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1 Le jeudi 9 mars 2000
2 [Audience publique]
3 [Les accusés entrent dans la Cour]
4 --- L’audience débute à 9 h 07
5 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Me Nice, je
6 suis désolé, nous sommes un petit peu en retard mais il y
7 avait un certain nombre de choses que je devais régler.
8 Me NICE (interprétation) : Oui. En ce qui
9 concerne les témoins, nous en avons trois aujourd’hui, deux
10 témoins qui ne prendront pas beaucoup de temps et un autre
11 pour lequel il faudra plus de temps.
12 En ce qui concerne les deux premiers, j’espère
13 qu’ils sont en train de passer en revue le résumé de leurs
14 déclarations précédentes et j’espère que de cette façon, on
15 pourra les entendre plus rapidement que ce n’a été le cas
16 précédemment.
17 Je ne suis pas sûr qu’aucun d’entre eux soit déjà
18 tout à fait prêt. Donc, on pourrait en profiter pour
19 aborder un certain nombre de questions.
20 Tout d’abord, Me Sayers me dit que lorsque je vous
21 ai signalé hier que la carte qu’avait produite Monsieur
22 Hamill se trouvait dans le classeur de Zenica, eh bien, je
23 me trompais. En fait, elle était en annexe de ce classeur.
24 Je m’en excuse, bien entendu. Je m’excuse de cette erreur.
25 La deuxième question que nous pourrions régler
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1 c’est celle des déclarations du Témoin AO qui ont été
2 produites. On a vu également la lettre qui nous a été
3 présentée hier.
4 En ce qui concerne ces documents, notre position
5 est la suivante, du moins en ce qui concerne l’évolution
6 récente en ce qui concerne ces documents. Bon, dans le
7 contre-interrogatoire, il est apparu clairement que le
8 témoin avait déjà donné une autre déclaration ou d’autres
9 déclarations et je crois que d’ailleurs dès le début, il a
10 parlé d’une déclaration qu’il avait donnée soit aux
11 autorités de la ville, soit au Bureau du Procureur.
12 Ensuite, il a été contre-interrogé de façon très,
13 très précise, très ciblée par Me Naumovski, ce qui nous a
14 fait supposer, et d’ailleurs ça a été également l’opinion
15 du témoin quand il s’est entretenu avec nous ensuite, que
16 la Défense avait des informations au sujet du témoin
17 puisqu’on l’a contre-interrogé sur des déclarations
18 précédentes, ce qui semble indiquer que la Défense aurait
19 des informations bien précises au sujet d’une de ses
20 déclarations précédentes, et lorsque finalement il nous a
21 prononcé sa déclaration, ceci a été confirmé puisque les
22 détails sur lesquels on l’avait contre-interrogé
23 correspondaient à ce qu’il y avait dans cette déclaration.
24 Après la fin de sa déposition, le Témoin AO s’est
25 entretenu avec Madame Taylor et il a confirmé qu’il avait
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1 déjà parlé précédemment avec d’autres organisations. Il ne
2 l’avait jamais caché mais on n’en avait tout simplement pas
3 parlé et je crois qu’il vous a expliqué qu’il avait parlé à
4 beaucoup de gens et donc il n’était pas en mesure de se
5 souvenir de tous ces entretiens. Ensuite, vous avez
6 interrompu son contre-interrogatoire parce que vous
7 estimiez qu’on en avait assez entendu à ce sujet.
8 Madame Taylor et d’autres ont entrepris des
9 recherches. Nous avons trouvé les déclarations en question
10 et nous les avons immédiatement remises à qui de droit.
11 Une de ces déclarations existe en anglais et en B/C/S et
12 l’autre pour l’instant n’est disponible qu’en B/C/S. Nous
13 essayons d’organiser la traduction de ce document.
14 Voici dont l’historique de ces déclarations mais
15 je peux vous assurer que dès que nous les avons trouvées,
16 nous les avons données.
17 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Non. La
18 question c’est plutôt de savoir pourquoi est-ce qu’on ne
19 les a pas trouvées précédemment.
20 Me NICE (interprétation) : C’est parce qu’avant
21 on ne les a pas trouvées dans le cadre des recherches
22 entreprises et d’ailleurs que ce genre de mécanisme de
23 recherche n’est pas parfait. Il n’est pas sûr que si on
24 essayait de nouveau de rechercher ce document, on le
25 trouverait, parce qu’en fait il se trouve au sein d’un
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1 groupe de documents. Donc, c’est la raison de ce fait.
2 Mais nous faisons tout ce que nous pouvons pour
3 trouver les documents que nous devons produire. Mais il
4 semble de toute façon que la Défense avait des informations
5 qui viennent d’une source que je ne connais pas au sujet de
6 cette déclaration. Maintenant, nous avons remis cette
7 déclaration à la Défense en tout cas.
8 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Me Sayers.
9 Me SAYERS (interprétation) : Monsieur le
10 Président, je voudrais tout simplement dire à ce sujet que
11 nous nous sommes résignés à être traités de la sorte par le
12 Bureau du Procureur : l’incident de la carte hier, la
13 présentation des déclarations préalables des témoins de ce
14 matin à 9 h 00, d’ailleurs nous n’avons toujours pas de
15 déclaration pour le troisième témoin, enfin tout cela.
16 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui, mais en
17 ce qui concerne les déclarations, vous nous parlez plutôt
18 des résumés, ce qui n’est pas tout à fait la même chose.
19 Les déclarations préalables des témoins, vous les
20 avez eues. Vous les avez eues en temps normal. Mais la
21 difficulté en ce qui concerne les résumés des déclarations
22 préalables c’est qu’elles ne peuvent être réalisées qu’au
23 moment où le témoin est arrivé. Donc, il ne convient pas à
24 ce sujet de critiquer l’Accusation. Mais ce dont on parle
25 maintenant c’est complètement différent.
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1 Me SAYERS (interprétation) : Vous vous
2 souviendrez sans doute qu’on avait demandé à ajouter le
3 témoin à la liste des témoins – je crois que c’était le 31
4 janvier mais je me trompe peut-être sur la date; enfin
5 c’est la date dont je me souviens en tout cas – et la
6 raison pour laquelle on a demandé à ajouter le témoin à la
7 liste des témoins c’était que son identité apparemment
8 était inconnue au Bureau du Procureur et que ce n’était que
9 très récemment qu’ils avaient obtenu une déclaration venant
10 du NordBat, et je dois dire entre parenthèses que nous
11 avons demandé au NordBat l’intégralité de la déclaration
12 mais notre demande a été ignorée.
13 Donc, il se trouve que la déclaration de ce témoin
14 se trouve être dans la base de données de l’Accusation
15 depuis toujours et ceci nous préoccupe grandement. Mais ce
16 qui est encore plus grave c’est de nous présenter ses
17 déclarations après la déposition du témoin car j’imagine
18 que vous avez vu ses déclarations, Messieurs les Juges.
19 Ses déclarations sont très intéressantes, si je puis dire,
20 entre guillemets.
21 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui, mais je
22 n’ai pas eu le temps d’étudier ces documents en détail. Il
23 faudrait que vous nous indiquiez exactement quels éléments
24 vous auriez utilisé dans le cadre de votre contre-
25 interrogatoire si vous aviez déjà eu ses déclarations.
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1 Me SAYERS (interprétation) : À la page 1, il dit
2 qu’il y avait des relations normales avec la Republika
3 Srpska, ce qui aurait complètement changé le contre-
4 interrogatoire et l’interrogatoire principal.
5 À la page 3, il dit – cela se trouve à peu près à
6 5 centimètres du haut de la page – donc, il dit que :
7 « J’ai participé aux unités spéciales du HVO uniquement par
8 intérêt personnel. »
9 Vous vous souviendrez que ce témoin a dit n’avoir
10 eu aucune relation avec le HVO. Il l’a dit de façon
11 extrêmement ferme et décidée.
12 Ensuite à peu près à 7 centimètres à partir du bas
13 de cette page, il dit : « Lorsque je suis devenu membre
14 des Specijalka, dans le cadre de mes fonctions, j’ai été en
15 mesure d’observer toutes les activités illégales des
16 autorités de Vares. »
17 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Où se trouve
18 ce paragraphe ?
19 Me SAYERS (interprétation) : Cela se trouve au
20 bas de la page 3, page 00323996.
21 Donc, on peut lire la chose suivante : « Lorsque
22 je suis devenu membre des Specijalka, des unités
23 spéciales… » et cætera.
24 Ensuite au bas de ce paragraphe, il dit qu’il a
25 été impliqué dans certaines transactions pour lui-même,
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1 c’est-à-dire qu’il a participé aux activités de marché
2 noir.
3 Ensuite au dernier paragraphe – je voudrais
4 attirer votre attention sur un autre détail mais bien
5 entendu, je n’ai pas eu la possibilité d’examiner et
6 d’étudier ce document en détail puisque je devais me
7 préparer pour les autres témoins, mais en tout cas moi, je
8 me souviens qu’il nous a dit la chose suivante.
9 Dans sa déposition, il nous a dit qu’en tant que
10 membre du HOS, il était un confident de Ivica Rajic, un
11 homme à qui il faisait confiance. C’est pourquoi il
12 participait aux réunions de planification et qu’il a été en
13 mesure d’entendre une conversation téléphonique, de voir un
14 ordre signé par Boban, Kordic et Praljak.
15 Ici, il dit qu’on l’a fait sortir du lit. C’est
16 la police militaire du HVO qui l’a fait sortir de son lit
17 sur l’ordre de Rajic. On lui a montré un document qui
18 venait de Praljak et non pas de Kordic. Et ensuite, en
19 haut de la page suivante, il dit qu’il a été maintenu en
20 détention d’une certaine façon jusqu’au matin, ce qui n’a
21 rien à voir avec ce qu’il nous a dit dans l’interrogatoire
22 principal et dans le contre-interrogatoire.
23 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui, mais il
24 dit : « Je pense que ceci permet d’expliquer sa confiance
25 en moi. » Fin de citation.
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1 Me SAYERS (interprétation) : Il dit qu’il a été
2 détenu dans sa déclaration. Or, il n’en a pas parlé dans
3 l’interrogatoire principal ni dans le contre-
4 interrogatoire.
5 Et bien entendu, il y a autre chose sur laquelle
6 je souhaite insister, c’est que le nom de Kordic n’apparaît
7 dans aucune de ses deux déclarations à aucun moment.
8 Je vais laisser la parole à Me Naumovski en ce qui
9 concerne la déclaration en croate car je ne maîtrise pas
10 moi-même cette langue.
11 Mais en ce qui concerne cette déclaration-là, à la
12 page 00323997, il dit que pendant la nuit alors qu’il se
13 trouvait au QG, il a appris pendant la nuit que les
14 extrémistes de Ivica Rajic, qui composaient les Maturices,
15 les Sijuskis et les Apostolis, avaient reçu l’ordre de
16 prendre Stupni Do. Ceci n’a rien à voir avec ce qu’il nous
17 a dit en ce qui concerne les réunions, une réunion qui
18 d’après lui aurait eu lieu trois jours avant, le 20
19 octobre.
20 Comme je l’ai dit, je vais ultérieurement donner
21 la parole à Me Naumovski mais je voudrais dire avant cela
22 que moi, je n’avais jamais vu auparavant cette déclaration
23 et que je n’en avais jamais entendu parler avant qu’elle
24 nous soit remise par le Bureau du Procureur.
25 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Vous dites que
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1 vous ne connaissiez pas ces documents. Est-ce que la
2 Défense dans son ensemble en avait entendu parler ou les
3 connaissait ?
4 Me SAYERS (interprétation) : Non. Non. Comme je
5 l’ai dit, je vais donner maintenant la parole à Me
6 Naumovski afin qu’il puisse vous donner ses explications en
7 personne.
8 Mais je dois dire qu’en ce qui concerne notre base
9 de données que nous maintenons avec beaucoup de soin, eh
10 bien, il n’y a absolument aucune référence à ces
11 déclarations et dans ces circonstances, je pense que la
12 seule chose à faire par la Chambre c’est de supprimer
13 totalement la déclaration de ce témoin… la déposition de ce
14 témoin.
15 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Me Sayers,
16 avant que vous ne donniez la parole à votre confrère, nous
17 devons étudier la situation qui est la suivante. C’est
18 qu’il y a ici des documents qui auraient dû vous être
19 communiqués avant le contre-interrogatoire du témoin. Or
20 ce n’a pas été fait. Or, vous nous dites que ces documents
21 mettent en doute la crédibilité du témoin, ces nouveaux
22 documents.
23 Ceci étant dit, la question est de savoir ce qu’il
24 convient de faire.
25 Une option, comme vous l’avancez, c’est d’ignorer
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1 totalement, de ne tenir aucun compte de la déposition du
2 témoin.
3 Une autre option c’est que nous avons maintenant
4 ces nouveaux documents et que nous pouvons les prendre en
5 compte lorsqu’il nous conviendra de donner l’importance
6 qu’il convient à sa déposition.
7 Une troisième option c’est de faire revenir le
8 témoin ultérieurement afin de le contre-interroger au sujet
9 de ses nouvelles déclarations. Ceci serait probablement au
10 moment où l’Accusation appellera des témoins en réplique.
11 Mais ici, je suis en train de penser à voix haute.
12 Je ne sais pas s’il y a d’autres options que nous pourrions
13 envisager.
14 [La Chambre discute]
15 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Merci, Me
16 Sayers.
17 Me Naumovski, nous avons entendu ce qu’avait à
18 nous dire Me Sayers. Inutile donc de revenir sur ce qu’il
19 a dit, mais je suis sûr de toute façon que vous ne le
20 feriez pas.
21 Il semble avancer que vous ayez eu connaissance de
22 ces déclarations précédemment. Si vous avez quelque chose
23 à dire à ce sujet, vous pouvez tout à fait le faire.
24 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Monsieur le
25 Président, merci de m’avoir donné la parole.
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1 Je peux simplement confirmer que moi, je ne savais
2 absolument rien concernant ces déclarations, ni moi ni
3 aucun autre collègue de notre équipe de la Défense, mais
4 compte tenu du fait que cette personne avait passé un
5 certain temps au sein du bataillon britannique, logiquement
6 nous nous attendions à ce qu’il soit interrogé par l’armée
7 de Bosnie-Herzégovine après sa sortie et donc, c’est ainsi
8 que nous avons obtenu ses aveux à ce sujet ici devant les
9 Juges.
10 Sur la base de ses deux déclarations, et vous
11 verrez aussi la traduction de la troisième, nous pouvons
12 conclure ce que je souhaitais montrer aux Juges pendant
13 l’ensemble du contre-interrogatoire, à savoir de quel genre
14 de personne il s’agit. Il s’agit donc de sa crédibilité et
15 nous pouvons voir ça le plus clairement sur la base de ce
16 troisième document. Ici, il est clair qu’il était actif
17 pour son propre compte. Ce qu’il niait ici constitue en
18 fait les motivations de ses actions, à savoir son intérêt
19 personnel.
20 Je lui ai posé une question concernant ce qu’il a
21 reçu de la part du prêtre Piplica. Pourquoi est-ce que
22 j’ai demandé cela ? Parce qu’il a trahi sa confiance, la
23 confiance de ce prêtre. Il n’a jamais délivré la
24 marchandise qui lui avait été confiée. Il a nié cela et il
25 se vantait même d’avoir eu certains mérites.
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1 À la page 2 de…
2 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Veuillez
3 ralentir.
4 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Je m’excuse aux
5 Juges et aux interprètes.
6 Donc, Monsieur le Président, à la page 00323998,
7 le paragraphe au milieu, vers la fin du paragraphe, il est
8 clair que 67 tonnes de marchandises qu’il a promis
9 d’acheminer jusqu’au curé à Vares n’est jamais arrivé et
10 c’est le curé qui l’a dit. Donc dans la déclaration, il a
11 confirmé ce que moi, j’affirmais ici alors qu’ici, il était
12 en train de nier cela.
13 Je ne souhaite pas m’étaler dans d’autres détails.
14 Vous aurez l’occasion de voir la déclaration vous-mêmes.
15 Mais je souhaite affirmer les choses suivantes.
16 Tout d’abord, nous n’avions aucune information
17 concernant l’existence de ces déclarations. Ce sont des
18 déclarations données aux organes de l’armée de Bosnie-
19 Herzégovine et nous n’avons pas accès à ce genre de
20 documents malheureusement.
21 Deuxièmement, à mon avis et d’ailleurs il s’agit
22 de la proposition de la Défense, en ce qui nous concerne,
23 il est seulement possible d’exclure la déposition de ce
24 témoin parce que vous verrez sur la base de ce document que
25 sa crédibilité est absolument remise en cause et ça veut
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1 dire, bien sûr, que toutes les autres choses qu’il a
2 proférées sont remises en cause également. Merci.
3 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Me Kovacic.
4 Me KOVACIC (interprétation) : Oui. Je voudrais
5 signaler la chose suivante pour le compte rendu. On semble
6 avoir sous-entendu que la Défense aurait eu accès à ces
7 déclarations précédemment. Moi, je souhaite affirmer que
8 la Défense de Monsieur Cerkez n’a jamais eu accès à ces
9 documents précédemment et je souhaite sur le principe
10 signifier mon soutien à mes collègues de la Défense.
11 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Monsieur Nice,
12 je vais vous expliquer ce que nous allons faire, ce que
13 nous avons l’intention de faire.
14 La justice voudrait que le témoin revienne ici
15 même pour compléter sa déposition.
16 Me NICE (interprétation) : Bien entendu !
17 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Et le mieux
18 serait qu’il vienne lorsque vous appellerez vos témoins en
19 réplique.
20 Me NICE (interprétation) : Nous allons prendre
21 les dispositions nécessaires. Je pense qu’il ne serait pas
22 utile, il ne serait pas judicieux d’éliminer totalement la
23 déposition du témoin.
24 Je dois dire que le témoin était un peu préoccupé
25 parce que son nom a été utilisé dans le prétoire. Pourtant
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1 son nom n’a pas été mentionné dans le compte rendu
2 d’audience et apparemment, on n’en a pas parlé dans la
3 presse non plus. Donc, j’espère qu’il sera prêt à revenir
4 et d’autre part, il nous avait parlé de documents qu’il
5 serait prêt à chercher et à nous présenter. Donc, nous
6 allons prendre les dispositions nécessaires.
7 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Bien ! Donc,
8 nous rendons une ordonnance aux fins de laquelle ce témoin
9 sera appelé à venir compléter sa déposition.
10 Me NICE (interprétation) : J’espérais
11 qu’aujourd’hui, nous pourrions régler aussi rapidement que
12 possible toutes les questions d’ordre administratif, ceci
13 afin de nous permettre d’avoir du temps pour les témoins et
14 pour que les choses soient bien claires en ce qui concerne
15 l’emploi du temps, mais le témoin de Monsieur Scott est
16 prêt à témoigner. Donc, peut-être vaudrait-il mieux
17 l’entendre maintenant.
18 Je vais vérifier quelle est la situation en ce qui
19 concerne le deuxième témoin et peut-être pourrions-nous en
20 finir assez rapidement avec ces deux témoins et ensuite
21 passer le reste du temps d’audience de ce matin à parler
22 des questions administratives.
23 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui. Il y a
24 une question : c’est les affidavits. Nous avons demandé
25 qu’une étude soit entreprise à ce sujet. Donc, ce n’est
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1 pas encore terminé. Il est possible que nous ayons à
2 siéger demain matin.
3 Me KOVACIC (interprétation) : Monsieur le
4 Président, je ne sais pas si ceci constitue une difficulté
5 à ce moment-là mais moi, je souhaite revenir et confirmer
6 mon objection au sujet du témoin qui est mentionné sous le
7 numéro 10 dans la liste des témoins. Je ne pense pas qu’il
8 convienne d’entendre ce témoin.
9 Je ne vais pas répéter les arguments que j’ai déjà
10 donnés hier. J’ai vérifié les documents dont je disposais
11 dans la mesure du possible mais il n’est pas juste
12 d’annoncer l’arrivée d’un témoin la veille alors que sa
13 déposition comporte et implique un volume de documents
14 considérable. Ce n’est pas juste parce que nous étouffons
15 sous l’avalanche de documents. Donc, je pense que ce n’est
16 pas une façon de procéder, de faire déposer un témoin de ce
17 genre le dernier jour de la présentation des moyens à
18 charge.
19 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Me Kovacic,
20 comme je vous l’ai dit hier en réponse à votre demande, si
21 vous n’avez pas eu le temps de vous préparer correctement à
22 votre contre-interrogatoire, nous pouvons envisager de
23 repousser le contre-interrogatoire à demain matin.
24 Me KOVACIC (interprétation) : Oui. Je vous en
25 serais reconnaissant. Cela me donnerait quand même un peu
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1 plus de temps pour examiner tous ces documents.
2 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Eh bien, nous
3 verrons où nous en sommes ultérieurement.
4 Avez-vous présenté une demande relative au témoin
5 suivant ?
6 Me SCOTT (interprétation) : Oui.
7 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : On nous a en
8 effet remis cette demande.
9 Me SCOTT (interprétation) : Oui. Nous avons donc
10 demandé une audience à… une demande et il serait peut-être
11 bon de passer à huis clos partiel à moins que l’on évite
12 tout simplement de prononcer le nom du témoin puisque vous
13 avez devant vous les documents utiles et vous savez
14 exactement de quoi nous sommes en train de parler.
15 Cependant, il serait peut-être préférable de
16 passer quand même à huis clos partiel.
17 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui, en effet.
18 C’est ce que nous allons faire.
19 [Huis clos partiel]
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22 [expurgée]
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3 [expurgée]
4 [expurgée]
5 [Audience publique]
6 [Le témoin entre dans la Cour]
7 LA GREFFIÈRE (interprétation) : Le pseudonyme de
8 ce témoin sera « Témoin AQ ».
9 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Que le témoin
10 prête serment, s’il vous plaît.
11 LE TÉMOIN (interprétation) : Je déclare
12 solennellement que je dirai la vérité, toute la vérité et
13 rien que la vérité.
14 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Veuillez vous
15 asseoir.
16 TÉMOIN : TÉMOIN AQ (ASSERMENTÉE)
17 INTERROGÉE PAR Me SCOTT (interprétation) :
18 Q. Témoin, l’huissier place devant vous un
19 papier où figure votre nom. Afin de vous protéger, nous ne
20 souhaitons pas que vous lisiez votre nom à haute voix ici
21 mais veuillez simplement examiner ce papier et dire par
22 « oui » ou « non » s’il s’agit de votre nom.
23 R. Oui.
24 Q. Merci. Témoin, l’on vous a accordé des
25 mesures de protection et donc, nous nous adresserons à vous
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1 dans ce prétoire aujourd’hui en tant que « Témoin AQ ».
2 Donc, vous comprendrez pourquoi je vous appellerai « Témoin
3 AQ » aujourd’hui. Ce n’est pas par manque de courtoisie.
4 Vous comprenez ?
5 R. Oui.
6 Q. Veuillez parler un peu plus fortement pour le
7 compte rendu. Veuillez répéter la réponse à ma dernière
8 question. Donc, est-ce que vous comprenez qu’au cours de
9 cette matinée, je m’adresserai à vous en disant « Témoin
10 AQ » ?
11 R. Oui.
12 Me SCOTT (interprétation) : Veuillez déplacer ce
13 microphone.
14 Excusez-moi, Messieurs les Juges, mais ça me gêne
15 d’avoir cet obstacle entre moi et le témoin. Ça va très
16 bien comme ça.
17 Merci, Monsieur l’Huissier.
18 Q. Témoin AQ, tout d’abord, est-ce que vous
19 pourriez confirmer pour le compte rendu : Lorsque vous
20 veniez à La Haye et au cours de ces derniers jours que vous
21 avez passés à La Haye, est-ce que l’on vous a soumis le
22 résumé de votre déposition anticipée ici aujourd’hui et
23 est-ce que vous avez eu le temps de lire cela et d’apposer
24 votre signature à ce document ?
25 R. Oui.
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1 Me SCOTT (interprétation) : Monsieur l’Huissier,
2 veuillez remettre ça au témoin.
3 Pour le compte rendu, nous allons attribuer la
4 cote Z2817.
5 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je crois qu’il
6 y a une objection concernant ce résumé, concernant son
7 admission. Vous pouvez placer cela devant le témoin et si
8 nécessaire, nous prendrons notre décision à la fin.
9 Me SCOTT (interprétation) : Très bien, mais
10 simplement pour le compte rendu, je veux indiquer que c’est
11 la pièce à conviction que nous avons marquée auparavant
12 comme Z2817 et je comprends que pour le moment, ce document
13 n’est pas versé au dossier.
14 Q. Témoin AQ, veuillez examiner la dernière page
15 de ce document, la page 7. Est-ce qu’à la page 7, nous
16 trouvons votre signature et la date d’aujourd’hui, où il
17 est indiqué que cette déclaration est conforme à la vérité
18 pour autant que vous vous en souveniez ?
19 R. Oui.
20 Q. Merci. Est-ce exact qu’en octobre 1992, vous
21 et votre famille, vous avez déménagé à Ahmici et vous avez
22 vécu vers le milieu du village entre les deux mosquées, la
23 mosquée supérieure et la mosquée de la partie basse ?
24 R. Oui.
25 Q. Et autour du mois de juin ou juillet 1992, un
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1 point de contrôle du HVO a été établi sur la route allant
2 vers Ahmici et un canon antiaérien a été placé à cet
3 endroit et a été tourné vers Ahmici ?
4 R. Oui.
5 Q. La première attaque contre Ahmici a eu lieu
6 le 20 octobre 1992. Il s’agissait surtout d’une attaque
7 d’artillerie visant à intimider les musulmans et voir
8 quelle allait être leur réaction. Il y avait également des
9 soldats du HVO dans la partie basse du village qui ont
10 incendié certaines maisons : Est-ce exact ?
11 R. Oui.
12 Q. Au cours du pilonnage le 20 octobre, le
13 minaret de la mosquée de la partie basse a été touchée, il
14 y a eu des déclarations à la télévision… diffusion à la
15 télévision croate et des Croates de Bosnie disant que la
16 mosquée a été pilonnée puisque des tireurs embusqués
17 musulmans tiraient depuis cette mosquée. Tout d’abord,
18 est-ce que vous vous souvenez de cette information ?
19 R. Oui.
20 Q. Et vous en tant qu’habitant du village, est-
21 ce que vous croyiez qu’il y avait effectivement des tireurs
22 embusqués qui étaient placés sur le minaret ?
23 R. Non. Il n’y en avait pas.
24 Q. Est-ce qu’à aucun moment pendant la période
25 que vous avez passée dans le village, vous n’avez entendu
Page 16271
1 parler des positions des tireurs embusqués sur le minaret
2 de la mosquée ?
3 R. Non.
4 Q. Il n’y avait pas d’unité de l’armée de
5 Bosnie-Herzégovine, ni de formation, ni de position de
6 l’armée de Bosnie-Herzégovine ou de la Défense territoriale
7 à Ahmici en octobre 1992 au moment de l’attaque ?
8 R. C’est exact.
9 Q. Est-ce que vous pouvez confirmer en fait que
10 ce jour-là ou autour de ce jour, vous et votre mari, vous
11 êtes allés à Poculica et pendant votre voyage, ni vous ni
12 votre mari, vous n’avez pas vu de rassemblement de soldats
13 de l’armée de Bosnie-Herzégovine ou de la Défense
14 territoriale dans cette région ?
15 R. Non.
16 Q. Très bien !
17 R. Non.
18 Q. Est-ce exact de dire que vous avez compris à
19 peu près au moment de la première attaque à Ahmici, c’est-
20 à-dire en octobre 1992, que le HVO était très en colère à
21 l’époque à cause du fait que des véhicules du HVO avaient
22 été arrêtés par des Bosniens près de Ahmici lorsque ces
23 véhicules allaient vers Novi Travnik ?
24 R. Oui.
25 Q. En conséquence de cette attaque du mois
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1 d’octobre, un homme bosnien a été tué, environ sept maisons
2 ont été incendiées et environ 10 étables ont été
3 détruites : Est-ce exact ?
4 R. Oui.
5 Q. Témoin AQ, en ce qui concerne la série
6 suivante de questions, je vais vous poser des questions
7 plus générales et veuillez donner des réponses plus
8 détaillées aux Juges.
9 Tout d’abord, je souhaite attirer votre attention
10 sur la date du 15 avril 1993. Il s’agissait de la date des
11 Pâques, n’est-ce pas ?
12 R. Oui.
13 Q. Est-ce que vous pouvez dire quels sont vos
14 souvenirs concernant la personne que vous avez vue à la
15 télévision le 15 avril 1993 ? Donc, veuillez décrire
16 quelle est la personne que vous avez vue, avec qui vous
17 étiez lorsque vous avez vu cette personne et quelles
18 étaient vos pensées et réactions provoquées par ce que vous
19 avez vu à la télévision.
20 R. Moi, mon mari, sa sœur et puis mon fils âgé
21 de trois ans, nous étions à la maison, et pendant toute la
22 journée, on diffusait à la télévision la retransmission de
23 la célébration de Pâques à Busovaca. Après la fin de la
24 diffusion de ceci à la télévision de Busovaca, tout de
25 suite la télévision de Vitez reproduisait le même
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1 programme.
2 À ce moment-là, Dario Kordic a parlé. Il faisait
3 appel au peuple croate de se soulever afin de se défendre
4 contre les forces musulmanes. Les unités de l’armée de
5 Bosnie-Herzégovine, il ne les appelait pas comme ça. Il ne
6 disait pas l’armée de Bosnie-Herzégovine mais les forces
7 musulmanes.
8 D’après son allocution, il était clair qu’il
9 faisait appel à une rébellion armée. Il disait qu’eux, ils
10 étaient mieux armés que les musulmans et c’était en fait
11 une déclaration de guerre.
12 Mon mari a cru que ses propos allaient vraiment
13 être suivis des faits. Cependant moi, je ne pouvais pas y
14 croire puisque moi, j’ai grandi dans un milieu où les
15 Croates vivaient et nous n’avions jamais aucun problème
16 avec eux. J’ai cru qu’il n’était pas aussi facile que cela
17 d’appeler le peuple à se soulever et d’entamer une guerre.
18 Nous étions déjà en pleine guerre avec les Serbes.
19 Malheureusement, ceci est devenu la réalité.
20 Après le 16 avril, je savais que ce que Kordic avait dit ce
21 jour-là était la vérité.
22 Q. Témoin AQ, vous avez vu cette allocution ou
23 bien des allocutions semblables au cours de ce mois d’avril
24 1993, au cours de cette journée d’avril, au 15 avril :
25 Est-ce exact ?
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1 R. Oui.
2 Q. Donc, l’on rediffusait cela plusieurs fois
3 pendant ce jour-là ?
4 R. Oui.
5 Q. Pendant votre séjour à La Haye…
6 Me SCOTT (interprétation) : Tout d’abord,
7 Messieurs les Juges, permettez-moi de reformuler cela.
8 Tout d’abord, je vais informer les Juges du fait
9 qu’au cours de son séjour ici, on lui a montré des pièces à
10 conviction du Procureur, notamment Z665. Il s’agit d’un
11 élément d’une preuve concernant la conférence de presse où
12 l’on voit Dario Kordic, Tihomir Blaskic et Ignac Kostroman
13 le 15 avril 1993. Les Juges se souviendront qu’ils ont vu
14 cela au moins une fois au cours de ce procès.
15 Q. Témoin AQ, lorsque l’on vous a montré la
16 cassette où l’on voit le discours de Monsieur Kordic du 15
17 avril 1993, est-ce que vous vous souvenez s’il s’agissait
18 du même discours que celui que vous venez de décrire ou
19 bien d’un autre discours ?
20 R. C’était justement ce discours-là.
21 Q. Tous les discours que vous avez entendus ce
22 jour-là, est-ce qu’il s’agissait simplement de la
23 rediffusion d’un même discours ou bien est-ce que Monsieur
24 Kordic a tenu plusieurs discours ce jour-là ?
25 R. Il y avait plusieurs discours différents. Il
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1 y avait la retransmission de la célébration de Pâques et
2 puis, il y a eu ce discours-là. Lorsque j’ai revu la
3 cassette, j’ai pu me rappeler de tout cela.
4 Q. Pendant le discours, est-ce que Monsieur
5 Kordic a dit quelque chose allant dans le sens que Busovaca
6 se trouvait au cœur de la Herceg-Bosna ?
7 R. Oui.
8 Me NAUMOVSKI (interprétation) : J’ai demandé que
9 l’on évite des questions directrices et c’était justement
10 la raison pour laquelle j’ai demandé cela. C’est le témoin
11 qui aurait dû le dire librement.
12 Me SCOTT (interprétation) : Très bien. Je pense
13 que nous avons abordé la plupart des éléments mentionnés
14 jusqu’au paragraphe 12 ou 13.
15 Q. Nous passons maintenant au paragraphe 13. Ce
16 jour-là, donc le 15 avril, est-ce que vous avez vu une
17 quelconque de ces personnes, donc Dario Kordic, Ignac
18 Kostroman ou Tihomir Blaskic à la télévision ? Est-ce que
19 vous les avez vus auparavant déjà ?
20 R. Oui.
21 Q. Est-ce que vous avez une idée de liens, de
22 relations entre ces personnes, pas de leur relations
23 personnelles mais de leurs relations sur le plan politique
24 ou militaire ?
25 R. Sur la base de ce que j’ai pu voir, sur la
Page 16276
1 base de ces émissions sur leurs conférences de presse, j’ai
2 pu tirer la conclusion que leurs liens étaient très étroits
3 et que leur coopération était tout à fait efficace.
4 Q. Après Ahmici, est-ce que vous êtes arrivée à
5 une conclusion concernant la manière dont l’attaque contre
6 Ahmici a eu lieu en ce qui concerne l’organisation et la
7 mise en œuvre de cette attaque ?
8 R. Personnellement, je considère que tout ceci
9 avait été planifié à l’avance, bien organisé, bien préparé.
10 Q. D’après la manière dont vous compreniez les
11 choses, qui était Dario Kordic en ce qui concerne sa
12 position et son rôle en Bosnie centrale à cette époque-là,
13 c’est-à-dire en avril 1993 ?
14 R. Je sais qu’il était le Président du HDZ. Le
15 peuple croate le considérait comme leur dieu.
16 Q. Est-ce que vous avez conclu qu’il y avait un
17 lien particulier entre lui et Mate Boban, pas
18 nécessairement seulement sur le plan personnel et de
19 famille mais d’autres liens entre lui et Monsieur Boban ?
20 R. Oui.
21 Q. Comment est-ce que vous avez compris leurs
22 liens ?
23 R. Je crois qu’ils coopéraient entre eux et
24 qu’ils mettaient en œuvre la politique du HDZ dans cette
25 région.
Page 16277
1 Q. À ce moment-là à peu près, est-ce que vous
2 avez entendu parler de ladite Communauté croate de Herceg-
3 Bosna ?
4 R. Oui. Il s’agissait d’une communauté
5 organisée des Croates de Bosnie-Herzégovine.
6 Q. Et d’après la manière dont vous compreniez
7 les choses, quelle était la place, la position de Monsieur
8 Boban et de Monsieur Kordic dans cette structure en ce qui
9 concerne la Herceg-Bosna ? Quel était leur rôle ?
10 R. Je crois qu’ils étaient au sommet, qu’ils
11 étaient les dirigeants.
12 Q. Très bien. Nous allons poursuivre.
13 Témoin AQ, est-ce que vous vous souvenez que
14 pendant toute cette période de Pâques, il y avait du
15 courant, de l’électricité ?
16 R. Oui.
17 Q. Est-ce que vous pouvez dire aux Juges si
18 cette situation était différente par rapport à la période
19 de la fête religieuse musulmane de Ramadan ?
20 R. Au cours du Ramadan, nous avions des coupures
21 d’électricité.
22 Q. Est-ce que vous pouvez confirmer aux Juges,
23 Témoin AQ, qu’il y avait des périodes lorsque des villages
24 musulmans subissaient une coupure de courant, alors que les
25 villages croates continuaient de bénéficier de
Page 16278
1 l’électricité ?
2 R. Oui.
3 Q. Je souhaite maintenant attirer votre
4 attention encore une fois sur la date du 15 avril, la date
5 à laquelle vous avez vu ce discours à la télévision. Est-
6 ce qu’il est exact que votre mari était à Ahmici et il
7 était dans la garde qui était constituée de deux hommes qui
8 se relevaient toutes les deux heures ?
9 R. Oui.
10 Q. Le 15 avril, votre mari était de garde avec
11 un homme répondant au nom de Elvedin Kermo : Est-ce exact
12 ?
13 R. Oui.
14 Q. Leur relève durait ce soir-là de 10 h 00
15 jusqu’à minuit ce soir-là, n’est-ce pas ?
16 R. Oui.
17 Q. Pour autant que vous le sachiez, votre mari
18 et l’autre homme musulman qui montaient la garde ne
19 portaient pas de fusil pendant qu’ils étaient de garde :
20 Est-ce exact ?
21 R. Oui.
22 Q. En fait, la garde villageoise n’était pas
23 quelque chose de très organisé ? Au fond, il s’agissait de
24 deux hommes musulmans qui se déplaçaient dans le village ?
25 R. Oui.
Page 16279
1 Q. Votre mari et Kermo sont rentrés dans votre
2 maison vers 11 h 30 ce soir-là afin de fumer une cigarette
3 avec vous et vous trois, vous avez fumé environ la moitié
4 de la cigarette, et ensuite, vous avez entendu le son de
5 quelque chose qui ressemblait au son d’un tir de fusil et
6 aussi une explosion d’une bombe à main ?
7 R. C’est exact.
8 Q. Vous, votre mari et Kermo, vous saviez qu’il
9 n’y avait pas de soldats de l’armée de Bosnie-Herzégovine
10 dans la région, donc vous avez conclu que ceci provenait
11 certainement des fortifications du HVO qui se trouvaient
12 dans la zone de Sutra et vous et votre mari, vous avez
13 quitté votre maison et vous êtes allés vers Sutra, vers la
14 direction d’où provenaient les tirs, le son ?
15 R. Oui.
16 Q. Après cela, il y a eu la relève des gardes,
17 Kermo est rentré à la maison et votre mari est rentré chez
18 vous : Est-ce exact ?
19 R. Oui.
20 Q. Vous avez demandé à votre mari de vous dire
21 ce qu’il pensait concernant ce son et il a dit qu’il ne
22 savait pas de quoi il s’agissait mais qu’il avait vu un
23 grand nombre de soldats du HVO dans l’abri souterrain, dans
24 les fortifications et il vous a dit que ceci était
25 inhabituel ?
Page 16280
1 R. C’est exact.
2 Q. Il vous a dit également à ce moment-là,
3 lorsqu’il est rentré à la maison, qu’il a pu voir à travers
4 la fenêtre l’intérieur de la cave de la maison de Ivica
5 Kupreskic et qu’il se trouvait là-bas un grand nombre de
6 soldats du HVO qui étaient en uniformes et qui étaient
7 armés ?
8 R. Oui.
9 Me SCOTT (interprétation) : Je demanderais à
10 présent à l’huissier de remettre au témoin un document, le
11 document Z1553.1. Nous allons l’examiner rapidement. Afin
12 d’éviter qu’il y ait identification d’un site qui ne
13 devrait pas apparaître sur le rétroprojecteur, donc, je
14 demanderais que cette pièce soit scellée parce qu’elle
15 pourrait permettre que l’on identifie le témoin.
16 Q. Si vous me le permettez, Témoin AQ, nous
17 avons ici une légende qui est ajoutée à cette pièce 1553.1.
18 Alors, au point 3 sur la carte, pouvez-vous confirmer qu’il
19 s’agit de votre maison, de la maison où vous habitiez le 15
20 et le 16 avril 1993 ?
21 R. Oui.
22 Q. Au point 1, c’est la maison de Ivica
23 Kupreskic et votre mari a dit que c’est là qu’il a vu un
24 certain nombre de soldats du HVO réunis dans la cave ?
25 R. Oui.
Page 16281
1 Q. Au point 2, c’est l’abri où il a dit qu’il a
2 vu d’autres soldats du HVO, plus que d’habitude ?
3 R. Oui.
4 Me SCOTT (interprétation) : Je pense que le reste
5 des photos parlent d’elles-mêmes. Je ne poserai pas
6 d’autres questions à ce sujet.
7 Q. Témoin AQ, pouvez-vous confirmer à la Chambre
8 qu’il n’y avait pas de membres de l’armée de Bosnie-
9 Herzégovine, ni de soldats d’unités ou de positions de la
10 TO à Ahmici à la date qui nous concerne, le 15 et le 16
11 avril 1993 ?
12 R. Non, il n’y en avait pas.
13 Q. Il n’y a pas eu d’attaque menée par une force
14 quelle qu’elle soit appartenant à l’armée de Bosnie-
15 Herzégovine ou à la Défense territoriale et cette région
16 était tout à fait calme jusqu’au moment où l’attaque a été
17 lancée par le HVO ?
18 R. Oui.
19 Q. Néanmoins, votre mari avait l’impression que
20 quelque chose allait se produire, peut-être pas la nuit en
21 question, mais en fait cette nuit-là, vous avez abordé ce
22 sujet-là et vous vous êtes demandé ce que l’autre allait
23 faire si l’un des deux venait à être tué ?
24 R. Oui.
25 Q. Vous avez dit à votre mari qu’il était fou
Page 16282
1 d’aborder ce genre de question ?
2 R. Oui.
3 Q. Est-il exact que vous vous êtes couchée vers
4 12 h 30 et que donc, le 16 avril, vous avez allumé la
5 télévision, vous vous êtes endormie et puis vous vous êtes
6 réveillée. La télévision était toujours allumée : C’est
7 exact ?
8 R. Oui.
9 Q. Vous vous êtes réveillée. Qu’avez-vous vu à
10 la télévision ?
11 R. Eh bien, j’ai vu la même émission, celle qui
12 a été rediffusée pendant toute la journée où on voyait
13 Kordic parler.
14 Q. Lorsque Monsieur Kordic faisait son
15 allocution ?
16 R. Oui.
17 Q. Plusieurs heures plus tard, vous vous êtes
18 réveillée ainsi que votre mari et vous avez entendu des
19 coups de feu. Vous avez entendu des hommes jurer et
20 injurier les musulmans : Est-ce exact ?
21 R. Oui.
22 Q. Vous êtes allée vers la porte d’entrée avec
23 votre mari, mais dès qu’il a touché à la poignée, il y a eu
24 une explosion au seuil et vous avez pu voir votre mari se
25 tenir l’estomac et ses mains étaient couvertes de sang :
Page 16283
1 Est-ce exact ?
2 R. Oui.
3 Q. Nous allons essayer d’aborder cela rapidement
4 mais dites-moi si vous avez besoin d’une pause. Nous vous
5 l’accorderons.
6 Par la suite, il y a eu beaucoup de coups de feu
7 et quelqu’un apparemment a tiré à travers la porte et il a
8 touché Huso à la poitrine. Il [nom expurgé] a vu plus tard
9 que donc il y avait une blessure causée par la balle qui
10 est ressortie par le dos ?
11 R. Oui.
12 Q. Vous avez regardé la montre et vous avez vu
13 qu’il était 5 h 35 ? C’était la matinée du 16 avril 1993 ?
14 R. Oui.
15 Q. À ce moment-là, vous êtes allée chercher
16 votre fils âgé de trois ans et demi et votre belle-sœur,
17 qui avait 20 ou 21 ans à l’époque et qui vivait avec vous
18 dans la maison. Alors, vous vous êtes rassemblés. La
19 maison était toujours attaquée. Il y avait des grenades à
20 main qui étaient lancées sur la maison : Est-ce exact ?
21 R. Oui.
22 Q. Vous avez essayé de secourir votre mari mais
23 en fait, vous ne pouviez rien faire si ce n’est de rincer
24 son visage : Est-ce exact ?
25 R. Oui.
Page 16284
1 Q. Il est mort ? Il est décédé peu de temps
2 après ?
3 R. Oui.
4 Me SCOTT (interprétation) : L’Huissier, pouvez-
5 vous m’aider, s’il vous plaît, un instant ? Je voudrais
6 présenter la pièce 1553.2, s’il vous plaît.
7 Q. Est-ce bien la photo de votre époux qui a été
8 tué cette nuit ou plutôt la matinée du 16 avril 1993 ?
9 R. Oui.
10 Q. Mis à part le pistolet, est-il exact qu’il
11 n’y avait aucune arme dans votre maison ?
12 R. Oui.
13 Q. Pouvez-vous dire à la Chambre si, à un moment
14 quelconque pendant cette attaque sur votre maison et
15 l’assassinat de votre mari, il y a eu des coups de feu qui
16 auraient été tirés depuis votre maison ?
17 R. Non.
18 Q. Il n’y en a pas eu ?
19 R. Non, il n’y en a pas eu.
20 Q. À un moment, les coups de feu tirés sur votre
21 maison étaient si intenses que votre belle-sœur s’est
22 allongée par terre pour protéger de son corps votre fils et
23 vous vous êtes vous-même allongée par-dessus ces deux afin
24 de les protéger. Est-il exact de dire à ce moment-là que
25 vous étiez convaincus que vous alliez être tous tués ?
Page 16285
1 R. Oui.
2 Q. Cependant, vous et votre belle-sœur et votre
3 fils, vous avez pu enfin vous échapper de la maison par la
4 fenêtre, vous avez croisé plusieurs groupes de soldats du
5 HVO et à un moment, vous et votre fils et votre belle-sœur,
6 vous avez été forcés de courir devant un groupe de soldats
7 du HVO dans la direction dans laquelle les soldats du HVO
8 prétendaient qu’il allait y avoir des soldats de l’armée de
9 Bosnie-Herzégovine ?
10 R. Oui.
11 Q. En effet, vous, votre fils et votre belle-
12 sœur, vous avez été placés entre eux et ceux qui
13 prétendaient être des positions ou des soldats de l’armée
14 de Bosnie-Herzégovine : Est-ce exact ?
15 R. Oui.
16 Q. Pendant que vous essayiez de vous échapper de
17 votre maison, vous avez vu deux soldats du HVO en train de
18 lancer des grenades à main en direction de la maison de
19 Suad Ahmic. Les soldats du HVO ont pris une vache qui se
20 trouvait dans l’étable de Suad Ahmic et ils ont mis le feu
21 à l’étable : Est-ce exact ?
22 R. Oui.
23 Q. Est-il vrai, Témoin AQ, que seules les
24 maisons musulmanes de Ahmici ont été endommagées ou
25 détruites le jour en question ? En fait, elles étaient
Page 16286
1 toutes incendiées ?
2 R. Oui. Elles ont été complètement détruites
3 toutes.
4 Q. Qu’avez-vous vu ? Qu’avez-vous pu remarquer
5 le jour en question au sujet des maisons croates du village
6 ?
7 R. Eh bien, toutes les maisons croates étaient
8 intactes.
9 Q. Est-il exact qu’aucun Bosnien n’est resté à
10 Ahmici après cette attaque menée par le HVO ? Du moins
11 pour ce qui est du mois de novembre 1997, il n’y avait
12 toujours pas de musulman donc à ce moment-là dans le
13 village et toutes les maisons musulmanes ont été
14 détruites : Est-ce exact ?
15 R. Oui, c’est exact.
16 Q. Ma dernière question : À la fin de la
17 journée du 16 avril 1993, que pensiez-vous de cette
18 émission que vous avez vue diffusée où apparaissait
19 Monsieur Kordic, donc à la date du 15 avril ?
20 R. Je me suis dit que tout s’était réalisé, tout
21 ce qu’il avait dit quand il avait appelé les Croates à
22 s’insurger, hélas, tout cela a été vrai, alors que je
23 croyais que cela ne pouvait pas arriver, mais cela s’est
24 quand même produit et il s’est révélé que cela pouvait
25 arriver.
Page 16287
1 Me SCOTT (interprétation) : Je n’ai pas d’autres
2 questions. Je vous remercie.
3 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Je vous remercie,
4 Monsieur le Président.
5 Monsieur le Président et Messieurs les Juges, le
6 Témoin AQ est une victime des événements qui se sont
7 malheureusement produits. Il n’y a pas lieu de rappeler au
8 témoin ces événements. Puisque vous avez déjà eu
9 l’occasion d’entendre parler de ces choses-là, la Défense
10 de Monsieur Kordic n’aura pas de question pour ce témoin
11 aujourd’hui à moins que la Chambre ne souhaite poser des
12 questions à la Défense à ce sujet-là.
13 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Un point sur
14 lequel vous pourriez peut-être interroger le témoin c’est
15 si vous contestez que l’accusé Dario Kordic a fait cette
16 allocution à la télévision en appelant les Croates, le
17 peuple croate à se lever, à se dresser contre les forces
18 musulmanes. Si vous contestez cela, vous avez l’occasion
19 de l’aborder, d’aborder ce point maintenant.
20 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Permettez-moi de
21 vous rappeler que la Chambre a eu l’occasion de voir la
22 pièce Z665. Il s’agit d’un enregistrement vidéo et le
23 transcript figure sous la cote 665.1. C’est pour cette
24 raison-là que je n’éprouvais pas le besoin d’interroger sur
25 ce qu’a dit Monsieur Kordic puisque cela est contenu dans
Page 16288
1 ce transcript, mais si, Monsieur le Président et Messieurs
2 les Juges, vous le souhaitez, je peux poser cette question
3 au témoin.
4 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Peut-être la
5 manière la plus simple serait la suivante.
6 Témoin AQ, d’après vos souvenirs, ce que Monsieur
7 Kordic a dit à la télévision, est-ce qu’il a invité le
8 peuple croate à se lever ?
9 R. Oui, il l’a dit. C’est très clair… très
10 clairement.
11 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je vous
12 remercie.
13 CONTRE-INTERROGÉE PAR Me
14 MIKULICIC (interprétation) :
15 Q. Bonjour, Madame AQ. Je regrette de ne pas
16 pouvoir vous voir à cause de cet instrument qui se dresse
17 entre nous. Je représente ici l’autre coaccusé, Monsieur
18 Cerkez, et je suis ici avec mon collègue, Monsieur Kovacic.
19 Je vous poserai quelques questions et je vous remercie de
20 me répondre à celles-ci.
21 Je souhaite en premier lieu vous dire à quel point
22 je regrette ce qui vous est arrivé dans votre village de
23 Ahmici.
24 Madame AQ, vous nous avez dit qu’au mois d’octobre
25 1992, vous êtes arrivée dans ce village et que c’est là que
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1 vous avez commencé à vivre à cet endroit ?
2 R. Oui.
3 Q. Avant la date en question, vous est-il arrivé
4 de vous rendre dans ce village ?
5 R. Oui.
6 Q. Donc, vous connaissiez les personnes qui
7 habitaient le village ?
8 R. Oui, en partie.
9 Q. Avant les événements du mois d’avril 1993,
10 vous avez eu l’occasion de les connaître un peu mieux ?
11 R. Oui.
12 Q. Madame, dites-nous s’il vous plaît : À quel
13 moment y a-t-il eu pour la première fois des patrouilles
14 villageoises ou des gardes villageoises organisées ?
15 R. Je ne suis pas sûre. Vraiment, je n’arrive
16 pas à me rappeler exactement.
17 Q. Essayons de nous repérer un peu dans le
18 temps. Donc, il y a eu des événements en octobre 1992 à
19 Ahmici, mais saviez-vous qu’il y avait un barrage routier
20 près du village de Ahmici et saviez-vous que c’est ça qui a
21 en fait déclenché le conflit ?
22 R. Je ne l’interpréterais pas comme ça.
23 Q. Votre époux était-il impliqué d’une
24 quelconque manière au fait qu’on dresse ce barrage ?
25 R. Non.
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1 Q. Est-ce qu’il y a eu en octobre 1992 dans
2 votre village des armes ou des unités militaires ?
3 R. Je ne le sais pas parce que nous étions chez
4 nous toute la journée avant cette attaque et quand nous
5 sommes sortis du village, nous n’avons croisé personne sur
6 la route.
7 Q. Savez-vous qu’une unité de la Défense
8 territoriale existait dans le village ?
9 R. Non.
10 Q. Elle n’existait pas ?
11 R. Non, elle n’existait pas.
12 Q. Madame AQ, si je vous disais que pendant ce
13 procès devant ce Tribunal, nous avons vu déposer plusieurs
14 dizaines de personnes, des habitants de Ahmici ainsi que
15 des commandants de la Défense territoriale ou de l’armée de
16 Bosnie-Herzégovine, et qu’ils nous ont affirmé qu’il y a eu
17 une unité de la Défense territoriale à Ahmici et qu’ils ont
18 donné le nom du commandant de cette unité, comment
19 réagiriez-vous à cela ?
20 R. Je ne veux pas rentrer dans ces choses-là.
21 Q. Madame AQ, dans l’enclave de Vitez, vous
22 connaissez la structure militaire du HVO à l’époque ?
23 R. Ce que je sais c’est que Blaskic était à la
24 tête.
25 Q. Savez-vous quelles unités militaires
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1 opéraient dans cette zone ?
2 R. [Aucune réponse audible]
3 Q. Je suppose que vous ne savez pas non plus
4 quelles sont les unités qui ont pris part à l’attaque à
5 Ahmici en avril 1993 ? Je veux dire de la part du HVO.
6 R. Eh bien, le 16 avril, quand cela est arrivé,
7 c’est plus tard en fait que j’ai appris que c’est des
8 unités qui s’appelaient Jokeris, me semble-t-il, qui y ont
9 pris part, mais les autres, je ne les connais pas.
10 Q. Vous personnellement, avez-vous été en mesure
11 de reconnaître un quelconque des membres des unités qui
12 attaquaient ou avez-vous pu reconnaître les insignes sur
13 leurs uniformes ?
14 R. Je n’en ai reconnu aucun. Ils avaient tous
15 les visages maquillés.
16 Q. Vous avez déclaré au Procureur que vous avez
17 entendu ceux qui attaquaient demander à qui appartenait
18 telle ou telle maison de Ahmici ?
19 R. Oui, je l’ai entendu.
20 Q. Autrement dit, vous avez pu en conclure qu’il
21 s’agissait de personnes qui ne connaissaient pas Ahmici ?
22 R. Je ne crois pas que c’était des gens venus
23 d’ailleurs. Je pense que ceux qui les guidaient, c’était
24 les gens qui connaissaient bien Ahmici.
25 Q. Si cela est vrai, alors pourquoi vous
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1 poserait-il cette question de savoir à qui appartenait
2 telle ou telle maison ?
3 R. Pour faire semblant.
4 Q. Vous avez dit que le soir avant l’attaque,
5 donc le 15, vous avez regardé la télévision. Autrement
6 dit, il y avait du courant pendant toute la soirée ?
7 R. Oui, à la différence des autres jours, ce qui
8 était inhabituel.
9 Q. Excusez-moi, je vous interromps. Les
10 téléphones fonctionnaient également ?
11 R. Oui.
12 Q. Vous nous avez dit que votre défunt mari…
13 R. Permettez-moi de vous corriger. Mon mari
14 n’est pas décédé de mort naturelle et vous le savez
15 parfaitement que pour les Croates, il y a une différence
16 lorsqu’on qualifie la personne qui est morte de mort
17 naturelle et qui a été assassinée.
18 Q. Excusez-moi, Madame. Je ne souhaitais
19 absolument pas être discourtois à votre égard mais c’est
20 pour la première fois que j’apprends de votre bouche ce
21 terme qu’il convient d’utiliser.
22 R. Ah bon, pour la première fois ?
23 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : C’est
24 extrêmement difficile, mais je pense que nous avancerons
25 plus rapidement s’il n’y a pas de discussion entre le
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1 témoin et l’avocat.
2 Me Mikulicic, avez-vous encore beaucoup de
3 questions à poser à ce témoin ?
4 Me MIKULICIC (interprétation) : Non.
5 Q. Est-il exact que votre mari était membre de
6 l’armée de Bosnie-Herzégovine ?
7 R. Oui.
8 Q. Pouvez-vous nous dire à partir de quelle date
9 ?
10 R. Depuis le début de l’agression menée contre
11 la Bosnie-Herzégovine.
12 Q. Savez-vous quelle était l’unité à laquelle il
13 appartenait ?
14 R. À la 325e brigade de montagne.
15 Q. La nuit en question, vous avez dit qu’il
16 était de garde ?
17 R. Oui.
18 Q. Je ne suis pas sûr de vous avoir bien
19 comprise. Portait-il une arme ou non ?
20 R. Non.
21 Q. Donc dans la maison où il habitait avec vous,
22 votre mari n’avait pas d’arme ?
23 R. Nous avions un pistolet, un pistolet qui lui
24 appartenait personnellement, que nous avions auparavant.
25 Q. Quand il est sorti pour monter la garde, il
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1 n’a pas pris ce pistolet ?
2 R. Non. Il portait des vêtements civils.
3 Q. Madame AQ, quant à votre mari, qui lui a
4 donné l’ordre de monter la garde la nuit en question ?
5 R. Je pense qu’ils se sont organisés d’une
6 certaine façon après la solution à Zenica, mais je ne sais
7 pas exactement qui.
8 Q. Madame AQ, connaissez-vous Berbic, Midhat ?
9 R. Oui.
10 Q. Est-il exact que cet homme était commandant
11 d’un détachement de la compagnie de la TO à Ahmici à
12 l’époque ?
13 R. Je ne le sais vraiment pas.
14 Q. Connaissez-vous Hazrudin Bilic ?
15 R. Oui.
16 Q. Savez-vous qu’il était commandant du peloton
17 qui était déployé sur la route principale ?
18 R. Je ne le sais pas. Je vivais au milieu du
19 village.
20 Q. Vous dites que vous viviez au milieu, entre
21 Ahmici le haut et Ahmici le bas ?
22 R. Oui.
23 Q. Je vois ! Alors, connaissez-vous Kermo,
24 Nermin ?
25 R. Oui.
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1 Q. Est-il exact qu’il était commandant du
2 peloton qui était déployé au milieu du village, là où vous
3 habitiez ?
4 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Le témoin a
5 dit qu’elle ne savait rien de la Défense territoriale au
6 village si toutefois il y en avait une. Donc, je ne vois
7 pas pourquoi insister sur ce point.
8 Me MIKULICIC (interprétation) : Je vous remercie,
9 Monsieur le Président.
10 Q. Madame AQ, nous allons essayer de terminer à
11 ce sujet. Donc, vous ignorez tout de la structure de la
12 Défense territoriale et de l’armée de Bosnie-Herzégovine à
13 Ahmici à l’époque ?
14 R. Oui, je n’en sais rien.
15 Me MIKULICIC (interprétation) : Madame AQ, je
16 n’ai pas d’autres questions à vous poser.
17 Monsieur le Président, je vous remercie. Pour le
18 compte rendu, j’attire l’attention sur la pièce de la
19 Défense D190/1 qui parle de ces unités de l’armée de
20 Bosnie-Herzégovine à Ahmici. Je vous remercie.
21 RÉINTERROGÉE PAR Me SCOTT
22 (interprétation) :
23 Q. Très brièvement, au sujet de la diffusion, au
24 sujet des questions qui ont été posées par Monsieur
25 Naumovski, alors très précisément à la page 26, à la ligne
Page 16296
1 11.
2 Donc, la question qui a été posée… (l’interprète
3 reprend) vous avez déclaré que vous avez vu les différentes
4 déclarations de Monsieur Kordic le 15 avril 1993 : Est-ce
5 exact ?
6 R. Oui.
7 Q. Durant donc cette journée en question, il y a
8 eu d’autres…
9 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Excusez-moi.
10 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Nous ne
11 pouvons pas continuer à être interrompus tout le temps.
12 Alors, nous allons avoir la précision de ce que le témoin a
13 dit.
14 Ce que j’ai compris, Monsieur Scott, c’est que le
15 témoin a déclaré qu’elle a identifié le discours qu’elle a
16 entendu. C’est le discours qu’on voit à la bande, donc la
17 vidéo Z665.
18 Me SCOTT (interprétation) : Oui, mais elle a
19 également dit quand je lui ai posé des questions sur
20 d’autres discours prononcés par Monsieur Kordic le jour en
21 question, elle a dit : « Oui ». C’est la ligne 21.
22 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Alors, nous
23 sommes en train de dire que le discours dont elle parle est
24 le discours de la cassette 665 ou bien nous sommes en train
25 de dire que c’est un autre discours ? Cela nous place dans
Page 16297
1 une situation impossible.
2 Me SCOTT (interprétation) : C’est la raison pour
3 laquelle je veux clarifier.
4 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Témoin AQ, on
5 vous a montré cette cassette. Si j’ai bien compris, c’est
6 ce à quoi vous vous référiez quand vous déposiez au sujet
7 du programme télévisé diffusé le 15 avril : Est-ce exact ?
8 R. Oui.
9 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je vous
10 remercie.
11 Est-ce que vous avez d’autres questions, Monsieur
12 Scott ?
13 Me SCOTT (interprétation) : Je n’ai pas d’autres
14 questions.
15 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Témoin AQ,
16 ainsi se termine votre déposition. Je vous remercie d’être
17 venue déposer devant le Tribunal Pénal International et
18 donc je vous permets de partir. Vous êtes libre de partir.
19 Attendez un petit instant, cependant.
20 Monsieur Nice, nous pouvons faire une pause ?
21 [Le témoin se retire]
22 Me NICE (interprétation) : [Hors microphone]
23 Oui. J’ai une demande au sujet du témoin suivant. On le
24 voit au début du résumé. Il s’agit d’un témoin qui a
25 déposé à un moment préalable, qui a déjà déposé.
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1 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Parlons-nous
2 du même témoin ?
3 Me NICE (interprétation) : Il s’agit d’un témoin
4 qui a déjà déposé en séance ouverte. Au paragraphe 1 du
5 résumé, il précise pourquoi il ne déposerait plus dans les
6 mêmes conditions.
7 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je dois dire
8 que je n’avais pas lu cela. Sommes-nous à huis clos à
9 présent ?
10 [Huis clos partiel]
11 [expurgée]
12 [expurgée]
13 [expurgée]
14 [expurgée]
15 [expurgée]
16 [expurgée]
17 [expurgée]
18 [expurgée]
19 [expurgée]
20 [expurgée]
21 [expurgée]
22 [expurgée]
23 [expurgée]
24 [expurgée]
25 [expurgée]
Page 16299
1 [expurgée]
2 [expurgée]
3 [expurgée]
4 [expurgée]
5 [expurgée]
6 [expurgée]
7 [expurgée]
8 [expurgée]
9 [expurgée]
10 [expurgée]
11 [expurgée]
12 [expurgée]
13 [expurgée]
14 [expurgée]
15 [expurgée]
16 --- Suspension de l’audience à 10 h 34
17 --- Reprise de l’audience à 11 h 09
18 [Audience publique]
19 [Le témoin entre dans la Cour]
20 LA GREFFIÈRE (interprétation) : Le pseudonyme
21 pour le témoin que nous avons ici à présent est « AR ».
22 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je demanderais
23 au témoin de prêter serment.
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Je déclare
25 solennellement que je dirai la vérité, toute la vérité et
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1 rien que la vérité.
2 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Veuillez vous
3 asseoir.
4 TÉMOIN : TÉMOIN AR (ASSERMENTÉ)
5 INTERROGÉ PAR Me NICE (interprétation) :
6 Q. Des mesures de protection vous ont été
7 accordées par la Chambre. Votre nom ne sera pas diffusé.
8 On s’adressera à vous en vous appelant « Témoin AR ».
9 Pourriez s’il vous plaît jeter un coup d’œil sur
10 ce bout de papier et nous confirmer par « oui » ou par
11 « non » si c’est bien votre nom ?
12 R. Oui.
13 Q. En vivant à Busovaca, avez-vous été mobilisé
14 en avril 1992 dans les rangs de la Défense territoriale ?
15 R. Oui.
16 Q. Avant que la JNA ne quitte la caserne de
17 Busovaca, je pense à Kaonik, au mois de mai 1992, à qui
18 devait-elle remettre cette caserne ?
19 R. À la Défense territoriale.
20 Q. Le HVO était-il d’accord avec ce projet ?
21 R. Non.
22 Q. Y a-t-il eu tentative de négociation, entre
23 autre par Hadzimejlic et Merdan ?
24 R. Oui.
25 Q. Le HVO prenait des décisions pour qui ?
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1 R. Pourriez-vous préciser votre question s’il
2 vous plaît ? Puis-je plutôt préciser ma réponse ?
3 Q. Oui.
4 R. Au nom du HVO, c’est Glavocevic, Florijan,
5 qui est venu négocier, mais il a dit que Dario Kordic
6 n’était pas là et qu’il n’était pas autorisé à prendre des
7 décisions sans lui, et donc, ils l’ont invité à venir
8 négocier à Busovaca au sein de la cellule de crise.
9 Q. Et Hadzimejlic et Merdan ont été arrêtés ?
10 Est-ce vrai ?
11 R. C’est bien l’information que nous avons reçue
12 au retour de Hadzimejlic.
13 Q. D’après ce que vous avez compris, ils étaient
14 détenus à quel endroit ?
15 R. Les négociations devaient avoir lieu à
16 Busovaca à l’état-major de la cellule de crise. Cependant,
17 la police du HVO les attendait devant ce lieu-là et ils les
18 ont amenés à Tisovac. C’est un lieu d’excursion à
19 l’extérieur de Busovaca.
20 Q. Par la suite, le HVO a pris une position
21 concernant les armes entre les mains de la Défense
22 territoriale ?
23 R. Ils demandaient que la TO rende les armes et
24 qu’elle se retire de Busovaca, mais à l’arrivée de
25 Hadzimejlic à son retour de ses négociations, ils ont
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1 accordé que la Défense territoriale se retire en prenant
2 les armes qui étaient en sa possession et qu’elle se retire
3 de Busovaca.
4 Me NICE (interprétation) : Nous avons entendu
5 amplement ce qui couvre le paragraphe 4. Alors, je ne
6 rentrerai pas dans cela, mais je demanderais au témoin :
7 Q. Vous pourriez nous dire quelque chose au
8 sujet de la destruction des boutiques à Busovaca et la
9 perte de travail par les musulmans ainsi que la restriction
10 de circulation pour les musulmans ?
11 R. Oui.
12 Q. Le 27 octobre 1992, vous étiez en chemin pour
13 votre poste de commandement à Kacuni où a été déplacée la
14 Défense territoriale et que vous avez été arrêté devant
15 l’hôtel Tisa ?
16 R. Oui.
17 Q. Que s’est-il passé avec votre véhicule et vos
18 armes ?
19 R. Devant l’hôtel Tisa, nous avons été arrêtés
20 par deux membres de la police du HVO. Ils voulaient
21 fouiller notre véhicule ainsi que nous-mêmes. Puisqu’ils
22 ont vu que je portais un pistolet que j’étais en droit de
23 porter puisque j’avais les autorisations nécessaires, ils
24 m’ont demandé de leur remettre cette arme en me disant que
25 dès le lendemain, ils allaient me rendre cette arme, mais
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1 ils ne m’ont pas donné un récépissé et c’est dès le
2 lendemain que je me suis adressé à leur commandant, Pasko
3 Ljubicic, à Vitez. À l’hôtel Vitez, il m’a donné un
4 récépissé sur papier mais il ne m’a pas rendu l’arme.
5 Q. D’après ce que vous avez compris, ce qui vous
6 est arrivé au sujet de votre arme est arrivé à d’autres
7 personnes également ?
8 R. Oui.
9 Q. Paragraphe 6 : Il s’agit de questions dont
10 nous avons déjà parlé. Au paragraphe 7, nous arrivons à ce
11 qui concerne personnellement le témoin. Je poserai des
12 questions directrices.
13 Le 24 janvier, vous et votre père, avez-vous été
14 arrêtés par la police militaire du HVO à l’endroit qui
15 était proche de la base de la FORPRONU ?
16 R. Oui.
17 Q. La Défense territoriale n’avait pas le droit
18 de porter des uniformes à l’époque ?
19 R. Ni uniformes ni armements. Nous ne portions
20 rien de cela en circulant dans Busovaca.
21 Q. Vous avez été amenés tout d’abord à l’arrêt
22 d’autobus où vous avez été détenus et quand vous avez
23 demandé de parler à Vlado Cosic, le chef de la police, ceci
24 ne vous a pas été accordé ?
25 R. Oui.
Page 16304
1 Q. Dix à 15 autres personnes ont été amenées
2 avec vous à Kaonik où environ 250 personnes se trouvaient
3 déjà. Donc, le nombre total était de l’ordre de 430 avec
4 votre arrivée ?
5 R. J’ai été amené au camp de Kaonik mais ce
6 chiffre de 250 personnes qui s’y seraient trouvées déjà
7 n’est pas exact. Nous étions une dizaine mais c’est dans
8 les deux journées qui ont suivi qu’ils ont amené d’autres
9 personnes, ce qui a fait que deux semaines plus tard, nous
10 étions environ 400. Donc, ce que je veux dire c’est qu’il
11 n’y avait pas déjà 250 personnes sur place au moment où
12 nous sommes arrivés. Nous étions parmi les premiers.
13 Q. Je vous remercie. La plupart des hommes qui
14 étaient détenus à Kaonik étaient des civils et de toute
15 façon en habits civils ?
16 R. Oui.
17 Q. Était-ce des musulmans tous ?
18 R. Oui.
19 Q. Vous a-t-on forcé à aller creuser des
20 tranchées ?
21 R. Oui.
22 Q. Y compris sur les lignes de front à Kula ?
23 R. Oui. Kula, Podjele, Solakovici, à ces trois
24 endroits. C’est là que j’ai été amené moi-même mais
25 d’autres personnes ont été amenées en d’autres directions
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1 également.
2 Q. Pendant que vous creusiez les tranchées, vous
3 n’avez pas eu le droit à boire de l’eau pendant 36 heures,
4 vous avez été battu, vos côtes ont été cassées, on vous a
5 forcé à manger des dinars que vous aviez sur vous : Est-ce
6 exact ?
7 R. Oui, c’était à Kula.
8 Q. Avez-vous vu qu’on ait battu avec une crosse
9 de fusil [expurgée], qu’on a mis feu à son couvre-chef
10 et qu’on l’a remis sur sa tête ?
11 R. Oui.
12 Q. En plus de Podjele, êtes-vous également allé
13 à Prosje ?
14 R. Oui.
15 Q. Était-ce pour creuser des tranchées ?
16 R. Oui, oui.
17 Q. Avez-vous vu un homme appelé Mehmed Beslic et
18 un autre homme, Zehrudin Dzafic ? Tous les deux ont eu des
19 blessures graves à la tête après avoir été battus ?
20 R. Excusez-moi, c’était à Kula. À Kula. C’est
21 là que nous avons tous été passés à tabac. Nous étions une
22 dizaine et les blessures les plus graves ont été donc
23 celles subies par Mehmed Beslic et Zehrudin Dzafic.
24 Q. Avez-vous entendu parler de la mort de deux
25 personnes, Nermin Elezovic et Jasmic Sehovic, de deux
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1 personnes pendant qu’ils creusaient des tranchées ?
2 R. Non, pas pendant qu’on creusait des
3 tranchées. Ils sont venus nous relever à Kula. Nous avons
4 été ramenés dans les cellules et le lendemain, nous avons
5 appris qu’ils avaient été tués donc au même endroit où nous
6 avons creusé des tranchées à Kula.
7 Q. Paragraphe 15. Connaissiez-vous un homme du
8 nom Anto Sliskovic ?
9 R. Oui.
10 Q. Vous étiez en mesure de reconnaître sa voix ?
11 R. Oui.
12 Q. Avez-vous reconnu sa voix quand vous étiez
13 dans ce camp ?
14 R. Oui.
15 Q. S’agissant de Sliskovic, quelle était sa
16 position politique à l’époque ? Était-il libéral, modéré ?
17 Quelle était sa position ?
18 R. Je le connais d’avant la guerre. C’est un
19 homme qui était plutôt porté sur le nationalisme.
20 Q. Que voulez-vous dire précisément ?
21 R. Eh bien, quand il avait bu, il lui est arrivé
22 de chanter des chansons Oustachis dans des cafés ou
23 d’injurier des gens, des choses comme ça.
24 Q. À l’époque où il faisait ça, quelles étaient
25 les relations de manière générale qui prévalaient entre les
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1 musulmans et les Croates ?
2 R. Eh bien, à l’époque, c’était assez souple.
3 Busovaca est un lieu de mixité. Nous nous fréquentions
4 avec des gens corrects. On n’avait aucun problème. On
5 pouvait les fréquenter et travailler avec eux parce que
6 c’était avant la guerre, quelques années avant la guerre.
7 Q. S’agissant des relations entre Sliskovic et
8 Kordic, en saviez-vous quelque chose ?
9 R. S’agissant de leurs relations entre ces deux-
10 là, il est difficile d’en dire quoi que ce soit. C’est
11 évident que Sliskovic travaillait lui aussi pour cette même
12 Herceg-Bosna et Kordic était à la tête de cela et il est
13 clair qu’il occupait une position que j’ai du mal à
14 préciser.
15 Q. Vous voulez dire que c’est Sliskovic ou
16 Kordic qui occupait un poste important ?
17 R. C’est Kordic qui occupait une position plus
18 importante mais Sliskovic lui aussi occupait des fonctions
19 importantes. On jugeait d’après sa position.
20 Q. Vous avez reconnu la voix de Sliskovic dans
21 ce camp. Je suis au paragraphe 16.
22 S’agissant de Senad Lusija, est-ce qu’il y a eu
23 des rapports ?
24 R. Pouvez-vous me préciser cette question ?
25 Q. Avez-vous entendu que quelque chose est
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1 arrivée à un homme qui s’appelait Senad Lusija ? Quelque
2 chose lui serait-il arrivé au camp ?
3 R. Oui. Oui, un soir. Un soir, puisque ma
4 cellule se trouvait près de la porte d’entrée de ce camp,
5 donc j’ai entendu pendant que Senad Lusija était interrogé
6 et passé à tabac et j’ai reconnu à ce moment-là la voix de
7 Anto Sliskovic.
8 Q. Mis à part Kordic, y avait-il un supérieur à
9 Kordic dans cette zone du côté croate, pour autant que vous
10 le sachiez ?
11 R. Non.
12 Q. Vous avez vu Kordic porté un uniforme à un
13 moment quelconque ?
14 R. Oui.
15 Q. Vous pouvez dire à peu près à quel moment ?
16 R. Dès la proclamation de la République de
17 Herceg-Bosna, mais je ne peux pas vous dire la date exacte.
18 Q. Est-ce qu’il avait un grade pour autant que
19 vous le sachiez, que vous vous en rappelez ?
20 R. Je ne sais pas qui lui a donné un grade mais
21 je l’ai entendu dans les médias et je l’ai appris également
22 de la bouche de quelques Croates, de quelques catholiques
23 plutôt qui s’appellent Croates, qu’il a reçu le rang de
24 Général, mais je ne sais pas qui lui a accordé ce grade.
25 Q. Au moment du désarmement des musulmans et la
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1 séparation des communautés, est-ce que dans la ville où
2 vous habitiez, cela était nécessaire ?
3 R. Cela dépend de votre point de vue. À mon
4 avis, cela n’était pas nécessaire puisqu’il n’y avait pas
5 d’opération militaire à cet endroit. C’était à
6 l’intérieur. Il n’y avait pas de danger émanant des
7 éléments serbes ou chetniks.
8 Me NICE (interprétation) : Je n’ai pas d’autres
9 questions.
10 Je donne la parole à la Défense.
11 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Je vous remercie.
12 CONTRE-INTERROGÉ PAR Me NAUMOVSKI
13 (interprétation) :
14 Q. Monsieur AR, permettez-moi de me présenter.
15 Je suis Mitko Naumovski. Je suis avocat de Zagreb et avec
16 Me Sayers, je défends ici Monsieur Kordic, Dario Kordic.
17 Je vous poserai quelques questions.
18 Je voudrais attirer votre attention sur une erreur
19 que je commis moi aussi souvent, à savoir il est nécessaire
20 de faire une petite pause entre la question et la réponse
21 parce que notre conversation doit être traduite dans une
22 des langues officielles du Tribunal. Vous m’avez compris ?
23 R. Oui.
24 Q. Vous travailliez dans une usine de Busovaca ?
25 R. Oui.
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1 Q. Au moment de la création de nouveaux partis
2 politiques, vous avez pris part activement à la création du
3 Parti d’Action démocratique de Busovaca ?
4 R. Non.
5 Q. Vous conviendrez avec moi que vous étiez
6 membre de ce parti, le SDA ?
7 R. Oui, mais un certain laps de temps s’est
8 écoulé.
9 Q. Merci. Après la création de l’état-major de
10 la Défense territoriale de la municipalité de Busovaca, et
11 nous savons que Hadzimejlic était son commandant, vous avez
12 bien été nommé commandant d’une des compagnies ?
13 R. Oui.
14 Q. C’était la 3e compagnie du détachement de
15 Busovaca ?
16 R. Oui.
17 Q. Le commandant de ce détachement était Jasmim
18 Nejsic : Est-ce exact ?
19 R. Oui. Il a été relevé de ses fonctions. Un
20 autre homme est venu le remplacer à ce poste.
21 Q. C’est bien le même Jasmic Nejsic qui a été
22 commandant de la prison à l’école de musique de Zenica ?
23 C’est bien la même personne ?
24 R. Je ne le sais pas.
25 Q. Très bien. Ce détachement dont nous parlons
Page 16311
1 couvrait le territoire de la ville même de Busovaca ?
2 R. Oui.
3 Q. S’agissant de la Défense territoriale, vous
4 conviendrez avec moi que la TO n’a jamais été placé sous
5 les ordres du HVO ?
6 R. La Défense territoriale était une formation
7 régulière alors que le HVO ne l’était pas.
8 Q. Nous ne rentrerons pas dans ce détail. La
9 Chambre connaît déjà le statut du HVO.
10 Mais nous sommes d’accord sur le fait que nous
11 avions la Défense territoriale et le HVO qui agissaient
12 séparément dans la municipalité de Busovaca ?
13 R. Puis-je préciser un peu ma réponse ?
14 Q. Je voulais abréger, mais si vous le
15 souhaitez, allez-y.
16 R. Mais c’était nécessaire puisque le HVO
17 empêchait l’exercice du pouvoir dans la municipalité de
18 Busovaca et la TO était empêchée d’agir à Busovaca, et
19 suite à des incidents et de tout ça, la Défense
20 territoriale s’est déplacée à Kacuni avec son commandement.
21 Q. En d’autres termes, nous sommes d’accord sur
22 le fait qu’à l’intérieur des frontières administratives de
23 Busovaca, nous avions séparément la TO et le HVO ?
24 R. Oui.
25 Q. Et je suppose également que vous conviendrez
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1 avec moi que les membres de la Défense territoriale qui
2 habitaient dans la ville de Busovaca se rendaient tous les
3 jours à Kacuni afin de s’acquitter de leurs tâches ?
4 R. Non, pas tous les jours. Les membres de la
5 Défense territoriale de Busovaca étaient envoyés, déployés
6 sur des parties du territoire des opérations où agissaient
7 les Serbes ou Chetniks et c’est là que nous étions
8 concentrés… avions tous les membres de la Défense
9 territoriale se trouvant à Busovaca et qui pour ainsi dire
10 se reposaient. En fait, quand ils étaient à Busovaca, donc
11 ils n’étaient pas en service.
12 Q. Très bien. Une ou deux questions au sujet de
13 la Défense territoriale.
14 La 3e compagnie – vous étiez à sa tête, vous étiez
15 son commandant – était-elle déployée à Donja Kula et Donja
16 Carica ?
17 R. Oui, oui, essentiellement.
18 Q. Nous sommes d’accord pour dire que ce sont
19 des sites qui dominent la route principale Busovaca-
20 Kiseljak ?
21 R. [L’interprète n’a pas entendu la réponse.]
22 Q. Deux questions très brèves, si vous me le
23 permettez.
24 Vous êtes d’accord avec moi qu’en février 1993
25 dans votre maison ou plutôt à gauche de la porte d’entrée,
Page 16313
1 on a trouvé trois grenades à main et un dispositif RUP 33.
2 Ce sont des pièces qui ont été remises par votre père à la
3 police ?
4 R. Oui. J’avais ce RUP 3 pour pouvoir
5 communiquer avec l’état-major de Kacuni. S’agissant des
6 engins explosifs et des grenades à main, cela a été placé
7 afin de pouvoir interpeller mon père par la police parce
8 qu’il a été interpellé à plusieurs reprises.
9 Q. Très bien ! Quelques questions au sujet des
10 événements dans l’ex-caserne de la JNA à Kaonik. La
11 Chambre a déjà entendu des dépositions des personnes qui
12 s’y sont trouvées. Il n’y a pas lieu de rentrer dans les
13 détails.
14 Mais deux questions. Vous personnellement, vous
15 n’avez pas pris part aux entretiens entre la TO et le HVO
16 au sujet de la distribution, la répartition des armes se
17 trouvant à Kaonik ?
18 R. Non.
19 Q. Autrement dit, vous n’avez aucune
20 connaissance directe de ce qui a précédé à ce conflit bref
21 qui s’est produit au sujet de la répartition des armes ?
22 R. Vous me permettez de rentrer dans quelques
23 détails ?
24 Q. Non. Une réponse très brève. La Chambre a
25 déjà entendu des choses là-dessus.
Page 16314
1 R. Ce que je sais c’est que l’officier qui se
2 trouvait dans cette caserne demandait de remettre ces
3 armes, ces armes qui étaient dans la propriété de la
4 Défense territoriale, donc de les remettre à la Défense
5 territoriale, puisque j’ai été présent à cette réunion, en
6 fait aux négociations où est venu Glavocevic, Florijan,
7 quand il a appelé Hadzimejlic et Dzemo Merdan à négocier à
8 Busovaca.
9 Q. Monsieur AR, puisque vous n’avez pas
10 participé à ces négociations, il vaut peut-être mieux
11 passer à un autre sujet puisque la Chambre a déjà entendu
12 des dépositions là-dessus, puisque vous n’avez pas de
13 connaissances directes sur ce point.
14 Donc, quelques questions brèves qui nous restent.
15 En janvier 1993, vous êtes d’accord avec moi pour dire que
16 nombre de musulmans ont évacué leurs épouses et des
17 personnes âgées membres de leur famille, les ont évacuées
18 de la ville ?
19 R. Oui, mais c’est naturel vue la situation à
20 Busovaca, vu les conditions de sécurité qui prévalaient.
21 Q. Vous confirmez également que vous-même, vous
22 avez amené votre famille – nous n’allons pas nommer les
23 membres de votre famille – c’était vers le 15 janvier ?
24 R. Oui, pour des raisons de sécurité.
25 Q. Vous confirmez également que les hommes
Page 16315
1 membres des familles musulmanes sont restés à Busovaca ?
2 R. Certains, pas tous. Il y a eu un certain
3 nombre de musulmans qui sont partis puisque le HVO
4 harcelait les musulmans.
5 Q. Vous avez dit aujourd’hui que les membres de
6 la TO de Busovaca n’avaient pas le droit de porter des
7 armes et l’uniforme en ville. C’est votre commandement qui
8 vous a donné cet ordre, n’est-ce pas ?
9 R. Oui, parce qu’il y a eu à plusieurs reprises
10 des confiscations d’armes illégales de la part du HVO. À
11 plusieurs reprises, cela s’est produit. C’est à la suite
12 de cela que notre commandement nous a donné cet ordre afin
13 de ne pas provoquer un conflit.
14 Q. Avez-vous des connaissances directes sur ce
15 qui s’est produit le 24 janvier à Kacuni ?
16 R. Non.
17 Q. Je vous remercie.
18 R. J’ai entendu des choses.
19 Q. Si vous ne savez pas, il vaut mieux ne pas en
20 parler.
21 Je n’ai pas très bien compris. À quelle date
22 avez-vous été arrêté ?
23 R. Le 24 janvier.
24 Q. C’était quel jour de la semaine ?
25 R. Je ne m’en rappelle pas, croyez-moi.
Page 16316
1 Q. Est-ce que ce jour-là, il y a eu un conflit à
2 Busovaca ?
3 R. Non, pas à Busovaca.
4 Q. Lorsque vous avez été arrêté, vous étiez
5 membre de l’armée de Bosnie-Herzégovine ?
6 R. Oui, en congé et en civil.
7 Q. Avec vous, une autre personne a été arrêtée –
8 je vais simplement dire son prénom, pas le nom de famille –
9 Mirza ? Il était membre de la police militaire de l’armée
10 de Bosnie-Herzégovine.
11 R. Il était en civil, en vêtements civils.
12 Q. Je n’ai que quelques questions très brèves
13 concernant Kaonik puisque les Juges ont entendu beaucoup
14 d’éléments à ce sujet.
15 Est-ce que vous êtes d’accord pour dire que la
16 plupart des prisonniers étaient des… que les prisonniers
17 étaient uniquement des hommes et la plupart étaient des
18 membres de la Défense territoriale ?
19 R. Oui, c’était des membres de la Défense
20 territoriale, mais au moment de leur arrestation, ils
21 portaient des vêtements civils. Ils n’étaient pas de
22 garde.
23 Q. Très bien ! Mais vous êtes d’accord avec moi
24 pour dire qu’ils étaient membres de la TO et vous êtes
25 d’accord également pour dire que les prisonniers plus âgés
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1 ont été relâchés au bout de trois ou quatre jours ?
2 R. Oui.
3 Q. Et vous êtes d’accord pour dire que vous
4 aviez la possibilité d’exercer vos rites religieux à
5 Kaonik ?
6 R. Oui, pendant un certain temps seulement.
7 Q. Très bien ! Pour être précis géographique,
8 vous avez dit que vous avez été amené creuser les tranchées
9 à Kula. Kula c’est un endroit qui se trouve tout près de
10 Busovaca ?
11 R. Pas vraiment si près que ça.
12 Q. Très bien ! Je pensais que vous alliez être
13 d’accord avec moi mais peut-être ceci n’est pas tellement
14 important non plus.
15 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Monsieur le
16 Président et Messieurs les Juges, aujourd’hui plusieurs
17 sujets ont été abordés mais je souhaite attirer votre
18 attention simplement sur la déposition du Témoin Dzemo
19 Merdan, puis également le Témoin J qui a parlé de certains
20 aspects liés à cela. Donc, inutile d’entrer dans ces
21 détails en ce moment.
22 Mais en ce qui concerne le meurtre de Jasmin
23 Sehovic et de cette autre personne, Monsieur Elezovic, je
24 souhaite simplement vous rappeler de l’existence de la
25 pièce à conviction de la Défense D38/1. Donc, nous
Page 16318
1 n’allons pas perdre notre temps inutilement avec ce témoin
2 à ce sujet.
3 Q. Témoin AR, j’ai remarqué aujourd’hui qu’au
4 fond, vous ne reconnaissez pas le nom « Croate ». Vous
5 employé un autre terme.
6 R. Ce n’est pas que je ne le reconnais pas.
7 Moi, je respecte la personne qui a opté pour cela. Mais
8 ces personnes étaient des bosniaques de confession
9 catholique.
10 Q. C’est ce que vous considérez ?
11 R. Non. La personne qui se considère comme
12 Croate, je vais la considérer comme Croate, mais tout le
13 monde n’a pas accepté de se déclarer comme Croate.
14 Me NAUMOVSKI (interprétation) : J’ai terminé mon
15 contre-interrogatoire, Monsieur le Président et Messieurs
16 les Juges. Je vous remercie et je remercie le témoin.
17 CONTRE-INTERROGÉ PAR
18 Me MIKULICIC (interprétation) :
19 Q. Bonjour, Monsieur AR. Je suis Goran
20 Mikulicic, avocat de Zagreb, et je représente avec mon
21 collègue Me Kovacic les intérêts du coaccusé dans cette
22 affaire. Je vous poserai quelques questions. Je parlerai
23 brièvement et essayez de me répondre au mieux de vos
24 souvenirs.
25 Témoin AR, vous avez dit que le 16 avril 1992,
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1 vous avez été mobilisé au sein de la Défense territoriale
2 afin de vous opposer à l’agression serbe contre la
3 République de Bosnie-Herzégovine : Est-ce exact ?
4 R. Oui.
5 Q. Où étiez-vous sur les lignes de front ? Où
6 est-ce que vous avez exercé vos fonctions ?
7 R. Surtout dans la région de Visoko et de
8 Vlasic.
9 Q. Vous avez mentionné Vlasic. Dites : Est-ce
10 que vous savez que certaines unités du HVO étaient
11 stationnées elles aussi sur les lignes de front à Vlasic
12 avec le même rôle ?
13 R. Oui, des unités plus petites.
14 Q. Est-ce que vous savez qu’il y a eu là-bas des
15 unités du HVO de Vitez également ?
16 R. Écoutez, ils alternaient, tout comme nous, on
17 alternait, mais il s’agissait d’une petite formation et
18 cette formation se trouvait exclusivement dans le village
19 croate.
20 Q. Vous avez mentionné trois équipes. Veuillez
21 clarifier quelque chose. Lorsque vous étiez sur la ligne
22 de front, vous étiez en uniforme et vous aviez des armes :
23 Est-ce exact ?
24 R. Oui. En ce qui concerne de simples soldats.
25 Q. En rentrant à Busovaca, chez vous, vous vous
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1 remettiez en vêtements civils : Est-ce exact ?
2 R. Oui.
3 Q. Je ne sais pas en ce qui vous concerne, mais
4 certaines personnes travaillaient également, avaient un
5 emploi ?
6 R. Oui.
7 Q. Ces personnes-là, durant cette période,
8 lorsque, comme vous dites, ils étaient des civils, est-ce
9 qu’ils travaillaient, est-ce qu’ils allaient à leur travail
10 ou bien est-ce que quelqu’un leur interdisait cela ?
11 R. Non. L’obligation de travail existait et les
12 personnes qui avaient besoin de travailler le faisaient.
13 Q. Très bien ! Je ne vais plus vous poser de
14 questions à ce sujet.
15 Revenons maintenant à la situation que vous avez
16 décrite le 27 octobre 1992 lorsque vous alliez vers le
17 poste de commandement à Kacuni et lorsqu’on vous a arrêté
18 près de l’hôtel Tisa.
19 R. Oui.
20 Q. Pour que les choses soient claires, dites-
21 nous, s’il vous plaît : L’hôtel Tisa se trouve dans la
22 municipalité de Busovaca, près de la ville de Busovaca ?
23 R. Dans la zone urbaine.
24 Q. De la municipalité de Busovaca ?
25 R. Oui.
Page 16321
1 Q. C’est Dusko Prusac et Darko Marusic, membres
2 de la police militaire régionale du HVO, qui vous ont
3 arrêté. C’est ce que vous avez dit ?
4 R. Oui.
5 Q. Témoin AR, vous connaissiez personnellement
6 ces deux soldats qui vous ont arrêté, qui vous ont fait
7 stopper, ces deux soldats policiers militaires ?
8 R. Oui, plus ou moins.
9 Q. Ils venaient d’où, de Busovaca ?
10 R. L’un venait de Busovaca et l’autre de Draga.
11 Q. Draga appartient également à la municipalité
12 de Busovaca, n’est-ce pas ?
13 R. Oui.
14 Q. Vous avez dit qu’ils ont pris vos armes
15 personnelles pour lesquelles vous disposiez de permis et le
16 lendemain, vous êtes allé à l’hôtel Vitez à Vitez ?
17 R. Oui.
18 Q. Là-bas, vous vous êtes adressé à Monsieur
19 Pasko Ljubicic ?
20 R. Oui.
21 Q. Est-ce que vous le connaissiez auparavant lui
22 aussi ?
23 R. Non.
24 Q. Quelle était la fonction de Pasko Ljubicic au
25 moment où vous l’avez contacté ?
Page 16322
1 R. Il s’est présenté comme commandant de la
2 police régionale.
3 Q. Donc, vous avez conclu sans aucun doute que
4 Pasko Ljubicic était le commandant de la police militaire
5 et le supérieur direct de ces deux policiers militaires qui
6 vous ont arrêté et qui ont pris vos armes ?
7 R. Oui.
8 Q. Il vous a émis un certificat ? Il a délivré
9 un certificat ?
10 R. Oui.
11 Q. Est-ce que vous savez ce qui était inscrit ?
12 R. Il y avait la date et c’était un certificat
13 concernant la saisie de l’arme, le moment où l’arme a été
14 confisquée et qui l’a fait.
15 Q. Donc, vous avez conclu sans aucun doute que
16 lui, il était le commandant de ces deux policiers
17 militaires qui vous ont confisqué l’arme et donc il a
18 délivré ce certificat et que c’est lui qui était le
19 supérieur de ces deux policiers militaires ?
20 R. Oui.
21 Me MIKULICIC (interprétation) : Merci beaucoup,
22 Témoin AR. Je n’ai plus de questions à vous poser.
23 Me NICE (interprétation) : Je n’ai plus de
24 questions pour ce témoin.
25 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Témoin AR,
Page 16323
1 c’est ainsi que se termine votre déposition. Merci d’être
2 venu déposer devant ce Tribunal International Pénal. Vous
3 pouvez disposer.
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Merci.
5 [Le témoin se retire]
6 Me NICE (interprétation) : C’est Me Lopez-Terres
7 qui interrogera le témoin suivant.
8 Nous pouvons maintenant distribuer les résumés et
9 puis nous pouvons faire une demande au sujet de ce témoin.
10 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : L’assistance
11 juridique, s’il vous plaît.
12 [Le Président discute avec le juriste de la
13 Chambre]
14 L’INTERPRÈTE : Les interprètes peuvent-ils en
15 avoir une copie aussi ?
16 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Me Lopez-
17 Terres.
18 Me LOPEZ-TERRES : Monsieur le Président, le
19 témoin suivant a demandé des mesures de protection. En
20 l’espèce, il a demandé à bénéficier d’un pseudonyme et
21 d’une déformation des traits du visage ainsi, bien entendu,
22 que de toutes les mesures accessoires habituelles.
23 Sa demande est motivée par le fait qu’il est
24 d’origine musulmane, que sa famille ou tout au moins une
25 partie de sa famille réside toujours en Bosnie centrale,
Page 16324
1 dans la région de Vitez d’une part et de Travnik d’autre
2 part, et qu’il craint évidemment certaines représailles
3 compte tenu des éléments d’informations qu’il va donner à
4 votre Chambre.
5 Le témoin réside actuellement au Danemark où il
6 bénéficie du statut de réfugié. J’indique enfin que ce
7 témoin a déjà déposé dans les affaires Blaskic et Kupreskic
8 et qu’au cours de ces deux dépositions, des mesures de
9 protection similaires lui ont été accordées.
10 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Y a-t-il des
11 objections ?
12 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Monsieur le
13 Président, vous connaissez notre position de principe, mais
14 nous n’avons pas d’objection concrète.
15 Me KOVACIC (interprétation) : Monsieur le
16 Président, moi, je fais objection à cette proposition tout
17 simplement parce que dans aucun cas, nous n’avons été
18 informés du fait qu’un quelconque témoin aurait subi des
19 problèmes à cause de sa déposition et surtout pas sa
20 famille ou sa famille lointaine. Puisque ce témoin vit au
21 Danemark, donc à notre avis, il n’existe pas du tout de
22 probabilité selon laquelle qui que ce soit se vengerait
23 contre sa famille à cause de sa déposition ici.
24 C’est pour cela que dans ce cas-là, nous nous
25 opposons du point de vue de principe.
Page 16325
1 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Il y a eu des
2 allégations selon lesquelles des témoins ont eu des
3 problèmes en conséquence de leurs dépositions ici et je ne
4 me souviens pas très exactement de quels témoins il s’agit
5 mais je sais que nous avons entendu des allégations selon
6 lesquelles la maison d’un témoin avait été incendiée. Il
7 n’est pas vrai de dire qu’il n’y en a pas eu.
8 Me KOVACIC (interprétation) : Pour autant que je
9 m’en souvienne, en ce qui concerne nos témoins, les témoins
10 qui ont déposé dans cette affaire depuis le début de cette
11 affaire, c’est-à-dire depuis l’année 1999, qu’un quelconque
12 témoin aurait reçu des menaces ou aurait eu des problèmes à
13 cause de sa déposition ici. Ceci s’est produit dans
14 d’autres affaires précédemment.
15 [La Chambre discute]
16 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Nous allons
17 rendre l’ordonnance.
18 LA GREFFIÈRE (interprétation) : Le pseudonyme
19 accordé à ce témoin sera « Témoin AS ».
20 Me LOPEZ-TERRES : Monsieur le Président, avant
21 que le témoin ne rentre, j’indique qu’il m’a signalé, et
22 j’ai pu le constater moi-même effectivement, qu’il
23 souffrait de certaines difficultés d’élocution. Il a une
24 forme de bégaiement qui peut parfois être assez forte, en
25 particulier dans des circonstances où il est stressé.
Page 16326
1 Donc, il m’a demandé de vous présenter ses excuses par
2 avance pour le cas où ces difficultés apparaîtraient au
3 cours de son témoignage.
4 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Me Lopez-
5 Terres, il n’est pas nécessaire de s’excuser de cela.
6 [Le témoin entre dans la Cour]
7 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Le témoin
8 peut-il prêter serment, s’il vous plaît.
9 LE TÉMOIN (interprétation) : Je déclare
10 solennellement que je dirai la vérité, toute la vérité et
11 rien que la vérité.
12 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui.
13 TÉMOIN : TÉMOIN AS (ASSERMENTÉ)
14 INTERROGÉ PAR Me LOPEZ-TERRES :
15 Q. Monsieur le Témoin, pouvez-vous m’indiquer si
16 le nom qui figure sur le papier qui vous est présenté est
17 bien votre nom ?
18 R. Oui.
19 Me SAYERS (interprétation) : Monsieur le
20 Président, pendant que nous préparons les choses, je
21 souhaite dire que les parties où nous demandons que des
22 questions directrices ne soient pas posées, ce sont les
23 paragraphes 17, 18 et 23 aussi les paragraphes 79 à 91.
24 Me KOVACIC (interprétation) : Monsieur le
25 Président, j’ai une demande semblable à propos des
Page 16327
1 paragraphes 4, 5, 8, 13 et 14, 27, 28, 32 et 33, 36, et par
2 la suite, peut-être j’ajouterai un ou deux paragraphes
3 parce que nous venons de recevoir ce document.
4 Me SAYERS (interprétation) : Mis à part les
5 paragraphes déjà cités, nous souhaiterions que ceci
6 s’applique également au paragraphe 86, s’il vous plaît.
7 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Très bien.
8 Oui.
9 Me LOPEZ-TERRES :
10 Q. Monsieur le Témoin, je m’adresserai à vous
11 sous le pseudonyme « AS » puisque c’est ce pseudonyme que
12 la Chambre vous a accordé.
13 R. Très bien !
14 Q. Vous êtes de nationalité musulmane d’origine
15 et vous avez appartenu à plusieurs unités du HVO dans la
16 municipalité de Vitez entre 1992 et 1993, d’abord la
17 brigade de Vitez, puis le 4e bataillon de police militaire,
18 et enfin vous avez appartenu à une unité spéciale de cette
19 même police militaire qui s’appelait les Jokers ?
20 R. Oui.
21 Q. En mars 1992, après avoir été un sympathisant
22 du HOS, été membre pendant quelques jours seulement de la
23 Ligue patriotique musulmane, vous avez été invité par l’un
24 de vos voisins, le nommé Karlo Grabovac, à adhérer au Parti
25 HDZ à Vitez et à adhérer également à la branche armée de ce
Page 16328
1 Parti, qui à l’époque s’appelait l’armée croate, le HV ?
2 R. Oui, c’est exact.
3 Q. Tous les membres de cette branche armée
4 faisaient également partie du Parti politique HDZ ?
5 R. Oui.
6 Q. Le soir où vous avez adhéré au Parti HDZ et
7 êtes devenu membre de cette armée croate, où vous êtes-vous
8 rendu ?
9 R. Cette nuit-là, lorsque pour la première fois
10 j’ai monté la garde avec les autres membres de la HV, moi,
11 Grabovac et Srecko Petrovic, on est allé dans un restaurant
12 à Kruscica et c’était au début du village. Le propriétaire
13 en était Mario Cerkez et pour la plupart, c’est des
14 officiers de la HV qui s’y rassemblaient. C’était une
15 sorte de quartier général, si je peux exprimer les choses
16 ainsi.
17 Q. Est-ce que Mario Cerkez habitait dans cet
18 immeuble ?
19 R. Oui.
20 Q. Comment était disposé cet immeuble ?
21 R. Eh bien, dans le rez-de-chaussée, il y avait
22 ce restaurant et lui, il vivait au premier étage. C’était
23 une maison particulière.
24 Q. En mai 1992, ce nom d’armée croate, de HV a
25 été changé et l’unité est devenue une unité du HVO ?
Page 16329
1 R. Oui. C’est devenu le Conseil de la Défense
2 croate au mois de mai 1992.
3 Q. Vous avez été membre de la brigade de Vitez
4 jusqu’au mois de septembre, fin septembre, début octobre
5 1992, et ensuite, vous avez été affecté au 4e bataillon de
6 police militaire ?
7 R. Oui, c’est exact.
8 Q. Au début de votre adhésion au parti, à cette
9 armée croate et lorsque vous avez été membre de la brigade,
10 qui était le commandant de cette brigade ?
11 R. Au début, d’après les informations que
12 j’avais, la personne responsable était Skopljak, Marijan
13 Skopljak, mais après, le commandant était Monsieur Mario
14 Cerkez.
15 Q. Est-ce que le nommé Marijan Skopljak, vous
16 l’avez vu assumer des fonctions de commandement pendant une
17 période très longue après que vous soyez devenu membre de
18 cette unité ?
19 R. Non, non. Ceci n’a pas duré longtemps.
20 C’était bref. Il n’était pas militaire, je pense. Je
21 pense qu’il avait une fonction dans le HDZ et que c’est
22 après qu’il a pris ses fonctions dans la municipalité, à
23 l’hôtel Vitez, dans le bureau à l’hôtel Vitez.
24 Q. Ce Marijan Skopljak dont vous nous parlez,
25 lorsque vous l’avez vu à l’époque, portait-il un uniforme
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1 ou une tenue civile ?
2 R. Je ne m’en souviens pas en ce moment. Je ne
3 crois pas qu’il portait un uniforme. Je ne sais pas.
4 Q. Vous nous avez dit que Mario Cerkez est
5 devenu rapidement le commandant de cette unité à laquelle
6 vous apparteniez. Le responsable de l’artillerie de cette
7 unité, était-il le nommé Marko Lujic ?
8 R. Oui. C’est ce que j’ai entendu dire
9 puisqu’il était le seul qui savait comment manier les
10 explosifs. Il était l’ingénieur d’explosifs et il
11 travaillait dans Vitezit, l’usine des explosifs Slobodan
12 Princip Seljo à Vitez.
13 Q. D’après ce que vous avez constaté ou avez
14 entendu, l’artillerie de la brigade disposait d’un canon de
15 205 millimètres qu’on appelait Nora ?
16 R. Oui, c’est exact et aussi des mortiers et
17 deux ou trois VBR, donc lance-roquettes multiples. Je
18 crois qu’il y avait 12 ou bien peut-être six canons.
19 Q. La brigade à laquelle vous apparteniez était
20 constituée de quatre bataillons de soldats actifs et ces
21 quatre bataillons étaient répartis sur la municipalité de
22 Vitez ?
23 R. Oui, mais ils étaient dans la partie de la
24 ville où nous habitions. Donc, le centre-ville de Vitez
25 était une région. Ensuite, Krizancevo Selo, et Kruscica
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1 étaient la deuxième. Ensuite, Kruscica, Krcevine et
2 Zabilje, par exemple, constituaient la troisième, et puis
3 Veceriska et Mosunj étaient la quatrième région.
4 Tout ça, c’était des parties où les gens vivaient
5 et c’est selon ces parties-là de la ville que ces
6 bataillons étaient répartis.
7 Q. Vous-même êtes devenu membre du 2e bataillon
8 de la brigade, je crois ?
9 R. Oui, pour ainsi dire. La 1ère ou la 2e, peu
10 importe, j’ai été son membre, mais je ne sais pas si
11 c’était vraiment la 1ère ou la 2e. Je crois qu’il
12 s’agissait de la 2e.
13 Q. Votre commandant d’unité à l’époque était
14 Karlo Grabovac ?
15 R. Oui. Au début, c’était Slavko Milicevic et
16 Karlo était son adjoint, Karlo Grabovac, mais par la suite,
17 il y a eu un changement et Karlo est devenu commandant,
18 Karlo Grabovac.
19 Q. Est-ce que vous avez changé d’affectation au
20 sein de la brigade de Vitez ? Avez-vous quitté votre
21 bataillon pour recevoir une affectation dans une unité
22 spéciale ?
23 R. Oui. Ceci s’est produit, mais excusez-moi,
24 je n’ai pas bien compris votre question. Veuillez la
25 répéter.
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1 Q. Au cours de votre séjour au sein de la
2 brigade de Vitez, est-ce que vous avez changé d’unité et
3 avez été muté dans une unité spéciale ?
4 R. Ceci s’est produit. En fait, il y avait ce
5 peloton d’intervention qui était toujours disponible, qui
6 était constitué de 15 à 20 jeunes hommes qui étaient
7 toujours les premiers sur place à Kaonik, Slimena, Travnik,
8 la caserne. C’était ce qu’on appelait le peloton
9 d’intervention.
10 Q. C’était une unité d’avant-garde, si je
11 comprends bien, de choc ?
12 R. Nous n’étions pas des professionnels. Nous
13 étions jeunes, en bonne santé et nous étions prêts à nous
14 battre. C’est tout. Nous n’avions pas reçu un
15 entraînement pour devenir vraiment une véritable unité
16 spéciale.
17 Q. Est-ce que vous vous rappelez du nom de
18 certains des membres de cette unité donc d’intervention à
19 laquelle vous apparteniez ? Est-ce que vous pouvez nous
20 citer deux ou trois noms ?
21 R. Miroslav Bobas, on l’appelait Miro; ensuite,
22 Josip Males; Matkovic et je crois que son prénom était
23 Branko; Stipo Krizanac. Voici, ce sont certains des noms
24 que je connais. Il y a aussi Baresic, lui aussi, et puis
25 je ne sais pas les autres. Ce sont certains individus,
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1 mais j’ai oublié certains à vrai dire.
2 Q. Est-ce que vous connaissiez un individu du
3 surnom de Kico ?
4 R. Oui. Il s’appelait Bonic. Il était jeune.
5 Q. Est-ce qu’il faisait partie de cette unité
6 également ?
7 R. Oui. Pendant une période courte. Il était
8 jeune à ce moment-là et il était avec nous.
9 Q. Pendant la période dont vous nous parlez, la
10 solde que vous receviez comme membre de la brigade vous
11 était payée en devises de Croatie ?
12 R. Oui, en dinars croates. C’est comme ça que
13 nous étions payés.
14 Q. Vous receviez également du ravitaillement qui
15 provenait de Croatie ?
16 R. Oui. Je le sais parce que quand on recevait
17 des uniformes, c’était surtout des dons de la brigade de
18 Karlovac puisqu’un voisin, un de nos voisins était membre
19 de cette brigade de Karlovac. Donc, c’est ainsi que je le
20 sais. Srecko Petrovic et Rajic et ce Zoran, ils allaient à
21 Karlovac et ils apportaient des uniformes, des armes, des
22 choses comme ça, des bottes, des équipements.
23 Q. Le quartier général de la brigade, vous nous
24 aviez indiqué tout à l’heure qu’il était situé au départ
25 dans ce café Konoba à Kruscica. Ce quartier général a donc
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1 été déplacé, il a été installé à l’hôtel Vitez et Mario
2 Cerkez a installé son bureau à l’hôtel Vitez ?
3 R. Oui, et puis plus tard, ils ont été
4 transférés de nouveau au cinéma, au premier étage, mais à
5 ce moment-là, de Konoba, ça a été transféré à l’hôtel
6 Vitez.
7 Q. Puisque vous venez d’en parler – vous avez
8 indiqué que plus tard ce quartier général avait été déplacé
9 – est-ce que cette mutation a eu lieu au moment où le
10 Colonel Blaskic lui-même s’est installé à l’hôtel Vitez ?
11 R. Non. C’était avant.
12 Q. Cerkez est donc parti s’installer au cinéma ?
13 R. En fait, ce Monsieur Mario Cerkez et son
14 commandement étaient à Vitez, à l’hôtel Vitez, mais au
15 moment où le quartier général de l’état-major de la Bosnie
16 centrale a été transféré, à ce moment-là la brigade de
17 Vitez a été déménagée au cinéma, au premier étage. C’est
18 là qu’ils avaient leurs locaux.
19 Je pense qu’il y avait déjà sur place des locaux
20 du Parti HDZ, SDA et certains autres partis. Je ne me
21 souviens pas très exactement lesquels, mais c’est là que se
22 trouvait le quartier général de cette brigade de Vitez.
23 Q. Au cours de l’été 1992, est-ce que vous et
24 les autres membres de votre brigade avez participé à une
25 cérémonie de prestation de serments ?
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1 R. Oui. Nous avons prêté serment au stade de
2 football du club de football de Vitez et je sais qu’avant
3 notre arrivée au stade, notre bataillon s’est rangé devant
4 la maison de Srecko Petrovic, et ensuite, nous sommes allés
5 jusqu’au stade dans une colonne de deux à deux et c’est là
6 que nous avons prêté serment.
7 À mon avis, ceci s’est produit avant l’été. Je ne
8 me souviens pas très exactement mais à mon avis, c’était au
9 mois de mai, juin. Je ne suis pas tout à fait sûr de la
10 date exacte, mais on était environ une centaine, plusieurs
11 centaines et puis nous avons répété le texte du serment.
12 C’est ainsi que nous avons prêté serment.
13 Q. Vous voulez dire qu’un texte vous a été lu et
14 que vous avez répété ensuite, tous les membres qui étaient
15 présents ?
16 R. Oui.
17 Q. Je voudrais vous présenter un document. Il
18 s’agit de la pièce à conviction Z2814. Pouvez-vous
19 examiner ce document et m’indiquer si le texte qui vous a
20 été lu était celui-là ou un texte très proche de celui-là ?
21 Me SAYERS (interprétation) : D’après nos
22 informations, cette pièce à conviction n’a pas été
23 communiquée à nous avant la journée d’aujourd’hui et je
24 souhaite que le Procureur vérifie s’il s’agit là d’un
25 document qui a déjà été communiqué à la Défense ou bien
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1 s’il s’agit d’un tout nouveau document.
2 Me LOPEZ-TERRES : Il est possible qu’il s’agisse
3 d’un nouveau document, mais nous considérons, comme
4 Monsieur Nice l’a indiqué il y a quelques jours déjà, que
5 nous avons toujours la possibilité d’introduire des
6 documents au travers de témoins qui nous paraissent les
7 témoins pertinents pour en parler.
8 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Monsieur
9 Lopez-Terres, c’est un témoin extrêmement important.
10 Comment se fait-il que c’est tout à la fin de la
11 présentation des moyens de preuve du Procureur, au bout de
12 11 mois depuis le début de cette affaire, que c’est
13 seulement maintenant que vous citez à la barre ce témoin ?
14 Me LOPEZ-TERRES : Monsieur le Président, je
15 profite de l’occasion que vous nous donnez pour vous parler
16 un petit peu de toutes les démarches que nous devons
17 entreprendre pendant de nombreux mois pour parvenir à
18 convaincre un témoin de venir déposer. Vous le savez, nous
19 avons eu déjà ce type de difficulté.
20 Nous avons été en mesure de savoir que ce témoin
21 acceptait de venir à La Haye le week-end dernier. Nous
22 avions tenté des démarches de dernière minute puisqu’à un
23 moment donné, du fait du refus qui nous avait été manifesté
24 par ce témoin, nous avions envisagé…
25 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : [Hors
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1 microphone] Excusez-moi, mais vraiment, il faudrait que
2 nous essayons de faire l’interrogatoire aussi vite que
3 possible.
4 En ce qui concerne ce document, il est admissible.
5 Peut-être pendant la pause, vous pouvez réexaminer la
6 déposition et voir comment vous pouvez accélérer la chose
7 afin de laisser suffisamment de temps à la Défense pour
8 procéder au contre-interrogatoire.
9 Poursuivez, s’il vous plaît.
10 Me LOPEZ-TERRES :
11 Q. Ce document, Monsieur le Témoin AS, est-ce
12 que vous pouvez en prendre connaissance rapidement et
13 m’indiquer si le texte correspond au texte qui vous a été
14 lu ou à un texte similaire ?
15 R. Je ne suis pas tout à fait sûr que c’est le
16 texte. Je ne m’en souviens pas, mais c’était quelque chose
17 comme ça. Je dirais que c’est le même texte
18 approximativement mais je ne me souviens pas exactement.
19 Ceci s’est produit il y a longtemps, il y a huit ans.
20 Q. À l’issue de cette cérémonie, vous avez dû
21 rédiger, ou signer en tout cas, un texte similaire à celui-
22 là ?
23 R. Oui.
24 Q. Est-ce que vous pouvez nous indiquer qui
25 étaient les représentants du HVO ou du HDZ qui
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1 participaient à cette cérémonie à Vitez ?
2 R. Eh bien, il y a eu de nombreuses personnes,
3 Karlo Grabovac, Mario Cerkez, Dario Kordic, Ignac
4 Kostroman, Marijan Skopljak, je crois aussi, Pero Skopljak,
5 Ivica Santic et certaines personnes de la Défense
6 territoriale bosniaque, parmi lesquelles je crois, Sefkija
7 Djidic et Munib Kajmovic, je crois. Je ne me souviens
8 plus.
9 Q. Est-ce que l’accusé Dario Kordic a pris la
10 parole à un moment ou à un autre de cette cérémonie ?
11 R. Oui.
12 Q. Est-ce que vous pouvez nous indiquer ce qu’il
13 a dit ou nous donner quelques informations sur le sens de
14 son discours ?
15 R. Monsieur Dario, lorsqu’il a tenu son
16 discours, c’était un discours politique, mais ensuite, une
17 vraie euphorie s’est ensuivie. Moi-même, je croyais chaque
18 mot qu’il a proféré et nous étions contents de voir qu’il
19 s’est adressé à nous. Il disait sans arrêt qu’il fallait
20 défendre l’Herceg-Bosna, défendre le peuple croate et nous
21 étions prêts à le faire.
22 Q. Au cours des mois qui ont suivi, vous avez
23 participé à différentes opérations soit dans des dépôts
24 militaires de la JNA, soit sur certaines positions qui
25 étaient face à l’armée des Serbes. Vous êtes allé en
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1 particulier au dépôt de Slimena, au dépôt de Kaonik, de
2 Draga, à Busovaca ?
3 R. Pas à Draga. Je n’y suis pas allé.
4 Q. À Bugojno, Jajce ?
5 R. Oui, j’y étais et puis à Galica, Vlasic,
6 Turbe.
7 Q. Au cours de toutes ces opérations, la plupart
8 du temps, sinon tout le temps, les membres de l’unité des
9 Vitezovis participaient également ?
10 R. Oui, mais je ne me souviens pas si à ce
11 moment-là, ils s’appelaient Vitezovis ou bien si c’était
12 toujours le HOS, mais ils étaient placés sous le
13 commandement de Monsieur Kraljevic, Darko Kraljevic.
14 Q. Est-ce que vous pouvez nous parler de ce qui
15 s’est passé au dépôt de Kaonik ?
16 R. Un jour, nous avons été appelés à aller à
17 Kaonik afin – comment expliquer ? – afin d’entrer dans ce
18 dépôt et de saisir ce qu’il y avait là-dedans. Tout ce que
19 je sais c’est que c’est Monsieur Kordic qui était à la tête
20 de cette action puisque c’est ce qui nous a été dit. Tout
21 d’abord, il parlait des négociations avec l’ex-JNA afin
22 d’éviter les combats.
23 Excusez-moi, s’il vous plaît, un instant.
24 Q. Je vous en prie. Est-ce que vous souhaitez
25 boire ?
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1 R. Oui. Ce jour-là, nous avons été appelés à
2 aller à Kaonik. C’est là que se trouvait le dépôt de
3 l’ancienne JNA et nous sommes allés, ce peloton
4 d’intervention de mon bataillon ou de toute la brigade, et
5 il y avait les Vitezovis. Nous étions avec eux. Il y
6 avait Krizanac, Monsieur Kraljevic et Niko Krizanac et nous
7 avons reçu l’information que Monsieur Kordic négociait avec
8 la JNA, avec l’ex-JNA, avec un officier de l’ex-JNA afin
9 d’éviter des combats, pour qu’ils se rendent sans combat et
10 effectivement ils se sont rendus sans combat et ensuite,
11 ils ont été amenés et à la fin, ils ont été relâchés. Ils
12 ont été amenés jusqu’à Kiseljak.
13 Me LOPEZ-TERRES : Avant de passer au point
14 suivant, j’indique simplement une petite erreur dans le
15 script. Le témoin a indiqué tout à l’heure que Dario
16 Kordic a fait un discours et dans le transcript, il est
17 indiqué que le témoin a fait un discours.
18 Q. C’est une erreur du transcript, Monsieur le
19 Témoin, ne vous inquiétez pas.
20 Au mois d’octobre 1992, vous avez été invité par
21 Monsieur Pasko Ljubicic à joindre la police militaire du
22 HVO ?
23 R. Oui, c’est exact. J’ai été attaqué et même
24 passé à tabac plusieurs fois par l’armée de Bosnie-
25 Herzégovine ou bien la Défense territoriale, mais lorsque
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1 je suis rentré du front de Jajce pour la dernière fois,
2 j’ai été attaqué, agressé une nouvelle fois et lorsque je
3 suis arrivé devant l’hôtel Vitez – je pense que ceci s’est
4 produit en septembre peut-être – Monsieur Pasko Ljubicic a
5 dit que j’allais devenir membre du 4e bataillon actif et
6 qu’il allait me protéger de l’armée bosniaque, mais il m’a
7 dit que je devais attendre le retour des autres de Neum.
8 Q. Est-ce que vous pouvez nous donner quelques
9 indications simplement sur l’organisation de cette police
10 militaire ? Est-ce qu’il y avait plusieurs types de police
11 militaire à Vitez ?
12 R. Oui. Il y en avait trois, pratiquement
13 quatre. Il y avait la police civile de Herceg-Bosna.
14 Ensuite, il y avait la police militaire de brigade qui
15 était placée sous le commandement de la brigade, en fait de
16 cette brigade, et chaque brigade avait sa police militaire,
17 y compris la brigade de Vitez. Elle aussi, elle était sous
18 le commandement de la brigade. Là je parle de la police
19 militaire de Vitez.
20 Nous aussi, nous étions à l’hôtel et nous étions
21 subordonnés à Pasko Ljubicic à l’hôtel Vitez. Lui, il
22 était le commandant de cette compagnie, le commandant de la
23 compagnie et Monsieur Zvonko Vukovic était le commandant du
24 bataillon, et puis ensuite, il y avait pratiquement la 4e,
25 si on peut l’appeler ainsi. Ça, c’était le SIS, le Service
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1 d’Information et de Sécurité, mais il s’agissait d’un
2 service secret.
3 Q. Cette unité de police militaire appartenant à
4 la brigade de Vitez, de combien d’hommes disposait-elle
5 environ ?
6 R. Peut-être 30, 40. Au moins 30 pour autant
7 que je m’en souvienne.
8 Q. Le commandant de cette unité de police
9 militaire de la brigade était-il commandant de la brigade
10 elle-même ?
11 R. En fait, le commandant de la police militaire
12 était subordonné au commandant de la brigade. Donc, le
13 commandant de la brigade donnait des ordres au commandant
14 de la police militaire, de la brigade.
15 Q. Vous avez participé à la mi-octobre 1992 à
16 d’autres actions à Novi Travnik avec d’autres soldats de la
17 brigade de Vitez et des Vitezovis ?
18 R. Oui.
19 Q. Vous avez à cette occasion vu que la partie
20 musulmane de la ville avait été bombardée ?
21 R. Oui.
22 Q. Aux environs du 20 octobre 1992, vers 4 h 00
23 du matin, vous avez été appelé avec d’autres membres du
24 second bataillon de la brigade de Vitez devant le quartier
25 général de cette unité à Rijeka ?
Page 16343
1 R. Oui.
2 Q. À ce moment-là, le commandant de ce
3 bataillon, Karlo Grabovac, vous a demandé de rester au
4 quartier général, de vous occuper de la radio et de
5 recevoir ou transmettre tous les messages qui vous
6 parvenaient ?
7 R. Je n’étais pas seul sur place. J’étais là-
8 bas, mais il m’a dit de ne pas aller à Ahmici avec les
9 autres mais de rester au commandement et le peloton
10 d’intervention est parti pour Ahmici puisque c’est là qu’a
11 commencé, enfin ont commencé des tirs, en fait la guerre
12 pour ainsi dire.
13 Q. Est-ce qu’avant que le peloton ne parte,
14 Karlo Grabovac a indiqué ce qui se passait et pour quelle
15 raison le peloton devait partir ?
16 R. Eh bien, il a été dit seulement que ça venait
17 de commencer et que sur Ahmici, ils ont été arrêtés et ils
18 ont dit : « Nous allons partir sur Ahmici. »
19 Q. Vous étiez donc en charge du poste de radio.
20 Est-ce que vous avez entendu l’accusé Mario Cerkez parler
21 sur cette radio ?
22 R. Je ne m’en souviens pas, mais plus tard, je
23 suis allé à l’hôtel et c’est là que j’ai pu parler à
24 Monsieur Cerkez parce que c’était plus tard, quelques
25 heures plus tard. C’est parce que Monsieur Grabovac est
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1 venu et il a dit que moi-même et Zoran Rajic, nous devions
2 nous rendre à l’hôtel, l’hôtel Vitez, pour demander à
3 Monsieur Mario de nous donner des munitions et c’est comme
4 ça que nous sommes arrivés devant la municipalité de Vitez.
5 Nous avons traversé en courant parce que ça venait
6 de commencer depuis Stari Vitez, des coups de feu, et donc
7 quand je suis rentré dans le bureau, Monsieur Mario Cerkez
8 était là-bas, Mimo aussi – je ne connais pas son nom,
9 prénom enfin c’était son surnom, c’est comme ça qu’on
10 l’appelait – et Vlado Cerkez. Il était lui aussi, comme
11 Mimo, chargé du dépôt de munitions, donc employé de la
12 logistique.
13 Quand nous sommes entrés, Monsieur Cerkez nous a
14 demandé de quoi nous avions besoin, et alors, nous avons
15 dit que nous avions besoin de munitions. Alors, je devais
16 dire à Monsieur Grabovac, comment dire, comment expliquer
17 cela ? Soit : « Expulsez-les », soit : « Tuez-les »,
18 enfin : « Peu nous importe », quelque chose dans ce sens.
19 Enfin, c’était des paroles qui allaient dans ce sens-là.
20 On peut exprimer le même sens de différentes manières.
21 C’était dans la matinée, le matin à 5 h 00, 5, 6 h 00.
22 Q. Avant cette rencontre avec l’accusé Mario
23 Cerkez dans son bureau, est-ce que vous avez entendu Mario
24 Cerkez donner des instructions ou des ordres à la radio
25 puisque vous étiez…
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1 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Non. Le
2 témoin a déjà dit concernant Mario Cerkez qu’il ne se
3 souvenait pas d’avoir entendu quoi que ce soit à la radio.
4 Il ne faut pas poser de questions directrices.
5 Ce serait peut-être un moment opportun de faire la
6 pause. Nous allons suspendre pour une heure et demie.
7 Témoin AS, nous allons faire une pause d’une heure
8 et demie. Donc, je vous demanderais de revenir à 14 h 05
9 pour continuer à déposer. Ne vous adressez à personne,
10 s’il vous plaît, au sujet de votre déposition avant d’avoir
11 terminé votre comparution ici. Revenez donc à 14 h 05,
12 s’il vous plaît.
13 --- Suspension de l’audience à 12 h 37
14 --- Reprise de l’audience à 14 h 10
15 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Allez-y,
16 Monsieur Lopez-Terres.
17 Me LOPEZ-TERRES :
18 Q. Monsieur le Témoin AS, avant que nous ne
19 poursuivions, je voudrais une clarification par rapport à
20 ce qui apparaît sur le transcript. Lorsque vous êtes allé
21 demander des munitions pour le compte de Karlo Grabovac,
22 vous nous avez dit avoir rencontré Mario Cerkez et un nommé
23 Vlado Cerkez qui s’occupait de la logistique. Vous vous
24 rappelez de cela ?
25 R. Oui.
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1 Q. Vous avez indiqué ensuite que Cerkez a
2 déclaré quelque chose comme : « Dites à Grabovac de les
3 expulser ou de les tuer. Je n’en ai rien à faire. » De
4 quel Cerkez s’agissait-il ? Quel est le Cerkez qui a tenu
5 ces propos ? Est-ce Mario ou Vlado Cerkez ?
6 R. C’était Monsieur Mario Cerkez, mais je dois
7 dire aussi de nouveau que c’était dans ce sens-là. Ce
8 n’était pas les mots exacts.
9 Q. Quand Mario Cerkez a indiqué cela : « Dites-
10 lui de les tuer ou de les expulser », à qui pensait-il ?
11 Qui étaient ces personnes qu’il fallait expulser et qu’il
12 fallait peut-être tuer ?
13 R. Peut-être l’armée de Bosnie-Herzégovine le
14 plus vraisemblablement qui se trouvait dans Ahmici et qui
15 combattait. Je ne peux pas dire que c’était contre les
16 civils. Je ne peux pas dire ça.
17 Q. Est-ce qu’au cours de cet entretien, vous
18 avez le souvenir ou non que Mario Cerkez ait utilisé un
19 terme péjoratif vis-à-vis des musulmans de Bosnie ?
20 R. La plupart, c’était quand il disait
21 « balija » comme tout le monde.
22 Q. Vous avez entendu Cerkez utiliser ce mot ce
23 jour-là lorsque vous êtes allé à son bureau ?
24 R. Oui. Je crois que je l’ai entendu.
25 Q. Combien de camions de munitions finalement
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1 avez-vous pu ramener à Karlo Grabovac ce jour-là ?
2 R. Il y avait deux camions. En fait, comment
3 dire, une camionnette et un camion.
4 Q. De quel type de munitions s’agissait-il ?
5 R. C’était ce qu’on appelait les balles
6 traçantes et les balles inflammables. C’était ça et c’est
7 ce que j’ai remis à Monsieur Karlo. En fait, on a emmené
8 cela jusqu’à l’usine, jusqu’à Impregnacija. C’est du côté
9 de Dubravica, sur la route qui mène à Busovaca.
10 Me LOPEZ-TERRES : Monsieur le Président, dans la
11 mesure où, semble-t-il, il n’y a pas d’objection pour les
12 parties suivantes de la part de la Défense, est-ce que vous
13 me permettez de demander au témoin de répondre simplement
14 par oui ou par non sur les paragraphes suivants ?
15 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : De quels
16 paragraphes s’agit-il, Monsieur Lopez-Terres ?
17 Me LOPEZ-TERRES : À partir du paragraphe 37
18 jusque…
19 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Apparemment,
20 il n’y a pas d’objection à ce sujet. S’il n’y a pas
21 d’objection à ces éléments de preuve, d’après ce que j’ai
22 compris, c’est jusqu’à 79 que cela continue. Rappelez-moi
23 si j’ai fait une erreur.
24 Me LOPEZ-TERRES : C’est bien ça, Monsieur le
25 Président.
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1 Me KOVACIC (interprétation) : Je suis tout à fait
2 d’accord, Monsieur le Président, mais pour éviter de
3 gaspiller du temps au niveau du contre-interrogatoire, le
4 paragraphe 50 est un paragraphe où apparaissent quelques
5 noms. On voudrait confirmation du moment, de l’heure.
6 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui, très bien
7 ! Cela peut être fait.
8 Oui, Monsieur Lopez-Terres, faites le plus
9 rapidement possible jusqu’à 79.
10 Me LOPEZ-TERRES :
11 Q. Vous avez compris, Monsieur le Témoin ? Je
12 vous indique une information et vous répondez par oui ou
13 par non simplement et nous passons à la suivante.
14 Vous avez remarqué en vous rendant avec ces deux
15 camions à Dubravica qu’il y avait des résidents musulmans
16 du village de Novaci qui avaient été arrêtés par les
17 Vitezovis et qu’ils étaient conduits à l’école de Dubravica
18 ?
19 R. Oui.
20 Q. À l’époque dont nous parlons, c’est-à-dire
21 toujours aux environs du 20 octobre 1992, vous avez
22 participé à l’attaque du bâtiment qui servait de hangar
23 logistique pour l’armée de Bosnie, le bâtiment jaune comme
24 on disait à Vitez, et cette attaque a été menée par votre
25 unité, le 4e bataillon de police militaire, et également
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1 par des membres de la brigade de Vitez, en tout cas des
2 membres de l’unité de police militaire de la brigade ?
3 R. Oui.
4 Q. Pendant le temps que vous avez passé au sein
5 du HVO, vous avez remarqué que l’approvisionnement, les
6 uniformes, les munitions, la nourriture, les véhicules, le
7 carburant qui étaient fournis au HVO en Bosnie centrale
8 venaient de Croatie et qu’ils étaient transportés par
9 camions ou parfois même par hélicoptères ?
10 R. Oui.
11 Q. Vous-même avez personnellement escorté des
12 camions entre Grude en Herzégovine jusqu’à Vitez environ
13 une dizaine de fois ?
14 R. Environ. Je ne me souviens pas tout à fait.
15 Oui, on peut dire cela.
16 Q. Pendant que vous étiez membre du 4e bataillon
17 de police militaire, à plusieurs reprises, votre commandant
18 d’unité Pasko Ljubicic vous a demandé de voler des
19 véhicules à l’occasion de contrôles sur la route. Ces
20 véhicules étaient ensuite stockés dans un garage de Nova
21 Bila où ils étaient repeints et ensuite, on leur attribuait
22 des plaques d’immatriculation du HVO : Est-ce bien exact ?
23 R. Oui, parfois.
24 Q. À la fin de l’année 1992, il y a eu de
25 nombreux commerces, de nombreuses propriétés appartenant à
Page 16350
1 des musulmans à Vitez, qui ont été détruites par des
2 Croates de Vitez. Il y a eu plusieurs commerces, le
3 magasin Borovo, un restaurant qui appartenait à Monsieur
4 Odzic (ph.), le Café 9 qui appartenait à Monsieur Galib
5 Mujicic. Vous vous rappelez de cela ?
6 R. Oui.
7 Q. Vous avez indiqué que certains de ces
8 attentats ou de ces destructions étaient le fait
9 d’individus particuliers, mais vous avez également que
10 certaines de ces destructions ont été le fait de membres de
11 la police militaire de la brigade de Vitez ? Ce fut le cas
12 notamment pour le café de Monsieur Galib Mujicic.
13 R. Oui.
14 Q. À votre connaissance, aucun Croate de Vitez
15 n’a été arrêté pour avoir commis ces attentats ou ces
16 destructions ?
17 R. Pour autant que je le sache, non.
18 Q. Pendant la période où vous montiez des gardes
19 devant l’hôtel Vitez en tant que membre de la police
20 militaire, vous avez vu régulièrement des officiers de
21 l’armée de la République de Croatie qui venaient au
22 quartier général à l’hôtel Vitez ou qui se déplaçaient sur
23 le terrain autour de Vitez. Ces personnes étaient
24 reconnaissables par leurs uniformes d’abord et par
25 l’immatriculation des véhicules qu’ils utilisaient ?
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1 R. Oui, mais ils venaient parfois, pas tous les
2 jours, pas réellement fréquemment, mais ils venaient.
3 Q. Vous vous rappelez en particulier de l’un
4 d’entre eux puisque vous l’avez escorté en décembre 1992 ou
5 en janvier 1993 dans les régions de Usora, Zepce. Il
6 s’agissait d’un Colonel de la 4e brigade de Split qui
7 s’appelait Vidosevic ?
8 R. Oui.
9 Q. Vous savez que plusieurs officiers de l’armée
10 de la République de Croatie avaient été transférés dans le
11 HVO ?
12 R. Oui.
13 Q. Est-ce que vous pouvez vous rappeler du nom
14 de certains des officiers de haut rang qui sont venus à
15 Vitez pendant le temps où vous gardiez l’hôtel Vitez ?
16 R. Oui. C’était des Généraux, Milivoj Petkovic,
17 je pense, le Général Slobodan Praljak qui est venu cinq ou
18 six fois, je ne peux pas le dire exactement, puis le
19 Général Ante Roso, Ante Prkacin. C’était les individus qui
20 venaient.
21 Q. Lorsque ces personnes se rendaient à l’hôtel
22 Vitez, est-ce qu’habituellement l’accusé Dario Kordic
23 participait à ces réunions ?
24 R. Oui. Pour la plupart du temps, oui.
25 Q. Puisque vous travailliez à l’hôtel Vitez,
Page 16352
1 vous avez constaté que dans le même bâtiment, il y avait
2 les responsables de Télé Vitez, les journalistes, les
3 cameramans et que le contrôle de cette télévision était le
4 fait des officiers de propagande du quartier général de
5 Bosnie centrale ?
6 R. Oui, mais la télévision, elle, n’était pas à
7 l’hôtel mais au cinéma. On appelait cela IPD. Cette
8 activité d’informations politiques se trouvait à l’hôtel
9 Vitez.
10 Q. À votre connaissance, par ce que vous avez
11 vu, les scripts ou les informations qui devaient être
12 diffusées à la radio ou à la télévision étaient préparés
13 par l’unité de propagande et d’informations ?
14 R. Oui. Pour la plupart, oui.
15 Q. À votre connaissance également, Monsieur le
16 Témoin AS, la sœur de l’accusé Dario Kordic était une
17 journaliste ?
18 R. Oui, oui. Elle était présentatrice à la
19 radio, à la radio Busovaca, car je me rappelle quand
20 j’étais à Busovaca, on l’entendait. Je ne la connais pas
21 directement personnellement mais je sais que c’était elle
22 parce que tout le monde le disait.
23 Q. La présentation de ces bulletins
24 d’informations était-elle particulière ou s’agissait-il de
25 bulletins orientés ?
Page 16353
1 R. Eh bien, c’était toujours sur ce qui se
2 passait. On se défendait. Il est difficile de se rappeler
3 tout ça, mais essentiellement, il s’agissait de la
4 politique, des combats.
5 Q. S’agissait-il d’une journaliste neutre et
6 objective ou d’une journaliste engagée ?
7 R. Eh bien, chacun était soit d’un côté, soit de
8 l’autre. Certains journalistes travaillaient pour le HVO,
9 d’autres peut-être pour l’armée de Bosnie-Herzégovine ou
10 pour l’armée serbe, mais à Busovaca, c’était du côté du
11 HVO.
12 Q. En janvier 1993, Monsieur le Témoin AS, vous
13 avez participé à des opérations de nettoyage ethnique dans
14 la région de Busovaca et dans les villages environnants
15 comme Brdo, Kovacevac, Strane, Rovna ?
16 R. Oui. Pardon, et Gavrine Kuce aussi et à
17 Merdani, Putis, j’étais, car je croyais en cela, pourquoi
18 je combattais. C’est pour ça que je le faisais.
19 Q. Ces opérations ont été menées par plusieurs
20 unités. Il y avait la police militaire à laquelle vous
21 apparteniez, il y avait également des membres de la brigade
22 de Vitez, l’unité de police militaire de la brigade, il y
23 avait des membres de la brigade Ludvig Pavlovic de
24 Herzégovine ainsi que les Vitezovis ?
25 R. Oui.
Page 16354
1 Q. Avant que cette campagne ne soit lancée, il y
2 a eu de nombreux préparatifs de type logistique et vous
3 vous rappelez que de nombreux camions qui transportaient de
4 l’armement et des munitions en provenance du dépôt de
5 Tornica, dans la municipalité de Novi Travnik, ont été
6 envoyés à Busovaca ?
7 R. Pardon ? Excusez-moi, je n’ai pas compris.
8 Q. Est-ce que vous vous souvenez qu’avant que
9 cette opération ne soit lancée, une grande quantité de
10 munitions et d’armements a été envoyée par camions à
11 Busovaca, cet armement et ces munitions provenant d’un
12 dépôt situé dans la municipalité de Novi Travnik ?
13 R. Oui.
14 Q. Le jour avant que cette campagne ne soit
15 déclenchée, vous-même et d’autres membres de la police
16 militaire avez été réunis par votre commandant d’unité,
17 Pasko Ljubicic, et celui-ci vous a dit : « Ça a commencé à
18 Busovaca. Nos gars à Busovaca sont déjà là, mais nous
19 avons besoin de plus de gens. » ?
20 R. Oui.
21 Q. Vous-même et les membres de votre unité, vous
22 vous êtes rendus au dépôt de Kaonik et lorsque vous vous
23 êtes déplacé jusqu’à Busovaca, vous avez constaté sur la
24 route que plusieurs maisons étaient en flammes, notamment
25 dans la région de Rovna ?
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1 R. Oui. Non, pas à Rovna. Rovna et Kovacevac.
2 Q. Pendant le temps que vous avez passé à
3 Busovaca, c’est-à-dire environ deux semaines, vous avez
4 constaté que les véhicules qui appartenaient à des
5 musulmans étaient emmenés, que les commerces musulmans, que
6 les cafés étaient détruits. Vous avez également reçu une
7 permission expresse de votre commandant d’unité Pasko
8 Ljubicic de procéder à des opérations de pillage dans la
9 ville ?
10 R. Oui, oui. C’était sans problème. On pouvait
11 prendre un véhicule, une moto, ce qu’on voulait. Par
12 exemple, dans une maison, on prenait des choses dont on
13 avait besoin au Bungalow, des frigidaires, télés, ce dont
14 on avait besoin, billards, par exemple.
15 Q. Tous ces biens appartenaient exclusivement à
16 des musulmans de Busovaca ?
17 R. Oui.
18 Q. Vous avez remarqué, toujours pendant ce même
19 séjour, que de nombreux musulmans étaient arrêtés, conduits
20 au commissariat de police de Busovaca, ensuite transférés
21 et détenus à Kaonik, qui était devenu un camp de
22 prisonniers ?
23 R. Oui.
24 Q. Vous avez vu, puisque vous séjourniez dans ce
25 camp, qu’il y avait des prisonniers dans quatre ou cinq
Page 16356
1 hangars et que le commandant du camp mettait sur des listes
2 le nom de ces prisonniers. Le commandant du camp
3 s’appelait Aleksovski mais certaines personnes l’appelaient
4 aussi Angelovski et il disposait pour cela d’un
5 ordinateur : C’est exact ?
6 R. Oui, oui, c’est exact.
7 Q. Vous avez remarqué, toujours dans ce camp,
8 que les détenus étaient maltraités, battus, ridiculisés,
9 que l’on se moquait d’eux ?
10 R. Oui, c’est exact.
11 Q. De nombreux prisonniers du camp de Kaonik ont
12 été également forcés de creuser des tranchées dans la
13 région ?
14 R. Oui, tous les jours.
15 Q. Vous avez pu voir comment fonctionnait le
16 système pour l’envoi de ces prisonniers à creuser des
17 tranchées, à savoir qu’il y avait une réquisition qui était
18 faite par le commandant local où les tranchées devaient
19 être creusées, cette réquisition était envoyée ensuite au
20 commandant de brigade et ensuite, le commandant de brigade
21 transmettait la demande de prisonniers au chef du SIS,
22 lequel chef du SIS la transmettait à son tour au commandant
23 du camp de Kaonik ?
24 R. Oui. Dans ce sens-là, oui.
25 Q. Il y avait des camions pour transporter
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1 parfois les prisonniers sur le lieu où ils devaient creuser
2 des tranchées, mais la plupart du temps, les prisonniers
3 devaient se rendre à pied sur le lieu de leur travail forcé
4 ?
5 R. Oui. Pour la plupart du temps, oui.
6 Q. Vous avez pu constater que certains de ces
7 prisonniers devaient creuser des tranchées à proximité ou
8 sur les lignes de front ?
9 R. Oui, la plupart.
10 Q. Notamment dans la région de Strane et de
11 Merdani ?
12 R. Oui.
13 Q. Vous avez vu ces prisonniers creuser des
14 tranchées le jour, la nuit sur des distances très longues
15 du côté de Strane, Merdani et Putis ?
16 R. Oui parce que j’étais là. J’ai vu.
17 Q. Certains prisonniers ont été utilisés parfois
18 comme des boucliers humains ?
19 R. Oui. Ça, je l’ai entendu mais je l’ai vu
20 aussi.
21 Q. Pendant votre séjour à Busovaca, toujours en
22 janvier 1993, vous vous êtes rendu à plusieurs reprises à
23 Tisovac, et à une occasion, vous vous êtes rendu dans le
24 bureau de Dario Kordic ?
25 R. Excusez-moi. Pouvez-vous répéter cette
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1 question ?
2 Q. Pendant le temps où vous êtes resté à
3 Busovaca, vous vous êtes rendu à plusieurs reprises à ce
4 qui s’appelait l’hôtel Tisovac, mais vous n’êtes rentré
5 qu’une seule fois dans le bureau de Dario Kordic ?
6 R. Je ne pense pas qu’il y a une confusion, mais
7 c’était peut-être avant le conflit de Busovaca, pas pendant
8 le conflit de Busovaca.
9 Q. Combien de temps avant le conflit vous êtes-
10 vous rendu à Tisovac à peu près ?
11 R. Deux ou trois fois, mais pas en passant.
12 [L’interprète n’a pas compris.] Et une fois, j’ai été dans
13 le bureau de Monsieur Kordic.
14 Q. Combien de temps avant le mois de janvier
15 est-ce que vous vous êtes rendu à Tisovac ?
16 R. C’était ça, deux ou trois fois tout au plus.
17 Q. Lorsque vous êtes entré dans le bureau de
18 Kordic, vous avez constaté qu’il y avait dans ce bureau une
19 grande table avec beaucoup de cartes et trois appareils
20 téléphoniques : C’est exact ?
21 R. J’ai dit trois. Il y en avait peut-être deux
22 ou trois. J’ai dit trois. C’est peut-être une erreur, mon
23 erreur.
24 Q. Il y en avait plusieurs ?
25 R. Trois, disons trois.
Page 16359
1 Q. L’hôtel Tisovac se trouvait dans un lieu qui
2 était très protégé, à proximité d’une colline et il était…
3 R. Oui.
4 Q. C’était un lieu dans lequel il y avait un
5 grand nombre de pièces et d’armes qui étaient placées pour
6 protéger le lieu ?
7 R. Oui.
8 Q. Le jour où vous êtes entré dans le bureau de
9 Dario Kordic, votre supérieur Pasko Ljubicic était
10 également présent. Vous avez constaté que apparemment
11 Pasko et Dario Kordic avaient de bonnes relations et Kordic
12 a donné à Ljubicic deux enveloppes, l’une étant destinée à
13 Bruno Stojic et l’autre à Pero Gruic qui était le chef du
14 service logistique de la Communauté croate de Herceg-Bosna
15 à Grude ?
16 R. Monsieur Pero Gruic, quant à savoir s’il
17 était le chef ou non, je ne le sais pas, mais c’est vrai
18 qu’il y avait deux lettres.
19 Q. Il était l’un des responsables de la
20 logistique à Grude, peut-être pas le chef mais l’un des
21 responsables ?
22 R. Oui.
23 Q. Dario Kordic vous a demandé de remettre ces
24 deux enveloppes en mains propres aux deux destinataires à
25 Grude et de revenir ensuite avec des camions et la
Page 16360
1 logistique nécessaire ?
2 R. Oui.
3 Q. Vous vous êtes rendu à Grude, vous avez donc
4 remis ces deux lettres et ensuite, effectivement vous êtes
5 revenu avec quatre camions transportant du matériel ?
6 R. Oui, et nous sommes arrivés devant l’hôtel
7 Vitez. Plus tard, ces camions sont repartis pour… comment
8 ça s’appelle ? C’est une usine près de Novi Travnik où il
9 y avait des dépôts et plus tard, où est-ce que c’est parti,
10 je ne sais pas.
11 Q. Est-ce que vous avez pu déterminer la nature
12 du matériel que vous avez ramené de Grude ?
13 R. C’était de l’équipement militaire. De
14 l’équipement militaire. Nous, on ne regardait pas vraiment
15 ce qui était dedans mais c’était de l’équipement militaire
16 puisque nous avons reçu l’ordre de ne pas perdre ce
17 chargement et nous avons réussi à l’amener.
18 Q. Pendant la période où vous avez été de garde
19 à l’hôtel Vitez comme membre de la police militaire, est-ce
20 que vous avez remarqué si oui ou non l’accusé Dario Kordic
21 se rendait au quartier général de la Bosnie centrale ?
22 R. Oui, très souvent.
23 Q. Quelle était la tenue qu’il portait lorsqu’il
24 venait au quartier général ?
25 R. Bien, pour la plupart du temps, il était en
Page 16361
1 uniforme. Parfois, il était en vêtements civils, en
2 complet, mais la plupart du temps en uniforme.
3 Q. Lorsqu’il portait l’uniforme, est-ce qu’il
4 avait des insignes de grade ou de rang qui apparaissaient ?
5 R. Eh bien, Monsieur Dario Kordic avait le grade
6 de Colonel à l’époque.
7 Q. Comment est-ce que Dario Kordic se déplaçait
8 entre Busovaca et Vitez ?
9 R. Monsieur Kordic avait ses hommes qui étaient
10 chargés de la sécurité et ils venaient la plupart du temps
11 en véhicules. C’était des automobiles neuves et de très
12 bonne qualité. D’où ils venaient, je ne sais pas. Il y
13 avait dans l’escorte toujours une ou deux voitures en plus
14 de celle de Monsieur Kordic.
15 Q. Vous nous parlez d’hommes qui étaient chargés
16 de sa sécurité. Ces hommes appartenaient-ils à la police
17 militaire ou à une unité spéciale du HVO ?
18 R. Eh bien, ça, comment dire, je sais, je suis
19 sûr qu’ils avaient des insignes de la police militaire,
20 mais quant à savoir s’ils étaient des salariés de la
21 police, je ne sais pas mais ils portaient les badges de la
22 police militaire.
23 Q. Vous ne savez pas qui était leur supérieur ?
24 R. Non.
25 Q. À votre connaissance, rendaient-ils des
Page 16362
1 comptes uniquement à Dario Kordic ou à d’autres personnes ?
2 R. Je crois qu’ils étaient sous les ordres de
3 Monsieur Kordic car ils étaient toujours avec lui.
4 Q. Est-ce que ces gardes du corps avaient une
5 réputation ou un surnom ?
6 R. Non, non, mais entre nous, je dois dire, ce
7 n’était pas parmi les officiers, mais les soldats, les
8 simples soldats, les policiers, ils avaient toujours de
9 bonnes armes, beaucoup d’argent, de bons uniformes. Alors,
10 on leur a donné un surnom, des surnoms injurieux comme
11 Vautours parce qu’ils étaient toujours là où c’était le
12 mieux.
13 Q. Par votre observation puisque vous étiez
14 souvent à l’hôtel Vitez, qu’avez-vous constaté dans le
15 comportement du Colonel Blaskic ou des membres du quartier
16 général lorsque Kordic arrivait dans ce quartier général ?
17 Quel était le comportement des personnes qui s’y trouvaient
18 ?
19 R. Comment dire ? Comme si, d’une certaine
20 façon, ils avaient peur. Je ne sais pas si c’était vrai ou
21 non mais c’est un peu comme s’il y avait un peu de panique
22 lorsque Monsieur Kordic devait arriver à l’hôtel.
23 Q. Est-ce que vous avez eu l’occasion d’assister
24 à des disputes ou à des discussions animées entre le
25 Colonel Blaskic et Dario Kordic ?
Page 16363
1 R. Une fois peut-être, mais pour la plupart,
2 c’était dans le bureau, quand ils se trouvaient dans le
3 bureau. Ils se parlaient parfois dans le hall mais c’était
4 rare car cela ne nous intéressait pas, ne nous concernait
5 pas. Une fois, j’ai entendu qu’il y a eu quelques petits
6 problèmes.
7 Q. Est-ce que vous pouvez nous parler de cela ?
8 Habituellement, le Colonel Blaskic descendait accueillir
9 Kordic lorsqu’il arrivait à l’hôtel Vitez ?
10 R. Oui, oui, oui. Généralement, oui. Il
11 sortait du bureau et il venait dire bonjour à Monsieur
12 Kordic et une fois, ce qui est arrivé c’est que Monsieur
13 Kordic était un peu en colère, il s’est mis en colère
14 contre Monsieur Blaskic.
15 Q. Est-ce que vous avez pu entendre les raisons
16 pour lesquelles Kordic était en colère ce jour-là contre
17 Blaskic ?
18 R. Eh bien, c’était au sujet du convoi, convoi
19 de l’armée bosniaque qu’on a laissé passer à travers Vitez.
20 Eh bien, Monsieur Kordic, comme je le dis, ce n’est pas ses
21 termes exacts mais c’était un peu dans ce sens-là, il a
22 dit : « Comment oses-tu laisser passer cela à travers
23 Vitez, les balijas ? Comment oses-tu les laisser passer
24 par Vitez ? »
25 Q. Cette expression de « balijas », vous l’aviez
Page 16364
1 déjà entendue prononcée par l’accusé Kordic dans d’autres
2 circonstances ?
3 R. Non, je ne m’en souviens pas.
4 Q. Est-ce que vous avez assisté parfois…
5 R. Excusez-moi juste…
6 Q. Je vous en prie.
7 R. Eh bien, généralement, tous, les policiers,
8 les soldats, le peuple, tous disaient les balijas, des
9 Turcs. Tout le monde utilisait cela car… [L’interprète
10 n’a pas compris.]
11 Q. Est-ce que vous avez eu l’occasion lorsque
12 vous étiez dans la région de Vitez ou à Busovaca de voir
13 l’accusé Dario Kordic apparaître à la télévision ?
14 R. Non, je ne m’en souviens pas. Je n’arrive
15 pas à m’en souvenir. Excusez-moi.
16 Q. Lorsque Dario Kordic se rendait à l’hôtel
17 Vitez et qu’il rencontrait le Colonel Blaskic, est-ce que
18 les deux hommes se tutoyaient ou se vouvoyaient ?
19 R. Oui, ils se tutoyaient.
20 Q. Lorsqu’il y avait des réunions qui étaient
21 organisées à l’hôtel Vitez, notamment avec les
22 représentants de l’armée de Bosnie, ces réunions
23 débutaient-elles en l’absence de Dario Kordic ou attendait-
24 on que Kordic arrive à l’hôtel Vitez ?
25 R. Pour la plupart des fois, on attendait
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1 l’arrivée de Dario Kordic à l’hôtel. Parfois, on attendait
2 pendant une heure ou deux heures et nous devions attendre,
3 je crois, parce que les gens attendaient.
4 Q. Est-ce que vous avez constaté que Dario
5 Kordic participait à des réunions auxquelles n’assistaient
6 que des membres du quartier général de Bosnie centrale ?
7 R. Oui, parfois.
8 Q. Dario Kordic était-il toujours attendu à
9 l’hôtel Vitez ou est-ce qu’il arrivait parfois à
10 l’improviste ?
11 R. En ce moment, je ne peux pas vous répondre à
12 cette question avec exactitude, mais parfois il venait et
13 il était attendu et parfois il n’était pas attendu, mais
14 d’habitude, nous ne savions même pas quand il venait. Tout
15 simplement, il se présentait à la porte et on le voyait sur
16 l’escalier.
17 Q. Est-ce qu’il est arrivé parfois que l’accusé
18 Dario Kordic arrive à l’hôtel Vitez en pleine nuit ?
19 R. Oui, mais seulement plusieurs fois mais je ne
20 me souviens pas quand.
21 Q. Qui a-t-il rencontré ces nuits-là ?
22 R. Monsieur Blaskic, le Colonel Blaskic.
23 Q. Vous connaissez Monsieur Franjo Nakic ?
24 R. Oui. Il était l’adjoint du commandant chargé
25 de la Bosnie centrale, c’est-à-dire du Colonel Blaskic.
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1 Q. À votre connaissance, cet adjoint du Colonel
2 Blaskic, Monsieur Nakic, s’est-il rendu à Tisovac dans
3 certaines circonstances lorsque Blaskic lui-même était
4 absent de la région ?
5 R. Oui, parfois.
6 Q. Une autre question, Monsieur le Témoin AS.
7 De façon générale, comment les Croates de Bosnie centrale
8 se comportaient-ils vis-à-vis de Dario Kordic lorsque
9 celui-ci apparaissait en public ou prenait la parole ?
10 R. L’euphorie, simplement l’euphorie. Tout le
11 monde l’aimait, tout le monde le respectait, le croyait,
12 tout comme moi. Il disait qu’il deviendrait un saint un
13 jour.
14 Q. Pendant la période où vous étiez encore à
15 Busovaca, vous avez été nommé comme membre de l’unité
16 spéciale de police militaire qui était appelée l’unité
17 antiterroriste ATP ?
18 R. Oui.
19 Q. C’est le nommé Anto Furundzija qui est devenu
20 le chef de cette unité qui a reçu le nom de Jokers et qui
21 s’est installé au Bungalow de Nadioci ?
22 R. Pas à la tête. Nous l’avons élu comme chef.
23 Q. Vous avez passé à peu près 20 jours dans
24 cette unité et vous vous rappelez que le nommé Darko
25 Kraljevic venait assez régulièrement au Bungalow ?
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1 R. Darko Kraljevic ?
2 Q. Est-ce qu’il venait régulièrement au Bungalow
3 vous rendre visite ?
4 R. Pas régulièrement mais il venait de temps en
5 temps.
6 Q. Vous n’avez jamais vu Monsieur Kordic ou
7 Monsieur Blaskic venir au Bungalow ?
8 R. Non.
9 Q. Est-il exact que vous avez constaté que
10 lorsque Blaskic ou Kordic passait sur la route, il vous
11 faisait un signe amical de la main ?
12 R. Oui. Parfois, ils faisaient un signe de la
13 main, pas seulement à nous mais tout le monde.
14 Q. En début de l’année 1993, vous avez perdu
15 votre arme après avoir été attaqué dans un café par un
16 musulman et le 12 mars 1993, vous avez été puni pour la
17 perte de cette arme et condamné à une punition de sept
18 jours, punition que vous avez exécutée à Kaonik ?
19 R. Oui.
20 Q. Je voudrais vous présenter un document.
21 C’est la pièce Z537 qui fait référence à cette punition.
22 Je vous demande simplement de m’indiquer si elle vous
23 concerne bien. C’est un document en date du 12 mars 1993.
24 R. Oui, c’est ça.
25 Q. Lorsque vous avez été détenu à Kaonik pour
Page 16368
1 ces motifs, vous avez été placé en cellules avec trois
2 autres personnes et l’une de ces trois personnes était le
3 nommé Miroslav Bralo, surnommé Cicko, qui à l’époque était
4 détenu pour le meurtre de Esad Salkic, meurtre qui avait eu
5 lieu au début du mois de février 1993 ?
6 R. Oui.
7 Q. Vous aviez, avec d’autres membres de votre
8 unité, participé à la tentative d’arrestation du nommé
9 Bralo mais celle-ci avait échoué, et d’après ce que vous
10 avez entendu dire à l’époque, c’est Mario Cerkez lui-même
11 qui avait dû se rendre à Nadioci et procéder à cette
12 interpellation ?
13 R. C’est ce que j’ai entendu dire mais je ne
14 l’ai pas vu.
15 Q. Pendant la période où vous étiez en détention
16 avec ce nommé Bralo, celui-ci s’est plaint à plusieurs
17 reprises et a fait part de sa colère à l’encontre de Cerkez
18 et des autres membres du quartier général de Vitez parce
19 qu’il était détenu injustement, semble-t-il ?
20 R. Oui, c’est exact. Il se plaignait de
21 Monsieur Mario Cerkez et Pasko Ljubicic. Il était très en
22 colère. On lui avait dit qu’il allait être simplement là
23 pendant deux, trois jours, très peu de temps, avant que la
24 situation ne se calme. Cependant, il n’a pas été relâché
25 et c’est pour ça qu’il était en colère.
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1 Q. Cette promesse d’être libéré rapidement, par
2 qui lui avait-elle été faite, par Ljubicic ou par Cerkez,
3 d’après ce qu’il vous a dit ?
4 R. Il m’a dit que les deux lui ont dit ça et
5 c’est pour ça qu’il a été en colère. Il était très en
6 colère.
7 Q. Ce nommé Bralo, d’après ce que vous savez,
8 avait appartenu à une unité qui s’appelait les Scorpions et
9 pendant qu’il était en détention à Kaonik, certains membres
10 de cette unité venaient lui rendre régulièrement visite ?
11 R. Oui.
12 Q. Cette unité des Scorpions était une unité de
13 diversion, d’infiltration dans les lignes ennemies et de
14 sabotage ?
15 R. De ce point de vue-là, oui. Dans ce
16 contexte, oui.
17 Q. Cette unité, d’après ce que vous savez, était
18 une unité qui appartenait à la brigade de Vitez et qui
19 était entraînée par un sujet de nationalité britannique qui
20 s’appelait Chris Wilson ?
21 R. Oui.
22 Q. Appartenaient à cette unité le nommé
23 Krunoslav Bonic dont vous avez déjà parlé et la nommée
24 Sanja Buha qui servait d’interprète ?
25 R. Oui. Au début, il y avait un certain
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1 Charlie. On l’appelait comme cela, mais son nom était
2 Miroslav Jurcevic. Il était de Poculica. Je crois que
3 c’était bien ça son nom de famille. Vers la fin de l’an
4 1992, il a quitté Vitez et par la suite, c’est Sanja qui
5 est venue, Sanja Buha, et c’est elle qui servait
6 d’interprète, mais après, elle a épousé Chris.
7 Q. Pendant le temps que vous avez passé ensemble
8 à Kaonik à l’époque, vous vous êtes rendu compte que Bralo
9 n’était pas vraiment détenu, il pouvait rentrer chez lui,
10 il pouvait sortir la nuit, il pouvait se rendre dans les
11 cafés et revenir ensuite, et comme nous l’avons dit, des
12 membres de l’unité des Scorpions lui rendaient
13 régulièrement visite ?
14 R. Oui.
15 Q. Est-ce que vous-même, vous bénéficiez de ce
16 régime de faveur ?
17 R. Oui, mais moi, je ne rentrais pas à la
18 maison. J’avais tout ce qu’il me fallait. J’étais libre.
19 Q. Pouviez-vous sortir du camp ?
20 R. Pas complètement. On pouvait sortir de là.
21 Il n’y avait pas de problème.
22 Q. Les autres soldats qui étaient dans le camp
23 pouvaient également sortir et revenir comme ils le
24 souhaitaient ?
25 R. S’ils étaient membres du HVO, oui.
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1 Q. Le 23 mars 1993, pour la deuxième fois, vous
2 avez été puni par votre chef d’unité pour avoir abandonné
3 votre tour de garde, et donc, vous avez dû subir un nouveau
4 séjour de sept jours dans le centre de Kaonik ?
5 Je voudrais vous présenter le deuxième document
6 qui porte la référence Z566.
7 R. Oui, c’est exact.
8 Q. Ce document s’applique à vous ?
9 R. Oui.
10 Me LOPEZ-TERRES : Monsieur le Président, ces deux
11 documents comportant l’identité du témoin, je demande à ce
12 qu’ils soient placés sous scellés.
13 Q. Lorsque vous êtes revenu au camp de Kaonik
14 pour la deuxième fois en raison de cette nouvelle punition,
15 le nommé Bralo était toujours là ?
16 R. Oui.
17 Q. Il se plaignait toujours de ne pas avoir été
18 remis en liberté ?
19 R. Oui. Excusez-moi. Puis-je ajouter quelque
20 chose ? Cette personne, il était vulgaire. Il jurait et
21 il disait : « Si jamais ça éclate de nouveau, je ne vais
22 pas me battre pour eux. » Il était hystérique. Il était
23 vraiment furieux.
24 Q. Est-ce qu’à cette époque-là, le nommé Bralo a
25 eu des assurances qu’il serait remis prochainement en
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1 liberté ?
2 R. Oui.
3 Q. C’est Pasko Ljubicic qui le lui a dit ?
4 R. Oui.
5 Q. Vous ne savez pas quand ni dans quelles
6 circonstances Bralo a été finalement libéré ?
7 R. Non.
8 Q. D’après vos informations, Bralo a participé
9 aux crimes commis après le 16 avril 1993 dans la région de
10 Vitez ?
11 R. D’après ce que j’ai entendu dire, mais
12 c’était plus tard. Peut-être au bout de deux ou trois ans,
13 j’ai appris que Cicko était à Ahmici ce jour-là ou ce matin
14 lui aussi parce qu’il a été reconnu par de nombreuses
15 personnes et dans la prison, il disait que si jamais il
16 pouvait trouver des dimije – je ne sais pas si vous voyez
17 ce que je veux dire, le pantalon musulman porté par des
18 femmes musulmanes – que si jamais il trouve des dimije
19 qu’il allait remplir cela de têtes musulmanes. Miroslav
20 Bralo, Cicko, le disait personnellement devant moi et
21 devant les autres.
22 Q. À l’époque que vous avez passée à Kaonik ces
23 deux fois-là, pour les deux punitions que vous avez subies,
24 est-ce que vous avez déduit qu’au sein du HVO, il était
25 plus grave d’être un déserteur que d’avoir commis un crime
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1 de meurtre ?
2 R. D’une certaine manière, oui.
3 Q. Lorsque vous avez été libéré finalement de
4 Kaonik, vous avez décidé de quitter la région de Vitez.
5 C’était quelque temps avant l’attaque du 16 avril. Vous
6 êtes allé voir l’accusé Mario Cerkez pour qu’il vous
7 établisse un document de recommandation ?
8 R. Oui, mais est-ce que je peux expliquer
9 pourquoi je l’ai fait ?
10 Q. Je vous en prie.
11 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : S’il vous
12 plaît, répondez à la question, à moins que ce soit
13 pertinent. Est-ce que vous êtes allé voir Mario Cerkez ?
14 C’était la question.
15 R. Je pense, oui.
16 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui ?
17 Me LOPEZ-TERRES :
18 Q. Monsieur Cerkez vous a établi le document que
19 vous souhaitiez ?
20 R. Quand je suis arrivé, il a rédigé une
21 recommandation pour moi, pour que je puisse utiliser cela
22 dans d’autres unités en Herzégovine.
23 Q. Vous êtes effectivement parti pour
24 l’Herzégovine, pour Capljina en particulier et là, vous
25 avez…
Page 16374
1 R. Oui.
2 Q. [Suite de la question précédente] …rejoint
3 l’unité de police militaire de la brigade locale ?
4 R. Oui. La brigade locale Knez Domagoj de
5 Capljina.
6 Q. Compte tenu de vos origines ethniques, pour
7 pouvoir intégrer cette unité, vous avez dû utiliser une
8 fausse identité, je crois ?
9 R. Oui. Certains officiers du HVO m’ont aidé à
10 le faire et j’ai changé de nom. Est-ce que je dois dire
11 mon nom ?
12 Q. Ce n’est pas nécessaire.
13 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Non.
14 Me LOPEZ-TERRES :
15 Q. Vous êtes resté donc dans cette brigade
16 pendant quelque temps jusqu’au moment où vous avez été
17 identifié et le 7 juillet 1993, vous avez été arrêté et on
18 vous a transféré comme prisonnier au camp de Gabela ?
19 R. Oui. Le 7, j’ai été amené au camp de
20 concentration à Capljina en tant que membre du HVO, que
21 j’étais toujours à l’époque.
22 Q. Les personnes qui étaient dans ce camp, de
23 quelle nationalité étaient-elles ?
24 R. Tous des musulmans et 80 pour cent des
25 personnes étaient des membres du HVO puisqu’on était tous
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1 en uniformes, et en fait, les gens étaient âgés entre 12 et
2 pratiquement 100 ans. Il y avait des femmes et des enfants
3 et à la fin, ils ont amené les femmes et les enfants à
4 Mostar, mais je ne sais pas ce qui leur est arrivé par la
5 suite.
6 Q. Vous êtes resté dans ce camp, je crois,
7 jusqu’au 20 décembre 1993 ?
8 R. Oui, et à ce moment-là, je suis parti vivre
9 dans le pays où je vis encore aujourd’hui.
10 Me LOPEZ-TERRES : Je vous remercie.
11 Monsieur le Président, je n’ai pas d’autres
12 questions.
13 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Merci,
14 Monsieur Lopez-Terres.
15 Me SAYERS (interprétation) : Merci, Monsieur le
16 Président.
17 CONTRE-INTERROGÉ PAR Me SAYERS
18 (interprétation) :
19 Q. Bonjour, Monsieur le Témoin AS. Je vais me
20 présenter tout d’abord. Je m’appelle Stephen Sayers. En
21 compagnie de mon collègue, Me Naumovski, qui se trouve ici
22 à ma droite, j’assure la Défense de Monsieur Kordic.
23 Je vais tout d’abord commencer par vous poser la
24 question suivante. Vous avez déposé pendant trois jours
25 dans l’affaire Blaskic en février 1998. C’est bien exact ?
Page 16376
1 R. Oui.
2 Q. Dans l’affaire Kupreskic, vous avez déposé
3 pendant deux jours en octobre 1998. Vous en souvenez-vous
4 ?
5 R. Oui.
6 Q. En avril et mai 1997, pendant environ une
7 semaine, une dizaine de jours, vous avez donné une
8 déclaration de 70 pages aux enquêteurs du Bureau du
9 Procureur. Vous en souvenez-vous ?
10 R. Oui.
11 Q. Bien ! À la première page de votre
12 déclaration, de la déclaration que vous avez signée il y a
13 trois ans, vous avez dit que vous ne vous souveniez plus
14 très bien des dates, ce qui n’est pas quelque chose que
15 l’on peut vous reprocher, mais je voudrais juste savoir si
16 c’est toujours le cas aujourd’hui.
17 R. Oui, oui, généralement parce que la plupart
18 du temps, j’ai envie d’oublier ce qui s’est passé.
19 Q. Vous déposez donc pour la troisième fois.
20 Est-ce que vous utilisez uniquement vos souvenirs ou est-ce
21 que vous avez consulté un journal, des notes que vous avez
22 prises pour vous souvenir de ce qui s’est produit il y a
23 sept ou huit ans ?
24 R. Non. Je ne me sers que de ma mémoire. Je
25 n’ai rien écrit, et d’ailleurs jamais, jamais, je n’écrirai
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1 quoi que ce soit.
2 Q. Bien ! Avant le début de la guerre, vous
3 voliez des explosifs à l’usine SPS de Vitez ? Je crois
4 qu’à la page 2 de votre déclaration, vous avez dit (je
5 cite) : « On payait, on soudoyait les gardes de l’usine
6 Slobodan Princip Seljo à Vitez pour pouvoir voler des
7 explosifs. »
8 C’est exact ?
9 R. Oui, et je dois dire qu’il y avait un de mes
10 parents là-bas qu’on payait, enfin c’est moi qui le payais
11 d’ailleurs, pour qu’on puisse entrer de temps en temps. Je
12 voudrais répéter la chose suivante. Moi, j’ai quitté l’ex-
13 JNA en septembre 1990 et à l’époque déjà, je savais qu’il y
14 aurait une guerre entre nous et l’ex-JNA et c’est pourquoi
15 j’ai soutenu la cause croate.
16 Q. Oui, j’ai bien compris, mais moi, je vais
17 vous poser une question au sujet des explosifs que vous
18 voliez à l’usine SPS.
19 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Pour qui
20 voliez-vous ces explosifs ?
21 R. Pour la HV, pour la Croatie. Ils avaient
22 besoin d’aide. Ils avaient besoin d’aide qui vienne sous
23 toutes les formes.
24 Me SAYERS (interprétation) :
25 Q. N’est-il pas exact, Monsieur, que vous avez
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1 lancé deux grenades sur le kiosque qui appartenait à
2 Vladimir Santic à Vitez ?
3 R. Oui, mais je n’ai pas été le seul à le faire.
4 Q. Monsieur Santic, c’était quelqu’un qui avait
5 un kiosque à Vitez et vous l’avez fait sauter. C’est ça ?
6 R. Ceci n’était pas dû au fait qu’il était
7 croate mais c’était pour des raisons personnelles.
8 Q. Bien ! À la page 3 de votre déclaration
9 donnée il y a trois ans, vous dites qu’au début de 1992,
10 tout le monde dans votre pays sentait que la guerre allait
11 arriver, qu’on sentait ça dans l’atmosphère. C’est exact,
12 n’est-ce pas ?
13 R. Oui.
14 Q. Une fois à la télévision, vous avez vu le
15 Président Izetbegovic à la tête d’une manifestation en
16 faveur de la paix et ceci vous a ulcéré, si bien que vous
17 avez sorti un pistolet automatique et vous avez tiré sur la
18 télé et vous l’avez ainsi détruite ?
19 R. Oui, oui. C’était chez moi.
20 Q. Êtes-vous bien sûr que c’était chez vous ?
21 Ce n’était pas chez Darko Kraljevic ? Je vous lis la page
22 3 de votre déclaration. Vous dites (je cite) : « J’ai vu
23 ça à la télévision chez Darko Kraljevic. Cela m’a
24 tellement ulcéré que j’ai tiré sur la télévision et ainsi
25 fait exploser l’écran. » Fin de citation.
Page 16379
1 C’est bien exact ?
2 R. Oui.
3 Q. Vous avez également dit que vous avez été mis
4 aux arrêts deux fois. La première fois, c’était le 12 mars
5 1993. C’est bien exact ?
6 R. Oui.
7 Q. Dans le document qui a été versé au dossier
8 et qui donne des indications sur les mesures de discipline
9 qui ont été prises contre vous, c’est le document Z537,
10 vous êtes accusé d’avoir perdu un pistolet de type Makarov
11 au Café Aphrodite et de n’avoir pas signalé cette perte.
12 R. Oui. Je n’ai pas signalé la perte de mon
13 arme, c’est exact. C’est ce qu’on dit dans ce document.
14 Q. Ce n’était pas un fusil, un fusil que l’on
15 vous a volé, comme vous l’avez dit il y a trois ans à la
16 page 54 de votre déclaration ? En fait, c’était un
17 pistolet ?
18 R. Oui.
19 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Un instant.
20 Quelle importance… est-ce que ça a vraiment une tellement
21 grande importance que ce soit un pistolet ou un fusil ?
22 Me SAYERS (interprétation) : Non, pas vraiment.
23 Q. Monsieur le Témoin, vous avez donc été
24 sanctionné au terme du Règlement de discipline militaire du
25 HVO. Est-ce que vous connaissez ce document ? Je fais
Page 16380
1 référence ici à la page 4 de la pièce Z537 dans la version
2 anglaise.
3 R. Puis-je ajouter quelque chose, s’il vous
4 plaît, quelque chose d’autre ? J’ai été mis aux arrêts et
5 envoyé à Kaonik pour la deuxième fois, mais ce n’est pas
6 indiqué ici. Quand j’ai été démis de mes fonctions au sein
7 de l’unité de police de Vitez, j’ai été contraint de
8 quitter la ville, j’ai dû quitter la ville de Vitez.
9 Q. Pourquoi ? Qui vous a dit de partir, qui
10 vous a dit de quitter la ville ?
11 R. Tout le monde parce que Monsieur Santic m’a
12 dit qu’il valait mieux pour moi que je rejoigne les rangs
13 de l’armée de Bosnie, mais moi, je n’ai pas osé le faire.
14 D’ailleurs, je n’y suis encore jamais allé. Donc, j’ai dû
15 partir, mais Monsieur Santic, qui a rédigé ce document, ne
16 l’a pas dit exprès. C’est pour ça que ça ne figure pas
17 dans le document.
18 Il a dit que Vlado Cosic, Mario Skopljak, Petar Lujic,
19 enfin tous ces gens-là ont dit qu’il valait mieux pour moi
20 que je m’en aille et c’est pour ça que je suis parti.
21 Q. Bien ! Maintenant, je vais adopter une
22 démarche chronologique si vous me le permettez et je vais
23 d’abord commencer par le fait que vous avez été membre du
24 HOS, le HOS. Je crois que vous êtes devenu membre de cette
25 organisation en 1992 et le commandant à l’époque était
Page 16381
1 Darko Kraljevic, n’est-ce pas ?
2 R. Non. Je les ai soutenus, mais je n’ai jamais
3 été membre de cette organisation.
4 Q. Dans l’affaire Blaskic, à la page 6773, on
5 vous a posé la question suivante :
6 « En 1992, est-ce que vous êtes devenu membre
7 d’une organisation connue sous le nom de HOS ? »
8 Réponse : « Oui. »
9 Question : « Qui en était le commandant ? »
10 Réponse : « Darko Kraljevic. »
11 Vous souvenez-vous avoir donné cette réponse ?
12 R. Oui.
13 Q. Vous avez donc passé un certain temps avec le
14 HOS ou eu des contacts avec le HOS mais, en tout cas,
15 après, vous avez quitté cette organisation et vous êtes
16 devenu membre de la Ligue patriotique, n’est-ce pas ?
17 R. Oui, oui, mais ça n’a duré que très peu de
18 temps.
19 Q. Je crois que vous n’avez été membre de cette
20 organisation que 10 jours au total, n’est-ce pas, Monsieur
21 le Témoin ?
22 R. Oui. Dix jours tout au plus.
23 Q. Il s’agit là d’une organisation qui avait été
24 mise en place par le parti pour l’action démocratique,
25 parti SDA, qui ne comptait que des membres musulmans.
Page 16382
1 C’est bien exact ?
2 R. Oui.
3 Q. L’une des raisons pour lesquelles vous avez
4 quitté la Ligue patriotique c’est que vous avez essayé
5 d’obtenir une arme, qu’ils vous donnent une arme, mais ils
6 vous ont dit qu’il faudrait l’acheter. Alors, vous avez
7 déchiré votre carte et vous êtes allé vous inscrire auprès
8 du HDZ qui se trouvait dans le même immeuble. C’est bien
9 exact ?
10 R. Oui.
11 Q. Vous avez parlé d’un événement dont vous
12 pensez qu’il a eu lieu en mai ou juin 1992, c’est-à-dire la
13 cérémonie de prestation de serments au stade de Vitez.
14 Vous nous avez dit qu’il y avait là des personnalités très
15 importantes, des personnalités civiles, politiques et
16 militaires très importantes ?
17 R. Oui.
18 Q. Vous avez dit qu’elles représentaient les
19 deux côtés, aussi bien les musulmans que les Croates, ces
20 personnalités ?
21 R. Oui, c’est exact.
22 Q. Vous souvenez-vous que le serment que vous
23 avez prêté stipulait que le cas échéant, il vous faudrait
24 perdre votre vie pour protéger la Communauté croate de
25 Herceg-Bosna au sein de la République de Bosnie-Herzégovine
Page 16383
1 ? C’est ce que l’on vous a demandé de dire. C’est ce que
2 vous avez dit il y a trois ans. Il s’agit de la page 47 de
3 cette déclaration. Est-ce que cela correspond à ce dont
4 vous vous souvenez aujourd’hui ?
5 R. Je ne m’en souviens pas. Si ça ne vous gêne
6 pas, vous pourriez m’en donner lecture. À ce moment-là, je
7 m’en souviendrais peut-être.
8 Q. « Il s’agissait dans ce serment de sacrifier
9 nos vies pour la Communauté croate de Herceg-Bosna dans la
10 République de Bosnie-Herzégovine. » Fin de citation.
11 C’est Monsieur Kordic qui a présidé à cette
12 cérémonie. Est-ce dont vous vous souvenez aujourd’hui ?
13 R. Oui. On disait toujours BiH. Premièrement,
14 on ne combattait pas pour la Bosnie-Herzégovine, on
15 combattait pour la Herceg-Bosna et ça, c’est la vérité.
16 Q. On vous a montré un document qui portait la
17 cote Z2814 qui venait apparemment de Vares. Je crois que
18 vous nous avez dit que vous ne saviez pas si…
19 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui, c’est ce
20 que le témoin a dit.
21 Me SAYERS (interprétation) : Bien ! Alors,
22 passons à autre chose.
23 Q. Donc, avant de devenir membre de la police
24 militaire, vous nous avez dit que vous avez combattu les
25 Serbes de Bosnie à Jajce ?
Page 16384
1 R. Oui.
2 Q. Je crois que vous êtes allé sur la ligne de
3 front pour lutter contre l’armée des Serbes de Bosnie à
4 quatre ou cinq reprises, à cinq reprises, en fait, à Jajce.
5 C’est bien exact ?
6 R. Oui.
7 Q. Lorsque les Serbes ont pris Jajce, les Serbes
8 de Bosnie ont pris Jajce le 31 octobre, plusieurs milliers
9 de réfugiés croates sont partis vers l’est et se sont
10 retrouvés à Vitez notamment. C’est bien exact, n’est-ce
11 pas ?
12 R. Oui, mais il n’y avait pas que des réfugiés
13 croates. Il y avait également des musulmans. Il y avait
14 même certains Serbes. La plupart était des musulmans.
15 C’est eux que l’on voyait passer par Vitez. Ils se
16 rendaient à Zenica ou ailleurs. Il y avait aussi des
17 Croates qui passaient deux ou trois jours à Vitez et qui
18 ensuite se rendaient à Tomislavgrad, Livno ou ailleurs en
19 Herzégovine.
20 Q. J’ai peut-être commis un lapsus. En fait,
21 j’ai dit beaucoup de réfugiés croates mais ce que je
22 voulais dire, c’était beaucoup de réfugiés croates,
23 musulmans et autres. C’est ce que vous venez d’ailleurs de
24 nous confirmer. Si vous le souhaitez, vous pouvez tout à
25 fait observer une pause avant de répondre à mes questions.
Page 16385
1 N’hésitez pas à le faire.
2 Donc, vous avez témoigné au sujet des négociations
3 à la caserne de Draga, mais vous n’y étiez pas présent en
4 personne lors de ces négociations, n’est-ce pas ?
5 R. Non.
6 Q. Savez-vous qui était là, qui était présent,
7 qui a mené les négociations ? Je vais vous donner deux
8 noms, Florijan Glavocevic et Huso Hadzimejlic. Vous n’avez
9 aucune information, vous ne savez rien à ce sujet ?
10 R. Non, non, non, je ne sais rien au sujet de la
11 caserne Draga.
12 Me SAYERS (interprétation) : Je faisais référence
13 ici, Monsieur le Président, au paragraphe 22.
14 Q. Témoin AS, quand même, vous avez dit que le
15 dépôt de la JNA de Draga a été attaqué pour récupérer des
16 armes, mais vous saviez que les objectifs de la négociation
17 étaient de résoudre la situation. C’est ce qu’on vous
18 avait dit, n’est-ce pas ?
19 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui, c’est ce
20 que le témoin a dit. Poursuivons.
21 Me SAYERS (interprétation) :
22 Q. Vous êtes devenu membre du 4e bataillon de
23 police militaire à la fin de l’été 1992. C’est bien exact,
24 n’est-ce pas ?
25 R. En été ou en automne, enfin à peu près à
Page 16386
1 cette époque-là.
2 Q. Le 4e bataillon, sa zone de compétence dans
3 le domaine policier s’étendait sur toute la Bosnie
4 centrale, à la différence des polices militaires des
5 brigades dont l’autorité se limitait aux zones de
6 compétence des brigades auxquelles elles étaient
7 rattachées. C’est bien exact ?
8 R. Oui.
9 Q. Le commandant de la police militaire au
10 début, c’était Zvonko Vukovic, n’est-ce pas ?
11 Ultérieurement, il a été remplace par Pasko Ljubicic et ces
12 commandants participaient aux réunions quotidiennes de
13 l’état-major présidées par le Colonel Blaskic à l’hôtel
14 Vitez, n’est-ce pas ?
15 R. Oui.
16 Q. Il y avait également représentés les
17 responsables de chacune des divisions, le responsable de la
18 logistique, le responsable de l’information, de la
19 propagande, de l’artillerie, et cætera. C’est bien exact,
20 n’est-ce pas ?
21 R. Oui. Moi, je ne les voyais pas tous les
22 jours mais ils étaient là.
23 Q. Vous nous avez parlé des événements qui ont
24 eu lieu dans le cadre du blocus de Ahmici en octobre 1992
25 donc à Ahmici. Il est exact que Ahmici était un point
Page 16387
1 névralgique à côté d’un axe d’approvisionnement ? Donc,
2 c’était un acte très propice pour l’installation d’un
3 blocus ?
4 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Inutile de
5 poser des questions à ce sujet au témoin. Nous avons
6 entendu beaucoup de témoins à ce sujet déjà.
7 Me SAYERS (interprétation) : Très bien ! Je me
8 conforme à votre indication et je vais passer à autre
9 chose.
10 Q. Bien ! Monsieur le Témoin, je souhaiterais
11 maintenant passer à l’organisation militaire et à la chaîne
12 de commandement dans la zone opérationnelle de Bosnie
13 centrale, un sujet crucial. Si j’ai bien compris, le
14 commandant de la zone opérationnelle de Bosnie centrale, le
15 commandant militaire incontesté, c’était le Colonel Tihomir
16 Blaskic, n’est-ce pas ?
17 R. Oui.
18 Q. Il est également exact que le Colonel Blaskic
19 commandait un certain nombre de brigades basées dans des
20 municipalités, ces brigades qui elles-mêmes étaient
21 subdivisées en compagnies ou satnijas ?
22 R. Oui.
23 Q. Au plus bas de l’échelon de la hiérarchie,
24 les satnijas étaient composés de sections que l’on appelait
25 également des vods ?
Page 16388
1 R. Oui.
2 Q. Donc, vous étiez membre du premier vod de la
3 deuxième satnjia de la brigade, n’est-ce pas ?
4 R. Oui, je l’ai dit, mais ça ne veut pas dire
5 que j’étais au 1er bataillon ou au 2e bataillon, mais en
6 tout cas, j’étais là.
7 Q. Dans d’autres affaires, vous avez dit que la
8 chaîne de commandement était bien définie, que le
9 commandant de la police militaire était Pasko Ljubicic
10 pendant la période qui nous intéresse. C’est bien exact ?
11 R. Oui.
12 Q. Son supérieur, c’était le Colonel Blaskic.
13 C’est bien exact ?
14 R. Oui.
15 Q. En annexe de votre déclaration, on peut
16 trouver un organigramme qui nous montre l’organisation du
17 QG du HVO de Bosnie centrale. Vous l’avez signé.
18 Me SAYERS (interprétation) : Je souhaiterais que
19 ce document soit versé au dossier. Cependant, il
20 conviendra que ce document soit placé sous scellé puisqu’il
21 porte la signature du témoin.
22 Q. Monsieur le Témoin, pouvez-vous nous
23 confirmer qu’il s’agit bien de cette signature qui se
24 trouve sur ce document en bas à droite ?
25 R. Oui.
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1 Q. Afin que les choses soient le plus clair
2 possible, le commandant de la zone opérationnelle de Bosnie
3 centrale est Tihomir Blaskic et c’est Franjo Nakic qui est
4 son second, n’est-ce pas ?
5 R. Oui.
6 LA GREFFIÈRE (interprétation) : Le document
7 portera la cote D203/1.
8 Me SAYERS (interprétation) :
9 Q. Ensuite, après Monsieur Nakic, il y avait un
10 officier de permanence duquel relevaient différentes unités
11 et différentes sections dont notamment la 4e Bojna de la
12 police militaire. C’est bien exact ?
13 R. Oui.
14 Q. Comme vous pouvez le voir, comme vous l’avez
15 dit, Pasko Ljubicic était le commandant du 4e bataillon de
16 police militaire et l’un de ses subordonnées, le commandant
17 de la 1ère compagnie du 4e bataillon, c’était Vladimir
18 Santic, n’est-ce pas ?
19 R. Oui, oui, mais de la 1ère compagnie dans le
20 4e bataillon.
21 Q. Oui, oui, bien sûr, mais ce que je voulais
22 mettre en évidence c’est que Vladimir Santic, commandant de
23 la 1ère compagnie du 4e bataillon, était certes commandant
24 de compagnie mais c’était le subordonné de Pasko Ljubicic,
25 bien évidemment ?
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1 R. Oui, c’est exact.
2 Q. Maintenant, si vous le permettez, j’ai un
3 certain nombre de questions à vous poser au sujet du
4 Colonel Blaskic. En tant que commandant de la zone
5 opérationnelle de Bosnie centrale, il avait son QG à
6 l’hôtel Vitez, comme nous le savons tous. Il est exact,
7 n’est-ce pas, que lorsqu’il a pris le commandement de la
8 zone opérationnelle de Bosnie centrale, il a renforcé la
9 discipline au sein du HVO ? Cette organisation est devenue
10 beaucoup plus disciplinée, beaucoup mieux organisée que ce
11 n’était le cas auparavant, n’est-ce pas ?
12 R. Oui.
13 Q. Par exemple, les soldats du HVO, après son
14 arrivée à la tête de la zone opérationnelle, les soldats
15 n’avaient pas le droit de se promener en ville avec des
16 armes, des fusils, des armes à canons longs ?
17 R. Oui, peut-être mais en tout cas, ils le
18 faisaient quand même.
19 Q. Vous parliez toujours du Colonel Blaskic en
20 disant « le Colonel ». C’est bien exact ?
21 R. Oui, oui. C’est de cette façon que nous nous
22 adressions à lui.
23 Q. Mais quand on dit « le Colonel », tout le
24 monde pense au Colonel Blaskic. C’est ça, non ?
25 R. Oui, oui, oui. C’était notre impression,
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1 c’était mon impression.
2 Q. Ni vous-même, ni aucun de vos collègues au
3 sein de la police militaire n’avait jamais parlé de
4 Monsieur Kordic en disant « le Colonel ». Je crois que
5 vous l’avez dit à la page 47 de votre déclaration faite il
6 y a trois ans. Je vais vous en donner lecture et je vais
7 vous demander de me dire si cela est toujours conforme à
8 votre opinion aujourd’hui.
9 « Pukovnik, le Colonel a ordonné ceci. Pukovnik,
10 cela signifiait invariablement le Colonel Blaskic et jamais
11 Kordic. Moi, je n’ai jamais entendu quiconque parler de
12 Kordic en disant Pukovnik. Kordic, on en parlait en disant
13 soit Dario ou bien Kordic tout simplement. » Fin de
14 citation.
15 C’est exact, n’est-ce pas, Monsieur ?
16 R. Oui.
17 Q. Il est également exact que la seule personne
18 qui était en mesure d’ordonner le déploiement des unités
19 dans le cadre d’une attaque, et je parle ici des unités du
20 4e bataillon de police militaire ou de ces autres unités
21 dont notamment les Jokeris, donc la seule personne en
22 mesure de faire cela, c’était le Colonel Blaskic, n’est-ce
23 pas ?
24 R. Oui.
25 Q. Il est exact, n’est-ce pas, que vous
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1 considériez, et vous considérez peut-être toujours
2 d’ailleurs, que le Colonel Blaskic était ou est un héros ?
3 R. À l’époque, oui. Pas maintenant.
4 Q. Vous pensiez que c’était quelqu’un qui
5 travaillait beaucoup ?
6 R. Oui.
7 Q. Dernière question à ce sujet. En réponse à
8 une question du Juge Shahabuddeen il y a deux ans, à la
9 page 7023 dans le cadre de votre déposition pour
10 l’Accusation, vous avez dit que : « Le Colonel Blaskic
11 était le commandant incontesté de toutes les forces qui
12 combattaient du côté de la HZ-HB. »
13 C’est toujours votre opinion aujourd’hui ?
14 R. Oui, oui, mais j’aimerais bien ajouter
15 quelque chose. Tout d’abord, en ce qui concerne l’armée,
16 le Colonel Blaskic, c’était le commandant en effet mais
17 jamais il n’aurait pu déclencher la guerre sans l’accord
18 des hommes politiques et quand je parle des hommes
19 politiques, eh bien, je pense bien entendu au HDZ. C’était
20 impossible autrement.
21 Q. Vous n’avez jamais rencontré, vous n’avez
22 jamais participé à des réunions avec le Colonel Blaskic ou
23 avec les hommes politiques ? Ça ne correspondait pas à
24 votre échelon hiérarchique ?
25 R. En effet, mais il suffisait d’y réfléchir
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1 deux secondes pour comprendre cela parce que par exemple
2 pour être membre du HVO, il fallait être membre du HDZ.
3 Donc ça, déjà pour moi, c’est une preuve suffisante.
4 Q. Le Colonel Blaskic ne s’est jamais entretenu
5 avec vous longuement ?
6 R. Non.
7 Q. Passons maintenant à l’échelon inférieur.
8 Votre commandant, Pasko Ljubicic, il est exact, n’est-ce
9 pas, que Monsieur Ljubicic vous a dit qu’il ne pouvait
10 donner aucun ordre sans en recevoir l’autorisation du
11 Colonel Blaskic ?
12 R. Oui.
13 Q. Vous n’avez jamais participé à aucune réunion
14 avec le Colonel Blaskic ou avec les hommes politiques dont
15 vous nous avez parlé. De même, vous n’avez jamais
16 participé à des réunions entre Monsieur Ljubicic et le
17 Colonel Blaskic, n’est-ce pas ?
18 R. Non.
19 Q. Il est exact, n’est-ce pas, que Monsieur
20 Ljubicic, une fois qu’il a pris le commandement du 4e
21 bataillon de police militaire, est devenu le subordonné
22 immédiat du Colonel Blaskic ? C’est bien exact ?
23 R. Oui.
24 Q. Vous n’avez connaissance d’aucun exemple,
25 d’aucun moment où les ordres du Colonel Blaskic auraient
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1 été ignorés, n’auraient pas été suivis des faits au sein de
2 la police militaire, y compris par Monsieur Ljubicic ?
3 R. Oui.
4 Q. Maintenant, passons au niveau suivant en
5 dessous. Je vais vous poser des questions au sujet de
6 Vladimir Santic. Il était commandant de la 1ère compagnie
7 du 4e bataillon de police militaire et il venait au
8 Bungalow environ deux ou trois fois par jour, n’est-ce pas
9 ?
10 R. Oui.
11 Q. Monsieur Santic traitait tous les membres de
12 l’unité à laquelle vous apparteniez, les Jokers, de façon
13 identique, n’est-ce pas ?
14 R. Oui.
15 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Est-ce que
16 vous passez à un autre sujet, Me Sayers ?
17 Me SAYERS (interprétation) : Oui.
18 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : De combien de
19 temps aurez-vous encore besoin ?
20 Me SAYERS (interprétation) : En fait, nous avons
21 avancé beaucoup plus rapidement que je ne le pensais. Je
22 pense que si nous reprenons à 16 h 00, j’en aurai terminé à
23 16 h 45, peut-être même avant.
24 M. LE JUGE ROBINSON (interprétation) : Monsieur
25 le Témoin, je souhaiterais vous poser une question. Vous
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1 nous avez dit précédemment que vous aviez volé des
2 explosifs pour le HVO. Vous a-t-on demandé de le faire ou
3 est-ce que c’est quelque chose que vous avez fait de votre
4 propre chef ?
5 R. Nous l’avons fait spontanément sans qu’on
6 nous ait donné aucun ordre dans ce sens.
7 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Nous allons
8 donc maintenant faire une pause jusqu’à 16 h 00.
9 --- Suspension de l’audience à 15 h 40
10 --- Reprise de l’audience à 16 h 05
11 Me KOVACIC (interprétation) : Monsieur le
12 Président, permettez-moi, s’il vous plaît. En ce qui
13 concerne le programme du reste de la journée, je souhaite
14 dire que je serai prêt dès que Me Sayers aura terminé son
15 contre-interrogatoire puisqu’il a dit qu’il terminera
16 probablement avant 4 h 45. Je suppose que je n’ai pas
17 besoin de plus d’une demi-heure, peut-être 45 minutes.
18 Donc, je peux poursuivre dès la fin du contre-
19 interrogatoire de Me Sayers.
20 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui, Me
21 Sayers.
22 Me SAYERS (interprétation) : Merci, Monsieur le
23 Président.
24 Q. Témoin AS, juste quelques dernières questions
25 concernant la chaîne de commandement dans le cadre du
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1 travail de la police militaire. Est-ce qu’il est exact que
2 c’est le Colonel Blaskic qui vous a donné des instructions,
3 c’est-à-dire que vous aviez les instructions de mettre en
4 œuvre tous les ordres émanant du Colonel Blaskic ?
5 R. Oui.
6 Q. Une fois, je crois, que le Colonel Blaskic a
7 décidé d’une sanction disciplinaire contre vous, contre
8 votre unité de police militaire dans son ensemble et il a
9 décidé que la paie devait être réduite de cinq pour cent ?
10 R. Oui.
11 Q. En fait, votre commandant, Monsieur Ljubicic,
12 vous a dit que cette réduction du salaire était imposée
13 suite aux ordres directs du Colonel Blaskic, n’est-ce pas ?
14 R. C’est exact.
15 Q. Je vais essayer de terminer le plus vite
16 possible. Je souhaite que l’on parle maintenant des
17 combats à Busovaca que vous avez décrits et qui se sont
18 déroulés en janvier 1993. Je crois que vous avez dit
19 qu’après avoir passé environ trois mois au sein de la
20 police militaire, vous avez été envoyé à Busovaca ou dans
21 la municipalité de Busovaca afin de se battre sur les
22 lignes de front contre l’armée de Bosnie-Herzégovine. Est-
23 ce exact ?
24 R. Oui.
25 Q. Je crois que lorsque vous êtes arrivé, vos
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1 premiers ordres étaient d’aller à Gavrine Kuce. C’est un
2 endroit qui se trouvait entre Merdani et Kaonik. C’était
3 sur la ligne de front contre l’armée de Bosnie-Herzégovine
4 ?
5 R. Oui.
6 Q. La raison en est que l’armée de Bosnie-
7 Herzégovine a lancé une attaque contre cet endroit vers 5 h
8 00 ou 6 h 00 du matin et les combats auxquels vous avez
9 participés ont duré toute la journée, n’est-ce pas ?
10 R. Oui.
11 Q. Je crois que deux personnes ont été tuées et
12 un de vos membres a été blessé, n’est-ce pas ?
13 R. C’est exact.
14 Q. Il est exact de dire également que l’armée de
15 Bosnie-Herzégovine avait lancé des attaques contre
16 plusieurs endroits sur les lignes de front ?
17 R. Parfois oui, parfois non. C’est le HVO
18 parfois qui lançait des attaques comme ce jour-là contre
19 Merdani.
20 Q. Oui, mais au début, lorsque vous êtes allé à
21 Gavrine Kuce, vous aviez l’ordre de faire repousser avec
22 votre unité les forces de l’armée de Bosnie-Herzégovine
23 jusqu’à ses positions préalables, n’est-ce pas ?
24 R. Oui. Il a fallu que l’on fasse sortir ces
25 gens de Gavrine Kuce puisqu’il y avait des civils qui y
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1 restaient encore.
2 Q. Oui. Je crois qu’à la page 59 de votre
3 déclaration, vous avez dit que vos instructions portaient
4 sur l’évacuation des femmes et des enfants de Gavrine Kuce
5 et ensuite, d’essayer de s’emparer, de contrôler les lignes
6 de front, n’est-ce pas ?
7 R. C’est exact.
8 Q. Ceci s’avérait être impossible. D’après vos
9 ordres, vous deviez vous retirer à vos positions défensives
10 plus loin ?
11 R. Oui.
12 Q. Ces instructions, encore une fois, venaient
13 de votre commandant, Pasko Ljubicic ?
14 R. Oui.
15 Q. Il est exact, n’est-ce pas, qu’ensuite, vous
16 avez été envoyé à une autre ligne de front au sud de
17 Busovaca, Donje Polje ?
18 R. Oui.
19 Q. Les forces du HVO étaient complètement prises
20 de panique avant que votre unité ne les renforce, mais
21 après ce renforcement, vous avez pu contrôler les lignes de
22 front et riposter à l’attaque de l’armée de Bosnie-
23 Herzégovine ?
24 R. C’est exact.
25 Q. Votre conclusion était que les opérations de
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1 Busovaca étaient sous le commandement personnel du Colonel
2 Blaskic et je crois que ceci figure à la page 47 de votre
3 déclaration. Est-ce exact ?
4 R. Oui.
5 Q. Très bien ! La raison pour laquelle vous
6 avez voulu faire sortir des civils de Gavrine Kuce était
7 afin d’éviter qu’ils soient tués ou blessés, n’est-ce pas ?
8 R. Oui.
9 Q. Vous êtes d’accord avec moi pour dire qu’il
10 n’est pas opportun que des civils restent dans les villages
11 se trouvant sur les lignes de front ?
12 R. Oui.
13 Q. Est-ce que vous savez que des Croates avaient
14 été torturés et tués à Dusina et Lasva le 26 janvier 1993 ?
15 R. Oui.
16 Q. Très bien ! Juste quelques questions
17 concernant certains sujets qui ont été traités, dont on a
18 traité dans votre interrogatoire principal concernant les
19 attaques contre des civils. Pendant la campagne de
20 Busovaca qui a eu lieu en janvier 1993, vous meniez
21 purement des opérations défensives, n’est-ce pas ?
22 R. Oui, c’est exact. Parfois, nous attaquions
23 et puis ensuite, nous nous défendions.
24 Q. Très bien ! Vous n’avez pas été témoin
25 d’opérations offensives dans la municipalité de Busovaca
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1 avant votre départ ?
2 R. Je peux dire que non mais je sais qu’il y a
3 eu ce genre d’actions.
4 Q. À la page 6974 de votre déposition dans le
5 procès Blaskic, vous avez dit (je cite) :
6 La question était : « Dans la municipalité de
7 Busovaca, pendant que vous avez participé aux combats qui
8 se sont déroulés en janvier et au début du mois de février,
9 vous ne participiez pas aux opérations offensives ? »
10 Réponse : « Non. »
11 Question : « Vous vous défendiez contre qui ? »
12 Réponse : « Contre l’armée de Bosnie-
13 Herzégovine. »
14 C’est vrai, n’est-ce pas ?
15 R. Oui, mais je dis que ceci est vrai en ce qui
16 concerne la police mais non pas en ce qui concerne les
17 soldats.
18 Q. Très bien ! Au cours de votre service à
19 Busovaca, il y a eu des escarmouches et des combats qui se
20 sont déroulés en janvier et février 1993 et la police
21 militaire ne s’est jamais attaquée contre des civils de
22 manière délibérée, n’est-ce pas ?
23 R. Effectivement, ils ne l’ont pas fait.
24 Q. Ils ont limité leurs engagements militaires
25 aux forces armées de l’armée de Bosnie-Herzégovine, n’est-
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1 ce pas ?
2 R. C’est vrai.
3 Q. Vous n’avez jamais reçu d’ordre d’attaquer
4 des civils sans défense. Effectivement, il n’y a jamais eu
5 ce genre de discussion parmi vous, n’est-ce pas ?
6 R. C’est exact.
7 Q. Pendant que vous étiez dans la municipalité
8 de Busovaca, la police militaire n’a jamais reçu d’ordre
9 d’attaquer ou d’incendier des villages musulmans ?
10 R. Non, et là je parle de la police et non pas
11 des soldats. Je sais simplement en ce qui concerne la
12 police.
13 Q. Très bien ! Permettez-moi de vous poser
14 quelques questions limitées concernant les Jokeris, l’unité
15 qui dépendait de la 1ère compagnie du 4e bataillon de la
16 police militaire. Si j’ai bien compris d’après votre
17 déposition, les Jokeris ont été constitués après la fin des
18 combats au début du mois de février 1993. Est-ce exact ?
19 R. Oui.
20 Q. Au début, vous étiez au nombre de 20 ou 30.
21 Est-ce exact ?
22 R. Oui, à peu près.
23 Q. Vous avez reçu l’ordre d’être stationné dans
24 le bâtiment appelé Bungalow dans le village de Nadioci ?
25 R. C’est exact.
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1 Q. Vous avez élu Monsieur Furundzija à la
2 fonction de dirigeant, n’est-ce pas ?
3 R. Oui.
4 Q. Il a été subordonné directement au commandant
5 de la 1ère compagnie, la 1ère Satnjia, Vladimir Santic ?
6 R. Oui.
7 Q. Après la constitution de cet ATP, c’est
8 Monsieur Chris Walken qui… (l’interprète se reprend),
9 Monsieur Danijel Kristo a proposé le nom de Jokeris et
10 ensuite, Monsieur Santic, et puis à la fin, Monsieur
11 Ljubicic, ils ont confirmé et approuvé ce nom ?
12 R. Oui.
13 Q. Merci. En ce qui concerne le SIS, ce service
14 était actif dans des opérations de contre-espionnage ?
15 R. Oui. C’était parmi ses tâches mais je ne
16 sais pas si c’était l’unique tâche de ce service.
17 Q. Le SIS ne donnait jamais d’ordres à la police
18 militaire aussi, pour autant que vous le sachiez ?
19 R. Pour autant que je le sache, pas vis-à-vis de
20 nous, mais par exemple, à Busovaca, à Kaonik, ils
21 interrogeaient les prisonniers devant nous et eux, ils
22 avaient plus de pouvoir que nous.
23 Q. Ma question était très limitée. Pour autant
24 que vous le sachiez, le SIS ne donnait pas d’ordres à la
25 police militaire, y compris votre unité, vous-même ?
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1 R. Pour autant que je sache, moi-même, je n’ai
2 jamais reçu leurs ordres.
3 Q. L’un de mes derniers sujets porte sur Darko
4 Kraljevic. On vous a posé des questions à son sujet. Il
5 est devenu commandant de l’unité spéciale de Vitez appelée
6 Vitezovis. Est-ce exact ?
7 R. Oui.
8 Q. À une occasion, vous étiez témoin d’un
9 incident au cours duquel Monsieur Kraljevic a arrêté le
10 commandant du 3e corps d’armée Dzemal Merdan. Est-ce exact
11 ?
12 R. Oui.
13 Q. Vous étiez témoin de la rencontre entre le
14 Colonel Blaskic et Monsieur Kraljevic concernant cet
15 incident ?
16 R. Oui.
17 Q. Au fond, le Colonel Blaskic criait sur
18 Monsieur Kraljevic, il lui a donné l’ordre de relâcher le
19 Colonel Merdan et c’est ce qui s’est passé par la suite
20 très exactement, n’est-ce pas ?
21 R. Oui.
22 Q. L’un de mes derniers sujets concerne Monsieur
23 Kordic. Vous n’avez jamais entendu Monsieur Kordic dire
24 dans le cadre d’un discours ou d’une intervention que lui-
25 même ou son parti souhaitait l’éclatement de la République
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1 de Bosnie-Herzégovine en tant que pays ?
2 R. Non, mais nous luttions pour l’Herceg-Bosna.
3 C’est l’Herceg-Bosna qui prenait toujours la première
4 place.
5 Q. Très bien ! Ce que je souhaite constater
6 c’est que vous n’avez jamais entendu Monsieur Kordic
7 propager des idées soutenant le partage ou la destruction
8 de la Bosnie-Herzégovine, n’est-ce pas ?
9 R. Non.
10 Q. Très bien ! Vous avez déposé sur la
11 réputation de Monsieur Kordic. Vous avez dit qu’il était
12 très populaire. Est-ce exact de dire que même vous, vous
13 le trouviez populaire, sympathique ?
14 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je ne vois pas
15 quel est le sens de cette question.
16 Me SAYERS (interprétation) : Effectivement,
17 Monsieur le Président, je l’ai mal articulée.
18 Q. Est-ce exact, Monsieur, que vous-même, vous
19 aviez une bonne opinion de Monsieur Kordic ?
20 R. Oui, à l’époque.
21 Q. Est-ce qu’il est exact de dire qu’à chaque
22 fois que des gens se rassemblaient, la foule commençait à
23 proclamer : « Dario, Dario », tout comme les fans le font
24 au cours d’un concert de rock, n’est-ce pas ?
25 R. Oui, d’une certaine manière.
Page 16405
1 Q. Vous saviez que Monsieur Kordic était un
2 homme politique et qu’en même temps, il était le vice-
3 président de la présidence de la Communauté croate de
4 Herceg-Bosna ?
5 R. Oui.
6 Q. Le Président était Mate Boban, le Président
7 de cette Communauté ?
8 R. Oui.
9 Q. Vous saviez également que Monsieur Kordic
10 n’avait pas de passé militaire professionnel comme, par
11 exemple, le Colonel Blaskic, n’est-ce pas ?
12 R. C’est ce que je croyais. C’est ce que j’ai
13 dit, d’ailleurs.
14 Q. Très bien ! En fait, vous ne parliez jamais
15 de Monsieur Kordic en disant « Colonel », n’est-ce pas ?
16 R. Moi, non.
17 Q. Dernière question. Je ne souhaite pas vous
18 faire revivre des expériences difficiles, mais lorsque vous
19 étiez dans le camp de Gabela, ceci était en Herzégovine,
20 n’est-ce pas ?
21 R. Oui.
22 Me SAYERS (interprétation) : Merci beaucoup.
23 Je n’ai plus de questions pour ce témoin, Monsieur
24 le Président.
25 Me KOVACIC (interprétation) : Merci, Monsieur le
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1 Président, Messieurs les Juges.
2 CONTRE-INTERROGÉ PAR Me KOVACIC
3 (interprétation) :
4 Q. Bonjour, Témoin AS.
5 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Un instant,
6 s’il vous plaît. Je souhaite soulever un point avec Me
7 Sayers.
8 Me Sayers, d’après la déposition de ce témoin,
9 Dario Kordic s’est mis en colère contre Blaskic une fois
10 concernant le convoi, un convoi de l’armée de Bosnie-
11 Herzégovine et il a dit : « Comment oses-tu laisser passer
12 les balijas à travers Vitez ? » Est-ce que vous contestez
13 ça ou pas ?
14 Me SAYERS (interprétation) : Oui, nous le
15 contestons. Monsieur Kordic ne s’exprimait pas ainsi et je
16 pense que le Témoin AS l’a confirmé en disant que ce
17 n’était pas son habitude de s’exprimer ainsi. Nous
18 considérons ou… je vais être plus clair. Mon client ne se
19 souvient pas du tout d’un quelconque incident de ce genre.
20 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Très bien.
21 M. LE JUGE BENNOUNA : Monsieur Sayers, en dehors
22 de l’expression elle-même, est-ce que cette position qui
23 est attribuée à votre client, à l’accusé Kordic, c’est-à-
24 dire son désaccord sur la manière dont le Colonel Blaskic a
25 organisé ce convoi en le faisant passer par Vitez, est-ce
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1 que cette position est contestée elle-même, le désaccord de
2 Kordic ? Est-ce que le désaccord est contesté, quelle que
3 soit la manière dont il s’est exprimé ?
4 Me SAYERS (interprétation) : Tout ce que je peux
5 dire, Monsieur le Juge, c’est que mon client ne se souvient
6 absolument pas d’un tel incident, et à son avis, un tel
7 incident n’a jamais eu lieu. Il ne sait même pas à quel
8 moment ce convoi passait prétendument par Vitez, mais même
9 s’il le savait, d’après son souvenir, il n’y a pas eu ce
10 genre de désaccord entre lui et le Colonel Blaskic.
11 M. LE JUGE BENNOUNA : Merci.
12 Me KOVACIC (interprétation) : Merci, Messieurs
13 les Juges.
14 Q. Bonjour, Témoin AS. Excusez-moi de
15 m’adresser à vous en employant ce pseudonyme, mais vous
16 avez l’habitude maintenant, je suppose. Je m’appelle
17 Bozidar Kovacic et je suis avocat de Rijeka. Avec mon
18 collègue, Monsieur Mikulicic, je représente Mario Cerkez.
19 J’espère que ce contre-interrogatoire ne durera
20 pas longtemps. Bien sûr, c’est à moi de faire attention
21 mais veuillez essayer de faire la même chose que moi, à
22 savoir de faire une pause entre les questions et les
23 réponses afin que les interprètes puissent avoir le temps
24 d’interpréter, et bien sûr, si jamais vous ne comprenez pas
25 l’une quelconque de mes questions, veuillez le dire et je
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1 vais tâcher de la reformuler. Merci.
2 Au début de votre déposition aujourd’hui, vous
3 avez mentionné le siège de cette HV dans un restaurant,
4 dans un café à Kruscica et vous avez dit que vous y étiez
5 avec Grabovac et qu’en fait, c’était la maison de Mario
6 Cerkez et qu’en bas, il y avait un restaurant et que
7 pratiquement, il s’agissait du quartier général de cette
8 brigade ?
9 R. Oui.
10 Q. Est-ce que vous pourriez reconnaître cette
11 maison aujourd’hui ?
12 R. Oui.
13 Me KOVACIC (interprétation) : Je demanderais de
14 l’aide de l’huissier, s’il vous plaît.
15 Q. Je vais tout d’abord vous montrer une photo.
16 Donc, je vous demanderais d’examiner cette photographie et
17 de nous dire si vous reconnaissez cette maison en tant que
18 maison que vous avez mentionnée et décrite.
19 R. Oui, c’est ça.
20 Q. Cette maison…
21 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : La maison est
22 laquelle, Me Kovacic ?
23 Me KOVACIC (interprétation) :
24 Q. Veuillez montrer ça du doigt, s’il vous
25 plaît, ou en utilisant le pointeur, s’il vous plaît.
Page 16409
1 Veuillez montrer ça sur le rétroprojecteur.
2 R. [Indication du témoin]
3 Q. Donc, c’est la maison au milieu, en face du
4 cimetière ? C’est le cimetière, n’est-ce pas ?
5 R. Oui, oui.
6 Q. C’est à côté de la route, la route principale
7 allant vers Kruscica.
8 Me KOVACIC (interprétation) : Je demanderais à
9 l’huissier de montrer ça à la partie adverse et qu’une cote
10 soit attribuée.
11 LA GREFFIÈRE (interprétation) : Il s’agit de la
12 cote D66/2.
13 Me KOVACIC (interprétation) :
14 Q. Témoin AS, est-ce que par hasard, vous pouvez
15 reconnaître cette maison ?
16 R. Non.
17 Q. Vous ne pouvez pas.
18 Me KOVACIC (interprétation) : Je demande qu’une
19 cote soit attribuée à cette maison.
20 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Attendez, il
21 ne l’a pas reconnue. Donc, il n’y a aucune raison qu’une
22 cote soit attribuée.
23 Me KOVACIC (interprétation) : Mais je vais citer
24 à la barre un témoin de la Défense qui va la reconnaître.
25 Je peux expliquer. Il s’agit là de la maison de Mario
Page 16410
1 Cerkez.
2 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : À ce moment-
3 là, une cote lui sera attribuée mais pas pour le moment.
4 Donc, veuillez rendre cela au conseil de la
5 Défense, s’il vous plaît.
6 Me KOVACIC (interprétation) :
7 Q. Essayons de poursuivre. Vous nous avez dit
8 que Marijan Skopljak et Mario Cerkez étaient commandants de
9 l’unité que vous appelez la brigade. Au cours de l’année
10 1992, est-ce que vous avez jamais entendu parler du terme
11 l’état-major municipal du HVO à Vitez ?
12 R. Oui.
13 Q. Est-ce que c’est Marijan Skopljak et ensuite
14 Mario Cerkez qui se trouvaient à la tête de cette
15 institution ?
16 R. Marijan Skopljak.
17 Q. Est-ce que vous avez jamais entendu parler de
18 l’institution appelée le Département de la Défense ?
19 R. Oui, mais tout ceci existait dans la
20 municipalité de Vitez.
21 Q. Donc, ces institutions étaient mentionnées à
22 Vitez, au sein du HVO ?
23 R. Oui. C’est ce dont j’ai entendu parler.
24 Q. Est-ce que vous avez jamais vu que le nom de
25 brigade apparaissait sur un quelconque document ou un nom
Page 16411
1 sur un immeuble au cours de l’année 1992 ?
2 R. Je ne m’en souviens pas.
3 Q. Au moment où Cerkez avait son bureau à
4 l’hôtel, vous en avez parlé, est-ce qu’un tel panneau y
5 figurait là-bas ?
6 R. Je ne peux pas vous le dire. Je ne m’en
7 souviens pas.
8 Q. Très bien ! Poursuivons. La maison que vous
9 avez reconnue sur la photographie, je vais vous rafraîchir
10 la mémoire. Vous avez reconnu cette maison. Est-ce que
11 vous pensez que c’était la maison de Marijan Skopljak ?
12 R. C’est possible. Je ne sais pas.
13 Q. Très bien ! Merci. Ce terme de « la
14 brigade », et là je parle de l’année 1992, de la fin de
15 cette année, est-ce que les gens ou bien certains soldats
16 du HVO employaient ce terme entre eux ?
17 R. Oui.
18 Q. En ce qui concerne cette unité que vous
19 appelez la brigade, vous avez rejoint ces rangs
20 volontairement en 1992 ?
21 R. Oui.
22 Q. À ce moment-là, comme vous l’avez dit, vous
23 étiez exclusivement lié à des actions soit contre la JNA,
24 soit contre l’armée de la Republika Srpska ou plutôt donc
25 les Serbes locaux qui essayaient de s’emparer d’une partie
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1 plus grande du territoire, n’est-ce pas ?
2 R. Oui.
3 Q. Des unités plus petites que vous avez
4 mentionnées, des unités du HVO que vous avez donc
5 mentionnées en ce qui concerne l’année 1992 étaient liées
6 aux villages ?
7 R. Oui.
8 Q. Et ses membres étaient des habitants de
9 villages ?
10 R. Oui, mais il ne s’agissait pas de gardes
11 villageoises. Je vais expliquer. Rijeka, Kruscica,
12 Krizancevo Selo, c’était le territoire couvert par ça.
13 Q. Très bien ! Donc, plusieurs villages ont été
14 reliés ainsi et lorsque les équipes ont été formées, les
15 équipes qui se rendaient sur les lignes de front contre les
16 Serbes à Vlasic, par exemple, ces équipes étaient
17 constituées de ces personnes venant des différents villages
18 ?
19 R. Oui, mais il s’agissait d’une composition
20 mixte et au début, ils demandaient des volontaires.
21 Q. Vous étiez à Vlasic, du moins à Galica,
22 d’après ce que vous avez dit ?
23 R. Oui.
24 Q. Vous occupiez des positions ailleurs, je veux
25 dire là dans les hauteurs ?
Page 16413
1 R. Non, non. Nous sommes partis le matin et
2 nous sommes revenus dans la nuit car nous n’avons pas
3 préparé des vivres, ni les munitions nécessaires.
4 Q. Très bien ! Vous avez dit à un moment
5 quelque chose que je voudrais préciser. Vous avez dit que
6 vous avez été muté de la brigade dans un peloton
7 d’intervention ?
8 R. Oui.
9 Q. Personne ne vous a muté ? C’est vous qui
10 vous êtes porté volontaire pour faire partie de ce peloton
11 ?
12 R. Quelqu’un d’âgé ne pouvait pas y aller,
13 quelqu’un qui avait 50 ans ou plus. En fait, on
14 choisissait des hommes célibataires et jeunes, prêts à
15 combattre.
16 Q. Quelqu’un vous a-t-il posé la question qui
17 était de savoir si vous le souhaitiez ou non ?
18 R. Oui. C’était Grabovac.
19 Q. Donc, vous auriez pu refuser ?
20 R. Oui, mais je ne l’ai pas fait.
21 Q. Ce détachement a été impliqué donc dans les
22 mêmes actions que celles que nous avons mentionnées contre
23 la VRS ?
24 R. Oui, mais nous étions aussi à Slimena, à
25 Travnik au moment de la remise de la caserne, la caserne de
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1 l’ex-JNA. Nous étions avec le Colonel Filip Filipovic
2 parce que c’est lui qui était dans les négociations avec
3 les officiers.
4 Q. Vous parlez de Slimena ?
5 R. Non. Travnik. Il s’agit de Travnik, la
6 caserne de Travnik.
7 Q. Pour que tout le monde nous comprenne, il
8 s’agit de la caserne de la JNA ?
9 R. Oui, de l’ex-JNA à Travnik.
10 Q. Tous les autres sites que nous avons
11 mentionnés, ce sont des casernes de la JNA ?
12 R. Oui. À Slimena, il y avait des dépôts.
13 Q. Des dépôts de la JNA ?
14 R. Oui, de l’ex-JNA.
15 Q. Je suppose que vous saviez à l’époque que la
16 JNA avait déposé à cet endroit les armes qu’elle avait
17 prises à la Défense territoriale ?
18 R. Oui. Les armes, les munitions, et cætera.
19 Q. Témoin AS, vous avez mentionné un homme très
20 jeune, Kico Bonic. D’après vous, il s’agissait d’un mineur
21 ?
22 R. Oui.
23 Q. Sommes-nous d’accord sur le fait qu’en fait,
24 ce garçon faisait tout pour faire partie de la bande des
25 grands ?
Page 16415
1 R. Oui, oui, oui, et finalement, il y est
2 parvenu.
3 Q. Finalement ou plus tard, c’est quand ?
4 R. Peut-être en 1993, au début, car je l’ai vu
5 plusieurs fois armé.
6 Q. Est-il exact que nombreux étaient ceux qui se
7 procuraient des armes de leur propre chef ?
8 R. Oui.
9 Q. Pour autant que vous le sachiez, personne n’a
10 donné à Kico Bonic une arme, quelqu’un faisant partie des
11 unités ?
12 R. Non, je ne le sais pas.
13 Q. Vous avez dit que Mario Cerkez avait un
14 bureau à un moment ultérieur, que son bureau se trouvait
15 dans l’enceinte de l’hôtel ?
16 R. C’était vers le mois de septembre, octobre.
17 Q. Vous confirmiez qu’il s’agissait de l’état-
18 major municipal du HVO Vitez que nous avons évoqué ?
19 R. Oui. L’état-major municipal du HVO Vitez.
20 Le jour où je me suis trouvé dans ce bureau, Monsieur
21 Cerkez était dans le bureau.
22 Q. Je vous pose la question sur 1992.
23 R. Oui, oui.
24 Q. Oui, tout à fait, il s’y trouvait, mais le
25 titre c’était bien l’état-major du HVO de Vitez ou l’état-
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1 major municipal de Vitez ?
2 R. C’est possible. Je ne sais pas.
3 Q. Blaskic, en tant que commandant de la zone
4 opérationnelle, quand il s’est rendu à l’hôtel, Cerkez et
5 son bureau ont été déménagés dans l’enceinte du cinéma :
6 C’est exact ?
7 R. Oui.
8 Q. À aucun moment, le bureau de Blaskic de sa
9 zone opérationnelle et le bureau de Cerkez ne se trouvaient
10 dans la même enceinte, dans l’enceinte de l’hôtel ?
11 R. Oui.
12 Q. Pour vérifier quelque chose au sujet du
13 stade, il s’agissait d’une manifestation publique ?
14 R. Oui. C’était la prestation du serment.
15 Q. D’après vos souvenirs, l’armée de Bosnie-
16 Herzégovine aurait-elle déjà procédé à une manifestation
17 comparable de prestation de serments ?
18 R. Oui, mais c’était l’armée de l’État de
19 Bosnie-Herzégovine.
20 Q. Oui, bien sûr, mais c’était aussi une
21 manifestation publique, n’est-ce pas ?
22 R. Oui, c’est possible.
23 Q. Merci. La prestation de serments ou plutôt
24 le serment que vous avez mentionné, il concernait les
25 termes de « protéger », mais protéger contre qui ? Nous
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1 sommes en été 1992. Le seul agresseur était la JNA qui est
2 aidée par les Serbes locaux. Est-ce exact ?
3 R. Oui.
4 Q. Merci. Pour quel motif ou plutôt… je
5 reformule ma question. Les soldats membres de l’armée de
6 Bosnie-Herzégovine ou les membres de la Défense
7 territoriale qui vous ont passé à tabac – vous avez évoqué
8 cet incident – ils vous ont passé à tabac parce qu’ils ne
9 souhaitaient pas qu’un musulman fasse partie du HVO ?
10 R. Oui.
11 Q. Autrement dit, l’armée de Bosnie-Herzégovine
12 et la Défense territoriale étaient opposées à ce que les
13 musulmans rejoignent les rangs du HVO ?
14 R. Non, non. C’était des individus que je
15 connaissais très bien.
16 Q. Donc, c’était des individus à titre personnel
17 ?
18 R. Oui. Si vous me permettez d’ajouter quelque
19 chose…
20 Q. Oui, allez-y.
21 R. Monsieur Merdan, un homme qui était dans son
22 escorte, c’était un homme qui s’appelait Franjo de Cajdras,
23 un Croate, et Monsieur Merdan était dans l’armée de Bosnie-
24 Herzégovine. Ça, c’est une preuve que l’armée de Bosnie-
25 Herzégovine accueillait tout le monde dans ses rangs.
Page 16418
1 Q. Vous conviendrez avec moi qu’en 1992, à
2 Vitez, vous n’étiez pas le seul musulman qui était dans le
3 HVO ?
4 R. Oui. Il y avait Adis Cosic aussi.
5 Q. Il y en avait d’autres ?
6 R. Oui, un autre, un Herceg, Edo Herceg. Nous
7 trois donc.
8 Q. Puisque vous avez mentionné Adis Cosic, en
9 fait, il a fait partie de l’escorte de Blaskic plus tard,
10 l’escorte personnelle ?
11 R. C’est possible mais je ne sais pas.
12 Q. C’était plus tard, quand vous étiez déjà
13 parti. À plusieurs moments dans votre déclaration, vous
14 avez parlé de la police de brigade.
15 R. Oui.
16 Q. C’était une unité de la taille d’un peloton,
17 une trentaine de personnes ?
18 R. Oui, à peu près.
19 Q. Pouvez-vous nous dire comment s’appelait
20 celui qui était à la tête de ce groupe ?
21 R. Non, je ne me rappelle pas.
22 Q. Vous connaissiez quelqu’un ?
23 R. Oui, quelques-uns, Nino Zabac, Ivankovic,
24 Zlatko, Nuka, quelques-uns d’entre eux seulement.
25 Q. Très bien ! À un moment quelconque, avez-
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1 vous remarqué que… ou bien plutôt, essayons d’être le plus
2 bref possible. Dites-moi, savez-vous que la brigade
3 Stjepan Tomasevic était une brigade conjointe mixte
4 municipale pour deux municipalités ?
5 R. Novi Travnik ?
6 Q. Oui. Vous êtes d’accord sur le fait que
7 c’était à partir du mois de décembre 1992 jusqu’au mois de
8 mars 1993 ?
9 R. La brigade de Zenica, de Novi Travnik et de
10 Vitez ?
11 Q. Oui.
12 R. Je ne crois pas que c’était à ce moment-là.
13 Q. Vous estimez que ce n’est pas la même époque
14 ?
15 R. Oui. Avant cela.
16 Q. Vous voulez dire à un moment antérieur ?
17 R. Oui, au début.
18 Q. Vous êtes d’accord sur le fait que le
19 commandement de cette brigade Stjepan Tomasevic, quelle que
20 soit l’époque, que ce commandement se trouvait à Novi
21 Travnik ?
22 R. Je ne le sais pas.
23 Q. Vous ne le savez pas. Vous savez qu’un seul
24 bataillon de cette brigade avait son commandement à Vitez ?
25 R. Non.
Page 16420
1 Q. À un moment quelconque, avez-vous entendu
2 parler de Anto Bertovic, un commandant du HVO d’un
3 bataillon du HVO ?
4 R. Oui. Il était l’adjoint de Monsieur Mario
5 Cerkez.
6 Q. Il y a un instant, vous avez dit que vous
7 considériez…
8 R. Ce que je peux dire c’est que je le sais
9 parce qu’à de nombreuses reprises, nous étions dans un café
10 s’appelant Rubikon et c’est là que venaient Anto Bertovic,
11 Grabovac, Karlo et bien d’autres officiers de la brigade de
12 Vitez et il a été dit qu’il était le suppléant de Monsieur
13 Mario Cerkez.
14 Q. Pouvez-vous situer cette déclaration à une
15 date à la mi-1992, fin 1992, début 1993 ?
16 R. J’étais dans la police. C’était vers le mois
17 de novembre, à peu près novembre 1992.
18 Q. Très bien ! Cette police de brigade, on
19 pouvait la voir monter la garde autour de l’enceinte du
20 cinéma où était situé l’état-major de Cerkez ?
21 R. Oui.
22 Q. À un moment quelconque, avez-vous remarqué
23 que Cerkez ou un quelconque de ses hommes émette des
24 ordres, un ordre quelconque à ceux-là ?
25 R. Non. Je ne me trouvais pas sur place. Je ne
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1 peux pas le savoir.
2 Q. Vous avez dit que vous fréquentiez ses
3 camarades ?
4 R. Oui, mais on ne parlait pas tout le temps des
5 commandants dans la police. On avait d’autres sujets à
6 aborder.
7 Q. Ces hommes-là, ce peloton qui se trouvait
8 déployé autour du cinéma pour garantir la sécurité, ces
9 gens-là, ils étaient payés à l’hôtel Vitez ensemble avec le
10 4e bataillon ?
11 R. Je ne le sais pas. Je ne sais pas ça. C’est
12 la première fois que je l’entends.
13 Q. Vous n’avez jamais eu l’occasion de voir
14 cela, de les voir toucher leurs soldes là-bas ?
15 R. Non.
16 Q. En passant, dites-moi, vous receviez
17 régulièrement votre solde ?
18 R. Je ne peux pas vous dire à quelle fréquence.
19 Je ne m’en rappelle pas.
20 Q. À un moment quelconque, avez-vous appris
21 d’une manière plus précise de quand datait la création de
22 la brigade de Vitez qui a été fondée après la brigade
23 Stjepan Tomasevic ?
24 R. Non.
25 Q. Dans tous les cas, vous êtes d’accord avec
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1 moi pour dire que la brigade de Vitez a été constituée une
2 fois que la brigade Stjepan Tomasevic n’existait plus ?
3 R. Oui.
4 Q. Si je vous dis que c’était en mars à peu près
5 1993, est-ce que cela vous rafraîchit la mémoire ?
6 R. Non.
7 Q. Vous avez dit que dans le bureau de Cerkez,
8 vous vous trouviez jusqu’au moment du conflit autour du
9 barrage routier de Ahmici et que Cerkez a fait une
10 déclaration, quelque chose allant dans le sens : « Il faut
11 soit les expulser, soit les tuer », mais vous avez dit que
12 c’était en présence d’une tierce personne, quelqu’un dont
13 le surnom était Mimo ?
14 R. Oui.
15 Q. Marijan Mlakic, est-ce un nom qui vous dit
16 quelque chose, que vous mettez en relation avec Mimo ?
17 R. C’est possible.
18 Q. Était-ce votre adjoint chargé de la
19 logistique ?
20 R. C’est dans le dépôt qu’il se trouvait tout ce
21 temps.
22 Q. Si je vous dis… excusez-moi. Si je vous dis
23 que le supérieur de Marijan Mlakic était Stipo Ceko, cela
24 vous rappelle-t-il quelque chose ?
25 R. Oui. Je connais Stipo Ceko également. Lui
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1 aussi, il est de Kruscica.
2 Q. Mimo était son homme au dépôt ?
3 R. Oui, c’est possible car je sais qu’à l’hôtel,
4 il y avait Mimo, Vlado Cerkez et Ceko et Sero, Sero… j’ai
5 oublié son nom.
6 Q. Qui était présent à cette conversation, tous
7 ces hommes-là ?
8 R. Non. Vlado et Mimo. Je pense que ces trois
9 hommes se trouvaient dans le bureau, moi et Zoran Rajic.
10 Q. Qui est Vlado, quel est son nom de famille si
11 vous le savez ?
12 R. Je pense que c’est Vlado Cerkez. Il avait
13 été chauffeur dans la logistique.
14 Q. Vlado Cerkez ne pouvait certainement pas s’y
15 trouver puisqu’il n’y a pas de Vlado Cerkez à Vitez.
16 R. Oui. J’ai fait une erreur sur le nom de
17 famille, mais il était certainement Vlado et il était de
18 Kruscica. Ça, j’en suis sûr.
19 Q. Très bien ! Donc, à cette conversation ont
20 assisté au moins ces trois personnes, Vlado, Mimo – Mimo,
21 nous avons établi que c’est Marijan Mlakic – et Stipo Ceko
22 ?
23 R. Oui.
24 Q. Je vous remercie. Lors de cette attaque sur
25 le barrage près de Ahmici le 20, une seule personne a été
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1 tuée du côté de l’armée de Bosnie-Herzégovine. Vous le
2 savez ?
3 R. Je ne le sais pas.
4 Q. Vous ne le savez pas. Savez-vous combien il
5 y a eu de pertes du côté du HVO ?
6 R. Je sais qu’il y avait un homme de Kakanj,
7 non, de Kiseljak et un autre ou deux de plus. Je ne me
8 souviens pas.
9 Q. Oui, exactement, un homme de Kiseljak.
10 R. Je le connais puisque nous étions ensemble à
11 Jajce sur la ligne de front.
12 Q. Bien ! Pendant que vous transportiez cette
13 munition dont vous avez parlé et que vous avez remise à
14 Grabovac, à Impregnacija et à partir du moment où Grabovac
15 vous a appelé le matin, il y a eu des tirs au niveau du
16 barrage, donc sept à huit kilomètres de distance de vous.
17 Ces tirs, ils avaient commencé depuis longtemps ?
18 R. Oui, mais l’intensité était moindre. Vers 5
19 ou 6 h 00.
20 Q. Vous personnellement ou bien les camarades
21 avec qui vous étiez ce jour-là, vous n’avez jamais atteint
22 ce point ?
23 R. Eux, ils étaient en bas mais pas moi.
24 Q. Ils étaient près de Bila ou de Ahmici ?
25 R. Ahmici, près de Ahmici.
Page 16425
1 Q. Vous êtes sûr qu’ils avaient fait part de ce
2 conflit ou ils étaient là comme réserves sur la route ?
3 R. Ils sont partis pour Ahmici avec des armes et
4 des munitions et ils sont partis le matin pour revenir le
5 soir.
6 Q. Vous êtes d’accord sur le fait qu’il y avait
7 d’autres unités en bas, notamment ces unités qui voulaient
8 se rendre vers Jajce ?
9 R. Oui, comme on nous l’a dit, en direction de
10 Jajce.
11 Q. C’était des unités extérieures à la
12 municipalité de Vitez ?
13 R. Oui. De Busovaca et de Kiseljak.
14 Q. Je ne veux pas m’attarder sur ces troubles
15 dans la ville vers la fin de l’année 1992, quand les
16 commerces, les restaurants ont été piégés. Une seule chose
17 que je souhaite vous demander. Entre autres, il y a eu
18 explosion du restaurant Kamin dont le propriétaire était
19 Jukic. Donc, le nom du restaurant est Kamin. Vous
20 rappelez-vous cet incident ?
21 R. Le restaurant Kamin ?
22 Q. Oui.
23 R. Il se trouvait où ?
24 Q. Au centre de la ville, en bas par rapport au
25 cinéma, à gauche en direction de la pharmacie, là où il y a
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1 des galeries marchandes et des commerces, des boutiques.
2 Si vous ne vous rappelez pas, ce n’est pas grave.
3 R. Je n’arrive pas à me rappeler cela.
4 Q. Très bien ! Vous avez confirmé qu’à
5 l’époque, dans la ville, était active cette unité qui
6 s’appelait Ludvig Pavlovic ?
7 R. Oui.
8 Q. Ils sont arrivés de Capljina ?
9 R. Oui.
10 Q. Autrement dit, de Bosnie-Herzégovine ?
11 R. Oui, mais ils étaient membres de l’armée
12 croate et finalement, ils ont été transférés au sein du HVO
13 et ça, j’en suis sûr à 100 pour cent.
14 Q. Très bien ! Au sujet de cela, quand vous
15 êtes parti pour Capljina après avoir quitté Vitez, pendant
16 un certain moment, vous avez rejoint les rangs de cette
17 unité ?
18 R. Oui. Je suis resté un petit bout de temps
19 avec eux.
20 Q. Donc, vous avez eu l’occasion de bien les
21 connaître ?
22 R. Oui.
23 Q. Est-il exact que c’était des Herzégovins qui
24 ont combattu en Croatie pendant l’agression contre la
25 Croatie ?
Page 16427
1 R. Oui.
2 Q. Donc, en 1991 et 1992, en tant que
3 volontaires, ils sont partis combattre en Croatie avec la
4 HV pour retourner en Bosnie au moment où la guerre a
5 commencé en Bosnie ?
6 R. Ils ont combattu en Croatie en tant que
7 membre de la HV et pas HVO et ils sont revenus en Bosnie en
8 étant payés par la République de Croatie. Tous ces hommes
9 étaient membres de l’armée croate et ils recevaient aussi
10 les grades de la part de l’armée croate.
11 Q. Pour que ce soit tout à fait clair, s’il vous
12 plaît, en tout début, ces hommes sont partis initialement
13 de Bosnie pour aller combattre en Croatie quand la guerre a
14 éclaté en Croatie ?
15 R. Oui.
16 Q. Merci. En tant que membre de la police
17 militaire…
18 Me KOVACIC (interprétation) : Il semblerait y
19 avoir une erreur dans le compte rendu, ligne 10. Il
20 faudrait qu’on y lise : « de Bosnie ». « Ils sont partis
21 de Bosnie pour combattre en Croatie ».
22 Q. Quand vous avez rejoint la police militaire,
23 cette police militaire située à l’hôtel, elle avait un
24 peloton, un détachement qui était chargé de la criminalité,
25 des crimes. À un moment quelconque, avez-vous pu avoir
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1 connaissance des dossiers criminels, enfin des dossiers
2 qu’ils traitaient, qu’ils transmettaient à la police ?
3 R. Non.
4 Q. En travaillant dans la police militaire, vous
5 avez pu consulter les dossiers concernant les fautes
6 disciplinaires ?
7 R. Non.
8 Q. Autrement dit, vous n’êtes pas sûr qu’à
9 l’encontre de certaines personnes, il y ait eu ou non
10 procédures ?
11 R. C’était rare. C’était rare.
12 Q. Très bien ! À un moment dans votre
13 déposition, vous avez mentionné le Général Prkacin.
14 R. Oui.
15 Q. Je suis sûr que vous serez d’accord avec moi
16 mais je voudrais préciser cela. Le grade de Général, il
17 l’a eu par la décision du Président de la présidence de
18 Bosnie-Herzégovine, Monsieur Izetbegovic. Est-ce exact ?
19 R. Oui. Il était le Général du HOS et c’est
20 pour cela que Blaz Kraljevic a été tué parce qu’ils
21 voulaient combattre ensemble aux côtés de l’armée
22 bosniaque.
23 Me KOVACIC (interprétation) : Pour le compte
24 rendu, répétons.
25 Q. Monsieur le Témoin, vous avez confirmé que
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1 vous saviez que le grade de Général a été accordé au
2 Général Prkacin par Monsieur Izetbegovic ?
3 R. Oui.
4 Q. Vous êtes d’accord sur le fait que Prkacin
5 était un Croate ?
6 R. Oui.
7 Q. Une autre précision. À une question du
8 Procureur, et c’est quelque chose que vous avez évoqué
9 auparavant également, vous avez dit donc que les membres
10 l’IPD faisaient leur travail à l’hôtel et qu’ils étaient
11 basés à l’hôtel. C’est exact ?
12 R. Oui.
13 Q. Mais seule l’unité de télévision, le studio
14 de télévision était au cinéma ?
15 R. Oui, et à Podgradina, à la maison de Pero
16 Gudelj.
17 Q. Donc, celui de l’IPD donc de l’hôtel n’a rien
18 à voir avec le cinéma ?
19 R. Bien, il envoyait les lettres ou des choses
20 là-bas.
21 Q. Merci. Une question au sujet de l’attaque
22 sur le département de logistique de la Défense territoriale
23 de Vitez. Vous avez appelé cela le bâtiment jaune. Je ne
24 voudrais pas qu’on perde trop de temps. Vous avez omis de
25 dire qu’il y avait une brigade sur place.
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1 R. Je n’ai pas parlé de brigade, mais il y avait
2 la police.
3 Q. Pour simplifier, cette opération a été menée
4 par les Vitezovis et par certains membres de la police
5 militaire ?
6 R. Oui.
7 Q. À la tête de cette action se trouvaient les
8 Vitezovis ?
9 R. Je ne le dirais pas. J’ai dit qu’avec nous,
10 il y avait Zoran Ljubic qui était l’adjoint de Monsieur
11 Pasko Ljubicic.
12 Q. Bien ! Vous avez également abordé la
13 question du pillage des commerces et des maisons musulmanes
14 et vous avez dit que de cette manière, vous avez pris part
15 à des actions qui n’étaient pas légales et que vous étiez
16 membre de la police militaire. Votre commandant, votre
17 supérieur immédiat ou un de vos supérieurs dans la police
18 militaire vous aurait-il produit une sorte de protection en
19 cas de poursuites pour ces pillages ?
20 R. Non, mais nous savions tous que rien n’allait
21 nous arriver.
22 Q. Donc, vous vous attendiez à cela ?
23 R. Oui, tous, tous jusqu’au dernier.
24 Q. Vous avez aujourd’hui évoqué un point au
25 sujet de Marko Lujic qui était officier chargé de
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1 l’artillerie auprès de Blaskic à l’hôtel et vous en avez
2 parlé un peu plus dans votre déclaration préalable.
3 R. Oui.
4 Q. Le fusil au sujet duquel vous avez dit que
5 Haskic vous l’a pris, ça s’est passé au Café 09, n’est-ce
6 pas ?
7 R. Oui.
8 Q. C’est bien le même café que vous, membre de
9 la police militaire, avez démoli ?
10 R. Non, pas de notre police militaire mais la
11 police militaire de la brigade.
12 Q. Cette unité que vous avez évoquée qui
13 s’appelait Scorpions, certains l’appelaient Alfa Force ?
14 R. Oui, oui. Leur siège était en route vers
15 Zabilje à Kruscica, dans les maisons de campagne des
16 personnes qui étaient de Zenica.
17 Q. À quel moment, le savez-vous ?
18 R. Peut-être en avril, mai 1992.
19 Q. Est-ce que vous savez que cette unité a cessé
20 d’exister à la fin 1992 ?
21 R. Non. Cicko m’a dit qu’il avait été remplacé
22 après ça et c’est la vérité.
23 Q. Personne d’autre ne vous en a parlé ?
24 R. Non.
25 Q. Avez-vous jamais vu un document quelconque
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1 qui montrait quel était le nom de cette unité ? Je pense à
2 un ordre de combat, quelque chose de ce genre.
3 R. Non, apparemment.
4 Q. Vous conviendrez que Chris Wilson ainsi que
5 d’autres personnes dont un certain Charlie venaient parfois
6 voir Pasko à l’hôtel ?
7 R. Oui.
8 Q. C’est à ce moment-là qu’ils obtenaient des
9 munitions et d’autres types d’équipements ?
10 R. Non. C’était avant 1993. C’était en janvier
11 et février. D’abord, il y avait Chris, Sanja, Dugi (ph.),
12 Josip. Ensuite, il est passé aux Jokers et Charlie, lui,
13 il était parti en Allemagne.
14 Q. Dans une déclaration que vous avez faite
15 précédemment, vous avez dit avoir personnellement entendu
16 Chris entrer dans le bureau de Pasko et lui demander 20
17 uniformes, des munitions, du gasoil, des armes, et cætera.
18 Savez-vous s’il a obtenu tout cela ?
19 R. Je crois que oui.
20 Q. Je crois également que dans une déclaration
21 précédente, vous avez dit que vous étiez avec les Scorpions
22 dans des opérations contre la JNA ou plutôt contre l’ARS ?
23 R. C’était à Jajce, je crois, mais il s’agissait
24 uniquement de leur assurer un appui. À l’époque, tout le
25 monde s’entraidait.
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1 Q. À Jajce, on avait d’un côté le HVO et l’armée
2 de Bosnie-Herzégovine et de l’autre côté les Serbes qui
3 essayaient de prendre Jajce. C’est bien exact ?
4 R. Oui.
5 Q. Pour finir, je n’ai que quelques questions à
6 vous poser au sujet de votre départ de Vitez. Est-ce que
7 vous pensez que Cerkez avait une obligation quelconque
8 officielle de vous donner un certificat, une référence
9 étant donné le règlement ou est-ce que c’était quelque
10 chose que vous lui aviez demandé ?
11 R. Oui, c’était moi qui lui avais demandé.
12 Quand on m’a chassé de la police, je n’avais nulle part ou
13 aller. Je n’osais pas rejoindre les rangs de l’armée de
14 Bosnie-Herzégovine. Je n’oserais toujours pas le faire
15 aujourd’hui.
16 Q. Donc, vous êtes allé voir le Bureau de la
17 Défense afin de rencontrer Mario Skopljak ou plutôt un de
18 ses assistants, une des personnes qui travaillaient dans
19 son bureau et vu la réglementation qui était en vigueur,
20 vous avez dû recevoir un certificat ? Sinon, vous n’auriez
21 pas pu quitter la zone de Vitez puisque vous étiez censé
22 faire votre service ou être dans l’armée ?
23 R. Oui.
24 Q. Donc, vous n’aviez pas le droit de quitter
25 Vitez dans un certificat du Bureau de la Défense ?
Page 16434
1 R. Il ne s’agit pas uniquement des gens qui
2 étaient en âge de servir dans l’armée mais des femmes, des
3 enfants, et cætera, et puis généralement, les gens devaient
4 payer pour les certificats. Je crois que ça coûtait
5 environ 50 marks.
6 Q. Quoi qu’il en soit, vous étiez muni de ce
7 certificat et de ce fait, vous étiez en mesure de partir.
8 Personne ne pouvait vous empêcher de le faire ?
9 R. J’aurais très bien pu aussi partir sans, mais
10 alors là…
11 Q. Je crois que Cerkez, lorsqu’il vous a remis
12 ce certificat, ce document, vous a dit que vous pourriez
13 l’utiliser ailleurs et il vous a donné 50 marks de lui-même
14 ?
15 R. Je ne m’en souviens pas. Je suis désolé. Je
16 l’ai peut-être dit mais je ne m’en souviens pas.
17 Q. Vous vous souvenez que d’autres personnes que
18 vous avez rencontrées ce matin-là vous ont dit qu’elles
19 étaient tout à fait prêtes à vous aider ?
20 R. Oui.
21 Me KOVACIC (interprétation) : Merci.
22 Je n’ai plus de questions.
23 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Me Kovacic, je
24 voudrais avoir des réponses aux questions suivantes si vous
25 le permettez. Le témoin nous a dit qu’en octobre,
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1 lorsqu’il est allé voir votre client, Grabovac lui avait
2 dit d’aller trouver des munitions, votre client a dit :
3 « Les tuer ou les chasser, qu’est-ce que je m’en fiche » et
4 il parlait de l’armée de Bosnie-Herzégovine.
5 Est-ce que vous contestez ce fait ou non ?
6 Me KOVACIC (interprétation) : Oui, nous le
7 contestons. Mon client ne se souvient absolument pas de ce
8 genre de propos. Ce n’est pas sa façon de s’exprimer et
9 justement, dans mon contre-interrogatoire, j’ai essayé de
10 déterminer qui était présent à ce moment-là, et vous vous
11 en souviendrez certainement, le témoin a identifié au moins
12 deux personnes qui étaient présentes.
13 RÉINTERROGÉ PAR Me LOPEZ-TERRES :
14 Q. Monsieur le Témoin AS, on vous a posé une
15 question il y a quelques instants sur la date de création
16 de la brigade de Vitez et vous avez indiqué que certains
17 soldats parlaient de la brigade en 1992, à l’époque où la
18 brigade de Vitez en tant que telle n’existait pas.
19 Pouvez-vous examiner le document que je vais vous
20 présenter sur lequel figure la signature de Mario Cerkez,
21 qui est une carte d’identité militaire et où il est indiqué
22 que le titulaire de cette carte appartient à la 1ère
23 brigade de Vitez ? Ce document est daté du 26 juin 1992.
24 Il s’agit d’une carte qui est établie au nom du nommé Sero
25 Zoran.
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1 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : [Non
2 interprété]
3 Me LOPEZ-TERRES : Ce document a été produit dans
4 les classeurs que le témoin Carry Spork a présentés à votre
5 Chambre. Il s’agit de la pièce Z142 qui fait partie du
6 classeur Z2813.2, je crois.
7 R. La plupart de nous avait ça, ce genre de
8 carte.
9 Q. Sur cette carte, il est bien indiqué
10 « brigade de Vitez » ?
11 R. Oui, la première brigade de Vitez, le 26 juin
12 1992.
13 Q. La signature à droite est celle de Mario
14 Cerkez ? Vous ne savez pas ?
15 R. Je ne sais pas. Je ne peux pas vous le dire.
16 Q. On a parlé du peloton de police militaire au
17 sein de cette brigade. Les fonctions de ce peloton de
18 police militaire n’étaient pas uniquement d’assurer la
19 sécurité et la garde des bâtiments de la brigade ? Ils
20 avaient d’autres fonctions ?
21 R. Oui.
22 Q. Ils participaient à des opérations militaires
23 comme vous-même au sein du 4e bataillon de police
24 militaire ?
25 R. Oui.
Page 16437
1 Q. Je voudrais que les choses soient bien
2 claires. Certains membres de ce peloton de la police
3 militaire de la brigade ont bien participé avec vous à
4 l’action sur le dépôt de logistique de l’armée de Bosnie à
5 Vitez, ce que vous appelé la maison jaune ?
6 R. Oui, certains d’entre eux mais ils étaient du
7 côté droit par rapport à nous. Nous n’étions pas ensemble.
8 Leur position était latérale pour ainsi dire.
9 Q. De par les informations que vous avez ou les
10 discussions que vous avez eues avec Bralo ou avec Chris
11 Wilson ou autre, votre interprétation est bien que l’unité
12 des Scorpions ou Alfa Force était une unité qui formait une
13 partie de la brigade de Vitez ?
14 R. Oui, au début. Peut-être à la fin, elle
15 s’est décomposée mais au début, elle appartenait à la
16 brigade de Vitez.
17 Q. Vous avez participé à ce que vous avez
18 reconnu être une campagne de nettoyage ethnique à
19 Busovaca ? En janvier 1993, vous avez indiqué que votre
20 commandant direct, Pasko Ljubicic, se rendait régulièrement
21 à l’hôtel Tisovac pendant cette période ?
22 R. Oui.
23 Q. Êtes-vous certain que pendant cette période,
24 le Colonel Blaskic était toujours présent à l’hôtel Tisovac
25 lorsque Ljubicic s’y rendait ?
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1 R. Puis-je expliquer ? À chaque fois qu’on
2 venait le matin devant le café, Monsieur Pasko nous
3 disait : « Le Colonel a donné l’ordre de faire ceci ou
4 cela. » Nous croyions que c’était le Colonel Blaskic mais
5 je ne peux pas l’affirmer avec exactitude. Il est possible
6 qu’il s’agissait de lui, peut-être pas. Mais lorsque l’on
7 disait « Colonel », on pensait au Colonel Blaskic, mais
8 peut-être dans son esprit c’était autre chose.
9 Q. Vous savez que le Colonel Blaskic a été
10 coincé à Kiseljak à partir du 25 janvier 1993 ? Il ne
11 pouvait plus se rendre à Busovaca à ce moment-là : Vous le
12 savez ?
13 R. Je sais que la FORPRONU l’a escorté depuis
14 l’hôtel Vitez jusqu’à Kiseljak mais je ne sais pas s’il est
15 rentré sous leur escorte parce que je sais… j’ai vu quand
16 ils l’ont placé dans le véhicule de transport de troupes,
17 il y avait le Colonel Blaskic et puis ses deux gardes-du-
18 corps.
19 Q. Le véhicule de l’UNPROFOR a amené le Colonel
20 Blaskic de Kiseljak à Vitez. À votre connaissance,
21 l’UNPROFOR amenait-elle Blaskic vers Busovaca ?
22 R. Non. Ils l’ont amené de Vitez à Busovaca et
23 Kiseljak, d’après nos informations, mais je ne sais pas
24 s’ils l’ont ramené.
25 Q. Et ceci c’était au mois de janvier 1993 ou
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1 plus tard ?
2 R. Oui, à peu près à ce moment-là.
3 Q. Vous avez participé à plusieurs opérations
4 militaires quand vous étiez au sein du HVO. Serez-vous
5 d’accord avec moi pour dire que la doctrine officielle du
6 HVO lors de ses opérations militaires était toujours de
7 dire qu’il s’agissait d’opérations de défense et jamais
8 d’attaques ou d’offensives alors même qu’il s’agissait
9 d’opérations offensives ?
10 R. Oui, c’est exact.
11 Q. Une question en ce qui concerne Monsieur
12 Marko Lujic. On vous a demandé si effectivement il avait
13 été au quartier général avec le Colonel Blaskic à l’hôtel
14 Vitez à un certain moment.
15 R. Oui, plus tard, à partir de l’année 1992,
16 peut-être le mois d’octobre ou novembre, mais au début moi,
17 je le voyais devant la Konoba. Il était là.
18 Q. Il était donc à ce moment-là responsable de
19 l’artillerie au sein de la brigade de Vitez et pas du…
20 [hors microphone]
21 R. Et après, il a été muté dans la zone
22 opérationnelle de la Bosnie centrale.
23 Q. Une dernière question sur la campagne de
24 Busovaca. Avant que cette campagne soit menée par le HVO,
25 des préparatifs ont été mis en place. Vous avez parlé de
Page 16440
1 l’envoi de munitions à Busovaca. Il y a eu, je crois,
2 aussi des tranchées qui ont été creusées par le HVO ?
3 R. Oui. Oui, par ci, par là.
4 Q. Témoin AS, quel était selon vous puisque vous
5 avez côtoyé les responsables du HVO pendant une certaine
6 période, vous avez été leur contact, quel était selon vous
7 le personnage principal du HVO ou du HDZ en Bosnie centrale
8 en 1992-1993 ?
9 R. Du HDZ ?
10 Q. Du HDZ.
11 R. En ce qui concerne le HVO, la composante
12 militaire, c’était le Colonel Blaskic, mais en ce qui
13 concerne la responsabilité politique, le HDZ, c’était sans
14 aucun doute Monsieur Dario Kordic.
15 Q. Le HVO était-il pour vous uniquement une
16 structure de nature militaire ou une structure mixte,
17 politico-militaire ?
18 R. C’était… le HVO, à mon avis – c’est mon
19 opinion – était une structure militaire du HDZ de Bosnie-
20 Herzégovine et de la Croatie aussi, bien sûr.
21 Me LOPEZ-TERRES : Je n’ai pas d’autres questions,
22 Monsieur le Président.
23 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Monsieur le
24 Témoin AS, vous en avez donc terminé de votre déposition.
25 Je vous remercie d’être venu déposer devant le Tribunal
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1 Pénal International et vous pouvez maintenant quitter le
2 prétoire.
3 LE TÉMOIN (interprétation) : Merci.
4 Un instant, s’il vous plaît.
5 [Le témoin se retire]
6 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Donc, si j’ai
7 bien compris, nous en sommes à la fin de la présentation
8 des éléments de preuve de l’Accusation.
9 Me NICE (interprétation) : Oui, sous réserve d’un
10 certain nombre de questions qui restent encore en suspens.
11 J’ai une liste quelque part.
12 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Mais il est
13 déjà 17 h 25. Nous avons donc cinq minutes.
14 Me NICE (interprétation) : À moins que nous ne
15 puissions siéger plus longtemps et en terminer ce soir ?
16 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je ne pense
17 pas que cela soit très réaliste. Il y a beaucoup de
18 questions à régler.
19 Me NICE (interprétation) : Oui mais vous le
20 savez, demain, je ne suis pas là, et si vous me permettez,
21 je souhaiterais souligner, mettre en évidence les points
22 qu’il convient d’aborder.
23 Premièrement, les affidavits. Ils ont fait
24 l’objet de mémoires de la part de la Défense et de
25 l’Accusation et ils sont relatifs aux affidavits de nature
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1 générale. Mais il y en a deux autres dont on n’a pas
2 traité. Il y a d’abord celui d’un témoin qui réside aux
3 États-Unis, en Amérique. Son affidavit est arrivé cette
4 semaine et il y a l’affidavit de Monsieur Morsink qui a été
5 demandé par la Chambre.
6 En outre, vous vous souviendrez que nous avons
7 fait une demande. Une demande a été faite par le biais du
8 système bosnien, ceci afin d’obtenir des affidavits
9 relatifs aux actes criminels qui ont été répertoriés à
10 Travnik et nous n’avons pas pu les obtenir jusqu’à présent…
11 nous n’avons donc pu les obtenir que très récemment et ils
12 n’ont pas encore été examinés en détail et nous allons donc
13 demander dès qu’ils seront prêts qu’ils soient versés au
14 dossier.
15 Donc, voici ce que j’avais à dire pour les
16 affidavits.
17 Ensuite, il y a le classeur relatif à Kiseljak.
18 Cela ne va pas prendre trop de temps.
19 Puis les vidéos. Nous avons établi une liste, une
20 nouvelle liste qui a été corrigée, qui a été complétée. Si
21 je n’ai pas la possibilité de vous l’expliquer ce soir, en
22 tout cas, elle est assez facile à comprendre et on pourra
23 vous l’expliquer demain. Donc, je pense qu’elle est assez
24 simple.
25 Mais ce qui se passe avec les vidéos c’est qu’il y
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1 a beaucoup de vidéos que nous recevons et qui comprennent
2 d’autres vidéos, qui reprennent d’autres vidéos et il
3 s’agit de différents films qui sont relatifs aux mêmes
4 événements, et parfois elles sont traduites ces vidéos de
5 façon différente, suivant les cas. Alors, une solution ça
6 aurait été de prendre chaque vidéo et de faire de chaque
7 petit film une vidéo individuelle, mais on se serait
8 retrouvé avec un nombre incalculable de vidéos et donc,
9 nous n’avons pas choisi cette voie. Je pense que la
10 question des vidéos peut être réglée assez rapidement.
11 Puis, il y a également la question des comptes
12 rendus d’audience. Il n’y a à ce sujet que deux questions
13 qui restent à régler.
14 La première c’est le témoin confidentiel. Aucune
15 argumentation n’a été présentée à ce sujet ni d’un côté ni
16 de l’autre.
17 Ensuite, au sujet de Kaiser, dont on a refusé de
18 verser au dossier la déposition dans une affaire
19 précédente…
20 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Mais comment
21 voulez-vous… pourquoi voulez-vous que nous revenions sur
22 cette affaire ? Nous avons pris des décisions et ensuite
23 vous revenez dessus tout simplement. Ce n’est pas la façon
24 dont nous procédons.
25 Me NICE (interprétation) : Mais permettez-moi de
Page 16444
1 vous expliquer la situation.
2 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Il est déjà 17
3 h 30. Donc, essayez d’être très bref.
4 Me NICE (interprétation) : En ce qui concerne
5 Kaiser, j’ai préféré ne pas donner notre position tout de
6 suite. Il a été rejeté sur la base du fait que c’était un
7 expert et également sur la base d’un autre motif auquel
8 nous n’avons pas répondu.
9 Monsieur Scott pourra vous l’expliquer demain en
10 expliquant que cette déposition ne fait pas double emploi,
11 bien qu’elle ait été utilisée dans le cadre de l’affaire
12 Blaskic. Il s’agit de faits sur lesquels on a déjà dressé
13 constat judiciaire.
14 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je vais
15 demander que l’on réexamine ma décision. Je crois que nous
16 avons dit que les opinions présentées par cette personne
17 n’étaient pas pertinentes.
18 Me NICE (interprétation) : Oui, mais en ce qui
19 concerne le double emploi, il s’agissait des faits.
20 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Eh bien, nous
21 allons décider s’il convient de continuer la discussion à
22 ce sujet ou non.
23 Me NICE (interprétation) : De plus, il y a une
24 demande qui est venue de Monsieur le Juge Bennouna et des
25 autres Juges de la Chambre demandant que soient répertoriés
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1 et référencés les comptes rendus d’audience. Nous n’avons
2 pas encore eu le temps de le faire mais nous sommes en
3 train de le faire.
4 En ce qui concerne Cigar, vous nous avez dit qu’un
5 ou deux documents pourraient être versés au dossier. Je
6 peux vous donner une idée de la situation, à l’exception
7 des articles de presse. Tous les documents sauf un nombre
8 limité de documents avaient déjà été présentés par le
9 truchement d’autres témoins et sur ce nombre limité de
10 documents, tous à l’exception d’un seul avaient été
11 acceptés comme admissibles par la Défense, à l’exception
12 d’un document-clé qui n’avait pas encore été versé au
13 dossier.
14 Donc, si je me trompe, en tout cas Madame Somers
15 va intervenir pour vous parler d’un certain nombre très,
16 très limité d’articles de presse sur lesquels nous vous
17 invitons à vous pencher et à verser au dossier donc.
18 Enfin, je souhaiterais attirer votre attention sur
19 la chose suivante. Les faits reconnus, les faits qui ont
20 déjà fait l’objet d’un jugement : Ce n’est pas une chose
21 facile puisqu’il y a encore des appels qui vont couvrir les
22 procès au cours desquels on a examiné ces faits, mais
23 cependant, il y a une affaire sur laquelle nous allons
24 essayer de nous appuyer dans le cadre de notre
25 réquisitoire.
Page 16446
1 Nous avons donc déposé une demande nous permettant
2 de nous baser sur des faits de notoriété publique, à savoir
3 des faits qui ont déjà fait l’objet d’une décision
4 judiciaire dans l’affaire Blaskic. Notre demande est
5 formulée de manière extrêmement générale et d’ailleurs nous
6 n’avons pas encore été en mesure d’examiner dans les
7 détails tous les faits qui sont mis en évidence dans
8 l’affaire Blaskic. Mais étant donné que l’affaire va sans
9 doute faire l’objet d’un appel, nous pensons que nous
10 devons présenter cette demande.
11 Lorsque nous reviendrons le 30 mars, il est
12 possible que nous ayons une audience au cours de laquelle
13 nous traiterons cela ou une requête de la Défense.
14 Voilà tout ce que j’avais à dire !
15 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui. J’ai
16 quant à moi une chose à dire en ce qui concerne la question
17 qui a été traitée ex parte. Nous avons demandé des
18 informations bien particulières. Or cette information,
19 nous ne l’avons pas reçue. Je ne doute pas que cette
20 information puisse nous être communiquée par écrit.
21 Me NICE (interprétation) : Je crois en fait que
22 vous avez reçu cette information en écrit et le lendemain
23 d’ailleurs de votre demande.
24 [Le Président discute avec le juriste de la
25 Chambre]
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1 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je crois que
2 nous avons reçu une réponse informelle que nous allons
3 transformer en réponse officielle.
4 [La Chambre discute]
5 Me NICE (interprétation) : Oui. On me rappelle
6 un point que j’ai oublié d’aborder. J’en ai déjà parlé
7 précédemment mais la question relative aux ordonnances de
8 comparution forcée entraîne nécessairement la production de
9 documents supplémentaires. J’ai déjà dit précédemment
10 qu’il nous serait possible de traiter de ceci dans le cadre
11 de nos témoins en réplique.
12 Il faut être très conscient de la situation
13 actuelle de la Bosnie et de la Croatie et surtout de la
14 Croatie. Donc, il est fort possible que dans le cadre de
15 nos témoins supplémentaires, de nos témoins en réplique,
16 nous puissions fournir des documents supplémentaires.
17 Me SAYERS (interprétation) : Oui. Nous avons
18 trois points à aborder, deux ex parte. Cela devrait
19 prendre trois minutes ou deux minutes au maximum et la
20 troisième question ne devrait pas prendre plus d’une
21 minute.
22 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Eh bien, pour
23 ce qui concerne la question que vous souhaitez aborder ex
24 parte, nous en parlerons à la fin de la matinée.
25 Me SAYERS (interprétation) : Bien !
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1 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Fort bien !
2 Nous allons donc reprendre l’audience demain à 9 h
3 00 et nous essaierons de procéder aussi rapidement que
4 possible.
5 --- L’audience est levée à 17 h 39
6 pour reprendre le vendredi
7 10 mars 2000 à 9 h 00
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
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