Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le jeudi 23 juillet 2009

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 14 heures 17.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour à tous.

  6   Monsieur le Greffier, veuillez citer le numéro de l'affaire.

  7   M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Madame,

  8   Monsieur les Juges. Bonjour à tous dans le prétoire et autour du prétoire.

  9   Il s'agit de l'affaire IT-06-90-T, le Procureur contre Ante Gotovina et

 10   consorts.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Greffier.

 12   Avant d'entendre notre témoin suivant, quelques questions de procédure

 13   rapidement.

 14   J'ai appris qu'une nouvelle page du document D1577 avait été téléchargée.

 15   M. KEHOE : [interprétation] C'est exact, Monsieur le Président. Je crois

 16   qu'il n'y a pas d'objection. La nouvelle page est la page 3 qui a pour

 17   numéro 1D70-8586, donc c'est la nouvelle page 3 du document D1577.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Et la nouvelle page est de

 19   meilleure qualité.

 20   M. KEHOE : [interprétation] C'est une traduction qui est terminée, donc le

 21   document est entièrement traduit maintenant en anglais. Et c'est la raison

 22   pour laquelle cette nouvelle page a été téléchargée.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est bien.

 24   M. HEDARALY : [interprétation] Nous venons de recevoir cette page il y a

 25   une heure à peu près, et nous avons vérifié si une question se posait. Il y

 26   a un problème de traduction avec l'une des pages.

 27   M. KEHOE : [interprétation] J'aimerais corriger ce qui vient d'être dit. Je

 28   ne pense pas qu'il y ait un problème de traduction sur le document complet

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  1   qui est maintenant totalement traduit, mais nous pouvons vérifier.

  2   M. HEDARALY : [interprétation] Je vous remercie.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Hedaraly, si ne vous entendons

  4   plus sur ce sujet durant l'audience, pouvons-nous partir du principe qu'il

  5   n'y a pas d'objection ?

  6   M. HEDARALY : [interprétation] En effet, Monsieur le Président.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je crois en effet que la pièce D1577 a

  8   déjà été admise.

  9   M. KEHOE : [interprétation] En effet, Monsieur le Président.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Par conséquent, ce document est

 11   toujours au dossier, et si un problème se pose, nous aimerions vous

 12   entendre un peu plus tard durant l'audience, mais aujourd'hui en tout cas.

 13   Deuxième question, après les vacances judiciaires la Chambre a l'intention

 14   de revenir siéger pendant une semaine. Nous suivrons de près le déroulement

 15   de toute cette affaire. Le problème ne se pose pas uniquement dans la

 16   présente affaire, mais est lié à une autre affaire dans laquelle certains

 17   Juges de la présente Chambre siègent également.

 18   La Chambre a reçu récemment une requête au titre de l'article 92 bis

 19   du Règlement concernant 11 déclarations préliminaires. Si nous considérons

 20   les choses uniquement du point de vue du calendrier, la Chambre

 21   apprécierait beaucoup si elle pouvait déjà entendre le point de vue

 22   provisoire, en tout cas, du Procureur avant le début des vacances

 23   judiciaires, car s'il y a une opposition forte au fait d'entendre ces

 24   témoins en l'absence d'un contre-interrogatoire, la Chambre décidera de ce

 25   qui se passera sur la base de l'audition de tous ces témoins avec contre-

 26   interrogatoire et les transformera en témoins qui seront entendus au titre

 27   de l'article 92 ter. Donc cela aura un effet sur le calendrier. Par

 28   conséquent, la Chambre apprécierait si une réponse provisoire, pour le

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  1   moins, car je ne vous demande pas de nous donner tous les détails

  2   aujourd'hui, mais en tout cas la majorité ou pratiquement tous ces témoins

  3   ont accepté d'être entendus au titre de l'article 92 bis. Et dans ce cas,

  4   nous devrons demander un contre-interrogatoire pour la majorité d'entre

  5   eux, donc il serait bon que nous ne soyons pas pris par surprise après les

  6   vacances judiciaires.

  7   Voilà ce qu'il en était des questions de procédure.

  8   Maître Misetic, à vous.

  9   M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Président, pouvons-nous passer à

 10   huis clos partiel un instant.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Passons à huis clos partiel.

 12   M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, nous sommes à huis

 13   clos partiel.

 14   [Audience à huis clos partiel]

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 28   [Audience publique]

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  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Greffier.

  2   Maître Kehoe, l'Accusation est-elle prête à entendre son témoin suivant

  3   qui, je crois, n'a pas demandé de mesures de protection. Il s'agit de M.

  4   Cross, si je ne m'abuse.

  5   M. KEHOE : [interprétation] Je crois que c'est la Défense qui est prête,

  6   Monsieur le Président.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ah, excusez-moi. Voyez-vous, vraiment --

  8   M. KEHOE : [interprétation] C'est l'heure des vacances, Monsieur le

  9   Président. Oui, nous en sommes tout à fait conscients.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame l'Huissière, veuillez faire

 11   entrer le témoin dans le prétoire.

 12   M. KEHOE : [interprétation] Monsieur le Président, le témoin suivant est le

 13   général Cross.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 15   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour, Monsieur Cross.

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Avant que vous ne commenciez votre

 19   déposition devant cette Chambre, le Règlement de procédure et de preuve de

 20   ce Tribunal exige que vous prononciez une déclaration solennelle dont le

 21   texte est inscrit sur le carton qui vient de vous être remis. Veuillez

 22   prononcer cette déclaration, je vous prie.

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

 24   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 25   LE TÉMOIN : TIMOTHY CROSS [Assermenté]

 26   [Le témoin répond par l'interprète]

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie. Veuillez vous asseoir,

 28   Monsieur Cross.

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  1   Monsieur Cross, je m'adresse à vous en vous appelant Monsieur Cross, donc

  2   je n'utilise pas votre grade, et ceci n'est en rien de ma part un signe de

  3   manque de respect à votre égard, mais c'est la façon dont la Chambre

  4   s'adresse à tous les témoins, indépendamment de leur titre ou de leur

  5   grade.

  6   Maître Kehoe, êtes-vous prêt ?

  7   M. KEHOE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Cross, Me Kehoe est prêt à vous

  9   interroger dans l'intérêt du général Gotovina dont il assure la défense.

 10   Veuillez poursuivre.

 11   Interrogatoire principal par M. Kehoe : 

 12   Q.  [interprétation] Pourriez-vous, je vous prie, Monsieur, décliner vos

 13   nom et prénom ?

 14   R.  Tim Cross. 

 15   Q.  Avez-vous servi dans les rangs de l'armée britannique, et avez-vous

 16   pris votre retraite ?

 17   R.  J'ai rejoint les rangs de l'armée britannique en 1964. En 1967, j'ai

 18   suivi un stage de formation militaire, et en 1971 je suis allé à Sandhurst,

 19   et en 2007 j'ai obtenu le grade de général de division.

 20   Q.  Général Cross, j'aimerais vous soumettre le rapport que vous avez

 21   établi dans la présente affaire.

 22   M. KEHOE : [interprétation] Monsieur le Président, je demande l'affichage

 23   du document 65 ter numéro 1D2741, et je demanderais l'aide de Mme

 24   l'Huissière pour que le témoin reçoive un exemplaire. Je vous remercie.

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci beaucoup.

 26   M. KEHOE : [interprétation]

 27   Q.  Mon Général, vous reconnaissez ce document, n'est-ce pas, comme étant

 28   le rapport déposé par vous dans la présente affaire ?

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  1   R.  Oui, Monsieur.

  2   Q.  Passons à la page 24, je crois que c'est le numéro de la page dans le

  3   prétoire électronique. Cette page nous soumet votre curriculum vitae.

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Reconnaissez-vous cette page comme étant votre curriculum vitae,

  6   Monsieur ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Nous n'allons pas passer en revue ce curriculum vitae dans le détail,

  9   Mon Général, mais j'aimerais que nous parlions de certains moments de votre

 10   carrière qui ont une pertinence par rapport à l'audience dans laquelle vous

 11   comparaissez aujourd'hui, si vous me le permettez.

 12   Passons en revue les endroits où vous avez été stationné chronologiquement,

 13   en commençant par l'Irlande du Nord. Où est-ce que vous avez été stationné,

 14   Monsieur, quelle était l'opération en cause et quel était votre rôle dans

 15   cette opération ?

 16   R.  En 1978, j'ai été envoyé en Irlande du Nord en tant que capitaine.

 17   J'étais à la tête d'une petite unité qui s'occupait de tous les aspects

 18   liés aux munitions, y compris aux bombes en Irlande du Nord, et j'ai dirigé

 19   l'inspection chargée des munitions, ce qui m'a emmené un peu partout dans

 20   la province pour inspecter l'état des munitions, y compris les munitions

 21   qui étaient utilisées dans les rapports avec les terroristes, et

 22   j'établissais des rapports au sujet des munitions stockées par l'armée

 23   britannique un peu partout dans la province.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Cross, l'interprète française

 25   vient de terminer l'interprétation. Je vous prierais de bien vouloir

 26   ralentir un peu.

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Toutes mes excuses. Je vais ralentir, bien

 28   sûr.

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  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe.

  2   M. KEHOE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  3   Q.  Mon Général, que se passait-il exactement dans les rapports entre

  4   l'armée britannique et l'Irlande du Nord à cette époque-là ?

  5   R.  En 1969 ont eu lieu ce que l'on a l'habitude d'appeler les troubles qui

  6   ont éclaté en Irlande du Nord, à savoir que la minorité catholique

  7   protestait de diverses manières à l'époque, et ces troubles sont devenus si

  8   graves que le gouvernement a finalement décidé de déployer l'armée

  9   britannique en Irlande du Nord pour appuyer les autorités civiles. Il

 10   s'agissait de l'opération baptisée "Assistance militaire aux pouvoirs

 11   civils." Donc dès 1969-1970, alors que j'étais encore à Sandhurst, des

 12   troupes britanniques ont été déployées là-bas pour tenter de rétablir la

 13   sécurité en Irlande du Nord, ce qui pouvait donner la marge de manœuvre

 14   nécessaire aux autorités pour qu'elles résolvent les problèmes posés par la

 15   minorité catholique.

 16   Q.  Passons les choses en revue chronologiquement, Mon Général. Je crois

 17   que par la suite vous avez été déployé à Chypre. Pourriez-vous nous dire

 18   quelques mots au sujet de ce qui s'est passé là-bas eu égard aux rapports

 19   entre Chypre et l'armée britannique, quel était le type d'opération à

 20   laquelle vous avez participé, ce que vous y avez fait précisément ?

 21   R.  Oui. Chypre, bien sûr, a fait partie de l'empire britannique à un

 22   certain moment, et nous avions un certain nombre de bases. Le problème

 23   c'était les troubles qui opposaient les Grecs et les Turcs de Chypre

 24   pendant un certain temps dans la partie nord de l'île. Des observations des

 25   Nations Unies ont été déployées à Chypre à cette époque-là, et ces hommes

 26   étaient connus sous le nom de forces des Nations Unies. Un certain nombre

 27   d'opérations ont été menées dans ce cadre. Les Britanniques ont envoyé un

 28   bataillon pour aider à suivre la situation sur le front opposant la partie

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  1   turque, la partie grecque de l'île, et nous avons également envoyé un

  2   certain nombre d'officiers au QG de la force des Nations Unies UNFICYP basé

  3   à Nicosia. J'étais capitaine et étais déployé au commandement d'un

  4   détachement qui appuyait le régiment stationné au QG des Nations Unies.

  5   Q.  Le point suivant dont j'aimerais discuter un peu avec vous, c'est la

  6   guerre du Golfe au début des années 1990. Est-ce que vous pourriez

  7   récapituler rapidement ce que vous y avez fait ?

  8   R.  J'étais en Allemagne. Je venais de prendre le commandement d'un

  9   bataillon. J'étais à ce moment-là lieutenant-colonel. J'ai été déployé en

 10   Allemagne en septembre 1990, ce qui a coïncidé avec l'invasion du Koweït

 11   par l'Iraq. Le gouvernement britannique ainsi que d'autres, bien sûr, ont

 12   décidé de déployer un certain nombre d'hommes en Iraq. Au départ, nous

 13   avons déployé une brigade en septembre, octobre et novembre, puis au mois

 14   de décembre, il a été décider de renforcer ces effectifs en envoyant une

 15   deuxième brigade, en créant un QG de division et en envoyant des effectifs

 16   de combat assez importants.

 17   J'ai été déployé au départ au QG de la division. Je commandais

 18   l'appui à la division et j'ai été envoyé là-bas en décembre et y suis resté

 19   jusqu'en avril 1996, si je ne me trompe, c'est-à-dire la date à laquelle

 20   l'Iraq a quitté le Koweït.

 21   Q.  Parlons maintenant des Balkans, Mon Général. Je crois que vous avez été

 22   déployé à différents niveaux là-bas lors des événements qui ont marqué la

 23   région. Pouvez-vous nous en parler rapidement ?

 24   R.  Oui, en 1995, l'accord de paix de Dayton était signé, et le Royaume-Uni

 25   avait déjà déployé des troupes dans le cadre des forces de maintien de la

 26   paix des Nations Unies dans les années 1990. Cette force était connue sous

 27   le nom de FORPRONU. Plus tard, le gouvernement britannique a accepté de

 28   déployer un QG de division et d'autres effectifs pour concourir à la mise

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  1   en œuvre de l'accord de Dayton. Pour ma part, j'ai été envoyé là-bas pour

  2   commander une force logistique de la SFOR dans le cadre du déploiement

  3   général de l'armée britannique. Ceci m'a amené dans la région de Split et

  4   en d'autres endroits en Bosnie centrale.

  5   Je suis reparti après quelques mois, puis suis retourné là-bas pour

  6   prendre le commandement d'une brigade en 1997, car c'est ma brigade qui a

  7   été déployée à ce moment-là dans diverses localités un peu partout en

  8   Croatie et en Bosnie. Je suis resté là-bas au côté de ce qu'on appelait à

  9   l'époque la SFOR, c'est-à-dire la force de soutien. Six mois plus tard, je

 10   suis retourné au Royaume-Uni pour poursuivre le commandement de ma brigade,

 11   puis suis retourné dans les Balkans, cette fois-ci dans le cadre de la KFOR

 12   au Kosovo. Nous avons été déployés en Grèce, puis nous nous sommes déplacés

 13   en Macédoine, tout cela en raison du fait que les pourparlers de paix qui

 14   se déroulaient à Rambouillet à l'époque étaient censés déboucher sur un

 15   équivalent de l'accord de paix de Dayton. L'armée britannique souhaitait

 16   que nous veillions à la signature de cet accord et il était prévu que nous

 17   retournions ensuite au Kosovo pour mener une opération assez semblable à

 18   celle de la IFOR.

 19   Comme la Chambre le sait, les pourparlers de Rambouillet n'ont pas

 20   débouché et, à partir de ce moment-là, une campagne de nature différente a

 21   débuté. C'est dans le cadre de cette campagne que j'ai été déployé au

 22   Kosovo jusqu'à la date de mon retour au mois d'août. Nous avons participé à

 23   divers aspects de cette opération, et vous souhaiterez peut-être me poser

 24   des questions à ce sujet.

 25   Q.  Nous y reviendrons un peu plus tard lorsque nous discuterons de votre

 26   témoignage sur le fond.

 27   R.  Assurément.

 28   Q.  J'aimerais maintenant aborder un dernier point, à savoir votre envoi à

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  1   Bagdad avec le Bureau chargé de la reconstruction et des questions

  2   humanitaires, ORHA.

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Plus tard, ces effectifs sont devenus connus sous le nom d'Autorité

  5   provisoire de la coalition.

  6   Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

  7   R.  Pour moi les choses ont commencé en 2002, aux environs du mois

  8   d'octobre 2002, le chef de l'état-major principal britannique m'a dit qu'il

  9   souhaitait me charger de mettre en place un QG connu sous le nom de QG de

 10   la force conjointe logistique. C'est un QG qui devait être commandé par un

 11   général de division, et j'étais général de division, donc cela impliquait

 12   de ma part la création d'un QG au Royaume-Uni, mais également des

 13   déplacements au QG américain de Tampa en Floride où s'étaient effectuées

 14   des planifications pour l'Iraq.

 15   Ensuite a eu lieu le 11 septembre et les forces américaines étaient

 16   en Afghanistan. C'était leur premier déploiement là-bas et elles

 17   prévoyaient des opérations éventuelles en Iraq. En tant que commandant de

 18   la composante logistique, je me suis rendu à Tampa à plusieurs reprises.

 19   Avec les commandants placés sous mes ordres, nous avons examiné de près

 20   l'éventuelle contribution de l'armée britannique et la participation

 21   éventuelle à ce déploiement général. Aux environs de Noël, le gouvernement

 22   britannique, suite à un certain nombre d'évolutions de la situation, a

 23   décidé que notre engagement allait changer de nature. Jusqu'à ce moment-là,

 24   il était prévu qu'en cas de nécessité, nous pénétrions en Iraq à partir du

 25   nord et que nous nous déployions dans l'est de l'Iraq le long d'une ligne

 26   bien déterminée pour pénétrer en Iraq par le nord, dans le cadre de la

 27   configuration mise au point par l'armée américaine, à savoir que nous y

 28   pénétrions par la région du Kurdistan.

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  1   Le gouvernement britannique a finalement décidé que ce n'était pas la

  2   façon la plus souhaitable d'agir et que nous nous rendrions dans le sud

  3   pour travailler aux côtés des forces américaines présentes dans le sud du

  4   pays. L'opération était donc devenue beaucoup plus simple. A l'époque, je

  5   commandais deux brigades de logistique et un certain nombre d'autres

  6   effectifs et, suite à cette modification de la nature de l'opération, le

  7   Royaume-Uni a réduit sa composante logistique à une seule brigade de

  8   logistique. Par conséquent, j'ai rempli les responsabilités qui étaient les

  9   miennes dans le cadre de ce commandement de l'unité de logistique, et ce,

 10   en compagnie d'un certain nombre d'autres généraux.

 11   Deux semaines après le début de mon engagement, j'ai été rappelé par

 12   le chef de l'état-major général qui m'a dit qu'il souhaitait que je me

 13   rende à Washington pour participer à une équipe de planification dirigée à

 14   l'époque par Jay Garner, qui était un officier de l'armée militaire à la

 15   retraite, général de corps d'armée. Ce groupe était connu à l'époque sous

 16   le nom de Bureau de la planification post-guerre. Ce bureau avait été créé

 17   suite à une directive présidentielle de janvier 2003. J'ai rejoint le

 18   groupe au début du mois février 2003, je suis resté au sein de ce groupe

 19   dans le cadre de l'ORHA, organisme chargé de la transition comme vous le

 20   savez, et finalement ce groupe a été baptisé Autorité provisoire de la

 21   coalition. J'y ai travaillé à Washington durant le printemps, puis je suis

 22   allé à Bagdad jusqu'à la chute de Bagdad et j'ai quitté l'Iraq à la fin du

 23   mois de juin 2003.

 24   Q.  Pour que tout soit clair, vous avez utilisé, Mon Général, un certain

 25   nombre de sigles. Tampa, c'est bien le commandement central, n'est-ce pas ?

 26   R.  En effet.

 27   Q.  J'aimerais que nous commencions par dire quelques mots des deux

 28   fonctions qui ont été les vôtres dans le cadre des événements de l'Iraq,

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  1   d'abord en tant que commandant de la logistique, ensuite dans les fonctions

  2   que vous avez remplies au côté du général Garner au sein du Bureau chargé

  3   de la planification post-guerre, à savoir ORHA, connu ensuite sous le nom

  4   de Bureau chargé de la reconstruction et de l'aide humanitaire.

  5   Page 79 de votre déclaration préliminaire, vous évoquez votre rôle de

  6   commandement au paragraphe 35, notamment deuxième ou troisième ligne de ce

  7   paragraphe.

  8   Pourriez-vous nous dire quelques mots de ce que signifie exactement

  9   dans votre bouche le terme composante de commandement ?

 10   R.  Lorsque le Royaume-Uni s'est engagé dans ces opérations militaires, il

 11   a planifié son déploiement à partir du Royaume-Uni, donc avec un QG

 12   permanent à Londres et le ministère de la Défense et a à ce moment-là nommé

 13   un commandement pour ce QG. Normalement le commandant de ce QG devait être

 14   un général trois étoiles de la marine ou de l'armée de terre ou de l'armée

 15   de l'air.

 16   Ce général trois étoiles qui commandait ce QG était connu sous le nom

 17   de commandant de la "Task force conjointe."

 18   Ensuite nous avons déployé cinq commandants sous les ordres du

 19   commandant suprême, un commandant des forces aériennes, un commandant deux

 20   étoiles des forces maritimes, un commandant du régiment royal de la "Navy,"

 21   un commandant de l'armée de terre, un général de division et, normalement,

 22   il y avait ensuite, sous un niveau hiérarchique inférieur, deux commandants

 23   de division. Il y avait également un commandant de la logistique. Selon la

 24   taille de l'opération, ce commandant pouvait être un général une étoile ou

 25   un général de brigade, mais dans le cas précis, il s'est agi d'un général

 26   deux étoiles, et finalement il y avait un commandant de nos forces

 27   spéciales.

 28   Donc cinq commandants constituaient cette composante de commandants

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  1   qui travaillait au sein de la "Task force conjointe."

  2   Nous les avons déployés de diverses façons. Normalement on travaille au

  3   côté des forces armées américaines dans ce genre d'opération, mais souvent

  4   nos commandants étaient à un pied d'égalité avec les officiers américains,

  5   mais ce n'était pas toujours le cas.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, j'ai consulté mes

  7   collègues pour savoir si les détails de la planification de ces opérations

  8   étaient d'une quelconque aide pour la Chambre dans les décisions que les

  9   Juges ont à faire.

 10   M. KEHOE : [interprétation] Je vais en arriver au point central à

 11   l'instant, Monsieur le Président.

 12   Q.  Mon Général, vous dites que vous exerciez le commandement au niveau

 13   global ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Et je crois que c'était le cas au niveau des généraux ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Vous nous avez dit que vous étiez à la retraite, Mon Général, et que le

 18   général Garner à la retraite était responsable de l'opération post-guerre

 19   en Iraq; c'est bien ça ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Lorsque vous exerciez un commandement opérationnel comme l'a fait le

 22   général Garner, est-ce qu'il fait partie de la planification et des

 23   négociations auxquelles participent les effectifs dans des situations de ce

 24   genre ?

 25   R.  Dans le cas que vous évoquez, le général Franks était un commandant

 26   opérationnel chargé de l'ensemble du déploiement en Iraq. Le général Garner

 27   était chargé du Bureau de planification post-guerre et son QG se trouvait

 28   au Pentagone aux Etats-Unis. Le général Franks avait son QG à Tampa en

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  1   Floride, comme nous l'avons déjà dit.

  2   Il y avait un lien entre ces deux hommes dans la mesure où,

  3   manifestement, il était nécessaire d'assurer une transition entre des

  4   opérations purement militaires et les actions de reconstruction de

  5   certaines zones après le conflit. Mais c'est le QG du général Garner qui

  6   devait mettre en place un plan à appliquer dans le cadre de la

  7   reconstruction post-guerre.

  8   Q.  Donc c'est le général Franks qui se préparait à mener la guerre, et

  9   c'est le général Garner qui se préparait pour les activités post-conflit en

 10   Iraq; est-ce exact ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Bien. Dans votre rapport, et ici je vais référence à quelques-unes des

 13   discussions que vous mentionnez allant du paragraphe 57 à --

 14   L'INTERPRÈTE : L'interprète n'a pas saisi le nombre.

 15   M. KEHOE : [interprétation]

 16   Q.  -- vous parlez de ce que vous essayez d'accomplir pour une opération

 17   post-guerre, et je crois que vous avez parlé de la campagne offensive et

 18   que les opérations de paix sont deux composantes de cette fin ultime ?

 19   R.  Je voudrais dire que l'expression "end state," cette fin ultime est un

 20   terme relativement nouveau, mais on essaie de décrire ce que cette

 21   opération veut dire, c'est-à-dire que nous allons apporter des changements.

 22   Nous avons une vision de l'endroit et nous aimerions que cet endroit

 23   ressemble à ceci ou cela. Dans la plupart des cas, il n'y a pas de fin

 24   militaire. Cela peut être beaucoup plus large. Par exemple, en Iraq et en

 25   Afghanistan, le but ultime porte sur l'établissement d'une nation libre qui

 26   est en paix avec elle-même, avec ses voisins qui étaient -- cette mission a

 27   pour but d'établir également une démocratie, c'est-à-dire il y a un certain

 28   nombre de termes pour exprimer notre vision. Lorsque nous parlons de cet

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  1   "end state," de ce but ultime, il y a plusieurs organisations, plusieurs

  2   joueurs, qui prennent part et qui sont très importants pour que ceci se

  3   fasse. Pour ce qui est du point de vue militaire, le rôle militaire est en

  4   fait d'entreprendre les activités militaires si elles s'avèrent

  5   nécessaires, qu'il s'agisse d'opérations d'offensive ou des opérations dans

  6   le cadre d'une guerre, ou comme je l'ai dit un peu plus tôt, de mener à

  7   bien des opérations de soutien de la paix s'il y avait un accord qui

  8   existait avant que l'on entre, bien sûr, sur le territoire. Ayant mené à

  9   bien ces opérations, il est important de s'assurer qu'il y ait un

 10   environnement sûr afin que les joueurs non militaires puissent entrer. Par

 11   exemple, les non-militaires seraient là pour s'assurer que l'environnement

 12   est sûr pour permettre qu'un système judiciaire soit établi.

 13   Donc à ce moment-là il y a un système judiciaire qui peut être en place, un

 14   système d'éducation. Ces personnes peuvent venir de diverses organisations,

 15   par exemple, dans les Balkans, il y avait plusieurs joueurs non militaires

 16   qui étaient également impliqués dans tout ceci. Les Nations Unies, la

 17   Communauté européenne, l'OSCE, et d'autres organisations non

 18   gouvernementales qui étaient toutes responsables de faire en sorte que le

 19   climat soit prêt pour accepter ou pour faire place à la vision.

 20   Donc il est très important que tout ceci soit fait de cette façon-là. Vous

 21   comprenez que lorsque ceci a été mené à bien, l'opération est une opération

 22   à succès.

 23   Q.  Si je puis faire référence à votre déclaration, et je crois que vous y

 24   faites allusion au paragraphe 48 en troisième avant-dernière ligne, vous

 25   dites : "Il est important de mentionner que les ressources militaires ne

 26   constituent qu'une composante de l'ensemble des ressources d'un Etat qui

 27   sont nécessaires pour en arriver à ce but ultime, ce 'end state.'"

 28   R.  Oui, c'est exact. Il y a également d'autres composantes qui peuvent

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  1   être composées par d'autres acteurs de l'Etat, mais également des acteurs

  2   non gouvernementaux, tels les organismes non gouvernementaux, par exemple,

  3   et d'autres organisations internationales sous le chapeau des Nations

  4   Unies, par exemple, qui sont là pour assurer que certains aspects de ce but

  5   ultime soit fait.

  6   Q.  Vous avez également mentionné que l'établissement de système

  7   judiciaire. Je présume que ceci fait partie d'une de ces composantes dont

  8   vous nous avez parlé, n'est-ce pas ?

  9   R.  Oui, tout à fait. Si je puis faire référence à l'annexe 3 que j'ai

 10   annexé à ma déclaration.

 11   Q.  Excusez-moi, c'est en fait à la dernière page du document, n'est-ce pas

 12   ?

 13   R.  Oui. Essentiellement ce que cette annexe essaie de démontrer, ce sont

 14   les parties constituantes d'une nation, c'est-à-dire lorsque l'on essaie de

 15   construire une nation après un conflit. Alors toute nation de ce type doit

 16   comprendre ces composantes entrecroisées de cette corde. Par exemple, vous

 17   avez la composante militaire, elle est séparée, elle ne fait pas partie de

 18   cette corde. Alors l'état de droit dans les Balkans fait partie de cette

 19   composante également, mais n'est pas nécessairement unique à cette nation-

 20   là. Ce n'est pas à l'armée militaire d'établir cet état de droit, ce n'est

 21   pas aux militaires d'établir le système de police, le système judiciaire,

 22   ainsi de suite.

 23   Q.  Nous pouvons maintenant passer à la dernière page du rapport pour

 24   examiner ceci pendant quelques instants. Regardons, visualisons cette corde

 25   dont vous avez parlé.

 26   Mon Général, dans votre rapport vous parlez d'une composante militaire

 27   comme étant l'une des composantes, et vous parlez également d'autres

 28   composantes, il y a beaucoup d'autres, plusieurs autres composantes.

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  1   Maintenant, lorsqu'on parle de ressources et lorsqu'on parle de ces

  2   composantes, je vous pose cette question pour décrire le niveau stratégique

  3   et opérationnel, et lorsqu'une décision a été faite pour que les ressources

  4   soient fournies à toutes ces composantes constituantes, est-ce que ceci est

  5   fait à un niveau stratégique ou à un niveau opérationnel ?

  6   R.  Ceci est fait principalement au niveau stratégique. Par exemple,

  7   lorsque nous étions en train de nous préparer pour entrer dans Bagdad, au

  8   niveau du Royaume-Uni et également des Etats-Unis d'Amérique et d'autres

  9   nations ou d'autres pays qui étaient engagés à l'époque, certaines

 10   personnes avaient été nommées par d'autres départements ou services

 11   gouvernementaux pour déployer le long, parallèlement à l'armée, des

 12   personnes qui pourraient établir l'éducation, le système, et cetera. Au

 13   Royaume-Uni, nous avions déployé des personnes provenant de notre "Foreign

 14   office", notre département du service étranger, du ministère des Affaires

 15   étrangères, par exemple. Et les Etats-Unis d'Amérique avaient déployé des

 16   personnes provenant du système juridique, du système de l'éducation, du

 17   système chargé de la santé, par exemple, et ces personnes étaient

 18   responsables de divers aspects. Il y avait également des parties sub-

 19   constituantes à d'autres, donc des participants d'autres constituants à ces

 20   cordes.

 21   Q.  Très bien. Mon Général, j'aimerais plutôt passer aux questions après

 22   conflit, et j'aimerais que l'on parle maintenant du soutien de la paix,

 23   donc d'une planification pour le soutien de la paix.

 24   M. KEHOE : [interprétation] Et j'aimerais que l'on se déplace entre les

 25   paragraphes 55 à 79.

 26   Q.  Je voudrais commencer, Mon Général, avec le commentaire que vous aviez

 27   fait au paragraphe 56 pour commencer. Au paragraphe 56, quatre lignes plus

 28   bas, vous dites :

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  1   "Cela dit, les leçons de l'histoire révèlent que certains problèmes et

  2   certains défis peuvent invariablement -- il faut absolument s'y attendre

  3   dans les zones après conflit."

  4   Pourriez-vous nous dire, s'il vous plaît, qu'est-ce que vous essayiez de

  5   dire ?

  6   R.  Chaque -- c'est une histoire personnelle, c'est mon impression

  7   personnelle, chacun des déploiements dans lesquels j'ai été impliqué est

  8   singulier. Il n'était pas possible de produire une solution qui peut être

  9   appliquée à chaque déploiement. On ne peut pas faire un schéma pour chaque

 10   déplacement, ce qui est, par exemple, bon pour les Balkans n'est pas

 11   nécessairement adéquat pour l'Iraq ou ailleurs. Ce qui correspond ou

 12   convient à une partie du monde à un certain moment donné ne veut pas

 13   nécessairement dire que ce même schéma puisse s'appuyer ou puisse être

 14   employé ailleurs dans d'autres parties du monde.

 15   Cela dit, il y a certainement des problèmes et des événements qui se

 16   répètent lors de ces déploiements, par exemple, lorsqu'il y a eu une

 17   guerre, lorsque des personnes sont en conflit pendant très longtemps,

 18   pendant plusieurs années, et dans certains cas, depuis plusieurs

 19   générations même, il y a la vengeance, il y a le crime, le chaos qui se

 20   présentent, et c'est une conséquence inévitable d'après moi de ce type de

 21   problèmes.

 22   Ce que nous avions vu au Kosovo, ce que nous avions remarqué au

 23   Kosovo une fois que la KFOR avait été déployée au Kosovo, ce que nous avons

 24   vu à Bagdad également, ce n'est pas inhabituel, ce n'est pas quelque chose

 25   de nouveau et d'inattendu.

 26   Q.  Très bien. Restons maintenant avec ces deux points. Parlez-nous

 27   maintenant de ce que vous avez vu au Kosovo lors de votre déploiement au

 28   sein de la KFOR ?

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  1    R.  Je crois qu'il serait utile, d'un point de vue personnel, de vous

  2   expliquer ce qui s'est passé avant que l'on ne se déploie au Kosovo.

  3   Nonobstant de ce que j'ai dit un peu plus tard à la suite des frappes

  4   aériennes de l'OTAN faites sur la Serbie, un nombre de personnes déplacées

  5   à l'interne, et ce, à l'intérieur du Kosovo et qui avaient passé par la

  6   frontière en Macédoine et en Albanie et qui étaient devenues des réfugiés

  7   par la suite, ces chiffres avaient augmenté de façon dramatique au cours de

  8   cette période.

  9   Pour plusieurs raisons, et je vais me faire un plaisir de vous

 10   l'expliquer, bien sûr, ma brigade avait établi des camps de réfugiés. Il

 11   n'y en avait pas assez, il n'y avait pas suffisamment d'agences non

 12   gouvernementales et d'agences des Nations Unies dans la région pour

 13   s'occuper des réfugiés.

 14   Et donc moi j'ai travaillé de concert et j'ai travaillé sur

 15   l'élaboration ou l'établissement des camps de réfugiés en Macédoine et au

 16   sud de l'Albanie pendant quelque temps avant que l'on ne soit déployé au

 17   Kosovo.

 18   Une fois que l'accord avait été conclu pour que la KFOR puisse entrer au

 19   Kosovo, l'idée originale, initiale, était qu'il y aurait un certain retour

 20   de ces réfugiés fait dans l'ordre, tous ces réfugiés qui avaient passé de

 21   l'autre côté des frontières. Et la KFOR était là pour essayer d'organiser

 22   divers aspects s'agissant des infrastructures et autres au Kosovo avant que

 23   ces personnes ne reviennent chez elles. Mais ce qui s'est passé c'est que

 24   dès que la frontière était ouverte, les camps de réfugiés que j'avais

 25   construits, que j'avais opérés, dont j'étais chargé et qui contenaient

 26   plusieurs milliers de réfugiés s'étaient complètement vidés au cours des

 27   deux ou trois premiers jours. Donc tout le monde est parti.

 28   Alors la première chose qui s'est passée c'est que les personnes

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  1   voulaient simplement regagner leurs demeures ou voulaient retourner dans

  2   leurs villages, dans leurs petites villes ou dans des plus grandes villes,

  3   comme Pristina. J'ai essayé de faire ceci, essayé d'organiser que tout se

  4   passe de façon ordonnée. Je devrais vous dire que c'est presque impossible

  5   d'un point de vue personnel. Les personnes - bien sûr, je n'en suis pas

  6   étonné - mais tout le monde veut revenir chez eux le plus rapidement

  7   possible, et dans plusieurs cas ces personnes avaient été séparées des

  8   membres de leurs familles. Et la plupart des réfugiés en Macédoine étaient

  9   des personnes âgées ou étaient des femmes avec des enfants.

 10   Et un très grand nombre d'hommes avaient soit été tués au cours des

 11   opérations de combat au Kosovo dans les années précédentes ou bien ils

 12   étaient partis dans la colline et avaient rejoint les rangs de l'UCK ou

 13   avaient simplement disparu aussi. Donc il y avait des familles qui

 14   voulaient être réunies avec leurs pères, leurs oncles, leurs frères ou

 15   leurs enfants. Nous avions un très grand nombre de familles, en fait, dans

 16   les familles qui avaient simplement perdu des enfants alors qu'ils

 17   essayaient de passer de l'autre côté de la frontière alors qu'ils

 18   traversaient la frontière et qu'ils se trouvaient sur la route.

 19   Q.  Bien. Mon Général, j'aimerais vous poser une question. S'agissant de

 20   ces retours ordonnés, pourquoi n'avez-vous pas simplement établi des points

 21   de contrôle afin d'essayer d'assurer un contrôle de ces réfugiés qui

 22   essayaient de rentrer chez eux ? N'est-ce pas là une solution viable,

 23   possible ?

 24   R.  De notre point de vue à nous, et je le dis d'un point de vue militaire,

 25   nous avions, bien sûr, voulu nous assurer que les routes principales, les

 26   axes principaux de communication restent ouverts afin de permettre le

 27   mouvement de l'armée et de toutes les fournitures qui arrivaient. Assurer

 28   la circulation sur ces routes était bien difficile. Au Kosovo, il n'y a

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  1   qu'une route principale allant de Skopje à Pristina. Et parallèlement, il y

  2   a une voie ferrée qui était employée effectivement à ces fins, mais en

  3   fait, nous voulions bien sûr nous assurer que la ligne de communication

  4   militaire soit libre, soit flue et que l'on puisse y passer, donc on a

  5   essayé d'établir la police militaire pour essayer de contrôler la

  6   circulation et dans certains cas, oui, nous l'avions fait.

  7   Mais il est certain que ces personnes venaient de leurs propres

  8   maisons. Il y avait des routes mineures, il y avait des petits sentiers

  9   dans la forêt, dans les collines, dans les montagnes, et ces personnes

 10   avaient emprunté ces routes sans emprunter les routes principales, et donc

 11   chaque tentative d'essayer de sécuriser la frontière et de forcer, de

 12   contraindre les personnes d'utiliser les axes principaux de communication,

 13   encore une fois, je vous le répète, ça aurait été très difficile, pas

 14   impossible, mais très difficile, et cela aurait nécessité l'emploi d'un

 15   très grand nombre d'effectifs.

 16   Pour vous parler de l'Irlande du Nord, pour vous donner un exemple, essayer

 17   d'assurer la sécurité de la frontière entre l'Irlande du Nord et l'Irlande

 18   du Sud est quelque chose que nous avions essayé de faire avec beaucoup

 19   d'effort pour essayer d'arrêter l'infiltration d'armes et de personnes. Et

 20   nous avions établi beaucoup de points de contrôle et de patrouilles, mais

 21   c'est impossible de rendre une frontière étanche de cette façon-là, c'est

 22   impossible.

 23   Q.  Pour suivre vos observations et continuer de parler de ce que vous

 24   aviez vu lorsque vous étiez déployé au sein de la KFOR, vous dites que les

 25   personnes avaient commencé à retourner au Kosovo. Pourriez-vous nous en

 26   parler un petit peu plus en profondeur ?

 27   R.  Oui, je crois qu'il y a un certain nombre de choses qui se passaient de

 28   façon parallèle. L'une des choses que l'on pouvait remarquer c'est que de

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  1   petits commerces étaient en train de s'ouvrir un peu partout et les

  2   personnes vendaient des bouteilles d'essence le long de la route, des

  3   paquets de cigarettes, par exemple, des personnes vendaient l'essence dans

  4   des jerrycans, par exemple. Je ne sais pas d'où ceci provenait, mais

  5   essentiellement, pour employer l'expression d'entreprise libre ou le

  6   capitalisme essayait de s'établir. Les personnes essayaient d'établir des

  7   commerces et essayaient d'assurer leur propre survie.

  8   Maintenant, pour ce qui est du retour à leurs demeures et dans leurs

  9   villages, ce qui m'a rendu très triste, que l'on parle de l'Irlande du

 10   Nord, de Chypre ou dans les Balkans, c'est que les gens s'adonnent au

 11   crime, à la vengeance. Ils essaient de trouver qui était la personne qui

 12   les a chassés de chez eux, peut-être que c'est quelqu'un qui avait tué des

 13   membres également de leurs familles, alors il y avait bien sûr des fosses

 14   communes qui ont été trouvées à ces endroits-là, les gens essayaient de

 15   trouver qui en était responsable. Donc c'est très difficile pour les

 16   autorités d'essayer d'assurer le contrôle et de faire tout ceci de façon

 17   coordonnée, car le banditisme et le crime à ce moment-là étaient devenus

 18   très visibles.

 19   Au Kosovo, il est certain qu'il y avait effectivement une situation

 20   de vengeance. Les familles serbes qui étaient restées derrière faisaient

 21   l'objet d'intimidation, et la KFOR a travaillé d'arrache-pied pour que ce

 22   type d'intimidation arrête pour essayer d'assurer la sécurité de ces

 23   personnes et d'établir un état de droit à cet endroit-là, mais c'était très

 24   difficile de faire cela. Il y avait beaucoup de meurtres et d'autres

 25   exactions de ce type. Pendant que la KFOR était là, et la KFOR n'était pas

 26   bien établie au début et par la suite elle s'est établie. Il faut dire que

 27   lorsqu'on entre dans ces zones, il y a une certaine période pendant

 28   laquelle l'armée essaie de s'établir et soit acceptée, mais très rapidement

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  1   vous voulez que les patrouilles soient visibles partout et vous voulez

  2   obtenir le plus d'informations possible, et à ce moment-là vous essayez

  3   également d'établir un environnement sûr dont j'ai parlé un peu plus tôt

  4   qui permettrait aux joueurs non militaires de commencer une reconstruction

  5   adéquate et une réconciliation.

  6   Q.  Mon Général, au paragraphe 34, en fait 32 également, paragraphe 32 vous

  7   parlez du chaos, de l'anarchie qui existait, de situations, de types de

  8   crimes qui ne sont pas du tout inhabituels. Vous notez au paragraphe 34

  9   qu'il y avait 50 000 effectifs de la KFOR, et vous dites que ceci allait du

 10   2 juillet jusqu'au mois d'août -- ou plutôt entre le 12 juillet et le mois

 11   d'août, et je crois qu'au paragraphe 82, vous dites que ceci a pris de six

 12   à huit semaines.

 13   Mon Général, avec ce type d'effectifs et s'agissant de 50 000 hommes,

 14   pourquoi est-ce que cela a pris si longtemps pour que cette situation soit

 15   contrôlée ?

 16   R.  Je crois qu'il est important de dire que le chiffre de 50 000 personnes

 17   était la taille de la KFOR, et ceci inclut bien sûr la structure et les

 18   unités de soutien, mais néanmoins nous parlons de 30 000 à 40 000 effectifs

 19   qui essayaient de sortir, de se trouver à bord de leurs véhicules et

 20   d'essayer de voir ce qui se passait et d'essayer d'établir un environnement

 21   sûr.

 22   La réalité est en fait que vous ne pouvez pas vous trouver partout

 23   tout le temps, et il est certain que vous ne pouvez pas assurer la garde de

 24   chaque bâtiment pour protéger chaque village. Vous essayer d'établir une

 25   présence, vous voulez dire aux personnes que la force sera utilisée s'il

 26   est nécessaire et arrêter le pilonnage, arrêter la violence, nous allons

 27   employer la force s'il est nécessaire, c'est le message que vous voulez

 28   leur donner. Dans la situation telle que Dayton et IFOR, ce n'était pas

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  1   nécessaire, et très rapidement d'autres agents dont nous avons parlé

  2   étaient en mesure d'imposer et d'établir un système juridique, un système

  3   économique, ainsi de suite. Mais comme nous le savons, malheureusement, à

  4   Bagdad cela n'a pas été le cas et, au Kosovo, même si les personnes ont

  5   travaillé d'arrache-pied pour établir tout ceci, cela a quand même duré un

  6   certain temps.

  7   Je ne sais pas, mais il faudra nous être très prudent avec ce qui

  8   s'est passé à quel moment, mais effectivement dans ma déclaration je le

  9   dis, cela a pris un certain temps pour la KFOR afin d'établir cet

 10   environnement sûr, il y avait beaucoup de crimes, et ce n'était pas

 11   toujours malheureusement le cas. Je dois vous dire que dans n'importe quel

 12   environnement, dans n'importe quelle ville au monde, le crime existe, c'est

 13   pour cela qu'il y a la police. On ne peut jamais se débarrasser de crimes,

 14   mais ce qui est important c'est qu'il faut inculquer aux personnes que

 15   lorsqu'il y a crime, on prend en question les crimes et les personnes

 16   responsables seront traduites devant la justice. Il est très important

 17   d'établir l'état de droit, même si la KFOR a essayé de rendre tout ceci

 18   très limpide, cela a pris un certain temps afin qu'on arrive à imposer

 19   cette idée selon laquelle le crime n'est pas accepté.

 20   Q.  Pour maintenant parler toujours de la KFOR, au paragraphe 73, en haut

 21   du paragraphe : "S'agissant des 50 000 troupes, 50 000 effectifs, et vous

 22   parlez de 30 000 à 40 000 personnes sur le terrain, vous dites que :

 23   "L'opération Banner et la KFOR avaient, selon moi, suffisamment de 'bottes

 24   sur le terrain', comme vous le dites, pour réussir et stabiliser leur zone

 25   de responsabilité."

 26   Mon Général, lorsque vous parlez de ce type de délai de six à huit

 27   semaines, est-ce que vous pensez que la KFOR a réussi à s'établir et à

 28   stabiliser la situation et avait suffisamment d'hommes ?

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  1   R.  Oui, effectivement, c'est une question de jugement, si vous voulez. Moi

  2   je dirais qu'on a eu du succès au Kosovo et qu'on a eu du succès en Irlande

  3   du Nord, mais cela ne veut pas dire que ce n'est pas important de

  4   reconnaître, nonobstant le fait que je ne prends pas plaisir à le

  5   reconnaître, mais en Irlande du Nord, pendant des décennies des personnes

  6   ont été tuées, il y a eu des problèmes dans les rues, il y avait des

  7   saisons, par exemple la saison de la marche tel que l'on connaît ce

  8   mouvement. Et au Kosovo, pendant une certaine période, après ceci il y a eu

  9   des incidents, et c'est la raison pour laquelle la KFOR avait continué à

 10   être déployée au Kosovo et avait continué à être déployée dans l'ensemble

 11   des Balkans pendant un certain temps, et certains d'entre eux sont encore

 12   là sur le terrain.

 13   Donc l'équilibre, lorsqu'on parle d'équilibre, il faut dire quelle est la

 14   présence que vous avez besoin pour maintenir et garder cet environnement

 15   sûr, je ne vais pas entrer dans beaucoup de détails, mais il y a des

 16   problèmes également si vous gardez les effectifs, les troupes à un certain

 17   endroit trop longtemps, cela devient également un problème. Donc il faut

 18   maintenir un équilibre pour que l'on s'assure qu'ils sont sur le terrain

 19   jusqu'à ce qu'ils doivent être là et puis les retirer par la suite. Mais en

 20   Irlande du Nord, je dois dire que c'est une période qui a duré assez

 21   longtemps. Il faut reconnaître que l'opération Etendard ou "Banner", a duré

 22   37 ans et ça s'est terminé l'année où j'ai terminé mon service militaire,

 23   et pour ce qui est du Kosovo, effectivement, après mon déploiement, la

 24   situation a continué à être difficile.

 25   Mais en réalité, l'état de droit était en place pendant cette

 26   période, après tout, je dois dire et reconnaître --

 27   Q.  Pour vous poser maintenant une dernière question sur le Kosovo, vous

 28   parlez des crimes que vous avez remarqués, cela aux paragraphes 30, 31 et

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  1   32 de votre rapport. J'aimerais maintenant attirer votre attention sur le

  2   paragraphe 32. Vous dites :

  3   "Les auteurs allaient de réfugiés désespérés jusqu'aux éléments

  4   criminels organisés, y compris, selon moi, des membres subalternes de

  5   l'UCK…"

  6   Lorsqu'on parle de la MINUK, la mission qui avait la responsabilité de

  7   cette région, pourquoi est-ce que la MINUK, de concert avec l'OTAN, ne se

  8   sont-ils pas débarrassé de ces dirigeants de l'UCK qui commettaient ces

  9   crimes ?

 10   R.  Je dois dire, pour répondre à cette question, que ce type de décision

 11   aurait été prise, en fait, au-dessus de moi. C'est par la hiérarchie

 12   supérieure, donc le général Mike Jackson, qui était un lieutenant-général

 13   qui assurait le commandement de la KFOR, et d'autres composantes nationales

 14   et d'autres gouvernements auraient été effectivement impliqués dans une

 15   telle discussion.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je suis vraiment navré de vous

 17   interrompre,Monsieur Cross. La question était de savoir pourquoi n'ont-ils

 18   pas fait cela ? Est-ce que vous savez pourquoi n'ont-ils pas fait cela,

 19   parce que vous êtes en train de nous décrire à quel niveau une décision

 20   aurait été prise. Mais j'aimerais savoir, est-ce que vous savez pourquoi

 21   ils ne l'ont pas fait ? Si oui, dites-le-nous. Sinon, dites-nous que vous

 22   ne le savez pas.

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, certainement, Monsieur le Président.

 24   Pour être tout à fait juste, je crois que pour répondre à la question, je

 25   ne sais pas précisément, mais ayant vécu pendant les événements, je crois

 26   que le fait d'enlever le commandement supérieur n'aurait pas changé quoi

 27   que ce soit.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est votre évaluation à vous.

Page 20607

  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, c'est mon évaluation, mais je n'ai pas

  2   pris part au processus décisionnel. Je ne sais pas réellement si

  3   effectivement il y a eu discussion, à savoir que ceci aurait été nécessaire

  4   de le faire.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Kehoe, poursuivez, je vous

  6   prie.

  7   M. KEHOE : [interprétation]

  8   Q.  Monsieur le Témoin, pourquoi pensez-vous que cela aurait pu contribuer

  9   à une amélioration ?

 10   R.  Les traces que j'en ai vues en voyageant à travers le Kosovo étaient

 11   les suivantes, les conséquences que j'ai observées n'étaient pas le

 12   résultat d'ordres qui avaient été transmis le long d'une chaîne de

 13   commandement bien précise. Il n'y a jamais vraiment eu de chaîne de

 14   commandement à bien des égards pour ce qui concerne l'UCK. Cependant,

 15   beaucoup des personnes qui revenaient dans leurs localités en provenance de

 16   camps de réfugiés, de nombreuses personnes qui se dirigeaient tout

 17   simplement vers les collines du Kosovo étaient des personnes tout à fait

 18   ordinaires, qui rentraient juste chez elles.

 19   Et sur le chemin de leur retour, ils s'installaient tout simplement

 20   chez eux à nouveau.

 21   Q.  Et ces personnes qui se dirigeaient vers les collines, à votre

 22   connaissance, est-ce que certaines d'entre elles ont rejoint les rangs de

 23   l'UCK ?

 24   R.  Certains d'entre eux certainement, oui. Mais je ne souhaite absolument

 25   pas suggérer que cela ait pu être le cas de tous.

 26   Q.  Général, je voudrais juste faire un saut dans le temps et retenir un

 27   certain fait supposé que vous avez examiné au paragraphe 80. Cela commence

 28   en page 19 [comme interprété]. Je suis notamment intéressé par les

Page 20608

  1   paragraphes W et Y, qui envisagent les effectifs de la police civile et de

  2   la police militaire qui étaient disponibles, ainsi que le paragraphe Z, qui

  3   est consacré notamment à la police civile présente dans la zone

  4   opérationnelle.

  5   M. KEHOE : [interprétation] Monsieur le Président, nous avons informé

  6   l'Accusation de cela, à savoir que dans le paragraphe Z, on a fourni au

  7   témoin les chiffres mis à jour. Il s'agit, bien entendu, d'une estimation,

  8   car cela ne correspond pas avec exactitude au secteur sud tel que délimité

  9   dans l'acte d'accusation. C'est la pièce D177 qui est concernée, et nous y

 10   trouvons donc cette information selon laquelle il se serait agi de 400 à

 11   500 policiers civils. Cela ressort de la déposition récente d'un témoin qui

 12   est arrivé après que nous ayons déposé le rapport du général. Donc là,

 13   encore une fois, je voudrais signaler que ça ne correspond pas exactement

 14   au secteur sud.

 15   Q.  Maintenant --

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Hedaraly.

 17   M. HEDARALY : [interprétation] Je voudrais juste corriger cette information

 18   que nous avons reçue et qui faisait état de 700 à 800 hommes. Je ne pense

 19   pas que cela ait été confirmé par le témoin. C'était la pièce numéro D1577

 20   pour le compte rendu d'audience. Je ne pense pas que nous ayons reçu ces

 21   informations de la Défense Gotovina.

 22   M. KEHOE : [aucune interprétation]

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Hedaraly vient d'apporter une

 24   correction. Avez-vous des commentaires, Maître Kehoe ?

 25   M. KEHOE : [interprétation] Monsieur le Président, je suis justement en

 26   train d'essayer de me référer à la fourchette haute de l'estimation, donc

 27   700 à 800 hommes, je vous dirais.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Continuez, dans ce cas-là. Peut-être

Page 20609

  1   pourriez-vous en venir à la substance de ce dont il s'agit avec le témoin.

  2   Continuez.

  3   M. KEHOE : [interprétation]

  4   Q.  Général, si on examine ces chiffres dans les paragraphes que je viens

  5   de citer. En page 21, paragraphe 147, il est allégué le chiffre de 42 000

  6   Croates qui auraient été déplacés. Nous avons, par ailleurs, reçu

  7   l'information selon laquelle des gens se sont efforcés de retourner chez

  8   eux.

  9   Alors lorsqu'on a une telle population civile qui s'efforce de revenir dans

 10   le secteur sud après le déroulement de l'opération Tempête, à quel défi, en

 11   terme de sécurité, vous trouviez-vous confronté ?

 12   R.  Oui, 42 000, c'est un chiffre très élevé, et s'efforcer de contrôler un

 13   tel afflux ne serait pas une tâche facile.

 14   Q.  Pendant que vous élaboriez et rédigiez votre rapport, avez-vous eu

 15   connaissance de certains événements qui ont eu lieu et qui auraient pu

 16   motiver un désir de vengeance de la part de la population civile ?

 17   R.  Dans quel contexte ?

 18   Q.  Celui de personnes qui avaient été expulsées et qui étaient en train de

 19   revenir ?

 20   R.  Vous parlez du Kosovo ?

 21   Q.  Oui, et j'essaie d'établir un parallèle avec la Croatie et le retour en

 22   Krajina.

 23   R.  Là encore, c'est peut-être mon estimation personnelle, mais en me

 24   basant sur toute l'expérience que j'ai des conflits interethniques et des

 25   missions que j'ai pu effectuer, la triste réalité est que parmi les

 26   personnes qui reviennent sur le territoire dont elles ont été chassées, on

 27   trouve dans le criminalité sous différentes formes. Je me rappelle que nous

 28   avons mis en place des camps de réfugiés dans le nord de la Macédoine et

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  1   que nous avions expliqué aux gens, et notamment aux médias, ce dont il

  2   s'agissait. Les gens étaient en colère après tout ce qu'ils avaient dû

  3   endurer. Il était tout à fait clair que malgré tous nos efforts ou toutes

  4   nos tentatives, il était difficile, sinon extrêmement difficile, de mettre

  5   un terme à ce type de comportement.

  6   M. HEDARALY : [interprétation] Je suis --

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Hedaraly.

  8   M. HEDARALY : [interprétation] Pouvons-nous obtenir juste une précision. La

  9   question posée au témoin était celle de savoir s'il y avait de la

 10   criminalité, et le témoin a répondu en demandant s'il s'agissait du Kosovo.

 11   J'ai l'impression qu'il y a une certaine confusion maintenant. Est-ce qu'on

 12   pourrait obtenir juste quelques précisions ?

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est exact. Je ne peux commenter que ce dont

 14   j'ai eu expérience directe au Kosovo. Je n'ai pas connaissance de ce qui

 15   s'est passé en 1995 dans cette autre partie des Balkans.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est généralement la Chambre qui décide

 17   ce qu'il convient de faire après une objection. Alors, Monsieur Cross, la

 18   question appelait une précision et vous avez répondu directement

 19   maintenant. Je vous en remercie.

 20   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je suppose que cela ne pose pas de

 22   problème, n'est-ce pas, Maître Kehoe.

 23   Continuez, je vous en prie.

 24   M. KEHOE : [interprétation] Très bien.

 25   Q.  Général, avant de quitter ce sujet, en vous basant sur votre expérience

 26   dans les Balkans, aviez-vous connaissance de ce qui se passait dans la

 27   Krajina croate de 1991 à 1995 ?

 28   R.  Oui, j'en étais conscient, mais je n'en avais pas une connaissance très

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  1   détaillée. Je n'avais pas été impliqué dans le déploiement des forces des

  2   Nations Unies dans les Balkans. J'avais participé à la campagne du Golfe

  3   et, comme je l'ai dit, après j'ai accompagné mon régiment lors de son

  4   retour en Allemagne. Lorsque nous avons déployé la force d'implémentation

  5   de l'OTAN en 1995, nous avons déployé le contingent britannique par

  6   l'intermédiaire de l'aéroport de Split, c'était notre tête de pont, et le

  7   matériel que nous avons amené est arrivé par l'aéroport de Split avant.

  8   Ensuite c'est par voie routière que nous avons acheminé les équipements en

  9   traversant la Bosnie par la route, et nous avons eu l'occasion de discuter

 10   avec les gens, de les entendre en traversant ces différentes zones. J'ai

 11   cru comprendre qu'il y avait eu des années particulièrement troublées, qui

 12   sont celles que vous mentionnez.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe --

 14   M. KEHOE : [interprétation] Oui.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] -- si je reprends votre dernière

 16   question, qui est formulée comme suit : En vous fondant sur votre

 17   expérience d'Européen, aviez-vous connaissance de ce qui s'était passé, et

 18   cetera. Alors c'est une question qui n'est pas assez ciblée et qui ne

 19   contribue pas à notre débat véritablement. La Chambre vous invite en venir

 20   à la substance de ce que la Défense Gotovina avait à l'esprit en

 21   choisissant ce témoin. Jusqu'à présent, je dois dire que c'est tout au plus

 22   5 à 7 % de ce que nous avons entendu, et encore en étant particulièrement

 23   magnanime, qui peut être considéré comme ayant été pertinent.

 24   Bien sûr, nous comprenons que l'expérience du témoin au Kosovo, en

 25   Iraq et ainsi de suite est pertinente par rapport à la référence que cela

 26   constitue pour lui et qui lui permet d'exprimer son opinion d'expert. Mais

 27   demander à ce témoin de s'étendre sur ce qui s'est passé en Iraq, au Kosovo

 28   et ainsi de suite et de comparer avec ce qui s'est passé en Croatie, alors

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  1   que manifestement le témoin en sait fort peu sur ce dernier sujet n'aide

  2   pas la Chambre.

  3   Donc je vous prie de procéder de façon plus ciblée, Maître, pour ce

  4   qui est de la poursuite de votre interrogatoire. Par ailleurs, le rapport

  5   en lui-même est tout à fait clair. Il y a peut-être une autre petite

  6   difficulté avec un grand nombre de vos questions, parce qu'elles portent

  7   sur des sujets qui sont abordés tout à fait clairement dans le rapport et

  8   au sujet desquelles il n'y a pas nécessairement quoi que ce soit à ajouter.

  9   Alors pourriez-vous nous indiquer combien de temps vous estimez être

 10   nécessaire pour la suite.

 11   M. KEHOE : [interprétation] Monsieur le Président, je vais devoir en

 12   appeler à votre patience et --

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il y a eu beaucoup de patience déjà de

 14   la part de la Chambre, Maître.

 15   M. KEHOE : [interprétation] Monsieur le Président, je --

 16   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

 17   M. KEHOE : [interprétation] Je ne reconnais pas qu'il y ait eu autant de

 18   patience que vous le dites.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien.

 20   Continuez dans ce cas-là.

 21   M. KEHOE : [interprétation] Au terme des articles 54 et 54 bis, nous

 22   essayons de nous concentrer sur ce que le témoin peut nous dire de façon

 23   générale, compte tenu de ce que l'Accusation a dit au début de la semaine

 24   en déclarant vouloir contre-interroger le témoin.

 25   Donc je vais essayer de procéder de façon plus ciblée et aussi

 26   rapidement que possible. Mais compte tenu des circonstances, Monsieur le

 27   Président, Monsieur le Juge, je ne pense pas avoir passé un temps trop

 28   long. Nous avons commencé il y a à peu près une heure. J'avais prévu trois

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  1   heures, et j'en aurai probablement fini assez rapidement. Le cœur du sujet,

  2   c'est d'obtenir finalement de la Chambre la même chose ce qui a été accordé

  3   à l'Accusation. Je vais passer en revue tout cela très rapidement, mais la

  4   Défense Gotovina a estimé qu'il était essentiel de soulever un certain

  5   nombre de sujets devant la Chambre.

  6   Q.  Alors, Général, revenons au paragraphe 80. Avec ces faits allégués qui

  7   sont ici présentés, nous avons 1 000 hommes de la police militaire et 3 500

  8   policiers civils pour l'ensemble de la Krajina. En vous fondant sur votre

  9   expérience, Général, en Irlande du Nord, à Chypre, au Kosovo, à Bagdad,

 10   est-ce qu'avec des ressources de cet ordre-là vous vous seriez attendu à

 11   pouvoir exercer un niveau de contrôle élevé dans la zone dont il s'agit,

 12   compte tenu des autres faits que nous avons évoqués, comme le retour de 42

 13   0000 réfugiés et le fait que la HV était en train de reconquérir ces

 14   territoires, donc qu'on était en fait en période de transition ?

 15   R.  Je souhaiterais répondre en disant qu'il importe ici de souligner que

 16   les chiffres ne sont pas la seule chose à examiner. Il faut aussi tenir

 17   compte de la qualité des personnes qui interviennent. Les chiffres en

 18   l'espèce sont certainement dans une fourchette basse par rapport à ce que

 19   j'ai pu voir ailleurs s'il s'agit de rétablir l'ordre dans une zone qui a

 20   connu une période de chaos. S'il s'agissait d'une zone où régnait déjà

 21   l'ordre et qu'il s'agissait de policiers professionnels placés sous la

 22   direction de cadres compétents et dotés de critères éthiques

 23   particulièrement prononcés, je pense que -- par ailleurs, il s'agit là de

 24   ce que l'on attend de défense de police en général. Je pense que cela

 25   aurait été possible, mais la possibilité d'exercer un contrôle et un

 26   commandement est une chose que je n'ai pas moyen d'estimer.

 27   Cet aspect qui est lié au moral des hommes est également très important.

 28   Comme je l'ai dit également, leur sens éthique et tout le reste sont des

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  1   facteurs qui interviennent aussi et qui relativisent les chiffres eux-

  2   mêmes. Donc si je prends les chiffres, en terme absolu, cet effectif est

  3   faible. Et si c'était d'une situation comme celle que nous avons connue en

  4   Irlande du Nord, je pense qu'il aurait été -- il est difficile à vrai dire

  5   de procéder à une comparaison.

  6   Q.  Nous parlons d'une zone qui fait à peu près 10 000 kilomètres carrés,

  7   n'est-ce pas ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Alors je sais qu'il est très difficile d'être exact dans une telle

 10   situation, mais compte tenu du nombre de personnes déplacées qui sont sur

 11   le chemin du retour et des autres facteurs, pouvez-vous nous donner une

 12   idée du nombre d'hommes qui auraient été nécessaire, qu'il s'agisse de

 13   policiers civils ou militaires, pour sécuriser cette zone ?

 14   R.  Je ne veux pas ici éviter de répondre à votre question, mais je ne peux

 15   pas vous répondre plus précisément. Tout ce que je puis dire, c'est que

 16   cette province, compte tenu de la surface dont on parle, est équivalente

 17   approximativement à ce que j'ai pu voir en Irlande du Nord et au Kosovo. Ça

 18   correspond à ce que j'ai dit dans mon rapport, et j'ai précisé les surfaces

 19   en question. Chacune de ces zones est, bien entendu, unique. La

 20   configuration des villages, du système routier, ainsi de suite, se présente

 21   de façon tout à fait particulière, et je ne connais pas ici les

 22   particularités. Pour ce qui concerne les Balkans, je ne peux pas vous

 23   donner de chiffres. Mais je sais que si l'on compare la taille et la forme

 24   du Kosovo, et de l'Irlande du Nord en sachant la façon dont la situation se

 25   présentait là-bas, il s'agit d'une comparaison -- on ne peut pas conclure à

 26   une équivalence entre ces situations.

 27   Q.  Parlons de la planification des opérations de soutien à la paix, je

 28   pense que vous y avez participé avec le général Garner, et revenons, s'il

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  1   vous plaît, au paragraphe 55. Vous relevez que : 

  2   "La planification d'une opération de soutien à la paix, comme dans le

  3   cas d'autres planifications opérationnelles, doit viser l'obtention d'une

  4   situation finale clairement définie d'un point de vue stratégique, et que

  5   ceux qui participent à la planification doivent comprendre des membres de

  6   toutes les autorités, des ministères et des organes de l'Etat compétent."

  7   Expliquez-nous, s'il vous plaît, si vous le pouvez, les raisons pour

  8   lesquelles en matière d'opérations de soutien à la paix, les personnes qui

  9   ont des responsabilités devraient être incluses dans la phase de

 10   planification de ces mêmes opérations de soutien à la paix ?

 11   R.  En me fondant sur ma propre expérience et d'un point de vue militaire,

 12   nous avons cette expression qui dit que ceux qui ont planifié doivent

 13   également mettre en œuvre. Parce qu'il est très facile de monter un plan

 14   dans un QG installé au Royaume-Uni, par exemple, et d'exprimer très

 15   clairement l'intention que l'on a, en revanche, mettre en œuvre cela sur le

 16   terrain, sur un théâtre d'opérations complètement différent, est une tâche

 17   beaucoup plus difficile.

 18   Par ailleurs, s'il s'agissait uniquement de mettre en œuvre quelque

 19   chose sans réellement comprendre quelle est l'intention sous-jacente qui a

 20   été exprimée lors du processus de planification, là encore c'est quelque

 21   chose de très difficile.

 22   Donc si je dois assumer la responsabilité de parvenir à des résultats

 23   dans une opération donnée, ce doit être moi et mon équipe qui procédons

 24   également à la planification de l'opération en question. Et pour ce qui est

 25   de la planification post-conflit, je souhaiterais évidemment avoir au sein

 26   de mes hommes des représentants d'autres structures non militaires que j'ai

 27   évoquées.

 28   Par exemple, en allant à Washington pour procéder au début de la

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  1   planification post-conflit avec Garner, j'ai demandé de pouvoir avoir des

  2   représentants du Royaume-Uni, on me les a accordés, des représentants du

  3   département pour le développement international et du ministère des

  4   Affaires étrangères, pour être en liaison avec ces organes.

  5   Lorsque nous nous sommes déployés sur le terrain des opérations, la

  6   composante du commandement et le commandement terrestre encore une fois

  7   étaient en liaison avec leur propre structure, avec le département du

  8   développement international et le QG commun, jusqu'au niveau d'un général à

  9   trois étoiles si cela était nécessaire. Il y avait d'autres personnes

 10   également qui étaient en charge et qui n'étaient pas nécessairement membres

 11   de la structure militaire.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Cross, pour poser la question

 13   de façon claire et simple.

 14   Vous voulez nous dire qu'il ne faut pas prévoir une tâche sans

 15   impliquer ceux qui vont exécuter cette tâche, n'est-ce pas ?

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais cela ne s'applique pas en toute

 18   matière dans la vie finalement ? Si vous construisez un hôpital, si vous

 19   montez une affaire, n'est-ce pas une question de bon sens que de dire qu'il

 20   ne faut pas prévoir une tâche sans impliquer ceux qui auront à la mettre en

 21   oeuvre ?

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est exact, Monsieur le Président. Mais je

 23   dis simplement que dans le contexte où je suis intervenu pendant 30 ou 40

 24   ans, si l'on échoue à garantir cela, cela aura des conséquences.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais si c'est vrai de façon générale

 26   aussi, pour un hôpital, par exemple, c'est cela que je voulais savoir. Vous

 27   nous dites quelque chose qui est de portée générale.

 28   Continuez, Maître Kehoe.

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  1   M. KEHOE : [aucune interprétation]

  2   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

  3   M. KEHOE : [interprétation] Je comptais couvrir cet aspect avec la question

  4   que je voulais poser, Monsieur le Président.

  5   Q.  Monsieur le Témoin, pour avancer, si la personne responsable de la

  6   planification post-conflit intervenait auprès de la police civile ou

  7   militaire, est-ce que vous vous attendriez à ce qu'il y ait une

  8   communication régulière entre la police militaire et la police civile ?

  9   R.  Oui, si on veut assurer un commandement et un contrôle de façon

 10   cohérente. Si moi je suis un commandant, par exemple, je dois comprendre

 11   quels sont les hommes que j'ai sous mon commandement, quels sont les

 12   organes également que j'ai sous mon commandement et, par conséquent, de

 13   quoi je serai tenu responsable. Et les différents hommes qui sont

 14   intervenus pour moi me faisaient des rapports régulièrement quant à ce qui

 15   se passait et quant à l'avancement des tâches qui étaient les leurs.

 16   Et dans l'armée, nous faisons cela sur une base quotidienne en

 17   passant en revue ce qui s'est passé, en envisageant la façon de réagir à

 18   tout événement se présentant, en envisageant également une action

 19   proactive.

 20   Donc oui, je demanderais en tant que commandant un retour

 21   d'information régulier de la part des hommes sous mon commandement.

 22   Q.  Pour finir, je voudrais que nous examinions rapidement la question de

 23   la planification préalable et des ressources disponibles pour cette

 24   planification préalable et pour la mise en œuvre.

 25   Dans le paragraphe 38, vous parlez de la situation en Iraq et vous

 26   dites :

 27   "A mon sens, une planification cohérente pour une opération de soutien à la

 28   paix post-conflit de cette ampleur est intervenue à la fois de façon trop

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  1   tardive et sans bénéficier des ressources nécessaires."

  2   Dans le paragraphe 80, parmi les faits avancés --

  3   M. HEDARALY : [interprétation] Je ne pense pas que ces faits soient

  4   reconnus.

  5   L'INTERPRÈTE : Les voix se chevauchent.

  6   M. KEHOE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  7   Q.  Au paragraphe (e), il est dit qu'à partir de 1993, et au paragraphe f

  8   il est question de la planification d'une opération de soutien à la paix

  9   suite à l'opération de libération de la région nommée Krajina en Croatie,

 10   donc une planification d'une opération de soutien à la paix commence moins

 11   d'une semaine avant l'opération Tempête.

 12   Vous relevez dans ces paragraphes cela, mais combien de temps aurait

 13   été nécessaire pour la planification préalable d'une opération de cette

 14   nature, avant que de déclancher une opération de reconquête de la Krajina ?

 15   R.  Encore une fois, je ne vais peut-être pas vous aider beaucoup, mais

 16   c'est difficile de donner l'idée de ce que pourrait être le déroulement

 17   temporel précis d'une opération dans laquelle je n'ai pas été impliqué. Je

 18   ne le sais pas, et ça ne faisait pas partie de la tâche de planification.

 19   Et comme je dis dans mon rapport, lors de la planification d'une

 20   opération post-conflit et de la reconstruction après-guerre dans un

 21   contexte comme celui-là, en tout cas, si l'on examine l'histoire européenne

 22   et la reconstruction de cette dernière, ce sont des mois sinon des années

 23   qui ont été nécessaires pour une planification efficace.

 24   Q.  Vous parlez de la Seconde Guerre mondiale ?

 25   R.  Oui, en effet. Et pour ce qui est de l'Iraq, c'est en janvier 1993

 26   [comme interprété] qu'a débuté une phase préalable de planification post-

 27   conflit afin que l'on puisse débuter au printemps 1993 [comme interprété]

 28   avec une campagne de sécurisation. A mon sens, ce n'était pas une période

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  1   de temps suffisante.

  2   Et pour ce qui est des Balkans et de l'Herzégovine, je ne saurais

  3   quoi vous dire, mais en tout cas à l'échelle de l'Iraq, mon estimation est

  4   qu'il aurait fallu beaucoup plus de temps. Je souhaite souligner que je

  5   n'ai pas été impliqué dans -- L'une des premières phases d'une telle phase

  6   préalable de planification consiste à se mettre en relation avec les

  7   personnes intervenues jusqu'alors pour prendre connaissance de ce qui a

  8   déjà été envisagé et fait.

  9   Donc je pense que nous étions loin d'avoir reçu suffisamment de temps

 10   pour planifier correctement et nous préparer pour la phase post-conflit en

 11   Iraq. A mon sens, une semaine c'est très loin d'être suffisant.

 12   M. KEHOE : [interprétation] Est-ce que je peux bénéficier juste de quelques

 13   instants, Monsieur le Président ?

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Allez-y.

 15   Au passage pour le compte rendu d'audience, je voudrais juste préciser que

 16   lorsque Me Kehoe et moi-même essayions de prendre le micro en même temps,

 17   j'essayais de dire que c'étaient là des faits qui avaient été présentés par

 18   le témoin en page 40, ligne 15 du compte rendu d'audience.

 19   [Le conseil de la Défense se concerte]

 20   M. KEHOE : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président. Je

 21   n'ai plus d'autres questions.

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Maître Kehoe.

 24   Nous avons reçu des Défenses Cermak et Markac leur intention de procéder à

 25   un contre-interrogatoire.

 26   Maître Cayley.

 27   M. CAYLEY : [interprétation] Non, Monsieur le Président, nous n'avons pas

 28   de questions pour le témoin.

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  1    M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien.

  2   Maître Kuzmanovic.

  3   M. KUZMANOVIC : [interprétation] J'ai juste une ou deux précisions à

  4   demander et ce sera tout.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Dans ce cas-là, je suggère

  6   que nous poursuivions après la pause.

  7   M. KEHOE : [interprétation] Je voudrais juste préciser un aspect. Nous

  8   demanderions le versement de la pièce 65 ter 1D2742 [comme interprété],

  9   s'il vous plaît.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Monsieur Hedaraly.

 11   M. HEDARALY : [interprétation] Nous souhaitons prendre un peu plus de temps

 12   avant d'exprimer notre position avant que l'on en ait terminé avec

 13   l'interrogatoire de ce témoin pour ce qui est d'un certain nombre de

 14   demandes de versement, notamment concernant ce rapport en fonction de ce

 15   qui suivra dans la déposition de ce témoin. Donc nous venons juste

 16   d'identifier de quoi il s'agit, mais nous souhaitons réserver notre

 17   position. Pour le moment, nous avons des pièces qui ont une cote MFI.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Hedaraly, vous êtes conscient

 19   par ailleurs que Me Kehoe n'a pas passé en revue certaines sections du

 20   rapport en plus des questions qu'il a posées. Et Me Kehoe, a priori,

 21   devrait savoir si ce rapport fera l'objet d'une demande de versement ou

 22   non.

 23   [Le conseil de l'Accusation se concerte]

 24   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Je voudrais ajouter qu'avec M. Konings,

 25   nous avons déposé une écriture spécifique demandant d'expurger certaines

 26   parties du rapport et de la déposition bien avant la déposition en

 27   question, mais je pense qu'il n'est pas équitable de dire à ce stade qu'il

 28   y aura peut-être encore des questions. Je pense que c'est tout à fait

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  1   inadapté.

  2   Je crois que l'article 94 est tout à fait clair pour ce qui est des

  3   conditions requises.

  4   [La Chambre de première instance se concerte]

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Hedaraly, d'abord, nous allons

  6   examiner de plus près les positions prises conformément à l'article 94(B)

  7   de l'Accusation.

  8   M. HEDARALY : [interprétation] Je crois que la position que nous avions

  9   faite oralement, c'est que le rapport n'était pas acceptable et nous

 10   voulions contre-interroger le témoin.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce qu'il y a une objection pour ce

 12   qui est du fait que le témoin est un expert ?

 13   M. HEDARALY : [interprétation] Non, Monsieur le Président.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous avons un témoin expert, si vous

 15   voulez contester le rapport, je comprends, mais si le rapport n'est pas

 16   versé au dossier, que reste-t-il ? Est-ce que vous allez alors demander au

 17   témoin de poser des questions qui iraient dans le sens de confirmer ou

 18   d'infirmer ses opinions d'expert ? Est-ce que ces questions porteraient sur

 19   ce rapport, plus particulièrement qu'il n'est pas contesté que le témoin

 20   vient déposer en tant que témoin expert. Ceci peut changer les choses, bien

 21   sûr. Si vous nous dites, par exemple, vous ne devez pas accepter le

 22   versement au dossier d'un rapport expert d'une personne qui n'est pas

 23   considérée comme étant un expert, ceci est clair.

 24   M. HEDARALY : [interprétation] Je crois que l'objection porte plutôt sur la

 25   pertinence de certaines parties du rapport et, d'après nous, nous estimons

 26   qu'à cette étape-ci, j'aimerais plutôt poursuivre l'interrogatoire du

 27   témoin. Peut-être qu'à la fin nous ne formulerons pas d'objection, mais à

 28   cette étape-ci de la procédure, nous aimerions pouvoir avoir l'opportunité

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  1   de poser des questions supplémentaires. En fait, j'aimerais simplement vous

  2   dire que nous aimerions réserver notre position. Nous allons soit objecter,

  3   faire une objection ou pas à la fin du rapport.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît, Maître

  5   Kuzmanovic. En fait, vous êtes en train de nous dire que d'après vos

  6   questions et d'après les réponses posées au témoin, ceci pourrait porter

  7   sur la pertinence.

  8   M. HEDARALY : [interprétation] Peut-être.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Monsieur Kehoe.

 10   M. KEHOE : [interprétation] En fait, concernant 94 bis, l'Accusation n'a

 11   pas porté d'objection. Ils ont simplement décidé de ne pas porter

 12   d'objection.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, justement, mais c'est ce que je

 14   voulais voir pour voir quelles étaient les requêtes qui avaient été soit

 15   versées au dossier ou présentées.

 16   Vous trouverez à la ligne 22, page 43, que la première chose que j'ai

 17   dite, j'ai dit : "Monsieur Hedaraly, il faut d'abord se pencher sur les

 18   positions prises conformément à l'article 94(B) par l'Accusation."

 19   Voilà. Ce sera notre tâche pendant les 20 minutes qui suivront. Et si

 20   quelque chose doit être changé ou ajouté, c'est justement le type

 21   d'objection qui a été reçu de cette façon-là, et nous comprenons.

 22   Nous comprenons également la façon dont l'objection a été formulée et

 23   nous allons examiner cette objection.

 24   M. KEHOE : [interprétation] En fait, il y a une référence qui existe au

 25   compte rendu d'audience faite par M. Waespi disant qu'il souhaiterait poser

 26   des questions au général Cross. C'est tout. Si vous me le permettez, je

 27   vais consulter mon collègue, M. Misetic. En fait, non, voilà c'est ici.

 28   La référence a été faite à la page 20 471, ligne 24, et c'est M.

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  1   Waespi qui avait fait ce commentaire vendredi dernier.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et la requête a été déposé à quel moment

  3   ?

  4   M. KEHOE : [interprétation] C'était lundi le 22 juin. Excusez-moi, j'ai

  5   vérifié la date, d'abord, oui, alors voilà.

  6   Mon calendrier n'est pas précis. Non, effectivement, c'était le 20.

  7   Désolé. Non, en fait, voilà. J'avais raison la première fois, c'est

  8   le 22.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Hedaraly, vous avez contesté la

 10   pertinence et cette requête doit nous parvenir dans les 30 jours à partir

 11   de la déposition d'un rapport ex parte. La communication d'une déclaration

 12   d'un rapport oral faite par un témoin en vertu de l'article 92 bis

 13   (B)(iii). Hier, les 30 jours se sont écoulés, soit hier ou avant-hier,

 14   n'est-ce pas ?

 15   Pourriez-vous, je vous prie, vous pencher sur cette position pour ce

 16   qui est de l'Accusation. Entre-temps, nous allons prendre une pause, et

 17   nous reprendrons nos travaux, Monsieur Cross, à 16 heures 20. Merci.

 18   L'INTERPRÈTE : Note de la cabine française : Les interprètes souhaitent

 19   signaler la présence d'un bourdonnement continu dans le canal principal

 20   jusqu'à 15 heures 05 et occasionnel, régulièrement à vrai dire, par la

 21   suite qui influence directement et de façon très négative la qualité de

 22   l'interprétation fournie.

 23   --- L'audience est suspendue à 15 heures 52.

 24   --- L'audience est reprise à 16 heures 21.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, la Chambre a été informée

 26   du fait que l'Accusation retire son objection à l'admission; c'est bien ça,

 27   n'est-ce pas ?

 28   M. HEDARALY : [interprétation] C'est bien ça, Monsieur le Président.

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  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Donc nous avons maintenant des

  2   garanties sur ce point.

  3   Monsieur le Greffier, vous avez une cote, n'est-ce pas, à nous donner.

  4   M. LE GREFFIER : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Le document

  5   devient la pièce D1624.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et ce document est admis au dossier en

  7   tant qu'élément de preuve.

  8   M. KEHOE : [interprétation] Je pense que je devrais signaler quelques

  9   erreurs de frappe au compte rendu. Page 30, ligne 16, où nous lisons : "4

 10   700 027," alors qu'il faudrait lire "42 000." Je cherche le numéro du

 11   document, D1361.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Dans la réponse du témoin, je pense que

 13   les 42 000 apparaissent, mais maintenant ils sont au compte rendu.

 14   M. KEHOE : [interprétation] Autre erreur de frappe, page 35, ligne 5, dans

 15   le document, on lit, "42 000," et pas "32 000," comme c'était inscrit au

 16   compte rendu d'audience jusqu'à présent.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Ceci est également consigné

 18   correctement au compte rendu désormais.

 19   M. KEHOE : [interprétation] Pour venir au secours de Mme la sténotypiste,

 20   je dirais que je ne suis pas sûr d'avoir prononcé correctement le nombre de

 21   42 000.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Tout est clair maintenant.

 23   Maître Kuzmanovic, vous avez des questions à poser à M. Cross ?

 24   Monsieur Cross, M. Kuzmanovic est le conseil de M. Markac.

 25   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je serai

 26   bref.

 27   Contre-interrogatoire par M. Kuzmanovic : 

 28   Q.  [interprétation] Alors je vous renverrai à votre rapport, Monsieur

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  1   Cross. Est-ce que vous l'avez sous les yeux ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Paragraphe 80 et sous-paragraphes, vous y analysez tous les faits et

  4   tirez des conclusions. Deux de ces conclusions sont détaillées aux

  5   paragraphes 83 et 84. Alors les conclusions venant de vous que l'on trouve

  6   aux paragraphes 83 et 84 de votre rapport, s'appuient-elles sur votre

  7   expérience au Kosovo, à Chypre et en Irlande du Nord; c'est bien ça ?

  8   R.  C'est bien ça. Ces conclusions s'appuient totalement sur mon expérience

  9   acquise dans ces trois endroits ainsi qu'après la guerre en Iraq.

 10   Q.  Les faits mentionnés au paragraphe 80 également font partie de votre

 11   expérience, n'est-ce pas ?

 12   R.  Exact.

 13   Q.  J'aimerais que nous parlions de ce qui s'est passé après l'opération

 14   Tempête. Elle s'est achevée alors que la guerre faisait encore rage dans la

 15   région voisine de Bosnie-Herzégovine. Nous pouvons partir de ce principe,

 16   n'est-ce pas, ainsi que du principe qu'après la fin de l'opération Tempête,

 17   il y avait encore des poches de soldats de l'ARSK dans le secteur sud qui

 18   opposaient une certaine résistance encore, n'est-ce pas, même en se

 19   cachant.

 20   Alors j'aimerais vous demander si, sur la base de ces faits présumés, vous

 21   conviendriez avec moi que les faits présumés supplémentaires ne sont que

 22   des indications convergentes confirmant ce que l'on trouve dans les

 23   paragraphes 83 et 84 de votre rapport, s'agissant des effectifs

 24   insuffisants et de la planification insuffisante, n'est-ce pas ?

 25   R.  C'est certainement le cas. Selon ce que je sais, la poursuite des

 26   opérations s'est déplacée vers la Bosnie, alors que jusque-là, elle se

 27   menait uniquement en Croatie. Le gros de l'effort militaire s'est déplacé à

 28   ce moment-là pour passer à la phase suivante de l'opération. La réalité des

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  1   combats dont vous parlez dans les régions proches du lieu où s'était

  2   déroulée l'opération préalable étaient marqués par une certaine

  3   vulnérabilité du point de vue des possibilités de transmission,

  4   d'approvisionnement, et cetera, et il devenait très important de sécuriser

  5   les lignes de transmission. Ce n'est pas facile de travailler quand on a

  6   des lignes de transmission en mauvais état.

  7   Q.  Autre question, ce sera ma dernière, Mon Général, est-ce que votre

  8   expérience au sein de la SFOR et de KFOR a été acquise principalement

  9   pendant que les hostilités faisaient rage ?

 10   R.  Mon expérience préalable à celle des Balkans était une expérience du

 11   maintien de la paix. La terminologie utilisée par la IFOR et la SFOR

 12   mettait l'accent sur ce point. Dans les opérations de l'OTAN, lorsque nous

 13   nous sommes déplacés au Kosovo, contrairement à ce qui s'était passé

 14   pendant les préparatifs, il s'agissait essentiellement d'intervenir alors

 15   que la guerre était terminée. Donc il n'y avait plus de combat entre les

 16   parties belligérantes. Il s'agissait simplement de combattre le crime pour

 17   l'essentiel.

 18   Q.  Donc fondamentalement, si nous partons du principe qu'il y avait encore

 19   des poches de résistance dans le secteur sud en Croatie et que des combats

 20   se menaient activement encore en Bosnie après l'opération Tempête, le fait

 21   est que la KFOR et la SFOR étaient nécessaires et sont intervenues alors

 22   que les combats étaient terminés, mais qu'il fallait déployer des effectifs

 23   dans le secteur sud en Croatie, n'est-ce pas ?

 24   R.  Je serai d'accord avec cela, effectivement.

 25   Q.  Je vous remercie.

 26   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Je n'ai plus de questions, Monsieur le

 27   Président.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie.

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  1   Monsieur Cross, vous venez de répondre à quelques questions posées par Me

  2   Kuzmanovic qui vous a soumis un fait nouveau par rapport aux questions

  3   posées précédemment par son confrère, à savoir qu'il y avait des poches de

  4   soldats de l'ARSK qui se trouvaient encore dans le secteur sud. Mais

  5   comment pourriez-vous décrire plus en détails ce fait, je veux dire du

  6   point de vue des chiffres, est-ce que le fait de savoir cela pouvait

  7   influer sur les réponses que vous avez données à Me Kuzmanovic ?

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Dans le sens que

  9   les incidents étaient relativement rares, mais que d'un point de vue

 10   militaire, on insistait pour que les besoins soient satisfaits et les

 11   besoins étaient exprimés en Bosnie en ce moment-là. Donc si les incidents

 12   éclataient dans la partie sud de la Croatie, cela risquait de contrarier

 13   considérablement la capacité de mener des opérations ailleurs et de les

 14   réussir dans le détail. Il fallait, dans la mesure du possible, mener des

 15   opérations contingentes qui étaient déjà en place. Donc les effectifs

 16   présents et la poursuite de l'opération avaient une incidence.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Maintenant je reprends cette

 18   expression "partie sud de la Croatie" que vous venez d'utiliser, alors que

 19   Me Kuzmanovic a parlé du secteur sud; est-ce que c'est la même chose pour

 20   vous ?

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, Monsieur le Président. Je me suis bien

 22   rendu compte que le secteur sud ne constituait pas la totalité du sud de la

 23   Croatie, même si c'était pratiquement la même chose, mais je me rends

 24   compte de la différence.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le secteur sud couvre une superficie

 26   plus importante ou moins importante ?

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Si j'ai bien compris, le secteur sud occupait

 28   une surface inférieure à celle de toute la moitié sud de la Croatie. Il y

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  1   avait des régions opérationnelles, si j'ai bien compris, dans certaines

  2   parties de la Bosnie également.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Donc je vous demanderais peut-être

  4   de montrer cela sur la carte.

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous pourriez déterminer l'étendue du

  7   secteur sud ?

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Pas de façon très précise, Monsieur le

  9   Président.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc vous parlez sur la base d'une

 11   connaissance plutôt générale.

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] En effet, Monsieur le Président.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D'une région qui s'appelait --

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] En effet, Monsieur le Président.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] -- le secteur sud, n'est-ce pas ?

 16   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Je voudrais indiquer une correction

 17   nécessaire à la page 49, lignes 8 et 9 du compte rendu d'audience. Le débit

 18   de parole était sans doute trop important, mais ce qui est écrit pour

 19   l'instant au compte rendu n'a aucun sens.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Je devrais me reprocher moi-même.

 21   Mon débit est trop rapide. Je pense que j'avais demandé --

 22   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Non, Monsieur le Président. Je parlais de

 23   moi en parlant de débit trop rapide.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Pourriez-vous répéter le numéro de

 25   la page et des lignes.

 26   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Page 48, ligne 20.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maintenant la confusion est totale, car

 28   d'après ce que je lis au compte rendu, ce que vous auriez dit dans votre

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  1   phrase précédente, c'était page 49, lignes 8 et 9.

  2   M. KUZMANOVIC : [interprétation] En fait, ma remarque concernait les deux

  3   pages et les deux séries de lignes, Monsieur le Président.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'éprouve vraiment quelques difficultés

  5   à imaginer de quelle façon ce problème pourrait être résolu.

  6   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, pour que tout soit

  7   clair, la référence que je tiens à vous donner, c'est page 49, lignes 8 et

  8   9. Je suis sûr que c'est au compte rendu, donc je suis certain Mme la

  9   sténotypiste m'a entendu.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais je vous inviterais à appeler

 11   l'attention des Juges chaque fois que vous constatez qu'au compte rendu ce

 12   qui est inscrit n'est pas conforme à ce que vous avez dit. Il y toujours

 13   moyen de corriger.

 14   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Je le ferai, Monsieur le Président. Je

 15   vous remercie.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie, Maître Kuzmanovic.

 17   Monsieur Hedaraly, êtes-vous prêt à contre-interroger le

 18   témoin ?

 19   M. HEDARALY : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Cross, vous allez maintenant

 21   être interrogé par M. Hedaraly, représentant de l'Accusation.

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Très bien.

 23   Contre-interrogatoire par M. Hedaraly : 

 24   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin.

 25   R.  Bonjour.

 26   Q.  Quelles étaient les consignes qui vous ont été données avant que vous

 27   n'établissiez ce rapport ? Que vous a-t-on demandé de faire ?

 28   R.  Lorsque j'ai été contacté par le conseil de la Défense qui m'a demandé

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  1   de faire connaître mon expérience dans ce genre d'opérations, j'ai rédigé

  2   un document, que je crois vous avoir adressé également, dans lequel je

  3   décrivais mon passé, mon expérience, mon vécu dans ce genre d'opérations de

  4   commandement. Ensuite je n'ai pas reçu d'instruction à proprement parler.

  5   J'ai rencontré le conseil, nous avons discuté de toutes ces questions, les

  6   conseils m'ont posé des questions dans des domaines qui manifestement

  7   étaient plus pertinents que d'autres par rapport à ce qui se passe ici et

  8   c'est sur la base de ces questions et réponses que j'ai rédigé mon rapport.

  9   J'ai donc soumis ce rapport, ensuite on m'a demandé quelques amendements,

 10   si je puis m'exprimer ainsi, que j'ai apporté au texte. Après quoi, je l'ai

 11   remis au conseil pour dépôt officiel il y a déjà quelques temps.

 12   Q.  Qui a établi le projet de rapport, la première mouture ?

 13   R.  Le projet de rapport a été établi suite aux conversations que j'ai eues

 14   avec le conseil au Royaume-Uni. Les conseils présents devant moi ont pris

 15   des notes, ils ont établi ce projet de texte et me l'ont adressé. Je l'ai

 16   ensuite examiné dans le temps dont je disposais, j'y ai réfléchi, je l'ai

 17   amendé, car je voulais m'assurer que ce qui était écrit dans ce rapport

 18   reprenait exactement les expressions que je souhaitais utiliser.

 19   Donc les conseils de la Défense ont pris de nombreuses notes suites à nos

 20   premiers entretiens, et j'ai utilisé tout cela pour mon premier rapport.

 21   Q.  Mon Général, nous avons tendance tous les deux à parler assez

 22   rapidement.

 23   R.  Je vais ralentir.

 24   Q.  Donc si vous voulez bien, afin d'éviter des interruptions assez

 25   longues, car ce ne sont pas des interruptions, c'est simplement une attente

 26   de ma part pour que les interprètes aient terminé de parler dans d'autres

 27   langues que la nôtre.

 28   R.  Je vous remercie.

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  1   Q.  On vous a donné les faits que l'on trouve dans le paragraphe 80 de

  2   votre rapport au mois de juin 2009 à peu près, c'est-à-dire moins de deux

  3   semaines avant le dépôt officiel du rapport, n'est-ce pas ?

  4   R.  Oui, c'est exact. Je ne connais pas la date exacte, mais je me fie à

  5   vous sans le moindre problème. J'ai rédigé la première mouture de mon

  6   texte, et j'ai discuté avec les conseils pour m'assurer que ce qui figurait

  7   dans le rapport reprenait bien mon expérience. Ensuite des faits présumés

  8   m'ont été communiqués, j'ai réfléchi à ces faits dans le contexte de ce que

  9   j'ai déjà décrit, à savoir afin de voir s'il fallait atténuer ou renforcer

 10   certaines des choses que j'avais déjà rédigées dans la première mouture

 11   suite à l'obtention de ces faits.

 12   Q.  Lorsque vous avez fourni votre avis aux paragraphes 83 à 85 du rapport,

 13   cet avis reposait sur les faits qui vous ont été communiqués, n'est-ce pas

 14   ?

 15   R.  Oui, la version définitive de ces paragraphes a été mise sur le papier,

 16   comme cela a été le cas de la version finale du rapport, dans le but de

 17   résumer tout ce qui figurait dans le projet de texte initial et de prendre

 18   en compte, par ailleurs, les faits présumés que l'on m'avait communiqués

 19   dans la période récente que je détaille dans quatre ou cinq paragraphes.

 20   Après quoi, j'ai envoyé ma version définitive de mon rapport au conseil de

 21   la Défense.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Hedaraly, j'aimerais obtenir du

 23   témoin des précisions au sujet de ces dernières réponses.

 24   Cette liste de faits que l'on trouve au paragraphe 80, Monsieur Cross, vous

 25   a-t-elle été communiquée avant la conversation que vous avez eue avec les

 26   conseils qui a donné lieu à l'envoi d'une première mouture du texte par les

 27   conseils à votre intention ou est-ce que ces faits vous ont été communiqués

 28   après ?

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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] En toute honnêteté, Monsieur le Président, il

  2   faudrait que je vérifie les dates pour vous répondre. Mais dans mon

  3   souvenir, la façon dont les choses se sont passées est la suivante, on m'a

  4   demandé de parler de mon expérience dans les diverses opérations que j'ai

  5   évoquées, ensuite on m'a demandé d'apporter des commentaires en disant ce

  6   que je pensais de l'opération Tempête menée en Croatie.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Là c'était toujours de la discussion,

  8   n'est-ce pas ?

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, et durant cet entretien, les faits

 10   présumés m'ont été communiqués, c'est-à-dire qu'on m'a dit : Voilà comment

 11   nous comprenons les faits en question par rapport à ce que vous avez dit.

 12   Maintenant que vous le savez, est-ce que cela renforce ce que vous pensiez

 13   au départ ou est-ce que cela l'atténue.

 14   Donc si je me souviens bien, les faits m'ont été communiqués après que j'ai

 15   déjà mis sur le papier une bonne partie de mon rapport, car au départ, on

 16   m'avait simplement demandé d'établir un rapport fondé sur mon expérience

 17   dans un contexte qui était un peu défini de façon à correspondre à la

 18   présente affaire.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Alors vous avez eu ces

 20   conversations avec les conseils, et à un certain moment vous avez reçu la

 21   première mouture du rapport que vous avez examiné et vous l'avez lue pour

 22   voir si vous étiez d'accord avec ce qui y était écrit ou si vous auriez

 23   utilisé ici ou là un autre libellé par exemple. Comme on peut le lire en

 24   note en bas de page numéro 12, je cite : "Ces faits sont présentés comme

 25   mis sur le papier par le conseil du général Gotovina."

 26   Ce qui signifie qu'il y a dû avoir un moment où vous avez reçu la

 27   description de ces faits par écrit. La réception de cette liste de ces

 28   faits par écrit a-t-elle eu lieu avant les discussions que vous avez eues

Page 20636

  1   avec les conseils ou est-ce que vous l'avez mise par écrit pour la première

  2   fois dans la première mouture du rapport qui vous a été envoyée pour examen

  3   ?

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Le conseil souhaitera peut-être prendre la

  5   parole après ce que je vais dire, mais dans mon souvenir en tout cas, une

  6   première mouture du rapport a été rédigée, je l'ai lue, le l'ai amendée, je

  7   l'ai fait par voie électronique, et c'est ensuite que les faits présumés

  8   m'ont été communiqués. Je me suis saisi de cette liste de faits présumés,

  9   je les ai examinés et j'y aie réfléchi dans le cadre de la première mouture

 10   du rapport qui existait déjà.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors vous parlez de la première mouture

 12   du rapport qui existait déjà. Est-ce que cela englobait les conclusions au

 13   sujet de la situation qui prévalait en Croatie ? Est-ce que cela englobait

 14   la partie 6 du rapport ?

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, Monsieur le Président.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non.

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] Non.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc dans la première mouture de votre

 19   rapport, il n'y avait que les explications apportées sur vous au sujet de

 20   votre expérience ?

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] En effet, Monsieur le Président.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ensuite vous avez reçu cette liste de

 23   faits présumés par courriel. A ce moment-là, il n'y avait encore rien de

 24   mis par écrit dans le rapport au sujet de quelconque conclusion relative à

 25   la situation qui prévalait en Croatie, n'est-ce pas ?

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est ce qui correspond à mon souvenir des

 27   événements, Monsieur le Président.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, et je suppose que vous devez vous

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  1   fonder sur votre mémoire pour le moment. Est-ce que sur la base de ces

  2   faits, une fois que vous avez reçu la liste de faits en question, est-ce

  3   que vous avez mis par écrit des conclusions au sujet de la situation en

  4   Croatie ou est-ce que vous avez simplement reçu le texte préliminaire de

  5   ces conclusions de la Défense ?

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, dans mon souvenir, j'ai écrit moi-même

  7   ces conclusions. Et les principales questions que nous avons examinées dans

  8   cette situation particulière, c'était l'ampleur des opérations menées en

  9   Irlande du Nord, par exemple, comparée à l'ampleur des opérations menées au

 10   Kosovo ou en Iraq, en comparant les effectifs humains qui étaient engagés

 11   dans ces opérations. Voilà le genre de comparaison sur un certain nombre de

 12   questions qui m'a permis de tirer la conclusion que j'ai tirée. Oui, sur

 13   base comparative. Donc j'ai utilité mon expérience pour, sur base

 14   comparative, tirer des conclusions sur le sujet qui m'était soumis.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais à ce moment-là, lorsque vous avez

 16   reçu les questions dont vous deviez traiter, je veux dire, vous avez évoqué

 17   votre expérience puis vous avez reçu une liste de faits relatifs à la

 18   Croatie, et ensuite, est-ce que je dois comprendre que toutes ces questions

 19   ont été discutées par les conseils de la Défense avec vous ? Pourriez-vous,

 20   dans vos conclusions, prêter attention à A, B, C, D. Est-ce que c'est ça

 21   qu'on vous a demandé ? Est-ce que c'était clair ?

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Il est certain que nous avons discuté de

 23   toutes ces questions et que j'ai amendé la première mouture de mon rapport

 24   après réception de la liste des faits présumés. J'ai rédigé mes conclusions

 25   que j'ai envoyées par format électronique, et ensuite j'ai mis un point

 26   final à mon rapport. Personne - excusez-moi si j'anticipe des questions que

 27   vous ne m'avez pas posées - personne n'a fait la moindre tentative de me

 28   dire, Est-ce que vous pourriez écrire cette phrase différemment ? Est-ce

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  1   que vous pourriez ajouter ceci ou cela qui n'est pas encore dans le texte ?

  2   Donc j'ai rédigé mon rapport et j'étais tout à fait convaincu que les faits

  3   présumés me permettaient de rédiger les conclusions que j'ai rédigées.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je n'ai pas le moindre doute sur la

  5   question. Je souhaitais simplement m'assurer que ce rapport a bien été

  6   rédigé dans le format dans lequel on le voit aujourd'hui.

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Hedaraly, veuillez poursuivre.

  9   M. HEDARALY : [interprétation]

 10   Q.  Pour suivre rapidement les questions qui viennent d'être posées, après

 11   que vous avez reçu la liste des faits présumés, est-ce que vous avez

 12   apporté la moindre modification aux premiers 79 paragraphes de votre

 13   rapport déjà mis par écrit, ou bien est-ce que vous vous êtes simplement

 14   contenté de rédiger les cinq ou six derniers paragraphes supplémentaires ?

 15   R.  Je ne crois pas que j'aie modifié quoi que ce soit après avoir vu la

 16   liste des faits présumés, car rien dans cette liste ne m'a poussé à

 17   modifier quoi que ce soit dans ce que j'avais déjà écrit. Le gros de ce que

 18   j'avais écrit, comme je l'ai déjà dit, concernait mon expérience, et c'est

 19   seulement à la fin que j'aborde les questions stratégiques et tactiques.

 20   Donc le gros du rapport déjà mis par écrit faisait état de mon expérience

 21   et des conclusions que j'ai eues après avoir reçu communication des faits

 22   présumés, mais cela n'a modifié en rien la première partie de mon rapport

 23   déjà mise par écrit.

 24   Q.  Ici l'on voit votre rapport, de façon à ce que tout soit clair, nous

 25   parlons bien de ce qui est écrit jusqu'à la page 18, n'est-ce pas, c'est de

 26   cela dont vous parlez lorsque vous dites "ce qui était déjà mis par écrit

 27   au moment où j'ai reçu la liste des faits présumés."

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Hedaraly, je pense que -- non,

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  1   non. Page 18, paragraphe 80. Oui, c'est bien la même chose. Il y avait une

  2   confusion dans mon esprit entre le numéro de la page 18 et le numéro du

  3   paragraphe 80.

  4   Veuillez procéder.

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est tout à fait exact, pour répondre à votre

  6   question. J'ai voulu lire la première version du texte de façon à vérifier

  7   que tout était bien écrit dans le libellé que j'aurais utilisé moi-même. Je

  8   n'ai pas souhaité laisser entendre une seule minute que quoi que ce soit

  9   sur le fond devait être modifié dans la version définitive. J'ai simplement

 10   vérifié un certain nombre de libellés, de phrases et de passages pour voir

 11   si après réception de la liste des faits présumés, il y avait quoi que ce

 12   soit à changer dans la première partie du document, mais il n'y avait rien.

 13   M. HEDARALY : [interprétation]

 14   Q.  Donc vous vouliez vous assurer aussi que le Grand état-major n'allait

 15   pas contester quoi que ce soit de ce que vous aviez écrit. Vous avez sans

 16   doute modifié dans les premières parties du document certains aspects de

 17   présentation, mais vous n'avez apporté aucune modification fondamentale aux

 18   parties déjà mises sur le papier après réception des faits présumés; c'est

 19   bien ça ?

 20    R.  Oui, c'est ce que j'ai en mémoire, en tout cas.

 21   Q.  Ces faits présumés qui ont fait l'objet de votre déposition déjà,

 22   excusez-moi de vous reposer la question si elle vous a déjà été posée, mais

 23   les avis que vous exprimez aux paragraphes 83 à 85 de votre rapport

 24   reposaient bien sur la liste des faits présumés que l'on trouve au

 25   paragraphe 80, n'est-ce pas, une fois que vous les avez reçus ?

 26   R.  Oui. J'ai essayé de tirer une conclusion sur la base de la réalité

 27   qu'on m'a présentée. Je tiens à mettre en exergue le fait qu'en rédigeant

 28   la première version de mon rapport, je ne me rappelle pas que les

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  1   conclusions finales que j'ai écrites dans le texte figuraient déjà. Mais au

  2   moment du récapitulatif, j'ai estimé que la première partie du rapport

  3   pouvait être récapitulée par l'ajout de ces conclusions globales.

  4   Donc sur la base des faits présumés, j'ai examiné un certain nombre de

  5   questions fondamentales, notamment les questions d'effectifs, de calendrier

  6   des opérations, et cetera, et au paragraphe 85, je suis tout à fait clair

  7   lorsque je donne mon avis sur l'opération sur le terrain, mais je ne juge

  8   pas, je ne porte pas de jugement de valeur, je résume simplement, je

  9   récapitule mon avis.

 10   Q.  Je ne voudrais pas trop insister sur ce point, mais je voudrais que

 11   toute confusion soit hors de question.

 12   Penchez-vous, je vous prie, sur les paragraphes 80 et 82 de votre rapport

 13   ainsi que sur le paragraphe intitulé "Conclusions et avis." Au paragraphe

 14   80 et 82, nous trouvons pour l'essentiel des conclusions générales qui

 15   reprennent ce qui figure dans la première partie de votre rapport entre les

 16   paragraphes 1 et 79, n'est-ce pas ?

 17    R.  Oui, c'est ça. Lorsque j'ai écrit mes conclusions générales, mon

 18   intention était de récapituler, de synthétiser tout ce qui figurait déjà

 19   dans la partie antérieure de mon rapport.

 20   Q.  Et ensuite, au paragraphe 83, vous donnez un avis sur la base, comme

 21   vous le dites, des faits qui vous ont été communiqués au paragraphe 80, et

 22   vous dites la même chose au paragraphe 84. Donc est-ce que les paragraphes

 23   83 et 84 reprennent des avis émanant de vous et qui reposent sur la liste

 24   de faits qui a été portée à votre connaissance ?

 25   R.  C'est exact, Monsieur.

 26   Q.  Si les faits qui ont été portés à votre connaissance ne correspondaient

 27   pas à la réalité, ou si vous aviez reçu communication d'autres faits,

 28   n'est-il pas permis de conclure qu'il s'ensuit automatiquement que vous

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  1   auriez tiré d'autres conclusions ?

  2   R.  C'est exact, Monsieur, ou plutôt, je dirais que tout aurait dépendu des

  3   nouveaux faits qu'on aurait portés à ma connaissance, mais en principe, je

  4   comprends ce que vous voulez dire et je suis d'accord avec vous.

  5   Q.  Je vous remercie de cette précision. Vous avez évoqué la criminalité

  6   qui prévalait en Iraq, n'est-ce pas, et vous avez dit qu'elle n'était ni

  7   inhabituelle ni inattendue ?

  8   R.  En effet.

  9   Q.  Est-ce que vous vous attendiez à ce que les hommes du général Franks

 10   commettent des crimes en Iraq suite aux opérations militaires ?

 11   R.  Non, Monsieur. Si vous faites la distinction entre les hommes placés

 12   sous les ordres du commandant, à savoir du général Franks, et les hommes

 13   qui constituaient les troupes iraquiennes dans leur ensemble, je ne dirais

 14   pas que ces hommes auraient pu participer à des actions criminelles en

 15   personne. Non.

 16   Q.  Savez-vous, Monsieur, que la présente Chambre a entendu des témoignages

 17   indiquant que des soldats qui participaient à la reprise du territoire ont

 18   été impliqués dans de nombreux crimes commis dans le secteur ?

 19   M. KEHOE : [interprétation] Objection à l'utilisation du mot "nombreux"

 20   crimes.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, qu'est-ce qui fait qu'un nombre est

 22   significatif ou important ou non ? Vous dites qu'ils ont été -- disons

 23   qu'ils ont été impliqués d'une façon qui n'a certainement pas été

 24   sporadique. Donc un nombre de soldats qui ont été impliqués et certainement

 25   pas de façon sporadique.

 26   Maître Kehoe, bien entendu, on a fourni à ce témoin une longue liste de

 27   faits présumés. Que ces faits soient reconnus ou non, exacts ou non, ont

 28   été ceux sur lesquels il s'est appuyé. Maintenant, Me Hedaraly avance

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  1   d'autres faits et vous vous levez pour exprimer des objections à l'encontre

  2   de cette qualification de nombre important. Alors je peux imaginer par

  3   ailleurs que M. Hedaraly aurait sans doute des objections à soulever

  4   également à l'égard des faits présumés qui ont été avancés et qui ont été

  5   fournis à l'expert. Mais ce que je voudrais c'est qu'on invite le témoin à

  6   répondre à la question.

  7   Maître Kuzmanovic.

  8   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Monsieur le Président --

  9   M. KEHOE : [interprétation] Si le Procureur souhaite avancer l'hypothèse

 10   que tel ou tel fait correspond à la réalité dans son contre-interrogatoire,

 11   soit, mais nous n'acceptons pas que l'on avance au témoin cette idée selon

 12   laquelle un nombre important de soldats auraient commis des crimes.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.

 14   Maître Kuzamnovic.

 15   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Alors si comme vous dites, Monsieur le

 16   Juge, M. Hedaraly avait des objections à l'égard de certains faits présumés

 17   qui ont été proposés au témoin, il pouvait le faire et nous en aurions pris

 18   acte avant la phase du contre-interrogatoire. Il aurait pu déposer des

 19   écritures et s'opposer au rapport de l'expert.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La structure même du rapport fait que

 21   vous avancez un certain nombre de faits à l'intention du témoin, Maître

 22   Kuzmanovic. Et la question de savoir si ces faits correspondent

 23   intégralement oui ou non à la réalité est une question sur laquelle il

 24   faudra revenir à l'occasion du mémoire final. Ce n'est certainement pas

 25   quelque chose qui entre dans le cadre de ce rapport.

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Je pense que je pourrais répondre à la

 27   question.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Allez-y, Monsieur le Témoin.

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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, concernant cette

  2   période de temps, je comprends tout à fait que les faits qui m'ont été

  3   présentés en tant que résultat de ce que j'ai initialement rédigé, l'ont

  4   été dans l'intention de peut-être renforcer certains des points de vue qui

  5   étaient les miens et de souligner certaines conclusions, et que par

  6   ailleurs il y a eu des faits qui m'ont été présentés pour permettre de

  7   formuler d'autres conclusions supplémentaires.

  8   Et je dois dire que mon intention était d'apporter mon concours à la

  9   Chambre pour ce qui est d'essayer de comprendre les enjeux de ce qui s'est

 10   présenté sur le terrain dans cette opération de soutien à la paix après le

 11   conflit. Je dois dire également qu'en tant que personne qui a été en

 12   mission à trois reprises dans les Balkans, j'ai été familiarisé avec cela

 13   précédemment. Si nous examinons la compétence qui est celle des structures

 14   militaires, nous pouvons aborder les questions relatives au matériel, la

 15   compréhension de la façon de mener la guerre.

 16   Mais pour moi, la question-clé non seulement dans les Balkans mais partout

 17   ailleurs, c'est ce que les forces armées britanniques considèrent et

 18   nomment comme étant la composante morale des combats qui sont menés. Donc

 19   cela comprend la compréhension des conventions de Genève, la façon dont on

 20   conduit les opérations et les principes éthiques qui sont en jeu. Et nous

 21   avons pris ces aspects extrêmement au sérieux, et malheureusement, il y a

 22   des circonstances dans lesquelles les choses ne se passent pas très bien à

 23   cet égard. De mon point de vue et sur la base de mon expérience, dans les

 24   Balkans, la composante morale en question était loin d'être comparable à ce

 25   que j'ai pu voir dans les autres structures militaires dans lesquelles j'ai

 26   été engagé.

 27   Donc le fait que l'on considère comme significative ou non la présence dans

 28   telle ou telle force armée en présence dans les Balkans de soldats qui se

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  1   sont livrés à du nettoyage ethnique ou à d'autres activités criminelles ou

  2   à des tueries, c'est quelque chose que je peux comprendre et dont je suis

  3   conscient. Et c'est quelque chose qui s'est réellement passé lors de

  4   l'opération Tempête. Mais par ailleurs, je sais qu'il y a des événements

  5   graves qui se sont déroulés pendant l'ensemble de cette période et

  6   l'ensemble des opérations qui ont eu lieu dans les Balkans.

  7   M. HEDARALY : [interprétation]

  8   Q.  Alors si les crimes qui ont été commis juste après la fin de

  9   l'opération Tempête l'ont été à titre principal par les forces qui ont

 10   reconquis le territoire en question, ne peut-on pas considérer comme un

 11   fait qui aurait dû être porté à votre connaissance en terme de ressources

 12   disponibles, et cetera, lorsque vous abordiez vos conclusions ?

 13   R.  Si, effectivement, il s'agissait d'une majorité et si c'est à cette

 14   échelle-là que cela s'est présenté, cela aurait effectivement influencé la

 15   façon dont j'ai rédigé mes conclusions.

 16   Il me semble que dans le contexte de ce qui se passait, et là encore une

 17   fois, je ne pense pas que je devrais anticiper là où vous voulez en venir,

 18   mais si ces hommes avaient reçu l'ordre de procéder ainsi, le fait de

 19   pouvoir comprendre cela et d'en avoir connaissance comme de fait aurait

 20   affecté la teneur de mes conclusions.

 21   Q.  Conviendrez-vous avec moi pour dire que si la Chambre venait à décider

 22   que l'opération militaire a été conduite de telle sorte à chasser et

 23   expulser les Serbes de ce territoire, là encore nous aurions affaire à un

 24   fait qui affecterait vos conclusions ?

 25   L'INTERPRÈTE : Note de l'interprète bruit de fond extrêmement important

 26   empêchant une bonne qualité sonore.

 27   M. KEHOE : [interprétation] Excusez-moi, je dois changer mon micro.

 28   Si l'Accusation avance des hypothèses à l'attention du témoin, je n'ai rien

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  1   contre. Mais spéculer quant à ce qui constituera la conclusion de la

  2   Chambre, c'est quelque chose à quoi je ne puis que m'opposer.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Reformulez, s'il vous plaît, Monsieur

  4   Hedaraly.

  5   M. HEDARALY : [interprétation]

  6   Q.  Général, si les opérations militaires avaient été conduites de façon à

  7   écarter la population serbe de cette zone, s'agirait-il là aussi d'un fait

  8   qui aurait été susceptible d'affecter la teneur de vos conclusions ?

  9   R.  Je ne suis pas sûr que ça aurait affecté de façon significative mes

 10   conclusions dans le cadre de ce que j'essayais de rédiger et dans

 11   l'intention qui était la mienne de contribuer à la compréhension qui est

 12   celle de la Cour quant aux conditions chaotiques qui prévalaient sur le

 13   terrain et à la nature intrinsèque de ce chaos. Cependant, malgré toutes

 14   les bonnes intentions qui peuvent être celles des forces des unités

 15   militaires qui interviennent, des événements de cette nature peuvent

 16   survenir.

 17   Par exemple, il est tout à fait clair pour moi qu'à Bagdad ou en

 18   Irlande du Nord, il n'y avait pas d'intention par rapport aux événements

 19   qui se sont produits, notamment ni au sein de la KFOR ni au sein de la

 20   chaîne de commandement britannique en Irlande du Nord.

 21   Donc si vous pouviez me montrer qu'il y avait au plan stratégique une

 22   intention claire d'atteindre une situation finale correspondant à ce que

 23   vous avez décrit et qu'il y avait eu des ordres à cet effet, soit, s'il y

 24   avait une intention claire allant dans cette direction, et un certain

 25   nombre de personnes qui avaient planifié les processus nécessaires pour

 26   rétablir l'ordre dans le cadre de ce qui a suivi l'opération Tempête, dans

 27   ce cas-là, mes conclusions en présence de ces faits auraient peut-être été

 28   différentes.

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  1   Q.  Je voudrais juste pouvoir vérifier si cela était clair pour moi ou non.

  2   Très bien. J'ai compris.

  3   Alors je voudrais passer à une conclusion particulière que vous avez

  4   rédigée en vous fondant sur les faits qui vous ont été fournis. C'est celle

  5   qui porte sur le manque de ressources, les ressources disponibles qui

  6   étaient insuffisantes. Cela figure au paragraphe 84 de votre rapport.

  7   Et je voudrais juste être très clair ici. Vous vous référez ici aux faits

  8   supposés correspondre au nombre d'hommes de la police militaire et de la

  9   police civile qui étaient présents. Cela correspond aux paragraphes W à Z

 10   des faits présumés qui vous ont été fournis; est-ce exact ?

 11   R.  Oui, les chiffres auxquels vous vous référez étaient ceux que j'ai pris

 12   en considération, et pour être tout à fait clair, c'est la raison pour

 13   laquelle les chiffres figurants au paragraphe Z m'ont été fournis avec la

 14   réserve indiquant qu'ils étaient plus importants, comme on y a fait

 15   référence précédemment.

 16   Q.  Juste pour être tout à fait clair, cette modification du chiffre

 17   concerné n'a pas modifiée vos conclusions, n'est-ce pas ?

 18   R.  En effet.

 19   Q.  Lorsque vous parlez de ressources, l'un des termes que vous utilisez,

 20   et on en a parlé lors de l'interrogatoire principal, c'est cette notion de

 21   l'effectif présent sur place ou le nombre d'hommes par kilomètre carré qui

 22   sont en charge de la sécurisation de la zone, n'est-ce pas ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Et vous donnez un certain nombre d'exemples se fondant sur vos

 25   expériences passées. Bien entendu, j'ai compris que vous nous aviez dit que

 26   ces chiffres en eux-mêmes ne peuvent pas être envisagés de façon absolue

 27   selon une échelle qui serait valable indépendamment de la situation. Par

 28   exemple, 1,67 soldats par kilomètre carré seraient suffisant d'un point de

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  1   vue opérationnel, alors que 0,34 homme par kilomètre carré en Iraq n'était

  2   pas suffisant et 4,5 hommes par kilomètre carré, c'est un chiffre que vous

  3   avez avancé également pour le Kosovo dans les paragraphes 70 à 72 de votre

  4   rapport.

  5   Alors je voulais vous demander si vous avez connaissance du fait qu'il y

  6   ait eu des hommes de la FORPRONU présents sur le territoire de la Krajina

  7   avant et après l'opération Tempête ?

  8   R.  Oui, j'avais connaissance que la FORPRONU était présente dans cette

  9   région, mais je n'avais pas connaissance qu'ils aient été présents ou non

 10   sur le territoire de la Krajina en rapport avec l'opération Tempête.

 11   Q.  Je voudrais vous présenter la pièce numéro 65 ter 7360 qui va

 12   maintenant s'afficher.

 13   M. KEHOE : [interprétation] Avec votre permission, Messieurs les Juges,

 14   pour la clarté du compte rendu d'audience, nous parlons de l'ONURC à ce

 15   stade, par opposition à la FORPRONU qui se trouvait en Bosnie, afin que les

 16   choses soient tout à fait claires.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Hedaraly.

 18   M. HEDARALY : [interprétation] Oui, je vais montrer le document au témoin,

 19   mais je prends acte de la remarque.

 20   Q.  Mais dites-nous, Monsieur le Témoin, si cela modifie votre réponse ou

 21   non ?

 22   R.  Oui, j'aurais dû me corriger moi-même.

 23   Q.  Alors vous voyez ici, Général, ce document qui porte la date du 14

 24   février 1995. Vous voyez en haut ce chiffre approximatif indiquant que 90 %

 25   de l'effectif total est constitué de policiers. Et si vous passez au

 26   secteur sud et au secteur nord, vous voyez ce chiffre de 4 614 hommes dans

 27   le secteur sud, ce sont les chiffres du haut. Nous pouvons supposer qu'il

 28   s'agit de soldats et de policiers. Alors si nous examinons la situation

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  1   dans ce district militaire de Split, qui était sous le contrôle du général

  2   Gotovina dans le cadre de l'opération Tempête, nous voyons qu'il s'agit

  3   d'une zone couvrant approximativement 4 000 kilomètres carrés que nous

  4   trouvons dans la pièce P482.

  5   Alors nous voyons, Général, qu'il y a ici à peu près un soldat de l'ONU ou

  6   policier par kilomètre carré. Donc la question que je voudrais vous poser

  7   est la suivante. Si le but avait été de sécuriser l'ensemble de ce

  8   territoire, auriez-vous considéré comme logique de recourir à ces forces de

  9   l'ONU pour assurer cette sécurisation ?

 10   R.  L'un des aspects que j'essayais d'avancer précédemment concernait

 11   l'utilité de faire intervenir des structures militaires, non militaires,

 12   des organes gouvernementaux tant que non gouvernementaux, des organisations

 13   non gouvernementales et internationales et, de mon point de vue, tous les

 14   atouts possibles devraient être engagés dans le but de rétablir la paix

 15   dans une situation post-conflit.

 16   Alors cela n'a pas été le cas dans les missions auxquelles j'ai participé.

 17   Mais en principe, ma réponse à votre question est que s'il avait été

 18   possible de procéder ainsi, il aurait fallu utiliser tous les atouts

 19   disponibles.

 20   M. HEDARALY : [interprétation] Puis-je demander le versement de la pièce 65

 21   ter 7360.

 22   M. KEHOE : [aucune interprétation]

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il semble que ce soit pour l'intégralité

 24   de ce document, un rapport chiffré daté du 14 février 1995, et il semble

 25   qu'il s'agisse ici de l'effectif approuvé alors que l'effectif réel semble

 26   avoir été inférieur de 12 %. Il semble que les chiffres présentés par M.

 27   Hedaraly correspondent à l'effectif réel, car en les additionnant, on

 28   arrive à ce chiffre de 44 547.

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  1   M. KEHOE : [interprétation] Ma question portait sur la question de savoir

  2   s'il s'agissait d'un document de plusieurs pages, mais c'était tout ce que

  3   je voulais dire. Je n'ai pas d'objection dans ce cas-là.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Monsieur le Greffier, la

  5   pièce est versée au dossier.

  6   M. LE GREFFIER : [interprétation] La pièce reçoit la cote P2601.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Elle est versée au dossier.

  8   Continuez, Monsieur Hedaraly.

  9   M. HEDARALY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 10   Q.  Général, parmi les faits qui vous ont été fournis, vous me corrigerez

 11   si je me trompe, on ne vous a pas fourni le nombre de soldats croates qui

 12   étaient restés dans cette zone après l'opération Tempête, n'est-ce pas ?

 13   R.  Oui.

 14   M. HEDARALY : [interprétation] Alors je voudrais qu'on affiche la pièce 65

 15   ter numéro 1231 à l'écran.

 16   Q.  Il s'agit d'un rapport rédigé par le général Cervenko daté du 21 août

 17   1995. Le général Cervenko, à l'époque, était le chef d'état-major de

 18   l'armée croate. C'est le rapport qu'il a rédigé concernant l'opération

 19   Tempête. Ce rapport, nous allons le commenter étape par étape. Je voudrais

 20   que vous vous reportiez à quelques sections de ce rapport, pour commencer.

 21   Reportez-vous tout d'abord à l'en-tête.

 22   Vous voyez que ce document est adressé au président de la Croatie et

 23   concerne l'opération Tempête. Si nous passons à la page 2 maintenant, vous

 24   verrez, juste après l'énumération que nous avons, je cite : "L'effectif

 25   total de 127 000 hommes de la HV, de la police militaire et du ministère de

 26   l'Intérieur a participé à l'offensive visant à la libération du territoire

 27   occupé de la République de Croatie, à savoir l'opération Tempête."

 28   Donc gardons juste ce chiffre présent à notre esprit, à savoir

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  1   l'effectif de 127 000 hommes, et je voudrais ainsi éviter toute confusion

  2   si cela représente l'ensemble de l'opération, donc à la fois le secteur sud

  3   et le reste, donc sur un territoire de 10 000 kilomètres carrés et non pas

  4   seulement 4000. Merci.

  5   Passons maintenant à la page 10 de ce même document, s'il vous plaît.

  6   En chiffre romain, numéro 6 de la version anglaise. Il me semble que c'est

  7   la même page en version B/C/S, mais je ne suis pas tout à fait sûr. Il est

  8   dit : "Actuellement, il y a 30 000 hommes de la HV qui ont été

  9   démobilisés".

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Je vais juste vous demander la chose suivante. Précédemment vous nous

 12   avez dit qu'il aurait été nécessaire de recourir à tous les atouts

 13   disponibles pour sécuriser la zone. Est-ce que 30 000 hommes auraient pu

 14   représenter un atout significatif pour ce qui est de parvenir à cette

 15   sécurisation ?

 16   R.  Je comprends ce que vous voulez dire. Je pense que ma réponse pourrait

 17   être oui, tout en tenant compte des facteurs suivants, à savoir tout

 18   d'abord, la question de savoir qui assurait le commandement de cette

 19   opération, est-ce que toutes ces possibilités et ces ressources se

 20   trouvaient sous le commandement de cette même personne.

 21   Là nous pourrions nous engager dans une véritable discussion concernant la

 22   notion même de commandement, car d'un point de vue britannique, à tout le

 23   moins, nous avions des garnisons des districts administratifs qui faisaient

 24   l'objet du commandement de plusieurs personnes et ne se trouvaient pas sous

 25   le commandement unique d'un commandement opérationnel qui aurait pris en

 26   charge un seul et même territoire d'un point de vue opérationnel.

 27   Si je peux vous donner un exemple : Je suis, par exemple, commandant de

 28   brigade au Royaume-Uni, ma brigade était stationnée dans une partie du

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  1   territoire qui se trouvait sous le commandement d'un autre général de

  2   brigade dont la compétence consistait à administrer cette partie du

  3   territoire. Donc dans ce contexte, tous ces hommes auxquels vous vous

  4   référez, si ces derniers se trouvent sous un même commandement unifié,

  5   s'ils sont disponibles pour qu'on recoure à eux dans le but d'atteindre cet

  6   objectif de sécurisation, dans ce cas-là, en principe, je répondrais oui.

  7   Mais pour revenir à notre débat précédent, j'ai eu des entretiens

  8   avec les conseils de la Défense pour ce qui était de savoir quelles étaient

  9   les ressources disponibles. Je me suis efforcé de répondre aussi

 10   précisément que possible, mais il se peut qu'il y ait eu aussi toute une

 11   série d'autres facteurs dont je n'ai pas été conscient. C'est en ce sens

 12   qu'il faut envisager ma réponse.

 13   Q.  Je comprends parfaitement, Général.

 14   Mais si nous supposions un instant -- or, je sais que cela ne figure pas

 15   parmi les faits qui ont été portés à votre attention, mais si nous

 16   supposons juste un instant que le général Gotovina exerçait un contrôle

 17   militaire sur ce territoire, est-ce que cela modifierait votre réponse ?

 18   R.  Encore une fois, il faut que je sois tout à fait clair.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Hedaraly, je voudrais juste

 20   intervenir.

 21   Je crois que le témoin nous a expliqué que cela dépendait des

 22   conditions de commandement, de la disponibilité et ainsi de suite. Nous

 23   savons cela. Bien entendu, votre réponse dépend des circonstances.

 24   Maintenant si nous prenons juste l'un de ces facteurs et si nous demandons

 25   au témoin de supposer ce qu'il en serait si nous fixions l'un de ces

 26   facteurs, cela revient à ignorer l'influence des autres facteurs. Alors je

 27   ne fais aucunement de reproche à votre encontre, Monsieur Cross. Mais tenez

 28   compte, je vous prie, Monsieur Hedaraly, de ma remarque, et continuez votre

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  1   contre-interrogatoire en tenant compte de ce qu'a dit le témoin.

  2   M. HEDARALY : [interprétation]

  3   Q.  Alors 30 000 hommes, à l'époque où ce rapport a été rédigé, ont été

  4   démobilisés.

  5   M. HEDARALY : [interprétation] Si nous passons maintenant à la page

  6   suivante de ce document par rapport à celle qui était affichée sur l'écran.

  7   Q.   En haut, il est dit : "Des effectifs suffisants subsistent des les

  8   zones de responsabilité des districts militaires afin d'assurer le contrôle

  9   des frontières, de surveiller ces dernières et d'exercer un contrôle sur le

 10   territoire se trouvant à l'intérieur des frontières."

 11   Nous avons donc maintenant 97 000 hommes qui subsistent.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Hedaraly, pourriez-vous donner

 13   des précisions sur ces chiffres ?

 14   M. HEDARALY : [interprétation] Je me référais aux 127 000 hommes qui

 15   représentaient l'effectif total moins 30 000.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Selon la compréhension de la Chambre, il

 17   s'agissait là d'un effectif qui n'était pas nécessairement présent

 18   réellement sur le terrain.

 19   M. HEDARALY : [interprétation] Oui, c'est pourquoi j'ai dit qu'il faudrait

 20   supposer qu'il s'agissait là des bons chiffres.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, ou alors nous pourrions doubler ces

 22   chiffres et juste supposer qu'ils sont exacts ou non; qu'en dites-vous ?

 23   Nous avons là un témoin qui ne sait rien à ce sujet. Une chose, cependant,

 24   est certaine : Fournissez à notre témoin des faits ou des informations qui

 25   sont susceptibles de l'encourager à formuler la réponse que vous souhaitez

 26   entendre de sa part représente un exercice auquel nous pourrions continuer

 27   à nous livrer pendant des jours et des semaines pour finalement ne même pas

 28   obtenir 25 % des réponses que vous souhaitez obtenir.

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  1   Alors essayons, Monsieur Hedaraly, d'éviter cette approche. Si vous dites

  2   127 000, moins 30 000 qui ont été démobilisés, bien entendu, l'une des

  3   suppositions que vous faites, et au sujet desquelles il y aurait de bonnes

  4   raisons d'avoir des doutes, c'est celle qui consiste à dire que tous ces

  5   soldats ont continué à se trouver présents sur le secteur sud du territoire

  6   de la Croatie. C'est pourquoi je préfère vous arrêter immédiatement dans

  7   cette démarche qui est la vôtre, et j'essaie d'expliquer que cette façon de

  8   procéder n'est pas réellement constructive du point de vue de la Chambre.

  9   Alors peut-être que j'ai mal compris la ligne directrice de votre

 10   interrogatoire, peut-être devrais-je être simplement plus patient.

 11   Maître Misetic.

 12   M. MISETIC : [interprétation] Je me suis levé, car il y a un problème de

 13   traduction du document lui-même, un problème qui pourrait être pertinent du

 14   point de vue du témoin, notamment pour ce qui est de la phrase qui a été

 15   citée.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] S'il y a véritablement un problème de

 17   cette nature, je vous invite à demander le concours d'un locuteur natif

 18   pour qu'il soit donné lecture du texte dans l'original et pour que nous

 19   ayons l'interprétation de cela.

 20   M. MISETIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Je parle de la

 21   première phrase de la page qui s'affiche à l'écran. Je vais en donner

 22   lecture. Je cite :

 23   "Dans les zones de responsabilité des districts militaires, il subsiste un

 24   effectif suffisant --"

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Excusez-moi, mais je n'ai pas reçu

 26   l'interprétation. Peut-être que les interprètes attendaient avant

 27   d'entendre l'ensemble de la phrase. Si vous voulez bien recommencer, Maître

 28   Misetic, plus lentement. Ne nous énervons pas. Attendons plutôt quelques

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  1   secondes pour voir ce qu'il en est.

  2   Allez-y.

  3   M. MISETIC : [interprétation] Je cite :

  4   "Dans les zones et les cercles de responsabilité des districts

  5   militaires, il subsiste un effectif suffisant pour exercer le contrôle sur

  6   les frontières et le contrôle du territoire en profondeur."

  7   Merci, Monsieur le Président.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Continuez, Monsieur Hedaraly.

  9   M. HEDARALY : [aucune interprétation]

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] L'interprétation que nous recevons à

 11   présent parle du territoire en profondeur qui, si je comprends bien,

 12   correspond à une notion militaire tout à fait spécifique.

 13   M. HEDARALY : [interprétation] Monsieur le Président, très brièvement. Je

 14   comprends les instructions de la Chambre, mais l'ensemble de ce rapport a

 15   été rédigé en se fondant sur des faits présumés qui ont été fournis à

 16   l'expert par les conseils de la Défense Gotovina en vue d'obtenir certaines

 17   conclusions. Bien entendu, je ne vais pas passer en revue l'ensemble de la

 18   thèse de l'Accusation et fournir tous ces éléments au témoin, mais je pense

 19   qu'il est approprié pour nous de présenter un certain nombre de faits, et

 20   si je peux en finir avec mon contre-interrogatoire, Monsieur le Président,

 21   Messieurs les Juges, vous verrez. Je pense que je n'essayais que de

 22   présenter des suppositions tout à fait raisonnables à l'attention du

 23   témoin. C'est ce que je souhaitais faire.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous ne serez sans doute pas surpris que

 25   si le témoin donne son opinion en tant qu'expert en se fondant sur un

 26   certain nombre de faits, la modification de ces faits peut entraîner une

 27   modification des conclusions en question. En dehors de ce que vous pouvez

 28   peut-être chercher à démontrer en relation avec un ou deux incidents, je

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  1   pense que ça ne fait aucun doute. Bien sûr, je ne vais pas vous arrêter si

  2   vous essayez d'avancer un ou deux exemples, mais essayez d'éviter de passer

  3   l'ensemble en revue. De plus, si vous proposez d'autres versions des faits

  4   ou des faits différents au témoin, essayez peut-être également de ne pas

  5   vous éloigner trop des faits qui sont à la disposition de la Chambre.

  6   M. HEDARALY : [interprétation]

  7   Q.  Pourriez-vous, je vous prie, préciser ce que vous voulez dire par

  8   "contrôler le territoire en profondeur " ?

  9   R.  De nouveau, de mon point de vue et d'après mon expérience en tant

 10   qu'homme de l'armée, les mots comme "contrôle" ont une signification.

 11   Lorsqu'on emploie les mots tels "détruire," "vaincre," "contrôler," il y a

 12   certaines nuances que l'on comprend. On comprend ce que ces termes veulent

 13   dire en réalité après avoir passé surtout un si grand nombre d'années dans

 14   l'armée comme moi, mais je n'arrive pas vraiment à les expliquer. Pour ce

 15   qui est du contrôle en profondeur, cela dépendait bien sûr des

 16   circonstances sur le terrain, ça veut dire que s'il n'y a pas énormément de

 17   problèmes sur le terrain, les effectifs peuvent contrôler le mouvement des

 18   personnes, on peut garder le tout couvert et tout peut se dérouler dans un

 19   façon cohérente, mais lorsqu'il y a un terrain où il y a plusieurs

 20   incidents, un très grand déplacement de personnes, un grand nombre de

 21   crimes se passent, beaucoup de banditisme aussi se déroule sur le terrain,

 22   là ça devient beaucoup plus difficile.

 23   Mais encore une fois, je comprends ce que vous me dites et il est très

 24   difficile de savoir effectivement qui sont ces 30 000 personnes, 30 000 à

 25   40 000 soldats, qui sont ces soldats qui sont sur le terrain, est-ce que

 26   c'est des volontaires, est-ce que c'est des personnes qui sont dans l'armée

 27   depuis longtemps, est-ce que j'arrive à leur donner des ordres, que se

 28   passe-t-il autour de moi, dans le contexte toujours de ce territoire et

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  1   tout ceci bien sûr c'est quelque chose que l'on peut peut-être établir avec

  2   précision, et puis c'est le commandant qui est tenu responsable de tout ce

  3   qui ce passe.

  4   Donc j'essaie de vous venir en aide, j'essaie de vous expliquer, mais

  5   je ne sais pas si j'arrive à bien expliquer, à moins que vous ne vouliez

  6   quelque chose de plus précis. Je vais essayer si vous me posez une autre

  7   question.

  8   Q.  Non, très bien, cela va. La seule chose que je voulais établir c'est ce

  9   que vous avez dit et vous avez fait, vous aviez parlé de 30 000 soldats.

 10   S'il n'y avait pas de soldats disponibles sur le territoire sujet à

 11   l'avertissement que vous aviez déjà soulevé auparavant, c'était important,

 12   c'était quelque chose que vous auriez voulu utilisé ce nombre d'hommes pour

 13   assurer le territoire ?

 14   R.  Oui, bien sûr.

 15   Q.  Mais toujours avec ce petit bémol, n'est-ce pas ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Très bien, merci. Vous nous avez également parlé du nombre d'effectifs

 18   de la police civile, et en fait, si les soldats d'après vous aient pu

 19   maintenir l'ordre, que pouvait faire d'après vous les officiers de la

 20   police civile dans une situation ?

 21   R.  Je peux simplement vous parler des procédures de l'armée britannique.

 22   Les soldats sont sujets à la loi civile et à la loi militaire. Au sein de

 23   l'armée britannique, nous avons des policiers militaires et des avocats

 24   militaires, ils font partie du commandement de la structure. Donc si des

 25   soldats placés sous mon commandement ou placés sous le commandement de

 26   l'armée britannique aient pris part à des exactions, à des crimes, le

 27   commandant de l'armée a à sa disposition les policiers militaires et un

 28   système judiciaire apte à mener une enquête judiciaire.

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  1   Dépendamment des circonstances, au Royaume-Uni, par exemple, très

  2   rapidement une affaire telle que celle-là, par exemple, peut être remise

  3   entre les mains des autorités civiles. Mais dans des pays comme

  4   l'Allemagne, nous étions cantonnés sous un accord qui a fait en sorte que

  5   nous soyons là-bas, nous étions sujet au système allemand et au système

  6   britannique juridique. Dans certains cas, certaines personnes étaient

  7   jugées par un tribunal militaire et d'autres personnes étaient jugées par

  8   les autorités civiles. Certaines personnes accusées d'avoir commis un crime

  9   étaient incarcérées dans des prisons britanniques, mais en Allemagne

 10   d'autres personnes pouvaient également être extradées au Royaume-Uni en

 11   attendant leur procès.

 12   Pour ce qui est des opérations, l'exemple s'applique également,

 13   c'est-à-dire que lorsqu'il s'agit de crimes commis par des civils, de

 14   crimes graves commis par des civils, à ce moment-là, ces personnes sont

 15   remises entre les mains des autorités civiles. Et je devrais insister pour

 16   dire, si je puis, que le commandant militaire n'a pas l'autorité sur le

 17   système de la police civile et n'a pas non plus l'autorité de s'immiscer

 18   dans le système militaire ou le système juridique pour mener à bien son

 19   enquête. Le commandant ne peut pas venir pour dire, Je ne veux pas que

 20   cette personne soit accusée de quoi que ce soit, le commandant doit se

 21   dissocier de son officier en attendant que la justice soit faite.

 22   Q.  Et tout ceci est fondé sur votre compréhension du système juridique du

 23   Royaume-Uni ?

 24   R.  Oui, tout à fait.

 25   Et si je puis vous aider, je vais vous donner un exemple.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Hedaraly, permettez-moi

 27   d'intervenir pour quelques instants. Je crois que nous avons entendu un

 28   témoignage qui dure depuis des heures, à savoir quelle était la compétence

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  1   de la police civile et dans quelle circonstance, même si nous avions, par

  2   exemple, un soldat en tant que suspect, est-ce qu'on pouvait intervenir oui

  3   ou non. Et dans la dernière réponse nous avons entendu une explication du

  4   système britannique, je sais que le système britannique diffère du système

  5   continental européen, qu'il s'agisse du système de la police ou du système

  6   juridique. Nous avons maintenant parlé des accords du "Status of forces" en

  7   Allemagne, donc on a parlé des forces de l'OTAN, d'autres accords

  8   supplémentaires, mais passons maintenant à autre chose.

  9   M. HEDARALY : [interprétation] Excusez-moi, je n'ai pas voulu interrompre

 10   le témoin, Monsieur le Président, mais c'est la raison pour laquelle j'ai

 11   voulu simplement préciser certains points.

 12   Q.  Vous ne savez pas en réalité quel était le système croate, de

 13   quelle façon fonctionnait le système militaire ou civil croate ?

 14   R.  Non, pas du tout.

 15   Q.  Merci.

 16   M. HEDARALY : [interprétation] Un instant je vous prie.

 17   [Le conseil de l'Accusation se concerte]  

 18   M. HEDARALY : [interprétation] Monsieur le Président, ceci met fin à mon

 19   contre-interrogatoire.

 20   Mon général, je vous remercie beaucoup de l'aide que vous nous avez

 21   apporté, je vous remercie énormément d'avoir répondu à nos questions.

 22   Et je vous demanderais, Monsieur le Président, de verser au dossier le

 23   document 56 ter 1231, et par la suite je mettrai fin à mon contre-

 24   interrogatoire.

 25   M. KEHOE : [interprétation] Aucune objection.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.

 27   M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, cette pièce

 28   portera la cote P2602.

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  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Cette pièce est versée au

  2   dossier.

  3   Est-ce que le contre-interrogatoire est terminé ? Y a-t-il des

  4   questions supplémentaires ?

  5   M. KEHOE : [interprétation] Non, Monsieur le Président.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Kuzmanovic, je vous écoute.

  7   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Non en fait, je n'ai pas de questions,

  8   Monsieur le Président, je vous remercie.

  9   [La Chambre de première instance se concerte]

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'ai en fait quelques questions à vous

 11   poser. Permettez-moi d'abord de trouver le passage pertinent du compte

 12   rendu d'audience.

 13   Questions de la Cour : 

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] M. Kuzmanovic a ajouté quelque chose

 15   tout à l'heure. Il a ajouté deux faits à la liste de faits et s'est posé la

 16   question à savoir si cela allait compliquer les choses. Le premier fait est

 17   le suivant : après que l'opération Tempête ait pris fin, il y avait

 18   toujours une guerre qui se poursuivait dans la province ou qui se

 19   poursuivait en Bosnie-Herzégovine qui était voisine.

 20   Maintenant, je regarde les faits, et je fais référence à la page 20

 21   au point T et au point U, selon lesquels la VRS avait organisé des

 22   opérations militaires contre les forces du général Gotovina en Bosnie et

 23   qu'aux alentours du 12 août 1995, le général Mladic a lancé une contre-

 24   offensive contre les effectifs de la HV près de la frontière croate

 25   bosnienne. Ce premier fait, je me demande, étant donné que lorsque vous

 26   avez rédigé vos conclusions, vous les avez rédigées de la façon dont vous

 27   l'avez fait, est-ce que vous avez pensé à ceci, à ces faits ?

 28   R.  Oui. J'avais réfléchi à ceci et lorsque je me suis penché sur ce que je

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  1   devais faire et sur les ressources qui étaient disponibles et reconnaissant

  2   effectivement que des événements de ce type survenaient. Je crois que de

  3   nouveau il est important de reconnaître que je n'ai pas connaissance de la

  4   façon dont l'événement s'est déroulé. Si vous voulez, pour moi, c'est une

  5   contre-offensive régulière. Ce n'est pas une insurrection, ce n'est pas du

  6   banditisme, c'est une contre-offensive militaire. Et les faits qui ont

  7   suivi qui sont présentés ici pour dire que le général Gotovina a défendu

  8   les frontières et continue son opération et ainsi de suite.

  9   C'est un fait dont j'avais connaissance, mais dans le contexte,

 10   s'agissant de ce qui se passait dans le cadre des opérations après la

 11   guerre et de la reconstruction et dans le cadre de cet effort selon lequel

 12   on a essayé de rétablir l'ordre dans cette région, pour moi, ceci fait

 13   partie de cette deuxième phase et pas autre chose.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je comprends ce que vous me dites. Mais

 15   ce n'est pas ce que Me Kuzmanovic vous a proposé, l'affirmation qu'il a

 16   faite c'est un nouveau fait. Ce n'est peut-être pas un nouveau fait, mais

 17   pendant que la guerre se déroulait en Bosnie-Herzégovine, qui était

 18   voisine.

 19   Si j'ai bien compris, Maître Kuzmanovic, ceci nous démontre à quel

 20   point ce genre de présomptions peuvent être fragiles, si vous voulez, à

 21   savoir qu'une guerre dans laquelle les mêmes effectifs qui avaient préparé

 22   l'opération Tempête, ou tout du moins que certaines parties de ces

 23   effectifs étaient encore impliqués de l'autre côté de la frontière et

 24   poursuivaient la guerre, c'est quelque chose qui selon moi faisait déjà

 25   partie des points T et U.

 26   Maintenant, le deuxième point qui était un nouveau point, est le fait qu'il

 27   y avait des poches de soldats de la RSK et pour lesquelles vous avez dit

 28   plus tard qu'il s'agissait plutôt de banditisme. Donc vous avez répondu

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  1   très rapidement pour expliquer que les choses se sont compliquées très

  2   rapidement. Enfin l'un des faits que vous aviez envisagé c'est quelque

  3   chose qui faisait déjà partie des faits et c'est cela. Mais le deuxième

  4   point était tellement vague, il était tellement difficile de comprendre que

  5   ce que le deuxième point voulait en réalité dire, qu'il aurait été

  6   difficile de tirer une conclusion et que ce point ne viendrait que

  7   compliquer les choses.

  8   Est-ce que vous seriez d'accord avec moi ?

  9   R.  Je vous comprends très bien, Monsieur le Président. Mais je crois, pour

 10   répondre à la façon dont la question a été formulée, s'il s'agit ici

 11   d'opérations d'envergure, si un très grand nombre de personnes ont trouvé

 12   la mort et que les personnes ont passé la frontière pour mener une guerre

 13   là-bas, effectivement, les choses deviennent plus complexes, oui. J'y avais

 14   réfléchi. Mais cela complique les choses dans le sens où s'il s'agissait de

 15   quelque chose de réellement important, il aurait été beaucoup plus

 16   difficile d'établir la paix dans cette région.

 17   Alors pour ce qui est de la façon dont je comprends les choses,

 18   c'était des incidents plus petits, mais sinon, effectivement, ça aurait été

 19   beaucoup plus complexe.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Merci. Ma question suivante

 21   est la suivante : dans votre rapport dans la section conclusion, vous

 22   parlez de votre expérience au Kosovo, en Iraq, en Irlande du Nord, et les

 23   faits qui vous ont été donnés pour ce qui est de la Croatie, les faits qui

 24   vous ont été proposés ne sont pas des faits qui sont vérifiés. Vous ne

 25   pouviez pas les vérifier; est-ce que vous seriez d'accord pour dire que ces

 26   conclusions dépendent de la comparaison de la situation au Kosovo et en

 27   Irlande du Nord et ainsi de suite, est-ce que vous ne croyez pas que ces

 28   situations nous permettent de tirer des conclusions sur la base de votre

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  1   vécu dans d'autres régions ?

  2   R.  Oui, effectivement, Monsieur le Président.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Si on faisait une comparaison avec

  4   l'Iraq, car si j'ai bien compris, après que l'Iraq ait été pris par

  5   l'armée, il n'y avait toujours pas de gouvernement en fonction, il n'y

  6   avait plus de gouvernement et il fallait que le gouvernement soit

  7   complètement rétabli, l'ancien gouvernement s'était effondré, il n'existait

  8   vraiment plus. Alors qu'en Croatie on pourrait croire que la Croatie avait

  9   quand même encore un gouvernement qui avait retenu certains territoires et

 10   ce gouvernement pouvait fonctionner sur ces territoires-là et on pouvait

 11   procéder à une reconstruction des institutions gouvernementales existantes

 12   dans la région.

 13   Une telle différence, est-ce que c'est quelque chose qui est

 14   pertinent, je ne dis pas si ceci pourrait changer vos conclusions, mais ne

 15   croyez-vous pas que ceci aurait un impact important lorsque l'on réfléchit

 16   sur le type d'opération dont vous parlez ?

 17   R.  Oui, tout à fait, Monsieur le Président. J'aimerais maintenant élaborer

 18   un peu là-dessus avec votre permission. S'agissant de l'Iraq, c'est une

 19   occupation militaire, et d'après la loi internationale, il y avait

 20   certaines choses qui en découlent. Donc la responsabilité des commandants

 21   en Iraq est différente des responsabilités qui se trouvent sur le

 22   territoire souverain où il y a déjà un gouvernement en fonction.

 23   Donc l'Iraq c'est une chose, mais l'Irlande du Nord faisait partie du

 24   territoire souverain du Royaume-Uni, et à un moment donné, vers la fin des

 25   années '70, c'était devenu une zone où il ne fallait pas aller. Il y avait

 26   une opération militaire qui s'appelait "Motor Man" et nous avons dégagé ces

 27   régions pour établir un état de droit souverain dans cette région.

 28   Alors si j'ai bien compris l'opération en Croatie telle que vous

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  1   l'avez expliquée, il s'agit de territoire souverain de Croatie, et le

  2   commandant militaire ayant mené une opération militaire, c'est donc la

  3   responsabilité au gouvernement souverain, aux autorités civiles et aux

  4   ministères d'établir le tout, la situation après le conflit.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je ne voulais pas réellement faire un

  6   parallèle entre la situation en Iraq et en Croatie, mais je voulais

  7   simplement attirer votre attention sur l'une des circonstances qui aurait

  8   pu avoir une incidence sur les conclusions, à savoir à quels types de

  9   problèmes vous deviez faire face s'agissant d'énormes problèmes sans doute

 10   ?

 11   R.  Oui, effectivement. J'ai essayé de dire dans le rapport qu'on ne peut

 12   pas simplement prendre les circonstances d'une opération et de les imposer

 13   à une autre situation. Ceci n'est pas possible.

 14   J'ai toujours expliqué dans mon rapport, j'étais toujours le premier

 15   à comprendre que certaines choses ne sont pas nécessairement applicables

 16   car le commandant sur le terrain est celui qui est confronté à de nouvelles

 17   situations, à savoir quelles sont les ressources qu'avait le commandant,

 18   quelle était l'envergure de l'opération, que se passait-il dans cette

 19   opération ? Ce sont ces éléments que l'on peut appliquer à tout type

 20   d'opération au cours des 20 ou 30 dernières années où nous étions

 21   impliqués.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais le message général semble être

 23   dire, ne sous-estimez pas ce qu'il faut faire dans n'importe lequel type

 24   d'opération.

 25   R.  Oui, tout à fait. Si vous prenez les prémisses que tout ira bien,

 26   d'abord nous n'aurions pas de problème. Un bon commandant militaire ou une

 27   bonne organisation qui planifie ce processus doit toujours avoir une

 28   certaine réserve, alors quel est le plan B ? Que se passe-t-il si ça ne

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  1   marche pas ? Il faut toujours avoir un plan B et un plan C. Il faut

  2   toujours avoir des plans d'urgence, car il peut y avoir des problèmes très

  3   rapidement.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Comme les médecins doivent le faire,

  5   comme les entreprises doivent le faire également, il faut toujours avoir un

  6   plan B. Très bien. Merci beaucoup d'avoir donné ces réponses.

  7   Est-ce que les questions posées par la Chambre ont suscité des souhaits des

  8   questions supplémentaires ?

  9   M. KEHOE : [interprétation] Non.

 10   M. HEDARALY : [interprétation] Non.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Monsieur Cross, ceci étant dit, je

 12   vous ai appelé Monsieur, mais ce n'est pas par non-respect de votre grade

 13   du tout. Je vous remercie énormément d'avoir répondu à nos questions et de

 14   vous être déplacé jusqu'à La Haye. Je vous souhaite un beau retour à la

 15   maison et bon voyage.

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci beaucoup.

 17   [Le témoin se retire]

 18   [La Chambre de première instance et le Juriste se concertent]

 19   [La Chambre de première instance se concerte]

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous n'avons pas d'autres témoins pour

 21   cette semaine, n'est-ce pas ?

 22   M. KEHOE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, c'est exact.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors il y a quelques questions de

 24   procédure que la Chambre voudrait aborder avant les vacances judiciaires,

 25   mais en même temps, la Chambre aurait besoin de quelques temps pour

 26   discuter de ces questions et pour se préparer. Il nous faudra également

 27   soulever quelques questions d'intendance et quelques questions de

 28   calendrier pour ce qui est de la période après les vacances judiciaires.

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  1   Donc voici ce que je propose aux parties. Je propose que la séance soit

  2   levée aujourd'hui, qu'une audience soit convoquée demain, très, très

  3   courte, une audience qui ne débutera pas nécessairement à 9 heures du

  4   matin, et ceci permettra à la Chambre de délibérer sur certains points et

  5   de dégager nos bureaux avant les vacances judiciaires, en quelque sorte.

  6   Mais j'aimerais d'abord demander aux parties de me dire s'il y a des

  7   objections. Est-ce que vous y verriez des objections ?

  8   M. KEHOE : [interprétation] Non, Monsieur le Président, absolument aucune

  9   objection. J'aimerais toutefois mentionner quelque chose. Je n'ai pas

 10   encore parlé avec mon client et je vois qu'il fait un signe de la tête. A

 11   savoir que si nous avions des questions de procédure à aborder, il pourrait

 12   ne pas être présent, n'est-ce pas ?

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Tout à fait. Une demande à ne pas siéger

 14   pendant une semaine, c'est pas vraiment une question de procédure où il est

 15   nécessaire que votre client soit présent, mais lorsque nous parlons de

 16   questions de procédure, lorsque nous n'avons pas de témoins et lorsque nous

 17   ne parlons pas de l'admissibilité des éléments de preuve, à ce moment-là,

 18   il est certain que les accusés ont le droit d'être présents. Mais s'ils

 19   renoncent à leur droit d'être présent, dans ces circonstances, la Chambre

 20   l'accepterait.

 21   M. KEHOE : [interprétation] Je crois que je parle au nom de tous mes

 22   collègues, car je crois que tous les accusés n'y verraient pas

 23   d'inconvénient --

 24   [La Chambre de première instance se concerte]

 25   M. KAY : [interprétation] Monsieur le Président, je suis vraiment désolé de

 26   prendre le micro. Pour ce qui me concerne, il nous faut d'abord consulter

 27   M. Cermak. De toute façon, il nous fallait voir M. Cermak. J'essayais

 28   d'organiser une rencontre au sein du quartier pénitentiaire, mais en fait,

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  1   puisque vous avez proposé que l'on soit présents demain, à ce moment-là, il

  2   pourrait être présent également et je pourrais m'entretenir avec lui ici et

  3   lui montrer certains documents avant les vacances judiciaires. Donc cela me

  4   convient tout à fait. Je n'ai pas de personnes travaillant le croate. Je ne

  5   suis pas tout à fait certain s'il me comprendra si je lui parle en anglais.

  6   Je sais que ce que je vous dis maintenant sera interprété, donc je dois lui

  7   remettre des documents demain et il serait peut-être mieux s'il venait ici.

  8   De cette façon-là, ça réglerait le problème plutôt que d'essayer

  9   d'organiser une rencontre au sein du quartier pénitentiaire.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Je ne connais pas très bien quelles

 11   sont toutes ces difficultés pratiques qu'un rendez-vous cause. Monsieur

 12   Cermak, vous avez une bonne raison. Si M. Cermak veut voir les documents,

 13   il pourrait venir. S'il ne souhaite pas voir les documents, à ce moment-là,

 14   il peut ne pas se présenter.

 15   M. KAY : [interprétation] Je remercie énormément les interprètes.

 16   [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] L'audience est levée et nous reprendrons

 18   nos travaux demain, 24 juillet, fort probablement pour une seule séance.

 19   Nous reprendrons nos travaux à 11 heures. Donc nous nous reverrons dans la

 20   salle d'audience numéro III à 11 heures demain matin.

 21   Merci.

 22   --- L'audience est levée à 17 heures 54 et reprendra le vendredi 24 juillet

 23   2009, à 11 heures 00.

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