Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1              Mercredi 5 juillet 2000.

  2               Audience Publique

  3               (L'audience est ouverte à 9 heures 35.)

  4   M. Pavao Vidovic est interrogé par Me Naumovski.)

  5   M. le Président (interprétation): Maître Naumovski, vous avez la parole.

  6   M. Naumovski (interprétation): Merci, Monsieur le Président, Messieurs les

  7   Juges.

  8   Monsieur Vidovic, on va poursuivre là où nous nous sommes arrêtés hier. Je

  9   pense que nous nous sommes arrêtés au moment où vous avez dit que le

 10   convoi a été partagé en deux.

 11               (Le témoin acquiesce.)

 12   Vous êtes resté dans la deuxième partie du convoi.

 13   M. Vidovic (interprétation): Oui.

 14   Question:   Vous étiez dans les deux, trois premiers véhicules de cette

 15   deuxième partie du convoi.

 16   Réponse:    Oui, j'étais troisième, quatrième, il n'y avait que des

 17   camions qui étaient devant moi.

 18   Question:   Pendant que vous y étiez, est-ce que vous avez entendu les

 19   coups de feu vous-même personnellement?

 20   Réponse:    Non, moi-même, je n'ai pas entendu les coups de feu sur notre

 21   convoi, sur notre partie du convoi. Nous n'avons pas eu véritablement des

 22   dégâts sur les véhicules.

 23   Question:   Est-ce que vous avez appris par la suite qu'il y avait quelque

 24   chose qui est arrivé dans une partie du convoi, qu'il y avait des

 25   personnes qui ont été tuées?


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  1   Réponse:    Oui, à partir du moment où nous nous sommes rassemblés avant

  2   de partir à Zenica et à Zenica, on avait dit qu'il y avait quelques

  3   conducteurs et un civil dans le car, je pense que c'était un car de Tuzla,

  4   qui ont été tués. Mais c'étaient des rumeurs, ce sont des choses qu'on a

  5   racontées. Je ne peux pas dire si c'est vrai ou non.

  6   Question:   Vous avez dit également qu'un certain nombre de véhicules et

  7   un camion ont été détournés vers la carrière. Est-ce que vous l'avez vu ou

  8   bien éventuellement vous l'avez appris par la suite?

  9   Réponse:    A la tête de cette deuxième partie du convoi, on les a

 10   détournés vers la carrière au niveau d'un café, d'un local, moi-même avec

 11   mon véhicule et puis il y avait encore un autre monsieur, qui venait d'un

 12   village à côté de Vares et qui transportait ses parents et ses enfants, et

 13   qui avait été arrêté au point de contrôle avant la carrière.

 14   M. le Président (interprétation): Pourriez-vous nous aider. Parce que si

 15   nous avons trop de détails, il est difficile de suivre le récit, or ceci

 16   est très important. Il est important que nous suivions les événements.

 17   Vous étiez à l'avant de la deuxième partie du convoi. Et si j'ai bien

 18   compris, votre partie a été, la partie du convoi où vous étiez, a été

 19   détournée vers une carrière. Est-ce exact ou pas?

 20   M. Vidovic (interprétation): Oui.

 21   M. le Président (interprétation): Ce qui veut dire que vous-même, vous

 22   vous trouviez dans la carrière, est-ce bien cela?

 23   M. Vidovic (interprétation): Avec mon véhicule, je n'étais pas à la

 24   carrière. J'ai été arrêté au point de contrôle avant la carrière. Alors

 25   que 70 véhicules, d'après mon estimation, ont poursuivi vers la carrière


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  1   ensemble avec les trois cars de Vares.

  2   M. le Président (interprétation): Et à quelle distance, ce point de

  3   contrôle où vous avez été arrêté, se trouvait-il de la carrière?

  4   M. Vidovic (interprétation): Je ne sais pas à quelle distance c'était.

  5   Moi, je n'ai jamais été dans cette carrière. Je pense que c'était à deux

  6   kilomètres.

  7   M. le Président (interprétation): Poursuivez, Maître Naumovski.

  8   M. Naumovski (interprétation): Merci, Monsieur le Président. Je vous en

  9   prie.

 10   Monsieur Vidovic, pourriez-vous nous dire maintenant quelque chose

 11   d'autre. Vous êtes quand même arrivé à Vitez, n'est-ce pas?

 12   M. Vidovic (interprétation): J'ai montré à ceux qui étaient de permanence,

 13   de garde au point de contrôle, que j'étais de Vares et je leur ai demandé

 14   de me transporter jusqu'à Vitez d'une façon ou d'une autre. Et avant de

 15   venir à Vitez, ces trois cars avec les conducteurs qui étaient auparavant

 16   les conducteurs des véhicules et des camions qui sont allés à la carrière,

 17   donc ces trois conducteurs se sont mis en contact avec quelqu'un à Vitez,

 18   la patrouille est venue me chercher au point de contrôle, ils m'ont

 19   escorté jusqu'à Vitez.

 20   Question:   Pendant tout ce temps là, tout ce qui s'est passé sur la

 21   route, est-ce que ces femmes, ces hommes, les enfants, se trouvaient

 22   toujours sur la route et autour des camions qui sont restés?

 23   Réponse:    Mais moi, je ne pouvais pas le voir parce que je n'y étais

 24   plus. Le point de contrôle où moi je me trouvais, était à 500, 800 mètres

 25   par rapport à cet endroit. C'est la raison pour laquelle je n'ai pas


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  1   véritablement vu ce qui se passait sur la route.

  2   Question:   Alors, je vais vous poser une autre question. Une fois quand

  3   vous êtes parti et que vous vous êtes dirigé vers Vitez, est-ce que vous

  4   avez rattrapé cette partie du convoi avant que le convoi ne soit séparé?

  5   Réponse:    Mais, ce n'est pas par la route principale que je me suis

  6   rendu à Vitez mais c'est par une route qui est annexe et je suis passé à

  7   travers l'usine de Vitesit, c'est la raison pour laquelle je n'étais pas

  8   en contact avec des véhicules du convoi avant de les rencontrer au point

  9   de rassemblement par la suite. C'était à la sortie de Vitez que se

 10   trouvait ce point de rassemblement.

 11   Question:   Mais c'était déjà l'après-midi avant que vous partiez à

 12   Zenica?

 13   Réponse:    Oui.

 14   Question:   Mais vous étiez sur la route, qui avez-vous rencontré?

 15   Réponse:    L'après-midi, j'ai rencontré M. Kordic, je lui ai expliqué la

 16   situation dans laquelle nous nous sommes trouvés. J'ai dit qu'une partie

 17   du convoi où il y avait également un certain nombre de véhicules de Vares

 18   était détourné vers la carrière, que les trois cars avec les civils se

 19   trouvaient quelque part à Vitez car à ce moment-là, je ne pouvais pas

 20   encore savoir, je n'étais pas tout à fait fixé. Je ne savais pas où ils

 21   étaient et M. Kordic m'a dit que lui, il essayait de rassembler tous ces

 22   camions, que de mon côté il fallait que j'essaie de trouver des cars, ce

 23   que j'ai fait et j'ai réussi à les retrouver.

 24   M. le Président (interprétation): Monsieur Vidovic, où avez-vous

 25   précisément rencontré M. Kordic?


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  1   M. Vidovic (interprétation): Je l'ai rencontré, moi, je ne connais pas

  2   tout à fait bien Vitez à cette époque-là. A cette époque là, je ne

  3   connaissais pas. Je l'ai rencontré sur la route quelque part.

  4   M. le Président (interprétation): Vous dites que c'était sur la route.

  5   Est-ce que c'était à l'intérieur de Vitez, ou à l'extérieur?

  6   M. Vidovic (interprétation): C'était à Vitez. Dans la rue, à Vitez.

  7   M. Naumovski (interprétation): Vous avez dit que M. Kordic a essayé de

  8   rassembler les véhicules. C'est bien ce que vous nous avez dit?

  9   Réponse:    Oui.

 10   Question:   Est-ce que vous avez demandé à M. Kordic le conseil pour

 11   savoir ce que vous deviez faire?

 12   Réponse:    Oui, je viens de dire que je lui ai expliqué dans quelle

 13   situation nous nous sommes trouvés. J'ai trouvé des autocars qui se

 14   trouvaient sur le périphérique autour de Vitez, à côté de la station

 15   d'essence qui était protégée par un véhicule de combat britannique. Moi,

 16   je suis rentré à plusieurs reprises à Vitez et j'ai entendu que le Britbat

 17   souhaitait emmener, faire conduire le convoi à travers Zenica, ou jusqu'à

 18   Zenica. Mais moi, j'ai dit que c'était à nous de prendre la décision. Les

 19   civils qui étaient dans l'autocar, ont refusé à plusieurs reprises de

 20   poursuivre cette route, cet itinéraire, car auparavant on avait décidé de

 21   passer par Busovaca, Kaonik, Lasva et vers Visoko. Et une fois que nous

 22   nous sommes mis d'accord, tous, pour nous rendre à Zenica, nous nous

 23   sommes rattachés à cette partie du convoi qui était partie à Zenica le

 24   vendredi.

 25   Question:   Vous dites: "Quand nous nous sommes mis d'accord"; vous pensez


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  1   à qui? A ceux qui participaient au convoi, ou à quelqu'un de tiers?

  2   Réponse:    Je pense aux voyageurs de l'autocar, parce que moi j'étais

  3   leur représentant, en quelque sorte.

  4   Question:   A Vitez, à plusieurs reprises, vous avez demandé vos

  5   véhicules, etc.. Pourriez-vous dire à la Chambre quelle était la situation

  6   à Vitez? La situation était calme, la vie était bien organisée, ou la

  7   situation était totalement contraire?

  8   Réponse:    Mais la situation était tout à fait confuse, car à ce moment-

  9   là, il y avait encore des opérations de combat qui était en cours, et il

 10   n'était absolument pas sûr de circuler à travers Vitez. Au poste de

 11   police, on m'avait averti, on m'avait dit quelles étaient les rues qu'il

 12   fallait que j'emprunte pour que je sois en sécurité, car en provenance de

 13   Stari Vitez, il y avait des tireurs isolés qui opéraient. C'est pour cela

 14   qu'on m'a dit surtout de faire attention, parce que moi je marchais et je

 15   me déplaçais à pied, et on m'a dit quelles étaient les rues qu'il fallait

 16   que j'emprunte.

 17   Question:   Au moment où vous avez parlé des tireurs isolés de Stari

 18   Vitez, est-ce que vous avez vu que quelqu'un avait été blessé, touché?

 19   Réponse:    Devant le poste de police à Vitez. Un autocar était venu, je

 20   ne sais pas d'où d'ailleurs, et c'est là que les voyageurs sont descendus

 21   de l'autocar. Il faisait très chaud et ils se sont retirés à l'ombre, sous

 22   les arbres, devant le bâtiment de la police. Moi, j'étais présent au

 23   moment où un voyageur qui était dans l'autocar, et qui était descendu

 24   justement pour se protéger de la chaleur, a été touché par une balle.

 25   Question:   Merci. On va conclure. Vous dites que les habitants de Vares


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  1   se sont mis d'accord, et vous avez pris la décision d'emprunter cette

  2   route en traversant Zenica. Est-ce que, à ce moment-là, vous vous êtes

  3   ralliés à ces premières parties du convoi?

  4   Réponse:    A l'endroit où nous nous sommes rassemblés, il y avait des

  5   véhicules des deux parties qui se sont rassemblées. 180 véhicules à peu

  6   près ont été rassemblés, et nous avons été escortés par les véhicules de

  7   Britbat pour nous acheminer vers Zenica. Moi, je maintiens qu'il n'y avait

  8   que des autocars de Vares qui s'y trouvaient, alors que pour ce qui

  9   concerne les camions qui étaient chargés et qui se trouvaient dans la

 10   carrière, c'est M. Zelko Pezer qui en était chargé, d'autant plus que lui,

 11   il était chargé de la logistique au HVO.

 12   Question:   Pourriez-vous dire, à peu près, à quel moment ces 180

 13   véhicules sont partis de Vitez à Zenica?

 14   Réponse:    A 17 heures, à peu près.

 15   Question:   Le 11 Juin 1993, c'est bien cela?

 16   Réponse:    Oui.

 17   Question:   Tout à l'heure, vous avez parlé de M. Zelko Pezer. Avec M.

 18   Pezer, vous vous êtes rencontrés deux jours plus tard, le 13 Juin 1993, à

 19   Vares; est-ce qu'il vous a dit quelque chose concernant M. Kordic?

 20   Réponse:    M. Zelko Pezer est resté à Vitez et normalement il devait

 21   s'occuper de cette partie du convoi. Au moment où cette partie du convoi

 22   est retournée à Vares, le 13 Juin 1993, il a raconté qu'il était présent

 23   au moment où un policier militaire avait pris le véhicule du HVO de Vares

 24   et qu'à ce moment-là M. Kordic lui avait dit qu'il ne fallait pas le faire

 25   car il s'agissait d'un camion qui appartenait au HVO, et que ce camion


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  1   était de Vares. Mais lui, il ne l'écoutait pas, il ne lui obéissait pas,

  2   il avait proféré des injures, il l'avait ramené à la maison, et il a dit

  3   tout simplement que pour sa famille il n'avait rien, qu'il fallait qu'il

  4   nourrisse sa famille.

  5   M. le Président (interprétation): Un instant, s'il vous plaît. Ceci n'est

  6   pas clair. On parle de 800 véhicules quelque part, véhicules qui seraient

  7   partis de Vitez en direction de Zenica. Donc, apparemment, ceci c'était la

  8   réponse fournie?

  9   (Apparemment, l'interprète de la cabine anglaise précise qu'il y avait eu

 10   une erreur quant au chiffre. )

 11   Maintenant, tout ceci est tiré au clair.

 12   M. Naumovski (interprétation): Il s'agissait de 180 véhicules, c'est

 13   l'erreur, n'est-ce pas, Monsieur Vidovic?

 14   M. Vidovic (interprétation): Oui.

 15   Question:   Il y avait une erreur dans la transcription. Je vais

 16   poursuivre.

 17   Monsieur Vidovic, vous étiez à Vitez au moment où la situation était assez

 18   chaotique. Vous avez rencontré M. Kordic, vous avez rencontré quelques

 19   autres personnes, etc.. Pourriez-vous nous dire si M. Kordic, d'après

 20   vous, d'après ce que vous avez pu conclure et voir, avait quelque chose à

 21   faire avec ces gens-là, qui pillaient, confisquaient les vivres et tous

 22   les articles qui se trouvaient sur le camion?

 23   Réponse:    D'après ce que j'ai pu constater, je conclus qu'il n'a pas pu

 24   avoir quoi que ce soit à voir avec le pillage, si je peux dire ainsi, avec

 25   la confiscation des camions non plus, car tout ce qu'il a fait au moment


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  1   où je l'ai rencontré, me faisait croire qu'il avait essayé de rassembler

  2   tous ces véhicules, qui étaient dispersés un petit peu de tous les côtés,

  3   pour les acheminer là où, normalement, ces véhicules auraient dû s'en

  4   aller.

  5   Question:   C'est votre propre conclusion, mais avez-vous parlé avec M.

  6   Pezer au sujet de Kordic?

  7   Réponse:    Mais une partie du convoi de Vares était pratiquement

  8   complète, du point de vue de la composition de ce convoi. La conclusion

  9   que j'ai pu tirer de l'entretien avec M. Pezer, c'était justement que M.

 10   Kordic a eu un grand mérite pour que ces camions, ces convois, cette

 11   partie, se rendent à Vares.

 12   Est-ce que je peux rajouter quelque chose ?

 13   M. Naumovski (interprétation) : Je vous en prie.

 14   Réponse:    C'est le 12 Juin, que la première partie est venue à Vares et

 15   les camions de ce convoi sont passés également le 13, le 14 et le 15 Juin.

 16   Par conséquent, chaque camion qui a été ramené sur la route a été acheminé

 17   vers Vares. Il y avait un certain nombre de camions qui étaient déchargés,

 18   qui étaient vides, par conséquent, les vivres ont été déchargées. M.

 19   Naumovski (interprétation): Mais c'est justement ce que je voulais vous

 20   demander, ceci ressort de ce que vous avez dit. Par conséquent, il y avait

 21   des jours entiers que les restes du convoi étaient rassemblés pour être

 22   acheminés vers Vares?

 23   Réponse:    Oui.

 24   Question:   Monsieur le Président, messieurs les Juges. Nous pouvons

 25   passer au paragraphe 26.


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  1   Monsieur Vidovic, là il s'agit des éléments qui ont eu lieu en 1993 à

  2   Vares à la fin de cette année. Au paragraphe 26, vous avez parlé de la

  3   position stratégique de Vares.

  4   Réponse:    Oui, Vares à  l'époque de la guerre était le seul passage

  5   entre la Bosnie centrale et Bosnie orientale. Au cours de 93, nous avons

  6   construit une route de 5 kilomètres et demi pour connecter Vares et Kakanj

  7   et pour permettre ce contact entre la Bosnie centrale et la Bosnie  Nord-

  8   Est.

  9   Question:   Excusez moi, nous n'allons pas nous élargir. Vous même, vous

 10   avez parlé de cette position stratégique. Le 28 octobre 1993, quelques

 11   jours avant la chute de Vares, vous même, vous êtes allé parler à Tuzla

 12   avec les représentants du deuxième corps de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

 13   Pourriez vous nous dire si à cette époque là quelqu'un vous a dit quelles

 14   étaient les intentions de l'armée de Bosnie-Herzégovine et notamment

 15   concernant cette position stratégique de Vares ?

 16   Réponse:    Ensemble avec M. Emir Arak qui était représentant des

 17   autorités civiles, le 28 octobre, je me suis rendu à Vares pour

 18   m'entretenir lors d'une réunion avec le maire de l'époque et actuelle M.

 19   Selim Beslagic, commandant du deuxième corps d'armée, Sadic, Anto Franic

 20   qui était chargés du deuxième corps de l'information politique. Il y avait

 21   également un professeur de la faculté, je ne me souviens plus de son nom,

 22   et on nous a demandé de signer et de rendre Vares, alors que Vares a été

 23   attaqué déjà en provenance de Kakanj. Mais nous, on n'avait pas ces

 24   prérogatives, cette compétence que de rendre la ville. C'est à cette

 25   époque-là qu'on nous a dit que Vares ne peut pas se maintenir, car même le


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  1   deuxième corps d'armée avait reçu l'ordre d'attaquer Vares en provenance

  2   du nord.

  3   Question:   Mais vous parlez de l'ordre, donc vous voulez dire que le

  4   deuxième et troisième corps d'armée aurait dû se rattacher ?

  5   Réponse:    Oui cet ordre-là à été mis en oeuvre dès le lendemain.

  6   Question:   Mais nous allons y revenir chronologiquement un peu plus tard.

  7   C'est dans le cadre de la position stratégique de Vares que nous parlons.

  8   En juin, il y a eu un certain nombre d'opération de combat qui étaient

  9   assez violente dans la région de Kakanj et quand les Croates expulsés de

 10   Kakanj, sont arrivés dans la municipalité de Vares, ils étaient combien ?

 11   Réponse:    Au moment où je suis retourné à Vares, le 12 juin, c'est la

 12   première vague de réfugiés de Kakanj qui est arrivée à Vares et le 13

 13   juin, 15000 Croates sont arrivés de la municipalité de Kakanj, notamment

 14   de Kraljeva Sutjeska et des villages environnants.

 15   Question:   Je suppose que pour votre municipalité, il s'agissait d'une

 16   très grande pression. C'est un très grand poids. Est-ce que vous avez

 17   entrepris un certain nombre de démarches dans ce sens là ?

 18   Réponse:    Oui c'était un problème très grave pour la municipalité, car

 19   Vares a été encerclée dans un blocus et c'est là où nous avons envoyé une

 20   demande à M. Boban à Grude pour demander d'autoriser le passage aux

 21   Croates qui venaient de Kakanj et qui n'étaient pas des conscrits, qui

 22   n'avaient pas d'obligations militaires, de se rendre en Herzégovine. Nous

 23   avons entrepris cette tâche mais cela a duré pendant deux mois, et c'est

 24   le 17 Octobre que des véhicules se sont rendus pour chercher les réfugiés

 25   de Kakanj pour les transporter à Stolac en Herzégovine.


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  1   Question:   C'était le 17 octobre 1993, et les réfugiés de Kakanj ont

  2   commencé à quitter Vares?

  3   Réponse:    Oui.

  4   Question:   Au moment où vous avez parlé de cette réunion avec les

  5   représentants de la ville de Tuzla, les représentants également du

  6   deuxième corps de l'armée de Bosnie-Herzégovine, moi je pense que vous

  7   avez commis une erreur. Vous avez dit que la réunion a eu lieu à Vares,

  8   tout au moins c'est ce que je vois qui est marqué sur la transcription;

  9   mais je pense que la réunion avait lieu à Tuzla.

 10   Réponse:    Oui Tuzla. C'était un lapsus.

 11   Question:   Dites nous s'il vous plaît, ce jour là où les réfugiés de

 12   Kakanj ont commencé à quitter la municipalité de Vares, que s'est-il

 13   passé?

 14   Réponse:    Ce jour là, le 17 Octobre, nos lignes de front ont été

 15   attaquées, celles que nous avons tenue face au troisième corps d'armée et

 16   dans la localité de Lesnica, cette ligne a été prise, nos deux soldats ont

 17   été tués à cette occasion-là.

 18   Question:   Vous n'êtes pas soldat, mais vous aviez quelques informations

 19   comme représentant des autorités civiles à Vares. Est-ce que la Brigade

 20   Bobobac aurait pu se défendre toute seule contre ces attaques ? Réponse:

 21         La Brigade Bobovac avait un territoire qui était très grand, qui

 22   s'étendait sur cent kilomètres pour défendre ses lignes de front et ils

 23   n'étaient pas nombreux et ne pouvaient pas véritablement tout seuls

 24   défendre ce territoire.

 25   Question:   Est-ce que la Brigade à demandé de l'aide, est-ce que vous le


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  1   savez est-ce que vous savez à qui ils se sont adressés?

  2   Réponse:    Mois, j'ai appris que la Brigade, une fois que Lesnica a été

  3   attaquée, avait demandé l'aide du groupe opérationnel de Kiseljak, ils ont

  4   demandé si c'était possible qu'ils viennent aider le HVO, la brigade du

  5   HVO de Bobovac.

  6   Question:   Pourriez-vous maintenant dire à la Chambre si cette aide est

  7   parvenue, et quand?

  8   Réponse:    L'aide, enfin les renforts sont arrivés au mois d'Octobre, le

  9   21 Octobre, très tôt le matin, tout au moins d'après les informations dont

 10   je dispose. Je pense qu'il s'agissait de 180 soldats.

 11   Question:   Qui était à la tête, qui était le commandant?

 12   Réponse:    Le colonel Ivica Rajic.

 13   Question:   Indépendamment de cette aide qui est venue renforcer la

 14   brigade de Bobovac, Vares a réussi dans cette opération de défense?

 15   Réponse:    Indépendamment de cette aide, cette aide n'était pas

 16   suffisante, Vares est tombée les 29, 30, 31. C'était une ville qui ne

 17   pouvait plus être défendue, et les civils qui s'y trouvaient, ont commencé

 18   à quitter la ville. Par conséquent, Vares est tombée ces jours-ci.

 19   Question:   Je suppose que vous-même et votre famille, vous avez quitté la

 20   ville, ces jours-là?

 21   Réponse:    Oui. J'ai évacué ma mère, ma femme, qui sont parties à

 22   Kiseljak. Et moi, je suis resté avec la brigade Bobovac dans le village de

 23   Dastansko.

 24   Question:   Il y avait combien de Croates qui ont quitté Vares et la

 25   municipalité de Vares, ces jours-là?


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  1   Réponse:    11 000 personnes ont quitté la ville, 10 000 Croates. Les

  2   autres, c'étaient des Serbes qui, jusqu'à ce moment-là, n'avaient pas

  3   quitté leur foyer à Vares.

  4   Question:   Monsieur Vidovic, plus tard, vous étiez également membre des

  5   organes du pouvoir municipal en exil. Est-ce que vous savez combien de

  6   civils, à peu près, ont péri entre le 17 et la fin du conflit, durant ces

  7   quinze jours de conflit, d'opérations militaires?

  8   Réponse:    Au moment où les unités de l'armée de Bosnie-Herzégovine sont

  9   entrées dans la municipalité de Vares, d'abord à Boravica, cinq civils ont

 10   été tués.

 11   Question:   Excusez-moi, on ne va pas parler de détails. Est-ce que vous

 12   connaissez le nombre total de civils qui ont péri à cette époque-là?

 13   Réponse:    Quinze, dont huit n'ont pas encore été retrouvés. Ils sont

 14   portés disparus. On ne sait pas où ils ont été enterrés, comment ils ont

 15   été des victimes.

 16   Question:   Mais avec des soldats, ensemble?

 17   Réponse:    Avec des soldats, 108 au total.

 18   Question:   Vous avez parlé du village de Boravica. Le village de Boravica

 19   est un village qui a été complètement détruit au cours de cette offensive,

 20   n'est-ce pas?

 21   Réponse:    Oui. Le premier rapport que nous avons reçu sur le village de

 22   Borovnic, nous l'avons reçu du commandant de NordBat, Berrett, qui,

 23   quelques jours plus tard, a envoyé la première patrouille dans le village

 24   de Borovica. Deux jours plus tard, il a envoyé une deuxième patrouille. Il

 25   a trouvé les deux corps des civils qui ont été tués, qui ont été


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  1   transférés à Kiseljak pour être inhumés à Kiseljak.

  2   Question:   Pourriez-vous nous dire si vous aviez également des

  3   informations sur d'autres villages, d'autres agglomérations, la ville de

  4   Vares, etc.? Est-ce que les maisons ont été détruites, ont été pillées?

  5   Est-ce que vous pouvez nous dire, éventuellement, qui l'avait fait?

  6   Réponse:    Une fois que les gens sont partis de la municipalité de Vares,

  7   les pillages ont commencé, les pillages en masse, aussi bien de la part

  8   des soldats que de la part des civils, plus tard. Tous les foyers, tous

  9   les appartements, les maisons qui ont été quittés ont été pratiquement

 10   vidés, dévastés, saccagés. Quelques maisons ont été incendiées, notamment

 11   dans des villages où la plupart des gens appartenaient au HVO.

 12   Question:   Quand vous dites "des soldats", vous pensez à quels soldats?

 13   Réponse:    Mais je parle des soldats de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

 14   Question:   Mais est-ce que vous savez plus près, de plus près, de qui il

 15   s'agissait?

 16   Réponse:    D'après ce que nous avons pu comprendre, quand nous sommes

 17   retournés pour la première fois dans nos villages, il y avait une très

 18   grande différence entre les destructions qui ont été commises par les

 19   membres de la 7ème Brigade musulmane, 3ème corps, et les actes qui ont été

 20   commis par les membres du 2ème Corps d'armée. Car ce qui était pillé ou

 21   détruit par les membres du 2ème Corps d'armée était quand même plus

 22   préservé, il n'y avait pas véritablement… On n'a pas incendié, on n'a pas

 23   saccagé complètement, il n'y avait pas de dégâts aussi importants.

 24   Question:   Monsieur Vidovic, vous connaissez M. Kordic. Pourriez-vous

 25   nous dire depuis quand vous le connaissez, à quelle époque vous l'avez


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  1   connu, en quelle année?

  2   Réponse:    Je connais M. Kordic depuis les activités du HDZ de Bosnie-

  3   Herzégovine. Je ne peux pas vous dire exactement à quel moment je l'ai

  4   rencontré pour la première fois, mais je pense que nous étions à quelques

  5   reprises ensemble, nous avons assisté ensemble à ces réunions du parti où

  6   nous avons échangé des informations.

  7   Question:   Pourriez-vous nous dire quand M. Kordic s'est rendu pour la

  8   dernière fois à Vares avant la guerre?

  9   Réponse:    Moi, j'ai rencontré M. Kordic pour la dernière fois le 29

 10   Septembre 1992, au moment où il s'est rendu à Vares pour fêter le patron

 11   de la ville, Saint-Michel.

 12   Question:   Monsieur Vidovic, vous étiez membre du HDZ à l'époque, et

 13   aujourd'hui vous l'êtes, vous étiez également à la direction du HVO à

 14   Vares. Pourriez-vous nous dire si M. Kordic pouvait influencer le

 15   déroulement des événements à Vares, et notamment tout ce qui s'est passé

 16   en 1993, à savoir vers la fin de 1993, disons Septembre ou Octobre 1993?

 17   Réponse:    Au moment où le conflit s'est déclenché à Vares, Vares est

 18   devenue isolée, complètement, sur le plan de l'information et sur le plan

 19   physique. C'est la raison pour laquelle nous pouvons dire que Vares et la

 20   direction, les dirigeants de Vares ne pouvaient pas du tout contacter M.

 21   Kordic compte tenu du fait que nous avions la possibilité de nous rendre

 22   en Herzégovine en passant par le territoire serbe. C'est la raison pour

 23   laquelle nous étions en contact direct avec M. Boban. Sur les événements

 24   qui ont eu lieu au cours de la deuxième partie de 1992 à Vares, M. Kordic

 25   ne pouvait certainement pas avoir d'influence.

 


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  1   Question:   Est-ce que vous avez éventuellement entendu parler que dans un

  2   contexte ou l'autre, au cours de la deuxième moitié de 1992, on avait

  3   parlé de M. Kordic? Est-ce qu'on a mentionné son nom, par exemple?

  4   Réponse:    Je ne peux pas dire qu'on n'a pas mentionné son nom, mais pas

  5   dans le sens des ordres, des suggestions. Dans ce sens-là, M. Kordic n'a

  6   pas véritablement pu opérer et développer des activités.

  7   Question:   Mais c'est justement dans ce sens-là. Est-ce qu'il a pu

  8   prendre des décisions? C'est dans ce contexte-là que je vous parle.

  9   Réponse:    Non, l'influence de M. Kordic était nulle, dans ce contexte.

 10   Question:   Monsieur le Président, Messieurs les Juges, j'ai encore un

 11   autre sujet qui est très bref, et je voudrais vous demander de passer à

 12   huis clos partiel étant donné que je vais citer un nom et justement, c'est

 13   une question pour laquelle j'aimerais passer à huis clos partiel.

 14   Monsieur Vidovic, au moment où vous avez parlé de votre CV…

 15   Excusez-moi, je ne sais pas si nous sommes à huis clos partiel.

 16             (L'audience se poursuit en huis clos partiel.)

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 18               (audience publique-- Le témoin est interrogé par M. Kovacic.)

 19   M. Kovacic (interprétation): J'aurais une seule question. Bonjour,

 20   Monsieur Vidovic. Je suis Bozidar Kovacic. Je représente ici le deuxième

 21   accusé dans cette affaire, M. Mario Cerkez. Pendant votre déposition, vous

 22   avez cité le nom de Borivoje Malbasic, qui était le numéro un du HVO de

 23   Vares.

 24   Réponse:    Oui.

 25   Question:   Vous le connaissiez personnellement, n'est-ce pas?


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  1   Réponse:    Oui, Borivoje Malbasic était membre de la Défense territoriale

  2   avant la guerre à Vares, et au moment où il y a eu création du premier

  3   état-major à Vares, il est devenu son chef, son commandant.

  4   Question:   Borivoje Malbasic avait une certaine expérience dans le

  5   travail des forces armées, puisqu'il était actif dans la Défense

  6   territoriale avant la guerre?

  7   Réponse:    Oui, c'est pour cela d'ailleurs qu'il a été pris comme

  8   commandant.

  9   Question:   Connaissiez-vous son grade, encore à l'époque de l'ex-

 10   Yougoslavie, pendant qu'il était dans la Défense territoriale?

 11   Réponse:    Je pense qu'il était capitaine.

 12   Question:   On peut dire que c'était un officier supérieur?

 13   Réponse:    Oui.

 14   Question:   Nous sommes d'accord, c'était quelqu'un qui avait une

 15   formation militaire poussée?

 16   Réponse:    Oui. Il a fait l'école des officiers de réserve dans la JNA.

 17   Question:   Personne ne mettait en cause ses connaissances, sa formation?

 18   Réponse:    Oui.

 19   Question:   Et en tant qu'homme, que peut-on dire au sujet de son

 20   caractère, de sa moralité?

 21   Réponse:    M. Borivoje Malbacic avait un certain nombre de défauts.

 22   Question:   Mais en fin de compte, la plupart des gens considéraient que

 23   c'était un leader correct et capable?

 24   Réponse:    La plupart des gens pensaient qu'il était à même de diriger

 25   une unité. A un moment, on l'a même déplacé à Vitez pour qu'il s'acquitte


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  1   de tâches plus importantes.

  2   Question:   A un moment quelconque, vous, personnellement, avez-vous pu

  3   remarquer pendant que Borivoje Malbasic s'acquittait de ce genre de tâche,

  4   qu'il avait des penchants négatifs à l'égard des Musulmans ou à l'égard

  5   d'un autre peuple vivant en Bosnie-Herzégovine?

  6   Réponse:    Pour autant que je le sache, non.

  7   Question:   Et enfin, vous ne savez pas exactement quel est le poste qu'il

  8   occupait durant cette période où il s'est trouvé à Vitez, avant qu'il ne

  9   revienne?

 10   Réponse:    Je ne le sais pas.

 11   Question:   Vous ne savez rien à ce sujet?

 12   Réponse:    Non.

 13   Question:   Je vous remercie. Je n'ai plus de questions, Monsieur le

 14   Président.

 15               (Le témoin est contre interrogé par M. Nice.)

 16   M. Nice (interprétation): Pouvez-vous nous dire pourquoi il y a eu blocage

 17   de la part de l'OSCE pour votre nomination à ce poste, à votre

 18   candidature?

 19   M. Vidovic: Ce que j'ai eu comme raison, c'est un document où il est dit

 20   que j'étais hostile au retour des gens et le deuxième argument, c'était

 21   que j'ai demandé que les enfants des réfugiés croates qui étaient revenus,

 22   puissent suivre l'enseignement en langue croate et que cela montre que je

 23   cherchais à mettre en place une ségrégation. Ces deux arguments, l'un

 24   comme l'autre, ne sont pas valables, puisque pendant que j'étais à la tête

 25   de la municipalité de Vares, environ 3000 personnes sont retournées à


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  1   Vares. L'ensemble des biens ont été restitués, y compris les logements,

  2   les commerces, les garages. Sur 1395 demandes de restitution des logements

  3   publics, 630 ont été restitués. Pour ce qui est du reste, la procédure

  4   était en cours. Et quant au deuxième sujet, à savoir la scolarité des

  5   enfants des réfugiés croates, M. Mate Offmann qui était l'assistant du

  6   représentant des Nations Unies pour la Bosnie-Herzégovine chargé de

  7   l'éducation, il s'est rendu à Vares le premier Juin et il a accepté toutes

  8   nos demandes et cela nous a permis de régler ce problème. En d'autres

  9   mots, les enfants des Croates qui sont revenus à leur foyer, peuvent

 10   suivre l'enseignement scolaire dispensé en leur langue maternelle.

 11   Question:   Je ne voudrais pas que vous rentriez dans des détails trop

 12   poussés. Vous avez présenté un résumé, le résumé de votre déclaration. Les

 13   sujets de ce résumé ont été choisis par vous-même ou par la défense de M.

 14   Kordic?

 15   Réponse:    J'ai dit dans ce résumé ce que je sais, ce que je sais de la

 16   situation qui régnait, j'ai dit ce qui pouvait intéresser ce Tribunal.

 17   Question:   L'avez-vous rédigé vous-même ou ce sont eux qui l'ont fait?

 18   Réponse:    Le résumé a été fait sur la base de mon entretien enregistré

 19   que j'ai rédigé moi-même.

 20   Question:   Dans ce résumé, vous ne faites pas référence à ce que vous

 21   avez appris au sujet de Stupni Do. Qui a pris la décision de ne pas

 22   mentionner Stupni Do?

 23   Réponse:    Puisque moi-même je ne sais pas grand-chose de Stupni Do, je

 24   pensais que c'était un point que je ne pouvais pas aborder devant ce

 25   Tribunal.


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  1   Question:   Dans votre résumé, on ne parle pas non plus de l'arrestation

  2   des Musulmans, des hommes musulmans qui ont été détenus à Vares en même

  3   temps, vous étiez nécessairement au courant de cela?

  4   Réponse:    A l'époque des événements de Stupni Do, moi-même je me suis

  5   trouvé isolé. Donc, il s'agit de détails que je ne connais que de deuxième

  6   main.

  7   Question:   Mais sur d'autres points qui relèvent de l'ouï-dire, vous vous

  8   êtes prononcé quand même, n'est-ce pas? Mais vous étiez quelqu'un qui

  9   était haut placé dans l'administration locale, vous vous êtes renseigné,

 10   vous avez dû apprendre des choses au sujet de ces événements, n'est-ce

 11   pas?

 12   Réponse:    Je n'ai mené aucune enquête. J'ai entendu dire qu'il y a eu

 13   des détentions, des hommes de Vares durant les événements de Stupni Do.

 14   Question:   On reviendra à cela en temps voulu. Procédons par ordre

 15   chronologique. Monsieur le Président, j'essaierai uniquement d'aborder

 16   brièvement quelques points sur lesquels nous avons entendu la déposition

 17   afin d'abréger le contre-interrogatoire.

 18   Donc, Vares était un endroit qui se trouvait à la jonction de deux

 19   territoires, n'est-ce pas?

 20   Réponse:    Oui, Vares est à 830 mètres d'altitude, d'un point de vue de

 21   circulation, il est très isolé en temps de paix, mais en temps de guerre,

 22   cela lui a donné une importance stratégique.

 23   Question:   La route qui vient du Sud est une route assez petite, mais

 24   elle est quand même assez importante. La route au Nord est assez étroite,

 25   elle passe par les bois, n'est-ce pas? C'est une représentation correcte


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  1   de la situation?

  2   Réponse:    La route du Sud était bloquée pendant la guerre, et c'est

  3   exact que la route qui mène au Nord est une route macadam qui traverse des

  4   collines et des bois.

  5   Question:   Nous avons entendu que dès 1992, c'est le témoin Mahmutovic

  6   qui en a parlé, en fait connaissez-vous Ekrem Mahmutovic?

  7   Réponse:    Je le connais.

  8   Question:   Avez-vous une raison quelconque pour laquelle il ne faudrait

  9   pas lui faire confiance à lui en tant qu'homme, en tant que témoin?

 10   Réponse:    Je n'ai rien contre M. Mahmutovic.

 11   Question:   Il nous a dit qu'à partir de la fin de 1991 ou à partir du

 12   début de 1992, à Vares, on disait que Vares était un territoire croate et

 13   que seuls, les Croates allaient avoir le droit d'y vivre. Vous vous

 14   rappelez ce genre d'information diffusée publiquement?

 15   Réponse:    A Vares, jamais personne n'a défendu cela.

 16   Question:   M. Mahmutovic aurait pu entendre ou voir quelque chose qu'il

 17   aurait pu mal interprété, puisqu'il était musulman, donc quelque chose au

 18   sujet du fait qu'on allait considérer Vares comme un territoire

 19   exclusivement réservé aux Croates?

 20   Réponse:    Je crois que M. Mahmutovic a mal interprété ce que quelqu'un a

 21   dit, aucun des membres, aucun des représentants du peuple croate de Vares

 22   n'a prôné la thèse que Vares était exclusivement réservé aux Croates,

 23   puisque les Croates de Vares ont démontré le contraire plus tard.

 24   Question:   Le HDZ était un parti croate et Vares était une communauté

 25   mixte. Il n'y avait pas une majorité croate, n'est-ce pas, mais il y avait


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  1   un pourcentage important de Croates qui donc étaient plus nombreux que les

  2   autres groupes?

  3   Réponse:    Oui, à Vares, les Croates avaient une majorité relative et non

  4   pas une majorité absolue. Il est exact que l'union démocratique croate

  5   était le peuple, le parti du peuple croate.

  6   Question:   Et la Hz H-B dont vous êtes devenu membre défendait les

  7   intérêts des Croates, n'est-ce pas?

  8   Réponse:    Oui.

  9   Question:   En agissant dans une zone où il y avait une minorité très

 10   importante musulmane?

 11   Réponse:    La Hz H-B fonctionnait sur un territoire où il y avait des

 12   Croates, indépendamment des membres des deux autres groupes ethniques.

 13   Nous n'agissions pas par rapport aux autres minorités, mais nous

 14   défendions simplement les intérêts du peuple croate.

 15   Question:   Oui. Passons à un point spécifique. En Mai 1992, le HVO a

 16   constitué un état-major à Vares. Est-ce exact?

 17   Réponse:    Oui.

 18   Question:   C'est un point d'ordre général. Pratiquement, les militaires

 19   et les civils au sein du HVO constituaient une structure de commandement

 20   unique, n'est-ce pas?

 21   Réponse:    Non.

 22   Question:   Pouvez-vous opérer une distinction entre les deux, s'il vous

 23   plaît?

 24   Réponse:    A la différence des autres municipalités, à Vares nous avions

 25   une composante civile du HVO et une composante militaire du HVO. Elles se


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  1   chevauchaient partiellement. Et je n'ai rien à ajouter à cela.

  2   Question:   Donc, vous acceptez le fait que les sections militaires et

  3   civiles étaient très étroitement liées, et travaillaient dans une

  4   coordination très étroite?

  5   Réponse:    Oui.

  6   Question:   Et techniquement, répondaient à la même présidence. Est-ce

  7   exact?

  8   Réponse:    Je n'ai pas compris votre question. A quelle présidence,

  9   faites-vous référence?

 10   Question:   A la présidence du HVO. Non, excusez-moi, de la Hz H-B.

 11   Réponse:    Oui.

 12   Question:   Un autre témoin, je donnerai le nom du témoin, donc c'est le

 13   pseudonyme W… lorsque le HVO a été constitué à Vares, les Bosniaques ont

 14   été invités à rejoindre le HVO afin de maintenir la paix. Est-ce que vous

 15   êtes d'accord avec cette constatation?

 16   Réponse:    Oui, les Musulmans du village de Dastansko étaient membres des

 17   unités du HVO. Dans d'autres villages, nous avons fourni des armes afin

 18   qu'ils puissent monter leurs propres patrouille pour protéger leur

 19   village.

 20   Question:   Mais le même témoin continue au sujet d'une condition, à

 21   savoir que ces Musulmans devaient porter des insignes du HVO, et le HVO

 22   contrôlait l'ensemble du territoire. Etes-vous d'accord sur cette deuxième

 23   partie de l'affirmation?

 24   Réponse:    Que tous les membres du HVO portent les mêmes insignes? Il me

 25   semble que cela est tout à fait normal.


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  1   Question:   Et au sujet du deuxième point que dit ce témoin, les non

  2   Croates pouvaient rejoindre le HVO à condition d'accepter que le HVO

  3   contrôle l'ensemble du territoire?

  4   Réponse:    C'est exact, parce que chaque armée qui contrôle une partie du

  5   territoire souhaite exercer un contrôle réel, véritable. En fait, une

  6   armée qui défend un territoire souhaite exercer le contrôle sur ce

  7   territoire.

  8   Question:   Donc il y a eu coopération, et il y a eu le souhait de ne pas

  9   mettre sur place une ségrégation, mais il n'empêche qu'il y a eu

 10   pratiquement prise de contrôle, sur cette zone, par le HVO. Est-ce exact?

 11   Réponse:    Je pense qu'on ne peut pas le formuler ainsi. Dans un premier

 12   temps, en 1992, nous avons mis en place les lignes de front face à l'armée

 13   de la Republika Srbska, vers l'est de la municipalité de Vares. Et

 14   l'ensemble du territoire qui sortait de ces lignes, était naturellement

 15   sous le contrôle du HVO. Nous n'avons posé aucune condition pour la

 16   population qui s'y trouvait, qui vivait dans ces secteurs-là.

 17   Question:   Excusez-moi, c'était peut-être une erreur de ma part. Je n'ai

 18   pas bien suivi votre réponse, excusez-moi. En fait, ce qui s'est passé,

 19   c'est que cette zone était sous le contrôle du HVO, et c'était un fait mis

 20   en pratique unilatéralement, par le HVO; est-ce exact?

 21   Réponse:    Le HVO ne l'a pas fait de manière unilatérale, puisqu'à

 22   l'époque il n'y avait pas d'autres unités organisées qui pouvaient

 23   défendre le territoire.

 24   Question:   S'agissant du rôle de l'accusé, Dario Kordic, je ne souhaite

 25   pas examiner un grand nombre de documents, mais accepteriez-vous le fait


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  1   qu'au milieu de 1992, à Kakanj, qui est donc une municipalité voisine, il

  2   a pris la décision de la création du HVO dans cette municipalité? C'est le

  3   document Z87.

  4   Réponse:    Je n'ai pas connaissance de cela.

  5   Question:   Mais cette décision reflète le genre de décision que M. Kordic

  6   prenait à cette époque, donc la décision de la Hz H-B au sujet de la

  7   création du HVO à Kakanj?

  8   Réponse:    Je ne peux pas vous dire grand-chose au sujet de la création

  9   du HVO à Vares non plus, si ce n'est que nous avons reçu une décision par

 10   les dirigeants de la Hz H-B, et il nous a été dit qu'il fallait entamer

 11   une phase de défense active, qu'il fallait créer le HVO. Donc, qu'il

 12   fallait abandonner la phase de gestion politique uniquement. Et je suppose

 13   que c'est la même chose qui s'est produite à Kakanj.

 14   Question:   A l'époque, à Vares, qui était à la tête d'un point de vue

 15   politique, qui était l'instance politique la plus importante?

 16   Réponse:    C'était M. Mate Boban qui exerçait le contrôle politique.

 17   Question:   Et, en son nom, qui s'exprimait? N'était-ce pas M. Kordic?

 18   Réponse:    M. Kordic était l'homme politique le plus influent en Bosnie

 19   Centrale.

 20   Question:   Merci. Au-dessous de Boban, la personne à laquelle vous vous

 21   adresseriez pour avoir des lignes directrices sur le plan politique,

 22   c'était M. Kordic, n'est-ce pas?

 23   Réponse:    Pour des orientations politiques majeures, oui.

 24   Question:   Et ce sont les hommes politiques qui mènent la guerre, n'est-

 25   ce pas, en dernière instance?


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  1   Réponse:    C'est le pouvoir civil qui gère la guerre, ou le commandant

  2   suprême.

  3   Question:   Et ce qui était vrai pour vous en 1992 s'appliquait de même à

  4   Ivica Rajic en 1993, n'est-ce pas? C'est lui qui était responsable devant

  5   Boban ou devant Kordic, n'est-ce pas, devant ces hommes politiques?

  6   Réponse:    Cela, c'est quelque chose que je ne connais pas, la voie

  7   hiérarchique dans une structure militaire, c'est quelque chose que

  8   j'ignore puisque je n'ai jamais fait partie de structure militaire, c'est

  9   quelque chose que j'ignore totalement. Et en particulier pour ce qui est

 10   de l'année 1993.

 11   Question:   Mais vu que vous étiez quelqu'un de très haut placé au sein de

 12   votre communauté, vous savez qu'il n'y a pas eu de modification au niveau

 13   de la structure politique entre 1992 et 1993, pour autant que vous le

 14   sachiez. Donc, autrement dit, il y avait Boban en premier lieu, et en

 15   deuxième place figurait M. Kordic. Est-ce exact?

 16   Réponse:    Je crois que l'organisation du pouvoir civil était

 17   complètement différente. La Hz H-B, pour ce qui est des affaires civiles,

 18   avait son département en Bosnie Centrale et son Président était M. Ante

 19   Valenta. Pour toutes les affaires civiles et toutes les tâches, toutes les

 20   lignes directrices, c'est à cette instance-là que nous devrions nous

 21   adresser. Il y avait des départements chargés de l'économie, la santé,

 22   l'éducation et ainsi de suite et c'était la voix hiérarchique pour ce qui

 23   est des affaires civiles. C'était à eux que nous devrions nous adresser.

 24   Question:   Je ne vais pas poursuivre sur ce point car je suis satisfait

 25   de la réponse que vous avez fournie auparavant. Vers le milieu de l'année


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  1   1992, un certain Pejcinovic est devenu le maire, n'est-ce pas?

  2   Réponse:    Le premier Juillet 1992.

  3   Question:   Au même moment où Gavran devenait chef de la police civile et

  4   Duznovic était devenu chef de la police militaire.

  5   Réponse:    Je voudrais vous corriger. Gavran est devenu chef de la police

  6   alors que Duznovic était à la brigade chargé de sécurité. Il n'était pas

  7   chef de la police militaire.

  8   Question:   Fort bien. Ils ont occupé ces postes en prenant la relève par

  9   rapport à d'autres personnes qui les avaient précédés, n'est-ce pas?

 10   Réponse:    Ils sont arrivés sur ces postes par la décision du Président

 11   Boban.

 12   Question:   Pejcinovic a publié sa version des faits, de façon assez

 13   large, dans le cadre de communication de journaux, n'est-ce pas?

 14   Réponse:    Oui.

 15   Question:   Vous avez lu vous-même les récits qu'il en faisait, ou pas?

 16   Réponse: Oui, j'ai lu cela et je pense que je connais également les

 17   raisons pour lesquelles M. Pejcinovic était obligé de le faire.

 18   Question:   Pouvez-vous être plus clair et nous expliquer davantage?

 19   Réponse:    Eh bien, M. Pejcinovic s'est enfui de Dastansko en direction

 20   de Herzégovine. Il a pratiquement quitté, abandonné aussi bien le peuple

 21   que la brigade qui est restée dans la municipalité de Vares et qui gardait

 22   les 24 kilomètres de ligne de front. Et ceci pour obtenir un visa pour

 23   aller au Canada en 1994, début 1994, par les gens qui lui ont rendu

 24   possible de le faire et c'est eux qui lui ont imposé également d'écrire

 25   tout cela, de relater tout cela et il y a plein de choses qu'il avait


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  1   rédigées et qui ne correspondent pas du tout à la vérité, qui ne

  2   correspondent pas du tout à ce qui s'est passé dans la municipalité de

  3   Vares à la fin de 1993. Mais c'est cela la raison.

  4   Question:   Mais qui et pourquoi, quelqu'un voudrait-il convaincre

  5   Pejcinovic à donner un récit falsifié, erroné des événements, alors que

  6   cet homme se trouvait déjà en sécurité au Canada? Qui ferait une chose

  7   pareille?

  8   Réponse: Il a écrit ce récit avant d'obtenir son visa pour le Canada,

  9   alors que ce récit a été publié au moment où il se trouvait déjà au

 10   Canada, en sécurité. Et ce récit se trouvait chez M. Petar Jozeljic à

 11   Zagreb et il a été publié en 1995, si je ne m'abuse. Je ne connais pas

 12   exactement la date, mais c'était à la veille des élections en Croatie en

 13   1995. Elle était restée longtemps sans être publiée, elle était archivée

 14   et je me souviens exactement du moment où il avait écrit ce récit, car

 15   moi, j'étais à Cirakebrije à ce moment-là, pendant que Pejcinovic écrivait

 16   son récit.

 17   Question:   Et il affirmait, vous vous en souviendrez, qu'au mois de Juin

 18   1992, il avait reçu des instructions de la part de Dario Kordic selon

 19   lesquelles le HVO devait occuper les fonctions de direction de la

 20   municipalité, du gouvernement, alors que l'ordre était peut-être venu en

 21   fin de compte de Boban. Même si cela avait été le cas, il avait donné ces

 22   instructions.

 23   Réponse:    Je ne peux pas affirmer s'il s'agit de la vérité ou non, car

 24   je n'ai jamais vu cet ordre.

 25   Question:   Je suis désolé d'avoir posé deux questions en une. J'essayais


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  1   de gagner du temps. Tout d'abord, à partir de ce que nous a dit

  2   Pejcinovic, il semblerait que Kordic lui ait donné des instructions selon

  3   lesquelles il fallait prendre le contrôle des fonctions gouvernementales

  4   dans la municipalité. C'est la première chose. Est-ce que vous l'acceptez?

  5   Réponse:    Moi, je ne peux pas l'accepter. Car je vous dis, je n'ai

  6   jamais vu l'ordre en question.

  7   Question:   Je vous soumets cette hypothèse, cela aurait été un ordre

  8   oral. Nous avons d'ailleurs une pièce à conviction, c'est la pièce 146,

  9   excusez moi, il y a aussi la 195. Je m'excuse auprès du greffe de ne pas

 10   avoir informé celui-ci de ce que nous allions demander la présentation de

 11   ces pièces.

 12   Veuillez examiner ces documents, tout d'abord celui qui porte la côte 146

 13   et qui est datée du 3 Juillet. D'après un article, une décision est prise

 14   au fin de désignation à des postes à Vares au HVO de Vares de plusieurs

 15   personnes, ce document est signé de Mate Boban et on voit votre nom vers

 16   la fin de la liste.

 17   Réponse:    Moi-même, j'avais ce document dans mes archives.

 18   Question:   Je vous remercie. Puis il y a un autre document qui porte la

 19   côte 195 en date du 25 Août. C'est l'ordre de suivi de Pejcinovic qui

 20   nomme au poste de Président de Vares, à la présidence plus exactement,

 21   plusieurs personnes dont vous-même.

 22   Réponse:    C'est un document authentique.

 23   Question:   Ce qui veut dire que ces désignations, est-ce que j'ai qualifié

 24   de prise de pouvoir, se basait sur un ordre donné par Boban et je vous

 25   fais valoir que Kordic donnait des instructions similaires au même moment?


Page 22129

  1   Réponse:    Sur la base de la décision délivrée par M. Boban, nous avons

  2   créé le HVO. M. Pejcinovic, d'après les prérogatives qu'il avait en tant

  3   que Président, avait nommé les personnes à des postes différents. Je ne

  4   sais pas si c'est M. Kordic qui lui avait suggéré de le faire ou non. Moi,

  5   je ne le connais pas. Moi, je ne peux pas vous en dire plus.

  6   Question:   Il y a une cérémonie de prise de serment pour les membres du

  7   HVO au cours de l'été 1992.

  8   Réponse:    Oui.

  9   Question:   Et M. Ivica Rajic était présent à cette cérémonie, n'est-ce

 10   pas?

 11   Réponse:    Moi, je ne me souviens pas. Je ne sais plus si M. Ivica Rajic

 12   était présent.

 13   Question:   Mais vous vous souvenez du fait qu'un message de M. Kordic qui

 14   était absent, a été lu à cette occasion parce que ceci montrait bien aussi

 15   l'intérêt qu'il manifestait à ce qui se passait à Vares.

 16   Réponse: Oui je me souviens de cela.

 17   Question:   En Juillet 1992, je constate que vous n'avez pas du tout parlé

 18   de ceci dans votre résumé. Des Musulmans ont été arrêtés à Vares, dont M.

 19   Ekrem Mahmutovic. Pourriez-vous nous dire pourquoi ils ont été arrêtés?

 20   Réponse:    Je ne sais pas que M. Ekrem Mahmutovic a été arrêté à ce

 21   moment-là.

 22   Question:   Eh bien, voyons une hypothèse plus large. Des personnalités de

 23   premier plan, musulmanes, ont été arrêtées à Vares au cours du mois de

 24   Juillet 1992. Quand pensez vous?

 25   Réponse:    Je pense qu'au moment où le HVO avait pris le pouvoir le


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  1   premier Juillet 1992, personne n'a été arrêtée à Vares, personne n'a été

  2   persécuté, tous ont gardé leur poste de travail, exception faite de ceux

  3   qui ont décidé eux-mêmes de quitter ces postes.

  4   Question:   Parlons d'autre chose. Il y a eu création de points de

  5   contrôle par le HVO tout autour de la ville, n'est-ce pas?

  6   Réponse:    Oui.

  7   Question:   Il y avait restriction des mouvements pour les Musulmans à

  8   cette époque. Ils devaient obtenir un permis de circulation de Duznovic,

  9   n'est-ce pas?

 10   Réponse:    Non, c'est pour sortir de la ville qu'il fallait s'assurer un

 11   permis.

 12   Question:   Et s'agissant d'Ekrem Mahmutovic, prenons ceci en deux étapes:

 13   vous le connaissiez bien ou pas, quel était ce degré de connaissance? Est-

 14   ce que c'était quelqu'un que vous voyiez comme cela, dans la rue, est-ce

 15   que vous vous entreteniez comme cela avec lui au coin de la rue pour

 16   parler un peu, ou est-ce que vous lui rendiez visite chez lui?

 17   Réponse:    Je le connaissais au point de le saluer dans la rue. Nous

 18   n'étions jamais ensemble, même pas dans un café.

 19   Question:   Si cet homme nous a dit que des gens étaient arrêtés à ce

 20   moment-là, est-ce que vous nous direz qu'il se trompait du tout au tout,

 21   ou bien est-ce qu'il se pouvait que des gens soient arrêtés et que vous,

 22   vous ne soyez pas au courant de cela?

 23   Réponse:    Moi, j'ai déjà dit que je ne suis pas au courant que qui que

 24   ce soit ait été arrêté le 1er Juillet 1992. Tout s'est passé sans

 25   incident, les gens ont poursuivi leur activité, ceux qui se rendaient au


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  1   travail, que ce soit au poste de police, au bâtiment des PTT, dans tout

  2   autre organe de l'administration, par exemple l'administration de

  3   l'électricité, etc.. Par conséquent, tout le monde a poursuivi ses

  4   activités. Juste à titre d'exemple, je peux vous citer que le directeur de

  5   l'école élémentaire à Vares était Mme Kara Mehic, qui l'est toujours, et

  6   qui était directrice de l'école élémentaire à l'époque du HVO, et

  7   actuellement également du SDA également.

  8   Question:   Est-ce que vous vous souvenez, est-il exact de dire qu'en

  9   Juillet 1992 le HVO était déjà en train de passer des accords avec les

 10   Serbes pour qu'ils s'échangent des droits de passage en vue de poursuivre

 11   d'autres intérêts?

 12   Réponse:    En 1992, nous avons tenu des lignes de front face aux Serbes

 13   et on pouvait circuler librement: Breza, Visoko, Kiseljak et Novi Travnik.

 14   On avait le passage libre. Par conséquent, il n'était pas indispensable

 15   qu'en 1992, on négocie avec des Serbes ces choses-là.

 16   Question:   Est-ce qu'on peut rapidement examiner la pièce 167?

 17   M. le Président (interprétation): Le moment se prête peut-être à une

 18   pause.

 19   M. Nice (interprétation): Pourrais-je dire ceci au témoin? Si le témoin

 20   tient à consulter ces coupures de presse dont j'ai parlé, pour mieux se

 21   souvenir des événements, j'ai des copies qu'il peut consulter au cours de

 22   la pause. Il semble bien s'en souvenir, mais s'il veut affiner les

 23   souvenirs qu'il en a, eh bien je suis prêt à les lui soumettre.

 24   Je pourrais poser une question à l'encontre de cette pièce avant la pause,

 25   ou après.


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  1   M. le Président (interprétation): Qu'est-ce que vous préférez?

  2   M. Nice (interprétation): Cela ne sera pas long.

  3   M. le Président (interprétation): Allons-y, examinons-la.

  4   M. Nice (interprétation): Il s'agit d'un document en date du 20 Juillet,

  5   Monsieur Vidovic, c'est un ordre émis, vous voyez quel en est le

  6   destinataire. Au cours d'enquêtes menées sur le témoin, nous avons appris

  7   de source sûre que les représentants du HVO de Vares et de Kiseljak,

  8   certains noms sont cités, ont rencontré le Président de la municipalité

  9   Serbe d'Ilijacik. A l'occasion de cette réunion, ils se sont mis d'accord

 10   pour permettre le passage du HVO à Vares afin d'assurer le désarmement de

 11   la Défense territoriale de Vares et en contrepartie, le HVO permettrait

 12   aux Serbes de passer sans aucun obstacle d'Osren à Breza. Et c'est

 13   Halinovic qui signe cet ordre. Est-ce que vous voulez dire que ce qui

 14   était convenu à cette occasion est incorrect, ou quel est votre avis à ce

 15   propos?

 16   M. Vidovic (interprétation): Ces sources fiables, soi-disant, n'ont aucune

 17   logique, et ne sont pas exactes.

 18   M. le Président (interprétation): Fort bien. Je transmets le document à

 19   Mme Featherstone. Suspension. Nous reprendrons quelques minutes après 11

 20   heures et demie.

 21         (La séance suspendue, à 11 heures 04, est reprise à 11 heures 35.)

 22   M. le Président (interprétation): Allez-y, Monsieur Nice, s'il vous plaît.

 23   M. Nice (interprétation): Un point que vous n'avez absolument pas abordé

 24   dans votre déposition, c'est la présence du HOS dans votre zone. Il est

 25   exact qu'il s'y trouvait, n'est-ce pas?


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  1   M. Vidovic (interprétation): Officiellement, les unités du HOS n'ont

  2   jamais été à Vares. A titre individuel, certains se présentaient comme

  3   membres du HOS mais puisqu'ils n'ont jamais quitté Vares, je pense que

  4   c'était simplement une manière de se présenter, mais faussement.

  5   Question:   En Septembre 1992, saviez-vous que le HOS, d'après certains

  6   ordres, devait être placé sous le commandement du HVO? Il y a eu

  7   l'assassinat de Kraljevic peu après cela, puisqu'il s'y était opposé.

  8   Réponse:    J'ai appris dans la presse écrite que M. Blas Kraljevic a été

  9   tué en Herzégovine.

 10   Question:   Je vais revenir à ce petit groupe de personnes dont vous

 11   parlez. Je pense que nous passerons rapidement à huis clos partiel pour la

 12   protection de certains noms.

 13   Mais pour ce qui est du mois de Septembre 1992, est-ce que le greffe peut

 14   nous fournir la pièce 223? C'est un point mineur, mais qui concerne la

 15   responsabilité qu'avait M. Kordic dans votre zone. Ce document est un

 16   extrait du procès-verbal de la réunion du HVO qui s'est tenue le 22

 17   Septembre 1992. Vous voyez que ce document est signé par trois personnes:

 18   Kostroman, Valenta et Kordic. Monsieur l'huissier, aurait-il l'obligeance

 19   de placer sur le rétroprojecteur les pages 6 et 7, le bas de la page 6 et

 20   le haut de la page 7, du moins dans la version en anglais?

 21   Vous voyez, tout au bas de la page, et puis ceci se poursuit à la page

 22   suivante, il fait rapport de ce qui se passe dans votre municipalité. Je

 23   vais donner lecture du premier passage. On dit que Vares est la

 24   municipalité la plus exposée, s'agissant de la Hz H-B, que l'économie est

 25   paralysée, que les gens sont pratiquement affamés, que le HVO a la


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  1   maîtrise totale, que quelques 82 000 réfugiés sont passés par la

  2   municipalité venant de Brcko et de Tuzla, que des impôts de passage, de

  3   transit, sont prélevés, et ainsi de suite. Vous reconnaissez, n'est-ce

  4   pas, Monsieur Vidovic, que pendant tout ce temps, M. Kordic agissait au

  5   niveau le plus élevé, s'agissant des affaires concernant votre

  6   municipalité?

  7   Réponse:    Ce n'est que maintenant que j'ai trouvé le texte en croate. Si

  8   vous me permettez quelques minutes pour le lire…

  9   Question:   Excusez-moi, oui, c'est ma faute. C'est simplement le rapport

 10   qui concerne votre municipalité qui nous intéresse.

 11   Réponse:    Je vois que c'était M. Anto Pejcinovic qui était présent au

 12   nom du HVO et en ce qui concerne cette constatation, c'est une

 13   constatation qui est tout à fait acceptable et qui concerne la

 14   municipalité de Vares.

 15   Question:   Je vous remercie. Pièce suivante, la pièce 229. Sur ce même

 16   point, je vais vous demander simplement d'apporter une confirmation; ceci

 17   portera en fait sur deux points. Il s'agit ici du procès-verbal d'une

 18   réunion qui s'est tenue le 30 Septembre. Divers représentants, dont

 19   Pejcinovic de Vares et Duznovic, étaient présents, vous pouvez le

 20   constater. Prenez la page 2, le bas de cette page, en anglais il s'agit

 21   des points 1 et 2. Nous voyons ici, sur le point de l'ordre du jour

 22   concerné, que le vice-Président de Kakanj s'est adressé aux personnes

 23   présentes.

 24   Passons, si vous le voulez bien, au point 2. Nous voyons que M. Pejcinovic

 25   intervient, de même que M. Dario Kordic. Et passons à la page 3, autre


Page 22135

  1   petit point. Le point 1, c'est Dario Kordic qui parle, il dit ceci: " Les

  2   Croates ne peuvent plus attendre, nous devrions retirer nos représentants

  3   du gouvernement municipal légitime et constituer notre propre

  4   gouvernement".

  5   Vous voyez que ceci concerne Vares, vous le constatez à la ligne

  6   précédente. Est-ce que vous vous souvenez que M. Kordic aurait tenu ces

  7   propos. Est-ce que ceci vous a été communiqué?

  8   Réponse:    Moi je n'ai jamais parlé de cette question-là avec M. Kordic

  9   et je ne peux pas faire de commentaire de ce texte.

 10   Question:   Mais monsieur Vidovic, vous faisiez partie du HVO. Rares sont

 11   les personnes énumérées ici, et vous étiez titulaire d'un poste. Si M.

 12   Pejcinovic vous avait parlé de ceci, est-ce que c'était bien l'intention

 13   qui était poursuivie, à savoir de se retirer du gouvernement municipal

 14   pour former un gouvernement propre?

 15   Réponse:    Dès le 1er Juillet 1992, nous avons créé notre propre pouvoir

 16   dans la municipalité de Vares. Par conséquent, ceci ne peut pas concerner

 17   la municipalité de Vares, tout au moins en ce qui concerne les paroles de

 18   M. Kordic. Les paroles de M. Kordic ne concernent pas la municipalité de

 19   Vares.

 20   Question:   Fort bien. Vu le peu de temps qui m'est imparti, je passe à

 21   autre chose. Nous avons entendu dire qu'au cours de l'automne 1992, Zvonko

 22   Duznovic est allé à Stupni Do avec des soldats et a fouillé des maisons à

 23   la recherche d'armes et qu'à la suite de cela, il y a eu en fait des actes

 24   de harcèlement à l'encontre des villageois de Stupni Do. Est-ce que vous

 25   pourriez nous aider, est-ce que c'est bien cela ou est-ce que vous pouvez


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  1   nous dire pourquoi ceci se serait passé?

  2   Réponse:    Au moment où nous avons pris le pouvoir, nous avons demandé

  3   aux habitants des villages musulmans qui sont restés dans le territoire

  4   contrôlé par le HVO, ou bien de s'intégrer dans les formations qui sont

  5   les nôtres, ou bien de ne pas s'armer. Les habitants du village Dastansko

  6   ont rejoint les unités du HVO, alors que les habitants, les villageois de

  7   Stupni Do ne l'ont pas fait.

  8   Question:   Et par conséquent, ces habitants de Stupni Do ont été

  9   harcelés.

 10   Réponse:    Les villageois n'ont pas été maltraités à cause de cela, mais

 11   il fallait bien évidemment surveiller s'ils s'armaient ou non. Il y avait

 12   des services de sécurité qui devaient les contrôler, mais moi je n'ai

 13   jamais obtenu d'informations selon lesquelles ils ont été mal traités au

 14   moment où on vérifiait s'ils étaient armés ou non.

 15   Question:   Manifestement, je ne peux pas révéler l'identité de ce témoin,

 16   puisqu'il a obtenu un pseudonyme, mais est-ce que vous voulez dire aux

 17   Juges que le HVO était plus blanc que blanc et que vous n'avez constaté

 18   aucune immixtion, s'agissant des produits qu'avaient les gens de Stupni

 19   Do, pour ce qui est aussi des commerces, ou est-ce que vous auriez

 20   constaté quelque chose de ce genre? Est-ce que ceci aurait été possible?

 21   Réponse:    D'après les informations dont je disposais, nulle part ceci ne

 22   s'est passé. Par conséquent, pas plus à Stupni Do.

 23   Question:   Mais je pense que vous acceptez le fait que le HVO local,

 24   demandait l'assistance de la Croatie pendant tout ce temps et l'obtenait.

 25   Réponse:    Le HVO local à l'aide de tous ceux qui souhaitaient l'aider et


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  1   il était reconnaissant de cette aide et y compris la République de

  2   Croatie.

  3   Question:   Est-ce que cette aide incluait l'aide militaire, par exemple

  4   des armes? Vu ce que vous avez dit, vous aviez toutes les raisons qu'il

  5   vous fallait de demander l'aide en armes de leur part, n'est-ce pas?

  6   Réponse:    D'après mes informations, nous avons obtenu des armes du

  7   centre de logistique de la communauté croate de Herceg-Bosna.

  8   Question:   Il se peut que vous ayez obtenu ces armes du centre de

  9   logistique de la Hz H-B, mais dites-nous si vous avez obtenu des armes de

 10   Croatie, quel que soit l'itinéraire suivi pour l'acheminement de ces

 11   armes. La question est simple.

 12   Réponse:    Mais il est probable que ces armes arrivées en passant le

 13   territoire de la République de Croatie et de la République de Croatie, car

 14   je ne vois pas d'où ces armes pourraient-elles arriver.

 15   Question:   Je vous remercie.

 16   Passons maintenant à l'année 1993, si vous le voulez bien. Je vais voir

 17   s'il y a autre chose que j'aurais dû évoquer. Si c'est le cas, j'y

 18   reviendrai. Mais veuillez examiner maintenant la pièce 441. Nous le ferons

 19   rapidement.

 20   Monsieur Vidovic, vous comprenez que par votre truchement, j'essaie

 21   d'avoir une idée complète de ce que signifiait vivre à Vares après les

 22   événements de Stupni Do et j'essaierai d'être le plus rapide possible.

 23   Je précise pour le greffe que par la suite, je demanderai la pièce 534.

 24   Mais examinons d'abord celle-ci. C'est le procès-verbal d'une réunion qui

 25   s'est tenue à Vares le 3 Février. Vous étiez présent, les conclusions sont


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  1   notamment de renforcer les activités politiques et d'information pour

  2   veiller à ce qu'il y ait des diffusions plus régulières dans les

  3   programmes de télévision locale, publication de bulletin d'information

  4   adéquat et une information et une activité politique plus efficaces, parmi

  5   les membres des unités du HVO. Et on voit aussi qui participait à cette

  6   réunion.

  7   Est-ce que vous avez pris part à tout ceci?

  8   Réponse:    Moi, j'ai pris part à ces réunions effectivement, je me

  9   souviens des questions qui étaient soulevées et dont parle le procès-

 10   verbal. J'ai été chargé d'organiser le réseau de la télévision, le réseau

 11   local.

 12   Question:   Nous voyons qu'à l'occasion de cette réunion, peut on revoir

 13   le chapeau, merci. On voit le HVO de la municipalité de Vares, on voit là

 14   le Président et les membres de la Brigade Bobovac. Là il y a activité

 15   conjointe des militaires et des civils.

 16   Réponse:    Oui.

 17   Question:   Merci? c'est tout ce que je voulais à propos de cette pièce.

 18   Examinons la pièce 534 qui date du 12 Mars. Document mandaté du 12 Mars à

 19   l'attention de Pejcinovic et Duznovic, de Kordic qui dit ceci: "Le

 20   monsieur de Vares… les hommes de Vares peuvent venir pour les prisonniers

 21   tôt lundi matin, et ils devraient faire rapport au commandement de la

 22   brigade ou à la police militaire". Fin de citation. Pourriez-vous nous

 23   donner une explication.

 24   Réponse:    Je ne peux pas car je ne sais pas de quel prisonnier il

 25   s'agit.


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  1   Question:   Oui, mais vu de votre perspective, puisque vous êtes ici en

  2   qualité de haut fonctionnaire pour nous parler de ce que vous savez. Est-

  3   ce que ceci cadre bien avec la participation qu'avait Kordic dans la

  4   gestion de vos activités? Est-ce qu'il était normal qu'il donne des

  5   instructions à des gens de Vares afin que soient recueillis certains

  6   prisonniers?

  7   Réponse:    D'abord, j'avoue que je ne connais pas le document et puis, je

  8   ne me souviens absolument pas qu'à ce moment-là, on avait des prisonniers.

  9   Je ne sais pas à qui cela se rapporte.

 10   Question:   Fort bien.

 11   Il y a peut-être une chose que vous pouvez nous dire, puisque vous

 12   connaissez les articles de presse de Pejcinovic. Il fournit une

 13   explication sur la raison ou les raisons pour lesquelles Vares a été perdu

 14   pour les Croates. Est-ce que c'est bien le cas? Nous parlons ici de

 15   Pejcinovic.

 16   Réponse:    Ce sont des conclusions auxquelles il est parvenu

 17   ultérieurement, après tous les événements qui ont eu lieu, qui se sont

 18   produits à Vares, et après la sortie de 11000 réfugiés, de 11000 habitants

 19   de Vares. C'est probablement qu'à ce moment-là, M. Pejcinovic avait conclu

 20   que Vares était perdue pour les Croates. C'est la raison pour laquelle il

 21   est parti au Canada. En ce qui nous concerne, nous autres qui sommes

 22   restés là-bas, nous n'y croyons pas.

 23   Question:   Mais il a dit ceci, et c'est là-dessus que je vous demande un

 24   commentaire; il a dit que dès Janvier 1993…

 25   M. Naumovski (interprétation): Monsieur le Président, Messieurs les Juges,


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  1   je voudrais soulever une objection de la défense. On parle de quelque

  2   chose, ce dont parlait M. Ante Pejcinovic, disant dans les journaux... Il

  3   n'a pas été cité comme témoin, maintenant on demande à ce témoin de faire

  4   un commentaire sur quelque chose qui est contenu dans des journaux et dit

  5   par un témoin qui n'a pas été entendu ici. C'est dans ce sens-là que je

  6   soulève l'objection.

  7   M. le Président (interprétation): On ne force pas le témoin à répondre. La

  8   façon dont les questions lui sont posées est tout à fait correcte. Si, à

  9   un moment donné, on faisait pression sur lui ou quoi que ce soit de ce

 10   genre… Nous veillerons à ce que cela ne soit pas le cas, mais ce n'est pas

 11   encore le cas. Le Procureur a tout à fait le droit de poser des questions

 12   à un témoin, s'agissant du contenu d'un document, et il revient au témoin

 13   d'accepter ou de rejeter une telle proposition. Mais ceci ne nous empêche

 14   pas d'entendre la question et ce qu'elle contient.

 15   M. Nice (interprétation): Maître Naumoski voulait intervenir.

 16   M. le Président (interprétation): Mais c'était une décision que je prenais

 17   là.

 18   M. Naumovski (interprétation): Oui, Monsieur le Président, je me conforme

 19   à ce que vous venez de dire, mais je voudrais simplement m'excuser, c'est

 20   peut-être dans la traduction. Je n'ai pas parlé de forcer le témoin, j'ai

 21   parlé plutôt d'interroger ou de poser des questions. C'est pour cela que

 22   je m'en excuse, si vous m'avez mal compris.

 23   M. le Président (interprétation): Fort bien.

 24   M. Nice (interprétation): M. Pejcinovic a dit que dès le mois de Janvier

 25   1993, le général Praljac lui avait dit que le HVO de Mostar ne


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  1   s'intéressait pas véritablement à Vares, que Vares était musulmane et que

  2   Vares allait être perdue.

  3   M. Vidovic (interprétation): Quand vous avez parlé pour la première fois

  4   de ce journal qui a été publié dans le journal, je vous ai déjà dit que je

  5   ne pouvais pas approuver des attitudes de M. Pejcinovic, de nombreuses

  6   attitudes qu'il avait prises, étant donné que je ne pouvais pas les

  7   vérifier. Il s'agit d'un certain nombre de commentaires qui ont été faits

  8   ultérieurement, qui ont été faits au moment où il se trouvait dans une

  9   situation psychologique et physique extrêmement difficile. Par conséquent,

 10   il y avait un certain nombre de choses qu'il avait également dites parce

 11   qu'on lui avait suggéré ces choses-là, et moi je ne peux pas faire de

 12   commentaires, je doute également de beaucoup de choses.

 13   Question:   Je vais essayer de respecter plus ou moins l'ordre

 14   chronologique des événements, et puis je n'aurai pas beaucoup de choses à

 15   vous demander d'ici à la fin de cette chronologie. Mais n'est-il pas exact

 16   de dire qu'à la suite de Stupni Do, tous les Croates sont partis, ou

 17   pratiquement?

 18   Réponse:    Après les événements de Stupni Do, 728 personnes sont restées

 19   à Vares, dont 15 personnes de nationalité serbe, et ce n'est pas un nombre

 20   négligeable.

 21   Question:   Mais il est exact de dire qu'un grand nombre de Croates sont

 22   partis, en partie parce qu'ils craignaient des représailles de la part des

 23   Musulmans, n'est-ce pas?

 24   Réponse:    Il est exact que la majorité des Croates et la majorité des

 25   Serbes qui se trouvaient encore à Vares ont quitté Vares, craignant la


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  1   situation qui pourrait advenir une fois que l'armée de Bosnie-Herzégovine

  2   rentrerait à Vares. Le fait qu'ils y pensaient s'est confirmé par la

  3   suite, parce qu'il y avait des gens qui ont été tués justement à l'entrée

  4   des unités de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

  5   Question:   Vous parlez de l'arrivée des troupes de l'armée de Bosnie-

  6   Herzégovine plus tard, de façon générale. Mais avant Stupni Do, les

  7   Croates opposaient une résistance à l'idée de quitter la ville qui était

  8   la leur, n'est-ce pas?

  9   Réponse:    Ceux qui n'étaient pas pour le départ sont restés. La majorité

 10   a quitté le territoire de la municipalité de Vares sans qu'ils y soient

 11   forcés.

 12   Question:   Mais ceux qui sont restés, ils ont constitué une enclave

 13   croate qui n'était pas très bien définie et qui ne cadrait pas bien dans

 14   les projets, ou dans le projet général, qu'avait le HVO de Mostar. Est-ce

 15   que ce n'est pas ce qui s'est passé, d'après vous?

 16   Réponse:    Pourriez-vous, s'il vous plaît, donner un peu plus de

 17   précisions? Vous pensez à quelle enclave, s'il vous plaît?

 18   Question:   Eh bien, vous étiez à un poste avancé, vous étiez encerclés.

 19   Il était difficile de garantir et de maintenir une présence du HVO à

 20   Vares.

 21   Réponse:    Il était difficile de maintenir l'enclave de Vares, mais on a

 22   réussi à la maintenir grâce à l'aide de la communauté croate d'Herceg-

 23   Bosna. Elle n'était pas contre.

 24   Question:   Je vais revenir à ce point dans un instant mais j'avance, pour

 25   arriver au milieu de l'année 1993. Avez-vous un quelconque souvenir,


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  1   s'agissant d'une réunion où participaient Anto Zubaca et Mahmutovic?

  2   Connaissez-vous ce M. Zubaca?

  3   Réponse:    Oui, je connais Anto Zubaca.

  4   Question:   Est-ce ce que vous vous souvenez que ces deux hommes se sont

  5   rencontrés pour parler de la libre circulation des Musulmans de Dubrovina

  6   à Tuzla?

  7   Réponse:    Moi, je n'ai pas été présent à cette réunion.

  8   Question:   Mais est-ce que vous êtes au courant qu'elle a eu lieu?

  9   Réponse:    Non, je ne suis pas au courant. Est-ce que vous pouvez, s'il

 10   vous plaît, me préciser à quel moment cette réunion s'est tenue?

 11   Réponse:    En Juin 1993, d'après ce qui nous a été dit, et c'est le

 12   témoin AO, Messieurs les Juges, qui nous a parlé de cela.

 13   Réponse:    Le 12 Juin, je suis arrivé en provenance d'Herzégovine et

 14   vraiment, je ne suis pas au courant de cette réunion. Etant donné qu'il

 15   s'agit des militaires, cette réunion aurait dû avoir lieu dans ce cadre-

 16   là.

 17   Question:   Je vais vous faire valoir l'hypothèse suivante, c'est que ce

 18   dont on a parlé à cette réunion, c'est une politique de non-coopération

 19   avec l'armée de Bosnie-Herzégovine, c'est-à-dire qu'un convoi organisé par

 20   les Musulmans ne serait pas autorisé à traverser le village. Est-ce que

 21   vous vous souvenez qu'une telle politique a été promue ou avancée par les

 22   vôtres?

 23   Réponse:    Vares, à cette époque-là, était dans l'encerclement total, et

 24   nos convois ne pouvaient pas traverser leur territoire, mais les leurs non

 25   plus ne pouvaient pas traverser notre territoire.


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  1   Question:   Est-ce ce qu'il y avait une politique, à ce moment-là, de la

  2   part du HVO, disant qu'il n'y aurait pas de coopération?

  3   Réponse:    La politique menée par le HVO, à l'époque, était qu'il fallait

  4   qu'il y ait une coopération des deux parts, et non pas qu'elle soit

  5   unilatérale. Nous ne pouvions pas agir conformément aux décisions

  6   unilatérales de l'armée de Bosnie-Herzégovine sans qu'il y ait de

  7   contrepartie.

  8   Question:   Au sujet du Convoi de la Joie, on peut dire que ce convoi

  9   était aussi grand que vous ne pouviez pas savoir ce qui se passait dans

 10   son intégralité. Vous ne voyiez que ce qui se passait dans une petite

 11   partie de ce convoi?

 12   Réponse:    C'est exact.

 13   Question:   Je ne rentrerai pas dans les détails de la déposition de ce

 14   témoin, je n'aborderai que quelques points. Au moment où vous avez vu

 15   Kordic, il y a déjà eu beaucoup d'événements qui se sont produits, n'est-

 16   ce pas, y compris la mort des chauffeurs et des civils?

 17   Réponse:    J'ai appris ces faits ultérieurement.

 18   Question:   Oui, mais au moment où vous avez vu Kordic, beaucoup

 19   d'événements s'étaient déjà produits, y compris la mort des chauffeurs et

 20   des civils parce qu'il y a eu une embuscade de la part du HVO des Croates,

 21   n'est-ce pas exact?

 22   Réponse:    Oui, c'est exact.

 23   Question:   Tout simplement, vous ne savez pas à qui les représentants des

 24   forces internationales se sont adressés afin de demander de l'aide pour ce

 25   convoi, vous ne pouvez pas le savoir.


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  1   Réponse:    Je ne le sais pas.

  2   Question:   Par exemple, si je vous disais que Petkovic était présent et

  3   qu'il y a participé, vous êtes au courant de cela, l'avez-vous vu?

  4   Réponse:    Je n'ai pas vu M. Petkovic, si c'est au général Petkovic que

  5   vous faites allusion?

  6   Question:   Le général Petkovic, oui. Il aurait pu se trouver sur place,

  7   n'est-ce pas?

  8   Réponse:    Je ne l'ai pas vu sur place. Je ne sais pas s'il y a été.

  9   Question:   Egalement, ce que vous avez vu au sujet de Kordic, c'était

 10   peut-être quelque chose qu'il faisait après avoir été abordé par la

 11   FORPRONU et après que la FORPRONU les incitait à agir, n'est-ce pas?

 12   Réponse:    Je ne peux pas confirmer cette hypothèse.

 13   Question:   Mais vous ne pouvez pas non plus la rejeter, n'est-ce pas,

 14   Monsieur Vidovic?

 15   Réponse:    Si je ne peux pas la confirmer, je ne peux pas non plus la

 16   rejeter.

 17   Question:   Vu la situation, Monsieur le Président, j'aborderai un autre

 18   point. J'essaie d'avancer d'une autre manière.

 19   Le 21 Juin, au moment où vous étiez déjà de retour à Vares, on a entendu

 20   que les habitants de Stupni Do s'étaient trouvés sous une pression, leur

 21   demandant de rendre leurs armes. C'est le témoin W qui a témoigné à cet

 22   effet.

 23   Réponse:    Je suis revenu à Vares le 12 Juin et non pas le 21.

 24   Question:   Donc le 21, vous étiez à Vares et nous avons entendu une

 25   déposition disant que Pejcinovic, Duznovic ont demandé aux habitants de


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  1   Stupni Do de rendre leurs armes, Pejcinovic, Gavran, et Duznovic.

  2   Réponse:    C'est probablement vrai parce que le service de sécurité a

  3   mené une enquête, une vérification et il a été établi que les habitants de

  4   Stupni Do étaient en train de construire des installations de

  5   fortification autour de leur village et que par là même, ils s'armaient.

  6   Question:   Mais c'est un village tout petit qui se trouve dans les

  7   hauteurs, sur une colline.

  8   Réponse: Ce n'est pas dans les collines. C'est en surplomb par rapport à la

  9   ville de Vares. C'est à peu près cinq minutes à pied.

 10   Question:   Mais quoiqu'il en soit, c'est en surplomb par rapport à Vares

 11   et c'est assez exposé, puisque c'est adjacent à Mir qui est un village

 12   exclusivement croate, est-ce exact?

 13   Réponse:    Oui.

 14   Question:   Un grand nombre d'habitants de Stupni Do, enfin tous les

 15   habitants de Stupni Do ne vivaient pas de manière très concentrée, les

 16   habitations étaient très dispersées et ces villageois, ne faisaient-ils

 17   que se protéger eux-mêmes, faisaient-ils autre chose que cela?

 18   Réponse:    D'après le recensement de 1991, Stupni Do comptait environ 270

 19   habitants. Ce n'est pas un village qui est dispersé, dont les habitations

 20   sont dispersées. C'est un des villages les plus compacts de la

 21   municipalité de Vares.

 22   Question:   Vous avez dit à la Chambre que le HVO a demandé qu'il y ait un

 23   accord avec les Musulmans, mais les Musulmans n'étaient pas dans la même

 24   position que les Croates parce qu'ils n'avaient pas d'accord avec les

 25   Serbes sur la possibilité de traverser leurs lignes, n'est-ce pas?


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  1   Réponse:    Mais personne ne leur interdisait de traverser nos lignes à

  2   nous. Lorsqu'ils partaient dans leur unité qui était basée à Dabravine.

  3   Un point également: pendant l'année scolaire 1992-1993, indépendamment de

  4   l'encerclement, les enfants de Dabravine et des villages musulmans

  5   Dubrovine, Strijeljevo venaient à Vares à l'école et ce, en passant par

  6   nos lignes. On n'a interdit à personne de se rendre dans la ville, si

  7   cette personne avait une autorisation donnée par le HVO.

  8   Question:   Mais, nous avons avancé dans le temps. Personne ne conteste le

  9   fait que Vares était un cas particulier, que c'était une ville pendant une

 10   certaine période où la cohabitation se déroulait bien, mais le moment qui

 11   m'intéresse à présent, c'est l'été 1993 et à ce moment-là, les Musulmans

 12   n'avaient pas la possibilité de traverser les lignes serbes, à la

 13   différence des Croates qui pouvaient le faire. Est-ce exact?

 14   Réponse:    Oui c'est exact.

 15   Question:   Je souhaite à présent présenter une photographie. Il s'agit de

 16   la pièce 20 48.1, c'est une photographie de Stupni Do, une photographie

 17   aérienne, c'est pour rappeler à la Chambre l'aspect de ce village. C'est

 18   une photo très récente, me semble-t-il et même si nous voyons qu'il y a un

 19   certain nombre d'habitations qui sont concentrées dans la partie

 20   inférieure de cette photographie qui semble représenter une vallée, nous

 21   avons aussi ici des maisons qui sont dispersées sur le versant de la

 22   colline, n'est-ce pas exact?

 23   Réponse:    Oui.

 24   Question:   Et je pense, vous me corrigerez si j'ai tort, je pense qu'en

 25   haut à droite, nous pouvons voir probablement ce qui est le début du


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  1   village de Mir, village adjacent. Est-ce exact?

  2   Réponse:    Non.

  3   Question:   Alors, je suis très mauvais en géographie. Mais est-ce que

  4   c'est un peu plus loin ou j'ai complètement tort?

  5   Réponse:    Oui, oui.

  6   Question:   Donc, c'est de l'autre côté de ce sommet?

  7   Réponse:    Oui.

  8   Question:   Vares est loin et là nous voyons des maisons dispersées dans

  9   les champs juste à côté des communautés croates.

 10   Et ils ont été obligés de rendre toutes leurs armes et de se retrouver

 11   sans défense. Pour quelle raison, il n'y avait pas de menace, ils ne

 12   représentaient pas une menace, n'est-ce pas?

 13   Réponse:    Ce qui semble logique, d'un point de vue militaire, c'est

 14   qu'en deçà des lignes de front tenues par le HVO, il n'y ait pas d'espace

 15   qu'ils ne contrôlent pas. Pour cette raison, on a demandé à la population

 16   de ne pas s'armer. Le HVO s'est chargé de l'approvisionnement de la

 17   population de ce village et ces habitants étaient régulièrement

 18   approvisionnés en tout ce que recevaient également les autres habitants de

 19   la municipalité de Vares, donc en vivres, médicaments, soins médicaux

 20   etc.. Donc, eux, ils n'étaient menacés d'aucune manière, et ils n'avaient

 21   pas le besoin de se défendre contre qui que ce soit.

 22   Question:   Vous connaissez M; Duznovic, vous le connaissez assez bien,

 23   n'est-ce pas?

 24   Réponse:    Je le connaissais.

 25   Question:   Vous le connaissiez bien et vous connaissiez son caractère


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  1   également?

  2   Réponse:    C'est quelqu'un de très solide.

  3   Question:   Oui, alors, au moment où il est allé à Stupni Do pour demander

  4   qu'on comble les tranchées en Juillet 1993, il aurait pu dire, n'est-ce

  5   pas, que s'il ne l'acceptait pas, le village serait incendié. C'est le

  6   témoin W qui l'a dit. Pouvez-vous admettre comme quelque chose de

  7   vraisemblable que Duznovic dise une chose pareille?

  8   Réponse:    M. Duznovic n'aurait jamais dit une chose pareille, n'aurais

  9   jamais fait une chose pareille. C'est quelque chose dont je suis

 10   convaincu.

 11   Question:   Mais l'aurait-il dit?

 12   Réponse:    Je pense qu'il ne l'aurait pas dit non plus.

 13   Question:   Mais vous nous dites que c'était quelqu'un d'extrêmement

 14   ferme, cela ne lui aurait absolument pas plu qu'un village comme celui-là

 15   ne suive pas ses ordres.

 16   Réponse:    Je pense que ces deux éléments n'ont rien à voir avec sa

 17   personnalité, son caractère. On ne peut pas les comparer.

 18   Question:   Très bien. Stupni Do faisait de l'obstruction, ne s'est pas

 19   pliée aux consignes, n'est-ce pas?

 20   Réponse:    Oui, c'est la conclusion que nous pouvons tirer.

 21   Question:   Oui, et acceptez-vous le fait qu'au mois d'Août 1993, Ekrem

 22   Mahmutovic ait dit une chose : lorsqu'on leur a redemandé de déposer leurs

 23   armes, et qu'ils ont subi du harcèlement en se rendant à Vares, ils était

 24   considérés comme des renégats, que la nourriture leur a été retirée par le

 25   HVO. Est-ce que vous acceptez le fait que cela effectivement a eu lieu en


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  1   août 1993 ?

  2   Réponse:    Je peux pas l'accepter, pour la simple raison que si nous

  3   avions voulu les priver de nourriture, de vivres, nous ne leur aurions pas

  4   fourni ces vivres non plus.

  5   Question:   Pouvons nous consulter la pièce Z1176.1, s'il vous plaît. Il

  6   s'agit d'un document de la FORPRONU.

  7   M. Nice (interprétation) : (Hors micro). Il s'agit d'un résumé

  8   d'information militaire du 21 août 1993. M. Vidovic, un résumé

  9   d'information militaire est un document militaire, c'est quelque chose…

 10   enfin cette abréviation que j'ai utilisée est quelque chose que nous

 11   connaissons à présent. Il a été produit par les officiers de l'armée

 12   britannique. Un instant s'il vous plaît, puis-je consulter le document?

 13   M. Nice (interprétation) : Je retire ma question veuillez m'excuser, j'ai

 14   fait une erreur.

 15   A cette date, un officier britannique nous dit,… il me semble que c'était

 16   le témoin (expurgé) qui a dit qu'en août 1993, le HVO pensait encore qu'il

 17   était en mesure de reconquérir des territoires pour relier Zepce, Kiseljak

 18   et Vares. Pouvez-vous confirmer qu'il s'agit de plans qui étaient en cours

 19   à l'époque ?

 20   Réponse:    A l'époque, je dois dire que nous n'avions absolument pas de

 21   forces et que cela ne nous a même pas effleuré l'esprit que le HVO ait pu

 22   faire une chose pareille, puisque que ce soit à Vares ou à Zepce et dans

 23   la Vallée de la Lasva, en Bosnie centrale, en général, le HVO était

 24   encerclé et je pense que cela ne lui est même pas venu à l'esprit

 25   d'entreprendre des opérations offensives.


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  1   Question:   Très bien. Cet officier de l'armée britannique ne pensait pas

  2   que ce n'était pas dénué de réalisme mais à l'époque où Kordic était là,

  3   il pensait encore qu'il était possible de relier Zepce, Vares et Kiseljak

  4   alors que vous, vous pensez que c'était dénué de réalisme, que ce n'était

  5   pas possible.

  6   Réponse:    La seule chose que je sais, c'est que dans l'ex-système, le

  7   système communiste, il y a eu des gens qui ont été condamnés pour des

  8   idées à l'époque, personne n'aurait pu avoir ce genre d'idée, de relier

  9   ces deux territoires.

 10   Question:   Très bien, mais vous seriez peut-être d'accord avec un autre

 11   témoin, le témoin AD, qui se prononce au sujet de la même période, et qui

 12   dit que le fait de placer Vares sous le contrôle musulman, était quelque

 13   chose qui a été traité par le maire de Vares en particulier. Qui était le

 14   maire de Vares à l'époque ?

 15   Réponse:    Excusez-moi, je n'ai pas retenu la période à laquelle vous

 16   faites référence ?

 17   Question:   C'est le mois d'août 1993.

 18   Réponse : A l'époque, le maire de Vares était M. Anto Pejcinovic, et je

 19   pense que ce genre d'idée c'est quelque chose qu'il n'aurait jamais pu

 20   avoir.

 21   Question:   Il a été dit dans la déposition qu'il aurait émis une lettre à

 22   Kordic, Tudjman et Boban en suggérant que cela doit être placé sous le

 23   contrôle musulman. Auriez-vous appris l'existence de ce genre de lettre ?

 24   Réponse:    Jamais, je n'ai entendu parler de cette lettre.

 25   Question:   Ou avez-vous connaissance de l'existence d'autres points qui


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  1   auraient pu être interprétés ou mal interprétés par les témoins qui ne

  2   partagent pas vos conclusions au sujet de la mise sous contrôle des

  3   Musulmans de la ville ?

  4   Réponse:    Oui vraisemblablement, cela a été mal interprété.

  5   M. le Président (interprétation): Une chose: vous dites qu'il y a eu une

  6   lettre adressée à Kordic, Tudjman et Boban suggérant que la ville soit

  7   placée sous le contrôle Musulman, une lettre adressée par M. Pejcinovic.

  8   D'après mes souvenirs de cette déposition, il protestait, il disait que la

  9   ville risquait de tomber sous le contrôle musulman et il a adressé une

 10   lettre à cet effet.

 11   Question:   Il y a peut-être une erreur dans le résumé de la déposition

 12   sur lequel je m'appuie. Je vérifierai et puis je corrigerai.

 13   M. le Président (interprétation) : Peut-être ai-je tort moi-même?

 14   M. Nice (interprétation): Oui, j'ai peut-être besoin de vérifier dans la

 15   transcription originale et j'aurai l'occasion de corriger si j'ai fait une

 16   erreur.

 17   Je reviendrai à cela, si vous me le permettez, après avoir vérifié.

 18   M. Vidovic (interprétation): Monsieur le Président?

 19   M. le Président (interprétation): Allez-y.

 20   M. Vidovic (interprétation):Me permettez-vous d'émettre un commentaire à

 21   ce sujet?

 22   M. le Président (interprétation): Oui.

 23   M. Vidovic (interprétation):Si telle idée avait existé, de placer la ville

 24   sous le contrôle des Musulmans, le 28 Octobre j'aurais mis en oeuvre cette

 25   idée, lorsque je suis allé à l'entretien avec MM. Beslagic et Caric à


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  1   Tuzla. Puisque cela n'a pas existé, je ne l'ai pas non plus accepté, que

  2   la ville de Vares soit placée sous le contrôle Musulman.

  3   M. Nice (interprétation): Ce que j'ai avancé, je le maintiens. Sur la base

  4   de ce qui figure en page 13033 et d'après la transcription, cette lettre a

  5   été donnée à l'ECMM, adressée à Kordic, Tudjman et Boban, et cette

  6   suggestion que j'ai avancée y figurerait. Nous pouvons également penser

  7   qu'il y a une erreur dans la transcription, qui n'est pas toujours

  8   absolument parfaite.

  9   M. le Président (interprétation): J'avais à l'esprit une pièce à

 10   conviction. Peut-être que cela se produit plus tard dans l'ordre

 11   chronologique, mais ne perdons pas de temps là-dessus.

 12   M. Nice (interprétation): Peut-on passer à huis clos partiel un instant,

 13   s'il vous plaît, pour aborder un point qui a été soulevé par Me Naumoski?

 14               (L'audience se poursuit à huis clos partiel.)

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 13 page 22153—22155- expurgée- audience à huis clos partiel.

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 25               (L'audience se poursuit en session publique)


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  1   Voici la version anglaise d'un document, ou c'est un document peut-être en

  2   anglais, des observateurs de la communauté européenne. C'est ce que je

  3   voulais aborder comme document lorsque je parlais du témoignage du témoin

  4   AD. Il se peut que ce document, vous lui accordiez plus de foi qu'aux

  5   dires du témoin. Vous voyez, au paragraphe 2, est-ce qu'on peut le placer

  6   sur le rétroprojecteur, dans l'intérêt des interprètes?

  7         (La greffière rappelle à Me Nice que la pièce est sous scellés.)

  8   Effectivement, la pièce est sous scellés. Je vois. Ceci étant, je vais me

  9   contenter de lire les passages pertinents.

 10   P3, un des observateurs, a rencontré le maire, Pejcinovic et Duznovic, et

 11   a constaté un revirement total d'attitude envers l'ECMM. Il y avait eu des

 12   visites préalables qui avaient été caractérisées par des commentaires

 13   assez négatifs s'agissant des agences internationales. Cette fois-ci,

 14   l'équipe était invitée à dîner, et une raison, la raison en est devenue

 15   apparente au moment où on a présenté une lettre à l'ECMM, qui avait été

 16   envoyée à Tudjman, Boban et Kordic. Et dans cette lettre, on trouve des

 17   récriminations très amères s'agissant de l'avenir réservé à Vares, comme

 18   il en était décidé à Genève, puisqu'on propose que cette ville se trouve

 19   sous le contrôle des Musulmans. Et les dirigeants à Vares voulaient que

 20   l'ECMM manifeste sa désapprobation, puisqu'ils qualifiaient ceci de

 21   trahison. Le maire a ajouté qu'il préférait encore être sous le contrôle

 22   des Serbes. Fin de citation.

 23   Voici le rapport qui a été fait aux observateurs de l'ECMM. Est-ce que

 24   ceci correspond aux souvenirs que vous avez des événements qui se sont

 25   produits à l'époque?


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  1   Réponse:    Non, cela ne coïncide pas avec ce que je sais.

  2   Question:   Et selon vous, quel est le passage de l'extrait que je vous ai

  3   lu qui serait incorrect?

  4   Réponse:    Je parle des attitudes de M. Pejcinovic et de M. Duznovic, qui

  5   ont participé à cette réunion avec les représentants de l'ECMM. Je pense

  6   qu'en ce qui concerne les attitudes concernant le fait de soumettre la

  7   ville de Vares, que ce soit au contrôle musulman ou serbe, on n'a jamais

  8   parlé de cette question-là lors des réunions officielles que nous avons

  9   eues, on n'a jamais examiné une telle possibilité.

 10   Question:   Il se peut que vous n'ayez pas été présent à cette réunion.

 11   Mais nous parlons ici d'observateurs internationaux qui consignent souvent

 12   le jour même ce qui s'est passé lors d'une réunion, ce jour-là. Et on nous

 13   donne le détail d'une lettre qui a été envoyée à Tudjman, à Boban et à

 14   Kordic. Et est-ce que vous voulez nous faire croire qu'ils ont concocté,

 15   qu'ils ont inventé tout ceci, ou est-ce qu'ils ont mal compris? Ou ne

 16   serait-il pas exact de dire que, même si vous n'êtes pas prêt à le

 17   reconnaître, que vous comprenez que la perte potentielle ou effective de

 18   Vares pour les Croates ou pour la Croatie, c'est le problème qui a

 19   débouché sur Stupni Do, ce dont nous allons parler dans un instant.

 20   Réponse:    Moi, je n'ai pas affirmé que les représentants de l'ECMM

 21   n'avaient pas transmis quelques déclarations, telles qu'elles ont été

 22   formulées. En ce qui me concerne, j'ai rencontré pour la première fois les

 23   représentants de l'ECMM en 1991. J'ai essayé de leur dire toujours

 24   d'annoncer la réalité, de dire la vérité, mais tout le monde ne faisait

 25   pas comme moi. Il y en a qui avançaient des choses qui n'étaient pas


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  1   exactes, et de tels éléments ont été transmis par les représentants de

  2   l'ECMM à ceux qui leur étaient supérieurs, à leur structure supérieure.

  3   C'est la raison pour laquelle je ne peux pas faire de commentaire. Je dis

  4   tout simplement que lors des réunions officielles, nous n'avons jamais

  5   prôné, préconisé de nous rallier que ce soit avec une partie, que ce soit

  6   avec l'autre, parce que si cela avait été préconisé, on l'aurait mis en

  7   œuvre, et vous pouvez me faire confiance.

  8   Question:   Donc, je dois vous soumettre cette hypothèse : arrivée cette

  9   date, et comme le confirme ce document, le territoire de Vares était perdu

 10   et vous, les Croates de Vares, vous aviez le sentiment d'avoir été trahis

 11   par les vôtres aux négociations de Genève?

 12   Réponse:    Moi, je n'ai pas de traduction, mais de toute façon je ne

 13   pense pas que des Croates aient eu un tel sentiment, peut-être quelques

 14   particuliers, mais l'ensemble de la situation à Vares n'était pas comme

 15   vous venez de le décrire.

 16   Question:   Eh bien, parlons d'une question centrale que vous n'évoquez

 17   pas dans votre résumé, et c'est ce qui nous intéresse, une fois que cette

 18   toile de fond est dressée. Les habitants de Stupni Do, pourquoi ont-ils

 19   été massacrés ?

 20   Réponse:    L'attaque sur le village de Stupni Do a été faite pour des

 21   raisons militaires, car c'est depuis cet endroit-là qu'on contrôlait les

 22   axes de communication qui ont été détenus par le HVO, et on a contrôlé

 23   l'entrée dans la ville de Vares, à partir des endroits et des territoires

 24   qui ont été contrôlés par l'armée de Bosnie-Herzégovine. En tant qu'être

 25   humain, moi j'avoue que je suis désolé de constater qu'il y ait eu des


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  1   victimes pendant la guerre, et qu'il s'agisse de n'importe qui, et c'est

  2   de ce point de vue que nous devons dire que heureusement, Stupni Do n'a

  3   pas pu être contournée. Au début, le nombre de victimes a été trop

  4   agrandi. Il a été grossi, mais ce n'est que dans la nuit que les gens ont

  5   été évacués de Stupni Do par l'itinéraire qui traversait le village de

  6   Mir. Ceux qui voulaient y rester sont restés.

  7   Question:   J'évoquerai plusieurs points de votre réponse, mais commençons

  8   par ceci: cette explication est-elle due au fait que vous le saviez parce

  9   que vous étiez présent à la réunion militaire au cours de laquelle tout

 10   ceci a été planifié ou qu'en est-il?

 11   Réponse:    Non, c'est mon point de vue concernant l'attaque sur le

 12   village de Stupni Do et c'est un commentaire que je viens de faire sur la

 13   base d'un certain nombre d'informations dont je disposais ultérieurement,

 14   car moi je n'étais pas du tout au courant que cette attaque allait se

 15   produire. Je n'étais pas présent aux réunions où les décisions ont été

 16   prises.

 17   Question:   Vous étiez à Vares à l'époque?

 18   Réponse:    Oui. J'étais à Vares.

 19   Question:   Merci et que faisiez vous à l'époque ? Quelles étaient vos

 20   fonctions?

 21   Réponse:    A cette époque-là, j'étais directeur technique chargé du

 22   bâtiment qui déployait des activités à Vares et moi, j'étais plus

 23   particulièrement chargé des communications que nous avons dû assurer au

 24   sein de l'enclave, et j'étais chargé également des territoires que nous

 25   avons dû traverser en utilisant les territoires serbes pour aller chercher


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  1   de l'aide humanitaire.

  2   Question:   Etiez-vous membre de la présidence?

  3   Réponse:    Oui, j'étais membre de la présidence et j'ai été chargé des

  4   activités que je viens de citer.

  5   Question:   Merci. Ce qui veut dit que l'organe directeur du HVO à Vares

  6   comptait moins de 6 personnes.

  7   Réponse:    Je n'ai pas compris la question, excusez-moi.

  8   Question:   Il y a combien de personnes, combien de membres dans cette

  9   présidence?

 10   Réponse:    Je pense que nous étions 5, c'était la décision prise par M.

 11   Pejcinovic. Je ne connais pas exactement le nombre, je n'ai pas retenu,

 12   mais je peux vous énumérer les personnes qui étaient membres de la

 13   présidence.

 14   Question:   Nous avons montré un exemple que vous avez accepté qui nous

 15   montrait qu'il y avait une très bonne intégration entre les militaires et

 16   les civils, n'est-ce pas?

 17   Réponse:    C'est exact, mais dans les cas très précis.

 18   Question:   Vous étiez une ville coupée du reste du monde, isolée,

 19   exposée.

 20   Réponse:    Oui, c'était trop risqué.

 21   Question:   Merci. Et allez-vous nous dire, pour que je comprenne bien,

 22   est-ce que vous êtes en train de nous dire que vous n'avez pas appris

 23   précisément ce qui s'était passé à Stupni Do?

 24   Est-ce que vous n'avez pas pu demander à d'autres membres de la

 25   présidence, à quelqu'un d'autre ce qui s'était passé?


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  1   Réponse:    Moi, je n'étais pas présent aux réunions où on prenait les

  2   décisions et où on a pris la décision concernant l'attaque sur le village.

  3   Ce n'est que le samedi matin, le 23, que je l'ai appris. C'était le jour

  4   où j'ai fêté mon anniversaire. Je peux le dire devant la Chambre, et c'est

  5   la raison pour laquelle j'étais absent de nombreuses activités le 23, j'ai

  6   été isolé. Je peux continuer, je m'excuse.

  7   Question:   Bien sûr.

  8   Réponse:    Le 23, on m'a isolé ensemble avec d'autres membres de la

  9   présidence, M. Pejcinovic, Duznovic et Gavran et nous n'étions pas au

 10   courant du résultat final et de l'attaque sur Stupni Do. Nous avons été

 11   isolés, je vous l'ai dit et nous avons été relâchés le 25, j'ai été

 12   relâché à 17 heures 30 minutes.

 13   Question:   Qui vous a détenu?

 14   Réponse:    Je n'ai pas dit que j'ai été arrêté. Je n'ai pas dit que

 15   j'étais détenu. J'ai dit que j'ai été isolé. D'après nos informations,

 16   c'est Ivica Rajic qui a donné l'ordre dans ce sens-là.

 17   Question:   Vous avez parlé de libération, d'isolement, qu'est-ce que

 18   Rajic vous a fait, qu'est-ce que qui vous est arrivé?

 19   Réponse:    Nous sommes allés au siège du commandement, car l'action était

 20   encore en cours et puis, on voulait s'informer pour savoir ce qui se

 21   passait et c'est à ce moment-là, qu'on nous a demandé de passer dans une

 22   pièce et c'est là où on nous a isolés.

 23   Question:   Mais où?

 24   Réponse:    Au siège de l'état-major, du commandement. C'était le bâtiment

 25   de l'hôtel Ponikve qui est à 9 kilomètres de Vares.


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  1   Question:   Si le témoin AO nous a dit qu'il y avait eu une réunion le 20

  2   Octobre à ce même hôtel, au cours de laquelle Pejcenovic, Gavran et

  3   Dusnovic avaient été évincés de leur fonction, est-ce que à votre avis,

  4   c'était exact, est-ce que vous estimez que cela s'est passé à ce moment-là

  5   ou plus tard?

  6   Réponse:    Ce n'est pas exact. On n'a pas pris des fonctions, sauf

  7   pendant le moment où nous avons été isolés. Ensuite, on a été relâchés et

  8   on a poursuivi nos activités, on a rempli nos tâches comme c'était le cas

  9   auparavant.

 10   Question:   Pourquoi est-ce qu'on vous a placé en état de non

 11   communication, pourquoi on vous a isolés? Pourriez-vous nous le dire?

 12   Réponse:    Selon les informations que j'ai obtenues à partir du moment où

 13   on m'a relâché de cet isolement, ceci a été fait pour des raisons de notre

 14   sécurité.

 15   Question:   Pour votre propre sécurité? Est-ce que vous pourriez être un

 16   peu plus explicite?

 17   Réponse:    Je ne peux pas vous l'expliquer. Je ne sais pas. Moi j'ai reçu

 18   cette information. Je l'ai acceptée et puis j'ai poursuivi mes activités.

 19   Question:   Essayons de procéder avec logique. Ivica Rajic est arrivé de

 20   Kiseljak avec des renforts n'est-ce pas?

 21   Réponse:    Exact.

 22   Question:   Et cette décision a dû être motivée par des intérêts

 23   politiques, parce qu'il n'avait pas la liberté de traverser, de se

 24   déplacer dans toute la Bosnie centrale avec ses troupes. Cela a dû être

 25   une décision prise au niveau politique n'est-ce pas?


Page 22163

  1   Réponse:    Je ne le sais pas. Je pense que c'était une décision

  2   militaire.

  3   Question:   Mais qui était, à l'origine, motivée ou poussée par les hommes

  4   politiques car il y avait quand même quelques centaines d'hommes avec lui,

  5   une unité spéciale qui avait participé à la guerre, décision militaire

  6   mais forcément inévitablement, c'était une décision politique à la source,

  7   n'est-ce pas?

  8   Réponse:    Je n'en suis pas sûr.

  9   Question:   Vous dites que vous n'étiez pas présent à cette réunion;

 10   quelle qu'en soit la date. Mais qui vous en a parlé de cette réunion et de

 11   ce qui s'y est passé, quelle qu'en était la date ?

 12   Réponse:    C'est Ante Pejcinovic qui m'avait appris que M. Rajic

 13   viendrait avec ces unités à Vares où on avait pris la décision, lors d'une

 14   réunion, qu'il allait d'abord vérifier ce qui se passe du côté de la

 15   localité de Dragovicko Brdo qui était sous le contrôle du HVO et que par

 16   la suite, on allait entreprendre des actions et des opérations pour

 17   libérer ce territoire, car il y avait quelques fortifications qui ont été

 18   érigées par l'armée de Bosnie-Herzégovine. Pourquoi cette action a été

 19   entreprise à l'encontre de Stupni Do et pas Dragovicko Brdo, nous ne le

 20   savions pas, lui non plus ne le savait pas parce qu'il me l'a transmis au

 21   moment où nous avons été isolés dans cette pièce.

 22   Question:   A quelle distance cette colline qu'ils sont venus libérer, se

 23   trouve t elle de Stupni Do?

 24   Question:   C'est une colline qui est à l'opposé de la municipalité, à

 25   droite de la rivière et la route la plus proche, d'après mon point de vue,


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  1   demande 20 kilomètres. Ces 20 kilomètres à vol d'oiseau sont 5 kilomètres.

  2   Question:   D'accord. Ce qui veut dire que l'attaque menée sur Stupni Do

  3   ne peut pas se justifier, ne peut pas s'expliquer par le récit que vous a

  4   fait Pejcinovic ou qui que ce soit d'autre d'ailleurs.

  5   Réponse:    Ceci peut être expliqué par le fait que M. Ivica Rajic a pris

  6   la décision entre le 22 et le 23, au cours de la nuit et il aurait pu très

  7   bien décider au lieu d'aller sur de Dragovicko Brdo sur Stupni Do.

  8   Question:   Par conséquent, si le témoin AO nous dit que lors de cette

  9   réunion, il y a eu effectivement une modification de décision de la part

 10   de Rajic, ceci coïncide tout à fait ou assez bien avec ce que vous ont dit

 11   d'autres personnes qui avaient une certaine connaissance de ce qui s'était

 12   passé à cette réunion, n'est-ce pas?

 13   Réponse:    Oui, on peut en tirer une conclusion comme vous venez de le

 14   dire.

 15   Question:   Mais, de tout ce que vous avez lu, de tout ce que l'on vous a

 16   dit, vous devez savoir qu'il y a au moins deux théories qui expliqueraient

 17   pourquoi il y a eu le massacre de Stupni Do, théories qui avaient été

 18   avancées à l'époque. La première, nous pouvons la rejeter, n'est-ce pas?

 19   C'est que ceci avait un certain rapport avec le marché noir. On peut dire

 20   que les habitants de Stupni Do n'avaient rien à voir avec les activités de

 21   marché noir, n'est-ce pas?

 22   Réponse: Je pense que les raisons qui ont conduit à entreprendre un tel

 23   acte, ne se justifient pas toujours et ne se tiennent pas. Il est vrai que

 24   le marché noir fonctionnait en passant par Stupni Do et en direction du

 25   territoire qui était sous le contrôle de l'armée de Bosnie-Herzégovine,


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  1   mais moi, je ne peux pas affirmer que c'était cela la cause. Mon point de

  2   vue.

  3   Question:   Merci, très bien, je vous demandais quelles en seraient les

  4   raisons, donc vous venez de nous les dire, je vous ai demandé votre avis.

  5   Réponse:    D'après moi, même si je ne suis pas très au clair avec les

  6   questions militaires, cette attaque sur Stupni Do a été organisée pour des

  7   raisons militaires, purement militaires.

  8   Question:   Mais ce n'est pas logique, n'est-ce pas? Puisqu'il y avait

  9   l'arrivée de Rajic qui avait quand même une certaine raison, vous parlez

 10   de l'intention affichée de libérer un point du terrain qui était tout à

 11   fait différent, qui était selon vous défendu par les Musulmans, le fait

 12   que Stupni Do était un tout petit village qu'il était facile d'isoler

 13   puisqu'il y avait ce pont qui y menait au bas de la colline et c'est bien

 14   ce qui a été fait. Donc il était facile d'isoler cet endroit. On ne peut

 15   pas dire que cela a été une opération militaire. Cela ne cadre pas.

 16   Réponse:    Le village de Stupni Do n'est pas un territoire isolé. J'ai

 17   dit déjà au cours de ma déposition que c'est à partir de cet endroit qu'on

 18   contrôle l'entrée de la ville et c'est l'armée de Bosnie-Herzégovine qui

 19   avait contrôlé le territoire, ainsi que les cotes qui ont été tenues par

 20   le HVO. C'est la raison pour laquelle c'était tout à fait logique et ce

 21   territoire ne devait pas être laissé sous le contrôle de quelqu'un

 22   d'autre.

 23   Question:   Voyez, Monsieur Vidovic, vous n'avez produit aucun document à

 24   l'attention des Juges qui soit à l'appui de cette suggestion, que vous

 25   avancez, à savoir que c'était une décision purement militaire. J'ai


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  1   raison, n'est-ce pas?

  2   Réponse:    C'est la raison pour laquelle j'ai dit que c'est mon propre

  3   point de vue. Moi, je n'ai pas de documents et je n'ai pas participé aux

  4   préparatifs ni à la mise en oeuvre de ces opérations. Vous m'avez demandé

  5   mon point de vue. Je vous ai avancé mon point de vue.

  6   Question:   Et dans toutes les publications que vous avez consultées, il

  7   n'y a aucun document à l'appui de cette thèse, n'est-ce pas, selon

  8   laquelle Stupni Do aurait été un objectif militaire adéquat? Je suis sûr

  9   que ceci n'a jamais été soulevé dans quelque rapport que ce soit, que ce

 10   soit celui de Pejcinovic ou de quelqu'un d'autre.

 11   Réponse:    Mais, il n'est pas indispensable qu'on soit d'accord sur tous

 12   les points et puis on n'est pas d'accord sur tous les points.

 13   Question:   Revenons à votre thèse selon laquelle c'était un point

 14   militaire à haut risque. On voit ici la photographie du pont ou plutôt du

 15   tunnel qui mène à Stupni Do et pour bien comprendre la situation, vous

 16   voyez le photographe, il se trouve sur la route principale qui va vers le

 17   sud en direction non pas de Stupni Do mais de Vares, donc Vares est sur la

 18   gauche par rapport à nous et Sarajevo, toutes les autres communes sont

 19   plutôt vers la droite. Nous sommes donc sur la route principale. Et si

 20   l'on veut arriver à Stupni Do, il faut franchir ce tunnel étroit et puis

 21   tourner à droite sur une route de terre, n'est-ce pas?

 22   Réponse:    Oui, oui, oui.

 23   Question:   Et Stupni Do n'assurait pas le contrôle de la route menant à

 24   Vares, au contraire, le photographe se trouve sur la route principale de

 25   Vares et de là, il était facile de contrôler l'accès à Stupni Do et j'irai


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  1   même plus loin, vous devez le savoir vous-même, l'accès à Stupni Do a été

  2   refusé au Nordbat pendant un jour ou deux, du seul fait de la présence de

  3   soldats du HVO à ce tunnel. C'était une chose facile à réaliser. Il était

  4   facile d'isoler ce village, n'est-ce pas?

  5   Réponse:    Moi, je n'ai pas parlé du contrôle physique, je n'ai pas parlé

  6   du passage. J'ai parlé du contrôle des armes, si vous avez la photographie

  7   qui a été prise à partir de ce même endroit du village, alors il serait

  8   tout à fait possible de conclure qu'il est très facile de contrôler ce

  9   territoire, sans parler des tireurs isolés, sans parler également

 10   d'artillerie ou d'autres armes.

 11   Question:   Nous n'avons plus que deux minutes avant la pause. Je n'aurais

 12   pas terminé avant la pause, mais je ne prendrai que quelques minutes par

 13   la suite.

 14   Je le répète. Il se peut qu'il y ait des tronçons de la route principale

 15   que l'on voit de Stupni Do, mais pourriez-vous nous indiquer quelques

 16   documents que ce soit, qui nous montreraient qu'il y a eu des coups de feu

 17   tirés par des tireurs isolés sur la route avant l'arrivée de Rajic avec

 18   ces 200 membres d'unités de patrouilles spéciales. Et je pense qu'en fait,

 19   l'histoire montre qu'il n'y a eu aucun problème. Ceci n'est mentionné dans

 20   aucun document.

 21   Réponse:    Si les membres du Britbat effectuaient leur activité comme il

 22   le fallait, alors dans ce cas-là, ils auraient dû également indiquer dans

 23   le rapport qu'il y avait des bunkers qui se trouvaient au-dessus du

 24   village et à partir desquels on pouvait contrôler l'entrée de la ville et

 25   qui contrôlaient également l'axe de communication Vares dont j'ai parlé.


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  1   Question:   Voici ma dernière question avant la pause, bien sûr sous la

  2   réserve d'une décision prise par les Juges. L'explication que vous nous

  3   fournissez, c'est une tentative postérieure aux événements visant à

  4   justifier ce que vous devez savoir d'après vos discussions, à savoir que

  5   c'était une attaque tout à fait délibérée, cynique, destinée à tuer des

  6   femmes et des enfants et qui coïncident très bien avec l'autre thèse qui

  7   avait été avancée au fil des ans, à savoir que ceci avait pour but

  8   d'intimider, d'effrayer les Croates qui restaient, afin qu'ils soient

  9   obéissants envers Mostar et pour aussi qu'ils s'ajoutent aux Croates qui

 10   demeuraient dans les territoires détenus par les Croates, n'est-ce-pas?

 11   Réponse:    Moi, je ne peux pas vous le confirmer et je ne peux pas dire

 12   que c'est exact.

 13   M. le Président (interprétation). Suspension jusqu'à 14 heures 30.

 14         (L'audience, suspendue à 13 heures est reprise à 14 heures 30.)

 15   M. le Président: Allez-y M. Nice.

 16   M. Nice (interprétation):Monsieur Vidovic, j'ai à présent une traduction

 17   de la lettre du mois d'août 1993. Je pense que le mieux c'est d'aborder

 18   cette question à présent. Il s'agit de la pièce Z11-64-14. Ce document,

 19   vous aurez l'occasion de l'examiner, est quelque chose qui vous a été

 20   présenté pour que vous exprimiez votre accord ou désaccord. Donc, il

 21   s'agit d'une lettre adressée le 20 août 1993 à Tudjman, Boban et Kordic,

 22   au sujet des milliers de Croates de Vares qui sont préoccupés à juste

 23   raison, parce que des solutions inacceptables leur sont imposées à l'issue

 24   des dernières négociations à Genève, en dépit des principes historiques,

 25   culturels et spirituels fondamentaux, autrement dit, que de nouvelles


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  1   tentatives se manifestent afin de séparer la population croate de cette

  2   zone du reste du peuple croate. Suite de la citation : "Il est nécessaire

  3   de vous rappeler que les Croates ont vécu ici pendant plus d'un millénaire

  4   et qu'à travers toute leur histoire, Vares a toujours été et demeure

  5   encore aujourd'hui, un environnement qui possède des traits croates

  6   distincts. Aujourd'hui, Vares est une ville qui est préservée et c'est

  7   exclusivement grâce à la politique du HVO de Vares qui est absolument

  8   souverain dans cette zone. Les Croates de Vares sont fermes dans leur

  9   décision de continuer à mener leur vie sur leur propre territoire. C'est

 10   pourquoi ils ont essayé et réussi à préserver Vares pour eux-mêmes et non

 11   pas pour ceux qui l'attaquent. Le peuple croate serait satisfait si Vares

 12   demeure croate à l'avenir, naturellement et fermement rattachée au reste

 13   du peuple croate, ou dans le pire des cas, qu'elle devienne une enclave

 14   croate avec une autonomie entière. Toute autre solution et d'éventuelles

 15   négociations politiques seraient interprétées par le peuple croate comme

 16   un trahison de leurs intérêts, en particulier parce qu'ils savent

 17   pertinemment que toute communauté, voire même un Etat, consiste

 18   d'individus réels et non pas d'objets ou de territoires vides. Les Croates

 19   de Vares sont parfaitement conscients du fait que ce qui représente

 20   l'enjeu, est un atout qui peut difficilement être compensé et ils ne sont

 21   pas prêts du tout à échanger ce qu'ils ont réellement pour des promesses

 22   vides. Cependant, les Croates qui habitent ici sont forcés d'abandonner

 23   leur foyer, et dans ce cas-là, il faudra que vous leur expliquiez pourquoi

 24   ils sont obligés de partir d'ici. Est-ce uniquement pour des raisons

 25   territoriales et aussi, vont-ils recevoir une compensation appropriée pour


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  1   leur sacrifice. Il sera tragique si les Croates de Vares sont abandonnés à

  2   ces moments cruciaux, et à cause de cela, leur regard vous suivent, ils

  3   demandent que les dirigeants du peuple croate reconnaissent ces exigences

  4   justifiées pendant la suite des négociations de Genève". Fin de citation.

  5   Reconnaissez vous cette lettre?

  6   Réponse:    Cette lettre, d'après ce que je vois ici, est adressée de la

  7   part de M. Anto Pejcinovic, et en aucun cas, cette lettre ne nie ce que

  8   j'ai déclaré moi-même dans ma déposition. Nous étions favorables à ce que

  9   nous restions sur notre territoire, à ce que nous le défendions. Il est

 10   tout à fait évident que nous sommes les personnes les plus responsables

 11   qui représentaient à ce moment-là le peuple croate devant la communauté

 12   internationale. Il est tout à fait logique que nous leur demandions, à ces

 13   hauts représentants, de défendre nos intérêts.

 14   Question:   Très bien, revenons à Stupni Do à présent. D'après tout ce que

 15   vous avez appris, au sujet de l'arrivée de Rajic, lorsque Rajic est

 16   arrivé, avait-il des pouvoirs qui lui ont été conférés par écrit, afin de

 17   remplacer les autorités civiles de Vares?

 18   Réponse:    Il n'est certainement pas venu remplacer les autorités civiles

 19   de Vares, pour autant que je le sache, il n'avait reçu aucun ordre par

 20   écrit, parce qu'à l'époque, nous fonctionnions, et nous avons fonctionné

 21   avant son arrivée, comme nous avons continué à le faire après.

 22   Question:   Mais vous-même, vous avez été détenu, arrêté et complètement

 23   remplacé par Rajic et par ses hommes. Vous dites qu'il l'a fait simplement

 24   en vertu de la loi martiale, ou parce qu'il a reçu des pouvoirs par écrit,

 25   ou parce qu'on lui a conféré des consignes.


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  1   Réponse:    Je n'ai pas entendu parler de pouvoirs conférés par écrit. Si

  2   nous quatre nous avons été isolés au sein de l'assemblée municipale, il y

  3   avait du personnel qui continuait à travailler normalement. Donc

  4   l'administration municipale fonctionnait à ce moment-là, dans la mesure du

  5   possible, compte tenu de l'attaque menée par l'armée de Bosnie-Herzégovine

  6   contre Vares. Un pouvoir n'est pas constitué par 4 hommes à eux seuls,

  7   mais aussi par tous les autres qui participent à ce pouvoir.

  8   Question:   Stupni Do s'est produit avant, pendant ou après l'attaque de

  9   l'armée de Bosnie-Herzégovine et selon vos dires, nous pourrons le

 10   vérifier au regard des autres éléments dont nous disposons.

 11   Réponse:    L'attaque de l'armée de Bosnie-Herzégovine, qui a été

 12   effectuée par le troisième corps, a commencé en octobre 1993, le 17

 13   octobre plus précisément. C'est là où l'on a percé les lignes de front

 14   dans la localité de Lesnica, c'est-ce que j'ai déjà déclaré. Par

 15   conséquent Stupni Do a eu lieu après l'attaque qui a été effectuée par le

 16   troisième corps d'armée sur Vares.

 17   Question:   Et à quelle distance s'est effectuée cette percée à Vares par

 18   rapport à Stupni Do?

 19   Réponse:    Cette percée s'est éloignée par rapport à la ville. C'était à

 20   une distance de 7 kilomètres à peu près. Par la route, et à vol d'oiseau,

 21   bien évidemment, c'était un peu moins, mais c'était la première ligne de

 22   front qui avait menacé notre défense.

 23   Question:   Avant la pause du déjeuner, vous nous avez dit qu'il y a une

 24   modification des plans. Au moment où Rajic est arrivé, vous avez déplacé

 25   votre objectif d'une cote particulière, d'un point particulier du terrain,


Page 22172

  1   pour le déplacer sur Stupni Do et je pense ne m'être pas trompé sur le

  2   lieu initial qui avait été prévu. Quel était ce lieu que Rajic devait

  3   attaquer?

  4   Réponse:    J'ai appris qu'on avait envisagé de se diriger vers la

  5   localité Dragovicevo Brdo.

  6   Question:   Je pense qu'avant la pause vous avez parlé de Perun.

  7   M. le Président (interprétation). Non, non il a parlé de cet endroit.

  8   M. Nice (interprétation): C'est moi qui me suis trompé alors. Mais cela

  9   revient à dire ceci: si le témoin AO a parlé de Dragovici ou de Mijakovici

 10   qui est à proximité, comme étant les objectifs prévus dans le premier

 11   plan, vous seriez d'accord avec lui sur ce point?

 12   Réponse:    Dans ma déposition, je n'ai pas parlé de Dragovici et de

 13   Mijakovici, ce sont les trois localités différentes.

 14   Question:   Quoiqu'il en soit, parlons de Dragovici. Vous seriez d'accord

 15   avec lui sur ce point, c'était bien là une partie du plan initial.?

 16   Réponse:    Non, c'est de Dragovicko Brdo qui était dans le cadre du

 17   premier plan.

 18   Question:   Ceci se situe à l'ouest de Vares et à l'ouest de Stupni Do?

 19   Réponse:    Oui.

 20   Question:   Et c'est proche de Mijakovici?

 21   Réponse:    Dragovici et Mijakovici sont des localités qui sont à l'ouest

 22   de Dragovicko Brdo.

 23   Question:   Si Rajic était arrivé et avait un premier plan, et qu'il y

 24   avait eu une modification qui avait pour effet de décider d'attaquer

 25   Stupni Do, d'après ce que vous savez de la situation à l'époque, il aurait


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  1   dû obtenir l'aval politique afin que ce plan initial soit modifié, n'est-

  2   ce pas?

  3   Réponse:    Je pense que non, parce que normalement il aurait dû obtenir

  4   un ordre militaire.

  5   Question:   Mais s'il avait besoin d'un ordre militaire afin que le plan

  6   soit modifié, il se peut que cet ordre militaire lui-même ait été fonction

  7   d'une promotion approbation politique, n'est-ce pas?

  8   Réponse:    Moi, je ne le pense pas.

  9   Question:   Comment pourrait-on opérer un changement aussi radical, pour

 10   dire qu'on va non pas attaquer un petit village qui se trouve au sud-est

 11   de Vares, pour aller à un autre endroit qui était aussi défendu à l'ouest

 12   de Vares?

 13   Réponse:    Je ne peux pas vous donner la réponse à cette question, car

 14   moi je ne sais pas dans quelles conditions, qui et quand a pris une telle

 15   décision. Je ne peux qu'avancer ici des hypothèses, et je ne le souhaite

 16   pas.

 17   Question:   Mais est-ce qu'on ne vous a jamais relaté ce qui s'est passé?

 18   Est-ce que quelqu'un qui était présent à cette réunion définitive où ce

 19   plan a été modifié, est-ce qu'une personne présente à cette réunion vous a

 20   relaté les circonstances de cette modification?

 21   Réponse:    Tout ce qu'on m'a dit par la suite, il y a eu des

 22   modifications qui sont intervenues au niveau du plan, mais dans un milieu

 23   très restreint, de Rajic.

 24   Question:   Il se peut effectivement que quelqu'un ait dû faire référence

 25   à des autorités politiques ou militaires pour obtenir cette approbation de


Page 22174

  1   modification?

  2   Réponse:    Je n'en ai jamais entendu parler.

  3   Question:   Et vous n'avez jamais entendu dire que Rajic aurait été

  4   réprimandé par ses supérieurs pour avoir agi, nous parlons ici du plan

  5   géographique, pour avoir agi en dehors de la zone d'action du plan qu'il

  6   était censé exécuter au départ?

  7   Réponse:    Non.

  8   Question:   Merci. Nous savons que Rajic a finalement été limogé,

  9   nominalement.

 10   Réponse:    Je n'ai pas compris la question. Qui l'avait limogé?

 11   Question:   Est-ce qu'à une époque, après que fut révélée l'ampleur du

 12   massacre de Stupni Do, et après l'intervention de défenseurs de Droits de

 13   l'Homme, est-ce qu'il a officiellement été démis de ses fonctions?

 14   Réponse:    Je ne suis pas au courant. Je ne sais pas s'il a été révoqué

 15   de ses fonctions.

 16   Question:   Et d'après ce que vous savez, qu'il ait été démis de ses

 17   fonctions ou pas, est-ce qu'il a poursuivi ses activités sous un nom de

 18   guerre, celui de Andric, pour donner l'impression à la communauté

 19   internationale qu'il avait été limogé alors qu'il ne l'avait pas été? Est-

 20   ce qu'il a opéré sous le titre d'Andric pendant un certain temps?

 21   Réponse:    Oui, je le sais.

 22   Question:   Je vois. Et savez-vous aussi que ce qui s'est passé à Stupni

 23   Do a fait l'objet de discussions jusqu'au niveau du Président Tudjman en

 24   Croatie? Etes-vous au courant de cela?

 25   Réponse:    Je ne suis pas au courant de cela.


Page 22175

  1   Question:   Vous étiez enfermé dans une chambre d'hôtel avec plusieurs

  2   personnes, et il est clair que vous tous, les dirigeants de Vares, vous

  3   aviez eu de bons rapports avec les Musulmans de Tuzla et avec la 2ème

  4   brigade, pardon, excusez-moi, le 2ème corps musulman?

  5   Réponse:    Ceci est exact. J'ai déjà dit lors de ma déposition que moi-

  6   même, comme chef de l'équipe, j'ai été le 23, au nom de l'équipe de Vares,

  7   à Tuzla.

  8   Question:   On vous a enfermés pour assurer votre sécurité, vous, les

  9   dirigeants de Vares, vous avez été relevés de vos fonctions, vous aviez

 10   été enfermés parce qu'on craignait que vous ne révéliez la nature de ce

 11   qui allait se passer à Stupni Do, et que vous risquiez de révéler ceci aux

 12   Musulmans avec qui vous aviez de bons rapports?

 13   Réponse:    Je ne peux pas l'accepter. Ce n'est pas une hypothèse qui est

 14   justifiée.

 15   Question:   Vous voyez, les éléments les plus extrémistes du HVO à Vares

 16   avaient été marginalisés par vous? Vous l'avez vous-même dit aux Juges,

 17   c'était un endroit où il restait des éléments d'intégration. Est-ce que ce

 18   n'est pas là la vérité?

 19   Réponse:    Oui, cette intégration s'est maintenue jusqu'au moment où le

 20   3ème corps d'armée a procédé à cette attaque. Si ce que vous dites était

 21   vrai, on ne nous aurait pas relâchés, parce que deux jours plus tard on

 22   aurait pu révéler la vérité, comme vous le dites, sur Stupni Do.

 23   Question:   Alors pourquoi avez-vous été arrêtés, si vous, vous étiez les

 24   dirigeants de la municipalité? Pourquoi a-t-on dû vous garder à l'écart?

 25   Vous devez le savoir, inévitablement vous avez dû poser la question, vous


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  1   avez dû tirer ceci au clair?

  2   Réponse:    Je l'ai déjà dit: au moment où j'ai été relâché, le lundi, le

  3   25 Octobre vers 17 heures 30, on nous a dit que c'était pour notre propre

  4   sécurité. Moi, j'ai tout simplement accepté cette explication et le 26, le

  5   mardi, je me suis rendu à mon poste de travail.

  6   Question:   Dites-nous, pourquoi la brigade Bobovac, qui était

  7   suffisamment importante en effectifs, n'a pas reçu la confiance nécessaire

  8   pour assurer la libération de Dragovici ou de Stupni Do? Pourquoi cela n'a

  9   pas été le cas?

 10   Réponse:    Probablement, et tout au moins ce que je suppose, c'est

 11   qu'auparavant il n'y avait pas d'opération de combat, ils n'avaient aucune

 12   expérience.

 13   Question:   Et quelle était l'importance de la brigade à l'époque?

 14   Pourriez-vous nous donner une idée des effectifs?

 15   Réponse:    Je pense qu'à cette époque-là, sur la liste des feuilles de

 16   paye, il y avait dans les 300 personnes à peu près, 800 personnes pardon,

 17   mais les effectifs ne sont pas tout à fait exacts. Je ne sais pas.

 18   Question:   Vous le savez, et il est peut-être embarrassant pour vous de

 19   révéler ceci, mais il y avait les Apostoli qui avaient été amenés en

 20   renfort par Rajic qu'on craignait beaucoup, parce que c'est uniquement à

 21   cause d'eux, ou grâce à eux, qu'il était possible de mener à bien une

 22   attaque aussi basse que celle qui fut dirigée sur Stupni Do.

 23   Réponse:    Je sais, ou plutôt c'est par la suite que je l'ai appris, j'ai

 24   appris que c'était des Apostoli, des formations dont vous avez parlé qui

 25   ont organisé des attaques.


Page 22177

  1   Question:   Et c'est à cause de cet état d'esprit qui était le leur, et

  2   parce qu'ils étaient prêts à faire des choses inacceptables qu'ils avaient

  3   été amenés dans la région. Il fallait les amener à Vares, n'est-ce pas, et

  4   aussi pour donner une leçon à Vares?

  5   Réponse:    Je pense que cette hypothèse n'est pas exacte.

  6   Question:   Dernier point avant de nous pencher une dernière fois sur la

  7   question des articles de presse. Même si vous n'en parlez pas dans votre

  8   résumé, les hommes musulmans ont été rassemblés, ont été emprisonnés et

  9   ont subi des mauvais traitements très graves pendant tout un temps à

 10   Vares, n'est-ce pas?

 11   Réponse:    A cette occasion, à Vares, si je peux dire ainsi, on a en

 12   quelque sorte nettoyé la ville car tout ce qui se trouvait sur la ligne de

 13   front, il n'y avait qu'une toute petite unité de la police militaire qui

 14   se trouvait dans la ville elle-même qui, si jamais il y avait un conflit à

 15   l'intérieur de la ville, n'aurait pas pu agir véritablement pour rassurer

 16   les habitants et assurer leur sécurité. En ce qui concerne la manière dont

 17   on traitait ces gens-là, je n'ai pas beaucoup d'informations. Ce n'est que

 18   plus tard que j'ai appris qu'effectivement des gens ont été maltraités par

 19   les membres des unités qui se sont rendues dans la ville, et qui sont

 20   venues de Kiseljak.

 21   Question:   Il ne faut pas tourner autour du pot, il y a eu des passages à

 22   tabac, il y a eu toute sorte de sévices infligés, n'est-ce pas?

 23   Réponse:    Oui, on pourrait dire que c'est exact.

 24   Question:   Messieurs les Juges, j'allais poser quelques questions à ce

 25   témoin à propos des articles publiés par Pejcinovic. Je le dirai


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  1   franchement, j'ai peut-être l'intention de citer ce témoin à une date

  2   ultérieure. Et si vous faisiez droit à une telle requête, je suppose qu'il

  3   prendrait pour déclaration de témoin la teneur générale de ces articles.

  4   Nous avons d'abord la pièce Z1460.1.

  5   M. le Président (interprétation): Soyez rapide.

  6   M. Nice (interprétation): Oui, tout à fait. J'ai d'ailleurs indiqué quels

  7   seraient les passages qui m'intéressaient. Est-ce qu'on peut placer sur le

  8   rétroprojecteur la version anglaise? Page 8, Pejcinovic décrit là les

  9   instructions qu'il a reçues de M. Kordic. Je vais vous demander de

 10   commenter ce passage. J'espère que vous le trouverez, d'ailleurs, dans le

 11   texte original. Si ce n'est pas le cas, je vous demande de me suivre dans

 12   ce que je vais vous citer. Voici ce qu'il dit s'agissant des événements de

 13   Juin 1992. Il dit avoir reçu des instructions de Dario Kordic, lesquelles

 14   déclaraient de façon très explicite que le HVO devait s'emparer de toutes

 15   les fonctions gouvernementales de la municipalité. Des préparatifs

 16   circonstanciés avaient été préparés dans la plus grande confidentialité,

 17   dans un esprit de conspiration, et ceci a été réalisé le 1er Juillet 1992.

 18   La mission était accomplie avec l'aide de l'unité spéciale d'anti-sabotage

 19   qui a encerclé la ville le matin et a bloqué toutes les principales

 20   institutions. Toute l'action s'est déroulée sans provoquer un seul

 21   incident et puis, on précise comment plusieurs personnes ont été nommées,

 22   dont vous-mêmes. On parle de la conspiration et de l'appel à l'unité

 23   spéciale anti-sabotage. Est-ce que vous acceptez ces détails?

 24   Réponse:    La formation du HVO à Vares disposait d'une unité qui a été

 25   composée des volontaires qui étaient disposés de prendre des armes et de


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  1   défendre la ville de Vares. Il ne s'agissait pas d'une unité spécialisée

  2   qui s'était entraînée, c'était véritablement des tous premiers volontaires

  3   qui la composaient et nous faisions confiance à ces gens-là.

  4   Question:   Est-ce que cette unité a été utilisée pour obtenir cette prise

  5   de contrôle, est-ce que tout ceci s'est passé sans le moindre incident?

  6   Réponse:    Oui, ces gens-là….

  7   Question:   Je vous remercie.

  8   Pièce suivante 1461, point 2.

  9   Nous allons une fois de plus, une fois de plus commencer à la page 8 de la

 10   version anglaise.

 11   M. le Président (interprétation): Est-ce que tout ceci a été présenté dans

 12   le cadre de l'interrogatoire principal. Je ne m'en souviens pas.

 13   Question:   Non.

 14   M. le Président (interprétation): Vous en demandez le versement

 15   maintenant?

 16   M. Nice (interprétation): Je l'avais expliqué.

 17   M. le Président (interprétation): Je n'ai pas suivi alors et vous avez dit

 18   qu'il allait être cité.

 19   M. Nice (interprétation): Oui.

 20   M. le Président (interprétation): Pourquoi n'a t il pas été cité dans le

 21   cadre des témoins à charge?

 22   M. Nice (interprétation): Les circonstances peuvent fluctuer, évoluer et

 23   effectivement vu la tactique adoptée par la défense et les témoins qu'elle

 24   a cités, ceci a entraîné des changements. Je crois que la tête de rubrique

 25   suffira puisque je peux vous en faire un résumé rapide. Dans cet article,


Page 22180

  1   il est fait référence à l'attaque des Musulmans par des soldats de Kakanj.

  2   En bref, au moment où régnait encore cet esprit de coopération entre les

  3   différents groupes ethniques à Vares, Pejcinovic nous dit que des soldats

  4   amenés de Kakanj par Rajic ont provoqué des difficultés parce que sans

  5   raison ils ont attaqué des Musulmans. Est-ce que cela est une description

  6   fidèle des événements?

  7   Réponse:    Dans ma déposition, j'ai déjà dit dans quelle condition M.

  8   Pejcinovic avait écrit cette lettre et je pense que je ne peux vraiment

  9   pas approuver la plupart des constatations qui figurent dans cette lettre.

 10   Je ne peux pas être d'accord non plus avec cette constatation au sujet de

 11   laquelle vous venez de me poser la question.

 12   Question:   Je vous soumettais cette hypothèse suivante: nous parlions ici

 13   de la disposition d'esprit des soldats amenés à Kakanj par Rajic, soldats

 14   qui étaient prêts à attaquer les Musulmans au moment où le HVO de Vares

 15   n'était pas prêt à le faire. Est-ce que vous estimez que Pejcinovic était

 16   précis et exact à ce propos et que cela a été une cause des problèmes?

 17   Réponse:    Cette déclaration n'est pas exacte car M. Anto Pejcinovic n'a

 18   pas à justifier par un autre document tout ce qu'il a dit, tout ce dont il

 19   a témoigné, car il parle de ces observations, il parle également de

 20   quelques-unes de ces réflexions ultérieures ou autres choses. Par

 21   conséquent, ces constatations se fondent sur sa propre attitude et pas sur

 22   les attitudes politiques du HVO à Vares.

 23   M. le Président (interprétation): Je ne sais pas si ceci va nous être

 24   d'une grande assistance. Un instant, s'il vous plaît.

 25               (Les Juges se consultent sur le siège.)


Page 22181

  1   M. le Président (interprétation): Ce qui intéresse la Chambre à présent,

  2   c'est le statut de ces pièces à conviction ainsi que la question du temps,

  3   le temps que l'on utilise. Pour ce qui est des pièces à conviction, ces

  4   documents sont d'une plus ou moins grande importance, mais finalement il

  5   s'agit simplement peut-être de l'oeuvre d'un opposant politique qui est

  6   devenu un antagoniste et à présent, nous ne sommes pas prêts à les verser

  7   au dossier. Bien entendu, si vous citez un témoin pour présenter ces

  8   pièces par l'intermédiaire de ce témoin, nous pouvons reconsidérer notre

  9   décision. Mais, quant à savoir si ces documents doivent être présentés à

 10   ce témoin, là, vous voulez présenter les fondements afin de pouvoir les

 11   présenter à un autre témoin.

 12   Monsieur Nice, je ne pense pas que cela soit particulièrement utile à

 13   présent à moins que vous ayez des questions précises à lui poser. Il me

 14   semble qu'il a dit que M. Pejcinovic est parti au Canada.

 15   M. Nice (interprétation): Je vais répondre à une de ces questions que je

 16   découvre dans ces articles puisque pour l'essentiel j'ai suivi l'ordre

 17   chronologique mais il y a surtout un point pour lequel j'aimerais l'aide

 18   de ce témoin.

 19   Monsieur Vidovic, ma question concerne M. Kresimir Bovic, vous le

 20   connaissez. On vous a posé des questions à son sujet. Vous connaissez

 21   Kresimir Bovic?

 22   Réponse:    Oui.

 23   Question:   Je ne me permettrai pas de caractériser et de décrire cet

 24   homme, mais est-il exact qu'il était en conflit avec les autres dirigeants

 25   du HVO avant l'arrivée de Rajic? Et là, l'une des raisons de ce conflit


Page 22182

  1   était qu'il voulait que vous ameniez des hommes comme Rajic qui venait de

  2   l'extérieur afin de résoudre les problèmes. Est-ce quelque chose qui s'est

  3   produit?

  4   Réponse:    Non.

  5   Question:   Avaient-ils des points de vue plus extrêmes, étaient-ils

  6   davantage prêts à faire ce genre de choses qui se sont produites à Stupni

  7   Do que les autres?

  8   Réponse:    M. Kresimir Bovic était membre du commandement de la Brigade

  9   Bobovac du HVO. Je ne suis pas au courant de conflit quel qu'il soit au

 10   sein du commandement de cette brigade. La raison de cette invitation

 11   adressée à Rajic ou plutôt au groupe opérationnel Kiseljak afin d'aider à

 12   la défense de la zone de Vares n'était pas celle là, c'était simplement

 13   pour défendre cette zone.

 14               (M. Nice, hors micro, semble ne plus avoir de questions.)

 15   M. le Président (interprétation): Nous allons rendre ces articles au

 16   greffe puisque ces articles n'ont pas été versés. Nous y reviendrons peut-

 17   être en temps voulu.

 18   Maître Naumovski, je vous en prie.

 19               (Questions supplémentaires de M. Naumovski)

 20   M. Naumovski (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

 21   Monsieur Vidovic, cela fait longtemps qu'on vous pose des questions.

 22   J'essaierai d'être le plus bref possible.

 23   Je ne souhaite pas interpréter ce que M. le Procureur vous a demandé au

 24   sujet de votre isolement. La question que je vous posais, est de savoir à

 25   quel moment précisément vous avez été séparés?


Page 22183

  1   M. Vidovic (interprétation): Le 23 octobre, autrement dit, durant les

  2   combats de Stupni Do.

  3   Question:   Autrement dit, après le début des combats à Stupni Do?

  4   Réponse:    Oui.

  5   Question:   Et c'était, si j'ai bien compris, au moment où vous êtes parti

  6   au commandement de la Brigade Bobovac afin de vérifier ce qui était en

  7   train de se produire.

  8   Réponse:    Oui.

  9   Question:   Vous êtes architecte. J'ai remarqué que sur certains points

 10   vous vous êtes prononcé non seulement sans donner la date mais également

 11   l'heure où un événement s'est produit. Alors, je vous demande, est-il

 12   possible que vous ayez fait confusion sur un certain nombre de dates que

 13   vous avez énoncées aujourd'hui, ou bien s'agit-il de dates dont vous vous

 14   rappelez précisément?

 15   Réponse:    Je n'ai pas fait d'erreur, que ce soit au sujet de dates ou au

 16   sujet d'heures. Tout ce que j'ai dit, je l'ai dit avec beaucoup de

 17   précision, puisque je m'en souviens bien. J'ai participé à ces malheureux

 18   événements.

 19   Question:   Merci.

 20   Nous avons vu une photo aérienne de Stupni Do, une photo prise en fait

 21   depuis la ville, depuis le passage. Alors, pour que ce soit clair, je

 22   voudrais préciser que deux routes mènent à Stupni Do, celle qui passe au-

 23   dessous de la route principale et qui monte au village et l'autre qui est

 24   utilisée par les habitants de Mir.

 25   Réponse:    La photo que j'ai vue, ne représente pas Stupni Do mais le


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  1   passage sous le chemin ferroviaire où passe le chemin en direction de

  2   Stupni Do. Il est exact de dire que Stupni Do a, comment dire,… un accès

  3   circulaire à travers le village, puisqu'il est possible de déboucher sur

  4   la route qui relie le village de Mir au village de Tisovac.. Cette route

  5   est utilisée encore aujourd'hui.

  6   Question:   Cette route ne débouche pas sur ce passage souterrain, pour

  7   l'appeler ainsi?

  8   Réponse:    Non.

  9   Question:   Monsieur Vidovic, vous avez expliqué aujourd'hui pourquoi dans

 10   votre résumé, on ne décrit pas les événements de Stupni Do. Vous avez

 11   affirmé que vous ne l'avez pas écrit, simplement parce que vous n'aviez

 12   pas de connaissance directe au sujet de ces événements. Est-ce exact?

 13   Réponse:    Dans ma déclaration, j'ai dit que ce que je savais sur Stupni

 14   Do, c'était seulement les informations que j'avais apprises ultérieurement

 15   et je pensais que cela n'allait pas intéresser cette Chambre. C'est pour

 16   cela que je ne l'ai pas mis dans la déclaration.

 17   Question:   Ce que vous avez appris ultérieurement sur Stupni Do, s'agit-

 18   il d'informations à caractère tout à fait particulier ou bien était-ce

 19   quelque chose que les habitants de Vares racontaient ce jour-là, à partir

 20   du 23?

 21   Réponse:    Il ne s'agit pas d'informations d'un ordre particulier, il

 22   s'agit de choses que tous les habitants de Vares savaient au moment où je

 23   les ai apprises moi aussi.

 24   Question:   Je ne suis pas parfaitement sûr d'avoir bien compris le

 25   Procureur quand il vous a posé des questions au sujet de cette lettre


Page 22185

  1   émanant d'Anto Pejcinovic. Il s'agit de la lettre qui a été adressée non

  2   seulement au Président Tudjman et à M. Boban ainsi qu'une copie à M.

  3   Kordic, mais aussi à la télévision croate basée à Siroki Brijeg et aussi à

  4   la radio de la Hz H-B donc aux médias. Si j'ai bien compris, il a été dit

  5   que vous aviez eu l'occasion de corriger cette lettre.

  6   Réponse:    Je ne me souviens pas d'avoir reçu cette lettre afin de

  7   pouvoir la corriger, mais je suis d'accord avec ce que vous venez de dire

  8   avant. M. l'avocat de l'accusation m'a suggéré qu'il était dit dans cette

  9   lettre que nous avons demandé d'être placés sous l'autorité musulmane,

 10   mais cela n'est pas exact.

 11   Question:   Anto Pejcinovic adresse ces remarques au Président Tudjman et

 12   M. Boban en tant que négociateur à Genève. C'est dans ce sens là que leur

 13   a été adressée cette remarque.

 14   Réponse:    J'ai dit que cette lettre était rédigée dans des circonstances

 15   tout à fait particulières pour M. Pejcinovic. Aucun document à l'appui

 16   n'est cité. Il s'agit d'une observation, tout comme un élève rédige ses

 17   devoirs sur un sujet donné.

 18   Question:   Oui, je vois, mais ma question est la suivante: il s'agit

 19   d'une information généralement connue. On sait qui sont les représentants

 20   du peuple croate à Genève, donc cette observation était adressée aux

 21   négociateurs croates qui négociaient au sujet de ce plan à Genève.

 22   Réponse:    Mais cela ressort du titre, oui.

 23   Question:   Je pense que vous l'avez déjà dit à plusieurs reprises

 24   aujourd'hui, mais un détail, si vous me le permettez. Dans l'ordre

 25   chronologique des choses, pour ce qui est des négociations de Genève,


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  1   connaissez-vous peut-être un peu mieux qui sont les négociateurs croates

  2   et si M. Kordic était présent lui aussi?

  3   Réponse:    Pour autant que je sache, M. Kordic n'a pas été présent aux

  4   négociations de Genève. Quant à savoir qui a constitué la délégation

  5   représentant le peuple croate, alors là, je ne peux pas vous donner tous

  6   les noms. Le seul nom que je connais, est celui de M. Boban.

  7   Question:   Merci. Vous avez dit à plusieurs reprises aujourd'hui, que le

  8   17 Octobre 1993, a été lancée l'attaque du troisième corps d'armée de

  9   l'armée de Bosnie-Herzégovine sur la municipalité de Vares. Dans ce

 10   contexte, vous avez dit que Ljesnica est tombée. Dites nous, s'il vous

 11   plaît, ce qui s'est passé le 19 Octobre 1993, deux jours plus tard. Quel

 12   est le village qui a été attaqué?

 13   Réponse:    Le 19 Octobre, tout de suite après la chute de Ljesnica, c'est

 14   le village croate de Kopljari qui a été attaqué. La population a été

 15   chassée et ces gens sont venus s'installer au village de Borovica. Il y a

 16   eu plusieurs civils de tués, et pour autant que je sache, deux soldats du

 17   HVO ont été tués également.

 18   Question:   Cette année, je suis passé par ce village mais il est

 19   complètement détruit et rasé. Est-ce à ce moment-là qu'il a été détruit ou

 20   ultérieurement?

 21   Réponse:    Les villages de Kopljari et Gornja Donja et Borovnica…

 22   M. le Président (inteprétation): Si vous souhaitez déposer, Maître

 23   Naumovski, prenez la place du témoin.

 24   M. Naumovski (interprétation): Non, je voulais simplement savoir si cela

 25   s'est produit à ce moment-là ou à un autre moment. Je ne voulais pas


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  1   prendre la place du témoin.

  2   Le Témoin:  Puis-je continuer?

  3   M. Naumovski (interprétation): Peut-il continuer?

  4   M. le Président (interprétation): Mais laissez le témoin déposer.

  5   M. Naumovski (interprétation): Alors, permettez-moi de reformuler ma

  6   question. Savez-vous quel était l'aspect du village après l'attaque?

  7   Réponse:    Après l'attaque, nous n'avons pas eu l'occasion de nous rendre

  8   dans ce village. C'est uniquement à l'aide des jumelles, à distance que

  9   nous avons pu observer les maisons qui étaient en train de brûler et que

 10   nous avons pu rentrer dans le village. Ce village était détruit. Les

 11   villages de Kopljari, de Gornja et de Donja Borovica ont été détruits à

 12   plusieurs reprises sur plusieurs années. Ce n'est pas pendant cette

 13   attaque de l'armée de Bosnie-Herzégovine qu'ils ont été détruits, mais

 14   c'est jusqu'au milieu de l'année 1995 que la destruction a continué.

 15   Question:   Merci, nous pouvons poursuivre.

 16   Aujourd'hui et pas seulement aujourd'hui, il a été suggéré de la part de

 17   l'accusation que dans la ville de Vares, on a interdit aux Musulmans de

 18   circuler pendant toute cette période. Est-ce exact?

 19   Réponse:    Non ce n'est absolument pas exact, personne ne s'est vu

 20   interdire de circuler sur les territoires qui étaient sous le contrôle du

 21   HVO. La seule chose qui était interdite, c'était de quitter le territoire

 22   de la municipalité, sans avoir une autorisation pour le faire. Ceux qui

 23   avaient une autorisation, pouvait se rendre même à Dabravine, aux

 24   commandement de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

 25   Question:   Est-ce que cela a à voir avec la loi sur le service militaire,


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  1   à savoir, uniquement les hommes en âge de combattre peuvent se rendre à

  2   l'étranger, du moins c'était le cas du temps de l'ex-Yougoslavie, peuvent

  3   partir à l'étranger, s'ils ont une autorisation particulière?

  4   Réponse:    Pour ce qui est des soins médicaux, des études, s'il y avait

  5   des arguments valables dans ce sens, nous laissions également partir les

  6   hommes qui étaient en âge de combattre. Donc s'agissant de ces hommes-là,

  7   le HVO n'a jamais contraint qui que ce soit à se mobiliser et ce, jusqu'à

  8   l'attaque par l'armée de Bosnie-Herzégovine où il y a eu une mobilisation

  9   par l'intermédiaire de la police civile et de la police militaire.

 10   Question:   Merci. Monsieur Vidovic, dans votre déposition, vous avez dit

 11   que vous avez effectué un certain nombre de tâches au sein du HVO civil.

 12   Vous étiez l'un des 5 membres de cette partie étroite des organes civils.

 13   Réponse:    Oui.

 14   Question:   On a également dit qu'il y avait un état-major du HVO au

 15   niveau municipal qui était la composante militaire et après, c'était

 16   transformé en état-major du HVO à Bobovac.

 17   Réponse:    Oui.

 18   Question:   Vous avez dit que les composantes civiles et militaires

 19   s'interpénétreraient sur un certain nombre de plans?

 20   Réponse:    Oui c'est normal. Là où c'était nécessaire, où il était

 21   nécessaire d'agir de concert, les deux secteurs, le militaire et le civil,

 22   là une coopération s'instaurait. Et pour un grand nombre de choses, les

 23   secteurs militaires et civils agissaient de manière indépendante, sans se

 24   consulter.

 25   Question:   Oui, c'est justement dans ce sens là que je voulais vous poser


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  1   quelques questions: la composante civile du HVO et vous, qui étiez des

  2   fonctionnaires civils au sein de ce gouvernement du HVO, vous est-il

  3   arrivé à un moment quelconque d'émettre des ordres à l'adresse de la

  4   composante militaire, autrement dit à la Brigade de Bobovac?

  5   Réponse:    Nous n'avons jamais donné d'ordre militaire car ce n'était pas

  6   conforme à la chaîne de commandement que nous appliquions.

  7   Question:   Pour être encore plus explicite, vous-même ou bien M. Anto

  8   Pejcinovic, ou l'un ou l'autre des fonctionnaires civils au sein du HVO,

  9   aviez-vous le pouvoir, les pouvoirs vous permettant d'émettre des ordres à

 10   l'égard de la brigade de Bobovac, ou bien tel n'était pas le cas?

 11   Réponse:    Je n'avais pas de pouvoir me permettant de donner des ordres à

 12   la brigade. Quant à Anto Pejcinovic, je ne peux que supposer qu'il était

 13   dans le même cas. Je pense que lui non plus n'a donné d'ordres de ce

 14   genre.

 15   Question:   Je vois ce que vous voulez dire, c'est votre conclusion par

 16   rapport à ce que vous savez. Vous ne pouvez pas vous prononcer au nom de

 17   quelqu'un d'autre, mais vous est-il arrivé d'entendre parler de la part de

 18   qui que ce soit, du fait qu'il ait donné ce genre d'ordres.

 19   Réponse:    Une fois, une fois les dirigeants se sont réunis, donc la

 20   présidence s'est réunie, et nous avons discuté de cela, du traitement

 21   qu'il fallait réserver aux habitants du village de Dastansko et nous avons

 22   suggéré à la brigade Bobovac de conduire ce travail, mais nous n'avons

 23   donné aucun ordre, et cela a été fait sans qu'il y ait d'incident. Les

 24   gens ont accepté de participer aux brigades du HVO et c'était la fin de

 25   l'affaire.


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  1   Question:   Une autre chose: les deux structures du HVO, civil et

  2   militaire, avez-vous coopéré sur le plan logistique ou pour ce qui est des

  3   affaires de la vie courante, parce que les soldats du HVO étaient, eux

  4   aussi, des habitants de cette même zone.

  5   Réponse:    Oui, tout à fait, l'organisation des convois, c'était quelque

  6   chose qui relevait des affaires civiles mais il y avait toujours dans un

  7   convoi pour faciliter l'organisation, une partie qui était chargée de

  8   chercher des équipements militaires. On avait toujours deux personnes

  9   différentes en charge du convoi civil et militaire, et une personne qui

 10   répondait de l'ensemble du convoi. En fait, on a fait cela afin de

 11   communiquer plus facilement, afin de faciliter le passage du convoi, en

 12   fait, pour que le convoi prenne plus facilement contact avec les

 13   responsables dans les secteurs qu'ils traversaient.

 14   Question:   Un document qui vous a été présenté Z441, il s'agit d'une

 15   réunion conjointe entre la présidence du HVO et des membres du

 16   commandement de la brigade. Il est question précisément de ce que nous

 17   sommes en train d'aborder. Il est question des affaires qui concernent

 18   l'organisation, mais pas dans le sens strictement militaire, donc des

 19   ordres au sujet de la ligne de front, des opérations militaires etc..

 20   Réponse:    Nous qui faisions partie du secteur civil, je dois dire que

 21   nous ne nous impliquions pas dans ce qui était le tracé des lignes de

 22   front, dans l'efficacité de ces lignes de front, dans la manière de les

 23   organiser, mais vous savez, moi j'étais de la profession, enfin je m'y

 24   connaissais dans les bâtiments, les constructions et il m'est arrivé de

 25   faire le tour des installations de fortification en ma qualité


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  1   professionnelle, afin de les aider, pour que ces installations soient

  2   construites selon les règles de l'art.

  3   Question:   Mais vous le faisiez en tant qu'architecte et non pas en tant

  4   qu'homme politique?

  5   Réponse:    Oui, tout à fait grâce à mes compétences professionnelles.

  6   Question:   C'est le document Z534 qui vous a été présenté et qui est lié

  7   à un certain nombre de prisonniers alors que vous, vous avez dit que vous

  8   n'avez aucun souvenir et que vous ne savez absolument pas qu'il y avait

  9   des prisonniers en dehors de Vares. Il s'agit du document qui est daté du

 10   12 Mars 1993. Il n'a pas été signé. Soi-disant, le vice Président du Hz H-

 11   B était Dario Kordic mais on ne sait pas du tout comment ce document a été

 12   créé, il n'y a pas d'original etc..

 13   Réponse:    Mais est-ce que vous voulez me dire la date?

 14   Question:   Je pense que c'était le 12 Mars 1993 mais je maintiens ce que

 15   je viens de dire, il n'y a aucune signature. On ne sait pas qui l'a reçu,

 16   il a été adressé à Anto Pejcinovic ou Zvonko Duznovic.

 17   Réponse:    Moi, je ne me souviens pas. Je ne me souviens pas qu'à ce

 18   moment-là, on avait des prisonniers.

 19   Question:   Merci, merci. On ne va pas prolonger la question.

 20   Il s'agissait également à un moment donné, de votre demande concernant ces

 21   villages qui sont restés au sein du HVO et qui auraient dû déposer les

 22   armes. On a parlé de Dastanko, on a dit également que Duznovic avait

 23   menacé le village et de l'incendier. Ce que j'aimerais savoir si Stupni Do

 24   avait déposé des armes en 1993, et si éventuellement, il y a quelque chose

 25   qui est arrivé en Août 1993 aux habitants de Stupni Do parce qu'ils


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  1   n'avaient pas déposé des armes?

  2   Réponse:    Les villageois de Stupni Do n'ont pas remis des armes, de

  3   toute façon rien ne leur est arrivé à l'époque, à la date que vous citez.

  4   Question:   Et on avait parlé également de cette affirmation que soi-

  5   disant Vares était le territoire croate. Je pense que vous avez déjà donné

  6   la réponse. Je pense que vous avez également dit comment les peuples

  7   différents ont été disposés à Vares. Je pense que la réponse s'impose.

  8   Réponse:    Dans la municipalité de Vares et dans la municipalité de

  9   Kakanj, qui ont tout simplement des délimitations de municipalités, il y

 10   avait un nombre assez important de Croates qui y habitaient et c'est la

 11   raison pour laquelle nous avons considéré, parce que nous étions 30000 que

 12   des Croates voulaient y rester, ils souhaitaient rester dans ce

 13   territoire. C'était tout à fait logique.

 14   Question:   Excusez-moi, je voulais tout simplement poser une autre

 15   question mais de toute façon vous vouliez vivre ensemble avec d'autres

 16   peuples dans le voisinage.

 17   Réponse:    Bien évidemment, on n'a jamais demandé aux autres ce que nous

 18   n'étions pas capables d'assurer pour nous-même.

 19   Question:   Je vais essayer de parcourir très rapidement ces questions que

 20   je tiens à vous poser. Vous avez dit que vous étiez au mois de Novembre à

 21   Tuzla et puis le 28 Octobre 1993 à Tuzla. Est-ce que à Tuzla également, le

 22   HVO avait opéré?

 23   Réponse:    Ensemble avec l'armée de Bosnie-Herzégovine, une brigade du

 24   HVO a opéré dont le commandement se trouvait au nord de Tuzla dans un

 25   village au nom de Breska.


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  1   Question:   Je voulais tout simplement vous poser la question très

  2   brièvement. Vous nous avez déjà répondu à ma question. Monsieur le

  3   Président, Messieurs les Juges, si vous me permettez, je n'ai vraiment pas

  4   beaucoup de questions.

  5   J'ai une toute petite question à poser, il a été question en effet lors de

  6   l'interrogatoire principal que vous avez demandé l'aide, la nourriture de

  7   sources différentes et que vous avez également obtenu de la nourriture de

  8   la Croatie, que ce n'est pas contestable.

  9   Réponse:    Non, ce n'est pas contestable.

 10   Question:   Mais on vous a suggéré, quand vous avez donné la réponse que

 11   cette nourriture vous parvenait du centre de logistique du HVO, que ces

 12   armes étaient venues logiquement de Croatie. Est-ce que vous-même vous

 13   avez des connaissances ou des informations directes que la République de

 14   Croatie fournissait des armes à vous, à Vares, parce que vous ne savez pas

 15   probablement ce qui s'est passé ailleurs?

 16   Réponse:    Moi, j'ai dit que notre centre de logistique, le centre

 17   principal en ce qui concerne les armes, était ce centre à Grude. Est-ce

 18   que je peux ajouter également, c'était le centre de logistique à Busovaca.

 19   D'où venait ces armes? Je ne le connais pas, mais je suppose qu'il y a des

 20   témoins qui peuvent vous le dire de manière beaucoup plus compétente.

 21   Question:   Mais nous parlons de cette première partie de 1992. Pendant

 22   que la JNA se trouvait encore dans le territoire de Bosnie-Herzégovine.

 23   Réponse:    Oui.

 24   Question:   Donc la première moitié de 1992, c'est de cette période-là que

 25   nous parlons.


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  1   Réponse:    Oui, effectivement.

  2   Question:   Et quel était le sort des armes de la Défense Territoriale qui

  3   restait à Vares ou bien c'est la JNA qui vous a confisqué ces armes. Je

  4   parle de l'ex Défense Territoriale.

  5   Réponse:    Je pense qu'en Octobre 1990, avant les élections

  6   démocratiques, ces armes ont été transportés à Iljaca à l'entrepôt de l'ex

  7   JNA. Par conséquent, nous n'avons pas véritablement disposé des armes de

  8   la Défense Territoriale.

  9   Question:   Et toute dernière question: vous avez dit aujourd'hui quelles

 10   étaient les raisons pour lesquelles vous n'avez pas pu vous porter

 11   candidat pour le maire de la municipalité, même si vous avez exercé cette

 12   fonction avec votre collègue musulman pendant 2 ans et demi. Moi, j'ai

 13   reçu le journal du 22 Juin, donc de cette année, il y a quelques jours par

 14   conséquent, et dans ce journal, j'ai pu lire que cette décision qui a été

 15   prise, a été prise après les revendications que vous avez envoyées

 16   concernant les écoles, et le reste.

 17   Réponse:    Oui.

 18   Question:   Par conséquent, ce n'est qu'après, qu'on vous a interdit de

 19   vous porter candidat à ce poste?

 20   Réponse:    Oui.

 21   M. Naumovski (interprétation): Merci et j'ai terminé mon interrogatoire

 22   principal.

 23   M. le Président (interprétation): Merci, Monsieur Vidovic. Vous avez

 24   terminé votre déposition. Vous pouvez disposer.

 25   M. Vidovic (interprétation): Merci.


Page 22195

  1   M. le Président (interprétation): Vous avez un témoin encore?

  2         (Questions relatives à la procédure)

  3   M. Sayers (interprétation): Oui, Monsieur le Président.

  4   M. le Président (interprétation): Dans l'attente du témoin suivant, je

  5   précise pour le compte rendu, Maître Kovacic, je soulevais une question

  6   relative à une conférence de mise en état s'agissant de votre défense. Je

  7   pensais qu'on pourrait peut-être l'organiser mercredi prochain à la fin de

  8   l'audience. Ce serait le 12 Juillet. Nous pourrions vers la fin de la

  9   journée savoir où vous en êtes dans vos préparatifs s'agissant des témoins

 10   que vous avez l'intention de citer à la barre avant la pause de l'été.

 11   M. Kovacic (interprétation): Si vous insistez pour que je vous donne pour

 12   cette date, je n'ai pas le choix. Toutefois, permettez-moi de vous faire

 13   une suggestion.. Est-ce que cette conférence pourrait être prévue, le

 14   lundi suivant ou tout autre jours de la semaine suivante, parce que je

 15   pense qu'à ce moment-là, je serais en mesure de bien préciser ce qu'il en

 16   est parce que pour certains témoins, j'ai toujours quelques interrogations

 17   parce que j'attends le résultat d'enquêtes supplémentaires qui sont en

 18   cours, et puis nous attendons les interventions d'autres témoins de la

 19   défense, ce qui pourrait m'épargner de citer d'autres témoins.

 20   M. le Président (interprétation): Eh bien, vous nous ferez le point la

 21   semaine prochaine, mercredi prochain, mais il faudrait que vous nous

 22   indiquiez quels seront vos témoins, de façon à ce que nous sachions ce qui

 23   nous attend, nous et l'accusation.

 24   M. Kovacic (interprétation): Oui, absolument, Monsieur le Président. Je

 25   voudrais tout simplement être très précis. Vu un certain nombre de


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  1   circonstances et le déroulement des préparatifs, je vais demander à la

  2   Chambre d'être un peu plus souple vis-à-vis de moi, notamment en ce qui

  3   concerne la remise de cette liste, car nous devons la modifier

  4   substantiellement, et ceci à la lumière des circonstances qui sont toutes

  5   nouvelles. Par conséquent, il y a un certain nombre de témoins qui ont été

  6   déjà planifiés, mais il y a de nouveaux témoins également que nous devons

  7   citer à cause des documents que nous n'avons pas vus auparavant. C'est la

  8   raison pour laquelle je vais demander effectivement de vous remettre cette

  9   liste le plus tard possible, pour que l'on puisse être précis chaque jour

 10   pour nos comptes.

 11   M. le Président (interprétation): Mercredi prochain, à 16 heures, vous

 12   pourrez nous faire état de la situation. Faisons entrer le témoin.

 13   Nous travaillerons jusqu'à 16 heures 10. Quelle sera la durée de

 14   l'interrogatoire principal?

 15   M. Sayers (interprétation): Je crois que je pourrai terminer avant 16

 16   heures 10.

 17               (Le témoin est introduit dans la salle d'audience.)

 18   M. le Président (interprétation): Monsieur, veuillez lire la déclaration

 19   solennelle.

 20   M. Vilusic (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la

 21   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 22               (M. Ivo Vilusic est interrogé par Me Sayers.)

 23   M. Sayers (interprétation): Bonjour, Monsieur. Désolé de vous avoir fait

 24   attendre.

 25   M. Vilusic (interprétation): Bonjour.


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  1   Question:   Nous allons essayer de parcourir l'essentiel de votre résumé

  2   dans l'espoir d'en terminer à 16 heures 10, qui est la fin de l'audience.

  3   Pourriez-vous décliner votre identité à l'intention des Juges?

  4   Réponse:    Je m'appelle Ivo Vilusic.

  5   Question:   Quelques détails. Je crois que vous êtes né le 7 Août?

  6   Réponse:    Je suis né le 7 Août 1953 à Zivinice, municipalité de Tuzla.

  7   Actuellement, j'habite dans la municipalité de Tuzla, en ce moment, avec

  8   ma famille.

  9   Question:   Bien. Je pense que vous avez fait l'école primaire et l'école

 10   secondaire à Tuzla, et que vous êtes électricien de profession?

 11   Réponse:    Oui, effectivement, j'ai fait l'école élémentaire et

 12   secondaire à Tuzla.

 13   Question:   Attendez que je termine ma question, Monsieur, avant d'y

 14   répondre. Je crois que ceci nous permettra de procéder plus rapidement.

 15   Entre 1975 et 1991, je pense que vous travailliez en tant que chauffeur

 16   dans une société qui s'appelle "Transservis"?

 17   Réponse:    Exact.

 18   Question:   Lorsque la guerre a éclaté dans votre pays, vous êtes devenu

 19   membre de la 115ème brigade Zrinski du conseil croate de défense HVO à

 20   Tuzla.

 21   Réponse:    Oui.

 22   Question:   Vous êtes resté membre de cette brigade jusqu'en 1994, au

 23   moment où cette brigade a été démantelée par une décision de la présidence

 24   de la république de Bosnie-Herzégovine?

 25   Réponse:    Oui.


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  1   Question:   Par la suite, pendant cinq ans, entre 1994 et 1999, vous avez

  2   été chauffeur et vous avez escorté M. Ivo Andric-Luzanski, qui était un

  3   membre officiel, un fonctionnaire de l'union démocratique croate de

  4   Bosnie-Herzégovine Hz B-H?

  5   Réponse:    Oui.

  6   Question:   Lorsque M. Andric-Luzanski a pris ses fonctions dans la

  7   fédération de Bosnie-Herzégovine en 1999, vous avez continué à travailler

  8   pour lui et vous êtes toujours chauffeur, mais cette fois pour le bureau

  9   du Président et du vice-Président de la fédération de Bosnie-Herzégovine à

 10   Sarajevo?

 11   Réponse:    C'est exact.

 12   Question:   Je pense que vous avez également participé à l'organisation

 13   d'un convoi que vous qualifiez du convoi de Tuzla, convoi qui a été

 14   organisée tant par les Croates que par les Musulmans dans votre ville

 15   natale de Tuzla, en Mai 1993?

 16   Réponse:    Oui.

 17   Question:   On appelle également ce convoi le "Convoi de la Joie". Ce sont

 18   ceux qui ne sont pas les habitants du pays qui l'appellent comme cela.

 19   Pourriez-vous nous dire à quoi devait servir ce convoi, pourquoi l'avait-

 20   on organisé, et pourquoi est-ce qu'il avait été envoyé à Tuzla, et aussi

 21   pour qui?

 22   Réponse:    Ce convoi, normalement, avait pour but de transporter l'aide

 23   humanitaire, le combustible, le carburant, donc les vivres. C'est la

 24   raison pour laquelle nous avons organisé cela conjointement.

 25   Question:   Est-ce qu'il transportait aussi des munitions, des armements?


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  1   Réponse:    Je ne le sais pas.

  2   Question:   A quel moment le convoi a-t-il quitté Tuzla pour aller en

  3   Herzégovine?

  4   Réponse:    Le 10 Mai 1993.

  5   Question:   Et qui était à la tête de la partie croate du convoi?

  6   Réponse:    La partie croate a été… Le chef du convoi était Pero Lovric.

  7   Question:   Et il était vice-Président du HVO à Tuzla, n'est-ce pas?

  8   Réponse:    Oui.

  9   Question:   Est-il aussi exact de dire que les organisateurs musulmans et

 10   croates du convoi avaient reçu des laissez-passer séparés, différents,

 11   pour pouvoir avoir la libre circulation du convoi sur le territoire

 12   contrôlé à la fois par l'armée de Bosnie-Herzégovine et par le HVO?

 13   Réponse:    Excusez-moi, je n'ai pas compris la question. Pouvez-vous

 14   répéter?

 15   Question:   Pour assurer le passage sans obstacle de l'Herzégovine jusqu'à

 16   Tuzla, quels sont les permis ou laissez-passer qui avaient dû être

 17   délivrés?

 18   Réponse:    Pour les Croates, c'étaient les unités du HVO qui délivraient

 19   des permis, et pour les Musulmans c'étaient les formations de l'armée de

 20   Bosnie-Herzégovine.

 21   Question:   Et qui a délivré les laissez-passer du HVO pour ce convoi?

 22   Vous en souvenez-vous?

 23   Réponse:    D'où? D'Herzégovine ou de Tuzla? Je ne sais pas, vous n'avez

 24   pas précisé.

 25   Question:   D'Herzégovine.


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  1   Réponse:    La signature, c'était le général Milivoj Petkovic.

  2   Question:   Quelques détails qui ne porteront pas à polémique. Je pense

  3   qu'il est arrivé, ce convoi, du nord à Grude, Grude est manifestement en

  4   Herzégovine, vers le 20 Mai 1993?

  5   Réponse:    Oui, oui.

  6   Question:   Alors que vous vous trouviez en Herzégovine, plusieurs autres

  7   véhicules qui avaient échoué dans la région du fait des activités de

  8   combat, entre autres, et qui ne pouvaient pas retourner en Bosnie centrale

  9   pour l'une ou l'autre de ces raisons, avaient rejoint le convoi?

 10   Réponse:    Oui.

 11   Question:   Je crois que finalement, ce convoi a grossi pour compter

 12   finalement 700 véhicules et faire plusieurs kilomètres de longueur, 30, en

 13   fait?

 14   Réponse:    Oui, 700 véhicules.

 15   Question:   Dans votre résumé, vous dites que le convoi a quitté

 16   l'Herzégovine en direction de Tuzla le 7 Juin. Pourriez-vous nous dire

 17   approximativement où vous vous trouviez à l'intérieur de ce convoi? A

 18   l'avant, l'arrière, au milieu?

 19   Réponse:    Vous avez dit que c'est de Tuzla que le convoi est parti le 7,

 20   ou de Grude? Je n'ai pas compris.

 21   Question:   J'ai dit que ce convoi avait quitté l'Herzégovine en direction

 22   de Tuzla le 7 Juin. Est-ce exact?

 23   Réponse:    Oui, cela c'est exact.

 24   Question:   Dites-nous simplement, approximativement, où vous vous

 25   trouviez à l'intérieur de ce convoi, à l'avant, à l'arrière, au milieu?


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  1   Réponse:    Moi, j'étais à l'avant du convoi. Il y avait deux véhicules de

  2   la Forpronu qui assuraient le convoi, qui se trouvaient devant moi.

  3   Question:   Et étiez-vous seul, ou est-ce que vous étiez accompagné de

  4   quelqu'un dans ce véhicule?

  5   Réponse:    Avec moi, il y avait M. Pero Lovric et un prêtre.

  6   Question:   La Chambre sait déjà que ce convoi a été arrêté juste au nord

  7   de Novi Travnik au cours de la soirée du 10 Juin 1993. Pourriez-vous, en

  8   vos propres termes, relater aux Juges la situation à laquelle vous avez dû

  9   faire face, vous et le convoi, ce soir là?

 10   Réponse:    Eh bien, nous sommes arrivés le 10 Juin au niveau de la ligne

 11   qui menait vers Novi Travnik. Au moment où nous sommes arrivés à l'entrée,

 12   nous sommes rentrés dans la ville, il y avait des femmes, des enfants, des

 13   vieillards qui nous ont accueillis. Nous nous sommes arrêtés parce qu'à la

 14   tête, il y avait des messieurs de la Forpronu, je vous ai dit, il y avait

 15   les deux véhicules, j'étais tout de suite après. Ils les ont laissé

 16   passer, moi je suis resté. Je suis descendu de la Jeep que je conduisais,

 17   et puis je voulais les consulter, demander quelles étaient les raisons

 18   pour lesquelles je ne pouvais pas passer. Deux jeunes filles m'ont

 19   approché et m'ont demandé qui j'étais, j'ai dit que j'étais Croate, membre

 20   du HVO, j'ai dit que je pouvais montrer également ma carte d'identité.

 21   Elles ont regardé ma carte d'identité et puis elles ont dit aux autres

 22   femmes qu'il fallait me laisser passer. Donc moi, je suis passé cent

 23   mètres plus loin, et derrière les deux véhicules de la Forpronu, ils ont

 24   encore une fois bloqué la route et plus personne ne pouvait passer.

 25   Question:   Par conséquent, après avoir pu convaincre ces jeunes femmes


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  1   que vous étiez bien la personne que vous affirmiez être, et après que vous

  2   ayez pu traverser la foule, est-ce que vous nous dîtes que le convoi à été

  3   arrêté une fois de plus ?

  4   Réponse:    Exactement.

  5   Question:   Et lorsque vous avez constaté que ce convoi avait été arrêté

  6   une seconde fois, qu'est-ce qui s'est passé ?

  7   Réponse:    Moi, j'ai demandé à notre prêtre, car il y a cette tradition

  8   parmi les femmes que de faire confiance aux fonctionnaires

  9   ecclésiastiques, aux prêtres etc.. Donc j'ai demandé à mon prêtre qu'il

 10   aille les voir pour essayer de détendre la situation, mais nous avons

 11   obtenu l'information le jour où nous sommes arrivés, le soir ou je ne me

 12   souviens pas, dans la nuit, qu'il y avait des combats qui étaient très

 13   durs entre les unités du HVO et l'armée de Bosnie-Herzégovine, et après

 14   j'ai demandé mon prêtre. J'ai dit qu'il fallait absolument qu'il s'adresse

 15   aux femmes et essayer de les convaincre de nous laisser passer. Il est

 16   parti et il était en civil. Donc, je lui ai demandé de mettre sa soutane.

 17   Je ne sais pas si c'est comme cela qu'on l'appelle. De toute façon, il l'a

 18   fait et au début, il ne savait même pas, il ne faisait pas confiance, il

 19   pensait que c'était un Musulman et qu'il essayait de les tromper. A ce

 20   moment-là quand tout ceci s'est passé, il y avait un jeune homme qui est

 21   arrivé, il est sorti d'une maison d'en face, il n'avait pas d'uniforme, il

 22   n'avait pas d'armes, il est venu me voir, je lui ai demandé si il

 23   connaissait Gavran, il a dit oui, effectivement.

 24   Question:   Un petit instant, je vais essayer de vous faire progresser

 25   dans votre récit, étape par étape. Saviez-vous qu'il y avait beaucoup de


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  1   combats qui se déroulaient dans la municipalité de Travnik, tout à fait

  2   juste au nord de la route qu'empruntait ce convoi ? Est-ce que vous saviez

  3   que l'armée de Bosnie-Herzégovine avait lancé de grosses offensives contre

  4   les municipalités dans cette région ?

  5   Réponse:    Oui on a entendu des tirs et des détonations.

  6   Question:   Tout à fait. Au moment où vous avez été arrêté ce soir là du

  7   10 juin, avez-vous entendu le bruit des combats qui se poursuivaient ?

  8   Réponse:    Oui.

  9   Question:   Est-il exact de dire que ces combats se sont poursuivis

 10   jusqu'au lendemain.

 11   Réponse:    Le matin, non. Les combats se sont arrêtés.

 12   Question:   Est-ce que vous saviez que plusieurs milliers de réfugiés

 13   civils Croates s'étaient dirigés vers Vitez depuis Novi Travnik, à la

 14   suite de ces attaques qui avaient été lancées contre leur village ?

 15   Réponse:    Je ne peux pas l'affirmer. Il y avait beaucoup de monde, je ne

 16   sais pas d'où ils sont arrivés.

 17   Question:   Dans votre résumé, vous dites que vous avez demandé à un jeune

 18   homme en uniforme de trouver M. Dragan Ramljak. Pourriez-vous nous en dire

 19   plus ?

 20   Réponse:    C'est moi qui lui ai demandé d'y aller. Je lui ai demandé où

 21   se trouvait Dragan Ramljak; il m'a dit qu'il était en ville quelque part

 22   au siège du commandement. Je lui ai demandé d'aller le chercher pour

 23   apaiser la situation et pour laisser passer le convoi. Ce jeune homme est

 24   parti et M.Ramljak s'est rendu une heure plus tard sur les lieux là où je

 25   me trouvais.


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  1   Question:   Eh bien, et que s'est-il passé à son arrivée ?

  2   Réponse:    Quand M. Ramljak est arrivé, je lui ai demandé d'aller voir

  3   ces femmes, car lui est de la ville. C'était une personnalité éminente, il

  4   connaissait les gens, donc je lui ai demandé de s'adresser aux femmes,

  5   d'essayer de surmonter le problème et il est resté pendant deux heures, il

  6   a négocié avec ces femmes et il a réussi véritablement à remplir la tâche

  7   que nous lui avons confiée. Après on n'avait plus de problème.

  8   Question:   Je suppose, monsieur, que puisque vous vous trouviez à l'avant

  9   du convoi, nous savions que ce convoi était très long, vous n'êtes au

 10   courant de ce qui s'est passé que dans la partie du convoi où vous vous

 11   trouviez, n'est-ce pas ?

 12   Réponse:    Oui bien évidemment, uniquement les véhicules que je pouvais

 13   voir.

 14   Question:   Cela va de soi. Après que M. Ramljak ait discuté avec ces

 15   femmes pendant deux heures, vous avez pu poursuivre votre route ?

 16   Réponse:    Oui.

 17   Question:   Et dans votre résumé ceci ne porte pas à polémique ou à

 18   contestation, vous avez été arrêté une nouvelle fois à proximité d'une

 19   station-service proche de Vitez, à proximité, dans le voisinage de l'usine

 20   Impregnacja.

 21   Réponse:    Oui.

 22   Question:   Et la personne qui vous a arrêté, c'était un jeune homme en

 23   uniforme qui avait un fusil automatique, et une jeune femme qui

 24   manifestement était étrangère, parce qu'elle avait un interprète avec

 25   elle.


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  1   Réponse:    Oui.

  2   Question:   Est-ce qu'il y avait d'autres personnes dans les parages ?

  3   Est-ce qu'il y avait de grosses foules ?

  4   Réponse: Oui il y avait des femmes, des hommes il y avait une foule.

  5   Question:   Vous avez discuté avec ces personnes, je pense pendant un

  6   certain temps, et par la suite, un des représentants de la police locale

  7   et venu vous aider, est venu à votre rescousse.

  8   Réponse:    Oui, ce policier est arrivé et je lui ai posé la question pour

  9   savoir où était le problème. Il m'a dit qu'il n'y avait pas de problème,

 10   qu'il fallait simplement attendre pour qu'on se mette d'accord. Est-ce que

 11   je peux poursuivre s'il vous plaît?

 12   Question:   Volontiers.

 13   Réponse:    Et alors, je suis allé au poste de police pour voir ce qui se

 14   passait. Quand je me suis rendu là-bas, j'ai demandé quelles étaient les

 15   raisons pour lesquelles nous ne pouvions pas continuer, car nous sommes

 16   partis de Novi Travnik, il n'y avait pas de problème. Eux ont dit : il n'y

 17   a absolument pas de problème du point de vue sécurité, mais c'est tout

 18   simplement que le peuple est intéressé pour la nourriture, car le peuple à

 19   cette époque-là souffrait de la famine, ne mangeaient pas, c'est la

 20   nourriture qui les intéressait.

 21   Question:   Dites nous M. Vilucic, d'après ce que vous avez pu constater à

 22   votre arrivée à Vitez, est-ce que la situation qui y prévalait était

 23   normale ou est-ce qu'elle sortait de l'ordinaire ?

 24   Réponse:    Mais à mon avis, c'était terrible. Ils avaient reçu des

 25   informations selon lesquelles ; c'est un convoi qui se rendait pour


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  1   approvisionner les Musulmans, pas les Croates. Par conséquent, tous les

  2   territoires qui étaient contrôlés par le HVO laissaient passer les

  3   convois, alors que l'armée ne permettait pas le transport des vivres et le

  4   passage des convois. Et comme il y avait des combats, des combats qui

  5   étaient très violents, au cours de la journée, on m'avait dit au poste de

  6   police, que Novi Travnik a été pilonnée, que 8 enfants innocents avaient

  7   été tués. Tout cela irritait les gens, les gens étaient pleins d'amertume,

  8   désespérés, dans le désarroi total.

  9   Question:   Revenons un instant à la première discussion que vous avez eue

 10   au poste de police. Je crois que vous avez discuté de la pénurie de vivres

 11   à Vitez, dont vous avez parlé. Pourriez-vous nous dire comment vous avez

 12   répondu à ces observations qui ont été faites ?

 13   Réponse:    Eh bien moi, j'ai dit que ce n'était pas le problème. Si

 14   c'était la question des vivres, nous allons vous donner la nourriture, ne

 15   touchez pas à des Musulmans, si vous voulez de la nourriture, vous nous

 16   dîtes où il faut conduire, dans quels entrepôts mettre les vivres et puis,

 17   ils m'ont dit de toute façon que le problème ne se poserait plus en ce qui

 18   concerne des vivres et le convoi.

 19   Question:   Paragraphe 16 de votre résumé, vous avez été contraint de

 20   décharger une partie des marchandises à Vitez même et certains des camions

 21   qui demeuraient, vous ont été volés.

 22   Réponse:    C'est exact.

 23   Question:   Puis dans le résumé, vous parlez aussi du fait que le jeune

 24   homme qui vous avait arrêté au départ, avait commencé à verser de

 25   l'essence sur un des véhicules Warrior, et puis qu'on l'avait empêché de


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  1   continuer, et il avait ignoré cet ordre et que des personnes avaient

  2   commencé à grimper sur les transporteurs de troupes et qu'il y avait des

  3   tirs qui s'en étaient suivi et que les soldats de la FORPRONU avaient fini

  4   par… il y a eu un échange de tirs et les soldats de la FORPRONU ont tué ce

  5   jeune homme en uniforme.

  6   Réponse:    C'est cela.

  7   Question:   Il est dit dans votre résumé au paragraphe 17, que le convoi

  8   était arrêté à Vitez, entre 11 heures du matin et 4 heures de l'après-

  9   midi. La police civile qui se trouvait sur les lieux, qu'a t-elle essayé

 10   de faire pour essayer de vous aider et pour essayer de trouver une

 11   solution à cette situation ?

 12   Réponse:    Au moment où je me suis rendu au poste de police, quand j'ai

 13   posé la question de quoi il s'agit, ils m'ont dit que nous n'aurions pas

 14   de problème, les policiers étaient tout à fait corrects.

 15   Question:   Est-ce que les policiers ont réussi à apaiser cette foule et à

 16   permettre que vous poursuiviez votre route plus tard dans la journée ?

 17   Réponse:    Ce jour-là oui, quand je suis retourné du poste de police,

 18   nous avons repris la route vers 4 heures de l'après-midi.

 19   Question:   Vous avez déjà parlé de la colère des Croates puisque ces

 20   Croates avaient l'impression que c'était un convoi qui traversait leur

 21   territoire, alors qu'il transportait des vivres pour les Musulmans et à

 22   cause aussi des pilonnages qui entraînaient la mort de 8 enfants.

 23   Dernier sujet que vous évoquez, puisque nous essayons de terminer avant la

 24   fin de l'audience, dans ce procès, certains ont affirmé qu'en fait, le

 25   fait d'avoir arrêté est pillé ce convoi était un acte prémédité. Que


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  1   pensez vous de ces observations, des arguments ou affirmations qui ont été

  2   avancés ici puisque vous, vous étiez sur place, vous pouvez nous le dire ?

  3   Réponse:    Dans la partie du convoi où je me trouvais, ce que je pouvais

  4   voir, je ne pense pas du tout qu'il s'agissait véritablement de quelque

  5   chose qui ait été organisé porter atteinte au convoi. Quand ces femmes,

  6   ces Croates mettaient en question, même le prêtre, en disant que ce n'est

  7   pas le prêtre, mais c'est un Musulman, à ce moment-là, vous pouvez savoir

  8   que ce n'était absolument pas organisé. Je parle de la partie du convoi

  9   que j'ai pu observer moi-même, qui était dans le champ de ma vision.

 10   Question:   Et au cours de ces jours très désagréables pour vous, vous

 11   avez parlé avec beaucoup de personnes. Pourriez-vous nous faire la

 12   synthèse des raisons qui vous ont été avancées, qu'est-ce qui explique ces

 13   appréhensions qu'on avait ?

 14   Réponse:    Eh bien, il faut comprendre ces gens-là. Ce jour-là où nous

 15   sommes arrivés, où nous devions rentrer à Novi Travnik le 10 juin 1993, il

 16   y avait ces combats, ces combats très grave qui ont été menés entre le HVO

 17   et l'armée de Bosnie-Herzégovine, et ils ont reçu des informations selon

 18   lesquelles le convoi transportaient des vivres uniquement pour les

 19   Musulmans. Donc ils étaient en colère, c'est la rage qui les a pris, c'est

 20   tout. Et puis, il y avait également ces 8 malheureux enfants qui ont été

 21   tués. Tout ceci s'est rajouté. C'est ce que j'ai entendu.

 22   Question:   Et selon vous, les convois d'aide humanitaire croate, est-ce

 23   qu'ils pouvaient transporter des vivres pour les Croates en traversant des

 24   territoires se trouvant sous le contrôle de l'armée de Bosnie-Herzégovine,

 25   est-ce que ce genre de convoi et de transports étaient permis ou pas ?


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  1   Réponse:    Je ne suis pas sûr que je vous ai compris. Est-ce que vous

  2   pouvez s'il vous plaît répéter votre question.

  3   Question:   Bien sûr. Est-ce que, pour vous, ou selon vous, les convois

  4   d'aide humanitaire qui étaient censés fournir de l'aide en vivres aux

  5   Croates, avaient le droit de se déplacer sans difficulté sur les

  6   territoires contrôlés par les forces armées musulmanes, par l'armée de

  7   Bosnie-Herzégovine ?

  8   Réponse:    Oui, normalement, ils auraient pu passer. C'était convenu que

  9   les Croates passent par le territoire contrôlé par l'armée et l'inverse

 10   égarement.

 11   Question:   Et quand avez-vous appris qu'en fait plusieurs chauffeurs de

 12   camion, plusieurs chauffeurs avaient été tués dans ce convoi.

 13   Réponse:    Je l'ai appris au moment où je suis retourné du poste de

 14   police de Vitez au moment où nous nous sommes rassemblés pour partir.

 15   Question:   Une dernière question, avez-vous jamais rencontré monsieur

 16   Kordic ?

 17   Réponse:    Non, jamais.

 18   Question:   J'en ai terminé monsieur le Président, je vous remercie.

 19   M. le Président (interprétation) : Monsieur Vilusic, nous allons suspendre

 20   l'audience. Veillez à être de retour dans le prétoire demain à 9 heures

 21   30, pour terminer votre déposition, mais n'oubliez pas qu'il vous est

 22   interdit de vous entretenir avec qui que ce soit au cours de votre

 23   déposition, tant qu'elle n'est pas terminée. Ceci inclut les représentants

 24   de la défense.

 25   M. Nice (interprétation): Je ne pense pas que ce témoin je vais le contre


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  1   interroger pendant longtemps. Il faudrait veiller à ce que le témoin

  2   suivant soit prêt ici. Pourrait-on avoir son résumé ?

  3   M. Sayers (interprétation): Nous allons veiller à ce que le résumé soit 

  4   envoyé par télécopie au Procureur, dès que nous le pouvons, cet après-midi

  5   encore.

  6   (L'audience est levée à 16 heures 10.)

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