Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1                     Le mardi 29 février 2000

  2                     [Audience publique]

  3                     [Les accusés entrent dans la Cour]

  4                     [Le témoin entre dans la Cour]

  5                     --- L’audience débute à 9 h 35

  6         LA GREFFIÈRE :  Affaire IT-95-14/2-T, Le Procureur

  7   contre Dario Kordic et Mario Cerkez.

  8         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Me Sayers.

  9         Me SAYERS (interprétation) :  Merci, Monsieur le

 10   Président.

 11         TÉMOIN :  RÉMI LANDRY

 12         (SOUS LE MÊME SERMENT)

 13         CONTRE-INTERROGÉ PAR Me SAYERS

 14         (interprétation) :

 15         Q.    Bonjour, Colonel Landry.  J’imagine que la

 16   majorité des rapports que vous avez établis pour l’ECMM ont

 17   été en anglais, n’est-ce pas ?

 18         R.    Oui.

 19         Q.    Et je crois que vous avez déposé en français

 20   dans l’affaire Blaskic, n’est-ce pas ?

 21         R.    Oui.

 22         Q.    Vous ne parlez pas croate, n’est-ce pas ?

 23         R.    Non.

 24         Q.    Pendant votre mission avec l’ECMM, vous avez

 25   eu systématiquement recours à des interprètes dont vous


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  1   aviez besoin pour vous entretenir avec vos interlocuteurs

  2   croates, n’est-ce pas ?

  3         R.    Oui.

  4         Q.    Vous avez une formation uniquement militaire

  5   dans l’armée canadienne, n’est-ce pas ?

  6         R.    Oui.

  7         Q.    Vous n’avez cependant jamais commandé

  8   d’hommes au combat, n’est-ce pas ?

  9         R.    Non.

 10         Q.    Vous avez pris des notes au moment des faits,

 11   des notes relatives à ce que vous avez vu en Bosnie

 12   centrale de mars à août 1993, n’est-ce pas ?

 13         R.    Oui.

 14         Q.    Avez-vous eu recours à ces notes pour

 15   préparer votre déposition d’hier et d’aujourd’hui ?

 16         R.    Oui.

 17         Q.    Je crois que les enquêteurs qui travaillent

 18   pour le Bureau du Procureur ont passé une semaine avec vous

 19   en 1996, ils vous ont rencontré et ils ont passé en revue

 20   vos documents personnels ?

 21         R.    Oui.

 22         Q.    Et vous les avez laissés voir tout ce qu’ils

 23   souhaitaient voir, y compris vos notes personnelles ?

 24         R.    Ils n’ont pas vu tout ce dont je disposais. 

 25   Il fallait qu’ils me posent des questions précises sur des


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  1   périodes bien précises, et à ce moment-là, je cherchais les

  2   documents relatifs à ces périodes.  J’étais toujours

  3   présent avec eux.

  4         Q.    Oui, mais tout ce qu’ils vous ont demandé,

  5   vous leur avez fourni ?

  6         R.    Oui, si j’en disposais.

  7         Q.    Dans la déclaration que vous avez donnée le 9

  8   août 1996, déclaration signée par vous, vous avez fait

  9   référence à un grand nombre de rapports qui ont été

 10   préparés.  Nous les avons demandés mais ils ne nous ont pas

 11   été communiqués.  L’un d’eux figure à la page 3 et on y

 12   fait référence à la page 3.  Il s’agit d’une liste des

 13   personnages principaux du gouvernement de Herceg-Bosna.

 14         Vous souvenez-vous de cette liste ?

 15         R.    Je m’en souviens tout à fait.  Je me souviens

 16   tout à fait d’avoir eu en ma possession des copies de

 17   certains documents relatifs à la Herceg-Bosna mais je ne

 18   sais pas si cela correspond exactement à ce dont vous me

 19   parlez.

 20         Q.    Mais on peut dire qu’aujourd’hui vous n’avez

 21   pas les documents qui comportent notamment la liste des

 22   principales personnalités de la Herceg-Bosna et à laquelle

 23   vous faites référence ?

 24         R.    Non.

 25         Q.    Vous êtes arrivé en Bosnie centrale au début


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  1   mars 1993, n’est-ce pas ?

  2         R.    Oui.

  3         Q.    Quand vous êtes arrivé, la partie britannique

  4   de la FORPRONU était responsable de la zone de Vitez-

  5   Busovaca, n’est-ce pas ?

  6         R.    Oui.

  7         Q.    Le bataillon canadien lui était responsable

  8   de la zone de Kiseljak ?

  9         R.    Oui, Visoko et Kiseljak.

 10         Q.    Et le bataillon français était responsable de

 11   la zone de Kakanj, n’est-ce pas ?

 12         R.    Oui.

 13         Q.    Vous avez quitté la Bosnie centrale ou vous

 14   avez quitté votre poste d’adjoint au chef du centre

 15   régional de Zenica le 24 août 1993, n’est-ce pas ?

 16         R.    Oui.

 17         Q.    Je crois que vous avez été nommé au centre

 18   régional de Zenica pour l’ECMM le 6 mars 1993, n’est-ce

 19   pas ?

 20         R.    Oui.

 21         Q.    Et vous travailliez comme observateur ?

 22         R.    Oui.  En fait, c’est peut-être un jour ou

 23   deux avant.

 24         Q.    Donc, c’est au début mars ?

 25         R.    Oui.


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  1         Q.    On peut dire que la plupart de vos collègues

  2   de l’ECMM venaient de diverses forces armées du monde

  3   entier et ils n’avaient qu’une connaissance limitée des

  4   pays qui constituent l’ex-Yougoslavie, y compris la

  5   République qui était naissante de Bosnie-Herzégovine : 

  6   C’est exact, n’est-ce pas ?

  7         R.    Oui, c’est exact.

  8         Q.    Dans un premier temps quand vous êtes arrivé

  9   à Zagreb, afin de vous préparer à prendre votre poste, vous

 10   avez participé à des réunions d’information pendant

 11   quelques jours au QG de l’ECMM à Zagreb ?

 12         R.    Oui.  Oui, mais je dois dire que j’avais reçu

 13   une pré-formation des informations sur le conflit dans mon

 14   pays.

 15         Q.    Est-ce que vous-même vous avez étudié la

 16   politique de la Bosnie-Herzégovine et son histoire ?

 17         R.    Suite à mon séjour, suite à ma mission au

 18   sein de l’ECMM, j’ai suivi des études supérieures.  À

 19   l’université, j’ai fait une thèse sur la Bosnie-

 20   Herzégovine.

 21         Q.    Mais avant, vous ne connaissiez pas grand-

 22   chose de la situation ?

 23         R.    Je ne connaissais pas grand-chose mais j’ai

 24   participé à des réunions d’information à Ottawa ainsi qu’à

 25   Zagreb et au centre régional de Zenica.


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  1         Q.    Dans le cadre de ces informations que vous

  2   avez reçues, on vous a dit que le HVO était contrôlé par

  3   l’armée de Croatie à Zagreb ?

  4         R.    Pas au début.  Je dois dire qu’au début on

  5   nous a dit qu’il y avait un lien entre l’armée de Croatie

  6   et le HVO, mais quant à vous dire spécifiquement que

  7   l’armée de Croatie contrôlait effectivement le HVO, ça n’a

  8   pas été dit dans ces termes.

  9         Q.    On vous a cependant dit qu’on pensait que le

 10   HVO était contrôlé par l’armée de Croatie à Zagreb ?  Je

 11   suis en train de donner lecture d’un document que vous avez

 12   reçu à l’époque.

 13         R.    J’ai dit que je pensais que c’était le cas

 14   mais je ne peux pas être catégorique.

 15         Q.    Il s’agissait d’information qui était non

 16   confirmée ?

 17         R.    Mais au cours du printemps, nous avons reçu

 18   des informations qui venaient de Zagreb et qui allaient

 19   dans ce sens, selon lequel les forces de la HV se

 20   trouvaient au sein de la Bosnie-Herzégovine.

 21         Q.    Oui, mais il faut bien faire la différence

 22   entre les informations confirmées et non-confirmées ?

 23         R.    Oui.

 24         Q.    La participation de l’armée de Croatie n’a

 25   jamais été confirmée pendant votre mission ?


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  1         R.    Non.  Ce n’est pas ce que j’ai dit hier. 

  2   Hier, j’ai dit que nous disposions d’un certain nombre

  3   d’éléments de preuve selon lesquels dans les zones de

  4   Prozor, Jablanica, donc selon lesquels dans cette zone,

  5   j’avais vu des équipements qui venaient de la HV et

  6   certains représentants de l’armée de la HV ont confirmé

  7   qu’ils disposaient d’un certain nombre d’équipements

  8   logistiques dans la région.

  9         Q.    Est-ce que vous avez discuté avec les

 10   chauffeurs de ces véhicules ?

 11         R.    Non.

 12         Q.    Vous n’avez pas demandé aux gens du HVO si

 13   effectivement il s’agissait de troupes de la HV ?

 14         R.    Non.

 15         Q.    Et vous n’avez pas parlé à des soldats de la

 16   HV pour savoir si effectivement ils venaient de cette

 17   armée ?

 18         R.    Non.

 19         Q.    Donc, toutes vos conclusions reposent sur ce

 20   que vous avez vu ?

 21         R.    Non.  C’est beaucoup plus que ça.  Il faut

 22   comprendre que la façon dont nous essayions de recueillir

 23   des informations et de les confirmer, nous ne nous basions

 24   pas sur une seule source mais sur plusieurs sources.

 25         Donc moi, ce que j’ai dit c’est que nous avons


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  1   reçu beaucoup d’informations selon lesquelles des gens

  2   avaient vu des équipements qui portaient des

  3   caractéristiques qui n’étaient pas caractéristiques du HVO

  4   mais de la HV.  Qui plus est, moi-même j’ai vu

  5   personnellement ce type de véhicule qui présentait les

  6   marques caractéristiques, et moi, pour moi, un plus un ça

  7   fait deux et j’en ai donc déduit qu’effectivement il se

  8   trouvait des équipements HV dans la zone de Prozor.

  9         Q.    Bien !  Passons un instant à votre poste

 10   d’observateur.  Les nouveaux venus avaient pour obligation

 11   de passer un certain temps sur le terrain, n’est-ce pas ?

 12         R.    Oui.

 13         Q.    Il est exact que le centre régional de Zenica

 14   au début avait comme zone de compétence une région très

 15   vaste dans la République de Bosnie-Herzégovine ?

 16         R.    Oui.

 17         Q.    Peu après votre arrivée à Zenica, vous avez

 18   été nommé à la tête de la Commission conjointe de

 19   Busovaca ?

 20         R.    Ce n’est pas tout à fait ça.  Je suis

 21   effectivement devenu chef de la Commission conjointe de

 22   Busovaca mais il y avait trois observateurs au sein de

 23   cette Commission et moi, j’étais le nouveau.  Donc, j’étais

 24   un observateur au début et puis finalement je suis devenu

 25   le chef de cette Commission conjointe, mais ce n’était pas


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  1   le cas au début.

  2         Q.    Oui, mais je crois que vous avez été membre

  3   de la Commission conjointe dès le début de votre mission

  4   jusqu’à la fin de l’existence de cette Commission ?

  5         R.    Oui, jusqu’à la fin avril.

  6         Q.    Je crois que la Commission conjointe de

  7   Vitez, comme on l’appelait, a été démantelée ou a cessé

  8   d’exister le 22 avril dans le cadre de l’accord de cessez-

  9   le-feu et c’est devenu la Commission conjointe dont le QG

 10   était à Travnik ?

 11         R.    Oui.

 12         Q.    Après le 22 avril, vous avez mené à bien vos

 13   fonctions dans votre bureau, n’est-ce pas ?

 14         R.    Oui et non.  Je suis devenu le responsable

 15   des opérations et ensuite, comme vous l’avez dit

 16   précédemment, je suis devenu l’adjoint au responsable

 17   principal, mais une de mes responsabilités c’était de

 18   rester en contact avec les centres de coordination du

 19   centre régional de Zenica.  Donc, j’ai eu souvent

 20   l’occasion de me déplacer et d’aller à Tuzla, Prozor,

 21   Gornji Vakuf, Mostar, de me rendre donc dans les centres de

 22   coordination que nous avions dans la région.

 23         Q.    Oui, mais après le 22 avril, vous avez eu des

 24   responsabilités qui étaient de nature plus nationale,

 25   n’est-ce pas ?


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  1         R.    Oui.

  2         Q.    Vous étiez également chargé du

  3   renseignement ?

  4         R.    Non.  Je n’étais jamais l’officier du

  5   renseignement.  Tout ce que j’ai dit c’est que dans le

  6   cadre de ma carrière, j’ai travaillé dans le renseignement,

  7   mais nous n’avions pas un tel poste au sein du centre

  8   régional de Zenica et au sein de l’ECMM non plus

  9   d’ailleurs.  Il y avait des gens qui travaillaient dans le

 10   cadre des opérations qui recueillaient des informations

 11   mais on n’a jamais utilisé le terme de « renseignement ».

 12         Q.    Aux pages 7586 et 7587 de la déposition que

 13   vous avez donnée dans l’affaire Blaskic, vous avez dit (je

 14   cite) :

 15         « Moi-même, j’étais officier de renseignement. »

 16         R.    Eh bien, je dois dire que j’ai passé en revue

 17   mon compte rendu d’audience et une des raisons pour

 18   lesquelles j’ai décidé de témoigner aujourd’hui en anglais

 19   c’est qu’à mon avis, la traduction de mes propos n’a pas

 20   été parfaite et sans défaut.

 21         Donc, tout ce que j’avais dit c’est que moi-même,

 22   j’avais reçu une formation précédemment d’officier de

 23   renseignement mais je n’ai pas été nommé au sein du centre

 24   régional de Zenica comme officier de renseignement.  Je

 25   souhaite insister là-dessus.  Il n’y avait au sein de


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  1   l’ECMM personne qui ait porté le titre d’officier de

  2   renseignement.

  3         Q.    Après avoir fini de travailler pour la

  4   Commission conjointe de Busovaca, il est exact que vous

  5   avez travaillé avec Dieter Schellschmidt en tant que chef

  6   d’équipe de l’ECMM pour les zones de Zenica, Vitez,

  7   Kiseljak, Kacuni et Busovaca ?

  8         R.    Monsieur Schellschmidt était avec moi membre

  9   de la Commission conjointe de Busovaca et une de nos

 10   activités c’était d’essayer de descendre la voie

 11   hiérarchique, la chaîne de commandement, pour faire

 12   appliquer le cessez-le-feu.  Avec la Commission conjointe

 13   de Busovaca, il fallait que nous essayions de travailler à

 14   la base, d’avoir des contacts avec la base.

 15         Q.    Mais ce n’était pas vraiment ma question. 

 16   Pendant 15 jours, vous avez travaillé avec Monsieur

 17   Schellschmidt en tant que chef d’équipe de l’ECMM, suite à

 18   quoi vous avez cessé de travailler au sein de la Commission

 19   conjointe de Busovaca ?

 20         R.    Oui, mais j’essaie de vous dire que ça, ça

 21   faisait partie de mon travail au sein de la Commission

 22   conjointe.

 23         Q.    Mais donc, est-ce que ces 15 jours se placent

 24   avant que vous ayez quitté la Commission conjointe ou

 25   après ?


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  1         R.    À la fin.

  2         Q.    Je crois qu’à la mi-mai 1993, vous avez été

  3   nommé officier des opérations du centre régional de

  4   Zenica ?

  5         R.    Oui, j’étais chef des opérations.

  6         Q.    Vous êtes resté à ce poste jusqu’à la fin

  7   juillet ?

  8         R.    Oui.

  9         Q.    Vous êtes devenu l’adjoint du responsable du

 10   chef du centre régional de Zenica, un poste que vous avez

 11   conservé pendant trois semaines, n’est-ce pas ?

 12         R.    Oui.

 13         Q.    Est-il exact que lorsque vous êtes arrivé en

 14   Bosnie-Herzégovine, vous avez constaté que la situation

 15   était tout à fait inhabituelle ?  On constatait que dans

 16   certains villages, les belligérants s’étaient groupés au

 17   sein de diverses municipalités et ne cessaient de se

 18   surveiller ?

 19         R.    Oui.

 20         Q.    La situation était très tendue du fait de

 21   cette polarisation ethnique, n’est-ce pas ?

 22         R.    Oui.

 23         Q.    Conviendrez-vous avec moi que vous avez

 24   constaté qu’il y avait une animosité très forte entre les

 25   belligérants et que pratiquement tout le monde était armé


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  1   au sein de la population ?

  2         R.    Moi, je ne dirais pas tout à fait ça en ce

  3   qui concerne la dernière partie de votre affirmation, mais

  4   disons que c’était à peu près le cas.

  5         Q.    Avez-vous eu l’occasion de lire le cinquième

  6   rapport préparé par la Commission des Nations Unies sur les

  7   Droits de l’Homme le 17 novembre 1993 ?

  8         On peut y lire, paragraphe 12, page 4 de ce

  9   rapport (je cite) :

 10         « La plupart des habitants du pays sont armés et

 11   on constate une polarisation croissante au sein de la

 12   population. »  Fin de citation.

 13         R.    Je ne me souviens pas avoir lu ce rapport

 14   mais je suis assez d’accord avec ce que vous venez de me

 15   lire.

 16         Q.    Quelques questions maintenant au sujet de la

 17   situation telle qu’elle vous est apparue à votre arrivée.

 18         Est-il exact qu’au printemps 1993, il n’y avait

 19   que peu d’institutions gouvernementales qui fonctionnaient

 20   véritablement sur place ?

 21         R.    Que voulez-vous dire exactement ?

 22         Q.    Penchons-nous d’abord sur le gouvernement

 23   central et ensuite passons aux municipalités.

 24         Le gouvernement central était coupé du reste du

 25   monde et encerclé par les forces de l’armée des Serbes de


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  1   Bosnie ?

  2         R.    Oui.

  3         Q.    Donc, le gouvernement central n’avait pas de

  4   contact avec les municipalités ?

  5         R.    Non.  Il ne pouvait pas prendre le téléphone

  6   et entrer en contact avec eux mais la communication se

  7   faisait par des voies plus détournées.

  8         Q.    Donc, le gouvernement central ne fonctionnait

  9   pas ?

 10         R.    Il fonctionnait d’une certaine façon ou d’une

 11   autre.  Il y avait des informations qui passaient, les

 12   troupes se déplaçaient, mais le processus était très

 13   ralenti du fait de la situation que vous nous avez

 14   mentionnée.

 15         Q.    Bien !  Dans l’affaire Blaskic il y a deux

 16   ans, dans le cadre de votre déposition, vous avez dit (je

 17   cite) :

 18         « À l’époque, peu d’institutions fonctionnaient en

 19   Bosnie centrale.  La police ne fonctionnait pas bien.  Le

 20   système judiciaire ne fonctionnait pas. »  Je le cite de la

 21   page 7474 de votre déposition.

 22         Vous dites également que les deux chefs militaires

 23   du côté du HVO et du côté de l’armée de Bosnie-Herzégovine

 24   détenaient le pouvoir.

 25         R.    Oui.


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  1         Q.    Vous êtes toujours d’accord avec ce que vous

  2   avez dit il y a deux ans ?

  3         R.    En fait, je pense que j’aurais besoin de

  4   répondre à la question en disant plus que oui.

  5         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Monsieur le

  6   Témoin, c’est à nous de le décider et pas au conseil de la

  7   Défense.

  8         Si vous souhaitez donner plus de détails, vous

  9   pouvez le faire mais nous finirons plus rapidement si vous

 10   répondez par « oui » ou par « non ».  Vous pouvez nous

 11   donner des informations supplémentaires si vous le

 12   souhaitez mais il faut que vous sachiez que le représentant

 13   de l’Accusation pourra vous permettre de donner des

 14   informations supplémentaires en vous posant des questions

 15   après que Monsieur Sayers aura fini.

 16         Mais souhaitez-vous ajouter quelque chose ?

 17         R.    Oui.  La raison pour laquelle j’ai dit cela

 18   c’est que tout semblait être décidé par des gens qui

 19   portaient des uniformes et il m’est apparu que le

 20   gouvernement était en mesure de fonctionner et de gouverner

 21   par le biais de la force armée.  Par exemple avec la

 22   police, on avait du mal à faire la différence entre la

 23   police militaire et la police civile.

 24         C’est ce que j’avais voulu dire il y a deux ans. 

 25   C’est que ces zones étaient contrôlées par le truchement


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  1   des forces militaires.

  2         Me SAYERS (interprétation) : 

  3         Q.    Lorsque vous êtes arrivé en Bosnie-

  4   Herzégovine, vous avez dit, à la page 7486 de votre

  5   déposition dans l’affaire Blaskic, qu’il semblait que le

  6   pays était en proie à un conflit, que les musulmans

  7   détestaient les Croates, et cætera.  Est-ce exact ?

  8         R.    C’est ce que j’ai pensé suite aux réunions

  9   d’information auxquelles j’avais participées mais j’ai dit

 10   hier que suite à ce que j’ai vu sur le terrain, j’avais

 11   l’impression que la haine, elle venait plutôt du haut que

 12   du bas, que de la population sur le terrain.

 13         Q.    Oui, mais je souhaiterais vous rappeler ce

 14   que vous avez dit aux lignes 19-23, page 7486 de votre

 15   déposition dans l’affaire Blaskic :

 16         « Il faut dire que lorsque je suis arrivé en

 17   Bosnie, je comprenais déjà la situation.  J’étais convaincu

 18   que nous étions face à un conflit ethnique.  Les

 19   catholiques détestaient les musulmans et vice versa. »

 20         R.    Tout ce que je peux dire c’est que je n’ai

 21   pas lu cette déposition en anglais, dans sa traduction

 22   anglaise, mais que donc j’ai modifié mon opinion une fois

 23   que je suis arrivé sur le terrain, suite à ce que j’ai vu,

 24   et d’ailleurs je l’ai dit tout au long de mes déclarations.

 25         LA GREFFIÈRE :  Monsieur Sayers, voulez-vous


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  1   ralentir votre débit s’il vous plaît pour les interprètes ? 

  2   C’est très dur de suivre actuellement.  Merci beaucoup.

  3         Me SAYERS (interprétation) :  On vient de me

  4   demander de ralentir un peu et je vais m’efforcer de le

  5   faire.

  6         Q.    Conviendrez-vous, Monsieur le Témoin, qu’il

  7   était très difficile quand vous étiez en Bosnie centrale de

  8   faire la différence entre un membre de la milice, un

  9   officier de police, un soldat et un civil, du fait que tout

 10   le monde portait un uniforme à ce moment-là ?

 11         R.    C’est exact.

 12         Q.    Et aussi bien le HVO que l’armée de Bosnie-

 13   Herzégovine avaient recours aussi bien à la police

 14   militaire qu’à la police civile et il était très difficile

 15   de faire la différence entre la police militaire et la

 16   police civile, n’est-ce pas ?

 17         R.    Oui.

 18         Q.    Vous conviendrez avec moi, n’est-ce pas,

 19   qu’on parlait d’atrocités et de meurtres commis des deux

 20   côtés, n’est-ce pas ?

 21         R.    Oui, c’est exact.

 22         Q.    Vous conviendrez également que le fait que

 23   quelqu’un porte ou ne porte pas un uniforme donne très peu

 24   d’information sur le fait que la personne en question était

 25   ou non un militaire ou un soldat ?


Page 15351

  1         R.    C’est exact.

  2         Q.    Vous nous avez donné des chiffres très

  3   importants dans l’affaire Blaskic.  Vous avez dit qu’en

  4   août 1993 lorsque vous êtes parti, sur la population de 4,4

  5   millions que comptait la région, 2,2 millions de personnes,

  6   à savoir 50 pour cent des gens étaient des personnes

  7   déplacées.

  8         Est-ce que c’est toujours votre opinion

  9   aujourd’hui ?

 10         R.    Oui.

 11         Q.    Il est exact que la population de Zenica a

 12   doublé suite à l’arrivée de réfugiés et de personnes

 13   déplacées, des personnes qui venaient de différentes

 14   régions, et ceci au printemps 1993 ?

 15         R.    C’est exact.

 16         Q.    Il en va de même pour Busovaca et Vitez,

 17   n’est-ce pas ?

 18         R.    Oui.

 19         Q.    Nous avons un rapport hebdomadaire de l’ECMM

 20   en date du 26 juin 1993 qui stipule qu’à Kakanj, Vares,

 21   Kiseljak et Vitez, le nombre de personnes déplacées avait

 22   atteint des niveaux critiques :  Est-ce bien exact ?

 23         R.    Si effectivement cela figure dans un rapport,

 24   eh bien, je pense que c’était effectivement le cas, que ça

 25   correspondait tout à fait à ce que je pouvais constater et


Page 15352

  1   ce que je pouvais apprendre de la situation à ce moment-là.

  2         Q.    Maintenant, j’aimerais que nous nous

  3   intéressions à la zone où vous avez travaillé tout d’abord,

  4   c’est-à-dire la zone de Busovaca.

  5         Il est exact, n’est-ce pas, que vous êtes arrivé

  6   après la fin des combats en janvier et que le principal axe

  7   de ravitaillement en provenance de Busovaca vers Kiseljak

  8   avait été coupé par les forces de l’armée de Bosnie-

  9   Herzégovine, des forces de la 333e brigade de montagne ?

 10         R.    Oui.

 11         Q.    Est-ce qu’à votre connaissance, le HVO était

 12   en mesure de reprendre le contrôle du principal axe de

 13   ravitaillement entre Busovaca et Kiseljak ?

 14         R.    Non, en effet.

 15         Q.    La Commission conjointe de Busovaca a été

 16   mise sur place avant votre arrivée ?

 17         R.    Oui.

 18         Q.    Il s’agissait d’une Commission conjointe où

 19   les parties belligérantes pouvaient indiquer quels étaient

 20   leurs griefs et on essayait de résoudre les problèmes par

 21   le biais de négociations au lieu d’avoir recours à la

 22   violence, n’est-ce pas ?

 23         R.    Oui, mais l’objectif était de mettre en place

 24   et de mettre en œuvre l’accord de cessez-le-feu qui avait

 25   été signé par les commandants militaires de la Bosnie


Page 15353

  1   centrale.

  2         Q.    Ces accords de cessez-le-feu, je crois,

  3   avaient été signés par le Colonel Blaskic et le Général

  4   Hadzihasanovic et signés également par l’Ambassadeur

  5   Thebault et le Colonel Stewart ou le Lieutenant-Colonel

  6   Stewart du bataillon britannique ?

  7         R.    Oui.

  8         Q.    Monsieur Kordic lui-même n’a jamais participé

  9   à ces négociations de cessez-le-feu ?

 10         R.    Pas directement en tout cas.

 11         Q.    Même indirectement, vous n’avez aucune

 12   information selon lesquelles il aurait participé à ces

 13   négociations ?

 14         R.    Non.

 15         Q.    En ce qui concerne la structure de la

 16   Commission conjointe de Busovaca, si j’ai bien compris,

 17   c’est les hauts officiels qui se rencontraient une fois par

 18   mois ?

 19         R.    Oui.

 20         Q.    Il y a eu trois à six représentants de la

 21   FORPRONU, du HVO et de l’armée de Bosnie-Herzégovine, de

 22   même que de l’ECMM ?

 23         R.    C’est exact.

 24         Q.    Monsieur Kordic n’était jamais dans ce comité

 25   de coordination ?


Page 15354

  1         R.    Je ne m’en souviens pas.

  2         Me SAYERS (interprétation) :  Je vais juste

  3   demander à l’huissier de placer une page de la pièce à

  4   conviction D23/1 sur le rétroprojecteur.  Cela pourra peut-

  5   être vous rafraîchir la mémoire.

  6         Monsieur l’Huissier, j’ai le document ici.  Celle-

  7   ci, cette page-là, Annexe A.  Oui.

  8         Q.    Très bien, Monsieur.  Donc comme nous pouvons

  9   le voir, il s’agit là d’un document qui montre

 10   l’organisation de la Commission conjointe et on voit que le

 11   comité de coordination est constitué de l’officier du

 12   bataillon britannique, le chef de l’ECMM et aussi les

 13   commandants de l’armée de Bosnie-Herzégovine et du HVO ?

 14         R.    Oui.

 15         Q.    Donc, vous êtes d’accord avec moi pour dire

 16   que Monsieur Kordic n’a jamais fait partie de ce comité de

 17   coordination ?

 18         R.    Oui.

 19         Q.    En effet, il n’a jamais assisté à aucune

 20   réunion de la Commission conjointe de Busovaca, pour autant

 21   que vous vous en souvenez ?

 22         R.    C’est exact.

 23         Q.    En fait, le comité se rencontrait tous les

 24   jours ou bien essayait de se rencontrer tous les jours ? 

 25   Je ne parle pas du comité de coordination mais des groupes


Page 15355

  1   de travail.

  2         R.    Oui, les groupes de travail, parfois sept

  3   jours par semaine.

  4         Q.    Si j’ai bien compris, les représentants avec

  5   qui vous étiez surtout en contact c’était le Colonel Merdan

  6   au nom des forces musulmanes et Monsieur Nakic au nom des

  7   forces croates ?

  8         R.    Oui, et en plus, ils étaient escortés de deux

  9   officiers de leur état-major.

 10         Q.    D’après le projet, Monsieur Merdan devait

 11   informer ses supérieurs des incidents et des plaintes et

 12   Monsieur Nakic devait faire de même vis-à-vis de ses

 13   propres supérieurs ?

 14         R.    C’est exact.

 15         Q.    Les deux côtés se rencontraient régulièrement

 16   et se plaignaient des violations du droit humanitaire

 17   international ?

 18         R.    Oui.  C’est ainsi que nous avons entamé le

 19   processus.  Nous leur avons permis de protester et ensuite,

 20   nous lancions des enquêtes.

 21         Q.    En ce qui concerne les enquêtes, vous alliez

 22   sur le terrain, faisiez l’enquête et ensuite prépariez des

 23   rapports à ce sujet ?

 24         R.    Effectivement, la nuit ou bien le lendemain

 25   matin.


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12   Page blanche insérée aux fins d’assurer la correspondance entre la

13   pagination anglaise et la pagination française.

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  1         Q.    Pendant votre mission au sein de la

  2   Commission conjointe de Busovaca, vous n’avez jamais

  3   demandé à Monsieur Kordic d’assister à l’une quelconque de

  4   ces réunions, n’est-ce pas ?

  5         R.    C’est exact.

  6         Q.    Je crois, Monsieur, qu’au début la Commission

  7   conjointe de Busovaca a été d’abord créée à Busovaca et

  8   ensuite, elle a été déplacée à Vitez, et par la suite, elle

  9   a changé de nom.  Est-ce que vous vous en souvenez ?

 10         R.    C’est exact.

 11         Q.    En ce qui concerne le village de Skradno,

 12   vous en avez parlé et vous avez parlé de vos enquêtes qui

 13   concernaient les plaintes de mauvais traitements subis par

 14   les musulmans de cette ville.  Les Croates avaient le même

 15   genre, faisaient le même genre de plaintes vis-à-vis de

 16   leurs mauvais traitements subis par eux dans d’autres

 17   villages, n’est-ce pas ?

 18         R.    Oui, c’est exact.

 19         Q.    Vous venez de dire la manière dont cette

 20   Commission devait travailler, c’est-à-dire les

 21   représentants devaient envoyer les informations à leurs

 22   supérieurs, et au fur et à mesure, les choses devaient

 23   s’améliorer par le biais des actions des commandants

 24   militaires ?

 25         R.    Oui, c’est exact, mais il faut souligner le


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  1   fait que parfois, la municipalité était active, à savoir

  2   parfois nous avions des réunions avec le maire et nous

  3   avons demandé au maire d’également mettre en œuvre le

  4   cessez-le-feu.

  5         Q.    Oui.  Donc, vous avez pris des mesures

  6   actives afin de permettre que les instructions données par

  7   les leaders militaires soient transmises aux commandants

  8   subordonnés et aussi aux membres du gouvernement civil de

  9   Busovaca ?

 10         R.    C’est exact.

 11         Q.    Après vos enquêtes sur le mauvais traitement

 12   subi par les musulmans à Skradno, les choses se sont

 13   améliorées, n’est-ce pas ?

 14         R.    Pas vraiment, mais nous avons continué à nous

 15   rendre sur place à de nombreuses reprises et puis ils

 16   savaient qu’ils ne pouvaient pas continuer à infliger le

 17   mauvais traitement comme ils le faisaient auparavant, mais

 18   la situation n’a jamais été bien meilleure.

 19         Q.    Très bien !  Voici ce que vous avez dit à la

 20   page 7608 de votre déposition dans le cadre du procès

 21   Blaskic le 21 avril 1998 (je cite) :

 22         « Je leur ai dit au HVO la première fois que je

 23   suis allé là-bas que les gens avaient été forcés de se

 24   mettre devant les murs de leur maison et de subir une sorte

 25   d’exécution fausse.  Pour autant que je m’en souvienne, ces


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  1   incidents ne se sont pas reproduits.  Donc, il y a eu une

  2   certaine amélioration.  Il était clair qu’ils ont reçu

  3   l’information donnée. »

  4         Donc, ce que vous essayez de dire, Monsieur, c’est

  5   que la Commission conjointe de Busovaca a essayé de

  6   diminuer les tensions dans les villages et les villes des

  7   alentours ?

  8         R.    Diminuer les tensions au moins en étant

  9   présent sur le terrain pour que les gens puissent savoir

 10   qu’ils sont suivis dans leurs actions.

 11         Q.    Donc, vous avez pu remarquer des

 12   améliorations à Skradno ?

 13         R.    Oui.  Ce que vous avez mentionné, oui.

 14         Q.    Parlons maintenant du Plan Vance-Owen.

 15         Il a été élaboré par la communauté internationale

 16   afin d’apporter la paix dans la région ?

 17         R.    C’est exact.

 18         Q.    Il a été soutenu entièrement par la

 19   communauté internationale ?

 20         R.    Oui.

 21         Q.    Les Croates ont été les premiers à l’avoir

 22   signé ?

 23         R.    Vous parlez des Croates de Bosnie ?

 24         Q.    Oui, des Croates de Bosnie et puis les

 25   musulmans, je crois ?


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  1         R.    Le 23 mars.

  2         Q.    Les Serbes de Bosnie ont tout d’abord accepté

  3   sous réserve de ratification par l’assemblée de la

  4   Republika Srpska à Pale, mais l’assemblée a refusé de

  5   ratifier le plan, n’est-ce pas ?

  6         R.    Oui, pour autant que je m’en souvienne.

  7         Q.    D’après vos informations, les Croates n’ont

  8   jamais posé d’ultimatum aux musulmans concernant la mise en

  9   œuvre de ce plan de paix ?

 10         R.    Oui, vous avez raison.

 11         Q.    Vous n’avez certainement jamais entendu

 12   parler d’aucun ultimatum lancé par le Colonel Blaskic ou

 13   qui que ce soit d’autre au sein du HVO ?

 14         R.    Sauf que par la suite, nous avons reçu des

 15   copies de lettres de Mate Boban concernant le fait que ce

 16   jour du 15 avril devait constituer une sorte de date

 17   spéciale pour la mise en œuvre du Plan Vance-Owen, mais

 18   nous ne savions pas ce qui se passait derrière les

 19   coulisses. 

 20         Nous savions qu’il y avait autre chose qui se

 21   passait parce que si vous examinez le Plan Vance-Owen, vous

 22   pouvez voir qu’il prévoyait une certaine latitude, il

 23   donnait une certaine latitude aux musulmans et aux Croates. 

 24   Ils devaient s’occuper de certains volets de ce plan, par

 25   exemple, en ce qui concerne l’organisation de la structure


Page 15361

  1   militaire.

  2         Q.    Oui, mais vous en tant que haut officiel de

  3   l’ECMM responsable de la région de Busovaca, sur le

  4   terrain, vous n’avez jamais entendu parler d’un tel

  5   ultimatum, n’est-ce pas ?

  6         R.    Comme je l’ai déjà dit, l’une des tâches

  7   reçues par l’ECMM était de faciliter la mise en œuvre de ce

  8   plan.  Donc, nous avons reçu de nombreuses informations

  9   concernant la mise en œuvre de ce plan et je me souviens

 10   avoir vu un papier signé par Monsieur Mate Boban où cette

 11   date du 15 avril a été mentionnée et je crois que j’avais

 12   en ma possession une copie de ces documents.

 13         Q.    Très bien !  Je souhaite vous rappeler ce que

 14   vous avez dit à la page 7735 de la déposition dans

 15   l’affaire du Général Blaskic.  Le Juge Shahabuddeen vous a

 16   demandé si vous étiez au courant d’un quelconque ultimatum

 17   lancé par les Croates contre les musulmans concernant la

 18   mise en œuvre du Plan Vance-Owen avec la date limite du 15

 19   avril et votre réponse était la suivante :

 20         « Pendant que nous étions sur place, je n’ai pas

 21   reçu ce genre d’information.  La seule chose dont je me

 22   souvienne, je crois, c’est que les musulmans ou Izetbegovic

 23   avaient signé le Plan Vance-Owen vers la fin du mois

 24   d’avril ou au moins, ils ont laissé comprendre qu’ils

 25   étaient d’accord avec sa mise en œuvre. »


Page 15362

  1         R.    Oui.

  2         Q.    Votre déposition d’aujourd’hui est conforme à

  3   cela ?

  4         R.    Oui.

  5         Q.    Je souhaite que l’on vous montre aujourd’hui

  6   les pièces à conviction Z571.1 et Z571.3.  Il s’agit de

  7   pièces à conviction identifiées au cours de votre

  8   interrogatoire principal. 

  9         Me SAYERS (interprétation) :  Veuillez montrer ça

 10   au témoin, s’il vous plaît.  Veuillez donner ça au témoin,

 11   s’il vous plaît.

 12         Q.    La pièce à conviction 571.3, Monsieur, était

 13   un document intitulé : « Annexe 4, Accord sur les

 14   arrangements provisoires ». 

 15         Est-ce que vous savez si ceci a jamais été intégré

 16   au Plan Vance-Owen ?

 17         R.    Vous parlez de l’annexe en date du 25 mars

 18   puisque ici, j’ai deux documents ?

 19         Q.    Je parle tout d’abord de la pièce à

 20   conviction 571.3.  C’est la pièce à conviction que le

 21   Procureur vous a montrée.

 22         R.    Votre question était ?

 23         Q.    Est-ce que vous savez si ce document a été

 24   intégré à la version finale du Plan Vance-Owen ?

 25         R.    Je devrais examiner le document pour être sûr


Page 15363

  1   de son contenu.  Tout ce que je peux dire c’est que nous

  2   avions une copie, un exemplaire du Plan Vance-Owen et si ça

  3   fait partie de ce plan, je peux dire que oui, nous

  4   l’avions.

  5         Q.    Je souhaite vous montrer un document qui a

  6   été identifié par les parties dans cette affaire en tant

  7   qu’exemplaire du Plan Vance-Owen.  Il s’agit de la pièce à

  8   conviction 571.1.

  9         LA GREFFIÈRE :  Est-ce une pièce qui a été soumise

 10   hier ?

 11         Me SAYERS (interprétation) :  Non.  Ceci a été

 12   soumis il y a plusieurs mois.  J’ai une copie

 13   supplémentaire si vous voulez, si vous en avez besoin. 

 14         Q.    Merci beaucoup, Colonel Landry.  Veuillez

 15   examiner cette pièce à conviction.  Est-ce que vous

 16   reconnaissez ceci en tant qu’un exemplaire du Plan Vance-

 17   Owen ?

 18         R.    Oui.  Il s’agit là de la publication

 19   officielle de ce document.  Je dois dire que moi, je me

 20   souviens plutôt du format que vous avez montré tout à

 21   l’heure.  Donc, je n’ai jamais reçu ce genre de document

 22   officiel là-bas à Zenica.

 23         Q.    Très bien !  Veuillez maintenant examiner la

 24   page 137 concernant les gouvernements provisoires de

 25   provinces.


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  1         R.    Oui.

  2         Q.    Très bien !  Si j’ai bien compris, d’après

  3   l’accord, chaque province ou canton devait avoir tout

  4   d’abord un gouverneur nommé par la composante majoritaire

  5   de la population, ensuite le vice-gouverneur nommé par le

  6   groupe ethnique suivant du point de vue de son nombre, et

  7   puis en plus, dix autres membres du gouvernement provisoire

  8   de provinces, constitués d’une composition des trois

  9   peuples constitutifs, musulmans, Croates et Serbes ?

 10         R.    Oui, c’est exact.

 11         Q.    À la page suivante, 139 en fait, il est dit

 12   qu’il s’agit de la province numéro 10 avec la capitale de

 13   Travnik ?

 14         R.    Oui.

 15         Q.    Le gouverneur devait être nommé par les

 16   Croates, par le HDZ de BiH ?

 17         R.    Oui.

 18         Q.    Le vice-gouverneur devait être nommé par le

 19   parti musulman, le SDA ?

 20         R.    Oui.

 21         Q.    Ensuite, cinq membres du gouvernement de

 22   province devaient être nommés par le SDA, quatre par le HDZ

 23   et un par le SDS, le parti serbe, n’est-ce pas ?

 24         R.    C’est ce qui est écrit ici.

 25         Q.    Pendant que vous informiez les musulmans et


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  1   les Croates de vos efforts afin d’éduquer les officiels

  2   locaux du contenu du Plan Vance-Owen, c’est ce que vous

  3   faisiez dans le cadre de votre mission, n’est-ce pas ?

  4         R.    C’est exact.

  5         Q.    Il est facile de comprendre cette structure. 

  6   Il s’agissait d’une structure de gouvernement équilibrée

  7   avec le pouvoir partagé entre les Croates et les musulmans

  8   dans la province de Travnik, c’est-à-dire la province

  9   numéro 10.

 10         Est-ce que vous êtes d’accord avec moi là-dessus ?

 11         R.    Oui.  Est-ce que je peux faire un 

 12   commentaire ?

 13         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Tout à fait.

 14         Quel est votre but en posant ces questions,

 15   Monsieur Sayers ?

 16         Me SAYERS (interprétation) :  Le but, Monsieur le

 17   Président, était de souligner simplement le fait que

 18   d’après le Plan Vance-Owen, la structure de gouvernement

 19   était toujours très facile à comprendre, très simple, et il

 20   a toujours été envisagé de procéder à un partage de

 21   pouvoirs entre les Croates et les musulmans.  Je ne suis

 22   pas sûr comment le Colonel Landry ou bien ses collègues au

 23   sein de l’ECMM arrivaient aux conclusions que le but du

 24   Plan Vance-Owen était de créer des provinces ethniquement

 25   homogènes puisque visiblement, ceci n’était pas le but de


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  1   ce plan.

  2         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Très bien !

  3         Veuillez répondre à cela.  Est-ce que vous pouvez

  4   le faire ?

  5         R.    Oui, tout à fait facilement.  Nous ne

  6   contestons pas la nature du Plan Vance-Owen.  Nous

  7   contestons son interprétation par certaines parties.  Par

  8   exemple, si j’allais à Travnik, il était clair que dès que

  9   l’accord a été passé, il y a eu beaucoup plus de tensions

 10   dans la région et dès que l’on a décidé que Travnik devait

 11   devenir la capitale de la province, l’on a évincé les

 12   responsables musulmans des autorités au pouvoir dans cette

 13   ville et on les a remplacés par des représentants croates

 14   qui n’avaient pas été élus de manière légale.

 15         Nous avons pu constater qu’il y a eu de plus en

 16   plus de discriminations ethniques, que l’on expulsait les

 17   musulmans, et à ce moment-là, l’ECMM était soumis à de

 18   nombreuses pressions exercées par le HVO et les autorités

 19   des Croates de Bosnie qui souhaitaient nous convaincre de

 20   faciliter le déplacement de ces populations-là et de

 21   permettre aux Croates qui vivaient à Zenica de se déplacer

 22   jusqu’à la province numéro 10.

 23         M. LE JUGE BENNOUNA :  Est-ce qu’il ressortait de

 24   votre analyse de ce Plan Vance-Owen, et est-ce que c’est

 25   cela que vous avez expliqué, est-ce qu’il ressortait donc


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  1   qu’il y a certains cantons qui seraient à dominance croate,

  2   bosno-croate si on peut dire, et certains cantons qui

  3   seraient à dominance bosno-musulmane ?

  4         R.    Oui, Monsieur le Juge.

  5         M. LE JUGE BENNOUNA :  Merci.

  6         Je crois que, Me Sayers, ce n’est pas la peine de

  7   rentrer dans les détails de ces partages que nous

  8   connaissons, du nombre de postes, et cætera.  Le problème

  9   est de savoir comment le Plan a été reçu.

 10         Il a été reçu, comme vient de le dire le Colonel

 11   Landry, de cette façon, et donc, ça a eu certaines

 12   conséquences, peu importe les technicalités du Plan lui-

 13   même qui n’étaient peut-être connues que par certaines

 14   personnes très au fait des questions juridiques.  Merci.

 15         Me SAYERS (interprétation) :  J’accepte vos

 16   instructions et nous allons essayer d’accélérer les choses.

 17         Q.    J’ai une seule question de plus :  Est-ce que

 18   vous avez jamais discuté des détails du Plan Vance-Owen

 19   avec des leaders politiques croates de Bosnie en Bosnie

 20   centrale ?

 21         R.    C’est surtout l’Ambassadeur Thebault qui

 22   faisait ce genre de choses.  Nous avons surtout essayé de

 23   faire comprendre aux responsables locaux quel était le

 24   contenu du Plan Vance-Owen, alors que l’Ambassadeur

 25   Thebault le faisait à un niveau très élevé.


Page 15368

  1         Q.    Donc vous-même, vous n’avez pas eu ce genre

  2   de discussion avec les leaders des Croates de Bosnie ?

  3         R.    J’ai parlé à un niveau local et parfois au

  4   niveau de municipalités.

  5         Q.    Vous n’avez jamais discuté de cela avec

  6   Monsieur Kordic ?

  7         R.    Non, je ne me souviens pas l’avoir fait, sauf

  8   qu’une fois, j’ai rendu visite aux membres du gouvernement

  9   croate près de Mostar et je me souviens que nous avons

 10   effectivement parlé du Plan Vance-Owen, mais ceci s’est

 11   produit en mai ou juin.

 12         Q.    Donc, en Herzégovine ?

 13         R.    Oui.

 14         Q.    Vous n’avez jamais discuté avec Monsieur

 15   Kordic ou un quelconque autre leader politique croate en

 16   Bosnie centrale ?

 17         R.    Non, pas pour autant que je m’en souvienne.

 18         Q.    Vous n’avez pas discuté de cela avec le

 19   Colonel Blaskic non plus ?

 20         R.    Je ne peux pas confirmer cela.

 21         Q.    Je souhaite parler d’un autre sujet, c’est-à-

 22   dire la chaîne de commandement au sein du HVO.

 23         Est-ce que vous saviez que le commandant suprême

 24   des forces armées du HVO, pendant votre mission, était le

 25   Président de la Communauté croate de Herceg-Bosna, Monsieur


Page 15369

  1   Mate Boban ?

  2         R.    Oui.  Je l’ai dit hier d’ailleurs.  Les

  3   militaires sont responsables devant le gouvernement.

  4         Q.    Vous avez compris que Monsieur Boban était le

  5   Président de ladite Communauté croate de Herceg-Bosna ?

  6         R.    Oui.

  7         Q.    Est-ce que vous saviez qu’il y avait une

  8   institution qui s’appelait la présidence qui était séparée

  9   du Président lui-même ?

 10         R.    Non, je ne m’en souviens pas.

 11         Q.    Très bien !  Est-ce qu’il est exact de dire

 12   également que le quartier général du HVO se trouvait à

 13   Mostar ou juste à côté ?

 14         R.    Oui.

 15         Q.    Pendant votre mission au sein de l’ECMM, le

 16   commandant en chef, le chef d’état-major était le Général

 17   de brigade Milivoj Petkovic ?

 18         R.    C’est exact.

 19         Q.    Dans l’affaire Blaskic, vous avez dit que

 20   votre impression était que les forces du HVO réagissaient

 21   favorablement aux ordres émanant de ceux qui se trouvaient

 22   en haut de la structure de commandement et vous maintenez

 23   la même opinion aujourd’hui ?

 24         R.    Oui.

 25         Q.    Pendant votre mission de six mois en Bosnie


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  1   centrale, vous pouvez dire que sans doute le Colonel

  2   Blaskic était le commandant militaire du HVO en Bosnie

  3   centrale, n’est-ce pas ?

  4         R.    C’est exact.

  5         Q.    Dans votre déclaration faite au Procureur il

  6   y a plusieurs années, vous avez dit qu’il était

  7   certainement le commandant militaire du HVO pendant toute

  8   la durée de votre mission ?

  9         R.    C’est exact.

 10         Q.    En fait, le Colonel Blaskic vous a parlé et a

 11   fait preuve de beaucoup de connaissances en ce qui concerne

 12   ces commandants de brigades et les développements des

 13   forces sous son commandement, n’est-ce pas ?

 14         R.    Oui.  Nous pouvons dire cela puisqu’il a eu

 15   parfois certains problèmes dans le contrôle de certains

 16   éléments et nous avons pu réaliser qu’effectivement, il y a

 17   eu certains éléments qui échappaient à son contrôle de

 18   temps en temps.

 19         Q.    Vous avez dit au cours de l’interrogatoire

 20   principal que le Colonel Blaskic, en tant que commandant

 21   militaire des forces dans ses zones de responsabilité,

 22   devait s’assurer que les troupes placées sous son contrôle

 23   répondent à ses ordres ?

 24         R.    C’est exact.

 25         Q.    Vous pensez qu’il n’est pas possible de


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  1   croire qu’il ne contrôlait pas entièrement ses propres

  2   troupes ?

  3         R.    Oui.

  4         Q.    Sauf ce dont vous venez de dire tout à

  5   l’heure, c’est-à-dire le fait qu’il ne disposait pas d’une

  6   armée professionnelle et qu’il ne disposait pas de moyens

  7   de communication, il avait le contrôle de ses troupes ?

  8         R.    C’est exact.

  9         Q.    Lorsque le Juge vous a posé la question à la

 10   page 7275 de votre déposition de savoir si le Colonel

 11   Blaskic était le commandant contesté ou incontesté des

 12   forces en Bosnie centrale, vous avez dit qu’il était

 13   incontesté ?

 14         R.    C’est exact.

 15         Q.    Ensuite en ce qui concerne les commandants de

 16   brigades dans la structure militaire du HVO, ces brigades

 17   étaient organisées selon les municipalités ?

 18         R.    C’est exact.

 19         Q.    Chaque commandant de brigade était le

 20   commandant de compagnies qui constituaient cette brigade ?

 21         R.    Effectivement.  Des compagnies ou bien

 22   parfois, il s’agissait de commandants de brigades.

 23         Q.    Ensuite, les commandants de brigades étaient

 24   responsables à leur supérieur, c’est-à-dire le commandant

 25   de la zone opérationnelle, le Colonel Blaskic ?


Page 15372

  1         R.    C’est exact.

  2         Q.    Vous avez également témoigné devant Dusko

  3   Grubesic qui était à la brigade de Busovaca, n’est-ce pas ?

  4         R.    Oui.  Je me souviens qu’il a été le

  5   commandant de la brigade de Busovaca.

  6         Q.    Il était certainement le commandant local du

  7   HVO à Busovaca, n’est-ce pas ?

  8         R.    Oui, tout à fait.

  9         Q.    Entendu !  Vous avez donné la description

 10   assez graphique comment les événements ont échappé au

 11   contrôle en avril 1993.

 12         Me SAYERS (interprétation) :  J’aimerais que vous

 13   puissiez voir la pièce à conviction D146/1.  Il s’agit du

 14   rapport daté du 7 avril 1993, le rapport de l’ECMM. 

 15         Q.    Dans le paragraphe 1, Monsieur, il y a un

 16   commentaire et on précise que la réunion du comité de

 17   coordination de la Commission conjointe de Busovaca a été

 18   tenue le 7 avril 1993 au sein de FrenchBat à Kakanj et ceci

 19   parce qu’il y avait une préoccupation en ce qui concerne la

 20   sécurité du HVO car les personnes dures de Zenica ont posé

 21   un ultimatum.

 22         Est-ce que vous vous souvenez ?

 23         R.    Oui, je me souviens parce que j’étais à un

 24   moment donné intervenu à Kakanj.  Il n’est pas impossible

 25   que ceci faisait part de ce rapport.


Page 15373

  1         Q.    Il paraît que c’était en quelque sorte un

  2   chantage qui était venu des personnes musulmanes de lignes

  3   dures et les représentants du HVO avaient peur pour leur

  4   propre sécurité.

  5         Est-ce que vous vous souvenez de cet incident ?

  6         R.    Non.

  7         Q.    Merci.  On va passer à un autre sujet.

  8         Vous avez compris que dans les villes telles que

  9   Travnik, il y avait des tensions qui ont commencé à

 10   augmenter au mois d’avril.  La question que je pose est : 

 11   Est-il vrai que le 8 et le 9 avril, les représentants des

 12   deux côtés se sont rencontrés et ceci pour se mettre

 13   d’accord ?

 14         R.    Oui.

 15         Q.    Il s’agissait du Commandant Grubesic du côté

 16   du HVO et il y avait le Commandant Mekic de la 333e

 17   brigade :  Est-ce que c’est exact ?

 18         R.    Nous avons réussi enfin à obtenir un certain

 19   nombre d’ordres écrits deux mois après le cessez-le-feu. 

 20   Il s’agit d’un document dont j’avais besoin pour pouvoir

 21   demander qu’on comble les tranchées.

 22         Q.    Bien évidemment, aucune partie ne voulait

 23   combler les tranchées avant d’être sûre que c’est le

 24   commandant qui avait délivré un ordre ?

 25         R.    Quand vous dites aucune partie, à ce moment-


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  1   là, il me faut vous dire que dans cette période – et ceci a

  2   changé quelque peu ultérieurement – les musulmans étaient

  3   disposés à combler les tranchées.  Ce n’était pas le cas

  4   des Croates.  Par la suite, ceci a changé d’ailleurs, comme

  5   la situation en général a changé.  La situation a été

  6   inversée par la suite.

  7         Q.    On va y passer tout à l’heure, mais

  8   maintenant nous allons essayer de voir comment les tensions

  9   ont augmenté en avril, immédiatement avant que le conflit

 10   soit déclenché.

 11         Vous avez parlé également de l’enlèvement des

 12   quatre officiers du HVO et il me semble que c’était le 14

 13   avril.  La Chambre en a déjà entendu parler.  Il y avait

 14   plein de témoins qui ont déposé là-dessus.

 15         En ce qui vous concerne, vous avez contacté les

 16   autorités militaires à Zenica et vous avez demandé

 17   d’investiguer cet incident :  Est-ce que c’est vrai ?

 18         R.    Oui.

 19         Q.    Est-il vrai que les Mujahedins qui étaient

 20   dans la 7e brigade musulmane et qui étaient responsables de

 21   cet incident… que vous et votre observateur, Monsieur

 22   Baggesen, à mon avis, vous n’avez pas réussi véritablement

 23   à apprendre où se trouvaient ces officiers ?  Est-ce que

 24   vous vous souvenez de cela ?

 25         R.    Oui, je me souviens fort bien, mais je me


Page 15375

  1   souviens également plus ou moins que j’étais en contact

  2   direct avec le commandant du HVO.  Il me semble que c’était

  3   le Général Tadic à Zenica et qu’effectivement il y avait

  4   une connexion avec les Mujahedins.

  5         Q.    Je pense que vous avez parlé également de

  6   cette célébration des Pâques du 30 avril et je me souviens

  7   que Monsieur Kordic également y était.  Est-ce que dans vos

  8   notes éventuellement vous avez quelque chose là-dessus ?

  9         R.    Oui.  C’est la raison pour laquelle j’ai pu

 10   me souvenir de la date.

 11         Q.    Entendu !  Est-ce que vous avez parlé

 12   également avec Monsieur Kordic ?

 13         R.    Non.  Je n’ai pas été à la même table avec

 14   lui.

 15         Q.    Il y avait probablement beaucoup de

 16   personnes ?

 17         R.    Oui, effectivement. 

 18         Q.    Il y avait Monsieur Thebault, Monsieur Kordic

 19   et Monsieur Blaskic qui étaient autour d’une même table

 20   alors que les membres de l’ECMM étaient autour d’une autre

 21   table ?

 22         R.    Oui.

 23         Q.    Il y avait Monsieur Thebault qui y était ?

 24         R.    Oui, effectivement.  La plupart du personnel

 25   du centre régional de Zenica était invité.


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  1         Q.    Par la suite, vous avez dit également que

  2   Monsieur Kordic est apparu à Travnik et ceci au moment où

  3   les tensions ont commencé à augmenter ?

  4         R.    Quand je dis qu’il est apparu, moi, je me

  5   dois de vous dire que nous sommes allés à Travnik, comme je

  6   l’ai déjà précisé hier lors de ma déposition, mais il y

  7   avait beaucoup de tensions et puis il y avait également

  8   toute une série d’incidents et c’est probablement parce que

  9   les drapeaux croates ont été hissés au centre-ville. 

 10   C’était probablement la raison pour laquelle les tensions

 11   ont commencé à augmenter.

 12         Au moment où nous étions présents à cette

 13   célébration, on nous a appris – je ne sais pas si c’est en

 14   provenance de Travnik ou éventuellement BritBat qui nous a

 15   renseignés sur ce plan-là – que la situation s’est

 16   tellement détériorée que BritBat a été obligé d’envoyer des

 17   véhicules blindés car la situation échappait au contrôle et

 18   c’est à ce moment-là que nous avons commencé à tenir un

 19   certain nombre de réunions avec des représentants au niveau

 20   local, au niveau militaire également, la police civile et

 21   les autres.

 22         Je me souviens que nous avons terminé pratiquement

 23   nos conversations dans le bureau de Monsieur Kordic et

 24   jusqu’à ce moment-là, normalement, Monsieur Kordic opérait

 25   en dehors de Travnik.


Page 15377

  1         Q.    Vous savez maintenant que lui ne travaillait

  2   pas en dehors de Travnik ?

  3         R.    Oui.  Maintenant, je sais qu’il a travaillé à

  4   Busovaca.

  5         Q.    Ensuite, il y a un autre événement qui

  6   concerne l’enlèvement du Commandant Zivko Totic le 15

  7   avril.

  8         Vous vous souvenez que les quatre soldats qui

  9   l’accompagnaient ont été tués ?

 10         R.    Oui.

 11         Q.    Est-ce que vous avez vu également les

 12   photographies de leurs voitures et de leurs corps à la

 13   télévision ?

 14         R.    Non, je ne me souviens pas que je l’ai vu à

 15   la télévision, mais de toute façon, je me suis rendu sur

 16   les lieux et je me souviens, j’ai vu les traces également.

 17         Q.    Par conséquent, vous avez vu le véhicule ?

 18         R.    Oui.  Je pense que j’ai vu le véhicule.

 19         Q.    Il y avait beaucoup de traces également de

 20   balles ?

 21         R.    Oui.

 22         Q.    Est-ce que vous avez vu également la

 23   conférence de presse qui a été organisée par les dirigeants

 24   croates où on a parlé de cet incident de Zenica ?

 25         R.    Non.  Dès que l’incident a eu lieu, j’ai été


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  1   chargé d’une tâche toute particulière.  Il a fallu que

  2   j’enquête et que j’entreprenne donc cette enquête sur les

  3   Mujahedins qui l’avaient commis, qui avaient commis cet

  4   incident à l’égard de Totic.

  5         Q.    Il me semble que les Mujahedins qui avaient

  6   enlevé Monsieur Totic et qui avaient tué son escorte,

  7   qu’ils avaient envoyé une lettre à l’ECMM.  Ils menaçaient

  8   également qu’ils allaient tuer les personnes qu’ils avaient

  9   arrêtées si leurs concitoyens n’étaient pas laissés de

 10   Busovaca ?

 11         Me SCOTT (interprétation) :  Objection.  De toute

 12   façon, nous ne contestons pas ces faits.

 13         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Effectivement,

 14   nous avons passé beaucoup de temps là-dessus et nous

 15   pouvons poursuivre.

 16         Me SAYERS (interprétation) :  Vous avez raison. 

 17   Nous allons poursuivre.

 18         Q.    Le soir le 15 avril et le 16 au matin, il y

 19   avait cette attaque violente dans la vallée de la Lasva ?

 20         R.    Oui, effectivement.  C’est à ce moment-là que

 21   ce conflit a eu lieu.

 22         Q.    Vous avez décrit ce que vous avez vu.  Vous

 23   êtes passé à côté de Ahmici, mais de toute façon, vous ne

 24   saviez pas si l’armée de Bosnie-Herzégovine avait son unité

 25   dans ce village ?


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13   pagination anglaise et la pagination française.

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  1         R.    Non.  Moi, je l’ignorais.  Je ne savais pas

  2   s’il y avait une unité dans ce village.

  3         Q.    Mais vous ne saviez pas non plus s’il y avait

  4   un plan de défendre le village ?

  5         R.    Tout ce que je peux dire est que quand j’ai

  6   réussi à m’y rendre et quand j’ai réussi donc de traverser

  7   le village, il n’y avait aucun signe de défense.

  8         Q.    Mais vous avez dit dans votre déposition

  9   qu’au moment où vous vous êtes déplacé de Vitez à Zenica le

 10   16 avril que vous n’avez pas aperçu les soldats du HVO. 

 11   Permettez-moi de vous dire que vous avez traversé le

 12   territoire sous le contrôle du HVO.  Il est logique que

 13   vous n’avez pas vu les soldats du HVO, étant donné que la

 14   ligne de front était quelque peu plus loin ?

 15         R.    Vous parlez des soldats du HVO ou du HV ?

 16         Q.    HV.  Vous avez parlé des questions HVO mais

 17   vous avez dit que vous n’avez pas vu des soldats de l’armée

 18   de Bosnie-Herzégovine.  Ils étaient à un autre endroit au

 19   niveau de la ligne de front ?

 20         R.    Oui.

 21         Q.    Seriez-vous d’accord avec moi, Monsieur, que

 22   Ahmici était un village musulman, exclusivement musulman,

 23   derrière la ligne de confrontation ?

 24         R.    Non.  Si vous voyez Vitez, il y avait des

 25   musulmans également.  Il y avait une autre enclave des


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  1   musulmans au sein du territoire qui était contrôlé par le

  2   HVO et il y avait des Croates également qui habitaient sur

  3   le territoire sous le contrôle de l’armée de Bosnie-

  4   Herzégovine.

  5         Q.    Mais est-ce que vous étiez au courant qu’en

  6   octobre 1992, il y avait un autre incident au moment où une

  7   unité a été arrêtée au niveau de Ahmici ?

  8         R.    Non, je n’étais pas au courant.

  9         Q.    Maintenant, nous allons passer à quelques

 10   questions qui portent sur Zenica.

 11         Il est vrai, n’est-ce pas, que les deux brigades

 12   du HVO ont subi un échec le 16 et le 17 avril ?

 13         R.    Au moment où vous dites que ces unités ont

 14   subi un échec, il y avait effectivement une bataille et

 15   quelques personnes qui ont été arrêtées.  J’ai visité la

 16   prison de Zenica mais il y en a qui ont pu s’échapper et

 17   qui ont regagner le territoire qui était contrôlé par le

 18   HVO.

 19         Q.    Mais il y avait la présence militaire du HVO

 20   qui était inexistante à Zenica le 17 avril, n’est-ce pas ?

 21         R.    C’est exact.

 22         Q.    Vous-même, vous avez vu les déplacements des

 23   chars autour de Zenica ?  C’était des chars qui

 24   appartenaient à l’armée de Bosnie-Herzégovine ?

 25         R.    Si mes souvenirs sont bons, nous avons parlé


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  1   d’un seul char.

  2         Q.    Entendu !  Le 20 avril 1993, dans votre

  3   rapport, vous parlé de deux chars sur une route de

  4   montagne.

  5         R.    Oui, d’accord.  Je pensais que vous parliez

  6   de Zenica.  En ce qui concerne la route de montagne, ce

  7   n’est pas Zenica.

  8         Q.    Mais il y avait un char à Zenica et les deux

  9   sur cette route ?

 10         R.    Oui.

 11         Q.    Au moment où il y avait le conflit, vous avez

 12   essayé de contacter le Colonel Blaskic ?

 13         R.    Oui.

 14         Q.    Et vous avez appris que vous ne pouviez pas

 15   le contacter ?

 16         R.    Oui.

 17         Q.    Vous n’avez pas essayé de contacter Monsieur

 18   Kordic ?

 19         R.    Non.

 20         Q.    Est-ce que vous savez si le BritBat a

 21   contacté Monsieur Kordic ?

 22         R.    Non, je ne sais pas et je ne sais même pas si

 23   Monsieur Thebault l’a fait.  Je ne sais pas si quelqu’un

 24   d’autre a essayé de contacter Monsieur Kordic mais en ce

 25   qui me concerne, moi j’ai travaillé à Busovaca et j’ai tenu


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  1   à contacter Monsieur Blaskic.

  2         Q.    Au cours de l’interrogatoire principal, on

  3   vous a montré deux pièces à conviction qui ont été faxées à

  4   l’ECMM, au BritBat également, en date du 17 avril 1993.

  5         Le premier document portait trois signatures ?

  6         R.    Signé par les mêmes personnes ?

  7         Q.    Vous savez qui l’avait signé ?

  8         R.    Non.

  9         Q.    C’était Ante Puljic qui a signé à la place de

 10   Ignac Kostroman, Secrétaire-Général du HZ-HB, et de

 11   Monsieur Kordic qui était Vice-président du HZ-HB ?

 12         R.    Je n’étais pas au courant.

 13         Q.    Est-ce que vous connaissiez Monsieur Puljic ?

 14         R.    Le nom ne me dit rien.  Je l’ai peut-être

 15   rencontré.  Il ne faut pas oublier non plus qu’il

 16   s’agissait d’un incident qui a eu lieu il y a sept ans et

 17   j’ai un journal où il y a plein de noms de personnes que

 18   j’ai rencontrées.  Il faudrait vraiment que je m’en

 19   souvienne.

 20         Q.    Mais vous saviez que Monsieur Kordic était

 21   Vice-président de la présidence de la Communauté croate

 22   d’Herceg-Bosna ?

 23         R.    Oui et il était localisé en Bosnie centrale.

 24         Q.    Les combats se sont arrêtés du côté croate

 25   parce que Mate Boban a délivré un ordre.  Ensuite, le


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  1   Général Petkovic et le Colonel Blaskic également ont

  2   délivré des ordres de leur côté :  Est-ce que c’est exact ?

  3         R.    Je sais qu’il y avait un certain nombre

  4   d’ordres qui ont été délivrés mais je me dois de vous dire

  5   également que je connais tout simplement la chaîne de

  6   commandement militaire.  Mais je sais qu’à ce moment-là,

  7   Petkovic s’était rendu à Zenica, peut-être ailleurs

  8   également, et je sais également que Monsieur Thebault a

  9   réussi à se mettre en contact avec lui et établir le

 10   cessez-le-feu.

 11         Ce que je dois vous dire également c’est qu’il y

 12   avait toute une série de réunions au cours de cette

 13   période.  C’est la raison pour laquelle je ne peux pas vous

 14   dire exactement ce qui s’est passé lors de telle ou telle

 15   réunion, mais je sais qu’il y avait beaucoup de réunions

 16   qui ont eu lieu à cette époque-là.

 17         Q.    On peut économiser du temps, Colonel Landry. 

 18   Ce sont des documents qui ont déjà été versés au dossier. 

 19   Vous me permettrez de vous suggérer tout simplement parce

 20   que c’est important pour la chaîne de commandement que

 21   l’ordre a été signé par Mate Boban et le Président

 22   Izetbegovic et est en date du 18 avril 1993.  Il s’agit de

 23   la pièce à conviction D83/1, et si vous permettez, je vais

 24   mettre cet ordre sur le rétroprojecteur :  D83/1.

 25         Me SAYERS (interprétation) :  Je voudrais tout


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  1   simplement demander que la Chambre me donne quelques

  2   instructions et ceci pour économiser du temps au greffe. 

  3   Nous avons des copies, des copies des pièces à conviction

  4   qui déjà ont été versées au dossier.  Il nous serait utile

  5   si l’huissier pourrait mettre ces copies sur le

  6   rétroprojecteur.

  7         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  D’accord.

  8         Me SAYERS (interprétation) : 

  9         Q.    Est-ce que vous êtes d’accord, Colonel, que

 10   les présidents Izetbegovic et Boban ont signé l’ordre daté

 11   du 18 avril 1993, quatre points ?

 12         R.    Oui.  J’ai ce document sous mes yeux.

 13         Q.    Au premier paragraphe, il est marqué que tous

 14   les malentendus dans les relations entre les Croates et les

 15   musulmans devront être résolus par la voie politique ?

 16         R.    Oui.

 17         Q.    Le troisième paragraphe stipule (je cite) :

 18         « Nous demandons à toutes les unités d’arrêter les

 19   combats. »

 20         R.    Oui.

 21         Q.    Et ensuite qu’il est indispensable d’établir

 22   la responsabilité de toutes les unités à la lumière du

 23   conflit ?

 24         R.    Oui.

 25         Q.    Il y a un ordre suivant qui a été délivré le


Page 15386

  1   jour même, qui a été délivré par le Général de brigade

  2   Milivoj Petkovic.

  3         Me SAYERS (interprétation) :  Si vous voulez bien

  4   le mettre sur le rétroprojecteur.

  5         Q.    Dans cet ordre, comme vous pouvez vous y

  6   attendre, c’est le commandant en chef du HVO qui a envoyé

  7   cet ordre à toutes les forces militaires ?

  8         R.    Oui.

  9         Q.    Par conséquent, c’est la chaîne de

 10   commandement qui a fonctionné de cette façon-là ?

 11         R.    Oui.

 12         Q.    Il y a un troisième ordre qui a été délivré

 13   le jour même, signé par le Colonel Blaskic, pièce à

 14   conviction D84/1.

 15         Le Colonel Blaskic, commandant de la zone

 16   opérationnelle, a fait suivre cet ordre qu’il avait reçu de

 17   son supérieur :  Est-ce que c’est exact ?

 18         R.    Oui.

 19         Q.    Par conséquent, vous voyez ici un exemple

 20   pratique au niveau de la chaîne de commandement ?

 21         R.    Oui, tout à fait.

 22         Q.    Maintenant après cette série d’ordres qui ont

 23   été délivrés, nous pouvons dire que les parties au conflit

 24   se sont rencontrées à Zenica.  Je pense que c’est Monsieur

 25   Morillon et Monsieur Thebault qui les ont réunies et c’est


Page 15387

  1   le 20 avril 1993 qu’ils sont arrivés à un accord, n’est-ce

  2   pas ?

  3         R.    C’était peut-être à une autre date.  Comme je

  4   vous dis, il y avait toute une série de réunions, mais moi,

  5   je me souviens avoir assisté à cette réunion présidée par

  6   le Général Morillon.

  7         Q.    Je vous ai déjà montré la pièce à conviction

  8   D24/1 et une partie de cet accord précise que les deux

  9   parties, le HVO et l’armée, doivent être traitées de la

 10   même manière, étant donné qu’il s’agit des forces qui sont

 11   des forces officielles ?

 12         R.    Oui, je m’en souviens.

 13         Q.    Je pense que les signataires de ce plan

 14   étaient le Colonel Tole, ensuite Halilovic qui était le

 15   commandant en chef de l’armée de Bosnie-Herzégovine, le

 16   Général de brigade Petkovic, commandant en chef du HVO,

 17   ainsi que le Général Morillon et Ambassadeur Thebault ?

 18         R.    Oui.

 19         Q.    En aucun cas, Monsieur Kordic n’a participé

 20   lors de ces réunions ?

 21         R.    C’est vrai.

 22         Q.    Mais personne n’a demandé la présence de

 23   Monsieur Kordic pour que cet accord sur la cessation des

 24   hostilités soit signé ?

 25         R.    Oui.


Page 15388

  1         Q.    Par conséquent, ni l’ECMM, ni BritBat, ni

  2   personne ne lui avait demandé pour y assister :  C’est bien

  3   exact ?

  4         R.    Oui.

  5         Q.    À la lumière de cet accord sur le cessez-le-

  6   feu, il y avait quand même des hostilités qui se sont

  7   poursuivis dans le village Jelinak habité par les Croates

  8   majoritairement.  Les Croates ont été expulsés par une

  9   centaine de membres de l’armée de Bosnie-Herzégovine.  Il

 10   s’agit d’un groupe qui correspond à un bataillon et c’est

 11   de cela que vous parlez dans votre rapport du mois d’avril

 12   1993 ?

 13         R.    Non.  Je ne me souviens pas exactement mais

 14   de toute façon, je suis tout à fait d’accord pour dire

 15   qu’il y avait des représailles qui étaient venues des deux

 16   côtés.

 17         Q.    Maintenant nous allons parler des crimes à

 18   l’encontre des Croates que vous avez enquêtés un peu plus

 19   tard au mois d’avril et je me souviens que vous avez

 20   préparé également des rapports.

 21         R.    Quand vous dites « la plus grande partie du

 22   mois d’avril », vous pensez probablement après l’incident

 23   qui a eu lieu mi-avril.

 24         Q.    Vous avez organisé une enquête qui concerne

 25   le 20 avril et le 21 avril 1993 ?


Page 15389

  1         R.    Oui.

  2         Q.    Ce sont les pièces à conviction qui ont déjà

  3   été versées au dossier sous la cote 25/1.  C’est le Père

  4   Stjepan Radic qui vous a aidé ?

  5         R.    Oui, je me souviens.  Je me souviens de

  6   quelqu’un qu’on appelait le Père Stjepan.

  7         Q.    Il vous a dit qu’il a aperçu les troupes de

  8   l’armée de Bosnie-Herzégovine qui étaient incontrôlées et

  9   qui ont commis un certain nombre de crimes ?

 10         R.    Oui.  Si c’est marqué dans le rapport, à ce

 11   moment-là, je vous répondrai affirmativement, mais en ce

 12   qui me concerne, il n’a pas vu véritablement plein de

 13   choses parce qu’il se trouvait en centre même de Zenica et

 14   c’est nous qui l’avons emmené avec nous pour pouvoir

 15   enquêter ce qui s’est passé dans les villages dans les

 16   alentours de Zenica.

 17         Q.    Mais je pense que vous n’êtes pas en

 18   désaccord avec ce que je viens de dire.  Il a été dit que

 19   le Père Stjepan a offert l’asile à un certain nombre de

 20   personnes du HVO ?  Ceci est sur le compte rendu à la page

 21   7525.

 22         R.    Oui, effectivement.  C’est ces personnes-là

 23   qui l’ont précisé au Père Stjepan.  J’ai pu rencontrer deux

 24   de ces personnes.  Les deux étaient des hommes politiques. 

 25   Je pense que leurs noms figurent dans ma déposition.


Page 15390

  1         Q.    Mais vous avez fait une enquête pendant deux

  2   jours.  D’abord, vous vous êtes rendu à la prison à Zenica.  

  3   Vous avez vu des centaines de Croates qui étaient arrêtés,

  4   n’est-ce pas ?

  5         R.    Oui.

  6         Q.    Le deuxième jour, vous avez visité des

  7   villages différents et dans un rapport spécial, vous avez

  8   noté ce que vous y avez découvert, n’est-ce pas ?

  9         R.    Oui.

 10         Q.    Dans votre rapport, vous énumérez toute une

 11   série d’événements horribles qui se sont passés ?

 12         R.    Oui.

 13         Q.    À Janjac, par exemple ?

 14         R.    Oui.

 15         Q.    À Janjac, il y avait 209 familles qui ont été

 16   expulsées ?

 17         R.    Oui.

 18         Q.    À Stranjani, sept maisons ont été incendiées

 19   et 240 autres également ont été pillées, n’est-ce pas ?  

 20   C’était des Croates.

 21         R.    Oui.

 22         Q.    À Zahalje, c’était pareil ?

 23         R.    Oui.

 24         Q.    À Dobriljeno, on a pratiquement expulsé les

 25   Croates ?


Page 15391

  1         R.    Oui.

  2         Q.    Il y avait un autre village, Zalje.  Vingt

  3   maisons ont été incendiées, il y a une jeune fille qui a

  4   été trouvé morte dans son lit, il y a un monsieur de 90 ans

  5   également qui a été tué ?

  6         R.    Oui.

  7         Q.    Est-ce que vous savez s’il y a quelqu’un qui

  8   avait été porté en justice à cause de ces atrocités qui ont

  9   été commises ?

 10         R.    Je ne me souviens pas.

 11         Q.    Mais il y avait d’autres enquêtes également

 12   auxquelles vous avez procédées à propos de ce qui s’est

 13   passé à Miletici.  Le 25 avril, il y avait cinq personnes

 14   qui ont été torturées et tuées par les membres de l’armée

 15   de Bosnie-Herzégovine et les Mujahedins ?

 16         R.    Est-ce que c’est marqué dans le rapport ? 

 17   Moi, je ne me souviens pas mais si c’est marqué dans le

 18   rapport, à ce moment-là, c’est vrai.

 19         Q.    Mais je vais vous demander de voir le

 20   document D86/1.

 21         Me NICE (interprétation) :  Monsieur le Président,

 22   nous sommes quelque peu préoccupés au sujet de la

 23   pertinence de ces documents parce que ce n’est pas de ça

 24   que nous avons parlé lors de l’interrogatoire principal.

 25         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  C’est à nous


Page 15392

  1   d’en juger.

  2         Me SAYERS (interprétation) :  Excusez-moi,

  3   Monsieur le Président, mais de toute façon, je pense que

  4   nous avons parlé des atrocités qui ont été commises à

  5   l’encontre des Croates.

  6         R.    En ce qui me concerne, ce n’est pas moi qui

  7   ai organisé l’enquête dans la situation concrète.

  8         Q.    Mais on va passer à un autre sujet.

  9         Vous avez parlé également de la puissance des

 10   forces militaires du HVO et de l’armée de Bosnie-

 11   Herzégovine également.  Vous avez déposé aujourd’hui sur la

 12   situation stratégique et sur les changements qui sont

 13   intervenus également au cours de votre mission au sein de

 14   l’ECMM.

 15         Il n’y a pas de doute que la deuxième, troisième

 16   semaine du mois d’avril – excusez-moi, je me corrige –

 17   deuxième, troisième semaine du mois de juin 1993, le HVO

 18   n’était pas dans une situation confortable et que l’armée

 19   de Bosnie-Herzégovine était beaucoup plus puissante ?

 20         R.    Oui.  Je suis d’accord mais je devrais

 21   consulter mes notes pour savoir où ça s’est passé.  Mais de

 22   toute façon, nous avons pu comprendre que la situation

 23   tactique a changé de manière drastique en Bosnie centrale.

 24         Q.    Mais est-ce que vous étiez au courant,

 25   Monsieur, qu’au cours du mois de mai et les premiers huit


Page 15393

  1   jours du mois de juin 1993, le Général Hadzihasanovic a

  2   refusé de rencontrer le Colonel Blaskic pour discuter un

  3   certain nombre de questions au sein de la Commission

  4   conjointe ?  Est-ce que quelqu’un vous en a parlé ?

  5         R.    Je ne me souviens pas.  Tout ce que je peux

  6   vous dire c’est que le Général Halilovic a été remplacé. 

  7   Il y avait un autre Général qui est venu à son poste.

  8         Me SAYERS (interprétation) :  Monsieur le

  9   Président, je vais passer à un autre sujet.  Il est peut-

 10   être un bon moment pour lever l’audience.

 11         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Est-ce que

 12   vous avez encore besoin de beaucoup de temps ?

 13         Me SAYERS (interprétation) :  Comme je l’ai déjà

 14   dit hier, je ne vais pas prolonger trop longtemps.  Je ne

 15   vais pas dépasser la matinée.

 16         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Mais Me

 17   Sayers, vous avez déjà parlé pendant une heure et demie. 

 18   Vous avez couvert Zenica ; vous êtes mi-avril.  Il ne reste

 19   pas beaucoup.

 20         Me SAYERS (interprétation) :  Il y a le pilonnage

 21   de Zenica, Monsieur le Président, ensuite le témoignage sur

 22   Kiseljak dont le témoin a déjà déposé.

 23         Ce qui nous reste également c’est de parler de la

 24   puissance des forces du HVO et de l’armée de Bosnie-

 25   Herzégovine en juin, juillet, août, avril, donc le rapport


Page 15394

  1   des forces entre les deux armées ; ensuite l’incident du

  2   convoi et le témoignage sur le HV.  C’est ce que je

  3   voudrais couvrir.

  4         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  C’est en une

  5   heure qu’il faudrait absolument terminer.

  6         Me SAYERS (interprétation) :  Merci, Monsieur le

  7   Président.

  8         Me NICE (interprétation) :  Nous avons un témoin

  9   avec lequel nous allons pouvoir terminer en une demi-

 10   journée.

 11         Ensuite, un ex parte ?

 12         Je pense que nous allons pouvoir parler également

 13   d’un certain nombre de questions de procédure et puis la

 14   question de vidéos.

 15         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Mais ce soir,

 16   nous n’allons pas pouvoir prolonger trop longtemps.  Après

 17   4 h 00, il va falloir terminer.  C’est la raison pour

 18   laquelle nous n’allons pas pouvoir parler des questions

 19   juridiques et de procédure et il faut de toute façon être

 20   le plus rapide avec le contre-interrogatoire.

 21         L’audience est levée.  Une demi-heure de pause.

 22         --- Suspension de l’audience à 11 h 03

 23         --- Reprise de l’audience à 11 h 35

 24         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je vois là une

 25   carte.  De quoi s’agit-il ?


Page 15395

  1         Me SAYERS (interprétation) :  Justement, je vais

  2   en parler maintenant.  Le Colonel a fait référence à une

  3   conversation qu’il a eue avec le Général Praljak à la fin

  4   de sa mission et le Général Praljak a reconnu la présence

  5   de troupes de la HV autour de la ville de Trebinje. 

  6         Nous avons devant nous une carte à grande échelle

  7   de la totalité de la Bosnie-Herzégovine et de la Croatie et

  8   je souhaiterais que le Colonel nous indique où se trouve

  9   Trebinje pour l’information du prétoire.

 10         R.    Je suis désolé, mais je n’ai pas tout

 11   entendu.

 12         Q.    Vous nous avez dit que vous avez parlé au

 13   Général Praljak.  Il a dit qu’il y avait des troupes de la

 14   HV autour de la ville de Trebinje.  Vous en souvenez-vous ?

 15         R.    Qu’est-ce que j’ai dit d’autre ?

 16         Q.    Je voulais que vous indiquiez sur la carte où

 17   se trouve la ville de Trebinje.

 18         R.    Bien, je ne sais pas, mais je pense que c’est

 19   dans la zone de Prozor.

 20         Q.    Pour vous aider, j’ai placé un Post-It au-

 21   dessous, juste au-dessous de la ville de Trebinje.

 22         R.    Ce n’est pas le genre de carte que nous

 23   utilisions sur place.  Donc, certains des noms qui y

 24   figurent ne correspondent pas à ce que je connais.

 25         Q.    Regardez où se trouve le Post-It.


Page 15396

  1         Voilà !  Donc là, vous avez Trebinje.  Pouvez-vous

  2   l’indiquer aux trois Juges, s’il vous plaît ?

  3         R.    [Indication du témoin]

  4         Q.    Merci. 

  5         Me SAYERS (interprétation) :  C’est la seule

  6   raison, Monsieur le Président, pour laquelle j’ai demandé

  7   que soit présentée cette carte.

  8         R.    Je ne suis jamais allé là-bas.

  9         Q.    Nous allons maintenant essayer d’accélérer un

 10   petit peu le mouvement.

 11         Vous nous avez parlé très brièvement d’un incident

 12   qui a eu lieu le 19 avril 1993 au cours duquel la ville de

 13   Zenica a été pilonnée.  Vous en souvenez-vous ?

 14         R.    Oui.

 15         Q.    Maintenant, si je me rapporte à votre

 16   déclaration, à la page 7 de cette déclaration, j’imagine

 17   que vous avez eu la possibilité de revoir cette déclaration

 18   que vous avez donnée aux enquêteurs il y a quatre ans ?

 19         R.    Non.

 20         Q.    Vous dites ici que dans votre journal, vous

 21   avez indiqué la chose suivante (je cite) :

 22         « Les deux premiers obus sont tombés sur la ville

 23   à 12 h 10. »

 24         R.    Oui, ça correspond à la situation.

 25         Q.    Deux autres obus sont tombés à 12 h 24 ?


Page 15397

  1         R.    Oui.

  2         Q.    Deux autres à 12 h 29 ?

  3         R.    Oui.

  4         Q.    Deux autres sont tombés à 13 h 28 ?

  5         R.    Oui.

  6         Q.    Donc, ça nous en fait dix jusqu’à présent ?

  7         R.    Oui.

  8         Q.    Ensuite, deux autres à 13 h 16 et 13 h 23 ?

  9         R.    Il faudrait que je puisse regarder mes notes.

 10         Q.    Donc, ça nous fait 18 missiles, 18 obus qui

 11   tombent sur la ville en l’espace de deux heures.  Ça

 12   correspond à ce dont vous vous souvenez ?

 13         R.    Vous dites 18 ?

 14         Q.    Oui.

 15         R.    Il faudrait que je regarde mes notes pour

 16   voir ce dont vous me parlez.  De quelle date parlez-vous ?

 17         Q.    Le 18 avril 1993. 

 18         R.    Si vous me permettez, Monsieur le Président,

 19   de consulter mes notes.

 20         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Allez-y.

 21         R.    Oui.

 22         Me SAYERS (interprétation) :  

 23         Q.    Donc, pour que les choses soient bien

 24   claires, ça nous fait 18 obus qui tombent sur le centre-

 25   ville ou autour du centre-ville, n’est-ce pas ?


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  1         R.    Non.  Les six premières tombent sur Zenica,

  2   d’après mes notes, et tous les autres, tout ce que j’ai

  3   entendu ensuite c’est du bruit et ce que j’ai indiqué ici

  4   c’est que ces obus étaient tombés loin, au sud et au nord. 

  5   Je peux vous donner une photocopie de ce document.

  6         Q.    Oui. 

  7         Me SAYERS (interprétation) :   Je vais demander à

  8   l’huissier de placer la page 7 de votre déclaration sur le

  9   rétroprojecteur.

 10         Q.    J’avance la chose suivante :  Dans le

 11   deuxième paragraphe à partir du bas, tout ce que je viens

 12   de vous dire, l’heure à laquelle sont tombées les

 13   roquettes, correspond à ce que vous avez dit dans votre

 14   déclaration.

 15         R.    C’est exactement ce que j’ai dit.  Il y en a

 16   qui sont tombées loin de la ville, il y en a deux qui sont

 17   tombées au nord et au sud, et ensuite on a entendu deux

 18   roquettes tomber encore plus loin.  Donc moi, je n’ai pas

 19   dit qu’à part ces six roquettes, toutes les autres sont

 20   tombées au centre de Zenica.  Tout ce que j’ai dit c’est

 21   que moi, d’après mes notes, c’est que ces roquettes sont

 22   tombées plus loin, là où ne nous pouvions pas les observer.

 23         Q.    Oui, mais moi, ça me fait un total de 18 obus

 24   et vous, vous nous dites que six roquettes sont tombées au

 25   centre-ville.  Donc, 12 sont tombées aux alentours de


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  1   Zenica dans les deux heures qui ont suivi le début du

  2   pilonnage ou le début du tir des roquettes ?

  3         R.    Moi, ça m’en fait neuf en dehors des six que

  4   j’ai entendues et qui sont tombées en dehors de Zenica. 

  5   Ensuite, à 15 h 15, nous avons entendu des tirs très

  6   fournis, des tirs de mitrailleuses au centre de Zenica.

  7         Q.    Donc, ça nous en fait six dans la ville et

  8   neuf en dehors du centre-ville, un total de 15 obus en deux

  9   heures.  Est-ce que vous êtes d’accord ?

 10         R.    Oui.  De 12 h 24 à 14 h 04.

 11         Q.    J’ai maintenant quelques questions à vous

 12   poser au sujet de ce que vous nous avez dit sur les

 13   villages qui se trouvent au nord de Kiseljak.  Vous n’avez

 14   trouvé aucun cadavre à Svinjarevo, Behrici ou Gomionica ?

 15         R.    Si vous examinez le nom des gens qui ont

 16   signé ce rapport, vous verrez que moi-même, je suis le seul

 17   à m’être rendu à Rotilj.  L’autre rapport a été fait par

 18   mon homologue et moi, puisque j’étais le responsable, je

 19   suis allé voir.

 20         Q.    Donc, vous êtes allé à Svinjarevo vous-même ?

 21         R.    Non.  Je suis allé à Rotilj, comme je l’ai

 22   dit dans mon rapport.

 23         Q.    Excusez-moi, mais j’avais mal compris votre

 24   interrogatoire principal.

 25         Donc, parlons de Rotilj.  Est-ce que vous avez


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  1   parlé au Colonel Hendrik Morsink, un des autres

  2   observateurs, sur ce qui s’est passé ?

  3         R.    C’est possible.

  4         Q.    Vous a-t-il dit qu’il avait rencontré Mirko

  5   Redjo, le commandant du HVO qui avait mené l’attaque sur

  6   Rotilj après qu’il y a eu des tirs sur le village et qu’un

  7   de ses soldats avait été tué ?

  8         R.    Je ne m’en souviens pas mais c’est possible.

  9         Me SAYERS (interprétation) :   Pour l’information

 10   des Juges, je voudrais vous renvoyer aux pages 8220 et 8221

 11   de la déposition du Colonel Morsink.

 12         Q.    J’en ai fini avec ce sujet.  Passons à autre

 13   chose.

 14         La question de savoir si quatre officiers d’état-

 15   major du HVO et le Commandant Totic ont été enlevés par les

 16   Mujahedins, cette question, on y a répondu.  Il est

 17   indéniable, n’est-ce pas, dans votre esprit, que les

 18   Mujahedins sont responsables de cet enlèvement et que ce

 19   sont eux qui ont libéré ces cinq personnes ?

 20         R.    Ce que j’ai dit c’est que moi, j’avais des

 21   contacts avec Totic.  Je n’ai aucun doute que Totic avait

 22   effectivement été enlevé par les Mujahedins.

 23         Q.    Il en va de même pour les quatre officiers du

 24   HVO ?

 25         R.    Là, je ne peux pas vous dire.  Tout ce que je


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  1   peux vous dire c’est que je suis sûr que Totic a été enlevé

  2   par les Mujahedins puisque j’ai participé directement à sa

  3   libération.

  4         Q.    Avez-vous établi un rapport à l’ECMM au sujet

  5   de la libération de ces cinq officiers du HVO ?

  6         R.    Autant que je m’en souvienne, nous avons

  7   entrepris quelque chose avec mon ami allemand Dieter

  8   Schellschmidt.  Nous avons préparé un document à la fin. 

  9   Moi, je travaillais à Zenica.  Lui, il travaillait à la

 10   prison militaire proche de Busovaca, je crois, car c’était

 11   une opération assez complexe.  Je veux parler de la

 12   libération des prisonniers.  Il a fallu travailler en

 13   coopération avec la Croix-Rouge et avec le bataillon

 14   britannique.

 15         Q.    La pièce D79/1 a déjà été versée au dossier. 

 16   Elle a été préparée par Monsieur Schellschmidt.

 17         Est-ce que vous-même, vous avez été témoin des

 18   circonstances dans lesquelles les prisonniers du HVO et les

 19   prisonniers de l’armée de Bosnie-Herzégovine ont été

 20   libérés ?

 21         R.    Comme je l’ai dit, c’est moi qui coordonnais

 22   tout cela depuis Zenica et ce que l’on a convenu c’est que

 23   Totic devait être libéré à Zenica et c’est de là qu’on a

 24   entrepris de tout coordonner.  D’autres personnes ont été

 25   libérées à d’autres endroits.


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13   pagination anglaise et la pagination française.

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21  

22  

23  

24  

25   


Page 15403

  1         Q.    Bien !  Inutile de passer en revue ce

  2   rapport.  Il parle de lui-même.  Passons à autre chose.

  3         Donc, vous étiez convaincu que les Mujahedins

  4   avaient des relations très particulières avec la 7e brigade

  5   musulmane qui était sous le contrôle direct du 3e corps

  6   d’armée, n’est-ce pas ?

  7         R.    Oui.  Je ne sais pas si c’était une relation

  8   hiérarchique de commandement mais j’ai pensé qu’il y avait

  9   des liens entre ces deux unités.

 10         Q.    Le Colonel Merdan avait, lui, des relations

 11   très proches avec la 7e brigade musulmane ?

 12         R.    Oui.  Autant que je m’en souvienne, Merdan

 13   disposait d’un certain pouvoir, d’un certain contrôle sur

 14   cette brigade.  C’est la raison pour laquelle il

 15   m’escortait systématiquement lorsque je me rendais auprès

 16   des membres de cette brigade.

 17         Q.    Bien !  Passons maintenant à ce que vous avez

 18   dit au sujet du 28 avril 1993, l’incident du convoi du HCR

 19   des Nations Unies.

 20         Vous conviendrez avec moi, n’est-ce pas, que des

 21   incidents de ce type se produisaient aussi bien sur les

 22   territoires contrôlés par l’armée de Bosnie-Herzégovine que

 23   par le HVO et qu’ils étaient réguliers ?

 24         R.    Non, non.  C’est le premier type d’incident

 25   où pendant mon séjour, un convoi du HCR a été détourné.


Page 15404

  1         Q.    Avec qui vous vous êtes entretenu ce jour-là

  2   dans votre QG ?

  3         R.    Comme je l’ai dit, moi, j’étais dans la salle

  4   des opérations, alors qu’il y avait une réunion avec

  5   l’Ambassadeur Thebault dans la salle de conférence.  J’ai

  6   reçu une communication de la part du bataillon britannique

  7   disant que si les Croates ne libéraient pas le convoi, le

  8   bataillon britannique devait envoyer une compagnie de

  9   Warriors pour libérer le convoi.

 10         Q.    Qui vous a dit cela ?

 11         R.    Eh bien, quelqu’un du bataillon britannique,

 12   sans doute le chef des opérations du bataillon britannique

 13   ou le commandant du bataillon britannique.  Je ne m’en

 14   souviens pas.

 15         Q.    Savez-vous si vous avez parlé à quelqu’un qui

 16   était témoin de ce qui s’était passé, du détournement du

 17   convoi ?

 18         R.    Bien, je suis parti du principe que celui

 19   avec qui je m’entretenais, c’était quelqu’un qui se

 20   trouvait au centre des opérations parce qu’on parlait par

 21   téléphone.  Donc, ce n’était sans doute pas la personne qui

 22   avait assisté physiquement à ce qui s’était passé, mais on

 23   lui avait fait part de ce qui s’était passé.

 24         Q.    Donc, ce qu’il faisait, il vous rapportait ce

 25   que d’autres personnes lui avaient dit de deuxième ou


Page 15405

  1   troisième main ?

  2         R.    Non, pas nécessairement, mais moi, je suis

  3   parti du principe que la salle des opérations avait reçu

  4   cette information et avant d’alarmer tout le monde, avant

  5   d’avertir tout le monde, ils avaient sans doute vérifié les

  6   informations et je suis parti du principe qu’effectivement

  7   le convoi du HCR avait été détourné.  C’est la procédure

  8   que l’on suit dans l’armée.

  9         Q.    Vous-même, vous ne saviez pas effectivement

 10   si ce convoi avait été détourné ?

 11         R.    Non.  Je n’avais aucun élément de preuve,

 12   sauf cette communication que j’avais reçue et sauf

 13   qu’ultérieurement j’ai été témoin des discussions qui ont

 14   eu lieu entre Thebault, Halilovic et Blaskic parce que ça a

 15   créé beaucoup de remous toute cette histoire à ce moment-

 16   là.

 17         Q.    L’un des documents que l’on vous a montré

 18   hier, que nous n’avions pas vu auparavant, il s’agit de la

 19   pièce à conviction Z857.3.  Inutile de la chercher, mais en

 20   tout cas, on peut lire dans ce rapport que – c’est le

 21   paragraphe C2, page 2 :

 22         « Le BHC nous signale que le 28 avril, un convoi

 23   de 40 véhicules escorté par le bataillon britannique a été

 24   arrêté par les forces du HVO qui ont exigé de pouvoir

 25   fouiller le convoi.  Ces soldats du HVO ont affirmé avoir


Page 15406

  1   reçu leurs ordres de Monsieur Kordic et ils ont dit qu’ils

  2   ne tiendraient aucun compte des ordres donnés par le

  3   Colonel Blaskic ou le Général de brigade Petkovic.  Au bout

  4   du compte, le Général de brigade Petkovic a contacté

  5   Monsieur Kordic et le convoi a pu poursuivre sa route et

  6   les membres locaux du HVO ont dit qu’ils agissaient sur les

  7   ordres de Monsieur Kordic. »  Fin de citation.

  8         Vous-même n’avez aucun élément d’information sur

  9   les échanges, les discussions qui ont eu lieu entre les

 10   personnes qui escortaient le convoi et les membres du HVO

 11   qui les ont arrêtées ?

 12         R.    Non.

 13         Q.    Vous ne savez pas si ces membres du HVO

 14   agissaient effectivement sur les ordres de Monsieur Kordic,

 15   n’est-ce pas ?

 16         R.    Eh bien, il faut bien comprendre la façon

 17   dont on fonctionnait, les relations que nous avions avec le

 18   bataillon britannique.  C’était une relation de travail

 19   très approfondie.  On se rendait très régulièrement sur la

 20   base du bataillon britannique et sur la base d’incidents

 21   qui s’étaient produits précédemment.

 22         Quand ils nous faisaient part d’un incident par le

 23   biais de leur QG, à ce moment-là, j’avais toutes les

 24   raisons de croire que c’était la vérité.

 25         Q.    Vous-même, vous n’en savez rien, Monsieur ?


Page 15407

  1         R.    Bien, je ne pouvais pas, moi.  J’étais dans

  2   la salle des opérations.

  3         Q.    Vous n’avez jamais parlé avec le commandant

  4   de la brigade Nikola Subic-Zrinjski, Monsieur Grubesic, au

  5   sujet de cet incident ?

  6         R.    Non.  On n’avait pas à le faire.  Ce n’était

  7   pas notre travail.  Il y avait le commandant et le

  8   commandant de l’armée.  Ce n’était pas nécessaire.

  9         Q.    Il est exact que l’Ambassadeur Thebault et

 10   les deux commandants en chef des parties belligérantes, le

 11   Général Halilovic et le Général de brigade Petkovic, se

 12   sont rendus à Busovaca le lendemain, le 29 avril ?

 13         R.    C’est possible, en fait.

 14         Q.    À votre connaissance, personne n’a parlé de

 15   ce convoi au Commandant Grubesic ou à Monsieur Kordic,

 16   n’est-ce pas ?

 17         R.    Tout ce dont je me souviens, comme je l’ai

 18   déjà dit, c’est que le Général Halilovic a dû parler avec

 19   lui pour calmer les choses, pour mettre fin à cet incident

 20   et je ne sais pas à qui il a parlé, mais en tout cas, il a

 21   dû parler à quelqu’un au téléphone et nous, Monsieur

 22   Thebault et moi-même, il nous est apparu que c’était

 23   Monsieur Kordic et au bout du compte, le convoi a été

 24   libéré.  Donc, il y a bien eu des négociations qui ont eu

 25   lieu, des échanges qui ont eu lieu.


Page 15408

  1         Q.    Essayons de voir quels sont les détails. 

  2   Vous ne savez pas effectivement vous-même à qui a parlé le

  3   Général de brigade Petkovic ?

  4         R.    Je ne vois pas pourquoi le Général de brigade

  5   Petkovic me disait qu’il parlait à Mate Boban.  Je me

  6   souviens qu’il m’a dit qu’il parlait à Monsieur Kordic.  Je

  7   ne vois pas pourquoi il nous aurait menti.  Il faut savoir

  8   qu’on était en train de trouver des arrangements, en train

  9   de mettre en place un cessez-le-feu et le HVO essayait de

 10   nous démontrer sa bonne volonté.

 11         À ce moment-là, cet incident s’est produit au

 12   milieu de ces négociations qui avaient pour objectif de

 13   mettre fin aux tensions.  Donc moi, j’avais l’idée très

 14   précise – je l’ai mise dans mon rapport…

 15         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Monsieur le

 16   Témoin, nous avons bien compris.

 17         Me Sayers, veuillez passer à autre chose.

 18         Me SAYERS (interprétation) : 

 19         Q.    Deux choses à ce sujet.  Le Colonel Blaskic

 20   ne vous a jamais dit à aucun moment que le commandant de la

 21   brigade de Busovaca ne se trouvait pas sous son

 22   commandement ?

 23         R.    Non, jamais.

 24         Q.    D’ailleurs, suite à cet incident, le Colonel

 25   Blaskic vous a dit et il a dit à d’autres qu’il était le


Page 15409

  1   commandant de tous les soldats du HVO sur son territoire ?

  2         R.    Oui.

  3         Q.    Il a répété cela à plusieurs reprises

  4   ultérieurement, n’est-ce pas ?

  5         R.    Oui.

  6         Q.    Je crois que dans l’affaire Blaskic, vous

  7   avez dit dans votre déposition que c’était sans doute un

  8   malentendu entre lui et les dirigeants politiques et

  9   qu’heureusement, la situation a pu être résolue ?

 10         R.    Oui.  Sinon, des mesures auraient été prises,

 11   des sanctions auraient été prises contre le commandant de

 12   la brigade de Busovaca.

 13         Q.    Passons maintenant au mois de juin.

 14         Il est exact, n’est-ce pas, que le comportement

 15   des forces armées musulmanes s’est beaucoup tendu, est

 16   devenu beaucoup plus dur en mai 1993 et les forces

 17   musulmanes sont devenues beaucoup plus agressives ?

 18         R.    Oui.  Enfin, ça peut être aussi bien en mai

 19   que début juin, mais c’est vrai qu’au cours de ma mission,

 20   j’ai vu en effet une évolution dans les relations.

 21         Q.    Il est indéniable, n’est-ce pas, que l’armée

 22   de Bosnie-Herzégovine a lancé des offensives de grande

 23   envergure en juin à Kakanj et Travnik, n’est-ce pas ?

 24         R.    Oui.  Je me souviens plus d’ailleurs de ce

 25   qui s’est passé à Kakanj.  En ce qui concerne Travnik, il


Page 15410

  1   faudrait que je puisse relire mes notes.  Mais en tout cas,

  2   Kakanj, je m’en souviens très bien parce que j’ai eu à

  3   plusieurs reprises à signer des accords de cessez-le-feu

  4   entre les deux parties à Kakanj.

  5         Q.    Vous conviendrez qu’il s’agissait

  6   d’offensives de grande envergure qui nécessitaient une

  7   planification logistique importante ?

  8         R.    Oui.

  9         Q.    Un représentant de haut niveau de l’ECMM nous

 10   a déjà dit qu’il y avait 20 000 réfugiés croates qui ont dû

 11   quitter la zone suite à l’offensive de juin.  Il s’agit du

 12   Témoin AD.  Est-ce que ce chiffre correspond à ce dont vous

 13   vous souvenez ?

 14         R.    Je ne peux pas vous dire, mais en tout cas,

 15   c’est sûr qu’il y avait des réfugiés.  Alors, ça peut être

 16   10 000, 20 000.  Je ne m’en souviens pas.  Je ne me

 17   souviens pas du nombre.

 18         Q.    À Kakanj, là où vous avez été impliqué dans

 19   les événements, est-ce que vous vous souvenez que 10 000

 20   réfugiés croates ont quitté la ville pour se rendre à

 21   Vares ?

 22         R.    C’est la même chose, je ne me souviens pas

 23   des chiffres exacts, mais en tout cas, c’est sûr qu’il y a

 24   eu des réfugiés, des gens qui ont dû partir.

 25         Q.    Avez-vous joué un rôle quelconque dans


Page 15411

  1   l’enquête de l’ECMM ou dans l’enquête de la Commission des

  2   Nations Unies des Droits de l’Homme sur les atrocités

  3   commises pendant l’offensive à Travnik en juin, à Maljina

  4   notamment et Cukle ?

  5         R.    Non.

  6         Q.    Vous nous avez dit que régulièrement, vous

  7   avez rendu visite au bataillon britannique, vous vous êtes

  8   rendu au QG du bataillon britannique.

  9         Je voudrais vous montrer une évaluation du

 10   bataillon britannique du 9 juin 1993 et je voudrais vous

 11   demander si vous êtes d’accord avec les conclusions qui

 12   apparaissent dans ce document.

 13         Me SAYERS (interprétation) :  Je voudrais demander

 14   à l’huissier de placer la dernière page de ce document, la

 15   page 10, sur le rétroprojecteur.

 16         LA GREFFIÈRE :  Il s’agira de la pièce D194/1.

 17         Me SAYERS (interprétation) : 

 18         Q.    La cellule de renseignements du régiment du

 19   Prince-de-Galles stipule la chose suivante au paragraphe

 20   7 :

 21         « L’offensive de juin a constitué la première fois

 22   où l’armée de Bosnie-Herzégovine a pris l’initiative

 23   militaire contre le HVO en Bosnie centrale. » 

 24         Ensuite, on peut lire dans ce bulletin de

 25   renseignements militaires (je cite) :


Page 15412

  1         « Il apparaît que le Général Hadzihasanovic et le

  2   3e corps d’armée sont en train de mener une attaque qui a

  3   été préparée avec soin et une attaque graduée contre le HVO

  4   dans les zones de Travnik et l’ouest de la vallée de la

  5   Lasva.  Dans ce contexte, le refus systématique de

  6   Hadzihasanovic de rencontrer Blaskic et le fait qu’il n’ait

  7   pas participé aux négociations au sujet de Travnik pendant

  8   cette phase des combats a peut-être reçu une explication. 

  9   On constate que l’évacuation de Travnik par tous les

 10   éléments du HVO s’est faite de la même façon qu’en avril à

 11   Zenica. »

 12         Est-ce que vous êtes d’accord avec l’analyse

 13   militaire qui est présentée dans ce document du bataillon

 14   britannique au début juin 1993 ?

 15         R.    Ce document porte-t-il une date ?

 16         Q.    Il a été rédigé le 9 juin 1993.

 17         R.    Bien moi, j’aurais formulé les choses un

 18   petit peu différemment, je dois dire, mais… enfin oui,

 19   j’aurais vraiment formulé les choses différemment, mais en

 20   un sens, oui, je suis assez d’accord avec ce qui est dit

 21   ici, avec cette évaluation.

 22         Q.    Ensuite, on peut lire dans ce bulletin de

 23   renseignements militaires au paragraphe suivant (je cite) :

 24         « L’armée de Bosnie-Herzégovine a toujours occupé

 25   une position militaire dominante dans la vallée de la Lasva


Page 15413

  1   et il semble maintenant qu’elle essaie d’augmenter cet

  2   avantage. »

  3         On peut lire ensuite dans ce document (je cite) :

  4         « Cette action a certainement été retardée du fait

  5   de l’incident du passage du Convoi de la Joie. »  Fin de

  6   citation.

  7         Est-ce que vous êtes d’accord avec cette

  8   évaluation ?

  9         R.    Non, je ne suis pas du tout d’accord parce

 10   que je ne suis pas d’accord avec la première phrase, à

 11   savoir que l’armée de Bosnie-Herzégovine a toujours occupé

 12   une position dominante du point de vue militaire dans la

 13   vallée de la Lasva.  Ce n’est pas vrai.  Ce n’est pas ce

 14   que j’ai pu constater en arrivant sur place et ceci parce

 15   que pendant les premiers mois de mon séjour, les musulmans

 16   adoptaient un profil extrêmement bas pour être sûrs que

 17   tous les accords passés avec les Croates allaient être

 18   respectés, les accords relatifs aux points de contrôle, aux

 19   barrages, et cætera.

 20         Q.    Conviendrez-vous qu’il était un petit peu

 21   hasardeux de faire passer un convoi humanitaire dans cette

 22   région ?

 23         R.    Il faut que je vous corrige parce que le

 24   convoi de Tuzla était composé de Croates du HVO et de

 25   musulmans habitant dans la zone de Tuzla, et sans le


Page 15414

  1   commandant des forces de Tuzla, le commandant du HVO de

  2   Tuzla, la situation aurait certainement empiré, aurait

  3   certainement été beaucoup plus catastrophique.

  4         Dans le Plan Vance-Owen que vous avez montré

  5   précédemment, vous verrez qu’il y a un paragraphe qui

  6   stipule qu’il fallait garantir l’accès aux routes pour

  7   tous, et sur la base de l’accord donné par toutes les

  8   parties au Plan Vance-Owen, nous, nous avons également

  9   soutenu cette idée.

 10         Q.    Il n’y a aucun doute que le convoi de Tuzla

 11   passait par la Bosnie centrale au moment où l’armée de

 12   Bosnie-Herzégovine a lancé une offensive énorme contre le

 13   HVO, n’est-ce pas ?

 14         R.    À l’époque, il n’était pas claire qu’une

 15   offensive énorme de l’armée de Bosnie-Herzégovine était en

 16   cours et puis il faut savoir dans ce cas-là pourquoi le HVO

 17   accepté que ceci passe.  Ça, c’est mon évaluation en ce

 18   moment et je me souviens que l’Ambassadeur Thebault, avant

 19   d’avoir lancé une telle initiative, s’est assuré d’avoir le

 20   soutien du HVO.

 21         Q.    Est-ce qu’il est exact de dire qu’il a fallu

 22   plusieurs jours avant que le convoi passe à travers Gornji

 23   Vakuf, Prozor et Novi Travnik jusqu’à la région de Vitez ?

 24         R.    C’est exact.  Le convoi a mis beaucoup de

 25   temps puisqu’on l’a arrêté à des endroits différents


Page 15415

  1   puisqu’il était arrêté sans arrêt dès qu’il est parti vers

  2   Vitez à des points de contrôle.  On demandait les papiers

  3   aux gens du convoi et ceci était accepté.

  4         Q.    Vous ne vous souvenez pas très exactement à

  5   quel moment l’armée de Bosnie-Herzégovine a lancé son

  6   offensive dans la région de Travnik ?

  7         R.    Il faudrait que je vérifie ça sur la base de

  8   mes documents, mais tout ce que je peux dire c’est que

  9   l’ECMM a soutenu ce convoi avec toutes ses ressources et je

 10   crois que s’il y avait eu une grande contre-offensive en

 11   cours à ce moment, je suis sûr que l’Ambassadeur Thebault

 12   et d’autres hauts officiels de l’ECMM auraient plus ou

 13   moins suivi, observé ce qui se passait sur le terrain.

 14         Q.    Est-ce que vous avez eu des conversations

 15   avec les représentants du 3e corps d’armée musulmane afin

 16   de leur poser la question de savoir pourquoi ils ont lancé

 17   une telle offensive juste avant ou plutôt pratiquement au

 18   même moment où ce convoi passait à travers le territoire

 19   contrôlé par les Croates ?

 20         R.    Je ne m’en souviens pas.  J’étais en contact

 21   effectivement de manière régulière avec l’armée de Bosnie-

 22   Herzégovine, mais je ne me souviens pas avoir posé une

 23   telle question ou avoir eu une telle discussion.

 24         Q.    Est-ce que vous avez vu ou entendu, vu à la

 25   télévision ou entendu le fait qu’en conséquence d’un


Page 15416

  1   incident, Vitez a été pilonnée depuis Stari Vitez le soir

  2   du 10 juin 1993 et que huit enfants ont été complètement

  3   dévastés à cause de cela ?

  4         R.    Je ne me souviens pas, mais il y a eu

  5   beaucoup d’atrocités commises des deux côtés.

  6         Q.    Très bien !

  7         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Il n’est pas

  8   utile d’insister.  Je crois que vous avez parlé

  9   suffisamment de ceci.

 10         Me SAYERS (interprétation) :  Très bien, Monsieur

 11   le Président.

 12         Q.    Est-ce que vous vous souvenez des offensives

 13   lancées par l’armée de Bosnie-Herzégovine dans la région de

 14   Fojnica et Bugojno ?

 15         R.    Oui, je m’en souviens.

 16         Q.    Est-ce que vous vous souvenez que l’armée de

 17   Bosnie-Herzégovine a lancé une attaque contre Fojnica le 3

 18   juillet 1993, un jour après que le Général Morillon a

 19   déclaré qu’il s’agissait là d’une zone protégée ?

 20         R.    Oui, je me souviens puisque nous étions

 21   complètement en désaccord avec l’évaluation de la FORPRONU

 22   concernant l’avenir de Zenica puisque nous les avions

 23   avertis de la possibilité que ceci devienne la cible

 24   prochaine de l’armée de Bosnie-Herzégovine.

 25         Q.    Effectivement, ce que vous avez dit s’est


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  1   avéré être vrai ?

  2         R.    Oui.

  3         Q.    En conséquence de cette attaque, un grand

  4   nombre de civils ont été expulsés de chez eux et sont

  5   partis à Vares ?

  6         R.    Oui.  J’ai tendance à être d’accord avec ce

  7   que vous dites.

  8         Q.    De même, il y a eu une grande offensive

  9   lancée dans la région de Bugojno en juillet 1993 qui a été

 10   couronnée de succès et où les forces du HVO ont subi un

 11   échec, une défaite ?

 12         R.    Encore une fois, je ne sais pas quelle était

 13   l’envergure, combien de réfugiés ont dû quitter les lieux à

 14   cause de cela, peut-être autour de 10 000, mais

 15   effectivement, souvent ces attaques étaient suivies par un

 16   flux de réfugiés.

 17         Q.    Une question concernant Monsieur Kordic. 

 18   Vous saviez qu’il était au poste de Vice-président de la

 19   présidence de la Communauté croate de Herceg-Bosna mais

 20   est-ce que vous savez très exactement quels étaient ses

 21   pouvoirs politiques ?  Est-ce que vous avez discuté de cela

 22   avec lui ?

 23         R.    Non, je n’ai pas eu ce genre de discussion

 24   avec lui.  Tout d’abord, je dois vous dire que je n’ai

 25   jamais eu la possibilité de lui rendre visite, ni de


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  1   m’entretenir avec lui, sauf en ce qui concerne cet incident

  2   de Travnik.  J’ai pu comprendre assez rapidement que

  3   Monsieur Kordic était plus ou moins la personne politique

  4   qui était responsable pour tout ce qui se passait en Bosnie

  5   centrale.  Rien ne se passait dans cette région qui soit

  6   lié à un but politique sans que ça provienne de lui.

  7         Q.    Très bien !  Je crois que vous avez dit que

  8   vous l’avez vu une seule fois ?

  9         R.    Je vous ai dit que j’ai eu une seule réunion

 10   avec lui, mais je l’ai vu plusieurs fois.  Par exemple,

 11   pendant la fête de Pâques ou bien peut-être il y a eu

 12   plusieurs autres occasions où nous nous sommes vus comme

 13   ça.

 14         Q.    La rencontre, vous vous en souvenez ?

 15         R.    Oui, je m’en souviens.  C’était la rencontre

 16   à Travnik.

 17         Q.    Est-ce que vous avez jamais rencontré le

 18   Président du HVO, Monsieur le Dr Jadranko Prlic ?

 19         R.    J’ai rencontré plusieurs personnes mais je ne

 20   me souviens pas de tous les noms.

 21         Q.    Le Président Boban ?

 22         R.    Je crois que oui, mais ça n’a pas duré

 23   longtemps.  J’ai rencontré certaines autres personnes dont

 24   vous avez parlé tout à l’heure, mais étant donné que

 25   j’étais l’adjoint du chef, parfois nous allions à Mostar et


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  1   là j’ai rencontré des hauts officiels du HVO.

  2         Q.    Avant votre départ du pays, c’est-à-dire le

  3   24 août, il y a eu une réunion à Busovaca avec les

  4   représentants de l’ECMM, et au cours de cette réunion, la

  5   chaîne de commandement a été expliquée par Monsieur Kordic. 

  6   Le Général Praljak a assisté à cette réunion, qui est

  7   maintenant le commandant en chef, et puis le Général

  8   Petkovic était sur place également en tant que chef d’état-

  9   major, de même que le Général Tole comme la troisième

 10   personne dans la structure de commandement ?

 11         R.    Ce dont je me souviens c’est que le Général

 12   Petkovic avait été démis de ses fonctions de chef d’état-

 13   major du HVO.  Ça, je m’en souviens très vivement, mais en

 14   ce qui concerne la réunion, je ne m’en souviens pas.

 15         Me SAYERS (interprétation) :  Je demanderais à la

 16   greffière d’audience d’attribuer une cote à ce document.

 17         Ce sera l’un des derniers documents, des dernières

 18   pièces à conviction.  Nous nous approchons de la fin.

 19         LA GREFFIÈRE :  Il s’agit de la pièce D195/1.

 20         Me SAYERS (interprétation) :  

 21         Q.    Je souhaite simplement attirer votre

 22   attention sur la dernière page et le commentaire qui y est

 23   fait.  Il est dit que le bataillon britannique fait ce

 24   commentaire en disant que Monsieur Kordic, lorsqu’il a

 25   parlé avec l’ECMM à Busovaca le 21 août…


Page 15420

  1         R.    Quelle page ?

  2         Q.    C’est à la fin de la troisième page.

  3         Monsieur Kordic a répété devant le représentant de

  4   l’ECMM à Busovaca que Praljak était le commandant en chef,

  5   qu’ensuite, derrière lui, il y avait Petkovic et à la fin,

  6   Tole.

  7         Est-ce que vous vous souvenez avoir reçu un

  8   rapport d’un quelconque de vos subordonnés au sein de

  9   l’ECMM concernant cette réunion ou pas ?

 10         R.    Je dois vous dire que ceci s’est produit

 11   durant une période où je m’inquiétais de mes dernières

 12   tâches au sein de l’ECMM juste avant mon départ et ces

 13   tâches portaient sur la préparation d’un rapport spécial

 14   concernant Tuzla.  Donc, je ne me souviens pas très

 15   clairement de ce qui s’est passé au cours de cette période

 16   à Zenica.  Je peux vous parler de Tuzla.

 17         Q.    Très bien !  J’ai encore quelques questions

 18   diverses, et d’ici 15 minutes, j’espère que nous aurons

 19   terminé.

 20         Vous avez parlé d’une certaine discussion que vous

 21   avez eue avec le Colonel Merdan, l’adjoint du commandant du

 22   3e corps d’armée.  Il s’agit du contenu de la pièce à

 23   conviction Z719.  Il vous a dit qu’il y avait une sorte de

 24   complot contre les musulmans et qu’il avait la preuve selon

 25   laquelle Monsieur Kordic avait rencontré Monsieur Karadzic


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  1   afin de discuter de l’avenir de la Bosnie-Herzégovine. 

  2   Vous vous en souvenez ?

  3         R.    Oui.

  4         Q.    Très bien !  Il n’y a pas eu de preuve.  Le

  5   Colonel Merdan ne vous a montré aucune preuve ?

  6         R.    C’est exact.

  7         Q.    Vous n’avez jamais vu un document, un tel

  8   accord ?

  9         R.    Je n’ai jamais vu d’accord qui aurait été

 10   passé entre Mate Boban et son homologue.  Ça, c’est sûr.

 11         Q.    Tout simplement, vous ne savez pas du tout

 12   s’il y a eu un tel accord ou pas ?

 13         R.    Comme vous le savez probablement, tout ce que

 14   les observateurs faisaient c’était créer des rapports sur

 15   les contenus de conversations.  Donc, le rapporteur a tout

 16   simplement relaté les propos de Monsieur Merdan.

 17         Q.    Oui.  Je pense que j’ai compris.  Il est

 18   exact également qu’en ce qui concerne le Colonel Blaskic

 19   que vous avez rencontré plusieurs fois, il ne vous a jamais

 20   dit qu’il voulait expulser tous les musulmans de la vallée

 21   de la Lasva ?

 22         R.    Non.

 23         Q.    Il n’a jamais tenu des propos

 24   discriminatoires concernant les musulmans devant vous,

 25   n’est-ce pas ?


Page 15422

  1         R.    Non, je ne m’en souviens pas.

  2         Q.    Il ne vous a jamais dit que la politique du

  3   HVO ou du HDZ BiH était d’expulser les musulmans de la

  4   vallée de la Lasva ?

  5         R.    Non, sauf que nous trouvions cela bizarre. 

  6   Après l’incident qui s’est produit vers la mi-avril,

  7   lorsque nous avons commencé à recevoir toutes ces

  8   informations concernant les actions du HVO, nous avons

  9   trouvé ça bizarre qu’il nous demande de permettre à tous

 10   les Croates de Zenica de quitter Zenica parce qu’ils

 11   étaient négligés dans cette ville.  À l’époque, ils

 12   n’avaient pas subi aux mauvais traitements dans cette

 13   ville.  Donc, nous n’avons pas trouvé ça logique.

 14         Q.    Vous êtes d’accord avec moi, Colonel, pour

 15   dire que le HVO n’avait plus de capacités militaires de

 16   protéger les Croates dans la municipalité de Zenica à

 17   partir du 17 avril 1993 puisqu’il n’y a eu que deux

 18   brigades à Zenica ?  Les deux brigades de Zenica avaient

 19   subi une défaite là-bas ?

 20         R.    Oui, mais je suppose que ce n’est pas la

 21   raison pour laquelle il n’y a pas eu de forces militaires à

 22   Zenica.  À chaque fois que nous avions un problème

 23   concernant les civils de Zenica, moi personnellement, je

 24   rencontrais le maire afin qu’il prenne toutes les mesures

 25   nécessaires afin de protéger les civils croates.


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  1         Q.    N’est-il pas logique, Monsieur, de vouloir

  2   placer la population sous la protection militaire de son

  3   propre camp ?

  4         R.    Absolument.  Je suis absolument d’accord avec

  5   vous, mais c’est la date de cette demande qui nous a

  6   surpris parce que la guerre était en cours et c’est à ce

  7   moment-là que nous avons reçu cette lettre nous disant :

  8   « Voilà, les Croates sont massacrés.  Vous devez absolument

  9   assurer leur départ en autocar. » 

 10         Moi, à mon avis, si j’étais en train de me battre

 11   sur le terrain militaire, j’aurais considéré que les

 12   opérations militaires constituaient une priorité.  C’est

 13   cela qui nous a surpris et qui nous a vexés lorsque nous

 14   avons reçu cette lettre, cette demande.

 15         Q.    Un autre sujet maintenant.

 16         Vous avez parlé d’un accord prétendu passé entre

 17   le Président Milosevic et le Président Tudjman.  Je suggère

 18   qu’il s’agit là simplement de rumeurs.  Il n’y a jamais eu

 19   ce genre d’accord ni de preuve de cet accord ?

 20         R.    J’ai tendance à être d’accord avec vous, sauf

 21   que lorsque tous les membres de la communauté

 22   internationale deviennent sûrs d’une telle éventualité, à

 23   mon avis, si un accord tacite a été passé comme ça, il

 24   n’aurait pas été encouragé par énormément de publicité,

 25   mais le fait reste que tous les membres de la FORPRONU, de


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  1   l’ECMM, nos représentants à Zagreb, considéraient que ceci

  2   était le cas.

  3         Effectivement, en plus, les incidents qui se

  4   produisaient sur le terrain, à notre avis, confirmaient

  5   cela.  Nous avons considéré que probablement un tel accord

  6   avait été signé et que la frontière prévue était en Bosnie

  7   centrale, la frontière entre les Serbes et les Croates.

  8         Q.    Oui, mais ici, vous parlez des spéculations

  9   partagées par les membres de la FORPRONU ou de l’ECMM, mais

 10   vous n’avez jamais vu un tel accord ou bien de preuve du

 11   fait qu’un tel accord aurait été passé entre les deux chefs

 12   d’États ?

 13         R.    Non.

 14         Q.    Est-ce que vous savez si des mesures

 15   disciplinaires ont été prises contre les soldats de l’armée

 16   de Bosnie-Herzégovine responsables pour l’enlèvement de

 17   Totic, les meurtres que nous avons vus à Zalje et d’autres

 18   endroits tels que Miletici et Citluk ?

 19         R.    Non, je ne m’en souviens pas de cela.  Je me

 20   souviens que nous avons lancé une enquête sur le massacre

 21   qui s’est produit après cette nouvelle opération de combat

 22   vers la mi-avril et je sais que certains membres de l’armée

 23   de Bosnie-Herzégovine arrêtaient les personnes responsables

 24   de vols, mais je ne me souviens pas d’autres choses.

 25         Q.    Est-ce que vous savez ce qui est arrivé à ces


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13   pagination anglaise et la pagination française.

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  1   personnes qui avaient été arrêtées par la police

  2   militaire ?

  3         R.    Non.

  4         Q.    Très bien !  En ce qui concerne ce que vous

  5   avez dit concernant Ahmici et l’enquête que vous avez

  6   lancée, est-ce que vous savez que le Colonel Blaskic a

  7   donné l’ordre de lancer une enquête concernant les auteurs

  8   de crimes de Ahmici et qu’il ait donné cet ordre le 10 mai

  9   1993 ?

 10         R.    Non.

 11         Q.    Très bien !  Est-ce que vous êtes d’accord

 12   pour dire qu’il peut être difficile pour les Croates de

 13   conclure une enquête s’ils n’ont pas la possibilité de

 14   parler avec les témoins oculaires des événements qui se

 15   sont produits le 16 avril ?

 16         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je crois que

 17   ceci n’est pas pertinent.  Vous faites un commentaire et

 18   vous ne posez pas de question là.

 19         Me SAYERS (interprétation) :  Je vais passer à la

 20   dernière partie de mon contre-interrogatoire.

 21         Q.    Je crois, Monsieur, qu’il y a eu des rumeurs

 22   qui couraient concernant la présence des troupes de la HVO

 23   en Bosnie-Herzégovine et c’est pour cela que vous avez

 24   insisté que des observations concrètes soient effectuées

 25   afin de vérifier si effectivement il y a eu des troupes de


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  1   la HV.

  2         R.    Il y a eu beaucoup de pressions venant du

  3   quartier général de Zagreb qui allaient dans le sens de

  4   propositions d’identification des unités qui se trouvaient

  5   dans la région, et comme je l’ai dit hier, personnellement,

  6   j’ai vu les équipements de la HV, l’équipement militaire

  7   dans la zone de Prozor.

  8         Q.    Excusez-moi.  Ma question était la suivante :

  9   Est-ce qu’il est vrai de dire que vous avez donné les

 10   instructions à vos observateurs de déployer des efforts

 11   tout à fait particuliers afin d’essayer de détecter la

 12   présence de la HV en Bosnie, n’est-ce pas ?

 13         R.    Oui, puisqu’il s’agissait là d’allégations

 14   sérieuses.

 15         Q.    En fait, l’on vous a demandé d’être tout à

 16   fait attentif au cas où il y aurait un convoi militaire

 17   afin de vérifier s’il s’agissait d’un convoi de la HV ?

 18         R.    C’est vrai.

 19         Q.    Vous êtes d’accord pour dire qu’il était

 20   difficile d’identifier les unités de la HV puisque les

 21   unités étaient déplacées pendant la nuit ?

 22         R.    C’est vrai.

 23         Q.    Parfois, vous entendez dire que les troupes

 24   de la HV ou les véhicules avec les insignes de la HV

 25   prétendument auraient été vus, remarqués ?


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  1         R.    Oui, mais je ne suis pas d’accord avec le mot

  2   « prétendument ».  Nous avons vu des véhicules portant les

  3   insignes de la HV.

  4         Q.    Vous n’avez jamais vu des unités de combat,

  5   leurs unités de combat ailleurs en Bosnie, quelque part que

  6   ce soit en Bosnie ?

  7         R.    Non, je n’ai jamais vu d’unité de combat.

  8         Q.    Vous n’avez jamais obtenu des informations

  9   concernant le fait que la HV et les forces de la HV

 10   contrôlaient les forces du HVO ?

 11         R.    Non.

 12         Q.    Vous n’avez jamais reçu d’informations selon

 13   lesquelles la HV contrôlait la police militaire ou la

 14   stratégie du HVO ?

 15         R.    Non, je n’ai jamais reçu de telles

 16   informations.

 17         Q.    Vous n’avez jamais vu de troupe de la HV dans

 18   la poche de Vitez, Busovaca, Kiseljak, Zepce et Vares ?

 19         R.    Non.

 20         Q.    Pas en Bosnie centrale non plus ?

 21         R.    Non.

 22         Q.    Vous n’avez jamais reçu de rapport indiquant

 23   que les troupes de la HV étaient présentes dans les

 24   municipalités que je viens d’identifier ?

 25         R.    Non, pas en Bosnie centrale. 


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  1         Q.    Juste les unités logistiques qui étaient vues

  2   au sud de Prozor ?

  3         R.    Oui.  Dans la région de Prozor mais pas au

  4   sud de Prozor.  Dans la région de Prozor.

  5         Q.    Ceci était juste à l’extérieur de la zone

  6   opérationnelle de Bosnie centrale placée sous le

  7   commandement du Colonel Blaskic ?

  8         R.    C’est exact.

  9         Me SAYERS (interprétation) :  Merci beaucoup,

 10   Colonel.

 11         Je n’ai plus de questions pour ce témoin, Monsieur

 12   le Président.

 13         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Est-ce que

 14   vous avez des questions à poser ?

 15         Me KOVACIC (interprétation) :  Excusez-moi,

 16   Monsieur le Président.  Non, je n’ai pas de questions pour

 17   ce témoin.

 18         RÉINTERROGÉ PAR Me SCOTT (interprétation) :

 19         Me SCOTT (interprétation) :  [Hors microphone] 

 20   Donc, je souhaite que l’on remette au témoin les pièces à

 21   conviction 603, 609, 636, 639.1, 724.2.

 22         Me SAYERS (interprétation) :  Je crois qu’il

 23   s’agit là de documents dont nous avons discuté hier, qui

 24   n’ont pas été admis puisqu’ils ont été communiqués à la

 25   Défense trop tard.


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  1         Me SCOTT (interprétation) :  C’est le cas de deux

  2   documents et ce n’est pas le cas de deux autres de ces

  3   documents.

  4         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Donc, deux de

  5   ces documents ne peuvent pas être remis au témoin, soumis

  6   au témoin, mais les deux autres, vous pouvez les montrer au

  7   témoin.

  8         Me SCOTT (interprétation) :   En attendant, en ce

  9   qui concerne 639.1 et 724.2, il s’agit de deux documents

 10   émanant de l’ECMM du Canada.  La Défense a suggéré au cours

 11   du contre-interrogatoire que l’ECMM n’était pas au courant

 12   d’un quelconque ultimatum lancé par Monsieur Boban, mais

 13   ces documents ont été créés durant cette période et

 14   indiquent effectivement que l’ECMM le savait.

 15         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Très bien ! 

 16   Nous avons entendu ce que vous avez voulu dire.  Il n’est

 17   pas nécessaire d’entrer dans plus de détails.  Passez à

 18   autre chose.

 19         Me SCOTT (interprétation) :  Très bien !  Dans ce

 20   cas-là, nous allons nous pencher seulement sur les

 21   documents 603, 609 et 636 et il s’agit de documents se

 22   basant sur plusieurs sources tout à fait fiables, en date

 23   du 4 avril, 5 avril et le 10 avril et ces trois documents

 24   portent sur ce même ultimatum.

 25         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Très bien.


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  1         Me SCOTT (interprétation) : 

  2         Q.    Si vous avez encore ces documents sous vos

  3   yeux, j’aimerais savoir si vous pouvez parcourir le

  4   document D83/1.

  5         R.    Je n’ai pas ce document.

  6         Me SCOTT (interprétation) :  Je vais vous

  7   demander, s’il vous plaît, de remettre au témoin le même

  8   document.

  9         Q.    Voyez-vous ce document…

 10         Me SAYERS (interprétation) :  Excusez-moi.  Ce

 11   n’est pas ce document.  Il ne s’agit pas du même document.

 12         Me SCOTT (interprétation) :  Bon.  On va essayer

 13   de passer par autre chose. 

 14         Q.    Il y a un document qui vous a été déjà

 15   montré, qui a été signé par Monsieur Izetbegovic et par

 16   Monsieur Boban en date du 18 avril 1993.  Est-ce que vous

 17   vous souvenez de ce document ?

 18         R.    Oui, tout à fait, je m’en souviens.

 19         Me SCOTT (interprétation) :  Monsieur l’Huissier,

 20   si vous ne possédez pas ce document, à ce moment-là, on va

 21   prendre la chose différemment.

 22         Me SAYERS (interprétation) :  Je vais peut-être

 23   vous aider.  J’ai une copie, Monsieur le Président, dudit

 24   document.

 25         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  La Défense


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  1   possède ce document ?  Si oui, à ce moment-là, je vais vous

  2   demander de l’utiliser, de le faire suivre.  Je vous en

  3   prie.

  4         Me SCOTT (interprétation) : 

  5         Q.    Juste deux petites questions.

  6         Cet accord du 18 avril 1993 s’est passé après

  7   l’attaque du HVO en Bosnie centrale dans la vallée de la

  8   Lasva et dans d’autres endroits, des attaques qui ont eu

  9   lieu le 16 et 17 avril 1993, n’est-ce pas ?

 10         R.    Oui.

 11         Q.    Supposons ceci pour le moment, pour le compte

 12   rendu, qu’après la date butoir, c’est un accord qui a été

 13   signé à Zagreb.

 14         R.    Oui.

 15         Me SCOTT (interprétation) :  Quand on parle du

 16   Convoi de la Joie, j’aimerais que le témoin voit le

 17   document 194/1.  Je pense que c’est un document qu’il a

 18   déjà vu.  Il s’agit du bulletin militaire de

 19   renseignements.

 20         Q.    Pourriez-vous voir la page 2, point 8 ?

 21         R.    Vous avez bien dit la page 2 ?

 22         Q.    Oui.  Page 2, point 8.  Je pense que nous

 23   sommes en train de voir le même document.  Votre copie est

 24   assez mauvaise.  Point 8, deuxième ligne, deuxième phrase

 25   concernant l’offensive de l’armée de Bosnie-Herzégovine.


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  1         Est-ce que dans le document c’est marqué qu’il y a

  2   eu quelque peu de retard dans cette action, étant donné que

  3   le Convoi de la Joie est parti et que ce convoi se

  4   dirigeait vers le nord ? 

  5         Je me réfère à la question qui a été posée par

  6   Monsieur Sayers.  Est-il vrai qu’il n’y avait pas

  7   d’offensive qui fut lancée avant le passage du Convoi de la

  8   Joie ?  Est-ce que c’est bien ça ?

  9         R.    Oui, vous avez raison.  C’est mon évaluation

 10   également.

 11         Q.    Pour ce qui est du pilonnage de Zenica, vous

 12   avez utilisé le terme « roquettes » et pas « obus ».  Est-

 13   ce qu’à un moment donné, vous avez utilisé par hasard le

 14   terme « roquettes » à la place de l’obus ?  Est-ce qu’il y

 15   a une signification particulière à cela ?

 16         R.    Oui.  J’ai utilisé le terme « roquettes ».

 17         Q.    Est-ce que vous vous êtes rendu sur les lieux ?

 18   Est-ce que vous avez vous-même enquêté, vous avez

 19   analysé le cratère, et cætera, ou bien c’est à partir de la

 20   salle d’opération que vous l’avez fait ?

 21         R.    C’est plus tard que j’en ai entendu parler,

 22   mais de toute façon, il y avait quelqu’un qui est sorti sur

 23   les lieux.

 24         Q.    Vous avez dit également qu’il y a des

 25   officiers du HVO hauts placés à Mostar avec lesquels vous


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  1   avez discuté au mois de mai et juin 1993 sur le Plan Vance-

  2   Owen ?

  3         R.    Non, je ne me souviens pas.  Il faudrait que

  4   je consulte mes notes.

  5         Q.    Par conséquent, vous ne vous souvenez pas ?

  6         R.    Non, je ne me souviens pas parce que je n’ai

  7   pas consulté mes notes.

  8         Q.    D’accord.  À ce moment-là, on laisse ça de

  9   côté.

 10         En ce qui concerne le convoi du HCR, vous étiez

 11   présent au moment où les Colonels Blaskic et Petkovic

 12   étaient sur place et quand ils ont essayé de résoudre cette

 13   question-là ?

 14         R.    Oui, parce qu’ils avaient besoin des

 15   communications et de communiquer, en fait d’utiliser le

 16   téléphone qui était dans la salle d’opération.

 17         Q.    En d’autres termes, il s’agissait de

 18   l’évolution des événements, comme vous l’avez décrit devant

 19   cette Chambre ?

 20         R.    Oui.  C’est la raison pour laquelle j’ai dit

 21   que personnellement, j’en ai été témoin et que nous étions

 22   parfaitement conscients de ce qui s’est passé.

 23         Q.    Vous voulez dire qu’il n’y avait aucune

 24   indication de la part du Colonel Blaskic ou du Général

 25   Petkovic qui vous avait fait croire que ce n’est pas de


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  1   cette façon que les événements ont eu lieu ?

  2         R.    Oui.

  3         Me SCOTT (interprétation) :  Je vais terminer

  4   bientôt, mais je vais juste consulter mes notes.

  5         Q.    Pour ce qui concerne le Plan Vance-Owen et la

  6   question qui vous a été posée par Me Sayers, est-ce qu’il

  7   vous semblait que selon leur interprétation du Plan Vance-

  8   Owen, les Croates de Bosnie avaient en vue quelque chose

  9   qui serait beaucoup plus homogène que ce qui a été sous-

 10   entendu par le Plan Vance-Owen et par l’ECMM ?

 11         R.    Oui, c’est ce que nous avons cru comprendre

 12   et c’est sur ce plan-là que nous avons également constaté

 13   un certain nombre de choses qui concordaient sur le terrain

 14   en Bosnie centrale et dans le centre régional de Zenica.

 15         Q.    En ce qui concerne l’annexe sur laquelle Me

 16   Sayers a attiré votre attention et sur la manière dont le

 17   gouvernement de Travnik a été composé, par conséquent, il y

 18   a d’abord le Gouverneur qui aurait été croate, le Vice-

 19   gouverneur musulman et d’autres membres auraient été à peu

 20   près à l’égalité ou bien une différence de un en faveur des

 21   musulmans ?

 22         R.    Oui.

 23         Q.    Sur la base de ce que vous avez vu, Colonel,

 24   cette composition correspondait-elle à ce que le HVO

 25   souhaitait ?


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  1         R.    Oui.  Je ne peux pas faire le commentaire,

  2   mais si mes souvenirs sont bons, ceci n’a pas été mis en

  3   œuvre véritablement comme ceci a été envisagé.

  4         Me SCOTT (interprétation) :  Je n’ai plus de

  5   questions, Monsieur le Président.

  6         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Colonel, c’est

  7   comme ça que vous terminez votre déposition.  Merci d’être

  8   venu devant le Tribunal pour témoigner.  Vous pouvez

  9   disposer.

 10         LE TÉMOIN (interprétation) :  Merci, Monsieur le

 11   Président.

 12                     [Le témoin se retire]

 13         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je vous en

 14   prie, Me Nice.

 15         Me NICE (interprétation) :  Le témoin suivant est

 16   prêt.  C’est Monsieur Lopez-Terres qui va l’interroger.

 17         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Monsieur

 18   Lopez-Terres, nous avons pu voir le résumé du témoin en

 19   question.  Il s’agit évidemment de quelqu’un qui a traversé

 20   un certain nombre d’événements très durs, terribles.  Donc,

 21   je vais vous demander d’être très bref.  Il ne faut pas

 22   mettre en situation difficile le témoin.  Ce qui figure sur

 23   la page 2 éventuellement pourrait être étudié de plus près.

 24         En ce qui concerne le contre-interrogatoire, en

 25   revanche, il s’agit d’un témoin qui, comme je l’ai dit, va


Page 15437

  1   témoigner sur les événements extrêmement pénibles qu’il a

  2   traversés.  C’est la raison pour laquelle j’espère que le

  3   contre-interrogatoire ne va pas être très long et qu’il n’y

  4   aura pas d’objection. 

  5         Je vous demande d’abréger le contre-

  6   interrogatoire.  Ce n’est pas que je veux limiter la

  7   Défense et je ne veux pas critiquer non plus le fait que

  8   vous avez cité ce témoin, mais je vais vous demander quand

  9   même d’être le plus bref possible.

 10         Je vous en prie, Me Kovacic.

 11         Me KOVACIC (interprétation) :  Si je peux tout

 12   simplement énumérer un certain nombre de paragraphes sur

 13   lesquels éventuellement on peut ne pas poser des questions

 14   suggestives :  Ce sont les paragraphes 21, 25 et 33.

 15         Me SAYERS (interprétation) :  On aimerait

 16   également que les paragraphes 8 à 14 ne fassent pas l’objet

 17   de questions directrices.

 18               [Le témoin entre dans la Cour]

 19         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je vais

 20   demander au témoin de bien vouloir prononcer la déclaration

 21   solennelle.

 22         LE TÉMOIN (interprétation) :  Je déclare

 23   solennellement que je dirai la vérité, toute la vérité et

 24   rien que la vérité.

 25         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je vous en


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  1   prie, prenez place, s’il vous plaît.

  2         TÉMOIN :  NURA PEZER (ASSERMENTÉE)

  3         INTERROGÉE PAR Me LOPEZ-TERRES : 

  4         Q.    Vous êtes Madame Nura Mujanovic, veuve de

  5   Monsieur Sefik Pezer et vous êtes née en 1948 dans la

  6   municipalité de Vitez ?

  7         R.    Oui.

  8         Q.    Au mois d’avril 1993, vous habitiez avec

  9   votre famille, c’est-à-dire votre défunt époux Sefik Pezer

 10   qui avait 52 ans, votre fils Ahmed qui avait 27 ans, vos

 11   deux filles Alma et Taiba, respectivement âgées de 20 ans

 12   et 15 ans, de votre belle-fille et de votre petite-fille

 13   dans une maison que vous possédiez à Zume, c’est-à-dire

 14   dans la partie basse de Ahmici ?

 15         R.    Oui.  C’était ma famille.

 16         Q.    Dans ce hameau de Zume, il y avait à peu près

 17   35 maisons qui étaient occupées par des familles musulmanes

 18   et la majorité du village était de nationalité croate ?

 19         R.    Oui.

 20         Q.    Votre mari Sefik et votre fils Ahmed étaient

 21   membres de la Défense territoriale du village de Zume, et à

 22   ce titre, effectuaient des gardes ou des veilles la nuit

 23   dans le village ?

 24         R.    Oui.

 25         Q.    Ils ne possédaient qu’une seule arme, c’était


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  1   un vieux fusil de chasse qui avait appartenu au père de

  2   Monsieur Sefik Pezer, votre mari ?

  3         R.    Oui.

  4         Q.    Les habitants croates du village savaient que

  5   votre mari et votre fils possédaient cette arme puisqu’à

  6   une certaine époque, ils effectuaient des gardes ensemble

  7   dans ce village ?

  8         R.    Oui.

  9         Q.    L’après-midi du 15 avril 1993, vous avez

 10   rendu visite avec votre mari à votre cousin qui habitait à

 11   Krcevine et dont le fils, qui s’appelle Emir, avait été

 12   arrêté ?

 13         R.    Oui.

 14         Q.    Le cousin de votre mari vous a confirmé

 15   effectivement que Emir avait été arrêté avec d’autres

 16   musulmans, alors qu’il se rendait à son travail à Novi

 17   Travnik, à l’usine Bratstvo, et qu’il circulait dans un

 18   autobus.  Cette arrestation a eu lieu à Stojkovici ?

 19         R.    Oui.  C’est là où ils ont séparé les

 20   musulmans et puis ils les ont arrêtés, oui.

 21         Q.    Est-ce qu’au cours de cette visite chez le

 22   cousin de votre mari, vous avez regardé la télévision ?

 23         R.    Oui.  C’était les actualités de l’après-midi. 

 24   J’ai pu voir Dario Kordic.  Tihomir Blaskic également, il

 25   était présent.  Il a dit : « Mes soldats sont prêts et ils


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  1   attendent l’ordre. »

  2         Nous, on n’a pas pensé à quoi que ce soit.  On ne

  3   se posait pas la question.  Mon mari, il était quelque peu

  4   préoccupé, il a dit : « Il y a quelque chose qui peut

  5   arriver. »  Nous sommes restés encore pendant un certain

  6   temps à l’endroit où nous étions et puis ensuite nous

  7   sommes retournés vers le village que nous habitions, Zume.

  8         Q.    Vous aviez l’habitude de regarder la

  9   télévision à votre domicile et de voir les informations

 10   l’après-midi ?

 11         R.    Oui, on avait l’habitude, mais pas ce jour-

 12   là, pas plus tard.  C’est cette fois-ci que j’ai regardé,

 13   puis non, plus après.

 14         Q.    Cette télévision, les informations dont vous

 15   nous parlez, il s’agissait d’informations qui étaient

 16   diffusées par la télévision de Vitez, la télévision croate

 17   de Vitez ?

 18         R.    Oui.  Il s’agissait de la télévision croate

 19   et nous, on la regardait, donc, ce jour-là.  C’était avant

 20   le 15.  Nous, on suivait la télévision croate de Vitez.

 21         Q.    Cette émission que vous avez vue dans

 22   l’après-midi du 15 avril, vous venez de l’indiquer je

 23   crois, comportait uniquement des informations ?  C’était le

 24   bulletin d’information de l’après-midi ?

 25         R.    Oui, oui, oui.  Rien d’autre.


Page 15441

  1         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Pourriez-vous

  2   nous aider, s’il vous plaît ? 

  3         Qui a dit : « Mes soldats sont prêts et attendent

  4   l’ordre » ?

  5         R.    C’est Dario Kordic qui l’a dit.

  6         Me LOPEZ-TERRES : 

  7         Q.    Vous souvenez-vous au cours de cette émission

  8   avoir entendu le Colonel Blaskic dire quelque chose ?

  9         R.    Non, rien.  Il a été présent tout simplement.

 10         Q.    Est-ce que vous vous rappelez en quelle tenue

 11   Dario Kordic et le Colonel Blaskic sont apparus à la

 12   télévision ?

 13         R.    Ils portaient la tenue de camouflage.

 14         Q.    Vous ne savez pas depuis quel endroit

 15   Monsieur Kordic s’exprimait ce jour-là ?

 16         R.    Alors là, je ne sais pas.

 17         Q.    Vous connaissiez déjà l’accusé Dario Kordic. 

 18   Est-ce que vous l’aviez rencontré personnellement ? 

 19   Comment le connaissiez-vous ?

 20         R.    Non, je ne le connaissais pas beaucoup, mais

 21   mon mari avait l’habitude de le dire, de parler de Dario

 22   Kordic.  Moi, je ne l’ai jamais rencontré auparavant.  Je

 23   ne l’ai jamais vu nulle part.  Je l’ai vu uniquement cette

 24   fois-ci à la télévision.

 25         Q.    Est-ce que c’était le seul jour où vous avez


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  1   vu Dario Kordic apparaître à la télévision ?

  2         R.    Oui.  C’était le seul jour et la seule fois

  3   où je l’ai vu.

  4         Q.    Est-ce que vous savez s’il apparaissait

  5   régulièrement à la télévision de Vitez ?

  6         R.    Ça, je ne sais pas.  Non, je ne sais pas.

  7         Q.    Lorsque vous l’avez vu à la télévision, vous

  8   l’avez reconnu ?

  9         R.    Oui, je l’ai reconnu et puis ils m’ont dit :

 10   « Voilà, c’est Dario Kordic !  Voilà ! »

 11         Q.    Quand vous nous dites : « Je l’ai reconnu »,

 12   on peut en déduire que vous l’aviez déjà vu auparavant à la

 13   télévision peut-être ?

 14         R.    Je ne sais pas, non.

 15         Q.    Lorsque vous êtes retournée chez vous à Zume,

 16   de retour de Krcevine, vous avez rencontré une nièce qui

 17   s’appelait Nadira Ahmic, qui a été tuée d’ailleurs le

 18   lendemain, et qui vous a indiqué qu’il y avait quelqu’un

 19   dans le village qui montrait les maisons musulmanes à un

 20   homme qui était inconnu dans le village ?

 21         R.    Oui.  Moi, je suis arrivée.  Elle, elle était

 22   à la porte, et puis elle a dit à Sefik : « Jevko est en

 23   train de conduire quelqu’un que nous ne connaissons pas et

 24   montre nos maisons ».

 25         Nos maisons sont l’une à côté de l’autre.  Il y a


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  1   celles qui sont musulmanes, d’autres croates.  Vous savez

  2   que les toits des maisons musulmanes ne sont pas les mêmes

  3   comme celles des Croates, mais les musulmans également ont

  4   commencé à faire les maisons avec les mêmes toits et c’est

  5   la raison pour laquelle il montrait avec le doigt les

  6   maisons qui étaient les maisons des musulmans.  Voilà !

  7         Q.    Ce Croate dont vous parlez qui montrait à un

  8   homme inconnu ces maisons était un villageois de Santici ?

  9         R.    Oui.  Tout ceci est appelé Santici, même

 10   l’endroit où nous habitons, mais nous, on appelle Zume

 11   l’endroit où nous habitons parce que c’est le territoire

 12   donc qui est appelé comme ça.

 13         Q.    Dans la nuit du 15 au 16 avril, votre mari et

 14   votre fils ont fait des rondes, ont monté la garde comme

 15   ils le faisaient auparavant et ils n’ont rien remarqué de

 16   particulier au cours de la nuit ?

 17         R.    Non.  Bien, on ne pouvait même pas entendre

 18   un oiseau ce soir-là.  Non, on n’a rien remarqué.  On n’a

 19   rien aperçu.

 20         Q.    Le matin du 16 avril, aux environs de 5 h 40,

 21   vous avez entendu de nombreux coups de feu et vous avez

 22   constaté que l’on tirait dans les fenêtres de votre

 23   maison ?

 24         R.    Oui.  On a tiré en direction des fenêtres et

 25   c’était comme en 1992.  Ils ont tiré exactement de la même


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  1   façon.

  2         Moi, j’avais une véranda et puis j’avais une

  3   fenêtre qui donnait sur la cuisine et de l’autre côté

  4   également.  J’ai demandé à mon mari de se lever.  J’ai

  5   dit : « Écoute, il y a quelque chose qui commence.  C’est

  6   la guerre qui commence. »  Lui, il s’est levé et il

  7   s’agissait des balles incendiaires.  Chaque balle était une

  8   balle incendiaire, chaque balle qui tombait dans la maison.

  9         Q.    Ces balles ont provoqué l’incendie de votre

 10   maison ?

 11         R.    Oui, ça a provoqué un incendie.  Il y avait

 12   beaucoup de balles qui ont été tirées.  On ne pouvait même

 13   pas les compter.

 14         Q.    Est-ce que vous avez pu déterminer depuis

 15   votre habitation de quelle maison les tirs provenaient ou

 16   certains des tirs provenaient ?

 17         R.    À vrai dire, on ne pouvait pas s’approcher

 18   d’un côté, mais de l’autre côté, de toute façon, c’était

 19   les maisons croates, c’était nos voisins, et c’était en

 20   provenance de ces maisons que venaient les tirs.

 21         Q.    Est-ce que vous vous souvenez du nom de ces

 22   Croates qui possédaient les maisons dont vous nous parlez ?

 23         R.    Oui, je me souviens.  C’était mes voisins,

 24   mes voisins avec lesquels j’ai partagé la vie pendant 20

 25   ans.  J’ai habité pendant huit ans dans la partie haute de


Page 15445

  1   Ahmici.  C’était Kara Vidovic, surnommé Kara, ensuite, Jozo

  2   Sakic et Anto Covic.

  3         Q.    Je vérifie simplement quel est le nom qui

  4   apparaît dans le transcript.  Le nom que vous indiquez,

  5   c’est Anto Covic ?

  6         R.    Oui, Anto Covic.

  7         Q.    Très bien !  Votre mari est sorti ce matin-là

  8   et il a été sérieusement blessé à une jambe, mais il est

  9   parvenu à revenir au garage de votre maison.  Vous avez

 10   ensuite, avec votre fils, essayé de lui porter secours. 

 11   Vous lui avez mis des pansements sur sa jambe et votre fils

 12   a suggéré que la famille se rende compte tenu de ce qui se

 13   passait.  Vous avez donc quitté la maison ?

 14         R.    On ne pouvait rien faire.  Ma belle-fille a

 15   préparé les couches pour l’enfant.  Mon mari a été

 16   grièvement blessé.  Il s’agissait donc des balles

 17   incendiaires, comme je l’ai dit, et nous, on ne pouvait pas

 18   quitter la maison dans un premier temps.

 19         Ensuite, c’est Zemka (ph.), notre voisine, qui est

 20   venue à la maison et qui a dit : « Il faut absolument

 21   sortir parce que sinon, vous allez être brûlés.  Il faut

 22   sortir tout de suite. »  Mon fils est sorti.  Il a traversé

 23   la cour, nous après lui.  La première balle l’a touché.  Il

 24   est tombé.  Ma belle-fille criait, hurlait : « Ne tirez

 25   pas, vous allez tuer mon enfant. » 


Page 15446

  1         Nous nous sommes rendus devant la maison de ma

  2   voisine.  Il y avait huit soldats croates qui s’y

  3   trouvaient.

  4         Q.    Lorsque votre fils a été abattu ce matin-là,

  5   est-ce qu’il avait les mains au-dessus de sa tête ?

  6         R.    Oui.  Il avait levé les mains pour dire qu’il

  7   allait se rendre, mais la balle l’a abattu, et nous, on

  8   était quelque peu à droite par rapport à lui, et lui, il

  9   est resté couché sur le sol.

 10         Q.    Lorsque vous avez quitté votre maison, votre

 11   époux Sefik était blessé mais encore en vie ?

 12         R.    Oui, oui.  Il était encore en vie.  Plus

 13   tard, on l’a tué probablement.  Ils sont retournés et ils

 14   ont tiré dans sa tête.  Ma maison également a été

 15   incendiée.

 16         Q.    Il y a quelques instants, vous avez parlé des

 17   soldats du HVO que vous avez aperçus ce matin-là.  Vous

 18   avez vu, je crois, huit soldats qui se trouvaient dans les

 19   environs.  Vous pouvez nous décrire quelle était la tenue

 20   de ces soldats ?

 21         R.    Ils avaient tous des uniformes de camouflage. 

 22   Ils avaient des fusils automatiques.  Il y en a un qui a

 23   pris ma fille par les épaules.  Moi, je lui ai dit : « Tu

 24   m’as tué un enfant.  Tu vas tuer l’autre. »  Alors lui, il

 25   a été fâché et puis il a tiré une rafale en l’air. 


Page 15447

  1         Ils étaient peinturlurés sur le visage, sur la

  2   barbe.  Je ne sais pas ce qu’ils ont mis.  Les peintures,

  3   de toute façon, c’était une crème, une peinture.

  4         Q.    Avez-vous constaté que ces soldats étaient

  5   porteurs de boîtes contenant de l’essence ou du pétrole ?

  6         R.    Oui.  Ils emportaient des jerricans contenant

  7   le pétrole.  C’était des jerricans de 10 litres ou 20

  8   litres et c’est ce qu’ils lançaient à l’intérieur des

  9   maisons et c’est comme ça que les maisons ont été

 10   incendiées.

 11         Q.    Vous nous avez parlé de ce soldat qui a…

 12         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Monsieur

 13   Lopez-Terres, je pense que je vais vous interrompre.  1 h

 14   00 est passée.  Nous allons lever l’audience.  Nous allons

 15   faire une pause.

 16         Madame, s’il vous plaît, vous revenez à 2 h 30.

 17         LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, c’est comme

 18   vous le dites, Monsieur le Président.

 19               --- Suspension de l’audience à 13 h 04

 20               --- Reprise de l’audience à 14 h 36

 21         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui, Me Lopez-

 22   Terres.

 23         Me LOPEZ-TERRES : 

 24         Q.    Madame Pezer, avant que nous nous séparions

 25   ce matin, vous nous parliez des soldats que vous avez vus


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12   Page blanche insérée aux fins d’assurer la correspondance entre la

13   pagination anglaise et la pagination française.

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  1   dans votre village, lesquels portaient des uniformes

  2   camouflés et de la peinture ou de la crème sur le visage et

  3   vous avez indiqué qu’ils étaient porteurs de jerricans ou

  4   de bidons d’essence ou de pétrole.

  5         Pouvez-vous nous indiquer si vous avez

  6   personnellement reconnu certains de ces soldats lorsque

  7   vous avez été confrontée à eux puisqu’à un moment donné,

  8   ces soldats vous ont fait mettre en ligne ?

  9         R.    Oui.  Comme je l’ai dit, je n’ai pas reconnu

 10   qui que ce soit.  J’ai dit qu’ils étaient masqués et ils

 11   portaient des uniformes de camouflage.  Ensuite, ma fille

 12   m’a dit qu’elle avait reconnu Franjo Jukic et Zoran Covic,

 13   surnommé Zuco.  C’est ma fille qui me l’a dit, mais moi, je

 14   ne les ai pas reconnus.

 15         Me LOPEZ-TERRES :  Les noms qui sont donnés par le

 16   témoin étant importants, je souhaiterais qu’il n’y ait pas

 17   de difficulté dans le transcript, que ce soit en français

 18   ou en anglais.

 19         Q.    Donc, est-ce que le témoin pourrait à nouveau

 20   indiquer quel était le nom de famille des deux soldats que

 21   sa fille a reconnus ?

 22         R.    Franjo Jukic, il était de Nadioci ; et Zoran

 23   Covic, surnommé Zuco.  Lui, il était mon voisin, il

 24   habitait près de chez moi.

 25         Q.    Est-ce que vous connaissez le nom du père de


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  1   ce Zoran Covic ?

  2         R.    Il s’appelait Anto Covic, le père de Zoran.

  3         Q.    Vous nous avez dit ce matin que certains des

  4   coups de feu qui étaient tirés sur votre maison provenaient

  5   de la maison d’un nommé Anto Covic.  Est-ce que cet Anto

  6   Covic est la même personne que celle dont vous nous parlez,

  7   c’est-à-dire le père de Zoran Covic ?

  8         R.    Oui, c’est le père de Zoran Covic et les

  9   coups de feu provenaient de leur jardin.  Il y avait leur

 10   maison et puis leur jardin et c’est de là qu’ils tiraient,

 11   en face.

 12         Q.    Vous avez indiqué que votre défunt époux et

 13   défunt fils possédaient un fusil de chasse.  Est-ce qu’ils

 14   ont eu la possibilité de se servir de cette arme le 16

 15   avril 1993 avant d’être tués ou au moment où ils ont été

 16   tués ?

 17         R.    Non.  C’était un vieux fusil.  C’est un fusil

 18   qui a plus d’années que moi.  Par la suite, j’ai entendu

 19   que ça s’appelait M-48.  C’est resté après mon beau-père.  

 20   C’est un fusil de chasse mais je doute que ce fusil pouvait

 21   fonctionner.

 22         Q.    Votre fille Taiba dont vous venez de nous

 23   parler a été à un moment donné saisie par l’épaule par l’un

 24   des soldats.  Est-ce que vous pouvez nous rapporter à

 25   nouveau cet événement dont vous avez partiellement parlé


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  1   seulement ce matin ?

  2         R.    Je ne peux pas dire beaucoup de choses.  Il a

  3   mis sa main sur son épaule.  Moi, je l’ai tirée vers moi. 

  4   Je lui ai dit : « Lâche mon enfant.  Tu as tué un enfant. 

  5   Pourquoi tuer l’autre ? »  Lui, il l’a lâchée et puis il a

  6   tiré une rafale dans l’air.  Il était en colère lorsqu’il

  7   l’a fait, et ensuite, il nous a dit d’aller dans leur

  8   maison.

  9         Q.    Le nommé Franjo Jukic dont vous avez parlé

 10   est intervenu à ce moment-là ?

 11         R.    Lui, il a dit : « Non. »  Il l’a dit pour moi

 12   et puis il l’a relâchée.  Puis il a dit : « Allez !  Va

 13   dans votre maison. »  Voilà !

 14         Q.    Est-ce que ce matin-là, vous avez remarqué

 15   que les soldats du HVO s’adressaient aux habitants du

 16   village dans leur maison en les appelant par leur nom ?

 17         R.    Non, je ne sais pas.

 18         Q.    Est-ce qu’ils demandaient aux gens de sortir

 19   de leur maison en les appelant par leur nom ?

 20         R.    Oui.  Ils criaient.  Ils disaient : « Ahmic,

 21   Sahib,  Mevludin, Ibrahim, Fadil. »  C’est ce qu’ils

 22   disaient.  Nous considérons que peut-être c’était nos

 23   maisons.  Ils ont dit qu’il y a certaines personnes qui

 24   sont venues de l’extérieur.  C’est ce qu’ils disent

 25   aujourd’hui, que c’est des personnes de l’extérieur, que ce


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  1   n’est pas eux qui l’ont fait, mais ceci n’aurait pas été

  2   possible parce que ceux-là, ils ne nous connaissaient pas. 

  3   Donc, nous considérons qu’il s’agissait de nos voisins.

  4         Q.    Est-ce que vous avez eu la possibilité

  5   d’identifier certains des soldats qui ont participé à cette

  6   attaque ou en tout cas identifier certains des soldats du

  7   HVO qui apparaissaient habituellement dans le village ?

  8         R.    Non, je ne pouvais pas le faire.  C’était une

  9   attaque.  Les choses se déroulaient dans l’espace de

 10   quelques secondes.  Ils sont venus, et moi, je n’ai pas pu

 11   reconnaître qui que ce soit.  Tout ceci s’est passé très

 12   rapidement.  Ils voulaient tuer le maximum de personnes le

 13   plus vite.

 14         Q.    Est-ce que vous vous souvenez du nom des

 15   soldats du HVO qui dans les jours précédents ou les

 16   semaines précédentes apparaissaient dans le village

 17   régulièrement en uniformes ?

 18         R.    Je me souviens simplement de mes voisins, mes

 19   voisins qui étaient autour de chez moi.  Eux, je me

 20   souviens, mais les autres, je ne sais pas.  Je ne les

 21   connais pas.

 22         Q.    Est-ce que vous pouvez nous parler de ces

 23   voisins et du nom de ces voisins en uniformes ?

 24         R.    En uniformes, il y avait Drazen Vidovic ;

 25   ensuite, Zoran Covic ; Semren, Ivica ; ensuite, Drago


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  1   Josipovic et puis quelques autres ; et aussi Nenad Santic. 

  2   Eux, je les voyais tous les jours avant ces événements.

  3         Q.    Ce nommé Nenad Santic dont vous venez de nous

  4   parler exerçait-il une fonction de commandement dans votre

  5   village ?

  6         R.    Je pense que oui.  Je pense qu’il était

  7   commandant du HVO local chez nous, à Zume.

  8         Q.    Est-ce qu’il avait un surnom ou est-ce qu’il

  9   aimait habituellement qu’on utilise un surnom lorsqu’on

 10   s’adressait à lui ?

 11         R.    Non, pour autant que je sache.  Je le connais

 12   simplement en tant que Nenad Santic.

 13         Q.    Est-ce qu’il se flattait parfois du surnom de

 14   « Oustashi » ?

 15         R.    Oui.  C’est-à-dire mon mari disait que devant

 16   lui, il a dit qu’il ne fallait pas l’appeler en employant

 17   son nom mais en disant Oustashi.  C’est mon mari qui l’a

 18   dit.  Il a dit : « Ne m’appelez pas comme ça.  Appelez-moi

 19   Ustasha. »

 20         Q.    Est-ce que vous vous souvenez qu’à la suite

 21   du conflit du mois d’octobre 1992, ce Nenad Santic dont

 22   nous parlons avait délivré un document particulier à un de

 23   vos voisins ?

 24         R.    Je m’en souviens.  Mon voisin Fahrudin Ahmic

 25   était chez moi.  Lui aussi, il a été tué.  Moi, je suis


Page 15454

  1   partie avec mon mari le voir.  On est allé chez lui et il a

  2   pris son certificat et il m’a dit : « Tu vois, Nenad m’a

  3   donné ce permis me permettant de me déplacer. »  C’est ce

  4   qu’il a dit.

  5         Q.    Ce voisin dont vous nous parlez, c’est

  6   Fahrudin Ahmic ?

  7         R.    Oui, Fahrudin Ahmic.

  8         Q.    Est-ce qu’il a été tué ?

  9         R.    Oui.  Lui aussi, il a été tué.

 10         Q.    Vous avez longtemps habité dans la région de

 11   Ahmici et de Santici, Madame Pezer.  Est-ce que vous

 12   connaissez le prénom du père de Monsieur Nenad Santic ?

 13         R.    Je le connais.  Il s’appelle Mijo Radak. 

 14   Nous les appelions Radaci.  Je ne sais pas très exactement

 15   pourquoi, mais leur nom de famille était Santic.  Ils

 16   habitaient à Rovna, Donja Rovna, mais Nenad, il a construit

 17   une maison près de chez moi à Zume, c’est-à-dire son fils

 18   l’a fait à Zume.

 19         Q.    Vous venez de nous indiquer que les Santic

 20   étaient surnommés Radak.  Pouvez-vous nous indiquer

 21   simplement le prénom du père de Nenad Santic ?

 22         R.    Mijo.  Mijo Santic.

 23         Q.    Est-ce qu’il y avait à votre connaissance

 24   d’autres personnes qui s’appelaient Nenad Santic à Santici

 25   en avril 1993 ?


Page 15455

  1         R.    Je ne sais pas.  Ça, je ne sais pas.  Je n’en

  2   connais pas.

  3         Q.    Vous ne savez pas ou vous ne connaissez pas

  4   d’autres Nenad Santic ?

  5         R.    Je ne sais pas.  Je ne connais que ce Nenad

  6   Santic qui habitait là près de chez moi, dont le père

  7   s’appelait Mijo.

  8         Q.    Nous allons reprendre le récit des faits de

  9   ce matin du 16 avril.  Vous avez été amenée à vous déplacer

 10   et à vous rendre à la maison du nommé Josip Vidovic dans

 11   laquelle vous avez pu entrer ?

 12         R.    Oui.

 13         Q.    Ce Josip Vidovic était marié, en fait, à une

 14   femme de nationalité musulmane ?

 15         R.    Oui.  Fikreta Sivro était son épouse.

 16         Q.    Lorsque vous vous trouviez dans cette maison,

 17   vous êtes montée à l’étage supérieur et depuis cet endroit,

 18   vous avez pu voir que le village était en feu et vous avez

 19   également aperçu deux corps qui gisaient ?

 20         R.    C’est exact.  J’étais dans la maison et je

 21   suis montée à l’étage et derrière l’étable de Sakib Pezer

 22   gisaient Sakib et son fils.  Je suis rentrée et j’ai dit à

 23   Josip Vidovic qu’il fallait que l’on aille retrouver mon

 24   mari qui était blessé, Sefik, afin de l’aider, et lui, il a

 25   répondu : « Mais il peut saigner pendant trois ou quatre


Page 15456

  1   heures, rien ne lui arrivera. »  Or, ils se connaissaient,

  2   ils allaient à l’école ensemble, ils appartenaient à la

  3   même promotion.

  4         Q.    Les deux personnes dont vous avez vu les

  5   corps étaient bien les nommés Mehrudin Pezer et Sakib

  6   Pezer ?

  7         R.    Mevludin Pezer était son fils et Sakib Pezer

  8   et moi, je suis Nura Pezer.  C’est moi.

  9         Q.    Bien !  La maison de Monsieur Vidovic était

 10   une maison qui avait l’apparence d’une maison musulmane

 11   dans le village, n’est-ce pas ?

 12         R.    Oui.  Il y a juste une route entre nos

 13   maisons.

 14         Q.    Cette maison, vous avez entendu l’un des

 15   soldats se demander pourquoi elle n’avait pas été brûlée ?

 16         R.    Peut-être cinq ou six personnes sont venues

 17   devant chez lui.  Il est sorti.  Il a dit : « Fuyez, les

 18   enfants ! » et puis un autre a dit : « Mais pourquoi cette

 19   maison ne brûle pas ? »  Ils considéraient que c’était une

 20   maison musulmane.  C’était une maison à quatre versants et

 21   elle n’avait pas été incendiée et puis aucune balle n’avait

 22   été tirée sur cette maison, la maison de Josip Vidovic. 

 23   Eux, ils sont partis.  Ils ont poursuivi leur chemin.

 24         Q.    Par la suite, vous avez pu quitter le

 25   village.  Vous avez été hébergée pendant quelque temps dans


Page 15457

  1   la maison où se trouvaient déjà des femmes de nationalité

  2   croate qui s’étaient abritées dans cette maison, et

  3   ensuite, vous vous êtes rendue au hameau musulman de

  4   Kozmici ?

  5         R.    Oui.  Nous avons pris le chemin de Kozmici et

  6   puis Ilija Vrebac et Ljuta Divodic sont venues nous voir et

  7   elles ont dit : « Vous n’avez qu’à passer la nuit chez

  8   nous. »  Moi, j’ai demandé à mes voisines si elles

  9   souhaitaient le faire et la voisine a dit : « Moi, je ne

 10   veux pas.  Ils ont tué toute ma famille.  Je ne veux pas

 11   rester chez eux. » 

 12         Moi, j’ai dit : « Écoutez, moi, je suis ici avec

 13   des jeunes filles.  Nous pouvons passer la nuit chez eux. » 

 14   Donc, on est allé chez eux.  Il y avait environ 50 femmes

 15   et enfants dans l’abri et nous, ils nous ont placés dans

 16   une autre cave.  C’est là dans la cave chez eux que nous

 17   avons passé la nuit.

 18         Q.    Depuis ce hameau de Kozmici, ensuite, vous

 19   avez été escortée jusqu’à Sivrino Selo où vous êtes restée

 20   quelque temps ?

 21         R.    Oui, le matin.  Effectivement, le matin, nous

 22   sommes allés à Kozmici et Niko Plavcic est venu nous voir,

 23   notre voisin.  Il a dit : « Venez chez nous.  Rien ne vous

 24   arrivera ».  Nous avons dit : « Nous ne voulons pas partir

 25   où que ce soit.  Si tu peux, accompagne-nous jusqu’à


Page 15458

  1   Sivrino Selo et nous allons nous débrouiller par la

  2   suite », et effectivement, il nous a accompagnés jusqu’à

  3   Sivrino Selo et ensuite, nous sommes partis.

  4         Q.    À Sivrino Selo, vous avez dû rester dans une

  5   cave puisque le village de Sivrino Selo était bombardé

  6   également ?

  7         R.    Oui.  Nous avons passé deux nuits dans les

  8   caves, deux nuits et deux jours, et là aussi, le village

  9   était pilonné, et nous, nous étions dans l’abri.

 10         Q.    Vous avez gagné ensuite Poculica et après

 11   quatre jours, vous avez quitté la zone pour aller à

 12   Zenica ?

 13         R.    Oui.  Ensuite, nous sommes allés à Poculica. 

 14   C’est là que nous avons passé quatre jours et nous avons

 15   été transférés jusqu’à Zenica.  C’est là que nous vivons

 16   maintenant, à Zenica.  Moi, je suis seule.  Voilà !  Mes

 17   filles se sont mariées.  Ma belle-fille est partie avec son

 18   enfant.  Je vis toute seule.  Ça fait sept ans que j’ai

 19   quitté ma maison, le 16 avril.

 20         Q.    Je vous remercie, Madame Pezer.  Quelques

 21   précisions avant d’en terminer.

 22         Le nommé Niko Plavcic qui vous a accompagnée à

 23   Sivrino Selo est-il bien le père du nommé Nikola Plavcic ?

 24         R.    Je ne sais pas.  Lui, il avait trois fils. 

 25   Le fils aîné était Ljuban et puis il avait deux autres


Page 15459

  1   fils.  Je ne les connaissais pas.  Ljuban, je le

  2   connaissais un peu mieux.

  3         Q.    Est-ce que parmi les fils, il y en avait un

  4   qui s’appelait Nikola et qui avait le surnom de Slikica ?

  5         R.    Moi, je ne sais pas.  J’ai entendu qu’on

  6   l’appelait Slikica, mais je ne le connais pas.  Je ne m’en

  7   souviens pas du tout.  Peut-être je le connaissais, mais

  8   pour le moment, ça ne me dit rien.  Je sais qu’on

  9   l’appelait Slikica et il avait trois fils, lui.

 10         Q.    Je voudrais vous présenter, pour en terminer,

 11   quelques documents, Madame Pezer.  Il s’agit des documents

 12   qui sont extraits du dossier Z2812.3 qui a été présenté à

 13   la Chambre la semaine dernière.  Ces documents qui font

 14   partie de ce dossier portent les références Z687, Z687.1,

 15   Z2809.1 et Z535.

 16         Madame Pezer, sur le document qui vous est

 17   présenté et dont la version anglaise est présentée à la

 18   Chambre figurent plusieurs noms, le nom de Drazenko

 19   Vidovic, Ivica Semren et Zoran Covic.

 20         R.    Drazan Vidovic.

 21         Q.    Est-ce que vous voyez ces noms ?

 22         R.    Drazan Vidovic, le premier.

 23         Q.    En bas de page, vous avez les nommés Ivica

 24   Semren et Zoran Covic qui apparaissent. 

 25         R.    C’est en haut que je dois lire ?


Page 15460

  1         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui.  Un

  2   instant, s’il vous plaît.

  3         Me KOVACIC (interprétation) :  Une suggestion afin

  4   de ne pas perdre de temps plus tard parce que nous n’allons

  5   pas avoir besoin de beaucoup de temps.  Est-ce que l’on

  6   peut indiquer au témoin quelle est la date du document ?

  7         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui.  Est-ce

  8   qu’on peut le placer sur le rétroprojecteur puisque nous

  9   n’avons pas le document sous les yeux en ce moment ?

 10         Me LOPEZ-TERRES :  Le document est sur le

 11   rétroprojecteur.

 12         R.    C’est un peu difficile pour moi.

 13         Me LOPEZ-TERRES :  Veuillez présenter au témoin le

 14   document que j’ai ici.  J’ai l’impression qu’il y a une

 15   difficulté de compréhension.

 16         Q.    Madame Pezer, vous avez des noms qui ont été

 17   soulignés sur ce document.  Est-ce que les noms qui

 18   apparaissent et qui sont soulignés sur ce document

 19   correspondent aux noms que vous nous avez indiqués au cours

 20   de votre témoignage aujourd’hui ?

 21         R.    Oui.  Ça, c’est Ivica Semren, Zoran Covic et

 22   Drazenko Vidovic.

 23         Q.    Je vous remercie.  Je voudrais vous présenter

 24   deux autres documents que j’ai déjà indiqués en référence.

 25         Me LOPEZ-TERRES :  Pour gagner du temps peut-être,


Page 15461

  1   si on peut les présenter au témoin directement.

  2         Q.    Ces documents concernent un nommé Nenad

  3   Santic ?

  4         R.    Oui.

  5         Q.    Ce document, à votre connaissance, concerne

  6   bien le nommé Nenad Santic dont vous nous avez parlé ?

  7         R.    C’est Nenad Santic ici.

  8         Q.    Nenad Santic est né le 3 septembre 1954 ?

  9         R.    Oui.

 10         Q.    1950.

 11         Me LOPEZ-TERRES :  Pouvez-vous, Monsieur

 12   l’Huissier, présenter le deuxième document ?  Ce sera le

 13   dernier. 

 14         Est-ce que je peux voir le document qui est

 15   présenté au témoin, s’il vous plaît ?  Il s’agit du

 16   deuxième document concernant le nommé Nenad Santic.  Celui-

 17   ci, elle l’a déjà vu.

 18         Est-ce que l’on peut voir le deuxième ?  Est-ce

 19   que c’est ce document qu’elle a vu ou pas parce qu’on ne

 20   voit rien sur l’écran ?

 21         Le deuxième document est un acte de décès

 22   concernant le nommé Nenad Santic.  C’est ce document-là que

 23   je voudrais voir présenté au témoin.

 24         R.    Je vois Nenad, de père Mijo Santic,

 25   municipalité de Busovaca.  C’est ce que je lis.


Page 15462

  1         Q.    Qui est né le 3 septembre 1954 à Donja

  2   Rovna ?

  3         R.    Oui, vous avez raison.

  4         Q.    Ces éléments d’information correspondent bien

  5   à l’identité du nommé Nenad Santic dont vous nous avez

  6   parlé, Madame Pezer ?

  7         R.    Moi, je ne sais pas quand il est né.  Je ne

  8   peux pas m’en souvenir.

  9         Q.    Est-ce qu’il est né à Donja Rovna ?

 10         R.    Je sais qu’il est né à Donja Rovna, mais je

 11   ne sais pas exactement la date.  Je sais que c’est son père

 12   qui y habitait.  Il y habite encore.  Il habite Donja

 13   Rovna.

 14         Q.    Est-ce qu’à votre connaissance, le nommé

 15   Nenad Santic, qui était le chef local du HVO dans votre

 16   village, a été tué au cours du conflit ?

 17         R.    Je ne le sais pas.  Je ne peux pas vous le

 18   dire.  Je ne le sais pas.

 19         Me LOPEZ-TERRES :  Bien !  Je vous remercie.

 20         Je n’ai pas d’autres questions à poser au témoin.

 21         CONTRE-INTERROGÉE PAR Me SAYERS

 22         (interprétation) :  

 23         Q.    Madame Pezer, bonjour.  Je suis l’un des

 24   conseils de la Défense, je défends Monsieur Kordic et je

 25   m’appelle Stephen Sayers.  Permettez-moi de vous dire dès


Page 15463

  1   le début que je suis désolé et très triste de savoir ce qui

  2   vous est arrivé en avril 1993.

  3         J’aimerais vous poser quelques questions

  4   concernant les déclarations et dépositions que vous avez

  5   déjà faites dans le passé.

  6         Si je me souviens bien, c’est en 1997 que vous

  7   avez témoigné dans l’affaire du Général Blaskic, n’est-ce

  8   pas ?

  9         R.    Oui.

 10         Q.    Juste pour être sûr que nous disposons

 11   exactement des données qui sont exactes sur les

 12   déclarations que vous avez déjà données, est-ce que vous

 13   vous souvenez que le 29 avril 1993, 13 jours donc après cet

 14   événement terrible qui vous est arrivé, que vous avez donné

 15   une déclaration à la Commission d’État chargée de

 16   recueillir les éléments portant sur les crimes de guerre ? 

 17   Est-ce que vous vous souvenez qu’à cette époque-là, vous

 18   avez fait une déclaration ?

 19         R.    Non, je ne me souviens pas.

 20         Q.    Vous ne vous souvenez pas ?  Entendu !

 21         Me SAYERS (interprétation) :  J’aimerais

 22   maintenant demander à l’huissier de bien vouloir verser au

 23   dossier ce document et ensuite le remettre au témoin.

 24         Q.    Madame, vous allez probablement reconnaître

 25   cette déclaration.  C’est la déclaration que vous avez


Page 15464

  1   faite ce jour-là dont j’ai parlé tout à l’heure. 

  2         LA GREFFIÈRE :  Il s’agit de la pièce D196/1.

  3         Me SAYERS (interprétation) :  Merci.

  4         Q.    Madame Pezer, je vais vous demander, s’il

  5   vous plaît, de juste voir en vitesse le document qui est

  6   sous vos yeux et de nous dire si vous vous souvenez qu’à

  7   cette époque-là, vous avez donné cette déclaration à la

  8   Commission d’État chargée des crimes de guerre et qu’il

  9   s’agissait d’une déclaration que vous avez donnée le 29

 10   avril 1993 devant deux personnes.  Il y avait Monsieur

 11   Zlotrg et ensuite Madame Hodzic.

 12         R.    Faites-moi confiance, mais je ne me souviens

 13   pas.  Ça s’est passé il y a sept ans et je ne me souviens

 14   même pas que j’avais donné une déclaration dont vous

 15   parlez.

 16         Q.    Merci.

 17         J’aimerais maintenant attirer votre attention sur

 18   une autre déclaration.  Est-ce que vous vous souvenez que

 19   le 25 juin 1993, deux mois plus tard, vous avez donné une

 20   déclaration au Centre de Sécurité de Tuzla ?

 21         R.    Il faut que je vous réponde ?

 22         Q.    Oui, je vous en prie.

 23         R.    Je ne sais pas.  Ceci, je ne m’en souviens

 24   pas.  Je ne sais même pas si je m’y suis rendue.

 25         Q.    Entendu ! 


Page 15465

  1         Me SAYERS (interprétation) :  Je voudrais

  2   maintenant qu’on attribue à ce document une cote et de le

  3   verser au dossier.

  4         Monsieur le Président, je ne souhaite pas bien

  5   évidemment en faire grand-chose, mais je voudrais tout

  6   simplement qu’on verse au dossier ce document.

  7         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je ne sais pas

  8   si c’est pertinent.

  9         Me SAYERS (interprétation) :  Oui, effectivement. 

 10   Je voudrais tout simplement souligner que dans aucun de ces

 11   deux documents que vous avez actuellement sous vos yeux, on

 12   ne parle de la télévision, de l’émission qui est passée à

 13   la télévision et dont vient de témoigner Madame Pezer.

 14         Q.    Madame, est-ce que vous pouvez voir

 15   maintenant le document qui est devant vous ?  Est-ce que

 16   ceci vous rappelle quelque chose ?  Est-ce que vous vous

 17   souvenez qu’en juin 1993, vous avez donné une déclaration

 18   au Centre de Sécurité de Zenica ?

 19         R.    Je me souviens que j’ai donné un certain

 20   nombre de déclarations à Zenica, mais je ne me souviens pas

 21   de la date.  Je me souviens que j’ai été à Zenica et que

 22   j’ai donné une déclaration.

 23         LA GREFFIÈRE :  Il s’agit du document D197/1.

 24         Me SAYERS (interprétation) :  Merci.  Merci à

 25   l’huissier.


Page 15466

  1         Q.    Une toute dernière question.  Madame, vous

  2   souvenez-vous que vous avez donné une déclaration au Juge

  3   d’instruction à Zenica, à Madame Ajanovic, Dijana Ajanovic,

  4   dans une affaire intentée contre Monsieur Kordic et que ça

  5   s’est passé le 12 novembre 1993 ?

  6         Me SAYERS (interprétation) :  Je vais demander une

  7   fois de plus qu’on attribue une cote à ce document.

  8         LA GREFFIÈRE :  Il s’agit du document D198/1.

  9         Me SAYERS (interprétation) : 

 10         Q.    Madame Pezer, vous avez devant vous une

 11   déclaration que vous avez donnée sous serment devant le

 12   Juge d’instruction en novembre 1993.  Pourriez-vous, s’il

 13   vous plaît, jeter un coup d’œil sur la dernière page de

 14   cette déclaration version croate et en bas de la page, il y

 15   a votre signature sous le terme « témoin » ?

 16         R.    [Aucune réponse audible]

 17         Q.    Madame, si vous avez oublié la question, ce

 18   que j’aimerais savoir c’est tout simplement si à la

 19   dernière page, vers le milieu de cette page ou vers la fin,

 20   vous voyez votre propre signature.

 21         R.    Oui, oui, c’est bien ma signature, mais vous

 22   pouvez tout simplement savoir ce que j’ai dit pour Dario

 23   Kordic et où je l’ai vu.  Il a été en Bosnie centrale, il a

 24   été la personne la plus importante, lui-même et Tihomir

 25   Blaskic, son collaborateur. 


Page 15467

  1         Il ne faut pas me fatiguer.  Ils savent que j’ai

  2   perdu 17 personnes et y compris les membres de la famille

  3   de mon mari.  Mon fils, je l’ai élevé pendant 20 ans et en

  4   une seconde, il est parti.  Ils n’ont pas à me fatiguer. 

  5   Ils savent très bien ce que nous avons perdu.  Dans les 35

  6   maisons à Zume, 41 sont restés sur place. 

  7         Par conséquent, il ne faut pas me fatiguer.  Tout

  8   le monde sait très bien ce qu’il a fait.  Si ce n’est pas

  9   lui, à ce moment-là, il a à indiquer la personne qui

 10   l’avait fait outre lui-même car moi, c’est ma propre vie

 11   que j’ai été obligée de sauver.  Toutes les mères, moi-même

 12   et les autres, il fallait qu’on s’occupe de nos enfants. 

 13   Il faut les élever.

 14         Par conséquent, il est coupable.  Il y a les

 15   crimes qui restent.  Il le sera toujours.  Par conséquent,

 16   le Tribunal doit désigner la sentence et le reste, c’est

 17   Dieu qui prendra la décision.  Même si vous tuez une seule

 18   personne, c’est comme si vous en avez tué 1 000.

 19         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Me Sayers,

 20   auriez-vous d’autres questions à poser ?

 21         Me SAYERS (interprétation) :  Juste une toute

 22   petite question.

 23         Je voudrais d’abord demander à l’huissier de

 24   mettre cette photographie sur le rétroprojecteur.  Elle

 25   porte la cote 160/1.


Page 15468

  1         Q.    Madame, c’est une photographie qui a été

  2   faite vers 11 h 00 le 16 avril dans votre village à Ahmici.

  3         Ce que j’aimerais c’est tout simplement de dire

  4   que cette photographie a déjà été versée au dossier sous la

  5   référence 3527.

  6         Madame, auriez-vous l’amabilité de voir justement

  7   cette femme qui est au milieu de la photographie et l’homme

  8   qui est à sa droite ainsi que l’homme qui est derrière ? 

  9   Est-ce que vous reconnaissez quelqu’un ?

 10         R.    Non.

 11         Q.    D’abord, l’homme qui a la cigarette, on a

 12   l’impression qu’il porte un fusil M-48.  Est-ce que vous le

 13   reconnaissez ?

 14         R.    Non, je ne reconnais personne.

 15         Me SAYERS (interprétation) :  C’est comme ça que

 16   je termine mon contre-interrogatoire et je vous remercie.

 17         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Merci.  Vous

 18   pouvez rendre cette pièce à conviction, cette photographie. 

 19         Je vous en prie, Monsieur Kovacic.

 20         CONTRE-INTERROGÉE PAR Me KOVACIC

 21         (interprétation) : 

 22         Q.    Je m’appelle Bozidar Kovacic et je défends le

 23   deuxième accusé, Mario Cerkez.  Vous n’avez pas parlé de

 24   lui.

 25         Je voudrais vous présenter mes condoléances très


Page 15469

  1   sincères mais je voudrais vous demander d’avoir en vue

  2   quand même que nous sommes obligés d’apprendre un certain

  3   nombre de détails.  C’est la raison pour laquelle je vais

  4   vous poser quelques questions qui sont vraiment

  5   fondamentales pour pouvoir comprendre ce que vous avez

  6   déposé et dit.

  7         Madame, je vais vous demander de nous dire en très

  8   grandes lignes.  Vous avez habité à Zume.  Est-ce que vous

  9   avez habité au-dessus de la route ou en bas ?

 10         R.    Vers le haut.

 11         Q.    Vers le haut ?

 12         R.    Oui.

 13         Q.    Il y avait combien de maisons à peu près,

 14   deux, trois, cinq lignes de maisons ?

 15         R.    Il y avait donc, par rapport à Ahmici, 35

 16   maisons au total.

 17         Q.    Combien il vous fallait d’aller à pied pour

 18   vous rendre à la mosquée, la mosquée privée ?

 19         R.    Dix minutes à peu près.  Je ne sais pas

 20   exactement mais dix minutes probablement.

 21         Q.    Merci.  Vous nous avez dit que votre époux

 22   était membre des gardes villageoises, votre fils également.

 23         Juste deux points.  Est-ce que vous savez qui

 24   était commandant des gardes villageoises ?

 25         R.    Personne.  Personne n’était commandant.  Les


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  1   patrouilles juste villageoises gardaient les maisons.  Il

  2   n’y avait rien d’autre.  Ils sortaient tout simplement pour

  3   surveiller et pour garder les maisons.  C’est tout.

  4         Q.    Les Croates également ?

  5         R.    Oui.  Les Croates, eux également, ils avaient

  6   des patrouilles villageoises, mais par la suite, ils sont

  7   partis.  Nous également, on a fait pareil.

  8         Q.    C’était avant le conflit.  Il y avait même

  9   des patrouilles qui étaient mixtes ?

 10         R.    Moi, je ne parle pas de conflit, Monsieur

 11   l’Avocat.  Je parle de l’attaque.  C’est une attaque qui a

 12   été organisée pendant la nuit.  C’est le matin qu’ils ont

 13   tiré.  Donc, ils nous ont attaqués.  On ne parle pas de

 14   conflit.  On parle d’attaque.

 15         Q.    Je vais vous poser la question différemment.

 16         Avant le mois d’avril 1993, les Croates et les

 17   musulmans organisaient des patrouilles villageoises

 18   ensemble ?

 19         R.    Oui.

 20         Q.    Ce n’est que plus tard, pour ne pas entrer en

 21   détail, que chacun gardait ses propres maisons ?

 22         R.    Oui.  Chacun gardait ses propres maisons.

 23         Q.    Chacun également gardait sa partie du

 24   village ?

 25         R.    Pas le village.  Le village Santici est très


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13   pagination anglaise et la pagination française.

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  1   grand.  Moi, je fais partie de Santici, mais de toute

  2   façon, j’ai ma terre et normalement je suis considérée

  3   comme quelqu’un qui est habitant de Santici.

  4         Q.    Est-ce que Midho Berbic avait quelque chose à

  5   voir ?

  6         R.    Comment ?

  7         Q.    Midho Berbic, il avait un rôle ou non ?

  8         R.    Je ne sais pas.

  9         Q.    Il a gardé sa propre maison ou les autres ?

 10         R.    Lui, il était à Ahmici, et moi, j’étais à

 11   Santici.

 12         Q.    Merci.  Vous avez dit également…

 13         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Me Kovacic,

 14   est-ce que vous pouvez ralentir le débit, s’il vous plaît ? 

 15   Les interprètes ne peuvent pas vous suivre.

 16         Me KOVACIC (interprétation) :  Excusez-moi.

 17         Q.    Madame Pezer, vous avez dit que le fusil que

 18   possédait votre père était un fusil M-48, n’est-ce pas ?

 19         R.    Oui.

 20         Q.    Vous ne savez pas si c’est un fusil normal ou

 21   bien le fusil de chasse ?

 22         R.    Moi, j’ai 52 ans et je sais que c’est mon

 23   beau-père qui avait laissé déjà ce fusil et je me pose même

 24   la question si on aurait pu tirer de ce fusil.  C’est un

 25   fusil de chasse.


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  1         Q.    Merci.  Le soir, le 15 avril, vous étiez chez

  2   vos amis à Krcevine.  Vous êtes retournée par la suite. 

  3   Est-ce que vous avez remarqué la concentration des unités

  4   militaires ou le rassemblement des soldats ?

  5         R.    Non, absolument.  Je maintiens ce que j’ai

  6   dit tout à l’heure, on ne pouvait même pas entendre un

  7   oiseau.  C’était tellement calme, on n’entendait absolument

  8   rien.

  9         Q.    Vous avez dit que le jour de l’attaque, le 16

 10   avril, des soldats portaient des uniformes de camouflage. 

 11   Est-ce qu’il y en avait qui portaient d’autres… par

 12   exemple, des uniformes noirs ?

 13         R.    Je ne sais pas mais je me souviens que j’ai

 14   vu des soldats qui étaient en tenue de camouflage.

 15         Q.    Vous avez dit par ailleurs qu’il y en avait

 16   qui portaient des peintures sur le visage ?

 17         R.    Oui, tous.  Sur le front, sur le visage et le

 18   menton.

 19         Q.    Il y en avait qui portaient des cagoules ?

 20         R.    Non.  Chez nous, non.

 21         Q.    On avait nommé une unité « Vitezovis ».  Est-

 22   ce que vous avez entendu parler de cette unité ?

 23         R.    Ça, je ne sais pas.  Je connais les uniformes

 24   et je n’ai pas vu les insignes.

 25         Q.    Dans une de vos déclarations – on les a


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  1   énumérées tout à l’heure – du 9 février 1998 que vous avez

  2   également signée, vous dites en relatant les événements du

  3   matin que Franjo – et ceci se rapporte à Jukic – avait

  4   empêché un criminel de tuer votre fille.  À ce moment-là,

  5   vous parlez de cette unité spéciale mais vous ne l’avez pas

  6   répétée aujourd’hui ?

  7         R.    Moi, j’en ai parlé, mais de toute façon, j’ai

  8   dit qu’ils portaient des tenues de camouflage et j’ai dit

  9   qu’ils portaient des peintures également sur le front, sur

 10   le visage, et cætera, mais j’ignorais complètement qu’ils

 11   appartenaient à une unité spéciale.

 12         Me KOVACIC (interprétation) :  J’aimerais verser

 13   cette déclaration du témoin qui a été donnée devant les

 14   autorités de Bosnie.

 15         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Il s’agit

 16   encore d’une autre déclaration ?

 17         Me KOVACIC (interprétation) :  Oui.

 18         Q.    Madame, aujourd’hui, vous nous avez dit… ou

 19   plutôt vous avez évoqué un certain nombre de personnes que

 20   votre fille a reconnues ultérieurement.  Vous avez dit

 21   qu’il s’agissait de Franjo Jukic et de Zoran Covic.

 22         Vous avez dit par ailleurs au cours de votre

 23   déposition…

 24         LA GREFFIÈRE :  Il s’agit de la pièce D61/2.

 25         Me KOVACIC (interprétation) : 


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  1         Q.    Vous avez parlé de Bernard Kristo, Ivica

  2   Semren, Drazenko Vidovic, Miro Josipovic, Nenad Santic.

  3         Si je vous ai bien comprise, car c’est une partie

  4   de votre déposition qui n’était pas tout à fait claire et

  5   détaillée, vous dites pour ces personnes qu’ils étaient

  6   membres du HVO ?

  7         R.    Oui.

  8         Q.    Ce matin dont il est question, le 16 avril

  9   1993, vous les avez vus à Ahmici ?

 10         R.    Non, je ne les ai pas vus.

 11         Q.    En ce qui concerne Nenad Santic, vous avez

 12   dit que vous savez qu’il est d’origine de Donja Rovna. 

 13   Est-ce que vous pouvez nous dire s’il s’agit d’un village

 14   qui est petit ou grand ?

 15         R.    Je ne sais pas.  Je ne sais pas exactement. 

 16   Je n’ai pas compté le nombre de maisons mais je sais qu’il

 17   est de ce village.  Son père venait chez nous.  Il était

 18   avec mon beau-père en bonnes relations.  Il lui a fait la

 19   maison.

 20         Q.    Est-ce que c’est un village qui est un petit

 21   peu de la grandeur de Ahmici ?

 22         R.    Ahmici, c’est quelque peu plus grand parce

 23   qu’il y a Krcevine, il y a Grabovi, Pirici et Zume.  Il y a

 24   beaucoup plus de population.  C’est dispersé.  Il y a Mala,

 25   il y a Gornja Rovna.  Probablement que c’est un peu plus


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  1   grand, mais ça ne peut pas être comparé à Ahmici.

  2         Q.    En ce qui concerne le nom Santic, c’est un

  3   nom qui est quand même assez répandu ?

  4         R.    Oui.  Il y a des Santic.  Il y a Franjo

  5   Santic et il y a Jozo Santic qui venaient voir mon mari et

  6   ils allaient ensemble à l’école.  Oui, c’est un nom

  7   répandu.

  8         Q.    Le prénom Nenad, est-ce que c’est répandu

  9   également parmi les Croates ?

 10         R.    Parmi nous, non.  Là où Nenad habitait, il

 11   n’y en avait pas d’autres.  Moi, je ne connais pas d’autres

 12   Nenad, d’autres prénoms.

 13         Q.    Est-ce que vous aviez connu un Croate qui

 14   s’appelait également Nenad ?

 15         R.    Non.

 16         Q.    Est-ce que Mijo également est un prénom qui

 17   est répandu parmi les Croates ?

 18         R.    Oui, probablement parce que c’est un prénom

 19   qui d’habitude est donné par les Croates.  Probablement

 20   qu’ils donnaient des noms aux enfants comme ça et ils le

 21   feront à l’avenir.

 22         Q.    Merci.  Je voudrais tout simplement savoir si

 23   vous pouvez nous donner quelques autres explications.

 24         Quand les soldats vous ont demandé de manière

 25   assez violente et dure d’aller vers les maisons croates,


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  1   ils ne vous ont pas envoyée vers la maison de Vidovic,

  2   Josip Vidovic, mais vous avez demandé à Josip Vidovic de

  3   vous accueillir ?

  4         R.    Non, ils ne l’ont pas dit, mais on avait

  5   peur.  On s’était dit qu’ils avaient déjà tué les autres,

  6   par conséquent, qu’ils allaient nous tuer.  Je ne sais même

  7   pas comment j’ai survécu.  C’était une horreur.  On ne peut

  8   même pas vous décrire par les paroles ce qu’on a vécu. 

  9   Ceux qui ont vécu, ils peuvent vous dire.

 10         Q.    Josip Vidovic, c’est lui-même qui vous a

 11   accueillie ?

 12         R.    Oui.  Nous nous sommes rendus chez lui et

 13   puis voilà, c’est là où nous sommes restés.

 14         Q.    Ensuite, c’est Madame Vrebac et une autre

 15   également qui vous ont aidée ?

 16         R.    Oui.  Elle a travaillé dans la boutique, dans

 17   une boutique chez nous pendant 20 ans.  On était des

 18   voisins.  On était en bonnes relations.  On n’a jamais été

 19   en mauvaises relations, mais ce qu’ils nous ont fait, c’est

 20   lamentable, c’est tout à leur honneur.

 21         Moi, je ne pensais pas qu’il fallait faire la

 22   distinction entre son enfant et le mien et celui qui a la

 23   foi, à ce moment-là, il doit également respecter l’autre. 

 24   Par conséquent, si vous respectez la croix, moi, je

 25   respecte autre chose, mais de toute façon, celui qui


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  1   respecte l’un ou l’autre, il ne tue pas.

  2         Q.    Ça, nous le savons, Madame, mais je voulais

  3   tout simplement vous poser la question.

  4         En ce qui concerne Vrebac et Vidovic, ce sont les

  5   deux Croates, n’est-ce pas ?

  6         R.    Oui, mais ce sont les gens de Bosnie et

  7   maintenant, ils souhaitent qu’on les appelle Croates, mais

  8   ils doivent bien vivre avec nous.  Maintenant, je dois bien

  9   retourner chez moi.  Même Zenica ne veut pas que je reste à

 10   Zenica.  Ce sont eux qui labourent les 100 hectares de

 11   terre maintenant.  Si vous connaissez la vallée de la Lasva

 12   et Seliste, toutes ces terres, ça m’appartient.  Moi, j’en

 13   suis propriétaire.  Par conséquent, moi, je dois retourner

 14   chez moi.

 15         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Me Kovacic,

 16   est-ce que vous avez d’autres questions ?  Est-ce que vous

 17   en avez beaucoup ?

 18         Me KOVACIC (interprétation) :  Quelques questions

 19   encore.

 20         Q.    Madame Pezer, c’est lui-même, Niko Plavcic,

 21   qui vous a demandé de vous emmener chez lui pour vous

 22   aider ?

 23         R.    Oui.

 24         Q.    Ce n’est pas par la force ?

 25         R.    Non, mais c’est lui qui nous a accompagnés


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  1   justement, c’est lui qui nous a proposé de nous accompagner

  2   jusqu’à Sivrino Selo.  Ceux qui sont restés jusqu’à la

  3   nuit, ils ont été emmenés à l’école de Dubravica.

  4         Q.    Lui, il était Croate ?

  5         R.    Oui.

  6         Me KOVACIC (interprétation) :  Merci.

  7         J’ai terminé, Monsieur le Président.

  8         Madame Pezer, merci et excusez-moi, j’ai un petit

  9   peu posé des questions qui n’étaient pas toujours faciles

 10   pour vous.

 11         LE TÉMOIN (interprétation) :  Merci à vous.

 12         Me LOPEZ-TERRES :  Un seul point, Monsieur le

 13   Président.

 14         RÉINTERROGÉE PAR Me LOPEZ-TERRES : 

 15         Q.    Madame Pezer, lorsque vous avez été hébergée

 16   dans la maison de cette madame Vrebac dont on vient de vous

 17   parler où se trouvaient des femmes croates, avez-vous

 18   remarqué s’il y avait l’électricité dans cette maison ?

 19         R.    Oui.  Il y avait l’électricité, puis le

 20   téléphone fonctionnait, alors que ce n’était pas le cas

 21   chez nous.  Chez eux, le téléphone marchait normalement. 

 22   Elle, elle était au téléphone.  Je n’ai pas entendu ce dont

 23   elle a parlé parce que de toute façon, nous étions au bout

 24   du couloir, alors qu’eux, ils étaient de l’autre côté, mais

 25   tous étaient mes voisins.


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  1         Q.    [Hors microphone] …l’électricité et le

  2   téléphone fonctionnaient dans cette maison croate alors que

  3   vous aviez remarqué le matin de l’attaque que l’électricité

  4   et le téléphone ne fonctionnaient pas dans la vôtre ?

  5         R.    Non.  Tout a été incendié chez nous.  Le

  6   bétail a brûlé, les gens ont brûlé.  On a tué des enfants

  7   également.

  8         Q.    Madame Pezer, ma question est la suivante :

  9   Est-ce que l’électricité fonctionnait dans votre maison le

 10   jour du 16 avril avant que l’attaque ne commence ou au

 11   moment où l’attaque a commencé ?

 12         R.    Non, non.  C’est le soir même à la veille de

 13   l’attaque que l’électricité a été coupée, le courant a été

 14   coupé.  Le 15 au soir, nous n’avions pas d’électricité.

 15         Me KOVACIC (interprétation) :  Monsieur le

 16   Président, moi, je pense que c’est un nouveau champ dont on

 17   parle.  On n’en a pas parlé lors de l’interrogatoire

 18   principal.

 19         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui.

 20         Me LOPEZ-TERRES :  Il a simplement été question de

 21   la maison de cette Madame Vrebac qui avait l’électricité

 22   tout à l’heure.

 23         J’en ai terminé.  Je n’ai pas d’autres questions.

 24         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Madame Pezer,

 25   merci d’être venue au Tribunal Pénal International afin de


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  1   déposer.  Vous en avez maintenant terminé de votre

  2   déposition et vous pouvez partir.

  3         LE TÉMOIN (interprétation) :  Merci et j’espère

  4   que vous allez juger comme la justice le réclame.  J’ai

  5   perdu mon fils.  Il était technicien mécanique.  Vous ne

  6   pouvez pas vous rendre compte comment il était et tous les

  7   autres également sont perdus comme ça.

  8         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Merci, Madame

  9   Pezer.

 10                     [Le témoin se retire]

 11         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Monsieur Nice,

 12   étant donné que j’ai entendu ce qu’a dit Me Kovacic, il me

 13   paraît qu’il serait utile de prendre une décision au sujet

 14   des pièces à conviction puisqu’il ne nous reste plus que

 15   dix jours.

 16         Me NICE (interprétation) :  Vous parlez des pièces

 17   à conviction qui n’ont pas encore été produites ou pour

 18   lesquelles il n’y a pas eu de décision ?

 19         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui.  Il

 20   s’agit de prendre une décision, mais je ne sais pas si Me

 21   Kovacic a dit quoi que ce soit.

 22         Me NICE (interprétation) :  Est-ce qu’il sera

 23   possible d’avoir une conférence ex parte après cela ?

 24         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Il se peut que

 25   nous devions la repousser à 17 h 30.


Page 15482

  1         Me Kovacic, en ce qui concerne les pièces à

  2   conviction qui n’ont pas encore été produites ou pas encore

  3   acceptées, avez-vous quelque chose à dire ?  Nous avons le

  4   document qui vient du co-accusé, de votre client, et il y

  5   est présenté en détail les objections qui sont les siennes. 

  6   Souhaitez-vous ajouter quoi que ce soit à cela ?

  7         Me KOVACIC (interprétation) :  Je vais être

  8   extrêmement bref.  Tout d’abord, je ne suis pas sûr que ma

  9   lettre et la liste qui l’accompagne aient été distribuées,

 10   comme ça a été le cas avec les documents produits par la

 11   Défense de Kordic.  J’ai envoyé une lettre au Bureau du

 12   Procureur à ce sujet le 14 février.

 13         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je ne me

 14   souviens pas avoir vu ce document.

 15         Me KOVACIC (interprétation) :  Vous avez sans

 16   doute raison parce que je ne l’ai pas ramené avec le numéro

 17   de référence donné par le greffe, mais l’Accusation dispose

 18   de ce document.

 19         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Peu importe,

 20   merci de nous résumer votre position.

 21         Me KOVACIC (interprétation) :  Eh bien, la

 22   situation est la suivante et mon éminent collègue va

 23   probablement ajouter quelque chose à ce sujet.

 24         Enfin, tout d’abord, j’ai inclus une liste qui

 25   compte environ 200 documents et quelques.  Je ne me


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  1   souviens plus du chiffre exact.  Enfin, il s’agit d’un

  2   nombre considérable de documents, quoi qu’il en soit, des

  3   documents donc pour lesquels je suis d’accord.

  4         Par principe, je souhaiterais informer la partie

  5   adverse que la Défense estime que les pièces à conviction

  6   peuvent être versées au dossier uniquement si elles ont un

  7   lien avec la déposition du témoin en question, par exemple,

  8   si le témoin reconnaît le document en question, reconnaît

  9   la signature, reconnaît les événements qui y sont

 10   mentionnés, et cætera.

 11         Par principe, nous sommes opposés à ce que des

 12   documents soient versés au dossier sans que ces documents

 13   aient fait l’objet d’une vérification, aient été soumis,

 14   aient été présentés, reconnus par un témoin, enfin bref,

 15   sans que ces documents aient un lien avec l’affaire et

 16   qu’il y ait une raison pour les soumettre.

 17         Nous avons passé en revue la totalité des

 18   documents qui nous ont été communiqués par l’Accusation et

 19   nous avons accepté le versement au dossier de certains

 20   documents car il apparaît qu’il s’agit là d’informations

 21   connues notoirement ou bien ce sont des documents qui

 22   proviennent d’autres affaires, dans d’autres cas.  Nous

 23   disposons de documents semblables ou des mêmes documents,

 24   documents que nous avons trouvés lors de notre enquête.

 25         Nous nous opposons au versement des documents pour


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  1   plusieurs raisons, des raisons assez nombreuses, et je vais

  2   mentionner uniquement les plus importantes du point de vue

  3   statistiques.

  4         Premièrement, non-authentification du document,

  5   pas de traduction en B/C/S ou plutôt que nous n’avons pas

  6   l’original en B/C/S, document illisible, document dont on

  7   n’indique pas la source, document dont on ne voit pas

  8   pourquoi il serait versé au dossier, document incomplet,

  9   document qui reprend un autre document, non-fiabilité des

 10   sources, ouï-dire ou preuve de seconde main, voire de

 11   troisième ou quatrième main.

 12         Donc, ce sont là les principales raisons qui nous

 13   poussent à refuser les documents.

 14         D’autre part, nous nous opposons tout

 15   particulièrement à ce que des documents qui avaient

 16   précédemment été refusés pour telle ou telle raison pendant

 17   le procès, ces documents sont maintenant soumis de nouveau

 18   dans cette pile de documents.  C’est le cas, par exemple,

 19   du document portant la cote Z591, un document dont on a

 20   demandé le versement pendant le témoignage du Témoin AC le

 21   18 janvier.

 22         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Me Kovacic,

 23   inutile de vous étendre sur ce sujet.

 24         Me KOVACIC (interprétation) :  Bien !  Il y a

 25   également des documents qui ont déjà été versés au dossier


Page 15485

  1   par la Défense, et donc maintenant, il y a double emploi

  2   puisqu’on demande de nouveau leur versement.

  3         D’autre part, nous avons dit au Bureau du

  4   Procureur qu’il y a des documents qui viennent d’autres

  5   affaires, Aleksovski, Blaskic, Kupreskic, mais ils ne sont

  6   pas référencés de façon que nous puissions faire le lien

  7   entre ces documents et les affaires que j’ai mentionnées.

  8         Donc, il y a des documents que nous aurions peut-

  9   être acceptés mais nous n’avons pas été en mesure de

 10   vérifier s’il s’agit bien effectivement de documents qui

 11   proviennent des affaires susmentionnées.  En d’autres

 12   termes, si le Bureau du Procureur est en mesure de nous

 13   fournir des informations précises à ce sujet, il est

 14   possible que nous soyons en mesure d’accepter de nouveaux

 15   documents en plus de ceux que nous avons déjà acceptés.

 16         Nous nous opposons avec la plus grande fermeté à

 17   la demande qui a été faite aux fins d’accepter divers

 18   communiqués venant d’agences de presse, des articles de

 19   presse, des résumés faits par des agences de presse,

 20   transcriptions d’émissions télévisées ou d’émissions

 21   radiodiffusées, conférences de presse, et cætera, parce que

 22   nous estimons que ce genre de documents ne sont pas fiables

 23   quelle qu’en soit la source. 

 24         C’était la guerre, la situation était extrêmement

 25   troublée, tout était extrêmement complexe, et même les


Page 15486

  1   meilleures agences de presse n’ont pas réussi à toujours

  2   faire leur travail correctement. 

  3         Donc, nous ne pouvons accepter que de tels

  4   documents, des articles de presse, différents éléments de

  5   ce genre soient acceptés en tant qu’éléments de preuve, à

  6   moins que ces documents ne soient présentés par le biais

  7   d’un témoin qui est en mesure de parler de ces documents ou

  8   de l’événement en question ou que lui-même est l’auteur de

  9   ces documents.

 10         En ce qui concerne le conflit armé international,

 11   nous en avons informé le Bureau du Procureur, nous

 12   partageons la position de la Défense de Monsieur Kordic.

 13         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  En temps

 14   utile, nous parlerons du conflit armé international.  Je ne

 15   vais pas prendre de décision à ce sujet maintenant.  Merci

 16   beaucoup.

 17         Maintenant, je vais parler de cette pile très

 18   importante de documents dans l’ordre où ils sont arrivés à

 19   la Chambre.  Cela représente 15 classeurs de documents.

 20         D’abord, je vais reprendre ce qu’a dit Me Kovacic,

 21   à savoir que les documents ne doivent être produits que par

 22   le truchement d’un témoin.  Bien entendu, ceci est souvent

 23   la règle adoptée dans les systèmes juridiques

 24   internationaux, mais dans le Tribunal Pénal International,

 25   ce n’est pas forcément le cas puisque nous sommes des Juges


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  1   professionnels et nous sommes en mesure de décider de

  2   l’admissibilité des documents en étudiant les documents

  3   eux-mêmes.

  4         Je vais commencer par vous rappeler les pratiques

  5   que nous avons adoptées dans cette affaire.  Nous avons

  6   pris un nombre incalculable de décisions conformément aux

  7   pratiques du Tribunal.  Nous avons accepté des éléments de

  8   preuve obtenus par ouï-dire en nous souvenant, bien

  9   entendu, que le poids qu’il convient de leur accorder, ce

 10   n’est pas la même chose que l’admissibilité de ces

 11   documents et cela, c’est quelque chose que nous déciderons

 12   lorsque nous examinerons les éléments de preuve et

 13   déciderons de quel poids donner à chacun de ces éléments de

 14   preuve.

 15         Il y a des choses dans ces documents qui font que

 16   certains ne sont pas admissibles.  Je pense

 17   particulièrement d’abord aux documents sur lesquels nous

 18   avons déjà pris des décisions.  Par exemple, Z591, il

 19   s’agit d’une liste de prisonniers détenus au cinéma.  Nous

 20   avons reçu à ce sujet un affidavit. 

 21         Z684 et Z703, des rapports de situation relatifs

 22   au 17 avril.  Nous avons statué au sujet de ces documents

 23   et nous avons refusé que ces documents soient versés au

 24   dossier.  Ils ne doivent donc pas figurer dans les

 25   documents qui nous ont été présentés.


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  1         Il en va de même pour un document qui porte le

  2   numéro 10092.  Il ne porte pas de titre, mais il semble

  3   qu’il s’agisse d’un extrait du rapport du Dr Cigar.  Nous

  4   avons refusé d’entendre les éléments de preuve qu’il avait

  5   à donner et donc ce document est exclu également.

  6         Enfin, dans la même catégorie de documents, la

  7   pièce à conviction Z1415 qui est décrite comme un rapport

  8   du Conseil de l’Europe sur les conséquences de la guerre,

  9   les dommages de la guerre dans la région, un document qui a

 10   été réalisé par le Dr Kaiser.  Donc, nous avons décidé de

 11   ne pas admettre le compte rendu d’audience de sa déposition

 12   et donc nous n’avons pas admis son rapport non plus.

 13         Deux autres choses dans cette catégorie.  Le

 14   document numéro 8175 :  Il semble qu’il s’agisse d’un

 15   extrait d’un ouvrage du Commandant Kent Payne.  Dans ce

 16   passage, on parle de Monsieur Kordic.  Le Commandant Kent

 17   Payne n’a pas témoigné dans cette affaire et les

 18   observations qu’il a à faire sur l’accusé ne sont pas

 19   admissibles.

 20         Un point de détail :  Une partie de la déclaration

 21   du Colonel Duncan se retrouve au sein de la pièce à

 22   conviction 8615.  Il convient de le noter.

 23         Donc, voici la première catégorie d’éléments de

 24   preuve qui ne sont pas acceptables. 

 25         Catégorie suivante : Un certain nombre de


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  1   documents, et à mon avis beaucoup trop, ne figurent pas

  2   avec la traduction nécessaire en anglais ou en français. 

  3   Pour vous donner quelques numéros :  Z35, 58, 114.1 et .2,

  4   127, 178, 183, 355, 380.1, 441, 481, 546, 917, 921.1, 1021,

  5   1272, 1369, 1375, 1464.2, 1477.  Il ne s’agit là que d’une

  6   sélection, si je puis dire.  On en trouve beaucoup de ces

  7   documents dans les volumes ou classeurs 14 et 15 et les

  8   autres sont énumérés dans les soumissions de la Défense.

  9         Aucun élément de preuve, aucune pièce à conviction

 10   ne peut être admise et versée au dossier si elle n’est pas

 11   fournie avec une traduction.  Ici, il s’agit peut-être

 12   d’une omission mais si une traduction n’est pas disponible,

 13   aucun document ne peut être admis.  Donc, les documents qui

 14   n’ont pas été traduits et pour lesquels la traduction n’a

 15   pas été fournie ne peuvent être admis.

 16         Il y a certains documents qui sont illisibles. 

 17   Ces documents sont énumérés dans les documents fournis par

 18   la Défense.  Les documents lisibles peuvent être versés au

 19   dossier.

 20         D’autre part, il y a des documents pour lesquels

 21   nous ne disposons pas de l’original.  Ceci est nécessaire

 22   pour permettre l’admission d’une pièce.

 23         Enfin dans cette catégorie générale de documents,

 24   il y en a qui ont déjà été versés au dossier et qui doivent

 25   être extraits et enlevés des documents présentés par le


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  1   Bureau du Procureur.

  2         Maintenant en ce qui concerne les objections, tout

  3   d’abord, certaines des pièces à conviction ne font l’objet

  4   d’aucune objection.  Donc, nous les acceptons.

  5         Nous venons d’entendre les objections présentées

  6   au nom de Monsieur Cerkez. 

  7         Pour ce qui est des objections faites au nom de

  8   Monsieur Kordic, elles sont présentées sous la forme d’un

  9   tableau, ce qui est tout à fait très utile et permet de

 10   mieux lire le document.  Donc, les différentes formes

 11   d’objections sont les suivantes : moyens de preuve par ouï-

 12   dire, manque d’authentification, et enfin dans la dernière

 13   colonne, on trouve des commentaires tels que « non

 14   pertinent », « non signé ».

 15         Alors, je dois dire que c’est à la Chambre de

 16   décider si un document est pertinent ou non.

 17         Le Bureau du Procureur s’est penché sur la moitié

 18   des objections, à savoir qu’ils ont repris la moitié de ces

 19   objections dans un document qui a été produit par leur

 20   service et ceci s’applique également au reste des

 21   objections.

 22         On peut résumer les choses de la façon suivante. 

 23   La première catégorie de documents, elle comporte un grand

 24   nombre de documents.  Elle comporte des documents qui

 25   viennent soit de Croates de Bosnie, soit de musulmans de


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  1   Bosnie.  Les objections qui sont partagées par la Défense

  2   de Monsieur Cerkez font valoir que souvent, il ne figure

  3   pas de signature sur ces documents.  On ne voit pas

  4   pourquoi ces documents seraient versés au dossier.  Ils ne

  5   sont pas authentifiés.

  6         En ce qui concerne ces deux derniers éléments, ces

  7   documents se passent de commentaires.

  8         Maintenant, si on parle de l’absence de signature,

  9   ça, c’est quelque chose qui a trait au poids à accorder aux

 10   documents et nous estimons que cela n’a aucun effet sur

 11   l’admissibilité ou non du document.

 12         Dans cinq cas, 1135, 742.1, 753, 2100 et 2697, la

 13   signature de Monsieur Kordic qui apparaît sur le document

 14   est contestée.  Je souhaite répéter qu’ici encore, il

 15   s’agit pour les Juges de décider quel poids accorder à ce

 16   document.  Bien entendu, la Défense sera en mesure

 17   d’appeler des témoins pour contester le fait qu’il s’agit

 18   là de la signature de Monsieur Kordic.

 19         Il y a une deuxième catégorie qui comporte moins

 20   de documents.  Il s’agit de rapports de l’ECMM, de la

 21   FORPRONU ainsi que d’autres organisations internationales. 

 22   Ces documents ont fréquemment été acceptés, admis sans

 23   aucune objection, et nous ne voyons aucune raison pour

 24   qu’il n’en aille pas de même dans le cas présent.

 25         La dernière catégorie importante comportant un


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  1   grand nombre de documents, c’est celle des communiqués de

  2   presse, des articles de presse, des résumés de conférences

  3   de presse, des reportages télévisés ou radiodiffusés, des

  4   interviews et d’autres types de reportages réalisés par les

  5   médias.

  6         L’objection de Monsieur Kordic, qui est partagée

  7   par Monsieur Cerkez, c’est que ces documents ne sont pas

  8   authentifiés et qu’il n’y a pas de raison pour demander

  9   leur versement.  Mais il a été signalé, et la Chambre de

 10   première instance partage cette opinion, qu’il s’agit de

 11   documents qui parlent d’eux-mêmes.  Je veux parler de

 12   l’authenticité de ces documents et de la raison pour

 13   laquelle ils sont versés au dossier.  Quant au poids à

 14   accorder à ces documents, c’est à la Chambre de première

 15   instance de prendre sa décision.  Donc, ces documents

 16   seront acceptés.

 17         Il y a des questions pratiques que je souhaiterais

 18   aborder.  Tout d’abord, nous avons, je crois, une copie de

 19   toutes ces pièces à conviction.  Il va être nécessaire de

 20   faire un peu de nettoyage dans ces documents, mais d’ici la

 21   semaine prochaine, nous devrions être en mesure d’avoir des

 22   copies de ces pièces à conviction.

 23         D’autre part, il faut savoir que le greffe va

 24   avoir un travail considérable avec ce volume important de

 25   documents.  Je me demande donc s’il serait possible au


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  1   Bureau du Procureur, s’il était possible donc de réexaminer

  2   ces documents et de voir s’ils sont tous nécessaires.

  3         Me NICE (interprétation) :  Nous y avons réfléchi,

  4   et bien entendu, nous n’avons pas oublié la demande qui a

  5   été faite par la Chambre de première instance qui nous

  6   avait demandé de réduire le nombre de documents, mais cela

  7   viendra plus tard.

  8         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je vous serais

  9   reconnaissant d’essayer de trouver une solution pour les

 10   documents d’ici la semaine prochaine. 

 11         Il reste encore cinq classeurs relatifs au conflit

 12   international.  Il s’agit également de parler de la vidéo.

 13         Me NICE (interprétation) :  Je pense que nous

 14   aurons un peu de temps demain après les trois témoins

 15   puisque je ne pense pas qu’il nous faudra beaucoup de temps

 16   pour entendre les témoins.  Si ce n’est pas possible

 17   demain, vous vous souviendrez que j’avais demandé la

 18   possibilité que cela soit examiné par la Chambre jeudi

 19   lorsque la Chambre ne sera pas pleinement constituée.

 20         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je vais

 21   m’entretenir avec mes collègues.

 22                     [La Chambre discute]

 23         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Nous verrons

 24   comment les choses évoluent.  D’autre part, il y a la

 25   question des vidéos qu’il va falloir traiter.


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  1         M. LE JUGE BENNOUNA (interprétation) :  Monsieur

  2   Nice, ces classeurs relatifs au conflit international, est-

  3   ce que vous allez demander la production, produire ces

  4   documents, ces classeurs ?  Comment allez-vous procéder

  5   avec ces documents ?  Est-ce que vous allez simplement

  6   demander qu’ils soient versés au dossier en tant que tels

  7   ou est-ce que vous allez nous les présenter à un moment

  8   donné ?  Je pense que cela serait utile pour la Chambre de

  9   première instance, mais vous n’avez pas à répondre à ma

 10   question tout de suite.

 11         Me NICE (interprétation) :  Eh bien, je peux vous

 12   répondre tout de suite.  Si nous avons le temps avant la

 13   fin de la présentation de nos éléments de preuve vendredi

 14   en 8, nous pourrions et je souhaiterais vous présenter ces

 15   documents, faire un bref exposé.  Je crois que c’est la

 16   façon dont on a procédé dans l’affaire Blaskic.

 17         Si nous n’avons pas suffisamment de temps pour le

 18   faire, nous serons peut-être dans la nécessité de demander

 19   l’admissibilité de ces documents et nous vous présenterons

 20   notre argumentation en temps utile, mais je pense qu’il y

 21   aura probablement une présentation faite par l’un de mes

 22   collègues.  Je crois que cela serait utile.

 23         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui.  Peut-

 24   être jeudi matin, si vous pouviez vous y préparer.

 25         Nous allons maintenant suspendre l’audience


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  1   jusqu’à demain matin à l’heure habituelle et il y aura une

  2   audience ex parte à 17 h 30.

  3         On me rappelle qu’il y a demain matin dans ce

  4   prétoire une autre affaire et donc nous ne serons en mesure

  5   de commencer nos travaux qu’à 10 h 00.

  6         --- L’audience est levée à 16 h 00

  7         pour reprendre le mercredi

  8         1er mars 2000 à 10 h 00

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12   Page blanche insérée aux fins d’assurer la correspondance entre la

13   pagination anglaise et la pagination française.

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