mondiales de BBC
2 source, c'est à la quatrième ligne, se lit : "La Radio Belgrade serbe en
3 serbo-croate, à 20 heures GMT," à savoir 22 heures d'Europe centrale, "Le 4
4 août 1995." Et le deuxième paragraphe -- je vais vous montrer une
5 différente version de ce document pour que vous puissiez suivre, et le
6 texte se lit :
7 "Une conversation téléphonique avec le général Mrksic, commandant de
8 l'armée de la Krajina serbe à Knin…"
9 Et si je pouvais vous montrer une autre pièce, un autre document de la même
10 interview.
11 Monsieur le Greffier, il s'agit de la pièce D106, s'il vous plaît.
12 Le texte vous cite comme ayant dit :
13 "A l'heure actuelle, toutes les activités de combat dans la région de Knin
14 ont cessé. Knin est dans l'obscurité et l'évacuation de la population se
15 poursuit. Les forces ennemies sont arrivées à 4 ou 6 kilomètres de la ville
16 de Knin."
17 Puis il y a cette question; et là, vous êtes cité à nouveau :
18 "Nous gardons le contact; nos forces se sont retirées sur les positions
19 permettant une défense directe de Knin. Les autres unités arrivent encore à
20 tenir leurs positions."
21 Et ensuite la réponse suivante se lit :
22 "La HV dans la direction de Grahovo vers Knin, avérée réussie. Elles
23 avaient enregistré quelques succès à Velebit, et réussi à conquérir et à
24 prendre Mali Alan. Et par la suite, elles ont réussi en partie, notamment,
25 à Banija."
26 Et si nous descendons encore quelques lignes plus bas, il est dit :
27 "Il y a un danger de partager des parties de la Krajina. A l'heure
28 actuelle, nous avons entamé l'évacuation de la population de la Dalmatie
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1 pour les empêcher d'être capturées, parce que Knin et les communications
2 qui permettent d'aller vers Knin sont en danger. Et une défense persistante
3 permettra de créer les conditions nécessaires pour que cette tâche soit
4 menée à bien. Si la VRS réussit à imposer une pression aux forces qui
5 attaquent en direction de Grahovo et Knin, nous devrions pouvoir stabiliser
6 la défense et passer à la contre-attaque."
7 Est-ce que cela rafraîchit votre mémoire, vous souvenez-vous avoir fait
8 cette déclaration sur Radio Belgrade dans la soirée du 4 ?
9 R. Je crois que nous avions des difficultés à communiquer dans la soirée
10 pour des raisons techniques parce que le répéteur avait été détruit. En
11 tout cas, je répète que je n'avais jamais l'habitude de donner des
12 déclarations pour la télévision ou la radio à Belgrade. Peut-être que j'ai
13 parlé avec quelqu'un que je ne savais pas qu'il représentait une radio ou
14 une télévision. Mais en tout cas, ce n'est pas moi qui ai établi la liaison
15 technique parce que c'était impossible. Mais ce qui est dit ici correspond
16 à peu près aux déclarations des commandants de corps d'armée. Moi, je ne
17 peux pas aujourd'hui vous dire les choses avec une totale exactitude sur la
18 base de mes souvenirs, est-ce que je l'ai fait, est-ce que je ne l'ai pas
19 fait. Vous savez, pour moi, ça c'est un document. J'aimerais que vous me
20 montriez d'autres documents établis sur la base de ce qui s'est passé à la
21 télévision ou à la radio à l'époque. Moi, en tout cas, ce n'était pas mon
22 habitude, je n'aimais pas qu'on me prenne en photos, je n'aimais pas être
23 mis en avant.
24 Q. Bien. Je voudrais maintenant vous poser une autre question. Est-ce que
25 vous avez parlé avec Frenki Simatovic dans la soirée du 4 août par
26 téléphone ?
27 R. Non, Frenki Simatovic, je ne l'ai pas vu pendant l'opération menée en
28 Bosnie occidentale, je n'ai pas parlé avec lui au téléphone, et lui n'avait
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1 pas non plus l'habitude de m'appeler.
2 Q. Est-ce que vous avez parlé à Jovica Stanisic dans la soirée du 4 août ?
3 R. Je n'ai pas eu de conversation avec Jovica Stanisic à cause du problème
4 des moyens de communication, mais un télégramme est arrivé qui disait qu'il
5 fallait tenir encore quelques jours et que la communauté internationale
6 allait changer d'avis et se lancer dans le sauvetage du peuple serbe de
7 Krajina. Enfin, c'était le sens du télégramme, je ne me rappelle pas les
8 mots exacts, si c'est à cela que vous pensez. Peut-être que vous l'avez ce
9 télégramme, je ne sais pas. C'était des encouragements, des encouragements,
10 mais je n'ai pas eu de contact direct avec lui, je n'ai pas parlé avec lui,
11 je n'ai pas entendu sa voix, et lui n'a pas entendu la mienne, parce qu'il
12 était impossible de communiquer avec le président Milosevic, il était
13 impossible de communiquer avec Martic; les moyens de communication étaient
14 détruits. Et je sais seulement que ce télégramme est arrivé, et qui disait
15 : Tenez bon et quelque chose de bon va se produire; ce qui est normal. Si
16 j'avais été à Belgrade avec des gens dans la même situation que moi à Knin,
17 j'aurais fait la même chose.
18 Q. Pouvez-vous nous dire pourquoi M. Jovica Stanisic vous enverrait un
19 télégramme et vous donnerait des conseils pour tenir bon ?
20 R. Je ne sais pas pourquoi. C'était sans doute le résultat d'une position
21 politique prise en Serbie au sommet de l'Etat, peut-être au niveau du
22 président et des structures supérieures de l'Etat, décision selon laquelle
23 il fallait continuer à tenir sous la pression pendant quelques jours et
24 qu'ensuite, la communauté internationale allait changer d'avis par rapport
25 à l'agression due à la Croatie et qu'un terme serait mis à tout cela et que
26 l'on rechercherait une solution pacifique, dans le cadre de ce qui avait
27 été proposé dans le plan Z-4, dans le plan d'armement conjoint, dans le
28 plan de je ne sais plus tout ce qui a été proposé pour renforcer la
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1 population. Je ne sais pas pourquoi, c'est à lui qu'il faut poser la
2 question et pas à moi. Mais ce que je vous ai dit s'agissant de ces
3 motivations, ce sont mes suppositions.
4 Q. Quel était le nom réel de la personne qui était appelée par le surnom
5 ou le pseudo "Medo" et qui était un associé de Jovica Stanisic ?
6 R. Bien, on l'appelait "Medo" sans doute parce qu'il était un petit peu
7 rond. Alors, on l'appelait tous "Medo". De toute façon, ces hommes ne
8 communiquaient jamais entre eux en s'appelant par leurs prénoms.
9 Q. Pouvez-vous expliquer à la Cour quel a pu être le rôle de Medo, qui
10 était-il par rapport à Jovica Stanisic ?
11 R. Je ne sais pas, je ne sais pas, c'était un homme qui était aux côtés de
12 Jovica Stanisic. Maintenant, quelles étaient ses fonctions, ce qu'il
13 faisait ? Je ne sais pas. Où il se trouvait physiquement ? Je ne l'ai
14 jamais su. Je ne pouvais pas poser la question non plus. Il est
15 vraisemblable qu'il menait à bien des petites actions à eux, je ne sais
16 pas.
17 M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Greffier, pouvons-nous avoir la
18 pièce D441, à l'écran, s'il vous plaît.
19 Q. Il s'agit d'un rapport dont je sais que vous ne l'avez jamais vu. C'est
20 un rapport du gouvernement croate. Si vous le regardez bien, c'est un
21 rapport daté du 1er août, secteur des forces spéciales de police. Il dit :
22 "Une section des Bérets rouges, des soldats du capitaine Dragan, du centre
23 d'entraînement des forces spéciales, est arrivée dans le secteur de Gracac.
24 "Et un projet, un plan a été mis en place pour évacuer la population
25 civile de la région de Gracac vers Srb, de la Republika Srpska."
26 Maintenant --
27 R. Je ne me rappelle pas. Je sais qu'à Bruska, il y avait une espèce
28 de centre, un centre dirigé par le capitaine Dragan à Bruska. Dans la
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1 pratique, c'était un centre destiné aux hommes de la reconnaissance.
2 C'était des responsables de la reconnaissance, ils utilisaient un GPS
3 genre de matériel technique. Ils entraînaient les responsables de la
4 reconnaissance et ils portaient les uniformes normaux de la République
5 serbe de Krajina. Ils ne s'appelaient pas les Bérets rouges, et ce que je
6 vois ici dans ce document, c'est la première fois que je le vois. Moi, je
7 ne suis absolument pas au courant. Qu'est-ce que c'est ça, Bartele,
8 Bartele, un camp à l'ONURC ? Non. A mon époque, quand je suis allé là-bas
9 pour mettre de l'ordre, je crois me rappeler qu'il y en a pas mal parmi eux
10 qui sont partis. Ils ne voulaient plus être sous mes ordres.
11 Il y a eu désarmement. Quand même je veux continuer, j'ai désarmé
12 certains de ces hommes. J'ai décidé qu'ils n'avaient plus le droit
13 d'utiliser des véhicules de la FORPRONU. Ceux qui allaient manger et boire
14 gratis dans certains endroits, j'ai rétabli l'ordre, il fallait qu'ils
15 restent sur le front.
16 M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Greffier, pouvons-nous avoir la
17 pièce D948.
18 Q. Bien, Mon Général, je vais vous lire des passages de ce qui est en fait
19 une conversation téléphonique qui a été interceptée, le 4 août à 21 heures
20 58. Dans la première partie de cette conversation, il est question de
21 Zezelj. Pouvez-vous nous dire qui est Zezelj ?
22 R. Je ne sais pas, c'est la première fois que je l'entends. Zezelj,
23 c'était un général, un certain moment, le commandant de la garde, natif de
24 la Lika.
25 Q. Pouvons-nous descendre maintenant sur l'écran pour aller jusqu'à la
26 ligne où il est dit :
27 "M : Et, où est Mile ?
28 "G : Il est ici.
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1 "M : Alors passe-le-moi."
2 Ensuite, au fil de la conversation, il parle au général Miletic à qui il
3 s'adresse en l'appelant Mrkso.
4 Ensuite : "G : Bonjour, Medo."
5 Et ensuite, la conversation continue. Si on descend, on voit que G dit :
6 "G : Le reste, étant donné les batailles, le reste va bien. Il y a eu des
7 choses qui se sont passées à Velebit. Mais vous, vous vous êtes bien
8 débrouillés les gars. Il y a un de vos types qui a été blessé."
9 Et ensuite, M répond :
10 "Oui, je sais, il y en a eu même deux. D'accord" - là il manque le verbe -
11 "Je te vois dans 24 heures."
12 Puis G Dit :
13 "G : Oui, c'est fini ici. Le secteur de Knin est en train d'être vidé et on
14 réorganise les déplacements, les transferts.
15 "M : Alors, vous pouvez aller à la ville ?"
16 "G : Oui, nous allons défendre Knin demain et après demain, et de
17 toute façon, nous pouvons. "
18 Alors, tout d'abord, pouvez-vous nous dire si la personne que vous
19 appelez Medo avait envoyé ses propres forces dans le secteur de Velebit le
20 4 août ?
21 R. Je ne sais même pas quels étaient les effectifs qu'il avait sous
22 ses ordres et je ne sais pas quelle était sa mission. D'ailleurs, ce Medo
23 n'aurait pas pu parler en ces termes avec moi. Si le langage sur le plan de
24 la hiérarchie militaire avait été convenable, peut-être que j'aurais pu
25 croire dans la véracité de ce document.
26 Q. Poursuivons --
27 R. Ça n'a aucun sens, tout ça. "Mrkso", "Mrkso" personne ne m'a
28 jamais appelé Mrkso.
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1 Q. Mon Général, sur une ligne de front en combat, par exemple,
2 pendant un combat, est-ce que vous utiliseriez toujours votre nom en
3 entier, le titre aussi en entier, si vous parliez au téléphone ?
4 R. J'ai un pseudo militaire secret. Les commandants le savent bien
5 en temps de guerre. En temps de paix, on utilise son nom et son grade. Je
6 m'appelais Lasta, Lastrep, une montagne, Zemlja, tous les commandants sont
7 au courant de cela, ils le savent.
8 Q. En d'autres termes, donc vous êtes d'accord, dans une situation
9 de guerre vous n'avez pas utilisé votre propre nom lors d'une communication
10 téléphonique ?
11 R. Mais j'avais ma dénomination. Celui qui parle avec moi au téléphone,
12 connaît ma voix. Je n'ai pas besoin de me présenter, dans ce cas-là. Ici,
13 on voit, commandant Mrkso.
14 Q. Ensuite, il est dit :
15 "G : Knin est en train d'être vidé et on organise le transfert."
16 Et ensuite, votre ami dit :
17 "Pouvez-vous aller à la ville ?"
18 Et ensuite vous dites :
19 "Un ami X et autres personnes ont participé à la conversation. "
20 R. X, c'est ça ?
21 Q. Oui. X dit :
22 "La situation n'est pas aussi mauvaise qu'elle en a l'air. Ils n'ont rien
23 fait.
24 Ensuite G dit :
25 "Nous allons nous battre demain. Quels sont les effectifs, quelles sont les
26 forces exactes…"
27 Nous pouvons tourner la page, s'il vous plaît, dans la version anglaise.
28 Et ensuite X dit :
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1 "Oui, on ne peut pas faire autrement. Il faut terminer, il faut qu'ils
2 terminent le boulot rapidement. Le problème c'est à Gracac, dans la
3 vallée."
4 Et G dit la chose suivante :
5 "G : Je sais, je les ai envoyés là-bas, et ensuite la ligne s'est rompue et
6 j'ai envoyé des unités là-bas."
7 Et X dit :
8 "Crvena Zemlja, ce ne sont que des collines, des pentes et ils ne peuvent
9 vous atteindre. "
10 "G : Mais qu'est-ce que vous voulez dire par ils ne peuvent nous
11 atteindre ? Ils sont là, ils observent Knin depuis là-haut."
12 Et ensuite, la conversation se poursuit un petit peu plus loin de la
13 façon suivante, X dit :
14 "Ne les attendez pas là-bas, ne les attendez pas là-bas à Mrkso. Il faut
15 garder Gracac."
16 Bien. Alors, parlons en termes généraux si vous le voulez bien. Le 4 au
17 soir, pourquoi était-il important pour vous de tenir Gracac ?
18 R. J'ai déjà expliqué cela hier ou avant-hier, je ne sais plus. Gracac est
19 tombée, ce qui implique l'ouverture du passage vers Srb, il était possible
20 à partir de là de couper complètement toutes les forces de leur base. Mais
21 la conversation que vous venez de me montrer, enfin -- on en parlera plus
22 tard.
23 Q. Si vous aviez tenu Gracac, si vous aviez été en mesure de défendre
24 Gracac et d'empêcher les forces de la HV d'entrer dans Gracac, alors est-ce
25 que vous auriez eu l'intention à ce moment-là de défendre Knin ?
26 R. Mais je crois que Gracac est tombée aussi.
27 Q. Mais je voudrais que nous revenions à la soirée du 4 août. Vous faites
28 tout pour empêcher la HV d'entrer dans Gracac. Et ma question est la
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1 suivante : si vous aviez pu tenir Gracac, comment auriez-vous ensuite
2 défendu Knin?
3 R. Knin, nous n'avions pas le moyen de la défendre, d'empêcher qu'ils n'y
4 pénètrent. Mais nous avions les moyens de les empêcher d'aller au-delà de
5 Knin, c'était ça l'objectif, et c'est pour cela que le 7e Corps d'armée, le
6 Corps de Dalmatie, ne devait pas être encerclé. C'était ça l'objet des
7 questions que vous m'avez posées au sujet des positions que nous avons
8 décidé de tenir. Notre objectif c'était d'empêcher d'arriver dans une
9 situation où les forces adverses pouvaient entrer dans notre dos, dans la
10 localité de Srb.
11 Vous voyez, tout ça c'est très compliqué. Avec la chute de Grahovo, tout
12 est devenu très, très compliqué, et toute l'opération de défense est
13 devenue insensée.
14 Q. Pouvons-nous tourner la page en anglais, s'il vous plaît. Et vous voyez
15 une ligne où G aurait dit :
16 "Toutes les ressources de transmission de communication ne fonctionnent
17 plus. Ils ont tout fermé. Je n'ai plus rien, ni téléphone, ni radio, ni
18 télévision, ni rien."
19 Donc, je voudrais vous poser une question d'ordre général. Est-ce que tous
20 les moyens de communication étaient effectivement rompus le 4 août?
21 M. RUSSO : [interprétation] Je voudrais juste faire une objection quant à
22 la façon dont cette pièce est utilisée.
23 On ne demande pas au témoin s'il est d'accord avec ce qui est dans
24 cette pièce. Je crois qu'il faut demander au témoin s'il a connaissance de
25 cette conversation ou pas.
26 M. MISETIC : [aucune interprétation]
27 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Cette question lui a été posée, et
28 il a fait un commentaire plutôt que de répondre directement à la question,
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1 c'est ce qui fait que la situation est un petit peu ambiguë. Je crois que
2 ce qu'a fait Me Misetic, c'est de poser des questions sur des aspects qui
3 sont également discutés dans la conversation.
4 Et en même temps, Maître Misetic, je vous encourage à traiter de ces
5 questions sans lire de trop grandes parties de la conversation.
6 M. MISETIC : [interprétation] D'accord, Monsieur le Président. La Chambre
7 doit pouvoir évaluer la valeur probante sur la base --
8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais la Chambre le fait toujours.
9 Donc il va sans dire que la Chambre le fera.
10 M. MISETIC : [interprétation] Oui, mais ce que je suis en train de dire,
11 c'est dans la mesure où d'une façon générale un témoin dit que des choses
12 ont été discutées et correspondent ou non à ses souvenirs, cela permet
13 d'accroître, d'augmenter la valeur probante d'un document.
14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous pouvez aussi lui poser la question
15 de savoir -- des questions sans faire allusion d'abord à la conversation, à
16 la télévision, par exemple.
17 Alors je vous demanderais de poursuivre.
18 M. MISETIC : [interprétation] Et aussi, Monsieur le Président,
19 l'authenticité de ce document n'est pas remise en question.
20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Russo.
21 M. RUSSO : [interprétation] Je ne crois pas que ce soit là la question,
22 Monsieur le Président.
23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais en même temps, ce n'est pas
24 totalement étranger à cela. Si vous pouviez considérer que cela est une
25 conversation entre plusieurs personnes, et alors --
26 M. RUSSO : [interprétation] Monsieur le Président, Il n'y a pas eu de
27 témoignage précédent sur qui a participé à cette conversation.
28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je pense que c'est une question quant au
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1 contenu de ces documents, à savoir s'il y a des indices sur qui sont les
2 personnes en question. Donc il faut être plus explicite et, par exemple, la
3 réponse pourrait être : Il est inimaginable que quelqu'un ait pu s'adresser
4 à moi de telle ou telle façon. Donc cela pourrait, en d'autres termes, être
5 des questions qui sont posées de façon plus factuelles pour que le témoin
6 puisse expliquer quelle a été sa participation à telle ou telle
7 conversation telle qu'elle est représentée dans ces pièces.
8 M. MISETIC : [interprétation] Bon. Je vais reprendre ces conversations,
9 mais je voudrais poser la question suivante.
10 Q. Mon Général, en dehors de Frenki Simatovic, est-ce que vous connaissez
11 d'autres personnes qui se prénomment Frenki ?
12 R. Non, ce document, moi je ne peux pas admettre que j'ai participé à
13 cette conversation téléphonique, parce que ce qui est écrit ici est
14 totalement étranger à moi.
15 Q. Continuons. Je voudrais vous poser la question suivante. En dehors de
16 Jovica Stanisic, en 1995, est-ce que vous connaissiez quelqu'un qui se
17 prénommait Jovica et qui avait un poste d'autorité en Yougoslavie, en
18 Republika Srpska, ou en République de Krajina Srpska ?
19 R. Quelqu'un qui aurait de l'importance, un autre qui aurait de
20 l'importance et qui avant le même prénom, non, je n'en ai pas connu. Si ça
21 avait été quelqu'un d'important pour moi, je crois que ce serait resté
22 inscrit dans ma mémoire.
23 Vous m'avez posé des questions au sujet de l'électricité. Ça, vous
24 avez renoncé à ces questions ?
25 Q. Parfois mes collègues arrivent de me détourner de la question
26 principale à laquelle je voulais faire allusion. Donc revenons à cette
27 question-là, et pouvez-vous me dire quand quel état se trouvait les moyens
28 de communication le 4 août ?
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1 R. A cause des tirs de l'aviation à partir des bateaux, et ça les généraux
2 le savent, à cause du brouillage électronique des communications, à cause
3 de la vétusté du matériel dont je disposais, à partir de 14 heures à peu
4 près, je n'ai eu absolument aucune possibilité d'utiliser un moyen de
5 transmission quelconque, à part les communications virtuelles, comme à
6 l'époque des partisans. La télévision était coupée, il n'y avait pas
7 d'électricité. Il y avait un nouvel émetteur de télévision, la télévision
8 était la même, mais les images et les émissions étaient différentes, et moi
9 on a proclamé ma mort. Ma mère a annoncé la nouvelle de ma mort et m'a
10 pleuré.
11 Q. Je voudrais vous poser une question. Dans le cadre des transmissions,
12 est-ce que les transmissions passaient donc par les PTT ?
13 R. Non, les PTT ne fonctionnaient pas. Il n'y avait que ces deux lignes,
14 si vous vous en souvenez, qui se trouvaient le long des rails de chemin de
15 fer, seulement ces deux lignes fonctionnaient encore. C'était le système le
16 plus moderne qui avait été mis en place chez nous avec des lignes
17 enterrées, des lignes aériennes, des moyens électroniques dissimulés très
18 particuliers pour le temps de guerre, qui étaient destinés à semer la
19 panique.
20 M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Greffier, pouvons-nous prendre la
21 pièce D1463, s'il vous plaît.
22 Q. Vous souvenez-vous avoir reçu la promesse que 200 hommes, ou en tout
23 cas avez-vous reçu une promesse de voir l'arrivée de 200 hommes de la DB
24 serbe arrivés à Knin le 5 août ?
25 R. Maître Misetic, si deux brigades étaient arrivées, cela aurait été
26 insuffisant. Alors 200 hommes des services de Sûreté de l'Etat serbe, enfin
27 ça peut peut-être tromper des enfants en bas âge, comme quand on leur donne
28 des bonbons. Ce sont des petits jeux ridicules, non, non.
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1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] A savoir si cela vous aurait aidé, c'est
2 une autre question. Mais la question qui vous a été posée était tout
3 simplement la suivante, si vous vous souveniez avoir reçu cette promesse de
4 recevoir l'aide de 200 hommes de la DB serbe qui auraient pu venir à Knin;
5 ça, c'était la promesse qui vous a été faite. Est-ce que cette promesse
6 vous a été faite, oui ou non, est-ce que vous en souvenez ?
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, à moi, non.
8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Passons à la question suivante.
9 M. MISETIC : [interprétation]
10 Q. Vous souvenez-vous d'une conversation où il aurait pu y avoir M. Martic
11 au téléphone avec M. Stanisic où ils se seraient plaints du comportement de
12 M. Milosevic ?
13 R. Ça, je ne suis pas en mesure de le commenter. Je sais qu'il était
14 furieux contre le président Milosevic, je parle de Martic. Maintenant avec
15 qui il a discuté, ça, je ne pouvais pas lui poser la question, nous
16 n'étions pas assis l'un à côté de l'autre en permanence pour que je puisse
17 lui demander avec qui il parlait au téléphone. Est-ce peut-être à lui
18 quelqu'un aurait promis l'arrivée de ces 200 hommes, je ne sais pas. Moi,
19 en tout cas, personne ne me l'a promis. Je trouve que c'est une proposition
20 qui manque totalement de sérieux.
21 Q. Hier, vous nous avez parlé du 11e Corps de la Slavonie orientale, et
22 vous nous avez dit que ce corps n'avait jamais procédé à des attaques en
23 dehors de la Slavonie orientale. Et, dans la conversation qui était sur
24 l'écran, M dit la chose suivante :
25 "M : Rien sans un ultimatum. Est-ce que ceux du 11e Corps sont partis ? Je
26 ne le crois pas. Est-ce qu'il les a arrêtés ?
27 Et J répond :
28 "J : Ils travailleront demain.
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1 M ensuite répond :
2 "Est-ce qu'ils ont fait ça ? Franchement, je ne me rappelle de rien. Il les
3 a arrêtés aussi, il m'a menti comme la dernière fois."
4 Alors est-ce que vous vous souvenez d'une conversation téléphonique où M.
5 Martic aurait dit que quelqu'un avait empêché le 11e Corps d'attaquer en
6 provenance de la Slavonie orientale ?
7 R. Non, non, pas à l'extérieur de la Slavonie orientale, mais dans la
8 Slavonie orientale. Fondamentalement, et ça je dois m'expliquer sur ce
9 point.
10 Quand j'ai accepté la mission qui m'a été confiée à Karadjordjevo --
11 Q. L'heure avance.
12 R. Mais c'est fondamental, ce corps d'armée, Mrgud et le commandant du
13 corps devaient travailler à la préparation des forces et à la préparation
14 de la population pour qu'ils parviennent à survivre. Et moi, on m'avait dit
15 : On va t'envoyer là-bas pour faire la même chose. Ces corps d'armée ne
16 seront pas déployés, ne seront pas engagés dans les combats, et tu pourras
17 t'en servir en cas de besoin. C'est une question qu'il faut poser à Franjo
18 et à Milosevic.
19 Q. Nous ne pouvons pas leur poser ces questions.
20 M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Président, je pense que nous
21 allons maintenant avoir une pause pour que chacun ait la possibilité. Dans
22 cette conversation, si nous prenons la page en anglais, et si nous nous
23 arrêtons juste au milieu de la page, il y a une référence à la chose
24 suivante où MRK dit :
25 "MRK : Personne ne s'attendait à ce qu'ils attaquent la ville. Je n'ai pas
26 attaqué Zagreb. Les salauds. C'est pourquoi je frapperai demain."
27 LE TÉMOIN : [aucune interprétation]
28 M. MISETIC : [aucune interprétation]
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1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Misetic, je ne vous ai pas
2 encore pas posé de question.
3 M. MISETIC : [interprétation] Je vous avais dit, Monsieur le Président, que
4 je vous informerai de toute question à discuter avant la pause.
5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, merci. Mais si nous voulons y
6 réfléchir pendant la pause, nous n'avons pas accès au système du prétoire
7 électronique. Donc j'essaie de voir exactement à quoi nous faisons
8 allusion.
9 M. MISETIC : [interprétation] Il s'agit d'une conversation interceptée qui
10 a été versée au dossier, et d'après la Défense, c'est donc la conversation
11 à 23 heures 10 entre MM. Martic, Mrksic, et Jovica Stanisic.
12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et donc laissez-moi jeter un coup d'œil.
13 Donc le numéro de la pièce c'était dans une série --
14 M. MISETIC : [interprétation] Il s'agit de la pièce D1463.
15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] 1463.
16 M. MISETIC : [interprétation] Et après la pause, je voudrais également
17 aborder la pièce D930, reprendre la pièce D930, qui est en fait le journal
18 du général Mrksic.
19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Avec des pages bien particulières ?
20 M. MISETIC : [interprétation] Oui, à partir de la page 9.
21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pour le D930…
22 M. MISETIC : [interprétation] Oui.
23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et la pièce D1463, quelle est la
24 longueur de la pièce ? Il semble que ce soit toute une série, non, ce n'est
25 que deux pages. Donc s'il y a la possibilité d'avoir une version écrite que
26 l'on puisse me donner pendant la pause, comme ça, je pourrais le lire parce
27 que nous n'avons pas accès au système électronique. Donc je demande au
28 greffier de me donner des versions écrites.
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1 Nous allons maintenant avoir une pause, et nous reprendrons à 12 heures 55.
2 [Le témoin quitte la barre]
3 --- L'audience est suspendue à 12 heures 36.
4 --- L'audience est reprise à 12 heures 58.
5 [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]
6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Misetic, vous espériez pouvoir
7 terminer aujourd'hui. Pensez-vous que ce sera possible ?
8 M. MISETIC : [interprétation] Je ferai de mon mieux pour que cela soit
9 terminé aujourd'hui à 1 heure 45, Monsieur le Président.
10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.
11 [Le témoin vient à la barre]
12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous pouvez poursuivre, Maître Misetic.
13 M. MISETIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
14 Q. Général Mrksic, je voudrais maintenant vous montrer la pièce D930; il
15 s'agit de la page 10 de la version anglaise, et de la page 9 de la version
16 B/C/S. Je voudrais vous montrer cet extrait d'un livre rédigé par Marko
17 Vrcelj. Vous souvenez-vous de qui il s'agissait ?
18 R. C'était le chef de l'artillerie.
19 Q. Oui. Au milieu de la page 9 de la version B/C/S, et en bas de la page
20 10 de la version anglaise - un petit peu plus bas, s'il vous plaît - il est
21 dit :
22 "Dans l'après-midi, lorsque le commandant de l'Orkan m'a parlé pour
23 terminer les tâches qui lui avaient été ordonnées, il m'a donné l'ordre de
24 m'apprêter à tirer sur les cibles militaires…"
25 Si nous pouvions passer à la page suivante de la version anglais, s'il vous
26 plaît :
27 "…à Zagreb et à Dubo Selo, et les tirs devaient commencer à 7 heures le
28 lendemain matin."
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1 Et ensuite, si nous descendons jusqu'au troisième paragraphe -- si l'on
2 pouvait tourner la page en anglais, s'il vous plaît. Pourrait-on tourner la
3 page en anglais, s'il vous plaît.
4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il y a, me semble-t-il, beaucoup
5 d'erreurs. Vous avez commencé par dire qu'il s'agissait de la page 10 en
6 anglais, puis vous avez commencé à lire à partir du bas de la page 9. Puis
7 vous avez demandé de passer à la page 10, et maintenant je pense que
8 lorsqu'on était sur le point de le faire, on a cru comprendre qu'il fallait
9 de toute façon passer à la page suivante. Je pense qu'en fait nous devrions
10 être sur la page 10 de la version anglaise, en haut de la page; est-ce
11 exact, Maître Misetic ?
12 M. MISETIC : [interprétation] Je vois la page 11 sur le prétoire
13 électronique.
14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Je suis en train de regarder le bas
15 de la page -- ce que vous avez commencé à lire se trouve en bas de la page
16 9, dans le document tel qu'il est paginé. Et si l'on pouvait maintenant
17 revenir une page en arrière, je pense que nous serions là où nous aurions
18 dû être.
19 M. MISETIC : [interprétation] Oui. Mais je vois la page 11 sur le prétoire
20 électronique.
21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que ce n'est pas vrai que vous
22 avez commencé à lire ce que nous voyons maintenant en bas : "Dans l'après-
23 midi, lorsque le commandement de l'Orkan," et cetera, vous êtes passé
24 ensuite à la page suivante, qui est -- nous y voici. Je pense que c'est la
25 bonne page.
26 M. MISETIC : [interprétation] Oui.
27 Q. "Nous sommes allés en direction de Srb vers 3 heures du matin."
28 Ensuite le texte se poursuit en disant :
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1 "En regardant les colonnes de gens qui quittaient leurs maisons pour aller
2 vers l'inconnu, sachant que le commandement de l'Orkan avait reçu mission
3 de tirer à Zagreb, je suis allé vers le commandant pour lui dire de ne pas
4 tirer sur Zagreb. S'il devait tirer des obus sur Zagreb, les Oustachi
5 auraient utilisé leur propre force aérienne et auraient mutilé des
6 personnes innocentes. C'est la raison pour laquelle je me suis dépêché pour
7 essayer de trouver le commandant avant 6 heures du matin, pour que nous
8 puissions empêcher de telle catastrophe en attendant."
9 Nous pouvons peut-être essayer de descendre le long de la version B/C/S.
10 Et maintenant, Général Mrksic, j'aimerais vous montrer une vidéo qui
11 concerne justement le pilonnage de Zagreb et la décision de pilonner
12 Zagreb.
13 Je pense qu'il s'agit de cette vidéo de 12 minutes, Monsieur le Président,
14 et je poserai ensuite d'autres questions supplémentaires sur cette vidéo.
15 Mais des transcripts ont été donnés aux interprètes, et nous allons nous
16 arrêter pour permettre à la traduction de suivre.
17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Tout particulièrement si quelqu'un doit
18 suivre la traduction, et que cela n'est pas écrit. S'il n'y a pas de sous-
19 titres, par exemple, en français, nous ne les trouvons pratiquement jamais
20 --
21 M. MISETIC : [interprétation] Général, il s'agit là de la vidéo de
22 l'entretien avec M. Martic qui remonte à l'automne de 1995. Il s'agit de la
23 pièce D929. Et, Général, si vous voulez écouter, et une fois cela fait,
24 j'aurai toute une série de questions à vous poser.
25 [Diffusion de la cassette vidéo]
26 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]
27 "Ce premier jour, le 4 août, vous étiez présent vous-même au moment où Knin
28 a été bombardée en même temps que d'autres endroits. Les Croates n'ont
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1 remporté aucun succès important en dehors des déplacements effectués sur
2 les monts Dinara, à Mali Alan et à Velebit. Tout le reste s'est déroulé à
3 peu près comme prévu, et si l'on tient compte du fait que les Croates
4 étaient à Zagreb ce jour-là, notamment dans les abris, et qu'ils
5 s'attendaient à une réaction par pilonnage à leur encontre, nous avons
6 conclu qu'il n'était pas nécessaire de bombarder Zagreb dans ces premiers
7 moments. Ce qui est très intéressant malgré tout, c'est que j'ai reçu cinq
8 coups de téléphone ce jour-là de Milan Babic à partir du cabinet de
9 Milosevic dans un seul but qui était de proposer que je ne bombarde pas
10 Zagreb. J'ai pris cela de façon erronée. J'ai dit que personne n'avait
11 l'autorité en Serbie, mais aucun représentant officiel de Belgrade ne m'a
12 contacté; et par la suite, j'ai rencontré la même équipe et on m'a toujours
13 dit de ne pas pilonner Zagreb.
14 "Dans la soirée, à 19 heures 30, il y avait les nouvelles à la
15 télévision de Croatie. Nous avions un générateur qui produisait de
16 l'électricité au QG, et les Croates ont annoncé la fin des frappes
17 aériennes à Zagreb parce que des généraux à eux - Tolj, je crois qu'il
18 s'appelait -- avaient dit que tous les citoyens pouvaient sortir de leurs
19 abris à Zagreb parce que les Serbes, en principe, n'avaient pas une portée
20 nécessaire pour atteindre Zagreb. Par la suite, j'ai envoyé au général
21 Mrksic l'ordre de bombarder Zagreb avec tous les moyens dont il disposait
22 et avec toutes les munitions que nous avions."
23 [Fin de la diffusion de cassette vidéo]
24 M. MISETIC : [interprétation]
25 Q. Général, nous allons faire une pause juste là, et je voudrais vous
26 poser une question. Nous allons ensuite reprendre la vidéo. Mais dans la
27 mesure où c'est là la question, est-ce que vous vous souvenez d'une
28 conversation dans la soirée du 4 avec M. Martic lorsqu'il vous a donné
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1 l'ordre de bombarder Zagreb ?
2 R. M. le président Martic, voyant ce qui se passait à Knin, ne cessait de
3 dire : pourquoi est-ce que nous ne répliquerions pas contre Zagreb ? Moi,
4 ça, je ne pouvais pas l'accepter. J'ai dit que je voulais que tout se fasse
5 dans l'ordre; et malgré tout, j'ai donné l'ordre à l'artillerie de battre
6 en retraite rapidement, de ne pas aller sur les positions de tir, parce que
7 ça, c'aurait été un danger supplémentaire. A mon avis, ça aurait été lâche.
8 Celui qui est faible ne sait plus quoi faire et puis tout d'un coup, il se
9 met à tirer sur les cibles civiles. Ça, ce sont des cibles qui ne peuvent
10 pas être prises en considération. Je voulais que le plan de guerre soit
11 respecté, et ça, ça avait été modifié dans le plan de guerre.
12 Q. Je souhaiterais vous poser la question suivante : savez-vous pourquoi
13 M. Vrcelj a donné l'ordre de pilonner Zagreb ?
14 R. Vrcelj, c'était un acte automatique, voyez-vous. Si vous n'avez pas de
15 moyen de communication, vous fonctionnez automatiquement. Ils l'ont fait à
16 partir des positions qu'ils occupaient. Ils ont pris la route pour se
17 rendre sur les positions de tir, et à ce moment-là, j'ai envoyé un message
18 leur disant qu'il ne fallait pas qu'ils aillent sur ces positions de tir
19 pour se mettre à tirer sur des cibles à Zagreb. Une des raisons de tout
20 cela qui m'a motivé, c'est que c'est interdit au terme des conventions de
21 Genève, parce qu'à Zagreb, c'était des cibles civiles. Moi, j'étais attaqué
22 par des brigades à partir des monts Dinara. Je n'étais pas attaqué à partir
23 de Zagreb.
24 M. MISETIC : [interprétation] Nous allons maintenant regarder le reste de
25 la vidéo.
26 [Diffusion de la cassette vidéo]
27 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]
28 "Malheureusement, mon ordre n'a rien donné, mais les choses sont
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1 devenues encore plus intéressantes. Ils ont remplacé le commandant du Corps
2 de Kordun, le colonel Veljko Bosanac, dans mon dos, par crainte que je
3 m'adresse directement à lui pour lui donner l'ordre d'une telle attaque,
4 parce qu'il disposait de certains atouts là-bas. Ils l'ont remplacé à son
5 poste et ont nommé un nouveau type de façon à ce que l'ordre ne puisse pas
6 être exécuté; et malheureusement, pas un seul obus n'est tombé sur Zagreb,
7 même si nous avions des millions de raisons de tirer. Et puis, c'est le
8 pire des scénarii qui s'est déroulé à ce moment-là. Pendant une brève
9 absence de ma part, un ordre écrit quelques mois précédemment à Belgrade a
10 été émis qui exigeait une action conforme aux ordres de retrait de l'armée,
11 et je n'en ai jamais eu connaissance."
12 [Fin de la diffusion de cassette vidéo]
13 LE TÉMOIN : [interprétation] Mais tout ça, ça n'a absolument aucun sens.
14 Ça, c'était à Banja Luka.
15 [Diffusion de la cassette vidéo]
16 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]
17 "Le journaliste : Ce malheureux jour du 4 août, quel a été le dernier
18 ordre que vous avez donné en tant que commandement Suprême ?
19 "Milan Martic : "Mon dernier ordre, c'est ce que je viens de dire, l'ordre
20 de bombarder Zagreb aux environs de 19 heures 30, quand j'ai vu ce que les
21 Croates étaient en train d'annoncer à la télévision. Mais avant cela,
22 j'avais pris une décision. Malheureusement, je n'avais personne à consulter
23 au sujet de cette décision. A 17 heures, j'avais pris la décision de
24 retirer la population civile des villes où elle était sans cesse pilonnée,
25 telles que Knin, Benkovac, Obrovac. Et l'ordre disait clairement que la
26 population qui ne combattait pas devait se retirer vers des villages qui
27 n'étaient pas pilonnés en allant au plus loin, à Srb et à Lapac, qui se
28 trouvaient dans la Krajina mais pas dans la Sumadija. J'ai donné cet ordre
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1 pour une seule et unique raison, et c'était parce que je me souvenais de la
2 Slavonie occidentale et des souffrances énormes vécues par les civils à cet
3 endroit lorsque j'ai été attaqué même par le régime serbe et par tous ceux
4 qui avaient une politique différente de la mienne. Ça c'était une erreur.
5 J'ai dit que je ne reproduirais pas cette erreur et que je voulais que tout
6 le monde se retire, mais que tous ceux qui étaient capables de porter les
7 armes à mes côtés devaient saisir un fusil dans leurs mains et combattre
8 pour la défense de la Krajina.
9 "J'ai dit que je n'avais personne à consulter à ce sujet et j'ai donné cet
10 ordre, cet ordre existe jusqu'à aujourd'hui; il est sur moi. Même si par la
11 suite, de nombreuses tentatives ont été faites pour manipuler la réalité
12 des faits, mais c'est l'ordre qui pratiquement est la clé de tout. J'ai
13 donné cet ordre de retrait de l'armée qui, plus tard, s'est avéré erroné
14 parce que le même soir, j'ai proposé au général Mrksic de lancer une
15 contre-attaque vers le mont Dinara, que j'ai personnellement dirigée, parce
16 que je connaissais bien --"
17 [Fin de la diffusion de cassette vidéo]
18 M. MISETIC : [interprétation]
19 Q. Général, vous souvenez-vous des discussions avec M. Mrksic la soirée du
20 4, lorsque la contre-attaque a été lancée sur les forces croates ?
21 R. Cette interview, elle a eu lieu à Banja Luka. Vous savez comment ça se
22 passe. Quand tout est fini, il faut trouver un coupable.
23 Pourquoi est-ce que vous montrez ces images ? Ce n'est pas la peine.
24 Quelles forces peuvent avoir de telles images ? Il y a le texte de la
25 décision du conseil suprême de la Défense. C'est comme si on voulait me
26 considérer comme coupable.
27 [Diffusion de la cassette vidéo]
28 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]
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1 "Je n'étais pas au courant de ce fameux ordre de retrait de l'armée,
2 et je n'aurais pas pu le prévoir en me fondant sur le fait que les Croates
3 n'avaient remporté aucun succès important jusqu'à ce moment-là. Je croyais
4 que le lendemain serait meilleur pour nous, que les choses se dérouleraient
5 davantage à notre avantage, et c'est sans doute ce qui se serait passé.
6 "Mon absence du QG, qui a duré quelque deux heures, a suffi au général
7 Mrksic pour qu'il rassemble tous ses commandants de corps d'armée qu'il
8 avait nommés entre-temps à leurs postes où il avait placé de nouveaux
9 hommes, et pour qu'il leur dise d'agir conformément à ce nouvel ordre qui
10 avait été établi par Milosevic quelques mois précédemment. Il a suffi que
11 je m'absente pendant un temps aussi court pour que ce nouvel ordre soit
12 émis. Mon retour au QG d'où j'étais allé pour remettre en fonctionnement
13 Radio Knin - parce que c'était une fausse Radio Knin qui émettait depuis
14 quelque temps et qui trompait la population - quand je suis revenu au QG,
15 j'ai été confronté avec cette situation bizarre. Tout le monde était en
16 train de chuchoter des choses, les colonels, les généraux, et cetera, que
17 je ne pouvais pas entendre. Mais j'ai cru que les questions débattues
18 étaient mineures et qu'elles avaient un rapport avec des aspects techniques
19 du commandement, et je me suis dit : Bon, ce n'est pas un problème, ce
20 n'est rien de grave.
21 "Plus tard dans la soirée, aux environs de minuit, j'ai demandé à me
22 reposer un peu parce que je n'avais pas dormi depuis deux jours. Mais j'ai
23 immédiatement reçu un appel téléphonique de M. Karadzic, de Krajisnik, les
24 lignes fonctionnaient encore. Ils avaient besoin de me dire quelque chose,
25 de me faire des propositions, donc je n'ai pas pu dormir. C'est la première
26 fois à ce moment-là que Mile Mrksic m'a proposé de prendre en compte les
27 conditions du commandement qui, à vrai dire, étaient impossibles à exercer,
28 le commandement à partir de Knin, et qu'il fallait aller à Srb. J'ai dit
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1 que c'était hors de question. Qu'est-ce que cela voulait dire Srb ? C'était
2 hors de question, cela n'était acceptable sous aucune condition.
3 "Après un certain temps, après une demi-heure de chuchotage avec des
4 colonels, ils ont proposé que nous sortions à Padjene, qui est un lieu-dit
5 surplombant Knin. Il y avait là un poste de commandement extraordinaire, au
6 sens que le commandement normal n'était plus possible à tenir à l'endroit
7 où il se trouvait, et que des tactiques devaient être mises en œuvre pour
8 tromper les Croates."
9 [Fin de la diffusion de cassette vidéo]
10 M. MISETIC : [interprétation]
11 Q. Général Mrksic, y avait-il une décision au départ d'évacuer ou de
12 déménager le commandement le 4 août ?
13 R. Padjene, c'était le poste de commandement avancé du 7e Corps, c'est-à-
14 dire du Corps de Dalmatie. A partir de Padjene, il était possible d'exercer
15 le commandement sur Knin et sur les différents lieux dont nous avons déjà
16 parlé, afin d'empêcher que les forces Croates puissent avancer jusqu'à Srb.
17 Dans l'espace en question, le président a fait son apparition, et il est
18 resté là pour se reposer. Moi, je ne pouvais pas attendre qu'il ait fini de
19 dormir. J'avais mon travail à faire, parce que je devais mettre en place le
20 système, voir comment il fonctionnerait à partir de Srb, le commandement.
21 Et à Srb, le poste de commandement de Konacari [phon] a été déménagé
22 aussi, ce qui est tout à fait conforme à toutes les tactiques des règles de
23 commandement.
24 Quant à ce qui s'est passé après la chute de Banja Luka, je préfère
25 ne pas commenter ce qu'a dit le président dans cette période, pour être
26 correct à son égard.
27 [Diffusion de la cassette vidéo]
28 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]
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1 "J'ai cédé à ce moment-là et j'ai dit que si vous allez à Padjene
2 tout va bien. Ils ne pouvaient pas attendre, ils ont rassemblé leurs
3 affaires, et je ne sais pas ce qu'ils avaient démonté avant au QG. En tout
4 cas, moi je suis parti, je suis resté avec mes hommes jusqu'à 3 ou 4 heures
5 du matin à peu près, et nous sommes partis pour Padjene, où je les ai
6 retrouvés. D'abord, je me suis rendu compte que ce n'était pas un poste de
7 commandement, contrairement à ce qu'on m'avait dit, c'était une espèce de
8 système de transmission qui se trouvait là, mais pas du tout ce à quoi je
9 m'attendrais. Mais je me suis dit, bon, je suppose qu'ils vont tout mettre
10 en place. Ils avaient de bons officiers spécialistes des transmissions, et
11 que les choses allaient s'améliorer. A ce moment-là, j'ai demandé à partir
12 et à me reposer un peu, et ils m'ont immédiatement fourni une espèce de
13 lit. Mes hommes, qui m'avaient accompagné, se sont reposés aussi un peu
14 jusqu'à à peu près 5 heures du matin, et nous nous sommes réveillés à 8
15 heures du matin à peu près. Il y avait des pilonnages en cours, mais cela
16 ne m'a pas dérangé, c'était un samedi, oui, mais c'était bizarre que
17 personne ne crie quoi que ce soit -- et tout d'un coup nous avons sursauté,
18 et nous avons vu qu'il n'y avait aucun commandement à cet endroit. Ils
19 avaient simplement abandonné la position sans me réveiller, ce qui est
20 vraiment honteux.
21 "Pendant quelques temps, nous sommes restés dans les environs de Padjene et
22 à peu près à 10 heures du matin, je suis allé chercher le commandant, et
23 c'est seulement à ce moment-là que je me suis rendu compte de ce que je
24 n'avais pas prévu, à savoir que j'avais rencontré une unité qui se trouvait
25 à Zitnic, et dans les rangs desquels se trouvait probablement des hommes de
26 Padjene et de Kravlja Draga, comme nous les appelions. J'ai demandé à ces
27 hommes où ils allaient, et ils m'ont dit avoir reçu l'ordre de se retirer.
28 Quels ordres de retrait, leur ai-je dit. Rebroussez chemin. L'ordre de
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1 retrait n'est pas valable. J'ai rencontré leur commandant, le colonel
2 Davidovic, et je lui ai demandé : Mais mon gars, à quoi ça ressemble,
3 qu'est-ce que ça veut dire ? Les soldats l'ont entouré, ils l'ont défendu,
4 ils ont dit il ne faut rien lui reprocher, il a reçu un ordre. Il se
5 comportait comme un condamné.
6 "Au sommet d'Otric, j'ai eu besoin de quelques heures pour faire ma percée.
7 J'ai rencontré une brigade qui venait des monts Dinara. Maintenant, on ne
8 peut qu'émettre des supputations de ce qu'ils ont fait quand ils sont
9 partis, et c'est là que j'ai rencontré notre colonel Radic, qui s'arrachait
10 les cheveux, qui disait : Ne me demande rien, ne me demande pas quoi que ce
11 soit, et cetera. J'ai vu que la situation était bizarre. Je me suis dis :
12 Mais où est Mrksic ? Il a répondu qu'il était à Srb. Ils m'ont dit qu'ils
13 avaient tous pris la fuite vers Srb. J'ai eu besoin de quelques heures
14 aussi pour comprendre à partir de Srpski Klanac ce qui s'est passé. Je ne
15 pouvais pas faire de percée. Je suis allé à Srb à pied pour les rencontrer
16 simplement, pour trouver le fameux QG qui n'avait pas de commandement. Ils
17 n'avaient pas de téléphone. J'ai vu que tout était pratiquement perdu. J'ai
18 dit à Mile ce que tout cela signifiait. J'ai dit : Mile, mais qu'est-ce que
19 ça signifie tout ça ? Est-ce que vous avez une police militaire à votre
20 disposition ? Arrêtez ces hommes, je vais leur parler. J'ai vu qu'il n'a
21 pas fait la moindre tentative. Il a dit : Mais vous savez, nous le ferons à
22 Petrovac."
23 [Fin de la diffusion de cassette vidéo]
24 M. MISETIC : [interprétation]
25 Q. Général Mrksic, je voudrais vous poser la question suivante. Le 5 août
26 lorsque vous étiez à Srb, est-ce que vous disiez déjà à M. Martic que vous
27 aviez commencé à arrêter des gens une fois arrivé à Petrovac ?
28 R. Non, non. Tout ça maintenant, je ne vais pas faire le moindre
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1 commentaire sur qui il fallait rejeter la responsabilité. Moi, cette
2 culpabilité, je la porte de façon permanente. C'est la raison pour laquelle
3 je vous remercie de m'avoir fait témoigner.
4 Q. Je ne vais pas vous montrer le reste de la vidéo parce que je veux
5 terminer aujourd'hui, mais je voudrais vous demander la chose suivante :
6 dans la vidéo, il est dit que vous lui avez dit le 5 que vous commenceriez
7 à arrêter les gens une fois que vous arriveriez à Petrovac. Est-ce que
8 c'était donc votre intention le 5 de rester à Srb et de continuer à monter
9 une défense contre les forces de la HV ?
10 R. Vous savez que le 4 dans la soirée, j'ai distribué des missions aux
11 brigades du Corps de Knin en leur donnant leurs lieux de déploiement. Je
12 leur ai dis ce qu'il fallait faire pour empêcher une arrivée des autres
13 depuis Gracac, et j'ai dit qu'il y avait encore l'espoir de trouver une
14 solution politique, que c'était sur les positions qui se trouvaient là
15 qu'il fallait combattre.
16 Et que dès le lendemain, selon moi, il fallait envoyer un hélicoptère
17 à partir de la Republika Srpska, c'est ce qui s'est fait. L'hélicoptère est
18 arrivé à Srb, et on m'a emmené à Pale où se trouvait Mladic, qui m'a dit :
19 Il est urgent que vos hommes se battent à Banija et à Kordun. Donc j'ai
20 transféré le théâtre des opérations là-bas.
21 Q. Mon Général, voici l'ordre dont nous avons parlé hier.
22 Vous avez donc émis un ordre le 5 août visant à continuer à
23 constituer une ligne de défense; c'est bien cela ?
24 R. Oui, oui.
25 Q. Passons donc à la page 2 de la version anglaise, c'est la partie qui
26 commence juste sous le titre "Ordres."
27 En fait, le 5, à nouveau, vous avez essayé d'établir une nouvelle ligne de
28 front contre les forces de la HV qui avançaient; c'est bien cela, comme on
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1 le voit au paragraphe 1 ?
2 R. Oui, c'est ça.
3 Q. Etiez-vous à Srb le 6 ?
4 R. Non. Le 6, on m'a évacué, on m'a fait sortir, on m'a extrait de Srb.
5 J'ai passé la nuit au nouveau poste de commandement, au poste de
6 commandement avancé.
7 Après quoi, je suis parti à Ostrelj à bord de l'hélicoptère, et j'ai
8 poursuivi immédiatement ma route vers Bosanski Novi.
9 Q. Maintenant, par le paragraphe 1 dans l'ordre, vous dites :
10 "Nous avons parlé d'un endroit du nom de Novi Grad." Vous dites que vous
11 avez parlé de Bulina Strana et d'une unité qui devait être envoyée à Bulina
12 Strana pour assurer la défense de Knin.
13 Est-ce que cela vous rappelle quelque chose, est-ce que vous savez ce
14 qu'est Bulina Strana ?
15 R. Mais c'était où, ça ? C'était au-dessus de Knin, en surplomb de Knin,
16 les toutes petites routes enlacées qui sortent, qui partent de Knin. Mais
17 ça, ce n'est qu'une supposition de ma part parce que je n'ai pas de carte
18 sous les yeux.
19 Q. Lorsque vous avez quitté Srb le 6, est-ce que vous aviez l'intention de
20 continuer à résister aux forces de l'armée croate qui avançaient vers Srb ?
21 R. L'idée c'était de rester là, de nous immobiliser et de poser une
22 résistance, parce que nous pensions que quelque chose devait se passer du
23 côté de la communauté internationale, que la communauté internationale
24 n'allait sans doute pas supporter et autoriser un exode de la population
25 serbe de la République de Croatie vers la République de Serbie et vers la
26 Bosnie-Herzégovine. Nous nous attendions à des évolutions, et c'est la
27 raison pour laquelle j'ai demandé à l'hélicoptère de Mladic de venir me
28 chercher après avoir appris ce qui s'était passé à Banija et à Kordun pour
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1 que je puisse aller sur ces secteurs de Banija et Kordun.
2 Q. Mon Général, je voudrais vous poser la question suivante, pourquoi le 6
3 août ne vous êtes-vous pas rendu ou n'avez-vous pas proposé de vous rendre
4 à l'armée croate ?
5 R. Mais pourquoi est-ce que j'aurais proposé de me rendre, puisque j'avais
6 proposé avant de régler les problèmes en l'absence de toute guerre ? Mais
7 ma proposition a été refusée par l'armée croate et la police croate. On a
8 tout signé, nous, le plan Z-4 à Genève, j'étais censé me rendre aux
9 négociations de paix de Genève. J'avais prévu un document préparatoire.
10 Ceux qui ont tenu à ce que ça se passe comme ça, c'est à eux de répondre de
11 ça. Moi, je n'avais pas besoin de la guerre.
12 Q. Mon Général, vous savez que Cedo Bulat, qui était donc dans le secteur
13 nord, c'était rendu au général Stipetic.
14 R. Oui, oui.
15 Q. Et donc, à l'issue de cette reddition, en raison de cette reddition à
16 l'armée croate, il a donc pu quitter cet encerclement avec son équipement
17 et tout le reste, c'est bien cela ?
18 R. Non, c'est pas ça. C'est simplement, la seule chose qu'on lui a
19 permise, c'est de faire sortir ses hommes sans armes. Ils ont dû tout
20 remettre, tous les moyens techniques. L'armée croate – vous, vous vouliez
21 obtenir des chars et toutes sortes d'autres armes lourdes mais ça, vous ne
22 l'avez pas reçu parce que moi j'avais tout fait retirer avant.
23 Q. Pouvez-vous répéter votre dernière phrase, votre toute dernière phrase,
24 s'il vous plaît.
25 R. La reddition du Corps de Kordun a eu lieu parce que grâce à l'aviation,
26 ce corps a été isolé, et le corps en question a été contraint de se battre
27 pour sortir de l'encerclement, ce qui aurait provoqué des pertes
28 importantes parmi la population. En raison de cela, le commandement du
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1 Corps de Kordun a décidé de se rendre.
2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] On vous a demandé de répéter votre
3 dernière phrase, mais apparemment vous nous donnez des informations
4 supplémentaires. Pouvez-vous attendre, s'il vous plaît, la question
5 suivante pour cela ?
6 LE TÉMOIN : [interprétation] Mais je ne sais plus ce que j'ai dit.
7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] M. Misetic va vous poser une autre
8 question.
9 M. MISETIC : [interprétation]
10 Q. Ma question est la suivante : pourquoi vous nous avez dit ce qu'avait
11 fait le Corps de Kordun ? Puisqu'ils étaient encerclés, puisqu'il y aurait
12 eu des victimes chez les civils, alors le commandement du corps a décidé de
13 se rendre.
14 R. C'est ça.
15 Q. Bien. Alors ma question que je vous pose est la suivante : pourquoi,
16 sur l'ensemble du territoire, vous, vous étiez le commandant pour
17 l'ensemble du territoire de la Krajina, pourquoi au moment où vous vous
18 êtes rendu compte que vous ne pouviez plus assurer la défense, pourquoi
19 est-ce que vous ne vous êtes pas rendu, tout comme Cedo Bulat l'avait fait
20 pour éviter, pour reprendre vos termes, d'importantes victimes ?
21 R. Parce que les autres corps d'armée n'ont pas été placés dans une
22 situation les obligeant à se rendre. Comment est-ce qu'un soldat peut se
23 rendre s'il n'est pas dans une situation où il est privé de toute issue.
24 Cedo Bulat n'avait plus d'issues. Mais M. Tudjman a envoyé un homme qui
25 connaissait personnellement Cedo Bulat, c'était un officier, un général de
26 la JNA qui présentait toutes les garanties, il y avait donc entre eux un
27 rapport de confiance, et des garanties ont été données selon lesquelles la
28 population civile n'allait pas souffrir si Cedo Bulat se rendait et que ses
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1 hommes pourraient s'extraire de là.
2 Q. Donc la seule façon pour vous de vous rendre, cela aurait été si vous
3 aviez été complètement encerclés ? Ce n'est seulement que dans ce cas-là ?
4 R. Mais oui, mais bien sûr. C'est cela que vous ne m'avez pas autorisé à
5 raconter quand je voulais dire quelles sont les modifications que j'ai
6 apportées dans la formation et l'entraînement des hommes. Si un corps
7 d'armée est encerclé, alors chacun peut, dans son âme et conscience,
8 décider de la meilleure solution pour la population. Et nous avons décidé
9 que tout le corps d'armée risquait de vivre le même sort que celui de
10 Kordun, mais nous voulions qu'il n'y ait pas de vengeance contre la
11 population civile, qu'il n'y ait pas d'assassinats, et cetera. Mais vous,
12 vous n'avez pas pris des territoires. Vous avez poursuivi votre route. Ce
13 que vous avez décidé de faire, c'est terroriser la population et forcer la
14 population à fuir et lentement la pousser par derrière pour qu'elle s'en
15 aille.
16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je pense, Monsieur le Témoin, que vous
17 avez plus que répondu à la question.
18 Monsieur Misetic, vous pouvez poursuivre.
19 M. MISETIC : [interprétation]
20 Q. Donc, après l'opération Tempête, Mon Général, vous avez été critiqué;
21 c'est bien exact ?
22 R. Oui, on me dit encore aujourd'hui que c'est moi le coupable. Je
23 voudrais dire en quelques mots ce que j'ai vécu.
24 Je ne pouvais plus entrer en République de Serbie. Mon entrée était
25 interdite. J'y suis entré deux mois plus tard en franchissant la Drina. On
26 m'a enfermé à domicile, et cela fait des années que ça dure. Et à la fin,
27 j'ai été obligé de travailler au marché de primeurs.
28 Q. J'essaie d'aller le plus vite possible pour que nous puissions terminer
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1 avec vous aujourd'hui. Alors, Mon Général.
2 M. MISETIC : [interprétation] D'abord, je voudrais avoir le document 65 ter
3 1D1043, s'il vous plaît, Monsieur le Greffier.
4 Q. Et je voudrais vous montrer toute une série de documents. M. MISETIC :
5 [interprétation] Je vais essayer d'accélérer un petit peu pour que nous
6 puissions vraiment terminer aujourd'hui, Monsieur le Président.
7 Q. Je ne vais pas vous demander d'apporter des commentaires sur chacun des
8 documents mais plutôt sur l'ensemble, lorsque vous les aurez tous vus.
9 R. Mais c'est quoi ce document, moi, je l'ai oublié celui-là.
10 Q. Ceci est censé être un rapport ou une communication de votre part
11 adressé au chef d'état-major général de l'armée yougoslave le 18 août. Au
12 point 6, il est dit que vous transmettez la décision de la présidence, à
13 savoir point 1, organiser. Et puis ensuite au point 6 :
14 "Organiser la visite de conscrits militaires aux centres de réfugiés,
15 afin d'établir des listes et de rassembler un certain nombre de
16 volontaires.
17 "Date limite, 1er septembre 1995, date à laquelle un rapport devra
18 être présenté."
19 Ensuite, numéro 12, je crois qu'il y a une erreur de traduction,
20 Général, mais :
21 "Donc à ce moment-là, un bataillon de volontaires de la VRS a été constitué
22 depuis la Slavonie occidentale qui, avec les autres volontaires, a
23 constitué donc un ensemble d'unités situées sur le mont Kozarac, à Benkovac
24 plus particulièrement. Après la constitution de ce corps, son entraînement
25 et sa préparation, les volontaires devront reprendre une partie du champ de
26 bataille à la frontière de la RSK, et de cette façon contribuer à la
27 défense de la VRS."
28 Monsieur le Président, j'aimerais pour des raisons de rapidité verser ce
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1 document au dossier.
2 M. RUSSO : [interprétation] Pas d'objection.
3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.
4 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, il s'agit
5 maintenant de la pièce D1522.
6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Versé au dossier.
7 M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Greffier, je voudrais maintenant
8 le document 65 ter 1D1046, s'il vous plaît.
9 Q. Donc il s'agit d'un document, encore une fois, qui est censé être une
10 communication de votre part au chef de l'état-major général de l'armée
11 yougoslave.
12 R. Attendez un peu, qu'est-ce que c'est ça.
13 Q. Il semble que recherchez la chose suivante, il est dit :
14 "Afin de nous permettre de résoudre les problèmes au sein de l'autorité de
15 l'état-major général de l'armée de la Krajina serbe, vous devez fournir
16 l'aide suivante…"
17 Et au point 4 :
18 "Le chef de l'état-major général et le commandement des unités de la SVK
19 sont situés dans la RSK, où ils se consacrent essentiellement à
20 l'entraînement des unités, et à faire en sorte qu'elles puissent composer
21 la VRS. "
22 Voilà, j'aimerais que ce document donc soit versé au dossier, Monsieur le
23 Président.
24 M. RUSSO : [interprétation] Pas d'objection.
25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.
26 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, il s'agira
27 maintenant donc de la pièce D1523.
28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La pièce est donc versée au dossier.
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1 M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Greffier, pouvons-nous maintenant
2 avoir la pièce D416, s'il vous plaît.
3 Q. Il s'agit d'une directive provenant de M. Martic, le 2 septembre ou le
4 4 septembre, dans laquelle il évoque donc -- c'est une directive sous la
5 formation de l'Armée de libération de la RSK, et donc de ses activités dans
6 les opérations de combat sur le territoire de la Republika Srpska et la
7 RSK.
8 M. MISETIC : [interprétation] Je voudrais maintenant passer au document 65
9 ter 1D1047, s'il vous plaît, Monsieur le Greffier.
10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et vous souhaitiez verser la pièce
11 précédente au dossier ?
12 M. MISETIC : [interprétation] Elle l'est déjà.
13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, effectivement.
14 M. MISETIC : [interprétation]
15 Q. Donc il s'agit d'un ordre émis par M. Martic, le 4, et puis ensuite il
16 y a un tampon en haut à gauche selon lequel ce serait un ordre qui aurait
17 été émis par vous. "Le 7 septembre 1995", pour la constitution donc de
18 l'Armée de libération pour la République de Krajina serbe et son
19 intégration dans les opérations de combat sur les territoires de la RS et
20 la RSK.
21 Et si vous regardez le paragraphe 2, il est dit que :
22 "L'Armée de libération de la RSK est organisée en brigades de
23 libération, brigades de libération constituées de volontaires et d'unités
24 spéciales.
25 "Les unités spéciales sont, elles, organisées en groupes et en
26 escadrons."
27 Alors, Général Mrksic, est-ce que vous vous souvenez avoir émis cet
28 ordre pour la constitution de cette Armée de libération de la RSK en
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1 septembre 1995 ?
2 R. Non, moi, je n'ai rien à dire au sujet de ce document. Nous avions
3 perdu et nous souhaitions nous organiser à nouveau pour retourner dans nos
4 régions. Nous n'étions pas venus là de notre volonté personnelle, nous
5 étions venus là parce que nous avions été chassés. Nous étions prêts à
6 agir, y compris dans le cadre d'actes de sabotage ou de reconnaissance.
7 Mais vous savez ce que c'est. Vous êtes réfugié quelque part, le
8 gouvernement du pays où vous êtes réfugiés pose des questions au
9 gouvernement d'un autre pays, et moi, je ne savais même pas, le président
10 ne le savait d'ailleurs pas non plus qu'il était interdit de mobiliser des
11 réfugiés.
12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La question était simple, Monsieur le
13 Témoin. Vous souvenez-vous avoir donné cet ordre, et votre réponse
14 apparemment est "oui."
15 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, oui, je m'en souviens, oui.
16 M. MISETIC : [interprétation]
17 Q. Au cas où il y aurait un problème d'interprétation, quel est le type
18 d'unités ? Vous avez dit : "Nous étions même préparés, nous étions même
19 prêts à passer à ou à changer…"
20 R. Des unités de reconnaissance qui seraient allées chercher des
21 renseignements sur le territoire de la République serbe de Krajina, parce
22 que c'était notre territoire. Bien entendu, avec l'aide de la Republika
23 Srpska, parce qu'une attaque se préparait contre la Republika Srpska,
24 contre Prijedor, Banja Luka, et cetera. Mais ça, c'était prendre ses désirs
25 pour des réalités simplement.
26 Q. Savez-vous s'il y avait des camps organisés pour rapporter de Serbie
27 des hommes de la Krajina qui pourraient aussi être réentraînés et déployés
28 dans des unités telles que celles-ci ?
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1 R. Oui, oui, oui. Il y en avait un à Bijeljina et il y en avait un pas
2 loin de Banja Luka - comment ça s'appelle - le champ de tir à Manjaca. Mais
3 les gens ont refusé d'accepter cette proposition et de prendre les armes,
4 et donc tout est tombé à l'eau. Parce que selon les conventions de Genève,
5 personne n'a le droit de contraindre quelqu'un à prendre les armes s'il ne
6 le souhaite pas, donc tout est tombé à l'eau.
7 Q. Y avait-il un camp en Slavonie orientale ?
8 R. Moi, en Slavonie occidentale, je n'avais pas le droit de m'en mêler et
9 je ne m'en suis pas mêlé. Ils ne m'ont même pas autorisé à pénétrer en
10 Serbie.
11 M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Président, je demande que ce
12 document reçoive une cote et qu'il soit versé au dossier.
13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Russo.
14 M. RUSSO : [interprétation] Pas d'objection.
15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.
16 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agit de la pièce D1524, Monsieur le
17 Président.
18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et cette pièce est versée au dossier.
19 M. MISETIC : [interprétation] Mon Général, merci beaucoup. J'en ai terminé
20 avec mon interrogatoire.
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie de m'avoir convoqué pour
22 témoigner.
23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Mrksic, nous allons maintenant
24 nous arrêter pour aujourd'hui et nous aimerions vous revoir lundi à 9
25 heures. Je suis pratiquement certain que nous arriverons à mettre un terme
26 à votre témoignage en temps voulu. Me Misetic a parfaitement bien respecté
27 le temps qu'il avait mentionné au départ, et je suppose que les autres
28 parties feront de même, ce qui pourra vous permettre de satisfaire vos
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1 souhaits personnels concernant la semaine prochaine.
2 Monsieur Mrksic, encore une fois je tiens à vous donner les instructions
3 suivantes : vous ne devez parler à personne du fond de votre témoignage.
4 Vous pouvez parler du temps qu'il fait, de votre santé, très bien, pas de
5 problème, mais pas du fond de votre témoignage, de toutes les questions de
6 fond.
7 Je demanderais maintenant à ce que vous soyez escorté pour sortir de ce
8 prétoire.
9 [Le témoin quitte la barre]
10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'aimerais maintenant faire part d'une
11 décision très rapidement. C'est une décision concernant l'admission de la
12 pièce P2539.
13 Le 9 juillet 2009, l'Accusation a versé la pièce P2539, avec un extrait
14 concernant le témoin Zuzul. Cet extrait provient d'un article de presse
15 selon lequel le témoin avait, le 24 juillet 1997, en tant qu'ambassadeur de
16 la Croatie auprès des Etats-Unis, avait annoncé la résistance de la Croatie
17 à l'égard des ordres par ce Tribunal de produire des documents impliquant
18 le président Tudjman dans la guerre de Bosnie. Le témoin a apporté des
19 commentaires devant le Tribunal sur cet extrait. Tout cela peut être
20 constaté dans les pages du procès-verbal, 18 374 et 18 380.
21 La Chambre admet le document P2539 comme pièce, parce que cette pièce
22 permet de placer le contexte dans lequel les commentaires du témoin ont été
23 faits sur cet article qui pourrait sinon être difficile à comprendre s'il
24 n'y avait pas cette pièce P2539. La Chambre se rend parfaitement compte
25 qu'il s'agit d'une déclaration basée sur ouï-dire. La Chambre tient à
26 insister sur le fait que l'admission de cette pièce n'indique en aucun cas
27 le poids que la Chambre pourrait accorder à cet article.
28 Cela donc conclut la décision de la Chambre concernant l'admission de cette
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1 pièce 2539.
2 L'audience est maintenant levée et nous reprendrons lundi matin.
3 --- L'audience est levée à 13 heures 51 et reprendra le lundi 22 juin 2009,
4 à 9 heures.
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