Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le vendredi 3 septembre 2010

  2   [Conférence de mise en état]

  3   [Audience publique]

  4   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  5   --- L'audience est ouverte à 10 heures 04.

  6   M. LE JUGE KWON : [interprétation] La Chambre de première instance a

  7   informé les parties, le 20 août de cette année, du fait que nous allions

  8   organiser une Conférence de mise en état dont le but serait de voir l'état

  9   d'avancement du procès à ce jour, et nous voulions aussi entendre l'avis

 10   des parties sur la façon d'accélérer la tenue du procès -- la cadence pour

 11   être plus efficace.

 12   Vous le savez, avant le début de ce procès, nous avons discuté de la taille

 13   du dossier et de la durée qu'on pouvait escompter.

 14   Avant de rendre une décision sur l'application de l'article 73 bis du

 15   Règlement, décision par laquelle nous avons accordé à l'Accusation 300

 16   heures en tout pour la présentation des moyens à charge, en ma qualité de

 17   Juge de mise en état, et la Chambre, toute entière, n'ont cessé de

 18   souligner l'importance qu'il y a à veiller à la tenue d'un procès rapide

 19   mais équitable.

 20   Pour assurer la rapidité comme l'équité du procès, nous avons déclaré qu'il

 21   fallait que ce soit un procès de taille gérable, s'agissant du nombre

 22   d'éléments de preuve présentés mais aussi du temps consacré en prétoire et

 23   hors du prétoire, à l'analyse à la présentation des moyens de preuve et

 24   puis à l'issue du procès à la présentation d'un jugement concernant M.

 25   Karadzic.

 26   Parallèlement, la Chambre a procédé à quelques calculs sur la base des 300

 27   heures accordées à l'Accusation pour la présentation de ces moyens, et

 28   partant de certaines suppositions inspirées par l'expérience d'autres gens,

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  1   vous essayez d'avoir une idée de la date à laquelle le procès pourrait se

  2   terminer, et à laquelle le jugement pourrait être rendu. Vous le savez, au

  3   moment de la Mise en état qu'il y a eu l'année dernière, nous avions fait

  4   une estimation. Nous avions parlé de la fin du mois de décembre 2012,

  5   s'agissant de la fin des présentations du procès mais aussi du jugement.

  6   Nous avons commencé la présentation des moyens le 13 avril 2010, et la

  7   Chambre, avec l'aide du greffe, a suivi de très près le temps utilisé en

  8   audience par les parties, ainsi que le temps consacré aux questions de

  9   procédure de même que la nature des éléments déjà présentés.

 10   Nous avons estimé nécessaire, au mois de juin, de commencer à imposer des

 11   limites en matière de temps, s'agissant du contre-interrogatoire que mène

 12   M. Karadzic des témoins à charge. Nous avons à de nombreuses reprises

 13   conseillé et un peu averti pour lui dire qu'il ne faisait pas un bon usage

 14   du temps qui lui était imparti. Il y a encore une marge de manœuvre afin

 15   d'améliorer la façon dont le contre-interrogatoire est mené; et par

 16   conséquent du temps qui est consacré au contre-interrogatoire de chaque

 17   témoin. J'en parlerai davantage dans un instant; cependant, à la lumière du

 18   fait que pratiquement chacun des témoins à charge est présenté en

 19   application de l'article 92 ter, ce qui veut dire qu'en sus de leur

 20   déposition à l'audience, l'Accusation dépose un lot résumé ou une

 21   déclaration écrite ou un compte rendu d'une déposition déjà faite dans un

 22   autre procès, avec plusieurs pièces connexes. Il est donc peu réaliste de

 23   penser qu'on pourra avoir à des contre-interrogatoires très courts.

 24   Chaque mois, nous recevons un état des lieux en matière du temps utilisé.

 25   Nous les avons analysés ces rapports, et je voudrais d'abord relever que

 26   depuis le début de la présentation des moyens, le contre-interrogatoire

 27   représente 350 % du temps consacré en interrogatoire principal. Depuis que

 28   nous avons commencé à imposer des limites dans le temps jusqu'à la fin de

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  1   la déposition de M. Blaszczyk, sans compter la déposition de M. Suljevic,

  2   parce que pour celui-ci, M. Karadzic n'a pas encore terminé son contre-

  3   interrogatoire. On peut dire qu'en moyenne le contre-interrogatoire

  4   représente 275 % du temps utilisé par l'Accusation en interrogatoire

  5   principal et en questions supplémentaires. Si ceci ne change pas - c'est

  6   une supposition que nous faisons aussi pour les besoins de nos calculs -

  7   nous prenons comme supposition que ceci restera le cas pour le reste de la

  8   présentation des moyens à charge, ça voudrait dire que M. Karadzic va

  9   utiliser quelque 250 % du temps utilisé par l'Accusation; ou toute chose

 10   étant égale, par ailleurs, il n'y aura pas, le procès ne se terminera pas

 11   avant juillet 2013 si nous siégeons quatre fois par semaine. Si on avait

 12   cinq jours par semaine, on pourrait espérer terminer la procédure en

 13   janvier 2013.

 14   N'oublions pas de tenir compte non plus du temps qu'il faudra prévoir pour

 15   éventuellement réplique et duplique, pour la préparation des mémoires en

 16   clôture, pour réquisitoire pour la préparation du jugement, et tout ceci,

 17   bien sûr, est fonction du nombre d'éléments qu'il faudra analyser. Si l'on

 18   est optimiste, ceci ajoute de six à neuf mois au processus dans cette

 19   procédure, une fois que la présentation des moyens. Je parle de la période

 20   qui s'écoule entre le mois d'août 2013 et avril 2014, et ceci en fonction

 21   des différents scénarios que je viens d'évoquer. Mais je sais que

 22   s'agissant du volume de la pièce prise par les pièces, s'agissant de la

 23   déposition des témoins, des pièces elles mêmes sera quelque chose qui est

 24   sans égal dans ce Tribunal. Si nous continuons à respecter la moyenne qui

 25   est la nôtre pour le moment, et ça voudrait dire qu'il faudra encore plus

 26   de temps pour procéder à une analyse de ces éléments et pour pouvoir écrire

 27   et rendre un jugement.

 28   Nous l'avions déjà dit si un procès ne fait pas plus trois ans, c'est

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  1   gérable. Mais nous avons des inquiétudes, il se pourrait que ce procès dure

  2   quatre ans, voire plus, si ces calculs que je viens de vous présenter

  3   s'avèrent exacts. Tout en reconnaissant que c'est en effet un des procès

  4   les plus importants dont ait connu ce Tribunal et que l'étendue de l'acte

  5   d'accusation, la nature des charges contenues contre l'accusé sont telles

  6   que c'est inévitablement un procès long et complexe. Nous devons avant tout

  7   assurer l'équité du procès et que le procès soit rapide, et si un procès

  8   n'est plus gérable en matière de temps, c'est ça -- M. STEWART :

  9   [interprétation] M. KARADZIC : [interprétation] [imperceptible] fondement

 10   essentiel.

 11   Après ces quelques remarques liminaires, je voudrais demander aux

 12   parties ce qu'elles ont fait comme effort, ce qu'elles continuent de faire

 13   pour nous aider dans notre tâche. Je voudrais leur demander si elles ont

 14   des propositions concrètes permettant de faire de cette procédure une

 15   procédure plus efficace.

 16   Je vais d'abord donner la parole à l'Accusation, Monsieur Tieger,

 17   vous avez la parole.

 18   M. TIEGER : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Bonjour,

 19   Madame et Messieurs les Juges.

 20   Nous avons procédé à l'analyse des dépositions présentées jusqu'à

 21   présent. Nous avons vu comment évolué le procès depuis le début, en vue de

 22   cette Conférence de mise en état. Nous étions conscients de la nécessité de

 23   vous présenter ces facteurs, de vous dire quels sont à nos yeux les

 24   facteurs les plus intéressants pour vous, comment assurer que vous soyez

 25   saisis des élément de preuve les plus appropriés, les plus importants et de

 26   la façon la plus digérable, dirais-je, de la façon la plus aisée à

 27   assimiler, d'une façon qui vous assurerait -- nous assurerait une procédure

 28   tant efficace que rapide. Il y a à cet égard, me semble-t-il, une question

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  1   qui ne cesse de surgir, une question récurrente qui rappelle beaucoup de

  2   vos inquiétudes, dont vous venez de faire l'écho dans vos remarques,

  3   Monsieur le Président, je vais essayez de cerner ces questions, vous le

  4   savez.

  5   A divers moments de la procédure, mais permettez-moi de faire un peu

  6   marcher arrière.

  7   Manifestement, on peut s'y prendre de deux façons, deux façons

  8   essentielles, dont une Chambre est saisie à travers des témoins et à

  9   travers des documents qui sont présentés à l'examen de la Chambre. Je sais

 10   que, dans une certaine mesure, la Chambre de première instance a déjà

 11   évoqué la notion du temps qu'il faut pour entendre des témoins en donnant

 12   des pourcentages de temps utilisé. L'Accusation a fait l'impossible pour

 13   avoir une procédure efficace, rapide, grâce à un recours aux mécanismes que

 14   présente le Représentant pour permettre de présenter les moyens le plus

 15   vite possible. Lorsque vous avez des témoins à la barre, c'est surtout

 16   l'accusé qui a utilisé le plus de temps, en partie pour des raisons que

 17   vous venez d'évoquer, Monsieur le Président. C'est la nature même des

 18   dispositions de l'article 92 ter qui permet une présentation efficace mais

 19   ceci peut entraîner qu'il y a un contre-interrogatoire plus long, même s'il

 20   est efficace.

 21   Deuxième chose, la Chambre a montré comment l'accusé n'a pas

 22   forcément tiré le meilleur parti du temps qui lui était donné, qu'il a

 23   consacré ce temps à présenter des arguments et à poser des questions qui ne

 24   sont pas pertinentes. Mais au-delà de cela, je crois que, quand on essaie

 25   de procéder à une déconstruction de la façon dont on mène un contre-

 26   interrogatoire, je crois qu'une bonne partie du temps a été utilisée par

 27   l'accusé qui a cherché à faire verser au dossier des documents qui sont

 28   intéressants pour la Défense. Ce faisant, il a essayé d'établir un lien de

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  1   connexité entre ces documents et le témoin étant à la barre, même si c'est

  2   un lien ténu, afin d'essayer de justifier sa demande de versement des

  3   documents. Je pense que la Chambre le sait, la Défense aussi, c'est ce qu'a

  4   souvent fait l'accusé à l'encontre de beaucoup de témoins. Ça, ça découle

  5   forcement de la démarche adoptée par l'Accusation comme par la Défense

  6   d'essayer de vous présenter de documents sans passer par le truchement d'un

  7   témoin. Je répugne à parler de cette possibilité, parce que le terme qu'on

  8   utilise en anglais "Bar table submissions." Donc présentation de documents

  9   sans passer par le truchement d'un témoin ça arrivait à signifier quelque

 10   chose qui semble être une démarche subordonnée, secondaire par rapport à la

 11   présentation de documents, mais pourquoi en sommes-nous arriver à ce stade

 12   où ce n'est plus peut-être une démarche subordonnée ?

 13   C'est tout à fait naturel. La Chambre cherchait à ne pas utiliser cette

 14   possibilité de déposition de documents dès le début du procès parce que ça

 15   pourrait entraîner une avalanche de documents qui pourrait grever la

 16   Chambre immodérément, mais et vous n'auriez tout simplement la possibilité

 17   d'englober toutes ces informations. Mais la bonne nouvelle c'est que pour

 18   le moment grâce au temps utilisé par les parties et la façon un peu lourde

 19   quelquefois utilisée dans les interrogatoires, on a -- compte beaucoup --

 20   compte contextualisé [phon], c'est-à-dire que l'accusé a posé des questions

 21   de contexte, même si le témoin à qui il posait ses questions ne connaissait

 22   pas la question, n'était pas en mesure, n'était pas compétent pour le

 23   faire, on a posé des questions sur ces documents. A plus d'une reprise

 24   d'ailleurs, la Chambre a invité l'accusé, soyons précis, et je pense

 25   d'ailleurs aussi invité les parties, à se demander s'il n'était pas utile

 26   de revenir à cette possibilité de dépôt sans passer par un témoin pour des

 27   documents qui manifestement étaient bien contextualisés par le témoin étant

 28   à la barre, à ce moment-là, ou par d'autres avant lui. L'avantage de cet

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  1   contextualisation est la possibilité ainsi donnée de présenter plus de

  2   documents l'avantage est considérable, et présente plusieurs facettes, je

  3   lis d'emblée.

  4   Nous ne pensons pas ici, Me Robinson ne pensait pas non plus à vouloir vous

  5   inonder de documents présentant un intérêt tout à fait périphérique. Je ne

  6   pense pas que la Chambre pourra assimiler tous ces documents, je ne pense

  7   pas non plus que Me Robinson pense à présenter des documents qui auraient

  8   déjà été contextualisés par d'autres témoins auparavant. Pourquoi présente-

  9   t-on des documents à des témoins ? En partie, pour qu'ils soient

 10   authentifiés, et en général, ici ça n'a pas posé problème. La plupart du

 11   temps dans notre procès, on n'a pas demandé ceci aux témoins. Je crois

 12   qu'il règne une attente en général sur l'authenticité des documents

 13   présentés, quelquefois on cherche à mieux contextualiser afin que le

 14   document dont on demande le versement donne plus de sens aux Juges et aussi

 15   soit plus utile dans le cadre du procès, et des chefs que nous avons

 16   retenus. Je pense qu'il y a certains bénéfices qui découlent --

 17   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Avant de vous laisser poursuivre,

 18   j'aimerais faire un commentaire. La Chambre n'a jamais exclu la possibilité

 19   de dépôt de documents sans passer par un témoin. Nous avons restreint la

 20   demande de versement de documents par le truchement d'un témoin qui n'est

 21   pas en mesure du tout de confirmer ces documents.

 22   M. TIEGER : [interprétation] Oui, tout à fait, d'accord. Je pense que si

 23   vous avez compris que je vous critiquais, ce n'était pas du tout mon cas,

 24   mon intention. Je pense qu'ici, ça nous a rappelé que nous pourrions mieux

 25   utiliser le dépôt du document afin de vous fournir les informations dont

 26   vous avez besoin. La Chambre le sait, car elle a maintenant invité les

 27   parties pendant cette Conférence, mais aussi à l'audience, elle invite à le

 28   faire. Je pense qu'à l'exception des réunions de l'assemblée générale, je

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  1   pense que le recours à ce mode de versement sans passer par un témoin n'a

  2   pas été aussi utilisé qu'on aurait pu le croire nécessaire, et je pense que

  3   c'est quelque chose que nous devrions faire parce que ceci aura une

  4   incidence sur le procès.

  5   Mais quelles incidences ? Tout d'abord, il est certain qu'il faudra moins

  6   de temps de contre-interrogatoire et même moins de temps d'interrogatoire

  7   principal. On ne va plus essayer d'épuiser le temps qu'on a à l'audience

  8   pour essayer de montrer qu'il y a bien un lien entre chaque document et le

  9   témoin, parce que ceci ne permet pas à la Chambre de mieux comprendre le

 10   document, c'est simplement un déclic pour ou ce qui permet de demander le

 11   versement. Donc c'est déjà une économie de temps.

 12   Deuxième incidence. A une phase plus avancée du procès, la Chambre sera

 13   ainsi mieux à même de voir si la déposition, si l'élément ou d'autres

 14   documents sont pertinents. A mon avis, la Chambre pourra ainsi utiliser des

 15   pouvoirs qui sont les siens de diminuer ou de prolonger la durée de

 16   l'interrogatoire principal ou contre-interrogatoire d'un témoin, sachant

 17   mieux de façon plus complète et plus précise quelle est l'importance du

 18   sujet que va aborder le dit témoin.

 19   Troisième incidence. A un stade plus précoce du procès, les parties

 20   pourront savoir quels sont les documents déjà versés et ne perdront pas de

 21   temps à appeler des témoins pour essayer de verser au dossier des documents

 22   susceptibles des moindres importants mais dont ils demandent le versement

 23   en guise de garantie pour être sûrs qu'au moins ou parce qu'ils ne savent

 24   pas encore si les autres documents déjà présentés ont vraiment apporté la

 25   preuve de ce qu'ils cherchaient à prouver.

 26   Autre incidence. C'est sur le temps qu'il faudra pour les témoins à venir

 27   mais sur l'évaluation que nous devrons faire de savoir si un témoin est

 28   nécessaire ou pas. Car si vous avez déjà ces éléments de preuve alors que

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  1   les parties doivent avoir une idée générale de l'ensemble des éléments

  2   qu'elles veulent présenter 

  3   S'il faut citer ce témoin, s'il faut contre interroger, le temps qu'il

  4   faudra pour l'interrogatoire principal, pour le contre-interrogatoire, tout

  5   ceci sera fait beaucoup plus vite. A mon avis, les avantages sont

  6   multiples. Je vous le disais, ce sera vrai aussi pour la Chambre

  7   lorsqu'elle se penchera sur la question de la pertinence, de la valeur

  8   probante.

  9   Jusqu'à présent, ce n'est que de façon parcimonieuse que l'Accusation

 10   a présenté des objections. Lorsqu'on s'approche trop dangereusement à la

 11   question tu quo que, et où on estime aussi au mieux que c'est une question

 12   périphérique qu'aborde l'accusé. Au fil du procès, les questions vont être

 13   mieux cernées, seront plus claires, mieux délimitées et la possibilité de

 14   voir quelles sont les questions qui sont à ce point pertinentes ou si on se

 15   rapproche évidemment de la question du tu quo qu'à ce moment-là, ce sera

 16   tellement plus clair qu'on pourra dire, voilà, non là ici se présente un

 17   tel cas, la Défense pourra réagir. En tout cas, vous, vous seriez bien

 18   mieux à mêmes puisque vous aurez été saisis auparavant de ces éléments

 19   d'information, vous serez bien mieux à mêmes, disais-je, de voir sur quoi

 20   doit porter l'interrogatoire, pour voir si on ne se rapproche trop

 21   dangereusement d'un extrême où si on se rapproche de la question tu quo

 22   que.

 23   Dernier avantage que je vois au versement sans passer par un témoin,

 24   vous l'aviez dit dans une décision précédente, les parties devraient avec

 25   clarté dire en quoi ces documents sont pertinents, doivent être concentrés,

 26   doivent vous dire pourquoi elles présentent ces documents, pourquoi ce

 27   l'est au regard des charges retenues ici et pourquoi tel ou tel document

 28   est important à tel ou tel moment du processus. Ceci vous donnera bien plus

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  1   d'information que ce n'a été le cas, et sans doute que ce sera le cas

  2   autrement pour d'autres témoins. Vous verrez la pertinence éventuelle d'un

  3   document dont on demande le versement dans le contexte d'autres documents

  4   connexes, et ceci va vraiment circonscrire le nombre de documents, limiter

  5   le nombre de documents versés au plus important.

  6   Nous avons essayé de voir ce qui s'était fait jusqu'à présent dans

  7   les procès antérieurs sans préjugé et plutôt voir quelles sont les

  8   questions qui se sont dégagées au cours de cette analyse, et pour les

  9   raisons que je viens d'évoquer, je pense que c'est là un sujet qui ne cesse

 10   de refaire surface. 

 11   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci, Monsieur Tieger.

 12   L'année dernière, nous avions décidé d'accorder 300 heures à l'Accusation

 13   pour la présentation de ses moyens, et la Chambre avait essayé de voir

 14   combien durerait le procès dans sa totalité. Je l'ai dit aujourd'hui, nous

 15   nous  étions dit que nous pourrions rendre un jugement en l'espèce à la fin

 16   de l'année 2012. J'ai ajouté qu'à l'époque nous avions basé nos calculs sur

 17   certaines suppositions. Nous nous sommes grandement inspirés des lignes

 18   directrices que l'on trouve dans le manuel du TPY que sur les pratiques qui

 19   se sont développées.

 20   A l'avenant pour le contre-interrogatoire des témoins venant déposer

 21   à l'audience, témoins à charge, on s'entend, nous avions donné 60 % à

 22   l'accusé -- 60 % mais il n'y avait que deux témoins viva voce. Donc

 23   finalement ça ne faisait pas une grande différence. Ce qui revêt cependant

 24   une importance considérable, ce sont les témoins visés par l'article 92

 25   ter. Il y en a en tout 223.

 26   S'agissant de ces témoins de l'article 92 ter, nous avons donné au

 27   moins au tant de temps à l'accusé que le temps considéré nécessaire par

 28   l'Accusation pour l'interrogatoire principal. Peut-être avons-nous péché à

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  1   l'excès d'optimiste, à ce  moment-là. Je parle en mon nom personnel.

  2   Lorsque nous avons procédé à ce calcul-là, à savoir que nous avons

  3   donné à l'accusé pour le contre-interrogatoire le même temps que le temps

  4   qu'allait utiliser l'Accusation, je me disais que la plupart des témoins

  5   visés par l'article 92 ter seraient utilisés pour utiliser notre

  6   terminologie du TPY comme étant des témoins en partie ter, plutôt que

  7   totalement, c'est-à-dire qu'il y aura quand même des questions à

  8   l'audience. C'est pour ça qu'on s'était dit que si on donnait à l'accusé le

  9   même temps qu'à l'Accusation, les choses devraient bien se passer.

 10   Cependant, ici à cet égard, je me dois de remarquer que l'utilisation

 11   qu'a faite l'Accusation du 92 ter en l'espèce est vraiment sans précédent.

 12   Je m'explique, pratiquement pour tous les témoins venant déposer à

 13   l'audience, même si c'est en partie, ce sont donc pour ces témoins 92 ter,

 14   il y a beaucoup d'éléments de preuve écrits en plus de ce qui se dit à

 15   l'audience. En général, il semble qu'il y ait plus d'éléments

 16   quantitativement, plus d'éléments écrits que d'éléments présentés à

 17   l'audience, de viva voce.

 18   Donc de plus pour chaque témoin 92 ter, il y a des pièces connexes

 19   venant d'autres procès, dont l'Accusation demande le versement. Ce qui

 20   grossit le volume des pièces aussi.

 21   La Chambre s'inquiète de l'effet que risque d'avoir l'utilisation

 22   intensive qu'on fait des dispositions du Règlement qui permet le dépôt

 23   d'éléments écrits, ainsi que le nombre de pièces connexes. A cet égard, la

 24   question que j'aimerais poser au témoin, dit le président, puisque

 25   l'Accusation pense avoir recours au dépôt de document sans passer par le

 26   truchement d'un témoin, donc je me demande si l'Accusation compte utiliser

 27   les 300 heures qui lui avaient été données au départ; ou étant donné que

 28   pour le moment l'Accusation a utilisé 41 heures au cours des quatre

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  1   derniers mois, pense-t-elle avoir besoin du temps qui lui reste, à savoir

  2   259 heures pour présenter les autres éléments de preuve à charge.

  3   Monsieur Tieger.

  4   M. TIEGER : [interprétation] Monsieur le Président, nous n'avons pas

  5   fait le calcul détaillé selon les éléments que vous venez d'évoquer. Car

  6   ces éléments définissent une démarche qui est un peu différente de celle

  7   que nous avons suivie. Mais nous savons déjà après des calculs et les

  8   projections effectuées par nous, donc il apparaît déjà assez clairement y

  9   compris à l'heure actuelle que l'Accusation pourrait terminer la

 10   présentation de ses moyens sans atteindre ce seuil de 300 heures, citées au

 11   départ. Nous disons cela en nous fondant sur ce qui s'est passé jusqu'à

 12   présent et sur les projections effectuées eu égard à l'avenir. Je dirais

 13   donc en dessous de 300, sans pour avoir dire exactement le nombre précis.

 14   Je ne voudrais pas donner de pourcentage défini étant donné qu'il nous

 15   faudra voir comment les choses progresseront avec l'audition de chaque

 16   témoin en particulier. Nous avons donc effectué des projections en tenant

 17   compte de ce qui s'était passé jusqu'à présent, autrement dit du temps qui

 18   a été employé jusqu'à présent, et nous l'avons donc introduit dans le

 19   calcul, et nous sommes arrivés sur cette base de chiffres que je viens

 20   d'évoquer.

 21   Mon estimation c'est qu'un accroissement du recours au versement de

 22   documents en l'absence de témoins dans le prétoire, qui vient d'être

 23   proposé, et dont je viens de parler, nous permettrait, certainement, de

 24   prévoir l'audition de tous les témoins dont les noms figurent sur la liste

 25   actuellement. Cela pourrait donc réduire le temps nécessaire à la

 26   présentation des moyens de l'Accusation.

 27   Excusez-moi d'avoir répondu si longtemps. Ce que tout cela veut dire,

 28   c'est que nous en sommes déjà arrivés à un moment où les projections

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  1   effectuées par nous, nous indiquent que le nombre d'heures qui seraient

  2   utilisées par l'Accusation seraient pour le moins inférieures à 300 heures,

  3   et probablement dans les environs de 280 heures c'est le chiffre que je

  4   peux citer en ce moment même, et je prévoie que si nous poursuivons selon

  5   la proposition faite ici, ce nombre ne continuera de baisser.

  6   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Autre question que j'aimerais évoquer

  7   avec l'Accusation c'est la communication des pièces.

  8   La Chambre a découvert à plusieurs reprises, Monsieur Tieger, que

  9   l'Accusation n'avait pas respecté ces obligations de communication vis-à-

 10   vis de l'accusé, et les Juges de la Chambre ont exprimé leur inquiétude au

 11   sujet de ces infractions. L'Accusation ne peut s'attendre à ce que la

 12   procédure se mène de façon rapide si elle continue à communiquer

 13   tardivement à l'accusé des documents qu'il aurait dû recevoir plusieurs

 14   mois auparavant, ce qui bien sûr entraîne le dépôt d'une requête de la part

 15   de l'accusé, et la nécessité d'une décision de la part des Juges de la

 16   Chambre, tout cela alourdissant le travail à accomplir et le recours aux

 17   moyens disponibles et au temps. Et ce qui est plus grave encore, c'est que

 18   si l'accusé est jugé comme ayant subi un préjudice en raison de ces

 19   communications tardives, des sanctions peuvent être imposées, qui

 20   pourraient ralentir encore la procédure.

 21   Je me demande si vous auriez un commentaire sur cette remarque.

 22   Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Monsieur le Président --

 23   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bonjour.

 24   Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Bonjour.

 25   Nous avons mis en œuvre des mesures supplémentaires. Vous nous avez donné

 26   une date limite à respecter qui était celle du 1er octobre, et nous sommes

 27   convaincus que nous parviendrons à respecter cette date limite et que les

 28   infractions qui viennent d'être mentionnées ne se poursuivront pas. Voilà

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  1   ce que je voulais dire en cet instant.

  2   Mais j'ajouterais que, puisque nous fournissons toujours des détails dans

  3   nos réponses aux requêtes, il n'y a pour l'instant pas eu préjudice pour

  4   l'accusé. Les témoins concernés sont dans l'ensemble des témoins qui

  5   devaient être entendus assez tardivement dans la procédure. Donc pour

  6   l'instant, je pense que nous n'avons pas retardé le procès en raison de ces

  7   omissinos.

  8   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous remercie, Madame Uertz-Retzlaff.

  9   Je vous prends aux mots, et toutes les communications seront donc achevées

 10   aux dates requises.

 11   Oui, Monsieur Tieger.

 12   M. TIEGER : [interprétation] Encore un point, Monsieur le Président.

 13   L'Accusation prend très au sérieux son obligation eu égard à la

 14   communication des documents, ceci a été prouvé par l'équipe très importante

 15   qui a été mise en place par le bureau du Procureur pour s'occuper de la

 16   communication et revenir sur les problèmes de communication lorsqu'ils se

 17   posent, et ce, aux prix de moyens matériels très importants, et d'un temps

 18   très lourd également, qui représente le maximum qu'il est humainement

 19   possible de faire, donc c'est ce qui a été fait.

 20   Je pense que ceci rend bien compte du fait que les recherches documentaires

 21   répétées ont mis au jour un très grand nombre de documents qui ont fait

 22   l'objet de requêtes invoquant des infractions ou obligations de

 23   communication, or comme Mme Uertz-Retzlaff la communication tardive de tels

 24   documents n'a donné lieu à aucun préjudice pour l'accusé. Il s'agissait de

 25   documents relativement marginaux qui n'ont pas une importance capitale, qui

 26   ne souffrent donc d'aucun dommage majeur en cas de communication tardive.

 27   Ce sont des documents qui traitent, pour certains, de question

 28   administrative dont il est évidemment impossible de ne pas s'occuper mais

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  1   qui n'ont pas l'importance de bien d'autres documents dans le dossier.

  2   Par ailleurs, je pense que la Défense se rend bien compte que l'Accusation

  3   a toujours répondu positivement à toutes les demandes d'effort

  4   supplémentaire pour apporter de l'aide à ses collaborateurs. Nous avons, et

  5   je suis sûr que Me Robinson le confirmera, repris l'examen de nombreux

  6   dossiers pour aider la Défense lorsque la chose était possible, sans même

  7   que cela ait été exigé de nous. Me Robinson sait bien qu'en toute bonne foi

  8   l'Accusation a déployé des efforts importants dans ce sens.

  9   Nous ne pensons pas que les défauts de communication se poursuivront,

 10   qu'ils impliquent des documents très importants ou moins importants, nous

 11   nous sommes engagés dans des efforts sans précédent pour mettre un terme

 12   aux omissions du passé. Je dis cela parce que je ne voudrais pas que les

 13   insuffisances presque inévitables et occasionnelles qui ont eu lieu soient

 14   imputables à l'Accusation c'est inévitable dans toute l'histoire du

 15   Tribunal c'est quelque chose qui s'est produit dans pratiquement toutes les

 16   affaires. Donc nous avons jusqu'à présent déployé tous les efforts humains

 17   possibles pour continuer à assurer la plus grande efficacité de ce procès.

 18   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Encore une fois, je m'attends à ce que

 19   l'Accusation respecte les délais qui lui ont été imposés.

 20   [La Chambre de première instance se concerte]

 21   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Tieger.

 22   Je vais maintenant donner la parole à M. Karadzic ou à Me Robinson.

 23   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci, Excellence. Bonjour à tous.

 24   La Défense estime aussi que la présente Conférence était véritablement

 25   indispensable, d'autant plus indispensable, depuis que nous avons entendu

 26   les propos de Son Excellence, M. Kwon. La Défense attendait avec impatience

 27   l'occasion de s'exprimer sur toutes les questions qui se posent en rapport

 28   avec l'audition des témoins.

Page 6133

  1   Je crois que j'ai déjà dit et je le répète aujourd'hui, que le système qui

  2   est appliqué dans ce Tribunal, est un système assez nouveau et très peu

  3   connu de nous, parce que tout chez nous est différent de ce qui se passe

  4   ici, du point de vue de la procédure comme du point de vue de la

  5   législation applicable. Mais ce qui est fait dans ce Tribunal est donc tout

  6   à fait différent. Par exemple, nous avons entendu ici 223 témoins en

  7   application de l'article 92 bis -- ou plutôt, de l'article 92 ter. Il y a

  8   également eu un très grand nombre de témoins entendus au titre de l'article

  9   92 bis du Règlement sur décision de la présente Chambre, dont certains plus

 10   tard ont été transformés en témoins 92 ter, et puis il y aura un certain

 11   nombre de témoins entendu au titre de l'article 92 quater. Il va y avoir

 12   des témoins qui ne sont jamais venus, et qui n'ont jamais été interrogés

 13   par une quelconque équipe de Défense jusqu'à présent, et pourtant, dans les

 14   dépositions, même s'ils ne sont pas auditionnés par quelque Chambre que ce

 15   soit seront versés au dossier, 223 témoins seront entendus brièvement. Nous

 16   ne pourrons pas mettre en exergue les incohérences de ce qu'ils disent

 17   aujourd'hui par rapport à ce qu'ils ont pu dire avant, parce qu'ils ne

 18   s'exprimeront pas ici, ils se contenteront d'entériner ce qu'ils ont dit

 19   dans des déclarations antérieures, et puis il y a des témoins qui ne

 20   pourront être contre-interrogés que par Dieu parce qu'ils sont morts entre-

 21   temps.

 22   Donc s'il l'on prend tout cela en compte, je crois qu'il y a 170 témoins

 23   protégés. Pratiquement aucun d'entre eux n'aient une victime, donc les

 24   mesures de protection sont absolument injustifiées.

 25   Par rapport, il y a un grand nombre de faits déjà jugés, et la Défense doit

 26   les contester. Nous devons donc nous battre contre des faits tout à fait

 27   fondamentaux qu'un élève d'école primaire dans notre pays connaît. Le

 28   distingué M. Tieger pense peut-être qu'ils n'ont pas de pertinence, et

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  1   pourtant ils ont une pertinence. Si les choses avaient été bien faites

  2   jusqu'à présent, nous ne serions pas dans cette situation, situation qui

  3   m'oblige à corriger un fait déjà jugé que j'ai reçu du bureau du Procureur

  4   récemment, par exemple, à savoir que la Yougoslavie aurait été restaurée en

  5   1945, en tant que République, composée de six Républiques et de deux

  6   provinces. Ceci est tout simplement inexact, ces deux provinces sont

  7   devenues des éléments constitutifs de la Fédération quelle que soit la

  8   signification qui a été donnée à leur création, qu'il s'agisse d'un piège

  9   politique ou autre chose, mais ces deux provinces n'ont vu le jour qu'en

 10   1974, par l'adoption de la constitution de 1974. Et pourtant c'est un sujet

 11   ici qui va dans le sens des péchés imputés aux Serbes, ou plutôt, qui

 12   permet de dire que les Serbes avaient de la sympathie pour les communistes.

 13   Alors que les communistes étaient mes pires et mes pires opposants. Mais

 14   enfin, ce fait donc est simplement inexact. Les autorités yougoslaves

 15   souhaitaient un peu de fédéralisme alors que les Communistes, Croates et

 16   Slovènes souhaitaient détruire le peu de fédéralisme existant.

 17   Donc ce sont des choses qui vont bien au-delà de l'acte d'accusation et que

 18   je dois néanmoins contester, chaque fois que l'occasion m'en ait donné,

 19   parce que si nous, nous penchons sur les faits déjà jugés provenant

 20   d'autres procès, et des enfants en bas âge riraient de l'inhabilité de tout

 21   cela et du grand nombre d'inexactitude qu'on y trouve.

 22   Il y a aussi pas mal de pièces à conviction associées qui sont introduites

 23   par le biais des témoins et tout cela ce sont des tentatives d'accélération

 24   de la procédure, qui réduisent dans pratiquement tous les cas le temps

 25   accordé au contre-interrogatoire, ce qui n'aide pas du tout la Défense. En

 26   fait cela accroît la charge qui pèse sur la Défense. Nous avons davantage

 27   d'obligation de nous battre contre des moulins à vent, dirait-on, nous

 28   devons prouver des choses qui n'ont pas besoin d'être prouvées où que ce

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  1   soit ailleurs.

  2   Toutes ces mesures visent à économiser le temps à augmenter l'efficacité, à

  3   rendre les documents plus admissibles, si je puis dire. Tous les documents

  4   et toutes les mesures proposées par le bureau du Procureur vont dans un

  5   sens qui nuit à l'accusé et à la Défense. Ceci ne nuit en aucun cas au

  6   bureau du Procureur. Le distingué, M. Tieger accuse aujourd'hui l'accusé.

  7   Ce n'est pas simplement l'acte d'accusation qui met l'accusé en accusation

  8   mais également lui en personne, qui dit que nous avons fait un certain

  9   nombre de choses de façon erronée. Un accusé comparait ici parce qu'il est

 10   accusé, mais les choses qui sont dites devant lui sont tellement fausses il

 11   est exigé de lui des efforts complémentaires parce que la procédure et le

 12   seul élément à prendre en compte, et les éléments de preuve doivent être

 13   exacts et présentés.

 14   Alors, Excellence, voyons quels sont les points à discuter dans cette

 15   procédure. L'objectif de la procédure en l'espèce consiste à déclarer

 16   coupable l'accusé à quel que coup que ce soit, ou d'établir la réalité de

 17   ce qui s'est passé. Est-ce que c'est l'un ou l'autre, si l'objectif

 18   consiste à déclarer l'accusé coupable à tout prix, alors proposons cinq

 19   documents simplement, pourquoi est-ce qu'ils ont besoin de 40 000 documents

 20   pour faire cela. Mettons au dossier cinq documents pertinents et la chose

 21   sera faite. Si l'objectif consiste à établir ce qui s'est réellement passé,

 22   et moi, c'est ce que je recommande parce que dans le cas contraire il n'y

 23   aura pas de réconciliation possible ou de redémarrage de la vie là-bas,

 24   alors ce qu'il convient de faire c'est de passer en revue tout ce qui a été

 25   établi et présenté de façon très déformée dans les autres procès. Voyons ce

 26   qui aurait pu être évité.

 27   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Nous explorons la façon aujourd'hui dont

 28   la procédure peut avancer de façon plus efficace. Nous ne discutons pas des

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  1   problèmes de fond.

  2   L'exemple historique que vous avez donné ou le nom de telle ou telle région

  3   est un bon exemple. J'attendais pour parler de votre comportement durant

  4   les contre-interrogatoires. J'attendais pour dire que la plupart du temps,

  5   vous perdez un temps utile dans des commentaires inutiles ou dans des

  6   questions qui n'ont pas de pertinence ou dans des questions que vous posez

  7   à des témoins, qui manifestement n'ont pas la capacité de répondre à ces

  8   questions, ou dans la lecture que vous faites à un grand nombre d'extraits

  9   de documents. Je pense qu'il y a donc place à un degré important

 10   d'amélioration et j'aimerais entendre ce que vous avez à dire sur ce point,

 11   comment est-ce que vous réagissez à mes observations.

 12   L'ACCUSÉ : [interprétation] Excellence, je conviens que peut-être j'ai lu

 13   abondamment des extraits de documents. Mais si nous examinons les auditions

 14   d'un témoin viva voce, mon seul moyen pour démontrer qu'il n'est pas

 15   sincère ou qu'il ignore quelque chose, c'est de le confronter avec la

 16   narration, la relation d'un fait venant de lui et fait précédemment. Etant

 17   donné le très grand nombre de faits qui me sont imputés, je suis dans une

 18   situation où je dois poser des questions qui apparemment ne sont pas

 19   pertinentes, mais seulement en apparence qu'elles ne sont pas pertinentes.

 20   Car lorsqu'on va plus en profondeur, on se rend compte qu'elles ont leur

 21   pertinence, étant donné le grand nombre de déclarations erronées --

 22   d'affirmations erronées qui ont été faites précédemment et qui sont prises

 23   pour argent comptant et je dois réfuter. Alors je vais peut-être essayer de

 24   lire moins que je ne l'ai fait jusqu'à présent, ou même pas du tout, mais

 25   lorsqu'on a un témoin ici qui arrive avec l'anonymat d'un numéro de témoin

 26   et un grand nombre d documents et de déclarations, comment est-ce que je

 27   peux contester ce qu'il dit. Comment démonter sa crédibilité et démontrer

 28   son absence de compétence.

Page 6137

  1   Je ne comprends pas que le bureau du Procureur puisse être utilisé à verser

  2   au dossier un nombre aussi important de documents par le truchement d'un

  3   seul et même témoin. Je dois donc poser au témoin de très nombreuses

  4   questions qui portent sur des domaines très nombreux. J'ai un document qui

  5   prouve que des choses sont complètement différentes de ce qu'il a dit, et

  6   donc il faut que l'on entende le témoin, mais est-ce qu'on doit l'entendre

  7   sans associer à ce qu'on a entendu, le contenu du document qui prouve le

  8   contraire ?

  9   Nous comprenons bien la préoccupation des Juges de la Chambre dans ce

 10   domaine, mais je vous en prie - comprenez mon inquiétude - car ce procès se

 11   transforme en procès centré sur du papier. Le distingué M. Tieger est en

 12   train de dire qu'il serait bon pour la procédure de verser au dossier un

 13   nombre encore plus important de documents sans que ces documents soient

 14   étayés par des témoins entendus viva voce, si je puis dire. Or, tout ceci

 15   beaucoup c'est nuisible, c'est nocif pour la Défense et bénéfique pour

 16   l'Accusation. Alors est-ce que l'on pourrait faire quelque chose qui

 17   pourrait ne pas être systématiquement contraire aux intérêts de la Défense

 18   et favorable aux intérêts de l'Accusation.

 19   J'ai grand plaisir à voir que M. Tieger nous parler d'un grand nombre de

 20   documents, mais ce nombre va devenir encore plus grand et même immense pour

 21   la Défense, et la Défense - ne l'oubliez pas - a des moyens financiers et

 22   matériels bien moindres.

 23   Je ferai de mon mieux à l'avenir pour lire un peu moins que je ne

 24   l'ai fait jusqu'à présent, mais je vous en prie, est-ce que l'Accusation ne

 25   pourrait pas présenter des éléments importants pour la Défense ? Elle se

 26   contente de présenter les éléments qui sont importants pour elle. La

 27   Défense le sait bien. Alors j'ai un grand nombre de questions à poser, un

 28   temps limité pour le faire, ce que j'ai à l'esprit c'est de tenir compte

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  1   des faits déjà jugés, donc je demande à un témoin devant de répondre à des

  2   éléments qui peuvent à un certain moment sembler dépourvus de pertinence

  3   mais qui croyez-moi, ont en réalité la plus grande pertinence qui soit.

  4   Croyez-moi, ce procès va devenir très important d'un point de vue

  5   historique en raison des précédents qu'il créée, et en raison de la façon

  6   dont la population et les dirigeants de ces peuples ont été traités. Ce

  7   procès est la base de procédures à venir, qui concerneront avant tout des

  8   présidents d'entité et des états ainsi que des chefs d'Etat civil et des

  9   chefs de l'armée, donc si nous jetons des fondations qui ne sont pas les

 10   meilleures qui soient en ce moment ce ne sont pas seulement les Serbes qui

 11   vont en souffrir mais également nos voisins qui continuent à croire que les

 12   Serbes ont eu tort, prenons Markale. Très bientôt, les milieux

 13   professionnels vont examiner ce qui s'est réellement passé à Markale.

 14   Je peux comprendre que l'Accusation travaille sous pression. Elle n'a rien,

 15   elle n'a aucun élément de preuve à sa disposition; et c'est cela son

 16   problème.

 17   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je conviens que ce procès est très

 18   important. Mais ce qui est important, du point de vue de votre Défense,

 19   c'est de vous défendre contre les chefs d'accusation retenus contre vous

 20   dans l'acte d'accusation. C'est un procès pénal qui se mène ici. Nous ne

 21   faisons pas ce procès pour écrire un livre blanc de l'histoire ou pour

 22   corriger l'histoire, donc je vous demande de vous concentrer sur votre

 23   défense par rapport aux charges pertinentes que l'on trouve dans l'acte

 24   d'accusation.

 25   Je vous demande maintenant une minute.

 26   [La Chambre de première instance se concerte]

 27   M. LE JUGE MORRISON : [interprétation] Je joins ma voix à celle de M. le

 28   Juge Kwon, pour appuyer tout ce qu'il a dit au sujet de la nécessité de

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  1   vous concentrer sur l'acte d'accusation, acte d'accusation qui concerne,

  2   bien sûr, les deux parties, en effet, l'acte d'accusation est présenté par

  3   le bureau du Procureur et l'accusé doit se défendre contre son contenu.

  4   Nous ne devons pas perdre de vue, bien sûr, que la charge de la preuve

  5   repose sur le bureau du Procureur. L'accusé n'a pas obligation de prouver

  6   son innocence. Il doit simplement remettre en cause la thèse défendue par

  7   l'Accusation.

  8   Ce qui est inévitable, dans un procès comme celui-ci, c'est qu'il comporte

  9   un certain élément politique, dans ces conditions j'en appelle instamment à

 10   l'accusé pour qu'il réduise l'aspect politique du procès au minimum et

 11   qu'il se lance dans un travail plus concret en explorant que les éléments

 12   pertinents et correspondant aux charges que l'on trouve dans l'acte

 13   d'accusation.

 14   Nous pouvons remercier les parties qui ont tenté de réduire la durée de ce

 15   procès jusqu'à présent, et nous espérons que la méthode décrite par M.

 16   Tieger et appréciée, sans aucun doute par la Défense, nous permettra de

 17   remplir cet objectif.

 18   Je vous remercie.

 19   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Karadzic, est-ce que vous avez

 20   quelque chose à ajouter par rapport à la manière et aux méthodes à

 21   appliquer pour que ce procès avance de façon plus efficace ?

 22   L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur -- je demanderais à Me Robinson de

 23   s'exprimer sur les aspects juridiques.

 24   Mais par ma part, j'ajouterai simplement les mots suivants : Si la question

 25   ne relevait que de ma responsabilité, les choses seraient plus simples,

 26   mais alors pourquoi être le Procureur aura besoin pour prouver les faits

 27   qui figurent dans l'acte d'accusation d'un nombre aussi important de faits

 28   déjà jugés, c'est cela qui créé un obstacle. S'il y a un bureau du

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  1   Procureur estime que ces faits déjà jugés n'ont pas d'importance, qu'il les

  2   retire, et que nous soyons confrontés à la nécessité ici de les confirmer.

  3   Parce que, moi, j'ai un nombre incroyable de témoins qui comparait devant

  4   moi, témoins protégés pour la plupart, un énorme nombre de documents à

  5   prendre en compte, un très grand nombre de faits jugés et tout ceci m'amène

  6   dans une situation où je ne peux pas -- parce que, moi, je ne peux pas m'en

  7   tenir à l'acte d'accusation. Il y a bien d'autres choses qui l'entourent.

  8   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Karadzic, il me faut intervenir

  9   une fois de plus. Je suis certain qu'il n'y a aucun passage dans les faits

 10   jugés qui disent que les Serbes sont coupables, que tous les Serbes sont

 11   coupables. Là, vous vous trompez. Une fois de plus, j'insiste il faut vous

 12   concentrer sur votre défense face aux chefs d'accusation retenus contre

 13   vous dans l'acte d'accusation.

 14   Maître Robinson.

 15   M. ROBINSON : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Quelques

 16   brèves remarques si vous me le permettez.

 17   Tout d'abord, historiquement le Tribunal a été trop optimiste quand il a

 18   prévu la durée des procès ce qui lui a été reproché souvent par le Conseil

 19   de sécurité. Moi, j'ai fait mes petits calculs, ce ne sont pas des calculs

 20   approximatifs, je le confesse, mais au cours de ces quatre mois,

 21   l'Accusation a présenté un peu près 14 % de ses moyens; multiplié par 7, ça

 22   donnera 28 mois pour la présentation de tous les moyens, ce qui nous amène

 23   vers le mois d'août 2012. Il faut quelques mois pour la Défense pour

 24   qu'elle se présente et il faut qu'elle est le même temps aussi, ceci nous

 25   amènerait en février 2015 avant la fin de la présentation de tous les

 26   éléments, puis il faudra le temps de préparer votre jugement. Tout ceci

 27   aussi est tributaire à d'autres variables. Par exemple, est-ce que

 28   l'Accusation va réduire le nombre de moyens qu'elle veut présenter ? Est-ce

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  1   qu'elle aura besoin d'autant de temps pour son contre-interrogatoire de nos

  2   témoins que nous pour les leurs ? Bien sûr, il faut toujours prévoir le

  3   pire. C'est qu'on essaie de faire dans le monde des affaires mais le procès

  4   pourrait durer encore plus longtemps que ce que vous disiez ce matin,

  5   Monsieur le Président.

  6   Permettez-moi cette autre remarque si vous passez d'un régime de quatre à

  7   cinq jours semaine ceci ne va nous donner une idée précise de la durée du

  8   procès, parce que si vous avez cinq jours de semaine toutes les semaines,

  9   c'est difficile. Pourquoi souvent des procès qui prévoient ce régime ne

 10   tiennent pas la route pour les cinq jours, parce que les témoins ne sont

 11   pas disponibles, les Juges non plus, les parties non plus ? Donc je ne

 12   pense pas qu'il y aura une différence si grande que ça entre quatre et cinq

 13   jours par semaine ça ne fera pas de grosses économies au bout du compte, et

 14   c'est une économie de bout de chandelle finalement, parce qu'il y aura une

 15   incidence sérieuse sur l'accusé qui aura beaucoup de plus de travail à

 16   faire.

 17   Si la Chambre veut vraiment -- si elle a le sentiment que le procès devrait

 18   être bien plus court, pour ne pas -- pourquoi ne pas se demander si la

 19   portée de l'acte d'accusation ne peut pas être modifié, ce qui avait été

 20   adopté lorsque le Juge Bonomy qui est alors le Juge de la mise en état

 21   avait adopté l'acte d'accusation modifié ? Il se peut que ce soit

 22   simplement une portée excessive si l'on va avoir un procès qui soit gérable

 23   si vous vous inquiétez de la durée prévisible du procès, de la durée du

 24   procès ainsi que la bonne volonté de ceux qui financent ce Tribunal sur le

 25   long terme, donc est-ce que l'Accusation ne pourra pas se demander si elle

 26   a vraiment pas la possibilité de présenter ou si elle veut représenter tous

 27   les éléments de son acte d'accusation ?

 28   Si on retirait les municipalités, en vertu de l'article 73 bis (D), on

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  1   pourrait économiser une année, pour les moyens à charge comme à décharge.

  2   La partie le volet Sarajevo dans ce procès était difficile, mais je vous

  3   assure que lorsqu'on va parler de 27 municipalités différentes, avec

  4   chacune beaucoup d'événements, je pense que ce procès va devenir encore

  5   moins gérable vous le verrez.

  6   M. Tieger vous disait qu'on voulait accélérer le travail, présenter moins

  7   de pièces, et vous avez demandé à M. Karadzic d'être plus efficace, mais

  8   c'est vraiment une goutte dans l'océan, parce que si vous trouvez ce procès

  9   déjà trop long, je pense qu'il va être encore plus long où il faudra à la

 10   fin. Je pense que la Chambre devrait se demander s'il n'est pas nécessaire

 11   de recourir à des mesures plus radicales qui pourraient avoir une incidence

 12   plus grande sur la durée du procès.

 13   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci, Maître Robinson.

 14   [La Chambre de première instance se concerte]

 15   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Tieger, avez-vous autre chose à

 16   dire ?

 17   M. TIEGER : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Merci de me donner

 18   la parole.

 19    Me Robinson vous a donné des chiffres qui ne sont pas conformes avec nos

 20   calculs, s'agissant du moment de la fin des moyens à charge. C'est peut-

 21   être dans un an, mais je crois que là, il extrapole parce qu'au début,

 22   effectivement on a eu utilisé beaucoup de temps, mais je crois que

 23   maintenant on pense à utiliser une façon plus efficace. On a déjà commencé

 24   à le faire et le mouvement va se poursuivre. Quoi qu'il en soit, quelle que

 25   soit la façon dont il a établit ces calculs, il s'écarte considérablement

 26   des nôtres, je crois que les nôtres se rapprochent des chiffres cités par

 27   la Chambre, nous allons essayer de faire mieux, nous le ferons. Mais nous

 28   ne sommes pas du tout d'accord avec les prévisions que vous a fournies Me

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  1   Robinson.

  2   Combien de temps va durer la présentation des moyens à décharge, si le

  3   procès progresse à la cadence actuelle c'est parce que l'accusé présente

  4   ses moyens de Défense ou sa thèse de Défense en utilisant des témoins à

  5   charge, vous devez le savoir. Ce n'est pas comme ça qu'on met à l'épreuve

  6   les éléments de preuve à charge, comme le dit le Juge Robinson. C'est un

  7   effort délibéré, qui est permis en partie en vertu de l'article 99(H),

  8   c'est-à-dire que l'accusé essaie de présenter des éléments qui n'ont aucun

  9   rapport la plupart du temps avec  ce qui dit le témoin en question, et nous

 10   l'avons vu plusieurs fois.

 11   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je crois qu'il est prématuré de parler

 12   de la durée des moyens à décharge, mais nous avons dit que la Défense

 13   aurait la même durée, le même temps que vous 300 heures, alors la durée que

 14   vous allez -- la durée de vos contre-interrogatoires c'est quelque chose de

 15   tout à fait différent.

 16   M. TIEGER : [interprétation] On suggère maintenant d'éliminer certaines

 17   parties de l'acte d'accusation, mais ce serait éviscérer l'acte

 18   d'accusation car il ne mentionnerait pas des pans entiers de la

 19   responsabilité pénale que nous imputons à l'accusé, maintenant la Défense,

 20   plus de temps comme un facteur important. A mon avis, ce n'est pas

 21   approprié. Nous en sommes arrivés à ce stade, c'est parce que pendant de

 22   nombreuses années l'accusé a agi en sorte qu'il n'y a pas eu possibilité de

 23   procès. Maintenant invoquer ces circonstances pour éviter d'être accusé en

 24   raison de sa responsabilité pénale ne me semble pas du tout approprié.

 25   Nous essayons sans arrêt d'avoir un procès plus efficace, ce qui ne

 26   permettra de le terminer plus tôt que les prévisions assez très pessimistes

 27   même que vient de citer Me Robinson. Ce sera pour moi le mot de la fin.

 28   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Nous allons voir ce que les parties ont

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  1   dit.

  2   Monsieur Tieger, je voudrais un autre éclaircissement, qui tient à la

  3   question de la taille globale du dossier.

  4   Pendant la mise en état, l'Accusation a déposé plusieurs requêtes, aux fins

  5   d'admission d'éléments de preuve écrits au moins 150 témoins, en

  6   application de l'article 92 bis. M. Karadzic l'a dit, la Chambre a rendu

  7   une décision relative à cette requête, elle a admis certains témoins en

  8   application de l'article 92 bis, et les pièces pertinentes y afférentes,

  9   mais dans d'autres cas elle a demandé que le témoin se soumette à un

 10   contre-interrogatoire à l'audience. Dans ce dernier cas, lorsque le témoin

 11   comparait en application de l'article 92 ter, le témoin se soumet aux

 12   dispositions de l'article 92 ter.

 13   Conformément à notre ordonnance régissant la procédure du procès,

 14   l'Accusation ne peut demander le versement que d'une déclaration ou un seul

 15   compte rendu d'audience d'une déposition antérieure pour un tel témoin visé

 16   par l'article 92 ter, donc l'Accusation soit opérée un choix trier les

 17   différentes déclarations, les différents comptes rendus qu'il peut y avoir

 18   concernant ce témoin et/ou préparer une déclaration de synthèse consolidée.

 19   Pour éviter toute confusion il faudrait que les parties donnent le même

 20   traitement à tous les témoins 92 ter qu'ils aient au départ été prévus

 21   comme 92 bis ou pas.

 22   Ce qui veut dire que, si quelqu'un était prévu en vertu de  92 bis mais qui

 23   doit se présenter à un contre-interrogatoire en vertu de 92 ter,

 24   l'Accusation doit opérer un choix minutieux pour retenir la déclaration ou

 25   le compte rendu dont elle va demander le versement, ainsi que les pièces

 26   connexes qui lui semble nécessaire. Il faut donc que l'accusé et la Chambre

 27   soient informés, soient notifiés de façon à permettre à l'accusé de

 28   préparer son contre-interrogatoire et de façon la Chambre de voir quel

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  1   serait le temps de contre-interrogatoire nécessaire -- ou raisonnable en

  2   vertu de la procédure établie.

  3   Est-ce que ceci vous pose problème, Monsieur Tieger ? Mais, en fait, ce que

  4   j'ai dit c'est une décision qui a déjà été rendue. Ce n'était pas une

  5   suggestion.

  6   M. TIEGER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président, de me donner

  7   tout du moins l'occasion de réagir aux conséquences éventuelles qui

  8   découleraient de cette précision que vous venez d'apporter à votre

  9   décision. Merci, de nous donner un certain temps de réflexion, nous

 10   réagirons dans les meilleurs délais.

 11   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci.

 12   J'aimerais évoquer quelques questions s'agissant de requêtes aux fins

 13   d'ordonnance contraignante mais ceci à huis clos partiel. Passons à huis

 14   clos partiel, s'il vous plaît.

 15   [Audience à huis clos partiel]

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 13  Page 6146 expurgée. Audience à huis clos partiel.

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 27   [Audience publique]

 28   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Maître Robinson, vous aviez soulevé la

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  1   question de nombre d'audience par semaine. Faut-il siéger quatre ou cinq

  2   jours par semaine.

  3   Pour le moment, nous avons quatre jours d'audience hebdomadaire. Ceci a été

  4   confirmé par la Chambre d'appel qui estime qu'elle est conforme à la

  5   protection, à la nécessité de protéger le droit des accusés. Mais pour des

  6   raisons d'ordre pratique, disponibilité de salle d'audience et autres, nous

  7   ne pourrons pas passer à cinq jours d'audience avant disons la fin

  8   d'octobre. En tout état de cause, ici vous dites que cinq jours d'audience

  9   ce sont des dispositions qui constituent une violation, et je parle des

 10   cinq jours à partir du mois de novembre. Déposez, s'il vous plaît, une

 11   requête par écrit.

 12   Nous allons bientôt mettre terme à cette Conférence de mise en état, mais

 13   auparavant j'aimerais revenir sur deux questions évoquées dans nos échanges

 14   avec l'Accusation.

 15   D'abord la question de la communication. J'ai bien entendu l'Accusation qui

 16   a dit qu'elle prenait des mesures supplémentaires pour trouver une solution

 17   à ce problème de communication. Il n'en demeure pas moins que ceci ne

 18   change pas la situation. Il y a déjà eu violation à ces règles de

 19   communication. J'espère que ces mesures supplémentaires que va prendre

 20   l'Accusation feront que tous les documents qui doivent l'être seront

 21   communiqués avant le 1er octobre.

 22   M. TIEGER : [interprétation] Nous vous comprenons, Madame et Messieurs les

 23   Juges, je vous le disais d'entrée de jeu, mes commentaires n'avaient

 24   nullement l'intention de laisser entendre que l'Accusation ne prenait pas

 25   ces obligations réglementaires au sérieux, loin de là. Je vous ai dit que

 26   nous faisions des efforts sans précédent, et j'ai essayé que ces règles

 27   sont imposées parce qu'elles cherchent à veiller à ce que les informations

 28   soient fournies à la Chambre, aux parties dans les meilleurs délais

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  1   possibles pour assurer de la façon la plus optimale l'efficacité du procès,

  2   tel qu'il se déroule. Au début de la vie du Tribunal, ces Règles

  3   n'existaient pas sous cette forme. Je voulais souligner le fait que les

  4   efforts faits jusqu'à présent se poursuivront et que ces efforts déjà

  5   réalisés ont permis aux parties d'avancer le plus vite possible pour

  6   essayer d'assimiler ces informations le plus vite possible. Ce que je

  7   tenais à dire c'est que nos efforts, nous les poursuivrons, mais aucune des

  8   parties ne peut utiliser ici ceci comme moyen pour ne pas s'acquitter de

  9   son obligation ou pour exagérer l'importance d'une omission ou d'un léger

 10   écart, par rapport aux efforts de bonne foi, enfin ce que je veux dire

 11   l'écart par rapport aux possibilités qu'offre le Règlement en matière de

 12   communication. Tout ce qui est humainement possible doit être fait.

 13   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci.

 14   Une dernière chose concerne le dépôt de document sans passer par

 15   l'entremise d'un témoin.

 16   Je vous le disais en vous répondant, nous n'avons pas exclus cette

 17   possibilité, le dépôt sans passer par l'entremise d'un témoin. Si des

 18   parties expriment le souhait d'avoir recours à cette procédure, qu'elles le

 19   disent par écrit dans une requête. Mais je voulais souligner ceci,

 20   comprenez que si vous déposez une requête, vous devez expliciter de façon

 21   détaillée le document, sa pertinence, sa pertinence dans le contexte de ce

 22   procès, et la façon ou la place qu'il a dans l'ensemble des moyens d'une

 23   partie et dans l'ensemble des moyens présentés au cours du procès tout

 24   entier.

 25   Un exemple, si c'est simplement un document qui cherche à un autre

 26   document, il ne peut pas être déposé sans l'entremise d'un témoin. Cette

 27   procédure, et vous l'avez dit d'ailleurs, Monsieur Tieger, ne doit pas être

 28   utilisée comme ça à l'emporte pièce pour faire verser des tas de documents

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  1   qui ne sont pas nécessairement indispensables.

  2   Tenez compte de ces remarques à l'avenir lorsque vous allez demander

  3   le versement d'un document sans l'entremise d'un témoin. Je m'adresse aux

  4   deux parties ici, à l'Accusation comme à la Défense.

  5   M. TIEGER : [interprétation] Tout à fait, Monsieur le Président, nous le

  6   ferons volontiers. Je pense qu'ainsi nous allons vraiment contribuer à

  7   aller au cœur des choses dans ce procès. Les choses vont se décanter,

  8   l'essentiel va apparaître de plus en plus clairement, les parties et la

  9   Chambre sauront très bien quels seront les points qui demeurent en litige.

 10   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que les parties ont d'autres

 11   questions à poser, Monsieur Tieger ?

 12   M. TIEGER : [interprétation] Je ne pense pas, Monsieur le Président. Merci.

 13   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, et vous, Monsieur Karadzic.

 14   L'ACCUSÉ : [interprétation] Cela me rebute d'être obligé de dire ce que je

 15   m'apprête à dire. Mais je me dois de dire que j'ai beaucoup de difficultés

 16   avec les moyens électroniques. La personne qui m'aide dans toutes ces

 17   questions d'informatique est très compétente, elle travaille de façon très

 18   efficace, mais mes difficultés existent. Nous avons déjà passé en revue

 19   plus de 2 millions de pages et des centaines et des centaines de documents

 20   vidéo et audio, et le -- mais le système le logiciel et le matériel

 21   informatique qui sont à ma disposition ne sont pas assez puissants pour

 22   suivre ce rythme.

 23   Prenons, par exemple, et ça je le dis à l'Accusation. Les cassettes que je

 24   reçois, elles ne sont pas au format correspond à mon ordinateur donc je ne

 25   peux pas les voir. Bien sûr, des efforts ont été faits, des adaptations ont

 26   été faites, notamment pour les cassettes relatives aux documents Mladic.

 27   Donc j'ai pu voir ces documents. Il y a des personnes qui sont capables

 28   d'aller plus vite que d'autres ou d'améliorer mieux que d'autres leurs

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  1   connaissances de l'informatique. Moi, en tout cas, je ne peux pas

  2   travailler rapidement avec ces moyens électroniques.

  3   Alors, il y a des problèmes techniques qui se posent, mais il y a aussi à

  4   mon avis dans ces problèmes informatiques des éléments qui constituent des

  5   obstacles pour une personne qui pour le moment est encore innocente, et ces

  6   obstacles sont absolument incroyables. Je ne peux toujours pas utiliser des

  7   enregistrements qui permettraient à Me Robinson d'examiner dans le détail

  8   les propos tenus par moi, ce que j'ai dit. Il faudrait qu'il puisse y avoir

  9   des allés retours pour ces documents électroniques entre moi et Me Robinson

 10   qui ne sont pas possibles. Donc il y a des problèmes techniques mais pas

 11   que ça.

 12   Et je demanderais donc que le système soit remis à niveau si possible.

 13   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vais me pencher sur la question. Mais

 14   je dois commencer, par dire que toutes ces questions sont des questions

 15   qu'il vous appartient d'abord de poser au représentant du greffe.

 16   Mais, comme je viens de le dire, je vais me pencher sur la question et, si

 17   les dispositions de l'article 33(B) du Règlement de procédure et de preuve

 18   s'applique, j'en parlerai avec le greffe.

 19   Bien.

 20   Ah, Maître Robinson.

 21   M. ROBINSON : [interprétation] Oui.

 22   Monsieur le Président, toutes mes excuses c'est un point mineur, mais je

 23   vous demanderais de nous donner des informations quant au statut actuel de

 24   la pièce D459, qui a été enregistrée aux fins d'identification, pour le

 25   moment et dont la traduction en anglais n'a pas encore été téléchargée dans

 26   le prétoire électronique, donc nous aimerions vous demander de rendre une

 27   ordonnance afin que ce document puisse devenir une pièce à conviction à

 28   part entière. D459.

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  1    Je vous remercie.

  2   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Nous examinerons la question et rendrons

  3   notre décision ultérieurement.

  4   Je vous remercie. Je remercie chacun d'entre vous. Nous sommes convaincus

  5   que le procès va évoluer suite à tout ce qui a été dit dans ce prétoire

  6   aujourd'hui. La Chambre va continuer à suivre de près l'évolution de

  7   l'affaire et prendra les mesures nécessaires à cette fin.

  8   L'audience est suspendue jusqu'à lundi prochain, 6 septembre 2010, à 9

  9   heures du matin, nous continuerons à entendre des témoins. Et je pense que

 10   nous commencerons par la fin du contre-interrogatoire de M. Suljevic.

 11   Suspension de l'audience.

 12   L'audience de la Conférence de la mise en état est levée à 11 heures

 13   32.

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