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1 Le mercredi 12 mai 2004
2 [Audience publique]
3 --- L'audience est ouverte à 9 heures 03.
4 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
5 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, pouvez-vous appeler le numéro
6 de l'affaire, s'il vous plaît.
7 M. LE GREFFIER : Affaire référence IT-01-47-T, le Procureur contre Enver
8 Hadzihasanovic et Amir Kubura.
9 M. LE JUGE ANTONETTI : Je vais demander à Monsieur Mundis, que je salue, de
10 bien vouloir présenter l'Accusation.
11 M. MUNDIS : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Madame,
12 Messieurs les Juges, les conseils et toutes les personnes présentes dans le
13 prétoire. Pour l'Accusation, nous avons Tecla Henry-Benjamin, Daryl Mundis
14 et notre commis aux audiences Ruth Karper.
15 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci.
16 Je me retourne vers le banc de la Défense qui me semble légèrement
17 dégarnie.
18 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, bonjour. Mme
19 Residovic, représentant Enver Hadzihasanovic, et l'assistant juridique,
20 Alexis Demirdjian.
21 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, vers les autres avocats qui, eux, sont au
22 complet.
23 M. IBRISIMOVIC : [interprétation] Bonjour, je représente M. Kubura. Rodney
24 Dixon, Fahrudin Ibrisimovic, et Nermin Mulalic, qui est l'assistante
25 judiciaire.
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1 M. LE JUGE ANTONETTI : Je souhaite la bienvenue à tous dans cette salle
2 d'audience, ainsi que les interprètes qui sont à l'extérieur de la salle.
3 Nous avons, aujourd'hui, l'interrogatoire principal qui est prévu et je
4 vais, en conséquence, demander à Mme l'Huissière de vouloir aller chercher
5 le témoin, s'il vous plaît.
6 Monsieur Mundis.
7 M. MUNDIS : [interprétation] Monsieur le Président, si vous me le
8 permettez, pendant que Mme l'Huissière fait rentrer le témoin dans le
9 prétoire, je souhaite simplement annoncer qu'il s'agit d'un seul témoin que
10 nous avons pour aujourd'hui, et je ne pense pas que nous aurons besoin de
11 la session entière de ce matin pour l'entendre.
12 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
13 M. LE JUGE ANTONETTI : Bonjour, Monsieur. Je vais d'abord vérifier que vous
14 entendez bien mes propos. Non ? Je vais reformuler ma question. Entendez-
15 vous bien, dans votre langue, en anglais, la traduction de mes propos ? Il
16 y a un problème. Pour la troisième fois, je vais vous demander si vous
17 entendez bien mes propos qui sont traduits. Si c'est le cas, dites, je vous
18 entends.
19 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Monsieur les
20 Juges, je vous entends fort bien maintenant.
21 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur vous avez été cité à comparaître par
22 l'Accusation afin de témoigner sur des faits qui se sont déroulés en 1993.
23 A cette fin, je me dois, avant de vous faire prêter serment, de vous
24 identifier. Pour ce faire, je vous demande de bien vouloir me donner votre
25 nom, prénom et date de naissance.
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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Je m'appelle Rolf Weckesser. Je suis né le 12
2 août 1937.
3 M. LE JUGE ANTONETTI : Pouvez-vous m'indiquer le village ou la ville où
4 vous êtes né et le pays ?
5 LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis né à Freiburg qui est en Allemagne, en
6 Allemagne du sud.
7 M. LE JUGE ANTONETTI : J'en tirerai la conclusion que vous êtes de
8 nationalité allemande a priori. Pouvez-vous me dire quelles sont vos
9 fonctions actuelles, votre qualité actuellement. Que faites-vous sur le
10 plan professionnel ?
11 LE TÉMOIN : [interprétation] Au jour d'aujourd'hui, je suis à la retraite.
12 J'étais autrefois officier de l'armée de l'air.
13 M. LE JUGE ANTONETTI : En 1993, quelle qualité ou fonction aviez-vous en
14 Bosnie-Herzégovine ?
15 LE TÉMOIN : [interprétation] Le ministère des Affaires étrangères allemand
16 m'a envoyé auprès de la mission de la MCCE, et j'ai été cantonné à
17 l'époque, entre le mois de septembre à la fin du mois de décembre 1993 à
18 Zenica. J'étais membre du CR, du centre régional de Zenica, et j'ai été
19 également membre en cette qualité comme membre du centre régional. J'étais
20 également membre du centre de coordination à Travnik, et j'étais chef
21 d'équipe et l'équipe s'appelait Victor 4.
22 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci. Avez-vous déjà témoigné devant un tribunal
23 international ou un tribunal national sur les faits qui se sont déroulés en
24 1993 en Bosnie-Herzégovine, ou c'est la première fois que vous témoignez ?
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, c'est la deuxième fois que je témoigne.
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1 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous rappelez-vous de l'affaire pour laquelle vous
2 avez témoigné et étiez-vous un témoin de l'Accusation ou de la Défense ?
3 LE TÉMOIN : [interprétation] J'étais témoin de l'Accusation dans l'affaire
4 Blaskic.
5 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci. Je vais vous demander de lire le texte du
6 serment que Mme l'Huissière va vous présenter. Je vous demande de le lire.
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la
8 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
9 LE TÉMOIN: ROLF WECKESSER [Assermenté]
10 [Le témoin répond par l'interprète]
11 M. LE JUGE ANTONETTI : Je vous remercie. Vous pouvez vous asseoir.
12 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.
13 M. LE JUGE ANTONETTI : Comme vous avez déjà témoigné, les explications
14 liminaires que je vais vous donner vont être assez réduites. Vous avez,
15 comme je l'ai indiqué tout à l'heure, été cité à comparaître comme témoin
16 de l'Accusation. Vous avez prêté serment de dire toute la vérité, rien que
17 la vérité, ce qui veut dire qu'il ne peut être question de faux
18 témoignages. Le faux témoignage émanant d'un témoin peut être réprimé, car
19 il s'agit d'une infraction. Je tenais à vous indiquer également ce point
20 important.
21 Par ailleurs, le règlement de ce Tribunal prévoit une disposition
22 particulière qui résulte du fait que lorsqu'une question est posée au
23 témoin, si celui-ci pense que sa réponse peut constituer un élément à
24 charge contre lui, il peut refuser de répondre. Dans cette hypothèse, la
25 Chambre peut l'obliger néanmoins à répondre, et la Chambre lui garantie, à
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1 cette occasion, une forme d'indemnité. Par ailleurs, les questions qui vont
2 vous être posées appellent de votre part des réponses claires et précises.
3 Bien entendu, il s'agit d'événements qui se sont déroulés il y a plus de
4 dix ans, et votre mémoire peut être défaillante. Si c'est le cas, vous
5 l'indiquez franchement, car comme nous sommes dans une procédure orale
6 appuyée parfois par des documents écrits, c'est l'oralité des débats qui
7 est le principe directeur du procès, et d'où l'importance des réponses que
8 vous apportez aux questions.
9 A l'issue de l'interrogatoire principal qui va être mené par
10 l'Accusation, les avocats des accusés, qui eux se trouvent à gauche, vous
11 poseront également des questions afin, soit de vérifier votre crédibilité,
12 soit d'obtenir des réponses à des questions concernant le contexte
13 politique, militaire, ou stratégique de l'époque.
14 A la suite de cette phase, l'Accusation reprendra la parole pour vous poser
15 des questions supplémentaires, et les trois Juges qui sont devant vous
16 pourront, comme le prévoit le règlement de ce Tribunal, vous poser à tous
17 moments des questions, soit aux fins d'éclaircissement de vos réponses,
18 soit pour combler des lacunes qui peuvent résulter des réponses que vous
19 donnez aux questions posées.
20 En règle générale, les Juges préfèrent attendre la fin du contre-
21 interrogatoire et des questions supplémentaires pour poser à la fin de
22 l'audience des questions au témoin. Vous aurez certainement à répondre aux
23 questions également aux dits Juges. Ces questions n'ont qu'un but; c'est
24 d'éclairer la manifestation de la vérité. Voilà, de manière très générale,
25 la façon dont va se dérouler cette audience, mais qui pour vous n'est pas
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1 une surprise dans la mesure où vous avez déjà témoigné dans un procès.
2 Je vais, en conséquence, donner la parole aux représentants de
3 l'Accusation. Je pense que c'est M. Mundis qui va conduire
4 l'interrogatoire.
5 M. MUNDIS : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président.
6 Interrogatoire principal par M. Mundis :
7 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Weckesser. Pourriez-vous parler,
8 s'il vous plaît, brièvement de votre expérience au sein de l'armée de l'air
9 allemande ? Pourriez-vous nous dire, s'il vous plaît, quelles étaient vos
10 missions et quelles tâches que vous avez rempli lorsque vous faisiez partie
11 de l'armée ?
12 R. J'ai rejoint l'armée en 1957 et j'ai une formation de base, la formation
13 habituelle des officiers. Ensuite, j'ai gravi les échelons au niveau de
14 chaque unité, au niveau de l'état-major, y compris les niveaux d'états-
15 majors internationaux. Tout ceci avait pour but de comprendre les éléments
16 de défense aérienne. J'étais membre de l'état-major international pendant
17 quelques années. J'ai occupé des positions internationales, j'étais
18 président de forum. Il s'agissait de mener à bien les opérations à Awacs et
19 j'occupais le poste de commandant. Mon dernier poste fut celui de
20 commandant de l'école d'interception à Erntebruck. Quand j'ai quitté
21 l'armée, j'avais le grade de colonel.
22 Q. À quelle date avez-vous pris votre retraite ? Avez-vous quitté l'armée
23 allemande ?
24 R. A la fin du mois de mars 1993.
25 Q. Monsieur Weckesser, vous avez dit à la Chambre qu'en 1993 vous
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1 travailliez avec la MCCE. A quelle date avez-vous commencé votre mission
2 auprès de la MCCE ?
3 R. J'ai commencé au mois de mai 1993, et je travaillais à ce moment-là au
4 QG de la mission européenne à Zagreb. Ma première mission était celle
5 d'observateur sur le terrain au sud de Zagreb en Croatie, ensuite au centre
6 de la Croatie dans la région de Pozega. J'ai eu une mission à Slavonski
7 Brod, en Slovénie du sud pendant l'été. Après quoi j'ai eu une mission,
8 citée dans cette affaire, en Bosnie centrale entre le mois de septembre et
9 le mois de décembre. J'ai occupé la fonction de conseiller de presse au QG
10 de la présidence allemande. Après quoi, j'ai terminé ma mission au
11 printemps 1995 où j'étais le chef du centre de coordination à Djakovo, en
12 Slovénie orientale près de Osijek.
13 Q. Lorsque vous étiez en Bosnie centrale, vous avez précisé entre le mois
14 de septembre et décembre, de quelle année s'agissait-il ?
15 R. De 1993.
16 Q. Vous avez précisé que vous étiez chef d'équipe de Victor 4. Pourriez-
17 vous décrire à la Chambre, s'il vous plaît, la manière dont était organisé
18 la MCCE, en Bosnie centrale ?
19 R. La manière dont était organisé la MCCE, nous avions un centre régional
20 à Zenica. Il y avait différents centres régionaux répartis sur l'ensemble
21 du territoire de l'ex-Yougoslavie, y compris les pays voisins. Nous avions
22 trois centres de coordination. Je crois c'était à Travnik, Mostar et un qui
23 m'échappe. J'appartenais moi-même au centre de coordination de Travnik.
24 Nous avions quatre équipes qui allaient sur le terrain, y compris Victor 1
25 à Victor 4.
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1 Q. Monsieur Weckesser, quelle était la zone de responsabilité géographique
2 de Victor 4, l'équipe dont vous étiez le chef ?
3 R. Victor 4 se trouvait à l'intérieur de la frontière du nord, entre
4 Maglaj, Zavidovici, Zepce et allant au nord, au sud jusqu'à Zenica, mais
5 cela ne comprenait pas Zenica, ensuite couvrait la zone de Kakanj, et
6 ensuite à l'est Vares, jusqu'au nord-est.
7 Q. Quelle était votre mission pour l'essentiel, dans cette région que vous
8 venez de nous décrire ?
9 R. L'objectif essentiel de cette mission était triple. Il s'agissait
10 d'assurer, d'observer et de rédiger des rapports sur la situation
11 politique, premièrement. Ensuite, il fallait évaluer la situation militaire
12 et rédiger des rapports et il fallait observer et rendre compte de la
13 situation au plan humanitaire et des droits de l'homme. Ceci constituait le
14 troisième volet.
15 Q. Monsieur Weckesser, comment avez-vous réalisé ces objectifs ? Qu'avez-
16 vous fait pour réaliser ces objectifs ?
17 R. Nous avons toujours essayé de gagner du terrain, nous avons essayé de
18 parler au plus grand nombre de personnes possible, que ce soit du côté des
19 militaires, des civils ou des gens de la rue, pour essayer de comprendre
20 quel était le sentiment général, comment les choses évoluaient, dans quel
21 sens les choses allaient pour essayer de comprendre, de toute part, ce qui
22 se passait. Dans mon domaine de responsabilité, Victor 4, mon équipe,
23 travaillait sur le terrain et nous pouvions, ainsi, apporter une
24 contribution aux échelons hiérarchiques supérieurs. Il s'agissait
25 d'améliorer les conditions de vie des personnes sur le terrain. Par
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1 exemple, nous essayions d'organiser des réunions tripartites qui avaient
2 pour but de détendre la situation. Il s'agissait d'assurer la protection.
3 Il s'agissait d'assurer la distribution d'eau et d'électricité ainsi que de
4 vivres. C'était ma priorité en tout cas dans cette région, à ce moment-là.
5 Il s'agissait d'ouvrir la région, de permettre aux vivres de rentrer sur le
6 territoire au nord dans la région de Maglaj, et celle de Zavidovici.
7 Puisqu'il s'agissait là d'enclaves qui étaient encerclées, on courrait le
8 risque de manquer de vivres au cours de l'hiver suivant, à ce moment-là.
9 Q. Monsieur Weckesser, pourriez-vous dire, à la Chambre de première
10 instance, quel type de véhicule vous avez utilisé pour assurer votre
11 mission d'observation dans cette région ?
12 R. Nous travaillions sur le terrain avec des jeeps de différentes usines,
13 certaines jeeps étaient blindées, d'autres ne l'étaient pas.
14 Q. De quelle couleur étaient ces véhicules ? Pourriez-vous nous dire si
15 ces véhicules comportaient des signes distinctifs ?
16 R. Ces véhicules étaient peints en blanc, nous portions nous-mêmes des
17 vêtements blancs, aussi blancs que possible, y compris les casques et il y
18 avait le sigle de l'Union européenne sur ces véhicules. Nous portions
19 également des brassards avec le sigle de l'Union européenne et un chapeau
20 bleu.
21 Q. Monsieur Weckesser, vous nous avez dit qu'en grande partie votre
22 mission consistait à rendre des rapports. Pourriez-vous expliquer, à la
23 Chambre de première instance, comment vous avez rapporté ces éléments
24 d'information ? Pouvez-vous nous dire comment vous avez procédé et à quelle
25 fréquence vous avez remis ces rapports ?
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1 R. Nous devions remettre des rapports journaliers à la même heure, y
2 compris le samedi et le dimanche. En fonction de la mission de la journée,
3 quelquefois nous avions des distances importantes à couvrir, l'équipe de
4 Victor 4 se mettait en place. Nous faisions nos observations au courant de
5 la journée et selon le plan de travail mis en place la veille. En principe,
6 mon équipe arrivait la dernière. Nous devions voyager, nous arrivions vers
7 20 heures ou 21 heures au QG, à l'hôtel Zenica. Nous rédigions nos
8 rapports. En général, nous rédigions nos rapports ensemble. Les deux
9 observateurs ensemble, et nous mettions toutes nos données dans
10 l'ordinateur. Ensuite, ces données individuelles de l'équipe Victor 4, ont
11 été envoyées au centre de coordination, et ensuite un rapport journalier
12 était émis par le centre de coordination.
13 Q. Pourriez-vous dire à la Chambre de première instance combien de
14 personnes composaient l'équipe que vous dirigiez ?
15 R. Il y avait quatre personnes dans cette équipe. Il y avait un chef
16 d'équipe qui devait préciser quel était l'objectif pour la journée et il
17 devait, également, prendre une décision sur certains points, à savoir si on
18 devait poursuivre dans un sens ou dans un autre. Surtout, si ceci
19 comportait un risque pour l'équipe en question.
20 Ensuite, il y avait l'observateur adjoint, le deuxième observateur
21 qui était un adjoint à plein temps, nous avions un chauffeur et nous avions
22 des interprètes qui se relayaient.
23 Q. Lorsque vous étiez en Bosnie centrale, pourriez-vous nous dire qui
24 dirigeait le centre régional et qui dirigeait le centre de coordination,
25 s'il vous plaît ?
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1 R. Lorsque je suis arrivé, pendant quelques jours, il y avait une période
2 de transition. Le chef du CR, c'était un français, je crois qu'il
3 s'appelait Thébault, et, ensuite, Sir Martin Garrod est arrivé. Il est
4 resté là jusqu'à la fin de ma mission. Il était le chef du centre régional.
5 La même chose s'applique au centre de coordination. Lorsque je suis arrivé,
6 un britannique appelé Philip Watkins dirigeait ce centre pour un court laps
7 de temps, il a été remplacé par un monsieur canadien, Stutt Happ, qui
8 dirigeait le centre de Coordination.
9 Q. M. Weckesser, pourriez-vous nous décrire, s'il vous plaît, le type de
10 formation, de briefing, que vous avez reçu avant d'être envoyé en Bosnie
11 centrale, ou après votre arrivée ?
12 R. En tant qu'observateur allemand, j'ai reçu un briefing auprès du
13 ministère des Affaires étrangères allemand avant de partir en mission au QG
14 et, ensuite, à Zagreb, au mois de mai 1993. Sur place, nous avons eu un
15 briefing très détaillé qui a duré quasiment une semaine qui détaillait nos
16 travaux sur le terrain. Au CR de Zenica en septembre 1993, nous avons,
17 également, eu un briefing très détaillé par l'officier M. Beaumont un
18 observateur britannique. Certains briefings internes, si vous voulez,
19 lorsque nous avons eu un échange de points de vue avec Sir Martin Garrod.
20 Nous avons, à ce moment-là, aborder dans le détail nos conclusions.
21 Q. Monsieur Weckesser, pourriez-vous nous dire, s'il vous plaît, quelle
22 était la situation sur le terrain en Bosnie centrale à l'époque où vous
23 êtes arrivé sur les lieux en septembre 1993 ?
24 R. La situation sur le terrain était, dans mon domaine de responsabilité,
25 est-ce que je dois parler de Victor 4 ?
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1 Q. Oui, s'il vous plaît.
2 R. Au début, la situation était calme. Cela semblait tendu jusqu'à un
3 certain point, puisque toute la région était tendue. En tout cas, on est
4 reparti de Vares. Dans la zone de Vares, au nord-est, les choses semblaient
5 assez calmes, les choses ne semblaient pas bouger beaucoup. En tout cas,
6 cela ne m'est pas apparu de façon très claire, et près de Zepce dans le
7 nord, il y avait beaucoup de tension et Zavidovici aussi. C'est la raison
8 pour laquelle nous avons concentré notre attention là-dessus, afin de
9 briser la glace entre les partenaires, en particulier, à Zepce. C'était une
10 enclave détenue par les Croates, qui jouxtait l'enclave bosniaque détenue
11 par les Musulmans à Zavidovici. Les deux régions se battaient entre elles
12 d'autant qu'elles étaient encerclées par les forces serbes de Bosnie. Notre
13 but était de casser cette confrontation, en tout cas de permettre à ces
14 deux enclaves de vivre de façon pacifique, de façon à ce qu'ils baissent
15 leurs armes et permettrent aux vivres d'être acheminées dans la région.
16 Q. Monsieur Weckesser, entre le mois de septembre et le mois de décembre
17 1993, quelles unités militaires opéraient dans la région qui était sous le
18 contrôle de Victor 4 ?
19 R. A l'exception, comme je viens de dire, des enclaves du HVO de Zepce et
20 de Vares de l'autre côté, c'était un territoire qui était détenu à 100 %
21 par le 13e Corps de l'ABiH et de mes Brigades 303, 314 et 301. J'étais
22 surtout en contact avec la 303e Brigade qui contrôlait la région, qui nous
23 permettait d'avoir accès aux poches de Zepce, Maglaj, Zavidovici.
24 Q. Monsieur Weckesser, vous avez parlé de la situation sur le terrain.
25 Vous avez dit que les choses étaient calmes lorsque vous êtes arrivé sur
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1 place. Pourriez-vous nous dire si ceci a changé au fil des jours, ou non ?
2 R. La situation a commencé évoluer vers la fin du mois d'octobre, je
3 pense. A ce moment-là, et ce fut assez surprenant, nous avons reçu des
4 informations du gouvernement en exil de Vares. A ce moment-là, il se
5 trouvait dans la zone de Dabravine. Nous avons appris que certaines
6 atrocités étaient en train d'être commises, de la part des forces du HVO,
7 dans un petit village tout près de Vares, qui s'appelait Stupni Do. Cela
8 s'est passé vers le 22 ou 23 octobre. A cette époque-là, la tension a
9 véritablement commencé à monter dans la zone. Il y a eu plusieurs actions.
10 Q. Suite à cet évènement de Stupni Do, vous dites que plusieurs actions
11 furent entreprises. Pourriez-vous être un peu plus précis ?
12 R. Oui. Ceci a fait que mon équipe et moi, nous avons essayé de nous
13 rendre à Stupni Do, parce qu'il y avait un appel à l'aide qui avait été
14 lancé. Nous étions le 24, à partir de la route principale, qui va de Prozor
15 vers Vares, nous avons vu des volutes de fumée au sommet des collines, là
16 où nous pensions que se trouvait Stupni Do. Nous n'avons pas pu y arriver.
17 La route était bloquée par les forces du HVO, dans la ville même de Vares.
18 Dans le sud de Vares. Nous n'avons pas été autorisé à y aller pour voir ce
19 qui s'était passé.
20 Je me souviens que, ce jour-là, nous avons rencontré un des officiers de
21 l'ABiH qui se plaignait amèrement du fait que la FORPRONU ne faisait rien.
22 Ils ont même émis un ultimatum. Ils ont dit que si la FORPRONU ne faisait
23 rien et, bien qu'eux devraient faire quelque chose.
24 Q. Je vous arrête pour préciser une chose. On parlait du 24. Vous parlez
25 de quel mois, de quelle année ?
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1 R. Le 24 octobre 1993.
2 Q. Vous avez utilisé un autre acronyme, CP. Qu'est-ce que vous voulez
3 dire ?
4 R. Poste de commandement.
5 Q. Suite à ces évènements de Stupni Do, est-ce que vous avez attaché une
6 certaine importance à la communauté de Vares.
7 R. Nous nous sommes surtout attaché, à savoir, ce qui était arrivé aux
8 villageois de Stupni Do. Nous avons essayé de sauver ceux qui restaient.
9 C'était surtout cela qui nous intéressait au cours de cette période.
10 Q. Est-ce qu'à un moment donné, par la suite, vous vous êtes occupé de
11 suivre ce qui se passait à Vares, de patrouiller la région ?
12 R. Oui. Nous avons poursuivi nos activités de surveillance. Nous
13 essayions, sans cesse, de parvenir à ce petit village. Par exemple, le 25,
14 nous avons rencontré la Brigade Bobovac, les gens qui étaient au
15 commandement dans le HVO au nord de Vares, et nous avons essayé d'obtenir
16 l'accès à ce village de la part du commandant. Ceci nous a été refusé, ce
17 qui veut dire que nous n'avons eu aucune possibilité d'arriver à cet
18 endroit.
19 Q. Monsieur Weckesser, essayez de vous remémorer les premières journées du
20 mois de novembre 1993. Au cours de ces journées-là, est-ce que vous vous
21 êtes trouvé à un moment donné à Vares ?
22 R. Oui. Je me souviens que nous avons passé une autre journée à Vares,
23 c'était le 3 novembre. Ce jour-là, nous voulions, de nouveau, voir ce qui
24 se passait à Vares. Nous sommes entrés dans la ville tôt le matin. Il y
25 avait un certain désordre dans les rues, deux maisons -- ce n'était pas
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1 vraiment des maisons, c'était plutôt une espèce d'immeuble dans la rue
2 principale qui était en feu. Il y avait aussi de la fumée qui sortait d'un
3 autre immeuble voisin. Nous avons rencontré, je dirais, une trentaine
4 d'habitants musulmans qui étaient tout à fait perdus, se tenant debout sur
5 la place du marché. Il y avait aussi des détenus qui avaient été placés en
6 détention par avant, par le HVO, à l'école élémentaire. Ils étaient là et
7 je leur ai demandé s'ils ne voulaient pas essayer d'éteindre le feu,
8 l'incendie. Ils ont dit oui. Nous avons trouvé un pompier croate qui était
9 tout à fait prêt à aider. Il dit : "Nous avons tout l'équipement, le
10 matériel nécessaire pour éteindre l'incendie. Nous pouvons combattre le
11 feu."
12 Nous avons divisé le groupe avec l'aide d'un autre observateur, qui
13 était venu, lui, de Tuzla, qui avait été transféré. Il s'appelait Ruediga
14 Layman. Nous avons réparti ces gens en deux groupes, ce, sur quoi, ils ont
15 demandé la protection. Ils ont demandé s'il y avait des véhicules blindés
16 transporteurs de troupes qui pouvaient les protéger. Il y avait encore, ici
17 et là, des tirs d'armes légères, pas à proche distance, assez éloignés. On
18 s'attendait à ce qu'il y ait des tireurs embusqués, non loin du HVO. Comme
19 je ne pouvais pas assurer la présence de blindés, ils ont dit : "Voilà,
20 nous ne pouvons pas vous aider." Ils ont arrêté.
21 Q. Le 3 novembre 1993, lorsque vous vous êtes trouvé à Vares, est-ce que
22 vous avez vu des membres du HVO ?
23 R. Le 3 novembre ? Je ne me souviens pas avoir vu le moindre membre du
24 HVO, à une exception. Cela devait se passer dans l'après-midi. Nous sommes
25 allés au monastère Franciscain et nous avons été presque attaqués par deux
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1 soldats du HVO, qui essayaient de sortir de la ville. Manifestement, ils
2 étaient en fuite. Ils essayaient d'emmener, avec eux, les moines. Ils
3 voulaient également emporter notre voiture. Ils nous ont menacé à l'aide
4 d'armes afin d'obtenir cette voiture. Finalement, les moines les ont
5 persuadés de nous laisser tranquille et de les laisser tranquille et ils
6 sont partis.
7 Q. Monsieur Weckesser, vous étiez le 3 novembre à Vares, quand vous êtes-
8 vous retrouvé dans cette ville par la suite ?
9 R. Dès le lendemain. J'ai fait rapport, le soir, à Sir Martin de la
10 situation que nous avions trouvée à Vares. Il m'a dit qu'il voulait
11 m'accompagner à Vares, ce qui fait que, le lendemain, nous sommes repartis
12 en direction de Vares. Manifestement, c'était le moment où la 7e Brigade
13 musulmane entrait en ville ou s'était déjà installée en ville. Nous sommes
14 allés dans la cour du monastère pour savoir ce qu'il était advenu des
15 moines. Nous sommes descendus des voitures. Il y avait des tirs très
16 nourris d'armes légères. Il y avait des armes autour de nous et des
17 branches tombaient. Tout d'un coup, il y a eu un soldat des Nations Unies
18 qui dirigeait son arme. Nous sommes restés là quelques secondes. Sir Martin
19 a essayé de voir ce qui se passait aussi. Il n'y avait pas eu de combat à
20 ce moment-là. C'étaient simplement des tirs. Nous n'avons pas vu, à ce
21 moment-là, de soldats du HVO. La situation était très peu confortable. Nous
22 avons décidé de repartir. Nous sommes remontés en voiture et nous sommes
23 partis.
24 Q. Le 4 novembre, à quel moment êtes-vous arrivé au monastère ?
25 R. Dans la matinée, je suppose qu'il devait être 10 heures, 10 heures et
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1 demie. J'ajouterais qu'avant de partir, nous avions ce soldat des Nations
2 Unies qui était couché par terre devant la porte du monastère. Il nous
3 avait dit que les trois moines étaient tout à fait en sécurité dans la cave
4 du monastère. Là-dessus, nous sommes sortis de Vares et nous avons
5 poursuivi notre route jusqu'au poste de commandement dont j'ai déjà parlé
6 qui se trouvait à Dabravine. Sir Martin et moi-même, nous y avons rencontré
7 un autre commandant, un certain Zubaca, des forces bosniaques, qui a
8 longuement discuté avec Sir Martin, mais je n'ai pas de souvenir précis de
9 ces discussions. Il se peut que j'étais présent, mais il se peut que j'aie
10 eu autre chose à faire parce que je n'ai aucun souvenir de ces discussions.
11 Ensuite, et ce fut notre dernière démarche de la journée. Nous sommes allés
12 au monastère de Kraljeva Sutjeska et c'est là que Sir Martin a essayé de
13 parler au chef du monastère.
14 Q. Vous nous avez dit que le 4 novembre, la 7e Brigade musulmane
15 s'installait en ville. Comment saviez-vous que c'était la 7e Brigade
16 musulmane ?
17 R. Personne ne m'a jamais dit que c'était la Brigade musulmane. Je crois
18 que personne ne l'a dit à un observateur. Mais j'avais déjà acquis une
19 certaine expérience du fait que je m'étais trouvé dans cette zone, et à
20 voir les forces que je rencontrais, pratiquement, quotidiennement du côté
21 de Zepce/Zavidovici ou Vares, j'ai vu qu'il y avait eu un changement assez
22 radical au moment où Vares a été reprise par les forces bosniaques. Je
23 parle de la différence qu'il y avait dans l'apparence qu'avaient ces forces
24 militaires dans la vallée et dans la ville. Auparavant, ces forces
25 militaires avaient un aspect qu'on pouvait qualifier, comment dirais-je,
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1 pendant seul l'uniforme, d'une seule tenue. Parfois, on avait l'impression
2 qu'ils portaient un peu des vêtements d'urgence. On avait pris allate. En
3 général, le moral qui régnait parmi les soldats n'était pas très bon. Il y
4 avait une fatigue qui se ressentait, un manque de volonté d'aller au
5 combat. Cela avait changé. Juste avant que Vares ne soit reprise par les
6 forces bosniaques. C'était manifeste. Nous avons vu surtout autour du poste
7 de commandement de Dabravine, à l'époque, et aux abords de la vallée, un ou
8 deux kilomètres vers le nord, où se trouvait la ligne de front elle-même.
9 Tout d'un coup, il y avait des soldats qui voulaient combattre, qui
10 portaient des uniformes très propres, et des uniformes sur mesure, qui
11 étaient ni trop grandes, ni trop petites. Or, cela avait été le cas
12 auparavant. On en avait vues. Nous nous sommes dits, nous avons conclut
13 que, en fait, nous avions devant nous des forces tout à fait différentes.
14 L'existence de la 7e Brigade musulmane en tant que fer de lance, c'était
15 quelque chose de notoriété publique parmi les observateurs. Plus tard, je
16 pense que cela a été souligné par la discussion que j'ai eue avec M.
17 Dugalic à Zenica, l'officier chargé de la sécurité au 3e Corps d'armée. Il
18 n'a jamais véritablement fait de commentaires en fait. Lorsque j'ai voulu
19 le féliciter pour la reprise de Vares par la 7e Brigade musulmane, mais il
20 n'a jamais nié le fait que ce n'aurait pas été la 7e Brigade musulmane qui
21 aurait participé à la reprise de Vares.
22 Q. Après le 4 novembre 1993, quand vous êtes-vous retrouvé, pour une
23 nouvelle fois, dans la ville de Vares ?
24 R. Quelques jours plus tard, parce que j'avais des choses à faire à
25 Zavidovici pour préparer ce corridor humanitaire. Je pense que je m'y suis
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1 retrouvé le 8 novembre. Nous avons trouvé et rencontré les nouvelles
2 autorités qui gouvernaient la ville de Vares.
3 Q. Auparavant, vous nous avez dit que vous aviez rencontré le gouvernement
4 en exile de Vares. Pourriez-vous nous dire si ce gouvernement était composé
5 des mêmes personnes que vous avez retrouvées ce jour-là à Vares, ou s'il
6 s'agissait de personnes différentes ?
7 R. Non, non. Je me souviens tout particulièrement d'une dame qui avait une
8 personnalité assez dominante. C'était un commandant en exile. Elle
9 s'appelait Mervana Hadzimurtezic. Enfin, j'ai du mal à prononcer ce nom. Je
10 pense que nous l'avions rencontré deux fois avant qu'elle ne prenne ses
11 fonctions à Vares. C'était une dame très exigeante qui nous demandait de
12 l'aider à reprendre ses fonctions à occuper le poste qu'elle occupait à
13 Vares. Sans cesse, elle disait qu'elle essayait de retrouver la ville
14 pluriethnique qu'était Vares auparavant. Elle disait que, quand elle
15 reprendrait le pouvoir, tout le monde pourrait vivre dans la ville, aurait
16 de nouveau le droit d'y vivre. En fait, plus tard, le 8 novembre, nous
17 l'avons retrouvée là, et elle nous a dit la même chose qu'elle nous avait
18 dit auparavant. Elle avait repris le pouvoir.
19 Q. Ce n'est pas tout à fait clair, et je tiens à préciser des choses aux
20 fins du dossier de l'espèce. Quelle était sa fonction à ce moment-là ?
21 R. Elle était, si vous voulez, le président -- le maire de la ville.
22 Q. Pourriez-vous dire aux Juges de la Chambre ce que vous avez remarqué,
23 observé lorsque vous avez quitté Vares. D'abord dites-nous où vous alliez
24 lorsque vous avez quitté, le 8 novembre 1993, la ville de Vares.
25 R. Si je me souviens bien, c'était une situation assez bizarre. En effet,
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1 les rues étaient pleines de gens qui essayaient de piller. Il y avait même
2 les routes qui allaient vers Breza, qui étaient remplies de gens qui
3 emportaient des choses qu'ils avaient pillées et qu'ils emportaient vers le
4 sud. C'était l'impression générale qu'on avait.
5 Q. Mais qui étaient ces gens, Monsieur le Témoin ? Ces gens que vous avez
6 vus emporter ces biens ?
7 R. Il y avait des soldats mais il y avait aussi des civils. C'était un
8 mélange assez bizarre. Je trouvais très surprenant qu'après la reprise de
9 la ville, vu la tension que nous avions constatée auparavant, l'incertitude
10 qui marquait la volonté d'attaquer de la part des forces de Bosnie -- des
11 forces bosniaques, nous nous demandions si les forces adjacentes, les
12 forces serbes, allaient vouloir soutenir les forces croates, les forces du
13 HVO. C'était très bizarre que l'armée se permette ce genre de situation
14 tout à fait en violation avec l'ordre général.
15 Q. Vous nous avez dit que c'était un mélange de civils et de soldats. Je
16 vous demande ceci : comment saviez-vous qu'il y avait, parmi ces personnes,
17 des soldats ?
18 R. Il y avait des gens qui portaient l'uniforme, pour certains. Je me
19 souviens tout à fait d'une situation tout à fait ridicule. Il y avait un
20 soldat qui avait d'un côté à l'épaule une Kalachnikov, et de l'autre côté,
21 à l'autre épaule, un aspirateur. Il se déplaçait en marchant en direction
22 du sud, en direction de Breza.
23 Q. Je vous remercie.
24 M. MUNDIS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. L'Accusation n'a
25 pas d'autres questions à poser à ce témoin.
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1 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Monsieur Mundis.
2 Je vais me tourner vers les avocats pour leur laisser la parole pour le
3 contre-interrogatoire.
4 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
5 Contre-interrogatoire par Mme Residovic :
6 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Weckesser.
7 R. Bonjour.
8 Q. Nous nous sommes rencontrés brièvement hier, et je tiens à vous
9 remercier de m'avoir donné l'occasion de m'entretenir avec vous avant votre
10 déposition. Je me suis déjà présentée hier, mais je vais le faire une fois
11 de plus aux fins du dossier. Je m'appelle Edina Residovic et je défends les
12 intérêts du général Enver Hadzihasanovic.
13 Monsieur Weckesser, vous avez entrepris votre mission en République de
14 Croatie, et début septembre vous êtes arrivé en Bosnie-Herzégovine. C'est
15 bien cela ?
16 R. Oui.
17 Q. A partir du début du mois de septembre jusqu'à la mi-décembre, d'après
18 votre déposition, vous étiez le chef de l'équipe V-4 en Bosnie centrale, et
19 votre zone de responsabilité se situait entre Vares, à l'est, et Maglaj, à
20 l'ouest. Est-ce exact ? Ou plutôt disons nord-ouest ?
21 R. Oui. Je crois qu'il est préférable de dire nord-ouest.
22 Q. En fait, serait-il exact de dire que, dans les villes qui relevaient de
23 la responsabilité de votre équipe, on avait des municipalités de Zavidovici
24 et Kakanj, qui, en fait, étaient de la responsabilité du 3e Corps d'armée,
25 alors que la municipalité de Vares, à l'époque, relevait de la zone de
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1 responsabilité du 2e Corps d'armée, et celle de Breza du 6e Corps de l'ABiH.
2 Est-ce que c'est là bien décrire la situation qui était le cadre de votre
3 mission ?
4 R. A une exception près. Je ne suis pas d'accord avec vous lorsque vous
5 dites que Vares appartenait du 2e Corps d'armée. Ce n'était pas très sûr,
6 en tout cas c'est une incertitude qui est planée, quant à savoir lequel des
7 deux corps d'armée avait la responsabilité de Vares. Au moment où la
8 tension montait véritablement, en effet le 3e Corps d'armée était réticent
9 à l'idée d'aller à Vares. D'autre part, en plus de l'intervention de la 7e
10 Brigade musulmane, le 3e Corps s'intéressait manifestement aussi à Vares,
11 plus que le 2e Corps d'armée, je pense. Nous avons constaté qu'il y avait
12 un déplacement très lent du 2e Corps à partir de Tuzla pour essayer de
13 venir soutenir le 3e Corps dans une situation qui était très critique, où
14 on souhaite de demander s'il y avait éventuellement la participation à
15 venir des forces de la JNA. Je serais d'accord avec vous mis à part ce
16 commentaire que je viens de faire.
17 Q. Etant donné que nous avons effleuré cette question, et vous avez dit
18 qu'une de vos tâches principales était de rendre compte de la situation
19 militaire qui prévalait dans la région, je ne vais pas parler d'événement
20 particulier et les opérations qui ont mené à la libération de Vares.
21 Cependant, vous êtes en mesure de confirmer que les municipalités de Vares
22 et Kakanj sont des municipalités voisines et que sur la démarcation qui les
23 sépare, il y a une ligne de séparation qui divise les deux grands corps de
24 l'ABiH. L'un avait son QG à Tuzla, l'autre à Kakanj.
25 R. Vous parlez du QG du 3e Corps ?
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1 Q. Du 3e à Zenica.
2 M. LE JUGE ANTONETTI : Le témoin a le document devant lui. Il n'y a pas
3 d'objections de la part de la Défense sur l'utilisation de ce document,
4 comme nous ne connaissons pas l'Accusation. D'abord la Défense.
5 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Je m'excuse. D'après ce que je peux voir,
6 le témoin consulte une carte qu'il a entre les mains. Je ne sais pas si
7 l'Accusation a discuté de l'utilisation de cette carte avec le témoin. La
8 Défense maintient la même objection qu'hier.
9 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Mundis.
10 M. MUNDIS : [interprétation] Monsieur le Président, nous n'avons aucunement
11 donné instruction au témoin de se servir d'une carte ou de tout autre
12 document pendant sa déposition.
13 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Weckesser, vous avez compris le débat.
14 Comme la procédure est orale, normalement le témoin ne doit pas avoir de
15 documents, sauf dans des cas exceptionnels où il a besoin du document pour
16 que sa mémoire lui soit rafraîchie, et cetera. A priori dans cette salle,
17 nous avions toujours une carte et une maquette. Malheureusement, les
18 dispositions de la salle font aujourd'hui que nous ne pouvons avoir cette
19 carte à votre disposition. On ira en fonction des questions. Dans la mesure
20 du possible, évitez de regarder la carte. Je me tourne vers la Défense pour
21 lui laisser à nouveau la parole.
22 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Je vous remercie.
23 Q. Monsieur Weckesser, à présent, je vais aborder d'autres questions. Afin
24 d'avancer un petit peu par rapport à ces questions de délimitation
25 géographique entre les différents corps d'armée, car pour ce faire on
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1 aurait vraisemblablement besoin d'une carte. En répondant à une question
2 qui vous a été posée par mon éminent collègue, vous avez dit quels étaient
3 les tâches et les objectifs principaux des observateurs européens.
4 Cependant, j'aimerais entendre une confirmation de votre part en vous
5 acquittant de votre mission, est-ce que vous aviez d'autre tâche également,
6 à savoir, par exemple, d'aider dans des opérations mises en place par
7 d'autres organisations, opérations militaires, j'entends, d'aider à ce
8 qu'il y ait séparation des forces belligérantes, d'assurer une liaison
9 entre le QG de la FORPRONU et d'autres organisations internationales. De
10 rétablir la confiance entre les parties et également de surveiller de faire
11 rapport sur la situation, situation qui concernait l'état de l'économie des
12 infrastructures de votre zone. Est-ce que vous pouvez confirmer que ceci
13 faisait partie de vos tâches additionnelles ?
14 R. Non, je pense que c'est vraiment une présentation très détaillée de
15 notre mission et de nos objectifs.
16 Q. Un instant, s'il vous plaît. Nous parlions de Vares. Pourriez-vous nous
17 dire, s'il vous plaît, si la ville même de Vares était située dans un
18 secteur qui était d'importance stratégique, et ce, pour le 4e, 6e, 1er, 3e et
19 2e Corps d'ABiH et, si tel était le cas, pouvez-vous nous le préciser un
20 petit peu.
21 R. Vous me posez une question comme si j'étais un expert militaire à
22 l'époque. J'étais observateur. Si c'est en cette qualité là que vous me
23 posez la question, oui, nous estimions Vares était un point d'importance
24 cruciale, vraiment vitale pour l'armée de Bosnie-Herzégovine, puisque
25 c'était un endroit où vous pourriez relier tous les corps d'armée et, en
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1 particulier, on pouvait vraiment apporter un soutien à la zone de Tuzla. Je
2 suis d'accord avec vous que c'était très vraisemblablement l'un des points
3 stratégiques les plus importants.
4 Q. Vous pouvez aussi confirmer, n'est-ce pas, que l'endroit où se situe
5 cette ville est une zone montagneuse très accidentée par laquelle passe des
6 routes de montagne ? Même en temps de paix, lorsqu'on peut circuler
7 normalement, les communications ne sont pas faciles par ce genre de
8 région ?
9 R. C'est pleinement exact. Je tiens à souligner qu'au milieu de ma zone,
10 la zone Victor 4, il y avait une route montagneuse qui allait de Kakanj en
11 passant par les montagnes vers la banlieue sud de Zavidovici. Cela était
12 notre préoccupation principale, à savoir que cette petite route de montagne
13 soit complètement bloquée en hiver et que l'on ne puisse pas ravitailler
14 les 40 000 habitants de Zavidovici par cette route. C'est simplement un
15 exemple de ce que vous venez de dire de ce que vous venez d'avancer.
16 Q. Vous avez déjà répondu à des questions posées par mon éminent collègue,
17 et vous avez dit qu'avant cette opération lancée par l'ABiH consistant à
18 reprendre Vares, qu'avant cela il y avait une brigade HVO qui était
19 stationnée à Vares. Son nom était la Brigade de Bobovac, est-ce exact ?
20 R. Oui, c'est ainsi que nous les appelions.
21 Q. Est-il exact que, dans un premier temps, cette brigade a été rattachée
22 au 2e Corps d'ABiH, mais que dès fin septembre, début octobre, cette
23 brigade a refusé de se subordonner de cette manière, qu'elle a été
24 rattachée au HVO de Kiseljak, ou plutôt, à la zone opérationnelle de Bosnie
25 centrale, est-ce exact ?
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1 R. Je ne vous ai pas bien compris. Vous me dites, serait-il exact de dire
2 qu'initialement cette brigade était rattachée au 2e Corps d'ABiH. Là, il y
3 a une erreur parce que la Brigade de Bobovac n'aurait pas pu être rattachée
4 au 2e Corps de l'ABiH. Je pense que, là, il y a une erreur dans votre
5 question. C'est vraiment une erreur. Je ne peux pas formuler de
6 commentaires là-dessus. Si votre question concerne la Brigade de Bobovac,
7 qui était une Brigade du HVO, si vous demandez si initialement elle avait
8 été rattachée au 2e Corps d'armée d'ABiH, cela ne marche pas. Cela semble
9 signifiait qu'il y avait eu un traité de paix majeur.
10 Q. Monsieur Weckesser, vous y êtes arrivé au mois de septembre. Je le
11 comprends. Je ne vous poserai plus de questions dans ce sens. Mais pour
12 préciser, à Sarajevo, il y a eu des Brigades du HVO qui étaient placées
13 sous le commandement du 1er Corps d'armée, et à Tuzla, il y en avait sous le
14 commandement du 2e Corps d'armée. Comme cette question n'est pas vraiment
15 pertinente en l'espèce, et comme moi, non plus, je ne suis un expert
16 militaire, on ne peut pas continuer notre conversation sur ce sujet.
17 Vous avez dit que les autorités légitimes de Vares s'étaient trouvées en
18 exil dans un village à côté de Vares. Est-il exact que ces autorités ont
19 été chassées de Vares par le HVO ?
20 R. Oui. Du moins, c'est ce que le maire en exil de Vares nous a dit.
21 Q. Est-il exact que pour l'ABiH, à ce moment-là, il y avait une grande
22 crainte et c'était dû à une coopération déjà très ouverte entre le HVO et
23 la VRS qui venait de se confirmer, d'abord à Travnik, et à Bugojno et, en
24 particulier, à Zepce ? Cette crainte était fondée réelle dans le secteur
25 même de Vares. Est-ce que cela correspond à ce que vous saviez, à
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1 l'époque ?
2 R. Je ne peux que partiellement répondre à votre question. Je ne peux pas
3 formuler de commentaires au sujet de la situation qui prévalait à Travnik
4 et à Bugojno. Je peux parler de la situation à Zepce. Effectivement, tout à
5 fait, c'était réel. Moi-même, j'ai vu des chars serbes à l'intérieur de
6 Zepce. Ils ont essayé de le cacher, mais je sais mon observateur s'est
7 échappé du côté HVO une fois. Il s'est trouvé face à un peloton de chars
8 serbe et ils arboraient leur drapeau à l'intérieur de Zepce. A Vares même,
9 je n'ai pas vu cette participation. Cela ne s'est pas concrétisé. Lorsque
10 je m'adressais aux officiers de l'ABiH, ils me disaient toujours cela,
11 qu'ils avaient peur de cette forme de coopération ou possible coopération.
12 Par ailleurs, les commandants HVO de la brigade de Bobovac essayaient
13 toujours de nous convaincre qu'il fallait transmettre aux forces bosniennes
14 le message qu'ils avaient toujours des chars, et qu'il y avait des chars
15 serbes prêts. Il était évident qu'en transmettant ce message aux forces
16 bosniaques et, bien qu'ils n'allaient pas attaquer Vares.
17 Q. Vous avez parlé de cette opération de libération de Vares. S'il n'y
18 avait pas eu de libération de Vares, si le HVO et l'armée de la République
19 serbe avaient assumé le contrôle total de Vares, est-ce que cela ne
20 signifie pas que la zone de Tuzla aurait été complètement isolée des autres
21 zones qui étaient placées sous le contrôle de l'ABiH ?
22 R. Au sud-ouest de Tuzla, il y a des montagnes et cela constitue un
23 obstacle très grave à l'établissement des communications. Oui, en effet, si
24 l'on prend cela en considération, je suis tout à fait d'accord avec vous.
25 Q. Vous avez évoqué Stupni Do en répondant à une question qui vous a été
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1 posée par le Procureur. Si je vous ai bien compris, les forces du HVO ont
2 attaqué Stupni Do. Ce village a été totalement détruit. C'est là que le HVO
3 a perpétré un vrai massacre sur la population civile. Est-ce que cela
4 correspond à ce que vous avez appris à ce sujet ?
5 R. J'ai été le premier membre de la MCCE à me rendre sur le site. Oui, en
6 effet, j'ai pu personnellement me convaincre du fait qu'un massacre y avait
7 eu lieu, mais je ne peux pas dire que ce massacre a été perpétré par des
8 forces du HVO. Il y a de forts indices laissant entendre que ce sont eux
9 qui l'ont fait, mais je ne l'ai pas vu le faire.
10 Q. Avez-vous appris également que plusieurs centaines de civils, de
11 Bosniens, ont été détenus à l'école de Vares ?
12 R. Oui. C'était de toute évidence à l'époque où cela s'est produit à
13 Stupni Do. Il y a un nombre considérable d'hommes bosniens qui ont été
14 arrêtés et détenus à l'école primaire. Puisque nous redoutions qu'il ne
15 leur soit fait du tort et, puisque nous avons entendu des rumeurs selon
16 lesquelles il y a eu même des hommes assassinés ou tués, je me suis rendu à
17 la Croix rouge à Zenica et je les ai convaincus de se rendre sur place avec
18 moi. Je pense que c'était le lendemain. Il n'était pas facile d'obtenir la
19 coopération de la Croix rouge. Il a fallu que je dise que ces hommes
20 étaient des combattants pour y parvenir.
21 Q. Est-il exact que vous avez entendu dire pendant que vous aviez des
22 entretiens avec des représentants du HVO, que c'était une vengeance pour
23 les villages de Borovica et Kopjari, pour des crimes commis par l'armée là-
24 bas et que le Bataillon nordique est arrivé dans Borovica, et vous-même à
25 Kopjari, lorsque vous vous y êtes arrivé, vous n'avez pu relire aucune
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1 trace de crimes. Est-ce que ce que je viens de dire est exact ? Est-ce que
2 cela correspond aux faits que vous avez pu établir à ce moment-là ?
3 R. Des représentants du HVO, après ces événements tragiques, et ce, de
4 manière fréquente se référaient aux prétendus massacres de Kopjari et de
5 Borovica. Personnellement, après ces événements, j'ai eu un entretien
6 houleux avec le gardien du monastère de Vares et il m'a dit de manière tout
7 à fait ouverte et claire, lorsque je lui ai dit : "Mais vous n'auriez-vous
8 pas pu éviter ce qui s'est produit dans la banlieue de votre ville ?" Ce
9 prête m'a dit, ouvertement, ils ont fait la même chose à Kopjari.
10 Q. Cependant, l'enquête que vous avez menée à Kopjari ainsi que les
11 enquêtes menées à Borovica par le Bataillon nordique, n'ont pas permis
12 d'établir qu'il y a eu des crimes commis à l'encontre des habitants de ces
13 villages, est-ce exact ? Ils n'ont pu établir aucune preuve à cet effet.
14 Vous en avez rendu compte dans vos rapports journaliers.
15 R. Nous avons également essayé d'arriver de là-bas, de nous rendre sur
16 place à Borovica, à Kopjari. L'officier chargé de la sécurité au sein du 3e
17 Corps d'armée, M. Dugalic, ne nous a pas permis d'y accéder. Lorsqu'il y a
18 eu les premières rumeurs au sujet de ce massacre allégé, il nous a
19 empêchés, pendant deux ou trois jours, d'y aller. Lorsque nous y sommes,
20 finalement, parvenus, nous n'avons trouvé aucune indice nous permettant de
21 conclure qu'il y a eu un massacre. Le village lui-même était complètement
22 détruit, mais nous n'avons vu aucun signe de massacre, et nous n'avons pas
23 pu repérer une odeur qui, à l'époque, malheureusement, était devenu très
24 connue, l'odeur du massacre.
25 Q. Vous avez mentionné le père Stjepan Duvnjak. C'est un prêtre qui
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1 travaillait à Kraljeva Sutjeska, un monument religieux très important. Est-
2 il exact que, dans vos entretiens avec le père Duvnjak, il vous a souvent
3 dit que le HVO faisait beaucoup de tort aux Croates de Bosnie centrale car,
4 par sa propagande, il les incitait à quitter une région où ils avaient
5 toujours vécus, il les incitait à partir vers l'Herzégovine. Est-ce exact ?
6 J'aimerais savoir si cela fait partie de ce que vous avez rédigé dans vos
7 rapports quotidiens.
8 R. Je n'arrive pas à me souvenir de ce que vous venez de me demander. En
9 fait, je ne sais pas si c'était le père Stjepan Duvnjak qui m'a dit cela,
10 ou si c'était plutôt non pas le maire, mais le prêtre de Vukanovici, une
11 ville croate qui se trouve situé au nord de Kakanj, très haut dans les
12 montagnes. C'est lui qui m'a fait cette déclaration que vous avez attribué
13 à Stjepan Duvnjak. En fait, je ne me rappelle pas que Stjepan Duvnjak m'ait
14 dit cela.
15 Q. Je n'exclus pas la possibilité d'avoir fait une erreur, puisque vous
16 venez de mentionner le père Stjepan Duvnjak, j'ai peut-être fait une
17 confusion. Je vous prie de m'en excuser.
18 Pour ce qui est de la même période, savez-vous que, par la propagande mais
19 aussi par d'autres moyens, le HVO essayait de déplacer la population
20 croate, en la réinstallant dans des secteurs qui, "d'après le plan Vance-
21 Owen", devaient revenir aux Croates. Pour s'assurer d'une majorité croate
22 dans ces régions-là, et qu'en ce faisant, un grand tort a été fait à la
23 population croate de Bosnie centrale.
24 Est-ce que cela correspond à ce que vous en savez ?
25 R. De manière générale, j'étais au courant de cela. Mais plus
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1 particulièrement parlant, cela concernait le village de Vukanovici. Je
2 pense que des pressions très fortes ont été exercées sur eux pour qu'ils
3 quittent le village et qu'ils partent vers l'Herceg-Bosna. Ce village de
4 Vukanovici, je pense que les habitants sont partis avec leur prêtre à la
5 tête, et entre-temps leur village a été pillé par les habitants du village
6 musulman voisin, je pense Zlokuca, que c'était cela, son nom. Lorsqu'ils
7 sont revenus parce que l'hiver arrivait, il n'y avait plus rien et ils
8 vivaient de ce que leur avaient donné les Nations Unies au printemps
9 précédent. En fait, c'était des semences. Leurs semences avaient été
10 polluées par des produits chimiques, c'était une situation très menaçante,
11 très dangereuse pour les habitants du village, nous avons fait tout ce que
12 nous avons pu pour leur apporter des vivres. C'est un village isolé, et je
13 pense qu'il est intéressant de savoir que le village voisin, les habitants
14 de Zlokuca se sont mis d'accord pour établir un partenariat avec les
15 habitants de Vukanovici pour les protéger de pillage, des pillages qui
16 étaient commis par des habitants des villages à l'entour. Je pense que cela
17 s'est maintenu.
18 Q. Très bien. Une autre question. Vous avez dit que, le 8, vous êtes
19 retourné de Vares à Breza, et que vous avez vu une colonne bizarre qui
20 était constituée de soldats et de civils qui transportaient des objets.
21 Pouvez-vous confirmer que Breza est bien un secteur qui, à l'époque, était
22 un secteur dans la zone de responsabilité du 6e Corps ? Pendant ce
23 déplacement que vous avez fait de Vares à Breza, pouvez-vous nous confirmer
24 bien l'emplacement de Breza ?
25 R. Non, je ne peux pas. Je suis vraiment désolé.
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1 Q. Je vous remercie.
2 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, j'en ai terminé
3 avec mon contre-interrogatoire avec ce témoin.
4 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci. Nous approchons de la pause. Je pense
5 que les autres avocats auront des questions à poser. Est-ce qu'il est plus
6 important de faire la pause maintenant ?
7 M. IBRISIMOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je vous remercie.
8 Je pense que le moment est opportun et nous pourrons poursuivre avec nos
9 questions après la pause.
10 M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien. Nous allons, Monsieur Weckesser, faire
11 une pause dite technique et nous reprendrons l'audience aux environs de 11
12 heures moins 5.
13 --- L'audience est suspendue à 10 heures 22.
14 --- L'audience est reprise à 10 heures 58.
15 M. LE JUGE ANTONETTI : L'audience est reprise par la poursuite du contre-
16 interrogatoire qui va être, maintenant, mené par les autres Défenseurs, je
17 leur donne la parole.
18 M. IBRISIMOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Nous
19 n'avons que quelques questions à poser à ce témoin.
20 Contre-interrogatoire par M. Ibrisimovic :
21 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Weckesser. Au nom de la Défense de
22 M. Kubura, je vais simplement vous poser quelques questions eu égard à
23 votre témoignage d'aujourd'hui.
24 Le 4 novembre, vous et M. Garrod, vous étiez à Vares, n'est-ce pas ?
25 R. C'est exact, Monsieur.
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1 Q. Vous n'aviez rien remarqué d'inhabituel à ce moment-là, en dehors des
2 opérations militaires à Vares ?
3 R. Non, pas pour autant que je m'en souvienne.
4 Q. Vous êtes retourné à Vares le 8 novembre, n'est-ce pas ?
5 R. C'est exact.
6 Q. Vous avez remarqué qu'il y avait des unités militaires et des civils
7 qui pillaient certaines maisons à Vares ?
8 R. Oui.
9 Q. Vous n'avez pas reconnu les unités militaires en question ?
10 R. Non.
11 Q. Si je vous disais que le commandant de la brigade avait ordonné que
12 l'unité de la 7e Brigade devait quitter, dans son ensemble, Vares le 7
13 novembre, seriez-vous d'accord avec moi ?
14 R. Si cela était exact, cela rentrerait tout à fait dans ma vision des
15 choses. Si je puis ajouter, je ne m'attendais pas à ceci de la part des
16 membres de la 7e Brigade, étant donné qu'ils avaient présenté autre chose
17 avant cet événement.
18 Q. Ce qui signifie que le 8 novembre, la 7e Brigade ne se trouvait pas à
19 Vares ?
20 R. C'est une supposition en ce qui me concerne.
21 Q. A cette occasion-là, vous avez rencontré le représentant des autorités
22 civiles, Mme Mervana Hadzimurtezic et l'officier qui commandait l'unité, M.
23 Zubaca.
24 R. Comme je l'ai déjà dit, je ne me souviens pas de la réunion qui s'est
25 tenue avec ce monsieur en question. Comme ceci a été déclaré dans nos
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1 dossiers, comme les dossiers relatent toujours la vérité, je suis sûr que
2 j'ai dû être présent à cette réunion.
3 Q. Si vous supposez que vous étiez présent à cette réunion, l'officier,
4 comme vous venez de le dire, l'officier Zubaca n'était pas un officier
5 appartenant à la 7e Brigade.
6 R. Il se peut que cela soit vrai.
7 Q. Merci.
8 M. IBRISIMOVIC : [interprétation] Nous n'avons pas d'autres questions à
9 poser à ce témoin, Monsieur le Président.
10 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Mundis, je vous donne la parole pour les
11 questions supplémentaires.
12 M. MUNDIS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
13 Nouvel interrogatoire par M. Mundis :
14 Q. [interprétation] Monsieur Weckessen, les soldats que vous avez vu
15 quitter Vares le 8 novembre, ceux-ci vous semblait-il se retirer suite à un
16 ordre militaire ?
17 R. Non, pas du tout. Ils semblaient, quasiment, travailler de façon
18 indépendante. Ils se dispersaient et s'écartaient d'une formation
19 militaire. Cela avait l'air très peu organisé, voire même désorganisé.
20 Q. Merci, Monsieur Weckesser.
21 M. MUNDIS : [interprétation] L'Accusation n'a plus d'autres questions à
22 poser à ce témoin.
23 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Weckesser, les Juges qui sont devant vous
24 ont des questions et je vais, tout d'abord, essayer d'éclaircir votre
25 présence à Vares.
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1 Questions de la Cour :
2 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous avez répondu à des questions, vous avez répondu
3 au contre-interrogatoire. On doit néanmoins constater que tout cela n'est
4 pas très clair. Si vous le voulez, on revient au 3 novembre. Vous avez bien
5 dit que vous êtes venu à Vares le 3 novembre. Quand vous êtes arrivé à
6 Vares le 3 novembre, quelle était la situation de la ville ? D'abord, est-
7 ce que vous vous souvenez, parce que ces faits remontent à plus de dix ans.
8 Est-ce que vous avez encore, dans votre mémoire, une vision bien précise de
9 ce que vous avez vu et des souvenirs ?
10 R. Monsieur le Président, Madame, Monsieur les Juges, puis-je vous poser
11 cette question ? A quels événements faites-vous allusion ici, je vous
12 prie ?
13 M. LE JUGE ANTONETTI : Pour le moment, la Chambre ne fait référence à aucun
14 événement. Nous faisons, simplement, référence à votre venue à Vares le 3
15 novembre. Quand vous vous êtes rendu à Vares le 3 novembre, c'était dans
16 quel contexte précis que vous vous êtes rendu à Vares ce jour-là ? Vous
17 nous avez dit que vous êtes venu le 3 novembre. Ensuite, vous êtes retourné
18 et vous avez demandé à M. Garrod de vous accompagner et vous êtes revenu le
19 4 novembre. La Chambre est, d'abord, intéressée par ce que vous avez vu le
20 3 novembre. A quelle heure êtes-vous arrivé, quand, comment, qu'est-ce que
21 vous avez fait le 3 novembre ? A quelle heure avez-vous quitté la ville de
22 Vares, dans la mesure où vous en souvenez ? Si vous n'en souvenez pas, vous
23 ne répondez pas. Si vous en souvenez, vous me répondez. La question n'est
24 pas pour objet de vous mettre en difficulté. Nous essayons de savoir ce
25 qu'un témoin, le 3 novembre, qui était présent sur les lieux, a vu le 3
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1 novembre.
2 R. Je suis en train de réfléchir à la séquence des événements qui se sont
3 déroulés ce jour-là. Pardonnez-moi, mais je ne peux pas répondre à la
4 question. Je ne me souviens pas. Je ne peux vous donner des événements
5 précis.
6 M. LE JUGE ANTONETTI : En réponse, je vais essayer de vous rafraîchir la
7 mémoire. En réponse à la question de l'Accusation, vous avez indiqué que le
8 3 novembre il y avait un désordre dans les rues, qu'il y avait des détenus
9 qui étaient placés à l'école élémentaire. Vous aviez même trouvé un pompier
10 croate. Est-ce que vous souvenez de cette séquence du 3 novembre ?
11 R. Je ne savais que vous faisiez référence aux événements que j'ai évoqués
12 dans le détail ce matin. Monsieur le Président, Madame et Monsieur les
13 Juges, vous souhaitez que je répète comment j'ai vu les choses et que je
14 vous les relate encore une fois.
15 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui, s'il vous plaît.
16 R. Pour autant que je m'en souvienne, oui, il y avait un désordre dans les
17 rues. Il y avait des soldats des Nations Unies qui étaient debout isolés,
18 le Bataillon NordBat se tenait sur la place du marché. J'avais l'impression
19 qu'ils ne savaient très bien ce qu'ils protégeaient. Nous sommes rapprochés
20 de l'école élémentaire et nous avons supposé que c'était là qu'étaient
21 détenus les Musulmans qui avaient été capturés. Je me suis avancé et j'ai
22 parlé avec les soldats du HVO qui étaient plus aimables, je dois dire, avec
23 nous.
24 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous avez parlé dans quelle langue ? En allemand ?
25 En anglais ?
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1 R. En anglais.
2 M. LE JUGE ANTONETTI : Le soldat du HVO, est-ce qu'il vous comprenait
3 lorsque vous parliez en anglais ?
4 R. Non. Nous avons utilisé un interprète et, bien évidemment, c'était par
5 le truchement d'un interprète. Nous avions un interprète avec nous. C'était
6 un débat très houleux, à tel point que l'interprète m'a dit : "Il vaut
7 mieux que nous partions." Les choses se sont vraiment aggravées. Je me
8 souviens --
9 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous avez eu la confirmation qu'il y avait des
10 Musulmans qui étaient détenus par la HVO à l'école élémentaire ?
11 R. Je n'ai pas vu les détenus parce qu'ils ne m'ont pas laissé entrer. Ils
12 ne m'ont pas laissé passer devant la grille. Il y avait trois soldats qui
13 étaient devant l'entrée, et nous avons demandé à accéder à ce bâtiment.
14 Cela nous a été refusé. A 100 mètres à droite il y avait derrière un
15 buisson un soldat qui avait braqué son arme sur nous. L'interprète nous a
16 prévenus. Nous avons eu une discussion assez difficile et houleuse. Je
17 souhaitais regarder, mais cela n'a pas marché.
18 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous avez quitté Vares vers quelle heure ?
19 R. Je ne me souviens pas de l'heure exacte. Cela a dû être dans l'après-
20 midi.
21 M. LE JUGE ANTONETTI : Le 3 novembre vous avez dit qu'il y avait des
22 soldats du HVO. Est-ce que dans les rues vous aviez vu des civils qui
23 étaient dans cette localité, où il y avait que des militaires du HVO ? Est-
24 ce que vous souvenez d'avoir vu d'autres personnes que des militaires ?
25 R. Je ne me souviens pas d'avoir vu quelqu'un d'autre.
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1 M. LE JUGE ANTONETTI : On va passer au 4 novembre. Vous revenez à Vares
2 avec M. Garrod; c'est bien cela ?
3 R. Oui, c'est exact.
4 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous est arrivé à Vares à quelle heure, autant que
5 vous en souvenez ?
6 R. Cela a dû se situer vers 10 ou 11 heures, étant donné le temps de
7 transport en général. Nous partions à 7 heures 30, 8 heures, et nous
8 prenions une heure et demie.
9 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous passiez par des checkpoints, ou vous êtes
10 rentrés avec votre véhicule sans problème.
11 R. Je ne me souviens pas avoir été arrêté à un poste de contrôle à
12 l'époque.
13 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous arrivez, vous allez au
14 centre-ville. Vous allez vers quel lieu précis ?
15 R. Nous nous sommes rendus directement au centre de la ville où se trouve
16 l'église et l'endroit où se trouvaient les monastères jusqu'à côté de
17 l'église.
18 M. LE JUGE ANTONETTI : Est-ce que des bâtiments avaient été détruits ? Est-
19 ce que des bâtiments brûlaient ? Y avait-il des civils dans les rues ? Y
20 avait-il des militaires. Quel était le contexte ?
21 R. Je n'ai vu aucun signe de destruction. Je n'ai pas vu de bâtiments
22 détruits. J'ai vu de la fumée, mais je ne pense pas qu'il s'agissait de
23 fumée qui venait des maisons. Je crois que c'était la fumée liée au tir. Je
24 n'ai vu aucun civil à ce moment-là.
25 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous êtes arrivé en période de tension. Les gens se
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1 battaient entre eux. Il y avait des tirs ou les tirs avaient cessé ?
2 R. C'était une situation fort étrange. Au début, j'ai vu qu'il y avait un
3 combat. Il y avait ces armes à feu qui étaient utilisées, mais j'ai
4 constaté qu'il n'avait pas d'ennemi. On ne se battait pas contre un ennemi.
5 C'était en quelque sorte qu'on fêtait la victoire. Il semblait qu'il
6 s'agissait d'une grande célébration de la victoire, ce qui était assez
7 inattendu.
8 M. LE JUGE ANTONETTI : Il y avait une situation où on célébrait la victoire
9 en tirant certainement en l'air. Ceux qui célébraient la victoire, vous les
10 avez vus ? C'était des soldats ? Il y avait une tenue ? Des insignes ? Un
11 commandement ? Qu'avez-vous vu ?
12 R. Quand j'ai vu les soldats, je n'ai pas reconnu des insignes. Je n'ai
13 pas regardé les soldats de près, car je voulais assurer notre protection.
14 Nous avions peur qu'on nous tire dessus, puisque nous étions au milieu
15 d'une fusillade. Il y avait des tirs qui provenaient des arbres et des
16 régions alentours. Cela était une situation très étrange. Nous sommes
17 arrivés à la conclusion qu'il vaut mieux quitter cet endroit. C'était
18 également intéressant de constater que les soldats des Nations Unies
19 étaient couchés par terre en essayant de se protéger. Ils souhaitaient ne
20 pas être l'objet de tir non intentionnel.
21 M. LE JUGE ANTONETTI : Les soldats des Nations Unies étaient couchés par
22 terre pour se protéger -- les soldats des Nations Unies étaient couchés sur
23 le sol, en essayant de se protéger. Vous, vous étiez en tenue blanche, sans
24 gilet pare-balles, et les soldats célébraient la victoire en tirant. Ces
25 soldats qui tiraient, malgré le temps très rapide, autant que vous en
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1 souvenez, est-ce qu'ils étaient en tenue de commando, en tenue de
2 camouflage, ou ils avaient une apparence extérieure d'un soldat de
3 l'infanterie ? Qu'est-ce que vous vous rappelez dans cette vision, qui a dû
4 être très rapide, mais c'est un moment fort de votre vie, parce qu'être
5 présent dans des circonstances pareilles, cela n'arrive pas tous les jours
6 dans une vie. Quels sont vos souvenirs de ces gens qui tiraient ?
7 R. A ce moment-là, cela faisait pas l'objet de mon attention en
8 particulier. Je ne me souviens pas dans le détail. Je ne m'en souviens pas.
9 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous nous avez dit, en réponse aux questions, que
10 vous étiez revenu le 8 novembre. Compte tenu du climat du 4 novembre, si
11 vous revenez le 8 novembre, quatre jours après, c'est que vous avez dû
12 avoir des informations comme quoi la situation était plus calme. Sinon,
13 vous n'alliez pas recommencer à vous trouver dans cette situation. Quelles
14 sont les raisons qui ont motivé votre retour le 8 novembre ? Quelles sont
15 les conditions nouvelles qui ont facilité votre retour ?
16 R. Nous n'avons pas d'intentions précises. Cela faisait partie de notre
17 travail, que d'observer en permanence, autant que faire se peut, et quand
18 bien même les combats n'avaient pas cessé, nous serions retournés sur les
19 lieux, car nous essayions de comprendre ce qu'il se passait. Après notre
20 pause, je n'avais pas d'autres alternatives. Il fallait voir comment les
21 choses avaient évolué, et il fallait voir, constater des changements s'il y
22 en avait, quel type de gouvernement était en place, et qu'en était-il de la
23 population ? Il fallait se tenir au courant de tout cela.
24 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous avez dit que vous avez vu des soldats,
25 apparemment sans commandement, qui se livraient à des pillages. Cet état de
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1 faits que vous avez constaté, l'avez-vous formulé auprès des autorités
2 susceptibles d'agir, à savoir, la municipalité dirigée par Mme
3 Hadzimurtezic, des soldats de la FORPRONU, s'ils étaient encore là, ou les
4 responsables militaires ? Qu'est-ce que vous avez fait, vous, voyant tout
5 cela ?
6 R. Nous, ou moi-même, j'ai dans mon rapport précisé que j'avais trouvé Mme
7 Mervana Hadzimurtezic, qui était toujours le maire de la ville, et qui
8 avait beaucoup de mal à nourrir tous les habitants, et qui avait demandé à
9 avoir accès au dépôt. Elle avait insisté. La légion française avait bloqué
10 l'entrée de ce dépôt. Ils étaient venus de Sarajevo pour renforcer NordBat.
11 Je me souviens qu'il y avait un monsieur qui, lors de cette réunion, était
12 quelqu'un qui était venu de Sarajevo. Il s'était présenté comme étant un
13 ministre, et il exigeait également et demandait à ce qu'on puisse accéder à
14 ces dépôts. Se trouvant à cette réunion était Colonel Henriksson, le
15 commandant de NordBat, et on a mis beaucoup de pression, pour lui, pour
16 qu'il retient ses troupes, car c'était le représentant militaire. Je me
17 souviens qu'ils ont lancé un ultimatum, en disant, soit vous cessez le
18 blocus de ces entrepôts ou nous allons utiliser la force. Je me souviens
19 que le colonel Henriksson a trouvé le moyen en lançant un ultimatum, et a
20 demandé à gagner du temps pour assurer les préparatifs et cesser le blocus
21 pour éviter le stress d'un ultimatum.
22 M. LE JUGE ANTONETTI : Ce dépôt de vivres, d'après ce que vous dites, il y
23 avait un blocus, et ceux qui gardaient ce dépôt, c'était apparemment,
24 d'après que j'ai cru comprendre mais je me trompe peut-être, c'était le
25 Bataillon nordique. La municipalité de Vares voulait avoir accès aux
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1 vivres, en demandant la levée du blocus. Nous croyons comprendre que cela a
2 pris du temps, le Bataillon nordique ayant manifesté quelques réticences ?
3 R. Monsieur le Président, Madame, Monsieur les Juges, peut-être que je
4 n'ai pas exposé ceci de façon claire. Les dépôts -- je ne sais pas. Je ne
5 me souviens pas, je ne sais pas quels étaient ces dépôts, s'ils
6 appartenaient aux Nations Unies ou si cela appartenait à la ville. Je ne
7 sais pas. Mais comme je l'ai dit, j'ai trouvé cela surprenant que la Légion
8 étrangère française, la Légion d'honneur est entrée et ont constaté que
9 leur tâche consistait à monter la garde devant les entrepôts pour que ceux-
10 ci ne soient pas pillés. Par conséquent, personne n'avait le droit
11 d'entrer, y compris les nouveaux propriétaires de ces dépôts, à savoir, le
12 maire de la ville. Le maire de la ville a simplement décrété : "Je souhaite
13 avoir accès à ces dépôts. Maintenant, il y a des soldats qui montent la
14 garde devant ces entrepôts." Je pense que le Bataillon nordique, en
15 l'espèce, est la formation militaire qui est la plus importante ici, dans
16 la région, et la Légion d'honneur, la Légion étrangère est, en fait, une
17 unité subordonnée dans ce cas.
18 M. LE JUGE ANTONETTI : Ce dépôt était gardé par la Légion étrangère
19 française. Finalement, la municipalité a pu avoir accès au dépôt ?
20 R. Je ne me souviens pas.
21 M. LE JUGE ANTONETTI : Juste une dernière question qui ne concerne pas
22 spécialement la ville de Vares. Sur une question de la Défense, vous avez
23 été amené à parler de l'importance de Vares au point de vue ligne de
24 communication et, notamment, afin que les villes ou villages aux alentours
25 puissent être approvisionnés. Vous-même, vous êtes un militaire qui a
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1 exercé dans l'aviation. Sur le plan local, il n'y avait aucune possibilité
2 de faire parvenir aux villages ou villes encerclées des vivres humanitaires
3 ou des médicaments ou autres alimentations par la voie aérienne, soit par
4 hélicoptère ou par parachutage ? Cela n'a jamais été envisagé sur le plan
5 local ?
6 R. C'est une question très difficile, Monsieur le Président, Madame,
7 Monsieur les Juges. Je crois que le HCR n'avait pas les moyens d'envisager
8 une telle opération parce que Tuzla est une région assez importante, qui
9 allait manquer de vivres. Un exemple, en fait, de la difficulté eu égard à
10 cette route pour l'ABiH. Nous avons réussit à passer à Tuzla, et juste 15
11 jours avant, il y avait un convoi qu'on avait appelé joy, et qui avait
12 démarré à Split avec quelques 100 véhicules, et qui avait été enlevé à tous
13 les partenaires. Je crois qu'il n'y a que 50 véhicules qui ont réussi,
14 étant donné les parties belligérantes, à passer jusqu'à Tuzla. Quoi qu'il
15 en soit, il me semblait que c'était la seule voie d'accès à cette route qui
16 permettait d'aider les gens de cette région, et un largage aérien nous
17 semblait très difficile. S'il y avait des plans ou quelque chose de prévu
18 de la part du HCR des Nations Unies, je ne sais pas. Mais j'ai du mal à
19 l'imaginer, car je crois qu'il n'y avait pas les moyens nécessaires.
20 M. LE JUGE ANTONETTI : Sur le plan de pure technique militaire, de faire du
21 largage aérien, c'est une possibilité ou la possibilité, de larguer des
22 médicaments ou des vivres de survie, c'est possible ou impossible ? Quand
23 on a les moyens, bien entendu.
24 R. Oui, cela aurait pu être une possibilité, bien évidemment, si les
25 Nations Unies avaient été disposées à le faire, ou toute autre organisation
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1 qui aurait prêté main forte, cela aurait été possible. On aurait pu,
2 effectivement, procéder à des largages aériens, comme cela a été fait à
3 Maglaj et dans d'autres poches par la suite. Mais, cela ne faisait pas
4 partie de notre mission, ni de nos plans, ni de notre réflexion à l'époque,
5 car nous avions concentré notre attention sur ce qui se passait sur le
6 terrain et non pas ce qui se passait en l'air.
7 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci. Je vais demander aux deux autres Juges s'ils
8 ont des questions à vous poser.
9 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Deux toutes petites questions
10 s'agissant de ce que vous avez vu le 11 novembre. Lorsque vous êtes, une
11 fois de plus, allé à Vares, vous avez vu des actes de pillages, vous avez
12 vu des gens qui emportaient des biens en direction du sud, et vous avez vu
13 que ces gens étaient aussi bien des civils que des militaires. La Défense
14 vous a posé une question. En réponse, vous avez déclaré ceci : "Je ne pense
15 pas que c'étaient des gens de la 7e Brigade, car je ne m'attendais pas à ce
16 genre d'actes de la part de cette brigade." Plus tôt, au cours de la
17 matinée, vous avez dit ceci : "Le 4 novembre, j'ai pu faire la distinction
18 entre la 7e Brigade et les autres soldats parce que ces soldats avaient une
19 apparence tout à fait différente. Les hommes de la 7e Brigade étaient mieux
20 habillés, étaient plus motivés, avaient plus de moral que ceux que vous
21 aviez coutume de voir. Vu cette description, et la différence
22 qu'apparemment vous avez constatée entre les membres de cette brigade et
23 d'autres soldats." Est-ce que vous pourriez revenir à cette journée du 11
24 novembre pour me dire si c'est possible -- ces soldats que vous avez vus ce
25 jour-là, à quelle catégorie ils appartenaient ? Je parle ici de ces soldats
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1 que vous avez vus le 8 novembre.
2 R. Au départ, vous avez parlé du 11, mais je pense que vous parlez du 8,
3 n'est-ce pas ?
4 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Oui.
5 R. Parce que, d'abord, vous avez dit le 11, mais c'est le 8. Oui,
6 moi aussi, quelquefois, j'ai un problème pour ce qui est de la chronologie
7 des événements, et d'un suit des dates. Je vous l'ai dit, leur comportement
8 était à ce point différent que pour moi, je ne me suis pas dit que
9 c'étaient des soldats de la 7e. Ils avaient l'aspect que revêtais des
10 soldats, et ceci ne cadrait pas du tout -- ne correspondait pas du tout aux
11 formations que j'avais vues, aux formations qui étaient prêtes à reprendre
12 Vares juste avant cette opération. C'était tout à fait différent. Je dois
13 partir du principe que, un changement était intervenu au niveau des
14 effectifs ou qu'il y avait eu retrait de cette 7e Brigade qui était le fer
15 de lance. Cela ne s'encadrait pas, tout simplement.
16 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Si je peux faire la synthèse de
17 ce que vous avez dit avant : cela ne semble pas être des soldats de la 7e
18 Brigade. C'est bien ce que vous avez dit, en synthèse ?
19 R. Tout à fait.
20 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Deuxième question que je voulais
21 vous poser à propos du 11. Elle est très simple. Vous avez vu des gens qui
22 pillaient et qui emportaient des biens vers le sud. Est-ce que vous avez
23 constaté, vu des tentatives entreprises pour les arrêter ?
24 R. Pas du tout. Je me souviens avoir vu des maisons avec les portes
25 ouvertes, les gens qui sortaient et qui -- c'était une file continue de
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1 gens qui sortaient de la ville sans entrave. Tout le monde s'occupait de ce
2 qu'ils faisaient et personne n'essayait de les empêcher d'agir ou de les
3 organiser. En fait, cela semblait être - comment dire - un déplacement tout
4 à fait libre, bien organisé de tout et chacun qui essayaient de s'emparer
5 de ce qu'ils pouvaient trouver.
6 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Vous avez dit que c'était
7 organisé ?
8 R. Non, non, pas organisé.
9 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Je vous ai mal compris.
10 R. J'ai compris que, voilà ici disait l'occasion qui se présentait.
11 Je n'ai pas eu l'impression que c'était du tout organisé.
12 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Je vous ai mal compris, excusez-
13 moi. Est-ce qu'il y avait en place une présence militaire qui aurait pu
14 empêcher ce genre d'actes ?
15 R. Il y avait des militaires, une présence militaire possible, mais
16 cela aurait signifié une intervention peu sage parce qu'il y avait eu
17 beaucoup de tension auparavant. Il y avait eu la question des entrepôts et
18 le bataillon NordBat aurait pu faire quelque chose. Mais si j'avais été le
19 commandant de ces forces à l'époque, je ne serais pas intervenu dans ce
20 type d'activités entreprises par la population, parce que ce n'étaient pas
21 des activités de guerre. Il n'y avait pas de blessés et il y avait des
22 choses plus difficile à régler : la question des réfugiés, la population
23 croate qui restait devait être bien protégée. C'était là des choses plus
24 importantes. Je ne me souviens plus exactement si cela s'est passé ce jour-
25 là ou pas, mais, au moment de sortir, nous avons été stoppés -- c'était
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1 bien avant, lorsqu'il y a eu passation de pouvoir au cours de cette période
2 transitoire, au moment où le HVO se retirait. Nous avons été stoppés par
3 des Musulmans qui étaient à l'entrée d'un bâtiment -- devant un bâtiment à
4 l'entrée de Vares. Il y avait des soldats du HVO qui nous harcelaient. Nous
5 sommes allés directement au NordBat et j'ai demandé au colonel Henriksson
6 de s'occuper de cette question de chercher ces femmes qui se trouvaient
7 dans cet immeuble, et il a aussitôt dépêché des soldats dans des véhicules
8 blindés transporteur de troupes pour s'occuper de la question. Je pense
9 qu'à ce moment-là, il y avait d'autres priorités.
10 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Je ne voulais pas vous demander
11 si le NordBat ou d'autres effectifs internationaux auraient pu empêcher ce
12 qui s'est passé. Je pensais plutôt à la présence de l'ABiH.
13 R. Oui, je comprends. Difficile, pratiquement impossible, de vous
14 donner une analyse. Je ne peux vous livrer qu'une impression. Je pense que
15 tout le monde vaquait à ces occupations. Ces occupations-là étaient très
16 occupées, ce faisant. Il y avait très peu de réorganisation militaire pour
17 tout cet environnement. C'était vraiment une situation caractérisée par le
18 chaos.
19 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Merci.
20 M. LE JUGE ANTONETTI : Compte tenu du fait que les Juges ont posé des
21 questions qui ont pu peut-être révéler des éléments nouveaux, est-ce que
22 l'Accusation a des questions à poser au témoin dans la suite des questions
23 des Juges ?
24 Monsieur Mundis.
25 M. MUNDIS : [interprétation] Monsieur le Président, nous estimons une fois
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1 de plus que la partie qui cite le témoin devrait être la dernière à poser
2 d'éventuelles questions supplémentaires. Nous estimons que si la Défense a
3 des questions, c'est à elle qu'il revient de les poser d'abord.
4 M. LE JUGE ANTONETTI : Je vous remercie.
5 Je me tourne vers les défenseurs.
6 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Merci beaucoup, Monsieur le Président.
7 Nous n'avons pas de questions supplémentaires à poser au nom de M.
8 Hadzihasanovic.
9 M. LE JUGE ANTONETTI : Je me tourne vers les autres défenseurs.
10 M. IBRISIMOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, nous n'avons pas
11 de questions supplémentaires aux vôtres. Merci.
12 M. LE JUGE ANTONETTI : La Défense n'a aucune question.
13 Monsieur Mundis.
14 M. MUNDIS : [interprétation] Nous, non plus, Monsieur le Président.
15 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Monsieur Mundis.
16 Mon Colonel, votre interrogatoire qui était prévu ce jour vient de se
17 terminer. Nous vous remercions d'être venu à La Haye pour témoigner et
18 d'avoir pris quelques temps de votre retraite actuelle pour nous permettre,
19 pour le moins, d'être informés concernant les événements qui se sont
20 déroulés en Bosnie-Herzégovine en 1993 et, notamment, pendant la période où
21 vous étiez militaire de cette mission européenne.Nous vous remercions et
22 nous vous souhaitons un bon voyage de retour. Je vais demander à Mme
23 l'Huissière de bien vouloir vous raccompagner à la porte de la salle
24 d'audience.
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci, Monsieur le Président, Madame et
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1 Monsieur les Juges.
2 [Le témoin se retire]
3 M. LE JUGE ANTONETTI : Il nous reste quelques temps avant de clôturer cette
4 audience. Monsieur Mundis, concernant le programme de la fin de la semaine,
5 pouvez-vous nous apporter d'autres précisions ?
6 M. MUNDIS : [interprétation] Je vais essayer, Monsieur le Président. Il
7 nous reste un témoin pour la semaine. Son nom figure dans le calendrier que
8 vous avez reçu, vous et la Défense. Je crois comprendre que ce témoin ne va
9 pas nécessité d'une journée complète d'audience. Il nous restera du temps
10 vendredi pour aborder, en partie du moins, la question des documents. C'est
11 à peu près tout ce que je peux vous dire pour éclairer votre lanterne
12 aujourd'hui.
13 M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien, Monsieur Mundis.
14 Nous aurons demain ce témoin et vendredi. Nous aurons l'audience qui sera
15 consacrée à la poursuite du débat qui a commencé sur le versement dans la
16 procédure de pièces de l'Accusation. A ce stade, est-ce que la Défense
17 aurait une question nouvelle à aborder, une précision ? Maître Residovic.
18 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, nous n'avons pas de
19 questions à soulever. Le Greffe nous a informé du fait que nous allions
20 reprendre nos travaux demain dans la salle II. C'est un témoin des plus
21 important. Vous connaissez ses fonctions grâce à ce qu'a dit l'Accusation.
22 Nous n'allons nous servir que de la carte.
23 S'agissant des fonctions occupées par ce témoin en Bosnie centrale, je peux
24 vous dire que nous allons demander, sans doute, à la Chambre de première
25 instance, à savoir, plus de temps que ce que nous utilisons de coutume.
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1 Une dernière chose, j'ai des engagements différents pour ce qui est de la
2 préparation du contre-interrogatoire demain et après demain. C'est Me
3 Bourgon, mon co-conseil et notre assistant juridique que seront présents à
4 l'audience demain.
5 M. LE JUGE ANTONETTI : Je vais donner la parole également aux autres
6 défenseurs. Mais avant de leur donner la parole, je voudrais reposer à M.
7 Mundis, question de savoir, compte tenu de ce qui vient d'être dit,
8 concernant le témoin de demain, qualifié par la Défense d'important, vous
9 pensez prendre combien de temps, de temps que vous avez joint à votre
10 liste, les pièces à conviction P214, 99, 207, 225 que vous envisagez de
11 présenter au témoin. Peut-être le feriez-vous pas, mais c'est dans votre
12 listing.
13 M. MUNDIS : [interprétation] Monsieur le Président, c'est M. Withopf qui va
14 procéder à l'interrogatoire principal demain. Je crois comprendre qu'il va
15 pré-auditionner le témoin cette après-midi. Il sera, dès lors, peut-être
16 difficile de déterminer la durée exacte de l'interrogatoire principal ou le
17 nombre exact de documents que nous voudrons verser au dossier par le
18 truchement de ce témoin. Je crois comprendre, aussi, que lors de la
19 dernière pause, M. Withopf a discuté avec au moins un des avocats de la
20 Défense et qu'il aurait peut-être besoin d'une heure trois quart, deux
21 heures, en fonction, bien sûr, de la réunion qu'il aura cette après-midi
22 avec le témoin. Je prévois, dès lors, à ce stade que nous aurons besoin de
23 tout un volet d'audience, peut-être un peu plus. Tout est fonction, bien
24 entendu, des discussions qui auront lieu cette après-midi. Mais je ne pense
25 pas qu'il faudra vraiment beaucoup plus de temps qu'une heure et demie,
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1 peut-être juste un peu plus.
2 M. LE JUGE ANTONETTI : Si l'Accusation prend une heure et demie à deux
3 heures, la Défense aura, au maximum, trois heures de contre-interrogatoire,
4 mais tous les défenseurs. Il y a des chances que l'audition de ce témoin se
5 poursuivre vendredi. Ce que la Chambre souhaite, bien entendu, c'est que
6 vendredi nous puissions, après l'audition de ce témoin, entamer la fin du
7 débat sur les pièces à conviction afin qu'on puisse statuer très
8 rapidement.Je me tourne vers les autres défenseurs, est-ce qu'ils ont -- je
9 ne sais qui, d'ailleurs, mènera le contre-interrogatoire qui a dû être
10 préparé, c'est -- M. Dixon, est-ce que vous pouvez nous indiquer de manière
11 approximative le temps qu'il vous faudra, mais de façon très
12 approximative ?
13 M. DIXON : [interprétation] Monsieur le Président, nous ne pensons pas
14 qu'il nous faudra davantage que 30 minutes pour le contre-interrogatoire.
15 Cela dépend, bien sûr, des questions ou des réponses du témoin plus
16 exactement, mais pas plus d'une demi-heure pour le contre-interrogatoire.
17 Nous n'avons aucune autre question à soulever à ce stade-ci. Merci.
18 M. LE JUGE ANTONETTI : Concernant vendredi, comme c'est vous, Maître Dixon,
19 qui allez monopoliser la presque totalité du temps concernant les
20 documents, vous envisagez combien de temps afin qu'on puisse nous faire des
21 soustractions par rapport au témoin prévu.
22 M. DIXON : [interprétation] Nous l'avons déjà dit, pas plus d'heure pour
23 aborder, de façon complète, le document. J'espère moins, 45 minutes, mais
24 en aucun cas, plus d'une heure. Nous n'avons que huit ou neuf documents à
25 examiner et beaucoup d'entre eux sont des documents qu'il ne faudra pas
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1 aborder par le menu. Mais, il y a certains points particuliers sur lesquels
2 nous aimerions apporter votre attention pour ce qui est du degré de
3 fiabilité et de la question s'il faut les admettre dans les catégories que
4 nous avons esquissées, mais pas d'une heure.
5 M. LE JUGE ANTONETTI : Comme vous, il vous faudra une heure et comme Me
6 Bourgon, vous aurez cinq documents, il faudra calculé, cela fera une heure
7 30. Comme nous aurons vendredi, trois heures 45, de temps utile, nous
8 disposerons d'environ deux heures pour les fins du contre-interrogatoire et
9 des questions supplémentaires, des questions des Juges. Pour le témoin, qui
10 est prévu, il aura deux heures. Voilà l'architecture générale.
11 [La Chambre de première instance se concerte]
12 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien entendu, comme la Défense aura besoin d'une
13 heure 30, enfin d'une heure pour M. Dixon, peut-être 30 minutes pour Me
14 Bourgon, cela ferait une heure 30. L'Accusation aura, évidemment, du temps
15 pour, le cas échéant, reprendre la parole. Mais on sait qu'au maximum, le
16 contre-interrogatoire du témoin prévu demain, vendredi, ne pourra se
17 dérouler que sur deux heures, grand maximum. J'invite les uns et les autres
18 à être très synthétiques et concis, afin qu'on puisse rentrer dans le
19 schéma dans la mesure où la semaine prochaine il y a un témoin chaque jour
20 qui est prévu.
21 Y a-t-il d'autres questions ? Monsieur Mundis.
22 M. MUNDIS : [interprétation] Non. Merci, Monsieur le Président.
23 M. LE JUGE ANTONETTI : Maître Residovic ?
24 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Merci.
25 M. LE JUGE ANTONETTI : Maître Ibrisimovic ?
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1 M. IBRISIMOVIC : [interprétation] Rien à ajouter. Merci.
2 M. LE JUGE ANTONETTI : En conséquence, je lève l'audience de ce jour,
3 et je vous invite à revenir pour l'audience de demain, qui commencera à 9
4 heures. Je vous remercie.
5 --- L'audience est levée à 11 heures 48 et reprendra le jeudi 13 mai
6 2004, à 9 heures 00.
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