International Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le jeudi 26 février 2004

2 [Audience publique]

3 --- L'audience est ouverte à 14 heures 24.

4 [L'accusé est introduit dans le prétoire]

5 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, s'il vous plaît, appelez le

6 numéro de l'affaire.

7 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, il s'agit de

8 l'affaire IT-01-47-T, le Procureur contre Enver Hadzihasanovic et Amir

9 Kubura.

10 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci Monsieur le Greffier, je demande à

11 l'Accusation de se présenter.

12 M. WITHOPF : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Bonjour,

13 conseils de la Défense. Pour l'Accusation, Daryl Mundis, Ekkehard Withopf

14 et Kimberly Fleming, notre assistante d'audience.

15 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Monsieur Withopf.

16 Je me tourne vers les Défenseurs.

17 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Bonjour

18 Madame, Monsieur les Juges. Pour la Défense du général Enver

19 Hadzihasanovic, Edina Residovic, conseil principal; Stéphane Bourgon, co-

20 conseil; et l'assistant juridique.

21 M. IBRISIMOVIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Pour la

22 Défense de M. Kubura, Rodney Dixon, Fahrudin Ibrisimovic et M. Mulalic,

23 assistant juridique.

24 M. LE JUGE ANTONETTI : Je vous remercie. La Chambre salue toutes les

25 personnes présentes, les représentants de l'Accusation, les avocats, les

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1 accusés, ainsi que tout le personnel de cette salle d'audience.

2 Je vais demander à Monsieur le Greffier de passer à huis clos partiel.

3 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, nous sommes à huis

4 clos partiel.

5 [Audience à huis clos partiel]

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10 [Audience publique]

11 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, nous sommes à

12 nouveau en audience publique.

13 M. LE JUGE ANTONETTI : Alors, l'audience se poursuit ce jour.

14 Il nous a été indiqué hier soir qu'il y avait trois témoins disponibles.

15 Est-ce que l'Accusation peut nous présenter l'ordre des témoins ?

16 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président, c'est exact, trois

17 témoins sont disponibles aujourd'hui.

18 Quant à l'ordre de comparution, je vous demanderais que nous en discutions

19 à huis clos partiel.

20 M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien, Monsieur Withopf. Nous repassons à huis

21 clos partiel.

22 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, nous sommes à huis

23 clos partiel.

24 [Audience à huis clos partiel]

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19 [Audience publique]

20 M. LE JUGE ANTONETTI : Je n'ai pas encore le petit logo sur mon écran. Oui,

21 le voilà, nous sommes en audience publique. Vous nous indiquez que vous

22 voulez verser deux cassettes, mais, de mémoire, cela concerne un témoin qui

23 a fait l'objet de mesures de protection. Il faut repasser en audience -- à

24 huis clos. Alors, Monsieur le Greffier, nous repassons -- ce n'était pas le

25 cas ?

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1 M. WITHOPF : [interprétation] M. Zivko Totic n'avait pas demandé aucune

2 mesures de protection. Il a témoigné en publique.

3 M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien. Alors, présentez les deux cassettes.

4 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Monsieur les

5 Juges, la séquence vidéo, qui a été soumise au témoin, Zivko Totic, a pu

6 isolé par nos soins et est copiée sur un CD. Les deux séquences concernées

7 se trouvent sur un CD, et les neuf copies, qui en ont été faites, peuvent

8 être distribuées aux personnes intéressées dans ce prétoire. La dernière

9 fois, la Défense a insisté, à maintes reprises, pour que l'Accusation

10 diffuse, une nouvelle fois, une séquence. Nous sommes prêts d'agir de même

11 aujourd'hui. La séquence concernée ne dure que cinq minutes, à peu près.

12 M. LE JUGE ANTONETTI : Je me tourne vers la Défense. L'Accusation,

13 conformément à votre demande, souhaiterait repasser les séquences, puisque

14 sur cette cassette, nous avons, en réalité, deux vidéos. Maître Bourgon,

15 pas d'hostilité -- d'opposition à la diffusion, à nouveau, des deux

16 séquences ?

17 M. BOURGON : Monsieur le Président, aucune objection de la part de la

18 Défense. Merci.

19 M. LE JUGE ANTONETTI : Alors, je me tourne vers les services techniques de

20 l'Accusation afin de lancer les bobines. Théoriquement, on va voir

21 apparaîtrent sur nos écrans les deux vidéo.

22 M. BOURGON : Monsieur le Président, la Défense n'a aucune objection que

23 cela soit introduit immédiatement en preuve sans avoir à les regarder de

24 nouveau, pour une économie de temps tout simplement, Monsieur le Président.

25 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. La Chambre remercie la Défense de vouloir

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1 faire l'économie de temps et, dans ces conditions, Monsieur le Greffier,

2 donnez un numéro pour cette cassette qui, en réalité, concerne deux

3 séquences.

4 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, il s'agira de la

5 pièce à conviction -- des pièces à conviction B69 et B70 -- P69 et P70.

6 M. LE JUGE ANTONETTI : Cette pièce est enregistrée sous les numéros P69 et

7 P70.

8 Merci, Monsieur le Greffier.

9 Nous allons procéder à l'audition du témoin, Dragan Radic, et je vais

10 demander à Mme l'Huissière d'aller chercher ce témoin.

11 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

12 M. LE JUGE ANTONETTI : Bonjour, Monsieur Dragan Radic. Est-ce que vous

13 entendez mes propos dans votre langue ?

14 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

15 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Comme vous avez été appelé à comparaître en

16 qualité de témoin, en vue de la prestation de serment, indiquez-moi votre

17 nom et prénom.

18 LE TÉMOIN : [interprétation] Je m'appelle Dragan Radic. Je viens de Guca

19 Gura, non loin de Travnik.

20 M. LE JUGE ANTONETTI : Quelle est votre date de naissance et votre lieu de

21 naissance ?

22 LE TÉMOIN : [interprétation] Le 5 novembre 1963, à Guca Gora.

23 M. LE JUGE ANTONETTI : Quelle est votre profession actuelle ?

24 LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis technicien médical.

25 M. LE JUGE ANTONETTI : En 1993, il y a plus de dix ans, quelle était en

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1 1993, votre profession à l'époque ?

2 LE TÉMOIN : [interprétation] J'étais aussi technicien médical.

3 M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien. Est-ce que vous avez déjà témoigné devant

4 un tribunal, soit un tribunal national ou un tribunal international, ou

5 c'est la première fois que vous venez témoigner devant un tribunal ?

6 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est la première fois.

7 M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien. Comme vous témoignez en justice, il faut

8 prêter serment et je vous demande de lire, dans votre langue, le texte que

9 vous présente Mme l'Huissière.

10 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

11 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

12 M. LE JUGE ANTONETTI : Je vous remercie. Vous pouvez vous asseoir.

13 LE TÉMOIN: Dragan Radic [Assermenté]

14 [Le témoin répond par l'interprète]

15 M. LE JUGE ANTONETTI : Je vais vous donner quelques explications sur la

16 façon dont va se dérouler cette audience.

17 Vous allez devoir répondre à des questions qui vont vous être posées par

18 les représentants de l'Accusation. Les représentants de l'Accusation sont

19 situés à votre droite, un des deux personnes qui sont à votre droite. Il

20 est prévu, d'après les documents que nous avions sur les témoins, que vous

21 allez -- il est prévu une heure et demie d'interrogatoire grosso modo.

22 A la fin des questions qui seront posées par l'Accusation, les avocats des

23 accusés, mais, notamment, un seul accusé, vous posera des questions dans le

24 cadre de questions qui visent d'abord à vérifier que vous êtes un témoin

25 crédible et, par ailleurs, des questions qui sont pertinentes pour la

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1 Défense des accusés.

2 Les trois Juges, qui sont devant vous, peuvent, à tous moments s'ils

3 estiment nécessaire, vous poser aussi des questions, afin de préciser des

4 points que vous serez amené à indiquer vos réponses à des questions de

5 l'Accusation. Cela peut arriver et cela dépendra de la façon dont vous

6 répondrez.

7 Essayez, dans la mesure du possible, de répondre de manière complète et

8 précise car c'est votre témoignage oral qui servira à éclairer la

9 manifestation de la vérité pour les Juges, qui sont devant et qui n'ont que

10 votre témoignage oral, allocution confortée par des pièces que

11 l'Accusation, peut demander à être versées à la procédure, qui nous servira

12 pour éventuellement établir la valeur probante de votre témoignage.

13 Par ailleurs, comme vous avez prêté serment, vous devez dire la vérité et

14 ne pas mentir. Il est prévu, en cas de faux témoignage, des peines qui

15 peuvent, le cas échéant, être prononcées à l'encontre du témoin qui fait un

16 faux témoignage. Les peines sont des peines d'amende et cela peut aller

17 jusqu'à une peine de prison qui peut être fixée au plafond de cette année.

18 Mais, comme vous avez prêté serment, bien entendu, a priori, on exclut

19 cette possibilité.

20 Par ailleurs, dans le cours des réponses que vous serez amené à faire, il

21 peut arriver, à un moment donné, selon les questions, que vous soyez amené

22 à fournir des éléments qui pourraient être retournés un jour contre vous si

23 vous avez commis un acte quelconque. Alors, dans ce cas, vous pouvez dire

24 que vous ne voulez pas répondre. Si la Chambre vous oblige à répondre, à ce

25 moment-là, la Chambre, grâce aux règlements de procédure, peut vous

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1 indiquer que votre réponse ne sera pas utilisée contre vous.

2 Voilà, s'il y a une difficulté quelconque, vous nous poser le problème et

3 nous sommes là pour y répondre.

4 Vous avez bien compris ?

5 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

6 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci de m'avoir écouté et je me tourne vers les

7 représentants de l'Accusation. Je pense que c'est M. Withopf qui va

8 procéder à l'interrogatoire principal.

9 M. WITHOPF : [hors micro]

10 L'INTERPRÈTE : Microphone, s'il vous plaît.

11 M. WITHOPF : [interprétation] Je m'excuse.

12 Interrogatoire principal par M. Withopf :

13 Q. Monsieur Radic, bonjour.

14 R. Bonjour.

15 Q. Monsieur Radic, vous venez d'informer la Chambre de première instance

16 que vous êtes natif de Guca Gora. Auriez-vous l'amabilité d'indiquer à la

17 Chambre de première instance où vous avez été élevé.

18 R. J'ai été élevé à Guca Gora.

19 Q. Où avez-vous -- où viviez-vous en 1992 et au début de 1993 ?

20 R. A Guca Gora.

21 Q. Monsieur Radic, avez-vous jamais été membre de l'armée populaire

22 yougoslave la JNA ?

23 R. Oui.

24 Q. Pourriez-vous informer la Chambre de première instance à quelle date

25 vous avez fait partie de la JNA, et à quelle date vous avez quitté la JNA ?

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1 R. C'est en 1985, que je suis entré à la JNA, et j'y suis resté jusqu'à

2 1986.

3 Q. Monsieur Radic est-ce que vous avez jamais été membre du HVO ?

4 R. Oui.

5 Q. Pourriez-vous indiquer à la Chambre de première instance, à quelle date

6 vous avez rallié le HVO.

7 R. Le 8 avril 1992, c'est en cette date que je suis devenu membre du HVO

8 et que j'ai prononcé la déclaration solennelle.

9 Q. Pourriez-vous informer la Chambre de première instance, Monsieur Radic

10 à quelle unité militaire du HVO vous apparteniez en 1992, en avril 1992.

11 R. C'était la Brigade de Travnik.

12 Q. Lorsque vous avez rallié le HVO, et en d'autres termes la Brigade

13 Travnik, quelles étaient vos fonctions au sein du HVO ?

14 R. Je devais mettre sur pied un corps médical dans la région de Guca Gora.

15 Q. Quel était le nom de l'unité du HVO, dans la région de Guca Gora ?

16 R. Dans la région de Guca Gora un bataillon a été créé, et il appartenait

17 à la Brigade de Travnik jusqu'au 1er avril 1993, et date à laquelle la

18 Brigade Frankopan a été créée.

19 Q. Est-ce que la Brigade Frankopan avait un poste de commandement à Guca

20 Gura ?

21 R. Oui.

22 Q. Auriez-vous l'amabilité d'informer la Chambre de première instance, à

23 partir de quelle date et jusqu'à quelle date cela fut le cas ?

24 R. Cela fut établi le 1er avril 1993, et cela a existé plutôt jusqu'à la

25 fin du mois de mai 1994.

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1 Q. Pourriez-vous informer la Chambre de première instance où se trouvait

2 exactement ce poste de commandement à Guca Gora.

3 R. Le poste de commandement de la Brigade Frankopan se trouvait dans la

4 veille maison qui faisait partie du monastère de Guca Gora.

5 Q. A votre connaissance cette veille maison que vous venez de décrire

6 comme faisant partie du monastère de Guca Gora, à quelle distance se

7 trouvait-elle, cette vieille maison ?

8 R. Vous entendez à quelle distance du monastère ?

9 Q. Oui.

10 R. Elle faisait partie du monastère, mais nous avions l'habitude de

11 l'appeler "la veille maison," parce qu'elle se trouvait dans un état assez

12 dilapidé.

13 Q. Monsieur Radic, comment décririez-vous les relations entre la population

14 musulmane, et la population croate dans la région de Guca Gora au début de

15 l'année 1993 ?

16 R. Ces relations étaient harmonieuses, jusqu'au moment où des réfugiés ont

17 commencé à arriver. Ils sont arrivés de la Krajina et d'autres endroits,

18 mais jusqu'à cette période, jusqu'au moment de l'arrivée des réfugiés, il

19 n'y avait pas de tension. Ces réfugiés qui arrivaient de la Krajina, de

20 Jajce, et de Karaula?

21 Q. Que s'est-il passé au moment de leur arrivée ?

22 R. Lorsque les gens ont commencé à arriver de la Krajina et lorsqu'ils ont

23 commencé à arriver dans les villages qui se trouvaient autour de Guca Gora,

24 la structure de la population a changé. Alors ils sont arrivés à Maljine, à

25 krpeljici, ou à Radojcici et à Mosor. La structure de la population a

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1 changé, et tout à coup ils ont commencé à ériger des barricades sur les

2 routes, ils ont commencé à établir des postes de contrôle, les gens étaient

3 arrêtés, et fouillés à ces postes de contrôle, et en fait la population

4 locale auparavant avait l'habitude de se déplacer sans aucun problème.

5 Puis, il y a eu quelques provocations d'ordre secondaire.

6 Q. Quelle était l'appartenance ethnique des personnes qui sont arrivées

7 des régions de la Krajina, de Jajce et de karaula ?

8 R. C'était des Musulmans.

9 Q. Monsieur Radic est-ce qu'il y a eu à un moment donné un véritable

10 conflit, qui aurait éclaté entre les Musulmans et les Croates dans la

11 région de Guca Gora ?

12 R. Vous me parlez de la période à laquelle cela s'est passé ?

13 Q. Est-ce qu'il y a eu à un moment donné un véritable conflit, une

14 véritable guerre qui a éclaté entre l'ABiH ?

15 R. Au moment où ils sont arrivés, il y avait déjà une certaine tension

16 dans l'air. Il y avait une certaine crainte et une appréhension ressentie

17 par la population locale musulmane, et la population locale croate

18 également. Il y avait un sentiment de méfiance qui régnait entre les deux,

19 mais personne ne pensait à un conflit. Personne ne parlait d'un conflit

20 éventuel qui aurait pu éclater.

21 Q. Est-ce qu'à un moment donné Guca Gora fut l'objet d'attaque ?

22 R. Oui, vers la fin du mois d'avril des tirs de feu, des coups de feu des

23 tirs ont éclaté et en fait c'était les Musulmans de Radojcici et à Guca

24 Gura nous ne comprenions pas ce qui arrivait, nous entendions ces tirs

25 provenant de Radojcici. Ils étaient en fait dirigés contre nous. Puis vers

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1 la fin du mois d'avril il y a eu des tirs, des coups de feu qui ont été

2 tirés par des Musulmans et ce à partir de Donje Maljine.

3 Q. Est-ce qu'il y a eu une seconde vague de coup de feu Monsieur Radic au

4 moment où Guca Gora a été attaqué ?

5 R. Guca Gora a été attaqué le 8 juin.

6 Q. Est-ce qu'il s'agissait du 8 juin 1993 ?

7 R. Oui.

8 Q. Pourriez-vous indiquer à la Chambre de première instance quelle armée a

9 attaqué Guca Gora le 8 juin 1993 ?

10 R. La 306e Brigade de montagne et la 7e Brigade musulmane, et d'après

11 nous, il s'agissait d'unité du 3e Corps à l'époque.

12 Q. Le 3e Corps de quelle armée ?

13 R. De l'armée des Bosniens.

14 Q. Il s'agissait de l'ABiH ?

15 R. Oui.

16 Q. Pourriez-vous expliquer à la Chambre de première instance comment vous

17 avez appris qu'il s'agissait de la 306e Brigade de Montagne et de la 7e

18 Brigade musulmane qui ont participé à l'attaque contre Guca Gora en la date

19 du 8 juin 1993 ?

20 R. Nous l'avons appris de la part des Musulmans locaux, qui nous avaient

21 dit que la 7e Brigade avait été formée à Zenica et que les membres de la 7e

22 Brigade étaient essentiellement des Moudjahiddines. Il y avait de nombreux

23 étrangers qui passaient dans nos villages. Il s'agissait de Moudjahiddines.

24 Lorsque Guca Gora est tombé, il y a des civils qui ont été capturés et qui

25 ont été emmenés à Maljine et Mehurici, et quelques jours plus tard, ils ont

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1 fait l'objet d'un échange et c'est ainsi que nous qu'ils nous ont indiqué

2 de quelle unité il s'agissait pour l'attaque.

3 Également, il faut savoir que la station de radio de Travnik avait loué les

4 succès de l'armée de l'ABiH, et Nadja Ridzic a véritablement loué les

5 succès de cette armée, de la 7e Brigade musulmane, de la 306e Brigade de

6 montagne. Elle a dit en fait que les extrémistes du HVO avaient été chassés

7 de Guca Gora et des villages avoisinants. Elle a également indiqué que

8 cette région s'était rendue à l'ABiH, cela nous l'avons entendu sur radio

9 Travnik lorsqu'ils ont été expulsés à Nova Bila.

10 Q. Pourriez-vous indiquer à la Chambre de première instance qui est cette

11 personne qui répond au nom de Nadja Ridzic ?

12 R. C'est une journaliste, elle travaillait pour radio Travnik ainsi que

13 pour la télévision Travnik. A l'époque, elle appelait les Croates

14 extrémistes, elle les traitait d'Oustachi, et elle utilisait ces termes à

15 sa station de radio.

16 Q. Monsieur Radic, vous nous avez expliqué comment vous avez appris qu'il

17 s'agissait de la 7e Brigade. Pourriez-vous également expliquer à la Chambre

18 de première instance ce qui vous a poussé à savoir que la 306e Brigade de

19 montagne avait également participé à l'attaque contre Guca Gora le 8 juin

20 1993 ?

21 R. Le 306e --

22 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, à la page 1424,

23 l'Accusation a répété la même question, et c'est une question à laquelle le

24 témoin a déjà répondu. Je ne vois pas pourquoi il faudrait que la même

25 question soit posée une nouvelle fois au témoin.

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1 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président, je suis tout à fait

2 disposé à reformuler la question.

3 M. LE JUGE ANTONETTI : [Hors micro]

4 M. WITHOPF : [interprétation]

5 Q. Monsieur Radic, en plus des raisons que vous venez d'avancer à l'égard

6 de la Chambre de première instance, et vous nous avez expliqué d'ailleurs

7 comment vous avez appris que la 7e Brigade musulmane et la 306e Brigade de

8 montagne ont participé à l'attaque de Guca Gora. J'aimerais vous poser une

9 autre question. Est-ce qu'il y a un élément supplémentaire qui vous a

10 incité à apprendre ou à découvrir que la 306e Brigade de Montagne avait

11 participé à cette attaque ?

12 R. La 306e Brigade de Montagne se trouvait cantonnée à Rudnik. Je m'y suis

13 rendu à plusieurs reprises. Je suis allé au commandement, et je m'y suis

14 également rendu lorsque je passais par le village de Karlovcic. Avant le

15 conflit, j'ai également appris de la part de Musulmans locaux que cette 7e

16 Brigade de Montagne avait été établie à Zenica, que ces membres étaient

17 essentiellement des ressortissants étrangers, des Moudjahiddines. Puis, je

18 suis passé par là, également lorsque j'ai emmené les blessés et les malades

19 à l'hôpital de Nova Bila.

20 Q. Monsieur Radic, quelles étaient vos fonctions durant l'attaque du 8

21 juin 1993 ?

22 R. J'étais le commandant de l'unité médicale de la brigade Frankopan. Mes

23 fonctions consistaient à créer cette Unité médicale dans la région de Guca

24 Gura et dans les villages avoisinants. Il m'avait également été demandé

25 d'établir des hôpitaux ou des dispensaires qui pourraient leur fournir des

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1 médicaments, des brancards, et d'autres types de matériel. J'avais

2 également un véhicule à ma disposition, et on m'avait demandé de le

3 transformer afin qu'il puisse servir les objectifs de l'unité médicale.

4 Q. Pendant l'attaque, est-ce qu'il y a eu une communication établie entre

5 le HVO et l'ABiH, et ce afin de procéder à l'échange des soldats blessés ?

6 R. Oui. Il y a eu des contacts personnels qui ont été établis. Nous

7 prenions contact par téléphone avec le commandement de la 306e Brigade de

8 Montagne à Rudnik ainsi qu'à Bila. Par téléphone toujours, nous nous

9 mettions d'accord et ensuite, je pouvais passer par Cukle, et par

10 Brajkovici avec l'ambulance afin justement de rechercher les malades et les

11 blessés dans ces villages. Lorsque j'arrivais dans l'un de ces villages, je

12 devais passer par le quartier général du la brigade.

13 Alors, notre véhicule faisait l'objet de fouille ainsi que moi-même.

14 Ensuite, on me donnait l'autorisation de poursuivre vers Brajkovici ou

15 Grahovcici, bon tout dépendait de la direction que je souhaitais prendre

16 afin de rechercher ces personnes blessées.

17 Il faut également savoir que le Dr. Suad Trkic a participé à ces

18 négociations. Il se trouvait à Rudnik au nom de l'armée et à maintes

19 reprises, je lui ai parlé, et nous nous disions que nous appartenions à un

20 service médical et que nous devions faire notre travail. Lorsqu'il

21 s'agissait de blessés, et de personnes blessées, il me suffisait de

22 l'appeler pour pouvoir obtenir la permission de passer et vice-versa

23 d'ailleurs, parce que les mêmes mesures étaient organisées pour lui.

24 Q. Qui était le commandant de la 306e Brigade de Montagne à cette époque ?

25 R. Je sais que son nom de famille était Sipic.

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1 Q. Vous avez parlé du quartier général de la 306e Brigade de Montagne à

2 Rudnik et à Bila. A quelle distance se trouvait Rudnik de Guca Gora ?

3 R. A quatre kilomètres ou quatre kilomètres et demi.

4 Q. A la suite de l'attaque, menée à bien par la 306e Brigade de Montagne et

5 la 7e Brigade musulmane du 3e Corps de l'ABiH, qu'est-il advenu au poste de

6 commandement de la Brigade Frankopan, qui se trouvait près du monastère

7 auquel vous avez fait allusion un peu plus tôt aujourd'hui ?

8 R. Je m'excuse, mais je n'ai pas tout à fait bien compris votre question,

9 Monsieur.

10 Mme RESIDOVIC : [aucune interprétation]

11 M. LE JUGE ANTONETTI : [hors micro]

12 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Je ne soulève pas cette question afin de

13 savoir si le témoin a compris ou non la question, mais j'aimerais attirer

14 votre attention sur un fait. Le témoin ne nous a jamais dit que le poste de

15 commandement de la Brigade de la -- la Brigade Frankopan se trouvait à

16 proximité du monastère. Il nous a dit qu'elle se trouvait dans la vieille

17 maison qui faisait partie intégrante du monastère.

18 M. LE JUGE ANTONETTI : Je crois qu'il vaudrait mieux de reposer la

19 question, de manière précise, parce que la question est ambiguë, Monsieur

20 Withopf. Avec cette précision, comme l'indique la Défense, il n'a jamais

21 dit, apparemment, que le poste de commandement de la Brigade Frankopan

22 était juste à côté du monastère. Alors, il y a peut-être un point à

23 éclaircir.

24 M. WITHOPF : [interprétation]

25 Q. Monsieur Radic, à la suite de l'attaque, menée à bien par l'ABiH, le 8

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1 juin 1993, qu'est-il advenu au poste de commandement du HVO à Guca Gora ?

2 R. Le 8 juin, le poste de commandement de la Brigade Frankopan ne se

3 trouvait pas à Guca Gora. Vers la fin du mois de mai, elle fut déployée à

4 Nova Bila, ce qui fait que, le 8 juin, il y avait juste un homme chargé de

5 la communication dans la vieille maison, où se trouvait auparavant le poste

6 de commandement. Il y avait également un homme chargé des opérations, une

7 personne ressortissant de Guca Gora, qui avait l'habitude d'y résider. Le 8

8 juin, le poste de commandement de cette brigade ne se trouvait plus dans

9 cette vieille maison.

10 Q. Monsieur Radic, aux fins de précision, vous avez dit, tout à l'heure,

11 que, du 1er avril 1993 jusqu'au 30 mai 1994, le poste de commandement de la

12 Brigade Frankopan se trouvait à Guca Gora. Est-ce qu'il s'agit d'une erreur

13 de votre part ?

14 R. Du 1er avril jusqu'à la fin du mois de mai 1993, et non pas 1994. Cela

15 a été le cas jusqu'à la fin du mois de mai 1993.

16 Q. Je vous remercie, Monsieur Radic. Je vous remercie d'avoir apporté

17 cette précision.

18 Est-ce que cela signifie que, le 8 juin 1993, il n'y avait pas de poste de

19 commandement de la Brigade Frankopan à Guca Gora ?

20 R. C'est exact. A la fin du mois de mai, entre le 25 et 26 mai 1993, le

21 poste de commandement a été déplacé à Nova Bila.

22 Q. Merci, Monsieur Radic.

23 Pourriez-vous nous décrire, rapidement, comment s'est déroulée l'attaque ou

24 quelle fut plutôt la cause de l'attaque à Guca Gora ?

25 R. A ma connaissance, l'ABiH a envoyé le gros de ses troupes de Turbe par

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1 Guca Gora, ce qui fait que les membres se déplaçaient de Zenica vers Turbe,

2 pour aller sur la ligne de front, qui se trouvait face aux Serbes, et

3 qu'ils devaient passer par Guca Gora. Je suppose qu'ils faisaient

4 constamment l'objet de contrôles de la part de la population locale, qui

5 était armée, qui portait des armes dans leur village et qui avait une

6 certaine appréhension du fait de ce passage constant d'un grand nombre de

7 troupes par Guca Gora. Je suppose que c'est l'une des raisons principales

8 qui explique l'attaque contre Guca Gora et contre les villages avoisinants.

9 Ils voulaient améliorer leur système de communication entre Travnik et

10 Zenica. Ils voulaient avoir la possibilité d'avoir un passage libre là.

11 Q. Pourriez-vous indiquer à la Chambre de première instance si l'ABiH a pu

12 s'emparer de Guca Gora -- si l'attaque de l'ABiH a été couronnée de

13 succès ?

14 R. Couronnée de succès pour eux ? Oui.

15 Q. Qu'est-ce que cela signifiait pour vous, le 8 juin 1993 ? Où êtes-vous

16 allé ?

17 R. Cela signifiait l'expulsion du lieu où j'étais né, expulsion en

18 compagnie des membres de ma famille. Nous avons été contraints d'abandonner

19 tout ce qui nous appartenait et de chercher une issue. La population

20 concernée, ainsi que le peu de choses qu'elle a pu emporter, nous sommes

21 enfuis, retirés vers Nova Bila. Au début, nous pensions que nous pourrions

22 aller jusqu'à Sarici. C'est un village qui se trouve à deux kilomètres de

23 Guca Gora, mais on ne nous a pas laissé tranquilles à Sarici, et on nous a

24 chassés plus loin encore, dans la direction de Cifluk et Nova Bila.

25 Q. Monsieur Radic, êtes-vous resté dans le village de Cifluk ?

Page 3542

1 R. A Cifluk, oui.

2 Q. Combien de temps êtes-vous resté à Cifluk ?

3 R. Du 8 juin, jusqu'au jour où j'ai été blesse, le 24 décembre 1993. Ce

4 jour-là, j'ai été transféré dans l'hôpital de Nova Bila. Le 20 janvier

5 1994, j'ai été, encore une fois, transféré à l'hôpital de Split où j'ai été

6 soigné.

7 Q. Le 8 juin 1993, à quelle heure êtes-vous arrivé à Cifluk ?

8 R. Nous y sommes arrivés aux environs de 10 heures, 10 heures et demie, du

9 matin.

10 Q. Quelle est la distance qui sépare le village de Cifluk de Guca Gora ?

11 R. Trois kilomètres à trois kilomètres et demi.

12 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Monsieur les

13 Juges, avec votre autorisation, je vais maintenant soumettre au Témoin

14 Radic une carte géographique. J'aurai recours au système informatique

15 Sanction et, également je m'appuierais également sur des copies papier, qui

16 sont disponibles et qui peuvent être distribuées.

17 A titre d'information, je le dis pour les membres de l'équipe de Défenseurs

18 et pour les Juges. Cette carte que nous voyons est une partie d'une carte

19 plus importante qui a été versé au dossier, et qui constitue la pièce à

20 conviction P1, versé au dossier au début de nos débats. Que l'on remette,

21 je vous prie, un exemplaire de cette carte au témoin.

22 Q. Monsieur Radic, pouvez-vous indiquer l'emplacement des villages de Guca

23 Gura et de Civlujke sur la carte que vous avez devant vous ?

24 R. Oui.

25 Q. Je demande que l'on remette au témoin un marqueur fin.

Page 3543

1 R. Vous voulez que je trace un cercle, ou --

2 Q. Exactement, Monsieur Radic. Je vous demanderais d'inscrire un cercle

3 autour du nom de Guca Gora, ainsi qu'autour du nom de Civlujke sur la

4 carte.

5 R. [Le témoin s'exécute]

6 Q. Je vous demanderais à présent d'inscrire le chiffre "1" à côté de Guca

7 Gura, et le chiffre "2" à côté de Civlujke.

8 R. [Le témoin s'exécute]

9 Q. Merci, Monsieur Radic. A présent, je vous demanderais de dater et de

10 signer cette carte. Je vous indique que nous sommes aujourd'hui le 26

11 février.

12 M. LE JUGE ANTONETTI : Mme l'Huissière va montrer la carte à l'Accusation,

13 aux avocats et aux accusés. Monsieur le Greffier, vous allez me donner un

14 numéro ?

15 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, il s'agira de la

16 pièce à conviction P72.

17 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci.

18 M. WITHOPF : [interprétation] Merci beaucoup, Monsieur Radic.

19 Q. Quand vous êtes arrivé à Civlujke, le 8 juin 1993, vous avez poursuivi

20 votre chemin, pendant tous ce temps, avez-vous pu constater -- observer ce

21 qui se passait à Guca Gora ?

22 R. Oui, au quotidien. J'ai vu ce qui se passait aussi bien de mes yeux,

23 qu'à l'aide de jumelles.

24 Q. Pouvez-vous, je vous prie, dire aux Juges de la Chambre, ce que vous

25 avez vu se passer à Guca Gora ?

Page 3544

1 R. Le 8 juin ?

2 Q. A partir du 8 juin 1993, s'il vous plaît.

3 R. Le 8 juin, lorsque nous sommes arrivés à Civlujke, pour certains

4 d'entre nous - certaines personnes ont quitté la localité en même temps que

5 les soldats. Il y avait dans ce groupe des civils, et des hommes qui

6 portaient des armes. Quant à d'autres parmi les habitants, notamment ceux

7 du village de Glavica, ils sont restés là où ils se trouvaient car ils ne

8 savaient pas que l'autre partie du village avait été abandonnée, il n'y

9 avait pas de moyen d'établir le contact avec eux.

10 A notre arrivé à Civlujke, nous avons continué à entendre des tirs,

11 provenant de Glavica et de Penica, nous nous sommes rendus compte, à ce

12 moment-là, qu'une partie des villageois étaient restée à Guca Gora, car

13 l'endroit dont je parle se trouve à l'entré de Guca Gora. Au niveau du

14 carrefour d'où partent les routes qui mènent à Carpajece et Guca Gora. A

15 notre arrivée à Civlujke, les hommes du HVO sont restés sur place pour

16 organiser la défense. Quant à nous, les civils, nous avons été transférés

17 un peu plus bas, à Nova Bila, où nous bénéficions davantage de sécurité. A

18 Civlujke, ce jour-là, en provenance de Nova Bila, de Hanbijla et de Zolok,

19 on tirait sans cesse dans la direction de Sarici, on tirait également

20 depuis Sarici dans la direction de Civlujke. Pour aller de Guca Gora à

21 Sarici, nous avons été arrêtés à un moment sur la route à un endroit ou des

22 tranchées de l'ABiH avait été creusées 20 mètres au-dessus de la route.

23 C'était un endroit à découvert sur la route pour que les civils puissent

24 sortir de là. Il était évident qu'il nous fallait attaquer ces tranchées,

25 et chasser les soldats de l'ABiH de leurs tranchées. Il y avait là des

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1 villageois du village de Radojcici, une fois que nous sommes arrivés à

2 chasser les membres de l'ABiH de cet endroit, nous avons réussi à atteindre

3 Sarici, qui est un petit village où nous étions totalement à découvert. On

4 tirait de partout sur les habitants, tout comme -- et aussi sur les

5 soldats.

6 Quand nous avons réussi à faire sortir ces habitants de Sarici pour les

7 conduire jusqu'à Civlujke, j'ai dit tout à l'heure que les soldats sont

8 restés sur place, pour creuser des tranchées car les nôtres de la Brigade

9 Frankopan sont arrivés ici. Ils ont dit que nous ne pouvions plus aller

10 nulle part, qu'il fallait que nous nous défendions à partir de cet endroit,

11 ils ont réussi à y arrêter l'ABiH. Les gens ont compris la situation, nous

12 avons reçu pour tâche de creuser des abris. Nous avons abattu des arbres,

13 aussi.

14 Q. Monsieur Radic, je me permets de vous interrompre. Le 12 juin 1993,

15 avez-vous pu observer ce qui se passait à Guca Gora ?

16 R. Oui.

17 Q. Pouvez-vous, je vous prie, dire aux Juges de cette Chambre ce que vous

18 avez vu ?

19 R. Le 12 juin, je regardais Guca Gora avec des jumelles, mais, à l'śil nu,

20 nous pouvions voir également que les maisons et les étables de Guca Gora

21 étaient en feu.

22 Q. Avez-vous vu autre chose qui se passait à ce moment-là à Guca Gora en

23 dehors des maisons en feu ?

24 R. A l'aide de mes jumelles, j'ai vu aussi que l'on pillait les maisons du

25 village depuis Krpeljici et Maljine, j'ai vu des véhicules, des voitures et

Page 3546

1 des tracteurs entrer dans Guca Gora. Ces véhicules se dirigeaient vers nos

2 maisons. Ils entassaient les objets qui se trouvaient dans les maisons à

3 bord de leurs véhicules et repartaient vers Maljine et Krpeljici. A ce

4 moment-là, il n'y avait sans doute pas assez d'essence à acheter, les

5 tracteurs et les remorques étaient garées devant nos maisons à Guca Gora au

6 niveau de l'élargissement de la route qui s'appelle Parace et d'un autre

7 élargissement de la route à Klisa. A l'aide de mes jumelles, j'ai pu voir

8 comment on emportait tous ces objets dans la direction de Parace et Klisa

9 qui étaient situés tout près. On voyait très bien ce qui se passait avec

10 les jumelles. Nous avons pu voir des hommes en uniforme. Nous avons vu des

11 femmes, qui portaient ces pantalons bouffants, caractéristiques des

12 vêtements des femmes musulmanes qui s'appellent des "dijne" dans notre

13 langue.

14 Nous ne pouvions reconnaître et distinguer un homme, d'une femme qu'à

15 l'aide de jumelles, pratiquement. Ils ont entassé tous ces objets sur leurs

16 tracteurs et leurs remorques qui se sont dirigées vers Maljine et

17 Krpeljici. Il y avait aussi un bâtiment d'habitations de Guca Gora où nous

18 avons vu un réfrigérateur -- camion réfrigérant -- un camion frigorifique

19 qui est venu de Maljine, qui s'est garé devant ce bâtiment d'habitations. A

20 ce moment-là, ils ont également sorti toutes sortes de choses de ce

21 bâtiment, meubles et autres choses, qu'ils ont entassés à bord de ce

22 camion. Une fois que cela a été terminé, ils sont allés jusqu'à l'école

23 pour faire demi-tour, l'école de Guca Gora. Ils ont rebroussé chemin en

24 retraversant le village, en passant devant le monastère pour aller dans la

25 direction de Maljine. Je ne connais pas leur destination finale.

Page 3547

1 Q. Monsieur Radic, vous avez dit que des meubles avaient été sortis d'un

2 bâtiment et, à plusieurs reprises, vous avez fait référence à des objets

3 que l'on sortait de certaines habitations, pouvez-vous, je vous prie, être

4 un peu plus précis quant à la nature des objets en question ?

5 R. Devant l'église, dans la partie basse du village qu'on appelle Donje

6 Mahala, nous étions deux à regarder souvent ce qui se passait à la jumelle,

7 moi-même et Zorica Volic. Nous avons vu qu'ils emportaient des objets de

8 couleur blanche, parfois de couleur noire. Je ne sais pas si c'était des

9 réfrigérateurs dans la direction de Parace, en particulier. A un autre

10 moment, j'ai vu deux hommes qui sortaient quelque chose d'un endroit situé

11 un peu au-dessus de ma maison et qui ont chargé cela sur une remorque à

12 moins que ce ne soit un tracteur et qui l'ont emporté dans la même

13 direction. Je pense que c'étaient des meubles.

14 Q. Des meubles et un réfrigérateur. Mais avez-vous vu d'autres objets qui

15 auraient été emportés ?

16 R. En général, c'était des objets de grande taille. C'est cela que nous

17 pouvions voir le mieux. Un réfrigérateur a été emporté hors de ma maison.

18 Nous avions également chez nous un téléviseur de grande taille qu'un homme

19 seul ne pouvait pas porter. Il fallait qu'ils soient deux. Il y avait une

20 petite distance entre la porte de la maison et la remorque. Il fallait

21 qu'ils se mettent à deux pour charger tout cela à bord de la remorque, ils

22 ont tout pris pratiquement, tous les appareils électriques qu'ils ont pu

23 transporter.

24 Q. Vous avez dit un peu plus tôt avoir vu des hommes en uniforme emporter

25 les objets dont vous venez de parler. Les uniformes en question étaient-ils

Page 3548

1 des uniformes militaires ?

2 R. Oui.

3 Q. A votre connaissance, sur la base de ce que vous avez vu, vous diriez

4 que les soldats qui se trouvaient à Guca Gora, les 12 et 13 juin 1993,

5 appartenaient à quelle armée ?

6 R. Puisque Guca Gora était totalement désertée le 8 juin, le 9 juin, il

7 n'y avait toujours personne à Guca Gora en dehors de quatre ou cinq

8 vieillards incapables de se déplacer. C'est seulement des habitants de

9 Krpeljici et de Maljine qui faisaient partie de l'ABiH qui ont pu venir à

10 Guca Gora par la suite.

11 Q. Vous avez dit, Monsieur Radic, avoir assisté à tout ce qui s'était

12 passé à Guca Gora, avoir regardé la scène avec des jumelles. Les 12 et 13

13 juin 1993, quelles étaient les conditions météorologiques, est-ce que vous

14 aviez une bonne visibilité ?

15 R. Parfaite. C'était l'été. Il n'y avait pas un nuage. Le soleil brillait.

16 Le temps était idéal.

17 Q. Vous avez décrit le pillage. D'après ce que vous avez vu, Monsieur

18 Radic, diriez-vous qu'il existait un système mis en place pour piller les

19 maisons de Guca Gora ?

20 R. Le village était désert. Il n'y avait pas une âme où que ce soit.

21 Pendant des années, ces deux populations avaient travaillé ensemble dans

22 les champs et qu'elles se connaissaient très bien, chacun savait plus ou

23 moins ce que l'autre possédait chez lui dans sa maison. Par exemple,

24 j'avais un ami qui jouait au football très souvent avec moi à Guca Gora, je

25 parle de Rasid Dautovic qui était membre de l'ABiH. Il travaillait comme

Page 3549

1 responsable des transmissions de la radio. Une fois, nous nous sommes

2 parlés à la radio par radio et il m'a décrit exactement ce qui se trouvait

3 dans ma chambre. Il m'a dit qu'il avait emporté des bagues qui

4 m'appartenaient ainsi que des chaînes en or et un jogging bleu clair qu'il

5 a décrit dans le détail.

6 Q. Cet homme dont vous venez de parler, Rasid Dautovic que vous avez

7 décrit comme étant membre de l'ABiH, savez-vous à quelle unité il

8 appartenait ?

9 R. Ce que je savais à ce moment-là, c'est qu'il appartenait à l'ABiH et,

10 plus précisément, à l'unité qui était stationnée à Maljine avant le

11 conflit. Lorsque nous avons été chassés de Guca Gora, lorsque nous avons

12 captés des signaux radio provenant de Guca Gora, nous avons reconnu la voix

13 de Rasid Dautovic. Il demandait à l'officier responsable des transmissions

14 de prendre des nouvelles de moi et il demandait si j'étais vivant ou mort.

15 Ce responsable des transmissions m'a contacté. Nous avons parlé ensemble

16 par radio, et il m'a dit ce que je viens de vous dire.

17 Q. Encore une fois, à quelle unité appartenait-il ? Quelle unité de

18 l'ABiH, si vous le savez, Monsieur Radic ?

19 R. Il faisait partie de l'Unité des Transmissions, qui était stationnée

20 dans l'église de Guca Gora et, grâce à notre Unité de Renseignements

21 militaires, nous avons découvert que cette unité était stationnée dans le

22 monastère de Guca Gora. Il était membre de l'Unité des Transmissions.

23 Q. Cette Unité de Transmissions, a-t-elle été créée après l'attaque du 8

24 juin 1993 à Guca Gora ?

25 R. Pour autant que je le sache, chaque village avait ses propres

Page 3550

1 fréquences radio pour transmettre. Chaque village avait sa fréquence radio.

2 Q. Ayant assisté aux pillages de Guca Gora, les 12 et 13 juin 1993, avez-

3 vous eu le sentiment que les objets, qui avaient été emportés, avaient été,

4 ensuite, regroupés en un seul et même endroit ?

5 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, nous suivons

6 l'interrogatoire du témoin par notre collègue de l'Accusation, et chacun

7 d'entre nous, bien sûr, est libre de déterminer la façon dont il va mener

8 son interrogatoire. Mais les premières questions posées au témoin ont porté

9 sur la date de création de l'Unité de Transmission. Quelles sont les

10 conclusions que le témoin peut tirer à ce sujet alors qu'il avait déjà

11 quitté Guca Gora. Il s'agit de demander au témoin les conclusions qu'il

12 peut tirer d'un certain nombre de faits. Nous avons toléré ces questions,

13 mais, à présent, on demande clairement au témoin quelle est son impression

14 -- son sentiment. Il semblerait que le témoin soit interrogé au sujet

15 d'éléments qu'il aurait, éventuellement, pu apprendre de deuxième ou

16 troisième main, et on lui demande quel est son sentiment personnel. Là,

17 nous élevons une objection contre ces questions.

18 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Withopf, vous avez pris note. Votre

19 question tendrait à demander au témoin qu'il fasse part de sentiments et

20 non pas d'une observation visuelle, auditive, et que ce qu'il pourrait dire

21 ne proviendrait, en réalité, que de faits, qui lui auraient été rapportés,

22 qu'il aurait entendus. La valeur, à ce moment-là, peut être très

23 discutable.

24 M. WITHOPF : [interprétation] Fort bien, Monsieur le Président, je vais

25 reformuler ma question.

Page 3551

1 Q. Monsieur Radic, une fois que les objets, dont vous avez parlé dans les

2 détails, ont été emportés hors des maisons que vous avez mentionnées,

3 savez-vous si ces objets ont été emportés dans certains quartiers de Guca

4 Gura avant d'être emportés ailleurs ?

5 R. Oui. J'ai mentionné les objets qui ont été emportés. J'ai parlé de

6 l'élargissement de la route devant l'église Parace et Klisa, qui se

7 trouvent en contrebas de chez moi. Les objets, qui étaient emportés à

8 Parace, par exemple, étaient regroupés à Parace. Ensuite, ils retournaient

9 dans les maisons et ils apportaient, à Parace, d'autres objets encore,

10 après quoi, ils chargeaient tous ces objets sur un tracteur ou sur une

11 remorque et prenaient la direction de Maljine ou de Krpeljici. Autrement

12 dit, tous les objets qu'ils emportaient, dans le cas où le tracteur ou la

13 remorque n'avait pas la possibilité de se garer juste devant la maison qui

14 était en train d'être vidée, ces véhicules étaient garés à l'endroit où la

15 route s'élargit, Parace et Klisa. Ils chargeaient les objets à Parace et

16 Klisa à bord de ces véhicules pour, ensuite, emporter tout cela ailleurs.

17 Je l'ai vu, grâce à mes jumelles.

18 Q. Un peu plutôt, Monsieur Radic, vous avez également parlé de maisons en

19 feu à Guca Gora. Pourriez-vous, je vous prie, dire aux Juges de la Chambre

20 ce que vous avez vu exactement dans ce cadre.

21 R. Le 8 juin, lorsque Guca Gora est tombée, en provenance de Nova Bila,

22 parce que pendant toute cette journée, nous avons essayé de sauver les

23 blessées, juste avant la tombée de la nuit, nous avons vu des flammes de

24 grande hauteur non loin de l'église. Nous connaissions suffisamment Guca

25 Gura pour savoir que c'était la maison de Danica Lujanovic, qui était en

Page 3552

1 feu, et, une demi-heure plus tard, nous avons vu que les flammes se sont

2 étendues pour gagner la maison de Niko Neimarevic [phon]. Avant la tombée

3 complète de la nuit, nous avons vu une troisième maison en feu, qui était

4 celle de Nikola Markovic, le commandant de notre compagnie.

5 Deux ou trois jours après la chute de Guca Gora, toutes les autres maisons

6 du village ont été incendiées, à savoir, la maison de Jakica Rajic, ainsi

7 que son étable; et la maison de Tomislav Rajic et son étable. Ensuite, dans

8 le village même, la maison de Stipe Rajic, décédé depuis, a été incendiée.

9 Il y avait un endroit à l'intérieur du village que nous ne pouvions pas

10 voir, mais, dans la journée, à cet endroit-là, les maisons brûlaient

11 également. La plupart des maisons ont été incendiées à l'endroit où se

12 trouvaient nos positions, une fois que l'attaque a échoué. Nous savions

13 qu'ils allaient vouloir se venger des villageois, et c'est exactement ce

14 qui s'est passé. Lorsqu'ils mettaient le feu aux maisons, c'était, le plus

15 souvent, dans la soirée et, d'ici à la levée du jour, les maisons en

16 question avaient complètement brûlé. Mais, très souvent, nous voyons deux

17 ou trois maisons brûlées pendant la nuit. C'est ce qui s'est passé le plus

18 souvent au cours des journées du 12 et du 13 juin.

19 Q. Merci beaucoup, Monsieur Radic.

20 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président, je propose que la

21 pause se tienne maintenant.

22 M. LE JUGE ANTONETTI : Nous allons faire la pause de 25 minutes. Nous

23 reprendrons l'audience à 16 heures 10.

24 --- L'audience est suspendue à 15 heures 45.

25 --- L'audience est reprise à 16 heures 11.

Page 3553

1 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Withopf, vous avez à nouveau à la parole.

2 M. WITHOPF : [interprétation]

3 Q. Monsieur Radic, avant la pause, vous avez informé les Juges de la

4 Chambre de première instance, par le menu, des maisons qui ont été

5 incendiées à Guca Gora, le 8 juin 1993, ainsi que deux ou trois jours

6 ensuite. A votre connaissance, et compte tenu de ce que vous avez vu

7 combien de maisons ont été entièrement incendiées à Guca Gora ?

8 R. Jusqu'au moment où j'ai été blessé, le 24 décembre 1993, je dirais

9 qu'environ 50 maisons ont été incendiées et détruites -- 50 maisons, ainsi

10 que leurs dépendances et étables.

11 Q. A votre connaissance et d'après ce que vous avez vu, combien de maisons

12 ont été détruites en une semaine ou deux après l'attaque du 8 juin 1993 ?

13 R. A partir de l'attaque du 8 juin jusqu'au 25 juin, je dirais qu'environ

14 15 à 20 maisons, ainsi que leurs étables et dépendances, ont été brûlés,

15 cela pour couvrir cette première période.

16 Q. Monsieur Radic, à maintes reprises, vous avez indiqué qu'ils

17 incendiaient des maisons. A qui faisiez-vous allusion lorsque vous avez

18 indiqué "Ils"?

19 R. Aux Musulmans.

20 Q. S'agissait-il de soldats musulmans ?

21 R. Il s'agissait de civils et de soldats.

22 Q. Outre les soldats et les civils Musulmans, qui incendiaient ces

23 maisons, est-ce que d'autres choses ont été faites afin de détruire les

24 maisons ?

25 R. Nous pouvions voir que les tuiles des toits ont été enlevés à Donja

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1 Maljine et ceux dans la partie inférieur du village, Donje Volic -- dans la

2 maison de Anto Volic, nous avons vu que des tuiles avaient été enlevés de

3 la maison. C'était l'une des plus belles maisons et son propriétaire,

4 d'ailleurs, travaillait en Allemagne. Pendant que nous regardions, nous

5 avons pu voir que des portes, ainsi que des fenêtres, ont été ôtées à cette

6 maison.

7 Q. Pendant les premières semaines, qui ont suivi l'attaque du 8 juin 1993,

8 est-ce qu'il restait des habitants à Guca Gora ?

9 R. Il n'y avait que quatre à cinq personnes âgées, des personnes qui

10 étaient alitées, ou qui étaient malades, et qu'ils ne pouvaient pas, en

11 fait, quitter leur domicile. Ils sont restés à Guca Gora, d'après les

12 informations que j'avais reçues de la part de personnes, et, après la

13 guerre, il y a des Croates qui sont restés à Travnik dans leurs

14 appartements et dans leurs maisons et qui les ont aidés. Ils se rendaient à

15 Guca Gora pour voir ce qui était advenu à leur maison familiale et ils

16 amenaient des vivres à ces personnes âgées.

17 Q. Pourriez-vous indiquer aux Juges de la Chambre de première instance ce

18 qui est arrivé à votre maison ?

19 R. Ma maison fut incendiée le jour où j'ai été blessé, le 24 décembre

20 1993. Elle a été absolument réduite en cendres.

21 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Monsieur le

22 Juge, avec votre permission, j'aimerais montrer au témoin une photographie.

23 Je vais, pour ce faire, utiliser le logiciel Sanction et je présenterai

24 également un exemplaire copie papier. J'aimerais dire à titre

25 d'information, destinée à la Chambre de première instance et au conseil de

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1 la Défense, qu'il s'agit d'une photographie qui fut prise lors de l'enquête

2 menée à bien contre les accusés, Hadzihasanovic et Kubura en 2002.

3 Est-ce que la photographie pourrait être placée sur le rétroprojecteur et

4 pourriez-vous donner au témoin un marqueur ?

5 Q. Monsieur Radic, pourriez-vous indiquer à la Chambre de première

6 instance ce que vous êtes en mesure de voir sur la photographie qui se

7 trouve sur votre écran ?

8 R. Vous pouvez voir Guca Gora dans son ensemble. Vous ne pouvez pas voir

9 Glavica, vous ne pouvez pas voir non plus la zone qui se trouve autour de

10 l'école. Vous ne pouvez pas voir, non plus, la zone qui va vers Volic.

11 Q. Monsieur Radic, sur votre exemplaire papier qui se trouve à votre

12 gauche, pourriez-vous faire un cercle autour des maisons qui ont été

13 incendiées après l'attaque du 8 juin 1993 ?

14 R. Seulement pour ce qui est du 8 juin ?

15 Q. Le 8 juin et ultérieurement, mais je fais seulement allusion aux

16 maisons que vous avez vues brûler.

17 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui, Monsieur Withopf, pour l'information de la

18 Chambre, il serait peut-être utile que le témoin, à partir de cette photo,

19 nous indique où il était avec ses jumelles.

20 M. WITHOPF : [interprétation]

21 Q. Monsieur Radic, je vous prierais de finir de mettre des cercles autour

22 des maisons et, à la suite, de quoi vous pourrez répondre à la question.

23 R. Vous voulez que je mette des cercles ou que je j'encercle, plutôt, les

24 maisons dans un premier temps ?

25 Q. Oui, je vous en prie.

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1 R. [Le témoin s'exécute]

2 Je m'excuse car il y a une partie du village qui manque, la partie qui se

3 trouve près de l'école et la partie qui va vers Glavica. Ce sont deux zones

4 qui ne se trouvent pas sur le document.

5 Q. Monsieur Radic, lorsque vous aurez terminé, est-ce que vous pouvez

6 replacer la photographie sur le rétroprojecteur qui se trouve à votre

7 gauche ?

8 Pourriez-vous également identifier les maisons que vous avez vues brûler le

9 8 juin 1993 en écrivant le chiffre numéro 1 à la droite du cercle ?

10 R. Le 8 juin, voulez-vous dire ?

11 Q. Le 8 juin, exactement.

12 R. [Le témoin s'exécute]

13 M. WITHOPF : [interprétation] Je dirais pour que cela soit consigné au

14 compte rendu d'audience que le témoin, Radic, a mis des cercles autour des

15 maisons qu'il a vues brûler après l'attaque menée contre Guca Gora, le 8

16 juin 1993, et en mettant ces cercles autour de ces maisons. Il a également

17 identifié les maisons qui ont été incendiées le 8 juin 1993. Il a également

18 utilisé le chiffre numéro 1.

19 Q. Monsieur Radic, je souhaiterais revenir sur la question qui a été posée

20 par le président de la Chambre de première instance. Où vous trouviez-vous

21 lorsque vous avez vu ces maisons brûlées ? Où vous trouviez-vous au moment

22 des incendies ?

23 R. Le 8 juin, je me trouvais à Nova Bila. A Nova Bila, dans le bâtiment où

24 se trouvait le quartier général de la Brigade de Frankopan. J'ai vu trois

25 maisons qui ont été incendiées vers la fin de l'après-midi et ce sont les

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1 maisons que j'ai identifiées.

2 Q. Où vous trouviez-vous les 12 et 13 juin 1993 ?

3 R. Je me trouvais dans le village de Cifluk.

4 Q. Monsieur Radic, êtes-vous en mesure d'identifier également les maisons

5 qui ont été incendiées ou détruites les 12 et 13 juin 1993 ? Est-ce que

6 vous pourriez ajouter auprès des cercles en question le chiffre 2.

7 R. Ces maisons ne se trouvent pas sur cette photo. Elles se trouvaient à

8 Glavica. Elles se trouvaient à l'entrée de Guca Gora. Il y avait les

9 maisons de Jakica et Tomo Rajic, la maison également de Stipica Rajic, qui

10 se trouvait à l'entrée de Guca Gora, l'entrée à l'envers de Travnik.

11 Q. Combien de maisons, à votre connaissance, ont été incendiées ou ont été

12 détruites les 12 et 13 juin dans les zones que vous avez mentionnées, qui

13 ne se trouvent pas sur la photographie que vous avez en face de vous.

14 R. Deux maisons étaient incendiées. Elles se trouvaient à l'entrée du

15 village. Il y avait également deux étables dont quatre bâtiments. Ces

16 maisons appartenaient à Tomo Rajic et Jakica. En tout, il y a eu quatre

17 bâtiments qui ont été incendiés.

18 Q. Monsieur Radic, est-ce que vous pourriez la photographie, et y apposer

19 la date d'aujourd'hui, à savoir, le 26 février 2004.

20 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Withopf, j'insiste à nouveau. Il n'a pas

21 répondu à l'interrogation de la Chambre. Il nous dit qu'il y a Nova Bila.

22 Par rapport à la photo, Nova Bila se trouve où ? En haut à gauche, en bas à

23 droite ? A quel endroit par rapport à la photo se trouve Nova Bila ?

24 Monsieur le Témoin, par rapport à la photo, quand vous étiez avec vos --

25 R. pour ce qui est de la photographie --

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1 M. LE JUGE ANTONETTI : Nova Bila, se trouve où par rapport à la photo ?

2 LE TÉMOIN : [interprétation] Voilà le centre du village de Guca Gora, vers

3 le sud.

4 M. LE JUGE ANTONETTI : Au sud et avec vos jumelles vous avez vu ce qui se

5 passait dans la localité. Vous étiez à quelle distance avec vos jumelles, à

6 quelle distance environ ?

7 LE TÉMOIN : [interprétation] Le 8 juin, lorsque nous nous trouvions à Nova

8 Bila, nous pouvions voir l'église à Parace et nous pouvions voir les trois

9 maisons brûlées. On pouvait le voir à l'śil nu. Là, on pouvait le voir

10 directement, puisque nous étions dans une ligne de vision directe, même

11 sans jumelles nous pouvions le voir.

12 M. LE JUGE ANTONETTI : Est-ce que vous pouvez montrer quelles sont les

13 trois maisons sur la photo, quelles sont les trois maisons dont vous faites

14 référence.

15 LE TÉMOIN : [interprétation] Il y avait la maison de Danica Lujanovic, la

16 maison de Niko et Ivka Neimarevic et la maison de Nikola Matkovic.

17 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous étiez au sud de la photo vers le bas. Entre ces

18 trois maisons et vous-même, il y avait quelle distance, 1 kilomètre, 2

19 kilomètres, 500 mètres ? Quelle est la distance entre les trois maisons et

20 l'endroit où vous étiez avec vos jumelles ?

21 LE TÉMOIN : [interprétation] Vous voulez dire à vol d'oiseau ? Cela se

22 situe à 2 kilomètres, 2 kilomètres et demi. Il s'agit de la distance avec

23 Nova Bila.

24 M. LE JUGE ANTONETTI : Vos jumelles permettaient de voir à

25 2 kilomètres. C'est bien cela ?

Page 3559

1 LE TÉMOIN : [interprétation] Ces trois maisons, nous pouvions tout à fait

2 les voir à l'śil nu. A l'śil nu, nous pouvions voir que ces maisons étaient

3 en train de brûler.

4 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous avez dit que votre maison a été incendiée le

5 jour où vous avez été blessé. Votre maison, elle apparaît sur la photo ou

6 pas ? Elle est à quel endroit ?

7 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, elle se trouve sur la photo.

8 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous pouvez nous la montrer ?

9 [Le témoin s'exécute]

10 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Elle est à cet endroit. Il faudrait peut-être

11 l'inviter à donner un numéro pour qu'on authentifie sa maison. On a besoin

12 d'être précis. Si on vous pose ces questions, c'est aux fins de précision.

13 On ne peut pas se contenter d'approximation.

14 Indiquez par un signe que c'était votre maison. Marquez vos initiales sur

15 la maison, et on saura que c'est votre maison.

16 [Le témoin s'exécute]

17 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Merci.

18 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président, permettez-moi de

19 présenter une suggestion. Nous avons montré au témoin la carte de

20 l'Accusation, la pièce à conviction P72. Nous lui avons montré tout à

21 l'heure. Le témoin pourra peut-être identifier l'endroit qu'il appelle Nova

22 Bila, sur cette carte.

23 Q. Monsieur Radic, je vous demanderais de consulter la carte qui se trouve

24 à votre gauche, il me semble. Pourriez-vous identifier l'endroit que vous

25 appelez Nova Bila ?

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1 R. [Le témoin s'exécute]

2 Q. Pourriez-vous faire un cercle autour de cet endroit appelé Nova Bila ?

3 R. [Le témoin s'exécute]

4 Q. Je vous remercie, Monsieur Radic.

5 M. WITHOPF : [interprétation] Je dirai aux fins du compte rendu d'audience,

6 que le témoin a identifié l'endroit appelé Nova Bila sur la carte présentée

7 par l'Accusation, qui est la pièce à conviction numéro 72. Est-ce que cette

8 carte pourrait être montrée à tous les participants ?

9 M. WITHOPF : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

10 Q. Monsieur Radic, pourriez-vous replacer la photographie sur le

11 rétroprojecteur. Malheureusement je n'ai pas été en mesure d'identifier la

12 marque que vous avez apposée par rapport à votre propre maison. Est-ce que

13 vous pourriez noircir le cercle et écrire "il s'agit de ma maison."

14 R. [Le témoin s'exécute]

15 Q. Monsieur Radic, pourriez-vous nous donner lecture de ce que vous avez

16 écrit sur la photographie, car malheureusement, je ne lis pas le croate.

17 R. Ceci est ma maison.

18 Q. Très bien.

19 M. WITHOPF : [interprétation] L'Accusation souhaiterait verser cela comme

20 preuve, je vous prie.

21 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Monsieur le Greffier, vous allez me donner un

22 numéro pour ce document.

23 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce à conviction P73.

24 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, à la demande de mon

25 estimé confrère, le témoin a d'abord mis un cercle autour de sa maison,

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1 ensuite il a noirci ce cercle. Avant, il a marqué les maisons qui avaient

2 été incendiées à la fin du mois de juin. Nous voyons que cet endroit a été

3 noirci, alors que le témoin nous a dit que sa maison avait été incendiée le

4 24 décembre. Est-ce que nous pourrions faire la part des choses, parce que

5 dans un premier temps il y a eu un cercle, le cercle ensuite a été noirci.

6 Il faudrait indiquer que cela s'est passé à un autre moment, puisque cela

7 ne s'est pas passé en juin.

8 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Comme le compte rendu d'audience fait foi, il

9 a bien indiqué que sa maison a été incendiée non pas en juin, mais le 24

10 décembre 1993. Il apparaît bien que ce qu'il noircit c'est sa maison

11 incendiée le 24 décembre 1993. Il n'y a aucune confusion possible. Dans sa

12 langue, il a marqué, "ceci est ma maison." Voilà, soyez rassurée, on a bien

13 fait la distinction entre ce qui s'est passé au mois de juin et en

14 décembre.

15 M. WITHOPF : [interprétation] Merci beaucoup, Monsieur le Président, j'en

16 ai terminé avec l'interrogatoire du témoin.

17 Questions de la Cour :

18 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Témoin, juste quelques petites

19 précisions avant que je donne la parole à la Défense. Vous nous avez

20 indiqué que vous faisiez partie d'une unité médicale, dont vous étiez le

21 coordonnateur, voire le chef de cette petite unité médicale. Au point de

22 vue médical, quelles sont vos compétences ? Vous êtes brancardier,

23 infirmier, paramédical, médecin ? Quelle est votre fonction médicale dans

24 cette unité médicale ?

25 LE TÉMOIN : [interprétation] Mon métier est celui de technicien médical.

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1 Par ailleurs, je suis un ancien membre de la JNA, car j'ai fait mon service

2 militaire au sein de la JNA, plus précisément du corps médical de la JNA.

3 Après la guerre, j'ai travaillé au dispensaire de Travnik dans le service

4 des urgences. J'étais prêt à mettre sur pied en cas de nécessité, un

5 hôpital de campagne. Je commandais l'unité médicale au sein de la brigade.

6 J'avais pour tâche d'organiser la satisfaction de tous les besoins

7 sanitaires en campagne, en cas de nécessité dans les différents villages.

8 Il s'agissait d'unités de petite taille, qui étaient appelées à agir au cas

9 où il y avait des blessés dans les environs. J'avais deux ou trois hommes

10 qui pouvaient apporter des aides d'urgence sur le terrain avant le

11 transport des blessés à Bugojno, à l'hôpital.

12 M. LE JUGE ANTONETTI : On en déduit que votre compétence était surtout une

13 compétence logistique. Vous apportiez votre contribution à la mise en place

14 de ces unités. Vous n'aviez aucune fonction médicale particulière. Vous ne

15 faisiez pas des piqûres. Vous ne faisiez pas des massages cardiaques. Vous

16 n'aviez pas de compétences médicales. C'est bien cela ?

17 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non. Je suis technicien médical.

18 Autrement dit, mes connaissances sont celles d'un secouriste.

19 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous nous avez indiqué qu'il vous arrivait d'appeler

20 le Dr Suad Trskic, qui était lui, rattaché à l'ABiH, pour vous entendre

21 avec lui pour la recherche des blessés. Quand vous l'appeliez, vous aviez

22 son numéro de téléphone ou vous l'appeliez à partir de radio fréquence ?

23 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non, vous m'avez mal compris. Le Dr Suad

24 Trkic, pas Trskic, mais Trkic. Il était membre de l'ABiH. Il avait été

25 affecté à Rudnik où se trouvait le commandement.

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1 A un certain moment, il y avait là un centre de Santé du dispensaire de

2 Travnik. Le Dr Suad Trkic et moi-même, nous nous connaissons, parce que

3 j'avais travaillé à un certain moment au centre de Santé de Travnik. Nous

4 nous connaissions très bien. Nous avons travaillé ensemble. Toutes les

5 communications entre lui et moi, passaient par notre commandement, c'est-à-

6 dire la brigade Frankopan et par la 306e Brigade de montagne, par nos

7 commandements respectifs. Après quoi, je montais à bord d'un véhicule.

8 J'allais au commandement, et j'avais des conversations avec lui. Je le

9 consultais pour savoir quoi faire.

10 M. LE JUGE ANTONETTI : On avait cru comprendre que c'était vous qui

11 appeliez, alors que là vous nous dites que vous passiez par le commandement

12 militaire. C'est bien cela ? Ce n'est pas vous qui l'aviez au téléphone.

13 C'était votre --

14 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est cela, c'est cela.

15 M. LE JUGE ANTONETTI : Une dernière question, et nous n'aurons plus de

16 questions à vous poser concernant les Juges. Vous avez indiqué tout à

17 l'heure, quand il y avait des pillages, il y avait des femmes musulmanes

18 d'après vous, il y avait des femmes musulmanes. Pour vous, ces femmes

19 musulmanes, elles étaient civiles ou militaires, telles que vous avez pu

20 les voir ?

21 LE TÉMOIN : [interprétation] Elles étaient des civiles -- les femmes

22 musulmanes étaient des civiles. Quant à ce que j'ai dans mes jumelles, et

23 j'ai vu des femmes musulmanes qui portaient le dinar, dans ces pantalons

24 bouffants, et des hommes, deux, trois, quatre, cela dépendait du moments,

25 certains d'entre eux ne portaient que le haut de l'uniforme, d'autres

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1 uniquement le bas de l'uniforme et d'autres encore étaient en civil.

2 M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien.

3 Je me tourne vers les Défenseurs pour le contre-interrogatoire.

4 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Merci bien, Monsieur le Président.

5 Contre-interrogatoire par Mme Residovic :

6 Q. Bonjour Monsieur Radic. Je m'appelle Edina Residovic et je défends le

7 général Enver Hadzihasanovic.

8 R. Très bien.

9 Q. Je m'apprête à vous poser quelques questions qui porteront sur ce que

10 vous avez dit dans votre déposition devant les juges de cette Chambre. Vous

11 avez dit être né -- avoir vécu à Guca Gora dans la municipalité de Travnik,

12 n'est-ce pas ?

13 R. Oui.

14 Q. Est-il exact, Monsieur Radic, qu'en mars 1992 déjà, vous avez été

15 mobilisé dans les rangs de la défense territoriale de Travnik ?

16 R. Oui. M. Zvonko Baja qui travaillait dans les rangs de la défense

17 territoriale m'a donné une feuille de papier qui faisait que j'étais membre

18 de la défense territoriale. Cela se passait dans cette période tout au

19 début, les dix premiers jours, j'ai signé ce papier. Il disait que j'étais

20 membre de l'unité et que nous pouvions rester dans nos villages au cas où

21 Dieu nous en garde. Une attaque était lancée par les Serbes et qu'à ce

22 moment-là nous serions affectés quelque part. Effectivement, dans les

23 quelques jours qui ont suivi, tout a changé et la défense territoriale n'a

24 plus existée sur le territoire de Guca Gora.

25 Q. Par la suite, vous avez dit dans votre déposition que le 8 avril 1992,

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1 vous avez prononcé votre sermon pour entrer dans les rangs du HVO, n'est-ce

2 pas ?

3 R. C'est cela.

4 Q. La mission qui vous a été confiée par votre brigade ou votre unité, à

5 savoir la Brigade du HVO de Travnik, consistait à organiser un service

6 médical de campagne à Guca Gora, n'est-ce pas ?

7 R. Oui.

8 Q. Dans le cadre de l'accomplissement de cette mission, vous avez pu

9 constater que dans cette période, à savoir au cours de la deuxième -- du

10 deuxième semestre 1992 et du débat de 1993, sur le territoire de Travnik et

11 plus largement sur le territoire de Guca Gora, affluait un grand nombre de

12 réfugiés, n'est-ce pas ?

13 R. Oui.

14 Q. Répondant à une question de l'Accusation, vous avez dit qu'un nombre

15 important de réfugiés était arrivé de la Krajina, de Jajce et d'autres

16 régions de la Bosnie occidentale et de la Bosnie du nord-ouest, n'est-ce

17 pas ?

18 R. Oui.

19 Q. Ces gens que vous rencontriez -- que vous voyez arrivaient là en fait

20 dépourvus de tout car ils avaient été expulsés de chez eux, n'est-ce pas ?

21 R. Pas tous. Certains portaient des armes.

22 Q. Je parle en terme de propriétés.

23 R. Ah, du point de vue de propriétés, ils n'avaient rien.

24 Q. Après la chute de Jajce, lorsque les forces serbes ont pris les

25 positions antérieurement défendus par l'ABiH et par le conseil croate de

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1 défense, les habitants de Jajce mais également ceux qui avaient participés

2 à la défense de Jajce sont aussi arrivés sur ce territoire, n'est-ce pas ?

3 R. Oui.

4 Q. Mais on voyait de ci de là des réfugiés et des habitants qui portaient

5 des armes n'est-ce pas ?

6 R. En général, c'étaient des groupes d'hommes armés, pas des individus

7 isolés.

8 Q. En 1993, certains d'entre eux sont entrés dans l'ABiH dans des unités

9 déterminées mais on a continué toutefois, dans toute cette région, à avoir

10 des groupes désorganisés -- ou en tout cas organisés de façon autonome.

11 R. Est-ce qu'ils sont entrés dans les rangs de l'ABiH, je n'en sais rien.

12 Quant au reste de ce que vous avez dit, je ne m'en souviens plus.

13 Q. Pouvait-on voir des groupes d'hommes armés qui circulaient dans la

14 région que vous connaissez ?

15 R. Oui, c'est cela. C'est tout à fait cela.

16 Q. Merci. A cette époque, c'est-à-dire au début de l'année 1993, ni l'ABiH

17 qui était en cours de création, ni le conseil croate de défense, ne

18 disposaient vraiment d'uniformes complets comme c'est le cas en général

19 dans une armée normale et régulière.

20 R. En effet.

21 Q. En fait, les hommes portaient ce qu'ils pouvaient trouver, quelquefois

22 ils avaient un uniformes de divers éléments disparates, quelquefois

23 simplement des parties d'uniformes, n'est-ce pas ?

24 R. Oui.

25 Q. Mais beaucoup des hommes qui avaient pu obtenir un uniforme, même s'ils

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1 n'étaient pas membres du HVO ou de l'ABiH portaient ces uniformes ou ces

2 partie d'uniforme parce que c'était la mode d'être en uniforme, n'est-ce

3 pas ? Ceci est-il également exact ?

4 R. Ce n'est pas exact. La mode dans cette région ne consistait pas à

5 porter un uniforme de camouflage si l'on ne faisait pas partie d'une unité

6 ou d'une autre.

7 Q. Très bien. Dites-moi je vous prie, en 1993, je vous demande cela parce

8 que vous avez dit il y a un instant que vous pouviez écouter Radio Travnik.

9 Grâce à la radio et aux moyens d'information, vous avez entendu à ce

10 moment-là que dans d'autres zones situées non loin de Guca Gora, des

11 affrontements armés opposaient l'ABiH, le HVO, n'est-ce pas ?

12 R. Pouvez-vous répéter votre question ?

13 Q. Au début de 1993, grâce aux moyens d'information ou par d'autres

14 moyens, avez-vous appris que, dans la zone située non loin de Guca Gora,

15 comme par exemple la Vitez ou dans ces localités-là, des affrontements

16 armés avaient démarrés entre l'ABiH et le conseil croate de défense.

17 R. Le 8 juin, Nadja Ridzic s'est montré tellement déterminé que l'ABiH a

18 fini par expulser les extrémistes croates de Guca Gora et des appels ont

19 été lancés à la population pour qu'elle retourne chez elle. Mais moi, est-

20 ce que je suis extrémiste ? Moi j'ai été expulsé avec mon père et ma mère.

21 Est-ce que je suis un extrémiste ?

22 Q. Quant aux autres municipalités, vous avez parlé de Vitez--

23 R. A Guca Gora et dans le coin situé plus haut, tout le monde se taisait.

24 Personne ne pipait mot et il n'y a pas eu de combat à Travnik et à Vitez.

25 Il y avait des gens âgés qui ont gardé -- qui ont respecté leur parole

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1 jusqu'à la venue des étrangers.

2 Q. Merci. J'ai dit que nous parlerions du 8 juin, un peu plus tard mais

3 êtes-vous au courant du fait que des affrontements armés ont eu lieu avant

4 cette date à Busovaca ?

5 R. Oui.

6 Q. Est-ce que vous avez été au courant d'un massacre à Ahmici ?

7 R. S'agissant du massacre d'Ahmici, nous savions qu'il y avait eu des

8 combats mais, croyez-moi, personne à Guca Gora n'était au courant du

9 massacre.

10 Q. Fort bien. Vous avez dit qu'une route traversait Guca Gora pour aller

11 vers Travnik et Zenica n'est-ce pas ?

12 R. Oui.

13 Q. Est-il exact qu'au mois de mai 1993, l'ABiH était obligée d'emprunter

14 cette route si elle voulait aller de Travnik à Zenica ou vice-versa, n'est-

15 ce pas ?

16 R. Cela c'est exact.

17 Q. A cette époque-là, les routes qui traversaient la vallée de Lasva, à

18 savoir les routes normales comme celles qui passent par Vitez et Busovaca,

19 n'étaient plus utilisables par l'ABiH, n'est-ce pas ?

20 R. Je n'ai pas dit cela. La route que vous venez d'évoquer, et nous avons

21 été informés par notre commandement, par le commandement de la Brigade de

22 Travnik, que pour relier Travnik à Zenica, les commandements de l'ABiH et

23 du HVO s'étaient entendus -- s'étaient mis d'accord, pour qu'un corridor

24 soit maintenu entre Travnik, Guca Gora, Maljine et Han Bila. Quant à nous,

25 nous ne savions rien d'autres au sujet de ce corridor. La seule chose que

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1 nous savions c'était qu'un accord avait été conclu entre l'ABiH et le HVO

2 de Travnik à ce sujet.

3 Q. Au centre de Guca Gora, le HVO tenait un poste de contrôle où les gens

4 qui voulaient aller plus loin étaient soumis à une vérification, n'est-ce

5 pas ?

6 R. Ce poste de contrôle a été créé une fois que le poste de contrôle de

7 Mosor a lui-même été créé. C'était simplement une façon de réagir à la

8 création du contrôle de Mosor.

9 Q. Avez-vous été au courant du fait que sur la route Travnik-Zenica, et

10 non loin de Guca Gora, lorsqu'on va dans la direction de Travnik, à la date

11 du 2 juin, le commandant du groupe opérationnelle de Krajina, Mehmed

12 Alagic, a été stoppé dans sa progression, et désarmé, et que c'est

13 seulement sur intervention du commandant Blaskic et sur intervention des

14 forces internationales qu'il a été libéré ? Avez-vous été au courant de

15 cela ?

16 R. On a entendu parlé, mais quelque chose était passé avant cela. Puis-je

17 m'expliquer là-dessus ?

18 Q. Etes-vous au courant du fait qu'au poste de contrôle de Guca Gora,

19 quatre autocars ont été arrêtés dans leurs progressions, des autocars qui

20 portaient des membres de l'ABiH jusqu'à la position qu'ils étaient censés

21 occuper, en face des forces serbes à Turbe.

22 R. Oui, ces autocars ont été arrêtés parce que nous en avions assez de

23 tout ce qui passait. Il y avait des tant de soldats qui allaient de Zenica,

24 en passant par Guca Gora vers d'autres endroits, et ces autocars amenaient

25 un certains nombres d'hommes à Mosor, et plus loin à Turbe. Lorsque ces

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1 hommes revenaient, nous voyons deux ou trois autobus sur le chemin du

2 retour. Il y avait un autobus ou un camion, je ne sais plus, qui

3 transportait des soldats, qui a disparu un jour et qui n'est pas revenu.

4 Nous avions peur que des soldats soient affectés dans parti du territoire,

5 et nous avions peur que tout cela va affecter la situation à Mosor, étant

6 donné les rapports entre l'ABiH et le HVO. Nous avions peur. Nous avions

7 peur que des gens sont transporté à partir de Zenica vers Travnik, en

8 passant par chez nous.

9 Q. Est-ce que vous êtes courant du fait que sur la route, un certain

10 nombre de transports de malades et de blessés ont emprunté cette route pour

11 aller de Travnik à Zenica, et que ces transports ont été empêchés

12 d'avancer ?

13 R. Le commandais le corps médical, et lorsque quelqu'un traversait la

14 région en provenance de Travnik, tout le monde savait que je me trouvais à

15 Guca Gora, et que il fallait franchir le poste de contrôle, on m'appelait,

16 et on adressait ces gens à moi. D'ailleurs, c'est dans ces conditions que

17 j'ai été autorisé à franchir le poste de contrôle de Mosor.

18 Q. Vous avez dit que votre commandant, qui appartenait à la Brigade de

19 Travnik, a été affecté -- que la Brigade de Travnik, connu sous ce nom

20 intérieurement, a été rebâti en Brigade Frankopan en 1993, et que c'est là

21 que se trouvait votre commandant. Vous avez dit que la restructuration,

22 c'est fait le 1 avril 1993.

23 R. Oui.

24 Q. Le commandement de la Brigade, comme vous l'avez dit, et comme mon

25 collègue de l'Accusation l'a souligné, était stationné dans l'ancien

Page 3571

1 bâtiment faisant parti intégrant du monastère du Guca Gora, jusqu'à la fin

2 du moi du mai, ou en tous cas jusqu'au 30 mai, n'est ce pas ?

3 R. Oui, dans le monastère de Guca Gora.

4 Q. Après cette date, le commandant est parti ailleurs, il est parti pour

5 Nova Bila. Quant à cet ancien bâtiment, il a abrité à partir de ce jour-là

6 le centre des transmissions, centre opérationnel des transmissions, n'est

7 ce pas ?

8 R. Il n'y avait qu'un seul homme a cet endroit, le responsable des

9 fréquences, des signaux, des fréquences radio. C'était un agent qui faisait

10 parti de la Brigade. Il habitait à Guca Gora. Dans ce bâtiment, au total,

11 il n'y restait que deux hommes.

12 Q. Avant de passer à autres choses, j'aimerais vous soumettre la carte que

13 vous avez déjà vu lorsque l'Accusation vous l'a soumise, mais je

14 demanderais à un exemplaire sans annotation, parce que j'aimerais vous

15 demander d'annoter un certain nombres d'endroits. Je vais maintenant vous

16 poser quelques questions au sujet de cette carte sur le rétroprojecteur.

17 Nous voyons la carte en question, mais j'aimerais que vous repreniez cette

18 carte du rétroprojecteur, et qu'avant de la montrer à toutes les personnes

19 présent dans le prétoire, vous traciez un cercle autour du toponyme Guca

20 Gura, à sortir du numéro "1".

21 R. Le numéro 1 ?

22 Q. Oui, je vous prie. A présent, j'aimerais que vous traciez un cercle, et

23 que vous apposiez le chiffre "2" au niveau du toponyme Nova Bila, qui est

24 l'endroit ou vous êtes allé le 8 juin, après votre départ de Guca Gora.

25 R. [Le témoin s'exécute]

Page 3572

1 Q. A présent, j'aimerais que vous inscriviez le chiffre "3" au niveau du

2 toponyme Cifluk, ou vous avez dit dans votre déposition que ce trouvait la

3 ligne de démarcation --

4 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président, s'il vous plaît.

5 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui, Monsieur Withopf.

6 M. WITHOPF : [interprétation] Ma collègue de la Défense vient de dire que

7 Nova Bila était le lieu d'où était parti le témoin le 8 juin. Or, le témoin

8 a dit a plusieurs reprises que lorsqu'il est parti le 8 juin, c'était pour

9 aller au village de Cifluk.

10 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Je vous prie de m'excuser, peut-être y a-

11 t-il eu un malentendu ? Mais le témoin nous le dira. Pour moi, il a dit que

12 le 8 juin il a vu brûler 3 maisons à Nova Bila, et répondant à vos

13 questions, il a ajouté des détails, et à parler très clairement de cette

14 évènement.

15 LE TÉMOIN : [interprétation] Je peux m'expliquer ?

16 Mme RESIDOVIC : [interprétation] je vous en prie.

17 LE TÉMOIN : [interprétation] Avec certains habitants, et certains soldats,

18 nous sommes parti pour Cifluk le 8 juin. Nous n'avons cessé de creuser des

19 abris pour nous protégés, ce jour-là, pendant toute la journée. Un peu plus

20 tard dans l'après-midi, juste avant la tombé de la nuit, je suis allé au QG

21 qui se trouve à Nova Bila, et a partir de se QG, tard dans l'après midi ou

22 tôt dans la soirée, j'ai vu trois maisons qui brûlaient. Mais, c'était le

23 même jour.

24 Mme RESIDOVIC : [interprétation]

25 Q. C'est exactement la façon dont j'avais compris votre repos, Monsieur,

Page 3573

1 mais mon collègue de l'Accusation a élevé une objection, nous vous avons

2 demandé de vous expliquer sur ce point. Maintenant, tout est clair. Dans la

3 soirée du 8 juin, vous arrivez à Nova Bila, et je vous ai demandé

4 d'inscrire le chiffre "3" a côté du toponyme Nova Bila.

5 R. Non, vous m'aviez demandé d'inscrire le chiffre "2".

6 Q. Très bien, le chiffre "2". Maintenant, je vous demande d'apposer le

7 chiffre "3" à côte de Cifluk.

8 R. [Le témoin s'exécute]

9 Q. Vous avez également dit que vous aviez traversé le village de Sarici.

10 Je ne le vois pas moi-même sur la carte. Mais si vous trouvez ce toponyme

11 sur la carte, je vous demanderais d'apposer à côté du toponyme Sarici la

12 lettre "X" et la lettre "S".

13 R. Je viens d'apposer le chiffre "3" à cet endroit. Est-ce que je peux

14 ajouter un "X" au dessus du chiffre "3" ? Est-ce que je peux mettre le "3"

15 de l'autre côté ?

16 Q. Oui.

17 R. Voilà, j'inscris "X" et "S".

18 Q. Pour le compte rendu d'audience, je vous demanderais de bien vouloir

19 dire de quelle façon vous avez -- que ce que vous avez écrit à côté du

20 toponyme Sarici ?

21 R. J'ai inscrit un "X" et ensuite un "S".

22 Q. Merci. Au cours de l'interrogatoire principale, vous avez dit que le

23 commandement de la 306e Brigade de montagnes se trouvait à Rudnik, n'est ce

24 pas ?

25 R. A Rudnik Bila.

Page 3574

1 Q. Je vous demanderais d'inscrire la lettre "X" et la lettre "R" à coté de

2 se toponyme de Rudnik. De façon, est ce que nous sachons que s'agit de

3 Rudnik ?

4 [Le témoin s'exécute]

5 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président, l'Accusation aimerait

6 faire une proposition concrète, car nous avons du mal à suivre les

7 annotations du témoin. Peut-on demander au témoin de mettre à la carte sur

8 le rétroprojecteur de façon ce que nous puissions voir quel sont les

9 annotations qu'il appose, et a quel endroit.

10 M. LE JUGE ANTONETTI : Alors, peut-être avec l'aveuglette, il pourrait te

11 reprendre le "1", le "2", le "3", le "4", en fin que tout le monde puissent

12 suivre.

13 Mme RESIDOVIC : [interprétation]

14 Q. Je vous prierais à présent d'expliciter en mots ce que vous avez

15 inscrit en chiffres.

16 R. Guca Gora, numéro 1; Nova Bila, numéro 2; Cifluk, numéro 3; XS pour

17 Sarici; XR pour Rudnik Bila, le couronnement de la 306e Brigade de

18 montagne.

19 Q. Je vous prierais à présent, même si vous n'en avez pas parlé au cours

20 de l'interrogatoire principale, mais j'ai une question à ce sujet. Je vous

21 demanderais de recourir aux chiffres qui suivent le chiffre 3 pour annoter

22 Gornja Bukovica.

23 R. Il n'y a pas de Gornja Bukovica.

24 Q. Bukovica.

25 R. Bukovica Mala et Bukovica Velika existent.

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1 Q. Bukovica Velika, c'est ce que je vous demande.

2 R. [Le témoin s'exécute]

3 Q. Bandol maintenant.

4 R. Quel chiffre pour Bordol, souhaitez-vous que j'inscrive ?

5 Q. Le chiffre 4.

6 R. [Le témoin s'exécute]

7 Q. Non, ce sera le 5 pour Bandol; et le 6 pour Krpeljici.

8 R. [Le témoin s'exécute]

9 Q. Merci beaucoup. Je vais maintenant vous poser quelques questions au

10 sujet de ce que vous avez annoté.

11 D'abord quelques distances, si vous voulez bien. Vous avez dit que Cifluk

12 se trouvait à une distance de trois à trois kilomètres et demis de Guca

13 Gura, n'est-ce pas ?

14 R. Oui.

15 Q. Si nous regardons un peu plus près les distances sur la carte, il est

16 permis de penser que Nova Bila se trouve à une distance de sept à huit

17 kilomètres de Guca Gora, n'est-ce pas ?

18 R. Oui. Si on prend les routes secondaires.

19 Q. Mais en tout cas, il est impossible que cette distance soit égale à

20 deux kilomètres qui est la distance que vous avez citée dans notre

21 déposition, il y a quelques instants, n'est-ce pas ?

22 R. Moi, j'ai dit que c'était une distance à vol d'oiseaux.

23 Q. Dites-moi, je vous prie, entre Guca Gora et Sarici quelle est la

24 distance ?

25 R. Entre Guca Gora et Sarici, si l'on emprunte la route, il y a à peu près

Page 3576

1 trois kilomètres.

2 Q. Entre Guca Gora et Cukle, veuillez me dire quel est le nombre de

3 kilomètres approximatifs ?

4 R. Cukle ou Cifluk ?

5 Q. Cukle.

6 R. De Guca Gora, si l'on passe par krabana pour aller à Cukle, il y a

7 trois kilomètres et demis à quatre kilomètres.

8 Q. Merci beaucoup. Est-il exact, Monsieur Radic, que dans la nuit du 4 au

9 5 juin 1993, le HVO a attaqué Valika Bukovica ?

10 R. Ce que je sais puisque le 4 et le 5 j'étais à Guca Gora au centre

11 médical qui se trouve tout près de l'école, et ce jour-là, nous avons

12 transporté un commandant du HVO Anto Lucic qui avait été emmené de Bukovica

13 et qui avait été blessé à la jambe, et puis on nous a aussi emmené une

14 femme accompagnée d'un enfant, une femme musulmane, et nous leur avons

15 fournies les premiers soins. De ces deux personnes, nous avons appris que

16 des coups de feu, des tirs avaient été enregistrés à Bukovica. Anto Lucic

17 n'a rien dit, mais cette femme musulmane n'a pas dit grand-chose non plus.

18 Mais nous avons appris que des coups de feu avaient été tirés. Personne ne

19 nous disant cependant qui avait tiré et pour quelles raisons. C'est

20 seulement plus tard, que nous avons appris tout ce qui s'était passé.

21 Q. Etes-vous au courant du fait Monsieur Radic, que le 7 juin, le HVO a

22 attaqué le village de Bandol auquel il a mis le feu ?

23 R. Le 7 juin, c'est impossible.

24 Q. Etes-vous au courant du fait, Monsieur Radic, que les médias du HVO

25 ainsi que la télévision croate ont fait savoir ce jour-là, que le monastère

Page 3577

1 de Guca Gora avait été incendié ?

2 R. Je l'entends aujourd'hui pour la première fois.

3 Q. Etes-vous au courant du fait que des représentants de la communauté

4 internationale sont arrivés pour vérifier ces allégations et qu'ils ont

5 constaté que le monastère de Guca Gora était intact ?

6 R. Je ne suis pas au courant de cela.

7 Q. Monsieur Radic, êtes-vous au courant du fait qu'au début du mois de

8 juin, le commandement de la 306e Brigade avait été totalement vaincu et

9 quelle a été dans l'impossibilité complète de communiquer en raison des

10 opérations du HVO. Il y avait des éléments de cette brigade qui se trouvait

11 à Krpeljici ainsi qu'à Rudnik et un membre du commandement était à

12 Meruhici. Le commandement a été placé dans l'impossibilité de communiquer

13 ayant été totalement vaincu --

14 R. C'est faux. C'est faux. C'est absolument faux.

15 Q. Vous n'avez pas besoin de crier. Je ne fais que vous posez une

16 question.

17 R. Mais vous m'insultez lorsque vous dites qu'il a été totalement vaincu

18 ce commandement.

19 Q. Le 8 juin, vous avez entendu que des combats s'étaient déroulés à Guca

20 Gura et avec d'autres civils qui étaient arrivés jusqu'à l'hôpital, vous

21 êtes allés dans le village croate de Sarici, n'est-ce pas ?

22 R. Non. Pas tout de suite. Nous étions dans cette maison près de l'école

23 où se trouvait le centre de santé de campagne. Il était à peu près 7 heures

24 30 du matin lorsqu'un groupe de 20 soldats armés du HVO venant de Malijne

25 sont passés par le centre de santé, et ils nous ont dit que le village de

Page 3578

1 Malijne était tombé et que les Moudjahiddines ainsi que les membres de

2 l'ABiH avaient capturé tout le monde sauf eux, et qu'ils étaient les seuls

3 survivants.

4 Q. Est-il vrai que ce jour-là, le HVO ainsi que la population a pris la

5 direction de Sarici et plus loin de Nova Bila ?

6 R. Je n'ai pas bien compris.

7 Q. Est-il exact que les soldats, là, je parle du HVO et les habitants

8 civils ont pris ensemble la direction de Nova Bila ?

9 R. Une partie des soldats. Une partie seulement des soldats parce que les

10 autres soldats sont restés à Glavice sur le front, non loin de leur maison,

11 mais la majorité de la population, des civils sont partis avec moi de Guca

12 Gura pour prendre la direction de Sarici.

13 Q. Vous vous êtes déplacés avec les autres civils, c'est bien cela.

14 R. Oui.

15 Q. Vous portiez l'uniforme vous tous.

16 R. Une minorité des hommes en question portait l'uniforme.

17 Q. Merci. Répondant aux questions de mon collègue de l'Accusation, vous

18 avez défini ce que vous avez vu à partir de Nova Bila et ce que vous avez

19 vu à partir de Cifluk. Vous étiez à des endroits déterminés, vous utilisiez

20 des jumelles. Cet endroit où vous avez utilisé ces jumelles, c'était

21 Cifluk. Lorsque vous étiez à Cifluk, vous avez utilisé vos jumelles, et à

22 ce moment-là, ce que vous avez vu, vous l'avez vu aussi bien que si vous

23 étiez en train de regarder à l'śil nu, ce qui se passait à 300 ou 400

24 mètres de distances, n'est-ce pas

25 R. A Cifluk, j'ai utilisé des jumelles. A l'aide des ces jumelles, je

Page 3579

1 pouvais voir y compris ce que les gens portaient sur eux, leurs vêtements.

2 Je pouvais voir s'ils portaient un uniforme ou des vêtements civils. S'il

3 s'agissait d'hommes ou de femmes. Je pouvais voir tout cela parfaitement

4 bien. Je reconnais très bien les vêtements que portaient les personnes en

5 question.

6 Q. Le 8 juin, alors que vous étiez devant le commandement, et que vous

7 regardiez dans la direction du monastère, vous étiez dans la capacité de

8 distinguer des gens qui éventuellement auraient circulé dans les rues de

9 Guca Gora, n'est-ce pas ?

10 R. En effet. Ceci est exact.

11 Q. Vous ne saviez pas et vous ne pouviez pas voir qui, éventuellement,

12 aurait mis le feu aux maisons du village, n'est-ce pas ?

13 R. Les trois premières maisons qui ont été incendiées le 8 juin, je ne

14 sais pas qui a mis le feu à ces maisons. Je parle bien des trois premières

15 maisons incendiées.

16 Q. Par la suite, alors que vous étiez en train de regarder ce qui se

17 passait à partir de Cifluk. Vous avez remarqué certaines maisons en feu et

18 ce sont les maisons que vous avez annotées sur la carte qui vous a été

19 soumise par l'Accusation, n'est-ce pas ?

20 R. Oui. Ce sont les maisons que nous avons regardées brûler pendant toute

21 la journée et toute la nuit.

22 Q. Toutefois, il n'y a pas eu un moment où vous avez pu distinguer la

23 personne qui a mis le feu à ces maisons, n'est-ce pas ?

24 R. Non. Nous n'avons pas vu cette personne.

25 Q. A la distance où vous vous trouviez, le 12 et le 13, lorsque vous avez

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1 regardé et vu ces gens qui emportaient des objets, parmi les hommes qui

2 portaient un uniforme complet ou des parties d'uniforme, vous n'avez pas pu

3 distinguer un quelconque insigne qui aurait pu vous instruire quant à

4 l'unité à laquelle ces hommes auraient appartenu, n'est-ce pas ?

5 R. En effet, ceci est tout à fait exact.

6 Q. Merci beaucoup, Monsieur Radic. Je n'ai pas d'autres questions à vous

7 poser.

8 R. Merci.

9 M. LE JUGE ANTONETTI : Je pense qu'il n'y a pas de questions de ce côté-là.

10 Monsieur Dixon, pas de questions ?

11 M. DIXON : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président. Nous

12 n'avons pas de questions à poser à ce témoin, car ce témoin a

13 essentiellement présenté sa déposition à propos d'incidents afférents à

14 Guca Gora et vous saurez, Monsieur le Président, que M. Kubura ne fait pas

15 l'objet d'accusations pour toute question afférente à ce village ou aux

16 autres villages qui, d'ailleurs, ont été mentionnés aujourd'hui par le

17 témoin.

18 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je souhaiterais

19 demander au témoin de pouvoir apposer son nom ainsi que la date sur la

20 carte qui lui a été donnée et j'aimerais pouvoir verser cette carte comme

21 preuve en tant que pièce à conviction de la Défense.

22 M. LE JUGE ANTONETTI : On va présenter le document à l'Accusation pour

23 qu'elle le vérifie. On va représenter le document aux défenseurs et aux

24 accusés. Nous allons vérifier qu'il y a bien son nom. Très bien.

25 Alors, Monsieur le Greffier, donnez-moi un numéro.

Page 3581

1 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, cette pièce sera

2 la pièce à conviction DH52.

3 M. LE JUGE ANTONETTI : Document est référencié DH52. Je me tourne vers

4 l'Accusation pour savoir si elle a des questions supplémentaires à poser au

5 témoin.

6 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Monsieur les

7 Juges, l'Accusation n'a pas de questions supplémentaires à poser au témoin.

8 M. LE JUGE ANTONETTI : Je vous remercie.

9 Monsieur Radic l'audience vous concernant est terminée puisque vous avez

10 répondu aux questions qui ont été posées par l'Accusation. Vous avez

11 également subi les questions du contre-interrogatoire et vous avez répondu

12 aux questions des Juges.

13 Nous vous remercions pour votre contribution et nous vous souhaitons un bon

14 voyage de retour. Je vais demander à Madame l'Huissière de bien vouloir

15 vous raccompagner à la porte de la salle d'audience.

16 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci beaucoup.

17 [Le témoin se retire]

18 M. LE JUGE ANTONETTI : Concernant le deuxième témoin de la journée, il me

19 semble avoir compris qu'il y a des mesures qui vont être demandées, il faut

20 passer à huis clos. C'est bien cela ?

21 M. WITHOPF : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Vous avez tout à

22 fait raison et je vous demanderais de pouvoir passer à huis clos partiel.

23 M. LE JUGE ANTONETTI : Nous sommes à huis clos partiel, Monsieur le

24 Greffier.

25 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, nous sommes

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1 maintenant à huis clos partiel.

2 [Audience à huis clos partiel]

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12 Pages 3583 à 3591 –expurgées– audience à huis clos partiel.

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21 (Expurgé)

22 [Audience publique]

23 Mme HENRY-BENJAMIN : [interprétation]

24 Q. Vous avez dit aux Juges, il y a quelques instants, que le 7 vous aviez

25 déménagé dans la maison de votre tante, le 8 juin et le lendemain de ce

Page 3593

1 jour-là. Pouvez-vous dire aux Juges de la Chambre ce qui s'est passé le 8

2 juin dans votre village, dans le village où vous habitiez ? Si vous le

3 savez.

4 R. Dans le village où j'habitais, dans mon village, à 4 heures du matin,

5 le 8 juin, des obus ont commencé à tomber à ce moment-là. J'étais dans la

6 maison. Je ne suis sortie nulle part avec les enfants, parce que j'avais

7 deux enfants en bas âge. L'un avait trois ans et la petite avait un an et

8 demi. Je n'osais sortir nulle part. Je n'osais pas quitter la maison. Il

9 était une heure trente l'après-midi, la femme qui était avec moi avait

10 aussi des enfants en bas âge. Elle n'avait plus de pain. Elle a demandé à

11 la tante de faire du pain. A ce moment-là, elle a sans doute aperçu la

12 fumée. Elle a vu que la fumée venait de là où se trouvaient les soldats, et

13 elle est sortir pour voir cela. C'est comme cela qu'ils nous ont fait

14 prisonniers.

15 Q. Vous dites, "Ils ont". Pouvez-vous dire exactement de qui vous parler

16 lorsque vous dites "Ils" ?

17 R. Je parle de l'armée, l'armée musulmane.

18 Q. Pourriez-vous nous aider en décrivant l'aspect physique des soldats

19 dont vous parlez, de ces hommes ? Voulez-vous dire comment ils étaient

20 vêtus, quelles étaient leurs apparences physiques ?

21 R. Il y en avait un, qui portait l'uniforme de camouflage, et l'autre

22 était en civil. Lui est arrivé devant la porte, et j'ai simplement vu son

23 bras. Il portait un T-shirt de toutes les couleurs. J'ai vu son bras quand

24 il a frappé la porte. Un autre, à ce moment-là, est arrivé, et la porte

25 s'est ouverte, et il a dit "Vous, les Oustachi, il faut tous vous tuer,

Page 3594

1 vous égorger."

2 Les enfants pleuraient, bien sûr. Les enfants de la voisine pleuraient

3 aussi. Celui qui était devant la porte a dit à ce moment-là, "Si ce sont

4 des civils, n'y touchent pas," et ils sont arrivés chez nous, ils ont dit,

5 "Vous pouvez sortir, il ne vous arrivera rien, on vous amènera abord d'un

6 camion à Mehurici, là ou se trouve les autres membres de votre communauté."

7 Q. Pourriez-vous dire aux Juges de la Chambre, combien de temps se

8 pilonnage a duré ?

9 R. Le pilonnage a duré à peu près une demi-heure.

10 Q. Très bien. Vous avez dit qu'on vous avait fait prisonnière. Lorsque

11 vous dites, qu'on vous a fait prisonnière, pouvez-vous nous dire ce qui

12 c'est passé en suite ? On vous a fait sortir de votre maison, que s'est-il

13 passé en suite ?

14 R. Ils nous ont fait sortir de la maison. Ils ont dit, vous irez dans un

15 camion vers Mehurici, mais il y a un endroit de la route où elle s'élargit

16 et là, était garé le camion, et là ce trouvait ceux qui avait pillé nos

17 maisons. J'ai reconnu des hommes abord de ce camion. On nous a dit, "Vous

18 allez monter abord de ce camion." Il y en avait deux dans ce camion qui

19 portaient l'uniforme de camouflage, je ne les connaissais pas. Ils ont dit

20 "Vous, les Oustachi, ne vous en faites pas, vous irez à pied jusqu'à

21 Mehurici."

22 Q. Vous avez dit qu'il y avait là, un camion avec des choses dans ce

23 camion, avez-vous pu voir dans ce camion des objets qui vous

24 appartenaient ? Avez-vous donné l'autorisation à quiconque de faire sortir

25 de votre maison ces objets ?

Page 3595

1 R. Non. D'ailleurs, je ne connaissais pas ces soldats, je ne connaissais

2 personne.

3 Q. Avez-vous commencé votre voyage jusqu'à Mehurici, comme on vous a donné

4 l'ordre ?

5 R. J'ai été obligé. J'ai pris la route avec les enfants. Nous étions 12,

6 et nous sommes allés vers Mehurici.

7 Q. Étiez-vous escorté lorsque vous êtes allé vers Mehurici ?

8 R. Oui, par deux soldats en uniformes de camouflage.

9 Q. Pourriez-vous dire, comment ils étaient vêtus ?

10 R. Ils avaient ces vêtements de toutes les couleurs. Ils avaient aussi un

11 couvre-chef qu'ils ont enlevé, et qu'ils ont mi là comme cela. Je ne sais

12 comment exactement. Ils avaient des rubans de couleurs bleus autour de la

13 tête et autour du bras.

14 Q. Lorsque vous êtes arrivés à Mehurici, vous êtes amenés à un endroit

15 particulier ?

16 R. Non, ils nous ont amenés dans cette salle là-bas, ou les enfants

17 faisaient de la gymnastique. C'est là qu'ils nous ont amenés, et nous y

18 avons retrouvé les nôtres, nos voisins. C'est là, qu'ils nous ont amenés.

19 Q. Vos voisins que vous avez reconnus dans cet salle de sport, pouvez-vous

20 aidez les Juges en disant combien de personnes à peu près vous avez

21 retrouvé dans cette salle de sport lorsque vous y êtes arrivés ?

22 R. En total, nous étions 300, peut-être même un peu plus. Mais en tous

23 cas, plus ou moins 300.

24 Q. Pourriez-vous nous aider, Madame le témoin ZB, en nous disant quelle

25 était l'appartenance ethnique de ces prisonniers ?

Page 3596

1 R. Croates.

2 Q. Cela se passait le 8 juin. Pouvez-vous à l'intention des Juges de la

3 Chambre, décrire votre première journée dans cette salle de sport ? Dites-

4 nous comment vous avez été traité, dites-nous quel était l'aspect de ce

5 gymnase. Faites-nous une description de tous cela, je vous prie.

6 R. Horrible. Quand nous sommes arrivés là-bas, en bas, tout le monde

7 pleurait. Personne ne s'occupait de personne. C'était l'horreur, une

8 horreur terrible. Il y avait ces soldats musulmans qui étaient là, qui ont

9 commencé à nous provoquer, à nous raconter toutes sortes de choses. Il n'y

10 avait pas mal de Moudjahiddines aussi, qui marchaient dans toute la salle,

11 et racontaient quelque chose dans une langue étrangère, moi je n'y

12 comprenais rien. C'était l'horreur.

13 Q. Que pouvez-vous dire des conditions de vie dans cette salle de sport ?

14 Avez-vous reçu des repas ? Comment avez-vous été traités ?

15 R. Bien, la salle n'était pas grande. Il se comportait -- enfin je veux

16 parler des soldats. Bon, il est vrai que des Moudjahiddines essayaient de

17 faire éruption dans la salle, mais les soldats ne leurs permettait pas.

18 Après, les enfants se mettaient à pleurer, et on leurs disait, "Si vous ne

19 vous calmez pas, les Moudjahiddines vont rentrer." Il y avait des boîtes de

20 conserve, une grosse boîte de conserve à distribuer, à repartir entre ces

21 personnes. C'était l'horreur.

22 Q. Vous avez dit qu'il y avait des soldats musulmans et des

23 Moudjahiddines. Pouvez-vous décrire ces hommes dont vous avez parlé en les

24 appelants des Moudjahiddines ? Quels étaient leurs aspects physiques ?

25 R. Ils n'avaient pas la même allure que les nôtres. Ils étaient noirs, ils

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1 avaient les cheveux frisés, ils étaient petits, ils étaient assez gros, ils

2 parlaient dans une langue étrangère. Ils ne parlaient pas en bosniaque, et

3 c'est ce qui m'a fait pensé que c'était des Moudjahiddines.

4 Q. Ces menaces dont vous avez parlées, certaines des menaces ont été

5 adressées précisément à vous et à vos enfants ? Comment vous sentiez vous ?

6 R. Mal. A côté de moi, il y avait le petit, et sa grand-mère lui coupait

7 toujours les cheveux, mais elle lui avait laissé une partie des cheveux qui

8 faisait une queue de cheval. Cette queue de cheval bouclait un petit peu.

9 Mon voisin est arrivé, et il a dit, "Coupe les cheveux de cette enfant,

10 parce que si les Moudjahiddines arrivent --", et il a fait un geste comme

11 cela, indiquant que dans ce cas ils allaient égorger mon enfant. A ce

12 moment-là, j'ai été obligé de couper la queue de cheval de mon propre

13 enfant.

14 Mme HENRY-BENJAMIN : [interprétation] Pour le compte rendu d'audience,

15 Monsieur le Président, le témoin vient de faire un geste, elle a mis sa

16 main devant son coup pour illustrer une action particulière.

17 Q. Madame le témoin, est-il arrivé un moment où on vous a amenée hors de

18 ce gymnase ?

19 R. Non, simplement dans cette salle de sport, ils ont crié, "Oustachi", et

20 ils prenaient les cheveux de mon enfant, et les enroulaient pour montrer

21 qu'ils allaient les égorger.

22 Q. Est-il arrivé un moment où, vous avez quitté cette salle de sport, où

23 on vous a fait sortir de cette salle de sport ? Ces musulmans et ces

24 Moudjahiddines dont vous dites qu'ils vous ont amenés dans cette salle,

25 vous ont-ils fait sortir à un certain moment ?

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1 R. Je ne suis allé nulle part. Je suis resté là jusqu'à l'échange.

2 Q. Pouvez-vous nous dire à quel moment cet échange a eu lieu ?

3 R. Le 24 juin.

4 Q. Combien de temps êtes-vous restée dans cette salle de sport ? Combien

5 de jours ?

6 R. 17 jours.

7 Q. A quel endroit avez-vous été échangée, et contre qui ?

8 R. On nous à échangé a l'endroit ou on va vers Guca Gora, cela s'appelle

9 Rampa. On nous a échangé contre le village de Bukovica. Nous étions abord

10 de 4 autobus pleins.

11 Q. Pendant cette période, pouvez-vous dire aux Juges de la Chambre ou se

12 trouvait votre mari ?

13 R. Il était à Nova Bila.

14 Q. Après l'échange, où êtes-vous allé ?

15 R. A Busovaca. Je -- puis ils arrivaient à Bila, il n'y avait pas de place

16 et on nous a alors emmené à Bila.

17 Q. Est-il arrivé un moment où vous avez retrouvé votre mari ?

18 R. Oui. J'ai tout de suite retrouvé mon mari. Dès que je suis arrivée à

19 Nova Bila, j'ai retrouvé mon mari.

20 Q. Combien de temps avez-vous vécu à Busovaca ?

21 R. Huit ans.

22 Q. Pourquoi n'êtes-vous pas retournée dans votre maison à Maljine ?

23 R. Parce qu'elle avait été incendiée.

24 Q. Comment décririez-vous les événements que vous avez vécu le 8 juin

25 1993 ?

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1 R. Je les décrirais en disant que j'étais dans la maison de ma tante, que

2 j'ai vu que ma maison brûlait, que cela m'a complètement atterrée et que je

3 ne savais plus rien, que je voyais ma maison brûler, que nous étions là

4 tous en train de pleurer. Ma mère était avec moi. Elle est morte

5 aujourd'hui mais elle pleurait aussi. Nous pleurions. Quand j'ai vu cela,

6 c'était l'horreur là-bas à ce moment-là. A 1 heure et demie, ils sont venus

7 nous chercher et nous ont forcé à aller à Mehurici. Là-bas en bas, nous

8 avons aussi vécu l'horreur avec les enfants. Je n'avais rien à manger, ni

9 moi ni mes enfants, et quand je suis sortie du camp, je pesais 30 kilos.

10 J'avais du mal à ne pas tomber tellement je n'avais plus aucune force.

11 Q. Vous étiez malade et affaiblie ?

12 R. Oui.

13 Q. De quelle façon diriez-vous que tout cela a affecté vos enfants ?

14 R. Mal, mal. Aujourd'hui encore ma petite fille a une dépression. Dès

15 qu'on parle de quelque chose de mauvais, elle commence à trembler de tous

16 ses membres et elle se sent mal. Elle a toujours mal à la tête. Dès que

17 quelqu'un commence à raconter des horreurs, elle a mal à la tête.

18 Q. Où habitez-vous en ce moment ?

19 R. A Maljine.

20 Mme HENRY-BENJAMIN : [interprétation] Monsieur le Président, Madame,

21 Monsieur les Juges, ceci met un terme à notre interrogatoire principal. Je

22 vous remercie.

23 M. LE JUGE ANTONETTI : Je vous remercie, Madame Benjamin. Vous avez été à

24 l'essentiel.

25 Je me tourne vers les Défenseurs.

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1 M. BOURGON : Merci Monsieur le Président.

2 J'aimerais passer en huis clos partiel, s'il vous plaît, pour commencer le

3 contre-interrogatoire.

4 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Nous allons passer en huis clos partiel.

5 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, nous sommes à huis

6 clos partiel.

7 [Audience à huis clos partiel]

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12 Pages 3601 à 3610 –expurgées– audience à huis clos partiel.

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18 [Audience publique]

19 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. En audience publique, je me tourne vers

20 Monsieur Withopf, afin qu'il me présente le planning pour la journée de

21 demain.

22 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Messieurs les

23 Juges, demain l'Accusation fera comparaître deux témoins. J'aimerais que

24 nous passions à nouveau à huis clos partiel pour vous donner les noms de

25 ces deux témoins.

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1 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Monsieur le Greffier, nous repassons à huis

2 clos partiel.

3 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes maintenant à huis clos

4 partiel.

5 [Audience à huis clos partiel]

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24 (Expurgé)L'audience est

25 levée à 18 heures 57 et reprendra le vendredi 27 février 2004, à 9 heures.