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1 Le jeudi 3 mai 2012
2 [Audience publique]
3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
4 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
5 --- L'audience est ouverte à 9 heures 02.
6 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bonjour à toutes et à tous.
7 Bonjour, Monsieur. Pourriez-vous, s'il vous plaît, prononcer la déclaration
8 solennelle ?
9 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la
10 vérité, toute la vérité et rien que la vérité que Dieu me vienne en aide.
11 LE TÉMOIN : ZORAN PETROVIC-PIROCANAC [Assermenté]
12 [Le témoin répond par l'interprète]
13 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous remercie. Veuillez vous asseoir.
14 Monsieur Nicholls, vous avez la parole.
15 M. NICHOLLS : [interprétation] Bonjour, Madame, Messieurs les Juges.
16 Interrogatoire principal par M. Nicholls :
17 Q. [interprétation] Monsieur Petrovic, bonjour.
18 Merci d'être revenu de nouveau devant ce Tribunal. Je n'ai que quelques
19 questions à vous poser ce matin. Je vais vous expliquer un petit peu les
20 choses, je l'ai déjà fait lorsque nous nous sommes vus mardi. Nous avons
21 déjà versé au dossier votre déposition de l'affaire Popovic, mais il a été
22 décidé que le mieux serait que vous reveniez pour répondre à quelques
23 questions afin d'aider encore une fois les Juges de la Chambre. Tout comme
24 dans l'affaire Tolimir, nous allons verser au dossier votre déposition dans
25 l'affaire Popovic, et c'est surtout M. Karadzic qui a ensuite vous posera
26 des questions.
27 Vous vous souvenez d'être venu déposer en 2007 dans l'affaire Popovic ?
28 R. Oui. C'était pour le général Borovcanin.
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1 Q. Tout à fait. Exact. Merci. Tout comme dans l'affaire Tolimir, je vais
2 vous poser quelques questions au sujet de cette déposition.
3 Pourriez-vous confirmer, s'il vous plaît, que vous avez revu cette
4 déposition et que, si on vous posait les mêmes questions aujourd'hui, que
5 vous répondriez en apportant les mêmes réponses. Bien sûr, ce ne serait pas
6 verbatim identique, mais que ce serait au fond la même chose.
7 R. Oui. En substance, ce serait la même chose.
8 Q. Juste une correction que je souhaite faire consigner au compte rendu
9 d'audience d'ici de l'affaire Tolimir.
10 Page 1 880, vous avez parlé du colonel Brunel, et en fait il faudrait qu'il
11 s'appelle Bunel ?
12 R. Oui, c'est un colonel français, B-u-n-e-l. Bunel.
13 Q. Merci.
14 M. NICHOLLS : [interprétation] Madame, Messieurs les Juges, il me semble
15 que j'en ai terminé. Les pièces à conviction ont déjà été versées au
16 dossier, les cotes restent inchangées. Je me propose de donner lecture d'un
17 bref résumé.
18 En juillet 1995, M. Petrovic-Pirocanac - Pirocanac étant son surnom - était
19 un journaliste indépendant basé à Belgrade, en Serbie. Le 13 et le 14
20 juillet 1995, il a accompagné le commandant du MUP de la RS Ljubisa
21 Borovcanin, qu'il connaissait d'avant, à différents endroits et il a filmé
22 ce qu'il a vu. Même s'il n'était pas caméraman professionnel, il avait une
23 caméra sur lui.
24 Le 13, il est allé à Potocari et également, le long de la route Bratunac-
25 Konjevic Polje, M. Petrovic a filmé de nombreuses scènes qui sont devenues
26 très connues depuis, des hommes sur un balcon de la maison blanche de
27 Potocari, et des corps d'hommes devant l'entrepôt de Kravica, entre autres.
28 Le lendemain, le 14 juillet, le témoin a filmé plusieurs individus, Tomo
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1 Kovac, M. Borovcanin, et Dragomir Vasic à Srebrenica, et il a interviewé
2 plusieurs personnes y compris certains Serbes qui revenaient à Srebrenica.
3 M. Petrovic est revenue à Belgrade très rapidement après avoir enregistré
4 ces scènes et il a monté un documentaire qui a été diffusé par le programme
5 Studio B de Belgrade. Il nous a fourni un exemplaire de ces "roches," et
6 certaines parties peuvent être vues dans le documentaire, qui ne fait pas
7 partie des roches.
8 J'en ai terminé avec mon résumé.
9 Je n'ai plus de questions pour vous pour le moment, Monsieur.
10 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Nicholls.
11 Pour le compte rendu d'audience, précisons que sa déposition de l'affaire
12 Popovic et consorts est versée au dossier en application de l'article 92
13 ter.
14 M. NICHOLLS : [interprétation] Je vous remercie.
15 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Et la même cote.
16 M. NICHOLLS : [interprétation] Je vous remercie.
17 Est-ce que vous voulez que je m'adresse à vous en vous appelant Monsieur
18 Petrovic ou Pirocanac ?
19 LE TÉMOIN : [interprétation] Nous nous connaissons déjà grâce à l'affaire
20 précédente. Monsieur, c'est vous qui commandez ici, je suis Dr Petrovic.
21 M. LE JUGE KWON : [aucune interprétation]
22 LE TÉMOIN : [interprétation] Mais je m'en remets à vous, je vous laisse le
23 choix.
24 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci, Docteur Petrovic.
25 Comme vous avez compris, votre déposition de l'affaire Popovic a été versée
26 au dossier à la place de votre déposition de vive voix ici dans le cadre de
27 l'interrogatoire principal, et maintenant c'est M. Karadzic qui vous posera
28 des questions dans le cadre du contre-interrogatoire.
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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je comprends.
2 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Karadzic, vous avez la parole.
3 L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci, Excellence. Bonjour, à tous.
4 Contre-interrogatoire par M. Karadzic :
5 Q. [interprétation] Bonjour, Docteur Petrovic.
6 R. Bonjour.
7 Q. Nous devons bien faire attention à faire des pauses moi comme vous j'ai
8 bien peur que les interprètes ne soient en colère contre moi parce que
9 j'abuse un peu du rythme, du débit de parole.
10 R. Pour des raisons techniques, ce n'est qu'aujourd'hui que je peux vous
11 féliciter le 20e anniversaire de la création de la Republika Srpska sans
12 vous, les Serbes n'auraient pas eu leur Etat.
13 Q. Je vous remercie et je me permets en retour de vous remercier la
14 journée internationale des journalistes, si je ne me trompe pas.
15 R. Aujourd'hui c'est le jour des volontaires.
16 Q. Oui, également, et je vais vous poser une question à ce sujet.
17 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Docteur Petrovic, s'il vous plaît, il
18 faudra essayer de ménager une pause avant le début de votre réponse. Il ne
19 faudrait pas oublier les interprètes, s'il vous plaît.
20 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur.
21 M. KARADZIC : [interprétation]
22 Q. Si je peux vous donner une suggestion, suivez la transcription qui
23 s'affiche à l'écran et quand vous aurez vu que c'est terminé, vous pouvez
24 commencer.
25 R. Merci, M. le Président.
26 Q. Pour commencer, vous étiez bien courant de la vie politique telle
27 qu'elle se présentait en Bosnie, vous aviez beaucoup connaissance sur le
28 conflit même avant que celui n'éclate ?
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1 R. Oui, Monsieur le Président.
2 Q. Je ne vais pas vous interroger sur des questions -- sur des choses
3 politiques, mais, à l'époque, en tant que journaliste, vous avez néanmoins
4 pu apprendre beaucoup de choses.
5 Donc, la zone autour de Srebrenica, est-ce que vous avez des connaissances
6 là-dessus ? Est-ce que vous avez des informations ? Est-ce que vous avez
7 appris que le 29 août 1992 un soldat serbe qui a été capturé à Podravanje a
8 été tourné à la broche par des combattants musulmans ?
9 R. Oui. Dans un livre -- dans une publication, un ouvrage collectif, j'ai
10 publié cette photographie même. Il s'agit d'un homme dont je n'oublierai
11 jamais le nom. Il est né en 1958, et sa photographie existe. C'est en 1992,
12 le 28 ou le 29 août, qu'on l'a tourné à la broche.
13 Et d'ailleurs, cette photographie est intéressante, montre la nature de
14 cette guerre. Cette photographie, je dois vous reconnaître -- je dois
15 reconnaître que je l'ai quasiment volée en Republika Srpska. J'ai des
16 hommes qui l'ont fait pour moi, qu'ils l'ont sortie des archives, enfin des
17 gens sur place, bien placés, bien informés, parce qu'à l'époque, c'était
18 encore l'époque de la fraternité, égalité sous la JNA, et j'ai été très
19 étonné de découvrir que cette photographie a été considérée comme
20 constituant un secret militaire. C'est la photographie que j'ai décidé donc
21 de publier dans ce livre, et ce qui vous a permis à vous aussi d'être au
22 courant, de la connaître.
23 Q. Cette photographie, est-ce qu'elle a fait partie des éléments qui n'ont
24 pas été publiés et qui faisaient partie de l'enquête ?
25 R. Je ne connaissais pas le statut de cette photographie, à l'époque, et
26 d'ailleurs je ne le sais pas non plus aujourd'hui. J'ai juste appris où
27 cette photographie se trouvait et j'ai pu identifier des gens prêts à agir
28 pour -- dans l'intérêt de la vérité, la vérité qui pouvait intéresser tout
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1 le monde. J'ai -- j'ai donc -- j'ai obtenu qu'ils se procurent cette
2 photographie, mais cette photographie n'était pas disponible au public.
3 Q. Merci. Vous avez également appris des choses sur la présence des
4 protagonistes internationaux dans nos contrées, en particulier des
5 Mujahedins, et c'est très tôt dans le conflit.
6 Alors comment est-ce que vous êtes devenu au courant de la présence des
7 Mujahedins chez nous et d'Osama bin Laden à Sarajevo ? Comment est-ce que
8 vous avez appris ses rencontres avec M. Izetbegovic ?
9 R. Il y a deux choses là. Osama bin Laden - je pense que je prononce
10 correctement son nom et c'est comme ça qu'il faut le prononcer - ce n'est
11 pas son nom que j'ai entendu en premier. Tout d'abord, il y a eu des
12 groupes de volontaires venus de pays islamiques dirigés ou emmenés par
13 plusieurs commandants qui avaient acquis de l'expérience en Afghanistan.
14 Afghan Saluni s'appellent-ils. C'était les meilleurs combattants de là-bas.
15 Je dois dire que j'ai appris, dans notre guerre, que ce sont les plus
16 farouches des combattants que l'armée d'Izetbegovic ait eus pendant cette
17 guerre.
18 D'après mes informations, en fait tout simplement pour que tout le monde
19 puisse le savoir, à l'époque je travaillais pour une toute petite agence
20 indépendante qui s'appelait INA et elle avait du mal à diffuser ce genre
21 d'information, parce qu'officiellement, Belgrade considérait que l'occident
22 ne devait pas être inquiété par ce type d'information. Parce qu'il faut
23 savoir qu'au début de la guerre et quasiment jusqu'à la fin de la guerre,
24 l'OTAN a fourni une aide considérable à ces combattants et, de manière
25 générale, une aide considérable à l'armée de M. Izetbegovic, non seulement
26 par son ingérence, mais par le fait de tolérer toutes sortes de choses dans
27 l'utilisation de l'aéroport de Tuzla pour des transports très importants
28 approvisionnant en armes et en munition en prenant celles d'Iran, donc les
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1 alliés ont collaboré avec l'Iran, entre autres, avec la Turquie, ça aussi
2 on le savait que les combattants ont pu se poser en Turquie, arrivaient de
3 Turquie.
4 Donc mon agence a appris à un moment donné, et ce, je dois dire en passant,
5 par certains journalistes israéliens, les citoyens israéliens proches de
6 leurs services de renseignement, mais également grâce à certains hommes
7 d'affaires serbes qui, de par la nature de leurs activités, avaient plus
8 d'informations que des hommes d'affaires ordinaires. Donc ça nous a permis
9 de comprendre comment -- quelle était la présence de combattants
10 islamiques.
11 Je dois dire qu'à l'époque, j'étais éditorialiste à la radio B92, et c'est
12 une information que j'ai diffusée à la radio et ça a fait plier de rire
13 quasiment la totalité des journalistes, pas tous, car, à l'époque, en
14 Europe, personne ne parlait publiquement de l'arrivée des Mujahedins en
15 Bosnie. Donc il s'agit bien de l'été 1992.
16 Je pourrais ajouter quelques autres détails, mais je ne voudrais pas
17 m'attarder là-dessus.
18 Donc bin Laden a été repéré. En fait j'ai eu quelques indices, mais rien de
19 véritablement palpable. Je savais que bin Laden était en train d'organiser
20 ses hommes en Bosnie pour qu'ils viennent en aide à leurs frères musulmans,
21 leurs frères j'entends -- pas au sens de frères musulmans d'Egypte mais
22 frères de par leur confession. Mais je n'avais pas de preuves solides, et
23 je l'ai appris, dans le cadre d'une conversation avec une correspondant
24 allemande de Yougoslavie, Renate Flottau, qui a travaillé pendant plus de
25 20 ans en tant que correspondante de Yougoslavie. Je pense que je l'ai
26 mentionnée déjà plusieurs fois dans mes entretiens. C'était une
27 correspondante officielle, donc ce n'est pas une journaliste de second
28 ordre, mais de tout premier ordre. Donc elle a pu avoir accès à un nombre
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1 d'acteurs politiques importants en Yougoslavie à l'époque, les portes
2 étaient ouvertes pour elle, je pense que vous-même aussi l'avez reçue,
3 ainsi que M. Izetbegovic.
4 Dans le cadre d'une conversation que j'ai eue avec elle, elle m'a confirmé
5 ce qu'elle avait déjà dit, et je dois l'ajouter, à un de nos correspondants
6 de politika, ex-correspondant politique d'Allemagne. Je n'arrive pas à
7 trouver son nom là, sur le champ, c'est un grand nom du journalisme serbe,
8 je vous présente mes excuses - donc j'ai été le deuxième à l'apprendre et à
9 le publier. En fait je l'ai publié dans un livre, dans le livre sur al-
10 Qaeda qui a été publié en 2002. Personne n'a fourni de démenti, que ce soit
11 en Bosnie ou ailleurs, et Mme Flottau, dans l'antichambre avant de rentrer
12 dans le cabinet, chez M. Izetbegovic. D'après ce qu'elle m'a dit, pendant
13 deux jours de suite, a vu cet homme qu'elle ne pouvait pas identifier,
14 qu'il lui a même donné sa carte de visite, qui était assez volubile, qui
15 voulait attirer l'attention sur lui. Lorsque j'ai demandé à Mme Flottau :
16 comment ça se fait que vous n'avez pas publié cela, chaque journaliste
17 aurait été ravi de vivre cette occasion. Elle m'a dit que personne dans son
18 entourage professionnel n'aurait pris cela au sérieux et qu'il y a toujours
19 des gens qui inventent des choses et qui délirent dans les guerres. Donc
20 c'était une professionnelle certes, mais ça quand même étonné parce que
21 j'aurais mentionné ce nom dans un texte.
22 Cela nous montre que Mme Flottau était une professionnelle qui savait
23 ce qu'il fallait publier, ce qu'il ne fallait pas publier, que c'est à cela
24 qu'ait dû le respect dont elle bénéficie en Allemagne, parce que cela
25 aurait suscité beaucoup d'émotion partout dans le monde.
26 Donc ce détail est très important et l'endroit où ça se passe également.
27 Après il est allé rencontrer Izetbegovic, elle l'a vu, donc Izetbegovic a
28 reçu cet homme, je ne sais pas si c'est en 1992 ou 1993 que cela se passe,
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1 il faudrait poser cette question à Mme Flottau -- 1993 ou 1994, à l'époque,
2 il n'était aussi connu que, par la suite, mais les combattants
3 d'Afghanistan sont connus. Lorsque j'en ai parlé à la radio B92, il faut
4 savoir qu'un mois après que j'en ai parlé, la presse britannique - je pense
5 que c'était dans "Sunday Times" - il y a eu un article sur deux ou trois
6 pages, un entretien avec l'un des premiers leaders islamiques des
7 volontaires qui sont venus combattre. Là, je ne retrouve pas ce nom non
8 plus. Je pense que c'est celui qui est resté mais plus longtemps en Bosnie,
9 même après la guerre.
10 Donc que cela nous présentait un aspect des choses sur les alliances de
11 guerre, et ce, on n'a pas voulu tenir compte de ce fait avec bin Laden
12 jusqu'à ce que le film El Mujahedin ne soit diffusé. Comme c'est votre
13 collaboratrice, Mme Plavsic, qui me l'a montré, j'ai écrit là-dessus dans
14 l'hebdomadaire "Nin." A l'époque, c'est une cassette vidéo qui a été
15 achetée par les Serbes à certains Croates pour plusieurs milliers, 20 ou 30
16 000 marks allemands.
17 En fait cette cassette n'a pas pu être diffusée jusqu'à ce que le 11
18 septembre ne se produise à New York, et là, on voit des scènes qui
19 correspondent probablement à l'offensive de septembre de l'OTAN, et El
20 Mujahedin, ils ont agi de manière coordonnée, au mont Ozren, contre les
21 positions bien fortifiées tenues par les Serbes. J'adresse des reproches à
22 mes Serbes qui n'ont jamais pu l'utiliser, là, on a retrouvé aussi des
23 bombes à l'uranium appauvri, et c'était des bombardements qui ont duré au
24 moins une dizaine de jours, d'après mes informations. Enfin tout cela, je
25 voulais le dire au sujet de bin Laden.
26 Q. [aucune interprétation]
27 R. [aucune interprétation]
28 Q. Merci, nous n'avons pas suffisamment de temps.
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1 R. [aucune interprétation]
2 L'ACCUSÉ : [interprétation] Excellence, si nous avons suffisamment de
3 temps, je serai ravi d'entendre plus en détail Dr Petrovic là-dessus.
4 M. LE JUGE KWON : [interprétation] N'oubliez pas votre requête, Monsieur
5 Karadzic. Vous avez demandé que ce témoin vienne déposer pour répondre sur
6 certains points précis.
7 Continuez, s'il vous plaît.
8 L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci.
9 M. KARADZIC : [interprétation]
10 Q. Est-ce que je peux vous demander, Docteur, la guerre de Bosnie, cela
11 n'a pas été la première guerre que vous ayez suivie. J'aimerais que vous
12 partagiez avec nous vos expériences d'autres guerres; est-ce qu'il y a des
13 traits semblables ? Est-ce que vous pourriez tirer des parallèles ?
14 R. C'est à partir de 1979, Monsieur le Président, donc 13 ans avant la
15 guerre de Bosnie-Herzégovine, que je me suis trouvé d'ores et déjà au
16 Nicaragua, en tant que correspondant, accompagné d'un collègue, un
17 confrère. J'étais le seul journaliste libre de cette partie d'Europe à
18 couvrir cet événement. Il y avait, bien sûr, aussi "Politika Daily,"
19 l'agence Tanjug, d'autres journalistes, et ça, ça a été ma première
20 expérience de guerre. Puis j'ai suivi des événements de Pologne, ce n'était
21 pas une guerre mais c'était néanmoins des événements très forts. Puis en
22 1985, je me suis trouvé au Liban, et coincé pendant 40 jours sur les 50
23 jours de mon séjour, donc 40 jours, c'était à titre amical entre guillemets
24 que j'ai été arrêté, détenu avec mon caméraman, dans les montagnes
25 libanaises, Tusuf [phon], par là.
26 Puis je me suis trouvé en Israël, pays qui est en guerre depuis des
27 décennies, et j'ai couvert toute une série d'événements politiques ou
28 autres en Israël.
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1 Puis ne vais pas donner tous les détails de mon curriculum vitae.
2 Mais j'ai aussi été présent dans d'autres guerres civiles en tant que
3 correspondant. Donc je me suis trouvé à plusieurs moments importants à
4 différents endroits dans Vukovar, Stolice, du mont Majevica, Sarajevo,
5 Dobrovoljacka, et dans les environs de Srebrenica également. Et ce serait
6 de manière succincte de dresser mon parcours.
7 Puis aussi en 1985, lorsque je suis parti de Liban, j'ai décrit mes
8 impressions à plusieurs endroits, et en fait j'ai anticipé sur ce qui
9 allait se produire en Yougoslavie, puisque c'était également une guerre
10 civile au Liban. Il s'est avéré par la suite que cette guerre avait
11 beaucoup de traits semblables, parce que vous vous souviendrez que chez
12 nous, il n'y a jamais eu de proclamation de guerre sur tout le territoire,
13 à mon avis, une erreur, et des guerres -- la guerre que l'on a connue, chez
14 nous, c'était sans cette espèce de conflit en chaîne, en fait, à effet
15 domino, le village A, B, B-C, C-D, puis D-A, un peu le même modèle que ce
16 qu'on a pu connaître au Liban.
17 Q. Passons à juillet 1995, merci. Mais si nous avons encore le temps,
18 j'aimerais que vous m'en parliez.
19 Etiez-vous dans la colonne de JNA qui sortait ?
20 R. Oui, c'est cela, et il y a encore la question de "Duga" dans le
21 magazine, c'était un magazine hebdomadaire. J'y ai publié un article. "La
22 guerre à Sarajevo" avait été le titre, avec un chapitre particulier nommé
23 le "le convoi" dont j'ai parlé en détail de mon expérience.
24 Q. Merci. Vous avez fait des tentatives pour vous rendre à Srebrenica en
25 qualité de journaliste en juillet 1995. Pourriez-vous nous dire brièvement
26 tout ce que vous avez dû faire et toutes les difficultés par lesquelles
27 vous êtes passé pour y arriver ?
28 R. M. Nicholls l'a déjà mentionné. Cela se trouve verser dans mon
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1 témoignage précédent, mais je peux le répéter brièvement. Je dois dire que
2 je suis quelque peu fatigué de répéter ces éléments.
3 Tous les journalistes qui souhaitent se rendre là où l'action se trouve, et
4 à Srebrenica a attiré l'attention du public international depuis des années
5 depuis lors. D'aucun a été tenté d'aller à Srebrenica avec les Américains
6 lorsque les secours alimentaires étaient apportés aux habitants de la
7 ville.
8 Je suis désolé.
9 Le 11, j'ai vu les actualités, comme tous les autres journalistes, qui
10 étaient entrés à Srebrenica. J'ai pris contact avec mon studio, le Studio B
11 immédiatement parce que j'y travaillais en qualité de journaliste de guerre
12 pendant toute la guerre avec la chaîne de télévision française ITN, et
13 j'étais convenu avec le directeur de la programmation du Studio B. Mais,
14 malheureusement, nous n'avions pas de caméra car c'était une station de
15 télévision relativement dénuée de moyen et nous n'avions pas suffisamment
16 d'équipement, de caméras ni de matériel de montage. Donc j'ai emporté avec
17 moi une caméra de 8 millimètres caméra vidéo, le type que les touristes
18 emportent, de plus je ne suis pas caméraman professionnel et je suis mal
19 informé de la façon de filmer, de la qualité de l'image, et c'était la
20 seule chose toutefois que j'ai pu faire car je ne pouvais amener avec moi
21 de caméraman. Je suis allé à la frontière, au pont allant à Bratunac sur la
22 Drina, et on m'a repoussé. C'était le 12. On m'a repoussé car on m'a dit
23 que l'opération était encore en cours. C'était une zone de combat.
24 Personne, y compris les journalistes, ne pouvait avoir accès, jusqu'à ce
25 que l'opération soit terminée, et les opérations fussent censées durer deux
26 semaines encore et ce fût le cas.
27 Je suis donc retourné à Belgrade à la brigade de police, et j'y ai trouvé
28 le colonel Borovcanin et lui dit, entre autres, que j'avais appelé la VRS,
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1 une personne dont j'avais un très mauvais souvenir, le colonel Milutinovic,
2 qui m'a dit, mi-figue mi-raison, je n'ai rien contre vous personnellement
3 mais nous arrêterons toute personne qui vient sur place tant que les
4 opérations sont en cours. Donc j'ai demandé à Borovcanin que je connaisse
5 précisément, car je l'avais vu précédemment à Majevica, et ils
6 connaissaient mes antécédents professionnels. J'étais journaliste d'un
7 certain renom, si je puis le dire, et il est convenu de m'emmener le 13.
8 M. Nicholls sait qu'il y a un problème concernant les dates, parfois les
9 indications de date sur le film n'apparaissent pas si j'appuie sur la
10 mauvaise touche, et -- mais le film indique bien que j'étais donc aux
11 casernes de mon quartier néerlandais le 13. Ce sont là les premières
12 images.
13 Je dois dire que M. Borovcanin en ait convenu immédiatement, et il n'a pas
14 imposé de condition, ni de restriction. Il a simplement dit, Vous
15 connaissez votre travail. Vous pouvez filmer ce que bon vous semble.
16 C'est exactement ce que j'ai fait, et c'est grâce à cet homme honnête, M.
17 Borovcanin -- grâce à lui, que la Chambre possède ces images extrêmement
18 précieuses. Je ne serais dire que je suis désolé, même si je suis passé par
19 d'extrêmes difficultés en raison de ce film. Nombres de ces images ont été
20 effacées.
21 M. Nicholls l'a dit. Peut-être qu'à un moment donné, cette Chambre aura
22 reçu le film original de 28 minutes avec le logo du Studio B et ensuite ce
23 film a disparu. Comment a-t-il pu disparaître d'un casier verrouillé celui
24 du directeur de programme ? C'est le seul film qui n'est jamais disparu du
25 Studio B. Je serais enclin à penser que quelqu'un l'a volé, et qu'un soldat
26 ou peut-être le directeur des programmations lui-même qui avait des
27 relations de famille avec les militaires l'a mis à disposition des
28 renseignements militaires. Mais j'ai donc moi fait une copie sur VHS de ce
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1 film et je l'ai envoyé à des proches au Canada, ce qui a sauvegardé le film
2 original qui contient toutes les images qui ont disparu du roche et ce
3 roche est également historique, c'est un précédent, car ce film a été
4 diffusé entre les journalistes et le public. Je l'ai à la disposition de
5 tout un chacun. Mais peut-être que j'entamerai des poursuites contre
6 l'agence qui travaille dans ce bâtiment. Car elle s'en sert et en tire des
7 revenus. Ce n'est pas moi qui en tire des revenus, deviendrais riche, mais
8 je présume que la Chambre devrait être reconnaissante vitam eternam à M.
9 Borovcanin de m'avoir permis de me rendre sur place, l'on m'aurait tué
10 immédiatement. Je l'ai déclaré depuis des années. On m'aurait liquidé si on
11 avait des plans criminels à l'époque; et on aurait engagé quelqu'un de
12 l'extérieur qui aurait pu réaliser le film.
13 Q. Restons maintenant sur la question du colonel Milutinovic. Est-ce que
14 le même colonel Milutinovic, qui était le chef du centre de presse de
15 l'armée et qui avait réalisé ses propres films à Srebrenica, et savez-vous
16 que peut-être il était en train de protéger son monopole en refusant tout
17 accès ?
18 R. Il s'est trouvé que les ONG qui étaient d'appui lorsque les Musulmans
19 sont partis pour Tuzla, et rapidement, 28 000 d'entre eux sont partis
20 immédiatement. Il y a eu un journaliste, il s'est tout simplement infiltré
21 sur place.
22 Q. Pourriez-vous parler plus lentement pour que l'on puisse rendre compte
23 de tout ce que vous dites ?
24 R. Parmi eux, il y a eu plusieurs journalistes occidentaux. Je n'étais pas
25 le seul. Ils étaient des journalistes de Serbie qui étaient arrivés. Mais
26 j'étais peut-être davantage une célébrité que la plupart d'entre eux, et
27 peut-être ils ne voulaient pas que je sois sur place davantage que tout
28 autre. L'une de ces agences a déclaré que c'étaient des renardes, les
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1 reportages que je faisais, mais ils ne peuvent comprendre qu'il est très
2 difficile de savoir tout. Je sais que nombre de documents ont été présentés
3 en diverses procédures rassemblées par les membres de VRS, c'est naturel
4 parce qu'il y avait un service qui était chargé de ce genre de chose, à la
5 VRS. Comment cela a-t-il été filmé pendant la guerre ? Comment ce s'est-il
6 trouvé entre les mains de différents juristes de cette Chambre, je
7 l'ignore. Mais il appartenait à l'état-major de Mladic, et il avait toute
8 liberté à de nombreux égards. Il avait beaucoup d'influence, et fondé sur
9 ce fait, de cette influence, vous pouvez tirer nombre de conclusions. Mais
10 ce n'était pas mon cas.
11 Q. Y avait-il également un reporteur suédois à Srebrenica, à l'époque ?
12 J'ignore son nom, mais je vois que vous citez un journaliste suédois dans
13 le cas de Tolimir, dans l'affaire Tolimir, page 14 485.
14 Donc il est possible, il était possible de se rendre sur les lieux par
15 différents moyens ?
16 R. C'est vrai. Je crois qu'il y avait au moins dix journalistes sur place.
17 Je n'ai jamais pu savoir comment, et en raison du traumatisme dont j'ai été
18 victime dans l'affaire de Srebrenica, je n'ai pas vraiment essayé. Je n'ai
19 pas réussi à rédiger un livre sur Srebrenica, ce qui est vraiment
20 malheureux. Il aurait été bien meilleur que ceux qui ont été publiés. Mais
21 de nombreux collègues de Belgrade me l'ont dit, qu'il y avait un
22 journaliste suédois sur place, dont je ne me souviens pas du nom. mais si
23 une équipe devait se pencher sur la question, l'on pourrait examiner toutes
24 ces questions de ce qui a été publié dans la presse suédoise à l'époque, y
25 compris les entretiens avec des Bosniaques qui sont arrivés jusqu'en Suède,
26 et qui ont fait connaître leurs impressions de dernière heure. C'était des
27 reportages authentiques. Les personnes étaient encore sous le choc de ces
28 combats qui se poursuivaient de la chaleur et du déplacement. Vous pourriez
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1 certainement trouver son nom dans ce document.
2 Pourquoi en parlais-je ? Dans tous les textes que j'ai publiés, j'ai
3 affirmé avec l'erreur concernant le temps, j'ai cité le 24 juillet, je
4 décris l'opération qui n'a pas été couverte dans notre presse en
5 l'occurrence que les Musulmans qui étaient arrivés à Srebrenica s'étaient
6 regroupés dans la région et dans un coin, un soir. J'ai dit 21, 22, 24 mais
7 c'était sans doute le 13 ou le 13, il existait un danger grave qu'ils
8 pourraient donc faire une percée directement sur Tuzla, et tourner à droite
9 et arriver jusqu'à Zvornik, qui était une ville d'importance stratégique à
10 la frontière de Bosna Bosanac [phon] sur la rivière Drina, qui aurait
11 réellement renversé la guerre. Ce qui était une cause de crainte profonde
12 chez les Serbes qui avaient déjà peu d'hommes, et on m'a dit que plusieurs
13 milliers de Musulmans y sont morts, et que la brigade de police a subi les
14 pertes des plus graves cette nuit-là, nombre de morts, de blessés.
15 Quelqu'un m'a dit qu'il y avait 88 morts, et quelqu'un m'a dit qu'il
16 s'agissait là des pertes les plus importantes d'une unité professionnelle
17 de toute la guerre. D'autres m'ont dit qu'ils y avaient survécu d'un
18 cheveu, c'est pourquoi je m'en souviens -- et le journaliste.
19 Q. Je vais essayer d'élucider quelques éléments, j'espère que vous serez
20 en mesure de répondre très brièvement, peut-être d'un oui ou d'un non.
21 Est-il vrai que vous n'avez jamais pensé que les autorités civiles et
22 Borovcanin et son unité faisaient partie d'une autorité civile, ou qu'ils
23 essayaient d'empêcher votre présence dans cette zone ?
24 R. Pour en venir à ce que l'armée m'avait déclaré, que je ne devais me
25 rendre sur place et que si j'y étais trouvé, je serai arrêté, et mon accord
26 avec Borovcanin que je sois en mesure de filmer sur les lieux, à condition
27 que je le suive de près, non pas parce qu'il voulait vérifier ce que
28 j'étais en train de filmer, mais afin de ne pas être arrêté par les forces
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1 armées. Je dois dire que c'est ce que les forces armées ont dit à tout un
2 chacun. Personne ne m'a posé quelle que question que ce soit ni n'a tenté
3 de m'empêcher de filmer tant que j'étais à proximité de M. Borovcanin. Mais
4 il est vrai que j'aurais été arrêté par les forces armées dès que j'étais
5 arrivé, sans doute à la frontière.
6 Q. Vous vous souvenez de quelques semaines plus tard, à Zepa, des
7 journalistes s'y trouvaient, et j'ai personnellement permis à Peter Arnett
8 de la station de télévision américaine ABC, je crois et vous savez que
9 l'agence Crna escomptait envoyer des journalistes étrangers dans ces zones
10 dès que les combats s'arrêteraient. En d'autres termes, les autorités ou la
11 police souhaitait que les journalistes se trouvent sur place pour éviter
12 toute mystification ?
13 R. Je ne suis pas retourné dans la zone, mais tous les journalistes à
14 Belgrade savaient que nombre de journalistes étrangers s'étaient rendus à
15 Zepa. Nous savions qu'ils se trouvaient baser à Belgrade, et personne n'a
16 dissimulé quoi que ce soit. Il était relativement étrange pour des
17 journalistes d'avoir permission de s'y rendre, de filmer la chose s'il y
18 avait un plan de génocide en cours. Je n'ai jamais vu aucun indice de la
19 chose, de toutes les conversations que j'ai tenues avec ces personnes, de
20 ces journalistes étrangers avec lesquels nous nous trouvions dans le centre
21 de presse.
22 Q. Vous avez déclaré tout à l'heure, et dans votre témoignage antérieur,
23 mais si vous voulez bien confirmer une fois encore, le colonel Borovcanin
24 n'a imposé aucune restriction à votre égard en termes de ce que vous
25 pouviez filmer ou de votre choix du sujet et de ce que vous pouviez filmer.
26 Est-ce donc vrai que vous aviez totale liberté à cet égard ?
27 R. Oui, Monsieur le Président.
28 C'était une relation de respect mutuel, d'ouverture fondée sur deux
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1 occasions antérieures, où nous nous étions rencontrés, à Majevica qui était
2 un centre de communication très important, et nombre de combats se
3 déroulaient à proximité. Les Serbes étaient encerclés à proximité du
4 répétiteur, le photographe de notre équipe, n'osait s'y rendre. Mais je m'y
5 suis rendu, et après avoir vu ces combattants afghans en train d'hurler,
6 c'était une scène effrayante, il y avait une très petite unité sur place,
7 mais ils ont dû déclarer à Borovcanin par la suite comment je m'étais
8 conduit. Je n'ai entraîné aucun problème sur le terrain, j'ai rédigé un
9 article tout à fait honnête en la matière, et cela constituait une garantie
10 suffisante pour lui. Il ne s'est pas préoccupé de moi, sauf que de ne pas
11 vouloir que ce soit arrêté.
12 Q. Si vous voulez bien parler plus lentement.
13 R. Je suis désolé. Je n'y suis pas resté longtemps.
14 Q. Je voulais vous poser quelques éléments qui sont la raison pour
15 laquelle je vous ai fait venir. Avez-vous rencontré le journaliste Robert
16 Block ?
17 R. Ma première -- mon premier contact avec cette personne est sans doute
18 un contact qu'il ne convient pas de relater ici. Mais, brièvement, je
19 dirais qu'il est malhonnête et que c'est un journaliste malhonnête. Je l'ai
20 vu pendant peut-être une minute, pas plus, à Bratunac, mais je crois que
21 c'est important, si vous me permettez de continuer. Dans une situation où
22 Milutinovic m'a déclaré qu'il allait m'arrêter, y compris les autres
23 journalistes, parce que Milutinovic n'avait rien contre moi. C'était la
24 position du commandement. J'ai été complètement éberlué dans cette
25 situation car j'ai vu cette personne à Bratunac, Bratislav Grubacic, qui
26 travaillait pour la presse -- le centre de presse. Je lui ai demandé :
27 "Comment êtes-vous arrivé jusqu'ici ?" Il m'a répondu d'une réponse
28 ridicule -et il savait que c'était ridicule - il m'a dit : "Bien, nous
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1 étions en train de voyager en Bosnie et nous nous sommes arrêtés pour voir
2 ce qui se passait sur place". A mon sens, il s'agit d'une réponse idiote.
3 Je suis désolé de le dire.
4 Je ne me souviens pas d'avoir parlé quoi que ce soit avec la personne.
5 Peut-être que nous avons échangé une phrase ou deux et ils sont ensuite
6 partis. C'était des étrangers, mais ils n'ont pas été arrêtés par les
7 forces armées. En outre ce qui est important, c'est que dans un article de
8 Michael Dobbs, un journaliste respectable, publié dans le journal de
9 politique étrangère. Il analyse le cas de Kravica, et j'ai vu qu'il
10 déclarait, dans cet article, que Block s'était rendu au Studio B après son
11 arrivée et qu'il passait en revue mon film sans qu'il ait été monté, ce qui
12 est -- ce qui ne se fait pas, et que tout ce que Block a rédigé, à partir
13 du 15 ou du 16 juillet, était des mensonges pour la bonne raison qu'il
14 était celui qui a lancé cette affaire de génocide à Srebrenica. Je crois
15 qu'il a été l'un des principaux chargés de cette affaire.
16 Je ne pourrais vous donner ses termes exacts, mais je me souviens qu'il
17 mentionnait mille personnes tuées à Bratunac dans une école, ce qui est
18 totalement absurde. Et d'ailleurs cela s'est révélé une absurdité par la
19 suite. C'était le type de journaliste qu'il était. Donc je le méprise. En
20 particulier je dois dire qu'il a menti en disant qu'il s'était rendu chez
21 moi. La petite amie, à l'époque, de Bratislav Grubacic, s'y trouvait. Elle
22 était secrétaire de l'ambassade néerlandaise à Belgrade et elle est
23 aujourd'hui l'épouse de l'ambassadeur à Zagreb. Elle était membre de la
24 délégation de l'Institut royal néerlandais mais elle a menti sur sa
25 position, sur son poste. C'est cela qui est vrai.
26 Q. Donc il affirme qu'il vous a rendu visite et que vous lui avez remis le
27 film et que vous avez débattu de ce sujet, ce qui est un mensonge ?
28 R. Sans doute un -- absolument un mensonge et méprisable.
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1 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Monsieur Nicholls.
2 M. NICHOLLS : [interprétation] Il affirme vous avoir donné la bande. De
3 quoi s'agit-il ? Pourriez-vous reprendre la dernière question ?
4 [aucune interprétation] --
5 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Monsieur Karadzic.
6 M. NICHOLLS : [interprétation] -- M. Block affirme que M. Petrovic-
7 Pirocanac lui a remis une bande. Peut-être m'abusai-je, mais j'aimerais
8 qu'on le rappelle.
9 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que M. Block a déclaré que M.
10 Petrovic lui a donné la bande ?
11 L'ACCUSÉ : [interprétation] Désolé. Je crois que j'ai -- que je mélange les
12 choses et Block.
13 Block a déclaré qu'il s'était rendu à son domicile, qu'il avait débattu de
14 la situation et que M. Pirocanac lui avait dit quelque chose. J'allais lui
15 poser la question à savoir si c'est vrai ou pas. Je suis désolé que M.
16 Nicholls -- je remercie M. --
17 L'INTERPRÈTE : L'interprète se reprend : Je suis désolé, Monsieur Nicholls,
18 je n'ai pas été précis.
19 M. KARADZIC : [interprétation]
20 Q. Puis-je parler en serbe pour le public ?
21 R. C'est mon troisième témoignage à La Haye et je n'ai jamais menti dans
22 aucune de mes réponses. Il est absurde de dire quoi que ce soit de ce
23 genre. J'aimerais déclarer clairement que cet homme est un menteur. Il ne
24 déclare pas la vérité.
25 La seule explication que je pourrais voir, c'est qu'il répète l'affaire du
26 journaliste dont l'épouse était Néerlandaise, et sur Internet, il a déclaré
27 que j'ai mis fin abruptement à cette conversation. Ce journaliste
28 néerlandais se sert de ce rush également et il essaie de découvrir ce que
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1 nombre de personnes à Belgrade ont découvert et disent que j'ai effacé mon
2 film. Il doit savoir qu'il y a un film original, et cette Chambre le sait
3 également, car ce film contient tous les fragments qui manquent et Block
4 sans doute mélange les situations. C'est bien ce journaliste néerlandais
5 avec un caméraman local et ceci peut être -- faire l'objet d'un témoignage
6 de la part de ma famille et de ce caméraman. Mais Block n'est jamais venu
7 me rendre visite chez moi. Nous nous sommes salués à Bratunac simplement,
8 et cela a été le seul moment où nous nous sommes rencontrés, et je ne
9 souhaite pas l'avoir pour ami car c'est un menteur.
10 Q. Premièrement, il faudrait qu'on sache bien une chose : Ce qui a été
11 diffusé dans l'émission et ce qui est en possession de ce Tribunal
12 maintenant comporte toutes les scènes, toutes les images, y compris ce qui
13 manque au niveau des rushes parce que ça a été conservé au Canada ?
14 Q. Oui, absolument. La "maison blanche" et les deux ou trois secondes
15 devant Kravica, enregistré depuis la voiture par moi.
16 C'est toujours la même séquence, donc dix secondes ou 15 secondes, de
17 Sandici. Donc il n'y a rien d'autre qui puisse être contesté. Donc c'était
18 ça qui était important pour le Tribunal, Kravica et la "maison blanche".
19 Q. Merci. M. Block déclare dans le cadre de son témoignage que vous lui
20 auriez dit que vous aviez rencontré beaucoup de problèmes et que même moi
21 j'étais en colère parce que vous vous êtes trouvé à Srebrenica et vous avez
22 fait des enregistrements, est-ce que cela est exact ?
23 Est-ce que vous avez eu la sensation que nous, en tant que direction, moi-
24 même personnellement ou Krajisnik étions en colère contre vous et que vous
25 avez rencontré des problèmes à cause de cela avec nous ?
26 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Laissez le témoin continuer pour
27 l'instant.
28 LE TÉMOIN : [interprétation] Deux choses. Je me souviens que Studio B a été
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1 contacté par la direction de la Republika Srpska qui a demandé de voir ces
2 images immédiatement, et quelqu'un l'a envoyé par autocar, parce qu'il faut
3 savoir qu'il n'y avait pas beaucoup de gens qui se rendaient en Bosnie, à
4 l'époque. Donc il n'y a eu aucune réaction négative. Aucun membre de la
5 direction de la Republika Srpska n'a réagi de la sorte. Je ne sais pas si
6 vous l'avez vu à ce moment-là vous-même aussi. Je pense que non. Mais les
7 dirigeants les plus hauts placés l'ont vu.
8 Puis, ensuite, deux ou trois fois j'ai eu l'occasion de vous interviewer
9 pendant la guerre, et la dernière fois c'était en décembre 1994 dans votre
10 maison chez vous. En 1995, je ne vous ai pas vu du tout, et d'ailleurs, il
11 me semble que je ne vous ai pas entendu non plus. Je ne sais pas quelle a
12 été la date de l'enlèvement des soldats de la FORPRONU, parce que je suis
13 intervenu pour un diplomate espagnol, mais, là, je n'ai pas la date en
14 tête. Si vous aviez été en colère contre moi, on me l'aurait dit, et vous
15 me l'auriez dit, il y a deux jours lorsque nous nous sommes vus ici.
16 Donc ça c'est un mensonge caractérisé. Je ne sais pas, si cet homme est un
17 bon journaliste, mais c'est un grand menteur, même s'il y a de plus en plus
18 de ce type dans les parages par les temps qui court.
19 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Monsieur Nicholls.
20 M. NICHOLLS : [interprétation] Je retire.
21 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, continuez, Monsieur Karadzic.
22 M. KARADZIC : [interprétation]
23 Q. Est-ce que j'ai été en colère contre Milutinovic, et que c'est plutôt
24 ça qui m'a énervé qu'il rende un mauvais service à Mladic et qu'il
25 représente cela comme constituant sa victoire, qu'il néglige Krstic, et
26 j'ai entendu parler de rumeurs comme quoi il aurait venu les images ?
27 Est-ce que vous avez entendu ce genre d'histoire, comme quoi j'aurais pu
28 être en colère contre lui ? Et d'ailleurs j'ai parlé en ce sens lors d'une
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1 assemblée simplement parce qu'il n'y avait là comme une sorte de promotion
2 et d'enregistrement qui manquait d'objectivité ?
3 R. Monsieur le Président, véritablement je ne peux pas vous aider au sujet
4 de cette histoire de vente de cassette, on l'a dit même à mon sujet que je
5 l'aurais vendu. Je ne sais pas à qui, et à combien de personnes. Mais parmi
6 les journalistes qui ont suivi la guerre de Bosnie-Herzégovine, ça a été un
7 sujet souvent évoqué, à savoir qu'il y a eu des enregistrements faits par
8 des membres de l'armée mais je n'ai aucune preuve de cela.
9 Mais parmi les journalistes, on savait -- je dois dire que vous étiez très
10 populaire, on considérait que vous étiez quelqu'un d'ouvert, et je me suis
11 que vous avez critiqué l'armée en passant par leur service de presse, que
12 vous avez critiqué leur façon d'agir, et que souvent, en fait, il rendait
13 un mauvais service à Mladic. Je pense qu'effectivement c'est ce qui a eu
14 lieu, et je pense que ce n'était hélas pas des gens qui auraient dû faire
15 ce genre de chose et le faire contre lui.
16 Q. Je dois vous interroger maintenant ce qui en est des restrictions
17 imposées aux journalistes près du front.
18 Alors est-ce que dans d'autres guerres, vous avez remarqué également que
19 les commandants ne souhaitaient pas avoir des journalistes présents près
20 des lieux de conflit, ou bien est-ce que c'était typique uniquement de
21 notre guerre ?
22 R. Monsieur le Président, ce comportement a évolué au fur et à mesure que
23 les guerres ont eu lieu; au Liban ce n'était pas la même chose, en Israël
24 la première fois où j'y suis allé, par exemple, les Israéliens vous
25 demandent de signer un document par lequel vous acceptez même le risque que
26 vous courez d'être tué si vous êtes trop près du conflit. On n'a pas fait
27 ça chez nous, peut-être qu'on aurait dû, et en laissant tout le monde
28 circulait partout, mais les journalistes ils se sont trouvés partout,
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1 d'après ce que j'en sais. Et d'ailleurs je sais que pour ce qui est de
2 Martin Bell et de Christiane Amanpour quelle a été votre attitude vis-à-vis
3 d'eux. Souvent, ils ont pu faire des choses qui n'étaient permises aux
4 journalistes serbes. Donc comme c'est une guerre où il n'y avait pas une
5 attitude standardisée, comme il n'y a pas eu de proclamation d'état de
6 guerre sur la totalité du territoire, il y a eu beaucoup de situations un
7 peu improvisées au cas par cas en fonction des autorités civiles ou
8 militaires à différents endroits. Donc je n'ai pas remarqué qu'il y ait une
9 attitude généralisée, uniforme, mais vous avez, vous, toujours exigé que
10 l'on accorde tout aux journalistes, ça je m'en souviens, et c'est grâce à
11 ça que j'ai pu travailler, mais pas pour seulement moi, la télévision
12 française, par exemple, TF1. Vous avez leur donné la possibilité de
13 travailler à de nombreux moments.
14 Q. Oui, justement, je voulais juste savoir si c'était un cas exceptionnel
15 chez nous, parce que je sais qu'il y avait des soldats serbes qui étaient
16 un peu suspicieux, mais je pensais que c'était en fait dans d'autres pays
17 et dans d'autres armées. C'était également le cas, donc je voulais que vous
18 me le confirmiez.
19 Le 28 février 2006 vous avez eu un entretien avec le Procureur.
20 L'ACCUSÉ : [interprétation] 1D5633, s'il vous plaît, est-ce qu'on
21 peut l'afficher. 1D5633, page 112. Je pense que tout est en anglais. Je ne
22 sais pas d'ailleurs si nous avons une version serbe.
23 Si, apparemment, nous avons la version serbe, en anglais, ce sera la page
24 112. Je ne peux simplement pas supposer -- ligne 17. Ça commence page 112
25 en anglais ligne 17.
26 Milosevic est mentionné.
27 M. NICHOLLS : [interprétation] Je pense que c'est peut-être la page 115 qui
28 intéresse M. Karadzic.
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1 L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci.
2 M. KARADZIC : [interprétation]
3 Q. Ici, vous dites :
4 "Je ne peux que supposer que dans ce domaine Milosevic était toujours
5 en pouvoir. Quelqu'un est venu et c'était étonnant, mais ce qui est
6 également important c'est que la direction des Serbes de Bosnie, Krajisnik,
7 et d'autres ont demandé à Studio B et moi-même de leur envoyer un
8 exemplaire, une copie, et ça a été diffusé le lendemain. Je me souviens --
9 et je connais le mec, il s'appelle Zoran - il travaille pour 'Politika'
10 maintenant, il pourrait confirmer que nous avons envoyé par autocar une
11 bande à Pale. Ils étaient toujours ensemble. Je ne sais pas si Karadzic l'a
12 vue mais la plupart d'entre eux l'ont vue, et si vous demandez à Krajisnik
13 s'il s'en souvient, que ça a été très bien fait."
14 Donc est-ce que vous avez eu un feedback, à ce moment-là, de la part des
15 dirigeants de la Republika Srpska disant que vous avez fait un bon travail
16 et qu'ils n'avaient pas de reproche à vous faire ?
17 R. Oui, M. le Président. Ça c'est un détail que je n'arrive pas à
18 retrouver après tant d'années avec précision. Mais je sais qu'il n'y a pas
19 eu de mauvaises réactions, et certains journalistes de Pale, qui plus est,
20 je ne sais pas si c'étaient des journalistes de la télévision ou les
21 caméraman qui travaillent pour l'étranger, parce qu'il y avait des
22 caméraman travaillant pour la télévision AP, et je dois porter plainte
23 contre eux à cause de ces images également d'ailleurs. Je ne sais pas
24 lequel d'entre eux a dit ça exactement, mais ils m'ont dit que les gens
25 étaient contents.
26 Mais petite correction ici, je pense que la faute vient de moi, lorsque
27 j'ai eu mon entretien avec M. Nicholls, à Belgrade, à ce sujet. Je pense
28 que j'ai fait une erreur ici, qu'ils ont vu les missions, que quelqu'un de
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1 Belgrade leur en a parlé, et que le lendemain, au soir, cette cassette a
2 été envoyée par autocar à Pale, et Zoran, qui travaillait au studio B, il
3 s'intéressait au programme satellite, c'était un technicien qui à l'époque
4 travaillait pour "Politika." Je pense qu'aujourd'hui, il travaille
5 ailleurs. Il n'est plus dans "Politika" mais, lui, il est au courant du
6 départ de cette cassette pour Pale. Donc il n'y a pas eu de réaction
7 négative, pas du tout, et les journalistes ont dit qu'ils étaient contents,
8 parce que ceux de la télévision, et vous vous souviendrez peut-être de deux
9 journalistes, il y avait un moustachu qui avait travaillé à la télévision
10 de Sarajevo, avant la guerre.
11 Q. Radoje, c'était ce type de nom ?
12 R. Oui.
13 Q. Ligne 14 dans le compte rendu d'audience, il faudrait lire
14 "journaliste." Lorsqu'on voit ici, on voit un Allemand -- ou plutôt, un
15 "adjournment" "remettre à plus tard" alors qu'il faudrait lire,
16 "journaliste."
17 Puis les journalistes vous ont dit.
18 R. Oui, oui les journalistes.
19 Q. Merci.
20 L'ACCUSÉ : [interprétation] Excellence, est-ce que nous pouvons verser au
21 dossier les pages 15 et 16 de cet entretien, 115 et 116 de cet entretien
22 avec le bureau du Procureur, s'il vous plaît.
23 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.
24 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce de la Défense, D2251.
25 L'ACCUSÉ : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît.
26 [Le conseil de la Défense se concerte]
27 L'ACCUSÉ : [interprétation] Juste une chose plus.
28 M. KARADZIC : [interprétation]
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1 Q. Donc vous avez eu l'occasion de traverser Srebrenica, à pied. Est-ce
2 que vous avez pu voir des maisons qui venaient d'être touchées ou qui
3 venaient de brûler, lors de ce passage ? Est-ce que vous avez vu cela ?
4 R. Monsieur le Président, tout comme dans le cadre de mes dépositions
5 précédentes, je ne peux que répéter ce que j'ai déjà dit. Donc j'ai une
6 certaine expérience des guerres, et je n'ai pas vu ce genre de chose. J'ai
7 traversé la rue principale, et il m'est arrivé d'avancer de 10 à 15 mètres
8 derrière les immeubles, au centre, mais ce n'était pas des traces fraîches
9 ni de la fumée, par exemple, qui résulterait d'incendie récent. Mais j'ai
10 vu en fait que la fumée, au niveau de cette usine qui a été complètement
11 détruite de bois, c'est le seul endroit où on voyait la fumée sévit.
12 Mais ce qu'on a pu voir, c'était des traces de premiers combats qui
13 avaient eu lieu entre les Serbes et les Musulmans au moment où les
14 Musulmans ont été encerclés. Donc peut-être des traces vielles d'un an ou
15 deux, mais rien de récent. J'ai eu la sensation que tout le monde était
16 parti, qu'on a fait en sorte que tout le monde puisse descendre par la
17 route pour Bratunac, et j'ai même filmé deux ou trois cadavres dans le
18 centre. C'est tout.
19 Q. Est-ce qu'il y a des choses importantes que vous n'avez pas filmées ?
20 Est-ce qu'il y a des cadavres que vous n'avez pas filmés ?
21 R. Monsieur le Président, je ne suis pas resté toute la journée, donc
22 j'étais limité par la visite du ministre donc j'ai pu prendre peut-être 30
23 minutes, une heure en tout, et j'ai vu ces trois cadavres, quelques chiens
24 ou peut-être un chien à côté d'eux.
25 Comme j'avais de l'expérience, j'ai essayé de voir s'il y avait des
26 traces, s'il y avait des morts. Ce n'est que plus tard que j'ai appris
27 qu'une vieille dame, âgée de 82 ans, et son nom était Petrovic, je l'ai
28 retenu parce que c'est mon nom, qu'elle avait été égorgée. J'ai une
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1 photographie, elle a été égorgée quand ils se sont enfuis pour Bratunac.
2 Mais à ce moment-là, je ne l'ai pas vue. Donc j'ai vu la mosquée qui était
3 toujours en place, l'église était là, le grand supermarché, la grande
4 surface qui était là. Un appartement où je suis rentré, j'ai filmé, les
5 gens étaient partis en hâte, et puis j'ai filmé aussi les Serbes qui
6 étaient en train de revenir, qui avaient pris la fuite au début de la
7 guerre lorsqu'un député serbe était tué, c'est comme cela que la guerre a
8 commencé, à Srebrenica. On lui avait tendu une embuscade, et ces gens
9 revenaient avec l'aide américaine, avec l'huile, ils portaient des choses
10 dans les bras, et revenaient de Bratunac à pied, et j'en ai interviewé
11 certains, chez eux par exemple, et j'ai vu ce que j'ai vu dans la vallée
12 Beqaa avec les Shiites pro iraniens, ces mêmes images, à Kutz [phon],
13 "Forever Jérusalem, et cetera. Mais hormis ces deux ou trois morts, je n'en
14 ai pas vu d'autre.
15 Q. La "maison blanche," vous l'aviez filmée. Nous avons ces images.
16 D'après votre évaluation, il y avait combien de personnes sur cette
17 terrasse ? Est-ce que vous avez appris que c'étaient des gens qui étaient
18 suspectés d'avoir commis des crimes ?
19 R. Oui, Monsieur le Président, c'est cette séquence que l'on me
20 reproche depuis des années. En fait, on me reproche de l'avoir effacé et on
21 voit cela dans l'émission initiale, vous l'avez vu, le Procureur l'a vu.
22 Donc, encore une fois, je répète, je filme, donc il fait très chaud,
23 je filme ces scènes, et là encore, je dois dire que j'étais très choqué par
24 le nombre de personnes, par cette chaleur écrasante, des enfants, des
25 femmes, des personnes âgées, tout le monde s'entraide pour monter dans les
26 camions pour partir. Moi, je filme une masse -- ou plutôt, un tas de
27 vêtements usés, des choses qu'on ne souhaiterait pas porter. Personne
28 n'aimerait porter ça, et moi, qui ne suis pas caméraman, parce qu'il y a
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1 des règles au niveau du tournage à plan fixe, prendre ensuite à gauche, à
2 droite, et cetera, moi, je ne savais pas ça. Donc je commence à filmer vers
3 la droite et je vois une maison, une maison qui n'avait pas attiré mon
4 attention avant, parce que ce sont les gens qui m'intéressaient avant tout
5 pas les maisons. Donc je vois dans mon plan une terrasse, et je vois qu'il
6 y a des éléments en bois sur cette terrasse, c'est la moitié de la terrasse
7 que j'ai chez moi, et je pense que dix personnes assises peuvent se tenir
8 dans cet espace-là. On voit -- à travers ces éléments de la terrasse, je
9 vois ces gens-là, et aucun d'entre eux n'est debout, et après j'ai demandé
10 : à l'intérieur, qui étaient ces gens là ? On m'a dit quelque chose du
11 genre, on enquête, on mène une enquête parce qu'on pense qu'ils ont commis
12 des crimes, et vous avez pu voir d'ailleurs tout ce que j'ai enregistré par
13 la suite. je n'avais pas vraiment de plan de projet, ce sont des images qui
14 intéressent les gens, donc ce que j'essayais c'est d'avoir des images
15 parlantes, fortes, enfin professionnellement parlant, je les ai mal filmés
16 parce que je ne suis pas un caméraman professionnel. Mais elles se sont
17 avérées précieuses pour ce Tribunal et utiles pour vous, également.
18 Q. Merci. Est-ce exact ou est-ce ce que les images nous montrent ? Est-ce
19 que ça correspond également à la réalité qu'il n'y a pas de tension, pas de
20 peur, pas de contrainte que la situation que les gens circulent comme ils
21 l'entendent, donc est-ce que vous pouvez très brièvement nous décrire si
22 c'était ça la situation qui prévalait ? Est-ce que vous avez vu que les
23 soldats néerlandais éventuellement avaient peur, que les civils avaient
24 peur ?
25 R. Monsieur le Président, plus tard au cours de ces événements lorsqu'il y
26 a eu cette polémique aux Pays-Bas sur le fait qui était de savoir s'ils ont
27 protégé ces gens-là, s'ils auraient dû s'opposer à l'armée serbe, j'ai
28 trouvé ça ridicule de lire que ces gens avaient eu peur, j'ai [inaudible]
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1 dans différentes situations. Premièrement. je les ai vus parler avec les
2 Serbes au sujet de l'eau, j'ai même filmé cela avec un officier de la
3 FORPRONU, puis j'ai vu un soldat noir néerlandais qui avait une brouette et
4 qui transportait un vieillard, puis j'en ai vu un boire du lait dans un
5 coin. Puis j'en ai même vu d'armés, et là, je n'ai pas filmé ça. C'est le
6 dernier plan de cette base où l'on en voit qui ont gardé leurs armes, et
7 puis il y a cet officier à qui je demande dès le départ : "Mais que se
8 passe-t-il ici ?" Lui, il me répond : "Mais vous savez bien ce qui se
9 passe." Je lui ai dit : "Mais non, je ne sais pas. J'arrive de Belgrade,"
10 et lui, il était assez tendu, énervé, je suppose, par la situation, mais
11 contre eux et surtout pas contre les Musulmans, parce que si je l'avais vu
12 je l'aurais dit, peu important que je sois Serbe, mais je n'ai pas entendu
13 qui que ce soit dire quoi que ce soit de négatif contre ces gens-là. Je les
14 ai vus leur dire : "Allez-y, montez, il ne va pas y avoir de problème,"
15 Puis je n'ai pas vu de triomphe parmi les Serbes pour avoir conquis
16 Srebrenica. Je n'en ai pas vu rire. J'en ai vu d'épuisés, mais personne qui
17 aurait dit quoi que ce soit de mal. Ça c'est l'impression qui était la
18 mienne et que l'on peut voir dans mes images, qui ne sont pas de très bonne
19 qualité mais qui constituent un document de qualité sur les événements.
20 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Monsieur Nicholls.
21 M. NICHOLLS : [interprétation] Je n'ai pas d'objection. Mais pour que ce
22 soit tout à fait clair, je suppose que c'est du 13 que parle M. Karadzic,
23 parce que M. Petrovic a filmé le 13. Lignes 23/24, M. Karadzic semble
24 parler du 14 lorsqu'il dit que tout le monde se déplaçait librement,
25 s'occupait de ce qu'il voulait. M. Petrovic, dans sa description et dans la
26 vidéo du 14, montre les civils serbes qui reviennent dans la ville qui est
27 maintenant déserte. Juste pour que ce soit tout à fait clair, quelle est --
28 quelles sont les dates dont nous parlons et quelles sont les personnes ?
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1 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Monsieur Nicholls.
2 Monsieur Karadzic --
3 L'ACCUSÉ : [interprétation] Non, je ne pense pas avoir parlé du 14.
4 LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce que je peux ?
5 M. KARADZIC : [interprétation]
6 Q. Peut-être que le témoin pourrait nous préciser cela. A Srebrenica même,
7 quelle est la date de son tournage, quand est-ce qu'il a filmé ce qu'il a
8 vu ?
9 R. Oui, M. Nicholls a raison. On voit la date sur les images. Le 13, je
10 suis dans la base militaire, il y a ces populations de Srebrenica qui
11 doivent partir pour Tuzla, donc la population et les réfugiés de
12 Srebrenica.
13 Puis le 13 dans l'après-midi, je filme en route vers Tuzla. Le 14, je suis
14 avec Borovcanin, qui accompagne le ministre de la Police vers Srebrenica.
15 Donc à ce moment-là ils n'autorisaient pas l'entrée de journalistes et, à
16 ce moment-là, j'ai pu entrer, même si c'était avant [inaudible] pour les
17 journalistes. Donc c'est le 14.
18 Q. Donc, alors -- l'erreur vient de moi, donc de se que je comprends
19 Potocari pour Srebrenica. Donc Srebrenica même c'est le 14, le reste c'est
20 le 13, Sandici, Kravica.
21 R. Oui.
22 Q. Donc le 13, vous avez vu un certain nombre de choses; est-ce que vous
23 avez vu uniquement des affaires devant la "maison blanche" ou partout où il
24 y avait des civils ?
25 R. Monsieur le Président --
26 Q. Moi, je pensais aux baluchons.
27 R. Il y avait deux sortes de choses. Il y avait ceux que portaient les
28 gens qui allaient monter dans les camions et autocars et qui avaient des
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1 choses dans les bras. Puis il y avait autre chose. Il m'a semblé qu'il y a
2 eu un tas de six ou sept mètres de haut, d'après l'impression que j'ai eue,
3 avec des choses mais sans aucune valeur. Un clochard à Paris n'envierait
4 jamais ça. Donc peut-être qu'ils avaient peur de contagion. Maintenant, si
5 on pouvait faire un gros plan et étudier un petit peu cette image dans mon
6 tournage, mais c'était vraiment de la pire extrême, donc je ne sais pas
7 pourquoi ça s'est trouvé sur ce tas que j'ai vu, je ne sais pas.
8 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît.
9 Précédemment dans la question, lorsque M. Nicholls a réagi, votre question
10 était la suivante :
11 "En réalité, est-ce qu'il n'y avait pas de tension, pas de peur, pas de
12 contrainte, que la situation était plutôt détendue, que tout un chacun se
13 déplaçait librement et cherchait telle ou telle chose qu'il voulait prendre
14 ? Donc est-ce que vous avez remarqué qu'il y a eu de la peur parmi les
15 soldats néerlandais ou parmi les civils ou toute autre personne ?"
16 Donc cette question, est-ce qu'elle porte sur le 13 à Potocari ?
17 L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, ce que nous avons vu dans la vidéo. Il n'y
18 avait pas de population à Srebrenica le 14. Mais c'est à Potocari, les
19 civils, les soldats.
20 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que cela comprend les personnes
21 qui se trouvent dans la "maison blanche" également ?
22 L'ACCUSÉ : [interprétation] Mais la "maison blanche" m'a intéressé
23 uniquement dans la mesure où je voulais savoir qu'il estime leur nombre et
24 ce qu'ils étaient en train de faire sur cette terrasse.
25 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. Continuons, à moins que M.
26 Petrovic n'ait quoi que ce soit à ajouter à ce qu'il a déjà affirmé. Merci.
27 Est-ce que vous pensez que nous devrions faire une pause étant donné
28 l'heure ?
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1 Une demi-heure de pause.
2 --- L'audience est suspendue à 10 heures 29.
3 --- L'audience est reprise à 11 heures 02.
4 [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]
5 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Karadzic, si vous voulez bien
6 continuer.
7 M. KARADZIC : [interprétation]
8 Q. Docteur Petrovic, vous avez dit il y a un instant qu'il y avait des
9 vieilles fripes en tas quelque part. Je vais tenter de poser mes questions
10 pour que vous puissiez y répondre d'un oui ou d'un non.
11 Y avait-il un véritable danger de contagion ?
12 R. Monsieur le Président, je pense, si vous regardez les images et vous
13 voyez ces vieilles fripes.
14 L'ACCUSÉ : [interprétation] Pourrions-nous voir la pièce 194 ?
15 M. KARADZIC : [interprétation]
16 Q. J'aimerais vous demander d'élucider un point de vue du rapport que vous
17 avez présenté.
18 L'ACCUSÉ : [interprétation] Dans la version serbe et anglaise, si vous le
19 voulez bien.
20 M. KARADZIC : [interprétation]
21 Q. Vous souvenez-vous de ce reportage ?
22 R. Il a été publié par la maison d'édition qui n'existe plus depuis la
23 guerre.
24 Q. Est-ce que vous en êtes l'auteur ?
25 R. Oui, Monsieur le Président.
26 Q. Je ne suis pas sûr de ce que j'ai en anglais, mais ce titre en anglais
27 semble indiquer qu'il y ait dissimulation de la situation. Le titre en
28 anglais est : "La dissimulation a commencé," et j'ai compris qu'il
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1 s'agissait là de la désinfection de la ville; alors qu'en anglais, il
2 semblerait que ce soit une dissimulation. Combien pensez-vous que ce titre
3 devrait être traduit ?
4 R. Oui, il est manifeste que la version anglaise est erronée, le terme de
5 "blanchiment." Il s'agissait de repeindre les maisons. Tout
6 particulièrement à l'intérieur, il est important de lire le texte
7 soigneusement car c'est ce qui vous y verrez.
8 Il y a un passage où je rebatte une dimension de façon documentaire, et ça
9 même été un malentendu à Belgrade dans un débat public auquel vous n'avez
10 pas été invité, bien sûr. Il y a eu une composante de civilisation dans ce
11 conflit qui est mal perçue dans le monde très souvent. Disons-le de cette
12 façon : Une population chrétienne se sert davantage de porc, qu'une
13 population musulmane qui aura recours à l'agneau. On pourra vous dire :
14 dans notre région du monde que les Chrétiens pensent que l'odeur de
15 l'agneau est déplaisante qui vient donc de l'intérieur d'une habitation,
16 alors les Musulmans n'apprécient pas l'odeur du porc. C'est un fait.
17 Je suis allé à Srebrenica souvent et j'y ai rencontré ceux qui sont
18 retournés et ils doivent repeindre leurs habitations toutes les quelques
19 années. Il ne s'agit pas de dissimuler. Je dirais qu'il s'agit de repeindre
20 les intérieurs des maisons. C'était la signification.
21 Q. Je ne sais pas si je vais avoir un laps de temps supplémentaire donc il
22 va falloir que je me dépêche, que je couvre les principaux éléments.
23 Vous étiez à Sandici quand ?
24 R. L'après-midi, vers 15 heures, 16 heures, dès que je terminais de filmer
25 à l'intérieur du casernement à Potocari, nous sommes allés à Bratunac et
26 nous avons pris cette route. Il devait être 15 heures ou 16 heures. Vous le
27 voyez dans les images lorsque l'on ne voit des Serbes qui tirent de la
28 route vers une montagne.
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1 L'ACCUSÉ : [aucune interprétation]
2 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Nicholls.
3 M. NICHOLLS : [interprétation] Pas d'objection. Je viens de -- j'aimerais
4 signaler qu'au compte rendu, que le témoin se reporte à certains documents
5 qui sont devant lui et qui semblent être soulignés lorsqu'il répond aux
6 questions. Je ne l'avais pas remarqué auparavant. Il ne m'en a pas parlé
7 lorsqu'il a rencontré M. Karadzic, M. Karadzic lui a donné certains
8 documents.
9 Donc pour le compte rendu, je me demande à quoi il se reporte. A quelle
10 heure était-il à Sandici.
11 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Monsieur Petrovic, pourriez-vous
12 nous l'expliquer.
13 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.
14 C'est un résumé de mon affaire qui contient certains passages où M.
15 Karadzic a signalé ou marqué les domaines de question qu'il voudrait
16 réaliser aujourd'hui. Je n'ai pas eu le temps de consulter la chose de
17 façon régulière, mais ce dont nous parlons ne suit pas exactement ce que
18 j'ai dans mon texte. J'ai la version anglaise, et elle est marquée -- il y
19 est marqué quelles parties du texte M. le président Karadzic souhaiterait
20 mettre en exergue dans notre débat. Mais si c'est un problème je m'en
21 passerais. Pas de problème.
22 L'ACCUSÉ : [interprétation] Puis-je expliquer ?
23 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Monsieur Karadzic.
24 L'ACCUSÉ : [interprétation] C'est ce que nous appelons une chronologie. Ce
25 sont des citations de tous les éléments de ce qu'a déclarées le témoin où
26 que ce soit. Des citations. Encore une fois, ce ne sont pas des pièges que
27 nous tendons, et c'est analogue à ce que fait le Procureur lorsqu'on lui
28 présente le document 92 ter et lui demande ce qui sous-tend ces documents,
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1 et il y a des références qui sont indiquées quant au lieu où il a dit quoi
2 et à quelle heure.
3 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président.
4 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Monsieur Petrovic.
5 LE TÉMOIN : [interprétation] Je peux le remettre aux parties aux fins
6 d'inspection, si vous le souhaitez.
7 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Nicholls, voudriez-vous voir de
8 quoi il s'agit ?
9 M. NICHOLLS : [interprétation] Oui, je voulais savoir s'il s'agissait d'un
10 compte rendu antérieur si c'est quelque chose qui a été produit par la
11 Défense et je ne savais tout simplement pas de quoi il s'agit. Je dirais
12 que ce n'est pas dans la pratique de présenter 92 ter aux témoins et
13 restons-en là.
14 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui. Si l'huissier veut bien aider le
15 témoin pour qu'il fournisse le document à M. Nicholls
16 Entre-temps, les pièces auraient davantage de valeur de preuve si
17 vous pouvez témoigner sans vous appuyer sur ces documents de préparés mais,
18 si nécessaire, dites-le-nous et nous verrons ce que vous avez préparé.
19 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai ici une copie de
20 mon propre article que j'ai apporté. Je ne les ai pas passés en revue à
21 nouveau. Je puis également vous les fournir. Je n'en ai pas besoin pour ce
22 débat, mais je les ai apportés au cas où. Je n'en ai pas besoin pour mon
23 témoignage.
24 Je peux également les remettre.
25 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci. Ce ne sera pas nécessaire.
26 [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]
27 L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci.
28 J'ai versé certains de ces articles. Pouvons-nous maintenant voir ID5634
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1 [comme interprété]. Il s'agit d'un de ces textes, et peut-être au prétoire
2 électronique.
3 M. KARADZIC : [interprétation]
4 Q. C'est votre glossaire de Sarajevo en temps de guerre publié dans le
5 magazine "Nin" ou peut-être "Duga;" non, c'est "Duga."
6 C'est une copie de mauvaise traduction mais nous avons la traduction.
7 Il s'agit principalement de la rue Dobrovoljacka -- votre description de
8 l'incident dans cette rue où une colonne militaire, que vous avez
9 accompagnée à titre de journaliste, a été attaquée et massacrée.
10 R. Oui, Monsieur le Président. Cela fait partie de l'article public dans
11 le magazine "Duga" en mai 1992, après cet incident qui s'est tenu le 3 mai,
12 et cela fait partie d'un très long glossaire. Je pense qu'il fait 20 pages
13 dactylographiées ayant trait à cet incident concernant la colonne militaire
14 que j'ai accompagné avec TF1, l'équipe de télévision, et nous avons tenté
15 de préparer ce reportage avant la fin de la journée pour sortir à 18 heures
16 05, et ceci nous a peut-être sauvé la vie, on nous dit qu'une dizaine de
17 civils armés, des Bérets verts.
18 Q. On nous parle d'une "dizaine de civils armés, Bérets verts." A votre
19 connaissance, quelle est la différence entre les civils et les soldats
20 pendant la guerre, pas tant en termes de vêtements que le fait qu'ils
21 étaient armés ou pas ?
22 R. Oui, Monsieur le Président. Alors cette équipe française, je me
23 trouvais à Sarajevo fin février ou début mars et fin avril, début mai. J'ai
24 été en mesure d'observer le soulèvement de cette psychose de temps de
25 guerre et la conversion de civils en citoyens armés. Un terme assez drôle
26 et même hilarant était utilisé à Sarajevo à l'époque, il s'agissait de
27 citoyens organisés spontanément, entre guillemets, et j'ai remarqué que
28 dans cet incident quant aux convois au 3 mai 1992, nous avons été entourés
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1 dans la voiture où nous nous trouvions au volant duquel se trouvait le
2 reporter Louis Beroux [phon], ils possédaient toutes sortes d'armes, y
3 compris des armes dernier cri allant d'armes de poing, de petit calibre, à
4 des kalachnikovs et des engins explosifs artisanaux ainsi que des grenades.
5 Tout était très tendu, très dangereux, parce que ce n'était pas une unité
6 militaire régulière.
7 Q. Si une personne de la sorte était tuée et que quelqu'un d'autre
8 s'emparaient de leur arme, un observateur badaud dirait en voyant le corps
9 qu'il s'agissait d'un civil, n'est-ce pas ?
10 R. Tout à fait, Monsieur le Président. Ce serait la première chose que
11 l'on penserait dans une situation de la sorte.
12 L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-ce que je peux verser ce document ? Nous
13 n'avons une traduction que sur deux ou trois de ces passages, pas plus
14 d'une page en anglais.
15 M. NICHOLLS : [interprétation] Monsieur le Président, objection jusqu'à ce
16 que ce soit marqué et identifié.
17 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je ne sais pas si nous pouvons recevoir
18 ce document pour comprendre la signification de certaines de ces phrases.
19 Mais étant donné la position du Procureur, nous allons marquer le document
20 aux fins d'identification.
21 M. LE GREFFIER : [interprétation] MFI D2252, Monsieur le Président.
22 M. KARADZIC : [interprétation]
23 Q. Revenons au pré Sandici.
24 Selon vous, combien de prisonniers avez-vous vu à Sandici ? Combien d'entre
25 eux ont été saisi sur film de votre caméra ?
26 R. Monsieur le Président, il y a nombre de façons de compter les humains
27 dans des situations de foule, par exemple, les matchs de football, et
28 cetera, ou les soulèvements. A l'époque où je m'y trouvais, j'ai pensé
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1 qu'il y avait suffisamment de personnes pour remplir un autocar, c'est-à-
2 dire environ 100 personnes. C'est ce que je dirais, et je pense que c'est
3 ce que j'ai déclaré dans mes déclarations précédentes et éléments de
4 preuve.
5 Difficile à dire, mais c'est le chiffre qui n'est resté à l'esprit.
6 L'ACCUSÉ : [interprétation] Pourrions-nous voir 03177 -- ou plutôt, 117. 65
7 ter 03117.
8 M. KARADZIC : [interprétation]
9 Q. Selon vous, s'agit-il d'une partie plus grande ou plus petite de ce que
10 la caméra a saisi ou est-ce toutes les personnes qui se trouvaient à
11 Sandici vers 14 heures ?
12 R. Il s'agit donc d'un -- d'une image de mon reportage vidéo. A partir de
13 cet angle, vous ne pouvez tous les voir, mais il n'y en avait pas beaucoup
14 plus. Peut-être deux fois ce que vous voyez sur cette photo, suffisamment
15 pour remplir un autocar. Car ceci a été filmé en contrebande et certains
16 d'entre eux ne se voient pas sur l'image dans le viseur. Mais il y en avait
17 davantage que ce que vous voyez sur l'image.
18 Q. Ensuite vous êtes parti vers Konjevic Polje. Vous y êtes resté quelque
19 instant et pendant ce laps de temps, le colonel Borovcanin a été informé
20 d'un incident à Kravica, n'est-ce pas ? Vous êtes tourné.
21 R. Oui, quelque chose de ce genre. C'est tout dans la même région où se
22 trouvaient des personnes, l'incident où l'un des combattant a été blessé.
23 Borovcanin en a été informé presque immédiatement et il est retourné à
24 l'hôpital, pour lui, pour Borovcanin, pour voir ce qui est arrivé aux
25 soldats.
26 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur le Président, nous faut-il verser
27 cette image ?
28 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, si nécessaire, nous le verserons.
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1 M. LE GREFFIER : [interprétation] A titre de pièce D2253, Monsieur le
2 Président.
3 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Karadzic, vous venez de
4 dépasser le temps qui vous avait été affecté. De combien de temps vous
5 faut-il pour parachever votre contre-interrogatoire ?
6 L'ACCUSÉ : [interprétation] Dans le droit fil de ma demande, je peux
7 terminer dans les 10 ou 15 minutes, je pense que ce serait utile pour la
8 Chambre, si ce témoin nous dise de nombreux éléments dont il est averti.
9 Mais si nous devons suivre la requête, j'en terminerai dans 15 minutes.
10 Puis-je ajouter quelque chose, Madame et Messieurs les Juges ?
11 Vous voyez 92 bis est déficient. Vous voyez comment une personne peut
12 modifier ses propres déclarations en une déclaration vive -- de vive voix.
13 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Veuillez continuer, et parachever dans
14 15 minutes.
15 L'ACCUSÉ : [interprétation] Une cote a-t-elle été affectée à cette image ?
16 Très bien.
17 M. KARADZIC : [interprétation]
18 Q. Alors vous êtes revenu et vous êtes sûr que ni vous ni Borovcanin à
19 l'époque de l'incident de Kravica, n'étiez à proximité de Kravica, vous
20 étiez plus loin de Kravica, de Sandici vers Konjevic Polje, n'est-ce pas ?
21 R. Monsieur le président, si vous voulez dire l'incident du soldat blessé
22 par un soldat musulman qui s'était rendu, ça ne nous l'avons absolument
23 pas, c'est ce dont je me souviens nous n'avons pas vu ce qui s'est passé du
24 tout. Nous nous souvenons simplement que quelqu'un a appelé Borovcanin et
25 que nous sommes partis directement pour l'hôpital à Bratunac, pour que nous
26 puissions voir ce soldat. A l'évidence, il se préoccupait de ce soldat.
27 C'était probablement l'un des hommes de son unité, et donc ça fait une
28 expérience.
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1 Q. Merci. A partir de la voiture, la caméra a filmé l'entrepôt avec un
2 certain nombre de corps.
3 Vous souvenez-vous si la porte était fermée où ces corps avaient été
4 empilés ? Je pense que vous avez témoigné dans ce sens, je pense que vous
5 avez déclaré que la porte était fermée; vous en souvenez-vous ?
6 R. Monsieur le président, si je ne m'abuse, je pense que, dans mon
7 témoignage -- je l'ai confirmé dans mes témoignages précédents.
8 Vous devriez savoir quelle est la situation quand on est en train de
9 filmer. Je veux dire je tenais la caméra dans mes mains, alors que la
10 voiture passait. Il était peut-être une, deux, trois, peut-être pas plus
11 que ça, ce n'est que par la suite que j'ai vu qu'il y avait un soldat qui
12 avait été filmé et que la porte avait été fermée. J'étais scandalisé.
13 Pourquoi est-ce que les témoins ont fondé leur témoignage sur un nombre de
14 morts sur la base d'une porte ouverte. Merci d'avoir posé la question.
15 C'est une difficulté qui est mienne à cet égard, parce que c'est une
16 manipulation. Si nous nous souvenons du procès Borovcanin en 2007, nous
17 voyons que jusqu'à cette date, en 2012, les seules preuves dont dispose le
18 monde en dépit de tous les stellites, c'est les images de quelques secondes
19 que vous pouvez voir 15 ou 20 morts. C'est mon estimation, en ce qui
20 concerne ce qui s'est passé dans ce hangar.
21 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Nicholls.
22 M. NICHOLLS : [interprétation] La question était, la porte était ouverte ou
23 fermée.
24 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.
25 Docteur Petrovic, si vous essayez de répondre à cette question, M. Karadzic
26 vous posera d'autres questions si nécessaires. Mais avez-vous déclaré que
27 votre vidéo est la seule preuve de ce qui s'est passé à Kravica ? Je dois
28 vous dire que nous avons des survivants, d'autres témoins.
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1 Si vous voulez bien continuer.
2 Avez-vous répondu à la question, à savoir si la porte était ouverte ou
3 fermée ?
4 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous prie de m'excuser, Monsieur le
5 Président, je voulais tout simplement être utile.
6 La porte était fermée.
7 M. KARADZIC : [interprétation]
8 Q. Merci. Quand vous avez dit qu'il s'agissait là de seule preuve; est-ce
9 que vous vouliez dire qu'il s'agissait là de ce document vidéo ?
10 R. Oui, Monsieur le Président. Pour autant que je sache, ces images qui
11 sont miennes et également des images satellitaires américaines.
12 Q. Merci. Il y a quelques instants, vous avez dit que votre estimation
13 était et peut-être qu'il faudra réfléchir la chose soigneusement et que
14 l'on pourrait compter de façon plus précise, il y avait environ 20 corps
15 empilés dans ce hangar ?
16 R. Oui, Monsieur le Président. Sur l'heure, je n'étais pas conscient du
17 nombre. Jusqu'à aujourd'hui, je pense qu'il s'agit de 15 à 20.
18 Q. Merci. Par la suite, vous avez remarqué un soldat; est-ce que ce soldat
19 s'est comporté comme s'il y avait encore des échanges de tirs à proximité
20 ou se comportait-il comme s'il n'y avait pas de tir autour de lui ? Vous
21 avez entendu des coups de feu à proximité du hangar ?
22 R. Oui, oui. Je veux dire en revoyant ces images, c'est un peu
23 contradictoire la façon dont ils se déplacent, et je me souviens avoir
24 entendu nombre de coups de feu le long de la route. A côté de ce hangar,
25 derrière, il y a un petit ruisseau, et c'est là où il y a eu des échanges
26 de tirs.
27 Je trouve que c'est bizarre maintenant mais, à l'époque, je n'y portais pas
28 attention car le laps de temps est trop court.
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1 Q. Merci. Il y a eu des tirs dans la coopérative elle-même. Pensez-vous
2 que vous l'auriez vu, et que Borovcanin se serait peut-être arrête pour
3 voir ce qui s'y passait ?
4 R. Oui, s'il y avait eu des tirs, comme différentes sources l'ont dit et
5 différents témoins l'ont dit, peut-être que je ne suis pas passé, à ce
6 moment-là, mais quand j'y suis passé, il y avait des tirs plus loin du
7 hangar pas dans le hangar qui était fermé. Mais il faut savoir que je ne
8 suis que témoin de ce moment-là, de ces trois secondes là.
9 Q. Merci.
10 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît, Monsieur
11 Karadzic.
12 Quant à savoir si vous vous souvenez de la position de la porte, était-elle
13 fermée ou ouverte ? Docteur Petrovic, on pourrait peut-être télécharger la
14 transcription. Est-ce que vous pourriez nous donner la cote, Monsieur
15 Nicholls ?
16 M. NICHOLLS : [interprétation] Il s'agit du compte rendu dans l'affaire
17 Popovic, P00375.
18 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, je donne la page du compte rendu
19 d'audience, 18808.
20 Je vous ai demandé si vous vous souveniez d'avoir vu des corps à l'époque,
21 devant cet entrepôt. Je vous ai posé la question par le truchement de M.
22 Nicholls.
23 Vous avez répondu de la manière suivante :
24 "Je n'ai pas pensé à cela, pas de cette manière-là, oui. Je l'ai vu en deux
25 secondes, et il fallait que je le filme tel que vous voyez par l'objectif
26 de la caméra mais ça n'a duré que deux secondes.
27 Donc je vous demande maintenant à la lumière de cela : Comment est-ce
28 que vous vous souvenez que la porte était ouverte ou fermée ?
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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Excellence, comme je l'ai déjà dit,
2 précédemment, je tenais une caméra, je regardais par l'objectif, et ça a
3 duré au plus, un, deux, trois secondes, pas plus. J'avais l'image d'un
4 endroit où des combats étaient en cours. Ça, c'est ce que j'ai vu par la
5 suite, en fait mes souvenirs datent plutôt du moment où j'ai monté les
6 images que du moment où j'ai fait l'enregistrement. Là, je me suis pas
7 rendu compte de tout ce qu'il y avait. Par exemple, le soldat -- la
8 présence du soldat, je n'ai pas remarqué cela, à ce moment-là; de toute
9 évidence, cependant, c'est ce qu'on voie sur mon enregistrement. On voit
10 que la porte est fermée, et l'on voit les corps.
11 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous remercie.
12 Vous pouvez continuer, Monsieur Karadzic.
13 L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci.
14 M. KARADZIC : [interprétation]
15 Q. Ensuite, le colonel Borovcanin est allé voir son combattant; est-il
16 exact de dire que les mains de cet homme portaient des traces de brûlure,
17 et il a été brûlé parce qu'il a touché un canon qu'on a utilisé, enfin d'un
18 fusil qu'on a utilisé pour tirer ?
19 R. Monsieur le président, si je me souviens bien, en fait je ne suis pas
20 rentré à l'intérieur, je me tenais à l'extérieur. Mais ce que j'ai entendu
21 dire, c'est qu'il avait des blessures aux mains. Je ne sais pas si ces
22 mains étaient coupées ou bien si c'étaient des brûlures. Dans tous les cas,
23 c'étaient des blessures graves.
24 Je pense que c'était plutôt effectivement des brûlures dues au contact avec
25 le canon.
26 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je voudrais 1D5636, s'il vous plaît.
27 Q. Un autre extrait de votre déposition. Vous avez déjà mentionné le
28 colonel Bunel, dans vos témoignages. S'agit-il un colonel de l'armée
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1 française, qui a été déployé dans les forces de l'OTAN et qui a critiqué
2 les bombardements lancés contre la Serbie. Il a été tenu responsable par la
3 suite d'avoir averti les Serbes des endroits qui allaient être pris pour
4 cible, dans ces bombardements ?
5 R. Oui, c'est le colonel Bunel. C'est un officier du renseignement
6 militaire de l'armée française, il s'est même retrouvé en prison pour avoir
7 fourni des informations aux Serbes, avant les bombardements, et avant cela,
8 il s'était trouvé déployer en Bosnie.
9 Je l'ai interviewé deux fois. Une première fois, alors que je ne savais pas
10 qu'il avait été déployé en Bosnie. Ça n'a pas fait l'objet de notre
11 entretien.
12 Puis, la deuxième fois, il m'a fait des choses étonnantes sur les Musulmans
13 reçus par les Américains ou pris par les Américains dans leur base de
14 Tuzla, plus ou moins plus tard. C'est ce qu'il a dit. Il faudrait lui poser
15 des questions là-dessus.
16 Q. Il vous a dit que quelques mois après la chute de Srebrenica, des
17 soldats musulmans se sont manifestés dans les bois, dans la base américaine
18 que les Américains les ont transportés aux Etats-Unis.
19 R. Oui, ça a été une déclaration tout à fait choquante pour moi, mais
20 personne n'a semblé s'en émouvoir, que ce soit en Serbie ou ailleurs.
21 Après, j'allais apprendre qu'en 1996, au milieu de l'année, en fait je
22 voulais dans la diaspora serbe faire un document là-dessus, je voulais
23 retrouver ces soldats qui sont arrivés aux Etats-Unis. Les Serbes ont
24 signalé qu'il y a eu en Virginie l'arrivée d'un grand groupe de ces
25 réfugiés de Srebrenica. Mais personne ne voulait que je fasse ce film.
26 C'était étonnant d'entendre une histoire pareille de la bouche d'un
27 officier du renseignement militaire, mais en fait, et que personne ne
28 souhaite en parler. Donc il y avait des combattants qui se sont cachés dans
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1 les bois, dans les montagnes, il y a eu des images, des images de ces
2 hommes épuisés. C'est un photographe de Tuzla en fait qui a pris des photos
3 de ces gens-là.
4 Q. [aucune interprétation]
5 L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-ce que nous pouvons verser cela au dossier.
6 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Nicholls.
7 M. NICHOLLS : [interprétation] Je dois dire que je ne vois pas
8 véritablement quelle est la pertinence de cette information, parce que ce
9 départ ou le fait que quelqu'un a été transféré aux Etats-Unis, en 1996 --
10 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que vous pouvez nous expliquer en
11 quoi cela est pertinent, Monsieur Karadzic ?
12 L'ACCUSÉ : [interprétation] Peut-être que nous pourrions retrouver leurs
13 noms sur les listes que de personnes portées disparues, alors qu'ils sont
14 en Virginie, à Salt Lake City ou ailleurs. Il y a des milliers de Musulmans
15 de Srebrenica qui s'y trouvent. Le colonel a vu plusieurs centaines de
16 combattants, plusieurs mois après la chute de Srebrenica. Il les a vus
17 émergés des bois.
18 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. Ce sera la pièce D2254, versé
19 au dossier. Veuillez continuer. Je vois l'heure, vous devriez conclure.
20 L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, Excellence, très brièvement, juste une
21 petite question avant ma dernière question.
22 M. KARADZIC : [interprétation]
23 Q. Donc vous avez dit que d'autres journalistes du studio B ont examiné
24 vos enregistrements, ont repris cela parfois en vous citant parfois sans
25 vous citer; alors est-ce que cela est inadmissible que d'autres
26 journalistes servent du travail qui vient d'un confrère ?
27 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Monsieur Nicholls.
28 M. NICHOLLS : [interprétation] Est-ce que je peux avoir la référence, s'il
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1 vous plaît.
2 Je me souviens qu'il a été question de gens qui l'ont aidé à monter
3 mais est-ce que je peux avoir la référence pour ces journalistes qui ont vu
4 les enregistrements pendant le montage. Je ne me souviens pas d'avoir
5 entendu cela.
6 L'ACCUSÉ : [interprétation] Aujourd'hui, aujourd'hui, je pense que le
7 témoin a dit qu'il était en colère parce qu'on n'a pas respecté ses droits
8 d'auteur, parce que Robert Block a vu ces images dans la salle de montage
9 du studio B, qu'il n'avait pas le droit de voir cela.
10 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Mais vous avez dit pendant le
11 montage : est-ce que M. Block a vu sa vidéo pendant le montage ?
12 LE TÉMOIN : [interprétation] Excellence, j'ai parlé de M. Block, et ce
13 n'est qu'en 2012 que j'ai appris, grâce aux textes du grand journaliste
14 américain, Michael Dobbs, ce détail-là, à savoir que Block a vu mes
15 enregistrements. Si on faisait cela à un grand journaliste international
16 comme Christiane Amanpour, par exemple, on serait rayé de la gente
17 journalistique. On ne pouvait plus travailler comme journaliste. Donc il
18 n'a pas posé la question et il a vu mes enregistrements sans avoir mon
19 autorisation.
20 M. KARADZIC : [interprétation]
21 Q. Vous connaissiez cette Unité spéciale, et vous dites que nous les
22 autorités, nous étions fiers de notre Unité spéciale; est-ce que vous nous
23 dites que c'était le cas parce qu'elle était très compétente, parce qu'elle
24 respectait les règles et les principes, ou bien est-ce que vous n'avez
25 jamais entendu parler de méfaits qu'ils auraient commis ?
26 R. Encore une fois, Monsieur le Président, d'après ce que j'ai pu
27 apprécier, et j'ai vu de nombreuses situations différentes, c'était une
28 unité militaire compétente, apte à combattre et courageuse. Rien ne ternit
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1 l'image de cette unité, jamais aucune mention de crimes.
2 Si tel n'avait pas été le cas je n'aurais jamais cité cette unité en
3 exemple, parce que je n'ai jamais cherché la compagnie de ceux qui ne sont
4 pas excellents. Christiane Amanpour a fait un reportage sur les Cygnes
5 noirs, j'ajoute, c'étaient des combattants islamiques. Elle a fait une
6 histoire, un récit très pro-Musulman, en citant en exemple leur allure,
7 leur aspect, et cetera, et j'ai voulu faire quelque chose de comparable.
8 Elle, elle a travaillé avec dix personnes, c'était très sophistiqué. Moi,
9 je n'ai eu que des moyens très modestes, mais j'ai voulu montrer ces
10 policiers professionnels qui avaient été des policiers professionnels de
11 carrière avant la guerre, et là, il n'y avait personne dont le passé aurait
12 été douteux, comme cela a pu être le cas dans d'autres unités, donc je suis
13 très fier d'avoir pu passer quelques instants en leur compagnie.
14 Q. Merci. Aujourd'hui vous nous avez dit que Block a diffusé un récit très
15 important sur Kravica et qu'il a parlé de génocide.
16 Alors, vous, vous connaissez la direction des Serbes de Bosnie, vous avez
17 la curiosité qui caractérise les journalistes, alors connaissez-vous ne
18 serait-ce qu'un seul responsable, un seul fonctionnaire serbe de Bosnie qui
19 aurait eu tendance ou qui aurait envisagé en théorie et encore moins, bien
20 sûr, en pratique aurait-il fait la disparition des Musulmans ?
21 R. Monsieur le Président, on sait que je suis intraitable quand il s'agit
22 de faire éclater la vérité. J'aurais été le premier, sans aucun doute, qui,
23 dans mes textes et dans ma prise de parole en public, vous aurait attaqué,
24 descendu comme on dit. Donc je ne suis pas quelqu'un qui réfléchit de cette
25 manière-là, et je pense que l'histoire corrigera toutes ces versions qui
26 circulent et que ce sera fait de manière officielle.
27 Q. Vous avez été impitoyable vis-à-vis du président Milosevic, n'est-ce
28 pas, pour ce qui est des questions qui portaient sur son respect de la
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1 démocratie, et cetera ? Vous l'avez beaucoup critiqué, n'est-ce pas ?
2 R. Oui. Surtout son épouse, qui a fait un grand tort à notre peuple. Et
3 d'ailleurs de manière objective, scientifique, on le voit grâce au livre
4 que je viens de publier à Paris.
5 Q. Docteur Petrovic, je vous remercie.
6 L'ACCUSÉ : [interprétation] Excellence, je vous remercie. Je n'ai plus de
7 questions.
8 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous remercie.
9 Monsieur Nicholls.
10 M. NICHOLLS : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.
11 Nouvel interrogatoire par M. Nicholls :
12 Q. [interprétation] J'ai quelques questions. Donc, pour commencer, M.
13 Karadzic a parlé du colonel Bunel en disant qu'il a été sanctionné. En
14 fait, il a été condamné pour trahison, n'est-ce pas ?
15 R. Monsieur Nicholls, oui, c'est exact. Mais de quelle trahison parlons-
16 nous, un ou deux ans plus tard Radio France internationale est la chaîne où
17 il diffuse, où il est l'auteur d'une émission régulière. Donc c'est une
18 radio officielle française, et c'est là qu'il a pu avoir un temps de
19 microphone. Donc c'est une situation, n'est-ce pas, un peu étonnante pour
20 quelqu'un qui a été condamné. Donc tout ce qu'il a fait, il a dû le faire
21 sur ordre venu du plus haut. Je pense que cela montre que les Français ne
22 se sont pas comportés aussi mal que les Américains et les autres pendant
23 ces bombardements. Et je pense qu'il a donné aux Serbes les informations
24 qu'il savait déjà sur les cibles futures.
25 Donc toute cette situation est un petit peu floue. Jamais n'a-t-on vu
26 quelqu'un condamné pour haute trahison se retrouver à avoir le droit de
27 diriger en fait une émission sur une radio officielle.
28 Q. Je reprends vos commentaires sur bin Laden, qui se serait trouvé en
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1 Bosnie et qui aurait rencontré le président Izetbegovic, je voudrais que ce
2 soit tout à fait clair. Donc vous avez appris cela d'une journaliste
3 allemande, elle vous a dit qu'elle n'a pas diffusé cela parce que personne
4 ne l'aurait prise au sérieux, que seul un fou l'aurait crue; exact ?
5 R. Ecoutez, avec une petite correction. Que lui semblait plutôt comme un
6 fou qui était habillé en blanc, les vêtements salafi, donc c'était lui qui
7 dégageait, qui donnait cette impression-là. Mais elle, elle écrivait pour
8 "Spiegel," qui est une publication très respectable. Donc c'est elle qui a
9 pris ses décisions. Donc ça me semblait impossible qu'elle n'écrive pas
10 cette histoire. Quelle journaliste serait-elle de ne pas essayer de publier
11 ? Mais je pense que c'est sa rédaction qui a dû décider de ne pas diffuser,
12 parce qu'il faut savoir qu'à Bihac, lorsqu'il y a eu cette grande
13 présentation des forces musulmanes, les Allemands sont venus assister, ils
14 étaient présents. Nous avons des photographies montrant que c'étaient des
15 alumnis d'Afghanistan. Moi-même, j'aurais certainement publié cela.
16 Je pense que c'est simplement la politique éditoriale qui a fait
17 qu'ils ne voulaient pas publier cet article.
18 Q. Très bien. Revenons sur certains points dont il est question
19 aujourd'hui, en particulier vous avez dit aujourd'hui que M. Borovcanin ne
20 se serait pas fait accompagner de la journaliste si ce plan de tuer des
21 gens avait exister, donc de commettre des crimes, et vous avez dit que M.
22 Borovcanin vous faisait confiance ?
23 R. Oui.
24 Q. Je voudrais que l'on diffuse une vidéo du 14 juillet.
25 P00667, cela vient de vos rushs. Donc nous commencerons à 25:55.
26 [Diffusion de la cassette vidéo]
27 M. NICHOLLS : [interprétation] Arrêtez.
28 Q. A 26:07:1, nous avons fait un arrêt sur image.
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1 Donc si vous vous souvenez, dans le documentaire du Studio B, cela se situe
2 juste après la scène qui se situe devant l'entrepôt de Kravica; vous vous
3 en souvenez ?
4 R. Oui.
5 Q. Continuons. Continuons avec les rushs.
6 [Diffusion de la cassette vidéo]
7 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]
8 "Je ne sais pas cela. Une mosquée en préfabriqué. On dirait du style
9 arabe. Oui, oui, n'est-ce pas ? Mais ça, ce n'est pas l'Europe. Nique leurs
10 mères. Regarde tout ce qu'ils nous ont apporté, la peste. Voyons cela."
11 [Fin de la diffusion de la cassette vidéo]
12 M. NICHOLLS : [interprétation]
13 Q. Vous avez parlé de ces scènes précédemment. Maintenant je vous
14 interroge donc sur le fait que M. Borovcanin vous faisait confiance. Donc
15 vous dites que vous dites des Musulmans nique leurs mètres, ces emmerdeurs,
16 vous vous moquez des destructions que vous voyez autour. Vous dites : Mais
17 regardez ce qui nous ont apporté la peste, et cetera.
18 Est-ce que M. Borovcanin, lui aussi, pensait que les Musulmans devaient
19 être considérés dans ces termes-là ? Est-ce que cela fait partie de cette
20 proximité que vous sentez avec lui ?
21 R. Monsieur Nicholls, c'est une situation de guerre, vous vous rapprochez
22 de ceux avec qui vous vous trouvez en compagnie. Vous feriez la même chose.
23 Je ne vois pas pourquoi on attache une telle importance au vocabulaire, ce
24 vocabulaire n'est absolument pas approprié à une situation ordinaire, donc
25 les mots le montrent. Je ne suis pas un ami d'enfance de M. Borovcanin, je
26 l'ai rencontré par deux fois pendant la guerre précédemment. Ça, c'est la
27 troisième fois, je ne le connaissais pas d'avant très bien. Mais dans la
28 vallée de la Baka, le Hezbollah a recouvert la ville entière d'"alkocia" et
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1 de scènes de leur histoire islamique. Donc je suis dans une voiture et
2 c'est un échange qu'on a pendant qu'on avance vers Srebrenica, c'est entre
3 Bratunac et Srebrenica. Ce sont des phrases que j'ai prononcées que je
4 n'aurais jamais évidemment prononcées dans une situation ordinaire, mais je
5 n'y ai attaché aucune importance, la preuve, vous avez cela. Cela me
6 discrédite, mais j'ai voulu préserver l'authenticité de la situation, et
7 d'ailleurs ça n'a aucun intérêt pour le Tribunal. Ça n'a aucune pertinence,
8 ça me regarde.
9 Q. Je vous remercie. Cela m'aide un peu mieux à comprendre.
10 Donc lorsque vous vous exprimez de cette manière-là, en fait, vous vous
11 adaptez à la situation dans laquelle vous vous trouvez avec M. Borovcanin,
12 et c'est le lendemain des meurtres de l'entrepôt de Kravica, donc, en fait,
13 vous vous mettez sur la même longueur d'onde avec M. Borovcanin ? C'est de
14 cela. C'est la raison pour laquelle vous dites qu'ils sont la peste et que
15 vous dites ils niquent leurs mères ?
16 R. Ecoutez, cela n'a rien à voir avec la tradition chrétienne européenne
17 ce que j'ai vu, j'ai pensé aux choses qui nous sont arrivées du Proche-
18 Orient, du Moyen-Orient. Ce que je voulais dire, c'était que ce sont des
19 souvenirs que j'avais du moment où je me suis trouvé détenu en Liban, et
20 j'ai vu des tags partout sur des murs, et cetera, donc je pensais à ça.
21 Puis l'ex-époux de Matasa Kandic a dit à un moment : Nous ne voulions créer
22 aucun problème, et toi tu as prononcé ces mots injurieux. Il a dit
23 exactement la même chose que vous êtes en train de dire maintenant.
24 Cet homme qui a dit cela c'est quelqu'un qui fait partie d'une triste
25 histoire. Et il a pris mes images pour l'agence Sense sans me poser la
26 question, et il m'a signé en tant que caméraman de Sense, et il m'a dit
27 exactement la même phrase il y a peut-être six mois ou un an dans les rues
28 de Belgrade, et je suis vraiment étonné de voir ces mêmes propos revenir de
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1 vous maintenant.
2 M. LE JUGE BAIRD : [interprétation] Monsieur Petrovic, je voudrais être sûr
3 d'un point : M. Nicholls vous a posé, entre autres, une question et il y a
4 une partie de sa question à laquelle vous n'avez pas répondu, est-ce que
5 vous pouvez répondre ?
6 Donc est-ce que M. Borovcanin, lui aussi, pensait qu'il fallait niquer la
7 mère des Musulmans, que c'étaient des fils de putes ? Est-ce que vous
8 pouvez nous répondre ?
9 LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'ai pas du tout le transcript, il ne
10 s'affiche plus à l'écran.
11 Excellence, si mes souvenirs sont bons, M. Borovcanin, à l'époque colonel,
12 il est général aujourd'hui, à aucun moment ne s'est montré hostile vis-à-
13 vis les Musulmans. Il a été enseignant à l'école ou professeur de par le
14 passé, je n'ai jamais entendu dire quoi que ce soit de mal, je ne parle pas
15 seulement de ces images aussi de cette vidéo, mais je parle des deux ou
16 trois occasions où j'ai passé du temps avec lui brièvement. Donc ce n'est
17 pas quelqu'un qui avait l'habitude de réagir de cette manière-là. Donc,
18 ici, je n'ai pas bien réagi, j'avais comme référence la vallée de la Beqaa,
19 il m'a semblé que ça c'est importé en Bosnie-Herzégovine, peut-être ai-je
20 mal réagi. Mais Ljubisa Borovcanin n'aurait jamais prononcé une telle
21 phrase en ma présence. Je ne m'en souviens pas.
22 M. LE JUGE BAIRD : [interprétation] Oui, Monsieur Nicholls.
23 M. NICHOLLS : [interprétation] Merci.
24 Q. Donc vous avez parlé de la vallée de la Beqaa, et il vous a semblé voir
25 cette situation se répéter en Bosnie-Herzégovine. Dans l'affaire Tolimir,
26 T14456, page de compte rendu d'audience, on vous a interrogé sur ce style
27 arabe, et vous avez donné quelques détails sur ce que vous avez pu voir des
28 inscriptions sur les murs des maisons. Donc vous semblez parler de
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1 Srebrenica à ce moment-là, et c'est quelque chose que vous avez filmé;
2 exact ? Vous avez parlé de ce que vous avez vu ?
3 R. Effectivement, Monsieur Nicholls, et d'ailleurs, dans la vidéo, je
4 parle à un ancien combattant qui rentre chez lui, il se trouve sur le
5 balcon, sur une terrasse qui est au premier étage, et je crois que la
6 caméra fait un gros plan sur des inscriptions qui se trouvent sur les murs
7 et qui ressemblent comme deux gouttes d'eau à ce que l'on voit chez le
8 Hezollah.
9 Q. Vous avez dit que M. Borovcanin n'aurait jamais dit quelque chose de ce
10 genre, et vous parlez de ce style arabisant, et M. Borovcanin dit : Oui,
11 oui, oui.
12 Donc vous étiez d'accord avec lui, n'est-ce pas ?
13 R. Monsieur Nicholls, vous m'en demandez trop après tant d'années. Je ne
14 me souviens pas qu'il ait participé si activement à cette conversation.
15 C'est ainsi que je voyais les choses : c'était le Moyen-Orient qui arrivait
16 chez nous. C'était comme le "Printemps arabe" sur le territoire serbe 20
17 ans auparavant.
18 Q. Très bien. Est-ce que l'on pourrait maintenant passer à la pièce P194.
19 Il s'agit en fait de votre article.
20 Ce que vous mentionnez, c'est donc lié au même sujet dans cet article, vous
21 dites que personne n'a dit quoi que ce soit de méchant. Rien n'a été dit
22 qui pourrait être désobligeant à l'encontre des Musulmans. Vous n'avez pas
23 entendu de propos désobligeants ou abusifs, enfin quelque chose de ce
24 genre.
25 Est-ce que l'on pourrait passer à la page 7 en anglais, ou 6 - excusez-moi
26 - et on devrait être à la page 3 dans l'original en serbe. En bas de la
27 page, en version anglaise, je vais donc en donner lecture :
28 "Les démographes seront certainement intéressés par des données faisant
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1 état du fait qu'il y avait 10 000 enfants parmi les réfugiés. Sur cet
2 effectif, 8 000 avaient moins de 3 ans. C'étaient les enfants de la guerre,
3 comme ils les appelaient. Vous savez, c'était le travail exact de leurs
4 hodzas, alors qu'ils aillent se faire foutre. Qu'on les encercle avec
5 aucune nourriture, ils se plaignent constamment, mais en même temps, ils
6 font des enfants; est-ce normal ?"
7 Et cetera, et cetera.
8 Puis ensuite, vous avez une autre citation :
9 "Ils avaient créé un autre corps dans le centre de Srebrenica qu'ils vont à
10 nouveau attaquer dans les 15 ou 20 années à venir. Ils auront créé, donc,
11 un autre corps. Donc, il vaut mieux les tenir à distance. Qu'ils aillent se
12 faire foutre. On peut voir, d'ailleurs, qu'à Potocari, de prime abord,
13 toute femme a une colonie de gamins qui est pendue à ses basques."
14 C'est une citation de Jevic, n'est-ce pas ? Mais il s'agit de vos propos;
15 est-ce que vous pourriez l'expliquer ?
16 R. [aucune interprétation]
17 M. LE JUGE KWON : [aucune interprétation]
18 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur Nicholls, je crois que cet article,
19 qui est distinct de mon rapport de télévision où il est fait état que je
20 n'ai pas vraiment fait un bon travail en tant que caméraman, est une des
21 meilleures illustrations de l'atmosphère qui régnait à l'époque. Je ne
22 pense pas que qui que ce soit ne devrait me donner de leçons sur la manière
23 dont on relate des événements de ce genre. Vous avez raison, ce ne sont pas
24 mes propos, mais ils reflètent l'atmosphère. Je me souviens d'une femme qui
25 était à bord d'un bus et qui prononçait des propos très intéressants.
26 Mais je voudrais vous rappeler quelque chose. Si vous avez un problème au
27 niveau de cette citation concernant le nombre d'enfants important, M. Vance
28 du département d'Etat disait qu'il y avait au total 40 000 personnes à
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1 Srebrenica, et au moins 10 000 étaient armées. Ceci est important pour un
2 démographe, cela. Mon objectif n'était pas, en fait, d'enrober ce que les
3 gens disaient. J'étais journaliste, vous savez. Donc, ce qui se plaçait,
4 c'était en fait un conflit de civilisations entre les Chrétiens et les
5 Musulmans. Dans la même situation, si je me retrouvais dans cette
6 situation, je rédigerais le même type de rapport parce que mon rôle était
7 de faire état de ce qui se passait.
8 M. NICHOLLS : [interprétation]
9 Q. Est-ce que vous pouvez répondre à la question ? Il s'agit d'une
10 citation de Dusko Jevic, n'est-ce pas ?
11 R. Oui, c'est ainsi que ce monsieur s'est présenté, mais je ne l'ai jamais
12 revu.
13 Q. Est-ce que c'était un subordonné de Borovcanin au sein de la police
14 spéciale ?
15 R. Je ne peux répondre qu'en termes de probabilités. S'il faisait partie
16 de l'Unité spéciale du MUP, il en faisait partie, parce que Borovcanin
17 était à l'époque l'officier de police le plus haut gradé.
18 Q. Consultez la page 2 en anglais. C'est la page 1, en serbe.
19 Vous avez son nom en caractère gras : "Dusko Jevic et ses forces spéciales
20 donnaient également de la nourriture;" est-ce que cela vous aide à vous
21 souvenir de cela ?
22 R. Quelle est la question ?
23 Q. Est-ce que cela vous aide à vous souvenir que Dusko Jevic était membre
24 de ces forces spéciales de police ?
25 R. Oui, oui.
26 Q. Alors, maintenant, ce commentaire sur la manière dont les Musulmans -
27 enfin, je ne sais pas vraiment comment m'exprimer - faisaient trop de
28 gamins, d'après Dusko Jevic, et "il vaut mieux les venir à distance, qu'ils
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1 aillent se faire foutre."
2 Est-ce que ceci correspond à ce que vous avez dit à M. Karadzic, à savoir
3 que rien n'émanait de la mauvaise volonté ? Est-ce que ça semble des propos
4 amicaux ? Je voudrais que vous nous expliquiez -- empreints de compassion ?
5 R. Cette situation est un peu différente parce que cet homme sur le
6 terrain avait déjà combattu pendant une semaine, à ce moment-là, et tout ce
7 que j'ai vu, c'était en fait des troupes qui étaient totalement épuisées.
8 Ce n'est pas quelque chose que l'on peut ensuite répercuter aux dirigeants
9 ou à M. Karadzic. Donc, je ne faisais que consigner ce qui sortait de la
10 bouche de ces gens, compte tenu de la situation. Il est important de se
11 souvenir quels étaient les sentiments qui étaient les leurs à l'époque,
12 parce que la guerre est quelque chose d'horrible. Durant une guerre, toutes
13 sortes de propos sont prononcées. Je ne ovulais pas pratiquer
14 l'autocensure. Si j'avais simplement omis de citer ces passages, on ne
15 pourrait pas avoir cette conversation. Donc je faisais simplement état des
16 sentiments des Serbes, et vous verrez donc beaucoup de mes documents que
17 beaucoup d'Européens ou d'Américains ont du mal à entendre certains propos,
18 des gens qui n'ont jamais vécu la guerre. Mais mon métier était de faire
19 état de ce qui se passait au niveau des combats pendant une guerre, et cet
20 homme était tout à fait conscient que des combats continueraient à faire
21 rage, parce que les Musulmans ne s'étaient pas rendus, et M. Karadzic et
22 d'autres pourront confirmer que des combats très durs ont continué à faire
23 rage. On ne sait pas beaucoup de choses à ce sujet et seulement maintenant,
24 on voit resurgir certaines informations à ce sujet.
25 J'essayais simplement de documenter tout ce que j'entendais. Si j'avais su
26 que vous me poseriez ce genre de questions, je vous aurais également
27 présenté des rapports concernant Israël et concernant la Palestine et ce
28 que les Palestiniens et les Israéliens disent les uns des autres et comment
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1 ils communiquent. Je sais que ceci a des conséquences sur vous et sur toute
2 l'équipe, mais c'est ce que j'ai entendu, mais je l'ai entendu dans le
3 contexte d'une guerre, pas dans les rues de Paris. J'essayais de relater
4 l'aspect humain de ce qui se passait et de ne pas utiliser quelque filtre
5 ni prisme que ce soit.
6 Q. Vous avez donc relaté les propos d'autres personnes, ce n'étaient pas
7 vos propres sentiments, c'est ce que vous nous dites ici, n'est-ce pas ?
8 R. Vous voyez que 90 % du texte est en fait une citation, mis à part le
9 fait que je n'ai pas cité ceci entre guillemets. Beaucoup de ces phrases en
10 est une histoire parce que ce serait, sinon, un monologue.
11 Q. Je ne vais pas aborder certains points pour accélérer les choses.
12 Mais on voit qu'on parle ici de bacon sur une plaque chauffante ou slamina.
13 Mais on voit qu'il est mentionné, ici, l'odeur de bacon dans les murs
14 apparemment. Vous avez parlez donc de porc et de mouton; qu'est-ce que cela
15 signifie d'avoir des porcs dans les murs ?
16 R. Je ne sais pas vraiment comment vous faire comprendre cela. J'ai essayé
17 de le faire dans la première partie de ma déposition lorsque j'ai parlé de
18 cela à M. Karadzic.
19 Je vais vous donner un exemple. Je viens d'une partie de la Serbie, en fait
20 je suis né à Belgrade pour commencer, mais dans le village d'où viennent
21 mes parents, les gens mangent principalement du cochon mais, quelquefois,
22 mes parents apportaient un mouton rôti à Belgrade. Mais, par exemple, ma
23 sœur, ma sœur qui d'ailleurs a décédé depuis, ne voulait jamais manger
24 cela. C'est ainsi que l'on a grandi.
25 Donc ces anecdotes concernant les moutons et les cochons, c'était un
26 endroit où les réfugiés avaient vécu pendant trois ans et c'est en fait une
27 odeur très différente. Tout Musulman en Bosnie vous dira qu'ils ont la
28 même--le même sentiment négatif vis-à-vis du porc ou du cochon. Peut-être
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1 que ce n'est pas très politiquement correct de dire cela mais c'est la
2 vérité. C'est, comme je le disais, un conflit de civilisations. Une
3 civilisation préfère le cochon et l'autre préfère le mouton. Si vous
4 connaissiez bien ceci, si vous étiez un sociologue, si vous connaissiez
5 bien cette région, vous n'auriez pas besoin d'autant d'explications. Vous
6 remarqueriez immédiatement cela. Dès que je vais à Sarajevo, moi, je mange
7 du mouton. C'est ce que je fais. Mais cet homme revenait dans la maison qui
8 était la sienne avant la guerre et elle sentait le mouton. Je parlais ici
9 de réalité, je n'inventais rien, et ceci permet d'avoir une meilleure
10 impression de ce qui s'est passé pendant la guerre. C'est ne représentation
11 sociologique de ces événements.
12 Q. Je voudrais maintenant me concentrer sur une autre partie de l'article
13 où vous parlez du fait que c'est la réalité et que rien n'est inventé.
14 C'est à la page 3 en anglais, et la page 2 en bas de la page, en serbe :
15 "Il semble que les premiers pourparlers concernant l'élimination finale de
16 l'enclave de Srebrenica la possibilité de libérer un certain nombre de
17 brigades qui étaient prises dans l'enclave par l'armée d'Oric avaient
18 commencé au début de l'année. Le commandant suprême de la RS, dirigé par le
19 président Karadzic avec Mladic, Milovanovic, Gvero, et cetera, avec
20 d'autres dirigeants politiques de ce que l'on "appelle la Republika
21 Srpska". Mais ceci donc a été mentionné par la presse étrangère mais
22 également par un certain--dans la presse de Belgrade, et cetera, et
23 cetera."
24 Puis, dans le paragraphe suivant, on parle -- il est mentionné que Mladic
25 avait obtenu le feu vert. Qui vous a informé de cela ?
26 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je pense que le témoin devra
27 probablement consulter le paragraphe suivant en B/C/S.
28 M. NICHOLLS : [interprétation]
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1 Q. D'où avez-vous obtenu l'information ? Qui vous a parlé de ces projets ?
2 R. Je ne peux pas citer de noms mais un certain nombre de ces officiers
3 qui étaient sur le terrain à l'époque, y compris Borovcanin, m'ont parlé de
4 certaines choses. Mais j'ai glané des informations ici et là et cet article
5 a été publié le 21 juillet. Lorsque j'ai terminé le montage de ma vidéo,
6 j'ai pu me consacrer beaucoup plus à cela pour parler de la chronologie des
7 événements. Bien sûr, je n'étais pas à Pale, et d'ailleurs, il y a même une
8 erreur ici quant à la composition de ces unités. J'avais une information
9 erronée, parce que le général Gvero ne faisait pas partie de ce groupe, et
10 je ne peux pas vous donner le nom de toutes mes sources mais, vous savez,
11 il s'agit de sources habituelles par les journalistes qui vous permettent
12 d'avoir une vision globale de la situation parce qu'une opération militaire
13 unique ne peut pas être planifiée en l'espace de trois jours.
14 C'est un article qui a été publié très rapidement à la fin du mois de
15 juillet. Si ça avait été rédigé en 2006, ça aurait été différent. Peut-être
16 que j'ai fait quelques erreurs au niveau des détails mais je ne peux pas
17 vous donner les noms. Mes sources étaient des militaires, bien sûr, mais
18 également des analystes de Belgrade et d'ailleurs. Il y avait beaucoup de
19 personnes qui suivaient de près ces événements, à savoir ce qui se passait
20 à Srebrenica.
21 Q. Je vais passer à autre chose. Dans votre entretien avec moi de 2006,
22 pages 115 et 116, vous avez expliqué comment apparemment les dirigeants
23 bosno-serbes avaient vu le documentaire de Studio B, avait demandé une
24 copie qui avait été envoyée par bus et leur réaction était que c'était très
25 positif et que c'était une vidéo qui représentait bien les deux points de
26 vue. Vous avez également dit dans l'entretien que Krajisnik l'avait vu.
27 Donc ma question est de savoir si vous vous souvenez maintenant et si vous
28 avez des détails, est-ce que vous vous souvenez donc si des dirigeants
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1 bosno-serbes avaient donc approuvé votre documentaire ?
2 Si vous ne vous en souvenez pas, ce n'est pas un problème. Mais je
3 veux savoir si vous vous en souveniez.
4 R. Je suis tout à fait disposé à vous aider. Ne vous méprenez pas. Je
5 réfléchis. Studio B, c'est &&&&& une télévision qui ne diffusait que dans
6 la ville, à Pale, on ne pouvait pas voir ça. Donc c'est probablement
7 quelqu'un de Republika Srpska qui était basé à Belgrade, et qui avait vu
8 cela, et qui avait relaté ceci aux gens qui étaient à Pale.
9 Je ne me souviens pas, même si j'avais donc eu un entretien avec M.
10 Krajisnik, comme j'avais d'ailleurs interviewé d'autres dirigeants, mis à
11 part Mladic, c'est le seul que je n'ai jamais interviewé. Et ils ont dit
12 que les journalistes du cru ou des journalistes étrangers basés à Belgrade
13 avaient des proches contacts avec les dirigeants. Je suppose que ce sont
14 eux qui me l'ont dit, un des journalistes me l'a dit. Je sais que ce n'est
15 pas eux qui me l'ont dit directement, et nous leur envoyons cette vidéo par
16 bus. Zoran Zaharijevic [phon] était impliqué dans cela. Mais il n'aurait
17 pas pu voir cette vidéo à la télé, il n'aurait pas pu voir ceci avant que
18 nous leur envoyions un exemplaire par bus, ils n'ont pas pu voir ceci par
19 satellite.
20 Q. Est-ce que quelqu'un au sein des dirigeants Bosno-Serbes vous a dit :
21 Nous avons vu votre documentaire, il y a en amas de corps devant un
22 entrepôt, est-ce que vous pouvez nous en dire plus ? Est-ce que vous savez
23 ce qui s'est passé ? Nous sommes préoccupés par cet amas de corps que l'on
24 voit dans votre documentaire.
25 R. Je ne m'en souviens pas, Monsieur Nicholls. Je me souviendrais si
26 c'était M. Krajisnik ou M. Karadzic qui avait dit cela. Personne ne m'a
27 contacté directement. Donc c'est probablement par le truchement d'autres
28 collègues journalistes qu'ils m'ont fait connaître leur réaction. Ou alors
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1 c'était peut-être eux qui ont appelé Studio B. Je ne sais pas. Je n'étais
2 pas un salarié de Studio B. Donc je ne travaillais pas sur place, j'étais
3 un leurs correspondants.
4 Q. Est-ce que vous connaissez Dragan Cicic ?
5 R. Je sais de qui il s'agit, c'était un journaliste pour le magazine
6 "Nin." C'était un hebdomadaire serbe très connu. Ce n'était pas un
7 journaliste de carrière, il est arrivé de nulle part, il a commencé à
8 écrire des articles pour le magazine "Nin." Je ne lui ai jamais parlé en
9 personne. Nous nous disions simplement bonjour lorsque nous nous croisions.
10 Q. Merci. Vous avez proféré des accusations assez graves contre Robert
11 Block. Vous avez dit que c'était un menteur, et cetera.
12 R. Block.
13 Q. Block, oui.
14 R. Est-ce que c'est Cicic qui l'a appelé un menteur, ou est-ce que c'est
15 moi qui ai dit que c'était un menteur.
16 Q. C'est vous qui avez dit que Robert Block était un menteur, dans le
17 prétoire aujourd'hui.
18 R. C'est exact.
19 Q. J'aimerais savoir si vous avez parlé à M. Block ou à Dragan Cicic,
20 après la diffusion du documentaire par Studio B, et après que M. Block ait
21 publié son article. Vous avez dit que - et vous étiez en colère - vous avez
22 dit qu'il n'avait aucun droit d'utiliser le contenu de votre vidéo, et que
23 ça vous avait causé des problèmes au niveau des autorités de la Republika
24 Srpska. Ce qui est tout à fait contraire à ce que vous venez de dire, à
25 savoir qu'ils étaient satisfaits du contenu de ce documentaire.
26 R. Je vous prie de m'excuser d'avoir rigolé. Je devrais souffrir d'amnésie
27 aigue pour accepter ceci. Ce qui est intéressant, c'est que Cicic fasse son
28 apparition dans cette histoire parce que Block était accompagné de
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1 Grubacic. Ça, c'est la première chose qui est étrange, c'est le premier qui
2 a pris connaissance de ce que j'avais publié après avoir lu Michael Dobbs,
3 l'article que j'ai mentionné dans le magazine "Foreign policy". Je ne me
4 souviens pas lui avoir parlé. Comme je disais, si nous nous disions juste
5 bonjour, j'ai peut-être oublié, mais si nous avions eu une longue
6 discussion, je ne vois pas comment j'aurais pu oublier cela. Est-ce que
7 vous pouvez vous imaginer que je dise à un journalise étranger que Karadzic
8 et son équipe étaient en colère à mon endroit ? Je continue à avancer que
9 ceci est monté absolument de toutes pièces. Je n'avais aucune raison
10 d'avancer qu'il n'était pas en ma présence, s'il l'avait été. Je n'avais
11 même besoin de mentionner les contacts que j'avais avec lui à Bratunac.
12 Mais je ne me souviens absolument pas de l'avoir vu à Belgrade, c'est la
13 raison pour laquelle je l'ai qualifié de menteur, parce que dès que
14 quelqu'un s'approprie quelque chose qui ne lui appartient pas, c'est à la
15 fois un menteur et un voleur.
16 Q. Et vous êtes sûr que vous avez vu Robert Block à Belgrade. Je vous
17 demande cela parce que -- je vous prie de m'excuser, à Bratunac. Parce que
18 dans sa déposition, il dit qu'il n'avait jamais traversé la Drina, il
19 n'était jamais allé en Republika Srpska, et qu'il n'avait pas été en mesure
20 d'aller à Bratunac, même s'il avait essayé. Est-ce que vous l'avez vraiment
21 vu à Bratunac, ou est-ce que vous pensez que vous vous trompez ?
22 R. Je suis formel, il était à Bratunac, mais il n'avait pas traversé la
23 Drina pour arriver à Bratunac, comme je l'avais fait. Il avait été présent
24 pendant un certain temps avec Grubacic, il pourra le confirmer s'il est
25 honnête. Ils venaient du territoire de Republika Srpska, mais ils ne
26 venaient pas de la Serbie. Ça, c'est la première chose qu'il a dite et qui
27 est inexacte. C'est ce qu'il m'a dit. Il m'a expliqué qu'il avait voyagé à
28 travers la Bosnie, et qu'il arrivait sur place pour voir ce qui se passait.
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1 C'est ce qu'il m'a dit. Il était accompagné de quelqu'un qui faisait office
2 d'interprète, et en même temps il a glané des témoignages.
3 Tout d'abord, Block n'est jamais comparu ici avant que je l'aie mentionné,
4 et ces articles commençaient à être publiés le 16 ou le 17 juillet. Et ça a
5 été considéré comme un moment très important pour tous les autres
6 journalistes qui étaient présents à Srebrenica, à savoir que 500 ou 600
7 personnes avaient été tuées dans un établissement scolaire à Bratunac, et
8 une personne normale n'aurait pas pu inventer ceci, ni l'écrire, peut-être
9 qu'il a peut-être pas dit 1 500, mais il a dit des centaines. Je l'ai vu à
10 Bratunac, quelqu'un me l'a présenté, et même Ljubisa Borovcanin l'a salué.
11 Je ne me souviens pas qui l'accompagnait. Mais nous étions quatre dans la
12 rue à Bratunac.
13 Pourquoi Bradislav Grubacic aurait été présent à ce moment-là ? Il avait un
14 magazine qui s'appelait "VIP," et il était une source très respectée de
15 Serbie pour les journalistes étrangers, et il avait beaucoup d'expérience
16 dans le domaine de la politique, mais il était sur place parce qu'il
17 accompagnait en tant que journaliste ce journaliste étranger. Pourquoi
18 aurais-je inventé la présence de Block là-bas, parce que j'ai été surpris
19 de le voir là-bas il était Anglais ? Je voudrais rajouter une dernière
20 chose. Il aurait pu être sur place que s'il avait eu des contacts au sein
21 du régime à Belgrade. Quelqu'un a dû intervenir auprès de l'armée,
22 intercéder de façon à ce qu'il puisse traverser le territoire. C'est le
23 seul moyen qui lui permettait de vaquer sans être accompagné. Il n'avait
24 personne de l'armée. Il y avait que Grubacic, personne ne le surveillait au
25 niveau de l'armée.
26 Q. Etait-ce un journaliste anglais ?
27 R. Quand je dis "anglais", je fais référence aussi aux Américains. Je dis
28 anglais de façon générale, parlant anglais. Peut-être que c'était un
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1 Américain qui travaillait pour "The Independent."
2 Q. Je vais vous poser une question avant de lever la séance --
3 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Parce que vous en avez encore ? Vous
4 avez encore des questions ?
5 M. NICHOLLS : [interprétation] Oui, encore quelques questions.
6 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. Nous allons prendre la pause
7 à présent, et nous allons reprendre nos travaux à 1 heure 30.
8 L'ACCUSÉ : [interprétation] Puis-je proposer que la pause soit plus brève,
9 puisque moi je n'ai besoin que de dix minutes de sorte que nous puissions
10 terminer plus tôt aujourd'hui.
11 M. NICHOLLS : [interprétation] Vous savez, on a déjà entendu M. Karadzic
12 nous dire qu'il n'avait besoin que de très peu de temps, et puis finalement
13 cela ne s'est pas toujours avéré être vrai. Je me sentais obligé de vous le
14 dire.
15 [La Chambre de première instance se concerte]
16 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Nous allons reprendre nos travaux à 1
17 heure 30.
18 --- L'audience est suspendue pour le déjeuner à 12 heures 34.
19 --- L'audience est reprise à 13 heures 31.
20 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Monsieur Nicholls, vous pouvez
21 poursuivre.
22 M. NICHOLLS : [interprétation] Merci.
23 Q. Docteur Petrovic, je vais m'efforcer de terminer le plus rapidement
24 possible. Je vais vous poser encore une question au sujet de la déclaration
25 de M. Block. Il n'a pas publié ça dans aucun article, mais cette
26 déclaration qu'il vous a dite, à savoir que le président Karadzic était
27 très en colère à cause de la vidéo, là, je parle de la vidéo du Studio B.
28 Vous rigolez.
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1 R. Oui, c'est ma réponse.
2 Q. Eh bien, moi je vais vous poser la question quand même.
3 Je vais demander de voir la pièce 1D5116. C'est un document de la
4 Défense, Docteur Petrovic. Il a été utilisé au moment de la déposition de
5 M. Block, qui a déposé en l'espèce. C'est un courriel de Dragan Cicic,
6 envoyé à M. Robinson. Donc, c'est l'avocat qui aide M. Karadzic. Donc, M.
7 Robinson lui pose la question, on le voit au deuxième paragraphe :
8 "Une question s'est posée dans l'affaire Karadzic au sujet de votre visite
9 avec Robert Block à Zoran Petrovic-Pirocanac à son appartement après que
10 vous et M. Block avez revu la vidéo du mois de juillet".
11 Et on voit la réponse :
12 "Je me souviens que M. Petrovic-Pirocanac a dit qu'il avait des problèmes
13 avec les autorités de la Republika Srpska à cause de sa vidéo.
14 "Je ne me souviens pas s'il avait mentionné M. Karadzic par son nom
15 de façon spécifique, mais il est vrai, cependant, qu'à l'époque, j'ai pensé
16 qu'il pensait à tout le peuple qui faisait partie de la direction de la
17 Republika Srpska".
18 Donc, est-ce que maintenant votre mémoire est rafraîchie ? Est-ce que vous
19 êtes d'accord pour dire qu'en fait, vous pensiez que tous les dirigeants de
20 la Republika Srpska étaient en colère ? Ou bien est-ce que vous pouvez tout
21 simplement nous faire part de votre commentaire par rapport à ce que dit
22 Dragan Cicic ici ?
23 R. Tout d'abord, moi je n'habite dans aucun appartement. J'habite dans une
24 maison qui est à 22 kilomètres de Belgrade. Parce que je ne sais pas si
25 vous m'avez demandé quelle était l'adresse de mon "appartement", mais c'est
26 un détail qu'il serait intéressant de connaître pour vous en tant
27 qu'enquêteur.
28 Ensuite, je me souviens d'un autre homme qui n'a jamais été mentionné, et
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1 je l'ai déjà mentionné. Il vient du "Toronto Star" ou un autre quotidien du
2 Canada. Son nom de famille est Schiller. C'est qu'il est très intéressant,
3 parce que je me souviens qu'il m'avait raconté qu'il était avec Naser Oric
4 à Srebrenica et qu'il a vu des têtes coupées des Serbes, en train de rouler
5 telles que balles. Et j'étais là, il était avec moi, et il m'a regardé en
6 train de monter cette émission. Il ressemblait à un acteur américain avec
7 des cheveux gris. En tout cas, il s'appelle Schiller. Et en ce qui concerne
8 Block, eh bien, vous savez, cela me fait penser à l'histoire de ce
9 journaliste hollandais qui est venu me voir, qui m'a embêté avec des images
10 avant montage parce qu'il voulait absolument obtenir des informations car,
11 soi-disant, ma vidéo avait disparu entre-temps. Donc, c'est dans ce
12 contexte-là que vous pouvez retrouver Block. Et maintenant, vous venez avec
13 cette histoire de Cicic, mais je vous garantis qu'il ne sait même pas où
14 j'habite. Je suis sûr qu'il n'est jamais venu chez moi et il ne sait pas où
15 j'habite. Parce qu'il parle d'un appartement, mais quel appartement ? Moi,
16 j'habite dans une maison dans un village. Et vous savez, ce n'est pas un
17 bon témoin que vous avez là. Il n'est pas fort fiable. Moi, je n'ai caché
18 aucun détail jusqu'à présent. Je ne vois pas pourquoi un bon à rien, un
19 certain Cicic, inventerait toute cette histoire. Parce que Cicic ne fait
20 pas partie de l'histoire depuis le début, alors que Block fait partie de
21 l'histoire depuis le début, parce qu'il se trouve déjà dans l'histoire de
22 Bratunac. Mais ce n'est pas bien lui qui avait publié son histoire
23 concernant les rumeurs qui couraient sur Bratunac déjà le 16 ou le 17, à
24 savoir qu'une centaine de personnes avaient été tuées dans l'école.
25 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Docteur Petrovic, ici, ce n'est pas M.
26 Cicic qui parle de votre appartement. C'est M. Robinson qui parle de votre
27 appartement. Tout ce que M. Cicic a dit dans ce courriel est qu'il se
28 souvenait que vous aviez dit avoir eu des problèmes avec les autorités de
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1 la Republika Srpska. C'est tout ce qu'il a dit. Il n'a pas dit autre chose.
2 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je vais être plus clair, Monsieur le
3 Président. Merci.
4 Donc, Cicic, dans cette lettre, dit que j'avais des problèmes avec les
5 autorités de la Republika Srpska. Ce n'est pas mon ami. Je ne connaissais
6 pas cet homme. Je ne l'ai jamais fréquenté. Pourquoi voulez-vous que je lui
7 raconte ma vie ? Pourquoi voulez-vous que je lui dise que j'avais des
8 problèmes avec les autorités de la Republika Srpska ? La vérité est tout
9 autre, et cela n'a rien à voir avec ce Cicic inventé de toutes pièces.
10 J'avais effectivement des problèmes avec différents combattants de la
11 Republika Srpska, et j'ai fait l'objet de différentes menaces. On voulait
12 me liquider, c'est ce qu'on me disait, à cause du reportage que j'ai fait,
13 celui que vous avez ici parmi les pièces à conviction. Mais ceci n'a rien à
14 voir avec les autorités de la Republika Srpska. Vraiment, cela n'a rien à
15 voir avec cela. Parce que si tel était le cas, je ne serais pas venu
16 déposer ici pour M. Karadzic, s'il y avait une quelconque vérité dans ces
17 propos. C'est une bêtise, pardonnez-moi de le dire. C'est monté de toutes
18 pièces. Je n'ai aucune raison de me rappeler de Schiller et de ne pas me
19 rappeler de Dragan Cicic. Lui, il dit très bien qu'il ne se rappelle pas.
20 Il dit :
21 "Je ne me souviens pas s'il a mentionné le Dr Karadzic par son nom,
22 mais à l'époque je pensais qu'il faisait référence à toutes les personnes
23 faisant partie des dirigeants de la Republika Srpska".
24 Monsieur le Président, Madame, Messieurs les Juges, il s'agit d'un mensonge
25 absolu. Les gens de la télévision française sont tout à fait au courant que
26 j'ai fait l'objet de menaces. C'était, en fait, des gens de la Republika
27 Srpska et des combattants qui n'étaient pas contents à cause du reportage
28 que j'ai fait. Cela étant dit, il y avait un lobby antiguerre à Belgrade
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1 qui n'était pas content non plus; mais bon, les deux étaient contre. Mais
2 cela n'a rien à voir avec la direction de la Republika Srpska. Rien à voir,
3 à aucun moment.
4 Puis je vais répéter encore une fois que je n'ai appris que plus tard, bien
5 plus tard, et je pense que je l'ai dit, d'ailleurs, dans ma déposition dans
6 l'affaire Tolimir à deux reprises -- a-t-on intervenu. Le général Mladic,
7 c'est ce que les journalistes m'ont dit, est intervenu une fois pour
8 empêcher que l'on ne me tue. Une autre fois, c'est Zeljko Raznjatovic,
9 Arkan, qui a entendu dire que quelqu'un en Bosnie voulait me tuer, et il a
10 empêché cela. C'est sans doute à cause de cela que je suis ici en mesure de
11 déposer devant vous, Monsieur le Président, mais ceci n'a rien à voir avec
12 les autorités de la Republika Srpska. Moi, j'avais de très bons rapports
13 avec eux, surtout avec M. Karadzic et Mme Biljana Plavsic, enfin, à
14 l'époque elle était vice-présidente et après elle est devenue présidente.
15 Donc, j'avais de bons rapports avec elle jusqu'à ce qu'elle devienne
16 présidente.
17 M. NICHOLLS : [interprétation]
18 Q. Bien. Je vais vous arrêter. Je pense que vous avez répondu à la
19 question. Et puis je n'ai pas beaucoup de temps.
20 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Mais j'aimerais quand même poser une
21 question.
22 Vous venez de dire, Docteur Petrovic, que vous avez eu des problèmes avec
23 différents soldats de la Republika Srpska. Pourriez-vous être plus précis à
24 ce sujet ? Qui vous a menacé ? Pourquoi ?
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Messieurs les
26 Juges, je n'ai jamais rencontré ces gens-là. Cela étant dit, j'ai fait
27 l'objet des menaces. On m'a rapporté des menaces parmi le cercle des
28 journalistes. Dans le cercle des journalistes, une collègue, qui au moment
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1 où elle a traversé la frontière pour passer du côté de la Republika Srpska,
2 un des soldats lui a demandé : Mais où se trouve ce Pirocanac, parce que
3 c'est lui qu'on attend ici ?
4 C'est elle qui me l'a dit, et je suis sûr qu'elle le confirmerait si on lui
5 posait la question.
6 Puis d'autres sources m'ont relaté cela, de sorte que j'étais au courant de
7 ce qui se passe et je savais très bien que cela n'avait rien à voir avec
8 les dirigeants de la Republika Srpska, mais il y avait beaucoup de gens,
9 c'est un fait, qui étaient mécontents avec le reportage que j'ai fait. Moi,
10 j'étais motivé par un seul objectif. J'ai voulu que l'on apprenne davantage
11 sur ces événements.
12 Je ne vois pas pourquoi Cicic raconte ça, ou bien moi, j'oubliais
13 tout. Mais comment voulez-vous que je me souvienne de Schiller alors ?
14 C'est un Canadien qui était là avec moi à l'époque. S'il avait voulu
15 visionner la vidéo avec moi, je l'aurais laissé faire. Je me souviens d'un
16 autre journaliste anglais qui avait écrit le livre intitulé "The Bowl of
17 Stones", qui était à Belgrade pendant un moment donné, et il a visionné la
18 vidéo avec ma permission, et moi j'ai même invité des commentaires. Donc,
19 il y avait deux hommes qui ont vu la vidéo avec moi. Pourquoi ne pas
20 admettre la possibilité qu'il y en aurait un troisième, s'il avait été
21 présent ? Mais ce n'est pas vrai. Donc moi, je fais confiance à Michael
22 Dobbs davantage qu'à Block, de toute façon.
23 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Par rapport à ce qu'a dit M.
24 Cicic, à savoir que vous aviez des problèmes avec les autorités de la
25 Republika Srpska, n'est-il pas possible de penser que les dirigeants
26 militaires représentent ou font partie des autorités de la Republika Srpska
27 ?
28 LE TÉMOIN : [interprétation] Bien sûr que oui. C'est une possibilité,
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1 mais ceci n'a rien à voir avec Mladic ou un quelconque officier haut gradé.
2 Puisque vous devez savoir que les critiques que j'ai faites à l'égard de la
3 Republika Srpska consistaient d'un fait qu'il y avait des parties de la
4 Republika Srpska qui étaient moins bien contrôlées du point de vue
5 militaire, donc c'étaient des critiques qui visaient l'organisation
6 militaire de la Republika Srpska, ce qui a fait que ce qui s'est passé en
7 Srebrenica se passait en Srebrenica, c'est parce que justement les
8 dirigeants ne faisaient pas leur travail -- ou les dirigeants militaires.
9 Mais je n'ai jamais parlé des dirigeants. C'est une invention. En tout cas,
10 cet homme, je ne l'ai vu qu'une seule fois plus tard dans la rédaction du
11 journal ou de la publication "Nin." Je ne l'ai pas vu avec Block. Et là il
12 s'agit d'un mensonge, d'une invention minable. De toute façon, ces gens-là
13 n'ont aucune importance dans l'affaire Srebrenica. Ce sont des gens qui
14 n'ont aucune importance. C'est des petites frappes. Puis je ne vois pas à
15 quoi cela sert, que de nous présenter ces informations ici. De toute façon,
16 je le nie. Je nie ses affirmations. Si vous voulez, je veux bien me
17 soumettre à des testes de vérité.
18 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Nicholls.
19 M. NICHOLLS : [interprétation]
20 Q. Plus tard, les autorités de la Republika Srpska ont demandé à recevoir
21 un exemplaire de la bande vidéo, et ensuite cet enregistrement a disparu du
22 Studio B, et quand nous, quand nous avons reçu une copie avec des images
23 avant montage, il y avait des parties des scènes qui manquaient, à savoir
24 les corps devant le dépôt de Kravica, l'homme sur le balcon a été remplacé
25 par d'autres images. Donc il y avait des cadres, des images qui manquaient.
26 Vous n'avez jamais été en mesure de nous expliquer cela, pourquoi il y
27 avait des parties de votre documentaire qui n'étaient plus là, et pourquoi
28 ils n'étaient plus là, dans la vidéo avant montage ?
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1 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je ne suis pas sûr que vos derniers
2 propos ont été traduits parce que votre micro n'était pas allumé.
3 M. NICHOLLS : [interprétation]
4 Q. Est-ce une coïncidence, Monsieur le Témoin ?
5 R. Monsieur Nicholls, ça y est. On revient là-dessus. Je vais vous répéter
6 pour la nième fois la même histoire. Si une bande vidéo -- et je suis
7 vraiment étonné de voir que l'on n'utilise jamais l'émission, mais les
8 images avant montage.
9 Donc, si cette bande vidéo qui est un bande vidéo de huit millimètres, qui
10 est une bande vidéo amateur, si elle a été distribuée à plusieurs adresses
11 pendant une période donnée, je n'ai jamais refusé de communiquer cet
12 enregistrement à qui que ce soit. Il s'agit de nombreux journalistes dans
13 le monde entier. Moi, je ne peux pas reconstruire l'histoire. On ne peut
14 qu'avoir des suppositions. Parce que ce ne sont pas les seules scènes qui
15 ont été effacées, parce qu'à un moment donné on voit les images du studio
16 où se trouve Radovan Karadzic, car moi je l'ai visité avec les Français un
17 an plus tôt. Donc, j'avais ces images encore sur cette bande, et des images
18 sont restées de ce tournage. Puis M. Blasik a vu chez moi, dans la maison,
19 des traces des munitions de char sur le balcon chez moi, dans ma maison.
20 Donc, évidemment que je ne peux pas être sûr, puisque là il s'agit d'un
21 imbroglio incompréhensible. On ne va jamais connaître vraiment la vérité.
22 Vous possédez ces images. Vous les avez. Le Tribunal possède
23 l'original de ces images, et pendant des années on considérait qu'il
24 s'agissait des images effacées ou des images manquantes, et je pense que
25 c'est cela qui est important pour l'histoire et pour votre travail. Il
26 faudrait que quelqu'un me remercie peut-être, à un moment donné. Parce qu'à
27 Belgrade on continue à manipuler l'effet en disant que moi, j'ai effacé ces
28 images. C'est ce qu'on dit encore au jour d'aujourd'hui à Belgrade, en
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1 2012, alors, que vous les avez. Mais dites-le au monde entier, pour que
2 tout le monde le sache, qu'on voit très bien ces gens sur la terrasse de la
3 "maison blanche" et qu'on voit bien cette image devant le hangar au moment
4 où la voiture passe. Moi, je ne pourrais pas contribuer davantage.
5 J'aimerais bien vous donner davantage, mais je n'ai plus rien d'autre, et
6 je pense que j'ai assez donné. C'est important, ce que j'ai donné.
7 Q. Je vous remercie.
8 M. NICHOLLS : [interprétation] Je n'ai pas d'autres questions.
9 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je vais vous demander un petit peu de temps
10 avant de poser des questions, parce que je pense qu'il y a eu bien
11 d'éléments nouveaux introduits par M. Nicholls.
12 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Quel type de questions vous souhaitez
13 poser au témoin ?
14 Quelle est la partie des questions du contre-interrogatoire de M.
15 Nicholls qui vous pousse à poser des questions par rapport aux éléments
16 nouveaux ?
17 L'ACCUSÉ : [interprétation] Par rapport -- la participation des Hodza dans
18 la natalité. C'est un point important. Et puis aussi, la question de la
19 présence de l'Islam du Moyen-Orient et les conflits au sein de la
20 communauté musulmane à ce sujet.
21 Je vais poser des questions assez brèves au témoin, et je vais lui demander
22 de répondre par un oui ou par un non dans la mesure du possible.
23 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que je peux vous entendre,
24 Monsieur Nicholls ?
25 M. NICHOLLS : [interprétation] Je ne pense pas que j'ai ouvert de nouvelles
26 portes, mais je me suis basé sur l'article utilisé par M. Karadzic. Je ne
27 pense pas que j'ai ouvert de nouvelles portes que je me suis lancé dans des
28 voies nouvelles.
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1 M. ROBINSON : [interprétation] Je voudrais répondre. Dans l'effort de
2 mettre en question la crédibilité de ce témoin, le Procureur a posé des
3 questions au sujet des Musulmans, donc au sujet des enregistrements que ce
4 témoin a fait au sujet des Musulmans, alors qu'il n'en était pas question
5 au moment du contre-interrogatoire.
6 M. NICHOLLS : [interprétation] M. Karadzic a dit au témoin, à un moment
7 donné, qu'il n'avait pas le droit de filmer quoi que ce soit et qu'il n'y
8 avait pas de plan -- qu'il n'y avait pas de plan pour commettre des crimes.
9 Moi, je considère que M. Borovcanin lui faisait confiance, qu'il était sûr,
10 qu'il faisait ce qu'il fallait faire.
11 [La Chambre de première instance se concerte]
12 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Les Juges considèrent que M. Nicholls a
13 conduit en règle son contre-interrogatoire et qu'il n'y a aucune raison de
14 poser des questions nouvelles du côté de la Défense. Cela étant dit, vu la
15 situation, nous vous permettons de poser une ou deux questions.
16 L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci.
17 Contre-interrogatoire supplémentaire par M. Karadzic :
18 Q. [interprétation] Docteur Petrovic, je n'ai cité qu'une partie du texte,
19 mais on a pu voir qu'un des soldats a dit que ce nombre -- ce grand nombre
20 d'enfants est le résultat du travail de hodzas. Est-ce que vous vous
21 souvenez que le "Reis-Ulema," le chef des Musulmans de Bosnie, Mustafa
22 Ceric, le 17 juillet 1994, a rendu public sa "fatwa," à savoir en ordonnant
23 que chaque femme musulmane doit accoucher de cinq enfants ? Cette "fatwa"
24 est devenue publique, à ce moment-là, mais sans doute qu'il l'avait
25 prononcée bien avant cela. Est-ce que vous êtes en mesure de faire un lieu
26 entre cette information et ce que ce soldat a dit, à savoir que le nombre
27 d'enfants du côté des femmes -- enfin dont accouchent les femmes musulmanes
28 est le résultat de la propagande et du travail des hodzas ?
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1 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Un instant. Je ne suis pas sûr que votre
2 micro soit allumé.
3 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, je ne suis pas le seul
4 dans le territoire ex-yougoslave à avoir été au courant de cette
5 déclaration; [inaudible] autres journalistes et hommes politiques sont au
6 courant de cela. Vous savez, il représente l'aile plus orthodoxe des -- ou
7 plus militante des Musulmans de Bosnie. Mais vous l'avez bien dit, il y a
8 des Musulmans en Bosnie qui ne sont pas dangereux. Ils ont une confession,
9 mais ils ne font rien d'autre, pas comme ce que font les leaders musulmans
10 en Serbie. Il y en a un qui est en train de se présenter pour le poste de
11 président. C'est incroyable. On n'a jamais entendu dire un truc pareil, et
12 puis un de mes professeurs de Paris, Ivo Kosta [phon], va vous dire que ce
13 principe est un principe, qui date de l'âge ancien partout dans le monde.
14 Il s'agit d'arriver à des chiffres qui conviennent à une certaine
15 population, et puis le colonel Bunel a aussi publié quelques bouquins à ce
16 sujet. Il en parle dans ses livres.
17 Puis je vais ajouter encore quelque chose. Quand on dit "plan," un plan, le
18 fait qu'il n'y avait pas de plan dans l'esprit des Serbes, et d'ailleurs le
19 plan manque au plupart des nations sur le territoire yougoslave. C'est le
20 plus grand des problèmes, parce que le seul plan qui a réussi, c'était le
21 plan de l'équipe de Novak [phon] Djokovic. C'est le seul qui a réussi à
22 faire quelque chose. Ils sont absolument incapables de planifier quoi que
23 ce soit. Je vous dis cela en guise de critique, autocritique vis-à-vis
24 notre peuple, parce qu'on est incapable de planifier quoi que ce soit, et
25 encore planifier d'exterminer tout un peuple.
26 Q. De nombreux Serbes, moi, en faisant partie, pensent que les Musulmans
27 sont en réalité des Serbes. De nombreuses personnes pensent que les grands
28 esprits Musulmans étaient en réalité des Serbes. Etes-vous d'accord pour
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1 dire qu'au sein de la communauté musulmane en ce moment vous avez un grand
2 bon nombre de voix qui s'élèvent contre l'import de l'Islam du Moyen-Orient
3 en Bosnie-Herzégovine ?
4 [La Chambre de première instance se concerte]
5 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je ne vois pas quelle est la pertinence.
6 L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-ce que je peux vous expliquer pourquoi je
7 pense que c'est pertinent ? Un mot pas plus. Pourquoi c'est important ?
8 Parce que le Dr Petrovic a étayé des documents pour corroborer des
9 déclarations faites sur un impulse, des déclarations négatives, parce que,
10 si les Serbes pensent que les Musulmans sont des Serbes, comment voulez-
11 vous que l'on dise quoi que ce soit contre eux ? Ou plutôt, il faudrait
12 voir quels sont les aspects de l'Islam qui nous gênent.
13 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Karadzic, les Juges de la
14 Chambre ne considèrent pas que ceci soit pertinent pour ce procès.
15 Ceci conclut donc votre déposition, Docteur Petrovic.
16 [La Chambre de première instance se concerte]
17 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Juste une seconde.
18 Afin d'être équitables, étant donné que nous avons permis à l'accusé
19 de poser une dernière question, j'aimerais savoir si vous avez des
20 questions supplémentaires ?
21 M. NICHOLLS : [interprétation] Non. Merci, Monsieur le Président.
22 [La Chambre de première instance se concerte]
23 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que vous voulez dire quelque
24 chose, Docteur Petrovic ?
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Excellence, j'aurais besoin d'aide. Le public
26 ne le sait pas vraiment et j'aimerais que M. Karadzic le confirme. Je
27 devais devenir le chef d'état-major de M. Karadzic au début de la guerre,
28 mais j'ai dû rejeter son offre parce que j'avais peur que quelqu'un de
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1 Belgrade m'assassine. Nous savons que M. Milosevic -- que la femme de M.
2 Milosevic était une vraie Staliniste --
3 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous interromps, Docteur Petrovic.
4 Les Juges de la Chambre, en général, n'entendent pas ce genre de
5 commentaires d'un témoin.
6 Nous allons nous arrêter là. Au nom des Juges de la Chambre du Tribunal, je
7 voudrais vous remercier d'être venu à La Haye pour votre déposition.
8 A moins qu'il y ait d'autres points à être abordés, nous allons lever
9 l'audience pour aujourd'hui tous ensemble et nous reprendrons demain à 9
10 heures.
11 L'audience est levée pour aujourd'hui.
12 [Le témoin se retire]
13 --- L'audience est levée à 14 heures 03 et reprendra le vendredi, 4 mai
14 2012, à 9 heures 00.
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