Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1               Mercredi 3 mai 2000

  2               Témoin : M  Darko Gelic

  3               Interrogé par l'accusation : M Nice

  4               (Le témoin est introduit dans le prétoire.)

  5   M. le Président (interprétation). -  A vous Monsieur Nice.

  6   M. Nice (interprétation).- Commandant Gelic, nous avons un

  7   certain nombre de documents à examiner pour identifier ce que vous avez

  8   préparé. Je commencerai par une série de documents enregistrés sous la

  9   cote 20.18 qui couvre plusieurs mois. Je vous demande si vous parlez

 10   anglais.

 11   M. Gelic (interprétation).- Suffisamment pour le comprendre mais

 12   je ne dirai pas que je le parle vraiment bien.

 13   M. Nice (interprétation).- Aviez-vous un interprète dans votre

 14   bureau qui traduisait en anglais pour vous ?

 15   M. Gelic (interprétation).- Oui.

 16   M. Nice (interprétation).- Son nom ?

 17   M. Gelic (interprétation).- Tanja Saric.

 18   M. Nice (interprétation).- Je vous demanderai maintenant

 19   d'examiner les documents que vous avez sous les yeux. Je crois qu'ils sont

 20   tous traduits. Je vais vous demander de les examiner pour  confirmer qu'il

 21   s'agit d'une série de messages reçus ou envoyés.

 22   Monsieur le Président, vous trouverez les numéros de ces

 23   documents en bas à droite. Je demanderai au témoin d'examiner la page 2,

 24   nous, nous examinerons la page 1, il s'agit d'un document de

 25   septembre 1992 : Rapport au sujet des forces ennemies déployées dans un


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  1   secteur particulier. Nous voyons en bas une remarque manuscrite signalant

  2   qu'un rapport plus détaillé est nécessaire et que vous, Monsieur le

  3   témoin, devez soumettre ce rapport. C'est le genre de tâche qui vous était

  4   confiée de temps en temps, n'est ce pas ?

  5   M. Gelic (interprétation).- Oui.

  6   M. Nice (interprétation).- Page 3 et 4. Et vous, Commandant,

  7   vous regarderez la page 4, document manuscrit écrit par vous, comportant

  8   des instructions destinées aux gens de Zepce et Kiseljak. En novembre

  9   1992, vous étiez à Zenica et vous demandiez déjà à des gens de Kiseljak de

 10   faire un certain nombre de choses, n'est-ce pas ?

 11   M. Gelic (interprétation).- Oui, pour autant que je le vois ici.

 12   Lors d'une des réunions dont j'ai déjà dit que nous tenions dans la zone

 13   opérationnelle de Bosnie-Herzégovine centrale, je demandais aux

 14   représentants du service de renseignement de venir à cette réunion.

 15   M. Nice (interprétation).- Pages 5 et 6, il s'agit

 16   d'instructions destinées à Vitez, Novi Travnik, et Travnik en

 17   novembre 1992. Il avait été demandé à ces personnes de rédiger des

 18   rapports sur le terrain. Ce document est signé par vous.

 19   M. Gelic (interprétation).- Le document n'est pas signé.

 20   M. Nice (interprétation).- Pages 7 et 8, l'un des ces documents

 21   est signé, il est daté du 1er décembre. Le numéro de référence concerne

 22   décembre dans la région de Serici : "Pas de changement significatif de la

 23   part de l'agresseur, etc.". C'est le genre de document que vous envoyiez,

 24   n'est-ce pas ?

 25   M. Gelic (interprétation).- Oui.


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  1   M. Nice (interprétation).- Pages 9 et 10, c'est le dernier

  2   document pour 1992. Vous vous rappelez avoir dit aux Juges hier que les

  3   documents ont reçu de nouveau numéros de référence à partir du début de

  4   1992 et vous remarquerez qu'au sommet de ce document, comme sur les

  5    autres, il y a un numéro de référence datant de 1992.

  6   M. Bennouna. - Quel est l'objectif que vous poursuivez à travers

  7   la présentation au témoin de ces documents, pour que nous puissions vous

  8   suivre ?

  9   M. Nice (interprétation).- Comme je l'ai indiqué, il s'agit de

 10   donner un exemple de la série de document qui existent et qui représentent

 11   la totalité des documents existants. Ils sont l'incarnation de la

 12   responsabilité du témoin. Je passe en revue ces documents aussi rapidement

 13   que possible. Je dois parler de ces documents, notamment du dernier qui

 14   est très important, mais nous n'étions pas certains de la date et nous le

 15   sommes aujourd'hui.

 16   Donc nous voyons le 24 décembre, un numéro de référence...

 17   M. Bennouna. - Vous avez réagi hier un peu vivement sur le

 18   temps. Je tiens à vous dire également que le temps est quelque chose

 19   d'important dans le déroulement d'un procès. Ce n'est pas la

 20   responsabilité du témoin qui est en cause ici, peut-être sa crédibilité...

 21   vous en avez déjà beaucoup parlé. Par conséquent, vous devriez normalement

 22   suivre la Chambre quand on vous demande de ramasser votre contre-

 23   interrogatoire par rapport à l'interrogatoire principal.

 24   M. Nice (interprétation).- C'est ce que je fais, monsieur le

 25   Juge. Je le fais, mais je ne peux pas parler des documents plus


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  1   rapidement que je ne le fais.

  2   Nous en arrivons au document suivant, pages 11 et 12, le

  3   précédent concernant un escadron de reconnaissance. Donc ce nouveau

  4   document est un document qui vous est adressé, et à la page 13 nous

  5   avons la traduction assez importante d'un document dont nous

  6   trouvons plusieurs exemplaires. La traduction est annexée à ce document,

  7   nous n'en disposions pas hier.

  8   Pour vous, Commandant, il s'agit de la page 14 et dans ce

  9   document il est dit qu'il n'y a pas d'activité de combat dans la zone de

 10   responsabilité de votre brigade jusqu'à une heure déterminée.

 11   Et si nous regardons les pages 14, 15 et 16, nous voyons trois

 12   documents de la même nature concernant les mêmes jours. Page 17, même

 13   genre de documents pour le 28 février. Pages 18 et 19, autre document

 14   simplement signé par vous. Je ne vais pas m'appesantir sur ces documents,

 15   simplement je les présente comme des éléments de preuve pour mon

 16   argumentation à venir.

 17   Page 20, un autre document qui stipule qu'il n'y a pas

 18   d'activité. Pages 21 et 22, autre document émanant de vous. Page 23,

 19   document datant du 28 mars qui signale qu'il n'y a pas d'activité dans la

 20   zone de responsabilité de la brigade. Enfin, pour être complet, pages 24

 21   et 25, le document dont nous avions une copie de mauvaise qualité hier,

 22   document qui montre très clairement que c'est bien le 16 avril 1993 que

 23   vous demandiez des informations au sujet de l'évolution de la situation à

 24   Vitez. Donc cela s'est bien passé le

 25   16 avril.


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  1   Défendez-vous la position que vous saviez qu'une certaine

  2   évolution avait lieu à Vitez, qui était conforme au plan, Commandant ?

  3   M. Gelic (interprétation).- Monsieur le Président, Messieurs les

  4   Juges, j'aimerais d'abord répondre aux questions qui ont été posées

  5   au sujet des numéros de référence des documents. Sur la base des

  6   éléments de preuve que le Procureur vient de montrer...

  7   M. le Président (interprétation). -  Voulez-vous bien répondre

  8   aux questions, je vous prie, plutôt que de répondre aux questions

  9   auxquelles vous-même souhaitez répondre ? Monsieur Nice, pouvez-vous

 10   répéter votre question ?

 11   M. Nice (interprétation).- Absolument, monsieur le Président.

 12   Défendez-vous la position que le 16 avril 1993, vous saviez que

 13   les choses se développaient à Vitez conformément aux plans ?

 14   M. Gelic (interprétation).- Je ne savais pas ce qui se passait,

 15   c'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai envoyé ce message. Mais il

 16   importe que vous sachiez que Zenica est séparée de Vitez uniquement par un

 17   massif montagneux. Donc on entend tout ce qui s'y passe. C'est d'ailleurs

 18   pour cette raison que j'ai demandé des informations au sujet de ce qui se

 19   passait à Vitez.

 20   M. Nice (interprétation).- Ensuite, vous deviez travailler pour

 21   Blaskic. Si l'on vous disait qu'il vous a décrit comme étant ses yeux et

 22   ses oreilles, est-ce que cela correspondrait au poste que vous occupiez

 23   d'après vous ?

 24   M. Gelic (interprétation). – Si je travaillais à un poste de

 25   renseignement, c'est ainsi que j'interprèterais les choses, sans doute.


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  1   M. Nice (interprétation). - Après la fin de cette guerre, le

  2   24 décembre 1996, vous avez reçu une médaille très importante, n'est-ce

  3   pas ?

  4   M. Gelic (interprétation). – A quelle date ? Excusez-moi.

  5   M. Nice (interprétation). -  Le 24 décembre 1996.

  6   M. Gelic (interprétation). – Je ne suis pas sûr de la date. Je

  7   dirai que je n'ai pas reçu une seule médaille, mais plusieurs.

  8   M. Nice (interprétation). - L'une des décorations que vous avez

  9   reçues vous a été décernée par le Président Tudjman ?

 10   M. Gelic (interprétation). – Oui.

 11   M. Nice (interprétation). - Il s'agit de l'ordre du trèfle

 12   croate qui est la huitième décoration dans l'ordre d'importance des

 13   décorations militaires, n'est-ce pas ?

 14   M. Gelic (interprétation). – Oui.

 15   M. Nice (interprétation). - Cette décoration est décernée aux

 16   citoyens croates et étrangers pour une contribution exceptionnelle en

 17   faveur de la République de Croatie durant une guerre ou quand une guerre

 18   est imminente, ou exceptionnellement dans des circonstances dans des

 19   conditions de paix. Pouvez-vous expliquer ce que vous avez fait au service

 20   de la Croatie en temps de guerre pour mériter cette décoration ?

 21   M. Gelic (interprétation). – S'agissant de cela, je suppose que

 22   cette décoration m'a été décernée pour me récompenser pour le rôle

 23   joué dans les opérations de libération effectuées en Bosnie-

 24   Herzégovine au niveau d'une brigade d'infanterie légère contre l'agresseur

 25   serbe.


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  1   M. Nice (interprétation). - Mais votre rôle a-t-il été en fait

  2   un rôle important dans les services de renseignement, commandant, même

  3   quand vous travailliez pour Blaskic ?

  4   M. Gelic (interprétation). – Pendant que je travaillais pour

  5   Blaskic, j'étais officier de liaison avec les organisations

  6   internationales. Dans la dernière partie de ma vie militaire, j'ai été

  7   transféré dans une nouvelle brigade, j'ai été nommé au poste de chef du

  8   département du renseignement. Donc ces deux actions pendant la guerre

  9   n'ont aucun rapport l'une avec l'autre.

 10   M. Nice (interprétation). – Aviez-vous été formé au

 11   renseignement avant la guerre ?

 12   M. Gelic (interprétation). – Non. Je n'avais eu aucun contact

 13   avec des unités militaires et je n'avais eu aucune activité dans le

 14   domaine militaire.

 15   M. Nice (interprétation). - Je demande que l'on distribue le

 16   document 1146.2. Pendant que ce document est distribué et s'agissant du

 17   Convoi de la Joie –pour aller plus vite- je vous demande si vous êtes

 18   d'accord avec la déclaration de M. Witworth selon laquelle, en rapport

 19   avec le Convoi de la Joie, il y a eu une tentative destinée à tester le

 20   Bataillon britannique pour voir jusqu'où il allait vous laisser aller ?

 21   M. Gelic (interprétation). – Ceci n'est pas exact à mon avis.

 22   M. Nice (interprétation). - Toujours s'agissant de

 23   M. Witworth, quand il parlait de la mort de Dobrila, admettez-

 24   vous qu'un document a été rédigé à un certain moment qui traite de ce

 25   meurtre ? M. Witworth a déclaré… il est écrit dans le rapport que vous


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  1   avez sous les yeux que M. Witworth n'a jamais reçu ce document.

  2   M. Gelic (interprétation). – J'ai déjà dit lorsque j'ai parlé de

  3   la mort de Dobrila que nous n'avions pas réussi à mettre un terme à

  4   l'enquête car nous n'avons pas disposé des éléments de preuve et des

  5   indices nécessaires.

  6   M. Nice (interprétation). - La partie croate maintient qu'un

  7   Musulman avait franchi les lignes pour pénétrer sur le territoire croate

  8   afin de tirer sur cette femme et ensuite, de revenir à son point de

  9   départ. C'est une version que les Britanniques n'ont jamais admise, n'est-

 10   ce pas ?

 11   M. Gelic (interprétation). - Je ne sais pas ce qui est exact, je ne peux

 12   que rappeler ce qu'a dit la commission d'enquête car j'étais coordinateur

 13   au cours de cette enquête au sujet de ces deux meurtres.

 14   M. Nice (interprétation). - Si vous vous apprêtez à dire que vous n'avez

 15   pas… Ecoutez, nous poursuivons.

 16   Bulletin d'information militaire du 18 juillet, au milieu de la page :

 17   "Darko Gelic, l'officier de liaison de la zone opérationnelle de Bosnie

 18   centrale, a confirmé que le HVO avait attaqué Stari Vitez et que le

 19   barrage d'artillerie était une phase préliminaire". Fin de citation. Vous

 20   rappelez-vous avoir fourni cette information et est-elle exacte ?

 21   M. Gelic (interprétation). - Des informations de ce genre sont

 22   inexactes, absolument inexactes.

 23   M. Nice (interprétation). - Point 3, vous confirmez également qu'un

 24   hélicoptère a survolé Vitez, que cela a été communiqué la veille, et que

 25   cet hélicoptère apportait des équipements très importants. Les


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  1   hélicoptères étaient utilisés pour transporter des munitions aussi bien

  2   que des personnes, n'est-ce pas ?

  3   M. Gelic (interprétation). - Oui.

  4   M. Nice (interprétation). - De façon régulière ?

  5   M. Gelic (interprétation). - Cela ne se passait pas régulièrement, cela

  6   dépendait des possibilités.

  7   M. Nice (interprétation). - Le meurtre du chauffeur du HCR, selon Duncan,

  8   a été commis par un fusil de 12,7 millimètres de calibre, comparable à

  9   ceux que possédaient le HVO qui a tiré d'une position identifiée par

 10   Witworth… excusez-moi, le fusil a été identifié par Witworth et aurait

 11   tiré d'une position qui, selon Duncan, était une position du HVO. Vous ne

 12   remettez pas cela en cause ?

 13   M. Gelic (interprétation). - Pour commencer, Monsieur, au Bataillon

 14   Britannique, immédiatement après, c'est-à-dire 3 minutes après le meurtre

 15   du chauffeur, on m'a dit que c'est moi qui l'avais tué. Alors, si vous

 16   comparez cette déclaration avec ce que vous venez de dire, je vous demande

 17   si quelqu'un peut tirer une conclusion deux ou trois minutes après un

 18   assassinat.

 19   M. Nice (interprétation). - Très bien. Document 11 47.3.

 20   (L'huissier s'exécute.)

 21   Vous avez dit aux Juges que toutes les attaques était dues à l'armée de

 22   Bosnie-Herzégovine. Vous admettez, n'est-ce-pas, comme ce document va le

 23   confirmer dans un instant, qu'il y a eu des attaques, comme nous l'avons

 24   vu et aussi des menaces d'attaque et que dans ce document du 26 juillet,

 25   vous, Darko Gelic, prétendez que si l'armée Bosnie-Herzégovine attaque le


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  1   HVO, celui-ci va riposter en pilonnant Zenica ?

  2   Est-ce exact ?

  3   M. Gelic (interprétation). - Je ne sais pas, tous les documents que vous

  4   êtes en train de me montrer sont des interprétations de nos propos. Ce ne

  5   sont pas des mots que j'ai prononcés et je n'aurais pas eu l'idée de les

  6   prononcer car dans cette période, nous n'avions pas de munitions, pas la

  7   possibilité d'agir comme il est dit dans ce texte.

  8   M. Nice (interprétation). -  Auquel cas, il se peut qu'il s'agisse d'une

  9   information inexacte mais émanant de vous néanmoins. Avez-vous dit quoi

 10   que que ce soit aux officiers à ce moment-là qui corresponde plus ou moins

 11   au fait qu'un pilonnage de Zenica aurait lieu, je vous prie ?

 12   M. Gelic (interprétation). - Non.

 13   M. Nice (interprétation). -  Très bien. Nous avons entendu un officier

 14   répondant au nom de Verhoven nous dire que vous n'aviez pas coopéré dans

 15   les déplacements des habitants de Stari Vitez organisés par la Croix-

 16   Rouge, déplacements de population que vous avez freinés à l'époque. Est-ce

 17   vrai ou faux ?

 18   M. Gelic (interprétation). – Tout dépend des conditions dans lesquelles

 19   nous nous trouvions à ce moment-là.

 20   M. Nice (interprétation). -  Mais il est possible que cela soit vrai ?

 21   M. Gelic (interprétation). - Il est impossible que cela soit vrai. J'ai

 22   dit : tout dépendait des conditions et de la situation sur le terrain au

 23   moment donné. Il faut que vous compreniez que vous avions des centaines de

 24   blessés qu'il fallait transférer et que les conditions étaient telles que

 25   nous ne pouvions pas transférer une personne et ne


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  1   pas en transférer une autre. Donc les Musulmans exerçaient un chantage sur

  2   nous pour éventuellement nous autoriser à transférer nos blessés. C'est

  3   ainsi que les choses se passaient.

  4   M. Nice (interprétation). - Je demande la pièce à conviction 11 87.2. Je

  5   suis désolé, je n'en ai pas prévenu le greffe à l'avance.

  6   (L'huissier s'exécute.)

  7   M. Nice (interprétation). - Je retire ce texte, j'y reviendrai dans

  8   quelques instants. Je demande la pièce à conviction 12 01.1.

  9   (L'huissier s'exécute.)

 10   M. Nice (interprétation). - Je vais en parler très rapidement.

 11   Le document 12 01.1, bulletin d'information militaire du 13 septembre.

 12   Nous y voyons très clairement qu'il y est stipulé que vous avez dit que

 13   les troupes du HVO impliquées dans les récents combats destinés à prendre

 14   Gorbavica étaient celles du deuxième bataillon de la Brigade de Vitez.

 15   Mais vous n'avez pas déclaré qu'elle venait de Busovaca et qu'il

 16   s'agissait des troupes de Cerkez ?

 17   M. Gelic (interprétation). – Pourriez-vous répéter votre

 18   question je vous prie ?

 19   M. Nice (interprétation). – Oui. Il est stipulé ici que vous

 20   auriez déclaré que les troupes impliquées dans les combats destinés à

 21   prendre Gorbavica étaient celles du deuxième bataillon de la brigade de

 22   Vitez. Etaient-ce les troupes de Cerkez ?

 23   M. Gelic (interprétation). – Je ne sais pas. Je ne me rappelle

 24   pas la date du document. Je ne me rappelle pas avoir dit ce

 25   genre de chose. Peut-être ai-je dit quelque chose de semblable,


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  1   d'approchant ou bien ai-je dit ce qui figure dans ce document, mais je ne

  2   me rappelle pas.

  3   M. Nice (interprétation). – Est-il exact que les troupes de

  4   Cerkez aient été impliquées dans l'attaque de Gorbavica ? Oui ou non ?

  5   M. Gelic (interprétation). – Peut-être une partie.

  6   M. Nice (interprétation). - Nous revenons maintenant au document

  7   précédent dont je demande qu'il soit placé sur le rétroprojecteur à la

  8   page 2. Le document 1187.2. C'est un document datant d'une date

  9   antérieure, du mois d'août.

 10   (L'huissier s'exécute.)

 11   M. Nice (interprétation). - Il s'agit d'un bulletin

 12   d'information quotidien rédigé par M. Watkins. En page 2, au point 6, il

 13   dit que V1 s'est vu refuser l'autorisation de traverser Kruscica. Quand le

 14   commandement opérationnel du HVO en a été informé, l'officier de liaison a

 15   déclaré que le colonel Blaskic avait des problèmes avec le commandant de

 16   la brigade de Vitez, Mario Cerkez, avait des problèmes pour faire obéir ce

 17   commandant aux ordres. Vous rappelez-vous avoir dit

 18   cela ?

 19   M. Gelic (interprétation). – Est-ce que M. Mario Cerkez a parlé

 20   ainsi, je ne le pense pas parce que sa brigade avait un poste de

 21   commandement à cet endroit. C'était sa zone de responsabilité.

 22   M. Nice (interprétation). - Pouvez-vous vous rappeler quelque

 23   chose que vous auriez dit à cet officier qui rédige le rapport et qu'il

 24   aurait pu mal interpréter puisqu'il laisse entendre que Blaskic avait des

 25   problèmes à faire obéir Cerkez aux ordres ?


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  1   M. Gelic (interprétation). – J'ai déjà dit que la brigade de

  2   Vitez avait sa propre zone de responsabilité et tout à fait normalement,

  3   chaque commandant de bataillon avait aussi sa zone de responsabilité.

  4   Donc, quand j'arrivais à un barrage routier pour organiser le passage de

  5   l'une quelconque des organisations internationales, chacun de ces

  6   commandants, tout à fait normalement, commençait en général par refuser le

  7   passage. Mais ensuite, si moi-même ou le colonel Blaskic par un ordre,

  8   insistait pour que ce passage s'effectue, il s'effectuait. Il est donc

  9   possible qu'à une heure de l'après-midi, il y ait eu un refus, mais

 10   qu'ensuite, le passage ait été autorisé plus tard dans la journée.

 11   M. Nice (interprétation). - Je n'irai pas plus loin que

 12   d'appeler votre attention sur le fait qu'il est suggéré ici que le colonel

 13   Blaskic n'avait pas un problème, mais des problèmes avec Mario Cerkez.

 14   Cela ne vous aide pas du tout ?

 15   M. Gelic (interprétation). – Non, cela ne veut rien dire pour

 16   moi parce que, comme je vous l'ai déjà dit, ce genre de chose se

 17   passait pas seulement dans la zone de responsabilité de la brigade de

 18   Vitez, mais un peu partout car nous-mêmes, avons eu souvent des problèmes

 19   avec les camions du HCR qui transportaient des vivres mais aussi, d'autres

 20   équipements, ce que notre police a pu confirmer au niveau de plusieurs

 21   barrages routiers. C'est pourquoi une certaine méfiance était manifestée

 22   au niveau de divers barrages routiers.

 23   M. Nice (interprétation). – Admettez-vous, commandant Gelic, que

 24   vous avez établi clairement que l'usine de Vitez serait dynamitée si

 25   nécessaire ?


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  1   M. Gelic (interprétation). – Il m'est arrivé une fois de dire

  2   cela de cette façon précise.

  3   M. Nice (interprétation). – Oui, vous avez proféré cette menace

  4   très clairement à l'égard d'un officier répondant au nom de Hoover.

  5   Admettez-vous cela ?

  6   M. Gelic (interprétation). – Monsieur  le procureur, il ne

  7   s'agissait pas d'une menace. Il s'agissait d'une réaction à quelque chose.

  8   Cela s'appelle la guerre psychologique.

  9   M. Nice (interprétation). - Je vois. Donc, il n'y avait aucune

 10   intention sérieuse d'agir conformément à ces propos ?

 11   M. Gelic (interprétation). – Eh bien, si on le faisait, personne

 12   ne serait resté vivant.

 13   M. Nice (interprétation). - Par conséquent, vous acceptez qu'il

 14   s'agissait d'une menace que vous exprimiez au nom de Blaskic ?

 15   M. Gelic (interprétation). – Non, il ne s'agissait pas d'une

 16   menace. Ce n'était pas quelque chose de régulier. Je l'ai dit une seule

 17   fois et probablement à cause des offensives musulmanes répétées dans la

 18   vallée de la Lasva.

 19   M. Nice (interprétation). - Vous reconnaissez que vous l'avez

 20   dire à Verhoeven ?

 21   M. Gelic (interprétation). – Je ne sais pas s'il répondait à ce

 22   nom.

 23   M. Nice (interprétation). - Il s'agit du document 1207.1. Il

 24   s'agit d'un document qui a déjà été versé au dossier. Donc, je ne vais pas

 25   revenir sur cela. Il y a aussi le document 1315.3. Il s'agit de documents


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  1   qui sont relatifs à ce témoin. Pour le 8 et le 9 novembre où apparemment,

  2   il a affirmé vouloir faire sauter l'usine de Vitez.

  3   Pouvons-nous maintenant visionner une vidéo ? Il s'agit de la

  4   pièce portant la cote 2238.

  5   (Diffusion de la vidéo. Les interprètes ne disposent pas de la

  6   transcription et donc, ne peuvent pas la traduire.)

  7   M. Nice (interprétation). - Cela suffit. Il s'agit de quelque

  8   chose qui s'est passé un peu plus tôt en octobre. Il s'agit là d'une

  9   véritable menace, n'est-ce pas, mon commandant ?

 10   M. Gelic (interprétation). – Ce qui s'est passé en effet

 11   correspond à une position de défense. Nous avons été obligés de détruire

 12   une position pour nous défendre car les forces musulmanes ont pris

 13   100 mètres et c'est un point de contrôle à partir duquel on pouvait

 14   contrôler la ville de Vitez. Ils auraient pu tirer sur n'importe qui

 15   traversait Vitez. C'est pourquoi nous avons entrepris cette action.

 16   M. Nice (interprétation). - Il ne nous reste que deux

 17   documents : 1286.1 tout d'abord.

 18   (L'huissier s'exécute.)

 19   M. Robinson (interprétation). – Monsieur Nice ?

 20   M. Nice (interprétation). – Oui ?

 21   M. Robinson (interprétation).- Je souhaiterais que le témoin

 22   nous explique mieux ce qu'il entend par position défensive. Est-il en

 23   train de nous dire que ce qu'il a dit dans la vidéo, lorsqu'il explique

 24   que cette offensive... Est-il est en train de dire qu'il s'agissait pour

 25   les Croates d'une action de défense ? Est-ce que le témoin pourrait nous


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  1   expliquer ce qu'il entendait par là exactement ?

  2   M. Gelic (interprétation).- Oui, monsieur le Juge, c'est

  3   exactement cela. C'est à cet endroit-là que les forces musulmanes ont

  4   entrepris l'attaque. Ils ont pris une position quelque peu plus haut et

  5   l'objectif était justement de s'emparer de l'usine de Vitezit. Ils ont

  6   percé notre ligne de front. Nous avons été obligés de nous retirer de

  7   cette ligne un peu plus bas et pour pouvoir obtenir sur le plan pratique

  8   une meilleure position, nous avons été obligés d'agir. Nous n'avons pas pu

  9   le faire, étant donné que l'espace était dégagé et que chaque soldat qui

 10   aurait réagi aurait été tué tout de suite.

 11   C'est à ce moment-là qu'une partie de la colline a été détruite,

 12   ceci justement pour arriver jusqu'à la hauteur à peu près égale, et de

 13   cette manière défendre notre territoire.

 14   M. Robinson (interprétation).- Merci.

 15   M. Nice (interprétation).- Pièce 1286.1, 5 novembre, première

 16   page, à la moitié de la page, il s'agit ici, mon Commandant, d'un rapport.

 17   Nous sommes au début novembre et d'après ce rapport, vous avez dit aux

 18   observateurs de l'ECMM que le HVO ne combattait pas pour Vares parce que

 19   le deuxième et le troisième corps d'armée de Bosnie-Herzégovine étaient

 20   trop forts, ils étaient largement supérieurs, et que d'après vous, la BSA

 21   n'était pas intervenue à cause d'un accord qui avait été passé

 22   précédemment. Mais il est vrai, n'est-ce pas, qu'il y avait un accord

 23   entre la VRS, l'armée des Serbes de Bosnie et le HVO. C'est pour cette

 24   raison que le HVO ne s'est pas battu pour prendre le contrôle de Vares.

 25   M. Gelic (interprétation).- Je vais répéter ce que j'ai dit.


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  1   Malheureusement, je suis obligé de me répéter, monsieur le Président,

  2   messieurs les Juges, mais ici il s'agit de l'interprétation de la pensée

  3   de quelqu'un. Mais ce n'est pas de cette façon-là que j'ai formulé la

  4   question.

  5   M. Nice (interprétation).- Dans ces conditions, comment auriez-

  6   vous dû formuler la chose ?

  7   M. Gelic (interprétation).- J'ai éventuellement dit que le HVO

  8   ne luttait pas....

  9   M. Sayers (interprétation).- Permettez-moi d'intervenir. Je

 10   pense que la question peut porter à confusion. En anglais, on peut lire

 11   "d'après lui, l'armée de Bosnie-Herzégovine n'est pas intervenue à cause

 12   d'un accord qu'ils avaient passé avec l'armée de Bosnie-

 13   Herzégovine et non pas avec les Serbes de Bosnie".

 14   M. Nice (interprétation). - Je relis la deuxième phrase.

 15   "D'après lui, l'armée de Bosnie-Herzégovine n'est pas intervenue à cause

 16   d'un accord qui avait été passé avec l'armée de Bosnie-Herzégovine au

 17   sujet d'un territoire dont le contrôle avait été pris par le passé. Le

 18   problème que rencontre le HVO actuellement, c'est que l'armée des Serbes

 19   de Bosnie permet le passage des civils lorsqu'ils sortent de Vares mais ne

 20   permet pas le passage des forces du HVO, si bien que certains sont encore

 21   coincés dans la poche de Vares". Est-ce exact ?

 22   M. Gelic (interprétation).- Monsieur le Président, étant donné

 23   que la traduction est trop rapide, je vais demander s'il vous plaît de me

 24   donner lecture, une fois de plus, de ce qui a été dit pour que je puisse

 25   suivre de très près.


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  1   M. le Président (interprétation). - Monsieur Nice, je me demande

  2   si ceci est bien utile.

  3   M. Nice (interprétation).- Peu importe, il s'agit seulement

  4   d'une partie de ce document et c'est leur document.

  5   Dernier document, 1996.2. Mon Commandant, vous m'avez entendu

  6   dire que vous aviez parlé, fait référence à cette menace de faire sauter

  7   l'usine d'armement de Vitez à plusieurs reprises et non pas uniquement

  8   lorsque vous nous l'avez dit. Ici, nous avons un document du 10 novembre,

  9   document établi par l'ECMM. A la deuxième page, point 3, je cite : "Le

 10   bataillon britannique a été informé par Darko Gelic qu'il ferait sauter

 11   l'usine d'armement de Vitez avant que l'armée de Bosnie-

 12   Herzégovine n'ait la possibilité de la prendre. Le HVO a dit

 13   qu'il donnerait un préavis de deux heures au Bataillon britannique avant

 14   de le faire".

 15   Ensuite, il y a une observation de la part de la personne qui a

 16   rédigé ce document. Avez-vous effectivement dit aux représentants du

 17   Bataillon britannique qu'ils auraient 2 heures pour évacuer leurs

 18   positions ?

 19   M. Gelic (interprétation).- Pouvez-vous tout simplement me dire

 20   quelle est la date de ce document, s'il vous plaît ?

 21   M. Nice (interprétation).- Mais bien sûr. Il s'agit d'un rapport

 22   en date du 10 novembre. Il n'est pas toujours clair, on ne peut pas

 23   toujours savoir

 24   s'il s'agit d'événements qui se rapportent ce même jour ou à des

 25   jours précédents ?


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  1   M. Gelic (interprétation). – Oui, monsieur le Procureur, il

  2   s'agit peut-être d'un jour avant ou un jour plus tard, ou même plusieurs

  3   jours avant.

  4   Monsieur le Président, il s'agit de la chose suivante : chaque

  5   fois -et je l'ai déjà dit- qu'il ne s'agissait pas de proférer des

  6   menaces, il y avait une guerre psychologique, c'était indispensable pour

  7   ce territoire. Ces menaces ont été proférées quand nous étions en danger,

  8   on ne pouvait pas s'en sortir. On sait que M. Alija Izetbegovic avait

  9   ordonné, il a dit que personne ne pouvait sortir vivant de la vallée de la

 10   Lasva, tout doit être tué ou égorgé. C'est pourquoi nous avons essayé de

 11   riposter de cette façon-là. Ce n'étaient pas des

 12   menaces, je le répète, c'était une action psychologique car nous

 13   savions aussi que les Britanniques avaient des contacts avec la partie

 14   musulmane et qu'ils pouvaient transmettre ce message car ce n'est pas le

 15   peuple musulman qui aurait pu entendre ces messages ni l'armée musulmane.

 16   M. le Président (interprétation)  - Si ce n'était pas une

 17   menace, quel était l'objectif ?

 18   M. Gelic (interprétation). – Je l'ai déjà dit, c'était un effet

 19   psychologique.

 20   M. le Président (interprétation)  - Mais de quel effet

 21   psychologique nous parlez-vous ?

 22   M. Gelic (interprétation). - Eh bien cet effet psychologique

 23   consistait dans le fait d'arrêter l'attaque des forces musulmanes.

 24   M. le Président (interprétation)  - En utilisant une menace

 25   n'est-ce pas ?


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  1   M. Gelic (interprétation). - Ce n'était pas une menace, c'était

  2   un message.

  3   M. Nice (interprétation). - Vous étiez ses yeux, vous étiez ses

  4   oreilles, les oreilles de Blaskic et donc, je voudrais savoir si vous

  5   étiez au courant du fait que le colonel Blaskic avait fait filmer les

  6   détonateurs et tout l'équipement qui s'y rattachait, à l'usine par une

  7   équipe de télévision indépendante ?

  8   M. Gelic (interprétation). – Je n'étais pas les oreilles et les

  9   yeux de M. Blaskic, j'étais son officier de liaison, je me dois de vous le

 10   répéter monsieur le Président.

 11  

 12   M. Nice (interprétation). - Oui mais saviez-vous qu'il a été

 13   filmé en train de montrer comment on allait faire sauter cette

 14   installation ? S'il vous plaît, répondez moi par oui ou par non ?

 15   M. Gelic (interprétation). - Non.

 16   M. Nice (interprétation). – Donc, vous nous dites qu'il s'agit

 17   d'un message. Etiez-vous au fait de ce message en particulier que je viens

 18   d'évoquer, donné par le colonel Blaskic ?

 19   M. Gelic (interprétation). – Non.

 20   M. Nice (interprétation). - Vous avez dire à Sir Martin Garrod

 21   vers le 28 décembre, c'est ce qu'il nous a dit, c'est ce dont il pense se

 22   rappeler, vous lui avez dit que Kordic avait pris de nouvelles fonctions

 23   en rapport avec le général Rosso. Est-ce que vous souvenez avoir dit cela

 24   à Sir Martin Garrod qui était un des observateurs de l'ECMM sur place ?

 25   M. Gelic (interprétation). - Il n'est pas impossible que Sir


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  1   Martin Garrod l'ait interprété de cette façon car Kordic n'a jamais exercé

  2   une telle fonction, il n'a jamais exercé cette fonction alors que vous

  3   avez parlé aussi de la date du 28 janvier si je ne m'abuse, je ne voudrais

  4   pas faire le commentaire au sujet de l'état d'esprit de M.  Garrod à cette

  5   époque-là.

  6   M. Nice (interprétation). - Vous dites qu'il a interprété les

  7   choses à sa manière car M. Kordic n'a jamais assumé de telles fonctions.

  8   Mais de quelles fonctions parlez vous, s'il vous plait ?

  9   M. Gelic (interprétation). – Vous parlez de cette fonction et

 10   moi, je réplique.

 11   M. Nice (interprétation). - Je n'ai pas dit que de quoi il

 12   s'agit. Pour vous, cela recouvre quoi ?

 13   M. Gelic (interprétation). - Vous avez dit qu'il occupait un

 14   poste auprès de Rosso, c'est comme cela que vous l'avez dit.

 15   M. Nice (interprétation). – Oui, mais je n'ai pas défini la

 16   chose précisément. Vous souvenez-vous maintenant à quel poste il a été

 17   nommé ?

 18   M. Gelic (interprétation). - Je vais répéter : M. Kordic n'a pas

 19   été nommé à un poste militaire, il n'a jamais exercé une telle fonction

 20   militaire.

 21   M. Nice (interprétation). – Donc, vous n'êtes pas en mesure

 22   d'expliquer comment Sir Martin Garrod a pu comprendre vos propos comme

 23   signifiant que Kordic devenait ainsi l'assistant du chef d'état-major

 24   auprès du général Rosso, le plaçant ainsi au numéro 3 dans la hiérarchie

 25   militaire.


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  1   M. Gelic (interprétation). – J'ai déjà dit que je ne voulais pas

  2   faire de commentaires en ce qui concerne l'état de Sir Garrod, mais chaque

  3   fois quand on était dans notre bureau, on buvait souvent de l'alcool,

  4   c'est comme cela qu'on parlait, on s'entretenaient tout en buvant.

  5   M. Nice (interprétation). -  Mais n'hésitez pas à dire les

  6   choses clairement si vous voulez dire que quelqu'un était en état

  7   d'ébriété, n'hésitez pas à le dire. Est-ce que c'est ce que vous êtes en

  8   train de dire aux Juges ?

  9  

 10   M. Gelic (interprétation). - Oui.

 11   M. Nice (interprétation). – Oui. Donc, vous voulez nous dire que

 12   la compréhension des événements par Sir Martin Garrod était affectée par

 13   son état d'ébriété ?

 14   M. Gelic (interprétation). - Exactement.

 15   M. Nice (interprétation). – Oui. Bien. Pour finir, un document

 16   que nous avons déjà consulté, mais sans la première page disponible

 17   maintenant, document portant la cote 1477.6. Pour l'instant nous ne

 18   disposons que de la traduction en anglais, mais nous allons nous procurer

 19   l'original.

 20   (L'huissier s'exécute.)

 21   Mon commandant, vous ne parlez pas très bien anglais, mais je

 22   voudrais cependant que vous examiniez ce document. Il s'agit d'un certain

 23   nombre d'ordres, de décorations qui ont été définis, décernées dans le

 24   cadre de l'armée croate. Et on voit qu'au numéro 2, c'est la décoration

 25   qui devait être décernée à M. Kordic et pour vous, c'était la décoration


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  1   numéro 8.

  2   Je cite : "Décernée à des citoyens croates ou étrangers pour

  3   contribution exceptionnelle à la République de Croatie pendant la guerre

  4   ou en cas de menace immédiate de guerre ou en cas de circonstances

  5   exceptionnelles en temps de paix."  Fin de citation. Vous saviez que ce

  6   que vous faisiez en Herceg-Bosna ou pour le HVO, c'était également quelque

  7   chose que vous faisiez pour la Croatie, n'est-ce pas ?

  8  

  9   M. Gelic (interprétation). - Oui.

 10   M. Nice (interprétation). – Est-ce que, parce que pour tous,

 11   vous aviez compris dès le début que l'objectif c'était d'unir

 12   cette partie de la Bosnie-Herzégovine à la Croatie ?

 13   M. Gelic (interprétation).- Je n'affirmerai pas une telle

 14   constatation. Nous avons combattu pour le territoire de Bosnie-Herzégovine

 15   où nous autres, les Croates, nous aurions pu continuer de vivre de manière

 16   digne et pas pour nous unir avec la République de Croatie.

 17   M. Nice (interprétation).- Vous saviez, bien entendu, que la

 18   Croatie fournissait des hommes, des officiers de haut rang comme Praljak

 19   et Roso à cet effort, n'est-ce pas ?

 20   M. Gelic (interprétation).- Monsieur le Président, Messieurs les

 21   Juges, MM. Praljak et Roso étaient les commandants du HVO en ce qui

 22   concerne les unités de Croatie. Non seulement c'est inexact mais je n'ai

 23   même pas de tels renseignements. Je sais avec certitude que ces unités ne

 24   se sont jamais rendues en Bosnie centrale.

 25   M. Nice (interprétation).- Du fait qu'un certain nombre de


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  1   documents que vous avez fournis hier sont tout à fait nouveaux, je

  2   voudrais vous poser la question suivante : il n'est pas reconnu par tous

  3   qu'il y a eu une offensive sur Zenica, comme vous le dites, et au moment

  4   où vous le dites, il n'y avait aucune raison pour les Musulmans de Bosnie

  5   d'attaquer Zenica où ils étaient en majorité.

  6   La seule attaque, je l'affirme, était une offensive qui a été

  7   lancée initialement par le HVO.

  8   M. Gelic (interprétation).- J'ai dit juste le contraire parce

  9   que ce sont eux qui ont attaqué le HVO à Zenica. On sait exactement à quel

 10   moment et de quelle manière.

 11   M. Sayers (interprétation).- Mon Commandant, j'ai un certain

 12   nombre de questions à vous poser, des questions assez brèves. On vous a

 13   posé beaucoup de questions au sujet de thèmes que je n'ai pas abordés avec

 14   vous. Donc je souhaiterais premièrement parler des décorations militaires

 15   brièvement. Saviez-vous que l'ordre de la feuille de trèfle croate, c'est

 16   aussi une décoration décernée à Itzetbegovic et au ministre Ganic ?

 17   M. Gelic (interprétation).- Oui.

 18   M. Sayers (interprétation).- Est-ce que ceci était en rapport

 19   avec des activités militaires en 1995 ?

 20   M. Gelic (interprétation).- Non, je ne sais pas, c'était pour la

 21   coopération entre la Bosnie-Herzégovine et la République de Croatie. Je ne

 22   peux pas vous dire exactement quels étaient les motifs, à quelle occasion

 23   c'était décerné.

 24   M. Sayers (interprétation).- Bien. Vous nous avez parlé de la

 25   mort du chauffeur des Nations Unies, Boris, nous estimons qu'il s'agit de


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  1   Boris Sebracic quant à nous, mais vous n'avez pas été en mesure de nous

  2   donner son nom de famille. Vous avez dit -je reprends ce que vous dites

  3   sans utiliser vos propres mots- "on m'a dit que c'était moi qui l'avais

  4   tué".

  5   Qu'entendiez-vous par là ?

  6   M. Gelic (interprétation).- C'est de cette manière là que je

  7   l'ai dit. C'est M. De La Motta du HCR, en présence de Duncan, deux ou

  8   trois minutes après le meurtre qui m'a dit -et je le cite- "Monsieur,

  9   c'est vous qui l'avez tué".

 10   M. Sayers (interprétation).- Vous vouliez dire vous,

 11   personnellement, ou le HVO ?

 12   M. Gelic (interprétation).- Il a pensé à moi-même en personne,

 13   il m'a pointé avec son doigt et il m'a dit : "Monsieur, c'est vous qui

 14   l'avez tué".

 15   M. Sayers (interprétation).- Et ceci deux ou trois minutes à

 16   peine après l'incident ?

 17   M. Gelic (interprétation).- Oui, à ce moment-là, si je peux vous

 18   dire les raisons pour lesquelles j'étais au Britbat, j'étais là-bas pour

 19   demander l'aide du Britbat, ceci en relation avec l'attaque entreprise par

 20   les forces musulmanes en provenance de Zabilje et puis les Musulmans qui

 21   étaient à côté de la base m'ont confisqué le véhicule. C'est mon chauffeur

 22   qui m'a protégé. Et puis nous sommes rentrés de force... pas tout à fait

 23   de force, on nous a permis de nous rendre dans cette base pour nous

 24   protéger et c'est à ce moment-là que ce meurtre a eu lieu à Stari Vitez.

 25   De La Motta était là, à deux trois minutes d'intervalle, il m'a pointé du


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  1   doigt et a dit : "Monsieur, c'est vous qui l'avez tué".

  2   M. Sayers (interprétation).- Vous a-t-il dit pourquoi il avait

  3   tiré cette conclusion ?

  4   M. Gelic (interprétation).- Non, il n'a pas fait de commentaire,

  5   il a tout simplement dit qu'il ne voudrait plus coopérer avec le HVO.

  6   M. Sayers (interprétation).- Bien. Vous avez été interrompu

  7   alors que vous répondiez à une question au sujet du meurtre de Dobrila

  8   Kalaba. Pouvez-vous, s'il vous plaît, dire ce que vous vous apprêtiez à

  9   dire lorsqu'on vous a interrompu ?

 10   M. Gelic (interprétation).- L'enquête a eu pour but de

 11   déterminer les faits. Quand je me suis rendu à la maison, il n'y avait pas

 12   de corps, j'ai discuté avec les officiers britanniques, ils m'ont dit

 13   qu'ils avaient déplacé le corps, ils ont été également désolés d'apprendre

 14   la mort de cette dame. J'ai demandé également quelle était la disposition

 15   des maisons qui étaient dans les environs et je me suis posé la question

 16   de savoir comment on pouvait tirer sur cette maison.

 17   Ils ont pointé du doigt d'où était venu le tir en rafale.

 18   D'après eux, c'est par une seule balle que Dobrila a été tuée, alors que

 19   nous ne croyons pas à cette version, étant donné qu'il y avait plusieurs

 20   impacts sur la maison. Moi, j'ai demandé simplement qu'on détermine la

 21   direction. Ils m'ont montré la direction et moi j'ai dit qu'il n'y avait

 22   pas de nos forces qui se trouvaient à cet endroit là.

 23   M. Sayers (interprétation).- Merci. On vous a posé un certain

 24   nombre de questions au sujet de divers documents qui vous ont été

 25   présentés, et je souhaiterais que l'huissier vous présente la pièce à


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  1   conviction Z.672.2A.

  2   (L'huissier s'exécute.)

  3   On vous a également posé des questions au sujet des numéros de

  4   série sur ces documents et je souhaiterais également qu'on vous présente

  5   le document D17/1.0 pendant que vous regardez le premier document.

  6   Je voudrais savoir si vous avez déjà vu ce document et si vous

  7   pouvez nous confirmer s'il s'agit, oui ou non, d'un document authentique.

  8   Pouvez-vous nous aider à ce sujet ?

  9   M. Gelic (interprétation).- En ce qui concerne ce document, il

 10   est vrai que j'ai envoyé un document qui ressemble à celui-là, mais sur ce

 11   document il n'y a pas ma signature. Par conséquent, il est vrai que

 12   j'envoyais de tels types de document, mais il n'y a pas de signature sur

 13   le document qui m'a été présenté.

 14   Si je peux me permettre de rajouter quelque chose, en ce qui

 15   concerne le numéro de référence, étant donné que M. le Procureur ne m'a

 16   pas permis de donner la réponse. Je n'ai pas utilisé un seul numéro de

 17   référence, il y a plusieurs livres que j'ai utilisés mais je n'ai pas pu

 18   l'expliquer. Vous pouvez constater d'ailleurs qu'à un endroit, celui qui

 19   était de permanence utilise un numéro de référence et moi, en tant que

 20   directeur chef du service, j'utilise un numéro de référence, un numéro

 21   donc pour les informations quotidiennes, et par conséquent tous ces

 22   documents qui suivent des numéros différents n'appartiennent pas au même

 23   livre d'enregistrement.

 24   M. Sayers (interprétation).- Je souhaiterais demander à

 25   l'huissier de passer sur le rétroprojecteur la première page de la version


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  1   croate d'un ordre signé par le Commandant Totic le 5 avril 1993.

  2   (L'huissier s'exécute.)

  3   Comme on peut le voir, ce document en date du 5 avril 1993 mais

  4   le numéro qui figure est 703/93. Pouvez-vous nous aider à comprendre la

  5   logique de cette numérotation, puisqu'il s'agit là d'un numéro qui est

  6   supérieur au numéro de série qui apparaît sur la pièce à conviction Z

  7   672.2.A alors que ce document, apparemment, a été rédigé onze jours plus

  8   tard ?

  9   Est-ce que vous pouvez expliquer aux Juges la raison de cette

 10   modification de la numérotation qui paraît a priori illogique ?

 11   M. Gelic (interprétation).- Oui, je l'ai déjà dit : il y avait

 12   plusieurs registres. A titre d'exemple, le commandant de la brigade avait

 13   son propre registre. Quand il y a un ordre, si c'est lui-même qui

 14   rédigeait cet acte, il le marquait dans son registre. Sinon il y a un

 15   registre qui appartient à l'officier qui rédige le document. En plus, il y

 16   a un registre commun sur lequel on marque les numéros de référence de tous

 17   les documents qui sont rentrés ou sortis. Donc, les numéros de référence

 18   qui se rapportent à ce qui a été formulé dans des documents différents ne

 19   correspond pas toujours à ces registres différents.

 20   M. Sayers (interprétation). – Merci, j'en ai terminé de ce

 21   document. Je n'ai plus que trois séries de questions à vous poser. J'en

 22   aurai terminé très bientôt, dans quelques minutes. Je souhaiterais que

 23   l'on vous présente une copie de la photographie portant la cote Z2546. Je

 24   dispose moi-même d'un exemplaire.

 25   L'huissier s'exécute.


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  1   M. Sayers (interprétation). – Je vous demanderai de la passer

  2   sur le rétroprojecteur. La personne qui se trouve à gauche de cette

  3   photographie, pouvez-vous nous dire son nom, s'il vous plait ?

  4   M. Gelic (interprétation). – Je pense que c'est un des officiers

  5   britannique qui était avec nous. Je ne peux pas me souvenir exactement de

  6   son nom, mais c'était il y a longtemps. Il y avait plusieurs physionomies

  7   qui sont passées devant moi. Donc, je ne me souviens pas exactement de la

  8   personne en question, mais c'était un des officiers britanniques.

  9   M. Sayers (interprétation). – Et la personne à droite sur la

 10   photographie dont vous entourez les épaules de votre bras, n'est-ce pas

 11   l'interprète du Bataillon britannique  ?

 12   M. Gelic (interprétation). – C'est l'interprète, mais je ne l'ai

 13   pas entouré de ma main.

 14   M. Sayers (interprétation). – Bien. Une question seulement au

 15   sujet de la pièce à conviction Z812.1, un rapport hebdomadaire de l'ECMM

 16   pour la semaine du 17 au 24 avril 1993. Je vais vous lire un extrait très

 17   bref à la page deux. Je souhaiterais que vous nous donniez vos

 18   observations à ce sujet : "Le centre régional de Zenica a reçu la demande

 19   de la part d'un soi-disant groupe de moudjahidin, donc a reçu une demande

 20   de la part de ce groupe de jouer le rôle de médiateur dans des

 21   négociations aux fins d'échanger des otages croates contre des prisonniers

 22   arabes. Les factions extrémistes musulmanes à Zenica opèrent dans la ville

 23   sans que l'on ne fasse rien à leur encontre. Des gens sont arrêtés, des

 24   actions sont entreprises contre les Croates que ce soient les personnes ou

 25   les bâtiments croates. Etc.." Est-ce que, effectivement, il y avait des


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  1   Musulmans qui arrêtaient les gens et qui opéraient en toute impunité à

  2   Zenica au moment du lancement de l'offensive sur la ville par l'armée de

  3   Bosnie-Herzégovine ? Attaques non pas, en fait, sur la ville, mais plutôt

  4   contre le HVO et la population croate civile de la ville ?

  5   M. Gelic (interprétation). – Eh bien, avant que les Musulmans

  6   attaquent les Croates à Zenica, à plusieurs reprises, il est arrivé qu'on

  7   tuait nos gens que ce soit dans les cafés, devant les cafés, dans les

  8   points de contrôle, qu'ils menaçaient aussi des gens ou bien qu'ils

  9   allaient les expulser ou les tuer. Notamment, après l'attaque des unités

 10   de l'armée de Bosnie-Herzégovine qui a été organisée avec les unités

 11   moudjahidin sur Zenica, non seulement les Croates avaient été arrêtés,

 12   mais je peux vous raconter à titre d'exemple ce qui m'est arrivé à moi-

 13   même avant que mon frère ne soit capturé : une quinzaine de moudjahidin

 14   sont descendus de deux véhicules à côté de la maison de Cedomir Jonic. Ils

 15   ont cherché à le voir. Moi, j'étais à 300 ou 400 m. Ils se sont déployés

 16   sur la route. Ils étaient couchés par terre, ils ont perquisitionné,

 17   fouillé des maisons. Il y avait des enfants et des femmes dans les

 18   maisons. Ils les ont expulsés, ils les terrorisaient, ils les torturaient,

 19   ils fouillaient les maisons. Ceci ne s'est pas passé une seule fois au

 20   cours de la journée, mais ceci s'est passé à plusieurs reprises aussi bien

 21   pendant la journée que la nuit. Les Musulmans qui vivaient autour de ces

 22   maisons informaient les moudjahidin et après quoi, la police militaire ou

 23   spéciale ou civile se rendait sur place pour apaiser la situation. Soi-

 24   disant qu'ils allaient protéger la population civile, mais tout de suite

 25   après le retrait des moudjahidin les tirs recommençaient et rien ne se


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  1   passait en fait pour apaiser la situation.

  2   M. Sayers (interprétation). – Une dernière série de questions au

  3   sujet de la pièce à conviction 881.1 sur laquelle on vous a posé d'autres

  4   questions. Je dispose moi-même d'un exemplaire avec la permission de

  5   messieurs les Juges, on pourrait placer la page 2 de ce document sur le

  6   rétroprojecteur.

  7   (L'huissier s'exécute.)

  8   La page 2 s'il vous plaît, mon commandant. Je sais bien que ceci

  9   est en anglais. Donc, je vais essayer de le lire très lentement et

 10   ensuite, on en discutera. On peut y lire –je cite- : "L'officier de

 11   liaison, -OL dans le texte- confirme les détails suivants au sujet du

 12   quatrième bataillon de la police militaire, MP du HVO, également connu

 13   sous le nom de Jockeri. Ensuite, "les chevaliers noirs". Fin de citation.

 14   Donc premièrement, n'est-il pas exact que les jokers étaient une

 15   unité qui appartenait à la police militaire ?

 16   M. Gelic (interprétation). - Oui.

 17   M. Sayers (interprétation). – Donc, il est exact également… on

 18   lit ici que le 4ème Bataillon de la police militaire est également connu

 19   sous le terme de "joker". Est-ce que ceci est fondé d'une façon ou d'une

 20   autre ?

 21   M. Gelic (interprétation). - Le paragraphe que vous venez de

 22   lire n'est pas exact.

 23   M. Sayers (interprétation). – Et on dit aussi ici que les

 24   Jockeri étaient également connus sous le nom des Black night Vitezovi.

 25   C'est exact ou pas ?


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  1   M. Gelic (interprétation). - Oui.

  2   M. Sayers (interprétation). – Les Vitezovi en fait, ce n'étaient

  3   même pas des membres de la police militaire, à votre connaissance, n'est-

  4   ce pas ?

  5   M. Gelic (interprétation). – Oui, vous avez raison.

  6    M. Sayers (interprétation). – Ensuite, on peut lire dans ce

  7   document que si c'est le cas, on peut tirer un certain nombre de

  8   conclusions. Après avoir signalé qu'apparemment, cette unité sous le

  9   contrôle direct de Dario Kordic, et au niveau local sous le commandement

 10   de Tihomir Blaskic. Je voudrais vous poser la question suivante : est-ce

 11   que Dario Kordic s'est jamais trouvé dans un poste où il avait des

 12   responsabilités ou une autorité quelconque sur le quatrième bataillon de

 13   la police militaire, les unités qui le composaient dont notamment les

 14   Jockeri ou bien les Vitezovi, à votre connaissance, sur la base de la

 15   période que vous avez passée à l'état-major pendant près de 9 mois ?

 16   M. Gelic (interprétation). - Monsieur Kordic n'a jamais eu de

 17   compétence pour commander ces unités.

 18   M. Sayers (interprétation). – Merci. Monsieur le Président, je

 19   n'ai plus de questions à poser au témoin.

 20   M. Robinson (interprétation). -  Mon commandant, j'ai une

 21   question à vous poser. Si M. Kordic vous avait donné instruction de faire

 22   quelque chose, comment auriez-vous réagi ?

 23   M. Gelic (interprétation). - Monsieur le Juge, tout premièrement

 24   j'aurais eu à informer mon commandant pour m'autoriser à faire quelque

 25   chose, c'est mon commandant qui aurait dû me délivrer l'ordre et dire qui


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  1   est celui qui me demande d'agir.

  2   M. Robinson (interprétation). - Merci.

  3   M. Kovacic (interprétation). - Monsieur le Président, me

  4   permettez-vous de présenter une demande un petit peu inhabituelle ?

  5   M. le Président (interprétation)  - Mais pas une question.

  6   M. Kovacic (interprétation). – C'est juste une question que j'ai

  7   à poser au sujet de ce document. En posant une seule question je peux

  8   éviter d'appeler deux témoins peut-être.

  9   M. le Président (interprétation)  - Quelle question souhaitez

 10   vous demander ?

 11   M. Kovacic (interprétation). - La question est de savoir si

 12   M. Cerkez avait une position de commandement au sujet des unités

 13   mentionnées ici ?

 14   M. le Président (interprétation)  - Mon commandant, vous avez

 15   entendu la question qui vient d'être posée. Est-ce que M. Cerkez avait un

 16   poste de commandement quelconque, en ce qui concerne les unités des

 17   Jockeri et les autres unités mentionnées dans le document.

 18   M. Gelic (interprétation). - Non.

 19   M. le Président (interprétation)  - Bien. Merci d'être venu

 20   déposer, vous pouvez maintenant quitter le prétoire.

 21   M. Gelic (interprétation). - Merci Monsieur le Président.

 22   Le témoin Gelic est reconduit hors du prétoire.

 23   M. Naumovski (interprétation). - Monsieur le Président, notre

 24   témoin suivant est Zvonko Vukovic. Avant que le témoin se rende dans le

 25   prétoire, j'aimerais dire que le colonel Vukovic au moment où il avait


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  1   accepté d'être cité devant le Tribunal, a demandé des mesures de

  2   protection, et ceci pour des raisons que nous avons notées dans notre

  3   requête. Entre-temps, le colonel à changé de point de vue et il a accepte

  4   de déposer sans mesures de protection. C'est dans ce sens que je voulais

  5   intervenir.

  6   M. le Président (interprétation)  - Fort bien.

  7   M. Nice (interprétation). -  Pendant que l'on fait entrer le

  8   témoin, je souhaiterais dire la chose suivante à la Chambre : c'est

  9   M. Scott qui contre-interrogera ce témoin et à moins que la Chambre ne s'y

 10   oppose, je ne serais peut-être pas présent pendant tous la durée de la

 11   déposition car j'ai un certain nombre de choses à faire.

 12   Ce matin nous avons reçu un résumé de déclarations du prochain

 13   témoin que la défense entend appeler et pour des raisons que j'ignore, une

 14   lettre dont on vient de nous donner un exemplaire nous prévenant de la

 15   déposition de ce témoin nous a été communiquée. Nous n'avions jamais reçu

 16   l'original de cette lettre, donc ceci nous place dans une position assez

 17   difficile en ce qui concerne le contre-interrogatoire de ce témoin.

 18   Monsieur Scott assurera le contre interrogatoire de ce témoin.

 19   M. Sayers (interprétation). – Vendredi dernier, nous avons

 20   envoyé une télécopie au bureau du Procureur donnant la liste des témoins

 21   que nous entendions appeler pendant deux semaines et suite à un document

 22   que nous avions envoyé précédemment au sujet des témoins pour les trois

 23   semaines à venir, et ce témoin y était mentionné, et dans notre fax de

 24   vendredi, il est identifié comme le témoin numéro 3 pour cette semaine. De

 25   plus, nous avons fourni les résumés des déclarations de ce témoin par fax


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  1   au bureau du Procureur hier et nous en avons également envoyé un

  2   exemplaire aux Juges de la Chambre :.

  3   M. le Président (interprétation)  - Maître Naumovski, de combien

  4   de temps aurez-vous besoin pour interroger ce témoin ?

  5   M. Naumovski (interprétation). – Monsieur le Président, je ne

  6   pense pas que je vais dépasser une heure, entre une demi-heure et une

  7   heure au plus.

  8   Le témoin Vukovic est introduit dans le prétoire.

  9   Interrogatoire :M.Naumovski.

 10   M. le Président (interprétation)  - Faites prononcer au témoin

 11   la déclaration solennelle.

 12   M. Vukovic (interprétation). - Je déclare solennellement que je

 13   dirai toute la vérité, rien que la vérité et toute la vérité.

 14   M. Naumovski (interprétation). – Colonel Vukovic, avant de

 15   commencer, j'ai déjà donné des explications à la Chambre, j'ai dit que

 16   vous avez changé votre point de vue et que vous allez déposer en audience

 17   publique.

 18   M. Vukovic (interprétation). - Je comprends.

 19   M. Naumovski (interprétation). - Pouvez-vous nous décliner votre

 20   identité ?

 21   M. Vukovic (interprétation). - Je m'appelle Zvonko Vukovic.

 22   M. Naumovski (interprétation). – Vous êtes né le 26 janvier 1964

 23   dans le village Potkraj ?

 24   M. Vukovic (interprétation). – Oui.

 25   M. Naumovski (interprétation). - C'est la municipalité de


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  1   Travnik ?

  2   M. Vukovic (interprétation). – Oui.

  3   M. Naumovski (interprétation). - Vous êtes marié, vous avez

  4   3 enfants ?

  5   M. Vukovic (interprétation). - Oui.

  6   M. Naumovski (interprétation). - Avant que la guerre civile ait

  7   commencé en Bosnie-Herzégovine, vous habitiez votre village Potka qui se

  8   trouve à 7 kilomètres de Travnik ?

  9   M. Vukovic (interprétation). – Oui, c'est à l'ouest de Travnik

 10   M. Naumovski (interprétation). - Vous-même ainsi que votre

 11   famille ensemble avec d'autres Croates…

 12   M. le Président (interprétation)  - Maître Naumovski, les

 13   interprètes nous demandent de vous prier de ralentir votre débit un peu.

 14   M. Naumovski (interprétation). – Excusez-moi, c'est depuis

 15   longtemps que je n'ai pas interrogé les témoins et j'ai oublié de

 16   respecter ceci et je vais essayer de ne plus commettre la même erreur et

 17   je vais vous demander colonel d'attendre un petit peu, de ménager les

 18   poses avant de me répondre pour que les interprètes puissent faire leur

 19   travail.

 20   M. Vukovic (interprétation). - D'accord.

 21   M. Naumovski (interprétation). - J'ai commencé par vous poser la

 22   question si vous-même, votre famille, d'autres familles croates ont été

 23   expulsées par les Serbes de Bosnie ?

 24   M. Vukovic (interprétation). – Oui, c'était en novembre 92.

 25   M. Naumovski (interprétation). - Votre maison a été brûlée à


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  1   cette époque-là et vous avez perdu tout votre patrimoine, n'est-ce pas ?

  2   M. Vukovic (interprétation). - Oui j'ai tout perdu, tout ce que

  3   j'ai pu acquérir au cours des années, moi-même ainsi que ma famille.

  4   M. Naumovski (interprétation). - Si je vous ai bien compris,

  5   vous avez réussi à réparer votre maison et vous avez l'intention de

  6   retourner dans votre village natal ?

  7   M. Vukovic (interprétation). – Oui, au cours de cette année,

  8   j'ai l'intention de retourner de regagner mon village, de retourner dans

  9   ma maison.

 10   M. Naumovski (interprétation). - Quelques mots en ce qui

 11   concerne votre carrière militaire. Auparavant, vous avez fait le service

 12   militaire dans l'ex JNA, entre février 1985 et mars 86 ?

 13   M. Vukovic (interprétation). - Oui.

 14   Naumovski (interprétation). - Et par la suite, entre juin 98

 15   jusqu'en septembre 1991, vous avez travaillé à Travnik pour l'ex-JNA comme

 16   un officier professionnel sous contrat n'est-ce pas ?

 17   M. Vukovic (interprétation). – Oui, moi j'ai trouvé du travail,

 18   il y avait un concours public et j'ai travaillé pendant cette période pour

 19   l'ex JNA, j'ai travaillé dans le service technique.

 20   M. Naumovski (interprétation). - En septembre 1991, quand la

 21   guerre s'est déclenchée en Croatie, vous avez quitté la JNA ?

 22   M. Vukovic (interprétation). - Oui.

 23   M. Naumovski (interprétation). - Vous étiez un des premiers

 24   membres de l'ex-JNA qui avait quitté la caserne ?

 25   M. Vukovic (interprétation).- Le premier.


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  1   M. Naumovski (interprétation).- Une fois que vous avez quitté

  2   l'ex-JNA, au moment où le HVO était en train de se créer, vous étiez un

  3   des premiers membres de l'organisation du HVO dans ce territoire ?

  4   M. Vukovic (interprétation).- Oui, une fois que j'ai quitté

  5   l'ex-JNA, je me suis mis à la disposition des autorités légales de la

  6   municipalité de Travnik. A ce moment-là, les Croates et les Bosniens y

  7   participaient. A cette époque-là, je n'avais absolument pas de contact

  8   avec des Serbes de la municipalité de Travnik.

  9   M. Naumovski (interprétation).- A cette époque-là, quand vous

 10   avez rejoint ceux qui organisaient le HVO en Bosnie centrale, vous avez

 11   été arrêté par les Serbes de Bosnie au moment où vous vous rendiez aux

 12   pourparlers le 26 avril 1992 et c'était au mont Vlasic, n'est-ce pas ?

 13   M. Vukovic (interprétation).- Oui, c'était le 26 avril 1992.

 14   Moi-même, en tant que représentant de l'armée du HVO, ainsi

 15   M. Boris Maticic, le Président du Conseil exécutif de la municipalité de

 16   Travnik, nous nous sommes rendus à Vlasic -ceci a été convenu auparavant-

 17   pour parler avec les représentants de l'armée serbe pour le transfert de

 18   la caserne et Slemena également qui se trouvait dans l'escadron de la

 19   municipalité de Travnik.

 20   Mais cet accord a été trahi, ce qui a été convenu n'a pas

 21   marché. Dès que nous sommes arrivés à Vlasic, on nous a ligotés et on nous

 22   a fait partir à Novi Seher où nous avons été maltraités, frappés, battus.

 23   Quand je suis rentré, je me suis rendu tout de suite à l'hôpital de

 24   Travnik pour subir un traitement.

 25   M. Naumovski (interprétation).- Par conséquent vous avez été


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  1   passé à tabac, et c'est la raison pour laquelle vous étiez à l'hôpital,

  2   pour vous faire soigner ?

  3   M. Vukovic (interprétation).- Oui.

  4   M. Naumovski (interprétation).- Maintenant, nous allons dire

  5   quelques mots au sujet de votre carrière militaire. C'est le point 7.

  6   Depuis le 8 août 1997 jusqu'au 6 septembre 1999, vous avez travaillé comme

  7   chef du département chargé des règles professionnelles et du développement

  8   au ministère de la défense de la Fédération de Bosnie-Herzégovine. C'était

  9   à Sarajevo, n'est-ce pas ?

 10   M. Vukovic (interprétation).- Oui, c'est au cours de cette

 11   période, en 1997, que j'ai quitté le poste que j'occupais au commandement

 12   de Vitez et que j'ai été affecté au ministère de la défense de la

 13   fédération de Bosnie-Herzégovine à Sarajevo.

 14   M. Naumovski (interprétation).- Vous êtes colonel à l'armée de

 15   la Fédération actuellement. Vous êtes en congé maladie ?

 16   M. Vukovic (interprétation).- Oui.

 17   M. Naumovski (interprétation).- Maintenant, nous allons parler

 18   de l'organisation et du commandement de la police militaire de Bosnie

 19   centrale pendant que vous-même vous vous y trouviez. Comme vous l'avez

 20   déjà précisé tout à l'heure, vous avez été soigné à l'hôpital de Travnik à

 21   cause des séquelles que vous avez eues après le passage à tabac. A la fin

 22   du mois de mai 1992, vous avez rejoint de nouveau le HVO, n'est-ce pas ?

 23   M. Vukovic (interprétation).- Oui, je me suis rétabli mais je

 24   n'étais pas rétabli tout à fait. Je suis sorti de l'hôpital et j'ai passé

 25   quelque temps à la maison. Au bout d'un mois après avoir été relâché, j'ai


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  1   rejoint de nouveau le HVO et je me suis mis encore une fois à la

  2   disposition du HVO.

  3   M. Naumovski (interprétation).- A cette époque-là, vous êtes

  4   devenu adjoint du commandant de la police militaire du HVO qui était en

  5   train de se créer pour l'ensemble du territoire de la Bosnie centrale,

  6   n'est-ce pas ?

  7   M. Vukovic (interprétation).- Oui, c'est vrai. Je me suis donc

  8   mis à la disposition du HVO, je me suis mis en contact avec M. Ivan Lalic

  9   qui à cette époque-là était déjà nommé commandant de la police militaire

 10   régionale de Bosnie centrale. A cette époque-là, il n'y avait pas de

 11   commandement de la police militaire régionale. A cette époque-là, il n'y

 12   avait que M. Ivan Lalic qui a été nommé commandant de la police militaire

 13   régionale, il n'y en avait pas d'autre.

 14   M. Naumovski (interprétation).- Par conséquent, c'était la

 15   police qui était en formation, et même le commandement n'étais pas encore

 16   mis en place ?

 17   M. Vukovic (interprétation).- Oui.

 18   M. Naumovski (interprétation).- Ensuite M. Lalic a été transféré

 19   à Mostar et en octobre, le 15 octobre 1992, vous avez été nommé

 20   Commandant. Par conséquent, vous occupez le poste de M. Lalic et vous

 21   devenez Commandant de la police militaire régionale en Bosnie centrale ?

 22   M. Vukovic (interprétation).- Oui. Une fois que M. Ivan Lalic

 23   est parti à Mostar pour gagner son nouveau poste, en octobre 1992, moi

 24   j'ai été nommé commandant de la police militaire régionale. En même temps,

 25   le nouveau commandant, moi-même, a été chargé de remanier la police


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  1   militaire et de la transférer en quatrième bataillon de la police

  2   militaire.

  3   M. Naumovski (interprétation).- En d'autres termes, c'est au

  4   moment où vous êtes nommé commandant que nous pouvons considérer le début

  5   de la structuration de la police militaire, et jusqu'à la fin de 1992 vous

  6   avez réussi à établir le commandement, à rassembler un certain nombre de

  7   membres de la police. A la fin de 1992, le quatrième bataillon de la

  8   police militaire avait entre 550 et 600 membres ?

  9   M. Vukovic (interprétation).- Oui. Au moment où j'ai été nommé,

 10   c'était le 15 octobre 1992, tout d'abord j'ai commencé à organiser le

 11   commandement lui-même et ce n'est que par la suite que j'ai profité d'un

 12   certain nombre de ceux qui sont restés comme partie de la police militaire

 13   en les affectant dans les quartiers-généraux, au niveau de la

 14   municipalité, et nous avons créé le quatrième bataillon de la police

 15   militaire. Le commandement également a été composé...

 16   M. Naumovski (interprétation).- Excusez-moi...

 17   M. le Président (interprétation). - Maître Naumovski, le moment

 18   est venu de faire une pause. Est-ce que le moment est bien choisi ?

 19   M. Naumovski (interprétation).- Oui, monsieur le Président.

 20   M. le Président (interprétation). -  Nous allons donc faire une

 21   pause d'une demi-heure.

 22   L'audience, suspendue à 11 heures est reprise à 11 heures 33.

 23   M. le Président (interprétation).- Maître Naumovski, vous avez

 24   la parole.

 25   M. Naumovski (interprétation).– Merci, monsieur le Président.


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  1   Colonel Vukovic, nous pouvons reprendre à l'endroit où nous nous sommes

  2   arrêtés au moment de la pause. Vous avez commencé à parler du processus

  3   qui a permis la création du quatrième bataillon de la police militaire. Au

  4   point 10 de ce court exposé, vous avez dit que 5 compagnies avaient

  5   d'abord été créées. Ensuite, vous avez dit à quel territoire correspondait

  6   la zone de responsabilité de chaque compagnie. Peut-être serait-il utile

  7   pour les Juges que vous donniez des détails complémentaires à ce sujet.

  8   Etes-vous d'accord ?

  9   M. Vukovic (interprétation). – Je suis tout à fait d'accord.

 10   M. Naumovski (interprétation).– Vous le ferez donc le cas

 11   échéant. Vous êtes d'accord avec moi pour dire qu'après la chute de

 12   Jajice, par exemple, une compagnie a cessé ses opérations et que d'autres

 13   compagnies ont été créées. Donc, le processus était un processus continu

 14   avec création permanente de nouvelles compagnies ?

 15   M. Vukovic (interprétation). – Oui, c'est cela.

 16   M. Naumovski (interprétation).– S'agissant des compagnies

 17   créées, quelques mots simplement. Chaque compagnie avait son propre

 18   commandant ?

 19   M. Vukovic (interprétation). – Oui.

 20   M. Naumovski (interprétation).– Et ces commandants étaient

 21   responsables devant qui ?

 22   M. Vukovic (interprétation). – Dans cette période, les

 23   commandants étaient responsables sur le plan administratif et logistique

 24   devant le commandant du quatrième bataillon de la police militaire, c'est-

 25   à-dire moi, et sur le plan opérationnel, au quotidien, ils étaient


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  1   responsables devant les commandants des unités sur le terrain. Donc, les

  2   commandants de pelotons, les commandants de compagnies ont commencé à être

  3   responsables devant les brigades de l'état-major, c'est-à-dire devant les

  4   brigades qui commençaient à se créer au niveau des municipalités.

  5   M. Naumovski (interprétation).– Pour que tout soit clair, cela

  6   signifie qu'en certains endroits, des compagnies étaient créées et qu'en

  7   d'autres endroits, plusieurs pelotons représentaient une compagnie ? Est-

  8   ce cela ?

  9   M. Vukovic (interprétation). – Oui. C'est-à-dire que les

 10   compagnies et les pelotons étaient créés selon le principe territorial ce

 11   qui au départ, signifiait qu'il y avait des états-majors municipaux et par

 12   la suite, des brigades. Donc, tout dépendait de la superficie de la

 13   municipalité et de la population qui résidait sur les territoires

 14   considérés. Selon les cas, donc, il fallait évaluer les effectifs

 15   nécessaires pour les unités de la police militaire dans les diverses zones

 16   de responsabilité.

 17   M. Naumovski (interprétation).– Vous étiez le commandant du

 18   quatrième bataillon de la police militaire et vous avez pris ces fonctions

 19   le 15 octobre 1992. Vous avez rempli ces fonctions jusqu'au 18 janvier

 20   1993, n'est-ce pas ?

 21   M. Vukovic (interprétation). – Oui. Donc, ma responsabilité en

 22   tant que commandant du quatrième bataillon de la police militaire a existé

 23   dans cette période. Et le 17, j'ai reçu un décret du chef de

 24   l'administration de la police militaire à Mostar qui me signifiait que je

 25   n'étais plus commandant et que le nouveau serait Pasko Lubicic*. Je devais


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  1   donc remettre mes fonctions immédiatement, ce que j'ai fait et j'étais

  2   invité selon un accord préalable que je connaissais -je le savais depuis

  3   un mois- j'étais invité sur la base de cet accord à me présenter à

  4   l'administration de la police militaire car le chef de la police militaire

  5   prévoyait de me confier d'autres responsabilités. J'en ai été informé un

  6   mois avant à peu près.

  7   M. Naumovski (interprétation).– Monsieur Vukovic, le dernier

  8   jour de vos fonctions de commandant, c'est-à-dire la veille de la prise de

  9   ces fonctions par Pasko Lubicic, un incident regrettable est survenu.

 10   C'est-à-dire qu'une personne de votre environnement proche, je crois qu'il

 11   s'agissait de votre chauffeur, a trouvé la mort ?

 12   M. Vukovic (interprétation). – Oui, le 17 janvier 1993, Zevko

 13   Veber*, chauffeur du quatrième bataillon de la police militaire qui était

 14   mon chauffeur personnel a été tué. Le même soir, le service chargé des

 15   enquêtes criminelles au quatrième bataillon de la police militaire associé

 16   au MUP de Travnik, à la police de Bosnie-Herzégovine, ces trois groupes

 17   ont donc entamé une enquête qui n'a pas été achevée. Mais selon des

 18   indications que j'ai reçues par la suite, je crois savoir que ce soir-là,

 19   j'aurais dû être tué en même temps que lui. A ce moment-là, l'armée de

 20   Bosnie-Herzégovine exerçait un contrôle plein et entier sur ces

 21   territoires et notamment sur la municipalité de Travnik.

 22   M. Naumovski (interprétation).– Colonel Vukovic, c'est donc un

 23   fait que vous deviez prendre de nouvelles fonctions au sein de

 24   l'administration de la police militaire. Mais vous n'avez pas pris ces

 25   fonctions, n'est-ce pas ?


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  1   M. Vukovic (interprétation). – Je n'ai pas pris ces fonctions

  2   parce que lorsque j'ai reçu le décret m'invitant à me rendre dans un délai

  3   de 15 à 20 jours dans les bureaux de l'administration de la police

  4   militaire, je n'ai pas agi ainsi car après avoir quitté mes fonctions,

  5   immédiatement après, un heurt s'est produit entre des unités de l'armée de

  6   Bosnie-Herzégovine et le HVO, à Kacuni, dans la municipalité de Busovaca.

  7   Ces affrontements ont duré et donc, je n'ai pas pu me présenter

  8   là où je devais me présenter selon les accords conclus. Les routes ont été

  9   bloquées et il est devenu impossible d'aller à Mostar.

 10   J'ai informé l'administration de la police militaire de la

 11   situation.

 12   M. Naumovski (interprétation).– Ma dernière question correspond

 13   au paragraphe 14, point A, intitulé "nouvelles fonctions". Puisque vous

 14   n'avez pas pu prendre vos nouvelles fonctions, le colonel Blaskic,

 15   commandant de la zone opérationnelle de Bosnie centrale vous a donné un

 16   autre poste. Quel était ce poste ?

 17   M. Vukovic (interprétation).- Oui, en effet, le 18 février 1993,

 18   donc un peu plus tard, au moment où les affrontements qui ont commencé à

 19   la fin du mois de janvier 1993 à Busovaca ont pris fin, et au moment où le

 20   Général Blaskic était déjà à Kiseljak -donc ce jour-là il n'était pas au

 21   siège du commandement à Vitez- j'ai reçu ma nomination du Colonel Blaskic

 22   qui me plaçait au poste d'adjoint au commandant de la zone opérationnelle

 23   de Bosnie centrale chargé des gardes, des Domobrani.

 24   M. Naumovski (interprétation).- C'était une fonction

 25   nouvellement créée, qui n'existait pas jusqu'à cette date ? Donc vous avez


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  1   été chargé de créer ce que j'appellerais un service qui n'existait pas

  2   jusqu'à cette date ?

  3   M. Vukovic (interprétation).- Oui, en effet moi-même j'avais

  4   déclaré que je voulais rester sur place et que je ne changerais pas

  5   d'avis. J'étais donc disponible. Et cette nouvelle fonction qui venait

  6   d'être créée m'a été confiée sur ordre du chef d'état-major, si je ne

  7   m'abuse, il s'agissait de créer les Domobrani dans la zone opérationnelle

  8   de Bosnie centrale, Domobrani dont la création avait été prévue dans le

  9   cadre de l'organisation mise en place par le grand état-major du HVO.

 10   M. Naumovski (interprétation).-Avez-vous réussi à organiser ces

 11   Domobrani ?

 12   M. Vukovic (interprétation).- Selon ce qui était prévu, les

 13   Domobrani devaient être créés dans certaines conditions et le processus a

 14   été commencé mais pas terminé. Le 18 février, lorsque j'ai reçu cet ordre,

 15   selon les instructions il fallait créer l'unité des gardes, des Domobrani.

 16   En rapport avec cela, un certain nombre de réunions ont été organisées

 17   avec les officiers qui devaient être chargés de commander ces unités ainsi

 18   qu'avec le département de la défense chargé de ces unités.

 19   Cela s'est passé pendant un mois et demi à peu près, mais à ce

 20   moment-là les affrontements du 16 avril ont commencé à Vitez, ce qui a

 21   interrompu le processus dont je suis en train de parler. Il n'y avait plus

 22   aucune possibilité de travailler dans le cadre de ce processus.

 23   M. Naumovski (interprétation).-Donc au début des affrontements

 24   d'avril 1993, le travail que vous aviez commencé, travail d'organisation

 25   des Domobrani a été interrompu ?


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  1   M. Vukovic (interprétation).-Oui, c'est cela.

  2   M. Naumovski (interprétation).-Les Juges de cette Chambre ont

  3   déjà entendu parler abondamment du commandement conjoint qui a été créé à

  4   la fin du mois d'avril 1993, après la conclusion d'un accord de cessez-le-

  5   feu, point 12 de votre résumé.

  6   Alors, ce commandement conjoint entre l'armée de Bosnie-

  7   Herzégovine et du HVO a été créé au niveau de la zone opérationnelle de

  8   Bosnie centrale et du troisième corps d'armée de l'armée de Bosnie-

  9   Herzégovine. Après cela, vous êtes devenu l'un des membres de ce

 10   commandement conjoint, n'est-ce pas ?

 11   M. Vukovic (interprétation).-Oui. Donc au début, une commission

 12   a été mise en place dont les membres étaient des représentants de la zone

 13   opérationnelle de Bosnie centrale et du troisième corps d'armée de l'armée

 14   de Bosnie-Herzégovine. M. Zoran Pelisic* et M. Mario Poskalo* en ont fait

 15   partie au début et tous les deux, revenant d'une réunion de cette

 16   commission, ont été blessés un certain jour.

 17   Par la suite, sur ordre du commandement au niveau du troisième

 18   corps d'armée de la zone opérationnelle de Bosnie centrale, j'ai été nommé

 19   comme représentant au sein de ce commandement conjoint qui disposait d'un

 20   poste de commandement à Travnik, dans les locaux de la poste.

 21   M. Franjo Nakic, M. Vlado Juricic, moi-même ont été nommés à ce

 22   commandement et M. Juric et moi-même travaillions dans les locaux du poste

 23   de commandement.

 24   M. Naumovski (interprétation).-A la tête de ce commandement se

 25   trouvait Franjo Nakic, représentant du HVO et Dzemo Merdan, officier du


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  1   troisième corps de l'armée de Bosnie-Herzégovine, n'est-ce pas, et un

  2   certain nombre d'autres officiers de l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

  3   M. Vukovic (interprétation).-Oui, M. Franjo Nakic et

  4   M. Dzemo Merdan étaient à la tête de ce commandement. Mais à côté de

  5   M. Merdan du troisième corps d'armée, il y avait deux autres officiers

  6   opérationnels dont l'un était un officier de liaison. D'ailleurs, il y

  7   avait un officier de liaison pour l'armée de Bosnie-Herzégovine et un

  8   officier de liaison pour le HVO, chargés uniquement des communications.

  9   M. Naumovski (interprétation).-Eu égard à ce qui se passait au

 10   quotidien, et compte tenu de l'accord conclu au sujet d'un cessez-le-feu,

 11   on constate que le commandement conjoint ne pouvait pas obtenir de

 12   meilleurs résultats qu'il ne l'a fait car un certain nombre d'incidents

 13   ont dû être résolus, ce qui a d'une certaine façon contraint à s'écarter

 14   de l'idée de la création de ce commandement conjoint.

 15   M. Vukovic (interprétation).-Les ordres de nomination étaient

 16   signés par les deux parties, c'est-à-dire par le commandant de la zone

 17   opérationnelle de Bosnie centrale et par le commandant du troisième corps

 18   d'armée de Bosnie-Herzégovine. Dans ces ordres, il est stipulé que l'objet

 19   de la création de ce commandement conjoint était d'agir contre l'armée des

 20   Serbes de Bosnie. Sur cette base nous avons commencé à mettre en place un

 21   plan d'organisation conjointe qui aurait dû être appliqué, mais cela n'a

 22   jamais eu lieu en raison du fait que tous les jours, dans cette période

 23   -et je parle déjà du mois de mai 1993- tous les jours dans cette période

 24   divers incidents survenaient, des problèmes se posaient, de sorte qu'en

 25   présence des observateurs de la communauté européenne et de la Forpronu il


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  1   fallait aller sur le terrain, et le plus souvent c'était M. Franjo Nakic

  2   et M. Merdan qui allaient sur le terrain ces incidents avec les

  3   représentants de la communauté internationale.

  4   M. Naumovski (interprétation).-Passons au sujet suivant, à

  5   savoir les persécutions. Il a été largement question au cours de ce procès

  6   des persécutions. Lorsque vous avez exposé les détails de votre situation

  7   personnelle, vous avez dit avoir vous-même été expulsé de votre domicile.

  8   Dites-nous, je vous prie, pendant la période où vous avez rempli des

  9   fonctions militaires au commandement du quatrième bataillon de la police

 10   militaire, avez-vous jamais reçu un ordre quelconque selon lequel le HVO

 11   aurait dû persécuter les Musulmans ou les membres d'autres groupes

 12   ethniques ou d'autres peuples ?

 13   M. Vukovic (interprétation).-J'affirme, dans le cadre de mes

 14   responsabilités d'officier, qu'au moment où j'exerçais mes fonctions, le

 15   commandement de la zone opérationnelle de Bosnie centrale n'a jamais

 16   demandé à qui que ce soit d'expulser, de nuire ou de persécuter les

 17   Musulmans dans la région où ceux-ci résidaient, que ce soit sur la base

 18   d'un ordre écrit ou d'un ordre oral, qu'il s'agisse d'un représentant

 19   politique ou d'un civil.

 20   M. Naumovski (interprétation).-Dites-nous je vous prie, est-ce

 21   que vous avez jamais entendu quiconque, publiquement ou en privé,

 22   préconiser ou promouvoir la formulation de commentaires négatifs à l'égard

 23   de ces populations, dans le cadre d'une politique donnée ?

 24   M. Vukovic (interprétation).-Je répète ici que personne ne m'a

 25   jamais demandé ou ne m'a jamais ordonné et je n'ai jamais émis


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  1   d'instruction à l'égard de mes subordonnés, pendant que j'étais commandant

  2   du quatrième bataillon de la police militaire ou après avoir quitté ces

  3   fonctions, d'agir dans ce sens.

  4   Donc je n'ai jamais entendu de choses de ce genre, personne ne

  5   m'a jamais parlé de cette façon, personne ne m'a jamais demandé ce genre

  6   de choses.

  7   M. Naumovski (interprétation).-Nous avons parlé de l'aspect

  8   militaire et politique. Ceci nous amène au paragraphe 18. Dites-nous je

  9   vous prie, pendant que vous commandiez le quatrième bataillon de la police

 10   militaire, qui vous donnait des ordres ?

 11   M. Vukovic (interprétation).-Eh bien j'ai déjà dit au début que

 12   les compagnies et les pelotons étaient en train de s'organiser. Lorsque la

 13   structure de la police militaire s'est affermie plus tard avec le

 14   quatrième bataillon, des compagnies, les choses se sont déroulées de telle

 15   façon qu'au commandement, j'étais responsable devant le commandant de la

 16   zone opérationnelle de Bosnie centrale, mais pour l'essentiel toutes les

 17   missions qui étaient décidées l'étaient par l'intermédiaire des

 18   commandants des compagnies et des pelotons sur le terrain.

 19   M. Bennouna. - Maître Naumovski, j'aimerais demander au témoin

 20   la chose suivante. Etant donné son niveau dans la hiérarchie militaire

 21   -colonel- est-ce qu'il pense sérieusement que les militaires vivent dans

 22   une bulle en quelque sorte, d'une façon complètement étanche sur eux-

 23   mêmes, entre eux-mêmes, sans relations avec la structure politique et les

 24   objectifs politiques qui sont décidés par cette structure politique, comme

 25   cela d'ailleurs est le cas dans tous les pays du monde ?


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  1   Monsieur le Colonel Vukovic, vous saviez pour quel objectif vous

  2   étiez en train de vous battre et qui fixait cet objectif. Vous ne vous

  3   battiez pas uniquement pour vous battre ?

  4   M. Naumovski (interprétation).- Vous avez compris ?

  5   M. Vukovic (interprétation).- J'ai tout à fait bien compris.

  6   Monsieur le Juge, je n'étais pas à l'époque un officier d'un rang tel que

  7   cela m'aurait permis d'avoir des contacts avec les représentants

  8   politiques. Autrement dit, en tant qu'officier, en tant que commandant à

  9   cette époque-là, je n'approchais pas les représentants politiques et mes

 10   compétences ne me donnaient aucun contact avec eux.

 11   Par ailleurs, après avoir dit cela, je tiens à signaler

 12   qu'en 1992 je n'étais pas Colonel, j'étais à l'époque sous-officier et ma

 13   carrière s'est poursuivie par la suite et elle m'a amenée au rang que

 14   j'occupe aujourd'hui.

 15   M. Bennouna. - En fait, vous étiez dans une hiérarchie

 16   militaire, comme cela existe partout, vous étiez commandant, vous receviez

 17   des ordres de vos supérieurs.

 18   Ma question est la suivante. Est-ce que vos supérieurs, à un

 19   niveau élevé dans l'armée où vous étiez, eux avaient des contacts ? Etiez-

 20   vous conscient qu'ils avaient des contacts avec les politiques et qu'il y

 21   avait un objectif politique poursuivi dans ce qu'il faut bien appeler une

 22   guerre ?

 23   M. Vukovic (interprétation).- Si nous parlons des objectifs

 24   politiques, moi je n'ai jamais eu l'occasion d'en entendre parler. Nous

 25   avions des tâches à accomplir au quotidien, des problèmes à régler au


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  1   quotidien, et mon objectif primordial à moi était de créer les unités dont

  2   j'ai parlé et plus tard, dans le cadre du HVO, mon premier objectif était

  3   la défense contre l'agresseur serbe.

  4   Je vivais sur un territoire qui était totalement encerclé sur

  5   trois côtés par l'ennemi serbe. Je vivais au pied du mont Vlasic et ce

  6   mont Vlasic, en février 1992, avait déjà été pris par l'agresseur serbe,

  7   c'est-à-dire par l'ancienne armée populaire yougoslave. Donc nous ne

  8   parlons pas de la guerre du mois d'avril ou du mois de mai. Mes

  9   déplacements au début de 1992 étaient déjà limités. J'allais à ma maison

 10   et je quittais ma maison par un chemin tout à fait différent de celui que

 11   j'utilisais auparavant, depuis la deuxième quinzaine du mois de février

 12   déjà.

 13   J'insiste pour dire ici que s'il s'agit des points de contact

 14   avec l'armée serbe, qui à l'époque était l'ennemie, eh bien ma famille,

 15   mon épouse, mes enfants, mes parents vivaient à cet endroit, tout le monde

 16   habitait là, au niveau de la zone de contact. Donc ma seule préoccupation

 17   à l'époque c'était les actions à l'égard de l'ennemi serbe.

 18   M. Bennouna. - Les territoires que vous défendiez, vous les

 19   définissiez comment ?

 20   M. Vukovic (interprétation).- Au début de la guerre, les lignes

 21   de démarcation avec l'ennemi, c'est-à-dire avec l'armée des Serbes de

 22   Bosnie nous bloquaient, nous assiégeaient. Nous ne pouvions pas circuler,

 23   nous ne pouvions pas couvrir huit, dix ou six kilomètres, nous étions

 24   totalement bloqués. L'endroit où nous étions de permanence, l'endroit où

 25   nous essayions de déployer les soldats, l'endroit où nous travaillions,


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  1   c'était l'endroit où nous travaillions la majeure partie de la journée.

  2   M. Naumovski (interprétation).- Merci Monsieur le Juge.

  3   Colonel Vukovic, reprenons là où nous nous sommes arrêtés tout à

  4   l'heure et complétons peut-être en répondant de façon plus détaillée à la

  5   question qui vient de vous être posée par M. le Juge.

  6   Juste avant de répondre aux questions de M. le Juge, vous aviez

  7   dit que vous receviez exclusivement les ordres relatifs à des actions

  8   militaires de la hiérarchie militaire à laquelle vous apparteniez.

  9   M. Vukovic (interprétation).- Comme je l'ai déjà dit, dans la

 10   période où j'ai occupé mes fonctions, je souhaite dire ce qui suit, je

 11   crois d'ailleurs que c'est très important.

 12   Depuis le début du mois d'octobre, depuis le 15 octobre 1992,

 13   date à laquelle j'ai été nommé au poste de commandant du quatrième

 14   bataillon de la police militaire, j'ai immédiatement ce même mois commencé

 15   à créer les structures de la police militaire et j'étais seul à remplir

 16   ces fonctions.

 17   Donc en un mois, en l'espace d'un mois, il fallait que nous

 18   mettions en place ce quatrième bataillon de la police militaire. Et le

 19   commandement du quatrième bataillon de la police militaire ainsi que le

 20   commandement de la police militaire de façon générale n'était représenté

 21   que par moi à ce moment-là et le processus a duré deux mois.

 22   Je souhaite souligner que nous avons eu à faire face à de très

 23   nombreux événements dans cette période. Le 29 octobre déjà, Jajce est

 24   tombée. Cela a créé des problèmes très graves dans la région de Travnik,

 25   c'est-à-dire à l'endroit où nous nous trouvions parce que tous les


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  1   réfugiés ont traversé Travnik. Il y a eu des problèmes de logement et

  2   toutes sortes d'autres problèmes à régler. Ensuite, après la chute de

  3   Jajce, 17 jours plus tard, c'est mon village, le village de Potkraj*, un

  4   village exclusivement croate où n'habitaient que des habitants croates,

  5   2600 habitants croates est tombée également. L'armée des Serbes de Bosnie

  6   s'est emparée de ce village et à ce moment-là j'ai vu à la télévision un

  7   commandant serbe affirmer qu'un nouveau village serbe avait été pris.

  8   Donc voilà les problèmes. Pendant 7 ou 8 jours, j'ai eu à régler

  9   des problèmes de logement personnel. Maintenant, s'agissant des

 10   commandants de peloton et de compagnie, après la chute de Potkraj, lorsque

 11   des secteurs ont été créés pour organiser la défense contre l'armée des

 12   Serbes de Bosnie et l'empêcher de pénétrer dans Travnik, ma première

 13   mission a consisté à créer des points de résistance, au cas où les forces

 14   serbes auraient tenté une percée et auraient tenté de pénétrer dans la

 15   ville.

 16   M. Naumovski (interprétation).- Je voulais vous interrompre pour

 17   revenir sur le sujet mais je ne l'ai pas fait car j'aurais gêné les

 18   interprètes. Mais je vous en prie, respectons la pause entre les questions

 19   et les réponses.

 20   Ma question portait sur le point suivant : le grand quartier

 21   général du HVO avait sous sa responsabilité des zones opérationnelles et

 22   le commandant du grand quartier général était donc le soldat numéro 1 au

 23   sein du HVO, n'est-ce pas ? A cette époque, il s'agissait de Milivoj

 24   Petkovic.

 25   M. Vukovic (interprétation).- Milivoj Petkovic, d'après moi,


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  1   était le chef du grand quartier général, il était à la tête de l'armée du

  2   HVO. Selon les documents que j'ai eus entre les mains, selon le règlement

  3   des forces armées de la République croate d'Herceg-Bosna -et je crois que

  4   chacun le sait- le chef numéro 1 du HVO était le Président du HVO de

  5   l'époque, c'est-à-dire le défunt Mate Boban. C'est lui qui était le

  6   premier chef.

  7   M. Naumovski (interprétation).- Mais ce n'était pas un soldat,

  8   c'était le Président de la communauté croate d'Herceg-Bosna qui est

  9   devenue ensuite République croate d'Herceg-Bosna, n'est-ce pas ?

 10   M. Vukovic (interprétation).- Oui, je suis au courant de cela.

 11   M. Bennouna. - Le témoin vient de nous dire que M. Mate Boban

 12   était le vrai commandant en chef du HVO. Vous, vous l'avez rectifié. Nous

 13   souhaitons non pas votre opinion mais l'opinion du témoin. Il dit que

 14   M. Petkovic est le militaire, l'officier supérieur, le "top officer" des

 15   forces armées, et qu'au dessus le commandant en chef, c'est-à-dire le

 16   politique, celui qui fixe la stratégie, est M. Mate Boban. Pouvez-vous

 17   nous confirmer ou infirmer ce que vous venez de dire, monsieur le colonel

 18   Vukovic ?

 19   M. Vukovic (interprétation). – Je peux affirmer selon mes

 20   connaissances que le commandant du grand état-major du HVO à cette époque-

 21   là était le général de brigade Milivoj Petkovic. Moi, j'ai transmis tout

 22   ce que j'ai pu lire en ce qui concerne le règlement portant sur les forces

 23   armées qui a été édité en 1992 et a été imprimé en quelques dizaines

 24   d'exemplaires. Je sais qu'à cette époque-là, on le nommait commandant

 25   suprême. C'est cela à quoi je pense.


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  1   M. Naumovski (interprétation).– M. le Juge vous a demandé qui

  2   était le commandant suprême. Voulez-vous nous dire le nom ?

  3   M. Vukovic (interprétation). – Le commandant suprême comme je

  4   l'ai dit tout à l'heure, était M. Mate Boban.

  5   M. Naumovski (interprétation).– Monsieur le Juge, c'est moi

  6   également qui le pensait. C'est quelque chose qui n'est pas contestable.

  7   Excusez-moi si je vous ai induit en erreur. C'est vraiment mon erreur, ma

  8   faute. Enfin, je pense que c'est quelque chose qui est tout à fait

  9   incontestable.

 10   Nous allons terminer donc le point 18. Colonel Vukovic, en ce

 11   qui concerne votre expérience avec la police militaire pendant que vous-

 12   même vous étiez commandant, est-ce qu'un homme politique de la Bosnie

 13   centrale vous a délivré un ordre quelconque militaire ?

 14   M. Vukovic (interprétation). – Pendant que moi-même j'ai occupé

 15   le poste de commandant de la police militaire, je n'ai jamais reçu d'ordre

 16   verbal ou écrit de la part d'hommes politiques.

 17   M. Naumovski (interprétation).– Est-ce que vous avez entendu

 18   parler que des politiques tels que M. Kordic, Kostroman, Valenta, Santic

 19   ou quelqu'un d'autre ait délivré un ordre à quelqu'un qui appartenait à la

 20   police militaire ?

 21   M. Vukovic (interprétation). – Non, je n'ai jamais reçu de

 22   telles informations ni jamais appris une telle chose, mais en ce qui me

 23   concerne, il est sûr et certain que je n'ai jamais reçu d'ordre d'hommes

 24   politiques.

 25   M. Naumovski (interprétation).– Nous allons approcher de la fin


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  1   de notre interrogatoire principal. Pouvez-vous nous dire quelques mots au

  2   sujet de M. Kordic ?

  3   M. Benounna. - Je voudrais demander au témoin, puisqu'il vient

  4   de nous dire que d'après lui le commandant suprême du HVO était Mate

  5   Boban, a-t-il entendu parlé du type de relation qui existait entre M. le

  6   défunt Mate Boban et M. Kordic ?

  7   M. Vukovic (interprétation). – Je ne peux pas vous le dire car

  8   moi, je n'ai jamais été en contact avec M. Dario Kordic ni M. Boban. Je

  9   n'ai jamais assisté à aucune réunion, à aucune planification, aucun

 10   accord. Donc, je ne suis pas au courant ; je ne sais véritablement pas

 11   s'il y a eu des réunions ou des contacts entre les deux. Je n'étais pas

 12   dans leur environnement, je n'étais pas proche de ces gens-là. Donc, je ne

 13   peux pas l'affirmer. Ce que je dis, c'est que moi, je n'ai jamais reçu

 14   d'ordre d'aucune de ces personnes. J'avais ma ligne de commandement, ma

 15   chaîne de commandement pendant que j'étais à la police militaire et

 16   c'était vrai quand je suis devenu l'adjoint du commandant de Domobrani.

 17   C'est pourquoi je ne peux pas être explicite et vous répondre de manière

 18   explicite à cette question.

 19   M. Naumovski (interprétation).– Merci. Nous avons parlé de

 20   M. Kordic. Vous savez qu'il a exercé des fonctions au sein du HDZ, parti

 21   politique principal des Croates en Bosnie-Herzégovine ?

 22   M. Vukovic (interprétation). – Oui, je le sais. Je sais qu'au

 23   début, il a occupé un poste très élevé. Je ne sais pas exactement quelle

 24   était sa fonction exactement, mais je sais qu'il avait été même vice-

 25   président du HDZ, mais je ne sais pas à quelle période exactement. Mais je


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  1   sais qu'il était un homme politique et représentant du HDZ.

  2   M. Naumovski (interprétation).– Mais il a été assez populaire.

  3   Il apparaissait à la télévision, il organisait des conférences de presse.

  4   Vous avez entendu ces discours ?

  5   M. Vukovic (interprétation). – Oui. Chaque fois quand il a parlé

  6   en lieu public, je l'ai entendu parler.

  7   M. Naumovski (interprétation).– Avez-vous entendu dire que

  8   M. Kordic ou l'avez-vous entendu lui-même, utiliser des mots qui n'étaient

  9   pas exemplaires à l'égard d'un peuple qui n'était pas le sien ou à l'égard

 10   du peuple musulman, pour parler précisément.

 11   M. Vukovic (interprétation). – A ma connaissance, je n'ai pas

 12   assisté à de nombreuses réunions et je n'ai pas suivi tous les discours,

 13   mais chaque fois, quand j'y ai assisté, c'était dans une période très

 14   précise, je n'ai jamais eu l'impression qu'il aurait prononcé quelque

 15   chose qui était en défaveur d'un peuple. Il n'a jamais proféré des paroles

 16   de haine à l'égard d'un peuple, quel que soit ce peuple, musulman

 17   notamment. Donc, quand je vous ai dit que je n'ai pas écouté tous ses

 18   discours, mais je n'ai jamais entendu par les Bosniens, par les Musulmans,

 19   dire qu'il avait prononcé de telles paroles. Je n'ai jamais entendu cela.

 20   M. Naumovski (interprétation).– Merci. Pendant que vous-même

 21   vous étiez à la police militaire et plus tard, quand vous étiez à la zone

 22   opérationnelle adjoint du commandant de Blaskic, chargé de Domobrani,

 23   avez-vous entendu dire que Kordic avait quelque fonction militaire ?

 24   M. Vukovic (interprétation). – A ma connaissance, il y avait le

 25   commandement de la zone opérationnelle de Bosnie centrale et le commandant


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  1   était le colonel Tihomir Blaskic. Pour ce qui est de M. Kordic, je n'ai

  2   jamais entendu parler et je n'ai jamais entendu dire qu'il avait une

  3   fonction militaire. Je n'ai jamais assisté comme je l'ai dit, à une

  4   réunion au sein de la zone opérationnelle lors de laquelle on aurait dit

  5   que M. Kordic avait une fonction militaire. Je l'ai vu de loin et je l'ai

  6   vu en tenue militaire, mais il ne portait jamais d'arme. Je ne l'ai jamais

  7   vu portant des armes. Personnellement, je pense qu'il n'avait jamais

  8   exercé de fonction militaire. A ma connaissance, il n'a jamais exercé de

  9   fonction militaire.

 10   M. Naumovski (interprétation).– Vous vouliez ajouter quelque

 11   chose et je vous ai interrompu ?

 12   M. Vukovic (interprétation). – Non, rien de particulier. C'est

 13   tout ce que j'ai dit.

 14   M. Naumovski (interprétation).– Merci, monsieur Vukovic. Dernier

 15   sujet sur lequel je vais me référer. Maître Sayers a déjà annoncé que le

 16   colonel de la brigade Jivko Totic sera cité à la barre. Je voudrais vous

 17   poser une question concernant la manière dont il a été relâché. Je pense

 18   que le 18 mai 1993, vous étiez devant l'hôtel Intercontinental de Zenica

 19   quand les moudjahidin ont relâché le général de brigade Jivko Totic qui

 20   était commandant de la brigade Jure Francetic à l'époque. Je pense que

 21   vous étiez présent?

 22   M. Vukovic (interprétation). – Oui. J'étais présent à cet

 23   échange ce jour-là. On a procédé à l'échange à 3 points de contrôle. Il y

 24   avait 4 officiers de Novi Travnik de la brigade Stjepan Tomacevic qui ont

 25   été capturés pendant une longue période. Ils étaient à Rovsko, capturés


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  1   par les moudjahidin. C'est à leur échange que l'on avait procédé. Ensuite,

  2   il y avait un deuxième échange où il fallait relâcher le général de

  3   brigade Jivko Totic. Il y avait un autre point également d'échange à

  4   Kaonik, au carrefour Busovaca-Kiseljak-Zenica. Je pense que c'était au

  5   niveau de l'usine Mediapan. Les prisonniers auraient dû être échangés. Il

  6   y avait des étrangers aussi parmi les prisonniers qui à ce moment-là,

  7   étaient dans la prison de Kaonik. Moi, j'étais chargé de me rendre à

  8   Zenica, ce que j'ai fait. Ce n'est pas moi qui avait convenu sur les

  9   échanges mais à midi, je me suis rendu à Zenica et c'est à ce moment-là

 10   que j'étais accompagné des membres du Brit-Bat de Stare Bila. Il y avait

 11   un officier et deux soldats avec nous, un représentant européen -je pense

 12   qu'il s'appelait M. Eric- et moi-même.

 13   M. Naumovski (interprétation).– Outre ces représentants

 14   officiels qui ont participé à l'échange, vous avez vu un certain nombre

 15   d'autres personnes, d'autres hommes qui étaient habillés de manière assez

 16   étrange. Pourriez-vous nous dire comment ces personnes étaient habillées

 17   et si elles portaient des armes ?

 18   M. Vukovic (interprétation).- Au moment où je me suis rendu à

 19   Zenica pour chercher le général de brigade Totic, les collègues qui

 20   convenaient de l'échange m'ont transmis que je n'allais pas sortir du

 21   véhicule transporteur, que tout était convenu. Nous étions en contact par

 22   radio, on pouvait tout simplement donner le signal et commencer l'échange.

 23   Mais quelque chose s'est compliqué en route. En effet, il

 24   s'agissait de ces officiers de Novi Travnik qui avaient dû traverser une

 25   route assez longue. C'est la raison pour laquelle l'échange auquel j'ai


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  1   assisté n'a pas commencé à midi mais à 4 heures.

  2   On m'a donc demandé de descendre du véhicule. Moi, je me suis

  3   rendu à l'hôtel Intercontinental où j'attendais Totic, j'attendais le

  4   signal pour le début de l'échange. Au moment où j'ai accepté de sortir du

  5   véhicule transporteur -parce qu'au début je n'acceptais pas de descendre

  6   du véhicule- j'ai remarqué une vingtaine de soldats armés. Il y en avait

  7   qui avaient des armements lourds, tous portaient des cagoules. On ne

  8   pouvait absolument pas reconnaître les personnes.

  9   M. Naumovski (interprétation).- Merci. Mon collègue attire mon

 10   attention sur le type d'arme qui n'est pas bien marqué dans la

 11   transcription.

 12   M. Vukovic (interprétation).- Oui, c'étaient des armes qui

 13   n'étaient pas des armes de type normal, ce n'était pas les armes

 14   d'infanterie.

 15   Il y en avait qui portaient des armes d'infanterie mais il y en

 16   avait d'autres également qui portaient des RPG de Zoljas, donc des armes

 17   antiaériennes. Je pense que M. Eric* de l'ECMM pourrait vous confirmer de

 18   quel type d'armement il s'agissait. Mais de toute façon, ce n'était pas

 19   les armes d'infanterie uniquement.

 20   M. Naumovski (interprétation).- Avant que le général de brigade

 21   soit relâché, je pense que vous avez reçu une lettre, lettre rédigée par

 22   les Mudjahidin. Qui vous a remis cette lettre ?

 23   M. Vukovic (interprétation).- Cette lettre, pendant que j'étais

 24   encore membre du commandement conjoint à Travnik, le siège était dans

 25   l'immeuble des P.T.T.,  m'a été remise par M. Merdan. C'est dans cette


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  1   lettre qu'on a parlé de cet échange au sujet de Totic. Quand je lui ai

  2   demandé qui avait rédigé la lettre, lui il m'a dit : "Ce sont les

  3   Mudjahidin qui l'ont rédigée, on me l'a tout simplement remise et on m'a

  4   demandé de te la transmettre". Lui il s'était appelé comme un facteur.

  5   Effectivement, j'ai retenu que le fait que cette lettre était

  6   manuscrite, elle était rédigée en langue anglaise et nous avons remarqué

  7   également la date selon les temps utilisés dans le monde islamique.

  8   M. Naumovski (interprétation).- Est-ce que vous avez appris que

  9   M. Dzemal Merdan était en contact avec la septième brigade musulmane ?

 10   M. Vukovic (interprétation).- Oui, on en a entendu parler.

 11   Personnellement, je l'ai appris à plusieurs reprises, la 7ème Brigade

 12   musulmane pendant un certain temps... je ne sais pas si elle disposait

 13   toujours d'un bataillon de Mudjahidin mais en général oui. C'était

 14   notamment dans Travnik, dans la partie basse qu'on appelait Medresa. C'est

 15   en octobre 1992 qu'Ivica Stojak a été tué à cet endroit-là. Je me souviens

 16   qu'on a beaucoup parlé justement des Mudjahidin. On a dit que

 17   Dzemal Merdan était en contact avec la 7ème brigade musulmane et qu'il

 18   exerçait une certaine influence sur cette unité.

 19   M. Naumovski (interprétation).- Mais vous venez de parler

 20   d'Ivica Stojak. Je pense qu'il a été tué au point de contrôle qui était

 21   tenu par les Mudjahidin. C'est bien de cela dont nous parlons ?

 22   M. Vukovic (interprétation).- Si mes connaissances sont bonnes,

 23   ils étaient membres d'un bataillon et il y avait des étrangers, des

 24   Mudjahidin qui faisaient partie de cette septième brigade musulmane, mais

 25   il y avait également des gens du pays qui étaient membres de cette


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  1   brigade.

  2   M. Naumovski (interprétation).- Merci Monsieur le Président, je

  3   pense que j'ai dépassé quelque peu l'heure dans mon interrogatoire

  4   principal, j'ai essayé de me tenir quand même au temps que je vous ai

  5   promis pour l'interrogatoire principal.

  6   Interrogatoire : M. Kovacic.

  7   M. Kovacic (interprétation).- Bonjour. Je m'appelle Bozedar*

  8   Kovacic et avec mon collègue Mikulicic je défends M. Cerkez. Je vais vous

  9   poser quelques questions très brèves et je vais vous demander de bien

 10   vouloir avancer.

 11   Dites-moi s'il vous plaît, à la fin de l'année 1992, donc en

 12   novembre et décembre 1992, vous avez parlé de cette période à

 13   Novi Travnik. La brigade de Stjepan Tomasevic a été crée à cette époque-

 14   là.

 15   M. Vukovic (interprétation).- Oui je sais, je suis au courant,

 16   les soldats de la municipalité de Vitez et de Novi Travnik ont créé une

 17   seule brigade et je sais que le siège se trouvait à l'hôtel de

 18   Novi Travnik.

 19   M. Kovacic (interprétation).- Monsieur Vukovic, seriez-vous

 20   d'accord avec moi pour dire qu'en ce qui concerne la Bosnie centrale il

 21   s'agissait d'un seul cas où il y avait une brigade intermunicipale, si on

 22   peut dire ainsi. Par conséquent, c'est le HVO qui rassemblait les soldats

 23   des deux municipalités.

 24   M. Vukovic (interprétation).- Je ne sais pas. En dehors de Vitez

 25   et de Novi Travnik il n'a jamais été formé sur le plan des deux communes,


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  1   des deux municipalités... non je ne pense pas que de telles brigades

  2   existaient. Je pense qu'éventuellement il y avait à Zepce également, au

  3   début de 1992, quelques unités parce que des Croates ont été expulsés de

  4   Maglaj*, de Novi Ceser* et il n'est pas impossible qu'à cet endroit là il

  5   y ait eu la brigade qui se composait des membres des deux municipalités.

  6   Mais en dehors de cela, je pense que la seule brigade qui rassemblait les

  7   deux municipalités était celle dont vous parlez.

  8   M. Kovacic (interprétation).- Par conséquent le QG était à

  9   Novi Travnik ?

 10   M. Vukovic (interprétation).- Oui.

 11   M. Kovacic (interprétation).- Vous savez qui était le premier

 12   commandant ? C'était M. Malbasic si je ne m'abuse ?

 13   M. Vukovic (interprétation).- Je sais que dans un premier temps

 14   c'était M. Malbasic, mais je ne peux pas vous dire exactement quelle était

 15   la période pendant laquelle il était commandant.

 16   M. Kovacic (interprétation).- Mais est-ce que vous vous souvenez

 17   qu'après Malbasic il y avait Mario Cerkez qui a occupé ce poste ?

 18   M. Vukovic (interprétation).- Très peu.

 19   M. Kovacic (interprétation).- Mais est-ce que vous le savez 

 20   M. Vukovic (interprétation).- Je sais que M. Cerkez se rendait à

 21   Novi Travnik et qu'il avait un certain nombre de tâches à remplir, mais je

 22   ne suis pas sûr de la période pendant laquelle il avait été commandant de

 23   cette unité. Mais je me souviens que Borivoje Malbasic a été le premier

 24   commandant.

 25   M. Kovacic (interprétation).- Vous n'êtes pas sans savoir qu'à


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  1   cette période-là le HVO tenait la ligne de front face aux Serbes de Bosnie

  2   au-dessus de Travnik depuis le mois d'août 1992 et

  3   c'était la section qui n'était pas très loin par rapport à votre foyer

  4   Karagaj Kostolac et tout ceci est quelque peu au-dessus de Dzalilovac et

  5   il y avait aussi une unité de Vitez qui s'est rendue sur place ?

  6   M. Vukovic (interprétation). – Oui, il est vrai que les hommes

  7   de la brigade de Novi Travnik et de Vitez se rendaient, étaient déployés

  8   sur cette ligne de front et à vol d'oiseau par rapport à la maison que

  9   j'habitais, étaient à 10 ou 12 kilomètres, peut-être même pas autant. Je

 10   sais qu'il y avait beaucoup de personnes tuées. C'est pourquoi j'ai retenu

 11   cela. Je sais qu'il y avait deux personnes qui ont été tuées sur cette

 12   ligne de front et qui appartenaient à cette brigade dont il est question.

 13   M. Kovacic (interprétation). – Vous conviendrez avec moi, je

 14   l'espère, que les unités du HVO tenaient cette ligne de front même avant

 15   que les brigades soient créées avant l'été de 1992 ?

 16   M. Vukovic (interprétation). – Oui, tout à fait.

 17   M. Kovacic (interprétation). – En ce qui concerne l'organisation

 18   ou les structures mises en place du quatrième bataillon de la police

 19   militaire à Vitez dont vous avez parlé tout à l'heure, j'aimerais vous

 20   demander une précision. Vous avez dit que vous aviez vous-même été chargé

 21   pour mettre en place les structures de ce bataillon et qu'au bout de deux

 22   mois, vous avez réussi pratiquement à créer ce bataillon, que vous avez

 23   commencé à zéro pratiquement. Vous avez dit comment ce bataillon se

 24   constituait, vous avez parlé des pelotons, compagnies et vous avez parlé

 25   de la subordination de ces unités différentes. Tout ceci était -je le


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  1   pense- en fonction d'un plan et d'une conception parce que vous avez eu

  2   une conception au départ ?

  3   M. Vukovic (interprétation). – Oui pendant cette période. C'est

  4   de cette manière-là que nous l'avons conçu. Il y avait un certain nombre

  5   de plans qui ont succédé à ce premier plan, mais dans un premier temps,

  6   nous avons fait des plans à court terme. Nous avons souhaité créer les

  7   structures principales et compléter par la suite, améliorer ces

  8   structures.

  9   M. Kovacic (interprétation). – Entendu. Mais de manière très

 10   concrète, partout où il n'y avait pas de brigade, il n'y en avait pas dans

 11   toutes les municipalités. Le plan n'a pas pu être mis en application.

 12   Etes-vous d'accord avec moi ?

 13   M. Vukovic (interprétation). – Il faut que vous me reformuliez

 14   la question. Je ne vous ai pas très bien suivi.

 15   M. Kovacic (interprétation). – Il y avait un plan et partout où

 16   il y avait une brigade locale, une unité de la police militaire qui lui a

 17   été subordonnée, qui était rattachée au quatrième bataillon, devait être

 18   subordonné par exemple à une brigade de Vares. Mais si jamais à Vares il

 19   n'y avait pas de brigade, cette unité ne pouvait pas être rattachée à la

 20   brigade étant donné qu'elle n'existait pas.

 21   M. Vukovic (interprétation). – Oui. A cette époque-là, la

 22   brigade se composait de bataillons qui avaient des postes de commandement.

 23   Parallèlement avec la création des structures du quatrième bataillon de la

 24   police militaire, nous avons commencé aussi la restructuration des états-

 25   majors municipaux qui se sont transformés en brigades.


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  1   M. Kovacic (interprétation). – Merci. Je voudrais profiter de

  2   votre présence. Vous avez dit qu'ultérieurement, quand en janvier vous

  3   avez cessé d'exercer cette fonction à la police militaire, vous avez été

  4   chargé d'organiser les Domobrani. Vous en avez parlé quelque peu lors de

  5   votre déposition. Ce que j'aimerais aussi préciser avec vous, c'est la

  6   chose suivante : ceci était également un plan. C'est ce que vous avez dit,

  7   mais c'est un plan qui n'a pas été mis en application. Je pense que ce

  8   n'est pas contestable. Vous êtes bien d'accord avec moi ?

  9   M. Vukovic (interprétation). – Oui, tout à fait.

 10   M. Kovacic (interprétation). – Ceci ne ressort pas tout à fait

 11   bien des actes. Est-ce que l'idée au départ était de créer des unités des

 12   Domobrani et de l'autre côté, des brigades ?

 13   M. Vukovic (interprétation). – Oui, à cette époque-là, pendant

 14   la période pendant laquelle j'ai occupé le poste d'adjoint chargé des

 15   Domobrani et selon les instructions que nous avons reçues, on avait

 16   planifié de créer les petites unités au niveau de chaque municipalité.

 17   Mais ces unités ne correspondaient pas aux brigades. C'était les tout

 18   petites unités. Je vais vous donner un exemple. A Vitez, on avait planifié

 19   de créer une compagnie et de mobiliser les hommes en passant par le

 20   département de la défense avec les gens qui appartenaient à la deuxième,

 21   troisième catégorie de capacité militaire.

 22   M. Kovacic (interprétation). – Entendu. Est-il vrai de dire que

 23   pour ce qui concerne des tâches de ces unités des Domobrani, elles

 24   pourraient être déterminées comme des tâches civiles, ou pour parler très

 25   concrètement, donc de protéger des villages, des bâtiments importants dans


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  1   la municipalité etc. ?

  2   M. Vukovic (interprétation). – Oui, tout à fait. C'était donc

  3   l'objectif au moment où nous avons mis en place ces unités.

  4   M. Kovacic (interprétation). – Dites-nous ceci pour qu'il n'y

  5   ait pas de malentendu, car je pense que des choses ne sont pas tout à fait

  6   claires. Une fois que la guerre s'est terminée après les accords de

  7   Dayton, le HVO a connu une nouvelle transformation et ceux qui étaient à

  8   l'époque dans les Domobrani se sont transformés en régiment ?

  9   M. Vukovic (interprétation). – Oui.

 10   M. Kovacic (interprétation). – Est-ce que ceci correspond aux

 11   unités de 1993.

 12   M. Vukovic (interprétation). – Non, je ne pense pas. Mais je ne

 13   pourrais pas vous l'affirmer avec certitude. Je ne suis pas au courant

 14   mais je ne pense pas du tout que ceci puisse avoir quelque chose à faire

 15   avec les Domobrani de 1993.

 16   M. Kovacic (interprétation). – En ce qui concerne le

 17   commandement conjoint dans lequel vous avez agi aussi, en avril, mai 1993,

 18   il y avait vos supérieurs qui étaient Nakic et Merdan ?

 19   M. Vukovic (interprétation). – J'ai déjà dit que M. Nakic, moi-

 20   même et Juric au nom du HVO, c'est donc le même niveau.

 21   M. Kovacic (interprétation). – Vous voulez dire des chefs ?

 22   M. Vukovic (interprétation). – Oui. Nous étions donc au niveau

 23   de l'état-major comme l'état-major de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

 24   M. Kovacic (interprétation). – Vous avez aussi constitué des

 25   commissions qui étaient chargées des questions spéciales à un niveau


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  1   inférieur, n'est-ce pas ?

  2   M. Vukovic (interprétation). – Oui, il y avait un certain nombre

  3   de commissions qui ont été créées dans des parties de la municipalité où

  4   éventuellement, il y avait des problèmes un peu plus importants. Donc, il

  5   fallait les résoudre. Je pense que ceci a été fait aussi au niveau de la

  6   municipalité de Travnik à Vitez, je suis sûr que c'était le cas de

  7   Novi Travnik et Vitez, mais je ne sais pas s'il y avait d'autres

  8   commissions qui étaient créées dans d'autres municipalités ou parties de

  9   municipalités.

 10   M. Kovacic (interprétation). – Vous souvenez-vous que le défunt

 11   Boro Josic a été nommé à la commission chargée des personnes portées

 12   disparues et prisonnières ?

 13   M. Vukovic (interprétation). – Je sais que M. Josic a été membre

 14   d'une commission et je sais également que lors d'une réunion qui a eu lieu

 15   dans la maison habitée par les représentants de l'ECMM, à Stara Bila, il y

 16   était présent.

 17   M. Kovacic (interprétation). – Vous voulez dire que de tels

 18   genres de réunions étaient organisés quand c'était indispensable ?

 19   M. Vukovic (interprétation). – Oui.

 20   M. Kovacic (interprétation). – Donc, il y avait des tâches

 21   précises qu'il devait mettre en application ou résoudre ou exercer ?

 22   M. Vukovic (interprétation). – Oui.

 23   M. Kovacic (interprétation). – Par conséquent, ce qui était

 24   également indispensable était que les personnes en question puissent

 25   disposer de l'expérience et de la formation ?


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  1   M. Vukovic (interprétation). – Oui. Quand il s'agit du défunt

  2   Boro Josic, c'était quelqu'un qui avait une grande réputation, qui était

  3   expérimenté, qui aurait pu remplir la tâche qui lui a été confiée. Il a

  4   été très honnête, intègre. Il n'a jamais été compromis d'un côté ou de

  5   l'autre.

  6   M. Kovacic (interprétation). – Seriez vous surpris si je vous

  7   dis qu'un membre du service de renseignement de l'armée de Bosnie-

  8   Herzégovine considère que Boro Josic est un criminel de guerre ?

  9   M. Vukovic (interprétation). – Oui, j'aurais été surpris de

 10   l'apprendre. Je ne sais pas. Je ne connais pas les raisons pour lesquelles

 11   il avait jugé comme tel Boro Josic.

 12   M. Kovacic (interprétation). – Vous-mêmes, vous connaissiez

 13   suffisamment Boro Josic. Vous considériez qu'il s'agissait d'un homme

 14   intègre et honnête ?

 15   M. Vukovic (interprétation). – Oui, je l'ai connu avant la

 16   guerre et je l'ai connu par l'intermédiaire de son frère que je

 17   connaissais bien. Je le connaissais un peu mieux que Boro. Quand j'ai

 18   entendu parler de Boro, j'ai entendu parler de lui, de son frère Dragan

 19   que je connaissais un peu mieux. Mais Boro, j'ai eu l'occasion de le voir

 20   au cours de 1992, avant qu'il soit décédé.

 21   M. Kovacic (interprétation). – Vous avez entendu comment il a

 22   été tué ?

 23   M. Vukovic (interprétation). – Oui, je sais qu'il a été tué à

 24   côté de sa maison. Je sais qu'il a été transporté au centre médical, il

 25   était déjà mort.


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  1   M. Kovacic (interprétation). - Savez-vous quelle était la cause

  2   de sa mort ?

  3   M. Vukovic (interprétation). – Je ne connais pas la cause de sa

  4   mort mais il y avait quelques hypothèses qui ont été avancées. Mais j'ai

  5   entendu dire aussi qu'il avait été en contact avec un certain nombre de

  6   civils, qu'il voulait montrer les membres de sa famille.

  7   M. Kovacic (interprétation). – Mais il y avait un tireur d'élite

  8   de Mahalla qui l'avait touché ?

  9   M. Vukovic (interprétation). – Oui, oui effectivement il a été

 10   abattu par un tireur embusqué de Mahalla.. Moi j'étais là, je suis arrivé

 11   plus tard parce que je me trouvais au commandement mais je suis arrivé

 12   très vite parce qu'il n'y avait qu'une rue qui me séparait du poste du

 13   commande et de l'immeuble où il habitait

 14   M. Vukovic (interprétation). - Donc son immeuble faisait face au

 15   Mahalla ?

 16   M. Vukovic (interprétation). - Oui.

 17   M. Vukovic (interprétation). - Merci beaucoup. Je n'ai plus de

 18   questions à vous poser, mon colonel.

 19   Interrogatoire : M. SCOTT

 20   M. Scott (interprétation). – Mon colonel je m'appelle Scott et

 21   nous ne nous sommes jamais rencontrés n'est-ce pas précédemment ?

 22   M. Vukovic (interprétation). - En effet, nous ne nous sommes pas

 23   rencontrés.

 24   M. Scott (interprétation). - Pendant la période au cours de

 25   laquelle se sont déroulés les épisodes dont nous avons parlé ce matin,


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  1   pendant toute la période que vous avez passée en Bosnie centrale de 91 à

  2   95, est-ce qu'à un moment ou un autre pendant cette période, vous avez

  3   servi au sein du HVO, des forces armées du HVO, à un titre ou un autre ?

  4   M. Vukovic (interprétation). - J'étais au sein du HVO, je n'ai

  5   servi qu'au sein du HVO et ceci depuis le début 1992, c'est-à-dire depuis

  6   la formation du HVO jusqu'à 1995, période que vous mentionnez.

  7   M. Scott (interprétation). - Est-ce que pendant cette période,

  8   vous avez eu une fonction militaire quelconque ou une fonction au sein de

  9   la police militaire sur le territoire de la Croatie dans une unité

 10   quelconque qui se trouvait sur les territoires de Croatie ?

 11   M. Vukovic (interprétation). - Je dois dire qu'en septembre 91,

 12   quand j'ai quitté l'ex-JNA, je l'ai quittée à cause de la guerre en

 13   Croatie, mais je n'ai pas passé un seul jour à faire la guerre en Croatie,

 14   je n'ai jamais été membre de l'armée croate, de la police croate, je n'ai

 15   jamais fait de séjour sur le territoire croate, je suis resté chez moi,

 16   c'est-à-dire en Bosnie-Herzégovine.

 17   M. Scott (interprétation). – Monsieur, j'ai un certain nombre de

 18   questions à vous poser au sujet des circonstances dans lesquelles vous

 19   êtes venu témoigner aujourd'hui. Est-ce que vous avez passé en revue des

 20   documents dans le cadre de votre préparation à cette déposition ?

 21   M. Vukovic (interprétation). - En ce qui concerne les événements

 22   sur lesquels je témoigne, ces territoires, cette période de temps, je

 23   n'avais pas de documents particuliers, je ne disposais pas de notes

 24   particulières en janvier de cette année, quand j'ai parlé pour la première

 25   fois avec les représentant de la défense, et puis quand nous nous sommes


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  1   rencontrés pour la deuxième fois quand je suis venu il y a 15 jours et que

  2   je devais témoigner, mais que je n'ai pas pu le faire.

  3   M. Scott (interprétation). - Mais au cours de cette période,

  4   est-ce que l'on vous a montré des documents ou est-ce qu'on vous a demandé

  5   d'examiner des documents dans le cadre de la préparation de votre

  6   déposition ?

  7   M. Vukovic (interprétation). – On ne m'a remis aucun document à

  8   l'exception d'un seul document que j'ai vu, je crois… enfin non, je ne

  9   crois pas, c'est mon document. C'est un document qui a été délivré à la

 10   fin 1992 à la police militaire de Kakanj, il s'agit du transfert de

 11   fonction au niveau du commandant de la police militaire de Kakanj. On m'a

 12   montré ce document qui n'a rien d'extraordinaire, donc il n'y avait pas de

 13   document autrement particulier à me montrer.

 14   M. Scott (interprétation). - Dans le cadre de séances, des

 15   réunions des préparation avec l'équipe de la défense, avez-vous fourni des

 16   déclarations écrites ou avez-vous signé des documents, des déclarations

 17   qui auraient permis de préparer le document que vous avez sous les yeux ?

 18   M. Vukovic (interprétation). - Pendant l'entretien qu'on a eu à

 19   Split, quand je suis allé là-bas pour rencontrer la défense, nous nous

 20   sommes entretenus, donc nous nous sommes rencontrés, ils ont pris des

 21   notes. La dernière fois, quand je suis venu ici, quand je devais déposer,

 22   nous avons rédigé une déclaration et je l'ai signée parce que j'étais prêt

 23   à comparaître ici dans cette Chambre, c'était un vendredi, et j'ai signé

 24   cette déclaration et puis quand je suis revenu ici ultérieurement, il y

 25   avait toujours la déclaration et j'ai ajouté un certain nombre de choses.


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  1   Je ne sais pas si c'est très important, mais je n'ai ajouté un certain

  2   nombre de choses là où nous avions mentionné des compagnies, des pelotons,

  3   des sections et j'ai rajouté des municipalités qui étaient plus proches

  4   des forces serbes. Pour que les choses soit plus claires, j'ai signé ces

  5   déclarations, j'en dispose aussi bien en anglais qu'en Croate.

  6   M. Scott (interprétation). - Il s'agit j'imagine de la

  7   déclaration que nous avons tous reçu ?

  8   M. Vukovic (interprétation). - Oui c'est exact.

  9   M. Scott (interprétation). – Poursuivons. Je voudrais vous poser

 10   une question précise. Au cours de ces réunions de préparation à

 11   l'exception de cette déclaration, avez-vous signé d'autres déclarations ?

 12   Vu M. Vukovic (interprétation). – Je n'ai rien signé d'autre

 13   pour la défense à l'exception de la déclaration dont je dispose, donc

 14   c'est exactement la même et donc je l'ai signée à ce moment-là et je vous

 15   ai dit quelles modifications j'y avais apporté.

 16   M. Scott (interprétation). - Est-ce que vous habitez à Split ?

 17   M. Vukovic (interprétation). - Non.

 18   M. Scott (interprétation). - Savez vous comment se fait-il que

 19   cette entrevue avec la défense se soit passée à Split en Croatie ?

 20   M. Vukovic (interprétation). - J'étais à Split et donc j'ai

 21   participé à cette réunion dans un hôtel, je ne me souviens pas de quel

 22   hôtel mais c'est un restaurant ou un hôtel, quelque chose comme cela.

 23   Quand j'y suis arrivé, ils m'ont invité par les biais de Darko Gelic qui

 24   devait déposer et il m'en a parlé. A ce moment-là j'étais absent. Je ne

 25   suis pas très sûr, mais vers la fin janvier, j'avais été absent pour les


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  1   vacances de Noël, ensuite, par le biais de M. Gelic, j'ai appris qu'on lui

  2   avait demandé de me demander si je souhaitais participer aussi à cette

  3   réunion et j'y suis allé de mon plein gré.

  4   M. Scott (interprétation). – Est-ce que Monsieur Gelic était à

  5   Split avec vous au même moment ?

  6   M. Vukovic (interprétation). – Oui, en janvier nous étions à

  7   Split ensemble. Mais nous ne nous sommes pas entretenus ensemble, nous

  8   avons eu des entretiens différents, nous sommes arrivés ensemble dans une

  9   un seul véhicule pour des raisons de coût et nous sommes rentrés ensemble

 10   pour faire des économies.

 11   M. Scott (interprétation). – Si j'ai bien compris, ce n'est pas

 12   que vous soyez trouvé par hasard à Split mais quelqu'un vous a invité à

 13   venir à Split pour rencontrer quelqu'un au nom de l'équipe de la défense,

 14   c'est cela ?

 15   M. Vukovic (interprétation). - Oui vous m'avez bien compris,

 16   Monsieur Darko Gelic m'a appelé, il devait être à Vitez mais je ne lui ai

 17   pas demandé véritablement où il était. Je crois que la défense lui avait

 18   fourni un téléphone mobile parce qu'il devait parfois les appeler pour

 19   leur dire s'il allait être en retard. L'hiver était très dur, donc il a dû

 20   les appeler pour leur dire que nous serions peut-être en retard. C'est à

 21   ce moment-là que j'ai compris qu'il était en contact avec les conseils de

 22   la défense, parce qu'il avait leur numéro de téléphone portable.

 23   M. Scott (interprétation).- Merci. Monsieur le Président, pour

 24   que les choses soient très claires, nous souhaitons que s'il existe

 25   d'autres déclarations en dehors de celle qui a été fournie à la Chambre,


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  1   elles soient fournies également à la Chambre.

  2   Mon Colonel, parlons de vos contacts avec M. Kordic. Je voudrais

  3   savoir à combien de reprises vous l'avez rencontré en direct, en tête-à-

  4   tête, disons depuis 1992.

  5   M. Vukovic (interprétation).- Depuis le début 1992, c'est-à-dire

  6   la fin février - début mars 1992, pendant ces deux mois avant l'agression

  7   serbe, avant le pilonnage sur la zone où se trouvait mon village, où la

  8   guerre a démarré en avril, avant je voyais parfois M. Kordic, on se

  9   rencontrait parfois.

 10   Par ailleurs, d'une certaine façon j'appartenais à cet état-

 11   major qui avait été établi au début 1992.

 12   M. Scott (interprétation).- De quel état-major parlez-vous,

 13   monsieur ?

 14   M. Vukovic (interprétation).- Cela, c'était en 1992, les

 15   autorités municipales, M. Daric Putesic, M. Franjo Petkovic m'ont

 16   contacté. Je leur avais parlé précédemment, je leur avais dit que j'avais

 17   quitté l'ex-JNA, que je cherchais un emploi et eux, déjà avant 1992,

 18   essayaient de me trouver un emploi au sein de la police, mais cela n'a

 19   rien donné, cela n'a pas donné ce que cela devait donner, mais ils

 20   savaient que j'étais un militaire. Donc ils m'ont contacté et m'ont

 21   demandé si j'étais intéressé -je crois que c'était le 29 ou le 30, en tout

 22   cas c'était à la fin février, et ils m'ont appelé pour me demander si je

 23   voulais participer à une réunion où tous les gens de la municipalité se

 24   sont rencontrés pour essayer de se contacter...

 25   Nous avons mis en place l'état-major régional fait de tous les


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  1   représentant des municipalités de la région, à l'exception de Zepce et de

  2   la vallée de la Lasva. Un grand nombre de personnes de ces municipalités

  3   sont venues et à ce moment-là nous avons élu le commandant de cet état-

  4   major, qu'on appelait l'état-major régional ou de la Bosnie centrale.

  5   C'est donc M. Pasko Ljubicic qui a été élu commandant et moi j'ai été élu

  6   chef d'état-major au début.

  7   M. Scott (interprétation).- Qui a organisé cette réunion au

  8   cours de laquelle Pasko Ljubisic a été nommé commandant en Bosnie

  9   centrale ?

 10   M. Vukovic (interprétation).- Cette réunion ? Comment dire ? Il

 11   y avait M. Marjan Skopljak, le défunt Ivica Stojak peut-être et Franjo

 12   Sliskovic... je ne suis pas très sûr. En tout cas j'ai participé à cette

 13   réunion, je suis arrivé et j'ai rencontré beaucoup de gens que je

 14   rencontrais pour la première fois, que je ne connaissais pas avant.

 15   M. Scott (interprétation).- Bien. Nous allons passer à un autre

 16   sujet. Dans les premiers mois de 1992, vous avez eu un certain nombre de

 17   contacts avec M. Dario Kordic.

 18   Afin d'aller le plus rapidement possible, nous allons procéder

 19   par ordre et nous allons donc nous intéresser à la fin 1992 ainsi qu'à

 20   toute l'année 1993. Je voudrais savoir, pendant cette période qui couvre

 21   disons 13 à 14 mois, combien de fois vous avez eu des contacts avec

 22   M. Dario Kordic en personne.

 23   M. Vukovic (interprétation).- Entre la fin 1992 et la fin 1993,

 24   jusqu'aux accords de Washington, eh bien je l'ai peut-être vu en passant,

 25   comme cela, une dizaine de fois en personne. Moi, je n'ai jamais eu


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  1   d'entretien en tête à tête avec lui. Mais il passait à côté de nous, il

  2   nous saluait et ensuite il poursuivait son chemin. A deux ou trois

  3   reprises, à la fin de 1992, j'ai eu la possibilité de le voir dans la

  4   municipalité de Travnik, lorsque nous nous sommes organisés... lorsque les

  5   secteurs se sont organisés contre les Serbes, lorsque Zenja Potkraj est

  6   tombé.

  7   Mais je sais que M. Kordic... Il y avait un endroit où il

  8   habitait à Busovaca et il passait là où moi je me trouvais. Je l'ai sans

  9   doute vu à ce moment-là, disons une vingtaine de fois, pas très souvent en

 10   tout cas.

 11   M. Scott (interprétation).- Donc vous nous dites que vous avez

 12   vu M. Kordic à plusieurs reprise pendant la période que j'ai définie

 13   précédemment. Si j'ai bien compris, vous le croisiez dans la rue, il ne

 14   s'agissait pas de rencontre officielle mais de rencontre purement

 15   fortuite. C'est cela ? J'ai bien compris ?

 16   M. Vukovic (interprétation).- Oui, nous n'avons pas eu de

 17   réunion, nous n'avons pas parlé de nous rencontrer, nous n'avons pas

 18   essayé de fixer des réunions, des rendez-vous. Comme je l'ai dit, mes

 19   contacts avec M. Kordic se résumaient... ou parfois à des réunions où je

 20   n'étais jamais seul avec lui. Par exemple il y avait M. Bosnjak,

 21   M. Juricic. Au moment où je devais aller à Mostar, c'était à la mi-janvier

 22   1993, j'ai eu la possibilité à ce moment-là de le saluer, ce que j'ai

 23   fait.

 24   Au début 1992, on a commencé à se rencontrer un peu plus

 25   souvent.


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  1   M. Scott (interprétation).- Mon Colonel, je ne vais pas vous

  2   interrompre souvent, afin de ne pas manquer de courtoisie mais nous

  3   souhaitons procéder aussi rapidement que possible. Je vais donc vous

  4   demander de réponre directement aux questions que je vous pose.

  5   Maintenant je vais vous poser une question extrêmement précise,

  6   non pas en ce qui concerne les réunions que vous avez eues en personne

  7   avec M. Kordic, mais je vais vous demander la chose suivante : pendant ces

  8   14 ou 15 mois entre la fin 1992 et fin 1993, avez-vous eu la possibilité

  9   de vous entretenir au téléphone ou à la radio avec M. Kordic ? Est-ce que

 10   vous avez eu des conversations importantes avec lui, des conversations

 11   quelles qu'elles soient –disons- au téléphone ou à la radio ?

 12   M. Vukovic (interprétation). – Au téléphone, je ne peux pas vous

 13   répondre dans un sens ou dans un autre. Il est possible que je me sois

 14   entretenu parfois au téléphone avec lui, de temps en temps. En ce qui

 15   concerne les communications par radio, j'affirme que je n'ai jamais eu de

 16   contact par radio avec lui.

 17   M. Scott (interprétation). – Vous avez peut-être déjà répondu à

 18   cette question. Pendant cette même période de temps, avez-vous rencontré

 19   M. Kordic ? Je ne parle pas nécessairement de réunions en tête à tête,

 20   mais vous avez participé à des réunions auxquelles participait aussi

 21   M. Kordic. Des réunions où soit vous n'étiez que vous deux soit où il y

 22   avait d'autres personnes ?

 23   M. Vukovic (interprétation). – Je n'ai pas eu de réunion avec

 24   M. Kordic pendant cette période de temps entre fin 1992 et fin 1993.

 25   M. Scott (interprétation). – Vous nous avez donné votre opinion


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  1   au sujet des points de vue de M. Kordic, des points de vue exprimés dans

  2   ses allocutions. Pouvez-vous nous dire combien de fois vous avez entendu

  3   M. Kordic s'exprimer ainsi en public ?

  4   M. Vukovic (interprétation). – En ce qui concerne les

  5   déclarations, les discours publics en 1993, je commandais un centre où il

  6   y avait des jeunes recrues à Nova Bila et M. Kordic est passé. Il n'est

  7   resté que très peu de temps. Je ne peux pas vous dire combien de temps

  8   exactement. Il y a eu peut-être d'autres conversations, d'autres réunions

  9   de ce genre. J'étais aussi à Zenica. Je ne sais pas dans quelle mesure

 10   j'ai participé aux cérémonies de prestations de serment à Busovaca. Je

 11   suis arrivé un peu en retard. J'ai donc pu à ce moment-là… j'étais en

 12   retard mais j'ai vaguement entendu ce qu'il avait à dire. Je ne suis pas

 13   vraiment sûr de les avoir compris.

 14   M. Scott (interprétation). – Donc, pour que les choses soient

 15   bien précises, vous l'avez entendu s'exprimer en public 2 ou 3 fois, c'est

 16   cela ?

 17   M. Vukovic (interprétation). – Je vous dis que je ne suis pas

 18   trop sûr. Je ne sais pas si je me souviens de toutes les fois où je l'ai

 19   entendu. Disons 5 ou 6 fois où il s'exprimait en public.

 20   M. Scott (interprétation). – Avant la pause, je voudrais aborder

 21   deux thèmes. Paragraphe 10 du résumé de vos déclarations, vous avez dit

 22   que Jajice était tombée entre les mains des Serbes. N'est-il pas exact,

 23   mon colonel, que Jajice était encerclée et a été remise aux Serbes et que

 24   ceci s'est fait dans le cadre d'un accord ?

 25   M. Vukovic (interprétation). – Il s'agit là d'interprétations


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  1   qui ne sont pas officielles et qui n'émanent pas d'institutions

  2   militaires, mais il y a peut-être des gens de Jajice que j'ai rencontrés

  3   plus tard. Mais disons qu'en ce qui concerne la chute de Jajice, je dois

  4   dire que les relations entre l'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO ont

  5   eu une influence.

  6   Et donc, la ville a été rendue, mais je ne peux pas vous donner

  7   plus d'information à ce sujet.

  8   M. Scott (interprétation). – Oui, je vois que l'heure tourne. Si

  9   vous me permettez, je souhaiterais en terminer avec cette question car

 10   j'ai l'impression que vous n'avez pas très bien compris ma question qui

 11   était extrêmement précise. Les forces croates ont-elles été chassées à la

 12   suite d'opérations de combat extrêmement dures ou bien, est-ce que ce qui

 13   s'est passé en réalité, c'est que la ville a été remise aux Serbes, et

 14   ceci, dans le cadre d'un accord ?

 15   M. Vukovic (interprétation). – La nature des combats, je ne peux

 16   pas vous en parler. Je n'étais pas présent ; je n'ai pas d'informations à

 17   ce sujet. Je ne peux pas vous confirmer que Jajice a été remise

 18   volontairement aux Serbes.

 19   M. Scott (interprétation). – En fait, vous ne connaissez rien

 20   des circonstances dans lesquelles cela s'est passé ? C'est ce que vous

 21   nous dites. Vous ne connaissez pas les circonstances dans lesquelles

 22   Jajice s'est retrouvée dans les mains des Serbes ?

 23   M. Vukovic (interprétation). – J'avais mon opinion. C'était que

 24   les mauvaises relations entre l'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO et

 25   le conflit de Travnik, tout ceci a joué un rôle dans la chute de Jajice et


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  1   c'est forcément quelque chose qu'il faut prendre en compte, mais je n'ai

  2   pas entendu confirmer ce que vous dites.

  3   M. le Président (interprétation).- Avez-vous encore beaucoup de

  4   questions, monsieur Scott ?

  5   M. Scott (interprétation). – Je pense en avoir pour tout

  6   l'après-midi.

  7   M. le Président (interprétation).- Essayons de finir cette

  8   après-midi ! Nous avons encore deux témoins cette semaine. Colonel, nous

  9   allons maintenant lever l'audience. je vais vous demander de revenir dans

 10   ce prétoire à 14 heures 30. Pendant cette pause, ainsi que pendant toutes

 11   les pauses qui pourraient éventuellement suivre, je vais vous demander de

 12   ne parler à quiconque de votre déposition jusqu'à ce qu'elle s'achève. Ne

 13   permettez à personne de vous parler de votre déposition. J'entends

 14   également par là les membres de l'équipe de la défense.

 15   (L'audience est suspendue à 13 heures et reprise à

 16   14 heures 35).)

 17   M. le Président (interprétation). - Monsieur Scott, vous avez la

 18   parole.

 19   M. Scott (interprétation).- Merci monsieur le Président.

 20   Colonel, ce matin, dans votre déposition, vous avez parlé d'un homme

 21   répondant au nom de Lalic et vous avez dit qu'il avait été le premier chef

 22   de la police militaire, en tout cas dans votre secteur. Est-ce exact ?

 23   M. Vukovic (interprétation).- C'est exact. C'est lui que j'ai

 24   trouvé au poste de commandant de la police militaire.

 25   M. Scott (interprétation).- Savez-vous qui a nommé M. Lalic à ce


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  1   poste ?

  2   M. Vukovic (interprétation).- Je ne sais pas qui l'a nommé à ce

  3   poste, nous n'en avons jamais parlé. Je ne sais pas d'ailleurs s'il y a eu

  4   un ordre qui le nommait à ce poste.

  5   M. Scott (interprétation).- Vous avez laissé entendre que

  6   c'était peut-être un poste qu'il supposait être le sien. Est-ce que je

  7   vous ai bien compris ?

  8   M. Vukovic (interprétation).- Voilà ce que je voudrais dire.

  9   Avant mon arrivée dans la police militaire, j'ai exercé d'autres

 10   fonctions. J'ai dit que j'avais été arrêté par les Serbes. Lorsque je suis

 11   revenu, lorsque je suis allé au quartier général de Busovaca dont j'ai

 12   déjà parlé, j'y ai trouvé M. Lalic. A cette époque, il était commandant de

 13   la police militaire au niveau régional.

 14   M. Scott (interprétation).- Ecoutez, nous n'allons pas nous

 15   appesantir sur ce point, mais je crois savoir qu'à un certain moment, il a

 16   quitté la région pour prendre d'autres fonctions à Mostar. Est-ce exact ?

 17   M. Vukovic (interprétation).- Oui, c'est exact, le 1er octobre

 18   1992.

 19   M. Scott (interprétation).- Savez-vous quelles sont les

 20   fonctions qu'il a prises à Mostar ?

 21   M. Vukovic (interprétation).- Je ne sais pas exactement de

 22   quelles fonctions il est question, mais je sais que de formation, c'était

 23   un économiste et je pense que c'est le genre de travail qu'il a exercé là-

 24   bas. Mais dans quel secteur et dans quel métier en particulier, je ne sais

 25   pas.


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  1   M. Scott (interprétation).- Très bien. S'agissant de

  2   l'organisation de la police militaire, monsieur, nous n'allons pas en

  3   parler toute l'après-midi, mais si j'ai bien compris ce que vous avez déjà

  4   dit en réponse aux questions de l'interrogatoire principal, il y avait au

  5   départ cinq compagnies dans le quatrième bataillon de la police militaire

  6   et chacune de ces compagnies était censée rendre compte au quatrième

  7   bataillon à des fins administratives et logistiques -je crois que ce sont

  8   les mots que vous avez utilisés-. S'agissant de leurs actions et de leurs

  9   opérations quotidiennes, ces compagnies rendaient compte et prenaient

 10   leurs instructions auprès du commandant de la brigade du HVO. C'est bien

 11   cela ?

 12   M. Vukovic (interprétation).- Oui, c'est exact, mais ce ne sont

 13   pas les compagnies qui recevaient les ordres. Les compagnies étaient

 14   composées de pelotons et c'étaient les pelotons qui dépendaient des

 15   quartiers généraux municipaux et plus tard des brigades. Donc sur le plan

 16   opérationnel, elles étaient responsables devant les commandants de

 17   brigade.

 18   M. Scott (interprétation).- Très bien. Donc, ce sont les

 19   pelotons qui prenaient leurs ordres des commandants de brigade, c'est bien

 20   cela ?

 21   M. Vukovic (interprétation).- Oui, c'est exact.

 22   M. Scott (interprétation).- Et cette structure a continué à

 23   exister jusqu'à au moins la fin de l'année 1993, n'est-ce pas ?

 24   M. Vukovic (interprétation).- Je ne peux pas parler de 1993,

 25   donc je ne peux pas répondre oui ou non à la question que vous venez de me


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  1   poser. Je ne peux vous répondre que jusqu'à la date de mon départ, c'est-

  2   à-dire le 18 janvier 1993, mais je n'aurais aucune certitude si je vous

  3   parlais du reste de l'année 1993.

  4   M. Scott (interprétation).- Très bien, nous allons donc procéder

  5   par étape. En tout cas, jusqu'au début de janvier, ce sont les

  6   dispositions qui s'appliquaient, n'est-ce pas ?

  7   M. Vukovic (interprétation).- Oui.

  8   M. Scott (interprétation).- Puis-je également vous demander de

  9   confirmer que vous avez dit que même si vous faisiez partie de l'état-

 10   major du Colonel Blaskic, en charge de la création de l'unité des gardes,

 11   ce travail n'a pas été réalisé en 1993, à quelque moment que ce soit,

 12   n'est-ce pas ?

 13   M. Vukovic (interprétation).- Oui, c'est un fait, rien n'a été

 14   accompli dans cette période.

 15   M. Scott (interprétation).- En fait, la brigade de Vitez

 16   commandée par Mario Cerkez n'était pas l'unité des gardes, n'est-ce pas ?

 17   M. Vukovic (interprétation).- Cette unité, je peux la décrire

 18   comme toutes les autres unités que je connaissais. Elle se composait en

 19   partie de volontaires, c'est-à-dire d'hommes qui possédaient déjà des

 20   armes, etc. Mais je ne suis pas au courant qu'il y ait eu une mobilisation

 21   générale des hommes dans cette période. La plupart d'entre eux n'ont pas

 22   de carnet militaire où figurerait une quelconque responsabilité militaire.

 23   Donc si cette unité existait à ce moment-là, elle ne pouvait pas être une

 24   unité professionnelle.

 25   Maintenant, s'agissant des Domobrani, j'ai parlé un peu de la


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  1   différence qui pouvait exister entre l'unité des Domobrani et les unités

  2   distinctes qui existaient à ce moment-là au sein des brigades.

  3   M. Scott (interprétation).- Très bien, mais entendons-nous sur

  4   le mot "volontaires". Lorsque vous utilisez ce terme, vous pensez aux

  5   hommes qui étaient mobilisés en tant que conscrits, n'est-ce pas ?

  6   M. Vukovic (interprétation).- Les hommes étaient invités à se

  7   rendre dans leurs unités, mais quels étaient les effectifs au début, je ne

  8   sais pas exactement. D'ailleurs, nous n'avions pas besoin de tous ces

  9   hommes car nous ne disposions pas d'un nombre suffisant d'armes.

 10   Maintenant, comment s'accomplissaient les convocations ? Je crois qu'elles

 11   étaient envoyées aux hommes dans certains cas, mais dans la plupart des

 12   cas, ceux-ci se faisaient connaître de leur propre gré et de leur propre

 13   chef.

 14   M. Scott (interprétation). – Essayons d'une autre façon si vous

 15   le voulez bien. Les hommes qui composaient la brigade de Vitez venaient

 16   des environs. La brigade à aucun moment en 1993 n'a été l'unité des

 17   gardes, n'est-ce pas ?

 18   M. Vukovic (interprétation). – Je ne saurais la décrire avec

 19   précision mais elle ne portait pas le nom de brigade des Domobrani. Elle

 20   portait le nom de brigade de Vitez.

 21   M. Scott (interprétation). – Colonel, pouvez-vous me dire qui

 22   était Ivo Reso et quel était son rôle en Bosnie centrale en 1993 ?

 23   M. Vukovic (interprétation). – J'ai fait la connaissance

 24   d'Ivo Reso en juin 1992, peut-être même dans la deuxième quinzaine du mois

 25   de juin. Quant à son rôle, il consistait en ce qui suit : quand je suis


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  1   arrivé à Travnik, c'est une information que j'ai reçue et c'est ce que

  2   j'ai constaté de mes yeux, son rôle consistait à essayer de mettre en

  3   place la police civile. Je crois d'ailleurs qu'il était le chef des

  4   services de police civile.

  5   M. Scott (interprétation). – C'est ce qui s'est appelé

  6   l'administration de la police régionale. C'était donc la police régionale

  7   qui n'avait pas sous sa compétence uniquement la municipalité de Travnik ?

  8   M. Vukovic (interprétation). – Je crois qu'elle n'était pas

  9   limitée à la municipalité de Travnik mais je ne sais pas très bien ce que

 10   je pourrais vous dire avec précision au sujet de son action.

 11   M. Scott (interprétation). – Existait-il une administration

 12   régionale comparable dirigée par Anto Pulic dans le domaine de la

 13   défense ?

 14   M. Vukovic (interprétation). – Anto Pulic, oui, je connaissais

 15   Anto Pulic. Cette administration a existé, mais je crois qu'elle a

 16   commencé à fonctionner en 1993. Il me semble. Je parle bien de

 17   l'administration chargée de la défense dont le siège était à Vitez et qui

 18   assurait la défense de Travnik.

 19   Je sais cela sur la base de sa dénomination officielle.

 20   M. Scott (interprétation). – N'est-il pas exact que cette

 21   administration a été organisée dans l'ensemble de la Bosnie centrale ?

 22   M. Vukovic (interprétation). – Je ne sais pas très bien ce que

 23   je pourrais dire de l'étendue territoriale de ses compétences. Mais

 24   lorsque l'idée est née de créer cette administration, je ne sais pas

 25   jusqu'où devait aller le processus. Cela étant, je pense que cette


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  1   administration était censée couvrir l'ensemble de la Bosnie centrale.

  2   M. Scott (interprétation). – Colonel, parlons maintenant de vos

  3   rapports avec M. Kordic. Je crois que vous pourrez répondre à ces

  4   questions par oui ou par non. D'ailleurs, je vais vous inciter chaque fois

  5   que cela est possible à répondre par oui ou par non car mes questions sont

  6   précises. Avez-vous à quelque moment en 1993 participé à une réunion à

  7   laquelle assistait Pasko Lubicic et Dario Kordic ?

  8   M. Vukovic (interprétation). – Je n'ai pas participé à de telles

  9   réunions.

 10   M. Scott (interprétation). – En 1993, avez-vous participé à une

 11   quelconque réunion à laquelle aurait assisté Dario Kordic et

 12   Anto Sliskovic ?

 13   M. Vukovic (interprétation). – Il est arrivé de temps en temps

 14   que Anto Sliskovic participe à des réunions du matin, des réunions

 15   d'information qui se tenaient les matins. Moi, j'allais à ces réunions

 16   quand je m'efforçais de mettre en place l'unité des Domobrani. Donc, quand

 17   les efforts destinés à mettre en place cette unité ont cessé, je n'ai plus

 18   participé à ces réunions. Je n'ai plus assisté à des réunions de ce

 19   niveau.

 20   M. Scott (interprétation). – Autre question précise : avez-vous

 21   participé ou assisté à une quelconque réunion à laquelle auraient

 22   participé en même temps M. Sliskovic et M. Kordic ? Autrement dit,

 23   M. Kordic était-il présent lors de ces réunions du matin ?

 24   M. Vukovic (interprétation). – Non, je ne l'ai jamais vu à une

 25   réunion d'information du matin.


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  1   M. Scott (interprétation). – Je crois comprendre donc monsieur

  2   que votre réponse à ma question est que vous n'avez jamais participé à une

  3   réunion où M. Sliskovic et M. Kordic auraient été présents en même temps,

  4   et ce pendant l'année 1993 à quelque moment que ce soit.

  5   M. Vukovic (interprétation). – Dans le courant de l'année 1993,

  6   je n'ai pas participé à des réunions de cette nature.

  7   M. Scott (interprétation). – Revenons au printemps 1992. Pendant

  8   toute cette période, jusqu'à votre regrettable arrestation, vous avez

  9   participé à des efforts destinés à établir des forces armées croates de

 10   Bosnie en Bosnie centrale, n'est-ce pas ?

 11   M. Vukovic (interprétation). – Il est exact qu'il existait un

 12   quartier général régional, nous n'avions pas encore de conseil croate de

 13   la défense, HVO. Mais compte tenu de la situation qui prévalait à

 14   l'époque, nous nous sommes organisés comme nous avons pu, en nous alliant

 15   avec ceux avec qui nous pouvions nous allier. Dans la municipalité de

 16   Travnik, au niveau régional, j'ai…

 17   M. Scott (interprétation). – Excusez-moi de vous interrompre,

 18   mais dans le résumé de votre déposition, vous dites que quand le HVO a

 19   commencé à s'organiser au début de 1992, vous avez adhéré, est-ce exact ?

 20   M. Vukovic (interprétation). – C'est exact.

 21   M. Scott (interprétation). – En fait, vous avez participé aux

 22   efforts destinés à entraîner les soldats croates de Bosnie et vous avez

 23   contribué à la création d'un camp d'entraînement en Bosnie centrale. C'est

 24   exact, n'est-ce pas ?

 25   M. Vukovic (interprétation). – Il est inexact que nous ayons


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  1   créé un centre d'entraînement de quelque nature que ce soit, mais que nous

  2   ayons travaillé à l'organisation des hommes, c'est exact. Quant à un

  3   centre d'entraînement, je n'en ai jamais eu et je ne me suis jamais rendu

  4   dans un tel centre.

  5   M. Scott (interprétation). – L'armée de la République de Croatie

  6   a-t-elle établi des camps d'entraînement en Bosnie-Herzégovine pendant

  7   cette période aux fins d'entraîner les forces croates de Bosnie ? Je parle

  8   de 1992.

  9   M. Vukovic (interprétation). – Sur les territoires de Bosnie-

 10   Herzégovine, plus précisément de Bosnie centrale où je me trouvais, il

 11   n'existait pas de centre de ce genre. Mais des centres de ce genre, un

 12   centre ou plusieurs, existaient en République de Croatie. Mais je ne sais

 13   pas qui y allait. Officiellement, nous qui avons participé au quartier

 14   général régional, nous n'avons envoyé personne là-bas et nous n'y sommes

 15   pas allés.

 16   M. Scott (interprétation). – Peut-être reviendrons-nous sur

 17   cette question plus tard. Vous avez parlé du commandement régional de

 18   Bosnie centrale. Je crois que ce sont les mots que vous avez utilisés.

 19   Qu'entendez-vous par commandement de Bosnie centrale au printemps ou en

 20   tout cas, dans les premiers mois de 1992 ?

 21   M. Vukovic (interprétation). – J'entends ce qui suit par ces

 22   mots : y compris avant mon arrivée, des efforts d'organisation ont été

 23   déployés. On voyait ce qui s'était passé en République de Croatie dont un

 24   certain nombre de personnes ont entrepris des choses dans un sens

 25   déterminé. Un jour, je me suis retrouvé dans une réunion à la fin du mois


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  1   de février 1992 où j'ai été nommé au poste de chef de ce quartier général

  2   que nous voulions créer. Mais jusqu'à la guerre, il nous est resté un mois

  3   à peu près. La majeure partie de ce mois a été consacrée à passer en revue

  4   les effectifs disponibles, le nombre d'armes disponibles, éventuellement

  5   mais il était toujours très difficile d'obtenir des chiffres exacts.

  6   Entre-temps, la guerre a éclaté et à la mi-avril, le général Filipovic est

  7   arrivé qui est devenu le commandant et qui a repris toutes les

  8   responsabilités par rapport à ce quartier général. Donc, il est devenu

  9   commandant du quartier général régional pour être plus précis.

 10   M. Scott (interprétation). – Il y avait aussi quelque chose qui

 11   s'appelait comité de crise ou quartier général, état-major de crise,

 12   n'est-ce pas ?

 13   M. Vukovic (interprétation). – Oui, c'est exact ?

 14   M. Scott (interprétation). – Est-ce que la cellule de crise est

 15   la même chose que le commandement de la Bosnie centrale ou est-ce quelque

 16   chose de différent ?

 17   M. Vukovic (interprétation). – Dans ce quartier général

 18   régional, il y avait un certain nombre de membres dont je faisais partie

 19   pendant une période assez brève, et au nombre de ces dirigeants, on

 20   trouvait des gens de qualifications différentes, des représentants

 21   politiques, des responsables de logistique etc. Mais c'est à partir de ce

 22   quartier général régional qui a continué à exister, jusqu'au moment où il

 23   a été rebaptisé "direction de la Bosnie centrale" ou "bureau de la Bosnie

 24   centrale", je ne crois pas savoir qu'à partir de ce quartier général des

 25   ordres aient été émis aux commandants locaux sur le terrain.


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  1   M. Scott (interprétation).- Très bien. Monsieur, n'est-il pas

  2   exact que M. Dario Kordic a eu un rôle très important à jouer, aussi bien

  3   au sein du commandement de la Bosnie centrale qu'au sein de la cellule ou

  4   de l'état-major de crise de la Bosnie centrale au cours des six premiers

  5   mois de 1992 ?

  6   M. Vukovic (interprétation).- Eh bien moi je rendais visite au

  7   quartier général régional. Quelquefois j'y restais assez longtemps parce

  8   qu'il y avait plus de 25 kilomètres entre le quartier général régional et

  9   mon domicile, donc je n'y allais pas tous les jours. Mais j'y allais de

 10   temps en temps et j'en revenais. Plus tard j'ai eu ce que j'ai eu et j'ai

 11   dû me soigner, donc je ne sais pas quel est le rôle joué par cet organe au

 12   mois de mai ou au mois de juin.

 13   M. Scott (interprétation).- Ecoutez Monsieur, ma question était

 14   très simple et je vous prie de m'excuser pour cette interruption. N'est-il

 15   pas exact, Monsieur, que Dario Kordic a eu un rôle très important, très

 16   significatif à jouer dans les activités du commandement de la Bosnie

 17   centrale, de la cellule de crise de Bosnie centrale au cours des six

 18   premiers  mois de 1992 ? Oui ou non ?

 19   M. Vukovic (interprétation).- Oui, jusqu'à l'arrivée du

 20   commandant qui était le Général Blaskic.

 21   M. Scott (interprétation).- Je prierai M. l'huissier de vous

 22   remettre et de placer sur le rétroprojecteur la pièce à conviction Z 61.

 23   (L'huissier s'exécute.)

 24   Monsieur, c'est le procès-verbal d'une réunion, le 17 mars 1992,

 25   réunion à laquelle ont participé plusieurs conseils du HDZ au niveau


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  1   municipal en Bosnie centrale. Nous en parlerons brièvement faute de temps.

  2   Au point 3, il est question du commandement de la communauté régionale de

  3   Travnik.

  4   Je vais vous poser à cet égard une question que je tente de vous

  5   poser depuis plusieurs minutes. Ce genre de réunion est-il le genre de

  6   réunion de la cellule de crise ou du commandement de Bosnie centrale qui

  7   pouvait se dérouler au début de 1992 ?

  8   M. Vukovic (interprétation).- C'est la première fois que je vois

  9   ce document et je ne sais pas dans quelle mesure je peux le commenter.

 10   D'ailleurs j'ai un peu de mal à le lire. Je n'étais pas présent à ce

 11   moment-là mais je constate, si ce document a été écrit à la date qui

 12   figure ici, que je ne connaissais pas le commandement à ce moment-là.

 13   M. Scott (interprétation).- Monsieur, je regarde l'original de

 14   ce document en BCS et je vous prie de nous excuser pour la mauvaise

 15   qualité de la copie, mais apparemment ce document est signé par

 16   Dario Kordic pour le Conseil municipal de Busovaca. Voyez-vous cette

 17   notation ?

 18   M. Vukovic (interprétation).- Oui je la vois, je vois que ce

 19   document est signé par Dario Kordic.

 20   M. Scott (interprétation).- Je vous demanderai d'examiner le

 21   paragraphe 3, vers la fin du paragraphe où il est question d'une rencontre

 22   ayant réuni le commandement de la communauté, donc une rencontre ayant

 23   réuni les représentants de la communauté régionale de Travnik et les

 24   représentants du commandement de la municipalité de Zenica, réunion avec

 25   le HOS soit avec les forces de défense croates. Un peu plus bas, on lit


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  1   que M. Dario Kordic va coordonner cette action.

  2   Que savez-vous du rôle joué par M. Kordic et du rapport existant

  3   entre ces groupes, c'est-à-dire par exemple entre la communauté régionale

  4   de Travnik et le HOS ?

  5   M. Vukovic (interprétation).- Je ne peux pas commenter ce

  6   document car je le vois pour la première fois et je ne connais ni sa

  7   signification ni son objectif.

  8   M. Scott (interprétation).- Eh bien, en dehors de ce document,

  9   Monsieur, n'est-il pas exact que des hommes tels que M. Kordic

 10   s'intéressaient grandement, à cette époque là, à une jonction des forces,

 11   c'est-à-dire à une réunion des forces avec un autre groupe de Croates

 12   baptisé HOS, et ce en vue d'agir en commun au niveau du commandement de la

 13   Bosnie centrale ?

 14   M. Vukovic (interprétation).- Je crois que l'objectif consistait

 15   à créer une armée unique nous regroupant tous.

 16   M. Scott (interprétation).- Je demanderai à M. l'huissier de

 17   vous remettre la pièce à conviction Z 62 et de la placer sur le

 18   rétroprojecteur.

 19   (L'huissier s'exécute.)

 20   Monsieur, nous voyons ici une lettre émanant du commandement de

 21   la Bosnie centrale datée du 21 mars 1992. Une liste de noms y est donnée,

 22   les noms de personnes qui devraient participer à une réunion des

 23   commandants de la Bosnie centrale, avec M. Susak*. Vous avez rencontré

 24   M. Susak, n'est-ce pas ?

 25   M. Vukovic (interprétation).- Oui.


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  1   M. Scott (interprétation).- Et M. Kordic est identifié ici comme

  2   le chef du comité de crise de la Bosnie centrale. Est-il exact qu'il

  3   faisait partie de ce groupe d'hommes qu'était censé rencontrer M. Susak,

  4   citoyen de la République de Croatie, n'est-ce pas ?

  5   M. Vukovic (interprétation).- C'est exact.

  6   M. Scott (interprétation).- Savez-vous si l'un quelconque des

  7   membres de ce groupe a effectivement rencontré le ministre Susak à peu

  8   près à ce moment-là ?

  9   M. Vukovic (interprétation).- Je sais avec certitude que moi je

 10   n'y suis pas allé et que ce qui est écrit dans ce document n'a pas été

 11   appliqué. Or ce document est le résultat d'une rencontre qui s'était tenue

 12   antérieurement, une rencontre entre les coordinateurs de la défense et le

 13   commandant du quartier général régional, parce que M. Kordic n'y a pas

 14   participé.

 15   Moi, à ce moment-là j'ai participé à cette réunion et on a

 16   insisté pour que M. Dario Kordic vienne parce qu'il était déjà Président

 17   de la cellule de crise de Bosnie centrale. Mais ce qui est écrit dans ce

 18   document n'a pas été réalisé et moi je ne fais pas partie des personnes

 19   qui ont participé à la réunion mentionnée ici. Je peux le dire avec

 20   certitude, je n'ai jamais rencontré M. Gojko Susak* dans ces conditions.

 21   M. Scott (interprétation).- Donc que la rencontre ait eu lieu ou

 22   pas, Monsieur, les hommes mentionnés ici ont décidé entre eux que

 23   Dario Kordic devrait être le représentant qui rencontrerait le ministre

 24   Susak, n'est-ce pas ?

 25   M. Vukovic (interprétation).- Il est exact que nous nous sommes


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  1   mis d'accord pour que les hommes dont les noms figurent ici aillent le

  2   voir. Cela a été accepté par moi-même et par M. Pasko Ljubicic*, et par la

  3   suite, j'ai parlé avec M. Boris Matisic qui venait de ma municipalité et

  4   il a été décidé que M. Pasco irait parce que M. Kordic n'était pas

  5   présent, donc il lui a peut-être parlé de cela plus tard.

  6   M. Scott (interprétation). - Avez-vous cru comprendre que dans

  7   le groupe dont nous voyons les noms ici, c'est M  Pasco Ljubicic qui

  8   devrait être le contact de M. Kordic ?

  9   M. Vukovic (interprétation). - Eh bien pour moi c'est tout à

 10   fait clair puisque je n'ai pas rencontré Dario Kordic à ce moment-là et à

 11   la fin de la réunion je suis allé immédiatement à Travnik.

 12   M. Scott (interprétation). – Monsieur, parmi les hommes dont les

 13   noms figurent sur cette liste, on voit ici qu'il est question de

 14   commandement de la Bosnie centrale. Avez-vous compris que c'est

 15   M. Pasco Ljubicic qui, puisque M. Kordic n'était pas présent à la réunion,

 16   serait le contact avec M. Kordic ?

 17   M. Vukovic (interprétation). – M. Ljubicic, peut-être mais je

 18   pense que c'était plutôt M. Ivo Brnada* qui à l'époque était le

 19   coordinateur chargé de la défense de la municipalité de Busovaca.

 20   M. Scott (interprétation). - Avant d'en finir avec la pièce à

 21   conviction Z 62, je voudrais savoir quelle est la différence entre le rôle

 22   de M. Ljubicic commandant  du commandement de la zone opérationnelle et

 23   votre rôle en tant que chef de commandement de la Bosnie centrale ?

 24   M. Vukovic (interprétation). - Eh bien, nous avons considéré que

 25   le commandant est le premier homme d'un commandement alors que le chef du


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  1   quartier général est le deuxième homme du commandement. Par conséquent, il

  2   ne pouvait pas lui-même et tout seul se charger de l'organisation du

  3   quartier général, c'est pourquoi je l'ai accompagné et je l'ai aidé. Mais

  4   au moment où Pasko Ljubicic a été nommé commandant, à ce moment-là, c'est

  5   la ligne professionnelle qui prévalait car Pasko Ljubicic était quelqu'un

  6   qui étais venu de l'ex-JNA, je pense qu'il était lieutenant au moment où

  7   il a quitté l'ex-JNA, alors que moi; j'étais un sous-officier, j'étais

  8   jeune par rapport à lui, je n'avais pas la formation professionnelle, je

  9   n'avais pas une carrière militaire, je n'ai travaillé que 4 ans à l'ex-

 10   JNA, j'ai travaillé dans un service technique au sein de l'ex-JNA.

 11   M. Scott (interprétation). - Mais est-ce que cette relation ne

 12   s'est pas inversée quand vous êtes devenu commandant du quatrième

 13   bataillon de la police militaire à l'automne 1992, à ce moment, c'était

 14   vous qui étiez commandant et Pasko Ljubicic était votre second, c'est bien

 15   exact ?

 16   M. Vukovic (interprétation). – En 1992, ce n'était pas Pasko qui

 17   était mon second, certainement pas en septembre 1992.

 18   M. Scott (interprétation). - A un moment quelconque en 1992,

 19   M. Pasko Ljubicic a été un de vos adjoints ou un de vos subordonnés au

 20   sein du quatrième bataillon de la police militaire ?

 21   M. Vukovic (interprétation). - Quand il s'agit du quatrième

 22   bataillon de la police militaire, j'étais chef et commandant du quatrième

 23   bataillon et au moment où j'ai occupé le poste du commandant, il y avait

 24   également une compagnie de la police militaire qui a été créée, c'est

 25   Pasko Ljubicic qui était son commandant, mais cette compagnie, ni du point


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  1   de vue opérationnel ni du point de vue logistique ni administratif,

  2   n'était pas responsable devant le quatrième bataillon de la police

  3   militaire. C'était une compagnie qui faisait partie d'un bataillon qui

  4   aurait dû être créé d'ailleurs et je ne sais pas comment ils ont complété

  5   leur compagnie mais ce que je peux dire, c'est qu'ils exécutaient pour le

  6   début trois tâches qui étaient d'assurer le quartier général régional qui

  7   avait le siège à l'hôtel de Vitez, les hommes se relayaient......

  8   M. le Président (interprétation)  - Je vais vous interrompre.

  9   Essayons de procéder plus rapidement. Veuillez continuer M. Scott.

 10   M. Scott (interprétation). - Oui en ce qui concerne cette

 11   question, Monsieur le Président, nous avons abordé un thème sur lequel je

 12   souhaiterais interroger le témoin. Une des fonctions de la police

 13   militaire c'était d'assurer la sécurité de divers personnages importants,

 14   dirigeants politiques notamment.

 15   M. Vukovic (interprétation). - Moi je n'ai pas donné des ordres

 16   ou des tâches, je n'ai pas moi-même décidé qui allait être gardé par la

 17   police militaire.

 18   M. Scott (interprétation). - Je vais vous interrompre car nous

 19   sommes pressés par le temps. Ma première question a trait aux fonctions

 20   associées à votre poste. L'un des objectifs de la police militaire c'était

 21   d'assurer la sécurité de différentes personnalités officielles d'Herceg-

 22   Bosna ou du HVO.

 23   M. Vukovic (interprétation). - C'est exact.

 24   M. Scott (interprétation). - Et pendant la deuxième partie

 25   de 1992 et aussi en 1993, savez-vous qui assurait la sécurité de


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  1   Dario Kordic ?

  2   M. Vukovic (interprétation). - La sécurité sociale de

  3   Dario Kordic a été assurée par les hommes qui se trouvaient sur la liste

  4   du quartier général régional et qui faisait partie intégrante des

  5   effectifs. Il y avait un certain nombre d'hommes qui étaient choisis et

  6   qui avaient pour tâche de garder, de protéger M. Dario Kordic.

  7   M. Scott (interprétation). - Est-ce qu'il s'agissait là de

  8   membres du quatrième bataillon ? Je parle des gardes du corps de M. Dario

  9   Kordic, membres du quatrième bataillon ou pas ?

 10   M. Vukovic (interprétation). – Non, pendant que moi-même j'étais

 11   à la police militaire.

 12   M. Scott (interprétation). – Bien, alors quels étaient les

 13   policiers militaires qui assuraient la sécurité de Kordic ?

 14   M. Vukovic (interprétation). - Il y avait un certain nombre

 15   d'hommes que j'ai trouvés moi-même sur place au moment où je suis arrivé à

 16   ce poste. Je sais qu'ils étaient sur la liste des effectifs et ils

 17   servaient de sécurité du quartier général régional mais de toute façon, je

 18   ne sais même pas si on peut les appeler police militaire.

 19   M. Scott (interprétation). - De quel quartier général régional

 20   parlez-vous s'ils vous plaît ?

 21   M. Vukovic (interprétation). – Je parle du quartier général à

 22   Busovaca où M. Dario Kordic était en 1992, à mi 1992, je ne sais pas

 23   combien  de temps il y est resté, c'est à ce moment-là que j'ai été

 24   transféré auprès du colonel Blaskic.

 25   M. Scott (interprétation). - A Vitez ?


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  1   M. Vukovic (interprétation). – Oui.

  2   M. Scott (interprétation). - Vous souvenez-vous des noms des

  3   personnes qui assuraient l'escorte de M. Kordic à ce moment-là ?

  4   M. Vukovic (interprétation). - Je me souviens de deux ou

  5   trois personnes, il y avait Bogdan, Damir, il y avait un certain Milenko,

  6   à ce moment, je me souviens de ces noms.

  7   M. Scott (interprétation). - Est-ce que le nom de Vlado Cocic

  8   vous est connu ?

  9   M. Vukovic (interprétation). – Oui, Vlado Cocic est un nom que

 10   je connais.

 11   M. Scott (interprétation). - Il était membre de la police

 12   militaire en Bosnie centrale dans la zone de Busovaca, n'est-ce pas ?

 13   M. Vukovic (interprétation). – Oui, il était policier militaire

 14   à Busovaca.

 15   M. Scott (interprétation). – Savez-vous quels étaient ses

 16   rapports avec M. Kordic à la fin de 1992, et à partir de cette période

 17   jusqu'en 1993 ?

 18   M. Vukovic (interprétation). - En 1992, je peux dire qu'ils se

 19   connaissaient avec certitude. Combien de fois ils se sont rencontrés, je

 20   ne le sais pas car M. Josic ne m'en a jamais parlé, mais en 1993, comme

 21   j'étais très rarement à Busovaca, je ne sais pas ce qui s'était passé.

 22   M. Scott (interprétation). – Comment savez-vous qu'ils se

 23   connaissaient en 1992 ?

 24   M. Vukovic (interprétation). – Ils se connaissaient car M. Josic

 25   était commandant de la police militaire à Busovaca et ils auraient pu se


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  1   rencontrer à Busovaca. C'est comme cela que je le pense.

  2   M. Scott (interprétation). – Monsieur le Président, je vous prie

  3   de m'accorder quelques instants. Je vous assure que je suis en train

  4   d'éliminer un certain nombre de questions que je souhaitais poser au

  5   témoin. Mais je ne veux pas cependant éliminer trop de choses.

  6   Je souhaiterais que l'on montre au témoin la pièce à

  7   conviction Z 284.1. Il faudrait qu'elle soit montrée sur le

  8   rétroprojecteur. Elle fait partie de la nouvelle liasse de pièces que nous

  9   avons ici. Je pense que nous accélérerions les choses si l'on pouvait

 10   accepter la totalité de cette liasse.

 11   M. le Président (interprétation).- Il faut vraiment accélérer.

 12   M. Scott (interprétation). – Mais je pense que si l'on accepte

 13   toute cette liasse, les choses vont s'accélérer.

 14   M. le Président (interprétation).- Oui, bien entendu, cela va

 15   accélérer, mais il faut prendre conscience du volume de documents auxquels

 16   nous avons à faire face.

 17   M. Scott (interprétation). –  J'en suis bien conscient.

 18   M. le Président (interprétation).- Est-ce que ces documents ont

 19   trait à ce témoin ?

 20   M. Scott (interprétation). – Oui. Il s'agit d'un ordre ...

 21   M. le Président (interprétation).- Un instant, il faut remettre

 22   bon ordre au compte rendu d'audience. A la ligne 7, ce que j'ai dit, c'est

 23   que nous ne pouvons pas suivre les débats sans cette liasse de documents

 24   et non pas ce qui figure à l'écran. Poursuivons.

 25   M. Scott (interprétation). – Donc, il s'agit là d'un ordre qui


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  1   semble avoir été signé par vous en tant que commandant du quatrième

  2   bataillon de la police militaire, ceci en date du 18 novembre 1992. Cet

  3   ordre est adressé notamment à M. Josic. Le voyez-vous ?

  4   M. Vukovic (interprétation). – Oui, c'est le document que j'ai

  5   signé.

  6   M. Scott (interprétation). – M. Josic qui est commandant de la

  7   troisième compagnie de la police militaire, c'est la même personne dont

  8   vous nous avez parlé il y a quelques minutes ?

  9   M. Vukovic (interprétation). – Le commandant de la compagnie de

 10   la police militaire ? Oui.

 11   M. Scott (interprétation). – Et il se trouvait à Busovaca,

 12   n'est-ce pas ?

 13   M. Vukovic (interprétation). – Oui, c'est exact.

 14   M. Scott (interprétation). – Vous dites ici que sur la base d'un

 15   ordre reçu de la part du général Praljac, à cette époque, qui était le

 16   général Praljac pour vous ?

 17   M. Vukovic (interprétation). – C'est pour la première fois que

 18   j'ai vu le général Praljac le 18 novembre 1992, j'ai appris qu'il était

 19   venu à Travnik après la chute de Jajice et de ma paroisse Potkraj. J'ai

 20   été convoqué par lui, j'ai reçu un certain nombre d'instructions. S'il y a

 21   des questions, je peux vous donner des réponses plus précises et en donner

 22   lecteur. C'est pourquoi j'ai rédigé le document en suivant ces propres

 23   instructions.

 24   M. Scott (interprétation). – Où avez-vous rencontré le général

 25   Praljac le 18 novembre 1992 ?


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  1   M. Vukovic (interprétation). – Je l'ai rencontré à un point de

  2   commandement dans la municipalité de Travnik, plus précisément, c'était le

  3   commandement du QG de Travnik, en présence du général Praljac et du

  4   général Blaskic aussi.

  5   M. Scott (interprétation). – N'est-il pas exact que le général

  6   Praljac avait été envoyé en Bosnie et qu'il venait de l'armée de Croatie

  7   où c'était un général de l'AHV ?

  8   M. Vukovic (interprétation). – Il y était venu. Oui, mais je

  9   n'en sais pas plus.

 10   M. Scott (interprétation). – Vous ne savez pas de quelle armée

 11   il venait, dans quelle armée il était un officier ? De quelle armée il

 12   venait avant le 18 novembre 92 ?

 13   M. Vukovic (interprétation). – J'ai appris qu'une fois qu'il est

 14   arrivé à Travnik qu'il était venu en provenance de Croatie, mais je ne le

 15   connaissais pas auparavant. Je n'avais jamais entendu parler de lui

 16   auparavant.

 17   M. Scott (interprétation). – Je vais passer directement à la

 18   pièce à conviction 289.

 19   (L'huissier s'exécute.)

 20   M. Scott (interprétation). – Il s'agit d'un rapport de l'unité

 21   de la police militaire régionale en date du 20 novembre 1992. La police

 22   militaire de Kiseljak était sous vos ordres à cette époque, n'est-ce pas ?

 23   M. Vukovic (interprétation). – Oui.

 24   M. Scott (interprétation). – Afin de comprendre le contexte dans

 25   lequel ce document a été rédigé, au bas de la page 1 en anglais, on dit


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  1   que quelqu'un s'est entretenu avec vous au téléphone au sujet d'un

  2   incident bien précis. Dans la version en BCS, cela se trouve au milieu de

  3   la deuxième page du document. Afin d'aller aussi rapidement que possible,

  4   je vais essayé de trouver le passage qui m'intéresse dans la version en

  5   BCS. C'est aux trois-quarts de la deuxième page. Vous voyez le nom de

  6   Dario Kordic. Le voyez-vous ?

  7   Le voyez-vous ? Donc, je voudrais s'il vous plaît, que vous nous

  8   donniez des explications à ce sujet. On voit que M. Dario Kordic est

  9   intervenu pour qu'un van ou une camionnette Citroën soit restitué à

 10   l'armée de Bosnie.

 11   M. Vukovic (interprétation). – Excusez-moi ! Il faudrait que je

 12   lise d'abord. Je ne vois pas clair. C'était effectivement un rapport qui

 13   m'a été envoyé. Mais si je l'ai reçu ou non, je ne peux pas vous

 14   l'affirmer. Il faut que je le lise.

 15   M. Scott (interprétation). – Vous souvenez-vous d'un incident

 16   auquel a participé M. Kordic. Il s'agissait de récupérer un véhicule. Un

 17   incident qui s'est produit à cette époque en novembre 1992 ?

 18   M. Vukovic (interprétation). – Je ne m'en souviens pas.

 19   M. Scott (interprétation). – Pourriez-vous nous dire pourquoi

 20   quelqu'un que vous nous avez décrit comme étant un politique serait

 21   impliqué dans les activités de la police militaire et interviendrait pour

 22   la restitution d'un véhicule ?

 23   M. Vukovic (interprétation). – C'est peut-être interprété d'une

 24   manière erronée. On parle ici, on mentionne M. Dario Kordic, mais je ne

 25   peux pas faire un commentaire de ce document car il faudrait que je le


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  1   lise de plus près. Mais il est intervenu par l'intermédiaire de quelqu'un

  2   d'autre peut-être. Je n'ai jamais eu d'information qu'il était intervenu

  3   directement.

  4   M. Scott (interprétation). – Un peu plus bas sur la même page,

  5   on voit que le 17 novembre 1992, la police militaire était chargée de la

  6   sécurité de l'état-major de la présidence et de la logistique. Je pars du

  7   principe qu'à cette époque M. Kordic était membre de la présidence.

  8   M. Vukovic (interprétation).- Ceci se rapporte...

  9   M. Scott (interprétation).- C'est le paragraphe qui suit

 10   immédiatement celui dont nous venons de parler.

 11   M. Vukovic (interprétation).- Oui, je viens de le lire, je vois

 12   le document et je vois que la police militaire de Kakanj a adressé à la

 13   police militaire de Kiseljak un rapport, alors qu'à Kiseljak le commandant

 14   de la compagnie... il y avait un commandement alors qu'ils avaient tout

 15   simplement envoyé le rapport au commandant de la compagnie. C'est le

 16   commandant du peloton qui a envoyé un rapport au commandant de la

 17   compagnie.

 18   M. Scott (interprétation).- Je dois vous interrompre car nous

 19   sommes, comme je vous l'ai déjà dit, pressés par le temps. Si la défense

 20   de M. Kordic souhaite avoir des éclaircissements à ce sujet, ils pourront

 21   revenir sur ce thème.

 22   Passons maintenant directement à la pièce à conviction Z 356.

 23   (L'huissier s'exécute.)

 24   Ceci paraît être un ordre signé par vous-même en date du

 25   11 janvier 1993, c'est-à-dire quelques jours à peine avant que vous ne


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  1   soyez remplacé à ce poste par Pasko Ljubisic. On voit ici un certain

  2   nombre de municipalités et donc vous proposez la nomination de

  3   cinq personnes dans des unités spéciales.

  4   M. Vukovic (interprétation).- J'aimerais, si vous me permettez,

  5   lire un petit peu ce document avant d'en donner des commentaires.

  6   M. Scott (interprétation).- Je ne veux pas vous interrompre mais

  7   je souhaiterais que vous vous penchiez surtout sur le premier paragraphe.

  8   Soyez assuré que je ne vous poserai aucune question sur le reste du

  9   document. Je veux bien entendu que vous soyez interrogé dans des

 10   conditions équitables mais nous travaillons sous des contraintes de temps.

 11   M. Vukovic (interprétation).- Oui, je me souviens de ce

 12   document. Il s'agissait d'une proposition, en effet. En d'autres termes,

 13   au moment où on a créé la Compagnie d'intervention de la police militaire,

 14   et ceci pour pouvoir disposer d'un certain nombre d'effectifs qui ont été

 15   planifiés pour les entraîner, pour enfin avoir les hommes qui étaient

 16   expérimentés, formés, qu'on aurait pu également vérifier sur tous les

 17   plans...

 18   M. Scott (interprétation).- L'autorité du commandement du

 19   quatrième bataillon de la police militaire passait au-delà des frontières

 20   de la Bosnie centrale et allait jusqu'à chacune des municipalités qui sont

 21   indiqués sur ce document ?

 22   M. Vukovic (interprétation).- C'est exact.

 23   M. Scott (interprétation).- Comme vous le savez, Monsieur le

 24   Président, Messieurs les Juges, je n'étais pas présent dans le prétoire

 25   pendant toutes les dépositions que nous avons entendues ces derniers


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  1   jours, je ne sais donc pas si on en a déjà parlé, mais au bas de

  2   l'original on voit quelque chose. Est-ce que ceci indique, Monsieur le

  3   témoin, qu'il s'agit là d'un document qui a été envoyé en utilisant un

  4   système de communication par paquet ?

  5   M. Vukovic (interprétation).- Oui.

  6   M. Scott (interprétation).- Est-il exact de dire que c'est un

  7   système qui allie à la fois le télécopieur et le radio ?

  8   M. Vukovic (interprétation).- En ce qui concerne le commandement

  9   du quatrième bataillon de la police militaire, je n'avais pas de liaisons

 10   par paquet mais j'ai pu utiliser ces communications à Vitez où elles

 11   existaient.

 12   M. Scott (interprétation).- C'est-à-dire le quartier général du

 13   Colonel Blaskic ?

 14   M. Vukovic (interprétation).- Tout à fait.

 15   M. Bennouna. - Monsieur Scott, est-ce que vous pourriez, lorsque

 16   vous passez ces documents, nous préciser exactement quelle est la

 17   pertinence de vos questions au témoin par rapport à l'interrogatoire

 18   principal, de manière à ce qu'on puisse relier cela à l'interrogatoire

 19   principal. Là vous faites confirmer un document, vous posez des questions

 20   de détail sans qu'on saisisse exactement la pertinence. Si vous pouvez

 21   introduire votre document.... ou la masse de documents pour qu'on puisse

 22   aller plus vite, merci.

 23   M. Scott (interprétation).- Très bien Monsieur le Juge. Tout au

 24   long de l'affaire, à ma connaissance, il y a eu une contestation sur

 25   l'organisation exacte de la police militaire et le commandement de


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  1   différents groupes en Bosnie centrale, notamment dans les zones de Vares,

  2   de Zepce et d'autres endroits. C'est là que ce document est intéressant.

  3   D'autre part, nous avons eu d'autres éléments de preuve dans cette affaire

  4   qui pourront faire le lien entre la participation des unités de la police

  5   militaire et les incidents dont nous avons déjà entendu parler.

  6   Je ne suis pas toujours en mesure d'utiliser les documents à

  7   plein, du fait de la longueur des réponses du témoin.

  8   Donc dans ce contexte, je ne vais pas traiter de la pièce à

  9   conviction suivante qui aurait été utilisée pour montrer les relations

 10   entre différentes unités de la police militaire et le fait que leurs zones

 11   de compétence allaient jusqu'à Vares notamment. Il s'agit par exemple ici

 12   de la pièce Z.362 qui nous montrerait cela.

 13   Bon, parlons maintenant de SIS, service de sécurité. Cela

 14   faisait bien partie de la police militaire, n'est-ce pas ?

 15   M. Vukovic (interprétation).- Non.

 16   M. Scott (interprétation).- Qu'était le SIS ?

 17   M. Vukovic (interprétation).- Est-ce que vous pouvez répéter

 18   votre question, s'il vous plaît ?

 19   M. Naumovski (interprétation).- Excusez-moi, Monsieur le

 20   Président, messieurs les juges, je ne voudrais pas interrompre mais je

 21   n'ai pas parlé du tout de SIS, de ce service de sécurité et d'information,

 22   comme M. le Juge l'a dit tout à l'heure.

 23   M. le Président (interprétation). -  Bien, nous allons appliquer

 24   le règlement.

 25   M. Scott (interprétation).- Très bien. Monsieur, quand vous avez


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  1   quitté le commandement du quatrième bataillon de la police militaire en

  2   janvier 1993, qui a choisi Pasko Ljubisic pour prendre votre poste ?

  3   M. Vukovic (interprétation).- Je ne sais pas si une proposition

  4   a été faite auparavant mais le décret est arrivé le 17 novembre. C'est le

  5   chef de la police militaire, Valentin Coric* de Mostar qui a été nommé

  6   commandant et moi, j'ai eu une autre affectation et il fallait tout

  7   simplement que je me présente à la direction de la police militaire.

  8   M. Scott (interprétation).- Saviez-vous quelle allait être la

  9   nature de vos nouvelles fonctions au sein de l'administration de la police

 10   militaire à Mostar ?

 11   M. Vukovic (interprétation).- Je pense que j'aurais dû être un

 12   des collaborateurs dans le département de la police militaire générale.

 13   M. Scott (interprétation).- Quand M. Ljubisic a pris le poste de

 14   commandant, est-ce que Marjan Jukic est devenu son adjoint ?

 15   M. Vukovic (interprétation).- Je ne sais pas exactement mais au

 16   moment où je lui ai remis le quatrième bataillon de la police militaire,

 17   j'étais son second. Et puis j'ai été chargé de la police militaire alors

 18   que j'avais également quelqu'un qui était mon adjoint et qui était chargé

 19   de la circulation en ville. Je me souviens qu'il était de Doboj et son nom

 20   était Junic*.

 21   M. Scott (interprétation).- Quand M. Ljubisic est passé de la

 22   première compagnie d'active de la police militaire et qu'il est allé

 23   ailleurs est-ce qu'il a été remplacé par Vlado Santic ?

 24   M. Vukovic (interprétation).- Je ne me souviens pas, non je ne

 25   le sais pas.


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  1   M. Scott (interprétation).- Je vous prie de m'excuser, monsieur

  2   le Président, messieurs les Juges, mais étant donné la décision de la

  3   Chambre, je suis en train d'essayer d'élaguer quelque peu mon contre-

  4   interrogatoire.

  5   M. le Président (interprétation). - Monsieur Scott vous pouvez

  6   prendre autant de temps que vous le souhaitez.

  7   M. Scott (interprétation).- Merci. Je vais expliquer à la

  8   Chambre qu'étant donné le poste de haut rang occupé par le témoin au sein

  9   de l'état-major de Bosnie centrale du colonel Blaskic, il y a un certain

 10   nombre de questions qui ne relèvent pas de l'interrogatoire principal de

 11   la défense mais qui sont d'un certain intérêt en l'espèce, mais je vais

 12   donc, vu la décision de la Chambre, élaguer ces éléments de mon contre-

 13   interrogatoire.

 14   Pouvez-vous me dire où vous vous trouviez à la mi-avril 1993 ? A

 15   ce moment-là, vous faisiez partie de l'état-major du colonel Blaskic, de

 16   son entourage direct. Vous étiez à Vitez, si j'ai bien compris.

 17   M. Vukovic (interprétation).- Oui, vous avez raison.

 18   M. Scott (interprétation).- Et je voudrais que vous essayiez de

 19   vous reporter à partir du 14 ou 15 avril 1993. Où vous trouviez-vous à

 20   l'époque et quelles étaient vos fonctions à l'époque au sein de l'état-

 21   major du colonel Blaskic ?

 22   M. Vukovic (interprétation).- J'étais à l'état-major du colonel

 23   Blaskic, j'avais un bureau, je travaillais sur les préparatifs de la mise

 24   en place des Domobrani et j'ai moi-même été chargé de cette partie des

 25   activités. Il y avait des heures de travail précises. Après les heures de


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  1   travail, je rentrais chez moi. Si éventuellement sur les 15 jours j'étais

  2   chargé de maintenir la permanence, à ce moment-là je restais comme

  3   permanent les 24 heures au sein du commandement. Mais en dehors de cela,

  4   je rentrais chez moi.

  5   M. Scott (interprétation).- Et où vous trouviez-vous au matin du

  6   16 avril 1993, en tant qu'assistant du commandant de la zone

  7   opérationnelle de Bosnie centrale ?

  8   M. Vukovic (interprétation).- Le 16 avril, j'étais dans

  9   l'appartement où j'habitais provisoirement à Vitez. Le 16 au matin,

 10   j'étais dans l'appartement.

 11   M. Scott (interprétation).- Est-ce que ce jour-là, vous vous

 12   êtes rendu au quartier général à Vitez ?

 13   M. Vukovic (interprétation).- Au cours de l'après-midi quelque

 14   peu et un petit peu le matin.

 15   M. Scott (interprétation).- Est-ce qu'à un moment quelconque

 16   après le 16 avril 1993 le Colonel Blaskic vous a parlé des événements

 17   d'Ahmici ?

 18   M. Vukovic (interprétation).- En ce qui concerne Ahmici, je n'ai

 19   pas du tout parlé avec le colonel Blaskic, car le 23 ou le 24 -je ne me

 20   souviens pas exactement- je suis allé à la commission qui, après les

 21   accords, a été mise en place. Je me rendais régulièrement au commandement

 22   conjoint. Je suis arrivé comme membre de cette commission après que

 23   Marko Prskalo et Milicevic* aient été blessés. Ils ont été blessés après

 24   avoir assisté à la réunion en question.

 25   M. Scott (interprétation).- Ma question est la suivante. Quelles


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  1   qu'aient été vos fonctions au sein du commandement conjoint, vous êtes

  2   resté un membre de l'état-major du colonel Blaskic à un poste de très haut

  3   niveau. Je voudrais savoir si, à un moment quelconque, après ce qui s'est

  4   passé à Ahmici, il vous a parlé de ce qui s'était passé là-bas. Répondez

  5   par oui ou par non, s'il vous plaît.

  6   M. Vukovic (interprétation).- Non.

  7   M. Scott (interprétation).- Avez-vous jamais vu aucun rapport,

  8   avez-vous jamais constaté qu'il y avait eu des enquêtes au sujet de ce qui

  9   s'était passé à Ahmici ? Je parle toujours de ce que vous avez pu voir ou

 10   entendre dans le cadre de vos fonctions au sein de l'état-major.

 11   M. Vukovic (interprétation).- Je suis resté membre du QG de

 12   l'état-major, mais je n'étais pas présent et je n'ai pas participé aux

 13   enquêtes, je n'ai pas non plus entendu parler de cela. Mais tous les

 14   matins à partir de 8 heures, nous avons été sur le poste de travail à

 15   Travnik et ce n'est qu'à partir de 17 heures qu'on avait le droit de

 16   repartir. On restait même un peu plus au bureau. C'est la raison pour

 17   laquelle j'avais très peu d'informations ou presque pas.

 18   M. Scott (interprétation).- Avez-vous jamais entendu qui que ce

 19   soit, au sein de l'état-major de la zone opérationnelle de Bosnie

 20   centrale, affirmer ou dire que Pasko Ljubisic avait été impliqué dans les

 21   crimes commis à Ahmici le 16 avril 1993 ?

 22   M. Vukovic (interprétation).- Tout ce que j'ai appris sur

 23   Ahmici, c'est au sein de cette commission conjointe, de ce commandement

 24   conjoint, quand nous avons parlé entre nos collègues du troisième corps

 25   d'armée, mais je ne sais pas véritablement qui a participé, mais je sais


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  1   que quand j'ai parlé avec les gens, tout le monde était horrifié de ce qui

  2   s'était passé.

  3   M. Scott (interprétation).- Oui mais ma question est toujours la

  4   même. Je voudrais savoir si pendant cette période, vous avez entendu

  5   quiconque dire au sein du QG de Vitez ou autour du QG formuler l'opinion

  6   selon laquelle Pasko Ljubisic était l'un des dirigeants militaires

  7   impliqués dans les atrocités d'Ahmici, en tant que membre de haut niveau

  8   de l'état-major.

  9   M. Vukovic (interprétation).- Non, véritablement je n'ai pas

 10   entendu prononcer son nom. On n'a jamais prononcé son nom directement

 11   comment ayant participé aux atrocités.

 12   M. Scott (interprétation).- Est-ce qu'on l'a indirectement lié à

 13   ce qui s'était passé ou désigné indirectement ?

 14   M. Vukovic (interprétation).- Non, même pas indirectement mais

 15   quand on avait parlé entre nous, entre les collègues qui étaient ensemble

 16   avec moi dans ce commandement conjoint, il y avait un certain nombre

 17   d'informations que j'avais reçues, mais ces informations n'ont pas été

 18   appuyées par des arguments. C'est la raison pour laquelle je n'ai pas

 19   insisté.

 20   M. Scott (interprétation).- Je vais vous poser des questions

 21   semblables auxquelles je pense que vous pourrez répondre par oui ou par

 22   nom, au sujet de plusieurs autres personnes.

 23   Anto Sliskovic, est-ce que vous avez entendu dire qu'il était

 24   impliqué dans les incidents d'Ahmici ? Est-ce que c'est un thème de

 25   conversation qui a surgi au QG de Vitez ou parmi les membres de l'état-


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  1   major de Blaskic?

  2   M. Vukovic (interprétation). – Non.

  3   M. Scott (interprétation). – Vlado Josic ?

  4   M. Vukovic (interprétation). – Josic non plus. Non.

  5   M. Scott (interprétation). – Et qu'en est-il de Darko

  6   Kraljevic ?

  7   M. Vukovic (interprétation). – Je n'ai pas entendu parlé de lui.

  8   M. Scott (interprétation). – Enfin, qu'en est-il de Marjan

  9   Jukic ?

 10   M. Vukovic (interprétation). – Non plus.

 11   M. Scott (interprétation). – J'avance, monsieur le témoin, qu'il

 12   est indéniable à ce stade que les événements d'Ahmici ont suscité

 13   l'horreur de la communauté internationale dans son ensemble et que la

 14   Forpronu, l'ECMM, la Communauté européenne ont essayé de savoir ce qui

 15   s'était passé. Il y a eu des communications à ce sujet avec le

 16   gouvernement croate. Etes-vous en train de nous dire qu'après les

 17   événements d'Ahmici le 16 avril personne, au sein de l'état-major du

 18   colonel Blaskic, n'a parlé de ces événements. Est-ce que c'est ce que vous

 19   nous dites ?

 20   M. Vukovic (interprétation). – Je ne peux pas vous répondre à

 21   cette question. Je ne suis pas au courant, je ne sais pas.

 22   M. Benounna. - J'aimerais demander au témoin comment il a eu

 23   connaissance lui-même des événements d'Ahmici ?

 24   M. Scott (interprétation). – Vous avez entendu la question de

 25   M. le Juge ?


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  1   M. Benounna. - Du massacre ?

  2   M. Vukovic (interprétation). – Pour ce qui concerne le massacre

  3   à Ahmici et des événements de l'envergure de ces massacres, j'ai appris le

  4   plus d'informations des collègues du troisième corps d'armée et c'était

  5   déjà le 24 ou le 25 avril. Je ne peux même pas vous dire d'une manière

  6   précise à quel moment. La plupart des informations me sont parvenues par

  7   des collègues du troisième corps d'armée. Ce sont eux qui m'ont dit qu'il

  8   y avait plus de cent personnes qui ont été tuées, des civils, des enfants.

  9   Moi, je n'étais pas sur place. Je n'ai pas été au courant. Mais on a n'a

 10   pas vu des photographies au début, mais ce n'était pratiquement pas facile

 11   de croire à toutes ces informations au début car il y avait aussi un

 12   certain nombre d'informations qui condamnaient puis après, on avait

 13   compris que ces informations n'étaient pas exactes. Par exemple, il y

 14   avait des informations également selon lesquelles il y avait des

 15   prisonniers à l'église alors que je m'y suis rendu et que je n'ai pas

 16   trouvé de prisonniers. Je veux dire que c'était un contexte et dans ce

 17   contexte-là, on ne pouvait pas faire confiance à toutes les informations.

 18   Mais la plupart des informations que j'ai reçues, c'est à travers la

 19   conférence de presse, la radio, les médias, etc. Malheureusement, c'était

 20   comme cela.

 21   M. Scott (interprétation). – Je vous ai demandé si vous aviez vu

 22   des rapports ou si vous aviez constaté qu'il y avait eu des enquêtes au

 23   sujet d'Ahmici. Il y a un rapport bien précis qui apparemment aurait été

 24   envoyé au colonel Blaskic vers la fin mai 1993, rapport venant du SIS. On

 25   pourra vérifier qu'il s'agit d'un rapport communiqué par Ante Sliskovic.


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  1   Etes-vous en train de nous dire que vous n'avez jamais vu ce rapport,

  2   vous-même ?

  3   M. Vukovic (interprétation). – J'affirme que je n'ai jamais vu

  4   un rapport sur Ahmici et personne ne me l'a présenté.

  5   M. Scott (interprétation). – Avez-vous eu l'opportunité de

  6   travailler avec Darko Kraljevic alors que vous étiez membre de l'état-

  7   major de Vitez ?

  8   M. Vukovic (interprétation). – Je le connaissais, je le

  9   rencontrais rarement, mais nous n'avons jamais travaillé ensemble.

 10   M. Scott (interprétation). – Est-ce que, pour vous, c'était

 11   quelqu'un que certains de vos collègues pouvaient définir comme faisant

 12   partie des éléments criminels du HVO en Bosnie centrale ?

 13   M. Vukovic (interprétation). – Je pourrais dire qu'il y avait un

 14   certain nombre d'hommes qui étaient comme cela. Je ne peux pas dire ce

 15   qu'ils ont fait. Je ne connais pas tous les détails. Par conséquent, à

 16   partir du moment où je ne connais pas ce qui s'était passé, je ne peux pas

 17   en parler.

 18   M. Scott (interprétation). – Vous souvenez-vous du nom de

 19   l'unité commandée par Darko Krljevic ?

 20   M. Vukovic (interprétation). – Ils s'appelaient Vitezovi.

 21   M. Scott (interprétation). – Je vais demander à l'huissier de

 22   vous présenter la pièce à conviction Z1075.1. J'ai sauté un bon nombre de

 23   documents dans la liasse qui vous a été remise, monsieur le Président,

 24   messieurs les Juges, mais ceci se trouve au bas de la pile. Un instant. On

 25   me fait savoir que le greffe dispose de ce document. Je souhaiterais donc


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  1   qu'il soit placé sur le rétroprojecteur, s'il vous plaît.

  2   (L'huissier s'exécute.)

  3   M. Naumovski (interprétation).– Monsieur le Président, excusez-

  4   moi, mais une fois de plus il s'agit d'un document qui concerne le SIS.

  5   M. le Président (interprétation).- Attendons de voir.

  6   M. Scott (interprétation). – Oui, je vais le dire monsieur le

  7   Président, il s'agit d'un document qui a trait à M. Darko Kraljevic, une

  8   personne dont nous avons très souvent entendu parler dans ce prétoire avec

  9   d'autres. Je pense que le témoin pourrait –je ne peux pas le dire avec

 10   certitude- mais je pense qu'il pourrait nous aider à avoir un certain

 11   nombre d'informations au sujet de cette personne.

 12   M. le Président (interprétation).- Bien.

 13   M. Scott (interprétation). – Je vous demande d'examiner la pièce

 14   à conviction 1075.1. Il s'agit d'un document qui fait connaître la

 15   promotion de M. Kraljevic en date du 18 juin 1993. On peut y lire que

 16   M. Kraljevic est nommé au poste de d'adjoint au chef du centre SIS de

 17   Bosnie centrale. Avez-vous des informations sur les raisons qui expliquent

 18   pourquoi M. Kraljevic a été nommé à ce poste en juin 1993 ? Pouvez-vous

 19   nous donner des informations à ce sujet ?

 20   M. Vukovic (interprétation). – Je ne sais pas. Je ne peux pas

 21   faire le commentaire.

 22   M. Scott (interprétation). – Est-ce qu'à cette époque, vous

 23   savez s'il existait des relations entre M. Kraljevic et Anto Sliskovic ?

 24   M. Vukovic (interprétation). – Je ne connais pas quels étaient

 25   les rapports entre les deux hommes.


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  1   M. Scott (interprétation). – Très bien, je vais donc passer à

  2   autre chose.

  3   Je voudrais signaler au Président et aux Juges que certes, mon

  4   contre-interrogatoire n'a pas toujours été sans à-coup mais avec les

  5   élagations que j'ai faites, je vais pouvoir en terminer avant la pause.

  6   Donc, je vais maintenant revenir à Slobodan Praljak dont vous nous avez

  7   parlé. Vous nous avez dit qu'il venait de Croatie. Est-ce que vous saviez

  8   qu'au même moment, au sein de l'état-major du colonel Blaskic, il y avait

  9   au moins un autre représentant de l'armée de Croatie, la HV ?

 10   M. Vukovic (interprétation). - Je pense que je peux dire en

 11   toute responsabilité que pendant que j'étais au quartier général, aucun

 12   officier de l'armée croate ne se trouvait au commandement de la zone

 13   opérationnelle de Bosnie centrale.

 14   M. Scott (interprétation). – Connaissez-vous un certain Miro

 15   Andric ? N'est-il pas exact que c'était un officier de la HV ?

 16   M. Vukovic (interprétation). – Je ne sais pas s'il y était. Je

 17   n'ai aucune information sur cette personne.

 18   M. Scott (interprétation). - Vous ne connaissez pas du tout

 19   Andric, vous n'avez jamais eu aucun contact avec lui au sein du quartier

 20   général de l'hôtel Vitez ?

 21   M. Vukovic (interprétation). – Non, je n'avais pas de contact

 22   avec lui mais si on parle du même homme, je sais qu'il y avait un certain

 23   Andric qui était adjoint de Milivoj Petkovic au grand état-major à Mostar.

 24   M. Scott (interprétation). - De qui ? Je ne veux pas me mettre à

 25   votre place. De qui parlez-vous s'il vous plaît ? L'adjoint de qui ?


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  1   Vous nous dites que c'était peut-être l'adjoint de qui ? Au

  2   niveau de l'état-major, de qui avez parlé s'il vous plaît ?

  3   M. Vukovic (interprétation). - Mais je pense qu'il s'appelait

  4   Mario Andric, je ne sais pas quel était son grade, je sais qu'il était au

  5   commandement à l'état-major, le grand état-major de Mostar. Je me souviens

  6   qu'à un moment donné, il avait séjourné en Bosnie centrale, il était venu

  7   et je sais qu'il a été prisonnier à un moment donné à Ravno Rostovo.

  8   M. Scott (interprétation). - Que faisait-il en Bosnie centrale ?

  9   M. Vukovic (interprétation). – Je ne sais pas ce qu'il faisait

 10   en Bosnie centrale, il n'est pas venu me voir, il ne m'a pas posé la

 11   question sur les propres tâches que j'exerçais, c'était -je pense- en 1993

 12   et c'était probablement au mois de décembre, peut-être même janvier de

 13   l'année d'après, je ne sais plus.

 14   M. Scott (interprétation). - Bien maintenant retournons en peu

 15   dans le temps, dans une période évoquée cet après-midi au sujet de vos

 16   contacts avec M. Kordic au sein du commandement de la Bosnie centrale.. Y

 17   avait-il un certain Zarko Tole, excusez ma prononciation, un officier de

 18   ce nom qui était commandant militaire de ce que l'on désignait sous le

 19   terme de Bosnie centrale, quelqu'un qui a occupé ce poste avant le colonel

 20   Blaskic. Ce nom vous dit-il quelque chose, monsieur ?

 21   M. Vukovic (interprétation). – Oui, je me souviens qu'il a été

 22   nommé. Il s'agissait de Zarko Tole, c'est une information que j'ai

 23   obtenue, je ne l'ai jamais rencontré mais je sais qu'en très peu de temps,

 24   il a été arrêté par les Serbes dans la municipalité de Bugojno. Il a

 25   occupé ce poste très brièvement pendant une période très courte, c'est


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  1   pourquoi je ne l'ai même pas rencontré.

  2   M. Scott (interprétation). – Maintenant, je vais vous demander

  3   d'examiner la pièce à conviction suivante Z 23.60.18.

  4   (L'huissier s'exécute.)

  5   Afin de perdre le moins de temps possible, je vais vous demander

  6   de placer cet exemplaire sur le rétroprojecteur et de remettre au témoin

  7   le document en langue BCS.

  8   Saviez-vous que quand le général de brigade Tole a été placé à

  9   ce poste, au commandement de ce qu'on désignait sous le terme de Bosnie

 10   centrale, ceci s'est fait sur ordre du général Bobetko, général de l'armée

 11   de Croatie ?

 12   M. Vukovic (interprétation). – Je ne suis pas au courant, mais

 13   je sais qu'il a été nommé. Qui l'avait nommé ? Je ne le savais pas. Ce

 14   n'est que maintenant que je le vois.

 15   M. Scott (interprétation). - Et le général Janko Bobetko

 16   commandant de l'armée croate, c'est cela ?

 17   M. Vukovic (interprétation). – Je ne sais pas, je suis désolé,

 18   je peux pas faire les commentaires maintenant.

 19   M. Scott (interprétation). - En plus de nommer le général de

 20   brigade, on voit également qu'il s'agit d'établir une IZM de Bosnie

 21   centrale.

 22   M. Vukovic (interprétation). – Oui, je sais qu'à Gornji Vakuf,

 23   il y avait un commandement, mais je ne sais pas qui a délivré l'ordre et

 24   comment ceci a été créé.

 25   M. Scott (interprétation). - Peut-être pourriez-vous expliquer


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  1   aux Juges ce que signifient les termes IZM, ce que signifie ce sigle dans

  2   le vocabulaire militaire croate ?

  3   M. Vukovic (interprétation). - Ce serait un poste avancé. Un

  4   poste de commandement avancé. Et il y avait des tâches qui étaient

  5   temporaires qu'il fallait remplir. IZM.

  6   M. Scott (interprétation). - Si vous vous reportez aux tableaux

  7   qui figurent en annexe de ce document, on voit ici poste de commandement

  8   pour la Bosnie centrale, on voit ici un certain nombre de municipalités

  9   dont notamment Busovaca, Vitez, Novi Travnik etc.. Ma question est la

 10   suivante : est-ce que qu'il ne s'agit pas ici en fait du commandement de

 11   la Bosnie centrale dont vous nous avez parlé aujourd'hui et qui, tout au

 12   long des événements qui nous intéressent ou plutôt au fil du temps, s'est

 13   transformé en zone opérationnelle de Bosnie centrale qui, au départ, est

 14   une structure qui avait été établie par l'armée de Croatie, le général

 15   Bobetko. ?

 16   M. Vukovic (interprétation). – Je ne peux pas l'affirmer, je ne

 17   sais pas si c'est exact.

 18   M. Scott (interprétation). – Avez-vous des raisons de penser que

 19   ce document n'est pas un document véritable ? Avez-vous une raison de

 20   penser que ce document n'est pas authentique, qu'il ne s'agit pas là d'un

 21   ordre authentique délivré par le général Bobetko ?

 22   M. Naumovski (interprétation). - Excusez-moi, monsieur le

 23   Président, une objection purement technique. Ce document a déjà été versé

 24   au dossier sous la même numérotation, mais il n'y a pas cet organigramme

 25   en annexe, c'est pourquoi je me pose la question si c'est un nouveau


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  1   document ou bien quelque chose d'autre. Donc je parle du document

  2   Z 23 60.18. Nous avons déjà le document mais sans organigramme.

  3   C'est la première fois que nous voyons l'organigramme.

  4   M. Scott (interprétation). - Je comprends bien la question, mais

  5   si mon assistante a raison, ce document a été déposé de cette manière

  6   auprès du greffe. Si le document n'a pas été versé au dossier sous cette

  7   forme, je demande son versement maintenant.

  8   M. le Président (interprétation)  - La greffière d'audience nous

  9   dit que ceci se trouve dans la liasse relative au conflit armé

 10   international et il est peut-être possible que pour une raison ou une

 11   autre, la défense n'en dispose pas.

 12   M. Sayers (interprétation). – Permettez-moi d'intervenir

 13   monsieur le Président. Ce que dit Maître Naumovski, c'est que à la pièce à

 14   conviction que nous avons, 2360.18, n'y figure pas donc d'annexe.

 15   M. le Président (interprétation). -  Oui mais sur l'original il

 16   y a une annexe, donc il y a eu une page qui n'a pas été copiée

 17   correctement pour une raison ou une autre.

 18   M. Scott (interprétation).- J'en ai terminé du contre-

 19   interrogatoire Monsieur le Président.

 20   M. le Président (interprétation). -  Bien. Maître Naumovski,

 21   l'heure tourne. L'un des Juges de la Chambre doit participer maintenant à

 22   une réunion. Est-ce que vous avez besoin de beaucoup de temps pour vos

 23   questions supplémentaires aux témoins ?

 24   M. Naumovski (interprétation).- Je vais accélérer le plus

 25   possible mais je suis dans une situation quelque peu inconfortable. Il y a


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  1   de nouveaux documents, il y en a d'autres qui manquent. De toute façon je

  2   vais essayer de faire le maximum.

  3   Monsieur Vukovic, quelques questions. Le Procureur vous a posé

  4   beaucoup de questions. Il y a des choses qui n'étaient pas indispensables.

  5   Vous n'avez pu vous souvenir mais nous avons parlé à Split, à l'hôtel

  6   Marjan et dans mon appartement.

  7   M. Vukovic (interprétation).- Oui.

  8   M. Naumovski (interprétation).- Excusez-moi, je pense que je

  9   parle trop rapidement et les interprètes ne peuvent pas faire leur travail

 10   correctement. En ce qui concerne le tout début, quand les Croates ont

 11   commencé à s'organiser pour faire face à l'agression serbe, vous avez

 12   parlé de QG régional, de la cellule de crise, par conséquent au

 13   printemps 1992. C'était le mois d'avril, ou mai ou juin, n'est-ce pas ?

 14   M. Vukovic (interprétation).- Oui.

 15   M. Naumovski (interprétation).- Seriez-vous d'accord avec moi

 16   pour dire qu'au mois de mai, la seule armée légale en Bosnie-Herzégovine

 17   était encore l'ex-JNA ?

 18   M. Vukovic (interprétation).- Oui.

 19   M. Naumovski (interprétation).- Seriez-vous d'accord avec moi

 20   pour dire qu'au mois de mai l'ex-JNA avait des casernes à Kravnik, à

 21   Kiseljak, Slimena, Kaonik, etc... pour ne pas énumérer toutes les

 22   casernes ?

 23   M. Vukovic (interprétation).- Oui.

 24   M. Naumovski (interprétation).- Aujourd'hui on a parlé de la

 25   cellule de crise, c'était encore politique n'est-ce pas ?


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  1   M. Vukovic (interprétation).- Oui, un organe politique.

  2   M. Naumovski (interprétation).- Par ailleurs vous avez parlé de

  3   M. Matisic qui était un homme politique de réputation dans la ville de

  4   Travnik ?

  5   M. Vukovic (interprétation).- Oui.

  6   M. Naumovski (interprétation).- Lui venait participer à un

  7   certain nombre de réunions avec vous, pendant lesquelles vous avez essayé

  8   d'organiser les hommes, de rassembler les moyens techniques, etc. car

  9   c'était l'époque où vous avez commencé à vous organiser de zéro, n'est-ce

 10   pas ?

 11   M. Vukovic (interprétation).- Oui.

 12   M. Naumovski (interprétation).- Par conséquent, les hommes tout

 13   comme vous, des volontaires qui étaient chargés de s'organiser car vous

 14   étiez au clair et vous saviez que la guerre allait être déclenchée

 15   malheureusement dans votre territoire, vous avez rassemblé toutes vos

 16   connaissances au niveau civil, militaire, etc. et ceci en vue de mettre en

 17   place quelque chose qu'on a appelé par la suite HVO, n'est-ce pas ?

 18   M. Vukovic (interprétation).- Oui, tout à fait.

 19   M. Naumovski (interprétation).- Très brièvement, en ce qui

 20   concerne les documents, il y a un document Z 61. Vous avez parcouru le

 21   document, les signatures, vous ne l'aviez pas vu auparavant mais ce n'est

 22   pas le plus important, mais vous avez dit également qu'il ressortait du

 23   document qu'il s'agissait d'une réunion du HDZ de Busovaca, de Travnik qui

 24   a eu lieu le 18 avril 1992. Dario Kordic était présent et il était

 25   représentant des municipalités différentes du HDZ qui participaient à


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  1   cette réunion ?

  2   M. Vukovic (interprétation).- Oui.

  3   M. Naumovski (interprétation).- Ensuite, nous passons au

  4   document Z 62. Il y avait une réunion une fois de plus, il a fallu parler

  5   avec le ministre Susak et vous rendre en Croatie. C'est l'époque dont nous

  6   avons déjà parlé, n'est-ce pas ?

  7   M. Vukovic (interprétation).- Oui.

  8   M. Naumovski (interprétation).- Par conséquent, il s'agissait du

  9   21 mars et votre organisation ne venait que d'être mise en place ?

 10   M. Vukovic (interprétation).- Oui, vous avez raison.

 11   M. Naumovski (interprétation).- A ce moment-là, vous êtes en

 12   train de vous préparer parce que vous sentez l'agression, mais l'agression

 13   qui vient de qui ?

 14   M. Vukovic (interprétation).- Des Serbes, des Chetniks.

 15   M. Naumovski (interprétation).- Et l'ex-JNA, n'est-ce pas ?

 16   M. Vukovic (interprétation).- Oui.

 17   M. Naumovski (interprétation).- Et cette réunion n'a jamais eu

 18   lieu ?

 19   M. Vukovic (interprétation).- Vous avez raison, cette réunion

 20   n'a jamais eu lieu.

 21   M. Naumovski (interprétation).- Merci.

 22   Il a été question également d'un autre document Z 289. Le

 23   Procureur a donné lecture d'un paragraphe. Vous n'avez pas lu le document.

 24   Il est dit dans ce document que M. Kordic a demandé la restitution d'un

 25   véhicule à l'armée de Bosnie-Herzégovine et c'est un incident qui a eu


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  1   lieu dans le village de Zivinice. Le document a été signé par Zelko Karic

  2   de Kakanj ?

  3   M. Vukovic (interprétation).- Non, vous prononcez mal, c'est

  4   Maric, Zelko Maric.

  5   M. Naumovski (interprétation).- Il s'agissait de Kakanj ?

  6   M. Vukovic (interprétation).- Oui.

  7   M. Naumovski (interprétation).- Eh bien dans ce document, vous

  8   dites que vous ne le connaissiez pas, vous n'avez jamais vu auparavant le

  9   document, mais de toute façon il s'agissait d'un monsieur qui venait de

 10   Kakanj, n'est-ce pas ?

 11   M. Vukovic (interprétation).- Oui.

 12   M. Naumovski (interprétation).- Vous vouliez dire quelque

 13   chose ?

 14   M. Vukovic (interprétation).- Oui, tout à fait. Ce n'est que

 15   plus tard que j'ai parcouru ce document et je l'ai compris. Il s'agissait

 16   d'un peloton de la police militaire qui se trouvait à Kakanj et ce peloton

 17   faisait partie intégrante du quatrième bataillon de Kakanj. Par

 18   conséquent, le commandant du peloton envoyaient les rapports aux

 19   commandants de leur compagnie et ce n'est que le commandant de compagnie

 20   qui envoyait les rapports à mon intention. C'est la raison pour laquelle

 21   j'ai dit que j'ai jamais vu le document auparavant.

 22   M. Naumovski (interprétation).- D'accord, mais ce n'est pas

 23   grave. Ce que le Procureur vous a lu, c'est qu'il s'agissait du bureau de

 24   M. Kordic et c'est marqué que la police militaire, en novembre 1992,

 25   assurait la sécurité également de la police militaire et du personnel des


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  1   effectifs de la police militaire. De toute façon, il s'agissait de

  2   quelqu'un qui venait de Kakanj, n'est-ce pas ?

  3   M. Vukovic (interprétation).- Oui, tout à fait.

  4   M. Naumovski (interprétation).- Et ce qui concerne la

  5   restitution du véhicule qui a été confisqué auprès des Musulmans, ce n'est

  6   pas une action militaire, c'est tout simplement un geste qui a été fait à

  7   l'égard des Musulmans, ce n'était pas une action militaire ?

  8   M. Vukovic (interprétation).- Bien évidemment, cela n'a pas été

  9   une opération militaire, sinon on aurait délivré un ordre pour restituer

 10   le véhicule.

 11   M. Naumovski (interprétation).- Mais je n'ai pas compris

 12   pourquoi le Procureur vous a montré le document Z 365. Il y a donc un

 13   centre de formation qui a lieu à Caplina* -je ne sais pas pourquoi il en a

 14   parlé. C'est en Herzégovine, n'est-ce pas ?

 15   M. Vukovic (interprétation).- Oui, tout à fait.

 16   M. Naumovski (interprétation).- Monsieur le Président, j'ai

 17   peut-être sauté quelques sujets. Je vais aider la Chambre et je ne vais

 18   pas abuser de votre temps, abuser du temps du témoin. C'est comme cela que

 19   je vais clôturer mes questions supplémentaires et je remercie M. Vukovic.

 20   M. le Président (interprétation). -  Merci Colonel Vukovic. Vous

 21   en avez terminé de votre déposition et vous pouvez quitter le prétoire.

 22   Nous levons l'audience jusqu'à 9 heures 30 demain matin.

 23               L'audience est levée à 16 heures 10.

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