Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le vendredi 23 mars 2012

  2   [Audience publique]

  3   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  4   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

  5   --- L'audience est ouverte à 9 heures 01.

  6   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Avant que nous ne commencions l'audience

  7   d'aujourd'hui, je vais revenir sur la question qui a été soulevée, Monsieur

  8   Tieger, pour ce qui est de la liste complète de l'Accusation des témoins.

  9   Les Juges de la Chambre estiment qu'il serait utile d'avoir une liste

 10   complète 65 ter de la part de l'Accusation. Etant donné que ceci a été

 11   déposé en 2009, il y a eu plusieurs modifications et révisions de ladite

 12   liste, et nous n'avons pas la liste nouvelle. Et cette nouvelle liste n'a

 13   pas besoin d'avoir des résumés en même temps. Je crois que ce serait plutôt

 14   qu'accablé qu'autre chose.

 15   Et question distincte, je ne sais pas si vous avez eu l'occasion de vous

 16   pencher sur la question des pays qui financent l'ICMP, la Commission

 17   internationale des personnes disparues.

 18   M. TIEGER : [interprétation] C'est mon erreur, Monsieur le Président. Je

 19   n'ai pas pu contacter --

 20   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Alors vous reviendrez vers moi après la

 21   pause.

 22   M. TIEGER : [interprétation] Tout à fait.

 23   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Madame le Témoin, je vous demande de

 24   prononcer la déclaration solennelle.

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Je dirai la vérité, toute la vérité et rien

 26   que la vérité.

 27   LE TÉMOIN : STEFANIE FREASE [Assermentée]

 28   [Le témoin répond par l'interprète]


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  1   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Veuillez vous mettre à l'aise, s'il vous

  2   plaît.

  3   Bonjour, Monsieur Nicholls.

  4   M. NICHOLLS : [interprétation] Bonjour, Madame, Messieurs les Juges.

  5   Interrogatoire principal par M. Nicholls :

  6   Q.  [interprétation] Bonjour, Madame Frease.

  7   R.  Bonjour à vous.

  8   M. NICHOLLS : [interprétation] Puis-je avoir le numéro 65 ter 90321, s'il

  9   vous plaît.

 10   Q.  Madame Frease, alors ce que je vais afficher à l'écran dans quelques

 11   instants est une déclaration de témoin qui a été signée récemment par vous

 12   lors de votre arrivée ici à La Haye. Vous devriez la voir à l'écran dans

 13   quelques instants.

 14   Vous souvenez-vous avoir vu cette déclaration, l'avoir signée ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Veuillez confirmer, s'il vous plaît, à l'intention des Juges de la

 17   Chambre, que vous avez parcouru la déclaration et que vous l'avez lue avec

 18   attention avant de la signer ?

 19   R.  Oui, tout à fait. C'est exact.

 20   Q.  Et vos réponses sur les mêmes sujets, si on devait vous poser des

 21   questions aujourd'hui, est-ce que ces réponses seraient identiques à celles

 22   qui figurent dans la déclaration ? Je ne dis pas que ce serait les mêmes,

 23   mot pour mot, mais pour l'essentiel vous diriez que ce serait la même chose

 24   ?

 25   R.  Oui, tout à fait.

 26   M. NICHOLLS : [interprétation] Puis-je en demander le versement au dossier,

 27   s'il vous plaît.

 28   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Ce sera la pièce suivante de


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  1   l'Accusation.

  2   [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

  3   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que ceci doit être placé sous pli

  4   scellé ?

  5   M. NICHOLLS : [interprétation] J'étais sur le point de le dire, nous

  6   disposons d'une version publique et d'une version expurgée. La seule raison

  7   pour laquelle ceci est sous pli scellé c'est qu'on y fait mention de deux

  8   sites qui ne sont pas cités au paragraphe 19. Donc nous avons expurgé au

  9   niveau de la version publique.

 10   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Dans ce cas, nous pouvons attribuer deux

 11   cotes.

 12   M. LE GREFFIER : [interprétation] Madame, Messieurs les Juges, la version

 13   confidentielle de la déclaration recevra la pièce 4647, sous pli scellé.

 14   Et la version publique de la déclaration recevra la cote P4649 [comme

 15   interprété].

 16   Merci.

 17   M. NICHOLLS : [interprétation] Je vous remercie, Madame, Messieurs les

 18   Juges.

 19   Je vais maintenant demander le versement au dossier des pièces connexes,

 20   Madame, Messieurs les Juges.

 21   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Y a-t-il des objections, Maître Robinson

 22   ?

 23   M. ROBINSON : [interprétation] Non, Monsieur le Président.

 24   M. NICHOLLS : [interprétation] Madame, Messieurs les Juges, pour ce qui est

 25   des différentes conversations téléphoniques interceptées qui se trouvent

 26   dans le numéro 65 ter 02622, je dois vous dire que je vais évoquer

 27   certaines de ces écoutes téléphoniques aujourd'hui, je ne les aborderai pas

 28   toutes, et je montrerai d'autres écoutes téléphoniques, et c'est la


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  1   proposition que je vous soumets que j'ai évoquée avec Me Robinson il y a

  2   quelques instants, c'est-à-dire que je ne vais pas officiellement verser au

  3   dossier ces écoutes, mais je le ferai plus tard dans le cadre d'une

  4   requête. Je verserai à ce moment-là toutes ces écoutes téléphoniques en

  5   même temps plutôt que de demander l'attribution d'une cote pour chacune

  6   d'entre elles.

  7   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Etant donné qu'il s'agissait de

  8   déclarations et que les Juges de la Chambre ne voient pas pourquoi elle ne

  9   pourrait pas accepter le versement au dossier de cela. Mais pour ce qui est

 10   du 3402, est-ce qu'il existe une traduction anglaise ?

 11   M. NICHOLLS : [interprétation] Je crois que oui --

 12   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Faudrait-il peut-être télécharger ce

 13   document ?

 14   M. NICHOLLS : [interprétation] Oui, tout à fait, Madame, Messieurs les

 15   Juges. La traduction anglaise du 3402 concerne la page de garde, et non pas

 16   le tableau qui comporte tous les chiffres. Nous pourrions vous remettre

 17   cela. Pour l'instant, ce dont nous disposons --

 18   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je crois que ceci n'a pas été téléchargé

 19   dans le prétoire électronique.

 20   M. NICHOLLS : [interprétation] Dans ce cas, je vous prie de bien vouloir

 21   m'en excuser.

 22   Nous allons télécharger ceci, Madame, Messieurs les Juges.

 23   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Alors, pour ce qui est du 23548, lorsque

 24   j'ai lu la déclaration de Mme Frease, je ne savais pas très bien s'il

 25   s'agissait du document qui a été évoqué dans le cadre d'une déclaration.

 26   M. NICHOLLS : [interprétation] Oui, tout à fait, Madame, Messieurs les

 27   Juges. C'est un petit peu étrange lorsqu'on lit en même temps que la

 28   déclaration. Mais nous pourrions l'afficher et Mme Frease pourrait nous


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  1   l'expliquer.

  2   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Faites cela.

  3   Et, pour finir, pour ce qui est de 23657, vous ne vous opposerez pas à ce

  4   que ce document soit ajouté à la liste 65 ter, n'est-ce pas ?

  5   M. ROBINSON : [interprétation] Tout à fait, exact, je ne m'opposerai pas.

  6   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Soit. Donc après avoir entendu un bref

  7   résumé de sa déposition, vous pouvez dans ce cas aborder la question des

  8   pièces.

  9   M. NICHOLLS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 10   Avant que de poursuivre, je souhaite parler du 30062622 [comme interprété]

 11   qui est le classeur qui contient les documents authentifiés, qui a été

 12   préparé sous forme d'index et qui permet de croiser les références. Ceci a

 13   été téléchargé. Les trois dernières pages sont les pages dont j'ai remis

 14   des exemplaires à mes collègues et une copie papier pour les Juges de la

 15   Chambre. On y voit le numéro 65 ter et les pages du système électronique

 16   correspondant à chaque document, à chaque pièce.

 17   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bien. Alors ce sera très utile. Merci.

 18   Dans ce cas, alors évoquons la question des pièces connexes après la fin de

 19   l'interrogatoire principal.

 20   Veuillez poursuivre.

 21   M. NICHOLLS : [interprétation] Je vous remercie.

 22   Je vais maintenant parcourir rapidement un résumé de la déposition de Mme

 23   Frease.

 24   Mme Frease a rejoint le bureau du Procureur à Srebrenica, l'équipe

 25   d'enquêteurs, en janvier 2006 [comme interprété]. Entre le mois de mars

 26   1998 et le mois de juillet 2000, elle s'est occupée de la traduction, de

 27   l'authentification et de l'analyse d'écoutes radio recueillies par le

 28   bureau du Procureur. Mme Frease, dans sa déclaration, a expliqué les


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  1   antécédents de l'enquête et les méthodes appliquées permettant de vérifier

  2   la fiabilité et l'authenticité desdites écoutes téléphoniques. Ceci

  3   comprenait la comparaison, la concordance des différentes écoutes

  4   téléphoniques, ainsi que différents imprimés de ces dites conversations et

  5   enregistrements audio. Elle a analysé des documents indépendants, comme des

  6   documents de la VRS, pour constater si oui ou non ceux-ci permettaient de

  7   corroborer certaines écoutes téléphoniques particulières, et elle a

  8   interviewé également des opérateurs qui s'occupaient de ces écoutes

  9   téléphoniques.

 10   Les résultats de ces travaux et de ces analyses qui lui ont pris beaucoup

 11   de temps, Mme Frease a constaté qu'il s'agissait d'écoutes qui, en général,

 12   étaient authentiques et fiables. Pendant toute la durée de son travail et

 13   ce projet concernant les écoutes téléphoniques, elle n'a jamais constaté ou

 14   trouvé des motifs lui permettant d'indiquer que ces conversations

 15   téléphoniques étaient fabriquées de toutes pièces.

 16   Ceci met un terme à mon résumé.

 17   Q.  Je vais vous poser quelques questions.

 18   R.  Bien.

 19   Q.  Alors, je souhaitais simplement m'étendre sur votre déclaration. Au

 20   paragraphe 21 de votre déclaration, il est dit -- vous avez dit :

 21   "Lorsque j'ai évalué la fiabilité des éléments que nous avons reçus, nous

 22   avons en premier lieu essayé de retrouver une cohérence en l'interne à

 23   propos de ces documents. Lorsque je parle de 'cohérence en l'interne', je

 24   souhaitais voir si les copies papier, les impressions papier

 25   correspondaient aux carnets que nous avions reçus".

 26   Donc ma question est assez simplement : étant donné cet exercice, comment

 27   avez-vous évalué cette cohérence interne entre tous les éléments que vous

 28   avez analysés avec les carnets ?


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  1   R.  Eh bien, il y avait -- tout ceci était cohérent. Nous avons commencé à

  2   lire les documents papier qui avaient été imprimés, et ensuite nous avons

  3   abordé les documents qui étaient les documents source, les carnets rédigés

  4   à la main, et nous avons constaté que ceux-ci correspondaient; dans le

  5   plupart des cas, ils étaient identiques. De temps en temps, il y avait

  6   quelques différences au niveau temporel qui était précisé sur les documents

  7   papier. Et ceci avait un lien avec le moment où le dactylographe avait

  8   dactylographié le texte qui correspondait souvent à quelques minutes après

  9   que la conversation n'ait été transcrite.

 10   Q.  Une autre question là-dessus. Merci. Une autre question là-dessus

 11   concernant votre déclaration.

 12   Au paragraphe suivant, paragraphe 22 :

 13   "Nous recevions également des données issues de communications radio

 14   interceptées de différentes sources, à savoir les militaires et le SDB.

 15   Nous avons comparé les écoutes de la SDB avec les écoutes de l'armée pour

 16   déterminer si oui ou non les mêmes conversations avaient été saisies en

 17   même temps. Et nos conclusions par rapport à la cohérence de ces derniers

 18   entre deux sources différentes d'écoutes téléphoniques étaient un facteur

 19   qui nous a permis de penser qu'il s'agissait d'éléments fiables".

 20   Je vous demande de vous étendre là-dessus, s'il vous plaît. Quelles ont été

 21   vos conclusions, et donc vos comparaisons entre les écoutes téléphoniques

 22   de l'ABiH et le service de la Sûreté de l'Etat, la SDB ?

 23   R.  Je pense que les Juges de la Chambre savent aujourd'hui qu'il y avait

 24   quatre différentes unités qui travaillaient sur deux sites différents. Il y

 25   avait trois de ces unités qui étaient des unités militaires et une qui

 26   était une unité de police. Et chacun faisait son travail de façon

 27   indépendante. Et nous avons constaté que lorsque différentes unités

 28   enregistraient la même conversation, eh bien, il y avait une cohérence


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  1   interne entre les transcriptions desdites conversations, donc nous n'avons

  2   pas constaté de différences substantielles entre la teneur des

  3   conversations que la police avait consignées et que l'armée avait

  4   consignées.

  5   Q.  Je vous remercie. Paragraphe 24, vous parlez d'une comparaison

  6   d'écoutes téléphoniques de tiers, comme les documents de la VRS. Je

  7   souhaite me pencher là-dessus maintenant.

  8   M. NICHOLLS : [interprétation] Puis-je afficher le numéro 65 ter

  9   maintenant, 02622.

 10   Q.  Il s'agit là de quelque chose que nous avons mentionné sous

 11   l'appellation, le classeur concernant les éléments d'authentification. Je

 12   crois que ceci a été préparé il y a fort longtemps dans le cadre de votre

 13   déposition dans l'affaire Krstic ?

 14   R.  C'est exact. Et certains passages ont été utilisés dans d'autres procès

 15   par la suite.

 16   Q.  Alors, nous avons la page de couverture. Et vous expliquez dans votre

 17   déclaration comment ce classeur peut être utilisé, donc je ne vais pas

 18   m'étendre là-dessus maintenant. Ce que je souhaite faire maintenant, je

 19   souhaite parler pour illustrer la teneur de ce dernier. Je vais vous citer

 20   quelques exemples. C'est l'intercalaire numéro 8 qui est un index où on

 21   peut lire, ordre portant sur le carburant, et qui date du 16 juillet 1995 à

 22   13 heures 58.

 23   Donc je souhaite que nous regardions la page 61 du prétoire électronique,

 24   s'il vous plaît.

 25   Est-ce que vous pourriez nous dire s'il s'agit là simplement de cet

 26   intercalaire d'un résumé de l'écoute en question ?

 27   R.  C'est exact.

 28   M. NICHOLLS : [interprétation] Est-ce que nous pouvons avoir la page


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  1   suivante maintenant, s'il vous plaît.

  2   M. LE JUGE KWON : [interprétation] J'ai une question à vous poser, Monsieur

  3   Nicholls.

  4   Ces écoutes individuelles ont-elles leur propre numéro 65 ter ?

  5   M. NICHOLLS : [interprétation] Oui, sur notre liste 65 ter, c'est exact,

  6   Monsieur le Président.

  7   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Comment la Défense peut-elle retrouver

  8   la version B/C/S de cette écoute, par exemple ?

  9   M. NICHOLLS : [interprétation] Cela se trouve dans le classeur, à la page

 10   suivante. Chaque écoute dans ce classeur a en premier lieu la version

 11   anglaise suivie de la version serbe.

 12   M. LE JUGE KWON : [aucune interprétation]

 13   M. NICHOLLS : [interprétation] Oui, version manuscrite ou imprimée.

 14   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci.

 15   Poursuivons.

 16   M. NICHOLLS : [interprétation]

 17   Q.  Alors, nous allons parler de cette écoute dans quelques instants.

 18   Veuillez dire aux Juges de la Chambre en quelques mots pourquoi vous avez

 19   choisi cette écoute comme exemple ?

 20   R.  Eh bien, il y avait deux raisons à cela. Cette écoute était marquante

 21   parce que c'était la première que nous avons identifiée lorsque nous avons

 22   travaillé sur cette collection de documents sur le terrain en 1998, lorsque

 23   nous travaillions avec les documents papier, et c'était la première

 24   conversation que nous avons pu dater, et il y avait quelques détails qui

 25   nous permettaient d'identifier les activités en question et faire le lien

 26   avec une information de l'intérieur qui nous avait été fournie par une

 27   source indépendante, quelqu'un qui travaillait à la ferme de Pilica lorsque

 28   les exécutions ont été menées.


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  1   Donc cette écoute était particulièrement marquante à ce titre-là. Mais nous

  2   avons pu en corroborer les éléments grâce à des documents saisis de la VRS,

  3   et la Brigade de Zvornik, et je pense que nous verrons ce document dans

  4   quelques instants. Il s'agit d'un ordre qui portait sur le carburant et qui

  5   permettait de justifier ce qui est dit ici. Donc c'était un bon exemple qui

  6   permettait d'illustrer la façon qui nous permettait, à nous, de corroborer

  7   la véracité des écoutes.

  8   Q.  Merci. Alors, tout au début, on peut lire Zlatar et l'officier de

  9   permanence, Palma, et ensuite une conversation donc entre les officiers de

 10   permanence.

 11   Veuillez nous dire, si vous vous souvenez, de ce que signifie Zlatar et de

 12   ce que signifie Palma ?

 13   R.  Zlatar était le nom de code du Corps de la Drina qui était basé à

 14   Vlasenica, et Palma était le nom de code de la Brigade de Zvornik qui était

 15   basée à Zvornik.

 16   M. NICHOLLS : [interprétation] Et rapidement, pourrions-nous avoir le

 17   numéro 65 ter 03442 --

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Pardonnez-moi, il y a une erreur typographique

 19   à la ligne 13. On doit y lire "Zlatar", Z-l-a-t-a-r.

 20   M. NICHOLLS : [interprétation]

 21   Q.  Il s'agit d'un tableau qui comporte les noms de code de la VRS. Et nous

 22   avions, en réalité, fourni une liste qui a été mise à jour, ce qui n'est

 23   pas le cas ici. Je vais essayer de changer cela par la suite.

 24   Mais veuillez nous dire, s'il vous plaît, comment ce tableau comportant le

 25   nom de code était utilisé par votre équipe ?

 26   R.  Ceci a été établi pour nous permettre de nous y retrouver pour nous

 27   permettre de comprendre le sens de ces écoutes. En réalité, c'est assez

 28   simple. Il y a un nom de code, panorama, que l'on entend beaucoup dans les


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  1   écoutes. C'était le nom de code de l'état-major principal de la VRS. Un ou

  2   deux autres -- trois autres exemples que nous entendions beaucoup dans les

  3   transmissions : Zlatar; Palma, la Brigade de Zvornik; et Badem, qui était

  4   la Brigade de Bratunac. Et ensuite, les autres qui concernent d'autres

  5   unités militaires et les noms de code qui sont associés à ces unités.

  6   Q.  Je vous remercie.

  7   M. NICHOLLS : [interprétation] Puis-je demander le versement au dossier de

  8   ce document, s'il vous plaît, avec la mise en garde suivante : nous

  9   disposons d'une version qui est davantage à jour, qui n'a pas été

 10   téléchargée dans le prétoire électronique, et ceci est accidentel.

 11   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bien. 3442 ?

 12    M. NICHOLLS : [interprétation] Oui.

 13   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Objection, Maître Robinson ?

 14   M. ROBINSON : [interprétation] Non, Monsieur le Président.

 15   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Donc, pièce P4649.

 16   M. NICHOLLS : [interprétation]

 17   Q.  Alors, revenons à l'écoute que nous venons de regarder il y a quelques

 18   instants, page 62 du 0622 [comme interprété].

 19   En attendant son affichage, pour gagner du temps, je vais vous lire les

 20   différents points dont j'allais vous parler.

 21   Alors, lorsque ceci sera affiché à l'écran, nous le verrons, ce

 22   Zlatar, cet officier de permanence, parle avec Palma, qui est officier de

 23   permanence. Et Palma, de la Brigade de Zvornik, l'officier de permanence,

 24   dit :

 25   "500 litres de D2, de gasoil, pour le lieutenant-colonel Popovic."

 26   Et ensuite, un peu plus loin --

 27   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Veuillez attendre l'affichage, s'il vous

 28   plaît.


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  1   M. NICHOLLS : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

  2   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.

  3   M. NICHOLLS : [interprétation] Merci.

  4   Q.  Et juste avant de parler de ce registre où étaient consignées les

  5   quantités de carburant, vous constatez ici que dans cette série de quatre

  6   conversations qui sont scindées, la conversation porte sur le lieutenant-

  7   colonel Popovic qui demande 500 litres de gasoil, sinon son travail devra

  8   s'arrêter, en résumé ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Si nous regardons --

 11   R.  Est-ce que vous pouvez agrandir ceci sur mon écran, s'il vous plaît ?

 12   Q.  Veuillez agrandir le bas du document également, s'il vous plaît.

 13   Nous constatons que le lieutenant-colonel Popovic est à Palma à l'époque ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Merci.

 16   M. NICHOLLS : [interprétation] Et je souhaite maintenant voir la page 66,

 17   quelques pages plus loin du document, dans le prétoire électronique.

 18   Q.  Et pour que nous puissions voir comment fonctionne votre classeur,

 19   veuillez nous expliquer de quoi il s'agit ici, s'il vous plaît, cette page

 20   de couverture qui parle d'éléments permettant de corroborer les faits.

 21   R.  Il s'agit ici d'un résumé des reçus de carburant que nous avons saisis

 22   dans le cadre d'une perquisition du QG de la Brigade de Zvornik en 1998, et

 23   les reçus précisent que 500 litres de gasoil ont été remis au lieutenant-

 24   colonel Popovic à la date du 16 juillet 1995.

 25   Q.  Merci. Est-ce que nous pourrions voir la page suivante, s'il vous

 26   plaît.

 27   Il s'agit là de la traduction du registre consignant le carburant. La page

 28   en B/C/S  se trouve à la page suivante, si vous avez besoin de le voir.


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  1   Ici, nous voyons ce registre qui consigne les quantités de carburant, et

  2   nous avons la date ici en haut qui est celle du 16 juillet 1995. Et dans le

  3   cadre 15, nous pouvons voir que c'est destiné "au lieutenant-colonel

  4   Popovic".

  5   J'aurais dû dire que tout en haut à gauche, on voit : liste d'éléments

  6   devant être envoyés. Et si nous faisons défiler le texte vers le bas, nous

  7   constatons que tous ces éléments correspondent à du gasoil D-2 qui a été

  8   demandé et autorisé. Et signé ici par Sretan Milosevic.

  9   C'est assez clair, mais veuillez nous dire pourquoi vous avez choisi ce

 10   document lorsque vous avez analysé les écoutes ?

 11   R.  Parce que ceci évoque très particulièrement des articles bien précis.

 12   Les dates correspondent, déjà, le 16 juillet. Et ensuite, ceci émane de la

 13   Brigade de Zvornik, donc de Palma. Ceci a été remis au lieutenant-colonel

 14   Popovic, qui est évoqué dans l'écoute. Il est fait mention de D-2. Et il

 15   est fait mention de 500 litres. Donc il s'agit là d'éléments fort précis

 16   qui peuvent être comparés aux écoutes radio.

 17   Q.  Merci. Maintenant je voudrais vous montrer un document connexe qui

 18   n'est pas dans le classeur. Il s'agit du carnet de l'officier de permanence

 19   de la Brigade de Zvornik, P04595. Page 148, s'il vous plaît.

 20   M. NICHOLLS : [interprétation] Cela devrait se trouver à la page 148 en

 21   anglais et dans le document original.

 22   Est-ce qu'on pourrait agrandir un petit peu pour le témoin, s'il vous

 23   plaît.

 24   Q.  Donc nous avons déjà évoqué que Palma dépendait de la Brigade de

 25   Zvornik avec la conversation interceptée 1358 dans laquelle l'officier de

 26   permanence s'exprime. Donc, ici, nous avons le carnet de l'officier de

 27   permanence de la Brigade de Zvornik daté du même jour, 16 juillet. Voyez

 28   l'entrée à 14 heures : 


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  1   "A 14 heures, Popovic a demandé un autobus avec un plein de 500 litres de

  2   gasoil D-2. L'officier de permanence Zlatar et Golic ont été informés."

  3   Donc, très simplement, ceci ne figure pas dans le classeur, mais comment

  4   ceci cadre-t-il avec la conversation interceptée ?

  5   R.  Ceci corrobore la conversation interceptée. Par rapport à l'indication

  6   de temps qui figure, la conversation interceptée a été enregistrée à 13

  7   heures 58, alors qu'ici il est indiqué 14 heures, et le lieutenant-colonel

  8   Popovic demande 500 litres de gasoil de qualité D-2. Il est question de

  9   l'officier de permanence Zlatar ainsi que de Golic. Golic était l'officier

 10   chargé de la sécurité à Zlatar, et son nom est également évoqué dans les

 11   conversations interceptées.

 12   Q.  Merci. Je voudrais que nous revenions maintenant au classeur. Alors je

 13   voudrais donc le 0622 [comme interprété]. Un exemple de plus.

 14   M. NICHOLLS : [interprétation] Page 46, s'il vous plaît, quand cela se sera

 15   affiché.

 16   Q.  Intercalaire numéro 6 du classeur. C'est une écoute du 13 juillet 1995.

 17   En fait, il s'agit de deux écoutes différentes, l'une à 16 heures 02,

 18   l'autre à 17 heures 30.

 19   Alors, est-ce que vous pourriez dire aux Juges de la Chambre pourquoi vous

 20   avez choisi cet exemple précis pour l'inclure dans votre classeur parmi les

 21   différents cas qui corroboraient les 

 22   écoutes ?

 23   R.  Eh bien, il y avait des conversations dans lesquelles il était question

 24   du rassemblement des Musulmans sur le terrain de football à Nova Kasaba le

 25   13 juillet dans l'après-midi. Par conséquent, il s'agissait d'informations

 26   très précises au sujet du lieu -- du type de lieu; par conséquent, puisque

 27   ici il s'agissait d'un terrain de football, nous avons considéré que

 28   c'était quelque chose qui nous permettait de corroborer d'autres éléments.


Page 26726

  1   Q.  Alors, revenons maintenant à cette conversation de 16 heures 02, la

  2   première écoute donc.

  3   Que pouvez-vous nous en dire ? Il est question d'une extension à

  4   Kasaba, plus de 1 500 personnes rassemblées au stade, et cetera.

  5   R.  Oui. Ceci se produit le 13 juillet. En tout cas, c'est la date à

  6   laquelle nous avons pu faire remonter ceci. Il est question de l'unité de

  7   Malinic, et nous savons que Malinic, c'est Zoran Malinic. Il est question

  8   de Kasaba aussi. Malinic était à la tête du 65e Régiment chargé de la

  9   Protection cantonné à Nova Kasaba. Il est question également ici de plus de

 10   1 500 - alors je dirais plus de 

 11   1 500 personnes - rassemblées au stade, et ce sont là les traits

 12   caractéristiques de cette conversation qui permettent une identification.

 13   Q.  Très bien. Alors je voudrais que nous passions maintenant à l'écoute

 14   suivante que vous avez incluse dans le classeur à la même date, mais à 17

 15   heures 30.

 16   Nous voyons ici qu'au début, on demande dix autobus de Bijeljina :

 17   "Dites-leur de venir tout de suite. Il y a environ plus de 

 18   6 000 d'entre eux."

 19   "En âge de porter les armes," demande X.

 20   Et puis, on répond :

 21   "Taisez-vous. Ne répétez pas."

 22   Ensuite, il est question de femmes et d'enfants qui sont toujours en

 23   train d'être transportés.

 24   Plus bas, ensuite :

 25   "Je suis censé envoyer," puis il manque quelque chose, "et leur

 26   demander de renvoyer des informations à Kasaba, de faire un rapport à

 27   Kasaba."

 28   Alors, qu'est-ce que vous pourriez nous en dire rapidement ?


Page 26727

  1   R.  Je crois que précédemment déjà dans la conversation que nous avons déjà

  2   examinée, il est question d'environ 1 500 personnes rassemblées à trois

  3   endroits différents. Il est ici, encore une fois, question de Kasaba et du

  4   stade. Et quand on parle de stade, cela peut signifier le terrain de

  5   football à Kasaba. Ceci a également été enregistré le 13 juillet, une heure

  6   et demie après l'autre écoute. Et donc, là il s'agit de traits tout à fait

  7   caractéristiques.

  8   Q.  Merci.

  9   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Votre micro, Monsieur Nicholls.

 10   M. NICHOLLS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 11   Alors je voudrais maintenant que nous passions à la page 54.

 12   Q.  Il est ici indiqué que parmi les documents qui permettent de

 13   corroborer, il y a une photographie, une photographie aérienne, n'est-ce

 14   pas ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Alors, pourrions-nous tourner la page et voir cette photographie pour

 17   que vous nous expliquiez de quelle façon ceci s'articule avec les écoutes

 18   et les corrobore.

 19   R.  Eh bien, ceci est une photographie aérienne que l'équipe a reçue.

 20   L'analyste qui était chargé de travailler sur cette photographie a

 21   identifié les groupes de personnes qui sont entourés d'un cercle, là où les

 22   personnes sont rassemblées, et donc l'analyste les a entourés d'un cercle

 23   en indiquant 13 juillet 1995, 14 heures. Entourée d'un rectangle, on voit

 24   également l'indication du terrain de football de Nova Kasaba.

 25   Q.  Merci. Je voudrais que nous examinions un certain nombre d'autres

 26   conversations, toujours sur ce même sujet, des conversations qui ne

 27   figurent pas dans le classeur.

 28   M. NICHOLLS : [interprétation] Alors, pourrions-nous afficher le document


Page 26728

  1   numéro 31000 de la liste 65 ter. C'est également une écoute du 13 juillet à

  2   14 heures.

  3   Je ne pense pas que ce soit le bon document.

  4   La référence est 31000. Il nous faudrait la version anglaise. Nous y

  5   voilà.

  6   M. LE JUGE KWON : [interprétation] 31000 dans la liste 65 ter.

  7   M. NICHOLLS : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

  8   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce bien la bonne référence ? Parce

  9   que je n'arrive pas à la retrouver. Mais nous l'avons devant nous, n'est-ce

 10   pas ?

 11   31000A, n'est-ce pas ?

 12   M. NICHOLLS : [interprétation] Oui, excusez-moi, Monsieur le Président.

 13   Q.  Donc c'est la date du 13 juillet, à 14 heures.

 14   La fréquence est 254.300. Alors nous ne connaissons pas les noms des

 15   interlocuteurs, qui sont indiqués par les lettres X et Y.

 16   A la deuxième ligne, Y dit :

 17   "J'en ai plus d'un millier.

 18   "Où sont-ils ?"

 19   Et plus bas, Y répond :

 20   "Ils sont là-bas, au terrain football.

 21   "Ce sont tous des hommes en âge de porter les armes.

 22   "Alors je ne sais pas s'il faut tous les remettre à Zoka ou…"

 23   Est-ce que Zoka est un surnom ?

 24   R.  Zoka était un surnom pour Zoran, et dans ce contexte, ce nom se réfère

 25   à Zoran Malinic, qui était, encore une fois, à la tête du Bataillon de la

 26   Police militaire du 65e Régiment chargé de la Protection cantonné à Kasaba

 27   à la date du 13 juillet.

 28   Q.  Merci. Alors ceci est daté du 13 juillet à 14 heures. Donc c'est la


Page 26729

  1   même référence temporelle que sur la photographie aérienne que nous avons

  2   vue ?

  3   R.  Oui. Et ici, il est dit, comme vous l'avez lu, qu'il y en a plus d'un

  4   millier.

  5   M. NICHOLLS : [interprétation] Pourrions-nous afficher le document 31007.

  6   Est-ce que nous pourrions afficher également le texte en anglais.

  7   Non, ce n'est pas le document. La référence est 31007 --

  8   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Peut-être est-ce encore une fois le

  9   31007A ?

 10   M. NICHOLLS : [interprétation] Oui, essayons 31007A, s'il vous plaît.

 11   Voilà. C'est bien le document en question, je vous remercie.

 12   Q.  Donc cette écoute intervient cinq minutes plus tard sur la même

 13   fréquence, 254.300, le même jour. Nous voyons les deux participants à la

 14   conversation identifiés par X et Y.

 15   X dit : "C'est où ?"

 16   Y répond : "Ici, sur le terrain de football."

 17   X demande : "Est-ce que c'est visible ?"

 18   Réponse de Y : "Putain, oui."

 19   X demande : "Mon frère, n'emmène personne. Je t'envoie un télégramme

 20   urgent. N'emmène personne. Je t'enverrai un télégramme, et j'expliquerai

 21   tout.

 22   "Il faut bien sécuriser tout cela et tu le recevras dans le télégramme."

 23   Alors, est-ce que vous pourriez nous en dire un peu plus sur cette

 24   conversation, est-ce que vous pouvez faire le lien par rapport à la

 25   fréquence, le fait que c'est cinq minutes plus tard, à partir de la

 26   conversation précédente ?

 27   R.  Oui. En fait, dans cette écoute, les informations disponibles sont un

 28   peu moins évidentes jusqu'au moment où on se penche sur le document


Page 26730

  1   suivant. Ici, nous voyons également une référence au terrain de football

  2   précédemment mentionné. Comme vous l'avez dit, la date c'est celle du 13

  3   juillet à 14 heures 05, et il est question d'un télégramme urgent, et je

  4   crois que c'est le document suivant que nous allons examiner.

  5   Q.  Merci.

  6   M. NICHOLLS : [interprétation] Pouvons-nous afficher la pièce P00168.

  7   L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-ce qu'il serait simplement possible de voir

  8   le bas de la page, s'il vous plaît. Merci.

  9   M. NICHOLLS : [interprétation] P00168, s'il vous plaît.

 10   Q.  Il s'agit d'un document intitulé "Poste de commandement avancé du 65e

 11   Régiment chargé de la Protection, régiment motorisé, à 14 heures." C'est

 12   daté du 13 juillet 1995, la mention est manuscrite. Et c'est signé du

 13   lieutenant-colonel correction Milomir Savcic. Alors savez-vous qui il était

 14   ?

 15   R.  Oui. Il était le commandant du 65e Régiment de la Protection.

 16   Q.  Alors voyons ce document. Vous avez expliqué que ce document était lié

 17   à ce que nous venons d'examiner.

 18   Donc il s'agit d'un document qui est envoyé au commandant de l'état-major

 19   de la VRS, l'assistant chargé du moral, des affaires religieuses et

 20   juridiques de l'état-major et au commandant du Bataillon de la Police

 21   militaire du 65e Régiment de la Protection. Et vous dites que c'était Zoran

 22   Malinic, n'est-ce pas ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Alors, est-ce que ce document a quelque chose à voir avec l'écoute que

 25   nous avons vue ?

 26   R.  Oui, parce que ceci vient du commandant du 65e Régiment de la

 27   Protection. C'est adressé à son adjoint, Zoran Malinic, qui est mentionné

 28   dans plusieurs des écoutes, et il se trouve à Kasaba. Cet ordre indique


Page 26731

  1   qu'il y a plus de mille membres de ce qu'il convenait d'appeler la 28e

  2   Division de l'ABiH qui ont été capturés dans le secteur de Dusanovo, à

  3   Kasaba. Les prisonniers sont sous le contrôle du Bataillon de la Police

  4   militaire du 65e Régiment chargé de la Protection.

  5   Et tous ces éléments d'information confirment ce qui a été enregistré dans

  6   les conversations par radios interceptées que nous avons déjà vues

  7   précédemment.

  8   Ensuite, il est indiqué que l'assistant du commandant chargé de la sécurité

  9   et du renseignement à l'état-major de la VRS, à savoir le général Tolimir,

 10   propose ce qui suit. Et on voit un certain nombre de points qui sont mis en

 11   avant, par exemple, le fait d'interdire l'accès à toute personne non

 12   autorisée, le fait d'interdire la circulation des véhicules des Nations

 13   Unies. Ensuite il est dit que le commandant du Bataillon de la Police

 14   militaire devra prendre des mesures pour écarter les prisonniers de guerre

 15   de la route principale de Milici à Zvornik afin de les placer à l'intérieur

 16   de locaux ou d'installations ou dans un secteur qui ne serait pas visible

 17   ni du sol ni des airs.

 18   Et ensuite, il y a un quatrième point à la page suivante.

 19   Alors ceci n'a pas de lien direct avec les écoutes.

 20   Q.  Merci. Alors nous avons vu l'écoute numéro 31007 juste avant,

 21   conversation entre deux interlocuteurs dont l'un demandait est-ce que c'est

 22   visible ?

 23   R.  Oui, je m'en souviens. Mais est-ce que vous pourriez me dire à quelle

 24   heure cela a été enregistré ?

 25   Q.  C'était à 14 heures 05.

 26   R.  Très bien. En effet.

 27   Q.  Merci. C'étaient là les seuls exemples que je souhaitais examiner avec

 28   vous en raison du temps dont nous disposons.


Page 26732

  1   Alors vous avez expliqué dans la déclaration qui a été versée au

  2   dossier ce qu'il en était de l'intercalaire numéro 1.

  3   Mais compte tenu du type d'analyse que nous avons pu voir à

  4   l'instant, que vous nous avez expliqué, compte tenu des explications que

  5   vous fournissez dans votre déclaration, à l'époque vous travailliez sur ce

  6   projet, je pense que cela a duré près de deux années. A quelles conclusions

  7   êtes-vous parvenue au bout du compte quant à l'authenticité des écoutes qui

  8   ont été collectées par le bureau du Procureur ?

  9   R.  Mon évaluation consistait à dire que les écoutes étaient à la fois

 10   authentiques et fiables.

 11   Q.  Merci. Merci beaucoup.

 12   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Nicholls, est-ce que vous

 13   demandez le versement de ces deux écoutes supplémentaires, celles que vous

 14   venez d'examiner, à savoir 31000A et 31007A ?

 15   M. NICHOLLS : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Mais comme je

 16   l'ai indiqué, selon ce qui conviendra mieux aux Juges, je peux soit en

 17   demander le versement maintenant, soit redemander le versement de

 18   l'ensemble des écoutes dans une requête unique.

 19   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Eh bien, j'imagine qu'il n'y a pas

 20   d'objection concernant ces deux écoutes ?

 21   M. ROBINSON : [interprétation] Non, Monsieur le Président.

 22   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. Nous allons donc les verser

 23   au dossier.

 24   M. NICHOLLS : [interprétation] Merci.

 25   M. LE GREFFIER : [interprétation] Madame et Messieurs les Juges, le

 26   document 31000A de la liste 65 ter reçoit la cote P4670, et le document

 27   numéro 31007A de la liste 65 ter reçoit la cote P4671.

 28   Je vous remercie.


Page 26733

  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Peut-on corriger le compte rendu d'audience à

  2   la page précédente, parce que ma conclusion consistait à dire que les

  3   écoutes étaient à la fois authentiques et fiables.

  4   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous assure que ceci sera corrigé en

  5   temps utile.

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie.

  7   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je reviens maintenant à la question des

  8   pièces connexes. Vous avez parlé du document 23548 et également 3657 pour

  9   la même raison.

 10   M. NICHOLLS : [interprétation] Oui, je vous remercie. Alors pourrions-nous

 11   afficher le numéro 23548. Alors nous avons également besoin de la version

 12   en anglais.

 13   Q.  Madame le Témoin, ces deux documents sont évoqués au paragraphe numéro

 14   5 de votre déclaration consolidée. Il est indiqué, je cite :

 15   "Les premiers documents que nous avons reçus en mars 1998 consistaient

 16   environ 550 pages d'écoute de l'ABiH, imprimées. Les documents avec les

 17   numéros 65 ter 23548 et 23657 enregistrent le transfert de ces documents au

 18   bureau du Procureur."

 19   R.  En effet.

 20   Q.  Pourriez-vous nous dire, puisque nous avons maintenant le document

 21   23548 à l'écran, pourriez-vous nous dire de quelle façon ceci était lié au

 22   premier lot de 550 écoutes, de 550 pages d'écoute.

 23   R.  Il s'agissait du récépissé que le chef d'équipe pour le projet de

 24   Srebrenica, Jean-René Ruez donc, avait signé au moment de prendre

 25   possession de ce classeur.

 26   Q.  Très bien. Alors passons maintenant à la page suivante, en fait, c'est

 27   une page plus loin encore. Donc au verso de récépissé, il y avait également

 28   des informations, il y avait un diagramme concernant la structure du Corps


Page 26734

  1   de la Drina, n'est-ce pas, ceci était bien inclus dans les premières pages

  2   de cette liasse de transcriptions d'écoute, n'est-ce pas ?

  3   R.  Oui. C'était joint.

  4   M. NICHOLLS : [interprétation] Pouvons-nous avoir le document suivant

  5   23657.

  6   Q.  Alors, je conviens que ceci ne ressemble pas vraiment à un reçu. Mais

  7   pourriez-vous nous dire ce que ce document avait à voir avec la liasse

  8   d'écoutes reçue par le bureau du Procureur ?

  9   R.  Il s'agit de la page de garde, en fait, de ce classeur comprenant 550

 10   pages.

 11   Q.  Merci.

 12   M. NICHOLLS : [interprétation] Ceci conclut ce que je souhaiterais demander

 13   au sujet de ces deux documents, Madame et Messieurs les Juges.

 14   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci. Donc nous allons verser

 15   l'ensemble de ces documents, y compris le numéro 2622, et les cotes seront

 16   fournies en temps utile par le Greffier.

 17   M. NICHOLLS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 18   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Et je relève que la pièce connexe 30921

 19   a déjà été versée au dossier par l'intermédiaire du Témoin KDZ357.

 20   M. NICHOLLS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 21   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Karadzic, à vous.

 22   L'ACCUSÉ : [interprétation] Bonjour, Excellences. Bonjour à tous.

 23   Contre-interrogatoire par M. Karadzic :

 24   Q.  [interprétation] Bonjour, Madame Frease.

 25   R.  Bonjour.

 26   Q.  Je voudrais commencer par ce qui est le plus récent, mais pour cela,

 27   avec votre permission, j'ai besoin de vous demander quelle connaissance

 28   vous avez de la langue serbe ? Est-ce que vous l'avez apprise ?


Page 26735

  1   R.  Eh bien, je dirais que j'ai une bonne connaissance de cette langue

  2   comme langue de travail. Malheureusement, je dois dire que je ne l'ai

  3   jamais vraiment étudiée. J'ai appris sur le tard en fait, et cela avant

  4   tout pendant mon travail en Bosnie pendant la guerre, et ensuite également

  5   lorsque j'ai travaillé pour le bureau du Procureur.

  6   Q.  Merci. Donc vous n'avez pas d'origine ex-yougoslave ?

  7   R.  Si, j'ai une partie de mes racines qui se situe en ex-Yougoslavie, une

  8   partie de mes origines.

  9   Q.  Pourriez-vous nous dire de quelle nature ou plutôt quelles sont ces

 10   origines, si vous le souhaitez, bien sûr ?

 11   R.  Eh bien, mes grands-parents d'un seul côté étaient d'origine ex-

 12   yougoslave.

 13   Q.  Merci. Est-ce que vous connaissez le sens du terme "zacapeti", c'est-à-

 14   dire "fermer au moyen d'un bouchon" littéralement ou "la fermer".

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Conviendrons-nous que cela signifie, par exemple, fermer une bouteille

 17   ou refermer, boucler un espace en quelque sorte, au moyen d'un bouchon ?

 18   R.  Oui, c'est à mon sens c'est ce que signifie ce mot. C'est ce que je

 19   comprends.

 20   Q.  Merci. Est-ce que vous pourriez maintenant dire aux Juges de la

 21   Chambre, ce qui serait le contraire de cette notion. Comment dit-on,

 22   comment désigne-t-on l'opération inverse de celle-là ?

 23   R.  Eh bien, ce serait le terme "odceptipi" en B/C/S.

 24   Q.  Merci. Alors dans cette écoute, peut-être s'agissait-il de la pièce

 25   P4670, donc 31000 de la liste 65 ter. Il y a justement ce mot là qui n'a

 26   pas été traduit. Est-ce que vous vous en souvenez ? On voit qu'il est

 27   indiqué "terme inconnu" ?

 28   Est-ce que nous devons l'afficher, ou bien vous en souvenez-vous ?


Page 26736

  1   R.  Je m'en souviens. Et je me suis demandée pourquoi ce terme n'avait pas

  2   été traduit, en réalité. Mais il ne s'agissait pas là de mes propres

  3   traductions.

  4   Q.  Oui, oui, tout à fait. Ce que je souhaite savoir, c'est connaître les

  5   résultats de vos travaux. S'agit-il simplement de vérifier l'exactitude des

  6   transcriptions, ou bien ceci avait-il des conséquences plus importantes,

  7   comme dans le cas du carburant. En d'autres termes, avez-vous utilisé

  8   chaque élément qui permettrait de corroborer la teneur d'une écoute des

  9   transmissions radio ?

 10   R.  Je me suis servie des mes aptitudes linguistiques pour revoir les

 11   traductions dans une grande mesure, et en compagnie de traducteurs et

 12   d'assistants linguistiques. Je dirais qu'il s'agissait là d'une petite

 13   partie de mon travail.

 14   Q.  Et lorsque je vous ai posé cette question, je n'ai pas parlé de

 15   questions linguistiques. Par exemple, le nombre, le chiffre de 1 100 et

 16   plus de 1 100 est cité, et à plusieurs reprises, et vous évoquez l'analyste

 17   qui a identifié des images -- ou plutôt des enregistrements qui permettent

 18   de corroborer la teneur de ceci, de cette analyse. Et ce chiffre de 1 500,

 19   ou de plus de 1 000, est-il un chiffre exact ?

 20   R.  Alors ceci était fondé sur des informations qui avaient été fournies

 21   par la VRS et que la VRS fournissait à ses commandants.

 22   Q.  Merci. Donc vous n'avez pas vérifié pour savoir si, oui ou non, ce

 23   combattant -- ou ce chasseur avait exagéré le chiffre. Savez-vous ce que

 24   j'entends par des chasseurs ?

 25   R.  [aucune interprétation]

 26   Q.  Eh bien, dans notre langue, lorsque vous parlez de "récits de

 27   chasseur", c'est lorsqu'on exagère quelque chose et on exagère la prise ou

 28   la chasse qui a pu être faite. Des récits exagérés, en d'autres termes.


Page 26737

  1   Mais lorsque vous avez appris notre langue, avez-vous rencontré cette

  2   expression idiomatique, "les récits de chasseur" ?

  3   R.  Je ne me souviens pas de cela en particulier. Mais de savoir si, oui ou

  4   non, les chiffres étaient exagérés entre 1 000 et 

  5   1 500, s'il s'agissait là -- il s'agissait là de chiffres provenant de

  6   soldats qui étaient sur le terrain et qui avaient la responsabilité de la

  7   garde des prisonniers. Il y avait des cars entiers de personnes que l'on a

  8   fait sortir des enclaves et qui ont vu de très nombreuses personnes

  9   rassemblées dans ce stade de football.

 10   Donc ces récits-là en particulier qui ont été rapportés par les

 11   soldats de la VRS dans leurs transmissions, eh bien, je pense que ceux-ci

 12   ont certainement dû être exacts parce qu'ils devaient être préoccupés par

 13   la sécurité de ces prisonniers ainsi que le transport de ces prisonniers.

 14   Ils devaient savoir combien d'autobus ils avaient besoin pour pouvoir

 15   transporter ces prisonniers. Donc cet élément d'information provenait de la

 16   partie serbe de Bosnie.

 17   Nous disposions également de sources indépendantes qui permettaient

 18   de corroborer cela, à savoir qu'il y avait des gens que l'on transportait à

 19   l'extérieur de l'enclave.

 20   LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Monsieur Nicholls.

 21   M. NICHOLLS : [interprétation] Pardonnez-moi si je vous interromps. Je ne

 22   voulais pas soulever une objection. Mais aux fis du compte rendu

 23   d'audience, je ne savais pas à qui faisait référence M. Karadzic lorsqu'il

 24   a parlé du chasseur ou de la personne qui avait exagéré les récits. Le

 25   lieutenant-colonel Milomir Savcic du document, ou est-ce qu'il parle d'un

 26   des interlocuteurs de l'écoute en 

 27   question ?

 28   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je crois qu'elle a répondu à la


Page 26738

  1   question.

  2   Ou est-ce que vous souhaitez préciser cela, Monsieur Karadzic ?

  3   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je vous remercie de m'avoir donné cette

  4   possibilité de préciser.

  5   M. KARADZIC : [interprétation]

  6   Q.  M. Savcic recevait des rapports des gens du terrain. La personne qui a

  7   dit avoir fait prisonniers plus de 1 000 personnes, voire jusqu'à 1 500.

  8   Donc ces personnes qui ont capturé les prisonniers ont rendu des rapports

  9   sur le nombre de prisonniers en question. Et ma question porte sur le fait

 10   que Mme Frease dit que l'analyste a également analysé cette photographie de

 11   façon à pouvoir corroborer la teneur des écoutes. Et moi, je souhaite

 12   savoir si cet analyste a également analysé le chiffre qui y figure, car

 13   tous les chiffres ont été considérés comme des chiffres incontestables.

 14   R.  Je ne sais pas si l'analyste a fourni un chiffre.

 15   L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-ce que nous pourrions dans ce cas regarder

 16   -- je crois que c'est à la page 55, car la page 54 correspondait à la

 17   transcription, et la page suivante correspond à la photographie. Le numéro

 18   622, celui que nous avons déjà vu. Merci.

 19   Est-ce que nous pourrions voir ce stade sur plein écran. Je voulais parler

 20   simplement du terrain de foot. Est-ce que nous pourrions l'agrandir, s'il

 21   vous plaît.

 22   Est-ce que nous pouvons agrandir ceci davantage, s'il vous plaît.

 23   M. KARADZIC : [interprétation]

 24   Q.  Est-ce que nous pouvons convenir, Madame Frease, que nous voyons des

 25   individus ici, à la fois ceux qui sont debout devant le groupe dans le

 26   rectangle, et étant donné que ces personnes sont debout, leur ombre est un

 27   peu plus mince, et nous voyons également les personnes qui sont assises ?

 28   R.  Non.


Page 26739

  1   Q.  Est-ce que vous dites en somme que sur la gauche nous ne pouvons pas

  2   voir que ces personnes sont alignées sur deux rangs, et que nous pouvons

  3   voir chaque individu ?

  4   R.  Oui. C'est bien ce que je dis.

  5   Et une des raisons pour lesquelles je dis cela, c'est que je n'ai

  6   jamais analysé des images aériennes, donc je ne sais pas à quoi correspond

  7   un point. Mais je me souviens également des écoutes de 1009 dans la matinée

  8   du 13 lorsque le colonel Beara, Zoka et Lucic, qui avait été l'adjoint de

  9   Zoka, évoquaient la chose suivante : le colonel Beara donne un ordre de

 10   façon à aligner ces personnes sur trois ou quatre rangées.

 11   Et on parle également : Y a-t-il des grosses têtes, des dirigeants ?

 12   Donc ils essayaient de les séparer.

 13   Je ne sais pas. Peut-être que sur la gauche, la partie que nous

 14   regardons, il y a les personnes qui ont été alignées sur trois ou quatre

 15   rangées, des prisonniers également - je ne sais pas, peut-être - et cet

 16   autre groupe, beaucoup plus important, d'autres prisonniers.

 17   Q.  Bien. Connaissez-vous la taille d'un stade de football, par exemple,

 18   européen ?

 19   R.  Je ne peux pas vous donner de dimensions.

 20   Q.  Et si je vous disais que cela correspond à 18 sur 40, et les stades les

 21   plus importants sont de 100 mètres sur 50, est-ce que cela vous paraît

 22   quelque chose d'acceptable ?

 23   R.  Je ne connais pas les dimensions.

 24   Q.  Bien. Est-ce que nous pouvons convenir que ce groupe de personnes plus

 25   important alignées sur cinq rangées occupe une petite partie du terrain ?

 26   R.  Je ne suis pas d'accord avec ce que vous venez de dire, à savoir que le

 27   groupe le plus important est disposé sur quatre ou cinq rangées.

 28   Q.  Et alors, ce groupe plus important serait aligné sur combien de rangées


Page 26740

  1   ?

  2   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Karadzic, je me demande s'il

  3   s'agit du témoin qui convient en l'espèce pour parler ou commenter les

  4   images aériennes. Moi, j'ai l'impression que nous sommes en train de perdre

  5   du temps. Vous aurez d'autres occasions pour traiter de cette question-là.

  6   Et je crois que nous disposons de meilleures photographies également.

  7   M. LE JUGE MORRISON : [interprétation] Le témoin a déjà dit qu'elle n'avait

  8   aucune expertise en matière d'analyse d'images aériennes. Donc

  9   l'information que vous essayez de recueillir ou sur laquelle vous voulez

 10   recueillir son accord, ou en tout cas sur laquelle vous souhaitez qu'elle

 11   se livre à des conjectures, cela n'est pas très convaincant.

 12   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que vous avez un numéro 65 ter

 13   pour la page 28, s'il vous plaît, pour la déclaration Jean-René Ruez ?

 14   M. NICHOLLS : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît.

 15   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Veuillez poursuivre. Page 38, s'il vous

 16   plaît, du numéro P4308.

 17   M. KARADZIC : [interprétation]

 18   Q.  En attendant, ce que j'essaie de savoir, c'est ceci : quelle a été

 19   l'approche adoptée par votre équipe lorsqu'elle a analysé les

 20   vérifications, les analyses sur des informations complémentaires qui

 21   pourraient servir d'éléments de corroboration ? Avez-vous vérifié des

 22   éléments qui pourraient favoriser la partie serbe; autrement dit,

 23   l'établissement de la vérité ?

 24   R.  Nous avons fait très attention lorsque nous avons fait nos analyses.

 25   Dès le départ, nous nous sommes penchés sur ces éléments avec beaucoup de

 26   scepticisme.

 27   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Le numéro 65 ter 3199, page 38.

 28   Veuillez poursuivre, Madame Frease.


Page 26741

  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Alors notre approche consistait à estimer que

  2   les documents étaient des faux, fabriqués de toutes pièces, et c'était à

  3   nous de comprendre si, oui ou non, c'était le cas. Nous avons donc mené une

  4   analyse très méticuleuse concernant tous les éléments d'information qui

  5   avaient trait aux écoutes interceptées. Comme je le dis dans ma

  6   déclaration, et c'est quelque chose que j'ai déjà dit dans des dépositions

  7   antérieures, nous avons analysé les éléments papier qui sont dans le

  8   classeur, nous avons comparé ces éléments-là avec les carnets de notes sur

  9   lesquels les opérateurs transcrivaient les conversations en question, et

 10   ensuite nous avons comparé ces conversations-là. Nous avons retrouvé des

 11   conversations qui se chevauchaient, qui émanaient de différents sites et

 12   d'unités multiples, et nous avons comparé cela avec la cohérence et le

 13   caractère professionnel avec lequel l'ABiH faisait son travail. Nous avons

 14   ensuite analysé de longues conversations avec les conversations transcrites

 15   par les opérateurs. Tout ceci pour tester la fiabilité et l'authenticité

 16   des éléments en question. C'est ainsi que le processus s'est déroulé.

 17   J'avais participé à l'enquête depuis le début, et l'équipe d'enquêteurs ne

 18   cessait de travailler avec de nouveaux éléments qui avaient été saisis

 19   auprès de la VRS et ainsi que d'autres éléments qu'ils s'étaient procurés,

 20   par exemple, des lettres, des notes -- pardonnez-moi. Pas des lettres, mais

 21   des notes qui avaient été transcrites à partir de conversations entre des

 22   militaires de la VRS et les généraux de la FORPRONU. Nous avons étendu un

 23   filet le plus largement possible pour pouvoir corroborer les différentes

 24   conversations et de façon à pouvoir comparer ces éléments-là à partir de

 25   sources différentes.

 26   Et nous sommes ainsi parvenus à la vérité.

 27   M. KARADZIC : [interprétation]

 28   Q.  Merci. C'est précisément ce qui m'intéresse.


Page 26742

  1   Avez-vous vérifié si, oui ou non, tout ceci avait été enregistré

  2   correctement et si tout ceci avait été transcrit correctement, autrement

  3   dit, ce que disaient les différents interlocuteurs, ou avez-vous vérifié si

  4   ces personnes disaient la vérité ?

  5   R.  Nous avons vérifié les deux.

  6   Q.  Merci. Et est-ce que vos équipes ont admis qu'il y avait plus de 1 000

  7   personnes sur cette photographie ?

  8   R.  Je ne suis pas une analyste d'images aériennes, mais cette photographie

  9   représentait -- ou plutôt, corroborait des éléments d'information qui nous

 10   avaient été transmis dans au moins cinq conversations interceptées ce jour-

 11   là, à commencer à 10 heures 09 de la matinée jusqu'à 17 heures 30 de

 12   l'après-midi, et en particulier entre 14 heures et 14 heures 05, ainsi

 13   qu'un télégramme de Milomir Savcic dont l'unité était responsable de la

 14   sécurité des prisonniers à Nova Kasaba ce jour-là.

 15   Q.  Est-ce qu'il est incontestable que Savcic n'était pas sur le terrain et

 16   qu'il envoyait des instructions aux personnes qui se trouvaient sur le

 17   terrain ? Est-ce que nous pouvons être d'accord là-dessus ?

 18   R.  Il était à Borike. Oui, pas loin de là. Et il se reposait sur ses

 19   hommes sur le terrain pour que ceux-ci lui fassent remonter les éléments

 20   d'information à partir du terrain, et en particulier son adjoint.

 21   Q.  Merci. Donc cette photographie a été prise vers 14 heures à la date du

 22   14 juillet, et l'écoute qui évoque le chiffre de plus de 1 000 prisonniers

 23   sur le terrain de football est datée de la même époque.

 24   Avez-vous vérifié si ces personnes disaient la vérité ? Je ne veux

 25   pas parler de vous personnellement. Vous avez dit que vous aviez vos

 26   propres analystes, à la page 14, que vous aviez un analyste qui a analysé

 27   la photographie afin de corroborer les éléments contenus dans les écoutes.

 28   R.  Une petite correction. C'était le 13 juillet à 14 heures.


Page 26743

  1   Je suppose que vous me dites que Zoran Malinic et d'autres personnes

  2   sur le terrain qui figurent dans cette écoute mentaient. Ce que nous savons

  3   d'après les faits, et en nous fondant encore une fois sur les personnes qui

  4   étaient chassées de l'enclave, qui ont été évacuées de l'enclave, et qui

  5   étaient à bord des autobus qui nous disaient qu'il y avait de très, très

  6   nombreuses personnes qui se trouvaient sur le terrain Nova Kasaba.

  7   Moi, je ne peux pas vous dire -- je ne peux pas vous donner de

  8   chiffre. Je ne peux pas citer de chiffre et vous dire exactement combien de

  9   personnes ont été photographiées et figurent sur cette image aérienne.

 10   Q.  Merci. Je pense que vous avez convenu que vous avez non seulement

 11   vérifié si les enregistrements et les transcriptions avaient été faits de

 12   façon exacte, mais vous avez également vérifié si ceci portait sur un

 13   véritable événement exact ou non.

 14   Et est-ce que votre équipe a admis qu'il y avait plus de 1 000

 15   prisonniers sur le terrain de football ?

 16   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Elle a répondu à la question.

 17   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je ne suis pas certain d'avoir obtenu la

 18   réponse, après toutes ces vérifications, les conclusions de l'équipe

 19   consistaient à dire qu'il y avait effectivement 1 000 prisonniers dans ce

 20   stade. Et ceci n'a pas été confirmé par le témoin.

 21   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Fort bien.

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Les hommes de la VRS qui se trouvaient sur le

 23   terrain à l'époque avaient estimé que le nombre de personnes qui se

 24   trouvaient sur le terrain de foot à l'époque allait de 1 000 à 1 500.

 25   M. LE JUGE KWON : [interprétation] La question qui vous a été posée : est-

 26   ce que l'équipe du bureau du Procureur a fourni des conclusions par rapport

 27   aux chiffres cités, par rapport à cette image ?

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Je crois que nous avons admis ce chiffre.


Page 26744

  1   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien.

  2   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci.

  3   M. KARADZIC : [interprétation]

  4   Q.  Est-ce que cette photo d'époque étaye ceci ?

  5   M. NICHOLLS : [interprétation] Je crois que cette question a déjà été posée

  6   à de multiples reprises, à savoir si oui ou non le chiffre correspondant

  7   sur ces photos correspond à l'écoute. Le témoin a répondu à la question.

  8   M. LE JUGE KWON : [interprétation] C'est la réponse qu'elle a fournie.

  9   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci.

 10   M. KARADZIC : [interprétation]

 11   Q.  Vous, ou quelqu'un d'autre peut-être, a sélectionné un certain nombre

 12   d'écoutes. Sur quels principes vous êtes-vous fondée pour sélectionner ces

 13   conversations ? C'était le point de vue du bureau du Procureur qui

 14   prévalait, ou sur l'intérêt de la justice ?

 15   M. NICHOLLS : [interprétation] Pardonnez-moi, mais je ne sais pas ce que ça

 16   veut dire, "sélectionner les conversations" ?

 17   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui. Est-ce que vous pourriez préciser,

 18   Monsieur Karadzic.

 19   L'ACCUSÉ : [interprétation] A la page 8 du compte rendu d'audience

 20   d'aujourd'hui, Mme Frease a dit qu'ils tenaient compte de certains

 21   éléments, considérations, certaines raisons.

 22   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que vous voulez dire la sélection

 23   qui a été faite de façon à pouvoir fournir des documents authentifiés,

 24   numéro 65 ter 2622 ?

 25   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je crois, Excellence, qu'ils ont procédé à une

 26   sélection et que toutes les conversations n'ont pas été présentées aux

 27   Juges de cette Chambre. Et nous constatons que sur 4 000 de mes

 28   conversations, la partie bosniaque n'en a fourni que 1 000.


Page 26745

  1   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Attendez un instant. Je vais retrouver

  2   le passage en question.

  3   L'ACCUSÉ : [interprétation] A partir de la ligne 17.

  4   M. NICHOLLS : [interprétation] Ceci concernait particulièrement le

  5   classeur. C'est la raison pour laquelle j'ai demandé : Pourquoi ce

  6   document-là en particulier avait été choisi à titre d'exemple ? Il s'agit

  7   là de cette pièce-là en particulier.

  8   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, c'est exact.

  9   L'ACCUSÉ : [interprétation] Bien, bien.

 10   M. KARADZIC : [interprétation]

 11   Q.  Donc, voici ma question : avez-vous procédé à une sélection; et, si

 12   oui, quel type de sélection ? Ou avez-vous présenté toutes les

 13   conversations que vous avez pu vous procurer ?

 14   R.  Nous avons analysé toutes les conversations que nous avons pu nous

 15   procurer. Nous avons travaillé à partir de la première page à  la dernière

 16   page de tous les carnets et nous avons traité toutes les conversations.

 17   Celles qui avaient été sélectionnées pour pouvoir être présentées aux Juges

 18   de la Chambre sont les conversations qui sont pertinentes eu égard à une

 19   affaire en particulier.

 20   Q.  C'est exactement la question que je vous pose. Quels critères avez-vous

 21   retenus ? C'étaient les critères retenus par l'Accusation ?

 22   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Monsieur Nicholls.

 23   M. NICHOLLS : [interprétation] Madame, Messieurs les Juges, ce n'est

 24   certainement pas à ce témoin d'expliquer quelles conversations le bureau du

 25   Procureur a décidé de mettre sur sa liste 65 ter.

 26   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Mais dans sa réponse précédente, le

 27   témoin a dit pour ce qui est des conversations destinées à être présentées

 28   aux Juges de la Chambre, celles qui sont pertinentes eu égard à certaines


Page 26746

  1   affaires.

  2   Donc la question posée, est-ce qu'elle a participé ou été impliquée

  3   dans ce processus de sélection.

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, je ne l'ai pas été.

  5   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci.

  6   M. KARADZIC : [interprétation]

  7   Q.  Avez-vous fourni à l'Accusation toutes les conversations, ou avez-vous

  8   procédé à une sélection avant de les remettre au bureau du Procureur ?

  9   R.  J'ai toujours travaillé pour le bureau du Procureur, donc les documents

 10   parvenaient au bureau du Procureur et ensuite nous les traitons, ces

 11   documents.

 12   A l'origine, lorsque les carnets ont été retrouvés, je crois que des

 13   membres du bureau du Procureur - je n'étais pas moi-même membre du bureau

 14   du Procureur à ce moment-là - ils ont sélectionné certains carnets sur la

 15   base de dates de ces carnets. Mais la portée, étant donné que les dates

 16   étaient importantes, et au fur et à mesure de l'état d'avancement, nous

 17   avons traité tous ces éléments. Ce qui nous intéressait particulièrement

 18   c'était de savoir si oui ou non les informations dont nous disposions

 19   étaient exactes sur le plan factuel.

 20   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Karadzic --

 21   L'ACCUSÉ : [interprétation] Une dernière question. Une seule.

 22   M. KARADZIC : [interprétation]

 23   Q.  Vous avez parlé un peu plus tôt aujourd'hui de cinq conversations

 24   correspondant à ces heures cruciales. N'en avez-vous montré que deux ou

 25   trois au lieu de cinq ?

 26   Peut-être que nous pourrions voir les cinq ?

 27   R.  Nous avons présenté cinq conversations, et je n'aurais pas dû parler de

 28   la cinquième. C'était à 10 heures 09 du matin. C'est quelque chose dont je


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  1   viens de me souvenir parce que j'y ai travaillé pendant de nombreuses

  2   heures. Mais cela a trait aux prisonniers qui étaient retenus sur le

  3   terrain de foot à la date du 13 juillet. Et à ce moment-là, 10 heures 09 du

  4   matin, ils avaient estimé qu'ils étaient au nombre de 400 environ, 400

  5   prisonniers.

  6   M. NICHOLLS : [interprétation] Madame, Messieurs les Juges, le 3098A [comme

  7   interprété], si M. Karadzic souhaite regarder ce document. 309A [comme

  8   interprété].

  9   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci.

 10   M. KARADZIC : [interprétation]

 11   Q.  Vous voyez qu'il y a là une différence importante entre 400 et 1 500.

 12   Ici, nous avons quelque chose qui est bien plus proche du cliché, bien que

 13   là aussi il y ait une exagération.

 14   R.  Encore une fois, je ne suis pas analyste d'images aériennes. Cette

 15   écoute correspond à 10 heures 09 du matin, la photographie à 14 heures. Il

 16   y a deux écoutes, deux [comme interprété] documents émanant de Milomir

 17   Savcic, et ces écoutes correspondant à 14 heures parlent de prisonniers et

 18   de 1 500 prisonniers sur le terrain de football.

 19   M. LE JUGE KWON : [interprétation] A quelle heure le cliché a-t-il été

 20   pris, l'image aérienne ?

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] A 14 heures.

 22   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Et non pas à 2 heures ? Est-ce qu'on

 23   pourrait afficher de nouveau l'image dézoomée [phon], l'image complète.

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Approximativement, en effet. C'est le sens du

 25   signe tilde qui est devant 14 heures. Approximativement à 14 heures.

 26   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Nous allons donc faire la pause.

 27   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, mais je voudrais également demander le

 28   versement de cette transcription, bien que j'aie des réserves concernant


Page 26748

  1   les transcriptions.

  2   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. Quel est le numéro, Monsieur

  3   Nicholls ?

  4   M. NICHOLLS : [interprétation] 30980A. Et l'Accusation n'a pas d'objection.

  5   M. KARADZIC : [interprétation]

  6   Q.  Pendant que nous attendons, pourquoi n'auriez-vous pas dû mentionner la

  7   cinquième ? Pourquoi n'auriez-vous pas dû mentionner cette cinquième

  8   conversation, Madame le Témoin ?

  9   R.  Eh bien, ce n'était pas que je n'étais pas censée la mentionner.

 10   C'était simplement que nous n'avons pas considéré cette écoute comme étant

 11   particulièrement pertinente à ce document précis, ni comme ayant une

 12   véritable pertinence compte tenu de l'indication de date et d'heure

 13   figurant sur le cliché, sur la photo aérienne, parce que c'était 10 heures

 14   09 du matin. Bon, cela ne nous pose aucune difficulté, 10 heures 09 du

 15   matin. Après tout, cela concerne toujours le même sujet.

 16   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. Alors, ceci sera la prochaine

 17   pièce de la Défense.

 18   L'ACCUSÉ : [interprétation] Page 16 --

 19   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Un instant.

 20   M. LE GREFFIER : [interprétation] Le document reçoit la cote --

 21   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Pourriez-vous répéter.

 22   M. LE GREFFIER : [interprétation] D2204. Merci, Monsieur le Président.

 23   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Monsieur Karadzic.

 24   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui. Pour finir.

 25   M. KARADZIC : [interprétation]

 26   Q.  Ligne 16 de la page 36, vous avez dit : Peut-être que je n'aurais pas

 27   dû parler de la cinquième écoute.

 28   Mais ne pensez-vous pas que pour la Défense il est particulièrement


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  1   important que vous mentionniez également cette cinquième écoute et que vous

  2   en parliez ? Est-ce que vous ne vous êtes pas montrée un peu sélective,

  3   malgré tout ?

  4   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Le témoin a répondu à la question,

  5   n'est-ce pas ?

  6   L'ACCUSÉ : [interprétation] Très bien. Faisons, dans ce cas-là, la pause.

  7   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je m'en remets aux parties pour ce qui

  8   est de nous indiquer si les documents qui doivent être versés doivent

  9   l'être dans une version expurgée ou s'ils doivent être placés sous pli

 10   scellé, je parle des écoutes.

 11   Nous allons donc faire une pause d'une demi-heure, et nous

 12   reprendrons nos débats à 11 heures 05.

 13   --- L'audience est suspendue à 10 heures 38.

 14   --- L'audience est reprise à 11 heures 07.

 15   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Avant de poursuivre, Maître Robinson,

 16   nous avons reçu des écritures du gouvernement du Royaume-Uni également sous

 17   forme expurgée demandant une prorogation supplémentaire.

 18   Est-ce que vous avez des remarques ?

 19   M. ROBINSON : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 20   Nous ne soulevons pas d'objection, mais nous souhaitons demander que

 21   ceci soit la dernière prorogation qui sera accordée.

 22   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous remercie. C'est tout à fait

 23   constructif.

 24   Veuillez poursuivre, Monsieur Karadzic.

 25   Ah, excusez-moi, Monsieur Nicholls.

 26   M. NICHOLLS : [interprétation] Je voulais simplement dire que le numéro

 27   03442 de la liste 65 ter est actuellement chargé dans le système dans la

 28   bonne version et que la traduction anglaise du document numéro 03402 de la


Page 26750

  1   liste 65 ter est également chargée dans le système au moment où nous nous

  2   parlons.

  3   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous remercie.

  4   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je vous remercie également.

  5   M. KARADZIC : [interprétation]

  6   Q.  Alors, Madame le Témoin, avez-vous demandé à la partie serbe en Bosnie

  7   de vous fournir également des écoutes ?

  8   R.  Non.

  9   Q.  La décision de procéder ainsi a-t-elle été prise par vous au sein de

 10   votre équipe ou bien est-ce le bureau du Procureur qui a demandé que vous

 11   ne vous adressiez pas à la partie bosno-serbe en ce sens ?

 12   R.  Je ne m'en souviens vraiment pas. Je crois que nous nous sommes

 13   simplement dits que nous n'obtiendrons rien de la partie bosno-serbe. En

 14   tout cas, on ne m'a pas dit de ne pas le faire.

 15   Q.  Merci. Savez-vous que le gouvernement de la VRS a accepté la venue

 16   d'enquêteurs du présent Tribunal au mois de décembre 1996 et en janvier

 17   1997, mettant à leur disposition ce dont ils disposaient avant de fournir

 18   tout ce qui était demandé, ou presque tout ?

 19   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Monsieur Nicholls.

 20   M. NICHOLLS : [interprétation] Je ne veux pas entrer dans tout un débat

 21   devant le témoin en tout cas. Mais je ne suis pas sûr que ce soit une

 22   question appropriée à poser au témoin compte tenu du compte rendu en

 23   l'espèce.

 24   M. KARADZIC : [interprétation]

 25   Q.  Mais, Madame Frease, ce qui m'intéresse, c'est la base sur laquelle

 26   vous avez supposé que la partie serbe ne se montrerait coopérative,

 27   d'autant plus que c'étaient mes adversaires politiques qui étaient au

 28   pouvoir à l'époque ?


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  1   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je ne suis pas sûr que le témoin ait dit

  2   qu'elle ne s'attendait pas à ce que la partie serbe fasse preuve de

  3   coopération.

  4   En tout cas, Madame Frease, vous pouvez répondre à la question.

  5   M. KARADZIC : [interprétation]

  6   Q.  Lignes 21 et 22 de la page 37, je cite :

  7   "…nous nous sommes tout simplement dits que nous n'obtiendrions rien de la

  8   partie serbe."

  9   R.  En 1998, je crois que c'était en février, nous avons agi en application

 10   des mandats de perquisition à Bratunac et Zvornik. Et l'environnement en

 11   Republika Srpska était assez hostile au bureau du Procureur et au TPIY.

 12   Lorsque nous avons procédé à nos enquêtes en Republika Srpska, enquêtes qui

 13   ont commencé au printemps 1996 et dont l'objectif était d'identifier les

 14   sites d'exécution ainsi que les centres de détention de prisonniers, nous

 15   avions besoin d'un niveau de protection physique assez élevé.

 16   L'environnement sur place nous était assez hostile.

 17   En mars 1998, lorsque nous avons reçu les premières conversations qui

 18   avaient été interceptées, les conversations de l'ABiH, cela nous a pris un

 19   certain temps - je dirais plus d'une année - pour traiter ces informations

 20   et pour déterminer si ces enregistrements qui nous venaient de l'ABiH

 21   étaient authentiques ou fiables.

 22   Donc ceci s'inscrivait dans le contexte d'une enquête en cours et, à

 23   ma connaissance, nous n'avons pas adressé de demande d'assistance aux

 24   Serbes de Bosnie leur demandant de fournir les écoutes auxquelles ils

 25   auraient pu éventuellement procéder, écoutes de communications radio ou des

 26   enregistrements de leurs propres transmissions au moment de la chute de

 27   Srebrenica.

 28   Q.  Merci. Un mois à peine avant votre séjour sur place, les enquêteurs se


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  1   sont rendus auprès du gouvernement. Est-ce que vous affirmez que même le

  2   gouvernement central avait une attitude aussi suspicieuse et aussi méfiante

  3   que celle des habitants du cru, et est-ce que le gouvernement central, lui

  4   aussi, imposait des restrictions, des limites ? Est-ce que vous avez

  5   rencontré le même type d'attitude que, donc, sur le terrain où il y avait

  6   peut-être des auteurs de crime ?

  7   R.  A l'époque, c'était tout sauf une situation simple, que ce soit dans

  8   notre interaction avec le gouvernement, les autorités ou avec les individus

  9   sur place. C'est ce dont je me souviens et c'est mon vécu de la chose.

 10   Q.  Merci. Avez-vous enquêté sur les événements de la guerre du point de

 11   vue des crimes de guerre, ou bien avez-vous enquêté sur le comportement de

 12   la partie serbe ?

 13   R.  Du point de vue des crimes de guerre.

 14   Q.  Et pensez-vous que les Serbes auraient passé sous silence quoi que ce

 15   soit qu'ils auraient pu avoir à dire sur leurs adversaires, sur la partie

 16   adverse, pendant la guerre ?

 17   R.  Personnellement, je n'ai pas eu beaucoup de contacts avec… les Serbes

 18   pendant la guerre -- ou plutôt, dans l'après-guerre. J'imagine qu'il aurait

 19   été de la responsabilité des Serbes de fournir ces informations au bureau

 20   du Procureur. Moi, on m'avait affectée à l'enquête sur Srebrenica, et c'est

 21   dans ce domaine que mes efforts se concentraient.

 22   Q.  Et dans le cadre de cette enquête, vous vous êtes concentrée uniquement

 23   sur le comportement de la partie serbe, n'est-ce pas ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Merci. Alors, sur quelle période à Srebrenica votre enquête a-t-elle

 26   porté ?

 27   R.  Je me suis notamment concentrée sur les événements qui se sont

 28   enchaînés immédiatement à la chute de l'enclave de Srebrenica.


Page 26753

  1   Q.  Merci. Est-il exact que vous avez remarqué ou conclu que la partie

  2   musulmane a fait preuve de certaines réticences elle aussi et qu'elle

  3   n'avait pas remis les écoutes au moment où vous vous y attendiez, c'est-à-

  4   dire en 1995, mais qu'elle ne les a remises, en fait, que plus tard en 1998

  5   ?

  6   R.  C'est exact, l'ABiH a remis ces écoutes en 1998.

  7    En juillet 1995, en revanche, j'ai fait partie de la première équipe

  8   qui est allée à Tuzla, et nous avons pris contact avec la police de Bosnie-

  9   Herzégovine à Tuzla. Donc ces contacts immédiats ont bien été pris en 1995.

 10   Q.  Et vous saviez, n'est-ce pas, qu'au cours de ces trois années, il était

 11   également possible que ces écoutes soient modifiées, tout comme il était

 12   possible que l'on fabrique de toutes pièces des conversations interceptées

 13   ? Et il y a bien eu des cas, d'ailleurs, où des enregistrements ont été

 14   modifiés ?

 15   R.  Tout à fait.

 16   Q.  Merci. Est-ce que vous saviez ou est-ce que vous supposiez peut-être

 17   que la partie musulmane risquait de se montrer sélective, qu'elle allait

 18   dissimuler des éléments qui étaient peut-être favorables à la VRS, ou bien,

 19   s'ils procédaient en tout cas à une sélection, est-ce que vous pensez qu'il

 20   aurait été plus probable qu'ils dissimulent ou qu'ils ne fournissent pas

 21   des éléments qui auraient été défavorables avec la VRS ?

 22   Lequel des deux scénarios vous semble le plus probable ?

 23   R.  Nous avons envisagé cela, en effet.

 24   Q.  Merci. Avez-vous reçu des informations dûment vérifiées indiquant ce

 25   qu'il était advenu des enregistrements audio, et est-ce que l'ensemble des

 26   enregistrements audio a été mis à votre disposition ?

 27   R.  Nous avons toujours demandé toutes les informations, et les

 28   informations sous leur forme originale sans l'analyse à laquelle l'ABiH ou


Page 26754

  1   le SDB avait pu procéder. Ce que l'on nous a fourni comprenait, à mon sens,

  2   l'ensemble des carnets. Et pour autant que je m'en souvienne, ce que nous

  3   avons reçu à l'occasion de deux missions différentes couvrait une période

  4   de temps correspondant aux événements de Srebrenica, mais également à la

  5   période antérieure et la période postérieure. Nous avons également reçu des

  6   versions électroniques des mêmes documents. Encore une fois, il s'agissait

  7   de documents qui dépassaient le cadre temporel sur lequel nous nous

  8   concentrions.

  9   Je ne peux pas dire avec une certitude totale que nous avons reçu

 10   absolument toutes les informations, mais je n'ai certainement pas de raison

 11   valable de considérer que cela n'ait pas été le cas, compte tenu que nous

 12   avons reçu l'ensemble des carnets, donc je n'ai absolument pas de raison de

 13   considérer qu'il y ait la moindre information substantielle ou importante

 14   qui soit manquante.

 15   Q.  Mais en page 7 802 du compte rendu dans l'affaire Tolimir, lors de

 16   votre déposition, en réponse à la question lors de laquelle on vous

 17   demandait si vous étiez au courant du fait que les écoutes pouvaient être

 18   corrigées, modifiées ou avoir été fabriquées de toutes pièces, vous avez

 19   répondu que :

 20   "…ce n'était pas spécifique à cette période de trois ans, mais que de façon

 21   générale il s'agissait d'une possibilité."

 22   Alors qu'est-ce qui vous permet de savoir et d'affirmer que tout vous a été

 23   fourni ?

 24   R.  Je ne peux pas l'affirmer en toute certitude. J'imagine que vous

 25   devriez poser la question à l'ABiH. Je ne peux pas l'affirmer en toute

 26   certitude, mais je peux vous dire, comme je viens de le dire, que nous

 27   avons reçu tous les carnets, que les carnets étaient les supports originaux

 28   sur lesquels l'ABiH consignait les conversations faisant l'objet d'écoutes.


Page 26755

  1   Il n'y avait pas de pages manquantes et les carnets couvraient une période

  2   dont je ne peux que répéter qu'elle dépassait largement celle des

  3   événements de Srebrenica.

  4   Q.  Merci.

  5   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Monsieur Nicholls.

  6   M. NICHOLLS : [interprétation] Oui, il y avait une référence à l'affaire

  7   Tolimir en page 78 [comme interprété] du compte rendu. Et la déposition de

  8   Mme Frease dans l'affaire Tolimir se poursuit jusqu'à la page -- en fait,

  9   de la page 4 196 [comme interprété] jusqu'à la page 5 336 du compte rendu

 10   dans l'affaire Tolimir. Je voulais simplement attirer l'attention de M.

 11   Karadzic sur ce point.

 12   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci.

 13   M. KARADZIC : [interprétation]

 14   Q.  Avez-vous reçu des instructions vous indiquant qu'il fallait porter une

 15   attention particulière à la possibilité que certaines écoutes aient été

 16   fabriquées de toutes pièces ou qu'elles aient subi des modifications ?

 17   Avez-vous reçu des instructions en ce sens de la part de vos chefs d'équipe

 18   ou bien du bureau du Procureur ?

 19   R.  Oui. Cela va quasiment sans dire, parce que nous voulions être

 20   absolument sûrs d'être en mesure d'établir l'authenticité des documents,

 21   pour ensuite pouvoir vérifier leur authenticité. Notre équipe n'a pas

 22   fonctionné sur la base d'ordres qui nous auraient été donnés, mais en se

 23   fondant sur des communications ou des échanges et sur la base d'un accord

 24   qui était absolument total sur le fait que nous devions répondre à toutes

 25   les questions que nous pouvions nous poser quant à la source des écoutes,

 26   quant à leur qualité, quant à la procédure qui avait été utilisée pour les

 27   consigner, afin d'être absolument sûrs qu'il ne pouvait pas s'agir de faux.

 28   Q.  Merci. Alors, est-ce que vous avez constaté l'existence de faux ou de


Page 26756

  1   modifications ? Et quand je dis "modifications", je parle de changements

  2   qui modifieraient le sens.

  3   R.  Très bien. Alors pour ce qui est de faux, je crois que je viens

  4   d'apporter des précisions. J'ai été tout à fait convaincue -- nous avons

  5   été tout à fait convaincus que ces écoutes étaient authentiques et fiables.

  6   La question de la fiabilité rejoint votre deuxième point, la partie de

  7   votre question qui concerne d'éventuels changements mineurs ou

  8   interventions mineures. Alors, nous avons relevé que parfois dans les

  9   carnets, un mot particulier était biffé, parfois remplacé par un autre.

 10   Nous avons remarqué que parfois toute une transcription était biffée avant

 11   que l'opérateur ne procède à une nouvelle consignation, à une nouvelle

 12   transcription à partir de la bande audio. Nous avons également relevé des

 13   situations dans lesquelles deux ou trois opérateurs différents avaient

 14   procédé à l'enregistrement d'une même conversation, et dans ces situations

 15   de légères différences pouvaient se présenter dans la façon dont la

 16   conversation avait pu être consignée par ces différents opérateurs. Je ne

 17   dirais pas pour autant que nous ayons retrouvé des différences notables

 18   dans ce type de situations.

 19   Q.  Merci. Alors dans cet exemple que vous évoquez où on biffe tout un

 20   compte rendu, toute une transcription pour procéder à une nouvelle

 21   consignation de la conversation en question, comment pouvez-vous savoir

 22   laquelle des deux versions était exacte ?

 23   R.  Bien, la version qui avait été biffée était considérée comme étant

 24   moins exacte, comme si je prenais des notes maintenant et que je biffais

 25   cela et que j'écrivais quelque chose de plus exact.

 26   Q.  Mais qu'adviendrait-il si cet opérateur n'avait pas remarqué que cet

 27   élément n'était pas exact et l'avait laissé tel quel ?

 28   R.  Eh bien, il y avait différentes procédures qu'appliquaient les


Page 26757

  1   opérateurs, la qualité des individus qui étaient recrutés et qui

  2   travaillaient à cet endroit, il s'agissait de personnes sérieuses qui

  3   faisaient un travail qui était sérieux. Ces personnes faisaient en sorte

  4   que ces transcriptions soient les plus exactes possibles.

  5   Q.  Et comment savez-vous cela ?

  6   R.  D'après les conversations que j'ai eues avec ces personnes et après

  7   avoir écouté des bandes, des bandes audio, et après avoir comparé les

  8   bandes audio avec les transcriptions que ces personnes nous avaient

  9   fournies.

 10   Q.  Est-ce que nous pouvons convenir que soit le MUP ou les services de

 11   Sûreté de l'Etat ou l'ABiH étaient une des parties belligérantes ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Avez-vous remarqué des cas où des phrases auraient été rajoutées, des

 14   lignes, surtout dans les textes dactylographiés par rapport à des lignes ou

 15   des phrases qui ne figuraient pas dans les notes manuscrites ?

 16   R.  Donc, en fait, vous parlez plus particulièrement de transcriptions du

 17   SDB; c'est cela ?

 18   Q.  Je veux parler de toutes les transcriptions, de toutes les sources, que

 19   ce soit des sources du SDB et de l'ABiH. Avez-vous remarqué que quelquefois

 20   ils mettaient en avant leur position en inscrivant un commentaire ou en

 21   notant quelque chose, et plus particulièrement n'avez-vous jamais remarqué

 22   qu'il y avait quelque chose dans le texte dactylographié qui ne figurait

 23   pas dans la version manuscrite ?

 24   R.  Eh bien, le SDB ne disposait pas de notes manuscrites ou de carnets

 25   écrits à la main. C'était l'armée qui disposait des carnets et qui les

 26   transcrivait.

 27   Dans de très rares cas - quelquefois - nous pouvions rencontrer des

 28   exemples où le dactylographe avait ajouté quelque chose, et je me souviens


Page 26758

  1   à l'instant d'un cas où un dactylographe avait ajouté quelque chose entre

  2   parenthèses sur la transmission, sur l'endroit où se trouvaient les deux

  3   personnes qui communiquaient entre elles, et qui ne figurait pas dans le

  4   carnet d'origine. Et parce que c'était entre parenthèses, il m'est apparu

  5   clairement, compte tenu des conversations que j'ai eues avec les opérateurs

  6   de ces écoutes, qu'il s'agissait d'un commentaire, car c'était la manière

  7   dont ils procédaient pour indiquer qu'il y avait quelque chose dont ils

  8   n'étaient pas sûrs. C'était un critère qui était appliqué. Mais d'emblée,

  9   je ne peux pas penser à des situations dans lesquelles les opérateurs de

 10   ces écoutes aient ajouté une analyse personnelle ou aient griffonné des

 11   notes sur la transcription en question.

 12   Q.  Très bien. Et dans ce cas, avez-vous pu remarquer que certains

 13   commentaires avaient été ajoutés, qu'ils soient neutres ou malintentionnés,

 14   lorsque la personne qui transcrivait ces écoutes se comportait comme si

 15   elle appartenait à une des parties belligérantes?

 16   R.  Le seul cas de ce genre qui me vient à l'esprit est la transcription du

 17   SDB où qui était à chaque fois intitulé par l'élément suivant : La

 18   conversation suivante a été interceptée de l'armée de l'agresseur. Si c'est

 19   cela que vous entendez par un ajout d'un avis personnel, eh bien, ce serait

 20   un exemple de ce type. Et c'est le seul exemple qui me vient à l'esprit. Et

 21   bien évidemment, l'armée de l'agresseur ici fait référence à l'armée serbe

 22   de Bosnie, la VRS.

 23   Q.  Merci. Et avez-vous eu l'occasion de remarquer, par exemple, qu'ils

 24   disaient : Et ensuite les criminels, et cetera, avaient été au bout de la

 25   ligne ?

 26   R.  Je ne me souviens pas de cela en particulier, mais c'est possible. Il

 27   se peut que ceci figure sous la forme d'un intitulé ou d'une tête de

 28   chapitre, mais je ne me souviens pas d'exemples de ce type où ce genre


Page 26759

  1   d'expression aurait figuré dans la conversation elle-même, conversation

  2   interceptée.

  3   Q.  Merci. Et vous avez dit que vous pouviez établir si oui ou non une

  4   conversation était exacte. Vous a-t-on fourni tous les enregistrements

  5   audio des écoutes de transmissions radio que vous avez analysées de façon à

  6   pouvoir les vérifier, vérifier leur authenticité ?

  7   R.  Non, on ne nous a pas fourni tous les enregistrements audio.

  8   Et dans le contexte qui était celui de l'époque, eh bien, la guerre

  9   faisait toujours rage, et nous étions mal approvisionnés et on manquait de

 10   beaucoup de choses. Et donc les conversations étaient réenregistrées sur

 11   des conversations anciennes. Et il n'était pas possible, en fait,

 12   d'archiver toutes les conversations, et c'était enregistré sur des bandes.

 13   Q.  Merci. Et dans le cadre de vos travaux, avez-vous jamais participé à

 14   d'autres travaux de ce type, ce projet sur les écoutes ?

 15   R.  Veuillez préciser votre question, s'il vous plaît.

 16   Q.  Etait-ce le premier projet concernant les conversations interceptées

 17   dont vous aviez à vous occuper pendant votre carrière ? R.  Oui.

 18   Q.  Merci. Dans l'affaire Popovic, à la page 7 824, vous avez déclaré qu'il

 19   vous avait fallu un an pour bien comprendre comment fonctionnait le

 20   processus des écoutes, et que vous étiez parvenue à cette conclusion parce

 21   que vous aviez interviewé les opérateurs en 1999; c'est exact ?

 22   R.  Oui, oui, cela me paraît juste.

 23   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que le numéro de la page

 24   est exact ?

 25   M. NICHOLLS : [interprétation] Oui. Je suppose -- je n'ai pas vérifié

 26   M. Karadzic, un peu plus tôt, a évoqué l'affaire Popovic plutôt que

 27   l'affaire Tolimir. Je pense que c'est exact, et si c'est l'affaire Popovic,

 28   il s'agit du 7 824.


Page 26760

  1   M. LE JUGE KWON : [interprétation] La note en bas de page des pages du

  2   compte rendu d'audience évoque le numéro 65 ter 6000 ou quelque chose.

  3   Poursuivons. En fait, il s'agit de déclarations consolidées 92 ter.

  4   Je n'ai pas vérifié.

  5   Veuillez poursuivre.

  6   M. NICHOLLS : [interprétation] La déposition était fort longue et s'est

  7   déroulée sur plusieurs jours et à différentes dates. Mme Frease a témoigné

  8   à propos d'un sujet en particulier, elle est revenue par la suite. C'est

  9   peut-être l'explication.

 10   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Peut-être que j'avais oublié ça.

 11   Veuillez poursuivre.

 12   M. KARADZIC : [interprétation]

 13   Q.  Donc, d'une certaine façon, vous étiez une débutante en la matière.

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Alors que s'est-il passé pendant cette année-là, au moment où vous

 16   aviez moins de connaissances de ce sujet et avant d'acquérir des

 17   connaissances en la matière ?

 18   R.  Je travaillais sur ces éléments-là avec d'autres personnes qui

 19   faisaient partie de l'équipe, et j'y ai travaillé de façon très méthodique,

 20   et j'ai analysé un carnet après l'autre, page après page, et j'ai fait

 21   correspondre différentes conversations, et nous avons appris des différents

 22   sites et des différentes unités -- qui nous avaient été fournis par

 23   différents sites et différentes unités et, de cette façon-là, cela m'a

 24   permis d'établir une connaissance très approfondie et une bonne

 25   compréhension des éléments en question ainsi que des processus utilisés

 26   destinés à rassembler ces éléments.

 27   Q.  Merci. Et ensuite, êtes-vous revenue sur le travail que vous avez aviez

 28   pendant votre première année ou est-ce que vous avez laissé ceci en l'état,


Page 26761

  1   même si vous compreniez moins bien le sujet à l'époque ?

  2   R.  Eh bien, mon travail a évolué, et notre méthodologie a évolué dans le

  3   temps. Mais nous intégrions à chaque fois les travaux que nous avions faits

  4   au début et nous intégrions cela aux travaux que nous faisions plus tard.

  5   Ce que je veux dire par là, c'est que lorsque nous avons commencé à

  6   analyser les différents éléments, nous avons donc consigné tout ceci dans

  7   un tableau Excel, et nous avons consigné les dates, les noms des

  8   interlocuteurs, les noms des personnes citées dans la conversation,

  9   l'endroit où les conversations avaient été enregistrées. Et nous avons mis

 10   sur place une base de données et nous avons intégré tous les éléments dans

 11   cette base de données. Dans cette base de données, nous avions différents

 12   champs dans lesquels nous pouvions inclure des éléments concernant la

 13   source et le format. Nous avions un champ pour la page imprimée, d'où

 14   venait la page. Nous avions un autre champ que nous avons ajouté et qui

 15   était destiné aux carnets, le numéro de carnet y figurait ainsi que le

 16   numéro ERN qui était associé à la conversation en question, le numéro de

 17   page de la conversation, et c'est ainsi que le processus a évolué. Ce n'est

 18   pas que nous ayons écarté ou rejeté tout ce que nous avions fait au début.

 19   Au contraire, tout ceci a été intégré à nos travaux au fil des mois de

 20   notre travail.

 21   Q.  Merci. Pouvez-vous nous dire si la chose suivante a la moindre

 22   signification -- ou plutôt, comment il a été possible qu'il y ait eu

 23   interversion ou mélange de lettres minuscules et de lettres majuscules dans

 24   les comptes rendus dactylographiés ?

 25   R.  Est-ce que vous parlez de rapports qui étaient tapés entièrement en

 26   lettres majuscules par opposition à ceux qui étaient tapés selon un chemin

 27   plus classique, à savoir la première lettre de chaque phrase en majuscule

 28   suivie de lettres minuscules ?


Page 26762

  1   Q.  Oui, oui, oui. Parfois on a l'ensemble du texte en lettres majuscules,

  2   d'autres fois l'ensemble est en lettres minuscules sauf la première lettre

  3   de chaque phrase, et parfois on a un mélange des deux.

  4   Alors, est-ce qu'il convient d'interpréter ceci d'une façon ou d'une

  5   autre ? Est-ce que cela a une signification ou une importance ?

  6   R.  Oui. C'est assez compliqué. Ma réponse n'est pas tout à fait simple. Je

  7   voudrais vous répondre en plusieurs points.

  8   Le classeur original comprenait 550 pages consignant à la fois des

  9   conversations qui avaient été dactylographiées uniquement en majuscules et

 10   d'autres qui avaient été consignées selon la typographie classique. Nous

 11   avons appris ultérieurement que les conversation qui avaient été

 12   dactylographiées en utilisant uniquement des majuscules avaient été

 13   consignées par la police, la SDB; alors que les conversations interceptées

 14   qui avaient fait l'objet d'une dactylographie plus classique avaient été

 15   enregistrées puis consignées par l'armée.

 16   Lorsque nous avons mieux compris ce processus, nous avons également

 17   appris que sur le site nord, autant l'armée que la police étaient présentes

 18   et travaillaient. Il y avait un partage d'informations entre eux, et les

 19   uns et les autres faisaient suivre les informations obtenues à leurs

 20   commandements respectifs. Donc certains des rapports du MUP -- ou plutôt,

 21   dans ma compréhension, le téléscripteur du MUP faisait toujours une

 22   conversion de leurs documents en rapport aux documents dans lesquels toutes

 23   les lettres étaient des majuscules.

 24   Est-ce que ceci répond à votre question ?

 25   Q.  Eh bien, si c'est là la seule signification qu'on peut y trouver, la

 26   réponse est oui. Mais y a-t-il éventuellement une autre interprétation

 27   possible, une autre signification ?

 28   R.  Non. Pas à mon sens.


Page 26763

  1   Q.  Je vous remercie. Je suis un peu confus à vous entendre dire que la DB

  2   ne disposait pas de ou n'utilisait pas de notes manuscrites. Est-ce que

  3   vous avez bien dit cela ?

  4   R.  Oui.

  5   L'ACCUSÉ : [interprétation] Mais je voudrais que l'on examine maintenant le

  6   document P4618.

  7   Alors il s'agissait d'un témoin protégé. L'écriture pourrait éventuellement

  8   être reconnue, donc je voudrais que celle-ci ne soit pas diffusée.

  9   Peut-on, sur l'écran de droite, afficher le document numéro 31036B.

 10   M. KARADZIC : [interprétation]

 11   Q.  Ceci semble être une traduction littérale de ce document qui est sous

 12   nos yeux. Alors vous connaissez notre langue, vous conviendrez, n'est-ce

 13   pas, que nous avons en face de nous une note manuscrite à gauche, et à

 14   droite nous avons sa traduction anglaise ?

 15   R.  Oui, en effet.

 16   Q.  Merci.

 17   L'ACCUSÉ : [interprétation] Alors, peut-on afficher, au lieu du texte

 18   anglais sur la moitié droite de l'écran, le document numéro 31036B.

 19   M. KARADZIC : [interprétation]

 20   Q.  Voyez ce qui figure en dessous de ce numéro ERN qui se termine par les

 21   chiffres 600.

 22   Est-ce que vous voyez qu'entre parenthèses il a été dactylographié

 23   une note ou une remarque qui est absente de l'original manuscrit ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Est-ce que ceci ne modifie pas le sens de cette écoute ?

 26   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Monsieur Nicholls.

 27   M. NICHOLLS : [interprétation] Je souhaiterais demander des précisions à M.

 28   Karadzic. Excusez-moi de revenir en arrière.


Page 26764

  1   En page 50, ligne 5 du compte rendu, il a affirmé :

  2   "Question : Je suis confus à vous entendre dire que la DB ne disposait pas

  3   de ou n'utilisait pas de notes manuscrites."

  4   Et puis, il nous montre ce document maintenant à l'écran. Est-ce que M.

  5   Karadzic suggère que le document qui s'affiche à l'écran serait une

  6   transcription d'écoute opérée par la DB ? Je crois que c'est ce qu'implique

  7   ou suggère sa question.

  8   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Monsieur Karadzic.

  9   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je confirme. En tout cas, dès que j'aurai le

 10   numéro en KDZ, je serai en mesure de vous dire de quel témoin il s'agit.

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Je peux vous dire que c'est une unité

 12   militaire qui était présente dans la zone sud qui a intercepté cette

 13   conversation. Ce n'était pas le SDB.

 14   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Et ceci entre dans la catégorie des exemples

 16   que j'ai donnés concernant la façon dont la version dactylographiée qui

 17   venait de l'armée était fournie avec une typographie standard, dans

 18   laquelle les caractères utilisés n'étaient pas tous des majuscules.

 19   M. NICHOLLS : [interprétation] Excusez-moi, Madame et Messieurs les Juges,

 20   je crois qu'il ne faudrait pas diffuser ceci.

 21   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Evidemment.

 22   M. NICHOLLS : [interprétation] Oui. Excusez-moi.

 23   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je crois l'avoir déjà mentionné.

 24   Q.  Alors ceci est l'écriture du Témoin KZD126. Et je crois qu'il se

 25   trouvait sur le site nord.

 26   R.  Je n'ai pas de notes devant moi. Ce que j'affirme, je le fais donc de

 27   mémoire. Si j'avais là des notes que je pouvais examiner, je pourrais vous

 28   répondre de façon plus catégorique, mais je crois que ceci vient du secteur


Page 26765

  1   sud. Je connais le nom des deux personnes qui ont procédé à cette

  2   interception, à l'enregistrement puis à la consignation.

  3   Q.  Merci. Alors, en attendant de nous y retrouver parmi ces documents, je

  4   voudrais vous demander s'il est exact que vous ayez dit que tout ce qui

  5   vous avait été fourni avait été conservé sans préjuger de sa pertinence,

  6   puisque c'était une question qui pouvait être examinée ultérieurement ?

  7   R.  Si j'ai bien compris votre question, vous me demandez si tout ce que

  8   nous nous avions reçu avait été conservé par nous sans préjuger de la

  9   pertinence de ce que nous avions reçu.

 10   Si c'est bien ce que vous voulez dire, c'est exact.

 11   Q.  Merci. Donc, rien n'a été éliminé, même ce qui à ce moment-là pouvait

 12   vous apparaître comme dénué d'importance. Même cela a été conservé, n'est-

 13   ce pas ?

 14   R.  C'est exact.

 15   Q.  Merci. Avez-vous retenu ou remarqué une écoute qui aurait confirmé ma

 16   participation aux événements cruciaux qui faisaient l'objet de votre

 17   travail ?

 18   R.  Oui. Dans mon souvenir, il n'y avait que quelques écoutes de ce type.

 19   Q.  Est-ce que ces éléments ont été remis par vous, et est-ce qu'ils sont

 20   disponibles ici ? Est-ce que vous en avez remarqué la présence parmi les

 21   documents qui ont été présentés par l'Accusation ?

 22   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Nicholls.

 23   M. NICHOLLS : [interprétation] Je ne crois pas que le témoin puisse

 24   répondre en matière de communication en l'espèce.

 25   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Mais elle peut répondre à la question.

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Je peux m'exprimer quant à cette

 27   communication-là en l'espèce.

 28   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.


Page 26766

  1   M. KARADZIC : [interprétation]

  2   Q.  Est-ce que vous avez retrouvé une écoute de conversation à laquelle

  3   j'aurais participé et qui aurait pu avoir une incidence, qu'elle soit

  4   favorable ou défavorable, sur ma défense ?

  5   R.  Non, je ne me souviens d'aucun exemple de ce type.

  6   Q.  Merci. Donc votre équipe n'a rien dissimulé des écoutes qui auraient pu

  7   avoir une incidence sur ma défense, qu'elle soit favorable ou défavorable,

  8   n'est-ce pas ?

  9   R.  Nous avons conservé toutes les écoutes.

 10   Q.  Merci. Avez-vous eu l'opportunité de recourir à votre connaissance de

 11   la langue serbe ou de la langue croate, ou peu importe la désignation qu'on

 12   utilise, pour élucider les sens figurés ou les métaphores qui pouvaient

 13   être présents ? Est-ce que, sur ce plan-là, vous aviez la possibilité de

 14   tout élucider ?

 15   R.  Une grande partie de cela n'était pas ambiguë, mais si jamais cela

 16   l'était, je m'adressais à nos interprètes ou à nos assistants

 17   linguistiques.

 18   Q.  Merci. Et ces assistants ou interprètes étaient-ils des Serbes ou des

 19   Musulmans ?

 20   R.  Ils pouvaient être de l'une ou de l'autre appartenance.

 21   Q.  Et quelle était leur appartenance ethnique ?

 22   R.  La majorité étaient des ressortissants de Bosnie ou des Bosno-

 23   Musulmans. Mais s'ils travaillaient pour l'unité de traduction, ils étaient

 24   souvent des Serbes.

 25   Q.  Est-ce que vous aviez des problèmes au niveau du terme "triage" ?

 26   R.  Je crois qu'en anglais c'était traduit tout simplement par "triage".

 27   L'INTERPRÈTE : Et même chose en français.

 28   M. KARADZIC : [interprétation]


Page 26767

  1   Q.  Merci. Pouvez-vous nous dire ce que cela signifiait, quelles

  2   connotations cela a en langue anglaise ?

  3   R.  Je sais que ce terme est utilisé dans une conversation, je crois à 11

  4   heures 11, lorsque l'on parle des prisonniers et que le triage devrait être

  5   effectué concernant ces prisonniers, mais je n'ai jamais réfléchi

  6   personnellement aux connotations de ce terme. Autant que je me souvienne,

  7   ce terme n'a été utilisé qu'une seule fois dans une seule conversation, et

  8   ceci a ensuite été confirmé ultérieurement par le biais d'un document, si

  9   je ne m'abuse.

 10   Q.  Merci. Le terme "paquet", vous lui avez attribué une certaine

 11   signification. Comment en êtes-vous arrivée à cette définition ?

 12   R.  Effectivement. Compte tenu du contexte dans lequel ce terme était

 13   utilisé, je crois que c'était Ljuba Beara, le responsable de la sécurité

 14   pour l'état-major principal de la VRS, qui disait qu'il disposait encore de

 15   6 000 paquets qui devaient être livrés. Je crois que cette conversation a

 16   eu lieu le 15 juillet, et dans le contexte des événements qui s'étaient

 17   déroulés et qui continuaient à se dérouler, la conclusion a été que le

 18   terme faisait référence à des personnes, et j'étais d'accord avec cette

 19   conclusion. Il s'agissait d'une interprétation de ce terme.

 20   Q.  Y a-t-il d'autres interprétations possibles de ce terme ?

 21   R.  Ljubisa Beara prenait en charge les prisonniers durant cette période.

 22   Vous savez, ce n'était pas des [inaudible] ou FedEx.

 23   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Etant donné que M. Karadzic semble ne

 24   plus se pencher sur la transcription que nous avons devant les yeux, je

 25   voudrais, en fait, vous poser une question, Madame le Témoin.

 26   Est-ce que vous avez des explications qui justifient l'usage de

 27   parenthèses dans la version dactylographiée de ce passage ?

 28   Est-ce que vous saviez que cela signifiait ?


Page 26768

  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

  2   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que vous savez quelle est

  3   l'explication précise ?

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, je n'ai pas d'explication qui m'a été

  5   donnée, mais à la lecture de la transcription, il y a à un moment donné

  6   dans la transcription, où l'on peut voir … vous avez une phrase en

  7   parenthèses -- entre parenthèses dans la transcription anglaise -- c'est la

  8   deuxième fois que D prend la parole, et il est mentionné entre parenthèses,

  9   dans la version manuscrite, que l'on peut l'entendre parler en arrière-

 10   plan.

 11   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui. On l'entend parler de loin.

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, c'est exact.

 13   Et je crois que ce qui s'est passé c'est que la personne qui a

 14   dactylographié cette conversation a lu ceci et a mis cette phrase entre

 15   parenthèses pour mieux expliquer que M. Karadzic et l'intermédiaire étaient

 16   assis dans la même pièce. Mais étant donné, encore une fois, que ceci est

 17   une phrase entre parenthèses, ce n'est pas quelque chose que l'on peut

 18   avancer de manière catégorique. C'est ainsi que j'évalue la signification

 19   de ces parenthèses.

 20   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci.

 21   Veuillez continuer, Monsieur Karadzic.

 22   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci. Nous n'avons plus besoin de ce document.

 23   M. KARADZIC : [interprétation]

 24   Q.  Peut-être qu'il serait utile que vous nous expliquiez pourquoi vous

 25   avez utilisé dans votre déposition le terme de "différence importante",

 26   plutôt que de simplement parler de modifications ou d'inexactitudes.

 27   Pourquoi avez-vous dit "différence importante" ou "patente" ? Est-ce que

 28   vous pourriez utiliser un autre terme juridique mis à part ce terme en


Page 26769

  1   anglais donc de "material difference", donc "différence patente" ?

  2   R.  Je vais essayer de ne pas utiliser de termes juridiques dans ma

  3   déposition.

  4   Et, par conséquent, je pourrais simplement dire pas de "différence

  5   importante" plutôt que de dire "différence patente", que j'ai utilisé

  6   auparavant, et cela signifie, en fait, que c'est une différence qui

  7   modifierait de manière significative ou patente la signification ou le

  8   contenu d'une discussion.

  9   Q.  Par exemple, le document précédent, qui semble laisser penser que je me

 10   trouvais dans la même pièce que l'intermédiaire, on peut entendre Deronjic,

 11   mais ceci ne change pas la teneur des propos qui sont prononcés, n'est-ce

 12   pas ?

 13   R.  Ça ne change pas la teneur, effectivement, de la conversation, mais

 14   cela a rendu le contexte moins évident. Mais l'intermédiaire avait peut-

 15   être deux téléphones et transmettait des messages d'un interlocuteur à

 16   l'autre.

 17   Q.  Cependant, cette phrase mentionnant que je suis assis à côté de lui

 18   modifie totalement le contexte de ces discussions, n'est-ce pas ?

 19   R.  Encore une fois, cette phrase est entre parenthèses. Cela signifie

 20   qu'on demandait aux officiers traitants de placer les phrases entre

 21   parenthèses lorsqu'ils n'étaient pas sûrs de la situation. Un autre

 22   exemple, lorsque quelqu'un connaissait bien la voix d'une personne et que

 23   le nom de la personne n'avait pas été mentionné dans la conversation, dans

 24   ce cas-là on mettait qu'il s'agissait de M. ou Mme X, mais entre

 25   parenthèses, il était mentionné que le nom n'avait pas été prononcé pour

 26   replacer tout ceci dans un contexte plus clair.

 27   Cela signifie que tout ce qui était entre parenthèses n'était pas considéré

 28   comme étant certain.


Page 26770

  1   Q.  Merci. Dans votre déposition dans l'affaire Popovic, à la page 7 882,

  2   vous expliquez ce concept de "différence patente", et vous déclarez que

  3   vous avez utilisé ce terme pour faire montre de différences qui pouvaient

  4   avoir des conséquences sur la signification d'une conversation, n'est-ce

  5   pas ?

  6   R.  C'est possible que j'aie utilisé ceci dans ce contexte. Effectivement.

  7   Q.  Mais dans un prétoire, un autre terme plus approprié pourrait être

  8   utilisé, n'est-ce pas ? On pourrait dire que ça a été modifié, ou monté de

  9   toutes pièces, ou changer ?

 10   R.  Non, je ne suis pas d'accord avec ce choix de termes, et certainement

 11   pas monté de toutes pièces ou modifié sciemment. Tout dépend du contexte.

 12   Quand on parle de différences importantes, cela ne signifie pas

 13   nécessairement que quelque chose a été modifié sciemment ou monté de toutes

 14   pièces. Il peut y avoir d'autres explications, comme celle que je viens de

 15   vous donner.

 16   Q.  Merci. Nous y reviendrons. Si l'officier traitant n'entend pas

 17   correctement, est-ce que vous seriez d'accord avec moi pour dire que ces

 18   documents ne peuvent pas vraiment être exploités ou quant à l'usage limité

 19   si le message a été modifié ?

 20   R.  Je pense qu'il serait préférable de donner des exemples précis.

 21    Q.  Nous n'avons pas suffisamment de temps, Madame Frease. C'est la raison

 22   pour laquelle j'aimerais connaître votre opinion. Vous avez parlé vous-même

 23   de différence patente, d'éléments qui peuvent modifier la signification

 24   d'un message ou d'une discussion. Vous avez travaillé pour le Tribunal; ou

 25   plus précisément, pour le bureau du Procureur.

 26   Donc, quelle est votre opinion en la matière ?

 27   R.  Eh bien, du point de vue d'un officier traitant qui écoute ces

 28   conversations le plus clair de son temps, si cet officier traitant n'entend


Page 26771

  1   pas une partie de la conversation, la chose la plus honnête est de mettre

  2   trois petits points, de ne rien inscrire ou de dire "inaudible" ou de faire

  3   quelque chose de ce genre.

  4   Donc si cet officier traitant n'a pas entendu certaines parties de la

  5   conversation correctement, je ne peux pas être d'accord avec vous lorsque

  6   vous nous dites que ce document ne peut pas être exploité. Cela signifie

  7   tout simplement que ces officiers traitants n'étaient pas en mesure de

  8   saisir la totalité d'une conversation pour des raisons techniques, mais

  9   ceci ne signifie pas que les parties de la conversation qu'ils ont été en

 10   mesure d'enregistrer ne peuvent pas être exploitées.

 11   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je vois que M. Nicholls s'est levé, mais je

 12   souhaiterais continuer.

 13   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Monsieur Nicholls.

 14   M. NICHOLLS : [interprétation] Je suis désolé de devoir interrompre les

 15   débats. A la page 57, ligne 19, M. Karadzic dit, je le cite :

 16   "Vous avez parlé de différences patentes et des choses qui modifiaient la

 17   signification".

 18   Et il s'agissait d'une citation de la page 7 882 dans l'affaire Popovic,

 19   déposition dans le cadre du contre-interrogatoire de Mme Frease, où on lui

 20   demandait de définir le terme "différences patentes."

 21   La question est formulée par M. Karadzic de la manière suivante : il

 22   dit que le témoin a avancé qu'elle avait découvert qu'il y avait des

 23   différences patentes qui avaient modifié la signification de certains

 24   messages. Mais je voulais que l'on ait la citation appropriée, parce que la

 25   citation n'a pas été donnée fidèlement.

 26   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Mais maintenant il s'agit de savoir si

 27   c'est utilisable ou pas au niveau du Tribunal et quelle est la valeur

 28   probante. Celle-ci devrait être évaluée. C'est aux Juges de la Chambre de


Page 26772

  1   décider de cela. Ça n'a rien à voir avec le témoin, Monsieur Karadzic.

  2   Donc, cet exercice n'a aucun sens, Monsieur Karadzic.

  3   Veuillez continuer, s'il vous plaît.

  4   M. KARADZIC : [interprétation]

  5   Q.  Madame Frease, j'ai commencé par vous poser une question pour savoir

  6   pourquoi vous aviez fait usage de cet euphémisme "différence patente"

  7   plutôt que d'utiliser un autre terme juridique, parce que vous avez

  8   travaillé pour des instances judiciaires ?

  9   Est-ce exact qu'à la page suivante dans le compte rendu d'audience de

 10   l'affaire Popovic vous n'avez pas été en mesure d'identifier l'ampleur des

 11   modifications qui constitueraient ce que l'on pourrait appeler une

 12   différence patente ?

 13   Est-ce que vous seriez en mesure à présent de nous donner les

 14   critères ? Combien de modifications sont nécessaires pour que les

 15   différences soient telles qu'elles soient qualifiées d'un terme juridique,

 16   que ces changements soient délibérés ou pas ?

 17   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Pouvons-nous consulter la page en

 18   question, Monsieur Karadzic.

 19   M. NICHOLLS : [interprétation] Je voulais corriger à la ligne 59. Le témoin

 20   n'a pas travaillé pour les instances judiciaires, et elle a déjà expliqué

 21   pourquoi elle essayait de ne pas utiliser de termes juridiques, parce

 22   qu'elle n'est pas avocate de formation ni juriste.

 23   M. LE JUGE KWON : [interprétation] 1D5229.

 24   M. KARADZIC : [interprétation]

 25   Q.  En attendant que le document s'affiche, Madame Frease, est-ce que la

 26   date d'une interception téléphonique est importante pour en garantir

 27   l'exactitude ? Est-ce qu'une date erronée constituerait une différence

 28   patente ?


Page 26773

  1   R.  Effectivement. Les dates sont quelque chose sur lequel nous nous

  2   penchons très attentivement.

  3   Q.  Est-ce que l'heure de l'interception téléphonique serait également

  4   importante pour une utilisation ensuite comme pièce qui pourrait être

  5   présentée dans une procédure judiciaire ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  C'est probablement le document que nous devrions avoir. Maintenant, il

  8   nous faut le numéro de page correct. Moi, j'avais la page 7 882, mais je ne

  9   sais pas si c'est le même numéro de page sur le système du prétoire

 10   électronique.

 11   Est-ce que vous avez remarqué des passages ou des mots qui étaient

 12   biffés, par exemple, l'heure, que ce soit l'heure ou les minutes ? Est-ce

 13   que vous avez remarqué dans certains cas que la chronologie ne semblait pas

 14   vraiment être logique ?

 15   R.  Pourriez-vous peut-être utiliser un exemple précis, ce serait utile.

 16   Q.  Peut-être de nous parler d'un des problèmes que vous avez remarqués.

 17   R.  Par exemple, où l'heure aurait été biffée, où des zéros qui étaient

 18   barrés, par exemple, il y a eu des discussions à ce sujet. C'est ainsi que

 19   certains officiers traitants écrivaient leurs chiffres.

 20   Pour ce qui est de passages ou de termes qui auraient été biffés,

 21   nous en avons parlé rapidement. Cela se produisait quelquefois lorsque

 22   l'officier traitant écoutait une deuxième fois la conversation et

 23   comprenait mieux les propos et, par conséquent, il se corrigeait.

 24   Q.  Je voudrais consulter cette page.

 25   L'ACCUSÉ : [interprétation] Puis j'aimerais la verser au dossier.

 26   M. KARADZIC : [interprétation]

 27   Q.  Est-ce que c'est effectivement ce qui s'est dit dans l'affaire Popovic,

 28   est-ce que ce sont vos propos ?


Page 26774

  1   M. LE JUGE KWON : [interprétation] De quel passage voulez-vous parler,

  2   Monsieur Karadzic ? Cela faisait partie du contre-interrogatoire, je

  3   suppose, par Me Ostojic, n'est-ce pas ?

  4   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui. Et j'aimerais maintenant qu'on se

  5   concentre sur le passage qui commence à la ligne 4, lorsque Me Ostojic

  6   essaie de définir ce qu'on entend par cette "différence patente". Et

  7   ensuite, un peu plus loin, Mme Frease explique ce qui constituerait une

  8   "différence patente" et ce qui ne constituerait pas une "différence

  9   patente".

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] Mais je semble avoir été très logique dans mes

 11   réponses.

 12   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Et est-ce qu'elle a déclaré qu'elle

 13   avait identifié des différences patentes, telles qu'elle les définissait ?

 14   L'ACCUSÉ : [interprétation] C'est probablement l'interrogatoire principal -

 15   - ou plutôt, cela fait référence à l'interrogatoire principal. Elle avait

 16   dû utiliser ce terme la veille, donc le terme de "différence patente" --

 17   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Alors, dans ce cas-là, vous devez monter

 18   l'endroit du compte rendu d'audience où elle a effectivement parlé de

 19   "différence patente".

 20   C'est mentionné page 69. Est-ce que vous avez la page exacte,

 21   Monsieur Nicholls ?

 22   M. NICHOLLS : [interprétation] J'essaie de chercher, mais je ne l'ai pas

 23   encore trouvée. Je vais essayer de faire une recherche électronique.

 24   M. KARADZIC : [interprétation]

 25   Q.  Ce qui m'intéresse, c'est de savoir si, selon Mme Frease, des mots qui

 26   auraient été rajoutés, des termes qui auraient été rajoutés, des

 27   modifications de dates, d'heures, des incohérences dans la chronologie, des

 28   interceptions qui auraient été faites avant d'autres interceptions et qui


Page 26775

  1   apparaissent après, et cetera, est-ce que ceci, selon elle, constitue des

  2   différences patentes et est-ce que ceci peut modifier la teneur d'une

  3   conversation ? Je n'ai que faire de ce qu'elle a dit durant l'affaire

  4   Popovic. Ce qui m'intéresse, c'est de savoir quelle est sa position à

  5   l'heure actuelle.

  6   R.  Enfin --

  7   Q.  Plus précisément, Madame Frease, j'aimerais savoir quels sont les

  8   critères que vous utilisez, s'il y a un seuil au-delà duquel les

  9   modifications sont tellement importantes que ceci modifie la signification

 10   d'une discussion ?

 11   R.  Je crois que c'est là tout le propos. C'est que nous ne nous sommes

 12   jamais retrouvés à ce seuil. Il est possible qu'il y ait eu des erreurs

 13   humaines. Des agents peuvent faire des erreurs. Et d'ailleurs, quand vous

 14   n'entendez pas un mot correctement, ce n'est pas vraiment une erreur. Vous

 15   entendez quelque chose, vous croyez entendre quelque chose et vous

 16   inscrivez un nom au lieu d'inscrire un autre nom. Mais nous n'avons, en

 17   fait, tout simplement pas trouvé des erreurs tellement patentes ou des

 18   modifications tellement importantes dans ces documents qui nous auraient

 19   permis de mettre en doute ces transcriptions. Et lorsque vous parlez de

 20   dates qui sont inexactes, là je dois dire que je ne suis pas d'accord.

 21   Lorsque vous dites qu'il y a eu des incohérences au niveau de la

 22   chronologie, j'aimerais que vous soyez plus précis et que vous définissiez

 23   ces incohérences chronologiques. Je peux vous donner un exemple de la

 24   raison pour laquelle cela pourrait être le cas, mais il s'agit de problèmes

 25   qui ont une explication -- et d'après ce que j'ai fait, d'après les

 26   conversations que j'ai eues avec différents collaborateurs, d'après les

 27   comparaisons qui ont été faites et forts d'autres sources d'information,

 28   nous n'avons pas identifié de différences suffisamment importantes ou de


Page 26776

  1   problèmes suffisamment importants dans les interceptions qui auraient

  2   changé du tout au tout la signification d'une interception donnée.  

  3   L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur le Président, est-ce que l'on pourrait

  4   avoir une pause plus courte aujourd'hui, parce que j'aurais terminé dans

  5   l'espace d'une demi-heure ?

  6   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Si je vous ai bien compris, vous

  7   avez besoin d'une demi-heure pour terminer votre contre-interrogatoire et

  8   vous aimeriez terminer aussi rapidement que possible.

  9   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, j'espère que cela serait possible.

 10   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que ceci constituerait un

 11   problème au niveau de l'Accusation ?

 12   M. NICHOLLS : [interprétation] Non. Pour être honnête, je n'ai pas encore

 13   déterminé si je vais poser des questions supplémentaires ou pas.

 14   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Donc il n'y aurait aucun problème à une

 15   pause d'une demi-heure.

 16   M. NICHOLLS : [interprétation] Non.

 17   M. LE JUGE KWON : [interprétation] J'aimerais confirmer avec le greffier.

 18   [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

 19   M. LE JUGE KWON : [aucune interprétation]

 20   L'ACCUSÉ : [interprétation] Encore une question sur ce thème.

 21   M. KARADZIC : [interprétation]

 22   Q.  Est-ce que nous sommes d'accord pour dire --

 23   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Non, attendez. Nous allons faire une

 24   pause. Et, entre-temps, nous verrons le passage que vous avez abordé où

 25   l'on parle de différence patente.

 26   Nous allons faire une pause d'une demi-heure, et nous reprendrons à 13

 27   heures.

 28   --- L'audience est suspendue à 12 heures 30.


Page 26777

  1   --- L'audience est reprise à 13 heures 05.

  2   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Nicholls, c'est à vous.

  3   M. NICHOLLS : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

  4   Très rapidement, page 53, ligne 4, il y a une erreur au compte rendu

  5   d'audience. Où on voit le mot en anglais "can", je pense que manifestement

  6   il devrait figurer en anglais "can't".

  7   Et puis deuxièmement, le passage de la veille auquel a fait référence

  8   Me Ostojic s'agissant du témoignage fait par le témoin dans l'affaire

  9   Popovic en date du 26 février 2007, page 7 995 du compte rendu de l'affaire

 10   Popovic, où Mme Frease répond à une question qui commence en page 7 794.

 11   M. LE JUGE KWON : [interprétation] S'agissant de cette différence patente

 12   évoquée par Mme Frease, il faudrait que nous ayons d'abord le numéro de

 13   page.

 14   M. NICHOLLS : [interprétation] C'est la page 7 795.

 15   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous remercie. Vous connaissez la

 16   page dans le prétoire électronique ? Pourquoi ne pas télécharger cette page

 17   ?

 18   M. NICHOLLS : [interprétation] Je pense que la page devrait être montrée au

 19   témoin.

 20   M. LE JUGE KWON : [interprétation] 77 --

 21   M. NICHOLLS : [interprétation] Peut-être serait-il préférable de montrer la

 22   page précédente à l'écran, de façon à ce que le témoin puisse comprendre

 23   l'intégralité de la question.

 24   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.

 25   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je crois que c'est au bas de la page.

 26   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Eh bien, je vais donner lecture de ce

 27   passage pour consignation au compte rendu d'audience.

 28   C'est M. Vanderpuye qui pose la question, je cite :


Page 26778

  1   "Pourrais-je vous demander dans le cadre de l'évaluation des différences

  2   faite par vous…"

  3   Page suivante à l'écran, je vous prie :

  4   "…si le sens de la conversation a été modifié d'une quelconque façon en

  5   raison de ces différences ? Autrement dit, est-ce que la conversation a été

  6   affectée de façon importante, à votre avis, par ces différences ?"

  7   La réponse :

  8   "Je ne puis penser à aucun moment où j'ai estimé qu'il y avait une

  9   différence patente.

 10   "Question : D'accord."

 11   Alors, voilà le contexte dans lequel s'inscrit cette référence à une

 12   différence patente, Monsieur Karadzic.

 13   Et quelle est votre question maintenant ?

 14   M. KARADZIC : [interprétation]

 15   Q.  Ma question est la suivante : est-ce que vous estimez que le fait que

 16   je sois assis à côté d'un intermédiaire est important sur le plan

 17   judiciaire ou pas ? Est-ce que ceci modifie ma situation sur le plan

 18   judiciaire ou pas ?

 19   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Ce n'est pas une question à laquelle ce

 20   témoin est appelé à répondre, Monsieur Karadzic.

 21   L'ACCUSÉ : [interprétation] Sauf votre respect, Excellences, avant que

 22   cette question n'ait été soulevée devant la Chambre de première instance,

 23   l'équipe dont nous parlons a travaillé sur ce sujet, et sa mission, la

 24   mission de l'équipe du Procureur, était définie comme suit : recueillir,

 25   rassembler et analyser les données obtenues.

 26   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Votre question au témoin consistait à

 27   lui demander si cela modifiait votre situation judiciaire ou pas. C'est à

 28   la Chambre de répondre à cette question sur la base de ses propres


Page 26779

  1   appréciations. Vous pouvez présenter des arguments sur ce sujet. Le témoin

  2   vous a donné déjà son appréciation d'une différence patente.

  3   M. KARADZIC : [interprétation]

  4   Q.  Mais est-ce que l'équipe qui l'a chargée du travail qu'elle a accompli

  5   lui a notifié une quelconque différence, ou est-ce que l'équipe estime que

  6   ceci n'a pas été fait, que ce n'était pas le problème ? La question qui se

  7   pose ici consiste à savoir si l'équipe avait déjà fait ses propres

  8   jugements, qui, en fait, auraient dû être faits par les membres de la

  9   Chambre de première instance ?

 10   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Non, non, non. Est-ce que l'équipe a

 11   notifié quelque chose, ça c'est une autre question. Tout à fait différente.

 12   Mais votre question était formulée de telle sorte que le témoin ne pouvait

 13   pas y répondre, à mon avis.

 14   L'ACCUSÉ : [interprétation] Ce que je souhaite, c'est que le témoin déclare

 15   clairement que les personnes chargées des écoutes faisaient leurs propres

 16   appréciations s'agissant de déterminer ce qui était une différence patente

 17   ou pas, et qu'en raison de cela les membres de cette équipe formulaient des

 18   jugements. Et j'ai cité un exemple où, à mon avis, une différence

 19   importante aurait dû être remarquée et ne l'a pas été.

 20   M. KARADZIC : [interprétation]

 21   Q.  Voilà la question, Madame : est-ce que vous avez remarqué la

 22   différence, et est-ce que vous avez prévenu les membres de votre service

 23   que cette différence existait ?

 24   R.  Il s'est passé de nombreuses années depuis que j'ai travaillé sur ces

 25   documents, mais je crois que nous aurions dû voir la différence puisque

 26   nous comparions les transcriptions des conversations aux enregistrements

 27   dactylographiés des conversations. Mais l'explication à laquelle nous avons

 28   abouti est celle que je vous ai déjà communiquée tout à l'heure, à savoir


Page 26780

  1   que la personne désignée par la majuscule X dans la conversation

  2   dactylographiée -- alors je n'ai pas le texte sous les yeux, mais en tout

  3   cas que cette personne avait remarqué que l'intermédiaire et Karadzic

  4   étaient dans la même pièce -- ou, en tout cas, sinon dans la même pièce,

  5   que l'intermédiaire et Karadzic pouvaient être entendus au téléphone. Je

  6   pense que c'est ce qui était indiqué dans la transcription originale.

  7   Ensuite, la personne chargée de la dactylographie a dactylographié cela en

  8   mettant entre parenthèses la mention que les deux hommes étaient dans la

  9   même pièce. C'était donc une hypothèse de leur part. Qui, franchement,

 10   n'aurait pas dû être ajoutée à la transcription. Mais encore une fois,

 11   étant donné que c'était entre parenthèses, nous n'avons pas estimé que

 12   cette mention modifiait le sens de la conversation.

 13   Q.  Merci. Voilà ce que je voulais savoir. Est-ce que c'est vous qui

 14   décidiez de la signification à apporter à des différences ? Est-ce que vous

 15   aviez à votre portée, non loin de vous, un ou une juriste que vous pouviez

 16   consulter ?

 17   R.  Nous avions une équipe de juristes, c'est certain. Nous discutions de

 18   ces documents et d'autres questions en permanence.

 19   Q.  Avez-vous consulté cette équipe de juristes en rapport avec la question

 20   très concrète dont nous parlons, à savoir déterminer si la différence était

 21   significative ou pas ?

 22   R.  Je n'ai pas de souvenir précis de cela.

 23   Q.  Merci. Passons à un autre sujet.

 24   Nous avons déjà commencé à parler de ce sujet. Est-ce que vous êtes

 25   d'accord qu'il serait important de préciser clairement les numéros de page,

 26   les dates, les heures, s'agissant de déterminer l'ordre chronologique des

 27   conversations ?

 28   R.  Vous venez d'évoquer un certain nombre de questions qui sont


Page 26781

  1   différentes les unes des autres, et, si vous voulez bien, j'y répondrais

  2   une par une.

  3   Donc, s'agissant de la question des dates, les dates avaient une très

  4   grande importance. Et lorsque nous n'étions pas sûrs d'une date, nous

  5   l'indiquions jusqu'au moment où nous avions la possibilité de confirmer la

  6   date exacte.

  7   L'heure était aussi un élément important, mais il nous était plus

  8   difficile de confirmer une heure, sauf lorsque la même conversation avait

  9   été enregistrée à plusieurs reprises par différents opérateurs. Et dans ces

 10   cas-là, l'heure indiquée dans les différentes transcriptions était utilisée

 11   pour se corroborer les unes les autres ou pas. Et j'ai déjà discuté des

 12   raisons pour lesquelles les conversations pouvaient être indiquées comme

 13   ayant eu lieu à une ou deux ou cinq minutes de différence, et cette

 14   différence était due à la différence de l'heure où chaque opérateur avait

 15   regardé sa montre de poignet ou l'horloge sur le mur. Donc ce genre de

 16   différence horaire n'était pas considérée comme significative. Bien au

 17   contraire. Je dirais même que ces petites différences renforçaient la

 18   fiabilité des conversations interceptées.

 19   Quant à la chronologie des conversations interceptées, et je pense que

 20   c'est à ce sujet que vous vouliez en arriver, on voyait sur certains

 21   documents dactylographiés que certaines conversations ne correspondaient

 22   pas à l'ordre chronologique. A savoir qu'on pouvait, par exemple, trouver

 23   une conversation ou plusieurs conversations qui débutaient à 13 heures et

 24   se poursuivaient jusqu'à 15 heures, et puis on voyait ensuite une

 25   conversation interceptée qui durait entre 14 et 15 heures. Donc la question

 26   pouvait se poser de savoir pourquoi cette conversation de 14 à 15 heures se

 27   trouvait au milieu des autres conversations. Et la réponse à cette question

 28   c'est qu'il était fort possible qu'un carnet ait été remis à un


Page 26782

  1   dactylographe parce que la conversation qui avait été transcrite était

  2   considérée comme importante et qu'on ait dit au dactylographe : S'il te

  3   plaît, dactylographie ça et intègre le reste. Voilà c'est comme ça cela

  4   fonctionnait. Après quoi, le carnet était restitué à son opérateur initial,

  5   et le dactylographe poursuivait son travail sur le carnet qu'il avait avant

  6   de recevoir le carnet de l'opérateur.

  7   Donc, voilà une explication qui permet de comprendre pourquoi, dans

  8   certaines versions imprimées des conversations interceptées, vous trouvez

  9   des heures qui ne correspondent pas parfaitement à l'ordre chronologique.

 10   Q.  Est-ce que c'est la seule explication ? Vous avez dit que c'était une

 11   explication "possible".

 12   Mais est-ce la seule explication possible ?

 13   R.  C'est la seule qui me vient à l'esprit en ce moment.

 14   L'ACCUSÉ : [interprétation] J'aimerais que l'on affiche à l'écran le

 15   document 65 ter numéro 35036. Carnet numéro 99 dans le prétoire

 16   électronique.

 17   Et je demande l'affichage de la page 1 460.

 18   M. KARADZIC : [interprétation]

 19   Q.  Mais d'abord, est-ce que vous pouvez me dire sur la page qui est

 20   affichée en ce moment à l'écran, quelle est la date qu'on y lit ? "A partir

 21   du 16 juillet 1995," c'est bien ce qui est écrit, n'est-ce pas ?

 22   R.  Oui. Attendez, je ne suis pas tout à fait sûre, en fait. Je lis 16 … et

 23   puis ensuite, je ne sais pas si c'est un 7. Cela pourrait être un 8 ou un

 24   5. Oui, la page intérieure indique le 14 juillet 1995.

 25   Q.  Mais en page de garde, on voit le numéro 16 ? Et pas seulement le

 26   numéro 16, mais "à partir du 16." Et le numéro qui suit le 16 est très

 27   probablement un 7. Il est impossible que ce soit un autre numéro.

 28   Donc on lit bien en page de garde que le carnet commence le 16,


Page 26783

  1   n'est-ce pas ?

  2   R.  Non, je ne peux pas dire que la date mentionnée en page de garde soit

  3   le 16 juillet. Parce qu'encore une fois, pour moi, ce que vous dites être

  4   un 7 me semble plutôt être un 8 ou un 5. Et j'ajouterais d'ailleurs que les

  5   dates qui figurent sur la page de couverture de ces carnets n'ont pas une

  6   importance particulière. Mais je ne peux pas être d'accord avec vous sur le

  7   fait que la date indiquée en page de garde de ce carnet soit celle du 16

  8   juillet.

  9   Q.  Et alors, quel est le mois indiqué, d'après vous ? Voyons si nous

 10   pouvons trouver un élément de corroboration dans les pages intérieures du

 11   carnet.

 12   Dans votre rapport, vous avez donc pris cette date du 16 comme date

 13   de début de ce carnet, n'est-ce pas ?

 14   R.  Non. Je ne peux pas me dire d'accord avec ce que vous venez de dire

 15   sans voir les autres pages et en savoir davantage au sujet du contexte.

 16   Peut-être avez-vous l'original ?

 17   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Madame Frease, est-ce que vous avez

 18   entendu le nom de la personne qui a écrit la date sur une page de

 19   couverture ?

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Non.

 21   M. KARADZIC : [interprétation]

 22   Q.  Mais voyez-vous, il est indiqué dans le compte rendu de votre

 23   déposition dans l'affaire Popovic, en page 8 138 du compte rendu

 24   d'audience, que vous avez considéré que ce carnet de notes concernait la

 25   période allant du 16 au 19 juillet, n'est-ce pas ?

 26   Nous pouvons demander l'affichage à l'écran de la page en question, si

 27   c'est nécessaire. Page 8 138 du compte rendu d'audience de l'affaire

 28   Popovic.


Page 26784

  1   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Avant d'agir ainsi, on pourrait peut-

  2   être montrer au témoin la page 27 de ce carnet. C'est la première page de

  3   ce carnet sur laquelle j'ai trouvé une date, si cela peut vous aider.

  4   Veuillez poursuivre maintenant, Monsieur Karadzic, puisque le texte s'est

  5   affiché à l'écran.

  6   M. KARADZIC : [interprétation]

  7   Q.  Donc, sur cette page qui s'affiche actuellement à l'écran, il ne fait

  8   aucun doute que la date indiquée est celle du 19 juillet 1995, n'est-ce pas

  9   ?

 10   R.  En effet.

 11   Q.  Merci. Est-ce que dans votre déposition dans l'affaire Popovic, vous

 12   avez indiqué que ce carnet concernait les conversations interceptées entre

 13   le 16 et le 19 juillet ?

 14   R.  Je ne me souviens pas. Si c'est important, nous pourrions revoir la

 15   partie pertinente de cette déposition.

 16   Q.  Mais avant que la page du compte rendu d'audience Popovic s'affiche à

 17   l'écran, je vous demande si vous êtes d'accord quant au fait que chaque

 18   minute est importante lorsqu'on parle des événements de Srebrenica, et

 19   encore bien davantage les jours, n'est-ce pas ?

 20   R.  S'agissant des minutes, encore une fois, je répète qu'il y avait de

 21   légères variations en fonction de la montre de chaque personne, ou de

 22   l'horloge, ou de l'instrument utilisé pour consulter l'heure. Maintenant,

 23   s'agissant des dates, il ne fait aucun doute qu'elles sont très

 24   importantes.

 25   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Nicholls, pouvez-vous confirmer

 26   que le texte affiché à l'écran vient bien de l'affaire Popovic ?

 27   L'ACCUSÉ : [interprétation] Document 65 ter numéro 15229, page 8 138 [comme

 28   interprété].


Page 26785

  1   M. KARADZIC : [interprétation]

  2   Q.  Est-ce que vous avez remarqué cette différence visible sur le carnet de

  3   notes, est-ce que vous l'avez fait remarquer dans votre carnet, à savoir

  4   que sur la page de garde on lit 16, alors que dans la page intérieure, le

  5   carnet commence à la date du 14, d'après la date indiquée ?

  6   R.  Pourriez-vous m'accorder une minute --

  7   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, oui, prenez votre temps pour lire

  8   la page du compte rendu d'audience Popovic.

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Pourrais-je voir la fin de la page, s'il vous

 10   plaît ?

 11   Pouvez-vous continuer à faire défiler le document.

 12   Est-ce qu'il y a une autre page ?

 13   Et continuez à faire défiler cette page.

 14   L'ACCUSÉ : [interprétation] Vous aurez peut-être besoin de la page

 15   suivante.

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Ah oui.

 17   M. LE JUGE KWON : [aucune interprétation]

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] D'accord.

 19   Donc, quand nous avons commencé à passer en revue les carnets et que nous

 20   avons daté les conversations, nous avons essayé de compter en avant et à

 21   rebours et nous avons essayé de savoir quelles étaient les conversations

 22   qui auraient eu lieu à telles ou telles dates. Souvent il n'y avait pas de

 23   dates dans ces carnets, ou du moins les dates n'étaient pas inscrites

 24   systématiquement. Donc, ici, pour ce carnet, il semble que la date du 19

 25   apparaisse à la page 27, et puis nous sommes revenus en arrière jusqu'au

 26   début du carnet. Et vous aviez également les heures qui figuraient pour

 27   chacune de ces dates, et comme la progression était chronologique, ceci

 28   nous permettait de savoir quand on passait au jour suivant.


Page 26786

  1   Et on aurait considéré que le 19 était une date définitive. S'il y

  2   avait une date ultérieure au 19, mettons le 21, par exemple, et si, entre

  3   le 19 et le 21, vous aviez des heures qui étaient affichées qui

  4   s'écoulaient logiquement, donc le matin, l'après-midi, et ensuite le

  5   lendemain matin et le lendemain après-midi, dans ce cas-là nous aurions

  6   également pu considérer que le 20 était une date définitive ou qui avait

  7   été confirmée. J'aurais d'ailleurs aimé pouvoir consulter le carnet

  8   d'origine, mais je ne suis pas sûre que l'on aurait considéré que ces

  9   autres dates étaient des dates confirmées, même si on avait pu revenir

 10   jusqu'au 16, en se servant uniquement de la date figurant sur la couverture

 11   du carnet. En fait, nous aurions utilisé d'autres informations pour

 12   corroborer la date à laquelle s'étaient tenues ces conversations.

 13   Donc notre système très simple permettant de déterminer les dates

 14   approximatives et les dates confirmées était de savoir si, en fait, les

 15   dates étaient vraiment inscrites sur le carnet. Donc ça nous donnait un

 16   ordre de grandeur. Nous pouvions savoir ce qui s'était passé, mais en même

 17   temps nous ne considérions pas que ces dates étaient confirmées tant que

 18   nous n'avions pas d'autres manières de confirmer ces dates.

 19   M. KARADZIC : [interprétation]

 20   Q.  Merci. Je vous demande de regarder les lignes 11 et 12. A la ligne 12,

 21   vous dites : "On pourra encore être le 17".

 22   Parce qu'à la ligne 11, on voit qu'il y a une conversation qui a eu

 23   lieu à 13 heures 18 et qui a été consignée comme suivant la conversation de

 24   14 heures 25. Mais est-ce qu'il aurait également pu s'agir du 18 ?

 25   R.  C'est possible, mais c'est peu probable. Et dans ce cas-là, nous

 26   aurions essayé d'avoir d'autres éléments de confirmation avant de confirmer

 27   une date associée à une conversation donnée.

 28   Q.  Merci. Nous pouvons maintenant revenir au document que nous avons


Page 26787

  1   consulté précédemment, le document de la liste 65 ter 35036.

  2   J'aimerais savoir si vous avez remarqué que pour ce qui était du 19

  3   juillet, il y a une date qui a été barrée en rouge.

  4   L'ACCUSÉ : [interprétation] C'est à la page 1 484.

  5   Ce sont les quatre derniers chiffres de la cote ERN. Est-ce que l'on

  6   pourrait afficher cette page à l'écran, s'il vous plaît.

  7   M. KARADZIC : [interprétation]

  8   Q.  Est-ce que vous vous souvenez que dans l'original cette date

  9   avait été biffée en rouge ?

 10   On ne peut pas le voir ici, mais vous en avez parlé dans votre

 11   déposition dans l'affaire Popovic à la page 8 149.

 12   R.  Il faudrait que je vois ce document.

 13   L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait voir la page suivante

 14   ? Peut-être que ça figure à la page suivante.

 15   Peut-être qu'on peut agrandir ce document pour mieux voir les dates.

 16   Voilà. Enfin, quoi qu'il en soit, nous rechercherons cela.

 17   M. KARADZIC : [interprétation]

 18   Q.  Mais pour l'instant, pourriez-vous nous dire si vous vous souvenez

 19   avoir vu une date qui avait été rayée en rouge, et vous l'avez confirmé

 20   dans votre déposition dans l'affaire Popovic à la page 8 149, et vous avez

 21   dit que vous ne vous étiez pas penchée sur la signification de cela ?

 22   R.  Je ne m'en souviens pas.

 23   L'ACCUSÉ : [interprétation] Pourrait-on consulter la page 8 149 du document

 24   de la liste 65 ter 15229, s'il vous plaît.

 25   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Monsieur Nicholls.

 26   M. NICHOLLS : [interprétation] Pour les besoins du compte rendu d'audience,

 27   ce n'est pas exactement ce qui figure à la page 8 149.

 28   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, nous verrons cela.


Page 26788

  1   M. NICHOLLS : [interprétation] Je crois que je vais demander que l'on

  2   permette au témoin de consulter ce document.

  3   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, je vais m'en assurer.

  4   Quel est le numéro de la page, Monsieur Karadzic ? 81…

  5   L'ACCUSÉ : [interprétation] 49.

  6   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, 49.

  7   M. KARADZIC : [interprétation]

  8   Q.  Ici, à la ligne 2, on voit que cette page est mentionnée. Enfin, je

  9   pense que vous pouvez voir ceci par vous-même. Vous pouvez commencer la

 10   lecture à la ligne 6.

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Pourrais-je voir le bas de la page, s'il vous

 12   plaît.

 13   M. KARADZIC : [interprétation]

 14   Q.  L'exemplaire que nous avons dans notre système ne montre pas cette date

 15   rayée en rouge, mais l'exemplaire qui a été utilisé dans cet autre procès

 16   montrait bien cette ligne rouge qui avait été tracée et qui rayait donc la

 17   date du 19 juillet.

 18   Alors je ne sais pas ce que l'on peut faire maintenant ? Comment se fait-il

 19   que cette ligne rouge ait disparu alors qu'elle existait lors du procès

 20   Popovic ?

 21   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que je pourrais consulter la page

 22   précédente du compte rendu d'audience.

 23   Monsieur Nicholls, est-ce que vous disposez du carnet original ?

 24   M. NICHOLLS : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai demandé qu'on

 25   fasse descendre ce carnet. Donc on pourrait peut-être faire une pause brève

 26   ou on pourrait continuer.

 27   Mais d'après ce que j'ai compris, ce carnet va bientôt arriver dans le

 28   prétoire.


Page 26789

  1   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Madame Frease, vous alliez dire quelque

  2   chose.

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Sans consulter le carnet, je ne peux pas

  4   vraiment faire de commentaire.

  5   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Le numéro de la page ERN est exact par

  6   rapport à la page du compte rendu. C'est la page que nous avons vue, la

  7   page du 19 juillet.

  8   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

  9   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Mais évidemment la ligne rouge ne semble

 10   pas apparaître sur la photocopie.

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] D'accord.

 12   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Karadzic, est-ce que vous

 13   voulez faire une pause ou est-ce que vous pouvez continuer ?

 14   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je préfèrerais passer à autre chose de façon à

 15   ce que l'on ne perde pas de temps et j'y reviendrai un peu plus tard.

 16   M. KARADZIC : [interprétation]

 17   Q.  Mais je voudrais demander la chose suivante à Mme Frease : est-ce exact

 18   qu'aux lignes 16 à 18 vous avez en fait confirmé que vous avez vu cette

 19   date du 19 juillet qui avait été rayée avec un crayon rouge ?

 20   R.  C'est ce qui est mentionné dans le compte rendu d'audience,

 21   effectivement.

 22   Q.  Mais vous avez confirmé que vous l'aviez vue. Vous n'auriez pas répondu

 23   par l'affirmative si vous n'aviez pas vu, n'est-ce pas ?

 24   R.  Oui, tout à fait.

 25   Q.  Merci. Alors passons à autre chose, et je vais vous poser la question

 26   suivante : est-ce exact que les bandes audio qui ont été conservées ont été

 27   transmises à Jack Hunter, qui les a envoyées à Washington pour en faire des

 28   copies et il a rendu les bandes originales le 4 avril 2001 ?


Page 26790

  1   R.  Il est vrai que Jack Hunter a emporté les bandes audio à Washington

  2   pour les analyser et pour en faire des copies. Je ne me souviens pas que

  3   les bandes originales aient été remises à la date que vous avez mentionnée.

  4   Mais un document devrait exister faisant état de la date à laquelle les

  5   bandes originales ont été rétrocédées.

  6   Q.  Merci. Est-ce exact que dans un laboratoire ATF de Washington, D.C.,

  7   ces bandes audio ont fait l'objet d'un processus d'amélioration afin de

  8   pouvoir mieux entendre la version audio ?

  9   R.  Effectivement, un processus a été utilisé pour améliorer la qualité du

 10   son.

 11   Q.  Pourriez-vous dire aux Juges de la Chambre qui est Jack Hunter et

 12   quelle institution a participé à tout cela ?

 13   R.  Jack Hunter est un expert en matière de communications radio et

 14   d'analyses. Il s'est rendu dans les deux sites concernés, il a pris des

 15   photos des antennes qui existaient sur place ainsi que du matériel, et

 16   cetera, afin de déterminer s'il était possible d'un point de vue technique

 17   d'écouter les communications qui, selon l'ABiH, avaient été écoutées à

 18   partir de ces sites. M. Hunter avait les compétences lui permettant

 19   d'analyser ces bandes et d'en évaluer leur contenu. Il a travaillé à

 20   l'époque pour le service gouvernemental de réglementation de l'alcool, du

 21   tabac et des armes à feu à Washington, que l'on appelle en abrégé ATF.

 22   Q.  Ah, je vois. Est-ce que cela fait partie d'un ministère aux Etats-Unis

 23   ?

 24   R.  Vous savez, je ne sais pas quel est en fait le ministère de tutelle.

 25   Mais effectivement, il s'agit d'une instance fédérale gouvernementale

 26   américaine ou d'un ministère.

 27   Q.  Est-ce que ce département est associé d'une manière ou d'une autre au

 28   FBI ?


Page 26791

  1   R.  Je ne sais pas.

  2   Q.  Est-ce que vous avez fait l'objet d'une formation au FBI ?

  3   R.  Non.

  4   Q.  Qui a recruté M. Hunter et qui a contacté cette agence ?

  5   R.  Je crois que c'est Peter McCloskey qui l'a contacté. Peter McCloskey

  6   avait travaillé au sein du ministère de la Justice. Peter McCloskey étant

  7   un juriste hors classe ici au bureau du Procureur.

  8   Q.  Merci. Est-ce que Jack Hunter a été officiellement recruté, et est-ce

  9   qu'il y a des documents qui attestent de son recrutement ?

 10   R.  Il a été officiellement recruté. Je ne sais pas s'il existe un

 11   document. Il doit y en avoir un, mais je ne suis pas au courant.

 12   Q.  Merci. J'aimerais savoir si vous avez bénéficié d'une formation ? Est-

 13   ce que M. Hunter vous a formée ?

 14   R.  Non.

 15   Q.  Savez-vous qui a payé les émoluments de M. Hunter ?

 16   R.  Non.

 17   Q.  Merci.

 18   L'ACCUSÉ : [interprétation] En attendant, est-ce que l'on pourrait afficher

 19   le document 1D5477, s'il vous plaît.

 20   Heureusement, vous parlez serbe, donc on va pouvoir avancer en besogne même

 21   s'il n'y a pas de traduction. Vous pourrez peut-être même nous aider.

 22   Laissons ce document sur l'écran.

 23   M. KARADZIC : [interprétation]

 24   Q.  Est-ce que vous voyez, en haut du document, il est mentionné armée de

 25   la République de Bosnie-Herzégovine, et ensuite il est mentionné Okresanica

 26   ?

 27   Est-ce qu'il s'agit du site nord qui avait été mentionné ?

 28   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, nous allons faire cela.


Page 26792

  1   Peut-on passer à huis clos partiel, s'il vous plaît.

  2   [Audience à huis clos partiel]

  3  (expurgé)

  4  (expurgé)

  5  (expurgé)

  6  (expurgé)

  7  (expurgé)

  8  (expurgé)

  9  (expurgé)

 10  (expurgé)

 11  (expurgé)

 12  (expurgé)

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 14  (expurgé)

 15  (expurgé)

 16  (expurgé)

 17  (expurgé)

 18  (expurgé)

 19  (expurgé)

 20  (expurgé)

 21  (expurgé)

 22   [Audience publique]

 23   M. NICHOLLS : [interprétation] Je voulais simplement vous faire savoir,

 24   Monsieur le Président, que nous avions maintenant dans le prétoire le

 25   carnet original.

 26   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.

 27   Allez-y, Monsieur Karadzic.

 28   M. KARADZIC : [interprétation]


Page 26793

  1   Q.  Etes-vous d'accord avec moi pour dire que vous connaissez ce site ? Et

  2   est-ce que vous êtes d'accord pour dire que cette interception qui porte la

  3   date du 8 décembre représente bien une interception téléphonique du 8

  4   décembre 1994 ?

  5   R.  Je connais le site en question. Et la date mentionne le 8 décembre

  6   1994, effectivement.

  7   Q.  Merci.

  8   L'ACCUSÉ : [interprétation] Pourrait-on maintenant consulter le bas de la

  9   page.

 10   M. KARADZIC : [interprétation]

 11   Q.  Pourriez-vous nous dire si l'heure en question est bien 20 heures 39.

 12   Nous voyons que la date est la même. Pouvez-vous également nous dire ce qui

 13   figure à la ligne 7, où une personne dénommée X prend la parole. Et vous

 14   voyez que quelqu'un dit :

 15   "Il n'y a vraiment personne là-bas."

 16   Et la personne X dit :

 17   "Est-ce que vous pouvez essayer au niveau des paquets ?"

 18   Et l'autre personne dit :"Essayez quoi ?"

 19   X dit : "Utilisez le paquet pour les appeler."

 20   Y : "Pourquoi ?"

 21   X : "Moi ?"

 22   Y : "Oui, bien, je peux le faire."

 23   Est-ce que le terme de "paquet" apparaît bien ici ?

 24   R.  Oui, effectivement, ce terme apparaît dans cette conversation.

 25   Q.  Merci. Est-ce que ce terme fait référence à une personne ou à un type

 26   de communication ?

 27   R.  Il me faudrait une minute pour lire la totalité de la conversation.

 28   Il semble que cela fasse référence à un type de communication. Mais


Page 26794

  1   je ne sais pas de quel type il s'agit.

  2   Q.  Merci.

  3   L'ACCUSÉ : [interprétation] Pourrait-on verser ce document au dossier.

  4   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Ce document recevra une cote provisoire

  5   aux fins d'identification.

  6   M. LE GREFFIER : [interprétation] D2205. Merci.

  7   L'ACCUSÉ : [interprétation] Pourrait-on afficher le document 1D5478, à ne

  8   pas diffuser hors du prétoire.

  9   M. KARADZIC : [interprétation]

 10   Q.  Est-ce qu'il s'agit de la même instance qui a transmis ce rapport ayant

 11   comme date le 9 octobre 1944 ?

 12   Et à la ligne 6 ou 7, on peut lire :

 13   "Voyez qu'ici il y a une partie du paquet qui vous attend.

 14   "Est-ce qu'ils sont partis de là-bas ?"

 15   Et l'autre personne dit :

 16   "Ne vous inquiétez pas. Je transmettrai tout. Restez où vous êtes."

 17   Et l'autre personne dit :

 18   "Très bien."

 19   Et puis, O dit :

 20   "Kompas," donc le nom de code pour l'autre personne, "Kompas, ce

 21   paquet n'est pas encore parti. Il partira demain."

 22   A votre avis, cela fait référence à quoi ?

 23   En gardant à l'esprit qu'il est mentionné "une partie du paquet",

 24   donc il est fort peu probable qu'il s'agisse d'une personne. 

 25   R.  Est-ce que les interprètes pourraient traduire encore une fois

 26   cette phrase en B/C/S ?

 27   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Si vous en donnez lecture, ce sera

 28   fait.


Page 26795

  1   L'INTERPRÈTE : Le témoin parlant en B/C/S.

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] "Il y a une partie du paquet qui attend."

  3   Une partie intégrante."

  4   L'INTERPRÈTE : Le témoin poursuivant en anglais.

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] D'accord. Vous savez, il faut toujours

  6   replacer certaines conversations dans leur contexte. Il y a une partie

  7   essentielle du paquet qui est mentionnée ici… et qui n'a pas quitté son

  8   origine.

  9   D'après le contexte, d'après la date, je ne peux pas vraiment vous

 10   dire de quoi on parle ici. Ça dépendrait de ce qui se passait à l'époque, à

 11   ce moment-là.

 12   M. KARADZIC : [interprétation]

 13   Q.  Et si vous deviez décider de savoir si vous optez pour une

 14   traduction de paquet comme une personne, ou un prisonnier, ou un dispositif

 15   de communication, quel serait votre choix ?

 16   R.  Je n'exercerais pas ce choix parce que je ne connais pas le contexte.

 17   Je ne sais pas ce qui se produisait à l'époque, en août 1994. Je ne sais

 18   pas d'où cette conversation provient. Je ne sais pas qui est ce dénommé

 19   Kompas. Je ne sais pas de quel site on parle. Par conséquent, je ne peux

 20   pas à brûle-pourpoint vous donner une analyse de ce terme.

 21   Q.  Très bien.

 22   L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait verser ce document au

 23   dossier.

 24   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Karadzic, j'essaie de

 25   comprendre les séries de questions que vous posez. Donc votre thèse est que

 26   le terme de paquet, ou "parcel" en anglais, ou "packet", n'est pas utilisé

 27   pour se référer à des personnes dans ce contexte. Et que, dans ce contexte,

 28   le terme utilisé par M. Beara ne devrait pas être considéré comme


Page 26796

  1   signifiant des personnes non plus.

  2   C'est ce que vous essayez de prouver ?

  3   L'ACCUSÉ : [interprétation] Excellence, ce que je veux dire, c'est que dans

  4   toutes les conversations on trouve, à de très nombreuses reprises, le mot

  5   paquet, et que dans certains cas cela ne concerne pas des personnes. Ici,

  6   on voit clairement qu'il ne s'agit pas de personnes. Et dans d'autres cas

  7   fréquents, on trouve également l'utilisation du mot paquet, traduit en

  8   anglais par "packet" ou "parcel". J'ai d'autres exemples d'ailleurs ici,

  9   mais je ne sais pas si j'aurais le temps de vous les montrer.

 10   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. Ce document sera enregistré

 11   aux fins d'identification en tant que pièce D2006.

 12   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci. Je demande à présent l'affichage du

 13   document 1D5479. Il ne faut pas que ce document soit diffusé vers la

 14   galerie du public, encore une fois.

 15   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Monsieur Nicholls.

 16   M. NICHOLLS : [interprétation] Monsieur le Président, simplement je me lève

 17   pour vous informer du fait qu'à mon avis c'est la troisième conversation

 18   interceptée dont l'utilisation n'avait pas été notifiée à l'avance à

 19   l'Accusation, sans traduction. Donc il nous est beaucoup plus difficile de

 20   travailler sur ces documents non notifiés, dès lors qu'ils ne

 21   s'accompagnent pas d'une traduction.

 22   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci. Mais au moins, nous pouvons

 23   comprendre l'objet de la question, donc nous pouvons continuer sur cette

 24   base.

 25   Monsieur Karadzic.

 26   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, je vous remercie.

 27   M. KARADZIC : [interprétation]

 28   Q.  Convenez-vous que les quatre premières lignes de cette transcription


Page 26797

  1   sont précédées des initiales B et C, et qu'ensuite nous lisons : Demandez-

  2   leur à quel moment ce paquet va aller à Galaksiji demain, n'est-ce pas ? Et

  3   la date est celle du 31 mars 1994.

  4   R.  Oui, il est écrit que…

  5   Q.  Va aller dans la direction de Galaksiji, ce qui signifie Pale, n'est-ce

  6   pas ?

  7   Je ne m'étais même pas rendu compte qu'il y avait cette mention de

  8   Galaksiji.

  9   R.  Quand "ce" paquet -- le mot utilisé en anglais devrait être "package"

 10   au lieu de "packet", mais enfin, ce n'est un problème très important. Quoi

 11   qu'il en soit, lorsque ce paquet partira pour Galaksiji demain -- demandez-

 12   leur à quel moment ce paquet va partir pour Galaksiji demain.

 13   Q.  Oui, je suis d'accord avec l'observation que vous avez faite au sujet

 14   de l'interprétation.

 15   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je demande le versement au dossier de ce

 16   document.

 17   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Encore une fois, nous allons

 18   l'enregistrer aux fins d'identification, et son numéro sera D2207.

 19   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je vous remercie. Je demande maintenant

 20   l'affichage du document 1D5480.

 21   M. KARADZIC : [interprétation]

 22   Q.  Sixième ligne à partir du haut -- ou au milieu du texte.

 23   Nous lisons que : Là-bas, sur le terrain, Gore se trouve à Prijedor

 24   et qu'il devrait partir avec son paquet le plus rapidement possible.

 25   Et puis quelques lignes plus bas, nous lisons : Il devrait arriver

 26   ici avec son paquet très rapidement.

 27   Et nous voyons également dans cette conversation interceptée la

 28   mention d'un niveau d'alerte maximum.


Page 26798

  1   Est-ce que vous diriez que dans cette conversation, le paquet est un

  2   équipement de combat, puisqu'il semble associé à un niveau d'alerte maximum

  3   ?

  4   R.  Si je peux revenir à la conversation précédente où il était question

  5   d'un paquet qui partirait demain pour Pale. Ici, il peut s'agir très

  6   facilement d'une référence à un prisonnier. Donc, encore une fois, le

  7   contexte a une importance extrême s'agissant d'analyser les conversations

  8   interceptées. Il faut avoir en tête l'ensemble des éléments qui constituent

  9   le contexte dans lequel ce document est reçu et analysé.

 10   Donc nous passons maintenant à cette conversation-ci, 8 heures du

 11   matin. Quelle est la date ?

 12   Q.  31 mars. Ah non, excusez-moi. C'était la date du document précédent.

 13   Pour cette conversation-ci, la date est le 14 novembre.

 14   R.  14 octobre; c'est bien ça ?

 15   Q.  Ah oui, octobre. Excusez-moi. Au milieu de la conversation, là où vous

 16   voyez le mot "Prijedor", on lit juste en dessous qu'il est dit que Gore

 17   devrait, avec son paquet, partir tout de suite pour aller là-bas.

 18   Et un peu plus loin, là où on a un passage souligné, on lit les mots

 19   : Qu'il vienne avec son paquet le plus rapidement possible.

 20   Et puis autres mots soulignés en dessous : Niveau d'alerte maximum,

 21   BG.

 22   R.  Très bien. Je vous demande une minute pour lire l'ensemble de cette

 23   conversation.

 24   D'accord. Donc une personne prénommée Nedeljko, qui intervient dans la

 25   conversation, parle et dit -- peut-être l'avez-vous déjà lu, mais je vais

 26   le relire. Je cite :

 27   Il dit que là-bas sur le terrain se trouve Gore à Prijedor. Il

 28   devrait, avec son paquet, partir tout de suite de là-bas pour venir ici.


Page 26799

  1   Et je suppose que ce Gore Prijedor, est-ce que ça veut dire plus haut

  2   que Prijedor ? Ça c'est une question …

  3   Q.  Est-ce que cela pourrait vouloir dire là-haut, au nord, parce que

  4   Prijedor est au nord ?

  5   R.  D'accord, d'accord.

  6   Toujours une question de contexte. Il est censé aller quelque part

  7   dans les environs de Prijedor -- ou, plutôt, il est censé être là-bas sur

  8   le terrain. Je penserais que peut-être cela veut dire au-dessus de

  9   Prijedor. Et il devrait partir tout de suite avec son paquet et aller là-

 10   haut quelque part.

 11   C'est très difficile, voyez-vous. Peut-être que là il ait fait

 12   référence à un objet, matériel, quelque chose de matériel qui a une

 13   importance particulière et qu'il n'ait pas fait référence à des personnes.

 14   C'est possible. Mais en l'absence de contexte, il est très difficile de se

 15   prononcer, très difficile.

 16   Q.  Conviendrez-vous que nous lisons niveau de BG maximum, niveau d'alerte

 17   maximum donc.

 18   Et qu'il est impossible de ne pas relier cette observation au fait

 19   qu'on lit aussi dans cette conversation : Il faudrait qu'il vienne le plus

 20   vite possible avec son paquet.

 21   R.  En effet.

 22   Q.  Merci.

 23   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je demande le versement au dossier de ce

 24   document.

 25   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Il est admis et sera encore une fois

 26   enregistré aux fins d'identification en tant que pièce D2208.

 27   L'ACCUSÉ : [interprétation] Le dernier document dont je demande l'affichage

 28   sur les écrans, il s'agit du document 1D5475.


Page 26800

  1   L'INTERPRÈTE : Note de l'interprète : Les initiales BG dans la conversation

  2   précédente sont le sigle pour les mots Bordona Gotovost [phon], niveau

  3   d'alerte.

  4   M. KARADZIC : [interprétation]

  5   Q.  Donc vous voyez, c'est la même base qui se charge des écoutes. Et à la

  6   ligne 2, nous lisons : "Blagoje et Y (modulation de la voix semblable à la

  7   voix de Danilo Stojkovic, l'acteur)".

  8   Ensuite, on a un juron à la ligne 5, et puis les mots :

  9   "Je ne vais pas le féliciter à cette distance".

 10   Ensuite, Y dit :

 11   "Est-ce que le paquet de ce matin est parti comme il aurait dû le faire ?"

 12   Et puis Blagoje rétorque :

 13   "Zut, je ne l'ai plus, donc je leur ai dit d'aller là-bas et de prendre

 14   quelque chose chez eux".

 15   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Les interprètes n'ont pas entendu votre

 16   question, Monsieur Karadzic.

 17   M. KARADZIC : [interprétation]

 18   Q.  Est-ce qu'il est clair, à la lecture de ce texte, qu'il n'est pas

 19   question de personne mais d'un objet qui doit être transporté ?

 20   R.  Oui. Je crois que c'est effectivement ce que l'on peut penser.

 21   J'aimerais, cela étant, parler d'autres distinctions, d'autres

 22   éléments distinctifs que nous utilisions, car ces messages concernaient des

 23   lieux et des personnes qui ne sont pas les lieux et les personnes dont nous

 24   parlons ici. Ce ne sont pas des unités. Enfin c'est une supposition. Mais

 25   je ne pense pas que ce soit particulièrement important. En tout cas, les

 26  (expurgé)

 27  (expurgé)

 28  (expurgé)


Page 26801

  1  (expurgé)

  2   sur le site du nord étaient différentes. C'étaient des unités chargées

  3   d'intercepter des conversations qui n'étaient pas les mêmes que celles qui

  4   travaillaient sur les documents dont nous parlons ici, en l'espèce.

  5   Si je devais analyser l'ensemble de ces documents, je chercherais à

  6   déterminer l'existence ou pas d'un schéma répétitif.

  7   Q.  Je vous remercie. Mais si vous saviez qui était ce commandant Gengo,

  8   vous sauriez qu'il opérait dans le même secteur.

  9   Est-ce que nous pouvons nous mettre d'accord sur la date, 11 mai 1995

 10   ?

 11   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je demande que l'on montre la partie du texte

 12   où figure la date, le titre.

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 14   M. KARADZIC : [interprétation]

 15   Q.  Merci.

 16   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je demande le versement au dossier de ce

 17   document.

 18   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Il sera enregistré aux fins

 19   d'identification en tant que pièce D2209.

 20   Et, Monsieur Karadzic, vous avez déjà utilisé tout le temps qui vous était

 21   imparti, à savoir trois heures. Est-ce que vous avez encore des questions à

 22   poser ?

 23   L'ACCUSÉ : [interprétation] J'aimerais simplement en terminer avec ce

 24   carnet de notes sur la date du 19 juillet, puis ensuite j'aurais une

 25   question supplémentaire et je considère que j'en aurai terminé.

 26   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Peut-on montrer le carnet de notes à

 27   l'aide du rétroprojecteur, enfin la page en question ?

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce que je peux le regarder moi-même


Page 26802

  1   d'abord ?

  2   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bien sûr. Bien sûr.

  3   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je crois que le numéro ERN se termine par 1484,

  4   si le numéro figure dans le carnet. Mais en tout cas, la date est celle du

  5   19 juillet. Elle devrait vous permettre de retrouver le passage facilement.

  6   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Si vous avez trouvé la page, j'aimerais

  7   qu'on la place sur le rétroprojecteur.

  8   LE TÉMOIN : Hm-hm.

  9   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Lorsqu'on parle de ligne rouge, on

 10   parle de ce trait horizontal qui couvre toute la ligne, n'est-ce pas ?

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Et ce trait montre qu'on va commencer les

 12   interceptions pour un autre jour, celui du 19.

 13   Quelques pages plus loin, à la même date pour le même jour, nous

 14   avons d'autres passages en rouge ici et ci et là. Donc, manifestement il

 15   s'agit d'un opérateur chargé des interceptions qui souhaitait établir à

 16   quelque moment commence la date du 19 dans le carnet. Il a donc pris son

 17   stylo et il a tracé un trait à cet endroit-là en indiquant la date du 19.

 18   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Cette ligne se voyait aussi sur la

 19   photocopie ?

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Apparemment non. Parce qu'elle ne figurait pas

 21   à l'écran tout à l'heure.

 22   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je crois que je l'ai vue.

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Ah, vraiment ?

 24   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Excusez-moi. Est-ce que nous pouvons

 25   télécharger le carnet de notes dans le prétoire électronique ? 35036.

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Je dirais également, maintenant que j'ai vu

 27   l'original, que le numéro que j'avais du mal à lire sur la photocopie à

 28   l'écran tout à l'heure est bien un 7. Donc la date qui figure en page de


Page 26803

  1   garde est bien le 16 juillet.

  2   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Dans la version du prétoire

  3   électronique, la date est tout à fait claire également. On la voit, la

  4   ligne rouge.

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] La ligne rouge ?

  6   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, la ligne rouge.

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Ah. Mais alors je ne sais pas pourquoi dans le

  8   document que j'ai eu sous les yeux tout à l'heure …

  9   M. NICHOLLS : [interprétation] Excusez-moi d'interrompre, Monsieur le

 10   Président. J'aimerais simplement revenir sur la question qui figure en page

 11   75, ligne 17 du compte rendu d'aujourd'hui, où il est indiqué : Est-il

 12   exact que vous avez confirmé que la date du 19 juillet avait été rayée à

 13   l'encre rouge ?

 14   Or, la ligne que nous voyons maintenant dans le carnet de notes

 15   correspond, comme le témoin vient de l'indiquer, au démarrage d'une

 16   nouvelle journée. Donc pour moi il y a une différence entre les deux

 17   choses.

 18   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Mais je ne me rappelle pas ce qui

 19   figurait dans le compte rendu Popovic.

 20   Monsieur Karadzic, ayant vu l'original, est-ce que vous auriez d'autres

 21   questions à poser au témoin ?

 22   M. KARADZIC : [interprétation]

 23   Q.  Ma question consisterait simplement à lui demander pourquoi nous avons

 24   là une autre couleur, le rouge, et pourquoi le témoin a admis dans

 25   l'affaire Popovic qu'il s'agissait d'une date qui avait été rayée en rouge

 26   ? Car elle a affirmé qu'il s'agissait d'une date rayée en rouge.

 27   R.  Eh bien, j'expliquerais le fait qu'il y ait là une couleur rouge, que

 28   l'on retrouve d'ailleurs cinq pages plus loin, par le fait que l'opérateur


Page 26804

  1   chargé de ces interceptions écrit en rouge pendant trois pages d'affiliées

  2   un peu plus loin. Donc je ne sais pas pourquoi j'ai dit que la date avait

  3   été rayée, car la date n'est pas rayée. Il y a une ligne, et ensuite on

  4   voit une date qui indique que c'est le début d'une nouvelle journée.

  5   Donc je ne sais pas pourquoi j'ai pu faire cela. Je ne sais pas.

  6   Q.  Mais quand est-il indiqué qu'il s'agit d'une nouvelle journée ? Où

  7   figure cette mention en rouge ? Parce que ce qui est écrit au-dessus de la

  8   ligne et en dessous de la ligne est écrit de la même main à l'aide du même

  9   stylo. Or, la date d'une nouvelle journée est indiquée à l'aide d'un stylo

 10   différent qui avait déjà été utilisé trois ou quatre entrées plus tôt.

 11   Est-ce que vous avez demandé une explication à ce sujet ? Qui est-ce

 12   qui a inscrit la date ? Parce que la personne qui écrivait en bleu n'est

 13   pas la même que la personne qui a écrit en rouge.

 14   R.  J'aimerais revoir ce passage du compte rendu d'audience --

 15   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Le compte rendu de Popovic ?

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non. Non, le document affiché

 17   actuellement à l'écran.

 18   D'accord. Donc votre question est la suivante : "A quel moment est-il

 19   indiqué qu'il s'agit du début d'une nouvelle journée ?" Ceci est indiqué

 20   par le fait qu'une ligne, un trait a été tiré au travers de la page, et

 21   qu'en dessous de ce trait figure la date du 19 juillet 1995. Donc la

 22   conversation précédente a été enregistrée à 23 heures 41, et la

 23   conversation interceptée ensuite, à la date du 19 juillet, est enregistrée

 24   à 6 heures 25 du matin. Donc la conversation précédente était la dernière

 25   conversation d'une journée déterminée, après quoi on a la première

 26   conversation du lendemain.

 27   Et je ne suis pas d'accord sur le fait que ce ne soit pas la même écriture

 28   au-dessus et en dessous du trait de la ligne. Autrement dit, que deux


Page 26805

  1   opérateurs différents aient écrit.

  2   M. KARADZIC : [interprétation]

  3   Q.  J'ai dit qu'il s'agissait du même stylo, un stylo bleu, ce qu'on ne

  4   voit pas sur la photocopie. Et ensuite, un peu plus tard, on trouve quatre

  5   ou cinq pages écrites du même stylo. Est-ce que vous êtes d'accord que la

  6   date n'a pas été écrite en même temps que les mentions en bleu ? La date a

  7   été inscrite dans le document plus tard avec le même stylo que celui qui

  8   est utilisé par l'opérateur quatre ou cinq page après.

  9   Vous le voyez bien dans l'original.

 10   R.  Je ne dirais pas que c'est le même stylo bleu qui est utilisé par

 11   l'opérateur à 23 heures 41 et 6 heures 25 du matin.

 12   Mais oui, un stylo rouge est utilisé cinq ou six pages plus loin, car

 13   apparemment son stylo noir ne fonctionnait plus, et l'opérateur a donc pris

 14   un stylo rouge et continué au stylo rouge. Et la première conversation

 15   consignée à l'encre rouge commence à 10 heures 32 le même jour. Donc, à ce

 16   moment-là, la personne qui utilise ce stylo rouge revient en arrière et

 17   trace un trait en travers de la page pour indiquer la date de la nouvelle

 18   journée, en se rendant compte que la date n'avait pas été consignée jusque-

 19   là par écrit.

 20   Et ensuite, il y a plusieurs autres opérateurs qui utilisent aussi un

 21   stylo rouge pour l'interception des conversations suivantes.

 22   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Il est temps de conclure, Monsieur

 23   Karadzic.

 24   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je vous remercie.

 25   M. KARADZIC : [interprétation]

 26   Q.  Ce sera ma dernière question, Madame Frease.

 27   Est-ce que vous avez fait appel à un expert pour analyser la qualité

 28   du papier, réaliser une analyse graphologique ? Est-ce que le registre ou


Page 26806

  1   le carnet de notes dans son ensemble a été analysé ? Est-ce qu'une autre

  2   institution que le bureau du Procureur a réalisé une quelconque analyse de

  3   ce qui figure dans ce carnet de notes ?

  4   R.  D'après ce que je sais, non.

  5   Q.  Merci.

  6   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci, Excellences, pour votre patience et

  7   votre compréhension.

  8   M. KARADZIC : [interprétation]

  9   Q.  Merci, Madame Frease, d'être venue témoigner.

 10   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Quelques mots, si vous me le permettez,

 11   pour mieux comprendre le contexte de ce qui vient d'être dit par le témoin.

 12   Il nous faudra sans doute verser au dossier la page pertinente du carnet de

 13   notes, en couleur.

 14   Ceci peut-il être fait, Monsieur Nicholls ?

 15   M. NICHOLLS : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Le document

 16   n'est pas énorme, donc je proposerais que l'on scanne toutes les pages de

 17   ce carnet de notes afin de permettre une meilleure compréhension globale de

 18   la déposition de ce témoin.

 19   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui. Dans ce contexte, est-ce que nous

 20   allons donner un numéro de pièce à conviction au carnet de notes ? En tant

 21   que pièce de la Défense. Car il n'a pas encore été versé au dossier, le

 22   carnet.

 23   M. NICHOLLS : [interprétation] Je ne crois pas. Mais je peux me tromper. Un

 24   carnet a été versé au dossier à titre d'illustration, si je ne me trompe

 25   pas, mais je ne sais pas de mémoire si c'était bien celui-ci.

 26   [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

 27   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bien, nous allons donner un numéro de

 28   pièce à conviction à ce document. Mais nous n'aurons pas besoin de la


Page 26807

  1   traduction. Nous la verserons au dossier simplement pour que les couleurs

  2   soient visibles.

  3   M. LE GREFFIER : [interprétation] Bien. Monsieur le Président, ce document,

  4   le carnet de notes, reçoit le numéro de pièce à conviction D2210.

  5   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Nicholls, est-ce que vous avez

  6   des questions supplémentaires ?

  7   M. NICHOLLS : [interprétation] Très rapidement, Monsieur le Président. Est-

  8   ce que nous le faisons maintenant ou après la pause ?

  9   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Etant donné qu'il n'y a eu qu'une demi-

 10   heure de suspension pour le déjeuner, nous devrions normalement suspendre

 11   notre travail pour aujourd'hui maintenant. Mais avec l'indulgence des

 12   interprètes, si vous n'en avez pas pour très longtemps, nous pourrions

 13   peut-être poursuivre quelques instants.

 14   M. NICHOLLS : [interprétation] Je poserais une question ou peut-être deux

 15   au témoin.

 16   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Eh bien, je vous en prie.

 17   M. NICHOLLS : [interprétation] P00140. Il s'agit d'une interception du 14

 18   juillet 1995 d'une conversation à 21 heures 02.

 19   Voilà, c'est le bon document. Pourrais-je avoir également la version en

 20   anglais, s'il vous plaît. Il s'agit de la version A, pour les besoins du

 21   compte rendu d'audience. 

 22   Nouvel interrogatoire par M. Nicholls :

 23   Q.  [interprétation] Madame Frease, est-ce que vous connaissez cette

 24   transcription --

 25   L'ACCUSÉ : [interprétation] Pourrait-on également avoir la version

 26   manuscrite sur la partie gauche de l'écran.

 27   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je crois qu'elle va bientôt s'afficher.

 28   Continuons.


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  1   M. NICHOLLS : [interprétation]

  2   Q.  Je vous demandais, Madame Frease, si vous connaissiez cette

  3   transcription ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Nous en avons parlé. Palma, c'est le QG de quelle brigade ?

  6   R.  La Brigade de Zvornik.

  7   Q.  Et vous savez qui est le commandant Jokic ?

  8   R.  Dragan Jokic…

  9   Q.  Bien.

 10   R.  C'était un officier responsable. Voilà, il était officier de garde.

 11   Q.  Merci. Et Badem, vous savez ce que ça signifie ?

 12   R.  Oui, c'était Bratunac.

 13   Q.  Il est mentionné :

 14   "Je voudrais parler à Beara."

 15   Est-ce que vous savez qui il était ?

 16   R.  Oui, il était responsable de la sécurité à l'état-major principal de la

 17   VRS.

 18   Q.  Merci. Et regardons l'anglais. On voit Jokic dire :

 19   "Nous avons beaucoup de problèmes ici."

 20   C'est Jokic qui dit ça.

 21   Et Jokic dit :

 22   "Vous avez des problèmes au niveau des gens. En fait, je veux dire,

 23   des paquets."

 24   Il commence par utiliser en anglais le terme "people" et ensuite "paquet".

 25   R.  C'est exact.

 26   Q.  Est-ce que vous savez quelle était la situation à Zvornik en ce qui

 27   concerne les prisonniers de guerre le 14 juillet ?

 28   R.  Oui.


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  1   Q.  Quelle était-elle ?

  2   R.  Eh bien, des milliers de prisonniers étaient détenus dans différents

  3   endroits et étaient exécutés.

  4   Q.  Dans ce contexte, compte tenu de vos recherches et compte tenu des

  5   documents que vous a montrés M. Karadzic, qui vous a montré d'autres

  6   documents où le terme paquet, en anglais "packet", est utilisé, dans ce

  7   contexte-ci, à votre avis, cela fait référence à quoi ?

  8   R.  Des personnes.

  9   Q.  Merci.

 10   M. NICHOLLS : [interprétation] Je n'ai pas d'autres questions.

 11   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci. Madame Frease, ceci met un terme

 12   à votre déposition.

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

 14   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Au nom du Tribunal et des Juges de la

 15   Chambre, je vous remercie d'être venue à La Haye.

 16   Je vous souhaite un bon retour.

 17   LE TÉMOIN : [aucune interprétation] Merci.

 18   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je voulais poser une question -- le témoin a

 19   mentionné 6 000 paquets. Je n'ai trouvé ça nulle part. Mais peut-être M.

 20   Nicholls pourrait nous aider.

 21   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je crois qu'il s'agit d'une interception

 22   différente.

 23   C'est le moment de faire la pause.

 24   Oui, Monsieur Tieger.

 25   M. TIEGER : [interprétation] Deux questions d'intendance. En ce qui

 26   concerne le document fondateur de l'ICMP. Puis deuxièmement, c'est la

 27   question de la demande de la Défense pour qu'il y ait un expert démographe.

 28   Nous n'avons pas d'objection.


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  1   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Une dernière chose. Le 9 mars,

  2   l'Accusation nous a informés qu'elle avait téléchargé une version publique

  3   expurgée sur le prétoire électronique, pièce P276, sous la cote 65 ter

  4   14691A, tel que ceci a été ordonné par les Juges de la Chambre dans la

  5   décision du 2 mars 2012.

  6   Donc les Juges de la Chambre sont satisfaits que cet ordre a été

  7   respecté, et nous demanderons au Greffe de donner un numéro de pièce à ce

  8   document.

  9   Ceci étant dit, nous allons donc mettre un terme aux débats pour la

 10   semaine.

 11   [Le témoin se retire]

 12   --- L'audience est levée à 14 heures 36 et reprendra le lundi 26 mars 2012,

 13   à 9 heures 00.

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