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1 Le mercredi 28 septembre 2011
2 [Audience publique]
3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
4 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
5 --- L'audience est ouverte à 14 heures 18.
6 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Madame Edgerton, avant de débuter
7 aujourd'hui, nous avons une décision orale à rendre.
8 Concernant la requête de l'accusé demandant report de la déposition du
9 Témoin KDZ-492, requête déposée le 27 septembre 2011, les Juges de la
10 Chambre ont examiné tant les arguments avancés dans la requête elle-même
11 que ceux fournis oralement par l'Accusation dans la réponse qu'elle a
12 donnée le même jour. Tout en tenant compte du fait que le témoin est déjà
13 présent sur place, la Chambre a décidé de faire droit à la requête et a
14 décidé de reporter la déposition de ce témoin à la semaine du 17 octobre.
15 La Chambre a tenu compte du fait que les dépositions des Témoins KDZ-492 et
16 KDZ-532 se recouvrent dans une certaine mesure, ce qui implique que la
17 déposition de KDZ-532 pourrait s'avérer pertinente pour aider l'accusé à se
18 préparer à la déposition de KDZ-492. Les Juges de la Chambre ont également
19 pris en considération le fait que tant le Témoin KDZ-492 que le Témoin KDZ-
20 532 sont des témoins qui donnent lieu à une communication tardive et pour
21 lesquels des volumes de documents assez importants ont été fournis à
22 l'accusé récemment seulement. A cet égard, il est notable que les documents
23 concernant KDZ-532 ont été fournis à l'accusé au fur et à mesure et que,
24 alors même que les comptes rendus de ces entretiens ont été communiqués le
25 21 septembre, les éléments tombant sous le coup de l'article 68 n'ont été,
26 quand à eux, communiqués qu'hier, tout comme cela a été le cas avec ceux
27 tombant sous le coup de l'article 66(B).
28 Alors que les Juges de la Chambre conviennent que l'accusé aurait pu
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1 découvrir le lien existant entre ces deux témoins dès le 21 septembre,
2 lorsque l'identité du Témoin KDZ-532 lui a été communiquée, les Juges de la
3 Chambre tiennent également compte du fait que ce n'est pas l'ensemble des
4 documents concernant KDZ-532 - et donc potentiellement ceux pertinents pour
5 KDZ-492 - qui ont été communiqués à l'accusé à cette date. Pour cette
6 raison, la Chambre a décidé de faire droit à la requête.
7 Donc, Monsieur Tieger, compte tenu de cette décision que je viens de rendre
8 et dans l'intérêt du bon déroulement du procès à l'avenir, l'Accusation est
9 invitée à prévoir au calendrier la déposition des témoins faisant l'objet
10 d'une communication tardive de façon à ce que l'accusé dispose de
11 suffisamment de temps pour se préparer, notamment lorsque l'on est en
12 présence de témoins dont les dépositions sont liées.
13 Ceci étant dit, Monsieur le Témoin, veuillez vous lever et dire le texte de
14 la déclaration solennelle.
15 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la
16 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
17 LE TÉMOIN : NUSRET SIVAC
18 [Le témoin répond par l'interprète]
19 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci, Monsieur. Veuillez vous asseoir.
20 Madame Edgerton, à vous.
21 Mme EDGERTON : [interprétation] Merci.
22 Interrogatoire principal par Mme Edgerton :
23 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin. Est-ce que vous
24 m'entendez dans une langue que vous comprenez ?
25 R. Oui.
26 Q. Pourriez-vous décliner votre identité dans ce cas.
27 R. Je suis Nusret Sivac, né le 19 août 1947 à Prijedor.
28 Q. Merci, Monsieur Sivac. Alors, avez-vous déjà déposé devant ce même
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1 Tribunal dans l'affaire contre Milomir Stakic le 29, le 30 et le 31 juillet
2 ainsi que le 1er août 2002, puis à nouveau le 13 janvier 2003 ?
3 R. Oui.
4 Q. Et en vous préparant à votre déposition d'aujourd'hui, avez-vous eu la
5 possibilité de réécouter l'enregistrement de votre déposition en 2002 et en
6 2003 ?
7 R. Oui.
8 Q. Pour autant que vous vous en souveniez, est-ce que cette déposition
9 était exacte ?
10 R. Oui, tout était exact dans l'ensemble.
11 Q. Et si aujourd'hui je vous posais les mêmes questions que celles qui
12 vous ont été posées à l'époque, donneriez-vous les mêmes réponses ?
13 R. Oui, je donnerais pratiquement les mêmes réponses, à ceci près que pour
14 certaines des questions j'apporterais sans doute des compléments.
15 Q. Alors, concernant ces compléments que vous venez d'évoquer, cela
16 concerne-t-il les membres d'une délégation que vous avez décrite comme
17 s'étant rendue visite à Omarska en pages 6 639 à 6 647 du compte rendu de
18 votre déposition ?
19 R. Oui.
20 Q. Très bien. Dans ce cas-là, nous allons nous pencher très rapidement sur
21 ce point. Dans le compte rendu de votre déposition, vous décrivez la visite
22 rendue par des représentants ou des fonctionnaires serbes à Omarska pendant
23 que vous y étiez détenu. Vous évoquez toute une série de personnes que vous
24 auriez reconnues au sein de cette déclaration [comme interprété] : Simo
25 Drljaca, Milorad Vukic, Radoslav Brdjanin, Mico Kovacevic, Milomir Stakic,
26 Srjdo Srdic, Simo Miskovic, Milan Andzic, Radmilo Zeljaja et Dusan
27 Kovacevic [sic].
28 Alors, outre les noms que je viens d'énumérer, avez-vous reconnu qui
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1 que ce soit d'autre au sein de cette délégation ?
2 R. Oui. Lors de la déposition que j'ai faite dans le cadre de cet
3 autre procès, j'ai répondu à une question posée par le Procureur, qui me
4 demandait quels étaient les fonctionnaires de haut rang à s'être rendus en
5 visite au camp d'Omarska. J'ai répondu qu'il s'agissait de Radoslav
6 Brdjanin. Ensuite, la question suivante qui m'a été posée se concentrait
7 sur les hommes politiques de Prijedor qui faisaient également partie de
8 cette délégation lors de la même visite. Par conséquent, je n'ai pas eu
9 l'occasion de dire qui était encore présent parmi cette délégation
10 politique originaire de Banja Luka. Donc Radoslav Brdjanin était le
11 fonctionnaire le plus haut placé à rendre visite au camp d'Omarska, et il
12 était à la tête de la Région autonome de la Krajina de Bosnie. Il y avait
13 Radoslav, je crois, Vukic, surnommé Rade le Monstre, qui était président du
14 SDS.
15 Q. Excusez-moi, Monsieur Sivac. Je me suis contentée de vous donner
16 ces noms. Je vais les répéter encore une fois. Il s'agit des noms que vous
17 avez fournis dans votre déposition précédente, et je vais reformuler ma
18 question. Dans le procès Stakic, vous avez dit avoir vu Brdjanin, Vukic,
19 Drljaca, Kovacevic, Stakic, Srdic, Miskovic, Milan Andzic, Radmilo Zeljaja
20 et Dusan Kovacevic [sic].
21 Mis à part ces personnes dont je viens de donner les noms, y avait-il
22 qui que ce soit d'autre parmi les membres de cette délégation que vous
23 auriez reconnu ?
24 R. Dans la première citation que vous venez de faire, il y a une erreur.
25 Ce n'est pas Milorad Vukic, mais Milorad Vokic. Il était constamment aux
26 côtés de Simo Drljaca. C'est toujours consigné Vukic au compte rendu, alors
27 que c'est Vokic. Et dans cette délégation d'hommes politiques qui venait de
28 Banja Luka, outre Brdjanin, il y avait également Radoslav Vukic, président
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1 du SDS à Banja Luka, je crois; il y avait Radic, président de la
2 municipalité de Banja Luka; et Stojan Zupljanin. C'était des hommes
3 politiques, des fonctionnaires, qui étaient arrivés directement de Banja
4 Luka.
5 Q. Merci. J'ai encore seulement une autre question à vous poser concernant
6 votre déposition dans l'affaire Stakic. En page
7 10 270, je vois que mon collègue vous informait d'un incident en fin
8 juillet 1992 au cours duquel 12 cars avec des hommes à leur bord sont
9 arrivés de la région de Brdo dans le camp d'Omarska. Est-ce que vous vous
10 rappelez cet incident ?
11 R. Oui, je m'en souviens. C'était après le 20 juillet environ. On nous a
12 informés que la rive gauche de la Sana, c'est-à-dire toute une série de
13 villages musulmans, faisait l'objet d'un nettoyage ethnique. Dans l'ordre :
14 Zecovi, Carakovo, Hambarine, Rizvanovici, Rankovcani, Biscani et Srdica.
15 Et dès le jour suivant, on a commencé à voir arriver des autocars au
16 camp d'Omarska. Puisque moi j'étais chez Burho et Mujo, dans ce local ou
17 cette pièce, eh bien, j'ai vu que c'était contre l'un des murs de cette
18 pièce où nous nous trouvions que ces prisonniers amenés de Brdo ont été
19 placés. On les a fait se mettre en rang, s'aligner devant ce mur, et on les
20 a traités avec beaucoup de brutalité. Ce mur qui n'était pas très épais,
21 nous l'avons baptisé le mur des lamentations à Omarska. Parce que pendant
22 cette seule journée, il a été amené au camp d'Omarska, selon les dires de
23 Burho et de Mujo, qui avaient la possibilité de sortir de cette pièce où
24 nous nous trouvions avec un groupe de prisonniers dans le but de nettoyer
25 les traces de sang et les traces laissées par les mauvais traitements qui
26 étaient laissées sur ce mur, c'était des cris terribles que nous entendions
27 de la bouche des gardes et qui étaient adressés à ces prisonniers qui
28 avaient été amenés de Brdo. On les traitait de façon inhumaine.
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1 Un grand nombre de ces hommes amenés de Brdo a été tué à l'occasion de ce
2 que les gardes appelaient l'accueil au camp, la réception. Burho et Mujo,
3 on les a fait sortir avec un groupe de prisonniers vers la fin de la
4 journée. Ils avaient des lances anti- incendie et ils ont essayé de
5 nettoyer les traces qui étaient restées sur ce mur. Une douzaine d'autocars
6 est arrivée, c'est ce qu'ils m'ont dit, il y a un grand nombre d'entre eux
7 qui ont été tués, leurs corps sont à côté de la "maison blanche". Et l'un
8 d'eux a amené une canne de vieillard et je lui ai demandé : "Mais qu'est-ce
9 que tu portes là ?" Il m'a répondu : "C'est la canne de mon voisin. Il n'en
10 aura plus besoin parce qu'il est étendu là-bas à terre à côté de la 'maison
11 blanche'." Après seulement quelques jours --
12 Q. Monsieur Sivac, revenons au tout début de votre réponse, parce que j'ai
13 quelques questions supplémentaires à vous poser. Tout d'abord, vous avez
14 dit qu'après le 20 juillet ou environ à cette date, nous avions entendu
15 dire qu'il y avait un nettoyage ethnique en course sur la rive gauche de la
16 Sana où toute une série de villages musulmans se situaient. Vous avez
17 ensuite donné beaucoup trop rapidement les noms de ces villages pour que
18 les interprètes puissent les saisir. Est-ce que vous pourriez nous redonner
19 les noms de ces villages ?
20 R. Nous appelions l'ensemble de ces villages Brdo, nous à Prijedor. Et
21 c'était des villages qui étaient l'un à côté de l'autre. Zecovi, Carakovo,
22 Hambarine, Rakovcani, Rizvanovici, Biscani et Sredica.
23 Q. Merci. Monsieur le Témoin, vous avez parlé d'autocars qui sont arrivés
24 à Omarska et vous avez dit que des prisonniers avaient été amenés de Brdo,
25 qu'on les avait fait s'aligner et qu'ils avaient été l'objet de mauvais
26 traitements. Est-ce que vous pourriez nous dire, juste pour être tout à
27 fait précis, qui se trouvait à bord de ces autocars ?
28 R. Eh bien, c'était des villageois originaires de ces villages dont je
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1 viens de donner les noms qui étaient à bord de ces autobus.
2 Q. Comment savez-vous qu'ils se trouvaient à bord de ces autobus ?
3 R. Nous avons reçu cette information, y compris de la part des gardiens,
4 mais après plusieurs jours, lorsqu'ils ont fait leur apparition parmi les
5 groupes qui se rendaient à la distribution de vivres, nous les avons
6 remarqués, puis nous avons également reconnu parmi eux certaines personnes
7 qui étaient de vieilles connaissances de Prijedor.
8 Q. Merci, Monsieur le Témoin. Merci beaucoup. Je n'ai plus d'autres
9 questions.
10 Mme EDGERTON : [interprétation] En fait, excusez-moi, j'ai peut-être avancé
11 un peu trop vite, Madame et Messieurs les Juges. Je souhaiterais demander
12 le versement du compte rendu de la déposition de ce témoin en application
13 de l'article 92 ter, numéro 22701 de la liste 65 ter. Une petite partie de
14 cette déposition a été consignée à huis clos partiel. Nous avons donc
15 préparé une version expurgée qui porte dans notre liste 65 ter le numéro
16 22701B.
17 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Les deux versions seront versées au
18 dossier.
19 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Madame et Messieurs les Juges, le
20 document 22701 reçoit la cote P3477 et il est placé sous pli scellé. Alors
21 que le document 22701B se voit attribuer la cote P3478 et il est versé en
22 tant que pièce publique au dossier.
23 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous remercie. Nous passons
24 maintenant aux pièces connexes.
25 Mme EDGERTON : [interprétation] Monsieur le Président, souhaitez-vous que
26 je donne lecture des références correspondantes ou préférez-vous que je me
27 penche sur la question avec mon confrère ?
28 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je préfère la dernière option que vous
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1 venez de proposer, mais j'ai une question concernant quatre documents qui
2 sont présentés comme faisant l'objet d'une demande de versement simplement
3 pour référence. Est-ce que vous pourriez nous préciser ce que vous voulez
4 dire par là ?
5 Mme EDGERTON : [interprétation] Au cours de ma lecture du compte rendu de
6 la déposition du témoin, j'ai remarqué que le Président de la Chambre dans
7 cette autre affaire avait demandé des versions en couleur pour certaines
8 pièces qui avaient déjà été versées précédemment, et ces versions en
9 couleur qui, en dehors de ce détail, étaient parfaitement identiques se
10 sont vues attribuer des cotes séparées. Je m'en remets aux Juges de la
11 Chambre quant à la question de savoir ce qui serait préférable. Pour que le
12 compte rendu d'audience soit tout à fait clair, je pensais qu'il serait
13 possible d'avoir un lien vers le document approprié au lieu du numéro
14 auquel le Président de la Chambre de l'époque se référait.
15 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, il apparaît à la lecture du compte
16 rendu qu'il s'agit de doublons. Nous n'avons pas besoin de les verser tous.
17 Quant à l'une des pièces originales, le numéro 5772.
18 Mme EDGERTON : [interprétation] Oui.
19 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je ne suis pas sûr de bien comprendre la
20 façon dont ce document constitue une partie indissociable et indispensable
21 du compte rendu. D'après ce dernier, le témoin s'est contenté de lire à
22 haute voix et aucune question n'a été posée concernant cet article. La même
23 chose semble s'appliquer au document 11740 de votre liste 65 ter. Si vous
24 souhaitez demander le versement de ces articles, je vous suggère de les
25 aborder vous-même avec le témoin.
26 Mme EDGERTON : [interprétation] Puis-je le faire dès maintenant dans ce
27 cas-là ?
28 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Allez-y.
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1 Mme EDGERTON : [interprétation] Pourrions-nous afficher le document numéro
2 05772 de la liste 65 ter, s'il vous plaît.
3 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Pendant que le document s'affiche à
4 l'écran, j'ai oublié de vous demander, Maître Robinson, si vous aviez des
5 objections.
6 M. ROBINSON : [interprétation] Non, Monsieur le Président. Je crois que
7 vous vous êtes chargé de cette question mieux que nous n'aurions pu le
8 faire nous-mêmes.
9 Mme EDGERTON : [interprétation]
10 Q. Monsieur le Témoin, est-ce que vous lisez le cyrillique ?
11 R. Oui.
12 Q. Excusez-moi, Madame et Messieurs les Juges, j'hésite un peu. Parce
13 qu'il y a un délai sur le canal audio que j'écoute aujourd'hui. Est-ce que
14 vous voyez l'article et son titre sur la partie gauche de la page ?
15 R. Oui. Représentants de la Krajina à Prijedor est le titre.
16 Q. Reconnaissez-vous ce document ? L'avez-vous déjà vu par le passé ?
17 R. Oui. Dans le procès contre Stakic. C'était justement pour préciser la
18 situation qui était celle de cette visite d'hommes politiques. Le Président
19 de la Chambre m'a présenté cet article de journal issu du journal "Kozarski
20 Vjesnik" et il y avait aussi, je crois, un autre journal, le "Banja Luka
21 Glasnik" de Banja Luka. J'ai lu ces textes et il ressortait de ces textes
22 l'identité de ces personnes qui appartenaient à la délégation politique
23 tant de Prijedor que de Banja Luka. Ma première déclaration, lorsque je
24 n'ai fait mention que de Radoslav Brdjanin, se trouvait complétée par la
25 lecture de ces articles. Et il n'a pas été nécessaire que je répète ces
26 noms encore une fois.
27 Q. Très rapidement, concernant cet article. Vous nous dites qu'il s'agit
28 d'un article de "Kozarski Vjesnik". Est-ce que vous pourriez nous expliquer
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1 quel type de journal ou de média était "Kozarski Vjesnik" ?
2 R. "Kozarski Vjesnik" c'était l'instrument principal de propagande dans la
3 presse écrite que les politiciens et les hommes politiques serbes de
4 Prijedor utilisaient afin d'adresser leurs communiqués et de rédiger leurs
5 pamphlets. Le 30 avril, après la prise de contrôle aidée par les conscrits
6 --
7 Q. Excusez-moi, merci. Vous avez répondu à ma question. Je voudrais passer
8 à une autre question qui porte également sur cet article. Le nom de ce
9 journal figure-t-il en haut à gauche de cette page en caractères majuscules
10 gras juste devant vous ? Est-ce que vous voyez bien les mots "Kozarski
11 Vjesnik" apparaître en haut de la page qui est devant vous ?
12 R. Oui, je le vois.
13 Q. Et nous voyons également un tampon juste au-dessous des lettres OZ.
14 Nous ne pouvons pas très bien voir le tampon, mais j'aimerais vous demander
15 de nous dire si vous arrivez à lire ce que ceci veut dire ce qui est écrit.
16 R. Je crois qu'il est indiqué qu'il s'agissait d'une édition de guerre.
17 Car à l'époque, le "Kozarski Vjesnik", lorsqu'il sortait, on disait que
18 c'était un exemplaire de guerre.
19 Q. Merci bien. Maintenant, cet article fait référence aux visites
20 effectuées par Radoslav Brdjanin, Radoslav Vukic, Stojan Zupljanin et
21 Predrag Radic à Prijedor le 17 juillet 1992. Du meilleur de votre souvenir,
22 ces personnes sont-elles les mêmes personnes qui faisaient partie de la
23 délégation qui s'était rendue au camp d'Omarska que vous avez vue ?
24 R. Oui. Il y avait également un groupe de journalistes de Prijedor qui
25 accompagnaient cette délégation politique de Prijedor et de Banja Luka et
26 ces derniers informaient le public par les médias.
27 Q. Merci bien.
28 Mme EDGERTON : [interprétation] Pourrait-on avoir une cote, est-ce que
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1 cette pièce pourrait être versée au dossier en tant que pièce de
2 l'Accusation ?
3 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, certainement.
4 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] [hors micro] -- 79, Madame, Messieurs
5 les Juges.
6 Mme EDGERTON : [interprétation] Je vous remercie. Pourrait-on maintenant
7 afficher la pièce 11740 dans le prétoire électronique.
8 Q. Monsieur, vous voyez un autre exemplaire de "Kozarski Vjesnik" daté du
9 26 juin 1992, et on peut lire dans la partie inférieure gauche sur la page
10 un article qui m'intéresse. Je voudrais attirer, d'ailleurs, votre
11 attention sur cet article intitulé "Médecin monstre". Est-ce que vous avez
12 déjà vu cet article auparavant ?
13 R. Oui.
14 Q. Est-ce que vous connaissez l'une quelconque des personnes de la région
15 de Prijedor qui portait le surnom de Médecin
16 monstrueux ?
17 R. "Kozarski Vjesnik" et la Radio Prijedor étaient complètement sous le
18 contrôle du SDS de Prijedor. Ces derniers, par le biais de leurs articles,
19 falsifiaient les biographies de certains habitants de Prijedor et les
20 accusaient de toutes sortes de crimes. Par contre, toutes ces personnes
21 étaient des personnes tout à fait correctes et honnêtes, des citoyens de
22 Prijedor exemplaires. Alors que tous ceux qui, par le biais de "Kozarski
23 Vjesnik" et la Radio Prijedor, avaient été appelés, pour ainsi dire, que
24 l'on mentionnait, tous ces derniers avaient été tués dans les camps de
25 Prijedor. Ils avaient été, d'une certaine façon, identifiés de cette façon-
26 ci. Ici, l'on parle d'un médecin qui est un médecin de Prijedor, il
27 s'appelait Osman Mahmuljin. Et il est intéressant de savoir qu'en fait, il
28 y avait deux médecins à Prijedor, le Dr Milomir Stakic et le Dr Mico
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1 Kovacevic. Et à la tête de --
2 Q. Excusez-moi, Monsieur, je voudrais simplement vous demander une
3 question concernant M. Mahmuljin à qui on fait référence dans cet article.
4 Est-ce que vous pourriez nous dire ce qui est arrivé à M. Mahmuljin ?
5 R. Avec moi, il avait été emmené au camp d'Omarska. Et c'est là que, à la
6 fin du mois de juillet, il a été tué lorsqu'on a procédé à une exécution
7 systématique des personnes imminentes de Prijedor.
8 Q. Je vous remercie.
9 Mme EDGERTON : [interprétation] Je demanderais que cette pièce soit versée
10 au dossier, s'il vous plaît.
11 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. Cette pièce sera versée au
12 dossier sous la cote P3480.
13 Mme EDGERTON : [aucune interprétation]
14 L'INTERPRÈTE : Inaudible.
15 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Cette pièce sera donc versée au dossier.
16 A l'exception des quatre pièces qui ont été versées au dossier en guise de
17 référence, toutes les autres pièces seront versées au dossier et on leur
18 attribuera une cote en temps utile.
19 Mme EDGERTON : [interprétation] Je vous remercie.
20 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Madame Edgerton, étant donné que ce
21 témoin, sa déposition a été versée au dossier par le truchement de
22 l'article 92 ter, pourquoi est-ce que vous ne demanderiez pas que le résumé
23 du témoignage de ce témoin soit également versé au dossier ?
24 Mme EDGERTON : [interprétation] Oui, certainement.
25 M. Sivac, Musulman de Bosnie, qui jusqu'en 1989 travaillait pour le service
26 de sécurité publique à Prijedor. En 1992, il travaillait en tant que
27 reporter à la télévision dans la même région. Cette déposition écrite nous
28 donne un survol de la prise armée de Prijedor en avril 1992 lorsque les
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1 Serbes ont lancé une attaque dans la région et par la suite ont procédé à
2 un nettoyage ethnique qui a commencé le 30 mai 1992. Il a déposé sur la
3 persécution de non-Serbes et la destruction des bâtiments religieux non
4 serbes et de leurs biens. Il a fait l'objet d'une arrestation par la police
5 serbe le 10 juin 1992 et il a été emmené à Keraterm et Omarska, mais a été
6 relâché le même jour.
7 Il a été de nouveau arrêté le 20 juin 1992 et est retourné à Omarska.
8 Il décrit les conditions brutales et inhumaines pour un très grand
9 nombre de non-Serbes emprisonnés à cet endroit-là, y compris lui-même, et
10 il y avait également des femmes et des hommes. Les prisonniers ont fait
11 l'objet de passages à tabac, de torture et de meurtre. Ils étaient à peine
12 nourris. Les femmes étaient abusées de façon brutale. En juillet 1992, M.
13 Sivac a vu une délégation de représentants serbes de Bosnie qu'il a
14 reconnue et qui était venue rendre visite au camp. Ce jour-là, il était
15 aligné avec les autres personnes qui se trouvaient au camp et il a été
16 contraint de chanter des chants serbes devant les visiteurs. Il a été
17 transféré au mois d'août 1992 au camp de Trnopolje, où il est resté pendant
18 14 jours. A la suite de ceci, lorsqu'il a été relâché, il est retourné à
19 Prijedor, où il est resté jusqu'à ce qu'il ne puisse partir définitivement
20 au mois de décembre 1992 après avoir renoncé à ses biens.
21 Et juste avant de terminer, je sais que j'avais posé une question à M.
22 Sivac, j'ai posé une question sur les membres de la délégation, mais en
23 fait, j'ai oublié de nommer un nom. Il s'agit de Dusan Jankovic. Je voulais
24 simplement le mentionner.
25 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous remercie.
26 Monsieur Sivac, votre déposition qui a été faite dans l'affaire
27 Stakic a été versée au dossier dans son ensemble. C'est maintenant au tour
28 de l'accusé, M. Radovan Karadzic, de vous poser des questions dans le cadre
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1 de son contre-interrogatoire.
2 Je vous écoute, Monsieur Karadzic. Vous avez la parole.
3 L'ACCUSÉ : [interprétation] Bonjour, Excellences. Bonjour à tous et à
4 toutes.
5 Contre-interrogatoire par M. Karadzic :
6 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Sivac.
7 R. Bonjour.
8 Q. Etant donné que votre déposition est assez volumineuse, j'essaierai de
9 vous poser des questions courtes et succinctes afin de pouvoir obtenir des
10 réponses succinctes également. Je vous demanderais aussi de ne pas oublier
11 de ménager des pauses entre mes questions et vos réponses afin que les
12 interprètes puissent interpréter nos propos.
13 Première question : j'aimerais savoir si vous avez fait votre service
14 militaire ?
15 R. Oui.
16 Q. Est-ce que vous avez suivi un cours alors que vous faisiez votre
17 service militaire ?
18 R. Oui, j'ai suivi un cours. J'ai obtenu un diplôme de mécanicien radio
19 pour l'équipement militaire radio.
20 Q. Très bien. Merci. Quel titre avez-vous obtenu ?
21 R. Eh bien, c'est un cours de mécanicien radio en temps de mobilisation
22 militaire, c'est-à-dire que j'étais mécanicien radio et je travaillais sur
23 les équipements radio.
24 Q. Très bien. Merci. Votre titre serait donc officier chargé des
25 communications ?
26 R. Oui, c'est cela.
27 Q. Est-ce que ceci comprend également le travail sur les télé-imprimantes
28 et sur d'autres appareils --
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1 [Problème technique]
2 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Devrait-on essayer de nouveau ?
3 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je ne crois pas avoir dit quelque chose
4 d'inapproprié.
5 M. KARADZIC : [interprétation]
6 Q. Bien. Alors, veuillez répondre à la question, je vous prie.
7 R. Puis-je répondre, Monsieur Karadzic ?
8 Q. Oui.
9 R. Oui, alors, pour ce qui est de mon cours et de l'enseignement que j'ai
10 eu, j'ai été opérateur chargé du téléscripteur à Sarajevo.
11 Q. Est-ce que vous avez travaillé pour la sécurité publique ou la sécurité
12 d'Etat ?
13 R. Je travaillais dans le cadre du centre de décodage, qui faisait partie
14 des services de sécurité publique faisant partie des nouvelles structures.
15 Q. Donc vous n'avez pas travaillé au sein de la sécurité d'Etat ?
16 R. Non, jamais. Dans certaines de mes déclarations précédentes, j'ai
17 trouvé que c'était en fait une erreur. C'est quelque chose qui n'a pas été
18 correctement consigné.
19 Q. Justement cela m'a rendu un peu perplexe, puisqu'on disait ici que vous
20 aviez un nom de code et que vous vous occupiez de la sécurité de Tito
21 lorsqu'il venait en Bosnie.
22 R. Non, je devrais expliquer. Vous savez, au centre de communication, nous
23 avions des noms de code. Et, effectivement, dans le cadre de notre équipe,
24 nous effectuions la sécurité de Tito lorsqu'il venait en Bosnie-
25 Herzégovine. Nous travaillons de façon normale. Nous nous en occupions,
26 simplement cela faisait partie de notre travail. Je ne me souviens plus de
27 votre question.
28 Q. Dans votre déclaration de 1994, vous aviez déclaré que vous avez
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1 travaillé dans les Services secrets et que vous et votre chef, vous aviez
2 accès aux documents et que vous répondiez au secrétariat fédéral et aux
3 cours militaires et que vous vous occupiez de la sécurité de Tito et
4 d'autres personnalités lorsqu'ils venaient en Bosnie. C'était votre
5 déclaration, ce qui figure à la page 3 de la déclaration de 1994. Et vous
6 avez également déclaré qu'en tant qu'agent secret, vous aviez un nom de
7 code : K-5 Joja; est-ce que c'est exact ?
8 R. Monsieur Karadzic, votre question est très complexe, mais en fait,
9 c'est une constatation qui est la vôtre. Je crois que vous avez simplement
10 cité des propos hors contexte.
11 Q. Très bien. Merci. Dites-moi, s'il vous plaît, est-ce que -- ou plutôt,
12 lorsque vous avez commencé à travailler en tant que caméraman, est-ce que
13 vous étiez encore employé par la police ?
14 R. Oui, pendant un certain temps, je travaillais de façon parallèle au
15 service de la Sûreté d'Etat et je travaillais également pour la télévision
16 de Sarajevo.
17 Q. Où étiez-vous réellement employé et quels étaient vos honoraires ?
18 R. Je travaillais au sein de la sécurité d'Etat, et c'est là que, en
19 réalité, j'étais employé.
20 Q. Est-ce que, effectivement, il est vrai que vous avez pris votre
21 retraite ou bien est-ce qu'on vous a simplement laissé partir ?
22 R. Eh bien, cette information n'est peut-être pas tout à fait juste. J'ai
23 eu certains problèmes au sein de mon service et j'avais la possibilité de
24 faire une demande pour prendre une retraite anticipée. Mais à l'époque, je
25 travaillais déjà activement à la télévision. J'avais ce droit, et donc j'ai
26 fait cette demande et j'ai continué à travailler à la télévision de
27 Sarajevo en tant que correspondant pour la Krajina occidentale.
28 Q. En d'autres mots, en fait, vous n'avez pas été licencié, mais vous avez
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1 plutôt pris votre retraite parce que vous aviez un autre travail ?
2 R. Oui. En fait, à cause de ces conflits interethniques et des tensions
3 que l'on ressentait au sein du service, j'ai été contraint de demander une
4 retraite anticipée.
5 Q. Est-ce que l'on pourrait dire -- en fait, je ne comprends pas très bien
6 si c'est oui ou non, parce qu'il s'agit d'une question très précise. Il
7 faut dire si vous avez été licencié ou si vous avez pris votre retraite. Il
8 faut être un peu plus précis.
9 R. Je vous l'ai dit. D'après la loi qui était en vigueur à l'époque sur
10 l'ensemble du territoire de la Yougoslavie, j'avais le droit de faire une
11 demande pour une retraite anticipée, et c'est ce que j'ai fait. J'ai reçu
12 également une pension temporaire, et par la suite j'ai continué à
13 travailler pour la télévision de Sarajevo, et j'étais un correspondant de
14 guerre.
15 Q. Lorsque vous avez pris votre retraite, vous a-t-on fait une évaluation
16 médicale ? Est-ce que vous avez eu un diagnostic qui vous a aidé à obtenir
17 votre retraite ?
18 R. Eh bien, ce sont des problèmes réguliers. La majeure partie des
19 employés de service avait ce type de problèmes puisque nous travaillions
20 trop souvent, nous avions plusieurs permanences et nous travaillions de
21 longues heures. Nous souffrions tous de problèmes classiques, c'est-à-dire
22 nous dormions mal, nous souffrions d'insomnie. Et, vous savez, ce sont les
23 symptômes que l'on peut avoir lorsque, pendant plusieurs années, on
24 travaille la nuit.
25 Q. Donc c'est un psychiatre qui a donné ce diagnostic. Qu'a-t-il
26 diagnostiqué exactement ?
27 R. Je ne le sais pas. Je suis allé à Sarajevo accompagné d'un groupe
28 d'hommes de Prijedor, et il y a eu une conversation. Il y a eu, donc, un
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1 examen. Après un certain temps, des documents sont arrivés pour dire que ma
2 demande de retraite a été acceptée.
3 Q. Très bien. Merci. Vous n'avez aucune objection pour que nous nous
4 procurions cette documentation sans la communiquer ?
5 R. Non, je n'ai absolument aucune objection pour cela.
6 L'INTERPRÈTE : Inaudible.
7 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Veuillez recommencer, je vous prie.
8 L'ACCUSÉ : [interprétation] J'ai allumé mon micro. Je ne sais pas si vous
9 m'entendez. Très bien.
10 M. KARADZIC : [interprétation]
11 Q. Alors, ce que vous avez dit ici au compte rendu d'audience à la page 6
12 561, à savoir que Milos Jankovic est venu au service pour la nettoyer
13 ethniquement n'est pas exact, n'est-ce pas ? Dans le prétoire électronique,
14 il s'agit de la page 11, alors qu'il s'agit de la page 6 561 au compte
15 rendu d'audience.
16 R. Oui. Lorsque Milos Jankovic est arrivé, il a réellement procédé au
17 nettoyage ethnique du service dans lequel je travaillais.
18 Q. Est-ce que vous voulez dire que le chef de la police à n'importe quel
19 niveau avait ces compétences, les compétences à savoir de changer la
20 structure ethnique et de licencier certaines personnes, ou est-ce que ceci
21 pouvait et devait relever du niveau du ministère ?
22 R. Milos Jankovic, lorsqu'il est arrivé dans notre service, c'est en fait
23 l'une des raisons pour ma demande de retraite anticipée.
24 Q. Comment êtes-vous arrivé à vous forger cette opinion ? Est-ce que c'est
25 une opinion ou bien est-ce que c'est une impression que Milos Jankovic
26 avait été employé pour procéder à un nettoyage ethnique au sein du service
27 ? Est-ce que cette conclusion qui est la vôtre avait été fondée sur la base
28 de certains documents ou bien est-ce que vous vous êtes forgé simplement
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1 cette opinion ?
2 R. Oui, c'est quelque chose que je peux dire grâce aux faits. Dans mon
3 service, on faisait réellement attention à la structure nationale. Nous
4 étions neuf qui étaient employés et nous faisions réellement attention, à
5 savoir pour qu'il y ait un équilibre entre les Musulmans et les Serbes.
6 Q. Merci. Alors, sur la base quels faits êtes-vous arrivé à la conclusion
7 que vous avez été contraint à prendre votre retraite à cause de votre
8 appartenance ethnique ?
9 R. Esad Vojnikovic était un collègue qui travaillait avec moi dans le même
10 service, et à cause d'un incident tout à fait anodin, a malheureusement été
11 chassé et il a dû prendre sa retraite. Et à sa place, il a été remplacé par
12 un Serbe. Dans notre service à nous, de façon illégale, Milos Jankovic a
13 emmené Ranko Kovacevic, qui lui, d'après toutes les règles et d'après
14 toutes les lois qui étaient en vigueur au sein du service de Sécurité,
15 n'était pas censé travailler au sein de notre service. Ranko Kovacevic
16 avait déjà eu plusieurs -- enfin, il y avait eu certaines sanctions
17 disciplinaires contre lui. C'était un simple policier. Il a dû être chassé
18 du service de la sécurité d'Etat puisqu'il s'était livré à des activités
19 illicites, et il a été emmené dans notre service pour travailler à nos
20 côtés.
21 Q. Merci. Est-ce que vous voulez dire que Milos Jankovic avait les
22 compétences d'engager et de licencier des personnes, alors qu'il s'agissait
23 d'un service qui était centralisé et qui bénéficiait de certaines
24 procédures de vérification qui n'étaient pas du tout disponibles aux
25 candidats ?
26 R. Eh bien, voyez-vous, justement suite à une proposition de Milos
27 Jankovic, notre service devenait de plus en plus rempli. C'est-à-dire,
28 c'est lui qui donnait des propositions au chef du service à savoir qui
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1 devait être reçu dans notre service ou pas, qui devait être employé ou pas.
2 Q. Bien. Est-ce que vous savez qu'il existait des vérifications et qu'il y
3 avait également une période de probation qui allait directement au
4 ministère, c'est-à-dire que tout ceci se faisait de façon très systématique
5 ?
6 R. Eh bien, ce n'est pas vrai, Monsieur Karadzic. Puisque vous savez,
7 Ranko Kovacevic, au lieu de se faire licencier du service, il est venu
8 travailler avec nous pour travailler -- et je ne sais plus trop pour qui,
9 d'ailleurs. Et il effectuait des contrôles sur nous, nous les autres
10 employés. Il est venu nous contrôler, il est venu pour nous évaluer et
11 faire des rapports sur nous. Et, en fait, il était là pour simplement nous
12 espionner, pour le dire ainsi. J'avais tout à fait raison lorsque j'ai
13 déclaré dans ma première déclaration qu'un opérateur de permanence qui
14 travaillait sur les chiffres était la seule personne qui pouvait recevoir
15 les dépêches pendant sa permanence et les envoyer aux services compétents.
16 Par contre --
17 Q. Merci. Dites-nous, s'il vous plaît, est-ce que sur la base du
18 licenciement d'une personne, qui s'appelle donc M. Jankovic, est-ce que
19 c'est sur la base de cet événement que vous vous êtes forgé l'impression
20 que Milos Jankovic était venu procéder à un nettoyage ethnique du service ?
21 Ou bien, détenez-vous d'autres informations, avez-vous d'autres preuves ?
22 R. Eh bien, après Esad Vojnikovic, je suis parti, moi. C'est moi qui suis
23 parti. Et encore une fois, on m'a remplacé par un Serbe. Et donc, vers la
24 toute fin, juste avant le début de la guerre, s'agissant de ce service, il
25 ne restait plus qu'un Musulman.
26 Q. Alors, j'aimerais revenir de nouveau sur la question à savoir si vous
27 avez pris votre retraite ou bien est-ce que vous vous êtes fait licencier.
28 Donc c'est l'un ou l'autre.
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1 R. Oui. Mais, Monsieur Karadzic, vous savez, Milos Jankovic et le chef du
2 service de Sécurité devaient trouver un remplacement pour moi, afin qu'on
3 emmène au sein du service un Musulman qui avait la même compétence que moi
4 afin de pouvoir faire mon travail.
5 Q. Très bien. Vous voulez dire qu'avant les élections multipartites, Milos
6 Jankovic pouvait mener une politique nationaliste au sein du MUP de Bosnie-
7 Herzégovine dans laquelle, à partir de 1967, les Musulmans et les Croates
8 se trouvaient sur les positions les plus élevées depuis 1967 ? Vous savez
9 qu'on disait que c'était le service de Hamdija et de Branko. Est-ce que
10 vous voulez dire qu'ils pouvaient démettre de leurs fonctions des personnes
11 sur la base de leur appartenance ethnique ?
12 R. Eh bien, cela s'est avéré comme étant la réalité. Justement c'est qu'a
13 fait Milos Jankovic, il est basé sur l'appartenance ethnique. Mais en fait,
14 vous tirez les choses hors contexte. En fait, je ne sais pas dans quelle
15 mesure est-ce que vous savez le fonctionnement du service de Sécurité. Mais
16 le service de Sécurité à Prijedor, jusqu'à une certaine période, était
17 complètement et entièrement serbe. Après Esad Sadikovic, je crois que
18 j'étais le troisième ou le quatrième Musulman à être employé dans ce
19 service.
20 Q. Merci. Est-ce que vous êtes en train de parler de la période qui a
21 suivi immédiatement la période de la guerre, et est-ce que ceci a trait
22 avec une participation des Musulmans au côté de l'armée des Oustachi, et
23 est-ce que c'était la raison pour laquelle il y avait ce manque de
24 confiance ?
25 R. D'après mes connaissances de l'histoire de la ville de Prijedor, je
26 peux vous dire que s'agissant de la région de Prijedor, il n'y avait
27 absolument pas de personne qui avait des tendances oustachi. Il y avait un
28 tout petit nombre de personnes et ils étaient tous des combattants contre
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1 le fascisme.
2 Q. Mais la personne dont nous avons parlé ne provient pas de cette région
3 ?
4 R. Non. Il n'est pas de Prijedor.
5 Q. Mais je parle de la région.
6 R. Je parle seulement de la ville de Prijedor.
7 Q. Est-ce que vous avez travaillé dans le service du contre-renseignement
8 et avez-vous travaillé sur des questions relatives à démanteler le
9 nationalisme croate en 1973, comme il est indiqué dans votre déclaration ?
10 Alors que, si je ne m'abuse, le Printemps croate a commencé en 1971 ?
11 R. Eh bien, non. Encore une fois, c'est une erreur. Moi j'ai parlé du
12 moment où j'ai rejoint le service, c'est-à-dire qu'il y avait encore
13 certaines personnes, ou certains résidus, si vous voulez, de personnes qui
14 avaient participé à ce fameux Printemps croate. Et donc, mon service à moi,
15 tout comme tous les autres services de Sécurité, et ce, sur le territoire
16 de Prijedor, nous avons travaillé dans le sens à savoir qu'il fallait
17 arrêter ces personnes. Vous savez que dans la police nous travaillons en
18 équipes. C'est-à-dire que les services de sécurité publique et de la Sûreté
19 d'Etat, nous travaillons tous en équipe pour lutter contre des ennemis de
20 l'Etat, pour m'exprimer ainsi.
21 Q. Donc ce n'est pas vrai; vous n'avez jamais travaillé au sein du service
22 du contre-renseignement ?
23 R. Non, pas du tout. Non. Je pense que c'est une erreur. Je n'ai jamais
24 fait cette déclaration.
25 Q. C'est votre déclaration de 1994, page 3 débordant sur la page 4, c'est
26 là que cela figure. Alors, est-ce qu'à cette époque, et en cette même
27 qualité, vous avez également essayé de traquer les membres de l'Inform
28 Bureau ? Est-ce qu'il n'était pas un peu tard de pourchasser ces membres de
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1 l'Inform Bureau en 1973, alors que leurs activités remontaient à 1948 ?
2 R. Monsieur Karadzic, cette année, à Bosanska Dubica et à Prijedor, en
3 Bosnie-Herzégovine, un groupe d'hommes de l'Inform Bureau a refait surface.
4 Ils ont organisé des réunions. Et l'un d'entre eux était Gojko Biljajac,
5 mon voisin le plus proche dans le bâtiment où j'habitais. Il avait déjà été
6 condamné par le passé en tant que membre de l'Inform Bureau et avait été
7 condamné à la prison sur l'île de Goli. Il y avait également la doctoresse,
8 Mme Orlic, originaire de Bosanski Dubica. Et ce qui est intéressant pour ce
9 Tribunal, c'est de savoir qu'elle était l'épouse du chef des services de la
10 sécurité publique à Bosanski Dubica. Ils travaillaient ensemble à la
11 réactivation de ce groupe de membres de l'Inform Bureau sur le territoire
12 de Prijedor et sur celui de Bosanska Dubica, et c'est la raison pour
13 laquelle ils ont été sanctionnés et condamnés à de lourdes peines de
14 prison.
15 Q. Merci. Et vous, en tant qu'opérateur des transmissions, quel était
16 votre rôle dans tout cela ?
17 R. En dehors de ce rôle dans les transmissions qui était le mien, au sein
18 du centre des transmissions où j'étais employé quotidiennement,
19 j'intervenais également dans le cadre d'un groupe d'agents sur le terrain.
20 Ma tâche était de marquer ce suspect, Gojko Biljajac, à partir de mon
21 bâtiment. Et j'avais également pour tâche de suivre ses déplacements et
22 d'en informer un certain nombre de personnes qui étaient venues de Sarajevo
23 pour s'acquitter, elles aussi, de cette mission.
24 Q. Il s'agissait d'hommes de la Sûreté d'Etat qui étaient venus de
25 Sarajevo, n'est-ce pas ?
26 R. Oui.
27 Q. Soit. Mais ne vous ont-ils pas dit que d'après la loi, un employé des
28 services de la sécurité publique ne pouvait pas travailler pour la Sûreté
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1 d'Etat ?
2 R. Non, moi je ne travaillais pas pour la Sûreté d'Etat. Je n'étais pas
3 employé par eux; je leur rendais simplement un service. A cet instant
4 précis, ils considéraient que c'était moi qui étais le plus fiable et qui
5 serais l'observateur, en même temps, le plus discret. Parce que si eux
6 avaient eu à poster quelqu'un pour surveiller ce Gojko Biljajac, ç'aurait
7 été une façon de procéder extrêmement suspecte pour lui qui faisait l'objet
8 d'une surveillance. C'était un bâtiment de petite taille avec très peu
9 d'habitants.
10 Q. Donc vous étiez un mouchard, en quelque sorte, sur place. Vous
11 travailliez de façon officieuse et vous suiviez un certain nombre de
12 personnes pour les besoins de la Sûreté d'Etat pendant que vous étiez
13 employé par les services de la sécurité publique, n'est-ce pas ?
14 R. Oui.
15 Q. Et vous ne saviez pas que ceci était interdit par la loi ?
16 R. C'était seulement dans ce cas précis, dans le cas de Gojko Biljajac et
17 des membres de ce groupe l'Inform Bureau.
18 Q. Merci. Est-ce que vous étiez communiste ?
19 R. Oui. Concernant votre question précédente, avec la permission des Juges
20 de la Chambre, je voudrais apporter un complément. Il est inexact de dire
21 que nous autres qui travaillions au sein du centre de transmission
22 n'aurions pas eu le droit de travailler pour la Sûreté d'Etat. Au sein du
23 SUP de Prijedor, il y avait une section de la Sûreté d'Etat dont les
24 services centraux se trouvaient à Banja Luka. Dans notre travail à nous,
25 nous étions amenés à intervenir très souvent pour le compte de la Sûreté
26 d'Etat.
27 Q. Vous affirmez que la loi n'interdit pas un recouvrement entre ces deux
28 services ?
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1 R. Vous pensez à cette séance plénière lorsque Ranko a été démis de ses
2 fonctions. Je vais vous répéter encore une fois, Monsieur Karadzic, la
3 chose suivante : dans mon travail, et moi je travaillais pour le centre des
4 services de Sécurité et j'y ai travaillé pendant longtemps, je peux vous
5 dire que c'est très fréquemment que nous avions travaillé pour le compte de
6 la Sûreté d'Etat.
7 Q. Je vous remercie. Vous étiez communiste, donc ?
8 R. Oui.
9 Q. Etiez-vous communiste par conviction profonde ?
10 R. Moi j'ai accepté cette idéologie parce que c'était également celle de
11 mes parents, et vous savez pertinemment que pour se voir confier un tel
12 poste de responsabilité, il fallait avoir sa carte de membre de la Ligue
13 des Communistes.
14 Q. Merci. Une autre question : est-il exact que vous êtes parti à la
15 retraite après que vous ayez avancé une proposition en terme de politique
16 du personnel au sein des services de la police, proposition assez osée dans
17 le cadre de laquelle vous avez proposé une personne appartenant au groupe
18 ethnique musulman qui était tout à fait inappropriée pour ce poste, et que
19 cela a été retenu contre vous?
20 R. J'ai participé à une conversation informelle au sein d'un groupe de
21 collègues, d'officiers de police, et on m'a demandé : Que penses-tu ? Qui
22 devrait arriver au poste de chef des services de la sécurité publique ? Moi
23 j'ai répondu qu'à mon avis, il conviendrait que cette fois-ci ce soit un
24 Musulman. Lorsque j'ai dit cela, ils m'en ont voulu d'avoir dit cela, et
25 ils ont estimé que c'était là des propos de nationaliste.
26 Q. Je vous remercie. Est-ce que vous avez donné le nom d'une personne
27 précise qui aurait été considérée comme ne remplissant pas les critères
28 requis pour ce poste ?
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1 R. Non, je n'ai pas donné de nom.
2 Q. Merci. Donc, en 1980 et 1981 et au-delà, vous surveilliez la structure
3 ethnique du personnel, vous suiviez son évolution à Prijedor. Est-ce que ce
4 n'était quand même pas un peu tôt pour un communiste que de se livrer à ce
5 type de décompte à l'époque déjà ?
6 R. Je ne procédais à aucun décompte sur cette base. C'était simplement un
7 constat que j'avais fait et une impression qui était la mienne, à savoir
8 qu'au sein des services de la sécurité publique, il y avait trop peu
9 d'employés appartenant aux autres groupes ethniques. Je ne l'ai dit à aucun
10 endroit et à aucun moment de façon publique.
11 Q. Merci. Mais il semblerait que malgré tout, à l'époque, vous ayez conçu
12 une certaine amertume de ce fait, ou une certaine insatisfaction à tout le
13 moins ?
14 R. Non, je n'ai jamais éprouvé la moindre colère à l'encontre de ce
15 système dont j'ai été un employé fidèle, au service duquel je me suis
16 trouvé de façon très loyale jusqu'au 1er janvier 1990.
17 Q. Merci. Je voudrais maintenant savoir si, en ville, il existait ou non
18 une mission officielle ou officieuse qui était censée dire qui était un bon
19 Musulman et qui ne l'était pas ?
20 R. Je ne comprends pas votre question, sincèrement.
21 Q. Voici ce qui m'intéresse : les qualifications que nous trouvons chez
22 vous, dans votre déclaration et dans votre ouvrage, et qui portent sur des
23 Musulmans, est-ce qu'il s'agit de qualifications que vous avez reprises
24 auprès d'une instance officielle, par exemple d'une commission, ou bien
25 s'agit-il de vos propres qualifications ?
26 R. Je n'avais que mes propres impressions en tant que Nusret Sivac.
27 J'avais le droit de faire ce genre d'estimation ou d'évaluation des gens.
28 Q. Il y avait ce Musulman qui était marié à une Serbe. A son sujet, vous
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1 avez dit que de votre point de vue, il s'agissait d'un Musulman de réserve,
2 n'est-ce pas ?
3 R. Oui. Juste avant l'année 1992, avant les premières élections
4 démocratiques, c'est un certain Sead Besic qui est arrivé à la tête des
5 services de la sécurité publique, et c'est à son encontre que j'ai émis
6 cette qualification, cette évaluation.
7 Q. Merci. Mais vous avez également cité un assez grand nombre de Musulmans
8 dans votre ouvrage, Musulmans dont vous estimiez qu'ils étaient des
9 traîtres parce qu'ils étaient restés aux côtés des Serbes et avaient
10 continué à travailler à Prijedor, alors que vous, vous estimiez que ce
11 n'était pas la chose à faire ?
12 R. Non, ce n'est pas exact, Monsieur Karadzic. J'ai publié une liste de
13 Musulmans qui tuaient d'autres Musulmans.
14 Q. Merci. En page 243 de votre livre, vous avez écrit sous l'intitulé
15 "Musulmans criminels contre leur propre peuple" un certain nombre de
16 choses. Le sous-titre suivant est : "Traîtres qui ont assassiné leur propre
17 peuple," et là vous énumérez un grand nombre de personnes. Je vais vous
18 dire combien, au moins 15 personnes à Prijedor. Nous y trouvons Sead Besic,
19 qui était employé par la police au sein des services de la Sûreté d'Etat;
20 ensuite, il y a aussi Hamdija Handzic, un Musulman également, il s'agissait
21 d'un commandant de l'artillerie serbe; ensuite, Zijad Music; Asmir Music;
22 puis Zlatan Blazevic; puis Atko Blazevic, surnommé Lily; l'un et l'autre
23 étant des Croates; et un certain Emso Sabic, surnommé Sabo; puis Sabahudin
24 Zulic, surnommé Butko; Goran Egrlic. Il s'agit de Musulmans pour tous ces
25 noms sauf les deux Croates. Puis ensuite, nous trouvons une Musulmane;
26 Ernest Badnjevic, un musulman; Zlatan Crnalic [phon]; Muhamed Sarajlic;
27 Said Alabegovic [phon]; et Zlatan Selimbegovic. Vous les avez donc cités
28 comme étant des traîtres au motif qu'ils étaient restés aux côtés des
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1 Serbes et se trouvaient soit au sein de l'armée serbe, soit au sein des
2 organes du pouvoir serbe, n'est-ce pas ?
3 R. Non. Ce n'est pas exact, Monsieur Karadzic. Je ne les ai pas placés
4 dans cette liste de traîtres parce qu'ils servaient dans les rangs de
5 l'armée serbe de façon fidèle, mais parce qu'en tant que membres de cette
6 armée serbe, ils sévissaient et tuaient la population à Gradacac, à Bihac,
7 dans le couloir et dans tous les autres endroits où les unités d'élite de
8 Prijedor se rendaient pour faire la guerre. C'était des Musulmans qui
9 tuaient d'autres Musulmans. Et comment les qualifier autrement qu'en
10 parlant de traîtres ? Il n'y a qu'un mot qui convient pour ce type de
11 comportement.
12 Q. Soit. Mais vous leur déniez le droit à leurs propres positions
13 politiques. Parce que n'y avait-il pas également des Serbes qui tuaient
14 d'autres Serbes pendant la Seconde Guerre mondiale ? Des partisans et des
15 Chetniks qui s'entretuaient ?
16 R. Monsieur Karadzic, je me contente de vous parler de la période que j'ai
17 eu moi-même à vivre. Quand au passé, c'est l'histoire qui peut nous en dire
18 quelque chose.
19 Q. Je vous remercie. Mais vous dites qu'il s'agit ici de Musulmans qui
20 tuaient d'autres Musulmans. Est-ce qu'ils se rendaient dans ces différentes
21 localités pour se battre contre l'armée musulmane ou bien contre le peuple
22 musulman ? Est-ce que vous disposez d'une preuve indiquant que l'une
23 quelconque de ces personnes qui, manifestement, étaient favorables au
24 maintien de la Yougoslavie, à une coexistence avec les Serbes, est-ce que
25 vous avez la moindre preuve indiquant que l'une quelconque de ces personnes
26 ait eu comme intention de tuer des personnes, de tuer la population plutôt
27 que des membres de l'armée musulmane ?
28 R. Je dois vous dire que concernant ces traîtres au peuple musulman que
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1 j'ai énumérés, je pourrais écrire toute une biographie les concernant. Pour
2 éviter de perdre trop de temps, je ne rappellerai simplement que ceci : je
3 l'ai déjà dit dans toutes mes déclarations précédentes. Parmi les noms que
4 vient d'énumérer M. Karadzic se trouve également un certain nombre de
5 marginaux, de criminels pour lesquels l'idéologie n'a aucune importance.
6 Ils se sont vus remettre des armes par l'armée serbe et ils avaient dès
7 lors la possibilité d'aller tuer et piller en toute légalité, et c'était là
8 la rémunération même qu'ils recevaient en échange de ce qu'ils faisaient.
9 Q. Merci. Mais, Monsieur Sivac, c'est quelque chose que nous n'avons vu
10 nulle part. Nous ne l'avons ni dans les médias, ni encore dans des
11 documents juridiques. Si vous dites à leur sujet qu'ils sont des traîtres,
12 que diraient-ils, eux, à votre sujet ? Que vous êtes un extrémiste musulman
13 ?
14 R. J'aimerais fort que vous leur demandiez quel est leur avis sur la
15 question.
16 Q. Ce Zlatan Crnalic, qui a terminé l'école de l'air, pour vous, c'est un
17 criminel ?
18 R. J'ai dit certains de ceux dont les noms sont énumérés ici.
19 Q. Merci. Dites-nous, ce Said Hadziahmetovic est un homme, un journaliste,
20 rédacteur à la radio; Jadranka Vejo [phon] est une Musulmane; Samija Dzafic
21 [phon] est une Musulmane; et Muharem Hasakurtovic [phon] c'est également un
22 Musulman. Ce sont tous des journalistes et vous les avez également placés
23 sur cette liste noire. Qui ont-ils tué, tous ces journalistes ?
24 R. Il s'agissait de personnes employées à Radio Prijedor et au journal
25 "Kozarski Vjesnik", et moi j'ai fait un constat de nature générale, à
26 savoir que Radio Prijedor et "Kozarski Vjesnik" étaient les pires
27 instruments de la machine de propagande du SDS, et que cette propagande à
28 laquelle ils se livraient aurait fait pâlir de jalousie Goebbels lui-même.
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1 C'était par l'intermédiaire de "Kozarski Vjesnik" et de Radio Prijedor que
2 l'on a dénoncé un grand nombre de personnes éminentes de Prijedor qui
3 ensuite ont été tuées dans les camps de Prijedor.
4 Q. Merci. N'est-il pas, malgré tout, exact que vous avez tiré la
5 conclusion suivante, à savoir que tous les Serbes, indépendamment de leur
6 orientation politique ou de leur appartenance à tel ou tel parti, ont
7 souscrit à la politique de réorganisation de la Bosnie et de Prijedor ?
8 N'est-il pas exact que vous avez vous-même déclaré dans votre ouvrage et
9 dans les différentes déclarations que vous avez données qu'il n'y avait pas
10 de différence entre les Serbes de gauche, les Serbes de droite, les
11 communistes et les réformistes, que tous ceux-là faisaient partie de la
12 cellule de Crise et des services de la police, n'est-ce pas ?
13 R. Oui. En ce qui concerne la municipalité de Prijedor, il n'était pas
14 important de savoir si quelqu'un avait sa carte du parti du SDS. Tous les
15 Serbes étaient désormais d'un seul et même côté et leur seul objectif était
16 de procéder au nettoyage ethnique de la municipalité de Prijedor pour en
17 écarter les non-Serbes. Ils y travaillaient tous de façon extrêmement
18 active.
19 Q. Merci. Et lorsque vous dites ensuite que Radio Prijedor était un
20 instrument de propagande du SDS, en fait, il serait plus exact de dire que
21 Radio Prijedor était l'instrument de la propagande du peuple serbe; c'est
22 ce que vous pensez, n'est-ce pas ?
23 R. On pourrait dire l'une comme l'autre. Mais "Kozarski Vjesnik" et Radio
24 Prijedor se trouvaient sous le contrôle direct du parti démocratique serbe,
25 du SDS.
26 Q. Cependant, à "Kozarski Vjesnik" tout comme à Radio Prijedor, il y avait
27 des Musulmans qui étaient employés. Vous dites vous-même que cette personne
28 a publié cette information selon laquelle le SDS avait pris le contrôle de
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1 Prijedor le 30 avril, cette Jadranka, n'est-ce pas ?
2 R. Oui. Elle est issue d'un mariage mixte et elle était elle-même dans un
3 mariage mixte. C'était une question privée qui la regardait. Mais il est
4 exact qu'elle avait continué à travailler à Radio Prijedor, et à mon sens,
5 elle fait bien son travail. Et elle continue d'ailleurs d'y travailler.
6 Q. Mais elle aussi, il faudrait lui coller cette étiquette de Musulmane de
7 réserve, n'est-ce pas ?
8 R. C'est vous qui le dites. C'est quelque chose que je pourrais
9 éventuellement lui dire si nous nous rencontrions, elle et moi, face à
10 face.
11 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Karadzic, si cela vous
12 convient, nous allons faire une pause de 25 minutes maintenant.
13 L'ACCUSÉ : [interprétation] Très bien.
14 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Et nous reprendrons nos débats à 16
15 heures.
16 --- L'audience est suspendue à 15 heures 35.
17 --- L'audience est reprise à 16 heures 03.
18 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Monsieur Tieger.
19 M. TIEGER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Pourrions-nous
20 passer à huis clos partiel, s'il vous plaît.
21 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Soit.
22 [Audience à huis clos partiel]
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11 [Audience publique]
12 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. Pouvons-nous faire revenir le
13 témoin à présent.
14 [Le témoin vient à la barre]
15 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci.
16 Veuillez poursuivre votre contre-interrogatoire, Monsieur Karadzic.
17 L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci.
18 M. KARADZIC : [interprétation]
19 Q. Monsieur Sivac, j'estime que j'y vois maintenant un petit peu plus
20 clair quant à cette position qui était la vôtre à l'égard de ces Musulmans.
21 Qu'en est-il de votre position à l'égard des Serbes ? Je suis un peu
22 confus, alors je voudrais que nous passions aux événements concrets. Avez-
23 vous écrit que les Serbes étaient des criminels sanguinaires ?
24 R. Eh bien, compte tenu des événements que j'ai eu à traverser et des
25 situations que j'ai eu à traverser également, il n'est pas exclu que dans
26 certains de mes écrits ou dans tel ou tel article de journal j'aie pu
27 écrire également ceci. Cependant, Monsieur Karadzic, je me rends
28 régulièrement à Prijedor et je passe beaucoup de temps dans ma ville de
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1 Prijedor. J'y rencontre des amis serbes avec qui je prends un café et avec
2 qui j'ai des conversations tout à fait agréables. Je me contente de ne pas
3 avoir d'échange avec les Serbes qui ont du sang sur les mains et qui ont
4 commis des crimes de guerre. Par conséquent, je procède à une distinction
5 entre ceux que je considère comme des êtres humains et ceux à qui je ne
6 reconnais pas ce statut. Et je ne fais pas de distinction entre Croates,
7 Serbes et Musulmans.
8 Q. Merci. Mais en pages 19 et 20 de votre ouvrage, vous dites en page 19
9 qu'avant la guerre en Bosnie, les Serbes jouissaient des tirs d'aviation
10 qui visaient la crèche et l'hôpital, et en page 20, vous dites :
11 "Ces enfants doivent-ils faire la guerre contre les criminels sanguinaires
12 armés jusqu'aux dents que sont les Serbes ?"
13 Vous avez écrit cela avant la guerre, n'est-ce pas ?
14 R. Je ne sais pas. J'aimerais pouvoir consulter ceci. Si vous en avez le
15 compte rendu en B/C/S, j'aimerais bien pouvoir vérifier où j'aurais écrit
16 ceci et de quelle façon.
17 Q. Dans votre livre, en pages 19 et 20. Avez-vous bien rédigé un ouvrage ?
18 R. Oui. Mais dans quel contexte, de quels événements suis-je en train de
19 parler ? Ah, vous pensez à la guerre en Croatie et que j'ai couverte avec
20 mon équipe de télévision ?
21 Q. Oui.
22 R. Donc il s'agit de mes impressions de Croatie.
23 Q. Ah, je vous remercie. Dans votre travail de reporter en Croatie, en
24 qualité de journaliste, vous avez entièrement pris le parti de la sécession
25 croate et vous avez pris des positions extrêmement partiales à l'égard des
26 Serbes, n'est-ce pas ?
27 R. Non, pas du tout, Monsieur Karadzic. Encore une fois, vous donnez une
28 interprétation erronée de tout ceci. Vous essayez de me qualifier d'une
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1 certaine façon pour quelque chose dont je ne suis absolument pas
2 responsable ni coupable. Je vais vous dire, c'était en vertu d'un accord
3 entre la rédaction d'"Oslobodjenje" et la rédaction de la télévision de
4 Sarajevo que j'étais toujours accompagné sur le théâtre de guerre par Boro
5 Grubic, qui était reporter et qui est un Serbe. C'était là la position de
6 la rédaction. C'était les termes mêmes de l'accord passé entre la
7 télévision de Sarajevo et "Oslobodjenje" parce que cet homme était un
8 excellent commentateur. Pendant la guerre en Croatie, je n'ai été que
9 caméraman. Je prenais des prises de vue, et je n'ai travaillé que sur ce
10 plan-là. Alors que tous les commentaires politiques, c'était Boro Grubic,
11 qui était Serbe, qui en était l'auteur.
12 Q. Merci. Mais dans vos déclarations et dans votre livre, à aucun endroit
13 vous ne faites état du grand nombre de réfugiés qui ont quitté la Croatie.
14 Est-ce qu'en 1991, il y avait, tant à Prijedor qu'à Banja Luka et dans
15 toutes les municipalités voisines, de nombreux réfugiés serbes originaires
16 de Croatie ?
17 R. Dans la région de Prijedor, non, il n'y en avait pas énormément, mais
18 effectivement, il y en avait un certain nombre. Je me souviens qu'en cette
19 année 1991, j'ai fait un reportage avec mon collègue Grubic sur ces
20 personnes.
21 Q. Merci bien. Justement j'en étais un peu perplexe puisque vous n'en
22 parlez pas, ni dans votre livre ni dans les déclarations qui figurent au
23 compte rendu d'audience. Mais il y a encore quelque chose qui me rend un
24 peu perplexe. A la page 71 de votre livre, vous dites :
25 "Seulement ça n'est propre qu'aux Serbes. Ils sont toujours extrêmes,
26 lorsqu'il faut être communiste et lorsqu'il faut être nationaliste, ou
27 quand il faut être athée ou fondamentaliste orthodoxe. Il leur est très
28 facile d'adopter des idéologies complètement contraires. Ce qui leur
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1 importe, c'est simplement le profit."
2 Alors, dites-moi, comment avez-vous pu, Monsieur Sivac, écrire ceci ?
3 R. Eh bien, il s'agit d'une contestation qui est la mienne. Un très grand
4 nombre de personnes, jusqu'à il n'y a pas très longtemps, qui étaient des
5 communistes purs et durs, à la suite de l'arrivée des partis nationaux, ont
6 changé de camp et sont devenus des nationalistes, et donc il est devenu
7 très clair très rapidement que toutes les personnes qui se trouvaient sur
8 le territoire de la municipalité de Prijedor n'allaient rien apporter de
9 bien à personne.
10 Q. Bien. Donc ce n'est pas une erreur ou ce n'est pas quelque chose que
11 vous avez dit simplement comme cela, par hasard ? Très bien. C'est ce que
12 j'aurais espéré.
13 Voyons un peu ce que vous dites dans votre livre s'agissant du mois de
14 septembre. Et j'en étais un peu étonné. Vous dites que les soldats et les
15 supérieurs, les officiers, lors d'une commémoration qui avait été organisée
16 pour les Serbes des hameaux de Prijedor, vous parlez de ces derniers, vous
17 dites que les officiers sont en train de manger de la viande, de boire.
18 Est-ce que vous ne pensez pas que --
19 L'INTERPRÈTE : Les interprètes demandent à M. Karadzic de ralentir le
20 débit.
21 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Les interprètes ne sont pas en mesure de
22 vous suivre, Monsieur Karadzic, cela fait déjà un certain temps. Pourriez-
23 vous, je vous prie, répéter ce que vous avez dit.
24 L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci.
25 M. KARADZIC : [interprétation]
26 Q. En page 21 de votre livre, vous dites que même avant la guerre en
27 Bosnie --
28 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, allez-y.
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1 M. KARADZIC : [interprétation]
2 Q. Donc vous dites à la page 21, vous dites qu'en date du 2 septembre
3 1991, vous dites que vous avez participé à une cérémonie d'accueil que le
4 peuple a organisé pour un bataillon de chars, et vous dites dans votre
5 livre que les soldats et les officiers supérieurs mangent de la viande de
6 barbecue, boivent de la rakija, de l'eau-de-vie, et dansent.
7 Malheureusement, je crois que les interprètes n'arriveront jamais à
8 traduire ceci, mais bien. Alors, est-ce que vous ne pensez pas que c'est un
9 peu insultant de dire que ces officiers étaient en train de bouffer de la
10 viande, comme il est écrit ici, de boire de la rakija et de chanter des
11 chants ?
12 R. Eh bien, c'est écrit comme cela, Monsieur Karadzic. Parce que, vous
13 savez, ce sont des expressions du cru qui sont particulières pour ce type
14 de comportement. Lorsque j'ai rédigé ces lignes, j'étais très déçu par le
15 comportement de l'armée yougoslave qui était arrivée sur le territoire de
16 Prijedor et qui était arrivée du territoire de la Croatie et qui avait
17 tourné tous ses potentiels d'artillerie, son potentiel militaire, contre
18 les hameaux peuplés par des Musulmans, cette armée dont je faisais partie à
19 une époque, à laquelle j'étais fidèle. A un certain moment, cette armée
20 s'est tellement comportée comme j'ai décrit lors de cette assemblée que je
21 l'ai écrit dans mon livre.
22 Q. Oui. Mais en ce 2 septembre, vous ne pouviez pas remarquer que la JNA
23 avait tourné ses canons contre les hameaux musulmans, n'est-ce pas ?
24 R. Eh bien, déjà après le retrait de l'ex-JNA, en fait, de la JNA qui
25 s'était retirée de la Slovénie et de la Croatie, ou un peu plus tard, j'ai
26 déjà dit qu'un très grand nombre d'unités de chars et d'artillerie
27 s'étaient cantonnées sur le territoire de Prijedor.
28 Q. Très bien. Mais dites-nous si la Croatie, en date du 30 mai, faisait
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1 encore partie de la Yougoslavie ?
2 R. Oui, d'accord, vous avez raison, mais ce qui était fait en Croatie,
3 c'est quelque chose que je pouvais suivre car j'ai suivi la guerre en
4 Croatie pendant toute cette période, et cette ancienne JNA était devenue
5 une armée uninationale [phon]. Elle ne défendait que les intérêts en
6 Croatie, les intérêts des Serbes insurgés, pour les appeler ainsi, et
7 participait activement à la construction de ce qui est appelé Krajina de
8 Knin.
9 Q. Est-ce que vous vous souvenez qu'au mois de juillet et en août 1991, un
10 accord musulmano-serbe avait été placé sur la table, initié par Muhamed
11 Filipovic et Adil Zulfikarpasic, soutenu par Alija Izetbegovic et adopté
12 par le côté serbe ? Ceci a duré environ deux mois, et ce, jusqu'à la fin du
13 mois d'août; vous en souvenez-vous ?
14 R. Eh bien, voyez-vous, ces plans, ces accords portant sur la Bosnie-
15 Herzégovine, il n'y en avait énormément, et ces conférences de paix
16 également il y en avait énormément, mais je peux vous dire une chose : il
17 était absolument impossible de réconcilier des parties qui étaient
18 diamétralement opposées. Les Serbes de Bosnie demandaient que l'ensemble de
19 la Bosnie ou que certaines parties de la Bosnie restent dans cette
20 Yougoslavie tronquée, alors que les autres non-Serbes, les Musulmans et les
21 Croates, étaient contre cet ultimatum qui était le leur, étaient contre le
22 fait que la Bosnie-Herzégovine devienne un pays indépendant et souverain,
23 ce que, d'ailleurs, la Commission Badinter a accepté ultérieurement, et
24 donc la Bosnie, comme vous le savez, avait été reconnue internationalement
25 et a été acceptée au sein de l'ONU le 22 mai 1992.
26 Q. Oui, vous avez tout à fait raison lorsque vous dites cela, mais est-ce
27 que les Serbes n'ont pas révisé leur point de vue, n'ont pas changé leur
28 point de vue ? Ou, pour être plus précis, n'ont-ils pas accepté que la
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1 Bosnie sorte de la Yougoslavie sous les conditions proposées par la
2 Communauté européenne, c'est-à-dire n'ont-ils pas accepté la cantonisation
3 de la Bosnie ?
4 R. C'était simplement pour gagner du temps que vous aviez fait ces
5 demandes-là, pour que le climat soit approprié pour ce qui allait se passer
6 à partir du mois d'avril 1992, à savoir vous vouliez vous emparer d'une
7 très grande partie du territoire de Bosnie-Herzégovine et l'annexer à la
8 Grande-Serbie. C'est ce que vous vouliez.
9 Q. Sur quoi fondez-vous cette opinion ? Qu'est-ce qui vous permet de dire
10 ceci ? Parce qu'il faudrait qu'il s'agisse d'un fait, non pas d'une opinion
11 ? Est-ce qu'il s'agit d'un fait, et sur quoi basez-vous ces conclusions ?
12 R. Je base toutes ces conclusions sur les événements qui se sont déroulés
13 par la suite. Je vais vous parler de ma municipalité de Prijedor, la
14 municipalité dans laquelle je vivais.
15 Q. Très bien. Nous allons y arriver. Nous sommes encore en 1991. Eh bien,
16 dites-nous, est-il exact que dans votre livre, à la page 18, vous avez
17 écrit et dit que Muhamed Cehajic, qui était le président de la
18 municipalité, et le Dr Mirza Mujadzic, qui était le président du SDA, vers
19 la mi-août, sont sortis et ont essayé d'empêcher le passage de la JNA dans
20 la municipalité de Prijedor ?
21 R. Oui. Cet incident a été également publié dans le "Kozarski Vjesnik" et
22 il a également fait l'objet d'une annonce à la Radio Prijedor. C'est-à-dire
23 que lors de l'arrivée d'une unité de char qui était arrivée à Prijedor et
24 qui s'était positionnée à un certain endroit, les représentants de la
25 municipalité de Prijedor, qui étaient légalement choisis, ils n'avaient pas
26 été informés de ce fait, alors que d'après toutes les règles, le
27 commandement militaire devait absolument informer les représentants de la
28 municipalité que ceci allait se passer. Donc, sous le coup d'une révolte,
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1 ils ne pouvaient pas croire que ceci allait se passer. Muhamed Cehajic,
2 c'était un professeur, il était le représentant de la municipalité. Ils ont
3 essayé de s'interposer. Ils ont essayé de manifester également, car ils
4 étaient indignés, mais des Serbes très bien armés sont sortis des maisons
5 avoisinantes, et M. Cehajic et M. Mirza Mujadzic se sont retirés. Le
6 lendemain, par le biais des médias, le commandement militaire de Prijedor a
7 fait une annonce dans laquelle il disait de façon très claire qu'ils
8 étaient arrivés sur le territoire de Prijedor à la suite d'un appel par le
9 SDS et suite à l'appel du peuple serbe.
10 Q. Je vous demanderais, Monsieur Sivac, de bien vouloir nous produire ce
11 communiqué témoignant de l'amour qui existait entre le SDS et la JNA. Bien.
12 Existe-t-il un seul pays au monde où il est possible que les autorités
13 municipales s'interposent, sortent dans la rue comme ça ?
14 R. C'est arrivé à Prijedor justement, car à Prijedor, à l'époque, des
15 choses bien étranges se passaient. En 1991, vers la fin de cette année-là,
16 nous avions reçu des informations selon lesquelles à Urije, donc c'est une
17 partie de Prijedor qui est peuplée par la population serbe, que des
18 représentants des autorités se rassemblaient, de nationalité serbe, élus
19 donc légalement, et qu'ils étaient en train de faire des projets selon
20 lesquels ils allaient s'emparer du pouvoir dans la municipalité de
21 Prijedor.
22 Q. Très bien. Nous allons arriver à cela, Monsieur Sivac, un peu plus
23 tard. Mais pour l'instant, j'aimerais vous demander de nous dire si vous
24 savez si la JNA était une armée légitime et légale jusqu'au 19 mai 1992, et
25 qu'Izetbegovic, Kljuic et moi-même, qu'en décembre, le 23 décembre 1991,
26 nous avions organisé une réunion et nous leur avions demandé de rester et
27 d'empêcher que les conflits interethniques n'éclatent ? Et que ceci avait
28 été justement publié et annoncé dans les médias.
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1 R. Oui, je me souviens de cela. Mais cet incident est un incident spontané
2 organisé par le Pr Cehajic et Mujadzic. Ces derniers pensaient qu'ils
3 devaient sortir et faire ce qu'ils ont fait, et ils ont fait cela.
4 Q. Très bien. Donc, est-ce que vous pensez que le président d'un parti et
5 le président d'une municipalité, que ces derniers étaient en mesure de
6 sortir de façon spontanée et d'empêcher une armée ? Je trouve cela un peu
7 étrange. Mais bien, laissons cela de côté. Est-il exact de dire que la
8 police a bloqué les représentants militaires de ne plus communiquer la
9 documentation militaire dont ils avaient besoin pour appeler les recrues à
10 la mobilisation ?
11 R. Il y avait un lieu qui était traditionnel jusqu'à ce moment-là. Pour la
12 première fois, un Musulman était arrivé, et c'était un poste qui était
13 toujours occupé par un Musulman, alors que là c'était un Serbe. Le
14 commandement militaire, outre les autorités qui étaient élues de façon
15 légale, avait procédé à la mobilisation. Les Serbes allaient à la caserne
16 de façon volontaire où ils s'armaient, se préparaient pour aller sur le
17 théâtre des opérations en Croatie. Et il est arrivé une fois que s'agissant
18 du SUP, de la sécurité d'Etat, où il y avait des locaux militaires, la
19 police militaire était arrivée, et ces derniers ont essayé de prendre les
20 documents des conscrits militaires et les dossiers des conscrits
21 militaires. Il y a eu un petit incident. Je ne sais pas de quelle façon les
22 choses se sont déroulées par la suite, mais je peux vous dire qu'un très
23 grand nombre de Serbes ont répondu à la mobilisation pour aller sur le
24 théâtre des opérations en Croatie.
25 Q. Merci. Est-il exact de dire qu'outre les appels à la mobilisation, il y
26 avait également des appels à la mobilisation complètement publics publiés
27 dans les médias ?
28 R. Oui.
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1 Q. Est-il exact également que l'ensemble de l'infrastructure militaire et
2 tous les documents appartiennent au secrétariat fédéral de la Défense
3 nationale et qu'une personne employée à la municipalité, en fait, est une
4 personne qui est employée par le ministère de la Défense ?
5 R. Je ne sais pas vraiment quelle est la configuration juridique. Je ne
6 sais pas exactement. Je ne peux pas répondre à votre question, mais je sais
7 qu'après l'arrivée au pouvoir de ces partis nationalistes, Becir
8 Medunjanin, qui était un membre du SDA, on l'a placé au poste de chef du
9 département militaire de Prijedor. Donc je ne sais pas à qui il rendait
10 compte. Mais je crois que c'était quand même à l'état-major républicain de
11 la Défense territoriale. C'est à eux qu'il devait sans doute rendre compte,
12 ou il devait sans doute rendre compte à quelqu'un à Sarajevo, quelqu'un qui
13 se trouvait au sein du commandement, quelqu'un qui se trouvait au sein du
14 district militaire.
15 Q. Très bien. Donc il avait des contacts avec la JNA et avec la TO de la
16 République de Bosnie-Herzégovine, à la tête de laquelle se trouvait le
17 général Vukosavljevic, n'est-ce pas, qui était un Serbe ?
18 R. Je l'ignore. Je ne sais pas qui se trouvait à la tête à ce moment-là.
19 Q. Est-ce que vous connaissez bien M. Becir Medunjanin ?
20 R. Non. D'ailleurs, je l'ai vu pour la première fois lorsque le SDA a
21 remporté les élections et lorsqu'il a été nommé à ce poste.
22 Q. Bien. Merci. Comment s'appelaient ses fils ?
23 R. Je pense que l'un s'appelle Hanis [phon], et l'autre qui a été tué, je
24 ne sais plus exactement. Non, je ne sais pas. J'ignore son nom.
25 Q. Savez-vous si l'un de ses fils vit en Amérique, aux Etats-Unis
26 d'Amérique ?
27 R. Je ne sais pas s'il vit aux Etats-Unis, mais j'ai fait sa connaissance
28 alors qu'il était très jeune, qu'il était petit garçon.
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1 Q. Hanis et Adis ?
2 R. Non, je ne le sais pas. C'est vous qui le dites. Je sais que j'ai fait
3 la connaissance de Hanis, qui était le fils aîné, et j'ai fait sa
4 connaissance quelque part en Bosnie.
5 Q. Est-ce que vous savez si Adis Medunjanin s'est fait arrêté aux Etats-
6 Unis pour avoir été terroriste islamiste ?
7 R. Je ne sais pas. Je l'entends dire pour la première fois de votre
8 bouche.
9 Q. Est-ce que vous savez si Becir Mudanjanin appelait les Musulmans de se
10 lancer au combat ? Il a participé également à l'armement de ces derniers
11 afin qu'ils puissent aller faire la
12 guerre ?
13 R. Eh bien, c'est vous qui le dites, mais je crois qu'il y a beaucoup de
14 non-vérité là-dedans.
15 Q. Bien. Merci. Vous dites ici dans votre livre, à la page 21, le SDA qui
16 était au pouvoir de Prijedor ne permettait pas à la commission de
17 recrutement l'accès aux listes de conscrits, aux dossiers. Est-ce que vous
18 pourriez nous dire si le SDA était le seul parti de pouvoir à Prijedor ou
19 existait-il une coalisation, avec le SDS ?
20 R. Oui. Le SDA, qui avait remporté la victoire, et le SDS, qui était le
21 premier parti serbe juste derrière eux, en fait, ils partageaient le
22 pouvoir dans la municipalité de Prijedor. C'était à 50 %. Moitié-moitié.
23 Q. Vous dites qu'on comptait 49 454 Musulmans en 1994, alors que pour les
24 Serbes, vous dites que le nombre remontait à 47 745 ?
25 R. Je ne sais pas. Ces informations ont été prises dans des textes qui
26 avaient été publiés un peu plus tôt. Mais je pourrais vous dire que le
27 pourcentage entre les Serbes et les Musulmans était 2 % à la faveur des
28 Musulmans.
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1 Q. Très bien. Merci. Et qu'en est-il des 6 000 et plus qui sont désignés
2 comme étant des Yougoslaves ?
3 R. Non, je n'ai rien dit sur eux, ce sont des personnes qui s'étaient
4 déclarées être Yougoslaves.
5 Q. Sommes-nous d'accord pour dire qu'en 1991, la Yougoslavie et le fait
6 d'être Yougoslave n'était pas -- à cette époque-là, il n'y avait pas
7 réellement de Musulmans ou de Croates et, en réalité, la majorité était des
8 Serbes ?
9 R. Eh bien, c'est vous qui le dites. Mais il y avait un très grand nombre
10 de Musulmans dans la municipalité de Prijedor qui se sont déclarés comme
11 Yougoslaves.
12 Q. Est-ce que vous pourriez être d'accord que notre système électoral, en
13 fait, était organisé de la façon suivante, c'est-à-dire qu'il y avait un
14 système pour le conseil des citoyens et un système majoritaire pour le
15 conseil des municipalités ?
16 R. Je ne peux pas faire de commentaire là-dessus au niveau de la
17 république.
18 Q. Bien. Merci. Mais est-ce que vous êtes d'accord avec moi pour dire
19 qu'il existait un conseil des municipalités dans l'assemblée bosnienne ?
20 R. Oui.
21 Q. Est-ce que vous vous souvenez qu'à Prijedor, dans ce système
22 d'assemblée, la personne qui avait remporté la victoire était un Musulman ?
23 R. Je ne me souviens pas non plus de cette personne que vous mentionnez.
24 Q. Merci. Mais c'était un député. Mais est-il exact de dire que dans la
25 ville même, la ville de Prijedor, il y avait plus de Serbes, alors que pour
26 les Musulmans, il y en avait environ 7 000 de plus.
27 R. Ce sont des estimations à vous. La statistique, elle, montre autre
28 chose.
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1 Q. Moi je maintiens ce que je suis en train de vous dire. Au total pour la
2 ville, 34 627. Les Croates sont 1 756; les Musulmans, 13 752; les Serbes,
3 13 969.
4 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Karadzic, veuillez ralentir
5 quand vous donnez des chiffres. J'aimerais que vous répétiez, s'il vous
6 plaît.
7 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je m'excuse.
8 M. KARADZIC : [interprétation]
9 Q. Au total, dans la ville, 34 627. Au total, Croates, 1 756; Musulmans,
10 13 372; Serbes, 13 969; Yougoslaves, 4 279. Et le reste, les autres, c'est
11 des Ukrainiens, Tchèques, Italiens, et ils sont au total 1 251; est-ce bien
12 cela ?
13 R. Je ne sais pas. C'est la première fois que j'entends parler de tout
14 ceci, de ces données-là.
15 Q. Merci. Bon, alors, à Prijedor, nous sommes d'accord pour le dire, que
16 c'est une municipalité conjointe, commune ? Et il n'y a pas de majorité de
17 personnes, les Serbes sont un peu plus nombreux, mais c'est à tout le
18 monde.
19 R. Jusqu'en 1992, c'était une municipalité commune à toutes les nations,
20 et toutes les minorités ethniques y vivaient.
21 Q. Merci. Est-ce que vous vous souvenez du fait que quand il y a eu la
22 crise relative à Kozarac, Radio Prijedor a publié l'information disant que
23 les civils de Kozarac dans la zone des activités de combat devaient se
24 retirer vers Prijedor; or, vous, vous décrivez la chose en disant qu'il y a
25 un grand groupe de civils d'arrivé à Prijedor et qu'à Prijedor tous les
26 citoyens étaient en train d'aider ceux qui s'étaient réfugiés des zones de
27 combat. Est-ce bien exact ?
28 R. Non, ce n'est pas exact. Le 24 mai 1992, Radmilo Zeljaja, qui était
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1 devenu fou, si je puis le dire, commandant de cette unité d'élite serbe --
2 Q. Attendez. On y arrivera. On y arrivera.
3 R. Mais non, ce n'est pas ainsi.
4 Q. Attendez. On ne va pas raconter toute l'histoire. Est-ce que la radio a
5 dit qu'il fallait venir et est-ce que les Serbes ont convié les civils
6 musulmans de Kozarac pour leur dire de venir à la ville même pour qu'ils
7 soient plus en sécurité ? Est-ce que vous le dites dans votre livre ?
8 R. Je ne sais pas comment les gens de Kozarac sont venus, mais ils sont
9 venus après le début des pilonnages de Kozarac. Pendant peu de temps, ils
10 ont séjourné là-bas devant la salle de sport à Prijedor pour être ramassés
11 à bord de camions et d'autobus pour être acheminés vers Trnopolje.
12 Q. Merci. Est-ce que vous voulez dire par là qu'à Prijedor, dans la ville
13 où il y avait une majorité serbe et yougoslave, et parmi ces Yougoslaves il
14 y a des civils qui ont fui Kozarac parce que là-bas des combats étaient en
15 train d'avoir lieu ?
16 R. Ils sont arrivés jusqu'à Prijedor en demandant refuge à Prijedor, chez
17 des parents et des amis. Mais rien qu'un tout petit nombre des personnes de
18 Kozarac qui avaient été chassées ont trouvé le salut chez des parents et
19 des voisins et des amis. La majeure partie de ces gens finira par être
20 transportée vers le camp de Trnopolje.
21 Q. Merci. Essayons de tirer au clair les choses. Qui sont les gens qui les
22 ont accueillis à Prijedor, sont-ce des Serbes ou des Musulmans ?
23 R. Pour l'essentiel, les gens de Kozarac qui étaient expulsés ont trouvé
24 abri à Prijedor dans le quartier appelé Puharska, et Puharska était habité
25 essentiellement par une population musulmane.
26 Q. Moi je vous demande de répondre directement. Les gens de Kozarac, qui
27 ont été expulsés, dites-vous, mais il faut des réserves qui devraient être
28 exprimés par la Défense. Les civils de Kozarac qui ont - on verra s'ils ont
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1 été chassés ou s'ils ont fui les combats - ont trouvé abri et refuge chez
2 des civils en ville, et chez qui ?
3 R. Une toute petite partie a été accueillie à Puharska chez des amis
4 musulmans. Je viens de vous le dire.
5 Q. Donc les Musulmans qui ont accueilli ces gens étaient en sécurité à
6 Prijedor, et les gens qui étaient venus de Kozarac ont fui vers eux, n'est-
7 ce pas ?
8 R. Rien qu'à ce moment-là.
9 Q. Merci. Je devrais -- vous m'avez incité à en parler. J'ai trouvé cela
10 dans la page 26. Vous dites que les Serbes ont détruit le pont de Bosanska
11 Dubica, et puis, dans un autre paragraphe, vous dites que ce pont était
12 plus détruit du côté croate. Alors, comment les Serbes ont-il pu traverser
13 vers le côté croate pour détruire le pont ? Vous le dites pour tous les
14 ponts de la Sava, vous dites que les Serbes qui les ont plastiqués.
15 R. Je vais vous dire, Monsieur Karadzic, Madame, Messieurs les Juges. Avec
16 mon équipe, je suis allé tourner un reportage en personne sur ce pont.
17 Q. Bien. Et comment le savez-vous ? Comment savez-vous qui est-ce qui l'a
18 détruit ? Laissez le reportage de côté. Comment savez-vous qui est-ce qui
19 l'a détruit ?
20 R. Je vous prie d'avoir un peu de patience. La zone où j'ai suivi les
21 choses, c'est la vallée de l'Una. Et j'ai filmé la façon dont les Serbes de
22 la Krajina de Knin nettoyaient ethniquement la vallée.
23 Q. Mais moi, ce n'est pas la question que je vous pose. On y arrivera. Moi
24 je vous pose la question, maintenant, au sujet des ponts. Comment pouvez-
25 vous affirmer dans votre livre que les Serbes vivant d'un côté de la Sava
26 ont détruit des ponts de l'autre côté de Sava ?
27 R. Parce que Jasenovac avait été occupée par des soldats de Martic et des
28 soldats de la Krajina serbe. Dès qu'ils sont entrés dans Jasenovac, ils ont
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1 mis le feu à un grand hôtel.
2 Q. Bon. Je ne vous ai pas posé cette question. Mais est-ce que Jasenovac
3 c'est de l'autre côté de Dubica ?
4 R. Oui, ça a été occupé par les Serbes de Knin.
5 Q. Merci. Alors, les Serbes se trouvent donc à la rive gauche et à la rive
6 droite de la Sava et ils détruisent un pont; c'est bien ce que vous dites ?
7 R. C'est ce qu'on nous a donné comme information sur place.
8 Q. Qui vous a donné ces informations ?
9 R. Des gens qui séjournaient dans la région.
10 Q. Mais n'est-il pas exact de dire que votre relation, Milenko Tubica
11 [phon], un haut responsable de la municipalité de Bosanska Dubica, s'était
12 plaint du fait que ce pont, sa destruction a amené à l'isolement des Serbes
13 de Bosanska Dubica, donc un Serbe de la rive droite dit qu'il y a une
14 coupure dans les communications routières entre eux et les Serbes de
15 l'autre côté, et vous avez donc quand même cru à l'information disant que
16 les Serbes ont plastiqué un pont qui permettait d'établir un contact entre
17 les Serbes d'un côté et de l'autre ?
18 R. Moi, c'est un Serbe, Boro Grubic, qui me l'a dit. J'ai transmis les
19 informations telles servies par lui.
20 Q. Merci. Vous dites dans votre livre en page 32 que des communistes
21 sont arrivés, Mico Sarjevic [phon] et un certain Jaksic de la Chambre
22 économique. Nous sommes bien d'accord pour dire que ni l'un ni l'autre
23 n'étaient des membres du SDS ?
24 R. Je ne sais pas de quel parti ils étaient membres. Je sais qu'ils sont
25 arrivés au théâtre de Prijedor pour tenir une tribune où ils ont, tout à
26 fait ouvertement, convié la population de Prijedor à accéder à cette région
27 serbe nouvellement créée de la Krajina de Bosnie. Parce que, prétendument,
28 Prijedor était liée avec Banja Luka par des liens d'amitié traditionnels,
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1 sur le plan économique, culturel, au niveau des transports, et cetera.
2 Q. Bon. Alors, ils ont avancé des raisons économiques, des raisons liées à
3 des ressources plus riches, la nécessité de devenir autonome vis-à-vis de
4 Sarajevo, et Nedim Kadiric [phon], un Musulman, a fait partir les gens ?
5 R. Non. Il a posé plusieurs questions concrètes où les autres ne pouvaient
6 pas apporter de réponse, et ils se sont retirés. Ils ont vu qu'ils étaient
7 donc arrivés à Prijedor sans pouvoir rien y faire.
8 Q. Merci. Mais est-ce que Prijedor ça se trouve à 30 ou 32 kilomètres de
9 Banja Luka ?
10 R. Non. Il y a 55 kilomètres entre Prijedor et Banja Luka.
11 Q. Merci. Peut-être par la route, mais moi j'ai parlé de la distance à vol
12 d'oiseau. Alors, vous avez dit, avec beaucoup de mauvaise volonté,
13 d'ailleurs, et de mauvaise foi, vous avez parlé de la reconstruction des
14 églises; c'est bien cela ? Et vous dites que c'est avec beaucoup de
15 difficulté et avec pas mal de problèmes que vous avez filmé des reportages
16 pour ce qui est de la reconstruction de certaines églises.
17 R. Oui. Ce que j'ai dit se rapporte au village de Nisevic, non loin
18 d'Omarska.
19 Q. Merci. Mais un peu plus loin, vous dites que les Serbes ont une
20 attitude morbide vis-à-vis de tout ce qui est non serbe. Vous le dites --
21 L'INTERPRÈTE : En une page que l'interprète n'a pas saisie. Page 37.
22 M. KARADZIC : [interprétation]
23 Q. -- alors, il y a des éléments de preuve de meurtre commandé qui sont
24 publiés par des chaînes de télévision en Yougoslavie, à Banja Luka,
25 Belgrade, et cetera. Est-ce que vous pouvez expliqué un peu quelle est
26 cette attitude morbide de la part des Serbes vis-à-vis de tout ce qui est
27 non serbe ?
28 R. Rade Mucic [phon], le journaliste le plus radical, a fait des
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1 reportages qui nous ont été rapportés des champs de bataille en Croatie.
2 Ces gens ont tourné des scènes où des soldats serbes ont demandé à filmer
3 lorsqu'ils étaient en train de tirer des obus en direction de bâtiments. Et
4 ils ont copié ces cassettes pour les vendre dans Prijedor. Mais n'est-ce
5 pas là quelque chose de morbide, demander à ce que soient détruites des
6 maisons de Croates rien que pour que l'on puisse filmer la chose à des fins
7 de reportage ?
8 Q. Monsieur Sivac, vous n'avez pas dit deux individus. Vous avez dit des
9 Serbes. Pourquoi ne les avez-vous pas mis en accusation, ces individus ?
10 Ils auraient pu se défendre. Mais vous, vous avez attribué la chose aux
11 Serbes ?
12 R. Mais parce que les Serbes à Prijedor achetaient cela en masse et ils
13 semblaient s'y plaire à voir ces scènes.
14 Q. Est-il vrai que vous m'avez appelé à un moment donné et vous m'avez
15 traité de loup sanguinaire du mont Dermiter [phon] ?
16 R. C'est possible. J'ai peut-être paraphrasé. J'ai repris des termes qui
17 étaient utilisés dans un journal Sarajevo.
18 Q. Moi j'ai dit "vukovlak [phon]", ça veut dire le psychiatre, le loup-
19 garou, le loup-garou du mont Dermiter et psychiatre. Il a fait entendre des
20 menaces à l'égard de Sarajevo et il dit que les Musulmans allaient
21 disparaître. Alors, est-ce que vous faites référence à un discours que j'ai
22 fait en 1991 ?
23 R. Oui.
24 Q. Mais est-ce que votre attitude à mon égard ne semble pas vous
25 disqualifier comme témoin ? Est-ce que vous êtes de cet avis ?
26 R. Non, je ne pense pas que ce soit le cas. Ces qualificatifs ont été
27 formulés lorsque ceci a commencé sur le territoire de la Bosnie-
28 Herzégovine, au niveau des autres groupes ethniques. Et bon nombre des
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1 individus appartenant aux autres groupes ethniques avaient pensé la même
2 chose de vous.
3 Q. Mais ne saviez-vous pas qu'avec les Croates nous avions établi et signé
4 un cessez-le-feu, que les Musulmans nous ont fait savoir tout ce qu'il
5 fallait et que les informations principales nous étaient communiquées par
6 des Musulmans, donc nous avons eu de très bonnes relations, nous avons eu
7 des unités entières composées de Musulmans dans notre armée, et vous dites
8 que bon nombre de Musulmans avaient trahi la politique du SDA.
9 R. Je ne sais pas quelle est votre question.
10 Q. Ne savez-vous pas que dès le 6 mai 1992, nous avions eu une trêve de
11 signée avec les Croates, chose qui a permis de sauver des dizaines de
12 milliers de vies. Il y a eu encore quelques combats çà et là, mais les
13 combats avaient cessé pour l'essentiel, et avec Avdic nous avions également
14 signé la paix. On ne s'était pas battus. On l'avait même aidé à rester sur
15 place. Ne savez-vous pas que bon nombre de Musulmans depuis Sarajevo nous
16 envoyaient des informations au quotidien ?
17 R. Je ne sais pas ce que faisait cette cuisine de Sarajevo, mais je sais
18 que toutes vos trêves, tous ces cessez-le-feu ad hoc ont duré fort peu de
19 temps.
20 Q. Savez-vous que lorsque l'on a révoqué le général Vukosavljevic de ses
21 fonctions de chef et de commandant de la Défense territoriale à la date du
22 8 avril, que le 12 avril le nouveau commandant, Hasan Efendic, a donné des
23 ordres pour lancer des attaques contre les Serbes de Bosnie et la JNA ? Le
24 12 avril et le 13 avril, ça, ça se trouvait sur mon bureau, sur ma table,
25 et ça a été reconnu par l'ABiH. Le 13 avril, j'ai obtenu de la part des
26 Musulmans la chose, je l'ai eu sur mon bureau, ce document, ces directives,
27 et je l'ai fait publié tout de suite. Avez-vous entendu parler de ces
28 directives ?
Page 19602
1 R. Non, je n'ai pas entendu parler de ces directives. J'apprends la chose
2 pour la première fois. J'ai entendu parler d'une dépêche envoyée par Jerko
3 Doko, ministre de la Défense.
4 Q. Oui, mais ça, c'est fin avril, n'est-ce pas ?
5 R. A peu près, oui. Et à Prijedor, cette dépêche a fait bouger les Serbes
6 et les a incités à s'emparer du pouvoir à Prijedor.
7 Q. Bon, on va passer du 12 avril vers la fin du mois d'avril. Une deuxième
8 dépêche qui a été envoyée en version plus élaborée par Delimustafic, en sa
9 qualité de ministre de l'Intérieur, et Jerko Doko, en sa qualité de
10 ministre de la Défense. C'est arrivé à Prijedor et dans chacune des
11 municipalités, et on y disait que la JNA et les Serbes de Bosnie devaient
12 être attaqués avec toutes les forces qu'on avait à disposition.
13 R. Oui, mais ça a été déjà démenti, Monsieur Karadzic. C'était une dépêche
14 falsifiée que quelqu'un a fait circuler autour.
15 Q. Non, non, il n'y a pas d'erreur là, Monsieur Sivac. On va vous le
16 montrer. Dites-moi ceci : est-il exact de dire que le 29 et le 30 avril, la
17 partie serbe s'est emparée du pouvoir à Prijedor parce qu'on avait préparé
18 une attaque contre la JNA et les Serbes à Prijedor ? Vous venez de le
19 confirmer tout à l'heure, n'est-ce pas ?
20 R. Non, je n'ai pas confirmé cela. On ne préparait aucune espèce d'attaque
21 contre les Serbes.
22 Q. Bon. Saviez-vous qu'à ce moment-là, et par la suite aussi, il y a sur
23 la table une offre disant que Prijedor devait constituer deux
24 municipalités, que la municipalité serbe devait être composée de la partie
25 serbe de la ville et des villages serbes et que la partie musulmane devrait
26 être constituée par Puharska, le centre de la vieille ville et les villages
27 musulmans dans les collines ? Est-ce que vous ne saviez pas que c'était une
28 offre qui était présentée et qui était restée sur la table jusqu'au 30 mai
Page 19603
1 ?
2 R. C'était faux. Ça a été publié par le "Vjesnik de Kozarac", et en raison
3 de cette carte, les Serbes s'étaient plaints aussi parce que sur la carte
4 qu'on avait publiée, plus de 70 % de la région de Prijedor étaient censés
5 appartenir aux Serbes, avec l'essentiel des infrastructures, avec les
6 entreprises économiques, avec le parc national. Enfin, tout ceci était
7 censé appartenir aux Serbes. Les Musulmans ne gardaient qu'une toute petite
8 partie dans la ville de Prijedor où ils étaient majoritaires, et presque
9 rien de tout ce qui constituait les ressources économiques. Les Serbes eux-
10 mêmes qui vivaient dans le vieux centre de la ville et qui, d'après cette
11 carte, devaient faire partie de la municipalité musulmane avaient protesté,
12 ils avaient appelé la radio pour participer directement aux émissions
13 diffusées à Radio Prijedor, pour protester justement à l'égard de celui qui
14 avait proposé cette carte.
15 Q. Merci. Mais à chaque fois, il y aura quelqu'un qui protestera pour son
16 village ou sa partie de sa municipalité, mais votre livre ne dit-il pas que
17 vous étiez conscient du fait que les entreprises allaient être départagées
18 et qu'indépendamment de l'emplacement de l'entreprise, il y aurait partage,
19 et vous dites que vous aviez sous-entendu que les infrastructures
20 municipales allaient appartenir aux deux ? Est-ce que c'est la seule ville
21 de l'ex-Yougoslavie qui avait disposé de plusieurs municipalités ?
22 R. Non, moi je n'ai rien écrit de ce genre. Vous êtes en train de
23 paraphraser ou d'arracher les choses de leur contexte.
24 Q. Je vais vous retrouver le passage du livre où il est question du
25 partage des entreprises.
26 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Karadzic, faites donc une
27 pause. Allez-y.
28 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je m'excuse.
Page 19604
1 M. KARADZIC : [interprétation]
2 Q. Vous dites ici qu'il allait y avoir un partage.
3 L'ACCUSÉ : [interprétation] Mais j'aimerais qu'on nous montre dans le
4 prétoire électronique le 1D4275 pour que l'on puisse voir de quoi devait
5 avoir l'air cette municipalité de Prijedor. 1D4275. Et ce qui m'intéresse,
6 c'est le coin en haut à gauche, le nord-ouest, qui m'intéresse. Pouvez-vous
7 zoomer. Merci.
8 M. KARADZIC : [interprétation]
9 Q. Alors, on voit où se trouve Prijedor. C'est le coin en haut à gauche.
10 J'aimerais qu'on zoome le nord-ouest et que ce soit placé au centre de
11 l'écran. Dans votre livre, ça se trouve en page 57. Vous êtes parfaitement
12 conscient du fait qu'il y avait une demande de partage des entreprises, des
13 écoles et des autres biens immobiliers qui ont été construits par les
14 travailleurs de la région, comme si les travailleurs de la région, ce
15 n'était pas aussi des Serbes.
16 R. Oui, de façon générale, les Serbes, mais aussi les Croates et les
17 Musulmans, n'étaient pas favorables au partage.
18 Q. Mais ils étaient favorables au partage de la Yougoslavie que les Serbes
19 étaient contraints d'accepter ?
20 R. Mais laissez de côté la Yougoslavie, Monsieur Karadzic.
21 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que vous pouvez répéter votre
22 question, Monsieur Karadzic.
23 M. KARADZIC : [interprétation]
24 Q. Vous avez dit que les Croates et les Musulmans dans la municipalité de
25 Prijedor n'étaient pas favorables à des partages. Mais ils ont été
26 favorables à un partage de la Yougoslavie, et il fallait sortir les Serbes
27 de la Yougoslavie pour en faire des minorités nationales.
28 R. Ce n'est pas moi qui l'ai dit. C'est vous qui le dites.
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1 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Vous aussi, Monsieur Karadzic, vous avez
2 besoin de faire une pause entre la réponse et votre question. Vous devriez
3 déjà être familiarisé avec cette nécessité. Veuillez continuer.
4 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je sais, Excellence. Je m'excuse auprès des
5 Juges et des interprètes. J'essaie de gagner du temps.
6 M. KARADZIC : [interprétation]
7 Q. Vous devez certainement connaître les différentes parties des villages
8 en vert, en orangé. Vous connaissez ces villages ?
9 R. A peu près.
10 Q. Est-ce que vous savez, Monsieur Sivac, qu'à Sarajevo, il y avait dix
11 municipalités, et dans cinq municipalités il y avait une partie qui
12 s'étendait vers le centre et vers une banlieue rurale ? Est-ce que ce n'est
13 pas le même cas de Prijedor ?
14 R. Je ne sais pas pour Sarajevo. Je ne peux que vous répondre à des
15 questions qui se rapporteraient à Prijedor.
16 Q. Mais saviez-vous combien une municipalité comptait de personnes ? Entre
17 1 000 et 1 500. En Grèce, c'est 8 000. Et en Yougoslavie et en Union
18 soviétique, c'était 40 000 habitants. La Yougoslavie et l'Union soviétique
19 ont été désintégrées. Et à Prijedor, il y en avait plus de 100 000, et vous
20 étiez contre toute division et partage ?
21 R. Oui. Mais tout ce que vous avez fait, c'était pour gagner du temps. Au
22 niveau de la république, sur un plan global, vous aviez compris les choses
23 et vous avez décidé de faire en sorte que la municipalité de Prijedor soit
24 entièrement adjointe à la Région autonome de la Krajina de Bosnie, alors
25 que les gens s'étaient déjà prononcés de façon explicite en faveur d'une
26 ex-Yougoslavie ou d'une Yougoslavie tronquée. Par conséquent, tous ces jeux
27 relatifs à la municipalité de Prijedor à l'époque, au mois d'avril,
28 visaient à vous faire gagner du temps.
Page 19606
1 Q. Bon. Alors, maintenant, Monsieur Sivac, vous êtes en train d'attribuer
2 aux Serbes des intentions. Mais n'est-il pas vrai de dire que le 13 février
3 déjà, nous avions définitivement accepté de ne plus faire partie de la
4 Yougoslavie et nous avons accepté les conditions énoncées par la Communauté
5 européenne en disant que nous resterions en Bosnie ? Le 13 février pour la
6 première fois déjà. Ne le saviez-vous pas ? C'était publié.
7 R. Peut-être vous êtes-vous prononcé en faveur de cela de façon
8 déclarative, mais vous avez tout fait pour qu'il n'y ait pas de Bosnie-
9 Herzégovine.
10 Q. Mais vous, vous dites dans vos textes - et je vais vous retrouver le
11 passage - le 22 février, vous dites que nous étions revenus de Lisbonne.
12 Page 54, voilà, je l'ai trouvé. Il y a eu un premier débat sur la Bosnie-
13 Herzégovine à Lisbonne, ce qui s'est terminé sans résultat. Le SDA avait
14 demandé la proclamation d'une Bosnie-Herzégovine indépendante, alors que le
15 SDS avait suggéré une confédération. Ne saviez-vous pas qu'il y avait une
16 proposition de faire en sorte que la Bosnie reste en tant que telle, mais
17 en tant que confédération de trois entités, chose qui avait été d'ailleurs
18 proposée par la Communauté européenne ?
19 R. Ecoutez, je ne sais pas beaucoup de choses au sujet de ce qui s'est
20 discuté au niveau politique au niveau de la république. Vous, vous étiez un
21 homme politique de haute voltige, et c'est vous qui négociiez avec les
22 hommes politiques à Sarajevo et au niveau de la communauté internationale.
23 Moi je ne peux parler que de la municipalité de Prijedor.
24 Q. Mais vous, vous parlez aussi de Lisbonne. Vous citez de façon erronée
25 le fait que le 22 février, rien n'a été réalisé. Mais si, on avait fait un
26 pas en avant le 22, puis ensuite un deuxième pas, et le 18 mars un accord
27 avait été accepté pour ce qui était de transformer la Bosnie en trois Etats
28 constitutifs avec des autorités centralisées, comme cela est le cas après
Page 19607
1 Dayton, sauf qu'il n'y a pas trois entités, mais deux entités. Etiez-vous
2 au courant de ces choses ?
3 R. Je n'étais pas au courant. J'ai repris ces informations dans ce qui a
4 été publié dans les médias de Sarajevo.
5 Q. Comment pouvez-vous alors dire et estimer que les exigences visant à
6 transformer Prijedor, c'était des manœuvres de notre part ? Parce que si
7 vous, les Musulmans, vous aviez exercé le pouvoir dans tous vos
8 territoires, et les Serbes, et dans tous nos territoires, si nous avions eu
9 des instances conjointes, comme cela est le cas à présent.
10 R. Mais quelle est votre question, Docteur Karadzic ?
11 Q. Comment pouvez-vous affirmer que c'est des jeux joués par les Serbes
12 alors qu'il était prévu que vous exerciez le pouvoir dans vos parties du
13 territoire et que vous vaquiez à vos propres affaires et que vous vous
14 occupiez de vos affaires ?
15 R. Ça, c'était déclaratif, ce que vous aviez proposé. Les temps qui vont
16 suivre et les événements qui vont suivre vont montrer le vrai visage des
17 intentions qui vous animaient.
18 Q. Merci. Ne saviez-vous pas que Cehajic et les représentants musulmans
19 avaient accepté la chose, et ils sont passés sur la rive gauche de la Sana
20 pour construire une municipalité à eux avec un poste de police ?
21 R. Ça, ce n'est pas vrai. Si c'était arrivé, je serais probablement l'un
22 de ceux à en avoir été informé.
23 Q. Vous affirmez que ça ne s'est pas passé ?
24 R. Oui, j'affirme que cela ne s'est pas passé. Ça ne s'est pas produit.
25 Q. Dites-nous s'il y a eu ceci : il est resté des armes chez les Musulmans
26 dans toutes les parties en vert ici ? Est-ce que ces Musulmans avaient des
27 postes de contrôle à l'entrée de chaque agglomération jusqu'au 23 mai ?
28 R. Monsieur Karadzic, quand vous posez des questions, je vous prie de
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1 donner une période et les dates auxquelles vous faites référence dans votre
2 question.
3 Q. Fort bien. A partir du 30 avril, lorsque les Serbes ont pris le pouvoir
4 à Prijedor pour empêcher, comme vous le dites vous-même, enfin que vous le
5 croyez ou pas, peu importe, mais pour empêcher qu'il y ait des attaques
6 contre l'armée et contre les Serbes, entre ce 30 avril et le 23 mai, est-ce
7 que la totalité des Musulmans dans leurs localités avaient des armes et
8 avaient des postes de contrôle, et personne ne leur a demandé qu'ils
9 rendent leurs armes ?
10 R. Ce n'est pas vrai, Monsieur Karadzic. Dès qu'il y a eu prise du
11 pouvoir, il y a eu publication d'un appel à la mobilisation où l'on visait
12 à compléter les potentiels militaires et policiers afin de les armer. La
13 deuxième des choses de faites par cette autorité nouvelle à Prijedor,
14 c'était d'établir un contrôle des médias, de placer les médias sous son
15 contrôle. Le 12 mai, ils m'ont arrêté, moi, et un certain nombre d'amateurs
16 radio qui avaient des émetteurs-récepteurs privés et qui avaient des permis
17 de se servir de ces émetteurs-récepteurs. On a commencé à boucler
18 hermétiquement la municipalité de Prijedor vis-à-vis du reste du public.
19 Pour ce qui est de l'appel à la mobilisation, la totalité des Serbes y a
20 répondu présent. En parallèle avec l'appel à la mobilisation, il y a eu un
21 appel publique de lancé à l'intention de tous les non-Serbes sur le
22 territoire de la municipalité de Prijedor demandant de restituer des armes.
23 Au cas où ça ne serait pas fait, on a précisé qu'il y aurait des sanctions
24 et des conséquences de subies. Ça a duré jusqu'au 22 ou 23 mai, lorsqu'il
25 s'est produit l'incident de Hambarinsko Polje.
26 Q. Merci. Est-il exact de dire que le général Talic était venu et que le
27 20 mai, il y a eu des négociations avec des gens de Kozarac pour qu'eux
28 prennent soin du maintien de la paix et de l'ordre publics dans
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1 l'agglomération sans aller combattre ?
2 R. Je dois vous dire qu'après la prise de contrôle de la municipalité de
3 Prijedor, Kozarac, qui était à 90 % habitée par des Musulmans, a posé un
4 gros problème aux nouvelles autorités serbes de Prijedor. Différents
5 émissaires se sont rendus à Kozarac pour tenter de convaincre les habitants
6 d'accepter les nouvelles autorités nouvellement mises en place, et mises en
7 place par la force, mais les habitants n'ont pas accepté cela. Ils ont
8 exprimé le souhait de rester en Bosnie-Herzégovine et nulle part ailleurs.
9 Q. Est-ce que vous n'êtes pas en train de vous contredire ? Vous avez dit
10 qu'ils tentaient de convaincre ces personnes par la force. Et on force, en
11 général, à l'aide de chars, alors que dans le cas dont nous parlons il
12 s'agit de pourparlers.
13 R. Non, vous ne m'avez pas compris. Ils sont allés parler, mais les gens
14 de Kozarac ne souhaitaient pas accepter la prise de contrôle par la force
15 de la ville de Prijedor parce qu'ils pensaient, à juste titre, que
16 lorsqu'il y avait un contrôle par la force, que ceci ne pouvait rien avoir
17 à faire avec la démocratie.
18 Q. Les Serbes qui étaient au pouvoir à Prijedor n'étaient pas ceux qui
19 avaient préparé les attaques contre la JNA et les Musulmans. C'était les
20 Musulmans qui avaient préparé les attaques contre la JNA et les Serbes.
21 R. Ecoutez, laissez-moi vous dire que les Musulmans de Prijedor n'avaient
22 aucun moyen et n'avaient pas de ressources leur permettant de faire la
23 guerre. Quand bien même c'eut été le cas, ils se sont arrogés le droit
24 moral de le faire le 30 avril, lorsque les Serbes ont pris le contrôle par
25 la force et qu'ils ont désarmé les Musulmans et les policiers croates. Ils
26 avaient le droit de réagir pour empêcher cela. Cependant, les Musulmans
27 s'étaient rendus compte depuis longtemps déjà qu'ils ne pouvaient pas
28 défendre Prijedor si les Serbes avaient décidé de prendre la ville par la
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1 force. D'importants contingents, des arsenaux importants d'armes étaient à
2 Prijedor et aux alentours de Prijedor. C'était des armes en provenance de
3 Croatie, tout le matériel de l'ex-JNA, et j'insiste sur le fait qu'il
4 s'agit du matériel de l'ex-JNA.
5 Q. Dans ce cas, qui a eu la bonne idée de se lancer contre les Serbes qui
6 étaient si bien armés ? Qui a opté pour la guerre ? N'est-il pas exact que
7 vous vous êtes rendu à Kozarac et à Medunjanin et vous avez prôné la
8 résistance de Kozarac, n'est-ce pas ?
9 R. Ecoutez, je ne sais pas d'où vous vient cela. Nous avons entendu ça aux
10 informations. Je ne me suis pas rendu moi-même à Kozarac. Avec Boro Grubic,
11 mon collègue et journaliste, nous faisions des reportages là-dessus, mais
12 nous avions cessé parce que le centre informatique de Banja Luka avait été
13 saisi par le Parti démocratique serbe et nous n'arrivions plus à entrer en
14 contact avec notre siège. Les gens de Prijedor n'ont jamais été en faveur
15 d'une quelconque alternative militaire.
16 Q. Merci. Est-il exact que vous avez dit dans votre livre à la page 109
17 qu'Alija Izetbegovic avait envoyé un message et a indiqué qu'il ne fallait
18 pas abandonner les armes ?
19 R. Alija Izetbegovic envoyait sans cesse toutes sortes de messages. Peut-
20 être qu'il a dit cela également. Si j'ai écrit cela, cela a dû être le cas.
21 Q. Est-il exact que dans ce même ouvrage, vous qualifiez le SDA de partie
22 prenante la guerre, et à la page 91 :
23 "On poussait les gens à la guerre et ils les ont incités à la guerre,
24 mais on ne les a trouvés nulle part. Ils ont laissé leur peuple dans la
25 panade à la veille d'une grande bataille historique. Ils ont complètement
26 perdu la face."
27 Donc vous saviez qu'ils étaient en faveur de la guerre et qu'ils
28 défiaient les propositions faites par les Serbes aux fins de maintenir la
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1 paix à Prijedor, et c'était les dirigeants du SDA qui faisaient cela, Mirza
2 Mujadzic et Hilmo Popovac [phon], et vous avez cité les noms des autres
3 personnes qui ont d'abord incité le peuple à la guerre et qui se sont
4 ensuite enfuies.
5 R. Ecoutez, si vous citez mon livre, cela a dû être écrit dans mon livre,
6 mais dans un contexte différent. Il s'agissait d'une branche radicale du
7 SDA qui, avec l'aide de quelques amis, serbes après la prise de contrôle,
8 s'est enfuie quelque part à l'extérieur de Prijedor. Ses activités
9 politiques ont cessé. La ville de Prijedor et la municipalité de Prijedor
10 devaient s'organiser elles-mêmes.
11 Il y avait ensuite vous, qui étiez bien formé avec vos unités et vous
12 aviez l'expérience du combat en Croatie; et de l'autre côté, il y avait
13 également des Musulmans et des Croates qui n'avaient quasiment pas d'armes,
14 outre quelques pièces d'équipement ou de matériel qu'ils s'étaient
15 procurées des Serbes ou qui avaient fait l'objet de contrebande, ces gens-
16 là revenant de la guerre en Croatie.
17 Q. Saviez-vous, Monsieur Sivac, que nous ne pouvions absolument pas
18 communiquer avec le siège de Prijedor ? C'est quelque chose que vous
19 trouverez dans mon journal ainsi que dans l'allocution de Srdjo Srdic
20 devant l'assemblée. Ils ne nous ont rien demandé car ils ne pouvaient rien
21 nous demander. Il n'y avait tout simplement pas de communication possible.
22 R. Je parlais en fait de liaisons téléphoniques et de liaisons radio,
23 parce que le téléphone fonctionnait sans cesse. Pour ce qui est de Srdjo
24 Srdic, après le 12 mai, un de mes collègues est venu nous rendre visite, et
25 c'est lui qui m'a tenu informé de tout. Il m'a dit qu'à cette fameuse
26 séance à l'assemblée qui s'était tenue à Banja Luka le 12 mai, vous avez eu
27 une brève rencontre avec les hommes politiques de Prijedor, à la tête
28 desquels il y avait Srdjo Srdic. Vous les avez loués pour avoir pris le
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1 contrôle de Prijedor sans qu'une seule balle ne soit tirée. Bien sûr, il
2 faut penser à l'avenir. Je suis en train de paraphraser. Je demande comment
3 vous entendiez cela, président ? Et vous avez dit : Si à l'avenir nous
4 souhaitons rattacher la municipalité de Prijedor pour qu'elle devienne
5 partie intégrante de ce nouvel Etat serbe, la communauté internationale
6 exigera sans doute que la population, étant donné qu'elle est mixte,
7 exprime son souhait, à savoir si les habitants le souhaitent ou pas. Etant
8 donné que les non-Serbes sont majoritaires, ils ne souhaitent sans doute
9 pas vivre dans un nouvel Etat serbe. Ensuite, Srdjan Srdic a dit : Il faut
10 vous assurer que la population non serbe soit réduite à un nombre
11 raisonnable.
12 Q. Veuillez me dire, Monsieur Sivac, si c'est vous qui avez inventé cela
13 de toutes pièces ou si -- c'est vous qui l'avez inventé de toutes pièces ?
14 Avez-vous la moindre preuve qui vous permet de justifier cela ?
15 R. Monsieur Karadzic, cela me vient d'un ami très proche qui a assisté à
16 cette réunion-là, et je le crois.
17 Q. Veuillez nous donner maintenant son nom, car la Défense est en droit de
18 vérifier. Quel est son nom ?
19 R. Je ne donnerai pas son nom. Je suis sûr que j'ai le droit de garder le
20 silence. Malheureusement, cet homme n'est plus en vie, mais sa famille est
21 toujours à Prijedor.
22 Q. Autrement dit, c'est un Serbe ?
23 R. Bien sûr.
24 Q. Il n'est pas en vie et vous faites des affirmations tout à fait
25 incroyables. Comme c'est commode. Comment avez-vous pu imaginer que j'étais
26 un parent de Srdjo Srdic ?
27 R. Il s'en vantait à Prijedor. Il n'a pas, en réalité, dit que vous étiez
28 un de ses parents proches. Il a dit que sa seconde femme était d'une
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1 manière ou d'une autre un de vos parents proches.
2 Q. Bien. Alors, vous entendez quelque chose et vous inscrivez cela dans
3 votre livre comme s'il s'agissait d'une parole d'évangile. Est-ce que vous
4 maintenez ce que vous avez dit dans votre livre et dans votre déposition ?
5 R. Les choses se sont passées ainsi. Vous avez procédé au nettoyage
6 ethnique de Prijedor. Vous avez fait en sorte que les non-Serbes
7 disparaissent de Prijedor.
8 Q. Laissez ceci entre les mains des Juges de la Chambre. Lorsque tous les
9 éléments de preuve auront été rassemblés, les Juges de la Chambre tireront
10 leurs propres conclusions sur ce qui s'est passé à Prijedor. Comment avez-
11 vous dit que j'avais un lien familial avec sa deuxième femme, à Srdjo
12 Srdic, et que moi-même je dormais avec mon entourage composé de 12
13 policiers dans un appartement plutôt que dans un hôtel ?
14 R. Je n'ai jamais dit que vous aviez passé la nuit avec 12 policiers.
15 Srdjo Srdic s'en vantait. Il avait dit que lui était en très bons termes
16 avec vous, et l'autre homme, le journaliste, il s'en vantait parce que vous
17 préfériez toujours passer la nuit à cet endroit-là, à l'endroit où habitait
18 sa femme, parce que d'une manière ou d'une autre, vous aviez des liens de
19 sang. Et c'était votre principal associé politique à Prijedor.
20 Q. Vous savez, Monsieur Sivac, que tous les dirigeants, en particulier les
21 dirigeants de grands partis politiques, ont des escortes officielles du
22 MUP, ils ont les hommes chargés de leur sécurité qui les accompagnent, et
23 ils ne peuvent jamais passer une nuit à un endroit différent de ce qui a
24 été organisé à l'avance ?
25 R. Parce que j'ai travaillé dans les services de Sécurité à un moment
26 donné, je sais comment étaient traités les hommes politiques et je sais
27 comment tout ceci était organisé. Je ne sais rien de plus à ce sujet, mais
28 j'ai entendu dire que les membres du parti étaient à Prijedor avec Srdjo
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1 Srdic.
2 Q. Qui a mis le feu à l'hôtel de Prijedor, Monsieur Sivac ?
3 R. Quel hôtel, Monsieur Karadzic ? Il y en avait deux. Voulez-vous parler
4 de l'année 1992 ?
5 Q. Oui.
6 R. Je vous repose la question : veuillez nous donner l'heure et la date
7 par rapport à la question que je vous ai posée.
8 Q. Est-il exact, et est-ce que cela ne fait pas l'ombre d'un doute, et
9 c'est quelque chose que vous avez confirmé dans votre livre, que des
10 Musulmans ont attaqué Prijedor le l3 mai depuis différentes directions ?
11 R. Monsieur Karadzic, cet élément d'information-là est quelque chose qui a
12 été repris par "Kozarski Vjesnik", qui avait publié un récit dont plusieurs
13 numéros reconstituant l'attaque menée contre Prijedor. Et moi j'ai intitulé
14 cela : Une tentative aux fins de libérer Prijedor.
15 Q. Admettons que cela soit vrai. Cette tentative aux fins de libérer
16 Prijedor a-t-elle eu lieu dans la nuit du 29 mai ?
17 R. Un groupe officieux, qui comprenait Slavko Ecimovic et quelques hommes
18 qui, après la prise de contrôle, devaient s'enfuir de Prijedor parce que
19 les Serbes --
20 Q. Je ne vous pose pas de questions sur les éléments de contexte. La seule
21 question que je vous pose, c'est est-ce qu'il est vrai qu'il y a eu une
22 tentative de faite aux fins de libérer Prijedor avec recours aux armes
23 depuis différentes positions et directions le 30 mai à l'aube ? Avez-vous
24 entendu les tirs ? Est-ce que vous avez remarqué quelque chose de votre
25 fenêtre ?
26 R. Oui. Parce que j'ai lu l'article portant sur la reconstitution de cette
27 attaque dans le journal "Kozarski Vjesnik", qui est très bien documenté et
28 qui a falsifié certains détails.
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1 Q. Vous dites qu'il y avait un groupe officieux. Ces balles et ces
2 roquettes tirées de Zolja, qui sont des lance-roquettes à main, est-ce
3 qu'il s'agissait de matériel qui était contrôlé par quelqu'un ?
4 R. Ils n'appartenaient à personne et n'étaient contrôlés par personne. Ils
5 n'appartenaient ni au HDZ, ni au SDA. Il s'agissait simplement d'un groupe
6 de personnes désespérées qui tentaient simplement de rentrer chez eux à
7 Prijedor.
8 Q. Laissons ça de côté. Et revenons un instant au poste de contrôle de
9 Hambarine. Le 22 mai, une voiture a été arrêtée. A l'intérieur, il y avait
10 quatre Serbes et deux réservistes croates, donc six jeunes hommes au total.
11 Deux ont été tués, deux ont été grièvement blessés et deux ont été
12 légèrement blessés. La police a retenu Aziz Aliskovic en tant que suspect
13 au cours de cet incident ?
14 R. Oui. Vous avez omis de dire qu'au même poste de contrôle, un homme a
15 été tué et que deux ont été grièvement blessés.
16 Q. Il y avait un Musulman qui avait été blessé ?
17 R. Non, cela n'est pas exact. Un soldat a été blessé et deux ont été
18 grièvement blessés. Ce Ferid Sikiric a été emmené à l'hôpital et il a été
19 liquidé par la police serbe après un interrogatoire.
20 Q. Avez-vous une quelconque preuve de cela ?
21 R. Oui, il y a des preuves à l'appui de cela. J'ai présenté énormément de
22 documents et de cassettes vidéo à ce Tribunal. Dans une cassette vidéo,
23 Ferid Sikiric fait sa dernière déclaration, et il a été retrouvé dans une
24 des fosses communes à l'extérieur de Prijedor.
25 Q. Maintenant, il a été retrouvé dans une fosse commune, mais vous avez
26 dit qu'il a été liquidé par la police ?
27 R. Oui, ils l'ont emmené. Ils l'ont tué et ils ont jeté son corps dans une
28 des fosses communes.
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1 Q. Comment savez-vous cela ?
2 R. Je le sais parce que j'ai fait des recherches là-dessus. Ce cas-là
3 m'intéressait, et je connaissais l'homme fort bien, ce Ferid Sikiric.
4 Q. Est-ce que ces travaux de recherche sont des éléments que vous pouvez
5 nous communiquer ? Quand et comment avez-vous enquêté là-dessus ?
6 R. Ce n'est pas moi qui ai enquêté là-dessus. La télévision serbe de
7 Prijedor a diffusé un reportage là-dessus. Le reportage a été préparé par
8 Rade Mucic et un autre collègue musulman.
9 Q. Vous venez de nous dire que vous avez fait des recherches là-dessus.
10 R. Après cet événement, le sort de ce Ferid Sikiric m'a intéressé.
11 Q. Après avoir été relâché du camp, n'est-ce pas ?
12 R. Oui. J'ai beaucoup travaillé et j'ai tenté de rassembler énormément de
13 documents sur les événements qui se sont produits en 1991 et 1992.
14 Q. Dans votre livre, à la page 113, vous dites que le --
15 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Si vous passez à un autre sujet, je
16 pense qu'il est l'heure de faire une pause.
17 L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, nous pouvons avoir la pause maintenant,
18 mais je suis toujours sur le sujet du mois de mai 1992.
19 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Tieger, par rapport à ce que
20 nous avons abordé à huis clos partiel pendant quelques instants, concernant
21 votre demande, nous n'allons pas siéger demain. Mais qui allons-nous
22 entendre en premier lieu vendredi ?
23 L'ACCUSÉ : [aucune interprétation]
24 M. LE JUGE KWON : [aucune interprétation]
25 M. TIEGER : [interprétation] Oui, j'entends bien, Monsieur le Président.
26 J'espère que nous pourrons terminer ce témoin-ci aujourd'hui. Peut-être une
27 ou deux permutations, mais il est préférable que j'évoque la question de la
28 vidéoconférence avec la greffière d'audience.
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1 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je soulève la question dans un souci
2 d'efficacité : qui va témoigner par vidéoconférence vendredi.
3 M. TIEGER : [interprétation] Je suppose que la greffière d'audience fera de
4 même, et à ma connaissance, il n'y a pas de circonstances particulières qui
5 entraveraient cela.
6 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je crois que la Défense suit ce qui se
7 passe.
8 Nous allons faire une pause et reprendre à 18 heures.
9 --- L'audience est suspendue à 17 heures 32.
10 --- L'audience est reprise à 18 heures 01.
11 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Monsieur Tieger.
12 M. TIEGER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Avant que de ne
13 continuer, j'aimerais évoquer une question rapidement. Comme les Juges de
14 la Chambre doivent le savoir, nous ne nous mêlons d'habitude pas des
15 contre-interrogatoires, mais il y a une question qui a été évoquée et j'ai
16 ressenti la nécessité d'en parler.
17 Les Juges de la Chambre sont conscients du fait qu'il convient
18 d'avoir un fondement de bonne foi pour présenter des allégations au cours
19 du procès. M. Karadzic a laissé entendre, en pages 39 et 40, que le fils
20 d'un certain Becir avait été arrêté aux Etats-Unis en tant que terroriste,
21 et il demande au témoin s'il est au courant de la chose.
22 Or, Monsieur le Président, ceci est une chose que vous pouvez voir en
23 consultant l'Internet, et vous pouvez constater que cette personne arrêtée
24 aux Etats-Unis s'appelait autrement et qu'il a 20 ans de moins, 20 ans de
25 moins que le fils de Becir Medunjanin, qui est allé à l'école aux Etats-
26 Unis. C'est toute une série d'éléments différents qui auraient pu être
27 vérifiés par consultation sur Internet, et il n'y aurait pas allégation de
28 faite dans ce type de contre-interrogatoire. C'est quelque chose qui vise
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1 en fait le fils de M. Medunjanin, et j'estime qu'il ne convient pas de
2 l'évoquer ici. Je regrette d'avoir eu à en parler. Nous ne pensons pas
3 qu'il puisse être permis de faire des allégations contre quelqu'un qui a
4 déjà été une victime et qu'on n'a pas pu avoir de présent ici.
5 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci. Est-ce que vous voulez répondre -
6 - je voudrais aussi que vous preniez en considération ce que M. Tieger
7 vient de dire s'agissant des questions que vous allez poser à l'avenir au
8 contre-interrogatoire.
9 L'ACCUSÉ : [interprétation] Si les fils s'appellent Adis et Anis [phon],
10 c'est Anis qui a été arrêté. Il y a eu un Adis Medunjanin d'arrêté en
11 Amérique comme terroriste. Et Adis, c'est l'un des prénoms des deux fils à
12 Medunjanin. Et c'est la raison pour laquelle j'avais considéré que c'était
13 intéressant, mais nous allons tirer la chose au clair.
14 M. KARADZIC : [interprétation]
15 Q. Est-ce que vous avez connu Nagib, Suljo [phon], Beco, Kanjula [phon],
16 Medic, est-ce que ce sont des gens avec qui vous vous êtes entretenu au
17 sujet de la thématique liée à Kozarac ?
18 R. Je ne sais pas de quelles personnes vous êtes en train de parler
19 maintenant.
20 Q. Beco c'est Becir, non ?
21 R. Becir Medunjanin, oui. Je ne me suis jamais entretenu avec lui, ni sur
22 autre chose, ni au sujet de Kozarac.
23 L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-ce qu'on peut nous montrer au prétoire
24 électronique le 1D04348.
25 M. KARADZIC : [interprétation]
26 Q. Est-ce que vous avez connu ce Cirkin ?
27 R. Sead Cirkin c'est quelqu'un que j'ai connu après les conflits en 1995,
28 à Sanski Most. C'est là que j'ai fait sa connaissance.
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1 Q. Est-ce qu'un autre Sivac était un militant de pointe ?
2 R. Vous parlez de Sefik Sivac ?
3 Q. Attendez. Ici, on a à la date du 2 mai une réunion où l'on se penche
4 sur la situation à Kozarac. Enfin, ce n'est pas nécessairement à Kozarac
5 que ça se passe, mais on évoque un certain Sivac et ces gens-là. Est-ce que
6 vous auriez été présent à cette réunion ?
7 R. Monsieur Karadzic, ce document, c'est la première fois que je le vois.
8 Et je n'ai été présent à aucune réunion, et encore moins le 2 mai 1992.
9 Q. Bon. Alors, je ne vais pas approfondir plus en avant. Je vous remercie.
10 Nous allons essayer de vérifier les choses autrement.
11 Dans votre livre, vous dites quels sont les axes depuis où il y a eu
12 des attaques de lancées contre Prijedor, n'est-ce pas ?
13 R. Moi j'énumère des groupes tels qu'identifiés par Rade Mutic et Zivko
14 Jakic, journalistes.
15 Q. Est-ce que ça a été confirmé par Mirzet, dont le journal est cité par
16 vous ou paraphrasé par vous, mais c'est surtout des citations que vous en
17 faites dans votre livre ?
18 R. Ce n'est qu'en partie qu'il a confirmé ce qui a été rédigé dans le
19 "Vjesnik de Kozarac". Et il a dit que dans ces groupes, au total, il y
20 avait quelque 60 personnes désespérées de Prijedor qui avaient un peu de
21 fusils. Et en majeure partie, ils n'étaient armés que de pistolets. Ils ont
22 essayé d'entrer dans Prijedor pour voir ce qu'ils pourraient y faire.
23 Q. Et ils sont arrivés jusqu'aux tours rouges de Prijedor, au centre, et
24 ils ont presque pris la radio.
25 R. Non, c'était un piège. Ils ont utilisé ce subterfuge. On avait préparé
26 les militaires, une unité d'élite commandée par Zoran Karlica, on avait
27 prévu des policiers. Mais, Monsieur Karadzic, pour ce qui est de cette
28 prétendue attaque - et moi j'appelle ça tentative de libération de Prijedor
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1 - il y a bon nombre de choses contradictoires. En recueillant des documents
2 sur cela, j'ai trouvé un grand nombre de documents qui prouvent que cette
3 attaque avait presque été convenue d'avance. On avait fait semblant de
4 lancer une attaque pour avoir un justificatif relatif au nettoyage ethnique
5 du noyau urbain de la ville de Prijedor.
6 Q. Donc c'est les Serbes qui ont convenu de la chose avec les Bérets verts
7 et Slavko Ecimovic, leur chef; c'est cela ?
8 R. Non, Monsieur Karadzic. Vous êtes en train d'arracher les choses de
9 leur contexte. Ce n'était pas des Bérets verts. Ils disaient d'eux-mêmes
10 que c'était des gars de Kurevo. Ils n'appartenaient à aucun parti
11 politique. Et ils ne faisaient partie d'aucune option politique.
12 Q. Mais n'avez-vous pas dit dans votre livre que lorsque les Serbes sont
13 venus négocier à Kozarac, ils ont été encerclés par des Bérets verts ?
14 R. Mais, Monsieur Karadzic, ça, ça se passe juste avant le nettoyage
15 ethnique de Kozarac. Vous avez dit vous-même que le 22 mai, la Bosnie-
16 Herzégovine a été reçue aux Nations Unies, et le symbole officiel de cette
17 reconnaissance de Bosnie-Herzégovine c'était les fleurs de lys. Les gens de
18 Kozarac avaient à juste titre porté des insignes de l'Etat dont ils étaient
19 des ressortissants.
20 Q. Mais sur des Bérets verts, n'est-ce pas ?
21 R. Sur des Bérets verts et sur des Bérets bleus, ils portaient cet insigne
22 de la fleur de lys qui était le symbole officiel de cet Etat
23 internationalement reconnu de Bosnie-Herzégovine.
24 Q. Mais cet insigne internationalement reconnu, Bérets verts ou Bérets
25 bleus, vous ne le mentionnez pas dans votre livre. Est-ce que c'était
26 accepté par les Serbes et les Croates comme insigne ?
27 R. Je ne sais pas. Je vous dis ce que la population de Kozarac avait
28 accepté. Pour ce qui est des Serbes et des Croates à Kozarac, il n'y en
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1 avait pas eu. Les Musulmans étaient 97 % de la population. Il y avait un
2 nombre insignificatif [phon] de Serbes. Et vous le savez, à Trnopolje
3 c'était des minorités nationales, des Ukrainiens, des Tchèques, des
4 Italiens et que sais-je encore.
5 Q. Est-il exact de dire que dans votre livre, vous reprenez des parties de
6 journal de ce Mirzet pour confirmer que ces combattants ou terroristes ou
7 libérateurs s'étaient mêlés à la population à Prijedor ? Vous le dites en
8 page 128 de votre livre : Ils sont mêlés à la population, certains ont fui
9 vers les forêts et d'autres se sont mêlés à la population dans la ville
10 même; c'est bien cela ?
11 R. Non, ce n'est pas cela. Moi j'aimerais bien voir cette page. Je n'ai
12 jamais rédigé ceci. La résistance de ce groupe qui avait essayé de libérer
13 Prijedor a été brisée dans l'espace de deux heures. La plupart des gens
14 faisant partie du groupe ont été capturés. Dix-huit hommes de ce groupe ont
15 été liquidés, tués. Et seul un tout petit nombre a réussi à traverser en
16 nageant la rivière Sana pour fuir vers des banlieues de Prijedor.
17 Q. Mais vous dites que ça a été des mises en scène et vous vantez Slavko
18 Ecimovic et les libérateurs de Prijedor dans ce livre. Pourquoi n'avez-vous
19 pas dit que c'était une mise en scène, que les Serbes avaient commandité,
20 en réalité, cette attaque ?
21 R. Monsieur Karadzic --
22 Q. Nous nous excusons auprès des interprètes, tant en votre nom qu'en mon
23 nom à moi.
24 Q. Monsieur Karadzic, lors de la rédaction de ce livre, j'ai voulu vanter
25 les mérites de ces jeunes hommes parce qu'ils ont essayé de sauver
26 l'honneur et la dignité des Musulmans et des Croates à Prijedor. Leur seul
27 souhait était celui de montrer aux Serbes que Prijedor, ça appartenait
28 aussi à d'autres ethnies. Slavko Ecimovic, c'était un ingénieur. Slavko
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1 Ecimovic, il a été capturé vivant et il a été tué, mais en représailles on
2 a tué toute sa famille, son père a été tué, sa mère aussi.
3 Q. Ça, on va le déterminer. Vous ne pouvez pas en parler parce que vous ne
4 l'avez pas vu. Dites-nous plutôt ceci : vous les avez donc loués dans votre
5 livre parce que vous savez qu'ils ont participé à une prétendue attaque
6 faussement lancée contre Prijedor, ou est-ce que vous dites que ce que vous
7 avez dit dans votre livre n'est pas vrai ?
8 R. Non, Monsieur Karadzic. Vous sortez les choses de leur contexte. Ce
9 n'est pas moi qui ai décrit cette attaque. C'est dans le "Kozarski Vjesnik"
10 que Zelko Kesmucic [phon] a écrit la chose. Moi je n'ai fait que reprendre
11 les propos.
12 Q. Je ne sais pas si c'est vous ou Mirzet. En page 129, vous avez repris
13 les propos de Mirzet. Lui, dans son journal, a dit que : "Le plan visait à
14 s'organiser et organiser des actions de sabotage pour mettre en péril les
15 Serbes qui avaient occupé la ville," et cetera, et cetera. Puis, vous dites
16 : "Le premier groupe dans le secteur de Ljuba avait Bakir Mualjagic [phon];
17 deuxième groupe dans le secteur de Zegari avec Slavkovic, Muco [phon];
18 troisième groupe
19 --" C'est la page 129 du livre, "Le troisième groupe dans le secteur de
20 Hasrahanovic [phon], de Hambarine, de Biscani --"
21 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Non, attendez un instant. Attendez.
22 C'est impossible de suivre et c'est impossible pour les Juges aussi.
23 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je m'excuse. Mais je suis en train de paniquer
24 en raison du manque de temps. Ce témoin a longuement témoigné et il a fait
25 beaucoup de déclarations très générales. La Défense veut revenir à des
26 choses concrètes, elle veut parler des faits et rien que des faits. C'est
27 la raison pour laquelle il me faut plus de temps.
28 M. KARADZIC : [interprétation]
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1 Q. Est-ce que dans votre livre à la page 129 il y a une description d'au
2 moins quatre groupes venus de quatre directions pour attaquer ?
3 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Un instant. Est-ce que nous l'avons, ce
4 livre, dans notre prétoire électronique, Monsieur Robinson ?
5 M. ROBINSON : [interprétation] Je ne le sais pas, Monsieur le Président.
6 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que ça a été communiqué aux
7 parties, c'est-à-dire à l'Accusation ? Pour ce qui est de ma liste de
8 documents qui seraient utilisés avec ce témoin, il n'y a pas de note à cet
9 effet.
10 Mme EDGERTON : [interprétation] Non, ça n'a pas été fait.
11 L'ACCUSÉ : [interprétation] Il s'agit d'un livre qui compte presque 300
12 pages. Il n'a pas été traduit. J'ai voulu profiter de la présence du témoin
13 pour que les choses soient confirmées ou infirmées.
14 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Un instant. Une autre question pour M.
15 Robinson : la filière de questions dans ce sens c'est pour tester la
16 crédibilité du témoin, parce que le livre n'a pas été versé au dossier en
17 tant que pièce à conviction dans cette affaire ?
18 M. ROBINSON : [interprétation] Oui, je vais laisser le Dr Karadzic en
19 parler parce qu'il a une bien meilleure idée de ce qu'il avait eu
20 l'intention de faire avec.
21 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui. Alors, Monsieur Karadzic, vous avez
22 passé plus de deux heures rien que sur ce livre, qui n'est pas une pièce à
23 conviction dans ce procès. Allez-y.
24 L'ACCUSÉ : [interprétation] Le témoignage de ce témoin est un élément de
25 preuve. Il a dit bien des choses dans son témoignage dans l'affaire Stakic,
26 et ça diffère de ce qu'il a rédigé dans le calme dans son livre. Dans ce
27 livre, il y a des éléments de preuve disant qu'il y a eu des attaques,
28 qu'il avait été au courant de bien des choses. Donc ce livre se trouve être
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1 pertinent contrairement à ce qu'il a raconté jusqu'à présent, et il y a
2 aussi un élément de crédibilité. Vous avez pu voir quelle est l'attitude
3 vis-à-vis des Serbes et des Musulmans qui avaient voulu rester vivre avec
4 les Serbes. Vous avez vu l'attitude à mon égard, il a dit que j'étais un
5 loup-garou. Et ça, c'est pertinent. C'est une œuvre d'auteur dont l'auteur
6 est le témoin. On peut imprimer le livre pour le témoin s'il veut se
7 pencher, mais je crois qu'il doit connaître son livre par cœur.
8 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je suppose que l'Accusation a reçu au
9 moins une copie de ce livre, ne serait-ce que cela ?
10 Mme EDGERTON : [interprétation] Le livre se trouvait à l'origine dans nos
11 dossiers à nous, ce qui fait que oui.
12 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci.
13 M. LE JUGE MORRISON : [interprétation] Docteur Karadzic, je vois ce qui a
14 été dit, mais vous auriez pu réaliser le même objectif en prenant cinq ou
15 six éléments cruciaux en guise d'illustration. Vous n'aviez pas besoin de
16 parcourir la totalité du livre.
17 L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci, Excellence. Je crois bien que ce qui se
18 manifeste c'est mon manque d'expérience. Moi, ce qui m'inquiète, c'est de
19 savoir ce qu'il adviendra de ce que je n'aurais pas élucidé. Je pense en
20 avoir dit assez pour indiquer la nature de ce témoignage, mais je ne suis
21 pas certain du fait de voir les Juges de la Chambre penser la même chose.
22 M. KARADZIC : [interprétation]
23 Q. Est-ce que vous avez gardé le souvenir de ce que vous avez décrit au
24 sujet des quatre groupes en page 129 ?
25 R. Monsieur Karadzic, j'ai repris les propos dans le "Kozarski Vjesnik".
26 C'était des gens qui étaient au courant des enquêtes qui ont suivi cette
27 tentative échouée. Ils ont décrit les événements, y compris l'existence des
28 groupes. Et moi, c'est la première fois que j'ai appris de l'existence de
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1 ces groupes.
2 Q. Mais vous avez cité ici Mirzet, et non pas Rade Mutic ?
3 R. Oui. Une fois que je suis parti en 1993 à Zagreb, j'ai rencontré
4 Mirzet, que je connaissais déjà assez bien. On s'est entretenu lui et moi
5 au sujet des circonstances qui s'étaient produites dans la nuit du 30 mai à
6 Prijedor. Il m'a jeté de la lumière sur ces événements, et il m'a dit
7 justement que l'un d'entre eux, de façon délibérée, avait reçu des
8 instructions à la caserne de Prijedor, avait incité Slavko Ecimovic et les
9 autres à y aller ensemble pour libérer Prijedor, en disant qu'à Prijedor il
10 y aurait 500 citoyens bien armés qui les attendraient. Et deux jours avant,
11 la télévision serbe avait diffusé un clip au journal télévisé pour montrer
12 que des habitants musulmans au centre de Prijedor, originaires de Puharska
13 et aussi de Biscani, étaient en train de restituer de leur plein gré les
14 armes qui étaient en leur possession à la caserne de Prijedor.
15 Q. Bon. Mais en page 129, au final, vous citez Mirzet, n'est-ce pas ?
16 R. Ecoutez, c'est possible, je ne sais pas. Enfin, je ne connais pas le
17 livre par cœur, mais vous êtes en train de paraphraser certaines choses.
18 Vous n'êtes pas en train de le citer tel que rédigé.
19 Q. Merci. Est-ce qu'en page 132 vous avez aussi fait état de l'information
20 qu'il vous a communiquée disant que c'était eux qui avaient incendié
21 l'hôtel à Prijedor avec un Zolja, un
22 lance-roquettes ?
23 R. Ils ne possédaient que deux lance-roquettes Zolja. Et ils en ont acheté
24 deux autres à des marchands serbes, mais ça ne marchait pas, c'était
25 défectueux. Et ils ont touché l'hôtel de Prijedor où l'on avait fait venir
26 une unité d'élite qui était arrivée de la Krajina de Knin et qui a assisté
27 ceux de Prijedor à prendre le pouvoir.
28 Q. Et ils ont sauté par les fenêtres lorsque l'hôtel a pris feu; c'est
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1 bien cela ?
2 R. D'après les propos de Mirzet, c'est ainsi que ça s'est passé.
3 Q. Merci.
4 R. Mais personne n'a été tué cette fois-là.
5 L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-ce qu'on peut nous montrer le 1D4347, s'il
6 vous plaît, au prétoire électronique. Et en attendant, Excellences, je
7 voudrais vous expliquer pourquoi je suis le livre. C'est parallèle au
8 témoignage. Ça parle des mêmes choses, mais de façon tout à fait
9 différente, et c'est la raison pour laquelle ce livre m'intéresse. Il parle
10 des mêmes choses que ce qui a fait partie du témoignage, mais c'est énoncé
11 différemment. Et c'est la raison pour laquelle je suis le livre.
12 M. KARADZIC : [interprétation]
13 Q. Est-ce que vous voyez, Monsieur Sivac, qu'il s'agit ici du centre des
14 services de Sécurité de Prijedor, c'est daté du 22 juin. Il y a une plainte
15 au pénal de déposer auprès du parquet, et on dit quels sont les
16 participants et on les énumère. J'aimerais qu'on montre la page suivante en
17 version anglaise, s'il vous plaît. On peut feuilleter, et ils sont au total
18 28 -- non, pas 28. Ils sont au total 172, et vous, vous dites une vingtaine
19 ou une trentaine. Donc 172 personnes qui ont été identifiées et qui ont
20 fait l'objet d'une plainte au pénal.
21 R. Quelle est votre question, Monsieur Karadzic ?
22 Q. Est-ce que vous maintenez vos propos, en affirmant que Prijedor a été
23 attaquée par 20 ou 30 personnes, et non pas les gens qui sont énumérés à
24 l'intention du parquet ?
25 R. Moi j'ai dit qu'avec Slavko Ecimovic, ils ont été une vingtaine. Avec
26 Kemo Divjak, il y en avait une autre vingtaine. Ils s'étaient organisés par
27 groupes, et leur objectif était de se rassembler afin d'essayer d'arriver
28 sur le territoire de la Krajina de Bosnie, qui était sous le contrôle de
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1 l'ABiH. C'est-à-dire Bihac et Bosanska Krupa. Il est exact de dire qu'ils
2 étaient à peu près 80. Le chiffre que vous donnez ici n'est pas exact.
3 C'est encore un chiffre inventé de toutes pièces. Si vous le souhaitez, je
4 peux vous dire quels sont ceux que j'ai connus parmi eux. Cette plainte a
5 été déposée le 22 juin 1992. Mais Babic, Nedzad, déjà à ce moment-là, avait
6 été liquidé. Muhic, Asmir aussi liquidé.
7 Q. Monsieur, nous ne pouvons pas vous croire sur parole. Il faut nous
8 donner des preuves.
9 Qu'on nous donne, je vous prie, la page 7 en serbe et la page 13 en version
10 anglaise pour qu'on voie de quoi ils sont accusés. Vous dites que personne
11 n'a été tué parmi les Serbes ?
12 R. A l'occasion de cette opération, il y a eu plusieurs Serbes de tués. Je
13 n'ai pas dit autre chose. J'accepte votre thèse disant qu'il y a eu
14 plusieurs Serbes de tués. J'ai dit qu'au niveau de l'hôtel, personne
15 n'avait été tué, si mes souvenirs sont bons.
16 Q. Penchez-vous maintenant sur l'énoncé des motifs. Une fois qu'ils ont
17 procédé à la totalité des préparatifs et l'évaluation de la situation en
18 général, à la date du 30 mai 1992, les personnes faisant l'objet de la
19 plainte ont attaqué l'arme à la main Prijedor, et ils sont arrivés jusqu'à
20 Prijedor ensemble puis se sont séparés en quatre groupes. Le premier groupe
21 avait pour objectif d'attaquer et de s'emparer de l'immeuble de l'assemblée
22 municipale et du poste de sécurité publique; l'autre, de s'emparer de
23 l'hôtel Prijedor et de la station radio; le troisième groupe voulait
24 contrôler le secteur du pont et se rattacher avec le troisième groupe
25 préparé d'avance --
26 L'INTERPRÈTE : Les interprètes signalent qu'en version anglaise, ce n'est
27 la bonne page.
28 L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, ce n'est pas la bonne page.
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1 M. KARADZIC : [interprétation]
2 Q. Alors, ici, on donne le descriptif des quatre groupes et :
3 "On visait à interdire la sortie des soldats de la garnison pour
4 défendre la ville."
5 Alors, ils ont tué 18 et blessé 15 hommes; est-ce bien cela ?
6 R. Non. Il y a eu bien moins de personnes tuées. Les médias serbes ont
7 publié une information relative à 11 morts et peut-être 15 blessés.
8 Q. Alors, les médias c'est une chose. Mais ça, c'est un document, un
9 document officiel, un dépôt de plainte auprès du procureur. Est-ce que vous
10 pensez que la police se permettrait d'envoyer des renseignements erronés au
11 ministère public ?
12 R. Je ne sais pas s'ils peuvent ou pas le faire. Mais j'estime que cette
13 liste a été complétée par des noms de personnes qui n'ont pas du tout fait
14 partie de ce groupe ou de ces groupes. Parce que ce sont des gens que je
15 connaissais personnellement.
16 Q. Merci. Mais comment pouvez-vous expliquer que les Serbes ont fait une
17 mise en scène pour faire tuer 11 Serbes ? En quoi ont-ils monté de toutes
18 pièces la création de quatre groupes pour que tous ces Serbes soient tués
19 et blessés ?
20 R. Je crois que les Serbes qui sont morts ont constitué des dégâts
21 collatéraux. J'ai eu l'occasion de lire des documents où Simo Drljaca avait
22 demandé à ce qu'à des niveaux en surélévation, on retire les tireurs
23 d'élite qui pouvaient contrôler les accès de Prijedor. Donc, par
24 conséquent, en conformité avec des déclarations faites par d'autres
25 personnes, je suis convaincu que cette attaque ou cette libération a été
26 une mise en scène. Il n'en demeure pas moins qu'un grand nombre d'individus
27 énumérés sur cette liste, c'est des gens qui n'ont pas participé à
28 l'attaque lancée contre Prijedor ou à cette libération. On en a rajouté
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1 pour que ce soit plus massif encore, pour faire croire qu'il y en avait
2 beaucoup plus.
3 Q. Je voudrais qu'on nous montre la page d'avant pour qu'on voie le numéro
4 172 de la liste de ceux qui ont participé au combat. C'est la page d'avant.
5 R. Moi j'aimerais voir la liste complète, Monsieur.
6 Q. Allez-y. Est-ce que vous connaissez ces gens ?
7 R. Attendez, chez moi, ça va du 156 à 172.
8 Q. Mais penchez-vous sur cela. On ne peut pas mettre tous les noms sur la
9 même page.
10 R. Mais qu'on me montre le début. Je ne peux pas juger de la chose à
11 partir de ces quelques noms.
12 Mme EDGERTON : [interprétation] Peut-être que nous pouvons nous rendre
13 utiles. Nous pourrions remettre ce document au témoin pour qu'il puisse
14 regarder cette liste de noms.
15 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui. Ce n'est qu'un document de 13
16 pages.
17 L'ACCUSÉ : [interprétation] Il y a encore moins de pages dans la version
18 serbe.
19 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je voulais parler de la version en
20 B/C/S.
21 M. KARADZIC : [interprétation]
22 Q. Vous avez peut-être raison sur un point, à savoir que les numéros dans
23 la version serbe sont différents parce que différentes personnes ont figuré
24 sur la liste. Comme vous avez dit dans votre livre, votre neveu avait
25 décidé de conserver les armes et d'aller se battre ?
26 R. Non, c'était un parent proche. Il s'appelait Adnan. Il a fait partie
27 des réservistes de la police. C'était un ami proche de Slavko Ecimovic.
28 Q. Ils étaient témoins de mariage, à leurs mariages respectifs, n'est-ce
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1 pas ?
2 R. Et ils étaient amis de classe également.
3 Q. Slavko Ecimovic est la personne qui a dirigé l'opération de Prijedor,
4 et ceci, en guise de rappel à l'intention des Juges de la Chambre ?
5 R. Oui, il était ingénieur.
6 Q. Est-il exact que dans les villages musulmans autour de Prijedor, il y
7 avait des unités dans chaque village. Ils avaient des tranchées, ils
8 disposaient de radios. Quoi qu'il en soit, est-il exact qu'ils avaient des
9 tranchées et qu'ils sont restés à cet endroit-là pendant un certain temps ?
10 R. Ceci n'est pas exact. Il s'agit encore une fois d'informations
11 virtuelles qui sont les seules dont vous semblez disposer.
12 Q. Est-ce quelque chose que vous avez évoqué dans votre livre lorsque vous
13 avez parlé d'équipement radio important ?
14 R. Eh bien, il s'agissait de rumeurs serbes qui visaient à accuser les
15 Musulmans de quelque chose dont ils n'étaient pas coupables.
16 Q. Et à quelle distance se trouvait le front de Prijedor, je veux parler
17 de n'importe quel front, en direction du corridor ou en direction de Bihac
18 ?
19 R. Il n'y avait pas de front à Prijedor. Il n'y avait pas d'affrontement.
20 Il n'y avait pas de guerre. Et pour ce qui est d'autres lignes de front, eh
21 bien, tout dépend du cadre temporel dont vous souhaitez parler, des dates.
22 Vous voulez parler de 1992 ?
23 Q. Oui, le 30 mai. C'est ce que vous avez dit dans votre livre. Le front
24 se trouvait-il à des centaines de kilomètres à ce moment-là ?
25 R. Eh bien, oui.
26 Q. Pourquoi les Serbes avaient-ils des fortifications autour de leurs
27 maisons à Prijedor ainsi que des sacs de sable ? C'est quelque chose que
28 vous évoquez dans votre livre également.
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1 R. Parce que les Serbes de Prijedor entendaient sans cesse à la radio de
2 Prijedor qu'à côté de la ville, ou dans les environs, il y avait des
3 milliers de Moudjahidines et un nombre de mercenaires étrangers. On leur
4 avait expliqué qu'il y avait des unités d'élite qui encerclaient Prijedor
5 et qui étaient prêtes à commettre des massacres à Prijedor et dans ses
6 environs.
7 Q. Mais à l'intérieur du territoire, Monsieur Sivac, à des centaines de
8 kilomètres de l'endroit où se trouvait la Brigade de Prijedor, n'y avait-il
9 pas effectivement des groupes qui tuaient des agriculteurs qui étaient en
10 train de travailler, qui étaient dans les tranchées et qui communiquaient
11 entre eux ?
12 R. Il n'y avait pas d'unité paramilitaire musulmano-croate dans le secteur
13 de Prijedor.
14 Q. Bien. Alors, nous allons en parler davantage.
15 Le HOS ou le HVO étaient-ils à Prijedor ?
16 R. Non.
17 Q. Et si je devais vous dire que nous disposions de conversations
18 téléphoniques interceptées par des Croates ? Ils ont écouté nos
19 conversations et ils expliquent dans le détail la bataille de Kozorac et de
20 Prijedor et parlent de 3 000 soldats musulmans qui ont été faits
21 prisonniers. Qu'auriez-vous à répondre à cela ?
22 R. Ecoutez, c'est ce que vous dites. Je n'ai jamais entendu d'un
23 quelconque membre du HOS ou du HVO à Prijedor. Encore quelque chose que
24 vous montez de toutes pièces pour justifier ce qui est arrivé dans la
25 municipalité de Prijedor.
26 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je souhaite demander le versement au dossier de
27 ce document, s'il vous plaît.
28 M. KARADZIC : [interprétation]
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1 Q. Monsieur le Témoin, veuillez regarder les noms qui figurent sur ce
2 document dans l'intervalle.
3 R. Je sais que certaines de ces personnes ont été tuées lors de la
4 tentative de libération de Prijedor. Certaines personnes ont été emmenées à
5 des camps, et voilà, c'est tout. Le 30 mai, le groupe a été neutralisé en
6 moins de deux heures, après quoi il y a eu une destruction généralisée de
7 Prijedor. L'entrée du groupe de Slavko était un prétexte pour procéder au
8 nettoyage ethnique de la ville de Prijedor.
9 Q. Vous parlez de nettoyage ethnique alors qu'il y avait des Musulmans des
10 villages voisins qui affluaient à Prijedor. Comment arrivez-vous à
11 concilier cela ?
12 R. Vous déformez tout. Au moment où le nettoyage ethnique a commencé à
13 Kozarac, il n'y avait qu'un petit nombre de personnes de Kozarac qui sont
14 arrivées à Prijedor. Ces personnes ont été hébergées chez leurs amis à
15 Puharska. Après un court laps de temps, un ultimatum a été lancé par les
16 autorités afin que même ces personnes soient évacuées et envoyées à
17 Trnopolje tout de suite. Dans le secteur de Prijedor, lorsque le nettoyage
18 a commencé --
19 Q. Veuillez ne pas aborder cela. Comment arrivez-vous à expliquer ce que
20 vous venez de dire ? Que signifie nettoyage
21 ethnique ?
22 R. Le nettoyage ethnique c'est ceci : lorsqu'un groupe utilise ou a
23 recours à la pression, la force ou la police pour détruire d'autres groupes
24 ethniques, des personnes qui ont d'autres croyances, d'autres cultures et
25 qui prient d'autres dieux.
26 Q. Vous dites, n'est-ce pas, dans votre livre que les personnes ont quitté
27 Prijedor avant même le début de la guerre et avant la crise, et que ces
28 personnes souhaitaient que leurs noms figurent sur la liste pour qu'elles
Page 19633
1 puissent acheter un billet d'avion même si les personnes étaient contre et
2 que certains membres de la famille voulaient les convaincre du contraire ?
3 R. Un certain nombre d'habitants de Prijedor qui ne supportaient plus la
4 situation --
5 Q. Je ne vous demande pas de me fournir des explications. Je vous pose
6 cette question-ci : à la page 221 de votre livre, n'avez-vous pas dit que
7 Lejla, Alma et Sena, des membres de la famille de votre frère, souhaitaient
8 partir ? Leurs amis, membres de leurs familles et voisins souhaitaient les
9 dissuader, mais ils étaient déterminés. N'avez-vous pas dit dans votre
10 livre que chacun souhaitait acheter un billet d'avion pour se rendre à
11 Belgrade et pour ensuite se rendre en Europe ?
12 R. Encore une fois, vous déformez les faits, et encore une fois, vous me
13 posez plusieurs questions à la fois. Tout d'abord, il y a les personnes qui
14 souhaitaient acheter des billets d'avion pour aller à Belgrade pour pouvoir
15 voyager plus loin et aller dans d'autres pays du monde. C'était avant le
16 nettoyage ethnique.
17 Q. Je ne demande pas de me lancer des mots. Je vous demande de me répondre
18 au sujet d'événements. Je ne vous demande pas de parler de nettoyage
19 ethnique. Ne qualifiez pas tout ceci avec des termes. Je ne vais pas vous
20 permettre cela, pas comme on vous l'a autorisé dans l'affaire Stakic. Je
21 vous demande d'être très précis et de laisser de côté la question du
22 nettoyage ethnique.
23 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Soyez précis lorsque vous posez votre
24 question aussi, Monsieur Karadzic.
25 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je demande au témoin de ne pas qualifier les
26 différents événements. C'est aux Juges de la Chambre de qualifier les
27 différents événements.
28 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Pour poser ce type de question, il faut
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1 que vous présentiez le livre au témoin.
2 M. KARADZIC : [interprétation]
3 Q. Avez-vous écrit ceci : Ils ont tenté de les dissuader, mais ils étaient
4 déterminés. Il y a de nombreuses personnes qui étaient déterminées à
5 Prijedor ?
6 R. Monsieur Karadzic, il y a deux questions en une. La question que vous
7 venez de me poser porte sur le mois de septembre 1992. C'est la raison pour
8 laquelle je vous demande de bien vouloir me donner les lieux et les dates
9 de ces événements. En septembre 1992, lorsque les convois de Musulmans de
10 Bosnie ont commencé à quitter Prijedor, Alma et Sena, qui étaient membres
11 de ma famille du côté de mon cousin Omer, savaient qu'Omer et Adnan avaient
12 été tués à Omarska. Il s'agissait de deux membres de leur famille. C'est à
13 ce moment-là que ces personnes ont décidé de rejoindre un convoi pour se
14 diriger vers la Bosnie centrale vers le territoire contrôlé par l'ABiH.
15 Je vais revenir maintenant à votre première question. Votre première
16 question était la suivante : vous m'avez demandé si les gens ont quitté
17 Prijedor en avion. Non, parce que Prijedor ne dispose pas d'un aéroport.
18 Les gens de Prijedor se rendaient à Banja Luka d'abord, et ensuite ces
19 départs en avion ont eu lieu avant le mois d'avril, aux mois de mars et
20 avril 1992.
21 Q. Et lorsque les conflits ont éclaté, est-ce que les différentes
22 personnes souhaitaient toujours partir ?
23 R. Lorsque les conflits ont éclaté, plus personne ne pouvait bouger et
24 plus personne ne pouvait quitter Prijedor.
25 Q. A moins qu'il n'y ait eu un accord et que l'on puisse organiser un
26 convoi ?
27 R. Ce n'est que plus tard, vers la fin du mois d'août, que les premières
28 personnes ont commencé à quitter la ville au moyen de convois organisés par
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1 la Croix-Rouge de Prijedor.
2 Q. Merci. Dans votre déposition, mais non pas dans votre livre, vous
3 prétendez que les biens immobiliers personnels ont été repris et que les
4 titres de propriété ont été échangés. Veuillez nous donner un exemple, s'il
5 vous plaît, pour illustrer comment ces titres de propriété ont été échangés
6 de façon illégale. Veuillez nous donner un exemple de la cession d'un bien
7 immobilier parce que c'est quelque chose qui était interdit pendant la
8 guerre ?
9 R. C'était respecter la loi du bout des lèvres. A Prijedor, des choses
10 étranges se sont produites. De nombreux biens immobiliers ont été détournés
11 par les Serbes parce que le tribunal et les services en charge n'ont pas
12 tout à fait respecté les règles. Heureusement, après les accords de Dayton
13 et après que les gens soient revenus à Prijedor, ils ont pu récupérer leurs
14 biens qui leur avaient été enlevés de façon illégale. Il y a encore des
15 gens aujourd'hui à Prijedor qui n'ont pas pu récupérer leurs biens
16 personnels.
17 Q. Et si un réfugié se trouve dans une région musulmane de Bosnie, je suis
18 sûr que cela peut poser des problèmes. Veuillez simplement donner un
19 exemple d'un bien immobilier qui ferait l'objet d'un abus.
20 R. Je peux vous citer le cas d'un de mes collègues. Je ne sais pas si j'ai
21 le droit de citer son nom. C'était une des personnes les plus riches de
22 Prijedor.
23 Q. C'est à vous d'en décider, si vous souhaitez citer son nom ou pas.
24 Qu'est-ce qu'on lui a enlevé et qui était-ce ?
25 R. C'était un citoyen fort riche de Prijedor et son bien a été repris par
26 un de ses anciens collègues. C'est lui qui dirigeait la société, il était
27 propriétaire de la société, et l'autre personne a simplement immatriculé la
28 société en son nom. Après 1995, après que le propriétaire d'origine soit
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1 revenu à Prijedor après la guerre, il a dû trouver des témoins et a dû se
2 tourner vers certaines instances juridiques pour prouver qu'il s'agissait
3 de son bien et non pas de la personne qui avait abusé de son bien.
4 Q. Est-ce que vous dites que quelqu'un a abusé des biens qui étaient les
5 siens ?
6 R. Oui, tout à fait. Mon collègue était dans un camp, et lorsqu'il a été
7 transféré du camp à un pays tiers, un collègue du tribunal de Prijedor a
8 falsifié ses documents et a quasiment abusé de ses biens, de ses actifs.
9 Q. Ne parlons pas d'individus qui ont falsifié des documents. Je souhaite
10 savoir ce que faisait l'Etat à l'époque. Est-ce que c'est l'état qui,
11 automatiquement, abusait des biens des habitants ?
12 R. Vous m'avez demandé de vous citer un exemple. Il est vrai que l'Etat
13 était engagé dans ce type de choses également, à savoir abuser. C'était un
14 abus de biens personnels. Ma famille, par exemple, devait quitter Prijedor.
15 Nous avons dû signer 15 documents différents et nous devions renoncer à nos
16 droits concernant nos biens immobiliers pour obtenir le certificat
17 définitif nous permettant de quitter Prijedor.
18 Q. Et qu'en est-il des 14 autres documents ?
19 R. Pour ce qui est de ces autres documents, c'était une façon de retirer
20 de l'argent aux Croates et aux Musulmans de Bosnie qui souhaitaient quitter
21 Prijedor. Il fallait remettre 14 documents pour pouvoir obtenir le
22 certificat définitif permettant de partir de Prijedor. Ceux-ci étaient des
23 justificatifs du versement de tous les montants dus, les factures
24 d'électricité, d'eau, et la voiture était déposée au SUP comme s'il
25 s'agissait d'un butin de guerre. Je ne me souviens pas de tous les
26 documents, mais il fallait les fournir, ils devaient être rassemblés, et
27 ensuite il fallait se rendre au département militaire pour obtenir le
28 certificat définitif justifiant du versement de toutes les sommes dues et
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1 permettant le départ de la Republika Srpska. Ma femme a dû se rendre au
2 département militaire pour obtenir tous ces certificats. A l'époque, mon
3 fils avait 6 ans et ma fille en avait 11, au moment où nous avons décidé de
4 partir.
5 Q. Autrement dit, vous avez dû surmonter énormément d'obstacles avant de
6 pouvoir partir ?
7 R. Ces obstacles existaient, bien sûr, mais ces obstacles avaient été
8 conçus pour extorquer le peu d'argent qui nous restait encore, parce qu'il
9 fallait payer pour tous ces documents. Je vais vous donner un exemple un
10 petit peu futile, parce qu'il fallait, par exemple, régler les factures
11 d'électricité et il fallait régler à l'avance la consommation
12 d'électricité. Ces personnes dont les maisons avaient brûlé, avaient été
13 détruites, c'était la même chose. Pourquoi fallait-il payer sa facture
14 d'électricité une année à l'avance lorsque la maison n'existait plus ?
15 Q. Alors, il y avait beaucoup d'obstacles qui rendaient difficile
16 l'obtention de ces documents ?
17 R. Non, ce n'était pas en raison de la situation politique. Parce qu'ils
18 tentaient de nous extorquer le peu d'argent qu'il nous restait.
19 Q. Veuillez envoyer tous ces documents et certificats que vous venez de
20 nous décrire au bureau du Procureur.
21 R. Monsieur Karadzic, ce que je vous dis, c'est ceci : Pour obtenir le
22 dernier certificat, il fallait remettre tous ces documents. Ce certificat,
23 je l'ai encore. Cela correspondait à l'époque où mon fils qui avait 6 ans
24 et ma fille qui avait 11 ans. Ceci a été délivré par le département
25 militaire. Qu'est-ce que le département militaire avait à voir avec mes
26 enfants qui étaient mineurs ? Mais j'ai gardé ces certificats.
27 Q. Moi je vous parle des 14 documents; je ne vous parle pas des
28 certificats définitifs. Moi je vous parle des 14 documents que vous deviez
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1 allez chercher. Est-ce que vous pourriez nous remettre ces documents ? Est-
2 ce que vous pouvez nous dire si votre bien a été repris ou pas ? Je
3 souhaite parler de vos actifs.
4 R. Tous les documents devaient être remis au département militaire. Peut-
5 être que vous devriez demander à vos collaborateurs de remettre la main sur
6 ces documents qui ont sans doute été archivés au département militaire.
7 Nous avions juste un dernier certificat dont nous avions besoin pour
8 pouvoir partir.
9 Q. Quelle est la taille du poste de sécurité publique de Prijedor ? La
10 superficie totale ?
11 R. C'est sur deux étages d'un côté, trois étages de l'autre, un bâtiment
12 qui a été rajouté par la suite et deux ailes. Alors, de quel cadre temporel
13 souhaitez-vous parler ?
14 Q. Du mois de mai 1992.
15 R. Je n'ai pas entendu votre question.
16 Q. En mai 1992, quelle était la taille du poste de police ?
17 R. Je ne l'ai pas mesuré. C'était un bâtiment assez typique correspondant
18 aux postes de police qu'il y avait partout à Prijedor, à Brcko et ailleurs.
19 Q. Dans l'unité de détention, combien de personnes pouvaient être détenues
20 en une seule et même fois ?
21 R. Cela dépendait. Entre dix et 15 personnes. C'était une pièce assez
22 petite parce que les services de Sûreté de Prijedor ne disposaient pas de
23 prison. C'était juste un lieu de détention, un centre de détention, et
24 après le prononcé de la peine devant un tribunal correctionnel, les détenus
25 étaient emmenés à la prison de Banja Luka. Il y avait une prison à Banja
26 Luka, et c'est là qu'étaient emmenés les détenus de Prijedor.
27 Q. Merci. Le 10 juin, vous avez été placé en garde-à-vue par erreur parce
28 qu'on a confondu votre nom avec celui de quelqu'un d'autre. Ils ont
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1 recherché Nusret, et ensuite ils vous ont fait venir, et vous êtes rentré à
2 la maison parce qu'on avait remarqué qu'il s'était agi d'une erreur ?
3 R. Oui.
4 Q. Ensuite, vous avez été de nouveau placé en garde-à-vue le 20 juin. Vous
5 en avez parlé et vous avez écrit à ce sujet. Vous souvenez-vous de cela,
6 que les personnes étaient amenées à cet endroit progressivement, petit à
7 petit ? Par exemple, il y a un homme que l'on fait venir, et ensuite
8 quelqu'un d'autre, après un certain temps, un homme qui appartient au même
9 cercle ?
10 R. C'est exact.
11 Q. Vous souvenez-vous si on vous a dit que vous seriez à Keraterm ou à
12 Omarska pendant un court laps de temps seulement, que vous seriez interrogé
13 et qu'ensuite on vous renverrait soit à la maison, soit ailleurs ?
14 R. Personne ne m'a jamais dit cela.
15 Q. Et vous a-t-on dit lorsque vous avez été placé en détention pour la
16 première fois, en garde-à-vue, que vous n'alliez pas rester longtemps ?
17 R. Personne ne nous avait dit cela.
18 Q. Je vais retrouver cela et vous dire qui vous a dit cela. Je suis en
19 mesure de vous le dire. On vous a fait venir à Keraterm une seule fois,
20 n'est-ce pas ?
21 R. Oui.
22 Q. Et à Omarska, qui a interrogé les prisonniers à Omarska ?
23 R. Il y avait des hommes chargés de cela que je connaissais. Il s'agissait
24 d'inspecteurs de service de la Sûreté de Prijedor, et c'était des hommes
25 qui avaient travaillé au détachement de la Sûreté de l'Etat de Prijedor. Il
26 y avait également des hommes qui avaient fait partie du monde des affaires,
27 des réservistes qui faisaient partie des services de Sûreté et deux
28 inspecteurs qui sont arrivés directement de service de Sûreté de Banja
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1 Luka. C'est eux qui nous ont interrogés.
2 Q. Merci.
3 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je note l'heure et je propose que nous
4 levions l'audience pour aujourd'hui.
5 Monsieur Sivac, je dois vous demander si, par rapport à notre calendrier,
6 lorsque nous siégeons dans la cadre de ces débats et compte tenu de
7 l'ampleur des éléments de cette affaire, il y a énormément de choses qui se
8 produisent. Et compte tenu de la situation, nous ne sommes pas en mesure de
9 siéger demain, mais vendredi, et le témoin que nous allons entendre par
10 vidéoconférence a été fixé pour ce jour-là. Donc je vous demande si cela
11 vous poserait de grandes difficultés si nous devions vous demander de
12 poursuivre le reste de votre déposition lundi de la semaine prochaine ?
13 LE TÉMOIN : [interprétation] Cette question me surprend un petit peu. Cela
14 fait un certain temps que je suis là, mais je m'en remets à vous, Madame,
15 Messieurs les Juges. Je ferai ce que vous me demandez de faire.
16 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous remercie. Monsieur Tieger, avez-
17 vous un commentaire à faire ?
18 M. TIEGER : [interprétation] Non, Monsieur le Président. Je crois que nous
19 avons échangé des messages électroniques avec la Défense par
20 l'intermédiaire d'un représentant du Greffe, et nous avons fourni les
21 observations quant aux circonstances qui nous intéressent ici. Nous sommes
22 optimistes, voire peut-être trop optimistes, mais nous espérons pouvoir
23 terminer la déposition vendredi. Nous comprenons tout à fait qu'il y ait
24 cette possibilité à savoir qu'il faille poursuivre la déposition lundi. Je
25 crois que les parties sont d'accord pour demain et sur le fait que le
26 témoin qui va être entendu par vidéoconférence constitue une propriété pour
27 vendredi.
28 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Si la représentante du Greffe peut se
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1 rapprocher de la tribune, s'il vous plaît.
2 [La Chambre de première instance et le Juriste se concertent]
3 L'ACCUSÉ : [interprétation] J'aimerais demander le versement au dossier de
4 ce dernier document, Votre Excellence, le dernier document qui vient juste
5 d'être affiché.
6 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Madame Edgerton ? Le document du SJB de
7 Prijedor ?
8 M. TIEGER : [interprétation] Avec votre permission, Monsieur le Juge, et
9 j'imagine que cela vous a déjà été communiqué, j'ai proposé quelques petits
10 conseils pratiques qui pourraient nous venir en aide afin que les choses ne
11 débordent pas trop lundi. Encore une fois, cela, bien sûr, dépend d'un
12 grand nombre de facteurs, mais si la Chambre est en mesure de mettre en
13 œuvre cette proposition, j'en serais fort heureux.
14 M. LE JUGE KWON : [interprétation] J'ai demandé au juriste de la Chambre
15 d'entrer en contact avec le témoin par le truchement de la Section chargée
16 des Victimes et des Témoins afin de pouvoir voir qu'est-ce qui convient le
17 mieux pour le témoin, et ce qui est certain c'est ce que nous allons
18 commencer par le témoignage vendredi par vidéoconférence.
19 Est-ce que vous avez quelque objection que ce soit pour que ce document
20 soit admis ?
21 Mme EDGERTON : [interprétation] Non.
22 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui. Très bien, le document sera versé
23 au dossier.
24 M. ROBINSON : [interprétation] Monsieur le Président, avant de --
25 M. LE JUGE KWON : [interprétation] D'abord, il faudrait attribuer une cote
26 au document.
27 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les
28 Juges, Madame le Juge, il s'agira de la pièce 65 ter 1D4347, et cette pièce
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1 recevra la cote 1D1741 [comme interprété], je vous remercie.
2 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci. Oui, Monsieur Robinson, je vous
3 écoute ?
4 M. ROBINSON : [interprétation] Monsieur le Président, avant que nous
5 ne levions l'audience, je souhaite simplement remercier le témoin pour
6 s'être montré aussi accommodant par rapport à notre calendrier.
7 Deuxièmement, je souhaite m'excuser auprès de l'Accusation et des Juges de
8 la Chambre de ne pas avoir notifié l'existence de cet ouvrage avant, parce
9 que ceci aurait dû être fait.
10 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci.
11 M. TIEGER : [interprétation] Monsieur le Président, je suis d'accord sur ce
12 point et je me joins à vous. Je pense que nous partageons le même sentiment
13 et nous apprécions le fait que le témoin ait fait preuve de souplesse,
14 qu'il se soit montré aussi arrangeant.
15 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Sivac, la Chambre apprécie
16 vraiment la compréhension dont vous avez fait preuve.
17 L'audience est levée.
18 [Le témoin quitte la barre]
19 --- L'audience est levée à 19 heures 02 et reprendra le vendredi 30
20 septembre 2011, à 14 heures 15.
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