Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1         Le jeudi 9 mars 2000

  2         [Audience publique]

  3         [Les accusés entrent dans la Cour]

  4         --- L’audience débute à 9 h 07

  5         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Me Nice, je

  6   suis désolé, nous sommes un petit peu en retard mais il y

  7   avait un certain nombre de choses que je devais régler.

  8         Me NICE (interprétation) :  Oui.  En ce qui

  9   concerne les témoins, nous en avons trois aujourd’hui, deux

 10   témoins qui ne prendront pas beaucoup de temps et un autre

 11   pour lequel il faudra plus de temps.

 12         En ce qui concerne les deux premiers, j’espère

 13   qu’ils sont en train de passer en revue le résumé de leurs

 14   déclarations précédentes et j’espère que de cette façon, on

 15   pourra les entendre plus rapidement que ce n’a été le cas

 16   précédemment.

 17         Je ne suis pas sûr qu’aucun d’entre eux soit déjà

 18   tout à fait prêt.  Donc, on pourrait en profiter pour

 19   aborder un certain nombre de questions.

 20         Tout d’abord, Me Sayers me dit que lorsque je vous

 21   ai signalé hier que la carte qu’avait produite Monsieur

 22   Hamill se trouvait dans le classeur de Zenica, eh bien, je

 23   me trompais.  En fait, elle était en annexe de ce classeur. 

 24   Je m’en excuse, bien entendu.  Je m’excuse de cette erreur.

 25         La deuxième question que nous pourrions régler


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  1   c’est celle des déclarations du Témoin AO qui ont été

  2   produites.  On a vu également la lettre qui nous a été

  3   présentée hier.

  4         En ce qui concerne ces documents, notre position

  5   est la suivante, du moins en ce qui concerne l’évolution

  6   récente en ce qui concerne ces documents.  Bon, dans le

  7   contre-interrogatoire, il est apparu clairement que le

  8   témoin avait déjà donné une autre déclaration ou d’autres

  9   déclarations et je crois que d’ailleurs dès le début, il a

 10   parlé d’une déclaration qu’il avait donnée soit aux

 11   autorités de la ville, soit au Bureau du Procureur.

 12         Ensuite, il a été contre-interrogé de façon très,

 13   très précise, très ciblée par Me Naumovski, ce qui nous a

 14   fait supposer, et d’ailleurs ça a été également l’opinion

 15   du témoin quand il s’est entretenu avec nous ensuite, que

 16   la Défense avait des informations au sujet du témoin

 17   puisqu’on l’a contre-interrogé sur des déclarations

 18   précédentes, ce qui semble indiquer que la Défense aurait

 19   des informations bien précises au sujet d’une de ses

 20   déclarations précédentes, et lorsque finalement il nous a

 21   prononcé sa déclaration, ceci a été confirmé puisque les

 22   détails sur lesquels on l’avait contre-interrogé

 23   correspondaient à ce qu’il y avait dans cette déclaration.

 24         Après la fin de sa déposition, le Témoin AO s’est

 25   entretenu avec Madame Taylor et il a confirmé qu’il avait


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  1   déjà parlé précédemment avec d’autres organisations.  Il ne

  2   l’avait jamais caché mais on n’en avait tout simplement pas

  3   parlé et je crois qu’il vous a expliqué qu’il avait parlé à

  4   beaucoup de gens et donc il n’était pas en mesure de se

  5   souvenir de tous ces entretiens.  Ensuite, vous avez

  6   interrompu son contre-interrogatoire parce que vous

  7   estimiez qu’on en avait assez entendu à ce sujet.

  8         Madame Taylor et d’autres ont entrepris des

  9   recherches.  Nous avons trouvé les déclarations en question

 10   et nous les avons immédiatement remises à qui de droit. 

 11   Une de ces déclarations existe en anglais et en B/C/S et

 12   l’autre pour l’instant n’est disponible qu’en B/C/S.  Nous

 13   essayons d’organiser la traduction de ce document.

 14         Voici dont l’historique de ces déclarations mais

 15   je peux vous assurer que dès que nous les avons trouvées,

 16   nous les avons données.

 17         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Non.  La

 18   question c’est plutôt de savoir pourquoi est-ce qu’on ne

 19   les a pas trouvées précédemment.

 20         Me NICE (interprétation) :  C’est parce qu’avant

 21   on ne les a pas trouvées dans le cadre des recherches

 22   entreprises et d’ailleurs que ce genre de mécanisme de

 23   recherche n’est pas parfait.  Il n’est pas sûr que si on

 24   essayait de nouveau de rechercher ce document, on le

 25   trouverait, parce qu’en fait il se trouve au sein d’un


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  1   groupe de documents.  Donc, c’est la raison de ce fait.

  2         Mais nous faisons tout ce que nous pouvons pour

  3   trouver les documents que nous devons produire.  Mais il

  4   semble de toute façon que la Défense avait des informations

  5   qui viennent d’une source que je ne connais pas au sujet de

  6   cette déclaration.  Maintenant, nous avons remis cette

  7   déclaration à la Défense en tout cas.

  8         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Me Sayers.

  9         Me SAYERS (interprétation) :  Monsieur le

 10   Président, je voudrais tout simplement dire à ce sujet que

 11   nous nous sommes résignés à être traités de la sorte par le

 12   Bureau du Procureur : l’incident de la carte hier, la

 13   présentation des déclarations préalables des témoins de ce

 14   matin à 9 h 00, d’ailleurs nous n’avons toujours pas de

 15   déclaration pour le troisième témoin, enfin tout cela.

 16         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui, mais en

 17   ce qui concerne les déclarations, vous nous parlez plutôt

 18   des résumés, ce qui n’est pas tout à fait la même chose.

 19         Les déclarations préalables des témoins, vous les

 20   avez eues.  Vous les avez eues en temps normal.  Mais la

 21   difficulté en ce qui concerne les résumés des déclarations

 22   préalables c’est qu’elles ne peuvent être réalisées qu’au

 23   moment où le témoin est arrivé.  Donc, il ne convient pas à

 24   ce sujet de critiquer l’Accusation.  Mais ce dont on parle

 25   maintenant c’est complètement différent.


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  1         Me SAYERS (interprétation) :  Vous vous

  2   souviendrez sans doute qu’on avait demandé à ajouter le

  3   témoin à la liste des témoins – je crois que c’était le 31

  4   janvier mais je me trompe peut-être sur la date; enfin

  5   c’est la date dont je me souviens en tout cas – et la

  6   raison pour laquelle on a demandé à ajouter le témoin à la

  7   liste des témoins c’était que son identité apparemment

  8   était inconnue au Bureau du Procureur et que ce n’était que

  9   très récemment qu’ils avaient obtenu une déclaration venant

 10   du NordBat, et je dois dire entre parenthèses que nous

 11   avons demandé au NordBat l’intégralité de la déclaration

 12   mais notre demande a été ignorée.

 13         Donc, il se trouve que la déclaration de ce témoin

 14   se trouve être dans la base de données de l’Accusation

 15   depuis toujours et ceci nous préoccupe grandement.  Mais ce

 16   qui est encore plus grave c’est de nous présenter ses

 17   déclarations après la déposition du témoin car j’imagine

 18   que vous avez vu ses déclarations, Messieurs les Juges. 

 19   Ses déclarations sont très intéressantes, si je puis dire,

 20   entre guillemets.

 21         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui, mais je

 22   n’ai pas eu le temps d’étudier ces documents en détail.  Il

 23   faudrait que vous nous indiquiez exactement quels éléments

 24   vous auriez utilisé dans le cadre de votre contre-

 25   interrogatoire si vous aviez déjà eu ses déclarations.


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  1         Me SAYERS (interprétation) :  À la page 1, il dit

  2   qu’il y avait des relations normales avec la Republika

  3   Srpska, ce qui aurait complètement changé le contre-

  4   interrogatoire et l’interrogatoire principal.

  5         À la page 3, il dit – cela se trouve à peu près à

  6   5 centimètres du haut de la page – donc, il dit que :

  7   « J’ai participé aux unités spéciales du HVO uniquement par

  8   intérêt personnel. »

  9         Vous vous souviendrez que ce témoin a dit n’avoir

 10   eu aucune relation avec le HVO.  Il l’a dit de façon

 11   extrêmement ferme et décidée.

 12         Ensuite à peu près à 7 centimètres à partir du bas

 13   de cette page, il dit :  « Lorsque je suis devenu membre

 14   des Specijalka, dans le cadre de mes fonctions, j’ai été en

 15   mesure d’observer toutes les activités illégales des

 16   autorités de Vares. »

 17         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Où se trouve

 18   ce paragraphe ?

 19         Me SAYERS (interprétation) :  Cela se trouve au

 20   bas de la page 3, page 00323996.

 21         Donc, on peut lire la chose suivante :  « Lorsque

 22   je suis devenu membre des Specijalka, des unités

 23   spéciales… » et cætera.

 24         Ensuite au bas de ce paragraphe, il dit qu’il a

 25   été impliqué dans certaines transactions pour lui-même,


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  1   c’est-à-dire qu’il a participé aux activités de marché

  2   noir.

  3         Ensuite au dernier paragraphe – je voudrais

  4   attirer votre attention sur un autre détail mais bien

  5   entendu, je n’ai pas eu la possibilité d’examiner et

  6   d’étudier ce document en détail puisque je devais me

  7   préparer pour les autres témoins, mais en tout cas moi, je

  8   me souviens qu’il nous a dit la chose suivante.

  9         Dans sa déposition, il nous a dit qu’en tant que

 10   membre du HOS, il était un confident de Ivica Rajic, un

 11   homme à qui il faisait confiance.  C’est pourquoi il

 12   participait aux réunions de planification et qu’il a été en

 13   mesure d’entendre une conversation téléphonique, de voir un

 14   ordre signé par Boban, Kordic et Praljak.

 15         Ici, il dit qu’on l’a fait sortir du lit.  C’est

 16   la police militaire du HVO qui l’a fait sortir de son lit

 17   sur l’ordre de Rajic.  On lui a montré un document qui

 18   venait de Praljak et non pas de Kordic.  Et ensuite, en

 19   haut de la page suivante, il dit qu’il a été maintenu en

 20   détention d’une certaine façon jusqu’au matin, ce qui n’a

 21   rien à voir avec ce qu’il nous a dit dans l’interrogatoire

 22   principal et dans le contre-interrogatoire.

 23         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui, mais il

 24   dit :  « Je pense que ceci permet d’expliquer sa confiance

 25   en moi. »  Fin de citation.


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  1         Me SAYERS (interprétation) :  Il dit qu’il a été

  2   détenu dans sa déclaration.  Or, il n’en a pas parlé dans

  3   l’interrogatoire principal ni dans le contre-

  4   interrogatoire.

  5         Et bien entendu, il y a autre chose sur laquelle

  6   je souhaite insister, c’est que le nom de Kordic n’apparaît

  7   dans aucune de ses deux déclarations à aucun moment.

  8         Je vais laisser la parole à Me Naumovski en ce qui

  9   concerne la déclaration en croate car je ne maîtrise pas

 10   moi-même cette langue.

 11         Mais en ce qui concerne cette déclaration-là, à la

 12   page 00323997, il dit que pendant la nuit alors qu’il se

 13   trouvait au QG, il a appris pendant la nuit que les

 14   extrémistes de Ivica Rajic, qui composaient les Maturices,

 15   les Sijuskis et les Apostolis, avaient reçu l’ordre de

 16   prendre Stupni Do.  Ceci n’a rien à voir avec ce qu’il nous

 17   a dit en ce qui concerne les réunions, une réunion qui

 18   d’après lui aurait eu lieu trois jours avant, le 20

 19   octobre.

 20         Comme je l’ai dit, je vais ultérieurement donner

 21   la parole à Me Naumovski mais je voudrais dire avant cela

 22   que moi, je n’avais jamais vu auparavant cette déclaration

 23   et que je n’en avais jamais entendu parler avant qu’elle

 24   nous soit remise par le Bureau du Procureur.

 25         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Vous dites que


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  1   vous ne connaissiez pas ces documents.  Est-ce que la

  2   Défense dans son ensemble en avait entendu parler ou les

  3   connaissait ?

  4         Me SAYERS (interprétation) :  Non.  Non.  Comme je

  5   l’ai dit, je vais donner maintenant la parole à Me

  6   Naumovski afin qu’il puisse vous donner ses explications en

  7   personne.

  8         Mais je dois dire qu’en ce qui concerne notre base

  9   de données que nous maintenons avec beaucoup de soin, eh

 10   bien, il n’y a absolument aucune référence à ces

 11   déclarations et dans ces circonstances, je pense que la

 12   seule chose à faire par la Chambre c’est de supprimer

 13   totalement la déclaration de ce témoin… la déposition de ce

 14   témoin.

 15         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Me Sayers,

 16   avant que vous ne donniez la parole à votre confrère, nous

 17   devons étudier la situation qui est la suivante.  C’est

 18   qu’il y a ici des documents qui auraient dû vous être

 19   communiqués avant le contre-interrogatoire du témoin.  Or

 20   ce n’a pas été fait.  Or, vous nous dites que ces documents

 21   mettent en doute la crédibilité du témoin, ces nouveaux

 22   documents.

 23         Ceci étant dit, la question est de savoir ce qu’il

 24   convient de faire.

 25         Une option, comme vous l’avancez, c’est d’ignorer


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  1   totalement, de ne tenir aucun compte de la déposition du

  2   témoin.

  3         Une autre option c’est que nous avons maintenant

  4   ces nouveaux documents et que nous pouvons les prendre en

  5   compte lorsqu’il nous conviendra de donner l’importance

  6   qu’il convient à sa déposition.

  7         Une troisième option c’est de faire revenir le

  8   témoin ultérieurement afin de le contre-interroger au sujet

  9   de ses nouvelles déclarations.  Ceci serait probablement au

 10   moment où l’Accusation appellera des témoins en réplique.

 11         Mais ici, je suis en train de penser à voix haute. 

 12   Je ne sais pas s’il y a d’autres options que nous pourrions

 13   envisager.

 14                     [La Chambre discute]

 15         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Merci, Me

 16   Sayers.

 17         Me Naumovski, nous avons entendu ce qu’avait à

 18   nous dire Me Sayers.  Inutile donc de revenir sur ce qu’il

 19   a dit, mais je suis sûr de toute façon que vous ne le

 20   feriez pas.

 21         Il semble avancer que vous ayez eu connaissance de

 22   ces déclarations précédemment.  Si vous avez quelque chose

 23   à dire à ce sujet, vous pouvez tout à fait le faire.

 24         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Monsieur le

 25   Président, merci de m’avoir donné la parole.


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  1         Je peux simplement confirmer que moi, je ne savais

  2   absolument rien concernant ces déclarations, ni moi ni

  3   aucun autre collègue de notre équipe de la Défense, mais

  4   compte tenu du fait que cette personne avait passé un

  5   certain temps au sein du bataillon britannique, logiquement

  6   nous nous attendions à ce qu’il soit interrogé par l’armée

  7   de Bosnie-Herzégovine après sa sortie et donc, c’est ainsi

  8   que nous avons obtenu ses aveux à ce sujet ici devant les

  9   Juges.

 10         Sur la base de ses deux déclarations, et vous

 11   verrez aussi la traduction de la troisième, nous pouvons

 12   conclure ce que je souhaitais montrer aux Juges pendant

 13   l’ensemble du contre-interrogatoire, à savoir de quel genre

 14   de personne il s’agit.  Il s’agit donc de sa crédibilité et

 15   nous pouvons voir ça le plus clairement sur la base de ce

 16   troisième document.  Ici, il est clair qu’il était actif

 17   pour son propre compte.  Ce qu’il niait ici constitue en

 18   fait les motivations de ses actions, à savoir son intérêt

 19   personnel.

 20         Je lui ai posé une question concernant ce qu’il a

 21   reçu de la part du prêtre Piplica.  Pourquoi est-ce que

 22   j’ai demandé cela ?  Parce qu’il a trahi sa confiance, la

 23   confiance de ce prêtre.  Il n’a jamais délivré la

 24   marchandise qui lui avait été confiée.  Il a nié cela et il

 25   se vantait même d’avoir eu certains mérites.


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  1         À la page 2 de…

  2         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Veuillez

  3   ralentir.

  4         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Je m’excuse aux

  5   Juges et aux interprètes.

  6         Donc, Monsieur le Président, à la page 00323998,

  7   le paragraphe au milieu, vers la fin du paragraphe, il est

  8   clair que 67 tonnes de marchandises qu’il a promis

  9   d’acheminer jusqu’au curé à Vares n’est jamais arrivé et

 10   c’est le curé qui l’a dit.  Donc dans la déclaration, il a

 11   confirmé ce que moi, j’affirmais ici alors qu’ici, il était

 12   en train de nier cela.

 13         Je ne souhaite pas m’étaler dans d’autres détails. 

 14   Vous aurez l’occasion de voir la déclaration vous-mêmes. 

 15   Mais je souhaite affirmer les choses suivantes.

 16         Tout d’abord, nous n’avions aucune information

 17   concernant l’existence de ces déclarations.  Ce sont des

 18   déclarations données aux organes de l’armée de Bosnie-

 19   Herzégovine et nous n’avons pas accès à ce genre de

 20   documents malheureusement.

 21         Deuxièmement, à mon avis et d’ailleurs il s’agit

 22   de la proposition de la Défense, en ce qui nous concerne,

 23   il est seulement possible d’exclure la déposition de ce

 24   témoin parce que vous verrez sur la base de ce document que

 25   sa crédibilité est absolument remise en cause et ça veut


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  1   dire, bien sûr, que toutes les autres choses qu’il a

  2   proférées sont remises en cause également.  Merci.

  3         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Me Kovacic.

  4         Me KOVACIC (interprétation) :  Oui.  Je voudrais

  5   signaler la chose suivante pour le compte rendu.  On semble

  6   avoir sous-entendu que la Défense aurait eu accès à ces

  7   déclarations précédemment.  Moi, je souhaite affirmer que

  8   la Défense de Monsieur Cerkez n’a jamais eu accès à ces

  9   documents précédemment et je souhaite sur le principe

 10   signifier mon soutien à mes collègues de la Défense.

 11         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Monsieur Nice,

 12   je vais vous expliquer ce que nous allons faire, ce que

 13   nous avons l’intention de faire.

 14         La justice voudrait que le témoin revienne ici

 15   même pour compléter sa déposition.

 16         Me NICE (interprétation) :  Bien entendu !

 17         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Et le mieux

 18   serait qu’il vienne lorsque vous appellerez vos témoins en

 19   réplique.

 20         Me NICE (interprétation) :  Nous allons prendre

 21   les dispositions nécessaires.  Je pense qu’il ne serait pas

 22   utile, il ne serait pas judicieux d’éliminer totalement la

 23   déposition du témoin.

 24         Je dois dire que le témoin était un peu préoccupé

 25   parce que son nom a été utilisé dans le prétoire.  Pourtant


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  1   son nom n’a pas été mentionné dans le compte rendu

  2   d’audience et apparemment, on n’en a pas parlé dans la

  3   presse non plus.  Donc, j’espère qu’il sera prêt à revenir

  4   et d’autre part, il nous avait parlé de documents qu’il

  5   serait prêt à chercher et à nous présenter.  Donc, nous

  6   allons prendre les dispositions nécessaires.

  7         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Bien !  Donc,

  8   nous rendons une ordonnance aux fins de laquelle ce témoin

  9   sera appelé à venir compléter sa déposition.

 10         Me NICE (interprétation) :  J’espérais

 11   qu’aujourd’hui, nous pourrions régler aussi rapidement que

 12   possible toutes les questions d’ordre administratif, ceci

 13   afin de nous permettre d’avoir du temps pour les témoins et

 14   pour que les choses soient bien claires en ce qui concerne

 15   l’emploi du temps, mais le témoin de Monsieur Scott est

 16   prêt à témoigner.  Donc, peut-être vaudrait-il mieux

 17   l’entendre maintenant.

 18         Je vais vérifier quelle est la situation en ce qui

 19   concerne le deuxième témoin et peut-être pourrions-nous en

 20   finir assez rapidement avec ces deux témoins et ensuite

 21   passer le reste du temps d’audience de ce matin à parler

 22   des questions administratives.

 23         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui.  Il y a

 24   une question : c’est les affidavits.  Nous avons demandé

 25   qu’une étude soit entreprise à ce sujet.  Donc, ce n’est


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  1   pas encore terminé.  Il est possible que nous ayons à

  2   siéger demain matin.

  3         Me KOVACIC (interprétation) :  Monsieur le

  4   Président, je ne sais pas si ceci constitue une difficulté

  5   à ce moment-là mais moi, je souhaite revenir et confirmer

  6   mon objection au sujet du témoin qui est mentionné sous le

  7   numéro 10 dans la liste des témoins.  Je ne pense pas qu’il

  8   convienne d’entendre ce témoin.

  9         Je ne vais pas répéter les arguments que j’ai déjà

 10   donnés hier.  J’ai vérifié les documents dont je disposais

 11   dans la mesure du possible mais il n’est pas juste

 12   d’annoncer l’arrivée d’un témoin la veille alors que sa

 13   déposition comporte et implique un volume de documents

 14   considérable.  Ce n’est pas juste parce que nous étouffons

 15   sous l’avalanche de documents.  Donc, je pense que ce n’est

 16   pas une façon de procéder, de faire déposer un témoin de ce

 17   genre le dernier jour de la présentation des moyens à

 18   charge.

 19         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Me Kovacic,

 20   comme je vous l’ai dit hier en réponse à votre demande, si

 21   vous n’avez pas eu le temps de vous préparer correctement à

 22   votre contre-interrogatoire, nous pouvons envisager de

 23   repousser le contre-interrogatoire à demain matin.

 24         Me KOVACIC (interprétation) :  Oui.  Je vous en

 25   serais reconnaissant.  Cela me donnerait quand même un peu


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  1   plus de temps pour examiner tous ces documents.

  2         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Eh bien, nous

  3   verrons où nous en sommes ultérieurement.

  4         Avez-vous présenté une demande relative au témoin

  5   suivant ?

  6         Me SCOTT (interprétation) :  Oui.

  7         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  On nous a en

  8   effet remis cette demande.

  9         Me SCOTT (interprétation) :  Oui.  Nous avons donc

 10   demandé une audience à… une demande et il serait peut-être

 11   bon de passer à huis clos partiel à moins que l’on évite

 12   tout simplement de prononcer le nom du témoin puisque vous

 13   avez devant vous les documents utiles et vous savez

 14   exactement de quoi nous sommes en train de parler.

 15         Cependant, il serait peut-être préférable de

 16   passer quand même à huis clos partiel.

 17         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui, en effet. 

 18   C’est ce que nous allons faire.

 19                           [Huis clos partiel]

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  3   [expurgée]

  4   [expurgée]

  5               [Audience publique]

  6               [Le témoin entre dans la Cour]

  7         LA GREFFIÈRE (interprétation) :  Le pseudonyme de

  8   ce témoin sera « Témoin AQ ».

  9         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Que le témoin

 10   prête serment, s’il vous plaît.

 11         LE TÉMOIN (interprétation) :  Je déclare

 12   solennellement que je dirai la vérité, toute la vérité et

 13   rien que la vérité.

 14         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Veuillez vous

 15   asseoir.

 16         TÉMOIN :  TÉMOIN AQ (ASSERMENTÉE)

 17         INTERROGÉE PAR Me SCOTT (interprétation) :

 18         Q.    Témoin, l’huissier place devant vous un

 19   papier où figure votre nom.  Afin de vous protéger, nous ne

 20   souhaitons pas que vous lisiez votre nom à haute voix ici

 21   mais veuillez simplement examiner ce papier et dire par

 22   « oui » ou « non » s’il s’agit de votre nom.

 23         R.    Oui.

 24         Q.    Merci.  Témoin, l’on vous a accordé des

 25   mesures de protection et donc, nous nous adresserons à vous


Page 16268

  1   dans ce prétoire aujourd’hui en tant que « Témoin AQ ». 

  2   Donc, vous comprendrez pourquoi je vous appellerai « Témoin

  3   AQ » aujourd’hui.  Ce n’est pas par manque de courtoisie. 

  4   Vous comprenez ?

  5         R.    Oui.

  6         Q.    Veuillez parler un peu plus fortement pour le

  7   compte rendu.  Veuillez répéter la réponse à ma dernière

  8   question.  Donc, est-ce que vous comprenez qu’au cours de

  9   cette matinée, je m’adresserai à vous en disant « Témoin

 10   AQ » ?

 11         R.    Oui.

 12         Me SCOTT (interprétation) :  Veuillez déplacer ce

 13   microphone.

 14         Excusez-moi, Messieurs les Juges, mais ça me gêne

 15   d’avoir cet obstacle entre moi et le témoin.  Ça va très

 16   bien comme ça.

 17         Merci, Monsieur l’Huissier.

 18         Q.    Témoin AQ, tout d’abord, est-ce que vous

 19   pourriez confirmer pour le compte rendu :  Lorsque vous

 20   veniez à La Haye et au cours de ces derniers jours que vous

 21   avez passés à La Haye, est-ce que l’on vous a soumis le

 22   résumé de votre déposition anticipée ici aujourd’hui et

 23   est-ce que vous avez eu le temps de lire cela et d’apposer

 24   votre signature à ce document ?

 25         R.    Oui.


Page 16269

  1         Me SCOTT (interprétation) :  Monsieur l’Huissier,

  2   veuillez remettre ça au témoin.

  3         Pour le compte rendu, nous allons attribuer la

  4   cote Z2817.

  5         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je crois qu’il

  6   y a une objection concernant ce résumé, concernant son

  7   admission.  Vous pouvez placer cela devant le témoin et si

  8   nécessaire, nous prendrons notre décision à la fin.

  9         Me SCOTT (interprétation) :  Très bien, mais

 10   simplement pour le compte rendu, je veux indiquer que c’est

 11   la pièce à conviction que nous avons marquée auparavant

 12   comme Z2817 et je comprends que pour le moment, ce document

 13   n’est pas versé au dossier.

 14         Q.    Témoin AQ, veuillez examiner la dernière page

 15   de ce document, la page 7.  Est-ce qu’à la page 7, nous

 16   trouvons votre signature et la date d’aujourd’hui, où il

 17   est indiqué que cette déclaration est conforme à la vérité

 18   pour autant que vous vous en souveniez ?

 19         R.    Oui.

 20         Q.    Merci.  Est-ce exact qu’en octobre 1992, vous

 21   et votre famille, vous avez déménagé à Ahmici et vous avez

 22   vécu vers le milieu du village entre les deux mosquées, la

 23   mosquée supérieure et la mosquée de la partie basse ?

 24         R.    Oui.

 25         Q.    Et autour du mois de juin ou juillet 1992, un


Page 16270

  1   point de contrôle du HVO a été établi sur la route allant

  2   vers Ahmici et un canon antiaérien a été placé à cet

  3   endroit et a été tourné vers Ahmici ?

  4         R.    Oui.

  5         Q.    La première attaque contre Ahmici a eu lieu

  6   le 20 octobre 1992.  Il s’agissait surtout d’une attaque

  7   d’artillerie visant à intimider les musulmans et voir

  8   quelle allait être leur réaction.  Il y avait également des

  9   soldats du HVO dans la partie basse du village qui ont

 10   incendié certaines maisons :  Est-ce exact ?

 11         R.    Oui.

 12         Q.    Au cours du pilonnage le 20 octobre, le

 13   minaret de la mosquée de la partie basse a été touchée, il

 14   y a eu des déclarations à la télévision… diffusion à la

 15   télévision croate et des Croates de Bosnie disant que la

 16   mosquée a été pilonnée puisque des tireurs embusqués

 17   musulmans tiraient depuis cette mosquée.  Tout d’abord,

 18   est-ce que vous vous souvenez de cette information ?

 19         R.    Oui.

 20         Q.    Et vous en tant qu’habitant du village, est-

 21   ce que vous croyiez qu’il y avait effectivement des tireurs

 22   embusqués qui étaient placés sur le minaret ?

 23         R.    Non.  Il n’y en avait pas.

 24         Q.    Est-ce qu’à aucun moment pendant la période

 25   que vous avez passée dans le village, vous n’avez entendu


Page 16271

  1   parler des positions des tireurs embusqués sur le minaret

  2   de la mosquée ?

  3         R.    Non.

  4         Q.    Il n’y avait pas d’unité de l’armée de

  5   Bosnie-Herzégovine, ni de formation, ni de position de

  6   l’armée de Bosnie-Herzégovine ou de la Défense territoriale

  7   à Ahmici en octobre 1992 au moment de l’attaque ?

  8         R.    C’est exact.

  9         Q.    Est-ce que vous pouvez confirmer en fait que

 10   ce jour-là ou autour de ce jour, vous et votre mari, vous

 11   êtes allés à Poculica et pendant votre voyage, ni vous ni

 12   votre mari, vous n’avez pas vu de rassemblement de soldats

 13   de l’armée de Bosnie-Herzégovine ou de la Défense

 14   territoriale dans cette région ?

 15         R.    Non.

 16         Q.    Très bien !

 17         R.    Non.

 18         Q.    Est-ce exact de dire que vous avez compris à

 19   peu près au moment de la première attaque à Ahmici, c’est-

 20   à-dire en octobre 1992, que le HVO était très en colère à

 21   l’époque à cause du fait que des véhicules du HVO avaient

 22   été arrêtés par des Bosniens près de Ahmici lorsque ces

 23   véhicules allaient vers Novi Travnik ?

 24         R.    Oui.

 25         Q.    En conséquence de cette attaque du mois


Page 16272

  1   d’octobre, un homme bosnien a été tué, environ sept maisons

  2   ont été incendiées et environ 10 étables ont été

  3   détruites :  Est-ce exact ?

  4         R.    Oui.

  5         Q.    Témoin AQ, en ce qui concerne la série

  6   suivante de questions, je vais vous poser des questions

  7   plus générales et veuillez donner des réponses plus

  8   détaillées aux Juges.

  9         Tout d’abord, je souhaite attirer votre attention

 10   sur la date du 15 avril 1993.  Il s’agissait de la date des

 11   Pâques, n’est-ce pas ?

 12         R.    Oui.

 13         Q.    Est-ce que vous pouvez dire quels sont vos

 14   souvenirs concernant la personne que vous avez vue à la

 15   télévision le 15 avril 1993 ?  Donc, veuillez décrire

 16   quelle est la personne que vous avez vue, avec qui vous

 17   étiez lorsque vous avez vu cette personne et quelles

 18   étaient vos pensées et réactions provoquées par ce que vous

 19   avez vu à la télévision.

 20         R.    Moi, mon mari, sa sœur et puis mon fils âgé

 21   de trois ans, nous étions à la maison, et pendant toute la

 22   journée, on diffusait à la télévision la retransmission de

 23   la célébration de Pâques à Busovaca.  Après la fin de la

 24   diffusion de ceci à la télévision de Busovaca, tout de

 25   suite la télévision de Vitez reproduisait le même


Page 16273

  1   programme.

  2         À ce moment-là, Dario Kordic a parlé.  Il faisait

  3   appel au peuple croate de se soulever afin de se défendre

  4   contre les forces musulmanes.  Les unités de l’armée de

  5   Bosnie-Herzégovine, il ne les appelait pas comme ça.  Il ne

  6   disait pas l’armée de Bosnie-Herzégovine mais les forces

  7   musulmanes.

  8         D’après son allocution, il était clair qu’il

  9   faisait appel à une rébellion armée.  Il disait qu’eux, ils

 10   étaient mieux armés que les musulmans et c’était en fait

 11   une déclaration de guerre.

 12         Mon mari a cru que ses propos allaient vraiment

 13   être suivis des faits.  Cependant moi, je ne pouvais pas y

 14   croire puisque moi, j’ai grandi dans un milieu où les

 15   Croates vivaient et nous n’avions jamais aucun problème

 16   avec eux.  J’ai cru qu’il n’était pas aussi facile que cela

 17   d’appeler le peuple à se soulever et d’entamer une guerre. 

 18   Nous étions déjà en pleine guerre avec les Serbes.

 19         Malheureusement, ceci est devenu la réalité. 

 20   Après le 16 avril, je savais que ce que Kordic avait dit ce

 21   jour-là était la vérité.

 22         Q.    Témoin AQ, vous avez vu cette allocution ou

 23   bien des allocutions semblables au cours de ce mois d’avril

 24   1993, au cours de cette journée d’avril, au 15 avril : 

 25   Est-ce exact ?


Page 16274

  1         R.    Oui.

  2         Q.    Donc, l’on rediffusait cela plusieurs fois

  3   pendant ce jour-là ?

  4         R.    Oui.

  5         Q.    Pendant votre séjour à La Haye…

  6         Me SCOTT (interprétation) :  Tout d’abord,

  7   Messieurs les Juges, permettez-moi de reformuler cela.

  8         Tout d’abord, je vais informer les Juges du fait

  9   qu’au cours de son séjour ici, on lui a montré des pièces à

 10   conviction du Procureur, notamment Z665.  Il s’agit d’un

 11   élément d’une preuve concernant la conférence de presse où

 12   l’on voit Dario Kordic, Tihomir Blaskic et Ignac Kostroman

 13   le 15 avril 1993.  Les Juges se souviendront qu’ils ont vu

 14   cela au moins une fois au cours de ce procès.

 15         Q.    Témoin AQ, lorsque l’on vous a montré la

 16   cassette où l’on voit le discours de Monsieur Kordic du 15

 17   avril 1993, est-ce que vous vous souvenez s’il s’agissait

 18   du même discours que celui que vous venez de décrire ou

 19   bien d’un autre discours ?

 20         R.    C’était justement ce discours-là.

 21         Q.    Tous les discours que vous avez entendus ce

 22   jour-là, est-ce qu’il s’agissait simplement de la

 23   rediffusion d’un même discours ou bien est-ce que Monsieur

 24   Kordic a tenu plusieurs discours ce jour-là ?

 25         R.    Il y avait plusieurs discours différents.  Il


Page 16275

  1   y avait la retransmission de la célébration de Pâques et

  2   puis, il y a eu ce discours-là.  Lorsque j’ai revu la

  3   cassette, j’ai pu me rappeler de tout cela.

  4         Q.    Pendant le discours, est-ce que Monsieur

  5   Kordic a dit quelque chose allant dans le sens que Busovaca

  6   se trouvait au cœur de la Herceg-Bosna ?

  7         R.    Oui.

  8         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  J’ai demandé que

  9   l’on évite des questions directrices et c’était justement

 10   la raison pour laquelle j’ai demandé cela.  C’est le témoin

 11   qui aurait dû le dire librement.

 12         Me SCOTT (interprétation) :  Très bien.  Je pense

 13   que nous avons abordé la plupart des éléments mentionnés

 14   jusqu’au paragraphe 12 ou 13.

 15         Q.    Nous passons maintenant au paragraphe 13.  Ce

 16   jour-là, donc le 15 avril, est-ce que vous avez vu une

 17   quelconque de ces personnes, donc Dario Kordic, Ignac

 18   Kostroman ou Tihomir Blaskic à la télévision ?  Est-ce que

 19   vous les avez vus auparavant déjà ?

 20         R.    Oui.

 21         Q.    Est-ce que vous avez une idée de liens, de

 22   relations entre ces personnes, pas de leur relations

 23   personnelles mais de leurs relations sur le plan politique

 24   ou militaire ?

 25         R.    Sur la base de ce que j’ai pu voir, sur la


Page 16276

  1   base de ces émissions sur leurs conférences de presse, j’ai

  2   pu tirer la conclusion que leurs liens étaient très étroits

  3   et que leur coopération était tout à fait efficace.

  4         Q.    Après Ahmici, est-ce que vous êtes arrivée à

  5   une conclusion concernant la manière dont l’attaque contre

  6   Ahmici a eu lieu en ce qui concerne l’organisation et la

  7   mise en œuvre de cette attaque ?

  8         R.    Personnellement, je considère que tout ceci

  9   avait été planifié à l’avance, bien organisé, bien préparé.

 10         Q.    D’après la manière dont vous compreniez les

 11   choses, qui était Dario Kordic en ce qui concerne sa

 12   position et son rôle en Bosnie centrale à cette époque-là,

 13   c’est-à-dire en avril 1993 ?

 14         R.    Je sais qu’il était le Président du HDZ.  Le

 15   peuple croate le considérait comme leur dieu.

 16         Q.    Est-ce que vous avez conclu qu’il y avait un

 17   lien particulier entre lui et Mate Boban, pas

 18   nécessairement seulement sur le plan personnel et de

 19   famille mais d’autres liens entre lui et Monsieur Boban ?

 20         R.    Oui.

 21         Q.    Comment est-ce que vous avez compris leurs

 22   liens ?

 23         R.    Je crois qu’ils coopéraient entre eux et

 24   qu’ils mettaient en œuvre la politique du HDZ dans cette

 25   région.


Page 16277

  1         Q.    À ce moment-là à peu près, est-ce que vous

  2   avez entendu parler de ladite Communauté croate de Herceg-

  3   Bosna ?

  4         R.    Oui.  Il s’agissait d’une communauté

  5   organisée des Croates de Bosnie-Herzégovine.

  6         Q.    Et d’après la manière dont vous compreniez

  7   les choses, quelle était la place, la position de Monsieur

  8   Boban et de Monsieur Kordic dans cette structure en ce qui

  9   concerne la Herceg-Bosna ?  Quel était leur rôle ?

 10         R.    Je crois qu’ils étaient au sommet, qu’ils

 11   étaient les dirigeants.

 12         Q.    Très bien.  Nous allons poursuivre.

 13         Témoin AQ, est-ce que vous vous souvenez que

 14   pendant toute cette période de Pâques, il y avait du

 15   courant, de l’électricité ?

 16         R.    Oui.

 17         Q.    Est-ce que vous pouvez dire aux Juges si

 18   cette situation était différente par rapport à la période

 19   de la fête religieuse musulmane de Ramadan ?

 20         R.    Au cours du Ramadan, nous avions des coupures

 21   d’électricité.

 22         Q.    Est-ce que vous pouvez confirmer aux Juges,

 23   Témoin AQ, qu’il y avait des périodes lorsque des villages

 24   musulmans subissaient une coupure de courant, alors que les

 25   villages croates continuaient de bénéficier de


Page 16278

  1   l’électricité ?

  2         R.    Oui.

  3         Q.    Je souhaite maintenant attirer votre

  4   attention encore une fois sur la date du 15 avril, la date

  5   à laquelle vous avez vu ce discours à la télévision.  Est-

  6   ce qu’il est exact que votre mari était à Ahmici et il

  7   était dans la garde qui était constituée de deux hommes qui

  8   se relevaient toutes les deux heures ?

  9         R.    Oui.

 10         Q.    Le 15 avril, votre mari était de garde avec

 11   un homme répondant au nom de Elvedin Kermo :  Est-ce exact

 12   ?

 13         R.    Oui.

 14         Q.    Leur relève durait ce soir-là de 10 h 00

 15   jusqu’à minuit ce soir-là, n’est-ce pas ?

 16         R.    Oui.

 17         Q.    Pour autant que vous le sachiez, votre mari

 18   et l’autre homme musulman qui montaient la garde ne

 19   portaient pas de fusil pendant qu’ils étaient de garde : 

 20   Est-ce exact ?

 21         R.    Oui.

 22         Q.    En fait, la garde villageoise n’était pas

 23   quelque chose de très organisé ?  Au fond, il s’agissait de

 24   deux hommes musulmans qui se déplaçaient dans le village ?

 25         R.    Oui.


Page 16279

  1         Q.    Votre mari et Kermo sont rentrés dans votre

  2   maison vers 11 h 30 ce soir-là afin de fumer une cigarette

  3   avec vous et vous trois, vous avez fumé environ la moitié

  4   de la cigarette, et ensuite, vous avez entendu le son de

  5   quelque chose qui ressemblait au son d’un tir de fusil et

  6   aussi une explosion d’une bombe à main ?

  7         R.    C’est exact.

  8         Q.    Vous, votre mari et Kermo, vous saviez qu’il

  9   n’y avait pas de soldats de l’armée de Bosnie-Herzégovine

 10   dans la région, donc vous avez conclu que ceci provenait

 11   certainement des fortifications du HVO qui se trouvaient

 12   dans la zone de Sutra et vous et votre mari, vous avez

 13   quitté votre maison et vous êtes allés vers Sutra, vers la

 14   direction d’où provenaient les tirs, le son ?

 15         R.    Oui.

 16         Q.    Après cela, il y a eu la relève des gardes,

 17   Kermo est rentré à la maison et votre mari est rentré chez

 18   vous :  Est-ce exact ?

 19         R.    Oui.

 20         Q.    Vous avez demandé à votre mari de vous dire

 21   ce qu’il pensait concernant ce son et il a dit qu’il ne

 22   savait pas de quoi il s’agissait mais qu’il avait vu un

 23   grand nombre de soldats du HVO dans l’abri souterrain, dans

 24   les fortifications et il vous a dit que ceci était

 25   inhabituel ?


Page 16280

  1         R.    C’est exact.

  2         Q.    Il vous a dit également à ce moment-là,

  3   lorsqu’il est rentré à la maison, qu’il a pu voir à travers

  4   la fenêtre l’intérieur de la cave de la maison de Ivica

  5   Kupreskic et qu’il se trouvait là-bas un grand nombre de

  6   soldats du HVO qui étaient en uniformes et qui étaient

  7   armés ?

  8         R.    Oui.

  9         Me SCOTT (interprétation) :  Je demanderais à

 10   présent à l’huissier de remettre au témoin un document, le

 11   document Z1553.1.  Nous allons l’examiner rapidement.  Afin

 12   d’éviter qu’il y ait identification d’un site qui ne

 13   devrait pas apparaître sur le rétroprojecteur, donc, je

 14   demanderais que cette pièce soit scellée parce qu’elle

 15   pourrait permettre que l’on identifie le témoin.

 16         Q.    Si vous me le permettez, Témoin AQ, nous

 17   avons ici une légende qui est ajoutée à cette pièce 1553.1. 

 18   Alors, au point 3 sur la carte, pouvez-vous confirmer qu’il

 19   s’agit de votre maison, de la maison où vous habitiez le 15

 20   et le 16 avril 1993 ?

 21         R.    Oui.

 22         Q.    Au point 1, c’est la maison de Ivica

 23   Kupreskic et votre mari a dit que c’est là qu’il a vu un

 24   certain nombre de soldats du HVO réunis dans la cave ?

 25         R.    Oui.


Page 16281

  1         Q.    Au point 2, c’est l’abri où il a dit qu’il a

  2   vu d’autres soldats du HVO, plus que d’habitude ?

  3         R.    Oui.

  4         Me SCOTT (interprétation) :  Je pense que le reste

  5   des photos parlent d’elles-mêmes.  Je ne poserai pas

  6   d’autres questions à ce sujet.

  7         Q.    Témoin AQ, pouvez-vous confirmer à la Chambre

  8   qu’il n’y avait pas de membres de l’armée de Bosnie-

  9   Herzégovine, ni de soldats d’unités ou de positions de la

 10   TO à Ahmici à la date qui nous concerne, le 15 et le 16

 11   avril 1993 ?

 12         R.    Non, il n’y en avait pas.

 13         Q.    Il n’y a pas eu d’attaque menée par une force

 14   quelle qu’elle soit appartenant à l’armée de Bosnie-

 15   Herzégovine ou à la Défense territoriale et cette région

 16   était tout à fait calme jusqu’au moment où l’attaque a été

 17   lancée par le HVO ?

 18         R.    Oui.

 19         Q.    Néanmoins, votre mari avait l’impression que

 20   quelque chose allait se produire, peut-être pas la nuit en

 21   question, mais en fait cette nuit-là, vous avez abordé ce

 22   sujet-là et vous vous êtes demandé ce que l’autre allait

 23   faire si l’un des deux venait à être tué ?

 24         R.    Oui.

 25         Q.    Vous avez dit à votre mari qu’il était fou


Page 16282

  1   d’aborder ce genre de question ?

  2         R.    Oui.

  3         Q.    Est-il exact que vous vous êtes couchée vers

  4   12 h 30 et que donc, le 16 avril, vous avez allumé la

  5   télévision, vous vous êtes endormie et puis vous vous êtes

  6   réveillée.  La télévision était toujours allumée :  C’est

  7   exact ?

  8         R.    Oui.

  9         Q.    Vous vous êtes réveillée.  Qu’avez-vous vu à

 10   la télévision ?

 11         R.    Eh bien, j’ai vu la même émission, celle qui

 12   a été rediffusée pendant toute la journée où on voyait

 13   Kordic parler.

 14         Q.    Lorsque Monsieur Kordic faisait son

 15   allocution ?

 16         R.    Oui.

 17         Q.    Plusieurs heures plus tard, vous vous êtes

 18   réveillée ainsi que votre mari et vous avez entendu des

 19   coups de feu.  Vous avez entendu des hommes jurer et

 20   injurier les musulmans :  Est-ce exact ?

 21         R.    Oui.

 22         Q.    Vous êtes allée vers la porte d’entrée avec

 23   votre mari, mais dès qu’il a touché à la poignée, il y a eu

 24   une explosion au seuil et vous avez pu voir votre mari se

 25   tenir l’estomac et ses mains étaient couvertes de sang : 


Page 16283

  1   Est-ce exact ?

  2         R.    Oui.

  3         Q.    Nous allons essayer d’aborder cela rapidement

  4   mais dites-moi si vous avez besoin d’une pause.  Nous vous

  5   l’accorderons.

  6         Par la suite, il y a eu beaucoup de coups de feu

  7   et quelqu’un apparemment a tiré à travers la porte et il a

  8   touché Huso à la poitrine.  Il [nom expurgé] a vu plus tard

  9   que donc il y avait une blessure causée par la balle qui

 10   est ressortie par le dos ?

 11         R.    Oui.

 12         Q.    Vous avez regardé la montre et vous avez vu

 13   qu’il était 5 h 35 ?  C’était la matinée du 16 avril 1993 ?

 14         R.    Oui.

 15         Q.    À ce moment-là, vous êtes allée chercher

 16   votre fils âgé de trois ans et demi et votre belle-sœur,

 17   qui avait 20 ou 21 ans à l’époque et qui vivait avec vous

 18   dans la maison.  Alors, vous vous êtes rassemblés.  La

 19   maison était toujours attaquée.  Il y avait des grenades à

 20   main qui étaient lancées sur la maison :  Est-ce exact ?

 21         R.    Oui.

 22         Q.    Vous avez essayé de secourir votre mari mais

 23   en fait, vous ne pouviez rien faire si ce n’est de rincer

 24   son visage :  Est-ce exact ?

 25         R.    Oui.


Page 16284

  1         Q.    Il est mort ?  Il est décédé peu de temps

  2   après ?

  3         R.    Oui.

  4         Me SCOTT (interprétation) :  L’Huissier, pouvez-

  5   vous m’aider, s’il vous plaît, un instant ?  Je voudrais

  6   présenter la pièce 1553.2, s’il vous plaît.

  7         Q.    Est-ce bien la photo de votre époux qui a été

  8   tué cette nuit ou plutôt la matinée du 16 avril 1993 ?

  9         R.    Oui.

 10         Q.    Mis à part le pistolet, est-il exact qu’il

 11   n’y avait aucune arme dans votre maison ?

 12         R.    Oui.

 13         Q.    Pouvez-vous dire à la Chambre si, à un moment

 14   quelconque pendant cette attaque sur votre maison et

 15   l’assassinat de votre mari, il y a eu des coups de feu qui

 16   auraient été tirés depuis votre maison ?

 17         R.    Non.

 18         Q.    Il n’y en a pas eu ?

 19         R.    Non, il n’y en a pas eu.

 20         Q.    À un moment, les coups de feu tirés sur votre

 21   maison étaient si intenses que votre belle-sœur s’est

 22   allongée par terre pour protéger de son corps votre fils et

 23   vous vous êtes vous-même allongée par-dessus ces deux afin

 24   de les protéger.  Est-il exact de dire à ce moment-là que

 25   vous étiez convaincus que vous alliez être tous tués ?


Page 16285

  1         R.    Oui.

  2         Q.    Cependant, vous et votre belle-sœur et votre

  3   fils, vous avez pu enfin vous échapper de la maison par la

  4   fenêtre, vous avez croisé plusieurs groupes de soldats du

  5   HVO et à un moment, vous et votre fils et votre belle-sœur,

  6   vous avez été forcés de courir devant un groupe de soldats

  7   du HVO dans la direction dans laquelle les soldats du HVO

  8   prétendaient qu’il allait y avoir des soldats de l’armée de

  9   Bosnie-Herzégovine ?

 10         R.    Oui.

 11         Q.    En effet, vous, votre fils et votre belle-

 12   sœur, vous avez été placés entre eux et ceux qui

 13   prétendaient être des positions ou des soldats de l’armée

 14   de Bosnie-Herzégovine :  Est-ce exact ?

 15         R.    Oui.

 16         Q.    Pendant que vous essayiez de vous échapper de

 17   votre maison, vous avez vu deux soldats du HVO en train de

 18   lancer des grenades à main en direction de la maison de

 19   Suad Ahmic.  Les soldats du HVO ont pris une vache qui se

 20   trouvait dans l’étable de Suad Ahmic et ils ont mis le feu

 21   à l’étable :  Est-ce exact ?

 22         R.    Oui.

 23         Q.    Est-il vrai, Témoin AQ, que seules les

 24   maisons musulmanes de Ahmici ont été endommagées ou

 25   détruites le jour en question ?  En fait, elles étaient


Page 16286

  1   toutes incendiées ?

  2         R.    Oui.  Elles ont été complètement détruites

  3   toutes.

  4         Q.    Qu’avez-vous vu ?  Qu’avez-vous pu remarquer

  5   le jour en question au sujet des maisons croates du village

  6   ?

  7         R.    Eh bien, toutes les maisons croates étaient

  8   intactes.

  9         Q.    Est-il exact qu’aucun Bosnien n’est resté à

 10   Ahmici après cette attaque menée par le HVO ?  Du moins

 11   pour ce qui est du mois de novembre 1997, il n’y avait

 12   toujours pas de musulman donc à ce moment-là dans le

 13   village et toutes les maisons musulmanes ont été

 14   détruites :  Est-ce exact ?

 15         R.    Oui, c’est exact.

 16         Q.    Ma dernière question :  À la fin de la

 17   journée du 16 avril 1993, que pensiez-vous de cette

 18   émission que vous avez vue diffusée où apparaissait

 19   Monsieur Kordic, donc à la date du 15 avril ?

 20         R.    Je me suis dit que tout s’était réalisé, tout

 21   ce qu’il avait dit quand il avait appelé les Croates à

 22   s’insurger, hélas, tout cela a été vrai, alors que je

 23   croyais que cela ne pouvait pas arriver, mais cela s’est

 24   quand même produit et il s’est révélé que cela pouvait

 25   arriver.


Page 16287

  1         Me SCOTT (interprétation) :  Je n’ai pas d’autres

  2   questions.  Je vous remercie.

  3         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Je vous remercie,

  4   Monsieur le Président.

  5         Monsieur le Président et Messieurs les Juges, le

  6   Témoin AQ est une victime des événements qui se sont

  7   malheureusement produits.  Il n’y a pas lieu de rappeler au

  8   témoin ces événements.  Puisque vous avez déjà eu

  9   l’occasion d’entendre parler de ces choses-là, la Défense

 10   de Monsieur Kordic n’aura pas de question pour ce témoin

 11   aujourd’hui à moins que la Chambre ne souhaite poser des

 12   questions à la Défense à ce sujet-là.

 13         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Un point sur

 14   lequel vous pourriez peut-être interroger le témoin c’est

 15   si vous contestez que l’accusé Dario Kordic a fait cette

 16   allocution à la télévision en appelant les Croates, le

 17   peuple croate à se lever, à se dresser contre les forces

 18   musulmanes.  Si vous contestez cela, vous avez l’occasion

 19   de l’aborder, d’aborder ce point maintenant.

 20         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Permettez-moi de

 21   vous rappeler que la Chambre a eu l’occasion de voir la

 22   pièce Z665.  Il s’agit d’un enregistrement vidéo et le

 23   transcript figure sous la cote 665.1.  C’est pour cette

 24   raison-là que je n’éprouvais pas le besoin d’interroger sur

 25   ce qu’a dit Monsieur Kordic puisque cela est contenu dans


Page 16288

  1   ce transcript, mais si, Monsieur le Président et Messieurs

  2   les Juges, vous le souhaitez, je peux poser cette question

  3   au témoin.

  4         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Peut-être la

  5   manière la plus simple serait la suivante.

  6         Témoin AQ, d’après vos souvenirs, ce que Monsieur

  7   Kordic a dit à la télévision, est-ce qu’il a invité le

  8   peuple croate à se lever ?

  9         R.    Oui, il l’a dit.  C’est très clair… très

 10   clairement.

 11         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je vous

 12   remercie.

 13         CONTRE-INTERROGÉE PAR Me

 14         MIKULICIC (interprétation) :

 15         Q.    Bonjour, Madame AQ.  Je regrette de ne pas

 16   pouvoir vous voir à cause de cet instrument qui se dresse

 17   entre nous.  Je représente ici l’autre coaccusé, Monsieur

 18   Cerkez, et je suis ici avec mon collègue, Monsieur Kovacic. 

 19   Je vous poserai quelques questions et je vous remercie de

 20   me répondre à celles-ci.

 21         Je souhaite en premier lieu vous dire à quel point

 22   je regrette ce qui vous est arrivé dans votre village de

 23   Ahmici.

 24         Madame AQ, vous nous avez dit qu’au mois d’octobre

 25   1992, vous êtes arrivée dans ce village et que c’est là que


Page 16289

  1   vous avez commencé à vivre à cet endroit ?

  2         R.    Oui.

  3         Q.    Avant la date en question, vous est-il arrivé

  4   de vous rendre dans ce village ?

  5         R.    Oui.

  6         Q.    Donc, vous connaissiez les personnes qui

  7   habitaient le village ?

  8         R.    Oui, en partie.

  9         Q.    Avant les événements du mois d’avril 1993,

 10   vous avez eu l’occasion de les connaître un peu mieux ?

 11         R.    Oui.

 12         Q.    Madame, dites-nous s’il vous plaît :  À quel

 13   moment y a-t-il eu pour la première fois des patrouilles

 14   villageoises ou des gardes villageoises organisées ?

 15         R.    Je ne suis pas sûre.  Vraiment, je n’arrive

 16   pas à me rappeler exactement.

 17         Q.    Essayons de nous repérer un peu dans le

 18   temps.  Donc, il y a eu des événements en octobre 1992 à

 19   Ahmici, mais saviez-vous qu’il y avait un barrage routier

 20   près du village de Ahmici et saviez-vous que c’est ça qui a

 21   en fait déclenché le conflit ?

 22         R.    Je ne l’interpréterais pas comme ça.

 23         Q.    Votre époux était-il impliqué d’une

 24   quelconque manière au fait qu’on dresse ce barrage ?

 25         R.    Non.


Page 16290

  1         Q.    Est-ce qu’il y a eu en octobre 1992 dans

  2   votre village des armes ou des unités militaires ?

  3         R.    Je ne le sais pas parce que nous étions chez

  4   nous toute la journée avant cette attaque et quand nous

  5   sommes sortis du village, nous n’avons croisé personne sur

  6   la route.

  7         Q.    Savez-vous qu’une unité de la Défense

  8   territoriale existait dans le village ?

  9         R.    Non.

 10         Q.    Elle n’existait pas ?

 11         R.    Non, elle n’existait pas.

 12         Q.    Madame AQ, si je vous disais que pendant ce

 13   procès devant ce Tribunal, nous avons vu déposer plusieurs

 14   dizaines de personnes, des habitants de Ahmici ainsi que

 15   des commandants de la Défense territoriale ou de l’armée de

 16   Bosnie-Herzégovine, et qu’ils nous ont affirmé qu’il y a eu

 17   une unité de la Défense territoriale à Ahmici et qu’ils ont

 18   donné le nom du commandant de cette unité, comment

 19   réagiriez-vous à cela ?

 20         R.    Je ne veux pas rentrer dans ces choses-là.

 21         Q.    Madame AQ, dans l’enclave de Vitez, vous

 22   connaissez la structure militaire du HVO à l’époque ?

 23         R.    Ce que je sais c’est que Blaskic était à la

 24   tête.

 25         Q.    Savez-vous quelles unités militaires


Page 16291

  1   opéraient dans cette zone ?

  2         R.    [Aucune réponse audible]

  3         Q.    Je suppose que vous ne savez pas non plus

  4   quelles sont les unités qui ont pris part à l’attaque à

  5   Ahmici en avril 1993 ?  Je veux dire de la part du HVO.

  6         R.    Eh bien, le 16 avril, quand cela est arrivé,

  7   c’est plus tard en fait que j’ai appris que c’est des

  8   unités qui s’appelaient Jokeris, me semble-t-il, qui y ont

  9   pris part, mais les autres, je ne les connais pas.

 10         Q.    Vous personnellement, avez-vous été en mesure

 11   de reconnaître un quelconque des membres des unités qui

 12   attaquaient ou avez-vous pu reconnaître les insignes sur

 13   leurs uniformes ?

 14         R.    Je n’en ai reconnu aucun.  Ils avaient tous

 15   les visages maquillés.

 16         Q.    Vous avez déclaré au Procureur que vous avez

 17   entendu ceux qui attaquaient demander à qui appartenait

 18   telle ou telle maison de Ahmici ?

 19         R.    Oui, je l’ai entendu.

 20         Q.    Autrement dit, vous avez pu en conclure qu’il

 21   s’agissait de personnes qui ne connaissaient pas Ahmici ?

 22         R.    Je ne crois pas que c’était des gens venus

 23   d’ailleurs.  Je pense que ceux qui les guidaient, c’était

 24   les gens qui connaissaient bien Ahmici.

 25         Q.    Si cela est vrai, alors pourquoi vous


Page 16292

  1   poserait-il cette question de savoir à qui appartenait

  2   telle ou telle maison ?

  3         R.    Pour faire semblant.

  4         Q.    Vous avez dit que le soir avant l’attaque,

  5   donc le 15, vous avez regardé la télévision.  Autrement

  6   dit, il y avait du courant pendant toute la soirée ?

  7         R.    Oui, à la différence des autres jours, ce qui

  8   était inhabituel.

  9         Q.    Excusez-moi, je vous interromps.  Les

 10   téléphones fonctionnaient également ?

 11         R.    Oui.

 12         Q.    Vous nous avez dit que votre défunt mari…

 13         R.    Permettez-moi de vous corriger.  Mon mari

 14   n’est pas décédé de mort naturelle et vous le savez

 15   parfaitement que pour les Croates, il y a une différence

 16   lorsqu’on qualifie la personne qui est morte de mort

 17   naturelle et qui a été assassinée.

 18         Q.    Excusez-moi, Madame.  Je ne souhaitais

 19   absolument pas être discourtois à votre égard mais c’est

 20   pour la première fois que j’apprends de votre bouche ce

 21   terme qu’il convient d’utiliser.

 22         R.    Ah bon, pour la première fois ?

 23         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  C’est

 24   extrêmement difficile, mais je pense que nous avancerons

 25   plus rapidement s’il n’y a pas de discussion entre le


Page 16293

  1   témoin et l’avocat.

  2         Me Mikulicic, avez-vous encore beaucoup de

  3   questions à poser à ce témoin ?

  4         Me MIKULICIC (interprétation) :  Non.

  5         Q.    Est-il exact que votre mari était membre de

  6   l’armée de Bosnie-Herzégovine ?

  7         R.    Oui.

  8         Q.    Pouvez-vous nous dire à partir de quelle date

  9   ?

 10         R.    Depuis le début de l’agression menée contre

 11   la Bosnie-Herzégovine.

 12         Q.    Savez-vous quelle était l’unité à laquelle il

 13   appartenait ?

 14         R.    À la 325e brigade de montagne.

 15         Q.    La nuit en question, vous avez dit qu’il

 16   était de garde ?

 17         R.    Oui.

 18         Q.    Je ne suis pas sûr de vous avoir bien

 19   comprise.  Portait-il une arme ou non ?

 20         R.    Non.

 21         Q.    Donc dans la maison où il habitait avec vous,

 22   votre mari n’avait pas d’arme ?

 23         R.    Nous avions un pistolet, un pistolet qui lui

 24   appartenait personnellement, que nous avions auparavant.

 25         Q.    Quand il est sorti pour monter la garde, il


Page 16294

  1   n’a pas pris ce pistolet ?

  2         R.    Non.  Il portait des vêtements civils.

  3         Q.    Madame AQ, quant à votre mari, qui lui a

  4   donné l’ordre de monter la garde la nuit en question ?

  5         R.    Je pense qu’ils se sont organisés d’une

  6   certaine façon après la solution à Zenica, mais je ne sais

  7   pas exactement qui.

  8         Q.    Madame AQ, connaissez-vous Berbic, Midhat ?

  9         R.    Oui.

 10         Q.    Est-il exact que cet homme était commandant

 11   d’un détachement de la compagnie de la TO à Ahmici à

 12   l’époque ?

 13         R.    Je ne le sais vraiment pas.

 14         Q.    Connaissez-vous Hazrudin Bilic ?

 15         R.    Oui.

 16         Q.    Savez-vous qu’il était commandant du peloton

 17   qui était déployé sur la route principale ?

 18         R.    Je ne le sais pas.  Je vivais au milieu du

 19   village.

 20         Q.    Vous dites que vous viviez au milieu, entre

 21   Ahmici le haut et Ahmici le bas ?

 22         R.    Oui.

 23         Q.    Je vois !  Alors, connaissez-vous Kermo,

 24   Nermin ?

 25         R.    Oui.


Page 16295

  1         Q.    Est-il exact qu’il était commandant du

  2   peloton qui était déployé au milieu du village, là où vous

  3   habitiez ?

  4         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Le témoin a

  5   dit qu’elle ne savait rien de la Défense territoriale au

  6   village si toutefois il y en avait une.  Donc, je ne vois

  7   pas pourquoi insister sur ce point.

  8         Me MIKULICIC (interprétation) :  Je vous remercie,

  9   Monsieur le Président.

 10         Q.    Madame AQ, nous allons essayer de terminer à

 11   ce sujet.  Donc, vous ignorez tout de la structure de la

 12   Défense territoriale et de l’armée de Bosnie-Herzégovine à

 13   Ahmici à l’époque ?

 14         R.    Oui, je n’en sais rien.

 15         Me MIKULICIC (interprétation) :  Madame AQ, je

 16   n’ai pas d’autres questions à vous poser.

 17         Monsieur le Président, je vous remercie.  Pour le

 18   compte rendu, j’attire l’attention sur la pièce de la

 19   Défense D190/1 qui parle de ces unités de l’armée de

 20   Bosnie-Herzégovine à Ahmici.  Je vous remercie.

 21         RÉINTERROGÉE PAR Me SCOTT

 22         (interprétation) : 

 23         Q.    Très brièvement, au sujet de la diffusion, au

 24   sujet des questions qui ont été posées par Monsieur

 25   Naumovski, alors très précisément à la page 26, à la ligne


Page 16296

  1   11.

  2         Donc, la question qui a été posée… (l’interprète

  3   reprend) vous avez déclaré que vous avez vu les différentes

  4   déclarations de Monsieur Kordic le 15 avril 1993 :  Est-ce

  5   exact ?

  6         R.    Oui.

  7         Q.    Durant donc cette journée en question, il y a

  8   eu d’autres…

  9         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Excusez-moi.

 10         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Nous ne

 11   pouvons pas continuer à être interrompus tout le temps. 

 12   Alors, nous allons avoir la précision de ce que le témoin a

 13   dit.

 14         Ce que j’ai compris, Monsieur Scott, c’est que le

 15   témoin a déclaré qu’elle a identifié le discours qu’elle a

 16   entendu.  C’est le discours qu’on voit à la bande, donc la

 17   vidéo Z665. 

 18         Me SCOTT (interprétation) :  Oui, mais elle a

 19   également dit quand je lui ai posé des questions sur

 20   d’autres discours prononcés par Monsieur Kordic le jour en

 21   question, elle a dit : « Oui ».  C’est la ligne 21.

 22         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Alors, nous

 23   sommes en train de dire que le discours dont elle parle est

 24   le discours de la cassette 665 ou bien nous sommes en train

 25   de dire que c’est un autre discours ?  Cela nous place dans


Page 16297

  1   une situation impossible.

  2         Me SCOTT (interprétation) :  C’est la raison pour

  3   laquelle je veux clarifier.

  4         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Témoin AQ, on

  5   vous a montré cette cassette.  Si j’ai bien compris, c’est

  6   ce à quoi vous vous référiez quand vous déposiez au sujet

  7   du programme télévisé diffusé le 15 avril :  Est-ce exact ?

  8         R.    Oui.

  9         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je vous

 10   remercie. 

 11         Est-ce que vous avez d’autres questions, Monsieur

 12   Scott ?

 13         Me SCOTT (interprétation) :  Je n’ai pas d’autres

 14   questions.

 15         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Témoin AQ,

 16   ainsi se termine votre déposition.  Je vous remercie d’être

 17   venue déposer devant le Tribunal Pénal International et

 18   donc je vous permets de partir.  Vous êtes libre de partir. 

 19   Attendez un petit instant, cependant.

 20         Monsieur Nice, nous pouvons faire une pause ?

 21                     [Le témoin se retire]

 22         Me NICE (interprétation) :  [Hors microphone] 

 23   Oui.  J’ai une demande au sujet du témoin suivant.  On le

 24   voit au début du résumé.  Il s’agit d’un témoin qui a

 25   déposé à un moment préalable, qui a déjà déposé.


Page 16298

  1         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Parlons-nous

  2   du même témoin ?

  3         Me NICE (interprétation) :  Il s’agit d’un témoin

  4   qui a déjà déposé en séance ouverte.  Au paragraphe 1 du

  5   résumé, il précise pourquoi il ne déposerait plus dans les

  6   mêmes conditions.

  7         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je dois dire

  8   que je n’avais pas lu cela.  Sommes-nous à huis clos à

  9   présent ?

 10                           [Huis clos partiel]

 11   [expurgée]

 12   [expurgée]

 13   [expurgée]

 14   [expurgée]

 15   [expurgée]

 16   [expurgée]

 17   [expurgée]

 18   [expurgée]

 19   [expurgée]

 20   [expurgée]

 21   [expurgée]

 22   [expurgée]

 23   [expurgée]

 24   [expurgée]

 25   [expurgée]


Page 16299

  1   [expurgée]

  2   [expurgée]

  3   [expurgée]

  4   [expurgée]

  5   [expurgée]

  6   [expurgée]

  7   [expurgée]

  8   [expurgée]

  9   [expurgée]

 10   [expurgée]

 11   [expurgée]

 12   [expurgée]

 13   [expurgée]

 14   [expurgée]

 15   [expurgée]

 16         --- Suspension de l’audience à 10 h 34

 17         --- Reprise de l’audience à 11 h 09

 18                     [Audience publique]

 19         [Le témoin entre dans la Cour]

 20         LA GREFFIÈRE (interprétation) :  Le pseudonyme

 21   pour le témoin que nous avons ici à présent est « AR ».

 22         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je demanderais

 23   au témoin de prêter serment.

 24         LE TÉMOIN (interprétation) :  Je déclare

 25   solennellement que je dirai la vérité, toute la vérité et


Page 16300

  1   rien que la vérité.

  2         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Veuillez vous

  3   asseoir.

  4         TÉMOIN :  TÉMOIN AR (ASSERMENTÉ)

  5         INTERROGÉ PAR Me NICE (interprétation) :

  6         Q.    Des mesures de protection vous ont été

  7   accordées par la Chambre.  Votre nom ne sera pas diffusé. 

  8   On s’adressera à vous en vous appelant « Témoin AR ».

  9         Pourriez s’il vous plaît jeter un coup d’œil sur

 10   ce bout de papier et nous confirmer par « oui » ou par

 11   « non » si c’est bien votre nom ?

 12         R.    Oui.

 13         Q.    En vivant à Busovaca, avez-vous été mobilisé

 14   en avril 1992 dans les rangs de la Défense territoriale ?

 15         R.    Oui.

 16         Q.    Avant que la JNA ne quitte la caserne de

 17   Busovaca, je pense à Kaonik, au mois de mai 1992, à qui

 18   devait-elle remettre cette caserne ?

 19         R.    À la Défense territoriale.

 20         Q.    Le HVO était-il d’accord avec ce projet ?

 21         R.    Non.

 22         Q.    Y a-t-il eu tentative de négociation, entre

 23   autre par Hadzimejlic et Merdan ?

 24         R.    Oui.

 25         Q.    Le HVO prenait des décisions pour qui ?


Page 16301

  1         R.    Pourriez-vous préciser votre question s’il

  2   vous plaît ?  Puis-je plutôt préciser ma réponse ?

  3         Q.    Oui.

  4         R.    Au nom du HVO, c’est Glavocevic, Florijan,

  5   qui est venu négocier, mais il a dit que Dario Kordic

  6   n’était pas là et qu’il n’était pas autorisé à prendre des

  7   décisions sans lui, et donc, ils l’ont invité à venir

  8   négocier à Busovaca au sein de la cellule de crise.

  9         Q.    Et Hadzimejlic et Merdan ont été arrêtés ? 

 10   Est-ce vrai ?

 11         R.    C’est bien l’information que nous avons reçue

 12   au retour de Hadzimejlic.

 13         Q.    D’après ce que vous avez compris, ils étaient

 14   détenus à quel endroit ?

 15         R.    Les négociations devaient avoir lieu à

 16   Busovaca à l’état-major de la cellule de crise.  Cependant,

 17   la police du HVO les attendait devant ce lieu-là et ils les

 18   ont amenés à Tisovac.  C’est un lieu d’excursion à

 19   l’extérieur de Busovaca.

 20         Q.    Par la suite, le HVO a pris une position

 21   concernant les armes entre les mains de la Défense

 22   territoriale ?

 23         R.    Ils demandaient que la TO rende les armes et

 24   qu’elle se retire de Busovaca, mais à l’arrivée de

 25   Hadzimejlic à son retour de ses négociations, ils ont


Page 16302

  1   accordé que la Défense territoriale se retire en prenant

  2   les armes qui étaient en sa possession et qu’elle se retire

  3   de Busovaca.

  4         Me NICE (interprétation) :  Nous avons entendu

  5   amplement ce qui couvre le paragraphe 4.  Alors, je ne

  6   rentrerai pas dans cela, mais je demanderais au témoin :

  7         Q.    Vous pourriez nous dire quelque chose au

  8   sujet de la destruction des boutiques à Busovaca et la

  9   perte de travail par les musulmans ainsi que la restriction

 10   de circulation pour les musulmans ?

 11         R.    Oui.

 12         Q.    Le 27 octobre 1992, vous étiez en chemin pour

 13   votre poste de commandement à Kacuni où a été déplacée la

 14   Défense territoriale et que vous avez été arrêté devant

 15   l’hôtel Tisa ?

 16         R.    Oui.

 17         Q.    Que s’est-il passé avec votre véhicule et vos

 18   armes ?

 19         R.    Devant l’hôtel Tisa, nous avons été arrêtés

 20   par deux membres de la police du HVO.  Ils voulaient

 21   fouiller notre véhicule ainsi que nous-mêmes.  Puisqu’ils

 22   ont vu que je portais un pistolet que j’étais en droit de

 23   porter puisque j’avais les autorisations nécessaires, ils

 24   m’ont demandé de leur remettre cette arme en me disant que

 25   dès le lendemain, ils allaient me rendre cette arme, mais


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  1   ils ne m’ont pas donné un récépissé et c’est dès le

  2   lendemain que je me suis adressé à leur commandant, Pasko

  3   Ljubicic, à Vitez.  À l’hôtel Vitez, il m’a donné un

  4   récépissé sur papier mais il ne m’a pas rendu l’arme.

  5         Q.    D’après ce que vous avez compris, ce qui vous

  6   est arrivé au sujet de votre arme est arrivé à d’autres

  7   personnes également ?

  8         R.    Oui.

  9         Q.    Paragraphe 6 : Il s’agit de questions dont

 10   nous avons déjà parlé.  Au paragraphe 7, nous arrivons à ce

 11   qui concerne personnellement le témoin.  Je poserai des

 12   questions directrices.

 13         Le 24 janvier, vous et votre père, avez-vous été

 14   arrêtés par la police militaire du HVO à l’endroit qui

 15   était proche de la base de la FORPRONU ?

 16         R.    Oui.

 17         Q.    La Défense territoriale n’avait pas le droit

 18   de porter des uniformes à l’époque ?

 19         R.    Ni uniformes ni armements.  Nous ne portions

 20   rien de cela en circulant dans Busovaca.

 21         Q.    Vous avez été amenés tout d’abord à l’arrêt

 22   d’autobus où vous avez été détenus et quand vous avez

 23   demandé de parler à Vlado Cosic, le chef de la police, ceci

 24   ne vous a pas été accordé ?

 25         R.    Oui.


Page 16304

  1         Q.    Dix à 15 autres personnes ont été amenées

  2   avec vous à Kaonik où environ 250 personnes se trouvaient

  3   déjà.  Donc, le nombre total était de l’ordre de 430 avec

  4   votre arrivée ?

  5         R.    J’ai été amené au camp de Kaonik mais ce

  6   chiffre de 250 personnes qui s’y seraient trouvées déjà

  7   n’est pas exact.  Nous étions une dizaine mais c’est dans

  8   les deux journées qui ont suivi qu’ils ont amené d’autres

  9   personnes, ce qui a fait que deux semaines plus tard, nous

 10   étions environ 400.  Donc, ce que je veux dire c’est qu’il

 11   n’y avait pas déjà 250 personnes sur place au moment où

 12   nous sommes arrivés.  Nous étions parmi les premiers.

 13         Q.    Je vous remercie.  La plupart des hommes qui

 14   étaient détenus à Kaonik étaient des civils et de toute

 15   façon en habits civils ?

 16         R.    Oui.

 17         Q.    Était-ce des musulmans tous ?

 18         R.    Oui.

 19         Q.    Vous a-t-on forcé à aller creuser des

 20   tranchées ?

 21         R.    Oui.

 22         Q.    Y compris sur les lignes de front à Kula ?

 23         R.    Oui.  Kula, Podjele, Solakovici, à ces trois

 24   endroits.  C’est là que j’ai été amené moi-même mais

 25   d’autres personnes ont été amenées en d’autres directions


Page 16305

  1   également.

  2         Q.    Pendant que vous creusiez les tranchées, vous

  3   n’avez pas eu le droit à boire de l’eau pendant 36 heures,

  4   vous avez été battu, vos côtes ont été cassées, on vous a

  5   forcé à manger des dinars que vous aviez sur vous :  Est-ce

  6   exact ?

  7         R.    Oui, c’était à Kula.

  8         Q.    Avez-vous vu qu’on ait battu avec une crosse

  9   de fusil [expurgée], qu’on a mis feu à son couvre-chef

 10   et qu’on l’a remis sur sa tête ?

 11         R.    Oui.

 12         Q.    En plus de Podjele, êtes-vous également allé

 13   à Prosje ?

 14         R.    Oui.

 15         Q.    Était-ce pour creuser des tranchées ?

 16         R.    Oui, oui.

 17         Q.    Avez-vous vu un homme appelé Mehmed Beslic et

 18   un autre homme, Zehrudin Dzafic ?  Tous les deux ont eu des

 19   blessures graves à la tête après avoir été battus ?

 20         R.    Excusez-moi, c’était à Kula.  À Kula.  C’est

 21   là que nous avons tous été passés à tabac.  Nous étions une

 22   dizaine et les blessures les plus graves ont été donc

 23   celles subies par Mehmed Beslic et Zehrudin Dzafic.

 24         Q.    Avez-vous entendu parler de la mort de deux

 25   personnes, Nermin Elezovic et Jasmic Sehovic, de deux


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  1   personnes pendant qu’ils creusaient des tranchées ?

  2         R.    Non, pas pendant qu’on creusait des

  3   tranchées.  Ils sont venus nous relever à Kula.  Nous avons

  4   été ramenés dans les cellules et le lendemain, nous avons

  5   appris qu’ils avaient été tués donc au même endroit où nous

  6   avons creusé des tranchées à Kula.

  7         Q.    Paragraphe 15.  Connaissiez-vous un homme du

  8   nom Anto Sliskovic ?

  9         R.    Oui.

 10         Q.    Vous étiez en mesure de reconnaître sa voix ?

 11         R.    Oui.

 12         Q.    Avez-vous reconnu sa voix quand vous étiez

 13   dans ce camp ?

 14         R.    Oui.

 15         Q.    S’agissant de Sliskovic, quelle était sa

 16   position politique à l’époque ?  Était-il libéral, modéré ? 

 17   Quelle était sa position ?

 18         R.    Je le connais d’avant la guerre.  C’est un

 19   homme qui était plutôt porté sur le nationalisme.

 20         Q.    Que voulez-vous dire précisément ?

 21         R.    Eh bien, quand il avait bu, il lui est arrivé

 22   de chanter des chansons Oustachis dans des cafés ou

 23   d’injurier des gens, des choses comme ça.

 24         Q.    À l’époque où il faisait ça, quelles étaient

 25   les relations de manière générale qui prévalaient entre les


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  1   musulmans et les Croates ?

  2         R.    Eh bien, à l’époque, c’était assez souple. 

  3   Busovaca est un lieu de mixité.  Nous nous fréquentions

  4   avec des gens corrects.  On n’avait aucun problème.  On

  5   pouvait les fréquenter et travailler avec eux parce que

  6   c’était avant la guerre, quelques années avant la guerre.

  7         Q.    S’agissant des relations entre Sliskovic et

  8   Kordic, en saviez-vous quelque chose ?

  9         R.    S’agissant de leurs relations entre ces deux-

 10   là, il est difficile d’en dire quoi que ce soit.  C’est

 11   évident que Sliskovic travaillait lui aussi pour cette même

 12   Herceg-Bosna et Kordic était à la tête de cela et il est

 13   clair qu’il occupait une position que j’ai du mal à

 14   préciser.

 15         Q.    Vous voulez dire que c’est Sliskovic ou

 16   Kordic qui occupait un poste important ?

 17         R.    C’est Kordic qui occupait une position plus

 18   importante mais Sliskovic lui aussi occupait des fonctions

 19   importantes.  On jugeait d’après sa position.

 20         Q.    Vous avez reconnu la voix de Sliskovic dans

 21   ce camp. Je suis au paragraphe 16.

 22         S’agissant de Senad Lusija, est-ce qu’il y a eu

 23   des rapports ?

 24         R.    Pouvez-vous me préciser cette question ?

 25         Q.    Avez-vous entendu que quelque chose est


Page 16308

  1   arrivée à un homme qui s’appelait Senad Lusija ?  Quelque

  2   chose lui serait-il arrivé au camp ?

  3         R.    Oui.  Oui, un soir.  Un soir, puisque ma

  4   cellule se trouvait près de la porte d’entrée de ce camp,

  5   donc j’ai entendu pendant que Senad Lusija était interrogé

  6   et passé à tabac et j’ai reconnu à ce moment-là la voix de

  7   Anto Sliskovic.

  8         Q.    Mis à part Kordic, y avait-il un supérieur à

  9   Kordic dans cette zone du côté croate, pour autant que vous

 10   le sachiez ?

 11         R.    Non.

 12         Q.    Vous avez vu Kordic porté un uniforme à un

 13   moment quelconque ?

 14         R.    Oui.

 15         Q.    Vous pouvez dire à peu près à quel moment ?

 16         R.    Dès la proclamation de la République de

 17   Herceg-Bosna, mais je ne peux pas vous dire la date exacte.

 18         Q.    Est-ce qu’il avait un grade pour autant que

 19   vous le sachiez, que vous vous en rappelez ?

 20         R.    Je ne sais pas qui lui a donné un grade mais

 21   je l’ai entendu dans les médias et je l’ai appris également

 22   de la bouche de quelques Croates, de quelques catholiques

 23   plutôt qui s’appellent Croates, qu’il a reçu le rang de

 24   Général, mais je ne sais pas qui lui a accordé ce grade.

 25         Q.    Au moment du désarmement des musulmans et la


Page 16309

  1   séparation des communautés, est-ce que dans la ville où

  2   vous habitiez, cela était nécessaire ?

  3         R.    Cela dépend de votre point de vue.  À mon

  4   avis, cela n’était pas nécessaire puisqu’il n’y avait pas

  5   d’opération militaire à cet endroit.  C’était à

  6   l’intérieur.  Il n’y avait pas de danger émanant des

  7   éléments serbes ou chetniks.

  8         Me NICE (interprétation) :  Je n’ai pas d’autres

  9   questions.

 10         Je donne la parole à la Défense.

 11         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Je vous remercie.

 12         CONTRE-INTERROGÉ PAR Me NAUMOVSKI

 13         (interprétation) :

 14         Q.    Monsieur AR, permettez-moi de me présenter. 

 15   Je suis Mitko Naumovski.  Je suis avocat de Zagreb et avec

 16   Me Sayers, je défends ici Monsieur Kordic, Dario Kordic. 

 17   Je vous poserai quelques questions.

 18         Je voudrais attirer votre attention sur une erreur

 19   que je commis moi aussi souvent, à savoir il est nécessaire

 20   de faire une petite pause entre la question et la réponse

 21   parce que notre conversation doit être traduite dans une

 22   des langues officielles du Tribunal.  Vous m’avez compris ?

 23         R.    Oui.

 24         Q.    Vous travailliez dans une usine de Busovaca ?

 25         R.    Oui.


Page 16310

  1         Q.    Au moment de la création de nouveaux partis

  2   politiques, vous avez pris part activement à la création du

  3   Parti d’Action démocratique de Busovaca ?

  4         R.    Non.

  5         Q.    Vous conviendrez avec moi que vous étiez

  6   membre de ce parti, le SDA ?

  7         R.    Oui, mais un certain laps de temps s’est

  8   écoulé.

  9         Q.    Merci.  Après la création de l’état-major de

 10   la Défense territoriale de la municipalité de Busovaca, et

 11   nous savons que Hadzimejlic était son commandant, vous avez

 12   bien été nommé commandant d’une des compagnies ?

 13         R.    Oui.

 14         Q.    C’était la 3e compagnie du détachement de

 15   Busovaca ?

 16         R.    Oui.

 17         Q.    Le commandant de ce détachement était Jasmim

 18   Nejsic :  Est-ce exact ?

 19         R.    Oui.  Il a été relevé de ses fonctions.  Un

 20   autre homme est venu le remplacer à ce poste.

 21         Q.    C’est bien le même Jasmic Nejsic qui a été

 22   commandant de la prison à l’école de musique de Zenica ? 

 23   C’est bien la même personne ?

 24         R.    Je ne le sais pas.

 25         Q.    Très bien.  Ce détachement dont nous parlons


Page 16311

  1   couvrait le territoire de la ville même de Busovaca ?

  2         R.    Oui.

  3         Q.    S’agissant de la Défense territoriale, vous

  4   conviendrez avec moi que la TO n’a jamais été placé sous

  5   les ordres du HVO ?

  6         R.    La Défense territoriale était une formation

  7   régulière alors que le HVO ne l’était pas.

  8         Q.    Nous ne rentrerons pas dans ce détail.  La

  9   Chambre connaît déjà le statut du HVO.

 10         Mais nous sommes d’accord sur le fait que nous

 11   avions la Défense territoriale et le HVO qui agissaient

 12   séparément dans la municipalité de Busovaca ?

 13         R.    Puis-je préciser un peu ma réponse ?

 14         Q.    Je voulais abréger, mais si vous le

 15   souhaitez, allez-y.

 16         R.    Mais c’était nécessaire puisque le HVO

 17   empêchait l’exercice du pouvoir dans la municipalité de

 18   Busovaca et la TO était empêchée d’agir à Busovaca, et

 19   suite à des incidents et de tout ça, la Défense

 20   territoriale s’est déplacée à Kacuni avec son commandement.

 21         Q.    En d’autres termes, nous sommes d’accord sur

 22   le fait qu’à l’intérieur des frontières administratives de

 23   Busovaca, nous avions séparément la TO et le HVO ?

 24         R.    Oui.

 25         Q.    Et je suppose également que vous conviendrez


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  1   avec moi que les membres de la Défense territoriale qui

  2   habitaient dans la ville de Busovaca se rendaient tous les

  3   jours à Kacuni afin de s’acquitter de leurs tâches ?

  4         R.    Non, pas tous les jours.  Les membres de la

  5   Défense territoriale de Busovaca étaient envoyés, déployés

  6   sur des parties du territoire des opérations où agissaient

  7   les Serbes ou Chetniks et c’est là que nous étions

  8   concentrés… avions tous les membres de la Défense

  9   territoriale se trouvant à Busovaca et qui pour ainsi dire

 10   se reposaient.  En fait, quand ils étaient à Busovaca, donc

 11   ils n’étaient pas en service.

 12         Q.    Très bien.  Une ou deux questions au sujet de

 13   la Défense territoriale.

 14         La 3e compagnie – vous étiez à sa tête, vous étiez

 15   son commandant – était-elle déployée à Donja Kula et Donja

 16   Carica ?

 17         R.    Oui, oui, essentiellement.

 18         Q.    Nous sommes d’accord pour dire que ce sont

 19   des sites qui dominent la route principale Busovaca-

 20   Kiseljak ?

 21         R.    [L’interprète n’a pas entendu la réponse.]

 22         Q.    Deux questions très brèves, si vous me le

 23   permettez.

 24         Vous êtes d’accord avec moi qu’en février 1993

 25   dans votre maison ou plutôt à gauche de la porte d’entrée,


Page 16313

  1   on a trouvé trois grenades à main et un dispositif RUP 33. 

  2   Ce sont des pièces qui ont été remises par votre père à la

  3   police ?

  4         R.    Oui.  J’avais ce RUP 3 pour pouvoir

  5   communiquer avec l’état-major de Kacuni.  S’agissant des

  6   engins explosifs et des grenades à main, cela a été placé

  7   afin de pouvoir interpeller mon père par la police parce

  8   qu’il a été interpellé à plusieurs reprises.

  9         Q.    Très bien !  Quelques questions au sujet des

 10   événements dans l’ex-caserne de la JNA à Kaonik.  La

 11   Chambre a déjà entendu des dépositions des personnes qui

 12   s’y sont trouvées.  Il n’y a pas lieu de rentrer dans les

 13   détails.

 14         Mais deux questions.  Vous personnellement, vous

 15   n’avez pas pris part aux entretiens entre la TO et le HVO

 16   au sujet de la distribution, la répartition des armes se

 17   trouvant à Kaonik ?

 18         R.    Non.

 19         Q.    Autrement dit, vous n’avez aucune

 20   connaissance directe de ce qui a précédé à ce conflit bref

 21   qui s’est produit au sujet de la répartition des armes ?

 22         R.    Vous me permettez de rentrer dans quelques

 23   détails ?

 24         Q.    Non.  Une réponse très brève.  La Chambre a

 25   déjà entendu des choses là-dessus.


Page 16314

  1         R.    Ce que je sais c’est que l’officier qui se

  2   trouvait dans cette caserne demandait de remettre ces

  3   armes, ces armes qui étaient dans la propriété de la

  4   Défense territoriale, donc de les remettre à la Défense

  5   territoriale, puisque j’ai été présent à cette réunion, en

  6   fait aux négociations où est venu Glavocevic, Florijan,

  7   quand il a appelé Hadzimejlic et Dzemo Merdan à négocier à

  8   Busovaca.

  9         Q.    Monsieur AR, puisque vous n’avez pas

 10   participé à ces négociations, il vaut peut-être mieux

 11   passer à un autre sujet puisque la Chambre a déjà entendu

 12   des dépositions là-dessus, puisque vous n’avez pas de

 13   connaissances directes sur ce point.

 14         Donc, quelques questions brèves qui nous restent. 

 15   En janvier 1993, vous êtes d’accord avec moi pour dire que

 16   nombre de musulmans ont évacué leurs épouses et des

 17   personnes âgées membres de leur famille, les ont évacuées

 18   de la ville ?

 19         R.    Oui, mais c’est naturel vue la situation à

 20   Busovaca, vu les conditions de sécurité qui prévalaient.

 21         Q.    Vous confirmez également que vous-même, vous

 22   avez amené votre famille – nous n’allons pas nommer les

 23   membres de votre famille – c’était vers le 15 janvier ?

 24         R.    Oui, pour des raisons de sécurité.

 25         Q.    Vous confirmez également que les hommes


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  1   membres des familles musulmanes sont restés à Busovaca ?

  2         R.    Certains, pas tous.  Il y a eu un certain

  3   nombre de musulmans qui sont partis puisque le HVO

  4   harcelait les musulmans.

  5         Q.    Vous avez dit aujourd’hui que les membres de

  6   la TO de Busovaca n’avaient pas le droit de porter des

  7   armes et l’uniforme en ville.  C’est votre commandement qui

  8   vous a donné cet ordre, n’est-ce pas ?

  9         R.    Oui, parce qu’il y a eu à plusieurs reprises

 10   des confiscations d’armes illégales de la part du HVO.  À

 11   plusieurs reprises, cela s’est produit.  C’est à la suite

 12   de cela que notre commandement nous a donné cet ordre afin

 13   de ne pas provoquer un conflit.

 14         Q.    Avez-vous des connaissances directes sur ce

 15   qui s’est produit le 24 janvier à Kacuni ?

 16         R.    Non.

 17         Q.    Je vous remercie.

 18         R.    J’ai entendu des choses.

 19         Q.    Si vous ne savez pas, il vaut mieux ne pas en

 20   parler.

 21         Je n’ai pas très bien compris.  À quelle date

 22   avez-vous été arrêté ?

 23         R.    Le 24 janvier.

 24         Q.    C’était quel jour de la semaine ?

 25         R.    Je ne m’en rappelle pas, croyez-moi.


Page 16316

  1         Q.    Est-ce que ce jour-là, il y a eu un conflit à

  2   Busovaca ?

  3         R.    Non, pas à Busovaca.

  4         Q.    Lorsque vous avez été arrêté, vous étiez

  5   membre de l’armée de Bosnie-Herzégovine ?

  6         R.    Oui, en congé et en civil.

  7         Q.    Avec vous, une autre personne a été arrêtée –

  8   je vais simplement dire son prénom, pas le nom de famille –

  9   Mirza ?  Il était membre de la police militaire de l’armée

 10   de Bosnie-Herzégovine.

 11         R.    Il était en civil, en vêtements civils.

 12         Q.    Je n’ai que quelques questions très brèves

 13   concernant Kaonik puisque les Juges ont entendu beaucoup

 14   d’éléments à ce sujet.

 15         Est-ce que vous êtes d’accord pour dire que la

 16   plupart des prisonniers étaient des… que les prisonniers

 17   étaient uniquement des hommes et la plupart étaient des

 18   membres de la Défense territoriale ?

 19         R.    Oui, c’était des membres de la Défense

 20   territoriale, mais au moment de leur arrestation, ils

 21   portaient des vêtements civils.  Ils n’étaient pas de

 22   garde.

 23         Q.    Très bien !  Mais vous êtes d’accord avec moi

 24   pour dire qu’ils étaient membres de la TO et vous êtes

 25   d’accord également pour dire que les prisonniers plus âgés


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  1   ont été relâchés au bout de trois ou quatre jours ?

  2         R.    Oui.

  3         Q.    Et vous êtes d’accord pour dire que vous

  4   aviez la possibilité d’exercer vos rites religieux à

  5   Kaonik ?

  6         R.    Oui, pendant un certain temps seulement.

  7         Q.    Très bien !  Pour être précis géographique,

  8   vous avez dit que vous avez été amené creuser les tranchées

  9   à Kula.  Kula c’est un endroit qui se trouve tout près de

 10   Busovaca ?

 11         R.    Pas vraiment si près que ça.

 12         Q.    Très bien !  Je pensais que vous alliez être

 13   d’accord avec moi mais peut-être ceci n’est pas tellement

 14   important non plus.

 15         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Monsieur le

 16   Président et Messieurs les Juges, aujourd’hui plusieurs

 17   sujets ont été abordés mais je souhaite attirer votre

 18   attention simplement sur la déposition du Témoin Dzemo

 19   Merdan, puis également le Témoin J qui a parlé de certains

 20   aspects liés à cela.  Donc, inutile d’entrer dans ces

 21   détails en ce moment.

 22         Mais en ce qui concerne le meurtre de Jasmin

 23   Sehovic et de cette autre personne, Monsieur Elezovic, je

 24   souhaite simplement vous rappeler de l’existence de la

 25   pièce à conviction de la Défense D38/1.  Donc, nous


Page 16318

  1   n’allons pas perdre notre temps inutilement avec ce témoin

  2   à ce sujet.

  3         Q.    Témoin AR, j’ai remarqué aujourd’hui qu’au

  4   fond, vous ne reconnaissez pas le nom « Croate ».  Vous

  5   employé un autre terme.

  6         R.    Ce n’est pas que je ne le reconnais pas. 

  7   Moi, je respecte la personne qui a opté pour cela.  Mais

  8   ces personnes étaient des bosniaques de confession

  9   catholique.

 10         Q.    C’est ce que vous considérez ?

 11         R.    Non.  La personne qui se considère comme

 12   Croate, je vais la considérer comme Croate, mais tout le

 13   monde n’a pas accepté de se déclarer comme Croate.

 14         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  J’ai terminé mon

 15   contre-interrogatoire, Monsieur le Président et Messieurs

 16   les Juges.  Je vous remercie et je remercie le témoin.

 17         CONTRE-INTERROGÉ PAR

 18         Me MIKULICIC (interprétation) : 

 19         Q.    Bonjour, Monsieur AR.  Je suis Goran

 20   Mikulicic, avocat de Zagreb, et je représente avec mon

 21   collègue Me Kovacic les intérêts du coaccusé dans cette

 22   affaire.  Je vous poserai quelques questions.  Je parlerai

 23   brièvement et essayez de me répondre au mieux de vos

 24   souvenirs.

 25         Témoin AR, vous avez dit que le 16 avril 1992,


Page 16319

  1   vous avez été mobilisé au sein de la Défense territoriale

  2   afin de vous opposer à l’agression serbe contre la

  3   République de Bosnie-Herzégovine :  Est-ce exact ?

  4         R.    Oui.

  5         Q.    Où étiez-vous sur les lignes de front ?  Où

  6   est-ce que vous avez exercé vos fonctions ?

  7         R.    Surtout dans la région de Visoko et de

  8   Vlasic.

  9         Q.    Vous avez mentionné Vlasic.  Dites :  Est-ce

 10   que vous savez que certaines unités du HVO étaient

 11   stationnées elles aussi sur les lignes de front à Vlasic

 12   avec le même rôle ?

 13         R.    Oui, des unités plus petites.

 14         Q.    Est-ce que vous savez qu’il y a eu là-bas des

 15   unités du HVO de Vitez également ?

 16         R.    Écoutez, ils alternaient, tout comme nous, on

 17   alternait, mais il s’agissait d’une petite formation et

 18   cette formation se trouvait exclusivement dans le village

 19   croate.

 20         Q.    Vous avez mentionné trois équipes.  Veuillez

 21   clarifier quelque chose.  Lorsque vous étiez sur la ligne

 22   de front, vous étiez en uniforme et vous aviez des armes : 

 23   Est-ce exact ?

 24         R.    Oui.  En ce qui concerne de simples soldats.

 25         Q.    En rentrant à Busovaca, chez vous, vous vous


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  1   remettiez en vêtements civils :  Est-ce exact ?

  2         R.    Oui.

  3         Q.    Je ne sais pas en ce qui vous concerne, mais

  4   certaines personnes travaillaient également, avaient un

  5   emploi ?

  6         R.    Oui.

  7         Q.    Ces personnes-là, durant cette période,

  8   lorsque, comme vous dites, ils étaient des civils, est-ce

  9   qu’ils travaillaient, est-ce qu’ils allaient à leur travail

 10   ou bien est-ce que quelqu’un leur interdisait cela ?

 11         R.    Non.  L’obligation de travail existait et les

 12   personnes qui avaient besoin de travailler le faisaient.

 13         Q.    Très bien !  Je ne vais plus vous poser de

 14   questions à ce sujet.

 15         Revenons maintenant à la situation que vous avez

 16   décrite le 27 octobre 1992 lorsque vous alliez vers le

 17   poste de commandement à Kacuni et lorsqu’on vous a arrêté

 18   près de l’hôtel Tisa.

 19         R.    Oui.

 20         Q.    Pour que les choses soient claires, dites-

 21   nous, s’il vous plaît :  L’hôtel Tisa se trouve dans la

 22   municipalité de Busovaca, près de la ville de Busovaca ?

 23         R.    Dans la zone urbaine.

 24         Q.    De la municipalité de Busovaca ?

 25         R.    Oui.


Page 16321

  1         Q.    C’est Dusko Prusac et Darko Marusic, membres

  2   de la police militaire régionale du HVO, qui vous ont

  3   arrêté.  C’est ce que vous avez dit ?

  4         R.    Oui.

  5         Q.    Témoin AR, vous connaissiez personnellement

  6   ces deux soldats qui vous ont arrêté, qui vous ont fait

  7   stopper, ces deux soldats policiers militaires ?

  8         R.    Oui, plus ou moins.

  9         Q.    Ils venaient d’où, de Busovaca ?

 10         R.    L’un venait de Busovaca et l’autre de Draga.

 11         Q.    Draga appartient également à la municipalité

 12   de Busovaca, n’est-ce pas ?

 13         R.    Oui.

 14         Q.    Vous avez dit qu’ils ont pris vos armes

 15   personnelles pour lesquelles vous disposiez de permis et le

 16   lendemain, vous êtes allé à l’hôtel Vitez à Vitez ?

 17         R.    Oui.

 18         Q.    Là-bas, vous vous êtes adressé à Monsieur

 19   Pasko Ljubicic ?

 20         R.    Oui.

 21         Q.    Est-ce que vous le connaissiez auparavant lui

 22   aussi ?

 23         R.    Non.

 24         Q.    Quelle était la fonction de Pasko Ljubicic au

 25   moment où vous l’avez contacté ?


Page 16322

  1         R.    Il s’est présenté comme commandant de la

  2   police régionale.

  3         Q.    Donc, vous avez conclu sans aucun doute que

  4   Pasko Ljubicic était le commandant de la police militaire

  5   et le supérieur direct de ces deux policiers militaires qui

  6   vous ont arrêté et qui ont pris vos armes ?

  7         R.    Oui.

  8         Q.    Il vous a émis un certificat ?  Il a délivré

  9   un certificat ?

 10         R.    Oui.

 11         Q.    Est-ce que vous savez ce qui était inscrit ?

 12         R.    Il y avait la date et c’était un certificat

 13   concernant la saisie de l’arme, le moment où l’arme a été

 14   confisquée et qui l’a fait.

 15         Q.    Donc, vous avez conclu sans aucun doute que

 16   lui, il était le commandant de ces deux policiers

 17   militaires qui vous ont confisqué l’arme et donc il a

 18   délivré ce certificat et que c’est lui qui était le

 19   supérieur de ces deux policiers militaires ?

 20         R.    Oui.

 21         Me MIKULICIC (interprétation) :  Merci beaucoup,

 22   Témoin AR.  Je n’ai plus de questions à vous poser.

 23         Me NICE (interprétation) :  Je n’ai plus de

 24   questions pour ce témoin.

 25         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Témoin AR,


Page 16323

  1   c’est ainsi que se termine votre déposition.  Merci d’être

  2   venu déposer devant ce Tribunal International Pénal.  Vous

  3   pouvez disposer.

  4         LE TÉMOIN (interprétation) :  Merci.

  5                     [Le témoin se retire]

  6         Me NICE (interprétation) :  C’est Me Lopez-Terres

  7   qui interrogera le témoin suivant.

  8         Nous pouvons maintenant distribuer les résumés et

  9   puis nous pouvons faire une demande au sujet de ce témoin.

 10         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  L’assistance

 11   juridique, s’il vous plaît.

 12         [Le Président discute avec le juriste de la

 13   Chambre]

 14         L’INTERPRÈTE :  Les interprètes peuvent-ils en

 15   avoir une copie aussi ? 

 16         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Me Lopez-

 17   Terres.

 18         Me LOPEZ-TERRES :  Monsieur le Président, le

 19   témoin suivant a demandé des mesures de protection.  En

 20   l’espèce, il a demandé à bénéficier d’un pseudonyme et

 21   d’une déformation des traits du visage ainsi, bien entendu,

 22   que de toutes les mesures accessoires habituelles. 

 23         Sa demande est motivée par le fait qu’il est

 24   d’origine musulmane, que sa famille ou tout au moins une

 25   partie de sa famille réside toujours en Bosnie centrale,


Page 16324

  1   dans la région de Vitez d’une part et de Travnik d’autre

  2   part, et qu’il craint évidemment certaines représailles

  3   compte tenu des éléments d’informations qu’il va donner à

  4   votre Chambre.

  5         Le témoin réside actuellement au Danemark où il

  6   bénéficie du statut de réfugié.  J’indique enfin que ce

  7   témoin a déjà déposé dans les affaires Blaskic et Kupreskic

  8   et qu’au cours de ces deux dépositions, des mesures de

  9   protection similaires lui ont été accordées.

 10         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Y a-t-il des

 11   objections ?

 12         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Monsieur le

 13   Président, vous connaissez notre position de principe, mais

 14   nous n’avons pas d’objection concrète.

 15         Me KOVACIC (interprétation) :  Monsieur le

 16   Président, moi, je fais objection à cette proposition tout

 17   simplement parce que dans aucun cas, nous n’avons été

 18   informés du fait qu’un quelconque témoin aurait subi des

 19   problèmes à cause de sa déposition et surtout pas sa

 20   famille ou sa famille lointaine.  Puisque ce témoin vit au

 21   Danemark, donc à notre avis, il n’existe pas du tout de

 22   probabilité selon laquelle qui que ce soit se vengerait

 23   contre sa famille à cause de sa déposition ici.

 24         C’est pour cela que dans ce cas-là, nous nous

 25   opposons du point de vue de principe.


Page 16325

  1         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Il y a eu des

  2   allégations selon lesquelles des témoins ont eu des

  3   problèmes en conséquence de leurs dépositions ici et je ne

  4   me souviens pas très exactement de quels témoins il s’agit

  5   mais je sais que nous avons entendu des allégations selon

  6   lesquelles la maison d’un témoin avait été incendiée.  Il

  7   n’est pas vrai de dire qu’il n’y en a pas eu.

  8         Me KOVACIC (interprétation) :  Pour autant que je

  9   m’en souvienne, en ce qui concerne nos témoins, les témoins

 10   qui ont déposé dans cette affaire depuis le début de cette

 11   affaire, c’est-à-dire depuis l’année 1999, qu’un quelconque

 12   témoin aurait reçu des menaces ou aurait eu des problèmes à

 13   cause de sa déposition ici.  Ceci s’est produit dans

 14   d’autres affaires précédemment.

 15                     [La Chambre discute]

 16         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Nous allons

 17   rendre l’ordonnance.

 18         LA GREFFIÈRE (interprétation) :  Le pseudonyme

 19   accordé à ce témoin sera « Témoin AS ».

 20         Me LOPEZ-TERRES :  Monsieur le Président, avant

 21   que le témoin ne rentre, j’indique qu’il m’a signalé, et

 22   j’ai pu le constater moi-même effectivement, qu’il

 23   souffrait de certaines difficultés d’élocution.  Il a une

 24   forme de bégaiement qui peut parfois être assez forte, en

 25   particulier dans des circonstances où il est stressé. 


Page 16326

  1   Donc, il m’a demandé de vous présenter ses excuses par

  2   avance pour le cas où ces difficultés apparaîtraient au

  3   cours de son témoignage.

  4         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Me Lopez-

  5   Terres, il n’est pas nécessaire de s’excuser de cela.

  6               [Le témoin entre dans la Cour]

  7         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Le témoin

  8   peut-il prêter serment, s’il vous plaît.

  9         LE TÉMOIN (interprétation) :  Je déclare

 10   solennellement que je dirai la vérité, toute la vérité et

 11   rien que la vérité.

 12         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui.

 13         TÉMOIN :  TÉMOIN AS (ASSERMENTÉ)

 14         INTERROGÉ PAR Me LOPEZ-TERRES : 

 15         Q.    Monsieur le Témoin, pouvez-vous m’indiquer si

 16   le nom qui figure sur le papier qui vous est présenté est

 17   bien votre nom ?

 18         R.    Oui.

 19         Me SAYERS (interprétation) :  Monsieur le

 20   Président, pendant que nous préparons les choses, je

 21   souhaite dire que les parties où nous demandons que des

 22   questions directrices ne soient pas posées, ce sont les

 23   paragraphes 17, 18 et 23 aussi les paragraphes 79 à 91.

 24         Me KOVACIC (interprétation) :  Monsieur le

 25   Président, j’ai une demande semblable à propos des


Page 16327

  1   paragraphes 4, 5, 8, 13 et 14, 27, 28, 32 et 33, 36, et par

  2   la suite, peut-être j’ajouterai un ou deux paragraphes

  3   parce que nous venons de recevoir ce document.

  4         Me SAYERS (interprétation) :  Mis à part les

  5   paragraphes déjà cités, nous souhaiterions que ceci

  6   s’applique également au paragraphe 86, s’il vous plaît.

  7         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Très bien. 

  8   Oui.

  9         Me LOPEZ-TERRES : 

 10         Q.    Monsieur le Témoin, je m’adresserai à vous

 11   sous le pseudonyme « AS » puisque c’est ce pseudonyme que

 12   la Chambre vous a accordé.

 13         R.    Très bien !

 14         Q.    Vous êtes de nationalité musulmane d’origine

 15   et vous avez appartenu à plusieurs unités du HVO dans la

 16   municipalité de Vitez entre 1992 et 1993, d’abord la

 17   brigade de Vitez, puis le 4e bataillon de police militaire,

 18   et enfin vous avez appartenu à une unité spéciale de cette

 19   même police militaire qui s’appelait les Jokers ?

 20         R.    Oui.

 21         Q.    En mars 1992, après avoir été un sympathisant

 22   du HOS, été membre pendant quelques jours seulement de la

 23   Ligue patriotique musulmane, vous avez été invité par l’un

 24   de vos voisins, le nommé Karlo Grabovac, à adhérer au Parti

 25   HDZ à Vitez et à adhérer également à la branche armée de ce


Page 16328

  1   Parti, qui à l’époque s’appelait l’armée croate, le HV ?

  2         R.    Oui, c’est exact.

  3         Q.    Tous les membres de cette branche armée

  4   faisaient également partie du Parti politique HDZ ?

  5         R.    Oui.

  6         Q.    Le soir où vous avez adhéré au Parti HDZ et

  7   êtes devenu membre de cette armée croate, où vous êtes-vous

  8   rendu ?

  9         R.    Cette nuit-là, lorsque pour la première fois

 10   j’ai monté la garde avec les autres membres de la HV, moi,

 11   Grabovac et Srecko Petrovic, on est allé dans un restaurant

 12   à Kruscica et c’était au début du village.  Le propriétaire

 13   en était Mario Cerkez et pour la plupart, c’est des

 14   officiers de la HV qui s’y rassemblaient.  C’était une

 15   sorte de quartier général, si je peux exprimer les choses

 16   ainsi.

 17         Q.    Est-ce que Mario Cerkez habitait dans cet

 18   immeuble ?

 19         R.    Oui.

 20         Q.    Comment était disposé cet immeuble ?

 21         R.    Eh bien, dans le rez-de-chaussée, il y avait

 22   ce restaurant et lui, il vivait au premier étage.  C’était

 23   une maison particulière.

 24         Q.    En mai 1992, ce nom d’armée croate, de HV a

 25   été changé et l’unité est devenue une unité du HVO ?


Page 16329

  1         R.    Oui.  C’est devenu le Conseil de la Défense

  2   croate au mois de mai 1992.

  3         Q.    Vous avez été membre de la brigade de Vitez

  4   jusqu’au mois de septembre, fin septembre, début octobre

  5   1992, et ensuite, vous avez été affecté au 4e bataillon de

  6   police militaire ?

  7         R.    Oui, c’est exact.

  8         Q.    Au début de votre adhésion au parti, à cette

  9   armée croate et lorsque vous avez été membre de la brigade,

 10   qui était le commandant de cette brigade ?

 11         R.    Au début, d’après les informations que

 12   j’avais, la personne responsable était Skopljak, Marijan

 13   Skopljak, mais après, le commandant était Monsieur Mario

 14   Cerkez.

 15         Q.    Est-ce que le nommé Marijan Skopljak, vous

 16   l’avez vu assumer des fonctions de commandement pendant une

 17   période très longue après que vous soyez devenu membre de

 18   cette unité ?

 19         R.    Non, non.  Ceci n’a pas duré longtemps. 

 20   C’était bref.  Il n’était pas militaire, je pense.  Je

 21   pense qu’il avait une fonction dans le HDZ et que c’est

 22   après qu’il a pris ses fonctions dans la municipalité, à

 23   l’hôtel Vitez, dans le bureau à l’hôtel Vitez.

 24         Q.    Ce Marijan Skopljak dont vous nous parlez,

 25   lorsque vous l’avez vu à l’époque, portait-il un uniforme


Page 16330

  1   ou une tenue civile ?

  2         R.    Je ne m’en souviens pas en ce moment.  Je ne

  3   crois pas qu’il portait un uniforme.  Je ne sais pas.

  4         Q.    Vous nous avez dit que Mario Cerkez est

  5   devenu rapidement le commandant de cette unité à laquelle

  6   vous apparteniez.  Le responsable de l’artillerie de cette

  7   unité, était-il le nommé Marko Lujic ?

  8         R.    Oui.  C’est ce que j’ai entendu dire

  9   puisqu’il était le seul qui savait comment manier les

 10   explosifs.  Il était l’ingénieur d’explosifs et il

 11   travaillait dans Vitezit, l’usine des explosifs Slobodan

 12   Princip Seljo à Vitez.

 13         Q.    D’après ce que vous avez constaté ou avez

 14   entendu, l’artillerie de la brigade disposait d’un canon de

 15   205 millimètres qu’on appelait Nora ?

 16         R.    Oui, c’est exact et aussi des mortiers et

 17   deux ou trois VBR, donc lance-roquettes multiples.  Je

 18   crois qu’il y avait 12 ou bien peut-être six canons.

 19         Q.    La brigade à laquelle vous apparteniez était

 20   constituée de quatre bataillons de soldats actifs et ces

 21   quatre bataillons étaient répartis sur la municipalité de

 22   Vitez ?

 23         R.    Oui, mais ils étaient dans la partie de la

 24   ville où nous habitions.  Donc, le centre-ville de Vitez

 25   était une région.  Ensuite, Krizancevo Selo, et Kruscica


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  1   étaient la deuxième.  Ensuite, Kruscica, Krcevine et

  2   Zabilje, par exemple, constituaient la troisième, et puis

  3   Veceriska et Mosunj étaient la quatrième région. 

  4         Tout ça, c’était des parties où les gens vivaient

  5   et c’est selon ces parties-là de la ville que ces

  6   bataillons étaient répartis.

  7         Q.    Vous-même êtes devenu membre du 2e bataillon

  8   de la brigade, je crois ?

  9         R.    Oui, pour ainsi dire.  La 1ère ou la 2e, peu

 10   importe, j’ai été son membre, mais je ne sais pas si

 11   c’était vraiment la 1ère ou la 2e.  Je crois qu’il

 12   s’agissait de la 2e.

 13         Q.    Votre commandant d’unité à l’époque était

 14   Karlo Grabovac ?

 15         R.    Oui.  Au début, c’était Slavko Milicevic et

 16   Karlo était son adjoint, Karlo Grabovac, mais par la suite,

 17   il y a eu un changement et Karlo est devenu commandant,

 18   Karlo Grabovac.

 19         Q.    Est-ce que vous avez changé d’affectation au

 20   sein de la brigade de Vitez ?  Avez-vous quitté votre

 21   bataillon pour recevoir une affectation dans une unité

 22   spéciale ?

 23         R.    Oui.  Ceci s’est produit, mais excusez-moi,

 24   je n’ai pas bien compris votre question.  Veuillez la

 25   répéter.


Page 16332

  1         Q.    Au cours de votre séjour au sein de la

  2   brigade de Vitez, est-ce que vous avez changé d’unité et

  3   avez été muté dans une unité spéciale ?

  4         R.    Ceci s’est produit.  En fait, il y avait ce

  5   peloton d’intervention qui était toujours disponible, qui

  6   était constitué de 15 à 20 jeunes hommes qui étaient

  7   toujours les premiers sur place à Kaonik, Slimena, Travnik,

  8   la caserne.  C’était ce qu’on appelait le peloton

  9   d’intervention.

 10         Q.    C’était une unité d’avant-garde, si je

 11   comprends bien, de choc ?

 12         R.    Nous n’étions pas des professionnels.  Nous

 13   étions jeunes, en bonne santé et nous étions prêts à nous

 14   battre.  C’est tout.  Nous n’avions pas reçu un

 15   entraînement pour devenir vraiment une véritable unité

 16   spéciale.

 17         Q.    Est-ce que vous vous rappelez du nom de

 18   certains des membres de cette unité donc d’intervention à

 19   laquelle vous apparteniez ?  Est-ce que vous pouvez nous

 20   citer deux ou trois noms ?

 21         R.    Miroslav Bobas, on l’appelait Miro; ensuite,

 22   Josip Males; Matkovic et je crois que son prénom était

 23   Branko; Stipo Krizanac.  Voici, ce sont certains des noms

 24   que je connais.  Il y a aussi Baresic, lui aussi, et puis

 25   je ne sais pas les autres.  Ce sont certains individus,


Page 16333

  1   mais j’ai oublié certains à vrai dire.

  2         Q.    Est-ce que vous connaissiez un individu du

  3   surnom de Kico ?

  4         R.    Oui.  Il s’appelait Bonic.  Il était jeune.

  5         Q.    Est-ce qu’il faisait partie de cette unité

  6   également ?

  7         R.    Oui.  Pendant une période courte.  Il était

  8   jeune à ce moment-là et il était avec nous.

  9         Q.    Pendant la période dont vous nous parlez, la

 10   solde que vous receviez comme membre de la brigade vous

 11   était payée en devises de Croatie ?

 12         R.    Oui, en dinars croates.  C’est comme ça que

 13   nous étions payés.

 14         Q.    Vous receviez également du ravitaillement qui

 15   provenait de Croatie ?

 16         R.    Oui.  Je le sais parce que quand on recevait

 17   des uniformes, c’était surtout des dons de la brigade de

 18   Karlovac puisqu’un voisin, un de nos voisins était membre

 19   de cette brigade de Karlovac.  Donc, c’est ainsi que je le

 20   sais.  Srecko Petrovic et Rajic et ce Zoran, ils allaient à

 21   Karlovac et ils apportaient des uniformes, des armes, des

 22   choses comme ça, des bottes, des équipements.

 23         Q.    Le quartier général de la brigade, vous nous

 24   aviez indiqué tout à l’heure qu’il était situé au départ

 25   dans ce café Konoba à Kruscica.  Ce quartier général a donc


Page 16334

  1   été déplacé, il a été installé à l’hôtel Vitez et Mario

  2   Cerkez a installé son bureau à l’hôtel Vitez ?

  3         R.    Oui, et puis plus tard, ils ont été

  4   transférés de nouveau au cinéma, au premier étage, mais à

  5   ce moment-là, de Konoba, ça a été transféré à l’hôtel

  6   Vitez.

  7         Q.    Puisque vous venez d’en parler – vous avez

  8   indiqué que plus tard ce quartier général avait été déplacé

  9   – est-ce que cette mutation a eu lieu au moment où le

 10   Colonel Blaskic lui-même s’est installé à l’hôtel Vitez ?

 11         R.    Non.  C’était avant.

 12         Q.    Cerkez est donc parti s’installer au cinéma ?

 13         R.    En fait, ce Monsieur Mario Cerkez et son

 14   commandement étaient à Vitez, à l’hôtel Vitez, mais au

 15   moment où le quartier général de l’état-major de la Bosnie

 16   centrale a été transféré, à ce moment-là la brigade de

 17   Vitez a été déménagée au cinéma, au premier étage.  C’est

 18   là qu’ils avaient leurs locaux. 

 19         Je pense qu’il y avait déjà sur place des locaux

 20   du Parti HDZ, SDA et certains autres partis.  Je ne me

 21   souviens pas très exactement lesquels, mais c’est là que se

 22   trouvait le quartier général de cette brigade de Vitez.

 23         Q.    Au cours de l’été 1992, est-ce que vous et

 24   les autres membres de votre brigade avez participé à une

 25   cérémonie de prestation de serments ?


Page 16335

  1         R.    Oui.  Nous avons prêté serment au stade de

  2   football du club de football de Vitez et je sais qu’avant

  3   notre arrivée au stade, notre bataillon s’est rangé devant

  4   la maison de Srecko Petrovic, et ensuite, nous sommes allés

  5   jusqu’au stade dans une colonne de deux à deux et c’est là

  6   que nous avons prêté serment.

  7         À mon avis, ceci s’est produit avant l’été.  Je ne

  8   me souviens pas très exactement mais à mon avis, c’était au

  9   mois de mai, juin.  Je ne suis pas tout à fait sûr de la

 10   date exacte, mais on était environ une centaine, plusieurs

 11   centaines et puis nous avons répété le texte du serment. 

 12   C’est ainsi que nous avons prêté serment.

 13         Q.    Vous voulez dire qu’un texte vous a été lu et

 14   que vous avez répété ensuite, tous les membres qui étaient

 15   présents ?

 16         R.    Oui.

 17         Q.    Je voudrais vous présenter un document.  Il

 18   s’agit de la pièce à conviction Z2814.  Pouvez-vous

 19   examiner ce document et m’indiquer si le texte qui vous a

 20   été lu était celui-là ou un texte très proche de celui-là ?

 21         Me SAYERS (interprétation) :  D’après nos

 22   informations, cette pièce à conviction n’a pas été

 23   communiquée à nous avant la journée d’aujourd’hui et je

 24   souhaite que le Procureur vérifie s’il s’agit là d’un

 25   document qui a déjà été communiqué à la Défense ou bien


Page 16336

  1   s’il s’agit d’un tout nouveau document.

  2         Me LOPEZ-TERRES :  Il est possible qu’il s’agisse

  3   d’un nouveau document, mais nous considérons, comme

  4   Monsieur Nice l’a indiqué il y a quelques jours déjà, que

  5   nous avons toujours la possibilité d’introduire des

  6   documents au travers de témoins qui nous paraissent les

  7   témoins pertinents pour en parler.

  8         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Monsieur

  9   Lopez-Terres, c’est un témoin extrêmement important. 

 10   Comment se fait-il que c’est tout à la fin de la

 11   présentation des moyens de preuve du Procureur, au bout de

 12   11 mois depuis le début de cette affaire, que c’est

 13   seulement maintenant que vous citez à la barre ce témoin ?

 14         Me LOPEZ-TERRES :  Monsieur le Président, je

 15   profite de l’occasion que vous nous donnez pour vous parler

 16   un petit peu de toutes les démarches que nous devons

 17   entreprendre pendant de nombreux mois pour parvenir à

 18   convaincre un témoin de venir déposer.  Vous le savez, nous

 19   avons eu déjà ce type de difficulté.

 20         Nous avons été en mesure de savoir que ce témoin

 21   acceptait de venir à La Haye le week-end dernier.  Nous

 22   avions tenté des démarches de dernière minute puisqu’à un

 23   moment donné, du fait du refus qui nous avait été manifesté

 24   par ce témoin, nous avions envisagé…

 25         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  [Hors


Page 16337

  1   microphone]  Excusez-moi, mais vraiment, il faudrait que

  2   nous essayons de faire l’interrogatoire aussi vite que

  3   possible.

  4         En ce qui concerne ce document, il est admissible. 

  5   Peut-être pendant la pause, vous pouvez réexaminer la

  6   déposition et voir comment vous pouvez accélérer la chose

  7   afin de laisser suffisamment de temps à la Défense pour

  8   procéder au contre-interrogatoire.

  9         Poursuivez, s’il vous plaît.

 10         Me LOPEZ-TERRES : 

 11         Q.    Ce document, Monsieur le Témoin AS, est-ce

 12   que vous pouvez en prendre connaissance rapidement et

 13   m’indiquer si le texte correspond au texte qui vous a été

 14   lu ou à un texte similaire ?

 15         R.    Je ne suis pas tout à fait sûr que c’est le

 16   texte.  Je ne m’en souviens pas, mais c’était quelque chose

 17   comme ça.  Je dirais que c’est le même texte

 18   approximativement mais je ne me souviens pas exactement. 

 19   Ceci s’est produit il y a longtemps, il y a huit ans.

 20         Q.    À l’issue de cette cérémonie, vous avez dû

 21   rédiger, ou signer en tout cas, un texte similaire à celui-

 22   là ?

 23         R.    Oui.

 24         Q.    Est-ce que vous pouvez nous indiquer qui

 25   étaient les représentants du HVO ou du HDZ qui


Page 16338

  1   participaient à cette cérémonie à Vitez ?

  2         R.    Eh bien, il y a eu de nombreuses personnes,

  3   Karlo Grabovac, Mario Cerkez, Dario Kordic, Ignac

  4   Kostroman, Marijan Skopljak, je crois aussi, Pero Skopljak,

  5   Ivica Santic et certaines personnes de la Défense

  6   territoriale bosniaque, parmi lesquelles je crois, Sefkija

  7   Djidic et Munib Kajmovic, je crois.  Je ne me souviens

  8   plus.

  9         Q.    Est-ce que l’accusé Dario Kordic a pris la

 10   parole à un moment ou à un autre de cette cérémonie ?

 11         R.    Oui.

 12         Q.    Est-ce que vous pouvez nous indiquer ce qu’il

 13   a dit ou nous donner quelques informations sur le sens de

 14   son discours ?

 15         R.    Monsieur Dario, lorsqu’il a tenu son

 16   discours, c’était un discours politique, mais ensuite, une

 17   vraie euphorie s’est ensuivie.  Moi-même, je croyais chaque

 18   mot qu’il a proféré et nous étions contents de voir qu’il

 19   s’est adressé à nous.  Il disait sans arrêt qu’il fallait

 20   défendre l’Herceg-Bosna, défendre le peuple croate et nous

 21   étions prêts à le faire.

 22         Q.    Au cours des mois qui ont suivi, vous avez

 23   participé à différentes opérations soit dans des dépôts

 24   militaires de la JNA, soit sur certaines positions qui

 25   étaient face à l’armée des Serbes.  Vous êtes allé en


Page 16339

  1   particulier au dépôt de Slimena, au dépôt de Kaonik, de

  2   Draga, à Busovaca ?

  3         R.    Pas à Draga.  Je n’y suis pas allé.

  4         Q.    À Bugojno, Jajce ?

  5         R.    Oui, j’y étais et puis à Galica, Vlasic,

  6   Turbe.

  7         Q.    Au cours de toutes ces opérations, la plupart

  8   du temps, sinon tout le temps, les membres de l’unité des

  9   Vitezovis participaient également ?

 10         R.    Oui, mais je ne me souviens pas si à ce

 11   moment-là, ils s’appelaient Vitezovis ou bien si c’était

 12   toujours le HOS, mais ils étaient placés sous le

 13   commandement de Monsieur Kraljevic, Darko Kraljevic.

 14         Q.    Est-ce que vous pouvez nous parler de ce qui

 15   s’est passé au dépôt de Kaonik ?

 16         R.    Un jour, nous avons été appelés à aller à

 17   Kaonik afin – comment expliquer ? – afin d’entrer dans ce

 18   dépôt et de saisir ce qu’il y avait là-dedans.  Tout ce que

 19   je sais c’est que c’est Monsieur Kordic qui était à la tête

 20   de cette action puisque c’est ce qui nous a été dit.  Tout

 21   d’abord, il parlait des négociations avec l’ex-JNA afin

 22   d’éviter les combats.

 23         Excusez-moi, s’il vous plaît, un instant.

 24         Q.    Je vous en prie.  Est-ce que vous souhaitez

 25   boire ?


Page 16340

  1         R.    Oui.  Ce jour-là, nous avons été appelés à

  2   aller à Kaonik.  C’est là que se trouvait le dépôt de

  3   l’ancienne JNA et nous sommes allés, ce peloton

  4   d’intervention de mon bataillon ou de toute la brigade, et

  5   il y avait les Vitezovis.  Nous étions avec eux.  Il y

  6   avait Krizanac, Monsieur Kraljevic et Niko Krizanac et nous

  7   avons reçu l’information que Monsieur Kordic négociait avec

  8   la JNA, avec l’ex-JNA, avec un officier de l’ex-JNA afin

  9   d’éviter des combats, pour qu’ils se rendent sans combat et

 10   effectivement ils se sont rendus sans combat et ensuite,

 11   ils ont été amenés et à la fin, ils ont été relâchés.  Ils

 12   ont été amenés jusqu’à Kiseljak.

 13         Me LOPEZ-TERRES :  Avant de passer au point

 14   suivant, j’indique simplement une petite erreur dans le

 15   script.  Le témoin a indiqué tout à l’heure que Dario

 16   Kordic a fait un discours et dans le transcript, il est

 17   indiqué que le témoin a fait un discours. 

 18         Q.    C’est une erreur du transcript, Monsieur le

 19   Témoin, ne vous inquiétez pas.

 20         Au mois d’octobre 1992, vous avez été invité par

 21   Monsieur Pasko Ljubicic à joindre la police militaire du

 22   HVO ?

 23         R.    Oui, c’est exact.  J’ai été attaqué et même

 24   passé à tabac plusieurs fois par l’armée de Bosnie-

 25   Herzégovine ou bien la Défense territoriale, mais lorsque


Page 16341

  1   je suis rentré du front de Jajce pour la dernière fois,

  2   j’ai été attaqué, agressé une nouvelle fois et lorsque je

  3   suis arrivé devant l’hôtel Vitez – je pense que ceci s’est

  4   produit en septembre peut-être – Monsieur Pasko Ljubicic a

  5   dit que j’allais devenir membre du 4e bataillon actif et

  6   qu’il allait me protéger de l’armée bosniaque, mais il m’a

  7   dit que je devais attendre le retour des autres de Neum.

  8         Q.    Est-ce que vous pouvez nous donner quelques

  9   indications simplement sur l’organisation de cette police

 10   militaire ?  Est-ce qu’il y avait plusieurs types de police

 11   militaire à Vitez ?

 12         R.    Oui.  Il y en avait trois, pratiquement

 13   quatre.  Il y avait la police civile de Herceg-Bosna. 

 14   Ensuite, il y avait la police militaire de brigade qui

 15   était placée sous le commandement de la brigade, en fait de

 16   cette brigade, et chaque brigade avait sa police militaire,

 17   y compris la brigade de Vitez.  Elle aussi, elle était sous

 18   le commandement de la brigade.  Là je parle de la police

 19   militaire de Vitez.

 20         Nous aussi, nous étions à l’hôtel et nous étions

 21   subordonnés à Pasko Ljubicic à l’hôtel Vitez.  Lui, il

 22   était le commandant de cette compagnie, le commandant de la

 23   compagnie et Monsieur Zvonko Vukovic était le commandant du

 24   bataillon, et puis ensuite, il y avait pratiquement la 4e,

 25   si on peut l’appeler ainsi.  Ça, c’était le SIS, le Service


Page 16342

  1   d’Information et de Sécurité, mais il s’agissait d’un

  2   service secret.

  3         Q.    Cette unité de police militaire appartenant à

  4   la brigade de Vitez, de combien d’hommes disposait-elle

  5   environ ?

  6         R.    Peut-être 30, 40.  Au moins 30 pour autant

  7   que je m’en souvienne.

  8         Q.    Le commandant de cette unité de police

  9   militaire de la brigade était-il commandant de la brigade

 10   elle-même ?

 11         R.    En fait, le commandant de la police militaire

 12   était subordonné au commandant de la brigade.  Donc, le

 13   commandant de la brigade donnait des ordres au commandant

 14   de la police militaire, de la brigade.

 15         Q.    Vous avez participé à la mi-octobre 1992 à

 16   d’autres actions à Novi Travnik avec d’autres soldats de la

 17   brigade de Vitez et des Vitezovis ?

 18         R.    Oui.

 19         Q.    Vous avez à cette occasion vu que la partie

 20   musulmane de la ville avait été bombardée ?

 21         R.    Oui.

 22         Q.    Aux environs du 20 octobre 1992, vers 4 h 00

 23   du matin, vous avez été appelé avec d’autres membres du

 24   second bataillon de la brigade de Vitez devant le quartier

 25   général de cette unité à Rijeka ?


Page 16343

  1         R.    Oui.

  2         Q.    À ce moment-là, le commandant de ce

  3   bataillon, Karlo Grabovac, vous a demandé de rester au

  4   quartier général, de vous occuper de la radio et de

  5   recevoir ou transmettre tous les messages qui vous

  6   parvenaient ?

  7         R.    Je n’étais pas seul sur place.  J’étais là-

  8   bas, mais il m’a dit de ne pas aller à Ahmici avec les

  9   autres mais de rester au commandement et le peloton

 10   d’intervention est parti pour Ahmici puisque c’est là qu’a

 11   commencé, enfin ont commencé des tirs, en fait la guerre

 12   pour ainsi dire.

 13         Q.    Est-ce qu’avant que le peloton ne parte,

 14   Karlo Grabovac a indiqué ce qui se passait et pour quelle

 15   raison le peloton devait partir ?

 16         R.    Eh bien, il a été dit seulement que ça venait

 17   de commencer et que sur Ahmici, ils ont été arrêtés et ils

 18   ont dit : « Nous allons partir sur Ahmici. »

 19         Q.    Vous étiez donc en charge du poste de radio. 

 20   Est-ce que vous avez entendu l’accusé Mario Cerkez parler

 21   sur cette radio ?

 22         R.    Je ne m’en souviens pas, mais plus tard, je

 23   suis allé à l’hôtel et c’est là que j’ai pu parler à

 24   Monsieur Cerkez parce que c’était plus tard, quelques

 25   heures plus tard.  C’est parce que Monsieur Grabovac est


Page 16344

  1   venu et il a dit que moi-même et Zoran Rajic, nous devions

  2   nous rendre à l’hôtel, l’hôtel Vitez, pour demander à

  3   Monsieur Mario de nous donner des munitions et c’est comme

  4   ça que nous sommes arrivés devant la municipalité de Vitez.

  5         Nous avons traversé en courant parce que ça venait

  6   de commencer depuis Stari Vitez, des coups de feu, et donc

  7   quand je suis rentré dans le bureau, Monsieur Mario Cerkez

  8   était là-bas, Mimo aussi – je ne connais pas son nom,

  9   prénom enfin c’était son surnom, c’est comme ça qu’on

 10   l’appelait – et Vlado Cerkez.  Il était lui aussi, comme

 11   Mimo, chargé du dépôt de munitions, donc employé de la

 12   logistique.

 13         Quand nous sommes entrés, Monsieur Cerkez nous a

 14   demandé de quoi nous avions besoin, et alors, nous avons

 15   dit que nous avions besoin de munitions.  Alors, je devais

 16   dire à Monsieur Grabovac, comment dire, comment expliquer

 17   cela ?  Soit :  « Expulsez-les », soit : « Tuez-les »,

 18   enfin : « Peu nous importe », quelque chose dans ce sens. 

 19   Enfin, c’était des paroles qui allaient dans ce sens-là. 

 20   On peut exprimer le même sens de différentes manières. 

 21   C’était dans la matinée, le matin à 5 h 00, 5, 6 h 00.

 22         Q.    Avant cette rencontre avec l’accusé Mario

 23   Cerkez dans son bureau, est-ce que vous avez entendu Mario

 24   Cerkez donner des instructions ou des ordres à la radio

 25   puisque vous étiez…


Page 16345

  1         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Non.  Le

  2   témoin a déjà dit concernant Mario Cerkez qu’il ne se

  3   souvenait pas d’avoir entendu quoi que ce soit à la radio. 

  4   Il ne faut pas poser de questions directrices. 

  5         Ce serait peut-être un moment opportun de faire la

  6   pause.  Nous allons suspendre pour une heure et demie.

  7         Témoin AS, nous allons faire une pause d’une heure

  8   et demie.  Donc, je vous demanderais de revenir à 14 h 05

  9   pour continuer à déposer.  Ne vous adressez à personne,

 10   s’il vous plaît, au sujet de votre déposition avant d’avoir

 11   terminé votre comparution ici.  Revenez donc à 14 h 05,

 12   s’il vous plaît.

 13               --- Suspension de l’audience à 12 h 37

 14               --- Reprise de l’audience à 14 h 10

 15         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Allez-y,

 16   Monsieur Lopez-Terres.

 17         Me LOPEZ-TERRES :

 18         Q.    Monsieur le Témoin AS, avant que nous ne

 19   poursuivions, je voudrais une clarification par rapport à

 20   ce qui apparaît sur le transcript.  Lorsque vous êtes allé

 21   demander des munitions pour le compte de Karlo Grabovac,

 22   vous nous avez dit avoir rencontré Mario Cerkez et un nommé

 23   Vlado Cerkez qui s’occupait de la logistique.  Vous vous

 24   rappelez de cela ?

 25         R.    Oui.


Page 16346

  1         Q.    Vous avez indiqué ensuite que Cerkez a

  2   déclaré quelque chose comme : « Dites à Grabovac de les

  3   expulser ou de les tuer.  Je n’en ai rien à faire. »  De

  4   quel Cerkez s’agissait-il ?  Quel est le Cerkez qui a tenu

  5   ces propos ?  Est-ce Mario ou Vlado Cerkez ?

  6         R.    C’était Monsieur Mario Cerkez, mais je dois

  7   dire aussi de nouveau que c’était dans ce sens-là.  Ce

  8   n’était pas les mots exacts.

  9         Q.    Quand Mario Cerkez a indiqué cela : « Dites-

 10   lui de les tuer ou de les expulser », à qui pensait-il ? 

 11   Qui étaient ces personnes qu’il fallait expulser et qu’il

 12   fallait peut-être tuer ?

 13         R.    Peut-être l’armée de Bosnie-Herzégovine le

 14   plus vraisemblablement qui se trouvait dans Ahmici et qui

 15   combattait.  Je ne peux pas dire que c’était contre les

 16   civils.  Je ne peux pas dire ça.

 17         Q.    Est-ce qu’au cours de cet entretien, vous

 18   avez le souvenir ou non que Mario Cerkez ait utilisé un

 19   terme péjoratif vis-à-vis des musulmans de Bosnie ?

 20         R.    La plupart, c’était quand il disait

 21   « balija » comme tout le monde.

 22         Q.    Vous avez entendu Cerkez utiliser ce mot ce

 23   jour-là lorsque vous êtes allé à son bureau ?

 24         R.    Oui.  Je crois que je l’ai entendu.

 25         Q.    Combien de camions de munitions finalement


Page 16347

  1   avez-vous pu ramener à Karlo Grabovac ce jour-là ?

  2         R.    Il y avait deux camions.  En fait, comment

  3   dire, une camionnette et un camion.

  4         Q.    De quel type de munitions s’agissait-il ?

  5         R.    C’était ce qu’on appelait les balles

  6   traçantes et les balles inflammables.  C’était ça et c’est

  7   ce que j’ai remis à Monsieur Karlo.  En fait, on a emmené

  8   cela jusqu’à l’usine, jusqu’à Impregnacija.  C’est du côté

  9   de Dubravica, sur la route qui mène à Busovaca.

 10         Me LOPEZ-TERRES :  Monsieur le Président, dans la

 11   mesure où, semble-t-il, il n’y a pas d’objection pour les

 12   parties suivantes de la part de la Défense, est-ce que vous

 13   me permettez de demander au témoin de répondre simplement

 14   par oui ou par non sur les paragraphes suivants ?

 15         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  De quels

 16   paragraphes s’agit-il, Monsieur Lopez-Terres ?

 17         Me LOPEZ-TERRES :  À partir du paragraphe 37

 18   jusque…

 19         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Apparemment,

 20   il n’y a pas d’objection à ce sujet.  S’il n’y a pas

 21   d’objection à ces éléments de preuve, d’après ce que j’ai

 22   compris, c’est jusqu’à 79 que cela continue.  Rappelez-moi

 23   si j’ai fait une erreur.

 24         Me LOPEZ-TERRES :  C’est bien ça, Monsieur le

 25   Président.


Page 16348

  1         Me KOVACIC (interprétation) :  Je suis tout à fait

  2   d’accord, Monsieur le Président, mais pour éviter de

  3   gaspiller du temps au niveau du contre-interrogatoire, le

  4   paragraphe 50 est un paragraphe où apparaissent quelques

  5   noms.  On voudrait confirmation du moment, de l’heure.

  6         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui, très bien

  7   !  Cela peut être fait.

  8         Oui, Monsieur Lopez-Terres, faites le plus

  9   rapidement possible jusqu’à 79.

 10         Me LOPEZ-TERRES :

 11         Q.    Vous avez compris, Monsieur le Témoin ?  Je

 12   vous indique une information et vous répondez par oui ou

 13   par non simplement et nous passons à la suivante. 

 14         Vous avez remarqué en vous rendant avec ces deux

 15   camions à Dubravica qu’il y avait des résidents musulmans

 16   du village de Novaci qui avaient été arrêtés par les

 17   Vitezovis et qu’ils étaient conduits à l’école de Dubravica

 18   ?

 19         R.    Oui.

 20         Q.    À l’époque dont nous parlons, c’est-à-dire

 21   toujours aux environs du 20 octobre 1992, vous avez

 22   participé à l’attaque du bâtiment qui servait de hangar

 23   logistique pour l’armée de Bosnie, le bâtiment jaune comme

 24   on disait à Vitez, et cette attaque a été menée par votre

 25   unité, le 4e bataillon de police militaire, et également


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  1   par des membres de la brigade de Vitez, en tout cas des

  2   membres de l’unité de police militaire de la brigade ?

  3         R.    Oui.

  4         Q.    Pendant le temps que vous avez passé au sein

  5   du HVO, vous avez remarqué que l’approvisionnement, les

  6   uniformes, les munitions, la nourriture, les véhicules, le

  7   carburant qui étaient fournis au HVO en Bosnie centrale

  8   venaient de Croatie et qu’ils étaient transportés par

  9   camions ou parfois même par hélicoptères ?

 10         R.    Oui.

 11         Q.    Vous-même avez personnellement escorté des

 12   camions entre Grude en Herzégovine jusqu’à Vitez environ

 13   une dizaine de fois ?

 14         R.    Environ.  Je ne me souviens pas tout à fait. 

 15   Oui, on peut dire cela.

 16         Q.    Pendant que vous étiez membre du 4e bataillon

 17   de police militaire, à plusieurs reprises, votre commandant

 18   d’unité Pasko Ljubicic vous a demandé de voler des

 19   véhicules à l’occasion de contrôles sur la route.  Ces

 20   véhicules étaient ensuite stockés dans un garage de Nova

 21   Bila où ils étaient repeints et ensuite, on leur attribuait

 22   des plaques d’immatriculation du HVO :  Est-ce bien exact ?

 23         R.    Oui, parfois.

 24         Q.    À la fin de l’année 1992, il y a eu de

 25   nombreux commerces, de nombreuses propriétés appartenant à


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  1   des musulmans à Vitez, qui ont été détruites par des

  2   Croates de Vitez.  Il y a eu plusieurs commerces, le

  3   magasin Borovo, un restaurant qui appartenait à Monsieur

  4   Odzic (ph.), le Café 9 qui appartenait à Monsieur Galib

  5   Mujicic.  Vous vous rappelez de cela ?

  6         R.    Oui.

  7         Q.    Vous avez indiqué que certains de ces

  8   attentats ou de ces destructions étaient le fait

  9   d’individus particuliers, mais vous avez également que

 10   certaines de ces destructions ont été le fait de membres de

 11   la police militaire de la brigade de Vitez ?  Ce fut le cas

 12   notamment pour le café de Monsieur Galib Mujicic.

 13         R.    Oui.

 14         Q.    À votre connaissance, aucun Croate de Vitez

 15   n’a été arrêté pour avoir commis ces attentats ou ces

 16   destructions ?

 17         R.    Pour autant que je le sache, non.

 18         Q.    Pendant la période où vous montiez des gardes

 19   devant l’hôtel Vitez en tant que membre de la police

 20   militaire, vous avez vu régulièrement des officiers de

 21   l’armée de la République de Croatie qui venaient au

 22   quartier général à l’hôtel Vitez ou qui se déplaçaient sur

 23   le terrain autour de Vitez.  Ces personnes étaient

 24   reconnaissables par leurs uniformes d’abord et par

 25   l’immatriculation des véhicules qu’ils utilisaient ?


Page 16351

  1         R.    Oui, mais ils venaient parfois, pas tous les

  2   jours, pas réellement fréquemment, mais ils venaient.

  3         Q.    Vous vous rappelez en particulier de l’un

  4   d’entre eux puisque vous l’avez escorté en décembre 1992 ou

  5   en janvier 1993 dans les régions de Usora, Zepce.  Il

  6   s’agissait d’un Colonel de la 4e brigade de Split qui

  7   s’appelait Vidosevic ?

  8         R.    Oui.

  9         Q.    Vous savez que plusieurs officiers de l’armée

 10   de la République de Croatie avaient été transférés dans le

 11   HVO ?

 12         R.    Oui.

 13         Q.    Est-ce que vous pouvez vous rappeler du nom

 14   de certains des officiers de haut rang qui sont venus à

 15   Vitez pendant le temps où vous gardiez l’hôtel Vitez ?

 16         R.    Oui.  C’était des Généraux, Milivoj Petkovic,

 17   je pense, le Général Slobodan Praljak qui est venu cinq ou

 18   six fois, je ne peux pas le dire exactement, puis le

 19   Général Ante Roso, Ante Prkacin.  C’était les individus qui

 20   venaient.

 21         Q.    Lorsque ces personnes se rendaient à l’hôtel

 22   Vitez, est-ce qu’habituellement l’accusé Dario Kordic

 23   participait à ces réunions ?

 24         R.    Oui.  Pour la plupart du temps, oui.

 25         Q.    Puisque vous travailliez à l’hôtel Vitez,


Page 16352

  1   vous avez constaté que dans le même bâtiment, il y avait

  2   les responsables de Télé Vitez, les journalistes, les

  3   cameramans et que le contrôle de cette télévision était le

  4   fait des officiers de propagande du quartier général de

  5   Bosnie centrale ?

  6         R.    Oui, mais la télévision, elle, n’était pas à

  7   l’hôtel mais au cinéma.  On appelait cela IPD.  Cette

  8   activité d’informations politiques se trouvait à l’hôtel

  9   Vitez.

 10         Q.    À votre connaissance, par ce que vous avez

 11   vu, les scripts ou les informations qui devaient être

 12   diffusées à la radio ou à la télévision étaient préparés

 13   par l’unité de propagande et d’informations ?

 14         R.    Oui.  Pour la plupart, oui.

 15         Q.    À votre connaissance également, Monsieur le

 16   Témoin AS, la sœur de l’accusé Dario Kordic était une

 17   journaliste ?

 18         R.    Oui, oui.  Elle était présentatrice à la

 19   radio, à la radio Busovaca, car je me rappelle quand

 20   j’étais à Busovaca, on l’entendait.  Je ne la connais pas

 21   directement personnellement mais je sais que c’était elle

 22   parce que tout le monde le disait.

 23         Q.    La présentation de ces bulletins

 24   d’informations était-elle particulière ou s’agissait-il de

 25   bulletins orientés ?


Page 16353

  1         R.    Eh bien, c’était toujours sur ce qui se

  2   passait.  On se défendait.  Il est difficile de se rappeler

  3   tout ça, mais essentiellement, il s’agissait de la

  4   politique, des combats.

  5         Q.    S’agissait-il d’une journaliste neutre et

  6   objective ou d’une journaliste engagée ?

  7         R.    Eh bien, chacun était soit d’un côté, soit de

  8   l’autre.  Certains journalistes travaillaient pour le HVO,

  9   d’autres peut-être pour l’armée de Bosnie-Herzégovine ou

 10   pour l’armée serbe, mais à Busovaca, c’était du côté du

 11   HVO.

 12         Q.    En janvier 1993, Monsieur le Témoin AS, vous

 13   avez participé à des opérations de nettoyage ethnique dans

 14   la région de Busovaca et dans les villages environnants

 15   comme Brdo, Kovacevac, Strane, Rovna ?

 16         R.    Oui.  Pardon, et Gavrine Kuce aussi et à

 17   Merdani, Putis, j’étais, car je croyais en cela, pourquoi

 18   je combattais.  C’est pour ça que je le faisais.

 19         Q.    Ces opérations ont été menées par plusieurs

 20   unités.  Il y avait la police militaire à laquelle vous

 21   apparteniez, il y avait également des membres de la brigade

 22   de Vitez, l’unité de police militaire de la brigade, il y

 23   avait des membres de la brigade Ludvig Pavlovic de

 24   Herzégovine ainsi que les Vitezovis ?

 25         R.    Oui.


Page 16354

  1         Q.    Avant que cette campagne ne soit lancée, il y

  2   a eu de nombreux préparatifs de type logistique et vous

  3   vous rappelez que de nombreux camions qui transportaient de

  4   l’armement et des munitions en provenance du dépôt de

  5   Tornica, dans la municipalité de Novi Travnik, ont été

  6   envoyés à Busovaca ?

  7         R.    Pardon ?  Excusez-moi, je n’ai pas compris.

  8         Q.    Est-ce que vous vous souvenez qu’avant que

  9   cette opération ne soit lancée, une grande quantité de

 10   munitions et d’armements a été envoyée par camions à

 11   Busovaca, cet armement et ces munitions provenant d’un

 12   dépôt situé dans la municipalité de Novi Travnik ?

 13         R.    Oui.

 14         Q.    Le jour avant que cette campagne ne soit

 15   déclenchée, vous-même et d’autres membres de la police

 16   militaire avez été réunis par votre commandant d’unité,

 17   Pasko Ljubicic, et celui-ci vous a dit : « Ça a commencé à

 18   Busovaca.  Nos gars à Busovaca sont déjà là, mais nous

 19   avons besoin de plus de gens. » ?

 20         R.    Oui.

 21         Q.    Vous-même et les membres de votre unité, vous

 22   vous êtes rendus au dépôt de Kaonik et lorsque vous vous

 23   êtes déplacé jusqu’à Busovaca, vous avez constaté sur la

 24   route que plusieurs maisons étaient en flammes, notamment

 25   dans la région de Rovna ?


Page 16355

  1         R.    Oui.  Non, pas à Rovna.  Rovna et Kovacevac.

  2         Q.    Pendant le temps que vous avez passé à

  3   Busovaca, c’est-à-dire environ deux semaines, vous avez

  4   constaté que les véhicules qui appartenaient à des

  5   musulmans étaient emmenés, que les commerces musulmans, que

  6   les cafés étaient détruits.  Vous avez également reçu une

  7   permission expresse de votre commandant d’unité Pasko

  8   Ljubicic de procéder à des opérations de pillage dans la

  9   ville ?

 10         R.    Oui, oui.  C’était sans problème.  On pouvait

 11   prendre un véhicule, une moto, ce qu’on voulait.  Par

 12   exemple, dans une maison, on prenait des choses dont on

 13   avait besoin au Bungalow, des frigidaires, télés, ce dont

 14   on avait besoin, billards, par exemple.

 15         Q.    Tous ces biens appartenaient exclusivement à

 16   des musulmans de Busovaca ?

 17         R.    Oui.

 18         Q.    Vous avez remarqué, toujours pendant ce même

 19   séjour, que de nombreux musulmans étaient arrêtés, conduits

 20   au commissariat de police de Busovaca, ensuite transférés

 21   et détenus à Kaonik, qui était devenu un camp de

 22   prisonniers ?

 23         R.    Oui.

 24         Q.    Vous avez vu, puisque vous séjourniez dans ce

 25   camp, qu’il y avait des prisonniers dans quatre ou cinq


Page 16356

  1   hangars et que le commandant du camp mettait sur des listes

  2   le nom de ces prisonniers.  Le commandant du camp

  3   s’appelait Aleksovski mais certaines personnes l’appelaient

  4   aussi Angelovski et il disposait pour cela d’un

  5   ordinateur :  C’est exact ?

  6         R.    Oui, oui, c’est exact.

  7         Q.    Vous avez remarqué, toujours dans ce camp,

  8   que les détenus étaient maltraités, battus, ridiculisés,

  9   que l’on se moquait d’eux ?

 10         R.    Oui, c’est exact.

 11         Q.    De nombreux prisonniers du camp de Kaonik ont

 12   été également forcés de creuser des tranchées dans la

 13   région ?

 14         R.    Oui, tous les jours.

 15         Q.    Vous avez pu voir comment fonctionnait le

 16   système pour l’envoi de ces prisonniers à creuser des

 17   tranchées, à savoir qu’il y avait une réquisition qui était

 18   faite par le commandant local où les tranchées devaient

 19   être creusées, cette réquisition était envoyée ensuite au

 20   commandant de brigade et ensuite, le commandant de brigade

 21   transmettait la demande de prisonniers au chef du SIS,

 22   lequel chef du SIS la transmettait à son tour au commandant

 23   du camp de Kaonik ?

 24         R.    Oui.  Dans ce sens-là, oui.

 25         Q.    Il y avait des camions pour transporter


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  1   parfois les prisonniers sur le lieu où ils devaient creuser

  2   des tranchées, mais la plupart du temps, les prisonniers

  3   devaient se rendre à pied sur le lieu de leur travail forcé

  4   ?

  5         R.    Oui.  Pour la plupart du temps, oui.

  6         Q.    Vous avez pu constater que certains de ces

  7   prisonniers devaient creuser des tranchées à proximité ou

  8   sur les lignes de front ?

  9         R.    Oui, la plupart.

 10         Q.    Notamment dans la région de Strane et de

 11   Merdani ?

 12         R.    Oui.

 13         Q.    Vous avez vu ces prisonniers creuser des

 14   tranchées le jour, la nuit sur des distances très longues

 15   du côté de Strane, Merdani et Putis ?

 16         R.    Oui parce que j’étais là.  J’ai vu.

 17         Q.    Certains prisonniers ont été utilisés parfois

 18   comme des boucliers humains ?

 19         R.    Oui.  Ça, je l’ai entendu mais je l’ai vu

 20   aussi.

 21         Q.    Pendant votre séjour à Busovaca, toujours en

 22   janvier 1993, vous vous êtes rendu à plusieurs reprises à

 23   Tisovac, et à une occasion, vous vous êtes rendu dans le

 24   bureau de Dario Kordic ?

 25         R.    Excusez-moi.  Pouvez-vous répéter cette


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  1   question ?

  2         Q.    Pendant le temps où vous êtes resté à

  3   Busovaca, vous vous êtes rendu à plusieurs reprises à ce

  4   qui s’appelait l’hôtel Tisovac, mais vous n’êtes rentré

  5   qu’une seule fois dans le bureau de Dario Kordic ?

  6         R.    Je ne pense pas qu’il y a une confusion, mais

  7   c’était peut-être avant le conflit de Busovaca, pas pendant

  8   le conflit de Busovaca.

  9         Q.    Combien de temps avant le conflit vous êtes-

 10   vous rendu à Tisovac à peu près ?

 11         R.    Deux ou trois fois, mais pas en passant. 

 12   [L’interprète n’a pas compris.]  Et une fois, j’ai été dans

 13   le bureau de Monsieur Kordic.

 14         Q.    Combien de temps avant le mois de janvier

 15   est-ce que vous vous êtes rendu à Tisovac ?

 16         R.    C’était ça, deux ou trois fois tout au plus.

 17         Q.    Lorsque vous êtes entré dans le bureau de

 18   Kordic, vous avez constaté qu’il y avait dans ce bureau une

 19   grande table avec beaucoup de cartes et trois appareils

 20   téléphoniques :  C’est exact ?

 21         R.    J’ai dit trois.  Il y en avait peut-être deux

 22   ou trois.  J’ai dit trois.  C’est peut-être une erreur, mon

 23   erreur.

 24         Q.    Il y en avait plusieurs ?

 25         R.    Trois, disons trois.


Page 16359

  1         Q.    L’hôtel Tisovac se trouvait dans un lieu qui

  2   était très protégé, à proximité d’une colline et il était…

  3         R.    Oui.

  4         Q.    C’était un lieu dans lequel il y avait un

  5   grand nombre de pièces et d’armes qui étaient placées pour

  6   protéger le lieu ?

  7         R.    Oui.

  8         Q.    Le jour où vous êtes entré dans le bureau de

  9   Dario Kordic, votre supérieur Pasko Ljubicic était

 10   également présent.  Vous avez constaté que apparemment

 11   Pasko et Dario Kordic avaient de bonnes relations et Kordic

 12   a donné à Ljubicic deux enveloppes, l’une étant destinée à

 13   Bruno Stojic et l’autre à Pero Gruic qui était le chef du

 14   service logistique de la Communauté croate de Herceg-Bosna

 15   à Grude ?

 16         R.    Monsieur Pero Gruic, quant à savoir s’il

 17   était le chef ou non, je ne le sais pas, mais c’est vrai

 18   qu’il y avait deux lettres.

 19         Q.    Il était l’un des responsables de la

 20   logistique à Grude, peut-être pas le chef mais l’un des

 21   responsables ?

 22         R.    Oui.

 23         Q.    Dario Kordic vous a demandé de remettre ces

 24   deux enveloppes en mains propres aux deux destinataires à

 25   Grude et de revenir ensuite avec des camions et la


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  1   logistique nécessaire ?

  2         R.    Oui.

  3         Q.    Vous vous êtes rendu à Grude, vous avez donc

  4   remis ces deux lettres et ensuite, effectivement vous êtes

  5   revenu avec quatre camions transportant du matériel ?

  6         R.    Oui, et nous sommes arrivés devant l’hôtel

  7   Vitez.  Plus tard, ces camions sont repartis pour… comment

  8   ça s’appelle ?  C’est une usine près de Novi Travnik où il

  9   y avait des dépôts et plus tard, où est-ce que c’est parti,

 10   je ne sais pas.

 11         Q.    Est-ce que vous avez pu déterminer la nature

 12   du matériel que vous avez ramené de Grude ?

 13         R.    C’était de l’équipement militaire.  De

 14   l’équipement militaire.  Nous, on ne regardait pas vraiment

 15   ce qui était dedans mais c’était de l’équipement militaire

 16   puisque nous avons reçu l’ordre de ne pas perdre ce

 17   chargement et nous avons réussi à l’amener.

 18         Q.    Pendant la période où vous avez été de garde

 19   à l’hôtel Vitez comme membre de la police militaire, est-ce

 20   que vous avez remarqué si oui ou non l’accusé Dario Kordic

 21   se rendait au quartier général de la Bosnie centrale ?

 22         R.    Oui, très souvent.

 23         Q.    Quelle était la tenue qu’il portait lorsqu’il

 24   venait au quartier général ?

 25         R.    Bien, pour la plupart du temps, il était en


Page 16361

  1   uniforme.  Parfois, il était en vêtements civils, en

  2   complet, mais la plupart du temps en uniforme.

  3         Q.    Lorsqu’il portait l’uniforme, est-ce qu’il

  4   avait des insignes de grade ou de rang qui apparaissaient ?

  5         R.    Eh bien, Monsieur Dario Kordic avait le grade

  6   de Colonel à l’époque.

  7         Q.    Comment est-ce que Dario Kordic se déplaçait

  8   entre Busovaca et Vitez ?

  9         R.    Monsieur Kordic avait ses hommes qui étaient

 10   chargés de la sécurité et ils venaient la plupart du temps

 11   en véhicules.  C’était des automobiles neuves et de très

 12   bonne qualité.  D’où ils venaient, je ne sais pas.  Il y

 13   avait dans l’escorte toujours une ou deux voitures en plus

 14   de celle de Monsieur Kordic.

 15         Q.    Vous nous parlez d’hommes qui étaient chargés

 16   de sa sécurité.  Ces hommes appartenaient-ils à la police

 17   militaire ou à une unité spéciale du HVO ?

 18         R.    Eh bien, ça, comment dire, je sais, je suis

 19   sûr qu’ils avaient des insignes de la police militaire,

 20   mais quant à savoir s’ils étaient des salariés de la

 21   police, je ne sais pas mais ils portaient les badges de la

 22   police militaire.

 23         Q.    Vous ne savez pas qui était leur supérieur ?

 24         R.    Non.

 25         Q.    À votre connaissance, rendaient-ils des


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  1   comptes uniquement à Dario Kordic ou à d’autres personnes ?

  2         R.    Je crois qu’ils étaient sous les ordres de

  3   Monsieur Kordic car ils étaient toujours avec lui.

  4         Q.    Est-ce que ces gardes du corps avaient une

  5   réputation ou un surnom ?

  6         R.    Non, non, mais entre nous, je dois dire, ce

  7   n’était pas parmi les officiers, mais les soldats, les

  8   simples soldats, les policiers, ils avaient toujours de

  9   bonnes armes, beaucoup d’argent, de bons uniformes.  Alors,

 10   on leur a donné un surnom, des surnoms injurieux comme

 11   Vautours parce qu’ils étaient toujours là où c’était le

 12   mieux.

 13         Q.    Par votre observation puisque vous étiez

 14   souvent à l’hôtel Vitez, qu’avez-vous constaté dans le

 15   comportement du Colonel Blaskic ou des membres du quartier

 16   général lorsque Kordic arrivait dans ce quartier général ? 

 17   Quel était le comportement des personnes qui s’y trouvaient

 18   ?

 19         R.    Comment dire ?  Comme si, d’une certaine

 20   façon, ils avaient peur.  Je ne sais pas si c’était vrai ou

 21   non mais c’est un peu comme s’il y avait un peu de panique

 22   lorsque Monsieur Kordic devait arriver à l’hôtel.

 23         Q.    Est-ce que vous avez eu l’occasion d’assister

 24   à des disputes ou à des discussions animées entre le

 25   Colonel Blaskic et Dario Kordic ?


Page 16363

  1         R.    Une fois peut-être, mais pour la plupart,

  2   c’était dans le bureau, quand ils se trouvaient dans le

  3   bureau.  Ils se parlaient parfois dans le hall mais c’était

  4   rare car cela ne nous intéressait pas, ne nous concernait

  5   pas.  Une fois, j’ai entendu qu’il y a eu quelques petits

  6   problèmes.

  7         Q.    Est-ce que vous pouvez nous parler de cela ? 

  8   Habituellement, le Colonel Blaskic descendait accueillir

  9   Kordic lorsqu’il arrivait à l’hôtel Vitez ?

 10         R.    Oui, oui, oui.  Généralement, oui.  Il

 11   sortait du bureau et il venait dire bonjour à Monsieur

 12   Kordic et une fois, ce qui est arrivé c’est que Monsieur

 13   Kordic était un peu en colère, il s’est mis en colère

 14   contre Monsieur Blaskic.

 15         Q.    Est-ce que vous avez pu entendre les raisons

 16   pour lesquelles Kordic était en colère ce jour-là contre

 17   Blaskic ?

 18         R.    Eh bien, c’était au sujet du convoi, convoi

 19   de l’armée bosniaque qu’on a laissé passer à travers Vitez. 

 20   Eh bien, Monsieur Kordic, comme je le dis, ce n’est pas ses

 21   termes exacts mais c’était un peu dans ce sens-là, il a

 22   dit : « Comment oses-tu laisser passer cela à travers

 23   Vitez, les balijas ?  Comment oses-tu les laisser passer

 24   par Vitez ? »

 25         Q.    Cette expression de « balijas », vous l’aviez


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  1   déjà entendue prononcée par l’accusé Kordic dans d’autres

  2   circonstances ?

  3         R.    Non, je ne m’en souviens pas.

  4         Q.    Est-ce que vous avez assisté parfois…

  5         R.    Excusez-moi juste…

  6         Q.    Je vous en prie.

  7         R.    Eh bien, généralement, tous, les policiers,

  8   les soldats, le peuple, tous disaient les balijas, des

  9   Turcs.  Tout le monde utilisait cela car…  [L’interprète

 10   n’a pas compris.]

 11         Q.    Est-ce que vous avez eu l’occasion lorsque

 12   vous étiez dans la région de Vitez ou à Busovaca de voir

 13   l’accusé Dario Kordic apparaître à la télévision ?

 14         R.    Non, je ne m’en souviens pas.  Je n’arrive

 15   pas à m’en souvenir.  Excusez-moi.

 16         Q.    Lorsque Dario Kordic se rendait à l’hôtel

 17   Vitez et qu’il rencontrait le Colonel Blaskic, est-ce que

 18   les deux hommes se tutoyaient ou se vouvoyaient ?

 19         R.    Oui, ils se tutoyaient.

 20         Q.    Lorsqu’il y avait des réunions qui étaient

 21   organisées à l’hôtel Vitez, notamment avec les

 22   représentants de l’armée de Bosnie, ces réunions

 23   débutaient-elles en l’absence de Dario Kordic ou attendait-

 24   on que Kordic arrive à l’hôtel Vitez ?

 25         R.    Pour la plupart des fois, on attendait


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  1   l’arrivée de Dario Kordic à l’hôtel.  Parfois, on attendait

  2   pendant une heure ou deux heures et nous devions attendre,

  3   je crois, parce que les gens attendaient.

  4         Q.    Est-ce que vous avez constaté que Dario

  5   Kordic participait à des réunions auxquelles n’assistaient

  6   que des membres du quartier général de Bosnie centrale ?

  7         R.    Oui, parfois.

  8         Q.    Dario Kordic était-il toujours attendu à

  9   l’hôtel Vitez ou est-ce qu’il arrivait parfois à

 10   l’improviste ?

 11         R.    En ce moment, je ne peux pas vous répondre à

 12   cette question avec exactitude, mais parfois il venait et

 13   il était attendu et parfois il n’était pas attendu, mais

 14   d’habitude, nous ne savions même pas quand il venait.  Tout

 15   simplement, il se présentait à la porte et on le voyait sur

 16   l’escalier.

 17         Q.    Est-ce qu’il est arrivé parfois que l’accusé

 18   Dario Kordic arrive à l’hôtel Vitez en pleine nuit ?

 19         R.    Oui, mais seulement plusieurs fois mais je ne

 20   me souviens pas quand.

 21         Q.    Qui a-t-il rencontré ces nuits-là ?

 22         R.    Monsieur Blaskic, le Colonel Blaskic.

 23         Q.    Vous connaissez Monsieur Franjo Nakic ?

 24         R.    Oui.  Il était l’adjoint du commandant chargé

 25   de la Bosnie centrale, c’est-à-dire du Colonel Blaskic.


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  1         Q.    À votre connaissance, cet adjoint du Colonel

  2   Blaskic, Monsieur Nakic, s’est-il rendu à Tisovac dans

  3   certaines circonstances lorsque Blaskic lui-même était

  4   absent de la région ?

  5         R.    Oui, parfois.

  6         Q.    Une autre question, Monsieur le Témoin AS. 

  7   De façon générale, comment les Croates de Bosnie centrale

  8   se comportaient-ils vis-à-vis de Dario Kordic lorsque

  9   celui-ci apparaissait en public ou prenait la parole ?

 10         R.    L’euphorie, simplement l’euphorie.  Tout le

 11   monde l’aimait, tout le monde le respectait, le croyait,

 12   tout comme moi.  Il disait qu’il deviendrait un saint un

 13   jour.

 14         Q.    Pendant la période où vous étiez encore à

 15   Busovaca, vous avez été nommé comme membre de l’unité

 16   spéciale de police militaire qui était appelée l’unité

 17   antiterroriste ATP ?

 18         R.    Oui.

 19         Q.    C’est le nommé Anto Furundzija qui est devenu

 20   le chef de cette unité qui a reçu le nom de Jokers et qui

 21   s’est installé au Bungalow de Nadioci ?

 22         R.    Pas à la tête.  Nous l’avons élu comme chef.

 23         Q.    Vous avez passé à peu près 20 jours dans

 24   cette unité et vous vous rappelez que le nommé Darko

 25   Kraljevic venait assez régulièrement au Bungalow ?


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  1         R.    Darko Kraljevic ?

  2         Q.    Est-ce qu’il venait régulièrement au Bungalow

  3   vous rendre visite ?

  4         R.    Pas régulièrement mais il venait de temps en

  5   temps.

  6         Q.    Vous n’avez jamais vu Monsieur Kordic ou

  7   Monsieur Blaskic venir au Bungalow ?

  8         R.    Non.

  9         Q.    Est-il exact que vous avez constaté que

 10   lorsque Blaskic ou Kordic passait sur la route, il vous

 11   faisait un signe amical de la main ?

 12         R.    Oui.  Parfois, ils faisaient un signe de la

 13   main, pas seulement à nous mais tout le monde.

 14         Q.    En début de l’année 1993, vous avez perdu

 15   votre arme après avoir été attaqué dans un café par un

 16   musulman et le 12 mars 1993, vous avez été puni pour la

 17   perte de cette arme et condamné à une punition de sept

 18   jours, punition que vous avez exécutée à Kaonik ?

 19         R.    Oui.

 20         Q.    Je voudrais vous présenter un document. 

 21   C’est la pièce Z537 qui fait référence à cette punition. 

 22   Je vous demande simplement de m’indiquer si elle vous

 23   concerne bien.  C’est un document en date du 12 mars 1993.

 24         R.    Oui, c’est ça.

 25         Q.    Lorsque vous avez été détenu à Kaonik pour


Page 16368

  1   ces motifs, vous avez été placé en cellules avec trois

  2   autres personnes et l’une de ces trois personnes était le

  3   nommé Miroslav Bralo, surnommé Cicko, qui à l’époque était

  4   détenu pour le meurtre de Esad Salkic, meurtre qui avait eu

  5   lieu au début du mois de février 1993 ?

  6         R.    Oui.

  7         Q.    Vous aviez, avec d’autres membres de votre

  8   unité, participé à la tentative d’arrestation du nommé

  9   Bralo mais celle-ci avait échoué, et d’après ce que vous

 10   avez entendu dire à l’époque, c’est Mario Cerkez lui-même

 11   qui avait dû se rendre à Nadioci et procéder à cette

 12   interpellation ?

 13         R.    C’est ce que j’ai entendu dire mais je ne

 14   l’ai pas vu.

 15         Q.    Pendant la période où vous étiez en détention

 16   avec ce nommé Bralo, celui-ci s’est plaint à plusieurs

 17   reprises et a fait part de sa colère à l’encontre de Cerkez

 18   et des autres membres du quartier général de Vitez parce

 19   qu’il était détenu injustement, semble-t-il ?

 20         R.    Oui, c’est exact.  Il se plaignait de

 21   Monsieur Mario Cerkez et Pasko Ljubicic.  Il était très en

 22   colère.  On lui avait dit qu’il allait être simplement là

 23   pendant deux, trois jours, très peu de temps, avant que la

 24   situation ne se calme.  Cependant, il n’a pas été relâché

 25   et c’est pour ça qu’il était en colère.


Page 16369

  1         Q.    Cette promesse d’être libéré rapidement, par

  2   qui lui avait-elle été faite, par Ljubicic ou par Cerkez,

  3   d’après ce qu’il vous a dit ?

  4         R.    Il m’a dit que les deux lui ont dit ça et

  5   c’est pour ça qu’il a été en colère.  Il était très en

  6   colère.

  7         Q.    Ce nommé Bralo, d’après ce que vous savez,

  8   avait appartenu à une unité qui s’appelait les Scorpions et

  9   pendant qu’il était en détention à Kaonik, certains membres

 10   de cette unité venaient lui rendre régulièrement visite ?

 11         R.    Oui.

 12         Q.    Cette unité des Scorpions était une unité de

 13   diversion, d’infiltration dans les lignes ennemies et de

 14   sabotage ?

 15         R.    De ce point de vue-là, oui.  Dans ce

 16   contexte, oui.

 17         Q.    Cette unité, d’après ce que vous savez, était

 18   une unité qui appartenait à la brigade de Vitez et qui

 19   était entraînée par un sujet de nationalité britannique qui

 20   s’appelait Chris Wilson ?

 21         R.    Oui.

 22         Q.    Appartenaient à cette unité le nommé

 23   Krunoslav Bonic dont vous avez déjà parlé et la nommée

 24   Sanja Buha qui servait d’interprète ?

 25         R.    Oui.  Au début, il y avait un certain


Page 16370

  1   Charlie.  On l’appelait comme cela, mais son nom était

  2   Miroslav Jurcevic.  Il était de Poculica.  Je crois que

  3   c’était bien ça son nom de famille.  Vers la fin de l’an

  4   1992, il a quitté Vitez et par la suite, c’est Sanja qui

  5   est venue, Sanja Buha, et c’est elle qui servait

  6   d’interprète, mais après, elle a épousé Chris.

  7         Q.    Pendant le temps que vous avez passé ensemble

  8   à Kaonik à l’époque, vous vous êtes rendu compte que Bralo

  9   n’était pas vraiment détenu, il pouvait rentrer chez lui,

 10   il pouvait sortir la nuit, il pouvait se rendre dans les

 11   cafés et revenir ensuite, et comme nous l’avons dit, des

 12   membres de l’unité des Scorpions lui rendaient

 13   régulièrement visite ?

 14         R.    Oui.

 15         Q.    Est-ce que vous-même, vous bénéficiez de ce

 16   régime de faveur ?

 17         R.    Oui, mais moi, je ne rentrais pas à la

 18   maison.  J’avais tout ce qu’il me fallait.  J’étais libre.

 19         Q.    Pouviez-vous sortir du camp ?

 20         R.    Pas complètement.  On pouvait sortir de là. 

 21   Il n’y avait pas de problème.

 22         Q.    Les autres soldats qui étaient dans le camp

 23   pouvaient également sortir et revenir comme ils le

 24   souhaitaient ?

 25         R.    S’ils étaient membres du HVO, oui.


Page 16371

  1         Q.    Le 23 mars 1993, pour la deuxième fois, vous

  2   avez été puni par votre chef d’unité pour avoir abandonné

  3   votre tour de garde, et donc, vous avez dû subir un nouveau

  4   séjour de sept jours dans le centre de Kaonik ?

  5         Je voudrais vous présenter le deuxième document

  6   qui porte la référence Z566.

  7         R.    Oui, c’est exact.

  8         Q.    Ce document s’applique à vous ?

  9         R.    Oui.

 10         Me LOPEZ-TERRES :  Monsieur le Président, ces deux

 11   documents comportant l’identité du témoin, je demande à ce

 12   qu’ils soient placés sous scellés.

 13         Q.    Lorsque vous êtes revenu au camp de Kaonik

 14   pour la deuxième fois en raison de cette nouvelle punition,

 15   le nommé Bralo était toujours là ?

 16         R.    Oui.

 17         Q.    Il se plaignait toujours de ne pas avoir été

 18   remis en liberté ?

 19         R.    Oui.  Excusez-moi.  Puis-je ajouter quelque

 20   chose ?  Cette personne, il était vulgaire.  Il jurait et

 21   il disait : « Si jamais ça éclate de nouveau, je ne vais

 22   pas me battre pour eux. »  Il était hystérique.  Il était

 23   vraiment furieux.

 24         Q.    Est-ce qu’à cette époque-là, le nommé Bralo a

 25   eu des assurances qu’il serait remis prochainement en


Page 16372

  1   liberté ?

  2         R.    Oui.

  3         Q.    C’est Pasko Ljubicic qui le lui a dit ?

  4         R.    Oui.

  5         Q.    Vous ne savez pas quand ni dans quelles

  6   circonstances Bralo a été finalement libéré ?

  7         R.    Non.

  8         Q.    D’après vos informations, Bralo a participé

  9   aux crimes commis après le 16 avril 1993 dans la région de

 10   Vitez ?

 11         R.    D’après ce que j’ai entendu dire, mais

 12   c’était plus tard.  Peut-être au bout de deux ou trois ans,

 13   j’ai appris que Cicko était à Ahmici ce jour-là ou ce matin

 14   lui aussi parce qu’il a été reconnu par de nombreuses

 15   personnes et dans la prison, il disait que si jamais il

 16   pouvait trouver des dimije – je ne sais pas si vous voyez

 17   ce que je veux dire, le pantalon musulman porté par des

 18   femmes musulmanes – que si jamais il trouve des dimije

 19   qu’il allait remplir cela de têtes musulmanes.  Miroslav

 20   Bralo, Cicko, le disait personnellement devant moi et

 21   devant les autres.

 22         Q.    À l’époque que vous avez passée à Kaonik ces

 23   deux fois-là, pour les deux punitions que vous avez subies,

 24   est-ce que vous avez déduit qu’au sein du HVO, il était

 25   plus grave d’être un déserteur que d’avoir commis un crime


Page 16373

  1   de meurtre ?

  2         R.    D’une certaine manière, oui.

  3         Q.    Lorsque vous avez été libéré finalement de

  4   Kaonik, vous avez décidé de quitter la région de Vitez. 

  5   C’était quelque temps avant l’attaque du 16 avril.  Vous

  6   êtes allé voir l’accusé Mario Cerkez pour qu’il vous

  7   établisse un document de recommandation ?

  8         R.    Oui, mais est-ce que je peux expliquer

  9   pourquoi je l’ai fait ?

 10         Q.    Je vous en prie.

 11         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  S’il vous

 12   plaît, répondez à la question, à moins que ce soit

 13   pertinent.  Est-ce que vous êtes allé voir Mario Cerkez ? 

 14   C’était la question.

 15         R.    Je pense, oui.

 16         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui ?

 17         Me LOPEZ-TERRES :

 18         Q.    Monsieur Cerkez vous a établi le document que

 19   vous souhaitiez ?

 20         R.    Quand je suis arrivé, il a rédigé une

 21   recommandation pour moi, pour que je puisse utiliser cela

 22   dans d’autres unités en Herzégovine.

 23         Q.    Vous êtes effectivement parti pour

 24   l’Herzégovine, pour Capljina en particulier et là, vous

 25   avez…


Page 16374

  1         R.    Oui.

  2         Q.    [Suite de la question précédente] …rejoint

  3   l’unité de police militaire de la brigade locale ?

  4         R.    Oui.  La brigade locale Knez Domagoj de

  5   Capljina.

  6         Q.    Compte tenu de vos origines ethniques, pour

  7   pouvoir intégrer cette unité, vous avez dû utiliser une

  8   fausse identité, je crois ?

  9         R.    Oui.  Certains officiers du HVO m’ont aidé à

 10   le faire et j’ai changé de nom.  Est-ce que je dois dire

 11   mon nom ?

 12         Q.    Ce n’est pas nécessaire.

 13         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Non.

 14         Me LOPEZ-TERRES : 

 15         Q.    Vous êtes resté donc dans cette brigade

 16   pendant quelque temps jusqu’au moment où vous avez été

 17   identifié et le 7 juillet 1993, vous avez été arrêté et on

 18   vous a transféré comme prisonnier au camp de Gabela ?

 19         R.    Oui.  Le 7, j’ai été amené au camp de

 20   concentration à Capljina en tant que membre du HVO, que

 21   j’étais toujours à l’époque.

 22         Q.    Les personnes qui étaient dans ce camp, de

 23   quelle nationalité étaient-elles ?

 24         R.    Tous des musulmans et 80 pour cent des

 25   personnes étaient des membres du HVO puisqu’on était tous


Page 16375

  1   en uniformes, et en fait, les gens étaient âgés entre 12 et

  2   pratiquement 100 ans.  Il y avait des femmes et des enfants

  3   et à la fin, ils ont amené les femmes et les enfants à

  4   Mostar, mais je ne sais pas ce qui leur est arrivé par la

  5   suite.

  6         Q.    Vous êtes resté dans ce camp, je crois,

  7   jusqu’au 20 décembre 1993 ?

  8         R.    Oui, et à ce moment-là, je suis parti vivre

  9   dans le pays où je vis encore aujourd’hui.

 10         Me LOPEZ-TERRES :  Je vous remercie.

 11         Monsieur le Président, je n’ai pas d’autres

 12   questions.

 13         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Merci,

 14   Monsieur Lopez-Terres.

 15         Me SAYERS (interprétation) :  Merci, Monsieur le

 16   Président.

 17         CONTRE-INTERROGÉ PAR Me SAYERS

 18         (interprétation) :  

 19         Q.    Bonjour, Monsieur le Témoin AS.  Je vais me

 20   présenter tout d’abord.  Je m’appelle Stephen Sayers.  En

 21   compagnie de mon collègue, Me Naumovski, qui se trouve ici

 22   à ma droite, j’assure la Défense de Monsieur Kordic. 

 23         Je vais tout d’abord commencer par vous poser la

 24   question suivante.  Vous avez déposé pendant trois jours

 25   dans l’affaire Blaskic en février 1998.  C’est bien exact ?


Page 16376

  1         R.    Oui.

  2         Q.    Dans l’affaire Kupreskic, vous avez déposé

  3   pendant deux jours en octobre 1998.  Vous en souvenez-vous

  4   ?

  5         R.    Oui.

  6         Q.    En avril et mai 1997, pendant environ une

  7   semaine, une dizaine de jours, vous avez donné une

  8   déclaration de 70 pages aux enquêteurs du Bureau du

  9   Procureur.  Vous en souvenez-vous ?

 10         R.    Oui.

 11         Q.    Bien !  À la première page de votre

 12   déclaration, de la déclaration que vous avez signée il y a

 13   trois ans, vous avez dit que vous ne vous souveniez plus

 14   très bien des dates, ce qui n’est pas quelque chose que

 15   l’on peut vous reprocher, mais je voudrais juste savoir si

 16   c’est toujours le cas aujourd’hui.

 17         R.    Oui, oui, généralement parce que la plupart

 18   du temps, j’ai envie d’oublier ce qui s’est passé.

 19         Q.    Vous déposez donc pour la troisième fois. 

 20   Est-ce que vous utilisez uniquement vos souvenirs ou est-ce

 21   que vous avez consulté un journal, des notes que vous avez

 22   prises pour vous souvenir de ce qui s’est produit il y a

 23   sept ou huit ans ?

 24         R.    Non.  Je ne me sers que de ma mémoire.  Je

 25   n’ai rien écrit, et d’ailleurs jamais, jamais, je n’écrirai


Page 16377

  1   quoi que ce soit.

  2         Q.    Bien !  Avant le début de la guerre, vous

  3   voliez des explosifs à l’usine SPS de Vitez ?  Je crois

  4   qu’à la page 2 de votre déclaration, vous avez dit (je

  5   cite) :  « On payait, on soudoyait les gardes de l’usine

  6   Slobodan Princip Seljo à Vitez pour pouvoir voler des

  7   explosifs. »

  8         C’est exact ?

  9         R.    Oui, et je dois dire qu’il y avait un de mes

 10   parents là-bas qu’on payait, enfin c’est moi qui le payais

 11   d’ailleurs, pour qu’on puisse entrer de temps en temps.  Je

 12   voudrais répéter la chose suivante.  Moi, j’ai quitté l’ex-

 13   JNA en septembre 1990 et à l’époque déjà, je savais qu’il y

 14   aurait une guerre entre nous et l’ex-JNA et c’est pourquoi

 15   j’ai soutenu la cause croate.

 16         Q.    Oui, j’ai bien compris, mais moi, je vais

 17   vous poser une question au sujet des explosifs que vous

 18   voliez à l’usine SPS.

 19         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Pour qui

 20   voliez-vous ces explosifs ?

 21         R.    Pour la HV, pour la Croatie.  Ils avaient

 22   besoin d’aide.  Ils avaient besoin d’aide qui vienne sous

 23   toutes les formes.

 24         Me SAYERS (interprétation) :  

 25         Q.    N’est-il pas exact, Monsieur, que vous avez


Page 16378

  1   lancé deux grenades sur le kiosque qui appartenait à

  2   Vladimir Santic à Vitez ?

  3         R.    Oui, mais je n’ai pas été le seul à le faire.

  4         Q.    Monsieur Santic, c’était quelqu’un qui avait

  5   un kiosque à Vitez et vous l’avez fait sauter.  C’est ça ?

  6         R.    Ceci n’était pas dû au fait qu’il était

  7   croate mais c’était pour des raisons personnelles.

  8         Q.    Bien !  À la page 3 de votre déclaration

  9   donnée il y a trois ans, vous dites qu’au début de 1992,

 10   tout le monde dans votre pays sentait que la guerre allait

 11   arriver, qu’on sentait ça dans l’atmosphère.  C’est exact,

 12   n’est-ce pas ?

 13         R.    Oui.

 14         Q.    Une fois à la télévision, vous avez vu le

 15   Président Izetbegovic à la tête d’une manifestation en

 16   faveur de la paix et ceci vous a ulcéré, si bien que vous

 17   avez sorti un pistolet automatique et vous avez tiré sur la

 18   télé et vous l’avez ainsi détruite ?

 19         R.    Oui, oui.  C’était chez moi.

 20         Q.    Êtes-vous bien sûr que c’était chez vous ? 

 21   Ce n’était pas chez Darko Kraljevic ?  Je vous lis la page

 22   3 de votre déclaration.  Vous dites (je cite) :  « J’ai vu

 23   ça à la télévision chez Darko Kraljevic.  Cela m’a

 24   tellement ulcéré que j’ai tiré sur la télévision et ainsi

 25   fait exploser l’écran. »  Fin de citation.


Page 16379

  1         C’est bien exact ?

  2         R.    Oui.

  3         Q.    Vous avez également dit que vous avez été mis

  4   aux arrêts deux fois.  La première fois, c’était le 12 mars

  5   1993.  C’est bien exact ?

  6         R.    Oui.

  7         Q.    Dans le document qui a été versé au dossier

  8   et qui donne des indications sur les mesures de discipline

  9   qui ont été prises contre vous, c’est le document Z537,

 10   vous êtes accusé d’avoir perdu un pistolet de type Makarov

 11   au Café Aphrodite et de n’avoir pas signalé cette perte.

 12         R.    Oui.  Je n’ai pas signalé la perte de mon

 13   arme, c’est exact.  C’est ce qu’on dit dans ce document.

 14         Q.    Ce n’était pas un fusil, un fusil que l’on

 15   vous a volé, comme vous l’avez dit il y a trois ans à la

 16   page 54 de votre déclaration ?  En fait, c’était un

 17   pistolet ?

 18         R.    Oui.

 19         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Un instant. 

 20   Quelle importance… est-ce que ça a vraiment une tellement

 21   grande importance que ce soit un pistolet ou un fusil ?

 22         Me SAYERS (interprétation) :   Non, pas vraiment.

 23         Q.    Monsieur le Témoin, vous avez donc été

 24   sanctionné au terme du Règlement de discipline militaire du

 25   HVO.  Est-ce que vous connaissez ce document ?  Je fais


Page 16380

  1   référence ici à la page 4 de la pièce Z537 dans la version

  2   anglaise.

  3         R.    Puis-je ajouter quelque chose, s’il vous

  4   plaît, quelque chose d’autre ?  J’ai été mis aux arrêts et

  5   envoyé à Kaonik pour la deuxième fois, mais ce n’est pas

  6   indiqué ici.  Quand j’ai été démis de mes fonctions au sein

  7   de l’unité de police de Vitez, j’ai été contraint de

  8   quitter la ville, j’ai dû quitter la ville de Vitez.

  9         Q.    Pourquoi ?  Qui vous a dit de partir, qui

 10   vous a dit de quitter la ville ?

 11         R.    Tout le monde parce que Monsieur Santic m’a

 12   dit qu’il valait mieux pour moi que je rejoigne les rangs

 13   de l’armée de Bosnie, mais moi, je n’ai pas osé le faire. 

 14   D’ailleurs, je n’y suis encore jamais allé.  Donc, j’ai dû

 15   partir, mais Monsieur Santic, qui a rédigé ce document, ne

 16   l’a pas dit exprès.  C’est pour ça que ça ne figure pas

 17   dans le document.

 18   Il a dit que Vlado Cosic, Mario Skopljak, Petar Lujic,

 19   enfin tous ces gens-là ont dit qu’il valait mieux pour moi

 20   que je m’en aille et c’est pour ça que je suis parti.

 21         Q.    Bien !  Maintenant, je vais adopter une

 22   démarche chronologique si vous me le permettez et je vais

 23   d’abord commencer par le fait que vous avez été membre du

 24   HOS, le HOS.  Je crois que vous êtes devenu membre de cette

 25   organisation en 1992 et le commandant à l’époque était


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  1   Darko Kraljevic, n’est-ce pas ?

  2         R.    Non.  Je les ai soutenus, mais je n’ai jamais

  3   été membre de cette organisation.

  4         Q.    Dans l’affaire Blaskic, à la page 6773, on

  5   vous a posé la question suivante :

  6         « En 1992, est-ce que vous êtes devenu membre

  7   d’une organisation connue sous le nom de HOS ? »

  8         Réponse :  « Oui. »

  9         Question :  « Qui en était le commandant ? »

 10         Réponse :  « Darko Kraljevic. »

 11         Vous souvenez-vous avoir donné cette réponse ?

 12         R.    Oui.

 13         Q.    Vous avez donc passé un certain temps avec le

 14   HOS ou eu des contacts avec le HOS mais, en tout cas,

 15   après, vous avez quitté cette organisation et vous êtes

 16   devenu membre de la Ligue patriotique, n’est-ce pas ?

 17         R.    Oui, oui, mais ça n’a duré que très peu de

 18   temps.

 19         Q.    Je crois que vous n’avez été membre de cette

 20   organisation que 10 jours au total, n’est-ce pas, Monsieur

 21   le Témoin ?

 22         R.    Oui.  Dix jours tout au plus.

 23         Q.    Il s’agit là d’une organisation qui avait été

 24   mise en place par le parti pour l’action démocratique,

 25   parti SDA, qui ne comptait que des membres musulmans. 


Page 16382

  1   C’est bien exact ?

  2         R.    Oui.

  3         Q.    L’une des raisons pour lesquelles vous avez

  4   quitté la Ligue patriotique c’est que vous avez essayé

  5   d’obtenir une arme, qu’ils vous donnent une arme, mais ils

  6   vous ont dit qu’il faudrait l’acheter.  Alors, vous avez

  7   déchiré votre carte et vous êtes allé vous inscrire auprès

  8   du HDZ qui se trouvait dans le même immeuble.  C’est bien

  9   exact ?

 10         R.    Oui.

 11         Q.    Vous avez parlé d’un événement dont vous

 12   pensez qu’il a eu lieu en mai ou juin 1992, c’est-à-dire la

 13   cérémonie de prestation de serments au stade de Vitez. 

 14   Vous nous avez dit qu’il y avait là des personnalités très

 15   importantes, des personnalités civiles, politiques et

 16   militaires très importantes ?

 17         R.    Oui.

 18         Q.    Vous avez dit qu’elles représentaient les

 19   deux côtés, aussi bien les musulmans que les Croates, ces

 20   personnalités ?

 21         R.    Oui, c’est exact.

 22         Q.    Vous souvenez-vous que le serment que vous

 23   avez prêté stipulait que le cas échéant, il vous faudrait

 24   perdre votre vie pour protéger la Communauté croate de

 25   Herceg-Bosna au sein de la République de Bosnie-Herzégovine


Page 16383

  1   ?  C’est ce que l’on vous a demandé de dire.  C’est ce que

  2   vous avez dit il y a trois ans.  Il s’agit de la page 47 de

  3   cette déclaration.  Est-ce que cela correspond à ce dont

  4   vous vous souvenez aujourd’hui ?

  5         R.    Je ne m’en souviens pas.  Si ça ne vous gêne

  6   pas, vous pourriez m’en donner lecture.  À ce moment-là, je

  7   m’en souviendrais peut-être.

  8         Q.    « Il s’agissait dans ce serment de sacrifier

  9   nos vies pour la Communauté croate de Herceg-Bosna dans la

 10   République de Bosnie-Herzégovine. »  Fin de citation.

 11         C’est Monsieur Kordic qui a présidé à cette

 12   cérémonie.  Est-ce dont vous vous souvenez aujourd’hui ?

 13         R.    Oui.  On disait toujours BiH.  Premièrement,

 14   on ne combattait pas pour la Bosnie-Herzégovine, on

 15   combattait pour la Herceg-Bosna et ça, c’est la vérité.

 16         Q.    On vous a montré un document qui portait la

 17   cote Z2814 qui venait apparemment de Vares.  Je crois que

 18   vous nous avez dit que vous ne saviez pas si…

 19         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui, c’est ce

 20   que le témoin a dit.

 21         Me SAYERS (interprétation) :  Bien !  Alors,

 22   passons à autre chose.

 23         Q.    Donc, avant de devenir membre de la police

 24   militaire, vous nous avez dit que vous avez combattu les

 25   Serbes de Bosnie à Jajce ?


Page 16384

  1         R.    Oui.

  2         Q.    Je crois que vous êtes allé sur la ligne de

  3   front pour lutter contre l’armée des Serbes de Bosnie à

  4   quatre ou cinq reprises, à cinq reprises, en fait, à Jajce. 

  5   C’est bien exact ?

  6         R.    Oui.

  7         Q.    Lorsque les Serbes ont pris Jajce, les Serbes

  8   de Bosnie ont pris Jajce le 31 octobre, plusieurs milliers

  9   de réfugiés croates sont partis vers l’est et se sont

 10   retrouvés à Vitez notamment.  C’est bien exact, n’est-ce

 11   pas ?

 12         R.    Oui, mais il n’y avait pas que des réfugiés

 13   croates.  Il y avait également des musulmans.  Il y avait

 14   même certains Serbes.  La plupart était des musulmans. 

 15   C’est eux que l’on voyait passer par Vitez.  Ils se

 16   rendaient à Zenica ou ailleurs.  Il y avait aussi des

 17   Croates qui passaient deux ou trois jours à Vitez et qui

 18   ensuite se rendaient à Tomislavgrad, Livno ou ailleurs en

 19   Herzégovine.

 20         Q.    J’ai peut-être commis un lapsus.  En fait,

 21   j’ai dit beaucoup de réfugiés croates mais ce que je

 22   voulais dire, c’était beaucoup de réfugiés croates,

 23   musulmans et autres.  C’est ce que vous venez d’ailleurs de

 24   nous confirmer.  Si vous le souhaitez, vous pouvez tout à

 25   fait observer une pause avant de répondre à mes questions. 


Page 16385

  1   N’hésitez pas à le faire.

  2         Donc, vous avez témoigné au sujet des négociations

  3   à la caserne de Draga, mais vous n’y étiez pas présent en

  4   personne lors de ces négociations, n’est-ce pas ?

  5         R.    Non.

  6         Q.    Savez-vous qui était là, qui était présent,

  7   qui a mené les négociations ?  Je vais vous donner deux

  8   noms, Florijan Glavocevic et Huso Hadzimejlic.  Vous n’avez

  9   aucune information, vous ne savez rien à ce sujet ?

 10         R.    Non, non, non, je ne sais rien au sujet de la

 11   caserne Draga.

 12         Me SAYERS (interprétation) :  Je faisais référence

 13   ici, Monsieur le Président, au paragraphe 22.

 14         Q.    Témoin AS, quand même, vous avez dit que le

 15   dépôt de la JNA de Draga a été attaqué pour récupérer des

 16   armes, mais vous saviez que les objectifs de la négociation

 17   étaient de résoudre la situation.  C’est ce qu’on vous

 18   avait dit, n’est-ce pas ?

 19         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui, c’est ce

 20   que le témoin a dit.  Poursuivons.

 21         Me SAYERS (interprétation) : 

 22         Q.    Vous êtes devenu membre du 4e bataillon de

 23   police militaire à la fin de l’été 1992.  C’est bien exact,

 24   n’est-ce pas ?

 25         R.    En été ou en automne, enfin à peu près à


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  1   cette époque-là.

  2         Q.    Le 4e bataillon, sa zone de compétence dans

  3   le domaine policier s’étendait sur toute la Bosnie

  4   centrale, à la différence des polices militaires des

  5   brigades dont l’autorité se limitait aux zones de

  6   compétence des brigades auxquelles elles étaient

  7   rattachées.  C’est bien exact ?

  8         R.    Oui.

  9         Q.    Le commandant de la police militaire au

 10   début, c’était Zvonko Vukovic, n’est-ce pas ? 

 11   Ultérieurement, il a été remplace par Pasko Ljubicic et ces

 12   commandants participaient aux réunions quotidiennes de

 13   l’état-major présidées par le Colonel Blaskic à l’hôtel

 14   Vitez, n’est-ce pas ?

 15         R.    Oui.

 16         Q.    Il y avait également représentés les

 17   responsables de chacune des divisions, le responsable de la

 18   logistique, le responsable de l’information, de la

 19   propagande, de l’artillerie, et cætera.  C’est bien exact,

 20   n’est-ce pas ?

 21         R.    Oui.  Moi, je ne les voyais pas tous les

 22   jours mais ils étaient là.

 23         Q.    Vous nous avez parlé des événements qui ont

 24   eu lieu dans le cadre du blocus de Ahmici en octobre 1992

 25   donc à Ahmici.  Il est exact que Ahmici était un point


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  1   névralgique à côté d’un axe d’approvisionnement ?  Donc,

  2   c’était un acte très propice pour l’installation d’un

  3   blocus ?

  4         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Inutile de

  5   poser des questions à ce sujet au témoin.  Nous avons

  6   entendu beaucoup de témoins à ce sujet déjà.

  7         Me SAYERS (interprétation) :  Très bien !  Je me

  8   conforme à votre indication et je vais passer à autre

  9   chose.

 10         Q.    Bien !  Monsieur le Témoin, je souhaiterais

 11   maintenant passer à l’organisation militaire et à la chaîne

 12   de commandement dans la zone opérationnelle de Bosnie

 13   centrale, un sujet crucial.  Si j’ai bien compris, le

 14   commandant de la zone opérationnelle de Bosnie centrale, le

 15   commandant militaire incontesté, c’était le Colonel Tihomir

 16   Blaskic, n’est-ce pas ?

 17         R.    Oui.

 18         Q.    Il est également exact que le Colonel Blaskic

 19   commandait un certain nombre de brigades basées dans des

 20   municipalités, ces brigades qui elles-mêmes étaient

 21   subdivisées en compagnies ou satnijas ?

 22         R.    Oui.

 23         Q.    Au plus bas de l’échelon de la hiérarchie,

 24   les satnijas étaient composés de sections que l’on appelait

 25   également des vods ?


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  1         R.    Oui.

  2         Q.    Donc, vous étiez membre du premier vod de la

  3   deuxième satnjia de la brigade, n’est-ce pas ?

  4         R.    Oui, je l’ai dit, mais ça ne veut pas dire

  5   que j’étais au 1er bataillon ou au 2e bataillon, mais en

  6   tout cas, j’étais là.

  7         Q.    Dans d’autres affaires, vous avez dit que la

  8   chaîne de commandement était bien définie, que le

  9   commandant de la police militaire était Pasko Ljubicic

 10   pendant la période qui nous intéresse.  C’est bien exact ?

 11         R.    Oui.

 12         Q.    Son supérieur, c’était le Colonel Blaskic. 

 13   C’est bien exact ?

 14         R.    Oui.

 15         Q.    En annexe de votre déclaration, on peut

 16   trouver un organigramme qui nous montre l’organisation du

 17   QG du HVO de Bosnie centrale.  Vous l’avez signé.

 18         Me SAYERS (interprétation) :  Je souhaiterais que

 19   ce document soit versé au dossier.  Cependant, il

 20   conviendra que ce document soit placé sous scellé puisqu’il

 21   porte la signature du témoin.

 22         Q.    Monsieur le Témoin, pouvez-vous nous

 23   confirmer qu’il s’agit bien de cette signature qui se

 24   trouve sur ce document en bas à droite ?

 25         R.    Oui.


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  1         Q.    Afin que les choses soient le plus clair

  2   possible, le commandant de la zone opérationnelle de Bosnie

  3   centrale est Tihomir Blaskic et c’est Franjo Nakic qui est

  4   son second, n’est-ce pas ?

  5         R.    Oui.

  6         LA GREFFIÈRE (interprétation) :  Le document

  7   portera la cote D203/1.

  8         Me SAYERS (interprétation) :  

  9         Q.    Ensuite, après Monsieur Nakic, il y avait un

 10   officier de permanence duquel relevaient différentes unités

 11   et différentes sections dont notamment la 4e Bojna de la

 12   police militaire.  C’est bien exact ?

 13         R.    Oui.

 14         Q.    Comme vous pouvez le voir, comme vous l’avez

 15   dit, Pasko Ljubicic était le commandant du 4e bataillon de

 16   police militaire et l’un de ses subordonnées, le commandant

 17   de la 1ère compagnie du 4e bataillon, c’était Vladimir

 18   Santic, n’est-ce pas ?

 19         R.    Oui, oui, mais de la 1ère compagnie dans le

 20   4e bataillon.

 21         Q.    Oui, oui, bien sûr, mais ce que je voulais

 22   mettre en évidence c’est que Vladimir Santic, commandant de

 23   la 1ère compagnie du 4e bataillon, était certes commandant

 24   de compagnie mais c’était le subordonné de Pasko Ljubicic,

 25   bien évidemment ?


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  1         R.    Oui, c’est exact.

  2         Q.    Maintenant, si vous le permettez, j’ai un

  3   certain nombre de questions à vous poser au sujet du

  4   Colonel Blaskic.  En tant que commandant de la zone

  5   opérationnelle de Bosnie centrale, il avait son QG à

  6   l’hôtel Vitez, comme nous le savons tous.  Il est exact,

  7   n’est-ce pas, que lorsqu’il a pris le commandement de la

  8   zone opérationnelle de Bosnie centrale, il a renforcé la

  9   discipline au sein du HVO ?  Cette organisation est devenue

 10   beaucoup plus disciplinée, beaucoup mieux organisée que ce

 11   n’était le cas auparavant, n’est-ce pas ?

 12         R.    Oui.

 13         Q.    Par exemple, les soldats du HVO, après son

 14   arrivée à la tête de la zone opérationnelle, les soldats

 15   n’avaient pas le droit de se promener en ville avec des

 16   armes, des fusils, des armes à canons longs ?

 17         R.    Oui, peut-être mais en tout cas, ils le

 18   faisaient quand même.

 19         Q.    Vous parliez toujours du Colonel Blaskic en

 20   disant « le Colonel ».  C’est bien exact ?

 21         R.    Oui, oui.  C’est de cette façon que nous nous

 22   adressions à lui.

 23         Q.    Mais quand on dit « le Colonel », tout le

 24   monde pense au Colonel Blaskic.  C’est ça, non ?

 25         R.    Oui, oui, oui.  C’était notre impression,


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  1   c’était mon impression.

  2         Q.    Ni vous-même, ni aucun de vos collègues au

  3   sein de la police militaire n’avait jamais parlé de

  4   Monsieur Kordic en disant « le Colonel ».  Je crois que

  5   vous l’avez dit à la page 47 de votre déclaration faite il

  6   y a trois ans.  Je vais vous en donner lecture et je vais

  7   vous demander de me dire si cela est toujours conforme à

  8   votre opinion aujourd’hui.

  9         « Pukovnik, le Colonel a ordonné ceci.  Pukovnik,

 10   cela signifiait invariablement le Colonel Blaskic et jamais

 11   Kordic.  Moi, je n’ai jamais entendu quiconque parler de

 12   Kordic en disant Pukovnik.  Kordic, on en parlait en disant

 13   soit Dario ou bien Kordic tout simplement. »  Fin de

 14   citation.

 15         C’est exact, n’est-ce pas, Monsieur ?

 16         R.    Oui.

 17         Q.    Il est également exact que la seule personne

 18   qui était en mesure d’ordonner le déploiement des unités

 19   dans le cadre d’une attaque, et je parle ici des unités du

 20   4e bataillon de police militaire ou de ces autres unités

 21   dont notamment les Jokeris, donc la seule personne en

 22   mesure de faire cela, c’était le Colonel Blaskic, n’est-ce

 23   pas ?

 24         R.    Oui.

 25         Q.    Il est exact, n’est-ce pas, que vous


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  1   considériez, et vous considérez peut-être toujours

  2   d’ailleurs, que le Colonel Blaskic était ou est un héros ?

  3         R.    À l’époque, oui.  Pas maintenant.

  4         Q.    Vous pensiez que c’était quelqu’un qui

  5   travaillait beaucoup ?

  6         R.    Oui.

  7         Q.    Dernière question à ce sujet.  En réponse à

  8   une question du Juge Shahabuddeen il y a deux ans, à la

  9   page 7023 dans le cadre de votre déposition pour

 10   l’Accusation, vous avez dit que :  « Le Colonel Blaskic

 11   était le commandant incontesté de toutes les forces qui

 12   combattaient du côté de la HZ-HB. »

 13         C’est toujours votre opinion aujourd’hui ?

 14         R.    Oui, oui, mais j’aimerais bien ajouter

 15   quelque chose.  Tout d’abord, en ce qui concerne l’armée,

 16   le Colonel Blaskic, c’était le commandant en effet mais

 17   jamais il n’aurait pu déclencher la guerre sans l’accord

 18   des hommes politiques et quand je parle des hommes

 19   politiques, eh bien, je pense bien entendu au HDZ.  C’était

 20   impossible autrement.

 21         Q.    Vous n’avez jamais rencontré, vous n’avez

 22   jamais participé à des réunions avec le Colonel Blaskic ou

 23   avec les hommes politiques ?  Ça ne correspondait pas à

 24   votre échelon hiérarchique ?

 25         R.    En effet, mais il suffisait d’y réfléchir


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  1   deux secondes pour comprendre cela parce que par exemple

  2   pour être membre du HVO, il fallait être membre du HDZ. 

  3   Donc ça, déjà pour moi, c’est une preuve suffisante.

  4         Q.    Le Colonel Blaskic ne s’est jamais entretenu

  5   avec vous longuement ?

  6         R.    Non.

  7         Q.    Passons maintenant à l’échelon inférieur. 

  8   Votre commandant, Pasko Ljubicic, il est exact, n’est-ce

  9   pas, que Monsieur Ljubicic vous a dit qu’il ne pouvait

 10   donner aucun ordre sans en recevoir l’autorisation du

 11   Colonel Blaskic ?

 12         R.    Oui.

 13         Q.    Vous n’avez jamais participé à aucune réunion

 14   avec le Colonel Blaskic ou avec les hommes politiques dont

 15   vous nous avez parlé.  De même, vous n’avez jamais

 16   participé à des réunions entre Monsieur Ljubicic et le

 17   Colonel Blaskic, n’est-ce pas ?

 18         R.    Non.

 19         Q.    Il est exact, n’est-ce pas, que Monsieur

 20   Ljubicic, une fois qu’il a pris le commandement du 4e

 21   bataillon de police militaire, est devenu le subordonné

 22   immédiat du Colonel Blaskic ?  C’est bien exact ?

 23         R.    Oui.

 24         Q.    Vous n’avez connaissance d’aucun exemple,

 25   d’aucun moment où les ordres du Colonel Blaskic auraient


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  1   été ignorés, n’auraient pas été suivis des faits au sein de

  2   la police militaire, y compris par Monsieur Ljubicic ?

  3         R.    Oui.

  4         Q.    Maintenant, passons au niveau suivant en

  5   dessous.  Je vais vous poser des questions au sujet de

  6   Vladimir Santic.  Il était commandant de la 1ère compagnie

  7   du 4e bataillon de police militaire et il venait au

  8   Bungalow environ deux ou trois fois par jour, n’est-ce pas

  9   ?

 10         R.    Oui.

 11         Q.    Monsieur Santic traitait tous les membres de

 12   l’unité à laquelle vous apparteniez, les Jokers, de façon

 13   identique, n’est-ce pas ?

 14         R.    Oui.

 15         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Est-ce que

 16   vous passez à un autre sujet, Me Sayers ?

 17         Me SAYERS (interprétation) :  Oui.

 18         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  De combien de

 19   temps aurez-vous encore besoin ?

 20         Me SAYERS (interprétation) :  En fait, nous avons

 21   avancé beaucoup plus rapidement que je ne le pensais.  Je

 22   pense que si nous reprenons à 16 h 00, j’en aurai terminé à

 23   16 h 45, peut-être même avant.

 24         M. LE JUGE ROBINSON (interprétation) :  Monsieur

 25   le Témoin, je souhaiterais vous poser une question.  Vous


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  1   nous avez dit précédemment que vous aviez volé des

  2   explosifs pour le HVO.  Vous a-t-on demandé de le faire ou

  3   est-ce que c’est quelque chose que vous avez fait de votre

  4   propre chef ?

  5         R.    Nous l’avons fait spontanément sans qu’on

  6   nous ait donné aucun ordre dans ce sens.

  7         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Nous allons

  8   donc maintenant faire une pause jusqu’à 16 h 00.

  9               --- Suspension de l’audience à 15 h 40

 10               --- Reprise de l’audience à 16 h 05

 11         Me KOVACIC (interprétation) :  Monsieur le

 12   Président, permettez-moi, s’il vous plaît.  En ce qui

 13   concerne le programme du reste de la journée, je souhaite

 14   dire que je serai prêt dès que Me Sayers aura terminé son

 15   contre-interrogatoire puisqu’il a dit qu’il terminera

 16   probablement avant 4 h 45.  Je suppose que je n’ai pas

 17   besoin de plus d’une demi-heure, peut-être 45 minutes. 

 18   Donc, je peux poursuivre dès la fin du contre-

 19   interrogatoire de Me Sayers.

 20         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui, Me

 21   Sayers.

 22         Me SAYERS (interprétation) :  Merci, Monsieur le

 23   Président.

 24         Q.    Témoin AS, juste quelques dernières questions

 25   concernant la chaîne de commandement dans le cadre du


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  1   travail de la police militaire.  Est-ce qu’il est exact que

  2   c’est le Colonel Blaskic qui vous a donné des instructions,

  3   c’est-à-dire que vous aviez les instructions de mettre en

  4   œuvre tous les ordres émanant du Colonel Blaskic ?

  5         R.    Oui.

  6         Q.    Une fois, je crois, que le Colonel Blaskic a

  7   décidé d’une sanction disciplinaire contre vous, contre

  8   votre unité de police militaire dans son ensemble et il a

  9   décidé que la paie devait être réduite de cinq pour cent ?

 10         R.    Oui.

 11         Q.    En fait, votre commandant, Monsieur Ljubicic,

 12   vous a dit que cette réduction du salaire était imposée

 13   suite aux ordres directs du Colonel Blaskic, n’est-ce pas ?

 14         R.    C’est exact.

 15         Q.    Je vais essayer de terminer le plus vite

 16   possible.  Je souhaite que l’on parle maintenant des

 17   combats à Busovaca que vous avez décrits et qui se sont

 18   déroulés en janvier 1993.  Je crois que vous avez dit

 19   qu’après avoir passé environ trois mois au sein de la

 20   police militaire, vous avez été envoyé à Busovaca ou dans

 21   la municipalité de Busovaca afin de se battre sur les

 22   lignes de front contre l’armée de Bosnie-Herzégovine.  Est-

 23   ce exact ?

 24         R.    Oui.

 25         Q.    Je crois que lorsque vous êtes arrivé, vos


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  1   premiers ordres étaient d’aller à Gavrine Kuce.  C’est un

  2   endroit qui se trouvait entre Merdani et Kaonik.  C’était

  3   sur la ligne de front contre l’armée de Bosnie-Herzégovine

  4   ?

  5         R.    Oui.

  6         Q.    La raison en est que l’armée de Bosnie-

  7   Herzégovine a lancé une attaque contre cet endroit vers 5 h

  8   00 ou 6 h 00 du matin et les combats auxquels vous avez

  9   participés ont duré toute la journée, n’est-ce pas ?

 10         R.    Oui.

 11         Q.    Je crois que deux personnes ont été tuées et

 12   un de vos membres a été blessé, n’est-ce pas ?

 13         R.    C’est exact.

 14         Q.    Il est exact de dire également que l’armée de

 15   Bosnie-Herzégovine avait lancé des attaques contre

 16   plusieurs endroits sur les lignes de front ?

 17         R.    Parfois oui, parfois non.  C’est le HVO

 18   parfois qui lançait des attaques comme ce jour-là contre

 19   Merdani.

 20         Q.    Oui, mais au début, lorsque vous êtes allé à

 21   Gavrine Kuce, vous aviez l’ordre de faire repousser avec

 22   votre unité les forces de l’armée de Bosnie-Herzégovine

 23   jusqu’à ses positions préalables, n’est-ce pas ?

 24         R.    Oui.  Il a fallu que l’on fasse sortir ces

 25   gens de Gavrine Kuce puisqu’il y avait des civils qui y


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  1   restaient encore.

  2         Q.    Oui.  Je crois qu’à la page 59 de votre

  3   déclaration, vous avez dit que vos instructions portaient

  4   sur l’évacuation des femmes et des enfants de Gavrine Kuce

  5   et ensuite, d’essayer de s’emparer, de contrôler les lignes

  6   de front, n’est-ce pas ?

  7         R.    C’est exact.

  8         Q.    Ceci s’avérait être impossible.  D’après vos

  9   ordres, vous deviez vous retirer à vos positions défensives

 10   plus loin ?

 11         R.    Oui.

 12         Q.    Ces instructions, encore une fois, venaient

 13   de votre commandant, Pasko Ljubicic ?

 14         R.    Oui.

 15         Q.    Il est exact, n’est-ce pas, qu’ensuite, vous

 16   avez été envoyé à une autre ligne de front au sud de

 17   Busovaca, Donje Polje ?

 18         R.    Oui.

 19         Q.    Les forces du HVO étaient complètement prises

 20   de panique avant que votre unité ne les renforce, mais

 21   après ce renforcement, vous avez pu contrôler les lignes de

 22   front et riposter à l’attaque de l’armée de Bosnie-

 23   Herzégovine ?

 24         R.    C’est exact.

 25         Q.    Votre conclusion était que les opérations de


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  1   Busovaca étaient sous le commandement personnel du Colonel

  2   Blaskic et je crois que ceci figure à la page 47 de votre

  3   déclaration.  Est-ce exact ?

  4         R.    Oui.

  5         Q.    Très bien !  La raison pour laquelle vous

  6   avez voulu faire sortir des civils de Gavrine Kuce était

  7   afin d’éviter qu’ils soient tués ou blessés, n’est-ce pas ?

  8         R.    Oui.

  9         Q.    Vous êtes d’accord avec moi pour dire qu’il

 10   n’est pas opportun que des civils restent dans les villages

 11   se trouvant sur les lignes de front ?

 12         R.    Oui.

 13         Q.    Est-ce que vous savez que des Croates avaient

 14   été torturés et tués à Dusina et Lasva le 26 janvier 1993 ?

 15         R.    Oui.

 16         Q.    Très bien !  Juste quelques questions

 17   concernant certains sujets qui ont été traités, dont on a

 18   traité dans votre interrogatoire principal concernant les

 19   attaques contre des civils.  Pendant la campagne de

 20   Busovaca qui a eu lieu en janvier 1993, vous meniez

 21   purement des opérations défensives, n’est-ce pas ?

 22         R.    Oui, c’est exact.  Parfois, nous attaquions

 23   et puis ensuite, nous nous défendions.

 24         Q.    Très bien !  Vous n’avez pas été témoin

 25   d’opérations offensives dans la municipalité de Busovaca


Page 16400

  1   avant votre départ ?

  2         R.    Je peux dire que non mais je sais qu’il y a

  3   eu ce genre d’actions.

  4         Q.    À la page 6974 de votre déposition dans le

  5   procès Blaskic, vous avez dit (je cite) :

  6         La question était :  « Dans la municipalité de

  7   Busovaca, pendant que vous avez participé aux combats qui

  8   se sont déroulés en janvier et au début du mois de février,

  9   vous ne participiez pas aux opérations offensives ? »

 10         Réponse :  « Non. »

 11         Question :  « Vous vous défendiez contre qui ? »

 12         Réponse :  « Contre l’armée de Bosnie-

 13   Herzégovine. »

 14         C’est vrai, n’est-ce pas ?

 15         R.    Oui, mais je dis que ceci est vrai en ce qui

 16   concerne la police mais non pas en ce qui concerne les

 17   soldats.

 18         Q.    Très bien !  Au cours de votre service à

 19   Busovaca, il y a eu des escarmouches et des combats qui se

 20   sont déroulés en janvier et février 1993 et la police

 21   militaire ne s’est jamais attaquée contre des civils de

 22   manière délibérée, n’est-ce pas ?

 23         R.    Effectivement, ils ne l’ont pas fait.

 24         Q.    Ils ont limité leurs engagements militaires

 25   aux forces armées de l’armée de Bosnie-Herzégovine, n’est-


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  1   ce pas ?

  2         R.    C’est vrai.

  3         Q.    Vous n’avez jamais reçu d’ordre d’attaquer

  4   des civils sans défense.  Effectivement, il n’y a jamais eu

  5   ce genre de discussion parmi vous, n’est-ce pas ?

  6         R.    C’est exact.

  7         Q.    Pendant que vous étiez dans la municipalité

  8   de Busovaca, la police militaire n’a jamais reçu d’ordre

  9   d’attaquer ou d’incendier des villages musulmans ?

 10         R.    Non, et là je parle de la police et non pas

 11   des soldats.  Je sais simplement en ce qui concerne la

 12   police.

 13         Q.    Très bien !  Permettez-moi de vous poser

 14   quelques questions limitées concernant les Jokeris, l’unité

 15   qui dépendait de la 1ère compagnie du 4e bataillon de la

 16   police militaire.  Si j’ai bien compris d’après votre

 17   déposition, les Jokeris ont été constitués après la fin des

 18   combats au début du mois de février 1993.  Est-ce exact ?

 19         R.    Oui.

 20         Q.    Au début, vous étiez au nombre de 20 ou 30. 

 21   Est-ce exact ?

 22         R.    Oui, à peu près.

 23         Q.    Vous avez reçu l’ordre d’être stationné dans

 24   le bâtiment appelé Bungalow dans le village de Nadioci ?

 25         R.    C’est exact.


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  1         Q.    Vous avez élu Monsieur Furundzija à la

  2   fonction de dirigeant, n’est-ce pas ?

  3         R.    Oui.

  4         Q.    Il a été subordonné directement au commandant

  5   de la 1ère compagnie, la 1ère Satnjia, Vladimir Santic ?

  6         R.    Oui.

  7         Q.    Après la constitution de cet ATP, c’est

  8   Monsieur Chris Walken qui… (l’interprète se reprend),

  9   Monsieur Danijel Kristo a proposé le nom de Jokeris et

 10   ensuite, Monsieur Santic, et puis à la fin, Monsieur

 11   Ljubicic, ils ont confirmé et approuvé ce nom ?

 12         R.    Oui.

 13         Q.    Merci.  En ce qui concerne le SIS, ce service

 14   était actif dans des opérations de contre-espionnage ?

 15         R.    Oui.  C’était parmi ses tâches mais je ne

 16   sais pas si c’était l’unique tâche de ce service.

 17         Q.    Le SIS ne donnait jamais d’ordres à la police

 18   militaire aussi, pour autant que vous le sachiez ?

 19         R.    Pour autant que je le sache, pas vis-à-vis de

 20   nous, mais par exemple, à Busovaca, à Kaonik, ils

 21   interrogeaient les prisonniers devant nous et eux, ils

 22   avaient plus de pouvoir que nous.

 23         Q.    Ma question était très limitée.  Pour autant

 24   que vous le sachiez, le SIS ne donnait pas d’ordres à la

 25   police militaire, y compris votre unité, vous-même ?


Page 16403

  1         R.    Pour autant que je sache, moi-même, je n’ai

  2   jamais reçu leurs ordres.

  3         Q.    L’un de mes derniers sujets porte sur Darko

  4   Kraljevic.  On vous a posé des questions à son sujet.  Il

  5   est devenu commandant de l’unité spéciale de Vitez appelée

  6   Vitezovis.  Est-ce exact ?

  7         R.    Oui.

  8         Q.    À une occasion, vous étiez témoin d’un

  9   incident au cours duquel Monsieur Kraljevic a arrêté le

 10   commandant du 3e corps d’armée Dzemal Merdan.  Est-ce exact

 11   ?

 12         R.    Oui.

 13         Q.    Vous étiez témoin de la rencontre entre le

 14   Colonel Blaskic et Monsieur Kraljevic concernant cet

 15   incident ?

 16         R.    Oui.

 17         Q.    Au fond, le Colonel Blaskic criait sur

 18   Monsieur Kraljevic, il lui a donné l’ordre de relâcher le

 19   Colonel Merdan et c’est ce qui s’est passé par la suite

 20   très exactement, n’est-ce pas ?

 21         R.    Oui.

 22         Q.    L’un de mes derniers sujets concerne Monsieur

 23   Kordic.  Vous n’avez jamais entendu Monsieur Kordic dire

 24   dans le cadre d’un discours ou d’une intervention que lui-

 25   même ou son parti souhaitait l’éclatement de la République


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  1   de Bosnie-Herzégovine en tant que pays ?

  2         R.    Non, mais nous luttions pour l’Herceg-Bosna. 

  3   C’est l’Herceg-Bosna qui prenait toujours la première

  4   place.

  5         Q.    Très bien !  Ce que je souhaite constater

  6   c’est que vous n’avez jamais entendu Monsieur Kordic

  7   propager des idées soutenant le partage ou la destruction

  8   de la Bosnie-Herzégovine, n’est-ce pas ?

  9         R.    Non.

 10         Q.    Très bien !  Vous avez déposé sur la

 11   réputation de Monsieur Kordic.  Vous avez dit qu’il était

 12   très populaire.  Est-ce exact de dire que même vous, vous

 13   le trouviez populaire, sympathique ?

 14         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je ne vois pas

 15   quel est le sens de cette question.

 16         Me SAYERS (interprétation) :  Effectivement,

 17   Monsieur le Président, je l’ai mal articulée.

 18         Q.    Est-ce exact, Monsieur, que vous-même, vous

 19   aviez une bonne opinion de Monsieur Kordic ?

 20         R.    Oui, à l’époque.

 21         Q.    Est-ce qu’il est exact de dire qu’à chaque

 22   fois que des gens se rassemblaient, la foule commençait à

 23   proclamer : « Dario, Dario », tout comme les fans le font

 24   au cours d’un concert de rock, n’est-ce pas ?

 25         R.    Oui, d’une certaine manière.


Page 16405

  1         Q.    Vous saviez que Monsieur Kordic était un

  2   homme politique et qu’en même temps, il était le vice-

  3   président de la présidence de la Communauté croate de

  4   Herceg-Bosna ?

  5         R.    Oui.

  6         Q.    Le Président était Mate Boban, le Président

  7   de cette Communauté ?

  8         R.    Oui.

  9         Q.    Vous saviez également que Monsieur Kordic

 10   n’avait pas de passé militaire professionnel comme, par

 11   exemple, le Colonel Blaskic, n’est-ce pas ?

 12         R.    C’est ce que je croyais.  C’est ce que j’ai

 13   dit, d’ailleurs.

 14         Q.    Très bien !  En fait, vous ne parliez jamais

 15   de Monsieur Kordic en disant « Colonel », n’est-ce pas ?

 16         R.    Moi, non.

 17         Q.    Dernière question.  Je ne souhaite pas vous

 18   faire revivre des expériences difficiles, mais lorsque vous

 19   étiez dans le camp de Gabela, ceci était en Herzégovine,

 20   n’est-ce pas ?

 21         R.    Oui.

 22         Me SAYERS (interprétation) :  Merci beaucoup.

 23         Je n’ai plus de questions pour ce témoin, Monsieur

 24   le Président.

 25         Me KOVACIC (interprétation) :  Merci, Monsieur le


Page 16406

  1   Président, Messieurs les Juges.

  2         CONTRE-INTERROGÉ PAR Me KOVACIC

  3         (interprétation) : 

  4         Q.    Bonjour, Témoin AS.

  5         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Un instant,

  6   s’il vous plaît.  Je souhaite soulever un point avec Me

  7   Sayers.

  8         Me Sayers, d’après la déposition de ce témoin,

  9   Dario Kordic s’est mis en colère contre Blaskic une fois

 10   concernant le convoi, un convoi de l’armée de Bosnie-

 11   Herzégovine et il a dit : « Comment oses-tu laisser passer

 12   les balijas à travers Vitez ? »  Est-ce que vous contestez

 13   ça ou pas ?

 14         Me SAYERS (interprétation) :  Oui, nous le

 15   contestons.  Monsieur Kordic ne s’exprimait pas ainsi et je

 16   pense que le Témoin AS l’a confirmé en disant que ce

 17   n’était pas son habitude de s’exprimer ainsi.  Nous

 18   considérons ou… je vais être plus clair.  Mon client ne se

 19   souvient pas du tout d’un quelconque incident de ce genre.

 20         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Très bien.

 21         M. LE JUGE BENNOUNA :  Monsieur Sayers, en dehors

 22   de l’expression elle-même, est-ce que cette position qui

 23   est attribuée à votre client, à l’accusé Kordic, c’est-à-

 24   dire son désaccord sur la manière dont le Colonel Blaskic a

 25   organisé ce convoi en le faisant passer par Vitez, est-ce


Page 16407

  1   que cette position est contestée elle-même, le désaccord de

  2   Kordic ?  Est-ce que le désaccord est contesté, quelle que

  3   soit la manière dont il s’est exprimé ?

  4         Me SAYERS (interprétation) :  Tout ce que je peux

  5   dire, Monsieur le Juge, c’est que mon client ne se souvient

  6   absolument pas d’un tel incident, et à son avis, un tel

  7   incident n’a jamais eu lieu.  Il ne sait même pas à quel

  8   moment ce convoi passait prétendument par Vitez, mais même

  9   s’il le savait, d’après son souvenir, il n’y a pas eu ce

 10   genre de désaccord entre lui et le Colonel Blaskic.

 11         M. LE JUGE BENNOUNA :  Merci.

 12         Me KOVACIC (interprétation) :  Merci, Messieurs

 13   les Juges.

 14         Q.    Bonjour, Témoin AS.  Excusez-moi de

 15   m’adresser à vous en employant ce pseudonyme, mais vous

 16   avez l’habitude maintenant, je suppose.  Je m’appelle

 17   Bozidar Kovacic et je suis avocat de Rijeka.  Avec mon

 18   collègue, Monsieur Mikulicic, je représente Mario Cerkez.

 19         J’espère que ce contre-interrogatoire ne durera

 20   pas longtemps.  Bien sûr, c’est à moi de faire attention

 21   mais veuillez essayer de faire la même chose que moi, à

 22   savoir de faire une pause entre les questions et les

 23   réponses afin que les interprètes puissent avoir le temps

 24   d’interpréter, et bien sûr, si jamais vous ne comprenez pas

 25   l’une quelconque de mes questions, veuillez le dire et je


Page 16408

  1   vais tâcher de la reformuler.  Merci.

  2         Au début de votre déposition aujourd’hui, vous

  3   avez mentionné le siège de cette HV dans un restaurant,

  4   dans un café à Kruscica et vous avez dit que vous y étiez

  5   avec Grabovac et qu’en fait, c’était la maison de Mario

  6   Cerkez et qu’en bas, il y avait un restaurant et que

  7   pratiquement, il s’agissait du quartier général de cette

  8   brigade ?

  9         R.    Oui.

 10         Q.    Est-ce que vous pourriez reconnaître cette

 11   maison aujourd’hui ?

 12         R.    Oui.

 13         Me KOVACIC (interprétation) :  Je demanderais de

 14   l’aide de l’huissier, s’il vous plaît.

 15         Q.    Je vais tout d’abord vous montrer une photo. 

 16   Donc, je vous demanderais d’examiner cette photographie et

 17   de nous dire si vous reconnaissez cette maison en tant que

 18   maison que vous avez mentionnée et décrite.

 19         R.    Oui, c’est ça.

 20         Q.    Cette maison…

 21         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  La maison est

 22   laquelle, Me Kovacic ?

 23         Me KOVACIC (interprétation) : 

 24         Q.    Veuillez montrer ça du doigt, s’il vous

 25   plaît, ou en utilisant le pointeur, s’il vous plaît. 


Page 16409

  1   Veuillez montrer ça sur le rétroprojecteur.

  2         R.    [Indication du témoin]

  3         Q.    Donc, c’est la maison au milieu, en face du

  4   cimetière ?  C’est le cimetière, n’est-ce pas ?

  5         R.    Oui, oui.

  6         Q.    C’est à côté de la route, la route principale

  7   allant vers Kruscica.

  8         Me KOVACIC (interprétation) :  Je demanderais à

  9   l’huissier de montrer ça à la partie adverse et qu’une cote

 10   soit attribuée.

 11         LA GREFFIÈRE (interprétation) :  Il s’agit de la

 12   cote D66/2.

 13         Me KOVACIC (interprétation) : 

 14         Q.    Témoin AS, est-ce que par hasard, vous pouvez

 15   reconnaître cette maison ?

 16         R.    Non.

 17         Q.    Vous ne pouvez pas.

 18         Me KOVACIC (interprétation) :  Je demande qu’une

 19   cote soit attribuée à cette maison.

 20         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Attendez, il

 21   ne l’a pas reconnue.  Donc, il n’y a aucune raison qu’une

 22   cote soit attribuée.

 23         Me KOVACIC (interprétation) :  Mais je vais citer

 24   à la barre un témoin de la Défense qui va la reconnaître. 

 25   Je peux expliquer.  Il s’agit là de la maison de Mario


Page 16410

  1   Cerkez.

  2         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  À ce moment-

  3   là, une cote lui sera attribuée mais pas pour le moment. 

  4         Donc, veuillez rendre cela au conseil de la

  5   Défense, s’il vous plaît.

  6         Me KOVACIC (interprétation) : 

  7         Q.    Essayons de poursuivre.  Vous nous avez dit

  8   que Marijan Skopljak et Mario Cerkez étaient commandants de

  9   l’unité que vous appelez la brigade.  Au cours de l’année

 10   1992, est-ce que vous avez jamais entendu parler du terme

 11   l’état-major municipal du HVO à Vitez ?

 12         R.    Oui.

 13         Q.    Est-ce que c’est Marijan Skopljak et ensuite

 14   Mario Cerkez qui se trouvaient à la tête de cette

 15   institution ?

 16         R.    Marijan Skopljak.

 17         Q.    Est-ce que vous avez jamais entendu parler de

 18   l’institution appelée le Département de la Défense ?

 19         R.    Oui, mais tout ceci existait dans la

 20   municipalité de Vitez.

 21         Q.    Donc, ces institutions étaient mentionnées à

 22   Vitez, au sein du HVO ?

 23         R.    Oui.  C’est ce dont j’ai entendu parler.

 24         Q.    Est-ce que vous avez jamais vu que le nom de

 25   brigade apparaissait sur un quelconque document ou un nom


Page 16411

  1   sur un immeuble au cours de l’année 1992 ?

  2         R.    Je ne m’en souviens pas.

  3         Q.    Au moment où Cerkez avait son bureau à

  4   l’hôtel, vous en avez parlé, est-ce qu’un tel panneau y

  5   figurait là-bas ?

  6         R.    Je ne peux pas vous le dire.  Je ne m’en

  7   souviens pas.

  8         Q.    Très bien !  Poursuivons.  La maison que vous

  9   avez reconnue sur la photographie, je vais vous rafraîchir

 10   la mémoire.  Vous avez reconnu cette maison.  Est-ce que

 11   vous pensez que c’était la maison de Marijan Skopljak ?

 12         R.    C’est possible.  Je ne sais pas.

 13         Q.    Très bien !  Merci.  Ce terme de « la

 14   brigade », et là je parle de l’année 1992, de la fin de

 15   cette année, est-ce que les gens ou bien certains soldats

 16   du HVO employaient ce terme entre eux ?

 17         R.    Oui.

 18         Q.    En ce qui concerne cette unité que vous

 19   appelez la brigade, vous avez rejoint ces rangs

 20   volontairement en 1992 ?

 21         R.    Oui.

 22         Q.    À ce moment-là, comme vous l’avez dit, vous

 23   étiez exclusivement lié à des actions soit contre la JNA,

 24   soit contre l’armée de la Republika Srpska ou plutôt donc

 25   les Serbes locaux qui essayaient de s’emparer d’une partie


Page 16412

  1   plus grande du territoire, n’est-ce pas ?

  2         R.    Oui.

  3         Q.    Des unités plus petites que vous avez

  4   mentionnées, des unités du HVO que vous avez donc

  5   mentionnées en ce qui concerne l’année 1992 étaient liées

  6   aux villages ?

  7         R.    Oui.

  8         Q.    Et ses membres étaient des habitants de

  9   villages ?

 10         R.    Oui, mais il ne s’agissait pas de gardes

 11   villageoises.  Je vais expliquer.  Rijeka, Kruscica,

 12   Krizancevo Selo, c’était le territoire couvert par ça.

 13         Q.    Très bien !  Donc, plusieurs villages ont été

 14   reliés ainsi et lorsque les équipes ont été formées, les

 15   équipes qui se rendaient sur les lignes de front contre les

 16   Serbes à Vlasic, par exemple, ces équipes étaient

 17   constituées de ces personnes venant des différents villages

 18   ?

 19         R.    Oui, mais il s’agissait d’une composition

 20   mixte et au début, ils demandaient des volontaires.

 21         Q.    Vous étiez à Vlasic, du moins à Galica,

 22   d’après ce que vous avez dit ?

 23         R.    Oui.

 24         Q.    Vous occupiez des positions ailleurs, je veux

 25   dire là dans les hauteurs ?


Page 16413

  1         R.    Non, non.  Nous sommes partis le matin et

  2   nous sommes revenus dans la nuit car nous n’avons pas

  3   préparé des vivres, ni les munitions nécessaires.

  4         Q.    Très bien !  Vous avez dit à un moment

  5   quelque chose que je voudrais préciser.  Vous avez dit que

  6   vous avez été muté de la brigade dans un peloton

  7   d’intervention ?

  8         R.    Oui.

  9         Q.    Personne ne vous a muté ?  C’est vous qui

 10   vous êtes porté volontaire pour faire partie de ce peloton

 11   ?

 12         R.    Quelqu’un d’âgé ne pouvait pas y aller,

 13   quelqu’un qui avait 50 ans ou plus.  En fait, on

 14   choisissait des hommes célibataires et jeunes, prêts à

 15   combattre.

 16         Q.    Quelqu’un vous a-t-il posé la question qui

 17   était de savoir si vous le souhaitiez ou non ?

 18         R.    Oui.  C’était Grabovac.

 19         Q.    Donc, vous auriez pu refuser ?

 20         R.    Oui, mais je ne l’ai pas fait.

 21         Q.    Ce détachement a été impliqué donc dans les

 22   mêmes actions que celles que nous avons mentionnées contre

 23   la VRS ?

 24         R.    Oui, mais nous étions aussi à Slimena, à

 25   Travnik au moment de la remise de la caserne, la caserne de


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  1   l’ex-JNA.  Nous étions avec le Colonel Filip Filipovic

  2   parce que c’est lui qui était dans les négociations avec

  3   les officiers.

  4         Q.    Vous parlez de Slimena ?

  5         R.    Non.  Travnik.  Il s’agit de Travnik, la

  6   caserne de Travnik.

  7         Q.    Pour que tout le monde nous comprenne, il

  8   s’agit de la caserne de la JNA ?

  9         R.    Oui, de l’ex-JNA à Travnik.

 10         Q.    Tous les autres sites que nous avons

 11   mentionnés, ce sont des casernes de la JNA ?

 12         R.    Oui.  À Slimena, il y avait des dépôts.

 13         Q.    Des dépôts de la JNA ?

 14         R.    Oui, de l’ex-JNA.

 15         Q.    Je suppose que vous saviez à l’époque que la

 16   JNA avait déposé à cet endroit les armes qu’elle avait

 17   prises à la Défense territoriale ?

 18         R.    Oui.  Les armes, les munitions, et cætera.

 19         Q.    Témoin AS, vous avez mentionné un homme très

 20   jeune, Kico Bonic.  D’après vous, il s’agissait d’un mineur

 21   ?

 22         R.    Oui.

 23         Q.    Sommes-nous d’accord sur le fait qu’en fait,

 24   ce garçon faisait tout pour faire partie de la bande des

 25   grands ?


Page 16415

  1         R.    Oui, oui, oui, et finalement, il y est

  2   parvenu.

  3         Q.    Finalement ou plus tard, c’est quand ?

  4         R.    Peut-être en 1993, au début, car je l’ai vu

  5   plusieurs fois armé.

  6         Q.    Est-il exact que nombreux étaient ceux qui se

  7   procuraient des armes de leur propre chef ?

  8         R.    Oui.

  9         Q.    Pour autant que vous le sachiez, personne n’a

 10   donné à Kico Bonic une arme, quelqu’un faisant partie des

 11   unités ?

 12         R.    Non, je ne le sais pas.

 13         Q.    Vous avez dit que Mario Cerkez avait un

 14   bureau à un moment ultérieur, que son bureau se trouvait

 15   dans l’enceinte de l’hôtel ?

 16         R.    C’était vers le mois de septembre, octobre.

 17         Q.    Vous confirmiez qu’il s’agissait de l’état-

 18   major municipal du HVO Vitez que nous avons évoqué ?

 19         R.    Oui.  L’état-major municipal du HVO Vitez. 

 20   Le jour où je me suis trouvé dans ce bureau, Monsieur

 21   Cerkez était dans le bureau.

 22         Q.    Je vous pose la question sur 1992.

 23         R.    Oui, oui.

 24         Q.    Oui, tout à fait, il s’y trouvait, mais le

 25   titre c’était bien l’état-major du HVO de Vitez ou l’état-


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  1   major municipal de Vitez ?

  2         R.    C’est possible.  Je ne sais pas.

  3         Q.    Blaskic, en tant que commandant de la zone

  4   opérationnelle, quand il s’est rendu à l’hôtel, Cerkez et

  5   son bureau ont été déménagés dans l’enceinte du cinéma : 

  6   C’est exact ?

  7         R.    Oui.

  8         Q.    À aucun moment, le bureau de Blaskic de sa

  9   zone opérationnelle et le bureau de Cerkez ne se trouvaient

 10   dans la même enceinte, dans l’enceinte de l’hôtel ?

 11         R.    Oui.

 12         Q.    Pour vérifier quelque chose au sujet du

 13   stade, il s’agissait d’une manifestation publique ?

 14         R.    Oui.  C’était la prestation du serment.

 15         Q.    D’après vos souvenirs, l’armée de Bosnie-

 16   Herzégovine aurait-elle déjà procédé à une manifestation

 17   comparable de prestation de serments ?

 18         R.    Oui, mais c’était l’armée de l’État de

 19   Bosnie-Herzégovine.

 20         Q.    Oui, bien sûr, mais c’était aussi une

 21   manifestation publique, n’est-ce pas ?

 22         R.    Oui, c’est possible.

 23         Q.    Merci.  La prestation de serments ou plutôt

 24   le serment que vous avez mentionné, il concernait les

 25   termes de « protéger », mais protéger contre qui ?  Nous


Page 16417

  1   sommes en été 1992.  Le seul agresseur était la JNA qui est

  2   aidée par les Serbes locaux.  Est-ce exact ?

  3         R.    Oui.

  4         Q.    Merci.  Pour quel motif ou plutôt… je

  5   reformule ma question.  Les soldats membres de l’armée de

  6   Bosnie-Herzégovine ou les membres de la Défense

  7   territoriale qui vous ont passé à tabac – vous avez évoqué

  8   cet incident – ils vous ont passé à tabac parce qu’ils ne

  9   souhaitaient pas qu’un musulman fasse partie du HVO ?

 10         R.    Oui.

 11         Q.    Autrement dit, l’armée de Bosnie-Herzégovine

 12   et la Défense territoriale étaient opposées à ce que les

 13   musulmans rejoignent les rangs du HVO ?

 14         R.    Non, non.  C’était des individus que je

 15   connaissais très bien.

 16         Q.    Donc, c’était des individus à titre personnel

 17   ?

 18         R.    Oui.  Si vous me permettez d’ajouter quelque

 19   chose…

 20         Q.    Oui, allez-y.

 21         R.    Monsieur Merdan, un homme qui était dans son

 22   escorte, c’était un homme qui s’appelait Franjo de Cajdras,

 23   un Croate, et Monsieur Merdan était dans l’armée de Bosnie-

 24   Herzégovine.  Ça, c’est une preuve que l’armée de Bosnie-

 25   Herzégovine accueillait tout le monde dans ses rangs.


Page 16418

  1         Q.    Vous conviendrez avec moi qu’en 1992, à

  2   Vitez, vous n’étiez pas le seul musulman qui était dans le

  3   HVO ?

  4         R.    Oui.  Il y avait Adis Cosic aussi.

  5         Q.    Il y en avait d’autres ?

  6         R.    Oui, un autre, un Herceg, Edo Herceg.  Nous

  7   trois donc.

  8         Q.    Puisque vous avez mentionné Adis Cosic, en

  9   fait, il a fait partie de l’escorte de Blaskic plus tard,

 10   l’escorte personnelle ?

 11         R.    C’est possible mais je ne sais pas.

 12         Q.    C’était plus tard, quand vous étiez déjà

 13   parti.  À plusieurs moments dans votre déclaration, vous

 14   avez parlé de la police de brigade.

 15         R.    Oui.

 16         Q.    C’était une unité de la taille d’un peloton,

 17   une trentaine de personnes ?

 18         R.    Oui, à peu près.

 19         Q.    Pouvez-vous nous dire comment s’appelait

 20   celui qui était à la tête de ce groupe ?

 21         R.    Non, je ne me rappelle pas.

 22         Q.    Vous connaissiez quelqu’un ?

 23         R.    Oui, quelques-uns, Nino Zabac, Ivankovic,

 24   Zlatko, Nuka, quelques-uns d’entre eux seulement.

 25         Q.    Très bien !  À un moment quelconque, avez-


Page 16419

  1   vous remarqué que… ou bien plutôt, essayons d’être le plus

  2   bref possible.  Dites-moi, savez-vous que la brigade

  3   Stjepan Tomasevic était une brigade conjointe mixte

  4   municipale pour deux municipalités ?

  5         R.    Novi Travnik ?

  6         Q.    Oui.  Vous êtes d’accord sur le fait que

  7   c’était à partir du mois de décembre 1992 jusqu’au mois de

  8   mars 1993 ?

  9         R.    La brigade de Zenica, de Novi Travnik et de

 10   Vitez ?

 11         Q.    Oui.

 12         R.    Je ne crois pas que c’était à ce moment-là.

 13         Q.    Vous estimez que ce n’est pas la même époque

 14   ?

 15         R.    Oui.  Avant cela.

 16         Q.    Vous voulez dire à un moment antérieur ?

 17         R.    Oui, au début.

 18         Q.    Vous êtes d’accord sur le fait que le

 19   commandement de cette brigade Stjepan Tomasevic, quelle que

 20   soit l’époque, que ce commandement se trouvait à Novi

 21   Travnik ?

 22         R.    Je ne le sais pas.

 23         Q.    Vous ne le savez pas.  Vous savez qu’un seul

 24   bataillon de cette brigade avait son commandement à Vitez ?

 25         R.    Non.


Page 16420

  1         Q.    À un moment quelconque, avez-vous entendu

  2   parler de Anto Bertovic, un commandant du HVO d’un

  3   bataillon du HVO ?

  4         R.    Oui.  Il était l’adjoint de Monsieur Mario

  5   Cerkez. 

  6         Q.    Il y a un instant, vous avez dit que vous

  7   considériez…

  8         R.    Ce que je peux dire c’est que je le sais

  9   parce qu’à de nombreuses reprises, nous étions dans un café

 10   s’appelant Rubikon et c’est là que venaient Anto Bertovic,

 11   Grabovac, Karlo et bien d’autres officiers de la brigade de

 12   Vitez et il a été dit qu’il était le suppléant de Monsieur

 13   Mario Cerkez.

 14         Q.    Pouvez-vous situer cette déclaration à une

 15   date à la mi-1992, fin 1992, début 1993 ?

 16         R.    J’étais dans la police.  C’était vers le mois

 17   de novembre, à peu près novembre 1992.

 18         Q.    Très bien !  Cette police de brigade, on

 19   pouvait la voir monter la garde autour de l’enceinte du

 20   cinéma où était situé l’état-major de Cerkez ?

 21         R.    Oui.

 22         Q.    À un moment quelconque, avez-vous remarqué

 23   que Cerkez ou un quelconque de ses hommes émette des

 24   ordres, un ordre quelconque à ceux-là ?

 25         R.    Non.  Je ne me trouvais pas sur place.  Je ne


Page 16421

  1   peux pas le savoir.

  2         Q.    Vous avez dit que vous fréquentiez ses

  3   camarades ?

  4         R.    Oui, mais on ne parlait pas tout le temps des

  5   commandants dans la police.  On avait d’autres sujets à

  6   aborder.

  7         Q.    Ces hommes-là, ce peloton qui se trouvait

  8   déployé autour du cinéma pour garantir la sécurité, ces

  9   gens-là, ils étaient payés à l’hôtel Vitez ensemble avec le

 10   4e bataillon ?

 11         R.    Je ne le sais pas.  Je ne sais pas ça.  C’est

 12   la première fois que je l’entends.

 13         Q.    Vous n’avez jamais eu l’occasion de voir

 14   cela, de les voir toucher leurs soldes là-bas ?

 15         R.    Non.

 16         Q.    En passant, dites-moi, vous receviez

 17   régulièrement votre solde ?

 18         R.    Je ne peux pas vous dire à quelle fréquence. 

 19   Je ne m’en rappelle pas.

 20         Q.    À un moment quelconque, avez-vous appris

 21   d’une manière plus précise de quand datait la création de

 22   la brigade de Vitez qui a été fondée après la brigade

 23   Stjepan Tomasevic ?

 24         R.    Non.

 25         Q.    Dans tous les cas, vous êtes d’accord avec


Page 16422

  1   moi pour dire que la brigade de Vitez a été constituée une

  2   fois que la brigade Stjepan Tomasevic n’existait plus ?

  3         R.    Oui.

  4         Q.    Si je vous dis que c’était en mars à peu près

  5   1993, est-ce que cela vous rafraîchit la mémoire ?

  6         R.    Non.

  7         Q.    Vous avez dit que dans le bureau de Cerkez,

  8   vous vous trouviez jusqu’au moment du conflit autour du

  9   barrage routier de Ahmici et que Cerkez a fait une

 10   déclaration, quelque chose allant dans le sens : « Il faut

 11   soit les expulser, soit les tuer », mais vous avez dit que

 12   c’était en présence d’une tierce personne, quelqu’un dont

 13   le surnom était Mimo ?

 14         R.    Oui.

 15         Q.    Marijan Mlakic, est-ce un nom qui vous dit

 16   quelque chose, que vous mettez en relation avec Mimo ?

 17         R.    C’est possible.

 18         Q.    Était-ce votre adjoint chargé de la

 19   logistique ?

 20         R.    C’est dans le dépôt qu’il se trouvait tout ce

 21   temps.

 22         Q.    Si je vous dis… excusez-moi.  Si je vous dis

 23   que le supérieur de Marijan Mlakic était Stipo Ceko, cela

 24   vous rappelle-t-il quelque chose ?

 25         R.    Oui.  Je connais Stipo Ceko également.  Lui


Page 16423

  1   aussi, il est de Kruscica.

  2         Q.    Mimo était son homme au dépôt ?

  3         R.    Oui, c’est possible car je sais qu’à l’hôtel,

  4   il y avait Mimo, Vlado Cerkez et Ceko et Sero, Sero… j’ai

  5   oublié son nom.

  6         Q.    Qui était présent à cette conversation, tous

  7   ces hommes-là ?

  8         R.    Non.  Vlado et Mimo.  Je pense que ces trois

  9   hommes se trouvaient dans le bureau, moi et Zoran Rajic.

 10         Q.    Qui est Vlado, quel est son nom de famille si

 11   vous le savez ?

 12         R.    Je pense que c’est Vlado Cerkez.  Il avait

 13   été chauffeur dans la logistique.

 14         Q.    Vlado Cerkez ne pouvait certainement pas s’y

 15   trouver puisqu’il n’y a pas de Vlado Cerkez à Vitez.

 16         R.    Oui.  J’ai fait une erreur sur le nom de

 17   famille, mais il était certainement Vlado et il était de

 18   Kruscica.  Ça, j’en suis sûr.

 19         Q.    Très bien !  Donc, à cette conversation ont

 20   assisté au moins ces trois personnes, Vlado, Mimo – Mimo,

 21   nous avons établi que c’est Marijan Mlakic – et Stipo Ceko

 22   ?

 23         R.    Oui.

 24         Q.    Je vous remercie.  Lors de cette attaque sur

 25   le barrage près de Ahmici le 20, une seule personne a été


Page 16424

  1   tuée du côté de l’armée de Bosnie-Herzégovine.  Vous le

  2   savez ?

  3         R.    Je ne le sais pas.

  4         Q.    Vous ne le savez pas.  Savez-vous combien il

  5   y a eu de pertes du côté du HVO ?

  6         R.    Je sais qu’il y avait un homme de Kakanj,

  7   non, de Kiseljak et un autre ou deux de plus.  Je ne me

  8   souviens pas.

  9         Q.    Oui, exactement, un homme de Kiseljak.

 10         R.    Je le connais puisque nous étions ensemble à

 11   Jajce sur la ligne de front.

 12         Q.    Bien !  Pendant que vous transportiez cette

 13   munition dont vous avez parlé et que vous avez remise à

 14   Grabovac, à Impregnacija et à partir du moment où Grabovac

 15   vous a appelé le matin, il y a eu des tirs au niveau du

 16   barrage, donc sept à huit kilomètres de distance de vous. 

 17   Ces tirs, ils avaient commencé depuis longtemps ?

 18         R.    Oui, mais l’intensité était moindre.  Vers 5

 19   ou 6 h 00.

 20         Q.    Vous personnellement ou bien les camarades

 21   avec qui vous étiez ce jour-là, vous n’avez jamais atteint

 22   ce point ?

 23         R.    Eux, ils étaient en bas mais pas moi.

 24         Q.    Ils étaient près de Bila ou de Ahmici ?

 25         R.    Ahmici, près de Ahmici.


Page 16425

  1         Q.    Vous êtes sûr qu’ils avaient fait part de ce

  2   conflit ou ils étaient là comme réserves sur la route ?

  3         R.    Ils sont partis pour Ahmici avec des armes et

  4   des munitions et ils sont partis le matin pour revenir le

  5   soir.

  6         Q.    Vous êtes d’accord sur le fait qu’il y avait

  7   d’autres unités en bas, notamment ces unités qui voulaient

  8   se rendre vers Jajce ?

  9         R.    Oui, comme on nous l’a dit, en direction de

 10   Jajce.

 11         Q.    C’était des unités extérieures à la

 12   municipalité de Vitez ?

 13         R.    Oui.  De Busovaca et de Kiseljak.

 14         Q.    Je ne veux pas m’attarder sur ces troubles

 15   dans la ville vers la fin de l’année 1992, quand les

 16   commerces, les restaurants ont été piégés.  Une seule chose

 17   que je souhaite vous demander.  Entre autres, il y a eu

 18   explosion du restaurant Kamin dont le propriétaire était

 19   Jukic.  Donc, le nom du restaurant est Kamin.  Vous

 20   rappelez-vous cet incident ?

 21         R.    Le restaurant Kamin ?

 22         Q.    Oui.

 23         R.    Il se trouvait où ?

 24         Q.    Au centre de la ville, en bas par rapport au

 25   cinéma, à gauche en direction de la pharmacie, là où il y a


Page 16426

  1   des galeries marchandes et des commerces, des boutiques. 

  2   Si vous ne vous rappelez pas, ce n’est pas grave.

  3         R.    Je n’arrive pas à me rappeler cela.

  4         Q.    Très bien !  Vous avez confirmé qu’à

  5   l’époque, dans la ville, était active cette unité qui

  6   s’appelait Ludvig Pavlovic ?

  7         R.    Oui.

  8         Q.    Ils sont arrivés de Capljina ?

  9         R.    Oui.

 10         Q.    Autrement dit, de Bosnie-Herzégovine ?

 11         R.    Oui, mais ils étaient membres de l’armée

 12   croate et finalement, ils ont été transférés au sein du HVO

 13   et ça, j’en suis sûr à 100 pour cent.

 14         Q.    Très bien !  Au sujet de cela, quand vous

 15   êtes parti pour Capljina après avoir quitté Vitez, pendant

 16   un certain moment, vous avez rejoint les rangs de cette

 17   unité ?

 18         R.    Oui.  Je suis resté un petit bout de temps

 19   avec eux.

 20         Q.    Donc, vous avez eu l’occasion de bien les

 21   connaître ?

 22         R.    Oui.

 23         Q.    Est-il exact que c’était des Herzégovins qui

 24   ont combattu en Croatie pendant l’agression contre la

 25   Croatie ?


Page 16427

  1         R.    Oui.

  2         Q.    Donc, en 1991 et 1992, en tant que

  3   volontaires, ils sont partis combattre en Croatie avec la

  4   HV pour retourner en Bosnie au moment où la guerre a

  5   commencé en Bosnie ?

  6         R.    Ils ont combattu en Croatie en tant que

  7   membre de la HV et pas HVO et ils sont revenus en Bosnie en

  8   étant payés par la République de Croatie.  Tous ces hommes

  9   étaient membres de l’armée croate et ils recevaient aussi

 10   les grades de la part de l’armée croate.

 11         Q.    Pour que ce soit tout à fait clair, s’il vous

 12   plaît, en tout début, ces hommes sont partis initialement

 13   de Bosnie pour aller combattre en Croatie quand la guerre a

 14   éclaté en Croatie ?

 15         R.    Oui.

 16         Q.    Merci.  En tant que membre de la police

 17   militaire…

 18         Me KOVACIC (interprétation) :  Il semblerait y

 19   avoir une erreur dans le compte rendu, ligne 10.  Il

 20   faudrait qu’on y lise :  « de Bosnie ».  « Ils sont partis

 21   de Bosnie pour combattre en Croatie ».

 22         Q.    Quand vous avez rejoint la police militaire,

 23   cette police militaire située à l’hôtel, elle avait un

 24   peloton, un détachement qui était chargé de la criminalité,

 25   des crimes.  À un moment quelconque, avez-vous pu avoir


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  1   connaissance des dossiers criminels, enfin des dossiers

  2   qu’ils traitaient, qu’ils transmettaient à la police ?

  3         R.    Non.

  4         Q.    En travaillant dans la police militaire, vous

  5   avez pu consulter les dossiers concernant les fautes

  6   disciplinaires ?

  7         R.    Non.

  8         Q.    Autrement dit, vous n’êtes pas sûr qu’à

  9   l’encontre de certaines personnes, il y ait eu ou non

 10   procédures ?

 11         R.    C’était rare.  C’était rare.

 12         Q.    Très bien !  À un moment dans votre

 13   déposition, vous avez mentionné le Général Prkacin.

 14         R.    Oui.

 15         Q.    Je suis sûr que vous serez d’accord avec moi

 16   mais je voudrais préciser cela.  Le grade de Général, il

 17   l’a eu par la décision du Président de la présidence de

 18   Bosnie-Herzégovine, Monsieur Izetbegovic.  Est-ce exact ?

 19         R.    Oui.  Il était le Général du HOS et c’est

 20   pour cela que Blaz Kraljevic a été tué parce qu’ils

 21   voulaient combattre ensemble aux côtés de l’armée

 22   bosniaque.

 23         Me KOVACIC (interprétation) :  Pour le compte

 24   rendu, répétons.

 25         Q.    Monsieur le Témoin, vous avez confirmé que


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  1   vous saviez que le grade de Général a été accordé au

  2   Général Prkacin par Monsieur Izetbegovic ?

  3         R.    Oui.

  4         Q.    Vous êtes d’accord sur le fait que Prkacin

  5   était un Croate ?

  6         R.    Oui.

  7         Q.    Une autre précision.  À une question du

  8   Procureur, et c’est quelque chose que vous avez évoqué

  9   auparavant également, vous avez dit donc que les membres

 10   l’IPD faisaient leur travail à l’hôtel et qu’ils étaient

 11   basés à l’hôtel.  C’est exact ?

 12         R.    Oui.

 13         Q.    Mais seule l’unité de télévision, le studio

 14   de télévision était au cinéma ?

 15         R.    Oui, et à Podgradina, à la maison de Pero

 16   Gudelj.

 17         Q.    Donc, celui de l’IPD donc de l’hôtel n’a rien

 18   à voir avec le cinéma ?

 19         R.    Bien, il envoyait les lettres ou des choses

 20   là-bas.

 21         Q.    Merci.  Une question au sujet de l’attaque

 22   sur le département de logistique de la Défense territoriale

 23   de Vitez.  Vous avez appelé cela le bâtiment jaune.  Je ne

 24   voudrais pas qu’on perde trop de temps.  Vous avez omis de

 25   dire qu’il y avait une brigade sur place.


Page 16430

  1         R.    Je n’ai pas parlé de brigade, mais il y avait

  2   la police.

  3         Q.    Pour simplifier, cette opération a été menée

  4   par les Vitezovis et par certains membres de la police

  5   militaire ?

  6         R.    Oui.

  7         Q.    À la tête de cette action se trouvaient les

  8   Vitezovis ?

  9         R.    Je ne le dirais pas.  J’ai dit qu’avec nous,

 10   il y avait Zoran Ljubic qui était l’adjoint de Monsieur

 11   Pasko Ljubicic.

 12         Q.    Bien !  Vous avez également abordé la

 13   question du pillage des commerces et des maisons musulmanes

 14   et vous avez dit que de cette manière, vous avez pris part

 15   à des actions qui n’étaient pas légales et que vous étiez

 16   membre de la police militaire.  Votre commandant, votre

 17   supérieur immédiat ou un de vos supérieurs dans la police

 18   militaire vous aurait-il produit une sorte de protection en

 19   cas de poursuites pour ces pillages ?

 20         R.    Non, mais nous savions tous que rien n’allait

 21   nous arriver.

 22         Q.    Donc, vous vous attendiez à cela ?

 23         R.    Oui, tous, tous jusqu’au dernier.

 24         Q.    Vous avez aujourd’hui évoqué un point au

 25   sujet de Marko Lujic qui était officier chargé de


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  1   l’artillerie auprès de Blaskic à l’hôtel et vous en avez

  2   parlé un peu plus dans votre déclaration préalable.

  3         R.    Oui.

  4         Q.    Le fusil au sujet duquel vous avez dit que

  5   Haskic vous l’a pris, ça s’est passé au Café 09, n’est-ce

  6   pas ?

  7         R.    Oui.

  8         Q.    C’est bien le même café que vous, membre de

  9   la police militaire, avez démoli ?

 10         R.    Non, pas de notre police militaire mais la

 11   police militaire de la brigade.

 12         Q.    Cette unité que vous avez évoquée qui

 13   s’appelait Scorpions, certains l’appelaient Alfa Force ?

 14         R.    Oui, oui.  Leur siège était en route vers

 15   Zabilje à Kruscica, dans les maisons de campagne des

 16   personnes qui étaient de Zenica.

 17         Q.    À quel moment, le savez-vous ?

 18         R.    Peut-être en avril, mai 1992.

 19         Q.    Est-ce que vous savez que cette unité a cessé

 20   d’exister à la fin 1992 ?

 21         R.    Non.  Cicko m’a dit qu’il avait été remplacé

 22   après ça et c’est la vérité.

 23         Q.    Personne d’autre ne vous en a parlé ?

 24         R.    Non.

 25         Q.    Avez-vous jamais vu un document quelconque


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  1   qui montrait quel était le nom de cette unité ?  Je pense à

  2   un ordre de combat, quelque chose de ce genre.

  3         R.    Non, apparemment.

  4         Q.    Vous conviendrez que Chris Wilson ainsi que

  5   d’autres personnes dont un certain Charlie venaient parfois

  6   voir Pasko à l’hôtel ?

  7         R.    Oui.

  8         Q.    C’est à ce moment-là qu’ils obtenaient des

  9   munitions et d’autres types d’équipements ?

 10         R.    Non.  C’était avant 1993.  C’était en janvier

 11   et février.  D’abord, il y avait Chris, Sanja, Dugi (ph.),

 12   Josip.  Ensuite, il est passé aux Jokers et Charlie, lui,

 13   il était parti en Allemagne.

 14         Q.    Dans une déclaration que vous avez faite

 15   précédemment, vous avez dit avoir personnellement entendu

 16   Chris entrer dans le bureau de Pasko et lui demander 20

 17   uniformes, des munitions, du gasoil, des armes, et cætera. 

 18   Savez-vous s’il a obtenu tout cela ?

 19         R.    Je crois que oui.

 20         Q.    Je crois également que dans une déclaration

 21   précédente, vous avez dit que vous étiez avec les Scorpions

 22   dans des opérations contre la JNA ou plutôt contre l’ARS ?

 23         R.    C’était à Jajce, je crois, mais il s’agissait

 24   uniquement de leur assurer un appui.  À l’époque, tout le

 25   monde s’entraidait.


Page 16433

  1         Q.    À Jajce, on avait d’un côté le HVO et l’armée

  2   de Bosnie-Herzégovine et de l’autre côté les Serbes qui

  3   essayaient de prendre Jajce.  C’est bien exact ?

  4         R.    Oui.

  5         Q.    Pour finir, je n’ai que quelques questions à

  6   vous poser au sujet de votre départ de Vitez.  Est-ce que

  7   vous pensez que Cerkez avait une obligation quelconque

  8   officielle de vous donner un certificat, une référence

  9   étant donné le règlement ou est-ce que c’était quelque

 10   chose que vous lui aviez demandé ?

 11         R.    Oui, c’était moi qui lui avais demandé. 

 12   Quand on m’a chassé de la police, je n’avais nulle part ou

 13   aller.  Je n’osais pas rejoindre les rangs de l’armée de

 14   Bosnie-Herzégovine.  Je n’oserais toujours pas le faire

 15   aujourd’hui.

 16         Q.    Donc, vous êtes allé voir le Bureau de la

 17   Défense afin de rencontrer Mario Skopljak ou plutôt un de

 18   ses assistants, une des personnes qui travaillaient dans

 19   son bureau et vu la réglementation qui était en vigueur,

 20   vous avez dû recevoir un certificat ?  Sinon, vous n’auriez

 21   pas pu quitter la zone de Vitez puisque vous étiez censé

 22   faire votre service ou être dans l’armée ?

 23         R.    Oui.

 24         Q.    Donc, vous n’aviez pas le droit de quitter

 25   Vitez dans un certificat du Bureau de la Défense ?


Page 16434

  1         R.    Il ne s’agit pas uniquement des gens qui

  2   étaient en âge de servir dans l’armée mais des femmes, des

  3   enfants, et cætera, et puis généralement, les gens devaient

  4   payer pour les certificats.  Je crois que ça coûtait

  5   environ 50 marks.

  6         Q.    Quoi qu’il en soit, vous étiez muni de ce

  7   certificat et de ce fait, vous étiez en mesure de partir. 

  8   Personne ne pouvait vous empêcher de le faire ?

  9         R.    J’aurais très bien pu aussi partir sans, mais

 10   alors là…

 11         Q.    Je crois que Cerkez, lorsqu’il vous a remis

 12   ce certificat, ce document, vous a dit que vous pourriez

 13   l’utiliser ailleurs et il vous a donné 50 marks de lui-même

 14   ?

 15         R.    Je ne m’en souviens pas.  Je suis désolé.  Je

 16   l’ai peut-être dit mais je ne m’en souviens pas.

 17         Q.    Vous vous souvenez que d’autres personnes que

 18   vous avez rencontrées ce matin-là vous ont dit qu’elles

 19   étaient tout à fait prêtes à vous aider ?

 20         R.    Oui.

 21         Me KOVACIC (interprétation) :  Merci.

 22         Je n’ai plus de questions.

 23         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Me Kovacic, je

 24   voudrais avoir des réponses aux questions suivantes si vous

 25   le permettez.  Le témoin nous a dit qu’en octobre,


Page 16435

  1   lorsqu’il est allé voir votre client, Grabovac lui avait

  2   dit d’aller trouver des munitions, votre client a dit :

  3   « Les tuer ou les chasser, qu’est-ce que je m’en fiche » et

  4   il parlait de l’armée de Bosnie-Herzégovine.

  5         Est-ce que vous contestez ce fait ou non ?

  6         Me KOVACIC (interprétation) :  Oui, nous le

  7   contestons.  Mon client ne se souvient absolument pas de ce

  8   genre de propos.  Ce n’est pas sa façon de s’exprimer et

  9   justement, dans mon contre-interrogatoire, j’ai essayé de

 10   déterminer qui était présent à ce moment-là, et vous vous

 11   en souviendrez certainement, le témoin a identifié au moins

 12   deux personnes qui étaient présentes.

 13         RÉINTERROGÉ PAR Me LOPEZ-TERRES : 

 14         Q.    Monsieur le Témoin AS, on vous a posé une

 15   question il y a quelques instants sur la date de création

 16   de la brigade de Vitez et vous avez indiqué que certains

 17   soldats parlaient de la brigade en 1992, à l’époque où la

 18   brigade de Vitez en tant que telle n’existait pas. 

 19         Pouvez-vous examiner le document que je vais vous

 20   présenter sur lequel figure la signature de Mario Cerkez,

 21   qui est une carte d’identité militaire et où il est indiqué

 22   que le titulaire de cette carte appartient à la 1ère

 23   brigade de Vitez ?  Ce document est daté du 26 juin 1992. 

 24   Il s’agit d’une carte qui est établie au nom du nommé Sero

 25   Zoran.


Page 16436

  1         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  [Non

  2   interprété]

  3         Me LOPEZ-TERRES :  Ce document a été produit dans

  4   les classeurs que le témoin Carry Spork a présentés à votre

  5   Chambre.  Il s’agit de la pièce Z142 qui fait partie du

  6   classeur Z2813.2, je crois.

  7         R.    La plupart de nous avait ça, ce genre de

  8   carte.

  9         Q.    Sur cette carte, il est bien indiqué

 10   « brigade de Vitez » ?

 11         R.    Oui, la première brigade de Vitez, le 26 juin

 12   1992.

 13         Q.    La signature à droite est celle de Mario

 14   Cerkez ?  Vous ne savez pas ?

 15         R.    Je ne sais pas.  Je ne peux pas vous le dire.

 16         Q.    On a parlé du peloton de police militaire au

 17   sein de cette brigade.  Les fonctions de ce peloton de

 18   police militaire n’étaient pas uniquement d’assurer la

 19   sécurité et la garde des bâtiments de la brigade ?  Ils

 20   avaient d’autres fonctions ?

 21         R.    Oui.

 22         Q.    Ils participaient à des opérations militaires

 23   comme vous-même au sein du 4e bataillon de police

 24   militaire ?

 25         R.    Oui.


Page 16437

  1         Q.    Je voudrais que les choses soient bien

  2   claires.  Certains membres de ce peloton de la police

  3   militaire de la brigade ont bien participé avec vous à

  4   l’action sur le dépôt de logistique de l’armée de Bosnie à

  5   Vitez, ce que vous appelé la maison jaune ?

  6         R.    Oui, certains d’entre eux mais ils étaient du

  7   côté droit par rapport à nous.  Nous n’étions pas ensemble. 

  8   Leur position était latérale pour ainsi dire.

  9         Q.    De par les informations que vous avez ou les

 10   discussions que vous avez eues avec Bralo ou avec Chris

 11   Wilson ou autre, votre interprétation est bien que l’unité

 12   des Scorpions ou Alfa Force était une unité qui formait une

 13   partie de la brigade de Vitez ?

 14         R.    Oui, au début.  Peut-être à la fin, elle

 15   s’est décomposée mais au début, elle appartenait à la

 16   brigade de Vitez.

 17         Q.    Vous avez participé à ce que vous avez

 18   reconnu être une campagne de nettoyage ethnique à

 19   Busovaca ?  En janvier 1993, vous avez indiqué que votre

 20   commandant direct, Pasko Ljubicic, se rendait régulièrement

 21   à l’hôtel Tisovac pendant cette période ?

 22         R.    Oui.

 23         Q.    Êtes-vous certain que pendant cette période,

 24   le Colonel Blaskic était toujours présent à l’hôtel Tisovac

 25   lorsque Ljubicic s’y rendait ?


Page 16438

  1         R.    Puis-je expliquer ?  À chaque fois qu’on

  2   venait le matin devant le café, Monsieur Pasko nous

  3   disait :  « Le Colonel a donné l’ordre de faire ceci ou

  4   cela. »  Nous croyions que c’était le Colonel Blaskic mais

  5   je ne peux pas l’affirmer avec exactitude.  Il est possible

  6   qu’il s’agissait de lui, peut-être pas.  Mais lorsque l’on

  7   disait « Colonel », on pensait au Colonel Blaskic, mais

  8   peut-être dans son esprit c’était autre chose.

  9         Q.    Vous savez que le Colonel Blaskic a été

 10   coincé à Kiseljak à partir du 25 janvier 1993 ?  Il ne

 11   pouvait plus se rendre à Busovaca à ce moment-là :  Vous le

 12   savez ?

 13         R.    Je sais que la FORPRONU l’a escorté depuis

 14   l’hôtel Vitez jusqu’à Kiseljak mais je ne sais pas s’il est

 15   rentré sous leur escorte parce que je sais… j’ai vu quand

 16   ils l’ont placé dans le véhicule de transport de troupes,

 17   il y avait le Colonel Blaskic et puis ses deux gardes-du-

 18   corps.

 19         Q.    Le véhicule de l’UNPROFOR a amené le Colonel

 20   Blaskic de Kiseljak à Vitez.  À votre connaissance,

 21   l’UNPROFOR amenait-elle Blaskic vers Busovaca ?

 22         R.    Non.  Ils l’ont amené de Vitez à Busovaca et

 23   Kiseljak, d’après nos informations, mais je ne sais pas

 24   s’ils l’ont ramené.

 25         Q.    Et ceci c’était au mois de janvier 1993 ou


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  1   plus tard ?

  2         R.    Oui, à peu près à ce moment-là.

  3         Q.    Vous avez participé à plusieurs opérations

  4   militaires quand vous étiez au sein du HVO.  Serez-vous

  5   d’accord avec moi pour dire que la doctrine officielle du

  6   HVO lors de ses opérations militaires était toujours de

  7   dire qu’il s’agissait d’opérations de défense et jamais

  8   d’attaques ou d’offensives alors même qu’il s’agissait

  9   d’opérations offensives ?

 10         R.    Oui, c’est exact.

 11         Q.    Une question en ce qui concerne Monsieur

 12   Marko Lujic.  On vous a demandé si effectivement il avait

 13   été au quartier général avec le Colonel Blaskic à l’hôtel

 14   Vitez à un certain moment.

 15         R.    Oui, plus tard, à partir de l’année 1992,

 16   peut-être le mois d’octobre ou novembre, mais au début moi,

 17   je le voyais devant la Konoba.  Il était là.

 18         Q.    Il était donc à ce moment-là responsable de

 19   l’artillerie au sein de la brigade de Vitez et pas du…

 20   [hors microphone]

 21         R.    Et après, il a été muté dans la zone

 22   opérationnelle de la Bosnie centrale.

 23         Q.    Une dernière question sur la campagne de

 24   Busovaca.  Avant que cette campagne soit menée par le HVO,

 25   des préparatifs ont été mis en place.  Vous avez parlé de


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  1   l’envoi de munitions à Busovaca.  Il y a eu, je crois,

  2   aussi des tranchées qui ont été creusées par le HVO ?

  3         R.    Oui.  Oui, par ci, par là.

  4         Q.    Témoin AS, quel était selon vous puisque vous

  5   avez côtoyé les responsables du HVO pendant une certaine

  6   période, vous avez été leur contact, quel était selon vous

  7   le personnage principal du HVO ou du HDZ en Bosnie centrale

  8   en 1992-1993 ?

  9         R.    Du HDZ ?

 10         Q.    Du HDZ.

 11         R.    En ce qui concerne le HVO, la composante

 12   militaire, c’était le Colonel Blaskic, mais en ce qui

 13   concerne la responsabilité politique, le HDZ, c’était sans

 14   aucun doute Monsieur Dario Kordic.

 15         Q.    Le HVO était-il pour vous uniquement une

 16   structure de nature militaire ou une structure mixte,

 17   politico-militaire ?

 18         R.    C’était… le HVO, à mon avis – c’est mon

 19   opinion – était une structure militaire du HDZ de Bosnie-

 20   Herzégovine et de la Croatie aussi, bien sûr.

 21         Me LOPEZ-TERRES :  Je n’ai pas d’autres questions,

 22   Monsieur le Président.

 23         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Monsieur le

 24   Témoin AS, vous en avez donc terminé de votre déposition. 

 25   Je vous remercie d’être venu déposer devant le Tribunal


Page 16441

  1   Pénal International et vous pouvez maintenant quitter le

  2   prétoire.

  3         LE TÉMOIN (interprétation) :  Merci.

  4         Un instant, s’il vous plaît.

  5                     [Le témoin se retire]

  6         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Donc, si j’ai

  7   bien compris, nous en sommes à la fin de la présentation

  8   des éléments de preuve de l’Accusation.

  9         Me NICE (interprétation) :  Oui, sous réserve d’un

 10   certain nombre de questions qui restent encore en suspens. 

 11   J’ai une liste quelque part.

 12         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Mais il est

 13   déjà 17 h 25.  Nous avons donc cinq minutes.

 14         Me NICE (interprétation) :  À moins que nous ne

 15   puissions siéger plus longtemps et en terminer ce soir ?

 16         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je ne pense

 17   pas que cela soit très réaliste.  Il y a beaucoup de

 18   questions à régler.

 19         Me NICE (interprétation) :  Oui mais vous le

 20   savez, demain, je ne suis pas là, et si vous me permettez,

 21   je souhaiterais souligner, mettre en évidence les points

 22   qu’il convient d’aborder.

 23         Premièrement, les affidavits.  Ils ont fait

 24   l’objet de mémoires de la part de la Défense et de

 25   l’Accusation et ils sont relatifs aux affidavits de nature


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  1   générale.  Mais il y en a deux autres dont on n’a pas

  2   traité.  Il y a d’abord celui d’un témoin qui réside aux

  3   États-Unis, en Amérique.  Son affidavit est arrivé cette

  4   semaine et il y a l’affidavit de Monsieur Morsink qui a été

  5   demandé par la Chambre.

  6         En outre, vous vous souviendrez que nous avons

  7   fait une demande.  Une demande a été faite par le biais du

  8   système bosnien, ceci afin d’obtenir des affidavits

  9   relatifs aux actes criminels qui ont été répertoriés à

 10   Travnik et nous n’avons pas pu les obtenir jusqu’à présent…

 11   nous n’avons donc pu les obtenir que très récemment et ils

 12   n’ont pas encore été examinés en détail et nous allons donc

 13   demander dès qu’ils seront prêts qu’ils soient versés au

 14   dossier.

 15         Donc, voici ce que j’avais à dire pour les

 16   affidavits.

 17         Ensuite, il y a le classeur relatif à Kiseljak. 

 18   Cela ne va pas prendre trop de temps.

 19         Puis les vidéos.  Nous avons établi une liste, une

 20   nouvelle liste qui a été corrigée, qui a été complétée.  Si

 21   je n’ai pas la possibilité de vous l’expliquer ce soir, en

 22   tout cas, elle est assez facile à comprendre et on pourra

 23   vous l’expliquer demain.  Donc, je pense qu’elle est assez

 24   simple.

 25         Mais ce qui se passe avec les vidéos c’est qu’il y


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  1   a beaucoup de vidéos que nous recevons et qui comprennent

  2   d’autres vidéos, qui reprennent d’autres vidéos et il

  3   s’agit de différents films qui sont relatifs aux mêmes

  4   événements, et parfois elles sont traduites ces vidéos de

  5   façon différente, suivant les cas.  Alors, une solution ça

  6   aurait été de prendre chaque vidéo et de faire de chaque

  7   petit film une vidéo individuelle, mais on se serait

  8   retrouvé avec un nombre incalculable de vidéos et donc,

  9   nous n’avons pas choisi cette voie.  Je pense que la

 10   question des vidéos peut être réglée assez rapidement.

 11         Puis, il y a également la question des comptes

 12   rendus d’audience.  Il n’y a à ce sujet que deux questions

 13   qui restent à régler.

 14         La première c’est le témoin confidentiel.  Aucune

 15   argumentation n’a été présentée à ce sujet ni d’un côté ni

 16   de l’autre.

 17         Ensuite, au sujet de Kaiser, dont on a refusé de

 18   verser au dossier la déposition dans une affaire

 19   précédente…

 20         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Mais comment

 21   voulez-vous… pourquoi voulez-vous que nous revenions sur

 22   cette affaire ?  Nous avons pris des décisions et ensuite

 23   vous revenez dessus tout simplement.  Ce n’est pas la façon

 24   dont nous procédons.

 25         Me NICE (interprétation) :  Mais permettez-moi de


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  1   vous expliquer la situation.

  2         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Il est déjà 17

  3   h 30.  Donc, essayez d’être très bref.

  4         Me NICE (interprétation) :  En ce qui concerne

  5   Kaiser, j’ai préféré ne pas donner notre position tout de

  6   suite.  Il a été rejeté sur la base du fait que c’était un

  7   expert et également sur la base d’un autre motif auquel

  8   nous n’avons pas répondu.

  9         Monsieur Scott pourra vous l’expliquer demain en

 10   expliquant que cette déposition ne fait pas double emploi,

 11   bien qu’elle ait été utilisée dans le cadre de l’affaire

 12   Blaskic.  Il s’agit de faits sur lesquels on a déjà dressé

 13   constat judiciaire.

 14         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je vais

 15   demander que l’on réexamine ma décision.  Je crois que nous

 16   avons dit que les opinions présentées par cette personne

 17   n’étaient pas pertinentes.

 18         Me NICE (interprétation) :  Oui, mais en ce qui

 19   concerne le double emploi, il s’agissait des faits.

 20         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Eh bien, nous

 21   allons décider s’il convient de continuer la discussion à

 22   ce sujet ou non.

 23         Me NICE (interprétation) :  De plus, il y a une

 24   demande qui est venue de Monsieur le Juge Bennouna et des

 25   autres Juges de la Chambre demandant que soient répertoriés


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  1   et référencés les comptes rendus d’audience.  Nous n’avons

  2   pas encore eu le temps de le faire mais nous sommes en

  3   train de le faire.

  4         En ce qui concerne Cigar, vous nous avez dit qu’un

  5   ou deux documents pourraient être versés au dossier.  Je

  6   peux vous donner une idée de la situation, à l’exception

  7   des articles de presse.  Tous les documents sauf un nombre

  8   limité de documents avaient déjà été présentés par le

  9   truchement d’autres témoins et sur ce nombre limité de

 10   documents, tous à l’exception d’un seul avaient été

 11   acceptés comme admissibles par la Défense, à l’exception

 12   d’un document-clé qui n’avait pas encore été versé au

 13   dossier.

 14         Donc, si je me trompe, en tout cas Madame Somers

 15   va intervenir pour vous parler d’un certain nombre très,

 16   très limité d’articles de presse sur lesquels nous vous

 17   invitons à vous pencher et à verser au dossier donc.

 18         Enfin, je souhaiterais attirer votre attention sur

 19   la chose suivante.  Les faits reconnus, les faits qui ont

 20   déjà fait l’objet d’un jugement :  Ce n’est pas une chose

 21   facile puisqu’il y a encore des appels qui vont couvrir les

 22   procès au cours desquels on a examiné ces faits, mais

 23   cependant, il y a une affaire sur laquelle nous allons

 24   essayer de nous appuyer dans le cadre de notre

 25   réquisitoire.


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  1         Nous avons donc déposé une demande nous permettant

  2   de nous baser sur des faits de notoriété publique, à savoir

  3   des faits qui ont déjà fait l’objet d’une décision

  4   judiciaire dans l’affaire Blaskic.  Notre demande est

  5   formulée de manière extrêmement générale et d’ailleurs nous

  6   n’avons pas encore été en mesure d’examiner dans les

  7   détails tous les faits qui sont mis en évidence dans

  8   l’affaire Blaskic.  Mais étant donné que l’affaire va sans

  9   doute faire l’objet d’un appel, nous pensons que nous

 10   devons présenter cette demande.

 11         Lorsque nous reviendrons le 30 mars, il est

 12   possible que nous ayons une audience au cours de laquelle

 13   nous traiterons cela ou une requête de la Défense.

 14         Voilà tout ce que j’avais à dire !

 15         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui.  J’ai

 16   quant à moi une chose à dire en ce qui concerne la question

 17   qui a été traitée ex parte.  Nous avons demandé des

 18   informations bien particulières.  Or cette information,

 19   nous ne l’avons pas reçue.  Je ne doute pas que cette

 20   information puisse nous être communiquée par écrit.

 21         Me NICE (interprétation) :  Je crois en fait que

 22   vous avez reçu cette information en écrit et le lendemain

 23   d’ailleurs de votre demande.

 24         [Le Président discute avec le juriste de la

 25   Chambre]


Page 16447

  1         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je crois que

  2   nous avons reçu une réponse informelle que nous allons

  3   transformer en réponse officielle.

  4                     [La Chambre discute]

  5         Me NICE (interprétation) :  Oui.  On me rappelle

  6   un point que j’ai oublié d’aborder.  J’en ai déjà parlé

  7   précédemment mais la question relative aux ordonnances de

  8   comparution forcée entraîne nécessairement la production de

  9   documents supplémentaires.  J’ai déjà dit précédemment

 10   qu’il nous serait possible de traiter de ceci dans le cadre

 11   de nos témoins en réplique.

 12         Il faut être très conscient de la situation

 13   actuelle de la Bosnie et de la Croatie et surtout de la

 14   Croatie.  Donc, il est fort possible que dans le cadre de

 15   nos témoins supplémentaires, de nos témoins en réplique,

 16   nous puissions fournir des documents supplémentaires.

 17         Me SAYERS (interprétation) :  Oui.  Nous avons

 18   trois points à aborder, deux ex parte.  Cela devrait

 19   prendre trois minutes ou deux minutes au maximum et la

 20   troisième question ne devrait pas prendre plus d’une

 21   minute.

 22         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Eh bien, pour

 23   ce qui concerne la question que vous souhaitez aborder ex

 24   parte, nous en parlerons à la fin de la matinée.

 25         Me SAYERS (interprétation) :  Bien !


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  1         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Fort bien !

  2         Nous allons donc reprendre l’audience demain à 9 h

  3   00 et nous essaierons de procéder aussi rapidement que

  4   possible.

  5         --- L’audience est levée à 17 h 39

  6         pour reprendre le vendredi

  7         10 mars 2000 à 9 h 00

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