Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le mercredi 23 mars 2005

2 [Audience publique]

3 --- L'audience est ouverte à 14 heures 20.

4 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

5 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, pourriez-vous appeler le

6 numéro de l'affaire.

7 M. LE GREFFIER : Merci, Monsieur le Président. Affaire numéro IT-01-47-T,

8 le Procureur contre Enver Hadzihasanovic et Amir Kubura.

9 M. LE JUGE ANTONETTI : Je vais demander à l'Accusation de bien vouloir se

10 présenter.

11 M. MUNDIS : [interprétation] Merci. Bonjour, Monsieur le Président, Madame,

12 Monsieur les Juges, conseil de la Défense, toutes les personnes présentes.

13 Pour l'Accusation, Stefan Waespi et Daryl Mundis, et nous sommes assistés

14 par Andres Vatter, notre commis à l'affaire.

15 M. LE JUGE ANTONETTI : Je vais demander aux avocats de bien vouloir se

16 présenter. Ils ont changé de positions.

17 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Madame,

18 Monsieur les Juges. Le général Hadzihasanovic est représente par Edina

19 Residovic, conseil; Stéphane Bourgon, co-conseil; et Alexis Demirdjian,

20 notre assistant juridique. Merci.

21 M. LE JUGE ANTONETTI : Je vais demander aux autres avocats de se présenter.

22 M. IBRISIMOVIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Madame,

23 Monsieur les Juges. M. Kubura est représenté par Rodney Dixon, Fahrudin

24 Ibrisimovic et Nermin Mulalic, notre assistant juridique.

25 M. LE JUGE ANTONETTI : En cette 201e journée d'audience, je salue toutes

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1 les personnes présentes. Je salue les représentants de l'Accusation, les

2 avocats, les accusés, ainsi que tout le personnel de cette salle

3 d'audience. Avant de faire entrer le témoin qui attend depuis 48 heures,

4 j'indique que la Chambre, ce matin, s'est réunie pour examiner la question

5 de la requête de l'Accusation aux fins d'admission de réouvertures des

6 débats par l'admission de 50 documents.

7 La Chambre, après en avoir délibéré et prenant en compte les préoccupations

8 de la Défense, estime, en ce qui concerne uniquement la Chambre, qu'il ne

9 serait pas opportun d'avoir une requête ayant les deux aspects, la demande

10 de réouverture et les documents. Nous estimons qu'il serait plus opportun

11 qu'il y ait une requête unique sur la demande de réouverture et

12 qu'ultérieurement, une seconde requête en cas de décision positive

13 intervienne pour les documents; cependant, la Chambre n'a aucun ordre à

14 donner concernant la forme et le contenu de la requête. Il appartiendra à

15 l'Accusation de faire la requête qu'elle croit devoir formuler. Voilà, ce

16 que nous pouvons dire à ce stade concernant le dite requête.

17 Il y a également un autre problème concernant les dates. Cette requête peut

18 effectivement être déposée à partir du 23 mai, fin de la présentation des

19 moyens de preuve du général Kubura; cependant, si cette date du 23 mai est

20 retenue, nous risquons d'avoir des délais ensuite qui risquent d'intervenir

21 concernant la réponse de la Défense à la requête et que tout cela risque de

22 prendre du temps.

23 Nous invitons l'Accusation en liaison avec la Défense à examiner cette

24 question, à savoir s'il ne serait pas opportun que cette requête soit

25 déposée dès la fin de la présentation des moyens de preuve du général

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1 Hadzihasanovic afin de permettre les jeux d'écriture. Nous invitons

2 instamment l'Accusation en liaison avec la Défense à réfléchir à ce

3 problème parce que nous pensons que le 23 mai risquerait d'être une date

4 qui pourrait poser des problèmes.

5 Monsieur Mundis.

6 M. MUNDIS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je serai très

7 bref afin de pouvoir commencer à auditionner le témoin aujourd'hui.

8 Hier, je ne sais pas si j'ai été suffisamment clair - et nous en avons

9 parlé avec la Défense et aussi lors d'une réunion informelle avec le

10 Juriste hors classe de la Chambre - notre intention, Monsieur le Président,

11 est certainement d'essayer de déposer notre requête avant la fin de la

12 présentation des moyens Hadzihasanovic. Peut-être que ceci ne serait pas

13 possible, compte tenu d'un certain nombre d'autres facteurs qui peuvent

14 intervenir, y compris la manière dont nous allons procéder eu égard à cela.

15 Mais, si nous ne pouvons pas déposer la requête à la fin de la présentation

16 des moyens Hadzihasanovic, nous avons l'intention de le faire tout de suite

17 après le début de la présentation des moyens Kubura. S'il y a une semaine

18 de pause, peut-être que nous pourrions finaliser la rédaction de la

19 requête. Lorsque nous avons parlé du 23, ce serait peut-être un moment

20 opportun pour physiquement remettre les documents, verser les documents si

21 la Chambre nous accordait le droit de le faire.

22 Nous avons également vu avec nos collègues la possibilité de déposer la

23 requête aussi vite que possible, pour que la Défense réponde, que la

24 Chambre tranche, et que ceci nous donne la possibilité éventuellement de

25 rouvrir. Ceci donnerait la possibilité à la Défense de prendre une position

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1 pour ce qui est de savoir s'il lui faut du temps en plus afin de rouvrir

2 pas seulement leur cause. Toutes les parties, Monsieur le Président, je

3 pense, sont d'accord sur le fait qu'il n'y aura pas de délais indus, et

4 c'est la raison pour laquelle nous cherchons à finaliser nos écritures

5 aussi vite que possible, pour qu'on puisse résoudre la question pendant la

6 présentation des moyens Kubura, si on a le droit de rouvrir pour qu'on

7 puisse poursuivre immédiatement.

8 M. LE JUGE ANTONETTI : Cette procédure nous semble la mieux appropriée.

9 Est-ce que la Défense peut confirmer qu'il n'y a pas de position de son

10 point de vue ?

11 [Le conseil de la Défense se concerte]

12 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui, Maître Bourgon.

13 M. BOURGON : Merci, Monsieur le Président. Bonjour, Madame le Juge.

14 Bonjour, Monsieur le Juge.

15 Du côté de la Défense, nous sommes tout à fait d'accord avec l'approche

16 suggérée par l'Accusation, et nous nous engageons dès l'instant où la

17 requête serait déposée, à produire une réponse dans les plus brefs délais.

18 J'irais même jusqu'à dire deux jours ouvrables, 48 heures, notre réponse

19 sera déposée.

20 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Maître Bourgon, pour cette coopération.

21 Maître Dixon.

22 M. DIXON : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Il n'y a pas

23 d'objection de notre part, suite aux arguments exposés par M. Mundis.

24 M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien. Voilà un problème de réglé.

25 Nous allons maintenant introduire le témoin et, à votre demande, les Juges

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1 se déplaceront pour s'approcher de la carte dès que vous le jugerez utile.

2 Ce serait un voyage que de quelques mètres.

3 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

4 M. LE JUGE ANTONETTI : Bonjour, mon Général. Je veux vérifier que le

5 technique marche.

6 LE TÉMOIN: VAHID KARAVELIC [Reprise]

7 [Le témoin répond par l'interprète]

8 M. LE JUGE ANTONETTI : Je vais donner la parole à Me Bourgon, qui va

9 poursuivre l'interrogatoire principal.

10 Maître Bourgon.

11 M. BOURGON : Merci, Monsieur le Président.

12 Interrogatoire principal par M. Bourgon : [Suite]

13 Q. [interprétation] Bonjour, mon Général. Bienvenue encore une fois. Nous

14 allons poursuivre notre interrogatoire principal portant sur votre rapport

15 d'expert. Pour commencer, je vous poserais immédiatement la question, qui

16 est la question 2 dans votre déclaration. J'ai relu le compte rendu

17 d'audience de la première journée que nous avons passée en question et

18 réponse, et je ne souhaiterais pas du tout vous empêcher de dire quelque

19 chose que vous souhaiteriez dire. Mais, si possible, dans toute la mesure

20 du possible, je vous demanderais de rendre vos réponses concises. Mais je

21 ne souhaite pas vous interrompre. J'aimerais que ce soit clair. Est-ce que

22 vous m'avez compris.

23 R. [réponse inaudible]

24 M. BOURGON :

25 Q. [interprétation] Je commencerais par la question 2, qui vous a été

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1 fourni afin de rédiger votre opinion d'expert. En répondant à cette

2 question, vous décrivez une situation où un officer de haut rang de l'armée

3 populaire yougoslave qui a été nommé au poste de commandement d'un Corps

4 d'armée au sein de la JNA, la situation dans laquelle il se serait trouvé

5 avant l'année 1990. Cette question, en fait, à avoir avec le paragraphe 66

6 de votre rapport. Je voudrais que vous l'examiniez.

7 R. J'ai un problème avec ma mallette. Excusez-moi, je n'arrive pas à voir

8 sans mes lunettes, et ma mallette est fermée.

9 Vous avez dit quel paragraphe ?

10 Q. Paragraphe 66. Ma question est la suivante : on vous a demandé de

11 réagir à une question qui portait sur une situation, un cas de figure, qui

12 concernait un officier qui se voyait nommé au poste de commandant au niveau

13 du Corps, avant l'année 1990.

14 Je vois à paragraphe 66 que vous dits qu'en 1987, il y a une réduction

15 considérable de la Défense territoriale. J'ai aussi relevé au paragraphe 86

16 de votre rapport que vous avez mentionné des modifications qui se sont

17 produites en 1988 au sein de la JNA. Ma question est très brève. Tout

18 simplement, j'aimerais savoir en quelle année ces changements ont-ils

19 commencé à se produire au sein de la JNA ?

20 R. Les changements au sein de l'armée populaire yougoslave, dans des

21 segments moins importants, on peut dire que ceci a commencé très vite après

22 le décès du président Tito. Des changements graves ou importants au sein de

23 la JNA ont commencé après l'année 1985. Des modifications radicales se sont

24 produites en 1987, en d'autres termes, en 1990 et en 1992.

25 En quoi ont consisté ces changements ou modifications ? Avant tout,

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1 d'emblée, je dois souligner que l'armée populaire yougoslave était partie

2 intégrante des forces armées de la République socialiste fédérative de

3 Yougoslavie. C'était l'une des composantes des forces armées, ensemble avec

4 l'autre constituante, qui s'appelait la Défense territoriale. Ensemble, ces

5 deux composantes constituaient les forces armées de l'armée populaire

6 yougoslave, qui était organisé d'une certaine façon et d'une manière tout à

7 fait différente, comme était organisée la Défense territoriale. Ces deux

8 organisations se complétaient à de nombreux égards, dans de nombreux

9 segments, pour ce qui est de leur fonctionnement, et elles fonctionnaient

10 dans une chaîne de commandement et de direction. L'objectif était un et

11 unique, à savoir, la défense de la République socialiste fédérative de

12 Yougoslavie. Toutes les activités de ces organisations étaient menées dans

13 le cadre de la Défense populaire généralisée, selon le concept de la

14 Défense populaire généralisée et de la protection sociale. L'armée

15 populaire yougoslave, dans le cadre de ce système, était organisée selon

16 six régions militaires. En 1987, toutes les régions militaires

17 correspondaient, sinon dans la totalité, alors pratiquement dans la

18 totalité, avec le territoire qui était celui des différentes républiques

19 socialistes de l'ex-Fédération yougoslave.

20 Q. Mon Général, si je puis vous interrompre. La plupart de ces changements

21 sont décrits dans votre rapport. Ce que je voudrais savoir précisément,

22 c'est s'il y a un lien entre les changements qui se sont produits, entre

23 1987 ou en 1987 et l'agression sur la Bosnie en 1992.

24 R. Je vais essayer de me concentrer sur cette période qui a précédé,

25 immédiatement. C'est en 1987, on procède à la réorganisation de la JNA;

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1 jusqu'à ce moment-là, il y avait six régions militaires. On met sur pied

2 une nouvelle structure organisationnelle qu'on appelle structure

3 organisationnelle, qui comprend trois régions militaires, qui sont

4 couvertes par des corps, tandis que jusqu'à ce moment-là, les régions

5 militaires correspondaient aux divisions.

6 De quoi est-ce qu'il s'est agi ? Il s'est agi de la chose suivante : on a

7 souhaité éliminer les régions militaires, qui correspondaient à peu près

8 comme je viens de le dire, aux frontières des républiques socialistes de

9 l'époque. Par la constitution de trois régions militaires - la première de

10 Belgrade, la deuxième de Skopje, et la troisième de Zagreb - cela devait

11 permettre de modifier la répartition des zones de responsabilité. On les

12 réorganisait de telle sorte que chacune des zones couvrait deux, voire plus

13 républiques, ou provinces. Car si on avait gardé les régions militaires

14 dans le temps, les commandements de certaines de ces régions militaires

15 auraient pu tomber sous l'influence politique des autorités politiques des

16 différentes publiques. Ceci aurait eu un impact négatif très important, sur

17 le concept qui était en train d'être élaboré par le régime de Belgrade,

18 avec à sa tête, à l'époque, Slobodan Milosevic.

19 Par l'organisation de ces nouvelles régions militaires, en parallèle

20 avec ce procès, il y a eu la réduction de la Défense territoriale,

21 déclaration de la deuxième composante des forces armées de la République

22 socialiste fédérative de Yougoslavie.

23 En quoi est-ce que cela a consisté ? En fait, la Défense

24 territoriale, pour ce qui est du nombre de participants dans le cadre d'une

25 défense éventuelle de la Yougoslavie contre un agresseur extérieur, elle

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1 aurait eu le plus grand nombre d'effectifs. En Bosnie-Herzégovine, en

2 particulier, on a procédé à la réduction. A la fois, des effectifs de la

3 Défense territoriale, et du nombre de ces unités, allant des unités du plus

4 bas échelon jusqu'aux unités les plus importantes, d'après la structure de

5 la Défense territoriale.

6 J'ai fourni des chiffres et des données précises dans mon

7 rapport, pour ce qui est des effectifs, et aussi pour ce qui est des

8 différentes unités. J'ai aussi cité quelques exemples, en particulier,

9 celui de Travnik, il y a eu une réduction drastique pendant les trois ou

10 quatre années qui ont précédé la guerre en Bosnie-Herzégovine. La Défense

11 territoriale a connu une réduction drastique à la fois pour les effectifs

12 et pour les unités. Cette réduction est allée jusqu'à plus de 50 %, 60 %,

13 voire plus pour certains segments moins importants.

14 Une autre raison, pour laquelle on a procédé à la réduction de la Défense

15 territoriale, à savoir, à la différence ce la JNA, en tant que composante

16 des forces armées, qui dans la chaîne de commandement, était directement

17 liée au commandement Suprême de Belgrade, en passant naturellement par tous

18 les intervenants dan0s la chaîne de commandement, pour ce qui est de la

19 Défense territoriale. Ceci était organisé d'une manière légèrement

20 différente, à savoir, d'un point de vue organisationnel, la Défense

21 territoriale des républiques et des provinces, n'avait pas d'échelon qui

22 allait au-delà du niveau de la république ou de la province. Au sommet, il

23 y avait l'état-major de la Défense territoriale de la république ou de la

24 province, respectivement.

25 Cependant, ils étaient dans la chaîne de commandement en cas de

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1 nécessité, elle devait exécuter les ordres, bien entendu, du commandement

2 Suprême de la RSFY, du commandement Suprême situé à Belgrade. Qu'est-ce qui

3 est typique ici, ce qui est caractéristique, c'est que précisément par la

4 dernière réorganisation des forces armées de la RSFY, de la JNA, ce que

5 j'ai détaillé dans mon rapport, et de la TO, il y a eu cette réduction, il

6 y a aussi changement de la chaîne de commandement pour la Défense

7 territoriale, dans toutes les Défenses territoriales des républiques et des

8 provinces.

9 Plus précisément, les Défenses territoriales des républiques et des

10 provinces, sur ordre de Belgrade, ont été placées sous le commandement

11 direct de ces nouvelles régions militaires. Les états-majors de district

12 des républiques et des provinces, et les échelons inférieurs de

13 l'organisation de la Défense territoriale, ont été placés sous le

14 commandement direct des échelons inférieurs de la JNA de la région donnée,

15 donc, des corps d'armée, des brigades et ainsi de suite. Ce faisant,

16 Belgrade a souhaité éliminer la possibilité des instances politiques des

17 républiques, il a voulu leur enlever le pouvoir, le droit de diriger ce

18 qu'ils avaient le droit de diriger avant, d'après la constitution de la

19 RSFY. Ajoutons à ceci aussi le fait qu'en parallèle avec cette

20 réorganisation des forces d'armées de la RSFY, la réorganisation de la

21 Défense territoriale, sa réduction pour ce qui est des effectifs, de

22 l'organisation, si on a ajoute à cela que, pendant un moment sur ordre de

23 Belgrade, on a procédé également à un désarment total des Défenses

24 territoriales des républiques et des provinces, entre autres, moi-même,

25 j'en ai été témoin en tant que membre de la JNA à l'époque, en Slovénie, à

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1 Ljubljana. Par ceci, en Bosnie-Herzégovine, à la différence de toutes les

2 autres républiques, la Slovénie, la Croatie, la Macédoine, en particulier,

3 le Monténégro, sans parler de Monténégro, elle a connu le pire sort, à

4 savoir, la Défense territoriale de la République socialiste de Bosnie-

5 Herzégovine de l'époque. S'agissant de ces deux autres volets qui

6 constituent la Défense territoriale, à savoir, les Bosniaques, les Bosniens

7 et les Croates, dans la Défense territoriale de la République socialiste de

8 Bosnie-Herzégovine, là on a procédé à un désarmement à 100 %.

9 Tout simplement, sur ordre de Belgrade, au mois de mai 1990, l'armée

10 populaire yougoslave, soit par force, soit par le biais de sa politique à

11 elle, avait tous les entrepôts, armements et munitions et tous les plans,

12 dont disposaient les Unités de la Défense territoriale, qui ont été

13 soustraits, délocalisés et retirés, évacués vers les localités qui

14 correspondaient le mieux à la JNA, à savoir, dans des régions de Bosnie-

15 Herzégovine vers l'Herzégovine, Banja Luka, et cetera.

16 Vu tout cela et, surtout, sous forme d'une mosaïque militaire, tout cela

17 nous permet de recevoir un signal important, un message important comme

18 quoi tout ceci a été planifié pour donner lieu à une agression puissante

19 contre la Bosnie-Herzégovine qui ne tardait pas.

20 Q. Merci, mon Général. Passons aux points 146 et 167 de votre rapport.

21 Dans ces points, vous présentez la situation d'un officier supérieur qui

22 vient et qui est nommé à une fonction de commandant de corps d'armée. Bien

23 entendu, il s'agit de parler d'une période qui précédait tous les

24 changements que vous avez évoqués.

25 Dans ces points, vous dites qu'un tel commandant de corps devait pouvoir

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1 bénéficier des principes de Défense populaire généralisée et de notre

2 protection sociale, pour dire qu'à partir des unités les plus élevées

3 jusqu'aux unités subalternes. Vous dites, ensuite, qu'il y avait d'énormes

4 quantités de munitions, et d'armements, que les usines d'armements et de

5 munitions fonctionnaient. Vous dites, ensuite, qu'il y avait également un

6 système, de réapprovisionnement en moyens de guerre et matériels de guerre,

7 qui fonctionnait. Vous parlez de système de mobilisation. Vous parlez de

8 plans d'instructions qui, eux aussi, ont été établis dans des cas d'alerte.

9 Vous dites que le commandant de corps d'armée devait être un général de

10 brigade, avec toute la formation qui est censée être la sienne et avec

11 toutes les instructions qu'il aurait dû recevoir. Vous dites qu'une telle

12 personne au grade de général de brigade devait avoir une formation

13 évidemment quant à la structure et la présentation, la composition de son

14 corps d'armée. Vous dites que le général de brigade reçoit un contrôle, une

15 mission à remplir. On lui dirait très exactement où se trouvent ses

16 officiers commandants, et que lui bénéficie d'un soutien massif de l'Etat,

17 c'est-à-dire, des instances politiques et militaires.

18 Ayant pris en considération tout cela, ma question est la suivante : avec

19 un tel soutien, d'après vous, et je suppose qu'à cette époque-là, ceci

20 aurait été chose aisée d'être commandant de corpos d'armée, n'est-ce pas ?

21 R. Etre commandant d'une unité opérationnelle, à titre d'exemple d'un

22 corps d'armée, à l'époque, de l'armée populaire yougoslave, signifiait ce

23 qui suit : ce commandant de corps, tout d'abord avant de prendre ses

24 fonctions de commandant de corps, devait passer par une série de fonctions

25 depuis celles d'un chef de section jusqu'au commandant de corps. Pour être

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1 nommé à cette fonction, on doit supposer une certaine ancienneté qui est

2 celle d'un commandant et avoir surtout la possibilité d'être au grade

3 auquel vous vous référez.

4 Cela dit, pour le 3e Corps d'armée, ce commandant de corps d'armée devait

5 attendre six ou sept années, ainsi que le disait les Règlements de service

6 de la JNA pour pouvoir notamment aboutir à être nommé à cette fonction, à

7 une telle fonction dans l'armée.

8 Secondo, lorsque dans la JNA on nommait un commandant de corps, bien avant

9 il lui était annoncé la possibilité d'être nommé à ces fonctions, par

10 conséquent, on lui donnait un temps nécessaire à cet officier --

11 suffisamment de temps, en fait, pour s'y préparer -- préparer à la

12 fonction. On devrait lui permettre suffisamment de temps pour le moins, un

13 mois ou plusieurs mois, pour qu'il puisse prendre ses fonctions. La prise

14 de fonctions devrait avoir lieu à partir de telle ou telle date, et cetera.

15 Il a fallu prévoir plusieurs mois pour que le commandant de corps puisse

16 rentrer dans ses fonctions pour ne pas que quelqu'un se mette à penser que

17 rentrer dans ces fonctions serait venir dans un bureau, s'asseoir dans son

18 bureau, prendre un petit café, et signer l'acte portant passation de

19 pouvoirs et prise de fonctions.

20 Que voulait dire prendre ces fonctions ? D'abord, cela voulait dire prendre

21 connaissance de l'ensemble de la structuration du corps d'armée, prendre

22 connaissance de l'ensemble des cadres dirigeants depuis le corps d'armée

23 jusqu'à la brigade, et aux unités subalternes. Cela voulait dire prendre

24 acte des plans, plans de mobilisation, plans d'instruction, et cetera.

25 Ensuite, prendre acte et connaissance de toutes les différentes façons de

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1 localiser les ressources, les effectifs et ressources humaines et autres

2 ressources techniques, et cetera; ensuite la façon dont se présentaient les

3 unités au rangs de brigades; et ensuite présentation au commandant du corps

4 d'armée, toutes les unités depuis la brigade, et ainsi de suite. Une fois

5 cela effectué, on peut procéder évidemment à la signature d'un acte portant

6 passation des fonctions et pouvoirs.

7 Que signifiait un corps d'armée pour la JNA ? Cela voulait dire qu'il y

8 avait là un organigramme, une structure donnée bien établie, préparée par

9 avance. Cet organigramme, cette structure de corps d'armée depuis le

10 commandant du corps d'armée jusqu'au dernier soldat des troupes, pour

11 parler du re-complètement devait se faire selon le plan de mobilisation

12 ainsi que l'exigeait la structure du corps d'armée. Comme je l'ai déjà dit,

13 le commandant de corps, qui a été nommé à cette fonction, devait avoir

14 telle ou telle formation, tel ou tel grade, ancienneté de travail pour

15 parler de ses expériences, et cetera. De même en est-il pour parler des

16 autres échelles, des subalternes, en parlant de son second jusqu'au tout

17 dernier soldat de l'Unité X du corps d'armée, on devait voir, nommer à

18 leurs fonctions respectives, tous les officiers chefs jusqu'au niveau

19 subalterne le plus bas, ainsi que le requiert telle ou telle formation,

20 telle ou telle fonction organique. Tout fonctionnait selon les

21 qualifications professionnelles que tout officier était sensé avoir.

22 Ensuite, pour parler des unités du corps d'armée, elles étaient localisées

23 dans certaines circonstances données dans des casernes. Les effectifs se

24 trouvaient en communauté. Pour parler de la localisation des moyens

25 techniques, des armements, du matériel de guerre, est à portée de mains de

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1 ces effectifs et ainsi pour parler ainsi pour chacune des unités. Tous les

2 Règlements régissant la vie et le travail étaient en vigueur, et au moment

3 de la venue du commandant de corps, ces Règlements étaient en vigueur et

4 fonctionnaient pour chaque soldat. Pour parler de plan mobilisation et

5 d'instruction, ces plans avaient été déjà établis. Le commandant n'a qu'à

6 en prendre connaissance. A la fin toute la logistique requise d'une manière

7 générale, lorsqu'on parle de logistiques, c'est un terme très vague, la

8 logistique avait déjà été établie. Il s'agit d'un mécanisme vaste et comme

9 tel, ce mécanisme fonctionnait.

10 C'est au commandant qu'il incombe une fois rentré dans ses fonctions de

11 venir avec le commandement du corps d'armée et de concert avec les autres

12 officiers dans chacune des unités subalternes de continuer à travailler,

13 c'est-à-dire, continuer à diriger et commander son unité.

14 Un dernier mot, pour répondre à cette question, supposant qu'il y a une

15 agression de l'extérieur contre la RSFY, un tel commandant de corps d'armée

16 aura disposé de tout ce que je viens de dire, absolument de tout, à lui de

17 diriger et de commander, comme je viens de le dire, ainsi que de dicter la

18 chaîne de commandement, alors que tout le reste lui avait déjà été préparé,

19 ou l'on bénéficierait, ou le tout devrait être assuré par l'Etat, qui

20 intervient. Le système en matière de dépense, prudence à globalité, pour

21 parler de République socialiste fédérative de Yougoslavie, devrait être en

22 fonction de ce que le commandant devrait fait, c'est-à-dire le système de

23 défense devrait offrir au commandant tout ce dont il a besoin, et en temps

24 de guerre, il y a beaucoup à donner.

25 Q. Merci, mon Général. Maintenant, je vais un peu plus loin dans votre

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1 rapport. Dans les paragraphes 168 jusqu'à 314, vous parlez des changements

2 intervenus au sein de la structure des forces armées, et vous parlez

3 également des toutes premières démarches faites en vue de défendre la

4 République de Bosnie-Herzégovine. Si nous faisons valoir maintenant ces

5 changements, dans le cadre de la situation dans laquelle se trouvait le

6 général Hadzihasanovic, et étant donné les connaissances qui sont les

7 vôtres de cet élément à décharge, je voudrais vous poser quelques

8 questions.

9 Notamment, lorsque dans le point 323 vous dites que le corps d'armée

10 pratiquement n'existait pas, pouvez-nous nous dire très succinctement ce

11 que vous voulez dire par là, que le corps d'armée n'existait pas, pour

12 ainsi dire ?

13 R. Essayons de nous conformer aux faites. Dans les années 1990, il y avait

14 d'énormes antagonismes politiques et militaires au sein de la RSF de

15 Yougoslavie. Plus ou moins, nous nous sommes passes, à savoir ce qui c'est

16 passé entre-temps, et ce qu'il était advenu des autres républiques de l'ex-

17 Yougoslavie.

18 Je voudrais souligner qu'à la différence de toutes les autres républiques,

19 la Bosnie-Herzégovine, étant l'une de ses républiques fédérées, se trouvait

20 peut-être dans une situation qui pourrait être considérée comme le plus

21 spécifique.

22 Q. Mon Général, peut-être n'avais-je pas été suffisamment précis en vous

23 posant ma question. Je voudrais tout simplement savoir --

24 R. [aucune interprétation]

25 Q. -- et cela dit -- je me réfère au point 323, où vous dites que le corps

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1 d'armée n'existait pas au moment où le général Hadzihasanovic a été nommé.

2 Que voulez-vous dire par là, s'il vous plaît ?

3 R. Je vais essayer d'abréger, sans faire d'introduction, ni de préambule.

4 Le 8 avril 1992, une nouvelle Défense territoriale a été conçue et établie

5 comme étant les forces armées de la Bosnie-Herzégovine, un Etat

6 internationalement reconnue.

7 Au cours de l'été 1992 -- n'oublions pas qu'avant-hier, j'en ai parlé en

8 partie, lorsque j'ai parlé de la situation qui prévalait à Sarajevo, pour

9 dire comment se développait la Défense de la Bosnie-Herzégovine pendant les

10 tous premiers mois de l'agression que le pays a connu.

11 Car, très bientôt, on verra que, parlant de la situation de Sarajevo, le

12 système ne fonctionnait pas. De même en est-il pour parler du reste des

13 territoires de la Bosnie centrale. Une décision était prise portant

14 formation des corps d'armée. La décision était prise par le président de la

15 République de Bosnie-Herzégovine. En ce moment-là, tout ce qu'on avait,

16 littéralement parlant -- parlant des corps d'armée, ce n'était qu'une

17 lettre morte couchée sur le papier, lorsque le présidence de Bosnie-

18 Herzégovine parlait de la formation des corps d'armée. Ensuite, qu'est-ce

19 qu'il y avait encore ? Il y avait des hommes, mais ceux-ci parsemés tout le

20 long du vaste territoire de Bosnie-Herzégovine, organisés suivant un

21 principe de bénévolats, souvent arbitraires, sous forme de groupuscules, je

22 dirais, et d'unités. Dans un premier temps, ils voulaient organiser, par

23 exemple, respectivement, la défense de leurs rues, de leurs villages, ou de

24 leurs cités.

25 En vérité, il y avait dans certaines municipalités des états-majors de

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1 défense. Il y avait, par exemple, un tel état-major de Défense de Zenica.

2 Mais étant donné le fait qu'au début de l'agression contre la Bosnie-

3 Herzégovine a commencé par le mois d'avril, il y avait une désorganisation

4 je dirais totale, et une dislocation je dirais totale, de l'ensemble de la

5 structure du Défense territoriale qui préexistait. Par conséquent, la

6 Défense territoriale ne pouvait pas se mettre sur pied par d'aucun document

7 ou acte de mobilisation. On témoigne, de façon éloquente, au fait que les

8 deux tiers de ses effectifs de la Défense territoriale, y compris la

9 population serbe et croate qui en faisaient parties, s'en sont allés. Etant

10 donné ce fait-là, on ne peut pas rétablir un système s'il n'en reste qu'un

11 tiers, le moins que je puisse dire, au maximum. Un tel système ne peut être

12 considéré comme un système ruiné. Voilà ce qui s'était passé avec ce

13 système. C'est ce que je voulais dire en disant qu'entre autres, le général

14 Hadzihasanovic avait reçu pour tâche de former le 3e Corps d'armée dans le

15 territoire de la Bosnie centrale, et que, littéralement, à découvert - je

16 dirais en plein champs - sans avoir quoi que ce soit comme préalable, ce

17 dont j'ai parlé tout à l'heure, et ce dont il devait bénéficier si jamais,

18 par exemple, il avait pu être nommé commandant d'un corps d'armée dans

19 l'ex-JNA.

20 Il ne disposait pas de personnel organisé. Il n'avait pas de plans. Il ne

21 disposait d'aucun personnel d'officier chef. Quelquefois, sa pénurie allait

22 jusqu'à 90 % du total, sans logistique aucune, organisée je veux dire. Il a

23 eu que cet ordre reçu, de se rendre en Bosnie centrale, de concert avec

24 quelques personnes pour se débrouiller le mieux possible pour organiser et

25 former le 3e Corps d'armée. La première tâche consistait à organiser la

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1 défense de l'Etat, et définitivement pour défendre sa zone, qui était sa

2 zone de responsabilité.

3 Q. Je vous remercie, mon Général. Dans le paragraphe 324, nous voyons

4 qu'il n'y avait pas de commandement de Corps d'armée qui aurait permis au

5 général Hadzihasanovic de bénéficier de l'expérience d'effectifs et

6 d'officiers expérimentés. Vous dites entre autres que seul 3 % des éléments

7 de la Défense territoriale de Bosnie-Herzégovine était de cadre officier

8 personnel de la JNA.

9 Je voudrais vous donner lecture d'une question a été posée au général de

10 division Cordy-Simpson du Grande-Bretagne. Je voudrais vous donner lecture

11 également de sa réponse. La question qui lui était posée était la suivante

12 : "Quel était l'avantage pour un commandant d'avoir un état-major général

13 important et fort comme étant un élément de commandement avant de procéder

14 à l'accomplissement des missions ?" Sa réponse était la suivante : "Il est

15 tout à fait clair qu'il faut avoir un état-major et un commandement apte à

16 réagir rapidement. Or, la situation dans Bosnie-Herzégovine est tout à fait

17 autre chose volatile que nous ne pouvons pas donner lieu à des tels

18 commandements. Avoir un état-major dans de telles circonstances, sous

19 pression, était très important. J'ai pu connaître un bon nombre de ces

20 officiers, que j'ai bien connu lorsque j'étais dans le cadre de l'armée du

21 groupe d'armée Nord, auquel j'ai pu avoir confiance. Il pouvait venir dans

22 mon commandement me donner des ordres très rapidement, pouvait permettre

23 d'intégrer de nouveaux membres de commandement venus de France, du Canada

24 et d'Espagne. En d'autres termes, venus de pays qui ne faisaient pas partie

25 du Groupe d'armée Nord. J'ai pu les faire entrer dans l'état-major de sorte

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1 à ce qu'ils puissent s'adapter le plus vite possible à leurs

2 responsabilités nouvelles. En d'autres termes, nous avons pu les intégrer

3 dans une équipe au lieu d'avoir des gens qui viennent de différentes

4 régions qui eux s'évertuent à connaître qui était bon, qui était le

5 mauvais, qui était faible, qui ne l'était pas."

6 Pouvez-vous faire un commentaire au sujet de la réponse fournie par le

7 général Cordy-Simpson ?

8 R. Pour tout chef officier supérieur, il est d'une importance, je dirais,

9 primordiale, d'avoir une équipe de bonne qualité et de professionnels qui

10 travaillent avec lui et qui constitue avec lui le commandement de l'unité

11 en question. Cette fois-ci, en l'espère, il s'agit d'un corps d'armée. Pour

12 parler en des termes de réciprocité, peu importe comment il est ce

13 commandant de corps, avec toutes ses qualités et formation. Si lui n'est

14 pas suivi d'une équipe de professionnels dans son commandement, on

15 souffrira pour autant l'accomplissement de toute mission. D'autre part, si

16 on a une bonne équipe, on peut espérer un très bon accomplissement de toute

17 mission. Donc, pour la plupart, je suis tout à fait d'accord avec ce

18 commentaire, j'approuve entièrement ce commentaire. Vous voulez nous donner

19 lecture.

20 Q. Merci beaucoup, mon Général. Ma question suivante concerne le point 328

21 de votre rapport où vous mettez en exergue le fait que le général

22 Hadzihasanovic, lorsqu'il est renté dans ses fonctions de commandant de

23 corps d'armée, ne disposait d'aucun plan existant, établi, et plan auquel

24 il pouvait se fier. Pour que cela puisse évidemment permettre un bon

25 travail. Pouvez-vous nous dire quel devrait être le rendement, pour ainsi

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1 dire, de son travail dans une telle situation ?

2 R. En tant que militaire, à regarder le tout dans une perspective du temps

3 qui s'est écoulé, pour pas mal de démarches faites par moi-même, entre

4 autres, lors de cette guerre, je les redoutais peut-être moins que

5 maintenant et maintenant lorsque je me remémore les conditions dans

6 lesquelles j'ai pu agir et lorsque je me souviens de tout ce que j'ai agi,

7 j'avais bien peur. Non pas parce que j'ai peur des conséquences mais je

8 pense à tout ce qui aurait pu s'en suivre et où, en tant qu'homme et

9 commandant, je n'aurais pu faire. Pourquoi est-ce que j'enchaîne tout cela

10 à cette question que vous posez pour parler de circonstances.

11 Dans de telles circonstances notamment où il est fort difficile de

12 s'attendre à quoi que ce soit comme succès sérieux. Je sais que ce que je

13 viens de proférer semble de nature à exclure pas mal de ce que nous avons

14 vécu parce qu'on peut nous demander : "Qu'est-ce que c'est qui vous a fait

15 survivre et protéger l'Etat ?" Je dirais que c'est l'enthousiasme au niveau

16 de la personne, d'hommes, ensuite votre capacité de vous débrouiller, et

17 ensuite la capacité et le courage des hommes pour engager une lutte pour la

18 survie, pour sa propre survie et la survie de sa famille et de ses proches.

19 Voilà ce qui était la devise des gens qui, partis de rien, à zéro, d'un

20 jour à l'autre, menaient des combats, faisaient leur plan, mais

21 s'organisaient de mieux en mieux avec le temps qui passait, jusqu'au moment

22 de la formation du corps d'armée. Avant la formation du corps d'armée, je

23 crois qu'il suffit de dire que ce corps d'armée n'existait pas. Par

24 conséquent, il était tout à fait absurde de dire que ce corps pouvait avoir

25 de plan, plan de mobilisation, d'instruction, de mise en application de

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1 quoi que ce soit. Pour une toute période, je parle de l'année 1992 et d'une

2 bonne partie de l'année 93, pas mal de choses ont été faites de façon fort

3 simple en zigzagant, je dirais, de droite à gauche, soit pour tout

4 simplement calfeutrer telle ou telle percée de l'ennemi sans jamais pouvoir

5 penser à un logistique quelconque, sans jamais bénéficier de plan, et

6 cetera.

7 Q. Merci, mon Général. Je voudrais passer plue loin au passage 351 de

8 votre rapport où, en conclusion, vous dites que tout ce qui faisait défaut,

9 ce dont vous parlez et qui aurait permis à

10 M. Hadzihasanovic de remplir sa mission de commandant se présentait sous ce

11 point-là.

12 Je voudrais une fois de plus vous demander de faire un commentaire au sujet

13 de la réponse fournie par M. le général Cordy-Simpson. La question était la

14 suivante : pouvez-vous peut-être nous donner votre opinion sur la situation

15 dans laquelle se trouvait de Bosnie-Herzégovine et, notamment, son 3e corps

16 d'armée ?

17 Concrètement parlant, pour nous, de dire quel était le défi que devait

18 relever son commandant dans de telles circonstances qui prévalaient là-

19 bas ?

20 Sa réponse était la suivante : "Oui, je veux dire que c'était un corps

21 d'armée nouveau, composé d'unités disparates, qui avait plus d'un défis à

22 relever. Le premier défi d'abord a été représenté par une attaque massive

23 des Serbes du nord, c'était les Serbes de Bosnie, de Travnik, de Turbe, de

24 Jajce et tout le long de cette région. Le second défi relevé par eux était,

25 évidemment, de répondre à l'isolement dans lequel il se trouvait en Bosnie

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1 centrale. Les Serbes, quant à eux, avaient leurs lignes de communication

2 interne parce que liés avec Belgrade et la Serbie, avaient, évidemment,

3 leurs canaux de communication et d'approvisionnement. Le HVO, lui aussi,

4 bénéficiait de lignes de communication toujours ouvertes pour

5 s'approvisionner depuis la Croatie en vivre, en effectifs, en armements, et

6 cetera.

7 Le 3e Corps d'armée ne disposait pas de tout cela, il n'y avait pas de ces

8 avantages. Il se trouvait plutôt dans une situation très mauvaise parce que

9 complètement détaché, isolé, sans vivre, sans arme, sans munition. Les

10 armes, une fois utilisées, ne pouvaient pas être évidemment remplacées.

11 Militairement parlant, ils étaient bien dans une situation désavantagée par

12 rapport aux deux parties en conflit. En outre, comme mon commandement où je

13 parlais de gens bien instruits, bien formé, qui se connaissaient entre eux.

14 Ils n'avaient pas cet avantage-là parce qu'il n'y avait pas de corps

15 d'armée préalablement. Si on me demande comment tout ceci peut, évidemment,

16 présenter d'impact et tout ce que cela représentait comme défi pour un

17 commandant de corps d'armée," - Cordy-Simpson disait - "Cela signifiait

18 pour lui un énorme défi, défi que je n'aimerais pas devoir relever quant à

19 moi."

20 Pouvez-vous me faire un commentaire, maintenant, après avoir entendu

21 l'opinion du général Cordy-Simpson, pris en considération, naturellement la

22 conclusion qui est la vôtre au paragraphe 351 de votre rapport.

23 R. Ce que je puis dire c'est que je suis tout à fait d'accord avec ces

24 commentaires. La situation était encore plus complexe que celle décrite.

25 D'autres corps d'armée reçoivent des approvisionnements du système de

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1 défense organisés par l'Etat; le 3e Corps d'armée devait faire de son mieux

2 pour organiser l'approvisionnement des entités qui étaient censées

3 approvisionner le corps. Je ne sais pas s'il s'agit d'un exemple opportun,

4 mais, en 1994, le président de la Bosnie-Herzégovine m'a demandé s'il était

5 possible que nous perdions l'aéroport de Sarajevo. J'ai dû répondre à sa

6 question très sérieusement, et je lui ai répondu en des termes très

7 simples. Je lui ai dit : "Etant donné la situation dans laquelle se trouve

8 mon corps d'armée, si j'étais à la place de Mladic et de Karadzic, je m'en

9 saisirais en quelques jour." Cela lui a fait peur car, si cela avait dû se

10 produire, cela aurait été la fin de la Bosnie-Herzégovine. Il m'a répondu :

11 "Que peut-on faire ?" Je lui ai dit : "Et bien, nous avons besoin de

12 beaucoup d'obus contre les véhicules blindés, d'armements anti-blindés qui

13 devaient être placés sur le mont Igman au-dessus de l'aéroport," et ainsi

14 de suite. Il m'a dit : "Et bien, je peux vous aider à ce sujet." Ensuite,

15 il m'a demandé ou plutôt cela illustre la situation qui prévalait,

16 s'agissant de la logistique et de l'approvisionnement.

17 Q. Merci, mon Général. A présent, je souhaiterais vous montrer quelques

18 annexes de votre rapport et vous poser des questions à leur sujet. Je

19 commencerai par l'annexe 56 de votre rapport.

20 M. BOURGON : Appuyez sur le troisième bouton, sur "computer evidence," vous

21 aurez l'annexe sur votre écran.

22 Q. [interprétation] Mon Général, est-ce que vous voyez apparaître l'annexe

23 53 [comme interprété] sur votre écran ?

24 R. Oui.

25 Q. Pourriez-vous décrire brièvement cette annexe 56 ?

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1 R. Cette annexe représente le territoire --

2 Q. Pouvez-vous vous saisir du feutre qui se trouve sur la table, et si

3 vous le souhaitez vous pouvez indiquer certains endroits sur cette image,

4 si vous le jugez nécessaire car nous allons examiner un certain nombre

5 d'images ?

6 Mais veuillez poursuivre.

7 R. Il s'agit ici de la Bosnie-Herzégovine. Les lignes tracées en noir

8 représentent les frontières des différentes municipalités. Les couleurs

9 utilisées correspondent au premier ordre organisationnel donné par la

10 présidence de Bosnie-Herzégovine. Il a été donné l'ordre d'organiser le

11 corps d'armée au sein de la structure de l'ABiH.

12 Cinq corps d'armée ont été créés et organisés en vertu de cet ordre : le 1er

13 Corps à Sarajevo; le 2e Corps qui avait son siège à Tuzla; le 3e Corps qui

14 avait son état-major à Banja Luka, plutôt à Zenica; le 4e Corps avec son

15 quartier général à Mostar; et le

16 5e Corps avec son quartier général à Bihac.

17 Le 3e Corps apparaît en vert, et correspond à la Bosnie centrale. Voilà sa

18 zone de responsabilité et on voit les frontières au nord de la Bosnie-

19 Herzégovine en direction de la Croatie et en direction de la rivière Sava.

20 Je pense que l'image est tout à fait claire. Je n'ai pas besoin d'apposer

21 la moindre annotation. C'est la première fois que les corps d'armée de

22 l'ABiH ont été constitués, c'est-à-dire, en août 1992.

23 Q. Merci. Annexe 59 à présent. Pourriez-vous nous expliquer précisément ce

24 que l'on entend par "tâches de regroupement", tâches qui ont été confiées

25 au général Hadzihasanovic et quel était votre objectif lorsque vous avez

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1 préparé cette annexe ?

2 R. Je voulais me servir de cette annexe pour montrer les municipalités qui

3 faisaient partie de la zone de responsabilité du

4 3e Corps à l'époque. Zenica, Bugojno, Busovaca, Donji Vakuf, Gornji Vakuf,

5 Novi Travnik, Vitez, Kakanj, Zavidovici, Zepce, Jajce, Breza, Ilijas,

6 Vares, Fojnica, Kresevo, Kiseljak, Hadzici, Visoko, Maglaj.

7 Au milieu, il est indiqué "municipalités", on peut lire le nom des

8 municipalités qui à l'époque n'étaient pas placées sous le contrôle du 3e

9 Corps.

10 Qu'est-ce que je voulais montrer par cette annexe ? En fait, je voulais

11 montrer ce qui était crucial dans toutes les municipalités. Je voulais

12 monter quelles unités devaient être constituées sur la base du principe

13 initial visant à structurer ces forces. Il fallait contrôler les effectifs,

14 les déployer dans certaines zones. Il fallait réglementer un certain nombre

15 de questions en préparant des plans, en élaborant des tâches. Tous ces

16 effectifs devaient être placés sous le commandement de quelqu'un d'autre et

17 relever d'une entité organisationnelle appelée le 3e Corps de l'ABiH.

18 Q. Mon Général, vous pouvez utiliser le crayon de couleur, à la salle

19 d'audience, que pour chacune des annexes, il y a une version en anglais qui

20 était distribuée avec les rapports.

21 Mon Général, pourriez-vous nous décrire l'annexe 61 et nous préciser quel

22 était votre objectif lorsque vous avez élaboré cette annexe ?

23 R. J'ai voulu me servir de cette annexe pour montrer comment le 3e Corps

24 devait être structuré au départ, cela correspond à l'ordre émis par l'état-

25 major du commandement Suprême, et la date à laquelle l'ordre portant sur

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1 cette structure devait prendre effet.

2 Des couleurs ont été utilisées pour représenter les différentes unités. Par

3 exemple, on peut voir que toutes les brigades mécanisées sont concernées

4 par cette couleur, et l'autre couleur concerne les Brigades de Montagne.

5 Cette autre couleur correspond aux brigades motorisées et ainsi de suite.

6 On voit la structure organisationnelle prévue pour le

7 3e Corps de l'ABiH.

8 Les deux premières rangées correspondent aux brigades. Quant à ces

9 rectangles, ils correspondent aux bases logistiques, au Bataillon de la

10 Police militaire, à l'aviation, à l'Unité indépendante chargée des Actions

11 anti-sabotages. Ici, on voit le centre chargé de la Formation des recrus,

12 et l'état-major de la Défense municipale à Zenica.

13 La dernière rangée, de couleur verte, correspond aux unités qui étaient

14 rattachées à l'état-major. Par exemple, la Compagnie du Génie, Compagnie de

15 Transmission et Compagnie chargée du Brouillage électronique.

16 Q. Vous nous dites qu'il s'agit là du plan qui a été mis en place en

17 novembre 1992. Comment le décririez-vous par rapport à la situation qui

18 prévalait en réalité ? Est-ce que ce plan était une utopie ? Était-il

19 réaliste ? Quelle est votre opinion à ce sujet ?

20 R. A l'époque, lorsque le commandant du 3e Corps a reçu l'ordre de former

21 le corps de cette manière, je ne pense pas qu'il disposait de l'une ou

22 quelconque des unités indiquées. La plupart des unités existaient seulement

23 sur le papier.

24 Que devait-on faire ? Avec les officiers du commandement du corps et

25 d'autres personnes, il a dû se rendre sur le terrain depuis le nord, depuis

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1 Maglaj, jusqu'à l'ouest vers Bugojno. Il était nécessaire d'aller d'un

2 endroit à l'autre, afin de mieux connaître les unités déployées en Bosnie

3 centrale à l'époque. Il était nécessaire de se rendre, de parler avec les

4 membres des unités, par exemple, il y avait dix ou 15 compagnies dispersées

5 dans les différents villages, villes de la région. Il fallait leur parler,

6 il fallait les intégrer. Par exemple, en ce qui concerne ces brigades, il

7 était nécessaire de les développer, de développer ces unités afin de

8 parvenir à l'organisation décrite ici. Je peux vous citer un exemple qui

9 concerne toutes les unités décrites ici, comme faisant partie de la

10 structure du corps.

11 Q. Mon Général, vous avez décrit dans votre rapport les modifications

12 intervenues après 1990 et au cours de la période allant jusqu'à 1993. De

13 nombreux témoins ont également parlé de ces changements. Je souhaiterais

14 que vous examinez l'annexe 62, et que vous nous décriviez les rapports

15 entre les différents organes, alors que les forces armées sont passées de

16 la Défense territoriale à l'ABiH. Je pense qu'il y a trois annexes qui

17 parlent de cela, il s'agit de la première annexe, annexe 62. Je

18 souhaiterais que vous l'examiniez en premier, je vous prie.

19 Mon Général, peut-être que vous pourriez commencer par le haut, on voit, un

20 cercle de couleur jaune, pourriez-vous nous dire de quoi il s'agit, quels

21 sont les rapports entre les différentes entités indiquées ici, et à quoi

22 correspondent ces différentes couleurs qui ont été utilisées.

23 R. Le premier diagramme correspond à ce qui suit : Nous pouvons voir la

24 manière la défense de l'Etat était organisée, tout le système de défense de

25 l'Etat.

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1 Il y a différents organes et différents liens ou rapports entre ces

2 organes. En bas, il y a deux lignes : une ligne noire et une ligne rouge.

3 Les lignes noire et rouge indiquent la ligne de commandement et de

4 contrôle. La ligne entièreté correspond à l'exercice diagonal du

5 commandement. A gauche, on peut lire : "Présidence de Bosnie-Herzégovine,"

6 c'est-à-dire, le commandement Suprême. A droite ici, on peut voir un cercle

7 assez gros, et quatre cercles plus petits à l'intérieur de ces cercles.

8 Ceci correspond à l'état-major principal qui était en cours de

9 transformation, qui a été modifié entre 1992 et 1994. On peut voir les

10 années de ces transformations de l'état-major du commandement Suprême à

11 l'état-major général.

12 A gauche, en gris, on peut voir la présidence, le gouvernement, le

13 ministère de la Défense. Le gouvernement des districts, les secrétariats à

14 la défense nationale de district. Plus on descend, plus on arrive vers le

15 niveau, l'échelon municipal, c'est-à-dire, les municipalités. Vous avez

16 l'organisation et la structure des autorités, à l'époque, en République de

17 Bosnie-Herzégovine.

18 En dessous de l'état-major général, en orange, on peut voir qu'il

19 s'agissait là encore de la Défense territoriale de la République de Bosnie-

20 Herzégovine. Il n'y avait pas d'armée de Bosnie-Herzégovine, en tant que

21 telle.

22 M. LE JUGE ANTONETTI : Mon Général, quand vous indiquez ou mentionné

23 une entité, pouvez-vous, avec votre crayon, mettre les crayons sous le nom

24 de l'entité. Quand vous dites, par exemple, "la présidence", mettez votre

25 crayon pour que nous puissions suivre.

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1 LE TÉMOIN : [interprétation] La présidence de Bosnie-Herzégovine, le

2 gouvernement de la République de Bosnie-Herzégovine, le ministère de la

3 Défense, la présidence de district, le gouvernement, le secrétariat de

4 district de la Défense nationale, la présidence des municipalités, des

5 conseils municipaux, le secrétariat municipal à la Défense.

6 Ici, nous avons l'état-major du commandement Suprême en 1992, et les

7 différents changements intervenus dans la Défense territoriale. Ici l'état-

8 major principal du commandement Suprême, puis l'état-major général de

9 l'ABiH, de la République de Bosnie-Herzégovine, de 1994 à 1995. Ceci

10 constitue, ensemble, le commandement principal de l'ABiH.

11 Cette partie ici, avec cette couleur, toutes ces unités contenues ici

12 étaient des unités et des brigades que je souligne ici. Ces unités sont

13 directement liées au commandement principal, à l'état-major général.

14 Ensuite, nous avons des unités subordonnées en dessous du

15 commandement principal. Ensuite, il y a les états-majors de la Défense

16 territoriale du district, qui sont reliés aux états-majors de la Défense

17 territoriale municipale et toutes les unités ici que j'indique maintenant.

18 Ensuite, il y a les états-majors de la Défense municipale qui sont reliées

19 à leurs propres unités.

20 Ce premier diagramme montre à quoi ressemblait la Défense

21 territoriale à l'été 1992. Il n'y avait pas d'ABiH à l'époque. Nous

22 pourrons passer à l'autre diagramme.

23 Q. Passons au diagramme suivant, j'aurai deux questions très brèves à vous

24 poser à cet égard : quelle est la différence entre le commandement et le

25 contrôle, et l'exercice diagonal de l'influence et du commandement ?

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1 R. Tout d'abord, je vais vous expliquer ce que signifie la notion de

2 commandement et de contrôle.

3 Par "commandement et contrôle", on entend toutes sortes de mesures,

4 d'activités, de démarches, par lesquelles on dirige une unité militaire.

5 Dans commandement et contrôle, il y a d'une part le commandement et d'autre

6 part le contrôle.

7 La notion de contrôle est une notion beaucoup plus complexe, ceci concerne

8 les plus hauts échelons de l'armée, au niveau opérationnel et au dessus. Si

9 l'on part de l'Etat et qu'on descend le long de la filière hiérarchique,

10 vers les unités d'échelons inférieurs, on peut voir que le contrôle est

11 représenté par les activités du commandement Suprême et au niveau de

12 l'état-major général et si l'on descend la chaîne de commandement, le

13 commandement est plus présent que le contrôle. Dans une section ou une

14 compagnie, il n'y a pas de contrôle, il y a simplement du commandement.

15 A mesure qu'on s'avance vers les unités supérieures, de plus en plus, on

16 parle de direction au lieu de commandement seulement. Si je peux peut-être

17 apporter quelques clarifications. Je voudrais essayer de vous faire un

18 croquis.

19 Par exemple, je vais essayer de départager ce rectangle. Qu'avons-nous au

20 sommet ? Au sommet, nous avons le commandement Suprême, le commandement

21 numéro 1, c'est le commandement Supérieur. A la base, vous avez l'unité de

22 base. Une section, par exemple, qui serait dans cette articulation, une

23 unité inférieure.

24 Tout ce que je présente ici du sommet jusqu'à la base, nous permet de

25 traiter de direction et à mesure qu'on s'avance depuis le sommer à la base,

Page 17783

1 la direction, par exemple, est en décroissance Alors qu'ici, à commencer

2 par la base vers les échelons supérieurs, nous parlons de commandement, à

3 mesure qu'on s'avance vers le sommet, vers le commandement Suprême, compte

4 tenu évidemment des différentes échelles, le commandement se fait de moins

5 en moins important.

6 Q. Mon Général, je voudrais justement essayer cela de concert avec vous,

7 parce que j'ai déjà traité de concert avec les interprètes de ces

8 différents termes, de direction et de commandement, parce qu'il me semble

9 que cela s'interpénètre en quelque sorte, cela semble assez similaire. Je

10 voudrais que vous me redisiez, une fois de plus, le haut du diagramme de ce

11 graphique, de votre croquis, qu'est-ce qu'il représente ?

12 R. C'est la partie "direction" vers la base, il s'agit de "commandement".

13 Q. Merci. Nous allons passer maintenant à une autre annexe. Pouvez-vous

14 nous dire, à regarder cette diapositive, comment se présente les

15 changements intervenus depuis 1992 à 1993 et qui sont présentés dans le

16 cadre de cette annexe, sur cette diapo?

17 R. Nous avons à gauche, en verticale, cela nous amène depuis la Présidence

18 de la République de Bosnie-Herzégovine jusqu'au niveau de la municipalité.

19 Tout comme tout à l'heure sur la diapo que nous avons expliquée. Ce que je

20 montre maintenant se présente de la même façon que sur la diapo de tout à

21 l'heure. Mais, en bleu, nous avons l'état-major général du commandement

22 Suprême. Or, par cette même couleur-là, dont se trouvé teinté cet échelon,

23 nous voyons comment s'est formé, organisé le corps de l'ABiH de même que

24 nous voyons la formation de toutes les autres unités. Pour nous permettre

25 de vois combien de transformations il a fallu vivre depuis la Défense

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1 territoriale jusqu'à l'ABiH. Ce que je suis en train d'entourer évidemment,

2 maintenant. De même en est-il pour parler des unités de l'état-major

3 général et des corps d'armée, ensuite nous parlons des unités, lesquelles

4 unités, les corps d'armée respectifs tenaient en ligne directe.

5 A droite sur cette diapositive. De quoi traite-t-on ? Par rapport à la

6 diapositive de tout à l'heure, qu'est-ce qu'il nous en reste ? Parce que ce

7 qui est en bleu maintenant et cette couleur-là étaient de la même couleur

8 mais il en reste tout de même une partie de la Défense territoriale. De

9 quoi il s'agit ? Il s'agit des états-majors municipaux, de la Défense

10 territoriale, les unités, que ces états-majors tiennent en ligne directe.

11 En Bosnie-Herzégovine, qu'avons-nous ? Nous voyons le fait qu'étant donné

12 la situation qui prévalait en Bosnie-Herzégovine, à cette époque-là, nous

13 devons voir maintenant qui pouvait avoir une influence sur qui et quelle

14 était en fait l'influence exercée par tout un chacun, respectivement.

15 Ce que d'ailleurs nous ne devons pas avoir dans une articulation militaire

16 normale, lorsque nous parlons maintenant de ces lignes entièretés.

17 Q. Il nous reste encore quelques minutes que nous allons ensuite exploiter

18 pour voir les annexes suivantes, pour marquer une pause.

19 Pouvez-vous me dire, maintenant, ce que représente l'annexe 65 et dites-

20 nous que s'est-il passé depuis 1993 et 1994. Qu'est-il advenu de l'ABIH ?

21 R. La troisième annexe découle de l'annexe numéro deux, qui en fait, nous

22 permet de dire qu'à regarder la première annexe, il n'en reste que, depuis

23 l'annexe numéro 1, il ne reste que ce que je viens de montrer maintenant

24 pour parler de la Défense territoriale de Bosnie-Herzégovine. Tout le reste

25 servait à donner lieu à l'ABiH. Mais lorsque nous lisons l'intitulé de

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1 l'annexe, nous parlons fin 1993 et 1994. Par conséquent, en cette période-

2 là, nous avions toujours ces unités de Défense territoriale, bien entendu,

3 qui disparaissaient, pour ainsi dire, qui donnaient lieu à d'autres unités

4 mais qui existaient tout de même.

5 Q. Mon Général, une seconde s'il vous plaît, nous avons des problèmes

6 d'ordre technique. Patientez une seconde s'il vous plaît.

7 Oui, vous pouvez continuer maintenant.

8 R. Faudra-t-il que je reprenne la réponse dans son intégralité ?

9 Q. Oui. Commencez dès le début mais faites vite parce que nous devons

10 marquer une pause.

11 R. A considérer l'annexe numéro 1 ou l'ensemble de l'annexe présentant la

12 Défense territoriale de la Bosnie-Herzégovine au début de l'année 1992,

13 dans l'intitulé de cette annexe, nous lisons, fin 1993 et le cours de

14 l'année 1994. Voilà ce qu'il en reste de la Défense territoriale. Ce que je

15 montre maintenant ici, pardon, ce que je viens d'encercler, maintenant en

16 rouge. Plus tard disparaîtra également. Cela veut dire qu'en totalité une

17 réorganisation a été faite pour donner lieu à la création de l'ABiH.

18 Q. -- lorsque nous aurons repris l'audience après la pause technique, la

19 première question à poser serait celle-ci : à quel point il est important

20 de concevoir le système de direction et de commandement des lignes en

21 diagonale, c'est-à-dire, à quel point il est important de voir cette

22 corrélation pour comprendre dans sa totalité la situation dans laquelle se

23 trouvait le général Hadzihasanovic en 1993 ? Ce sera ma question après la

24 pause.

25 M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien. C'est 4 heures moins 15. Nous reprendrons

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1 à 4 heures et 10, à peu près.

2 --- L'audience est suspendue à 15 heures 47.

3 --- L'audience est reprise à 16 heures 19.

4 M. LE JUGE ANTONETTI : Maître Bourgon, vous pouvez poursuivre.

5 M. BOURGON : Merci, Monsieur le Président.

6 Q. [interprétation] Mon Général, je vous ai annoncé ma question suivante.

7 Je vous prie d'examiner l'annexe 63 de votre rapport. En examinant cette

8 annexe et en regardant, plus précisément, le centre de ce chemin, là où on

9 voit le corps, est-ce que vous pourriez tracer un cercle pour nous montrer

10 où étaient les corps d'armée ?

11 R. Oui.

12 Q. A partir de l'endroit où se situent les corps, nous voyons qu'il y a

13 une ligne directe qui descend depuis l'état-major du commandement Suprême.

14 Est-ce que vous pourriez encercler ceci également, la ligne pleine.

15 R. C'est celle-ci.

16 Q. Y a-t-il d'autres lignes qui étaient censées commander ou émettre des

17 ordres à l'intention du corps ?

18 R. Il n'y en a pas et il ne faudrait pas qu'il y en ait.

19 Q. Si nous examinons, maintenant, toutes les autres lignes, la ligne

20 entièreté - et il y a différents types de lignes en pointillées - et

21 celles-ci proviennent de la présidence de Guerre, de la présidence, du

22 gouvernement ainsi que d'autres organisations qui figurent ici, en vert.

23 Quel serait l'impact de ces diverses lignes d'influence sur le travail d'un

24 commandant du corps ?

25 R. En un mot, on pourrait dire la chose suivante : dans une organisation

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1 militaire, dans la structure d'une unité, toutes ces autres lignes ne sont

2 pas nécessaires, mises à part ces lignes pleines. Seules les lignes pleines

3 que vous avez évoquées sont les influences qui, dans la plus grande mesure,

4 ne peuvent que nuire au commandant du corps. En fonction de ces influences,

5 lesquelles elles sont, il sera plus difficile et plus complexe pour un

6 commandant de corps de commander. Il pouvait difficilement influencer ceci

7 dans une situation de guerre.

8 Si je puis citer un exemple qui m'est personnel, qui vient de la guerre :

9 en 1994, un chef de la municipalité Centre, à Sarajevo, Huso Kamberovic, au

10 moment où j'étais sur la ligne de défense, mon chauffeur a entendu dire à

11 la radio, cet homme, qu'il donnait

12 20 000 marks au commandant adjoint de l'une de mes brigades, à Sarajevo.

13 C'est précisément cette influence diagonale, celui qui exerce cette

14 influence diagonale pouvait, soit protéger son statut, soit améliorer son

15 statut, un président de municipalité, de district, qui que ce soit, entre

16 autres, mon chef ou président de la municipalité souhaitait que le

17 commandant de ma brigade lui réponde parce que, je n'avais pas suffisamment

18 d'argent, je n'avais pas suffisamment de moyens logistiques, alors que le

19 chef de la municipalité se les procurait et il les donnait directement au

20 commandant de ma brigade. Ce qui ne peut pas se justifier, ce qui est

21 inacceptable de quelque point de vue que ce soit, militairement parlant.

22 Si le chef d'une municipalité a des besoins, quels qu'ils soient, envers

23 les brigades, il doit s'adresser au commandant du corps d'armée ou à ses

24 organes.

25 En situation de guerre, ceci revient à l'achat des hommes et c'était une

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1 pratique massive en Bosnie-Herzégovine, en particulier, en 1993.

2 Q. Je vous remercie, mon Général. Je voudrais passer à un autre sujet.

3 Ceci a à voir avec l'annexe 65 de votre rapport, il y est question des

4 personnes déplacées. Dans cette annexe, que vouliez-vous représenter ?

5 Pourriez-vous nous l'expliquer, l'annexe 65 ?

6 Que vouliez-vous représenter par cette annexe ? Pourriez-vous nous

7 l'expliquer brièvement ? Pourriez-vous l'expliquer aux Juges ? Qu'est-ce

8 que cela signifie ?

9 R. Cette annexe représente la chose suivante : l'intitulé de l'annexe est

10 "Expulsion et migration de la population en

11 Bosnie-Herzégovine dans la zone de responsabilité du 3e Corps." Cela est

12 une carte topographique militaire qui a été reprise et sur laquelle ont été

13 mentionnées les données comme suit -- je ne sais pas si on voit bien -- un

14 exemple : ceci est la municipalité de Maglaj, La municipalité de Teslic, la

15 municipalité de Visoko, Kiseljak, Fojnica, Tomislavgrad, ainsi de suite.

16 Mais je n'arrive pas à tout lire.

17 En même temps, nous voyons une multitude de cercles plus ou moins grands et

18 colorés, de couleurs différentes. Ces cercles montrent la composition

19 ethnique de la population dans une zone donnée, à un moment donné.

20 Nous avons la légende en bas, à droite. On voit qu'en vert, ce sont les

21 Bosniaques qui sont représentées; les Croates, en jaune et les Serbes, en

22 rouge.

23 En se fondant sur un grand nombre de sources qui peuvent être considérées

24 comme des sources officielles les plus pertinentes des données officielles

25 et c'est sur celle-ci que je me suis appuyé, y compris la Croix Rouge et

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1 d'autres sources officielles - elles sont reprises dans mon rapport - on

2 voit, pour toutes les municipalités qui relèvent de la zone de responsable

3 du 3e Corps, contrôlée par le 3e Corps, non pas la zone telle

4 qu'initialement prévue qui allait jusqu'à la Sava au nord, mais la zone qui

5 était effectivement contrôlée par le 3e Corps, on voit combien de Bosniens

6 et de Croates se sont exilés des municipalités voisines pour se concentrer

7 sur le territoire qui se situe dans la zone de responsabilité du 3e Corps

8 et qui était, effectivement, sous le contrôle du 3e Corps. Toutes ces

9 directions montrent d'où ces personnes proviennent, quel est le pourcentage

10 de ces personnes, combien de personnes ont été chassées, se sont exilées

11 pour se réfugier en Bosnie centrale.

12 Dans mon rapport, j'ai des tableaux détaillés qui montrent, pour chacune

13 des municipalités, quelle était la population, d'après le recensement

14 officiel de 1991 et en se basant sur ce recensement, on a procédé à des

15 calculs pour arriver à ces chiffres énormes, des dizaines de milliers de

16 personnes exilées, venues des municipalités voisines, se sont réfugiées en

17 Bosnie centrale, dans la zone de responsabilité du 3e Corps, en fuyant

18 l'agresseur serbe. Plus tard, au cours de l'année 1993, c'est devenu encore

19 plus complexe, lorsque le conflit ouvert a éclaté avec le conseil croate de

20 la défense. C'est devenu encore plus complexe et plus difficile à

21 l'extrême.

22 Tout ceci ne sert qu'à nous montrer à quel point la situation était

23 complexe et à quel point il a été difficile pour le commandant du corps,

24 indépendamment du fait que certains autres acteurs civils ou politiques ont

25 tenté de s'occuper des réfugiés qui arrivaient. Tout ceci n'a été que

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1 d'importance secondaire. Finalement, c'est le commandant du corps qui a eu

2 la plus grande part de la responsabilité. Pourquoi ? A cause d'un simple

3 fait, à savoir que tous ces réfugiés étaient des proches, des parents plus

4 ou moins proches de ses soldats. Tout ce qui s'est passé pendant la guerre

5 en Bosnie-Herzégovine s'est passé le long les lignes qui relient le soldat

6 à sa famille et retour. C'est tout. Dans cette situation complexe qui a

7 prévalu au cours de l'année 1993, en l'absence d'un système de défense,

8 dans une mesure satisfaisante qui fonctionnerait à un point satisfaisant,

9 il a fallu trouver du temps et des moyens ainsi que du personnel pour

10 trouver toutes les personnes aptes à combattre, qui avaient quitté leurs

11 domiciles, qui faisaient partie de cette vague de réfugiés, pour les

12 enregistrer, les inviter à se présenter, les affecter à des unités, les

13 former jusqu'à un point plus ou moins satisfaisant et pour les envoyer en

14 missions de combat avec telle ou telle unité. Il s'agit, là, d'un processus

15 très complexe.

16 Q. Mon Général, merci. Juste une question qui découle de votre réponse.

17 Ligne 13, vous avez dit que la plus grande part de la responsabilité

18 revenait au commandant du corps. Est-ce que vous vous référez, là, à une

19 responsabilité juridique ou vous vous référez au fait que la situation, eu

20 égard aux réfugiés, créait des problèmes pour le commandant du corps ?

21 R. Je me réfère à cette deuxième chose que vous venez d'énoncer et en

22 partie, par mes derniers propos, j'ai abordé cela pour la raison

23 principale, à savoir que ces réfugiés, non pas par leur volonté, mais de

24 par le fait même qu'il y avait un tel nombre de réfugiés qui devaient être

25 pris en charge, hébergés, nourris, que les personnes aptes à combattre

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1 devaient être repérés, devaient être enregistrés, devaient être affectés

2 aux unités, qu'à cause de tout cela, le commandant du corps se trouvait

3 confronté à des problèmes.

4 Q. Je vous remercie, mon Général. Je vais passer à un autre sujet, je me

5 réfère à l'annexe 73 de votre rapport. Mais avant cela, je vais vous poser

6 une question brève : dans quelle mesure étiez-vous au courant de la

7 situation en Bosnie centrale pendant que vous-même, vous étiez commandant

8 du corps à Sarajevo ?

9 R. Je dois reconnaître que j'en savais très peu. Personnellement, en 1993,

10 je ne sais même pas si j'ai rencontré, une ou deux fois, le commandant du

11 3e Corps. Je ne sais pas si on a eu une seule conversation par téléphone.

12 C'est cela, la réalité. Elle découle du fait que moi-même, pendant quatre

13 années pleines, jour et nuit, sans cesse, j'ai été, soit sur la ligne, soit

14 dans une unité, soit j'étais en déplacement. Je dormais là où je me

15 trouvais. Je mangeais là où je pouvais, en fonction de ce qu'on pouvait me

16 donner, en ma qualité de commandant de corps. Le plus souvent, c'était en

17 mouvement que je devais résoudre de nombreux problèmes et répondre à des

18 questions. Je vous cite cela pour vous dire que je ne pouvais pas suivre la

19 situation dans sa totalité. Je n'avais pas le temps de le faire. Mais j'en

20 ai été informé quand même, dans une certaine mesure.

21 Q. Mon Général, merci. Pouvez-vous nous décrire, maintenant, ce que

22 représente l'annexe 73 de votre rapport et en particulier, ce qu'on voit en

23 rouge, au milieu et aussi, ce que représente la partie en bleue ?

24 R. Ici, on voit, encore une fois, la Bosnie-Herzégovine. On voit deux

25 couleurs bleues différentes. La couleur qui est un peu plus foncée, y

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1 compris ce qu'on voit au nord représente en réalité les trois communautés

2 croates, déjà constituées qui s'appelaient, la plus grande qui comptait 30

3 municipalités, l'Herceg-Bosna, qui a été constitué, le 18 novembre 1991,

4 et, par la suite, elle comprenait pour ne pas couper la zone de

5 responsabilité du 3e Corps, elle comprenait tout ce qui est au sud-est,

6 jusqu'à Zenica. Zenica est ici.

7 Ensuite, la deuxième communauté croate, qui s'appelait Bosnie centrale, et

8 qui comptait quatre municipalités : Maglaj, Zepce, Zavidovici, et Zenica.

9 La troisième communauté croate, la Posavina bosniaque, qui comprenait huit

10 municipalités : Derventa, Bosanski Brod, et ainsi de suite, jusqu'à Brcko.

11 En bleu plus clair au centre, qui est délimité par une ligne rouge, en

12 réalité nous représente la zone de responsabilité du contrôle effectif

13 exercé par le 3e Corps de l'ABiH. Ici, ce que j'ai souhaité représenter,

14 est ce qu'on voit à l'image, c'est que toute la zone de responsabilité du

15 3e Corps de l'ABiH, se situe sur un territoire que le peuple croate avait

16 déjà proclamé, entre guillemets, son territoire. C'est de là que viennent

17 tous les problèmes qui vont se poser par la suite, lorsqu'on parle des

18 conflits qui ont opposé le 3e Corps et le conseil croate de la Défense en

19 Bosnie centrale. De plus sur la totalité du territoire de ces trois

20 communautés croates en Bosnie, l'on voit aussi leur division territoriale

21 sur le plan militaire.

22 Au sud, on voit la zone opérationnelle sud-est, ensuite, zone

23 opérationnelle nord-ouest, zone opérationnelle Bosnie centrale et, au nord,

24 zone opérationnelle Posavina. S'il est important de le signaler, Blaskic

25 Tihomir était à la tête de la zone opérationnelle de la Bosnie centrale et,

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1 à la tête de celle-ci au sud, puisqu'elle se touche avec la zone de

2 responsabilité du 3e Corps, c'était Stiljek, je pense que son prénom était

3 Stjepan, si je ne m'abuse.

4 Q. Mon Général, si je vous ai bien compris, la zone responsabilité du 3e

5 Corps dans sa totalité, était en même temps la zone de responsable du HVO;

6 ai-je raison de dire cela ?

7 R. C'est précisément cela.

8 Q. Le général Hadzihasanovic, en tant que commandant du 3e Corps, il se

9 trouvait face à combien d'ennemis du HVO, ou face à combien de zones

10 opérationnelles du HVO ?

11 R. On le voit bien ici. Je vais tirer -- ou plutôt cette ligne noire plus

12 épaisse montre la ligne de séparation du HVO. On voit que le commandant du

13 3e Corps se trouvait face à deux zones opérationnelles du conseil croate de

14 Défense.

15 Q. Mon Général, si j'ajoutais à cette annexe la zone de responsabilité de

16 l'armée de la République serbe, la VRS, est-ce qu'il y a un chevauchement

17 total aussi avec la zone de responsabilité ou la zone des opérations du 3e

18 Corps ?

19 R. J'ai une annexe qui fait état de la création des régions autonomes

20 serbes. Sur l'ensemble de ces municipalités en Bosnie-Herzégovine, la

21 totalité de ces municipalités, il ne restait que sept municipalités qui ne

22 les intéressaient pas. Ni la politique serbe, ni la politique croate. Il

23 s'agissait de la municipalité qui se situe tout au nord-ouest, Velika

24 Kladusa, la municipalité de Cazin, en Bosnie centrale. C'était la

25 municipalité Visoko, et la municipalité de Breza, cela fait quatre. Au

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1 nord-est de la Bosnie-Herzégovine, la municipalité de Srebrenik, Tuzla, et

2 Kalesja. Seul ces sept municipalités n'étaient englobées dans aucune des

3 régions autonomes serbes, ni dans l'une quelconque de ces trois communautés

4 croates d'Herceg-Bosna.

5 Q. Pourriez-vous expliquer ce que représentant cette annexe.

6 Des témoins sont déjà venus déposer devant cette Chambre, pour parler des

7 conséquences du plan stratégique du HVO, ainsi que de celui de la VRS en

8 1992 et 1993. Pourriez-vous nous aider à comprendre cette annexe ?

9 R. Cette annexe, là encore, reprend une carte topographique militaire, qui

10 a été scannée. Ensuite, on y apportait des mentions, on a montré la

11 situation militaire telle qu'elle s'est présentée pour différentes parties.

12 Comme on le voit à l'intitulé de l'annexe; "Le déploiement des forces de

13 l'ABiH, de l'armée de la République serbe, du conseil croate de la Défense,

14 et de l'armée croate." La période qui est couverte, est celle de juillet

15 1993, jusqu'en mars 1994. C'est une période de temps prolongée, ou sans

16 arrêt à des intervalles plus longs, on a tenté là on peut le voir. Je vais

17 tracer un cercle, où sans cesse du côté du HVO et du côté de l'armée

18 croate, ensemble --

19 Q. Un instant, s'il vous plaît. On a perdu l'image. Merci. Poursuivez,

20 s'il vous plaît.

21 R. De la part de l'armée croate, notamment du conseil de Défense croate,

22 on tentait d'occuper Gornji Vakuf, cela sans cesse. Gornji Vakuf est une

23 ville qui se trouve ici. Or, Bugojno c'est une ville qui se trouve là. Les

24 flèches rouges indiquent les axes, l'effort principal par lequel avant

25 cette date, la fin 1992 et même en janvier 1993, il tentait de le faire.

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1 Sur cette carte, ce que nous avons fait entrer, c'était la tentative le

2 plus intensive, enfin, tels que nous les voyons et lisons dans l'intitulé

3 de cette diapo, ce schéma, organigramme.

4 Pourquoi a-t-on voulu prendre Gornji Vakuf, par le HVO, notamment. Je parle

5 maintenant par le HVO; je vous parle sous un angle purement militaire. Si,

6 par hasard, le HVO et l'armée croate avaient réussi à occuper Gornji Vakuf,

7 c'est-à-dire qu'ils ne possèdent pas de communication qui était présentée

8 ici en jaune, que je veux essayer de faire ressortir un petit peu, ils

9 parviendraient à avoir un liaison direct avec le HVO de Novi Travnik. Novi

10 Travnik se trouve ici. Qu'est-ce que cela signifie ? Automatiquement, je

11 dirais --

12 Q. Mon Général, si vous marquez ici, évidemment, toute cette

13 -- nous n'y voyons pas grand-chose. Il doit y avoir un problème. Je suis

14 désolé. Poursuivez.

15 R. Oui, je suis en train de le marquer.

16 Là, où nous lisons "3K" c'est Novi Travnik. Cette ligne que je présente

17 ici, que la trace entièreté, selon le découpage fait par cette ligne-là,

18 nous voyons se répandre des massifs montagneux qui délimitent pratiquement

19 les régions de Novi Travnik et de Vitez par rapport à Gornji Vakuf,

20 notamment. La ville de Gornji Vakuf se trouvant ici, et Bugojno là. Gornji

21 Vakuf et Bugojno, en fait, respectivement, parlant en des termes d'un

22 militaire, ont réussi à défendre, comme on en dit autant pour Sarajevo, qui

23 est la capitale de Bosnie-Herzégovine, par cette défense-là, c'est la

24 Bosnie qui était défendue et protégée. Mais ceci vu, évidemment, sous

25 l'ange de l'agresseur serbe.

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1 De même en est-il, pour parler toujours au même niveau, de la défense de

2 Gornji Vakuf et de Bugojno. Par une défense réussie de Gornji Vakuf et de

3 Bugojno, la Bosnie-Herzégovine a été défendue et protégée contre une

4 partition car, si jamais partition il y avait, la Bosnie-Herzégovine aurait

5 disparu automatiquement. Pourquoi ? Parce que les forces du HVO auraient eu

6 liaison directe et physique, je dirais, à Novi Travnik, à Vitez et Busovaca

7 au nord, avec leurs unités. Par conséquent, le commandant du 3e Corps

8 d'armée n'aurait même plus eu de chance théorique de défendre la vallée de

9 la Bila, militairement parlant.

10 Aussitôt après, Travnik aurait tombée, et toute la vallée de la Bila. C'est

11 ainsi que se trouverait circonscrite, administrativement parlant, la

12 communauté croate depuis Novi Travnik à Zenica. Avec la chute de toutes ces

13 villes, aurait-on eu la chance de se défendre jusqu'à quelle date.

14 Evidemment, tout ceci aurait été une question de temps. C'était en fait une

15 tentative permanente du HVO de se rendre maître de ce chemin du salut,

16 comme on l'appelait et que j'ai tracé ici. Ainsi, le HVO aurait pris un

17 maximum de territoire, militairement parlant, qu'ils auraient pu ensuite

18 considérer comme étant le territoire des communautés dites croates, le tout

19 en coopération et en accord avec les forces armées de la Republika Srpska.

20 Après quoi, ils se seraient entendus par où il aurait fallu, par exemple,

21 tracer la ligne de partage de Bosnie-Herzégovine. Ceci aurait donné lieu à

22 une Grande Serbie à l'est et à une Grande Croatie à l'ouest.

23 Pour parler de l'intérêt de Gornji Vakuf, c'est un intérêt vraiment majeur

24 et très grand du point de vue de la défense de Gornji Vakuf, et cela,

25 évidemment, aux yeux d'un militaire.

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1 Q. Merci, mon Général. Je voudrais maintenant passer à un autre aspect de

2 votre rapport d'expert. Il s'agit des paragraphes 528 à 532. Là, vous

3 expliquez les niveaux de direction de commandement disant qu'ils s'avèrent

4 de types stratégiques, c'est-à-dire, tactiques, opérationnels, et

5 stratégiques. Je voudrais que vous nous expliquiez l'intérêt de ce

6 découpage qui se fait entre direction et commandement à ces différents

7 niveaux.

8 R. Je crois que, pour parler de la majeure partie des armées et du monde,

9 il s'agit de ces trois niveaux de direction et de commandement. Dans toutes

10 ces armées, cela s'articule ainsi. Que signifient ces différents niveaux ?

11 Le niveau stratégique de direction et de commandement, en fait, relève de

12 la compétence du commandement Suprême de l'Etat, y compris le ministère de

13 la Défense, et y compris le commandement principal qui, d'ailleurs, est

14 responsable de l'armée.

15 Le niveau opérationnel de la direction et du commandement se présente comme

16 étant un niveau de l'unité opérationnelle intitulée comme un corps, corps

17 d'armée. Or, allant plus bas, vers les unités subalternes, nous ne parlons

18 que de niveau tactique, c'est-à-dire, planification; nous parlons de

19 planification de la direction et du commandement.

20 Q. Ma question suivante porte sur l'exercice du commandement à l'échelle

21 opérationnelle. Je voudrais vous demander comment se présente votre opinion

22 lorsqu'il s'agit de voir le commandant de corps se concentrer sur telle ou

23 telle matière en fonction du temps. Est-ce que le commandant du corps

24 d'armée considère la bataille au moment où elle se déroule, ou est-ce qu'il

25 s'efforce de le faire par avance ? Si oui, en quelle période et pour quelle

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1 raison ?

2 R. Le terme de "direction et commandement opérationnel" permet de dire

3 qu'il en découle un terme militaire intitulé comme opérations. C'est de la

4 direction du commandement au niveau opérationnel que nous parlons

5 d'opérations, leur planification, leur exécution, leur contrôle,

6 surveillance, suivie, et cetera. C'est le corps d'armée notamment qui était

7 chargé d'exécuter des opérations. Au cours des années 1992, 1993, et en

8 1994 également, pour une bonne partie du temps, ce n'est qu'en 1994 et 1995

9 que les corps de l'ABiH ont pu réunir tous les préalables à l'opération

10 proprement dite, ce qui devrait consister le vrai travail à faire par un

11 commandant de corps d'armée.

12 Jusqu'à cette époque-là, il ne s'agissait que de différents combats et

13 batailles, ce qui, dans l'ensemble, ne pouvait pas dépasser la fonction

14 d'un commandant de brigade pour parler de niveaux. Qu'est-ce que je veux

15 dire par là ? Lorsque j'ai parlé du premier cas, le commandant de corps,

16 c'est évidemment un cas où le commandant de corps doit s'impliquer au

17 maximum dans le sens de planifier, concevoir et établir des plans, faire

18 descendre les ordres vers les exécutants directs qui sont en ligne par

19 ligne directe par le commandant du corps, et cetera. Pour tous les autres

20 cas, lorsqu'il s'agit d'actions de combat et de bataille, il s'agit

21 d'activités exécutées par des chefs de compagnie, commandants et chefs de

22 bataillon et, éventuellement, par les chefs ou commandants de brigade. Mais

23 en un mot, le jargon militaire permet de dire que cela va jusqu'au niveau

24 de la brigade et au sein et dans le cadre de la brigade.

25 Peu importe si, au cours des années 1992 et 1993, le tout se faisait sous

Page 17799

1 forme de combats de moindre importance où se trouvaient impliquées une

2 section ou deux, ou…une ou deux compagnies, ou au maximum, un ou deux

3 bataillons. On ne pourrait pas dire qu'il n'y avait pas lieu de signaler la

4 présence du commandant de corps. Si, et comment, je dirais en des termes

5 absolus, mais selon la chaîne de commandement.

6 Le commandant du corps d'armée est celui-là qui donnait son aval à

7 certaines activités de combat au niveau avalisé par lui. Etant donné que

8 toutes ces activités de combat, combats ou batailles, devraient être

9 avalisées par le commandant de brigade, bien sûr, avec approbation du

10 commandant de corps, il en découle de voir dans quelle mesure, lui, en tant

11 que commandant de corps, doit être directement impliqué dans tout cela.

12 Q. Merci, mon Général. Mon Général, je n'ai pas entendu quel était le

13 terme employé par vous dans votre langue, mais page 43, ligne 9, me permet

14 de dire "avalisés par" ou, autrement dit, ligne 8 : "Étant donné que toutes

15 ces "combat operations". Est-ce que vous employez le terme "opérations" ou

16 un autre terme ?

17 R. Il s'agit d'opérations en fait.

18 Q. Mon Général, nous allons y revenir. Reportez-vous au compte rendu

19 d'audience que vous avez à l'écran, à savoir à la page 43, ligne 7, où nous

20 pouvons voir : "Le commandant du corps avalise certaines actions de combat

21 à certains niveaux. Etant donné que toutes ces opérations de combat, tous

22 ces combats, ont été avalisés par le commandant de la brigade…" Arrêtons-

23 nous. Que voulez-vous dire par là ? Qu'est-ce qui est avalisé par lui ? Les

24 opérations ou les combats ?

25 R. Le commandant de brigade, lui, il avalise les batailles. C'est le

Page 17800

1 commandant de bataillon qui, lui, avalise les combats. Il y a trois niveaux

2 des activités de combat. Pour parler des activités de combat, nous y

3 distinguons : combat, bataille, opérations.

4 Q. Mon Général, cela est très bien. Passons, s'il vous plaît, à un autre

5 sujet. Je voudrais demander à l'Huissier --

6 M. LE JUGE ANTONETTI : Pourriez-vous demander à votre témoin qu'il nous

7 précise la distinction entre combat, bataille et opération, pour qu'on y

8 voit clair.

9 M. BOURGON : Certainement, Monsieur le Président.

10 Q. [interprétation] Mon Général, je crois que vous avez compris la

11 question. Vous avez mentionné trois niveaux de combat. Vous avez mentionné

12 trois différentes catégories. Quelle est la distinction qui existe entre

13 ces trois différentes catégories de combat ?

14 R. Pour parler de combat, il s'agit de parler d'unités allant jusqu'aux

15 bataillons, c'est-à-dire il s'agit d'un premier échelon de combat. Combat,

16 le combat est engagé et exécuté par les unités qui vont jusqu'aux

17 bataillons, c'est-à-dire sections, compagnies, bataillons. Bataille, c'est

18 la seconde, par son ampleur, forme d'activité de combat. La bataille se

19 fait exécutée par une brigade ou plusieurs brigades, ou des divisions,

20 parce qu'il y a lieu de parler de la façon dont se présente maintenant la

21 structure de la brigade au corps d'armée. Parce que, souvent ici, on parle

22 de "Groupe opérationnel." Mais le Groupe opérationnel n'est pas une

23 formation permanente, n'est pas une structure permanente. Or, les

24 opérations, qui sont la forme supérieure des activités de combat, devraient

25 être exécutées par des corps d'armée et d'autres unités composées,

Page 17801

1 jusqu'aux armées ou jusqu'aux groupes de corps d'armée.

2 Q. Merci, mon Général. Cette distinction que vous venez de faire en

3 parlant de ces trois différentes catégories, bien entendu, il est fort

4 important pour les officiers qui sont dotés d'une formation, d'une

5 éducation militaire, et ces distinctions sont fort importantes. Mais

6 lorsqu'il s'agit de quelqu'un qui n'est pas passé par une formation

7 militaire, alors il peut y avoir une confusion, évidemment, à l'esprit de

8 telles personnes, n'est-ce pas ?

9 R. Oui, certainement. Il serait vain d'expliquer quoi que ce soit du genre

10 à des gens qui n'ont pas été formés en la matière, à moins qu'on n'ait

11 travaillé, évidemment, pendant une période prolongée avec force et fort.

12 Q. Je voudrais vous passer deux autres questions qui portent sur le niveau

13 de commandement exécuté par un commandant de corps. Ma première question

14 est la suivante : étant donné que le commandant de corps, lui, s'exécute à

15 un niveau opérationnel, à quel point est-il important pour lui d'avoir

16 confiance en matière de chaîne de commandement autour de lui, depuis le

17 commandement du corps jusqu'à la section ?

18 R. Là aussi, je pense que, pour parler de toutes les armées dans le monde

19 aujourd'hui, la chaîne de commandement présente la clé qui permet de voir

20 comment opère et s'exécute toutes les unités militaires. D'où découle le

21 fait que, lorsqu'au début j'ai parlé de la chaîne de commandement, j'ai dit

22 notamment que, lors de la création des unités, il devait y avoir des plans

23 de complètement où, en temps utile et opportun, on devait faire une

24 appréciation des officiers chefs à affecter à telle ou telle fonction.

25 Toujours est-il que, pour affecter quelqu'un à une fonction de chef, on a

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1 dû mettre beaucoup trop de temps en vue d'une appréciation pour affecter la

2 bonne personne à la fonction en question. Pourquoi ? Parce qu'il s'agit de

3 cette question de confiance. Faute de confiance, il n'y aura pas de chaîne

4 de commandement; pas de chaîne de commandement, il n'y aura pas d'unité.

5 Par conséquent, on ne pourra pas parler d'une exécution quelconque de la

6 mission donnée.

7 Q. Merci, mon Général. Ma seconde question que je me proposais de poser

8 est en fait une citation tirée des propos du général Cordy-Simpson. Je l'ai

9 perdu quelque part, le texte de cette citation. Peut-être pourrais-je vous

10 poser la question que je lui avais posée à lui-même d'ailleurs. Je voudrais

11 savoir votre réponse à la question. La question que je lui avais posée

12 était la suivante : en matière de responsabilité des commandants de

13 différents niveaux, il est dit que, plus le niveau de commandement est

14 élevé, moins le commandant prend une part directe, moins il coopère

15 pratiquement avec ses subalternes. Par conséquent, il y a une grande

16 différence à voir dans la mesure dans laquelle ce commandant pourrait avoir

17 une influence directe sur ce que font leurs subalternes, compte tenu de ces

18 différents niveaux évidemment. Seriez-vous d'accord avec lui, avec le

19 général Cordy-Simpson qui, lui, a dit précisément que : "Le dernier niveau

20 auquel le commandant se trouve en contact direct avec ses subalternes

21 serait de niveau de l'ordre d'un bataillon."

22 R. Je me trouve un petit peu dérouté par ses propos lorsqu'il veut parler

23 de : "Contacts directs qu'il a avec ses unités subordonnées." Chaque niveau

24 de commandement exige une ligne directe du commandant avec ses subordonnés.

25 Le commandant du bataillon, de la brigade, du corps d'armée devrait être

Page 17803

1 en ligne. Voilà ce que suppose la chaîne de commandement. Si on veut y

2 substituer le terme utilisé par le général lorsqu'il dit plus le niveau de

3 commandant est élevé, moins celui-ci serait en contact avec les troupes,

4 avec les soldats, avec les effectifs, généralement parlant, alors, en ce

5 cas-là, il est tout à fait dans son droit. Mais un commandant de corps a,

6 en ligne directe d'abord, ses premiers adjoints au commandement du corps

7 d'armée avec lesquels adjoints il doit être en contact permanent, en

8 liaison directe. Il a, en ligne directe, en liaison, ses premiers

9 commandants des unités subordonnées. Or, le commandant d'un corps d'armée

10 est tenu d'être en permanence en contact avec ces gens-là pour travailler

11 avec eux. Tout le reste me semble marginal. Je ne sais pas si j'ai été

12 clair.

13 Q. Merci, mon Général. J'ai définitivement trouvé le texte de cette

14 citation. Je pourrais peut-être vous demander de faire un commentaire de la

15 réponse qui a été celle du général, mais qui ressemblait à la vôtre. Mais

16 faites-en un commentaire tout de même.

17 Ma question était la suivante : "Mon Général, dites-moi, est-ce que vous y

18 voyez une différence entre la responsabilité d'un commandant de bataillon

19 et la responsabilité d'un commandant de corps d'armée à l'égard des

20 troupes, des soldats, et dans quelle mesure chacun d'eux, de ces deux

21 commandants, seraient impliqués dans tout cela ?" Voilà la question.

22 La réponse du général Cordy-Simpson était la suivante : "Personnellement,

23 je pense qu'en fait un commandant de bataillon est le tout dernier qui peut

24 avoir une influence directe sur la façon dont se conduisent les troupes sur

25 le champ de bataille. C'est lui qui est responsable. C'est lui qui est vu

Page 17804

1 et observé par les soldats. C'est lui qui peut les exhorter à mieux mener

2 la bataille, combattre mieux que toute autre troupe. Maintenant que l'on

3 passe à un commandant de brigade, de division ou de corps d'armée, cette

4 influence directe se perd. En tant que commandant de brigade, vous ne

5 pouvez que dire au commandant de bataillon ce que vous exigez de leur part,

6 ce que vous leur demandez, mais vous ne pouvez pas, en permanence,

7 influencer chaque troupe et chaque soldat respectivement. Il est de toute

8 évidence que, lorsqu'on parle de commandant de division, celui-là,

9 évidemment, n'a aucune influence sur la façon dont les gens mènent la

10 bataille sur le champ de bataille. De même en est-il pour le commandant de

11 corps, parce qu'il s'agit maintenant de parler de la direction des combats

12 à un niveau tactiquement fort élevé, pour ainsi dire, mais il ne peut y

13 avoir une influence directe sur les soldats qui sont sur le terrain à mener

14 la batille à un moment précis."

15 Voilà la réponse du général Cordy-Simpson.

16 Maintenant, je vous demande de faire un commentaire là-dessus.

17 R. Il s'avère, justement, ce que je me suis dit moi-même lorsque vous

18 posez la question de la relation qu'il y a entre un commandant et les

19 soldats. Je vous ai fourni une réponse à la question. Je pourrais l'élargir

20 si vous le voulez bien, mais pour la plupart de ces éléments de la réponse

21 du général, je suis d'accord avec lui.

22 Q. Merci, mon Général. Nous passons maintenant à un sujet différent. Il

23 s'agit de quelque chose dont vous traitez dans le point 537 de votre

24 rapport. Il s'agit de l'annexe 38. Il s'agit de principes qui régissent le

25 combat armé.

Page 17805

1 Ce que vous voyez à l'écran, ce ne sont que les sous-titres de votre annexe

2 38. Nous l'avons présenté sous cette forme-là pour que tous dans le

3 prétoire puissent le suivre. Je sais que vous comprenez l'anglais et que

4 vous pouvez suivre également ce que je vais dire.

5 Je voulais vous entendre dire à quel point ces principes de combats armés

6 sont difficiles et pour quelles raisons un commandant de corps d'armée se

7 trouve tenu de les respecter, ainsi que vous le dites dans votre rapport.

8 R. Chaque officier chef supérieur est tenu d'observer ces principes, ces

9 principes qui régissent la conduite d'un combat armé. Les principes tels

10 qu'énumérés, d'une certaine façon, ces principes indiquent la ligne à

11 suivre, la méthode à emprunter pour savoir comment il faut diriger une

12 unité opérationnelle, comment faire augmenter sans cesse les effectifs de

13 cette unité, et comment, tout le long des combats, lors de l'exécution des

14 missions, assurer la mission principale qui est à affecter.

15 A commencer par le premier principe : "Maintenir en permanence, au plus

16 haut degré, la préparation au combat." C'était en fait le principe qui vaut

17 pour le commandant du corps d'armée et vaut pour autant jusqu'au tout

18 dernier soldat, je veux dire à la base, au niveau du corps d'armée. A

19 regarder ce principe, il incombe à chacun une certaine responsabilité.

20 Évidemment, plus on s'avance vers le commandant du corps, plus il y a de

21 responsabilité, car il y a là une série de très nombreuses questions à

22 régler dans la foulée. Car il a fallu planifier, en temps utile, il a fallu

23 ensuite exécuter, pour maintenir un degré maximum ou au plus haut degré

24 d'ailleurs la préparation au combat des unités.

25 Q. Mon Général, je voudrais vous demander d'essayer de vous concentrer sur

Page 17806

1 ces principes. Dans le paragraphe 538 de votre rapport, vous parlez d'une

2 certaine plateforme qui a été adoptée par la présidence, et entre autres,

3 vous dites que les trois principes fondamentaux sont les suivants : établir

4 les objectifs, ensuite, mettre l'accent principal sur chacune des cibles,

5 et ensuite, voir comment se présente l'unité de combat. Qu'est ce que cela

6 veut dire pour vous, ces trois principes majeurs ?

7 R. Je dois avouer que je n'ai pas très, très bien compris tout à l'heure

8 votre question. Mais j'ai voulu, en rédigeant ainsi, que la plateforme qui

9 était adoptée en juin 1992 par la Présidence de la République de Bosnie-

10 Herzégovine - concernait l'ensemble de la Bosnie-Herzégovine - c'est de

11 cette plateforme, en fait, que découlaient pratiquement tous les principes

12 régissant la conduite d'un combat armé. A vrai dire, ces principes ont été

13 repris des documents de la JNA, nous en avons hérité. Par conséquent, ici,

14 j'ai essayé de dire, dans le cadre de mon rapport, que ces trois principes

15 seraient les plus importants, à savoir, établir l'objectif, les enjeux du

16 combat, ensuite, établir les principales cibles de combat et limiter le

17 combat semblent être les trois principes clés dans le cadre d'un combat

18 armé.

19 Chacun de ces principes, je dirais, se trouvent impliqués dans la

20 plateforme adoptée par la présidence de la Bosnie-Herzégovine, en 1992, en

21 juin.

22 Déterminer l'objectif, le but; je serai bref. Lorsqu'un pays entre en

23 guerre, il est essentiel que la présidence, le commandement Suprême ou

24 l'assemblée, et cetera, adopte un document ou une loi, parfois, définissant

25 les objectifs de la lutte et ce, dans les termes les plus clairs possibles.

Page 17807

1 Si les choses sont vagues ou manquent de clarté ou sont incomplètes,

2 lorsqu'on aborde les questions relatives à l'Etat, à sa structure, à sa

3 population, et cetera, cette politique, ceci se verra dans les buts ou les

4 objectifs poursuivis dans le cadre de la lutte. Ce que j'essaie de dire,

5 c'est que les dirigeants politiques de Bosnie-Herzégovine - sans parler de

6 ses rapports avec les acteurs ou organisations internationales - les

7 dirigeants politiques avaient pour devoir celui de définir l'objectif des

8 combats et dans cette plateforme, ces objectifs, ces buts sont clairement

9 définis. Toutefois, trois nouvelles armées, qui étaient en cours de

10 formation : l'armée de la Republika Srpska, l'armée de Fikret Abdic et le

11 conseil croate de défense et ce, malgré les objectifs clairs énoncés dans

12 cette plateforme. Ces nouvelles armées s'inscrivaient en fond [comme

13 interprété] par rapport aux objectifs énoncés.

14 Nous en arrivons à l'autre point, à savoir la définition des cibles de ce

15 combat, de ces combats armés, de la lutte armée. Au départ, au cours de

16 1992, la cible de ce combat armé du corps de l'ABiH, c'était la lutte

17 contre l'armée de la Republika Srpska ou plutôt de la JNA. Ceci a duré

18 pendant toute l'année 1992. Toutefois et pour d'autres raisons - et je suis

19 intimement convaincu que ceci n'avait rien à voir avec une quelconque

20 lacune de cette plateforme, mais plutôt, avec des intérêts divergents de la

21 part de ceux qui ne souhaitaient pas accepter la plateforme - à ce moment-

22 là, le conseil croate de défense a été constitué et il a fallu redéfinir

23 les cibles de la lutte à mener et là encore, l'armée de Fikret Abdic et

24 d'autres problèmes ont influencé le choix des cibles choisies dans la lutte

25 visant à défendre l'Etat.

Page 17808

1 Enfin, l'unité de combat, combat armé, ce qui était tout à fait

2 caractéristique en Bosnie-Herzégovine, au cours de la guerre, c'est

3 qu'outre la plateforme adoptée par la présidence de

4 Bosnie-Herzégovine, les dirigeants politiques et militaires du pays ont

5 fait tout leur possible pour éviter l'émergence du HVO et de son opposition

6 directe à l'ABiH; ils ont, également, fait tout ce qu'ils ont pu pour

7 éviter l'apparition et l'émergence de Fikret Abdic. Un certain nombre de

8 documents ont été signés à Zagreb, afin que le HVO conserve son nom, mais

9 qu'il rejoigne la lutte dans la poursuite d'un objectif commun et ce, sous

10 le commandement de l'ABiH. A ma connaissance, un peu plus tard, en août

11 1992, un décret ayant force de loi a été adopté, donnant pour instruction

12 au HVO de se placer sous le commandement de l'ABiH, dans l'esprit de cette

13 plateforme afin de lutter contre l'agresseur serbe. Toutefois, ceci n'a pas

14 abouti. J'énonce simplement les efforts qui ont été déployés pour veiller à

15 l'unité de la lutte armée.

16 Q. Merci, Général. J'aimerais, maintenant, passer à la dernière partie de

17 votre rapport, qui traite, comme vous le dites : "D'événements

18 particuliers." Je commencerai par la partie de ce rapport intitulé : "La

19 mission du général Hadzihasanovic et du commandant de brigade Kubura." Ceci

20 figure aux paragraphes 598 à 618.

21 Vous l'avez déjà dit, le concept de la mission est très important. Mais au

22 paragraphe 602, vous dites que si la mission n'aboutit pas, que le

23 commandant sera tenu responsable par ses supérieurs. En revanche, si la

24 mission est un succès, le commandant de corps d'armée sera, également, tenu

25 responsable de ce succès.

Page 17809

1 Ma première question est la suivante : lorsqu'on dit que le commandant est

2 responsable de la mission, que ce soit un succès ou un échec, parle-t-on

3 d'une responsabilité distincte de celle d'un commandant vis-à-vis de la

4 conduite de ses subordonnés ?

5 R. Je ne suis pas certain d'avoir bien compris votre question.

6 Q. Merci, mon Général. Je vais la répéter. Je vous renvoie au paragraphe

7 602 de votre rapport. Je vous invite à en prendre connaissance, si je puis

8 dire. Vous dites que le commandant d'un corps est directement responsable

9 et peut être tenu responsable de l'accomplissement de la mission du corps,

10 conformément aux ordres émis par son supérieur. Si la mission échoue, il

11 est responsable; si la mission est un succès, vous dites, également, qu'il

12 est responsable de ce succès. En tant qu'ancien commandant de corps

13 d'armée, je vous demande si ce type de responsabilité, celle d'un

14 commandant, si ce type de responsabilité-là est différent de la

15 responsabilité qui peut être engagée si, par exemple, si ses subalternes ou

16 ses subordonnés commettent des actes criminels.

17 R. Bien entendu, la responsabilité est différente, pour un certain nombre

18 de raisons. La responsabilité du commandant, dans l'échec d'une mission, en

19 général, cette responsabilité est bien la sienne. Mais pour que les choses

20 soient bien claires, je dois recourir à un exemple. Le commandant du 3e

21 Corps, au moment de la constitution de ce corps - et je crois que ceci a eu

22 lieu suite aux premiers ordres, aux premières directives qu'il a reçus - le

23 commandant a été chargé de prendre la tête d'un corps qui n'existait pas.

24 Il avait pour charge de libérer la zone de responsabilité du corps jusqu'à

25 la frontière nord, c'est-à-dire jusqu'à la Sava, dans le nord de la Bosnie-

Page 17810

1 Herzégovine, ensuite, il devait tenter de lever le blocus autour de

2 Sarajevo.

3 Par le biais de cet exemple, j'essaie de dire que le commandant du corps a

4 reçu une mission, qu'on lui a affecté une mission et qu'il n'a pas exécuté

5 cette dernière, qu'il ait reçu des ordres de la part de ses supérieurs ou

6 pas.

7 Ici, nous faisons face à une certaine contradiction, une certaine

8 friction entre sa responsabilité et les conditions dans lesquelles il se

9 trouvait, qui l'ont empêché d'accomplir sa mission, la mission qui lui

10 avait été assignée, au départ. Un corps de l'OTAN aurait-il été en mesure

11 d'accomplir cette mission, la question reste posée, que le corps ait été

12 existant ou pas.

13 Toutefois, si on envisage les choses du point de vue juridique,

14 effectivement, il n'a pas accompli la mission. Il aurait dû être tenu

15 responsable. Le fait qu'il n'ait pas eu à sa disposition de corps d'armée,

16 qu'il n'ait pas eu de munitions, ni d'armes et que l'Etat ne lui ait pas

17 fourni tous les éléments qu'il aurait dû recevoir à ce niveau, personne ne

18 peut être tenu et ne pourrait être tenu responsable de cela. J'essaie

19 simplement d'expliquer les choses en utilisant mes propres termes.

20 Toutefois, si toutes les ressources n'ont pas été mises à sa

21 disposition - soldats, éléments logistiques, matériel et munition - et que

22 la mission lui a, néanmoins, était assignée, dans la mesure où ces

23 ressources n'ont pas été mises à sa disposition, il ne peut pas

24 véritablement être tenu responsable de l'absence de tout cela. En outre, si

25 un crime de guerre est commis, si un acte criminel est commis ou un délit,

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1 du point de vue de l'armée, là, les choses sont un peu plus directes, les

2 choses sont plus concrètes, je ne sais pas si je peux formuler les choses

3 ainsi. Mais même dans ce cas, en ce qui concerne la responsabilité du

4 commandant du corps, pour tout acte criminel, pour tout délit, pour toute

5 violation des Règles disciplinaires, il existe une voie hiérarchique, il

6 existe une chaîne de commandement. Par conséquent, si un soldat enfreint

7 les Règles et les principes de la discipline, il va être sanctionné par son

8 supérieur dans un premier temps. Un commandant de compagnie, un commandant

9 de bataillon, et cetera. Ce n'est pas nécessairement une chose dont devra

10 être informé le commandant du corps d'armée. Mais s'il s'agit d'un délit,

11 d'un acte criminel et que ceci se produit au sein d'un bataillon, d'une

12 brigade, le commandant de la brigade ou le commandant du bataillon, en

13 question, aura la possibilité d'engager des poursuites, tout comme le

14 commandant de corps d'armée ou le commandant d'un Groupe opérationnel.

15 Ce que je dis, c'est qu'il existe une voie hiérarchique, il y a

16 différents niveaux hiérarchiques dans cette chaîne de commandement.

17 Q. Merci, mon Général. Une autre question avant de passer à la description

18 de cette maquette. Nous demanderons, alors, aux Juges de bien vouloir

19 s'approcher. Au paragraphe 604, vous dites que, "le commandant du corps

20 d'armée doit éviter de se laisser influencer pour exploiter ses ressources

21 dans le cadre d'activités qui, bien que semblant importantes et cruciales,

22 à un moment donné, activités qui risquent de le distraire de sa principale

23 mission."

24 Au paragraphe 607, il est dit : "Qu'à tout moment, un commandant de

25 corps d'armée doit - en tout cas, c'est ce qu'on attend de lui - doit

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1 donner la priorité à ses obligations vis-à-vis de l'Etat et vis-à-vis de

2 ses supérieurs hiérarchiques; ce qui signifie que pour un commandant de

3 corps d'armée, sa mission doit toujours être sa priorité."

4 Pouvez-vous nous expliquer, s'il vous plaît, ces deux paragraphes et

5 les transposer dans la situation particulière du général Hadzihasanovic,

6 par rapport à ce que vous avez vu, des différents éléments de preuve.

7 R. Le commandant de corps d'armée est nommé par le commandement Suprême.

8 Il est nommé justement parce qu'il s'agit d'un poste extrêmement élevé,

9 correspondant à un grade très élevé. Cette unité, par le biais des

10 différentes directives émanant du commandement Suprême, reçoit une mission

11 particulière et en temps de guerre, outre, les différents éléments qui

12 composent, qui constituent une mission, il y a deux principes très

13 importants, protection du territoire d'un Etat -- ou plus précisément,

14 défense du territoire national et protection de la vie de ses soldats et de

15 la population.

16 Dans le cadre de l'exécution de la mission qui lui est assignée, le

17 commandant de corps d'armée fait de son mieux pour le commandement Suprême

18 et pour l'Etat. Toutefois, si au cours de l'exécution de sa mission, le

19 commandant du corps, en l'occurrence du 3e Corps, ne dispose de toutes les

20 ressources nécessaires à un commandant de corps d'armée, lorsque j'ai

21 décrit cette position au sein de l'armée populaire yougoslave, l'un des

22 éléments essentiels, j'avais dit, est celui de la logistique et s'il doit

23 consacrer tous ses efforts, se concentrer mentalement, lui et les gens qui

24 l'entourent, pour résoudre ces problèmes logistiques, carburant,

25 nourriture, munitions, armes, personnel, tout ceci ne relevant pas de ses

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1 responsabilités, d'après le Règlement, dans la mesure où tout ceci ne lui a

2 pas été fourni, la qualité de l'exécution de sa mission est réduite.

3 Q. Mon Général, il nous reste dix minutes avant la pause.

4 M. BOURGON : Monsieur le Président --

5 [Le conseil de la Défense se concerte]

6 M. BOURGON : Je crois que c'est l'heure de la pause, Monsieur le Président.

7 M. LE JUGE ANTONETTI : Le mieux c'est de faire la pause et on reprendra à

8 18 heures.

9 M. BOURGON : Merci, Monsieur le Président.

10 --- L'audience est suspendue à 17 heures 35.

11 --- L'audience est reprise à 18 heures 01.

12 M. LE JUGE ANTONETTI : L'audience est reprise. Les Juges sont prêts de se

13 lever, si La Défense le veut.

14 M. BOURGON : Merci, Monsieur le Président. Avec tout le respect, je

15 voudrais demander aux Juges d'approcher le modèle. Nous avons fait

16 disponibles des appareils électroniques, afin que vous ayez chacun des

17 écouteurs. Ils ont même installé de façon à ce que vous puissiez entendre

18 ce que l'expert va dire.

19 Q. [interprétation] Mon Général, vous devriez avoir à côté de vous un

20 micro et des écouteurs avec un long fil, écouteurs que vous pouvez mettre

21 sur vos oreilles. Vous avez également un pointeur.

22 M. BOURGON : Monsieur le Président, est-ce que je peux vous demander si les

23 trois Juges entendent bien la traduction dans leurs langues respectives ?

24 Merci, Monsieur le Président.

25 Q. [interprétation] Général, c'est une première, je dois vous le dire.

Page 17814

1 C'est la première fois que la Chambre s'approche d'une maquette ainsi. Ma

2 première question est la suivante : reconnaissez-vous le lieu que

3 représente cette maquette ? A quoi correspond le fil orange placé sur cette

4 maquette ?

5 R. [aucune interprétation]

6 L'INTERPRÈTE : Les interprètes à du mal à entendre le témoin,

7 malheureusement.

8 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je reconnais l'endroit. Il s'agit du

9 relief de la partie centrale de la Bosnie-Herzégovine. Cette ligne orange

10 rouge représente la zone de responsabilité du

11 3e Corps de l'ABiH.

12 M. BOURGON :

13 Q. [interprétation] Ce que j'aimerais que vous fassiez, Général, c'est que

14 vous nous montriez, à l'attention de la Chambre, quels étaient les

15 objectifs stratégiques du HVO en 1992 et en 1993 ? J'aimerais que vous nous

16 disiez pourquoi cette zone du 3e Corps était tout à fait critique à cet

17 égard. J'aimerais que vous indiquiez clairement toutes villes à laquelle

18 vous avez fait référence, à l'aide de votre pointeur, et que vous nous

19 expliquiez très précisément ce que vous voyez sur cette maquette qui

20 pourrait aider la Chambre à bien comprendre la situation.

21 La première question est, quels étaient les objectifs stratégiques du HVO

22 en 1992 et en 1993 ?

23 R. J'ai dit qu'il s'agissait-là donc du relief de la région de Bosnie

24 centrale qui correspondait à la zone de responsable du

25 3e Corps d'armée.

Page 17815

1 Commençons par l'est. Ici la ville de Visoko. "Visoko," c'est écrit

2 d'ailleurs.

3 Ici, la ville de Kakanj. C'est écrit également.

4 Cette grande ville ici, c'est Zenica. Ces villes-là sont reliées par un axe

5 important, qui suit la vallée de la Bosna. Cette route va de Sarajevo --

6 ici, Sarajevo, là dans la vallée --

7 Q. Peut-être pourriez-vous vous rapprocher du côté que vous indiquez, de

8 façon à mieux expliquer les choses et illustrer vos propos.

9 R. Ici, la ville de Sarajevo. Là, le long de la vallée de la Bosna,

10 Visoko, la ville de Kakanj, et la ville de Zenica.

11 En poursuivant, en suivant toujours la vallée de la Bosna, la ville de

12 Zepce, la ville de Zavidovici, et la ville de Maglaj; elle est mentionnée,

13 mais elle ne figure pas sur la maquette. Par la suite, elle a fait partie

14 de la zone de responsabilité du 3e Corps.

15 Ici, la ville de Busovaca et la ville de Kiseljak, et ces deux lieux sont

16 extrêmement importants. Ici, la ville de Vitez -- non, pardon, Novi Travnik

17 et Vitez ici, et Vitez là. Ici, Novi Travnik, et là dans la vallée, la

18 ville de Travnik même. Ici, au nord-ouest la zone de responsabilité

19 Bugojno. Vous voyez c'est écrit "Bugojno", et là c'est Gornji Vakuf, la

20 ville de Gornji Vakuf.

21 La zone de responsabilité du 3e Corps englobe des régions montagneuses dans

22 une grande mesure. Toute cette région ici que j'indique avec le pointeur

23 est une zone montagneuse, forestière, inaccessible, très faiblement peuplé,

24 quelques rares villages, mais une quantité négligeable par rapport à la

25 population qui y vit.

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1 La population la plus importante se concentre autour de la Bosna dans ces

2 villes ici. Dans cette autre vallée ici, de Kiseljak via Busovaca, Vitez,

3 jusqu'à Novi Travnik, et Travnik, donc c'est une autre vallée.

4 Il y a un troisième groupe de villes fortement peuplées, c'est Bugojno et

5 Travnik.

6 Outre cette région montagneuse, il y a aussi d'autres montagnes qui

7 surplombent Zenica, ici le mont Vlasic, le point culminant du lieu c'est

8 sans doute un mont qui a fait l'objet de nombreuses références. C'était une

9 position dominante surplombant Travnik, séparant également Zenica du reste.

10 Par conséquent, le seul moyen d'entre en contact, disons entre Zenica et

11 cette région. Ici, la vallée de la Bila jusqu'à Travnik, c'est de suivre

12 cette route par Ovnak. Ici, Ovnak, le col d'Ovnak, et une autre route via

13 la Lasva ici. Un carrefour extrêmement important. Un côté va vers Konjic,

14 puis vers Travnik.

15 Autre chaîne de montagnes c'est celle que je vous indique à présent, un

16 lieu extrêmement inaccessible et très faiblement peuplé. Il s'agit de

17 villages éparpillés entre les collines et les montagnes.

18 La seule route allant de Novi Travnik vers cette vallée ici, c'est cette

19 route-ci, cette route que j'ai indiquée en annexe, et c'est en fait une

20 route que le HVO appelait le "chemin du salue". Comme nous l'avons vu dans

21 l'un des documents placés en annexe, toute la zone de responsabilité du 3e

22 Corps faisait partie de la communauté croate d'Herceg-Bosna. Le HVO, après

23 les événements de Prozor, ici la ville de Prozor, en octobre 1991,

24 lorsqu'ils ont pris le pouvoir par la force, qu'ils ont expulsé tous les

25 Bosniens, et après déclaration 1991 et janvier 1992 -- pardon, décembre

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1 1992 et janvier 1993, les attaques ont eu lieu sur Gornji Vakuf, donc le

2 HVO souhaitait nettoyer ces deux villes, et surtout ce territoire de la

3 rivière de la Neretva, cette partie du relief était déjà sous le contrôle

4 du HVO.

5 Ils souhaitaient occuper Bugojno et Gornji Vakuf afin d'en expulser les

6 Bosniens ou, en tout cas, les membres de la population non-croate, d'opérer

7 un nettoyage ethnique, et le long de cette route de rejoindre Novi Travnik.

8 Novi Travnik, Vitez, Busovaca et Kiseljak, ces quatre villes étaient aux

9 mains du HVO depuis le début de la guerre, depuis avril 1992, Kiseljak,

10 Busovaca, Vitez et Novi Travnik.

11 S'ils avaient pris ces deux villes, tout ce territoire ici serait devenu

12 une partie de la communauté croate d'Herceg-Bosna. Une attaque simultanée

13 sur Gornji Vakuf et Bugojno a eu lieu en vue de provoquer le conflit dans

14 la vallée de la Bila, puisqu'ici il y a aussi une forte concentration de

15 Bosniens et de Bosniennes, et particulièrement dans la ville de Travnik.

16 Ce point-ci est connu sous le nom de Turbe. Par le biais d'efforts

17 constants et grâce à la coopération avec l'armée de la Republika Srpska,

18 qui opérait à partir du mont Vlasic, et qui opérait le long de cet axe, et

19 derrière ces routes, le long de cet axe, s'ils devaient prendre Bugojno et

20 Vakuf, pour ce faire, Travnik devait être principalement ou pratiquement

21 encerclé parce que Novi Travnik et ce carrefour en "T", où se trouvent là

22 un certain nombre de postes de contrôle, cet endroit était sous le contrôle

23 du HVO, et ce, de manière permanente, ce qui signifie et que l'on pouvait

24 prendre et parvenir jusqu'à Travnik en suivant cette route, les autres

25 routes n'étant que des routes secondaires. La provocation consistait,

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1 notamment, à mettre en place des postes de contrôle le long de la route,

2 l'objectif étant dans cette vallée ici, que j'indique, d'empêcher tous

3 mouvements des Unités du 3e Corps.

4 Ici, il y avait deux postes de contrôle permanent, ici à Ovnak, c'est la

5 route de Zenica à Travnik et qu'ils ont établi ces différents postes de

6 contrôle et ici à Vitez. Les deux seules directions possibles c'était de

7 passer par Ovnak ou par Vitez. Il était possible de venir de Vitez, d'aller

8 jusqu'à Travnik et de revenir de Travnik à Zenica sans faire l'objet de

9 contrôle par le

10 3e Corps de l'ABiH. C'est ainsi qu'il y a plus de possibilités de mettre en

11 place une logistique quelconque, de recompléter les effectifs, pas de

12 relève, pas d'évacuation, ni de retrait des personnes blessées en direction

13 de Zenica vers un hôpital central, militaire, et cetera, et cetera, et

14 cetera. Ce qui veut dire que si le siège, si le blocus de ces deux points

15 se prolongeait, ceci signifierait la fin, la chute de tout ce territoire,

16 c'est-à-dire, la chute aux mains du HVO.

17 Q. Mon Général, puis-je vous demander maintenant où se trouvaient --

18 indiquez-nous les endroits où se trouvaient déployées les forces serbes,

19 c'est-à-dire, outre le HVO. Dans ce territoire où se trouvaient déployaient

20 les forces serbes ?

21 R. A commencer par ce point-ci, partout où je montre. A peu près ici,

22 c'était un point de connexion entre les forces du HVO et les forces serbes.

23 Ces dernières, les forces serbes donc contrôlaient le terrain. Tout le long

24 de ce cordon rouge, ensuite ici, notamment, jusqu'à Zepce. C'est à Zepce

25 que nous voyons encore une fois une enclave sous le contrôle du conseil de

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1 Défense croate. Evidemment, ils étaient en contact permanent, les forces

2 serbes et le HVO.

3 Ensuite, à commencer par ce point-là, vous avez les forces serbes dont le

4 contrôle couvre tout le long jusqu'à ce point-ci, à peu près, là, où une

5 fois de plus un point de connexion du 2e, des forces du 2e et du 3e Corps

6 d'armée, à savoir, Tuzla. Tuzla serait là où je me tiens debout maintenant.

7 Or, ce territoire allant jusque-là, désignait le contact avec le 1e Corps

8 d'armée de l'ABiH et en partie ici, avec le 4e Corps d'armée de l'ABiH de

9 Mostar.

10 Q. Mon Général, puis-je maintenant à ce stade vous demander si vous pouvez

11 montrer sur cette carte relief où étaient menées en janvier 1993 les

12 principales batailles à Dusina.

13 R. Je vous ai montré tout à l'heure, sur la carte, en relief, Zenica,

14 ensuite, je vous ai montré Lasva, pour ce point de Lasva, je vous ai dit

15 qu'il était un point d'intérêt majeur, je dirais, son statut est fort

16 important. Or, le village de Dusina se trouve ici, là où je montre

17 maintenant avec mon pointeur.

18 Regardez maintenant la ville de Busovaca et la ville Kiseljak. L'une et

19 l'autre ville, en totalité, se trouvaient sous le contrôle des forces du

20 HVO. Kacuni se trouve ici, une petite localité de Kacuni. Il s'agit d'un

21 carrefour ou plutôt d'une intersection de routes. De quoi il s'agit ? Le

22 25 janvier 1993, le commandant de la zone opérationnelle de Bosnie

23 centrale, du HVO, est un Blaskic Tihomir. De concert, plutôt en

24 coordination avec le commandant de la zone opérationnelle de Bosnie nord-

25 ouest, à savoir, sous le contrôle de Kiseljak, qui avait sous son contrôle

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1 ces deux villes.

2 Blaskic a donné l'ordre à l'une de ses brigades, Busovaca, de livrer

3 bataille, une attaque, en direction Kacuni pour briser les forces du 3e

4 Corps à Kacuni pour ensuite poursuivre ses efforts vers Kiseljak. Or, le

5 commandant de Kiseljak lui donne l'ordre d'attaquer à partir de Kiseljak

6 vers Brestovsko, Maljevac, c'est-à-dire, en direction de Kacuni. Pour

7 qu'une brigade de ce coté-là et l'autre brigade de ce côté-ci puissent se

8 rejoindre, qu'elles aillent à la rencontre l'une de l'autre. Ce que je

9 montre depuis Kacuni et ensuite Bilalovac, Brestovsko, c'est lieu de parler

10 d'une dizaine de kilomètres, un parcours inférieur à dix kilomètres. Le 3e

11 Corps d'armée, de concert avec le mien, corps d'armée, tenait les enclaves

12 de Busovaca, de Kiseljak, c'est-à-dire, du HVO et de Kresevo également.

13 Ces là que ces forces se trouvaient séparées, les forces se trouvaient

14 séparées.

15 Ces forces avaient pour objectif principal, d'attaquer à partir de Busovaca

16 et Kiseljak respectivement pour briser ici, où je montre, les forces du 3e

17 Corps d'armée et les forces du 1e Corps d'armée pour permettre à ce qu'il y

18 ait évidemment une connexion des deux forces armées du HVO pour placer le

19 tout sous leur contrôle.

20 Par la même occasion, Stiljek, le commandant de la zone opérationnelle en

21 Bosnie-Herzégovine du nord-ouest, a attaqué Gornji Vakuf, comme je le

22 montre sur le schéma. Avec la chute de Gornji Vakuk, il serait en liaison

23 directe avec Novi Travnik, avec Vitez. Si les autres avaient abouti pour se

24 joindre de Busovaca et Kiseljak, cela veut dire qu'ils pourraient enchaîner

25 l'ensemble des villes pour donner lieu à la création d'un territoire qu'ils

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1 intitulaient comme étant un territoire croate.

2 De quoi il s'agit ? Cette tentative qui est celle de Blaskic, évidemment

3 c'est une tentative qui ne devait pas être faite à n'importe quel prix.

4 Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison que s'ils pouvaient se saisir de

5 Kacuni, cela veut dire que c'est par là que passait pratiquement la

6 principale artère, c'est-à-dire la voie de communication qui menait de la

7 Bosnie centrale vers Sarajevo. Il n'y avait pas d'autres routes. Or, lui

8 venait de Sarajevo, pardon, de Tuzla, de la Bosnie centrale, je vous le

9 montre approximativement, pour descendre vers Visoko en empruntant cette

10 voie de commandant. La voie de communication le menant exactement à travers

11 mon village à moi, qui se trouve ici, pour descendre ensuite vers Kacuni,

12 pour emprunter la direction de Fojnica, pour passer la montagne de

13 Kosograve [phon].

14 Nous avons dû faire le parcours de tout ce massif montagneux pour venir à

15 Tarcin, traverser la montagne d'Igman, ensuite descendre à Sarajevo,

16 emprunter le tunnel creusé ici sous Sarajevo pour entrer ici. Blaskic, lui,

17 donnant son ordre à lui, voulait couper cette voie de communication.

18 Voici un exemple. Pourquoi le dirigeant politique et militaire de Bosnie-

19 Herzégovine, pendant toutes les quatre années de guerre, n'a jamais osé

20 prendre une décision portant sur la possibilité de couper le corridor serbe

21 menant de Brcko à Banja Luka ? Nous ne l'avons pas sur la carte en relief

22 ici mais supposez seulement, j'imagine que vous pouvez supposer une carte

23 géographique de la Bosnie-Herzégovine. Parce qu'évidemment, dans la partie

24 centrale de Bosnie-Herzégovine, qui dit cela dit Banja Luka, se trouvait

25 sous le contrôle des forces serbes. Il n'y avait qu'un corridor, mince, qui

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1 les liait avec Brcko. Toujours se poser la question, pourquoi nous n'avons

2 pas voulu couper ce corridor ?

3 Il est une Règle militaire qui dit : "Ne pas toucher l'ennemi à ce point-

4 là," qui l'aurait transformer en tigre, votre ennemi.

5 Qu'est-ce que cela veut dire, si on avait couper le corridor de Brcko, à

6 Banja Luka, tôt ou tard, on aurait dû y avoir soit une explosion je dirais,

7 qui aurait eu, entraîné des conséquences incalculables, indescriptibles, je

8 dirais, pour parler évidemment de pertes en vies humaines. Oui, il aurait

9 eu une capitulation, s'il y avait une capitulation, évidemment, cela aurait

10 été mieux.

11 Q. Puis-je vous interrompre pour une seconde dit M. Bourgon.

12 Au sujet de cette intersection de route, à Lasva et à Dusina, quelles

13 étaient les possibilités du général Hadzihasanovic pour les en empêcher ?

14 Que s'est-il passé ? Enfin, dites-le-nous en quelques mots seulement.

15 R. J'y étais justement. L'erreur militaire de Blaskic était faite,

16 notamment, par la tentative de couper ses droits de communication de

17 l'ABiH. Notamment, au niveau de Kacuni, le commandant du 3e Corps d'armée,

18 pour empêcher cette jonction des forces armées du HVO de Busovaca et de

19 Kiseljak, lui, se devait d'envoyer, depuis Zenica, ses forces par une autre

20 route. La seule route dont il disposait le long de la vallée de la Lasva,

21 pour passer par le village de Dusina, ce qui avait été, d'ailleurs, la voie

22 de communication la plus courte, pour en venir en aide. Militairement

23 parlant, c'est un procédé qui était tout à fait justifié. Pour parler des

24 conséquences, c'est une autre chose. Voilà la raison pour laquelle, à

25 Dusina, se sont trouvées les forces qui devaient prévenir l'attaque par le

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1 HVO du village de Dusina et du village de Merdani, ensuite. Très souvent,

2 on a évoqué ce village dans différents documents.

3 Le général Hadzihasanovic, pour prévenir cette jonction des forces ennemies

4 et pour assurer la seule artère de la

5 Bosnie-Herzégovine, par leurs voies de communication, il a fait ce qu'il a

6 fait. Militairement parlant, il y a été obligé. Militairement parlant, la

7 seule voie de venir en aide et de prévenir cette jonction de troupes était

8 de dépêcher ses unités à partir, évidemment, du bassin Zenica.

9 Q. Ma question suivante, mon Général, traite de la situation qui prévalait

10 au mois d'avril 1993. Nous savons bien qu'à cette époque-là, quelque chose

11 s'était produit dans le village de Miletici. Montrez-nous, s'il vous plaît,

12 où se trouve le village de Miletici; puis, montrez-nous s'il y avait un

13 objectif militaire quelconque ou une raison, militairement parlant,

14 quelconque pour qu'en avril 1993, il y ait des combats menés à Miletici ?

15 R. Est-ce que je peux le voir ? De loin, peut-être. Ceci a été écorché

16 peut-être ? L'inscription, peut-être, a été écorchée. Est-ce qu'il s'agit,

17 là, de Miletici. Je vois, ici, Maline et le village de Miletici, ici. Oui,

18 sur ce versant. Il s'agit, là, d'une pente. Nous pouvons lire, ici,

19 "Miletici". C'est là que se trouve ce village.

20 A voir comment le village se trouve situé, sa localisation, tout démontre

21 que ce village ne devait ou ne pouvait être un objectif militaire per se

22 important, ni pour le 3e Corps de l'ABiH, ni pour le HVO.

23 Q. La question suivante, mon Général, traite de la situation au mois de

24 juin 1993. Montrez-nous où se trouvait le commandement conjoint, où se

25 trouvait le commandant adjoint du 3e Corps d'armée, à Travnik.

Page 17824

1 R. Pour autant que je sache, le siège du commandement se trouvait dans

2 Travnik, même.

3 Q. Pouvez-vous nous montrer, s'il vous plaît, où se trouvait le général

4 Hadzihasanovic, à Zenica ?

5 R. Je crois que c'est, à peu près, à cet endroit-là, où je suis avec mon

6 pointeur, maintenant.

7 Q. Pouvez-vous nous montrer, maintenant, Guca Gora, de même que le village

8 Velika Bukovica où en juin 1993, les combats ont été engagés ?

9 R. Sur un versant de la de la montagne de Vlasic que nous pouvons lire

10 ici, "Velika Bukovica". Pour parler de Guca Gora, nous y sommes un peu plus

11 [inaudible] d'ici, je ne suis pas sûr de pouvoir voir observer tout cela.

12 Peut-être là où je montre, maintenant.

13 Q. Je suppose - et cela sur la base de votre rapport d'expert - que vous

14 avez eu connaissance du fait que la 306e Brigade avait envoyé une dépêche

15 pour avoir de l'aide pour la brigade qui se trouvait dans la vallée de la

16 Bila. C'était un appel au secours envoyé au 3e Corps d'armée parce que les

17 conflits avec le HVO avaient commencé. Dites-moi de quoi disposait le

18 général Hadzihasanovic si lui devait, par exemple, prendre décision de

19 dépêcher du secours et qu'a-t-il fait dans cette situation-là et pour

20 quelle raison ?

21 R. Le commandement de la 306e Brigade avait pour zone de responsabilité ce

22 que je suis en train de montrer ici. C'est là que se trouvaient déployées

23 ses troupes. D'après le document que j'ai pu consulter, la 306e a, en

24 effet, envoyé une dépêche requérant de l'aide, au début du mois de juin

25 1993, le 8 juin 1993.

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1 Après de nombreux incidents et étant donné les problèmes intervenus dans le

2 secteur, à commencer par les incidents d'Ahmici, puis, tout ce qui s'était

3 produit tout le long de ces gorges, de cette cuvette, pour que le

4 commandement du 3e Corps puisse intervenir pour dépêcher quelque forme

5 d'aide que ce soit - je dois le mettre en relief - c'est qu'il ne pouvait

6 pas emprunter d'autres voies de communication, sauf celles menant à travers

7 Ovnak ou l'autre voie de communication. Ici, je crois qu'à regarder la

8 carte en relief, sans topographie, évidemment tout porte à croire et voir

9 que c'était moins praticable que -- sauf des chèvres ou autres bêtes, ne

10 pourraient passer. Pour qu'un quelconque secours puisse être dépêché, la

11 306e Brigade, de la part du corps d'armée, le commandant avait deux options

12 : dépêcher l'aide par cette voie de communication menant via Ovnak ou par

13 la voie de communication menant par Vitez.

14 Q. Pour ce qui est de ces deux options, laquelle des options auraient

15 entraîné davantage de dommages collatéraux et qui, inévitablement, aurait

16 évidemment entraîné beaucoup plus de pertes humaines ?

17 R. Notamment, cette voie de communication menant par Vitez -- la voie de

18 communication que je montre et celle-la menant vers Lasva, y compris

19 l'ensemble du secteur de Vitez, il s'agit d'un territoire à population

20 dense. Par conséquent, le commandant a opté pour un autre axe, c'est-à-

21 dire, là où il y a moins de population, le col, ici, à la différence de

22 l'autre voie de communication.

23 Q. Mon Général --

24 R. Militairement parlant, c'était une décision tout à fait justifiée. Moi-

25 même, si j'étais à sa place, j'aurais pris la même décision. Voilà la

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1 raison pour laquelle il s'était décidé à y aller via Ovnak pour,

2 évidemment, avoir moins de pertes humains et moins de dommages collatéraux.

3 Q. Mon Général, étant donné le choix fait par le commandant, à ce moment-

4 là, s'agit-il de dire qu'il s'agit de ce type de décision auquel on

5 s'attendait de la part d'un commandant de corps d'armée ? Autrement dit,

6 devait-il opter pour la version qui devait entraîner moins de dommages

7 collatéraux ? S'agit-il d'une décision prise au niveau opérationnel, cette

8 fois-ci, au niveau d'un corps d'armée, juste bonne ?

9 R. Il s'agit d'un secteur fort restreint, pour parler de l'ensemble de la

10 zone de responsabilité qui relevait de la compétence du 3e Corps d'armée.

11 Vous avez la possibilité de voir ce que je suis en train d'encercler avec

12 mon pointeur pour vous délimiter ce secteur. Comparaison faite de ce

13 secteur si restreint, avec l'ensemble de la zone de responsabilité relevant

14 de la compétence du 3e Corps, le fait est éloquent pour que vous compreniez

15 qu'il ne s'agissait pas de prendre une décision au niveau du commandant du

16 3e Corps d'armée. Mais cela n'exclut pas la possibilité de voir le

17 commandant du corps impliqué dans le sens du suivi à faire de ses

18 subalternes, de ce qui il s'agit, d'ailleurs, peut-être de l'ordre d'une

19 brigade ou d'un Groupe opérationnel au maximum qu'on devait parler pour

20 parler des forces engagées.

21 Q. Il y a eu peut-être quelques problèmes avec l'interprétation. Mais ma

22 dernière question, mon Général : est-ce que vous pouvez nous montrer, pour

23 le mois de juin 1993, en même temps que les événements dans la vallée de la

24 Bila ou peu de temps après, qu'il y avait une autre activité dans la zone

25 de Zepce ? Est-ce que vous pouvez nous expliquer quelle a été l'importance

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1 de Zepce, de Maglaj, de Zavidovici, en juin 1993 ?

2 R. Le mois juin 1993 a été le mois le plus difficile et le plus critique

3 pour le 3e Corps de l'ABiH. Pourquoi ? Précisément à cause des attaques

4 incessantes des forces du HVO contre Gornji Vakuf et Bugojno pour percer

5 vers Novi Travnik, et ensuite, parce qu'en même temps, il y avait

6 l'activité incessante des forces du HVO dans la vallée de la Bila, pour la

7 placer, elle aussi, sous leur contrôle. Après le mois de janvier 1993, le

8 HVO n'arrêtait pas d'essayer d'opérer une jonction avec ces forces de

9 Busovaca et de Kiseljak. Qui plus est, en plus de tout cela, un problème

10 aussi grave se pose à Zepce. Le HVO à Zepce, en juin, prépare une opération

11 afin d'éliminer toute une brigade du 3e Corps. En fait, quoi il s'agit là ?

12 La coopération du HVO de Zepce avec l'armée de la République serbe a donné

13 lieu -- ont fait un accord. Ils se sont mis d'accord pour rendre, à un

14 moment donné, une partie de la ligne qu'ils tenaient, à l'armée de la

15 République serbe pour pouvoir libérer une partie de leurs forces et pour

16 attaquer la Brigade de Zepce, du 3e Corps de l'ABiH et pour s'emparer à

17 100 % de toute la ville de Zepce. Le 30 juin, comme ceci figure dans les

18 documents, en 1993, ils l'ont fait en réalité. Le 1er juillet 1993 déjà, le

19 numéro un, sur le plan politique du HVO à Zepce, a produit un document à

20 l'intention du commandant du 3e Corps par lequel il l'informe du fait qu'il

21 a 3 500 civils faits prisonniers, et 1 000 soldats de cette brigade qui se

22 sont rendus. Environ 4 500 personnes qu'il a placées dans un tunnel. Il y a

23 un grand tunnel à cet endroit, à Zepce, à côté de Zepce. Il demande au

24 général Hadzihasanovic de ne pas continuer de tirer à cause des victimes.

25 Il demande qu'il y a un échange au plus vite parce qu'il ne peut plus

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1 assurer le nécessaire, les conditions nécessaires dans ce tunnel, pour

2 4 500 personnes. Le commandant de la brigade, lui aussi, a été fait

3 prisonnier, et la majeure partie de la brigade. Juste une petite partie de

4 la brigade est parvenue à opérer une percée, groupe par groupe, et à

5 rejoindre le reste des brigades du 3e Corps de l'armée. Compte tenu de

6 toute cette zone de responsabilité du 3e Corps, ici, il y a eu coopération

7 concrète entre le HVO et l'armée de la République serbe. Il y avait des

8 attaques incessantes en direction de Zenica. Ici aussi, une coopération

9 très importante entre le HVO et l'armée de la République serbe, les

10 attaques incessantes sur Travnik, des incidents incessants et des combats

11 sur toute la zone de responsabilité du 3e Corps. L'attaque sur Bugojno et

12 Gornji Vakuf, l'attaque entre Busovaca et Kiseljak, en plus des problèmes

13 que posaient les forces du HVO à Kakanj au début de 1993. Tout ceci, sur un

14 plan militaire, nous montre que le 3e Corps de l'ABiH, à l'été 1993, ainsi

15 que son commandant, se sont trouvés dans une situation impossible.

16 Q. Mon Général, je vous remercie.

17 M. BOURGON : Monsieur le Président, je ne sais pas si les Juges voudraient

18 poser des questions maintenant, ou si nous pouvons voir le modèle la

19 semaine prochaine pour poser des questions, à ce moment-là. Merci, Monsieur

20 le Président.

21 [La Chambre de première instance se concerte]

22 M. BOURGON : Merci, Monsieur le Président.

23 Q. [interprétation] Merci, mon Général. Nous allons examiner l'annexe 74 à

24 présent. Je vais vous demander de nous expliquer ce que représente l'annexe

25 74 et de quelle manière est-ce qu'il nous montre la situation difficile

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1 dans laquelle s'est trouvée l'ABiH, et en particulier son 3e Corps. Vous

2 pouvez vous servir du crayon si vous le souhaitez.

3 R. Cette annexe représente la Bosnie-Herzégovine. La légende comporte

4 trois couleurs : le rouge, qui montre le territoire de la Bosnie-

5 Herzégovine en janvier 1993, placé sous le contrôle de l'armée de la

6 République serbe; en jaune, on voit le territoire de Bosnie-Herzégovine

7 sous le contrôle du conseil croate de Défense; et en bleu, on voit le

8 territoire de Bosnie-Herzégovine sous le contrôle de l'ABiH. Ici,

9 maintenant, je vais montrer l'enclave jaune où se situe Zepce, et c'est

10 écrit. Je vais l'encercler en rouge. Ensuite, l'enclave de Vares. L'enclave

11 suivante c'est précisément Kiseljak et Kresevo. Kiseljak, Kresevo, et une

12 enclave plus grande de Busovaca. Je viens d'en parler. Vitez et Novi

13 Travnik ici. En bas, nous avons Bugojno, l'enclave. C'est ici. Nous avons

14 Gornji Vakuf, qui n'était pas une enclave, mais il se situe sur la ligne

15 même du conflit avec le conseil croate de défense. Gornji Vakuf est ici.

16 C'est précisément cette partie du territoire qui se situe entre Busovaca et

17 Kiseljak, c'est la partie qu'il fallait couper. Je suis en train de les

18 relier avec une ligne épaisse rouge. C'était la voie d'accès essentielle

19 pour l'ABiH, et de toute manière, pour qu'on puisse se rendre de la vallée

20 de Tuzla ou de Zenica, vers le sud, c'est-à-dire, vers Sarajevo. C'était

21 une artère d'importance essentielle.

22 Nous avons mentionné le village de Dusina.

23 L'image suivante qui découle de l'annexe précédente, que se passe t-il.

24 Nous avons au nord-ouest de la Bosnie-Herzégovine, une nouvelle couleur. La

25 moitié du territoire est placée sous le contrôle de l'ABiH, et l'autre

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1 moitié est tombée entre les mains de Fikret Abdic, avec ses forces, donc

2 c'est le nord-ouest de la Bosnie, c'est un nouvel ennemi qui a fait son

3 apparition. C'est un ennemi de l'ABiH, c'est donc l'image précédente,

4 concernant janvier 1993. Maintenant, nous sommes en décembre 1993.

5 Ensuite, une nouvelle couleur, pour tout le territoire qui se situe à

6 l'est, là où on voit en bleu l'ABiH, elle est entrecoupée des territoires

7 dont se sont emparées les forces de la République serbe. Tout ce territoire

8 a été occupé au cours de l'année 1993, par l'armée de la République serbe.

9 Donc autour de Brcko en haut, nous avons un territoire que j'encercle, au

10 dessous de Kalesija aussi, un territoire. Autour de Srebrenica, Zepce, et

11 Zepa, tout ce territoire, ensuite autour de Visegrad, tout ce qu'ils ont

12 occupé. Il reste donc Srebrenica, Zepa, et Gorazde. J'inscris des points

13 dans ces trois enclaves bleues.

14 Ensuite, on a coupé le lien entre Gorazde et Sarajevo. Une partie à

15 côté de Kladanj ici et à côté de Zivinice.

16 A six ou sept endroits, les forces de l'armée de la République serbe

17 au cours de l'année 1993, ont occupé du territoire. Qu'est-ce que j'entends

18 par là ? Qu'est-ce que je souhaite dire par là. Que l'année 1993 d'un point

19 de vue stratégique, pour l'armée de la République de Bosnie-Herzégovine a

20 constitué un tournant, et l'armée la plus difficile. Pour la raison

21 suivante, le conseil croate de Défense de l'armée de la République serbe,

22 se sont mis d'accord, ensemble avec Fikret Abdic au nord-ouest de la

23 Bosnie. Par cet accord, ils se sont partagés les responsabilités. L'armée

24 de la République serbe dit : "J'occuperais tout ce qui longe la frontière

25 est, de Bosnie-Herzégovine," et c'est ce qu'il a fait, dans la majeure

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1 partie. Il ne restait que trois petites enclaves, Srebrenica, Zepa et

2 Gorazde.

3 De fait, elle n'avait plus aucune signification d'un point de vue

4 stratégique. Le conseil croate de Défense, a eu pour tâche d'agir

5 précisément à l'intérieur de la zone qui a été proclamée communauté croate

6 d'Herceg-Bosna, dit occuper tout ce que j'ai mentionné, tout ce que j'ai

7 montré sur la maquette. Ensemble avec Fikret Abdic, qui au nord-ouest de la

8 Bosnie, a fait tout pour détruire le 5e Corps.

9 Q. Excusez-moi, mon Général, il ne nous reste que 10 minutes, il faut que

10 je vous interrompe, et il me reste encore quelque chose à vous demander.

11 R. Si ce plan tel que conçu avait été mis en œuvre, pour ce qui est de

12 l'ABiH et de tous ses corps d'armée, il n'en serait resté que peut-être

13 cinq, six ou sept petites enclaves. Celles-ci enfin de compte, auraient dû

14 tomber et capituler. Heureusement ceci ne s'est pas produit.

15 Q. Mon Général, merci. Je voudrais qu'on passe à l'annexe 80, page 2. Je

16 voudrais que vous nous montriez brièvement ce que vous avez montré sur la

17 carte, au sujet du plan du HVO, de relier Busovaca et Kiseljak. Est-ce que

18 vous pouvez montrer où se situe Zenica.

19 R. Zenica est ici.

20 Q. Vous pouvez vous servir d'autre couleur, vous avez le noir aussi,

21 serait peut-être mieux. Pouvez-vous nous montrer Zenica.

22 R. Zenica est ici. Je viens de l'encercler.

23 Q. Busovaca.

24 R. Busovaca est ici.

25 Q. Ou est Kiseljak, ou au moins pouvez-vous nous montrer la direction dans

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1 laquelle se situe Kiseljak.

2 R. Kiseljak est en bas à droite, encore plus au sud que le carré que j'ai

3 tracé.

4 Q. Où se situe Kacuni.

5 R. Kacuni c'est ce qu'on voit ici.

6 Q. Le carrefour de la Lasva.

7 R. Lasva est ici.

8 Q. Les forces qui ont été envoyées pour défendre en passant par Dusina, de

9 Zenica à Dusina, puis à Kacuni, par où sont-elles passées ?

10 R. Oui.

11 Q. Ce que vous avez expliqué.

12 R. Oui, je peux tirer une ligne maintenant de Zenica en passant par Lasva,

13 ensuite par Dusina, pour aider Kacuni. C'est la ligne bleue. J'ai fait une

14 jonction, c'est le seul axe possible.

15 Q. Pouvez-vous nous dire juste où est Dusina.

16 R. Dusina est à peu près ici, là où je viens de placer un cercle un peu

17 plus grand.

18 Q. Est-ce que vous pouvez écrire "Dusina" à côté. Nous allons essayer de

19 faire un arrêt et d'en tirer un cliché par la suite.

20 R. [aucune interprétation]

21 Q. Je vous remercie. Je voudrais passer à une autre annexe. A l'annexe

22 109.

23 M. BOURGON : Monsieur le Président, si je peux obtenir une 10 minutes

24 supplémentaires, parce que nous allons perdre la technique, demain nous

25 sommes dans la salle II, nous n'avons plus, et en 10 minutes, je pourrais

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1 montrer les trois dernières cartes qui me restent à montrer. Je vous

2 remercie, Monsieur le Président.

3 R. Sur cette annexe on voit précisément, avec cette flèche, la direction

4 d'attaque de Busovaca vers Kiseljak. Kiseljak c'est ce que je suis en train

5 d'encercler en rouge, et Busovaca est ceci. Cet axe, cette voie d'attaque

6 vers Kiseljak, c'est la ligne qui va aussi en retour jusqu'à Busovaca.

7 L'objectif était d'opérer une jonction entre ces deux enclaves. En même

8 temps la tentative permanente était de passer par Vakuf pour opérer une

9 jonction avec cette enclave-ci et aussi avec l'enclave de Bugojno.

10 Q. Maintenant, je voudrais passer à l'annexe 111, qui représente la

11 situation en juin 1993.

12 [Le conseil de la Défense se concerte]

13 M. BOURGON : Il ne s'agit pas de difficulté, Monsieur le Président, c'est

14 que le fichier est très grand.

15 Q. [interprétation] Mon Général, pourriez-vous rapidement nous décrire ce

16 que nous voyons ici sur cette annexe.

17 R. Cette annexe montre en rouge la ligne des forces de l'armée de la

18 République serbe. A partir de la légende, cela va jusqu'en haut au nord-

19 est. En bleu, on voit les lignes de défense du 3e Corps de l'ABiH. En même

20 temps, ces voies de communication sont représentées en marron de manière un

21 peu renforcé avec les postes de contrôle placés sur ces voies de

22 communication. La ville de Travnik, je pense qu'on peu la voir, on la voit

23 bien, elle est ici; ensuite Novi Travnik, Vitez, et Zenica. Tous ces

24 endroits sont moins importants que les trois endroits clés, et celui-ci à

25 Ovnak, que j'ai montré sur la maquette; ensuite celui-ci à Vitez, je l'ai

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1 montré également sur la maquette; et ce lieu ici sur le carrefour, c'est un

2 carrefour en forme de lettre "T". On voit que ces trois endroits sont la

3 seule voie d'accès dans la vallée de la Bila. La voie qui passe par ces

4 trois endroits et on voit que les trois sont entre les mains du HVO, on le

5 voit dans la légende.

6 La ligne entièreté noire montre la frontière de la municipalité de Travnik,

7 et si vous examinez tous ces postes de contrôle, tous ces lieux ici, et si

8 vous ajouter à cela ce qui était entre les mains de l'armée de la

9 République serbe, et ceci vous montre à quel point la situation était

10 complexe.

11 Q. Mon Général, je vous remercie. Passons à l'annexe 112, c'est l'avant

12 dernière; on y voit l'attaque sur Ovnak.

13 Entre temps, mon Général, je souhaite vous poser une question :

14 l'importance d'opérer une jonction entre Vares d'une part, et Zepce,

15 Maglaj, et Zavidovici, d'autre part, à quel point était-ce important pour

16 l'armée de la République serbe, d'un point de vue stratégique, et ce en

17 juin et en juillet 1993.

18 R. Je n'ai pas tout à fait compris. Je dois reconnaître que je n'ai pas

19 tout à fait compris la question.

20 Q. Mon Général, avançons. Je vais vous montrer cette carte et la suivante

21 par la suite. Je voulais simplement gagner du temps.

22 Pouvez-vous nous expliquer ce que l'on voit sur cette carte, cette annexe

23 112.

24 R. Dans l'annexe 112, nous lisons dans l'intitulé la disposition le 8 juin

25 1992 [comme interprété], et en légende, nous lisons, en bleu, l'ABiH; en

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1 rouge, est présenté l'armée de Republika Srpska; en couleur marron, sont

2 présentées les forces du HVO. En fait, ce que nous avons derrière la ligne

3 en rouge entièreté, ce que je montre maintenant se trouvait sous le

4 contrôle, ce territoire se trouvait sous le contrôle de l'armée de

5 Republika Srpska. Ici se trouvait l'ABiH et cette couleur-là nous indique

6 la présence des forces armées du HVO.

7 En fait, ici encore le tracé entièreté présente la frontière délimitant la

8 municipalité de Travnik, et en bleu les territoires sous contrôle du 3e

9 Corps de Bosnie-Herzégovine.

10 Je vais maintenant encercler quelque chose qui était une des enclaves sous

11 le contrôle du 3e Corps de l'ABiH; ensuite la seconde enclave et la

12 troisième enclave, la quatrième et, bien entendu, l'ensemble du territoire

13 en haut se trouvant sous le contrôle du

14 3e Corps d'ABiH.

15 Tout ce que nous avons, entre ces enclaves, a un pourcentage fort élevé se

16 trouvait sous le contrôle du HVO. Ovnak, ce point si important dont nous

17 parlions se trouve notamment ici. L'autre point important celui de Vitez,

18 ce dont nous parlions tout à l'heure se trouve approximativement ici. Or,

19 le commandant a pris la décision de mettre le cap via Ovnak, en des termes

20 militaires, on voulait présenter l'effort principal des unités qui

21 représentaient les structures du groupe tactique Ovnak, nouvellement créée,

22 créée comme je dirais en conséquence de l'appel à l'aide par la 306e

23 Brigade, ce que je suis en train d'encercler maintenant.

24 Le but de ces combats, plutôt de cette bataille, consistait à ce qu'on

25 puisse déboucher le long et la ligne en noir, que je viens tracer, pour

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1 enlever notre neutraliser le point de contrôle d'Ovnak pour neutraliser la

2 voie de communication menant vers Ovnak pour venir en aide à ces enclaves,

3 les enclaves que je marque en ce moment-ci, il s'agit de ces trois

4 premières enclaves, mais, notamment, il a fallu, porter secours à l'enclave

5 de Travnik. Le tout fut lancé le 8 juin 1993 car après, une nouvelle ligne

6 a été établie, séparant le 3e Corps de l'ABiH et le HVO. Ce que d'ailleurs,

7 vous pouvez voir sur une autre annexe.

8 M. BOURGON : Merci, Monsieur le Président. Nous repassons maintenant à

9 l'annexe 74 pour montrer ce qui s'était ce qui s'était passé dans le

10 territoire de Maglaj.

11 Q. [interprétation] Expliquez-nous brièvement, succinctement, mon Général,

12 ce qui se passait ici, notamment dans le secteur en jaune, autour de

13 Maglaj, ensuite ce qui s'est passé sur l'axe de Vares à Zavidovici. Quel

14 était l'intérêt de l'armée de la Republika Srpska de voir la jonction de

15 Varez et de Zavidovici.

16 R. Pour pouvoir vous répondre je devrais avoir un aperçu, je dirais, sur

17 l'ensemble de la Bosnie-Herzégovine. Or, je dirais que, tout comme le HVO,

18 la VRS avait intérêt d'opérer une jonction et Busovaca et Kiseljak. La VRS

19 voulait avoir une jonction d'Olovo via Vosoko, à savoir via Zavidovici, et

20 cetera. Par cette jonction des forces armées de l'armée de la Republika

21 Srpska, de Vosoko et d'Olovo, aurait coupé la région de Tuzla pour en faire

22 une nouvelle enclave. Physiquement, cette enclave serait coupée de la

23 région de Zenica. Le 2e et le 3e Corps d'armée auraient été séparés,

24 littéralement séparés. Premièrement, et c'est là où il y a une coïncidence

25 entre les intérêts que représentaient Zepce et Vares.

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1 Mais les circonstances ne s'y prêtaient pas. Mon Corps avait à livrer

2 batailles farouches à Olovo pendant trois mois presque, ayant pour objectif

3 de défendre Olovo pour empêcher les forces serbes de venir d'Olovo à

4 Vosoko. Au départ, faire cette enclave à laquelle je me référais.

5 Mais lorsqu'il s'agit de Zepce, comme je l'ai le 30 juin 1993 ou plutôt le

6 1er juillet 1993, de la même, le HVO, c'est ce que je marque ici et ce qui

7 est présenté sur la carte en jaune, et j'y ai marqué un cercle, le HVO

8 s'était mis d'accord avec l'armée de la Republika Srpska pour obtenir une

9 partie de positions. Ces positions, je vais essayer de les marquer en noir.

10 Voilà ce que je montre maintenant avec cette flèche en noir.

11 Q. Mon Général--

12 R. Ainsi, le HVO et la VRS, par cette convention et accord, ont créé une

13 autre enclave, Maglaj, c'est-à-dire, au nord, elle s'est trouvée

14 complètement coupée. Voilà, de toute évidence, un nouveau problème grave, à

15 savoir, comment mener les combats à Tesanj, à Maglaj, du point de vue

16 logistique, du point de vue acheminement, de vivres, de munitions, et

17 cetera.

18 Q. Pouvez-vous, s'il vous plaît, moyennant un feutre noir nous tracer,

19 nous montrer la tentative de jonction opérée entre Vares et Olovo. D'un

20 autre côté, dites-nous comment se présenteraient tous ces aboutissements ?

21 R. C'est en rouge que je vais marquer les forces de l'agresseur, à savoir

22 celles de la Republika Srpska, qui tentaient de concert avec les forces du

23 HVO d'attaquer selon cet axe-là. Or, c'est à partir de cet axe-là qu'ils

24 avaient engagé bataille. Ce qu'ils voulaient, dans ce secteur ici, les

25 actions menées de concert, pour couper tout contact physique entre le 2e et

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1 le 3e Corps et moi-même d'ailleurs parce que le 3e Corps avait un lien, une

2 liaison physique normale avec le 2e et mon corps d'armée. Ainsi donc, Tuzla

3 et l'ensemble de ce territoire seraient devenus une nouvelle enclave.

4 En me servant de la même carte, puis-je dire que pour parler de Busovaca

5 et de Kiseljak, maintenant, c'est ici ce qui est montré en jaune et bleu,

6 que je trace une nouvelle ligne en rouge, je veux dire qu'ils tentaient

7 d'opérer une nouvelle jonction. Il en découle comme je viens de le dire

8 tout à l'heure, que l'ensemble du territoire sous contrôle de l'ABiH devait

9 être morcelé pour donner lieu à 5 ou 6 enclaves qui à elles-mêmes auraient

10 du mal à survivre et avec le temps elles finiraient par disparaître ce qui

11 aurait marqué la fin de la Bosnie-Herzégovine. Par suite de quoi, l'ONU

12 devait évidemment faire adopter une nouvelle résolution pour invalider une

13 autre résolution.

14 M. BOURGON : Merci, Monsieur le Président. Merci pour ce temps additionnel.

15 M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien. L'audience se termine, mais, mon Général,

16 vous reviendrez pour l'audience qui débutera demain matin à 9 heures,

17 puisque nous sommes de matinée.

18 Je vous remercie. J'invite tout le monde à revenir pour demain 9 heures.

19 --- L'audience est levée à 19 heures 15 et reprendra le jeudi 24 mars 2005,

20 à 9 heures.

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