Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le vendredi 18 décembre 2009

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 9 heures 06.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour à toutes les personnes présentes

  6   dans le prétoire.

  7   Monsieur le Greffier, s'il vous plaît, veuillez citer le numéro de

  8   l'affaire.

  9   M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour, Madame, Messieurs les Juges.

 10   Bonjour à toutes les personnes présentes dans le prétoire.

 11   Ceci est l'affaire IT-06-90-T, le Procureur contre Ante Gotovina et

 12   consorts.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Monsieur le Greffier.

 14   Maître Mikulicic, la Chambre a été informée que vous souhaitiez que nous

 15   passions à huis clos partiel pour que vous puissiez vous adresser aux

 16   Juges.

 17   M. MIKULICIC : [interprétation] C'est exact, Monsieur le Président. Cela ne

 18   prendra que quelques minutes, si vous m'en donnez l'autorisation.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Soit. Nous passons à huis clos partiel.

 20   M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel, Monsieur

 21   le Président.

 22   [Audience à huis clos partiel]

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 24   [Audience publique]

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Monsieur le Greffier.

 26   Maître Mikulicic, la Défense Markac est-elle prête à citer son témoin

 27   suivant ?

 28   M. MIKULICIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

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  1   Notre témoin suivant est le Dr Ivan Herman.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Peut-on faire entrer le témoin dans le

  3   prétoire, s'il vous plaît.

  4   Par ailleurs, la Chambre note que l'Accusation a demandé de bénéficier de

  5   24 heures supplémentaires avant de présenter ses arguments concernant une

  6   question mise en avant par la Chambre concernant l'interrogatoire des

  7   témoins. La Chambre a fait droit à cette requête et s'attend, évidemment, à

  8   ce que l'Accusation dépose une écriture dans le courant de la journée.

  9   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 10   M. CARRIER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour, Monsieur Herman.

 12   Avant que vous ne comparaissiez devant cette Chambre, le Règlement de

 13   procédure et de preuve requiert que vous prononciez le texte d'une

 14   déclaration solennelle qui vous est présenté en ce moment même. Je vous

 15   invite donc à le lire.

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

 17   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 18   LE TÉMOIN : IVAN HERMAN [Assermenté]

 19   [Le témoin répond par l'interprète]

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci. Veuillez vous asseoir, Monsieur

 21   le Témoin.

 22   Vous allez d'abord être interrogé par Me Mikulicic, qui représente M.

 23   Markac.

 24   Veuillez commencer, Maître.

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

 26   Interrogatoire principal par M. Mikulicic : 

 27   Q.  [interprétation] Bonjour, Docteur Herman.

 28   R.  Bonjour, Maître.

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  1   Q.  Je vais vous demander de garder présent à l'esprit le fait que notre

  2   échange, mes questions et vos réponses font l'objet d'une interprétation

  3   dans les différentes langues de travail du Tribunal, et n'oubliez pas que

  4   nos interprètes ont besoin d'un peu de temps pour faire leur travail. Donc

  5   n'oubliez pas de ménager une pause après chaque question que je vous

  6   adresserai afin que les interprètes puissent faire correctement leur

  7   travail.

  8   Alors, aux fins du compte rendu d'audience, veuillez décliner votre

  9   identité.

 10   R.  Je suis Ivan Herman, docteur en médecine.

 11   M. MIKULICIC : [interprétation] Je voudrais demander au Greffe de bien

 12   vouloir afficher le document 3D00877.

 13   Q.  Monsieur le Témoin, vous avez deux fenêtres qui s'affichent à l'écran

 14   devant vous. Dans l'écran de droite vous avez deux fenêtres; celui de

 15   l'écran de gauche vous montre le compte rendu de l'audience en temps réel.

 16   Vous rappelez-vous, Docteur Herman, avoir fait cette déclaration à la

 17   Défense du général Markac en mai de cette année ?

 18   R.  Oui.

 19   M. MIKULICIC : [interprétation] Je voudrais que l'on affiche maintenant la

 20   dernière page de cette déclaration.

 21   Q.  Vous allez maintenant voir la dernière page de cette déclaration qui

 22   porte une signature, que je vous prie de bien vouloir identifier.

 23   R.  Oui, je le vois.

 24   Q.  Est-ce que c'est votre signature ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Monsieur Herman, au moment où vous avez fait cette déclaration, ce que

 27   vous avez répondu et ce qui est consigné, est-il vrai conformément au

 28   souvenir que vous en avez ?

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  1   R.  Oui.

  2   Q.  Avez-vous eu l'occasion de relire cette déclaration juste avant de

  3   venir déposer dans ce prétoire ?

  4   R.  Oui, j'en ai eu l'occasion, et je l'ai fait.

  5   Q.  Et si aujourd'hui j'étais amené à vous poser les mêmes questions que

  6   celles qui vous ont été posées le 18 mai 2009, fourniriez-vous les mêmes

  7   réponses ?

  8   R.  Oui, je donnerais exactement les mêmes réponses.

  9   Q.  Merci.

 10   M. MIKULICIC : [interprétation] Monsieur le Président, je souhaiterais que

 11   la présente déclaration puisse être versée au dossier.

 12   M. CARRIER : [interprétation] Pas d'objection.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.

 14   M. LE GREFFIER : [interprétation] Madame et Messieurs les Juges, le

 15   document reçoit la cote D1910.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La pièce D1910 est versée au dossier.

 17   Veuillez poursuivre, Maître.

 18   M. MIKULICIC : [interprétation]

 19   Q.  Docteur Herman, je voudrais que vous m'indiquiez en quelques phrases

 20   seulement votre profession ainsi que le rôle que vous avez pris en charge

 21   en Croatie dans les premiers jours de la guerre pour la patrie ?

 22   R.  Je suis docteur en médecine. Je travaille à l'hôpital public de

 23   Varazdin. J'ai été pendant de nombreuses années directeur de cette

 24   institution, actuellement j'en suis l'adjoint.

 25   Au début de la guerre, mon rôle était d'organiser les services médicaux en

 26   soutien à la police spéciale. J'étais volontaire au sein de l'unité de la

 27   police spéciale de Varazdin.

 28   Q.  Pouvez-vous nous décrire en quoi consiste cette mission ? A savoir,

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  1   l'organisation d'un soutien en terme de services médicaux à l'unité de la

  2   police spéciale de Varazdin ?

  3   R.  L'organisation de ce type de soutien et de services médicaux s'est

  4   appuyée sur l'organisation des services médicaux au sein des armées

  5   étrangères, cela consistait en des unités de chirurgie mobile, qui

  6   comprenaient un chirurgien spécialisé, un anesthésiste, un aide de cet

  7   anesthésiste, donc un technicien en anesthésie, un assistant du chirurgien

  8   également, et le chauffeur de l'ambulance.

  9   Q.  L'organisation d'une telle équipe médicale était destinée à l'unité de

 10   la police spéciale de Varazdin dont vous étiez membre, mais savez-vous

 11   quelle était l'organisation en vigueur pour ce qui concerne les services

 12   médicaux dans les autres directions de la police ?

 13   R.  Sur demande de M. Markac, nous avons procédé à une organisation

 14   identique dans toutes les unités de la police spéciale, à savoir que les

 15   équipes médicales intervenaient sur tout le territoire touché par la guerre

 16   en fonction des besoins qui se présentaient. La personne chargée de

 17   centraliser les communications, la personne de contact était le Dr

 18   Mihaljevic, qui se trouvait à Zagreb.

 19   Q.  Quel était son rôle à lui ?

 20   R.  Il avait un rôle de coordinateur. Il devait savoir où de telles équipes

 21   médicales mobiles étaient nécessaires, et devait également savoir à partir

 22   de quels centres ces équipes pouvaient être envoyées. N'oubliez pas que

 23   nous devions organiser ces services médicaux en temps de guerre dans toutes

 24   les localités croates, et nous devions également garder à l'esprit les

 25   conséquences éventuelles de la mobilisation de telles équipes sur le

 26   système de santé. Il ne fallait pas que cela ait de conséquences négatives

 27   sur les soins dont pouvaient et devaient continuer à bénéficier les civils.

 28   Q.  Docteur Herman, vos équipes médicales ont donc fourni des services

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  1   médicaux aux unités de la police spéciale. Vous avez décrit les différents

  2   membres d'une telle équipe type. Mais est-ce que parmi ces différents

  3   membres, vous aviez également des membres de la police spéciale sur

  4   lesquels vous vous êtes appuyé pour pouvoir fournir ce type de services ?

  5   R.  J'ai déjà dit que j'étais très souvent en contact avec M. Mihaljevic

  6   ainsi qu'avec tous les commandants et, bien évidemment, avec le général

  7   Mladen Markac, au commandement, ainsi qu'avec son adjoint M. Sacic. Ils

  8   nous ont demandé de faire notre travail le plus correctement et le plus

  9   professionnellement possible et d'être joignables à tout moment afin de

 10   porter secours à toute personne blessée ou non qui pourrait avoir besoin de

 11   nos services.

 12   Q.  Docteur Herman, pouvez-vous nous décrire brièvement quel a été votre

 13   rôle dans la préparation de l'opération Tempête et au cours de cette

 14   dernière ?

 15   R.  Mon rôle était double. J'ai d'abord été volontaire au sein de mon unité

 16   spéciale en qualité de médecin. Et ma mission était de me trouver sur la

 17   première ligne de front, là où les équipes de chirurgiens n'étaient pas

 18   disponibles, parce que ces équipes devaient être déployées en arrière de la

 19   première ligne de front, en lieu sûr, tout en restant disponibles au degré

 20   le plus élevé, mais en lieu sûr afin de pouvoir intervenir là où cela était

 21   nécessaire. Donc moi, j'étais à l'interface entre la première ligne de

 22   front où les soldats étaient blessés et d'autre part, l'équipe de chirurgie

 23   mobile. Puisque nous n'avions pas d'infirmières, j'étais obligé de prendre

 24   en charge également ce rôle-là.

 25   Q.  Monsieur Herman, je fais référence maintenant au point 6 de votre

 26   déclaration, D1910. Vous dites que vous avez été engagé dans le cadre de

 27   l'opération Tempête entre le 23 juillet et le 11 août 1995. Pourriez-vous

 28   nous dire quelque chose au sujet des préparatifs et du début de l'opération

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  1   du point de vue de votre service, de votre point de vue ?

  2   R.  Les préparations pour l'opération Tempête, du point de vue du service

  3   médical, étaient détaillées et professionnelles. Je parle uniquement des

  4   préparatifs médicaux, car je ne suis pas expert en d'autres domaines. Nous

  5   avons dû faire face à une opération sur un terrain extrêmement difficile,

  6   donc nous savions quels étaient les emplacements des équipes chirurgicales

  7   mobiles. Et en raison du terrain extrêmement difficile et dangereux qui

  8   était, qui plus est, miné, nous avons dû déterminer ces localités, les

  9   points dans lesquels les équipes allaient être en avance.

 10   Q.  La Chambre a déjà entendu parler du début de l'opération Tempête le 4

 11   août. Et voici ma question : le premier jour de l'opération Tempête, où

 12   vous trouviez-vous ?

 13   R.  Je souhaite souligner que c'était la première fois que je suis arrivé

 14   dans la région, je ne connaissais pas cette région-là avant. Il s'agissait

 15   de la montagne Velebit, une partie appelée Golic ou Opaljenik.

 16   Q.  Il s'agit d'une position près de Mali Alan ?

 17   R.  Oui, c'est près de Mali Alan, qui avait été contrôlée par l'ennemi, et

 18   notre tâche était d'atteindre Mali Alan.

 19   Q.  Pour autant que vous vous en souveniez, Docteur Herman, ce premier jour

 20   de l'opération Tempête a eu quels résultats pour ce qui est de l'état de

 21   santé et des blessures éventuelles des membres des forces armées ?

 22   R.  Nous avons fait des évaluations et nous nous attendions à une

 23   résistance véhémente des forces ennemies, et nous étions prêts à avoir

 24   beaucoup de pertes. Comme j'ai eu l'occasion de voir à quoi ressemblait le

 25   terrain, j'ai conclu que les blessures pouvaient être provoquées non pas

 26   seulement par les actions de l'ennemi, mais en raison de ce terrain

 27   extrêmement difficile. Mon unité était active dans une région montagneuse

 28   et forestière qui était extrêmement difficile.

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  1   Q.  Tout à l'heure, Monsieur Herman, vous avez dit que cette partie devant

  2   la première ligne de front avait été minée par l'armée ennemie. Est-ce que

  3   ceci posait des gros problèmes pour votre service ? 

  4   R.  Bien sûr, sachant qu'on se déplaçait sur un terrain miné, c'était déjà

  5   difficile, et nos pyrotechniciens se trouvaient face à un grand problème,

  6   car ils devaient déminer le terrain et s'assurer que notre unité puisse

  7   traverser le terrain miné et arriver sur le territoire de l'ennemi.

  8   Q.  Pendant ces événements, vous avez été blessé. Est-ce que vous pouvez

  9   nous donner les détails brièvement ?

 10   R.  Mon commandant m'avait demandé d'agir entre deux unités, celle de Split

 11   et celle de Varazdin. Celle de Split était sur notre droite, vers le relais

 12   de Celavac, et en raison du fait qu'ils n'avaient pas une équipe

 13   chirurgicale, j'ai dû me joindre à eux, même si j'étais en bonne forme,

 14   compte tenu de mon âge, je n'étais pas censé participer aux opérations les

 15   plus difficiles. Cependant, le lendemain, le premier obus est tombé sur

 16   l'unité de Split, et j'ai été blessé dans l'explosion. Je suis tombé et je

 17   me souviens que les membres de cette unité me sont venus en aide en me

 18   fournissant les premiers soins très vite. Et je me souviens que j'ai repris

 19   connaissance très rapidement, même si j'étais en état de choc.

 20   Q.  Docteur Herman, s'agissant de cette première journée de l'opération,

 21   est-ce que vous pouvez nous décrire la dynamique de l'avancée de la police

 22   spéciale et de vos équipes médicales ?

 23   R.  La dynamique était fascinante dans sa rapidité. Je ne m'attendais pas à

 24   cette rapidité-là, il était nécessaire de pouvoir les suivre. Le terrain

 25   était extrêmement difficile, alors que la rapidité était maximale dans les

 26   circonstances des avancées de l'infanterie.

 27    Q.  Du point de vue médical, les membres de la police spéciale, comment

 28   vivaient-ils ces efforts et ces difficultés ? Est-ce que vous avez dû

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  1   intervenir ?

  2   R.  Je dois dire que nous avons eu trois membres de notre unité qui ont été

  3   blessés. Une fois, il s'agissait d'une blessure par balle dans la partie

  4   inférieure de la jambe, et deux autres blessures ont été provoquées par des

  5   fragments d'obus ou des pierres. Donc des personnes ont été blessées non

  6   pas seulement par des fragments d'obus, mais aussi par des morceaux de

  7   pierres qui volaient dans l'air. Donc j'ai d'abord évacué les blessés de la

  8   ligne du front, ensuite j'ai demandé de l'aide.

  9   Q.  Docteur Herman, est-ce que vous vous souvenez s'il y avait des

 10   difficultés pour ce qui est du soutien logistique, notamment la nourriture

 11   et les fournitures ?

 12   R.  Tout au début de l'opération, au cours des premières heures de

 13   l'opération, il était pratiquement impossible d'acheminer de l'eau et de la

 14   nourriture à nos membres. Ceci était possible seulement le lendemain,

 15   lorsque la route passant par Mali Alan a été libérée. Personnellement, dans

 16   mon véhicule tout-terrain, j'ai mis une quantité maximale de l'eau et de

 17   nourriture. Donc c'était le premier soutien logistique. Donc s'agissant des

 18   premières heures, ceci était pratiquement impossible sauf ce que les

 19   membres pouvaient déjà apporter avec eux.

 20   Q.  Docteur Herman, après avoir percé la première ligne de front tenue par

 21   l'ennemi, votre unité et votre équipe médicale se sont déplacées par où ?

 22   R.  Lorsque nous sommes sortis du terrain difficile de la forêt, nous

 23   sommes arrivés aux premières agglomérations, Sveti Rok, Ricice, et Lovinac.

 24   Je peux dire que ces localités ont été entièrement dévastées. Toutes les

 25   maisons n'avaient pas de toits. Si mes souvenirs sont bons, une maison

 26   était dans un état un peu meilleur, et c'est là que se trouvait l'état-

 27   major de l'armée ennemie.

 28   Q.  Docteur, est-ce que vous savez quelle était la population qui avait

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  1   peuplé ces villages avant le début du conflit en 1991 ?

  2   R.  Ces villages-là étaient presque exclusivement peuplés par les Croates,

  3   qui faisaient plus de 80 % de la population et qui ont été expulsés.

  4   Q.  S'agissant des dégâts que vous avez vus, est-ce qu'ils étaient la

  5   conséquence de l'offensive dans le cadre de l'opération Tempête ou bien les

  6   causes étaient-elles différentes ?

  7   R.  Ceci était causé bien avant.

  8   Q.  Qu'est-ce qui vous a mené à cette conclusion ?

  9   R.  J'ai conclu cela en raison du fait que des buissons sortaient déjà de

 10   ces maisons. Je ne suis pas un expert en la matière, mais je suis arrivé à

 11   cette conclusion sur la base de cet élément-là.

 12   Q.  Par conséquent, Docteur Herman, lorsque vous êtes arrivé à cette route,

 13   vous vous êtes dirigé dans quelle direction ?

 14   R.  Les gens se sont regroupés là-bas, et nous avons continué, nous avons

 15   poursuivi notre chemin vers Gracac.

 16   Q.  En prenant la route menant à Gracac, est-ce que vous pouvez nous

 17   décrire vos souvenirs concernant l'état de cette route ?

 18   R.  Je peux dire que j'avais pris la route principale car j'étais dans un

 19   véhicule tout-terrain. En ce qui me concerne, la situation était comme suit

 20   : il y avait parfois des cratères dans la route goudronnée, mais mis à part

 21   cela l'état de la route était plutôt bon.

 22   Q.  Lorsque vous avez emprunté cette route pour aller vers Gracac, est-ce

 23   que vous êtes tombé sur des équipements militaires abandonnés ou des

 24   structures militaires ?

 25   R.  Il y a eu des équipements militaires qui gisaient à droite et à gauche,

 26   il y avait des véhicules militaires abandonnés. On avait reçu l'ordre de ne

 27   rien toucher surtout en raison de la possibilité de tomber sur des mines de

 28   surprise. Il ne fallait surtout pas toucher les radios abandonnées ou des

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  1   équipements semblables.

  2   Q.  Est-ce que vous vous souvenez, Docteur Herman, s'il y a effectivement

  3   eu des incidents liés aux mines de surprise posées dans les équipements que

  4   vous avez trouvés ?

  5   R.  J'ai simplement entendu parler de tels incidents, je ne les ai pas vus

  6   personnellement. Donc je ne peux pas proférer de commentaire là-dessus.

  7   Q.  Est-ce que vous pouvez nous dire si vous vous souvenez à quel moment

  8   vous êtes rentrés à Gracac ?

  9   R.  C'était vers midi, le troisième jour de nos activités.

 10   Q.  A quoi ressemblait la situation à Gracac lorsque vous êtes arrivés ? Et

 11   là, je parle de l'infrastructure et des maisons.

 12   R.  Après que l'on a traversé des villages entièrement détruits, lorsque

 13   nous sommes rentrés à Gracac, nous avons vu quelques bâtiments qui avaient

 14   été touchés. Mais leur nombre n'était pas élevé, c'étaient des bâtiments

 15   abandonnés. Je me souviens d'un magasin sur lequel il y avait une

 16   inscription disant qu'il n'y avait pas de farine ni de vin, ni de d'eau de

 17   vie, mais pour le reste les bâtiments étaient abandonnés mais non pas

 18   fortement endommagés.

 19   Q.  Dans votre déclaration, Monsieur Herman, vous avez dit que vous aviez

 20   également trouvé un hôpital utilisé par la population, ou plutôt, par les

 21   soldats de la région. Est-ce que vous pouvez nous le décrire ?

 22   R.  C'était un centre médical, c'est ce qui était écrit sur le côté droit

 23   de la rue. C'était, à mon avis, leur hôpital de guerre, très bien équipé.

 24   Puis j'ai vu sur place que les lignes téléphoniques fonctionnaient encore.

 25   Puis il y avait beaucoup de médicaments. Contrairement aux nôtres, ces

 26   médicaments-là étaient frais et pouvaient être utilisés pendant encore

 27   longtemps, et les médicaments provenaient de la France.

 28   Q.  Docteur Herman, lorsque vous êtes entrés à Gracac, est-ce que vous êtes

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  1   tombés sur des civils ?

  2   R.  Il y avait quelques civils. Si mes souvenirs sont bons, l'ordre était

  3   donné de faire en sorte que tous les civils sortent de chez eux. J'ai même

  4   parlé avec certains d'entre eux, j'ai demandé s'ils avaient besoin de

  5   l'aide. Il n'y a pas eu de grosses interventions, et je dois dire que j'ai

  6   établi un bon contact avec eux. Il s'agissait pour la plupart des personnes

  7   âgées.

  8   Q.  Est-ce que les membres de la police spéciale entraient dans des

  9   bâtiments civils pour quelque raison que ce soit, pour autant que vous en

 10   souveniez ?

 11   R.  Je n'ai pas vu cela, mais je souligne encore une fois que nous nous

 12   déplacions très vite. Dans les bâtiments, peut-être il y avait encore des

 13   fiefs des soldats de l'ennemi qui sont restés, mais je ne peux pas

 14   l'affirmer avec certitude.

 15   Q.  Est-ce que vous vous souvenez, Docteur Herman, que lorsque les forces

 16   croates sont entrées à Gracac, qu'un membre de la police spéciale a été tué

 17   ou blessé ?

 18   R.  Lorsque nous sommes entrés à Gracac, si vous parlez de l'explosion de

 19   la mine, je pense que ceci a eu lieu le lendemain.

 20   Q.  Que s'est-il passé ?

 21   R.  Un homme, en entrant dans une maison, avait activé un engin explosif de

 22   source qui m'est inconnue. Il a été grièvement blessé. Par la suite, il a

 23   succombé à ses blessures.

 24   Q.  Docteur Herman, combien de temps êtes-vous restés à

 25   Gracac ?

 26   R.  Nous sommes restés ce jour-là à Gracac et nous y avons passé la nuit.

 27   Ensuite, nous nous sommes retirés dans la périphérie, dans les

 28   agglomérations de la périphérie. Il m'est difficile d'indiquer leurs noms

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  1   car je ne connais pas ce terrain-là.

  2   Q.  Après Gracac, où êtes-vous allés ?

  3   R.  Après Gracac - donc c'était le troisième jour de l'opération - nous

  4   sommes entrés dans le village de Mazin, village abandonné également. Mazin.

  5   Q.  Avez-vous remarqué des dégâts et des traces d'incendies ?

  6   R.  A Mazin, il n'y a pas eu beaucoup de dégâts ni de traces d'incendies.

  7   Le village était abandonné.

  8   Q.  Pendant que vous vous déplaciez vers Mazin, et en général pendant vos

  9   déplacements avec votre unité, est-ce que vous avez eu l'occasion de

 10   remarquer des individus qui entraient dans des maisons, qui pillaient ou

 11   qui mettaient des maisons à feu, ou qui commettaient d'autres actes

 12   criminels ?

 13   R.  Je ne saurais vous le dire. Je n'ai pas eu l'occasion d'observer ce

 14   genre d'incident, je répète, en raison de la rapidité de nos déplacements.

 15   Q.  Après Mazin, vous vous êtes déplacés dans quelle

 16   direction ?

 17   R.  La direction suivante était Lapac, après Mazin.

 18   Q.  Est-ce que vous pouvez nous dire, Docteur Herman, quels sont vos

 19   souvenirs à l'égard de votre arrivée à Donji Lapac ?

 20   R.  Je suis arrivé à Donji Lapac derrière un véhicule blindé de transport

 21   de troupes. Derrière ce véhicule, je me déplaçais à bord de mon véhicule

 22   tout-terrain rempli des provisions médicales et de l'eau, de même que de la

 23   nourriture pour les besoins des soldats qui se déplaçaient rapidement.

 24   Lorsque nous sommes entrés, nous avions pris une route qui traversait la

 25   forêt, qui avait été construite par la JNA près d'une structure qui était à

 26   côté de la route. Nous avancions aussi rapidement que possible pour une

 27   unité d'infanterie, et je les ai suivis avec mon véhicule.

 28   Lorsque nous sommes entrés à Lapac, nous avons vu que des civils se

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  1   retiraient de Lapac, et des véhicules militaires s'étaient joints à eux. Il

  2   y avait au moins deux chars que j'ai pu voir. L'un d'eux a tiré dans la

  3   direction de la forêt, mais heureusement pour nous, personne n'a été blessé

  4   parmi nous.

  5   Q.  Est-ce que les membres de la police spéciale ont ouvert le feu contre

  6   cette colonne qui incluait aussi des chars de l'ennemi ?

  7   R.  Il était interdit d'agir, car les chars faisaient partie de la colonne

  8   civile.

  9   Q.  Lorsque vous êtes arrivés à Donji Lapac, à quoi ressemblait la

 10   situation ?

 11   R.  Lorsque nous sommes arrivés à Donji Lapac, nous avons pu voir que la

 12   situation était satisfaisante. Nous avons trouvé l'hébergement dans des

 13   maisons. Nous avions l'intention d'y passer la nuit. Pour une fois, nous

 14   allions dormir à l'intérieur, contrairement aux journées précédentes

 15   pendant lesquelles nous avons dormi dans les forêts. Je ne me suis pas

 16   beaucoup déplacé à travers la ville. On pouvait voir des traces des

 17   combats. A mon avis, l'armée qui se retirait avait mis des meules de foin à

 18   feu, et ceci produit une énorme fumée, donc on ne pouvait pas voir

 19   exactement ce qui brûlait. Puis il y avait quelques bâtiments qui avaient

 20   été endommagés aussi.

 21   Q.  Sur la base de votre expérience, comment est-ce que vous décririez les

 22   dégâts sur les bâtiments de Donji Lapac après l'entrée de la police

 23   spéciale ?

 24   R.  Je dirais qu'il s'agissait des dégâts mineurs.

 25   Q.  Est-ce que votre unité est restée à Lapac, est-ce qu'elle a passé la

 26   nuit dans ces maisons, comme vous l'avez dit ?

 27   R.  Ce jour-là, dans l'après-midi, les membres des forces armées croates

 28   sont arrivés depuis la direction d'Udbina et une célébration générale a

Page 26441

  1   commencé. Il y avait beaucoup de bruit, on tirait dans l'air et notre

  2   commandant a décidé que l'on se retire dès que possible de cette région, et

  3   nous sommes allés à la localité appelée Srb, si mes souvenirs sont bons.

  4   Q.  Est-ce que vous avez pu voir lorsque les unités d'Udbina sont entrées

  5   dans Donji Lapac, quelles étaient les conséquences ?

  6   R.  Je veux dire que l'on célébrait tout cela d'une manière étrange, avec

  7   des coups de feu. Je trouvais que ceci était dangereux, donc je ne me

  8   déplaçais pas. Je n'allais pas dans le centre.

  9   Q.  Est-ce que vous avez vu si des maisons ont été incendiées, à ce moment-

 10   là ?

 11   R.  C'est seulement lorsque l'on partait que j'ai pu voir que certains

 12   bâtiments étaient en feu.

 13   Q.  Le lendemain donc, vous nous avez dit que vous aviez dormi à

 14   l'extérieur de Donji Lapac. Où êtes-vous partis le lendemain ?

 15   R.  Il y avait deux endroits, Gornji Lapac et Donji Lapac. Comme je l'ai

 16   dit, nous nous sommes dirigés vers la frontière bosniaque, où certaines

 17   opérations avaient été menées à bien dans le sens du déploiement de nos

 18   forces. Mais je ne suis pas suffisamment compétent pour en parler en

 19   détail.

 20   Q.  Au cours de ces déplacements avec votre unité, Docteur Herman, comment

 21   est-ce que les civils que vous avez trouvés sur la route étaient traités ?

 22   R.  L'on traitait les civils de manière extrêmement correcte. Je me

 23   souviens avoir trouvé une femme âgée dans une maison. C'était une personne

 24   malade, je lui ai fournie les soins médicaux. Elle ne m'avait pas reconnu,

 25   elle pensait que j'étais membre des forces serbes, j'ai conclu cela sur la

 26   base de la manière dont elle m'avait salué. J'ai parlé avec elle, je me

 27   suis présenté, je lui ai dit que j'étais médecin. Et au cours de la

 28   conversation, je lui ai laissé des médicaments et je lui ai promis de lui

Page 26442

  1   apporter de la nourriture, et c'est ce que j'ai fait. Après notre départ,

  2   j'ai transmis l'information selon laquelle il y avait à cet endroit une

  3   femme âgée et malade qui avait besoin de l'aide.

  4   Q.  Concernant ce sujet-là, c'est-à-dire le traitement des civils et le

  5   traitement des soldats de l'ennemi, est-ce que vous pouvez nous dire si les

  6   membres de votre unité recevaient des instructions et des ordres à cet

  7   égard de la part des commandants ?

  8   R.  Au fond, tous les ordres allaient dans le sens qu'il fallait traiter

  9   les civils de manière correcte, qu'il fallait leur venir en aide en

 10   attendant que les autorités civiles commencent à fonctionner. Et puis, il y

 11   avait également l'obligation de la part de la police de leur délivrer des

 12   documents. J'ai eu beaucoup de contacts avec les civils, et je peux vous

 13   dire qu'ils étaient traités de manière extrêmement correcte.

 14   Q.  Dans votre déclaration, vous dites que les membres de votre unité

 15   recevaient certaines instructions écrites, une brochure notamment qui était

 16   distribuée. Vous rappelez-vous cela ?

 17   R.  Oui. Tous les membres du service médical étaient mis en garde plus

 18   particulièrement par rapport à la nécessité de respecter les conventions de

 19   Genève. Nous sommes également obligés par notre serment d'Hippocrate de

 20   protéger les civils. Que puis-je vous dire, c'est que tous mes camarades

 21   qui travaillaient avec moi se sont comportés d'une façon tout à fait

 22   professionnelle et responsable.

 23   M. MIKULICIC : [interprétation] Pour faciliter les références, je voudrais

 24   évoquer la pièce D533 pour les membres de la Chambre, pour qu'ils puissent

 25   l'examiner.

 26   Q.  Etant arrivé dans le voisinage de la frontière avec la Bosnie, quelles

 27   autres instructions y a-t-il eues concernant la police de Varazdin, de son

 28   administration ?

Page 26443

  1   R.  Nous avons trouvé l'ordre de retourner à Varazdin un peu surprenant.

  2   Fondamentalement, on nous avait dit que nous étions censés partir en

  3   permission.

  4   Q.  Pourquoi est-ce que c'était surprenant pour vous ?

  5   R.  Personnellement, je m'attendais à ce que tout cela dure plus longtemps.

  6   L'appréciation qui a été faite ou l'évaluation a dû être que les gens

  7   étaient trop fatigués et qu'il fallait les remplacer par des forces de

  8   réserve.

  9   Q.  Est-ce que vous vous rappelez quel jour vous avez commencé à revenir

 10   vers votre base de Varazdin ?

 11   R.  C'est difficile à dire pour moi, mais je crois que c'était le 9, bien

 12   que je ne sois pas sûr à 100 %.

 13   Q.  Quel itinéraire avez-vous suivi pour retourner à Varazdin ?

 14   R.  Pour revenir à Varazdin, nous sommes passés par Udbina. Mon vœu de

 15   retourner là-bas par l'itinéraire des lacs de Plitvice s'est donc réalisé.

 16   Q.  Ceci veut dire que vous n'êtes pas passé par Gracac sur la route du

 17   retour ?

 18   R.  Nous sommes passés par Udbina, qui était l'itinéraire le plus court. Je

 19   dois dire, néanmoins, que j'ai dormi sur la plupart de l'itinéraire parce

 20   que j'étais vraiment épuisé.

 21   Q.  Docteur Herman, après la fin de l'opération Tempête, au cours de

 22   laquelle vous avez déjà expliqué quel a été votre rôle, avez-vous eu un

 23   nouveau rôle auprès de la police spéciale, les unités de la police spéciale

 24   à Varazdin ?

 25   R.  Les obligations que j'ai eues par la suite étaient essentiellement de

 26   caractère civil. Entre autres, nous devions entraîner les plongeurs de

 27   l'unité spéciale de police. Et comme je suis un spécialiste de cela, nous

 28   avons constitué des équipes de plongeurs auxquelles étaient confiées des

Page 26444

  1   missions conformément à leur spécialité. Une de ces tâches était de

  2   vérifier le lit des lacs Plitvice parce que nous avions des renseignements

  3   d'après lesquels cela avait été miné.

  4   Q.  Est-ce que vous avez participé à des ratissages de terrain dans la

  5   région de Knin et Gracac une fois que l'opération Tempête a été terminée ?

  6   R.  Non, je n'ai jamais été à Knin après l'opération.

  7   Q.  Docteur Herman, dans le cadre de votre mission et de vos obligations,

  8   est-ce que vous avez eu la possibilité de vous mettre en rapport ou de vous

  9   trouver en compagnie de M. Markac ?

 10   R.  J'ai été à plusieurs réunions où nous avons reçu nos instructions pour

 11   organiser le service médical. On nous a demandé de l'organiser d'une façon

 12   qui soit professionnelle et responsable. Je me rappelle ma première réunion

 13   avec le général Markac, lorsque nous nous sommes rencontrés pour la

 14   première fois au mont Velebit. Il m'a demandé si je croyais que les équipes

 15   de chirurgie pouvaient être mises en place dans ce secteur, étant donné le

 16   type de terrain, la configuration du terrain. Il pensait que ça pourrait

 17   être très efficace dans de telles circonstances. Toutefois, ma position

 18   était que ce n'était pas possible. J'ai essayé de le dissuader de le faire.

 19   En fait, il a prouvé qu'il avait raison parce que pour finir cela a été

 20   pleinement efficace.

 21   Q.  Quelle impression avez-vous tirée ou obtenue de M. Markac ?

 22   R.  Je savais que le général Markac était un athlète du plus haut niveau

 23   avant la guerre, et je crois que c'est une personne tout à fait morale,

 24   honorable et professionnelle. C'est un patriote et il est très

 25   professionnel dans son travail.

 26   Q.  Dans vos conversations avec lui, est-ce que vous avez jamais eu

 27   l'impression, ou est-ce qu'il vous a jamais dit qu'il avait une quelque

 28   forme de parti pris à l'égard des gens d'autres origines ethniques,

Page 26445

  1   religions, et cetera ? Avez-vous jamais remarqué un point de vue

  2   discriminatoire chez lui ?

  3   R.  C'est tout le contraire. Il insistait pour que nous fournissions de

  4   l'aide médicale à tout le monde, quelles que soient leurs origines

  5   religieuses, ethniques, ou autres, y compris le sexe. Il insistait pour que

  6   nous fournissions le même type d'aide à tout le monde.

  7   Q.  Ma dernière question, Docteur Herman. Hier, vous m'avez dit que vous

  8   aviez récemment été voir la région où vous vous trouviez au cours de

  9   l'opération Tempête en faisant une tournée en tant que touriste ?

 10   R.  Pour moi, ce fut une visite assez choquante à Mali Alan. Je suis allé

 11   là-bas avec ma famille pour leur montrer où on faisait la guerre, et avec

 12   mon gendre, qui est Français. Et j'ai été choqué de voir qu'il y avait les

 13   rubans jaunes qui portaient le signe "mines". Je ne pouvais pas croire que

 14   nous avions traversé ce territoire alors qu'on était en train de le déminer

 15   seulement maintenant. Je savais pourtant qu'il était miné à l'époque, et

 16   j'y suis allé, je m'y suis engagé sans avoir les connaissances

 17   professionnelles qui en étaient nécessaires. J'ai aussi été très inquiet

 18   parce que je me suis rendu compte que j'avais emmené ma famille dans un

 19   secteur dangereux.

 20   M. MIKULICIC : [interprétation] Merci, Docteur Herman. Ceci conclut mon

 21   interrogatoire principal.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Maître Mikulicic.

 23   Y a-t-il des questions de la Défense de M. Cermak ou la Défense de M.

 24   Gotovina ?

 25   M. KAY : [interprétation] Pas de questions de notre côté.

 26   M. KEHOE : [interprétation] Pas de questions, Monsieur le Président.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Carrier, est-ce que vous êtes

 28   prêt à procéder au contre-interrogatoire de M. Herman ?

Page 26446

  1   M. CARRIER : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Herman, vous allez maintenant

  3   être contre-interrogé par M. Carrier, qui est conseil de l'Accusation.

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie.

  5   Contre-interrogatoire par M. Carrier : 

  6   Q.  [interprétation] Bonjour, Docteur Herman. Je voudrais d'abord que l'on

  7   reparle un petit peu plus de votre curriculum et votre expérience, vous

  8   avez été membre du parti HDZ depuis 1991, et avant cela, vous aviez été

  9   candidat du HDZ pour des emplois politiques, n'est-ce pas ?

 10   R.  Vous voulez dire en tant que parlementaire ?

 11   Q.  Non. La question était la suivante : vous avez été membre du HDZ depuis

 12   1991, et en fait, vous avez été candidat pour le HDZ à une occasion

 13   précédente ?

 14   R.  Je suis toujours membre du HDZ. J'étais un membre de l'assemblée du

 15   comté et je faisais partie du conseil de la ville à Varazdin. Je suis

 16   actuellement président du conseil de Varazdin.

 17   Q.  Bien. Maintenant, Docteur Herman, juste pour être bien au clair, j'ai

 18   remarqué lorsque Me Mikulicic vous posait des questions, que vous aviez

 19   tendance à donner davantage de renseignements que ce qui est nécessaire

 20   pour répondre à la question. Donc je vous demande bien vouloir écouter la

 21   question et de vous centrer sur elle.

 22   Donc, Docteur Herman, vous avez été interviewé --

 23   R.  Merci.

 24   Q.  Vous avez été interviewé en mai 2009. Lorsque vous avez été interviewé,

 25   M. Djurica Franjo était présent. M. Franjo était le chef adjoint et ensuite

 26   le chef du secteur de police au sein du MUP en 1990. Est-ce que vous

 27   connaissiez M. Franjo ou qui il était à l'époque où vous avez été

 28   interviewé ou interrogé en mai 2009 ?

Page 26447

  1   R.  Je ne connais pas Djurica, ou plus exactement, je ne le connaissais pas

  2   précédemment. Pour autant que j'ai compris, c'est l'un de ceux qui a amené

  3   l'autre homme à mon bureau pour l'interview, l'interrogatoire. Et je ne

  4   sais pas quelles sont ses autres fonctions ou son autre poste.

  5   Q.  Docteur Herman, pourriez-vous très brièvement expliquer aux membres de

  6   la Chambre qui s'est mis à l'origine en rapport avec vous pour devenir

  7   témoin dans la présente affaire ?

  8   R.  J'ai été appelé par M. Soljic, qui m'a demandé au téléphone si j'étais

  9   disposé à témoigner devant ce Tribunal.

 10   Q.  Est-ce que vous connaissiez M. Soljic avant que vous ne donniez votre

 11   interview en mai 2009, et qu'est-ce que vous saviez de son rôle au MUP au

 12   cours de 1990 ?

 13   R.  Oui, je le connaissais comme étant un membre de l'unité spéciale de

 14   Zagreb, ou pour être plus précis, Lucko, je crois.

 15   Q.  Et lorsqu'il vous a appelé pour voir si vous souhaitiez être témoin, à

 16   cette époque-là, est-ce que vous avez reconnu qu'en fait il était un membre

 17   de longue date de la police spéciale et un membre haut gradé, haute

 18   fonction, et est-ce que vous saviez quels étaient ses rapports avec le

 19   général Markac ?

 20   R.  Je sais que ce monsieur était son conducteur personnel, conducteur

 21   personnel du général Markac, lorsque je l'ai rencontré. Je ne sais rien

 22   concernant d'autres rôles qu'il aurait pu avoir parce que je n'ai jamais eu

 23   de contact direct avec lui, je n'ai jamais eu de contact personnel.

 24   Q.  Mais vous avez dit que vous êtes entré à Donji Lapac le 7 août 1995. Et

 25   je pense que les choses sont plus claires maintenant après votre

 26   déposition, mais vous avez dit que votre participation à l'opération

 27   Tempête avait pris fin le 11 août 1995. Donc je comprends d'après cela qu'à

 28   compter du 9, ils sont restés deux jours, le 9, le 10 et le 11, et vous

Page 26448

  1   avez fait le voyage de retour à Varazdin, et pendant ce temps-là vous avez

  2   dit que vous avez dormi la plupart du temps; c'est bien cela ?

  3   R.  Non, vous m'avez mal compris. L'opération était censée durer jusqu'au

  4   11. Je n'ai dormi que quelques heures dans le véhicule lorsque nous avons

  5   pris la direction d'Udbina, qui, je crois, n'est pas très étrange, parce

  6   que j'étais tout à fait épuisé. Nous sommes revenus le 9, bien que nous

  7   ayons été préalablement informés que nous devrions intervenir jusqu'au 11.

  8   Q.  Bien. Au paragraphe 6 de votre déclaration, lorsque vous dites que vous

  9   avez été engagé du 23 juillet au 11 août 1995, vous vouliez dire le 9 août,

 10   ça a fini à ce moment-là, n'est-ce pas ?

 11   R.  Non, non, ne me tenez pas à cette date, parce que c'était il y a de

 12   nombreuses années, je ne me rappelle pas les dates exactes. Mais en

 13   préparant l'opération Tempête, nous sommes arrivés assez tôt, et je me suis

 14   installé, je suis resté à Sepurine.

 15   Q.  Reprenons à partir de votre dernière réponse, Docteur Herman, du point

 16   de vue du fait que vous ne vouliez pas qu'on vous en tienne à des dates

 17   précises, est-il vrai, n'est-ce pas, que vous n'êtes pas vraiment sûr des

 18   dates précises auxquelles vous vous trouviez dans différents endroits; par

 19   exemple Mazin, Gracac ou Donji Lapac ? Juste pour que vous soyez bien au

 20   clair, la raison pour laquelle je suggère cela c'est parce qu'au cours de

 21   votre déposition d'aujourd'hui, vous avez modifié un peu les choses par

 22   rapport à votre déclaration, la déclaration que vous avez faite

 23   antérieurement. Donc serait-il juste de dire que vous n'êtes pas absolument

 24   sûr des dates ?

 25   R.  D'après ma déclaration, vous devez comprendre que c'est vraiment la

 26   première fois que je suis dans ce type de situation. Deuxièmement, quand

 27   j'ai dit "le deuxième jour", je ne suis pas sûr que vous ayez compris ce

 28   que je voulais dire, mais enfin je maintiens ma déclaration dans laquelle

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  1   les dates indiquées sont exactes.

  2   Q.  Allons-y petit à petit alors, vous ne vous tenez pas exactement à ce

  3   que vous avez dit, vos paroles d'aujourd'hui, vous vous en tenez à votre

  4   déclaration ?

  5   Là encore, je vais vous donner un exemple : aujourd'hui, par exemple, vous

  6   avez dit que vous étiez entrés à Gracac, et vous croyiez que c'était le

  7   troisième jour de l'opération Tempête.

  8   R.  C'était une erreur.

  9   Q.  Donc maintenant je suis dans le doute. Et vous --

 10   R.  Excusez-moi.

 11   Q.  Est-ce que vous maintenez votre déclaration ou est-ce que vous

 12   maintenez votre déposition, ou est-il juste de dire que vous n'êtes pas

 13   vraiment sûr ?

 14   R.  Je m'en tiens à ma déclaration.

 15   Q.  Bien. Docteur Herman, on vous a posé quelques questions concernant la

 16   blessure que vous avez subie lorsque vous vous trouviez à Velebit, donc

 17   c'était le 5 août 1995. Vous avez dit, à la page 12 du compte rendu

 18   d'aujourd'hui, que vous aviez été blessé et que quand vous avez repris

 19   connaissance, vous étiez en état de choc. Est-ce qu'en fait vous avez perdu

 20   connaissance au moment où vous avez subi cette blessure le 5 août ?

 21   R.  Non, je n'ai pas perdu connaissance, mais le souffle m'a projeté au

 22   loin et j'ai été sous un effet de choc pour avoir été si près d'une

 23   explosion. Je pense que quiconque se trouverait dans ma position aurait été

 24   en état de choc. Mais ce qui ne veut pas nécessairement impliqué la perte

 25   de connaissance.

 26   Q.  Je comprends. J'étais juste curieux de ce que vous aviez dit au sujet

 27   de la description, à savoir que vous aviez repris connaissance, et cette

 28   partie du motif pour lequel je vous ai demandé si vous aviez perdu

Page 26450

  1   connaissance.

  2   Est-ce que cet autre bang, autrement que le fait d'être un véritable choc,

  3   est-ce que vous avez subi d'autres blessures à ce moment-là ?

  4   R.  J'ai souffert de contusions parce que je suis tombé sur le sol. La

  5   partie lombaire de ma colonne vertébrale a été blessée, et mon bras droit.

  6   Q.  Maintenant, Docteur Herman, dans votre déclaration, au paragraphe 9,

  7   vous mentionnez que vous êtes entré à Donji Lapac -- enfin, dès que vous

  8   êtes entré à Donji Lapac le 7 août, vous avez été informé par un membre de

  9   la police spéciale, qui avait subi des blessures à la suite d'un engin

 10   explosif qui avait été placé à l'intérieur d'un bâtiment, et bien que vous

 11   ayez été présent à cette scène, cette personne était déjà morte. Est-ce que

 12   c'est juste ?

 13   R.  J'ai été informé du fait qu'il y avait eu une personne qui avait subi

 14   une blessure mortelle. Et lorsque je suis arrivé sur les lieux, je n'ai pu

 15   trouvé la personne qui était en cause.

 16   Q.  Pouvez-vous expliquer le paragraphe 9 de votre

 17   déclaration ? Je vais vous le lire mot à mot, voici vos paroles :

 18   "Nous sommes entrés à Donji Lapac. Dès que je suis entré dans la place,

 19   j'ai été informé qu'un membre de la police spéciale avait été victime d'un

 20   engin explosif placé dans un immeuble. Et lorsque je suis arrivé là,

 21   malheureusement, il était mort de ses blessures."

 22   Ce que vous dites maintenant, c'est qu'en fait vous n'êtes pas vraiment

 23   allé là-bas, et vous n'avez, en fait, pas vu qui que ce soit de blessé.

 24   C'est bien ça, est-ce que j'ai raison de dire cela ?

 25   R.  Vous êtes en train d'essayer de me mettre dans le doute. J'ai dit que

 26   la personne était décédée.

 27   Q.  Donc vous y êtes bien allé, et vous l'avez vu, il était mort ?

 28   R.  Oui, oui. Je l'ai trouvé mort. J'étais ailleurs, et je suis revenu

Page 26451

  1   reprendre mes tâches.

  2   Q.  Je vous remercie. Je pense que je suis bien au clair maintenant sur ce

  3   point.

  4   Maintenant, pour ce qui est du déroulement dans le temps, on vous a, à

  5   l'origine, suggéré que ceci avait eu lieu à Gracac - c'est Me Mikulicic qui

  6   vous l'a suggéré - et alors vous avez pensé que c'était le lendemain de

  7   Gracac, ce qui se serait trouvé du côté du

  8   6 août 1995. Mais dans votre déclaration, vous dites que vous n'êtes pas

  9   entré à Donji Lapac avant le 7 en 1995, donc j'essaie de comprendre si vous

 10   saviez exactement où et quand ceci avait eu lieu.

 11   R.  Ça s'est passé comme je l'ai décrit dans ma déclaration initiale.

 12   Q.  La personne qui a été tuée, était-il membre l'unité de la police

 13   spéciale de Varazdin ?

 14   R.  Non. Je ne me rappelle pas à quelle unité il appartenait, toutefois. Je

 15   pense qu'il venait d'un endroit en Dalmatie.

 16   Q.  A l'évidence, vous avez rendu compte de ce décès de ce membre de la

 17   police spéciale le 7 août 1995 à Donji Lapac; c'est bien cela ?

 18   R.  Personnellement, je n'ai pas rendu compte de cela, parce que c'était en

 19   dehors du secteur d'activités qui m'était attribué. Je n'ai participé à ça

 20   que comme consultant. Ils m'ont consulté.

 21   M. CARRIER : [interprétation] Monsieur le Greffier, est-ce que l'on

 22   pourrait voir, s'il vous plaît, à l'écran la pièce P614.

 23   Q.  Docteur Herman, voici un document qui est daté du 26 novembre 2001, qui

 24   est une analyse faite par la police spéciale concernant les progrès

 25   réalisés au cours de l'opération Tempête. Elle a été envoyée au chef de

 26   l'état-major principal de la HV, le général Cervenko, par le ministre de

 27   l'Intérieur.

 28   M. CARRIER : [interprétation] Monsieur le Greffier, pourrait-on, s'il vous

Page 26452

  1   plaît, retourner la photo [phon] à la page 24 en anglais, et à la page 31

  2   en B/C/S.

  3   Q.  Docteur Herman, vous voyez que tout en haut de la page en B/C/S, il y a

  4   une section qui a pour titre "Appui médical dans l'opération 'Storm'."

  5   M. CARRIER : [interprétation] Et si l'on pouvait, s'il vous plaît, tourner

  6   la page, Monsieur le Greffier, et passer à la page 25.

  7   Q.  Et là, en bas de la page, Docteur Herman, tout à fait au bas de la page

  8   31 en B/C/S, il y a une liste des membres de la police spéciale qui ont été

  9   tués, blessés, qui ont subi des blessures au cours des cinq premiers jours

 10   de l'opération Tempête. Et le 4 août, il y avait 32 blessés, de blessures

 11   légères, six blessés véritables, et cinq décès. Le 5 août, il y avait 12

 12   blessés, six grièvement blessés, et cinq décès. Et le 5 août [comme

 13   interprété], il y avait deux blessés, trois personnes sérieusement

 14   blessées, et pas de décès enregistrés. Le 7 août, il y avait donc des

 15   blessés, grièvement blessés, mais pas de décès enregistrés. Le 8 août, il y

 16   avait deux blessés, de blessures légères -- de blessures graves, et pas de

 17   décès enregistrés. Puis on passe à la page suivante en B/C/S pour donner

 18   les totaux.

 19   Docteur Herman, je me demande si vous pourriez expliquer pourquoi il n'y a

 20   pas eu de morts signalés ou de morts de la police spéciale le 7 août 1995,

 21   dans le présent rapport, en dépit de votre déposition disant le contraire,

 22   sur le fait que vous aviez participé à des recherches et qu'on avait trouvé

 23   des personnes qui étaient mortes à Donji Lapac, le 7 août ?

 24   R.  Je n'ai pas rédigé ce rapport, donc je ne sais pas qui l'a compilé. Je

 25   ne me rends pas compte du titre sous lequel on peut retrouver ce policier

 26   qui a été tué. C'est possible que ce soit dû à des activités de combat ou

 27   que quelqu'un ait fait une erreur. Mais je répète que je n'ai pas rédigé ce

 28   rapport.

Page 26453

  1   Q.  Juste pour continuer dans cette veine, des rapports de la police

  2   spéciale concernant la prise de Donji Lapac le 7 août 1995 et envoyés au

  3   député ou adjoint Sacic - et pour la référence, il s'agit des pièces D556

  4   et P586 - ceux-ci ne mentionnent pas de décès à Donji Lapac non plus. Vous

  5   n'avez pas écrit ces rapports ailleurs, mais je comprends que si vous

  6   n'avez aucune explication pour cela, c'est la raison pour laquelle ce n'est

  7   pas non plus expliqué ici ?

  8   R.  Je ne peux pas expliquer cela. Je ne sais pas.

  9   M. CARRIER : [interprétation] Monsieur le Président, je note l'heure. Il

 10   est 10 heures 30. Ce serait peut-être le bon moment pour suspendre

 11   l'audience avant que je ne passe à un autre domaine.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, un instant, s'il vous plaît.

 13   Pourriez-vous nous donner une indication de combien de temps il vous faut

 14   encore après la suspension de séance ?

 15   M. CARRIER : [interprétation] Ce sera moins d'une heure.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Moins d'une heure ?

 17   Nous allons suspendre l'audience, et nous reprendrons à

 18   10 heures 30 -- non, à 11 heures.

 19   --- L'audience est suspendue à 10 heures 30.

 20   --- L'audience est reprise à 11 heures 19. 

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Témoin, excusez-nous, mais

 22   nous devons aborder deux brèves questions de procédure afin qu'elles soient

 23   au compte rendu de l'audience d'aujourd'hui. Je vous prie donc d'être

 24   patient.

 25   Premièrement, Maître Mikulicic, il n'y a pas eu de lecture de résumé de la

 26   déclaration du témoin. Cependant, je note également que dans ce contexte,

 27   le public sera en mesure de comprendre la teneur du témoignage, puisque

 28   vous avez couvert pratiquement l'ensemble de sa déclaration dans votre

Page 26454

  1   interrogatoire principal. Dans ces conditions, la Chambre n'insistera pas

  2   pour que vous en donniez lecture.

  3   M. MIKULICIC : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président. J'ai

  4   préparé un résumé, mais j'ai oublié de le lire.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais conviendrez-vous avec moi que

  6   pour l'essentiel la déclaration du témoin a été couverte par vos questions

  7   et que, par conséquent, cela n'exigera pas un effort démesuré de la part

  8   des personnes qui nous écoutent que de comprendre de quoi il s'agit ?

  9   M. MIKULICIC : [interprétation] Tout à fait, Monsieur le Président. Mes

 10   excuses une nouvelle fois.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien.

 12   Deuxièmement, une seconde question de procédure. La Chambre se penche

 13   également sur la décision à prendre concernant une demande d'ajout d'un

 14   témoin sur votre liste 65 ter.

 15   Et la Chambre note que cette question a été soulevée la première fois sans

 16   indiquer le sujet qui serait celui de la déposition de M. Watts, le témoin

 17   qui est donc proposé, ou qu'il semblerait que lors du premier échange vous

 18   ignoriez quel était le contenu qui serait celui du témoignage et que ce

 19   n'est que lors du second échange d'écriture, après la réponse de

 20   l'Accusation, à vrai dire, que vous avez fourni le rapport du témoin.

 21   Ensuite, on a assisté à des objections assez virulentes de la part de

 22   l'Accusation. Donc la Chambre voudrait vous donner l'occasion - je pense

 23   que cinq ou dix minutes devraient suffire - voudrait donc donner l'occasion

 24   à la Défense Markac de répondre sur ce sujet qui, malheureusement, n'a été

 25   soulevé que la deuxième fois que l'on s'est penché dessus, parce que l'on

 26   ignorait quel était le contenu du rapport.

 27   Peut-être souhaiterez-vous profiter de cette occasion un peu plus tard

 28   aujourd'hui afin que la Chambre n'ait pas et que toutes les parties, à vrai

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  1   dire, n'aient pas à attendre deux ou trois semaines avant que la décision

  2   de la Chambre ne soit prise.

  3   M. MIKULICIC : [interprétation] Monsieur le Président, pensez-vous à une

  4   réponse orale, ou plutôt, peut-être des écritures informelles sur le sujet

  5   ?

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non, la Chambre aimerait vous entendre

  7   au cours de l'audience d'aujourd'hui oralement sur ce sujet, afin que nous

  8   puissions continuer à étudier la question cet après-midi.

  9   M. MIKULICIC : [interprétation] Très bien. J'ai compris, Monsieur le

 10   Président.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Herman, il s'agit de questions

 12   qui ne sont d'aucun intérêt particulier pour vous. Nous allons maintenant

 13   revenir à votre déposition.

 14   Monsieur Carrier, veuillez poursuivre.

 15   M. CARRIER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 16   Q.  Monsieur le Témoin, aujourd'hui vous avez décrit, avec quelques

 17   détails, le rôle qui avait le vôtre dans les préparatifs de l'opération

 18   Tempête du point de vue médical, et vous avez dit avoir eu un rôle double.

 19   Mais est-il exact de dire, Docteur Herman, que vous n'avez pas participé à

 20   la planification de l'opération de la police militaire dans son ensemble

 21   pendant l'opération Tempête ? Je parle du déploiement des forces de la

 22   police spéciale, du soutien en artillerie qui lui était fourni et de son

 23   organisation, de ses axes d'attaque, des méthodes de ratissage du terrain,

 24   ce type de préparatifs. Vous n'y avez pas participé, n'est-ce pas ?

 25   R.  En effet. Il s'agit de questions incombant aux professionnels

 26   respectifs, auxquelles je n'ai pas contribué.

 27   Q.  Alors, page 11 du compte rendu d'audience, lignes 13 et 14, ce matin,

 28   Monsieur Herman, vous avez dit qu'au début de l'opération Tempête, vous

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  1   vous êtes trouvé en un lieu où vous n'aviez jamais été auparavant, je parle

  2   des monts Velebit. Est-il exact que vous n'étiez jamais allé dans les monts

  3   Velebit avant le 4 août 1995 ?

  4   R.  Je ne m'étais jamais trouvé à cet endroit particulier des monts Velebit

  5   mais, bien entendu, je me suis rendu dans les monts Velebit dans le passé.

  6   Il s'agit d'une région vaste. Je dois ici peut-être apporter une précision

  7   pour ce qui est de notre axe d'intervention. Alors, je me suis trouvé à

  8   l'endroit qui était le point d'où nous avons lancé notre intervention, mais

  9   je n'ai pas été présent le long de l'axe de cette intervention --

 10   Q.  Excusez-moi. Je dois vous interrompre, mais je voudrais juste être tout

 11   à fait clair. Cet endroit particulier, c'est ce dont vous nous parliez,

 12   mais vous êtes-vous jamais rendu dans les monts Velebit avant août 1995 ?

 13   R.  Oui, j'y suis allé.

 14   Q.  Alors, en page 22 de la version provisoire du compte rendu d'audience,

 15   vous avez dit que vous aviez rencontré le général Markac pour la première

 16   fois dans les monts Velebit. Mais pourriez-vous nous dire quand cela s'est

 17   produit, est-ce que c'était en août 1995, cette première fois, lorsque vous

 18   étiez en train de préparer l'opération Tempête ?

 19   R.  Là encore, on parle de deux choses différentes : le fait de connaître

 20   le général Markac et le fait de le rencontrer au cours des opérations de

 21   guerre. Nous avons été dans les monts Velebit également au cours de

 22   l'opération Maslenica. J'ai indiqué y avoir participé. Ce territoire était

 23   très proche de la zone où nous nous sommes rencontrés avant le début de

 24   l'intervention. Ensuite, je n'ai pas pu avancer, parce qu'il s'agissait de

 25   positions tenues par l'ennemi en territoire montagneux, et c'était, en

 26   fait, la ligne de front qui passait par là.

 27   Q.  Merci. Concernant l'opération Tempête en particulier, pourriez-vous

 28   dire aux Juges de la Chambre quelle était l'étendue de vos contacts avec le

Page 26457

  1   général Markac au cours des semaines qui ont précédé l'opération Tempête ?

  2   R.  Excusez-moi, mais je n'ai pas complètement compris votre question.

  3   Merci.

  4   Q.  Je vais essayer d'être plus clair. Donc l'opération Tempête a commencé

  5   le 4 août 1995. Pendant les deux ou trois semaines qui ont précédé le début

  6   de cette opération, avez-vous eu des contacts directs, le moindre contact

  7   direct avec le général Markac ?

  8   R.  Non. A vrai dire, je ne m'en souviens pas, mais il est probable que

  9   j'en aie eu. 

 10   Q.  Pendant l'opération Tempête et après cette dernière, avez-vous eu des

 11   contacts directs avec le général Markac ? Et donnez-nous dans ce cas-là des

 12   détails sur les contacts que vous avez eus.

 13   R.  Je l'ai vu une fois à Mazin, aux positions qui se trouvaient à Mazin,

 14   mais je ne l'ai pas revu ensuite.

 15   Q.  Donc vous dites l'avoir vu une fois, vous voulez dire que vous l'avez

 16   vu en personne de vos yeux, de vos propres yeux ? Vous êtes-vous entretenu

 17   avec lui ?

 18   R.  Nous étions tous rassemblés à cette position-là, le commandement dans

 19   son intégralité, et c'est à partir de là que nous sommes partis pour

 20   poursuivre nos actions respectives. Et il est naturel que je l'ai vu là-bas

 21   et que j'ai été en contact avec lui.

 22   Q.  La question que je vous posais c'était si vous aviez communiqué avec

 23   lui, est-ce que vous aviez eu un contact direct avec lui ?

 24   R.  Oui. Oui, à Mazin nous étions en relation, nous étions en contact,

 25   parce qu'il nous informait souvent des missions qui étaient les nôtres dans

 26   le cadre des services médicaux, il nous en informait, mais nous n'entrions

 27   pas dans le détail des opérations militaires. On se contentait toujours de

 28   nous répéter la même chose, à savoir qu'on nous demandait de nous acquitter

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  1   de nos tâches aussi correctement et aussi professionnellement que possible.

  2   Q.  Est-il exact de dire, Docteur Herman, que vous n'avez pas été un

  3   commandant opérationnel de la police spéciale pendant l'opération Tempête ?

  4   R.  Non, je n'étais pas commandant opérationnel. J'étais un volontaire

  5   appartenant aux services médicaux. Il faut ici faire une distinction,

  6   j'avais le rang d'assistant d'un commandant, et non pas celui de

  7   commandant.

  8   Q.  Alors je suppose que pendant l'opération Tempête en elle-même on ne

  9   vous a jamais chargé de façon officielle ou plus spécifiquement de suivre

 10   les déplacements ou la situation en termes de discipline au sein des unités

 11   et de la police spéciale déployées sur le terrain ?

 12   R.  Il s'agit effectivement de tâches qui n'entraient pas du tout dans le

 13   cadre de ma mission, qui se limitait à ma compétence professionnelle et aux

 14   services médicaux. J'ai été informé de certaines autres tâches, mais

 15   c'était uniquement aux fins de pouvoir procéder à une estimation.

 16   Q.  En général, si on se penche sur les déplacements qui ont été les

 17   vôtres, vous vous êtes rendu à Mazin, vous avez voyagé entre Gracac et

 18   Donji Lapac. Puis en page 16 du compte rendu d'aujourd'hui vous avez dit

 19   que les événements se succédaient à un rythme très rapide. Ensuite en page

 20   17 du même compte rendu d'audience, vous avez répondu lorsque vous a

 21   demandé si vous aviez remarqué des individus qui entraient dans des maisons

 22   pour se livrer à des pillages ou des incendies volontaires ou à toute autre

 23   forme de comportement criminel lorsque vous vous dirigiez vers Mazin, vous

 24   avez répondu donc vous ne pouviez déposer à ce sujet, parce que vous n'en

 25   aviez jamais rien vu, et la raison pour laquelle vous n'aviez rien vu, vous

 26   pensiez qu'elle était à rechercher dans le rythme très rapide de votre

 27   avancée; est-ce exact ?

 28   R.  Oui. Ceci dit, n'oubliez pas qu'il y avait également des pauses pendant

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  1   notre avancée, et je ne parlais que de la progression de l'unité dont

  2   j'étais membre au sein de laquelle je me trouvais.

  3   Q.  Alors, si je me fonde sur votre réponse et si je reviens sur votre

  4   déclaration consistant à dire que vous n'étiez pas en mesure de fournir des

  5   détails pendant que vous étiez en train de progresser, je suppose que tout

  6   cela se rapporte à la rapidité ou à la vitesse à laquelle vous avanciez.

  7   Donc cela s'applique à votre mouvement de Gracac à Lapac ou de Gracac à

  8   Mazin, ensuite jusqu'à Donji Lapac, dans tous ces différents déplacements,

  9   n'est-ce pas ?

 10   R.  Je n'avais rien vu de tel, je vous l'aurais dit dans le cas contraire.

 11   Puisque je n'ai rien vu, il n'y a rien à dire à ce sujet de mon point de

 12   vue.

 13   Q.  Pour être tout à fait clair, vous ne dites pas que cela ne s'est pas

 14   produit, vous dites simplement que vous n'en avez rien vu, n'est-ce pas ?

 15   R.  Au sein de mon unité, je n'ai rien vu de tel. Si cela avait été le cas,

 16   je vous l'aurais dit.

 17   Q.  Lorsque vous dites être arrivé à Gracac le 5 août, est-ce que vous

 18   pourriez nous dire à quelle heure exactement vous êtes arrivé ?

 19   R.  Il est difficile pour moi de me souvenir de l'heure exacte, je sais

 20   simplement que c'était au cours de l'après-midi. Maintenant, est-ce que

 21   c'était 13 heures ou 14 heures, je l'ignore, c'est difficile à dire pour

 22   moi.

 23   Q.  Combien de temps êtes-vous resté à Gracac, en tout ?

 24   R.  Très peu de temps, je suis resté très peu de temps à Gracac, parce que

 25   nous nous sommes retirés en direction d'une localité qui s'appelle, je

 26   crois, Stikada, ou quelque chose comme Stikada. Et c'est là-bas que nous

 27   sommes restés. J'ai traversé Gracac en empruntant la rue principale. Comme

 28   je l'ai déjà dit, j'ai passé très peu de temps au dispensaire, au centre

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  1   médical, en fait, où j'ai constaté que notre unité médicale pourrait être

  2   cantonnée. J'ai vu que de l'autre côté de la rue, il y avait un poste de

  3   police, et j'y ai vu également plusieurs civils. Je suis vraiment resté

  4   très peu de temps. Ensuite nous sommes allés dans cette localité dont je ne

  5   suis pas sûr si elle appartient à la ville de Gracac ou pas, qui s'appelle

  6   Stikada. Puis nous nous sommes dirigés vers la centrale hydroélectrique.

  7   Q.  Alors, vous aurez peut-être les mêmes difficultés à vous en souvenir,

  8   mais savez-vous quand exactement vous êtes arrivé à Donji Lapac à la date

  9   du 7 août, à quelle heure ?

 10   R.  Excusez-moi. La date figurant dans ma déclaration je la maintiens, je

 11   m'en souviens, mais j'ai fait peut-être une erreur en citant la date du 5.

 12   Je pense que l'action a débuté un jour plus tôt. Parce que nous nous sommes

 13   mis en position le 4 déjà, et non pas le 5, donc il est possible que j'aie

 14   fait une erreur d'un jour.

 15   Q.  Je voudrais juste être tout à fait clair. Vous nous dites que vous êtes

 16   peut-être arrivé à Donji Lapac un jour après, ou un jour avant, vous n'êtes

 17   pas sûr que la date ait été celle du 7 ?

 18   R.  Non, tel que je l'ai confirmé dans ma déclaration écrite.

 19   Q.  Docteur Herman, il y a six mois que vous avez donné votre déclaration.

 20   Est-ce que vous aviez alors des notes en face de vous pour vous aider à

 21   vous souvenir de ces événements ? En fait, je me demande comment il se fait

 22   que vous n'arriviez pas à vous en souvenir aujourd'hui alors que vous avez

 23   donné des dates il y a six mois.

 24   R.  Bien, je vous prie de bien vouloir ne pas oublier que je me trouve pour

 25   la première fois dans une situation dans laquelle il n'est pas si facile

 26   que cela de se détendre. Et vous me demandez de vous dire quelque chose que

 27   je suis censé maintenir et confirmer. Veuillez ne pas oublier, Monsieur le

 28   Procureur, que la déclaration qui a été consignée a été donnée par moi dans

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  1   des circonstances totalement différentes de celles d'aujourd'hui. C'est la

  2   première fois dans ma vie que je dépose en qualité de témoin.

  3   Q.  Est-ce qu'à l'époque où vous avez donné cette déclaration, vous aviez

  4   des notes ou quoi que ce soit devant vous vous permettant de vous rappeler

  5   mieux les événements au sujet desquels on vous posait des questions ?

  6   R.  Non, j'ai simplement essayé d'être aussi précis que possible. Mais je

  7   n'avais pas le sentiment que cela était à ce point crucial. Parce que les

  8   dates, de toute façon, après tant d'années, ont tendance à se brouiller

  9   quelque peu, tout comme les souvenirs. Alors ce que vous pouvez faire dans

 10   ce cas-là c'est d'essayer de replacer les événements dans un certain

 11   contexte.

 12   En fait, moi, j'avais fait tout ce qui était en mon pouvoir pour

 13   oublier la guerre, puisque c'était un épisode particulièrement éprouvant

 14   dans ma vie. Et à chaque fois que j'ai à essayer de m'en souvenir, cela

 15   cause un certain stress.

 16   Q.  Alors indépendamment du temps et de la date exacte de votre arrivée,

 17   est-ce que vous avez la moindre idée de la durée pendant laquelle vous êtes

 18   resté à Donji Lapac ?

 19   R.  Nous y sommes restés également assez peu de temps. J'ai estimé à

 20   l'époque que chacune des opérations allait durer bien plus longtemps que

 21   les quelques jours que ces opérations ont effectivement duré. C'était mon

 22   estimation personnelle à l'époque. Alors je sais que nous avons passé une

 23   nuit dans les environs, et ensuite encore une autre nuit également dans le

 24   voisinage de cette localité.

 25   Q.  Docteur Herman, lorsque vous dites "assez peu de temps", est-ce que

 26   vous parlez d'une ou deux heures avant de repartir; est-ce que ce serait

 27   exact de quantifier cela ainsi ?

 28   R.  Non, je parle en terme de jours, je pensais à un jour. Et dans ma

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  1   perception des choses, l'opération était appelée à durer des jours et des

  2   jours.

  3   Q.  J'essaie de mieux comprendre cela. Vous êtes arrivé à Donji Lapac, et

  4   si j'ai bien compris, cette localité n'a pas été libérée jusqu'à l'après-

  5   midi du 7. Donc si vous dites être resté un jour, est-ce que cela signifie

  6   que vous avez passé la nuit là-bas, parce que vous venez de nous dire que

  7   vous n'aviez pas passé la nuit en ville, alors est-ce que ce n'était pas

  8   manifestement moins d'un jour ?

  9   R.  En fait, nous avons passé la nuit dans les environs de Donji Lapac, en

 10   périphérie de la ville.

 11   Q.  Et donc lorsque vous dites "assez peu de temps à Donji Lapac", vous

 12   parlez de moins d'un jour, peut-être quelques heures; est-ce exact ?

 13   R.  Pour ce qui est du centre-ville de Donji Lapac au sens strict, oui,

 14   c'est exact.

 15   Q.  Vous avez dit aujourd'hui, en pages 18 et 19 du compte rendu

 16   d'audience, qu'au moment où la HV entrait à Donji Lapac, il y avait des

 17   tirs à partir de leurs armes que vous avez considérés comme étant

 18   dangereux, et vous avez indiqué ne pas vous être réellement déplacé dans

 19   cette zone à ce moment-là. Alors pouvez-vous indiquer combien de temps

 20   s'est écoulé entre votre entrée dans Donji Lapac et le moment où la HV est

 21   arrivée dans la ville et où ces soldats ont commencé à tirer ?

 22   R.  Cela représentait quelques heures.

 23   Q.  Et combien de temps s'est-il écoulé entre l'arrivée de la HV et votre

 24   départ de Donji Lapac ?

 25   R.  En fait, nous nous sommes retirés aussi rapidement que possible en

 26   direction de la périphérie.

 27   Q.  Donc cela s'est fait en moins d'une heure; serait-il exact de dire cela

 28   ?

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  1   R.  Oui, oui. Moi-même et mon propre groupe, nous avions pour mission

  2   d'examiner les hommes, de prendre des mesures en raison de leur état

  3   d'épuisement, de leur donner des conseils. Donc j'avais des conditions

  4   assez bonnes, une certaine tranquillité pour procéder à cela. Je ne

  5   connaissais pas très bien cette zone, mais je sais qu'il y avait une maison

  6   et que j'ai eu des entretiens avec certains membres de mon équipe. Il y

  7   avait différents problèmes auxquels ils étaient confrontés qui étaient des

  8   problèmes mineurs, et en fait étaient les conséquences de leur épuisement.

  9   Q.  Dans votre déclaration, vous avez fait état du fait qu'aucun membre de

 10   la police spéciale n'a participé aux actions que vous attribuez à la HV au

 11   moment de son entrée à Donji Lapac. Est-ce que vous vous référiez à cette

 12   façon de célébrer l'entrée à Donji Lapac en procédant à des tirs, ou bien

 13   vous référiez-vous à des incendies volontaires, à des pillages survenus à

 14   Donji Lapac après l'opération Tempête ?

 15   R.  Il faut être extrêmement clair ici. Je ne peux parler que de ma propre

 16   unité de Varazdin. Il n'y a rien d'autre que je puisse vous dire concernant

 17   les membres d'autres unités. Nous, nous nous sommes retirés dans les

 18   environs de Donji Lapac une fois que ce type de célébration a commencé.

 19   Donc pour ce qui est d'éventuels incendies, je n'ai pas vu les membres de

 20   notre unité s'y livrer, et je pense ici aux membres de l'unité de Varazdin.

 21   Q.  En page 19 du compte rendu d'audience, vous avez dit qu'au moment où

 22   vous étiez en train de quitter Donji Lapac, il y avait des maisons en train

 23   de brûler. Est-ce que vous avez vu ces maisons en train de brûler au moment

 24   où vous êtes parti ?

 25   R.  Non, j'observais cela de loin. J'ai vu que certaines maisons brûlaient,

 26   mais je ne saurais vous dire qui les avait incendiées. Je ne veux pas

 27   l'affirmer car je ne l'ai pas vu. J'ai insisté, je dois dire, et j'essayais

 28   d'influencer mes membres sur le plan éthique, je leur ai expliqué pourquoi

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  1   il ne fallait pas brûler les biens, car j'ai expliqué qu'il s'agissait des

  2   biens appartenant à la population croate, et en tant que personne plus âgée

  3   qu'eux, je pense que j'ai réussi à les influencer positivement. Je suis

  4   particulièrement fier de cela, car j'apprécie tout particulièrement les

  5   foyers; c'était le cas à l'époque et ça reste le cas aujourd'hui.

  6   Q.  Au cours de la brève période pendant laquelle vous étiez à Donji Lapac,

  7   est-ce que vous avez remarqué des maisons marquées par les lettres "HV" ou

  8   des maisons marquées par les lettres "MUP", MUP ?

  9   R.  Je ne me souviens pas. J'étais souvent sur le terrain, et j'ai vu

 10   souvent des situations semblables, mais je ne sais pas si c'était le cas à

 11   Donji Lapac. Il m'est difficile de vous dire exactement où c'était le cas.

 12   J'ai traversé la région entre Vukovar et Dubrovnik, et souvent j'ai vu

 13   cela. Pour autant que je le sache, l'on faisait particulièrement attention

 14   en raison du fait qu'il y avait des maisons dans lesquelles, compte tenu du

 15   fait que la population était mixte, il y avait des Croates qui y vivaient.

 16   Je suppose qu'ils s'imaginaient qu'ils pouvaient se protéger face au

 17   pilonnage et ainsi de suite, mais je ne sais pas pourquoi ils pensaient

 18   ainsi. Pour moi, ce sont des maisons croates, quelle que ce soit la

 19   personne qui l'habite, une maison c'est une maison. 

 20   Q.  Docteur Herman, je souhaite que l'on revienne à la question de savoir à

 21   quel point vous étiez proche du général Markac. Est-ce que vous pouvez nous

 22   dire combien de fois vous avez eu une réunion entre vous et le général

 23   Markac, tous les deux ?

 24   R.  Il m'est difficile de vous dire un nombre exact. Mais je dois dire que

 25   je lui ai parlé plusieurs fois, on avait abordé des sujets concernant le

 26   sport. Et moi, en tant que volontaire, j'ai été impressionné par lui, car

 27   il nous avait demandé de faire en sorte que chaque membre, quels que soient

 28   sa couleur, son sexe, sa confession, et cetera, qu'on lui vienne en aide.

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  1   Et ça, j'apprécie particulièrement, car je suis personnellement et

  2   professionnellement humaniste avant tout, et parce que ma vocation est

  3   d'aider les gens.

  4   Q.  Docteur Herman, Me Mikulicic vous a demandé aujourd'hui de faire des

  5   commentaires au sujet de vos impressions concernant le général Markac, et

  6   vous avez dit qu'à votre vis, c'était une personne extrêmement éthique,

  7   honorable, un patriote, et vous l'avez décrit comme professionnel dans son

  8   travail. Qui plus est, dans votre déclaration, vous mentionnez plusieurs

  9   points sur lesquels le général Markac avait insisté concernant notamment le

 10   fait qu'il fallait respecter le règlement de guerre pendant les opérations

 11   de la police spéciale, et vous avez dit la même chose aujourd'hui dans ce

 12   prétoire. Est-ce que tout ceci est exact ?

 13   R.  Oui, c'est exact. Si c'était lui qui commandait aujourd'hui, je pense

 14   qu'il aurait encore insisté sur les mêmes questions.

 15   Q.  Docteur Herman, est-ce que vous pouvez imaginer le général Markac comme

 16   commandant qui prendrait en considération la possibilité d'accuser de

 17   manière fausse les forces militaires opposantes d'avoir lancé une attaque

 18   de sabotage ou une autre attaque non justifiée pour avoir un prétexte pour

 19   donner une fausse impression que les forces croates ont riposté de manière

 20   justifiée face à une provocation en lançant une action militaire ?

 21   R.  Certainement pas.

 22   Q.  Donc je suppose que vous seriez surpris si le général Markac a pris en

 23   considération la possibilité de créer un tel prétexte plus d'une fois en

 24   tant que commandant de la police spéciale ?

 25   R.  Pour moi, ça aurait été une surprise extrêmement désagréable.

 26   Q.  Et pour terminer, Docteur Herman, pour ce qui est de votre déposition

 27   concernant le fait que le général Markac insistait pour que l'on respecte

 28   le règlement, et cetera, est-ce que vous avez pris en considération la

Page 26466

  1   possibilité, ou bien est-ce que vous savez si à un moment donné le général

  2   Markac avait accepté de respecter certaines règles ou conditions afin de

  3   gagner un certain avantage et, que par la suite, il a décidé de manière

  4   unilatérale de violer ces règles ou conditions ?

  5   R.  Je n'ai jamais eu l'occasion d'observer cela personnellement.

  6   M. CARRIER : [interprétation] Merci, Docteur Herman. Je n'ai plus de

  7   questions pour vous.

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci à vous.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Mikulicic.

 10   M. MIKULICIC : [interprétation] Pas de questions, Monsieur le Président.

 11   Questions de la Cour : 

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Herman, vous nous avez dit

 13   qu'un char avait tiré depuis cette colonne. Est-ce que vous pouvez nous

 14   donner des détails supplémentaires ?

 15   R.  J'étais sur une route de montagne, comme je l'ai dit, et un obus avait

 16   été tiré dans cette direction-là. Il s'agissait des chars qui sortaient de

 17   cette ville. Je le regrette fortement, car j'ai vu que les chars s'étaient

 18   joints à une colonne de civils, et pour moi, ceci est inconcevable.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Est-ce que vous pouvez nous dire

 20   exactement où vous vous trouviez à ce moment-là ?

 21   R.  Il m'est difficile de vous le dire exactement. J'étais à l'entrée,

 22   entre la partie où se trouvait la forêt et dans la direction de

 23   l'agglomération. Et je dois dire que j'ai été plutôt effrayé en entendant

 24   ce bruit. J'avoue que la vue d'un char m'effraie.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que vous avez vu le char au

 26   moment de tirer ?

 27   R.  Non, je l'ai entendu.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que vous avez vu l'obus lorsqu'il

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  1   est tombé ?

  2   R.  Non, je ne l'ai pas vu. Il est tombé dans la forêt, je l'ai entendu, on

  3   a pu entendre très clairement le bruit de l'explosion.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] S'agissait-il d'un seul obus ou de

  5   plusieurs ?

  6   R.  Concrètement parlant, il s'agissait d'un obus. Et j'ai évalué qu'il

  7   s'agissait d'un obus de char, mais plusieurs obus sont tombés, pas vraiment

  8   sur nous, mais dans la forêt.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie.

 10   Une autre question.

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous en prie.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La personne qui vous a interviewé.

 13   Attendez que je trouve. Un instant.

 14   Vous avez dit que Djurica Franjo était présent pendant votre entretien.

 15   D'après la structure hiérarchique, donc je ne parle pas de la question de

 16   savoir si vous donniez des ordres, mais sur le plan hiérarchique, est-ce

 17   qu'il était plus haut placé que vous au sein de la police spéciale ?

 18   R.  Je ne saurais vous le dire, car je connais cet homme seulement dans le

 19   sens que je peux vous dire que c'était un employé du MUP depuis de longues

 20   années. Pour le reste, je ne saurais vous le dire.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci de cette réponse. Je n'ai plus de

 22   questions.

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous en prie.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Y a-t-il des questions qui découlent des

 25   questions de la Chambre ?

 26   Dans ce cas-là, votre déposition devant ce Tribunal se termine. Je souhaite

 27   vous remercier d'être venu déposer et d'avoir répondu aux questions que les

 28   parties et la Chambre vous ont posées. Et je vous souhaite un bon voyage de

Page 26468

  1   retour.

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame la Greffière d'audience,

  4   pourriez-vous escorter le témoin à l'extérieur du prétoire.

  5   [Le témoin se retire]

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il nous reste un peu de temps pour

  7   traiter des questions de procédure. Je souhaite commencer avec les lignes

  8   directrices sur les faits convenus entre les parties.

  9   La Chambre va donc maintenant énoncer les instructions qui seront les

 10   siennes concernant la présentation des points d'accord entre les parties.

 11   Le 2 octobre 2009, la Défense Cermak a déposé six demandes adressées à la

 12   Chambre et lui demandant le versement, en application de l'article 92 bis,

 13   ainsi qu'une requête demandant le versement en application de l'article 92

 14   quater du Règlement, l'ensemble représentant près de 1 400 pages.

 15   Le 9 octobre 2009, la Chambre, prenant en considération la nature et

 16   l'étendue des sujets que la Défense Cermak semble vouloir présenter au

 17   moyen des éléments fournis dans le cadre des articles 92 bis et quater, a

 18   indiqué que la Défense Cermak devrait chercher d'autres pistes pour le

 19   versement des éléments en question. La Chambre a indiqué que dans le

 20   contexte en question, il convenait de présenter les éléments concernés au

 21   moyen de faits faisant l'objet d'un accord. Elle a ensuite invité les

 22   parties à parvenir à un tel accord. Tout cela peut être trouvé en pages 22

 23   866 à 22 870 du compte rendu d'audience.

 24   Le 10 novembre 2009, la Défense Cermak a informé la Chambre qu'elle

 25   présentait, conjointement avec l'Accusation, un document unique comportant

 26   des points au sujet desquels les parties étaient parvenues à un accord et

 27   couvrant les requêtes aussi bien au titre du 92 bis que du 92 quater. Cela

 28   peut être retrouvé en pages 24 461 à

Page 26469

  1   24 464 du compte rendu d'audience.

  2   Suite à cela, le 18 novembre 2009, les parties ont informé la Chambre que

  3   malgré l'accord intervenu concernant lesdits faits, la façon dont les faits

  4   en question seraient présentés à la Chambre restait controversée. La

  5   Défense Cermak et la Défense Gotovina ont avancé que les points d'accord

  6   devraient être formellement versés au dossier alors que l'Accusation a pris

  7   la position selon laquelle les points d'accord ne devaient faire l'objet

  8   que d'un constat judiciaire par la Chambre, sans qu'il y ait versement

  9   officiel au dossier. Ceci figure aux pages 24 729 à 24 741 du compte rendu

 10   d'audience.

 11   L'article 65 ter (H) du Règlement de procédure et de preuve, dit, je cite : 

 12   "Le Juge de la mise en état prend acte des points d'accord et de désaccord

 13   sur les questions de droit et de fait. A cet égard, il peut enjoindre aux

 14   parties d'adresser soit à lui-même, soit à la Chambre, des conclusions

 15   écrites."

 16   Quant à la Règle 65 ter (M), elle permet à la Chambre de première instance

 17   d'exercer d'office l'une quelconque des fonctions qui sont celles du Juge

 18   de la mise en état.

 19   Concernant les points d'accord, les éléments présentés par le biais d'une

 20   écriture conjointe des parties figureront au compte rendu d'audience et en

 21   feront partie intégrante, compte rendu d'audience sur lequel les parties

 22   peuvent ensuite s'appuyer dans leurs arguments futurs. Tout accord

 23   intervenu sur des faits écarte ces faits de la controverse entre les

 24   parties et rend extrêmement peu probable la situation dans laquelle l'une

 25   quelconque des parties en viendrait à présenter des éléments contredisant

 26   les points d'accord au sujet desquels un accord est intervenu précédemment.

 27   Pour des raisons semblables, il est très peu probable qu'une Chambre de

 28   première instance trouve des raisons de ne pas accepter des points

Page 26470

  1   d'accord, eu égard à la véracité de leur contenu lorsqu'elle procède,

  2   lorsqu'elle parvient à ces constatations finales. La Chambre a la

  3   possibilité de s'appuyer sur de tels points d'accord pour la vérité qu'ils

  4   recèlent, sans qu'aucun élément de preuve additionnel ait à être présenté

  5   en rapport avec ces points d'accord. Cependant, lorsque les parties

  6   parviennent à un accord concernant des questions de droit ou de fait et

  7   soumettent ces points d'accord dans une écriture en application de

  8   l'article 65 ter (H), cela n'entraîne aucune obligation de la part de la

  9   Chambre. Le poids attribué en dernier lieu à de tels points d'accord sera

 10   déterminé au vu de la totalité des éléments de preuve.

 11   Quant à la question de savoir si les points d'accord doivent faire l'objet

 12   d'un versement formel, les parties se sont appuyées sur toute une série de

 13   décisions à l'appui de leur position respective. Dans l'affaire Blagojevic

 14   et Jokic, la Chambre a apporté une précision le 19 décembre 2003, indiquant

 15   la chose suivante : lorsque certains points font l'objet d'un accord au

 16   cours de la phase du procès, la consignation même de ces points d'accord

 17   entraîne leur acceptation, en application de l'article 89(C) du Règlement.

 18   Cette position a été confirmée par les Chambres de première instance dans

 19   les affaires Halilovic le 25 juillet 2005 et Dragomir Milosevic, le 10

 20   avril 2007.

 21   La présente Chambre considère que le statut des points d'accord dûment

 22   consignés n'est en rien inférieur à ceux qui font l'objet d'un versement

 23   officiel en application de l'article 89(C), et ce, indépendamment de la

 24   prise ou non d'une décision spécifique portant versement. Compte tenu de la

 25   jurisprudence, la Chambre considère que le versement formel des points

 26   d'accord et l'attribution d'un numéro de pièce à conviction à ces points

 27   d'accord constituerait une étape superflue, du point de vue de la

 28   procédure. 

Page 26471

  1   Lorsqu'elle dresse constat judiciaire d'éléments dont elle est saisie, la

  2   Chambre ne fait aucune distinction de statut entre des points d'accord

  3   ayant fait l'objet d'une écriture conjointe des parties et des points

  4   d'accord ayant donné lieu à une demande de décision portant sur leur

  5   acceptation et leur versement en application de l'article 89(C) du

  6   Règlement.

  7   Compte tenu de ce qui précède, la Chambre demande aux parties de déposer

  8   dans une écriture conjointe un tableau énumérant les points d'accord. De

  9   plus, la Chambre demande à la Défense Cermak de retirer ses requêtes en

 10   application des articles 92 bis et 92 quater toujours pendantes et qui

 11   entrent dans le cadre de l'écriture conjointe demandée.

 12   Ceci conclut les instructions de la Chambre portant sur les points

 13   d'accord.

 14   Y a-t-il d'autres questions de procédure que les parties souhaitent

 15   soulever à ce stade, mis à part ce que j'ai déjà

 16   mentionné ? Car aujourd'hui, c'est le dernier vendredi avant les vacances

 17   judiciaires et il vaut mieux régler les choses dans la mesure du possible.

 18   Maître Kay.

 19   M. KAY : [interprétation] En ce qui nous concerne, je n'ai jamais été très

 20   doué pour régler tout, mais je souhaite intervenir au sujet des points

 21   d'accord, car les parties devront se réunir et signer l'accord. Et nous

 22   souhaiterions que ceci soit fait après les vacances judiciaires, pour des

 23   raisons de logistique.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. La Chambre regrettera le fait de ne

 25   pas les avoir pendant les vacances judiciaires, mais nous savons

 26   approximativement de quoi il s'agit. Bien sûr, la Chambre s'était déjà

 27   penchée sur 92 bis et quater.

 28   M. KAY : [interprétation] Alors nous nous réjouissons.

Page 26472

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe.

  2   M. KEHOE : [interprétation] Brièvement.

  3   Je pense que la Chambre auparavant avait prorogé le délai pour les

  4   réponses aux requêtes pendant les vacances judiciaires précédentes. Je

  5   pense que c'était le cas pendant les vacances judiciaires d'été et de Noël,

  6   la dernière fois. Donc je pense que nous pouvons arriver à une décision

  7   portant sur le délai, mais je pense que nous pouvons émettre notre accord à

  8   ce que l'accord se fasse à l'extérieur du prétoire et que la Chambre le

  9   reçoive.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] En même temps, la situation est quelque

 11   peu différente. Nous nous approchons de la fin de la présentation des

 12   éléments de preuve, et avant que la Chambre ne puisse s'engager par rapport

 13   à un accord entre les parties, la Chambre souhaite prendre en considération

 14   les requêtes en suspens afin de ne pas avoir de prolongation non

 15   nécessaire. Donc je souhaite prendre un peu plus de précautions avant

 16   d'accorder une telle prorogation de délai.

 17   M. KEHOE : [interprétation] Je comprends, Monsieur le Président.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ensuite, Maître Mikulicic, une autre

 19   question. Est-ce que vous préférez répondre après la pause, car je vais

 20   vous dire quelle est la situation, à mon avis.

 21   Pour le moment, je ne vais pas traiter des questions telles que les

 22   réponses déposées tardivement, et je ne vais pas traiter pour le moment des

 23   délais dans lesquels les requêtes ont été ou la requête a été déposée même

 24   si ceci n'est pas sans pertinence, mais je souhaite que vous vous

 25   concentriez sur certaines des objections soulevées par l'Accusation lorsque

 26   vous aurez déposé le rapport d'expert de M. Watts. Et j'indique au passage

 27   que ceci n'a pas été déposé en tant que rapport d'expert, mais en tant que

 28   rapport dans votre deuxième écriture expliquant et fournissant des

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  1   informations à l'Accusation concernant ce à quoi ils peuvent s'attendre

  2   pour ce qui est de la pertinence.

  3   Apparemment, l'Accusation souhaite soulever plusieurs points. Tout d'abord,

  4   la plus grande partie ou au moins la moitié du rapport d'expert de M. Watts

  5   est de nature purement juridique, c'est-à-dire le but d'expliquer la loi.

  6   M. Watts, dans son rapport, comme nous avons pu le constater, analyse la

  7   jurisprudence de ce Tribunal. Et je ne souhaite pas dire qu'une expertise

  8   juridique est exclue dans toutes les circonstances. Mais vous vous

  9   souviendrez peut-être du fait que la Chambre avait rendu une décision

 10   concernant le rapport d'expert de M. Corn et a traité aussi de l'expertise

 11   juridique dans ce contexte.

 12   La deuxième partie du rapport analyse la responsabilité criminelle de

 13   M. Markac conformément à la théorie de la responsabilité de supérieur

 14   hiérarchique. Parmi les préoccupations exprimées par l'Accusation figure le

 15   fait que M. Watts se fonde dans une grande mesure sur les déclarations qui

 16   ne sont pas accessibles pour la Chambre de première instance.

 17   Notamment la déclaration Sasic, je pense qu'elle fait l'objet de dix

 18   notes en bas de page. J'attire votre attention sur le paragraphe 54 du

 19   rapport. Et nous voyons dans les parties qui suivent dans le rapport que

 20   l'on attribue une grande importance au niveau de connaissance de M. Markac.

 21   Par exemple, au paragraphe 69 du rapport, nous trouvons une constatation

 22   selon laquelle la connaissance de la part de M. Markac est importante pour

 23   tirer des conclusions supplémentaires.

 24   La Chambre ne dispose pas de la déclaration de M. Sasic, et

 25   l'Accusation affirme qu'il serait inadmissible de verser au dossier cet

 26   élément de preuve compte tenu du fait que la déclaration avait été prise

 27   pour ce Tribunal et ne serait pas recevable en vertu de l'article 92 bis

 28   ter ou quater. Pour ce qui est de l'accès à la déclaration même la

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  1   déposition potentielle la Chambre n'a pas accès à cela.La situation

  2   certainement n'aurait pas été améliorée au cours de la dernière journée et

  3   demie.

  4   Le rapport énonce des conclusions qui vont très loin sur la base de

  5   cette documentation et l'expert parvient à des conclusions telles que, je

  6   cite : "Sur la base des règles en vertu desquelles Markac fonctionnait et

  7   d'après les connaissances d'expert et ses connaissances dans la doctrine de

  8   responsabilité du supérieur hiérarchique, à son avis, Markac n'a pas commis

  9   d'omission suffisamment coupable pour être responsable de ce qui s'est

 10   passé à Grubori et ce qui est tout au moins une déclaration dans laquelle

 11   il court le risque de faire ce qui est, en fait, la tâche de la Chambre. Et

 12   là encore, apparemment, M. Watts base son opinion notamment, mais

 13   certainement sur un aspect assez important, sur des documents qui ne sont

 14   pas accessibles à la Chambre.

 15   La Chambre souhaiterait que vous-même précisément examiniez ces questions

 16   sans exclusives à l'égard d'autres aspects en dix minutes. Et quant à

 17   savoir si vous souhaitez savoir si c'est maintenant ou après la suspension

 18   de séance, je laisse ça à votre choix. Bien entendu, cette question ne

 19   s'est faite jour qu'à l'occasion du dernier tour d'échange de vue et ces

 20   motifs pour lesquels exceptionnellement la Chambre souhaite entendre des

 21   arguments brefs précisément sur ces questions.

 22   La Chambre est également au courant, bien entendu, du fait que nous

 23   avons deux tâches particulières, la première est d'ajouter un témoin à la

 24   liste 65 ter; et bien entendu, la deuxième question qui n'est pas sans

 25   rapport avec la première, c'est l'admission d'éléments de preuve ou

 26   dépositions en tant que rapport d'expert tel qu'il est présenté en annexe à

 27   vos arguments qui visaient à obtenir l'autorisation de modifier la liste 65

 28   ter en ajoutant M. Watts.

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  1   Souhaitez-vous le faire avant la suspension de séance ou après la

  2   suspension de séance ? Comme je l'ai dit, la Chambre certainement a à

  3   l'esprit à ce stade que la Chambre peut permettre une brève réponse

  4   également pour l'Accusation, mais vous êtes la partie qui a évoqué cela,

  5   qui l'a demandé, certainement, je ne pense pas qu'on puisse accorder plus

  6   de six, sept ou huit minutes.

  7   Maître Mikulicic.

  8   M. MIKULICIC : [interprétation] Monsieur le Président, je préférerais le

  9   faire après la suspension de séance. Je me trouve dans une situation assez

 10   bizarre, parce qu'il s'agit là d'une question qui avait été évoquée par mon

 11   co-conseil, Me Kuzmanovic, et l'assistant juridique, M. Gault. Tous les

 12   deux sont absents maintenant, et je ne suis pas très au courant de ces

 13   questions sur les détails que vous venez d'évoquer. Donc il faut que je

 14   puisse consulter mes collègues au cours de la suspension de séance, et je

 15   m'efforcerai de vous donner une réponse satisfaisante à ce sujet.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Vous comprendrez, je pense, que la

 17   requête d'origine ayant été déposée le 11 novembre, l'Accusation ayant

 18   répondu le 26 novembre, nous avons ensuite une réplique de la Défense le 4

 19   décembre, et il y a duplique de la part de l'Accusation le 12 décembre.

 20   Donc la Chambre ne veut pas -- en fait, estime qu'il ne serait pas bon

 21   d'attendre la période qui sera après les vacations judiciaires, parce que

 22   ceci dérangerait l'ordre de passage prévu pour les témoins, du moins, ça

 23   pourrait avoir une incidence là-dessus. Par conséquent, la Chambre souhaite

 24   dès maintenant décider et trancher la question, même s'il n'y a pas une

 25   décision complète et rédigée, ce serait de préférence aujourd'hui ou dans

 26   les journées qui viennent de façon à ce que vous disposiez des directives

 27   pratiques en la matière. C'est la raison pour laquelle nous vous avons

 28   demandé de présenter des arguments supplémentaires. Vous pourrez faire cela

Page 26476

  1   après la suspension de séance.

  2   Si vous avez besoin d'une suspension de séance un peu plus longue de

  3   façon à être mieux à même de consulter -- je ne sais pas où est Me

  4   Kuzmanovic, j'espère qu'il n'est pas de retour aux Etats-Unis, parce que --

  5   M. MIKULICIC : [interprétation] Mais si, Monsieur le Président, il

  6   est quelque part au-dessus de l'océan.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bon, alors cela va faire très tôt le

  8   matin pour lui.

  9   M. MIKULICIC : [interprétation] Monsieur le Président, ce que je voudrais

 10   suggérer avec votre permission et selon vos directives, c'est qu'on puisse

 11   attendre lundi, de façon à ce qu'au cours du week-end nous puissions vous

 12   fournir des réponses écrites à ce que vous venez d'évoquer, et nous

 13   pourrions la déposer lundi. Donc dans les trois jours, en comptant le week-

 14   end dans l'intervalle.

 15   [La Chambre de première instance se concerte]

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous avons examiné votre demande et la

 17   Chambre ne souhaite pas vous autoriser à attendre après le week-end. Ceci

 18   causerait toute une série de très gros problèmes logistiques. C'est vous

 19   qui avez plus ou moins déclenché cette difficulté en procédant à un dépôt

 20   d'écriture relativement tard. Je ne prévois pas de décision sur la question

 21   de savoir si ce dépôt était trop tardif ou non, mais en tous les cas

 22   c'était le 11 novembre, ensuite ce rapport est devenu disponible seulement

 23   en tant qu'annexe à votre dépôt d'écriture du 4 décembre.

 24   La Chambre, néanmoins, souhaite vous donner un petit peu de liberté

 25   de manœuvre, à certains égards. C'est-à-dire que si vous préférez faire un

 26   dépôt d'écriture, vous avez jusqu'à 17 heures aujourd'hui pour le faire,

 27   même si c'est un dépôt qui n'est pas fait dans les formes, mais en tous les

 28   cas, un exemplaire déposé d'avance par courtoisie auprès des membres de la

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  1   Chambre, ceci pourra être acceptable. Ça permettra à la Chambre, en tous

  2   les cas, d'examiner la question lors d'une réunion qui pourra avoir lieu

  3   plus tard dans la journée. Les Juges de la Chambre ne sont pas en mesure de

  4   se réunir après le week-end, parce que nous serons tous dans des lieux

  5   différents. Et il y a là des questions qui nécessitent une discussion

  6   approfondie, plutôt que des consultations par téléphone de cinq ou dix

  7   minutes, indépendamment de savoir si d'ailleurs on pourrait organiser cela.

  8   De plus, la Chambre considère également qu'il est important que vous

  9   receviez les directives dont vous avez besoin. Par conséquent, la Chambre

 10   vous laisse le choix, Maître Mikulicic, vous pouvez faire les deux. Si vous

 11   dites, laissez-moi consulter, je ne sais pas, vous dites qu'il est au-

 12   dessus de l'océan ou de l'autre côté de l'océan déjà.

 13   M. MIKULICIC : [interprétation] Au-dessus de l'océan, Monsieur le

 14   Président.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Au-dessus de l'océan, bien.

 16   M. MIKULICIC : [interprétation] Je pense que son vol a dû commencer à 10

 17   heures 30 ce matin.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ce qui veut dire que pour vous-même, je

 19   ne sais pas si vous allez pouvoir vous entretenir avec lui, je ne sais pas

 20   si vous pouvez l'atteindre. Mais s'il y a quelque communication possible

 21   parfois avec les avions, on peut aussi -- je laisse ceci entre vos mains.

 22   Est-ce que vous savez à quelle heure l'avion est censé arriver ?

 23   M. MIKULICIC : [interprétation] Disons, huit heures après le décollage.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, parfois c'est six, sept, huit.

 25   M. MIKULICIC : [interprétation] Oui, je pense -- enfin, si vous me

 26   permettez de compter, je ne suis pas très bon en arithmétique, Monsieur le

 27   Président. Mais donc ça ferait dix et six, donc c'est environ 16 heures ou

 28   4 heures de l'après-midi, quelque chose comme cela, d'après mes calculs.

Page 26478

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

  2   [La Chambre de première instance se concerte]

  3   M. MISETIC : [interprétation] Monsieur le Président.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Maître Misetic.

  5   M. MISETIC : [interprétation] Etant quelqu'un qui a l'habitude de prendre

  6   fréquemment le vol d'Amsterdam à Chicago, je crois que

  7   16 heures ou 4 heures de l'après-midi, c'est peut-être un peu de l'espoir.

  8   Mais moi, je soupçonnerais que ce serait passé 18 heures de La Haye avant

  9   qu'il ne soit arrivé.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie. J'aurais pu dire,

 11   Merci, steward, pour ces renseignements. En tous les cas, merci pour le

 12   renseignement. Je vous demande un instant, s'il vous plaît.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je suis juste en train de vérifier mon

 14   courriel pour le moment concernant les modalités pratiques relatives aux

 15   prochaines réunions avec les autorités de la République de Croatie.

 16   L'Accusation a demandé qu'un tiers soit présent et la Défense de M.

 17   Gotovina aussi. Nous allons examiner les possibilités. Il nous faut trouver

 18   des locaux qui permettent de prendre toutes les mesures voulues. Nous avons

 19   besoin d'interprétation et probablement également de sténographie.

 20   Une question finale sur laquelle je souhaite poser une question aux

 21   parties c'est si nous nous réunissions avec les représentants de la

 22   République de Croatie, ceci ne ferait pas partie d'une audience de la

 23   Chambre; il s'agirait d'une réunion préparatoire. L'Accusation a suggéré

 24   qu'il en soit fait un compte rendu consigné par écrit.

 25   Maintenant l'une des questions qui est portée à notre attention par

 26   le greffe, c'est qu'il serait peut-être difficile d'avoir une traduction en

 27   français à disposition qui, bien entendu, est nécessaire si un compte rendu

 28   en français est également établi. Alors je voudrais demander quelle est la

Page 26479

  1   position des parties pour ce qui est de limiter cette séance non officielle

  2   de la Chambre, si cette dernière décide qu'immédiatement, simultanément un

  3   compte rendu pourrait être fait, et qu'il n'insiste pas pour qu'il y ait un

  4   interprète français présent, de sorte que ceci ferait également qu'il ne

  5   serait pas nécessaire d'avoir un compte rendu en français, enfin, ceci

  6   n'empêche pas qu'il soit fait par la suite.

  7   M. KEHOE : [interprétation] Monsieur le Président, le point de vue de la

  8   Défense de Gotovina est que nous n'avons pas besoin du tout d'un compte

  9   rendu écrit.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Ecoutez, nous avons examiné la

 11   question. La Chambre souhaite suggérer un enregistrement audio, donc en cas

 12   de nécessité, un compte rendu écrit pourrait être établi par la suite.

 13   Monsieur Waespi, voudriez-vous expliquer pourquoi vous voyez tant

 14   d'importance déjà à ce qu'il y ait un compte rendu établi immédiatement ?

 15   M. WAESPI : [interprétation] Je pense que c'est bon pour tous les

 16   participants à cette réunion, ce serait utile. Et comme vous le savez,

 17   d'habitude, il est bon de voir ce que les gens ont dit précédemment. Mais

 18   je vais m'en remettre à M. Tieger et à ce moment-là, je lui demanderai

 19   quelle est la raison précise pour laquelle il insiste. Mais je suis sûr

 20   qu'un compte rendu en français ne pose pas un problème à ce stade, pour le

 21   moment.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien, je vous remercie pour cela.

 23   Alors je suggère ceci : la Chambre souhaite examiner la façon de procéder,

 24   notamment de voir si elle doit d'abord se renseigner sur le point de savoir

 25   si Me Kuzmanovic avait un vent arrière ou un vent portant, ou au contraire

 26   un vent de bout, et ce qui reste encore possible à la Chambre. Comme je

 27   l'ai dit précédemment, il y a là des questions que les Juges souhaitent

 28   examiner et discuter entre eux, sans échanger de brefs courriers

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  1   électroniques sur la question. Je suggère donc que nous ayons une

  2   suspension de séance, que vous alliez aux renseignements, notamment pour

  3   savoir à quel moment Me Kuzmanovic pourra allumer son téléphone portable,

  4   combien de temps il vous faudra. Nous avons également besoin de voir peut-

  5   être quelles sont les possibilités pour la Chambre de se réunir. Mais ce

  6   qui est urgent en l'occurrence c'est quelque chose qui n'est pas le fait

  7   des membres de la Chambre.

  8   Et je suggère que puisque nous n'aurons peut-être pas besoin de

  9   discuter d'autres aspects, d'autres questions, peut-être on pourrait avoir

 10   une suspension de séance un peu plus longue.

 11   Maître Mikulicic, si vous ne voyez aucune possibilité du tout de présenter

 12   des arguments supplémentaires par écrit aujourd'hui, à ce moment-là, vous

 13   voudrez peut-être préparer des arguments oraux brefs compte tenu des

 14   limites et des dates fixées par la Chambre. Je suspens l'audience et nous

 15   reprendrons à 13 heures 15.

 16   --- L'audience est suspendue à 12 heures 33.

 17   --- L'audience est reprise à 13 heures 22.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Mikulicic.

 19   M. MIKULICIC : [interprétation] Monsieur le Président, voilà la situation,

 20   plus ou moins : si on tient compte des qualités d'expert de M. Watts, sans

 21   entrer dans les détails que vous avez évoqués, mais en gardant à l'esprit

 22   néanmoins, lorsque nous replaçons les choses dans leur contexte, ces

 23   nouveaux développements, pour ainsi dire, qui ont eu lieu en Croatie, avec

 24   les résultats très probables de voir qu'un certain nombre de faits

 25   nouveaux, plus particulièrement liés aux événements de Grubori, qui fait

 26   partie du noyau, d'une partie centrale de l'acte d'accusation, alors je

 27   pense que présenter un rapport d'expert en l'absence ou à défaut

 28   d'informations et de renseignements qui pourraient être obtenus en vertu de

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  1   ces nouveaux développements, ce serait, quoi qu'il en soit, prématuré, je

  2   pense.

  3   Et c'est la raison pour laquelle, Monsieur le Président, la Défense que je

  4   représente est d'avis qu'il y a lieu de retirer ce témoin expert, M. Watts,

  5   de la liste des témoins, la liste 65 ter, et d'exclure sa déposition de

  6   témoin expert de nos thèses de la Défense. En d'autres termes, nous

  7   retirons toutes les demandes qui ont trait à cela.

  8   Comme je l'ai déjà déclaré ce matin, compte tenu de l'évolution de

  9   ces nouveaux développements, nous nous réservons le droit de réagir à toute

 10   évolution ou développements nouveaux qui pourraient se faire jour en

 11   Croatie compte tenu de la procédure qui est en cours là-bas.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que je peux considérer que

 13   l'autre équipe de la Défense n'a pas d'arguments à présenter sur cette

 14   question ?

 15   Monsieur Waespi.

 16   M. WAESPI : [interprétation] Rien, Monsieur le Président.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie.

 18   [La Chambre de première instance se concerte]

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Indépendamment de voir si la Chambre

 20   peut adopter les motifs, il est consigné au compte rendu que la demande

 21   visant à modifier la liste des témoins 65 ter a été retirée, et c'est

 22   maintenant le point où nous en sommes. Ceci est consigné au compte rendu et

 23   c'est bien clair.

 24   Un dernier point. Est-ce que les parties ont discuté des questions de

 25   prorogation de délai, de temps supplémentaire pour les requêtes qui

 26   pourraient être pendantes, et qu'est-ce qu'ils auraient à suggérer à cet

 27   égard ?

 28   M. KEHOE : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai parlé à M. Waespi

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  1   et nous allons encore nous réunir pour voir tout notre courrier

  2   électronique depuis Noël dernier, et je vais me consulter avec lui et je

  3   communiquerai la réponse demandée à la Chambre. Nous n'avons pas établi de

  4   cadre temporel particulier et nous n'avons pas donné d'indication précise

  5   pour le temps nécessaire.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. La Chambre, bien entendu, aura à se

  7   décider assez rapidement.

  8   M. KEHOE : [interprétation] Oui.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc s'il faut qu'il y ait des courriers

 10   électroniques qui expriment une position commune, bien entendu, nous les

 11   examinerons, mais ce n'est pas la même chose que d'accepter une position

 12   commune présentée par les deux parties. Mais enfin, nous allons examiner la

 13   question, et si vous souhaitez avoir quelque chance que la Chambre puisse

 14   examiner la question, alors il vous est conseillé de ne pas attendre plus

 15   longtemps que 15 heures cet après-midi.

 16   M. KEHOE : [interprétation] Monsieur le Président, pourriez-vous m'accorder

 17   juste un instant pour parler à M. Waespi de l'autre côté du prétoire ?

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 19   [Les conseils de l'Accusation et de la Défense se concertent]

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe.

 21   M. KEHOE : [interprétation] Monsieur le Président, l'accord des parties

 22   était plutôt que les deux semaines qui sont évoquées dans le Règlement,

 23   trois semaines à compter de la date de tout dépôt d'écriture - et je

 24   comprends que vous avez des préoccupations au point de vue calendrier -

 25   mais de façon à pouvoir faire en sorte que le calendrier des uns et des

 26   autres puisse être accepté, voilà ce sur quoi les parties se sont mises

 27   d'accord, et nous présentons cette proposition conjointement à la Chambre.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Monsieur Waespi.

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  1   M. WAESPI : [interprétation] Juste un ou deux points, Monsieur le

  2   Président.

  3   Le seul dépôt d'écriture -- ou plus directement les deux dépôts qui seront

  4   faits à l'évidence feront que nous nous plierons à cette limite de 15

  5   heures vous avez donnée aujourd'hui. Et je pense que pour les délais il y

  6   en avait un qui venait à échéance mardi, c'était notre réponse à la demande

  7   de certification adressée pour la Chambre d'appel. Et ça, bien sûr, ce

  8   n'est pas affecté par un accord tel qu'il soit.

  9   Juste un autre point dont on a discuté avant la suspension de séance en ce

 10   qui concerne la réunion préparatoire dont a parlé.

 11   L'Accusation suggère pour ce qui est du compte rendu, qu'il ne s'agisse pas

 12   d'un compte rendu simultané, comme nous fonctionnons actuellement, mais

 13   tout simplement tout comme un procès-verbal tel qu'il est normalement

 14   dressé après des réunions au titre de l'article 65 ter du Règlement, et qui

 15   est d'habitude disponible, je crois, le lendemain de la réunion. Ceci

 16   serait suffisant du point de vue de l'Accusation.

 17   Je vous remercie.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Nous allons examiner la question.

 19   Il se peut qu'il y ait des possibilités techniques de le faire. Sinon, il

 20   faudra trouver une autre façon d'enregistrer cela, parce que ce qui serait

 21   plus particulièrement important c'est que là, sur les points sur lesquels

 22   il y a accord et ce sur lequel il n'y a pas d'accord. Et certainement -- si

 23   ce n'est par un compte rendu mot à mot, il y aura certainement des méthodes

 24   qui permettront d'éviter toute confusion possible ou malentendu dans les

 25   communications. La Chambre certainement va examiner la question la

 26   question.

 27   Y a-t-il autre chose qui est présenté maintenant ?

 28   Si ce n'est pas le cas, nous allons lever la séance, mais nous n'allons pas

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  1   le faire sans avoir souhaité à tout un chacun que Noël tombe en décembre ou

  2   que Noël soit au début de janvier, nous voulons souhaiter à tous nos

  3   meilleurs vœux pour les fêtes de Noël et pour la nouvelle année.

  4   La Chambre est consciente du fait que nous ne sommes pas tous dans la même

  5   position, à savoir en particulier pour le quartier pénitentiaire, il est

  6   plus difficile de jouir de ces journées-là. Néanmoins, la Chambre souhaite

  7   adresser ses meilleurs vœux pour ces journées à tous ceux qui sont présents

  8   dans cette salle d'audience et tous ceux qui nous aident à côté de la salle

  9   d'audience.

 10   Je lève la séance. Nous reprendrons lundi, 11 janvier 2010, à 9 heures du

 11   matin, dans la salle d'audience numéro III.

 12   --- L'audience est levée à 13 heures 31 et reprendra le lundi 11 janvier

 13   2010, à 9 heures 00.

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