Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

Page 21052

  1   Le mercredi 9 novembre 2011

  2   [Audience publique]

  3   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  4   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

  5   --- L'audience est ouverte à 8 heures 32.

  6   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bonjour à tous. Maître Robinson, on m'a

  7   dit que vous souhaitiez prendre la parole.

  8   M. ROBINSON : [interprétation] Oui. Je voulais consigner au compte rendu

  9   d'audience que nous avions une objection concernant la déposition de

 10   témoins correspondants de guerre sans dérogation au niveau de la

 11   confidentialité. Vous avez entendu dire -- parler de cela auparavant et je

 12   voulais simplement que ceci soit consigné au compte rendu d'audience.

 13   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je ne suis pas sûr que vous ayez besoin

 14   de consigner ceci au compte rendu d'audience à chaque fois. Nous comprenons

 15   bien que vous avez une objection qui s'appliquera sur tous les témoins de

 16   ce type. Les Juges de la Chambre ont donné une ordonnance à ce sujet, donc,

 17   je vous suggère de coucher ceci plutôt sur papier plutôt que de prendre la

 18   parole à chaque fois.

 19   M. ROBINSON : [interprétation] Très bien. Nous ferons cela.

 20   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci votre patience.

 21   Je demande au témoin de prononcer la déclaration solennelle, s'il vous

 22   plaît.

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

 24   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 25   LE TÉMOIN : EDWARD VULLIAMY [Assermenté]

 26   [Le témoin répond par l'interprète]

 27   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci. Veuillez prendre place et vous

 28   mettre à l'aise.


Page 21053

  1   Allez-y, Madame Sutherland.

  2   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Bonjour à

  3   tous.

  4   Interrogatoire principal par Mme Sutherland :

  5   Q.  [interprétation] Veuillez décliner votre identité.

  6   R.  Edward Sebastian Vulliamy.

  7   Q.  Monsieur Vulliamy, étant donné que nous avons déjà discuté de votre

  8   déposition dans cette affaire, elle va être donc déposée par écrit. Vous

  9   avez déposé dans l'affaire Stakic entre le 16 et le 18 septembre 2002,

 10   n'est-ce pas ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Ensuite vous avez eu la possibilité de vous pencher sur le compte rendu

 13   d'audience de cette déposition, n'est-ce pas ?  

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Pouvez-vous confirmer que le compte rendu reflète votre déposition à

 16   l'époque ?

 17   R.  Oui.

 18   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Mes excuses auprès des interprètes --

 19   L'INTERPRÈTE : -- qui ne ménageaient pas de pause entre les questions et

 20   les réponses.

 21   Mme SUTHERLAND : [interprétation]

 22   Q.  Si on vous posait les mêmes questions que celles qu'on vous a posées

 23   dans l'affaire Stakic, est-ce que vous fourniriez les mêmes informations

 24   aux Juges de cette Chambre ?

 25   R.  Oui.

 26   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Messieurs

 27   les Juges, je voudrais verser le compte rendu d'audience qui porte la

 28   référence 65 ter 22504.


Page 21054

  1   M. LE JUGE KWON : [interprétation] D'accord.

  2   M. LE GREFFIER : [interprétation] P3737 [comme interprété].

  3   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Je vais donner lecture de la déposition

  4   écrite du témoin.

  5   En 1992, le témoin était journaliste pour le journal basé à Londres, le

  6   "Guardian." Durant cette période, il a couvert le conflit dans l'ex-

  7   Yougoslavie. Au début du mois d'août 1992, le témoin faisait partie du

  8   premier groupe de journalistes qui s'est rendu dans le camp d'Omarska. Il

  9   s'agit de l'annexe 20.2 et il s'est rendu également au camp de Trnopolje

 10   annexe C 20.4 qui se trouve dans la municipalité de Prijedor. Le témoin a

 11   déclaré que l'accès à ces structures de détention, ainsi que la prison de

 12   Kula où il s'est rendu, avait été autorisé par Radovan Karadzic.

 13   Le 3 août 1992, les journalistes ont rencontré Radovan Karadzic à Pale et

 14   on leur a promis qu'il pourra avoir accès au camp d'Omarska. Ce jour-là,

 15   les journalistes ont pu se rendre également dans la prison de Kula. Annexe

 16   18.2.

 17   En route entre Pale et Banja Luka, les témoins ont observé des dégâts

 18   importants qui avaient été infligés à la ville de Brcko qui avait été

 19   désertée et qui avait été endommagée par les tirs de mortier et des tirs

 20   d'obus.

 21   Le 5 août 1992, les journalistes ont été escortés par le commandant

 22   Milutinovic à Prijedor. Les témoins ont pu voir les dégâts importants qui

 23   avaient été causés aux maisons à Kozarac. Le commandant Milutinovic a

 24   expliqué que 40 000 Musulmans avaient "décidé de quitter la zone."

 25   Les journalistes ont participé à une réunion avec des responsables serbes à

 26   Prijedor et on les a emmenés ensuite au camp d'Omarska. Les journalistes

 27   ont observé certains des détenus qui se sont rendus à la cantine pour

 28   sustenter. Les témoins ont décrit les conditions de détention comme étant


Page 21055

  1   choquante. Les journalistes ont commencé à poser des questions à un certain

  2   nombre de détenus. Le témoin a décrit que lorsqu'un groupe de journalistes

  3   a demandé d'avoir accès aux endroits où dormaient les prisonniers, on leur

  4   a dit que même si Radovan Karadzic avait autorisé la visite du camp cette

  5   autorisation était sous réserve de certaines limites.

  6   Les journalistes ont ensuite été emmenés au camp de Trnopolje. Les témoins

  7   ont décrit en détail comment il y avait une enceinte en fil de fer barbelé

  8   derrière lequel se trouvait un groupe important d'hommes, et certains

  9   étaient dans un état de santé déplorable et avaient une apparence

 10   squelettique. Le témoin a déposé sur les conditions de détention.

 11   Après les visites des camps, les journalistes sont repartis en

 12   direction de Belgrade. Le 7 août, un article du témoin a été publié

 13   concernant les visites des camps. Il a également décrit une conversation

 14   qu'il avait eue avec Nikola Koljevic à Belgrade après qu'il ait eu vent de

 15   l'article publié.

 16   Quelques jours après les visites des camps de Prijedor, le témoin

 17   s'est rendu également dans des camps où des détenus serbes étaient

 18   incarcérés.

 19   Le témoin a également durant le transfert était témoin de

 20   maltraitance et de passages à tabac.

 21   En mars 1996, le témoin a interrogé Milomir Stakic et Milan Kovacevic

 22   à Prijedor et a fait part de ses observations durant ces entretiens. Ceci

 23   conclut le résumé du témoin de sa déposition écrite.

 24   L'INTERPRÈTE : Qui, encore une fois, a été lue à toute vitesse par Mme

 25   Sutherland. Que le texte a été fourni qu'à la cabine française.

 26   Mme SUTHERLAND : [interprétation]

 27   Q.  J'ai quelques questions à vous poser. Date de naissance, s'il vous

 28   plaît.


Page 21056

  1   R.  1954, 1er août, à Londres.

  2   Q.  Vos diplômes universités ?

  3   R.  Je suis tout d'abord allé à l'école secondaire ensuite j'ai obtenu une

  4   bourse pour l'Université d'Oxford et j'ai également fait des études en

  5   Italie.

  6   Q.  J'ai un certain nombre de questions concernant votre déposition dans

  7   l'affaire Stakic, qui a été donc versée au compte rendu d'audience

  8   publique. Aux pages du compte rendu d'audience 7 900 à 7 903, vous avez

  9   résumé de manière sommaire votre expérience professionnelle après avoir

 10   obtenu votre diplôme, je ne vais pas vous embêter et vous reposer des

 11   questions à ce sujet. Mais tout d'abord, je voudrais vous demander comment

 12   vous avez décidé de vous rendre aux camps de Prijedor.

 13   Vous avez déclaré, à la page du compte rendu d'audience 7 904 que le

 14   journal, "Guardian," pour qui vous travailliez, avait publié déjà un

 15   article rédigé par un de vos collègues, M. O'Kane, avec des rapports sur le

 16   camp d'Omarska. Est-ce que M. Karadzic avait répondu aux allégations

 17   livrées dans l'article de M. O'Kane ?

 18   R.  Oui, M. Karadzic était à Londres, lors d'une conférence sous l'égide de

 19   l'Union européenne, lorsque les allégations avaient été publiées. Il nous

 20   avait invités, et il avait dit aux journalistes du "Guardian" et d'"ITN" de

 21   venir voir pour eux-mêmes.

 22   Q.  Est-ce qu'il a également répondu directement au "Guardian" ?

 23   R.  Oui, il a écrit une lettre qui, je crois, était publiée le 13 juillet,

 24   disant qu'il n'existait de camp qui détenait des civils; c'était donc le 30

 25   juillet.

 26   Q.  Je souhaiterais qu'on affiche le document de la liste 65 ter, 00413,

 27   s'il vous plaît. Est-ce que vous reconnaissez le document qui apparaît à

 28   l'écran ?


Page 21057

  1   R.  Il s'agit d'une version imprimée du contenu de la lettre. Je dois dire

  2   que, lorsque cette lettre a été publiée, j'étais en route pour Belgrade,

  3   mais je reconnais le contenu effectivement.

  4   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Pourrait-on verser ce document au

  5   dossier, s'il vous plaît ?

  6   M. LE GREFFIER : [interprétation] Pièce P3772.

  7   Mme SUTHERLAND : [interprétation]

  8   Q.  Vous avez déclaré qu'à votre arrivée à Belgrade, vous avez parlé à des

  9   représentants bosno-serbes et serbes, comme par exemple, Nikola Koljevic,

 10   qui était votre principal hôte. Est-ce que vous pourriez dire aux Juges de

 11   la Chambre quel a été le contenu de votre discussion ?

 12   R.  Nous avons rencontré le Pr Koljevic qui, je crois, était l'adjoint de

 13   Radovan Karadzic. Nous avons parlé également à d'autres responsables

 14   serbes, et nous avons dit que notre programme consistait à vouloir se

 15   rendre à Omarska, Trnopolje. Ils ont parlé également d'autres projets,

 16   comme par exemple, les visites des camps où des Serbes étaient prisonniers

 17   par l'autre partie au conflit, et on nous a invités à nous rendre dans des

 18   structures de détention où des Musulmans étaient détenus. Je m'y suis rendu

 19   dans l'une d'entre elles, et nous étions un peu impatients, parce qu'on

 20   avait l'impression qu'on nous retenait.

 21   Q.  A la pièce du compte rendu 7908, lorsque vous êtes arrivé à Pale, en

 22   provenance de Belgrade, vous avez été salué par le Dr Karadzic à votre

 23   arrivée. Je voudrais vous présenter une vidéo qui a la référence 65 ter

 24   40583A.

 25   [Diffusion de la cassette vidéo]

 26   L'INTERPRÈTE : Note des interprètes de la cabine française : Mme Sutherland

 27   n'a pas fourni une transcription de la vidéo. Nous ne sommes par conséquent

 28   pas en mesure de l'interpréter.


Page 21058

  1   Mme SUTHERLAND : [interprétation]

  2   Q.  Je crois qu'on vient de vous entendre poser une question au Dr

  3   Karadzic. J'aimerais savoir quel était le contenu du reste de la

  4   conversation que vous avez avec M. Karadzic ?

  5   R.  La conversation a continué durant le déjeuner, et nous avons abordé les

  6   deux thèmes plus en détail qui sont abordés donc dans le film, c'est-à-dire

  7   les camps que l'on souhaitait visiter et les camps que le Dr Karadzic

  8   souhaitait que nous visitions de l'autre côté de la ligne de front. Nous

  9   avons donc eu des discussions qui portaient sur d'autres éléments y compris

 10   sur la littérature, et cetera, mais voilà, donc le contenu de la

 11   conversation.

 12   Q.  A la page du compte rendu d'audience 7910, vous dites que vous avez

 13   quitté Pale. Vous avez pris une route en direction de Banja Luka par

 14   Bijeljina et Brcko, et il s'agissait d'une escorte militaire qui vous a

 15   accompagné; est-ce que Koljevic faisait partie du convoi ?

 16   R.  Oui, je vous prie de m'excuser pour ma voix rauque. M. Koljevic -- le

 17   président Karadzic nous a rejoints à Pale, il n'était pas dans le même

 18   véhicule que nous, mais il a pris le même chemin que nous. Il s'est arrêté

 19   à Bijeljina, l'endroit qui est mentionné par M. Karadzic où des Serbes qui

 20   avaient désobéi ont fait l'objet de mesures disciplinaires. Il nous a

 21   amenés jusqu'à Banja Luka, et nous y sommes arrivés durant la nuit du 4

 22   août.

 23   Q.  A la page du compte rendu d'audience 7911, vous avez dit -- je crois

 24   que vous avez dit que c'était le 5 août que vous êtes allé de Banja Luka à

 25   Prijedor, et vous étiez escorté par le commandant Milutinovic. Vous avez

 26   rencontré un certain nombre de personnes au centre civique municipal. Je

 27   voudrais vous présenter une courte vidéo qui est une pièce déjà versée au

 28   dossier, qui porte la cote P3542, et je voudrais que l'on visionne la


Page 21059

  1   partie au compteur qui commence à 00 : 22.

  2   [Diffusion de la cassette vidéo]

  3   Mme SUTHERLAND : [interprétation]

  4   Q.  Monsieur Vulliamy, est-ce que vous reconnaissez les personnes qui sont

  5   sur cette image arrêtée ?

  6   R.  Oui, enfin, je les ai reconnues mais ça n'apparaît plus sur mon écran,

  7   oui, voilà donc nous sommes descendus le long de la chaîne de commandement.

  8   Vous avez Karadzic, Koljevic, Milutinovic, nous sommes à Prijedor. A

  9   gauche, nous avons Milomir Stakic, qui nous a été présenté comme président

 10   de la municipalité et de la cellule de Crise, à côté de lui. Donc, je parle

 11   de la gauche, donc, c'est le deuxième en partant de la gauche, vous avez M.

 12   Milan Kovacevic, qui nous a été présenté comme étant l'adjoint du Dr Stakic

 13   au sein de la municipalité, donc, l'opstina et la cellule de Crise de la

 14   municipalité. Puis, dans l'ombre, je crois qu'il s'agit du colonel Arsic

 15   qui est donc au milieu de l'image, qui nous a été présenté comme étant le

 16   commandant militaire de la région. A côté, le dernier homme donc sur la

 17   photo, il s'agit de Simo Drljaca, qui nous a été présenté comme le chef des

 18   services de Police de Prijedor. Donc ces quatre hommes étaient membres de

 19   la cellule de Crise. A gauche en rose, vous avez Mme Balaban. Nous ne

 20   savions pas quelle était en fait sa fonction mais elle assurait

 21   l'interprétation durant la réunion qui s'est suivie, et lorsque nous nous

 22   sommes rendus aux camps -- non, pardon, au camp d'Omarska.

 23   Q.  Aux pages du compte rendu d'audience 7 913 à 7 935, nous parlons de la

 24   réunion avec les personnes que vous venez de reconnaître et identifier.

 25   Vous avez dit que vous avez, après la réunion, attendu une vingtaine de

 26   minutes, et ensuite on vous a emmené au camp d'Omarska. J'aimerais savoir

 27   si d'autres journalistes ont fait partie de cette visite.

 28   R.  Oui, la réunion a duré pendant un certain temps. Ils voulaient que nous


Page 21060

  1   allions dans d'autres endroits, comme par exemple, à Manjaca, mais nous ne

  2   voulions pas aller parce qu'il y avait eu une visite qui avait été

  3   organisée par la Croix-Rouge. On nous a dit qu'on voulait sortir à

  4   l'extérieur, et nous avons parlé à des femmes qui se trouvaient devant le

  5   poste de police et qui étaient préoccupées de venir de certains de leurs

  6   hommes, et un autre journaliste du "Times" et un autre également de

  7   "Libération" voulaient également nous rejoindre dans le convoi. Ceci m'a un

  8   peu énervé, parce que je ne voulais pas que d'autre personne ne fasse

  9   partie de cela et qu'ils essayent de nous rejoindre.

 10   Q.  Mais on leur a dit qu'ils ne pouvaient pas le faire ?

 11   R.  Oui, en fait, c'est Simo Drljaca qui nous a dit qu'ils ne faisaient pas

 12   partie en fait du groupe qui avait été autorisé par le Dr Karadzic, et que,

 13   par conséquent, ils ne pouvaient y aller.

 14   Q.  Aux pages du compte rendu d'audience 7 939 à 7 948, vous avez parlé de

 15   votre visite de la cantine. Est-ce que vous avez interrogé des personnes

 16   dans la cantine ou est-ce que vous avez entendu des gens qui posaient des

 17   questions à ces détenus ?

 18   R.  Oui. J'ai déjà dit, dans le compte rendu d'audience, que nous avons en

 19   fait pour revenir à ce qui était fait dans les propos liminaires nous

 20   n'avons pas posé de questions à plusieurs personnes parce qu'ils avaient

 21   trop peur de répondre à nos questions. On pouvait voir la peur dans leurs

 22   yeux, donc, en fait, nous avons posé des questions qu'à une personne, qui

 23   avait suffisamment de courage pour répondre à nos questions, et nous a dit

 24   : Je ne veux pas dire de mensonge mais je ne peux pas vous dire la vérité.

 25   En fait, quand vous parlez des entretiens, entre guillemets, il y en a eu

 26   qu'un seul. J'ai parlé à un autre homme qui avait été blessé au niveau du

 27   visage. Je lui ai demandé comment il s'était blessé. Il a dit qu'il était

 28   tombé. Ensuite il m'a dit qu'il n'était pas tombé et qu'il avait en fait


Page 21061

  1   été victime d'un autre accident.

  2   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait maintenant faire

  3   visionner une autre vidéo très courte qui porte la référence 65 ter 40168 ?

  4   On va commencer à l'horodateur 12 : 19 jusqu'à 12 : 54.

  5   [Diffusion de la cassette vidéo]

  6   Mme SUTHERLAND : [interprétation]

  7   Q.  C'est votre collègue, Penny Marshall, qui est vêtue de rose, n'est-ce

  8   pas ?

  9   R.  Oui, c'est Penny Marshall; en fait, moi, je suis à gauche, j'étais au

 10   bout de la table.

 11   Q.  Je voudrais maintenant me concentrer sur les discussions que vous avez

 12   eues ainsi que Penny Marshall a eues ainsi que les autres journalistes,

 13   puisque vous vouliez en fait voir le bâtiment du hangar.

 14   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Mais avant cela, je voudrais savoir, si

 15   cette vidéo a été une pièce associée et qui porte la référence 40168C ?

 16   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Non, c'est une nouvelle vidéo.

 17   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Alors est-ce que vous voulez verser ceci

 18   au dossier ?

 19   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Oui.

 20   M. LE JUGE KWON : [aucune interprétation]

 21   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ça deviendra la pièce P3779.

 22   Mme SUTHERLAND : [interprétation]

 23   Aux pages du compte rendu d'audience 7 948 à 7 953, une vidéo a été

 24   visionnée Au compte rendu d'audience, il est mentionné orateur, orateur,

 25   orateur, mais on ne sait pas vraiment qui dit quoi, qui parle. A la page du

 26   compte rendu d'audience 7 952, ce qui est mentionné dans le compte rendu

 27   d'audience ne représente pas la totalité de la conversation qui figure en

 28   fait dans la traduction en anglais et qui est en fait reliée au document


Page 21062

  1   qui porte la référence 65 ter 40437. Je voudrais donc que l'on montre au

  2   témoin une autre vidéo qui porte la référence 65 ter 40437. Nous allons

  3   commencer à l'horodateur à 00:44.

  4   [Diffusion de la cassette vidéo]

  5   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Je vous demande d'arrêter ici.

  6   Q.  J'aimerais savoir si vous pouvez identifier les deux personnes qui

  7   figurent sur cet arrêt sur image, à 00:49 ?

  8   R.  Oui. Nous essayons d'arriver au hangar, nous avions déjà vu la cantine.

  9   A gauche, vous avez le colonel Milutinovic et à droite, vous avez Simo

 10   Drljaca, qui est le chef des services de Police.

 11   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Peut-on continuer à visionner la vidéo ?

 12   [Diffusion de la cassette vidéo]

 13   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Est-ce qu'on peut s'arrêter là ?

 14   Q.  Pouvez-vous identifier les trois personnes ?

 15   R.  L'homme, qui parle et qui agite les mains, s'appelle Misa, qui était

 16   basé à Belgrade, c'était l'interprète du "Guardian." Puis vous avez Ian

 17   Williams, qui est un reporteur d'ITN.

 18   Q.  A l'horodateur, on est à 00.52. M. Zeljko Meakic n'est pas sur cet

 19   arrêt sur image, mais est-ce que vous êtes en mesure de le reconnaître par

 20   vos autres d'après ce qu'il portait comme vêtements ?

 21   R.  Oui. Il était présent, et portait un béret. En fait, il nous a été

 22   présenté comme étant le commandant d'Omarska.

 23   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Peut-on continuer à visionner la vidéo,

 24   s'il vous plaît ?

 25   [Diffusion de la cassette vidéo]

 26   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Je voudrais que l'on passe à la partie de

 27   la vidéo qui commence à l'horodateur à 2:53.

 28   [Diffusion de la cassette vidéo]


Page 21063

  1   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Est-ce qu'on pourrait s'arrêter ici et

  2   remonter la bande ? Je demanderais aux interprètes de bien vouloir

  3   interpréter ce que dit Mme Balaban à Simo Drljaca et ce que répond Simo

  4   Drljaca.

  5   L'INTERPRÈTE : Les interprètes devraient savoir où se situe. Ils viennent

  6   de recevoir le texte mais où, à quelle page du texte.

  7   [Diffusion de la cassette vidéo]

  8    Mme SUTHERLAND : [interprétation] En haut de la page 4, Mme Balaban est

  9   décrite dans le texte écrit comme étant une représentante de la Croix-

 10   Rouge, et Simo Drljaca étant décrit en haut de la page 4, de la version

 11   écrite anglaise. Nous recommençons.

 12   [Diffusion de la cassette vidéo]

 13   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

 14   "J'ai déjà expliqué ce qu'il en était, que nous pouvions aller là et là,

 15   mais que plus loin, c'était impossible selon les ordres. L'homme parle en

 16   disant que les conditions sanitaires sont respectées. Ils ont les soins

 17   médicaux nécessaires. Ensuite ils parlent tous ensemble."

 18   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Suite de la diffusion.

 19   [Diffusion de la cassette vidéo]

 20   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

 21   "Alors on doit y aller ou on ne doit pas y aller, qu'on nous le dise. Mais

 22   pourquoi est-ce que vous ne respectez pas la promesse que vous nous avez

 23   faite ?

 24   Mais il a été dit que vous pouviez faire ceci, cela et pas cela. Donc si on

 25   vous dit qu'il faut rester ici, c'est tout. Je suis désolée, ce sera tout.

 26   L'homme : Mais est-ce qu'on nous a dit qu'on n'aurait pas accès à la

 27   majorité des camps ?

 28   La femme : Vous pourrez maintenant aller à Trnopolje.


Page 21064

  1   Un troisième membre demande : est-ce qu'on va à Trnopolje ?"

  2   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Est-ce qu'on peut interrompre la

  3   diffusion à cet endroit ?

  4   Q.  Peu de temps après, vous êtes donc parti pour le camp de Trnopolje, et

  5   pages 7 953 à 7 959, une séquence vidéo existe de votre visite dans ce

  6   camp. Est-ce que l'équipe de télévision ITN était présente également dans

  7   le camp ?

  8   R.  Oui. On nous a fait sortir d'Omarska très rapidement, je veux dire deux

  9   gardes ont pointé leur fusil et nous ont emmenés sous la menace, et nous

 10   sommes allés à Trnopolje. Mais l'équipe d'ITN n'était pas présente. Il y

 11   avait avec nous depuis Pale une équipe de la télévision bosno-serbe, et on

 12   ne comprenait pas encore très bien si ces hommes tournaient un film au

 13   sujet du camp ou s'ils tournaient un film à notre sujet ou au sujet du fait

 14   qu'ITN tournait un film sur les camps. Il y avait une autre caméra qui

 15   apparaissait de temps en temps, derrière la caméra, il y avait un homme en

 16   treillis militaire, et la télévision bosno-serbe avait des hommes qui

 17   portaient également des treillis militaires. Mais il y avait une quatrième

 18   caméra encore dont je sais maintenant qu'elle tournait des images pour des

 19   fins de renseignements.

 20   Q.  Monsieur Vulliamy, je suis désolée, je vais devoir remonter la vidéo

 21   jusqu'au point horaire, 4:03. Je demande qu'on diffuse jusqu'à 4:11.

 22   [Diffusion de la cassette vidéo]

 23   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

 24     "L'homme : Allez, on va à Trnopolje.

 25   Et puis un autre homme dit : Allons-y, allons-y."

 26   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Est-ce que vous voyez M. Meakic dans

 27   cette séquence ?

 28   R.  Oui, c'est Zeljko Meakic que l'on voie à gauche. Celui qui porte un


Page 21065

  1   béret.

  2   Q.  Maintenant, j'aimerais vous montrer une autre vidéo qui vient de la

  3   pièce P03697, et je demande la diffusion de cette séquence.

  4   [Diffusion de la cassette vidéo]

  5   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

  6    "On aimerait continuer à vivre ici. On aimerait ne pas avoir à quitter nos

  7   foyers. Est-ce que vous pourriez transmettre ce message au gouvernement ?

  8   "Question : A quel gouvernement ? Il y a de nombreux gouvernements en ce

  9   moment."

 10   Mme SUTHERLAND : [interprétation]

 11   Q.  Est-ce que vous vous reconnaissez vous-même dans cette séquence ?

 12   R.  Oui, je suis tout au bout, je prends des notes de l'autre côté de la

 13   clôture; oui, oui, c'est moi. Est-ce que vous voulez que je reconnaisse

 14   d'autres personnes ?

 15   Q.  Oui, oui.

 16   R.  L'homme qui parle au micro au début, c'est le journaliste qui

 17   représente, je crois, la télévision bosno-serbe. Il y a aussi Penny

 18   Marshall, en rose, encore une fois, et elle et moi, nous prenons des notes

 19   de l'autre côté de la clôture, après avoir posé des questions aux

 20   prisonniers qui sont dans le champ.

 21   Q.  Document 65 ter 40168, partie D, une nouvelle vidéo. J'aimerais que la

 22   diffusion se passe à partir du point horaire 14:11.

 23   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Il n'y a pas nécessité d'interprétation.

 24   [Diffusion de la cassette vidéo]

 25   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Arrêtons-nous là, au point horaire 14:26.

 26   Q.  Est-ce que vous reconnaissez quelqu'un sur ces images ?

 27   R.  Oui, je reconnais Fikret Alic, qui serre la main de Penny Marshall à

 28   travers les fils barbelés, et les autres, je les connais de vue mais pas


Page 21066

  1   par leurs noms.

  2   Q.  Est-ce que vous avez interrogé Fikret Alic, ce jour-là ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Que vous a-t-il dit ?

  5   R.  Il nous a dit que ce groupe -- enfin, il m'a dit que ce groupe était

  6   arrivé, le groupe qu'on voit arriver à Trnopolje, ce matin-là, en

  7   provenance d'un autre camp dont je ne me rappelle plus le nom -- ah, oui,

  8   Keraterm. Il m'a dit que lui-même et d'autres avaient passé une nuit tout à

  9   fait terrible à Keraterm, alors que 130 à 150 personnes s'étaient faites

 10   tuer en une seule nuit. Ce jeune homme, Fikret Alic, nous a dit qu'il avait

 11   été chargé de s'occuper du chargement des corps à bord de camion grâce à

 12   des bulldozers, mais qu'il avait craqué et qu'il n'avait pas pu continuer

 13   ce travail, et donc avait été remplacé par un prisonnier plus âgé. Puis il

 14   y a une partie de la conversation qui s'est faite avec d'autres hommes au

 15   sujet de leur arrivée en provenance de Keraterm pour la plupart, mais j'ai

 16   cru comprendre qu'il y en avait aussi qui étaient arrivés d'Omarska ce

 17   jour-là.

 18   Q.  Diffusion de la vidéo de 17:25 à 17:32.

 19   [Diffusion de la cassette vidéo]

 20   Mme SUTHERLAND : [interprétation]

 21   Q.  Monsieur Vulliamy, vous voyez les fils de fer barbelé et d'autres fils

 22   métalliques; est-ce que les choses étaient bien comme on le voit sur ces

 23   images ?

 24   R.  Oui. Ils étaient dans une espèce de champ, et ils étaient sous bonne

 25   garde. Ils venaient d'un certain nombre d'autres camps, ce matin-là, et il

 26   nous appartenait à nous de déterminer pour quelle raison ils avaient été

 27   transférés d'un camp à l'autre. C'est ce que j'ai fait une grande partie de

 28   cette journée-là. Les choses étaient très chaotiques à Trnopolje, et


Page 21067

  1   finalement c'est seulement plusieurs jours plus tard que j'ai pu déterminer

  2   ce qu'il en était. Dans votre résumé, vous l'avez indiqué : nous avons

  3   franchi les montagnes dans un convoi de déportés parce que ces personnes

  4   étaient en fait déportées, et nous les avons accompagnés pour illustrer la

  5   réalité.

  6   Q.  Vous dites, en page 7 959 du compte rendu d'audience, que vous êtes

  7   allé dans le centre médical et avez rencontré le Dr Idriz Merdzanic. Qui

  8   d'autre était avec vous ?

  9   R.  Cela s'appelle un centre médical. Effectivement, ils avaient là un

 10   certain nombre de médicaments, et en dépit de la présence de la Croix-

 11   Rouge, aucun de ces médicaments n'a été distribué. Dans le centre médical,

 12   se trouvaient Idriz Merdzanic, un autre assistant à lui ou un collègue;

 13   devrais-je dire. En tout cas, c'était Azra Blazevic, qui utilisait ses

 14   capacités médicales du mieux possible et qui essayait d'aider l'équipe

 15   d'ITN qui était présente sur les lieux. C'était une vétérinaire. Le Dr

 16   Merdzanic est donc arrivé, des patients entraient et sortaient, et il y

 17   avait d'autres assistants aussi dans les parages.

 18   Mme SUTHERLAND : [interprétation] J'aimerais que l'on diffuse les images du

 19   document 65 ter numéro 40168 à partir du point horaire 6:53 jusqu'à 7:44.

 20   [Diffusion de la cassette vidéo]

 21   Mme SUTHERLAND : [interprétation]

 22   Q.  Vous étiez présent pendant que les images étaient tournées ?

 23   R.  Oui, j'étais à la porte.

 24   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Je demande le versement au dossier,

 25   Monsieur le Président, de ces parties de vidéo, et je crois que M. Reid a -

 26   -

 27   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Ces deux vidéos sont des pièces en D ?

 28   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Non. M. Reid préférerait qu'une


Page 21068

  1   numérotation alphabétique soit faite pour ces vidéos chacune ayant une

  2   autre lettre.

  3   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Donc la séquence où l'on voit M. Fikret

  4   - je crois que c'est le numéro 40168D - est admise au dossier en tant que

  5   pièce P3780; c'est bien cela ?

  6   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Oui.

  7   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Et ce qu'on appelle le centre médical de

  8   Fortune --

  9   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Désolée, il y a une autre séquence entre

 10   les deux.

 11   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Ah, oui.

 12   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Celle des fils de fer barbelé.

 13   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. Cette vidéo est admise en

 14   tant que pièce P3781.

 15   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Oui.

 16   M. LE JUGE KWON : [interprétation] La dernière celle du centre médical est

 17   admise en tant que pièce P3782.

 18   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

 19   Q.  Monsieur Vulliamy, à partir de Trnopolje, est-ce que vous êtes rentré

 20   immédiatement à Belgrade ?

 21   R.  Oui. Nous avons décidé de rentrer -- je crois qu'il était prévu que

 22   nous restions à Banja Luka, mais nous nous sommes rendu compte, grâce à

 23   l'interprète/chauffeur d'ITN, l'homme qu'on a vu tout à l'heure, Misa,

 24   qu'on ne serait pas en sécurité. Le ton est un peu monté entre nous et nos

 25   hôtes mais, en tout cas, à ce moment-là, nous avons décidé de rentrer à

 26   Belgrade le plus rapidement possible, et de communiquer avec nos bureaux,

 27   parce que nous avions besoin de savoir quoi faire avec les images que nous

 28   avions tournées, donc, nous sommes rentrés à Belgrade ce soir-là. C'était


Page 21069

  1   la meilleure façon d'assurer une communication valable.

  2   Q.  Pages 7 977 a 7 979 du compte rendu d'audience, vous parlez du fait que

  3   vous avez pris le thé à l'anglaise avec le Pr Koljevic --

  4   R.  C'était un professeur, qui était assez anglophile et il m'a invité à

  5   prendre le thé à l'hôtel Hyatt. Il a été plaisant avec nous, quant à la

  6   difficulté de découvrir ces camps qui se seraient trouvés non loin de

  7   Venise, et il m'a adressé une plaisanterie qui était à nos dépends à tous,

  8   en nous disant que la seule chose qui nous intéressait c'était le siège de

  9   Sarajevo très évolué, et comment de temps il nous avait fallu pour

 10   découvrir ces camps. J'ai trouvé que c'était peut-être une plaisanterie un

 11   peu mal placée mais que c'était honnête.

 12   Q.  J'aimerais vous montrer une autre vidéo.

 13   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Document 65 ter numéro 40154 à partir du

 14   point horaire 57:29.

 15   [Diffusion de la cassette vidéo]

 16   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

 17   "Dr Karadzic, le président serbe de la Yougoslavie, M. Panic a dit qu'il

 18   vous avait donné l'ordre de fermer les camps, tel qu'Omarska et Keraterm,

 19   dans un délai de 30 jours; est-ce que vous pouvez le faire ?

 20   Réponse de Karadzic : Je peux le faire en deux jours y compris si la partie

 21   musulmane accepte notre proposition d'échange des prisonniers de guerre

 22   dans le cadre d'un système d'échange de 'tous contre tous.' Nous avons

 23   proposé à plusieurs reprises à la partie musulmane ce genre d'échange, elle

 24   ne l'a pas accepté.

 25   Question : Donc ce que vous dites c'est est-ce qu'il très peu probable que

 26   ceci se produise ?

 27   Réponse de Karadzic : Non. Si la partie musulmane ne l'accepte pas, nous

 28   allons quitter ces prisons, ce ne sont pas vraiment des camps, ce sont des


Page 21070

  1   prisons, mais quoi qu'il en soit nous les quitterons, nous relâcherons

  2   toutes les personnes, quel que soit leur statut prisonniers de guerre ou

  3   pas, s'ils nous attaquent à nouveau.

  4   Question : Vous savez le scandale que les articles d'ITN ont provoqué. Nous

  5   n'avons pas pu voir l'ensemble du camp d'Omarska. Vous dites que les gens

  6   qui se trouvent dans les camps et qui les dirigent sont indisciplinés. Par

  7   conséquent, est-ce que vous accepteriez à présent que nous retournions dans

  8   ce camp particulier avec notre reporter Penny Marshall de façon à voir tout

  9   ce qu'il en est et est-ce que vous accepteriez de nous y guider ?

 10   Radovan Karadzic : Oui, absolument. J'aimerais vous rejoindre là-bas, parce

 11   que je vois que des gens sont désobéissants et j'aimerais savoir qui est

 12   responsable de tout cela du fait que les gens reçoivent si peu de

 13   nourriture. Je sais que toutes ces personnes n'ont pas suffisamment à

 14   manger mais enfin les prisonniers doivent recevoir au moins deux repas par

 15   jour.

 16   Question : Donc c'est une promesse que vous faites. Vous êtes prêts à y

 17   aller avec notre reporteur immédiatement dans ce camp.

 18   Réponse : Absolument, c'est mon devoir. C'est notre devoir que les gens

 19   souffrent le moins possible.

 20   Question : Donc vous relevez le défi. Vous allez nous accompagner dans un

 21   délai de 24 heures ?

 22   Réponse : 24 heures, enfin, oui, c'est possible dans un délai de 24 heures.

 23   Question : Eh bien, nous aimerions vous entendre dire ceci très clairement,

 24   Dr Karadzic, que vous irez dans les 24 heures.

 25   Radovan Karadzic : Vous pouvez y aller dans les 24 heures, et j'espère que

 26   je pourrais m'arranger pour y aller aussi dans les 24 heures parce que nous

 27   avons une offensive musulmane importante dans la ville de Sarajevo. Des

 28   combats très, très lourds qui se déroulent aujourd'hui.


Page 21071

  1   Question : Très bien. Quand nos caméras ne sont pas autorisées à aller

  2   quelque part, et dans d'autres lieux également, il est permis de penser que

  3   des choses terribles se passent dans ces endroits. Toutes sortes

  4   d'allégations circulent qui concernent des passages à tabac, des exécutions

  5   ou je ne sais trop quoi. Est-ce que vous êtes sûr, vous-même, que ces

  6   choses ne se passent pas dans les camps dirigés par les Bosno-Serbes ?

  7   Réponse : Nous avons 13 prisons et la prison d'Omarska est la pire. Nous

  8   souhaitions que des journalistes britanniques viennent voir la pire et pas

  9   la meilleure pour aider les gens et pour aider à montrer les côtés

 10   terribles de cette guerre civile la reconnaissance prématurée de la Bosnie-

 11   Herzégovine est la cause de tout cela et c'est la Communauté européenne qui

 12   en est responsable. Nous sommes prêt à ouvrir tous les coins de notre pays,

 13   toutes les prisons de ce pays à la Croix-Rouge. J'ai invité à ce que cela

 14   se passe ce matin et à ce que tous les journalistes internationaux puissent

 15   ensuite --"

 16   L'INTERPRÈTE : La fin est inaudible.

 17   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Je vous remercie. La diffusion s'est

 18   arrêtée à 1:00:46.

 19   Q.  Monsieur Vulliamy, vous avez vu ces images une nouvelle fois depuis que

 20   vous êtes à La Haye; est-ce que vous les aviez déjà vues précédemment ?

 21   R.  Non.

 22   Q.  Est-ce que vous pouvez placer une date sur cette diffusion ?

 23   R.  Manifestement, puisqu'il est question de scandale provoqué par les

 24   émissions d'ITN, j'étais à ce moment-là en route pour voir l'autre côté,

 25   l'endroit où les prisonniers serbes étaient détenus comme le Dr Karadzic

 26   l'a indiqué. Donc ça doit être le 7 ou le 8 août.

 27   Q.  M. Karadzic a commenté à plusieurs reprises en disant qu'Omarska était

 28   le pire camp qui soit. Est-ce que c'est ainsi que vous le décririez lorsque


Page 21072

  1   vous l'avez rencontré à Pale quelques jours avant ?

  2   R.  Non, ce n'est pas la façon dont il a décrit Omarska à ce moment-là mais

  3   c'est ce qui est ressorti de mes investigations ultérieures, il avait

  4   raison, je pense. C'était terrible.

  5   Q.  Quand vous dites "ultérieures," et quand vous parlez d'investigations,

  6   vous parlez de quoi ?

  7   R.  Eh bien --

  8   Q.  En dehors de la visite dont je parle ?

  9   R.  Je ne sais pas si tout cela intéresse la Chambre, mais je travaille,

 10   depuis 20 ans à peu près, sur ce sujet et j'ai rencontré plusieurs fois des

 11   détenus depuis Omarska et Trnopolje. Je les ai interrogés, des centaines

 12   d'entre eux - et je pense que l'appréciation du Dr Karadzic est

 13   probablement exacte, à savoir que les camps que l'on appelait des prisons,

 14   et que, moi, j'appelle des camps - qui étaient tenus par les Bosno-Serbes à

 15   Omarska. Omarska était le pire, apparemment, étant donné ce qui s'y est

 16   passé et que j'ai pu découvrir et entendre de la bouche des sources ou par

 17   ouï-dire, donc, je suis prêt à en parler. Les remarques de Karadzic dans ce

 18   film semblent confirmer l'impression donnée lorsque nous nous sommes

 19   rencontrés à Pale, puisque vous me posez la question : Est-ce qu'il avait

 20   autorité" ? Je veux dire : Il dit 30 jours, pas du tout. Je peux le faire

 21   en deux jours, et c'est certainement l'impression que nous avons eue à

 22   Pale, que nous pouvions aller où nous voulions s'il l'acceptait en raison

 23   de on autorité.

 24   Q.  Vous êtes au courant des journalistes auraient à nouveau visité le camp

 25   ?

 26   R.  Je ne peux pas le dire dans une déposition officielle. Je sais qu'un

 27   grand cirque médiatique s'est abattu sur les camps, en particulier

 28   Trnopolje parce que j'ai vu des tas d'images de cela, les 7, 8 et 9 août.


Page 21073

  1   Mais quoi qu'il en soit, j'ai pris au sérieux les remarques du Dr Karadzic,

  2   lorsque nous avons parlé à Pale, et le 8 août, je pense, tôt le matin ou

  3   tard le 7 - je ne me souviens plus très bien - je voulais traverser la

  4   ligne, et on m'a emmené à Hongrie pour voir l'autre côté et inspecter ce

  5   qu'il en était des camps où étaient détenus des prisonniers serbes. Ce que

  6   j'ai fait, le cirque médiatique pendant ce temps-là, comme je l'ai déjà dit

  7   c'est abattu sur Trnopolje ou Omarska, mais il y avait c'est certainement

  8   un grand nombre d'hommes qui faisaient des allers retours, à ce moment-là,

  9   et si j'ai bien compris, à partir des films que j'ai pu voir, les lieux ont

 10   pas mal changé depuis. J'ai eu pas mal d'entretiens avec des survivants

 11   d'Omarska, une fois que l'endroit a été déserté, en partie nettoyé pour

 12   être prêt aux visites, ce qui a été le cas de Trnopolje évidemment.

 13   Q.  Est-ce que vous avez interrogé le Dr Kovacevic en 1996, ainsi que le Dr

 14   Stakic ? Ceci figure au compte rendu de Stakic.

 15   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Je demande l'affichage du document 65

 16   ter, 19691.

 17   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Avant cela, j'aimerais que vous

 18   demandiez le versement au dossier de la vidéo.

 19   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 20   M. LE JUGE KWON : [interprétation] C'est l'entretien d'ITN avec Karadzic ?

 21   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Oui. Document 65 ter, numéro 40154C.

 22   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Madame Sutherland, on me rappelle que

 23   vous nous avez montré la vidéo originale dans laquelle Karadzic donne des

 24   instructions à un journaliste.

 25   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 26   M. LE JUGE KWON : [interprétation] C'est le document 40538 qui n'a pas

 27   encore été admis au dossier. Donc il le sera maintenant.

 28   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce P3784.


Page 21074

  1   Mme SUTHERLAND : [interprétation] M. Reid m'informe qu'il y a deux autres

  2   vidéos qui ont été diffusées à partir du document 65 ter, numéro 40437.

  3   M. LE JUGE KWON : [interprétation] 40437, oui, il est admis également.

  4   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il devient la pièce P3785.

  5   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

  6   Q.  Enfin, Monsieur Vulliamy, est-ce que vous reconnaissez ce document qui

  7   apparaît à l'écran à l'instant ?

  8   R.  Oui. C'est la transcription dactylographiée de la conversation avec le

  9   Dr Kovacevic, en 1996. Je suis allé là-bas avec un collègue de "New York

 10   Times" pour le rencontrer, lui, le Dr Stakic, et le Pr Koljevic. Nous avons

 11   aussi essayé de rencontrer Simo Drljaca qui a refusé de nous voir.

 12   Q.  Tout ceci figure dans le compte rendu de votre déposition dans

 13   l'affaire Stakic, n'est-ce pas ?

 14   R.  Oui, c'est exact.

 15   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Je demande le versement au dossier de ce

 16   document.

 17   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.

 18   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il devient la pièce P3786.

 19   Mme SUTHERLAND : [interprétation]

 20   Q.  Merci, Monsieur Vulliamy.

 21   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Je n'ai plus de questions, Monsieur le

 22   Président, à poser à ce témoin.

 23   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que nous pourrions parler des

 24   autres pièces connexes, Madame Sutherland ?

 25   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Oui.

 26   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Vous avez demandé le versement au

 27   dossier, ou est-ce que vous demandez le versement au dossier des documents

 28   65 ter, numéro 19683 et 19684 ? Apparemment, il y a quelques problèmes de


Page 21075

  1   téléchargement dans le prétoire électronique. Est-ce que nous pourrions

  2   télécharger d'abord le 19683, document 65 ter, numéro 19683 ? C'est une

  3   série d'extraits de l'ouvrage intitulé : "Des saisons en enfer."

  4   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Les pages 8 et 9, Monsieur le Président -

  5   -

  6   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Nous verrons, je crois que ce qui a déjà

  7   été téléchargé est différent.

  8   Mme SUTHERLAND : [interprétation] 19685.

  9   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bien 19685.

 10   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Oui, vous avez raison, Monsieur le

 11   Président.

 12   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Maintenant j'aimerais qu'on télécharge

 13   le 19684. Ça, c'est la série d'extraits de ce "Saisons en enfer," n'est-ce

 14   pas ?

 15   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. On en

 16   retrouve également dans le 19683 et le 19708. Le 19708 reprend des extraits

 17   du chapitre 5 du livre dont l'auteur est M. Vulliamy et les extraits, dont

 18   le versement s'est effectué dans l'affaire Stakic, se trouvent aux pages 98

 19   à 107. En fait, dans le document 65 ter, nom 19683, on retrouve les pages

 20   100 et 101, qui se trouvent également dans le 19708. Donc nous avons besoin

 21   de demander le versement au dossier des pages 8 et 9, et ensuite des pages

 22   98 à 107, et je veillerais à ce que ces pages soient téléchargées dans le

 23   prétoire électronique.

 24   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Avec un seul numéro ou deux numéros

 25   différents.

 26   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Monsieur le Président, je me demandais

 27   comment nous pourrions faire que le compte rendu Stakic soit significatif.

 28   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. Donc les numéros ?


Page 21076

  1   Mme SUTHERLAND : [interprétation] On gardera les deux documents séparés.

  2   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Il y a des notes qui sont prises par les

  3   témoins pendant les entretiens du Dr Kovacevic et du Dr Stakic, vous en

  4   avez déjà demandé le versement. C'est le document 19691, mais tous ces

  5   documents ont des numéros 65 ter différents.

  6   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Il y a pas mal de numéros dans la liste

  7   65 ter. Ce qui nous intéresse, en l'espèce, ce sont les pages, la page --

  8   c'est la page 4 de -- à savoir la notification 92 ter déposée le 2

  9   novembre, ainsi que les notes sténographiques que M. Vulliamy a lues pour

 10   consignation au compte rendu d'audience, et le Juge Schomburg a demandé que

 11   cette lecture se fasse page par page. Donc, malheureusement, ces huit pages

 12   ont reçu huit numéros différents dans la liste 65 ter. En fait, on pourrait

 13   leur donner un seul numéro au huit ensemble, pour ces notes sténo de

 14   l'entretien du Dr Kovacevic et du Dr Stakic. Puis on a aussi la version

 15   dactylographiée des notes Stakic, qui ont reçu un numéro de pièce à

 16   conviction ce matin. Je parle de cette rencontre avec Kovacevic.

 17   M. LE JUGE KWON : [interprétation] On admet donc toutes ces pages

 18   d'entretien comme étant un seul et même document.

 19   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Oui.

 20   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Vous avez déjà demandé le versement du

 21   40168C, n'est-ce pas, des documents 40168C à F, c'est bien cela ? Mais je

 22   ne suis pas sûr que ces pages aient été téléchargées dans le prétoire

 23   électronique.

 24   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Excusez-moi. Pourriez-vous répéter le

 25   numéro ?

 26   M. LE JUGE KWON : [interprétation] 40168B.

 27   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Oui.

 28   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Non, non, ce n'est pas le prétoire


Page 21077

  1   électronique. Est-ce que vous pourriez en assurer le téléchargement.

  2   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Oui, M. Reid va s'en charger.

  3   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Le 65 ter, numéro 40438, je ne crois pas

  4   non plus qu'il ait été chargé dans le prétoire électronique. Donc, pendant

  5   que vous vous occupiez de cela, je vais demander à Me Robinson si la

  6   Défense a des objections.

  7   M. ROBINSON : [interprétation] Non, Monsieur le Président.

  8   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. Alors sous réserve que ces

  9   rajouts soient faits, nous pourrons verser tout cela au dossier.

 10   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Merci beaucoup.

 11   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Vulliamy, l'interrogatoire

 12   principal a été versé au dossier sous forme écrite plutôt que donc une

 13   déposition viva voce, et vous allez maintenant répondre aux questions de M.

 14   Karadzic dans le cadre du contre-interrogatoire.

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

 16   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Monsieur Karadzic. Allez-y.

 17   L'ACCUSÉ : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Bonjour à tous.

 18   Contre-interrogatoire par M. Karadzic :

 19   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Vulliamy.

 20   R.  Bonjour.

 21   L'INTERPRÈTE : M. Vulliamy a dit bonjour en serbe.

 22   M. KARADZIC : [interprétation]

 23   Q.  Puisque vous êtes l'auteur du livre dont nous avons parlé, j'aimerais

 24   que nous passions rapidement en revue un certain nombre d'extraits de cet

 25   ouvrage.

 26   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je demande donc l'affichage grâce au prétoire

 27   électronique du document 04807, 1D04807, 1D. Ça commence par un D.

 28   M. KARADZIC : [interprétation]


Page 21078

  1   Q.  Page 4. Là, nous voyons la page de garde de votre livre, n'est-ce pas ?

  2   Cette dédicace j'aimerais vous poser une question à ce sujet. Est-ce que

  3   votre livre est dédié aux victimes de Bosnie-Herzégovine; et si oui,

  4   pouvez-vous me dire qui parmi les personnes à qui cet ouvrage est dédié qui

  5   est Serbe parmi ces personnes ?

  6   R.  Est-ce qu'il s'agit d'une traduction exacte parce que je n'entends rien

  7   dans mes écouteurs ?

  8   M. LE JUGE KWON : [aucune interprétation]

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] -- parce que je peux le lire. La réponse de

 10   toute façon c'est qu'il n'y a aucun Serbe.

 11   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Non, vous devriez être en mesure

 12   d'entendre l'interprétation.

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Je m'entends, mais je n'entends pas M.

 14   Karadzic.

 15   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Karadzic, est-ce que vous

 16   pouvez répéter votre question, juste pour être sûr ?

 17   M. KARADZIC : [interprétation]

 18   Q.  J'ai dit au témoin que : Puisqu'il est l'auteur de ce livre qu'il a

 19   dédié aux victimes de Bosnie, je lui demandais qui parmi les noms des

 20   victimes qu'on voit sur cette page du livre est Serbe ?

 21   R.  Il s'agit de personnes à qui j'ai donné ce livre, et aucune de ces

 22   personnes n'est serbe. Je n'ai pas été en mesure d'aller du côté serbe et

 23   c'était donc -- nous n'étions pas en mesure -- nous n'avions pas la

 24   permission d'aller en convoi.

 25   Q.  [aucune interprétation]

 26   L'ACCUSÉ : [interprétation] Affichage de la page 7, grâce au prétoire

 27   électronique, je vous prie. La page suivante.

 28   M. KARADZIC : [interprétation]


Page 21079

  1   Q.  J'aimerais appeler votre attention sur le passage qui est grisé. Vous

  2   dites que vous allez être accusé d'être pro-musulman, quel que soit le sens

  3   à donner à cette expression, et cetera. Est-ce que vous pouvez prendre

  4   connaissance de ce passage ?

  5   R.  Oui, je vois où se trouve ce passage. Merci.

  6   Q.  Est-ce que vous considérez que c'est bien ainsi que les choses étaient,

  7   et que vous êtes parvenu à conserver votre objectivité, autrement dit que

  8   ces accusations sont infondées ?

  9   R.  Oui, je vous remercie, en fait, d'aborder cela. Ce que j'aurais dû

 10   utiliser ici, ce sont des propos plus neutres, et que l'on aurait dû rester

 11   neutre par rapport à toute violence la plus abjecte d'un point de vue

 12   raciale. Je crois que cela figure déjà au compte rendu d'audience, on m'a

 13   déjà posé cette question. Je vois qu'il y a une erreur dans le choix des

 14   mots, j'aurais dû utiliser le terme neutre. J'aurais dû dire que nous

 15   devions rester neutre. Mais je reste toujours objectif. Lorsque vous vous

 16   rendez dans une maison et que vous voyez, par exemple, six corps - il n'y

 17   en a pas 12, parce qu'il s'agit de Musulmans qu'il n'y en a pas que trois -

 18   parce que ce sont des Serbes, si c'est six, quelle que soit l'appartenance

 19   ethnique des victimes. Ce que je dis ici, je maintiens, je n'essaie pas de

 20   rester neutre. Je ne peux pas être neutre vis-à-vis des gardes dans un camp

 21   et des détenus, ou entre un violeur et une personne violée, et je dois dire

 22   que je ne peux pas rester neutre vis-à-vis de cette violence. Ce livre

 23   parle de la première année de la guerre, et on commence par la découverte

 24   des camps. On voit également des déportations forcées par les montagnes, et

 25   on va jusqu'à une autre partie de la guerre, où vous aviez les Bosno-

 26   Croates qui étaient impliqués, et je ne prétends pas être neutre face à la

 27   violence dont j'ai été témoin.

 28   Q.  Merci bien. Il y a une expression là qui m'intéresse que vous utilisez


Page 21080

  1   dans ce passage, ce sont les mots la violence raciale la plus abominable.

  2   Est-ce que vous savez que les Serbes estiment que les Musulmans sont

  3   d'anciens Serbes qui ont été convertis à l'Islam et c'est ce que pense

  4   également Lord Owen ?

  5   R.  J'ai entendu les Musulmans de Bosnie-Herzégovine ou les Bosno-

  6   Musulmans, quel que soit le terme qu'on leur donne, qui -- qu'on appelait

  7   Balija, ce qui veut dire de différente manière, sale Gitan, la raison pour

  8   laquelle j'ai utilisé le terme de "racial." C'est que c'était clair que,

  9   dans les camps, les détenus étaient, soit, des Bosno-musulmans, soit, des

 10   Bosno-croates, et que les gardes ou les personnes qui géraient les camps

 11   étaient des Bosno-serbes, et dans la dernière partie du livre qui ne vous

 12   préoccupe peut-être particulièrement, on utilisait également les insignes

 13   de Croatie et d'Herzégovine, pour cette violence.

 14   L'iconographie, qui était utilisée dans le cadre de cette violence, était

 15   très serbe, et je dois avouer que des actes de violence ont été commis

 16   également de l'autre côté, c'est-à-dire aux noms des Musulmans, mais d'où

 17   je viens, si un groupe ethnique qui s'auto défini d'une certaine manière

 18   décide de complètement oublier le territoire des membres d'un autre groupe

 19   ethnique, Ceci est considéré comme une violence raciale.

 20   L'INTERPRÈTE : -- l'autre groupe ethnique et son territoire.

 21   M. KARADZIC : [interprétation]

 22   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci.

 23   M. KARADZIC : [interprétation]

 24   Q.  Une autre question maintenant. Est-ce que vous savez que George Kenney

 25   ne rentre pas dans ce groupe, et qu'il critique vivement son propre

 26   gouvernement et les pays occidentaux en raison de leur partialité, à

 27   l'égard des Musulmans ?

 28   R.  Oui, j'ai rencontré George Kenney durant l'écriture de mon livre, mais


Page 21081

  1   je sais qu'il a changé de position sur certains aspects. Depuis, je ne lui

  2   ai pas -- je ne lui ai pas reparlé.

  3   M. KARADZIC : [interprétation] Merci.

  4   L'ACCUSÉ : [interprétation] J'aimerais qu'on s'affiche la page suivante à

  5   l'écran.

  6   L'INTERPRÈTE : Note de l'interprète : Ajouter abusif, après partialité dans

  7   la question, donc, en raison de leur partialité abusive à l'égard des

  8   Musulmans.

  9   M. KARADZIC : [interprétation]

 10   Q.  C'est la page 12 dans le prétoire électronique dont je demande

 11   l'affichage. Page 7 -- excusez-moi, page 7 du prétoire électronique.

 12   Je vous prierai dans la partie droite de l'écran, de lire le passage

 13   qui se trouve après le titre : "Bosnie-Herzégovine, et puis Grande Serbie."

 14   Donc vous démarrez votre récit avec l'anniversaire de la bataille du Kosovo

 15   et les célébrations qui s'y attachent. Est-ce que vous pensez qu'il y avait

 16   deux millions de poivrerons là-bas, et que ce discours du président

 17   Milosevic a été un discours qui a posé des problèmes alors que les

 18   analystes occidentaux l'ont considéré comme un discours modéré à l'époque.

 19   Quant à vous, vous mettez l'accent sur cet événement, et le définissez

 20   comme étant le début des événements qui vont suivre.

 21   R.  Je n'étais pas présent sur place, mais la plupart des couvertures

 22   médiatiques ont considéré qu'il s'agissait d'en fait d'un discours qui

 23   était un appel de ralliement. Pour ce qui est de la question de l'alcool,

 24   il semble qu'il ait très peu de doute à ce sujet, à moins que je me trompe.

 25   Pour ce qui est de la montée du président Milosevic, il est vrai qu'il est

 26   mentionné qu'il était en contact très proche avec le peuple, et qu'il a

 27   commencé à changer de rhétorique concernant le Marxisme, Marxisme dont son

 28   parti avait, auquel son parti avait adhéré auparavant. Mais il avait évolué


Page 21082

  1   vers un discours beaucoup plus nationaliste, et les historiens semblent

  2   également tous être d'accord pour dire qu'il s'agissait d'un moment

  3   marquant.

  4   Q. Merci bien. Mais est-ce que vous avez remarqué qu'à cette époque -

  5   et là, je ne parle pas des analyses ultérieures faites par les historiens -

  6   est-ce que vous avez remarqué qu'à l'époque, les représentants politiques

  7   du monde occidental ont considéré que ce discours était modéré, et il se

  8   trouvait sur place des représentants officiels de toutes les républiques de

  9   Yougoslavie, qui étaient assis au premier rang des invités ?

 10   R.  Je suis sûr qu'ils étaient tous présents. La Yougoslavie existait

 11   encore en tant que telle, et je suis sûr qu'à l'ouest, certaines personnes

 12   pensaient que M. Milosevic était un modéré. Certains le pensent encore,

 13   mais suite à ce discours, et suite à sa présidence, je ne le considère pas

 14   comme un modéré. Mais ceci est mon opinion pour ce qu'elle vaut.

 15   Q.  Merci bien. Alors est-ce que nous sommes d'accord, quant au fait

 16   que ce qui figure, là, dans ce passage, cette référence à des poivrerons et

 17   à des sacs à vin est peut-être un peu exagéré, n'est-ce pas ?

 18   R.  Je n'ai pas lu de reportage concernant ces meetings politiques où

 19   apparemment beaucoup de gens auraient peut-être eu quelques verres dans le

 20   nez. Mais, en même temps, il semble que c'est ce qui se soit passé, et je

 21   ne dis pas que ce soit une mauvaise chose.

 22   Q.  Merci bien. Je demande l'affichage des pages 66 et 67 du livre,

 23   qui correspondent à la page 8 dans le prétoire électronique. La page

 24   précédente à l'écran, je vous prie. Oui, c'est la bonne page.

 25   Alors je vous prierais de bien vouloir vous pencher sur la partie droite de

 26   l'écran, donc la page qui est à droite, où vous parlez de M. Izetbegovic,

 27   en disant et je vais le lire en anglais, je cite :

 28   "Si M. Izetbegovic était décidé à maintenir la Bosnie-Herzégovine dans sa


Page 21083

  1   forme de république multiethnique, le SDA et ses idées sectaires n'étaient

  2   sûrement pas la meilleure manière d'y parvenir. Izetbegovic a mis une

  3   deuxième tache sur sa réputation peu après être devenu président de la

  4   république. En mars 1991, le président portugais a reçu une réunion des

  5   dirigeants de la Communauté européenne à Lisbonne, qui devait discuter de

  6   la division de la Bosnie-Herzégovine en plusieurs régions dans lesquelles

  7   les trois groupes ethniques pourraient avoir leur propre sphère

  8   d'influence. C'était une partition déguisée qui a reçu l'accord

  9   enthousiaste de Tudjman et de Milosevic. Izetbegovic, avec une myopie qui a

 10   surpris son -- qui a énormément surpris son peuple, a ouvert la porte à

 11   cette possibilité …"

 12   Page suivante à l'écran, je vous prie : 

 13   "… en soutenant cette idée. Deux jours plus tard, il a été contraint

 14   de reculer en se rendant compte apparemment de son erreur avec une naïveté

 15   caractéristique. Il a retiré son accord à ce cadeau empoisonné de la

 16   Communauté européenne. En dépit d'un nationalisme fulgurant, Izetbegovic a

 17   été perçu -- a été convaincu que la Bosnie ne pouvait pas être divisée sur

 18   une base ethnique car il était impossible de le faire sans procéder à un

 19   nettoyage ethnique. Notre carte ethnique a ensuite été mélangée comme une

 20   peinture de Jackson Pollock. Il ne peut pas y avoir de région ethniquement

 21   pure."

 22   Alors vous pensiez qu'Izetbegovic avait commis une erreur en acceptant la

 23   réorganisation de la Bosnie; est-ce que vous êtes d'accord que la partition

 24   ou la division n'était pas à l'ordre du jour, qu'il s'agissait plutôt de

 25   décentralisation en fonction des régions ?

 26   R.  Désolé je n'ai pas bien compris votre question. Vous disiez que le

 27   discours de Lisbonne était une décentralisation et non pas une partition.

 28   Q.  Est-ce que vous convenez que, selon l'accord de Lisbonne, la Bosnie


Page 21084

  1   devait demeurer un pays uni, un seul et unique pays, avec des frontières

  2   extérieures, et qu'à l'intérieur, il y aurait trois régions qui seraient

  3   relativement autonomes ?

  4   R.  Oui, je crois que c'était l'idée à Lisbonne. C'était d'essayer d'avoir

  5   en fait des entités ou deux petits états au sein d'une entité, et qu'ils

  6   allaient essayer de diviser la Bosnie en forme de canton qui était divisé

  7   en fonction d'une répartition ethnique, puis vous avez le président

  8   Izetbegovic qui a essayé de voir comment se frayer un chemin dans tout

  9   cela. Enfin, je ne sais pas si les Juges de la Chambre veulent vraiment

 10   entendre tout cela, parce qu'on avait donc cette idée de créer des cantons

 11   dans un état unifié, toujours unifié. Mais l'accord de Lisbonne

 12   effectivement avait, pour objectif, de cantoniser le pays selon des lignes

 13   de démarcation ethnique.

 14   Q.  Merci bien. Est-ce que vous savez pour quelle raison M. Izetbegovic a

 15   renoncé à un accord qui avait déjà été accepté par lui ?

 16   R.  Je n'essaie pas de lire dans l'esprit du président Izetbegovic et

 17   surtout de revenir en arrière ce qu'il pensait à l'époque. Mais ce que j'ai

 18   remarqué, c'est qu'il était disposé à accepter quelque chose et ensuite, il

 19   a rejeté la même chose plus tard.

 20   Q.  Merci bien. Je pensais que vous aviez entendu ou que vous aviez lu

 21   qu'il avait été convaincu par un diplomate de renoncer et de demander

 22   davantage encore. Mais, enfin, nous reviendrons sur ce sujet.

 23   Est-ce que, dans vos autres dépositions, vous avez remarqué qu'après la

 24   sécession de la Bosnie-Herzégovine, la différence entre les Serbes et les

 25   Croates était bien inférieure que la différence entre les Serbes et les

 26   Musulmans ou entre les Croates et les Musulmans, d'un point de vue

 27   politique -- du point de vue politique relatif à l'avenir de la Bosnie-

 28   Herzégovine ?


Page 21085

  1   R.  Je vous prie de m'excuser. Je vais relire la question sur l'écran. Oui.

  2   A l'époque, et encore maintenant, je pense que les discussions portaient

  3   sur la partition ou la division de la Bosnie entre les Serbes d'influence

  4   bosno-serbe, les Serbes d'influence croate et une partie musulmane, et il y

  5   avait des conversations qui avaient lieu, d'après ce que j'ai cru

  6   comprendre à l'époque, entre le président Milosevic et le président Tudjman

  7   à ce sujet. Donc, on peut dire que les différences entre les Serbes et les

  8   Croates étaient moins importantes, dans la mesure où ni l'un, ni l'autre ne

  9   voulait faire partie d'un pays appelé Bosnie-Herzégovine s'il était à

 10   majorité musulmane ou dominé par les Musulmans.

 11   Q.  Merci bien. Je ne pensais pas, en parlant comme je l'ai fait, du

 12   Président Milosevic et du Président Tudjman. Je pensais plutôt à moi-même

 13   et à Boban. Vous avez fait remarquer qu'il y avait moins de différences

 14   entre nous, pas sur le détail de la façon dont les choses seraient

 15   structurées, mais du point de vue de savoir si la Bosnie devait rester un

 16   Etat intégré à l'avenir. Les Bosno-croates et les Bosno-serbes, si je puis

 17   les appeler ainsi conditionnellement, étaient favorables à une Bosnie

 18   décentralisée qui se serait composée de trois entités, alors que la partie

 19   musulmane souhaitait un Etat musulman de Bosnie intégré.

 20   Q.  Pour ce qui est de la partie musulmane, on pourrait dire qu'un nombre

 21   important de personnes qu'on appelle des Musulmans et que beaucoup de

 22   Croates et de Musulmans étaient disposés à vivre en Bosnie. Des mouvements

 23   politiques représentant un nombre important de Serbes, vos compatriotes et

 24   des Croates, M. Boban, par exemple, ne voulaient pas vivre dans un pays

 25   unifié. Vous voulez prouver que leurs exigences étaient telles et vous

 26   voulez montrer que leur affiliation était respectivement vis-à-vis de

 27   Belgrade et de Zagreb. Ce qui me préoccupe dans le livre, c'était en fait

 28   de démontrer qu'il y avait des intérêts nationalistes de la part des Bosno-


Page 21086

  1   croates qui voulaient créer des territoires qu'ils ne voulaient pas être

  2   gouvernés à partir de Sarajevo. Il y avait donc en fait des changements

  3   dans les politiques, et on est arrivé donc à des meurtres en masse. M.

  4   Boban menait un mouvement qui ne voulait pas être dirigé de Sarajevo, et

  5   d'autres dirigeaient également des mouvements qui également ne voulaient

  6   pas être dirigés de Sarajevo.

  7   Q.  Maintenant, j'aimerais vous poser la question suivante : est-ce que

  8   vous conviendrez que la Bosnie-Herzégovine abritait une majorité de

  9   Chrétiens, si on prend les Serbes et les Croates ensemble, et que cette

 10   majorité de Chrétiens était favorable à une Bosnie décentralisée avec trois

 11   régions, alors que les Musulmans de Bosnie étaient favorables à une Bosnie

 12   intégrée ?

 13   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Karadzic, j'ai du mal à savoir

 14   où vous voulez en venir. De toute façon, nous devons faire une pause très

 15   bientôt. Après la pause, j'aimerais que vous vous concentriez sur ce qu'il

 16   a mentionné dans le cadre de l'interrogatoire principal.

 17   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui Excellence, j'accepterai votre proposition

 18   comme d'habitude, mais le témoin que vous avez devant vous a écrit un

 19   livre, et c'est dans ce livre que je vois la façon dont il interprète la

 20   crise que nous avons vécue chez nous, donc, cette interprétation, son angle

 21   de vision est très important par rapport à la deuxième partie de mon

 22   contre-interrogatoire, où je voudrais préciser les éléments qui font

 23   l'objet d'un désaccord de la part de la Défense.

 24   M. LE JUGE KWON : [interprétation] C'est la raison pour laquelle nous avons

 25   permis de continuer de cette manière. De toute façon, nous allons faire une

 26   pause maintenant d'une demi-heure, et nous reprendrons à 10 heures 30.

 27   --- L'audience est suspendue à 9 heures 58.

 28   --- L'audience est reprise à 10 heures 33.


Page 21087

  1   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Continuez, Monsieur Karadzic.

  2   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci bien.

  3   Finissons-en avec ce livre, étant donné les instructions de la

  4   Chambre, je demande la page 11 du prétoire électronique à l'écran. C'est la

  5   partie gauche qui m'intéresse.

  6   M. KARADZIC : [interprétation]

  7   Q.  Dans cette page, vous parlez de l'embargo, des difficultés vécues par

  8   la partie musulmane pour se procurer des armes, et au bas de cette page,

  9   ainsi que dans la page suivante, vous dites que vous étiez conscient de

 10   l'existence de trajectoire perverse réservée à la contrebande ou de

 11   l'argent passait illégalement en provenant de Turquie et d'ailleurs, et

 12   moi, j'aimerais le haut de la page suivante. Vous dites que, dans le cadre

 13   de ce trafic, un certain nombre de commissions, si on peut les appeler,

 14   ainsi sur les Croates et les Musulmans, étaient prélevées au passage; est-

 15   ce que c'était bien la réalité ?

 16   R.  D'après un certain nombre de sources, j'ai cru comprendre que les

 17   militaires bosno-serbes, le HVO, ainsi que des services de Renseignements

 18   internationaux, d'après donc tout cela, c'était en fait un pacte qui avait

 19   été conclu. Au fur et à mesure que la partie centrale de Bosnie a été

 20   coupée du reste du pays, et ils ont obtenu un quart des armes qui

 21   arrivaient à Rijeka, et vous aviez en fait une commission qui était perçue,

 22   c'est-à-dire que 50 % qui était perçu par le HV et puis 25 % par le HVO.

 23   Q.  Merci bien.

 24   L'ACCUSÉ : [interprétation] Alors la partie gauche à nouveau sur les

 25   écrans, je vous prie, Voilà.

 26   M. KARADZIC : [interprétation]

 27   Q.  Dans cette page, vous dites que puisque le parlement de Pale avait

 28   rejeté le plan Vance-Owen, le secrétaire d'Etat Warren Christopher a réagi,


Page 21088

  1   et cetera. Nous voyons ce qu'il a répondu, et il a répondu en disant que :

  2   "La levée de l'embargo ne ferait pour remettre à niveau le nombre des tués

  3   de part et d'autre."

  4   Est-ce que vous vous rappelez que j'ai accepté le plan Vance-Owen à Athènes

  5   [phon], mais que le parlement de Pale l'a rejeté ?

  6   R.  Oui, je m'en souviens. Je me souviens que vous avez accepté toute une

  7   série de plans, et il y a eu toute une série de traités qui n'ont

  8   finalement -- qui se sont finalement soldés par rien du tout.

  9   Q.  Vous vous rappelez que j'ai aussi accepté le plan Carrington-Cutileiro,

 10   que j'ai aussi accepté le plan Vance-Owen, ainsi que le plan Stoltenberg,

 11   et que je n'ai pas accepté le plan du Groupe de contact, mais que j'ai

 12   accepté le plan de Dayton. Donc il n'y a qu'un seul plan que je n'ai pas

 13   accepté, n'est-ce pas ?

 14   R.  Autant que je me souvienne, en fait, je dois dire que je ne me souviens

 15   pas des plans que vous avez acceptés et que ceux que vous n'avez pas

 16   acceptés, mais je me souviens que vous avez accepté le plan Vance-Owen et,

 17   bien sûr, les accords de Dayton. Mais vous savez, les plans de paix étaient

 18   établis et puis ensuite ne menaient à rien. Il y en a un qui avait des

 19   négociations qui ont eu lieu jusqu'à deux jours avant le massacre de

 20   Srebrenica, donc, oui, vous avez accepté le plan de Vance-Owen. Mais je ne

 21   me souviens pas exactement quels sont ceux que vous avez acceptés et que

 22   vous n'avez pas acceptés, mais effectivement je me souviens que vous avez

 23   accepté le plan Vance-Owen, ainsi que les traités qui ne se sont soldés par

 24   pas grand-chose sur le terrain, et les tueries ont continué.

 25   Q.  Merci bien. Encore quelques mots avant d'en terminer avec ce livre. Ce

 26   qui m'a un peu troublé dans votre bibliographie pour la rédaction de cet

 27   ouvrage c'est que vous vous appuyez sur deux ouvrages uniquement, l'un est

 28   intitulé : "Agriculture en Bosnie-Herzégovine," de Mustafa Imamovic, et


Page 21089

  1   l'autre est intitulé : "La Bosnie et les Musulmans de Bosnie," dont

  2   l'auteur est Rusmir Mahmutcehajic. Rusmir Mahmutcehajic, à l'époque, était

  3   un représentant politique musulman en activité, donc, il s'agissait de gens

  4   qui étaient en activité à l'époque. Est-ce que ce sont des sources

  5   suffisantes. d'après vous, Docteur Villiamy, pour écrire le livre que vous

  6   avez écrit ?

  7   R.  Je regarde : "L'histoire du peuple yougoslave," qui est affiché ici.

  8   Puis vous avez également Yougoslavie et Tito --l'histoire de la Yougoslavie

  9   également -- des Slaves du sud, au cours des différents siècles. Il y avait

 10   énormément de livres qui avaient été rédigés. Ce livre que j'ai écrit a été

 11   écrit durant l'été 1993 alors que, donc, le combat faisait rage et a été

 12   publié donc quelques mois. Il n'y avait pas beaucoup de livres qui ont été

 13   publiés à l'époque sur ce qui se passait à l'époque.

 14   Q.  Merci bien. Bon, je vais sauter la partie qui concerne la Croatie. Vous

 15   êtes allé, n'est-ce pas, en Croatie, et vous y avez vu de vos yeux quelle

 16   était la nature et la dureté de cette guerre civile ? Puis, dans le procès

 17   intenté à Stakic, le 14 juillet, pages 735 et 736 du compte rendu

 18   d'audience, vous dites, dans votre déposition, que ce que vous avez

 19   constaté là-bas c'était la crainte des Serbes vivant en Croatie, que vous

 20   avez discuté de leur crainte avec ces Serbes de Croatie, et que vous avez

 21   été informé du vécu difficile qu'avaient ces habitants au jour le jour dans

 22   le pays où ils habitaient, n'est-ce pas ?

 23   R.  Oui. Effectivement, j'avais couvert cette période de la guerre en 1991,

 24   tant au niveau des aspirations des Croates qui menaient une guerre

 25   d'indépendance et les peurs des populations serbes qui habitaient en

 26   Croatie, et qui auraient donc habité dans une Croatie indépendante. Je

 27   crois que, de par le passé, j'ai avancé le même argument. Il y avait un

 28   accord sur ce qui faisait l'objet du con -- [inaudible] et même s'il y


Page 21090

  1   avait des points de vue différents, c'est-à-dire l'aspiration de

  2   l'indépendance de la part des Croates et une volonté de lutter pour cela,

  3   et les peurs parmi les Serbes vis-à-vis de cette lutte pour l'indépendance.

  4   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Monsieur le Président.

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai fait état des souffrances qui ont été

  6   infligées aux populations des deux côtés.

  7   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Madame Sutherland.

  8   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Je suis désolée de vous interrompre mais,

  9   à la page 41, ligne 17, il est mentionné de l'affaire Stakic, pages 735 et

 10   736. Malheureusement, dans l'affaire Kovacevic et dans l'affaire Stakic, il

 11   y a le même numéro d'affaire, donc si on parle de juillet il s'agit de 1998

 12   et dans l'affaire Kovacevic, alors que l'affaire Stakic s'est produite en

 13   septembre 2002. Donc, il faut que le compte rendu d'audience soit clair.

 14   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci, Madame Sutherland.

 15   L'ACCUSÉ : [interprétation] Toutes mes excuses au nom de la Défense. Nous

 16   essaierons de régler ces petits problèmes.

 17   M. KARADZIC : [interprétation]

 18   Q.  Dans l'affaire Prlic et consorts, document 1D04800, à la page 1 726 du

 19   compte rendu d'audience, vous avez confirmé que vous étiez conscient, et

 20   vous dites même plus que conscient, du fait que la JNA avait attaqué la

 21   Croatie. Est-ce que tout de même, on n'était pas en présence d'un pays, et

 22   est-ce que vous savez que la JNA, dans le cadre de ce pays, avait pour

 23   devoir de maintenir l'intégrité de la Yougoslavie ?

 24   R.  L'indépendance croate -- enfin, je vous prie de m'excuser si je n'ai

 25   pas les dates exactes. Il est difficile de parler du moment où la

 26   Yougoslavie a cessé d'exister et le moment où la Croatie a commencé à

 27   exister. Les perceptions étaient différentes du point de vue de Belgrade et

 28   du point de vue de Zagreb.


Page 21091

  1   Mais je dirais que l'armée yougoslave, avec les insignes yougoslaves sur

  2   les chars et puis les insignes serbes à l'intérieur des casernes,

  3   attaquaient la ville croate de Vukovar avec une grande férocité, et puis

  4   vous aviez une armée croate naissante qui a eu différents noms en fonction

  5   des périodes, et celle-ci, donc, attaquait la JNA. Maintenant, à savoir

  6   quand la Croatie a commencé à exister et que la Yougoslavie a fini

  7   d'exister, je ne me souviens pas vraiment des dates puisqu'il y a les dates

  8   de déclaration d'indépendance, de début du conflit, mais à un moment donné,

  9   la Croatie a déclaré son indépendance et une guerre a commencé entre la

 10   Serbie et la Croatie. Mais, au départ, effectivement, c'était la JNA,

 11   c'est-à-dire l'armée nationale yougoslave, qui était en combat avec des

 12   sécessionnistes croates.

 13   Q.  Merci.

 14   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je demande le versement au dossier des pages du

 15   livre dont nous venons de parler et qui ont été soumises au témoin. Elles

 16   correspondent au numéro de document 1D04807, et d'ailleurs, la Défense peut

 17   aider le greffe à déterminer les numéros de page, si c'est nécessaire.

 18   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que nous rajoutons ceci à la

 19   pièce à charge, ou est-ce que vous voulez que ce soit une pièce distincte

 20   des autres ?

 21   L'ACCUSÉ : [interprétation] Comme vous voulez. Je n'ai pas de préférence.

 22   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que vous avez des commentaires à

 23   faire, Madame Sutherland ?

 24   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Non. En fait, je voulais simplement dire

 25   que M. Karadzic a cité les pages qui étaient sur le prétoire électronique,

 26   c'est-à-dire page 7, page 12, donc quand vous examinez le compte rendu

 27   d'audience, ce serait peut-être préférable de considérer ceci comme des

 28   pièces à décharge plutôt que des pièces à charge.


Page 21092

  1   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. Alors nous allons suivre

  2   votre proposition et nous allons donc leur donner des références D.

  3   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ça deviendra donc la pièce D1897.

  4   L'ACCUSÉ : [aucune interprétation]

  5   M. KARADZIC : [interprétation]

  6   Q.  Bon, maintenant, j'aimerais que nous parlions tout de suite de Londres.

  7   Pendant la Conférence de Londres, j'ai réfuté certaines allégations

  8   relatives aux camps, après quoi j'ai invité les journalistes britanniques

  9   qui le souhaitaient à venir, et que tout le territoire de la Republika

 10   Srpska leur serait ouvert pour voir ce qu'ils souhaitaient voir. Est-ce que

 11   vous vous rappelez que c'est bien moi qui ai invité les journalistes

 12   britanniques à venir sur place, et ce n'est pas moi qui ai provoqué ?

 13   R.  Je suis d'accord. Je ne considère pas que vous ayez provoqué -- enfin,

 14   ce n'est pas le terme que j'utiliserais, mais vous n'avez pas contesté les

 15   allégations qui avaient été publiées dans le "Guardian" et dans le journal

 16   américain, "Newsday," et en fait, vous avez dit : Vous pouvez venir voir de

 17   vous-même, et ceci, sous mon égide, et vous avez contesté les allégations

 18   de brutalité dans les camps. Vous pourrez ainsi les vérifier.

 19   Q.  Merci bien. Je demande l'affichage du document 1D4821, grâce au

 20   prétoire électronique, et je pense que vous pourrez nous aider sur le point

 21   de savoir si ce document reprend bien votre premier reportage au sujet de

 22   votre visite à Prijedor.

 23   R.  Oui, effectivement, c'est exact.

 24   Q.  Donc, ce reportage date d'une date antérieure à celle de ce que vous

 25   qualifiez plus tard, à juste titre, de cirque médiatique. Au moment où ce

 26   reportage a été écrit, il n'y avait pas de cirque médiatique, n'est-ce pas

 27   ?

 28   R.  Oui, c'est exact. Vous voyez qu'il est mentionné donc "Toronto Star,"


Page 21093

  1   et la date est la même. Effectivement, ceci s'est produit avant ce que nous

  2   avons appelé le cirque médiatique.

  3   Q.  Merci. J'aimerais que nous nous penchions sur le premier paragraphe de

  4   ce reportage, qui est donc repris par le "Toronto Star." Dans l'encadré,

  5   vous dites, en toute responsabilité, que vous avez été informé du fait

  6   qu'Omarska était un centre d'Enquête qui fonctionnait sous la

  7   responsabilité de la police bosno-serbe et dans lequel se trouvaient des

  8   prisonniers musulmans, et qui était situé non loin de Prijedor, en Bosnie

  9   septentrionale, n'est-ce pas ?

 10   R.  Effectivement.

 11   Q.  Je ne vais pas lire le reste du texte puisque chacun peut en prendre

 12   connaissance par lui-même.

 13   Vous dites qu'il suffit de cinq minutes pour manger et qu'il y a un homme,

 14   par exemple, qui, parce qu'il veut bavarder, n'a pas le temps de manger.

 15   Page suivante à l'écran. Premier encadré, vous dites qu'Omarska est une

 16   mine et que le gouvernement de Bosnie le définit comme étant un des 57

 17   camps de concentration. Vous dites que cette visite inattendue a été rendue

 18   possible et que vous pouviez voir ce que vous vouliez voir.

 19   Puis, un peu plus bas, un de vos interlocuteurs vous dit qu'il a fait

 20   partie des forces de Défense mais qu'il n'a pas été fait prisonnier au

 21   cours des combats, et qu'il a essayé de se rendre à Trnopolje, qui était un

 22   camp de transit destiné aux civils, mais que l'armée l'a attrapé en route.

 23   Bien, c'est ce que cet homme vous a dit, n'est-ce pas ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Merci bien. Est-ce que, dans ces conditions, vous avez -- vous vous

 26   êtes forgé l'impression que les combats avaient commencé à Prijedor, le 27

 27   mai, à savoir que pendant les six premières semaines des combats en Bosnie-

 28   Herzégovine, il n'y avait pas de guerre à Prijedor, et que c'est entre le


Page 21094

  1   21 mai et le 2 juin que des combats ont eu lieu à Prijedor, et que votre

  2   interlocuteur parle bien de ces combats-là, n'est-ce pas ?

  3   R.  Autant que je sache, ceci s'est passé dans la zone avant notre arrivée,

  4   le 5 août. Il y avait eu ce que l'on peut décrire comme une prise de

  5   contrôle, voire un coup dans la ville. A la fin du mois d'avril, il y avait

  6   eu des actes de résistance sporadique contre le nouvel ordre en place, si

  7   on peut l'appeler ainsi, et face à des exigences des villageois de remettre

  8   leurs armes, mais je ne dois pas parler avec le recul maintenant ça fait

  9   des années que je travaille là-dessus. Mais en route en direction du camp,

 10   nous avons vu des signes de destructions très importants, tout

 11   particulièrement aux environs de Kozarac, et la grande majorité des maisons

 12   avaient été totalement incendiées, et les habitants étaient donc partis.

 13   Il est évident qu'il y avait donc eu des échanges, puisque cet homme

 14   avait fait l'objet -- avait -- était membre d'une tentative de défense,

 15   mais ils avaient été contenus très rapidement avec une force dominante,

 16   d'après ce que j'ai compris.

 17   Mais je ne pense pas qu'il y avait eu des signes de combat dans la

 18   zone, et s'il y avait une résistance, elle avait été contenue. Il y avait

 19   eu une quasi bataille en direction du camp. Lorsque nous nous sommes

 20   rencontrés à Pale, donc on a parlé de tout cela, c'est-à-dire des peurs

 21   liées à notre sûreté, et les tentatives de nous tuer qui émanaient soi-

 22   disant des Musulmans, et s'agissant en fait soi-disant des "attaques," mais

 23   en fait il s'est avéré que c'était en fait sous le coup, ce n'était pas en

 24   fait vraiment des combats qui avaient eu lieu lorsque nous nous sommes

 25   rendus là-bas.

 26   J'avais l'habitude de combat auparavant et je savais très bien que

 27   c'était des tirs qui étaient tirés en l'air, et que, par conséquent,

 28   c'était un peu stupide que de nous faire croire qu'on devait avoir peur


Page 21095

  1   pour notre sécurité, qu'il s'agissait vraiment de combat dont nous étions

  2   les témoins là-bas. Il n'y avait aucun combat.

  3   Q.  Merci bien. Je vous prierais si c'était possible que nous nous

  4   limitions à parler de ce que vous savez avec précision, autrement de ce que

  5   vous avez vu et entendu sur place, à l'époque des faits. En page 3 du

  6   compte rendu d'aujourd'hui, vous dites que vous êtes passé par Brcko, et

  7   que Brcko était assez démoli. Est-ce que vous savez sous le contrôle de qui

  8   était Brcko ? D'ailleurs je vais vous aider, est-ce que vous conviendrez,

  9   que vous avez traversé le territoire serbe, et que le Brcko que vous avez

 10   vu, c'était la partie serbe de la localité de Brcko ?

 11   R.  D'après ce que j'ai compris, étant donné que nous étions à bord de

 12   véhicules bosno-serbes, la partie de Brcko que nous avons traversée, était

 13   contrôlée par les Bosno-serbes et il y avait des parties importantes à la

 14   ville qui avaient fait l'objet de bombardement, de tirs d'obus, qui avaient

 15   été incendiées, qui étaient donc désertées. J'en ai déduit que c'étaient

 16   des endroits où vivaient les Musulmans.

 17   Q.  Mais pourquoi n'avez-vous pas demandé qui avait causé des dégâts à

 18   Brcko, par le biais de tirs d'obus, Brcko qui était détenu par les Serbes ?

 19   Est-ce que vous pensez que c'était les Serbes qui avaient bombardé Brcko ?

 20   R.  Vous savez, nous étions à bord de notre propre véhicule, à l'époque, et

 21   le Pr Koljevic était à bord d'un autre véhicule. A l'époque, j'avais cru

 22   comprendre qu'il y avait eu des combats à Brcko, et quels que soient les

 23   habitants qui vivaient là-bas, ils n'y vivaient plus, et la ville était

 24   donc sous le contrôle des Bosno-serbes.

 25   Q. Merci. Ce que j'avance ici, c'est que vous n'avez pu traverser que le

 26   territoire serbe, ou bosno-serbe. Tout ce que vous avez vu et tout ce qui a

 27   été détruit avait été détruit par l'opposition, qui nous avait bombardés.

 28   Est-ce que vous êtes d'accord que vous avez traversé le corridor qui est à


Page 21096

  1   l'ouest de Brcko, et qui ne constitue un territoire que d'une centaine de

  2   mètres de largeur ?

  3   R.  Je ne savais pas quelle était la largeur du corridor, mais je savais

  4   qu'il y avait un corridor qui reliait Bijeljina et Brcko, et la Serbie à

  5   proprement parler, à la région de Banja Luka, et qu'effectivement, nous

  6   avions traversé ce corridor, et que ce corridor était assez étroit -- ce

  7   couloir était assez étroit.

  8   Q.  Si je vous dis qu'il ne s'est pas passé une seule journée sans que le

  9   couloir ait été pris à partie, est-ce que vous pouvez comprendre que nos

 10   peurs à votre attention étaient justifiées ? Il ne s'est pas passé un seul

 11   jour sans que le couloir n'ait pas été pris à partie, donc, il y a des

 12   rapports à ce sujet. Tous les jours, le couloir faisait l'objet de tirs.

 13   R.  Nous étions reconnaissants, nous vous étions reconnaissants que vous

 14   souhaitiez nous protéger, et nous avons eu la chance, le jour où nous avons

 15   traversé ce couloir, de ne pas être pris à partie par quelque tir que ce

 16   soit. Comme je vous l'ai dit, ces tirs étaient des tirs de démonstration,

 17   des tirs en l'air mais ne faisaient pas partie de combat.

 18   Q.  Je conteste cela. Est-ce que vous savez qu'à Prijedor, il y avait

 19   jusqu'à la fin 1994, des groupes musulmans qui opéraient sous forme d'une

 20   guérilla. Ils vivaient dans les bois, ils étaient dans les tranchées de

 21   temps en temps, ils sortaient et ils tuaient des soldats et des villageois.

 22   Pendant que vous étiez sur place, il y en avait énormément qui étaient

 23   présents, et il y en a eu un certain nombre en présence sur place jusqu'à

 24   la fin de l'année 1994.

 25   R.  A ma connaissance, à l'époque, il y avait eu des échanges de tirs, mais

 26   toute résistance avait été contenue. Le colonel Milutinovic nous l'a

 27   expliqué, lorsque nous avions parlé -- posé des questions concernant les

 28   maisons qui avaient été incendiées ou qui avaient été bombardées, et nous


Page 21097

  1   avions donc demandé où étaient partis les 40 000 Musulmans qui étaient donc

  2   partis. Il avait laissé penser qu'ils étaient partis de leur propre chef.

  3   Il y avait encore des personnes qui vivaient dans des maisons

  4   intacts, ce qui était assez étrange, et on nous a expliqué que c'était les

  5   Serbes qui étaient restés sur place.

  6   Q.  Finissons-en avec cette page. Ici, vous avez Sabahudin, qui vous parle

  7   des enquêtes qui étaient menées, et il vous a dit la vérité, n'est-ce pas ?

  8   R.  Oui, Sabahudin avait fait l'objet d'enquête, mais il n'avait pas été

  9   battu.

 10   Q.  Merci. Est-ce qu'on l'on pourrait passer au bas de la page, s'il vous

 11   plaît ? Ici, vous voyez un rapport concernant Omarska, qui est caractérisé

 12   comme étant un centre d'Enquête pour des hommes soupçonnés d'avoir

 13   participé à la constitution d'une armée musulmane irrégulière. Vous avez

 14   dit qu'ils avaient été rassemblés et qu'ils avaient fait l'objet donc de

 15   contrôle afin de savoir s'il s'agissait de combattant ou de civils, et vous

 16   avez dit que vous aviez observé 80 co-détenus et que vous n'avez vu aucun

 17   signe de [inaudible].

 18   Je vous ai posé la même question d'ailleurs lorsque nous avons abordé

 19   cet entretien. Enfin, je voudrais m'excuser, nous allons passer à autre

 20   chose.

 21   Il y a quelques instants vous avez dit qu'il avait fait l'objet d'une

 22   attaque par les forces serbes. Si je vous disais que Prijedor avait fait

 23   l'objet d'une attaque à présent des forces musulmanes, quelle serait votre

 24   réaction, si je vous disais donc que ce n'était pas les Serbes qui ont

 25   attaqué Prijedor, mais qu'en fait les Serbes défendaient le centre-ville de

 26   Prijedor et étaient arrivés à le faire ?

 27   R.  J'ai vu peu de signe de bombardement dans le centre de Prijedor. En

 28   fait, je n'en ai vu aucun, tant que je me souvienne. Enfin, par rapport aux


Page 21098

  1   dégâts qui ont été infligés à Kozarac, si l'on compare ceci au centre de

  2   Prijedor, c'est le jour et la nuit. Le centre de Prijedor était quasiment

  3   intact - les films montrent cela - et moi, je me souviens également que le

  4   centre-ville était intact.

  5   Q.  Merci. Peut-on passer à la page suivante ? Je voudrais également vous

  6   poser la question suivante : Saviez-vous que les Bérets verts, le 30 mai,

  7   étaient arrivés jusqu'au centre-ville ? Ils ont lancé une attaque surprise

  8   et sont donc arrivés dans le centre de la ville et qu'ils ont été mis en

  9   défaite seulement deux ou trois jours après le début de l'attaque.

 10   R.  Non, je ne savais que les Bérets verts avaient combattu dans cette

 11   bataille, d'ailleurs, je n'ai pas vu de signe de cette bataille dans le

 12   centre de la ville ou dans les quartiers que nous avons visités à Prijedor.

 13   Il y avait quelques dégâts, mais très peu par rapport aux zones

 14   environnantes, par rapport à ces  -- il n'avait quasiment rien qui avait

 15   été endommagé.

 16   Q.  Merci.

 17   L'ACCUSÉ : [interprétation] A la page 15, ligne 21, il y a quelque chose

 18   qui manque dans le compte rendu d'audience. Mme Balaban a dit qu'"elle ne

 19   faisait qu'interpréter," lorsqu'elle a expliqué sa position aux

 20   journalistes. Est-ce qu'on pourrait demander au greffe de vérifier cela ou

 21   demander à la personne responsable de LiveNote de vérifier cela ?

 22   M. KARADZIC : [interprétation]

 23   Q.  Alors revenons-en maintenant à ce document. Vous mentionnez ici que

 24   vous pouviez voir qu'Omarska et Trnopolje étaient gérés par des autorités

 25   civiles et on vous a dit que personne n'en était fier. Dans la partie

 26   encadrée, il est mentionné :

 27   "Même si ceci est vrai pour Omarska, de manière générale, ce n'est pas

 28   vrai, étant donné qu'un camp que nous avons visité dans les faubourgs de


Page 21099

  1   Sarajevo avait été constitué ou mis sur pied simplement pour échanger des

  2   détenus musulmans contre des Serbes."

  3   Quelle prison avez-vous visitée qui avait ce rôle ?

  4   R.  Je parlais ici de la prison de Kula qui, dans les faubourgs de

  5   Sarajevo, comme c'est mentionné ici, nous l'avons visitée le même jour, que

  6   nous avons rencontré le Dr Karadzic, Monsieur le Président, Madame,

  7   Messieurs les Juges, et j'ai dit qu'il s'agissait d'un lieu qui ne justifie

  8   pas vraiment d'écrire un long article à ce sujet.

  9   Le Dr Karadzic a dit que j'avais décrit Omarska comme un centre d'Enquête.

 10   En fait, il n'est pas mentionné les guillemets, puisqu'en fait, ce n'est

 11   pas moi qui appelle Omarska un centre d'Enquête, c'est ce qu'eux. C'était

 12   le nom qui avait été donné par eux, donc, le Dr Karadzic a bien cité

 13   l'article, mais a oublié de mentionner qu'il y avait des guillemets, donc,

 14   c'est eux qui appelaient Omarska ainsi, pas moi. Je voulais préciser ceci à

 15   l'attention des Juges de la Chambre. Je veux m'assurer que tout ceci est

 16   bien exact.

 17   Q.  Merci. Saviez-vous -- ou est-ce que l'on vous a dit que la prison de

 18   Kula existait depuis longtemps il s'agissait d'une prison pour des détenus

 19   de droit commun, et c'est dressé une prison pendant toute la guerre ?

 20   R.  On a dit que c'était une prison et que les détenus au moment où nous y

 21   sommes allés attendaient de faire l'objet d'un échange, et je crois que

 22   c'est également ce que la plupart des détenus nous ont dit, à savoir qu'ils

 23   espéraient faire l'objet d'un échange.

 24   Q.  Est-ce que vous avez vu qui que ce soit à Kula qui n'était pas apte à

 25   porter les armes ?

 26   R.  Enfin, autant que je me souvienne car beaucoup de temps s'est écoulé,

 27   je l'avais mentionné dans l'article parce que je voulais replacer Omarska

 28   dans son contexte et donner une opinion équilibrée de la situation je ne


Page 21100

  1   voulais pas vraiment écrire quoi que ce soit ou grand-chose sur Kula. Je

  2   pense qu'on pourrait dire que la plupart d'entre eux étaient peut-être un

  3   peu âgés pour porter les armes et pour combattre de manière efficace, mais

  4   les autres étaient en âge de combattre, effectivement.

  5   Q.  Merci. Est-ce que vous saviez que M. Izetbegovic, à compter du 4 avril

  6   et jusqu'à votre visite, et ceci à plusieurs reprises avait lancé un ordre

  7   de mobilisation générale pour tous ceux qui étaient en âge de porter les

  8   armes ou qui étaient aptes au combat, saviez-vous également qu'il y a eu

  9   une réponse à cet appel de mobilisation à concurrence de 100 % par les

 10   Musulmans ?

 11   R.  Je ne me souviens pas de la date exacte de l'appel de mobilisation, je

 12   suis sûr que vous avez raison. Mon expérience à Sarajevo, mais je n'ai pas

 13   été à Sarajevo avant un an après ces événements et j'ai l'impression qu'il

 14   n'y avait pas une réponse à 100 %, mais ils ont effectivement constitué une

 15   armée dans les mois qui ont suivi ces incidents. Concernant une

 16   conversation précédente que nous avons eue concernant la situation

 17   politique, cette armée était également composée de nombres importants de

 18   Serbes et de Croates dans ce que l'on appelait le côté musulman. Mais je ne

 19   sais pas quel a été le pourcentage de réponse à l'appel de mobilisation.

 20   Q.  Est-ce que l'on pourrait passer à la page suivante dans la partie

 21   encadrée ?

 22   Vous mentionnez qu'il n'y avait pas eu de preuve visible d'acte de violence

 23   grave, et encore moins d'extermination systématique. Ensuite vous

 24   mentionnez que la Croix-Rouge et qu'un docteur yougoslave qui travaillait

 25   pour la Croix-Rouge avait mentionné qu'il était allé à un endroit où des

 26   détenus se trouvaient dans un état de santé approprié mis à part quelques

 27   cas de diarrhée, et ensuite vous êtes allé à Trnopolje; est-ce exact ?

 28   R.  Oui. Mais le paragraphe mentionne qu'il n'y a donc pas de preuve


Page 21101

  1   visible d'acte de violence grave mais, en même temps, nous n'avons pas vu

  2   tous les prisonniers, par conséquent, nous n'avons pas vu parmi les

  3   prisonniers que nous avons vus des cas de violence grave. Ce qui est

  4   mentionné dans l'encadré c'est que nous essayions de rentrer dans ce hangar

  5   ou dans cette remise, et c'est à l'intérieur de ce bâtiment que l'on

  6   pensait qu'il y avait en fait des exactions qui étaient commises. Ce que

  7   j'essais de dire, dans ce paragraphe que vous avez encadré, c'est que cela

  8   valait le coup de ne pas nous en tenir à votre promesse et de nous éviter

  9   de tout voir ce jour-là. Maintenant, que je sais ce que je sais, et

 10   maintenant, que le Tribunal sait ce qu'il sait, nous savons ce qui s'est

 11   passé là-bas et il y a eu des exactions absolument abjectes qui se sont

 12   produits et qui ont eu lieu pendant au moins trois mois.

 13   Q.  Comment savez-vous ce qui s'est passé à l'intérieur, et comment savez-

 14   vous que les détenus que vous avez vus n'étaient représentatifs ? Je

 15   voudrais que l'on ne parle pas de votre évaluation subjective, mais que

 16   l'on s'en tienne à des faits.

 17   R.  En fait, vous savez, Monsieur le Président, Madame, Messieurs les

 18   Juges, j'ai recueilli des témoignages au cours des ans de personnes qui

 19   avaient été détenues à Omarska et, par conséquent, je sais qu'il y a eu des

 20   meurtres de grande envergure et systématiques, et beaucoup de personnes ont

 21   perdu la vie dans des circonstances horribles.

 22   Je ne pense pas que ce soit nécessaire de dresser un historique de ce

 23   qui s'est passé dans ce camp, mais je suis sûr que, dans les comptes rendus

 24   d'audience de ce Tribunal, vous trouverez des témoins dans les affaires

 25   Tadic, Stakic, qui vous montreront ce qui s'est passé dans ces camps, et

 26   notamment dans le hangar de ce camp. Je peux parler plus en détail de tout

 27   cela, mais je pense que mon évaluation est tout à fait exacte et que des

 28   exactions les plus atroces se sont produites là-bas.


Page 21102

  1   Q.  Je vous prie de m'excuser. J'essaie de bien comprendre d'où vous avez

  2   obtenu ces informations. Est-ce que vous vous fiez à ce qui s'est passé

  3   dans ce Tribunal-ci ? Aux dépositions qui se sont faites ici ? Est-ce que

  4   vos conversations avec les Musulmans -- est-ce que c'est là-dessus

  5   également que vous fondez votre jugement ?

  6   R.  Mes sources, ce sont les survivants de ces camps, et effectivement,

  7   certains de ces survivants ont déposé devant ce Tribunal sous serment, de

  8   nombreux survivants ont témoigné ici. Il y a eu des évaluations qui ont été

  9   faites par des instances internationales. Il y a également les familles des

 10   victimes, des centaines de personnes ont -- connaissent des victimes qui

 11   ont péri dans ces camps. Le remord de M. Kovacevic est un autre élément

 12   également. Effectivement, les survivants, qui ont témoigné et dont les

 13   témoignages ont pu être corroborés par d'autres éléments qui ont été

 14   présentés devant ce Tribunal, éléments faisant acte de torture en masse, de

 15   passages à tabac, de meurtres, de viols.

 16   Je n'ai pas répondu complètement à votre question, mais en ce qui concerne

 17   la sélection ou le fait que les détenus n'étaient pas représentatifs, ce

 18   que nous avons vu, j'ai entendu de la part de nombreux survivants que le 4

 19   août, alors que nous étions en chemin, un nombre important de prisonniers

 20   ont été retirés du pista, c'est-à-dire de la zone goudronnée, et on voit

 21   que, dans la cantine, il y a une partie du film qui a été filmée et que ces

 22   personnes, donc, se trouvaient dans la cantine en nous attendant le

 23   lendemain; et on a considéré, ce sont donc les témoignages de ces

 24   survivants, que c'était ceux qui se trouvaient dans le meilleur état

 25   possible pour nous -- qui étaient le plus présentables.

 26   Q.  Mais savez-vous, Monsieur Vulliamy, que c'est tous les jours qu'on les

 27   faisait sortir sur la pista, et pas uniquement quand vous êtes venu, et ce,

 28   pour qu'ils puissent respirer l'air frais ? Donc, le plus grand nombre de


Page 21103

  1   ceux qui n'étaient pas interrogés se trouvaient simplement dehors pour

  2   pouvoir prendre l'air; le saviez-vous ?

  3   M. LE JUGE MORRISON : [interprétation] C'est plus une affirmation qu'une

  4   question, Docteur Karadzic. Je ne m'exprime qu'en mon nom propre, bien

  5   entendu, mais c'est un sujet que l'on pourrait explorer à l'infini sans que

  6   ceci ait à voir avec la substance même  -- le cœur même de la déposition de

  7   ce témoin. Peut-être que vous allez admettre cela.

  8   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, je suis d'accord, Excellence. Mais le fait

  9   est que le témoin vient de déclarer que c'est à ce moment-là qu'on les a

 10   fait sortir sur la pista pour que les autres puissent les voir, et que l'on

 11   a sélectionné uniquement ceux qui étaient bien portants, les 80 qui étaient

 12   -- qui se portaient mieux que les autres. Mais ce que je tiens à affirmer,

 13   c'est que tout simplement, tous ceux qui n'étaient pas interrogés, et que

 14   c'était le cas tous les jours, se trouvaient dehors sur la pista.

 15   Mais passons.

 16   M. KARADZIC : [interprétation]

 17   Q.  Est-ce que l'on peut nous montrer le haut de la page, s'il vous plaît.

 18   Donc, Trnopolje. Un groupe est arrivé de Keraterm. Est-ce que vous avez

 19   vérifié si 200 personnes ont été tuées à Keraterm, et n'espace d'une

 20   journée même, c'est ce qui est dit, et bien plus encore à Omarska, mais

 21   qu'il n'a pas vu les corps, que c'est quelque chose que d'autres lui

 22   auraient rapporté; c'est bien ça ?

 23   R.  Il a été difficile de vérifier le jour même si ce prétendu massacre a

 24   effectivement eu lieu à Keraterm mais, maintenant, avec recul, je sais que

 25   c'était environ 150, le nombre de victimes, et non pas 200. Je le sais

 26   maintenant. Mais depuis, c'est quelque chose qui a fait l'objet d'un procès

 27   ici, devant ce Tribunal.

 28   Q.  [aucune interprétation]


Page 21104

  1   R.  J'étais suffisamment convaincu de la véracité de cela pour citer ce

  2   jeune garçon, donc, qui parle de 200 qui auraient été tués à Keraterm et

  3   bien davantage à Omarska. Effectivement, je l'ai cité et je pense qu'avec

  4   le recul et avec tout ce qu'on a pu entendre dans le cadre des procès ici

  5   devant ce Tribunal, que l'on sait qu'effectivement, le chiffre n'est pas

  6   exact pour Keraterm mais que le massacre a bien eu lieu, et que bien

  7   d'autres personnes ont été tuées à Omarska. Donc, il dit la vérité, en

  8   substance.

  9   Q.  Mais ce n'est pas à Omarska qu'il se trouvait. C'est à Keraterm qu'il

 10   se trouvait, et même à Keraterm il n'a pas vu le corps, n'est-ce pas ?

 11   R.  Il faisait partie du groupe qui est arrivé ce matin-là de Keraterm et

 12   Omarska ce jour-là, là où nous avons vu l'image. Donc, je cite quelqu'un

 13   qui cite, lui, peut-être des gens qu'il connaissait et qui étaient arrivés

 14   d'Omarska ce jour-là, mais en sachant ce que je sais aujourd'hui, je ne

 15   regrette pas de l'avoir repris. Il dit que bien plus de personnes avaient

 16   été tuées à Omarska. Alors, est-ce que c'est plus que 200, je ne sais pas,

 17   mais il dit la vérité en substance.

 18   Q.  Non, Monsieur Vulliamy, je vais vous dire qu'il ne dit pas la vérité.

 19   Seul un homme qui n'était pas psychologiquement sain a été tué, et c'est la

 20   seule victime qui a été vue. Il était -- c'était un malade mental. Pourquoi

 21   est-ce que vous rapportez leurs histoires ? Vous dites bien que ce jeune

 22   garçon n'a pas vu de corps, que quelqu'un d'autre les aurait vus, et il ne

 23   s'est jamais trouvé à Omarska. Donc, vous choisissez de prêter foi à des

 24   choses qui vont au détriment des Serbes, et ça, vous le faites facilement.

 25   Q.  Ce n'est pas que je choisis de croire à telle ou telle chose qui

 26   ternirait l'image de telle ou telle partie. Je ne pense pas qu'une seule

 27   personne a été tuée à Omarska et à Keraterm, si l'on prend l'ensemble. Ce

 28   que -- ce jour-là, comme je l'ai dit, le nombre de victimes n'était pas


Page 21105

  1   200, pour autant que je le sache, mais bien plus de personnes ont été tuées

  2   qu'un seul malade mental lorsqu'on prend les deux endroits ensemble,

  3   Omarska et Trnopolje -- et Keraterm, excusez-moi. Donc, avec tous mes

  4   respects, si vous me dites que c'est une seule victime qui a eu lieu là-

  5   bas, je ne vous crois pas. Et ce n'est rien de personnel. Je me repose sur

  6   beaucoup d'endroits, beaucoup de sources, à beaucoup d'endroits, il y a eu

  7   des dépositions, il y a eu des dépositions sous serment devant ce Tribunal,

  8   et ces dépositions ont été acceptées dans nombre d'affaires.

  9   Ce n'est pas en fonction du préjudice porté aux serbes que je mesure

 10   l'importance des choses.

 11   Q.  Mais même si c'était vrai, cela manquerait de pertinence, puisque je

 12   vous ai dit, la seule chose qui a été vue par des gens, c'est un seul

 13   meurtre.

 14    M. LE JUGE MORRISON : [interprétation] C'est une affirmation, Docteur

 15   Karadzic, et votre question n'est pas appropriée au contre-interrogatoire.

 16   Vous avez bien fait comprendre que vous n'acceptiez pas les conclusions du

 17   témoin, ses constatations, et si vous polémiquez avec lui, cela n'améliora

 18   pas les choses. Compte tenu que nous avons des contraintes de temps, je ne

 19   sais pas ce qu'en pensent mes collègues, mais je pense qu'il faudrait que

 20   vous passiez à autre chose.

 21   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, je suis d'accord, je n'étais pas précis.

 22   J'ai réagi face à ce que le témoin a dit, selon lui, j'aurais dit que seule

 23   une personne a été tuée. Non, je dis que seul un meurtre aurait fait

 24   l'objet de témoignage direct, personne n'a vu plus d'un meurtre. C'est ce

 25   que j'ai dit, c'est ma position.

 26   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Veuillez passer à autre chose, Monsieur

 27   Karadzic, s'il vous plaît.

 28   M. KARADZIC : [interprétation]


Page 21106

  1   Q.  Donc, très brièvement, vous pensiez que Trnopolje ne pouvait pas être

  2   taxé de camp de concentration.

  3   L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-ce que nous pouvons voir la page suivante,

  4   s'il vous plaît ?

  5   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Etait-ce une question ?

  6   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je voudrais vous montrer quelque chose au sujet

  7   de Trnopolje.

  8   M. KARADZIC : [interprétation]

  9   Q.  Donc vous avez compris que Trnopolje n'était pas un camp de

 10   concentration, que certains y étaient venus de leur plein gré, en fuyant

 11   les combats qui se déroulaient dans les environs de leur village; c'est

 12   bien cela ?

 13   R.  Oui, et non, excusez-moi. Donc le terme, "camp de concentration," c'est

 14   quelque chose qui peut faire l'objet d'une réaction à part, si les Juges le

 15   souhaitent, je peux en parler. Alors, maintenant, lorsqu'il s'agit des

 16   combats qui auraient eu lieu à proximité, c'est autre chose. Trnopolje,

 17   c'est un endroit un peu complexe. Il y a eu des gens qui ont été ramenés,

 18   là, de leur village - d'autres comme vous l'avez dit dans notre entretien -

 19   sont venus parce que leur village avait été brûlé.

 20   M. LE JUGE KWON : [interprétation] S'agissant du terme, "camp de

 21   concentration," je pense en fait que M. Karadzic vous cite votre article de

 22   la page précédente; l'avez-vous vu ?

 23   M. KARADZIC : [interprétation]

 24   Q.  Oui, celui qui se situe après l'encadré, le dernier encadré, vous

 25   l'avez vu, très bien.

 26   R. [aucune interprétation]

 27   Q.  Donc reprenons la page suivante, nous voyons ici que, de manière très

 28   professionnelle, vous dites qu'il n'y a pas eu de contrainte, qu'il faisait


Page 21107

  1   simplement très chaud, et que les odeurs étaient désagréables. Puis

  2   ensuite, vous dites qu'il y avait un homme qui était en combat, qu'il les

  3   plaçait devant eux, et qu'il a eu tellement peur qu'il s'est enfui du côté

  4   serbe du village, et qu'il a encore peur et qu'il se sent plus en sécurité

  5   à Trnopolje.

  6   Puis, un peu plus loin, il est dit que cet autre est arrivé de

  7   Rizvanovici, après les combats. Il dit que les combats avaient été lancés

  8   par la partie musulmane, que la police est arrivée et qu'elle a emmené le

  9   peuple pour nettoyer le village de Musulmans et pour combattre, et pour

 10   terminer les combats.

 11   Donc, Monsieur Vulliamy, c'est de manière très professionnelle que

 12   vous notez ces phrases, qui elles viennent à l'appui de la thèse de la

 13   Défense, entièrement, n'est-ce pas ? C'est bien ce que ces gens-là vous ont

 14   dit, vous n'avez pas inventé ces phrases ?

 15   R. Non, vous avez là un garçon qui a été capturé. Il avait tiré du

 16   côté musulman, et puis la police est arrivée pour nettoyer le village de

 17   Musulmans. Il semble avoir été pris dans le feu croisé, et puis il se sent

 18   plus -- plus en sécurité derrière la ligne serbe, il se retrouve à

 19   Trnopolje.

 20   Monsieur le Président, Madame, Messieurs les Juges, j'ai entendu tant

 21   de raisons différentes pour lesquelles les gens se sont retrouvés à

 22   Trnopolje, et ce terme, "camp de concentration," c'est une définition de

 23   laquelle nous pouvons discuter. Je ne conteste pas ce que dit M. Karadzic.

 24   Là, nous avons un jeune garçon qui a été pris entre deux feux, et il s'est

 25   retrouvé mieux, plus en sécurité là que dans son village, je ne conteste

 26   pas que les Musulmans aient ouvert le feu également et tiré.

 27   Q.  Vous avez pu lui parler ou leur parler sans que les gardes soient

 28   présents, et vous avez pu vous promener dans Trnopolje, circuler dans


Page 21108

  1   Trnopolje ?

  2   R.  Ça dépend des endroits. Dans l'enceinte que nous avons vue

  3   derrière la clôture -- ou plutôt, les personnes que nous avons vues

  4   derrière la clôture, que ce soit à Omarska ou à Keraterm, non, cela n'a pas

  5   été possible. Les conversations au centre médical, si on peut l'appeler

  6   ainsi, je ne voudrais pas; oui, là, il y avait une pièce dans laquelle il y

  7   avait des gens qui étaient en train d'essayer de faire au mieux, et j'ai pu

  8   me délacer avec quelqu'un qui parlait anglais.

  9   M. LE JUGE BAIRD : [interprétation] Monsieur Vulliamy --

 10   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Le Juge Baird.

 11   M. LE JUGE BAIRD : [interprétation] -- est-ce que vous pouvez, très

 12   brièvement, nous définir un camp de concentration, la manière dont vous le

 13   concevez ?

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, est-ce que je peux expliquer ?

 15   Donc, mon récit a été publié le 7 août 1992, et je pense que j'ai accordé

 16   une cinquantaine d'entretiens à la radio, à la télévision, et à l'époque.

 17   On a fait référence à l'holocauste à Auschwitz et à Birkenau, et c'est

 18   quelque chose sur quoi je ne veux pas rentrer là-dedans maintenant. Mais, à

 19   l'époque, je m'étais adressé au responsable du Musée de l'holocauste, et

 20   j'ai eu la sensation que lorsqu'on parlait de "Belsen," en comparaison que

 21   cela ne nous aidait pas, lorsqu'on voyait des titres du genre : "Belsen,

 22   1992," donc, je ne -- j'avais tendance à ne pas vouloir parler de camp de

 23   concentration lorsque je parlais d'Omarska. En fait, je l'ai fait, après

 24   avoir consulté les gens du centre du Musée de l'holocauste, et les

 25   survivants qui utilisent ce terme. Je pense en fait pour Trnopolje.

 26   Il faut dire que des milliers de civils s'y sont trouvés, c'est un

 27   endroit de rassemblement où les gens ont été incarcérés, donc, c'est la

 28   conclusion à laquelle je suis arrivé.


Page 21109

  1   M. LE JUGE BAIRD : [aucune interprétation]

  2   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

  3   L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-ce que nous pouvons tourner la page ?

  4   M. KARADZIC : [interprétation]

  5   Q.  Toute cette page intéressante est bonne mais, ici, vous avez donc

  6   remarqué qu'il y avait des villages musulmans qui étaient intacts, qu'il y

  7   avait des paysans qui travaillaient normalement, qu'il y avait un drapeau

  8   blanc sur chacune des maisons. Il y avait un -- et que cela leur permettait

  9   de se garantir contre Omarska ou Trnopolje. Puis, le commandant Milutinovic

 10   vous a expliqué qu'ils avaient accepté la Republika Srpska et qu'on les a

 11   laissés tranquille.

 12   R.  Oui, et je lui ai fait confiance, parce que, maintenant, je sais que

 13   ces draps signifiaient qu'ils avaient accepté de partir. Mais, à l'époque,

 14   je lui ai fait confiance, je l'ai cru.

 15   Q.  Mais qu'est-ce qui vous permet de dire maintenant que cela signifiait

 16   qu'ils allaient partir ? A l'époque, même les Musulmans disent clairement

 17   qu'on leur a dit très clairement, s'ils ne voulaient pas combattre, qu'il

 18   fallait qu'ils mettent un signe sur leur maison indiquant qu'ils ne

 19   voulaient pas se battre. Qui vous a dit que cela signifiait qu'ils devaient

 20   partir ?

 21   R.  Ce sont les personnes qui ont hissé ces draps.

 22   Q.  Mais, Monsieur Vulliamy, dans une guerre civile de ce type-là, nous

 23   nous sommes mis d'accord sur un fait que les deux parties vont chercher à

 24   ternir l'image de l'autre. Donc, dites-moi, s'il vous plaît, à votre avis,

 25   il y a eu combien de Musulmans qui ont été tués dans cette guerre ? Donc,

 26   sur la base des chiffres diffusés par les médias qui sont publics, et

 27   cetera, combien de victimes, d'après vous ?

 28   R.  Je n'ai pas les chiffres sous la main, mais il y a eu un rapport qui a


Page 21110

  1   été fait par deux enquêteurs qui ont présenté leur rapport à Berlin, lors

  2   d'une conférence. Il y a eu là les résultats des travaux du CICR, de la

  3   Commission internationale chargée des Personnes portées disparues, les deux

  4   commissions des entités, et il me semble que le chiffre était de 58 000, à

  5   peu près, de mémoire. Il y a eu énormément d'évaluations. Là, c'est un

  6   travail qui a été mené par deux experts polonais. Je pourrais avoir les --

  7   les noms exacts et les chiffres mais, de mémoire, il s'agit de 58 ou de 59

  8   000 Musulmans tués.

  9   Q.  Merci. Et 250 000 ou 300 000, ces chiffres-là, est-ce qu'ils vous sont

 10   familiers ? Parce que, pendant toute a guerre, il a été question de ce

 11   chiffre-là comme représentant le nombre de Musulmans tués, et il a été

 12   question également de 80 000 femmes violées.

 13   R.  Oui, effectivement, 300 000 morts, c'est un chiffre que j'ai entendu

 14   pendant la guerre, et effectivement, comme vous le dites, ce chiffre n'est

 15   pas exact. Quant à 80 000 femmes violées, il me semble exagéré. J'ai

 16   entendu parler de dizaines de milliers de femmes violées. Je pense que

 17   c'est moins que 80.

 18   Q.  Merci.

 19   L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-ce que nous pouvons verser ce document ?

 20   M. KARADZIC : [interprétation]

 21   Q.  Sur ces 55 ou 56 -- 7 000 Musulmans, est-ce que vous savez qu'il y a

 22   plusieurs milliers qui sont des combattants ?

 23   R.  Oui. Des trois côtés, vous avez à la fois des victimes militaires et

 24   civiles.

 25   Q.  Est-ce que vous savez que 35 000 Serbes ont été tués ?

 26   R.  Cela n'est pas un chiffre que l'on trouve dans ce rapport que je viens

 27   de citer. Je ne sais pas d'où vient ce chiffre. Désolé, je n'ai pas les

 28   chiffres sous la main. Je pense qu'il s'agit de 20 000 et quelque Serbes de


Page 21111

  1   tués. Il me semble 21 000.

  2   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Nous allons verser au dossier cet

  3   article. Ce sera la pièce à conviction D1898.

  4   M. KARADZIC : [interprétation]

  5   Q.  Est-ce que vous êtes d'accord pour confirmer que vous-même, ainsi que

  6   Mme Marshall, ainsi que son collaborateur - d'ailleurs, ils l'ont déclaré -

  7   que ce n'est qu'à Budapest qu'ils ont compris les choses quand ils ont vu

  8   leur image diffusée par CNN, leurs images de Trnopolje, qu'ils ont compris

  9   que c'était désormais une information très importante et que George Bush,

 10   père, avait lui aussi à ce moment-là pris la parole ?

 11   R.  Je ne peux pas parler au nom de Mme Marshall ou de M. Williams à leur

 12   arrivée à Budapest. Nous avons parlé de cela hier, de l'importance de cette

 13   histoire. Je pense que je l'ai compris quand je suis rentré dans la cantine

 14   d'Omarska et lorsque j'ai vu les hommes que j'ai vus là-bas.

 15   Q.  Merci. Est-ce que nous pouvons afficher la pièce 1D4825 ? Faisons

 16   abstraction de ce qui figure en serbe. Ce sont mes notes personnelles.

 17   Donc, nous avons ici un extrait d'un entretien. Je ne sais pas si c'est une

 18   table ronde, un plateau de télévision. C'est vous-même et Mlle Marshall qui

 19   s'expriment.

 20   Est-ce que vous savez à quel moment vous avez dit cela ?

 21   R.  Je ne m'en souviens pas exactement. Je ne sais pas de quel entretien il

 22   s'agit exactement. Je vais le lire.

 23   Q.  Tournez la page, s'il vous plaît. Donc, en haut, vous dites que vous

 24   êtes revenu sur place, et puis en bas, nous voyons que vous êtes retourné à

 25   Omarska. Est-ce que nous pouvons afficher la partie où il est question du

 26   président Bush, qui a réagi, et vous dites que vous avez passé toute la

 27   journée au téléphone ? Là, vous dites même :

 28   "Ces gens-là étaient squelettiques, étaient dans un état atroce, ils


Page 21112

  1   étaient sous-alimentés, tout squelettiques …"

  2   Comment cela se fait que cela ne figure pas dans votre premier rapport

  3   alors que cela figure là maintenant, maintenant que cette information a

  4   fait le tour du monde ?

  5   R.  Est-ce que je pourrais revoir le premier article ? En fait, je pense

  6   que j'en parle. Je parle du fait qu'ils sont terriblement amaigris et en

  7   très mauvais état.

  8   Q.  Nous n'avons pas suffisamment de temps. Nous avons déjà vu cela.

  9   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Non, je ne suis pas d'accord. Nous

 10   pouvons montrer la pièce 1898.

 11   Mme SUTHERLAND : [interprétation] L'article de M. Vulliamy constitue une

 12   pièce connexe qui porte normalement une cote de l'Accusation.

 13   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Il s'agit de 1D4821, qui est déjà versée

 14   au dossier en tant que document connexe. C'est ce que vous êtes en train de

 15   dire ?

 16   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Oui. Normalement, je devrais pouvoir vous

 17   communiquer la cote.

 18   M. LE JUGE KWON : [interprétation]

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Pour répondre à votre question, ça a été une

 20   journée folle, et je ne suis pas quelqu'un qui aime se produire dans les

 21   médias.

 22   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Essayons de voir cela.

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Donc, des jeunes hommes squelettiques, qui

 24   vont manger cette espèce de bouillie de pois secs, leurs mains tremblent.

 25   C'est ce que j'ai dit. Je ne me dis pas exactement dans lequel de ces

 26   entretiens. Puis le Président Bush, cela n'a rien à voir avec ce qu'il

 27   essaie de dire.

 28   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Le troisième paragraphe.


Page 21113

  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Donc, pour répondre, ils sont horriblement

  2   maigres, les os saillants, cadavériques. Cela a été publié le 6, je pense,

  3   que je traduis en fait l'essentiel de l'impression que donnent ces hommes,

  4   et je pense que c'était ça qui était important plutôt que de suivre la vie

  5   du président des Etats-Unis.

  6   L'ACCUSÉ : [interprétation] Très bien. Merci. Est-ce que nous pouvons

  7   reprendre le document précédent, 1D4825, s'il vous plaît. Est-ce que nous

  8   pouvons avoir la dernière page ?

  9   M. KARADZIC : [interprétation]

 10   Q.  Est-ce qu'ici vous parlez du fait que l'opinion publique semblait

 11   affamée, vouloir des récits, qui comparait ces lieux à Belsen ?

 12   R.  Est-ce que je peux lire le texte d'abord, Madame et Messieurs les Juges

 13   ?

 14   Oui, effectivement. Ici, il est fait référence à ce que j'aie essayé de

 15   vous expliquer. Vous aviez posé une question, Messieurs les Juges, à propos

 16   de cette comparaison presque automatique qu'on faisait entre ce qu'on avait

 17   découvert et l'Holocauste. Je trouvais ça assez inutile, à l'époque, qu'il

 18   fallait être plus précis avant de se lancer dans de telle généralisation.

 19   Q.  [aucune interprétation]

 20   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je demande le versement.

 21   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.

 22   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce D899 [comme interprété].

 23   M. KARADZIC : [interprétation]

 24   Q.  Lorsque vous vous êtes trouvé à Prijedor, tous les chefs de la région

 25   étaient prêts à vous voir et à vous parler ?

 26   R.  Oui. Oui, ils ont été très clairs ils ont dit qu'ils ne voulaient pas.

 27   Par exemple, M. Kovacevic avait dit quelque chose qui revenait à dire cela

 28   mais, effectivement, ils avaient accepté de nous voir.


Page 21114

  1   Q.  Merci. Pendant une réunion avec votre groupe, est-ce que vous vous êtes

  2   fait une idée de ceux qui dirigeaient ? Est-ce que vous avez déterminé qui

  3   donnait les ordres et qui les recevait ?

  4   R.  Dr Stakic -- excusez-moi, je ne savais pas qu'il était médecin, à

  5   l'époque, donc, c'était Milomir Stakic qui avait été présenté comme étant

  6   le vice-président, mais c'est surtout Kovacevic qui avait parlé ce jour-là.

  7   Q.  Merci. Ils vous ont fait part des problèmes rencontrés par les

  8   autorités suite aux méfaits commis contre les Serbes, n'est-ce pas ? Vous

  9   en avez parlé lorsque vous avez déposé dans le procès intenté à M. Stakic,

 10   1998, 15 juillet, pages 787 et 778 ?

 11   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je pense aussi qu'on parle de Kovacevic,

 12   n'est-ce pas, Madame Sutherland.

 13   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Oui.

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai relaté cette réunion dans ces deux

 15   procès, c'est exact.

 16   M. KARADZIC : [interprétation]

 17   Q.  Merci. Ils vous ont parlé d'Hambarine. Du fait que des enfants avaient

 18   été torturés, Kovacevic vous a dit que, lui, quand il était petit, avait

 19   été prisonnier au camp de Jasenovac.

 20   R.  Oui, ils ont parlé des combats qui avaient eu lieu à Hambarine. Ils

 21   nous ont montré une vidéo de ce qu'ils ont qualifié de jihad dans la

 22   région, et si je me souviens bien, Kovacevic a dit qu'il était né à

 23   Jasenovac, et quand je suis allé le revoir, il avait dit qu'il y avait été

 24   emmené quand il était enfant mais, effectivement, il a dit que c'était un

 25   endroit abominable; et je croyais, à l'époque, et je le crois aujourd'hui

 26   encore.

 27   Q.  Merci. Lorsque vous avez déposé dans le procès Kovacevic, page 794, du

 28   compte rendu Kovacevic, vous avez dit, je lis en anglais :


Page 21115

  1   "A Omarska, on leur a dit …"

  2   En fait, vous avez déjà décrit ceci. En fait, vous avez dit que

  3   c'était le fait des Moudjahiddines, et vous avez dit que tout ceci avait

  4   été monté de toutes pièces vous l'avez répété aujourd'hui aussi d'ailleurs.

  5   Mais comment se fait-il que vous puissiez en être aussi sûr qu'est-ce que

  6   ça veut dire pour nous ?

  7   R.  Ce qui m'a convaincu, c'est d'abord, la façon dont les balles nous

  8   survolaient. Parce que si on voulait nous atteindre, les tirs n'étaient pas

  9   très précis, et puis il y a eu riposte aussi, et là, le survol des balles

 10   était aussi [inaudible]. On s'est dit c'est ridicule. Continuons notre

 11   chemin, les tirs se sont arrêtés nous avons poursuivi notre chemin, ça

 12   n'avait pas l'aspect d'une véritable embuscade parce que j'avais déjà une

 13   expérience de la guerre en Croatie et avant en Irak, ça me faisait dire que

 14   ce n'était pas une véritable embuscade.

 15   Q.  Vous n'êtes pas à un seul moment dit que ces gens tiraient les uns sur

 16   les autres sans vous prendre pour cible ?

 17   R.  Si c'était le cas, ce n'était pas de très bons tireurs. Excusez-moi, je

 18   ne veux pas ici faire de plaisanterie. Peut-être que l'impression a duré

 19   quelques instants, mais pas très longtemps. Franchement, je crois -- je

 20   trouvais que c'était plutôt une farce,  montée de toutes pièces, et c'est

 21   ce que je crois encore aujourd'hui.

 22   Q.  Donc peu importe ce que disent les Serbes, vous campez sur votre

 23   opinion; c'est ça ? Au cours de l'entretien, je vous ai dit que les Serbes

 24   pensent de vous que vous êtes extrêmement biaisé dans vos opinions, que

 25   vous avez un parti pris certain ?

 26   R.  Si c'est le cas, je suis désolé que je sois ainsi, parce que, quand on

 27   a parlé de neutralité, je peux vous dire que je suis carrément contre la

 28   violence extrême. Mais je n'ai pas de parti pris à l'encontre de tel ou tel


Page 21116

  1   groupe ethnique, ni d'une race quelconque. Je suis très contre le racisme.

  2   Ça c'est certain. Je ne suis pas anti-serbe. Je suis contre ce qui s'est

  3   fait. Parfois, au nom de la Serbie, hélas, et d'ailleurs beaucoup de Serbes

  4   s'opposaient à ce qui se faisait à l'époque. Si vous voulez savoir si j'ai

  5   des amis ou des connaissances serbes, je peux vous dire. Je ne peux pas

  6   vous dire que certaines de mes meilleurs amis sont serbes, mais je peux

  7   vous dire que, pendant les années de la guerre, le collègue que je décris

  8   dans le livre c'était un Serbe, et j'ai rencontré -- j'ai fait des amis

  9   parmi de nombreux Serbes pendant la guerre, et ils sont toujours mes amis

 10   aujourd'hui. Voilà. Je m'en tiendrai là.

 11   Q.  Merci. Aujourd'hui, vous avez dit, à propos de Trnopolje, que c'était

 12   un camp où ils étaient placés avant d'être déportés. Puis, nous avons eu

 13   cet entretien, et vous nous avez dit que vous saviez que certains pouvaient

 14   partir, pouvaient recevoir de la nourriture, d'autres pas. Et ceux, qui

 15   avaient leur propre potager, étaient libres d'y aller pour aller chercher

 16   des légumes, et sans doute que ceux, qui n'avaient pas leur propre jardin,

 17   ne sont pas allés chercher de la nourriture parce qu'il n'y avait pas

 18   d'autre moyen de se procurer de nourriture.

 19   Alors qu'est-ce que vous saviez exactement ?

 20   R.  Alors la question de savoir qui était autorisé à quitter Trnopolje ou

 21   ne l'était pas, c'était quelque chose qui était vraiment très -- laissé au

 22   bon vouloir des chefs. Si vous étiez de Prijedor, qui était assez éloignée,

 23   vous n'alliez pas rentrer chez vous, et certains ont été amenés de force à

 24   cet endroit.

 25   Je ne sais pas exactement qui a pu partir ou pas. Je ne sais pas

 26   comment les négociations se faisaient. J'ai parlé à des gens du centre

 27   médical, et il y avait des gens qui avaient été abandonnés chez eux, dans

 28   leurs fermes, dans leurs maisons, et ceux-là, on pu être -- qui étaient


Page 21117

  1   infirmes, par exemple, on a pu les amener à Trnopolje. D'autres ont été

  2   rassemblés, il y a eu des razzias. On a fourgué ces gens dans des bus - ça

  3   a été établi par ce Tribunal - et on les a amenés là en masse. C'est pour

  4   ça qu'il y avait cette décision, parce que je me suis basé sur la

  5   définition donnée par le dictionnaire sud-africain pour définir ces camps.

  6   Mais quant à savoir qui avait le droit de recevoir de la nourriture et qui

  7   avait le droit d'aller chercher de la nourriture mais sous escorte, tout

  8   ça, c'était vraiment une question -- c'était selon le bon caprice et le bon

  9   vouloir de certains. Il n'y avait pas de règle de terrain le disant. Si

 10   vous me permettez de revenir à cette question grave à mes yeux, on m'accuse

 11   ici d'être partial, d'avoir un parti pris, mais je peux vous dire qu'après

 12   tout ceci, aussitôt, je suis allé mener une enquête, là où il y avait des

 13   camps, où étaient internés des prisonniers serbes, donc, et je suis la

 14   seule personne à les avoir révélés. Donc, vous voyez, moi, je prends ça,

 15   cette allégation, très au sérieux. Je le prends très à cœur quand mon -- il

 16   m'accuse d'avoir, comme ça, des sentiments anti-serbes, et il se peut qu'on

 17   ne me pose pas de questions à propos de cette visite que j'ai effectuée à

 18   ce camp où il y avait des Serbes, mais je voulais le dire pour que ce soit

 19   acté au dossier. Effectivement, j'ai mis un point d'honneur précisément à

 20   faire cela parce que dans -- on a vu ce film, et c'était un camp que M.

 21   Karadzic voulait nous montrer, et j'ai précisément fait cela parce que je

 22   voulais rester impartial alors que je suis vraiment opposé à l'idée

 23   d'interner des gens, que ce soit des prisonniers serbes ou pas. Excusez-moi

 24   de répondre encore à la question précédente. Je m'en excuse.

 25   Q.  Merci --

 26   M. LE JUGE MORRISON : [interprétation] Je suppose que je ferais sans doute

 27   la même chose que vous.

 28   Vous le savez, Monsieur Karadzic, ça a été dit ici en audience publique à


Page 21118

  1   de nombreuses reprises, et je le répète, ce ne sont pas les Serbes qui sont

  2   ici au banc des accusés. C'est l'Etat de Serbie qui existait alors, et

  3   c'est vous. Vous devez vous concentrer sur cette réalité-là.

  4   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci, Excellence. Mais les choses, étant ce

  5   qu'elles sont, c'est moi qui suis mis en accusation en tant que chef d'un

  6   Etat civil et d'une armée, je suis accusé de ce que chaque malfaiteur a

  7   fait sur le terrain, et moi, j'essaie de prouver ceci n'a rien à voir avec

  8   le système.

  9   M. KARADZIC : [interprétation]

 10   Q.  Cependant, Monsieur le Témoin, aujourd'hui, vous dites que ces hommes

 11   ou ces personnes ont subi des attaques, et puis ont été amenées là. Mais

 12   regardez ce que dit ce garçon de Rizvanovic. Lorsque les combats ont

 13   commencé, les Serbes ont rassemblé des civils, ils les ont emmenés pour que

 14   les combats puissent se poursuivre. Est-ce que vous savez que notre loi dit

 15   que les civils doivent être évacués d'une zone où il y a des combats ?

 16   R.  Oui, et les civils ont été évacués, pris de chez eux et emmenés à

 17   Trnopolje. Je ne sais pas ce qu'il est advenu des civils de ce village-là,

 18   mais je serais surpris d'apprendre que ces gens seraient rentrés chez eux

 19   avant 1999, s'ils sont jamais rentrés chez eux. Mais j'écris effectivement

 20   -- je parle de ce garçon qui a été pris entre deux feux, et je ne doute pas

 21   de ce que vous dites. Il a été pris là par -- l'article le dit et, en fait,

 22   il a trouvé refuge, grâce à des soldats qui se trouvaient sous votre

 23   commandement, et est allé à Trnopolje. Je ne conteste pas du tout cela.

 24   Q.  Merci. A propos de ces transferts forcés, après que les extrémistes

 25   musulmans, le Bérets verts, aient transformé Prijedor en théâtre de guerre

 26   par leurs propres actions; est-ce que vous savez qu'il y a des gens qui ont

 27   demandé à être évacués soit en Bosnie centrale, soit en Europe, et qu'ils

 28   ont obtenu bon nombre des documents nécessaires, qu'ils ont payé ? Donc,


Page 21119

  1   là, ce n'était pas un transfert forcé. La Défense l'affirme, il ne s'agit

  2   pas d'un transfert forcé. C'est effectivement une évacuation en raison des

  3   difficultés qu'il y avait sur le terrain, mais c'était suite aux demandes

  4   faites par ces personnes mêmes.

  5   Q.  Ça, je ne le savais pas, non, parce que j'ai accompagné les gens qui se

  6   trouvaient dans ce convoi, et ils m'ont donné une autre version de ce qui

  7   s'était passé. Ils ont dit que des policiers étaient venus chez eux, leur

  8   avaient donné un ultimatum, il fallait partir, alors on se demandait -- il

  9   y avait des querelles quant à celui qui allait avoir la maison et que ces

 10   gens avaient été parqués -- garés dans un lieu, là c'était à Sanski Most,

 11   et les gens que j'accompagnais et qui faisaient partie de ce convoi

 12   n'étaient sûrement pas partis de leur plein gré. Il y avait des gardes

 13   armés, des patrouilles qui guidaient ce convoi, et pas une des personnes

 14   faisant partie de ce convoi ne savait où elle allait, et -- je m'excuse,

 15   non. Plus tard, au cours de la nuit, quand on était à pied, j'ai parlé à

 16   certains qui m'ont dit qu'ils allaient se rendre en territoire tenu par le

 17   gouvernement, mais je n'ai rencontré personne qui m'aurait donné cette

 18   version des faits, et pas plus que je n'ai rencontré depuis de personne qui

 19   l'aurait fait. Enfin, là, nous étions dans la nuit du 17 août 1992,

 20   personne ne m'a fait ce récit mais après, j'ai appris que c'était un convoi

 21   de transfert forcé, et après, quatre jours plus tard, le 21 août, il y a eu

 22   d'autres actions où on a fait sortir beaucoup de gens des autocars et on

 23   les a exécutés sur le mont Vlasic. On a parlé de cet événement comme étant

 24   le massacre du mont Vlasic ici, dans ce Tribunal.

 25   Alors, effectivement, je ne pense pas qu'on savait pourquoi ces gens

 26   partaient en convois en passant par Vlasic.

 27   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Karadzic, nous allons

 28   maintenant faire une pause d'une demi-heure, et nous reprendrons les débats


Page 21120

  1   à midi et demie.

  2   L'audience est suspendue.

  3   --- L'audience est suspendue à 12 heures 01.

  4   --- L'audience est reprise à 12 heures 33.

  5   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, vous voulez intervenir, Madame

  6   Sutherland.

  7   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Oui, en quelques mots. A la page 64, j'ai

  8   dit que l'article de Vulliamy a été publié le 7 août; c'était une pièce

  9   connexe, il s'agit de la pièce P3788; est-ce exact, Monsieur le Greffier ?

 10   M. LE JUGE KWON : [interprétation] C'est le numéro de la liste 65 ter

 11   19682.

 12   Mme SUTHERLAND : [interprétation] C'est l'article paru dans le "Guardian,"

 13   alors que M. Karadzic a utilisé une copie de cet article mais ça a été

 14   publié dans le "Toronto Star," et a montré quelques encadrés au témoin donc

 15   je pense qu'il est préférable de garder séparés ces documents à moins que

 16   vous ne vouliez faire une référence croisée dans le système du prétoire

 17   électronique.

 18   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Autant laisser les choses telles

 19   qu'elles sont.

 20   Mme SUTHERLAND : [interprétation] C'est précisément ce que je proposais,

 21   sans doute; n'ai-je pas été très clair ?

 22   Sinon, autre précision, M. Karadzic n'a de cesse de parler de l'entretien

 23   que M. le Témoin a eu avec lui; ça s'est passé hier après-midi.

 24   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci. Veuillez poursuivre, Monsieur

 25   Karadzic.

 26   L'ACCUSÉ : [interprétation] Affichons le document 1D04816 dans le système

 27   du prétoire électronique.

 28   M. KARADZIC : [interprétation]


Page 21121

  1   Q.  Monsieur Vulliamy, ayez l'obligeance de répondre par oui ou par non

  2   quand c'est possible, car le temps compte, chaque minute compte, et ne nous

  3   parlez de ce que vous avez entendu dire ici dans ce Tribunal ou ailleurs.

  4   Faites-nous part de ce que vous connaissez personnellement, car c'est la

  5   chose la plus importante à nos yeux.

  6   Est-ce que vous vous souvenez de ce texte ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Merci. Regardons le sous-titre.

  9   "Ed Vulliamy est un des deux seuls journalistes qui prenne position dans le

 10   procès historique qui se tient à La Haye à propos des crimes de guerre

 11   commis en Bosnie."

 12   R.  Oui, je m'en souviens, mais je n'aurais pas écrit ça.

 13   Q.  Mais on dit ici que vous avez pris parti pour … puisque vous étiez un

 14   témoin à charge et que vous -- qui -- qui -- qui parlait d'allégations de

 15   torture.

 16   R.  Oui. Disons c'est plutôt prendre position. Il y a un petit moment là,

 17   j'ai vu qu'il y avait une grosse erreur au niveau du compte rendu, que

 18   faire.

 19   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Peut-être que l'huissier pourra vous

 20   aider. Je ne sais pas si votre écran a cette fonction. Si vous vous

 21   souvenez de mots que vous avez prononcés, vous pourrez les préciser, des

 22   répéter.

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, ici, ce n'est pas moi qui aurais écrit

 24   cela. Mais, effectivement, c'est une position qui est affichée, et c'est

 25   vrai j'ai témoigné au nom de l'Accusation. Si je ne m'abuse, dans le procès

 26   Tadic.

 27   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je pense que, maintenant, vous allez

 28   être en mesure de retrouver le texte auquel vous pensez. Regardez.


Page 21122

  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. C'était juste avant la pause. Il y a des

  2   dates qui ne sont pas justes. Notre convoi a eu lieu le 17 août 1992, et le

  3   massacre a eu lieu quatre jours après le convoi c'était le 21 août, pas le

  4   24. Excusez-moi.

  5   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Vous avez dit, Oui, effectivement,

  6   quatre jours parce que notre convoi se fut le 17, et le massacre lui a eu

  7   lieu le 21.

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Excusez-moi, Madame et Messieurs les Juges, et

  9   Monsieur Karadzic. Je suis désolé pour cette raison d'avoir interrompu les

 10   débats.

 11   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Il n'y a aucun problème, Monsieur.

 12   Poursuivez, Monsieur Karadzic.

 13   M. KARADZIC : [interprétation]

 14   Q.  Une simple question : Vous dites qu'il y avait une escorte de police.

 15   Savez-vous que, le 22 mai, nous avons signé un engagement qui consistait à

 16   escorter des civils qui passaient d'un côté à l'autre ? Répondez par oui ou

 17   par non tout simplement. Pour le dire autrement, le Haut-commissariat aux

 18   Réfugiés était l'intermédiaire, le médiateur et les trois parties ont signé

 19   un accord qui disait que la police devait escorter tous les convois de

 20   civils qui passaient d'un côté à l'autre.

 21   R.  Je n'étais pas au courant de l'existence de cet accord.

 22   Q.  Merci. Peut-on prendre la page suivante. Regardons le deuxième

 23   paragraphe au-dessus de la publicité. Oui, c'est ça. Il est fait référence

 24   au Dr Azra Blazevic. Vous avez parlé de cette dame, vous-même, en début de

 25   journée. Il est ajouté que le camp de Trnopolje est un camp de

 26   concentration ? Et un peu plus haut, on trouve une référence à Omarska et à

 27   d'autres crimes commis dans le "gulag" serbe. Bon, ça ne se trouve plus à

 28   l'écran maintenant; est-ce qu'on peut retrouver ce passage ? Remontons le


Page 21123

  1   texte pour voir la deuxième colonne, s'il vous plaît. Descendez,

  2   maintenant. Voilà, parfait, parfait.

  3   Voyons, on parle d'Omarska :

  4   "On parle de camps se trouvant dans le 'gulag' serbe --" et un peu plus

  5   loin, il est dit que Trnopolje est un camp de concentration. C'est juste

  6   après la référence qu'on trouve dans le texte au Dr Azra Blazevic, n'est-ce

  7   pas ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Prenons la colonne qui se trouve tout à fait à droite dans le document.

 10   Ici d'après l'article vous auriez dit :

 11   "… pour témoigner pour Sir Hartley contre les Nazis comme je vais le

 12   faire à La Haye contre ceux qui les ont copiés en faisant d'eux une faible

 13   imitation mais une imitation qui ne prêtait pas erreur."

 14   Est-ce que vous voulez dire que nous sommes une faible, mauvaise imitation

 15   des Nazis mais qu'il n'y a pas à s'y tromper, que nous sommes bien comme

 16   eux.

 17   R.  Je vous ai déjà -- nous en avons déjà parlé, effectivement c'est une

 18   question disons sémantique et puis c'est une question d'histoire aussi.

 19   Parce que quand on dit "se font l'écho d'eux" ou imite bon une faible ou

 20   mauvaise imitation, certaines qui ne prêtent pas à l'erreur, où il n'y a

 21   aucun doute, là, on en a parlé effectivement. Nous revenons à cette

 22   question de l'enterrement de personnes en raison de leur appartenance

 23   ethnique, de transfert forcé en mars pour ces raisons --

 24   Q.  Je vous arrête, parce qu'on en a déjà parlé, on n'a pas le temps d'en

 25   reparler.

 26   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, mais si vous posez une question,

 27   permettez au témoin d'y répondre, et de finir cette réponse.

 28   L'ACCUSÉ : [interprétation] Mais je suis désolé. Je pense qu'il faut quand


Page 21124

  1   même un peu maîtriser ce que dit le témoin, si j'avais plus de temps, ce ne

  2   serait pas pareil, mais je voulais simplement savoir si c'était là, l'avis

  3   de M. Vulliamy.

  4   M. KARADZIC : [interprétation]

  5   Q.  Alors, maintenant, je demande ceci : Pensez-vous que ceci a contribué

  6   au fait qu'aux yeux de certains Serbes, vous avez manifesté des avis

  7   antiserbes ?

  8   R.  Si c'est l'avis de certains, peut-être s'agit-elle là de ceux qui

  9   soutenaient qu'on faisait en leurs noms. Par exemple, moi, les Serbes que

 10   j'ai rencontrés pendant toute la guerre, que je connais encore aujourd'hui,

 11   n'ont pas cet avis, et bon nombre d'entre eux sont, sans doute, d'accord

 12   avec cette évaluation que je fais ici. Alors, si on continue cette

 13   métaphore de l'écho, je peux vous dire qu'il y a beaucoup de journalistes

 14   qui étaient vraiment dévastés par ce qui s'était fait en leurs noms, et qui

 15   voulaient que ce pays rende des comptes. S'il y a un Serbe qui pense que je

 16   suis contre tous les Serbes, cette personne a tort et je suis bien navré

 17   que cette personne ait ce genre d'opinion.

 18   Q.  Je vous remercie.

 19   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je demande le versement.

 20   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.

 21   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera le document D1900.

 22   M. KARADZIC : [interprétation]

 23   Q.  Je souhaite vous montrer à présent une pièce à conviction de

 24   l'Accusation, un extrait d'une visite qui était rendue à Trnopolje. Vous

 25   connaissez parfaitement ce conflit, ce procès qui a eu lieu entre "Living

 26   Marxism," où Thomas Deichmann a publié qu'il s'agissait d'une mise en

 27   scène. Je vais vous montrer que le fil de clôture que l'on voie est, en

 28   fait, un fil qui protège des outils de construction, qu'il ne s'agit pas de


Page 21125

  1   protéger les personnes qui sont placées à Trnopolje. 4504, s'il vous plaît,

  2   65 ter, 65 ter, 40504, page 6 dans la transcription anglaise. Non, non,

  3   non, non, non, ce n'est pas ça.

  4   [Diffusion de la cassette vidéo]

  5   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

  6   "L'insécurité ici n'est pas aussi présente, aussi forte qu'à Omarska."

  7   M. KARADZIC : [interprétation]

  8   Q.  Monsieur Vulliamy, est-ce que l'on voit des fils de clôture où que ce

  9   soit; est-ce que ces gens ne sont-ils pas placés librement, là où ils se

 10   trouvent ?

 11   R.  Je ne vois pas de fil de clôture. Je ne sais pas si c'est le 5 août que

 12   cela a été filmé, ou est-ce que c'est lorsque ce que j'appelle le cirque

 13   médiatique est revenu ? A ce moment-là, il n'y avait plus de fil de

 14   clôture.

 15   Q.  Nous verrons bien cela. Continuons.

 16   [Diffusion de la cassette vidéo]

 17   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

 18   "Voix du présentateur : De Sarajevo et de la FORPRONU, nous n'avons

 19   toujours pas reçu de réponse suite à une proposition d'échange, tous pour

 20   tous."

 21   M. KARADZIC : [interprétation]

 22   Q.  Donc, ça, c'est une partie. Alors nous verrons bien que c'est le même

 23   jour, vous vous êtes rendu là-bas, vous et Penny Marshall, c'est le même

 24   journaliste, tout est pareil.

 25   R.  Oui, cette dernière image, semble correspondre à la journée du 5 août.

 26   C'est à ce moment-là que nous nous sommes trouvés sur place, oui, c'est

 27   vrai, Monsieur, et je pense que nous avons vu un extrait de cela

 28   précédemment.


Page 21126

  1   Q.  Très brièvement -- un instant, s'il vous plaît, je dois retrouver les

  2   références --

  3   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Je peux donner la cote de cette pièce. Il

  4   s'agit de la pièce P0369 -- 697.

  5   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je vous remercie. Est-ce que l'on peut afficher

  6   cela, s'il vous plaît ?

  7   [Diffusion de la cassette vidéo]

  8   Mme SUTHERLAND : [aucune interprétation] 

  9   L'ACCUSÉ : [interprétation] Nous aurions besoin de voir le début, ceci

 10   n'est pas le début.

 11   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Un instant.

 12   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Cet extrait vient d'un enregistrement

 13   plus long. Je pensais que M. Karadzic souhaitait simplement montrer le même

 14   extrait, qui a été montré récemment, la semaine dernière ou très récemment,

 15   et c'est par M. Karadzic que cela  a été versé au dossier. Donc il s'agit

 16   de la pièce P03697, sur la liste 65 ter, document 4054B, et c'est un

 17   extrait de 15 secondes.

 18   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, exactement, tout à fait, merci, excusez-

 19   nous. Excusez notre manque de précision. Donc afficher, s'il vous plaît,

 20   4054B, est-ce que cela est disponible ?

 21   M. LE JUGE KWON : [interprétation] L'on nous dit que nous avons la

 22   transcription qui a été téléchargée dans le système électronique, mais pas

 23   l'image.

 24   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Mais j'ai fait visionner cet extrait ce

 25   matin. M. Reid vous nous l'appeler dans le système Sanction.

 26   L'INTERPRÈTE : Précision de l'interprète : Il s'agit du document 40504B.

 27   M. KARADZIC : [interprétation]

 28   Q.  Notre thèse est la suivante, et cela a été constaté par M. Deichman


Page 21127

  1   indépendamment de nous, à savoir que cette clôture qui entoure l'enceinte

  2   où sont entreposés les outils de construction, que c'est Mme Marshall qui

  3   est rentrée à l'intérieur, que c'est elle qui est entourée de fil et pas

  4   eux. C'est quelque chose que vous contestez, n'est-ce pas ?

  5   R.  Oui, c'est ce que je fais. Cette thèse, ce que vous appelez thèse, a

  6   été entendue pour la première fois en 1996 ou 1997. Entre 1992 et ces

  7   années-là, il n'en a pas été question par qui que ce soit. Effectivement,

  8   je conteste cela. S'il faut -- s'il faut en parler, déjà, je dois dire que

  9   j'en suis encore plus convaincu aujourd'hui que je ne l'ai été le jour où

 10   je me suis trouvé sur place, à savoir que ces gens étaient effectivement

 11   placés sous détention et qu'il y avait des gardes qui les gardaient.

 12   Q.  Mais qu'est-ce qui vous permet aujourd'hui d'être plus convaincu que

 13   vous ne l'étiez à l'époque où vous avez vu les choses de vos propres yeux ?

 14   R.  Mais, à l'époque, c'était une évidence pour moi que c'était des

 15   prisonniers, mais depuis, comme vous le savez, il y a eu une affaire qui a

 16   été entendue à Londres, vous avez mentionné ce journal, "Living Marxism,"

 17   qui a publié cela, et il y a eu un procès, et la chaîne de télévision, ITN,

 18   a porté plainte, et "Living Marxism" a perdu ce procès. Puis, entre-temps,

 19   j'ai eu l'occasion de parler à nombre de prisonniers qui s'étaient trouvés

 20   là, qui m'ont décrit comment ils s'y sont trouvés, pourquoi ils étaient sur

 21   place, et on ne les a pas filmés de l'intérieur vers l'extérieur, c'est --

 22   pas du tout, et pourquoi ne parlons-nous pas du fait que je n'ai pas pu

 23   interviewer le gens à travers la clôture et que ce n'était pas des gens qui

 24   se déplaçaient librement.

 25   Q.  Donc, en fait, ce sont des éléments d'information complémentaires que

 26   vous puisez dans des événements et dans des événements qui se sont déroulés

 27   devant différents tribunaux qui, à vos yeux, sont plus crédibles que ce que

 28   vous avez vu de vos propres yeux ?


Page 21128

  1   R.  Non. Je pense avoir vu de mes propres yeux que c'était des prisonniers

  2   qui étaient placés sous la garde, placés en détention derrière cette

  3   clôture, et c'est quelque chose qui a été entendu sous serment à de

  4   nombreuses reprises, et ce que je dis, c'est que ma présentation de ces

  5   gens-là en tant que prisonniers est quelque chose qui a été démontré de

  6   nouveau, d'innombrables fois, a été étayé depuis.

  7   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Nous pouvons maintenant visionner cet

  8   extrait, si M. Karadzic le souhaite.

  9   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci.

 10   [Diffusion de la cassette vidéo]

 11   L'ACCUSÉ : [interprétation] Arrêtez là, s'il vous plaît.

 12   M. KARADZIC : [interprétation]

 13   Q.  Monsieur Vulliamy, est-ce que vous voyez ici, ne serait-ce qu'un seul

 14   homme émacié, amaigri, épuisé, comme cela était le cas de M. Alic ?

 15   R.  Pas à l'image que nous voyons maintenant. Je pense que le terme que

 16   j'ai utilisé, c'était dépérissement. Ils étaient à différents grades de

 17   dépérissement.

 18   L'ACCUSÉ : [interprétation] Continuons le visionnage.

 19   [Diffusion de la cassette vidéo]

 20   L'ACCUSÉ : [interprétation] Arrêtez là.

 21   M. KARADZIC : [interprétation]

 22   Q.  Est-ce que vous voyez ces outils ? C'est en fait un lieu d'entreposage.

 23   C'est un entrepôt d'outils de construction. Il y a un chariot là.

 24   R.  Je vois des chariots, oui, près de la clôture, oui. A l'époque, je ne

 25   les avais pas remarqués. Il y avait d'autres choses à regarder.

 26   Q.  Merci. Est-ce qu'à ce moment-là, vous avez remarqué -- est-ce que vous

 27   avez noté que le quatrième côté est complètement libre, il n'y a pas de

 28   clôture et pas de fil à cet endroit ?


Page 21129

  1   R.  De mémoire, cette enceinte était entourée de fil de trois côtés et au

  2   quatrième côté, il y avait un bâtiment.

  3   Q.  Je demande l'affichage de 1D04818, s'il vous plaît. 1D04818. Souvenez-

  4   vous d'avoir accordé un entretien à Slobodna Bosna le 10 août 1997. Le

  5   titre se lit comme suit : "Je vis dans l'attente du moment où je déposerai

  6   contre Karadzic à La Haye."

  7   R.  Je ne me souviens pas d'avoir accordé cet entretien, mais je ne rejette

  8   pas du tout de l'avoir fait et je ne souhaite pas assumer la responsabilité

  9   pour le chapeau, le titre qui a été donné à l'article. Avec tout le respect

 10   que je vous dois, je dois dire que je n'ai pas vécu dans l'attente de cette

 11   journée-ci.

 12   Q.  Merci. Est-ce que nous pouvons tourner la page ? Ici, l'on voit que

 13   vous critiquez un petit peu aussi votre ministre, Douglas Hurd. Mais

 14   tournons la page en serbe, s'il vous plaît. Voilà. Donc, nous avons ici un

 15   sous-titre : "Comment Karadzic s'est-il trompé ?" On vous demande : comment

 16   ça se fait que je vous aie invité à vous rendre aux camps, donc, Omarska,

 17   Manjaca, Trnopolje et tout cela, de Londres ? Puis ensuite, dans la

 18   question suivante, vous avez reçu cette autorisation. Alors, comment ça se

 19   fait que Karadzic, après avoir lancé cette invitation sans avoir eu le

 20   temps de réfléchir, pourquoi il n'a pas changé d'avis ? Vous dites : Dieu

 21   seul le sait. Je pense qu'il n'avait pas envie de nous faire entrer à

 22   Omarska, et cela, parce qu'il y a eu un combat mis en scène que nous avons

 23   rencontré en route. On nous a dit que c'était des Moudjahidines, et nous,

 24   nous avons exigé de continuer la route, et jusqu'à ce moment-là, je pense

 25   que la Croix-Rouge s'est déjà trouvée à Manjaca. Je pense qu'ils voulaient

 26   qu'on voie une petite partie de Trnopolje et surtout pas l'endroit où on a

 27   amené les gens d'Omarska et de Keraterm, ou bien Karadzic est un sot comme

 28   il en donne l'impression. Finalement, c'est lui qui a ri le dernier, n'est-


Page 21130

  1   ce pas ?

  2   Est-ce que vous pensez que cela ne remet pas en question votre impartialité

  3   en tant que témoin contre moi dans cette affaire ? Ce qui n'a pas été

  4   consigné au compte rendu d'audience et ce que vous avez dit, "ou bien --

  5   soit Karadzic est sot comme il en a l'air -- est un sot," cela n'a pas été

  6   consigné.

  7   Donc, votre entretien, est-ce que c'est quelque chose qui contribue à cela

  8   ou est-ce que cela permet de nourrir quelque doute au sujet de votre

  9   impartialité, et en particulier s'agissant de votre comparution en tant que

 10   témoin dans cette affaire contre moi ?

 11   R.  Pour répondre à ces nombreuses question, alors, tout d'abord, est-ce

 12   que je peux prendre quelques réserves avec ce qui est publié dans ce

 13   journal de Bosnie entre ce que j'ai dit et ce qui est publié ? Je n'ai pas

 14   vu cela traduit, retraduit vers l'anglais, ce qui est le cas parfois avec

 15   d'autres articles, et là, je ne reconnais pas mes propos, donc, je dois

 16   vous dire que je ne pense pas que vous soyez un sot, pas du tout. Je

 17   voudrais qu'il soit bien consigné au compte rendu d'audience que je pense

 18   que vous êtes intelligent; sinon, pour ce qui est du reste de vos

 19   questions, oui, je me suis -- j'ai été perplexe et je me suis demandé

 20   pourquoi, effectivement, vous nous avez permis de nous rendre à Omarska. Je

 21   suppose que c'est ça que j'ai essayé d'expliquer à ce magazine, à savoir

 22   que lorsque nous nous sommes trouvés sur place, à en juger d'après ce qu'on

 23   nous a dit et ce qui s'est passé, et par rapport à ce qui a été dit par Mme

 24   Balaban, précédemment, et ce qui a été entendu, donc qu'on nous a promis de

 25   voir autre chose. Donc, je suppose en fait que j'ai essayé de leur dire que

 26   je n'étais pas censé voir cette partie-là du camp, que j'étais censé voir

 27   l'autre partie du camp, et c'est ce que -- c'est la conclusion à laquelle

 28   je suis arrivé sur la base de ce que Mme Balaban a dit.


Page 21131

  1   Maintenant, s'agissant de Trnopolje, peut-être que vous pensiez qu'il n'y

  2   avait pas de mal à ce qu'on voit cette espace où se trouvent les bâtiments,

  3   le centre médical, mais peut-être que vous n'avez pas imaginé que nous

  4   allions tomber sur des gens qui se sont trouvés ce jour-là dans l'enceinte,

  5   le 5 août, donc, qui sont arrivés d'Omarska et de Keraterm, mais

  6   effectivement, je voudrais revoir ce texte en anglais et qu'il me soit

  7   retraduit en anglais éventuellement réfuté les propos publiés donc prêtés à

  8   moi et je voudrais, effectivement, peut-être même attaquer le magazine qui

  9   me prête ce propos comme quoi je vous aurais appelé stupide, parce que je

 10   ne pense pas que vous le soyez et je ne l'ai jamais dit et je ne l'ai

 11   jamais pensé.

 12   Q.  Merci. Mais alors pourquoi est-ce que vous supposez tant de choses,

 13   alors que je vous ai bien dit que je voulais que vous voyiez tout, et

 14   maintenant, vous nous faites part de toutes sortes d'hypothèses, vous

 15   essayer deviner mes intentions ? Mais c'était ça mon intention vous

 16   permettre de vous y rendre et de tout voir et de discipliner mes hommes sur

 17   le terrain pour qu'ils sachent, effectivement, que quelqu'un pourra voir ce

 18   qui s'y passe. Pourquoi vous refusez d'admettre ou d'accepter cette

 19   hypothèse-là ?

 20   R.  Ce ne sont pas des hypothèses que j'avance. Je parle de ce que l'on

 21   nous a dit lorsque nous nous sommes trouvés sur le terrain et lorsque nous

 22   avons essayé de rentrer -- lorsque nous avons franchi la pista, donc, on

 23   nous a dit que vous auriez dit, que nous ne pouvions pas rentrer donc c'est

 24   sur la base de cela que j'en parle. Donc, lorsque je me tenais là derrière

 25   Mlle Marshall, et je ne dirais pas que c'est une hypothèse, donc, j'aurais

 26   souhaité avoir eu la possibilité de rentrer amis je ne sais pas quelles

 27   sont, et j'aimerais connaître les consignes exactes que vous avez données

 28   mais je ne les connais pas, je pensais que nous allions tout voir et nous


Page 21132

  1   n'avons pas tout vu. En fait, nous n'avons vu que la pointe de l'iceberg

  2   mais on nous a dit que c'était placé sous votre autorité et que vous avez

  3   refusé que l'on voie la totalité du camp.

  4   Q.  Merci. Mais, hier, nous avons parlé de ce qu'a rapporté M. Williams et

  5   vous étiez à côté. Qu'il a dit que mes consignes s'arrêtaient là, qu'elles

  6   n'étaient pas appliquées là, et dans l'entretien, j'ai répété que, s'il y

  7   avait des manquements à la discipline, que je voulais savoir qui sont ceux

  8   qui ne sont pas disciplinés.

  9   R.  Oui. Je me souviens, effectivement, nous avons vu les remarques de M.

 10   Williams. Nous les avons vues dans un document, et lui, ce qu'il a supposé,

 11   dans ce compte rendu que nous avons regardé, était que votre autorité

 12   n'était pas respectée, mais il faudrait interrogé M. Williams là-dessus. Ce

 13   que j'ai compris, c'est qu'on nous avait dit qu'on allait pouvoir visiter

 14   le camp, et pas seulement le camp, mais toute la région, et qu'il n'y

 15   aurait pas d'entrave à cela et que, finalement, il y a eu des entraves, et

 16   il m'a été expliqué que c'était sur votre consigne, selon vos consignes,

 17   c'est comme ça -- c'était comme cela que cela a été traduit, Mme Balaban

 18   l'a présenté autrement. Alors je ne sais pas ce que -- comment M. Williams

 19   a interprété.

 20   Q.  Mais M. Williams cite l'un des Serbes du coin. Que les consignes, les

 21   ordres de Karadzic n'ont pas beaucoup de poids ici. Donc ce n'est pas une

 22   conclusion qui vient de lui, il cite quelqu'un d'autre.

 23   R.  Je n'ai pas entendu ces mots proposés par qui que ce soit d'autre,

 24   comme je ne comprends pas la langue. Je dépendais de ce que disait Mme

 25   Balaban, et c'était que nous allions voir une partie, la partie pertinente

 26   de la chose. Elle nous a promis de voir certaines parties et pas d'autres.

 27   Il y avait une différence entre la manière dont nous interprétons ce que

 28   vous nous avez autorisés à voir.


Page 21133

  1   Q.  Page 15, ligne 21, est-ce que vous êtes d'accord avec moi pour dire que

  2   la traduction n'est pas bonne, donc, Mme Balaban n'a interprété rien de

  3   tout ce que j'ai dit. Elle a dit : "Je me contente d'interpréter," et elle

  4   a dit cela. Je ne fais qu'interpréter.

  5   R.  Oui. Non, non, ce n'est pas un sous-entendu de ma part que c'est elle

  6   qui prend des décisions. Je pense qu'elle a dit qu'il y avait un

  7   empêchement à ce qu'on visite au-delà l'autre partie du camp et que cela a

  8   été, d'après ce que je comprends maintenant, que c'était quelque chose qui

  9   a été imposé par M. Drljaca, le colonel Milutinovic, M. Meakic, qui, eux,

 10   étaient les responsables, pas elle. Comme elle a dit donc, elle se

 11   contentait de traduire pour eux.

 12   Q.  Je vous remercie.

 13   L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-ce que nous pouvons verser cela ? Seule

 14   cette colonne a été traduite, malheureusement, mais si vous voulez, on peut

 15   faire traduire le reste, seulement je ne pense pas que ce soit vraiment

 16   nécessaire.

 17   M. LE JUGE KWON : [interprétation] L'original comporte quatre pages, et la

 18   traduction trois. Je pense que cela suffira, Madame Sutherland.

 19   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Nous allons examiner cet article en

 20   B/C/S, et s'il y a lieu, nous vous en reparlerons.

 21   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je pense que nous pouvons verser au

 22   dossier cette partie-ci uniquement traduite.

 23   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Oui, pour l'instant.

 24   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. Cela est versé au dossier.

 25   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce D1901.

 26   M. KARADZIC : [interprétation]

 27   Q.  Très brièvement, pour que vous voyiez comment se passe et comment -- à

 28   quoi ressemblent ces transferts forcés, alors je voudrais que l'on affiche


Page 21134

  1   le document 1D4820. Donc, lorsque je parle de transfert forcé, il faut

  2   l'entendre, entre guillemets, de ma bouche. Donc, c'est un haut

  3   fonctionnaire de la Croix-Rouge qui s'exprime. C'est une rencontre à Banja

  4   Luka, et le directeur de la Croix-Rouge dit que les Musulmans doivent être

  5   relogés -- réinstallés. Dans sa totalité, cet entretien dit - voyez le

  6   paragraphe 4 - qu'il y a des gens qui souhaitent quitter, qu'il y en a 100

  7   000, peut-être 200 000 dans la région de Banja Luka, et il dit : Si on leur

  8   trouve une solution, si on arrive à en prendre en charge 3 ou 4 000, il

  9   faudrait immédiatement en prendre en charge 10 000. Donc, est-ce que vous

 10   étiez au courant de cette attitude de la Croix-Rouge ?

 11   R.  J'ai eu beaucoup de différends avec la Croix-Rouge au sujet du -- de la

 12   gestion des camps, et je n'étais pas au courant de cette prise de position

 13   en particulier mais cela ne m'étonne pas, je dois dire. C'est une

 14   conversation entre Jakovsky et quelqu'un d'autre appelé Schweizen. Je ne

 15   peux pas vraiment formuler de commentaire. Il faudrait que je lise le texte

 16   pour savoir exactement ce qu'ils disent. Je ne sais pas si c'est le CICR ou

 17   la Croix-Rouge locale. Ce que je sais de première main, ça, c'est le --

 18   comment s'est passé le convoi de -- de -- de transfert forcé, et ça, je

 19   peux en parler, si vous voulez.

 20   Q.  Nous voyons au haut de la page, il s'agit du directeur de la Croix-

 21   Rouge internationale basée à Banja Luka.

 22   L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-ce que nous pouvons verser cela au dossier

 23   ? Est-ce -- je demande le versement de ce document.

 24   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Pourriez-vous nous aider, Maître

 25   Robinson ? Pour quelle raison ceci devrait-il être versé au dossier ?

 26   M. ROBINSON : [interprétation] Honnêtement, Monsieur le Président, je ne

 27   vois pas d'autre raison que le fait que le témoin en ait parlé.

 28   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Vous aurez à un autre moment l'occasion


Page 21135

  1   de verser ce document par le truchement d'un autre témoin.

  2   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci. Je demande l'affichage du document

  3   1D04817.

  4   M. KARADZIC : [interprétation]

  5   Q.  Intéressons-nous à la deuxième partie, celle du bas. Est-ce un

  6   commentaire que vous faites ici à propos de l'arrestation de Saddam

  7   Hussein, et vous faites aussi référence à moi ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Avez-vous la moindre preuve du fait que j'aurais été un tyran ?

 10   R.  Excusez-moi. Pour répondre à votre question, je sais que vous avez été

 11   élu par votre parti, même pas -- mais pas -- même si ce ne fut pas dans le

 12   cadre de la présidence pour toute la Bosnie-Herzégovine, mais je voudrais

 13   voir la totalité ici, parce que je ne pense pas que c'est moi qui aurais

 14   rédigé le titre. Enfin, est-ce que j'utilise le mot "tyran" ?

 15   Q.  Mais je pense que oui. On peut voir la page suivante. Regardez :

 16   "Imaginez Radovan Karadzic." Est-ce bien ce que vous pensez là de moi, ce

 17   que vous avez écrit ?

 18   R.  Excusez-moi, cette -- ces cheveux que vous aviez -- ces cheveux

 19   bouffants et l'attitude un peu trop assurée que vous aviez, c'est vrai que

 20   ce sont des termes assez forts, mais je ne vois pas que je vous qualifie de

 21   tyran, même, parce que je sais que vous avez été élu. Oui, bon, pour la

 22   rhétorique, je ne sais pas si vous étiez vraiment assoiffé de sang --

 23   sanguinaire, mais certains l'ont été en votre nom. Et, oui, je n'ai pas été

 24   particulièrement ravi de voir comment a terminé Saddam Hussein, même si je

 25   ne l'aimais pas du tout. Mais c'est vrai, je vous concède ce discours, ce

 26   langage est un peu exagéré.

 27   Q.  Regardez ici, en bas de texte :

 28   "Il n'y aura pas de Guantanamo Bay pour les gardes du camp d'Omarska ou


Page 21136

  1   pour les bourreaux de Srebrenica."

  2   Page suivante, regardez le paragraphe qui commence par les mots "trois ans

  3   durant".

  4   "… les grandes puissances ont invité Karadzic à leur table, ont flatté ce

  5   tyran de papier et les illusions qu'il avait d'être un homme d'Etat."

  6   R.  Oui, c'est vrai, là, je vous appelle tyran de papier. C'est vrai. Mais,

  7   ici, ce n'est pas dirigé contre vous mais, plutôt, contre l'Occident et les

  8   puissances occidentales qui, effectivement, vous invitaient à leur table,

  9   vous serraient la main sous les lustres de cristal. Je trouvais ça assez

 10   déroutant, étonnant, et après que vous eussiez été mis en accusation, ils

 11   ont voulu que vous soyez amené ici. J'ai interviewé plusieurs des membres

 12   de votre cercle -- de votre entourage et de vos amis à Belgrade, à Pale, à

 13   Sokolac et ailleurs, et qui, effectivement, ont trouvé ça assez amusant, le

 14   sort qui vous a ainsi été réservé. Quand je parle de cet Etat de papier

 15   mâché, c'est un peu arrogant mais on -- vous avez été flatté, d'après ce

 16   qu'ont dit certains, du sérieux avec lequel certaines de ces personnalités

 17   vous traitaient. Bon, je vois le mot "garage" -- non, non, ce n'est pas

 18   "garage" qu'il faut voir, c'est le mot "entourage".

 19   L'INTERPRÈTE : L'interprète précise que la sténotypie est corrigée

 20   instantanément.

 21   M. KARADZIC : [interprétation]

 22   Q.  Mais est-ce que vous savez que M. Akashi était sur la liste noire des

 23   Musulmans parce que, quand il s'est adressé dans sa lettre à moi, il disait

 24   "Excellence," comme je le faisais pour lui, d'ailleurs ? Est-ce que vous

 25   savez que c'est pour ça qu'il a été pratiquement mis à l'index par les

 26   Musulmans ? Est-ce que ceci, disons, peut -- en fait, se réconcilie avec la

 27   position que vous exprimez ?

 28   R.  Non, je ne savais pas qu'il avait été mis sur la liste noire. C'est


Page 21137

  1   vrai qu'il y a un discours politique, il s'est trouvé qu'il a fait preuve

  2   d'une certaine tolérance face à ce qui s'est passé pendant ces trois

  3   longues années, et je n'étais pas très d'accord avec cette tolérance.

  4   Q.  Convenez-vous que M. Akashi devait forcément mieux savoir quelles

  5   étaient les raisons du conflit que vous, puisque M. Akashi lui avait à

  6   faire avec les quatre parties belligérantes ? Chacune d'entre elles.

  7   R.  Il a entendu bien plus d'hommes politiques et de diplomates que moi.

  8   Moi, je n'ai pas beaucoup parlé à ceux là. Mais il n'a pas vu autant de

  9   chose que moi sur le terrain.

 10   Q.  Merci.

 11   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je demande le versement de ce document.

 12   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.

 13   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce D1902.

 14   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je demande l'affichage du document 1D4805.

 15   M. KARADZIC : [interprétation]

 16   Q.  Est-ce que nous avons un autre texte que vous avez écrit ici qui

 17   remonte à 2010 ?

 18   R.  Tout à fait.

 19   Q.  Est-ce que vous commentez ici mon propos liminaire en début de procès ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Voyons la page suivante. Regardez le deuxième paragraphe.

 22   [aucune interprétation]

 23   Le troisième aussi, je ne vais pas lire ces paragraphes, ce n'est pas

 24   nécessaire. Mais est-ce que ceci peut avoir contribué au fait que les

 25   Serbes pensent que vous êtes entaché de parti pris, que vous êtes contre

 26   nous ?

 27   R.  Il ne me revient pas de deviner ce que pensent les Serbes, ce que je

 28   dis ici c'est que vous ne cessez de poursuivre ce déni de ce qui s'est


Page 21138

  1   passé dans ces camps, de leur existence, et que ce, cette persistance a un

  2   effet durable sur ceux qui en étaient les victimes ou qui en sont des

  3   rescapés, c'est ça que j'ai dit dans l'avant-dernier paragraphe. Pour ce

  4   qui est de ce que pensent les Serbes de moi, les Serbes qui furent

  5   favorables à ceux qui -- ce qui s'est passé dans ces camps ne m'aiment

  6   peut-être pas et pensent éventuellement que je les attaque pour le fait

  7   qu'ils aient refuser de croire -- ou qu'ils aient essayé de faire penser

  8   que j'aurais monté ces camps de toute pièce, mais pour ceux qui

  9   désapprouvent ces camps, n'y ont jamais été mêlés ou qui approuvaient ces

 10   camps et en ont maintenant honte n'auraient pas de raison de s'opposer à

 11   l'idée de refuser que ce fut là une construction des médias, parce que ce

 12   ne sont pas les médias qui ont inventé tout ceci. J'espère que vous me

 13   comprenez.

 14   Q.  Merci. Mais, ici dans ce texte, vous donnez l'impression qu'un jugement

 15   a déjà été rendu, qu'il y a eu déjà un verdict, et il n'y a pas un seul

 16   point d'interrogation dans votre texte. Vous semblez savoir des choses, et

 17   voilà, vous prenez position, n'est-ce pas ?

 18   R.  Ici, j'examine la filiale hiérarchique, je parle de vous, de Stakic, de

 19   Kovacevic, et des hommes qui se trouvent au portail du camp. Mais je

 20   reviens sur cette idée, selon laquelle on aurait monté ces images de toute

 21   pièce, ce qui est souvent prétendu ici. Cette thèse a été démentie de façon

 22   constitutive par l'Accusation, mais c'est un peu comme si c'était vraiment

 23   une rengaine qui revient. On remonte à 1996, c'est intéressant que ça ne

 24   remonte à 1992. Finalement, c'est comme un microsillon un peu usé. Mais

 25   ceux qui avancent ces thèses ne semblent pas parvenir à s'imaginer quel

 26   peut avoir été l'effet de ces camps sur ceux qui ont souffert, en sont

 27   sorti, ou qui ont perdu des leurs, pour eux ces souffrances n'ont pas

 28   existé, c'est l'idée qu'ils ont.


Page 21139

  1   Q.  Merci.

  2   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je demande le versement du document.

  3   M. KARADZIC : [interprétation]

  4   Q.  En attendant, je vous demande -- je vous dis ceci. Les prisons pour

  5   prisonniers de guerre c'était Kula, Batkovic et Manjaca. Omarska c'était un

  6   centre d'Enquête. C'était une usine avant -- ou plutôt, une mine qui a été

  7   ramenée à ses fonctions premières -- qu'il fallait ramener à ses fonctions

  8   premières. Vous avez, vous-même, confirmé que c'est un centre

  9   d'Interrogation où il y avait des enquêteurs qui travaillaient jour et nuit

 10   pour assurer un tri --

 11   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Nous n'avons pas besoin de réponse à

 12   cette question. Ce document va être admis, il deviendra la pièce D1903.

 13   Poursuivons.

 14   M. KARADZIC : [interprétation]

 15   Q.  1d04819, affichons ce document. Je répète le numéro : 1D04819. Dites-

 16   nous : pendant que nous attendons l'affichage, combien d'interviews vous

 17   avez accordées ? Combien d'articles vous avez écrits après votre visite à

 18   Omarska et à Trnopolje ? Vous avez parlé d'une quarantaine d'interviews;

 19   est-ce exact ?

 20   R.  Ce jour-là, le 7 août, à Belgrade, c'était interminable. Les interviews

 21   se sont succédées et ça ne m'a pas du tout plu. Je l'ai dit aussi par écrit

 22   et lorsque je suis venu déposer, certaines m'ont vraiment exaspéré. Mais,

 23   apparemment, les gens voulaient en entendre parler. Je ne sais plus combien

 24   il y en a eu, 40 ou 50. Ça n'a pas arrêté.

 25   Q.  Merci. Mais dans votre livre, vous citez le nombre de 54. Combien

 26   d'articles avez-vous écrits ? Combien de textes avez-vous écrits suite à

 27   votre visite ? Vous avez parlé de 200, voire de 300 textes, n'est-ce pas ?

 28   R.  Je ne sais pas, mais j'ai beaucoup écrit sur cette visite.


Page 21140

  1   Q.  Merci. Défilons -- faisons redéfiler le texte. Voici ce que vous avez

  2   écrit après mon arrestation, n'est-ce pas ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Vous affichez une position très claire dans cet article, une fois de

  5   plus entachée de parti pris. Je ne vais pas tout lire, mais vous dites que

  6   c'est la première fois depuis le Troisième Reich et vous dites que, moi,

  7   j'ai organisé le meurtre en masse de 100 000 personnes et le transfert

  8   forcé de 2 millions de personnes, et ainsi de suite. Persistez-vous à avoir

  9   cet avis aujourd'hui ?

 10   R.  Il revient aux Juges de voir si vous êtes directement responsabilité de

 11   tout ceci, mais depuis le jour où nous nous sommes rencontrés et puis ma

 12   visite dans les camps, effectivement, bien sûr, que ceci a influencé ma

 13   vie. Je suis resté en contact avec beaucoup de personnes qui ont souffert,

 14   qui ont perdu des leurs, qui sont des rescapés des camps et, bien sûr, les

 15   Juges vont juger mais, moi, je pense que vous aviez une position

 16   d'autorité, de chef, et que vous avez présidé à tout ceci. C'est mon avis.

 17   Q.  Merci.

 18   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je demande le versement du document.

 19   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.

 20   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce D1904.

 21   M. KARADZIC : [interprétation]

 22   Q.  Vous avez été moult fort récompensé par des prix de journalisme, et

 23   vous avez bénéficié d'autres résultats suite à cette visite à Omarska ?

 24   R.  Oui, j'ai reçu deux, trois ou quatre prix -- non, quatre prix, suite à

 25   cette visite, effectivement.

 26   Q.  Peut-on afficher le document 1D04805. On pourrait dire que ça a été la

 27   visite la plus fructueuse que vous ayez jamais eue. 54 interviews, des

 28   centaines de pages d'articles, et quatre récompenses -- quatre prix très


Page 21141

  1   convoités, n'est-ce pas ? Non, ce n'est pas ce document-ci, que je voulais.

  2   Celui-ci, nous l'avons déjà vu. Un instant, s'il vous plaît.

  3   Est-ce que ce ne fut pas là la visite la plus fructueuse qu'on ait pu

  4   faire où que ce soit pendant la guerre ?

  5   R.  Pour moi, ce n'est pas quelque chose de fructueux ni de productif.

  6   J'aurais de loin préféré ne pas avoir trouvé Omarska. Les 50 interviews ne

  7   comptent pas. Elles m'ont toutes déplu. Je suis toujours dans la même

  8   tranche salariale qu'avant. Disons que je [inaudible] salaire comme tout le

  9   monde avec le temps. Je continue de travailler. Le prix, ça veut dire

 10   beaucoup pour certains; peu pour moi. Ça m'a fait plaisir de les recevoir.

 11   J'ai écrit un autre livre, ce qui m'a coûté beaucoup d'argent. Vous voyez,

 12   comment juger la "productivité" ? Est-ce que je voudrais qu'il n'y ait

 13   jamais eu dans ce monde un Omarska ? Oui.

 14   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Il vous faut combien de temps encore

 15   pour terminer votre contre-interrogatoire, Monsieur Karadzic ?

 16   L'ACCUSÉ : [interprétation] Bien, je vais m'efforcer d'en terminer dans les

 17   20 minutes qui suivent.

 18   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Vous prévoyez des questions

 19   supplémentaires, Madame Sutherland ?

 20   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Il nous faudra quelques minutes.

 21   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bien, nous vous accordons 15 minutes

 22   pour terminer, Monsieur Karadzic.

 23   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Est-ce que nous pouvons déjà dire au

 24   prochain témoin qu'il ne comparaîtra pas aujourd'hui, parce qu'il est

 25   encore --

 26   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, je ne pense pas que nous pourrons

 27   entamer sa déposition aujourd'hui.

 28   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Merci.


Page 21142

  1   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Mais je crois qu'il faut le prévenir.

  2   M. KARADZIC : [interprétation]

  3   Q.  1D04806 [phon], c'est le document qui m'intéresse. Maintenant, je

  4   demande l'affichage. C'est bien vous qui avez écrit ceci, n'est-ce pas ?

  5   Vous l'avez écrit après l'arrestation du général Mladic ?

  6   R.   Tout à fait.

  7   Q.  Merci. Regardons d'abord la photographie. Ce M. Alic, est-ce qu'il a

  8   l'air content, heureux, et qu'en est-il des autres ? Est-ce qu'ils ont une

  9   autre tête que lui ? Pour le dire autrement, comment pouvez-vous être à ce

 10   point convaincu que ce n'est pas l'aspect qu'il a généralement, cet homme ?

 11   Pourquoi ne dites-vous pas que c'est sa corpulence habituelle ? Pourquoi

 12   dites-vous qu'il est amaigri ?

 13   R.  A moins -- j'ai entendu dire qu'il avait eu la tuberculose. J'espère

 14   que ce n'est pas vrai. Bon, est-ce qu'il avait l'air différent, ou les

 15   autres avaient l'air différent de lui ? Oui. Oui, je sais pas -- je sais

 16   que ce n'est pas l'aspect qu'il a généralement. Je l'ai rencontré, cet

 17   homme, quelques dix mois plus tard, et il présentait un aspect tout à fait

 18   différent.

 19   Q.  Merci. Est-ce que vous voulez nous dire que, maintenant, la tuberculose

 20   s'était déclarée deux mois plus tôt si, par exemple, elle -- qu'elle avait

 21   peut-être été provoquée par le stress, par son arrestation ? Est-ce qu'à ce

 22   moment-là, il n'aurait pas pu vraiment avoir subi un tel dépérissement au

 23   cours de ces deux mois ? Parce que s'il n'avait pas eu la tuberculose avant

 24   son arrestation, s'il l'avait attrapée le jour de son arrestation, est-ce

 25   que vous voulez dire qu'en l'espace de deux mois, son état a, à ce point,

 26   empiré, qu'il était pratiquement sur le point de rendre l'âme ?

 27   R.  Oui, je le reconnais, il se peut que les conditions régnant à Keraterm

 28   aient été à ce point abominables, que son état puisse se détériorer dans


Page 21143

  1   l'espace de deux mois. Mais je l'ai rencontré en Slovénie le printemps

  2   suivant, et à ce moment-là il avait une corpulence normale, sans avoir

  3   vraiment reçu de traitement médicamenteux. Il avait simplement eu de quoi

  4   manger.

  5   Q.  Est-ce que vous l'avez vu à demi-dévêtu lorsque vous l'avez vu à

  6   Ljubljana ou est-ce qu'il était tout habillé ?

  7   R.  Non, il portait des vêtements.

  8   Q.  [aucune interprétation]

  9   R.  Mais vous pouvez deviner ma corpulence à travers mes vêtements.

 10   Q.  Regardez ce que vous avez écrit. Vous parlez de Dachau. Peu importe ce

 11   que vous dites à propos du camp de Dachau, vous y faites référence dans ce

 12   texte. Pensez-vous vraiment que ce soit là une façon de faire preuve d'un

 13   manque de parti pris, que ce soit vraiment ce qu'un journaliste, s'il était

 14   neutre, serait et ce qui ferait de lui un bon témoin ?

 15   R.  Ce n'est pas faire preuve d'un manque de neutralité de parler des

 16   atrocités commises dans des camps de concentration. Je pense que les

 17   explications que j'ai fournies le montrent. Bien sûr que c'est subjectif,

 18   car on essaie de savoir ce qui s'est passé, pourquoi ces choses se sont

 19   passées, et c'est vrai que je reste partial. J'ai un parti pris contre les

 20   meurtres commis, de façon massive, contre ce genre de chose, mais je n'ai

 21   pas de parti pris à l'égard de populations -- de peuples.

 22   Q.  Pour autant que vous ayez pu prouver qu'il y avait eu des meurtres de

 23   façon massive, est-ce que vous avez pu l'établir, vous-même, ou est-ce que

 24   vous avez cru ce qu'on vous racontait ?

 25   R.  Au moment où j'avais écrit ceci, j'avais vu l'exhumation de charniers,

 26   notamment à Kevljani, tout près d'Omarska, et j'avais beaucoup été dans la

 27   zone de Srebrenica. J'avais vu des dizaines, sinon des centaines de

 28   rescapés de ces camps, ou de gens qui avaient perdu leurs êtres chers dans


Page 21144

  1   ces camps. J'ai témoigné dans plusieurs procès, et j'ai suivi les procès

  2   ainsi que les verdicts prononcés par ce Tribunal. J'ai été dans des lieux

  3   qu'on appelle de rassemblement où vous avez des anthropologues, des

  4   spécialistes de la médecine légale qui essaient de rassembler les restes

  5   humains de gens trouvés dans ces tombes, dans ces fosses secondaires, pour

  6   essayer d'identifier ces corps et pour les rendre à leurs familles. Donc,

  7   effectivement, c'est là-dessus que je m'appuie pour parler de meurtres

  8   commis, de façon massive, au cours de cette époque en Bosnie-Herzégovine.

  9   Q.  Merci. Pensez-vous qu'il y a aussi des gens, beaucoup de gens qui ont

 10   été tués au cours des combats ?

 11   R.  Oui, ça ne fait pas l'ombre d'un doute.

 12   Q.  Merci.

 13   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je demande le versement du document.

 14   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.

 15   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce D1905.

 16   L'ACCUSÉ : [interprétation] Affichons le document 1D4822.

 17   M. KARADZIC : [interprétation]

 18   Q.  Ceci concerne la visite que avez effectuée à Mostar, souvenez-vous.

 19   Vous en souvenez, n'est-ce pas ?

 20   R.  Bien sûr.

 21   Q.  Prenons la page suivante, vous décrivez les conditions de détention des

 22   Serbes, aux mains du HOS, vous dites de HOS que c'est une organisation pro-

 23   nazi ou néo-nazi, n'est-ce pas ?

 24   R.  Oui, c'est vrai le HOS c'était une organisation mixte de Croates avec

 25   quelques soldats musulmans. Je pense qu'on peut dire qu'il y avait une

 26   milice néo oustachi et ce camp dans lequel étaient détenus des prisonniers

 27   serbes.

 28   Q.  Merci.


Page 21145

  1   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je demande le versement.

  2   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.

  3   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce D1906.

  4   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que vous pouvez terminer en cinq

  5   minutes, s'il vous plaît.

  6   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci.

  7   M. KARADZIC : [interprétation]

  8   Q.  A ce moment-là, je ne vais pas montrer certains documents. Donc, je

  9   voudrais vous demander la chose suivante : Vous avez déployé certaines

 10   activités qui allaient vous permettre de comprendre l'attitude, la conduite

 11   des Serbes et des Croates. Avez-vous pu repérer les prisons musulmanes

 12   indiquées par nous, d'abord, plusieurs à Sarajevo. Alors est-ce que vous

 13   avez vu ne serait-ce qu'une seule prison où étaient détenus des Serbes à

 14   Sarajevo ? Oui ou non, s'il vous plaît, vous n'avez pas besoin de me donner

 15   des explications longues.

 16   R. La prison de Dretelj, Capljina, c'est ce que vous venez de mentionner,

 17   étaient entre les mains conjointement de Croates et de Musulmans. Vous

 18   m'avez recommandé également de me rendre à Tarcin, le tunnel, et le silo.

 19   Effectivement, je suis allé, ils étaient vides à ce moment-là, soit je n'ai

 20   pas vu les prisonniers, s'ils étaient toujours sur place, soit ils ont été

 21   déplacés. Puis, je suis allé en fait directement à Capljina, à partir de

 22   là, et cela correspond à l'article que vous avez présenté.

 23   Q.  Je vous remercie. A Sarajevo même, avez-vous vu ne serait-ce qu'une

 24   seule des prisons que nous vous avions signalées ?

 25   R.  Je ne suis pas allé dans la ville de Sarajevo même, et ce pas jusqu'en

 26   1993, et ce, au milieu de l'année. Je ne voudrais pas du tout nier

 27   l'importance des camps. Mais il y avait autre chose à faire, il y avait une

 28   guerre en cours à Mostar, en Bosnie centrale, où votre parti n'a pas


Page 21146

  1   participé. Je dois dire que, pour répondre à votre question, je n'ai pas

  2   vérifié des camps dans la ville même de Sarajevo.

  3   Q.  Très bien. Alors pour ce qui est de la présence de l'armée de Bosnie-

  4   Herzégovine et de leur équipement, de leurs armes, de leurs canons, de

  5   leurs chars, est-ce que c'est quelque chose que vous avez pu remarquer ?

  6   R.  Vous voulez dire dans la ville de Sarajevo ?

  7   Q.  Oui, dans la partie de la ville qui était entre les mains des

  8   Musulmans.

  9   R.  Oui. Le SDA a exercé son contrôle, là, oui, c'était ethniquement mixte.

 10   Effectivement, je me suis rendu sur la ligne de front, et j'ai vu des

 11   armes. Je n'ai pas vu de pièces d'artillerie, j'ai vu qu'ils avaient des

 12   mortiers et des canons. Pas beaucoup, mais ils étaient équipés,

 13   effectivement, et puis, ils se sont trouvés mieux équipés en 1994.

 14   Q.  Merci. Au sujet de vos sources, je voudrais vous interroger là-dessus.

 15   Alors est-ce que l'on peut affirmer que, pour l'essentiel, vous avez

 16   cherché vos éléments d'information dans des sources musulmanes ? Est-il

 17   exact de dire que vous aviez un bon échange d'information avec la Croix-

 18   Rouge internationale, le HCR, les ONG, et cetera; est-ce que cela est exact

 19   ?

 20   R.  Pas tout à fait. Je me suis surtout appuyé sur ce que j'ai vu, c'était

 21   ma source principale. Ce que je voyais de mes propres yeux dans la plupart

 22   des cas, j'ai été très peu briefé ou guère briefé par le gouvernement de

 23   Bosnie, par le SDA, par les autorités musulmanes. J'avais très peu de

 24   contact avec la Croix-Rouge, je ne me suis pas souvent adressé à eux, nous

 25   n'étions pas d'accord. Ils n'étaient pas d'accord avec moi, et moi, j'étais

 26   mécontent de leur échec à rentrer dans les camps. Nous en avons parlé. Le

 27   HCR, oui, l'armée britannique, j'ai eu des contacts. Bien sûr que le

 28   journal s'intéressait aux forces britanniques intégrées à la FORPRONU, et


Page 21147

  1   puis les soldats. Après le convoi de Vlasic, effectivement, je me suis

  2   beaucoup intéressé, et j'ai eu beaucoup de contacts avec l'armée bosnienne,

  3   pas les Moudjahiddines, ils ne m'aimaient pas, et c'était réciproque. Mais

  4   je dois dire aux Juges de la Chambre que j'ai essayé effectivement de

  5   revenir sur le territoire qui était contrôlé par les Serbes après Vlasic,

  6   et je n'ai pas pu obtenir l'autorisation de me déplacer à travers les zones

  7   entre les mains des Serbes de Bosnie. J'ai essayé plusieurs fois, j'ai

  8   essayé de passer par Pale, là, il y avait un membre de votre famille

  9   d'ailleurs et d'autres qui ont refusé de donner l'autorisation -- ce sont

 10   eux qui vérifiaient, et je n'ai jamais réussi à obtenir l'autorisation

 11   officielle. Ils ne m'aimaient pas.

 12   Puis je suis allé ensuite dans la Republika Srpska, après la guerre, quand

 13   je suis allé à Visegrad sans en avoir obtenu l'autorisation.

 14   Q.  Je vous remercie. Le 6 juin 1996, page 2076 du compte rendu d'audience

 15   dans l'affaire Tadic, vous décrivez le fait, comme vous le dites que vous

 16   avez suivi les rapports officiels de nombre d'organisations

 17   internationales, la Croix-Rouge internationale, le HCR, 1D04801, pages dans

 18   ce compte rendu d'audience, 2075 et 2076.

 19   Là, vous venez de dire quelque chose de très important, que les

 20   informations essentielles, vous les avez trouvées dans ce que vous avez vu

 21   de vos propres yeux, en d'autres termes, est-ce que vous voulez dire que

 22   vous maintenez ce que vous dites dans votre premier texte du 7 août, nous

 23   l'avons vu aujourd'hui parce que c'est là que l'on voit que ce sont des

 24   choses que vous avez vues vous-même ?

 25   R.  Le 7 août, cet article-là, oui. Il est essentiellement fondé sur ce que

 26   j'ai vu le 5 août. Lorsque nous nous sommes rendus ans les camps, bien

 27   entendu, j'ai vu les rapports de ces différentes organisations

 28   internationales. Je ne me suis pas tellement appuyé là-dessus comme l'ont


Page 21148

  1   fait d'autres, et je ne suis pas allé à leurs briefings aussi souvent que

  2   l'on fait d'autres. Attendez, je vais corriger, donc l'article du 7 août

  3   est dans sa grande majorité fondé sur ce que j'ai vu à Omarska et à

  4   Trnopolje ce jour-là, le 5 août.

  5   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Il vous faut terminer, Monsieur

  6   Karadzic. D'ailleurs, vous avez terminé, n'est-ce pas ?

  7   L'ACCUSÉ : [interprétation] Non, encore une question, s'il vous plaît.

  8   Juste une seule.

  9   M. KARADZIC : [interprétation]

 10   Q.  Ce qui veut dire qu'il n'y a aucun autre texte qui se fonde sur ce que

 11   vous avez vu, vous-même sur des visites que vous avez effectué, rien

 12   d'autre que celui-ci. C'était le premier texte qui avait commencé avant que

 13   ne descende en Bosnie ce cirque médiatique, n'est-ce pas ?

 14   R.  Mis à part les 36 heures que j'ai passé à l'aéroport de Sarajevo en

 15   avril, je n'avais jamais mis le pied en territoire tenu par le gouvernement

 16   de Bosnie. Je n'avais pas d'autre source que celle que nous avons vue ce

 17   jour-là, mis à part l'entretien que j'avais eu avec vous, auquel j'ai donné

 18   suite immédiatement, par exemple, quand j'étais à Capljina à Dretelj, mais

 19   je n'avais pas reçu de briefing vous demander -- si j'avais été briefé par

 20   le gouvernement de Bosnie, non, j'avais vu des listes, mais je n'avais pas

 21   mis le pied, disais-je, en territoire tenu par les forces du gouvernement,

 22   à part l'aéroport de Sarajevo, qui était une zone démilitarisée de la zone

 23   UN.

 24   Q.  Donc, ce texte du 7 août, il est accepté par tous les Serbes comme

 25   étant un exercice de journalisme, c'est la seule pièce. Le reste ce n'est

 26   qu'un gros reportage, et je suis vraiment désolé de voir que vous soyez

 27   placé vous-même dans cette situation, dans cette position, je suis désolé

 28   de voir qu'on vous ait qualifié finalement d'anti-Serbe. Mais ça n'a pas


Page 21149

  1   été en raison du texte que vous avez écrit le 7 août, ça vient de tout le

  2   reste de ce qu'on pourrait dire être une histoire magnifiée qui a été

  3   écrite après le 7 août.

  4   M. LE JUGE KWON : [interprétation] C'était là un commentaire superflu. Je

  5   ne sais pas si vous voulez faire des commentaires, Monsieur le Témoin,

  6   avant de donner la parole à Mme Sutherland.

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, je n'ai rien du tout contre les Serbes.

  8   Je me plains de ce qui a été fait en leur nom.

  9   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Madame Sutherland.

 10   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Merci.

 11   Nouvel interrogatoire par Mme Sutherland :

 12   Q.  [interprétation] Page 81 du compte rendu d'aujourd'hui, M. Karadzic

 13   vous pose une question à ce moment-là, et dit que vous n'avez vu personne

 14   qui aurait eu de l'air émacié comme ce fut le cas de M. Alic. Là, vous

 15   aviez un plan fixe, un cliché à l'écran. Est-ce qu'on peut vous montrer

 16   quelques images ? Notre commis, M. Reid, a déjà préparé l'extrait, qui

 17   commence -- ça c'est dans le document de la liste 65 ter 40437, au point

 18   09:02 jusqu'à 09:25.

 19   [Diffusion de la cassette vidéo]

 20   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Nous reprenons la diffusion  à 13:33

 21   jusqu'à 14:09.

 22   [Diffusion de la cassette vidéo]

 23   L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-ce que je peux vous donner un coup de main

 24   ? On entend un bruit de fond, une parodie : "Montrez-moi tous ceux qui ont

 25   l'air émacié." Vous vérifierez. C'est le caméraman qui dit : "Mettez-moi

 26   devant tous ceux qui ont l'air émacié. Vous pouvez rembobiner et vous

 27   pourrez peut-être vérifier ce qui se dit en bruit de fond.

 28   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Manifestement, il y a des prisonniers


Page 21150

  1   présentant un aspect émacié, si c'est ce qu'on dit.

  2   Q.  Mais la question que je voulais vous poser est celle-ci : Est-ce que

  3   vous avez vu les hommes qu'on vient de voir à l'écran et d'autres qui

  4   ressemblaient qui avaient le même état ?

  5   R.  Dans ce périmètre, oui.

  6   Q.  Merci. Deuxième sujet : Aux pages 85 et 86 du compte rendu

  7   d'aujourd'hui, il était question de l'interprétation de Mme Balaban, et

  8   vous dites que Drljaca, Milutinovic étaient -- avaient la responsabilité et

  9   que c'était Mme Balaban qui interprétait pour eux; il y avait aussi M.

 10   Meakic. Lorsque Ian Williams, le reporteur d'ITN, a dit que -- a demandé,

 11   "Pourquoi ces gens ne respectaient pas la promesse de Karadzic ?" et Mme

 12   Balaban a dit que : "Voilà, vous pouvez voir ceci ou cela," alors on n'a

 13   parlé des entraves à l'accès. Est-ce que la partie qui comptait pour vous

 14   c'était qu'en fait on vous empêchait de voir certains des éléments ou

 15   certains des lieux qui auraient été autorisés par M. Karadzic ? 

 16   R.  Ce que je dis -- comme c'était elle qui traduisait, je ne savais pas

 17   toujours exactement qui elle traduisait. Mais, effectivement,

 18   manifestement, il y avait deux [inaudible] d'instructions différentes et

 19   que les instructions que ces gens avaient reçues c'était de ne pas nous

 20   laisser entrer dans les hangars.

 21   Q.  Oui, mais les instructions dont parle Ian Williams, c'est que : "Voilà,

 22   vous ne tenez pas les promesses que nous a faites M. Karadzic ?" Il nous a

 23   dit : "Voilà, il nous a promis quelque chose d'autre," et il a dit :

 24   "Voilà, vous pouvez faire ceci, cela et rien d'autre --"

 25   R.  C'est cas.

 26   Q.  Donc elle parlait du fait que c'est M. Karadzic qui imposait des

 27   restrictions ?

 28   R.  [aucune interprétation]


Page 21151

  1   Q.  C'est bien cela, n'est-ce pas ?

  2   R.  Oui, c'est comme ça que j'ai compris ce qu'elle disait.

  3   Q.  Merci.

  4   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Je n'ai personnes d'autres questions, et

  5   je demande le versement de l'extrait vidéo.

  6   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Les deux parties ?

  7   Mme SUTHERLAND : [interprétation] C'est déjà versé au dossier. Excusez-moi.

  8   M. LE JUGE KWON : [aucune interprétation]

  9   Mme SUTHERLAND : [interprétation] Effectivement.

 10   M. LE JUGE KWON : [aucune interprétation]

 11   L'ACCUSÉ : [interprétation] Puis-je ajouter une question ? C'est à propos

 12   du protocole.

 13   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je ne pense pas que ce soit nécessaire

 14   de poser cette question.

 15   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je voulais simplement demander au témoin s'il

 16   lui est arrivé de voir ce protocole.

 17   M. LE JUGE KWON : [interprétation] C'est la Chambre qui traitera de cette

 18   question plus tard.

 19   Ceci met fin à votre déposition, Monsieur Vulliamy. Nous n'avons pas

 20   autorisé l'accusé à vous poser cette question.

 21   Au nom de mes collègues et au nom du Tribunal, je tiens à vous remercier --

 22   LE TÉMOIN : [aucune interprétation] C'est moi qui vous remercie.

 23   M. LE JUGE KWON : [aucune interprétation]

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est moi qui vous remercie, Madame et

 25   Messieurs les Juges.

 26   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci d'être revenu encore une fois de

 27   plus à la barre.

 28   Vous avez terminé votre déposition.


Page 21152

  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Infiniment. Je vous remercie infiniment.

  2   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Si le personnel des cabines n'a pas

  3   d'inconvénient, je voudrais aborder rapidement une question avant de lever

  4   l'audience d'aujourd'hui.

  5   [Le témoin se retire]

  6   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Tieger, je reviens à la réponse

  7   rapide que vous avez faite à la requête déposée par l'accusé en ce qui

  8   concerne le Témoin Tucker. Nous préférerions avoir une réponse écrite d'ici

  9   à la fin de la semaine, réponse dans laquelle vous indiqueriez ceci :

 10   Premièrement, si l'Accusation s'oppose ou pas à la requête à la lumière des

 11   événements dont vous avez parlé hier et le fait que tous les documents,

 12   sauf un, ont été communiqués.

 13   Deuxièmement, dites si l'Accusation a communiqué ou pas des documents

 14   confidentiels à l'accusé à cette date.

 15   Troisièmement, et dans l'affirmative, sur quel fondement la communication

 16   de ces documents officiels s'est-elle faite étant donné que la Chambre de

 17   mise en état avait dit que l'accusé n'avait pas le droit d'examiner les

 18   documents confidentiels présentés dans l'affaire Oric ?

 19   Q.  Quatrièmement, si malgré tout des documents confidentiels ont été

 20   communiqués, la Chambre aimerait connaître les cotes qui avaient été

 21   données dans le procès Oric pour ce qui est des pièces communiquées et

 22   éventuellement s'il y a eu des pièces à décharge.

 23   Enfin, cinquièmement, s'agissant du document régi par l'article 70 qui n'a

 24   pas encore été abordé, quel est ce document, quelle est sa cote, quelle

 25   était sa cote dans le procès Oric ?

 26   Voilà, ce sera tout. L'audience est levée. Nous reprendrons demain à 9

 27   heures.

 28   --- L'audience est levée à 14 heures 04 et reprendra le jeudi 10 novembre


Page 21153

  1   2011, à 9 heures 00.

  2  

  3  

  4  

  5  

  6  

  7  

  8  

  9  

 10  

 11  

 12  

 13  

 14  

 15  

 16  

 17  

 18  

 19  

 20  

 21  

 22  

 23  

 24  

 25  

 26  

 27  

 28