Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le mardi 16 décembre 2003

2 [Audience publique]

3 --- L'audience est ouverte à 9 heures 00.

4 [L'accusé est introduit dans le prétoire]

5 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien, nous sommes en audience publique.

6 Donc, Madame le Greffier, appelez l'affaire.

7 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Affaire numéro IT-01-47-T, le Procureur

8 contre Enver Hadzihasanovic et Amir Kubura.

9 M. LE JUGE ANTONETTI : Je vais demander à l'Accusation de se présenter.

10 M. WITHOPF : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Monsieur,

11 Madame le Juge. Je m'appelle Ekkehard Withopf, je suis accompagné de mon

12 co-conseil Kimberly Fleming -- pardon je suis accompagné de Madame Fleming,

13 qui est notre assistante.

14 M. LE JUGE ANTONETTI : [interprétation] Merci.

15 Je demande à la Défense de se présenter.

16 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, bonjour,

17 Monsieur, Madame le Juge. Je m'appelle Edina Residovic, accompagnée de

18 Mirna Milanovic et Stéphane Bourgon. Nous représentons les intérêts de

19 l'accusé.

20 M. IBRISIMOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, de la part de M.

21 Kubura. Je suis Rodney Dixon, accompagné de M. Ibrisimovic et M. Nermin

22 Mulalic, qui est notre assistant.

23 M. LE JUGE ANTONETTI : Je vous remercie. Comme je vous l'ai dit hier, on ne

24 pouvait pas faire autrement.

25 Donc, malheureusement on arrêtera à 11 heures 30 et nous reprendrons donc

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1 demain à 9 heures. Compte tenu du fait que notre dernière audience de

2 l'année se terminera vendredi, j'invite les uns et les autres dans la

3 mesure du possible, compte tenu du planning des témoins à faire en sorte

4 qu'on puisse donc vendredi terminer le dernier témoin qui est prévu.

5 Par ailleurs, je demande à la Défense, les deux Défenses de me faire

6 parvenir d'ici jeudi 9 heures leur position suite à la requête de

7 l'Accusation concernant donc la décision que la Chambre maîtrise sur la

8 production d'une déclaration écrite et sur une demande relative également à

9 une certification d'appel. J'aimerais connaître la position de la Défense

10 au plus tard jeudi à 9 heures. Il serait souhaitable que nous puissions

11 rendre cette décision d'ici vendredi afin que la Chambre d'appel le cas

12 échéant soit ultimement saisie dans la mesure où la question soulevée est

13 une question importante pour la suite de nos travaux. Donc j'aimerais que

14 la Défense me fasse voir -- valoir son point de vue dans la mesure où la

15 Défense était opposée à l'utilisation par l'Accusation d'une déclaration

16 écrite.

17 Voilà, donc je sais bien que vous avez beaucoup de choses à faire, mais

18 nous devons rendre une décision très rapidement. Bien sûr la décision peut

19 être rendue en janvier, février, mais si à chaque fois la Défense se lève

20 pour dire, je ne veux pas que l'Accusation utilise le document écrit, on

21 aura le problème. Donc cette affaire est donc importante.

22 Voilà, s'il n'y a pas d'autres interventions, nous continuons notre

23 interrogatoire.

24 Bien, Madame l'Huissier -- alors nous allons passer à huis clos. Donc,

25 Madame le Greffier, vérifiez que nous sommes bien en huis clos.

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1 [Audience à huis clos]

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25 [Audience publique]

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1 --- L'audience est suspendue à 10 heures 22.

2 --- L'audience est reprise à 10 heures 38.

3 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien, j'ai donc cru comprendre qu'il y a un témoin

4 qui va témoigner sans aucune mesure de protection particulière. Bien, donc

5 il va nous rester juste une heure. Je pense qu'on n'aura peut-être pas le

6 temps. Donc il faudra qu'il revienne demain.

7 Bien, Madame l'Huissier, faites introduire le témoin.

8 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

9 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien, bonjour, Monsieur le Témoin, est-ce que vous

10 entendez la traduction de mes propos.

11 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

12 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien, pouvez-vous me donner votre nom et prénom ?

13 LE TÉMOIN : [interprétation] Je m'appelle Dragan Rados.

14 M. LE JUGE ANTONETTI : Quelle est votre date de naissance ?

15 LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis né le 10 novembre 1959.

16 M. LE JUGE ANTONETTI : Et vous êtes né dans quelle ville ?

17 LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis né à Lasva. Il s'agit d'un village qui

18 s'appelle le Brdo.

19 M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien, quelle est votre profession actuelle ?

20 LE TÉMOIN : [interprétation] Je nettoie les piscines.

21 M. LE JUGE ANTONETTI : Et quel est votre domicile actuel ?

22 LE TÉMOIN : [interprétation] Je réside en Floride à Orlando aux Etats-Unis.

23 M. LE JUGE ANTONETTI : Donc, vous nous arrivez des Etats-Unis, alors.

24 LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'ai pas bien entendu.

25 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous arrivez des Etats-Unis ?

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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

2 M. LE JUGE ANTONETTI : Et aux Etats-Unis, quel est votre statut, vous êtes

3 un résidant américain, vous avez une "green card" ou vous êtes touriste ?

4 LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis citoyen américain.

5 M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien, donc vous êtes citoyen américain. Alors,

6 vous allez donc témoigner devant ce Tribunal et vous allez lire la

7 déclaration que nous vous présentons. Donc, vous devez prêter serment en

8 lisant la déclaration. Donc, Mme l'Huissier vous le présente. Donc lisez ce

9 texte.

10 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

11 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

12 LE TÉMOIN: DRAGAN RADOS [Assermenté]

13 [Le témoin répond par l'interprète]

14 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous pouvez vous asseoir.

15 Donc, Monsieur le Témoin, vous allez répondre à des questions posées par

16 l'Accusation. Et puis après, la Défense fera un contre-interrogatoire et le

17 cas échéant, l'Accusation vous reposera des questions. Comme, nous sommes

18 obligés de terminer l'audience à 11 heures 30, malheureusement pour vous,

19 vous serez obligé de revenir demain matin.

20 Voilà, donc je vais donner la parole à l'Accusation pour les questions.

21 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président, le témoignage de ce

22 témoin portera sur le meurtre de Zvonko Rajic et sur ce qui s'est passé à

23 l'école de musique.

24 Interrogatoire principal par M. Withopf :

25 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Rados, dites-nous est-ce que vous

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1 avez déjà été membre de la JNA ?

2 R. Oui.

3 Q. Pourriez-vous informer la Chambre de première instance en quelle année

4 avez-vous été membre de la JNA ?

5 R. J'étais membre de la JNA de 1980 jusqu'en 1981.

6 Q. Est-ce que vous avez déjà été membre du HVO ?

7 R. Oui.

8 Q. Pourriez-vous dire à la Chambre à quel moment vous avez rejoint les

9 rangs du HVO ?

10 R. Je ne sais pas exactement, je crois que c'était en avril ou peut-être

11 au mois de juin en 1992.

12 Q. Et vous étiez membre de quelle unité ?

13 R. Commune locale de Blasina -- Lasva.

14 Q. Et où était cantonnée cette unité ?

15 R. A Lasva.

16 Q. La région de Lasva était peuplée par des citoyens de quelle

17 appartenance ethnique s'agissant des années 1991 [sic] et 1992 [sic] ?

18 R. Elle était peuplée de Croates, de Serbes, et de Musulmans.

19 Q. Quel était le groupe ethnique qui était majoritaire à la fin de l'année

20 1992 et au début de l'année 1993 ?

21 R. C'étaient des Musulmans.

22 Q. Et quel était le groupe ethnique suivant dans le sens de largeur ?

23 R. C'est probablement les Croates.

24 Q. Puisque vous étiez membre du HVO, dites-nous quelle était votre

25 position dans le HVO au début de l'année 1993 ?

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1 R. J'étais chef de compagnie.

2 Q. Et qui était votre commandant à l'époque ?

3 R. C'était Zvonko Rajic.

4 Q. [aucune interprétation]

5 L'INTERPRÈTE : Est-ce que le témoin pourrait se rapprocher du micro, s'il

6 vous plaît.

7 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Témoin, il vous est demandé de vous

8 approcher un peu du micro parce que la cabine d'interprétation a des

9 difficultés. Donc approchez-vous un petit peu. Voilà, merci.

10 M. WITHOPF : [interprétation]

11 Q. S'agissant de la situation qui prévalait dans la vallée de Lasva en 1992

12 et 1993, pourriez-vous décrire à la Chambre quelle était la situation à

13 l'époque dans la vallée de Lasva ?

14 R. Les habitants de la vallée de Lasva au cours de cette période ne se

15 faisaient pas tellement confiance. La situation était assez tendue.

16 Q. Pourriez-vous nous parler des tensions qui existaient par exemple au

17 mois de janvier 1993 dans la région de la vallée de Lasva ?

18 R. Etant donné qu'il y a un bon nombre d'incidents qui c'étaient passés

19 dans la vallée de Lasva, les tensions étaient assez importantes.

20 Q. Pourriez-vous, plutôt vous avez dit à la Chambre de première instance

21 que vous étiez né à Brdo, dites-nous où habitiez-vous au mois de janvier

22 1993 ?

23 R. J'habitais Brdo.

24 Q. Au mois de janvier 1993, le village de Brdo avait l'objet d'une

25 attaque, n'est-ce pas ?

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1 R. Oui.

2 Q. Pourriez-vous informer la Chambre de première instance à quel moment

3 cette attaque a-t-elle eu lieu ?

4 R. C'était dans la deuxième partie du mois de janvier, très tôt le matin.

5 Q. C'était dans la deuxième partie du mois de janvier 1993.

6 R. Oui. C'est exact.

7 Q. Pourriez-vous dire à la Chambre de première instance qui était les

8 personnes qui avaient mené l'attaque ?

9 R. C'était l'armée de Bosnie-Herzégovine.

10 Q. Ce jour-là donc dans la deuxième partie du mois de janvier 1993,

11 pourriez-vous nous dire ce qui s'est passé ?

12 R. C'était tôt le matin. Je dormais dans ma maison. J'ai été réveillé par

13 des coups de feu. Les coups de feu semblaient venir de partout. On

14 entendait des armes d'infanterie légère pour la plupart, mais il y avait

15 quelques détonations plus fortes également.

16 Je ne sais pas combien de temps tout cela a pu durer, mais je sais que,

17 lorsque je me suis réveillé, il faisait encore nuit et, après un certain

18 temps, il faisait déjà jour et j'ai entendu des voix. En fait, il y avait

19 quelqu'un qui m'appelait. J'ai reconnu en effet la voix de ma femme. Elle

20 m'appelait pour me dire que nous devions nous rendre, que nous devrions

21 sortir, qu'ils n'allaient nous faire, que rien n'allait nous arriver et

22 que, si nous sortions, on allait arrêter de tirer.

23 Je suis donc sorti avec un fusil et je me suis dirigé vers mon ancienne

24 maison. J'ai remarqué qu'il y avait beaucoup de soldats de l'armée de

25 Bosnie-Herzégovine tout autour, tous les fusils étaient pointés vers moi.

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1 Je leur ai dit de ne pas tirer, et j'avais un fusil entre les deux mains.

2 Je suis donc arrivé devant mon ancienne maison et, devant mon ancienne

3 maison, il y avait un soldat de l'armée de Bosnie-Herzégovine, il était

4 allongé là. Je me suis approché de lui et j'ai remarqué qu'il était

5 recouvert de sang, et un soldat de l'armée de la Bosnie-Herzégovine m'a

6 aidé. J'avais proposé qu'on le sorte sur la route principale, afin que l'on

7 puisse lui administrer une aide.

8 Nous l'avons donc traîné jusqu'à la route et une voiture devait arriver

9 pour venir le transporter vers le premier hôpital afin que l'on puisse lui

10 administrer une aide médicale. Pendant que nous le transportions, je

11 n'avais pas remarqué qu'il donnait signe de vie. Ensuite, accompagné de

12 quelques soldats musulmans de l'armée de Bosnie-Herzégovine, j'ai poursuivi

13 mon chemin jusqu'à l'aqueduc qui fournissait le village en eau. Il avait

14 beaucoup de soldats de Bosnie-Herzégovine. Et ma femme était là également,

15 et il avait plusieurs autres personnes de Dusina et il faisait partie d'un

16 même groupe.

17 Q. Je vous interromps si je puis, M. Rados, à ce moment-ci, et j'aimerais

18 vous demander la chose suivante. Vous avez dit qu'il y avait un nombre

19 assez important de soldats de l'armée de la Bosnie-Herzégovine. Pourriez-

20 vous donner à la Chambre une évaluation approximative du nombre de soldats

21 qui pouvaient y avoir ?

22 R. Il y avait beaucoup de soldats de mon ancienne maison, et si je

23 regardais vers la maison de Blasko et, autour de ce puits

24 -- ou de cette aqueduc, il y avait peut-être 50 soldats. Il en avait

25 également dans les arrières en direction de Potcimalj [phon].

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1 Q. Est-ce que vous savez qui était le responsable de ces soldats de

2 l'armée de l'ABiH, donc à l'époque au moment des événements à Brdo ?

3 R. Je ne suis pas tout à fait certain d'avoir saisi votre question.

4 Q. J'aimerais savoir quel était votre impression de la personne en charge,

5 est-ce que vous pourriez nous dire à qui -- avec qui vous êtes vous

6 entretenu ?

7 R. Il y avait un soldat de l'armée de Bosnie-Herzégovine j'avais commencé

8 à lui parler. Et nous avons dit tous les deux qu'en réalité il n'aurait pas

9 fallu tirer, qu'il faudrait arrêter de tirer, et qu'il faudrait commencer à

10 se parler. Il a accepté, et il a proposé que je me rende de l'autre côté de

11 la colline de Zenica, c'est là qu'il y avait des soldats du HVO, et je

12 devais trouver un endroit qui serait propice pour parler.

13 Donc nous nous sommes rendus à Vranjaca [phon], ma femme et moi, et c'est

14 là que j'ai vu Zvonko Rajic et je lui ai dit : il faudrait arrêter de

15 tirer, que j'avais déjà parlé avec certains soldats, qu'il fallait qu'il

16 vienne parler avec le soldat de l'armée de Bosnie-Herzégovine en question

17 afin de régler le problème. Nous nous sommes donc mis d'accord là-dessus.

18 Je ne sais pas combien de fois -- à combien de reprises nous étions rendus

19 sur place, mais nous avons dit -- nous nous sommes dit qu'il fallait qu'il

20 vienne chez-moi à la maison pour que nous puissions parler.

21 Et c'est, effectivement, ce qui est arrivé après un certain temps.

22 Q. Qui parlait avec qui dans votre maison ?

23 R. Zvonko Rajic s'entretenait avec l'un des soldats de l'armée de Bosnie-

24 Herzégovine. Tous ces soldats je les voyais pour la première fois de ma

25 vie. Zvonko ne les connaissait pas. Ensuite, nous avons dit qu'il fallait

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1 arrêter de tirer qu'il fallait nous rendre à la commune locale et qu'il

2 fallait trouver les représentants de l'armée de la Bosnie-Herzégovine de

3 Lasva. Et qu'il fallait qu'il trouve un terrain d'entente, afin que l'on

4 puisse régler le problème. L'accord était que les soldats de l'armée de la

5 Bosnie-Herzégovine et du HVO devaient se diviser en deux groupes, qu'ils

6 devaient être mélangés, les uns aux autres, qu'il fallait se rendre à la

7 commune locale de Lasva afin de commencer les pourparlers.

8 Q. Bien. Merci. Dites-nous, connaissez-vous une personne du nom d'Edin

9 Hakanovic ?

10 R. Oui. Il était avec moi dans ma maison. Je crois qu'il s'était rendu

11 avec moi à Vranjaca et il était revenu pour informer les soldats de la BiH

12 qu'un accord -- en fait, qu'on était d'accord afin de nous rencontrer dans

13 ma maison pour commencer à mener les pourparlers.

14 Q. Quel était le rôle d'Edin Hakanovic pendant les négociations qui ont eu

15 lieu dans votre maison ?

16 R. Nous n'avons pas parlé beaucoup entre nous. Zvonko Rajic, un autre

17 soldat de l'armée de Bosnie-Herzégovine s'entretenaient l'un avec l'autre,

18 et nous regardions le tout. Je ne sais pas ce que Zvonko a dit à Edin

19 Hakanovic, mais nous étions d'accord pour nous rendre à Lasva, nous tous

20 ensemble et que nous devions faire deux groupes afin de continuer les

21 pourparlers à Lasva.

22 Q. Il y a quelques minutes, Monsieur Rados, vous avez dit que l'armée de

23 la BiH et leurs soldats sont arrivés avec les civils de Dusina. Pouvez-vous

24 décrire à la Chambre de première instance la situation exacte concernant

25 ces civils de Dusina ?

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1 R. Lorsque je suis arrivé à cet endroit qui approvisionnait la ville en

2 eau, je ne sais pas si tous les habitants étaient là, mais la plupart

3 d'entre eux se trouvaient à cet endroit-là. D'une part, ils étaient

4 entourés de soldats de l'ABiH. Je me suis entretenu avec ma femme, et elle

5 m'a dit qu'ils ne s'étaient pas présentés de façon volontaire, mais qu'ils

6 étaient forcés à venir là. Elle avait dit également que deux soldats

7 avaient trouvé la mort et que deux soldats avaient été blessés. Et que l'on

8 s'était servi d'eux comme boucliers humains.

9 Q. Monsieur Rados, vous venez de nous dire que suite aux négociations qui

10 ont eu lieu dans votre maison, un groupe d'éléments du HVO s'était divisé

11 en deux. Pouvez-vous dire à la Chambre à quel groupe vous apparteniez.

12 R. J'étais dans un groupe mêlé aux éléments de l'armée de Bosnie-

13 Herzégovine qui ont emprunté la route principale jusqu'à Lasva tandis que

14 l'autre groupe se dirigeait vers le même objectif, mais via Vranjaca.

15 Q. Est-ce que Zvonko Rajic a été avec vous dans le même groupe ?

16 R. Oui.

17 Q. Et pendant que vous étiez escortés par ces éléments de l'armée du ABiH,

18 Zvonko Rajic, que faisait-il ?

19 R. Je ne comprends pas la question. Elle ne m'est pas très claire.

20 Q. Vous avez fait partie de ce groupe. Vous étiez mêlé aux éléments de

21 l'ABiH. Dites-nous, est-ce que quoi que ce soit est arrivé à Zvonko Rajic.

22 R. Nous nous étions dirigés vers Lasva, et à un certain moment, nous nous

23 sommes trouvés devant la maison de Hazim Hakanovic. Ainsi quelqu'un des

24 soldats de l'armée de BiH nous a dit que l'on devait retourner parce qu'il

25 y avait un piège. Zvonko Rajic, quant à lui, disait qu'il n'y avait

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1 personne là-bas et qu'il ne fallait pas avoir peur, qu'il fallait aller

2 droit dans la communauté locale et que c'est là qu'on continuerait à

3 négocier. Ensuite, Mijo Ljubicic et un soldat de l'armée de Bosnie-

4 Herzégovine devaient avancer jusqu'à Lasva pour s'assurer qu'il n'y avait

5 rien sur la route. Et les soldats de l'armée de Bosnie-Herzégovine nous ont

6 proposé de retourner. Au départ, nous ne voulions pas, mais comme il nous

7 semblait qu'il n'y avait pas d'autre choix.

8 Nous sommes arrivés au carrefour, et après 2 -- 20 à 30 minutes -- mètres,

9 les soldats de Bosnie-Herzégovine ont sauté de côté, ils ont braqué leurs

10 armes sur nous et ils nous ont demandé de jeter nos armes. Moi, je n'avais

11 pas d'arme. J'avais laissé mon arme devant ma vieille maison quand j'ai vu

12 le soldat qui était -- qui avait été mort. Ils nous ont pris les armes, ils

13 ont commencé à nous menacer, nous demander : "Pourquoi vous avez besoin de

14 tout cela ?" Nous marchions devant eux. Ils étaient derrière nous jusqu'à

15 la maison d'Esad Barucija. En ce moment-là, Zvonko Rajic s'est séparé et a

16 commencé à fuir dans l'autre sens, dans le sens opposé. L'un des soldats de

17 l'armée de Bosnie-Herzégovine a réagi et a tiré plusieurs balles --

18 plusieurs coups. Je ne me souviens plus combien. Je ne pouvais plus voir

19 Zvonko, mais je l'ai entendu gémir, et il semblait avoir été touché.

20 Ensuite, ils nous ont donné l'ordre d'aller le chercher parce qu'il ne

21 pouvait pas marcher. Je ne me souviens plus qui est allé, mais quelqu'un

22 l'a aidé à nous rejoindre et j'ai remarqué qu'il était blessé à la jambe.

23 Ils nous ont dit alors de le transporter en prenant la même route par

24 laquelle nous étions venus. Donc nous avons rebroussé chemin.

25 Q. Je dois vous interrompre pour --

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1 R. [aucune interprétation]

2 Q. Dites-nous seulement à qui a-t-il été dit d'aller le chercher, de le

3 transporter ? Est-ce que vous vous étiez un de ceux qui l'ont transporté ?

4 R. Pendant que Zvonko était transporté, on devait se changer parce que

5 Zvonko était un homme assez fort et lourd. Et quelque part avant mon

6 ancienne maison, il y a un grand poirier. Nous avons laissé Zvonko par

7 terre pour que l'on se change -- pour que ceux qui le portent changent de

8 rôle. A ce moment-là, un groupe de soldats de l'armée de Bosnie-Herzégovine

9 venait du sens opposé. En fait, ils couraient vers nous. Et une fois

10 arrivée, ils ont commencé à donner des coups de pied à Zvonko. Cela n'a pas

11 duré longtemps. Et un de ces soldats, qui étaient venus, avait sorti une

12 arme, une petite arme. Et il a tiré sur Zvonko. C'était une arme

13 automatique. J'ai remarqué, pendant qu'il tirait ces coups de feu,

14 quelqu'un d'autre essayait de frapper Zvonko encore. Et je pense qu'un

15 autre élément de l'armée de Bosnie-Herzégovine a été à son tour touché au

16 pied, je crois aux orteils.

17 Q. Monsieur Rados, lorsque Zvonko Rajic a été touché par un soldat de

18 l'armée du BiH, vous étiez à quelle distance ?

19 R. Pas plus d'un mètre et demi, deux mètres, entre un mètre et deux mètres

20 pas plus.

21 Q. Et où ce soldat avait-il touché Zvonko Rajic ?

22 R. Le témoin montre de son bras la partie à gauche et en haut du corps.

23 Q. Est-ce que vous pouvez dire quelle partie du corps ?

24 R. C'était une rafale tirée sur la poitrine, sur la partie supérieure de la

25 poitrine, près du cou.

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1 Q. Est-ce que "rafale" veut dire que ce soldat de l'armée du BIH avait

2 tiré de sa mitraillette une série de balle. Auriez-vous une idée

3 approximative du nombre de balles ?

4 R. L'arme -- cette arme de ce soldat était une arme automatique. Par la

5 suite, j'ai entendu parce que je ne le savais pas que c'était une arme

6 automatique appelée Scorpion.

7 Q. Est-ce que ce Zvonko Rajic était toujours vivant après avoir été touché

8 dans la région -- à la poitrine ?

9 R. Non, il ne faisait plus signe de vie. Je crois qu'il était déjà mort.

10 Q. [aucune interprétation]

11 R. En ce moment-là ce soldat de l'armée de Bosnie-Herzégovine tenait

12 toujours son arme dans sa main et je me suis approché de lui en lui disant

13 qu'il ne devait plus tirer, tout ce qu'il voulait savoir, c'est moi qui

14 pourrait le lui dire. La première chose qu'il m'a demandé, ils m'ont

15 demandé, "Où se trouvait le VBR ?"

16 Q. Est-ce que je peux vous interrompre ici, Monsieur Rados, est-ce que

17 vous savez -- est-ce que vous connaissez le nom de ce soldat de l'armée de

18 la Bosnie-Herzégovine qui avait tiré sur Zvonko Rajic ?

19 R. Non, je ne l'avais pas vu auparavant. Je n'en savais pas le nom, mais

20 par la suite, j'ai appris qu'il s'appelait Patkovic.

21 Q. Qui vous a dit que son nom de famille était Patkovic ? Qui vous l'a

22 dit ?

23 R. Je ne suis pas sûr qui me l'ai dit mais tout le monde parlait de

24 Patkovic. C'est par la suite que j'ai appris son nom et une fois que nous

25 avons quitté Zenica ou peut-être encore à Zenica. Mais probablement plus

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1 tard, une fois que j'ai quitté Zenica.

2 Q. Après avoir quitté Zenica, vous dites c'est quelle période ?

3 R. A compter du jour où cela est arrivé, quelques deux à trois semaines

4 après.

5 Q. Mais après le meurtre de Zvonko Rajic, où êtes-vous allé, escorté par

6 les éléments de l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

7 R. Puisque ils nous ont ligotés, nous nous sommes dirigés vers Zenica,

8 donc, dans le sens inverse que la première fois. Nous nous sommes donc

9 dirigés vers la confluant de la Lasva et de la Bosna.

10 Q. En ce moment, aviez-vous toujours vos vêtements militaires ?

11 R. Quand Zvonko a été tué, ils nous ont enlevés nos jaquettes et ils ont

12 pris ce qui leur avait plu et je crois qu'à Zvonko, ils avaient pris sa

13 jaquette à lui encore avant. Je ne me souviens pas quand exactement. Je

14 crois déjà la première fois quand ils nous ont dits de rendre nous armes.

15 Q. Qu'ont fait les soldats de l'armée de Bosnie-Herzégovine avec vos

16 jaquettes militaires et vos blouses militaires ?

17 R. Ils les ont prises, ils n'ont pas voulu, ils étaient vieux, mais un des

18 soldats de Bosnie-Herzégovine avait pris mes lunettes, il les a jetés par

19 terre et a marché dessus, il les a brisés.

20 Q. Vous venez de dire à la Chambre que vous aviez été ligotés, vous et les

21 autres soldats du HVO. Qui avait donné l'ordre ? Qui avait donné cet

22 ordre ? Qui commandait les hommes de l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

23 R. C'est l'homme qui a tué Zvonko Rajic, il a donné l'ordre de nous

24 ligoter avec une corde qui se trouvait dans -- au fond des poches des

25 blouses. Et c'est comme ça ligoté, qu'ils nous ont escortés jusqu'au

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1 confluant de la Lasva et de la Bosna.

2 Q. Revenu jusqu'à la rivière de Lasva, qu'est-ce qui est arrivé alors ?

3 R. Là, il y avait un groupe important de soldats de Bosnie-Herzégovine, je

4 les voyais entrer et sortir. Un soldat de l'armée de Bosnie-Herzégovine, un

5 homme assez fort, enfin, en tout cas plus fort que les autres, il a essayé

6 de me frapper, et je sais il m'a jeté à gauche à droite et contre un mur.

7 Ensuite, un autre soldat plus jeune, armé d'un pistolet est venu, et il a

8 braqué son pistolet contre ma tempe. Je sais qu'en ce moment-là, j'ai vu

9 Hazim Barucija, qui était membre de l'armée de Bosnie-Herzégovine de Lasva.

10 Cela a duré très peu de temps. Ensuite, ils nous ont faits monter, ils nous

11 ont embarqués dans un car et nous ont escortés jusqu'à Zenica.

12 Q. Je vous arrête là, vous venez de parler, vous venez de dire qu'à Lasva

13 se trouvait un grand nombre d'éléments de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

14 Pouvez-vous nous dire plus concrètement, d'après votre mémoire, qu'elles

15 étaient ces unités auxquelles appartenaient ces soldats.

16 R. Tous ces soldats, je ne pouvais pas les reconnaître. C'étaient des gens

17 que je ne connaissais pas. Mais plus tard, j'ai entendu que c'était le

18 bataillon de la Zeljeznicki.

19 Q. Pouvez-vous dire à la Chambre qu'est-ce que veut dire l'abréviation

20 "MOS".

21 R. Je crois que ça veut dire "les forces armées musulmanes".

22 Q. Vous venez de dire que vous étiez embarqués dans des cars. Est-ce que

23 c'était de votre propre gré ? Est-ce que vous aviez un choix ? Est-ce qu'on

24 vous a embarqués de votre propre gré ?

25 R. Non. Je sais que certains disaient que nous devions nous rendre dans le

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1 pénitencier. C'étaient des éléments de l'armée de Bosnie-Herzégovine qui le

2 disaient. D'autres disaient que l'on devait passer dans un autre car. Je ne

3 savais pas où on se dirigeait à ce moment-là.

4 Q. Est-ce qu'en ce moment-là, vos mains étaient toujours ligotées ?

5 R. Oui.

6 Q. Est-ce que les mains étaient ligotées aussi -- est-ce que les autres

7 soldats du HVO avaient les mains ligotées ?

8 R. Oui.

9 Q. Est-ce qu'à l'intérieur des autocars vous étiez toujours escortés par

10 les soldats de l'armée de la Bosnie-Herzégovine ?

11 R. Oui. Ils n'étaient pas très nombreux, mais il y en avait à l'intérieur,

12 à bord de l'autocar.

13 Q. Où vous a-t-on emmenés ?

14 R. On a traversé le pont de la Lasva. On avait emprunté ensuite

15 l'autoroute jusqu'à Zenica. Nous sommes entrés directement en quittant

16 l'autocar dans le bâtiment qui se trouvait, je l'avais remarqué, près du

17 parc de la ville de Zenica. Et c'est alors, me semble-t-il, je crois que

18 c'était probablement le premier étage.

19 L'INTERPRÈTE : Le témoin a dit en anglais.

20 R. Il y avait les bancs -- les bancs pour les élèves. Et c'est là où ils

21 nous ont dit de nous asseoir, et nous nous sommes assis.

22 Q. Je vais vous interrompre. Ce bâtiment, dans lequel vous avez été

23 emmenés, est-ce que ce bâtiment avait un nom à ce moment-là ?

24 R. Je sais -- je sais que c'est une école musicale. C'est comme ça qu'on

25 l'appelait. Je ne sais pas si c'était vraiment ça, mais tout le monde

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1 l'appelait école de musique.

2 Q. Quand vous avez été emmenés dans ce bâtiment que tout le monde appelait

3 école de musique, qu'est-ce qui vous est arrivés ?

4 R. Et bien, on nous y a emmenés, on nous a fait entrer dans une pièce où

5 il y avait des bancs pour les élèves. Nous nous sommes assis, et je ne sais

6 pas exactement si c'était avant ou après quelques minutes, un soldat de

7 l'armée de Bosnie-Herzégovine est entré et il nous a giflé tous. Et après

8 cela, ils nous ont déligotés, ils nous ont libéré nos mains.

9 Q. Après avoir giflé chacun de vous et après avoir libéré vos mains, ce

10 soldat qu'est-ce qu'il a fait ? Qu'est-ce qui s'est passé ensuite ?

11 R. Nous sortions un par un de cette pièce. Moi, j'étais le dernier à

12 quitter la pièce.

13 Q. Est-ce que vous savez où ces personnes étaient emmenées après avoir

14 quitté cette pièce ?

15 R. Ils étaient partis probablement pour un interrogatoire, mais j'avais

16 remarqué que comme ils rentraient, à en juger d'après leur allure, d'après

17 leur démarche et d'après leur comportement, et on nous l'avait dit

18 d'ailleurs déjà, qu'ils avaient été battus.

19 Q. Est-ce que vous avez été interrogé vous aussi ?

20 R. Oui.

21 Q. Que vous est arrivé durant cet interrogatoire ?

22 R. Un soldat de l'armée de Bosnie-Herzégovine m'escortait. On montait un

23 escalier jusqu'au deuxième étage. Je ne me souviens plus. Et à mi-chemin,

24 un autre soldat m'a donné un coup de crosse de son fusil, dans mon dos.

25 Nous sommes entrés dans une pièce où se trouvait un homme vêtu d'un

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1 uniforme, de 30 à 40 ans. Il avait des cheveux noirs, une barbe.

2 Et tandis que la porte se fermait, le soldat qui m'avait escorté, il m'a

3 frappé. Il m'a donné un coup de crosse dans le dos. Et je lui ai dit

4 d'arrêter parce que tout ce qui l'intéresse, et si je le sais, je le

5 dirais. Il n'avait pas besoin de me battre. Il ne me battait plus, mais

6 l'autre personne qui se trouvait dans la pièce, il a commencé à me poser

7 des questions.

8 Q. Est-ce que vous avez été battu en présence de la personne qui vous

9 interrogeait ?

10 R. Non, non, je ne crois pas.

11 Q. Après la fin de l'interrogatoire, qu'est-ce qui est arrivé alors ?

12 R. Je suis parti avec un autre soldat de l'armée de Bosnie-Herzégovine,

13 dans une autre pièce, qui était rangée de façon à faire croire qu'on y

14 mangeait, que c'était une salle à manger. Et le soldat qui s'y trouvait m'a

15 encore frappé au cou. Mais je ne suis pas sûr si c'était avec son fusil ou

16 avec un autre objet. A lui aussi, je lui ai dit qu'il n'avait pas besoin de

17 me battre, que je dirais tout ce que je savais.

18 Q. Quand ce soldat vous a frappé et après cela, qu'est-ce qui est arrivé à

19 vous et aux autres soldats du HVO qui avaient été emmenés dans le bâtiment

20 connu sous le nom de l'école musicale ?

21 R. Après l'interrogatoire, ils nous ont transférés dans la cave de ce

22 bâtiment.

23 Q. Dans cette cave, dans le même bâtiment, est-ce qu'il y avait d'autres

24 personnes.

25 R. Il y avait trois soldats, trois hommes, membres du HVO de Drivusa, et

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1 qui avaient été emmenés la nuit précédente à ma connaissance. Ils étaient

2 apeurés, ils étaient très émus.

3 Q. Quand vous avez été emmené dans cette pièce, qu'est-ce qui est arrivé à

4 vous et aux autres soldats du HVO ?

5 R. Je ne me souviens plus si c'était cette nuit-là ou la nuit suivante.

6 Deux soldats sont venus avec une sorte de liste entre les mains, et ils

7 font lecture, et sur sa liste figurait les noms de Viktor Rajic et de moi-

8 même. Ils ont dit à tous les autres de se tourner vers le dos, de mettre

9 leurs bras sur le dos, ils ont commencé à battre Viktor Rajic, ils l'ont

10 battu, je ne sais pas combien de temps, à coups de pied, à coups de main, à

11 coups de poing, et ils ne se sont arrêtés que lorsqu'il a commencé à

12 saigner du visage. Il a saigné abondamment.

13 Q. Excusez-moi. Permettez-moi de vous interrompre. Ces soldats qui le

14 battaient, à quelle armée appartenaient-ils ?

15 R. Il était très difficile de le reconnaître. Je sais que l'un d'entre eux

16 portait des bottes, tandis que les autres portaient des tennis, des

17 chaussures de tennis, l'un d'entre eux était grand, l'autre était moins

18 grand. Celui qui était moins grands avait un foulard sur le visage de sorte

19 qu'on ne pouvait voir que ses yeux.

20 Et après avoir cessé de battre Viktor, ils ont commencé à me battre, moi.

21 Et ils m'ont frappé à coups de pied, de coups de poing dans les côtes, ils

22 n'étaient pas contents, il a -- l'un d'entre eux a sorti une corde, il m'a

23 ligoté les deux pouces il m'a mis les bras haut dans le dos, et m'a attaché

24 tout autour et sous le cou. Ils ont pris un objet en bois qui ressemblait à

25 un bâton de baseball, ils ont commencé à me frapper sur les côtes, je ne

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1 sais pas combien de temps et combien de fois m'ont-ils frappé, mais ils se

2 sont arrêtés quand quelque chose s'est cassé. Après quoi, je n'ai reçu

3 qu'un seul coup de pied par l'homme qui portait des tennis.

4 Q. Monsieur Rados, nous nous arrêterons là. Et demain matin, je

5 continuerai l'interrogatoire.

6 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, l'Accusation d'avoir constaté qu'il est 11

7 heures 30. Donc Monsieur le Témoin, vous reviendrez demain matin.

8 L'audience reprend demain à 9 heures. Donc venez dès 8 heures 45.

9 Normalement on aurait dû continuer jusqu'à 2 heures 15, mais en raison du

10 calendrier de cette salle, on est obligé de laisser la place pour un autre

11 procès qui va commencer à midi. Donc je vous remercie donc d'être venu et

12 nous nous revoyons demain.

13 Je vais demander à Madame l'Huissière, de raccompagner le témoin à la

14 porte.

15 [Le témoin se retire]

16 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien l'audience de ce jour est terminée, donc nous

17 nous retrouvons demain à 9 heures.

18 --- L'audience est levée à 11 heures 32 et reprendra le mercredi 17

19 décembre 2003, à 9 heures 00.

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