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1 Le jeudi 13 avril 2000
2 [Audience publique]
3 [Les accusés entrent dans la Cour]
4 [Le témoin entre dans la Cour]
5 --- L’audience débute à 9 h 32
6 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui, Monsieur
7 Nice.
8 TÉMOIN : FILIP FILIPOVIC
9 (SOUS LE MÊME SERMENT)
10 CONTRE-INTERROGÉ PAR Me NICE
11 (interprétation) : [Suite]
12 Q. Miro Andric faisait partie de l’état-major de
13 Blaskic en quelle qualité, Général ?
14 R. Miro Andric était membre de la commission
15 chargée d’arrêter le conflit et a été nommé lors d’une
16 réunion entre Izetbegovic et Boban. Moi-même, j’ai été
17 nommé lors de la même réunion. En cette qualité, il a
18 passé une dizaine de jours dans cette commission, mais il
19 n’a jamais fait partie du quartier général de Blaskic.
20 Q. Donc, si Blaskic aurait déposé sur le fait
21 que lui, il faisait partie de son état-major, il s’agirait
22 là d’une erreur ?
23 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je pense qu’il
24 s’agit d’un commentaire là.
25 Me NICE (interprétation) :
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1 Q. Est-ce que vous pouvez examiner maintenant la
2 pièce à conviction 124.1, s’il vous plaît ?
3 Me NICE (interprétation) :
4 Ceci n’est pas traduit, mais veuillez placer ça
5 sur le rétroprojecteur. Nous recevrons une traduction par
6 la suite. Il s’agit là de six documents courts au total.
7 Veuillez placer ça sur le rétroprojecteur, s’il
8 vous plaît. Permettez au témoin d’abord de l’examiner et
9 ensuite, nous allons placer ça sur le rétroprojecteur.
10 Q. Il s’agit là d’un document en date de juin
11 1992 émanant de Susak en Croatie qui concerne Miro Andric.
12 Nous voyons son nom là au numéro 1 : Est-ce exact ?
13 R. Oui, il est exact que Miro Andric correspond
14 au chiffre « 1 ».
15 Q. Le document suivant est 127.2 et nous avons
16 une traduction de ce document.
17 Me NICE (interprétation) : Placez l’anglais sur
18 le rétroprojecteur, s’il vous plaît, et donnez l’original
19 au témoin.
20 Q. Il s’agit donc du document en date du 8 juin.
21 Il s’agit d’un ordre d’un colonel croate qui donne l’ordre
22 d’envoyer au front du sud un certain nombre de personnes
23 afin de s’acquitter d’une tâche provisoire, y compris Miro
24 Andric au numéro 1, la même personne ?
25 R. Oui, c’est exact. La personne que vous
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1 mentionnée figure sur la liste.
2 Q. La pièce à conviction suivante : 877.1. Il
3 s’agit là d’un document en date du 3 mai 1993. Maintenant,
4 l’on mentionne Miro Andric et puis, c’est lui qui a signé.
5 À côté, il y a un sceau de l’Herceg-Bosna, Travnik, et il
6 s’agit là d’un rapport envoyé par lui concernant les
7 membres de la Brigade de la HV.
8 Donc, il s’agit des soldats croates de la 101e
9 Brigade de la HV qui ont été envoyés au front sud de la
10 Communauté croate d’Herceg-Bosna, conformément à l’ordre
11 donné par le ministère de la Défense de la Croatie, afin de
12 s’acquitter de ses tâches au mois de mars, et il a cité son
13 propre nom en tant que la première personne parmi ces
14 officiers ?
15 R. Tous ces documents ne contestent pas ce que
16 j’ai dit, à savoir que le Colonel Andric n’était jamais
17 membre de la Zone opérationnelle de la Bosnie centrale, de
18 son commandement, et j’ai déjà mentionné qu’il avait un
19 rôle dans la commission chargée de cessation des hostilités
20 en Bosnie centrale.
21 Q. Qu’est-ce qu’il faisait en Bosnie centrale
22 s’il a pu signer un document avec le sceau de Travnik s’il
23 ne travaillait pas pour Blaskic ?
24 R. Moi, Cerkez, Andric, Delic et Amidja, nous
25 étions à Sljivcica, au-dessus de Vitez, de même que le
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1 commandant de l’armée de Bosnie-Herzégovine, et nous avions
2 des discussions concernant l’échange des prisonniers et la
3 libération des prisonniers et nous étions sur la ligne de
4 front. Moi, je m’en souviens très bien.
5 Donc lui, il était aussi à Vitez, à Stari Vitez et
6 à Mahala pendant que nous avions ces discussions visant à
7 faire libérer ces prisonniers. Puis, il a été également au
8 cinéma et puis, il a été aussi à l’hôtel Vitez. Là, je
9 cite très exactement ce que cette personne faisait.
10 Me NICE (interprétation) : Je n’ai pas le temps
11 de me lancer dans les débats avec ce témoin à ce sujet.
12 Donc, je passe au document suivant. Il s’agit du document
13 2360.17.
14 Q. Il s’agit de nouveau du 19 mai mais il s’agit
15 là quand même de la période pendant laquelle vous exerciez
16 vos fonctions. Il s’agit d’un document émanant de Croatie,
17 du Général Bobetko qui donne des instructions afin que le
18 Bataillon Frankopan soit déployé en Bosnie centrale sous le
19 commandement de Zorica Zulu, dont nous avons entendu parler
20 hier, et ensuite, Tole devait prendre la direction de cela.
21 Nous avons entendu parler de cela également.
22 Il s’agit là d’une indication tout à fait claire
23 de l’implication de la Croatie, n’est-ce pas ?
24 R. Il est vrai que Zulu est à Bugojno et à
25 Uskoplje.
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1 Q. Et il est vrai que Bobetko, au nom de la
2 Croatie, envoyait un bataillon à Bugojno ?
3 R. Ce bataillon n’est jamais arrivé, mais il
4 envoyait énormément de documents, des milliers de
5 documents. Cependant, il n’y a pas eu de lutte là-bas.
6 Me NICE (interprétation) : Je souhaite que l’on
7 examine finalement le document 2381.
8 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Vous n’avez
9 pas répondu à ce que le Procureur a dit, à savoir votre
10 réponse était que Zulu était à Bugojno, mais ce que le
11 Procureur vous a dit c’était que ceci montrait
12 l’implication de la Croatie dans cette guerre. Quelle est
13 votre réponse à cela ? Est-ce que ceci montre
14 l’implication, la participation de la Croatie ou pas, et
15 sinon, pourquoi pas ?
16 R. L’armée croate n’a pas participé aux
17 opérations en Bosnie centrale.
18 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Eh bien,
19 pourquoi est-ce qu’il a dit : « Préparez et envoyez le
20 Bataillon Frankopan à Bugojno », signé par un général de
21 l’armée croate ? Qu’est-ce que ça veut dire si ça ne veut
22 pas dire que la Croatie est impliquée ?
23 R. Monsieur le Président, moi, je sais ce que je
24 sais. Peut-être que ce monsieur a donné des ordres. Peut-
25 être qu’il avait l’intention de le faire. Moi, je ne
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1 conteste pas le document. Je n’ai pas la puissance de le
2 contester. Mais je sais ce qui se passait sur le terrain,
3 et sur le terrain, il n’y a pas eu d’armée croate, ou plus
4 précisément ce Bataillon Frankopan, mais Zulu en tant que
5 personne, il y était.
6 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Merci.
7 Me NICE (interprétation) :
8 Q. 2381 : Il s’agit là du document du 5 octobre
9 1992 émanant de Blaskic où il est ordonné qu’on envoie des
10 données concernant les officiers de la HV au sein des
11 unités et ceci est envoyé aux commandants de différents
12 quartiers généraux municipaux. Je n’ai pas suffisamment de
13 temps pour discuter avec vous. Donc, veuillez me répondre
14 de manière brève.
15 Dites-moi : Est-ce que ceci montre qu’il y a eu
16 des officiers de la HV en Bosnie centrale qui étaient
17 placés sous le commandement de Blaskic ? Est-ce exact ?
18 R. Il y a eu certains hommes au sein du HVO qui
19 avaient été au sein de la HV auparavant et qui avaient reçu
20 des grades dans le cadre de la HV. Ce document vise à
21 établir s’il y a des officiers, s’il y a des militaires de
22 la HV sur place, et si oui, d’envoyer des données
23 concernant ces personnes.
24 Q. Y compris l’information concernant la
25 question de savoir s’ils sont payés par le HVO ou bien par
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1 la HV ? C’est clair ?
2 R. Je sais que nous, nous recevions nos soldes
3 des municipalités. J’ai déjà dit : 20 à 30 DM, et ceci se
4 référait à tout le personnel du HVO. Quant à la question
5 de savoir si quelqu’un recevait sa solde de l’armée croate
6 ou de la Croatie, ça je ne sais pas.
7 Q. Le document suivant est le document 643.
8 Toujours la même chose, Général. Le 12 avril
9 1993, Blaskic donne l’ordre aux commandants de toutes les
10 brigades d’envoyer des listes des officiers de la HV au
11 sein de leurs unités et de citer quelles sont leurs tâches
12 actuelles. Donc, ceci montre clairement qu’il y a eu une
13 participation en continu des officiers de la HV sous le
14 commandement de Blaskic ?
15 R. Ceci est la preuve des pressions exercées
16 sans arrêt du commandement plus élevé afin de fournir les
17 données concernant ces personnes si ces personnes
18 existaient sur place. Je répète : Dans la Zone
19 opérationnelle, dans le commandement de la Zone
20 opérationnelle de Colonel Blaskic, il n’y a eu que des
21 personnes locales. Je n’ai jamais rencontré qui que ce
22 soit qui n’était pas originaire de cette région. Donc, en
23 ce qui concerne ces données requises, il s’agissait du
24 résultat de pressions exercées sur le Colonel Blaskic afin
25 de constater si ce genre d’officiers étaient présents sur
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1 place, et dans ce cas-là, d’envoyer des données concernant
2 ces personnes. Mais il n’y en a pas eu.
3 Me NICE (interprétation) : Monsieur le Président,
4 j’ai deux questions auxquelles il est possible de répondre
5 par « oui » ou « non ». Compte tenu du temps, je vais
6 juste passer ces deux questions et ensuite, je terminerai.
7 Je ne souhaite pas me lancer dans un débat concernant ces
8 questions-là.
9 Q. Général, un officier britannique, Williams, a
10 déposé, y compris sur vous. En partie, il s’est exprimé
11 favorablement vis-à-vis de votre attitude, mais il a dit
12 que le 2 février… je n’ai pas marqué. Je crois qu’il
13 s’agissait de 1993.
14 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : 1994.
15 Williams.
16 Me NICE (interprétation) : Oui, 1994. Lors d’un
17 échange potentiel des prisonniers à Stari Vitez lié à
18 l’aide humanitaire, Blaskic vous a laissé alors que lui, il
19 s’est échappé par la porte en arrière de son quartier
20 général et il vous a laissé dans une situation où vous
21 deviez donner des excuses complètement inacceptables de
22 votre refus concernant l’échange de l’aide pour les
23 prisonniers.
24 Est-ce que vous acceptez que vous avez dit à
25 Williams : que cet échange ne pouvait pas se faire et que
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1 Blaskic vous a laissé avec une tâche complètement
2 impossible ?
3 R. Je suppose que je peux me souvenir de cette
4 réunion puisqu’il y a eu un grand nombre de réunions lors
5 desquelles j’ai parlé avec le Colonel Williams et avec
6 d’autres personnes. Je ne me souviens pas si la cause pour
7 laquelle la réunion a eu lieu était ce que vous venez de
8 citer, mais moi, j’ai essayé toujours d’avoir une attitude
9 transparente vis-à-vis de tous les responsables sur place
10 dans la région de la Zone opérationnelle de la Bosnie
11 centrale, y compris le Colonel Williams, qui était un
12 officier tout à fait correct et qui se comportait de
13 manière tout à fait correcte dans la région de la Bosnie
14 centrale.
15 Q. En septembre 1993, vous avez exercé les
16 fonctions de l’adjoint. Vous avez remplacé Blaskic pendant
17 que lui, il était parti, au moment où Grbavica était
18 attaqué. Est-ce que c’est vous qui avez donné l’ordre de
19 cette attaque ?
20 R. Moi, j’ai participé au commandement et à la
21 préparation de cette opération, mais Blaskic était sur
22 place.
23 Me NICE (interprétation) : Compte tenu du temps,
24 je n’ai plus de questions à poser.
25 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Me Naumovski.
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1 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Merci, Monsieur
2 le Président.
3 Le Général a passé beaucoup de temps devant ce
4 Tribunal en déposant. Donc, je n’aurai pas beaucoup de
5 questions.
6 RÉINTERROGÉ PAR Me NAUMOVSKI
7 (interprétation) :
8 Q. Je n’ai que quelques questions à vous poser,
9 Monsieur le Général.
10 Tout d’abord, en ce qui concerne ces négociations
11 à Sarajevo dont on a parlé beaucoup aujourd’hui, où
12 Monsieur Kordic a remplacé le Colonel Blaskic, est-ce que
13 vous êtes d’accord pour dire que lors de ces réunions, on
14 discutait surtout des passages à travers les points de
15 contrôle organisés par des différentes parties ? Donc, il
16 s’agissait de sujets liés à la normalisation de la vie dans
17 la région de la Bosnie-Herzégovine ?
18 R. Oui. Je peux être d’accord avec cela, même
19 si je n’ai pas participé à ces négociations, mais je peux
20 être d’accord pour dire qu’il s’agissait surtout des
21 questions liées au passage des convois de l’aide
22 humanitaire, y compris les convois de la FORPRONU, et en
23 général, le passage en sécurité des hommes à travers les
24 lignes de front.
25 Q. Donc, nous allons terminer en ce qui concerne
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1 ce sujet. Sur la base de ce que vous venez de dire, nous
2 pouvons conclure qu’il n’était pas nécessaire que des
3 personnes soient des spécialistes en matières militaires
4 afin de pouvoir discuter de ces sujets-là ?
5 R. D’après notre estimation, compte tenu des
6 problèmes et des sujets traités lors de ces réunions, nous
7 avons donc conclu que Dario Kordic pouvait représenter
8 notre partie avec succès.
9 Q. Merci.
10 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Je souhaite que
11 l’on montre au témoin le document Z769, s’il vous plaît.
12 Q. Nous allons en parler très brièvement. Il
13 s’agit d’un des documents qui vous a été montré hier.
14 Cela dit, vous avez vu un grand nombre de
15 documents ces derniers jours et si j’ai bien compris, vous
16 n’avez jamais vu un quelconque de ces documents
17 auparavant ? Donc, ceci n’a pas pu permettre de vous
18 rafraîchir la mémoire.
19 R. Tous les documents qui m’ont été présentés,
20 je les ai vus pour la première fois ici.
21 Q. C’est le document qui a été versé au dossier
22 hier. Il s’agit du document… vous l’avez vu pour la
23 première fois. Donc, vous avez dit que vous n’étiez pas
24 sûr s’il s’agissait d’un document authentique ou pas, mais
25 ma question porte sur la dernière page. Veuillez regarder
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1 la dernière page du texte en langue croate, s’il vous
2 plaît, Général, à la fin, là où Blaskic parle d’autres
3 observations.
4 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Vous pouvez
5 placer sur le rétroprojecteur la dernière page concernant
6 les autres observations.
7 Q. Donc, il s’agit de la dernière page, Général.
8 Vous voyez le point 7 sur lequel le Procureur vous a posé
9 la question d’exprimer votre opinion ou bien plutôt
10 d’interpréter.
11 Dites-nous : Dans notre langue, compte tenu de la
12 manière que ceci a été écrit, est-ce que vous êtes d’accord
13 pour dire que le Colonel Blaskic dit que c’est d’autres
14 personnes qui disent qu’il est gentil, et cætera ?
15 R. Oui, je vois.
16 Q. Donc, vous êtes d’accord pour dire qu’il ne
17 s’agit pas de l’opinion exprimée par Blaskic mais de ce que
18 Blaskic dit sur les opinions exprimées par d’autres ?
19 R. Oui.
20 Q. D’ailleurs, c’est clair d’après le document
21 parce qu’il est mentionné ailleurs que Dzemo Merdan a
22 exprimé une telle opinion.
23 Veuillez examiner le point 8 aussi.
24 R. Le point 8 est encore plus caractéristique.
25 Q. Là, Blaskic exprime son opinion personnelle.
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1 Est-ce que vous êtes d’accord avec moi ?
2 R. Oui.
3 Q. En disant que son impression personnelle est
4 que : soit ils sont complètement perdus, alors ils ont
5 accepté tout, soit ils ne peuvent plus contrôler leurs
6 propres actions, alors ils acceptent tout maintenant afin
7 de créer de l’espace afin de lancer une nouvelle attaque.
8 Ça, c’est l’opinion du Colonel Blaskic, n’est-ce pas ?
9 R. Oui.
10 Q. Merci.
11 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Nous n’avons plus
12 besoin de votre aide.
13 Q. Ensuite, le document Z1477. Il s’agit là du
14 document qui vous a été présenté lorsqu’on a parlé de la
15 proposition de décorer le Colonel Blaskic de la décoration
16 du Roi Kresimir. Inutile de parler en détail de cela, mais
17 simplement, dites-moi : Est-ce que vous savez que le
18 Colonel Blaskic n’a jamais reçu cette décoration, c’est-à-
19 dire que cette proposition n’a pas porté des fruits ?
20 R. Je ne sais pas.
21 Q. Merci. Nous allons traiter de cela plus tard
22 dans ce cas-là.
23 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Monsieur le
24 Président, Messieurs les Juges, hier, nous avons fait une
25 objection concernant le document Z134. Il s’agit du
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1 document où le Procureur n’était pas sûr s’il s’agissait de
2 1992 ou 1993. Nous avons examiné notre objection
3 concernant tous les documents et nous voulons souligner que
4 nous avons fait une objection vis-à-vis de ce document. Je
5 voulais que ce soit clair pour le compte-rendu.
6 Q. Général, aujourd’hui, nous avons parlé de
7 Miro Andric. Si j’ai bien entendu, hier, nous l’avons
8 mentionné. Il était Herzégovine d’origine, n’est-ce pas ?
9 R. Oui. Il venait d’un village près de Mostar,
10 Bijelo Polje près de Mostar. Peut-être qu’il n’était pas
11 né là-bas mais il a été élevé là-bas. Il a grandi là-bas.
12 Q. Et il a travaillé dans cette Commission
13 conjointe, et lorsqu’il est venu, il était officier du HVO
14 et vous avez dit qu’il avait été nommé par l’état-major
15 principal ?
16 R. Oui.
17 Q. Aujourd’hui, le document Z2360.7 vous a été
18 présenté, de juin 1992. Je crois que ceci est lié au
19 Bataillon Frankopan à Bugojno.
20 Est-ce que vous êtes d’accord avec moi pour dire
21 qu’au mois de mai 1992, il y a eu des combats violents avec
22 les Serbes, avec l’armée de la Republika Srpska, l’armée
23 des Serbes de Bosnie dans cette région, parlant de cette
24 période-là ?
25 R. C’était les seuls combats qui se déroulaient
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1 à ce moment-là. Là, je parle de mai 1992.
2 Q. Vous nous avez expliqué que Bugojno ne
3 faisait pas partie de la Zone opérationnelle de la Bosnie
4 centrale ?
5 R. Si. Durant la période dont on parle, si.
6 Q. Mais après, après la restructuration, ce
7 n’était plus le cas ?
8 R. Non.
9 Q. Donc, Bugojno ne faisait pas partie de votre
10 Zone opérationnelle au moment où le conflit a éclaté entre
11 le HVO et l’armée de Bosnie-Herzégovine en Bosnie
12 centrale ?
13 R. C’est correct. C’est exact.
14 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Monsieur le
15 Président, j’ai terminé. Je remercie le Général Filipovic
16 de sa patience. Merci.
17 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Avant que l’on
18 poursuive, vous avez exprimé votre objection vis-à-vis de
19 la pièce à conviction 134. Je suppose que c’est à cause de
20 la date 1992 qui a été remise en question. Il a été dit
21 que le plus probablement, il s’agissait de 1993. Il s’agit
22 d’une question que les juges devront évaluer et
23 interpréter. Il ne s’agit pas de la question de savoir si
24 le document est admissible ou pas, mais les juges devront
25 décider quel est le poids qu’ils vont accorder à ce
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1 document.
2 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Je souhaitais
3 dire que nous avons eu une objection vis-à-vis de
4 l’authenticité de ce document puisqu’il n’a pas été signé.
5 Personne ne l’a signé. Donc, nous ne savons pas vraiment
6 qui l’a vraiment délivré. Donc, ça c’est une objection
7 supplémentaire.
8 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je vois. Nous
9 avons déjà pris une décision à ce sujet, à savoir que le
10 sceau suffit s’il n’y a pas de signature.
11 Me KOVACIC (interprétation) : Je ne souhaite pas
12 m’impliquer mais pour que ce soit dit maintenant pour des
13 raisons pratiques, je vais le dire maintenant pour le
14 compte-rendu. Il est clair si nous regardons le numéro de
15 référence qu’il y a la barre oblique et ensuite 1993 et
16 ceci indique qu’il s’agissait le plus probablement de
17 l’année 1993. Donc, il s’agissait d’une erreur lorsqu’il a
18 été écrit « 1992 ».
19 Deuxièmement, référence est faite à la Brigade
20 Stjepan Tomasevic alors que cette brigade n’existait pas en
21 1992 et elle existait en 1993. Donc, il s’agit là des
22 éléments qui peuvent contribuer lors de l’évaluation du
23 poids à accorder à ce document. Mais je ne souhaitais pas
24 vous influencer, je souhaitais simplement attirer votre
25 attention sur ces éléments-là.
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1 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Merci.
2 Merci d’être venu, Monsieur le Témoin.
3 LE TÉMOIN (interprétation) : Est-ce que je peux
4 dire quelque chose, Monsieur le Président ?
5 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Très
6 brièvement. Normalement, nous ne le permettons pas.
7 LE TÉMOIN (interprétation) : Je souhaite
8 remercier les juges, la Défense et le Procureur de leur
9 comportement correct. À un moment, il m’a été dit que je
10 ne disais pas la vérité. Je ne l’ai pas pris
11 personnellement mais je me suis dit que ça fait partie de
12 la profession et des procédures qui peuvent parfois pousser
13 les personnes à dire ce genre de choses. Donc, je ne l’ai
14 pas mal pris et je remercie tout le monde.
15 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Merci.
16 [Le témoin se retire]
17 Me NICE (interprétation) : Donc, je souhaite
18 intervenir avant le témoin suivant.
19 Tout d’abord, il s’agit de correction d’une pièce
20 à conviction. On a donné la cote 634 hier. Ce devrait
21 être 634.1.
22 Deuxième chose : Dans la première question lors
23 de l’interrogatoire principal, on peut lire au compte-rendu
24 d’audience : « Je peux être d’accord. » En fait, je crois
25 qu’il a dit : « Je pense que je ne suis pas d’accord », et
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1 ensuite, il a dit qu’il pouvait être d’accord sur d’autres
2 choses, mais il n’a pas accepté tout ce qui lui était
3 présenté, tout ce qui était affirmé.
4 En ce qui concerne le troisième point, c’est à la
5 Chambre de décider si l’on peut poser des questions
6 directrices dans le cadre de l’interrogatoire
7 supplémentaire.
8 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Monsieur Nice,
9 vous n’avez pas à faire d’observation à ce sujet.
10 Me NICE (interprétation) : En ce qui concerne la
11 déclaration dont on a parlé hier, la Défense en disposait
12 précédemment.
13 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui. On a
14 fait référence à un document.
15 Mais pendant que l’on fait entrer le nouveau
16 témoin, je voudrais intervenir quelques instants au sujet
17 du calendrier qui va obligatoirement devoir être modifié,
18 et en l’occurrence, nous n’allons pas siéger le 12 juillet.
19 [Le témoin entre dans la Cour]
20 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je vous prie
21 de m’excuser, mais dites au témoin de s’asseoir pendant que
22 nous traitons de ces questions.
23 Je recommence donc. Le 12 mai, il n’y a pas
24 d’audience. Ensuite, passons à juin et encore à juillet.
25 Donc en juin, pendant la semaine du 5 au 9 juin, Monsieur
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1 le Juge Bennouna doit siéger dans le cadre de l’appel
2 Celebici qui fait l’objet d’audience cette même semaine, et
3 en conséquence, Monsieur le Juge Robinson et moi-même, nous
4 proposons de siéger pendant les trois premiers jours de
5 cette semaine aux termes de l’article du Règlement numéro
6 15 bis. Donc, nous tiendrons audience pendant trois jours,
7 mais il n’y aura pas d’audience le 8 et le 9 juin. Mais
8 pour rattraper cela, la semaine qui suivra, nous siégerons
9 le 13 et le 14 juin. Le 12, en effet, est un jour férié.
10 Donc, le 12 mai [sic], pas d’audience ; le 8 et le
11 9, pas d’audience, mais audience le 13 et le 14.
12 Il y aura des modifications dans notre calendrier
13 en juillet du fait d’autres affaires ainsi que du fait de
14 la plénière, mais nous ne pouvons pas traiter de ceci tout
15 de suite. Nous vous ferons connaître la situation dès que
16 possible.
17 Monsieur le Témoin. Je vous prie de nous excuser
18 de vous avoir ainsi fait attendre, Monsieur Nakic.
19 Que le témoin prononce la déclaration solennelle.
20 LE TÉMOIN (interprétation) : Je déclare
21 solennellement que je dirai la vérité, toute la vérité et
22 rien que la vérité.
23 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Veuillez vous
24 asseoir.
25 TÉMOIN : FRANJO NAKIC
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1 (ASSERMENTÉ)
2 Me SAYERS (interprétation) : Monsieur le
3 Président, permettez-moi d’aborder deux questions très
4 brèves avant d’entamer l’interrogatoire principal du
5 Général de brigade Nakic.
6 En ce qui concerne le Témoin Gelic, le Commandant
7 Gelic, il est arrivé d’Istanbul hier. Malheureusement, ses
8 bagages ne sont pas arrivés avec lui. Ils semblent s’être
9 perdus. De ce fait, il est actuellement en train de
10 s’acheter des vêtements et nous espérons que nous pourrons
11 terminer avec la préparation de sa déclaration ce soir et
12 qu’il pourra témoigner demain si cela est possible et si
13 nous… en tout cas, nous avons un autre témoin qui est prêt
14 déjà à déposer. Donc, il n’y aura aucune perte de temps.
15 D’autre part, il y a une erreur au compte-rendu
16 d’audience. À la page 17228, lignes 19 à 20, d’après le
17 compte-rendu d’audience, on peut lire que : « Kordic était
18 préoccupé ou s’occupait de Merdan ». En fait, le témoin a
19 dit exactement l’inverse. Donc, nous souhaiterions que le
20 service de traduction vérifie ceci si possible.
21 INTERROGÉ PAR Me SAYERS
22 (interprétation) :
23 Q. Je vous prie de m’excuser de ce léger retard,
24 mon Général.
25 Donc, nous avons sous les yeux un résumé de vos
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1 déclarations que vous avez lu et que vous avez signé.
2 C’est bien exact, n’est-ce pas ?
3 R. Oui.
4 Q. Tout ce qui figure dans cette déclaration
5 est, à votre connaissance, conforme à la réalité, n’est-ce
6 pas ?
7 R. Oui.
8 Q. Je vais passer très rapidement sur les points
9 suivants. Votre nom, c’est Franjo Nakic, n’est-ce pas ?
10 R. Oui.
11 Q. Vous êtes né le 18 septembre 1941 à Vitez,
12 vous êtes marié et vous êtes marié depuis 35 ans ?
13 R. Oui.
14 Q. La Chambre de première instance dispose du
15 résumé de vos déclarations, et avec la permission de la
16 Chambre de première instance, je souhaiterais que ce
17 document reçoive une cote, et ensuite, on se concentrera
18 sur certains paragraphes.
19 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Notre décision
20 est la même que précédemment. Nous n’acceptons pas que les
21 déclarations des témoins, que l’on en fasse des pièces à
22 conviction qui soient versées au dossier, à moins qu’il n’y
23 ait aucune objection.
24 Me SAYERS (interprétation) :
25 Q. Donc, vous avez été à l’école primaire à
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1 Vitez et au lycée à Sarajevo, n’est-ce pas ?
2 R. Oui.
3 Q. Je crois que vous êtes marié depuis 35 ans,
4 vous avez une fille qui est mariée et une petite fille,
5 n’est-ce pas ?
6 R. C’est exact, effectivement.
7 Q. Vous avez étudié la gestion des entreprises
8 et le marketing à Belgrade et vous avez travaillé pour les
9 chemins de fer nationaux de 1960 à 1975, c’est-à-dire
10 pendant 15 ans, n’est-ce pas ?
11 R. C’est exact.
12 Q. À partir de 1985 et jusqu’en 1988, vous avez
13 été actif au sein du gouvernement de Vitez, mais
14 auparavant, entre 1975 et 1984, vous avez été officier
15 professionnel de la Défense territoriale ou TO dans la même
16 ville de Vitez, n’est-ce pas ?
17 R. Oui, c’est également exact.
18 Q. Ensuite, à partir de 1988 jusqu’à 1992, vous
19 étiez directeur d’une usine, d’une fabrique de vêtements
20 pour enfants à Vitez, n’est-ce pas ?
21 R. Oui.
22 Q. Je ne vais pas vous donner lecture de ces
23 paragraphes pour que vous y répondiez par oui ou par non
24 parce que cela pourrait susciter des objections. Je vais
25 vous demander donc de nous donner un résumé sur vos
Page 17275
1 activités militaires avant le début de la guerre.
2 R. Oui. Eh bien, j’ai fait mon service
3 militaire dans l’armée populaire de Yougoslavie en 1961 et
4 1962 à l’école de réserve à Bileca. Donc, j’étais dans
5 l’ex-JNA. Je suis sorti de cette école avec le grade de
6 sous-lieutenant et ensuite, quand j’ai été réintégré dans
7 la structure civile, j’ai participé à la structure de la
8 Défense territoriale de la JNA, de ce qui était alors la
9 JNA.
10 J’ai assisté à de très nombreux séminaires et de
11 très nombreux cours, et grâce à cela, j’ai pu accumuler une
12 certaine expérience et je me suis spécialisé dans
13 l’infanterie. J’ai travaillé professionnellement au sein
14 de la Défense territoriale entre 1975 et 1984.
15 Ensuite, dans le cadre de l’armée, tout d’abord,
16 j’ai été nommé au sein de la 1ère Brigade de partisans de
17 Travnik qui couvrait la zone de Vitez. Là, j’ai été Chef
18 d’état-major sur une base volontaire dans cette brigade.
19 J’ai reçu plusieurs récompenses et plusieurs décorations
20 dans le cadre de cette brigade et c’est à ce moment-là
21 qu’on m’a conféré le grade de commandant.
22 Q. Que s’est-il passé en avril 1992 ? Est-ce
23 que vous êtes resté au sein de la JNA ou est-ce que vous
24 l’avez quittée, et si c’est le cas, pourquoi ?
25 R. Non. En 1991, je n’étais plus membre de la
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1 1ère Brigade de partisans de Travnik et ceci était déjà une
2 indication que les Croates n’étaient pas les bienvenus dans
3 les unités de la JNA.
4 Donc, dès ce moment-là, j’ai été libre et à partir
5 d’avril 1992, du fait de la situation telle qu’elle
6 évoluait dans l’ex-Yougoslavie et dans mon propre pays, la
7 Bosnie-Herzégovine, j’ai réalisé qu’il était temps pour moi
8 que je rejoigne les rangs du HVO, des unités du HVO. Donc,
9 c’est ce que j’ai fait. C’est-à-dire que ces unités
10 n’étaient pas des unités au sens où on l’entend, par
11 exemple, auprès de la JNA. Il s’agissait d’individus, de
12 personnes qui s’étaient organisées pour protéger, garder
13 leur village face aux positions des forces serbes à Jajce.
14 Q. Donc, vous vous êtes porté volontaire pour
15 être sur la ligne de front face à l’armée serbe à Jajce et
16 ceci en avril 1992 ?
17 R. Oui. À ce moment-là, j’ai réalisé, bien que
18 j’étais un commandant dans la réserve de la JNA, donc à ce
19 moment-là, je me suis porté volontaire pour être soldat au
20 sein du HVO parce que Travnik était bombardée : Slobodan
21 Princip Seljo et la garnison militaire de Busovaca. Donc,
22 j’ai vu qu’il y avait effectivement agression de l’armée
23 serbe sur la Bosnie-Herzégovine et c’était la confusion la
24 plus totale qui régnait. Le pillage était de plus en plus
25 répandu.
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1 Donc, nous nous sommes organisés pour garder nos
2 villages pendant la nuit. Ça a été le début de
3 l’organisation à l’époque.
4 Q. Est-il exact, mon Général, qu’en août 1992,
5 vous avez accepté de prendre le commandement d’une
6 compagnie de garde villageoise à Bila ?
7 R. Bila, c’est une entité qui recouvre plusieurs
8 villages et les dirigeants de Bila se sont rendu compte
9 qu’il fallait s’organiser de la sorte. C’est ainsi qu’on a
10 vu apparaître les gardes villageoises, et moi, j’ai accepté
11 de commander une compagnie à Bila qui recouvrait trois ou
12 quatre villages. Nous nous sommes organisés donc en
13 adoptant la structure d’une compagnie.
14 Q. Pouvez-vous dire aux juges comment il se fait
15 que vous êtes devenu Chef d’état-major de la Zone
16 opérationnelle de Bosnie centrale, qui vous a contacté et
17 comment cela s’est passé et à quel moment ?
18 R. La proposition m’a été faite par le Président
19 de la cellule de crise, Monsieur Santic, qui a proposé au
20 commandement de la Zone opérationnelle qui était à Kruscica
21 à l’époque, donc, ils ont proposé mon nom. Ils m’ont
22 appelé le 29 novembre et ils m’ont dit de venir au QG du
23 commandement. Ça se trouvait alors dans un hôtel. Ils
24 m’ont demandé de venir les voir et le 1er décembre 1992, je
25 suis allé au QG et c’est à ce moment-là qu’on m’a nommé
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1 Chef d’état-major.
2 Q. À ce moment-là, vous avez parlé avec le
3 Colonel Tihomir Blaskic ?
4 R. Oui. Ceci a été précédé par une conversation
5 avec le Colonel Blaskic et c’est lui qui m’a nommé au poste
6 de Chef d’état-major.
7 Q. Cette nomination a eu lieu le 1er décembre
8 1992, n’est-ce pas ?
9 R. Oui, oui, le 1er décembre.
10 Q. Est-ce que vous avez jamais été d’une façon
11 ou d’une autre l’adjoint au Colonel Blaskic ?
12 R. Je n’ai jamais été le second du Colonel
13 Blaskic. À partir de ce jour jusqu’à la fin 1987, j’ai
14 toujours été Chef d’état-major.
15 Q. Je crois que vous releviez du Commandant de
16 la Zone opérationnelle, le Colonel Blaskic, ainsi que de
17 son second, le Colonel Filipovic, à l’époque, n’est-ce
18 pas ?
19 R. Oui, oui. J’étais subordonné au Colonel
20 Blaskic et à son adjoint, le Colonel Filipovic. Le Colonel
21 Filipovic était un ex-officier de la JNA et il avait passé
22 20 ans dans la JNA. C’était un commandant qui avait
23 beaucoup d’expérience, un soldat professionnel et il était
24 sur la ligne de front au sud-ouest de Travnik face aux
25 Serbes. Il était le plus souvent absent du commandement de
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1 la Zone opérationnelle. À ce moment-là, il était
2 commandant d’un groupe opérationnel qui luttait contre les
3 Serbes.
4 Q. Quand il était absent du quartier général,
5 est-il exact que c’est vous qui effectivement preniez les
6 fonctions d’adjoint au Commandant de la Zone
7 opérationnelle ?
8 R. Pas officiellement, pas du fait de mon grade,
9 mais quand Blaskic était absent, j’étais la personne à qui
10 on s’adressait si le Colonel Filipovic était absent,
11 effectivement, mais je n’avais pas de fonctions de
12 commandement en tant que telles. J’étais Chef d’état-
13 major.
14 Q. Il est exact de dire, n’est-ce pas, qu’à
15 partir de juin 1992 jusqu’à la fin de la guerre, c’est le
16 Colonel Blaskic qui a été Commandant de la Zone
17 opérationnelle jusqu’à la fin mars 1994, n’est-ce pas ?
18 R. Oui.
19 Q. Si j’ai bien compris, vous avez gardé le
20 poste de Chef d’état-major du QG jusqu’en 1996 et vous avez
21 été subordonné au Colonel Blaskic, à son remplaçant, le
22 Colonel Filipovic et à son remplaçant, le Général
23 Dragicevic ?
24 R. Oui, c’est tout à fait exact.
25 Q. Je crois qu’on vous a conféré le grade de
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1 Général de brigade dans le cadre de l’armée de la
2 Fédération de Bosnie-Herzégovine et vous avez pris votre
3 retraite de l’armée le 31 décembre 1996 ?
4 R. Oui. On m’a conféré le grade de Général de
5 brigade. C’était en janvier 1996 et après, j’ai été
6 démobilisé de l’armée du HVO.
7 Q. Ensuite, vous avez travaillé dans le cadre du
8 service des affaires économiques de la municipalité de
9 Vitez. C’est exact ?
10 R. Oui, oui. J’ai travaillé dans la
11 municipalité de Vitez, et maintenant, je travaille dans une
12 entreprise qui s’appelle Ekonomik. Je suis responsable du
13 service de marketing et de l’organisation du travail dans
14 cette entreprise.
15 Q. Merci. J’ai une dernière question d’ordre
16 général. Vous êtes un Croate de Bosnie, c’est votre
17 appartenance ethnique, vous êtes catholique et je crois que
18 vous n’avez jamais été membre du HDZ, n’est-ce pas ?
19 R. Oui, c’est bien exact.
20 Q. Pouvez-vous nous dire quelles étaient les
21 difficultés auxquelles vous avez été confronté, les tâches
22 qui étaient les vôtres lorsque vous êtes devenu Chef
23 d’état-major de la Zone opérationnelle au début ou plutôt à
24 la fin décembre 1992 en Bosnie centrale donc ?
25 R. Quand je suis arrivé dans la Zone
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1 opérationnelle, il y avait au QG de la Zone opérationnelle
2 11 personnes et seule l’une de ces personnes avait une
3 formation militaire. C’était le Colonel Blaskic. Tous les
4 autres, c’était des gens qui auparavant étaient civils et
5 qui avaient été au lycée. Je crois qu’aucun d’entre eux
6 n’avait même été à l’université.
7 Le Colonel Blaskic m’a donné la mission
8 d’organiser le commandement au sein du QG de la Zone
9 opérationnelle et il m’a dit donc de créer une formation
10 organisée, des formations organisées parce que ça
11 n’existait pas. Donc, j’avais pour mission d’organiser le
12 QG et d’organiser et de former l’armée, c’est-à-dire de
13 l’organiser et de la former pour lutter contre l’armée
14 serbe.
15 C’était ma mission et elle était considérable
16 parce qu’il y avait très peu d’officiers au sein des
17 Croates, au sein du peuple croate qui avaient suivi une
18 formation militaire supérieure. Il n’y avait que le
19 Général Filipovic dont j’avais entendu parler. Il venait
20 de la région d’où je venais moi-même et c’était lui le seul
21 officier. Ensuite, il y en a eu des plus jeunes qui sont
22 venus, deux ou trois plus jeunes qui sont venus et qui eux
23 aussi avaient reçu une formation militaire supérieure.
24 Q. Un point de détail historique. En janvier
25 1993, est-il exact que Monsieur Kostroman et Ivo Arar et
Page 17282
1 Mario Musa, ses deux gardes du corps…
2 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Il me semble
3 que la question que vous posez va être tendancieuse.
4 Deuxièmement, si vous souhaitez introduire ce genre
5 d’élément de preuve, il faut nous donner le fondement de
6 cette question parce que cela va susciter des objections.
7 C’est toujours le cas.
8 Me SAYERS (interprétation) :
9 Q. Général Nakic, est-ce que vous avez
10 connaissance d’événements qui se sont passés au point de
11 contrôle mis en place à Kacuni à la fin janvier 1993, et si
12 c’est le cas, pouvez-vous nous en parler ?
13 R. Oui. Le 20 ou le 21, je ne suis pas tout à
14 fait sûr, nous avons été informés par le QG de Busovaca que
15 Ignjac Kostroman et ses deux gardes du corps avaient été
16 arrêtés, enlevés, et je crois que Blaskic et Monsieur
17 Kordic n’étaient pas présents dans cette zone.
18 Q. Nous allons maintenant passer au conflit qui
19 s’est déclenché vers la fin janvier à Busovaca.
20 M. LE JUGE BENNOUNA : Me Sayers, j’aimerais
21 demander au témoin, à Monsieur Nakic : Il nous a dit
22 textuellement d’après la traduction : « Je crois que
23 Monsieur Kordic n’était pas présent dans cette zone. »
24 Monsieur Nakic, qu’est-ce qui vous fait dire que
25 Monsieur Kordic n’était pas présent dans cette zone ?
Page 17283
1 R. Je l’ai dit parce que nous avons été informés
2 par le QG que seul Ignjac Kostroman était là. C’est
3 l’information que nous avons reçue du QG de la municipalité
4 de Busovaca.
5 M. LE JUGE BENNOUNA : C’est l’information qui
6 vous a été transmise. Comment l’information vous a-t-elle
7 été transmise ? On vous a dit textuellement que Monsieur
8 Kordic n’était pas présent ou bien on vous a dit que
9 Monsieur Kostroman était présent ?
10 R. On nous a dit que Monsieur Kostroman était
11 présent et qu’il avait été arrêté mais que le Colonel
12 Blaskic ou Kordic n’était pas là sur place.
13 Me SAYERS (interprétation) : Pour l’information
14 de la Chambre de première instance, nous allons fournir un
15 grand nombre d’éléments de preuve au sujet de ce point
16 précis.
17 Q. Maintenant, en ce qui concerne le conflit de
18 Busovaca qui s’est déclenché le 25 janvier 1993 et qui
19 s’est poursuivi pendant les jours qui ont suivi, Général,
20 est-ce que vous pourriez, s’il vous plaît, dire à la
21 Chambre de première instance qui a attaqué qui et la façon
22 dont le conflit s’est développé de votre point de vue en
23 tant que Chef d’état-major ?
24 R. J’ai déjà dit que le 19 janvier, un point de
25 contrôle avait été établi à Kacuni. Nous avons reçu des
Page 17284
1 informations à ce sujet au QG de la Zone opérationnelle, à
2 savoir que dans le village de Kacuni, entre Busovaca et
3 Kiseljak, un point de contrôle avait été établi par l’armée
4 de Bosnie-Herzégovine, qu’il était contrôlé par des soldats
5 de l’armée de Bosnie-Herzégovine et que c’était une
6 compagnie d’environ sept sections avec une trentaine de
7 soldats, qu’ils avaient des lance-roquettes, des RPG et des
8 armes automatiques et quand on sait à quoi sert ce type
9 d’armes, eh bien, on pouvait s’avoir qu’ils s’attendaient à
10 une attaque parce que ce type d’armes est utilisé pour
11 détruire des véhicules et ce genre de choses.
12 Donc, on a bien vu qu’ils s’efforçaient de
13 contrôler l’axe d’approvisionnement entre Busovaca et
14 Kiseljak et le passage de tous les convois sur cette route.
15 Le Général Blaskic se rendait à Kiseljak tous les jours.
16 Donc, l’objectif c’était de l’empêcher de passer librement
17 sur cette route et les incidents ont ainsi commencé.
18 Nous avons des informations selon lesquelles une
19 offensive se préparait dans la zone de Busovaca, ceci afin
20 d’isoler, de couper une partie qui faisait 11 kilomètres de
21 l’axe d’approvisionnement entre Kiseljak et Busovaca, entre
22 Brestovsko et Kacuni, qui se trouvait un peu plus au nord.
23 C’est effectivement ce qui a eu lieu, ce qui s’est
24 passé le 25 et le 25 ou le 26. Nous avons dû quitter le
25 village de Dusina et de Lasva parce que c’était un village
Page 17285
1 qui se trouvait sur l’axe de ravitaillement principal pour
2 tout ce dont avait besoin l’armée de Bosnie-Herzégovine.
3 Une offensive a été lancée à Donje Polje et dans
4 de nombreux villages et pratiquement toute la population
5 croate du village de Solakovici a été obligée de partir.
6 Ce qu’ils ont fait tout d’abord, ça a été de faire partir
7 tout le monde dans le village de Lasva où il y avait 28
8 familles et puis le village de Dusina où il y avait
9 également 28 familles. Il y avait une unité de gardes
10 villageois menée par Zvonko Rajic qui s’est opposée à cela,
11 et lorsqu’il est revenu dans le village pour négocier, il a
12 été tué dans ce village. Il a été massacré dans le village
13 lui-même.
14 Q. Permettez-moi de vous poser un certain nombre
15 de questions de points de détail. Vous avez parlé d’armes
16 de type RPG. « RPG », ce sont bien des lance-grenades
17 antichars, n’est-ce pas ?
18 R. Oui.
19 Q. Est-ce que vous pouvez nous dire où se
20 trouvait le QG de la 333e Brigade de montagne de l’armée de
21 Bosnie-Herzégovine à votre connaissance ?
22 R. Il a établi le barrage avec son unité à
23 Kacuni parce que c’était là que se trouvait le QG de la
24 333e Brigade de montagne.
25 Me SAYERS (interprétation) : Je voudrais attirer
Page 17286
1 l’attention de la Chambre de première instance sur la pièce
2 à conviction D103/1. Il s’agit d’un bulletin de
3 renseignements militaires qui a trait à ces événements.
4 Q. Deux autres questions, Monsieur. Est-il
5 exact que le village de Donje Polje est également connu
6 sous le nom de Polje ?
7 R. Oui.
8 Me SAYERS (interprétation) : Je voudrais
9 maintenant demander l’extrait du recensement de 1991 et
10 ceci pour définir deux choses.
11 LA GREFFIÈRE (interprétation) : Le document sera
12 marqué D205/1.
13 Me SAYERS (interprétation) :
14 Q. Général, en ce qui concerne le document, la
15 pièce à conviction que vous avez sous vos yeux, donc un
16 extrait du recensement de 1991, il y a beaucoup d’éléments
17 qui y figurent. Il y a des chiffres également. Je
18 voudrais simplement affirmer que Donje Polje était
19 exclusivement croate et il n’y avait pas beaucoup de
20 Musulmans, à votre connaissance, tout au moins au début
21 1993. Est-ce que c’est vrai ?
22 R. Il n’y avait aucune maison musulmane dans ce
23 village.
24 Q. Est-ce que vous aviez la possibilité à
25 n’importe quel moment en janvier 1993 de voir dans quelles
Page 17287
1 conditions physiques était le village de Donje Polje après
2 les combats qui ont eu lieu en janvier ?
3 R. Oui. J’avais l’occasion car, accompagné de
4 Dzemo Merdan et des membres de l’ECMM ainsi que des membres
5 de la FORPRONU, j’ai pu visiter les villages de Lasva et
6 Dusina, et ceci pour faire sortir trois vieillards, les
7 oncles de Zvonko Rajic. Moi-même, je me suis rendu en
8 personne et au retour du village de Dusina. Nous avons
9 visité Nezirovici, Solakovici et Donje Polje. Et j’ai pu
10 constater que le village était vide, incendié. Il n’y
11 avait pas de Croates. Il y avait trois fosses communes à
12 côté de la maison de ces vieillards et nous avons déterré
13 cette fosse et il n’y avait plus de population, de
14 villageois croates dans ce secteur, dans cette région.
15 En ce qui concerne les bâtiments, il y avait un
16 certain nombre de signes laissés par la 7e Brigade
17 musulmane et par la 17e Brigade de Krajina. C’était marqué
18 17e de Krajina et 7e Brigade musulmane. Par conséquent,
19 outre la 333e Brigade, il y avait la 7e Brigade musulmane
20 et les formations de la 17e Brigade de Krajina qui ont
21 participé aux attaques.
22 Q. Entendu ! Maintenant, en ce qui concerne
23 l’état des maisons à Donje Polje, elles étaient incendiées
24 et puis le village a été vidé des civils croates. Est-ce
25 que vous avez remarqué également que ceci était le cas
Page 17288
1 également à Oseliste et Gusti Grab, Nezirovici, dans
2 d’autres villages également dans la région de Kacuni ?
3 R. Comme c’était à Donje Polje, c’était pareil
4 également dans les villages que vous venez de citer. Il
5 n’y avait aucun habitant.
6 Me SAYERS (interprétation) : Monsieur le
7 Président, je sais que nous n’avons pas beaucoup de temps
8 mais je pense que la Chambre de première instance connaît
9 bien le terrain. C’est la raison pour laquelle il n’est
10 pas indispensable que le témoin nous montre sur la carte où
11 se trouvent ces villages.
12 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui, vous avez
13 raison. Ce n’est pas indispensable.
14 Me SAYERS (interprétation) : Merci.
15 Q. Maintenant, nous allons revenir au paragraphe
16 3 du résumé… 23, excusez-moi, du résumé. Nous en avons
17 déjà parlé. Est-il vrai que vous avez été nommé comme
18 représentant du HVO par le Colonel Blaskic et que vous
19 deviez donc être avec les autres membres de l’armée de
20 Bosnie-Herzégovine pour mener les négociations ? C’était
21 en 1993.
22 R. Oui. C’est le Colonel Blaskic qui m’avait
23 délivré l’ordre pour me rendre avec Dzemal Merdan pour les
24 négociations. Il était adjoint du Commandant du 3e Corps
25 et effectivement, avec les représentants de la FORPRONU et
Page 17289
1 de l’ECMM, nous avons eu des entretiens à Busovaca dans le
2 Bataillon néerlandais qui se trouvait à Tisovac, à l’hôtel.
3 C’est là où nous avons créé, établi des groupes de
4 travail. En dehors de moi-même, il y avait Zoran Pilicic
5 et il y avait Marko Prskalo également. Et avec
6 Hadzihasanovic, Enver Hadzihasanovic, il y avait deux
7 autres personnes de l’armée de Bosnie-Herzégovine et nous
8 avons constitué un groupe de travail, une équipe mixte ou
9 bien une commission mixte ayant pour objet de résoudre les
10 questions dans la région de Busovaca à cette époque-là.
11 Q. Je pense que vous vous êtes rendu à Kiseljak.
12 Comment vous vous êtes rendu à Kiseljak ?
13 R. Il y avait des obstacles sur la route et
14 c’est la raison pour laquelle c’est par les véhicules de la
15 FORPRONU que nous nous sommes déplacés. On ne pouvait pas
16 se déplacer différemment. C’était des Warriors de BritBat
17 car c’est là également que nous avons eu un certain nombre
18 de réunions et de réunions de travail.
19 Q. Entendu ! Après les opérations de combat en
20 janvier 1993, le HVO a-t-il réussi à contrôler la voie
21 principale qui était également l’accès d’approvisionnement
22 entre Busovaca et Kiseljak ou bien il n’a pas réussi ?
23 R. On n’a jamais réussi jusqu’à février 1994,
24 donc, après les Accords de Washington.
25 Q. En d’autres termes, pour ce qui concerne la
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1 région de Busovaca et de Kiseljak, du point de vue
2 géographique, c’était deux secteurs qui ont été isolés
3 depuis janvier 1993 jusqu’à la fin de la guerre ? Est-ce
4 que j’ai raison ?
5 R. Oui. La route a été coupée sur une longueur
6 de 11 kilomètres. Le HVO n’avait absolument pas la libre…
7 ne pouvait pas circuler librement en direction de Busovaca.
8 Q. Entendu ! Maintenant, nous allons passer au
9 paragraphe 24 de notre résumé. Pourriez-vous nous dire si
10 Monsieur Kordic était en quelque sorte commandant, un
11 commandant militaire dans la région de Busovaca à n’importe
12 quel moment, si vous êtes au courant ?
13 R. Monsieur Kordic était une figure politique.
14 C’était un homme politique. Il n’a jamais été commandant
15 militaire. En ce qui me concerne et mes activités à
16 Busovaca, je ne me suis jamais adressé à Monsieur Kordic.
17 Lui non plus, il ne s’est pas adressé à moi. J’avais des
18 commandants à Busovaca et tous les ordres allaient dans
19 cette direction. Il n’a jamais été commandant militaire.
20 Il n’avait pas de formation militaire. C’était quelqu’un
21 qui manquait de l’expérience et de la formation militaire.
22 Q. Et à votre connaissance – je pense que nous
23 en avons parlé déjà, mais pour la transcription, c’est
24 important – avait-il une formation outre que le service
25 militaire qu’il avait fait normalement comme tous les
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1 autres hommes ?
2 R. Non. Je ne pense pas, parce que quand la
3 guerre a éclaté, pendant la guerre, il ne savait absolument
4 rien sur le plan militaire. Enfin, il n’avait pas de
5 connaissances militaires.
6 Q. À votre avis, était-il qualifié sur le plan
7 par exemple formation pour être un commandant militaire ?
8 R. Monsieur Kordic était quelqu’un qui était
9 très populaire dans le peuple. Le peuple l’aimait beaucoup
10 mais c’est tout simplement parce que c’était un leader
11 politique, mais il n’a jamais commandé. Il ne s’agirait
12 pas d’ailleurs… sur ce plan-là, il ne m’a jamais délivré
13 des ordres. D’ailleurs, moi, je ne lui ai jamais transmis
14 des ordres non plus. C’est avec Monsieur Kordic. Je ne le
15 voyais pas souvent. Il me saluait gentiment parce que
16 j’étais son aîné et puis, il me demandait comment j’allais,
17 mais c’était tout.
18 M. LE JUGE BENNOUNA : J’aimerais demander à ce
19 propos au témoin, au Général Nakic, s’il y a une relation
20 entre les militaires et les politiques, parce que les
21 militaires opèrent effectivement à travers une chaîne de
22 commandement de l’armée, mais est-ce qu’ils opèrent d’une
23 manière complètement autonome ou non et quelle est leur
24 relation avec les responsables politiques. C’est la
25 question que je voudrais vous poser, Général Nakic.
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1 R. Ni le commandement ni moi-même, nous n’étions
2 en aucune relation avec les hommes politiques. Il n’y
3 avait pas de relations entre nous, mais bien évidemment que
4 notre commandement, c’était le QG et c’était selon leurs
5 ordres que nous avons agi et nous avons mis en exécution
6 les ordres du commandement.
7 M. LE JUGE BENNOUNA : Est-ce qu’on peut dire de
8 Monsieur Kordic que c’était un homme d’influence ?
9 R. Au niveau de l’armée ? Non.
10 M. LE JUGE BENNOUNA : Et au niveau de la Zone de
11 Bosnie centrale ?
12 R. Non.
13 Me SAYERS (interprétation) : Avec la permission
14 de la Chambre, dans ce sens, ce sont des sujets qui sont
15 couverts par les paragraphes 35 et 36. Par conséquent,
16 nous pouvons passer tout de suite.
17 Q. Général, le Juge Bennouna vous a posé des
18 questions concernant les relations entre les militaires et
19 les politiques dans la chaîne de commandement. Est-ce que
20 vous pouvez donner la description à la Chambre ? Comment
21 la chaîne de commandement a-t-elle fonctionné ? Vous
22 pouvez commencer par le QG à Mostar, si vous voulez bien.
23 R. En ce qui concerne la chaîne de commandement
24 à la Communauté croate d’Herceg-Bosna, il y avait d’abord
25 le QG et le Général Milivoj Petkovic en était le chef de
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1 l’état-major ; ensuite, la Zone opérationnelle, Colonel
2 Blaskic ; et à titre d’exemple, au nord-ouest
3 d’Herzégovine, une autre Zone opérationnelle, le commandant
4 était Zeljko Siljeg.
5 Toutes les unités de Domobrani appartenaient à la
6 Zone opérationnelle de Bosnie centrale, donc, quand il
7 s’agissait des unités qui se trouvaient dans cette région.
8 En ce qui concerne les unités PPP (ph.) comme
9 Tvrtko II, Vitezovis et les autres étaient subordonnés au
10 QG, donc à l’état-major, à Milivoj Petkovic et au ministère
11 de la Défense. En ce qui concerne la police militaire à
12 Ljubuski également, il a été indispensable de demander une
13 autorisation de la police, et quand il s’agissait de Tvrtko
14 II, il fallait demander l’autorisation de l’état-major pour
15 pouvoir les commander, même si elles se trouvaient dans
16 cette région.
17 Ce n’est qu’à partir du 4 juin 1993 que toutes les
18 unités ont été rattachées au commandement qui a été
19 commandé par le Colonel Blaskic et ce n’est qu’à ce moment-
20 là qu’on a pu les utiliser.
21 Q. Pour que la transcription soit claire, en ce
22 qui concerne les unités spéciales dont vous avez parlé
23 telles que Vitezovis ou Tvrtko II, est-ce que vous pouvez
24 nous dire sous quel contrôle, du point de vue
25 administratif, étaient rattachées ces unités ?
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1 R. C’était l’état-major.
2 Q. Et sur le plan opérationnel ?
3 R. Il a fallu demander l’autorisation pour les
4 intégrer dans les combats. Si par exemple, le Colonel
5 Blaskic donnait l’ordre, à ce moment-là, on pouvait les
6 utiliser. Mais j’ai dit : À partir du 4 juin 1993, ils ont
7 été rattachés au Colonel Blaskic. Ils étaient dans la Zone
8 opérationnelle du Colonel Blaskic.
9 Q. En ce qui concerne la police militaire,
10 Général, une fois de plus, qui était chef du département,
11 de la section de la police militaire à Ljubuski ?
12 R. C’était Monsieur Valentin Coric.
13 Q. Entendu ! Maintenant, nous allons passer au
14 paragraphe 36. Dans cette affaire, il a déjà été dit que
15 le HVO avait été organisé de la manière dont était
16 organisée l’armée en Union Soviétique à l’époque et qu’il y
17 avait un commissaire politique également. On avait dit que
18 ce commissaire politique ordonnait en quelque sorte les
19 activités avec le commandant. Il représentait le parti
20 politique, le seul politique tel que fut le cas en Union
21 Soviétique.
22 Est-ce que dans la Zone opérationnelle de Bosnie
23 centrale ou bien au sein du HVO, il y avait un tel système
24 également qui fonctionnait ? Est-ce que vous le savez ?
25 R. Il y a 20 ans, avant que la guerre se
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1 déclenche, la JNA avait changé son organisation et elle
2 s’adaptait à l’occident et plutôt s’adaptait donc à
3 l’organisation au sein des armées occidentales, et moi, je
4 le sais parce que j’y ai travaillé longtemps. Par
5 conséquent, ce sont les normes de l’occident que nous avons
6 suivies. On a rejeté depuis longtemps la manière de
7 s’organiser au sein des formations selon le concept
8 soviétique. Par conséquent, au début, nous avions un
9 commandant, un adjoint du commandant, et nous avions
10 également deux vice-présidents. C’était par conséquent les
11 gens qui étaient chargés du moral et de la formation de
12 l’armée pour les activités politiques. Il y avait
13 également des personnes qui étaient chargées de logistique
14 et puis, il y avait également… moi, j’étais chef du
15 personnel. Nous avions, bien évidemment, quelqu’un qui
16 était l’aide et qui était chargé de la propagande. C’était
17 Marko Prskalo, mais il a été blessé.
18 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Excusez-moi,
19 mais ce que j’aimerais savoir c’est que, pour que ce soit
20 tout à fait clair : Au moment où vous avez commencé à
21 parler de la JNA, vous avez dit : « notre formation » et
22 c’était un commandant. Ensuite, vous aviez un vice-
23 commandant. Vous aviez donc des adjoints qui étaient
24 chargés de l’information, de la politique, et cætera. Vous
25 parlez du HVO dans ce cas-là, vous ne parlez plus de la
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1 JNA ?
2 R. Oui. Je parle du HVO et pas de la JNA.
3 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui. Merci.
4 Vous pouvez poursuivre.
5 Me SAYERS (interprétation) : Merci.
6 Q. Pour ce qui concerne l’officier chargé des
7 activités politiques et de logistique, qui c’était, s’il
8 vous plaît, pendant votre mandat ?
9 R. C’était Monsieur Marko Prskalo jusqu’au
10 moment où il a été blessé, et par la suite, c’est Dragan
11 Ramljak qui l’avait remplacé.
12 Q. Quelle était la fonction, quel était le rôle
13 et quelles étaient les activités de l’officier chargé
14 d’informations et d’actions politiques ?
15 R. Mais il devait tout simplement renseigner le
16 Colonel Blaskic sur toutes les activités politiques et
17 d’informations, sur la vie culturelle, d’enseignement, de
18 formation. Donc, il devait en informer le Colonel Blaskic
19 et on passait par cet officier.
20 Q. Est-ce que ceci veut dire que ces officiers
21 organisaient des conférences de presse, et ceci pour
22 éventuellement donner des informations à la FORPRONU ou à
23 l’ECMM ?
24 R. Mais c’était une des missions, une des tâches
25 de ces officiers. Ils ont participé régulièrement aux
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1 conférences de presse.
2 Q. Entendu ! Nous vous avons déjà montré le
3 décret sur les forces armées du 17 octobre. Est-ce que les
4 activités politiques au sein des forces armées étaient
5 permises à votre connaissance ?
6 R. Oui. J’étais au courant et j’ai bien retenu
7 l’article 55. On avait interdit toute activité politique
8 au sein de l’armée et que ces soldats n’avaient pas le
9 droit d’être membre d’un parti quelconque.
10 Q. Vous avez parlé de l’article 55 et je pense
11 qu’il s’agissait plutôt de l’article 25, mais vous n’êtes
12 peut-être pas sûr. Est-ce que vous avez respecté cet
13 article ?
14 R. C’est l’article 25 effectivement et nous
15 l’avons respecté.
16 Q. Merci. Nous pouvons maintenant revenir, sauf
17 si les juges ont d’autres questions à poser. Nous pouvons
18 revenir au paragraphe 24. Juste quelques questions.
19 Un juge vous a demandé sur le rôle de Monsieur
20 Kordic et également des hommes politiques au sein de
21 l’armée et vous avez donné la réponse. Est-ce que Monsieur
22 Kordic, à votre connaissance, faisait partie de la chaîne
23 du commandement de la Brigade Nikola Subic-Zrinjski à
24 Busovaca ?
25 R. Non. Le commandement de cette brigade n’a
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1 jamais compté parmi ses membres Monsieur Kordic.
2 Jozinovic, Dusko Grubesic et autres officiers, pendant que
3 j’étais à Busovaca, et j’y suis resté pendant un mois et
4 demi. Par la suite, je suis passé à Vitez. Mais c’est
5 toujours par Dusko Grubesic que j’ai communiqué et jamais,
6 je ne suis passé par Monsieur Kordic.
7 Q. Merci. Nous passons au paragraphe 25. Est-
8 il vrai, Monsieur, que le Colonel Blaskic avait son QG à
9 l’hôtel Lovac dans le village Kruscica au moment où vous
10 avez été nommé comme chef de l’état-major et que par la
11 suite, il avait transféré à l’hôtel Vitez où il est resté
12 jusqu’à la fin de la guerre ?
13 R. À l’hôtel Kruscica, il y avait d’abord le
14 commandement de la Zone opérationnelle, mais au moment où
15 je suis arrivé moi, je suis allé à l’hôtel Vitez car trois
16 ou quatre jours auparavant, ils étaient déjà à l’hôtel
17 Vitez. C’est là où j’ai poursuivi mes activités. Nous y
18 sommes restés jusqu’à la fin de la guerre.
19 Q. Merci. Très brièvement et rapidement, nous
20 allons poursuivre. La question concernant le QG : Est-il
21 vrai que le QG de la Brigade Nikola Subic-Zrinjski à
22 Busovaca était d’abord dans l’immeuble des PTT, et par la
23 suite, il a été transféré dans l’immeuble Sumarija qui
24 était de l’autre côté de la ville ?
25 R. À partir du moment où je suis arrivé, nous
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1 étions dans l’immeuble des PTT. C’était le 1er décembre.
2 Je ne sais pas quand mais ce n’est que plus tard qu’ils ont
3 été transférés à Sumarija et c’était de l’autre côté de la
4 ville.
5 Q. Entendu, mais ce que je voulais savoir
6 c’était tout simplement de constater que la brigade n’a
7 jamais eu son QG dans la région de Tisovac au sud-ouest de
8 Busovaca, n’est-ce pas ?
9 R. Non. Je ne sais pas. Je ne suis pas au
10 courant.
11 Q. Merci. Nous allons passer maintenant à la
12 Commission conjointe mixte de Busovaca. Vous étiez membre
13 de cette commission. Pourriez-vous dire à la Chambre s’il
14 vous plaît comment vous avez été nommé membre de cette
15 commission, qui était encore membre de cette commission et
16 à quel moment on vous a demandé également de prendre part
17 aux activités de cette commission ?
18 R. Mais personne ne m’a demandé, m’a prié. On
19 m’a tout simplement délivrer un ordre. C’est le Colonel
20 Blaskic qui a délivré cet ordre. Donc, Prskalo était avec
21 moi et nous avons eu pour tâche de négocier le cessez-le-
22 feu, de séparer les armées, de ratisser le terrain, de
23 combler les tranchées et puis de réorganiser la vie dans la
24 municipalité de Busovaca. Marko Prskalo et Zoran Pilicic
25 étaient avec moi dans cette Commission conjointe.
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1 Q. Est-il vrai que la Commission conjointe à
2 Busovaca au début a été présidée par le Lieutenant-Colonel
3 Stewart et il y avait également Jeremy Fleming de l’ECMM
4 qui a participé aux activités de la commission ?
5 R. C’est BritBat qui avait assuré sur le plan
6 technique l’organisation des réunions. C’est le
7 Lieutenant-Colonel Stewart qui nous a beaucoup aidés.
8 Ensemble avec nous, il y avait les membres de l’ECMM qui
9 ont participé et ils ont été effectivement guidés, présidés
10 par Monsieur Jeremy Fleming. Eux aussi, ils étaient
11 présents avec leurs représentants au cours des travaux et
12 des activités de cette Commission conjointe, mixte.
13 Q. Et qui a signé l’accord sur le cessez-le-feu
14 en date du 30 janvier 1994… excusez-moi, 1993 ? Justement,
15 c’est à ce moment-là que les hostilités ont cessé à
16 Busovaca.
17 R. Mais il y avait moi-même et puis il y avait
18 Dzemal Merdan également. Nous avons été autorisés par nos
19 supérieurs.
20 Me SAYERS (interprétation) : Monsieur le
21 Président, je pourrais maintenant passer sur quelques
22 autres paragraphes mais je pense que l’Accusation n’a pas
23 d’observations et d’objections à ce sujet-là.
24 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je vous en
25 prie, poursuivez.
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1 Me SAYERS (interprétation) :
2 Q. Est-il vrai que Monsieur Pilicic et Mario
3 Prskalo étaient avec vous mais vous, vous étiez le
4 principal ?
5 R. Oui. J’étais celui qui présidait le groupe.
6 Le deuxième c’était Mario Prskalo qui était chargé des
7 activités politiques et de propagande, et puis, Pilicic qui
8 était chargé du personnel. Je parle de la Zone
9 opérationnelle. Ils m’assistaient.
10 Q. Et de l’autre côté, je pense que c’était
11 Dzemal Merdan, n’est-ce pas ?
12 R. Oui. Il y avait Dzemal Merdan, il y avait
13 deux autres membres de la commission, mais j’avoue que les
14 noms m’échappent de ces deux autres membres.
15 Q. Mais si je comprends bien et si j’ai bien
16 compris la structure de la commission, il y avait un comité
17 de coordination et ce comité de coordination ne se
18 réunissait pas régulièrement. Ensuite, il y avait un
19 groupe de travail. Donc, vous y étiez ainsi qu’il y avait
20 également des membres de l’autre partie, et vous vous
21 réunissiez pratiquement tous les jours pour essayer de
22 résoudre les problèmes quotidiens dans la région de
23 Busovaca. Est-ce que j’ai raison ?
24 R. Oui. En ce qui concerne nos activités de
25 Busovaca, c’était les activités quotidiennes. Nous avons
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1 même séjourné à Busovaca. Nous avons été hébergés à
2 l’hôtel Tisovac, donc avec le Bataillon des Pays-Bas.
3 Nous avons travaillé pratiquement tous les jours.
4 On a fait énormément. On a fait beaucoup de choses au sein
5 de la commission. Les briefings du matin commençaient très
6 tôt et nous avons organisé également des sous-commissions
7 et ces sous-commissions étaient composées des membres de la
8 Brigade de Busovaca.
9 Et puis, il y avait des membres également de la
10 333e Brigade et ils ont transmis les tâches qui étaient les
11 nôtres sur le terrain, et j’ai dit, par conséquent, qu’il
12 fallait d’abord cesser les activités de combat et essayer
13 de résoudre les incidents si jamais notamment il y avait
14 des incidents au niveau des individus.
15 Ensuite, on séparait les armées sur la ligne de
16 front. D’abord, c’était 50 pour cent au début, ensuite, 70
17 pour cent, et puis ensuite, ces lignes ont été complètement
18 séparées et nous sommes arrivés également à combler les
19 tranchées.
20 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Excusez-moi.
21 Je vais vous interrompre. Si jamais on a besoin des
22 détails, c’est la Défense qui va vous poser les questions.
23 Me SAYERS (interprétation) :
24 Q. Nous allons y revenir, mais est-il vrai que
25 chaque partie envoyait les représentants sur le terrain
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1 pour entreprendre des investigations en ce qui concerne les
2 plaintes qui ont été soulevées et ensuite, ils devaient
3 vous rapporter également tous les jours et
4 quotidiennement ? Est-ce que c’est vrai ?
5 R. Oui. Le matin, on a parlé des incidents qui
6 ont eu lieu au cours de la nuit, ensuite, on envoyait les
7 gens sur le terrain avec des tâches très précises.
8 L’après-midi, on se rencontrait de nouveau et le soir,
9 nous, on envoyait les rapports à notre état-major, alors
10 que l’ECMM a envoyé leur rapport à Zagreb parce que c’est
11 là-bas où ils avaient leur siège.
12 Q. Merci. Au cours du mois de février et du
13 mois de mars, vous avez passé beaucoup de temps dans vos
14 activités au sein de cette commission. Ensuite, en mars,
15 elle a été transférée à Vitez et elle a changé son nom ?
16 R. Ceci a été transféré à Vitez parce qu’il n’y
17 avait pas beaucoup de place et il y avait un immeuble a
18 côté du Bataillon néerlandais et c’est là où la désignation
19 de cette commission était une nouvelle désignation de
20 Busovaca.
21 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je pense que
22 c’est le moment propice pour faire une pause, une pause
23 d’une demi-heure.
24 Nous allons vous demander s’il vous plaît,
25 Général, de revenir d’ici une demi-heure.
Page 17304
1 --- Suspension de l’audience à 11 h 02
2 --- Reprise de l’audience à 11 h 32
3 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je vous en
4 prie, Me Sayers.
5 Me SAYERS (interprétation) : Merci.
6 Q. Monsieur Nakic, nous sommes arrivés jusqu’au
7 paragraphe 31 du résumé.
8 Pourriez-vous nous dire maintenant si vous voulez
9 bien si au cours des négociations et des entretiens
10 auxquels vous avez participé, est-ce qu’éventuellement vous
11 avez abouti sur l’accord sur le cessez-le-feu en janvier,
12 donc le 30 janvier 1993, et est-ce qu’on a parlé de
13 Monsieur Kordic lors de ces entretiens, de ces
14 négociations ?
15 R. La commission qui était mixte a travaillé de
16 manière tout à fait autonome avec les représentants de
17 l’ECMM et avec l’escorte de la FORPRONU. Lors de ces
18 réunions, nous étions parfaitement autonomes et il n’y
19 avait personne qui y a participé, sauf un certain nombre
20 bien évidemment des parties qui étaient intéressées, qui
21 participaient à titre d’observateurs.
22 Q. Excusez-moi, je vais vous interrompre. Au
23 moment où vous avez eu des négociations, et ces
24 négociations ont abouti quand même à un accord le 30
25 janvier 1993, est-ce que les représentants du BritBat, les
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1 représentants de l’ECMM ou les représentants de la partie
2 musulmane avaient parlé ou mentionné le nom de Monsieur
3 Kordic ?
4 R. Non, jamais. On n’a jamais demandé quoi que
5 ce soit à son sujet. On n’a jamais mentionné son nom.
6 Q. Entendu ! Maintenant, nous allons passer au
7 paragraphe 32. Il est vrai également que Monsieur Kordic
8 n’a jamais assisté non plus à aucune réunion de la
9 Commission mixte ou celle de Vitez une fois qu’elle a été
10 transférée en mars 1993 ?
11 R. Non, il n’a jamais assisté à des réunions.
12 Q. Je pense qu’il est vrai également qu’on n’a
13 jamais mentionné son nom, tout au moins à votre
14 connaissance, lors d’aucune réunion du comité de
15 coordination de la Commission conjointe, que ce soit de
16 Busovaca, que ce soit de la Commission de Vitez ?
17 R. Non. On n’a jamais mentionné Monsieur
18 Kordic. On ne l’a jamais appelé. On ne s’est jamais
19 adressé à Monsieur Kordic.
20 Q. Merci. Entendu ! Par conséquent, il n’a
21 jamais été employé, fonctionnaire, un facteur dans les
22 activités de cette commission, et lors de votre déposition,
23 il en ressort clairement qu’il n’a pas participé aux débats
24 de la Commission conjointe, ni lors des réunions militaires
25 en janvier 1993, ni plus tard ?
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1 R. En ce qui concerne les réunions où moi-même,
2 j’ai pris part, il n’a jamais assisté à ces réunions et il
3 n’a jamais pris part aux débats.
4 Q. Entendu ! Maintenant, nous allons passer au
5 paragraphe 33. Votre homologue de l’autre côté était le
6 Colonel Merdan. Pourriez-vous nous dire ce que vous avez
7 eu comme sentiment, jusqu’à quel point le Colonel Merdan
8 avait-il un esprit de coopération ? Est-ce qu’il s’est
9 tenu aux accords et aux libellés d’accords ?
10 R. Monsieur Merdan était quelqu’un de très
11 raisonnable, quelqu’un qui appartenait à l’ex-JNA, mais
12 j’ai l’impression qu’il a quand même interrompu ses
13 négociations et les accords sur lesquels nous sommes
14 tombés. Souvent, lors de mes entretiens, j’ai parlé avec
15 Monsieur Merdan de la 7e Brigade musulmane et j’ai appris
16 par d’autres personnes que Merdan était une personne
17 d’influence et je voulais qu’il contacte la 7e Brigade,
18 mais il a nié les contacts avec la 7e Brigade musulmane et
19 il n’est jamais intervenu auprès de cette brigade.
20 Q. Nous passons au paragraphe 34. Y avait-il
21 éventuellement… pardon (l’interprète se reprend), est-ce
22 que le Colonel Merdan pouvait circuler librement jusqu’au
23 30 janvier 1993 ?
24 R. Oui. Monsieur Merdan circulait librement à
25 Busovaca. Il avait même sa tante qui habitait Busovaca et
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1 il la visitait régulièrement. Il n’avait aucune
2 restriction, aucune contrainte de ce côté-là.
3 Q. Nous avons déjà parlé des paragraphes 35 et
4 36. Je passe maintenant à 37 et 38. Par conséquent, de
5 votre point de vue… vous étiez donc Chef du personnel de la
6 Zone opérationnelle de Busovaca. Pourriez-vous nous dire
7 quel est votre point de vue au sujet de la stratégie
8 militaire qui a été adoptée par la partie adverse en Bosnie
9 centrale et au cours de 1993 ?
10 R. Monsieur le Président, Messieurs les Juges,
11 la Bosnie centrale est une des plus belles régions de
12 Bosnie-Herzégovine. Pour ce qui concerne la population qui
13 habitait cette partie de la Bosnie, elle était répartie
14 50/50. Il y avait des Croates et des Musulmans. Il y
15 avait très peu d’autres groupes ethniques qui étaient
16 représentants des villages. La ville même a été mixte.
17 Malheureusement, avec ce qui s’est passé après
18 l’agression de l’armée serbe, elle a fait venir en Bosnie
19 centrale des réfugiés de Bosnie orientale et de Krajina et
20 c’est de cette manière-là que la population, le nombre a
21 commencé à augmenter et des choses laides sont arrivées,
22 des excès différents, des incidents, des pillages,
23 contrebandes, tout ce qui ne se passait jamais, mais ce qui
24 s’est passé pendant cette période n’était véritablement pas
25 beau. Enfin, c’était terrible.
Page 17308
1 D’après moi, les Croates et les Musulmans locaux
2 ne seraient jamais rentrés en conflit s’il n’y avait pas
3 des réfugiés qui sont venus en très grand flux et qui
4 cherchaient à s’installer en Bosnie centrale, alors qu’ils
5 sont arrivés de la Bosnie orientale et de la Bosnie de
6 l’est. Moi, je considère que le conflit a éclaté à cause
7 de ces réfugiés parce qu’eux, ils voulaient absolument s’y
8 installer et ce sont eux qui ont provoqué des incidents.
9 Ils ne voulaient pas se rendre sur les lignes de front face
10 aux Serbes et ils disaient que ce n’était pas leur propre
11 guerre, alors que les Croates allaient régulièrement sur
12 les lignes de front face aux Serbes. Ce sont eux qui ont
13 défendu Jajce.
14 Moi, je me suis rendu au début sur cette ligne de
15 front et je ne sais pas quelles étaient les portions qui
16 étaient défendues par l’armée de Bosnie-Herzégovine, mais
17 sur 12 600 personnes habitants de la ville de Vitez, plus
18 de 700 personnes ont été tuées, plus de 2 000 sont blessées
19 grièvement, beaucoup de handicapés, d’invalides, beaucoup
20 de ceux qui se sont expatriés et qui sont partis un petit
21 peu partout dans le monde.
22 Nous véritablement, dans cette Zone
23 opérationnelle, nous avons mis en œuvre et nous avons
24 respecté les Conventions de Genève. Nous avons même
25 demandé le respect de ces Conventions. Il y a des
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1 individus bien évidemment qui les ont violées, je le
2 comprends et je le sais, mais le commandement ne pouvait
3 pas véritablement exercer une influence sur chaque
4 individu.
5 Q. Nous allons maintenant revenir en janvier
6 1993 une fois de plus. À la veille des opérations de
7 combat à Busovaca, auriez-vous des connaissances sur les
8 détachements de l’armée de Bosnie-Herzégovine de Zenica qui
9 venaient dans la région de Kacuni ?
10 R. L’armée de Bosnie-Herzégovine avait la
11 Défense territoriale qui était très bien organisée. Ils
12 sont restés vraiment bien organisés au sein de la Défense
13 territoriale. Chaque communauté locale avait sa compagnie
14 et les villages avaient leurs pelotons. Ils ont également
15 hérité de l’armement de la Défense territoriale car leurs
16 commandants, à cette époque-là, à Vitez, à Busovaca et à
17 Novi Travnik avaient des QG de TO et ils étaient déjà à la
18 TO et c’est comme ça qu’ils ont pratiquement hérité de
19 l’équipement. Tout est resté à la disposition de l’armée
20 de Bosnie-Herzégovine par la suite.
21 Q. Excusez-moi, je vais encore une fois vous
22 interrompre. La question est beaucoup plus restreinte. Ce
23 que je vous demande c’est de savoir quels étaient les
24 combats au mois de janvier 1993 à Busovaca. Est-ce que
25 tout de suite après ces opérations militaires, il y avait
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1 des détachements de l’armée de Bosnie-Herzégovine qui sont
2 venus de Zenica à Kacuni et il y avait également des unités
3 de la 7e Brigade musulmane ?
4 R. Oui. Il y avait la 333e Brigade, ensuite,
5 Krajisnici et la 7e Brigade musulmane. Tous se sont rendus
6 à Kacuni. J’ai vu des insignes, des symboles qui sont
7 restés, dont les traces sont restées sur les immeubles qui
8 n’ont pas été détruits.
9 Q. Excusez-moi. Je vais vous poser une question
10 d’ordre général avant de passer au paragraphe 38.
11 Pourriez-vous me dire si, en ce qui vous concerne, vous
12 considérez que la stratégie musulmane était de contrôler la
13 route d’approvisionnement, la route principale de Novi
14 Travnik- Vitez et de Vitez à Busovaca, ensuite au sud vers
15 Kiseljak ou non ? Quelle est votre appréciation ?
16 R. L’objectif était de s’emparer de la Bosnie
17 centrale. La stratégie était de couper la Bosnie centrale,
18 par conséquent au niveau de Busovaca et au niveau de Vitez
19 et ensuite, quand la Bosnie centrale a été coupée, il
20 fallait donc également s’emparer des axes de communication
21 et puis de chasser, d’expulser le peuple croate. C’était
22 ça la stratégie et l’objectif.
23 Q. Entendu ! Maintenant, nous allons
24 poursuivre, si vous voulez, bien au paragraphe 39.
25 J’aimerais donc attirer votre attention sur la mi-avril
Page 17311
1 1993. Si j’ai bien compris, à ce moment-là, vous n’étiez
2 pas à Vitez. Au moment où les combats ont commencé, vous
3 étiez absent entre le 14 et le 17 avril 1993, n’est-ce
4 pas ?
5 R. Oui. Entre le 14 et le 21 avril, je n’étais
6 plus au commandement de la Zone opérationnelle de Bosnie
7 centrale. Le 14 avril, on a arrêté quatre officiers du HVO
8 de Novi Travnik.
9 Q. En effet, il y avait trois officiers du
10 quartier général et il y avait un chauffeur, n’est-ce pas ?
11 R. Oui. Trois officiers et un soldat.
12 Q. Entendu ! Cet enlèvement – la Chambre s’en
13 souvient probablement – a eu lieu le 13 avril 1993. Est-ce
14 que vous pouvez très brièvement nous relater cet événement,
15 expliquer à la Chambre en quelle relation vous étiez
16 concernant cet incident, ce que vous avez fait à ce sujet-
17 là ?
18 R. Le matin, lors du briefing, le 14 avril, la
19 Commission conjointe avec moi-même et Monsieur Merdan ainsi
20 qu’un représentant de l’ECMM – je sais que c’était
21 Valentin, un Espagnol ; je ne me souviens pas qui était
22 l’autre également avec nous – nous avons pris la décision
23 d’aller enquêter ce qui s’était passé et nous avons essayé
24 de trouver ces trois officiers qui ont été kidnappés,
25 enlevés, et ce soldat.
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1 Nous sommes partis de cet immeuble de l’ECMM de
2 Bila et la première information que nous avons reçue dans
3 l’immeuble de l’armée à Novi Travnik, nous avons obtenu par
4 conséquent les informations selon lesquelles c’était les
5 Mujahedins qui les ont enlevés, que ces officiers avaient
6 des missions à remplir à Mescema et la ligne de front face
7 aux Serbes, qu’ils rentraient de cette ligne de front,
8 qu’on les a capturés et que c’est en direction de Rostovo
9 qu’on les a emmenés.
10 On nous a dit quel était le véhicule sur lequel on
11 les a fait monter. Il s’agissait d’un camion, camion qui
12 normalement transportait la viande de Bugojno. On les a
13 fait monter dans ce camion et on les a emmenés vers Ravno
14 Rostovo.
15 Nous n’avons pas obtenu d’autres informations
16 auprès du commandement de l’armée. Nous nous sommes par
17 conséquent dirigés vers Ravno Rostovo. C’était un endroit
18 où on formait l’armée de Bosnie-Herzégovine et il y avait
19 une compagnie de Mujahedins qui entraînait les soldats dans
20 cette région.
21 Nous nous sommes rendus par conséquent à Rostovo.
22 On ne nous a pas permis de rentrer même pas dans le cercle
23 de la caserne et encore moins dans l’immeuble. Ils ne
24 voulaient même pas discuter, s’entretenir avec nous. Dzemo
25 Merdan a insisté, mais la réponse était la suivante :
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1 « Nous ne savons absolument rien de ce qui s’est passé.
2 Nous n’avons rien à faire avec. Par conséquent, nous ne
3 voulons pas parler avec vous. », même si nous avions des
4 informations que le véhicule, la voiture se trouvait juste
5 derrière la caserne et que des officiers avec le soldat se
6 trouvaient dans la cave de cette caserne.
7 Nous sommes allés jusqu’au Commandant de la Zone
8 opérationnelle à Bugojno – Selmo Cikotic était son nom – et
9 nous lui avons demandé l’autorisation pour retourner une
10 fois de plus à la caserne, pour nous mettre en contact donc
11 avec ces messieurs qui étaient à Ravno Rostovo, et il nous
12 a dit qu’il n’avait rien à faire avec et que de toute
13 façon, il n’était pas au courant. Il était commandant du
14 groupe opérationnel et dans sa Zone opérationnelle était la
15 caserne Ravno Rostovo.
16 Par conséquent, nous avons fait marche arrière.
17 Nous n’avons rien fait. Nous sommes retournés à Novi
18 Travnik et nous avons tout simplement informé les
19 représentants du HVO que nous n’avons pas trouvé les hommes
20 que nous avons cherchés. Le Commandant de la police
21 locale, Monsieur Stipe Bavrka, a dit à Monsieur Merdan :
22 « Vous pouvez vous considérer, Monsieur Merdan, comme
23 quelqu’un qui est mon prisonnier, mon détenu, et que vous
24 êtes arrêté à Novi Travnik et vous allez y rester tant que
25 vous ne nous ramènerez pas nos officiers. »
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1 C’est là où j’ai réagi et j’ai dit : « Monsieur
2 Bavrka, vous ne pouvez pas vous comporter de cette manière-
3 là. Monsieur Merdan est avec moi. C’est moi qui le
4 protège. C’est moi qui suis responsable pour lui. », alors
5 que Monsieur Stipe Bavrka a dit : « Alors, Monsieur Nakic,
6 vous-même, vous êtes arrêté également. »
7 C’était dans la soirée, c’était à 22 h 30 à peu
8 près, et après les entretiens que nous avons eus avec
9 Bavrka, avec le Commandant Zeljko et moi-même, j’y étais,
10 nous n’avons pas réussi à résoudre le problème et j’ai
11 demandé tout simplement qu’on en informe le Colonel
12 Blaskic. Moi, je l’ai informé sur ce qui s’était passé.
13 Après un entretien qui était fort pénible et dur, après les
14 supplications également, au bout de deux heures et demie,
15 nous avons été relâchés. Nous étions détenus dans une
16 pièce dans cet immeuble et au bout de deux heures et demie,
17 comme je l’ai dit, nous avons été relâchés.
18 Après cela, c’était déjà tôt le matin, j’ai fait
19 un rapport au Colonel Blaskic et je lui ai relaté tout ce
20 qui s’était passé. À ce moment-là, le Colonel Blaskic nous
21 a dit : « Étant donné que le 13 était une journée
22 extrêmement dure pour la commission, rentrez chez vous,
23 Monsieur Franjo, et c’est après-demain que vous pouvez
24 revenir au travail. Je vois que vous n’avez pas dormi. »,
25 ce que j’ai fait. Je suis rentré chez moi.
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1 Le 15, par conséquent, je l’ai passé chez moi. Le
2 16, au moment où je suis parti au travail, où j’étais sur
3 le point d’ailleurs de me préparer, j’étais sur la route.
4 Il y avait déjà des points de contrôle, enfin, des
5 obstacles et des barrages sur la route. Il y avait l’armée
6 de Bosnie-Herzégovine devant les bases de la FORPRONU, côté
7 Vitez, et j’ai fait marche arrière.
8 Je suis rentré chez moi. J’ai appelé au téléphone
9 Monsieur le Colonel. Il m’a dit de rester dans mon
10 village, dans ma formation, de suivre la situation et de
11 voir ce qui se passait dans mon village parce que dans les
12 environs, il y avait le village Sadovace. C’était la ligne
13 de séparation d’une longueur de 300, 400 mètres.
14 Effectivement, moi, je suis resté sur place. Je
15 me suis mis en contact avec le commandant local et il m’a
16 dit que, de toute façon, il n’y avait rien d’extraordinaire
17 qui se passait mais qu’on avait annoncé que des voisins à
18 Sadovace commençaient à creuser des tranchées, et moi, je
19 lui ai suggéré également qu’il était indispensable qu’on
20 commence à creuser des tranchées de l’autre côté, mais
21 surtout de ne pas provoquer, et c’est ce que nous avons
22 fait.
23 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je vais vous
24 interrompre, Monsieur le Témoin.
25 Me Sayers, s’il n’y a rien d’autre qui serait
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1 pertinent, à ce moment-là, nous pouvons poursuivre.
2 Me SAYERS (interprétation) : Non. Nous pouvons
3 passer au paragraphe 40.
4 Q. Est-il vrai qu’en ce qui concerne votre
5 propre expérience, Général, le 3e Corps a toujours essayé
6 donc de soi-disant s’opposer par rapport aux Mujahedins,
7 par rapport à la 7e Brigade musulmane comme des brigades ou
8 des formations dont il ignorait tout ?
9 R. Oui.
10 Q. Est-il vrai que depuis la mi-avril jusqu’au 8
11 juin 1993, Slavko Marin, quelqu’un qui vous était
12 subordonné, était également chargé de vous remplacer ?
13 R. Oui. Au moment où je suis allé au
14 commandement conjoint, c’est Slavko Marin qui m’a remplacé
15 jusqu’en juin.
16 Q. Merci. Maintenant, nous allons passer au
17 paragraphe 42. Là, vous présentez vos points de vue. Il
18 s’agit donc de votre appréciation sur l’armée de Bosnie-
19 Herzégovine et son attitude en avril. Bien évidemment,
20 vous pouvez nous en parler si vous voulez bien là-dessus.
21 R. Oui.
22 Q. Nous allons passer également maintenant au
23 commandement conjoint qui a été établi à Travnik. C’était
24 le résultat des négociations en avril 1993 sur le cessez-
25 le-feu. La Chambre a entendu parler beaucoup de cet
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1 événement. Par conséquent, nous pouvons accélérer.
2 Est-il vrai que le commandement conjoint de
3 l’armée de Bosnie-Herzégovine et du HVO a été établi en
4 résultat des négociations sur le cessez-le-feu et l’accord
5 auquel on a abouti le 21 avril 1993 ?
6 R. Il y avait une réunion qui a eu lieu entre le
7 Général de brigade Petkovic, Sefer Halilovic, Blaskic et
8 Hadzihasanovic et le résultat de cette réunion était
9 l’ordre qui m’a été délivré par le Colonel Blaskic selon
10 lequel moi-même, Zvonko Vukovic et Vlado Juric devaient
11 donc être transférés au commandement conjoint avec l’armée
12 de Bosnie-Herzégovine et le QG aurait dû se trouver à Bila.
13 Ensuite, nous avons transféré ce QG à l’immeuble des PTT de
14 Travnik.
15 Q. Vous avez donc travaillé à Busovaca, à Vitez
16 et maintenant, on vous a demandé d’être au commandement
17 conjoint, n’est-ce pas ?
18 R. Oui, parce qu’il fallait stabiliser la paix
19 dans Busovaca et dans Travnik. C’est la raison pour
20 laquelle le commandement conjoint a été stationné dans la
21 cave de l’immeuble des PTT. C’est là où nous avons
22 commencé à travailler. Nous avons établi des plans pour
23 lutter contre les Serbes dans la région nord-ouest de
24 Travnik.
25 Moi-même, j’ai élaboré ces plans avec mon équipe
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1 et Dzemo Merdan avec son équipe. Il y avait un certain
2 nombre de conditions et de contraintes et je dois dire que
3 nous nous sommes véritablement déployés et nous ne nous
4 sommes pas ménagés pour faire ces plans. Il me semble…
5 Q. Excusez-moi, je vais vous interrompre, s’il
6 vous plaît, Général. Au sein de cette Commission mixte, le
7 Général Merdan était du côté de l’armée de Bosnie-
8 Herzégovine et il était votre homologue, n’est-ce pas ?
9 R. Oui.
10 Q. Pourriez-vous maintenant nous dire si le
11 Général Hadzihasanovic, le Commandant du 3e Corps d’armée,
12 a été coopératif ? Est-ce que lui, il a également négocié
13 au sein de cette commission avec le Colonel Blaskic ou non
14 quand on lui a demandé ?
15 R. Au sein du Commandement conjoint, d’après les
16 informations et d’après nos propres appréciations, on
17 savait que l’armée préparait quelque chose et moi, j’ai
18 insisté auprès du Colonel Blaskic pour qu’il rencontre
19 Hadzihasanovic pour qu’ils s’entretiennent sur les
20 questions d’actualité, mais même si Stewart, Fleming et les
21 autres avaient également insisté que cette réunion ait
22 lieu, Blaskic également avait insisté pour que la réunion
23 ait lieu, la réunion n’a vraiment jamais eu lieu. Pourquoi
24 et quelles étaient les raisons, je pense que ça a été
25 confirmé le 3 juin 1993.
Page 17319
1 Q. Merci, Général. Maintenant, nous allons
2 passer au paragraphe 45.
3 Me SAYERS (interprétation) : Pour informer la
4 Chambre, je voudrais tout simplement attirer l’attention de
5 la Chambre à la pièce à conviction D194/1, page 10. Il
6 s’agit du résumé d’un rapport du BritBat où il est bien
7 écrit que Hadzihasanovic avait refusé ces négociations et
8 cette réunion avec le Colonel Blaskic. C’était juste à la
9 veille de l’offensive qui a eu lieu le 6 juin 1993 à 8 h
10 00.
11 Q. Est-ce que vous pouvez nous dire si cette
12 offensive a été de grande envergure et que cette offensive
13 a été déclenchée au début juin 1993 ?
14 R. C’est le 3 juin 1993 que nous avons vu les
15 premiers incidents et le 6 juin, à ce moment-là, j’étais au
16 siège du commandement conjoint à Travnik et j’ai essayé
17 d’apaiser la situation car c’était des incidents qui ont
18 été provoqués par l’armée le 3 et le 4 juin et je pensais
19 que nous allions surmonter les problèmes et que le conflit
20 n’allait pas être déclenché.
21 Cependant, le 6 juin, une offensive de grande
22 envergure a commencé en provenance du nord-ouest, sud-
23 ouest, les municipalités de Travnik, des parties de Novi
24 Travnik, Busovaca et Vitez ont été attaquées. Selon mes
25 estimations, il s’agissait d’une offensive violente et de
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1 toutes les directions et de tous les types d’armes.
2 Moi, j’avais considéré, d’après également des
3 informations de nos services de renseignements, que le
4 rapport était un par rapport à huit.
5 Q. Je vous interromps. Vous voulez dire que le
6 HVO était beaucoup moins nombreux, les représentants du HVO
7 étaient beaucoup moins nombreux que l’armée de Bosnie-
8 Herzégovine ? C’était huit par rapport à un, n’est-ce
9 pas ?
10 R. Oui.
11 Q. Pourriez-vous nous dire, s’il vous plaît, ce
12 qui s’était passé avec la population croate à l’est et au
13 nord de Travnik et dans d’autres villages également dans la
14 municipalité de Travnik ? Qu’est-ce qui s’est passé
15 pendant cette offensive ?
16 R. Au cours de cette offensive, c’était les
17 villages dans les environs de Travnik qui ont subi de plus
18 grandes pertes et Travnik également. D’abord, il faut dire
19 que la municipalité de Travnik est une grande municipalité.
20 Dans les montagnes, il était très difficile également de
21 défendre ces villages car il y avait véritablement des
22 combats qui étaient très violents. Il y avait des villages
23 sur les pentes de Vlasic qui sont restés vides. Les gens
24 se sont enfuis de Travnik vers Zenica, Cukle, Podovi,
25 Brajkovici, Han Bila. Tous ces villages ont été vidés.
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1 La population civile a été expulsée dans la
2 municipalité de Vitez. De Vitez, ils ont été transférés
3 vers Zenica. Les maisons ont été détruites, incendiées.
4 On voyait des flammes partout. Travnik est restée
5 complètement vidée de Croates. Tout le monde a été chassé,
6 expulsé. Il y en avait qui ont été tués également. À
7 Maljine, par exemple, 48 personnes ont été tuées. On ne
8 sait même pas où ces personnes ont été enterrées.
9 Brajkovici, Grahovici également, 81 personnes portées
10 disparues. Il y avait d’autres villages également.
11 Miletici, par exemple, a subi de très grandes pertes. Moi,
12 j’ai transféré les cadavres à Bila.
13 Q. Quelques points de détail. À peu près
14 combien de réfugiés, de personnes déplacées d’appartenance
15 ethnique croate ont été forcées de quitter leur domicile
16 dans le cadre de l’offensive que vous venez de nous
17 décrire, s’il vous plaît ?
18 R. Plus de 20 000 personnes autour de Bila et
19 Nova Bila, environ 20 000 personnes. Il y a des gens qui
20 sont restés à Guca Gora. Ils se sont réfugiés dans une
21 église, et grâce à l’officier Duncan, j’ai pu les en faire
22 sortir. Malheureusement, sept hommes sont restés sur place
23 et, le lendemain, j’ai dû les enterrer près de l’église.
24 Q. Pendant qu’ils étaient enterrés, il y avait
25 des balles qui sifflaient au-dessus de la tête de ceux qui
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1 assistaient à cet enterrement, n’est-ce pas ?
2 R. Oui, oui. Les gens sont sortis de l’église
3 pour l’enterrement, pour la mise en terre, et il y avait
4 certes une protection de la FORPRONU avec cinq ou six
5 Warriors, mais on a ouvert le feu sur nous et le Général
6 Merdan ne pouvait rien faire. Il y avait des balles qui
7 sifflaient autour de nous.
8 Q. Il a été dit que ces 20 000 personnes environ
9 ont quitté suite à des campagnes de propagande et qu’elles
10 n’ont pas été expulsées par la force armée. Pouvez-vous
11 nous donner vos réactions à ce sujet, s’il vous plaît ?
12 R. Monsieur le Président, Messieurs les Juges,
13 mais qui quitterait sa maison pour aller se réfugier dans
14 les bois alors qu’il était impossible de savoir ce qui
15 allait se passer, s’ils allaient pouvoir trouver refuge
16 chez quelqu’un de suffisamment bon pour les accueillir.
17 Aucune mesure de propagande qu’on puisse s’imaginer ne peut
18 obliger les gens à quitter ainsi leurs foyers. Il faut
19 qu’ils aient été forcés à le faire, et quant à ceux qui
20 n’ont pas quitté leurs foyers, eh bien, on ne les a plus
21 jamais retrouvés.
22 Q. Maintenant, passons au paragraphe 47.
23 Pendant les réunions entre les représentants du HVO et de
24 l’armée de Bosnie-Herzégovine, est-ce que vous pouvez nous
25 dire si le Colonel Merdan a fait des observations, si les
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1 esprits se sont parfois échauffés, s’il y a eu des
2 désaccords qui se sont exprimés lors de ces réunions ?
3 R. À la veille de cette offensive,
4 effectivement, il a dit : « Vous vous souviendrez de nous
5 une fois que l’armée se sera mise en train. », et je peux
6 vous dire qu’effectivement, on s’en est souvenu.
7 Q. Si vous me le permettez, maintenant, je vais
8 passer au point suivant, à savoir le Convoi de la Joie,
9 paragraphes 48 à 51.
10 Au milieu de cette offensive dans la zone de
11 Travnik, il est exact, n’est-ce pas, qu’un convoi organisé
12 par des personnes privées a essayé de traverser la zone de
13 guerre, un territoire qui auparavant était contrôlé par les
14 Croates de Bosnie, les forces armées des Croates de
15 Bosnie ? C’est bien exact, n’est-ce pas ?
16 R. Oui, c’est exact.
17 Q. Nous savons tous car nous avons entendu un
18 grand nombre de témoins au sujet des circonstances dans
19 lesquelles ce convoi a été arrêté et a été pillé et il a
20 été avancé que cet incident était le résultat d’un plan
21 délibéré qui avait été échafaudé non pas par les militaires
22 mais par les politiques. Est-ce que vous pouvez nous
23 donner votre opinion à ce sujet, s’il vous plaît, mon
24 Général ?
25 R. Je n’ai jamais entendu parler d’un tel plan,
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1 du fait qu’il existe ou de sa mise en œuvre. Il s’agit là
2 de quelque chose de spontané. La population était en
3 colère. Il y avait donc 20 000 réfugiés qui n’avaient rien
4 à manger, rien n’était organisé et le Colonel Blaskic a
5 délivré un ordre aux fins de laisser passer le convoi dans
6 toute sécurité. Les militaires n’avaient rien à voir avec
7 tout cela et je vais vous le prouver, vous en donner un
8 exemple.
9 Moi, j’étais avec Dzemal Merdan. Un membre du HVO
10 revenait à la maison et il a été tué par la FORPRONU à
11 environ 100 mètres de chez lui alors qu’il revenait dans
12 son foyer. La FORPRONU l’a pris pour quelqu’un qui
13 participait à l’incident. Il s’appelait Zoran Matosevic.
14 J’ai reçu des excuses officielles de la part de la FORPRONU
15 mais c’était trop tard, bien entendu.
16 Q. La nuit où le convoi a été arrêté dans la
17 zone de Novi Travnik-Vitez, est-il exact que huit enfants
18 croates de Bosnie ont été déchiquetés par des obus de
19 mortiers de calibre 128 qui étaient tirés d’une position
20 située près de Stari Vitez ?
21 R. Oui, c’est exact. C’est l’incident le plus
22 grave qui ait touché les enfants de la ville de Vitez à
23 cette époque. Deux jours plus tard, je suis allé sur
24 place. Je suis allé au point d’impact de cet obus, et à
25 mon avis, c’était un obus de 120 millimètres. Je ne pense
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1 pas qu’il aurait été lancé de Stari Vitez mais plutôt de
2 Bukve ou de Trebinje qui se trouvent près de Bila et de
3 Guca Gora. Moi, à mon avis, c’est la direction d’où aurait
4 pu venir cet obus.
5 Sur la base de ce que j’ai vu sur place, je peux
6 vous dire que c’était une vision d’horreur et je ne peux
7 même pas imaginer quelle a pu être la réaction des mères
8 qui ont ainsi trouvé les corps de leurs enfants
9 déchiquetés.
10 Q. Mon Général, je passe maintenant au
11 paragraphe 51. On a avancé que Monsieur Kordic était
12 quelqu’un qui avait orchestré l’arrêt de ce convoi : Est-
13 ce que c’est exact ?
14 R. Moi, je sais simplement que Monsieur Kordic,
15 on s’est adressé à lui pour lui demander de l’aide et il,
16 en effet, a fourni son assistance à la FORPRONU pour
17 assurer le libre passage et la sécurité du passage du
18 convoi et je n’ai entendu rien d’autre au sujet de
19 l’implication de Monsieur Kordic.
20 Q. Maintenant, passons au paragraphe 52. Est-il
21 exact que les commandants du 4e Bataillon de la police
22 militaire du HVO ont été : tout d’abord, Zvonko Vukovic
23 jusqu’au 18 janvier 1993 ; ensuite, suivi de Pasko Ljubicic
24 qui a occupé ce poste à partir du 18 janvier 1993 jusqu’au
25 1er août 1993 ; et ensuite à la fin de la guerre, Monsieur
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1 Marinko Palavra qui a repris les fonctions de Monsieur
2 Ljubicic à partir du 1er août 1993 ?
3 R. Oui. Il s’agit des trois officiers qui ont
4 occupé le poste de commandant pendant la période où j’étais
5 dans la Zone opérationnelle, au QG de la Zone
6 opérationnelle.
7 Q. Maintenant, passons au paragraphe 53. Est-ce
8 que vous avez vu vous-même des détachements, des unités,
9 des hommes de l’armée croate en Bosnie centrale, pendant la
10 guerre, bien entendu ?
11 R. L’armée croate n’a jamais été présente en
12 Bosnie centrale. Ce qu’on pouvait voir en Bosnie centrale
13 c’était des personnes individuelles qui auparavant avaient
14 été membres de l’armée croate et je crois qu’en fait, ils
15 étaient motivés par le désir de se mettre en avant, de
16 frimer, si je puis dire, en portant ces insignes. Moi, on
17 m’a chargé de faire en sorte que ces insignes ne soient
18 plus portés par ces gens, mais on n’a pas pu le faire
19 jusqu’au bout et il y a même des officiers qui ont refusé
20 d’enlever ces badges, ces galons. Il y avait environ six
21 ou sept personnes qui portaient ce type de badge mais vous
22 ne trouverez personne qui pourra vous dire qu’il y avait
23 des soldats de l’armée croate en Bosnie centrale.
24 Q. Mais ces gens qui ont refusé d’enlever ces
25 insignes de l’armée croate, est-ce que c’était des soldats
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1 du HVO ou des soldats de l’armée croate ?
2 R. Non. C’était des Croates de Bosnie qui
3 avaient été sur la ligne de front en Croatie pour se battre
4 contre les Serbes et qui étaient revenus à la maison et qui
5 étaient revenus avec leurs uniformes. Donc, c’était des
6 Croates de Bosnie.
7 M. LE JUGE ROBINSON (interprétation) : Me Sayers,
8 est-ce que le témoin a une idée du nombre de ces Croates de
9 Bosnie présents et qui étaient revenus et arboraient des
10 insignes de la HV ?
11 Me SAYERS (interprétation) :
12 Q. Mon Général, vous avez entendu la question de
13 Monsieur le Juge. Que pouvez-vous y répondre ?
14 R. Sept ou huit. Je peux même vous donner
15 certains de leurs noms, mais pas plus que ça.
16 Q. À moins que cela ne soit pertinent, je ne
17 pense pas qu’il soit nécessaire de donner ces noms.
18 Mon Général, en temps que Chef d’état-major de la
19 Zone opérationnelle de Bosnie centrale, est-ce que vous
20 avez reçu des ordres, est-ce que votre état-major, est-ce
21 que vos officiers ont jamais reçu des ordres en provenance
22 de la HV ?
23 R. Non, jamais.
24 Q. Est-ce que vous avez jamais entendu quelqu’un
25 affirmer, suggérer, sous-entendre que d’une certaine façon,
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1 les commandants du HVO étaient sous le contrôle d’organes
2 de commandement de la HV ou d’une façon ou d’une autre
3 qu’ils se trouvaient sous la coupe de la HV ?
4 R. La Bosnie centrale n’avait aucun lien avec la
5 HV. Notre état-major principal se trouvait à Mostar et
6 toutes les communications allaient dans ce sens.
7 Q. Maintenant, nous allons passer aux
8 paragraphes 54 et 55. Il a été avancé dans cette affaire
9 qu’il existait une politique concertée au sein des Croates
10 de Bosnie qui soi-disant aurait été mise en œuvre par le
11 HVO et qui avait pour objectif de persécuter les citoyens
12 musulmans de Bosnie.
13 Est-ce que vous pourriez s’il vous plaît assister
14 la Chambre de première instance et nous dire si, à votre
15 connaissance, il existait une telle stratégie, et si c’est
16 le cas, de quelle manière elle était diffusée ?
17 R. Je n’ai jamais entendu parler de telle
18 position politique, et si j’en avais entendu parler, jamais
19 je n’aurais mis cet uniforme. Donc, je n’en ai jamais
20 entendu parler et personne ne m’a jamais parlé ou donné des
21 instructions relatives à une telle stratégie, une telle
22 politique. Moi, j’ai mis cet uniforme pour lutter contre
23 les Serbes. C’est la seule raison pour laquelle je l’ai
24 fait. Cependant, plus tard, les combats ont pris une telle
25 nature que j’ai dû me battre pour protéger ma famille.
Page 17329
1 Q. Vous nous dites que vous n’avez jamais
2 entendu exprimer de telle position politique et que si ça
3 avait été le cas, vous n’auriez jamais porté cet uniforme.
4 Que voulez-vous dire par là, mon Général ?
5 R. Jamais. Eh bien, je n’aurais pas rejoint les
6 rangs d’une telle armée. Ça, c’est indéniable. Moi, je ne
7 pouvais pas donner de tels ordres ou accepter de tels
8 ordres. J’ai été élevé pour apprendre à vivre en Bosnie-
9 Herzégovine avec toutes les communautés ethniques. C’est
10 là que je suis né, c’est là que j’ai grandi et c’est là que
11 j’espère pouvoir continuer à vivre jusqu’à la fin de mes
12 jours, de la même façon, parce que la Bosnie-Herzégovine
13 c’est mon pays et je n’en ai pas d’autre.
14 Q. Avez-vous eu connaissance d’ordres donnés aux
15 soldats du HVO aux fins de harceler, de persécuter les
16 personnes musulmanes dans les zones relevant de la
17 compétence de la Zone opérationnelle de Bosnie centrale ?
18 R. J’ai délivré ces ordres mais pas aux fins de
19 persécuter les gens. Ce type d’ordre n’a jamais existé.
20 Mes officiers chargés des opérations ont écrit ces ordres
21 mais ils n’ont jamais été signés par Monsieur Blaskic.
22 Q. À quels ordres faites-vous référence ?
23 R. La seule chose qu’il ait signé c’était
24 relatif à l’utilisation des troupes et au respect des
25 Conventions de Genève mais aucun ordre tendant à persécuter
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1 les Musulmans.
2 Q. Mon Général, avez-vous entendu parler d’une
3 telle stratégie politique de persécution, de harcèlement
4 aux fins de rendre la vie difficile aux Musulmans ? Est-ce
5 que vous avez jamais entendu une telle politique encouragée
6 par des membres, des militaires croates de Bosnie ou tout
7 autre groupe politique ou toute autre personne ?
8 R. Non, jamais.
9 Q. Je vais en terminer assez rapidement avec
10 votre interrogatoire principal.
11 Dernier sujet : le paragraphe 60. Si on vous pose
12 des questions à ce sujet, on va peut-être vous demander des
13 questions au sujet des massacres de Croates à Dusina,
14 Miletici, Krizancevo Selo et Buhine Kuce et autres endroit
15 que vous avez mentionné. Vous pouvez répondre, n’est-ce
16 pas ?
17 R. Oui.
18 Q. Mais moi, quant à moi, je ne vais pas évoquer
19 cela. Je vais passer au paragraphe 56. Je voudrais savoir
20 si vous connaissiez Monsieur Kordic avant la guerre.
21 R. Je ne le connaissais pas avant la guerre.
22 Q. Et pendant la guerre, est-ce que vous le
23 connaissiez bien ?
24 R. Pendant la guerre, je ne le connaissais pas
25 non plus très bien parce que nos différentes fonctions
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1 étaient différentes. Moi, je m’occupais des affaires
2 militaires, Monsieur Kordic lui, d’affaires civiles. Et là
3 où je l’ai vu le plus souvent, c’était lors des conférences
4 de presse. Mais souvent d’ailleurs, le plus souvent à la
5 télévision s’il y avait de l’électricité. Mais je l’ai vu
6 très rarement à l’état-major. Je l’ai rencontré
7 personnellement très rarement.
8 Q. Est-ce que pendant la période que vous avez
9 passée à la tête de l’état-major de la Zone opérationnelle,
10 est-ce que vous avez eu des discussions avec Monsieur
11 Kordic au sujet d’affaires militaires ?
12 R. Autant que je m’en souvienne, je n’ai jamais
13 parlé à Monsieur Kordic de questions militaires. Moi-même,
14 j’étais un soldat. J’avais un officier supérieur et
15 c’était à lui que je m’adressais pour parler de questions
16 de ce type et également avec mes subordonnés. Si les
17 civils étaient impliqués, les autorités civiles étaient
18 impliquées, je pouvais également m’adresser à elles, mais
19 je ne me suis jamais adressé à lui personnellement à ce
20 sujet.
21 Q. Est-ce que le Colonel Blaskic vous a jamais
22 dit ou suggéré que vous étiez contraint d’accepter les
23 ordres ou les instructions de Monsieur Kordic d’une façon
24 ou d’une autre ?
25 R. Monsieur Blaskic ne m’a jamais dit que
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1 monsieur Kordic lui a jamais ordonné quoi que ce soit. Ils
2 avaient des entretiens, mais je ne sais pas à quel sujet.
3 Q. Avez-vous jamais entendu dire que Monsieur
4 Kordic ait essayé ou ait donné des ordres ou des
5 instructions de nature politique au Colonel Blaskic ou à
6 qui que ce soit d’autre détenant un poste élevé au sein du
7 HVO ?
8 R. Non, jamais.
9 Q. Enfin, dernière question : Est-ce qu’à votre
10 connaissance, Monsieur Kordic avait un contrôle quelconque
11 sur la police militaire ou sur des unités la constituant
12 telles que les Jokeris ou des unités spéciales ?
13 R. Je n’ai jamais entendu parler de cela et je
14 ne pense pas que c’était le cas. Il n’y avait aucune
15 raison pour cela parce que ces unités avaient leurs propres
16 commandants.
17 Me SAYERS (interprétation) : Merci, mon Général.
18 Maintenant, les conseils de la Défense de Monsieur
19 Cerkez vont vous poser des questions et il y aura également
20 des questions qui viendront de l’Accusation.
21 CONTRE-INTERROGÉ PAR Me KOVACIC
22 (interprétation) :
23 Q. Bonjour, Général Nakic. Nous avons eu
24 l’occasion de parler brièvement avant votre déposition.
25 J’aimerais vous poser quelques questions, mais par
Page 17333
1 différence à mon confrère, Me Sayers, vous avez parlé deux
2 langues différentes alors que nous, on parle la même
3 langue. C’est la raison pour laquelle je vous demande de
4 bien vouloir attendre la fin et ménager des pauses pour que
5 les interprètes puissent terminer la traduction, s’il vous
6 plaît.
7 Donc, juste pour éclaircir quelques points, étant
8 donné que vous avez résidé dans cette région à plusieurs
9 reprises, on en a parlé aujourd’hui, on a parlé du village
10 Bila. Bila se trouve dans la région de la municipalité de
11 Vitez, n’est-ce pas ?
12 R. Oui.
13 Q. Il y a un autre village dont on a parlé et
14 qui s’appelle Nova Bila et la municipalité Travnik. Est-ce
15 que c’est vrai ?
16 R. Oui.
17 Q. Eh bien, le village Bila est dans la
18 municipalité de Stari Vitez, alors que l’autre, Nova Bila,
19 est dans la municipalité de Travnik, n’est-ce pas ?
20 R. Oui.
21 Q. Moi, je pense que c’est par moment confus
22 pour quelqu’un qui ne connaît pas bien la géographie,
23 notamment quand on vient de l’extérieur, n’est-ce pas ?
24 R. Oui.
25 Q. Vous, de cette région, quand vous dites Bila,
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1 on parle en effet de Nova Bila alors que quand on dit Stara
2 Bila, à ce moment-là, on parle de la Stara Bila de Vitez.
3 Est-ce que nous sommes bien d’accord là-dessus ?
4 R. Oui.
5 Q. Par conséquent, le village où vous habitiez
6 s’appelle Marasi ?
7 R. Oui.
8 Q. Par conséquent, il s’agit d’un village qui
9 est dans le territoire de Bila ?
10 R. Oui.
11 Q. Par conséquent, c’est la municipalité de
12 Vitez, n’est-ce pas ?
13 R. Oui.
14 Q. Vous nous avez parlé beaucoup aujourd’hui de
15 janvier 1993, plutôt de la fin du mois de janvier 1993.
16 Quand les conflits se sont déclenchés à Busovaca, il n’y
17 avait pas de conflit à Vitez entre les Croates de Bosnie et
18 les Musulmans de Bosnie ?
19 R. Non.
20 Q. En ce qui concerne les barrages sur la route
21 qui traverse Vitez, la vallée entre Busovaca et Vitez et ce
22 barrage a été érigé en octobre 1992, entre le 20 et le 25
23 octobre 1992, c’est ce barrage qui a été dressé à côté de
24 Ahmici. Il y a un conflit ouvert qui s’est déclenché entre
25 l’armée de Bosnie-Herzégovine de Ahmici et le HVO. Vous
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1 êtes au courant, n’est-ce pas ?
2 R. Oui.
3 Q. À ce moment-là, donc à la veille, le 19
4 octobre 1992, l’armée de Bosnie-Herzégovine a érigé un
5 barrage sur cette même route mais de votre côté donc dans
6 le secteur de Grbavica. Est-ce que vous êtes au courant ?
7 R. Oui, tout à fait.
8 Q. Je pense que vous-même, vous vous êtes rendu
9 en personne parce que vous y habitez ?
10 R. Oui.
11 Q. Pourriez-vous me dire qui a érigé ce barrage
12 et comment il se présentait, s’il vous plaît ?
13 R. Le 19 octobre, vers 10 h 00, moi, j’étais
14 commandant local dans la communauté locale Bila et j’ai été
15 informé qu’il y avait un barrage qui a été dressé en
16 contrebas par rapport à Grbavica dans le secteur de GP
17 Bosna. Il s’agit de Grbavica et d’un quartier qui est
18 habité par des Musulmans. J’ai appris qu’il y a donc des
19 barrages qui ont été dressés pour bloquer la route Travnik,
20 Vitez, Busovaca, Kiseljak.
21 Moi, je suis donc rendu sur place. J’étais chez
22 moi à la maison et je suis allé pour voir un petit peu ce
23 qui se passe et en dessous de Bosna, il y avait un
24 tracteur, il y avait un car, il y avait quelques troncs
25 d’arbres également qu’on avait mis tout ensemble et il y
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1 avait une foule également, une dizaine de soldats. Les
2 autres, c’était des civils et ils ont tout simplement
3 bloqué la route. La parole principale a été menée par
4 hodza, par l’imam de Han Bila, alors que Han Bila est à 10
5 kilomètres au nord de Stara Bila.
6 J’ai demandé à parler au commandant, à mon
7 collègue Enver Salkic. Je voulais tout simplement lui
8 parler, savoir qui a dressé ce barrage. Il m’a dit qu’il
9 n’y était pas. L’imam était venu et il a dit : « C’est moi
10 qui l’ai dressé. C’est moi qui suis le principal ici. »
11 Moi, j’ai rétorqué, j’ai dit : « Toi, tu ne peux pas être
12 le principal tant que Enver est là et tant que j’y suis.
13 Toi, tu peux retourner à Han Bila pour essayer de mettre de
14 l’ordre et c’est nous qui allons mettre de l’ordre ici. »,
15 alors que lui, il a résisté et il a dit : « Enver ne fera
16 strictement rien. »
17 Au bout de deux heures, Enver est venu. Nous
18 avons eu un entretien qui était tout à fait raisonnable et
19 le barrage a été démantelé, mais pendant que je me suis
20 entretenu avec lui, du côté donc croate également, on a
21 érigé un barrage. Il y a quelques arbres qui ont été
22 abattus et moi, je suis allé également là-bas et au bout de
23 quelque temps, le barrage a été démantelé, la route a été
24 libérée.
25 Q. Est-ce que, Général, ces événements
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1 démontrent que la situation était assez tendue dans la
2 vallée ?
3 R. Oui. Une fois de plus, ça s’est démontré.
4 Ce sont les gens de l’extérieur qui s’ingéraient dans les
5 affaires qui ne les concernaient pas et c’est comme ça que
6 ça a commencé.
7 Q. Au moment où vous avez demandé qu’on
8 démantèle le barrage, est-ce que vous avez entendu
9 également parler des raisons pour lesquelles ce barrage a
10 été monté ?
11 R. C’est tout simplement qu’on voulait interdire
12 le passage des soldats du HVO alors que notre armée se
13 rendait à Jajce, à Vlasic pour mener la lutte contre les
14 Serbes. Ce n’était pas une guerre des Musulmans. C’était
15 une guerre entre les Croates et les Serbes. Je ne sais pas
16 pourquoi ils voulaient nous empêcher de passer. C’était
17 l’armée qui devait donc venir en provenance de Busovaca et
18 de Kiseljak et aller sur les lignes de front contre les
19 Serbes.
20 Q. De toute façon, ce matin, vous avez essayé de
21 résoudre cette situation. Est-ce que vous avez appris
22 également qu’il y avait un barrage qui a été dressé sur la
23 route de Ahmici ?
24 R. Oui, je l’ai appris.
25 Q. Juste pour apporter un peu plus de
Page 17338
1 précisions, est-ce que quelqu’un vous a demandé des
2 instructions pour résoudre la question ou bien
3 éventuellement c’est sur votre propre initiative ? Vous
4 êtes commandant local.
5 R. Bien évidemment, je n’ai reçu aucune
6 instruction. C’est moi-même qui ai pris la décision de
7 résoudre la question.
8 Q. Merci. Vous avez parlé des patrouilles
9 villageoises maintenant et vous étiez donc le commandant
10 local de ces patrouilles. J’aimerais vous demander
11 d’apporter quelque peu plus de précisions. Au cours de
12 1992, les patrouilles villageoises ont été organisées un
13 petit peu partout dans les villages ?
14 R. Oui.
15 Q. Elles existaient aussi bien dans les villages
16 croates que dans les villages musulmans, n’est-ce pas ?
17 R. Oui.
18 Q. Par moments, ces patrouilles étaient mixtes
19 également, n’est-ce pas ?
20 R. Oui.
21 Q. Ça dépendait également de l’ambiance qui
22 régnait dans le village, un peu plus d’animosité ou un peu
23 moins et ça changeait en fonction de ça ?
24 R. Oui.
25 Q. À Marasi, c’était un village croate à 100
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1 pour cent ?
2 R. Oui.
3 Q. Votre patrouille était établie et elle
4 existait ?
5 R. Oui.
6 Q. E le village avoisinant ?
7 R. Oui. Il y avait également une patrouille
8 villageoise.
9 Q. Et Sadovace, c’était un village musulman en
10 majorité ?
11 R. Oui. Il y avait peut-être une maison, mais
12 le reste, c’était des Musulmans.
13 Q. Il y avait un autre motif pour établir, créer
14 des patrouilles villageoises qui se résumait à la peur de
15 l’autre ?
16 R. Il y avait une ambiance générale qui était le
17 résultat de l’agression de l’armée serbe sur la Bosnie-
18 Herzégovine et comme mon village se trouvait à proximité de
19 Novi Travnik et de Vitez qui ont été pilonnées et qui ont
20 été bombardées, les lignes de front serbes se trouvaient à
21 16 kilomètres, 15, 16 kilomètres. Ce n’était pas loin.
22 Par conséquent, c’était tout à fait normal. Nous
23 avons tout simplement eu pour objectif de défendre nos
24 propres villages car à Vlasic, ces lignes auraient pu très
25 vite être reprises par les Serbes et par conséquent on
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1 s’attendait à ce qu’on nous sache. Tout pouvait arriver.
2 C’est la raison pour laquelle les gens se sont
3 organisés au sein des patrouilles villageoises. Ils ont
4 tout simplement circulé en ville pour défendre leurs
5 propres maisons et leurs propres villages.
6 Q. Général, à cette époque-là, la République de
7 Bosnie-Herzégovine était déjà reconnue. C’est un nouvel
8 État. Est-ce que vous êtes d’accord avec moi pour dire que
9 le gouvernement central de cet État ne fonctionne pas à ce
10 moment-là et qu’une des raisons pour lesquelles le peuple
11 s’organise tout seul est à cause de ça ?
12 R. Oui. C’est une autre raison. Il n’y avait
13 pas donc de pouvoir qui était mis en place en Bosnie-
14 Herzégovine, même au sein de la municipalité. Le
15 gouvernement était quelque peu dissout et puis il y avait
16 des points de vue différents, et pour organiser la vie, il
17 était indispensable que les gens se regroupent, se
18 rassemblent et c’est une deuxième raison, effectivement.
19 Il y avait une absence de fonctionnement des autorités de
20 l’État et des autorités au niveau de la municipalité.
21 Q. Nous sommes encore en 1992. Je pense qu’il y
22 a la criminalité qui est en hausse ?
23 R. Oui. Hors-la-loi, la criminalité, le
24 pillage, le flux des réfugiés assez important. Ils
25 recherchent tout : aussi bien la nourriture que l’argent,
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1 les voitures, le patrimoine. Il y avait cette troisième
2 raison également pour laquelle ces patrouilles villageoises
3 ont été organisées. C’est parce qu’effectivement il y a ce
4 flux de réfugiés. Il y avait donc ce pillage, les
5 contrebandes, enfin, il y avait l’augmentation de la
6 criminalité, et cætera.
7 Q. Les patrouilles villageoises en 1992 n’ont
8 pas fait partie des formations militaires, ni dans les
9 villages musulmans, ni dans les villages croates ?
10 R. Non. C’était des unités qui étaient
11 autonomes et les commandants également étaient désignés de
12 la manière où, par exemple, quelqu’un venait et il disait :
13 « Moi, je suis votre commandant. Par conséquent, vous
14 devez m’obéir. Vous devez donc faire partie des
15 patrouilles villageoises, vous rendre sur les lignes de
16 front », et cætera. Non, ce n’était pas organisé du point
17 de vue militaire.
18 Q. Monsieur Nakic, ce sont vos voisins qui vous
19 ont désigné commandant local des patrouilles villageoises ?
20 R. Oui. Il y avait quelqu’un qui probablement a
21 eu l’idée de me désigner parce qu’on avait appris que moi,
22 j’avais une formation militaire et c’est la raison pour
23 laquelle on m’avait désigné comme commandant local de trois
24 ou quatre villages.
25 Q. Encore quelques petites questions. Qui a
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1 armé et comment ? D’où ils ont eu les armes ?
2 R. Chacun se débrouillait comme il pouvait.
3 Q. Il n’y avait pas donc de fournitures et de
4 livraisons d’armes organisées ?
5 R. Non.
6 Q. Est-ce qu’il y avait des différences entre
7 les Musulmans et les Croates à ce niveau-là en 1992 ?
8 R. C’était absolument la même chose, sauf que
9 les Musulmans déposaient de l’équipement et des armes de la
10 Défense territoriale. Je ne sais pas où ça se trouvait, de
11 toute façon.
12 Q. Merci. En ce qui concerne l’armée de Bosnie-
13 Herzégovine qui s’est transférée en armée à partir de la
14 Défense territoriale vers la fin 1992 et 1993, elle avait
15 quatre points d’appui à Vitez ou plutôt dans la
16 municipalité de Vitez. Si vous voulez bien me le confirmer
17 ou me corriger si je fais une erreur.
18 Je pense qu’ils avaient un point d’appui à
19 Preocica. Il y avait le commandement de la 325e Brigade de
20 l’armée de Bosnie-Herzégovine. Est-ce que c’est exact ?
21 R. Oui.
22 Q. Est-ce que vous pouvez nous donner la période
23 également ? Est-ce que vous pouvez nous dire à quel moment
24 ils se sont installés là-bas ?
25 R. C’était en octobre à peu près.
Page 17343
1 Q. C’était l’automne 1992 ?
2 R. Oui.
3 Q. Ensuite, il y avait Kruscica, et pour le
4 secteur de Kruscica et de Vranjska, il y avait le 1er
5 Bataillon également qui stationnait et le commandement, le
6 QG, n’est-ce pas ?
7 R. Oui.
8 Q. Ensuite, Poculica… Excusez-moi. Je m’excuse
9 auprès des interprètes. Il paraît que je parle trop vite.
10 À Poculica, qui couvrait Ahmici et d’autres
11 villages, il y avait le 325e Bataillon de l’armée de BiH ?
12 R. Oui.
13 Q. Ensuite, Bukve, qui couvrait Sadovace et
14 également Grbavica, c’était le 3e Bataillon ?
15 R. Oui.
16 Q. C’était par conséquent les points d’appui de
17 Bosnie-Herzégovine début 1993 ? C’était fin 1992, début
18 1993 ?
19 R. Oui, mais il y avait le 4e Bataillon à Stari
20 Vitez.
21 Q. Oui. J’y ai pensé, mais je n’ai pas parlé de
22 ce 4e Bataillon. Mais comme vous parlez de Stari Vitez,
23 Général, et pour ne pas revenir plus tard à cette question,
24 est-ce que vous serez d’accord avec moi, en votre qualité
25 de militaire, que Vitez était donc un siège militaire ? Je
Page 17344
1 parle de Stari Vitez.
2 R. Oui.
3 Q. Vous avez également mentionné que, enfin, le
4 Bataillon de la 325e Brigade y était. Est-ce que vous
5 savez à peu près quels étaient les effectifs de ce
6 bataillon ?
7 R. Entre 600 et 700 hommes.
8 Q. Uniquement à Stari Vitez ?
9 R. Oui.
10 Q. Par conséquent, vous êtes d’avis qu’outre les
11 soldats, il y avait également tous les conscrits qui
12 étaient pratiquement mobilisés ?
13 R. Oui. Tout le monde a été mobilisé.
14 Q. Conviendrez-vous avec moi que cette unité
15 était armée ?
16 R. Non, dans un premier temps, mais plus tard,
17 oui.
18 Q. Quand le 16 avril, le conflit s’est
19 déclenché, elle était déjà armée ?
20 R. Oui.
21 Q. Seriez-vous d’accord avec moi pour dire que
22 malgré l’environnement général, elle avait également des
23 possibilités pour s’approvisionner ?
24 R. Oui. Je pense que oui.
25 Q. Seriez-vous d’accord avec moi que, malgré
Page 17345
1 deux actions et deux offensives du HVO, Stari Vitez ait pu
2 se maintenir et que le HVO n’a jamais contrôlé cette
3 région ?
4 R. Oui.
5 Q. Et que cet état de fait a duré pendant 11
6 mois ?
7 R. Oui.
8 Q. Est-ce qu’en votre qualité de militaire et
9 connaissant également la situation parce que vous étiez sur
10 place, vous avez pu conclure qu’il s’agissait, en effet,
11 d’une localité qui a été détendue du point de vue
12 militaire ?
13 R. Je pense que c’est une région qui a été bien
14 défendue du point de vue militaire.
15 Q. Merci.
16 Me KOVACIC (interprétation) : Monsieur le
17 Président, excusez-moi, juste pour la transcription, je
18 pense qu’il y a une petite erreur qui s’est glissée à la
19 ligne 19. Je pense que la réponse n’était pas correcte,
20 mais de toute façon, nous pourrons le vérifier tout à
21 l’heure ou bien éventuellement demain matin.
22 Q. Vous nous avez parlé de vos activités au sein
23 de la Commission conjointe, de la Commission de Vitez.
24 Pour ne pas revenir à cette première partie quand elle
25 était encore la Commission de Busovaca, je vais essayer de
Page 17346
1 résumer. Je ne suis pas sûr que tout le monde a tout
2 compris.
3 Au niveau supérieur de cette commission, il y
4 avait les représentants de la Zone opérationnelle. Dans le
5 cas concret, c’était vous ainsi que votre homologue,
6 représentant du 3e Corps d’armée, Monsieur Dzemal Merdan.
7 Est-ce que je vous ai bien compris ?
8 R. Oui.
9 Q. Il y avait d’autres représentants. Vous
10 n’avez pas retenu leurs noms. Si je vous dis Vezir
11 Jusufspahic ?
12 R. Oui, effectivement. Jusufspahic.
13 Q. Il était un des hommes de Merdan ?
14 R. Oui.
15 Q. Est-ce qu’il était membre de la commission ou
16 plutôt sous-commission chargée du passage à travers le
17 territoire ?
18 R. Je ne me souviens pas.
19 Q. Vous ne vous souvenez pas ?
20 R. Non, malheureusement.
21 Q. Entendu ! Il y avait ensuite un niveau qui
22 était inférieur par rapport à celui que vous occupiez,
23 donc, au sein de la Commission mixte et ce niveau inférieur
24 avait pour objectif de déterminer un certain nombre de
25 détails et la mise en œuvre également, ce que vous avez
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1 convenu à votre niveau ?
2 R. Oui.
3 Q. À ce niveau plus bas, si je peux dire, quand
4 il s’agit de Vitez, il y avait la Brigade de Vitez et il y
5 avait également la 325e Brigade de l’armée de Bosnie-
6 Herzégovine. Est-ce que je vous ai bien compris ?
7 R. Oui.
8 Q. Est-ce qu’à ce niveau-là, à votre
9 connaissance, il y avait des négociateurs qui étaient
10 permanents ou bien vous avez éventuellement désigné les
11 personnes en fonction de la situation ?
12 R. C’était les gens qui étaient permanents et
13 puis c’est en fonction de ce que nous avons décidé qu’ils
14 mettaient en œuvre.
15 Q. Par conséquent, vous avez pris la décision,
16 ce sont eux qui se sont chargés de mettre en œuvre ?
17 R. Oui.
18 Q. En ce qui concerne d’autres questions, la
19 méthodologie que vous avez pratiquée, c’était exactement la
20 même. Le matin, vous avez eu donc votre réunion. Vous
21 passiez en revue un certain nombre de questions. Ensuite,
22 vous envoyiez les gens sur le terrain et puis vous
23 établissiez des rapports le soir pour les envoyer par la
24 suite ?
25 R. Oui.
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1 Q. Ceci tout simplement a donné un certain
2 nombre de résultats ? C’est une méthode qui a montré que
3 des résultats pouvaient être obtenus et que ces résultats
4 étaient bons ?
5 R. Oui.
6 Q. Général, vous n’êtes pas sans savoir que
7 Blaskic avait délivré l’ordre au mois de mars 1993 par
8 lequel il a nommé Mario Cerkez Commandant de la Brigade de
9 Vitez ?
10 R. Oui, oui, je connais cet ordre.
11 Q. C’était très précisément le 23 mars, n’est-ce
12 pas ?
13 R. Oui.
14 Q. Mon Général, la brigade jusqu’à ce moment-là
15 n’existait pas ? Elle venait d’être établie ?
16 R. Oui. Avant, elle n’existait pas.
17 Q. Par conséquent, nous parlons d’une brigade
18 nouvellement formée dans la municipalité de Vitez et nous
19 parlons du 22, 23 mars 1993, n’est-ce pas ?
20 R. Oui.
21 Q. En ce qui concerne cette brigade, cette
22 brigade a commencé avec le 2e Bataillon. À cette époque-
23 là, elle a été appelée Stjepan Tomasevic. Est-ce que j’ai
24 raison ?
25 R. Oui.
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1 Q. Le Commandant de ce bataillon était Anto
2 Bertovic, n’est-ce pas ?
3 R. Oui, c’est exact.
4 Q. Est-ce que vous-même, vous connaissiez Anto
5 Bertovic ?
6 R. Je le connaissais parce que nous sommes des
7 voisins. Il s’agit d’un jeune homme qui a été élevé dans
8 une famille qui est tout à fait bien. Il s’est formé à
9 l’académie militaire. Très intelligent, honnête. Je suis
10 sûr que si la guerre n’avait pas rompu sa carrière, il
11 aurait été un officier de très grande classe.
12 Q. Anto Bertovic a été également un soldat de
13 l’ex-JNA ?
14 R. Oui. Il a quitté l’ex-JNA à partir du moment
15 où la Yougoslavie s’est désintégrée.
16 Q. C’est en 1992 qu’il a rejoint les rangs du
17 HVO, n’est-ce pas ?
18 R. Oui.
19 Q. Je pense que vous êtes au courant que
20 Monsieur Anto Bertovic a participé de manière active dans
21 ces équipes pour se rendre sur les lignes face aux Serbes,
22 aux Chetniks ?
23 R. Oui, je le sais.
24 Q. Il a été assez engagé, très activement
25 engagé ?
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1 R. Oui.
2 Q. Quand le 16 avril, le conflit s’est
3 déclenché, un conflit armé ouvert, est-ce que vous
4 considérez que la Brigade de Vitez était déjà mise en place ?
5 Est-ce qu’elle aurait pu vraiment être mise en place ?
6 R. Non. Elle n’a pas pu être mise en place, et
7 d’ailleurs, nulle part dans le monde elle n’aurait pas pu
8 être créée en si peu de temps. D’ailleurs, elle n’a pas
9 été créée même jusqu’à la fin de la guerre. Jusqu’au bout,
10 elle n’a pas été organisée.
11 Q. Qu’est-ce que vous voulez dire ? Si je vous
12 comprends bien, à ce moment-là, vous dites que c’est un
13 processus et que cette brigade donc était en train de
14 s’organiser, de se former dans les temps de la guerre ?
15 R. En temps de guerre, c’est très difficile,
16 mais en temps de paix, il vous faut six mois pour
17 structurer une brigade.
18 Q. Merci. Est-ce que vous connaissiez quelle
19 était la composition du commandement de la brigade au
20 moment où elle a été créée ? Est-ce que vous savez si, du
21 point de vue expérience, il y avait des officiers
22 professionnels qui en faisaient partie ?
23 R. Je ne pense pas qu’il y ait eu des officiers
24 professionnels outre Bertovic.
25 Q. Et au ministère de la Défense ?
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1 R. Il y en avait un qui était du ministère de la
2 Défense et l’autre de la Défense territoriale. C’est tout.
3 Q. Merci. Il a été question ici… je pense que
4 le témoin qui vous a précédé a soulevé un certain nombre de
5 questions ou plutôt a répondu aux questions qui lui ont été
6 posées, sur lesquelles j’aimerais revenir.
7 Est-ce que vous êtes d’accord avec moi pour dire
8 que l’armée de Bosnie-Herzégovine, lors des offensives
9 qu’elle a menées au cours de 1993, a essayé de couper la
10 poche de Vitez à un endroit au moins et, de cette manière-
11 là, s’emparer de cette région ? Est-ce que j’interprète
12 bien cela ?
13 R. Oui. L’armée a essayé justement de couper
14 Slivcica et Kruscica. Deux kilomètres à peu près séparent
15 ces deux villages.
16 Q. Par conséquent, c’est probablement l’endroit
17 qui est le plus restreint, enfin, ou c’était le corridor le
18 plus restreint, le plus réduit ?
19 R. Oui, et d’un autre côté, ils avaient des
20 forces également qui étaient très puissantes et qui étaient
21 stationnées à Kruscica.
22 Q. Si vous étiez Commandant de l’armée de
23 Bosnie-Herzégovine, c’est dans cette direction-là que vous
24 vous seriez orienté ?
25 R. Oui, parce que, comme je l’ai dit, il y avait
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1 une distance de deux kilomètres. Donc, c’était le plus
2 logique.
3 Q. Mon Général, excusez-moi…
4 Me KOVACIC (interprétation) : Monsieur le
5 Président, je vais me référer à la pièce à conviction 68 en
6 date du 6 juillet, la pièce à conviction qui a déjà été
7 versée comme pièce à conviction D58/2. Je ne pense pas que
8 le témoin ait besoin de parcourir ce document. Le document
9 est en anglais. Je vais juste utiliser une phrase du
10 premier paragraphe et une autre du deuxième paragraphe.
11 Q. Il s’agit par conséquent d’un rapport du
12 BritBat du 6 juillet 1993. Il est dit (je cite) : « Comme
13 ceci a été déjà précisé autrefois, la dernière route
14 d’approvisionnement qui passait par Sebesic est coupée par
15 l’armée de Bosnie-Herzégovine dans la nuit du 2 juillet
16 1993. »
17 Est-ce que ça correspond à vos connaissances ?
18 R. Oui.
19 Q. Par conséquent, nous allons convenir pour
20 dire que le 4 juillet, la dernière route
21 d’approvisionnement de la poche de Vitez a été coupée ?
22 R. Oui. C’était le blocus total et
23 l’encerclement du HVO.
24 Q. Depuis, il n’y avait absolument pas de
25 possibilité d’approvisionner ou en armement ou en
Page 17353
1 nourriture le HVO par la route, par les voies terrestres ?
2 R. De nulle part. Même un oiseau ne serait pas
3 passé.
4 Q. Dans le rapport du BritBat, point 4 du
5 document, je vais vous en donner lecture et ensuite, je
6 vais vous poser la question (je cite) : « Fikret Cuskic,
7 Commandant de la 17e Brigade de Krajina, affirme que Mario
8 Cerkez, Commandant de la Brigade de Vitez du HVO, a délivré
9 l’ordre à ses troupes pour préciser que les soldats de
10 l’armée de Bosnie-Herzégovine qui vont être capturés seront
11 tués et ensuite qu’ils allaient récompenser chaque soldat
12 ou chaque homme qui ramène les parties de corps de ces
13 soldats, à savoir 400 DM pour une oreille et 50 pour un
14 doigt. Cette information a été reçue soi-disant d’un soldat
15 du HVO qui a été capturé et qui gardait dans sa poche une
16 oreille. » Fin de citation.
17 Je voudrais vous poser quelques questions,
18 Général. Est-ce que vous avez entendu parler qu’un
19 commandant du HVO dans la vallée de la Lasva ou dans la
20 poche de Vitez ait donné un tel ordre ?
21 R. Non. Ce n’est pas vrai. C’est un mensonge
22 pur et simple.
23 Q. Général, vous avez parlé également des
24 attitudes du Colonel Blaskic et des ordres qui ont été
25 délivrés. Je vais vous poser une question tout à fait
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1 directe : Est-ce qu’un commandant qui était subordonné,
2 rattaché à Blaskic éventuellement a pu délivrer un tel
3 ordre, alors que… vous connaissez bien Blaskic. Comment
4 Blaskic aurait-il réagi ?
5 R. Connaissant Blaskic, je suis sûr qu’il serait
6 rentré en conflit directement avec cet homme. Si jamais
7 quelqu’un ne respectait pas ses ordres, c’est lui-même qui
8 s’en prenait à ce quelqu’un.
9 Q. Général, est-ce que vous avez entendu parler
10 de ce Fikret Cuskic ?
11 R. Oui. Je le connais très bien. Il était aux
12 renseignements à l’ex-JNA et je suis sûr que lui, il est
13 assez disposé à la propagande. Dans l’ex-JNA, il était
14 officier de renseignements et ça ne m’étonne pas de lui.
15 Q. Par conséquent, vous conviendrez avec moi
16 qu’une telle information aurait pu être également une
17 partie de la guerre de propagande, de renseignements ?
18 R. Oui. Ça peut être tout pour faire une
19 pression sur quelqu’un.
20 Q. La 17e Brigade de Krajina était une brigade
21 qui était assez agressive ? Tout au moins, c’est ce qu’on
22 disait, n’est-ce pas ?
23 R. Oui. Le peuple croate était terrorisé par
24 cette brigade.
25 Q. Cette unité, paraît-il, a commis un certain
Page 17355
1 nombre de crimes de guerre à l’égard des civils ?
2 R. Oui, en général.
3 Q. Est-ce que de par sa réputation, il
4 s’agissait d’une unité la plus odieuse et la plus terrible
5 dans les yeux du peuple croate ?
6 R. Oui, après la 7e Brigade musulmane.
7 Q. Par conséquent, elle gardait la deuxième
8 position ?
9 R. Oui.
10 Me KOVACIC (interprétation) : Monsieur le
11 Président, je vais passer à un autre sujet. Je pense que
12 maintenant est le moment propice peut-être pour la pause-
13 déjeuner.
14 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Vous envisagez
15 combien de temps ?
16 Me KOVACIC (interprétation) : Je pense que je
17 vais terminer en une heure, moins d’une heure.
18 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Entendu !
19 Nous allons maintenant faire une pause.
20 Général Nakic, je vais vous demander de ne pas
21 vous entretenir avec qui que ce soit pendant cette pause
22 sur votre déposition, jusqu’à la fin de votre déposition,
23 ce qui comprend également les membres de la Défense.
24 Merci.
25 14 h 30.
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1 --- Suspension de l’audience à 13 h 00
2 --- Reprise de l’audience à 14 h 34
3 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui, Me
4 Mikulicic.
5 Me MIKULICIC (interprétation) : Monsieur le
6 Président, avant de commencer, une petite digression.
7 J’ai remarqué une erreur dans le compte-rendu,
8 page 86, ligne 19. Lorsque l’on a posé la question au
9 témoin de savoir si, à son avis, Stari Vitez était un
10 endroit militairement défendu, il a dit : « Oui, très bien
11 défendu », mais ce n’est pas ce qui est consigné au compte-
12 rendu et ce qui est consigné c’est que cet endroit était
13 défendu de manière volontaire plutôt que de dire : « Très
14 bien ». Donc, c’est la seule correction.
15 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Très bien !
16 Me KOVACIC (interprétation) : Merci. Puis-je
17 poursuivre ?
18 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui.
19 Me KOVACIC (interprétation) : Merci.
20 Q. Monsieur le Général de brigade, vous savez
21 qu’au cours de l’année 1992, vers la fin de l’année, la
22 Brigade Stjepan Tomasevic a été établie, la brigade
23 intermunicipale avec le siège à Novi Travnik. Est-ce
24 exact ?
25 R. Oui.
Page 17357
1 Q. Cette brigade était financée par deux
2 municipalités, Novi Travnik et Vitez ?
3 R. Oui.
4 Q. Monsieur Nakic, est-ce que vous serez
5 d’accord avec moi pour dire que la seule tâche, la tâche
6 exclusive de cette brigade et sa zone de responsabilité se
7 trouvait au nord-ouest de Travnik, sur les lignes contre
8 l’agresseur ?
9 R. Oui. C’était les lignes de front de
10 Strikovoci (ph.), Mesan (ph.).
11 Q. Slatka Vodica ?
12 R. Slatka Vodica et Medjas (ph.).
13 Q. Merci. Plus tard au cours de l’année 1993,
14 comme nous l’avons déjà dit aujourd’hui, au cours de la
15 deuxième moitié du mois de mars 1993, la Brigade de Vitez a
16 été créée. C’était une brigade municipale dans la
17 municipalité de Vitez et elle, elle a continué à tenir les
18 lignes de front sur la même position ? Là, il s’agit
19 encore une fois des lignes de front contre la JNA avec les
20 unités paramilitaires serbes ?
21 R. Oui, c’est exact, mais je souhaite simplement
22 dire que cette brigade n’a pas été encore établie à ce
23 moment-là, mais l’ordre a été donné de la créer.
24 Q. Vous voulez dire qu’à ce moment-là, l’ordre a
25 été donné, mais la brigade n’a pas encore été établie ?
Page 17358
1 R. C’est exact.
2 Q. Merci. Hier, nous avons entendu de la part
3 de votre collègue, le Témoin Filipovic, un récit assez
4 détaillé et je ne souhaite pas répéter les choses,
5 concernant le fait que vers la mi-1993… je m’excuse, la mi-
6 1992, il y a eu beaucoup de discussions concernant les
7 tentatives de créer une brigade conjointe constituée à la
8 fois du HVO et de l’armée de Bosnie-Herzégovine ou de la
9 Défense territoriale afin de renforcer la défense contre la
10 JNA et les Serbes.
11 Dans cette partie, l’on a mentionné l’une des
12 tentatives de créer la brigade conjointe qui était appelée
13 lors de ces réunions-là la 1ère Brigade de Vitez et vous,
14 vous avez été mentionné en tant que candidat au poste de
15 commandant de cette brigade et Monsieur Sefjika Dzidic…
16 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Écoutez,
17 Monsieur Kovacic, nous allons accélérer les choses si vous
18 posez des questions de manière rapide. Il n’est pas
19 nécessaire de répéter ce qui a déjà été dit. Est-ce que
20 vous pouvez passer à autre chose plus rapidement ?
21 Me KOVACIC (interprétation) : Bien sûr, Monsieur
22 le Président. Justement, j’avais l’intention de raccourcir
23 le débat, mais apparemment, je n’ai pas vraiment réussi.
24 Je demanderais à l’Huissier de distribuer à tout
25 le monde présent dans le prétoire et le témoin le document
Page 17359
1 suivant.
2 Q. Monsieur le Général de brigade, vous allez
3 voir un document. Veuillez l’examiner et répondre si ce
4 document correspond au résultat de ces efforts de créer une
5 force conjointe chargée de la défense.
6 R. Oui. Ce document constitue la proposition de
7 la création de la 1ère Brigade de Vitez qui devait être
8 créée à Vitez et qui devait être constituée à la fois des
9 Croates et des Musulmans. C’est la cellule de crise qui a
10 eu l’initiative de cela avec le Président de la
11 municipalité, le Président de la cellule de crise à la
12 tête, à savoir Monsieur Ivica Santic.
13 Q. Monsieur le Général, donc il s’agissait d’une
14 initiative municipale ?
15 R. Oui.
16 Q. À Vitez ?
17 R. Oui.
18 Q. Vous savez, bien sûr, que malheureusement, ce
19 plan n’a jamais été réalisé ?
20 R. Ces personnes se sont réunies dans l’état-
21 major municipal de la Défense territoriale avec Sefkija
22 Dzidic à la tête. Nous avons créé ce document. Nous avons
23 proposé que les responsables se prononcent là-dessus, mais
24 nous n’avons pas reçu d’écho là-dessus.
25 Q. Sur la base de ce document, vers la fin,
Page 17360
1 nous pouvons voir qu’il a été demandé que toutes les
2 parties concernées acceptent ça.
3 R. Oui, qu’elles approuvent.
4 Q. Donc, d’un côté, le HVO, et d’autre part, la
5 Défense territoriale et le SDS et le premier camp, c’était
6 le HVO et le HDZ ?
7 R. Oui.
8 Q. Donc, il n’y a pas eu d’accord, mais est-ce
9 que vous savez qui a été en désaccord ? Est-ce que vous
10 avez jamais reçu de réponse ?
11 R. Non, jamais et donc, je ne sais pas qui a été
12 en désaccord.
13 Q. Est-ce que vous savez si d’autres mesures
14 préparatoires ont été prises afin de préparer la
15 constitution de cette brigade ? Par exemple, est-ce qu’on
16 a organisé l’impression des cartes d’identité militaire
17 pour les membres de cette brigade ?
18 R. Oui, tout à fait.
19 Q. Et du point de vue logistique ?
20 R. Oui. Nous avons fait des préparatifs
21 logistiques, mais rien n’a été fait.
22 Q. Tout ça a été fait pour faire face à la JNA ?
23 R. Oui. C’était l’idée.
24 Me KOVACIC (interprétation) : Est-ce que l’on
25 peut donner une cote à ce document ?
Page 17361
1 LA GREFFIÈRE (interprétation) : Il s’agira du
2 document D67/2.
3 Me KOVACIC (interprétation) :
4 Q. Monsieur Nakic, au cours de l’année 1992,
5 est-ce que vous aviez des contacts en tant que soldat avec
6 l’Accusé Cerkez ?
7 R. Non.
8 Q. Est-ce que vous avez jamais eu de discussion
9 particulière avec lui en ce qui concerne l’organisation des
10 lignes de front ?
11 R. Vers l’armée des Serbes de Bosnie ?
12 Q. Oui.
13 R. Non. C’est seulement lorsque je suis devenu
14 membre du commandement que ceci s’est produit.
15 Q. Donc, par la suite ?
16 R. Oui.
17 Q. Est-ce que vous saviez que Cerkez avait
18 participé activement dans certaines opérations importantes
19 au cours de l’année 1992 contre la JNA et les Serbes ?
20 R. Oui. J’ai entendu parler de ces actions.
21 Q. Merci. Monsieur Nakic, vous nous avez dit
22 que vous êtes venu dans la Zone opérationnelle de la Bosnie
23 centrale au moment où le commandement avait déjà été
24 transféré à l’hôtel peu de temps après le transfert. Est-
25 ce que vous avez entendu pourquoi ce transfert s’est opéré
Page 17362
1 entre Kruscica et l’hôtel Vitez ?
2 R. Je ne connais pas la raison.
3 Q. Merci. Au cours de l’interrogatoire
4 principal ce matin, vous avez mentionné un soldat tué du
5 HVO, Zoran Matosevic. Ceci s’est produit lors de
6 l’incident concernant le convoi. On a tiré sur lui tout
7 simplement parce qu’il se trouvait sur place en uniforme et
8 avec des armes. Est-ce que vous pouvez me dire où ça s’est
9 produit ?
10 R. À Stara Bila, près du café Brale, ce qui se
11 trouve à 100 mètres par rapport à sa maison.
12 Q. Merci. Dites-moi, s’il vous plaît, Général :
13 Est-ce qu’il est vrai en ce qui concerne ce convoi que les
14 problèmes, l’incident concernant ce convoi avec les civils,
15 et cætera, que ceci a commencé sur le territoire de la
16 municipalité de Novi Travnik ?
17 R. Oui.
18 Q. Est-ce qu’il est exact de dire que lorsque le
19 convoi est arrivé jusqu’à la municipalité de Vitez, qu’il
20 s’agissait surtout des tentatives de rassembler les
21 éléments du convoi et d’assurer son passage ?
22 R. Oui. Le passage du reste du convoi.
23 Q. Est-ce que vous savez que l’un des endroits
24 où on a essayé de rassembler de nouveau les véhicules du
25 convoi était à Zume, dans la carrière ?
Page 17363
1 R. Oui, j’en ai entendu parler.
2 Q. Merci beaucoup. Compte tenu de votre poste
3 au sein du commandement de la Zone opérationnelle, veuillez
4 nous répondre à certaines questions afin de mieux expliquer
5 certains points.
6 Dites-nous, s’il vous plaît : Est-ce que vous
7 vous souvenez s’il y a eu une unité d’artillerie MTD, à
8 savoir l’unité motorisée d’artillerie ?
9 R. Oui.
10 Q. Est-ce que vous vous souvenez qui était son
11 commandant ?
12 R. Il y en a eu plusieurs.
13 Q. Le premier ?
14 R. Stodic.
15 Q. Et ensuite ?
16 R. Ensuite, Ramic.
17 Q. Merci. Dans la structure de la Zone
18 opérationnelle de la Bosnie centrale, il y a eu également
19 la Défense antiaérienne, mis à part ce MTD, n’est-ce pas ?
20 R. Oui.
21 Q. Qui était le commandant de cette unité ?
22 R. Hakic. Je ne suis pas sûr en ce qui concerne
23 son prénom, peut-être Ivica.
24 Q. Très bien. De toute façon, beaucoup de temps
25 s’est écoulé. C’est compréhensible. Est-ce qu’il
Page 17364
1 s’agissait peut-être d’une personne qui avait une maladie
2 de la peau ? C’était visible sur ses mains. Il souffrait
3 du psoriasis ?
4 R. C’est Ramniasis (ph.) et là, c’était Zvonko
5 Bajo qui était l’adjoint chargé de l’artillerie.
6 Q. Très bien ! Merci. En ce qui concerne ce
7 MTD mentionné, donc la division motorisée d’artillerie, en
8 ce qui concerne sa constitution, est-ce qu’il est exact de
9 dire que les pièces d’artillerie de 120 millimètres et plus
10 faisaient partie de ce genre d’unité ?
11 R. Oui, 120 millimètres et plus.
12 Q. Donc, 122 et 152 ?
13 R. Oui.
14 Q. Merci. En ce qui concerne la Défense
15 antiaérienne, donc ce qu’on appelait le PZO, est-ce qu’il
16 est exact de dire qu’en ce qui concerne les pièces
17 d’artillerie, ils disposaient des PAT de 40 millimètres, 20
18 millimètres et les PAM de 12.7 millimètres ou multiples ?
19 R. Oui, rien d’autre.
20 Q. Est-ce que vous savez quelle était l’origine
21 de ces pièces ?
22 R. Il s’agissait de pièces qui avaient été au
23 SPS auparavant et une partie de ces pièces a été attribuée
24 à la Défense antiaérienne.
25 Q. Ces deux unités faisaient partie du
Page 17365
1 commandement du Commandant de la Zone opérationnelle de
2 Vitez ?
3 R. Oui.
4 Q. Merci. Monsieur Nakic, nous allons parler
5 maintenant d’un sujet qui n’a pas été abordé jusqu’à
6 maintenant. Vous, vous avez travaillé dans une petite
7 usine de textile à Vitez ?
8 R. Oui.
9 Q. Cette usine produisait également des
10 uniformes, n’est-ce pas ?
11 R. Avant la guerre, oui.
12 Q. Avant la guerre. Donc, au cours de l’année
13 1992 ?
14 R. Au cours de 1992, oui.
15 Q. Elle vendait ses produits sur le marché ?
16 R. Oui. Elle était orientée vers le marché.
17 Q. Est-ce que cette usine produisait, par
18 exemple, des vêtements pour le HVO ?
19 R. Pour la Défense territoriale.
20 Q. La Défense territoriale aussi ?
21 R. Seulement la Défense territoriale.
22 Q. Le HVO n’y achetait jamais quoi que ce soit ?
23 R. Non.
24 Q. Est-ce qu’il est exact de dire que cette
25 usine a été attaquée, je veux dire qu’un acte criminel a eu
Page 17366
1 lieu, il y a eu un vol ?
2 R. Oui. Cinquante uniformes ont été volés.
3 Q. Quand est-ce que ceci s’est passé ?
4 R. C’était à peu près au printemps 1992.
5 Q. Général, est-ce qu’au cours de la guerre, on
6 a parlé du fait que l’armée de Bosnie-Herzégovine aurait
7 employé des uniformes utilisés par quelqu’un d’autre ?
8 R. Je n’en ai pas entendu parler.
9 Q. Vous n’en avez pas entendu parler ? Très
10 bien ! Merci.
11 Au cours de votre interrogatoire principal
12 aujourd’hui, vous avez mentionné ou plutôt on a parlé des
13 soldats dans la région de la municipalité de Vitez qui
14 portaient malgré tout les insignes du HVO, même après
15 l’avertissement. Vous avez dit que vous vous souvenez même
16 de certains de leurs noms. Est-ce qu’il est exact de dire
17 que l’une de ces personnes était Kreso Garic ?
18 R. Oui.
19 Q. Est-ce que vous savez que Kreso Garic vivait
20 à Gacice ?
21 R. Oui.
22 Q. Est-ce que vous savez par hasard que Kreso
23 Garic vivait littéralement avant la guerre, il passait la
24 moitié de son temps à Gacice et la moitié à Zagreb ?
25 R. Oui. Il vivait à Gacice et il est allé
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1 travailler pour la police à Zagreb.
2 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Arrêtez-vous,
3 s’il vous plaît. Quelle est l’utilité de ce genre de
4 questions ?
5 Me KOVACIC (interprétation) : En ce qui concerne
6 la pertinence, Monsieur le Président, c’est que nous avons
7 entendu une affirmation selon laquelle les soldats portant
8 des insignes de la HV pouvaient être trouvés, se trouvaient
9 au sein des unités de la Viteska Brigade.
10 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui. Le
11 témoin a donné son explication.
12 Me KOVACIC (interprétation) : Monsieur le
13 Président, l’une des explications, comme par exemple en ce
14 qui concerne ce soldat, mais aussi certains autres est
15 simplement que ces personnes vivaient à deux endroits avant
16 la guerre, à la fois à Zagreb et à Vitez et puisqu’ils
17 avaient été des volontaires dans la guerre qui a eu lieu
18 dans la République de Croatie, lorsque la guerre s’est
19 terminée, ils sont rentrés et ils ont rejoint les rangs.
20 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Très bien !
21 Veuillez le faire rapidement.
22 Me KOVACIC (interprétation) : Je pense que nous
23 avons presque terminé.
24 Q. Donc, vous êtes d’accord pour dire qu’il a
25 vécu à Zagreb et Gacice ?
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1 R. Oui.
2 Q. Vous avez entendu parler du fait qu’il avait
3 été volontaire en Croatie ?
4 R. Oui, je le sais.
5 Me KOVACIC (interprétation) : Merci, Monsieur le
6 Général. Je souhaite vous remercier d’avoir répondu à mes
7 questions.
8 Je n’ai plus de questions, Monsieur le Président,
9 Messieurs les Juges. Je vous remercie.
10 CONTRE-INTERROGÉ PAR Me NICE
11 (interprétation) :
12 Q. Avant d’oublier, Général, je souhaite dire en
13 ce qui concerne Kreso Garic que la vérité est, n’est-ce
14 pas, qu’il avait vécu à Zagreb depuis 18 ans – je pense que
15 nous avons entendu parler de cela – et il est rentré
16 spécialement afin de lutter dans cette guerre, et ensuite,
17 il est retourné à Zagreb ? Est-ce exact ?
18 R. Non, ceci n’est pas correct. Ceci n’est pas
19 exact. Kreso a grandi à Vitez, il a terminé son école à
20 Vitez et lorsqu’il est parti de Zagreb, lorsqu’il est
21 rentré à Vitez, il avait à peu près 30 ans. Donc, s’il a
22 vécu à Zagreb, c’était simplement parce que pendant un
23 certain temps, il ne pouvait pas trouver d’emploi à Vitez
24 Je le connais très bien. Je connais très bien sa famille,
25 sa sœur et tout ce que je dis est vrai.
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1 Q. Est-ce qu’il a passé 18 ans à Zagreb ?
2 R. Non.
3 Q. Parlons d’abord de certains autres points
4 généraux.
5 Est-ce que vous avez donné d’autres déclarations,
6 mis à part le résumé que vous avez sous les yeux ou que
7 vous aviez sous les yeux ? Est-ce que vous l’avez
8 toujours ?
9 R. Non.
10 Q. Pourquoi pas ?
11 R. La seule déclaration que j’ai donnée, c’est
12 celle que j’ai signée.
13 Q. Non. Je veux dire : physiquement, est-ce que
14 le résumé est toujours en votre possession ? Je parle du
15 résumé que vous pouviez examiner ce matin.
16 R. Pas en ce moment.
17 Q. Où l’avez-vous mis ?
18 R. C’est resté dans mon sac. Je crois que je
19 n’en ai plus besoin.
20 Q. Parce que même si je n’ai pas demandé de voir
21 ça, je crois que c’est quelque peu différent par rapport à
22 l’exemplaire que nous avons puisqu’il s’agit du document
23 qui est en votre langue.
24 R. Oui.
25 Q. Vous avez signé la version en anglais. Est-
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1 ce que vous avez signé la version originale en langue
2 croate ?
3 R. Non. Seulement en anglais, mais avant cela,
4 je l’ai lue et j’ai très bien vu ce qui était écrit dans ma
5 langue maternelle, la langue croate. Je suppose qu’il
6 s’agit de la même version puisque ma version a été traduite
7 sur place.
8 Q. Sans vous critiquer, n’est-il pas vrai de
9 dire que ce matin, vous avez plusieurs fois lu certaines
10 parties du résumé de la déclaration que vous aviez sous les
11 yeux ?
12 R. Tout simplement, je m’en servais afin de me
13 rappeler les dates et les périodes pendant lesquelles les
14 événements se produisaient.
15 Q. Je reviens à ma première question : Est-ce
16 que vous avez donné d’autres déclarations aux autres
17 instances de pouvoir ?
18 R. J’ai donné une déclaration pour la Défense de
19 Monsieur Blaskic et j’ai donné une déclaration pour la
20 Défense de Monsieur Kupreskic et puis ensuite, il y a cette
21 déclaration, la déclaration que j’ai donnée pour cette
22 Défense-ci.
23 Q. Vous n’avez pas donné de déclaration à la
24 police ou au service de renseignements ou aux autorités
25 militaires concernant ces événements-là ?
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1 R. Non, à personne.
2 Q. Quand est-ce que vous vous êtes demandé pour
3 la première fois de revenir en arrière, de réfléchir à ces
4 événements-là ? Quand est-ce que les avocats de Monsieur
5 Kordic vous ont demandé ça pour la première fois afin de
6 préparer votre déclaration ?
7 R. Très exactement le 30 mars de cette année.
8 Q. En tant que Chef d’état-major, vous avez
9 passé beaucoup de jours, beaucoup d’heures avec Blaskic,
10 n’est-ce pas ?
11 R. Oui, mais pendant la période entre le mois de
12 juin et plus tard et avant juin, très peu. J’ai passé plus
13 de temps avec les organisations internationales et Monsieur
14 Merdan qu’avec Monsieur Blaskic.
15 Q. Donnez une idée dans ce cas-là, s’il vous
16 plaît, du temps que vous passiez avec lui. Est-ce qu’il
17 s’agissait de toute la journée, chaque jour ou bien une
18 fois par semaine, par exemple ? Est-ce que vous pouvez
19 nous l’expliquer ?
20 R. Jusqu’à la création de la commission à
21 Busovaca – là, il s’agit du mois de janvier – dans
22 l’ensemble du mois de janvier, nous avons travaillé sur
23 l’organisation de l’état-major, la constitution de l’état-
24 major, et ensuite, à Busovaca, peut-être deux, trois heures
25 par semaine afin d’informer Monsieur le Colonel, ensuite,
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1 au sein du commandement conjoint, très peu. Je lui donnais
2 simplement des informations brèves concernant la situation
3 et je recevais ses ordres. Donc, durant cette période, je
4 n’ai vraiment pas passé beaucoup de temps avec Blaskic. À
5 partir du mois de juin, j’ai passé beaucoup de temps avec
6 Blaskic.
7 Q. À partir du mois de juin, vous pouvez
8 confirmer qu’il tenait des registres méticuleusement en ce
9 qui concerne tous les événements qui se passaient ?
10 R. Tous les officiers du HVO prenaient des notes
11 officielles lors des réunions. Moi, je faisais la même
12 chose. Je faisais des notes officielles et Monsieur
13 Blaskic le faisait aussi. Tout ce qui était fait pendant
14 la nuit, pendant le jour était noté et ces notes
15 officielles existaient. Je pense que Monsieur Blaskic
16 disposait de ces notes officielles.
17 Q. Vos notes concernent toute la période, y
18 compris la période pendant laquelle vous travailliez au
19 sein de la Commission conjointe ?
20 R. Oui.
21 Q. Où se trouvent ces notes maintenant ?
22 R. J’ai remis mes notes aux amis du Général
23 Blaskic en 1996. J’ai reçu l’information selon laquelle
24 ces notes auraient été détruites et n’existent plus. Il
25 s’agit de cinq cahiers qui existaient. Donc, c’est vers la
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1 fin de l’année 1996 que je les ai remises dans l’espoir que
2 ça allait lui être utile.
3 Q. Je vois ! Sur la base de ce qu’on vous a
4 dit, comment se fait-il que vos notes à vous aient été
5 détruites ?
6 R. Moi, je ne me suis pas penché… je n’ai pas
7 mené d’enquête, mais tout simplement, il n’y a plus de
8 notes. Elles n’existent plus.
9 Q. S’il vous plaît, il s’agit de vos notes
10 personnelles concernant cette guerre. Certainement,
11 évidemment, elles peuvent être importantes potentiellement
12 pour vous et pour d’autres personnes qui risquent d’être
13 traînées en justice. Est-ce exact ?
14 R. Oui. Pour moi, ces notes représentaient ma
15 vie pendant cette période entre 1992 et 1996, et puisque
16 moi, j’avais été le Chef d’état-major au sein du
17 commandement de Monsieur Blaskic et en même temps son grand
18 ami, je n’avais aucune raison de ne pas remettre, de ne pas
19 donner ces notes. Mais malheureusement, c’est ce qui s’est
20 passé et je le regrette profondément parce que je suppose
21 que ces notes seraient utiles demain pour écrire l’histoire
22 et même pour ma petite- fille, pour qu’elle sache où son
23 grand-père avait été à l’époque et pour qu’elle n’ait pas
24 honte de moi.
25 Q. À quels amis avez-vous donné ces notes, ces
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1 notes qui ont été détruites par la suite ?
2 R. Il s’agissait de l’escorte de Monsieur
3 Blaskic.
4 Q. Quel est son nom ?
5 R. Thomas.
6 Q. Est-ce que c’est là son nom en entier ou est-
7 ce qu’il y a autre chose ?
8 R. C’est son prénom. Je ne connais pas son nom
9 de famille.
10 Q. Est-ce que ces notes devaient être
11 communiquées aux avocats de Blaskic ou à Blaskic lui-même ?
12 R. À Monsieur Blaskic directement.
13 Q. Savez-vous si, d’une façon ou d’une autre, il
14 les a jamais communiquées à ses avocats qui, bien entendu,
15 vous ont rencontré afin que vous prépariez une
16 déclaration ?
17 R. Je ne suis pas au courant.
18 Q. Donc, qui les a détruites ?
19 R. Je ne sais pas.
20 Q. Comment savez-vous qu’elles ont été
21 détruites ?
22 R. J’ai reçu cette information.
23 Q. De la part de qui ?
24 R. Eh bien, je l’ai entendu dire, mais ce n’est
25 pas Thomas qui me l’a dit. J’ai entendu dire que ces notes
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1 n’existaient plus.
2 Q. Y avait-il, mon Général, dans ces notes quoi
3 que ce soit qui aurait pu porter préjudice à la position de
4 Monsieur Blaskic ?
5 R. Je ne crois pas. Je ne crois pas. Il
6 s’agissait de mes tâches au quotidien, ce que je faisais
7 dans le cadre de la commission, dans le cadre de mes
8 fonctions. Il n’y avait rien qui allait à l’encontre des
9 intérêts de Blaskic. Blaskic en avait certainement besoin
10 à cause des dates et pour retrouver la chronologie de ce
11 qui s’était passé avec la commission internationale et tout
12 ce qui s’était passé sur le terrain parce que moi, je
13 tenais ces notes de façon très exacte en notant les dates,
14 les noms, et cætera. Sinon, il n’y avait pas grand-chose
15 de grand intérêt pour la Défense de Blaskic.
16 Q. Est-ce que dans ces notes, vous avez consigné
17 votre réaction à ce qui s’était passé à Ahmici ?
18 R. Non.
19 Q. [Hors microphone]
20 R. Oui, j’en suis sûr.
21 Q. Est-il possible – et j’y reviendrai peut-être
22 ultérieurement, je vous demande d’y retourner, j’y
23 reviendrai donc – mais est-il possible que vous ayez, afin
24 de raffermir votre propre position, que vous ayez consigné
25 dans ces notes des réserves au sujet de ce que Blaskic
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1 était en train de faire ?
2 R. Pas du tout.
3 Q. Vous avez à de très nombreuses reprises
4 rencontré des officiers du Bataillon britannique, n’est-ce
5 pas ?
6 R. Oui.
7 Q. Est-ce que c’était des hommes d’honneur ?
8 R. Oui. Des hommes d’honneur,
9 incontestablement.
10 Q. Est-ce que vous avez constaté qu’ils avaient
11 une attitude impartiale et équilibrée vis-à-vis des
12 différentes parties en présence, des parties
13 belligérantes ?
14 R. En tout cas, là où je me trouvais, oui.
15 C’est indéniable.
16 Q. Vous n’avez jamais ressenti dans leur façon
17 d’analyser les événements, la façon de percevoir les
18 événements, qu’ils étaient partiaux envers l’une ou l’autre
19 des parties en présence ?
20 R. Non. Je n’ai jamais eu l’occasion de
21 remarquer quoi que ce soit.
22 Q. Je dois dire que le Colonel Stewart a parlé
23 en bien de vous et de vos qualités. Donc, il est bien de
24 voir que ceci est réciproque. Vous le voyez maintenant.
25 Donc, en avril 1992, et vous n’avez pas participé
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1 à tout cela bien entendu, est-ce que vous avez eu vent de
2 la formation du HVO en avril 1992 ?
3 R. Je ne comprends pas votre question.
4 Q. Quand le HVO a-t-il été établi ?
5 R. J’ai déjà dit que le HVO était constitué à
6 partir des unités créées au niveau des villages, les gardes
7 villageoises et c’était le 8 avril et il s’agissait des
8 premières unités qui ont assuré la garde des villages et
9 c’est sur la base de ces villages qu’on a ultérieurement
10 constitué les unités du HVO pendant la guerre elle-même,
11 c’est-à-dire le 8 avril 1992.
12 Q. Saviez-vous, de la nature de la structure
13 politique, saviez-vous quelles étaient les activités
14 politiques qui sous-tendaient la création du HVO ?
15 R. Non, je ne sais rien à ce sujet. Moi, je
16 n’avais pas d’activités politiques et je n’ai rejoint les
17 rangs du HVO que parce que je sentais que c’était mon
18 devoir et parce que je voulais défendre la Bosnie-
19 Herzégovine face à l’agression serbe.
20 Q. Vous nous dites que vous ne saviez absolument
21 pas que le HVO avait des relations avec le HDZ de Bosnie-
22 Herzégovine ?
23 R. Pour moi, le HVO, c’était les unités
24 constituées du peuple croate qui s’étaient organisées pour
25 lutter contre les Serbes.
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1 Q. Vous n’aviez connaissance d’aucun lien entre
2 le HVO et la Communauté d’Herceg-Bosna ?
3 R. L’Herceg-Bosna, c’était une communauté du
4 peuple croate qui a été proclamée afin de mettre en place
5 une autorité en Bosnie-Herzégovine parce que c’était le
6 chaos le plus total. Donc, on a mis en place cette
7 structure de cette façon en Herceg-Bosna. On a mis sur
8 pied un gouvernement, des structures de commandement, et
9 cætera. L’objectif, c’était d’établir une armée du peuple
10 croate.
11 Q. Donc, vous saviez, n’est-ce pas, que la
12 structure à laquelle vous vous joigniez était une armée
13 croate et non pas une armée mixte ?
14 R. Non, ce n’était pas l’armée croate, mais
15 c’était une armée du HVO.
16 Q. C’était une armée constituée de Croates et
17 non pas une armée constituée de Croates et de Musulmans ?
18 Vous aviez conscience de rejoindre les rangs d’une telle
19 armée, n’est-ce pas ?
20 R. J’ai rejoint les rangs de cette armée parce
21 que le HVO, dans mon village, là où j’ai rejoint les rangs
22 du HVO, c’était un village purement croate.
23 Q. Vous auriez pu rejoindre les rangs de l’armée
24 de Bosnie-Herzégovine plutôt que du HVO. Est-ce que vous
25 nous dites que c’est le simple hasard qui a décidé de cela ?
Page 17379
1 C’est le simple fait que vous viviez dans un village
2 croate qui a décidé de cela ?
3 R. Moi, je me suis porté volontaire là où je
4 vivais et là où je vivais, il n’y avait pas d’armée de
5 Bosnie-Herzégovine. Les seules structures organisées,
6 c’était ces patrouilles de nuit et moi, je suis devenu
7 membre de cette garde villageoise. D’ailleurs, à l’époque,
8 l’armée de Bosnie-Herzégovine n’existait pas.
9 Q. La raison pour laquelle je vous pose ces
10 questions c’est qu’en écoutant ce que vous nous avez dit ce
11 matin, on pourrait en déduire que vous suggérez que toute
12 cette guerre ou plutôt la guerre entre les Bosniens et les
13 Croates est une guerre qui est due aux ambitions
14 territoriales des Musulmans de Bosnie. Est-ce bien ce que
15 vous nous dites ?
16 R. J’ai dit et je ne nierai pas que c’est bien
17 mon opinion. J’ai dit que la guerre en Bosnie centrale
18 s’est déclarée du fait des prétentions en Bosnie centrale
19 des réfugiés de la Krajina et de l’est de la Bosnie et la
20 guerre ne se serait jamais déclenchée en Bosnie centrale
21 sans l’arrivée de ces réfugiés et d’autres personnes qui
22 venaient d’ailleurs.
23 Q. Oui. Je crois que vous nous l’avez déjà dit.
24 Vous avez dit que les gens vivaient en harmonie avant la
25 guerre mais qu’une fois que les troubles ont commencé, à ce
Page 17380
1 moment-là, vous dites que tout ceci, tout ce qui s’est
2 passé est dû aux ambitions territoriales des Musulmans ?
3 R. Oui, les Musulmans, mais les Musulmans qui
4 sont venus sur le territoire de la Bosnie centrale.
5 Q. Je vois ! Est-ce que vous pensez qu’il est
6 possible que la création de la Communauté d’Herceg-Bosna se
7 soit accompagnée de ses propres ambitions territoriales ?
8 R. Je ne sais rien à ce sujet.
9 Q. Concentrons-nous toujours sur mai 1992. Il
10 faudra d’ailleurs qu’ultérieurement je revienne sur ce
11 sujet avec un certain nombre de documents. Donc, où étiez-
12 vous en mai, où viviez-vous ?
13 R. J’habitais dans mon village Marasi. Je
14 travaillais dans une usine de vêtements pour enfants.
15 Q. Qui se situait dans quelle ville ?
16 R. Vitez. Dans la municipalité de Vitez.
17 Q. Est-ce que les routes étaient ouvertes à
18 cette époque ?
19 R. Oui.
20 Q. Est-ce que vous avez eu connaissance de la
21 prise par le HVO d’installations-clés névralgiques dans la
22 ville de Busovaca qui se trouvait à peu de kilomètres de
23 celle où vous étiez vous-même ?
24 R. Non.
25 Q. Parce qu’à la mi-mai, d’après ce que vous
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1 pouviez voir, il n’y avait aucune justification à cela,
2 n’est-ce pas ?
3 R. D’après moi, non.
4 Q. Saviez-vous que la Défense territoriale avait
5 fait l’objet d’un ordre tendant à sa dissolution ?
6 R. Non. Je ne connais pas un tel document. Je
7 n’en ai pas entendu parler.
8 Q. À votre avis, à l’époque, qui aurait eu le
9 pouvoir, l’autorité nécessaire pour donner un tel ordre,
10 pour ordonner la dissolution de la Défense territoriale ?
11 R. Uniquement l’état-major de crise qui à
12 l’époque était conjoint, mais je ne suis pas sûr que ce
13 soit lui qui ait donné cet ordre.
14 Q. Donc, si un tel ordre avait été donné par
15 Monsieur Kordic, cela ne serait pas justifié, n’est-ce pas,
16 d’après votre vision des événements à l’époque ?
17 R. Ça ne serait pas justifié. Je suis sûr qu’il
18 n’a pas donné un tel ordre.
19 Q. Vous étiez toujours en dehors de l’armée,
20 mais est-ce que vous avez eu connaissance d’accord au sujet
21 de la répartition d’armes ? Je parle des armes qui
22 appartenaient à la JNA et accord de répartition entre
23 différents groupes.
24 R. Non, non, je ne savais rien de cela. Moi, je
25 travaillais dans une entreprise qui n’avait rien à voir
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1 avec l’armée. Donc, je ne connaissais rien de tout cela.
2 Q. Une fois encore, est-ce que vous seriez
3 surpris d’apprendre qu’un tel accord, un tel accord aux
4 fins de répartir des armes, a été rendu nul et non avenu
5 simplement du fait d’une décision prise par Monsieur Kordic
6 et Monsieur Brnada à Busovaca ? Est-ce que cela vous
7 surprendrait ?
8 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Monsieur le
9 Président, je vous prie de m’excuser, mais je souhaite ici
10 soulever une objection. Le témoin nous dit qu’il n’a
11 aucune connaissance à ce sujet. Je ne vois pas pourquoi le
12 représentant du Procureur continue à lui poser des
13 questions à ce sujet.
14 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Eh bien, il
15 peut poser la question au témoin. Quant à savoir si la
16 réponse nous aidera, j’ai quelques doutes à ce sujet.
17 Me NICE (interprétation) :
18 Q. Connaissiez-vous un homme qui s’appelait
19 Zarko Andric et qui était également connu sous le nom de
20 Zuti ?
21 R. Oui.
22 Q. Le 11 mai 1992, il a chassé un Musulman de
23 son domicile, du domicile de ce Musulman à Nova Bila. Vous
24 avez dû en entendre parler ?
25 R. Non, je ne le savais pas.
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1 Q. Mais vous connaissez bien Nova Bila, n’est-ce
2 pas ?
3 R. Oui.
4 Q. Un tel incident, c’est un incident dont il
5 est difficile de ne pas prendre connaissance. Si ça s’est
6 passé, comment se fait-il que vous n’en ayez pas eu
7 connaissance ?
8 R. Peut-être que c’était un incident isolé, mais
9 comme je vous l’ai dit, moi, je n’étais pas impliqué dans
10 ce genre de choses. Moi, je travaillais. Je faisais mon
11 travail comme beaucoup d’autres personnes. Cet incident a
12 effectivement peut-être eu lieu, mais c’était peut-être un
13 incident isolé.
14 Q. On reviendra à Zuti plus tard. Quand vous
15 avez travaillé finalement sous les ordres de Blaskic, vous
16 n’avez jamais appris que Zuti avait expulsé un Musulman ou
17 des Musulmans, et d’autre part, vous n’avez jamais eu
18 connaissance du fait que Blaskic l’ait sanctionné pour
19 cela ?
20 R. Non, je n’ai jamais eu connaissance de cela.
21 Q. Le 21 mai, un certain Trako a été tué. Est-
22 ce que vous en avez entendu parler ?
23 R. Non.
24 Q. Vous nous avez parlé avec beaucoup de
25 conviction de vos opinions sur le niveau d’autorité dont
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1 jouissait Monsieur Kordic, une autorité limitée d’après
2 vous. Est-ce que ceci repose sur ce que vous avez
3 découvert en étant en contact avec lui ou est-ce que vous
4 l’avez découvert du fait de votre proximité avec Monsieur
5 Blaskic ?
6 R. Pendant la guerre, j’ai rencontré Kordic un
7 certain nombre de fois. On n’a jamais parlé avec lui de
8 Blaskic. On n’avait tout simplement pas le temps de le
9 faire. Du fait de la relation assez étroite que j’avais
10 avec lui, je me suis rendu compte que c’était un homme
11 honorable.
12 Q. Je souhaiterais que vous examiniez un
13 document qui sera la pièce à conviction 120.
14 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Est-ce que ce
15 document a déjà été versé au dossier ?
16 Me NICE (interprétation) : Oui, oui. Il s’agit
17 de la pièce à conviction portant la cote 120.
18 Q. Donc, j’ai une question à vous poser au sujet
19 de ce document. Je vous demanderais tout d’abord de
20 l’examiner. C’est un document qui a été établi avant que
21 vous ne participiez. Il s’agit d’un ordre daté du 1er juin
22 de la Communauté croate à Busovaca, aux termes duquel le QG
23 de Vares reçoit l’ordre d’envoyer une unité de trois hommes
24 immédiatement dès réception au village de Tarcin Do à cause
25 du danger qui pèse sur ce village et cet ordre est signé de
Page 17385
1 Kordic et Kostroman.
2 Or, est-ce que vous êtes en train de nous dire que
3 ceci ne correspondait pas à ce que vous avez vu de Kordic
4 alors que vous travailliez avec Blaskic ?
5 R. Oui, je vois bien cet ordre, mais pour moi,
6 ça ne correspond pas avec la structure de commandement. Je
7 vois bien qu’il y a la signature de Kordic, mais il
8 n’aurait pas pu commander cette unité.
9 Q. En tant que Chef d’état-major, vous étiez
10 très proche de Blaskic et, de ce fait, vous connaissez
11 peut-être beaucoup de choses au sujet de ce qui s’est passé
12 sur le plan militaire et je voudrais savoir si vous avez
13 une explication quant à l’existence d’un tel ordre.
14 Comment un tel ordre a-t-il pu être rendu, donné ?
15 R. Ceci provient d’une période de temps pendant
16 laquelle je n’étais pas présent à l’état-major. Donc, je
17 ne sais pas dans quelles circonstances cet ordre a été
18 délivré.
19 Q. Il y a une possibilité sur laquelle je
20 reviendrai plus tard peut-être et je souhaiterais que vous
21 la gardiez à l’esprit. C’est la chose suivante : Blaskic
22 vous utilisait pour remplir un certain nombre de fonctions,
23 mais il est possible que d’une certaine façon, vous ayez
24 été une sorte d’outsider et que vos opinions ne
25 correspondaient peut-être pas exactement aux siennes. Est-
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1 ce que ça, c’est possible ?
2 R. Je relevais de Blaskic. J’étais son
3 subordonné. J’exécutais les ordres qu’il me donnait. Ce
4 qu’il m’ordonnait de faire, je le faisais. Donc, il n’y
5 avait pas de contradiction dans nos opinions et il n’y
6 avait pas de contradiction dans nos relations, dans ce
7 qu’il me communiquait et ce que je lui communiquais.
8 Q. Le 19 juin 1992, le bâtiment de la
9 municipalité et le poste de police à Vitez ont été pris par
10 le HOS, par des soldats du HOS. Vous en souvenez-vous ?
11 R. J’en ai entendu parler, mais je ne me
12 souviens pas de la façon dont ça s’est produit parce qu’à
13 l’époque, je ne travaillais pas là. J’en ai entendu parler
14 en tant que civil, en tant que citoyen.
15 Q. Vous nous dites que vous n’étiez pas là.
16 Vous n’étiez pas là dans la zone, dans la région ou vous
17 n’étiez pas là ce jour-là ?
18 R. Non. J’ai entendu dire que ça s’est produit,
19 mais je n’étais pas sur place. Je ne suis pas passé devant
20 cet endroit et je n’avais rien à faire à cet endroit.
21 Q. À l’époque, avec quelle institution associez-
22 vous le HOS : avec le HVO ou avec l’armée de Bosnie-
23 Herzégovine ?
24 R. Au départ, le HOS, c’était une structure qui
25 était associée aussi bien à la Défense territoriale qu’au
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1 HVO.
2 Q. Est-ce qu’il y a eu une attaque sur Novi
3 Travnik allant au-delà de l’occupation de l’immeuble
4 municipal et du poste de police ? Je parle d’une attaque
5 qui a eu lieu le même jour dans la soirée.
6 R. Je ne sais que très peu de choses au sujet de
7 l’offensive sur Novi Travnik. À l’époque, je résidais dans
8 mon village. Donc, j’ai certes entendu des tirs, mais je
9 ne sais pratiquement rien de ce qui s’est passé à Novi
10 Travnik.
11 Q. À ce moment-là, mon Général, vous étiez donc
12 un civil et non pas un soldat, mais quoi qu’il en soit, il
13 est vrai que les Musulmans n’avaient rien fait pour mériter
14 une telle offensive, n’est-ce pas ?
15 R. Je ne sais pas, mais il y a eu des incidents
16 qui ont été provoqués par les deux côtés, il y a eu des
17 routes bloquées, des incidents de ce genre. Il y a eu
18 aussi des frictions au sein du quartier général de la
19 Défense territoriale. J’en ai entendu parler également.
20 Je crois, en fait, que nous n’avons pas été capables de
21 mettre sur pied la 1ère Brigade de Vitez du fait des
22 frictions qui existaient au sein du quartier général de la
23 Défense territoriale au sein duquel on trouvait à l’époque
24 aussi bien des Croates que des Musulmans.
25 Q. Vous nous parlez de frictions au sein du
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1 quartier général. Est-ce que vous entendez par là que la
2 Défense territoriale a refusé de se rendre au HVO ? Est-ce
3 que c’est ce que vous qualifiez de frictions ?
4 R. Non. Je ne savais même pas qu’on lui avait
5 demandé de le faire, de se rendre.
6 Me NICE (interprétation) : La dernière pièce à
7 conviction dont on a dit qu’elle a été produite fait peut-
8 être surgir une petite ambiguïté parce qu’il y a encore une
9 question à régler au sujet des pièces à conviction, de leur
10 production, et cætera. Je ne pense pas qu’il faille en
11 parler pendant que nous entendons une déposition, mais je
12 voudrais savoir si je peux utiliser cette pièce à
13 conviction si nécessaire.
14 Je vais donc demander maintenant qu’on montre au
15 témoin la pièce 139.
16 Q. Encore une fois, ceci ne s’est pas produit
17 pendant la période pendant laquelle vous étiez actif
18 militairement. Ceci concerne le HVO de Vares. Il s’agit
19 d’un ordre selon lequel le HVO doit permettre une activité
20 non interrompue du HVO à Ilijas. Pendant que vous, vous
21 travailliez pour Blaskic, Vares relevait du commandement
22 général, n’est-ce pas ?
23 R. Oui.
24 Q. Est-ce que vous vous attendiez à ce que ce
25 genre de question soit réglée par un militaire ou bien par
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1 un homme politique ?
2 R. Seulement par un militaire.
3 Q. Vous voyez que c’est signé par Kostroman et
4 Kordic. Est-ce que ceci vous surprend compte tenu des
5 informations que vous avez pu recevoir par la suite ?
6 R. Je n’ai jamais entendu parler de cela et je
7 ne savais pas que de tels ordres existaient, mais à mon
8 avis, si un commandement de la Zone opérationnelle de la
9 Bosnie centrale existait, c’est ce commandement qui aurait
10 dû donner ce genre d’ordre.
11 Q. En été 1992, encore une fois, avant votre
12 engagement actif, il y a eu plusieurs manifestations,
13 c’est-à-dire notamment des manifestations de la prestation
14 de serments. Est-ce que vous n’y êtes jamais allé vous-
15 même ?
16 R. Non, jamais. Je ne suis jamais allé afin d’y
17 assister ni afin de prêter serment.
18 Q. Est-ce que vous avez vu ces événements à la
19 télé ?
20 R. Parfois, oui.
21 Q. Est-ce que vous étiez inquiet de voir qu’il y
22 a eu cette parade des soldats appartenant à un seul groupe
23 ethnique qui prêtaient serment de cette manière-là ?
24 R. Je ne réfléchissais pas à cela et ceci ne
25 m’intéressait pas particulièrement, ce genre d’événements.
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1 Q. Au moment de la prestation de serments, par
2 exemple, en été 1992, les Musulmans n’avaient rien fait
3 afin d’être subjugués aux Croates, n’est-ce pas ?
4 R. Je ne sais pas.
5 Me NICE (interprétation) : La pièce à conviction
6 202, s’il vous plaît.
7 Q. Pendant qu’on attend, vous pourriez nous dire
8 quelque chose sur la manière dont les troupes étaient
9 payées. Comment étaient-elles payées ? Nous verrons la
10 pièce à conviction dans un instant. Dites-nous d’abord
11 comment étaient-ils payés, les soldats ?
12 R. Lorsque moi, je suis venu au commandement de
13 la Zone opérationnelle, il n’y avait pas de soldes au sein
14 de l’armée. Moi-même, avant le mois de décembre 1994, je
15 n’ai pas reçu de soldes au sein de l’armée. Donc, je ne
16 sais pas comment étaient-ils payés et si c’était le budget
17 municipal qui en était chargé, mais en ce qui me concerne
18 personnellement, je n’ai jamais reçu de soldes avant le
19 mois de décembre 1994.
20 Q. Très bien ! Veuillez examiner ce document,
21 cette note qui était écrite à la main, apparemment signée
22 par Ivica Rajic.
23 Il est écrit : « Concernant les arrangements
24 financiers pour les soldats appartenant à votre état-major
25 municipal, Messieurs Ante Pejcinovic et Borivoje Malbasic
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1 doivent contacter d’urgence Monsieur Dario Kordic. »
2 C’est seulement quelques mois avant que vous ne
3 soyez venu. Sur la base de ce que vous avez appris lorsque
4 vous avez pris vos fonctions, est-ce que vous pouvez
5 expliquer comment se fait-il qu’il lui était possible à lui
6 de financer les soldes des soldats de la manière décrite ?
7 Me SAYERS (interprétation) : Nous avons une
8 objection, Monsieur le Président. Je n’ai pas la liste des
9 documents qui font l’objet de notre objection. Je ne sais
10 pas, peut-être que ce document a déjà été refusé, mais le
11 Procureur aurait dû demander au témoin s’il a vu ce
12 document auparavant, et si la réponse était oui, dans ce
13 cas-là, on aurait pu lui poser des questions.
14 Je me souviens que lorsque nous, nous voulions
15 poser des questions au témoin, il a fallu d’abord savoir si
16 le témoin a vu le document ou pas, et sinon, nous n’avions
17 pas le droit de poser des questions et je pense que c’était
18 justifié.
19 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Me Nice, qu’en
20 dites-vous ?
21 Me NICE (interprétation) : Très bien !
22 Q. Témoin, dites-nous s’il vous plaît, est-ce
23 que vous avez déjà vu ce document ?
24 R. Non, jamais.
25 Q. Le quartier général de Blaskic était
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1 responsable de toutes les affaires, y compris le paiement
2 de ces soldes lorsque ces soldes pouvaient être versées,
3 n’est-ce pas ?
4 R. Je suppose que oui, mais je sais qu’il n’y a
5 pas eu de soldes.
6 Q. Donc, en ce qui concerne les registres, ce
7 genre de registres existaient et couvraient entre autres
8 choses ce genre de sujets, n’est-ce pas ?
9 R. Ces notes ne doivent pas être conformes à la
10 vérité.
11 Q. Très bien !
12 Me NICE (interprétation) : La pièce à conviction
13 229, s’il vous plaît.
14 Q. Vous vous souvenez de mes premières questions
15 concernant la question de savoir si ce conflit avait été
16 provoqué par des ambitions territoriales des Musulmans ou
17 pas. C’est seulement à cause de la manière dont vous avez
18 décrit les choses que je vous pose ce genre de questions.
19 Il s’agit ici d’un document que vous n’avez
20 probablement jamais vu. Je vous le montre tout simplement
21 pour que vous sachiez pour quelle raison je vous pose cette
22 question. Il s’agit d’une réunion qui a eu lieu le 30
23 septembre 1992. Au cours…
24 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Il faudrait
25 placer une copie sur le rétroprojecteur, s’il vous plaît.
Page 17393
1 Me NICE (interprétation) : Je m’excuse. J’ai la
2 version en anglais.
3 Q. Bien sûr, vous ne saviez pas que ceci a eu
4 lieu, mais si au cours de cette discussion, Monsieur Kordic
5 était inquiet et souhaitait que tous les réfugiés soient
6 placés dans une municipalité musulmane, est-ce que c’était
7 conforme à vos convictions de l’époque, à savoir qu’il
8 devrait y avoir un partage entre les deux communautés ?
9 En ce qui concerne la version en anglais, ceci
10 figure à la page 4.
11 Est-ce qu’il était justifié de dire qu’à l’époque,
12 la situation était tellement tendue que les Musulmans
13 devaient être tenus à l’écart vis-à-vis de la communauté
14 croate ?
15 R. Je n’ai jamais vu ce document. Je ne l’ai
16 jamais eu dans les mains. Je ne peux pas donner un
17 commentaire comme ça tout rapidement avant de lire
18 l’ensemble du document, et en ce qui concerne mon opinion,
19 je l’ai et je la maintiens.
20 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je pense qu’il
21 est inutile de poser d’autres questions à ce sujet.
22 Passons à autre chose.
23 Me NICE (interprétation) :
24 Q. Général, je souhaite dire qu’au moment dont
25 nous avons parlé tout à l’heure, d’après vos propos, il n’y
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1 a eu aucune preuve selon laquelle on pourrait conclure que
2 les Musulmans étaient tellement agressifs afin d’être
3 traités comme des ennemis ?
4 R. Je pense que nous n’avons pas agi de cette
5 manière avant l’attaque contre nos villages parce que
6 comment voulez-vous expliquer mon travail dans le cadre de
7 la Commission conjointe à Busovaca lorsque nous avons eu
8 des discussions avec la communauté internationale
9 concernant le nombre de maisons croates abandonnées ? Il y
10 en a eu 528, alors que les maisons musulmanes, il y en a eu
11 128.
12 Donc, ça doit servir à comprendre la question de
13 savoir qui a expulsé qui de la Bosnie centrale. Il y a eu
14 150 000 Croates qui avaient été expulsés de chez eux contre
15 50 000 Musulmans. Donc, il s’agit d’un rapport de trois
16 contre un. Donc, c’est les Croates qui ont été expulsés et
17 c’est les Croates qui ont été attaqués.
18 Q. Peut-être la situation a changé parce que les
19 Musulmans sont devenus plus puissants, mais ici, je parle
20 du début de la situation. En novembre 1992, est-ce que
21 vous pensez qu’il était justifié d’obliger les Musulmans à
22 plaider leur loyauté, à prêter serment sur leur loyauté au
23 gouvernement du HVO sous peine de perdre leur emploi ?
24 Est-ce que c’était justifié ?
25 R. Je pense que ceci ne s’est pas produit. Je
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1 n’ai pas entendu parler de ce genre de cas. En ce qui
2 concerne les pertes d’emplois, les Croates aussi perdaient
3 leurs emplois. Ma femme, par exemple, qui travaillait
4 avant ne travaillait plus. Elle avait travaillé dans la
5 même usine avec les Musulmans. Elle a perdu son emploi en
6 juin 1992 et elle n’a jamais regagné son poste.
7 Donc, les gens perdaient leurs emplois, ils
8 rentraient chez eux et ceci concernait à la fois les
9 Croates et les Musulmans qui sont restés aux autres postes
10 avant que le conflit n’éclate à Vitez.
11 Q. Qu’est-ce que vous pouvez dire en ce qui
12 concerne 10 immeubles, les cafés et restaurants qui ont été
13 détruits, démolis par le HVO, par les soldats du HVO en
14 1992 ? Il n’y a pas eu de justification à cela.
15 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : C’était en
16 janvier. Oui. Allez-y.
17 R. Je me souviens qu’on a détruit un certain
18 nombre de leurs commerces, mais il faut savoir qu’il y a eu
19 encore plus de bâtiments et de commerces croates qui ont
20 été détruits et ceci a été fait surtout afin de procéder à
21 des vols, à des pillages.
22 Me NICE (interprétation) :
23 Q. Donc, c’est dans une telle situation, dans de
24 telles circonstances que vous avez pris vos fonctions en
25 novembre 1992, n’est-ce pas ?
Page 17396
1 Me SAYERS (interprétation) : Objection, Monsieur
2 le Président. Le Procureur a dit en anglais « joined up »
3 pour « prendre les fonctions ». Je pense que ceci n’est
4 pas suffisamment clair parce qu’il a rejoint les rangs du
5 HVO en avril 1992 et il est devenu Chef d’état-major en
6 novembre 1992.
7 Me NICE (interprétation) : Mon collègue de la
8 Défense a raison. Je parlais du moment où il a commencé à
9 travailler auprès de Blaskic en novembre 1992.
10 Q. Donc, c’est dans de telles circonstances que
11 vous étiez prêt à collaborer avec Blaskic sans hésitation ?
12 R. J’ai accepté de travailler dans le
13 commandement de la Zone opérationnelle le 1er décembre
14 1992. À ce moment-là, il y a encore eu des combats
15 violents contre les Serbes et il n’y a pas eu de combats
16 contre les Musulmans de Bosnie du tout.
17 Q. C’était quelques jours après une réunion du
18 groupe de travail militaire mixte à Sarajevo, n’est-ce
19 pas ? Vous vous en souvenez ?
20 R. Je ne sais rien en ce qui concerne ce groupe
21 de travail.
22 Q. Est-ce que vous ne savez rien concernant le
23 fait que c’est Monsieur Kordic qui était votre représentant
24 au cours de cette réunion ?
25 R. Non.
Page 17397
1 Q. Au cours de cette réunion, ni au cours d’une
2 autre réunion qui a eu lieu à la fin du mois de décembre,
3 vous ne saviez pas du tout non plus ?
4 R. Oui. En décembre, j’ai entendu qu’il est
5 allé à une réunion.
6 Q. Est-ce que vous comprenez pourquoi on
7 l’appelait « colonel » ?
8 R. Personne n’avait de grade de colonel dans le
9 HVO. Monsieur Filipovic était appelé « colonel », Monsieur
10 Blaskic était appelé « colonel » et d’autres officiers
11 aussi. On les appelait en utilisant les grades employés
12 officieusement par les gens. Je n’ai jamais vu d’ordre
13 avant janvier 1996, d’ordre de promotion de quelqu’un à un
14 quelconque grade du HVO. C’est seulement en janvier 1996
15 que nous avons reçu nos grades de manière officielle, mais
16 parfois, les gens, en parlant avec quelqu’un, disaient
17 « colonel » et j’ai entendu qu’ils appelaient Monsieur
18 Kordic ainsi, « colonel ». Moi personnellement, je ne lui
19 disais jamais « colonel ». Je lui disais « Monsieur
20 Dario » quand je lui parlais.
21 Q. Il a été promu en janvier 1996. Quand il a
22 été promu, est-ce que c’est bien le grade qu’il a reçu à ce
23 moment-là ?
24 R. Je pense qu’il a reçu le même grade que moi,
25 celui du général de brigade.
Page 17398
1 Q. Donc, nous parlons maintenant du mois de
2 janvier, de votre travail au sein de la commission. Est-ce
3 que vous accepteriez la caractérisation suivante de vos
4 fonctions au sein de cette commission, à savoir que vous
5 deviez contacter Blaskic afin de prendre des décisions ?
6 R. Je préparais des rapports à l’attention de
7 Monsieur Blaskic au sujet de ce qui était fait après les
8 décisions qui avaient été prises parce que c’est lui qui
9 signait les ordres avec Hadzihasanovic si quelque chose
10 devait être fait, des ordres envoyés à moi et
11 Hadzihasanovic. Donc, suite à ça, moi, je préparais des
12 rapports pour lui ou j’allais directement au QG pour lui
13 dire ce qui avait été fait dans le cadre de la Commission
14 conjointe.
15 Q. C’est une chose d’écrire un rapport pour dire
16 ce qui s’est passé mais une autre de consulter quelqu’un
17 avant de prendre des décisions. Je voudrais savoir, car
18 notamment Monsieur Filipovic nous l’a dit, si vous le
19 consultiez avant de prendre des décisions.
20 R. Je ne comprends pas. Quelles décisions ?
21 Q. Des décisions prises au sein de la
22 commission.
23 R. Non. Les décisions prises au sein de la
24 commission étaient ensuite transmises vers le bas de
25 l’échelon hiérarchique. C’était la tâche de Blaskic et
Page 17399
1 Hadzihasanovic et il s’agissait également d’établir la paix
2 à Busovaca, de séparer les armées à Busovaca, de réduire le
3 nombre de soldats, de remblayer les tranchées, et caetera,
4 et moi, je lui faisais des rapports sur ce genre de choses
5 à Blaskic parce que c’était sur la base d’un ordre conjoint
6 signé par lui-même et Hadzihasanovic.
7 Q. Il a été dit que le manque d’autorité dont
8 vous disposiez vous rendait incapable de prendre des
9 décisions au sein de la commission et ceci a créé des
10 tensions au sein de cette commission. Est-ce que vous
11 acceptez la véracité de cette affirmation ?
12 R. Non, non. Tout ce qui a été ordonné, je l’ai
13 mis en œuvre. S’il n’y avait pas d’ordre, je ne pouvais
14 pas le faire parce que moi, j’étais un subordonné.
15 Q. Bien ! Nous allons passer à janvier. Je
16 vous demande d’examiner la pièce à conviction 248.1.
17 En janvier, vous étiez en contact avec Blaskic,
18 c’est indéniable, et sans doute commenciez-vous à vous
19 familiariser avec l’évolution de la situation sur le
20 terrain. C’est exact, Général ?
21 R. Pouvez-vous, s’il vous plaît, répéter votre
22 question ?
23 Q. En janvier 1993, vous étiez en mesure de
24 commencer à comprendre comment les choses fonctionnaient
25 sur le terrain au niveau du quartier général de Blaskic, et
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1 de toute la zone d’ailleurs également ?
2 R. Moi, ma mission, c’était d’organiser l’état-
3 major et les unités. Malheureusement, je n’y suis jamais
4 parvenu à cause du travail au sein de la Commission
5 conjointe et du fait que je travaillais au sein du
6 commandement conjoint. On a terminé la guerre alors que le
7 HVO n’avait, en fait, pas été véritablement formé.
8 Q. Oui, mais comme vous nous l’avez dit,
9 Blaskic, c’était le militaire et Kordic, lui, n’avait rien
10 à voir avec les questions militaires ?
11 R. Non.
12 Q. Parce qu’ici, nous disposons d’un document
13 qui vient de Gornji Vakuf, en date du 10 juin 1993, et qui
14 vient de la Brigade Ante Starcevic, à l’intention de la
15 Zone opérationnelle de Bosnie centrale, et on demande donc
16 que soient fournis 150 obus de mortiers de 120 millimètres
17 de calibre du genre de ceux qui sont disponibles à l’usine
18 SPS de Vitez et ceci est adressé également à Monsieur
19 Kordic.
20 Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ? Vous étiez
21 sur place à l’époque.
22 R. Je n’ai jamais vu ce document auparavant. Je
23 crois que c’est une erreur le fait qu’on l’ait envoyé à
24 Monsieur Kordic parce qu’en fait, le destinataire
25 véritable, c’est la Zone opérationnelle et son
Page 17401
1 commandement.
2 Q. Est-ce que le fait que ce document ait été
3 adressé également à Monsieur Kordic fait que sur le
4 terrain, il y avait une chose qui était claire pour tout le
5 monde, à savoir que c’était lui qui détenait le pouvoir ?
6 R. À l’époque, c’était Luka Sikira qui pensait
7 ça. Moi, non, je ne pensais pas ça.
8 Me NICE (interprétation) : Monsieur le Président,
9 si la Chambre est prête à siéger un petit peu après 16 h
10 00…
11 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Jusqu’à 16 h
12 10.
13 Me NICE (interprétation) : Je voudrais passer à
14 un autre moment dans la chronologie, avancer dans la
15 chronologie et donc, je souhaiterais passer au 10 janvier
16 et je demanderais à la Chambre de consulter sa copie de la
17 cassette audio. La transcription de cette cassette porte
18 la cote 2801.3 et je souhaiterais que Madame Bauer puisse
19 communiquer au témoin la transcription en croate de la
20 dernière conversation et je souhaiterais que la version en
21 anglais de ce même document qui figure à la page 32 soit
22 placée sur le rétroprojecteur.
23 Q. Mon Général, ne lisez pas le document parce
24 que j’ai d’abord deux questions à vous poser.
25 Le 25 février 1993, est-il exact que vous aviez un
Page 17402
1 seul moyen de communiquer entre Busovaca et Kiseljak ? Il
2 s’agissait d’une ligne téléphonique qui se trouvait dans
3 l’immeuble des PTT ?
4 R. Oui. Il y avait une ligne jusqu’à ce qu’elle
5 soit coupée par les forces de l’armée, mais je ne sais pas
6 exactement quand elle a été coupée.
7 Q. Vous avez utilisé cette ligne téléphonique
8 vous-même ?
9 R. Non.
10 Q. À ce moment-là, je souhaiterais que vous
11 écoutiez cette cassette. Je signalerai quand il faudra
12 arrêter la cassette. Donc, je voudrais que vous l’écoutiez
13 en suivant si possible la version croate que vous avez sous
14 les yeux.
15 Me NICE (interprétation) : Un instant, s’il vous
16 plaît, Monsieur le Président, que je me retrouve dans mes
17 notes. Je vais demander à la cabine technique de lancer la
18 cassette. La qualité n’est pas excellente, je vous le
19 signale tout de suite.
20 [Diffusion d’une cassette audio]
21 L’INTERPRÈTE : Les interprètes de la cabine
22 française ne disposant pas de la transcription ne peuvent
23 assurer la traduction de cette cassette.
24 Me NICE (interprétation) :
25 Q. Il n’y a pas d’interprétation de cette
Page 17403
1 cassette car ce n’est peut-être pas possible, mais je
2 voudrais savoir si vous reconnaissez la voix qu’on entend
3 sur cette cassette.
4 R. Non, je ne reconnais aucune des voix qu’on
5 entend.
6 Q. Est-ce que vous avez été en mesure de suivre
7 ce qui est dit sur la base du transcript que vous avez sous
8 les yeux ?
9 R. Oui, j’ai suivi.
10 Q. On fait référence ici à un homme du nom de
11 Franjo. Qui pourrait-ce être à part vous ?
12 R. Ce n’est pas ma voix et ce n’est pas une
13 conversation que j’ai tenue.
14 Q. Avez-vous reconnu l’autre voix ?
15 R. Non.
16 Q. Pouvez-vous nous apporter votre assistance
17 pour nous dire qui éventuellement aurait pu utiliser cette
18 ligne téléphonique, quelqu’un qui s’appelle Franjo ?
19 R. Il n’y avait pas de Franjo au commandement.
20 À part l’assistant chargé de la logistique qui s’appelait
21 Franjo, je ne connais personne d’autre qui portait ce nom,
22 mais ce spécialiste en logistique, ce n’est pas celui qu’on
23 entend sur la cassette. Ce n’est pas non plus ma voix et
24 d’ailleurs, je ne reconnais aucune des voix qu’on entend
25 sur cette cassette.
Page 17404
1 Q. Il est indéniable que la qualité du son est
2 très mauvaise. Est-il possible que l’une des autres voix
3 qu’on entend soit celle de Blaskic ou pas ?
4 R. Aucune de ces voix n’appartient à Blaskic.
5 Q. J’y reviendrai peut-être demain mais je
6 voulais avoir votre réponse à cette question en particulier
7 ce soir. Merci beaucoup.
8 À ce moment-là, pour les quelques minutes qui nous
9 restent, revenons à ce que vous nous dites au sujet de
10 janvier.
11 Vous nous avez parlé du point de contrôle et de
12 l’arrestation de quelqu’un au point de contrôle. Avant
13 d’en parler, je voudrais savoir si vous avez des
14 informations quelconques au sujet du meurtre de Mirsad
15 Delija.
16 R. Je n’ai jamais entendu ce nom auparavant.
17 Q. Bien ! Parlons maintenant du point de
18 contrôle parce que je voudrais approfondir ce que vous nous
19 dites. Comment avez-vous appris qu’il y a eu cette
20 arrestation au point de contrôle ?
21 R. Sur la base du rapport écrit envoyé par
22 l’état-major municipal de Busovaca qui a été envoyé à la
23 Zone opérationnelle.
24 Q. Oui. Qui l’a envoyé ce rapport ?
25 R. Le quartier général municipal de Busovaca,
Page 17405
1 l’état-major municipal.
2 Q. Qui l’a rédigé ? Qui en était l’auteur ?
3 R. Dusko Grubesic.
4 Q. Est-ce qu’il s’agissait d’un simple rapport
5 sur un incident ou bien est-ce qu’il demandait de l’aide ou
6 autre chose ? Quelle était la position ?
7 R. Il envoyait le rapport et il a demandé que
8 l’on intervienne à Zenica pour faire libérer cette
9 personne.
10 Q. Quelle personne ?
11 R. Ignjac Kostroman.
12 Q. Quand est-ce que le rapport a été envoyé ?
13 R. J’ai déjà dit que c’était le 20 ou le 21. Je
14 ne me souviens pas exactement.
15 Q. À quel moment de la journée est-ce qu’il a
16 été envoyé ?
17 R. Dans l’après-midi.
18 Q. À ce moment-là, d’après ces informations, où
19 est-ce que Monsieur Kostroman était détenu ?
20 R. Je ne le sais vraiment pas.
21 Q. Mais le but en était de faire libérer cette
22 personne. Qui a reçu cette demande dans le bureau ?
23 C’était vous ou quelqu’un d’autre ?
24 R. C’était l’officier de garde chargé des
25 opérations qui était dans la Zone opérationnelle.
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1 Q. Et ?
2 R. Je ne m’en souviens pas.
3 Q. Qui a réagi lorsque le message a été reçu :
4 vous, Blaskic, quelqu’un d’autre ?
5 R. Moi, je n’ai pas agi. Simplement, j’ai reçu
6 cette information. L’information a été transférée,
7 transmise au commandant, mais je ne sais pas ce qui a été
8 fait. Il a été relâché.
9 Q. Il a été relâché au bout de combien de temps,
10 s’il vous plaît ?
11 R. Croyez-moi que je ne le sais pas. Je ne m’en
12 souviens pas. Ceci s’est produit il y a longtemps et moi,
13 je vaquais à mes propres affaires.
14 Q. L’on ne vous a pas demandé des questions
15 concernant cet incident au cours de la préparation de votre
16 déposition dans le cadre de deux autres affaires où vous
17 êtes apparu comme témoin ?
18 R. Non.
19 Q. Donc, corrigez-moi si je me trompe, mais la
20 première fois que vous avez pu repenser à cet incident
21 était il y a quelques semaines, lorsque pour la première
22 fois, l’on vous a proposé de comparaître dans le cadre de
23 cette affaire ?
24 R. Le 30 mars, j’ai fait ma première déclaration
25 et à ce moment-là j’ai simplement dit que nous avons reçu
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1 un rapport sur le fait qu’ils ont été arrêtés, arrêtés avec
2 leurs deux escortes, et je n’ai dit rien d’autre à la
3 Défense. Je n’ai pas pu dire rien d’autre ni à la Défense
4 ni à vous parce que je ne me souviens plus d’autres détails
5 de ce qui s’est passé par la suite.
6 Q. Donc, eux, ils ont été arrêtés avec leurs
7 deux escortes. De qui parlez-vous ?
8 R. Je ne sais pas si j’ai dit : « eux ». J’ai
9 dit : « Ignjac Kostroman avec ses deux escortes. »
10 Q. Le rapport n’a-t-il dit rien d’autre
11 concernant d’autres personnes, citant d’autres noms, n’est-
12 ce pas ?
13 R. Non, non, sauf que Kordic et Blaskic
14 n’étaient pas présents sur place. Ça aussi a été mentionné
15 dans le rapport, puisque Blaskic n’était pas Blaskic dans
16 la Zone opérationnelle à ce moment-là.
17 Q. C’est moi qui me suis trompé si je n’ai pas
18 bien compris. Cette information a été envoyée à l’état-
19 major de Blaskic afin de demander de l’aide. Est-ce
20 exact ?
21 R. Il s’agissait d’une sorte d’information. Ma
22 tâche n’était pas de m’occuper de cette affaire. J’ai
23 transmis ça au service de sécurité qui était chargé de ce
24 genre d’affaire. Donc, c’est le service de sécurité qui
25 devait résoudre le problème et je ne sais pas comment le
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1 problème a été résolu.
2 Q. Si ceci a été envoyé à l’état-major de
3 Blaskic afin de demander de l’aide, c’est ce que je pensais
4 et j’ai relu le transcript.
5 Me SAYERS (interprétation) : Si nous nous
6 penchons sur la ligne 21, page 140, il est clair que le
7 témoin a dit que ceci a été envoyé en tant qu’information
8 et je pense qu’il a ainsi répondu à la question.
9 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Il est 4 h 10
10 maintenant.
11 Me NICE (interprétation) : [Hors microphone]
12 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui. Il est
13 possible de reprendre demain matin.
14 Général Nakic, veuillez rentrer demain matin à 9 h
15 30, s’il vous plaît.
16 --- L’audience est levée à 16 h 12
17 pour reprendre le vendredi
18 14 avril 2000 à 9 h 30
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