Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le mardi 15 mai 2007

2 [Audience publique]

3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

4 --- L'audience est ouverte à 14 heures 20.

5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame la Greffière, est-ce que vous

6 souhaitez citer l'affaire ?

7 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour. Il s'agit de l'affaire IT-04-

8 84-T, le Procureur contre Ramush Haradinaj et consorts.

9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.

10 Avant de poursuivre l'interrogatoire du témoin, j'ai quelques points de

11 procédure à aborder.

12 Hier, j'ai demandé à la Défense de déposer une lettre portant sur ce

13 nouvel incident ayant trait à l'enregistrement audio du récolement, et j'ai

14 permis à l'Accusation ensuite d'y répondre rapidement. L'Accusation a

15 déposé sa demande, a attiré notre attention sur la décision Karemara. S'il

16 faut encore une réponse ou une réplique, vous pouvez le faire dans les 36

17 heures.

18 Ensuite, je tiens à mettre au compte rendu que M. Emmerson dispose

19 d'un courriel envoyé à la Chambre, copie à l'Accusation, portant sur les

20 décisions dans les affaires Edwards et Lewis, décision du Royaume-Uni en

21 2004, ainsi que du rapport du comité de l'appelant dans les affaires Regina

22 c. H. et Regina c. C.

23 M. Emmerson, quand je vois qui a participé à ces procédures, je pense

24 que vous n'avez pas eu besoin de beaucoup de temps pour trouver ces

25 décisions.

26 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

27 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Pappas, je suis désolé d'avoir

28 dû traiter d'autres points.

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1 Merci d'avoir donné à la Section des Victimes et des Témoins votre

2 rapport expurgé. Il est maintenant en cours de traduction, ce qui va

3 prendre un peu de temps, mais les parties ont déjà reçu copie de l'original

4 en grec.

5 Avant de donner la parole à M. Di Fazio pour qu'il poursuive son

6 interrogatoire principal, je tiens à vous rappeler que vous êtes toujours

7 tenu par la déclaration solennelle que vous avez faite au début de votre

8 déposition hier.

9 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je vous remercie.

10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Di Fazio, vous pouvez y aller.

11 M. DI FAZIO : [interprétation] Je vous remercie.

12 Témoin, le document qui vous a été montré hier n'était pas totalement

13 complet. Il s'agit de la pièce 677 sur la liste 65 ter. Pouvons-nous à

14 nouveau, s'il vous plaît, montrer cette pièce ou document. Il y avait des

15 problèmes d'expurgation sur ce document, mais je pense que tout a été

16 corrigé maintenant. Je tiens à dire que j'avais fait des hypothèses

17 erronées à propos des expurgations et que ce sont les observations des

18 autres parties qui ont permis de corriger ce problème.

19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je tiens à vous demander s'il s'agissait

20 de passages qui avaient été surlignés ou des passages qui avaient été

21 expurgés ?

22 M. DI FAZIO : [interprétation] Il s'agit des passages qui avaient été

23 surlignés uniquement à l'aide d'un Stabilo, et non pas d'une expurgation.

24 LE TÉMOIN: ACHILLEAS PAPPAS [Reprise]

25 [Le témoin répond par l'interprète]

26 Interrogatoire principal par M. Di Fazio : [Suite]

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27 [Audience à huis clos partiel]

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23 [Audience publique]

24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Madame la Greffière.

25 Veuillez poursuivre, Maître Emmerson.

26 M. EMMERSON : [interprétation] Monsieur le Président, j'indique que dans le

27 dossier, l'intercalaire 2, a d'ores et déjà été enregistré et constitue la

28 pièce P284; l'intercalaire 13 a été enregistré et constitue la pièce P277;

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1 l'intercalaire 20 a déjà été enregistré et constitue la pièce P280;

2 l'intercalaire 23 a été enregistré comme étant la pièce P281;

3 l'intercalaire 24 comme étant la pièce P282, et l'intercalaire 25 comme

4 étant la pièce P283. Pour autant que je le sache, ce sont les seuls

5 intercalaires du dossier qui ont déjà été enregistrés aux fins

6 d'identification.

7 Contre-interrogatoire par M. Emmerson :

8 Q. Monsieur Pappas, vous êtes arrivé à Peje aux environs de la mi-juillet,

9 n'est-ce pas ?

10 R. C'est exact.

11 Q. D'après ce que vous avez déjà dit, vous vous êtes rendu assez

12 régulièrement dans le secteur qui se trouvait en dehors des routes

13 principales, n'est-ce pas ?

14 R. Oui, c'est exact.

15 Q. Est-il exact que votre mission consistait au départ à établir des

16 contacts afin de vous familiariser avec le ou les noyaux de responsables

17 actifs de l'UCK ?

18 R. Oui.

19 Q. Pour être plus clair, vous deviez également observer et suivre les

20 noyaux actifs parmi les Serbes, n'est-ce pas ?

21 R. Nous n'avions pas pour consigne stricte de suivre les activités des

22 Serbes, mais il nous appartenait de déterminer quelle était l'importance à

23 accorder au suivi des uns ou des autres, donc, c'était à nous qu'il

24 appartenait d'en décider.

25 Q. Mais vous vous observiez les deux parties ou seulement une seule ?

26 R. Les deux parties.

27 Q. Donc vous tentiez d'établir quelles forces serbes étaient déployées

28 dans le secteur et à quel endroit, n'est-ce pas ?

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1 R. Il s'agissait d'informations que nous ne recherchions pas comme le

2 feraient des agents d'espionnage évidemment. Mais si nous assistions au

3 déplacement d'un char et que nous pouvions suivre son déplacement sur la

4 route, nous en rendions compte. Mais notre but principal n'était pas de

5 déterminer à chaque instant où se trouvait ce char.

6 Q. Etiez-vous en contact avec des responsables publics serbes qui vous

7 auraient éventuellement donné des informations sur les lieux de déploiement

8 serbes ?

9 R. Nous posions des questions aux maires, aux chefs de la police, aux

10 procureurs ou à quelque responsable qui se trouvait dans le secteur, qu'il

11 s'agisse de dirigeants de partis politiques, de dirigeants religieux, de

12 militaires, et nous obtenions grâce à nos entretiens avec eux certains

13 enseignements.

14 Q. Est-ce que vous avez eu des contacts officiels avec des membres de

15 l'armée yougoslave ou du MUP ?

16 R. Non, à aucun moment. Ce que je veux dire, c'est que je n'en ai pas eus,

17 mais Kaufmann, qui était le chef d'équipe, a essayé à plusieurs reprises de

18 rencontrer des dirigeants de l'armée yougoslave, qui n'ont jamais accepté

19 de nous rencontrer.

20 Q. Donc, s'ensuit-il que vous ne vous êtes jamais rendu par exemple dans

21 un lieu où était déployée l'armée yougoslave ?

22 R. En effet, non.

23 Q. Et vous n'avez jamais eu la possibilité de voir des forces de l'armée

24 yougoslave oeuvrant de concert avec des forces du MUP sur une opération

25 particulière ?

26 R. Non.

27 Q. Et vous ne savez pas où étaient stationnées ces forces de l'armée

28 yougoslave ?

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1 R. Nous savions où se trouvaient leurs camps.

2 Q. Comment saviez-vous où ces forces étaient stationnées ?

3 R. Nous le savions parce que c'était évident.

4 Q. Mais vous dites que c'était évident -- évident, dans quel sens ?

5 R. Je dis que ce qui était évident, c'était l'emplacement des camps.

6 Q. Mais l'emplacement des camps --

7 R. L'endroit où ces forces étaient stationnées.

8 Q. Vous parlez de la caserne ?

9 R. Oui.

10 Q. Vous saviez où se trouvait la caserne principale abritant la 125e

11 Brigade de Peje ?

12 R. Oui.

13 Q. Ainsi que la caserne abritant la 549e Brigade de Prizren ?

14 R. [aucune interprétation]

15 Q. [aucune interprétation]

16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pour les deux, j'indique qu'il importe

17 de ménager une pause entre la fin des questions et le début des réponses,

18 ainsi qu'entre la fin des réponses et le début des questions.

19 M. EMMERSON : [interprétation]

20 Q. Pour que nous comprenions bien la situation, vous saviez où se

21 trouvaient les deux casernes principales, une à Peje et l'autre à Prizren ?

22 R. Oui.

23 Q. Est-ce que vous saviez où se trouvaient les forces serbes déployées

24 ailleurs que dans cette région ?

25 R. Non, nous ne disposions pas de ce renseignement. Nous ne savions que ce

26 que nous pouvions voir de nos yeux lors de nos patrouilles quotidiennes.

27 Q. Je crois vous avoir entendu dire - en tout cas il est certain que cela

28 figure dans votre déclaration écrite - que vous avez vu des forces serbes

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1 patrouillant sur la route reliant Peje à Gjakove, n'est-ce pas ?

2 R. Certains jours, oui.

3 Q. Donc vous n'avez jamais eu la possibilité, par exemple, de d'observer

4 les forces serbes et les forces du MUP stationnées sur les hauteurs à

5 l'ouest de Decane ?

6 R. Non.

7 Q. Ou les forces serbes stationnées à Suka Baballoq, Suka Radoniq, et Suka

8 Cermjan à l'est de la grand-route ?

9 R. Non.

10 Q. Avez-vous eu des informations au sujet des effectifs des forces serbes

11 qui étaient déployés sur les hauteurs dans le secteur du lac Radoniq ?

12 R. Non.

13 Q. Ou dans le secteur du canal ?

14 R. Non.

15 Q. Est-ce que vous avez eu la possibilité --

16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Emmerson, encore une fois vous

17 avez entamé votre question suivante alors que le témoin était toujours en

18 train de s'apprêter à dire oui ou non. Je vous demanderais de bien penser à

19 la nécessité des pauses entre réponses et questions, car cela devient

20 impossible pour les sténotypistes et les interprètes.

21 M. EMMERSON : [interprétation]

22 Q. Suis-je en droit de partir du principe, Monsieur Pappas, que

23 personnellement à cet époque-là, vous estimiez qu'il pouvait se trouver des

24 forces spéciales serbes déployées dans le secteur environnant le canal ou

25 est-ce que vous ne le saviez pas ?

26 R. Je le sais, mais ce que je sais, c'est que pendant une période il n'y a

27 eu aucune présence des forces serbes dans cette région.

28 Q. Comment le savez-vous, Monsieur Pappas ? Est-ce que vous êtes allé à

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1 cet endroit ? C'est ma première question.

2 R. Avant la date en question, je n'y suis jamais allé.

3 Q. Comment savez-vous qu'il n'y avait pas de forces serbes déployées le

4 long du canal ?

5 R. Pour autant que le sache, Wolfgang Kaufmann se trouvait sur place deux

6 ou trois mois avant que je n'y arrive. A mon arrivée, il m'a transmis des

7 renseignements sur le secteur, sur ce que nous étions censés y faire et sur

8 les éléments d'information qui nous intéressaient particulièrement. Il m'a

9 donné une idée générale. Il ne m'a jamais dit dans le cadre de ces

10 informations générales que pendant la durée de son séjour sur place il y

11 avait eu une présence serbe dans le secteur.

12 Q. Oui. Est-ce qu'il s'était rendu auprès des troupes serbes déployées à

13 Suka Radoniq ?

14 R. Non.

15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je dois insister encore une fois auprès

16 de vous pour vous intimer de ne pas parler en même temps. Monsieur Pappas,

17 je sais que vous avez l'habitude de ce genre de succession de questions et

18 de réponses, et je suis sûr que vous accepterez d'attendre la fin de la

19 question avant de commencer à y répondre.

20 Maître Emmerson, veuillez poursuivre.

21 M. EMMERSON : [interprétation]

22 Q. Pour que tout soit clair, M. Kaufmann n'a jamais procédé à une

23 quelconque inspection des troupes serbes déployées dans le secteur

24 entourant le lac Radoniq ou dans le secteur du canal en tant que tel ?

25 R. Pour autant que je le sache, non.

26 Q. Donc lui, personnellement, n'était pas en mesure de vous dire en

27 s'appuyant sur quelque chose qu'il aurait vu personnellement, s'il y avait

28 ou s'il n'y avait pas des forces serbes déployées dans ce secteur à ce

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1 moment-là ?

2 R. En effet, c'est exact.

3 Q. Parce que dans certains de vos rapports, ainsi que dans certaines de

4 vos déclarations écrites, on trouve une affirmation indiquant que les

5 cadavres que vous avez vus -- ou plutôt, selon laquelle les cadavres dont

6 il vous a été dit qu'ils se trouvaient dans la zone du canal devaient être

7 des cadavres de membres de l'UCK, parce que dans ce secteur il n'y avait

8 pas de forces serbes en train d'opérer. C'est une affirmation que l'on

9 trouve à plusieurs reprises dans vos déclarations écrites ou dans vos

10 rapports.

11 R. C'est exact.

12 Q. En fait, pas plus vous que M. Kaufmann n'êtes en mesure d'affirmer cela

13 sur la base des observations que vous avez faites personnellement, car vous

14 ne sauriez vous prononcer dans un sens ou dans l'autre quant à la présence

15 éventuelle de forces serbes dans ce secteur, y compris de forces spéciales

16 serbes qui auraient pu opérer dans la région ?

17 R. Est-ce que vous pourriez être plus précis quant à la période à laquelle

18 vous pensez quand vous parlez de la présence de forces serbes ?

19 Q. A quelque moment que ce soit entre mars et septembre 1998 ?

20 R. D'après ce que je sais, et nous patrouillions dans toute la région

21 entre juillet et pratiquement septembre, et il n'y avait aucune présence de

22 forces serbes dans la région.

23 Q. Monsieur Pappas, vous nous avez dit il y a à peine un instant que vous

24 ne vous étiez jamais rendu sur les hauteurs environnant le lac Radoniq, par

25 exemple à Suka Radoniq ?

26 R. En effet, c'est exact.

27 Q. Si je devais vous dire que des forces serbes étaient stationnées à Suka

28 Baballoq, Suka Radoniq, et Suka Cermjan, et que ces forces serbes

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1 pilonnaient à partir des hauteurs en question, est-ce que vous seriez en

2 mesure de contredire ce que je dis ?

3 R. Encore une fois, je ne sais pas à quelle période vous pensez.

4 Q. A la période allant d'avril à septembre, sans interruption.

5 R. Je ne suis pas au courant de cela, en effet.

6 Q. Est-ce que cela changerait votre position quant au déploiement éventuel

7 de forces serbes dans ces zones ?

8 R. Ce que je trouve un peu bizarre, c'est que je n'ai jamais rencontré

9 personne.

10 Q. Oui, mais vous n'y êtes jamais allé, n'est-ce pas, dans ces endroits ?

11 R. Sur les hauteurs que vous venez de citer, non. Mais je suis allé à

12 Babaloc, par exemple.

13 Q. Je vois. Nous examinerons certains rapports, parce que dans certains

14 des rapports dont vous êtes l'auteur, il est question de forces serbes

15 stationnées sur les hauteurs autour de Baballoq et de pilonnages provenant

16 de ce secteur.

17 R. Oui, on peut examiner les documents en question.

18 Q. Mais vous ne les avez pas lus, Monsieur Pappas, avant de faire

19 votre déclaration sous serment ?

20 R. Cela dépend de ce que vous avez à l'esprit.

21 Q. On trouve des références dans les rapports de la MOCE.

22 R. [inaudible]

23 Q. Excusez-moi ?

24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Encore une fois -- pauses, Maître

25 Emmerson.

26 M. EMMERSON : [interprétation]

27 Q. Les forces serbes stationnées dans la région de Suka Baballoq et du lac

28 Radoniq sont mentionnées dans ces rapports, et j'ai cru comprendre que vous

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1 disiez dans votre déposition que vous ne saviez pas cela pendant la période

2 allant d'avril à septembre. J'essaie de comprendre comment cela est

3 possible ?

4 R. J'ai déjà dit que dans la période allant d'avril à juillet, j'ai

5 simplement été informé au sujet de la situation dans la région, et de

6 juillet à septembre, je peux vous dire ce que j'ai vu personnellement.

7 Q. Oui.

8 R. Et ce que j'ai vécu personnellement.

9 Q. Monsieur Pappas, est-ce que vous comprenez la différence --

10 R. Je comprends.

11 Q. Laissez-moi finir. Est-ce que vous comprenez la différence entre dire :

12 Je n'ai jamais vu de forces serbes de mes yeux, et le fait de dire, comme

13 vous venez de le faire : Il n'y avait pas de forces serbes sur place. Parce

14 que dans un cas on a une affirmation positive, affirmant qu'il n'y avait

15 pas de forces serbes opérant dans la région. Ce que je vous demande, c'est

16 : est-ce qu'il est permis de dire, compte tenu des réponses que vous avez

17 déjà faites aux questions qui vous ont été posées depuis le début de

18 l'après-midi, que pas plus vous-même que M. Kaufmann ne pouviez répondre

19 par l'affirmative ou par la négative quant au fait de dire où se trouvaient

20 éventuellement les forces serbes ou les forces spéciales serbes déployées

21 dans la région environnant le lac Radoniq et la zone du canal entre avril

22 et septembre. Est-ce qu'il est permis de s'exprimer ainsi ?

23 R. Il est permis de le dire pour moi, mais pas pour Kaufmann. Il est

24 permis de dire que moi, je n'ai jamais vu de forces serbes dans ce secteur.

25 Je n'en ai jamais vues.

26 Q. Et puisque vous n'étiez pas sur place, est-il permis également de dire

27 que vous ne pouvez pas vous prononcer quant au fait de dire si ces forces

28 opéraient ou pas dans la région dans cette période ?

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1 R. Voyez-vous, nous ne pouvions pas toujours nous rendre à l'endroit où

2 nous voulions aller en raison des risques, en raison des incertitudes, en

3 raison d'un grand nombre de facteurs. Donc nous patrouillions, et au cours

4 de nos patrouilles, je n'ai jamais vu aucune présence de forces serbes dans

5 ce secteur avant le mois de septembre.

6 Q. Mais en dehors de Baballoq, vous ne vous êtes jamais rendu dans un

7 secteur proche du lac ou du canal, n'est-ce pas ?

8 R. Tout près du lac, non.

9 Q. Donc encore une fois, je répète ma question parce qu'il y a une

10 distinction tout de même importante à ce niveau. Tout ce que vous pouvez

11 dire, c'est que personnellement vous ne vous êtes jamais rendu tout près du

12 lac Radoniq ou du canal --

13 R. Non. Ce que j'ai dit, c'est que --

14 Q. Laissez-moi finir.

15 R. Excusez-moi.

16 Q. Tout ce que vous pouvez dire, c'est que personnellement vous n'êtes

17 jamais allé près du lac Radoniq ou du canal avant la visite que vous y avez

18 faite en septembre, vous n'avez jamais rencontré là-bas de forces serbes.

19 C'est tout ce que vous pouvez nous dire, n'est-ce pas ?

20 R. Oui.

21 Q. Bien sûr, vous ne pouviez pas rencontrer de forces serbes si vous n'y

22 êtes jamais allé, n'est-ce pas ?

23 R. Evidemment.

24 Q. Donc quand vous dites dans votre déclaration écrite - et on trouve la

25 même affirmation de temps en temps dans des rapports émanant de vous - que

26 vous pouvez affirmer positivement qu'il n'y avait aucune présence de forces

27 spéciales serbes ou de forces serbes opérant dans le secteur, c'est une

28 affirmation que vous n'êtes pas en mesure de faire, n'est-ce pas ?

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1 R. C'était une déclaration de bon sens.

2 Q. De bon sens ?

3 R. Oui.

4 Q. Je vois. Donc, en vous fondant sur le bon sens, sans avoir examiné de

5 près les rapports de la MOCE établis avant votre arrivée sur les lieux ?

6 M. DI FAZIO : [interprétation] Objection à cette question. Si Me Emmerson

7 souhaite confronter le témoin à des affirmations émanant de lui dont il

8 déclare qu'elles ne sont pas cohérentes, bien sûr, il a la liberté de le

9 faire --

10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Avant que vous n'alliez plus loin, les

11 interprètes sont plusieurs lignes en retard sur vous, c'est intolérable.

12 Donc je reviens sur votre question, et Maître Emmerson, je vous demande de

13 repartir du moment où vous disiez "Donc quand vous dites dans votre

14 affirmation écrite…".

15 Quant à vous, Monsieur Di Fazio, vous avez la possibilité de

16 présenter votre objection, mais au moment voulu.

17 M. EMMERSON : [interprétation] Monsieur le Président, vous voulez que je

18 répète les questions et les réponses ?

19 Q. Pour le compte rendu d'audience, Monsieur Pappas, je vous repose la

20 question : "Donc lorsque vous dites dans votre déclaration écrite - et on

21 trouve la même affirmation de temps en temps dans des rapports émanant de

22 vous - que vous êtes en mesure d'affirmer positivement qu'il n'y avait

23 aucune présence de forces serbes ou de forces spéciales serbes opérant dans

24 le secteur, c'est une affirmation que vous n'êtes pas en mesure de faire,

25 n'est-ce pas ?

26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Emmerson, avant que le témoin ne

27 réponde, est-ce que vous pourriez préciser quelles sont les autres forces

28 dont vous parlez ? Car je ne pense pas que le témoin puisse savoir de

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1 quelles autres forces vous parlez si vous les comparez aux forces serbes.

2 M. EMMERSON : [interprétation] Je parlais de forces serbes spéciales ou

3 d'autres forces serbes.

4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

5 M. EMMERSON : [interprétation] En d'autres termes, je lui parlais de

6 présence de forces serbes, qu'elles soient spéciales ou pas.

7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Maintenant, c'est clair.

8 M. EMMERSON : [interprétation]

9 Q. Et je pense que vous avez répondu que votre déclaration était une

10 déclaration de bon sens, c'est bien cela ? Mais après réflexion et compte

11 tenu du fait que pas plus vous-même que M. Kaufmann ne vous êtes jamais

12 rendus sur place, est-ce que vous admettriez que vous n'êtes pas qualifié

13 pour proposer une telle affirmation sur les faits ?

14 R. Peut-être.

15 Q. Je vous remercie.

16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pour le compte rendu d'audience, encore

17 une fois, et toujours en raison du fait que l'un de vous a commencé à

18 parler avant que le précédent n'ait terminé, après les mots qu'on lit au

19 compte rendu d'audience "n'est-ce pas" dans la question, le témoin a

20 répondu "Oui." Encore une fois, j'insiste pour qu'il y ait une séparation

21 très claire entre la fin des questions et le début des réponses, et vous

22 pourrez y réfléchir pendant les 25 minutes que je vous accorde pour la

23 pause.

24 M. EMMERSON : [interprétation] Oui, je pense que nous pourrons réfléchir à

25 la façon de nous organiser techniquement à cette fin, car depuis l'endroit

26 où je me trouve et depuis l'endroit où se trouve le témoin, il apparaît à

27 chacun que nous parlons relativement lentement, mais je devrais peut-être

28 relire la traduction française.

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1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Cela semble un vœu pieux, peut-être,

2 lorsque vous dites "lentement."

3 Nous faisons une pause jusqu'à 16 heures 15.

4 --- L'audience est suspendue à 15 heures 47.

5 --- L'audience est reprise à 16 heures 20.

6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Emmerson, vous avez la parole,

7 vous pouvez poursuivre.

8 M. EMMERSON : [interprétation]

9 Q. Monsieur Pappas, il me semble qu'au cours des dernières minutes vous

10 avez pu compulser rapidement le contenu du dossier qui se trouve devant

11 vous, n'est-ce pas ?

12 R. Oui.

13 Q. S'il vous plaît, pourrions-nous passer à quelques passages de rapports

14 précédents qui parlent de ce dont nous avons discuté avant la pause.

15 D'abord l'intercalaire 1, s'il vous plaît. Donc il s'agit de la pièce 65

16 ter 642, sous pli scellé, qui n'a pas encore reçu de marque pour

17 identification individuelle.

18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce couvert, est-ce un document qui

19 est dans le dossier de M. Di Fazio ?

20 M. EMMERSON : [interprétation] Tout à fait.

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien dans ce cas-là nous n'allons pas

22 lui donner une cote à l'heure actuelle, nous allons juste faire une petite

23 note pour nous souvenir qu'il s'agit bien d'un document qui était au

24 dossier de M. Di Fazio.

25 M. EMMERSON : [interprétation]

26 Q. Il s'agit d'un rapport qui nous vient du MT Belgrade en date du

27 24 avril. Si vous pouviez passer au chapitre sécurité 2(C), je cite :

28 "Des sources locales croient que des opérations de la VJ et de la police

Page 4231

1 qui sont concentrées à l'heure actuelle dans la zone de Decani se déplacent

2 vers l'est, vers les villages de la zone d'Orahovac, mais ceci reste à être

3 confirmé."

4 S'il vous plaît, pourriez-vous tourner la page, regarder le verso et

5 regarder les chapitres intitulés "Action des militaires et de la police à

6 Decani."

7 Comme vous voyez ici un grand nombre de ce qui noté ici vient en fait

8 des médias.

9 R. Oui.

10 Q. Parfois cela vient de sources albanaises alors que parfois c'est tiré

11 plutôt de sources serbes, n'est-ce pas ?

12 R. Oui.

13 Q. Bien sûr, ces deux sources ne donnent pas tout à fait les choses sous

14 le même angle, n'est-ce pas ?

15 R. Oui, absolument.

16 Q. Par exemple, ce centre des médias basé à Pristina où travaille

17 l'Association des journalistes de Serbie, qui est fréquemment citée dans

18 vos rapports, n'est finalement que le porte-parole de la propagande de la

19 VJ, n'est-ce pas ?

20 R. Oui.

21 Q. Donc certaines des choses que vous rapportez depuis ce centre des

22 médias, centre de presse, sont finalement de la propagande de la VJ et rien

23 de plus ?

24 R. Non, absolument pas, pas dans cette forme. Nous ne faisons pas du

25 copier coller de propagande. Nous disons juste tel document nous a informé

26 de tel fait. Ensuite, c'est au lecteur d'interpréter la chose.

27 Q. Quand j'ai dit que vous faites un copier coller, je ne dis pas que vous

28 le copiez et le collez pour diffuser cette information qui est disséminée

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1 comme de la propagande, mais vous ne donnez pas toujours la fiabilité en

2 revanche des informations ?

3 R. On ne pouvait pas le faire.

4 Q. Non.

5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pour vous aider peut-être, il suffit de

6 regarder l'écran. Quand il n'y a plus de lettre qui s'affiche, cela veut

7 dire que la sténotypiste a réussi à vous rattraper, vous pouvez parler.

8 Quant à moi, je suivrai la traduction.

9 Poursuivez.

10 M. EMMERSON : [interprétation]

11 Q. Regardons maintenant la deuxième page, toujours sur ce chapitre. On

12 voit ici qu'il est fait rapport d'une attaque militaire conjointe contre

13 cinq villages dans la région de Decani qui est censée avoir été lancée par

14 l'artillerie à 7 heures du matin et qui s'est poursuivie jusqu'à 10 heures

15 30 le 23 avril. Le passage se poursuit, et je cite toujours :

16 "On pense que l'artillerie venait de la direction du lac Radoniq, du

17 village de Palabardha et de Boka, où se trouvent les forces de la police.

18 Les forces militaires ainsi que les forces de la police sont aussi basées

19 dans un camp de réfugiés serbes près de Baballoq. Six maisons ont été

20 pilonnées à Baballoq hier."

21 Arrêtez-vous là-dessus s'il vous plaît. Avant la pause vous nous

22 aviez dit que vous n'aviez aucune information qui permettait de dire qu'il

23 y avait des forces serbes aux environs du lac ou à Baballoq, même au cours

24 de la période allant d'avril à septembre ?

25 R. Oui.

26 Q. Vous vous trompez là, n'est-ce pas, Monsieur Pappas ?

27 R. Je peux répondre à toutes les questions portant sur la période de mon

28 séjour. Je ne peux rien dire à propos de ce qui s'est passé avant, là.

Page 4233

1 Q. Maintenant, passons au passage suivant, paragraphe suivant. Il y a une

2 autre référence à l'artillerie serbe qui est basée dans un vignoble de

3 Gjakove et qui avait attaqué le village de Cermjan. Savez-vous où se trouve

4 Cermjan par rapport au lac Radoniq ?

5 R. Non.

6 Q. Vous ne savez pas où cela se trouve ?

7 R. Non.

8 Q. Dans votre rapport et dans vos déclarations, vous avez déclaré que vous

9 pouviez nous fournir des éléments de preuve à propos de cette zone et des

10 déploiements qui s'y trouvaient --

11 R. A Cermjan ?

12 Q. Cermjan est juste à l'est du lac Radoniq.

13 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] On l'appelle aussi Crmljane. C'est

14 une orthographe différente. Vous le connaissez peut-être sous cette

15 orthographe.

16 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne peux vous dire qu'une chose. Je me suis

17 rendu qu'une seule fois à l'endroit où se trouvait le charnier au lac

18 Radoniq, une fois. Je ne suis jamais allé à l'est de cet endroit.

19 M. EMMERSON : [interprétation]

20 Q. Comprenez-moi bien, j'essaie d'établir ce que vous savez exactement

21 pour savoir exactement sur quelle base vous vous êtes fondé pour nous

22 donner ces réponses aussi catégoriques que celles que nous avons eues

23 précédemment.

24 Passons maintenant, s'il vous plaît, à l'intercalaire 2, qui avait déjà

25 reçu une cote pour identification P284.

26 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Nous sommes en audience publique,

27 n'est-ce pas ?

28 M. EMMERSON : [interprétation] Oui. Dans ce cas-là, si nous allons regarder

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1 l'intercalaire 2, il conviendrait de passer en huis clos partiel.

2 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

3 [Audience à huis clos partiel]

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3 [Audience publique]

4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.

5 Veuillez poursuivre, Maître Emmerson.

6 M. EMMERSON : [interprétation] Merci.

7 Q. Je vous interroge maintenant au sujet des armes. Quelle qualité d'armes

8 et quel nombre d'armes avez-vous pu observer ?

9 R. La plupart des personnes que j'ai vues qui portaient des armes

10 portaient de vieux fusils dont, je dirais, qu'ils étaient sans doute de

11 fabrication russe ou chinoise. Ils avaient l'air d'être des fusils qui,

12 peut-être, auraient été confisqués par les forces de police et rassemblés

13 dans ces postes de police. Je parle toujours de la région dont je parlais

14 tout à l'heure.

15 Q. Oui. Encore une fois, quel était le pourcentage de personnes que vous

16 rencontriez qui semblaient être en train de défendre leur village ? Quel

17 pourcentage de ces personnes en armes vous semblait être en train de

18 défendre leurs villages ?

19 R. Nous voyions, nous rencontrions des hommes dont l'âge allait de 15 à 16

20 ans, à 50 ans environ, mais pas très nombreux. Nous n'avons jamais vu de

21 grands rassemblements d'hommes armés d'un fusil.

22 Q. Je vois.

23 R. Pas plus de cinq à six à la fois.

24 Q. Merci. Vous dites dans votre déclaration écrite consolidée qu'il y

25 avait --

26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Emmerson, la dernière réponse du

27 témoin ne me semble pas tout à fait claire. Vous parliez de l'âge de ces

28 hommes et vous avez dit que vous n'avez rencontré qu'un nombre limité

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1 d'hommes portant des armes. Est-ce que cela signifie que vous avez

2 rencontré un grand nombre d'hommes du même âge qui ne portait pas d'armes ?

3 LE TÉMOIN : [interprétation] La plupart du temps quand nous nous rendions

4 dans ces zones, Monsieur le Président, nous rencontrions des gens qui

5 tenaient les barrages routiers ou des gens qui étaient dans les villages et

6 qui portaient des armes. Mais ils n'étaient pas nombreux, c'est cela que je

7 viens de dire, et les autres menaient la vie normale de villageois.

8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Je pense que ce qu'aimerait savoir

9 Me Emmerson, c'est quel était approximativement le rapport chiffré entre

10 les hommes en armes que vous rencontriez et ceux qui auraient eu le même

11 âge et qui étaient également des hommes mais ne portaient pas d'armes.

12 LE TÉMOIN : [interprétation] Cela, je ne saurais l'estimer. Je ne suis pas

13 ne mesure de vous le dire.

14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous ne pourriez pas dire si la moitié

15 des hommes de cette tranche d'âge portaient des armes --

16 LE TÉMOIN : [interprétation] Moins que cela.

17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Beaucoup moins ?

18 LE TÉMOIN : [interprétation] Peut-être un quart, comme vous l'avez dit.

19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Un quart. Donc si vous rencontriez cinq

20 ou six hommes portant des armes et appartenant à une certaine tranche - à

21 la tranche d'âge que vous avez indiquée tout à l'heure, vous en rencontriez

22 en même temps 15 à 20 qui n'étaient pas armés ?

23 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.

25 Veuillez poursuivre, Maître Emmerson.

26 M. EMMERSON : [interprétation] Merci pour cet éclaircissement.

27 Q. Vous avez également indiqué, Monsieur Pappas, dans votre déclaration

28 écrite consolidée paragraphe 9, qu'au moment où vous êtes arrivé sur les

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1 lieux, et je cite : "Il y avait de nombreux affrontements entre les Serbes

2 et l'UCK mais seulement dans les zones rurales" ?

3 R. Oui.

4 Q. Et un peu plus bas dans cette même déclaration, vous dites, je cite :

5 "Nous avons découvert un certain nombre de villages abandonnés ou de

6 groupes de maisons qui avaient été pillées et pour la plupart incendiées."

7 Ceci est-il exact ?

8 R. C'est exact.

9 Q. Suis-je censé comprendre que ces villages abandonnés qui avaient été

10 pillés et incendiés se trouvaient également dans des zones rurales ?

11 R. Oui.

12 Q. De quelles zones rurales parlons-nous exactement en ce moment ?

13 R. Principalement de villages situés en dehors de la route principale, à

14 savoir de la route reliant Pec à Pristina, et au sud de Pristina. Il y en

15 avait également, mais en nombre inférieur, qui se trouvaient en dehors de

16 la grand-route reliant Pec à Decani vers l'est.

17 Q. Donc vous avez vu, dites-vous, dans la campagne à l'est de la grand-

18 route reliant Pec à Decani, des zones correspondant à cette description,

19 mais moins que vous n'en avez vu au sud de la route reliant Pec à Pristina.

20 C'est bien ce que je dois comprendre ?

21 R. Non, il y en avait plus au sud de la route Pec-Pristina.

22 Q. C'est ce que je croyais que vous aviez dit. Vous êtes allé jusqu'à

23 Krusevac dans la direction est de la route Peje-Gjakove entre votre arrivée

24 et le 11 août, n'est-ce pas, et est-ce que vous avez vu dans ce secteur des

25 villages correspondant à votre description ?

26 R. Non.

27 Q. Non, vous n'en avez pas vu. Est-ce que vous êtes allé à Streoc ?

28 R. Je n'en suis pas sûr.

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1 Q. Je vois.

2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Emmerson, je regarde l'horloge.

3 Alors j'ai deux questions. D'abord, il faudrait trouver un moment pour la

4 pause, ensuite est-ce que vous pourriez me donner une idée du temps dont

5 vous avez encore besoin ?

6 M. EMMERSON : [interprétation] Oui. J'aimerais pouvoir utiliser le reste de

7 l'après-midi, si vous m'accordez cette possibilité, Monsieur le Président.

8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien.

9 Monsieur Pappas, je ne sais pas si on vous a donné une idée du moment où

10 votre déposition se terminerait. Il est fort probable, toutefois, que nous

11 aimerions poursuivre demain. Il y a également d'autres conseils de la

12 Défense --

13 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président.

14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

15 LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai un billet de retour pour la Grèce demain.

16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais un billet de retour, cela se

17 change.

18 LE TÉMOIN : [interprétation] Je l'ai déjà changé deux fois.

19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Qu'est-ce qui vous a donné l'impression

20 que votre déposition serait terminée en deux jours ?

21 LE TÉMOIN : [interprétation] C'était l'estimation qui avait été faite dans

22 le cadre du calendrier, mais --

23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je comprends bien que vous souhaitez

24 rentrer chez vous au moment prévu.

25 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] En même temps, je vous inviterais à bien

27 vouloir comprendre que la Chambre aimerait beaucoup que votre déposition

28 soit menée à son terme. Je suppose que votre vol de retour a été réservé

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1 pour demain après-midi ou serait-ce dans la matinée ?

2 LE TÉMOIN : [interprétation] A 12 heures 35.

3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Vous dites que ce billet ne peut

4 plus être changé. Qu'est-ce qui vous rend si affirmatif ? Est-ce qu'il

5 s'agit d'engagements personnels ?

6 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est dû effectivement à mes engagements

7 personnels et aussi à mes engagements professionnels. Je suis ici depuis le

8 2 mai.

9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, les Juges de la Chambre en sont

10 tout à fait conscients. Mais ils n'ont eu connaissance de votre présence

11 ici que depuis le début effectif de votre déposition dans le prétoire.

12 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Quand vous dites professionnels, quel

14 est --

15 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Travaillez-vous --

17 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] -- pour le gouvernement ?

19 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vois.

21 LE TÉMOIN : [interprétation] Une partie du problème est également

22 personnel.

23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] En même temps, j'espère que vous

24 comprendrez qu'un éventuel retour à votre domicile de votre part serait

25 très gênant pour le Tribunal, et il aurait fallu bien entendu que la

26 Chambre soit informée à l'avance du caractère urgent de votre nécessité de

27 retour, pour éviter d'être confronté à cela à la dernière minute.

28 M. DI FAZIO : [interprétation] Monsieur le Président.

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1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

2 M. DI FAZIO : [interprétation] Je pourrais peut-être apporter mon concours

3 sur ce point. Je ne peux rien faire quant aux aspects personnels que revêt

4 le problème de M. Pappas, mais sur le plan professionnel je sais que

5 l'Accusation peut envoyer un courrier aux personnes concernées pour

6 expliquer bien entendu aux employeurs du témoin les raisons urgentes --

7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

8 M. DI FAZIO : [interprétation] L'Accusation peut faire le maximum pour

9 aider à atténuer les craintes de M. Pappas par rapport à son travail. Mais

10 nous ne pouvons, bien sûr, influer en rien sur les aspects personnels du

11 problème qui se pose à lui.

12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Pappas, s'agissant de l'aspect

13 personnel du problème qui se pose à vous, la Chambre bien sûr est tout à

14 fait prête à peser de façon équilibrée votre intérêt personnel et la

15 nécessité pour elle d'entendre votre déposition jusqu'au bout, même

16 éventuellement à huis clos partiel, le cas échéant. Si vous êtes prêt à

17 aider la Chambre à contribuer à cet équilibre, je ne vous demande pas de

18 vous engager bien sûr, mais je sais bien que l'anniversaire de votre belle-

19 mère est une date très importante, mais si c'est cela le problème, je

20 prends cela comme exemple.

21 Si vous ne souhaitez pas indiquer le motif en public, nous pouvons

22 bien sûr passer immédiatement à huis clos partiel. Cela vous permettrait

23 éventuellement de préciser la raison personnelle qui rend votre retour si

24 urgent, et la Chambre, mieux informée quant aux détails de la situation,

25 pourrait apprécier les conséquences de cette situation, et les confronter à

26 la gêne que cela pourrait créer pour le procès de façon plus équilibrée,

27 plus informée.

28 Je vous laisse toute liberté de nous informer ou pas, mais j'aimerais

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1 bien sûr que cela se fasse à huis clos partiel, si vous souhaitez en

2 informer les Juges.

3 LE TÉMOIN : [interprétation] Ce n'est rien de particulier, Monsieur le

4 Président. Simplement, je suis ici depuis longtemps et j'ai dépassé les

5 limites de temps dont je peux disposer.

6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous allons réfléchir à la meilleure

7 solution.

8 Je saisi l'occasion pour décréter la pause jusqu'à 17 heures 55.

9 --- L'audience est suspendue à 17 heures 31.

10 --- L'audience est reprise à 18 heures 01.

11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Pappas, pendant la pause, la

12 Chambre s'est penchée sur les aspects pratiques qui sont en cause

13 s'agissant de la fin de votre déposition, et les Juges ont mis dans la

14 balance d'une part l'intérêt du Tribunal qui souhaite que votre déposition

15 se poursuive sans interruption, et d'autre part les intérêts personnels qui

16 sont les vôtres. La Chambre hésite toujours à placer un témoin dans une

17 situation que lui-même juge inconfortable, mais malheureusement en

18 l'espèce, la Chambre ne voit pas d'autre possibilité que de demander la

19 poursuite de votre déposition demain et, par conséquent, de vous demander

20 de rester un jour de plus à La Haye. Ce n'est pas avec plaisir que nous

21 avons pris cette décision, mais c'est le résultat de notre réflexion sur

22 tous les éléments du problème, à savoir de l'équilibre que nous avons

23 cherché à établir entre votre intérêt personnel et l'intérêt du Tribunal,

24 mais également celui des parties en l'espèce.

25 Je vous demanderais donc de bien vouloir coopérer en changeant les

26 dispositions pratiques de votre voyage demain ?

27 LE TÉMOIN : [interprétation] Mais est-il possible, Monsieur le Président,

28 que j'aie la certitude que ma déposition se terminera demain ?

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1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vais m'adresser aux parties. Maître

2 Emmerson, Maître Guy-Smith et Maître Harvey, vous avez besoin de combien de

3 temps ?

4 M. EMMERSON : [interprétation] Je vais vous donner une indication à ce

5 sujet, Monsieur le Président.

6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

7 M. EMMERSON : [interprétation] J'ai repassé en revue mes notes pendant la

8 pause, et j'ai le regret de devoir dire que j'étais un peu trop optimiste

9 lorsque j'ai dit qu'une heure me suffirait. J'ai encore deux domaines

10 importants à aborder avec ce témoin, et j'ai entre autres deux séquences

11 vidéo à lui soumettre.

12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien, soyons concrets. Vous avez évalué

13 le temps nécessaire à combien à peu près ?

14 M. EMMERSON : [interprétation] Encore une heure demain, Monsieur le

15 Président.

16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Une heure demain.

17 Maître Guy-Smith.

18 M. GUY-SMITH : [interprétation] Je crois que j'aurai besoin d'une heure

19 environ, en fonction des domaines qu'abordera Me Emmerson. Certaines

20 questions, si elles ont été abordées par des confrères, n'auront plus

21 besoin de l'être par moi peut-être.

22 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

23 M. GUY-SMITH : [interprétation] Et il y a aussi le problème de la

24 traduction du document.

25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Si la traduction est disponible,

26 pas de problème. Si elle ne l'est pas, nous ne pouvons pas pour le moment -

27 -

28 M. GUY-SMITH : [interprétation] Je comprends.

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1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D'accord.

2 M. GUY-SMITH : [interprétation] Je traiterai de ces questions d'une façon

3 un peu différente.

4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

5 Maître Harvey.

6 M. HARVEY : [interprétation] Manifestement, en fonction du terrain qui aura

7 été couvert par mes confrères, je pense que je puis dire que j'aurai besoin

8 de 15 à 20 minutes demain.

9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Ceci nous amène à deux heures et

10 demi encore pour la Défense.

11 Monsieur Di Fazio, est-ce que vous pourriez nous donner une estimation du

12 temps dont vous aurez besoin pour les questions supplémentaires ? Bien

13 entendu, je ne m'attends pas à ce que vous me disiez un chiffre précis.

14 M. DI FAZIO : [interprétation] Dans les conditions actuelles, ce que je

15 peux indiquer, et ce avec une certaine confiance dans la précision de mon

16 évaluation, c'est que les questions supplémentaires ne dureront pas

17 longtemps. J'espère que je n'aurai pas besoin de plus de 10 à 20 minutes.

18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Dix à 20 minutes.

19 M. DI FAZIO : [interprétation] Je ferai de mon mieux, bien sûr, pour

20 respecter cette évaluation approximative.

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc, cela nous ferait un total de deux

22 heures et demi ?

23 Monsieur Pappas, bien entendu la Chambre aura quelques questions à vous

24 poser également. Je pense que nous aurons besoin de quelques minutes; cinq,

25 sept peut-être, mais…

26 [La Chambre de première instance se concerte]

27 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Partant du principe qu'une journée de

28 travail dans le prétoire dure quatre heures environ, selon les estimations

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1 qui viennent d'être proposées, les uns et les autres n'auront pas besoin de

2 plus de trois heures sans doute. Sans que ce soit de la part de la Chambre

3 une promesse ferme, car les Juges ne peuvent jamais prévoir tout ce qui

4 peut arriver. Nous connaissons bien sûr les questions que nous souhaitons

5 vous poser, mais il arrive parfois que des impondérables surgissent -- quoi

6 qu'il en soit, je vous proposerai une appréciation professionnelle qui

7 correspond au mieux que je puisse faire, je dirais qu'elle est assortie

8 d'un degré de certitude de 98 à 95 % environ. J'ai déjà une mauvaise

9 réputation s'agissant de pousser les gens aux limites. Mais enfin, voilà ce

10 que je peux vous dire.

11 Dans les circonstances actuelles, seriez-vous prêt à coopérer avec le

12 Tribunal, à accepter que la fin de votre déposition ait lieu demain ?

13 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci beaucoup. Cela permettra à la

15 Chambre de ne pas faire ce qu'elle n'aime pas du tout faire, à savoir

16 émettre des ordonnances. La Chambre vous est reconnaissante pour votre

17 coopération, Monsieur Pappas. Merci.

18 Maître Emmerson, veuillez poursuivre.

19 M. EMMERSON : [interprétation]

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26 [Audience publique]

27 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.

28 [Diffusion de la cassette vidéo]

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1 M. EMMERSON : [interprétation] Y a-t-il un problème ?

2 [Diffusion de la cassette vidéo]

3 M. EMMERSON : [interprétation] Merci.

4 Q. Monsieur Pappas, j'ai quelques questions à vous poser à propos de ce

5 clip vidéo. Ce film montre la situation dans laquelle vous conduisiez ce

6 jour-là. Tout d'abord, reconnaissez-vous la police paramilitaire serbe ? Je

7 ne vous demande pas si vous reconnaissez les personnes, reconnaissez vous

8 les uniformes qu'ils arborent ?

9 R. [aucune interprétation]

10 Q. Avez-vous vu des forces serbes sur le terrain le 11 ?

11 R. Non, puisqu'on venait de ce côté.

12 Q. De quel côté ?

13 R. Selon nous, ils étaient au sud de Rznic, et nous on venait du nord.

14 Q. Bien. Donc ce n'est pas que des pilonnages. Pour que ceci arrive le

15 lendemain, les Serbes étaient en train d'arriver sur Gllogjan quand vous

16 êtes arrivés vous aussi ?

17 R. Sans doute, oui, c'est l'impression qu'on a eue.

18 Q. Très bien. A l'intercalaire 14 de l'évaluation de la MOCE --

19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je tiens à interrompre, Monsieur

20 Emmerson. Il n'y a peut-être pas eu de traduction simultanée.

21 M. EMMERSON : [interprétation] J'ai pourtant le transcript.

22 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais le compte rendu en français

23 est basé sur l'enregistrement audio. Et vu qu'il n'y a pas eu de traduction

24 simultanée en français, il va falloir que nous puissions l'incorporer d'une

25 manière ou d'une autre.

26 Puisqu'il n'y a pas eu de traduction simultanée d'un script qui n'a

27 pas été donné aux interprètes à l'avance et qu'ils ne pouvaient donc

28 absolument pas traduire, je me demande s'il y a eu traduction en B/C/S ou

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1 en albanais pour que les accusés puissent suivre.

2 M. EMMERSON : [interprétation] Je vois que les accusés semblent dire qu'ils

3 ont reçu l'interprétation.

4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc le seul problème, c'est pour le

5 compte rendu français. Nous allons résoudre cela plus tard.

6 Avez-vous donné un script ?

7 M. EMMERSON : [interprétation] Non.

8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il faudrait que vous le fassiez, parce

9 que normalement quand il va y avoir une séquence vidéo qui va être montrée,

10 il faut absolument que le script soit présenté à l'avance aux interprètes.

11 Ainsi, l'interprète peut traduire. Parce qu'il est impossible de traduire

12 directement un film. C'est que l'un des interprètes peut traduire pendant

13 que l'autre vérifie si ce qui est écrit est bel et bien ce qui est dit dans

14 l'original.

15 M. EMMERSON : [interprétation] Dans ce cas, c'est notre faute car nous

16 avons des copies du script en anglais.

17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Dans ce cas-là, n'oubliez pas à l'avance

18 de bien leur donner dans les cabines, car sinon ils ne peuvent pas

19 traduire. Je ne sais pas vraiment comment nous allons faire pour reprendre

20 et pour incorporer le script du film traduit en français. Cela dit, les

21 accusés n'ont rien raté puisque la traduction leur a été donnée en

22 albanais.

23 M. EMMERSON : [interprétation] Très bien.

24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre.

25 M. EMMERSON : [interprétation] Il faut que nous revenions maintenant à huis

26 clos partiel. Si nous pouvons passer à l'intercalaire 14.

27 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous somme en audience à huis clos

28 partiel.

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1 [Audience publique]

2 M. EMMERSON : [interprétation]

3 Q. Au sujet de livre, pourriez-vous nous dire quand vous avez pris la

4 décision de vous rendre d'Irzniq à Gllogjan. Vous en avez parlé un peu plus

5 tôt, M. Di Fazio vous a dit que vous aviez été obligé de vous rendre à

6 Gllogjan.

7 R. Oui.

8 Q. D'après vos souvenirs, c'est le cas ?

9 R. Oui.

10 Q. Pouvez-vous examiner la page 3 de cet extrait, je vous

11 Prie.

12 R. Oui.

13 Q. Au deuxième paragraphe, je vais en donner lecture lentement pour les

14 besoins du compte rendu d'audience. Il est question ici du groupe d'hommes

15 qui s'est approché de vous à Irzniq. Je cite :

16 "Le groupe d'hommes circulait en se servant d'une jeep et de

17 plusieurs voitures, y compris une Mercedes noire. La Mercedes était

18 conduite par un jeune homme aux cheveux sombres, qui portait un survêtement

19 noir et un Luger de 9-millimètres dans un étui sur sa poitrine. Il semblait

20 être le chef, même si cela ne faisait forcément de différence dans un

21 groupe de ce genre. Ils ont encerclé notre véhicule et ont suggéré qu'on

22 les accompagne afin de rencontrer leur commandant. Nous avons eu un petit

23 affrontement, j'ai été favorable au fait de rencontrer leur commandant,

24 mais il y a quelque chose qui me dérangeait : les tirs serbes. Ils ne

25 venaient pas de très loin. En me tournant vers les membres de l'équipe je

26 leur ai dit que nous ne devrions pas rester trop longtemps avec le

27 commandant étant donné que mieux vaut affronter des tirs de fusils que des

28 tirs de mortiers. Nous avons suivi la Mercedes escortée par les autres

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1 véhicules. Nous sommes arrivés à un stop devant la cour d'une ferme à un

2 endroit qui, d'après nos cartes, était appelé Gllogjan et nous sommes

3 sortis de la jeep."

4 Je m'interromps. Kaufmann semble dire dans ce livre que vous avez eu

5 une discussion s'agissant de savoir s'il fallait vous rendre à Gllogjan.

6 Lui-même souhaitait rencontrer le commandant de l'UCK et a choisi

7 volontairement de le faire ?

8 R. Ce n'est pas le cas.

9 Q. Est-ce que vous acceptez que c'est bien ce qu'il semble affirmer ici ?

10 R. Effectivement.

11 Q. Vous dites qu'il n'y a pas eu de discussion avec lui pour peser le pour

12 et le contre ?

13 R. Non.

14 Q. Je vois. Un peu plus bas, paragraphe suivant, il est dit :

15 "Contrairement à nous, les hommes que nous suivions essuyaient les tirs

16 serbes depuis plusieurs jours. Ils avaient les nerfs à vif et soudain, ils

17 n'ont plus pu se contrôler."

18 Ensuite, on voit une description de l'incident qui n'est pas très

19 différente de celle que vous avez faite. Page 6, nous allons examiner les

20 deux derniers paragraphes où il dit:

21 "Manifestement, j'ai continué à repenser à cette situation critique à

22 Gllogjan et aux circonstances. Le fait est que dans le cadre donné de nos

23 enquêtes sur ce qui se passait autour de Pec, nous sommes tombés par hasard

24 sur un nid de guêpes. Malheureusement, tout cela s'est passé au moment où

25 l'homme le plus posé de la horde, le chef, était absent. Je suis parvenu à

26 la conclusion que lorsque l'on accepte ce type de travail à l'étranger, au

27 service de l'Union européenne ou des Nations Unies, on peut s'attendre de

28 temps en temps à rencontrer des situations de ce genre. Lorsque le soir de

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1 ces événements inoubliables nous sommes retournés à l'hôtel Dypon à Pec,

2 les expériences de ce matin-là s'étaient déjà un peu dissipées, et j'ai

3 ressenti que j'avais été embarqué dans une aventure plutôt que dans une

4 situation très dangereuse."

5 Je m'arrête à l'instant, Monsieur Pappas. Il est exact de dire,

6 n'est-ce pas, que vous rencontriez des hommes qui essuyaient des tirs

7 serbes depuis plusieurs jours ?

8 R. C'est exact.

9 Q. Ils risquaient leur vie tous les jours ?

10 R. C'est exact.

11 Q. Vous et les membres de votre équipe, vous vous êtes retrouvés au milieu

12 de cette zone à bord d'une Land Rover de couleur blanche arborant un

13 drapeau grec ?

14 R. Oui.

15 Q. Vous aviez été attaqués par le passé par des forces serbes qui avaient

16 essayé de vous faire sortir de la route. Vous connaissiez les risques,

17 n'est-ce pas ?

18 R. C'est la première fois que nous avons été poussés en dehors de la

19 route.

20 Q. Ah bon ?

21 R. A bord de cette même voiture.

22 Q. Mais lorsque M. Kaufmann parle d'incidents de ce type, il dit que c'est

23 un risque lié au métier, lorsqu'on se retrouve au milieu d'une zone de

24 guerre.

25 R. C'est son point de vue.

26 Q. Si vous aviez su que l'UCK à l'époque soupçonnait les observateurs

27 internationaux de collaborer avec les Serbes et de leur transmettre des

28 informations, est-ce que vous pensez que cela aurait eu une incidence sur

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1 la décision que vous avez prise de vous rendre dans cette direction ?

2 R. Non.

3 Q. Page 5, M. Kaufmann a décrit l'incident au cours duquel vous vous

4 trouviez dans cette salle à attendre l'arrivée de M. Haradinaj. Est-ce que

5 vous pouvez trouver la phrase qui se trouve vers le milieu de la page et

6 qui commence ainsi : "Alors que je fumais ma cigarette, et cetera" ?

7 R. Oui.

8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Attendez que l'on retrouve cela dans

9 l'original.

10 M. EMMERSON : [interprétation] Je vais faire de mon mieux pour retrouver ce

11 passage.

12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je pense l'avoir retrouvé.

13 M. EMMERSON : [interprétation]

14 Q. Je cite : "Alors que je fumais ma cigarette sans tousser, et tout en

15 rassurant les membres de mon équipe en leur disant que l'on ne fumerait

16 toujours pas dans la salle de télévision, des gens ont retrouvé une

17 meilleure humeur. Même Achilleas, le membre grec de notre équipe, s'est un

18 peu détendu. Comme tous les Grecs, il était catégoriquement pro-Serbes dans

19 ce litige et disait toujours qu'il ne voulait rien avoir affaire avec l'UCK

20 car tous les Grecs étaient en danger."

21 Vous voyez ce passage ?

22 R. Oui.

23 Q. Et un peu plus bas, sur cette même page, on voit la dernière phrase :

24 "Il s'agissait d'Achilleas Pappas…"

25 Est-ce que vous voyez cela ?

26 R. Oui.

27 Q. Il s'agit des propos tenus par l'auteur de l'ouvrage. Il ne s'agit pas

28 d'un rapport ou d'un témoignage. Mais est-il vrai de dire que vous étiez

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1 catégoriquement pro-Serbe ?

2 R. Je ne sais pas.

3 Q. Il ne vous a jamais dit cela ?

4 R. Jamais.

5 Q. Mais vous aviez un problème à cause de votre nationalité, de temps en

6 temps ?

7 R. Non, pas de problème. Parfois, on me disait : Mais qu'est-ce que vous

8 faites ici, espèce d'espion serbe ? Je ne sais pas pourquoi ils disaient

9 cela.

10 Q. Ils vous traitaient d'espion serbe, c'est bien cela ?

11 R. Oui. Mais ils ont frappé l'interprète albanais.

12 Q. Oui, je comprends. En fait, on n'a jamais fait preuve de violence à

13 votre égard ?

14 R. Non.

15 Q. Venons-en à la description qu'il fait du comportement de M. Haradinaj.

16 Page 6, on pourrait reprendre au niveau du troisième paragraphe en partant

17 du haut de la page, au moment où vous avez été libérés par M. Haradinaj et

18 où vous avez regagné votre jeep.

19 Il dit : "Avant que nous ne puissions monter à bord, le commandant a

20 inspecté de plus près notre jeep, à un moment, ce qui m'a dérangé, il a

21 trouvé notre petit téléphone satellite que nous avions placé sous le siège

22 arrière. Rien n'aurait pu intéresser davantage ces brigands de l'UCK qui

23 passaient leur temps dans des zones sans ligne téléphonique. Par son

24 regard, j'en ai déduit que le commandant pensait à cela, puis il a fait un

25 signe de la tête, il a levé la main pour montrer que nous allions pouvoir

26 prendre notre téléphone satellite d'une valeur de 10 000 marks avec nous.

27 Puis il a regardé ma carte de la zone de Pec. Des cartes que nous prenions

28 avec nous sur le terrain et qui n'étaient d'habitude pas annotées, à

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1 l'exception des annotations indiquant les endroits où les rues étaient

2 minées. Il s'agissait d'une carte militaire détaillée qui représentait la

3 zone de Djakovica à aller jusqu'à Klina, elle était plastifiée des deux

4 côtés. Je l'avais faite à Pristina. Là encore, j'ai vu son regard et je me

5 suis rappelé que cet homme nous avait passé dans une situation très

6 difficile. Dans un élan de générosité, je la lui ai donnée comme cadeau."

7 Est-ce que vous vous souvenez de cette partie de l'incident ?

8 R. Vous voulez parler de la carte ?

9 Q. Et du Motorola.

10 R. Je me souviens de ce que nous avons dit après dans la voiture, sur le

11 fait qu'il n'avait pas pris nos téléphones. Nous en avions deux. Mais je ne

12 sais pas s'il a vu l'autre.

13 Q. Mais est-ce que vous vous souvenez de cette carte que vous lui avez

14 donnée ?

15 R. Oui.

16 Q. Et un peu plus bas, on peut lire :

17 "Lorsque nous avons finalement regagné notre jeep, je lui ai dit

18 qu'après tout nous ne voulions pas être pris entre deux tirs serbes. Donc

19 il a choisi l'homme en survêtement noir qui était devant nous dans sa

20 Mercedes. La Mercedes nous a conduits en passant par des sentiers secrets

21 jusqu'à ce qu'on se retrouve dans un territoire sûr."

22 Vous souvenez-vous que l'on vous a donné une escorte pour vous

23 protéger contre les tirs serbes ?

24 R. Ce n'est pas le cas.

25 Q. Ah bon ?

26 R. Oui, on nous a attribué une escorte, c'est Haradinaj qui l'a proposée.

27 Q. C'est lui qui vous a proposé cette escorte ?

28 R. Nous n'en avions pas demandé, mais nous savions que le chemin de retour

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1 en passant par le nord était vide.

2 Q. Ce que dit M. Kaufmann ici n'est pas vrai ?

3 R. Pour la plupart, c'est vrai.

4 Q. [aucune interprétation]

5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vois l'heure, Maître Emmerson.

6 M. EMMERSON : [interprétation] Oui. J'allais poser encore une ou deux

7 questions pour conclure.

8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le problème est que nous devons vraiment

9 terminer à l'heure.

10 M. EMMERSON : [interprétation] Nous pouvons nous arrêter maintenant.

11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien.

12 Monsieur Pappas, nous vous reverrons demain à 14 heures 15. L'audience se

13 tiendra dans ce même prétoire le 16 mai.

14 L'audience est levée.

15 --- L'audience est levée à 18 heures 58 et reprendra le mercredi 16

16 mai 2007, à 14 heures 15.

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