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1 Le mardi 16 novembre 2004
2 [Audience publique]
3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]
4 --- L'audience est ouverte à 8 heures 59.
5 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, pouvez-vous appeler le numéro
6 de l'affaire, s'il vous plaît ?
7 M. LE GREFFIER : Merci, Monsieur le Président. Affaire numéro IT-01-47-T,
8 le Procureur contre Enver Hadzihasanovic et Amir Kubura.
9 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Monsieur le Greffier. Je vais demander à
10 l'Accusation de bien vouloir se présenter.
11 M. MUNDIS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président, Madame, Monsieur
12 les Juges. Bonjour à la Défense et à tout le monde présent dans le
13 prétoire. Daryl Mundis. Andres Vatter est notre commis aux audiences.
14 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci.
15 La Défense.
16 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Bonjour,
17 Madame, Monsieur les Juges. Edina Residovic, conseil; Stéphane Bourgon, co-
18 conseil; et Muriel Cauvin, notre assistante juridique, pour M.
19 Hadzihasanovic.
20 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci. Les autres avocats.
21 M. IBRISIMOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Monsieur
22 les Juges, Rodney Dixon, Fahrudin Ibrisimovic et Mulalic Nermin, pour M.
23 Kubura.
24 M. LE JUGE ANTONETTI : La Chambre salue toutes les personnes présentes, les
25 représentants de l'Accusation, les avocats, les accusés, ainsi que M. le
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1 Greffier, qui nous rejoint après quelques jours d'absence. Je salue
2 également les interprètes, le personnel de sécurité, ainsi que toutes les
3 autres personnes.
4 Nous avons, aujourd'hui, l'audition d'un témoin. Mais avant cela, il y a
5 deux points à régler. Tout d'abord, la Défense nous a saisis, le 11
6 novembre, par requête, d'une demande d'obtention d'un délai pour le dépôt
7 pour ses listes finales de témoins et de documents. La Défense souhaite que
8 le délai soit reporté au 3 décembre 2004. La Défense, conjointement dans
9 ses écritures, nous a expliqué les difficultés qu'elle rencontre
10 actuellement. Alors, la Chambre en délibérera tout à l'heure. Mais est-ce
11 que l'Accusation a une observation à faire sur le fait que la Défense
12 souhaite que le délai soit maintenant reporté au 3 décembre 2004, étant
13 précisé que nous avions envisagé, dans un premier temps, la date du 12
14 novembre ?
15 Monsieur Mundis.
16 M. MUNDIS : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai vérifié cela avec
17 notre commis aux audiences, et il semblerait que nous n'ayons pas reçu ces
18 demandes. Je vais essayer de retrouver le papier aussi vite que possible. A
19 moins qu'il ait été déposé ex parte. Mais je ne suis pas au courant de
20 l'avoir reçu. Donc, je me propose de vérifier cela pendant la suspension
21 d'audience, pour voir, dans le bureau du Procureur, si jamais ce document
22 ne s'est pas perdu dans le bureau et s'il n'a pas été égaré. Je voudrais
23 formuler un commentaire plus tard aujourd'hui, mais, pour le moment, comme
24 je ne l'ai pas vu, je ne peux pas me prononcer.
25 M. LE JUGE ANTONETTI : Peut-être que la Défense a une copie.
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1 Maître Bourgon.
2 M. BOURGON : Merci, Monsieur le Président. Bonjour, Madame le Juge.
3 Bonjour, Monsieur le Juge. Bonjour, Monsieur le Président. Simplement pour
4 ajouter, nous allons, immédiatement, faire une copie pour la remettre à
5 l'Accusation. L'écriture en question a été déposée inter parte et non pas
6 ex parte, mais je vais remettre une copie à mon collègue, immédiatement,
7 lors de la première pause. Cela étant dit, Monsieur le Président,
8 j'aimerais attirer l'attention de la Chambre sur la dernière partie de
9 cette requête, qui traitait ou qui fournissait, à la Chambre, certaines
10 informations au sujet de la situation des traductions, simplement pour
11 indiquer à la Chambre que nous sommes toujours en discussion avec les
12 services du Greffe. Nous avons demandé une réunion additionnelle
13 aujourd'hui afin de pouvoir fournir davantage d'information sur la
14 situation précise en matière de traduction. Je vous remercie, Monsieur le
15 Président.
16 M. LE JUGE ANTONETTI : Je vous remercie, Maître Bourgon.
17 La deuxième question était liée aux documents qui avaient été présentés au
18 témoin, Mustafa Hockic. C'étaient les documents dans ce classeur. Nous
19 n'avions pas pris de décision.
20 Alors, je me tourne vers la Défense.
21 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, à la fin de la
22 déposition de ce témoin, nous n'avons pas eu suffisamment de temps pour
23 proposer le versement au dossier de l'ensemble des documents que nous
24 avions présentés au témoin. A présent, nous proposons à la Chambre de
25 première instance d'accepter le versement des pièces qui vont de 1 à 47,
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1 sur la liste des documents, de les verser en tant que pièces à conviction
2 de la Défense. Il s'agit des documents que nous avons montrés. La raison
3 principale de notre demande est que le témoin a été en mesure de
4 reconnaître chacun de ces documents, soit en tant que document de l'état-
5 major de la protection civile, soit en tant qu'ordre adressé à celui-ci,
6 soit en tant que document qu'il a reçu lui-même de la part des commissions
7 qui se rendaient sur le terrain, ou en tant que ses documents propres. Nous
8 estimons, par conséquent, que toutes les conditions sont réunies pour que
9 ces documents soient acceptés en tant que pièces à conviction de la
10 Défense. Merci.
11 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci.
12 Monsieur Mundis, sur les 47 pièces qui sont listées.
13 M. MUNDIS : [interprétation] Monsieur le Président, Mme Henry-
14 Benjamin l'a laissé entendre, la semaine dernière, au sujet d'un certain
15 nombre de ces documents; nous estimons qu'ils ne sont pas pertinents à la
16 vue de l'Acte d'accusation. Sur le champ, je ne pourrais pas vous préciser
17 de quels documents sur cette liste de 1 à 47 il s'agit, donc desquels
18 documents nous nous opposerions pour ce qui est de la pertinence, mais il y
19 a très certainement un certain nombre de documents qui ne sont pas
20 pertinents; du moins, c'est notre avis.
21 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Alors, nous mettons cette question en standby.
22 Nous attendions que vous nous informiez plus en avant sur les documents
23 dont vous faites des objections et nous en délibérerons ultérieurement.
24 Merci.
25 S'il n'y pas plus de points en discussion, nous allons introduire le
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1 témoin. Je vais demander à M. l'Huissier de bien vouloir aller chercher le
2 témoin.
3 M. MUNDIS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. En attendant que
4 le témoin n'arrive dans le prétoire, pour le compte rendu d'audience à la
5 lumière du fait que l'un des membres de la Chambre de première instance
6 était absent pendant la semaine dernière, je pense que le compte rendu
7 d'audience devait préciser que les trois juges sont présents aujourd'hui.
8 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Nous sommes bien présents les trois juges.
9 Nous en donnons acte.
10 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
11 M. LE JUGE ANTONETTI : Bonjour, Monsieur Camdzic, je veux d'abord vérifier
12 que mes propos sont bien traduits dans votre langue, si vous m'entendez,
13 vous me comprenez, dites que : "Je vous comprends."
14 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous comprends.
15 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur, vous avez été cité comme témoin par la
16 Défense. Avant de vous faire prêter serment, je me dois de vous identifier.
17 Je vous demande pour cela de me donner votre nom, prénom, date de naissance
18 et lieu de naissance.
19 LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis Fahir Camdzic, né le 10 juin 1965
20 dans le village d'Obrenovci dans la municipalité de Zenica.
21 M. LE JUGE ANTONETTI : Je vous remercie. Actuellement, avez-vous une
22 occupation professionnelle ?
23 LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis officier de l'armée de la Fédération.
24 M. LE JUGE ANTONETTI : Quels sont votre grade et votre fonction
25 actuellement ?
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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis commandant et je suis chef du centre
2 d'Enseignement et d'Entraînement à Bugojno.
3 M. LE JUGE ANTONETTI : En 1992-93, aviez-vous une fonction militaire ou
4 civile ? Si c'est une fonction militaire, où étiez-vous affecté et avec
5 quel grade ?
6 LE TÉMOIN : [interprétation] En 1992, je n'avais pas de grade, mais j'avais
7 des fonctions. J'étais commandant de l'état-major sectoriel de Mehurici
8 dans la municipalité de Travnik.
9 M. LE JUGE ANTONETTI : Etiez-vous affecté à une brigade ou une unité ?
10 LE TÉMOIN : [interprétation] A l'époque, il n'y avait pas de brigade,
11 j'étais donc membre, de l'état-major sectoriel de la Défense territoriale,
12 placé sous le commandement de l'état-major municipal de la Défense
13 territoriale de Travnik.
14 M. LE JUGE ANTONETTI : En 1993 ?
15 LE TÉMOIN : [interprétation] En 1993, la 306e Brigade de Montagne était
16 formée et j'étais commandant du 2e Bataillon de la 306e Brigade.
17 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci. Avez-vous déjà témoigné devant un tribunal
18 international ou un tribunal national sur les faits qui se sont déroulés en
19 1992-1993 en Bosnie-Herzégovine ou c'est la première fois que vous
20 témoignez ?
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Jusqu'à présent, je n'ai pas témoigné. C'est
22 la première fois que je témoigne.
23 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci. Je vais vous demander de bien vouloir lire le
24 serment.
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la
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1 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
2 LE TÉMOIN: FAHIR CAMDZIC [Assermenté]
3 [Le témoin répond par l'interprète]
4 M. LE JUGE ANTONETTI : Je vous remercie, vous pouvez vous asseoir.
5 Avant de donner la parole aux avocats qui vont vous poser des questions, je
6 vais vous donner quelques éléments d'information sur la façon dont va se
7 dérouler cette audience. Il est normalement prévu que vous témoignez cette
8 matinée, l'audience se terminant à 13 heures 45. J'espère que le planning
9 qui est prévu permettra de vous libérer en début d'après-midi.
10 Vous allez devoir répondre à des questions qui vont vous être posées par
11 les avocats des accusés qui sont situés à votre gauche. A la fin des
12 questions posées par les avocats, vous aurez à répondre à des questions qui
13 vont vous être posées par les représentants de l'Accusation qui sont à
14 votre droite.
15 Les trois juges qui sont devant vous pourront aussi vous poser des
16 questions, mais, en règle générale, les Juges préfèrent attendre la fin des
17 questions des parties avant d'intervenir dans le début en vous posant des
18 questions.
19 Essayez de répondre de façon simple aux questions posées. Si vous ne
20 comprenez pas le sens d'une question, demandez à celui qui vous pose la
21 question de la reformuler parce que, vous vous en rendez compte, parfois
22 les questions peuvent être très compliquées et, à ce moment-là, prenez
23 votre temps avant de répondre. Car, comme vous le savez ou vous ne le savez
24 pas, nous n'avons, vous concernant, aucun élément, aucune déclaration
25 écrite, donc ce sont vos réponses qui vont nous éclairer, d'où l'importance
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1 de vos réponses.
2 Je me dois également de vous indiquer deux autres éléments. Vous avez prêté
3 serment de dire toute la vérité, ce qui exclut tout faux témoignage car,
4 comme vous le savez, un faux témoignage est une infraction qui peut être
5 punie par une peine d'emprisonnement et ce Tribunal prévoit que la peine
6 d'emprisonnement peut aller jusqu'à sept ans.
7 Deuxième élément, compte tenu de votre ex-qualité, un témoin lorsqu'il
8 répond à une question, s'il estime que sa réponse pourrait l'engager dans
9 des éléments dangereux pour lui, le témoin peut refuser de répondre. Mais,
10 à ce moment-là, la Chambre peut l'obliger à répondre et, s'il répond sur
11 une incitation de la Chambre, à ce moment-là, il bénéficie d'une immunité.
12 Ce mécanisme a été établi afin de permettre à un témoin de témoigner en
13 toute sérénité. Si, au cours de la journée, vous rencontrez des
14 difficultés, n'hésitez pas à nous en faire part; nous essaierons, dans la
15 mesure du possible, de régler tout problème pouvant surgir.
16 Voilà, de manière très générale, la façon dont va se dérouler cette
17 audience qui est consacrée à votre témoignage, et je sais que la Défense va
18 vous faire un avertissement supplémentaire. Je leur donne la parole.
19 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
20 Interrogatoire principal par Mme Residovic :
21 Q. [interprétation] Monsieur Camdzic, bonjour. Comme vous venez de
22 l'entendre de la bouche du Président de la Chambre de première instance,
23 moi-même, pour ma part, je vais vous demander une chose. Une fois que je
24 vous ai posé la question, je vous demanderais de faire une pause pour que
25 les interprètes aient le temps de traduire la question puis, moi-même, je
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1 vais en faire un petit peu à la fin de vos réponses, également pour donner
2 le temps à l'interprétation. Ceci est très important parce que notre
3 conversation doit pouvoir être suivie avant tout par la Chambre de première
4 instance, mais aussi par tous nos collègues présents dans le prétoire ?
5 M'avez-vous compris Monsieur Camdzic ?
6 R. Oui.
7 Q. Vous avez dit que vous êtes officier au sein de la Fédération de
8 Bosnie-Herzégovine aujourd'hui. Dites-moi, Monsieur Camdzic, quel a été
9 votre parcours scolaire ? Quelles sont les écoles que vous avez faites et
10 où ?
11 R. Je suis sorti de l'école primaire et secondaire dans la municipalité de
12 Zenica. Par la suite, je me suis inscrit dans l'académie militaire de
13 Belgrade d'où je suis sorti diplômé.
14 Q. Après avoir terminé vos études à l'académie militaire, pouvez-vous nous
15 dire, Monsieur Camdzic, où vous avez été nommé, déployé et où avez-vous
16 servi et jusqu'à quel moment ?
17 R. A la fin de mes études à l'académie militaire, j'ai été nommé à l'île
18 de Vis en République de Croatie. Cela a été mon premier poste. Par la
19 suite, j'étais à Sibenik et enfin, le dernier poste dans l'ex-Yougoslavie,
20 c'était à Titov Drvar en Bosnie-Herzégovine.
21 Q. Dans les rangs de l'armée populaire yougoslave, aviez-vous un grade, et
22 si oui, lequel ? J'aimerais savoir quel a été votre dernier poste occupé
23 dans la JNA ?
24 R. Le dernier poste que j'ai eu dans la JNA, c'était celui de commandant
25 d'une Compagnie d'Infanterie et mon dernier grade était le grade de
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1 lieutenant.
2 Q. Monsieur Camdzic, à un moment donné, avez-vous quitté les rangs de la
3 JNA ? Si oui, pouvez-vous nous dire à quel moment et pour quelle raison ?
4 R. J'ai quitté la JNA le 1er avril 1992. La raison pour laquelle je suis
5 parti, c'est que ce n'était plus l'armée pour laquelle j'avais été formée.
6 Elle a commencé à se mettre à la disposition d'un seul peuple en Bosnie.
7 Q. Début avril, quand vous avez quitté les rangs de l'armée populaire
8 yougoslave, où vous êtes-vous rendu ?
9 R. A ma sortie de l'armée populaire yougoslave, je me suis rendu dans ma
10 localité natale à Zenica.
11 Q. Monsieur Camdzic, à ce moment-là ou ultérieurement, avez-vous rejoint
12 des unités ou des forces de la défense et, si oui, où ?
13 R. Immédiatement après avoir quitté la JNA et à mon arrivée dans ma ville
14 natale, je me suis présenté et je me suis mis à la disposition de l'état-
15 major régional de la Défense territoriale située à Zenica.
16 Q. Vous êtes resté à Zenica pendant combien de temps, et à quel moment si
17 cela a été le cas, avez-vous quitté le territoire de Zenica ?
18 R. Je suis resté un mois, un mois et demi à Zenica. Par la suite, j'ai
19 reçu un ordre du commandant de l'état-major régional de la TO de Zenica qui
20 me nommait à Travnik, à l'état-major de la Défense territoriale de Travnik,
21 plus précisément, l'état-major sectoriel, la Défense territoriale de
22 Mehurici.
23 Q. Quelles ont été vos fonctions ? Quel était votre poste au sein de la
24 Défense territoriale de Travnik, plus précisément, au QG sectoriel de
25 Mehurici ?
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1 R. Lorsque je suis arrivé à l'état-major de la Défense territoriale de
2 Travnik, j'ai été nommé au poste du commandant de l'état-major sectoriel de
3 Mehurici.
4 Q. Monsieur Camdzic, avant cela, vous est-il déjà arrivé de vous rendre à
5 Mehurici ou dans la vallée de la Bila ?
6 R. Non, jamais auparavant. Je n'y suis jamais allé.
7 Q. Où était situé le commandement de votre état-major sectoriel ?
8 R. Le commandement de l'état-major sectoriel de la Défense territoriale de
9 Mehurici était basé à l'école primaire de Mehurici.
10 Q. Qui a mis à la disposition du QG de la Défense territoriale ces
11 locaux ?
12 R. A mon arrivée à Mehurici, l'espace nécessaire à y installer le QG
13 sectoriel de Mehurici a été mis à la disposition par la présidence de
14 Guerre de la communauté locale de Mehurici, la présidence de Guerre de
15 l'époque.
16 Q. Le commandement de l'état-major sectoriel s'est-il installé dans
17 l'ensemble du bâtiment et, sinon, qui a utilisé le reste de l'espace ?
18 R. Le commandement de la Défense territoriale de Mehurici n'a pas utilisé
19 cet espace dans sa totalité, donc tout le bâtiment de l'école primaire de
20 Mehurici. Nous avons utilisé les bureaux situés au rez-de-chaussée de
21 l'école primaire. Quant au reste, il y avait de la place pour l'école, le
22 directeur, je ne sais pas.
23 Q. Vous-même en tant que commandant de l'état-major sectoriel ainsi que
24 l'état-major sectoriel, pouviez-vous disposer de l'espace restant à
25 l'intérieur de l'école primaire ?
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1 R. Pour ce qui est du reste de l'espace qui restait à l'intérieur du
2 bâtiment, nous ne pouvions pas l'utiliser, nous n'en n'avions pas besoin,
3 d'ailleurs. Nous étions un petit nombre et les locaux que nous avions nous
4 satisfaisaient pleinement.
5 Q. Monsieur Camdzic, pouvez-vous nous dire quelles sont les localités qui
6 étaient englobées dans ce territoire du QG sectoriel de Mehurici, donc,
7 quelles localités dans la vallée de la Bila si vous pouvez vous en souvenir
8 encore aujourd'hui ?
9 R. L'état-major sectoriel de Mehurici englobait les localités suivantes,
10 et je vais énumérer celles dont je me souviens. Ce sont les villages de
11 Jezerci, Fazlici, Zagradje, Gornja et Donja, donc, le bas et le haut,
12 Orahovo, Gluha Bukovica, Velika Bukovica, Visnjevo, Dub, Suhi Do, Poljanice
13 ainsi que Mehurici.
14 Q. Vous avez dit que le commandement du QG sectoriel était à l'école
15 primaire. Alors pouvez-vous nous dire où étaient stationnés les
16 combattants, les combattants qui étaient enrôlés dans l'état-major
17 sectoriel ?
18 R. Tous les combattants qui n'étaient pas déployés sur les lignes de front
19 face à l'agresseur serbo-monténégrin se trouvaient chez eux dans leurs
20 maisons. On n'avait pas de casernes ou d'autres lieux où on aurait pu
21 stationner une unité entière. A la fin de leurs missions ou de leurs
22 relèves, ils rentraient chez eux.
23 Q. Monsieur Camdzic, pouvez-vous nous dire comment vous avez procédé pour
24 mobiliser la population au sein de cet état-major sectoriel ? Comment les
25 avez-vous mobilisés dans les compagnies qui faisaient partie de cet état-
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1 major sectoriel ?
2 R. Dans un premier temps, les compagnies étaient mobilisées en suivant le
3 principe territorial, donc d'organisation par village. C'est le secrétariat
4 de l'époque, le secrétariat chargé de la Défense territoriale de la
5 municipalité de Travnik qui s'en est chargé. Tout simplement, je recevais
6 les soldats par les biais des appels, qui étaient envoyés par le
7 secrétariat chargé de la Défense populaire de Travnik.
8 Q. Monsieur Camdzic, la population qui était d'appartenance croate et qui
9 vivait dans votre zone, est-ce qu'elle a reçu ces feuilles de mobilisation
10 elle aussi ? A-t-elle rejoint la Défense territoriale ?
11 R. Je ne peux pas vous l'affirmer en toute certitude, mais d'après ce que
12 j'ai entendu, ils ont reçu, eux aussi, ces feuilles de mobilisation;
13 cependant, ils n'ont jamais accepté d'être enrôlés dans les rangs de ce
14 qu'a été, à l'époque, la Défense territoriale, dans l'unité qui était
15 placée sous mon commandement.
16 Q. Savez-vous s'ils se sont organisés militairement d'une manière
17 quelconque et, si oui, quelles sont les unités dans lesquelles ils se sont
18 enrôlés ?
19 R. A la différence de nous, qui avons constitué la Défense territoriale,
20 et ils ont constitué leurs unités à eux. A l'époque où j'étais là-bas, il y
21 avait des Unités du HOS et du conseil croate de la Défense.
22 Q. Vous étiez un officier de l'armée populaire yougoslave lorsque vous
23 avez pris vos fonctions. Pouvez-vous nous dire quel était l'équipement dont
24 vous disposiez pour vos unités. Je pense, avant tout, aux armes et aux
25 uniformes.
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1 R. Pour ce qui est de la localité -- plutôt de l'endroit d'où j'étais
2 venu, à savoir, de l'armée populaire yougoslave, qui était équipée à 100 %,
3 là, à la différence de cela, il n'y avait pas, dans nos unités, ni
4 armement, ni uniformes. Il n'y en avait vraiment guère. Pour ce qui est des
5 armes, c'étaient, pour la plupart, quelques fusils de chasse. C'était cela,
6 pour la plupart, et la population avait des permis de port régulier à
7 l'époque, donc ce n'était pas beaucoup.
8 Q. En tant que commandant de l'état-major sectoriel, vous saviez
9 probablement comment étaient armées les autres unités de la Défense
10 territoriale sur le territoire de votre municipalité. Etaient-elles mieux
11 loties que vous, que vos soldats ?
12 R. Dans son ensemble, la Défense territoriale de la municipalité de
13 Travnik, pour autant que je le sache, d'après ce que j'ai vu, était placée
14 dans la même situation que mon unité, que l'unité dans laquelle j'étais. Ce
15 n'était guère mieux.
16 Q. Devant cette Chambre de première instance, on a entendu dire qu'avant
17 la guerre, la Défense territoriale possédait ces armes. Savez-vous ce qui
18 est advenu de l'armement de la Défense territoriale et pour quelle raison
19 ne vous a-t-on pas remis ces armes ?
20 R. L'armée populaire yougoslave a été constituée, en plus de ces unités
21 régulières, a été constituée selon un principe qui voulait qu'on accorde
22 beaucoup d'attention aux Unités de la Défense territoriale. Dans cette zone
23 également, sur le territoire de Travnik, il y avait des armements de la
24 Défense territoriale qui, pendant une période - je ne me rappelle pas
25 exactement - les Unités de l'armée populaire yougoslave ont placé ces
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1 armements sous leur contrôle. C'est à Slimena, dans une caserne de l'ex-
2 JNA, qu'étaient entreposées ces armes. Il y a eu des pressions qui ont été
3 exercées pour que ces armements soient restitués, soient mis à la
4 disposition de la Défense territoriale. Tout simplement, les officiers
5 supérieurs de l'armée populaire yougoslave, qui se sont trouvés sur place,
6 n'ont absolument pas voulu remettre ces armes, et en fin de compte,
7 plusieurs entrepôts ont été dynamités, détruits. Ils ont tous sauté. Ils
8 ont tout détruit et fait sauter.
9 Q. Il y a peu de temps, vous nous avez dit que la population croate, dans
10 cette région, s'était organisée en HOS et HVO. Voudriez-vous, s'il vous
11 plaît, comparer ceux-ci par rapport aux unités, et nous dire quel type
12 d'armes et de matériel avait le HOS et le HVO à leur disposition.
13 R. Lorsque vous les comparez, ils étaient beaucoup mieux équipés et
14 beaucoup mieux armés que nous. Nous les envions parce que tous avaient des
15 armes modernes. Je me réfère maintenant à des fusils automatiques, des
16 mitraillettes, mitrailleuses, et cetera, donc ils étaient beaucoup mieux
17 armés que nous.
18 Q. Pendant que l'état-major du secteur à Mehurici était en fonction, est-
19 ce que vous avez participé à des combats, et où était-ce ?
20 R. Pendant que je me trouvais dans le secteur à l'état-major à Mehurici,
21 j'ai passé la plupart de mon temps -- la plus grande partie de mon temps
22 sur la ligne face aux Chetniks. Cette ligne était constamment en action. Il
23 y avait des opérations de combat quotidiennes qui se déroulaient. Nous
24 étions essentiellement engagés dans les opérations de défense parce que,
25 constamment, nous subissions des attaques des Chetniks. J'ai passé la plus
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1 grande partie de mon temps sur le plateau de Vlasic, sur la ligne qui
2 faisait face aux Chetniks, à ce moment-là.
3 Q. Pendant que vous commandiez l'état-major du secteur et, par la suite,
4 est-ce que la Défense territoriale a pris l'ensemble du commandement dans
5 le territoire des communes locales qui se trouvaient dans votre secteur ?
6 R. Pas seulement dans mon secteur, mais dans l'ensemble du territoire de
7 la municipalité de Travnik. La Défense territoriale n'a jamais pris le
8 contrôle ou pouvoir dans ces secteurs. Nous avons fait ce que nous disait
9 la présidence de Guerre de la municipalité de Travnik. C'était la
10 présidence de Guerre qui contrôlait tout et avait le pouvoir.
11 Q. Monsieur Camdzic, au cours de l'été 1992, y a-t-il eu des
12 modifications qui sont intervenues dans la Défense territoriale ? Est-ce
13 que les unités ont eu des effectifs plus étendus ?
14 R. Vers la mi-1992, au mois de juillet, les états-majors du secteur dans
15 la municipalité ont été transformés. Ceci a été fait conformément aux
16 ordres du commandement. L'état-major du secteur a cessé de fonctionner et a
17 été transformé en détachement dans l'ensemble de la région de la
18 municipalité de Travnik.
19 Q. Combien de détachements ont été créés dans la vallée de la Bila ? Est-
20 ce que vous avez conservé l'une quelconque des positions que vous teniez
21 pour la Défense territoriale, en ce qui concerne les détachements ?
22 R. Dans la vallée de la Bila, il y avait quatre détachements qui ont été
23 créés. Je suis resté dans mes fonctions au commandement du détachement de
24 Mehurici. C'était le détachement qui avait été créé. De Mehurici, il y en
25 avait deux. L'un était Luta Greda, et l'autre était Mehurici. Il y avait un
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1 autre détachement qui s'appelait Humanitaire, et encore un autre qui
2 s'appelait Bila.
3 Q. Où se trouvait le commandement de ce détachement ?
4 R. Le commandement de mon détachement est resté dans les locaux de l'école
5 de Mehurici.
6 Q. Qu'en est-il de l'hébergement ou des locaux pour les effectifs de votre
7 détachement ? Y a-t-il eu des modifications apportées en ce qui concernait
8 la situation antérieure ?
9 R. Il n'y a pas eu de changements. Les choses sont restées comme elles
10 étaient. Le seul changement, cela a été le nom. Ce n'était plus l'état-
11 major de secteur, c'était maintenant le Détachement de Mehurici.
12 Q. Monsieur Camdzic, je voudrais maintenant que nous passions à un autre
13 sujet. En votre qualité de commandant du secteur, de l'état-major de
14 secteur ou commandant du détachement dont nous avons parlé, est-ce que vous
15 avez remarqué la présence d'étrangers qui auraient apparu dans la
16 municipalité de Travnik et dans le secteur qui était du ressort de votre
17 détachement ?
18 R. Oui. J'ai remarqué des étrangers. Je ne sais d'où ils venaient et
19 comment ils étaient venus. Comme je vous l'ai déjà dit, j'ai passé la plus
20 grande partie de mon temps sur le plateau de Vlasic, sur la ligne. Je suis
21 revenu sur l'arrière, j'ai remarqué la présence d'étrangers et, au cours de
22 la période en question, il s'agissait probablement de la fin de l'été ou du
23 début de l'automne, et pour la première fois, j'ai vu que des étrangers
24 étaient arrivés dans le secteur de Mehurici.
25 Q. Est-ce que vous n'avez jamais appris ou découvert d'où venaient ces
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1 étrangers ? D'où ils étaient logés ? Pour commencer, permettez-moi de vous
2 demander qui étaient ces étrangers et de quel pays étaient-ils arrivés ?
3 Est-ce que vous le saviez ?
4 R. Non, je ne le savais pas d'où ils venaient, mais, à en juger par leur
5 apparence, et à en juger par la façon dont ils étaient habillés, je pouvais
6 conclure que c'étaient des étrangers en provenance de pays arabes. Je ne
7 sais pas exactement d'où ils venaient.
8 Q. Je vais maintenant vous demander de répondre à la question précédente
9 qui était si vous saviez à quel endroit ils étaient installés ou logés ?
10 R. Quand ils sont arrivés à Mehurici, on les a logés dans la même école de
11 Mehurici où se trouvait mon poste de commandement.
12 Q. Est-ce qu'on les a logés au rez-de-chaussée ou dans les bureaux du rez-
13 de-chaussée où se trouvait également votre détachement ?
14 R. Non. On leur a donné le second et le troisième étage de l'école
15 élémentaire. Ils ne partageaient pas les locaux et les bureaux que nous
16 occupions.
17 Q. Vous avez remarqué ces étrangers une fois que vous êtes revenu à
18 l'arrière après le temps que vous aviez passé sur la ligne. Est-ce que vous
19 avez réagi au fait que, brusquement, il y avait des étrangers qui se
20 trouvaient dans l'école où se trouvait votre poste de commandement ?
21 R. Bien sûr, j'ai réagi immédiatement. Mon poste de commandement se
22 trouvait là, et j'ai dit que nous ne nous sentions pas en sécurité avec ces
23 étrangers si proche de nous. J'en ai informé mon supérieur immédiat, mon
24 commandant concernant cette situation, et je lui ai demandé ce que je
25 devais faire.
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1 Q. Qui était votre supérieur hiérarchique immédiat, à l'époque ?
2 R. A l'époque, mon supérieur hiérarchique immédiat était le commandant de
3 l'état-major municipal de la Défense territoriale de Travnik, M. Haso Ribo.
4 Q. A la lumière du fait que vous nous avez déjà dit que vous n'étiez pas
5 chargé de mettre des locaux à disposition, en tant que commandant de
6 l'état-major de secteur, est-ce que vous vous êtes mis en rapport avec des
7 organes civils à Mehurici ou ailleurs pour essayer de trouver des solutions
8 à ce problème ?
9 R. A l'époque, j'ai essayé de m'adresser au président de la présidence de
10 Guerre de Mehurici. Je voulais savoir pourquoi ces personnes étaient
11 cantonnées dans ces locaux. Lui, il était le représentant du pouvoir civil
12 qui exerçait un contrôle complet sur place, et il semblait qu'il avait
13 donné pour ordre au directeur de l'école d'héberger ces personnes. J'ai
14 essayé de lui parler pour essayer de trouver une solution. Ce n'était pas
15 dans mon intérêt que ces personnes restent là, si proche, mais je n'ai pas
16 réussi à convaincre le président de la présidence de Guerre de les
17 déplacer, de leur faire quitter l'école.
18 Q. Comment est-ce que ces étrangers se sont-ils présentés à vous ? Est-ce
19 qu'ils vous ont dit quel était le motif de leur présence ? Est-ce que
20 quelqu'un des organes civils du pouvoir vous ont dit quelle était leur
21 relation avec la population civile ?
22 R. En fait, c'est avec le président de la présidence de Guerre, il m'a dit
23 qu'il y avait sept personnes qui étaient des représentants d'organisations
24 humanitaires et que nous avions besoin d'eux sur place. Nous avions besoin
25 qu'ils soient là parce qu'ils nous aideraient à régler nos problèmes
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1 concernant les vivres et ainsi de suite. Ils étaient censés aider la
2 population civile. Ils étaient censés lui fournir des vivres et autres
3 choses de première nécessité, et ainsi de suite.
4 Q. Comment est-ce que la population autour de vous nommait-elle ces
5 étrangers ?
6 R. Ils ont commencé par les appeler des Arabes, tout comme je l'ai fait
7 moi-même. C'est comme cela qu'on les reconnaissait, on disait des Arabes.
8 Q. Monsieur Camdzic, est-ce qu'à un moment quelconque, le nom habituel
9 utilisé par la population a changé ?
10 R. Oui. Quelque peu plus tard, ces Arabes et étrangers ont commencé à être
11 appelés les Moudjahiddines. On a commencé à les appeler ainsi.
12 Q. Vous étiez le commandant du Détachement de Mehurici, et juste pour le
13 procès-verbal, c'était à l'automne 1992; c'est bien cela ?
14 R. Oui.
15 Q. Puisque les gens les appelaient les Arabes, et puisque vous avez appris
16 des organes civils que c'étaient des personnes qui s'occupaient des
17 questions humanitaires, est-ce que vous étiez au courant du fait qu'à
18 l'automne 1992, ils avaient, effectivement, joué un rôle humanitaire en
19 fournissant aux gens des paquets, des vivres et ainsi de suite, qui
20 entraient, en fait, dans la définition d'activités humanitaires ?
21 R. Au début, ils ont, effectivement, fait cela. Ils rassemblaient et
22 distribuaient divers colis, paquets contenant toutes sortes de choses,
23 essentiellement d'ailleurs, des aliments, des vivres.
24 Q. Est-ce qu'ils ont remis quoi que ce soit à votre état-major de
25 secteur ? Par exemple, pour la Défense territoriale, est-ce qu'ils ont
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1 fourni quelque chose ?
2 R. Non, non. Ils ne m'ont donné aucun appui logistique. Ils ont même évité
3 tout contact avec moi. Je ne sais pas pourquoi. Il est probable qu'ils
4 n'avaient pas confiance en moi, ou quelque chose de ce genre.
5 Q. Vous nous avez dit, à un moment donné, qu'on leur a donné le nom de
6 Moudjahiddines. Vous aviez obtenu un diplôme de l'académie militaire. Vous
7 étiez un officier de la JNA. Que saviez-vous de la JNA ? Que saviez-vous de
8 qui étaient les Moudjahiddines ? Qui étaient les Moudjahiddines ?
9 R. Dans le pays, dans les régions où j'avais résidé, je n'avais jamais
10 entendu ce mot des Moudjahiddines avant, et je ne savais pas ce que ce
11 terme représentait. Pour moi, c'était un mot étranger.
12 Q. Monsieur Camdzic, est-ce que vous savez si ces étrangers, les
13 Moudjahiddines, ont jamais changé de lieu, là où ils étaient hébergés ? Si
14 vous en avez eu connaissance, pourriez-vous nous dire quand et pourquoi
15 ceci s'est produit ?
16 R. Lorsque les Unités de la Défense territoriale ont été réorganisées, le
17 corps a été créé au sein de l'ABiH. Il a été constitué. Pour la vallée de
18 la Bila, la 306e Brigade de Montagne a été créée. Au tout début de la
19 création de cette brigade, cette 306e Brigade de Montagne, les étrangers,
20 qui avaient été logés à Mehurici, dans l'école, ont commencé à quitter
21 l'école et sont allés s'installer au village de Poljanice, à quelques 900
22 mètres de l'école élémentaire de Mehurici.
23 Q. Vous venez de mentionner certaines modifications dans l'organisation de
24 l'armée, la création de la 306e Brigade de Montagne. Quelles sont les
25 unités qui ont constitué cette 306e Brigade ?
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1 R. La 306e Brigade de Montagne a été composée par tous les anciens
2 détachements plus une unité qui avait été formée avec les effectifs des
3 réfugiés qui venaient de Kotor Varos. Cette unité était connue sur le nom
4 de l'Unité de Siprage -- le Bataillon de Siprage.
5 Q. D'après ce que vous savez, Monsieur Camdzic, au début, lorsque la 306e
6 Brigade a été constituée, est-ce qu'il y a eu des problèmes ? Est-ce qu'une
7 partie de la population a rejoint certaines Unités ou Brigades de l'ABiH ?
8 R. Oui. Le simple fait que la 306e Brigade avait été créée ne voulait pas
9 dire qu'il n'y avait pas de problèmes. Ces problèmes, qui existaient,
10 essentiellement, avaient trait aux villages de Gluha Bukovica et Zagradje,
11 qui refusaient de rejoindre les forces de la 306e Brigade de Montagne. Ces
12 villages voulaient relever d'une autre unité. Après plusieurs négociations
13 et des demandes et des exigences, ces deux villages ont constitué des
14 effectifs de la 314e Brigade de Montagne.
15 Q. Monsieur Camdzic, à ce moment-là, est-ce que vous avez pris d'autres
16 fonctions ? Dans l'affirmative, lesquelles ?
17 R. Lorsque la Brigade de Montagne, la 306e, a été créée, j'ai eu de
18 nouvelles fonctions. Je suis devenu commandant du 2e Bataillon, pour ce qui
19 est des effectifs de la 306e Brigade de Montagne.
20 Q. Où se trouvait le poste de commandement de votre bataillon ?
21 R. Le poste de commandement de mon bataillon se trouvait dans le village
22 de Krpeljici.
23 Q. Est-ce que vous êtes au courant du fait que d'autres Unités de la 306e
24 Brigade de Montagne sont restées dans l'école primaire de Mehurici ?
25 R. Lorsque la Brigade de Montagne, la 306e, a été créée, une Unité du
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1 Bataillon de Siprage s'est installée dans l'école primaire de Mehurici et
2 en a fait son poste de commandement.
3 Q. Monsieur Camdzic, de quelle partie de la vallée de la Bila est-ce qu'on
4 a recruté pour constituer le 2e Bataillon de la 306e Brigade de Montagne ?
5 R. Pour le 2e Bataillon de la 306e Brigade de Montagne, les effectifs ont
6 été tirés des secteurs d'où le Détachement de Humanitaire avait été
7 reconstitué. Les villages suivants, Krpeljici, Maline, Velika Bukovica,
8 Mosur, Bandol, et Radojcici étaient les villages où on a recruté nos
9 effectifs.
10 Q. Où se trouvaient les soldats de votre bataillon ? Où est-ce qu'on les a
11 cantonnés ? Est-ce que vous avez disposé de quoi que ce soit qu'on pourrait
12 considérer ou appeler une caserne du 2e Bataillon ?
13 R. Non. En tant qu'unité, nous n'avons jamais eu notre propre caserne. Les
14 membres du bataillon restaient chez eux, dans leur maison, tout comme
15 c'était le cas pour l'état-major du secteur et du détachement auquel
16 j'avais appartenu précédemment.
17 Q. Lorsque le 2e Bataillon a été créé, est-ce que vous avez réussi à
18 reconstituer des effectifs complets ? Est-ce que vous avez pu avoir des
19 armes ? Est-ce que vous avez disposé du matériel militaire nécessaire,
20 ainsi que de l'état-major ou les personnes nécessaires ?
21 R. Cela aurait été merveilleux si j'avais pu faire cela -- obtenir cela.
22 Toutefois, je n'ai jamais pu avoir des effectifs complets pour ce bataillon
23 en ce qui concerne le nombre d'hommes, les armes, les munitions et les
24 uniformes. Je n'ai jamais eu ce qui avait été prévu pour une unité de cette
25 force-là.
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1 Q. Combien d'hommes aviez-vous sous vos ordres ? Combien d'armes, quelles
2 pièces d'armement aviez-vous ?
3 R. A l'époque, j'avais environ 440 hommes sous mes ordres. J'avais environ
4 120 fusils.
5 Q. Qui étaient les personnes qui étaient à votre disposition ? Est-ce que
6 vous aviez des officiers ? Est-ce que vous aviez l'état-major nécessaire
7 pour vous acquitter des tâches du bataillon ?
8 R. Non. Nous n'avions pas de personnes vraiment instruites, des officiers
9 ayant reçu l'éducation voulue. C'étaient, essentiellement, des effectifs
10 constitués à partir de gens qui avaient déjà servi dans l'ancienne JNA,
11 l'armée populaire yougoslave, et qui avaient un peu d'expérience, mais ils
12 n'avaient pas de grade, de grades supérieurs. Le grade le plus élevé était
13 celui de caporal, caporal de l'ancienne JNA.
14 Q. Quel grade aurait dû être celui de l'officier qui commandait un
15 bataillon ?
16 R. Dans des conditions normales, le commandant d'un bataillon devrait être
17 un commandant, un chef de bataillon, c'est le grade le plus normalement.
18 Q. Quel était votre grade ?
19 R. À l'époque, je n'avais pas de grade. Je n'avais aucun grade de l'ABiH.
20 J'avais le grade de lieutenant dans l'ancienne JNA.
21 Q. En plus de vous-même, combien d'officiers faisaient partie de votre
22 bataillon ?
23 R. Je vous ai déjà dit qu'il n'y avait pas d'officiers supérieurs dans mon
24 bataillon. Il n'y avait ni officier, ni sous-officiers.
25 Q. Est-ce que vous aviez des réserves logistiques ? Est-ce que vous aviez
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1 des munitions de réserve pour vos effectifs ?
2 R. Non, nous n'avions aucune réserve. Ce que nous avions, en ce qui
3 concerne les armes et les munitions, c'était cela se trouvait sur la ligne
4 de défense en face de l'agresseur serbo-monténégrin.
5 Q. Dans de telles conditions, comment avez-vous pu établir une hiérarchie
6 entre vous-mêmes, en tant que commandant, et vos propres soldats, autrement
7 dit, entre le supérieur hiérarchique et les commandements subordonnés ?
8 R. Le système de commandement et de contrôle, dans ces conditions, était
9 très difficile à créer, à exercer. Nous pouvions communiquer, dans une
10 certaine mesure, avec nos supérieurs; toutefois, lorsqu'il s'agissait de
11 nos subordonnés, des hommes sous nos ordres, la communication n'était pas
12 si facile. Nous n'avions pas assez de communication ou de moyens autres qui
13 auraient pu faciliter ces communications.
14 Q. Étant donné les ressources humaines que vous aviez à votre disposition,
15 vous venez de nous parler du fait que ces personnes n'étaient pas prêtes,
16 pas préparées pour des combats. Pourriez-vous nous dire si, au sein du
17 bataillon ou de la brigade ou ailleurs, il y avait de la formation ou de
18 l'entraînement qui se déroulait ? Dans l'affirmative, pourriez-vous nous
19 dire qui organisait cette formation, cet entraînement ?
20 R. Au niveau du commandement de la brigade, un ordre avait été émis, des
21 plans avaient été établis pour notre formation et notre instruction.
22 Toutefois, cette formation ne pouvait pas être facilement organisée à cause
23 de l'obligation qui s'imposait constamment à nous en ce qui concerne à la
24 ligne, ainsi que les obligations concernant les soldats qui étaient en
25 permission et qui rentraient chez eux, mais qui devaient faire des choses à
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1 domicile, par exemple, fournir leur famille des vivres et autres choses de
2 première nécessité. Donc, la formation que nous pouvions exercer dans notre
3 bataillon, c'est moi qui en étais responsable parce que j'étais le seul à
4 avoir une formation militaire d'un certain type.
5 Q. Les étrangers dont vous venez de parler, est-ce qu'ils ont, à n'importe
6 quel moment, procédé à la formation des membres de votre bataillon ?
7 R. Non, ils n'ont jamais formé qui que ce soit dans le bataillon et
8 d'ailleurs ils n'y étaient pas présents.
9 Q. Compte tenu du fait que vous avez quitté Mehurici et que vous avez
10 votre bataillon et votre commandement, vous êtes venus à Krpeljici. Est-ce
11 que vous pouvez nous dire si vous-même, vous avez rencontré certains
12 problèmes dans le bataillon en raison de la présence des étrangers ?
13 Autrement dit, est-ce qu'en tant que l'un des commandants de la 306e
14 Brigade, vous avez appris ou remarqué que cette présence provoquait un
15 certain nombre de problèmes, y compris dans la brigade ?
16 R. Est-ce que vous pourriez me répéter la question ?
17 Q. Excusez-moi. Dites-moi tout d'abord, vous avez quitté Mehurici et vous
18 venus à Krpeljici en tant que commandant du 2e Bataillon, est-ce qu'à ce
19 moment-là, vous avez rencontré un certain nombre de problèmes liés à ces
20 Moudjahiddines dans la zone de responsabilité de votre bataillon ?
21 R. J'ai rencontré un certain nombre de problèmes s'agissant des membres de
22 mon bataillon, s'agissant de ces Moudjahiddines. Ces problèmes concernaient
23 le fait que les Moudjahiddines donnaient au début des colis humanitaires et
24 je ne pouvais pas fournir la même chose à mes combattants. C'est ce qui
25 provoquait des problèmes, liés au fait que certains soldats passaient chez
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1 eux et je perdais certains hommes. Il était très difficile de retenir
2 quelqu'un qui souhaitait partir, mais j'ai eu de la chance car, dans mon
3 bataillon, il n'y a pas eu un grand nombre de cas semblables, mais, lorsque
4 j'étais dans le détachement, là, il y avait beaucoup de problèmes de ce
5 type; un grand nombre d'hommes souhaitaient partir et partaient. Je ne sais
6 pas ce qu'ils recevaient, je suppose qu'un certain nombre de personnes
7 recevaient même de l'argent. Donc, ils faisaient, d'une certaine manière,
8 tout cela afin de les rallier à leur cause.
9 Q. Je souhaite vous poser une autre question maintenant afin de mieux
10 comprendre la situation. Au début, vous avez dit que la population croate
11 était surtout mobilisée dans le cadre du HVO et du HOS. Est-ce que vous
12 pourriez me dire où étaient déployées les Unités du HVO, et où se trouvait
13 leur ligne de défense face à l'ennemi commun ?
14 R. S'agissant du HVO et du HOS, pendant que j'étais à Mehurici, je ne
15 savais pas exactement leur ligne face aux Chetniks ou à l'agresseur serbo-
16 monténégrin; cependant, lorsque je suis venu dans le 2e Bataillon, à ce
17 moment-là, j'ai pu voir car nous étions les uns à coté des autres, donc
18 leur ligne était, pour la plupart, derrière nous, à un kilomètre ou deux.
19 Ils étaient derrière nos lignes de défense que nous avions constitué nous-
20 mêmes à Vlasic, au plateau de Vlasic.
21 Q. Est-ce que cette manière de constituer la ligne derrière l'ABiH
22 provoquait l'action de méfiance auprès des soldats et auprès des
23 commandants de la 306e Brigade ?
24 R. Oui, ceci nous rendait anxieux car, si on était ensemble face à un seul
25 ennemi, il était logique que l'on soit déployé dans une même ligne, et il
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1 n'était pas logique de voir quelqu'un derrière nous si ce n'étaient des
2 unités de réserve, par exemple; cependant, pendant la période dont laquelle
3 nous étions sur les premières lignes de front, face aux Chetniks, ils
4 étaient derrière nous, et nous ne comprenions pas tout à fait cette
5 situation, ni les raisons pour lesquelles les choses étaient ainsi.
6 Q. Est-ce que mis à part ce fait, en 1993, les membres du HVO se sont
7 comportés d'une certaine manière, ce qui vous a empêché d'exercer vos
8 fonctions du commandant de bataillon ?
9 R. Tout ce qui se passait en automne 1992, y compris les incidents autour
10 de Novi Travnik et puis au début de l'année 1993 lorsqu'un certain nombre
11 de malentendus ont éclaté et, par la suite aussi, j'avais de plus en plus
12 de problèmes avec le conseil croate de Défense car, dès le mois de mars
13 1993, et même peut-être avant, je ne pouvais plus sortir normalement pour
14 effectuer la relève, par exemple. Il n'était pas possible de faire quoi que
15 ce soit sans s'annoncer pour pouvoir passer les points de contrôle qu'ils
16 avaient déjà établis à la sortie vers le plateau de Vlasic. Ceci rendait la
17 situation beaucoup plus difficile pour ce qui est du bataillon.
18 Q. Quels étaient les communications avec les centres à Zenica et ailleurs
19 et à Travnik, et est-ce que ceci a posé un certain nombre de problèmes pour
20 ce qui est de votre bataillon également ?
21 R. En ce qui concerne les communications à un niveau supérieur, je ne peux
22 pas en parler, mais je peux vous dire que, dans mon bataillon, j'ai déjà eu
23 beaucoup de problèmes pour communiquer avec mes supérieurs, mon
24 commandement supérieur, et en ce qui concerne les communications normales.
25 Lorsqu'il fallait aller à Zenica ou à Travnik, c'était tellement difficile
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1 qu'un incident était toujours sur le point d'éclater dans ce genre de
2 situation.
3 Q. Est-ce que vous avez reçu des ordres relatifs à ces incidents de la
4 part de votre commandement supérieur ? Quelle était la position de l'ABiH
5 en ce qui concerne la possibilité qu'un conflit éclate avec le HVO ?
6 R. J'ai reçu des ordres concrets de mon commandement disant qu'il fallait
7 éviter à tout prix, et je le souligne bien, à tout prix, tout incident qui
8 risquerait de faire éclater un conflit avec nos alliés car ils étaient nos
9 alliés, à l'époque.
10 Q. Est-ce que le HVO reconnaissait ces efforts déployés par, tout d'abord,
11 la 306e Brigade, mais on peut dire également par l'ABiH, et est-ce que le
12 HVO essayait d'éviter les conflits également ? Sinon, est-ce que vous
13 pouvez nous dire de quelle manière se comportait le HVO dans ce cas-là ?
14 R. Je ne peux pas vous répondre avec exactitude pour vous dire s'ils
15 déployaient des efforts dans ce sens ou pas, mais, d'après la situation sur
16 le terrain, on avait l'impression que c'était l'inverse, que les choses
17 n'évoluaient pas du tout. Ou, par exemple, il y a eu un commandement
18 conjoint qui a été formé à un autre niveau et, si un ordre était donné,
19 personnellement, je n'ai pas remarqué qu'ils étaient prêts et qu'ils
20 souhaitaient travailler ensemble comme nous.
21 Q. Dites-moi, s'il vous plaît : est-ce que ce comportement du HVO, à un
22 moment donné, vous a rendu impossible à vous également d'accéder à votre
23 propre poste de commandement ? Si oui, veuillez nous décrire la situation.
24 R. Oui. Je me suis retrouvé dans une situation où j'étais parti de mon
25 poste de commandement, je suis allé à mon unité à Maline. Tout d'abord, en
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1 partant, j'ai été harcelé par le HVO. Je dois souligner cela car je
2 traversais Guca Gora. A ce moment-là, pour la première fois, j'ai vu de
3 nouveaux visages. Il ne s'agissait pas des locaux de Guca Gora, mais des
4 personnes qui étaient emmenées de quelque part pour créer ce genre de
5 situation. Il s'agissait surtout de jeunes hommes âgés de 17 ans peut-être.
6 Je vais vous donner un exemple. Par exemple, ils m'ont chassé de la
7 voiture, ils m'ont fait sortir, et ils m'ont fouillé très en détail. Même
8 si j'avais un pistolet, ils ne l'ont pas trouvé, alors qu'il n'était pas
9 caché.
10 Ce que je veux dire par là, c'est qu'il s'agissait des jeunes hommes que
11 l'on avait fait venir simplement pour provoquer des incidents de ce genre.
12 Ensuite, j'ai poursuivi mon chemin à Maline. Ils m'ont chassé vers Maline.
13 Ils m'ont dit que je ne devais plus revenir. Je pense qu'ils ne savaient
14 pas que j'exerçais les fonctions du commandant du 2e Bataillon.
15 Q. Ces jeunes hommes, qui vous ont arrêté, appartenaient à quelles
16 unités ? Est-ce qu'ils étaient des membres de l'ABiH ou d'une autre
17 formation ?
18 R. S'ils faisaient partie de l'ABiH, certainement, ils ne m'auraient pas
19 arrêté. Ils appartenaient au HVO. Ils avaient des insignes du HVO. Mais,
20 quant à la question de savoir quelle était l'unité à laquelle ils
21 appartenaient dans le cadre du HVO, vraiment, je ne le sais pas. A Guca
22 Gora se trouvait la Brigade de Frankopan, mais ils ne portaient pas leurs
23 insignes.
24 Q. Monsieur Camdzic, dites-moi s'il vous plaît : comment la situation a-t-
25 elle évolué en mai 1993 ? Qu'est-il arrivé à votre bataillon ?
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1 R. La situation concernant les événements qui se sont déroulés dans le
2 village d'Ahmici en avril 1993 a eu un grand impact sur l'ensemble de la
3 région. En mai, il y a eu des blocus plus importants, et en ce qui concerne
4 mon bataillon, il ne pouvait plus fonctionner en tant que bataillon. Il
5 s'agissait des unités de villages qui étaient encerclées par le HVO, et qui
6 était abandonnées à leur propre sort. En ce qui concerne les communications
7 et le commandement, ceci ne fonctionnait pratiquement plus du tout. Je
8 pouvais communiquer par Motorola, parfois, mais je ne pouvais pas
9 m'adresser à quoi que ce soit dans mon propre commandement, à qui j'aurais
10 pu confié, avec 100 % de certitude, le contrôle de ma région.
11 Q. Est-ce que vous aviez encore des lignes au plateau de Vlasic, et quels
12 étaient les problèmes liés à cela et liés au blocus dans lequel se trouvait
13 votre bataillon dans certains villages ?
14 R. Malgré tout ce qui se passait là-bas, j'avais encore ma zone de
15 responsabilité face aux Chetniks, et mon unité y restait. Un grand problème
16 a surgi à ce moment-là. Car, à partir du mois de mai et de la mi-juin, je
17 ne pouvais plus effectuer la relève des effectifs qui y étaient. Si l'on
18 tient compte de la situation sur le terrain et du fait qu'il s'agissait des
19 tranchées, des emplacements où les soldats ne pouvaient pas prendre une
20 douche, ni se laver, c'était très difficile. Lorsque l'on sait que je ne
21 pouvais pas effectuer leur relève, on n'arrêtait pas d'exercer une pression
22 sur moi pour que je les remplace, pour que de nouveaux effectifs y aillent.
23 La situation s'est notamment détériorée au moment des premiers
24 conflits avec le HVO en raison du fait que les familles de ces soldats
25 étaient restées là-bas, abandonnées à leur sort. Donc, la situation était
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1 vraiment extrêmement grave dans l'ensemble de la région dans laquelle se
2 trouvait le 2e Bataillon.
3 Q. Au début, lorsque vous avez commencé à exercer les fonctions du
4 commandement du 2e Bataillon, vous m'avez expliqué de quels villages on
5 avait recruté les combattants du bataillon. Maintenant, vous venez
6 d'expliquer que la plupart de ces villages étaient encerclés. Dites-moi,
7 s'il vous plaît : quels étaient les villages avec lesquels vous n'aviez pas
8 de communication directe, physique, et dans lesquels se trouvait une partie
9 de vos soldats, de vos combattants qui étaient de repos ?
10 R. Je viens de vous décrire la situation qui prévalait. Dans cette
11 situation, je n'avais pas de contact physique avec l'unité ou avec le
12 village de Maline. Je n'étais pas en mesure d'aller dans le village de
13 Radojcici. Je ne pouvais pas aller dans le village de Bandol. Je ne pouvais
14 pas du tout aller au village de Velika Bukovica. Le seul endroit où je
15 pouvais aller, en prenant de grands risques, c'était le village de Mosur,
16 donc la communication entre Krpeljici et Mosur fonctionnait, à peu près.
17 Q. Quelles étaient les armes dont disposaient vos combattants qui étaient
18 encerclés dans les villages que vous venez d'énoncer ?
19 R. Je vais souligner encore une fois qu'il s'agissait surtout des fusils
20 de chasse, et un certain nombre d'armes que les habitants avaient réussi à
21 acheter au marché noir, des armes de contrebande. Souvent les gens
22 vendaient leur dernière vache pour obtenir une arme, mais, de toute façon,
23 tout ce qu'ils avaient ne suffisait pas pour avoir une défense de qualité.
24 Q. Monsieur Camdzic, dites-moi, s'il vous plaît : au début du mois de
25 juin, où s'est retrouvé le commandant de votre brigade ?
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1 R. Au début du mois de juin, mon commandant de brigade se retrouvait au
2 village de Krpeljici, là où j'étais moi-même.
3 Q. Pour quelle raison n'était-il pas parti à son poste de commandement à
4 Rudnik ?
5 R. Il ne pouvait pas aller au poste de commandement à Rudnik compte tenu
6 du fait que, déjà à ce moment-là, tous les axes de communication vers
7 Rudnik étaient bloqués. D'ailleurs, je ne sais pas comment se faisait-il
8 qu'il se soit retrouvé à Krpeljici car, afin d'arriver de Travnik à
9 Krpeljici, il fallait passer au moins deux points de contrôle du HVO.
10 Q. Combien de combattants, au début du mois de juin, se trouvaient au
11 village de Krpeljici ?
12 R. Au début du mois de juin, il y avait surtout les combattants de la
13 région qui étaient dans le village de Krpeljici. Les combattants de ce
14 village et ceux qui n'étaient pas sur les lignes de front contre les
15 Chetniks, donc, au total, il s'agissait d'environ 80 soldats.
16 Q. En tant que commandant du bataillon, avez-vous reçu des nouvelles
17 émanant de vos combattants qui étaient dans ces villages encerclés ?
18 R. Oui. Je recevais sans cesse de mauvaises nouvelles émanant du village
19 de Velika Bukovica. A partir du 30 mai et par la suite, à chaque fois, ils
20 demandaient de l'aide, ils avaient peur. Ils étaient encerclés. Je suppose
21 qu'ils s'attendaient à quelque chose. Le 4 juin, cette situation est
22 devenue dramatique. Ils étaient soumis à des attaques. Au cours de la
23 première heure, ils s'adressaient pour demander de l'aide, pendant qu'ils
24 avaient encore la possibilité de communiquer par la radio. Mais, après
25 cette première heure, je ne recevais plus du tout des nouvelles de cet
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1 endroit. Je pensais que tout était terminé. Car compte tenu de la position
2 dans laquelle je me trouvais moi-même, à Krpeljici, je pouvais entendre de
3 fortes détonations, de forts coups de feu, donc ils demandaient de l'aide,
4 mais, objectivement, nous ne pouvions rien faire afin d'aider ces gens-là.
5 Q. Pourquoi ces 80 soldats de Krpeljici ne pouvaient pas partir aider les
6 combattants et la population de Velika Bukovica ?
7 R. Sur ces 80 combattants qui y étaient, ces 80 combattants qui s'y
8 trouvaient ne pouvaient rien faire pour deux raisons. Tout d'abord, car
9 nous étions en profondeur du territoire, et avec aussi peu de personnel,
10 nous ne pouvions pas traverser la ligne de défense du HVO qui était au-
11 dessus de Krpeljici. Il s'agissait d'une région qu'il était impossible de
12 traverser avec un si petit nombre de soldats dans des conditions de combat.
13 La deuxième raison c'était que nous n'osions pas quitter la ligne de
14 défense sur laquelle nous étions. Compte tenu du fait que nous étions
15 encerclés nous-mêmes, nous ne pouvions pas évacuer un certain nombre de
16 soldats vers Velika Bukovica sans mettre à mal la sécurité de ces personnes
17 qui défendaient leur propre village.
18 Q. En tant que commandant du bataillon, est-ce que vous vous êtes adressé
19 à qui que ce soit pour obtenir de l'aide, et à qui ?
20 R. En tant que commandant du bataillon, je me suis adressé à mon
21 commandant de la brigade pour demander de l'aide. Je me suis adressé à lui
22 pour voir de quelle manière nous pouvions recevoir de l'aide. Compte tenu
23 du fait que le commandant ne pouvait communiquer avec son poste de
24 commandement, les communications n'ayant pas été établies, on passait par
25 mon poste de commandement et lui, immédiatement, envoyait une demande au 1er
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1 Bataillon qui était à Mehurici et au 4e Bataillon - je pense qu'il y était
2 également - et il a demandé que les membres de ces unités-là essaient de
3 venir en aide à ceux qui était à Velika Bukovica.
4 Q. Vous avez appris qu'une tragédie était en cours à Velika Bukovica. Est-
5 ce que, mis à part cela, vous avez appris que le HVO s'attaquait aux autres
6 endroits dans lesquels se trouvaient vos soldats qui étaient de repos et
7 qui y sont restés bloqués ?
8 R. Mis à part les événements à Velika Bukovica, le HVO n'arrêtait pas
9 d'exercer une pression sur tous les autres villages et n'arrêtaient pas
10 d'intimider la population. Notamment, le village de Maline a été attaqué le
11 6 juin par le HVO.
12 Q. Est-ce qu'à un moment donné les unités libres de la 306e Brigade ont
13 accepté de mettre en œuvre la demande du commandement, et est-ce que vous
14 savez ce qui s'est passé dans cette région-là, le 8 juin ?
15 R. Dès que nous avons adressé notre demande visant à obtenir de l'aide, le
16 4 juin, rien ne se passait. Nous ne recevions aucun indice que quelqu'un
17 allait venir en aide de ces personnes. Les choses ont continué comme cela
18 jusqu'au 6, et même par la suite. Je n'avais vraiment aucun indice que quoi
19 que ce soit allait venir nous aider. Nous faisions tout ce que nous
20 pouvions afin de nous organiser en mieux compte tenu de l'évolution de la
21 situation. Par la suite, j'ai pu obtenir un certain nombre de documents du
22 HVO, et j'ai pu constater qu'un plan d'attaque existait, un plan selon
23 lequel ils allaient capturer les villages bosniens un par un afin de
24 maîtriser complètement le territoire que nous occupions. Si je regarde
25 maintenant comment les choses ont commencé à se dérouler le 4, c'était
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1 Velika Bukovica et, le 7, Maline a été attaquée. Nous nous préparions, mais
2 je ne m'attendais pas à recevoir de l'aide. Le 8, les gens sont venus de la
3 région de Mehurici, et ils ont levé le blocus de nos unités qui avaient été
4 encerclées.
5 Q. Merci, Monsieur Camdzic.
6 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, peut-être le moment
7 est bon pour procéder à une pause. Je demanderais également à la Chambre de
8 première instance d'examiner ce témoin pendant un peu plus d'une heure et
9 demie, comme prévu. Je vais abréger la déposition du témoin prévu pour
10 demain. Je pense qu'en ce qui concerne les journées d'aujourd'hui et de
11 demain, nous pourrons respecter les horaires prévus.
12 M. LE JUGE ANTONETTI : Il est 10 heures et demi. Nous reprendrons à 11
13 heures moins cinq.
14 --- L'audience est suspendue à 10 heures 30.
15 --- L'audience est reprise à 11 heures 00.
16 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous pouvez continuez.
17 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Merci.
18 Q. Monsieur Camdzic, avant la suspension d'audience, nous parlions de la
19 journée du 8 juin et ce qui s'était produit ce jour-là. Pourriez-vous me
20 dire si oui et à quel moment vous avez été informé d'un certain nombre de
21 succès remportés par les unités qui étaient parties aider les soldats
22 encerclés, membres de votre bataillon ?
23 R. Au départ, je n'avais aucune information. Au sujet de ces succès, ce
24 que j'en ai appris, c'est lorsque nous avons été débloqués au nord, vers
25 Guca Gora, lorsque nos forces qui avaient été encerclées ont opéré une
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1 jonction avec les forces arrivant de Mehurici. A ce moment-là, j'ai su
2 qu'il y a eu succès, un succès de remporter, et que finalement nous
3 n'étions plus dans l'encerclement.
4 Q. Monsieur Camdzic, à ce moment-là, et à titre progressif, avez-vous
5 commencé à établir des contacts avec vos soldats qui étaient bloqués dans
6 une zone plus large ? Avez-vous émis un certain nombre d'ordres ou confié
7 des missions à vos soldats ?
8 R. Oui. La première chose que je souhaitais faire à ce moment-là, c'était
9 de consolider nos rangs, d'essayer encore une fois de nous organiser en
10 tant qu'unité, pour qu'on fonctionne comme unité. Pour ce qui est de ces
11 unités qui étaient sorties du blocus ce jour-là, la première mission que je
12 leur ai confiée, c'était de procéder immédiatement à une jonction entre les
13 forces, donc, pour qu'il y ait une ligne de communication et que sur
14 certaines lignes de front où on était stationné qu'on puisse exercer un
15 contrôle total sur les unités données.
16 Q. A en juger d'après les preuves présentées devant la présente Chambre,
17 Krpeljici est près de Guca Gora. Vous-même ou vos soldats, à un moment
18 donné ou à une période donnée, étiez-vous entrés à Guca Gora ? Avez-vous
19 poursuivi des opérations de combat même après la date du 8 juin ?
20 R. Comme je viens de le dire à l'instant, à partir du 8 jusqu'au 10 juin,
21 nous avons consolidé nos rangs. Nous avons mis sur pied un système de
22 commandement et de contrôle. Le 10 juin, nous avons poursuivi nos
23 opérations et le 10 juin, nous sommes entrés à Guca Gora. Nous sommes
24 passés par Guca Gora, et nous sommes sortis au-delà, sur les lignes de
25 front constituées à partir de ce moment-là. C'est là que nous sommes restés
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1 jusqu'à la fin du conflit.
2 Q. Pendant les journées qui ont suivi, vos soldats ont participé aux
3 opérations de combat face aux positions du HVO vers Nova Bila, et d'autres
4 secteurs que vous souhaitiez libérer. Pendant combien de jours est-ce que
5 cela a duré ?
6 R. Après avoir établi cette ligne de front dans ce secteur-là, après avoir
7 opéré un déblocus total et après avoir relié et rattaché ces villages où on
8 recrutait dans les rangs du 2e Bataillon, nous avons poursuivi nos
9 opérations vers Gostinj, la localité de ce nom-là, jusqu'au 14. Entre le 10
10 et 14, nous avons eu certaines activités parce que cette localité s'était
11 retrouvée sur la ligne de communication qui va de Travnik à Zenica. Elle
12 n'avait pas encore été débloquée, et on ne pouvait pas encore partir vers
13 Zenica.
14 Q. Entre le 8 et le 10, vous avez tenté d'entrer en communication avec vos
15 soldats et avec vos unités. Monsieur Camdzic, à partir de ce jour-là, est-
16 ce que vous saviez où se trouvaient les portions de votre bataillon et où
17 étaient stationnées les compagnies de votre bataillon ?
18 R. Oui, oui. A partir de ce jour-là, la position dans laquelle je me suis
19 trouvé, c'était de savoir où étaient mes unités, et ces unités étaient
20 rentrées au sein du bataillon, même si on ne peut pas dire que j'avais un
21 contrôle complet, comme il allait être à l'avenir, contrôle complet sur ses
22 unités.
23 Q. Je voudrais simplement revenir à la réponse précédente que vous avez
24 donnée. Vous avez dit que vous êtes entré à Guca Gora, à Guca Gora même au
25 moment où vous y êtes entré. Est-ce qu'il y avait des opérations de combat,
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1 y avez-vous trouvé la population de Guca Gora ?
2 R. Non. Nous sommes entrés à Guca Gora sans combat. La population de Guca
3 Gora était probablement partie pendant les journées du 8 et 9. Ils ont
4 probablement quitté leur localité et Guca Gora était totalement vide.
5 Q. En passant par Guca Gora, avez-vous remarqué qu'il y ait eu des dégâts
6 significatifs, au moins significatifs, qu'il y ait eu des maisons
7 incendiées, ou des choses comparables, dues aux opérations de combat qui
8 ont été menées entre le 8 et le 10 ?
9 R. Pendant la période allant du au 10, donc pendant ces opérations, comme
10 je suis allé directement avec les combattants de mon unité, comme je suis
11 passé par Guca Gora, je n'ai pas vu de dégâts directs, peut-être quelques
12 étables qui auraient brûlé pendant ce conflit qui a eu lieu le 8 ou pendant
13 cette période. Tout le reste avait l'air normal, il n'y avait pas de
14 dégâts.
15 Q. Quand vous êtes entré à Guca Gora, avez-vous pu obtenir une partie des
16 documents appartenant à la brigade Frankopan ?
17 R. Oui, qui étaient dans ce secteur, oui.
18 Q. Le document que vous venez de mentionner, est-ce qu'il faisait partie
19 de ce jeu de documents ?
20 R. Je n'arrive pas à m'en souvenir maintenant. Est-ce que cela fait partie
21 de ce lot, de ce jeu de documents de Frankkopan ? Au moment de la
22 libération, à ces endroits où il y a eu des combats et où nous avons libéré
23 des endroits, en fait, je ne sais pas si cela vient de là, je n'ai pas vu
24 personnellement ce document, je ne peux pas vous dire avec certitude. L'un
25 des combattants me l'a apporté, donc je l'ai vu.
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1 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Compte tenu des réponses que vous avez
2 données précédemment, je voudrais présenter au témoin la pièce P690. Pièce
3 de l'Accusation.
4 Q. Avant d'examiner ces documents, avant que je ne pose ma question,
5 pourriez-vous, s'il vous plaît, examiner tout d'abord, la dernière page ?
6 Pouvez-vous me dire qui a signé ce document ?
7 R. Dans la signature, on voit, le commandant Sipic, le commandant de la
8 306e.
9 Q. Examinez maintenant le document s'il vous plaît avant de répondre à
10 quelques questions que j'ai à vous poser. En particulier, c'est le point 4
11 et sa dernière phrase qui m'intéresse où il est
12 dit : "Préparation au combat, 11 heures 36 et les points 5.4 et 5.5." Avez-
13 vous examiné ces points ?
14 R. Oui.
15 Q. Vous venez de dire que vous êtes entré en fonction en tant que
16 commandant et que vous saviez où étaient stationnées vos unités. Au point
17 5.4 ainsi qu'au point 5.5, à qui se réfère lorsqu'on voit, Mosur 2/306 ?
18 R. Cela concernerait une partie de mon bataillon, le 2e Bataillon de la
19 306e, donc le 2/306, alors que la Compagnie Mosur au point 5.5, c'est une
20 unité qui était au sein de mon bataillon. Je ne sais pas pourquoi on a
21 écrit cela de cette manière là. Si j'étais commandant du bataillon dans sa
22 totalité que le commandant de la brigade me confie des tâches, compagnie
23 par compagnie, ceci ne me paraît pas tout à fait clair.
24 Q. Monsieur Camdzic, avez-vous jamais reçu ce document, avec-vous jamais
25 vu ce document ?
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1 R. C'est la première fois que je vois ce document, je ne l'avais jamais
2 reçu.
3 Q. Vous venez de me dire il y a un moment que vous saviez où étaient
4 déployées vos unités, les points 5.4 et 5.5 reflètent-ils vos connaissances
5 au sujet du déploiement de ces unités énumérées aux point 5.4 et 5.5 ?
6 R. Au point 5.4, le déploiement des unités correspond à peu près à ce que
7 l'on voit ici mais c'est une mission d'attaque, or ici on avait une ligne
8 de défense où on était déployé. Or, cet axe d'attaque, je ne sais,
9 probablement que le commandant avait une intention, je ne sais pas. Je n'ai
10 jamais reçu cet ordre et pour ce qui est de la journée, le 13 juin, je peux
11 vous dire en toute responsabilité, qu'on ne s'est pas préparé et qu'on
12 n'était pas déployé sur les axes qui nous auraient permis de faire cette
13 attaque ce jour là.
14 Q. Est-ce que vous connaissez Suljic Dervis ?
15 R. Oui.
16 Q. Savez-vous quelles ont été ses fonctions au sein de la brigade ?
17 R. À ce moment-là, il était commandant, le suppléant du commandant en
18 charge ou plutôt il était assistant du chef d'état-major chargé du
19 renseignement.
20 Q. Savez-vous s'il a commandé des unités ?
21 R. Non.
22 Q. Vous venez de dire spontanément que vous ne saviez pas pour quelle
23 raison un commandant aurait donné des ordres à vos unités, à vos
24 compagnies, pourquoi, pour vous, en tant que militaire, il n'est pas
25 naturel que le commandant de la brigade émette ce genre d'ordre. Est-ce
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1 qu'il y a une manière de le faire ? Une manière de verser des unités
2 appartenant à un bataillon donné ?
3 R. A mon sens, c'est incompréhensible parce que le commandant ne doit pas
4 aller à cet échelon aussi bas parce que je suis responsable de ces unités,
5 donc il est naturel que lui donne son ordre à mon intention. Il y a la
6 possibilité aussi de créer un groupe tactique, au niveau de toute la région
7 ou on peut rattacher certaines unités à ce groupe opérationnel. Dans ce cas
8 là, l'ordre pourrait être rédigé de cette manière là mais ce jour là, à
9 cette heure là, il n'y avait pas de groupes tactiques de ce genre, il n'y
10 avait rien, à part le commandement de la brigade.
11 Q. Merci. Monsieur Camdzic, compte tenu de tous les problèmes que vous
12 avez mentionnés, j'aimerais savoir s'il est arrivé qu'on rédige un ordre
13 qui parvienne, qu'il ne soit jamais traduit dans les faits ?
14 R. Oui, ce genre de situation peut se présenter. Moi-même, dans mon
15 bataillon, il m'est arrivé ce genre de chose, qu'il y ait un ordre écrit et
16 que l'on n'exécute pas pour toute une série de raisons.
17 Q. Enfin, je souhaite vous demander la chose suivante : par rapport à
18 vous, par rapport à vos unités qui sont décrites ici, est-ce que c'est un
19 ordre de combat que vous avez reçu et que vous avez exécuté ?
20 R. Non. Ceci est bel et bien un ordre de combat, un ordre d'attaque. Mais
21 cet ordre, je ne l'ai jamais vu avant maintenant, et on n'a pas non plus
22 agi le jour en question suivant cet ordre, du moins pour ce qui est de mon
23 unité, de mon bataillon.
24 Q. Merci. Revenons, à présent, à Guca Gora. Dites-moi dans un premier
25 temps quelle est la taille de cette localité. A titre approximatif, il y a
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1 combien de maisons, de logements, à Guca Gora ?
2 R. C'est une localité assez grande qui est peuplée de Croates. A peu près,
3 on pourrait dire qu'il y a environ 250 maisons dans la localité. Donc,
4 c'est à peu près cela la taille.
5 Q. Lorsque vous avez établi ces lignes de front face au HVO au sud de Guca
6 Gora vers Nova Bila, dites-moi, les opérations de combat le long de ces
7 lignes de front, est-ce qu'elles se sont poursuivies ? Aussi, pendant
8 combien de temps a-t-on mené des combats dans ce secteur-là ? Est-ce que
9 c'était une ligne de front active ?
10 R. Lorsqu'on a pris position sur ces lignes de front, donc après le 14,
11 donc là où on s'est déployé, on s'est arrêté, il n'y a jamais plus eu de
12 changement de ces lignes. On n'a pas avancé, on ne les a pas non plus
13 reculées. Elles n'ont pas été prises par le HVO non plus. Elles étaient
14 actives tous les jours. Tous les jours, il y a eu attaque, soit d'une part,
15 soit de l'autre côté. Nous aussi, on a mené quelques attaques où on est
16 sorti. Puis, les membres du HVO nous ont fait reculer, et l'inverse s'est
17 présenté aussi. Jusqu'à la signature des accords de Washington, ces lignes
18 de front ont été des lignes actives.
19 Q. Guca Gora se situe à quelle distance de ces lignes de front ? Est-ce
20 qu'elles se trouvent à porter du feu de ces lignes de front ?
21 R. Elle est à une distance d'environ 2 kilomètres et demi, voire 3
22 kilomètres. Oui, absolument, elle est à la portée des pièces qui peuvent
23 agir sur elle, sur Guca Gora.
24 Q. Monsieur Camdzic, avez-vous des connaissances directes pour ce qui est
25 des opérations de combat par la suite, donc sur ces positions de tir du
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1 HVO? Est-ce qu'on a tiré des obus ? Est-ce qu'on a mené des attaques sur
2 Guca Gora ? D'après ce que vous savez, est-ce qu'il y a eu des conséquences
3 suite à ces opérations de combat ?
4 R. Pendant la deuxième moitié -- plutôt, à l'automne, je suis passé au
5 commandement de la 306e Brigade de Montagne, au poste d'officier chargé
6 d'opérations. Ce que je sais, c'est ce que j'ai vu, personnellement, ce que
7 j'ai vécu moi-même, et ce qui ne correspondait pas à ma conception des
8 choses. C'était à un moment, je ne me rappelle pas exactement la date, ni
9 le mois, mais ce que je sais, c'est qu'il y a eu pilonnage de l'édifice
10 lui-même, du monastère de Guca Gora, de l'église, au contrebas par rapport
11 au monastère, qui se trouvait à peut-être 200 ou 300 mètres au sud de cela.
12 On a incendié -- plutôt cela a pris feu à cause du pilonnage depuis les
13 position du HVO. Il y a eu incendie dans un nombre élevé de maisons --
14 enfin, élevé, une dizaine de maisons étaient en feu, à un moment donné,
15 suite à ce pilonnage de la part du HVO.
16 Q. Monsieur Camdzic, compte tenu du fait qu'à un moment donné vous vous
17 êtes trouvé près de Guca Gora et, plus tard, vous étiez au commandement de
18 la 306e Brigade à Guca Gora, saviez-vous qu'il y a eu des pillages et qu'il
19 y a eu des incendies aussi des édifices, des bâtiments, pendant cette
20 période-là où vous vous y trouviez ?
21 R. Oui, je le savais. Il y a eu des pillages, il y a eu des incendies. Le
22 commandant de la brigade a pris certaines mesures afin d'empêcher -- de
23 prévenir cela. Au fond, lorsqu'il y a eu des incendies, c'était dans les
24 heures de la soirée ou de nuit où il était vraiment très difficile de
25 contrôler le territoire.
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1 Q. Monsieur Camdzic, d'après ce que vous savez, il y avait-il seulement
2 l'armée qui a circulé dans ce secteur, ou est-ce qu'il y a eu d'autres
3 individus ? Des personnes qui se sont déplacées ou qui sont arrivées dans
4 le secteur de la 306e Brigade, et plus particulièrement, de Guca Gora ?
5 R. Oui. A titre quotidien, les civils se déplaçaient. Je ne sais pas, ils
6 venaient de toute part. Compte tenu de la situation très difficile dans
7 laquelle se trouvait la population depuis Zenica, je sais qu'il y en avait
8 beaucoup qui sont passés par Guca Gora. Ils recherchaient la farine. Ils se
9 déplaçaient même jusqu'à Bugojno à pied. Tous les jours, il y avait des
10 gens en mouvement -- déplacement dans la zone et qui venaient de divers
11 endroits, enfin du territoire libre, qui était placé sous notre contrôle.
12 Q. Pour ce qui est du monastère lui-même, de Guca Gora, savez-vous quels
13 sont les ordres qui ont été donnés par votre commandant? Savez-vous comment
14 on a exécuté ces ordres ?
15 R. Là, je vous parle en mon ex-qualité de commandant du bataillon. J'ai eu
16 un ordre direct, à l'entrée à Guca Gora, donc l'ordre était précis --
17 concret, il fallait protéger les maisons pour qu'il n'y ait pas
18 d'incendies. Il fallait, en particulier, prêter attention au monastère,
19 l'église de Guca Gora. Il ne fallait pas qu'il y ait dommages, dégâts,
20 destructions, qu'on empêche le pillage. Nous, on ne devait pas faire cela
21 en tant qu'unité. C'est la raison pour laquelle, lorsqu'on est entré à Guca
22 Gora, j'ai pris la décision d'y aller, moi aussi, avec mes soldats, pour
23 pouvoir traduire dans les faits -- exécuter l'ordre venant du commandant de
24 la brigade. Ce que je peux vous dire, c'est qu'au moment où on y est entré,
25 cela a été complètement sous le contrôle. La situation était sous le
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1 contrôle. Pendant la journée, on a reçu un autre ordre, l'ordre suivant,
2 disant que, pour ce qui est de la sécurité de l'église, c'est le
3 Détachement de la police militaire de la 306e Brigade de Montagne qui
4 devait s'en charger. Par la suite, se sont eux qui ont dû assurer la
5 sécurité de cet édifice.
6 Q. Compte tenu de la situation que vous venez de décrire, pour protéger le
7 monastère, à un moment donné, a-t-on décidé que le commandement de la
8 brigade devait être placé dans la zone, en sens plus large, du monastère ?
9 R. Oui. Puisque, comme - je reviens maintenant à ma position de membre de
10 brigade, je parle en tant que membre de la brigade - on n'était pas tout à
11 fait sûr que la police militaire allait bien s'acquitter de sa tâche. Pour
12 qu'on protège de la meilleure façon l'église de Guca Gora, le commandant a
13 décidé de nous redéployer et de nous installer dans les locaux du
14 monastère, enfin, dans le bureau du monastère qui faisait partie du
15 complexe du monastère de Guca Gora.
16 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Mes collègues me signalent qu'il y a un
17 point de l'interprétation qui n'est peut-être pas suffisamment exact par
18 rapport à ce que vous avez dit.
19 Q. Jusqu'à quel moment avez-vous été commandant du bataillon, dites-moi ?
20 R. J'ai été commandant du bataillon jusqu'à la fin du mois d'août, début
21 du mois de septembre 1993.
22 Q. Après cela, quel a été votre poste suivant ?
23 R. Je suis parti exercer les tâches d'un officier chargé des opérations.
24 J'étais chargé de l'éducation et formation au sein de la 306e Brigade de
25 Montagne.
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1 Q. Donc, le commandant de la brigade ?
2 R. Oui.
3 Q. Merci. Maintenant la situation est plus claire que qu'est-ce qui
4 ressortait de votre réponse précédente. Quelques questions seulement me
5 reste à vous poser, Monsieur Camdzic.
6 Vous avez dit que certains segments de votre brigade ont été encerclés à
7 Velika Bukovica et à Bandol dans ces villages-là. Vous avez dit aussi qu'à
8 partir du 4 juillet, pratiquement, vous avez entendu des nouvelles
9 terribles de Velika Bukovica, et que vous avez entendu le pilonnage de la
10 localité. Par conséquent, je vous demande si en fin de compte vos unités
11 sont entrées à Velika Bukovica et à Bandol, et ce que vous avez pu trouver
12 sur place ?
13 R. Nos unités sont entrées à Velika Bukovica le 8 en descendant - en fait,
14 on n'a rien trouvé sur place. On a trouvé des maisons incendiées, des
15 foyers. C'était tout ce qu'on a pu trouver. J'avais peur qu'on ne trouve de
16 civils sur place. Mais ce qui est arrivé, c'est que le matin où tout a
17 commencé, les membres du HVO ont utilisé en tant que bouclier humain
18 l'ensemble de la population civile de Velika Bukovica et ils sont sortis
19 vers Nova Bila.
20 Pour ce qui est de Bandol, nous sommes entrés à Bandol le 14, donc, le jour
21 où on a pris Gostinj aussi. Là, il y avait quelque chose de terrible,
22 atroce. Tout était incendié, brûlé, calciné. Il y avait la mosquée, et
23 d'après ce qu'on m'a dit, une mosquée de plus d'un siècle était
24 complètement incendiée. Il n'en restait plus rien. Rien n'est resté intact
25 sur place, et enfin.
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1 Q. Enfin, Monsieur Camdzic, pourriez-vous me dire si les étrangers dont
2 nous avons parlé, les Moudjahiddines, pendant qu'ils étaient là, pendant
3 que vous commandiez le bataillon qui faisait partie de la 306e Brigade,
4 est-ce qu'à un moment quelconque ils se sont trouvés sous le commandement
5 de la 306e Brigade ?
6 R. Alors que je commandais le bataillon, ceci n'a jamais été le cas
7 pendant ma période pour mon bataillon. Lorsque j'ai rejoint la 306e Brigade
8 de Montagne, ils n'ont jamais fait partie des unités de cette 306e Brigade
9 de Montagne.
10 Q. Pour finir, Monsieur Camdzic, pourriez-vous me dire quelle était
11 l'attitude des membres de la brigade en ce qui concernait les infractions,
12 les violations de la loi par des membres de l'armée en vertu des ordres qui
13 avaient été donnés par le 3e Corps ? Quel type de mesures ont été prises
14 pour régler ces infractions et violations, le pillage, les incendies, et
15 cetera ? Quel type de mesures ont été prises pour punir les auteurs de tels
16 actes ? Quel type d'ordres, d'ailleurs, ont été émis par le commandement du
17 3e Corps pour remédier à cela ?
18 R. Nous avons fait tout ce que nous étions habilités à faire. Nous avons
19 pris des mesures disciplinaires et ceci impliquait généralement la mise aux
20 arrêts, du point de vue militaire, pour tous ceux qui avaient été
21 identifiés comme étant des auteurs. En ce qui concerne les violations plus
22 graves, les infractions plus graves, il y avait des rapports à caractère
23 pénal qui étaient déposés devant le tribunal de Travnik. Je n'étais pas
24 personnellement bien placé pour savoir qui étaient ces personnes, mais je
25 suis certain que ces affaires ont été traitées.
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1 Q. Je vous remercie, Monsieur Camdzic.
2 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai conclu mon
3 interrogatoire principal de ce témoin.
4 M. LE JUGE ANTONETTI : D'accord.
5 M. IBRISIMOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Nous avons
6 quelques questions à poser au témoin.
7 Contre-interrogatoire par M. Ibrisimovic :
8 Q. [interprétation] Monsieur Camdzic, au début de votre déposition
9 d'aujourd'hui, vous avez dit que vous aviez été diplômé de l'académie
10 militaire de Belgrade, et que vous faisiez partie des forces terrestres ?
11 R. Oui.
12 Q. Ensuite, vous avez servi comme officier de la JNA en Croatie; est-ce
13 exact ?
14 R. Oui.
15 Q. Avant le commencement de la guerre, vous avez déjà eu une certaine
16 expérience professionnelle en tant qu'officier ?
17 R. Oui.
18 Q. Après cela, vous êtes devenu commandant de détachement dans le secteur
19 de Mehurici, à l'état-major de Mehurici, n'est-ce pas ?
20 R. Oui.
21 Q. Ce détachement est devenu une partie de la 306e Brigade de Montagne
22 après que cette brigade a été formée, d'après ce que j'ai compris de ce que
23 vous avez dit ?
24 R. Oui.
25 Q. Vous êtes devenu commandant du 2e Bataillon de la 306e Brigade, n'est-ce
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1 pas ?
2 R. Oui.
3 Q. En réponse à une question de mon confrère, vous avez dit que le
4 commandement du bataillon était situé dans le village de Krpeljici, n'est-
5 ce pas ?
6 R. Oui.
7 Q. En tant que commandant de bataillon, vous étiez certainement informé du
8 fait que dans votre zone de responsabilité de votre bataillon, il y avait
9 d'autres unités de l'ABiH qui avait des activités; est-ce exact ?
10 R. Je n'avais aucuns renseignements selon lesquels notre unité se trouvait
11 dans la région, indépendamment de ce que j'ai dit au début, mis à part ce
12 que j'ai dit au début, à savoir qu'il y avait ceux qui étaient des
13 habitants de Gruha Bukovica, et qui étaient venus faire partie de la
14 brigade.
15 Q. Si l'unité était engagée dans des combats ou avait des activités dans
16 la zone de responsabilité de votre bataillon, est-ce que vous étiez informé
17 de ce fait ?
18 R. Oui.
19 Q. Monsieur Camdzic, en mai et juin 1993, vous étiez le commandant du
20 bataillon. Est-ce que vous n'avez jamais agi ou coopérer à des opérations
21 de combat avec des membres de la 7e Brigade musulmane du 3e Corps de
22 l'ABiH ?
23 R. Non, je n'ai jamais eu de contact avec les unités de la 7e Brigade.
24 Q. Au cours de cette période, n'avez-vous jamais reçu des ordres selon
25 lesquels vous devriez prendre des mesures contre les membres de la 7e
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1 Brigade musulmane ?
2 R. Non.
3 Q. Revenons à une question de ma collègue -- de ma consoeur, vous avez dit
4 que vous et votre bataillon -- je crois que vous avez mentionné à peu près
5 80 hommes. Vous avez dit que vous étiez à Krpeljici et que vous teniez la
6 ligne faisant face à la HVO.
7 R. C'est exact.
8 M. IBRISIMOVIC : [interprétation] Je crois qu'il y a une erreur à la page
9 45 du compte rendu, à la ligne 5, où on lit en réponse à ma question sur le
10 point de savoir si le bataillon avait jamais eu des activités vers des
11 opérations de combat avec des membres de la 7e, il est dit : "Avec des
12 membres de la 7e Brigade musulmane." Or, on lit : "Contre la 7e Brigade
13 musulmane," et le témoin a dit qu'il n'avait jamais agi ensemble avec des
14 membres de la 7e Brigade.
15 LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Je n'ai jamais agi ou pris des mesures ou
16 participé à une action ensemble avec des membres de la 7e.
17 Q. Vous avez dit que vous étiez à Krpeljici avec environ 80 hommes qui
18 teniez la ligne faisant face au HVO.
19 R. Oui. Au début de juin, nous parlons du 7 et 8 juin. Le commandant de la
20 brigade était également au village de Krpeljici. Oui. Derrière Krpeljici.
21 Q. Vous avez dit, au cours de votre déposition, que le commandant de la
22 brigade au cours de cette période, lorsque vous avez vu ce qui se passait,
23 que vous avez vu que le village de Maline était attaqué, que le commandant
24 a transmis une demande au 1er et au 4e bataillon pour demander de l'aide.
25 R. Oui. C'étaient le 1er et le 4e Bataillons de la 306e Brigade.
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1 Q. Après cela, vous avez dit que vous aviez établi un contact avec le 1er
2 et le 4e Bataillons lorsque le blocage de cette région avait été levé.
3 R. C'est exact. Lorsque le blocus a été levé, ils sont parvenus jusqu'à
4 nous, c'est à ce moment-là qu'on a établi un premier contact avec eux.
5 Q. Lorsque vous avez établi contact avec les membres du 1e et du 4e
6 Bataillons de la 306e ?
7 R. Cela c'était le 1er Bataillon de Bratunac parce que le 4e bataillon se
8 trouvait plus au nord, mais, lorsque j'ai établi le contact avec le 1er
9 Bataillon, je ne peux pas me rappeler exactement, mais je suis certain que
10 ces hommes étaient des membres de la 306e Brigade.
11 Q. Du 1er bataillon ?
12 R. Oui.
13 Q. Vous avez dit que, lorsque le commandant de la brigade avait présenté
14 sa demande d'aide pour le village de Velika Bukovica, le 1e bataillon était
15 du village de Mehurici, et c'est-à-dire la direction de ?
16 R. Là, je ne suis pas sûr. Ils sont venus dans notre direction vers le
17 village de Krpeljici.
18 Q. Pourriez-vous décrire le secteur ?
19 R. De Mehurici par Simulje, Carine, Radojcici, Krpeljici, ce serait l'axe.
20 Q. Le 8 juin, lorsque vous avez reçu des renseignements pour finir en ce
21 qui concernait et que vous vous êtes rencontrés sur l'axe qui allait de
22 Mehurici, vers Simulje Carine, Radojcici, Perpegaci [phon], Krpeljici, à
23 cette date des membres de la 7e Brigade n'ont pas commandé une action.
24 R. Non. Je n'ai vu aucun membre de la 7e sur place.
25 Q. Conformément aux renseignements que vous avez reçus par la suite, est-
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1 ce que des membres de la 7e ont participé à une action sur cet axe ?
2 R. Non.
3 M. IBRISIMOVIC : [interprétation] Je vous remercie beaucoup. Nous n'avons
4 pas d'autres questions, Monsieur le Président
5 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien.
6 L'Accusation
7 M. MUNDIS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
8 Contre-interrogatoire par M. Mundis :
9 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin. Mon nom est Daryl Mundis
10 et je suis ici avec mes collègues ce matin. Je représente l'Accusation en
11 espèce. Je voudrais vous assurer que nos intentions ne sont nullement de
12 vous -- de mettre le doute dans votre esprit ou de la confusion. Nous
13 voulons simplement vous poser quelques questions et je voudrais vous dire
14 que si jamais vous trouvez que l'une de mes questions est source de
15 confusion ou, si vous ne comprenez pas la question, vous pourrez tout
16 simplement me le dire -- vous me demander d'éclaircir ou de répéter la
17 question, et je le ferai pour vous; est-ce que vous comprenez cela ?
18 R. Oui.
19 Q. Bien, Monsieur le Témoin, j'aimerais vous poser quelques questions
20 préliminaires concernant votre expérience et vos antécédents en tant que
21 diplômé de l'académie militaire de Belgrade et d'ancien commandant de
22 Compagnie dans la JNA. Vous nous avez dit qu'à l'époque où vous avez quitté
23 la JNA, vous étiez commandant de Compagne dans l'Infanterie; c'est bien
24 cela ?
25 R. Oui, c'est exact.
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1 Q. A partir de ces fonctions et à la période pendant laquelle vous vous
2 êtes trouvé dans le secteur de l'état-major de Mehurici, et avec le
3 Détachement de Mehurici, où, finalement, vous vous êtes trouvé commandant
4 du 2e Bataillon de la 306e Brigade de Montagne, serait-il exact de dire que,
5 sur la base de votre expérience militaire, vous avez eu beaucoup de
6 contacts très rapprochés pour ce qui était de vous occuper des soldats ?
7 R. Que voulez-vous dire par "contacts rapprochés ou étroits" ? Je ne
8 comprends pas. J'avais des contacts avec mes soldats, mais que voulez-vous
9 dire par "contacts rapprochés" ? Cela je ne le comprends pas.
10 R. Commençons par la compagnie, une Compagnie dans la JNA compte à peu
11 près d'hommes, une compagnie d'Infanterie ?
12 R. Environ 130 - 135 hommes.
13 Q. Un commandant de Compagnie d'Infanterie de la JNA, est-il très proche
14 de ses hommes ? Quelle est l'interaction qu'il a avec ses hommes ? Quels
15 sont les rapports qu'il a avec eux ?
16 R. Cela suit le système du contrôle et du commandement. C'est comme cela
17 que cela fonctionne.
18 Q. Oui, je comprends bien cela, mais la question que je voulais dire
19 c'était, sur une base quotidienne, est-ce que vous aviez à discuter ou à
20 parler, en tant que commandant de compagnie, avec les hommes qui faisaient
21 partie de votre Compagnie d'Infanterie lorsque vous étiez à la JNA ?
22 R. Par vraiment, je n'avais pas de contact quotidien avec les hommes,
23 indépendamment des activités quotidiennes qui étaient les leurs. Les
24 commandants de section avaient des contacts directs avec leurs soldats plus
25 que moi-même. Cela dépendait de savoir ce qui était au programme de la
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1 journée, quels étaient les plans pour la journée, mais, lorsque c'était
2 nécessaire et si ceci faisait partie des plans de la journée, à moment-là,
3 je pouvais avoir des activités avec les soldats.
4 Q. J'aimerais maintenant me centrer sur la période où vous vous trouviez à
5 Mehurici. Vous nous avez dit que vous aviez passé de temps sur le plateau
6 de Vlasic. Je parle maintenant de 1992. Vous avez passé beaucoup de temps
7 sur le plateau de Vlasic; est-ce exact ?
8 R. C'est exact.
9 Q. Dans cette position, vous aviez beaucoup de contacts avec les soldats
10 qui se trouvaient sous vos ordres.
11 R. Oui, oui, tous les jours. Je passais du temps avec les soldats sur la
12 ligne.
13 Q. Maintenant, je voudrais vous parler de la période, vous poser quelques
14 questions concernant cette période pendant laquelle vous étiez commandant
15 du 2e Bataillon de la 306e Brigade de Montagne. Je comprends, d'après vos
16 réponses que vous avez eu ces fonctions, vous avez occupé ces fonctions en
17 gros depuis novembre 1992 jusqu'à l'automne 1993 ?
18 R. C'est exact.
19 Q. Je crois que vous nous avez dit qu'au cours de cette période, vous
20 aviez à peu près 440 hommes dans votre bataillon; est-ce exact ?
21 R. Après la création du bataillon, il aurait dû y avoir d'avantage
22 d'hommes, d'après le tableau d'effectifs, mais il n'avait pas ces effectifs
23 complets. J'avais à peu près le nombre d'hommes que vous venez de
24 mentionner dans mon bataillon.
25 Q. Au cours de la période pendant laquelle vous étiez le commandant du
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1 bataillon, quels rapports aviez-vous avec les soldats qui étaient membres
2 de ce bataillon ? Là encore, est-ce que vous passiez la plus grande partie
3 de votre temps sur le terrain avec les soldats ou la plus grande partie au
4 poste de commandement ? Est-ce que vous pourriez nous donner une impression
5 générale concernant le nombre de temps que vous passiez avec vos hommes ?
6 R. Cela dépendait de la situation. Les situations pouvaient varier. Vous
7 voyez, dans différentes situations, j'ai essayé de passer autant de temps
8 que possible avec mes soldats. Je ne sais pas combien de temps je passais
9 avec eux, mais certainement, je passais beaucoup de temps avec eux.
10 Q. Pourriez-vous, brièvement, nous parler un peu de votre façon de voir
11 votre rôle par rapport à vos soldats, de votre bataillon ? Quelle était, en
12 fait, votre tâche en tant que commandant du bataillon ? Qu'est-ce que cela
13 impliquait ?
14 R. Mon travail, en tant que commandant de cette unité, impliquait le fait
15 de mettre en œuvre tous les ordres reçus de mes supérieurs. Cela voulait
16 dire motiver les soldats parce que ces hommes n'étaient pas des soldats de
17 métier. Ce n'étaient pas des professionnels. Ils avaient de 18 à 16 -- une
18 fourchette de 18 à 16 ans. Ce n'étaient pas des militaires de carrière au
19 sens habituel du terme, donc il fallait que je leur explique la situation,
20 et j'essayais de leur expliquer pourquoi il fallait que nous exécutions
21 l'ordre reçu.
22 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Je souhaiterais que l'on corrige quelque
23 chose.
24 L'INTERPRÈTE : Les interprètes n'ont pas saisi la page.
25 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Il est dit de 18 à -- le témoin a dit :
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1 "De 18 ans à 60 ans," mais il est dit : "De 18 ans à 16 ans," sur le texte.
2 M. MUNDIS : [interprétation]
3 Q. Oui, clarifions cela. Les soldats qui faisaient partie de votre
4 bataillon allaient de 18 à 60 ans; c'est bien cela ?
5 R. C'est exact.
6 Q. D'après ce que j'ai compris, compte tenu des différents types de tâches
7 qui étaient les vôtres, y compris le fait d'expliquer les choses à vos
8 hommes, une partie de ce que vous deviez faire c'était de vous préoccuper
9 de leur bien-être, de vous occuper du bien-être des soldats qui étaient
10 sous vos ordres; est-ce que ceci est exact ?
11 R. Je n'ai pas compris la dernière partie de votre question. Que voulez-
12 vous dire ? Vous avez dit qu'il faillait que je me préoccupe de quelque
13 chose qui --
14 Q. Est-ce que vous aviez dû à vous préoccuper du bien-être de vos soldats
15 qui étaient sous votre commandement ? Est-ce que cela faisait partie de vos
16 tâches, de vos fonctions ?
17 R. Naturellement. Bien entendu, je devais m'en préoccuper. Je m'en
18 préoccupais. Je me préoccupais de m'assurer qu'ils aient assez de rations,
19 de munitions, et cetera. Je devais également me préoccuper de leur santé,
20 et cetera.
21 Q. Je voudrais maintenant passer à un sujet un peu différent. Vous nous
22 avez dit, répondant à certaines questions à la fin de l'interrogatoire de
23 Me Residovic, vous avez parlé de mesures disciplinaires qui pouvaient être
24 prises contre des soldats qui faisaient partie de la 306e Brigade de
25 Montagne; est-ce que vous rappelez nous avoir parlé de --
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1 R. Oui.
2 Q. Pouvez-vous vous rappeler le nom de l'un quelconque des soldats qui
3 faisaient partie du 2e Bataillon appartenant à la 306e Brigade de Montagne,
4 qui a fait l'objet de punition pendant la période où vous étiez commandant
5 du bataillon ?
6 R. C'est très difficile pour moi de répondre à cette question. Je sais que
7 des mesures disciplinaires ont été appliquées contre des soldats, mais,
8 comme je n'étais pas de la région, en fait, je n'étais pas au courant des
9 noms, des noms de famille. C'est très difficile pour moi de me rappeler des
10 noms de soldats contre lesquels les mesures disciplinaires auraient été
11 appliquées, mais il est certain qu'il y a eu des punis, certainement.
12 Q. Alors, progressons d'un pas. Je suppose que, sur la base de votre
13 réponse que, lorsque vous avez avancé pour devenir l'officier d'opérations
14 du 306e Bataillon, est-ce que vous vous rappelez les noms de soldats d'un
15 bataillon quelconque de la 306e Brigade de Montagne qui aient fait l'objet
16 de mesures disciplinaires ?
17 R. Non.
18 Q. Est-ce que vous vous rappelez - là encore, revenant à l'époque où vous
19 étiez le commandant du 2e Bataillon de la 306e Brigade de Montagne - est-ce
20 que vous vous rappelez le type de manquement, d'infraction pour lesquelles
21 les soldats qui se trouvaient sous vos ordres ont été punis au cours de la
22 période où vous exerciez ce commandement ?
23 R. Ils étaient punis surtout pour avoir refusé d'obéir à des ordres. Il y
24 avait également des tentatives de piller -- faire le pillage de certains
25 biens, et des mesures disciplinaires étaient prises lorsque de tels actes
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1 étaient commis. Tout ce qui n'avait rien à voir avec la question militaire,
2 si quoi que ce soit se passait qui n'avait pas de rapport, qui était
3 considéré comme n'étant pas un comportement militaire convenable, nous
4 prenions toutes les mesures que nous estimions nécessaire.
5 Q. Je voudrais vous demander maintenant -- vous avez mentionné le fait de
6 pillage; est-ce que vous vous rappelez des détails en ce qui concerne un
7 endroit où des biens auraient été pillés et où des soldats du 2e Bataillon
8 de la 306e Brigade de Montagne auraient fait l'objet de mesures
9 disciplinaires ?
10 R. Je sais qu'il y a eu pillages dans le secteur. Pour autant que je
11 puisse m'en souvenir, je ne crois pas que des membres du 2e Bataillon aient
12 été en cause, mais je n'en suis pas sûr.
13 Q. Lorsque vous dites "dans le secteur", de quel secteur voulez-vous
14 parler ? L'endroit où se trouvait le 2e Bataillon ?
15 R. Je veux parler du secteur couvert pas seulement par le 2e Bataillon,
16 mais du secteur en général -- la région en général. Dans le secteur, en
17 fait, couvert par le 2e Bataillon, il y avait des lieux tels que Guca Gora,
18 Radojcici, et cetera. Etant donné que la plupart des gens passaient par ce
19 secteur, ceux qui n'étaient pas des soldats, des réfugiés provenant de
20 différentes régions, des Chetniks, des membres du HVO, enfin, des gens qui
21 essayaient de s'en tirer du mieux possible. Voilà ce qui se passait.
22 Q. Je voudrais que vous centriez votre attention sur un point. Je veux
23 spécifiquement parler du pillage qui aurait été fait par des soldats qui
24 étaient membres de la 306e Brigade de Montagne. Est-ce que vous avez eu
25 connaissance d'incidents de pillage dont des soldats de la 306e Brigade de
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1 Montagne se seraient rendus coupables, au cours de la période où vous avez
2 exercé le commandement du 2e Bataillon de cette Brigade ?
3 R. Non, je n'ai pas connaissance d'incidents de ce genre. Je peux
4 seulement parler pour mon propre bataillon concernant cette période. Je ne
5 crois pas qu'il y ait eu du pillage. Mais la 306e Brigade, évidemment,
6 couvrait une région très vaste, donc je ne peux pas avoir connaissance de
7 tels incidents lorsqu'il ne s'agissait pas de ma responsabilité.
8 D'ailleurs, il ne faisait pas partie de mes attributions d'avoir
9 connaissance de tels incidents.
10 Q. Je comprends cela, Monsieur le Témoin. Je voulais simplement préciser
11 la situation, donc vous n'aviez pas connaissance parce que cela ne rentrait
12 pas dans vos responsabilités ou attributions, de cas où des soldats,
13 appartenant à un quelconque de ces bataillons autre que le vôtre, aient
14 fait l'objet de mesures disciplinaires pour des actes de pillage ?
15 R. Non. Il n'était pas nécessaire d'avoir des renseignements de ce genre.
16 Je n'ai pas connaissance de cela.
17 Q. Vous n'avez connaissance de cas dans lesquels des soldats du 2e
18 Bataillon de la 306e Brigade de Montagne auraient fait l'objet de mesures
19 disciplinaires pour des actes de pillage ?
20 R. Vraiment, je ne me souviens pas. Peut-être y a-t-il eu des incidents de
21 ce genre. Je ne saurais vraiment le dire. Je ne saurais dire si des mesures
22 disciplinaires ont été prises. Il n'y a pas eu de mesures disciplinaires.
23 Mais je n'ai pas eu renseignement indiquant que les membres du 2e Bataillon
24 auraient participé à des opérations de pillage parce qu'à l'époque, le 2e
25 Bataillon était engagé sur les lignes de contact. Tout simplement, ils
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1 n'avaient pas le temps de faire quoi que ce soit de ce genre. Ils se
2 trouvaient face à l'agresseur serbo-monténégrin, et ils se trouvaient face
3 également au HVO.
4 Q. Je vous remercie, Monsieur le Témoin.
5 Je voudrais maintenant passer à un autre sujet. Vous avez dit, je crois, à
6 deux reprises ce matin. A la page 42, ligne 8, vous avez dit : "Nos unités
7 sont entrées dans Velika Bukovica le 8." Permettez-moi de vous poser
8 quelques questions à ce sujet. Premièrement, est-ce que vous vous rappelez
9 avoir dit cela, et est-ce que c'était bien le cas ?
10 R. Peut-être que j'ai parlé du 8, c'est possible. Je ne sais pas. Il se
11 peut que j'aie dit cela, mais je n'en suis pas sûr.
12 Q. Est-ce que vous vous rappelez approximativement quand la ville de
13 Velika Bukovica a été attaquée par le HVO ?
14 R. Le HVO a attaqué Velika Bukovica le 4 juin 1993.
15 Q. Combien de temps après cela, approximativement, y a-t-il eu la réaction
16 des unités de la 306e Brigade de Montagne ?
17 R. Je crois que c'est quatre jours plus tard, le 8.
18 Q. Monsieur, quelles unités de la 306e Brigade ont participé à l'action
19 afin d'expulser le HVO du village de Velika Bukovica ?
20 R. Je n'irais pas jusqu'à dire qu'ils les ont expulsés. Pour moi, il
21 s'agissait d'un territoire occupé, et nous étions en train de libérer
22 Velika Bukovica. Autrement dit, la 306e Brigade, avec ses 1er et 4e
23 Bataillons, a libéré Velika Bukovica.
24 Q. Le 2e Bataillon n'a pas participé à la libération, pour reprendre votre
25 terme, de Velika Bukovica ?
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1 R. Non. Nous n'avions aucune chance, même si nous l'avions souhaité.
2 Q. Mis à part le 1er et le 4e Bataillons de la 306e Brigade, est-ce que vous
3 saviez si d'autres unités de l'ABiH de son 3e Corps d'armée avait participé
4 à la libération du village de Velika Bukovica ?
5 R. Non.
6 Q. Je vais maintenant vous poser quelques questions au sujet de Guca Gora.
7 Vous avez dit, dans votre interrogatoire principal, aujourd'hui, à la page
8 33, ligne 9, vous avez dit : "Nous sommes entrés dans Guca Gora," ensuite,
9 vous avez dit : "Nous l'avons traversée," et c'était au cours de la période
10 entre le 8 et le 10 juin 1993. Est-ce que vous vous souvenez précisément de
11 la date à laquelle votre bataillon, donc le 2e Bataillon de la 306e Brigade
12 de Montagne, est entré dans Guca Gora ?
13 R. Oui. Je m'en souviens. C'était le 10 juin 1993. Lorsque j'ai dit
14 "entrés et traversés," je veux dire par là que, compte tenu du fait qu'il
15 n'y avait pas de conflit à ce moment-là, nous passions simplement afin de
16 nous mettre en contact avec le HVO, afin de savoir où ils étaient. Nous ne
17 nous sommes pas attardés à Guca Gora, mais nous l'avons traversée afin
18 d'aller plus loin pour y établir une ligne.
19 Q. Pour autant que vous vous en souveniez, est-ce que vous pouvez me dire
20 à quel moment le 2e Bataillon de la 306e Brigade est entré à Guca Gora et a
21 traversé Guca Gora ce 10 juin 1993 ?
22 R. Oui. Je m'en souviens. Il ne s'agissait pas de quelque chose qui s'est
23 produit très tôt. Je pense que nous étions partis vers 8 heures, 9 heures
24 du matin. Je ne peux pas vous dire la minute précise, mais cela, c'était la
25 période à laquelle nous étions partis, le 10 au matin. Nous avons
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1 certainement traversé Guca Gora -- voyons, nous avions certainement besoin
2 de deux heures, donc nous pouvons dire que, vers 11 heures et demie, nous
3 étions déjà sur les lignes, et nous avions renoué les liens avec les locaux
4 du village de Radojcici, autrement dit, une unité qui faisait partie de
5 notre bataillon.
6 Q. Monsieur, sur la base de votre réponse, je conclus que vous avez
7 accompagné votre bataillon lors de leur entrée et passage à travers Guca
8 Gora le 10 juin 1993 ?
9 R. Oui, j'y étais avec mon bataillon.
10 Q. Le matin, lorsque vous dites : "Nous sommes partis vers 8 heures, 9
11 heures du matin le 10 juin 1993," vous êtes partis d'où ?
12 R. Nous sommes partis de la région de Krpeljici, par le village de
13 Krpeljici et juste à côté de Guca Gora. Nous étions partis des lignes
14 auxquelles nous nous étions arrêtés le 8, et nous avons poursuivi notre
15 chemin ayant constaté qu'il n'y avait plus de membres du HVO, ni de civils
16 d'ailleurs, dans cette zone. Nos équipes chargées de reconnaissance avaient
17 accompli cette tâche et avaient constaté cela.
18 Q. Lorsque vous dites que vos équipes chargées de la reconnaissance y
19 étaient, est-ce que vous pouvez nous dire quelle était cette unité, cette
20 équipe qui était envoyée à Guca Gora le 10 juin 1993 ?
21 R. Il s'agissait de combattants qui se sont portés volontaires qui
22 appartenaient aux compagnies dans la région de Krpeljici et Maline. Ils
23 s'étaient portés volontaires. Il ne s'agissait pas d'un grand groupe. Il
24 s'agissait de cinq à sept personnes peut-être, soldats qui étaient des
25 locaux et qui connaissaient bien le terrain. Il ne s'agissait pas d'une
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1 quelconque unité. C'est eux que j'ai envoyés.
2 Q. Puisque vous mentionnez cela maintenant, j'allais vous poser une
3 question tout à l'heure, mais je vais le faire maintenant. Vous nous avez
4 dit que les membres de la 306e Brigade de Montagne étaient tous recrutés de
5 la région dans laquelle le bataillon opérait ?
6 R. Vous parlez du bataillon ou de l'ensemble de la 306e Brigade ?
7 Q. Non, Monsieur. Je parle du 2e Bataillon de la 306e Brigade de Montagne.
8 Ces membres étaient recrutés parmi les hommes qui étaient de la région, et
9 vous nous avez donné les noms des villages, donc, de la région de laquelle
10 le 2e Bataillon était surtout opérationnel; est-ce exact ?
11 R. Oui.
12 Q. Je suppose, Monsieur, qu'il était avantageux d'un certain point de vue
13 d'avoir des locaux puisqu'ils connaissaient le terrain, ils connaissaient
14 les chemins qui traversaient les forêts et les montagnes, et cetera; est-ce
15 qu'on peut dire cela ?
16 R. Il serait exact de dire que nous n'étions pas bloqués, et que nous
17 n'étions pas actifs, mais déployés autour de ces villages. Nous nous
18 défendions. Ceci n'avait pas tellement d'importance. Nous n'étions pas dans
19 une situation vraiment avantageuse compte tenu du fait que les locaux
20 connaissaient les chemins, et cetera, non.
21 M. MUNDIS : [interprétation] Monsieur le Président, avec l'aide de
22 l'Huissier, je souhaite que l'on présente un certain nombre de cartes au
23 témoin. Je vais lui demander de les annoter. Nous avons des exemplaires
24 pour tout le monde dans ce prétoire.
25 Q. Monsieur le Témoin, je vous demanderais de vous pencher sur la carte
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1 qui est sur votre droite sur le rétroprojecteur, et je vais vous demander
2 tout d'abord si vous connaissez les emplacements que l'on voit sur cette
3 carte.
4 R. Oui.
5 Q. Tout d'abord, Monsieur, est-ce que vous pourriez prendre le pointeur en
6 métal qui est à côté de vous, et veuillez montrer Krpeljici ? Si possible,
7 veuillez également identifier où était le poste de commandement du 2e
8 Bataillon de la 306e Brigade à l'époque pendant laquelle vous étiez son
9 commandant.
10 R. Le village de Krpeljici, ici. Cela, c'est le village de Krpeljici.
11 Quant au commandement de mon bataillon qui se trouvait ici, c'était le
12 centre local ou quelque chose comme cela. Je ne me souviens plus de
13 l'appellation. C'est ici.
14 Q. L'Huissier va vous donner un marqueur, et je vais vous demander
15 d'encercler l'emplacement où était situé votre commandement sur cette
16 carte.
17 R. [Le témoin s'exécute]
18 Q. Veuillez, s'il vous plaît, écrire au haut, à droite "2/306."
19 R. [Le témoin s'exécute]
20 Q. Monsieur, avec le pointeur, encore une fois, s'il vous plaît, et non
21 pas avec le marqueur, cette fois-ci, veuillez nous montrer si vous voyez
22 cet endroit sur la carte. Veuillez nous montrer le monastère de Guca Gora.
23 R. [Le témoin s'exécute]
24 Q. Veuillez prendre le marqueur et encercler le monastère.
25 R. [Le témoin s'exécute]
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1 Q. Encore une fois, s'il vous plaît, avec le pointeur en métal, je vais
2 vous demander sur la base de vos souvenirs, de tracer la route que le 2e
3 Bataillon de la 306e Brigade de Montagne a prise le 10 juin 1993 lorsque
4 vous êtes entrés à Guca Gora et que vous l'avez traversée ?
5 R. Nous sommes partis de là. On a longé la ligne du front. Nous sommes
6 allés le long de la ligne de communication vers l'emplacement de Hraban
7 [phon]. Cela, c'était la direction de nos déplacements.
8 Q. Vous avez dit au début : "Nous sommes partis de là." Quel était
9 l'emplacement duquel vous êtes partis ?
10 Q. C'étaient l'emplacement des lignes jusqu'auxquelles nous étions arrivés
11 le 8. Nous y étions jusqu'au 10, en train d'assurer la protection ou la
12 sécurité de Krpeljici, et nous étions en train de nous préparer pour
13 poursuivre notre chemin.
14 Q. La région que vous venez d'indiquer contenait une ligne de front, en
15 fait ?
16 R. Oui. Il s'agissait de la ligne jusqu'à laquelle nous étions arrivés le
17 8 juin.
18 Q. Le 10, lorsque votre unité s'apprêtait à partir vers Guca Gora, vos
19 forces, donc le 2e Bataillon de la 306e Brigade de Montagne, se sont
20 regroupées à la ligne de front; est-ce exact ?
21 R. Ces forces étaient déjà sur la ligne et contrôlaient déjà cette ligne.
22 Puisque nous avions des informations fiables à 100 % indiquant qu'il n'y
23 avait plus personne à Guca Gora, nous avons simplement pris des mesures de
24 prévention afin d'éviter tout champ de mines et ce genre de choses. Nous
25 sommes partis vers Guca Gora.
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1 Q. Monsieur, est-ce que le 2e Bataillon de la 306e Brigade de Montagne
2 était la première unité du 3e Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine qui est
3 entrée à Guca Gora le 10 juin 1993 ?
4 R. Oui. Effectivement, c'était l'unité qui est entrée.
5 Q. Pendant l'entrée, le passage de votre unité à travers Guca Gora, avez-
6 vous vu d'autres unités du 3e Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine le 10
7 juin 1993 à Guca Gora ?
8 R. Non. Ce jour-là, je n'ai pas vu d'autres unités, mis à part l'Unité de
9 la 306e, qui était le bataillon auquel j'appartenais.
10 Q. Monsieur, lorsque vous dites : "Le bataillon dont j'étais membre ou
11 auquel je participais," vous voulez dire le 2e Bataillon de la 306e Brigade
12 de Montagne, n'est-ce pas ?
13 R. Oui.
14 Q. En fait, vous étiez le commandant de cette unité ce jour-là, le 10
15 juin.
16 R. Oui, c'est exact.
17 Q. Monsieur, je vais vous demander, à présent, de prendre le marqueur noir
18 et de dresser la ligne indiquant la route que le 2e Bataillon de la 306e
19 Brigade de Montagne a prise à partir de la ligne de front jusqu'à l'endroit
20 où vous vous êtes arrêtés le 10 juin.
21 R. [Le témoin s'exécute]
22 Nous nous sommes arrêtés là, près de Radojcici.
23 Q. Monsieur, approximativement combien de temps avez-vous mis à arriver à
24 cet endroit où vous vous êtes arrêtés ?
25 R. Je l'ai déjà dit. Nous n'avions pas besoin de beaucoup de temps,
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1 environ deux heures, deux heures et demie, pas plus.
2 Q. Monsieur, au cours de la journée du 8 juin 1993, lorsque vous avez
3 quitté la ligne de front de Krpeljici pour aller à la nouvelle ligne de
4 front, est-ce que les membres de votre bataillon allaient à pied, ou est-ce
5 que vous disposiez d'un quelconque type de transport motorisé ? Je
6 m'excuse, j'aurais dû parler du 10 juin. Donc, le 10 juin, est-ce que les
7 membres de votre unité allaient à pied, ou est-ce que vous aviez des moyens
8 de transports motorisés ?
9 R. Non, bien sûr, nous y sommes allés à pied.
10 Q. Encore une fois, pour que les choses soient claires, combien de soldats
11 du 2e Bataillon de la 306e Brigade de Montagne ont traversé Guca Gora ce
12 jour-là ? Combien de soldats étaient avec vous ce jour du 10 juin 1993 ?
13 R. Il s'agissait pour la plupart des soldats qui avaient -- étaient actifs
14 pendant la période de l'encerclement de Krpeljici. Nous n'étions pas
15 nombreux. Peut-être il y avait une cinquantaine de soldats parmi ceux qui
16 sont arrivés jusqu'aux lignes.
17 Q. Merci, Monsieur le Témoin
18 M. MUNDIS : [interprétation] Monsieur le Président, la chose suivante que
19 l'Accusation souhaite faire est de montrer une séquence vidéo qui a été
20 versée au dossier. Je suis conscient du temps et je suppose que nous ne
21 pourrons pas terminer avant la pause, donc je propose que l'on fasse une
22 pause un peu plus tôt, que l'on reprenne le travail un peu plus tôt et
23 poursuivre, ensuite, avec le visionnement de la séquence vidéo.
24 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Il est midi 20. Nous allons faire la pause et
25 nous reprendrons vers 1 heure moins le quart.
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1 --- L'audience est suspendue à 12 heures 20.
2 --- L'audience est reprise à 12 heures 47.
3 M. LE JUGE ANTONETTI : L'audience est reprise.
4 M. MUNDIS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Avant de montrer
5 la vidéo au témoin, j'ai encore quelques questions à poser.
6 Q. Monsieur, au cours des deux premières semaines du mois de juin 1993,
7 est-ce que la 306e Brigade de Montagne faisait partie du Groupe
8 opérationnel de Bosanska Krajina ?
9 R. Vous me posez une question à laquelle je ne connais pas la réponse. Je
10 ne faisais pas partie du commandement de la 306e Brigade, mais, à mon avis,
11 ce n'était pas le cas, mais je ne le sais pas avec certitude. J'étais
12 commandant du bataillon. Je recevais tous les ordres de mon commandant de
13 brigade.
14 Q. Très bien, Monsieur. Mais je vais vous poser une autre question, afin
15 de clarifier les choses. Vous ne saviez pas à qui était subordonné votre
16 commandant de brigade ?
17 R. Non. Il n'y a pas besoin que je le sache. J'avais mon commandant.
18 Q. Monsieur, vous nous avez dit, je pense, qu'à un moment donné, après le
19 10 juin 1993, votre bataillon est parti dans la direction de Radojcici.
20 Est-ce exact, ou est-ce j'ai mal compris vos propos ?
21 R. Après, nous avons simplement poursuivi notre chemin. Je vous ai montré
22 la ligne. Il n'y avait plus d'obstacles pour aller jusqu'à Radojcici, donc
23 nous y sommes allés. Là, nous avons établi une ligne qui n'a plus jamais
24 été modifiée. Nous sommes arrivés à ce village dans lequel se trouvaient
25 déjà les membres de mon unité.
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1 Q. Avant de voir la cassette vidéo, je vais vous demander d'examiner de
2 nouveau la carte qui se trouve sur votre droite, de reprendre le pointeur
3 et de nous montrer encore une fois l'emplacement où s'est arrêté le 2e
4 Bataillon de la 306e Brigade de Montagne dans la matinée du 10 juin 1993
5 vers 11 heures et demie du matin.
6 R. [Le témoin s'exécute]
7 Q. Monsieur, pour clarifier les choses, dites-nous, s'il vous plaît :
8 combien de temps le 2e Bataillon est resté à cet endroit ?
9 R. A cet endroit, il est resté pendant peu de temps, peut-être une heure.
10 Immédiatement après, nous avons continué puisque toute cette région était
11 libre. Nous avons continué jusqu'à Radojcici. Nous sommes arrivés jusqu'à
12 une ligne qui se trouvait approximativement ici, et nous y sommes restés
13 jusqu'à la fin, jusqu'à ce qu'on renoue avec les lignes de nos autres
14 membres, donc ceci a duré relativement peu de temps. Nous allions vite.
15 Q. Très bien. Est-ce que vous pouvez prendre de nouveau le marqueur noir
16 et continuer la ligne qui indique le parcours du 2e Bataillon de la 306e
17 Brigade de Montagne, le 10 juin 1993.
18 R. [Le témoin s'exécute]
19 M. MUNDIS : [interprétation] Pour le compte rendu d'audience, apparemment,
20 le témoin a inscrit une flèche à droite par rapport à l'endroit où il est
21 écrit "Radojcici."
22 Q. Monsieur, est-ce que cet endroit-là indique l'endroit où s'est arrêté
23 le 2e Bataillon de la 306e Brigade de Montagne, le 10 juin 1993 ?
24 R. Pas seulement ici car la ligne se poursuivait jusqu'ici. Les unités
25 allaient jusque-là. Mais puisque cette direction-là vous intéresse. Je me
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1 suis arrêté là, y compris dans ce village. Peut-être je suis allé un peu
2 trop loin ici. Non, cette partie n'était pas occupée par les membres de mon
3 unité.
4 Q. Merci, Monsieur le Témoin.
5 M. MUNDIS : [interprétation] Monsieur le Président, je demanderais que l'on
6 montre maintenant la séquence vidéo P248. Il s'agit d'une cassette vidéo
7 qui contient deux parties. Je le dis, pour le compte rendu d'audience. Nous
8 allons montrer la période qui concerne une partie qui commence à 1 heure, 8
9 minutes, 34 secondes, jusqu'à 1 heure, 11 minutes, 22 secondes de la
10 partie 1, de la pièce P482. Je propose que l'on montre cela au témoin sans
11 son, tout simplement pour qu'on visionne la séquence. Ensuite, je vais lui
12 poser quelques questions.
13 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je demanderais à
14 mon éminent collègue tout d'abord de nous indiquer pour quelles raisons il
15 souhaite montrer à ce témoin cette pièce à conviction, puisque le témoin
16 n'a pas parlé de quoi que ce soit qui soit lié au contenu de cette pièce à
17 conviction au cours de son interrogatoire principal.
18 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Mundis.
19 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Excusez-moi. Je souhaite demander
20 également, lorsque l'on aura entendu les raisons, je souhaite que le
21 Procureur, en montrant cette séquence vidéo, qu'il montre la séquence tout
22 d'abord sans le son et, deuxièmement, qu'il dise immédiatement de qui il
23 s'agit, de la date. Autrement dit, il ne faut rien de tout cela dire au
24 témoin avant de lui montrer la séquence vidéo.
25 M. LE JUGE ANTONETTI : Il y a une solution qui peut être compatible avec ce
Page 11748
1 que la Défense a demandé. Est-ce qu'on pourrait mettre le témoin dehors.
2 Monsieur l'Huissier, s'il vous plaît, accompagner le témoin à la porte.
3 Alors, Monsieur Mundis, on vous écoute.
4 M. MUNDIS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Cette séquence
5 d'environ deux minutes et 45 secondes montre le monastère à Guca Gora. Ceci
6 a été versé au dossier en tant que pièce à conviction de l'Accusation,
7 P482. Nous proposons de procéder de la même manière que s'agissant des
8 autres séquences vidéos montrées au témoin de la Défense donc il n'y aura
9 pas de son. Comme je l'ai dit à Me Bourgon pendant la pause, il existe
10 quelques inscriptions en arabe et, en haut, il est inscrit, en anglais :
11 "Opération Guca Gora." Nous demanderons qu'il n'y ait pas de son et nous
12 demanderons au témoin de visionner cette séquence de 2 minutes 45 secondes
13 intégralement. Peut-être, je vais demander de revoir cela avec le témoin,
14 en lui demandant s'il reconnaît quoi que ce soit.
15 Parmi les questions que l'on souhaite poser, nous demanderons au
16 témoin de nous dire s'il reconnaît la localité à laquelle l'habitant a été
17 filmé et puis l'endroit auquel, à son avis, se trouvait la personne qui a
18 filmé la séquence où on voit un certain nombre de combattants, peut-être il
19 pourra faire des commentaires au sujet de cela. Nous allons solliciter tout
20 commentaire de sa part concernant cette séquence vidéo mais je ne vais
21 certainement lui dire à quel moment la séquence a été filmée. Nous
22 souhaitons simplement montrer cela au témoin et l'inviter à faire des
23 commentaires et à répondre à un petit nombre de questions concernant
24 l'emplacement de ce que l'on voit sur la vidéo et l'endroit d'où ceci a été
25 filmé.
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1 M. LE JUGE ANTONETTI : La Défense.
2 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, il est certain que
3 le fait que l'on puisse reconnaître à la séquence vidéo le monastère Guca
4 Gora n'est pas une question qui devrait être reliée à ce témoin car le
5 Procureur a déjà présenté les éléments de preuve liés à cela à plusieurs
6 reprises. Mais compte tenu des autres questions que l'Accusation souhaite
7 poser, peut-être il serait plus judicieux si le témoin commençait par les
8 questions, à savoir s'il sait si quelqu'un a filmé cela, s'il y avait
9 d'autres combattants devant ce monastère et ce genre de choses avant de
10 visionner la séquence vidéo elle-même.
11 M. LE JUGE ANTONETTI : La Défense suggère à l'Accusation de poser des
12 questions préliminaires au témoin pour savoir s'il y avait d'autres
13 combattants; qu'en pensez-vous M. Mundis, étant précisé la vidéo est
14 pertinente puisque, lui-même, il a déclaré, il est rentré avec 50 autres
15 soldats dans Buca Gora le matin du 10 juin ?
16 Donc, il y a un lien évident. Sur la procédure des questions, la
17 Défense souhaiterait qu'il y ait des questions préliminaires; qu'en pensez-
18 vous ?
19 M. MUNDIS : [interprétation] J'ai bien entendu les suggestions de ma
20 consoeur, bien entendu, Monsieur le Président. L'Accusation estime que la
21 manière de conduire le contre-interrogatoire, tant qu'il correspond, tant
22 qu'il respecte le règlement et les ordonnances de la Chambre de première
23 instance, il nous appartient de choisir comment nous allons procéder.
24 Encore une fois, on pourrait poser quelques questions au témoin et, par la
25 suite, on pourrait lui montrer la séquence. Il nous semble que la meilleure
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1 façon de procéder serait simplement de lui montrer la séquence et, par la
2 suite, lui demander de formuler des commentaires, mais il est tout à fait
3 possible que ce qui figure dans cette séquence n'est pas quelque chose que
4 le témoin a vu le jour en question, donc cela a pu être filmé sous un angle
5 complètement différent.
6 [La Chambre de première instance se concerte]
7 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. La Chambre a délibéré. L : L'Accusation
8 va montrer la vidéo et posera les questions après.
9 Introduisez le témoin.
10 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
11 M. MUNDIS : [interprétation] Monsieur le Témoin, nous allons vous
12 montrer une séquence vidéo. M. l'Huissier vous aidera pour que vous
13 puissiez suivre cela sur l'écran qui est devant vous. Je voudrais
14 simplement vous précisez comment nous allons procéder.
15 Je vais vous montrer la séquence qui dure un petit moins que trois
16 minutes, il n'y aura pas de son. Tout d'abord, je vais vous demander de
17 visionner les images et par la suite je vais vous poser des questions au
18 sujet de la séquence, et on pourra peut-être revisionner pour que vous
19 puissiez, pendant le deuxième visionnage, nous demander d'arrêter la bande
20 lorsque vous aurez reconnu des endroits ou des choses. Est-ce que vous avez
21 compris ?
22 R. Oui.
23 Q. Merci.
24 M. MUNDIS : [interprétation] Monsieur le Président, est-ce que je
25 peux montrer la bande à présent ?
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1 Monsieur le Président, il semblerait qu'il se présente un problème
2 technique, est-ce qu'on pourrait faire venir un technicien pour qu'il nous
3 aide ?
4 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien, si vous avez besoin d'un technicien.
5 Monsieur le Greffier, appelez l'assistant.
6 M. MUNDIS : [interprétation] Si l'on souhaite le regarder,
7 apparemment, on peut appuyer sur le bouton "éléments de preuve"
8 informatique. Je n'en suis pas tout à fait certain si cela est diffusé à
9 l'extérieur du prétoire.
10 [Diffusion de cassette vidéo]
11 M. MUNDIS : [interprétation]
12 Q. Tout d'abord, je vais vous demander, Monsieur, si vous avez reconnu
13 quoi que ce soit pendant que vous avez visionné cette séquence vidéo.
14 R. Non. J'ai reconnu l'église. Cela, je l'ai reconnu, mais rien d'autre,
15 en particulier.
16 Q. Lorsque vous dites "l'église," pouvez-vous être un peu plus précis,
17 Monsieur ? Qu'est-ce que vous avez vu ?
18 R. J'ai vu l'église de Guca Gora. J'ai vu des membres, mais je ne sais
19 pas.
20 Q. Avez-vous reconnu l'un quelconque des combattants que nous avons vus à
21 l'image ? Est-ce que vous pouvez nous dire quoi que ce soit au sujet des
22 personnes ou l'une quelconque des personnes que nous avons vues à l'image ?
23 R. Je ne peux rien dire. Je ne les ai pas vues à l'époque où je suis passé
24 par là. Ils n'y étaient certainement pas. Je ne peux rien vous dire au
25 sujet de cela.
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1 Q. Je vais vous poser une dernière question au sujet de la séquence vidéo,
2 Monsieur. Puisque vous vous êtes trouvé dans les parages en juin 1993, est-
3 ce que les premières images de la séquence vous disent quelque chose ? Les
4 premières images qui montrent le monastère de Guca Gora, est-ce que vous
5 savez où a pu se placer la personne qui a filmé ?
6 R. Oui. J'ai vu, mais je n'ai pas l'idée. Je ne sais pas d'où cela a pu
7 être filmé.
8 Q. Vous ne savez pas sous quel angle, quelle direction, où était situé
9 celui qui a filmé par rapport au monastère ?
10 R. Non, je n'ai aucune idée.
11 Q. Lorsque le 2e Bataillon de la 306e Brigade de Montagne est passé par
12 Guca Gora, avez-vous laissé sur place des soldats de votre bataillon ? En
13 avez-vous laissé sur place au village de Guca Gora ?
14 R. Non.
15 Q. Au mieux de vos souvenirs, aucun de vos soldats n'a été laissé sur
16 place afin de protéger les biens de Guca Gora lorsque votre bataillon est
17 passé par là ?
18 R. Cela, je l'ai dit en introduction. J'ai dit que j'ai reçu l'ordre du
19 commandant de la brigade, je devais organiser la protection, la sécurité de
20 cet édifice. Je l'ai fait. J'ai laissé peut-être deux ou trois soldats avec
21 la protection civile qui était sur place avec nous. Je ne sais vraiment pas
22 ce qui s'est passé là-bas par la suite parce que j'étais préoccupé par
23 autre chose, par ces combats. Je vous en ai déjà parlé, que ce soit sur la
24 gauche ou sur la droite, les deux.
25 Q. Monsieur, ces deux, trois soldats que vous avez laissés sur place,
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1 avez-vous une idée de la durée de leur séjour sur place ? Combien de temps
2 sont-ils restés à Guca Gora ?
3 R. Je ne m'en souviens pas. Je ne sais pas combien de temps ils sont
4 restés là-bas. Je n'ai vraiment pas d'information parce que j'étais tout le
5 temps ailleurs. Je devais opérer cette jonction entre les lignes, là où je
6 suis allé avec mes soldats.
7 Q. Très bien, Monsieur. Je voudrais attirer votre attention sur une pièce
8 qui est une pièce de l'affaire. C'est la pièce de l'Accusation P619.
9 M. MUNDIS : [interprétation] Monsieur le Président, comme nous l'avons fait
10 précédemment avec le témoin précédent, nous avons obtenu une meilleure
11 copie de ce que le Tribunal a. Je voudrais présenter cela au témoin.
12 M. LE JUGE ANTONETTI : P690 ? J'ai vu Me Bourgon se lever. J'ai compris
13 tout de suite.
14 M. MUNDIS : [interprétation] P690. Je me suis mal exprimé ?
15 Q. Monsieur, en répondant à quelques questions de la Défense, il me semble
16 que vous nous avez dit que vous n'avez jamais eu l'occasion de voir ce
17 document auparavant; est-ce exact ?
18 R. C'est exact.
19 Q. Je vous demanderais d'examiner la page 3 en bas, à gauche où l'on voit
20 à qui s'adresse cet ordre. Le voyez-vous ?
21 R. Je le vois.
22 Q. Voyez-vous que le document s'adresse au commandant du 2e Bataillon de
23 la 306e Brigade de Montagne ?
24 R. Il aurait dû probablement lui être adressé.
25 M. LE JUGE ANTONETTI : Maître Bourgon.
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1 M. BOURGON : Merci, Monsieur le Président. Seulement pour une précision.
2 J'aimerais savoir si le témoin a présentement l'original que mon confrère
3 m'a montré à la pause ou s'il a le même document que nous, sur lequel on ne
4 voit rien. Merci, Monsieur le Président.
5 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Mundis, c'est l'original qu'il a ?
6 M. MUNDIS : [interprétation] Oui, tout à fait, Monsieur le Président. Comme
7 je l'ai dit, c'est le meilleur exemplaire que nous avons en notre
8 possession.
9 M. LE JUGE ANTONETTI : Nous pouvons le mettre sous le rétroprojecteur pour
10 que tout le monde puisse le voir.
11 M. MUNDIS : [interprétation]
12 Q. Encore une fois, Monsieur le Témoin, c'est le numéro 5 qui m'intéresse
13 dans la liste des destinataires. Il est dit, ici : "Commandant du 2e
14 Bataillon de la 306e Brigade de Montagne," n'est-ce pas ?
15 R. Oui, c'est ce qui est écrit.
16 Q. Mais encore une fois, vous ne vous rappelez pas avoir reçu ce
17 document ?
18 R. Non, non. Ce que je vois ici, aussi, il est dit : "Commandant de
19 l'Unité MOS." C'est mon unité comme je vous l'ai dit, mais c'est totalement
20 dénoué de logique que le commandant de la brigade donne une tâche à mon
21 unité, à l'une des unités qui me sont subordonnées.
22 Q. Monsieur, reconnaissez-vous la signature qui figure sur ce document ?
23 R. Oui.
24 Q. Est-ce en réalité la signature d'Esad Sipic ?
25 R. Oui.
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1 Q. Je vous remercie.
2 M. MUNDIS : [interprétation] On peut reprendre le document, l'enlever du
3 rétroprojecteur.
4 Q. Monsieur, il ne nous reste plus que quelques instants, plus que
5 quelques brèves questions. Je voudrais attirer votre attention sur les
6 personnes que vous avez qualifiées d'Arabes, et qu'on a appelées, plus
7 tard, des Moudjahiddines. N'avez-vous jamais entendu parler d'une situation
8 où ces Moudjahiddines ou ces Arabes recrutaient à Mehurici où ils auraient
9 recruté des soldats parmi le personnel de la Défense territoriale
10 municipale de Travnik ou de ses unités subordonnées ?
11 R. Ils n'ont jamais recruté ici. Tout simplement, ils cherchaient à
12 enrôler, à obtenir, à se rattacher ceux qui étaient faibles, qui n'avaient
13 rien à manger. Ils leur donnaient des colis de farine, par exemple. C'est
14 comme cela. Il s'est probablement produit des cas parce qu'ils avaient de
15 l'argent sur eux. C'était une manière aussi pour eux de gagner des
16 partisans, de se rallier les gens pour qu'ils les suivent.
17 Q. Mais au mieux de vos souvenirs, aucun de ces personnes pauvres qu'ils
18 auraient recrutées n'étaient membres de la Défense territoriale ou d'une
19 unité quelle qu'elle soit, de la Défense territoriale; est-ce exact ? Pour
20 autant que vous le sachiez ?
21 R. Je n'ai pas dit qu'il n'y en a pas eu. J'ai dit qu'il y a eu des cas
22 qui se sont produits. C'est de cette manière-là que certaines personnes --
23 je vous ai dit qu'on avait pas mal de problèmes, précisément à cause de
24 cela parce qu'ils gagnaient à eux des membres de ces détachements ou de ces
25 unités, de leur propre gré -- de leur propre chef. Ils se ralliaient à eux
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1 pour des raisons que je viens de vous évoquer. Or, il nous a été difficile
2 pour nous de compléter ces places vidées, donc la situation était assez
3 difficile.
4 Q. Est-ce que la même chose s'est produite après la création des
5 brigades ? Est-ce qu'il y a eu des cas où des soldats auraient quitté des
6 brigades pour se rallier aux Moudjahiddines ?
7 R. Il y a eu probablement des cas de ce genre qui se sont produits. Pour
8 ce qui est de mon bataillon, ce que je peux vous dire c'est que cela ne
9 s'est pas produit souvent. Il y en a eu quelques-uns qui sont partis, mais
10 peut-être probablement qu'il y en a eu dans d'autres unités qui sont partis
11 de la même manière. Je ne peux pas vous le dire exactement.
12 Q. Monsieur, savez-vous si les Moudjahiddines ont entraîné, ont équipé ces
13 gens-là qui se sont ralliés à eux ?
14 R. Ce que j'en sais, pour l'essentiel - parce que je n'ai pas vu, j'en ai
15 entendu parler - il y avait une formation religieuse. Il y a eu moins
16 d'entraînement militaire. En échange, ils leur ont donné des uniformes. Il
17 y avait des gens qui ont été heureux d'obtenir un fusil qu'ils se
18 procuraient au marché noir.
19 Q. Ce sont les Moudjahiddines qui se procuraient les fusils au marché noir
20 et qui les fournissaient après à ces jeunes hommes ?
21 R. Ce que j'ai dit c'est qu'il y a eu des gens heureux, qui ont pu obtenir
22 un fusil comme cela. Ils n'en ont pas donné à tout le monde. Peut-être à
23 certains qui leur ont plu davantage, mais pas à tous.
24 Q. Parmi les soldats de votre bataillon qui sont partis - vous avez dit
25 qu'il y en a eu quelques-uns - est-ce qu'il y en a eu qui sont revenus
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1 rejoindre le bataillon après avoir reçu l'uniforme ou l'arme de la main des
2 Moudjahiddines ?
3 R. Non. Il y en a eu quelques-uns, peut-être cinq ou six qui sont partis
4 et qui ne sont jamais revenus. J'ai réussi à compléter mes rangs plus ou
5 moins -- en fait, je n'ai pas pu complètement les remplacer. Pour moi,
6 c'étaient comme des déserteurs. Ils sont partis.
7 Q. Page 16, ligne 20, vous nous avez dit aujourd'hui : "On ne se sentait
8 pas en sécurité avec ces étrangers aussi près de nous." Je pense que le
9 contexte temporel, c'est la fin de l'été, début automne 1993; est-ce
10 exact ? Est-ce que vous maintenez cet élément de votre déposition ?
11 R. Oui, c'est exact, cette représentation, dans le sens où, moi, avec mon
12 commandement, il fallait que je sois seul. Eux, ils sont venus, et je ne me
13 sentais pas - comment dire - je ne me sentais pas à l'aise en leur
14 présence, là où j'étais.
15 Q. Pour quelle raison, Monsieur ?
16 R. Tout simplement parce que je ne savais pas qui étaient ces gens, d'où
17 ils étaient venus. Je ne savais pas pour quelle raison ils étaient venus.
18 On nous dit que c'étaient des humanitaires, mais il n'y avait pas de vraies
19 vérifications, et sur cela, je ne pouvais pas apprécier vraiment les
20 raisons pour lesquelles ils étaient là.
21 Q. Vous nous avez dit également que vous avez fait part de vos
22 préoccupations à votre commandant. A l'époque, c'était Haso Ribo; est-ce
23 exact ?
24 R. Oui, c'est ce que j'ai dit.
25 Q. Vous rappelez-vous si c'est à une seule occasion que vous lui avez fait
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1 part de vos inquiétudes, ou à plusieurs occasions ?
2 R. Je ne sais pas. Dans toutes les conversations informelles, libres, je
3 lui ai attiré l'attention là-dessus. Ce n'était pas à un degré d'inquiétude
4 ou de préoccupation dans le sens où ils pourraient constituer une menace
5 pour eux. Mais, dans le sens où la population locale commençait à aller
6 rejoindre la population du coin, et des soldats qui étaient dans nos
7 unités, donc j'avais peur qu'ils ne nous quittent, qu'il n'y ait pas un
8 départ -- des départs importants. Vous savez, il y avait des partisans et
9 il y avait aussi des gens qui étaient hostiles à leur présence. J'avais
10 peur qu'il n'y ait un conflit.
11 Q. Vous rappelez-vous s'il y a eu une réaction de la part de M. Ribo
12 lorsque vous l'avez informé de vos préoccupations ?
13 R. Probablement qu'il a réagi. Je ne peux pas vous le dire avec certitude.
14 Ce que je sais, c'est que j'ai reçu des instructions disant qu'il fallait
15 que j'attende, que cela allait se résoudre à un autre niveau. En attendant
16 donc, je suis parti de ce secteur de Mehurici donc je ne sais pas ce qui
17 s'est passé par la suite.
18 M. LE JUGE ANTONETTI : Maître Bourgon.
19 M. BOURGON : Merci, Monsieur le Président. Je crois qu'il y a un manquement
20 au compte rendu d'audience. Il se trouve à la page 74, à la ligne 8. A ma
21 connaissance, de ce que j'ai entendu de l'interprétation en français, le
22 témoin a dit qu'il y avait des gens qui étaient contre eux dans le secteur
23 et qu'il avait peur que cela tourne en conflit. La dernière partie de cette
24 phrase n'apparaît pas au compte rendu d'audience. Peut-être que l'on
25 pourrait demander au témoin de confirmer cela, Monsieur le Président.
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1 Merci.
2 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui, Monsieur Mundis. Pouvez-vous faire préciser,
3 par le témoin, cet aspect.
4 M. MUNDIS : [interprétation]
5 Q. Monsieur, vous nous avez dit qu'il y avait des gens qui étaient des
6 partisans des Moudjahiddines et des gens qui leur étaient hostiles. Est-ce
7 qu'il y avait des préoccupations -- une crainte qu'il y ait un conflit qui
8 ne se déclenche avec les Moudjahiddines ?
9 R. Ce qui me faisait peur le plus ce n'était pas qu'il y ait un conflit
10 avec les Moudjahiddines, mais qu'il y ait un conflit avec notre population,
11 avec les nôtres qui étaient partis les rejoindre.
12 Q. Lorsque vous dites : "Je n'étais pas tellement inquiété" ou "Je n'avais
13 pas tellement peur d'un conflit avec les Moudjahiddines," pouvez-vous nous
14 dire pour quelle raison ? Pourquoi vous n'aviez pas peur de cela ?
15 R. Je n'avais pas peur pour plusieurs raisons. L'une des raisons c'est
16 qu'ils étaient, en fait, des travailleurs humanitaires. Une autre raison,
17 c'est que, de par leur nombre, ils nous étaient inférieurs. Même s'ils
18 avaient voulu tenter quelque chose - je ne sais pas enfin - mais,
19 certainement, ils n'auraient pas conçu de plans de faire quoi que ce soit
20 sans -- enfin, jamais, je n'en aie vu dans ce secteur plus de 20 dans un
21 seul groupe; au maximum, 25. Donc, c'était un petit nombre qui vaguait à
22 diverses choses là-bas.
23 Q. Il en ressort de votre réponse, Monsieur, que, d'un point de vue
24 militaire, ils ne constituaient pas une menace pour votre unité ou vos
25 unités qui étaient déployées dans la zone de Mehurici.
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1 R. Pas plus que qui que ce soit d'autre sur place.
2 Q. Vous nous avez également dit, à la page 18, ligne 2, ceci, dans le
3 contexte du moment où vous discutiez de la question des Moudjahiddines avec
4 la présidence de Guerre, vous avez dit : "Les Moudjahiddines probablement
5 ne nous ont pas confiance." Vous vous rappelez avoir dit cela ?
6 R. Oui.
7 Q. Qu'est-ce qui vous a fait dire cela ? Quel serait le fondement, qui
8 fait que les Moudjahiddines n'aient pas confiance en vous ?
9 R. J'étais membre de la JNA. Ils savaient ce que la JNA avait fait dans ce
10 territoire. Comme cela, c'étaient justement mes antécédents, ils n'avaient
11 pas confiance en moi.
12 Q. Excusez-moi, mais je ne comprends pas très bien. "On savait ce que la
13 JNA avait fait dans ce territoire, et puisque c'est mes antécédents, ils
14 n'avaient pas confiance en moi." Pourriez-vous, s'il vous plaît, développer
15 un tout petit peu, et expliquer ?
16 R. Dans le territoire de l'ex-Yougoslavie, nous savons qu'il y avait eu un
17 conflit en Slovénie. Il y avait eu un conflit en Croatie, et que la JNA y
18 avait participé. Nous savons que des membres de la JNA y avaient participé
19 et qu'ils provenaient des mêmes origines en quelque sorte, et qu'ils
20 allaient d'un endroit à l'autre pour attaquer un endroit, puis l'autre, un
21 endroit à la fois. Il n'avait pas confiance en moi parce que -- je dois
22 dire que jusqu'au 1er avril, j'ai été avec eux.
23 Q. Est-ce que les Moudjahiddines qui se trouvaient dans l'école à Mehurici
24 savaient que vous aviez précédemment arrêté des membres de la JNA ?
25 R. Je ne sais pas, mais je suppose qu'ils le savaient. Je ne peux pas être
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1 certain. Je ne leur ai jamais parlé.
2 Q. Au cours de la période pendant laquelle vous vous trouviez avec l'état-
3 major de secteur de la Défense territoriale à Mehurici, vous avez dit que
4 vous avez passé beaucoup de temps sur le plateau de Vlasic, et sur le mont
5 Vlasic; c'est exact ?
6 R. Oui.
7 Q. Au cours de cette période en 1992, vous avez essentiellement été engagé
8 contre ce que vous avez appelé les agresseurs serbo-monténégrins; est-ce
9 bien cela ?
10 R. Oui.
11 Q. Est-ce qu'à un moment quelconque, lorsque vous étiez en opération sur
12 le plateau de Vlasic ou sur le mont Vlasic, est-ce que vous avez vu de ces
13 Moudjahiddines sur le plateau de Vlasic ou sur le mont Vlasic ?
14 R. Non. Je ne les ai jamais vus lorsque j'étais là-haut, là-bas.
15 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, à la page 76, ligne
16 13, les mots "j'étais avec eux", le témoin dit qu'il était avec la JNA,
17 avec eux, mais nous ne savons pas ce que vous dire "eux". Peut-être
18 pourrait-il clarifier les choses ? Pourrait-il nous dire avec qui il se
19 trouvait jusqu'au 1er avril 1992 ou est-ce que nous pouvons conclure que le
20 témoin a dit qu'il était dans la JNA ?
21 M. MUNDIS : [interprétation] Certainement, nous pouvons faire cela. Je
22 pense que c'est clair d'après le contexte de la réponse. Je pose la
23 question.
24 Q. Monsieur le Témoin, lorsque vous parlez du fait que les Moudjahiddines
25 ne vous faisaient pas confiance, vous vous référiez au fait que vous aviez
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1 précédemment appartenu à la JNA ?
2 R. Oui.
3 Q. Vous pensiez que peut-être c'étaient les motifs pour lesquels les
4 Moudjahiddines n'avaient pas confiance en vous en tant qu'ancien membre de
5 la JNA.
6 R. Pas seulement les Moudjahiddines. Je ne sais pas. D'autres aussi. Je
7 n'avais rien à voir avec les Moudjahiddines. Ils étaient là. Mais je ne
8 sais pas. Les choses étaient comme cela tout simplement.
9 Q. Je vous remercie, Monsieur le Témoin. Je voudrais vous demander de
10 prendre à nouveau le marqueur noir et dans le coin droit, au bas de la
11 carte, si vous voulez bien signer votre nom et mettre la date de ce jour, à
12 savoir, le 16 novembre 2004.
13 R. [Le témoin s'exécute]
14 Q. Je vous remercie, Monsieur le Témoin.
15 M. MUNDIS : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai pas d'autres
16 questions à poser.
17 M. LE JUGE ANTONETTI : La Défense, vous avez des questions
18 supplémentaires ?
19 Nouvel interrogatoire par Mme Residovic :
20 Q. [interprétation] Monsieur Camdzic, mon confrère vous a posé plusieurs
21 questions concernant les Moudjahiddines et leurs rapports avec vous,
22 relations avec vous. Quand avez-vous quitté les locaux de l'école
23 élémentaire pour prendre vos nouvelles fonctions de commandant du
24 bataillon, du 1er Bataillon ?
25 R. J'ai quitté les locaux de l'école au début de 1992, et je suis devenu
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1 commandant du second bataillon.
2 Q. Vous l'avez dit plutôt dans votre déposition, votre poste de
3 commandement se trouvait à Krpeljici après cela. Est-ce qu'à un moment
4 quelconque, vous avez eu l'occasion de vous rendre à l'école primaire de
5 Mehurici ou de rencontrer des Moudjahiddines d'une façon quelconque ?
6 R. Non. Une fois que j'ai quitté Mehurici, je n'y suis jamais retourné à
7 cette école primaire de Mehurici. Je n'ai eu aucun contact avec les
8 Moudjahiddines après cette époque.
9 Q. Serait-il juste de dire que ce que vous avez dit, en réponse aux
10 questions posées par ma collègue, est relatif à la période pendant laquelle
11 vous exerciez le commandement du détachement ?
12 R. Oui.
13 Q. Mon confrère vous avait également demandé : quelle avait été la
14 réaction de votre commandant, votre supérieur hiérarchique ? Vous m'avez
15 déjà dit que l'état-major du secteur ou le détachement ne pouvait pas
16 déterminer qui serait installé dans l'école primaire. Le commandant de
17 l'état-major municipal des forces territoriales avait-il le pouvoir ou
18 l'autorité de dire qui devrait être autorisé à être installé dans l'école
19 et qui ne pouvait pas ?
20 R. Non, je ne pense pas. Je pense qu'il n'y avait pas des autorités parce
21 que les structures civiles fonctionnaient normalement. Cette situation
22 avait été quelque peu aggravée, mais les autorités civiles fonctionnaient.
23 Q. Vous avez élaboré dans votre déposition qu'il y avait eu le départ de
24 ces Moudjahiddines de l'école primaire lorsque le Bataillon de Siprage a
25 été cantonné à cet endroit-là. Est-ce que le Bataillon de Siprage avait un
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1 autre nom ? Est-ce que c'était un bataillon de la 306e Brigade ?
2 R. Oui, c'était un bataillon de la 306e Brigade. Pour autant que je sache,
3 il n'avait pas d'autre nom ou insigne. Les seules marques, c'était numéro
4 un, ce qui voulait dire 1er Bataillon de la 306e Brigade.
5 Q. Ce qu'on a appelé le bataillon Siprage ou le 1er Bataillon est resté
6 dans l'école ?
7 R. Oui.
8 Q. Il n'y avait pas deux bataillons sur place ?
9 R. Non.
10 Q. Mon éminent confrère vous a posé des questions concernant des mesures
11 qui avaient été prises, et vous avez dit que vous ne pouviez pas vous
12 rappeler les noms des personnes qui avaient fait l'objet des mesures
13 disciplinaires dont vous avez parlé. Est-ce que vous êtes sûr que pendant
14 cette période, des mesures ont été prises contre des membres de la 306e
15 Brigade ?
16 R. Oui, absolument. Je suis absolument certain.
17 Q. En réponse à la question de mon confrère, vous avez expliqué que vous
18 n'appartenez pas à la région, et que vous n'avez passé que très peu de
19 temps sur place. Compte tenu de ce fait, est-ce que vous savez combien de
20 mesures disciplinaires ont été prises dans d'autres bataillons ou peut-être
21 que pour le moment, vous le sauriez nous le dire ?
22 R. En ce qui concerne les autres bataillons, je n'en sais rien. Je n'ai
23 absolument aucune idée de ce qui s'y passait.
24 Q. Lorsque nous parlons de cette période, est-ce que vous vous rappelez
25 s'il y a eu des cas et, dans l'affirmative, combien, des délits ou
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1 infractions de ce genre, par exemple, le pilonnage et autres destructions
2 qui auraient été le fait de civils plutôt que des membres de l'armée ?
3 R. Je peux dire avec certitude que la plupart de ces infractions, de ces
4 délits étaient le fait de civils
5 Q. Qui avait le devoir, l'obligation de procéder à des enquêtes concernant
6 des délits commis par des civils ?
7 R. C'était le ministère de l'Intérieur, le MUP ou le SUP, comme on
8 l'appelait à l'époque, qui était sensé procéder à des enquêtes concernant
9 les différents délits en question.
10 Q. Est-ce que vous savez combien de postes de police existaient dans le
11 territoire couvert par la 306e Brigade, à l'époque ?
12 R. Je ne peux pas être sûr de leur nombre exact, je sais qu'il y en a eu
13 quelques uns, il y avait un poste de police à Travnik qui avait, ce qu'on
14 appelait son poste avancé, je sais qu'à Guca Gora, il y avait un poste de
15 police. Au début c'était dans Mosur et puis ensuite ils se sont déplacés
16 dans le secteur Guca Gora. Je suis sûr qu'il y avait un poste de police à
17 Han Bila et il y en avait à Mehurici, mais je ne sais s'il y avait d'autres
18 postes de police dans le secteur.
19 R. En réponse à la question posée par mon confrère, vous avez dit que vous
20 nous parveniez pas à vous rappeler le nom de l'un des quelconque soldats
21 qui aurait commis des délits et contre lesquels la 306e Brigade aurait pris
22 des mesures disciplinaires. Ma question est la suivante, compte tenu de ce
23 que vous avez fait à l'époque et en tant que commandant, ce que vous avez
24 pu apprendre en tant que membre du commandement, est-ce que vous avez su si
25 de telles mesures avaient été prises pour des actes qui auraient été
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1 perpétrés ainsi que pour d'autres actes appelant des mesures
2 disciplinaires ?
3 R. Je sais qu'un grand nombre de mesures disciplinaires ont été prises et
4 effectuées, un grand nombre de soldats ont été mis aux arrêts, en prison,
5 c'était à l'époque où j'étais commandant du bataillon, je ne sais ce qui se
6 passait à la Brigade au niveau du commandement de la brigade, toutefois, je
7 pense qu'eux aussi ont mis en œuvre des mesures contre leurs membres et il
8 y avait un système qui avait mis en place pour cela.
9 Q. Lorsque vous étiez commandant du bataillon et lorsque vous travailliez
10 au centre commercial, est-ce que vous avez eu des problèmes lorsque vous
11 vouliez envoyer des hommes sur la ligne parce que certains de ces soldats
12 avaient été mis en détention ?
13 R. Est-ce que vous avez dit commandant de bataillon ou est-ce que vous
14 avez parlé du commandant de la brigade
15 Q. J'ai dit commandant de la brigade, mais je voulais dire du bataillon,
16 je suis fatigué.
17 R. Oui, j'ai eu des problèmes pour ce qui était d'envoyer des hommes sur
18 la ligne de front parce que certains de mes hommes avaient été mis aux
19 arrêts et je demandais toujours pourquoi ils étaient et pendant combien de
20 temps, pour combien de temps ?
21 Q. vous étiez un homme jeune, néanmoins vous nous vous rappelez pas les
22 noms, vous avez expliqué comment il se fait que vous ne vous en souveniez
23 pas, pourriez-vous nous dire si vous vous rappelez bien les noms de membres
24 de la 306e Brigade, combien de noms pourriez-vous vous rappeler ?
25 R. En réalité, je n'en sais rien, je ne sais pas combien de noms je
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1 pourrais me rappeler, peut-être une cinquantaine, mais je ne saurais me
2 souvenir de plus de 50, je pense.
3 Q. Je voudrais également savoir si vous avez reçu de votre commandement
4 l'ordre de mettre en œuvre, en place, toutes les mesures nécessaires, de
5 façon à empêcher qu'il y ait du pilonnage ou des destructions ?
6 R. Lorsque j'étais sensé entrer dans certains endroits, on recevait des
7 ordres très précis du commandement de la brigade, c'était des ordres qui
8 étaient soit verbaux soit écrits.
9 Q. Au début de la journée, Monsieur Camdzic, vous avez dit que vous étiez
10 chef de bataillon, commandant dans l'ABiH. Lorsque vous regardes en
11 arrière, lorsque vous vous rappelez la période où vous combattiez et où
12 vous défendiez votre pays, ou vous preniez certaines mesures, pourriez-vous
13 dire aux membres de la Chambre de première instance : est-ce que vous
14 pensez que vous avec fait tout ce qui était possible, compte tenu des
15 conditions de façon à empêcher que des crimes ne soient commis ou que des
16 délits ne soient commis de façon à pouvoir découvrir quels pouvaient être
17 les auteurs des délits ou crimes éventuels ? Que pouvez-vous nous dire à ce
18 sujet ?
19 R. Mon opinion est que tout au long de cette période que j'ai passée dans
20 les Unités de l'ABiH, j'ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour
21 empêcher que des incidents fâcheux ne se produisent. Avec quel succès est-
22 ce que je l'ai fait, je n'en sais rien, mais en tous les cas, c'était mon
23 objectif essentiel tout au cours de cette période. Je me suis efforcé
24 d'empêcher, de prévenir des délits qui pouvaient être commis.
25 R. Monsieur Camdzic, pouviez-vous faire d'avantage mais vous ne l'avez pas
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1 fait parce que vous vouliez le faire mais vous aviez été retardé dans votre
2 action jusqu'à un moment plus tardif ?
3 R. J'ai fait tout ce que je pouvais, je n'ai retardé aucune action, aucune
4 mesure, j'ai fait tout ce que je pouvais ou du mieux que je le pouvais.
5 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Je vous remercie beaucoup. Je n'ai pas
6 d'autres questions à vous poser.
7 M. IBRISIMOVIC : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président,
8 nous n'avons pas de question supplémentaire à poser à ce témoin.
9 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur, votre interrogatoire vient de se terminer
10 par les questions qui vous ont été posées. Nous vous remercions d'être venu
11 à La Haye pour témoigner. Nous vous souhaitons un bon voyage de retour et
12 je vais demander à M. l'Huissier de bien vouloir vous raccompagner.
13 [Le témoin se retire]
14 M. LE JUGE ANTONETTI : Alors, je présume que l'Accusation veut verser la
15 carte.
16 M. MUNDIS : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, nous souhaiterions
17 pouvoir le faire et aussi, si vous-même vous le souhaitez, peut-être à un
18 autre moment, nous serions en mesure de répondre, à ce stade, à la demande
19 présentée par la Défense d'obtenir davantage de temps en ce qui concerne
20 leurs pièces à conviction et listes de témoins. Je peux faire cela
21 oralement en premier.
22 M. LE JUGE ANTONETTI : [interprétation] En ce qui concerne la carte.
23 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Pas d'objection, Monsieur le Président.
24 M. IBRISIMOVIC : [interprétation] Pas d'objection, Monsieur le Président.
25 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, un numéro pour la carte.
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1 M. LE GREFFIER : Sous la cote P937, Monsieur le Président.
2 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Monsieur le Greffier, je vous rends la P690.
3 Bien, M. Mundis, en quelques minutes.
4 M. MUNDIS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je voulais,
5 effectivement, discuter la question avec Me Bourgon au cours de la dernière
6 suspension car je crois que comme la Chambre le sait, l'équipe de
7 l'Accusation a eu quelques difficultés lorsqu'il s'agit de la langue
8 française et il nous a expliqué la nature de leur requête et sa teneur.
9 L'Accusation n'a pas d'objection à s'élever contre le fait que la Défense
10 puisse avoir du temps supplémentaire pour déposer la liste de témoins à la
11 Défense. J'ai présenté clairement notre position; toutefois, en ce qui
12 concerne une question, l'Accusation est davantage préoccupée par le fait
13 que la Défense ne fasse pas -- ne cite pas un témoin ou des témoins qui, en
14 l'occurrence, ferait qu'il y aurait moins de témoins qui seraient entendus,
15 et on pourrait avoir le choix, à ce moment-là, sur deux ou trois témoins
16 que nous souhaiterions pouvoir contre-interroger sur un point particulier,
17 sur lequel on pourrait identifier. On n'a pas d'objection particulière,
18 comme je l'ai expliqué également à Me Bourgon, et je crois qu'il a, en
19 fait, dissipé nos inquiétudes à ce sujet.
20 Mais nous n'avons pas d'objection à ce qu'ils aient la possibilité d'avoir
21 du temps supplémentaire pour la requête qu'ils ont présentée.
22 M. LE JUGE ANTONETTI : Nous allons nous en délibérer, puis nous vous
23 dirons, demain à 9 heures, ce que nous avons décidé.
24 Pour demain, il y a le Témoin 59 qui est prévu. Il est bien là, donc il n'y
25 aura pas de problème. Je cite également -- vous avez noté que les Juges, on
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1 n'a pas pu poser les questions. Si vous prenez une heure et demie,
2 théoriquement, on a le temps de poser les questions, mais, si vous dépassez
3 l'heure et demie, on est bloqué, sauf à faire des prolongations. Voilà.
4 J'invite, à nouveau, les uns et les autres à essayer de rentrer dans le
5 cadre du temps pour permettre aux Juges de poser les questions. Je vous
6 remercie. Je vous invite à revenir pour demain, pour l'audience qui
7 débutera à 9 heures.
8 --- L'audience est levée à 13 heures 49 et reprendra le mercredi 17
9 novembre 2004, à 9 heures 00.
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