Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le vendredi 10 mai 2013

  2   [Audience publique]

  3   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 9 heures 02.

  5   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Bonjour à tous et à toutes dans le

  6   prétoire et autour de celui-ci.

  7   Monsieur le Greffier, veuillez, je vous prie, citer le numéro de l'affaire.

  8   M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour, Messieurs les Juges. Il s'agit

  9   de l'affaire IT-04-75-T, le Procureur contre Goran Hadzic. Merci.

 10   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Grand merci.

 11   Est-ce qu'on peut avoir les présentations, à commencer par l'Accusation.

 12   M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Bonjour, Messieurs les Juges. Bonjour à

 13   tous dans le prétoire et autour de celui-ci. Pour l'Accusation ce matin,

 14   Alex Demirdjian et Lisa Biersay, avec notre commis à l'affaire, Thomas

 15   Laugel, et l'interne, Agnes Bugaj.

 16   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

 17   Maître Zivanovic.

 18   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Bonjour, Messieurs les Juges. Pour la

 19   Défense de Goran Hadzic, Zoran Zivanovic et Christopher Gosnell. Merci.

 20   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Grand merci.

 21   S'il n'y a rien à ajouter, le témoin pourrait être conduit vers le

 22   prétoire.

 23   [Le témoin vient à la barre]

 24   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Bonjour, Monsieur Theunens.

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour, Messieurs les Juges.

 26   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Gosnell, veuillez continuer.

 27   M. GOSNELL : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 28   LE TÉMOIN : REYNAUD THEUNENS [Reprise]

 


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  1   [Le témoin répond par l'interprète]

  2   Contre-interrogatoire par M. Gosnell : [Suite]

  3   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Theunens.

  4   R.  Bonjour, Monsieur Theunens [comme interprété].

  5   Q.  Quelques questions de suivi sur le sujet que j'avais abordé avec vous

  6   hier pour ce qui est de vos relations avec le bureau du Procureur. Est-ce

  7   que vous avez examiné ou aidé à préparer les écritures, les mémoires en

  8   clôture ou en appel, pour ce qui est des huit années que vous avez

  9   effectuées ici dans le bureau du 

 10   Procureur ?

 11   R.  Oui, Messieurs les Juges. Mon rôle s'agissant desdits documents se

 12   limitait à un examen des aspects militaires pour voir si, par exemple, des

 13   réglementations militaires avaient été présentées de façon précise ou est-

 14   ce que les noms des individus et leurs grades ont été indiqués de façon

 15   exacte. Je n'étais pas impliqué dans les affaires -- dans les aspects

 16   juridiques et les arguments juridiques. Je n'étais impliqué que dans les

 17   questions de fait qui faisaient partie de mon domaine d'expertise

 18   professionnelle.

 19   Q.  Et ceci impliquait des interprétations de volumes de documents pour

 20   aboutir à des conclusions, n'est-ce pas ?

 21   R.  En effet, mais je préférerais être plus concret. L'examen des volumes

 22   de documents militaires pour essayer de rédiger ou aboutir à des

 23   conclusions de nature militaire --

 24   Q.  Moi, j'ai parlé d'"interprétation des volumes de documents pour aboutir

 25   à des conclusions." Est-ce que ceci était à peu près ce que vous faisiez ?

 26   R.  Mais qu'entendez-vous par le mot "interprétation" ?

 27   Q.  Quand je parle d'"interprétation", je parle de l'évaluation du poids

 28   des -- et de la valeur des différents documents pour évaluer la


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  1   responsabilité des différents individus au sujet d'événements concrets.

  2   R.  Je crois que cette façon d'interpréter mon rôle est assez étroite. Mon

  3   rôle faisait, entre autres, apporter des explications du contexte

  4   militaire. Par exemple, quand on parlait d'"unité de volontaires", alors

  5   j'étais censé expliquer à l'équipe de juristes ce que l'on entendait par

  6   cela, non seulement du point de vue de la doctrine des forces armées de la

  7   RSFY mais aussi du point de vue des faits concrets. Je me suis également

  8   penché sur des questions de commandement et de contrôle. Donc, si nous

  9   sommes en train de parler des responsabilités militaires, oui; si vous

 10   parlez de la responsabilité pénale, alors je dirais que je n'ai pas été

 11   impliqué dans ce type de questions juridiques, parce que je n'ai pas été

 12   formé en la matière.

 13   Q.  Mais en matière de droit humanitaire international, vous avez suivi une

 14   formation, et est-ce que vous avez fourni des conseils de ce point de vue-

 15   là ?

 16   R.  En ma qualité de membre des forces armées, j'ai reçu une formation à ce

 17   sujet. Nous avions en deuxième année de l'académie militaire une matière

 18   qui était celle du droit, mais pendant que j'ai travaillé ici, mes

 19   connaissances générales étaient des questions que j'avais acquises lors de

 20   ma formation à l'académie militaire, et ça m'a toujours été utile. Mais,

 21   bien entendu, je me suis familiarisé avec des questions qui sont, par

 22   exemple, liées aux articles 7(1) et 7(3). Mais je n'ai pas exprimé dans mon

 23   travail des points de vue qui seraient les miens. Dans ces rapports

 24   d'expert que j'ai rédigés huit ou neuf fois, vous n'allez pas voir de

 25   référence faite aux articles 7(1) et 7(3).

 26   Q.  Alors je reviens à l'interprétation des documents pour ce qui est de la

 27   finalité de fourniture d'assistance pour ce qui est de la formulation des

 28   mémoires en clôture ou des écritures préalables au procès. Est-ce que nous


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  1   pouvons comprendre que ceci comporte une certaine responsabilité, n'est-ce

  2   pas ?

  3   R.  Je crois avoir répondu à la question. J'ai essayé d'être plus concret

  4   pour ce qui est de mon travail, et s'agissant des expressions telles que

  5   "interprétation" et "responsabilité", ça nous fait revenir à votre question

  6   au sens large du terme. Je crois y avoir répondu. J'ai été une espèce

  7   d'analyste militaire dans le domaine du renseignement, ce qui fait que je

  8   me suis penché en termes généraux sur des questions militaires, en matière

  9   de commandement et de contrôle, j'ai parlé de contexte, des structures, de

 10   l'organisation et des rôles des militaires. C'était ça, ma tâche. Et je me

 11   suis centré sur des questions factuelles; en d'autres termes, j'ai examiné

 12   des documents. On m'a peut-être posé çà et là des questions. Par exemple,

 13   je me suis penché sur certaines déclarations de témoin mais sur les aspects

 14   factuels, et j'ai expliqué ce que cela voulait dire du point de vue

 15   militaire, et c'est cela. Toute interprétation éventuellement à aspect

 16   légal qui en dériverait ne faisait pas partie de mes tâches. Je ne l'ai pas

 17   fait, on ne m'a pas demandé de le faire, parce que le bureau du Procureur a

 18   des gens qui sont bien plus qualifiés que moi pour ce qui est de ce type de

 19   domaine.

 20   Q.  Alors, lorsque vous avez évalué les aspects du commandement et du

 21   contrôle, des structures, organisations, rôles de l'armée, en l'espace

 22   d'une semaine, de celle dont vous avez parlé, combien de fois échangiez-

 23   vous des mails, des conversations téléphoniques et des entretiens avec les

 24   juristes du bureau du Procureur pendant les huit années que vous avez

 25   travaillé pour le compte de ce Tribunal ?

 26   R.  Messieurs les Juges, on ne m'a pas demandé de tenir à jour des données

 27   statistiques. Je ne veux pas laisser l'impression de vouloir me disputer à

 28   ce sujet, mais l'un de vos collègues m'avait posé la question de savoir


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  1   comment mon salaire avait été établi. Je crois que c'était dans l'affaire

  2   Vukovar --

  3   Q.  [aucune interprétation]

  4   R.  -- et je crois que le résultat, c'était de constater si j'étais payé au

  5   rendement. Oui, j'ai eu des contacts réguliers au quotidien avec les

  6   membres de l'équipe, de chaque équipe consistée de juristes, des juristes

  7   au procès, des juristes plus jeunes, des stagiaires. Enfin, j'ai eu des

  8   contacts avec les enquêteurs, les analystes en matière pénale.

  9   Q.  La réponse à ma question est donc de dire au quotidien ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Et à combien de reprises par jour en moyenne ?

 12   R.  D'un point de vue physique, quand j'allais déjeuner, je n'allais pas

 13   manger dans un coin, je n'allais pas dans un parc où je pouvais rencontrer

 14   des gens, mais je ne sais pas ce que vous laissez entendre par là. Peu

 15   importe à combien de reprises j'ai rencontré les gens du bureau du

 16   Procureur -- mais j'ai l'impression que vous voulez dire qu'à l'époque,

 17   j'obtenais des instructions pour ce qui est de savoir ce que je devrais

 18   écrire ou comment je devrais faire --

 19   Q.  Monsieur Theunens, permettez-moi de vous interrompre ici. Je ne veux

 20   rien laisser entendre du tout. Je vous pose des questions factuelles, et il

 21   ne m'appartient pas à moi, pas plus qu'à vous, d'interpréter de façon

 22   différente ou de parler d'implication. Je parle d'aspect factuel et je

 23   voudrais qu'on en reste là. Vous avez répondu à ma question, et je voudrais

 24   que nous passions à ma question suivante, c'est-à-dire : s'agissant des

 25   analystes militaires, est-ce que cela faisait partie de l'équipe

 26   organisationnelle du bureau du Procureur ?

 27   R.  Oui, ça, c'est exact. L'équipe des analystes militaires faisait partie

 28   du bureau du Procureur.


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  1   Q.  Et qui est-ce qui signait vos "e-pass", vos évaluations, pendant les

  2   huit années que vous avez été employé par ce Tribunal ?

  3   R.  Mon premier supérieur hiérarchique, je l'ai déjà dit, c'étaient les

  4   chefs des équipes -- du groupe d'analyste militaires, et je crois qu'au-

  5   dessus de mon supérieur il y avait M. Bob Reid. J'ai oublié quelles

  6   étaient, au juste, ses fonctions officielles. Je pense qu'il était

  7   investigateur en chef et -- ou je crois qu'il était le directeur des

  8   investigations.

  9   Q.  Mais il faisait partie du bureau du Procureur ?

 10   R.  C'est exact, oui.

 11   Q.  Alors je voudrais vous poser la question suivante - c'est une question

 12   que l'on ne vous pas encore posée et je n'ai pas retrouvé cela dans votre

 13   rapport - quand, à votre avis, le conflit armé en Croatie a-t-il commencé ?

 14   Quand je parle de "conflit armé", j'entends par là les violences qui sont

 15   constantes et qui sous-entendent le recours à la force entre deux parties

 16   organisées et opposées l'une à l'autre.

 17   R.  Je ne peux pas dire que cela soit une question à laquelle il serait

 18   impossible d'apporter une réponse, mais il y a bon nombre de réponses qui

 19   sont fonction des interprétations qu'on pourrait en donner. Je veux bien me

 20   pencher sur les documents officiels, et c'est à partir de là que je

 21   commencerais très volontiers. Si je ne me trompe pas, dans les rapports il

 22   est fait état de la fin du mois de septembre 1991, où la présidence de la

 23   RSFY "a établi la présence d'un danger imminent de guerre." Et il y a eu

 24   des débats au sujet de l'expression "déterminer" ou "établir", parce qu'ils

 25   auraient pu tout simplement proclamer un état de guerre. Et je sais que

 26   pour la partie croate, le conflit, à leur avis, a commencé bien avant;

 27   alors que la partie yougoslave ou la JNA, dans le mémorandum qu'on a vu --

 28   Q.  Monsieur Theunens --


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  1   R.  Est-ce que je peux répondre à la question ?

  2   Q.  Moi, je vais vous guider vers le volet où on vous demande une réponse -

  3   -

  4   R.  [aucune interprétation]

  5   Q.  -- vous n'avez pas écouté ma question. J'ai encadré les choses en

  6   parlant de faits actuels, et vous n'avez pas parlé du début des hostilités.

  7   Vous vous êtes penché sur toute une série de documents lors de vos contacts

  8   avec les témoins et vous avez obtenu des informations, et vous avez rédigé

  9   partant de là votre rapport. Ce que je vous demande, c'est quelque chose

 10   qui devrait faire partie de vos connaissances. A votre avis, quand est-ce

 11   que les violences constantes ont commencé, chose qui sous-entend deux

 12   forces armées opposées l'une à l'autre en Croatie ?

 13   R.  Je ne peux pas en débattre avec vous, croyez-moi bien, mais vous

 14   devriez formuler votre question différemment parce que vous avez parlé au

 15   départ de conflit armé. Moi, un conflit armé, c'est un concept juridique

 16   qui devrait être basé sur une interprétation contemporaine des documents

 17   pour voir quand est-ce que ça a été déclaré à titre officiel. Quand vous

 18   parlez de recours à la violence ou à la force entre deux forces organisées

 19   et opposées l'une à l'autre en Croatie, ça peut faire l'objet d'un débat --

 20   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Si je peux intervenir, Monsieur

 21   Theunens. Si j'ai bien compris M. Gosnell - et il me corrigera si je me

 22   trompe - la question est celle de savoir ce qui découle de votre expérience

 23   et de votre analyse, mais la substance de la question c'était celle de

 24   savoir quand est-ce qu'à votre avis, ça commencé.

 25   Ai-je raison de demander les choses de la sorte ?

 26   M. GOSNELL : [interprétation] Merci beaucoup, Monsieur le Juge Hall.

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci pour l'éclaircissement. Je dirais que

 28   pendant l'été 1991, on a pu voir la propagation des hostilités en Croatie.


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  1   M. GOSNELL : [interprétation]

  2   Q.  On pourrait donc dire pour le moins qu'à votre avis, ce conflit armé a

  3   commencé le 1er août 1991, non ?

  4   R.  Oui --

  5   Q.  Quand je parle de "conflit armé", j'en reviens à la définition que j'ai

  6   formulée tout à l'heure.

  7   R.  Oui, ce serait une chose exacte.

  8   Q.  En pages 17 et 18 de votre rapport -- et je me propose de revenir vers

  9   de débats potentiellement ennuyeux au sujet des législations, mais je crois

 10   qu'il faut que nous le fassions, Monsieur Theunens. En pages 17 et 18 de

 11   votre rapport, disais-je, vous citez la Constitution de la RSFY, qui est le

 12   L9, à l'intercalaire 4 du classeur de l'Accusation. Vous avez abordé tout

 13   ceci dans votre rapport, et donc je n'ai point besoin d'invoquer l'article

 14   en tant que tel, mais l'article 240 est un article qui m'intéresse et qui

 15   sous-entend une phrase qui se lit comme suit :

 16   "Tout citoyen qui prend part à une agression armée à l'égard du pays est un

 17   membre des forces armées de la RSFY."

 18   Et je crois que ceci fournit un fondement légal pour ce que vous nous avez

 19   dit hier, à savoir que toute personne qui prendrait l'arme à la main pour

 20   défendre le pays ferait partie intégrante des forces armées de la RSFY ?

 21   R.  En effet, Messieurs les Juges, c'est le principe général qui est par la

 22   suite élaboré plus en avant dans les différents documents législatifs dont

 23   on a parlé et qu'on a examinés.

 24   Q.  Mais n'est-il pas vrai de dire qu'une personne à le faire, sans pour

 25   autant être membre de la JNA, est à être considérée partie intégrante des

 26   effectifs de la Défense territoriale ? Et ça, je crois que pouvez répondre

 27   par un oui ou par un non, Monsieur Theunens.

 28   R.  Eh bien, si vous me le permettez, je dirais que oui, étant donné et


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  1   gardant à l'esprit les autres dispositions d'articles de loi qui

  2   définissent de quelle façon on peut rejoindre les effectifs des forces

  3   armées.

  4   Q.  Bon, penchons-nous sur la page 21 de votre rapport, et on dit, en

  5   citant l'article 102 de la Loi relative à la Défense populaire généralisée,

  6   il s'agit de la législation de la RSFY :

  7   "La Défense territoriale englobe la totalité des formations armées qui ne

  8   font pas partie intégrante de l'armée populaire yougoslave."

  9   Alors c'est le fondement pour l'affirmation que vous faites pour ce qui est

 10   de dire que tout homme prenant l'arme à la main pour défendre le pays fait

 11   partie intégrante de la TO; est-ce bien exact ?

 12   R.  Oui, mais -- enfin, je ne l'ai pas dit de cette façon, mais on peut

 13   résumer les choses comme vous le faites. J'aurais préféré que vous

 14   acceptiez ma réponse, parce que les choses sont quelque peu plus

 15   compliquées.

 16   Q.  Passons à la réponse que vous avez apportée dans l'affaire Milosevic --

 17   M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Excusez-moi d'intervenir. Je ne voulais

 18   pas interrompre qui que ce soit, mais peut-être avez-vous omis de citer la

 19   phrase entière. On parle d'abord aussi de "la police", ça ne s'arrête pas à

 20   la "JNA" [comme interprété]. Et je voulais juste attirer votre attention

 21   sur ce fait.

 22   M. GOSNELL : [interprétation] Oui, c'est un rajout qui nous est utile. Je

 23   remercie mon confrère de l'avoir apporté. C'est exact.

 24   Q.  Alors, pour en revenir à l'affaire Milosevic, afin d'être précis au

 25   sujet des réponses que vous avez apportées, en page 314081 [sic], et je

 26   fais référence à l'intercalaire 1 de la Défense, vous dites :

 27   "Il convient de dire également que la Constitution de 1974 indique bien que

 28   les forces armées se composent de la JNA et de la Défense territoriale --


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  1   avec la totalité des groupes armés ou individus qui souhaitent participer à

  2   la défense ou au combat armé se doivent d'être considérés comme étant

  3   membres de la Défense territoriale."

  4   Ceci est bien exact, n'est-ce pas ?

  5   L'INTERPRÈTE : Les interprètes demanderaient à Me Gosnell de leur lire un

  6   peu plus lentement. Merci.

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Enfin, je n'ai pas le texte de mon témoignage

  8   sous les yeux, mais je suis d'accord avec cela et je n'ai pas changé de

  9   position.

 10   M. GOSNELL : [interprétation]

 11   Q.  Bon. La Loi relative à la Défense populaire généralisée, c'est un

 12   document assez long avec bon nombre de dispositions, et parfois il est

 13   difficile de concilier les différentes parties et de comprendre. Mais

 14   seriez-vous d'accord, tout d'abord, pour ce qui est de dire que c'est une

 15   remarque générale tout à fait exacte ?

 16   R.  C'est tout à fait long, oui. Alors, de là à savoir s'il est difficile

 17   de comprendre et de concilier certaines dispositions, ce que je peux dire,

 18   c'est que s'agissant des aspects que j'ai examinés, les structures de

 19   commandement et de contrôle et les sujets afférents, m'ont fait remarquer

 20   que dans cette constitution et dans la Loi de la Défense populaire

 21   généralisée, c'est tout à fait conforme l'un à l'autre, et aussi c'est

 22   conforme aux documents doctrinaux variés. Je ne me souviens pas de la

 23   totalité de ces documents. Et je ne pense pas qu'il ait été difficile de

 24   concilier la totalité des dispositions légales, mais peut-être pourriez-

 25   vous attirer mon attention sur l'une d'entre elles.

 26   Q.  Eh bien, c'est une réponse tout à fait honnête. Je crois que nous

 27   pourrions peut-être nous pencher sur l'article 1, qui se trouve être la

 28   pièce L10, intercalaire 10 de l'Accusation. Alors j'attire votre attention


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  1   sur ces dispositions, Monsieur, parce que je crois que ceci nous aide à

  2   avoir un sentiment de ce qu'avait voulu dire la doctrine militaire en RSFY

  3   -- alors je parle du tout début du texte de loi. Et il y est dit :

  4   "La loi va réglementer les droits fondamentaux et les obligations

  5   fondamentales des travailleurs et des citoyens, des organisations du

  6   travail associé, des communautés locales et autres organisations autogérées

  7   et communautés autogérées, tout comme les communautés sociopolitiques, pour

  8   ce qui est de la défense de l'indépendance, de la souveraineté, de

  9   l'intégrité territoriale et de ce qui garantit comme système juridique du

 10   pays établi par la constitution de la RSFY."

 11   Alors, Monsieur, ma toute première question pour vous est concrète :

 12   est-ce que vous savez nous dire ce que sont ces organisations

 13   sociopolitiques et autres organisations sociales ? Est-ce que vous savez ce

 14   que cela sous-entend ?

 15   R.  Eh bien, ce sont des entités ou des structures à la base -- non,

 16   je vais reformuler. Ce sont des entités et structures qui peuvent jouer un

 17   rôle et jouent un rôle dans le concept de la Défense populaire généralisée,

 18   et, pour l'essentiel, la population totale est impliquée dans la défense du

 19   pays.

 20   Q.  Alors, à mes yeux -- qui suis originaire d'une culture

 21   différente, à la lecture de ces dispositions, je suis complètement

 22   stupéfait parce qu'on peut voir différentes sortes d'unités

 23   organisationnelles -- disons, informelles, qui apparemment sont reconnues

 24   par le texte de la loi. Alors, ai-je bien compris le texte de loi qui dit

 25   que la défense nationale totale peut être organisée autour de ce type

 26   d'associations informelles ?

 27   R.  Non, Messieurs les Juges, je n'ai pas gardé le souvenir d'unités

 28   organisationnelles informelles. Pour autant que je m'en souvienne, il


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  1   s'agit d'une organisation tout à fait formelle; par exemple, les usines en

  2   propriété d'Etat disposaient de structures de la défense, ils avaient des

  3   exercices, ils mobilisaient parfois, ils avaient des armes dans leurs

  4   entrepôts. C'était très organisé avant le démantèlement de la RSFY. Il en

  5   va de même pour ce qui est de la TO. On a vu certaines mesures pour ce qui

  6   est d'un contrôle accru à l'égard des armes ou de la TO, et je ne pense pas

  7   que cela ait été une structure informelle. Je voudrais ici surligner le

  8   fait qu'on ne mentionne ici aucun parti politique -- et je vais essayer de

  9   retrouver le passage.

 10   Q.  Non, moi je n'ai pas parlé de "partis politiques". On va laisser de

 11   côté les partis politiques.

 12   R.  [aucune interprétation]

 13   Q.  Peut-être me suis-je servi d'un mot erroné quand j'ai dit informel.

 14   Disons souple ou flexible. Alors une association d'étudiants, est-ce qu'on

 15   pourrait la considérer comme étant une organisation sociopolitique ?

 16   R.  A partir du moment où légalement c'est reconnu en tant que tel, ça

 17   pourrait l'être, mais je préférerais me pencher sur des documents concrets.

 18   Mais dans mon interprétation, "souple" n'a rien à voir avec une formation

 19   officielle ou non officielle, ou formelle ou informelle. Donc une unité

 20   militaire, ça se doit d'être souple, par exemple, pour être à même

 21   d'aborder différentes situations qui peuvent survenir non pas seulement sur

 22   le champ de bataille, mais également du fait des pertes encourues, de

 23   l'accomplissement de missions différentes. Donc une unité militaire, ça

 24   peut être une structure tout à fait formelle.

 25   Q.  Quand je parle d'unités militaires en tant que structures formelles, ce

 26   qui est reconnu à l'article 1, c'est une approche tout à fait souple qui

 27   permet à la population toute entière de prendre part à la défense. Si vous

 28   vous penchez sur cet article 1, il y a une expression -- mais je vais


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  1   commencer par une question générale. Est-ce que cet article numéro 1

  2   signifie que la population entière, au travers des organisations de très

  3   bas niveau, est à même de s'organiser pour participer à la défense

  4   nationale ?

  5   R.  La différence qu'il y a entre ma réponse et le point auquel vous êtes

  6   en train de revenir, c'est que vous semblez vouloir dire que c'est tout à

  7   fait informel et que c'est même spontané comme type d'organisation, si j'ai

  8   bien compris la substance de votre question. Mais ce que j'essaie

  9   d'expliquer, c'est qu'il y a eu des organisations différentes à même de

 10   jouer un rôle, mais avant cela il y avait un préalable qui était celui de

 11   voir ces organisations reconnues par le texte de la loi afin de pouvoir

 12   exister et de pouvoir déployer leurs activités. Mais le résultat de tout

 13   ceci, c'est que dans le concept de la Défense populaire généralisée il est

 14   défini le rôle de ce type d'organisation et les façons de coordination de

 15   leurs contributions respectives, j'entends de ces organisations sociales,

 16   de la TO, des militaires, et cetera, ce qui fait que tout un chacun apporte

 17   sa contribution de façon coordonnée à la défense du pays.

 18   Q.  On en arrivera à la question de la coordination dans quelques instants.

 19   La question qui se pose maintenant, c'est celle de savoir si les personnes

 20   peuvent s'organiser elles-mêmes dans ces unités de base pour participer à

 21   la Défense populaire généralisée ? Et je pense que et j'affirme que c'est

 22   une idée tout à fait souple. Vous dites que les gens doivent être organisés

 23   de façon légale, mais on a pu avoir une organisation syndicale, une

 24   organisation estudiantine; on aurait pu avoir un club de jeu d'échecs ?

 25   R.  Messieurs les Juges, je crois qu'il doit y avoir un malentendu au sujet

 26   de la formulation de ce que l'on entend par organisation

 27   "autogestionnaire". Il s'agit d'une doctrine économique qui était celle de

 28   la RSFY pendant que nous en Occident, nous avions le capitalisme et pendant


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  1   que l'Union soviétique avait un communisme. Dans cette ex-Yougoslavie, il y

  2   avait un système d'autogestion - et ceci sort de mon domaine d'expertise,

  3   mais en travaillant sur les aspects liés à l'ex-Yougoslavie j'ai dû me

  4   pencher dessus - et au final tout ceci avait été réglé. Il y avait un

  5   contrôle centralisé et une révision au niveau de l'Etat central, et il en

  6   va de même pour ce qui est des organisations ou des entités sociopolitiques

  7   ou de travail association. Ils ne sont pas des clubs spontanés où les gens

  8   venaient s'associer, comme sur Facebook, pour aller défendre le pays. Tout

  9   était réglementé, pour des raisons tout à fait évidentes. Vous ne pouvez

 10   pas avoir des groupes privés qui s'organiseraient par eux-mêmes, qui se

 11   procureraient des armes et qui diraient : On va défendre le pays. Ce serait

 12   plutôt chaotique. Et pendant que le président Tito était encore vivant, il

 13   veillait bien à ce que ce type de chaos ne puisse pas survenir, et il

 14   existait des lois tout à fait claires à cet effet pour ce qui est de

 15   l'organisation.

 16   Q.  Votre réponse est utile. En fait, ils ont pris les armes pour défendre

 17   leur pays en vertu de la constitution, et on estime dans ce cas qu'ils font

 18   toujours partie des forces armées, n'est-ce pas ?

 19   R.  Messieurs les Juges, j'ai répondu - pardonnez-moi - trop rapidement.

 20   J'ai répondu à la question, à savoir cela signifie qu'ils doivent être

 21   intégrés aux forces armées et acceptés, et constituait un des éléments de

 22   la Défense populaire généralisée.

 23   Q.  Eh bien, plus tôt -- hier je vous ai demandé, en fait, s'ils sont allés

 24   au champ de batille et qu'ils n'avaient aucune autorisation, en tout cas

 25   pas la bénédiction sur un plan juridique pour faire partie d'une

 26   organisation, ils ont commencé à aller sur le champ de bataille ou dans une

 27   zone de responsabilité pour le compte d'une force amie, pour le compte

 28   d'une armée, et vous avez dit sans équivoque qu'il y avait un devoir de


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  1   subordination de cet individu, n'est-ce pas ?

  2   R.  Je crois que ma réponse constitue à dire qu'il y avait un devoir de

  3   subordination, qu'il fallait les renvoyer. Le renvoi est exactement la

  4   question qui nous intéresse, celle de la reconnaissance.

  5   M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Pardonnez-moi, la première partie de la

  6   question de mon confrère n'a pas été consignée à la page 14, ligne 20. Ceci

  7   n'a pas été consigné. Je ne sais pas si mon confrère est sur le canal

  8   numéro 4 avec ses écouteurs, car les interprètes parlent en même temps et

  9   je ne sais pas s'il a compris.

 10   M. GOSNELL : [interprétation] Je suis passé au canal numéro 4. Merci.

 11   Q.  Dans un sens ou dans un autre, le fait qu'ils ne fassent pas partie

 12   d'une organisation autogérée reconnue n'a aucune incidence sur les

 13   obligations du commandement, à savoir soit de prendre des mesures

 14   disciplinaires nécessaires pour les inclure comme il se doit ou de les

 15   exclure de la zone de responsabilité ?

 16   R.  Est-ce que vous souhaitez que je donne une réponse théorique ou est-ce

 17   que vous souhaitez que je réponde à la question en vous disant quelle était

 18   la situation en SBSO pendant l'automne de l'année 1991 ?

 19   Q.  Je vous demande de répondre par oui ou par non d'après votre

 20   compréhension de la loi.

 21   R.  Alors il est impossible, parce que lorsqu'ils ne font pas partie d'une

 22   organisation qui est reconnue, à savoir d'autogestion, ils appartiennent en

 23   partie à un parti, à un groupe de volontaires, avant l'automne 1991, et ils

 24   ne peuvent être reconnus que par le commandement local, et parfois ils sont

 25   reconnus à un niveau supérieur. C'est la raison pour laquelle ces

 26   différentes décisions ont été adoptées entre août 1991 et décembre 1991 par

 27   la République de Serbie, le SSNO, le secrétariat fédéral, et le 10 décembre

 28   par un ordre de la présidence de la RSFY, le numéro 73.


Page 4410

  1   Q.  Donc vous dites que dans ces circonstances-là, l'obligation du

  2   commandant dans cette zone de responsabilité constitue à renvoyer ces

  3   personnes qui ne sont pas reconnues ?

  4   R.  Oui, si ces personnes ne sont pas reconnues, effectivement, on les

  5   renvoie. Et si ces personnes commettent des crimes, on doit prendre les

  6   mesures nécessaires contre ces personnes.

  7   Q.  Alors, si ces personnes participent conjointement ou respectent

  8   conjointement les ordres du commandant dans cette zone ou de ses

  9   opérations, cela laisse entendre que ce groupe a été accepté, n'est-ce pas

 10   ?

 11   R.  Alors, si vous dites "conjointement", si vous dites qu'ils sont

 12   identifiés dans un ordre comme ayant une tâche ou une mission, cela veut

 13   dire que ces personnes ont été acceptées.

 14   Q.  Poursuivons. Alors nous allons avoir des exemples concrets et voir

 15   quelle sera votre réponse dans ce cas. Ai-je raison de dire que ces

 16   organisations autogérées qui sont acceptées, eh bien, ça, c'est qu'ils sont

 17   soumis à un niveau très élevé au commandement Suprême de la RSFY; c'est

 18   exact ?

 19   R.  Si on se base sur le principe de l'unicité du commandement et du

 20   contrôle, oui.

 21   Q.  Alors, pour avoir une image d'ensemble de la chaîne du commandement de

 22   haut en bas, ai-je raison de dire que la RSFY - et nous parlons de l'année

 23   1991 maintenant, conformément à la loi de la RSFY - la RSFY -- le

 24   commandement Suprême exerce ses fonctions de commandement par

 25   l'intermédiaire du secrétariat fédéral de la Défense nationale qui se

 26   repose sur l'état-major général de la RSFY pour s'assurer que ces ordres

 27   soient bien exécutés; est-ce exact ?

 28   R.  Oui, c'est exact.


Page 4411

  1   Q.  Et à la fin des années 1980, comme vous le dites dans votre rapport, il

  2   est exact de dire que les organisations de Défense territoriale étaient

  3   subordonnées directement aux commandements des régions militaires de la

  4   JNA; est-ce exact ?

  5   R.  Oui, c'est exact. En fait, ça, c'était la situation au plan général, et

  6   pour des cas spécifiques, il faut vous reporter à des documents

  7   spécifiques.

  8   Q.  Alors commençons par la situation de jure, car vous ne cessez de nous

  9   proposer des mises en garde et des conditions, des qualifications. Alors,

 10   ce que j'ai dit est-il exact en matière de droit ?

 11   R.  Oui, mais je suis sûr -- bon, je parais difficile, mais les règlements

 12   militaires, ou je dirais que les opérations militaires là où il y avait un

 13   commandement de la TO, cela pourrait faire partie du commandement de la

 14   JNA. Lorsqu'il y a un scénario tactique particulier qui doit être mis en

 15   oeuvre, tout dépend du caractère même de la TO. La TO, c'étaient des

 16   troupes locales, alors s'il s'agit de se défendre contre une agression de

 17   l'extérieur et de reprendre du terrain que "l'agresseur" a repris, dans ce

 18   cas il peut y avoir différents scénarios. Après que la JNA ait déployé les

 19   efforts nécessaires, à ce moment-là un commandant de la TO peut assurer le

 20   commandement et le contrôle du terrain en question. Ça, c'est une

 21   possibilité. Alors j'essaye de répondre de façon précise.

 22   Q.  Alors ceci n'est pas du tout pertinent, le fait que la TO est

 23   subordonnée au commandement d'une région militaire dans laquelle se trouve

 24   la TO, n'est-ce pas ?

 25   R.  Non. Ce que vous dites est exact, mais encore une fois, il se peut que

 26   --

 27   Q.  Non. Alors, moi j'aimerais avancer. Je suis entre les mains des Juges

 28   de la Chambre --


Page 4412

  1   R.  [aucune interprétation]

  2   Q.  Honnêtement, je ne souhaite pas couper la parole à un expert, mais j'ai

  3   une série de questions que je souhaite aborder, il y a des thèmes que je

  4   souhaite aborder. Et donc, je m'en remets aux Juges de la Chambre. Je ne

  5   sais pas comment je dois procéder.

  6   R.  Alors, si cela vous est utile, je peux répondre qu'en règle générale ou

  7   de façon générale, je suis d'accord avec vous.

  8   Q.  Alors, voici ce que vous avez dit dans l'affaire Seselj. Ceci se trouve

  9   à la page du compte rendu d'audience 4 135. Question posée par M. le Juge

 10   Antonetti. Il vous a demandé :

 11   "S'il y a une chose que nous devons garder à l'esprit, c'est le fait que,

 12   si nous commençons en 1987, les ordres qui sont transmis à la TO doivent

 13   passer par le chef de l'état-major général; ceci était le cas, n'est-ce pas

 14   ?"

 15   Et vous avez répondu en disant :

 16   "C'est exact, Monsieur le Président, et la TO est subordonnée à ce qui est

 17   appelé les unités stratégiques au niveau opérationnel, à savoir les régions

 18   militaires, alors qu'avant ils étaient à un niveau parallèle."

 19   Maintenez-vous ce que vous avez déclaré ?

 20   R.  Alors je maintiens ce que j'ai dit. Si vous me permettez, je vais

 21   expliquer car vous laissez entendre qu'il y a une différence entre ma

 22   réponse aujourd'hui et ma réponse donnée à M. le Juge Antonetti. Ce que

 23   j'essaye de dire, c'est que le principe général est celui de 1987, que j'ai

 24   dit hier, vaut encore pour aujourd'hui, lorsque j'ai parlé de

 25   l'organisation Jedinstvo. Et je vais faire attention car nous parlons

 26   maintenant de la situation telle qu'elle prévalait à l'automne de l'année

 27   1991 en SBSO. Le principe général est le même et je maintiens ma réponse.

 28   Q.  Et est-ce que je dois comprendre que le plan Jedinstvo que vous avez


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  1   cité consiste à dire que les présidents des républiques ont été renvoyés de

  2   la chaîne de commandement entre le commandement Suprême de la RSFY et les

  3   TO des républiques; est-ce exact ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Alors ceci s'applique en temps de paix et en temps de guerre, n'est-ce

  6   pas ?

  7   R.  Si je me souviens bien, oui, c'est exact.

  8   Q.  Alors un exemple de cela, c'est le fait qu'un ordre est parvenu de

  9   l'état-major général pour dire qu'il fallait retirer les armes des dépôts

 10   de la TO pour les placer dans les dépôts de la JNA; est-ce exact ?

 11   R.  C'est exact.

 12   Q.  Et cet ordre n'est pas passé par les présidents des républiques, n'est-

 13   ce pas ?

 14   R.  Non, ce n'était pas nécessaire, parce que cela --officiellement,

 15   l'instruction nous est parvenue par le biais du commandement Suprême, de la

 16   présidence de la RSFY -- je veux parler du commandement Suprême, pardonnez-

 17   moi. Ceci n'était pas actif, donc la directive d'origine a été transmise

 18   par la présidence de la RSFY et a été acceptée par les républiques, sinon

 19   la présidence n'aurait pas pu donner des instructions au secrétariat

 20   fédéral et ensuite à l'état-major général pour donner cet ordre.

 21   Q.  Page 189 de votre rapport :

 22   "Lorsqu'il n'y avait pas participation à l'opération de combat ou aux

 23   opérations de combat, la TO serbe locale dans la Région autonome du SBSO,

 24   jusqu'à la fin du mois de décembre 1991, était subordonnée à la police

 25   serbe locale placée sous le commandement de Radovan Stojcic, alias Bazda."

 26   Y a-t-il un quelconque fondement juridique pour affirmer cela ? Commençons

 27   simplement par un fondement juridique. Est-ce qu'il y a un fondement

 28   juridique qui vous permet d'affirmer cela ?


Page 4414

  1   R.  Messieurs les Juges, le problème d'un fondement juridique, c'est qu'il

  2   n'y avait pas de disposition juridique ou pas de disposition dans la

  3   constitution, en tout cas pas dans la Constitution de 1974 ou la

  4   Constitution de 1982 sur la Loi sur la Défense populaire généralisée, ou

  5   autre document de doctrine ou de document juridique qui permettait de

  6   placer dans un cadre juridique les structures armées locales

  7   autoproclamées, comme la TO ou les groupes de volontaires ou la police,

  8   donc il n'y a pas de fondement juridique.

  9   Q.  Je suis sûr, Monsieur, que vous n'êtes pas en train de contester le

 10   fait que tous les participants du côté serbe ont accepté le fait que la loi

 11   de la RSFY était en vigueur sur ce territoire pendant toute la durée, en

 12   tout cas, d'une période qui allait jusqu'à 1992 et voire même au-delà,

 13   alors concentrons-nous simplement sur la période qui a précédé la présence

 14   de la FORPRONU. Disons simplement que la loi de la RSFY continue à

 15   s'appliquer à tous les participants du côté serbe, n'est-ce pas ?

 16   R.  Je ne suis pas avocat moi-même, et moi j'interpréterais ceci en disant

 17   que l'interprétation des textes juridiques de la RSFY, eh bien, c'est à

 18   cela qu'ils adhéraient encore. Car à moins que vous ne puissiez me montrer

 19   un article ou un document qui m'a échappé, je ne connais pas de documents

 20   de doctrine relative à la RSFY ou aux forces armées de la RSFY qui font

 21   état de la création des SAO, d'unités serbes de la TO locale - locale

 22   serbe, je veux dire - dans les régions autonomes, également de Serbes en

 23   Croatie, et d'unités de la TO et du MUP. Et donc, ceci prête à confusion au

 24   niveau de la JNA, par exemple, si on parle de la 1ère Région militaire

 25   pendant l'automne 1991.

 26   Q.  Mais ils y avaient les Provinces autonomes de Vojvodine et de Kosovo,

 27   et personne dans ce cas ne laisse entendre qu'il y avait une quelconque

 28   difficulté à comprendre la loi de la RSFY telle qu'elle était appliquée


Page 4415

  1   dans ces provinces autonomes, n'est-ce pas ?

  2   R.  Oui, alors la différence-clé, Messieurs les Juges, par rapport à Kosovo

  3   et à la Vojvodine, c'est qu'à partir il s'agissait de provinces autonomes,

  4   il en avait une qui était une région autonome également, me semble-t-il.

  5   Ceci a été reconnu de façon explicite dans les documents juridiques de la

  6   RSFY. Effectivement, ils avaient leur propre TO, mais la grande différence

  7   entre ces TO-là, à savoir Kosovo et la Vojvodine d'une part, et d'autre

  8   part les Régions autonomes de SBSO, en Krajina et en Slavonie, c'est que

  9   les SAO de Vojvodine et de Kosovo ont été reconnues sur un plan juridique

 10   et tout un chacun les acceptait. Et quel que soit l'échelon de la JNA pris

 11   en compte, eh bien, chacun reconnaissait qu'il s'agissait d'une

 12   organisation juridique reconnue faisant partie de la Défense populaire

 13   généralisée et de ce concept-là; alors que les SAO, les régions autonomes -

 14   - il y avait un document du colonel Trajkovic, chef d'état-major du 12e

 15   Corps qui demandait à la 1ère Région militaire : Qu'est-ce que nous faisons

 16   de ces gens-là ? Que faire de ces gens-là ? Je pense que nous devons les

 17   reconnaître. Mais ceci montre qu'il y avait une confusion au niveau même de

 18   la JNA de savoir quel était le statut juridique de ces personnes, qu'est-ce

 19   qu'il faut faire de ces individus, et je parle en terme des structures de

 20   la Région autonome du SBSO. Que faire de ces gens et comment les traiter ?

 21   C'est ça, la grande différence.

 22   Q.  Monsieur Theunens, la difficulté que j'ai avec cette affirmation de

 23   votre part, pour être clair, c'est que le document que vous citez à l'appui

 24   de cette affirmation n'est pas délivré par M. Stojcic au nom d'une

 25   quelconque structure de police. Le certificat est délivré pour le compte

 26   d'une structure de la TO. Et c'est la raison pour laquelle je pose la

 27   question : comment pouvez-vous conclure que la TO est placée sous le

 28   commandement de la police à un quelconque moment ?


Page 4416

  1   R.  Alors ce serait utile pour moi si je pouvais voir ce certificat.

  2   M. GOSNELL : [interprétation] Je vais donc l'afficher, numéro 65 ter 794,

  3   intercalaire 234 de l'Accusation.

  4   M. LE GREFFIER : [interprétation] Aux fins du compte rendu d'audience, il

  5   s'agit de la pièce P198.140. Merci.

  6   M. GOSNELL : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Greffier.

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Il est exact de dire que dans ce document

  8   particulier il n'est pas fait mention de la police. J'essaie de me

  9   souvenir, je crois que j'avais compris que Badza, Radovan Stojcic, occupait

 10   un poste au sein de la police serbe de SBSO, mais je n'ai pas de référence

 11   ici sous la main, et c'est ce que cela signifie.

 12   M. GOSNELL : [interprétation]

 13   Q.  Est-ce que cela signifie que vous vous reposez sur des informations qui

 14   ne font pas l'objet d'une note en bas de page dans votre rapport ?

 15   R.  Il s'agit peut-être d'une note en bas de page ou d'un copier-coller, je

 16   ne sais pas. Je vais vérifier.

 17   Q.  Mais vous avez participé à de nombreux entretiens avec des témoins au

 18   fil des ans, n'est-ce pas ? Est-il possible que vous ayez entendu quelqu'un

 19   dire quelque chose et que ceci ait un petit peu modifié votre

 20   interprétation, telle qu'elle est exprimée à la page 189 ?

 21   R.  Je ne le pense pas, Messieurs les Juges. Il se peut qu'il s'agissait

 22   d'une source ouverte dans le rapport et d'articles qui n'ont pas été cités,

 23   comme par exemple des articles de la JNA, des services de renseignements ou

 24   de la défense serbe locale ou de structures militaires ou policières.

 25   Q.  En matière de doctrine et de loi de la RSFY, cela a-t-il un sens que la

 26   TO soit placée sous le commandement de la police ?

 27   R.  Ce serait inhabituel, mais je souhaite vous rappeler quels documents et

 28   décisions ont été adoptés par la Région autonome du SBSO pendant l'été


Page 4417

  1   1991, et en particulier le rôle joué par M. Martic qui était ministre de

  2   l'Intérieur ou qui devient ministre de l'Intérieur et qui est également

  3   responsable de la Région autonome de Krajina autoproclamée, de la police.

  4   Mais ainsi, il est responsable de certaines fonctions qui pourraient être

  5   définies comme des responsabilités de commandement, et je dois avouer qu'il

  6   s'agit de responsabilités de facto en ce qui concerne la TO.

  7   Q.  Mais maintenant nous ne parlons pas de la Région autonome de Krajina;

  8   nous parlons de la Région autonome des SBSO. Vous seriez d'accord pour

  9   dire, en fait, que Martic avait une double casquette dans ce cas, n'est-ce

 10   pas ?

 11   R.  Vous pouvez appeler ça une double casquette, mais dans le rapport

 12   Martic j'ai également dit dans ma déposition qu'il y avait une lutte de

 13   pouvoir entre Martic et Babic qui se trouve illustrée par le fait qu'il

 14   s'agissait de savoir qui devait commander la TO. Et il y a une note en bas

 15   de page sur cette question, 552, par exemple, sur la même page du rapport

 16   consolidé, page 189.

 17   Q.  Alors, prenez le document que vous avez sous les yeux tel qu'il est.

 18   R.  Je suis d'accord avec vous pour dire que ce certificat ne mentionne pas

 19   la police, c'est exact.

 20   Q.  Non seulement il ne mentionne pas la police, mais il laisse entendre

 21   que la question qui fait l'objet de ce certificat est une Défense

 22   territoriale. C'est Badza qui précise que c'est lui qui est à la tête de

 23   cela, n'est-ce pas ?

 24   R.  C'est exact.

 25   Q.  Vous avez dit un peu plus tôt dans votre déposition qu'il y avait une

 26   possibilité théorique qui est prescrite par la Loi sur la Défense populaire

 27   généralisée que les unités de la JNA peuvent être subordonnées aux

 28   commandants de la TO. Est-ce que vous seriez d'accord avec moi pour dire


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  1   qu'il n'y a aucune indication dans ce sens, à savoir que quelque chose

  2   comme ça se serait produit dans la région du SBSO ?

  3   R.  Vous voulez dire pendant l'automne 1991 ?

  4   Q.  Pendant l'automne 1991, jusqu'à l'arrivée de la FORPRONU.

  5   R.  Oui, Messieurs les Juges, c'est exact.

  6   Q.  Cela signifie qu'à cet endroit-là et au cours de cette période, la JNA

  7   est au-dessus de la TO; c'est exact ?

  8   R.  Ecoutez, on ne peut pas décrire la situation de cette façon. La

  9   situation est très complexe. On ne peut pas simplement répondre par oui ou

 10   par non à cette question très large --

 11   Q.  Alors, concentrons-nous simplement sur les questions de doctrine,

 12   Monsieur Theunens.

 13   R.  Toute la question porte sur le fait de savoir comment la doctrine a été

 14   appliquée dans cette région. C'est la raison pour laquelle je dois me

 15   référer à des documents aussi nombreux. S'il s'agit d'une simple question

 16   d'appliquer la doctrine, un rapport de dix pages aurait été suffisant. Mais

 17   la doctrine était ce qu'elle était. Malheureusement, la manière dont les

 18   choses se sont déroulées, pas seulement en SBSO mais dans d'autres parties

 19   de la Croatie et plus tard en Bosnie-Herzégovine, ceci n'était pas toujours

 20   conforme à la doctrine. Et c'est pour cela que j'ai fait l'effort

 21   d'analyser un nombre important de documents précis et de les comparer.

 22   Q.  Alors vous laissez entendre -- en fait, vous réservez la possibilité de

 23   dire que vous avez vu des documents et des choses qui indiquaient que la TO

 24   était au-dessus des soldats de la JNA ou d'unités du SBSO en 1991, jusqu'à

 25   l'arrivée de la FORPRONU; est-ce exact ?

 26   R.  Messieurs les Juges, ce que je laisse entendre, et je souhaite donner

 27   le contexte. L'ordre de Panic que vous avez cité hier, ordre du 15 octobre,

 28   il s'agit du 161482-17, je crois, ou 16, où de façon très claire il ordonne


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  1   à la JNA d'être responsable de la région qu'ils ont conquise et de ne pas

  2   abandonner le contrôle parce qu'il craint des tentatives d'ingérence par

  3   les organes d'autorité locale. C'est pour ça que j'ai précisé cette mise en

  4   garde.

  5   Q.  Et est-ce qu'il ne s'agit pas d'une façon de dire ou d'affirmer que

  6   c'est la JNA qui avait le commandement et le contrôle sur la TO ?

  7   R.  Alors je parle de la question générale pour dire que la JNA assure

  8   toujours le commandement. Eh bien, cet ordre de Panic et l'ordre qu'il

  9   donne une semaine plus tard montrent que dans certaines régions il y a des

 10   problèmes et que ces problèmes sont dus au fait qu'une fois que la JNA a

 11   pris un territoire ou une région, et s'il y a des opérations particulières

 12   dans une région, s'il y a toujours un état de conflit armé, dans ce cas il

 13   y a des difficultés car il y a certaines personnes ou groupes qui

 14   apparemment, d'après Panic, abusent de la situation.

 15   Q.  Monsieur Theunens, alors, soyons très clairs. Je ne suis pas en train

 16   de laisser entendre d'une manière ou d'une autre qu'il n'y a pas eu des

 17   manquements à la discipline ou que le commandement et le contrôle de la JNA

 18   étaient parfait. Ce que je tente de faire, c'est d'affirmer si, oui ou non,

 19   d'après vous, ces groupes qui étaient engagés avaient un comportement qui

 20   n'était pas conforme à la discipline et qu'ils étaient subordonnés à la JNA

 21   à l'époque ?

 22   R.  Vous savez, peut-être je peux préciser -- j'ai ces documents sur les

 23   événements de la prison à Dalj, je crois que c'est daté du 21 septembre

 24   1991 et je crois que c'est du 4 octobre 1991. Nous pouvons aborder ces

 25   documents, mais la JNA n'est pas mentionnée dans ces documents. Il s'agit

 26   d'un exemple à titre d'illustration de ce que Panic tente de mettre en

 27   exergue dans son ordre du 15 octobre. Les hostilités à Dalj, je vais y

 28   revenir. Le 1er août 1991, la JNA intervient, s'interpose, elle agit et


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  1   établit de facto un contrôle serbe sur la région. Mais pendant un long

  2   moment encore, le poste de commandement avancé du corps est situé à cet

  3   endroit, mais il y a certains actes que je n'appellerais pas des actes

  4   d'indiscipline, mais des crimes, en tout cas d'après les documents que j'ai

  5   examinés, des crimes ont été commis. Alors, qui est responsable ? La JNA ?

  6   Eh bien, sur un plan théorique, l'unité de la JNA se trouve dans la région.

  7   Il ne s'agit pas d'une situation manichéenne, en noir et blanc, où la

  8   responsabilité peut être attribuée à quelqu'un, à une organisation ou à un

  9   individu.

 10   Q.  Maintenant vous semblez fournir certaines réponses qui ont trait à

 11   l'article 7(1) et 7(3) du Statut de façon assez directe. Vous avez dit ce

 12   que cela ne relevait pas de votre domaine d'expertise. Quoi qu'il en soit,

 13   je vais poursuivre.

 14   Est-ce que vous pensez que les obligations d'un commandant dans une zone de

 15   responsabilité sont limitées d'une manière ou d'une autre ou sont liées aux

 16   actions de combat ? En d'autres termes, existe-t-il une limite sur un plan

 17   purement fonctionnel ou qui limite les fonctions d'un commandement dans sa

 18   zone de responsabilité ?

 19   R.  Eh bien, il est responsable des forces qui opèrent sous son

 20   commandement, quelles que soit les circonstances ou conditions.

 21   Q.  Et ces hommes qui opèrent sous son commandement - ce sont vos propres

 22   termes - ceci est plus large que de dire simplement qu'il y a un soldat

 23   dans une tranchée qui tire sur quelqu'un de l'autre côté ?

 24   R.  Je ne suis pas très certain d'avoir compris la question. J'ai

 25   quelqu'un, un soldat, qui fait partie de ces unités--

 26   Q.  Alors c'est quelque chose que vous avez dit dans les affaires

 27   précédentes, et c'est là où je veux en venir, l'obligation de subordonner

 28   et le champ d'application de cette obligation de subordonner. La question


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  1   que je pose et là où je veux en venir : est-ce que l'obligation de

  2   subordonner se termine -- cette obligation prend-elle fin quand un soldat

  3   n'est pas sur le front en train de tirer de l'autre côté ?

  4   R.  Eh bien, Messieurs les Juges, peut-être que je ne me souviens pas bien,

  5   mais je n'ai jamais utilisé le terme d'"obligation de subordonner", en ces

  6   termes-là. Ce qui se rapproche le plus de l'"obligation de subordonner", ce

  7   sont ces ordres dont nous venons de parler où le SSNO et la 1ère Région

  8   militaire et la présidence, conformément à l'ordre 73, indiquent que les

  9   unités de volontaires qui opèrent dans une zone de la JNA doivent être

 10   subordonnées ou renvoyées. C'est là où je me rapproche le plus de cette

 11   notion d'obligation de subordonner.

 12   Q.  Donc ils ont l'obligation de subordonner ou de renvoyer, l'une ou

 13   l'autre de ces obligations ?

 14   R.  Effectivement, parce que cela dépend de qui a l'initiative, parce que

 15   conformément à -- l'ordre numéro 73 évoque des unités qui refusent d'être

 16   subordonnées à la JNA et qui doivent être renvoyées, mais cela revient à la

 17   même chose, n'est-ce pas --

 18   Q.  Alors, si ces personnes ne sont pas renvoyées de l'unité et que cette

 19   unité ou ces individus commettent un crime, le commandement de la JNA est-

 20   il responsable ?

 21   R.  Oui, si cela se trouve dans sa zone de responsabilité.

 22   Q.  Donc vous dites maintenant - et je veux être sûr que ceci soit très

 23   clair - vous dites que cela n'a pas d'importance de savoir si le groupe

 24   est, oui ou non, engagé dans des postes ou des fonctions liés à des

 25   questions de défense, de sécurité et de combat ?

 26   R.  J'essaye de comprendre ou d'interpréter votre question en la mettant

 27   dans le contexte de 1991. Dans les documents de Panic, les choses sont très

 28   claires, vous n'avez pas nécessairement besoin de ma réponse. Mais si la


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  1   JNA ne subordonne pas des volontaires ou autres à son commandement, ou si

  2   cela ne fonctionne pas, si elle ne les renvoie pas, alors elle sera rendue

  3   responsable. C'est le commandant de la 1ère Région militaire qui sera rendu

  4   responsable.

  5   Q.  Alors j'aimerais vraiment aller à l'essentiel. Est-ce que les hommes

  6   d'Arkan et Arkan lui-même étaient subordonnés à la JNA dès leur arrivée en

  7   août 1991 jusqu'à l'arrivée de la FORPRONU en 1992 ? Est-ce qu'ils étaient

  8   subordonnés à la JNA ?

  9   R.  Messieurs les Juges, je pense que nous avons vu deux documents ou un

 10   document de combat, des ordres du 12e Corps de Novi Sad indiquant que

 11   pendant les opérations à Luzac, Arkan et son groupe opéraient sous le

 12   commandement de la JNA dans des unités de combat. Nous avons également vu

 13   un document, je pense qu'il était daté du mois de décembre 1991 ou janvier

 14   1992, du 12e Corps donnant un état des lieux des forces et où l'on confirme

 15   effectivement que les volontaires d'Arkan ou le détachement de la Défense

 16   territoriale étaient subordonnés à la JNA à ce moment-là. Cependant, les

 17   différents rapports des organes de sûreté de la 1ère Région militaire

 18   d'octobre 1991 et pendant l'année 1992 suggèrent qu'Arkan n'était pas

 19   toujours subordonné à la JNA et que s'il avait dû l'être, qu'il avait agi

 20   en son propre nom, et les premiers organes de la sûreté de la région

 21   militaire attribuent ce comportement au fait qu'Arkan semble pouvoir s'en

 22   sortir grâce à ses contacts avec les autorités de la SAO SBSO ou même des

 23   officiers haut placés ou des membres du gouvernement de la République de

 24   Serbie.

 25   Q.  Donc vous pensez qu'il était parfois dans la filière de subordination

 26   et parfois il n'y était pas ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Alors regardons les documents à présent.


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  1   M. GOSNELL : [interprétation] J'aimerais commencer par le document 06198,

  2   qui est l'onglet 665 de l'Accusation. Il s'agit de la pièce 1687 de

  3   l'Accusation.

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Vous savez si cela se trouve dans mon rapport

  5   ?

  6   M. GOSNELL : [interprétation]

  7   Q.  Vous en avez parlé avant-hier.

  8   R.  Très bien.

  9   Q.  Mais je ne pense pas que ce soit dans votre rapport, pour répondre à

 10   votre question, à ma connaissance en tout cas.

 11   R.  Oui, c'est un nouveau document.

 12   Q.  Alors j'aimerais remettre les choses dans leur contexte tactique dans

 13   cette zone et voir quelles étaient les forces en présence. Il s'agit là

 14   d'un document qui émane du 12e Corps et il est daté du 8 juillet 1991. Il

 15   émane de Mladen Bratic, qui est le commandant du 12e Corps. Et au

 16   paragraphe 2, ou plutôt, au point 2, on nous dit :

 17   "J'ai décidé que les forces du 12e Corps (les Brigades mécanisées 51 et 452

 18   et des parties de la 36e mécanisée) avanceront vers la Slavonie en deux

 19   colonnes et une en Baranja sur les axes suivants…"

 20   Alors, ce qui m'intéresse, ce sont justement ces axes. Est-ce que vous

 21   pouvez nous aider à comprendre combien de forces devraient être englobées

 22   dans ces unités qui sont mentionnées là ? Donnez-nous des chiffres.

 23   R.  Je ne pourrais pas vous donner des chiffres précis parce que je ne

 24   connais pas le niveau de mobilisation de ces unités. Alors, quand on parle

 25   de brigades, on parle de plusieurs milliers de troupes. Une brigade

 26   pourrait aller jusqu'à 5 000 soldats ou même plus. Mais cela dépend de la

 27   classification, s'il s'agit d'unités A, B ou C. Il existait une

 28   classification dans la JNA, et cette classification ne déterminait pas


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  1   l'importance de l'unité mais leur niveau d'effectifs permanents. En effet,

  2   certaines unités n'existent qu'en trame de fond en temps de paix et on les

  3   mobilise, alors que d'autres sont plus fortes numériquement en temps de

  4   paix et elles restent fortes numériquement en temps de guerre. Donc je ne

  5   pourrais pas vous donner de chiffres précis.

  6   Q.  Mais quelle serait la fourchette ?

  7   R.  Alors je dirais de 5- à 10 000 hommes pour une brigade, et une brigade

  8   mécanisée de 5- à 10 000 hommes aussi.

  9   Q.  Donc nous avons deux brigades et des parties d'une troisième brigade,

 10   donc on dirait raisonnablement qu'il y a plus de 10 000 hommes ?

 11   R.  Mais ce n'est qu'une réponse théorique, parce que si vous regardez les

 12   choses sur le terrain, ces troupes auraient provoqué beaucoup de congestion

 13   parce qu'elles devaient passer par trois ponts. Donc je vous parle

 14   d'estimations, là, de chiffres à la louche, mais je dirais qu'il y avait

 15   plus de 70 000 soldats de la JNA à un moment à l'automne 1991 qui

 16   entouraient Vukovar ou qui combattaient dans cette zone. D'autres chiffres

 17   parlent de 20 000 soldats. Vous savez, personnellement je ne pense pas que

 18   10 000 soldats pourraient se déplacer en juillet sur ces trois ponts pour

 19   passer le Danube, parce que ce serait vraiment un gros défi logistique.

 20   Q.  La pièce jointe numéro 1 contient des informations intéressantes.

 21   Passons à la page 5 dans la version anglaise, la dernière page en B/C/S. En

 22   Slavonie orientale -- désolé, il s'agit du titre "intelligence situation",

 23   "situation du renseignement" :

 24   "En Slavonie orientale : Dans le village d'Erdut, il y a un centre de

 25   manœuvre militaire comptant 300 à 400 membres de la Garde nationale croate

 26   et du MUP…"

 27   Est-ce que vous avez entendu parler de ce centre d'entraînement duquel

 28   parle-t-on ?


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  1   R.  Alors je pense que c'est le même centre d'entraînement et de manœuvre

  2   militaire qui a été pris par Arkan à un moment en l'automne 1991 et qui

  3   ensuite a été transformé en centre d'entraînement pour la TO de la RSK, et

  4   je pense que même à un moment on l'avait appelé le centre d'entraînement

  5   des unités spéciales de la TO, les unités spéciales de la police de la RSK. 

  6   Q.  Ensuite, on nous dit :

  7   "Dans toutes les localités, des tireurs isolés ont été déployés sur les

  8   tours des églises, et les secteurs sont fortifiés, les positions

  9   consolidées, pour la défense."

 10   Est-ce que cela est corroboré par d'autres informations, à votre

 11   connaissance, à savoir qu'il y avait des positions croates qui avaient été

 12   prises dans des tours d'église ?

 13   R.  J'ai vu, effectivement, Messieurs les Juges, d'autres documents, je

 14   veux dire des documents de la JNA, parlant de cela, mais je n'ai pas

 15   regardé des documents croates, donc je ne peux pas en dire davantage. Je

 16   n'ai pas analysé les activités des forces croates en SBSO ou du ZNG, mais

 17   c'est possible.

 18   M. GOSNELL : [interprétation] Pouvons-nous afficher le document 05995, s'il

 19   vous plaît. Il s'agit de l'onglet de la Défense 512.

 20   Q.  Alors, pendant que l'on attend qu'il s'affiche, Monsieur Theunens, il

 21   s'agit d'un document, d'un rapport du 12e commandement du Corps de

 22   Trajkovic, le chef de l'état-major, et il décrit la disposition des forces,

 23   et la date de ce document est le 22 septembre 1991. Et nous voyons ici les

 24   mêmes unités qui sont mentionnées dans le document précédent, la 51e et la

 25   452e, même si ce document fait référence également à la 453e au lieu de la

 26   452e. Et ensuite, nous avons également la 36e Brigade. Mais en plus de

 27   cela, nous voyons qu'il y a la 18e Brigade mécanisée; le reste de la 36e

 28   Brigade; la 12e Brigade motorisée qui est postée à Klis, dans le village de


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  1   Klis, qui, je suppose, est Klisa, le village de Tenja, de Betin Dvor; et le

  2   16e Régiment d'artillerie mixte est basé à Klisa.

  3   Alors je comprends que vous ayez du mal à nous donner un chiffre

  4   précis quant au nombre d'hommes dans ces différentes brigades et forces,

  5   mais pouvez-vous nous donner un chiffre général quant au nombre de soldats

  6   qui, d'après vous, faisaient partie de ces différentes forces ?

  7   R.  Messieurs les Juges, j'aurais du mal à vous donner un chiffre car,

  8   peut-être que vous l'avez entendu dans d'autres affaires, par exemple, la

  9   80e Brigade n'a pas pu être mobilisée. Il y a eu une deuxième tentative, et

 10   finalement cette brigade n'a pas pu se rendre vers la Slavonie orientale,

 11   donc les effectifs étaient très bas. Donc je peux vous reparler en termes

 12   rhétoriques, mais je ne pense pas que cela va apporter grand-chose. Je

 13   dirais qu'il y avait plusieurs milliers de soldats de la JNA à ce moment-là

 14   en Slavonie orientale.

 15   M. GOSNELL : [interprétation] Pouvons-nous afficher le document 00589, qui

 16   est l'onglet 170 de l'Accusation, s'il vous plaît.

 17   Q.  Il semble que ce document émane du commandement de la 1ère Région

 18   militaire, daté du mois de novembre 1991, donc un petit peu plus tard, et

 19   il s'agit d'un rapport à l'état-major général de la RSFY. Si nous passons à

 20   la page 11, on constatera -- je suppose que ce sont des unités de la

 21   Défense territoriale serbe qui sont attachées au 12e Corps ?

 22   R.  Vous parlez de la TO de la Défense territoriale de la République de

 23   Serbie ?

 24   Q.  Oui.

 25   R.  Eh bien, oui, alors.

 26   Q.  Alors nous voyons 2024 mentionné.

 27   R.  Oui, je n'ai pas la page sous les yeux, mais je connais le document, il

 28   se trouve dans mon rapport. Donc c'est possible.


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  1   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il n'y a pas de page 11 dans ce document.

  2   M. GOSNELL : [interprétation] Dans ma version, j'ai une page 11, mais ce

  3   n'est pas important.

  4   Q.  En tout cas, c'est ce que le document indique --

  5   R.  Désolé de vous interrompre, mais j'aimerais également éclaircir ma

  6   réponse sur Arkan. Je crois qu'il serait intéressant de voir si l'unité

  7   d'Arkan est mentionnée quand on parle de la force de la 1ère Région

  8   militaire, parce que s'il était subordonné à ce moment-là, son unité aurait

  9   été incluse dans cet aperçu.

 10   Q.  Nous y allons pas à pas, Monsieur Theunens, mais merci de ce

 11   commentaire.

 12   R.  Oui, je vous comprends.

 13   M. GOSNELL : [interprétation] J'aimerais maintenant que l'on affiche le

 14   document 05997. Il s'agit de l'onglet 320 de la Défense.

 15   Q.  Ce document crée l'OG nord, n'est-ce pas ?

 16   R.  Oui, c'est un nouveau document, Messieurs les Juges. Je dirais qu'il

 17   crée un OG nord, donc un Groupe opérationnel nord, parce que je n'avais pas

 18   ce document lorsque le rapport consolidé a été compilé. Lors de

 19   l'entretien, j'ai parlé des difficultés liées à l'obtention de documents du

 20   12e Corps ou du Groupe opérationnel nord, et nous avions déjà demandé ces

 21   documents en 2003, 2004, avant le procès sur Vukovar. J'avais toujours eu

 22   l'impression qu'il y avait un Groupe opérationnel nord qui était basé au

 23   12e Corps et qui était commandé à l'origine par le général Bratic, et

 24   lorsqu'il a été tué au combat, le commandement a été repris par le général

 25   Biorcevic. Ce document nous parle, donc, d'un Groupe opérationnel nord,

 26   parce qu'il est beaucoup plus petit que le Groupe opérationnel nord

 27   originel, celui auquel je pensais sous le commandement de Biorcevic, ou

 28   Bratic avant cela.


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  1   Q.  Mais ce document nous parle de "Groupe opérationnel nord" ?

  2   R.  Oui, parce que c'est comme cela qu'on l'a appelé, mais je ne peux pas

  3   dire de quel Groupe opérationnel nord il parle. A ce moment-là, il n'y en

  4   avait qu'un et c'est celui-là. Mais les groupes opérationnels et les

  5   groupes tactiques sont des groupes ad hoc, ponctuels, qui peuvent être

  6   démantelés, recréés, modifiés, et cetera. Dans les documents que j'ai

  7   étudiés il y avait également un Groupe opérationnel nord, et j'aurais du

  8   mal à vous donner la chronologie exacte de sa structuration,

  9   restructuration, et cetera. Donc, pour moi, je parlerais d'un Groupe

 10   opérationnel nord, pas du Groupe opérationnel nord. Un document,

 11   d'ailleurs, quelques semaines plus tard nous parle d'un Groupe tactique

 12   nord, et là on ne parle que du 12e Corps, alors que dans d'autres sources

 13   on parle du Groupe opérationnel nord, qui était une unité beaucoup plus

 14   grande par rapport au Groupe opérationnel sud. Où la situation est beaucoup

 15   plus simple et plus facile à analyser, donc.

 16   Q.  Mais quoi qu'il en soit, je pense que nous pouvons nous mettre d'accord

 17   en regardant cette liste d'unités qu'on a une Brigade de la TO pannonienne

 18   [phon] et le détachement de Serbie de la TO. Vous savez d'où vient la TO

 19   pannonienne ?

 20   R.  Je ne m'en souviens pas, mais je peux le vérifier. Mais je suppose

 21   qu'elle vient de Serbie.

 22   Q.  Alors on voit là qu'il y a la 1ère Brigade mécanisée des Gardes

 23   prolétaires qui est reprise pour le Groupe opérationnel nord, mais nous

 24   savons qu'il dépend du commandement du Groupe opérationnel sud ensuite;

 25   vous êtes d'accord ?

 26   R.  Oui, je suis d'accord avec votre première proposition. Pour la deuxième

 27   proposition, je dirais qu'à un moment la 1ère Division mécanisée des Gardes

 28   prolétaires, qui est composée de la Brigade mécanisée des Gardes


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  1   prolétaires, est déployée au sud du Groupe opérationnel sud, donc je ne me

  2   souviens pas exactement si une brigade mécanisée des gardes prolétaires

  3   était subordonnée au Groupe opérationnel sud, mais je me souviens que son

  4   unité sœur, c'est-à-dire la Division mécanisée prolétaire, était déployée

  5   au sud du Groupe opérationnel sud à un moment à l'automne 1991.

  6   Q.  Au point 6, on nous dit :

  7   "Regrouper tout le personne et le matériel pour 12 heures, 29 septembre

  8   1991, dans le village de Brsadin-Trpinjska Cesta-Borovo Selo. C'est l'axe."

  9   Est-ce que vous pouvez nous aider, en tant que militaire -- ce que veulent

 10   dire le terme "regrouper", "round up" en anglais ? Qu'est-ce qu'on dit ici

 11   ?

 12   R.  Alors, si je regarde l'écran, et vu les informations limitées dont je

 13   dispose sur le 12e Corps, je dirais qu'il s'agit d'une préparation de tout

 14   le personnel des unités mentionnées afin d'agir ultérieurement dans les

 15   emplacements qui sont mentionnés.

 16   M. GOSNELL : [interprétation] J'aimerais verser ce document.

 17   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Il est admis et on lui attribue une

 18   cote.

 19   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce document a déjà été admis le 8 mai

 20   sous la cote P1690. Merci.

 21   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci beaucoup.

 22   M. GOSNELL : [interprétation] Merci, Monsieur le Greffier.

 23   J'aimerais que l'on affiche le document 1D298, onglet 370 de la Défense.

 24   Q.  Monsieur, il s'agit d'une carte qui aurait été créée par l'Agence

 25   centrale du renseignement. Est-ce que vous avez vu cette carte auparavant ?

 26   R.  Oui, Messieurs les Juges. Si vous voulez que je vous donne le contexte

 27   de ce qu'est cette Agence centrale du renseignement, je peux le faire.

 28   Q.  Non, cela ne m'intéresse pas vraiment, mais est-ce que vous pourriez


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  1   quand même nous en dire quelques mots ?

  2   R.  Alors je voudrais que les choses soient claires. En fait, lorsque les

  3   gens entendent le mot "Agence centrale du renseignement," ils pensent

  4   directement à des opérations de couverture ou alors des opérations

  5   clandestines. Mais en fait, cela fait partie d'un rapport intitulé "Champs

  6   de bataille des Balkans sur le conflit en ex-Yougoslavie" et toutes les

  7   sources sont des sources disponibles ou publiques. Il n'y a rien de mal

  8   dans ces sources publiques. Alors je voulais juste éclaircir cela parce que

  9   cela pourrait provoquer des malentendus.

 10   Q.  Vous venez de regarder ce document. Il semble qu'il y ait plusieurs

 11   unités qui ont été identifiées sur cette carte dans le secteur du Groupe

 12   opérationnel nord. Est-ce que vous êtes d'accord avec cela ?

 13   R.  Je crois qu'il faudrait descendre pour pouvoir voir la date. La date

 14   est toujours mentionnée en haut ou en bas de la carte.

 15   Q.  Si vous regardez la légende, vous verrez qu'il y a des lignes

 16   intérieures de la ligne de confrontation qui avaient été atteintes, d'après

 17   la carte, le 30 septembre 1991.

 18   R.  Oui. D'accord.

 19   Q.  Mais ma question est la suivante : seriez-vous d'accord que cette carte

 20   représente fidèlement les unités, en fonction des documents que nous avons

 21   vus ?

 22   R.  Je n'ai aucune raison de douter de la véracité de ce document, mais

 23   d'un point de vue analytique et d'un point de vue méthodologique,

 24   j'aimerais d'abord voir ces chiffres, parce qu'ici je ne vois que des

 25   icônes représentant des unités. Et j'aimerais voir quelles ont été les

 26   conclusions et ensuite vous répondre.

 27   Q.  Alors, si vous regardez cette carte, nous avons un aperçu des

 28   opérations qui ont eu lieu dans le Groupe opérationnel nord à partir du 1er


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  1   août. Nous avons entendu énormément d'éléments de preuve disant qu'il y

  2   avait eu un passage du pont le 1er août, qu'il y a eu mouvement vers Erdut

  3   et Dalj. Nous allons passer en revue certains documents à ce sujet-là, mais

  4   je voudrais d'abord vous poser une question : est-ce que vous savez s'ils

  5   ont atteint la ligne de confrontation, la ligne de confrontation

  6   intérieure, presque immédiatement après avoir passé les ponts, en fonction

  7   des documents que nous avons vus ?

  8   R.  Alors, qu'est-ce que vous entendez par "ligne de confrontation

  9   intérieure" ?

 10   Q.  Eh bien, je veux dire la ligne en pointillé.

 11   R.  Oui, c'est possible. Je peux lire la carte, et je n'ai aucune raison de

 12   douter de la fidélité de cette carte par rapport aux informations des

 13   analystes ou des personnes qui ont compilé cette carte et qui avaient les

 14   informations à leur disposition. Mais de mon point de vue, comme je l'ai

 15   dit tout à l'heure, j'aimerais regarder les documents dont je dispose,

 16   c'est-à-dire les documents officiels de la JNA qui n'étaient pas

 17   disponibles pour les personnes qui ont compilé cette carte, et comparer les

 18   deux, et ensuite je pourrais répondre à votre question.

 19   Q.  Etes-vous d'accord avec moi pour dire que le Groupe opérationnel nord

 20   est séparé du Groupe opérationnel sud jusqu'à un moment bien avancé du mois

 21   d'octobre, et il semble que cela soit représenté sur cette carte ?

 22   R.  C'est possible. C'est ce que la carte semble montrer. Mais je ne peux

 23   pas tirer cette conclusion à partir des documents que j'ai examinés. Je ne

 24   peux tirer cette conclusion, ou plutôt, je ne peux répondre à votre

 25   question que sur la base de la carte qui est en face de moi, et je dirais

 26   qu'apparemment on voit le fleuve Vuka entre les deux, oui.

 27   M. GOSNELL : [interprétation] Nous allons verser cette carte, Monsieur le

 28   Juge.


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  1   M. LE JUGE DELVOIE : [aucune interprétation]

  2   M. LE GREFFIER : [interprétation] Cela devient la pièce D38. Merci.

  3   M. GOSNELL : [interprétation] J'aimerais que l'on affiche à présent la

  4   pièce P1688, onglet 666 de l'Accusation.

  5   Q.  Il s'agit d'un rapport du chef de l'état-major du commandement du 12e

  6   Corps daté du 9 août 1991, envoyé au commandement de la 1ère Région

  7   militaire, le général Mladen Maksimovic. Et il semble décrire les

  8   événements qui ont eu lieu à Dalj et autour de Dalj le 1er août 1991. Alors

  9   j'aimerais tout d'abord vous demander quelque chose sur l'intervalle de

 10   temps : est-ce normal d'avoir un intervalle de huit jours entre une action

 11   de combat et un rapport de ce genre ?

 12   R.  Messieurs les Juges, on ne dit pas "rapport de situation régulier,"

 13   donc je ne sais pas si le 12e Corps, avant le 9 août, fournissait des

 14   rapports de situation réguliers à la 1ère Région militaire. On dirait qu'il

 15   s'agit d'un rapport résumant la situation, donc j'aimerais d'abord vérifier

 16   si d'autres rapports de situation avaient été envoyés ou soumis par le 12e

 17   Corps à la 1ère Région militaire du 1er au 9 août, et ensuite je pourrais

 18   répondre à votre question.

 19   Q.  Disons qu'il y avait des rapports quotidiens de situation, pourquoi un

 20   tel rapport aurait-il été envoyé si ces rapports quotidiens existaient ?

 21   R.  Peut-être parce que le commandant ou un membre du commandement de la

 22   1ère Région militaire a demandé que le 12e Corps envoie ce rapport, nous ne

 23   savons pas. Mais ce n'est pas inhabituel.

 24   Q.  Passons à la page 2 de la version anglaise :

 25   "Une compagnie tactique du 2e Bataillon blindé s'est engagée sur le pont et

 26   l'a traversé sans ouvrir le feu. Pendant ce temps-là, un drapeau blanc a

 27   été placé sur l'installation de 'Kula' dans le village d'Erdut et des

 28   membres de la ZNG se sont retirés de ce point en hauteur."


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  1   Est-ce que vous connaissez un point en hauteur, est-ce que vous savez s'il

  2   y en a un dans la ville de Dalj ?

  3   R.  Vous parlez de Dalj ou d'Erdut ?

  4   Q.  Désolé, Erdut. Vous savez s'il y a des points en hauteur dans le

  5   village d'Erdut ?

  6   R.  Si je me souviens bien - bon, la dernière fois que j'y étais, c'était

  7   en 1997 - en venant de Serbie, si on traverse le pont, près du pont il y a

  8   une sorte de point en hauteur, mais il n'est pas très, très élevé. En

  9   Slavonie orientale, la configuration du terrain est relativement plate.

 10   Q.  Est-ce qu'un bâtiment peut être un point en hauteur, dans le jargon

 11   militaire ?

 12   R.  S'il y a un bâtiment, on le décrirait comme étant un bâtiment.

 13   Q.  Alors le texte nous dit :

 14   "Ensuite, une compagnie tactique du 1er Bataillon motorisé a été envoyée

 15   vers le village de Dalj à 7 heures 30 du matin, suivie par une compagnie

 16   tactique de la 2e Brigade motorisée qui s'est dirigée vers le village

 17   d'Erdut après avoir traversé le pont, mais qui a fait l'objet de tirs

 18   nourris provenant du centre du MUP.

 19   "Suite à cela, cette unité a été forcée de riposter et d'empêcher le ZNG de

 20   lui tirer dessus.

 21   "A 9 heures 30, une compagnie tactique de la 1ère Brigade motorisée est

 22   entrée dans le village de Dalj, et une fois qu'elle s'y trouvait un

 23   commandant de l'unité a demandé aux parties belligérantes de cesser le feu…

 24   les deux parties se sont mises d'accord, mais les forces positionnées au

 25   centre du MUP ne l'ont pas fait. Vu que ces forces ont continué à titrer

 26   non seulement sur l'autre camp mais aussi sur la compagnie tactique de la

 27   1ère Brigade motorisée, un ultimatum leur a été donné de cesser le feu

 28   directement ou des chars seraient déployés pour les détruire. L'ultimatum


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  1   et plusieurs avertissements ont été envoyés, les forces positionnées au

  2   centre du MUP ont continué à tirer sur les unités de la 1ère Brigade

  3   motorisée, qui a dû riposter, et trois obus d'un canon de char ont été

  4   tirés sur le poste de police, suite à quoi les hostilités ont été arrêtées

  5   et il n'y a plus eu de tir sur les unités de la 1ère Brigade motorisée.

  6   "Sous la protection de nos membres des unités du MUP et du ZNG, il y a eu

  7   repli vers le village d'Aljmas, et certains ont été évacués vers Osijek

  8   avec les réfugiés, toujours sous la protection des unités de la JNA."

  9   Alors vous avez dit qu'il y avait eu un changement dans le rôle de la JNA

 10   dans le conflit en 1991. Elle est passée d'une séparation des différents

 11   camps à une participation active d'un seul camp contre l'autre. S'agit-il

 12   là, pour vous, d'une claire indication de la participation de la JNA à un

 13   camp contre l'autre ?

 14   R.  Je pense que dans le rapport on nous dit que le rôle principal de la

 15   JNA consistait à séparer les parties et de mettre en œuvre, d'appliquer un

 16   cessez-le-feu.

 17   Q.  Non, Monsieur. Ce que je veux dire par là, c'est que la page 1 de ce

 18   rapport donne l'impression qu'il s'agit plutôt du fait que la JNA a séparé

 19   les deux camps et a agi comme médiateur. Mais ensuite, nous voyons en

 20   lisant les détails que des chars avaient avancé et avaient détruit le

 21   centre du MUP, et on suppose que plusieurs personnes ont été tuées. Est-ce

 22   que cela ne consiste pas à dire que la JNA a participé à aider un camp

 23   contre l'autre à ce moment-là ?

 24   R.  Je pense que tout ce que je peux vous dire, c'est que le côté croate

 25   verra cela comme voulant dire que la JNA a séparé les parties et a

 26   consolidé le contrôle serbe sur certaines régions et a participé activement

 27   au côté serbe pendant le conflit. Pour la JNA, comme vous le voyez dans ce

 28   document, cela veut dire séparer les parties et utiliser tous les moyens


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  1   nécessaires pour mettre en œuvre ou pour imposer un cessez-le-feu. Je pense

  2   que ce document est soumis à l'interprétation. Les documents suivants sont

  3   beaucoup plus clairs sur le rôle de la JNA.

  4   M. GOSNELL : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  5   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

  6   Monsieur Theunens, nous allons faire la première pause. Nous reviendrons à

  7   11 heures. L'huissier va vous escorter. Merci beaucoup.

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

  9   [Le témoin quitte la barre]

 10   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] L'audience est levée.

 11   --- L'audience est suspendue à 10 heures 31.

 12   --- L'audience est reprise à 11 heures 01.

 13   [Le témoin vient à la barre]

 14   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Veuillez poursuivre, Maître Gosnell.

 15   M. GOSNELL : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 16   Q.  Monsieur Theunens, avant la pause vous avez contesté mon interprétation

 17   de ce document, vous avez dit qu'il s'agissait de franchir le Rubicon et de

 18   dire que la JNA a participé de façon active du côté serbe. Alors je vais

 19   vous demander de regarder le bas de la page, s'il vous plaît, qui se trouve

 20   à l'écran ici, où on peut lire -- si nous pouvons faire défiler le texte

 21   vers le bas en anglais, s'il vous plaît.

 22   "Le MUP et les unités du ZNG cantonnées dans les villages de Dalj et

 23   d'Erdut étaient des unités qui ont provoqué le conflit avec l'unité de la

 24   JNA."

 25   L'INTERPRÈTE : La ZNG étant la Garde nationale croate.

 26   M. GOSNELL : [interprétation]

 27   Q.  Nonobstant les aspirations de la JNA d'intervenir comme s'ils étaient

 28   des policiers entre les deux parties, n'êtes-vous pas d'accord avec moi


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  1   pour dire qu'en réalité, ceci reflète un changement et il s'agit

  2   d'intervenir d'un côté contre l'autre, quelles que soient les raisons ?

  3   R.  Alors, pour être tout à fait honnête, si je lis la phrase, d'après le

  4   commandement du 12e Corps -- il indique que le MUP et les unités de la ZNG

  5   ont provoqué le conflit avec la JNA. Alors, si on devait analyser

  6   l'attitude de chaque partie au conflit à ce moment-là, il faudrait regarder

  7   des documents du côté croate également, si tel serait l'objet de notre

  8   analyse, et essayer de donner un avis là-dessus. Et comme je l'ai dit un

  9   peu plus tôt, ce document est sujet à interprétation, et les documents plus

 10   tardifs de différentes unités de la JNA sont beaucoup plus clairs.

 11   Et si nous regardons des documents qui portent sur la situation à Banija,

 12   Kordun et Lika, par exemple, avec les différents OG, groupes opérationnels,

 13   et TG qui ont été créés plus tard, là il est clair que la JNA se bat du

 14   côté serbe. Et la même chose vaut pour la région de Knin au sens large

 15   environ à la même époque. Mais j'ai cru comprendre que vous souhaitez me

 16   donner votre interprétation de ce document-ci, et je dois répondre au mieux

 17   dans ce cas.

 18   Q.  Le paragraphe au-dessus précise que :

 19   "L'unité n'est pas entrée dans le village de Dalj pendant la journée…"

 20   Et quelques paragraphes plus haut :

 21   "A 9 heures 30, un groupe tactique de la brigade motorisée est entré dans

 22   le village…"

 23   Pourquoi pensez-vous que Trajkovic n'est pas tout à fait honnête ici ?

 24   R.  Messieurs les Juges, je ne comprends pas pourquoi vous dites que M.

 25   Trajkovic est honnête ou pas. Alors vous pouvez analyser l'honnêteté de

 26   Trajkovic ou la malhonnêteté de Trajkovic s'il y avait eu des observateurs

 27   indépendants à Dalj qui pourraient contredire les points de vue présentés

 28   par M. Trajkovic. Et le colonel Trajkovic, peut-être qu'il est honnête ou


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  1   malhonnête, je ne sais pas. Je ne peux pas formuler de conclusions.

  2   Q.  Dernier paragraphe sur cette page :

  3   "Dans les jours qui ont suivi le conflit, il y a eu quelques incidents

  4   occasionnels entre les habitants croates et serbes, et nos unités

  5   (essentiellement la police militaire) sont entrées dans le village de Dalj

  6   pour empêcher des actes de représailles contre la population croate."

  7   Discernez-vous dans ce document le fait que Trajkovic semble être préoccupé

  8   ou en tout cas sensibilisé à la question de savoir à quelle date ses forces

  9   sont à Dalj ?

 10   R.  Alors, si je regarde la date du document -- je crois que ce document

 11   est daté du 1er septembre, si je me souviens bien.

 12   Q.  Non, c'est le 9 août.

 13   R.  Pardonnez-moi, je ne pouvais pas voir la date en haut du document.

 14   C'est le 9 août. Alors, à cette période, cela laisse entendre qu'après la

 15   date du 9 août les unités de la police militaire du 12e Corps sont entrées

 16   à Dalj, mais on ne précise pas combien de temps ces unités sont restées, si

 17   elles établissent une présence permanente ou si elles entrent et qu'elles

 18   ressortent. Il faudrait regarder d'autres documents du 12e Corps pour voir

 19   comment ces unités ont été déployées à un quelconque moment au cours de

 20   cette période.

 21   Q.  Dernier paragraphe du document, qui se trouve à la page 3 :

 22   "Nous pensons que la situation dans la localité de Dalj est encore assez

 23   complexe en raison de la méfiance qui a été créée à cet endroit-là et les

 24   deux parties belligérantes pensent que la présence de la JNA est nécessaire

 25   et utile et que, dans la situation actuelle, le retrait des forces de la

 26   JNA aurait des conséquences désastreuses."

 27   Donc il y a quelqu'un qui fournit des informations à Trajkovic sur la

 28   situation dans la ville ?


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  1   R.  Ce paragraphe montre que Trajkovic donne son évaluation de la situation

  2   à Dalj. Ce sur quoi ceci est fondé, nous ne pouvons pas l'établir au vu du

  3   document, mais il serait raisonnable de supposer qu'il obtient des

  4   informations sur la situation à Dalj à ce moment-là, à cet instant T.

  5   Q.  Alors, dans ce document, on n'évoque absolument pas la participation

  6   d'Arkan, n'est-ce pas ?

  7   R.  Vous voulez parler de quel incident, Messieurs les Juges ? Parce qu'il

  8   s'agit d'un rapport de synthèse.

  9   Q.  "Rapport sur le conflit armé près du village de Dalj."

 10   R.  Non, Arkan n'est pas mentionné.

 11   Q.  Arkan n'est pas mentionné dans les trois documents précédents non plus

 12   qui indiquent quelles sont les forces qui faisaient partie du 12e Corps ?

 13   R.  C'est exact, Messieurs les Juges.

 14   Q.  Même si ces documents énuméraient certaines unités de la TO qui

 15   devaient être rattachées au 12e Corps, n'est-ce pas ?

 16   R.  C'est exact, Messieurs les Juges.

 17   Q.  Vous avez dit un peu plus tôt aujourd'hui qu'à vos yeux 

 18   -- ou vous deviez regarder ce document pour déterminer si, oui ou non,

 19   Arkan était subordonné aux forces de la JNA à partir de cette date-là ?

 20   R.  Oui, dans la mesure où la mention d'Arkan dans leurs propres unités

 21   indiquerait qu'à ce moment-là Arkan était subordonné et que son groupe

 22   était subordonné à la JNA. D'après ces documents relevant des organes de la

 23   sûreté de la région militaire, les unités de la JNA font état de la

 24   présence d'Arkan et d'autres troupes de volontaires dans certaines régions

 25   de la SBSO même si elles ne semblent pas avoir été subordonnées à la JNA à

 26   ce moment-là.

 27   Q.  Nous allons y revenir. Parlons du mois d'août 1991. Vous avez dit que

 28   vous analysiez ces différents documents pour déterminer si, oui ou non,


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  1   Arkan était ou non subordonné au 12e Corps à ce moment-là. Donc la question

  2   que je vous pose est la suivante : est-ce que l'absence de mention dans ce

  3   document ainsi que dans le document précédent vous permet de forger une

  4   opinion - alors veuillez me dire s'il s'agit de votre opinion ou pas - à

  5   savoir qu'en août 1991, Arkan n'est pas subordonné au 12e Corps dans cette

  6   région ?

  7   R.  Effectivement, Messieurs les Juges. Au vu du document que nous avons vu

  8   et en l'absence de toute mention d'Arkan et de son groupe dans ces

  9   documents, Arkan et son groupe ne sont pas subordonnés au 12e Corps à ce

 10   moment-là.

 11   Q.  Alors regardons le P103 maintenant, s'il vous plaît, intercalaire de

 12   l'Accusation 93. Il s'agit là d'un rapport d'information signé par Stevan

 13   Mitrevski, qui apparemment fait partie d'un service logistique dans un

 14   secteur donné. C'est quelque chose que vous avez déjà abordé.

 15   Hiérarchiquement, cette unité est très importante, l'administration chargée

 16   des questions de la sûreté d'autres unités, le secrétariat fédéral,

 17   l'administration chargée des questions de la sûreté du secrétariat fédéral

 18   de la Défense nationale en tout cas, et d'autres unités. Alors, le bas de

 19   la page, information portant sur des périodes antérieures et l'arrivée du

 20   12e Corps à Erdut, et on peut lire :

 21   "Il a dit que l'emploi d'engins explosifs -- Arkan avait complètement

 22   détruit l'église catholique d'Erdut. La tour de l'église avait été détruite

 23   auparavant pendant la prise de contrôle par la JNA d'Erdut."

 24   Alors aucune mention de cela dans le rapport de Trajkovic, n'est-ce pas ?

 25   R.  Non, effectivement.

 26   Q.  Mais l'information dans ce rapport constitue un élément saillant pour

 27   votre analyse de savoir si, oui ou non, Arkan était subordonné au 12e Corps

 28   à cet endroit et à cette date ?


Page 4442

  1   R.  Veuillez me rappeler la date du document Trajkovic que nous avons vu.

  2   Q.  Le 9 août 1991.

  3   R.  Ce document est daté du 1er octobre, donc nous pouvons objectivement

  4   déclarer qu'aucune mention du 9 août n'est faite dans le document de

  5   Trajkovic, mais nous ne savons pas pourquoi.

  6   Q.  Est-ce que vous contestez le fait que la dernière phrase à la page 1 de

  7   ce document est censée faire référence à la prise de contrôle par la JNA

  8   d'Erdut le 1er août ?

  9   R.  Je ne le conteste pas, mais je compare simplement les deux documents,

 10   comme tout un chacun le ferait. Des informations sont précisées ici qui ne

 11   sont pas précisées dans l'autre document. C'est tout ce que je puis dire à

 12   ce stade.

 13   Q.  Bien. Vous le mentionnez dans votre rapport ?

 14   R.  Non, car comme nous l'avons vu, je ne disposais pas du document

 15   Trajkovic, et lorsque j'ai vérifié sur internet le statut du rapport que

 16   j'ai préparé au mois d'octobre, la Défense avait une attitude négative à

 17   l'égard du deuxième rapport. Donc je ne peux pas analyser des documents

 18   dont je ne dispose pas physiquement.

 19   Q.  Alors ces informations qui figurent dans ce rapport, maintenant que

 20   j'ai attiré votre attention là-dessus, en réalité, votre affirmation qui

 21   consiste à dire qu'Arkan n'était pas subordonné au 12e Corps dans cette

 22   région à cette époque, comment ceci a-t-il une incidence sur votre avis ?

 23   R.  Du point de vue de la doctrine, Akran aurait dû être subordonné au 12e

 24   Corps pendant les opérations qui ont été menées à Erdut. Cependant, si nous

 25   regardons le contexte ainsi que tous les autres documents militaires, la

 26   situation n'est pas tout à fait claire. Nous savons qu'Arkan établit de

 27   bonnes relations avec le commandant futur ou le commandant qui a été nommé

 28   après du 12e Corps, le général Biorcevic. Je n'ai pas pu analyser


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  1   suffisamment de documents du 12e Corps pour établir quelle était la nature

  2   de ses relations au moment où les unités du 12e Corps prennent le contrôle

  3   d'Erdut. Mais sur un plan théorique, il aurait dû y avoir subordination et

  4   coordination de leurs activités.

  5   Q.  Vous avez dit dans votre déposition à la page du compte rendu

  6   d'audience 4 183 il y a un ou deux jours que vous aviez demandé à avoir des

  7   documents du 12e Corps et que vous avez reçu très peu de documents. Ai-je

  8   raison de comprendre que vous avez reçu beaucoup moins de documents portant

  9   sur la zone de responsabilité du 12e Corps par rapport à des documents qui

 10   portent sur la zone de responsabilité du Groupe opérationnel sud ?

 11   R.  C'est exact, Messieurs les Juges.

 12   Q.  Pouvez-vous nous l'expliquer, s'il vous plaît ? Pourquoi y a-t-il cette

 13   différence ?

 14   R.  Je ne sais pas, Messieurs les Juges. Je ne peux pas vous l'expliquer.

 15   Peut-être que le pays ou l'Etat qui détient ces documents sont en meilleure

 16   position pour vous l'expliquer.

 17   Q.  Alors, est-ce que vous avez une connaissance personnelle du fait que

 18   des documents aient pu être détruits ou dissimulés, des documents

 19   d'archives ?

 20   R.  Un argument qui a souvent été avancé -- je ne me souviens pas

 21   exactement dans quel contexte de quelle demande cela relève, mais il y a eu

 22   un certain nombre de documents d'archives qui ont été détruits en RFY lors

 23   des frappes aériennes de l'OTAN et dans le cadre des opérations à Kosovo en

 24   1999.

 25   Q.  Alors, peut-être que ma question aurait pu être formulée plus

 26   clairement. Ce que je veux dire, c'est détruire intentionnellement afin de

 27   dissimuler les événements.

 28   R.  Je ne sais pas, mais peut-être que ce n'est pas une réponse à votre


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  1   question, mais cela peut aider les Juges de la Chambre. Lorsque j'ai

  2   travaillé dans l'affaire Vukovar, nous avons fait une demande de documents

  3   analogues à plusieurs reprises. Des documents, par exemple, qui soi-disant

  4   n'étaient pas disponibles à un moment ont tout à coup été disponibles

  5   quatre mois plus tard. Alors, à savoir si c'était intentionnel ou par

  6   manque d'organisation, je ne sais pas. On faisait une demande de documents

  7   et parfois on recevait des documents complètement différents de ceux que

  8   l'on avait demandés. La situation était comme ça.

  9   Q.  Avez-vous jamais vu un document dont vous pouviez affirmer que c'était

 10   un faux, quelle que soit la source, qui était censé être un document de la

 11   JNA ?

 12   R.  Il y a eu quelques documents -- encore une fois, je ne peux parler que

 13   des documents que j'ai vus. Il y a eu quelques documents, je crois, qui

 14   portaient sur la 2e Région militaire de la JNA et qui ont été obtenus des

 15   archives de l'Etat de Bosnie. A l'époque il y avait des doutes quant à leur

 16   authenticité. Et ces documents n'avaient rien à voir avec la situation en

 17   Slavonie orientale ou en SBSO. J'ai compris que mes collègues ont tenté de

 18   vérifier l'authenticité desdits documents en les montrant à des officiers

 19   de la JNA lorsqu'il y avait des entretiens avec les témoins ou des

 20   suspects, et cette question a été précisée par la suite.

 21   Q.  Des officiers de la JNA que cela pourrait intéresser et qui pourraient

 22   avoir un intérêt à ce qu'il y ait des faux ?

 23   R.  Je pense que cela est douteux parce que ces documents étaient plutôt

 24   négatifs ou hostiles à l'égard de la JNA ou à propos de la JNA et de leurs

 25   actions au cours du printemps 1992 dans la région au sens large de Sarajevo

 26   ou en Bosnie-Herzégovine. En fait, tous ces documents provenaient des mêmes

 27   archives -- en fait, tout ceci était comme la presse à scandale. C'étaient

 28   des informations qui étaient contenues dedans. On parlait de la


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  1   méthodologie et on avait des doutes sur la fiabilité de la source, pas la

  2   source qui était indiquée sur le document mais le fournisseur du document

  3   et la disposition du document, et d'autre part la teneur du document à

  4   laquelle nous appliquions notre méthodologie.

  5   Q.  Avez-vous jamais croisé un document qui porte sur la région du SBSO qui

  6   d'après vous aurait été un document trafiqué ?

  7   R.  [aucune interprétation]

  8   Q.  Simplement, je souhaitais préciser, quelqu'un qui après la création du

  9   document aurait modifié le contenu ou la teneur dudit document pour quelque

 10   raison que ce soit ?

 11   R.  Je vais nuancer ma réponse. Au mieux de mes souvenirs, je n'ai vu aucun

 12   document émanant de la 1ère Région militaire ni de ses unités subordonnées

 13   qui laisserait entendre ou qui indiquerait que le document -- ou que la

 14   teneur du document a été modifiée.

 15   Q.  Et qu'en est-il du journal de guerre de la Brigade motorisée des Gardes

 16   ?

 17   R.  Encore une fois, compte tenu de -- je crois que j'ai eu le privilège

 18   d'avoir assisté à l'entretien avec le rédacteur du journal de guerre. Et

 19   pour préciser une question que vous avez posée hier, il y avait un officier

 20   de la JNA -- lorsque j'ai dit que j'étais présent à l'entretien en présence

 21   de l'enquêteur, la plupart de ces personnes sont devenues des témoins à

 22   décharge. Donc il ne s'agit pas simplement de rassembler des éléments

 23   d'information qui favorisaient l'Accusation, puisque vous avez laissé

 24   entendre que je pouvais être influencé parce que ces documents favorisaient

 25   l'Accusation. Mais comme je vous l'ai dit, j'étais présent lors de

 26   l'entretien avec cet officier. Cet officier a témoigné. Et, à mon sens,

 27   aucunes réserves n'ont été émises après le procès de Vukovar après un

 28   quelconque témoin ou individu à l'égard de l'authenticité du journal de


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  1   guerre de la Brigade motorisée des Gardes.

  2   Q.  N'est-il pas incroyable qu'il n'y ait aucune mention sur l'accord pour

  3   l'évacuation de l'hôpital de Vukovar dans ce journal de guerre ?

  4   R.  Alors je ne sais pas si c'était dans sa déposition devant la Chambre de

  5   première instance ou lors de son entretien que l'un des rédacteurs, ou en

  6   tout cas celui qui participait à l'entretien -- je peux retrouver son nom,

  7   mais je ne me souviens pas de son nom. Il a dit qu'une fois, le 11 [comme

  8   interprété] novembre, lorsque Vukovar était "tombée", les gens ont moins

  9   bien rédigé le journal de guerre et la discipline n'était plus la même pour

 10   ce qui était de maintenir à jour ce journal de guerre. Donc, encore une

 11   fois, en me fondant là-dessus, et en l'absence d'objections analogues comme

 12   celles que vous venez de soulever pendant le procès et après le procès, je

 13   n'ai aucune raison de croire que le journal de guerre de la Brigade

 14   motorisée des Gardes ait été trafiqué ou falsifié. Je suis d'accord que ce

 15   n'est pas exhaustif, ça n'est pas le bon terme, mais cela ne semble pas

 16   être complet. Car les événements après le 18 ne sont pas décrits avec la

 17   même précision que les événements précédents.

 18   Q.  Est-ce que vous êtes sérieux lorsque vous dites qu'il y a eu des

 19   omissions parce que le travail a été négligé ?

 20   R.  Messieurs les Juges, je ne laisse rien entendre. J'essaie de répondre

 21   au mieux à la question et de refléter les points de vue qui ont été

 22   exprimés par les personnes qui ont rédigé ceci. Le chef d'état-major de la

 23   Brigade motorisée des Gardes a surveillé la rédaction de ce journal et

 24   voici ce qui a été dit.

 25   Q.  N'est-ce pas un exemple manifeste d'un document de la JNA qui a été

 26   rédigé de telle manière à ce que l'on puisse échapper à toute

 27   responsabilité à propos de certains événements ?

 28   R.  Eh bien, c'est possible, je ne sais pas, mais si j'analyse la doctrine


Page 4447

  1   militaire, ainsi que le système judiciaire et les questions de discipline,

  2   je pense qu'un journal de guerre ne permet pas d'établir la responsabilité

  3   de quelqu'un ou le manque de responsabilité de quelqu'un sur le type de

  4   situation qui a prévalu à Ovcara dans l'après-midi et la soirée du 20

  5   novembre 1991.

  6   Q.  Pardonnez-moi, les individus impliqués -- pardonnez-moi.

  7   Les individus qui ont gardé à jour le journal de guerre avaient été à

  8   l'époque bien conseillés par des avocats, certainement, n'est-ce pas ?

  9   R.  Encore une fois, j'ai répondu à la question. Ça n'est pas simplement la

 10   question du journal de guerre. Il y a également d'autres documents qui sont

 11   en jeu qui permettent d'établir qui commande quoi et qui est responsable de

 12   quoi.

 13   Q.  Revenons à Dalj et voir si, oui ou non, le rapport de Trajkovic reflète

 14   fidèlement les événements.

 15   M. GOSNELL : [interprétation] Est-ce que nous pouvons afficher le numéro 65

 16   ter 892, intercalaire de l'Accusation numéro 246.

 17   Q.  Je suis sûr que vous connaissez ce document "Helsinki Watch" envoyé à

 18   Milosevic et daté du 21 janvier 1992. Nous allons afficher la page 3 en

 19   anglais, s'il vous plaît, sous la mention "1er août Dalj". Et voici ce que

 20   dit "Helsinki Watch". La page suivante en anglais, s'il vous plaît. Il

 21   semblerait que nous ayons le B/C/S la partie double de l'écran.

 22   "Le 1er août, des insurgés serbes ont tenté de prendre le contrôle du poste

 23   de police de Dalj. La police était piégée à l'intérieur du poste de police

 24   et a refusé de se rendre aux troupes de la JNA et une lutte pour le

 25   contrôle de la ville a suivi. Après que la JNA ait occupé Dalj, les groupes

 26   paramilitaires serbes auraient fouillé le village pour trouver des soldats

 27   croates, des officiers de police et des civils et ont tué nombre de

 28   personnes qui ont été retrouvées blessées."


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  1   Alors vous voyez que ce document dit que la JNA a occupé Dalj, alors que M.

  2   Trajkovic insiste sur le fait que ses forces n'ont pas occupé Dalj à la

  3   date du 1er août, n'est-ce pas ?

  4   R.  Si je compare les deux documents, je suis d'accord avec vos

  5   conclusions.

  6   Q.  Lequel des deux est le plus fiable ?

  7   R.  Alors, en tant qu'analyste, je dirais que je ne peux pas répondre à la

  8   question maintenant. Je devrais rechercher des informations

  9   supplémentaires. Encore une fois, le rapport que nous avons vu, le rapport

 10   Trajkovic que nous avons vu, était un rapport de synthèse, et donc il n'est

 11   pas toujours très aisé de suivre la chronologie car très peu de dates y

 12   figurent. Et ce rapport aborde des événements qui se sont déroulés sur

 13   plusieurs jours, alors qu'ici apparemment nous avons un événement qui s'est

 14   déroulé un jour donné, et on ne dit pas si l'occupation -- ou, en tout cas,

 15   il semblerait que ceci ait eu lieu le 1er et ensuite également les jours

 16   qui ont suivi.

 17   Q.  Alors, regardons à nouveau le 356, intercalaire numéro 93. Ce document

 18   a également la cote P103. Page 2, s'il vous plaît. C'est l'avant-dernier

 19   paragraphe qu'il nous faut. On dit que :

 20   "Il y a des rumeurs qui courent parmi les membres de la JNA se trouvant

 21   dans le secteur disant qu'Arkan part en action une fois que les unités de

 22   la JNA ont déjà nettoyé le terrain, et ensuite… dans ce secteur, il commet

 23   des crimes. Ils pensent qu'Arkan l'avait fait avec le plein appui du

 24   service de la Sûreté d'Etat de Serbie."

 25   Est-ce que ceci correspond au descriptif de la méthode de participation qui

 26   est celle d'Arkan, et est-ce que ceci est conforme à ce que "Helsinki

 27   Watch" nous dit dans son rapport comme on vient de le voir, consigné au

 28   compte rendu 00892 ?


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  1   R.  En effet, Messieurs les Juges.

  2   Q.  Penchons-nous maintenant sur le 00235, qui correspond à la pièce D27,

  3   onglet de la Défense 380. Alors j'aimerais que l'on se penche sur la page 4

  4   de la version anglaise, et s'agissant du B/C/S il s'agira de la page qui

  5   suit le tableau. Alors, Monsieur, je suis certain que vous ayez déjà vu ce

  6   document. C'est une demande faite par Arkan pour obtenir une compensation

  7   destinée à l'un de ses hommes apparemment. Il est dit :

  8   "Ceci est délivré pour attester que Nenad Markovic a participé à la

  9   libération de Tenja en tant que membre de notre unité en pleine coopération

 10   avec la JNA, et nous soulignons aussi qu'il a été grièvement blessé dans

 11   l'accomplissement de ces missions de combat."

 12   Alors, partant des autres documents que vous avez pu voir, pensez-vous que

 13   ce document doit être considéré comme étant fiable ? Je ne parle par de

 14   l'individu qui est mentionné ici, mais premièrement, c'est d'abord qu'il y

 15   ait eu des opérations de la JNA de conduites là-bas; et au point B,

 16   qu'Arkan y a pris part ?

 17   R.  Je ne me souviens pas d'avoir vu d'autres documents qui se

 18   rapporteraient concrètement aux opérations qui se sont déroulées à Tenja.

 19   Mais ce document me semble être tout à fait bon. Je pourrais peut-être

 20   répondre à votre question si on me montrait d'autres documents qui seraient

 21   relatifs à Tenja et aux opérations là-bas.

 22   Q.  Mais ça se poursuit. On dit que :

 23   "Le 2 août 1991, il y a eu un transport d'effectué par un véhicule de

 24   l'armée vers l'hôpital de Sombor, où il a été opéré.

 25   "Et le 7 août… il a été transféré vers l'académie médicale militaire de

 26   Belgrade, où on lui a amputé la jambe gauche sous le genou."

 27   Alors il semblerait que quelqu'un d'autre ait été blessé dans cette

 28   deuxième opération de la JNA, qui est transféré par une ambulance de la JNA


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  1   à partir des lignes de front pour être soigné dans un hôpital qui est un

  2   hôpital de la JNA. Alors, est-ce que ceci vous dit quelque chose au sujet

  3   de la subordination des effectifs d'Arkan dans le secteur à l'époque ?

  4   R.  Au fond, ça ne me dit rien du tout, parce que si on se penche sur la

  5   doctrine en tant que telle, au cas où Arkan et ses hommes seraient

  6   intervenus dans un secteur où la JNA avait conduit des opérations,

  7   conformément à ladite doctrine, ils étaient censés être subordonnés à la

  8   JNA. Mais le fait qu'on ait évacué quelqu'un avec un véhicule de la JNA et

  9   qu'il ait été accueilli dans un hôpital militaire ne nous en dit pas plus

 10   long pour ce qui est du niveau de la relation de subordination qui avait

 11   été mise en place à l'époque.

 12   Q.  Peut-être serait-il question ici d'un problème de terminologie. Si vous

 13   dites que ça n'a pas été une subordination, est-ce que je dois comprendre

 14   ou -- non, je vais vous poser la question de façon plus simple : à votre

 15   avis, comment convient-il d'entendre cette "subordination" ?

 16   R.  C'est vous qui avez parlé de subordination. Moi, j'ai voulu dire

 17   qu'Arkan et son groupe, lorsqu'ils ont réalisé des activités là-bas, ça

 18   s'est fait parce qu'on leur en avait donné l'ordre, et cet ordre a été

 19   donné par la JNA. C'est ce que je comprends par le terme de subordination.

 20   Q.  Mais le fait qu'ils aient participé dans des activités de combat dans

 21   les mêmes sites que la JNA et que ce document affirme qu'il y a une

 22   coopération avec la JNA, cela ne comporte-t-il pas une valeur probante pour

 23   ce qui est de prouver qu'il y a eu, effectivement, subordination telle que

 24   vous l'entendriez ?

 25   R.  Du point de vue de la doctrine, il a certainement dû être subordonné à

 26   la JNA, et là, aucun doute possible. Mais si on se penche sur d'autres

 27   documents, par exemple, les ordres fournis par écrit où l'on définit les

 28   missions des différentes unités de la JNA et des unités subordonnées à


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  1   celle-ci dans le secteur de Tenja, et aux fins de voir si Arkan est

  2   mentionné parmi ces unités et afin de voir quelles ont été les missions

  3   qu'on leur a confiées, je ne pense pas que l'on puisse affirmer à 100 %

  4   qu'ils n'avaient pas été subordonnés à la JNA. Ce n'est pas ce que je dis.

  5   Mais moi, je dis que oui. Mais ce document ne nous permet pas de tirer des

  6   conclusions à 100 % sûres, compte tenu du contexte des documents autres que

  7   j'ai pu voir et qui montrent que la situation était tout à fait complexe.

  8   Q.  Mais l'absence d'un ordre formel de subordination ne signifie pas qu'il

  9   n'y a pas eu subordination; c'est bien cela ?

 10   R.  Non, pas nécessairement.

 11   Q.  Donc "subordination", ça peut être un concept qui doit être analysé en

 12   termes d'analyse de ce qui est en train de se passer sur le terrain pour ce

 13   qui est de la coordination des forces, de l'exécution des ordres, et

 14   cetera, n'est-ce pas ?

 15   R.  Si deux unités doivent être coordonnées, ça ne veut pas forcément dire

 16   qu'il y a subordination de l'une vis-à-vis de l'autre. Ça veut dire qu'il y

 17   a une partie tierce, une entité tierce, un commandement ou un niveau de

 18   commandement auquel les deux unités sont subordonnées. Par exemple, si vous

 19   êtes censé coordonner les activités de deux unités voisines, ça peut

 20   signifier aussi qu'il y a deux commandements supérieurs. Et quand vous

 21   exécutez des ordres, ça veut dire que vous êtes forcément subordonné à

 22   quelqu'un.

 23   Q.  Je n'aurais pas dû me servir du mot de "subordination" mais de

 24   "coordination", puisque c'est un terme en matière militaire. Mais si on

 25   sait qu'ils sont en train d'intervenir ensemble avec des forces de la JNA,

 26   est-ce que cela a une valeur probante à vos yeux ? On n'a pas forcément à

 27   tirer des conclusions certaines, mais c'est déjà une indication de

 28   subordination ?


Page 4453

  1   R.  Je serais d'accord. Je dirais qu'il y a des documents additionnels qui

  2   permettraient, avec un niveau de sûreté, de précision assez élevé,

  3   d'affirmer qu'il y a eu une corrélation de mise en place entre ces unités.

  4   M. GOSNELL : [interprétation] J'aimerais qu'on nous montre maintenant la

  5   pièce 05993, qui est le document se trouvant à l'onglet 378 de la Défense.

  6   Q.  Il s'agit ici, une fois de plus, d'un document émanant de Trajkovic,

  7   chef de l'état-major du commandement du 12e Corps. Sa date est celle du 21

  8   septembre et c'est adressé au commandement du 1er District militaire. Dans

  9   ce document il y a bien des éléments que j'aimerais aborder avec vous,

 10   Monsieur Theunens. Et pour que vous sachiez vers où je vais, je vais

 11   essayer de revenir concrètement vers Arkan. Mais avant cela, je voudrais

 12   que nous tirions au clair des points de nature générale concernant la

 13   situation, et je me propose de vous renvoyer vers leur rapport. On y donne

 14   un intitulé :

 15   "Conformément à votre ordre strictement confidentiel… du 6 août 1991, nous

 16   vous présentons un rapport de situation comme suit…"

 17   Là, on a abordé la chose précédemment, la phrase en question indique qu'il

 18   y aurait un ordre émanant du 1er District militaire portant sur la

 19   nécessité d'envoyer des rapports de situation. Alors, à quelle fréquence

 20   ces rapports de situation sont censés être envoyés, compte tenu de ces

 21   circonstances concrètes ?

 22   R.  Messieurs les Juges, cela dépendra des ordres qui ont été donnés. Si

 23   l'on se penche sur la documentation du Groupe opérationnel sud couvrant la

 24   période de temps où ce groupe opérationnel a existé, documentation qu'on

 25   m'a mise à disposition, leurs rapports de situation ou leurs rapports

 26   quotidiens étaient rédigés tous les jours entre 18 heures et 20 heures au

 27   soir, et cela se trouvait être expliqué dans les ordres émanant du 1er

 28   District militaire sur les opérations du secteur, parce qu'il y a un


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  1   paragraphe qui est intitulé "Transmissions", et dans ce paragraphe on

  2   indique l'emplacement du poste de commandement et la fréquence de

  3   l'expédition des rapports réguliers et des rapports de situation

  4   extraordinaires.

  5   Q.  Dans cette situation au niveau des unités, on décrit les opérations et

  6   le déploiement en vue de l'accomplissement de missions qui leur sont

  7   indiquées dans les tâches confiées. Alors ce "déploiement opérationnel",

  8   c'est bien un terme militaire, n'est-ce pas; et si c'est bien le cas,

  9   pouvez-vous nous expliquer ce que cela signifie ?

 10   R.  D'après la façon dont je comprends ceci, je ne pense pas me souvenir

 11   qu'il y ait eu déploiement opérationnel ou engagement opérationnel comme

 12   tel. Je sais qu'il y a déploiement en vue de se préparer à des opérations à

 13   venir.

 14   Q.  Mais ici, il est dit que "le commandement du 12e Corps se trouve au

 15   poste de commandement dans le secteur PG, au village de Dalj.

 16   Alors, quand on dit que ces déplacements se sont faits, c'est qu'il y a eu

 17   des réunions avec un commandement quelconque, et c'est bien ce qui se passe

 18   ?

 19   R.  Ceci est l'un des nouveaux documents que j'ai pu examiner aux mois de

 20   septembre/octobre 2012, mais je n'ai pas eu l'opportunité de le parcourir

 21   avec notre assistant linguistique, parce que j'aurais demandé à l'assistant

 22   linguistique de vérifier les termes utilisés en B/C/S pour en débattre.

 23   Nous savons que le 12e Corps avait établi un poste de commandement qui

 24   avait fort bien pu être un poste de commandement avancé au village de Dalj.

 25   Je ne me souviens pas à présent quand est-ce que ça s'est passé, mais il me

 26   semble que c'était antérieur à la date du 21 septembre 1991. Alors, au

 27   poste de commandement avancé, il n'y aurait pas tout le commandement de

 28   présent, donc il se pourrait qu'une partie du 12e Corps ait été déplacée


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  1   vers ce poste de commandement avancé, c'est une interprétation possible. Je

  2   crois que les interprètes pourraient nous tirer la chose au clair.

  3   Q.  Mais c'est bon. On parle d'unités de la TO en page 1, et on dit que :

  4   "Les unités de la TO qui ont déjà été déployées et qui sont en train de

  5   quitter leurs postes sans autorisation nécessaire, ce qui signifie qu'ils

  6   quittent leurs unités au niveau des formations de combat, constituent un

  7   problème tout à fait à part…"

  8   Alors, page 2 maintenant, et on y voit que :

  9   "Toutes les unités de la TO de la Province autonome de Vojvodine et de la

 10   République de Serbie faisant partie des effectifs du 12e Corps ont

 11   pratiquement toutes abandonné leurs positions pour revenir sur leurs pas.

 12   Alors ce ne sont pas des unités, c'est une foule de personnes qui se

 13   comportent de façon arbitraire et négative, ce qui affecte le moral des

 14   unités et de la population qui assiste à tout ce qui est en train de se

 15   passer."

 16   Est-ce qu'il n'est pas clair que ces unités de la TO mentionnées ici

 17   se trouvent être subordonnées au 12e Corps dans le secteur à l'époque ?

 18   Est-ce bien exact ?

 19   R.  Oui, c'est exact, Messieurs les Juges.

 20   Q.  Descendons vers le point 3 et -- au titre d'une question de suivi, je

 21   dirais que ce qui s'enchaîne c'est que la JNA a pour mission de poursuivre

 22   en justice tout crime commis par des membres subordonnés de la TO, n'est-ce

 23   pas ?

 24   R.  Je suis d'accord avec ce que vos affirmez, mais il conviendrait d'être

 25   plus concret. En effet, conformément aux procédures prévues par la

 26   doctrine, c'est-à-dire par la réglementation en matière de discipline

 27   militaire et de justice militaire au terme des dispositions de 1988 et des

 28   lois régissant la guerre, la JNA aurait dû rapporter ces activités pour


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  1   enquête. Et je ne parle pas seulement de rapports de situation réguliers;

  2   il fallait faire des rapports au sujet des événements et incidents

  3   concrets.

  4   Q.  Bon, passons à la page 103 de votre rapport. Point n'est nécessaire de

  5   la faire afficher. Mais je parle des références dont vous faites mention,

  6   Monsieur Theunens. On parle de l'article 1 de la Loi régissant les

  7   Tribunaux militaires. Et dans cet article 1 on dit que :

  8   "Les tribunaux militaires tout comme les tribunaux ordinaires sont

  9   censés juger tout délit au pénal commis par des militaires."

 10   Alors ma question est la suivante : ces subordonnés de la TO, est-ce

 11   là des militaires et est-ce que, là, il y a compétence de la JNA à leur

 12   égard ?

 13   R.  Je suis d'accord avec ce que vous êtes en train de dire, mais soyons

 14   tout à fait précis. Il y a une juridiction des forces armées de la RSFY à

 15   leur égard. Et on ne sait pas si des mesures ont été prises par le 12e

 16   Corps pour ce qui est d'informer les procureurs militaires, est-ce qu'il y

 17   a eu des enquêtes de diligentées par les instances chargées de la sécurité,

 18   la police militaire --

 19   Q.  Monsieur Theunens.

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Mais ce n'est pas ma question. Je ne veux pas faire porter le blâme à

 22   la JNA ou à quiconque d'autre. La question est une question factuelle

 23   d'interprétation.

 24   Est-ce que quand on parle de militaires - ce n'est pas une chose

 25   évidente - qu'il s'agit de militaires qui sont des soldats de la TO et qui

 26   ont commis des crimes alors qu'ils ont été subordonnés à la JNA ?

 27   R.  Oui. Excusez-moi de devoir être plus concret encore, mais il s'agit

 28   d'unités de la Défense territoriale de Vojvodine et de Serbie qui sont


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  1   reconnues en tant que telles, donc je suis d'accord avec ce que vous

  2   affirmez.

  3   Q.  Alors je ne vais pas revenir vers le débat que nous avons eu

  4   précédemment pendant un bon moment, mais je vais laisser ceci de côté comme

  5   étant un sujet à part.

  6   R.  Bon.

  7   Q.  Alors, si on descend plus bas à cette page, il y a une description qui

  8   parle de militaires. Et là, j'aimerais que vous nous aidiez, parce que je

  9   n'ai pas très bien compris. Au 3(a), on dit 

 10   que :

 11   "Les unités du MUP et ZNG sont préparées à des activités à partir de

 12   bâtiments fortifiés et de bunkers, chose qui rend les opérations de combat

 13   plus difficiles pour ce qui est des fouilles détaillées du terrain et des

 14   installations pour ce qui est des formations de combat dans les arrières."

 15   Alors, pourquoi la présence de forces ennemies dans des bâtiments fortifiés

 16   et bunkers aurait quoi que ce soit à voir avec les fouilles détaillées du

 17   terrain et des installations ou bâtiments dans les arrières des formations

 18   de combat ?

 19   R.  Dans une situation idéale on aurait une carte ici pour voir le

 20   déploiement des effectifs de la JNA et des évaluations du renseignement

 21   concernant le déploiement et les sites où se trouveraient les ZNG et le MUP

 22   pour, donc, indiquer de façon détaillée l'emplacement de ces bâtiments

 23   fortifiés et des bunkers. Là, j'aurais plus de facilité à répondre. L'une

 24   des options à prendre en considération - et là je précise que c'est plutôt

 25   spéculatif - c'est de dire que la JNA arrive là-bas, se déploie, et en même

 26   temps il y a un certain nombre de bâtiments qui apparemment ne sont pas des

 27   bâtiments militaires mais que les membres des ZNG et du ministère de

 28   l'Intérieur croate sont en train d'utiliser. Ça se trouverait peut-être


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  1   dans des secteurs au niveau des arrières, c'est-à-dire dans la partie de la

  2   zone opérationnelle de la JNA où il n'y a pas d'opérations de combat, mais

  3   on pourrait s'attendre là à des emplacements de soutien logistique. Donc

  4   ces forces de soutien logistique ne sont pas forcément sur la ligne de

  5   front. Ça se trouve au niveau de centres dans les arrières et qui seraient

  6   exposés à des activités hostiles, mais il faudrait idéalement avoir une

  7   carte pour l'expliquer.

  8   Q.  Mais pour sécuriser les effectifs en profondeur, c'est d'importance

  9   cruciale pour les opérations de combat, n'est-ce pas ?

 10   R.  Oui, pour empêcher des infiltrations des forces ennemies, pour

 11   s'assurer qu'il n'y aura pas coupure des lignes de soutien logistique.

 12   Q.  Comment définissez-vous cette notion d'"infiltration" ?

 13   R.  Eh bien -- excusez-moi. Mais entrer sans être autorisé dans une zone

 14   avec des intentions hostiles.

 15   Q.  Est-ce que vous estimez que la JNA se trouve préoccupée à l'époque pour

 16   ce qui est de voir des civils croates avoir des intentions hostiles à

 17   l'égard de la JNA dans ce secteur ?

 18   R.  Je ne vois pas de civils de mentionnés dans ce rapport --

 19   Q.  Monsieur Theunens, je ne vous parle pas maintenant de ce document. Je

 20   vous parle en termes généraux, partant de tous les documents que vous avez

 21   eu l'occasion de voir.

 22   R.  Eh bien, ma réponse serait la suivante. La JNA ne reconnaît le MUP ou

 23   le ZNG dans des documents traitant de formations paramilitaires croates,

 24   c'est-à-dire des formations illégales qui utilisent des structures

 25   militaires, des techniques ou des tactiques militaires pour mener des

 26   activités militaires. Ils utilisent même le terme Oustachi. Donc je pense

 27   qu'il n'y a pas de reconnaissance véritable ni claire des combattants du

 28   côté croate, et cela crée également des soupçons vis-à-vis de n'importe


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  1   quel Croate, c'est-à-dire des civils.

  2   Q.  Est-ce que votre réponse veut dire oui ?

  3   R.  Ça pourrait vouloir dire oui, mais c'est trop générique. Il faut

  4   vraiment regarder les documents plus particuliers pour pouvoir affirmer que

  5   la réponse est oui.

  6   Q.  Point 6 :

  7   "Dans la zone de responsabilité du 12e Corps, les organes de sûreté sont

  8   entrés en contact avec les organes de sûreté de la TO et de la police à

  9   Dalj. Suite à une notification de l'état-major de la Défense de Dalj disant

 10   qu'ils ont découvert un transmetteur radio actif dans le voisinage immédiat

 11   du poste de commandement, les organes de la police militaire ont mené des

 12   fouilles détaillées du terrain et des maisons sur lesquelles ils avaient

 13   des informations disant qu'un transmetteur radio s'y trouvait peut-être.

 14   Mais les fouilles n'ont rien découvert."

 15   Alors, tout au long de votre rapport vous utilisez une expression lorsque

 16   vous décrivez les unités de la TO, vous parlez de "Défense territoriale

 17   serbe locale" ou "TO serbe locale". Pourquoi utilisez-vous cette expression

 18   lorsque vous parlez des unités de la TO en SBSO ?

 19   R.  Messieurs les Juges, j'utilise l'expression "TO serbe locale" ou "TO

 20   serbe autoproclamée" ou "TO de SAO" parce qu'il ne s'agit pas de la Défense

 21   territoriale régulière de la République de Croatie telle qu'elle existait

 22   sous le système de la Défense populaire généralisée. Donc il s'agit

 23   d'unités autoproclamées et, maintenant que nous parlons de la SBSO, des

 24   documents militaires de la JNA qui montrent qu'il existait une certaine

 25   confusion quant au statut juridique de ces unités. Cependant, dans d'autres

 26   documents, ces unités de la SAO ou de la TO locale sont considérées comme

 27   étant des unités de la TO, tel quel, par les commandants de la JNA. Donc il

 28   n'y a pas de point de vue généralisé à ce sujet.


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  1   Q.  Mais lorsque vous dites "autoproclamées" - et les Juges de la Chambre

  2   ont entendu énormément d'éléments de preuve à ce sujet, donc je ne voudrais

  3   pas m'appesantir sur le sujet trop longtemps - mais lorsque vous dites

  4   "autoproclamées", est-ce que je comprends bien alors qu'il s'agit en

  5   l'essence d'unités qui sont créées au niveau de la ville pour effectuer des

  6   tâches de garde dans les villages et qu'ensuite beaucoup de ces unités se

  7   sont autoproclamées et ont dit que c'étaient des unités de la Défense

  8   territoriale ?

  9   R.  Oui, il a certaines unités qui répondent à ces critères-là. Il y en a

 10   d'autres dans d'autres zones où la majorité était serbe avant le conflit et

 11   d'où les Croates sont partis ou ont été expulsés ou autre, et les Serbes

 12   ont repris les structures existantes. Par exemple, on en parle aux pages

 13   182 et suivantes. Dans plusieurs régions de la Croatie à présence serbe

 14   majoritaire, nous voyons que ces unités ont été créées et il y a même eu

 15   des tentatives d'instituer une sorte de structure reprenant des états-

 16   majors ensuite.

 17   Q.  Et vu ce que nous décrit ce document, vu les besoins sécuritaires de la

 18   JNA que vous avez décrit sur ces unités, qui sont en fait des unités

 19   locales de la TO -- eh bien, cela faisait longtemps qu'elles existaient.

 20   Est-ce que cela ne suggère pas que la JNA se tournait vers la TO locale de

 21   Dalj pour l'aider à mener à bien ces missions sécuritaires ?

 22   R.  C'est possible, mais il n'y a pas de lien de cause à effet automatique.

 23   Alors, quand je dis "locale", "unités de la TO locale serbe," je dis

 24   "locale" parce que je fais référence aux Serbes et pas à la Défense

 25   territoriale, pas à la TO. Ces unités, si je me souviens bien, et si je me

 26   souviens bien des documents que j'ai analysés, ces unités se composaient

 27   exclusivement de Serbes et quelquefois de non-Serbes, ceux que l'on

 28   considérait comme être des personnes "fidèles" à la cause. Et évidemment


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  1   que la JNA avait un avantage à se tourner et à se reposer sur les

  2   connaissances régionales de ces unités, mais d'autre part - et là je fais

  3   encore référence aux documents dont j'ai parlé dans mon rapport - il y a

  4   des exemples qui montrent que des membres de ces unités ont pris, par

  5   exemple, Petrova Gora, Leva Supoderica, ces unités locales serbes de la TO,

  6   et aussi dans les documents on parle du Groupe opérationnel sud, on les

  7   appelle des détachements de la TO parce qu'ils avaient un comportement

  8   criminel quelquefois et, quoi qu'il en soit, ne faisaient pas preuve de

  9   discipline.

 10   Q.  Et l'unité de la JNA dans la zone subordonnait directement ces unités

 11   locales de la TO, n'est-ce pas ?

 12   R.  J'ai déjà répondu à cela. Cela aurait dû être le cas pendant les

 13   opérations de combat. Mais il faut se demander ce qui se passe lorsqu'il

 14   n'y a plus d'opérations. Cela ne relève plus du Groupe opérationnel sud,

 15   parce que là les opérations continuent -- en fait, je veux dire que Vukovar

 16   est tombée le 18 et qu'il existe encore des poches de résistance qu'il faut

 17   traiter, et les structures qui ont été définies, c'est-à-dire le Groupe

 18   opérationnel sud, continuent d'exister jusqu'au 23 novembre. Mais dans

 19   d'autres régions de la Slavonie orientale, comme par exemple à Dalj, après

 20   la séparation des forces ou la prise, les zones sous le contrôle de la JNA

 21   ont persisté, et là la situation est beaucoup plus complexe.

 22   Q.  Monsieur Theunens, c'est pour cela qu'au tout début du contre-

 23   interrogatoire je vous ai posé tellement de questions sur votre définition

 24   des zones de responsabilité, et je vous ai demandé plus particulièrement

 25   s'il y avait des limites fonctionnelles pour la définition territoriale de

 26   la zone de responsabilité. Et maintenant, pour la première fois, vous êtes

 27   en train de nous parler de ce concept - et même si vous n'aimez pas le

 28   terme - vous nous parlez de l'obligation de subordination qui, dans une


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  1   certaine mesure, se limitait à ce que les unités de la TO faisaient dans la

  2   zone. Est-ce que vous avez une réponse à apporter à cela ?

  3   R.  Alors, peut-être que je n'étais pas clair dans ma réponse. Pendant les

  4   opérations de combat menées par la JNA, les unités de la TO devaient être

  5   sous le commandement de la JNA. C'est la doctrine et je m'en tiens à cette

  6   réponse-là. Une fois que les opérations de combat se terminent, j'ai dit

  7   que la situation était plus complexe. Je ne veux pas dire par là que la TO

  8   n'est pas subordonnée à la JNA, ce n'est pas ce que je dis. Mais il faut

  9   regarder des documents bien particuliers parce que, par exemple, on se rend

 10   compte que dans certaines régions de Slavonie orientale il n'y avait plus

 11   d'opérations, je parle là des événements à Dalj le 21 septembre et le 4

 12   octobre. Mais il y a encore une présence de la JNA, c'est incontestable, et

 13   le 4e [comme interprété] Corps a encore un poste de commandement là-bas,

 14   mais des événements ont lieu et on ne parle plus de la JNA. Alors cela peut

 15   vouloir dire plusieurs choses. Maintenant, d'un point de vue de la

 16   doctrine, le commandant de la JNA dans la zone de Dalj sera toujours tenu

 17   responsable, mais - comment dire ? -en fait, en cas de discipline militaire

 18   ou de procédure judiciaire, il faudra tenir compte de la nature de la

 19   situation, dans le sens où il faut savoir si des opérations de combat

 20   subordonnaient ou non la TO à la JNA.

 21   Et pour terminer, les ordres de Panic le 15 octobre et du 1er novembre

 22   déclarent clairement que la JNA a toujours les rênes et est responsable de

 23   ce qui se passe et, donc, ne devrait pas quitter la zone. Donc je crois

 24   qu'il faut être le plus précis possible vu la complexité de la situation.

 25   Q.  Quand s'arrêtent les opérations de combat, d'après vous, dans la zone

 26   du Groupe opérationnel nord ? Et lorsque je parle du "Groupe opérationnel

 27   nord", je me réfère de nouveau à cette carte que nous avons vue de la

 28   région -- donc le couloir au nord séparant le Groupe opérationnel nord du


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  1   sud. Alors, quand ces opérations de combat se sont-elles arrêtées, Monsieur

  2   Theunens ?

  3   R.  Les rapports de situation réguliers et les ordres d'opérations de

  4   combat diront clairement quand les opérations commencent, quand elles se

  5   terminent, quels objectifs ont été atteints, quand et comment, qui a

  6   participé et quelle a été la resubordination des unités, s'il y en a eu.

  7   Alors mon interprétation générale serait de dire que, par exemple pour

  8   Dalj, la JNA a pris le contrôle de Dalj, je pense que cela a eu lieu le 1er

  9   août, et que très rapidement la JNA a réussi à prendre le contrôle sur la

 10   municipalité de Dalj parce qu'autrement il n'y aurait pas eu de poste de

 11   commandement avancé là-bas. Cela ne serait pas logique. Ensuite, il faut

 12   regarder les autres municipalités. Mais je ne peux pas vous donner de

 13   réponse catégorique parce que d'autres parties du Groupe opérationnel nord

 14   ou des unités qui faisaient partie de ce groupe-là à un moment et qui

 15   continuent à opérer dans le cadre du 12e Corps continueront leurs

 16   opérations de combat vers le nord de Vukovar jusque, au moins, au 18

 17   novembre. Donc il faut vraiment regarder les documents bien particuliers.

 18   Q.  Nonobstant cette nécessité de regarder des documents particuliers, je

 19   ne suis pas sûr de bien vous comprendre. Si une unité de la TO de Serbie

 20   était présente à Dalj le 15 septembre, la ville était sous le contrôle de

 21   la JNA pendant six semaines au moins, et cela se trouve à 10 kilomètres de

 22   la ligne de front à la frontière avec Borovo Naselje, à 20 kilomètres de la

 23   ligne de front avec Tenja -- donc j'utilise encore les mêmes termes et j'en

 24   suis désolé --

 25   R.  [aucune interprétation]

 26   Q.  -- y a-t-il une obligation de subordination et de discipline vis-à-vis

 27   de ces unités de la TO de Serbie, pour 

 28   commencer ?


Page 4465

  1   R.  J'ai répondu à la question. D'après la doctrine, cela devrait être le

  2   cas. D'après les ordres de la 1ère Région militaire, cela devrait être le

  3   cas. C'est tout ce que je peux vous dire.

  4   Q.  Est-ce que la même règle s'applique aux unités locales de la TO ?

  5   R.  Vous voulez dire les unités locales serbes de la TO ?

  6   Q.  Oui.

  7   R.  Eh bien, c'est la même chose. Mais bien sûr, je parle de la TO de la

  8   République de Serbie. On peut toujours les renvoyer. Avec la TO locale

  9   serbe, les choses sont plus compliquées parce que s'il s'agit de personnes

 10   de ce village-là, la JNA éprouvera plus de difficulté à retirer ces

 11   personnes-là. Et je crois aussi qu'il y aurait des problèmes avec les

 12   autorités de la SAO SBSO, même si, au vu des documents que j'ai regardés,

 13   il n'y a pas de lignes de conduite bien claires. Donc le commandant de la

 14   JNA avait maille à partir, là, mais en fait, sa responsabilité était

 15   toujours engagée.

 16   Q.  Merci de cet éclaircissement. Revenons à la page 1, et cette partie est

 17   très pertinente pour Arkan. Bas de la page, au point (a), on dit :

 18   "Toutes les garnisons travaillent de façon organisée pour gérer le

 19   contingent de soldats du mois de septembre et pour l'incorporation de ces

 20   soldats."

 21   Qu'est-ce que cela veut dire, d'après vous ?

 22   R.  Cela veut dire qu'il y avait toujours des conscrits en service dans ce

 23   qui restait de la RSFY, donc on appelait des jeunes hommes pour qu'ils

 24   fassent leur service militaire régulièrement.

 25   Q.  Il s'agit de conscrits de la JNA et pas de volontaires ?

 26   R.  Oui, ce sont des conscrits de la JNA.

 27   M. GOSNELL : [interprétation] Je voudrais verser ce document.

 28   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Admis et portant une cote.


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  1   M. LE GREFFIER : [interprétation] Cela devient la pièce D39.

  2   [Le conseil de la Défense se concerte]

  3   M. GOSNELL : [interprétation] Pouvons-nous afficher le document 343 de la

  4   liste 65 ter, onglet 89 de l'Accusation, s'il vous plaît.

  5   Q.  Il s'agit d'un document pour un certain lieutenant-colonel Metosevic

  6   [phon]. En fait, je ne peux pas vraiment déterminer où se trouve l'unité,

  7   mais ce rapport est envoyé au département du SSNO et au département du 12e

  8   Corps, entre autres, daté du 30 septembre, et il nous dit la chose suivante

  9   :

 10   "Le 27 septembre 1991, quatre volontaires qui étaient partis pour rejoindre

 11   les unités de la JNA seraient retournés… dans le territoire de Dalj et

 12   d'Erdut."

 13   Tout d'abord, j'aimerais vous poser la question suivante : est-il possible

 14   de se porter volontaire dans une unité de la JNA ?

 15   R.  C'est possible. Les dispositions juridiques qui redéfinissent les

 16   volontaires qui n'avaient pas d'obligations militaires existent. S'il y

 17   avait eu des obligations militaires, ces personnes auraient été mobilisées.

 18   Et il y a eu plusieurs mobilisations pendant cette période.

 19   Q.  "Le même jour, au bureau de Stevan Malesevic, le président de

 20   l'assemblée municipale de Ruma en présence du secrétaire du ministre du SUP

 21   de Ruma… un entretien a eu lieu avec Knezevic et Jovanovic, qui avaient

 22   l'air quelque peu soûls."

 23   Page suivante :

 24   "Pendant l'entretien, ils ont dit que le 21 septembre, ils avaient, avec

 25   d'autres volontaires et conscrits qui avaient répondu à l'appel à la

 26   mobilisation, ils avaient été transférés de la garnison de Ruma vers Dalj

 27   pour rejoindre l'organisation du commandant Vuckovac. Environ 80 d'entre

 28   eux sont arrivés et environ la moitié sont restés dans le village aux


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  1   alentours de 23 heures, jusqu'à ce que Vuckovac leur ait trouvé une unité

  2   pour les y incorporer. Dix minutes plus tard, Arkan, qui d'après les

  3   interlocuteurs est lié aux officiers supérieurs de la JNA et aux

  4   représentants officiels du SUP, est arrivé."

  5   Alors, à la lecture de ceci, est-ce que cela semble, pour vous, lié au

  6   contingent de soldats de septembre ? Ruma, à titre d'information, est en

  7   Serbie. Je pense que cela se trouve à 40 kilomètres au sud de Sremska

  8   Mitrovica. Est-ce qu'on fait référence au même groupe ?

  9   R.  C'est possible, Messieurs les Juges, mais cela est peu probable parce

 10   que les appels à la mobilisation réguliers en appelaient à rejoindre la

 11   JNA, mais les conscrits ne se rendaient pas directement dans les unités.

 12   Ils devaient passer tout d'abord par un centre de recrutement ou de

 13   sélection afin d'évaluer leurs conditions physique et mentale. Peut-être

 14   que certaines personnes étaient jugées plus aptes pour servir dans

 15   l'infanterie, d'autres dans l'aviation, et cetera. Donc il y a une

 16   présélection en fonction des exigences des différentes unités de la JNA,

 17   et, évidemment, il y a aussi une instruction avant de rejoindre une unité

 18   spécifique. Alors, là, il semble que l'on montre un cas où quelqu'un amène

 19   ces conscrits, c'est le commandant Vuckovac, et ces conscrits vont

 20   directement de Ruma à Dalj, et cela est inhabituel. Je sais qu'il y avait

 21   beaucoup de chaos à ce moment-là, qu'il y avait des réponses limitées à

 22   l'appel à la mobilisation, mais il y avait également des volontaires qui

 23   étaient motivés, qui avaient leurs convictions politiques, qui n'avaient

 24   pas un statut bien défini et qui voulaient défendre leur pays. Donc, pour

 25   moi, c'est un cas différent de celui des contingents réguliers de

 26   conscrits.

 27   Q.  Plus bas dans la page, on nous dit :

 28   "Suite à vérification, une déclaration était reçue de la part du commandant


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  1   Vuckovac de Ruma," ça, c'est la personne qui a escorté ces conscrits ou

  2   volontaires, "de Ruma et l'a confirmé à 21 heures 09 [comme interprété],"

  3   donc ça c'est le 21 septembre, "il a remis ce groupe dont parlent Knezevic

  4   et Jovanovic au commandant du siège de l'administration, le capitaine de

  5   première classe Jovan Konjevic…"

  6   Quel siège de l'administration se trouvait à Dalj à ce moment-là ?

  7   R.  Alors je regarde la version en B/C/S. Le seul siège qui se trouvait à

  8   Dalj à ce moment, c'est celui du 12e Corps de Novi Sad, c'est-à-dire le

  9   poste de commandement avancé.

 10   Q.  Donc, voici ce qui apparaît dans ce document, n'est-ce pas, quelqu'un

 11   de Ruma appartenant soit à la JNA, soit à la TO, accompagne un groupe de

 12   conscrits et/ou de volontaires jusqu'au quartier général de

 13   l'administration du 12e Corps d'armée situé à Dalj, les laisse là-bas,

 14   suite à quoi c'est Arkan qui les prend en charge, les emmène à son camp

 15   d'entraînement et les entraîne; est-ce exact ?

 16   R.  Apparemment. Eh bien, c'est ce que le rapport dit.

 17   Q.  Est-ce que cela, de votre point de vue, indiquerait qu'à cette époque-

 18   là Arkan était subordonné à la JNA ?

 19   R.  Je dirais que cela ne donne aucune indication quant à une subordination

 20   ou à la relation qu'Arkan et son groupe avaient avec la JNA. Ceci indique

 21   qu'il y a au moins une certaine coopération entre Arkan et le 12e Corps

 22   d'armée en vertu de laquelle Arkan recourt à des volontaires et à des

 23   conscrits régulièrement, qui sont incorporés au 12e Corps. Donc il y a au

 24   moins coopération, ce qui implique reconnaissance par le 12e Corps d'armée

 25   d'Arkan et de son rôle dans l'entraînement des volontaires.

 26   Q.  Est-ce que le fait qu'Arkan soit présent aux funérailles du premier

 27   commandant du Groupe opérationnel nord, à savoir les funérailles du général

 28   Bratic, au début du mois d'octobre, fournit la moindre indication quant au


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  1   fait qu'il agissait pour le compte de la JNA à l'époque ?

  2   R.  Eh bien, d'un point de vue militaire, on ne peut pas déduire cela de la

  3   présence à une cérémonie ou à des funérailles, et cela peut être interprété

  4   de toutes sortes de façons différentes.

  5   Q.  Le fait que le général Panic ait dit - et je crois que vous connaissez

  6   la citation - je ne vais pas la lire dans son intégralité parce qu'en fait,

  7   j'avance, Monsieur Theunens, que vous n'avez pas correctement interprété ce

  8   passage en tant que référence à la seule participation d'Arkan au Groupe

  9   opérationnel sud ou aux attaques lancées contre Vukovar. Et cela figure en

 10   page 464 de votre rapport, dans une section consacrée à Vukovar. Je vais

 11   vous lire le passage et je vous suggérerais que la portée est un peu plus

 12   large. Donc la question du général Panic, qui s'exprime en 1994 -- pièce

 13   04931, intercalaire  462 de l'Accusation :

 14   "Question : Qu'est-ce que c'est que ce chaos ? Qu'est-ce que ce chaos --"

 15   et, oui, ceci concerne Vukovar, je le signale au passage.

 16   "La raison pour laquelle il n'y avait -- ils n'étaient pas si

 17   nombreux, à part les groupes de volontaires serbes, les forces de

 18   volontaires serbes et les paramilitaires qui se sont présentés à partir du

 19   mois de septembre. Quelle était la raison pour laquelle tout ceci s'est

 20   passé ?"

 21   La réponse de Panic :

 22   "Je pense que les unités opérationnelles ont fait leur travail

 23   correctement, mais les unités mobilisées… n'avaient pas été adéquatement

 24   préparées pour se lancer dans des actions, et en absence de préparation

 25   adéquate… vous rencontrez le type de problèmes que vous venez juste

 26   d'évoquer. C'est la façon dont les volontaires ont commencé à arriver, et

 27   c'est pourquoi les volontaires ont commencé à arriver, nous les avons

 28   entraînés pour des opérations de combat, nous les avions entraînés à


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  1   Belgrade, et ils combattaient aux côtés de nos unités… ils comprenaient les

  2   Tigres d'Arkan et… les Chetniks de Seselj. Ce n'étaient pas des groupes

  3   très importants numériquement, disons entre 80 et 120 personnes pour Arkan

  4   et entre 80 et 120 pour les hommes de Seselj. Mais ces hommes voulaient

  5   agir," et la phrase-clé, la voici, "toutes ces formations se trouvaient

  6   sous commandement, mais les personnes qui voulaient agir de façon

  7   indépendante étaient écartées du secteur, désarmées et renvoyées chez

  8   elles."

  9   Conviendrez-vous avec moi qu'à la lumière du contexte dans son ensemble, on

 10   a quand même l'impression que le général Panic parle, en fait, de la

 11   période qui commence à partir du mois de septembre, n'est-ce pas ?

 12   R.  Panic ne donne pas de cadre temporel précis. Je suis un peu troublé,

 13   parce que vous avez dit en avançant que j'aurais peut-être incorrectement

 14   interprété ou identifié quelque chose --

 15   Q.  Laissez-moi vérifier avant que vous ne commenciez à répondre. Je ne

 16   veux pas vous attribuer quelque chose que vous n'avez pas fait. En page

 17   464, cette citation de Panic n'apparaît que dans une partie consacrée à

 18   Vukovar.

 19   R.  Vous savez, c'est ce qui se produit lorsque vous avez des rapports

 20   consolidés, des passages sont repris d'autres rapports. Le rapport Hadzic

 21   que j'ai rédigé en septembre, octobre 2012, lorsque j'ai reçu de nouveaux

 22   documents, avait pour objectif également de se pencher sur la situation

 23   dans d'autres parties de la SBSO, mais la partie que vous abordez

 24   maintenant appartient au rapport sur les opérations à Vukovar. Donc, de mon

 25   point de vue, il est tout à fait évident que ceci concerne Vukovar. Et vous

 26   avez également cité cet entretien de la BBC qu'a donné le général Panic en

 27   référence au secteur de Vukovar. Je ne vois aucun problème à cet égard.

 28   M. GOSNELL : [interprétation] J'ai déjà dépassé mon temps, Monsieur le


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  1   Président. Excusez-moi.

  2   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci, Maître Gosnell.

  3   Monsieur Theunens, nous allons faire une deuxième pause et reviendrons à 12

  4   heures 45. Merci.

  5   [Le témoin quitte la barre]

  6   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] L'audience est suspendue.

  7   --- L'audience est suspendue à 12 heures 17.

  8   --- L'audience est reprise à 12 heures 47.

  9   M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Avant de faire entrer le témoin, Messieurs

 10   les Juges, j'aimerais vous fournir quelques informations concernant le

 11   document qui a reçu une cote provisoire en attendant sa traduction, c'était

 12   la pièce P1692. Et si vous vous en souvenez, c'était le point 3. M.

 13   Theunens avait demandé une révision pour vérifier si le mot "officiers" ne

 14   devait pas être remplacé par "supérieurs". Nous avons reçu une réponse du

 15   département CLSS et ils confirment leur traduction d'origine. Il ne faut

 16   pas apporter d'amendement ni de modification.

 17   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

 18   M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Donc il n'y a plus de traduction

 19   nécessaire. Est-ce que nous pouvons lui attribuer une cote ?

 20   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Bien sûr, nous admettons et

 21   attribuons une cote au document.

 22   [Le témoin vient à la barre]

 23   M. GOSNELL : [interprétation] Pendant que le témoin s'installe, peut-être

 24   que l'on pourrait afficher le document 04 -- ah, non, désolé…

 25   Pouvons-nous afficher le document 04931, s'il vous plaît, onglet 462 de

 26   l'Accusation.

 27   Q.  Monsieur Theunens, je suis désolé pour ce dernier passage. J'aurais dû

 28   vous le montrer à l'écran. Je vous en ai donné lecture, et ça n'était pas


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  1   tout à fait équitable. Donc vous l'avez à l'écran à présent, et le numéro

  2   de page est celui qui se termine par 7848. Je pense que pour la version en

  3   B/C/S la page devrait être 4 968 à peu près.

  4   Monsieur Theunens, pour que les choses soient claires, je ne voulais pas

  5   suggérer que vous essayiez de modifier votre rapport d'une quelconque façon

  6   que ce soit. C'est juste que le rapport qui a été présenté aux Juges de la

  7   Chambre, et pour cette citation en particulier, nous parle de Vukovar. Mais

  8   lorsqu'on lit le passage dans son intégralité, on se rend compte, et je

  9   crois que vous êtes d'accord avec moi pour dire cela, que dans sa

 10   description de la façon dont les volontaires ont commencé à apparaître sur

 11   le théâtre de guerre, on décrit en fait un phénomène plus large que celui

 12   des unités se trouvant sur le front à Vukovar ?

 13   R.  Oui, effectivement, Messieurs les Juges. C'est ce que le général Panic

 14   avait déclaré dans l'entretien accordé à la BBC dans le cadre du

 15   documentaire "La mort de la Yougoslavie."

 16   M. GOSNELL : [interprétation] Nous aimerions verser ce document.

 17   M. FILA : [interprétation] Admis et on lui attribue une cote --

 18   M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Nous n'avons pas d'objection à ce

 19   document. Il fait partie de la liasse de documents que nous présentions

 20   pour le moment. Nous pourrions l'admettre, mais je voudrais qu'il soit

 21   consigné qu'une partie des documents contiennent des notes de bas de page.

 22   M. GOSNELL : [interprétation] C'est au Greffe de voir ce qui est le plus

 23   pratique.

 24   [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

 25   M. DEMIRDJIAN : [interprétation] Si je peux aider les Juges, en fait, le

 26   compte rendu nous montre que la Défense n'apporte pas d'objection à

 27   l'admission de ce document qui se trouve dans notre liste, donc au moment

 28   voulu, peut-être que cela pourrait être pris en compte dans notre requête à


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  1   étudier et à délibérer par les Juges de la Chambre.

  2   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Eh bien, gardons ce document dans la

  3   liasse.

  4   M. GOSNELL : [interprétation] J'aimerais que l'on affiche le document 1028

  5   de la liste 65 ter, onglet 304 de la Défense, s'il vous plaît. Page 72 en

  6   anglais et aux alentours de la page 68 en B/C/S.

  7   Q.  Là encore, Monsieur Theunens, il s'agit du compte rendu d'une séance de

  8   la présidence de la RSFY. Les Juges de la Chambre ont déjà vu ce document

  9   auparavant, donc je ne vais pas donner lecture de tout le passage. Je vais

 10   me contenter de vous donner lecture de quelques lignes. C'est la partie où

 11   Kostic parle au bas de la page, et il dit :

 12   "Zivota," il s'agit de Zivota Panic, "lors d'une séance qui a eu lieu ici,

 13   au moment où j'ai demandé quel était le lien entre Arkan et la JNA, et vous

 14   -- c'est Zivota qui m'a dit qu'il était bon."

 15   Ensuite, nous avons une réponse qui n'est pas de Panic mais de quelqu'un

 16   d'autre, Borisav Jovic, et la réponse, ou le commentaire, plutôt, nous dit

 17   ceci :

 18   "Pour ce qui est de la guerre."

 19   Ensuite, Kostic dit :

 20   "Nous devrions éviter des heurts. Il faut bien faire les choses pour que

 21   ces types restent, s'ils le désirent, dans l'armée."

 22   Réponse de Panic :

 23   "Arkan a mené des missions dans la région de façon très efficace. A un

 24   moment, il est parti, mais on l'a ramené, et cetera. Cependant, il ne rend

 25   pas service à la Yougoslavie dans ce qu'il fait en ce moment. On devrait

 26   l'appeler et lui donner une mission. Ceux qui l'ont envoyé là-bas devraient

 27   l'appeler. Je ne sais pas qui l'a envoyé. Cependant, Arkan était présent à

 28   Bijeljina, Zvornik, autour de Sarajevo, Knin, et cetera. Quelqu'un lui


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  1   assigne des missions. Nous devrions vérifier qui le fait, mais ce n'est pas

  2   nous, c'est sûr."

  3   Et ensuite, à la fin de ce passage, on nous dit :

  4   "Vu que je dois participer à des pourparlers avec Vance à 17 heures, puis-

  5   je me retirer ?"

  6   Pensez-vous que Zivota Panic nous dit ici qu'il ne sait pas qui a envoyé

  7   Arkan ou qui l'envoie ?

  8   R.  J'ai une question. Quand a eu lieu cette réunion ?

  9   Q.  C'est la 194e Séance, qui a eu lieu le 16 avril 1992 ?

 10   R.  1992, très bien. Alors, d'un point de vue contextuel, cela a eu lieu

 11   après l'ordre présidentiel de la RSFY du 10 septembre [comme interprété]

 12   1991, donc l'ordre présidentiel numéro 73 sur l'enrôlement de volontaires

 13   en état de guerre d'urgence -- ou menace de guerre urgente, désolé. Et dans

 14   cet ordre, l'un des points nous dit que tous les volontaires devraient être

 15   subordonnés à la JNA dans un délai de dix jours -- toutes les formations

 16   volontaires, en fait, et c'est un éclaircissement très important, sinon, il

 17   faut les renvoyer. D'après le contexte, et vu la date de cette réunion, je

 18   dirais que Panic fait référence à l'apparition d'Arkan et de ses

 19   volontaires pendant les opérations dans le nord de la Bosnie-Herzégovine,

 20   Bijeljina par exemple, et de Zvornik et autres opérations, comme d'ailleurs

 21   je l'ai abordé dans d'autres rapports, dans d'autres procès, et ils se

 22   concentraient sur la mise en œuvre de l'un des six objectifs stratégiques,

 23   en espèce, créer un couloir entre la Semberija et la Krajina. Et Panic pose

 24   plusieurs questions, et ce, parce qu'il sait cela est corroboré par des

 25   documents de la JNA à ce sujet, sur les événements à Bijeljina, Zvornik, et

 26   cetera, pendant cette période. Arkan n'agit pas sous le commandement de la

 27   JNA, et sur la base de ce que Panic déclare dans ce document, il n'a pas

 28   été envoyé par la JNA, et Panic demande qui l'a envoyé, donc. Et je pense


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  1   que si Panic a soulevé cette question pendant une réunion de la présidence

  2   de la RSFY, cela peut nous suggérer que Panic s'attend à ce que ses

  3   interlocuteurs présents à cette réunion sont en meilleure position de lui

  4   fournir une réponse.

  5   Q.  Donc quelle est la réponse à ma question que vous donneriez ?

  6   R.  Alors, je dirais qu'il serait tout à fait raisonnable de penser que

  7   Panic était en mesure de demander des informations pour arriver à des

  8   conclusions établissant qui avait envoyé Arkan, parce qu'il y avait aussi

  9   des organes de sûreté -- ou, plutôt, des rapports qui traitaient de cette

 10   question, à savoir les relations entre Arkan et le ministère de l'Intérieur

 11   de la République de Serbie. Je ne connais pas le contexte des discussions

 12   de cette réunion. Peut-être qu'il veut que des membres de la présidence de

 13   la RSFY déclarent formellement et lui disent formellement qui a attribué

 14   ces missions à Arkan. Vu les indications dont Panic dispose sur les liens

 15   entre Arkan et la JNA, on dirait qu'il y a également des liens avec le

 16   ministère de l'Intérieur de la République de Serbie.

 17   M. GOSNELL : [interprétation] Si cela fait partie du paquet, j'aimerais

 18   consigner au compte rendu que je n'ai pas d'objection. Si le document ne

 19   fait pas partie de la liasse de documents, nous aimerions le verser.

 20   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce document était admis hier par le

 21   truchement du témoin Nielsen, mais il n'a pas reçu de cote.

 22   [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

 23   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Très bien.

 24   M. GOSNELL : [interprétation]

 25   Q.  Alors revenant sur le comportement du général Panic, tel que vous

 26   l'avez constaté dans le compte rendu, on dirait qu'il est un petit peu

 27   ingénu. Il dit qu'il a des informations mais il n'est pas sûr. Est-ce que

 28   cela résume bien votre réponse ? Il ne joue pas franc-jeu ?


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  1   R.  Je ne dirais pas qu'il ne joue pas franc-jeu. Je ne connais pas son

  2   état d'esprit à ce moment-là. Mais je dirais que les rapports de la JNA

  3   parlent de la présence d'Arkan, et les documents de la JNA que j'ai

  4   examinés n'indiquent pas comment Arkan est apparu, dans quelles

  5   circonstances il est arrivé à Bijeljina, Zvornik et à d'autres emplacements

  6   en Bosnie-Herzégovine au printemps 1992, et Arkan et ses hommes mènent

  7   certaines activités là-bas. Alors, en l'absence de documents de la JNA, on

  8   peut se demander qui a ordonné à Arkan de mener à bien ces activités. Ça

  9   c'est une chose.

 10   Deuxièmement, dans les rapports de l'organe de sécurité émanant de la 1ère

 11   Région militaire couvrant le mois d'octobre 1991 jusqu'à janvier 1992, l'on

 12   constate que les organes de sécurité avaient rassemblé des informations

 13   indiquant qu'il existait des liens bien particuliers entre Arkan et des

 14   représentants officiels du ministère de l'Intérieur de la République de

 15   Serbie. Donc, je pense qu'il serait logique même pour Panic de supposer que

 16   s'il n'avait pas ordonné à Arkan d'être à Bijeljina et Zvornik, alors

 17   c'était le ministère de l'Intérieur de la République de Serbie ou d'autres

 18   membres du gouvernement serbe qui l'avaient fait. D'après le compte rendu

 19   de cette séance, je comprends qu'il veut vérifier avec les autres membres

 20   de la présidence de la RSFY s'ils ont une explication à lui donner quant à

 21   pourquoi Arkan a participé et continue à mener des activités militaires

 22   dans ces emplacements, à Bijeljina, Zvornik et autres. Parce que peut-être

 23   que cela a été approuvé par la présidence du RSFY. Je n'ai pas vu de

 24   documents de la sorte. Ce sont donc toutes des conjectures que Panic aurait

 25   pu faire, et de sa question que j'ai lue au compte rendu, il me semble

 26   qu'il cherche des éclaircissements du commandement Suprême, c'est-à-dire de

 27   l'organe de commandement le plus haut placé et existant en RSFY.

 28   Q.  Ce qui est sûr, c'est qu'il nie avoir envoyé Arkan ?


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  1   R.  Oui, parce que sinon ce genre de question serait assez inhabituelle.

  2   Mais si vous regardez le reste du procès-verbal, il semble qu'on lui ait

  3   répondu : Eh bien, vous le savez, Zivota, vous l'avez envoyé.

  4   M. GOSNELL : [interprétation] J'aimerais que l'on affiche la pièce P101,

  5   onglet 244 de l'Accusation.

  6   Q.  C'est un document auquel vous faites référence dans votre rapport à

  7   plusieurs reprises, donc vous connaissez très bien ce document. C'est l'un

  8   des rapports des organes de sûreté dont vous avez parlé tout à l'heure qui

  9   parle justement d'Arkan.

 10   R.  Je pense que c'est un autre document que nous avons à l'écran. On a un

 11   document de la SAO SBSO.

 12   Q.  Ça devrait être le document 00873 de la liste 65 ter.

 13   M. LE GREFFIER : [interprétation] C'est la pièce P1004.

 14   M. GOSNELL : [interprétation] Désolé, j'ai demandé la pièce P101.

 15   M. LE GREFFIER : [interprétation] En fait, ce que je voulais dire, c'est

 16   que le document 873 de la liste 65 ter a été admis en tant que pièce P1004

 17   de l'Accusation. Merci.

 18   M. GOSNELL : [interprétation] Merci beaucoup. Je crois que je n'ai pas pu

 19   relire mes notes.

 20   Q.  Ceci remonte au mois de janvier, et je voudrais que nous avancions

 21   jusqu'à la page numéro 4.

 22   M. GOSNELL : [interprétation] Juste pour le compte rendu d'audience, ceci

 23   émane du colonel Milic Jovanovic. Ou plutôt, c'est destiné à cet homme.

 24   Pourrions-nous afficher la page 4 en anglais. Il semblerait que ce soit la

 25   page 6 qui est affichée à l'écran. Pourrons-nous reculer d'une ou deux

 26   pages dans la version anglaise pour retrouver le passage qui nous

 27   intéresse. Encore une page, s'il vous plaît. Alors, il semblerait qu'une

 28   page soit manquante ou peut-être au mauvais endroit parmi les autres pages.


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  1   Pourrions-nous peut-être faire défiler cette page vers le bas. Voilà le bon

  2   passage. Merci beaucoup.

  3   Q.  Nous voyons ici, vers la moitié du paragraphe, je cite :

  4   "Notre évaluation est que certains dirigeants de la JNA l'acceptent pour

  5   l'influence dans ces cercles. Il est particulièrement frappant que bien que

  6   Raznatovic ait peu d'effectifs à sa disposition, il soit présent aux

  7   réunions du commandement de la 1ère Région militaire avec les commandants

  8   de corps…"

  9   Alors, qui est le commandant de la 1ère Région militaire jusqu'au moment de

 10   la rédaction de ce document, c'est-à-dire janvier 1992 ?

 11   R.  Le général de corps d'armée Zivota Panic.

 12   Q.  Donc, la même personne dont nous venons de voir que, eh bien, il avait

 13   déclaré ne pas savoir qui avait déployé Arkan dans le secteur ?

 14   R.  Messieurs les Juges, nous parlons ici de deux questions différentes.

 15   Dans le document précédent, le général Panic posait des questions quant à

 16   la participation d'Arkan dans la partie septentrionale de la Bosnie au

 17   moins deux ou trois mois avant la rédaction de ce document-ci. Je ne suis

 18   pas ici pour défendre Panic, certainement pas, mais d'un point de vue

 19   strictement méthodologique, tirer une conclusion en se contentant de

 20   comparer deux documents pour dire cela ne peut s'être passé autrement que

 21   comme ceci, non. Alors ici, de quoi s'agit-il ? Des événements de Vukovar

 22   et de la JNA. Et Arkan est en bonne relation avec le 12e Corps d'armée,

 23   notamment le général Biorcevic, commandant du 12e Corps. Il est en tout cas

 24   devenu commandant de ce 12e Corps au plus tard en novembre, peut-être même

 25   fin octobre, après le général Bratic, son prédécesseur, qui a été tué au

 26   combat. Et j'ai en mémoire cet enregistrement vidéo où Biorcevic fait les

 27   louanges d'Arkan lors d'une réception. Donc ceci nous montre des rapports

 28   non seulement personnels mais également professionnels qui étaient bons


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  1   entre Biorcevic, d'une part, et Arkan, d'autre part. Il est tout à fait

  2   possible que Biorcevic ait fait venir Arkan et qu'Arkan l'ait accompagné à

  3   cette ou à ces réunions. Peut-être que c'est Panic qui l'a invité, je ne

  4   sais pas, il y a plusieurs possibilités. En tout cas, ce que j'essaie ici

  5   de préciser, c'est qu'il n'y a pas nécessairement une contradiction entre

  6   ce que Panic a pu dire à une réunion de la présidence de la RSFY au sujet

  7   d'un événement vieux de trois mois, d'une part, et ce que font savoir les

  8   organes chargés de la sûreté le 2 janvier 1992, d'autre part.

  9   Q.  En tant que soldat, qu'est-ce que cela vous indique au sujet d'un

 10   individu qui pouvait avoir 100 ou 150 hommes sous son commandement, que

 11   vous dit le fait qu'un tel individu puisse être présent à une réunion en

 12   compagnie de commandants de corps d'armée ?

 13   R.  Eh bien, je pourrais dire que la taille n'a pas vraiment d'importance,

 14   mais je ne le ferai pas. Enfin, je veux dire, je ne vais pas essayer de

 15   faire de l'humour. Je crois qu'Arkan et son groupe sont considérés comme

 16   une composante importante, ce qu'on voit également dans d'autres documents.

 17   Alors, pour quelle raison; est-ce la valeur au combat de ses forces, est-ce

 18   les relations qu'Arkan pouvait avoir avec Biorcevic ou alors ce

 19   qu'indiquent d'autres rapports des organes de sûreté, à savoir les bonnes

 20   relations qu'Arkan pouvait avoir ou était censé avoir avec des membres du

 21   gouvernement serbe, notamment du MUP et du ministère de la Défense, je ne

 22   saurais le dire. Peut-être que l'un comme l'autre ont joué un rôle.

 23   Q.  D'un point de vue militaire, ne trouvez-vous pas remarquable qu'un

 24   homme à la tête d'une unité numériquement équivalente à une compagnie soit

 25   présent à des réunions à l'échelon des commandants de corps d'armée et de

 26   la région militaire ?

 27   R.  Eh bien, nous pourrions essayer d'en faire une lecture un peu plus

 28   militaire en disant que peut-être le 12e Corps utilisait Arkan et son


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  1   groupe au cours des opérations de combat comme une sorte de réserve

  2   stratégique, ce qui serait assez cohérent avec l'évaluation faite par le

  3   général Biorcevic quant au rôle des volontaires d'Arkan pendant les

  4   opérations. Et je me réfère là à la vidéo pour cette évaluation de

  5   Biorcevic.

  6   M. GOSNELL : [interprétation] Pouvons-nous avoir le document 00356, onglet

  7   93 de l'Accusation, et pièce P103.

  8   Q.  Nous avons déjà vu précédemment ce document, Monsieur le Témoin. Je

  9   voudrais que nous examinions maintenant une autre partie de ce document qui

 10   se trouve à la page 2 en anglais.

 11   "Pendant un séjour au poste de commandement avancé du 12e Corps, dans les

 12   installations agricoles de Dalj les 29 et 30 septembre, la source a vu

 13   Arkan armé venant et arrivant dans le secteur du poste de commandement

 14   avancé à bord d'un véhicule tout-terrain à deux reprises et entrant dans le

 15   bâtiment où était cantonné le commandement."

 16   Donc vous conviendrez avec moi que nous avons ici l'indication de sa visite

 17   au commandement -- au poste de commandement avancé du 12e Corps, n'est-ce

 18   pas ?

 19   R.  En effet, Messieurs les Juges, ceci est cohérent avec ce que j'ai dit

 20   au sujet de ces rapports avec -- enfin, Biorcevic, à ce moment-là, n'était

 21   pas encore commandant du 12e Corps, mais les relations entre Arkan et le

 22   12e Corps étaient telles que je les ai décrites.

 23   Q.  Et ce poste de commandement se trouve à la ferme agricole de Dalj,

 24   n'est-ce pas ?

 25   R.  Oui, comme il est écrit ici dans le document, il s'agit d'un poste de

 26   commandement avancé.

 27   Q.  Je voudrais que nous revenions au document 873. Donc le même passage

 28   que celui que nous avons déjà examiné précédemment dans ce même document,


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  1   page 2. Alors, Monsieur le Témoin, comme je l'ai déjà indiqué, vous vous

  2   êtes appuyé sur ce document particulier, et notamment sur ce passage. Je

  3   voudrais juste vous poser ma question. Il est dit ici en bas de la page de

  4   ce rapport :

  5   "Il est connu qu'il," c'est-à-dire le centre, "est financé et soutenu de

  6   différentes façon qui n'ont pas été tout à fait analysées. Il est connu

  7   donc que ce centre est soutenu et financé par le Parti socialiste de Serbie

  8   ainsi que par toute une série d'entreprises. En effet, un exemple

  9   caractéristique en est la ferme de Dalj qui," ensuite on trouve la mention

 10   illisible, "ordre écrit de Goran Hadzic a payé la somme de 7 088 674, 50

 11   dinars pour couvrir les besoins de," illisible, "Garde nationale serbe

 12   alors que," illisible, "était gratuit."

 13   Alors, est-ce que vous considérez cette affirmation comme fiable ? Vous

 14   vous êtes appuyé sur cette information dans votre rapport ?

 15   R.  Oui, pour différentes raisons. Dans le procès Milosevic, nous avions un

 16   analyste financier qui a rédigé un rapport sur différents aspects

 17   financiers du rapport qu'avait M. Milosevic avec certains événements. Et je

 18   me rappelle qu'il y avait des ordres de paie que j'ai vus et qui

 19   concernaient plusieurs entreprises ou complexes agricoles, propriété

 20   d'Etat, signés par des membres du gouvernement de la SAO SBSO aux fins de

 21   paiement ou transfert d'équipements au bénéfice du centre d'entraînement

 22   d'Erdut. Si je m'en rappelle bien, c'était aussi bien en 1991 qu'en 1992 et

 23   plus tard. Donc j'essaye de vous dire que j'ai vu un certain nombre

 24   d'autres documents, y compris des copies d'ordres de paiements, qui

 25   corroborent ce que nous trouvons dans ce passage.

 26   M. GOSNELL : [interprétation] Pourrions-nous avoir maintenant le document

 27   qui figure à l'onglet 538 de l'Accusation, qui est en fait la pièce 05135.

 28   Q.  Alors, pendant que ceci s'affiche, revenons un petit peu en arrière.


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  1   Hier ou peut-être plus tôt aujourd'hui, vous avez avancé que peut-être il

  2   pouvait y avoir une contradiction dans les documents parce qu'en effet,

  3   nous voyons d'un côté des documents de la JNA présentant Arkan comme ayant

  4   des rapports étroits avec toute une série de personnes, et d'autre part

  5   nous voyons des rapports du département de la sûreté dans lesquelles ses

  6   activités faisaient justement l'objet de l'attention. Alors je me demande

  7   si vous accepteriez que la contradiction se situe peut-être au niveau de

  8   l'interprétation ? N'est-il pas vrai, par ailleurs, que s'il était

  9   subordonné à la JNA, c'était précisément l'obligation, dans ce cas, des

 10   organes de la sûreté de déterminer s'il se livrait ou non à des activités

 11   criminelles, et s'il y avait des éléments clairs en ce sens, de les faire

 12   suivre pour que des poursuites militaires soient engagées ?

 13   R.  Messieurs les Juges, je n'ai pas souhaité suggérer que les documents

 14   étaient contradictoires. Concernant les documents, je crois que différents

 15   éléments de la JNA ont noué des rapports différents avec Arkan. Par

 16   exemple, pour résumer, le général Panic aurait apparemment ordonné de

 17   subordonner tous les éléments se trouvant sur le théâtre de guerre à la

 18   JNA, ce qui comprend également Arkan, mais cela donne lieu également à des

 19   problèmes et il y a plusieurs ordres à cet effet. Le 12e Corps, par

 20   ailleurs, a de bons rapports et des rapports étroits avec Arkan, y compris

 21   le recours à Arkan et à ses hommes pendant les opérations de combat sous

 22   les ordres du 12e Corps. Et ensuite, nous voyons les mêmes organes de la

 23   sûreté de la 1ère Région militaire rédiger des rapports au sujet des

 24   activités d'Arkan. Le fait qu'ils rédigent des rapports sur les activités

 25   d'Arkan et de son groupe n'entraîne pas nécessairement qu'Arkan ait été

 26   subordonné ou non à la JNA. Je veux dire, l'un ne découle pas simplement de

 27   l'autre, pas plus que l'un de l'autre ne s'excluent mutuellement.

 28   Pour revenir à la question, bien entendu, si Arkan et son groupe se


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  1   livrent à des activités criminelles ou autrement interdites par la doctrine

  2   militaire de la RSFY, c'est aux organes de la sûreté qu'il revient d'en

  3   rendre compte afin que des mesures disciplinaires puissent être mises en

  4   œuvre et que la justice militaire puisse intervenir. Donc, juste pour --

  5   Q.  Est-ce que -- alors, excusez-moi pour l'interruption, mais l'existence

  6   de ces rapports est tout à fait en cohérence avec la subordination, n'est-

  7   ce pas ?

  8   R.  Messieurs les Juges, l'un n'implique pas l'autre.

  9   Q.  Monsieur Theunens, ce n'était pas là ma question. Ma question était la

 10   suivante : est-ce cohérent, l'un avec l'autre ?

 11   R.  Eh bien, je ne comprends pas la question. Que voulez-vous dire par être

 12   cohérent ? Qu'entendez-vous par "cohérent" compte tenu de ma réponse ?

 13   Q.  La question est la suivante : l'existence de ces rapports peut-elle

 14   être considérée comme cohérente avec sa subordination à la JNA ? C'est

 15   tout.

 16   R.  Excusez-moi, mais je pense avoir répondu à la question. De mon point de

 17   vue, comme je l'ai expliqué, les rapports rédigés par des organes chargés

 18   de la sûreté au sujet d'un groupe, cela seul ne suggère rien quant à la

 19   question de savoir si ce groupe est ou non subordonné à la JNA. Bien

 20   entendu, si le rapport dit qu'il y a subordination à la JNA, alors ce

 21   serait un élément utile afin d'établir les rapports avec la JNA. Mais à

 22   première vue, un organe de la sûreté en tant que tel qui ne mentionne pas

 23   explicitement qu'il y ait ou non une relation de subordination, eh bien, le

 24   seul fait qu'il rédige un rapport ne nous indique rien quant à la

 25   subordination ou non à la JNA.

 26   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maître Gosnell, M. Theunens vous a

 27   demandé de préciser ce que vous entendiez pas "être cohérent avec". Peut-

 28   être est-ce un problème de formulation. Et, en fait, lorsque vous avez


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  1   peut-être essayé de répondre à la question qu'il a posée, vous n'avez pas,

  2   en fait, répondu. Vous avez simplement répété votre question.

  3   M. GOSNELL : [interprétation] Vous avez raison, Monsieur le Président.

  4   Q.  Excusez-moi, Monsieur Theunens. Je vais peut-être utiliser deux

  5   acceptions différentes de ce mot. Je vais reformuler ma question. Ceci ne

  6   nie pas qu'il y ait eu une relation de subordination, n'est-ce pas ?

  7   L'existence des documents du département de la sûreté ne le nie pas et ne

  8   prouve pas qu'il n'y ait pas eu subordination ?

  9   R.  Je pense que j'ai répondu. Cela ne le nie pas, mais cela ne le confirme

 10   pas davantage, à moins que l'on ne soit en présence d'éléments qui nous

 11   permettraient de tirer des conclusions quant à une relation de

 12   subordination à la JNA et que de tels éléments figurent dans les rapports

 13   des organes de la sécurité. Ceci serait alors des éléments intéressants qui

 14   nous amèneraient à rechercher d'autres éléments d'information, des rapports

 15   de situations ou des ordres, de nature à confirmer ces rapports de

 16   subordination.

 17   Q.  Mais à supposer qu'il y ait eu une relation de subordination, est-ce

 18   que la doctrine ou la pratique de la JNA, ou tout autre règlement existant

 19   par rapport au soutien logistique, supposait que cette unité subordonnée

 20   justement se voit apporter un soutien logistique ?

 21   R.  Est-ce que vous voulez une réponse générale ou une réponse selon

 22   laquelle je me concentrerais sur Arkan ?

 23   Q.  Désolé, mais peut-être pourriez-vous répondre d'abord de façon générale

 24   puis ensuite au sujet d'Arkan.

 25   R.  Eh bien, la réponse générale est la suivante. Nous avons eu les

 26   documents de la 1ère Région militaire. Nous les avons abordés et je les ai

 27   cités dans mon rapport au sens où la JNA était responsable de fournir

 28   l'approvisionnement, notamment l'approvisionnement logistique, à toutes ces


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  1   unités subordonnées.

  2   Q.  Très bien. Passons maintenant à Arkan.

  3   R.  Pour Arkan, la question est un peu plus complexe - ceci figure

  4   d'ailleurs également dans les rapports des organes de la Sûreté - et nous

  5   le savons, Arkan disposait d'armes plus sophistiquées. Je ne parle pas

  6   d'armes d'artillerie, mais d'armes d'infanterie plus sophistiquées, d'armes

  7   occidentales même, qui n'étaient pas présentes à l'inventaire des forces

  8   armées de la RSFY. Donc il aurait été impossible pour la JNA de fournir un

  9   soutien logistique spécifique pour ce type d'armes, en termes de munitions

 10   ou d'entretien des armes en question. Pour le reste, la JNA, effectivement,

 11   si Arkan opérait sous son commandement, aurait eu l'obligation de fournir

 12   un approvisionnement logistique pour ce qui est en tout cas des éléments

 13   qui étaient disponibles à son inventaire.

 14   Q.  Très bien. Voyons maintenant le document qui s'affiche devant nous. Il

 15   est rédigé par Arkan. Apparemment il s'adresse à une entreprise de Dalj qui

 16   est une entreprise autogestionnaire, qui est propriété sociale, et à son

 17   directeur. Il est dit :

 18   "Pendant la revue des comptes de dépenses engagées par le centre

 19   d'entraînement spécial de la TO, nous avons découvert que d'après les

 20   dépenses ventilées dont vous avez fait état, de ces dépenses totales pour

 21   le mois de décembre, il y avait des dépenses qui sont les suivantes…," et

 22   cetera.

 23   Ensuite, il y a une liste de paiements -- de factures, je dirais, ils se

 24   sont vus facturer une certaine somme d'argent, et puis ceci est expliqué.

 25   Ensuite, le rédacteur dit :

 26   "Deux facteurs expliquent les dépenses qui se montent à 3,4," 3,3 ou 3,4 et

 27   quelque millions "de dinars. Le gouvernement et ses ministères et le centre

 28   d'entraînement spécial de la TO de la SAO SBSO, notamment. Nous maintenons


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  1   que les dépenses pour ces deux facteurs précis doivent faire l'objet d'une

  2   distinction, ce que nous avons fait pour décembre 1991. C'est ainsi que

  3   nous sommes parvenus à la conclusion que les dépenses à la hauteur qui a

  4   été indiquée pouvaient être décomposées comme suit…

  5   "Nous vous demandons, par conséquent, qu'à l'avenir vos dépenses soient

  6   spécifiées de façon distincte, ce qui nous permettra de déterminer nos

  7   propres dépenses plus facilement."

  8   N'est-ce pas une lettre, en fait, une plainte d'Arkan à la ferme de Dalj

  9   qui consiste à dire : Arrêtez de nous surfacturer ?

 10   R.  Je veux dire, c'est l'un des éléments d'information que vous pouvez

 11   trouver dans la lettre. Il y en a d'autres. Il est remarquable de mon point

 12   de vue, compte tenu du sujet de mon rapport de la partie consacrée à Arkan

 13   - alors j'ai oublié la date, mais je crois que c'est janvier 1992 et je

 14   peux peut-être voir le haut du document --

 15   Q.  [aucune interprétation]

 16   R.  Il est remarquable, à mon avis, qu'Arkan signe en tant que commandant,

 17   ou en tout cas en qualité de dirigeant du centre d'entraînement spécial de

 18   la SBSO. Je trouve ceci remarquable compte tenu qu'il y a également des

 19   informations de sources publiques indiquant quels étaient son rôle au

 20   combat à l'époque et sa participation alléguée aux crimes. Sa participation

 21   et celle de son groupe -- excusez-moi.

 22   Q.  Alors nous allons certainement revenir à ce sujet, mais concentrons-

 23   nous sur ce que j'essaie de mettre en avant, et je ne crois pas que vous

 24   ayez répondu. Conviendriez-vous avec moi que cette lettre représente une

 25   plainte pour surfacturation ?

 26   R.  Eh bien, il se plaint que des dépenses d'autres organes officiels de la

 27   SAO SBSO lui soient imputées à lui ou au centre d'entraînement, ce qui de

 28   son point de vue ne devrait pas être le cas. Ces dépenses devraient être


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  1   imputées à d'autres organes officiels.

  2   Q.  Alors, si nous revenons à la pièce P101, vous vous rappellerez que ce

  3   rapport d'un organe de sécurité sur lequel vous vous êtes appuyé à

  4   plusieurs reprises dans votre propre rapport indique que Goran Hadzic

  5   aurait ordonné à plusieurs reprises à la ferme de Dalj d'apporter son

  6   soutien à Arkan. Est-ce que cela fait sens de voir que d'une part il va y

  7   avoir un ordre pour que la ferme de Dalj apporte son soutien à Arkan et

  8   que, par ailleurs, en janvier nous voyions Arkan se plaindre d'avoir été

  9   surfacturé par cette même institution ?

 10   R.  Il s'agit ici de comptabilité, et ceci sort de mon domaine d'expertise.

 11   Peut-être que pour s'assurer de la régularité de leurs comptes, ils ont

 12   procédé à des vérifications auprès d'Arkan, pour être sûrs que telles ou

 13   telles dépenses ont été faites pour lui. Ils ont peut-être souhaité obtenir

 14   des précisions aux seules fins de leur comptabilité.

 15   Q.  Donc vous dites -- vous faites l'hypothèse qu'ils reçoivent une forme

 16   ou une autre de crédit de la ferme de Dalj, qu'ensuite ils ont été

 17   surfacturés sous une forme ou sous une autre et que cela les amène à écrire

 18   cette lettre pour s'en plaindre ?

 19   R.  Eh bien, nous parlons maintenant de la situation dans laquelle Arkan a

 20   la charge du centre d'entraînement spécial de la TO. Je ne suis pas sûr que

 21   dans les rapports des organes de sûreté que nous avons déjà abordés il soit

 22   question du centre d'entraînement spécial de la TO ou du centre

 23   d'entraînement d'Arkan à Erdut. Je n'ai pas les deux documents en face de

 24   moi, mais je veux dire : soit, si la ferme de Dalj ou toute entreprise qui

 25   est propriété sociale doit fournir un soutien financier - un soutien de

 26   quelque forme que ce soit, d'ailleurs - à Arkan, dans ce cas-là ils doivent

 27   l'enregistrer sous une forme ou une autre dans leur comptabilité, avec les

 28   chiffres correspondants. Et, bien sûr, cela soulève la question suivante :


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  1   Qui va payer ? Est-ce que c'est Arkan qui va payer ou quelqu'un d'autre ?

  2   Si c'est Arkan qui paie, où va l'argent qu'il verse pour payer ces factures

  3   ? Parce que le centre d'entraînement de la Défense territoriale est un

  4   poste de dépense, il ne crée aucun revenu économique, donc ce que Arkan

  5   doit payer, conformément à ces documents, à l'entreprise qui est propriété

  6   sociale à Dalj doit bien venir de quelque part.

  7   Q.  Est-ce que cela ne vient pas justement de cette entreprise qui est

  8   propriété sociale autogérée et qui le surfacture ? Est-ce que vous seriez

  9   d'accord avec cela ?

 10   R.  Eh bien, je n'ai pas analysé la façon dont la SAO SBSO organisait son

 11   budget et s'assurait, par exemple, qu'Arkan recevait certains services ou

 12   certains approvisionnements et comment ensuite ces services ou ces

 13   approvisionnements fournis étaient remboursés, comment Arkan parvenait à

 14   trouver l'argent nécessaire. Mais l'argent, en tout cas, devait bien venir

 15   de quelque part.

 16   M. GOSNELL : [interprétation] Monsieur le Président, je voudrais demander

 17   le versement de ce document à ce stade.

 18   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Très bien.

 19   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il a déjà été versé, et ce, sous la cote

 20   P215.140. Merci.

 21   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci, Monsieur le Greffier.

 22   M. GOSNELL : [interprétation] Merci, Monsieur le Greffier.

 23   Q.  Alors, après avoir fait ce long détour un peu pénible à travers les

 24   documents concernant les liens directs d'Arkan avec les échelons les plus

 25   élevés de la JNA et les opérations directes que menait Arkan conjointement

 26   avec les forces de la JNA, je dirais, dès le début du mois d'août et au

 27   cours des mois suivants. Compte tenu de ce que Panic dit lorsqu'il est un

 28   peu plus franc et même ce qu'il dit lorsqu'il est un peu moins franc,


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  1   compte tenu de ce que nous avons vu dans le rapport concernant l'engagement

  2   à Dalj et le manque de franchise de Trajkovic, voici ce que j'avance à

  3   votre attention : compte tenu également de toutes les autres informations

  4   quant à la façon dont Arkan interagit avec les forces de la JNA dans le

  5   secteur de la zone de responsabilité du 12e Corps, est-ce que vous

  6   conviendriez avec moi qu'Arkan était subordonné au 12e Corps, disons au

  7   cours de la période qui s'étend en 1991 pour commencer ?

  8   R.  Messieurs les Juges, j'ai répondu à la question et je ne vois pas la

  9   moindre raison de modifier ma réponse. Je pourrais peut-être apporter des

 10   précisions, simplement. Me Gosnell suggère que des officiers supérieurs de

 11   la JNA manquent de franchise. Encore une fois, je ne peux pas avoir de

 12   point de vue à ce sujet. Je ne peux que me référer à la doctrine en

 13   vigueur, à savoir qu'il y aurait eu dans ce cas violation de la discipline

 14   militaire et qu'il aurait même été encore plus grave pour un officier de

 15   fournir des rapports inexacts. Compte tenu de la procédure dont un

 16   commandant doit être familier au sujet, donc, des activités et de la

 17   situation dans laquelle se trouvent ses unités jusqu'à deux échelons plus

 18   bas, il y a des façon de retrouver si quelqu'un a ou non remis des rapports

 19   inexacts, notamment dans le contexte de quelque chose d'aussi grave que la

 20   présence d'Arkan et de ses volontaires et de leurs activités en SBSO

 21   pendant l'automne 1991. Alors je ne conteste pas qu'Arkan ait été

 22   subordonné à la JNA, c'est-à-dire à des unités du 12e Corps, à certains

 23   moments particuliers dans le temps, mais il y a aussi des activités menées

 24   par Arkan dans lesquelles son rapport à la JNA n'est pas tout à fait clair.

 25   Et je suis tout à fait d'accord pour dire qu'en accord avec la doctrine

 26   militaire et conformément à l'ordre de Panic du 15 octobre et du 16

 27   novembre, la JNA aurait dû subordonner toutes les unités ou les écarter.

 28   Q.  Lorsque vous parlez d'activités, je suppose que vous vous référez à des


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  1   activités criminelles, n'est-ce pas ?

  2   R.  Oui, par exemple, Messieurs les Juges. Je veux dire, les événements de

  3   la prison de Dalj ne sont qu'un exemple.

  4   Q.  Le fait qu'un soldat subordonné -- alors je vais éviter le terme

  5   "subordonné". Le fait qu'un soldat ait commis un crime en violation de

  6   toutes les lois de la guerre et tous les règlements de l'armée, ceci

  7   n'indique certainement pas que le soldat en question n'est pas subordonné,

  8   n'est-ce pas ?

  9   R.  Je ne suis pas sûr d'avoir bien compris votre question.

 10   Q.  Bien, je vais la poser d'une façon différente. Si un commandant de

 11   l'artillerie cible une ville et la fait sauter, il est certain qu'on ne

 12   peut pas dire que cette personne n'est subordonnée à personne parce qu'elle

 13   a enfreint des règles qui sont celles de la guerre, n'est-ce pas ?

 14   R.  Non.

 15   Q.  Alors, si quelqu'un est en train d'établir un système de sécurité dans

 16   une zone de responsabilité tout en pillant des maisons, tabassant les gens,

 17   tuant des gens, est-ce que ça ne veut pas dire que cette personne n'est

 18   subordonnée à personne ou n'est pas subordonnée à une unité qui est là dans

 19   sa zone de responsabilité ?

 20   R.  Non, ce n'est pas le cas. Mais vous voulez que je vous réponde en

 21   corrélation avec Arkan ou est-ce que cette question est générale ?

 22   Q.  Mais les réponses ne seraient-elles pas les mêmes ?

 23   R.  Pas nécessairement, quand on prend les choses dans leur contexte pour

 24   savoir qui était Arkan, ce qu'il faisait, et quand on prend en

 25   considération les rapports des instances de sécurité ou autres. Alors je

 26   n'en ai pas parlé dans mon rapport, mais il y a eu tant de faits repris par

 27   les médias le glorifiant, lui et ses activités, les activités de son

 28   groupe. Il n'était pas un soldat ordinaire. Ce n'était pas un commandant


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  1   d'artillerie ordinaire. Alors je suis peut-être en train de me répéter,

  2   mais partant des rapports que j'ai eu l'occasion de voir, il est

  3   raisonnable de tirer la conclusion qui est celle de dire qu'Arkan avait eu

  4   des relations particulières avec des hauts représentants des autorités en

  5   Serbie ainsi que dans la SAO de la SBSO. Il se peut que l'existence de ces

  6   relations ait découragé certains officiers de la JNA et les ait empêchés

  7   d'imposer une discipline militaire et de faire régner la justice du point

  8   de vue militaire là où ils auraient dû le faire.

  9   Je pense en avoir déjà parlé avec M. Demirdjian. Nous avons ces

 10   rapports des instances de sécurité. Nous ne savons pas ce qui s'est passé

 11   par la suite. Qu'on fait les autorités militaires, le procureur militaire

 12   ou le procureur civil de Serbie ? Est-ce qu'ils ont fait quelque chose ? Je

 13   n'ai pas connaissance du fait qu'Arkan ou l'un quelconque des membres de

 14   son groupe aient jamais été arrêtés en Serbie, pas du moins entre 1991 et

 15   1993. On l'a même autorisé à créer un parti politique qui a participé aux

 16   élections.

 17   Q.  Merci, Monsieur Theunens. Je vais passer à autre chose.

 18   R.  Fort bien.

 19   Q.  Je pense que nous sommes tombés d'accord - et vous allez me corriger si

 20   je me trompe - pour dire qu'en temps de paix et en temps de guerre, le

 21   président de la république ne peut pas donner des ordres à la Défense

 22   territoriale ?

 23   R.  Après 1988, c'est bien exact.

 24   Q.  Mais dans le secteur de responsabilité du 12e Corps, qu'en est-il de la

 25   responsabilité en matière de commandement à l'égard de la TO ?

 26   R.  Eh bien, c'est le commandant du 12e Corps qui l'exerce.

 27   Q.  Mais quand on se réfère à certains individus et unités de la TO, on

 28   peut dire que c'est le 12e Corps qui exerce une autorité de commandement à


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  1   l'égard de ces institutions de la TO ?

  2   R.  Oui, mais une fois de plus, il faut tirer les choses au clair. Parce

  3   que quand on parle de la doctrine, c'est le cas; mais quand on parle de la

  4   TO, et quand on parle de la TO de la république et des deux TO des

  5   différentes provinces, à savoir le Kosovo et la Vojvodine, c'est défini par

  6   la doctrine des forces armées de la RSFY. Mais ça devient beaucoup plus

  7   complexe lorsque l'on parle des Régions autonomes serbe de la SBSO ou de la

  8   Krajina ou de la Slavonie occidentale. Moi, je les appelle les Serbes

  9   locaux, c'est-à-dire la TO des Serbes locaux.

 10   Q.  Ce centre de formation et d'entraînement à Erdut était censé être

 11   subordonné en application de la doctrine à ce 12e Corps, n'est-ce pas ?

 12   R.  Je ne suis pas sûr. Peut-être pourriez-vous me rafraîchir la mémoire.

 13   Quand est-ce que ce centre d'entraînement à Erdut commence à exister

 14   officiellement sous le qualificatif de la région serbe de Slavonie, Baranja

 15   et Srem occidental -- enfin, centre d'entraînement de la SAO de la SBSO, et

 16   quand est-ce que ça commence à faire partie des structures de la TO ? C'est

 17   là quelque chose de tout autant complexe. Parce que si l'on se penche sur

 18   les relations qui existent entre la TO de la SAO de la SBSO et le 12e

 19   Corps, on verra que je pourrais être d'accord avec vous tant que dans la

 20   région le 12e Corps est là, et je parle de la SBSO. Dans les autres

 21   périodes, la situation est beaucoup plus complexe, en particulier - et là

 22   je reviens au début de ma réponse - au tout début, lorsque le centre

 23   d'entraînement à Erdut n'est utilisé que par Arkan pour l'entraînement de

 24   son groupe, tant que son groupe est resté là. Et partant des documents et

 25   de l'examen de ces documents, le lien avec la TO de la SAO SBSO n'est pas

 26   tout à fait clair.

 27   Q.  Est-ce que vous avez vu des documents de la JNA qui font référence en

 28   1991 à la TO de la SAO SBSO ?


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  1   R.  Vous voulez parler des trois mots qui sont entièrement repris dans

  2   l'intitulé, TO de la SAO SBSO ?

  3   Q.  Je me réfère à une structure de la TO qui regrouperait la totalité des

  4   structures subalternes de la TO. Est-ce que vous auriez vu un document

  5   faisant référence à telle chose ?

  6   R.  Non, pas exactement. J'ai dit ce que j'ai déjà dit dans mon

  7   interrogatoire au principal, c'est-à-dire que cela est valable pour les

  8   autorités civiles de la SAO SBSO. Et pour la première fois, c'est le 20

  9   novembre que dans l'ordre à Panic, et je pense que c'est la référence 2436-

 10   1, où le général Panic reconnaît explicitement ces autorités-là. Je crois

 11   que c'est le seul contexte où la SAO de la SBSO est reprise dans un

 12   document officiel où l'on reconnaît cette instance dans son intégralité par

 13   la JNA.

 14   Q.  Mais au vu de cet en-tête, vous ne pouvez pas tirer la conclusion qui

 15   serait celle de dire que ce centre d'entraînement a été créé par le

 16   gouvernement de la région ?

 17   R.  Non, je ne peux pas le faire. Je pourrais faire abstraction partant du

 18   contexte et dire qu'en vertu de la législation en vigueur dans la RSFY,

 19   c'est les républiques qui assument les responsabilités en matière

 20   d'entraînement de la TO et que cela devrait forcément être au niveau de la

 21   république que cela se passait. Mais compte tenu du contexte, ça ne va

 22   certainement pas être la République de Croatie, donc ça nous mène vers un

 23   deuxième contexte qui d'un point de vue théorique devrait sous-entendre la

 24   SAO de la SBSO ou la RSK. Mais comme je l'ai déjà indiqué, la situation est

 25   beaucoup plus compliquée que cela. Et bien que le centre ait pu être établi

 26   par le ministère de l'Intérieur de la République de Serbie, les autres cas

 27   ne sont pas à exclure.

 28   Q.  Bien--


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  1   R.  Mais il n'y a pas eu de document où il a été clairement dit qui est-ce

  2   qui a créé ce centre.

  3   Q.  Justement, c'est cela le défaut de votre raisonnement, Monsieur

  4   Theunens, et je comprends pourquoi vous tombez dans cette erreur. Parce que

  5   pourquoi la situation ne serait-elle pas la suivante : il y a des quartiers

  6   dans Vukovar, comme par exemple l'agglomération de Leva Supoderica où il y

  7   a une TO, puis une localité qui s'appelle Dalj où il y a une localité

  8   [comme interprété], puis Bapska -- c'est des villageois qui ont créé ces

  9   TO, alors pourquoi avez-vous pensé nécessaire d'imaginer qu'il existait une

 10   structure de la TO qui engloberait la totalité de la région ou de la

 11   province avec un état-major général pour organiser et diriger les activités

 12   de ces différentes TO individuelles ?

 13   R.  Vous avez fait plusieurs suggestions dans votre question. Le fait de

 14   faire référence à la TO de la SAO SBSO -- par exemple, à l'en-tête de ce

 15   document, vous voyez qu'il est fait mention d'un centre d'entraînement de

 16   la Défense territoriale de la SAO de Baranja, Srem occidental, et cetera.

 17   Je ne l'ai pas inventé. C'est un document contemporain. Le certificat dont

 18   on a parlé ce matin et qui a été signé par Radovan Stojicic, Badza, parle

 19   de ce commandement Suprême de l'état-major de la TO dans la SBSO. Et c'est

 20   ce que je qualifie comme étant la situation telle qu'elle se présentait

 21   dans la pratique. Quand j'ai expliqué la législation, j'ai parlé de

 22   l'aspect de jure. Evidemment, tout un chacun pouvait créer sa propre unité,

 23   mais la question était celle de savoir si vous seriez reconnu, ou autrement

 24   c'est le chaos --

 25   Q.  Mais qui était censé vous reconnaître ?

 26   R.  Là aussi, c'est une question complexe dans le contexte de la situation

 27   telle qu'elle se présentait dans la SAO de la Krajina ou de la SBSO eu

 28   automne 1991. Parce que si vous vous souvenez du document dont nous avons


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  1   déjà parlé où le chef d'état-major du 12e Corps, M. Trajkovic, demande au

  2   commandant du 1er District militaire de lui dire quelle était l'attitude à

  3   adopter à l'égard des autorités de la SAO -- alors il n'a peut-être pas

  4   parlé des "TO locales serbes", mais il a parlé de TO locales et il s'est

  5   adressé au 1er District militaire. Alors, jusqu'au 20 novembre, on dit

  6   qu'il n'était autorisé aucune ingérence dans les instances de l'autorité

  7   autorités "autoproclamées" du cru. Donc il y est dit aux pages 491 à 496 de

  8   par des mon rapport. Je suis d'accord avec vous pour dire que le 12e Corps

  9   utilise Arkan dans ses opérations --

 10   Q.  Monsieur Theunens --

 11   R.  Oui.

 12   Q.  -- vous évoquez un point intéressant. Nous avons un document auquel

 13   vous faites référence qui est daté du 15 octobre 1991, où le général Panic

 14   dit : Ne prêtez aucune attention à ces structures civiles de la SBSO. Et on

 15   les a lus, ces documents, on voit qu'il a envoyé Arkan. Il s'occupe de la

 16   présence de Arkan dans le secteur de responsabilité du 12e Corps, et il est

 17   évident qu'il opère avec lui et qu'il est impliqué d'une façon ou d'une

 18   autre avec lui. Alors, qui de votre avis lui donne l'autorité de placer ce

 19   type d'en-tête dans le document ?

 20   R.  Messieurs les Juges, à mon avis, il s'agit de deux sujets tout à fait

 21   différents, parce que comme je l'ai déjà dit, je n'ai vu aucun document de

 22   la JNA -- à moins que vous ne soyez à même de m'en montrer un vous-même, je

 23   ne me souviens pas d'avoir vu des documents de la JNA où cette JNA créerait

 24   des centres d'entraînement destinés à la Défense territoriale. Si on

 25   revient maintenant à la situation de jure, les républiques et les provinces

 26   autonomes, le Kosovo et la Vojvodine, tant qu'ils étaient sous ce statut,

 27   avaient la responsabilité d'entraîner et équiper les organisations de la

 28   TO, ça tombait sous leur responsabilité. Maintenant, si on se penche sur la


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  1   situation telle qu'elle se présente en automne 1991, la JNA a peut-être

  2   fourni une assistance, mais là aussi je voudrais que vous me montriez des

  3   documents concrets à cet effet parce que je ne peux pas tirer des

  4   conclusions sur la base de votre suggestion qui est celle de dire que le

  5   fait de voir Arkan opérer sous le commandement du 12e Corps dans des

  6   opérations sous le commandement de ce corps, et il ne peut pas être

  7   considéré que le 1er District militaire avait la responsabilité de la

  8   création de ce centre d'entraînement. Je ne peux pas tirer ce type de

  9   conclusion.

 10   Q.  Mais vous voyez que des documents concrets indiquent qu'il y a pour le

 11   Groupe opérationnel nord des documents qui n'ont jamais été fournis ?

 12   R.  Peut-être, mais nous avons toute une collection de documents en

 13   possession du bureau du Procureur qui se rapportent aux opérations du

 14   Groupe opérationnel sud et, par exemple, dans d'autres parties de la

 15   Croatie, en Krajina, où la JNA apporte son soutien aux TO locales serbes.

 16   Je parle maintenant de l'automne 1991. Je ne parle pas maintenant de la

 17   situation après janvier 1992, où, comme on a pu le voir, la JNA, et

 18   j'entends par là le SSNO, fournit un soutien substantiel à l'organisation

 19   des unités de la TO serbe. Mais avant cette période, il n'y a pas de

 20   document que j'aurais pu voir qui aurait parlé de la création d'un centre

 21   d'entraînement. Dans aucun des documents du 1er District militaire il n'a

 22   été fait mention du centre d'entraînement d'Arkan -- où Arkan est chargé de

 23   cet entraînement à Erdut en janvier 1992.

 24   Q.  Mais avant votre témoignage dans cette affaire, avez-vous eu l'occasion

 25   de vous pencher sur les transcriptions du témoignage de M. Nielsen ?

 26   R.  Non, Messieurs les Juges. De temps à autre, je me penche sur la page

 27   internet de l'agence Sense du Tribunal, et je crois qu'ils ont paraphrasé

 28   le témoignage de M. Nielsen et j'ai eu du mal à comprendre de quoi il y est


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  1   question. Parce que des fois je me penche sur ce que l'on dit dans d'autres

  2   affaires au sujet de mon témoignage à moi et je suis parfois surpris parce

  3   que j'ai l'impression qu'ils n'ont pas pris connaissance de tous les

  4   détails et de certains aspects de la doctrine militaire. Mais pour ce qui

  5   est du cas de figure du Dr Nielsen, je n'ai pas l'impression qu'il ait des

  6   connaissances très grandes au sujet du MUP, du ministère de l'Intérieur

  7   donc, et des activités et doctrines de la police.

  8   Q.  Avez-vous entendu parler d'une thèse qui dirait que le centre

  9   d'entraînement d'Erdut avait été contrôlé par l'une quelconque des

 10   instances originaires de Belgrade ?

 11   R.  Mais vous savez, pendant mon travail au ministère de la Défense belge,

 12   j'ai commencé à m'occuper des Balkans en septembre 1992. Je suis allé pour

 13   la première fois à Erdut en août 1993. Et c'était évidemment dans des

 14   périodes de temps différentes, mais à compter du moment où les troupes

 15   belges ont été déployées dans la Baranja, et je crois que c'était avril ou

 16   mai 1992 jusqu'à 1997. Donc la présence de Arkan et ses activités était

 17   pertinente pour nous parce que c'était des -- d'abord, nous étions une

 18   force de protection. Il s'agissait donc des informations qui circulaient au

 19   sujet des relations qu'avait eues Arkan avec Belgrade, avec M. Hadzic

 20   aussi, mais je ne m'en suis pas servi dans mon rapport. Je me suis basé sur

 21   des rapports de la JNA et autre documentation officielle.

 22   Q.  Mais pourquoi le mentionnez-vous si ça n'a pas fait partie de votre

 23   rapport ? Quelle en est la pertinence ?

 24   R.  Bien, je me suis efforcé de répondre à votre question.

 25   Q.  Est-ce que vous avez pris ce type d'information en compte dans la

 26   rédaction de votre rapport ?

 27   R.  Ecoutez, je n'ai pas encore parlé de la méthodologie. Si vous le

 28   souhaitez, je peux vous expliquer cette méthodologie. L'interprétation de


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  1   l'information est un pas dans le processus d'interprétation du cycle de

  2   renseignement. L'interprétation des moyens que vous comparez fait partie

  3   des informations que vous avez pu obtenir pour créer un ensemble ou une

  4   "entité" de connaissances qui vous permettent de tirer des conclusions.

  5   Alors, dans ce contexte particulier, je pense qu'Arkan avait été envoyé là-

  6   bas par le président Milosevic, j'en étais convaincu. Mais avant que de

  7   mettre ça sur papier, j'ai cherché à trouver des informations qui

  8   permettraient de déterminer la chose et de tirer des conclusions qui

  9   pourraient me faire affirmer qui est-ce qui a envoyé Arkan là-bas. Etant

 10   donné que je n'ai pas vu de documents de cette nature de la JNA, exception

 11   faite de rapports des instances de la sécurité qui ne répondent pas de

 12   façon claire à la question parce qu'ils laissent entendre des choses pour

 13   ce qui est de la nature des relations qui étaient celles d'Arkan et des

 14   représentants officiels à Belgrade, donc je n'ai pas été à même de répondre

 15   à la question. Et c'est la raison pour laquelle je n'ai rien mis de tel

 16   dans mon rapport, et je n'ai pas également dit qu'Arkan avait été envoyé

 17   là-bas par le président Milosevic.

 18   Q.  Mais votre rapport fait mention fréquemment de ses relations avec le

 19   MUP serbe ?

 20   R.  Mais c'est ce qui est dit dans les notes de bas de page --

 21   Q.  Je vais vous poser une autre question. N'est-il pas exact de dire que

 22   Radovan Stojicic, Badza, comme le dit votre rapport, avait également eu des

 23   relations proches avec le MUP serbe ?

 24   R.  Moi -- vous dites "de mon avis", mais ce sont des conclusions qui se

 25   fondent sur des documents, et je crois que ça s'est fait de façon tout à

 26   fait transparente --

 27   Q.  [aucune interprétation]

 28   R.  Et vous êtes en train de m'interrompre.


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  1   M. GOSNELL : [interprétation] Bon, bien, me fie au Président de la Chambre.

  2   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Theunens, vous devriez

  3   essayer de répondre à au moins certaines questions avec un oui ou un non,

  4   et je crois que cela est quand même des fois possible --

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vais m'efforcer de le faire, Messieurs les

  6   Juges.

  7   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Ce serait tout à fait utile.

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Fort bien.

  9   M. GOSNELL : [interprétation]

 10   Q.  Je vais vous poser un certain nombre de questions et je promets à M.

 11   Theunens de lui fournir l'occasion d'élaborer et d'étoffer son propos. Je

 12   serai content et je serai heureux de vous fournir l'occasion d'étoffer vos

 13   réponses ou de fournir plus de détails. Mais il y a des questions tout à

 14   fait concrètes que je voudrais vous poser, et ensuite on pourra élargir

 15   vers des sujets plus amples. Ma question est la suivante : Radovan

 16   Stojicic, d'après les informations que vous fournissez, est un membre haut

 17   gradé au niveau du MUP serbe en 1991, n'est-ce pas ?

 18   R.  Oui, Messieurs les Juges.

 19   Q.  Est-ce que vous vous êtes procuré des informations disant qu'il avait

 20   contrôlé, d'une façon ou d'une autre, les gardes-frontières ? Et quand je

 21   parle des gardes-frontières, je parle de la frontière entre la SBSO et la

 22   Serbie.

 23   R.  Je n'ai pas de souvenir concret à ce sujet. Il se peut que j'en aie

 24   parlé, mais je ne pense pas que cela figure dans mon rapport.

 25   Q.  Et si Radovan Stojicic et Arkan faisaient leur apparition en même temps

 26   dans le secteur de la SBSO, est-ce que vous ne pensez pas qu'ils ne

 27   pourraient pas bénéficier ou disposer de suffisamment de pouvoir pour ce

 28   qui est de créer un cachet en disant c'est la TO de la SBSO ?


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  1   R.  Mais tout le monde peut faire un cachet comme il l'entend, mais la

  2   question est celle de savoir pourquoi le ferait-on ?

  3   Q.  Mais pour une simple raison : comme c'était une situation chaotique,

  4   une confusion générale, et comme c'était une situation de guerre. Or, en

  5   temps de guerre, les autorités au pouvoir ou les personnes d'influence qui

  6   ont les moyens qu'il faut peuvent faire leur apparition et créer les

  7   institutions qui seraient les leurs, n'est-ce pas ?

  8   R.  C'est, en effet, une possibilité. Ça peut arriver n'importe où, aussi.

  9   Q.  Et tout ceci est en train de se passer en temps de conflit armé, n'est-

 10   ce pas ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Et dans une zone d'opération où interviennent les forces armées de la

 13   RSFY ?

 14   R.  C'est là que le problème survient. Je comprends que vous vouliez

 15   aboutir à une question concrète. Je ne sais pas combien de notes de bas de

 16   page il y a -- et je m'excuse d'élaborer une fois de plus, je ne sais pas

 17   combien de notes de bas de page il y a dans le rapport consolidé, et encore

 18   moins combien il y en a dans les rapports qui n'ont pas été acceptés. Mais

 19   le volume de ces notes de bas de page reflète le volume de la documentation

 20   que j'ai examinée, et ça se compose de documents officiels, et l'une des

 21   conclusions que je tire dans mon rapport, lorsque je parle des groupes

 22   opérationnels et des groupes tactiques, nous montre qu'il y a un système de

 23   fonctionnement au niveau du commandement et du contrôle, tout comme un

 24   système au niveau de la présentation des rapports selon les filières de

 25   commandement. Même s'il y a une situation chaotique, des groupes qui

 26   entrent et qui sortent, étant donné la doctrine en place - je parle

 27   maintenant de la JNA - elle se doit d'intervenir, poser la question, et

 28   c'est fait par Panic est les autres.


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  1   Donc, il n'y a pas de chaos permanent parce que si - et je reviens à votre

  2   question - si eux-mêmes venaient à fabriquer leur propre cachet dans un

  3   endroit en disant qu'ils ont créé un centre de formation, mais ce centre de

  4   formation, il doit être équipé, il faut des gens, les gens ont besoin de

  5   munitions, il faut leur donner des armes, et tout ça, ça leur a été donné

  6   au site d'Erdut, et le fait est que la Slavonie de l'est se trouve être

  7   isolée vis-à-vis du reste, ça laisse entendre qu'il y a nécessité de

  8   conclure que cette aide ne venait que de la Serbie. Or, je ne pense pas

  9   qu'on ait pu traverser un pont avec un camion chargé de munitions et de

 10   fusils ou d'autre matériel, et que tout le monde fermerait les yeux au

 11   passage, donc les autorités étaient forcément au courant. Donc, il faut se

 12   servir de façon modérée de ce terme de "situation chaotique", et il faut le

 13   ramener à ses proportions correctes.

 14   Q.  Mais ces institutions qui essaient de rétablir l'ordre et qui disposent

 15   des mécanismes qui permettent la circulation des informations et des ordres

 16   au sein de la JNA ?

 17   R.  Oui, c'est exact. La difficulté, c'est que dans les différents ordres

 18   qui sont donnés, il y a constamment la répétition d'un même ordre pour

 19   renforcer le contrôle à l'égard de ce secteur, et c'est ce qui se passe

 20   tout au long de l'automne 1991.

 21   Q.  Juste un autre document avant que de terminer pour aujourd'hui, 00658.

 22   Onglet 188 de l'Accusation. Ceci vient de l'affaire Mrksic et c'est daté du

 23   21 novembre 1991. Je suis intéressé par la terminologie utilisée dans le

 24   document et par les destinataires.

 25   Tout d'abord, il n'est pas fait référence ici à un QG de la TO qui

 26   engloberait la région autonome toute entière, n'est-ce pas ?

 27   R.  C'est exact, mais si vous me le permettez, je peux vous fournir mon

 28   explication, ou une explication possible de la chose.


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  1   Q.  Penchons-nous sur un certain nombre de questions complémentaires et

  2   vous pourrez répondre.

  3   R.  Fort bien.

  4   Q.  On voit bien qu'apparemment, on s'adresse au commandant des forces de

  5   Seselj, à un détachement de volontaires. Puis, on parle d'unités de la JNA.

  6   Il me semble qu'il y a une unité de la TO de Serbie, originaire de

  7   Kragujevac. Puis un autre commandant de la JNA. Et le commandant de la TO

  8   de Vukovar. Je ne sais pas qui sont les deux derniers destinataires. Et

  9   cela se rapporte à Leva Supoderica et aux volontaires de cette unité-là.

 10   Alors, si les volontaires de Leva Supoderica, d'une façon ou d'une autre,

 11   font partie du QG de la province ou des structures de la TO de la province

 12   en disposant d'une force réelle, ce QG ne se trouverait-il pas sur la liste

 13   des destinataires ?

 14   R.  Comme je l'ai déjà expliqué, je n'ai vu aucun document en provenance du

 15   Groupe opérationnel sud qui ferait référence à la TO de la SAO SBSO ou à un

 16   QG de celle-ci. Mais si un tel QG avait existé, il devrait, en effet, se

 17   trouver mentionné dans ce document-ci. Alors, ce qui est questionnable ici,

 18   c'est le fait de savoir si le commandement du OG sud avait reconnu un QG de

 19   cette nature, quand bien même il aurait existé pour de bon, il semblerait

 20   que, de façon évidente, le Groupe opérationnel sud n'avait pas reconnu

 21   l'existence de ce type de structure. Et on voit dans mon rapport consolidé

 22   qu'il y a des rapports des organes chargés de la sécurité pour le Groupe

 23   opérationnel sud fournissant des informations à ce sujet. Et vous

 24   mentionnez l'unité des hommes à Seselj dans un document de la JNA, chose

 25   qui est tout à fait inhabituelle, et comme je l'ai indiqué dans mon

 26   interrogatoire au principal, ceci montre bien la façon dont c'est perçu par

 27   le commandement du Groupe opérationnel sud, c'est-à-dire du commandement de

 28   la Brigade de la Garde motorisée et les relations qu'il y avait eues entre


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  1   les volontaires de Seselj et son parti.

  2   M. GOSNELL : [interprétation] Je crois que nous avons dépassé l'heure.

  3   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Oui, en effet, Monsieur Gosnell,

  4   c'est le cas.

  5   Monsieur Theunens, nous en terminons pour ce qui est de notre audience

  6   d'aujourd'hui. Nous allons vous revoir lundi matin à 9 heures, ici. Je vous

  7   souhaite un bon week-end, entre-temps.

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci, Messieurs les Juges.

  9   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

 10   [Le témoin quitte la barre]

 11   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] L'audience est levée.

 12   --- L'audience est levée à 14 heures 03 et reprendra le lundi, 13 mai 2013,

 13   à 9 heures 00.

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